1
Avertissement J’ai appelé « livres »
les
différentes parties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse le con
2
J’ai appelé « livres » les différentes parties
de
cet ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu d’un volume de dim
3
arties de cet ouvrage, parce que chacune esquisse
le
contenu d’un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des fai
4
et ouvrage, parce que chacune esquisse le contenu
d’
un volume de dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des t
5
parce que chacune esquisse le contenu d’un volume
de
dimensions ordinaires. Le grand nombre des faits et des textes cités,
6
le contenu d’un volume de dimensions ordinaires.
Le
grand nombre des faits et des textes cités, le jeu des « leitmotive »
7
s. Le grand nombre des faits et des textes cités,
le
jeu des « leitmotive » entrelacés, risqueraient d’égarer certains lec
8
e jeu des « leitmotive » entrelacés, risqueraient
d’
égarer certains lecteurs si je ne donnais ici la clef de ma compositio
9
t d’égarer certains lecteurs si je ne donnais ici
la
clef de ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de l
10
er certains lecteurs si je ne donnais ici la clef
de
ma composition. Le premier livre expose le contenu caché de la légend
11
a clef de ma composition. Le premier livre expose
le
contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descent
12
osition. Le premier livre expose le contenu caché
de
la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles suc
13
tion. Le premier livre expose le contenu caché de
la
légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles succes
14
expose le contenu caché de la légende ou du mythe
de
Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion. Le
15
ristan. C’est une descente aux cercles successifs
de
la passion. Le dernier livre indique une attitude humaine diamétralem
16
tan. C’est une descente aux cercles successifs de
la
passion. Le dernier livre indique une attitude humaine diamétralement
17
maine diamétralement opposée, et par là il achève
la
description de la passion, car on ne connaît que les choses dépassées
18
ement opposée, et par là il achève la description
de
la passion, car on ne connaît que les choses dépassées, ou du moins c
19
nt opposée, et par là il achève la description de
la
passion, car on ne connaît que les choses dépassées, ou du moins cell
20
description de la passion, car on ne connaît que
les
choses dépassées, ou du moins celles dont on a pu toucher, fût-ce mêm
21
ins celles dont on a pu toucher, fût-ce même sans
les
franchir, les limites. Quant aux livres intermédiaires : le deuxième
22
t on a pu toucher, fût-ce même sans les franchir,
les
limites. Quant aux livres intermédiaires : le deuxième tente de remon
23
ant aux livres intermédiaires : le deuxième tente
de
remonter aux origines religieuses du mythe, tandis que les suivants d
24
ter aux origines religieuses du mythe, tandis que
les
suivants décrivent ses effets dans les domaines les plus divers : mys
25
tandis que les suivants décrivent ses effets dans
les
domaines les plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, m
26
s suivants décrivent ses effets dans les domaines
les
plus divers : mystique, littérature, art de la guerre, morale du mari
27
ines les plus divers : mystique, littérature, art
de
la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’
28
s les plus divers : mystique, littérature, art de
la
guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de l’amo
29
ttérature, art de la guerre, morale du mariage. ⁂
L’
agrément de parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu con
30
art de la guerre, morale du mariage. ⁂ L’agrément
de
parler des choses de l’amour est un prétexte assez peu convaincant, l
31
ale du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses
de
l’amour est un prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’un
32
du mariage. ⁂ L’agrément de parler des choses de
l’
amour est un prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit d’un vol
33
prétexte assez peu convaincant, lorsqu’il s’agit
d’
un volume aussi dense. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de l
34
dense. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait
de
le partager avec tant d’auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quel
35
se. Douteux avantage d’ailleurs : on rougirait de
le
partager avec tant d’auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quelque
36
’ailleurs : on rougirait de le partager avec tant
d’
auteurs à succès. Aussi me suis-je donné quelques difficultés. Je n’ai
37
oulu flatter ni déprécier ce que Stendhal nommait
l’
amour-passion, mais j’ai tenté de le décrire comme un phénomène histor
38
Stendhal nommait l’amour-passion, mais j’ai tenté
de
le décrire comme un phénomène historique, d’origine proprement religi
39
ndhal nommait l’amour-passion, mais j’ai tenté de
le
décrire comme un phénomène historique, d’origine proprement religieus
40
enté de le décrire comme un phénomène historique,
d’
origine proprement religieuse. Or les hommes, et les femmes, tolèrent
41
e historique, d’origine proprement religieuse. Or
les
hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’amour, et
42
’origine proprement religieuse. Or les hommes, et
les
femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’amour, et même ils ne s’e
43
les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que
l’
on parle d’amour, et même ils ne s’en lassent jamais, si commun que so
44
et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle
d’
amour, et même ils ne s’en lassent jamais, si commun que soit le disco
45
me ils ne s’en lassent jamais, si commun que soit
le
discours ; mais ils redoutent que l’on définisse la passion, pour peu
46
mun que soit le discours ; mais ils redoutent que
l’
on définisse la passion, pour peu de rigueur que l’on y apporte. La pl
47
discours ; mais ils redoutent que l’on définisse
la
passion, pour peu de rigueur que l’on y apporte. La plupart, estime L
48
’on définisse la passion, pour peu de rigueur que
l’
on y apporte. La plupart, estime Laclos, « renonceraient même à leurs
49
même à leurs plaisirs, s’il devait leur en coûter
la
fatigue d’une réflexion ». Il s’ensuit que ce livre montrera sa néces
50
s plaisirs, s’il devait leur en coûter la fatigue
d’
une réflexion ». Il s’ensuit que ce livre montrera sa nécessité dans l
51
s’ensuit que ce livre montrera sa nécessité dans
la
mesure où d’abord il déplaira ; et il n’aura d’utilité que s’il conva
52
s la mesure où d’abord il déplaira ; et il n’aura
d’
utilité que s’il convainc ceux qui auront pris conscience, en le lisan
53
s’il convainc ceux qui auront pris conscience, en
le
lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de le trouver d’abord dépl
54
en le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir
de
le trouver d’abord déplaisant. Cette manière me vaudra bien des repro
55
le lisant, des raisons qu’ils pouvaient avoir de
le
trouver d’abord déplaisant. Cette manière me vaudra bien des reproche
56
sant. Cette manière me vaudra bien des reproches.
Les
amoureux me tiendront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu la
57
ront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu
la
vraie passion s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les u
58
n’ont jamais connu la vraie passion s’étonneront
de
m’y voir consacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour
59
s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre.
Les
uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ; les autres, qu’on y per
60
sacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir
l’
amour, on le perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-
61
un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour, on
le
perd ; les autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-je ? À ceux
62
Les uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ;
les
autres, qu’on y perd son temps. À qui plairai-je ? À ceux qui veulent
63
voir, peut-être, ou même guérir ? ⁂ Je suis parti
d’
un type de la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme
64
-être, ou même guérir ? ⁂ Je suis parti d’un type
de
la passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême,
65
re, ou même guérir ? ⁂ Je suis parti d’un type de
la
passion telle que la vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exc
66
⁂ Je suis parti d’un type de la passion telle que
la
vivent les Occidentaux, d’une forme extrême, exceptionnelle en appare
67
parti d’un type de la passion telle que la vivent
les
Occidentaux, d’une forme extrême, exceptionnelle en apparence : le my
68
e la passion telle que la vivent les Occidentaux,
d’
une forme extrême, exceptionnelle en apparence : le mythe de Tristan e
69
’une forme extrême, exceptionnelle en apparence :
le
mythe de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemp
70
e extrême, exceptionnelle en apparence : le mythe
de
Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple éclata
71
cet exemple éclatant et « banal » — comme on dit
d’
un four qu’il est banal, donc unique — si nous voulons comprendre dans
72
unique — si nous voulons comprendre dans nos vies
le
sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié.
73
nous voulons comprendre dans nos vies le sens et
la
fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi p
74
oulons comprendre dans nos vies le sens et la fin
de
la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi perdre s
75
ons comprendre dans nos vies le sens et la fin de
la
passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pourquoi perdre son
76
son temps et son style à expliquer sans cesse que
la
réalité est plus complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que la vie
77
lus complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que
la
vie soit confuse ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit l’imit
78
use ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit
l’
imiter. Si j’ai parfois dogmatisé, je n’en demanderai pardon qu’à ceux
79
is dogmatisé, je n’en demanderai pardon qu’à ceux
de
mes lecteurs qui estimeront que mes stylisations font tort au sens pr
80
raîné par mes analyses dans des domaines réservés
d’
ordinaire aux « spécialistes », j’ai profité autant que je l’ai pu des
81
aux « spécialistes », j’ai profité autant que je
l’
ai pu des travaux réputés classiques, et de quelques autres ; et si je
82
que je l’ai pu des travaux réputés classiques, et
de
quelques autres ; et si je n’en ai cité qu’un nombre assez restreint,
83
n’est pas toujours par ignorance, mais par souci
de
m’en tenir à l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoi
84
urs par ignorance, mais par souci de m’en tenir à
l’
essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effor
85
ance, mais par souci de m’en tenir à l’essentiel.
Les
spécialistes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effort de synthèse
86
l’essentiel. Les spécialistes me pardonneront-ils
d’
avoir tenté un effort de synthèse que toute leur formation technique c
87
istes me pardonneront-ils d’avoir tenté un effort
de
synthèse que toute leur formation technique condamne ? À défaut d’une
88
oute leur formation technique condamne ? À défaut
d’
une science universelle qu’il faudrait plusieurs vies pour maîtriser,
89
qu’il n’était besoin, et n’ai livré qu’un résumé
de
mes recherches. Ce compromis m’expose à un double péril. J’aurais peu
90
ais pas donné des preuves. Et je me serais acquis
l’
estime des spécialistes si je n’avais pas tiré de leurs travaux des co
91
l’estime des spécialistes si je n’avais pas tiré
de
leurs travaux des conclusions… Dans cette situation fâcheuse, il ne m
92
ion fâcheuse, il ne me reste qu’un espoir : celui
d’
instruire les lectrices tout en amusant les savants. ⁂ J’ai vécu ce li
93
, il ne me reste qu’un espoir : celui d’instruire
les
lectrices tout en amusant les savants. ⁂ J’ai vécu ce livre pendant t
94
: celui d’instruire les lectrices tout en amusant
les
savants. ⁂ J’ai vécu ce livre pendant toute mon adolescence et ma jeu
95
pendant toute mon adolescence et ma jeunesse ; je
l’
ai conçu sous forme d’œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, de
96
escence et ma jeunesse ; je l’ai conçu sous forme
d’
œuvre écrite, et nourri de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin
97
e l’ai conçu sous forme d’œuvre écrite, et nourri
de
quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je l’ai rédigé en quatre m
98
de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je
l’
ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot de Vernet, à propos
99
n je l’ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle
le
mot de Vernet, à propos d’un tableau qu’il vendait assez cher : « Il
100
ai rédigé en quatre mois. Ceci me rappelle le mot
de
Vernet, à propos d’un tableau qu’il vendait assez cher : « Il m’a dem
101
l vendait assez cher : « Il m’a demandé une heure
de
travail, et toute la vie. » D. de R. 21 juin 1938.
102
: « Il m’a demandé une heure de travail, et toute
la
vie. » D. de R. 21 juin 1938.
103
mandé une heure de travail, et toute la vie. » D.
de
R. 21 juin 1938.
104
Préface à
l’
édition de 1956 C’est à la suggestion de mon éditeur anglais — qui p
105
Préface à l’édition
de
1956 C’est à la suggestion de mon éditeur anglais — qui par une cha
106
Préface à l’édition de 1956 C’est à
la
suggestion de mon éditeur anglais — qui par une chance dont je m’hono
107
éface à l’édition de 1956 C’est à la suggestion
de
mon éditeur anglais — qui par une chance dont je m’honore se trouve ê
108
m’honore se trouve être T. S. Eliot — que je dois
d’
avoir entrepris la révision de cet ouvrage. Trois lustres ont passé de
109
être T. S. Eliot — que je dois d’avoir entrepris
la
révision de cet ouvrage. Trois lustres ont passé depuis sa parution,
110
Eliot — que je dois d’avoir entrepris la révision
de
cet ouvrage. Trois lustres ont passé depuis sa parution, une guerre a
111
, dans cette nouvelle version, quelques outrances
de
plume par quelques analyses dont je sens qu’elles aggravent mon cas.
112
analyses dont je sens qu’elles aggravent mon cas.
Les
historiens ont déploré mon insistance sur les relations troublantes q
113
as. Les historiens ont déploré mon insistance sur
les
relations troublantes que j’observais entre cathares et troubadours :
114
de « preuves » suffisantes. Plusieurs théologiens
de
tradition romaine ou grecque m’ont amicalement reproché de contraster
115
ion romaine ou grecque m’ont amicalement reproché
de
contraster l’Éros et l’Agapè d’une manière trop irrémédiable1, et qui
116
grecque m’ont amicalement reproché de contraster
l’
Éros et l’Agapè d’une manière trop irrémédiable1, et qui ne laisse poi
117
’ont amicalement reproché de contraster l’Éros et
l’
Agapè d’une manière trop irrémédiable1, et qui ne laisse point de plac
118
calement reproché de contraster l’Éros et l’Agapè
d’
une manière trop irrémédiable1, et qui ne laisse point de place aux fo
119
anière trop irrémédiable1, et qui ne laisse point
de
place aux formes de passage sans lesquelles nous ne saurions vivre. A
120
able1, et qui ne laisse point de place aux formes
de
passage sans lesquelles nous ne saurions vivre. Aux historiens, je ré
121
historiens, je répondrai simplement que j’étais à
la
recherche d’un sens existentiel. Je ne songeais donc nullement à chas
122
e répondrai simplement que j’étais à la recherche
d’
un sens existentiel. Je ne songeais donc nullement à chasser sur leurs
123
ngeais donc nullement à chasser sur leurs terres.
Les
documents que je cite, les rapprochements que je suggère, sont beauco
124
sser sur leurs terres. Les documents que je cite,
les
rapprochements que je suggère, sont beaucoup moins des preuves que de
125
rgement profité pour récrire à peu près en entier
le
livre II, traitant du xiie siècle, du catharisme, des troubadours, e
126
xiie siècle, du catharisme, des troubadours, et
de
Tristan. C’est là le principal de cette nouvelle version. Pour ceux d
127
harisme, des troubadours, et de Tristan. C’est là
le
principal de cette nouvelle version. Pour ceux dont la critique s’att
128
troubadours, et de Tristan. C’est là le principal
de
cette nouvelle version. Pour ceux dont la critique s’attachait au sen
129
incipal de cette nouvelle version. Pour ceux dont
la
critique s’attachait au sens même que j’ai cru pouvoir dégager, je su
130
même que j’ai cru pouvoir dégager, je suis tenté
de
leur donner raison sur plus d’un point : j’avais à déblayer le terrai
131
ger, je suis tenté de leur donner raison sur plus
d’
un point : j’avais à déblayer le terrain, à marquer les contrastes, et
132
r raison sur plus d’un point : j’avais à déblayer
le
terrain, à marquer les contrastes, et je n’ai pas toujours su nuancer
133
point : j’avais à déblayer le terrain, à marquer
les
contrastes, et je n’ai pas toujours su nuancer le tableau. Un chapitr
134
es contrastes, et je n’ai pas toujours su nuancer
le
tableau. Un chapitre ajouté au livre VI, et d’innombrables correction
135
er le tableau. Un chapitre ajouté au livre VI, et
d’
innombrables corrections de détail, témoignent, je l’espère, d’un réal
136
ajouté au livre VI, et d’innombrables corrections
de
détail, témoignent, je l’espère, d’un réalisme accru. Décrire le conf
137
nnombrables corrections de détail, témoignent, je
l’
espère, d’un réalisme accru. Décrire le conflit nécessaire de la passi
138
s corrections de détail, témoignent, je l’espère,
d’
un réalisme accru. Décrire le conflit nécessaire de la passion et du m
139
ignent, je l’espère, d’un réalisme accru. Décrire
le
conflit nécessaire de la passion et du mariage en Occident, tel était
140
’un réalisme accru. Décrire le conflit nécessaire
de
la passion et du mariage en Occident, tel était mon dessein central ;
141
réalisme accru. Décrire le conflit nécessaire de
la
passion et du mariage en Occident, tel était mon dessein central ; et
142
it mon dessein central ; et cela reste à mes yeux
le
vrai sujet, la vraie thèse de mon livre tel qu’il est devenu. Quant à
143
central ; et cela reste à mes yeux le vrai sujet,
la
vraie thèse de mon livre tel qu’il est devenu. Quant à l’actualité de
144
la reste à mes yeux le vrai sujet, la vraie thèse
de
mon livre tel qu’il est devenu. Quant à l’actualité de ma recherche,
145
thèse de mon livre tel qu’il est devenu. Quant à
l’
actualité de ma recherche, après la Deuxième Guerre mondiale, je ne la
146
n livre tel qu’il est devenu. Quant à l’actualité
de
ma recherche, après la Deuxième Guerre mondiale, je ne la crois nulle
147
cherche, après la Deuxième Guerre mondiale, je ne
la
crois nullement modifiée. Je mentionnais à la fin du livre V, en part
148
ne la crois nullement modifiée. Je mentionnais à
la
fin du livre V, en particulier, l’éventualité d’un conflit qui mettra
149
mentionnais à la fin du livre V, en particulier,
l’
éventualité d’un conflit qui mettrait fin aux problèmes que j’étudiais
150
la fin du livre V, en particulier, l’éventualité
d’
un conflit qui mettrait fin aux problèmes que j’étudiais. Cette craint
151
bien failli se voir justifiée, et je ne puis que
la
reporter sur les résultats prévisibles d’une guerre atomique intercon
152
voir justifiée, et je ne puis que la reporter sur
les
résultats prévisibles d’une guerre atomique intercontinentale. De plu
153
uis que la reporter sur les résultats prévisibles
d’
une guerre atomique intercontinentale. De plus, un séjour de sept ans
154
re atomique intercontinentale. De plus, un séjour
de
sept ans en Amérique m’a fait voir que le mythe de la Passion — dégra
155
séjour de sept ans en Amérique m’a fait voir que
le
mythe de la Passion — dégradée en simple romance — n’est pas près d’é
156
e sept ans en Amérique m’a fait voir que le mythe
de
la Passion — dégradée en simple romance — n’est pas près d’épuiser se
157
ept ans en Amérique m’a fait voir que le mythe de
la
Passion — dégradée en simple romance — n’est pas près d’épuiser ses e
158
ion — dégradée en simple romance — n’est pas près
d’
épuiser ses effets ; le cinéma les propage au monde entier, et les sta
159
e romance — n’est pas près d’épuiser ses effets ;
le
cinéma les propage au monde entier, et les statistiques de divorce pe
160
— n’est pas près d’épuiser ses effets ; le cinéma
les
propage au monde entier, et les statistiques de divorce permettent d’
161
ffets ; le cinéma les propage au monde entier, et
les
statistiques de divorce permettent d’en mesurer l’ampleur. Si notre c
162
les propage au monde entier, et les statistiques
de
divorce permettent d’en mesurer l’ampleur. Si notre civilisation doit
163
entier, et les statistiques de divorce permettent
d’
en mesurer l’ampleur. Si notre civilisation doit subsister, il faudra
164
s statistiques de divorce permettent d’en mesurer
l’
ampleur. Si notre civilisation doit subsister, il faudra qu’elle opère
165
e une grande révolution ; qu’elle reconnaisse que
le
mariage, dont dépend sa structure sociale, est plus grave que l’amour
166
t dépend sa structure sociale, est plus grave que
l’
amour qu’elle cultive, et veut d’autres fondements qu’une belle fièvre
167
et veut d’autres fondements qu’une belle fièvre.
Les
voies de cette révolution nous sont encore imprévisibles ; je m’en ex
168
’autres fondements qu’une belle fièvre. Les voies
de
cette révolution nous sont encore imprévisibles ; je m’en explique au
169
au livre VI. Mon ambition se borne à sensibiliser
l’
attention de mes lecteurs à la présence du mythe ; par suite, à les me
170
Mon ambition se borne à sensibiliser l’attention
de
mes lecteurs à la présence du mythe ; par suite, à les mettre en mesu
171
orne à sensibiliser l’attention de mes lecteurs à
la
présence du mythe ; par suite, à les mettre en mesure de détecter ses
172
es lecteurs à la présence du mythe ; par suite, à
les
mettre en mesure de détecter ses radiations dans la vie comme dans l’
173
ence du mythe ; par suite, à les mettre en mesure
de
détecter ses radiations dans la vie comme dans l’œuvre d’art. Amener
174
mettre en mesure de détecter ses radiations dans
la
vie comme dans l’œuvre d’art. Amener quelques esprits à cette prise d
175
de détecter ses radiations dans la vie comme dans
l’
œuvre d’art. Amener quelques esprits à cette prise de conscience ne pe
176
ter ses radiations dans la vie comme dans l’œuvre
d’
art. Amener quelques esprits à cette prise de conscience ne peut être
177
peut être tout à fait vain. Car s’il est vrai que
les
mutations du cœur se préparent et s’opèrent dans l’inconscient, elles
178
mutations du cœur se préparent et s’opèrent dans
l’
inconscient, elles datent en fait de leur épiphanie dans l’expression
179
’opèrent dans l’inconscient, elles datent en fait
de
leur épiphanie dans l’expression écrite, plastique ou picturale — com
180
ient, elles datent en fait de leur épiphanie dans
l’
expression écrite, plastique ou picturale — comme un amour de son prem
181
n écrite, plastique ou picturale — comme un amour
de
son premier aveu. D. de R. 1. Voir en particulier le bel ouvrage du
182
icturale — comme un amour de son premier aveu. D.
de
R. 1. Voir en particulier le bel ouvrage du P. M. C. d’Arcy S. J.,
183
n premier aveu. D. de R. 1. Voir en particulier
le
bel ouvrage du P. M. C. d’Arcy S. J., The Mind and Heart of Love, Lon
184
eart of Love, Londres, 1945, largement consacré à
l’
exposé critique des points de vue représentés par Anders Nygren (Éros
185
Livre premierLe mythe
de
Tristan 1.Triomphe du roman, et ce qu’il cache « Seigneurs, vo
186
, et ce qu’il cache « Seigneurs, vous plaît-il
d’
entendre un beau conte d’amour et de mort ?… » Rien au monde ne saurai
187
Seigneurs, vous plaît-il d’entendre un beau conte
d’
amour et de mort ?… » Rien au monde ne saurait nous plaire davantage.
188
vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et
de
mort ?… » Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. À tel point
189
ue ce début du Tristan de Bédier doit passer pour
le
type idéal de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art
190
Tristan de Bédier doit passer pour le type idéal
de
la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art infaillible qu
191
t passer pour le type idéal de la première phrase
d’
un roman. C’est le trait d’un art infaillible qui nous jette dès le se
192
ype idéal de la première phrase d’un roman. C’est
le
trait d’un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans
193
de la première phrase d’un roman. C’est le trait
d’
un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans l’état pa
194
le trait d’un art infaillible qui nous jette dès
le
seuil du conte dans l’état passionné d’attente où naît l’illusion rom
195
illible qui nous jette dès le seuil du conte dans
l’
état passionné d’attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce
196
jette dès le seuil du conte dans l’état passionné
d’
attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quell
197
du conte dans l’état passionné d’attente où naît
l’
illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quelles complicités cet
198
assionné d’attente où naît l’illusion romanesque.
D’
où vient ce charme ? Et quelles complicités cet artifice de « rhétoriq
199
t ce charme ? Et quelles complicités cet artifice
de
« rhétorique profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’acco
200
profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que
l’
accord d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
201
» sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord
d’
amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus
202
ejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord d’amour et
de
mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes,
203
d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous
les
résonances les plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vu
204
mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
les
plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vue le succès pro
205
rofondes, c’est un fait qu’établit à première vue
le
succès prodigieux du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes, d
206
du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes,
d’
y voir comme une définition de la conscience occidentale… Amour et mor
207
ons, plus secrètes, d’y voir comme une définition
de
la conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est
208
, plus secrètes, d’y voir comme une définition de
la
conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est pas
209
our et mort, amour mortel : si ce n’est pas toute
la
poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il
210
toute la poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a
de
populaire, tout ce qu’il y a d’universellement émouvant dans nos litt
211
tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il y a
d’
universellement émouvant dans nos littératures ; et dans nos plus viei
212
illes légendes, et dans nos plus belles chansons.
L’
amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’amour mor
213
nos plus belles chansons. L’amour heureux n’a pas
d’
histoire. Il n’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’a
214
ons. L’amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est
de
roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condam
215
heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que
de
l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie
216
reux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de
l’
amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie mê
217
’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire
de
l’amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme
218
t de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de
l’
amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occ
219
l, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par
la
vie même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisi
220
menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte
le
lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni la paix féco
221
Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas
le
plaisir des sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins l’amour c
222
occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni
la
paix féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que la passion d’a
223
s sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins
l’
amour comblé que la passion d’amour. Et passion signifie souffrance. V
224
féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que
la
passion d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondam
225
couple. C’est moins l’amour comblé que la passion
d’
amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
226
on d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà
le
fait fondamental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour le roman
227
nifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
l’
enthousiasme que nous montrons pour le roman, et pour le film né du ro
228
ental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour
le
roman, et pour le film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans
229
ousiasme que nous montrons pour le roman, et pour
le
film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans toute notre cultur
230
rons pour le roman, et pour le film né du roman ;
l’
érotisme idéalisé diffus dans toute notre culture, dans notre éducatio
231
s toute notre culture, dans notre éducation, dans
les
images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exas
232
e, dans notre éducation, dans les images qui font
le
décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mé
233
otre éducation, dans les images qui font le décor
de
nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique,
234
les images qui font le décor de nos vies ; enfin
le
besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et auto
235
s qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin
d’
évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et autour de nous
236
nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par
l’
ennui mécanique, tout en nous et autour de nous glorifie à tel point l
237
ut en nous et autour de nous glorifie à tel point
la
passion que nous en sommes venus à voir en elle une promesse de vie p
238
nous en sommes venus à voir en elle une promesse
de
vie plus vivante, une puissance qui transfigure, quelque chose qui se
239
e, quelque chose qui serait au-delà du bonheur et
de
la souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne senton
240
quelque chose qui serait au-delà du bonheur et de
la
souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne sentons p
241
e » mais « ce qui est passionnant ». Et pourtant,
la
passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous viv
242
ce qui est passionnant ». Et pourtant, la passion
d’
amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont
243
nant ». Et pourtant, la passion d’amour signifie,
de
fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont g
244
la passion d’amour signifie, de fait, un malheur.
La
société où nous vivons et dont les mœurs n’ont guère changé, sous ce
245
it, un malheur. La société où nous vivons et dont
les
mœurs n’ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
246
angé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
l’
amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’adultère. Et
247
uit l’amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir
la
forme de l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tou
248
ur-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme
de
l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas
249
passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de
l’
adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas d’
250
tir la forme de l’adultère. Et j’entends bien que
les
amants invoqueront tous les cas d’exception, mais la statistique est
251
Et j’entends bien que les amants invoqueront tous
les
cas d’exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre
252
ends bien que les amants invoqueront tous les cas
d’
exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie.
253
amants invoqueront tous les cas d’exception, mais
la
statistique est cruelle : elle réfute notre poésie. Vivons-nous dans
254
us exalte à ce qui semblerait combler notre idéal
de
vie harmonieuse ? Serrons de plus près cette contradiction, par un ef
255
squ’il tend à détruire une illusion. Affirmer que
l’
amour-passion signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur la réa
256
illusion. Affirmer que l’amour-passion signifie,
de
fait, l’adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’
257
. Affirmer que l’amour-passion signifie, de fait,
l’
adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’amour mas
258
signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur
la
réalité que notre culte de l’amour masque et transfigure à la fois ;
259
re, c’est insister sur la réalité que notre culte
de
l’amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que
260
c’est insister sur la réalité que notre culte de
l’
amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que ce
261
our ce que ce culte dissimule, refoule, et refuse
de
nommer pour nous permettre un abandon ardent à ce que nous n’osions p
262
on ardent à ce que nous n’osions pas revendiquer.
La
résistance même qu’éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et
263
pas revendiquer. La résistance même qu’éprouvera
le
lecteur à reconnaître que passion et adultère se confondent le plus s
264
reconnaître que passion et adultère se confondent
le
plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une premi
265
on et adultère se confondent le plus souvent dans
la
société qui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait
266
onfondent le plus souvent dans la société qui est
la
nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que no
267
ui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve
de
ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condi
268
re preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons
la
passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les vo
269
e fait paradoxal : que nous voulons la passion et
le
malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant
270
malheur à condition de ne jamais avouer que nous
les
voulons en tant que tels ? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératu
271
? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératures,
l’
adultère paraîtrait l’une des occupations les plus remarquables auxque
272
ures, l’adultère paraîtrait l’une des occupations
les
plus remarquables auxquelles se livrent les Occidentaux. On aurait vi
273
tions les plus remarquables auxquelles se livrent
les
Occidentaux. On aurait vite dressé la liste des romans qui n’y font a
274
se livrent les Occidentaux. On aurait vite dressé
la
liste des romans qui n’y font aucune allusion ; et le succès remporté
275
iste des romans qui n’y font aucune allusion ; et
le
succès remporté par les autres, les complaisances qu’ils éveillent, l
276
font aucune allusion ; et le succès remporté par
les
autres, les complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on app
277
allusion ; et le succès remporté par les autres,
les
complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à les c
278
r les autres, les complaisances qu’ils éveillent,
la
passion même qu’on apporte à les condamner quelquefois, tout cela dit
279
qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à
les
condamner quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent les couples,
280
er quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent
les
couples, sous un régime qui a fait du mariage un devoir et une commod
281
fait du mariage un devoir et une commodité. Sans
l’
adultère, que seraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la «
282
e seraient toutes nos littératures ? Elles vivent
de
la « crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretienne
283
eraient toutes nos littératures ? Elles vivent de
la
« crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretiennent,
284
rise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles
l’
entretiennent, soit qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que l
285
qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que
la
religion tient pour un crime, et la loi pour une contravention, soit
286
n vers ce que la religion tient pour un crime, et
la
loi pour une contravention, soit au contraire qu’elles s’en amusent,
287
, et qu’elles en tirent un répertoire inépuisable
de
situations comiques ou cyniques. Droit divin de la passion, psycholog
288
e de situations comiques ou cyniques. Droit divin
de
la passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu
289
e situations comiques ou cyniques. Droit divin de
la
passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu’on
290
ilise, ou ironise, que fait-on si ce n’est trahir
le
tourment innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi ? Ne se
291
n’est trahir le tourment innombrable et obsédant
de
l’amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
292
est trahir le tourment innombrable et obsédant de
l’
amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de
293
ent innombrable et obsédant de l’amour en rupture
de
loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de son affreuse réali
294
e loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
de
son affreuse réalité ? Tourner la situation en mystique ou en farce,
295
rche à s’évader de son affreuse réalité ? Tourner
la
situation en mystique ou en farce, c’est toujours avouer qu’elle est
296
ou trompés ; que ce soit en fait ou en rêve, dans
le
remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiét
297
soit en fait ou en rêve, dans le remords ou dans
la
crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation,
298
en rêve, dans le remords ou dans la crainte, dans
le
plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’homm
299
ns le remords ou dans la crainte, dans le plaisir
de
la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne s
300
le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de
la
révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se r
301
dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou
l’
anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent d
302
ainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété
de
la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une
303
te, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de
la
tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au
304
révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu
d’
hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins de ces catégories.
305
ommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins
de
ces catégories. Renoncements, compromis, ruptures, neurasthénies, con
306
neurasthénies, confusions irritantes et mesquines
de
rêves, d’obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheu
307
ies, confusions irritantes et mesquines de rêves,
d’
obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheur humain s
308
irritantes et mesquines de rêves, d’obligations,
de
complaisances secrètes — la moitié du malheur humain se résume dans l
309
rêves, d’obligations, de complaisances secrètes —
la
moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère. Malgré tou
310
ètes — la moitié du malheur humain se résume dans
le
mot d’adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
311
la moitié du malheur humain se résume dans le mot
d’
adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause d’elle
312
ré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
d’
elles justement — il peut sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit
313
t sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit sur
la
réalité de ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, e
314
arfois qu’on n’ait encore rien dit sur la réalité
de
ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en ce domain
315
té plus souvent résolues que posées… Par exemple,
le
mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur l’institution du mariag
316
Par exemple, le mal constaté, faut-il en rejeter
la
faute sur l’institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque ch
317
le mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur
l’
institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui la
318
riage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui
la
ruine au cœur même de nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
319
, sur « quelque chose » qui la ruine au cœur même
de
nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent, la concep
320
e nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
le
pensent, la conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout
321
ons ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent,
la
conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout notre tourme
322
tourment, ou au contraire, est-ce une conception
de
l’amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le pri
323
urment, ou au contraire, est-ce une conception de
l’
amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le princi
324
on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès
le
principe, insupportable ? Je constate que l’Occidental aime au moins
325
dès le principe, insupportable ? Je constate que
l’
Occidental aime au moins autant ce qui détruit que ce qui assure « le
326
u moins autant ce qui détruit que ce qui assure «
le
bonheur des époux ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si le
327
truit que ce qui assure « le bonheur des époux ».
D’
où peut venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du ma
328
x ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si
le
secret de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
329
peut venir une telle contradiction ? Si le secret
de
la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous
330
t venir une telle contradiction ? Si le secret de
la
crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous vi
331
i le secret de la crise du mariage est simplement
l’
attrait de l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idé
332
t de la crise du mariage est simplement l’attrait
de
l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amo
333
e la crise du mariage est simplement l’attrait de
l’
interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour
334
u mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
d’
où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour trahit-il ?
335
d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée
de
l’amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit,
336
où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de
l’
amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit, de
337
? Quelle idée de l’amour trahit-il ? Quel secret
de
notre existence, de notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.
338
amour trahit-il ? Quel secret de notre existence,
de
notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il exist
339
Quel secret de notre existence, de notre esprit,
de
notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe
340
2.Le mythe Il existe un grand mythe européen
de
l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre ext
341
.Le mythe Il existe un grand mythe européen de
l’
adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrêm
342
Il existe un grand mythe européen de l’adultère :
le
Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœur
343
un grand mythe européen de l’adultère : le Roman
de
Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans l
344
Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême
de
nos mœurs, dans la confusion des morales et des immoralismes qui en v
345
Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans
la
confusion des morales et des immoralismes qui en vivent, aux moments
346
es et des immoralismes qui en vivent, aux moments
les
plus purs d’un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane
347
ralismes qui en vivent, aux moments les plus purs
d’
un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane cette forme
348
e. Comme une grande image simple, comme une sorte
de
type primitif de nos tourments les plus complexes. Et de même que pou
349
de image simple, comme une sorte de type primitif
de
nos tourments les plus complexes. Et de même que pour se tirer des co
350
comme une sorte de type primitif de nos tourments
les
plus complexes. Et de même que pour se tirer des confusions de notre
351
exes. Et de même que pour se tirer des confusions
de
notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs or
352
que pour se tirer des confusions de notre langue,
les
poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines,
353
onfusions de notre langue, les poètes ont coutume
de
rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la cho
354
notre langue, les poètes ont coutume de rapporter
les
mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à l’acte
355
mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à
la
chose ou à l’acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais
356
origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à
l’
acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais rapporter à c
357
oudrais rapporter à ce mythe certaines confusions
de
nos mœurs. Étymologie des passions, moins décevante que celle des mot
358
ion. ⁂ Mais d’abord, dira-t-on, est-il exact que
le
roman de Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruir
359
ais d’abord, dira-t-on, est-il exact que le roman
de
Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son cha
360
dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que
d’
essayer de l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est s
361
s, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer
de
l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’
362
n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de
l’
analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’irr
363
n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme
d’
irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une pui
364
us à croire que mythe est synonyme d’irréalité ou
d’
illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop inc
365
ythe est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop
de
mythes manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
366
parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
l’
abus que l’on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’un
367
une puissance trop incontestable. Mais l’abus que
l’
on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’une manière g
368
stable. Mais l’abus que l’on fait du mot oblige à
le
redéfinir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un mythe est un
369
it du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire
d’
une manière générale qu’un mythe est une histoire, une fable symboliqu
370
e, simple et frappante, résumant un nombre infini
de
situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un co
371
bre infini de situations plus ou moins analogues.
Le
mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations co
372
tuations plus ou moins analogues. Le mythe permet
de
saisir d’un coup d’œil certains types de relations constantes, et de
373
lus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir
d’
un coup d’œil certains types de relations constantes, et de les dégage
374
e permet de saisir d’un coup d’œil certains types
de
relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences qu
375
d’œil certains types de relations constantes, et
de
les dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plu
376
œil certains types de relations constantes, et de
les
dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plus ét
377
pparences quotidiennes. Dans un sens plus étroit,
les
mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religi
378
. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent
les
règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent don
379
ens plus étroit, les mythes traduisent les règles
de
conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élé
380
oit, les mythes traduisent les règles de conduite
d’
un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré a
381
un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc
de
l’élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symb
382
groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de
l’
élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symboli
383
de l’élément sacré autour duquel s’est constitué
le
groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légend
384
el s’est constitué le groupe. (Récits symboliques
de
la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
385
s’est constitué le groupe. (Récits symboliques de
la
vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’
386
titué le groupe. (Récits symboliques de la vie et
de
la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine de
387
ué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de
la
mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine des t
388
vie et de la mort des dieux, légendes expliquant
les
sacrifices ou l’origine des tabous, etc.) On l’a remarqué souvent : u
389
des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
l’
origine des tabous, etc.) On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas d
390
les sacrifices ou l’origine des tabous, etc.) On
l’
a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’auteur. Son origine doit être
391
etc.) On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas
d’
auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’est en parti
392
. Son origine doit être obscure. Et son sens même
l’
est en partie. Il se présente comme l’expression tout anonyme de réali
393
n sens même l’est en partie. Il se présente comme
l’
expression tout anonyme de réalités collectives, ou plus exactement :
394
e. Il se présente comme l’expression tout anonyme
de
réalités collectives, ou plus exactement : communes. L’œuvre d’art —
395
lités collectives, ou plus exactement : communes.
L’
œuvre d’art — poème, conte ou roman — se distingue donc radicalement d
396
mythe. Sa valeur ne relève en effet que du talent
de
son créateur. Ce qui importe en elle, c’est justement ce qui n’import
397
n elle, c’est justement ce qui n’importe pas dans
le
cas du mythe : sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses
398
, ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités
de
réussite singulière (originalité, habileté, style, etc.). Mais le ca
399
lière (originalité, habileté, style, etc.). Mais
le
caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur
400
alité, habileté, style, etc.). Mais le caractère
le
plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, général
401
Mais le caractère le plus profond du mythe, c’est
le
pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce qui fait
402
mme telle, n’a pas à proprement parler un pouvoir
de
contrainte sur le public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut
403
à proprement parler un pouvoir de contrainte sur
le
public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours la criti
404
belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours
la
critiquer, ou la goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pa
405
e qu’elle soit, on peut toujours la critiquer, ou
la
goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pas de même pour le
406
aisons individuelles. Il n’en va pas de même pour
le
mythe : son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raiso
407
énoncé désarme toute critique, réduit au silence
la
raison, ou tout au moins, la rend inefficace. Or je me propose d’envi
408
e, réduit au silence la raison, ou tout au moins,
la
rend inefficace. Or je me propose d’envisager Tristan non point comme
409
ut au moins, la rend inefficace. Or je me propose
d’
envisager Tristan non point comme œuvre littéraire, mais comme type de
410
e œuvre littéraire, mais comme type des relations
de
l’homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite soci
411
uvre littéraire, mais comme type des relations de
l’
homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale
412
aire, mais comme type des relations de l’homme et
de
la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la sociét
413
e, mais comme type des relations de l’homme et de
la
femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la société c
414
et de la femme dans un groupe historique donné :
l’
élite sociale, la société courtoise et pénétrée de chevalerie du xiie
415
ans un groupe historique donné : l’élite sociale,
la
société courtoise et pénétrée de chevalerie du xiie et du xiiie siè
416
l’élite sociale, la société courtoise et pénétrée
de
chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe est à vrai dire di
417
ngtemps. Pourtant ses lois sont encore les nôtres
d’
une manière secrète et diffuse. Profanées et reniées par nos codes off
418
iées par nos codes officiels, elles sont devenues
d’
autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pouvoir que sur nos
419
d’autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus
de
pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan
420
s de pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits
de
la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
421
e pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de
la
légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le
422
ue sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende
de
Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l
423
. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont
de
ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l’auteur — à supp
424
n sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
le
fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous e
425
ux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que
l’
auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous est totalemen
426
eût un, et un seul — nous est totalement inconnu.
Les
cinq versions « originales » qui nous restent sont des remaniements a
427
ui nous restent sont des remaniements artistiques
d’
un archétype dont on n’a pu trouver la moindre trace. Un autre aspect
428
artistiques d’un archétype dont on n’a pu trouver
la
moindre trace. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’e
429
rouver la moindre trace. Un autre aspect mythique
de
la légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise (Appendi
430
ver la moindre trace. Un autre aspect mythique de
la
légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise (Appendice
431
dre trace. Un autre aspect mythique de la légende
de
Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise (Appendice 1). Le prog
432
e aspect mythique de la légende de Tristan, c’est
l’
élément sacré qu’elle utilise (Appendice 1). Le progrès de l’action, e
433
st l’élément sacré qu’elle utilise (Appendice 1).
Le
progrès de l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’audit
434
t sacré qu’elle utilise (Appendice 1). Le progrès
de
l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépend
435
acré qu’elle utilise (Appendice 1). Le progrès de
l’
action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent
436
utilise (Appendice 1). Le progrès de l’action, et
les
effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent dans une cert
437
’action, et les effets qu’elle devait exercer sur
l’
auditeur, dépendent dans une certaine mesure (que nous aurons à précis
438
une certaine mesure (que nous aurons à préciser)
d’
un ensemble de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
439
mesure (que nous aurons à préciser) d’un ensemble
de
règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevaler
440
ous aurons à préciser) d’un ensemble de règles et
de
cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale.
441
le de règles et de cérémonies qui n’est autre que
la
coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie f
442
s et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
de
la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souve
443
t de cérémonies qui n’est autre que la coutume de
la
chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souvent
444
tre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or
les
« ordres » de chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chaste
445
ume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres »
de
chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chastellain, chroniq
446
t appelés « religions ». Chastellain, chroniqueur
de
la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date)
447
ppelés « religions ». Chastellain, chroniqueur de
la
Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date), e
448
tellain, chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi
l’
ordre de la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un m
449
chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre
de
la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère s
450
roniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de
la
Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacr
451
de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison
d’
or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacré, en un s
452
ison d’or (dernier en date), et il en parle comme
d’
un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus
453
omme d’un mystère sacré, en un siècle où pourtant
la
chevalerie n’était plus guère qu’une survivance (Appendice 2). Enfin
454
plus guère qu’une survivance (Appendice 2). Enfin
la
nature même de l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dén
455
ne survivance (Appendice 2). Enfin la nature même
de
l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté
456
survivance (Appendice 2). Enfin la nature même de
l’
obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté pro
457
re même de l’obscurité que nous découvrirons dans
la
légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du myt
458
dans la légende, dénote sa parenté profonde avec
le
mythe. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’
459
égende, dénote sa parenté profonde avec le mythe.
L’
obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expression
460
é du mythe en général ne réside pas dans sa forme
d’
expression. (Ce serait ici le langage du poème : or on sait qu’il est
461
de pas dans sa forme d’expression. (Ce serait ici
le
langage du poème : or on sait qu’il est des plus simples.) Elle tient
462
s plus simples.) Elle tient d’une part au mystère
de
son origine, et d’autre part à l’importance vitale des faits que le m
463
part au mystère de son origine, et d’autre part à
l’
importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’éta
464
d’autre part à l’importance vitale des faits que
le
mythe symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avai
465
érêt à obscurcir leur origine et leur portée pour
les
soustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourr
466
leur origine et leur portée pour les soustraire à
la
critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
467
oustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin
de
mythe. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou
468
ait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
d’
une loi, d’un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rô
469
oin de mythe. On pourrait se contenter d’une loi,
d’
un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résum
470
. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité
de
morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechn
471
ntenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même
d’
une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de myth
472
raité de morale, ou même d’une historiette jouant
le
rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible
473
morale, ou même d’une historiette jouant le rôle
de
résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en
474
te jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point
de
mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les e
475
technique. Point de mythe tant qu’il est loisible
de
s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’une manière manifeste o
476
qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et
de
les exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le myt
477
il est loisible de s’en tenir aux évidences et de
les
exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe p
478
le de s’en tenir aux évidences et de les exprimer
d’
une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu
479
d’une manière manifeste ou directe. Au contraire,
le
mythe paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer claire
480
e paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible
d’
avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
481
impossible d’avouer clairement un certain nombre
de
faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tien
482
certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
de
relations affectives, que l’on tient cependant à conserver, ou qu’il
483
aux ou religieux, ou de relations affectives, que
l’
on tient cependant à conserver, ou qu’il est impossible de détruire. N
484
nt cependant à conserver, ou qu’il est impossible
de
détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes, par exemple, pour expri
485
impossible de détruire. Nous n’avons plus besoin
de
mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous l
486
plus besoin de mythes, par exemple, pour exprimer
les
vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière p
487
de mythes, par exemple, pour exprimer les vérités
de
la science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement
488
mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de
la
science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement «
489
e, pour exprimer les vérités de la science : nous
les
considérons en effet d’une manière parfaitement « profane », et elles
490
tés de la science : nous les considérons en effet
d’
une manière parfaitement « profane », et elles ont donc tout à gagner
491
nt « profane », et elles ont donc tout à gagner à
la
critique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprime
492
la critique individuelle. Mais nous avons besoin
d’
un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est
493
. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer
le
fait obscur et inavouable que la passion est liée à la mort, et qu’el
494
he pour exprimer le fait obscur et inavouable que
la
passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne la destruction pour c
495
it obscur et inavouable que la passion est liée à
la
mort, et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnen
496
a passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne
la
destruction pour ceux qui s’y abandonnent de toutes leurs forces. C’e
497
aîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent
de
toutes leurs forces. C’est que nous voulons sauver cette passion, et
498
ndant que nos morales officielles et notre raison
les
condamnent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir
499
rales officielles et notre raison les condamnent.
L’
obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir son contenu dé
500
ent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure
d’
accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par l’imagination, sans e
501
onc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et
d’
en jouir par l’imagination, sans en prendre toutefois une conscience a
502
’accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par
l’
imagination, sans en prendre toutefois une conscience assez claire pou
503
tefois une conscience assez claire pour qu’éclate
la
contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certai
504
clate la contradiction. Ainsi se trouvent mises à
l’
abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pr
505
a contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri
de
la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressento
506
ontradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de
la
critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressentons
507
es que nous sentons ou pressentons fondamentales.
Le
mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige,
508
ondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans
la
mesure où notre instinct l’exige, mais il les voile aussi dans la mes
509
me ces réalités, dans la mesure où notre instinct
l’
exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour de la r
510
dans la mesure où notre instinct l’exige, mais il
les
voile aussi dans la mesure où le grand jour de la raison les menacera
511
re instinct l’exige, mais il les voile aussi dans
la
mesure où le grand jour de la raison les menacerait2. ⁂ D’origine inc
512
’exige, mais il les voile aussi dans la mesure où
le
grand jour de la raison les menacerait2. ⁂ D’origine inconnue ou mal
513
l les voile aussi dans la mesure où le grand jour
de
la raison les menacerait2. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de ca
514
es voile aussi dans la mesure où le grand jour de
la
raison les menacerait2. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de carac
515
ussi dans la mesure où le grand jour de la raison
les
menacerait2. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de caractère primit
516
où le grand jour de la raison les menacerait2. ⁂
D’
origine inconnue ou mal connue — de caractère primitivement sacré — vo
517
menacerait2. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue —
de
caractère primitivement sacré — voilant le secret qu’il exprime, le r
518
nnue — de caractère primitivement sacré — voilant
le
secret qu’il exprime, le roman mythique de Tristan posséderait-il au
519
tivement sacré — voilant le secret qu’il exprime,
le
roman mythique de Tristan posséderait-il au même degré les qualités c
520
oilant le secret qu’il exprime, le roman mythique
de
Tristan posséderait-il au même degré les qualités contraignantes d’un
521
mythique de Tristan posséderait-il au même degré
les
qualités contraignantes d’un vrai mythe ? Cette question ne peut être
522
rait-il au même degré les qualités contraignantes
d’
un vrai mythe ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte
523
esquivée. Elle nous porte au cœur du problème et
de
son actualité. Précisons que les règles chevaleresques qui jouaient b
524
ur du problème et de son actualité. Précisons que
les
règles chevaleresques qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rô
525
qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rôle
de
contrainte absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’obstac
526
rôle de contrainte absolue, n’interviennent dans
le
roman qu’à titre d’obstacle mythique et de figures rituelles de rhéto
527
absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre
d’
obstacle mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, l
528
t dans le roman qu’à titre d’obstacle mythique et
de
figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas tr
529
titre d’obstacle mythique et de figures rituelles
de
rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à
530
t de figures rituelles de rhétorique. Sans elles,
la
fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à rebondissements, et surtout
531
r que ces « cérémonies » sociales sont des moyens
de
faire admettre un contenu antisocial, qui est la passion. Le mot « co
532
de faire admettre un contenu antisocial, qui est
la
passion. Le mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de
533
mettre un contenu antisocial, qui est la passion.
Le
mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de Tristan et d
534
on. Le mot « contenu » prend ici toute sa force :
la
passion de Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les
535
« contenu » prend ici toute sa force : la passion
de
Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les règles de l
536
end ici toute sa force : la passion de Tristan et
d’
Iseut est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie.
537
tan et d’Iseut est littéralement « contenue » par
les
règles de la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle po
538
eut est littéralement « contenue » par les règles
de
la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exp
539
est littéralement « contenue » par les règles de
la
chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exprim
540
ondition seulement qu’elle pourra s’exprimer dans
le
demi-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui t
541
i-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut
la
Nuit et qui triomphe dans une Mort transfigurante, elle représente po
542
e menace violemment intolérable. Il faut donc que
les
groupes constitués soient capables de lui opposer une structure forte
543
t donc que les groupes constitués soient capables
de
lui opposer une structure fortement charpentée, pour qu’elle trouve l
544
ructure fortement charpentée, pour qu’elle trouve
l’
occasion de s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la s
545
tement charpentée, pour qu’elle trouve l’occasion
de
s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le li
546
e trouve l’occasion de s’extérioriser sans causer
les
pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou
547
térioriser sans causer les pires dégâts. Que, par
la
suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissoci
548
sans causer les pires dégâts. Que, par la suite,
le
lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le myth
549
la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que
le
groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict
550
vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié,
le
mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perd
551
ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera
d’
être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contra
552
il aura perdu en force contraignante et en moyens
de
se communiquer sous une forme voilée et admissible, il le retrouvera
553
mmuniquer sous une forme voilée et admissible, il
le
retrouvera en influence souterraine et en violence anarchisante. À me
554
erraine et en violence anarchisante. À mesure que
la
chevalerie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre — les usages
555
re que la chevalerie, même sous sa forme profanée
de
savoir-vivre — les usages qu’il faut observer si l’on veut être un ge
556
ie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre —
les
usages qu’il faut observer si l’on veut être un gentleman — perdra se
557
savoir-vivre — les usages qu’il faut observer si
l’
on veut être un gentleman — perdra ses dernières vertus, la passion «
558
être un gentleman — perdra ses dernières vertus,
la
passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie q
559
es dernières vertus, la passion « contenue » dans
le
mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subco
560
ontenue » dans le mythe primitif se répandra dans
la
vie quotidienne, envahira le subconscient, appellera de nouvelles con
561
tif se répandra dans la vie quotidienne, envahira
le
subconscient, appellera de nouvelles contraintes, se les inventera au
562
quotidienne, envahira le subconscient, appellera
de
nouvelles contraintes, se les inventera au besoin… Car nous verrons q
563
conscient, appellera de nouvelles contraintes, se
les
inventera au besoin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement la n
564
soin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement
la
nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exi
565
nous verrons que ce n’est pas seulement la nature
de
la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu
566
s verrons que ce n’est pas seulement la nature de
la
société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu ma
567
n’est pas seulement la nature de la société, mais
l’
ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, a
568
ement la nature de la société, mais l’ardeur même
de
la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict
569
nt la nature de la société, mais l’ardeur même de
la
sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict du
570
me de la sombre passion qui exige un aveu masqué.
Le
mythe, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à
571
au xiie siècle, c’est-à-dire dans une période où
les
élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale.
572
e période où les élites faisaient un vaste effort
de
mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », préci
573
de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait
de
« contenir », précisément, les poussées de l’instinct destructeur : c
574
rale. Il s’agissait de « contenir », précisément,
les
poussées de l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
575
issait de « contenir », précisément, les poussées
de
l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérai
576
ait de « contenir », précisément, les poussées de
l’
instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
577
ent, les poussées de l’instinct destructeur : car
la
religion, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons
578
s de l’instinct destructeur : car la religion, en
l’
attaquant, l’exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons et les satires
579
ct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
l’
exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons et les satires de ce siècle
580
: car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
Les
chroniqueurs, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent q
581
, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniqueurs,
les
sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une pr
582
t, l’exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons et
les
satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise
583
ait. Les chroniqueurs, les sermons et les satires
de
ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise du mariage
584
se du mariage ». Elle appelait une réaction vive.
Le
succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cad
585
le appelait une réaction vive. Le succès du Roman
de
Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’ex
586
tion vive. Le succès du Roman de Tristan fut donc
d’
ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfacti
587
Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner
la
passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfactions symboli
588
t s’exprimer en satisfactions symboliques. (Ainsi
l’
Église avait « compris » le paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre
589
ns symboliques. (Ainsi l’Église avait « compris »
le
paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre disparaît, cette passion n’
590
as moins. Elle est toujours aussi dangereuse pour
la
vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la s
591
s. Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie
de
la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société,
592
Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de
la
société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société, un
593
té. Elle tend toujours à provoquer, de la part de
la
société, une mise en ordre équivalente. D’où la permanence historique
594
art de la société, une mise en ordre équivalente.
D’
où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première,
595
e la société, une mise en ordre équivalente. D’où
la
permanence historique non point du mythe sous sa forme première, mais
596
e non point du mythe sous sa forme première, mais
de
l’exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre
597
on point du mythe sous sa forme première, mais de
l’
exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre déf
598
mais de l’exigence mythique à laquelle répondait
le
Roman. Élargissant notre définition, nous appellerons mythe, désormai
599
us appellerons mythe, désormais, cette permanence
d’
un type de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tris
600
rons mythe, désormais, cette permanence d’un type
de
relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Ise
601
ype de relations et des réactions qu’il provoque.
Le
mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais l
602
lations et des réactions qu’il provoque. Le mythe
de
Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomè
603
he de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement
le
Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas
604
t Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais
le
phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé de s’éten
605
Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont
l’
influence n’a pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la
606
qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé
de
s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la nature obscure, dynamisme
607
pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion
de
la nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préform
608
cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de
la
nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préformée
609
assion de la nature obscure, dynamisme excité par
l’
esprit, possibilité préformée à la recherche d’une contrainte qui l’ex
610
isme excité par l’esprit, possibilité préformée à
la
recherche d’une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : t
611
ar l’esprit, possibilité préformée à la recherche
d’
une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le myt
612
ité préformée à la recherche d’une contrainte qui
l’
exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente
613
qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est
le
mythe qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà pr
614
perdu sa forme primitive voilà précisément ce qui
le
rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vé
615
ve voilà précisément ce qui le rend si dangereux.
Les
mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle
616
reux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme
les
vérités mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raison
617
arle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raisons
de
notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
618
du mythe ; raisons de notre analyse Nul besoin
d’
avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir enten
619
raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu
le
Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
620
besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
de
M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la v
621
u le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni
d’
avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’
622
Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu
l’
opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgiq
623
ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
de
Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un
624
’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans
la
vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dan
625
éra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne
l’
empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos
626
ubir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique
d’
un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos fil
627
he. Il se trahit dans la plupart de nos romans et
de
nos films, dans leurs succès auprès des masses, dans les complaisance
628
films, dans leurs succès auprès des masses, dans
les
complaisances qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes, de
629
poètes, des mal mariés, des midinettes qui rêvent
d’
amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée com
630
des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses.
Le
mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point
631
t d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où
la
passion est rêvée comme un idéal, non point redoutée comme une fièvre
632
rophe, et non point comme une catastrophe. Il vit
de
la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était
633
he, et non point comme une catastrophe. Il vit de
la
vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le
634
oint comme une catastrophe. Il vit de la vie même
de
ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le philtre du
635
he. Il vit de la vie même de ceux qui croient que
l’
amour est une destinée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
636
qui croient que l’amour est une destinée (c’était
le
philtre du Roman) ; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour le
637
ée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
l’
homme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur ; et qu’il est
638
; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour
le
consumer d’un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bo
639
d sur l’homme impuissant et ravi pour le consumer
d’
un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la so
640
feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que
le
bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme
641
qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur,
la
société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; i
642
s fort et plus vrai que le bonheur, la société et
la
morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand
643
i que le bonheur, la société et la morale. Il vit
de
la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette
644
ue le bonheur, la société et la morale. Il vit de
la
vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette rel
645
vit de la vie même du romantisme en nous ; il est
le
grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se fi
646
e du romantisme en nous ; il est le grand mystère
de
cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres
647
; il est le grand mystère de cette religion dont
les
poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cett
648
eligion dont les poètes du siècle passé se firent
les
prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique,
649
s poètes du siècle passé se firent les prêtres et
les
inspirés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est
650
ècle passé se firent les prêtres et les inspirés.
De
cette influence et de sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs im
651
es prêtres et les inspirés. De cette influence et
de
sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous ser
652
rés. De cette influence et de sa nature mythique,
la
preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous sera donnée ici même par u
653
ine répugnance du lecteur à envisager mon projet.
Le
Roman de Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on est
654
nance du lecteur à envisager mon projet. Le Roman
de
Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on estimera que
655
ojet. Le Roman de Tristan nous est « sacré » dans
la
mesure exacte où l’on estimera que je commets un « sacrilège » en ten
656
istan nous est « sacré » dans la mesure exacte où
l’
on estimera que je commets un « sacrilège » en tentant de l’analyser.
657
timera que je commets un « sacrilège » en tentant
de
l’analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien
658
era que je commets un « sacrilège » en tentant de
l’
analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien an
659
e » en tentant de l’analyser. Certes, ce reproche
de
sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si l’on songe qu’il se tra
660
de sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si
l’
on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés primitives, non par ce
661
n anodin, si l’on songe qu’il se traduisait, dans
les
sociétés primitives, non par cette répugnance que je prévois, mais pa
662
non par cette répugnance que je prévois, mais par
la
mise à mort du coupable. Le sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’
663
je prévois, mais par la mise à mort du coupable.
Le
sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’une survivance obscure et dé
664
nce obscure et déprimée. Je ne courrai donc guère
d’
autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette pag
665
Je ne courrai donc guère d’autre risque que celui
de
voir le lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens in
666
urrai donc guère d’autre risque que celui de voir
le
lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscien
667
’autre risque que celui de voir le lecteur fermer
le
volume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’un tel geste n
668
ecteur fermer le volume à cette page. (Et certes,
le
sens inconscient d’un tel geste n’est rien moins que la mise à mort d
669
ume à cette page. (Et certes, le sens inconscient
d’
un tel geste n’est rien moins que la mise à mort de l’auteur. Pourtant
670
s inconscient d’un tel geste n’est rien moins que
la
mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effet). Mais si tu
671
’un tel geste n’est rien moins que la mise à mort
de
l’auteur. Pourtant il demeure sans effet). Mais si tu m’épargnes, ô l
672
tel geste n’est rien moins que la mise à mort de
l’
auteur. Pourtant il demeure sans effet). Mais si tu m’épargnes, ô lect
673
ô lecteur ! faut-il croire que cela signifie que
la
passion n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’
674
n n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que
les
hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions qu
675
nt sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes
d’
aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions que dans leu
676
débiles dans leurs passions que dans leurs gestes
de
réprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que l’o
677
s que dans leurs gestes de réprobation ? À défaut
d’
ennemis déclarés, où sera le courage que l’on réclame des écrivains ?
678
éprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera
le
courage que l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercen
679
défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que
l’
on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercent contre eux-mê
680
e l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils
l’
exercent contre eux-mêmes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’
681
mes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’à
l’
adversaire qu’on porte en soi ? J’avoue que j’ai moi-même éprouvé du d
682
me éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs
de
la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La for
683
éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs de
la
légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formul
684
dépit à voir l’un des commentateurs de la légende
de
Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans
685
r l’un des commentateurs de la légende de Tristan
la
définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans doute exact
686
de la légende de Tristan la définir « une épopée
de
l’adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à co
687
la légende de Tristan la définir « une épopée de
l’
adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à consi
688
Tristan la définir « une épopée de l’adultère ».
La
formule est sans doute exacte, si l’on se borne à considérer la donné
689
’adultère ». La formule est sans doute exacte, si
l’
on se borne à considérer la donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pa
690
sans doute exacte, si l’on se borne à considérer
la
donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pas moins vexante et « prosaï
691
prosaïquement » restrictive. Peut-on soutenir que
la
faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner p
692
rictive. Peut-on soutenir que la faute morale est
le
vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serai
693
on soutenir que la faute morale est le vrai sujet
de
la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opé
694
soutenir que la faute morale est le vrai sujet de
la
légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
695
la faute morale est le vrai sujet de la légende ?
Le
Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère
696
n de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
de
l’adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot
697
e Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de
l’
adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? U
698
mple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère ? Et
l’
adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture de co
699
, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture
de
contrat ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop de cas ; mais
700
t ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop
de
cas ; mais c’est souvent bien davantage : une atmosphère tragique et
701
: une atmosphère tragique et passionnée, par-delà
le
bien et le mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un dr
702
phère tragique et passionnée, par-delà le bien et
le
mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un drame, un rom
703
un drame, un roman. Et romantisme vient de roman…
Le
problème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire d’autant. Je di
704
lème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire
d’
autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et l’on jugera si elles so
705
et mon cas empire d’autant. Je dirai mes raisons
de
persévérer, et l’on jugera si elles sont diaboliques. La première est
706
d’autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et
l’
on jugera si elles sont diaboliques. La première est que nous sommes p
707
La première est que nous sommes parvenus au point
de
désordre social où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les mor
708
us sommes parvenus au point de désordre social où
l’
immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes. Le cul
709
ial où l’immoralisme se révèle plus exténuant que
les
morales anciennes. Le culte de l’amour-passion s’est tellement démocr
710
révèle plus exténuant que les morales anciennes.
Le
culte de l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses v
711
lus exténuant que les morales anciennes. Le culte
de
l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus est
712
exténuant que les morales anciennes. Le culte de
l’
amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus esthét
713
sé qu’il perd ses vertus esthétiques et sa valeur
de
tragédie spirituelle. Reste une confuse et diffuse souffrance, quelqu
714
une confuse et diffuse souffrance, quelque chose
d’
impur et de triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
715
e et diffuse souffrance, quelque chose d’impur et
de
triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner les causes
716
dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
les
causes faussement sacrées : cette littérature de la passion, cette pu
717
les causes faussement sacrées : cette littérature
de
la passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure
718
causes faussement sacrées : cette littérature de
la
passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure com
719
, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue »
d’
allure commerciale de ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaqu
720
on lui fait, cette « vogue » d’allure commerciale
de
ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaquer à tout cela, fût-c
721
t s’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver
le
mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacr
722
t cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus
de
son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a
723
us de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour
le
sacrilège. La poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
724
ême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
La
poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
725
e a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
d’
un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
726
ances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
de
la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair
727
es. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur de
la
beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, d
728
s d’un défenseur de la beauté, même maudite, mais
d’
un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie
729
de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a
le
goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de
730
auté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
d’
y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses cont
731
te, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair,
de
prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je
732
i a le goût d’y voir clair, de prendre conscience
de
sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de
733
’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et
de
la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’e
734
voir clair, de prendre conscience de sa vie et de
la
vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est
735
air, de prendre conscience de sa vie et de la vie
de
ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il p
736
ie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe
de
Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre con
737
m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet
de
dégager une raison simple de notre confusion présente. C’est qu’il pe
738
, c’est qu’il permet de dégager une raison simple
de
notre confusion présente. C’est qu’il permet aussi de formuler certai
739
otre confusion présente. C’est qu’il permet aussi
de
formuler certaines relations permanentes noyées sous les vulgarités m
740
muler certaines relations permanentes noyées sous
les
vulgarités minutieuses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
741
ermanentes noyées sous les vulgarités minutieuses
de
nos psychologies. C’est enfin qu’il permet de mettre à nu certain dil
742
ses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
de
mettre à nu certain dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et l
743
n dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et
le
ronron de nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère r
744
dont notre vie hâtive, notre culture et le ronron
de
nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère réalité. Dr
745
culture et le ronron de nos morales sont en passe
de
nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion
746
e nos morales sont en passe de nous faire oublier
la
sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primi
747
de nous faire oublier la sévère réalité. Dresser
le
mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pur
748
faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe
de
la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monum
749
re oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de
la
passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monument
750
sur notre impuissance à choisir vaillamment entre
la
Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la M
751
e à choisir vaillamment entre la Norme du Jour et
la
Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’ex
752
vaillamment entre la Norme du Jour et la Passion
de
la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’ango
753
illamment entre la Norme du Jour et la Passion de
la
Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’angoiss
754
r et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure
de
la Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du
755
t la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de
la
Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du sec
756
sser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte
l’
angoissant et vampirique crescendo du second acte de Wagner, tel est l
757
angoissant et vampirique crescendo du second acte
de
Wagner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il
758
u second acte de Wagner, tel est le premier objet
de
cet ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteu
759
ner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et
le
succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteur au seuil du choix
760
et ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est
d’
amener un lecteur au seuil du choix : « J’ai voulu cela ! » ou bien :
761
« Que Dieu m’en garde ! » Je ne suis pas sûr que
la
conscience claire soit utile d’une manière générale, et en soi. Ni qu
762
suis pas sûr que la conscience claire soit utile
d’
une manière générale, et en soi. Ni que les vérités utiles soient avou
763
t utile d’une manière générale, et en soi. Ni que
les
vérités utiles soient avouables sur la place. Mais quelle que soit «
764
i. Ni que les vérités utiles soient avouables sur
la
place. Mais quelle que soit « l’utilité » de mon entreprise, notre so
765
nt avouables sur la place. Mais quelle que soit «
l’
utilité » de mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous
766
sur la place. Mais quelle que soit « l’utilité »
de
mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous autres Occi
767
’en demeure pas moins, à nous autres Occidentaux,
de
devenir de plus en plus conscients des illusions dont nous vivons. Et
768
des illusions dont nous vivons. Et peut-être que
la
fonction du philosophe, du moraliste, du créateur de formes idéales,
769
fonction du philosophe, du moraliste, du créateur
de
formes idéales, est simplement d’accroître la conscience, donc la mau
770
te, du créateur de formes idéales, est simplement
d’
accroître la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes. Qui s
771
eur de formes idéales, est simplement d’accroître
la
conscience, donc la mauvaise conscience des hommes. Qui sait où cela
772
s, est simplement d’accroître la conscience, donc
la
mauvaise conscience des hommes. Qui sait où cela peut nous mener ? L
773
ù cela peut nous mener ? Là-dessus, il est temps
de
passer à l’opération annoncée. La condition de sa réussite est sans d
774
nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer à
l’
opération annoncée. La condition de sa réussite est sans doute une cer
775
s, il est temps de passer à l’opération annoncée.
La
condition de sa réussite est sans doute une certaine froideur avec la
776
ps de passer à l’opération annoncée. La condition
de
sa réussite est sans doute une certaine froideur avec laquelle nous l
777
ns doute une certaine froideur avec laquelle nous
la
mènerons. Sourds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons de ré
778
ds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons
de
résumer « objectivement » les faits qu’il nous rapporte et les raison
779
» du récit, essayons de résumer « objectivement »
les
faits qu’il nous rapporte et les raisons qu’il en propose, ou qu’il o
780
objectivement » les faits qu’il nous rapporte et
les
raisons qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement de nous ind
781
qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement
de
nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman de Tristan3 Amo
782
nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman
de
Tristan3 Amors par force vos demeine ! Béroul. Tristan naît d
783
force vos demeine ! Béroul. Tristan naît dans
le
malheur. Son père vient de mourir, et sa mère Blanchefleur ne survit
784
a mère Blanchefleur ne survit pas à sa naissance.
D’
où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel d’orage qu
785
e Blanchefleur ne survit pas à sa naissance. D’où
le
nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel d’orage qui cou
786
survit pas à sa naissance. D’où le nom du héros,
la
couleur sombre de sa vie, et le ciel d’orage qui couvre la légende. L
787
aissance. D’où le nom du héros, la couleur sombre
de
sa vie, et le ciel d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Corn
788
le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et
le
ciel d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frèr
789
du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel
d’
orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Bla
790
r sombre de sa vie, et le ciel d’orage qui couvre
la
légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’
791
sa vie, et le ciel d’orage qui couvre la légende.
Le
roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’orphelin à s
792
arc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend
l’
orphelin à sa cour et l’éduque. Première prouesse ou performance : la
793
re de Blanchefleur, prend l’orphelin à sa cour et
l’
éduque. Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur
794
r et l’éduque. Première prouesse ou performance :
la
victoire de Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme l
795
e. Première prouesse ou performance : la victoire
de
Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure,
796
uesse ou performance : la victoire de Tristan sur
le
Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure, exiger son tri
797
n sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme
le
Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Co
798
dais vient, comme le Minotaure, exiger son tribut
de
jeunes filles ou de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la p
799
Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou
de
jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le comb
800
ger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens
de
Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au momen
801
u de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient
la
permission de le combattre, au moment où il pourrait être armé cheval
802
ns de Cornouailles. Tristan obtient la permission
de
le combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu
803
de Cornouailles. Tristan obtient la permission de
le
combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu apr
804
tre armé chevalier, donc peu après sa puberté. Il
le
tue, mais il en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir de sur
805
en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir
de
survivre à son mal, Tristan s’embarque à l’aventure dans un bateau sa
806
spoir de survivre à son mal, Tristan s’embarque à
l’
aventure dans un bateau sans voile ni rames, emportant son épée et sa
807
épée et sa harpe. Il aborde au rivage irlandais.
La
reine d’Irlande détient seule le secret du remède qui peut le sauver.
808
ivage irlandais. La reine d’Irlande détient seule
le
secret du remède qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le f
809
rlande détient seule le secret du remède qui peut
le
sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tr
810
eule le secret du remède qui peut le sauver. Mais
le
géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t
811
e qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était
le
frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
812
t le sauver. Mais le géant Morholt était le frère
de
cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origin
813
frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il
d’
avouer son nom et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale, le so
814
, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
l’
origine de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C
815
istan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origine
de
son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Pr
816
et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale,
le
soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le
817
de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et
le
guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc déc
818
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est
le
Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide d’épouser la
819
it. C’est le Prologue. Quelques années plus tard,
le
roi Marc décide d’épouser la femme dont un oiseau lui apporta un chev
820
ue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide
d’
épouser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tris
821
es années plus tard, le roi Marc décide d’épouser
la
femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il
822
ser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu
d’
or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’inconnue. Une tempê
823
orta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il envoie à
la
« quête » de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande.
824
u d’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête »
de
l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il comba
825
’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de
l’
inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il combat e
826
à la « quête » de l’inconnue. Une tempête rejette
le
héros vers l’Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la
827
de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers
l’
Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’e
828
ande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait
la
capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune
829
et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’est
le
motif consacré de la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé pa
830
ui menaçait la capitale. (C’est le motif consacré
de
la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tris
831
menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de
la
vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tristan
832
vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par
le
monstre, Tristan est soigné de nouveau par Iseut. Un jour, cette prin
833
par Iseut. Un jour, cette princesse découvre que
le
blessé n’est autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
834
princesse découvre que le blessé n’est autre que
le
meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le
835
couvre que le blessé n’est autre que le meurtrier
de
son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans so
836
autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit
l’
épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révè
837
que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
de
Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la m
838
on oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace
de
le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Ma
839
oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de
le
tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
840
ce de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle
la
mission dont le roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car ell
841
ns son bain. Alors, il lui révèle la mission dont
le
roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être rein
842
Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
l’
a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon ce
843
elon certains auteurs, c’est aussi qu’elle admire
la
beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et la princesse voguent
844
a beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et
la
princesse voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tomb
845
ce moment.) Tristan et la princesse voguent vers
les
terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante.
846
) Tristan et la princesse voguent vers les terres
de
Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont so
847
se voguent vers les terres de Marc. En haute mer,
le
vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangie
848
les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe,
la
chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangien leur donne à
849
vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif.
La
servante Brangien leur donne à boire. Mais elle leur verse par erreur
850
donne à boire. Mais elle leur verse par erreur «
le
vin herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. I
851
in herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé
la
mère d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une d
852
x époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils
le
boivent. Les voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais
853
qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils le boivent.
Les
voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauld
854
re d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans
les
voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies,
855
. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies
d’
une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies, car ils
856
d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour
de
leurs vies, car ils ont beu leur destruction et leur mort ». Ils s’av
857
ouent leur amour et ils y cèdent. (Notons ici que
le
texte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait l’efficacité du ph
858
ent. (Notons ici que le texte primitif, suivi par
le
seul Béroul, limitait l’efficacité du philtre à trois ans : A conbie
859
exte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait
l’
efficacité du philtre à trois ans : A conbien fu determinez Li lovend
860
ien fu determinez Li lovendrincs, li vin herbez :
La
mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié le fist. Thomas, im
861
i lovendrincs, li vin herbez : La mere Yseut, qui
le
bollit, A trois anz d’amistié le fist. Thomas, imbu de fine psycholo
862
erbez : La mere Yseut, qui le bollit, A trois anz
d’
amistié le fist. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein de méfian
863
mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié
le
fist. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein de méfiance pour le
864
lit, A trois anz d’amistié le fist. Thomas, imbu
de
fine psychologie, et plein de méfiance pour le merveilleux, qu’il jug
865
fist. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein
de
méfiance pour le merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que
866
bu de fine psychologie, et plein de méfiance pour
le
merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que possible l’import
867
, qu’il juge grossier, réduit autant que possible
l’
importance du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’Iseut comme
868
que possible l’importance du philtre, et présente
l’
amour de Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
869
ible l’importance du philtre, et présente l’amour
de
Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scèn
870
nce du philtre, et présente l’amour de Tristan et
d’
Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eil
871
’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
la
scène du bain. Eilhart, Gottfried et la plupart des autres accordent
872
e plus significatif que ces variantes, comme nous
le
verrons.) La faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la
873
icatif que ces variantes, comme nous le verrons.)
La
faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la mission qu’il
874
te est donc consommée. Mais Tristan reste lié par
la
mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc Iseut à Marc, malgré le
875
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec
le
roi, sauvant ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant l’erre
876
ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant
l’
erreur fatale qu’elle a commise. Cependant des barons « félons » dénon
877
Cependant des barons « félons » dénoncent au roi
l’
amour de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une
878
nt des barons « félons » dénoncent au roi l’amour
de
Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvell
879
« félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et
d’
Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène
880
de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à
la
faveur d’une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son
881
n et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur
d’
une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son innocence
882
nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc
de
son innocence et revient à la cour. Le nain Frocine, complice des bar
883
), il convainc Marc de son innocence et revient à
la
cour. Le nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les
884
vainc Marc de son innocence et revient à la cour.
Le
nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les amants et
885
rocine, complice des barons, cherche à surprendre
les
amants et leur tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la
886
urprendre les amants et leur tend un piège. Entre
le
lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ».
887
re les amants et leur tend un piège. Entre le lit
de
Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan
888
r tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui
de
la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
889
end un piège. Entre le lit de Tristan et celui de
la
reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’u
890
e le lit de Tristan et celui de la reine, il sème
de
la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle missio
891
e lit de Tristan et celui de la reine, il sème de
la
« fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission,
892
istan et celui de la reine, il sème de la « fleur
de
blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission, veut rejoin
893
e la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
d’
une nouvelle mission, veut rejoindre une dernière fois son amie, penda
894
eut rejoindre une dernière fois son amie, pendant
la
nuit qui précède son départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépar
895
ndant la nuit qui précède son départ. Il franchit
d’
un saut l’espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente q
896
uit qui précède son départ. Il franchit d’un saut
l’
espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reç
897
départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépare
les
deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à la jambe se rouv
898
x lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à
la
jambe se rouvre par l’effort. Marc et les barons, alertés par le nain
899
re récente qu’il a reçue à la jambe se rouvre par
l’
effort. Marc et les barons, alertés par le nain, font irruption dans l
900
reçue à la jambe se rouvre par l’effort. Marc et
les
barons, alertés par le nain, font irruption dans le dortoir. Ils voie
901
vre par l’effort. Marc et les barons, alertés par
le
nain, font irruption dans le dortoir. Ils voient des traces de sang s
902
barons, alertés par le nain, font irruption dans
le
dortoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
903
irruption dans le dortoir. Ils voient des traces
de
sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Is
904
ans le dortoir. Ils voient des traces de sang sur
la
fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera liv
905
rtoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur
de
blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une
906
ls voient des traces de sang sur la fleur de blé.
La
preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
907
des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
de
l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux
908
traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de
l’
adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux et
909
e est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
de
lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de la chapelle)
910
eux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène
de
la chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
911
et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de
la
chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt de
912
e). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans
la
forêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et du
913
livre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
de
Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et dure ». Un
914
y mènent une vie « aspre et dure ». Un jour, Marc
les
surprend endormis. Mais il se trouve que Tristan a déposé entre leurs
915
on épée nue. Ému par ce qu’il prend pour un signe
de
chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de
916
Ému par ce qu’il prend pour un signe de chasteté,
le
roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dé
917
ce qu’il prend pour un signe de chasteté, le roi
les
épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à s
918
ur un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans
les
réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place l’épée roy
919
le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend
l’
épée de Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans éco
920
les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée
de
Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés, l
921
, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place
l’
épée royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Bé
922
e de Tristan et dépose à sa place l’épée royale.
Les
trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre
923
à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés,
le
philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versi
924
royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse
d’
agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versions). Alors seule
925
écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et
l’
ancêtre commun des cinq versions). Alors seulement Tristan se repent,
926
ement Tristan se repent, Iseut se met à regretter
la
cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan
927
seut se met à regretter la cour… Ils vont trouver
l’
ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendr
928
ter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par
l’
entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendre sa femme. Marc pro
929
grin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi
de
lui rendre sa femme. Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
930
i de lui rendre sa femme. Marc promet son pardon.
Les
amants se séparent à l’approche du cortège royal. Iseut supplie encor
931
Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
l’
approche du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan de demeurer da
932
he du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan
de
demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la trait
933
al. Iseut supplie encore Tristan de demeurer dans
le
pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la traite bien. Puis, par
934
ns le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc
la
traite bien. Puis, par une dernière ruse féminine, exploitant cette c
935
nière ruse féminine, exploitant cette concession,
la
reine déclare qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa
936
te concession, la reine déclare qu’elle rejoindra
le
chevalier au premier signal de sa part, et sans que rien puisse la re
937
qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal
de
sa part, et sans que rien puisse la retenir, « ni tour, ni mur, ni fo
938
remier signal de sa part, et sans que rien puisse
la
retenir, « ni tour, ni mur, ni fort chastel ». Chez Orri le forestier
939
, « ni tour, ni mur, ni fort chastel ». Chez Orri
le
forestier, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais les barons
940
, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais
les
barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et
941
clandestins. Mais les barons félons veillent sur
la
vertu de la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu
942
ins. Mais les barons félons veillent sur la vertu
de
la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour pr
943
. Mais les barons félons veillent sur la vertu de
la
reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour prouv
944
reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement
de
Dieu » pour prouver son innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomp
945
n innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe
de
l’épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main d
946
nnocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe de
l’
épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de q
947
uge, elle triomphe de l’épreuve : avant de saisir
le
fer rouge qui laisse intacte la main de qui n’a pas menti, elle jure
948
: avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte
la
main de qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
949
de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main
de
qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’aucun
950
n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans
les
bras d’aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vien
951
menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
d’
aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vient de l’a
952
ceux du roi son maître et du manant qui vient de
l’
aider à descendre de sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais
953
tre et du manant qui vient de l’aider à descendre
de
sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventu
954
nt qui vient de l’aider à descendre de sa barque.
Le
manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventures entraînent
955
sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais
de
nouvelles aventures entraînent au loin le chevalier. Il croit que la
956
é… Mais de nouvelles aventures entraînent au loin
le
chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’i
957
res entraînent au loin le chevalier. Il croit que
la
reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-del
958
loin le chevalier. Il croit que la reine a cessé
de
l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « po
959
in le chevalier. Il croit que la reine a cessé de
l’
aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « pour
960
mer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà
de
la mer, « pour son nom et pour sa beauté »4 une autre Iseut, l’Iseut
961
. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de
la
mer, « pour son nom et pour sa beauté »4 une autre Iseut, l’Iseut « a
962
our son nom et pour sa beauté »4 une autre Iseut,
l’
Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge,
963
seut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan
la
laissera vierge, car il regrette « Iseut la bloie ». Enfin, blessé à
964
istan la laissera vierge, car il regrette « Iseut
la
bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette ble
965
poisonné par cette blessure, Tristan fait appeler
la
reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore le guérir. Elle vie
966
e, Tristan fait appeler la reine de Cornouailles,
la
seule qui puisse encore le guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore
967
reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore
le
guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe d
968
, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe
d’
espoir. Iseut aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
969
anches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
la
jalousie, elle s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que la voi
970
ourmentée par la jalousie, elle s’en vient au lit
de
Tristan et lui annonce que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut l
971
e s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que
la
voile est noire. Tristan meurt. Iseut la blonde débarque à cet instan
972
once que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut
la
blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps de
973
ébarque à cet instant, monte au château, embrasse
le
corps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et
974
cet instant, monte au château, embrasse le corps
de
son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « ch
975
ps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé
de
la sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus
976
de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de
la
sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus en
977
tout « charme » détruit, à considérer froidement
le
plus envoûtant des poèmes, on s’aperçoit que sa donnée ni son progrès
978
it que sa donnée ni son progrès ne sont dépourvus
d’
équivoque. J’ai passé quantité d’épisodes accessoires, mais aucun des
979
e sont dépourvus d’équivoque. J’ai passé quantité
d’
épisodes accessoires, mais aucun des motifs allégués de l’action centr
980
sodes accessoires, mais aucun des motifs allégués
de
l’action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir
981
es accessoires, mais aucun des motifs allégués de
l’
action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir qu
982
ifs allégués de l’action centrale du Roman. Et je
les
ai même soulignés. On a pu voir qu’ils se réduisent à fort peu de cho
983
stan conduit Iseut au roi parce qu’il est lié par
la
fidélité du chevalier ; — les amants se séparent, au terme des trois
984
ce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; —
les
amants se séparent, au terme des trois années dans la forêt, parce qu
985
mants se séparent, au terme des trois années dans
la
forêt, parce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux
986
u terme des trois années dans la forêt, parce que
le
philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « po
987
années dans la forêt, parce que le philtre cesse
d’
agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « pour son nom et pou
988
enant, ces « raisons » mises à part — nous aurons
l’
occasion d’y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
989
« raisons » mises à part — nous aurons l’occasion
d’
y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série de contrad
990
aurons l’occasion d’y revenir — on s’aperçoit que
le
Roman repose sur une série de contradictions énigmatiques. Une premiè
991
— on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
de
contradictions énigmatiques. Une première remarque m’a frappé, faite
992
é, faite en passant par l’un des éditeurs récents
de
la légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supér
993
faite en passant par l’un des éditeurs récents de
la
légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supérieu
994
, au roi. Aucune force extérieure ne saurait donc
l’
empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps s
995
ucune force extérieure ne saurait donc l’empêcher
d’
enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
996
ure ne saurait donc l’empêcher d’enlever Iseut et
d’
obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du plus f
997
empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin.
Les
mœurs du temps sanctionnent le droit du plus fort, elles le divinisen
998
éir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
le
droit du plus fort, elles le divinisent même sans le moindre scrupule
999
u temps sanctionnent le droit du plus fort, elles
le
divinisent même sans le moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du
1000
droit du plus fort, elles le divinisent même sans
le
moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit d’un homme sur une
1001
oindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit
d’
un homme sur une femme : c’est l’enjeu habituel des tournois. Pourquoi
1002
s’agit du droit d’un homme sur une femme : c’est
l’
enjeu habituel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas de ce dro
1003
uel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas
de
ce droit ? Mise en éveil par cette première question, notre méfiance
1004
igmes, non moins curieuses et obscures. Pourquoi
l’
épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà p
1005
non moins curieuses et obscures. Pourquoi l’épée
de
chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ;
1006
s et obscures. Pourquoi l’épée de chasteté entre
les
corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se
1007
Pourquoi l’épée de chasteté entre les corps dans
la
forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce
1008
’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ?
Les
amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce moment-là ;
1009
forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent
de
se repentir, à ce moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que le
1010
moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que
le
roi pourrait les surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, da
1011
in ils ne prévoient nullement que le roi pourrait
les
surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans les différente
1012
endre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans
les
différentes versions, qui donne la raison de cet acte5. Pourquoi Tri
1013
un mot, dans les différentes versions, qui donne
la
raison de cet acte5. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et ce
1014
ans les différentes versions, qui donne la raison
de
cet acte5. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et cela même da
1015
la raison de cet acte5. Pourquoi Tristan rend-il
la
reine à Marc, et cela même dans les versions où le philtre continue d
1016
ristan rend-il la reine à Marc, et cela même dans
les
versions où le philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent
1017
a reine à Marc, et cela même dans les versions où
le
philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent, c’est une rep
1018
ela même dans les versions où le philtre continue
d’
agir ? Si, comme certains le disent, c’est une repentance sincère qui
1019
ù le philtre continue d’agir ? Si, comme certains
le
disent, c’est une repentance sincère qui motive la séparation, pourqu
1020
e disent, c’est une repentance sincère qui motive
la
séparation, pourquoi se promettent-ils de se revoir au moment même où
1021
motive la séparation, pourquoi se promettent-ils
de
se revoir au moment même où ils acceptent de se quitter ? Pourquoi Tr
1022
-ils de se revoir au moment même où ils acceptent
de
se quitter ? Pourquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir de n
1023
urquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir
de
nouvelles aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans la forêt ?
1024
s aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans
la
forêt ? Pourquoi la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Di
1025
u’ils ont un rendez-vous dans la forêt ? Pourquoi
la
reine coupable propose-t-elle un « jugement de Dieu » ? Elle sait bie
1026
oi la reine coupable propose-t-elle un « jugement
de
Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit la perdre. Elle n’en t
1027
de Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit
la
perdre. Elle n’en triomphe que par une ruse improvisée in extremis, e
1028
est donnée comme trompant Dieu lui-même, puisque
le
miracle s’opère6 ! Enfin, ce jugement étant acquis, la reine passe po
1029
racle s’opère6 ! Enfin, ce jugement étant acquis,
la
reine passe pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et l’on ne voit
1030
nt acquis, la reine passe pour innocente. Tristan
l’
est donc aussi, et l’on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son
1031
asse pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et
l’
on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son retour auprès du roi
1032
pposerait à son retour auprès du roi, donc auprès
d’
Iseut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiie
1033
seut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que
les
poètes du xiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de f
1034
es du xiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit
d’
honneur, de fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de comme
1035
siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur,
de
fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de commentaire tant
1036
fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot
de
commentaire tant d’actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-il
1037
, laissent passer sans un mot de commentaire tant
d’
actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-ils nous présenter tel
1038
Comment peuvent-ils nous présenter tel un modèle
de
chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses les plus cyn
1039
de chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par
les
ruses les plus cyniques ; ou telle une vertueuse dame cette épouse ad
1040
rie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses
les
plus cyniques ; ou telle une vertueuse dame cette épouse adultère, et
1041
Pourquoi traitent-ils au contraire de « félons »
les
barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie meut ces
1042
contraire de « félons » les barons qui défendent
l’
honneur de Marc ? Même si la jalousie meut ces barons, ils n’ont du mo
1043
de « félons » les barons qui défendent l’honneur
de
Marc ? Même si la jalousie meut ces barons, ils n’ont du moins ni men
1044
barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si
la
jalousie meut ces barons, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et c
1045
’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas
le
cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des ra
1046
moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas
de
Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des rares mot
1047
trompé, et ce n’est pas le cas de Tristan… Enfin
l’
on en vient à douter de la valeur même des rares motifs allégués. En e
1048
s le cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter
de
la valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de l
1049
e cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de
la
valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de la f
1050
leur même des rares motifs allégués. En effet, si
la
morale de la fidélité au suzerain exige que Tristan livre à Marc la f
1051
des rares motifs allégués. En effet, si la morale
de
la fidélité au suzerain exige que Tristan livre à Marc la fiancée qu’
1052
rares motifs allégués. En effet, si la morale de
la
fidélité au suzerain exige que Tristan livre à Marc la fiancée qu’il
1053
délité au suzerain exige que Tristan livre à Marc
la
fiancée qu’il alla quérir — et qu’il avait conquise de plein droit po
1054
ancée qu’il alla quérir — et qu’il avait conquise
de
plein droit pour lui-même en la délivrant du dragon, comme ne manque
1055
il avait conquise de plein droit pour lui-même en
la
délivrant du dragon, comme ne manque pas de le souligner Thomas — on
1056
me en la délivrant du dragon, comme ne manque pas
de
le souligner Thomas — on ne peut s’empêcher de penser que ces scrupul
1057
en la délivrant du dragon, comme ne manque pas de
le
souligner Thomas — on ne peut s’empêcher de penser que ces scrupules
1058
as de le souligner Thomas — on ne peut s’empêcher
de
penser que ces scrupules sont bien tardifs et peu sincères, puisque T
1059
bien tardifs et peu sincères, puisque Tristan n’a
de
cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui ce
1060
s, puisque Tristan n’a de cesse qu’il ne rentre à
la
cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas
1061
an n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès
d’
Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux épou
1062
la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse
d’
agir, n’était-il pas destiné aux époux ? Alors, pourquoi limiter sa du
1063
limiter sa durée ? Trois ans, ce n’est guère pour
le
bonheur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son
1064
durée ? Trois ans, ce n’est guère pour le bonheur
d’
un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son nom et pou
1065
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant
la
laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne l’oblige à ce mariage
1066
a laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne
l’
oblige à ce mariage et à cette chasteté injurieuse, et qu’il se met da
1067
ieuse, et qu’il se met dans une situation qui n’a
d’
autre issue que la mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne
1068
met dans une situation qui n’a d’autre issue que
la
mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne commentateur du R
1069
ontre Mariage Un moderne commentateur du Roman
de
Tristan et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
1070
et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre
l’
amour et le devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable
1071
ut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
le
devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable anachronism
1072
t le devoir ». Cette interprétation classique est
d’
un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse de Corneille, elle paraît
1073
st d’un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse
de
Corneille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont l’envergure éch
1074
elle abuse de Corneille, elle paraît ignorer l’un
de
ces faits dont l’envergure échappe souvent aux prises de l’érudition
1075
eille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont
l’
envergure échappe souvent aux prises de l’érudition scrupuleuse. Je ve
1076
faits dont l’envergure échappe souvent aux prises
de
l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manife
1077
ts dont l’envergure échappe souvent aux prises de
l’
érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manifeste
1078
prises de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler
de
l’opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle e
1079
ses de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de
l’
opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle entr
1080
feste dès la seconde moitié du xiie siècle entre
la
règle chevaleresque et les coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas
1081
é du xiie siècle entre la règle chevaleresque et
les
coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point l
1082
Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point
les
romans bretons la reflètent et la cultivent. Il est probable que la c
1083
pas assez marqué à quel point les romans bretons
la
reflètent et la cultivent. Il est probable que la chevalerie courtois
1084
é à quel point les romans bretons la reflètent et
la
cultivent. Il est probable que la chevalerie courtoise ne fut guère q
1085
la reflètent et la cultivent. Il est probable que
la
chevalerie courtoise ne fut guère qu’un idéal. Les premiers auteurs q
1086
un idéal. Les premiers auteurs qui en parlent ont
l’
habitude de déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’il
1087
es premiers auteurs qui en parlent ont l’habitude
de
déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils la souhai
1088
a décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils
la
souhaitent, elle vient à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il p
1089
à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas
de
l’essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même o
1090
peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas de
l’
essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où i
1091
aître dans leurs rêves. N’est-il pas de l’essence
d’
un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie m
1092
s rêves. N’est-il pas de l’essence d’un idéal que
l’
on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie maladroitement d
1093
ence à l’instant même où il essaie maladroitement
de
se réaliser ? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas d’oppos
1094
aie maladroitement de se réaliser ? D’autre part,
la
chance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéa
1095
? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas
d’
opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques
1096
part, la chance du roman n’est-elle pas d’opposer
la
fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’u
1097
ance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction
d’
un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme q
1098
-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéal
de
vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Rom
1099
tain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus
d’
une énigme que nous pose le Roman nous incite à chercher de ce côté le
1100
tés tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose
le
Roman nous incite à chercher de ce côté les éléments d’une première s
1101
gme que nous pose le Roman nous incite à chercher
de
ce côté les éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’ave
1102
s pose le Roman nous incite à chercher de ce côté
les
éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tri
1103
an nous incite à chercher de ce côté les éléments
d’
une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tristan devait
1104
ce côté les éléments d’une première solution. Si
l’
on admet que l’aventure de Tristan devait servir à illustrer le confli
1105
éments d’une première solution. Si l’on admet que
l’
aventure de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevale
1106
e première solution. Si l’on admet que l’aventure
de
Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de l
1107
e l’aventure de Tristan devait servir à illustrer
le
conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit d
1108
e de Tristan devait servir à illustrer le conflit
de
la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devo
1109
e Tristan devait servir à illustrer le conflit de
la
chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs
1110
servir à illustrer le conflit de la chevalerie et
de
la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’
1111
vir à illustrer le conflit de la chevalerie et de
la
société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avo
1112
de la chevalerie et de la société féodale — donc
le
conflit de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 21, le conflit
1113
alerie et de la société féodale — donc le conflit
de
deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 21, le conflit de deux « r
1114
e — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous
l’
avons vu page 21, le conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit
1115
de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 21,
le
conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisode
1116
oirs ou même, nous l’avons vu page 21, le conflit
de
deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclaire
1117
s vu page 21, le conflit de deux « religions » —,
l’
on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
1118
n des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
l’
hypothèse ne résout point toutes les difficultés, elle en repousse la
1119
n tout cas, si l’hypothèse ne résout point toutes
les
difficultés, elle en repousse la solution d’une manière significative
1120
ut point toutes les difficultés, elle en repousse
la
solution d’une manière significative. En quoi le roman breton se dist
1121
tes les difficultés, elle en repousse la solution
d’
une manière significative. En quoi le roman breton se distingue-t-il d
1122
la solution d’une manière significative. En quoi
le
roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplant
1123
cative. En quoi le roman breton se distingue-t-il
de
la chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie s
1124
ive. En quoi le roman breton se distingue-t-il de
la
chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie sièc
1125
i le roman breton se distingue-t-il de la chanson
de
geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie siècle avec une
1126
ec une étonnante rapidité ? En ceci qu’il donne à
la
femme le rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier bre
1127
onnante rapidité ? En ceci qu’il donne à la femme
le
rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier breton, tout
1128
me le rôle qui revenait précédemment au suzerain.
Le
chevalier breton, tout comme le troubadour méridional, se reconnaît l
1129
ment au suzerain. Le chevalier breton, tout comme
le
troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’une Dame élue. Mais e
1130
tout comme le troubadour méridional, se reconnaît
le
vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seign
1131
le troubadour méridional, se reconnaît le vassal
d’
une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur. D’où
1132
vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure
le
vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Ro
1133
une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal
d’
un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre
1134
Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur.
D’
où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’un exemp
1135
vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits
de
droit, dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des
1136
igneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont
le
Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons «
1137
t des conflits de droit, dont le Roman offre plus
d’
un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons « félons ». Selon la
1138
dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons
l’
épisode des trois barons « félons ». Selon la morale féodale, le vassa
1139
nons l’épisode des trois barons « félons ». Selon
la
morale féodale, le vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qu
1140
trois barons « félons ». Selon la morale féodale,
le
vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou
1141
ns ». Selon la morale féodale, le vassal est tenu
de
dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou son honneur : il e
1142
n droit ou son honneur : il est « félon » s’il ne
le
fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent Iseut au roi Marc :
1143
« félon » s’il ne le fait pas. Or, dans Tristan,
les
barons dénoncent Iseut au roi Marc : ils devraient donc passer pour «
1144
aient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et si
l’
auteur les traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code
1145
c passer pour « féaux » et loyaux. Et si l’auteur
les
traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment
1146
» et loyaux. Et si l’auteur les traite cependant
de
félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment, qui ne peut être q
1147
autre code évidemment, qui ne peut être que celui
de
la chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne e
1148
re code évidemment, qui ne peut être que celui de
la
chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est
1149
ne peut être que celui de la chevalerie du Midi.
La
décision des cours d’amour de la Gascogne est bien connue : félon ser
1150
i de la chevalerie du Midi. La décision des cours
d’
amour de la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les
1151
chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour
de
la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets
1152
valerie du Midi. La décision des cours d’amour de
la
Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets de
1153
gne est bien connue : félon sera celui qui révèle
les
secrets de l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer qu
1154
connue : félon sera celui qui révèle les secrets
de
l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteu
1155
nnue : félon sera celui qui révèle les secrets de
l’
amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteurs
1156
urtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que
les
auteurs du Roman avaient choisi en toute conscience pour la chevaleri
1157
du Roman avaient choisi en toute conscience pour
la
chevalerie « courtoise » contre le droit féodal. Mais nous avons d’au
1158
onscience pour la chevalerie « courtoise » contre
le
droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conce
1159
le droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons
de
le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour
1160
droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de
le
croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour cou
1161
l. Mais nous avons d’autres raisons de le croire.
La
conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est
1162
vons d’autres raisons de le croire. La conception
de
la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable
1163
s d’autres raisons de le croire. La conception de
la
fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable d’e
1164
La conception de la fidélité et du mariage, selon
l’
amour courtois, est seule capable d’expliquer certaines contradictions
1165
ariage, selon l’amour courtois, est seule capable
d’
expliquer certaines contradictions frappantes du récit. Selon la thèse
1166
rtaines contradictions frappantes du récit. Selon
la
thèse officiellement admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
1167
s du récit. Selon la thèse officiellement admise,
l’
amour courtois est né d’une réaction à l’anarchie brutale des mœurs fé
1168
se officiellement admise, l’amour courtois est né
d’
une réaction à l’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le m
1169
admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
l’
anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le mariage, au xiie
1170
’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que
le
mariage, au xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une pure et
1171
ue le mariage, au xiie siècle, était devenu pour
les
seigneurs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’annexer des
1172
nu pour les seigneurs une pure et simple occasion
de
s’enrichir, et d’annexer des terres données en dot ou espérées en hér
1173
urs une pure et simple occasion de s’enrichir, et
d’
annexer des terres données en dot ou espérées en héritage. Quand l’« a
1174
res données en dot ou espérées en héritage. Quand
l’
« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’ince
1175
’« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme.
Le
prétexte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans
1176
tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte
de
l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance :
1177
urnait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de
l’
inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance : il
1178
xte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait
l’
Église sans résistance : il suffisait d’alléguer sans trop de preuves
1179
trouvait l’Église sans résistance : il suffisait
d’
alléguer sans trop de preuves une parenté au quatrième degré, pour obt
1180
ns résistance : il suffisait d’alléguer sans trop
de
preuves une parenté au quatrième degré, pour obtenir l’annulation. À
1181
uves une parenté au quatrième degré, pour obtenir
l’
annulation. À ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerre
1182
our obtenir l’annulation. À ces abus, générateurs
de
querelles infinies et de guerres, l’amour courtois oppose une fidélit
1183
À ces abus, générateurs de querelles infinies et
de
guerres, l’amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage
1184
générateurs de querelles infinies et de guerres,
l’
amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage légal et fo
1185
élité indépendante du mariage légal et fondée sur
le
seul amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et le mariage ne
1186
ur le seul amour. Il en vient même à déclarer que
l’
amour et le mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
1187
amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et
le
mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
1188
our et le mariage ne sont pas compatibles : c’est
le
fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagn
1189
e sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
d’
une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) S
1190
compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
d’
amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan,
1191
le fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez
la
comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et l’auteur du Roma
1192
tesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et
l’
auteur du Roman, partagent une telle manière de voir, la félonie et l’
1193
et l’auteur du Roman, partagent une telle manière
de
voir, la félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magn
1194
ur du Roman, partagent une telle manière de voir,
la
félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés com
1195
artagent une telle manière de voir, la félonie et
l’
adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés comme exprimant u
1196
agnifiés comme exprimant une intrépide fidélité à
la
loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’amour courtois. (Donnoi,
1197
élité à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire
de
l’amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relatio
1198
té à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de
l’
amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation d
1199
ourtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne
la
relation de vasselage institué entre l’amant-chevalier et sa Dame, ou
1200
nnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation
de
vasselage institué entre l’amant-chevalier et sa Dame, ou domina.) Fi
1201
, désigne la relation de vasselage institué entre
l’
amant-chevalier et sa Dame, ou domina.) Fidélité incompatible avec cel
1202
) Fidélité incompatible avec celle du mariage, on
l’
a vu. Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution s
1203
té incompatible avec celle du mariage, on l’a vu.
Le
Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale,
1204
e, on l’a vu. Le Roman ne manque pas une occasion
de
rabaisser l’institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreille
1205
Le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser
l’
institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval,
1206
une occasion de rabaisser l’institution sociale,
d’
humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement
1207
on de rabaisser l’institution sociale, d’humilier
le
mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement dupé — et d
1208
on sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles
de
cheval, toujours si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceu
1209
illes de cheval, toujours si facilement dupé — et
de
glorifier la vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui
1210
al, toujours si facilement dupé — et de glorifier
la
vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette
1211
urs si facilement dupé — et de glorifier la vertu
de
ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette fidélité
1212
curieux : elle s’oppose, autant qu’au mariage, à
la
« satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, ce
1213
pose, autant qu’au mariage, à la « satisfaction »
de
l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’ent
1214
e, autant qu’au mariage, à la « satisfaction » de
l’
amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire l’entièr
1215
e, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait
de
donnoi vraiment rien, celui qui désire l’entière possession de sa dam
1216
ne sait de donnoi vraiment rien, celui qui désire
l’
entière possession de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à réa
1217
iment rien, celui qui désire l’entière possession
de
sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à réalité. »7 Voilà qui no
1218
, qui tourne à réalité. »7 Voilà qui nous met sur
la
voie d’une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de
1219
urne à réalité. »7 Voilà qui nous met sur la voie
d’
une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de chastet
1220
i nous met sur la voie d’une première explication
d’
épisodes tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son
1221
une première explication d’épisodes tels que ceux
de
l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite da
1222
première explication d’épisodes tels que ceux de
l’
épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
1223
re explication d’épisodes tels que ceux de l’épée
de
chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans le Moro
1224
es tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour
d’
Iseut à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage
1225
e de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après
la
retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc de Tristan. En effe
1226
retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
le
Morois, ou même du mariage blanc de Tristan. En effet, le « droit de
1227
retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc
de
Tristan. En effet, le « droit de la passion », au sens où l’entendent
1228
s, ou même du mariage blanc de Tristan. En effet,
le
« droit de la passion », au sens où l’entendent les modernes, permett
1229
du mariage blanc de Tristan. En effet, le « droit
de
la passion », au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tris
1230
mariage blanc de Tristan. En effet, le « droit de
la
passion », au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
1231
En effet, le « droit de la passion », au sens où
l’
entendent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après q
1232
e « droit de la passion », au sens où l’entendent
les
modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
1233
ù l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
d’
enlever Iseut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à
1234
it à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
le
philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour
1235
eut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il
la
livre à Marc : c’est que la règle de l’amour courtois s’oppose à ce q
1236
philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que
la
règle de l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne
1237
Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle
de
l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à réalit
1238
endant il la livre à Marc : c’est que la règle de
l’
amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à réalité »
1239
on « tourne à réalité », c’est-à-dire aboutisse à
l’
« entière possession de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
1240
, c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession
de
sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer la fidélité
1241
de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
d’
observer la fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fid
1242
». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer
la
fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fidélité court
1243
fidélité féodale, masque et complice énigmatique
de
la fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons ma
1244
délité féodale, masque et complice énigmatique de
la
fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons marqu
1245
ous avons marqué plus haut qu’étant plus fort que
le
roi et les barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, fai
1246
marqué plus haut qu’étant plus fort que le roi et
les
barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir l
1247
fort que le roi et les barons, il pourrait, dans
le
plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange
1248
t, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir
le
droit de la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux
1249
e plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit
de
la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
1250
lan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de
la
force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui le
1251
our, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
le
condamnent, afin de mieux se conserver ! D’où peut venir cette préfér
1252
s qui le condamnent, afin de mieux se conserver !
D’
où peut venir cette préférence pour ce qui entrave la passion, pour ce
1253
ù peut venir cette préférence pour ce qui entrave
la
passion, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
1254
ur ce qui entrave la passion, pour ce qui empêche
le
« bonheur » des amants, les sépare et les martyrise ? Répondre : ains
1255
n, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants,
les
sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois,
1256
empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
les
martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois, ce n’est pas e
1257
s, les sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi
le
veut l’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car
1258
épare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut
l’
amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fond, car il s’agi
1259
’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur
le
fond, car il s’agit de savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’aut
1260
st pas encore répondre sur le fond, car il s’agit
de
savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « ré
1261
dre sur le fond, car il s’agit de savoir pourquoi
l’
on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « réalise », à celui qu
1262
e », à celui qui se « satisfait ». En recourant à
l’
hypothèse, fort vraisemblable, que le Roman illustre un conflit de « r
1263
recourant à l’hypothèse, fort vraisemblable, que
le
Roman illustre un conflit de « religions », nous avons pu préciser et
1264
t vraisemblable, que le Roman illustre un conflit
de
« religions », nous avons pu préciser et cerner les principales diffi
1265
e « religions », nous avons pu préciser et cerner
les
principales difficultés de l’intrigue : mais en fin de compte, la sol
1266
pu préciser et cerner les principales difficultés
de
l’intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement
1267
préciser et cerner les principales difficultés de
l’
intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement rec
1268
ifficultés de l’intrigue : mais en fin de compte,
la
solution se trouve simplement reculée. 7.L’amour du roman Si l’
1269
e simplement reculée. 7.L’amour du roman Si
l’
on se reporte à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’être
1270
our du roman Si l’on se reporte à notre résumé
de
la légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lo
1271
du roman Si l’on se reporte à notre résumé de
la
légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois
1272
à notre résumé de la légende, on ne peut manquer
d’
être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie
1273
é de la légende, on ne peut manquer d’être frappé
de
ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féod
1274
de, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait :
les
deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féodale, ne sont o
1275
evalerie et morale féodale, ne sont observées par
l’
auteur que dans les seules situations où elles permettent au roman de
1276
féodale, ne sont observées par l’auteur que dans
les
seules situations où elles permettent au roman de rebondir 8. Cette r
1277
es seules situations où elles permettent au roman
de
rebondir 8. Cette remarque à son tour ne saurait constituer par elle-
1278
nstituer par elle-même une explication. À chacune
de
nos questions, il serait évidemment facile de répondre : les choses s
1279
une de nos questions, il serait évidemment facile
de
répondre : les choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aura
1280
stions, il serait évidemment facile de répondre :
les
choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus de roma
1281
ssent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus
de
roman. Mais cette réponse ne paraît convaincante qu’en vertu d’une co
1282
convaincante qu’en vertu d’une coutume paresseuse
de
notre critique littéraire. En vérité, elle ne répond à rien. Elle nou
1283
n roman ? Et ce roman, précisément ? Question que
l’
on dira naïve, non sans une inconsciente sagesse : c’est qu’on pressen
1284
t pas sans danger. Elle nous met en effet au cœur
de
tout le problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas parti
1285
ns danger. Elle nous met en effet au cœur de tout
le
problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas particulier d
1286
problème — et sa portée dépasse sans aucun doute
le
cas particulier de notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’ab
1287
ortée dépasse sans aucun doute le cas particulier
de
notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’exté
1288
de notre mythe. Pour qui se place, par un effort
d’
abstraction, à l’extérieur du phénomène commun au romancier et au lect
1289
Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à
l’
extérieur du phénomène commun au romancier et au lecteur, pour qui ass
1290
aît qu’une convention tacite, ou mieux, une sorte
de
complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on di
1291
vention tacite, ou mieux, une sorte de complicité
les
lie : la volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebond
1292
cite, ou mieux, une sorte de complicité les lie :
la
volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Sup
1293
une sorte de complicité les lie : la volonté que
le
roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Supprimez cette vo
1294
ndisse. Supprimez cette volonté, il n’y aura plus
de
vraisemblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’His
1295
semblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans
le
cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux »
1296
ce qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas
de
l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’
1297
qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de
l’
Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’aut
1298
se passe dans le cas de l’Histoire scientifique. (
Le
lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sa
1299
ns le cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur
d’
un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que le d
1300
ifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera
d’
autant plus exigeant qu’il sait que le déroulement des faits ne doit d
1301
ieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que
le
déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des fantais
1302
que le déroulement des faits ne doit dépendre ni
de
son désir ni des fantaisies de l’auteur.) Supposez au contraire cette
1303
e doit dépendre ni de son désir ni des fantaisies
de
l’auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aur
1304
oit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de
l’
auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aura p
1305
traire cette volonté toute pure, il n’y aura plus
d’
invraisemblance possible : c’est le cas du conte. Entre ces deux extrê
1306
n’y aura plus d’invraisemblance possible : c’est
le
cas du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux de vr
1307
du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant
de
niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemb
1308
Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux
de
vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépen
1309
es, il est autant de niveaux de vraisemblance que
de
sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage ro
1310
de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si
l’
on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, d
1311
de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut :
la
vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de la nature
1312
mblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné,
de
la nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on accept
1313
ance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de
la
nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
1314
e des passions qu’il veut flatter. C’est dire que
l’
on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il f
1315
qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
le
« coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la
1316
flatter. C’est dire que l’on acceptera le « coup
de
pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la « logique
1317
on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et
les
entorses qu’il fait subir à la « logique » d’observation courante, da
1318
» du créateur, et les entorses qu’il fait subir à
la
« logique » d’observation courante, dans la mesure exacte où ces lice
1319
et les entorses qu’il fait subir à la « logique »
d’
observation courante, dans la mesure exacte où ces licences fourniront
1320
bir à la « logique » d’observation courante, dans
la
mesure exacte où ces licences fourniront les prétextes nécessaires à
1321
dans la mesure exacte où ces licences fourniront
les
prétextes nécessaires à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, l
1322
s licences fourniront les prétextes nécessaires à
la
passion que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre es
1323
niront les prétextes nécessaires à la passion que
l’
on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la
1324
res à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi,
le
vrai sujet d’une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’a
1325
on que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet
d’
une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’auteur fait int
1326
. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par
la
nature des « trucs » que l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne
1327
œuvre est révélé par la nature des « trucs » que
l’
auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où l’o
1328
l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans
la
mesure exacte où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que les o
1329
venir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où
l’
on partage ses intentions. Nous avons vu que les obstacles extérieurs
1330
où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que
les
obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour de Tristan sont dans un
1331
vu que les obstacles extérieurs qui s’opposent à
l’
amour de Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’i
1332
les obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour
de
Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’ils ne so
1333
dre, que des artifices romanesques. Or il résulte
de
nos remarques au sujet de la vraisemblance, que la gratuité même des
1334
sques. Or il résulte de nos remarques au sujet de
la
vraisemblance, que la gratuité même des obstacles invoqués peut révél
1335
e nos remarques au sujet de la vraisemblance, que
la
gratuité même des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’une
1336
gratuité même des obstacles invoqués peut révéler
le
vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en
1337
des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet
d’
une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut s
1338
invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre,
la
vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici
1339
évéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature
de
la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole
1340
ler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de
la
passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole, t
1341
pose à la manière d’un rêve, et non point à celle
de
nos vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros,
1342
ère d’un rêve, et non point à celle de nos vies :
les
prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les préfére
1343
à celle de nos vies : les prétextes du romancier,
les
actions de ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose
1344
os vies : les prétextes du romancier, les actions
de
ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose chez son le
1345
s du romancier, les actions de ses deux héros, et
les
préférences secrètes qu’il suppose chez son lecteur. Les « faits » ne
1346
férences secrètes qu’il suppose chez son lecteur.
Les
« faits » ne sont que les images ou les projections d’un désir, de ce
1347
ppose chez son lecteur. Les « faits » ne sont que
les
images ou les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui
1348
lecteur. Les « faits » ne sont que les images ou
les
projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalte
1349
faits » ne sont que les images ou les projections
d’
un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplemen
1350
ont que les images ou les projections d’un désir,
de
ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire d
1351
les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose,
de
ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste,
1352
d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut
l’
exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste, dans le comport
1353
y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement
le
faire durer. Tout manifeste, dans le comportement du chevalier et de
1354
u simplement le faire durer. Tout manifeste, dans
le
comportement du chevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’
1355
t manifeste, dans le comportement du chevalier et
de
la princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier
1356
anifeste, dans le comportement du chevalier et de
la
princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier — m
1357
hevalier et de la princesse, une exigence ignorée
d’
eux — et peut-être du romancier — mais plus profonde que celle de leur
1358
-être du romancier — mais plus profonde que celle
de
leur bonheur. Pas un des obstacles qu’ils rencontrent ne se révèle, o
1359
! On peut dire qu’ils ne perdent pas une occasion
de
se séparer. Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée
1360
as une occasion de se séparer. Quand il n’y a pas
d’
obstacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en
1361
Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent :
l’
épée nue, le mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — b
1362
a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée nue,
le
mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils e
1363
stacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage
de
Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils en souffrent
1364
— bien qu’ils en souffrent. Serait-ce alors pour
le
plaisir du romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
1365
romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car
le
démon de l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’
1366
et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
de
l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît l
1367
du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon de
l’
amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît leur
1368
e l’amour courtois qui inspire au cœur des amants
les
ruses d’où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que
1369
courtois qui inspire au cœur des amants les ruses
d’
où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
1370
amants les ruses d’où naît leur souffrance, c’est
le
démon même du roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est le vr
1371
souffrance, c’est le démon même du roman tel que
l’
aiment les Occidentaux. Quel est le vrai sujet de la légende ? La sép
1372
ce, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
les
Occidentaux. Quel est le vrai sujet de la légende ? La séparation de
1373
roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est
le
vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au no
1374
l’aiment les Occidentaux. Quel est le vrai sujet
de
la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passio
1375
iment les Occidentaux. Quel est le vrai sujet de
la
légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion,
1376
identaux. Quel est le vrai sujet de la légende ?
La
séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amo
1377
? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de
la
passion, et pour l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’ex
1378
amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour
l’
amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le trans
1379
? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amour
de
l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer
1380
ui, mais au nom de la passion, et pour l’amour de
l’
amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — a
1381
e la passion, et pour l’amour de l’amour même qui
les
tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — au détriment de leu
1382
r l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour
l’
exalter, pour le transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leu
1383
mour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour
le
transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leur vie même… ⁂ No
1384
le transfigurer — au détriment de leur bonheur et
de
leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inqui
1385
de leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer
le
sens secret et inquiétant du mythe : le danger qu’il exprime et voile
1386
istinguer le sens secret et inquiétant du mythe :
le
danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au vertige
1387
sion qui ressemble au vertige… Mais ce n’est plus
l’
heure de se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme,
1388
ressemble au vertige… Mais ce n’est plus l’heure
de
se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme, nous co
1389
e détourner. Nous sommes atteints, nous subissons
le
charme, nous co-naissons au « tourment délicieux ». Toute condamnatio
1390
te condamnation serait vaine : on ne condamne pas
le
vertige. Mais la passion du philosophe n’est-elle point de méditer da
1391
erait vaine : on ne condamne pas le vertige. Mais
la
passion du philosophe n’est-elle point de méditer dans le vertige ? I
1392
e. Mais la passion du philosophe n’est-elle point
de
méditer dans le vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
1393
on du philosophe n’est-elle point de méditer dans
le
vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien d’autre que l’e
1394
point de méditer dans le vertige ? Il se peut que
la
connaissance ne soit rien d’autre que l’effort d’un esprit qui résist
1395
ige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
d’
autre que l’effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défen
1396
peut que la connaissance ne soit rien d’autre que
l’
effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de
1397
la connaissance ne soit rien d’autre que l’effort
d’
un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tenta
1398
en d’autre que l’effort d’un esprit qui résiste à
la
chute, et qui se défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’am
1399
i résiste à la chute, et qui se défend au sein de
la
tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffè
1400
i se défend au sein de la tentation… 8.L’amour
de
l’amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me ré
1401
e défend au sein de la tentation… 8.L’amour de
l’
amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjou
1402
sein de la tentation… 8.L’amour de l’amour
De
tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ;
1403
la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous
les
maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ; mon mal
1404
ux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis
de
lui ; mon mal est ce que je veux et ma douleur est ma santé. Je ne vo
1405
x et ma douleur est ma santé. Je ne vois donc pas
de
quoi je me plains, car mon mal me vient de ma volonté ; c’est mon vou
1406
mon vouloir qui devient mon mal ; mais j’ai tant
d’
aise à vouloir ainsi que je souffre agréablement, et tant de joie dans
1407
avec délices. Chrétien de Troyes. Il faut avoir
l’
audace de poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé pa
1408
ces. Chrétien de Troyes. Il faut avoir l’audace
de
poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ?
1409
aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ? (Seules
les
questions « stupides » peuvent nous instruire, et tout ce qui passe p
1410
qui passe pour évident cache quelque chose qui ne
l’
est point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît r
1411
ent cache quelque chose qui ne l’est point, comme
l’
a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît rapprocher nos amant
1412
est point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien
d’
humain ne paraît rapprocher nos amants, bien au contraire. Lors de leu
1413
ur première rencontre, ils n’ont que des rapports
de
politesse conventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’Iseut,
1414
onventionnelle. Et quand Tristan revient en quête
d’
Iseut, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche
1415
, on se souvient que cette politesse fait place à
la
plus franche hostilité. Tout porte à croire que librement ils ne se f
1416
ils ne se fussent jamais choisis. Mais ils ont bu
le
philtre, et voici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et les u
1417
ais choisis. Mais ils ont bu le philtre, et voici
la
passion. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de c
1418
ici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et
les
unir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces
1419
on. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à
la
faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers d
1420
ndresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur
de
ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers de vers, je
1421
nir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout
le
Roman, dans ces milliers de vers, je n’en ai trouvé qu’une seule trac
1422
n magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers
de
vers, je n’en ai trouvé qu’une seule trace. C’est quand ils vivent da
1423
é qu’une seule trace. C’est quand ils vivent dans
la
forêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et du
1424
seule trace. C’est quand ils vivent dans la forêt
de
Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant
1425
t quand ils vivent dans la forêt de Morois, après
l’
évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de
1426
s vivent dans la forêt de Morois, après l’évasion
de
Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bonne amo
1427
. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment
de
bonne amor L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes
1428
or L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que
les
poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le somme
1429
l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes
de
cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes devenus,
1430
ette époque furent moins sentimentaux que nous ne
le
sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin d’insister sur
1431
ne le sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas
le
besoin d’insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivem
1432
es devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin
d’
insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement, le ré
1433
qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement,
le
récit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes les plus belles, q
1434
alors, attentivement, le récit des trois ans dans
la
forêt. Ses deux scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi les
1435
écit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes
les
plus belles, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légend
1436
scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi
les
plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants
1437
lles, qui sont peut-être aussi les plus profondes
de
la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite O
1438
s, qui sont peut-être aussi les plus profondes de
la
légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite Ogri
1439
e aussi les plus profondes de la légende, ce sont
les
deux visites que les amants font à l’ermite Ogrin. La première fois,
1440
ondes de la légende, ce sont les deux visites que
les
amants font à l’ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confess
1441
e, ce sont les deux visites que les amants font à
l’
ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confesser. Mais au lieu
1442
se confesser. Mais au lieu d’avouer leur péché et
de
demander l’absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucu
1443
. Mais au lieu d’avouer leur péché et de demander
l’
absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucune responsab
1444
éché et de demander l’absolution, ils s’efforcent
de
démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans l’aventure, puisqu’
1445
démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans
l’
aventure, puisqu’en somme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est pa
1446
mme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est par
la
poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan
1447
! Q’el m’aime, c’est par la poison Ge ne me pus
de
lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui :
1448
t par la poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele
de
moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui : Sire, por Dieu omnip
1449
herbé dont je bui Et il en but : ce fu pechiez.
La
situation dans laquelle ils se trouvent est donc passionnément contra
1450
même implorer leur pardon… En vérité, comme tous
les
grands amants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et le mal », d
1451
es grands amants, ils se sentent ravis « par-delà
le
bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes con
1452
mants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et
le
mal », dans une sorte de transcendance de nos communes conditions, da
1453
is « par-delà le bien et le mal », dans une sorte
de
transcendance de nos communes conditions, dans un absolu indicible, i
1454
bien et le mal », dans une sorte de transcendance
de
nos communes conditions, dans un absolu indicible, incompatible avec
1455
ions, dans un absolu indicible, incompatible avec
les
lois du monde, mais qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde. La
1456
is qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde.
La
fatalité qui les presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant
1457
ent comme plus réel que ce monde. La fatalité qui
les
presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime l’oppo
1458
laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime
l’
opposition du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’orig
1459
t, supprime l’opposition du bien et du mal ; elle
les
conduit même au-delà de l’origine de toutes valeurs morales, au-delà
1460
du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà
de
l’origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souf
1461
bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de
l’
origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffra
1462
mal ; elle les conduit même au-delà de l’origine
de
toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffrance, au-de
1463
de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et
de
la souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contra
1464
toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de
la
souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contraire
1465
laisir et de la souffrance, au-delà du domaine où
l’
on distingue, et où les contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moi
1466
ance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où
les
contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’a
1467
l’on distingue, et où les contraires s’excluent.
L’
aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’aime pas, ne je lui. » Tout
1468
as, comme s’ils ne se reconnaissaient pas. Ce qui
les
rive au « tourment délicieux » n’appartient ni à l’un ni à l’autre, m
1469
n’appartient ni à l’un ni à l’autre, mais relève
d’
une puissance étrangère, indépendante de leurs qualités, de leurs dési
1470
is relève d’une puissance étrangère, indépendante
de
leurs qualités, de leurs désirs, au moins conscients, et de leur être
1471
ssance étrangère, indépendante de leurs qualités,
de
leurs désirs, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le conn
1472
ualités, de leurs désirs, au moins conscients, et
de
leur être tel qu’ils le connaissent. Les traits physiques et psycholo
1473
, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils
le
connaissent. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et d
1474
ients, et de leur être tel qu’ils le connaissent.
Les
traits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme son
1475
nnaissent. Les traits physiques et psychologiques
de
cet homme et de cette femme sont parfaitement conventionnels et rhéto
1476
raits physiques et psychologiques de cet homme et
de
cette femme sont parfaitement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’e
1477
ement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’est «
le
plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la p
1478
hétoriques. Lui, c’est « le plus fort » ; elle, «
la
plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment co
1479
« le plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui,
le
chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment concevoir une affection
1480
lle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle,
la
princesse, etc. Comment concevoir une affection humaine entre deux ty
1481
humaine entre deux types à ce point simplifiés ?
L’
« amistié » dont il est question à propos de la durée du philtre est l
1482
? L’« amistié » dont il est question à propos de
la
durée du philtre est le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
1483
est question à propos de la durée du philtre est
le
contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait
1484
à propos de la durée du philtre est le contraire
d’
une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait jour, ce n’es
1485
t le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
l’
amitié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où la passion faibli
1486
tié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où
la
passion faiblit. Et le premier effet de cette amitié naissante n’est
1487
moment où la passion faiblit. Et le premier effet
de
cette amitié naissante n’est pas du tout d’unir davantage les amants,
1488
effet de cette amitié naissante n’est pas du tout
d’
unir davantage les amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils on
1489
itié naissante n’est pas du tout d’unir davantage
les
amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils ont tout intérêt à s
1490
ls ont tout intérêt à se quitter. Voyons ce point
d’
un peu plus près. L’endemain de la saint Jehan Aconpli furent li tro
1491
se quitter. Voyons ce point d’un peu plus près.
L’
endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassai
1492
Voyons ce point d’un peu plus près. L’endemain
de
la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la f
1493
yons ce point d’un peu plus près. L’endemain de
la
saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la forê
1494
Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans
la
forêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit la cour du roi Mar
1495
orêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit
la
cour du roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat de
1496
nde. Il revoit la cour du roi Marc. Il regrette «
le
vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il p
1497
oit la cour du roi Marc. Il regrette « le vair et
le
gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occ
1498
u roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et
l’
apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi le
1499
. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat
de
chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons d
1500
vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et
le
haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons de son oncle. Il so
1501
rie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi
les
barons de son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fo
1502
haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons
de
son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fois semble-
1503
lle pourrait être « en beles chambres… portendues
de
dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure, conçoit les mêmes
1504
rait être « en beles chambres… portendues de dras
de
soie ». Iseut de son côté, à la même heure, conçoit les mêmes regrets
1505
les chambres… portendues de dras de soie ». Iseut
de
son côté, à la même heure, conçoit les mêmes regrets. Le soir venu, i
1506
ortendues de dras de soie ». Iseut de son côté, à
la
même heure, conçoit les mêmes regrets. Le soir venu, ils se retrouven
1507
ie ». Iseut de son côté, à la même heure, conçoit
les
mêmes regrets. Le soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouve
1508
côté, à la même heure, conçoit les mêmes regrets.
Le
soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouveau tourment : « En
1509
nouveau tourment : « En mal uson notre jovente »…
La
décision de se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir
1510
ment : « En mal uson notre jovente »… La décision
de
se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir » en Bretag
1511
de se séparer est bientôt prise. Tristan propose
de
« gerpir » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin l’ermite pou
1512
r » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin
l’
ermite pour obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici
1513
n — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici se place
le
court dialogue si dramatique entre l’ermite et les deux repentants :
1514
ci se place le court dialogue si dramatique entre
l’
ermite et les deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien
1515
le court dialogue si dramatique entre l’ermite et
les
deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien durra vostre
1516
a vostre folie ? Trop avez mené ceste vie. Ainsi
les
admoneste Ogrin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement l’avons
1517
rin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement
l’
avons menée Itel fu nostre destinée. (Amors par force vos demeine ! C
1518
e ! Comment ne s’arrêterait-on point pour admirer
la
plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion
1519
oignante définition qu’un poète ait jamais donnée
de
la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de l
1520
nante définition qu’un poète ait jamais donnée de
la
passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de lang
1521
lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force
de
langage qui fait pâlir le romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce
1522
tout, et avec une force de langage qui fait pâlir
le
romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce dur « patois du cœur ? »)
1523
ur ? ») Un dernier trait : lorsque Tristan reçoit
la
réponse favorable du roi acceptant de reprendre Iseut : Dex ! dist T
1524
stan reçoit la réponse favorable du roi acceptant
de
reprendre Iseut : Dex ! dist Tristan, quel départie ! Mot est dolenz
1525
du roi qu’auprès de son ami ; plus heureuse dans
le
malheur d’amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’aill
1526
auprès de son ami ; plus heureuse dans le malheur
d’
amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que pa
1527
e commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par
la
suite, et bien que le philtre n’agisse plus, les amants seront repris
1528
On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que
le
philtre n’agisse plus, les amants seront repris par la passion, jusqu
1529
r la suite, et bien que le philtre n’agisse plus,
les
amants seront repris par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdron
1530
iltre n’agisse plus, les amants seront repris par
la
passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la vie, « lui par elle, el
1531
par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront
la
vie, « lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’un tel amou
1532
perdront la vie, « lui par elle, elle par lui… »
L’
égoïsme apparent d’un tel amour expliquerait à lui seul bien des « has
1533
lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent
d’
un tel amour expliquerait à lui seul bien des « hasards », bien des ma
1534
ui s’opposent au bonheur des amants. Mais comment
l’
expliquer lui-même, dans sa profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on,
1535
profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on, mène à
la
mort, mais c’est par une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut l
1536
ar une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut
la
mort comme son accomplissement parfait, comme son triomphe… Une seule
1537
e du mythe. Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils
l’
ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le
1538
n et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout
le
confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’aimer
1539
dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est
l’
amour, c’est le fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient
1540
confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est
le
fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que to
1541
qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même
d’
aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que tout ce qui s’o
1542
s’ils avaient compris que tout ce qui s’oppose à
l’
amour le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’in
1543
vaient compris que tout ce qui s’oppose à l’amour
le
garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dan
1544
que tout ce qui s’oppose à l’amour le garantit et
le
consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
1545
r le garantit et le consacre dans leur cœur, pour
l’
exalter à l’infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mor
1546
t et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à
l’
infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan a
1547
re dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans
l’
instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir
1548
ur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant
de
l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bie
1549
cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
l’
obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bien p
1550
fini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est
la
mort. Tristan aime se sentir aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la B
1551
. Et Iseut ne fait rien pour retenir Tristan près
d’
elle : il lui suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’aut
1552
pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit
d’
un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais no
1553
i suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un
de
l’autre pour brûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la
1554
ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais non
de
l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien p
1555
rûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non
de
la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparati
1556
er, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de
la
présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation
1557
de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence
de
l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation des amants r
1558
t non de la présence de l’autre, mais bien plutôt
de
son absence ! La séparation des amants résulte ainsi de leur passion
1559
nce de l’autre, mais bien plutôt de son absence !
La
séparation des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’amo
1560
absence ! La séparation des amants résulte ainsi
de
leur passion même, et de l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt
1561
des amants résulte ainsi de leur passion même, et
de
l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, p
1562
amants résulte ainsi de leur passion même, et de
l’
amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, plut
1563
à son contentement, plutôt qu’à son vivant objet.
D’
où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnan
1564
contentement, plutôt qu’à son vivant objet. D’où
les
obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de
1565
n vivant objet. D’où les obstacles multipliés par
le
Roman ; d’où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve
1566
jet. D’où les obstacles multipliés par le Roman ;
d’
où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein du
1567
D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où
l’
indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein duquel
1568
liés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante
de
ces complices d’un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
1569
; d’où l’indifférence étonnante de ces complices
d’
un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où le crescend
1570
es complices d’un même rêve au sein duquel chacun
d’
eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose
1571
ême rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
d’
où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédia
1572
êve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où
le
crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédiable e
1573
’eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et
la
mortelle apothéose. Dualité irrémédiable et désirée ! « Mot est dolen
1574
, soupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond
de
la nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1575
oupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond de
la
nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1576
sent déjà, au fond de la nuit qui vient, poindre
la
flamme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la Mort Mai
1577
qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par
l’
absence. 9.L’amour de la Mort Mais il nous faut pousser plus loi
1578
amme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour
de
la Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’Aug
1579
e secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de
la
Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’August
1580
la Mort Mais il nous faut pousser plus loin :
l’
amabam amare d’Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’e
1581
s il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare
d’
Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’est pas satisfai
1582
te formule dont lui-même ne s’est pas satisfait.
L’
obstacle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle p
1583
it. L’obstacle dont nous avons souvent parlé, et
la
création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici
1584
cle dont nous avons souvent parlé, et la création
de
l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets a
1585
dont nous avons souvent parlé, et la création de
l’
obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec
1586
s souvent parlé, et la création de l’obstacle par
la
passion des deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’exig
1587
s deux héros (confondant ici ses effets avec ceux
de
l’exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’es
1588
eux héros (confondant ici ses effets avec ceux de
l’
exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-i
1589
ses effets avec ceux de l’exigence romanesque et
de
l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessa
1590
s effets avec ceux de l’exigence romanesque et de
l’
attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessaire
1591
le n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès
de
la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup p
1592
n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de
la
passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup plus
1593
e au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à
la
passion d’une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet m
1594
s de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion
d’
une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de la p
1595
une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas
l’
objet même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous
1596
eaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même
de
la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
1597
coup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de
la
passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le
1598
e ? N’est-il pas l’objet même de la passion, — si
l’
on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman
1599
on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
le
progrès du roman a pour principe les séparations et les revoirs succe
1600
avons vu que le progrès du roman a pour principe
les
séparations et les revoirs successifs des amants9. Or les causes de s
1601
ogrès du roman a pour principe les séparations et
les
revoirs successifs des amants9. Or les causes de séparation sont de d
1602
rations et les revoirs successifs des amants9. Or
les
causes de séparation sont de deux sortes : circonstances extérieures
1603
les revoirs successifs des amants9. Or les causes
de
séparation sont de deux sortes : circonstances extérieures adverses,
1604
ifs des amants9. Or les causes de séparation sont
de
deux sortes : circonstances extérieures adverses, entraves inventées
1605
ventées par Tristan. Tristan ne se comportera pas
de
la même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dé
1606
tées par Tristan. Tristan ne se comportera pas de
la
même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégag
1607
stan ne se comportera pas de la même manière dans
les
deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégager cette dialectique d
1608
e dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt
de
dégager cette dialectique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce son
1609
est pas sans intérêt de dégager cette dialectique
de
l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales
1610
pas sans intérêt de dégager cette dialectique de
l’
obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui
1611
t de dégager cette dialectique de l’obstacle dans
le
Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les am
1612
ique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont
les
circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méf
1613
e ce sont les circonstances sociales qui menacent
les
amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.
1614
tances sociales qui menacent les amants (présence
de
Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.), Tristan bondit pa
1615
(présence de Marc, méfiance des barons, jugement
de
Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut d’un lit à
1616
ugement de Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus
l’
obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souf
1617
ieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (
le
saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa ble
1618
.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut
d’
un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se
1619
sus l’obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est
le
symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se rouvre) et à risquer sa v
1620
uvre) et à risquer sa vie (il se sait épié). Mais
la
passion est alors si violente, si animale pourrait-on dire, qu’il oub
1621
olente, si animale pourrait-on dire, qu’il oublie
la
douleur et le danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le s
1622
male pourrait-on dire, qu’il oublie la douleur et
le
danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa bles
1623
n dire, qu’il oublie la douleur et le danger dans
l’
ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit.
1624
’il oublie la douleur et le danger dans l’ivresse
de
son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la
1625
anger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant,
le
sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le r
1626
ns l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang
de
sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur l
1627
son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure
le
trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’ad
1628
Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est
la
« marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à n
1629
sure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met
le
roi sur la trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la tr
1630
hit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur
la
trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dess
1631
t la « marque rouge » qui met le roi sur la trace
de
l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secre
1632
a « marque rouge » qui met le roi sur la trace de
l’
adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secret d
1633
ce de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur
la
trace du dessein secret des amants : leur recherche du péril pour lui
1634
r recherche du péril pour lui-même. Mais tant que
le
péril n’est qu’une menace tout extérieure, la prouesse par laquelle T
1635
que le péril n’est qu’une menace tout extérieure,
la
prouesse par laquelle Tristan le surmonte est une affirmation de la v
1636
tout extérieure, la prouesse par laquelle Tristan
le
surmonte est une affirmation de la vie. En tout cela, Tristan n’obéit
1637
laquelle Tristan le surmonte est une affirmation
de
la vie. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des che
1638
quelle Tristan le surmonte est une affirmation de
la
vie. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des cheval
1639
ion de la vie. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à
la
coutume féodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve de « valeu
1640
u’à la coutume féodale des chevaliers : il s’agit
de
faire preuve de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus
1641
éodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve
de
« valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avon
1642
l s’agit de faire preuve de « valeur », il s’agit
d’
être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduira
1643
t de faire preuve de « valeur », il s’agit d’être
le
plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à en
1644
de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou
le
plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever la reine à
1645
lus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela
le
conduirait à enlever la reine à son roi. Et que le droit établi n’est
1646
é. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever
la
reine à son roi. Et que le droit établi n’est soudain respecté, à ce
1647
e conduirait à enlever la reine à son roi. Et que
le
droit établi n’est soudain respecté, à ce moment, que parce qu’il fou
1648
parce qu’il fournit un prétexte à faire rebondir
le
roman. Tout autre est l’attitude du chevalier lorsque rien d’extérieu
1649
rétexte à faire rebondir le roman. Tout autre est
l’
attitude du chevalier lorsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare p
1650
ut autre est l’attitude du chevalier lorsque rien
d’
extérieur à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même l’inverse
1651
rsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare plus
les
amants. C’est même l’inverse qui se produit alors : l’épée nue déposé
1652
à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même
l’
inverse qui se produit alors : l’épée nue déposée par Tristan entre le
1653
ants. C’est même l’inverse qui se produit alors :
l’
épée nue déposée par Tristan entre leurs corps demeurés vêtus, c’est e
1654
leurs corps demeurés vêtus, c’est encore occasion
de
prouesse, mais cette fois-ci contre lui-même, à ses dépens. Puisqu’il
1655
lui-même, à ses dépens. Puisqu’il en est lui-même
le
fauteur, c’est un obstacle qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pa
1656
e qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pas que
la
hiérarchie des faits contés traduit exactement la hiérarchie des préf
1657
la hiérarchie des faits contés traduit exactement
la
hiérarchie des préférences du conteur et de son lecteur. L’obstacle l
1658
ement la hiérarchie des préférences du conteur et
de
son lecteur. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préf
1659
hie des préférences du conteur et de son lecteur.
L’
obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus t
1660
férences du conteur et de son lecteur. L’obstacle
le
plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
1661
r. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que
l’
on préfère par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir la passion.
1662
onc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
le
plus propre à grandir la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
1663
e par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir
la
passion. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté de se séparer
1664
r la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
la
volonté de se séparer revêt une valeur affective plus forte que la pa
1665
n. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté
de
se séparer revêt une valeur affective plus forte que la passion même.
1666
séparer revêt une valeur affective plus forte que
la
passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’é
1667
valeur affective plus forte que la passion même.
La
mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas
1668
plus forte que la passion même. La mort, qui est
le
but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’express
1669
orte que la passion même. La mort, qui est le but
de
la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression déc
1670
e que la passion même. La mort, qui est le but de
la
passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisi
1671
sion même. La mort, qui est le but de la passion,
la
tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir
1672
mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais
l’
épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir sombre, de la
1673
passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore
l’
expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au
1674
pas encore l’expression décisive du désir sombre,
de
la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable ép
1675
encore l’expression décisive du désir sombre, de
la
fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épiso
1676
pression décisive du désir sombre, de la fin même
de
la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées
1677
ssion décisive du désir sombre, de la fin même de
la
passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées éc
1678
n même de la passion (au double sens du mot fin).
L’
admirable épisode des épées échangées le fait voir. Quand le roi vient
1679
mot fin). L’admirable épisode des épées échangées
le
fait voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle
1680
e épisode des épées échangées le fait voir. Quand
le
roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle qu’il substitue son
1681
ngées le fait voir. Quand le roi vient surprendre
les
amants, l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son riva
1682
t voir. Quand le roi vient surprendre les amants,
l’
on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son rival. Cela sig
1683
l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle
de
son rival. Cela signifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
1684
son arme à celle de son rival. Cela signifie qu’à
l’
obstacle désiré et librement créé par les amants, il substitue le sign
1685
ifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
les
amants, il substitue le signe de son pouvoir social, l’obstacle légal
1686
ré et librement créé par les amants, il substitue
le
signe de son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relè
1687
rement créé par les amants, il substitue le signe
de
son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relève ce déf
1688
nts, il substitue le signe de son pouvoir social,
l’
obstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissem
1689
bstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi :
d’
où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symboliq
1690
le légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où
le
rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
1691
. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissement
de
l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche l
1692
ristan relève ce défi : d’où le rebondissement de
l’
action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche la «
1693
défi : d’où le rebondissement de l’action. Et ici
le
mot prend un sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’être
1694
’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
l’
action empêche la « passion » d’être totale, car la passion, c’est « c
1695
e mot prend un sens symbolique : l’action empêche
la
« passion » d’être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit
1696
sens symbolique : l’action empêche la « passion »
d’
être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite
1697
’action empêche la « passion » d’être totale, car
la
passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la mort. En
1698
n » d’être totale, car la passion, c’est « ce que
l’
on subit » — à la limite, c’est la mort. En d’autres termes cette acti
1699
, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à
la
limite, c’est la mort. En d’autres termes cette action est un nouveau
1700
c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est
la
mort. En d’autres termes cette action est un nouveau délai de la pass
1701
d’autres termes cette action est un nouveau délai
de
la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la mêm
1702
utres termes cette action est un nouveau délai de
la
passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même d
1703
uveau délai de la passion, c’est-à-dire un retard
de
la Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages
1704
au délai de la passion, c’est-à-dire un retard de
la
Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du
1705
’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera
la
même dialectique entre les deux mariages du Roman : celui d’Iseut la
1706
a Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre
les
deux mariages du Roman : celui d’Iseut la Blonde avec le roi, et celu
1707
lectique entre les deux mariages du Roman : celui
d’
Iseut la Blonde avec le roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec
1708
mariages du Roman : celui d’Iseut la Blonde avec
le
roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de
1709
n : celui d’Iseut la Blonde avec le roi, et celui
d’
Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
1710
Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier
de
ces mariages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence
1711
ains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
l’
obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, m
1712
ristan. Le premier de ces mariages est l’obstacle
de
fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, méprisé par
1713
ages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par
l’
existence concrète du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion de
1714
isé par l’existence concrète du mari, méprisé par
l’
amour courtois. Occasion de prouesse classique et de rebondissements f
1715
e du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion
de
prouesse classique et de rebondissements faciles. L’existence du mari
1716
amour courtois. Occasion de prouesse classique et
de
rebondissements faciles. L’existence du mari, l’obstacle de l’adultèr
1717
prouesse classique et de rebondissements faciles.
L’
existence du mari, l’obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte
1718
de rebondissements faciles. L’existence du mari,
l’
obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus nature
1719
ssements faciles. L’existence du mari, l’obstacle
de
l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement ima
1720
ments faciles. L’existence du mari, l’obstacle de
l’
adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement imagin
1721
le de l’adultère, c’est le premier prétexte venu,
le
plus naturellement imaginable, le plus conforme à l’expérience quotid
1722
prétexte venu, le plus naturellement imaginable,
le
plus conforme à l’expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera
1723
plus naturellement imaginable, le plus conforme à
l’
expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera de plus fins.) Il f
1724
le, le plus conforme à l’expérience quotidienne. (
Le
romantisme en trouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan le b
1725
rouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan
le
bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne
1726
bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans
le
mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et Iseut
1727
ue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne pas plus
de
trois ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sages
1728
Sans le mari, je ne donne pas plus de trois ans à
l’
amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Bér
1729
mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour
de
Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’e
1730
s ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet,
la
grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée l’
1731
n effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est
d’
avoir limité à cette durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui l
1732
vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée
l’
action du philtre : « La mère Iseut qui le bollit. — À trois anz d’ami
1733
voir limité à cette durée l’action du philtre : «
La
mère Iseut qui le bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le
1734
e durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui
le
bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne rester
1735
re : « La mère Iseut qui le bollit. — À trois anz
d’
amistié le fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à
1736
mère Iseut qui le bollit. — À trois anz d’amistié
le
fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier.
1737
e bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans
le
mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier. Or on ne conçoi
1738
que Tristan puisse jamais épouser Iseut. Elle est
le
type de femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer
1739
tan puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type
de
femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, puisqu
1740
emme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait
de
l’aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela :
1741
e qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de
l’
aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela : Ma
1742
rs on cesserait de l’aimer, puisqu’elle cesserait
d’
être ce qu’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est la négatio
1743
’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est
la
négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’
1744
maginez cela : Madame Tristan ! C’est la négation
de
la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amour
1745
inez cela : Madame Tristan ! C’est la négation de
la
passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureus
1746
istan ! C’est la négation de la passion, au moins
de
celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureuse spontanée, couronné
1747
ssion, au moins de celle dont nous nous occupons.
L’
ardeur amoureuse spontanée, couronnée et non combattue, est par essenc
1748
ble. C’est une flambée qui ne peut pas survivre à
l’
éclat de sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’es
1749
st une flambée qui ne peut pas survivre à l’éclat
de
sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle q
1750
sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle que
les
amants veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où les périls no
1751
que les amants veulent prolonger et renouveler à
l’
infini. D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du
1752
mants veulent prolonger et renouveler à l’infini.
D’
où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier
1753
veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où
les
périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier est t
1754
D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais
la
valeur du chevalier est telle qu’il les aura bientôt tous surmontés.
1755
fier. Mais la valeur du chevalier est telle qu’il
les
aura bientôt tous surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête d’
1756
surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête
d’
aventures plus secrètes et plus profondes, l’on dirait même : plus int
1757
uête d’aventures plus secrètes et plus profondes,
l’
on dirait même : plus intérieures. Lorsque Tristan soupire à voix bass
1758
eures. Lorsque Tristan soupire à voix basse après
l’
Iseut perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoure
1759
ristan soupire à voix basse après l’Iseut perdue,
le
frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de sa sœur. C
1760
d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux
de
sa sœur. Cette erreur provoquée par le nom des deux femmes — est la s
1761
i amoureux de sa sœur. Cette erreur provoquée par
le
nom des deux femmes — est la seule « raison » du mariage de Tristan.
1762
erreur provoquée par le nom des deux femmes — est
la
seule « raison » du mariage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait ai
1763
deux femmes — est la seule « raison » du mariage
de
Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une foi
1764
— est la seule « raison » du mariage de Tristan.
L’
on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus, l
1765
riage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé
de
s’expliquer. Mais une fois de plus, l’honneur interviendra, et au seu
1766
erait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus,
l’
honneur interviendra, et au seul titre de prétexte, pour empêcher Tris
1767
de plus, l’honneur interviendra, et au seul titre
de
prétexte, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que l’amant press
1768
au seul titre de prétexte, pour empêcher Tristan
de
se dédire. C’est que l’amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu
1769
te, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que
l’
amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
1770
sent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose,
l’
occasion d’un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il t
1771
cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
d’
un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il trouve belle
1772
ge blanc avec une femme qu’il trouve belle, c’est
l’
obstacle qu’il ne peut surmonter que par une victoire sur lui-même (au
1773
par une victoire sur lui-même (aussi bien que sur
le
mariage, qu’il ruine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est la
1774
si bien que sur le mariage, qu’il ruine ainsi par
l’
intérieur). Prouesse dont il est la victime ! La chasteté du chevalier
1775
uine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est
la
victime ! La chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’
1776
r l’intérieur). Prouesse dont il est la victime !
La
chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’épée nue entr
1777
victime ! La chasteté du chevalier marié répond à
la
déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontair
1778
hasteté du chevalier marié répond à la déposition
de
l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un su
1779
teté du chevalier marié répond à la déposition de
l’
épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suici
1780
marié répond à la déposition de l’épée nue entre
les
corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suicide symbolique — (o
1781
taire, c’est un suicide symbolique — (on voit ici
le
sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la
1782
n suicide symbolique — (on voit ici le sens caché
de
l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradit
1783
uicide symbolique — (on voit ici le sens caché de
l’
épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradition
1784
ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire
de
l’idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’or
1785
i le sens caché de l’épée). C’est une victoire de
l’
idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’orgue
1786
épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur
la
robuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil de vivre. C’est un
1787
s sur la robuste tradition celtique qui affirmait
l’
orgueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsista
1788
obuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil
de
vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsistait, dans l
1789
i affirmait l’orgueil de vivre. C’est une manière
de
purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’anim
1790
gueil de vivre. C’est une manière de purification
de
ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’actif. V
1791
anière de purification de ce qui subsistait, dans
le
désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » s
1792
purification de ce qui subsistait, dans le désir,
de
spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le dési
1793
de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané,
d’
animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe d
1794
bsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et
d’
actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort su
1795
désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire
de
la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi
1796
ir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de
la
« passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi don
1797
animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur
le
désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence
1798
Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe
de
la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstac
1799
toire de la « passion » sur le désir. Triomphe de
la
mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle
1800
« passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur
la
vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu, c’éta
1801
la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à
l’
obstacle voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès v
1802
e préférence accordée à l’obstacle voulu, c’était
l’
affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers un
1803
ccordée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation
de
la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour
1804
rdée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation de
la
mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour, v
1805
l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers
la
Mort ! Mais vers une mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
1806
tait un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort
d’
amour, vers une mort volontaire au terme d’une série d’épreuves dont T
1807
e mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
d’
une série d’épreuves dont Tristan sortira purifié ; vers une mort qui
1808
ur, vers une mort volontaire au terme d’une série
d’
épreuves dont Tristan sortira purifié ; vers une mort qui soit une tra
1809
non pas un hasard brutal. Il s’agit donc toujours
de
ramener la fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assu
1810
hasard brutal. Il s’agit donc toujours de ramener
la
fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assumée par les
1811
ure à une fatalité interne, librement assumée par
les
amants. C’est le rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mouran
1812
interne, librement assumée par les amants. C’est
le
rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour ; c’e
1813
librement assumée par les amants. C’est le rachat
de
leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour ; c’est une rev
1814
ent en mourant par amour ; c’est une revanche sur
le
philtre. Et l’on assiste, in extremis, au renversement de la dialecti
1815
par amour ; c’est une revanche sur le philtre. Et
l’
on assiste, in extremis, au renversement de la dialectique passion-obs
1816
re. Et l’on assiste, in extremis, au renversement
de
la dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qu
1817
Et l’on assiste, in extremis, au renversement de
la
dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qui e
1818
lectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus
l’
obstacle qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il
1819
iment ce n’est plus l’obstacle qui est au service
de
la passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin dés
1820
nt ce n’est plus l’obstacle qui est au service de
la
passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin désiré
1821
a passion fatale, mais au contraire il est devenu
le
but, la fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un
1822
n fatale, mais au contraire il est devenu le but,
la
fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle d’
1823
devenu le but, la fin désirée pour elle-même. Et
la
passion n’a donc joué qu’un rôle d’épreuve purificatrice, on dirait p
1824
elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle
d’
épreuve purificatrice, on dirait presque de pénitence au service de ce
1825
n rôle d’épreuve purificatrice, on dirait presque
de
pénitence au service de cette mort qui transfigure. Nous touchons au
1826
atrice, on dirait presque de pénitence au service
de
cette mort qui transfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
1827
qui transfigure. Nous touchons au secret dernier.
L’
amour de l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible,
1828
sfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
de
l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volo
1829
gure. Nous touchons au secret dernier. L’amour de
l’
amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volonté
1830
que se « trahir » par des symboles tels que celui
de
l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants m
1831
se « trahir » par des symboles tels que celui de
l’
épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malg
1832
par des symboles tels que celui de l’épée nue ou
de
la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont j
1833
r des symboles tels que celui de l’épée nue ou de
la
périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jama
1834
de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans
le
savoir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
1835
nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir,
les
amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir, e
1836
ir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que
la
mort ! Sans le savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais
1837
malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
le
savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais cherché que le
1838
mpant passionnément, ils n’ont jamais cherché que
le
rachat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initi
1839
nément, ils n’ont jamais cherché que le rachat et
la
revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le phi
1840
n’ont jamais cherché que le rachat et la revanche
de
« ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le philtre. Au fon
1841
hat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » —
la
passion initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur,
1842
ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par
le
philtre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de l
1843
nt » — la passion initiée par le philtre. Au fond
le
plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion a
1844
on initiée par le philtre. Au fond le plus secret
de
leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nui
1845
tre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était
la
volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses
1846
d le plus secret de leur cœur, c’était la volonté
de
la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions
1847
e plus secret de leur cœur, c’était la volonté de
la
mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fat
1848
cret de leur cœur, c’était la volonté de la mort,
la
passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales.
1849
c’était la volonté de la mort, la passion active
de
la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre E
1850
était la volonté de la mort, la passion active de
la
Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre Et v
1851
10.Le philtre Et voici que s’entre-dévoile
la
raison constituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens
1852
s’entre-dévoile la raison constituante du mythe,
la
nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement
1853
ison constituante du mythe, la nécessité même qui
l’
a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouab
1854
ituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé.
Le
sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que no
1855
the, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel
de
la passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement c
1856
, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de
la
passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement ceux
1857
frayant et inavouable, que non seulement ceux qui
la
vivent ne sauraient prendre aucune conscience de sa fin, mais que ceu
1858
la vivent ne sauraient prendre aucune conscience
de
sa fin, mais que ceux qui la veulent dépeindre dans sa merveilleuse v
1859
re aucune conscience de sa fin, mais que ceux qui
la
veulent dépeindre dans sa merveilleuse violence se voient contraints
1860
ans sa merveilleuse violence se voient contraints
de
recourir au langage trompeur des symboles. Laissons de côté, pour le
1861
courir au langage trompeur des symboles. Laissons
de
côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq p
1862
age trompeur des symboles. Laissons de côté, pour
le
moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitif
1863
r des symboles. Laissons de côté, pour le moment,
la
question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient o
1864
es. Laissons de côté, pour le moment, la question
de
savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non consci
1865
de côté, pour le moment, la question de savoir si
les
auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients de la por
1866
s cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients
de
la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de précis
1867
inq poèmes primitifs étaient ou non conscients de
la
portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser
1868
primitifs étaient ou non conscients de la portée
de
leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du
1869
nscients de la portée de leur œuvre. En tout état
de
cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous v
1870
de leur œuvre. En tout état de cause, il convient
de
préciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La v
1871
e. En tout état de cause, il convient de préciser
le
sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
1872
ciser le sens du mot « trompeur » que nous venons
d’
utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir
1873
s du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser.
La
vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir
1874
ur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
de
la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’expr
1875
» que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de
la
psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’exprime
1876
« s’exprime » toujours, mais de manière à égarer
le
jugement. La passion interdite, l’amour inavouable, se créent un syst
1877
» toujours, mais de manière à égarer le jugement.
La
passion interdite, l’amour inavouable, se créent un système de symbol
1878
nière à égarer le jugement. La passion interdite,
l’
amour inavouable, se créent un système de symboles, un langage hiérogl
1879
terdite, l’amour inavouable, se créent un système
de
symboles, un langage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas la cl
1880
tème de symboles, un langage hiéroglyphique, dont
la
conscience n’a pas la clé. Langage ambigu par essence, car il « trahi
1881
angage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas
la
clé. Langage ambigu par essence, car il « trahit » au double sens du
1882
» au double sens du terme ce qu’il veut dire sans
le
dire. Il lui arrive de composer en un seul geste ou une seule métapho
1883
me ce qu’il veut dire sans le dire. Il lui arrive
de
composer en un seul geste ou une seule métaphore à la fois l’expressi
1884
en un seul geste ou une seule métaphore à la fois
l’
expression de l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce dés
1885
ste ou une seule métaphore à la fois l’expression
de
l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’i
1886
ou une seule métaphore à la fois l’expression de
l’
objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’inte
1887
phore à la fois l’expression de l’objet désiré et
l’
expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste aff
1888
is l’expression de l’objet désiré et l’expression
de
ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et l’o
1889
t l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi
l’
interdiction reste affirmée, et l’objet reste inavoué, mais tout de mê
1890
ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et
l’
objet reste inavoué, mais tout de même il y est fait allusion, et par
1891
ibles se voient du même coup satisfaites : besoin
de
parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour
1892
oient du même coup satisfaites : besoin de parler
de
ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour du risque
1893
tes : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin
de
le soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. I
1894
: besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de
le
soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. Inte
1895
ustraire au jugement, amour du risque et instinct
de
prudence. Interrogez celui qui use d’un tel langage, demandez-lui rai
1896
et instinct de prudence. Interrogez celui qui use
d’
un tel langage, demandez-lui raison de sa prédilection, pour telle ou
1897
lui qui use d’un tel langage, demandez-lui raison
de
sa prédilection, pour telle ou telle image d’apparence bizarre, il ré
1898
son de sa prédilection, pour telle ou telle image
d’
apparence bizarre, il répondra que « c’est tout naturel », « qu’il n’e
1899
« qu’il n’en sait rien », « qu’il n’y attache pas
d’
importance ». S’il est poète, il parlera d’inspiration, ou au contrair
1900
he pas d’importance ». S’il est poète, il parlera
d’
inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
1901
ontraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
de
bonnes raisons pour démontrer qu’il n’est responsable de rien… Imagin
1902
es raisons pour démontrer qu’il n’est responsable
de
rien… Imaginons maintenant le problème qui se posait à l’auteur du Ro
1903
l n’est responsable de rien… Imaginons maintenant
le
problème qui se posait à l’auteur du Roman primitif. De quel matériel
1904
Imaginons maintenant le problème qui se posait à
l’
auteur du Roman primitif. De quel matériel symbolique — apte à cacher
1905
blème qui se posait à l’auteur du Roman primitif.
De
quel matériel symbolique — apte à cacher ce qu’il fallait traduire —
1906
fallait traduire — disposait-il au xiie siècle ?
De
la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d
1907
lait traduire — disposait-il au xiie siècle ? De
la
magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’ex
1908
e — disposait-il au xiie siècle ? De la magie et
de
la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression sau
1909
disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de
la
rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression saute
1910
? De la magie et de la rhétorique chevaleresque.
L’
avantage de ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade s
1911
gie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage
de
ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner
1912
rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes
d’
expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner de raisons, v
1913
vantage de ces modes d’expression saute aux yeux.
La
magie persuade sans donner de raisons, voire dans la mesure où elle n
1914
ion saute aux yeux. La magie persuade sans donner
de
raisons, voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et la rhétori
1915
magie persuade sans donner de raisons, voire dans
la
mesure où elle n’en donne point. Et la rhétorique chevaleresque, comm
1916
voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et
la
rhétorique chevaleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le m
1917
aleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est
le
moyen de faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositi
1918
, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le moyen
de
faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositions. Masq
1919
est le moyen de faire passer pour « naturelles »
les
plus obscures propositions. Masque idéal ! Garantie de secret, mais a
1920
us obscures propositions. Masque idéal ! Garantie
de
secret, mais aussi garantie d’approbation sans condition de la part d
1921
e idéal ! Garantie de secret, mais aussi garantie
d’
approbation sans condition de la part du lecteur de roman. La chevaler
1922
’approbation sans condition de la part du lecteur
de
roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle
1923
on sans condition de la part du lecteur de roman.
La
chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’
1924
la part du lecteur de roman. La chevalerie, c’est
la
règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « f
1925
roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que
les
élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont elles se
1926
la règle sociale que les élites du siècle rêvent
d’
opposer aux pires « folies » dont elles se sentent menacées. La coutum
1927
pires « folies » dont elles se sentent menacées.
La
coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avo
1928
lies » dont elles se sentent menacées. La coutume
de
la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué,
1929
s » dont elles se sentent menacées. La coutume de
la
chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué, en
1930
nacées. La coutume de la chevalerie fournira donc
le
cadre du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
1931
du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit,
le
caractère de « prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour
1932
nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
de
« prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour la magie, vo
1933
xte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour
la
magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion d
1934
our la magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit
de
dépeindre une passion dont la violence fascinante ne peut être accept
1935
son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion dont
la
violence fascinante ne peut être acceptée sans scrupule. Elle apparaî
1936
t barbare dans ses effets. Elle est proscrite par
l’
Église comme un péché ; par la raison comme un excès morbide. On ne po
1937
e est proscrite par l’Église comme un péché ; par
la
raison comme un excès morbide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant
1938
raison comme un excès morbide. On ne pourra donc
l’
admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce de lien visibl
1939
ide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant qu’on
l’
aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabi
1940
ra donc l’admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée
de
toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabilité. L’interve
1941
r qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce
de
lien visible avec l’humaine responsabilité. L’intervention du philtre
1942
aura libérée de toute espèce de lien visible avec
l’
humaine responsabilité. L’intervention du philtre, agissant d’une mani
1943
ce de lien visible avec l’humaine responsabilité.
L’
intervention du philtre, agissant d’une manière fatale, et mieux encor
1944
sponsabilité. L’intervention du philtre, agissant
d’
une manière fatale, et mieux encore bu par erreur, se révèle désormais
1945
rmais nécessaire. (Thomas, qui cherche à diminuer
le
rôle de cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la pass
1946
cessaire. (Thomas, qui cherche à diminuer le rôle
de
cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la passion moin
1947
e « emprise » magique, se verra condamné à rendre
la
passion moins inhumaine plus acceptable aux yeux du moraliste. Inféri
1948
en ceci à Béroul, il sera le premier responsable
de
la dégradation du mythe.) Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’al
1949
ceci à Béroul, il sera le premier responsable de
la
dégradation du mythe.) Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi
1950
de la dégradation du mythe.) Qu’est-ce alors que
le
philtre ? C’est l’alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheu
1951
du mythe.) Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est
l’
alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire
1952
.) Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi
de
la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vou
1953
Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi de
la
passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vous v
1954
assion. C’est ce qui permet aux malheureux amants
de
dire : « Vous voyez que je n’y suis pour rien, vous voyez que c’est p
1955
rt que moi. » Et cependant, nous voyons bien qu’à
la
faveur de cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés ve
1956
. » Et cependant, nous voyons bien qu’à la faveur
de
cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers le dest
1957
té trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers
le
destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte d’astucieuse résolution,
1958
rs le destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte
d’
astucieuse résolution, avec une ruse d’autant plus infaillible qu’elle
1959
une sorte d’astucieuse résolution, avec une ruse
d’
autant plus infaillible qu’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos ac
1960
use d’autant plus infaillible qu’elle peut agir à
l’
abri du jugement. Nos actions les moins calculées sont parfois les plu
1961
’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos actions
les
moins calculées sont parfois les plus efficaces. La pierre qu’on lanc
1962
ent. Nos actions les moins calculées sont parfois
les
plus efficaces. La pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but.
1963
moins calculées sont parfois les plus efficaces.
La
pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but. En vérité, c’est q
1964
u but. En vérité, c’est qu’on visait ce but, mais
la
conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste sp
1965
u’on visait ce but, mais la conscience n’a pas eu
le
temps d’intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
1966
it ce but, mais la conscience n’a pas eu le temps
d’
intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus
1967
la conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et
de
gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes d
1968
ce n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir
le
geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes du Roman son
1969
t de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
les
plus belles scènes du Roman sont celles que les auteurs n’ont pas su
1970
i les plus belles scènes du Roman sont celles que
les
auteurs n’ont pas su commenter, et qu’ils décrivent comme en toute in
1971
ent comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas
de
mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire
1972
. ⁂ Il n’y aurait pas de mythe, il n’y aurait pas
de
roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se
1973
an, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est
la
fin qu’ils se préparent de toute leur volonté profonde, et plus que p
1974
vaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent
de
toute leur volonté profonde, et plus que profonde, abyssale. Qui donc
1975
nde, abyssale. Qui donc oserait avouer qu’il veut
la
Mort ? qu’il déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout
1976
oserait avouer qu’il veut la Mort ? qu’il déteste
le
Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantisseme
1977
er qu’il veut la Mort ? qu’il déteste le Jour qui
l’
offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantissement de son êt
1978
déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend
de
tout son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucou
1979
qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être
l’
anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont
1980
et qu’il attend de tout son être l’anéantissement
de
son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont osé cet aveu supr
1981
eaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais
la
foule dit : ce sont des fous. Et la passion que le romancier désire f
1982
suprême. Mais la foule dit : ce sont des fous. Et
la
passion que le romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ord
1983
a foule dit : ce sont des fous. Et la passion que
le
romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ordinaire, plus dé
1984
t la passion que le romancier désire flatter chez
l’
auditeur paraît, d’ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’ell
1985
romancier désire flatter chez l’auditeur paraît,
d’
ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’elle soit jamais pouss
1986
vouer par son excès indubitable, par une mort qui
la
manifeste au-delà de tout repentir possible ! Certains mystiques ont
1987
ndubitable, par une mort qui la manifeste au-delà
de
tout repentir possible ! Certains mystiques ont fait plus qu’avouer :
1988
u et se sont expliqués. Mais s’ils ont affronté «
la
Nuit obscure » avec la plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils av
1989
Mais s’ils ont affronté « la Nuit obscure » avec
la
plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par la f
1990
us sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient
le
gage, par la foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » s
1991
lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par
la
foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » se substituera
1992
e personnelle et « lumineuse » se substituerait à
la
leur. Ce n’était pas le dieu sans nom du philtre, une force aveugle o
1993
euse » se substituerait à la leur. Ce n’était pas
le
dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou le Néant, qui s’empara
1994
le dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou
le
Néant, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui prom
1995
, une force aveugle ou le Néant, qui s’emparaient
de
leur secret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive f
1996
nt, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais
le
Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’amour » éclose aux «
1997
ret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et
la
« vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, l
1998
le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme
d’
amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien
1999
la « vive flamme d’amour » éclose aux « déserts »
de
la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne vou
2000
« vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de
la
Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne voulai
2001
able, injustifiable, dont il rejette avec horreur
la
connaissance. Il tient son excuse toute prête, et elle le trompe mieu
2002
issance. Il tient son excuse toute prête, et elle
le
trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui le « demeine par for
2003
te, et elle le trompe mieux que quiconque : c’est
le
poison qui le « demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi c
2004
trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui
le
« demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi cette destinée,
2005
cependant, qu’il ait choisi cette destinée, qu’il
l’
ait voulue et accueillie par un obscur et souverain assentiment, tout
2006
llie par un obscur et souverain assentiment, tout
le
trahit dans son action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans la s
2007
action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans
la
sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel
2008
sa fuite désespérée, dans la sublime coquetterie
de
sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplair
2009
ans la sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il
l’
ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raison
2010
e sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à
la
grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas cel
2011
’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire
de
sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne s
2012
est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie.
Les
raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas comm
2013
l à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons
de
la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables a
2014
la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de
la
Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables au J
2015
elles ne sont pas communicables au Jour10. Elles
le
méprisent. Tristan s’est fait prisonnier d’un délire auprès duquel pâ
2016
Elles le méprisent. Tristan s’est fait prisonnier
d’
un délire auprès duquel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
2017
uel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
la
vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’él
2018
toute « vérité », et la vie même. Il est au-delà
de
nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême
2019
, et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs,
de
nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où la totale joui
2020
os bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers
l’
instant suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du
2021
ouffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où
la
totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décri
2022
ers l’instant suprême où la totale jouissance est
de
sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « mus
2023
suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂
Les
mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « musique savante »
2024
de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire
la
Nuit, mais la « musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle
2025
Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais
la
« musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle procède. Leve
2026
sir dont elle procède. Levez-vous, orages sonores
de
la mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le hé
2027
dont elle procède. Levez-vous, orages sonores de
la
mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros
2028
le procède. Levez-vous, orages sonores de la mort
de
Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes so
2029
vez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et
d’
Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes sons lamentables
2030
stan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit
le
héros, tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur les vents du
2031
tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur
les
vents du soir, lorsqu’en un temps lointain la mort du père fut annonc
2032
ur les vents du soir, lorsqu’en un temps lointain
la
mort du père fut annoncée au fils. Dans l’aube sinistre, tu me cherch
2033
intain la mort du père fut annoncée au fils. Dans
l’
aube sinistre, tu me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque le f
2034
u me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque
le
fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut,
2035
de plus en plus inquiète, lorsque le fils apprit
le
sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère m
2036
en plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort
de
la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
2037
plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de
la
mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna le
2038
père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
le
jour en expirant, la vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles,
2039
urut, quand ma mère me donna le jour en expirant,
la
vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles, languissante et tris
2040
Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ?
La
vieille mélodie me répète : —Pour désirer et pour mourir ! Pour mouri
2041
pète : —Pour désirer et pour mourir ! Pour mourir
de
désirer ! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais la musique
2042
! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais
la
musique est savante, vraiment, et elle nous chante immensément le bea
2043
avante, vraiment, et elle nous chante immensément
le
beau secret : c’est lui qui a voulu son destin : Ce terrible philtre
2044
me condamne au supplice, c’est moi, moi-même qui
l’
ai composé… Et je l’ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour r
2045
lice, c’est moi, moi-même qui l’ai composé… Et je
l’
ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour réciproque malheureux
2046
me qui l’ai composé… Et je l’ai bu à longs traits
de
délice !… 11.L’amour réciproque malheureux Passion veut dire s
2047
ffrance, chose subie, prépondérance du destin sur
la
personne libre et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de l’am
2048
estin sur la personne libre et responsable. Aimer
l’
amour plus que l’objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
2049
onne libre et responsable. Aimer l’amour plus que
l’
objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d
2050
re et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet
de
l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augusti
2051
et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de
l’
amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin j
2052
Aimer l’amour plus que l’objet de l’amour, aimer
la
passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romanti
2053
bjet de l’amour, aimer la passion pour elle-même,
de
l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et
2054
t de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
l’
amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et ch
2055
imer la passion pour elle-même, de l’amabam amare
d’
Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher la souff
2056
qu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher
la
souffrance. Amour-passion : désir de ce qui nous blesse, et nous anéa
2057
et chercher la souffrance. Amour-passion : désir
de
ce qui nous blesse, et nous anéantit par son triomphe. C’est un secre
2058
s anéantit par son triomphe. C’est un secret dont
l’
Occident n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler,
2059
C’est un secret dont l’Occident n’a jamais toléré
l’
aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, — de préserver ! Il en est p
2060
n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé
de
refouler, — de préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa per
2061
éré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, —
de
préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa persistance nous i
2062
iques, et sa persistance nous invite à porter sur
l’
avenir de l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incid
2063
sa persistance nous invite à porter sur l’avenir
de
l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui
2064
persistance nous invite à porter sur l’avenir de
l’
Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui mér
2065
qui méritera plus tard son développement : c’est
la
liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle di
2066
plus tard son développement : c’est la liaison ou
la
complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’
2067
développement : c’est la liaison ou la complicité
de
la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mod
2068
eloppement : c’est la liaison ou la complicité de
la
passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode d
2069
a liaison ou la complicité de la passion, du goût
de
la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui défi
2070
iaison ou la complicité de la passion, du goût de
la
mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui définir
2071
passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et
d’
un certain mode de connaître qui définirait à lui seul notre psyché oc
2072
e la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode
de
connaître qui définirait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquo
2073
ait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquoi
l’
homme d’Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que tout
2074
i seul notre psyché occidentale. Pourquoi l’homme
d’
Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que toute sa rai
2075
’homme d’Occident veut-il subir cette passion qui
le
blesse et que toute sa raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour d
2076
raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour dont
l’
éclat ne peut être que son suicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprou
2077
uicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous
le
coup de menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. L
2078
C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous le coup
de
menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisi
2079
t s’éprouve sous le coup de menaces vitales, dans
la
souffrance et au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagn
2080
e menaces vitales, dans la souffrance et au seuil
de
la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage q
2081
enaces vitales, dans la souffrance et au seuil de
la
mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’u
2082
t au seuil de la mort. Le troisième acte du drame
de
Wagner décrit bien davantage qu’une catastrophe romanesque : il décri
2083
vantage qu’une catastrophe romanesque : il décrit
l’
essentielle catastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la
2084
romanesque : il décrit l’essentielle catastrophe
de
notre sadique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaî
2085
tastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé
de
la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision
2086
trophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de
la
mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision ré
2087
adique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût
de
se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est
2088
oût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à
la
limite, ce goût de la collision révélatrice qui est sans doute la plu
2089
ort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût
de
la collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des
2090
, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de
la
collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des rac
2091
ût de la collision révélatrice qui est sans doute
la
plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ D
2092
i est sans doute la plus inarrachable des racines
de
l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illus
2093
st sans doute la plus inarrachable des racines de
l’
instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustré
2094
te la plus inarrachable des racines de l’instinct
de
la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée e
2095
la plus inarrachable des racines de l’instinct de
la
guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée et c
2096
des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂
De
cette extrémité tragique, illustrée, avouée et constatée par la puret
2097
mité tragique, illustrée, avouée et constatée par
la
pureté du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion t
2098
e par la pureté du mythe originel, redescendons à
l’
expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
2099
té du mythe originel, redescendons à l’expérience
de
la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès pr
2100
du mythe originel, redescendons à l’expérience de
la
passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodi
2101
descendons à l’expérience de la passion telle que
la
vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tri
2102
à l’expérience de la passion telle que la vivent
les
hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle
2103
ence de la passion telle que la vivent les hommes
d’
aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous,
2104
ion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
Le
succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous le vou
2105
mmes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman
de
Tristan révèle en nous, que nous le voulions ou non, une préférence i
2106
ieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous
le
voulions ou non, une préférence intime pour le malheur. Que ce malheu
2107
us le voulions ou non, une préférence intime pour
le
malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délic
2108
nce intime pour le malheur. Que ce malheur, selon
la
force de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
2109
e pour le malheur. Que ce malheur, selon la force
de
notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décade
2110
Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit
la
« délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffran
2111
de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et
le
spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi
2112
me, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen
de
la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’espr
2113
soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
la
décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit
2114
euse tristesse » et le spleen de la décadence, ou
la
souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit jette au monde, c
2115
a décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou
le
défi que l’esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui
2116
ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que
l’
esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui peut nous e
2117
xalter jusqu’à nous faire accéder, malgré nous, à
la
« vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’es
2118
der, malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent
les
poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel au
2119
rlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est
la
vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’hé
2120
Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré
d’
héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est abs
2121
s, crépuscule empourpré d’héroïsme, n’annonce pas
le
Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est absente », dit Rimbaud. Elle
2122
empourpré d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais
la
Nuit ! La « vraie vie est absente », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un de
2123
d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit !
La
« vraie vie est absente », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
2124
absente », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms
de
la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feign
2125
ente », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
la
Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
2126
it Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort,
le
seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant de la re
2127
ms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions
l’
appeler — tout en feignant de la repousser. Pourquoi préférons-nous à
2128
r lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
de
la repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un a
2129
equel nous osions l’appeler — tout en feignant de
la
repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un amou
2130
Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui
d’
un amour impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et la conscien
2131
lui d’un amour impossible ? C’est que nous aimons
la
brûlure, et la conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde d
2132
impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et
la
conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance
2133
’est que nous aimons la brûlure, et la conscience
de
ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir.
2134
science de ce qui brûle en nous. Liaison profonde
de
la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort
2135
ence de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de
la
souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort !
2136
rofonde de la souffrance et du savoir. Complicité
de
la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explica
2137
onde de la souffrance et du savoir. Complicité de
la
conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explicatio
2138
ance et du savoir. Complicité de la conscience et
de
la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de not
2139
e et du savoir. Complicité de la conscience et de
la
mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de notre
2140
gel a pu fonder sur elle une explication générale
de
notre esprit et même de notre Histoire.) Je définirais volontiers le
2141
une explication générale de notre esprit et même
de
notre Histoire.) Je définirais volontiers le romantique occidental co
2142
même de notre Histoire.) Je définirais volontiers
le
romantique occidental comme un homme pour qui la douleur, et spéciale
2143
le romantique occidental comme un homme pour qui
la
douleur, et spécialement la douleur amoureuse, est un moyen privilégi
2144
mme un homme pour qui la douleur, et spécialement
la
douleur amoureuse, est un moyen privilégié de connaissance. Certes, c
2145
ent la douleur amoureuse, est un moyen privilégié
de
connaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs. Le grand nombre s
2146
rivilégié de connaissance. Certes, cela vaut pour
les
meilleurs. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et de se conna
2147
nnaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs.
Le
grand nombre se soucie peu de connaître, et de se connaître. Il cherc
2148
s. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et
de
se connaître. Il cherche simplement l’amour le plus sensible. Mais c’
2149
naître, et de se connaître. Il cherche simplement
l’
amour le plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave
2150
et de se connaître. Il cherche simplement l’amour
le
plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave vient r
2151
ement l’amour le plus sensible. Mais c’est encore
l’
amour dont quelque entrave vient retarder l’heureux accomplissement. A
2152
ncore l’amour dont quelque entrave vient retarder
l’
heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour le plus cons
2153
heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire
l’
amour le plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on dés
2154
accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour
le
plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on désire en s
2155
n désire l’amour le plus conscient, ou simplement
l’
amour le plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on l
2156
l’amour le plus conscient, ou simplement l’amour
le
plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée,
2157
ment l’amour le plus intense, on désire en secret
l’
obstacle. Au besoin, on le crée, on l’imagine. Il me paraît que cela e
2158
se, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on
le
crée, on l’imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie d
2159
e en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée, on
l’
imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie de notre psyc
2160
. Il me paraît que cela explique une bonne partie
de
notre psychologie. Sans traverses à l’amour, point de « roman ». Or c
2161
nne partie de notre psychologie. Sans traverses à
l’
amour, point de « roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
2162
otre psychologie. Sans traverses à l’amour, point
de
« roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
2163
traverses à l’amour, point de « roman ». Or c’est
le
roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité, les variat
2164
man ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
la
conscience, l’intensité, les variations et les retards de la passion,
2165
le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
l’
intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo
2166
on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité,
les
variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la cat
2167
ire la conscience, l’intensité, les variations et
les
retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non
2168
ience, l’intensité, les variations et les retards
de
la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa ra
2169
ce, l’intensité, les variations et les retards de
la
passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa rapid
2170
les retards de la passion, son crescendo jusqu’à
la
catastrophe — et non point sa rapide flambée. Considérez notre littér
2171
sa rapide flambée. Considérez notre littérature.
Le
bonheur des amants ne nous émeut que par l’attente du malheur qui le
2172
ture. Le bonheur des amants ne nous émeut que par
l’
attente du malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et
2173
ts ne nous émeut que par l’attente du malheur qui
le
guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui
2174
du malheur qui le guette. Il y faut cette menace
de
la vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
2175
malheur qui le guette. Il y faut cette menace de
la
vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La
2176
tte menace de la vie et des hostiles réalités qui
l’
éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
2177
es réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
La
nostalgie, le souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La pré
2178
i l’éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie,
le
souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La présence est inex
2179
ue au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
la
présence, nous émeuvent. La présence est inexprimable, elle ne possèd
2180
souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent.
La
présence est inexprimable, elle ne possède aucune durée sensible, ell
2181
e durée sensible, elle ne peut être qu’un instant
de
grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une id
2182
sible, elle ne peut être qu’un instant de grâce —
le
duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de car
2183
elle ne peut être qu’un instant de grâce — le duo
de
Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte post
2184
de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien
l’
on tombe dans une idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas d’h
2185
an et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle
de
carte postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature
2186
bien l’on tombe dans une idylle de carte postale.
L’
amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature occidentale. Et l
2187
idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas
d’
histoire dans la littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réc
2188
postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans
la
littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réciproque ne passe
2189
as d’histoire dans la littérature occidentale. Et
l’
amour qui n’est pas réciproque ne passe point pour un amour vrai. La g
2190
pas réciproque ne passe point pour un amour vrai.
La
grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant
2191
ur un amour vrai. La grande trouvaille des poètes
de
l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondial
2192
un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de
l’
Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondiale,
2193
grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui
les
distingue avant tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime le
2194
de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans
la
littérature mondiale, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
2195
tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime
le
plus profondément l’obsession de l’Européen : connaître à travers la
2196
ure mondiale, ce qui exprime le plus profondément
l’
obsession de l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le sec
2197
, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
de
l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe
2198
e qui exprime le plus profondément l’obsession de
l’
Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de
2199
t l’obsession de l’Européen : connaître à travers
la
douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fo
2200
’Européen : connaître à travers la douleur, c’est
le
secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et comb
2201
re à travers la douleur, c’est le secret du mythe
de
Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un
2202
la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan,
l’
amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un bonheur qu’i
2203
ur-passion à la fois partagé et combattu, anxieux
d’
un bonheur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, — l’amour réci
2204
ur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, —
l’
amour réciproque malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du myth
2205
Et il est vrai qu’ils sont, l’un envers l’autre,
d’
une fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui les «
2206
n envers l’autre, d’une fidélité exemplaire. Mais
le
malheur, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l
2207
e fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que
l’
amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est d
2208
xemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui
les
« demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalit
2209
, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas
l’
amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’ai
2210
que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour
de
l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’aiment, ma
2211
ais chacun n’aime l’autre qu’à partir de soi, non
de
l’autre. Leur malheur prend ainsi sa source dans une fausse réciproci
2212
nsi sa source dans une fausse réciprocité, masque
d’
un double narcissisme. À tel point qu’à certains moments, on sent perc
2213
point qu’à certains moments, on sent percer dans
l’
excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, b
2214
u’à certains moments, on sent percer dans l’excès
de
leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avan
2215
nt percer dans l’excès de leur passion une espèce
de
haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psy
2216
dans l’excès de leur passion une espèce de haine
de
l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues
2217
ns l’excès de leur passion une espèce de haine de
l’
aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. «
2218
eur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner
l’
a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. « Élu par moi, p
2219
ne de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et
les
modernes psychologues. « Élu par moi, perdu par moi ! » chantait Isol
2220
moi ! » chantait Isolde en son amour sauvage. Et
la
chanson du marinier, du haut du mât, prédit leur sort inévitable : V
2221
haut du mât, prédit leur sort inévitable : Vers
l’
Occident erre le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent
2222
édit leur sort inévitable : Vers l’Occident erre
le
regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la
2223
évitable : Vers l’Occident erre le regard ; vers
l’
Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô
2224
rs l’Occident erre le regard ; vers l’Orient file
le
navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irland
2225
le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais,
le
vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-t
2226
rient file le navire. Frais, le vent souffle vers
la
terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma
2227
is, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille
d’
Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma voile, sont-ce tes soupir
2228
le, souffle ô vent ! Malheur, ah ! malheur, fille
d’
Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
2229
d’Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur
de
la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
2230
rlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de
la
passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’
2231
sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
le
réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on
2232
Double malheur de la passion qui fuit le réel et
la
Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on
2233
it le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel
de
l’amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort —
2234
le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
l’
amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
2235
me du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que
l’
on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
2236
essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on ne
l’
a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait — la jou
2237
ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est
la
Mort — et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de la vie. Mais
2238
désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
l’
on perd ce que l’on avait — la jouissance de la vie. Mais cette perte
2239
pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
l’
on avait — la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie
2240
c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait —
la
jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appa
2241
— et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance
de
la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, b
2242
et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de
la
vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, bien
2243
auvrissement, bien au contraire. On s’imagine que
l’
on vit davantage, plus dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
2244
us dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
l’
approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au
2245
sement, plus magnifiquement. C’est que l’approche
de
la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens
2246
ent, plus magnifiquement. C’est que l’approche de
la
mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du
2247
gnifiquement. C’est que l’approche de la mort est
l’
aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le d
2248
. C’est que l’approche de la mort est l’aiguillon
de
la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l
2249
’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de
la
sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’ag
2250
sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme,
le
désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
2251
e aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle
l’
aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
2252
désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir
de
tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage.
2253
e même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
de
se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait enc
2254
jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
de
sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, sec
2255
aufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, secouez
la
léthargie de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implaca
2256
ents, clamait encore Isolde, secouez la léthargie
de
cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implacable convoitis
2257
de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs
l’
implacable convoitise, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
2258
profondeurs l’implacable convoitise, montrez-lui
la
proie que je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez les épaves
2259
e, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
le
vaisseau, engloutissez les épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô
2260
e je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez
les
épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous le donne en
2261
Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous
le
donne en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pou
2262
ts, je vous le donne en récompense ! Attirés par
la
mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces con
2263
onne en récompense ! Attirés par la mort loin de
la
vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mai
2264
ompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui
les
pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qui les pr
2265
oin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses
de
forces contradictoires mais qui les précipitent au même vertige, les
2266
s voluptueuses de forces contradictoires mais qui
les
précipitent au même vertige, les amants ne pourront se rejoindre qu’à
2267
ctoires mais qui les précipitent au même vertige,
les
amants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
2268
mants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui
les
prive à jamais de tout espoir humain, de tout amour possible, au sein
2269
e rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
de
tout espoir humain, de tout amour possible, au sein de l’obstacle abs
2270
ant qui les prive à jamais de tout espoir humain,
de
tout amour possible, au sein de l’obstacle absolu et d’une suprême ex
2271
espoir humain, de tout amour possible, au sein de
l’
obstacle absolu et d’une suprême exaltation qui se détruit par son acc
2272
t amour possible, au sein de l’obstacle absolu et
d’
une suprême exaltation qui se détruit par son accomplissement. 12.U
2273
nous a fait pressentir certaines contradictions.
L’
hypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
2274
pressentir certaines contradictions. L’hypothèse
d’
une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de ch
2275
contradictions. L’hypothèse d’une opposition, que
l’
auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutum
2276
ypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté
d’
illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a
2277
sition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
la
loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprend
2278
que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi
de
chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre le m
2279
tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et
les
coutumes féodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces co
2280
hevalerie et les coutumes féodales, nous a permis
de
surprendre le mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre
2281
es coutumes féodales, nous a permis de surprendre
le
mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du
2282
éodales, nous a permis de surprendre le mécanisme
de
ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
2283
s. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet
de
la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle
2284
Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
la
légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle de
2285
recherche du vrai sujet de la légende. Derrière
la
préférence accordée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le
2286
la légende. Derrière la préférence accordée par
l’
auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrièr
2287
. Derrière la préférence accordée par l’auteur à
la
règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût d
2288
re la préférence accordée par l’auteur à la règle
de
chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanes
2289
dée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a
le
goût du romanesque. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l
2290
hevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière
le
goût du romanesque, il y a celui de l’amour pour lui-même. Et cela su
2291
que. Derrière le goût du romanesque, il y a celui
de
l’amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obs
2292
. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de
l’
amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obstac
2293
r lui-même. Et cela suppose une recherche secrète
de
l’obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
2294
ui-même. Et cela suppose une recherche secrète de
l’
obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’
2295
e une recherche secrète de l’obstacle favorable à
l’
amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’obstacle
2296
favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que
le
masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
2297
à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
d’
un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, q
2298
Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour
de
l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèl
2299
is ce n’est encore là que le masque d’un amour de
l’
obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle a
2300
que le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et
l’
obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure
2301
e l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
la
mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le dés
2302
le suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme
de
l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la pas
2303
suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de
l’
aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passio
2304
mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme
la
vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche su
2305
révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin,
le
désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qu
2306
’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès
le
début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui es
2307
comme la vraie fin, le désir désiré dès le début
de
la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin r
2308
mme la vraie fin, le désir désiré dès le début de
la
passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin rach
2309
fin, le désir désiré dès le début de la passion,
la
revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette a
2310
ésiré dès le début de la passion, la revanche sur
le
destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du mythe
2311
yse du mythe primitif livre quelques secrets dont
l’
importance est appréciable — mais dont la conscience commune doit reni
2312
ets dont l’importance est appréciable — mais dont
la
conscience commune doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse d
2313
ble — mais dont la conscience commune doit renier
l’
intime évidence. Que la sécheresse d’une description réduite à suivre
2314
cience commune doit renier l’intime évidence. Que
la
sécheresse d’une description réduite à suivre en ses détours la logiq
2315
doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse
d’
une description réduite à suivre en ses détours la logique interne du
2316
d’une description réduite à suivre en ses détours
la
logique interne du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je le
2317
du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je
le
sens bien, et m’en console si les résultats sont exacts ; que certain
2318
t injurieuse, je le sens bien, et m’en console si
les
résultats sont exacts ; que certaines conjectures soient discutables,
2319
que certaines conjectures soient discutables, je
l’
admettrai sans peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense d’une
2320
ent discutables, je l’admettrai sans peine devant
les
preuves ; mais quoi qu’on pense d’une interprétation que j’ai stylisé
2321
peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense
d’
une interprétation que j’ai stylisée à dessein, il demeure qu’elle nou
2322
lisée à dessein, il demeure qu’elle nous a permis
de
surprendre à l’état naissant quelques relations fondamentales qui sou
2323
il demeure qu’elle nous a permis de surprendre à
l’
état naissant quelques relations fondamentales qui sous-tendent nos de
2324
s qui sous-tendent nos destinées. Pour autant que
l’
amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus igno
2325
destinées. Pour autant que l’amour-passion rénove
le
mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la cond
2326
os vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais,
la
condamnation radicale qu’il représente pour le mariage. Nous savons,
2327
s, la condamnation radicale qu’il représente pour
le
mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que la passion est une asc
2328
u’il représente pour le mariage. Nous savons, par
la
fin du mythe, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie t
2329
le mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que
la
passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manièr
2330
e, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à
la
vie terrestre d’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la f
2331
est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre
d’
une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et
2332
e. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manière
d’
autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et que ce désir,
2333
’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend
la
forme du désir, et que ce désir, à son tour, se déguise en fatalité.
2334
amour n’est pas sans lien profond avec notre goût
de
la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la pa
2335
ur n’est pas sans lien profond avec notre goût de
la
guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passi
2336
notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que
la
passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre mode o
2337
a guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et
le
besoin de la passion, sont des aspects de notre mode occidental de co
2338
Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin
de
la passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance
2339
in, s’il est vrai que la passion, et le besoin de
la
passion, sont des aspects de notre mode occidental de connaissance, i
2340
ion, et le besoin de la passion, sont des aspects
de
notre mode occidental de connaissance, il faut en venir — au moins so
2341
assion, sont des aspects de notre mode occidental
de
connaissance, il faut en venir — au moins sous forme de question — à
2342
tion qui se révélera peut-être, en fin de compte,
la
plus fondamentale de toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est
2343
peut-être, en fin de compte, la plus fondamentale
de
toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même,
2344
plus fondamentale de toutes. Connaître à travers
la
souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques l
2345
. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas
l’
acte même, et l’audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique a
2346
avers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et
l’
audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et
2347
ouffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace,
de
nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique
2348
ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques
les
plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une de l’a
2349
? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une
de
l’autre soit cause ou effet, ou qu’elles aient une commune origine —
2350
ême langage, et chantent peut-être dans notre âme
la
même « vieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner :
2351
même « vieille et grave mélodie » orchestrée par
le
drame de Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me pa
2352
ieille et grave mélodie » orchestrée par le drame
de
Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me parle encor
2353
Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ?
La
vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
2354
épète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
d’
un examen « physionomique » des formes et des structures du Roman, nou
2355
et des structures du Roman, nous avons pu saisir
le
contenu originel du mythe, dans sa pureté fruste et grande. Deux voie
2356
oies nous tentent maintenant : l’une remonte vers
les
arrière-plans historiques et religieux du mythe, — l’autre descend du
2357
re descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-
les
l’une après l’autre, librement. Nous ferons halte ici ou là pour véri
2358
e des relations que nous venons de dégager. 2.
La
raison dont je parle ici étant l’activité profanatrice qui s’exerce a
2359
dégager. 2. La raison dont je parle ici étant
l’
activité profanatrice qui s’exerce aux dépens du sacré collectif et qu
2360
ce aux dépens du sacré collectif et qui en libère
l’
individu. Que le rationalisme soit passé au rang de doctrine officiell
2361
sacré collectif et qui en libère l’individu. Que
le
rationalisme soit passé au rang de doctrine officielle ne doit pas no
2362
’individu. Que le rationalisme soit passé au rang
de
doctrine officielle ne doit pas nous faire oublier son efficacité pro
2363
antisociale, « dissociatrice ». 3. Je résumerai
les
principaux événements du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur la
2364
ments du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur
la
concordance établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
2365
établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur
le
poème de Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Th
2366
par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
de
Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eil
2367
ier (dans son étude sur le poème de Thomas) entre
les
cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tri
2368
rsions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart,
la
Folie Tristan et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottf
2369
le : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tristan et
le
Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg e
2370
, Eilhart, la Folie Tristan et le Roman en prose.
Les
versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitat
2371
an et le Roman en prose. Les versions ultérieures
de
Gottfried de Strasbourg et de tous les imitateurs allemands, italiens
2372
ersions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et
de
tous les imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, et
2373
ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous
les
imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, etc., se ra
2374
mpte également des travaux critiques plus récents
de
MM. E. Muret et E. Vinaver. 4. « Pur belté e pur nun d’Isolt » (Thom
2375
E. Muret et E. Vinaver. 4. « Pur belté e pur nun
d’
Isolt » (Thomas). 5. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème de Tho
2376
e pur nun d’Isolt » (Thomas). 5. Toutefois, dans
l’
édition Bédier du poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le v
2377
s). 5. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème
de
Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le veneur du roi, pénétrant da
2378
u poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que
le
veneur du roi, pénétrant dans la retraite des amants « vit Tristan co
2379
nous lisons que le veneur du roi, pénétrant dans
la
retraite des amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la gr
2380
s la retraite des amants « vit Tristan couché, et
de
l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour s
2381
s amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté
de
la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à caus
2382
mants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de
la
grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à cause d
2383
n couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt.
Les
amants s’étaient couchés pour se reposer à cause de la forte chaleur,
2384
ants s’étaient couchés pour se reposer à cause de
la
forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un de l’autre parce que…
2385
la forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un
de
l’autre parce que… ». Ici le texte est interrompu ! Et Bédier dit en
2386
t ainsi séparés l’un de l’autre parce que… ». Ici
le
texte est interrompu ! Et Bédier dit en note : « Passage inintelligib
2387
ance maléfique est donc intervenue pour brouiller
le
seul texte qui pût éclaircir le mystère ? 6. Gottfried de Strasbour
2388
ue pour brouiller le seul texte qui pût éclaircir
le
mystère ? 6. Gottfried de Strasbourg insiste avec cynisme : « Ce fu
2389
nsi chose manifeste — Et avérée devant tous — Que
le
très glorieux Christ — Se plie comme une étoffe dont on s’habille — …
2390
e étoffe dont on s’habille — … Il se prête au gré
de
tous — Soit à la sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce q
2391
s’habille — … Il se prête au gré de tous — Soit à
la
sincérité soit à la tromperie — Il est toujours ce qu’on veut qu’il s
2392
prête au gré de tous — Soit à la sincérité soit à
la
tromperie — Il est toujours ce qu’on veut qu’il soit… » 7. Fauriel
2393
qu’on veut qu’il soit… » 7. Fauriel, Histoire
de
la poésie provençale, I, p. 512. 8. Précisons que : 1° elles sont ob
2394
’on veut qu’il soit… » 7. Fauriel, Histoire de
la
poésie provençale, I, p. 512. 8. Précisons que : 1° elles sont obser
2395
tour à tour, en vertu d’un calcul secret ; car si
l’
on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre, la situa
2396
’un calcul secret ; car si l’on choisissait l’une
d’
elles à l’exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop
2397
secret ; car si l’on choisissait l’une d’elles à
l’
exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2°
2398
on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale
de
l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas
2399
it l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre,
la
situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas toujours obs
2400
; 2° elles ne sont pas toujours observées : ainsi
le
péché consommé dès que les amants ont bu le philtre est un péché aux
2401
jours observées : ainsi le péché consommé dès que
les
amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois no
2402
ainsi le péché consommé dès que les amants ont bu
le
philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois non moins qu’aux ye
2403
amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de
l’
amour courtois non moins qu’aux yeux de la morale chrétienne et féodal
2404
yeux de l’amour courtois non moins qu’aux yeux de
la
morale chrétienne et féodale. Mais sans cette faute initiale, il n’y
2405
Mais sans cette faute initiale, il n’y aurait pas
de
roman du tout. 9. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour de Tris
2406
t. 9. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour
de
Tristan en Irlande. Ils se séparent sans s’aimer. — Second séjour : e
2407
éparent sans s’aimer. — Second séjour : elle veut
le
tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ; Iseut livrée. — Trist
2408
e, péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni
de
la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le «
2409
péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni de
la
cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « fla
2410
rée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous
l’
arbre. — Tristan revient à la cour. Le « flagrant délit ». Ils sont sé
2411
ur. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à
la
cour. Le « flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et
2412
z-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour.
Le
« flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et passent
2413
és. — Ils se retrouvent et passent trois ans dans
la
forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri le forestier ; Trist
2414
forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri
le
forestier ; Tristan s’éloigne. — Tristan revient déguisé en fou ; s’é
2415
en fou ; s’éloigne. — Longue séparation, mariage
de
Tristan. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résumo
2416
tan. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort
d’
Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre
2417
Iseut. Résumons encore : une seule longue période
de
réunion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (
2418
ons encore : une seule longue période de réunion (
l’
aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage d
2419
ue période de réunion (l’aspre vie) à quoi répond
la
longue période de séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le
2420
ion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période
de
séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fi
2421
e) à quoi répond la longue période de séparation (
le
mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double M
2422
épond la longue période de séparation (le mariage
de
Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre
2423
séparation (le mariage de Tristan). Auparavant :
le
Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencon
2424
mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à
la
fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 10. Dan
2425
de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin :
la
double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 10. Dans le dram
2426
hiltre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps,
de
furtives rencontres. 10. Dans le drame de Wagner, quand le roi surp
2427
; entre-temps, de furtives rencontres. 10. Dans
le
drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à s
2428
emps, de furtives rencontres. 10. Dans le drame
de
Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questi
2429
rencontres. 10. Dans le drame de Wagner, quand
le
roi surprend les amants, Tristan répond à ses questions douloureuses
2430
0. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend
les
amants, Tristan répond à ses questions douloureuses : « Ce mystère, j
2431
stions douloureuses : « Ce mystère, je ne puis te
le
révéler. Jamais tu ne pourras connaître ce que tu demandes. » Et plus
2432
réveil. Mais où ai-je fait séjour ? Je ne saurais
le
dire… C’était là où je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
2433
je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
le
vaste empire de l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est
2434
, et là où j’irai pour toujours : le vaste empire
de
l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le div
2435
t là où j’irai pour toujours : le vaste empire de
l’
éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le divin,
2436
uit. Là-bas, une science unique nous est donnée :
le
divin, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si t
2437
s, une science unique nous est donnée : le divin,
l’
éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais
2438
nce unique nous est donnée : le divin, l’éternel,
l’
originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais me comprend
2439
, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais
le
dire ! Si tu pouvais me comprendre ! »
2440
autres héritiers du xixe . Qu’on nous montre dans
la
nature, ou dans l’instinct, les esquisses grossières de faits « spiri
2441
xixe . Qu’on nous montre dans la nature, ou dans
l’
instinct, les esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt n
2442
n nous montre dans la nature, ou dans l’instinct,
les
esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt nous croyons t
2443
ure, ou dans l’instinct, les esquisses grossières
de
faits « spirituels », aussitôt nous croyons tenir une explication de
2444
ls », aussitôt nous croyons tenir une explication
de
ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstitio
2445
nous croyons tenir une explication de ces faits.
Le
plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la
2446
explication de ces faits. Le plus bas nous paraît
le
plus vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le
2447
aits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est
la
superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
2448
aît le plus vrai. C’est la superstition du temps,
la
manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui pren
2449
us vrai. C’est la superstition du temps, la manie
de
« ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour ca
2450
la superstition du temps, la manie de « ramener »
le
sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante
2451
on du temps, la manie de « ramener » le sublime à
l’
infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition
2452
s, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
l’
étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition simplemen
2453
une condition simplement nécessaire. C’est aussi
le
scrupule scientifique, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir l
2454
que, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir
l’
esprit des illusions spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt d
2455
s illusions spiritualistes. Mais je distingue mal
l’
intérêt d’un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski
2456
s spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt
d’
un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par le ha
2457
ment qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par
le
haut mal, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l
2458
r » Dostoïevski par le haut mal, et Nietzsche par
la
syphilis. Curieuse manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à l
2459
l, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière
de
libérer l’esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et
2460
sche par la syphilis. Curieuse manière de libérer
l’
esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
2461
manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à
le
nier. Mais j’ai beau dire et protester d’avance : si je constate que
2462
ène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
d’
avance : si je constate que l’instinct et le sexe connaissent une dial
2463
u dire et protester d’avance : si je constate que
l’
instinct et le sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à
2464
ester d’avance : si je constate que l’instinct et
le
sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à certains égard
2465
que spontanée, analogue à certains égards à celle
de
la passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit…
2466
spontanée, analogue à certains égards à celle de
la
passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit… Do
2467
que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
d’
objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse
2468
ffit… Donnons une page à ce genre d’objections. ⁂
L’
obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est
2469
ce genre d’objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu
le
jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas d’origine toute
2470
au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas
d’
origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse l
2471
’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder
le
plaisir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’hom
2472
te naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas
la
ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi f
2473
elle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse
la
plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi fait » qu
2474
-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et
l’
homme n’est-il pas « ainsi fait » qu’il s’impose parfois une certaine
2475
l s’impose parfois une certaine continence, quasi
d’
instinct, dans l’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de S
2476
s une certaine continence, quasi d’instinct, dans
l’
intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait a
2477
continence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même
de
l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes marié
2478
tinence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même de
l’
espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes mariés u
2479
’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur
de
Sparte, imposait aux jeunes mariés une abstinence prolongée. « C’est
2480
que — qu’ils soient toujours plus forts et dispos
de
leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir d’aimer à cœur saoul
2481
leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir
d’
aimer à cœur saoul, leur amour en demeure toujours frais, et que leurs
2482
que leurs enfants en viennent plus robustes. »11
La
chevalerie féodale, de même, honorait dans la chasteté un obstacle in
2483
11 La chevalerie féodale, de même, honorait dans
la
chasteté un obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendr
2484
onorait dans la chasteté un obstacle instinctif à
l’
instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la
2485
obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin
de
rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipli
2486
instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendre
les
guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipline est rela
2487
ur fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or
la
vertu d’une telle discipline est relative à la vie même, non à l’espr
2488
rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu
d’
une telle discipline est relative à la vie même, non à l’esprit. Elle
2489
Or la vertu d’une telle discipline est relative à
la
vie même, non à l’esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche
2490
elle discipline est relative à la vie même, non à
l’
esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eu
2491
e au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà.
L’
eugénisme d’un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au c
2492
obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eugénisme
d’
un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à l
2493
ullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à
la
meilleure propagation de l’espèce. On ne saurait voir dans ces proces
2494
u’il vise au contraire à la meilleure propagation
de
l’espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose qu
2495
l vise au contraire à la meilleure propagation de
l’
espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose que l
2496
it voir dans ces processus vitaux autre chose que
le
support physiologique de la dialectique passionnelle. Il faut bien qu
2497
s vitaux autre chose que le support physiologique
de
la dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des
2498
itaux autre chose que le support physiologique de
la
dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des co
2499
de la dialectique passionnelle. Il faut bien que
la
passion se serve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais la co
2500
ve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais
la
constatation des lois du corps n’explique nullement l’amour d’un Tris
2501
nstatation des lois du corps n’explique nullement
l’
amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’in
2502
on des lois du corps n’explique nullement l’amour
d’
un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’interventi
2503
ment l’amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend
d’
autant plus évidente l’intervention d’un facteur « étranger » seul cap
2504
an, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente
l’
intervention d’un facteur « étranger » seul capable de détourner l’ins
2505
. Elle rend d’autant plus évidente l’intervention
d’
un facteur « étranger » seul capable de détourner l’instinct de son bu
2506
tervention d’un facteur « étranger » seul capable
de
détourner l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en
2507
un facteur « étranger » seul capable de détourner
l’
instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspirati
2508
« étranger » seul capable de détourner l’instinct
de
son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfini
2509
ble de détourner l’instinct de son but naturel et
de
transformer le désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans f
2510
r l’instinct de son but naturel et de transformer
le
désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans fins vitales, vo
2511
ire à ces fins. Ces mêmes remarques vaudront pour
les
coutumes et les interdictions sacrées chez les peuplades primitives.
2512
Ces mêmes remarques vaudront pour les coutumes et
les
interdictions sacrées chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
2513
ur les coutumes et les interdictions sacrées chez
les
peuplades primitives. C’est un jeu que de retrouver l’« origine » sac
2514
s chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
de
retrouver l’« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
2515
uplades primitives. C’est un jeu que de retrouver
l’
« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman. La quête de l
2516
ne » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
La
quête de la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial
2517
ée des motifs caractéristiques du Roman. La quête
de
la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt
2518
des motifs caractéristiques du Roman. La quête de
la
fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt nup
2519
, se rattache au cérémonial du rapt nuptial, chez
les
tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non
2520
ial du rapt nuptial, chez les tribus exogamiques.
La
morale de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes be
2521
t nuptial, chez les tribus exogamiques. La morale
de
la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plu
2522
uptial, chez les tribus exogamiques. La morale de
la
prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plus a
2523
e de la prouesse est une sublimation non déguisée
de
coutumes beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité d’une sélect
2524
ée de coutumes beaucoup plus anciennes traduisant
la
nécessité d’une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
2525
s beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité
d’
une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort qu
2526
ection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
de
la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit pa
2527
ion biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de
la
mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par F
2528
ue. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que
l’
on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
2529
désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à
l’
instinct de mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes.
2530
mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct
de
mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes. Mais on ne
2531
er » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
les
plus récents biologistes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
2532
istes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
l’
apparition du mythe, et encore moins sa localisation dans notre histoi
2533
s sa localisation dans notre histoire européenne…
L’
antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut.
2534
e histoire européenne… L’antiquité n’a rien connu
de
semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les
2535
péenne… L’antiquité n’a rien connu de semblable à
l’
amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les R
2536
L’antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour
de
Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
2537
a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et
d’
Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est un
2538
our de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour
les
Grecs et les Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesu
2539
n et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et
les
Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il tran
2540
On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
l’
amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende la vo
2541
Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans
la
mesure où il transcende la volupté qui est sa fin naturelle. C’est un
2542
aladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende
la
volupté qui est sa fin naturelle. C’est une « frénésie », dit Plutarq
2543
ux, il leur faut pardonner comme étant malades… »
D’
où vient alors cette glorification de la passion, qui est justement ce
2544
t malades… » D’où vient alors cette glorification
de
la passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parl
2545
alades… » D’où vient alors cette glorification de
la
passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
2546
assion, qui est justement ce qui nous touche dans
le
Roman ? Parler de déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’
2547
stement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
de
déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoi
2548
i nous touche dans le Roman ? Parler de déviation
de
l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisémen
2549
ous touche dans le Roman ? Parler de déviation de
l’
instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisément,
2550
e l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit
de
savoir, précisément, quel est le facteur qui a pu causer cette déviat
2551
puisqu’il s’agit de savoir, précisément, quel est
le
facteur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou le Désir sans
2552
ur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou
le
Désir sans fin Platonisme, druidisme, manichéisme. Platon nous p
2553
manichéisme. Platon nous parle dans Phèdre et
le
Banquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’hume
2554
e. Platon nous parle dans Phèdre et le Banquet
d’
une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’humeurs maligne
2555
èdre et le Banquet d’une fureur qui va du corps à
l’
âme, pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’
2556
anquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour
la
troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue.
2557
fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler
d’
humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue. Mais il est
2558
pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas
l’
amour tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de
2559
’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il
le
loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de délire, qui ne s’
2560
r tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce
de
fureur, ou de délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni
2561
loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou
de
délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni ne se crée da
2562
dre pas sans quelque divinité, ni ne se crée dans
l’
âme au-dedans de nous : c’est une inspiration tout étrangère, un attra
2563
agit du dehors, un emportement, un rapt indéfini
de
la raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qu
2564
it du dehors, un emportement, un rapt indéfini de
la
raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qui s
2565
rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On
l’
appellera donc enthousiasme, ce qui signifie « endieusement », car ce
2566
signifie « endieusement », car ce délire procède
de
la divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicie
2567
gnifie « endieusement », car ce délire procède de
la
divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicien :
2568
a divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est
l’
amour platonicien : « délire divin », transport de l’âme, folie et sup
2569
l’amour platonicien : « délire divin », transport
de
l’âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé
2570
mour platonicien : « délire divin », transport de
l’
âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé « c
2571
, transport de l’âme, folie et suprême raison. Et
l’
amant est auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car l’amour es
2572
folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de
l’
être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est la voie qui monte pa
2573
Et l’amant est auprès de l’être aimé « comme dans
le
ciel », car l’amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’
2574
auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car
l’
amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique
2575
être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est
la
voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique de tout ce q
2576
l », car l’amour est la voie qui monte par degrés
d’
extase vers l’origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et
2577
ur est la voie qui monte par degrés d’extase vers
l’
origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière,
2578
i monte par degrés d’extase vers l’origine unique
de
tout ce qui existe, loin des corps et de la matière, loin de ce qui d
2579
e unique de tout ce qui existe, loin des corps et
de
la matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’
2580
nique de tout ce qui existe, loin des corps et de
la
matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’êtr
2581
de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur
d’
être soi et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir tota
2582
se et distingue, au-delà du malheur d’être soi et
d’
être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Asp
2583
au-delà du malheur d’être soi et d’être deux dans
l’
amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse
2584
heur d’être soi et d’être deux dans l’amour même.
L’
Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan relig
2585
i et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est
le
Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel
2586
l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est
l’
Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté à sa plus haute
2587
est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse,
l’
élan religieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’extrême e
2588
gieux originel porté à sa plus haute puissance, à
l’
extrême exigence de pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’
2589
é à sa plus haute puissance, à l’extrême exigence
de
pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est
2590
puissance, à l’extrême exigence de pureté qui est
l’
extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être
2591
ême exigence de pureté qui est l’extrême exigence
d’
Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa so
2592
e pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais
l’
unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa souffrante multi
2593
gence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation
de
l’être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême
2594
ce d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de
l’
être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême du
2595
re actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi
l’
élan suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d
2596
suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir.
La
dialectique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étrang
2597
ir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique
d’
Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
2598
t non-désir. La dialectique d’Éros introduit dans
la
vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel :
2599
ctique d’Éros introduit dans la vie quelque chose
de
tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un désir qui ne retom
2600
la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
de
l’attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peu
2601
vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de
l’
attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peut s
2602
ien ne peut satisfaire, qui repousse même et fuit
la
tentation de s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embras
2603
atisfaire, qui repousse même et fuit la tentation
de
s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que le To
2604
ns notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que
le
Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son di
2605
parce qu’il ne veut embrasser que le Tout. C’est
le
dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouve
2606
brasser que le Tout. C’est le dépassement infini,
l’
ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
2607
le Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension
de
l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origine
2608
Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de
l’
homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origines i
2609
vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
Les
origines iraniennes et orphiques du platonisme sont encore mal connue
2610
core mal connues mais certaines. Et par Plotin et
l’
Aréopagite, cette doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi l’
2611
doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi
l’
Orient vint rêver dans nos vies, réveillant de très vieux souvenirs. C
2612
nsi l’Orient vint rêver dans nos vies, réveillant
de
très vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident, la voix des bard
2613
, réveillant de très vieux souvenirs. Car du fond
de
notre Occident, la voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais s
2614
s vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident,
la
voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais si c’était un écho,
2615
s ou revenues du Proche-Orient — ou simplement si
la
nature humaine n’est point portée en tous lieux et tous temps à divin
2616
ormes toujours semblables. Je ne sais ce que vaut
l’
hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes c
2617
ce que vaut l’hypothèse qui assimile jusque dans
les
détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête d
2618
l’hypothèse qui assimile jusque dans les détails
les
plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à ce
2619
es plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs —
la
quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythag
2620
ques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle
de
la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration
2621
s à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de
la
Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des
2622
es Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison
d’
or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à ce
2623
la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et
les
doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des dr
2624
raal à celle de la Toison d’or — et les doctrines
de
Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des druides sur l’i
2625
a Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur
la
transmigration des âmes à celles des druides sur l’immortalité. La my
2626
transmigration des âmes à celles des druides sur
l’
immortalité. La mythologie comparée est la plus périlleuse des science
2627
des âmes à celles des druides sur l’immortalité.
La
mythologie comparée est la plus périlleuse des sciences, si l’on exce
2628
des sur l’immortalité. La mythologie comparée est
la
plus périlleuse des sciences, si l’on excepte l’étymologie dont elle
2629
comparée est la plus périlleuse des sciences, si
l’
on excepte l’étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’au
2630
la plus périlleuse des sciences, si l’on excepte
l’
étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’autre sans cess
2631
cède bien souvent : l’une et l’autre sans cesse à
la
merci du calembour le plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines con
2632
une et l’autre sans cesse à la merci du calembour
le
plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines convergences générales se
2633
rales se dégagent des travaux récents, renforçant
l’
hypothèse d’une communauté originelle des croyances religieuses en Ori
2634
agent des travaux récents, renforçant l’hypothèse
d’
une communauté originelle des croyances religieuses en Orient et en Oc
2635
uses en Orient et en Occident. ⁂ Bien avant Rome,
les
Celtes avaient conquis une grande partie de l’Europe actuelle. Venus
2636
ome, les Celtes avaient conquis une grande partie
de
l’Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est d
2637
, les Celtes avaient conquis une grande partie de
l’
Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est de l
2638
avaient mis à sac Rome et Delphes, et soumis tous
les
peuples de l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en
2639
à sac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples
de
l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et
2640
ac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples de
l’
Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en
2641
hes, et soumis tous les peuples de l’Atlantique à
la
mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en Asie Mineure (G
2642
e Mineure (Galates), préfigurant assez exactement
l’
extension de l’Empire romain, — moins les péninsules italienne et grec
2643
alates), préfigurant assez exactement l’extension
de
l’Empire romain, — moins les péninsules italienne et grecque. Or les
2644
tes), préfigurant assez exactement l’extension de
l’
Empire romain, — moins les péninsules italienne et grecque. Or les Cel
2645
xactement l’extension de l’Empire romain, — moins
les
péninsules italienne et grecque. Or les Celtes n’étaient pas une nati
2646
, — moins les péninsules italienne et grecque. Or
les
Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas d’autre « unité »
2647
eltes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas
d’
autre « unité » que celle d’une civilisation, dont le principe spiritu
2648
on. Ils n’avaient pas d’autre « unité » que celle
d’
une civilisation, dont le principe spirituel était maintenu par le col
2649
utre « unité » que celle d’une civilisation, dont
le
principe spirituel était maintenu par le collège sacerdotal des druid
2650
on, dont le principe spirituel était maintenu par
le
collège sacerdotal des druides. Ce collège à son tour n’était nulleme
2651
druides. Ce collège à son tour n’était nullement
l’
émanation des petits peuples ou tribus, mais « une institution en quel
2652
en quelque sorte internationale », commune à tous
les
peuples d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande ju
2653
orte internationale », commune à tous les peuples
d’
origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Ital
2654
ne à tous les peuples d’origine celtique, du fond
de
la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les v
2655
à tous les peuples d’origine celtique, du fond de
la
Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voya
2656
les d’origine celtique, du fond de la Bretagne et
de
l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les renc
2657
d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de
l’
Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les rencont
2658
de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure.
Les
voyages et les rencontres des druides « cimentaient l’union des peupl
2659
usqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et
les
rencontres des druides « cimentaient l’union des peuples celtiques et
2660
yages et les rencontres des druides « cimentaient
l’
union des peuples celtiques et le sentiment de leur parenté »12. Les d
2661
es « cimentaient l’union des peuples celtiques et
le
sentiment de leur parenté »12. Les druides formaient des confréries r
2662
ent l’union des peuples celtiques et le sentiment
de
leur parenté »12. Les druides formaient des confréries religieuses do
2663
es celtiques et le sentiment de leur parenté »12.
Les
druides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très
2664
uides formaient des confréries religieuses douées
de
pouvoirs très étendus. Ils étaient à la fois devins, magiciens, médec
2665
ecins, prêtres, confesseurs. Ils n’écrivaient pas
de
livres, mais donnaient un enseignement oral, en vers gnomiques, à des
2666
s gnomiques, à des élèves qu’ils gardaient auprès
d’
eux pendant vingt ans13. On a pu rapprocher ce collège sacerdotal d’in
2667
t ans13. On a pu rapprocher ce collège sacerdotal
d’
institutions tout à fait identiques chez les autres peuples indo-europ
2668
rdotal d’institutions tout à fait identiques chez
les
autres peuples indo-européens : mages iraniens, brahmanes de l’Inde,
2669
euples indo-européens : mages iraniens, brahmanes
de
l’Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le m
2670
les indo-européens : mages iraniens, brahmanes de
l’
Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même
2671
aniens, brahmanes de l’Inde, pontifes et flamines
de
Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane 14. Il e
2672
rahmanes de l’Inde, pontifes et flamines de Rome.
Le
flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane 14. Il est certai
2673
s et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs
le
même nom que le brahmane 14. Il est certain que les Celtes croyaient
2674
Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que
le
brahmane 14. Il est certain que les Celtes croyaient à une vie après
2675
e même nom que le brahmane 14. Il est certain que
les
Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très sembl
2676
certain que les Celtes croyaient à une vie après
la
mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épuré
2677
la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle
de
la terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous
2678
mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de
la
terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous d’
2679
se mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale
de
la survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute do
2680
mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale de
la
survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctr
2681
ar cette doctrine centrale de la survie des âmes,
les
Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’immortalité
2682
ltes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine
de
l’immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celt
2683
s s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de
l’
immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes,
2684
l’immortalité suppose une préoccupation tragique
de
la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la méta
2685
immortalité suppose une préoccupation tragique de
la
mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphy
2686
té suppose une préoccupation tragique de la mort.
Les
Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de l
2687
Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement
la
métaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était u
2688
ubert, « ont cultivé certainement la métaphysique
de
la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne fami
2689
rt, « ont cultivé certainement la métaphysique de
la
mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne familiè
2690
étaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur
la
mort. C’était une compagne familière dont ils se sont plu à déguiser
2691
ompagne familière dont ils se sont plu à déguiser
le
caractère inquiétant ». De même, dans leur mythologie, « l’idée de mo
2692
re inquiétant ». De même, dans leur mythologie, «
l’
idée de mort domine tout, et tout la découvre 15 ». Et cela n’est pas
2693
iétant ». De même, dans leur mythologie, « l’idée
de
mort domine tout, et tout la découvre 15 ». Et cela n’est pas sans in
2694
mythologie, « l’idée de mort domine tout, et tout
la
découvre 15 ». Et cela n’est pas sans inciter à des rapprochements tr
2695
iter à des rapprochements très précis avec ce que
l’
on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
2696
précis avec ce que l’on a dit plus haut du mythe
de
Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre par
2697
mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
le
désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries
2698
Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir
de
mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposées
2699
exprime à la fois le désir de mort. D’autre part,
les
dieux celtiques forment deux séries opposées : dieux lumineux et dieu
2700
dieux lumineux et dieux sombres. Il nous importe
de
souligner ce fait du dualisme fondamental de la religion des druides.
2701
orte de souligner ce fait du dualisme fondamental
de
la religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence d
2702
e de souligner ce fait du dualisme fondamental de
la
religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence des
2703
religion des druides. Car c’est ici que se révèle
la
convergence des mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la r
2704
mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec
la
religion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantiqu
2705
ues, et hindouistes avec la religion fondamentale
de
l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprim
2706
, et hindouistes avec la religion fondamentale de
l’
Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé,
2707
uistes avec la religion fondamentale de l’Europe.
De
l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les f
2708
tes avec la religion fondamentale de l’Europe. De
l’
Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les form
2709
ion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives
de
l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diver
2710
fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de
l’
Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diverses
2711
es de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans
les
formes les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et d
2712
antique, nous retrouvons exprimé, dans les formes
les
plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutt
2713
mes les plus diverses, ce même mystère du Jour et
de
la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lu
2714
les plus diverses, ce même mystère du Jour et de
la
Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumiè
2715
verses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et
de
leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumière incréée,
2716
our et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans
l’
homme. Il est un dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de
2717
leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu
de
Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de Ténèbres, auteur du mal,
2718
dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu
de
Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute la Création visible. Des si
2719
dieu de Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute
la
Création visible. Des siècles avant l’apparition de Manès, on peut dé
2720
mine toute la Création visible. Des siècles avant
l’
apparition de Manès, on peut déceler la même opposition dans les mytho
2721
Création visible. Des siècles avant l’apparition
de
Manès, on peut déceler la même opposition dans les mythologies indo-e
2722
cles avant l’apparition de Manès, on peut déceler
la
même opposition dans les mythologies indo-européennes. Dieux lumineux
2723
de Manès, on peut déceler la même opposition dans
les
mythologies indo-européennes. Dieux lumineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormu
2724
es mythologies indo-européennes. Dieux lumineux :
l’
Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec, l’Abellion celti
2725
umineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens,
l’
Apollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar hin
2726
a-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec,
l’
Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar hindou, l’Ahriman i
2727
ollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres :
le
Dyaus Pitar hindou, l’Ahriman iranien, le Jupiter latin, le Dispater
2728
celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar hindou,
l’
Ahriman iranien, le Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres
2729
mbres : le Dyaus Pitar hindou, l’Ahriman iranien,
le
Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nou
2730
itar hindou, l’Ahriman iranien, le Jupiter latin,
le
Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous tentent, dont l’
2731
tentent, dont l’un au moins intéresse directement
l’
objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pa
2732
dont l’un au moins intéresse directement l’objet
de
ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans r
2733
moins intéresse directement l’objet de ce livre :
la
conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dia
2734
e directement l’objet de ce livre : la conception
de
la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique plato
2735
irectement l’objet de ce livre : la conception de
la
femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonic
2736
bjet de ce livre : la conception de la femme chez
les
Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’Amou
2737
la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler
la
dialectique platonicienne de l’Amour. La femme figure aux yeux des dr
2738
st pas sans rappeler la dialectique platonicienne
de
l’Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophé
2739
pas sans rappeler la dialectique platonicienne de
l’
Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétiq
2740
rappeler la dialectique platonicienne de l’Amour.
La
femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétique. C’est
2741
x des druides un être divin et prophétique. C’est
la
Velléda des Martyrs, le fantôme lumineux qui apparaît aux regards du
2742
vin et prophétique. C’est la Velléda des Martyrs,
le
fantôme lumineux qui apparaît aux regards du général romain perdu dan
2743
s-tu que je suis fée ? », dit-elle. Éros a revêtu
les
apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qu
2744
s fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences
de
la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mé
2745
ée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de
la
Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépri
2746
Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole
de
l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terr
2747
s a revêtu les apparences de la Femme, symbole de
l’
au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrest
2748
s apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et
de
cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrestres. Mais sym
2749
delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser
les
joies terrestres. Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre l
2750
Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre
l’
attrait du sexe et le Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, «
2751
e puisqu’il tend à confondre l’attrait du sexe et
le
Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplati
2752
confondre l’attrait du sexe et le Désir sans fin.
L’
Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplation, spectacle mysté
2753
sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet
de
contemplation, spectacle mystérieux », c’était l’invitation à désirer
2754
de contemplation, spectacle mystérieux », c’était
l’
invitation à désirer ce qui est au-delà des formes incarnées. Mais ell
2755
able en soi… Et pourtant sa nature est fuyante. «
L’
Éternel féminin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme
2756
inin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : «
La
femme est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière pre
2757
raîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme est
le
but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbo
2758
, dira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but
de
l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbole l’at
2759
ira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de
l’
homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbole l’attra
2760
valis : « La femme est le but de l’homme. » Ainsi
l’
aspiration vers la lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des s
2761
est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers
la
lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes. Le grand Jou
2762
i l’aspiration vers la lumière prend pour symbole
l’
attrait nocturne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de la chair
2763
prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes.
Le
grand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que la Nuit. Mais notr
2764
urne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de
la
chair, n’est que la Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui résid
2765
rand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que
la
Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà les étoil
2766
notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà
les
étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même
2767
ux du dieu qui réside par-delà les étoiles, c’est
le
royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wa
2768
qui réside par-delà les étoiles, c’est le royaume
de
Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut s
2769
r-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater,
le
père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut sombrer, mais
2770
aume de Dispater, le père des Ombres. Et de même,
le
Tristan de Wagner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumi
2771
agner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel
de
Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passio
2772
ombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumière.
La
« Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le
2773
ciel de Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est
le
Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui mépri
2774
hante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est
le
culte d’Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volup
2775
est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte
d’
Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même
2776
our incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros,
le
Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même quand il
2777
même quand il croit aimer un être… On parle trop
de
nirvana et de bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le f
2778
croit aimer un être… On parle trop de nirvana et
de
bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l
2779
arle trop de nirvana et de bouddhisme à propos de
l’
opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’Occident n’avait pas pu f
2780
ouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si
le
fond païen de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléme
2781
opos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen
de
l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus a
2782
s de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de
l’
Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus acti
2783
de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien
les
éléments les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constate
2784
t n’avait pas pu fournir au magicien les éléments
les
plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs
2785
fournir au magicien les éléments les plus actifs
de
son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs à quel point le
2786
les plus actifs de son philtre ! Il est frappant
de
constater d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’Europe a
2787
est frappant de constater d’ailleurs à quel point
le
celtisme originel de l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux
2788
ater d’ailleurs à quel point le celtisme originel
de
l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques
2789
r d’ailleurs à quel point le celtisme originel de
l’
Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques. «
2790
oint le celtisme originel de l’Europe a survécu à
la
conquête romaine et aux invasions germaniques. « Les Gallo-Romains so
2791
conquête romaine et aux invasions germaniques. «
Les
Gallo-Romains sont restés pour la plupart des Celtes déguisés. Si bie
2792
la plupart des Celtes déguisés. Si bien qu’après
les
invasions germaniques, on vit reparaître en Gaule des modes et des go
2793
et des goûts qui avaient été ceux des Celtes.16 »
L’
art roman et les langues romanes attestent l’importance de l’héritage
2794
i avaient été ceux des Celtes.16 » L’art roman et
les
langues romanes attestent l’importance de l’héritage celtique. Plus t
2795
16 » L’art roman et les langues romanes attestent
l’
importance de l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’I
2796
man et les langues romanes attestent l’importance
de
l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de
2797
et les langues romanes attestent l’importance de
l’
héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de Bre
2798
éritage celtique. Plus tard, ce furent des moines
d’
Irlande et de Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conse
2799
que. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et
de
Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conservées justeme
2800
s des légendes bardiques conservées justement par
les
clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et la rappelèrent au culte des
2801
ées justement par les clercs — qui évangélisèrent
l’
Europe, et la rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux
2802
par les clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et
la
rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de l’
2803
culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords
de
l’époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon
2804
lte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de
l’
époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
2805
tre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
les
druides, une sorte d’unité mystique du monde indo-européen se dessine
2806
près de nous que Platon et les druides, une sorte
d’
unité mystique du monde indo-européen se dessine comme en filigrane à
2807
nde indo-européen se dessine comme en filigrane à
l’
arrière-plan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons le domaine
2808
lan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons
le
domaine géographique et historique qui va de l’Inde à la Bretagne, no
2809
sons le domaine géographique et historique qui va
de
l’Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandu
2810
s le domaine géographique et historique qui va de
l’
Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
2811
ine géographique et historique qui va de l’Inde à
la
Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue, d’une man
2812
nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
d’
une manière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle de notre ère,
2813
andue, d’une manière à vrai dire souterraine, dès
le
iiie siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour
2814
ière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle
de
notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit t
2815
e, dès le iiie siècle de notre ère, syncrétisant
l’
ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élabor
2816
re, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et
de
la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans le
2817
syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de
la
Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans les s
2818
ls s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans
les
sectes gnostiques et orphiques : et c’est la foi manichéenne. Les dif
2819
ans les sectes gnostiques et orphiques : et c’est
la
foi manichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours
2820
iques et orphiques : et c’est la foi manichéenne.
Les
difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours à définir cette relig
2821
est la foi manichéenne. Les difficultés mêmes que
l’
on éprouve de nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous
2822
nichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve
de
nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous renseigner s
2823
t partout persécutée avec une violence inouïe par
les
pouvoirs ou les orthodoxies. On affecta de voir en elle la pire menac
2824
utée avec une violence inouïe par les pouvoirs ou
les
orthodoxies. On affecta de voir en elle la pire menace sociale. Ses f
2825
e par les pouvoirs ou les orthodoxies. On affecta
de
voir en elle la pire menace sociale. Ses fidèles furent massacrés, le
2826
rs ou les orthodoxies. On affecta de voir en elle
la
pire menace sociale. Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispe
2827
és, leurs écrits dispersés et brûlés. Si bien que
les
témoignages sur lesquels elle a été jugée jusqu’à nos jours émanent p
2828
e jusqu’à nos jours émanent presque exclusivement
de
ses adversaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine de Manès (qu
2829
t de ses adversaires. Ensuite, il semble bien que
la
doctrine de Manès (qui était originaire de l’Iran) a pris, selon les
2830
ersaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine
de
Manès (qui était originaire de l’Iran) a pris, selon les peuples et l
2831
en que la doctrine de Manès (qui était originaire
de
l’Iran) a pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très
2832
que la doctrine de Manès (qui était originaire de
l’
Iran) a pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très di
2833
ès (qui était originaire de l’Iran) a pris, selon
les
peuples et leurs croyances, des formes très diverses, tantôt chrétien
2834
(Zarathustra ou Zoroastre). De plus il est permis
de
penser que les survivances celtiques dans le Midi languedocien offrir
2835
u Zoroastre). De plus il est permis de penser que
les
survivances celtiques dans le Midi languedocien offrirent à certaines
2836
rmis de penser que les survivances celtiques dans
le
Midi languedocien offrirent à certaines sectes manichéennes un terrai
2837
ichéennes un terrain spécialement favorable. Pour
les
développements qui suivront, deux faits surtout doivent être retenus
2838
ont, deux faits surtout doivent être retenus : 1°
Le
dogme fondamental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature
2839
ut doivent être retenus : 1° Le dogme fondamental
de
toutes les sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique d
2840
être retenus : 1° Le dogme fondamental de toutes
les
sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’âme, pr
2841
damental de toutes les sectes manichéennes, c’est
la
nature divine ou angélique de l’âme, prisonnière des formes créées et
2842
manichéennes, c’est la nature divine ou angélique
de
l’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Is
2843
ichéennes, c’est la nature divine ou angélique de
l’
âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu
2844
élique de l’âme, prisonnière des formes créées et
de
la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en e
2845
que de l’âme, prisonnière des formes créées et de
la
nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil
2846
’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit
de
la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et sépa
2847
e, prisonnière des formes créées et de la nuit de
la
matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
2848
formes créées et de la nuit de la matière. Issu
de
la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un
2849
rmes créées et de la nuit de la matière. Issu de
la
lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un di
2850
a lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
d’
eux. Je suis un dieu, et né des dieux Mais maintenant réduit à souffr
2851
Mais maintenant réduit à souffrir. Ainsi lamente
le
Moi spirituel d’un disciple du sauveur Manès, dans l’hymne du Destin
2852
éduit à souffrir. Ainsi lamente le Moi spirituel
d’
un disciple du sauveur Manès, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan
2853
oi spirituel d’un disciple du sauveur Manès, dans
l’
hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sa
2854
disciple du sauveur Manès, dans l’hymne du Destin
de
l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une p
2855
ciple du sauveur Manès, dans l’hymne du Destin de
l’
Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
2856
u sauveur Manès, dans l’hymne du Destin de l’Âme.
L’
élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « r
2857
ur Manès, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan
de
l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminisc
2858
Manès, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de
l’
âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscenc
2859
l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers
la
Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscence du Beau »
2860
vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
la
« réminiscence du Beau » dont parlent les dialogues platoniciens, et
2861
une part la « réminiscence du Beau » dont parlent
les
dialogues platoniciens, et d’autre part la nostalgie du héros celte r
2862
rlent les dialogues platoniciens, et d’autre part
la
nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvi
2863
rt la nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur
la
terre, et qui se souvient de l’île des immortels. Mais cet élan est s
2864
e revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient
de
l’île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalo
2865
evenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient de
l’
île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalousi
2866
mortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par
la
jalousie de Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir
2867
s cet élan est sans cesse entravé par la jalousie
de
Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans la som
2868
dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans
la
sombre matière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
2869
mne cité) qui veut retenir dans la sombre matière
l’
amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel
2870
tière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est
le
combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fond
2871
ant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
de
l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale d
2872
en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de
l’
amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des
2873
eux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et
de
l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans
2874
Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de
l’
Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans des
2875
at de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime
l’
angoisse fondamentale des anges déchus dans des corps trop humains… 2°
2876
° Il est très important et significatif pour nous
de
remarquer que la structure de la foi manichéenne « est essentiellemen
2877
ortant et significatif pour nous de remarquer que
la
structure de la foi manichéenne « est essentiellement lyrique »18. Au
2878
nificatif pour nous de remarquer que la structure
de
la foi manichéenne « est essentiellement lyrique »18. Autrement dit,
2879
icatif pour nous de remarquer que la structure de
la
foi manichéenne « est essentiellement lyrique »18. Autrement dit, qu’
2880
ntiellement lyrique »18. Autrement dit, qu’il est
de
la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rati
2881
ellement lyrique »18. Autrement dit, qu’il est de
la
nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rationa
2882
8. Autrement dit, qu’il est de la nature profonde
de
cette foi de se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnell
2883
dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi
de
se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnelle et « object
2884
is angoissée et enthousiasmante (au sens littéral
de
ce terme), d’ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la co
2885
t enthousiasmante (au sens littéral de ce terme),
d’
ordre essentiellement poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de
2886
de ce terme), d’ordre essentiellement poétique. «
La
« vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se cons
2887
d’ordre essentiellement poétique. « La « vérité »
de
la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
2888
rdre essentiellement poétique. « La « vérité » de
la
cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la
2889
ent poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et
de
la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attest
2890
poétique. « La « vérité » de la cosmogonie et de
la
théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attestée
2891
la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
la
certitude attestée par le récitatif du psaume. » Et l’on songe au sec
2892
e se constitue que dans la certitude attestée par
le
récitatif du psaume. » Et l’on songe au secret de Tristan, qu’il ne p
2893
rtitude attestée par le récitatif du psaume. » Et
l’
on songe au secret de Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement c
2894
le récitatif du psaume. » Et l’on songe au secret
de
Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement chanter… ⁂ Toute conce
2895
Toute conception dualiste, manichéenne, voit dans
la
vie des corps le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le r
2896
dualiste, manichéenne, voit dans la vie des corps
le
malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute
2897
t dans la vie des corps le malheur même ; et dans
la
mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégrati
2898
a vie des corps le malheur même ; et dans la mort
le
bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans
2899
e malheur même ; et dans la mort le bien dernier,
le
rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la l
2900
même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat
de
la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse i
2901
e ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de
la
faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indi
2902
ns la mort le bien dernier, le rachat de la faute
d’
être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction
2903
le bien dernier, le rachat de la faute d’être né,
la
réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction. Dès ici-b
2904
ute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans
la
lumineuse indistinction. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, pa
2905
on. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, par
la
mort progressive et volontaire que représente l’ascèse (aspect négati
2906
la mort progressive et volontaire que représente
l’
ascèse (aspect négatif de l’illumination), nous pouvons accéder à la L
2907
olontaire que représente l’ascèse (aspect négatif
de
l’illumination), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’
2908
ntaire que représente l’ascèse (aspect négatif de
l’
illumination), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esp
2909
égatif de l’illumination), nous pouvons accéder à
la
Lumière. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la v
2910
ination), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais
la
fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscu
2911
), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin
de
l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie pa
2912
nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de
l’
esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie par l
2913
re. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi
la
fin de la vie limitée, obscurcie par la multiplicité immédiate. Éros,
2914
s la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin
de
la vie limitée, obscurcie par la multiplicité immédiate. Éros, notre
2915
a fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de
la
vie limitée, obscurcie par la multiplicité immédiate. Éros, notre Dés
2916
est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie par
la
multiplicité immédiate. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désir
2917
notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour
les
sacrifier. L’accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et
2918
rême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier.
L’
accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur ni
2919
désirs que pour les sacrifier. L’accomplissement
de
l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur ter
2920
sirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de
l’
Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur terres
2921
tout bonheur terrestre. Considéré du point de vue
de
la vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le
2922
t bonheur terrestre. Considéré du point de vue de
la
vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le gra
2923
mour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est
le
grand fond du paganisme oriental-occidental sur lequel se détache not
2924
ccidental sur lequel se détache notre mythe. Mais
d’
où vient qu’il s’en soit « détaché » justement ? Quelle menace, quelle
2925
? Quelle menace, quelle interdiction a contraint
la
doctrine à se voiler, à ne plus s’avouer que par symboles trompeurs —
2926
mboles trompeurs — à ne plus nous séduire que par
le
charme et la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour c
2927
urs — à ne plus nous séduire que par le charme et
la
secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Pr
2928
duire que par le charme et la secrète incantation
d’
un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
2929
la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou
l’
amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean : « Au commencement
2930
ythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue
de
l’Évangile de Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole
2931
e ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de
l’
Évangile de Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole ét
2932
apè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile
de
Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Di
2933
ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
Jean
: « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, e
2934
de l’Évangile de Jean : « Au commencement était
la
Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En ell
2935
de Jean : « Au commencement était la Parole, et
la
Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était la vie
2936
était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et
la
Parole était Dieu… En elle était la vie et la vie était la lumière de
2937
avec Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était
la
vie et la vie était la lumière des hommes. La lumière lui dans les té
2938
et la Parole était Dieu… En elle était la vie et
la
vie était la lumière des hommes. La lumière lui dans les ténèbres, et
2939
était Dieu… En elle était la vie et la vie était
la
lumière des hommes. La lumière lui dans les ténèbres, et les ténèbres
2940
ait la vie et la vie était la lumière des hommes.
La
lumière lui dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. »
2941
était la lumière des hommes. La lumière lui dans
les
ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. » (I, 1-5.) Est-ce enc
2942
des hommes. La lumière lui dans les ténèbres, et
les
ténèbres ne l’ont pas reçue. » (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme é
2943
lumière lui dans les ténèbres, et les ténèbres ne
l’
ont pas reçue. » (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éternel, sans ré
2944
es ne l’ont pas reçue. » (I, 1-5.) Est-ce encore
le
dualisme éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de la Nuit
2945
st-ce encore le dualisme éternel, sans rémission,
l’
irrévocable hostilité de la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? N
2946
éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité
de
la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite d
2947
ernel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de
la
Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite du p
2948
errestre et du Jour transcendant ? Non, car voici
la
suite du passage : « Et la Parole a été faite chair, et elle a habit
2949
dant ? Non, car voici la suite du passage : « Et
la
Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâc
2950
faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine
de
grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire co
2951
, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et
de
vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloir
2952
nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme
la
gloire du Fils unique venu du Père. » (I, 14-15.) L’incarnation de l
2953
loire du Fils unique venu du Père. » (I, 14-15.)
L’
incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbr
2954
unique venu du Père. » (I, 14-15.) L’incarnation
de
la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
2955
que venu du Père. » (I, 14-15.) L’incarnation de
la
Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’é
2956
e. » (I, 14-15.) L’incarnation de la Parole dans
le
monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï
2957
-15.) L’incarnation de la Parole dans le monde —
de
la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous dé
2958
.) L’incarnation de la Parole dans le monde — de
la
Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous déliv
2959
n de la Parole dans le monde — de la Lumière dans
les
Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous délivre du malheur de
2960
onde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
l’
événement inouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est le centr
2961
est l’événement inouï qui nous délivre du malheur
de
vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’a
2962
ouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est
le
centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
2963
us délivre du malheur de vivre. Tel est le centre
de
tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture
2964
re du malheur de vivre. Tel est le centre de tout
le
christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme A
2965
e. Tel est le centre de tout le christianisme, et
le
foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans
2966
t le centre de tout le christianisme, et le foyer
de
l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent
2967
e centre de tout le christianisme, et le foyer de
l’
amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, e
2968
hristianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
l’
Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, et « naturellement » i
2969
s précédent, et « naturellement » incroyable. Car
le
fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de rel
2970
ent, et « naturellement » incroyable. Car le fait
de
l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. I
2971
, et « naturellement » incroyable. Car le fait de
l’
Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il e
2972
nt » incroyable. Car le fait de l’Incarnation est
la
négation radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scan
2973
le fait de l’Incarnation est la négation radicale
de
toute espèce de religion. Il est le suprême scandale, non seulement p
2974
arnation est la négation radicale de toute espèce
de
religion. Il est le suprême scandale, non seulement pour notre raison
2975
tion radicale de toute espèce de religion. Il est
le
suprême scandale, non seulement pour notre raison qui n’admet point c
2976
ison qui n’admet point cette impensable confusion
de
l’infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. To
2977
n qui n’admet point cette impensable confusion de
l’
infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. Toute
2978
nfusion de l’infini et du fini, mais surtout pour
l’
esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à subli
2979
s surtout pour l’esprit religieux naturel. Toutes
les
religions connues tendent à sublimer l’homme, et aboutissent à condam
2980
. Toutes les religions connues tendent à sublimer
l’
homme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalt
2981
mme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ».
Le
dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir
2982
nie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs,
les
rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but fina
2983
s rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à
les
nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du
2984
ant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier.
Le
but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. L
2985
ésir unique, qui aboutit à les nier. Le but final
de
cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le
2986
es nier. Le but final de cette dialectique, c’est
la
non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’
2987
but final de cette dialectique, c’est la non-vie,
la
mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé q
2988
dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps.
La
Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la
2989
e, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et
le
Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la Nuit, ne p
2990
du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles,
l’
homme créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en ce
2991
tant incompatibles, l’homme créé qui appartient à
la
Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant d’être, en se « perdant
2992
me créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver
de
salut qu’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de la divinité.
2993
à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant
d’
être, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais le christianisme,
2994
u’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de
la
divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’incarnation du Ch
2995
e, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais
le
christianisme, par son dogme de l’incarnation du Christ dans Jésus, r
2996
la divinité. Mais le christianisme, par son dogme
de
l’incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fon
2997
divinité. Mais le christianisme, par son dogme de
l’
incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fond e
2998
du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique
de
fond en comble. Au lieu que la mort soit le terme dernier, elle devie
2999
cette dialectique de fond en comble. Au lieu que
la
mort soit le terme dernier, elle devient la première condition. Ce qu
3000
tique de fond en comble. Au lieu que la mort soit
le
terme dernier, elle devient la première condition. Ce que l’Évangile
3001
rnier, elle devient la première condition. Ce que
l’
Évangile appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une vie nouvell
3002
que l’Évangile appelle « mort à soi-même », c’est
le
début d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esp
3003
ngile appelle « mort à soi-même », c’est le début
d’
une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors
3004
but d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas
la
fuite de l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du
3005
vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite
de
l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! U
3006
e nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de
l’
esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! Une
3007
nde ! Une recréation immédiate. Une réaffirmation
de
la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéal
3008
! Une recréation immédiate. Une réaffirmation de
la
vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale,
3009
iate. Une réaffirmation de la vie, non pas certes
de
la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente
3010
e. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de
la
vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente qu
3011
ie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas
de
la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
3012
non pas certes de la vie ancienne, et non pas de
la
vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le
3013
a vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais
de
la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est f
3014
ie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de
la
vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait
3015
pas de la vie idéale, mais de la vie présente que
l’
Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homm
3016
de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
le
vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-
3017
e vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En
la
personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumiè
3018
— s’est fait homme, et vrai homme. En la personne
de
Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout
3019
e, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ,
les
ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme
3020
Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu »
la
lumière. Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit
3021
raiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né
de
femme qui croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant : mort à soi-
3022
Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît
de
l’esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant qu
3023
tout homme né de femme qui croit cela, renaît de
l’
esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant que l
3024
nt : mort à soi-même et mort au monde en tant que
le
moi et le monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en t
3025
à soi-même et mort au monde en tant que le moi et
le
monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que l’
3026
rs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que
l’
Esprit veut les sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétu
3027
à soi-même et au monde en tant que l’Esprit veut
les
sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’a
3028
en tant que l’Esprit veut les sauver. Désormais,
l’
amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-de
3029
mais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus
de
l’acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la v
3030
s, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de
l’
acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie.
3031
et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà
de
la mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’am
3032
perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de
la
mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour
3033
ence au-delà de la mort, mais il se retourne vers
la
vie. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
3034
s il se retourne vers la vie. Et cette conversion
de
l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était
3035
l se retourne vers la vie. Et cette conversion de
l’
amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu
3036
e. Et cette conversion de l’amour fait apparaître
le
prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire,
3037
sion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
l’
Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’
3038
l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros,
la
créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’enflamme
3039
re n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion
de
s’enflammer ; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque le but é
3040
; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque
le
but était de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’êt
3041
ait aussitôt s’en déprendre, puisque le but était
de
brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulie
3042
re, puisque le but était de brûler toujours plus,
de
brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulier n’était guère qu’un déf
3043
ûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir !
L’
être particulier n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement de l
3044
n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement
de
l’Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n
3045
était guère qu’un défaut et un obscurcissement de
l’
Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’ét
3046
t et un obscurcissement de l’Être unique. Comment
l’
aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme
3047
ique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ?
Le
salut n’étant qu’au-delà, l’homme religieux se détournait des créatur
3048
t, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà,
l’
homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mai
3049
ournait des créatures ignorées par son dieu. Mais
le
Dieu des chrétiens — et lui seul, parmi tous les dieux que l’on conna
3050
s le Dieu des chrétiens — et lui seul, parmi tous
les
dieux que l’on connaît — ne s’est pas détourné, au contraire ; « Il n
3051
chrétiens — et lui seul, parmi tous les dieux que
l’
on connaît — ne s’est pas détourné, au contraire ; « Il nous a aimés l
3052
notre forme et nos limitations. Il a été jusqu’à
les
revêtir. Et revêtant la condition de l’homme pécheur et séparé, mais
3053
ations. Il a été jusqu’à les revêtir. Et revêtant
la
condition de l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se d
3054
été jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition
de
l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amo
3055
jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de
l’
homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
3056
r et séparé, mais sans pécher et sans se diviser,
l’
Amour de Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
3057
aré, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
de
Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanct
3058
s a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle
de
la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fu
3059
ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
la
sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite
3060
dicalement nouvelle : celle de la sanctification.
Le
contraire de la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà
3061
uvelle : celle de la sanctification. Le contraire
de
la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
3062
lle : celle de la sanctification. Le contraire de
la
sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de la
3063
ui n’était que fuite illusoire au-delà du concret
de
la vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transf
3064
n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
la
vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transform
3065
mer devient alors une action positive, une action
de
transformation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’amour chr
3066
ive, une action de transformation. Éros cherchait
le
dépassement à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans le prése
3067
e transformation. Éros cherchait le dépassement à
l’
infini. L’amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Die
3068
mation. Éros cherchait le dépassement à l’infini.
L’
amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Dieu, c’est o
3069
à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans
le
présent. Car aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous
3070
r aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne
de
nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’e
3071
c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer
les
uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
3072
éir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns
les
autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïs
3073
autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est
l’
abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
3074
ue signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon
de
l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme i
3075
signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
l’
égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isol
3076
os ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi
de
désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est auss
3077
C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et
d’
angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissan
3078
me, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort
de
l’homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui
3079
du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
l’
homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui lui
3080
c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi
la
naissance du prochain. À ceux qui lui demandaient ironiquement : Qui
3081
ent : Qui est mon prochain ? Jésus répond : c’est
l’
homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant
3082
chain ? Jésus répond : c’est l’homme qui a besoin
de
vous. Tous les rapports humains, dès cet instant, changent de sens. L
3083
répond : c’est l’homme qui a besoin de vous. Tous
les
rapports humains, dès cet instant, changent de sens. Le nouveau symbo
3084
s les rapports humains, dès cet instant, changent
de
sens. Le nouveau symbole de l’Amour ce n’est plus la passion infinie
3085
ports humains, dès cet instant, changent de sens.
Le
nouveau symbole de l’Amour ce n’est plus la passion infinie de l’âme
3086
cet instant, changent de sens. Le nouveau symbole
de
l’Amour ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière
3087
instant, changent de sens. Le nouveau symbole de
l’
Amour ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière, m
3088
sens. Le nouveau symbole de l’Amour ce n’est plus
la
passion infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage d
3089
mbole de l’Amour ce n’est plus la passion infinie
de
l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Ég
3090
le de l’Amour ce n’est plus la passion infinie de
l’
âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Églis
3091
e n’est plus la passion infinie de l’âme en quête
de
lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’amour huma
3092
infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est
le
mariage du Christ et de l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve
3093
te de lumière, mais c’est le mariage du Christ et
de
l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
3094
de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de
l’
Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les
3095
, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église.
L’
amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les mystiques
3096
umain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
les
mystiques païennes le sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en mêm
3097
uve transformé. Tandis que les mystiques païennes
le
sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
3098
maient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps
le
vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là
3099
en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
la
mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie
3100
un dieu, et en même temps le vouaient à la mort,
le
christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le m
3101
ême temps le vouaient à la mort, le christianisme
le
replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le mariage. Un tel am
3102
e christianisme le replace dans son ordre, et là,
le
sanctifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’am
3103
e replace dans son ordre, et là, le sanctifie par
le
mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’amour du Christ pou
3104
tifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à
l’
image de l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5, 25), peut être vr
3105
r le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image
de
l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5, 25), peut être vraiment r
3106
e mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de
l’
amour du Christ pour son Église (Éph., 5, 25), peut être vraiment réci
3107
r il aime l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer
l’
idée de l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux
3108
me l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée
de
l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se mar
3109
l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée de
l’
amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier
3110
élicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier que
de
brûler », écrit saint Paul aux Corinthiens.) De plus, c’est un amour
3111
thiens.) De plus, c’est un amour heureux — malgré
les
entraves du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
3112
es du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans
l’
obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la
3113
puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
la
plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à
3114
naît dès ici-bas, dans l’obéissance, la plénitude
de
son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême
3115
, dans l’obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂
Le
dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutis
3116
plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et
de
la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue d
3117
énitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de
la
Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue de l
3118
son extrême logique, aboutissait, du point de vue
de
la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un
3119
extrême logique, aboutissait, du point de vue de
la
vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un ma
3120
oint de vue de la vie, au malheur absolu, qui est
la
mort. Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme sépar
3121
ue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort.
Le
christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de Dieu
3122
Le christianisme n’est un malheur mortel que pour
l’
homme séparé de Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès ce
3123
e n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé
de
Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le
3124
heur recréateur et bienheureux dès cette vie pour
le
croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident Est-il po
3125
eureux dès cette vie pour le croyant que « saisit
le
salut ». 4.Orient et Occident Est-il possible de définir l’Orie
3126
lut ». 4.Orient et Occident Est-il possible
de
définir l’Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présen
3127
.Orient et Occident Est-il possible de définir
l’
Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un pro
3128
ccident Est-il possible de définir l’Orient et
l’
Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un problème aussi
3129
le de définir l’Orient et l’Occident en dehors de
la
géographie ? En présence d’un problème aussi complexe, et en l’absenc
3130
? En présence d’un problème aussi complexe, et en
l’
absence de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivai
3131
nce d’un problème aussi complexe, et en l’absence
de
toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que de s
3132
n l’absence de toute réponse satisfaisante, c’est
l’
honnêteté d’un écrivain que de se borner à déclarer son système person
3133
de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté
d’
un écrivain que de se borner à déclarer son système personnel de référ
3134
atisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que
de
se borner à déclarer son système personnel de références. Ce que j’ap
3135
que de se borner à déclarer son système personnel
de
références. Ce que j’appelle Orient, dans cet ouvrage, c’est une tend
3136
elle Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance
de
l’esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pur
3137
e Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance de
l’
esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pures
3138
ndance de l’esprit humain qui a trouvé du côté de
l’
Asie ses plus hautes et pures expressions. J’entends parler d’une form
3139
lus hautes et pures expressions. J’entends parler
d’
une forme de mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et m
3140
t pures expressions. J’entends parler d’une forme
de
mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et moniste dans
3141
et moniste dans son accomplissement. À quoi tend
l’
ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à l’absorption de tous
3142
lissement. À quoi tend l’ascèse « orientale » ? À
la
négation du divers, à l’absorption de tous en Un, à la fusion totale
3143
ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à
l’
absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y
3144
ntale » ? À la négation du divers, à l’absorption
de
tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de die
3145
gation du divers, à l’absorption de tous en Un, à
la
fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le
3146
absorption de tous en Un, à la fusion totale avec
le
dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Êtr
3147
la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas
de
dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Tout cela s
3148
ec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans
le
bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Tout cela suppose une Sagesse,
3149
n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec
l’
Être-Un universel. Tout cela suppose une Sagesse, une technique de l’i
3150
sel. Tout cela suppose une Sagesse, une technique
de
l’illumination progressive — les yogas par exemple — une montée de l’
3151
. Tout cela suppose une Sagesse, une technique de
l’
illumination progressive — les yogas par exemple — une montée de l’ind
3152
se, une technique de l’illumination progressive —
les
yogas par exemple — une montée de l’individu vers l’Unité, où il se p
3153
progressive — les yogas par exemple — une montée
de
l’individu vers l’Unité, où il se perd. Et j’appellerai « occidentale
3154
ogressive — les yogas par exemple — une montée de
l’
individu vers l’Unité, où il se perd. Et j’appellerai « occidentale »
3155
yogas par exemple — une montée de l’individu vers
l’
Unité, où il se perd. Et j’appellerai « occidentale » une conception r
3156
qu’en Occident : celle qui pose qu’entre Dieu et
l’
homme, il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaard « un
3157
t l’homme, il existe un abîme essentiel, ou comme
le
dira Kierkegaard « une différence qualitative infinie ». Donc point d
3158
une différence qualitative infinie ». Donc point
de
fusion possible, ni d’union substantielle. Mais seulement une communi
3159
tive infinie ». Donc point de fusion possible, ni
d’
union substantielle. Mais seulement une communion, dont le modèle est
3160
substantielle. Mais seulement une communion, dont
le
modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Cela suppo
3161
seulement une communion, dont le modèle est dans
le
mariage de l’Église et de son Seigneur. Cela suppose une illumination
3162
une communion, dont le modèle est dans le mariage
de
l’Église et de son Seigneur. Cela suppose une illumination subite, ou
3163
communion, dont le modèle est dans le mariage de
l’
Église et de son Seigneur. Cela suppose une illumination subite, ou co
3164
dont le modèle est dans le mariage de l’Église et
de
son Seigneur. Cela suppose une illumination subite, ou conversion, un
3165
illumination subite, ou conversion, une descente
de
la Grâce venant de Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l
3166
lumination subite, ou conversion, une descente de
la
Grâce venant de Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on
3167
e, ou conversion, une descente de la Grâce venant
de
Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de p
3168
ersion, une descente de la Grâce venant de Dieu à
l’
homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de peine à dém
3169
Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués,
l’
on n’aura pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuse
3170
Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas
de
peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuses tendances occi
3171
a pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient
de
nombreuses tendances occidentales ; et l’inverse. (Mais je ne fais pa
3172
Orient de nombreuses tendances occidentales ; et
l’
inverse. (Mais je ne fais pas ici une histoire des religions.) ⁂ Maint
3173
gions.) ⁂ Maintenant, rappelons-nous qu’Éros veut
l’
union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
3174
rappelons-nous qu’Éros veut l’union, c’est-à-dire
la
fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’individu distinct —
3175
veut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle
de
l’individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureu
3176
ut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de
l’
individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse
3177
t-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans
le
dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever
3178
la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
L’
individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever jusqu’à s
3179
ouloureuse — doit s’élever jusqu’à se perdre dans
la
divine perfection. Que l’homme ne s’attache pas aux créatures, puisqu
3180
jusqu’à se perdre dans la divine perfection. Que
l’
homme ne s’attache pas aux créatures, puisqu’elles n’ont aucune excell
3181
ticulières, elles ne représentent que des défauts
de
l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amo
3182
ulières, elles ne représentent que des défauts de
l’
Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amour
3183
ue des défauts de l’Être. Nous n’avons donc point
de
prochain. Et l’exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, l
3184
e l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et
l’
exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène
3185
s n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation
de
l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la
3186
’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de
l’
Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vi
3187
ltation de l’Amour sera en même temps son ascèse,
la
voie qui mène au-delà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l
3188
n même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà
de
la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au
3189
ême temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de
la
vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-de
3190
elà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas
l’
union qui s’opérerait au-delà de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu
3191
re ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà
de
la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort
3192
ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de
la
vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se
3193
à de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur
la
terre. » Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, m
3194
u es sur la terre. » Et ton sort se joue ici-bas.
Le
péché n’est pas d’être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autono
3195
» Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas
d’
être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne tro
3196
joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, mais
d’
avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne trouverons pas Dieu
3197
e trouverons pas Dieu par une élévation indéfinie
de
notre désir. Nous aurons beau sublimer notre Éros, il ne sera jamais
3198
re Éros, il ne sera jamais que nous-mêmes ! Point
d’
illusions ni d’optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais
3199
sera jamais que nous-mêmes ! Point d’illusions ni
d’
optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est l
3200
s ! Point d’illusions ni d’optimisme humain, dans
le
christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait l
3201
ans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est
le
désespoir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouve
3202
odoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait
le
désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle,
3203
poir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas
la
Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle, c’est que Dieu nous cherche. Et i
3204
béissant. Dieu nous cherche et nous a trouvés par
l’
amour de son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe his
3205
. Dieu nous cherche et nous a trouvés par l’amour
de
son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe historique
3206
vés par l’amour de son Fils abaissé jusqu’à nous.
L’
Incarnation est le signe historique d’une création renouvelée, où le c
3207
son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est
le
signe historique d’une création renouvelée, où le croyant se trouve r
3208
squ’à nous. L’Incarnation est le signe historique
d’
une création renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par l’acte
3209
le signe historique d’une création renouvelée, où
le
croyant se trouve réintégré par l’acte même de sa foi. Désormais, par
3210
renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par
l’
acte même de sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire ré
3211
où le croyant se trouve réintégré par l’acte même
de
sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’
3212
, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié,
l’
homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plu
3213
homme qui ne vit plus pour lui seul. « Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
3214
t ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
l’
amour du prochain que le chrétien se réalise et s’aime lui-même en vér
3215
-même. » C’est ainsi dans l’amour du prochain que
le
chrétien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
3216
ien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour
l’
Agapè, point de fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amou
3217
et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
de
fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’o
3218
-même en vérité. Pour l’Agapè, point de fusion ni
d’
exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’une
3219
e fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu.
L’
Amour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’a
3220
tée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est
l’
origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communio
3221
ution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine
d’
une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour
3222
mour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont
l’
acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il y ait une communio
3223
’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle
la
communion. Et pour qu’il y ait une communion réelle, il faut bien qu’
3224
présents l’un à l’autre : donc l’un pour l’autre
le
prochain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus
3225
l’autre : donc l’un pour l’autre le prochain. Si
l’
Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus comme un prétext
3226
r l’autre le prochain. Si l’Agapè reconnaît seule
le
prochain, et l’aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel
3227
chain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et
l’
aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans l
3228
un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans
la
réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de
3229
e à s’exalter, mais tel qu’il est dans la réalité
de
sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain —
3230
s tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et
de
son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en dr
3231
éalité de sa détresse et de son espérance ; et si
l’
Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en droit de conclure que cette
3232
tresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas
de
prochain — n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’amour
3233
’Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en droit
de
conclure que cette forme d’amour nommée passion doit normalement se d
3234
n’est-on pas en droit de conclure que cette forme
d’
amour nommée passion doit normalement se développer au sein des peuple
3235
es peuples qui adorent Éros ? Et qu’au contraire,
les
peuples chrétiens — historiquement les peuples d’Occident — ne devrai
3236
contraire, les peuples chrétiens — historiquement
les
peuples d’Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout a
3237
es peuples chrétiens — historiquement les peuples
d’
Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout au moins la
3238
s peuples d’Occident — ne devraient pas connaître
la
passion, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nou
3239
raient pas connaître la passion, ou tout au moins
la
traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’e
3240
connaître la passion, ou tout au moins la traiter
d’
incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est l’invers
3241
on, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or
l’
Histoire nous oblige à le constater : c’est l’inverse qui s’est réalis
3242
raiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à
le
constater : c’est l’inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orie
3243
Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est
l’
inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient (Appendice 4), et
3244
. Nous voyons qu’en Orient (Appendice 4), et dans
la
Grèce contemporaine de Platon, l’amour humain est très généralement c
3245
ent (Appendice 4), et dans la Grèce contemporaine
de
Platon, l’amour humain est très généralement conçu comme le plaisir,
3246
ice 4), et dans la Grèce contemporaine de Platon,
l’
amour humain est très généralement conçu comme le plaisir, la simple v
3247
l’amour humain est très généralement conçu comme
le
plaisir, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique
3248
ain est très généralement conçu comme le plaisir,
la
simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique et douloure
3249
comme le plaisir, la simple volupté physique. Et
la
passion — au sens tragique et douloureux — non seulement y est rare,
3250
t rare, mais encore et surtout y est méprisée par
la
morale courante comme une maladie frénétique. « Aucuns pensent que c’
3251
ous voyons qu’en Occident, au xiie siècle, c’est
le
mariage qui est en butte au mépris, tandis que la passion est glorifi
3252
le mariage qui est en butte au mépris, tandis que
la
passion est glorifiée dans la mesure même où elle est déraisonnable,
3253
mépris, tandis que la passion est glorifiée dans
la
mesure même où elle est déraisonnable, où elle fait souffrir, où elle
3254
où elle exerce ses ravages aux dépens du monde et
de
soi. L’identification des éléments religieux dont nous avions décelé
3255
exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi.
L’
identification des éléments religieux dont nous avions décelé la prése
3256
on des éléments religieux dont nous avions décelé
la
présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction
3257
eligieux dont nous avions décelé la présence dans
le
mythe nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre l
3258
onc à constater une contradiction flagrante entre
les
doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette co
3259
ne contradiction flagrante entre les doctrines et
les
mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette contradiction flagr
3260
les doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans
le
fait même de cette contradiction flagrante que résiderait l’explicati
3261
s et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même
de
cette contradiction flagrante que résiderait l’explication du mythe ?
3262
e de cette contradiction flagrante que résiderait
l’
explication du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs
3263
du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans
les
mœurs occidentales Pour introduire plus de clarté dans ce dédale d
3264
ns les mœurs occidentales Pour introduire plus
de
clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai le schéma suivant :
3265
clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai
le
schéma suivant : doctrine application théorique réalisation
3266
rare et méprisée. Christianisme Communion (pas
d’
union essentielle). Amour du prochain. (Mariage heureux.) Conflits dou
3267
eureux.) Conflits douloureux, passion exaltée.
Le
principe d’explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme,
3268
flits douloureux, passion exaltée. Le principe
d’
explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de
3269
ux, passion exaltée. Le principe d’explication
de
ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de Platon et dur
3270
ipe d’explication de ce tableau est assez simple.
Le
platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut
3271
mple. Le platonisme, au temps de Platon et durant
les
siècles suivants, ne fut jamais une doctrine populaire, mais une sage
3272
e ésotérique. Il en alla de même, plus tard, pour
les
mystères manichéens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi le c
3273
éens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi
le
christianisme triompha. La primitive Église fut une communauté de fai
3274
x des Celtes. Sur quoi le christianisme triompha.
La
primitive Église fut une communauté de faibles et de méprisés. Mais à
3275
triompha. La primitive Église fut une communauté
de
faibles et de méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereu
3276
primitive Église fut une communauté de faibles et
de
méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereurs carolingien
3277
s empereurs carolingiens, ses doctrines devinrent
l’
apanage des princes et des classes dominantes, qui les imposèrent par
3278
panage des princes et des classes dominantes, qui
les
imposèrent par la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les
3279
et des classes dominantes, qui les imposèrent par
la
force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances
3280
ominantes, qui les imposèrent par la force à tous
les
peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulé
3281
ui les imposèrent par la force à tous les peuples
d’
Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulées devinren
3282
la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors,
les
vieilles croyances païennes refoulées devinrent le refuge et l’espéra
3283
s vieilles croyances païennes refoulées devinrent
le
refuge et l’espérance des tendances naturelles, non converties, et br
3284
oyances païennes refoulées devinrent le refuge et
l’
espérance des tendances naturelles, non converties, et brimées par la
3285
dances naturelles, non converties, et brimées par
la
loi nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’un
3286
, non converties, et brimées par la loi nouvelle.
Le
mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’une signification u
3287
i nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour
les
Anciens qu’une signification utilitaire, et limitée. Les coutumes per
3288
iens qu’une signification utilitaire, et limitée.
Les
coutumes permettaient le concubinat19. Tandis que le mariage chrétien
3289
utilitaire, et limitée. Les coutumes permettaient
le
concubinat19. Tandis que le mariage chrétien, en devenant un sacremen
3290
coutumes permettaient le concubinat19. Tandis que
le
mariage chrétien, en devenant un sacrement, imposait une fidélité ins
3291
sacrement, imposait une fidélité insupportable à
l’
homme naturel. Supposons le cas du converti par force. Engagé malgré l
3292
délité insupportable à l’homme naturel. Supposons
le
cas du converti par force. Engagé malgré lui dans un cadre chrétien,
3293
ui dans un cadre chrétien, mais privé des secours
d’
une foi réelle, un tel homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalt
3294
homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalter
la
révolte du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
3295
du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous
le
couvert de formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques
3296
bare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
de
formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques païennes c
3297
ir, sous le couvert de formes catholiques, toutes
les
reviviscences des mystiques païennes capables de le « libérer ». C’es
3298
les reviviscences des mystiques païennes capables
de
le « libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avo
3299
reviviscences des mystiques païennes capables de
le
« libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avons
3300
ennes capables de le « libérer ». C’est ainsi que
les
doctrines secrètes, dont nous avons rappelé la parenté, ne devinrent
3301
e les doctrines secrètes, dont nous avons rappelé
la
parenté, ne devinrent largement vivantes en Occident que dans les siè
3302
devinrent largement vivantes en Occident que dans
les
siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel.
3303
ans les siècles où elles se virent condamnées par
le
christianisme officiel. Et c’est ainsi que l’amour-passion, forme ter
3304
par le christianisme officiel. Et c’est ainsi que
l’
amour-passion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit la psyché d
3305
nsi que l’amour-passion, forme terrestre du culte
de
l’Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du m
3306
que l’amour-passion, forme terrestre du culte de
l’
Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mari
3307
sion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit
la
psyché des élites mal converties et souffrant du mariage. Mais cette
3308
ette ferveur renouvelée pour un dieu condamné par
l’
Église ne pouvait s’avouer au grand jour. Elle revêtit des formes ésot
3309
rmes ésotériques, se déguisa en hérésies secrètes
d’
apparences plus ou moins orthodoxes. Ces hérésies se propagèrent très
3310
. Ces hérésies se propagèrent très rapidement dès
le
début du xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans le clergé,
3311
xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans
le
clergé, où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manièr
3312
s’insinuèrent d’une part dans le clergé, où nous
les
retrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
3313
où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées
de
la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre
3314
nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de
la
manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre pa
3315
etrouverons un peu plus tard mêlées de la manière
la
plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre part, elles t
3316
plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
la
grande renaissance mystique. D’autre part, elles trouvaient des compl
3317
elles trouvaient des complaisances profondes dans
la
mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Ce
3318
la mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt
la
société féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et la
3319
été féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours
l’
origine et la portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode
3320
Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et
la
portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle a
3321
sait pas toujours l’origine et la portée mystique
de
valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle accommodait à ses pl
3322
laisirs. Elle ne devait pas tarder à matérialiser
les
préceptes d’une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par
3323
ne devait pas tarder à matérialiser les préceptes
d’
une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par son refus de
3324
ourtant s’opposait au christianisme par son refus
de
l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul
3325
tant s’opposait au christianisme par son refus de
l’
Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul ex
3326
l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour
l’
instant qu’un seul exemple de ce processus si typiquement occidental,
3327
Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul exemple
de
ce processus si typiquement occidental, et qui consiste à garder le s
3328
typiquement occidental, et qui consiste à garder
le
signe matériel d’une religion dont on trahit l’esprit. Platon liait l
3329
ental, et qui consiste à garder le signe matériel
d’
une religion dont on trahit l’esprit. Platon liait l’Amour à la Beauté
3330
r le signe matériel d’une religion dont on trahit
l’
esprit. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entenda
3331
ne religion dont on trahit l’esprit. Platon liait
l’
Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’e
3332
n dont on trahit l’esprit. Platon liait l’Amour à
la
Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence int
3333
l’esprit. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais
la
Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de l
3334
. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord
l’
essence intellectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute
3335
tendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle
de
la perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est deven
3336
dait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de
la
perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est devenue
3337
essence intellectuelle de la perfection incréée :
l’
idée même de toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nou
3338
llectuelle de la perfection incréée : l’idée même
de
toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nous ? « Person
3339
ne saurait dire jusqu’à quelles couches profondes
de
l’humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’h
3340
saurait dire jusqu’à quelles couches profondes de
l’
humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homm
3341
e jusqu’à quelles couches profondes de l’humanité
d’
Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme le plus s
3342
es profondes de l’humanité d’Occident ont pénétré
les
conceptions platoniciennes. L’homme le plus simple use couramment d’e
3343
ident ont pénétré les conceptions platoniciennes.
L’
homme le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui re
3344
t pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme
le
plus simple use couramment d’expressions et de notions qui remontent
3345
oniciennes. L’homme le plus simple use couramment
d’
expressions et de notions qui remontent à Platon. »20 Mais il en abuse
3346
me le plus simple use couramment d’expressions et
de
notions qui remontent à Platon. »20 Mais il en abuse dans le sens où
3347
qui remontent à Platon. »20 Mais il en abuse dans
le
sens où l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonis
3348
nt à Platon. »20 Mais il en abuse dans le sens où
l’
incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonisme vulgaire
3349
s il en abuse dans le sens où l’incline sa nature
d’
Occidental. C’est ainsi que le platonisme vulgaire nous a conduits à u
3350
l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que
le
platonisme vulgaire nous a conduits à une terrible confusion : à cett
3351
duits à une terrible confusion : à cette idée que
l’
amour dépend avant tout de la beauté physique — alors qu’en fait cette
3352
sion : à cette idée que l’amour dépend avant tout
de
la beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’a
3353
n : à cette idée que l’amour dépend avant tout de
la
beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’attr
3354
ue — alors qu’en fait cette beauté même n’est que
l’
attribut conféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérie
3355
ette beauté même n’est que l’attribut conféré par
l’
amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre
3356
é même n’est que l’attribut conféré par l’amant à
l’
objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
3357
’est que l’attribut conféré par l’amant à l’objet
de
son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour
3358
tribut conféré par l’amant à l’objet de son choix
d’
amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son
3359
nféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour.
L’
expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son objet »,
3360
amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
l’
amour embellit son objet », et que la beauté « officielle » n’est pas
3361
e bien que « l’amour embellit son objet », et que
la
beauté « officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais le platonis
3362
et que la beauté « officielle » n’est pas un gage
d’
être aimé. Mais le platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend ave
3363
officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais
le
platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
3364
e dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à
la
réalité de l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la ren
3365
qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
de
l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimab
3366
i nous obsède, nous rend aveugles à la réalité de
l’
objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimable.
3367
objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous
la
rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite de chimères qui n’e
3368
bien nous la rend peu aimable. Et il nous jette à
la
poursuite de chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vi
3369
rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite
de
chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vient ce succès
3370
chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore,
d’
où vient ce succès et cette permanence invincible de l’erreur héritée
3371
où vient ce succès et cette permanence invincible
de
l’erreur héritée d’un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans
3372
vient ce succès et cette permanence invincible de
l’
erreur héritée d’un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans le
3373
t cette permanence invincible de l’erreur héritée
d’
un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homm
3374
un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans
le
cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental de très obscu
3375
n mal compris ? C’est qu’elle trouve dans le cœur
de
tout homme — et spécialement de tout Occidental de très obscures comp
3376
ouve dans le cœur de tout homme — et spécialement
de
tout Occidental de très obscures complicités. Souvenons-nous du culte
3377
e tout homme — et spécialement de tout Occidental
de
très obscures complicités. Souvenons-nous du culte druidique pour la
3378
mplicités. Souvenons-nous du culte druidique pour
la
Femme, être prophétique, « éternel féminin », « but de l’homme ». Les
3379
mme, être prophétique, « éternel féminin », « but
de
l’homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan div
3380
, être prophétique, « éternel féminin », « but de
l’
homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin,
3381
hétique, « éternel féminin », « but de l’homme ».
Les
Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin, à lui donne
3382
. Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser
l’
élan divin, à lui donner un support corporel. Mais il y a plus, nous l
3383
onner un support corporel. Mais il y a plus, nous
le
savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dan
3384
. Mais il y a plus, nous le savons depuis Freud :
le
« type de femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assim
3385
y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type
de
femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assimile d’inst
3386
haque homme porte dans son cœur et qu’il assimile
d’
instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la
3387
orte dans son cœur et qu’il assimile d’instinct à
la
définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé »
3388
cœur et qu’il assimile d’instinct à la définition
de
la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoi
3389
r et qu’il assimile d’instinct à la définition de
la
beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire
3390
stinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas
le
souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles so
3391
définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir
de
la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les
3392
inition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de
la
mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les cau
3393
» dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien
les
causes de la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entr
3394
émoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes
de
la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doct
3395
ire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes de
la
curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doctrin
3396
contradiction qui apparaît au xiie siècle entre
les
doctrines et les mœurs, une première conclusion peut être formulée dè
3397
i apparaît au xiie siècle entre les doctrines et
les
mœurs, une première conclusion peut être formulée dès à présent : L’a
3398
ère conclusion peut être formulée dès à présent :
L’
amour-passion est apparu en Occident comme l’un des contrecoups du chr
3399
des contrecoups du christianisme (et spécialement
de
sa doctrine du mariage) dans les âmes où vivait encore un paganisme n
3400
(et spécialement de sa doctrine du mariage) dans
les
âmes où vivait encore un paganisme naturel ou hérité. Mais tout cela
3401
que et contestable si nous n’étions pas en mesure
de
retracer les voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Ér
3402
stable si nous n’étions pas en mesure de retracer
les
voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Éros. Or nous a
3403
esure de retracer les voies et moyens historiques
de
cette renaissance de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers l
3404
voies et moyens historiques de cette renaissance
de
l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le début du xiie sièc
3405
ies et moyens historiques de cette renaissance de
l’
Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le début du xiie siècle.
3406
de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers
le
début du xiie siècle. (Date de naissance de l’amour-passion !21). Et
3407
xé sa date : vers le début du xiie siècle. (Date
de
naissance de l’amour-passion !21). Et nous allons montrer qu’elle por
3408
vers le début du xiie siècle. (Date de naissance
de
l’amour-passion !21). Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par
3409
s le début du xiie siècle. (Date de naissance de
l’
amour-passion !21). Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par ai
3410
er qu’elle porte un nom par ailleurs bien connu :
la
cortezia, l’amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et ca
3411
rte un nom par ailleurs bien connu : la cortezia,
l’
amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et cathares Que
3412
r courtois : troubadours et cathares Que toute
la
poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie si
3413
ares Que toute la poésie européenne soit issue
de
la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne
3414
s Que toute la poésie européenne soit issue de
la
poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne sau
3415
ont personne ne saurait plus douter. « Oui, entre
les
xie et xiie siècles, la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagno
3416
s douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles,
la
poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande,
3417
« Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie
d’
où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande, sicilienn
3418
ait au préalable languedocienne, c’est-à-dire que
le
poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l
3419
poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu
de
parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du trou
3420
nt être que troubadour, était tenu de parler — et
de
l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a
3421
être que troubadour, était tenu de parler — et de
l’
apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a ja
3422
était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne
le
savait pas — le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le prov
3423
arler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas —
le
langage du troubadour, qui n’a jamais été que le provençal. »22 Qu’e
3424
le langage du troubadour, qui n’a jamais été que
le
provençal. »22 Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltatio
3425
a jamais été que le provençal. »22 Qu’est-ce que
la
poésie des troubadours ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y
3426
l. »22 Qu’est-ce que la poésie des troubadours ?
L’
exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occ
3427
t-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation
de
l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la l
3428
e que la poésie des troubadours ? L’exaltation de
l’
amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la lyri
3429
tion de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute
la
lyrique occitane et la lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème
3430
eux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et
la
lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas l’a
3431
lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème :
l’
amour ; et pas l’amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne p
3432
esque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas
l’
amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne peut rien engendre
3433
satisfait (ce spectacle ne peut rien engendrer),
l’
amour perpétuellement insatisfait au contraire ; enfin, que deux perso
3434
fait au contraire ; enfin, que deux personnages :
le
poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et
3435
plainte, et une belle qui toujours dit non. »23
L’
Europe n’a pas connu de poésie plus profondément rhétorique : non seul
3436
qui toujours dit non. »23 L’Europe n’a pas connu
de
poésie plus profondément rhétorique : non seulement dans ses formes v
3437
que celle-ci prend sa source dans un système fixe
de
lois, qui seront codifiées sous le nom de leys d’amors. Mais il faut
3438
n système fixe de lois, qui seront codifiées sous
le
nom de leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne
3439
me fixe de lois, qui seront codifiées sous le nom
de
leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut pl
3440
de lois, qui seront codifiées sous le nom de leys
d’
amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut plus exalt
3441
s exaltante et fervente. Ce qu’elle exalte, c’est
l’
amour hors du mariage, car le mariage ne signifie que l’union des corp
3442
u’elle exalte, c’est l’amour hors du mariage, car
le
mariage ne signifie que l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui
3443
r hors du mariage, car le mariage ne signifie que
l’
union des corps, tandis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’
3444
age ne signifie que l’union des corps, tandis que
l’
« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’uni
3445
l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui est
l’
Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-del
3446
andis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est
l’
élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour poss
3447
Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement
de
l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette
3448
or », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de
l’
âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vi
3449
st l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers
l’
union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie. Voilà po
3450
ancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà
de
tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la c
3451
tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi
l’
Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chaste
3452
ible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose
la
chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le tr
3453
ie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E
d’
amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le troubadour toulou
3454
Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (
d’
amour vient chasteté) chante le troubadour toulousain Guilhem Montanha
3455
amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante
le
troubadour toulousain Guilhem Montanhagol. L’amour suppose aussi un r
3456
nte le troubadour toulousain Guilhem Montanhagol.
L’
amour suppose aussi un rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureu
3457
em Montanhagol. L’amour suppose aussi un rituel :
le
domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la
3458
rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux.
Le
poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui ju
3459
vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par
la
beauté de son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fid
3460
amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté
de
son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fidélité, com
3461
le fidélité, comme on fait à un suzerain. En gage
d’
amour, la dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoign
3462
té, comme on fait à un suzerain. En gage d’amour,
la
dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait de se
3463
ur, la dame donnait à son paladin-poète un anneau
d’
or, lui enjoignait de se lever, et lui déposait un baiser sur le front
3464
son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait
de
se lever, et lui déposait un baiser sur le front. Désormais, ces aman
3465
ignait de se lever, et lui déposait un baiser sur
le
front. Désormais, ces amants seront liés par les lois de la cortezia
3466
r le front. Désormais, ces amants seront liés par
les
lois de la cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est
3467
t. Désormais, ces amants seront liés par les lois
de
la cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas tou
3468
Désormais, ces amants seront liés par les lois de
la
cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas tout à
3469
amants seront liés par les lois de la cortezia :
le
secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme
3470
ont liés par les lois de la cortezia : le secret,
la
patience, et la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme de la chas
3471
lois de la cortezia : le secret, la patience, et
la
mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme de la chasteté, nous le ve
3472
et la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme
de
la chasteté, nous le verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout,
3473
la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme de
la
chasteté, nous le verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout, l’h
3474
est pas tout à fait synonyme de la chasteté, nous
le
verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout, l’homme sera le serva
3475
nyme de la chasteté, nous le verrons, mais plutôt
de
la retenue… Et surtout, l’homme sera le servant de la femme. D’où vie
3476
e de la chasteté, nous le verrons, mais plutôt de
la
retenue… Et surtout, l’homme sera le servant de la femme. D’où vient
3477
e verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout,
l’
homme sera le servant de la femme. D’où vient cette conception nouvell
3478
is plutôt de la retenue… Et surtout, l’homme sera
le
servant de la femme. D’où vient cette conception nouvelle de l’amour
3479
e la retenue… Et surtout, l’homme sera le servant
de
la femme. D’où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuel
3480
a retenue… Et surtout, l’homme sera le servant de
la
femme. D’où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellem
3481
Et surtout, l’homme sera le servant de la femme.
D’
où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellement insati
3482
de la femme. D’où vient cette conception nouvelle
de
l’amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiast
3483
la femme. D’où vient cette conception nouvelle de
l’
amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiaste e
3484
ait », et cette louange enthousiaste et plaintive
d’
« une belle qui toujours dit non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme q
3485
aintive d’« une belle qui toujours dit non » ? Et
d’
où vient ce savant lyrisme qui tout d’un coup se trouve là pour tradui
3486
non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme qui tout
d’
un coup se trouve là pour traduire la passion nouvelle ? On ne saurait
3487
sme qui tout d’un coup se trouve là pour traduire
la
passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner le caractère miracule
3488
a passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner
le
caractère miraculeux de cette double naissance, si rapide : en l’espa
3489
ne saurait trop souligner le caractère miraculeux
de
cette double naissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine d’ann
3490
aculeux de cette double naissance, si rapide : en
l’
espace d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme en
3491
e cette double naissance, si rapide : en l’espace
d’
une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme entièrement
3492
aissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine
d’
années, naissance d’une vision de la femme entièrement contraire aux m
3493
: en l’espace d’une vingtaine d’années, naissance
d’
une vision de la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles
3494
d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision
de
la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — la femme s
3495
une vingtaine d’années, naissance d’une vision de
la
femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — la femme se v
3496
entièrement contraire aux mœurs traditionnelles —
la
femme se voit élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient l’idéal
3497
aditionnelles — la femme se voit élevée au-dessus
de
l’homme, dont elle devient l’idéal nostalgique — et naissance d’une p
3498
tionnelles — la femme se voit élevée au-dessus de
l’
homme, dont elle devient l’idéal nostalgique — et naissance d’une poés
3499
it élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient
l’
idéal nostalgique — et naissance d’une poésie à formes fixes, très com
3500
t elle devient l’idéal nostalgique — et naissance
d’
une poésie à formes fixes, très compliquées et raffinées, sans précéde
3501
mpliquées et raffinées, sans précédent dans toute
l’
Antiquité ni dans les quelques siècles de culture romane qui succèdent
3502
es, sans précédent dans toute l’Antiquité ni dans
les
quelques siècles de culture romane qui succèdent à la renaissance car
3503
ns toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles
de
culture romane qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bien
3504
uelques siècles de culture romane qui succèdent à
la
renaissance carolingienne. Ou bien tout cela « tombe du ciel », c’est
3505
tout cela « tombe du ciel », c’est-à-dire jaillit
d’
une inspiration subite et collective — mais encore faudrait-il expliqu
3506
els lieux bien définis ; ou bien tout cela relève
d’
une cause historique précise — mais alors il s’agit de savoir pour que
3507
e cause historique précise — mais alors il s’agit
de
savoir pour quelles raisons elle est demeurée obscure jusqu’à nos jou
3508
urs. Ce qui est curieux au plus haut point, c’est
l’
embarras des romanistes les plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reco
3509
plus haut point, c’est l’embarras des romanistes
les
plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître la question, et la
3510
plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître
la
question, et la facilité avec laquelle ils décident de n’y point répo
3511
squ’ils en viennent à reconnaître la question, et
la
facilité avec laquelle ils décident de n’y point répondre. Tout le m
3512
estion, et la facilité avec laquelle ils décident
de
n’y point répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que la poésie pr
3513
nt répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que
la
poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « l
3514
nde admet aujourd’hui que la poésie provençale et
les
conceptions de l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par le
3515
d’hui que la poésie provençale et les conceptions
de
l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où
3516
ui que la poésie provençale et les conceptions de
l’
amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où el
3517
amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par
les
conditions où elle naquit, semble en contradiction absolue avec ces c
3518
4. « Il est évident qu’elle ne reflète aucunement
la
réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les instituti
3519
évident qu’elle ne reflète aucunement la réalité,
la
condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales
3520
le ne reflète aucunement la réalité, la condition
de
la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moi
3521
ne reflète aucunement la réalité, la condition de
la
femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moins
3522
é, la condition de la femme n’ayant pas été, dans
les
institutions féodales du Midi, moins humble et dépendante que dans ce
3523
Nord. »25 Or, s’il est à ce point « évident » que
les
troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moi
3524
« évident » que les troubadours ne tiraient rien
de
la réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception d
3525
évident » que les troubadours ne tiraient rien de
la
réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception de l
3526
, il paraît non moins évident que leur conception
de
l’amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même q
3527
l paraît non moins évident que leur conception de
l’
amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même ques
3528
nait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ?
La
même question se pose pour leur art, j’entends pour leur technique po
3529
», écrit M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun
de
ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité
3530
te à reprocher à chacun de ces poètes pris à part
de
n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’être borné à raffi
3531
oètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce
d’
originalité et de s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieu
3532
de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et
de
s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieux communs : mais
3533
encore fallait-il que l’un d’entre eux, au moins,
les
eût créés !). Or dès qu’un historien se risque à formuler une hypothè
3534
historien se risque à formuler une hypothèse sur
l’
origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des p
3535
se risque à formuler une hypothèse sur l’origine
de
la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres
3536
risque à formuler une hypothèse sur l’origine de
la
rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres ir
3537
pothèse sur l’origine de la rhétorique courtoise,
les
spécialistes l’accablent des plus aigres ironies, en France surtout.
3538
gine de la rhétorique courtoise, les spécialistes
l’
accablent des plus aigres ironies, en France surtout. Sismondi faisait
3539
nce surtout. Sismondi faisait remonter aux Arabes
le
mysticisme du sentiment : on écarte dédaigneusement « cette énormité
3540
tte énormité »26. Diez a montré des ressemblances
de
formes (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et la lyrique prove
3541
ressemblances de formes (rythmes et coupes) entre
la
lyrique arabe et la lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous d
3542
mes (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et
la
lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous dit-on. Brinkmann et
3543
ous dit-on. Brinkmann et d’autres ont supposé que
la
poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles
3544
les : tout compte fait, cela ne se tient pas, car
les
troubadours, paraît-il, avaient trop peu de culture pour connaître ce
3545
peu de culture pour connaître cette poésie. Ainsi
de
chaque réponse proposée : le « sérieux » des savants paraissant consi
3546
cette poésie. Ainsi de chaque réponse proposée :
le
« sérieux » des savants paraissant consister surtout dans une propens
3547
consister surtout dans une propension à qualifier
d’
énormité ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phéno
3548
out dans une propension à qualifier d’énormité ou
de
fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phénomène qu’ils pa
3549
ier d’énormité ou de fantaisie tout ce qui menace
de
donner un sens au phénomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est
3550
eux27, a cru pouvoir tout éclaircir en décelant à
l’
origine de la lyrique provençale des influences religieuses, néo-plato
3551
ru pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine
de
la lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes
3552
pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine de
la
lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes et
3553
ations hardies » ont aussitôt dressé contre elles
l’
ensemble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire »
3554
ies » ont aussitôt dressé contre elles l’ensemble
de
nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire » — suprême
3555
semble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter
de
« doctrinaire » — suprême injure — et plusieurs ont insinué que la qu
3556
» — suprême injure — et plusieurs ont insinué que
la
qualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un syst
3557
injure — et plusieurs ont insinué que la qualité
d’
Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompa
3558
t plusieurs ont insinué que la qualité d’Allemand
de
ce professeur les dispensait de réfuter un système incompatible avec
3559
nsinué que la qualité d’Allemand de ce professeur
les
dispensait de réfuter un système incompatible avec le clair génie de
3560
ualité d’Allemand de ce professeur les dispensait
de
réfuter un système incompatible avec le clair génie de notre race. Il
3561
ispensait de réfuter un système incompatible avec
le
clair génie de notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étra
3562
futer un système incompatible avec le clair génie
de
notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étrange, et d’autre
3563
d’une part un phénomène étrange, et d’autre part,
de
fort savantes réfutations de tout ce qui prétend l’expliquer. « Il es
3564
ge, et d’autre part, de fort savantes réfutations
de
tout ce qui prétend l’expliquer. « Il est également impossible — écri
3565
fort savantes réfutations de tout ce qui prétend
l’
expliquer. « Il est également impossible — écrit un de nos professeurs
3566
pliquer. « Il est également impossible — écrit un
de
nos professeurs — de voir dans ces chansons d’amour, qui forment les
3567
lement impossible — écrit un de nos professeurs —
de
voir dans ces chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la po
3568
un de nos professeurs — de voir dans ces chansons
d’
amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image
3569
— de voir dans ces chansons d’amour, qui forment
les
trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité
3570
es chansons d’amour, qui forment les trois quarts
de
la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemb
3571
chansons d’amour, qui forment les trois quarts de
la
poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblag
3572
quarts de la poésie provençale, une image fidèle
de
la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes.
3573
arts de la poésie provençale, une image fidèle de
la
réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes. Mai
3574
e image fidèle de la réalité et un pur assemblage
de
formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu
3575
la réalité et un pur assemblage de formules vides
de
sens. » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu’« en historien sc
3576
formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus,
l’
auteur annonce qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien de se
3577
qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien
de
se prononcer. Ce qui revient à dire que la lyrique courtoise dont il
3578
e bien de se prononcer. Ce qui revient à dire que
la
lyrique courtoise dont il s’occupe reste à ses yeux et jusqu’à plus a
3579
eux et jusqu’à plus ample informé « un assemblage
de
formules vides de sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un
3580
s ample informé « un assemblage de formules vides
de
sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un philologue qui se
3581
ue qui se respecte et n’entend pas « solliciter »
les
textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais
3582
’entend pas « solliciter » les textes, fût-ce par
le
moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma
3583
liciter » les textes, fût-ce par le moindre essai
de
les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypot
3584
iter » les textes, fût-ce par le moindre essai de
les
comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypothèse
3585
rendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part,
d’
une hypothèse à tel point scrupuleuse. Je me refuse à supposer un seul
3586
euse. Je me refuse à supposer un seul instant que
les
troubadours furent des faibles d’esprit, tout juste bons à répéter sa
3587
ul instant que les troubadours furent des faibles
d’
esprit, tout juste bons à répéter sans se lasser des formules apprises
3588
où. Et je me demande, après Aroux et Péladan, si
le
secret de toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plu
3589
me demande, après Aroux et Péladan, si le secret
de
toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près d’e
3590
ie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près
d’
elle qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où
3591
s être cherché beaucoup plus près d’elle qu’on ne
l’
a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où elle est née. E
3592
e qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans
le
milieu même où elle est née. Et non pas dans le milieu purement « soc
3593
s le milieu même où elle est née. Et non pas dans
le
milieu purement « social » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphè
3594
rement « social » au sens moderne, mais bien dans
l’
atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même soci
3595
’atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer
les
formes, même sociales, de ce milieu.28 Partant de là, constatons qu’
3596
se trouvait déterminer les formes, même sociales,
de
ce milieu.28 Partant de là, constatons qu’un grand fait historique d
3597
s formes, même sociales, de ce milieu.28 Partant
de
là, constatons qu’un grand fait historique domine le xiie siècle pro
3598
là, constatons qu’un grand fait historique domine
le
xiie siècle provençal : Dans le même temps que le lyrisme du domnei,
3599
istorique domine le xiie siècle provençal : Dans
le
même temps que le lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces — La
3600
e xiie siècle provençal : Dans le même temps que
le
lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces — Languedoc, Poitou, R
3601
s le même temps que le lyrisme du domnei, et dans
les
mêmes provinces — Languedoc, Poitou, Rhénanie, Catalogne, Lombardie —
3602
, Lombardie — une hérésie puissante se répandait.
L’
on a pu dire de la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église u
3603
ne hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire
de
la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi g
3604
hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de
la
religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi grav
3605
re de la religion cathare qu’elle représenta pour
l’
Église un péril aussi grave que celui de l’arianisme. Certains ne vont
3606
enta pour l’Église un péril aussi grave que celui
de
l’arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit e
3607
a pour l’Église un péril aussi grave que celui de
l’
arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit en O
3608
’à prétendre qu’elle fit en Occident des millions
de
fidèles secrets, malgré la très sanglante croisade des albigeois, au
3609
Occident des millions de fidèles secrets, malgré
la
très sanglante croisade des albigeois, au xiiie siècle et jusqu’à la
3610
oisade des albigeois, au xiiie siècle et jusqu’à
la
Réforme ? L’on peut attribuer pour origine précise à l’hérésie les se
3611
bigeois, au xiiie siècle et jusqu’à la Réforme ?
L’
on peut attribuer pour origine précise à l’hérésie les sectes néo-mani
3612
orme ? L’on peut attribuer pour origine précise à
l’
hérésie les sectes néo-manichéennes d’Asie Mineure et les églises bogo
3613
n peut attribuer pour origine précise à l’hérésie
les
sectes néo-manichéennes d’Asie Mineure et les églises bogomiles de Da
3614
e précise à l’hérésie les sectes néo-manichéennes
d’
Asie Mineure et les églises bogomiles de Dalmatie et de Bulgarie. Les
3615
sie les sectes néo-manichéennes d’Asie Mineure et
les
églises bogomiles de Dalmatie et de Bulgarie. Les « purs » ou cathare
3616
ichéennes d’Asie Mineure et les églises bogomiles
de
Dalmatie et de Bulgarie. Les « purs » ou cathares29 se rattachaient a
3617
e Mineure et les églises bogomiles de Dalmatie et
de
Bulgarie. Les « purs » ou cathares29 se rattachaient aux grands coura
3618
les églises bogomiles de Dalmatie et de Bulgarie.
Les
« purs » ou cathares29 se rattachaient aux grands courants gnostiques
3619
ersent le premier millénaire du christianisme. Et
l’
on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani ou Manès
3620
llénaire du christianisme. Et l’on sait assez que
la
Gnose, de même que les doctrines de Mani ou Manès, plonge des racines
3621
sme. Et l’on sait assez que la Gnose, de même que
les
doctrines de Mani ou Manès, plonge des racines dans la religion duali
3622
ait assez que la Gnose, de même que les doctrines
de
Mani ou Manès, plonge des racines dans la religion dualiste de l’Iran
3623
ctrines de Mani ou Manès, plonge des racines dans
la
religion dualiste de l’Iran. Quelle était la doctrine des cathares ?
3624
nès, plonge des racines dans la religion dualiste
de
l’Iran. Quelle était la doctrine des cathares ? On a répété très long
3625
, plonge des racines dans la religion dualiste de
l’
Iran. Quelle était la doctrine des cathares ? On a répété très longtem
3626
dans la religion dualiste de l’Iran. Quelle était
la
doctrine des cathares ? On a répété très longtemps qu’« on ne le saur
3627
cathares ? On a répété très longtemps qu’« on ne
le
saurait jamais » et cela pour l’excellente raison que l’Inquisition a
3628
temps qu’« on ne le saurait jamais » et cela pour
l’
excellente raison que l’Inquisition avait brûlé tous les livres de cul
3629
ait jamais » et cela pour l’excellente raison que
l’
Inquisition avait brûlé tous les livres de culte et traités de doctrin
3630
ellente raison que l’Inquisition avait brûlé tous
les
livres de culte et traités de doctrine de l’Hérésie, et que les seuls
3631
son que l’Inquisition avait brûlé tous les livres
de
culte et traités de doctrine de l’Hérésie, et que les seuls témoignag
3632
n avait brûlé tous les livres de culte et traités
de
doctrine de l’Hérésie, et que les seuls témoignages subsistants étaie
3633
é tous les livres de culte et traités de doctrine
de
l’Hérésie, et que les seuls témoignages subsistants étaient les inter
3634
ous les livres de culte et traités de doctrine de
l’
Hérésie, et que les seuls témoignages subsistants étaient les interrog
3635
culte et traités de doctrine de l’Hérésie, et que
les
seuls témoignages subsistants étaient les interrogatoires des accusés
3636
et que les seuls témoignages subsistants étaient
les
interrogatoires des accusés, probablement « sollicités » par les juge
3637
ires des accusés, probablement « sollicités » par
les
juges et déformés par les greffiers. De fait, la découverte et la pub
3638
ment « sollicités » par les juges et déformés par
les
greffiers. De fait, la découverte et la publication, en 1939, d’un ou
3639
és » par les juges et déformés par les greffiers.
De
fait, la découverte et la publication, en 1939, d’un ouvrage théologi
3640
les juges et déformés par les greffiers. De fait,
la
découverte et la publication, en 1939, d’un ouvrage théologique (tard
3641
rmés par les greffiers. De fait, la découverte et
la
publication, en 1939, d’un ouvrage théologique (tardif il est vrai) l
3642
e fait, la découverte et la publication, en 1939,
d’
un ouvrage théologique (tardif il est vrai) le Livre des deux Principe
3643
39, d’un ouvrage théologique (tardif il est vrai)
le
Livre des deux Principes 30 s’ajoutant à la restitution d’un Nouveau
3644
vrai) le Livre des deux Principes 30 s’ajoutant à
la
restitution d’un Nouveau Testament et de rituels utilisés par les Hér
3645
des deux Principes 30 s’ajoutant à la restitution
d’
un Nouveau Testament et de rituels utilisés par les Hérétiques31, perm
3646
outant à la restitution d’un Nouveau Testament et
de
rituels utilisés par les Hérétiques31, permet aujourd’hui de connaîtr
3647
d’un Nouveau Testament et de rituels utilisés par
les
Hérétiques31, permet aujourd’hui de connaître dans leur ensemble et d
3648
utilisés par les Hérétiques31, permet aujourd’hui
de
connaître dans leur ensemble et dans certaines de leurs variations, l
3649
de connaître dans leur ensemble et dans certaines
de
leurs variations, les dogmes de l’« Église d’Amour », nom que l’on a
3650
r ensemble et dans certaines de leurs variations,
les
dogmes de l’« Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à l’héré
3651
et dans certaines de leurs variations, les dogmes
de
l’« Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à l’hérésie aussi
3652
dans certaines de leurs variations, les dogmes de
l’
« Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à l’hérésie aussi dit
3653
nes de leurs variations, les dogmes de l’« Église
d’
Amour », nom que l’on a donné parfois à l’hérésie aussi dite « albigeo
3654
ions, les dogmes de l’« Église d’Amour », nom que
l’
on a donné parfois à l’hérésie aussi dite « albigeoise »32. L’origine
3655
Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à
l’
hérésie aussi dite « albigeoise »32. L’origine permanente et toujours
3656
parfois à l’hérésie aussi dite « albigeoise »32.
L’
origine permanente et toujours tragiquement actuelle de l’attitude cat
3657
gine permanente et toujours tragiquement actuelle
de
l’attitude cathare, ou d’une manière plus générale du dualisme, dans
3658
e permanente et toujours tragiquement actuelle de
l’
attitude cathare, ou d’une manière plus générale du dualisme, dans les
3659
s tragiquement actuelle de l’attitude cathare, ou
d’
une manière plus générale du dualisme, dans les religions les plus div
3660
ou d’une manière plus générale du dualisme, dans
les
religions les plus diverses comme dans la réflexion de millions d’ind
3661
ère plus générale du dualisme, dans les religions
les
plus diverses comme dans la réflexion de millions d’individus fut et
3662
, dans les religions les plus diverses comme dans
la
réflexion de millions d’individus fut et demeure le problème du Mal,
3663
ligions les plus diverses comme dans la réflexion
de
millions d’individus fut et demeure le problème du Mal, tel que l’hom
3664
plus diverses comme dans la réflexion de millions
d’
individus fut et demeure le problème du Mal, tel que l’homme spirituel
3665
réflexion de millions d’individus fut et demeure
le
problème du Mal, tel que l’homme spirituel l’expérimente dans ce mond
3666
ividus fut et demeure le problème du Mal, tel que
l’
homme spirituel l’expérimente dans ce monde. Le christianisme apporte
3667
ure le problème du Mal, tel que l’homme spirituel
l’
expérimente dans ce monde. Le christianisme apporte au problème du Mal
3668
ue l’homme spirituel l’expérimente dans ce monde.
Le
christianisme apporte au problème du Mal une réponse dialectique et p
3669
onse dialectique et paradoxale qui se résume dans
les
mots de liberté et de grâce. Plus pessimiste et d’une logique plus ma
3670
ectique et paradoxale qui se résume dans les mots
de
liberté et de grâce. Plus pessimiste et d’une logique plus massive, l
3671
adoxale qui se résume dans les mots de liberté et
de
grâce. Plus pessimiste et d’une logique plus massive, le dualisme sta
3672
s mots de liberté et de grâce. Plus pessimiste et
d’
une logique plus massive, le dualisme statue l’existence absolument hé
3673
e. Plus pessimiste et d’une logique plus massive,
le
dualisme statue l’existence absolument hétérogène du Bien et du Mal,
3674
et d’une logique plus massive, le dualisme statue
l’
existence absolument hétérogène du Bien et du Mal, c’est-à-dire de deu
3675
lument hétérogène du Bien et du Mal, c’est-à-dire
de
deux mondes et de deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais le
3676
du Bien et du Mal, c’est-à-dire de deux mondes et
de
deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais le monde est mauvais.
3677
e deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais
le
monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de se
3678
s le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être
l’
auteur du monde, de ses ténèbres et du péché qui nous enserre. Sa créa
3679
ais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde,
de
ses ténèbres et du péché qui nous enserre. Sa création première dans
3680
péché qui nous enserre. Sa création première dans
l’
ordre spirituel, puis animique, a été achevée dans l’ordre matériel pa
3681
rdre spirituel, puis animique, a été achevée dans
l’
ordre matériel par l’Ange révolté, le Grand Arrogant, le Démiurge, c’e
3682
animique, a été achevée dans l’ordre matériel par
l’
Ange révolté, le Grand Arrogant, le Démiurge, c’est-à-dire Lucifer ou
3683
achevée dans l’ordre matériel par l’Ange révolté,
le
Grand Arrogant, le Démiurge, c’est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci
3684
e matériel par l’Ange révolté, le Grand Arrogant,
le
Démiurge, c’est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci a tenté les âmes ou
3685
, c’est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci a tenté
les
âmes ou anges, en leur disant : « Qu’il leur valait mieux être en bas
3686
valait mieux être en bas, où ils pourraient faire
le
mal et le bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que le bien. »
3687
ux être en bas, où ils pourraient faire le mal et
le
bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que le bien. »33 Pour mi
3688
bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que
le
bien. »33 Pour mieux séduire les âmes, Lucifer leur a montré « une fe
3689
ur permettait que le bien. »33 Pour mieux séduire
les
âmes, Lucifer leur a montré « une femme d’une beauté éclatante, qui l
3690
duire les âmes, Lucifer leur a montré « une femme
d’
une beauté éclatante, qui les a enflammées de désir ». Puis il a quitt
3691
a montré « une femme d’une beauté éclatante, qui
les
a enflammées de désir ». Puis il a quitté le Ciel avec elle, pour des
3692
emme d’une beauté éclatante, qui les a enflammées
de
désir ». Puis il a quitté le Ciel avec elle, pour descendre dans la m
3693
qui les a enflammées de désir ». Puis il a quitté
le
Ciel avec elle, pour descendre dans la matière et dans la manifestati
3694
l a quitté le Ciel avec elle, pour descendre dans
la
matière et dans la manifestation sensible. Les âmes-Anges, ayant suiv
3695
avec elle, pour descendre dans la matière et dans
la
manifestation sensible. Les âmes-Anges, ayant suivi Satan et la femme
3696
ans la matière et dans la manifestation sensible.
Les
âmes-Anges, ayant suivi Satan et la femme d’une beauté éclatante, ont
3697
on sensible. Les âmes-Anges, ayant suivi Satan et
la
femme d’une beauté éclatante, ont été prises dans des corps matériels
3698
le. Les âmes-Anges, ayant suivi Satan et la femme
d’
une beauté éclatante, ont été prises dans des corps matériels, qui leu
3699
me paraît éclairer un sentiment fondamental chez
l’
homme, même de nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée de son e
3700
airer un sentiment fondamental chez l’homme, même
de
nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée de son esprit, qui res
3701
ent fondamental chez l’homme, même de nos jours.)
L’
âme, dès lors, se trouve séparée de son esprit, qui reste au Ciel. Ten
3702
de nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée
de
son esprit, qui reste au Ciel. Tentée par la liberté, elle devient en
3703
arée de son esprit, qui reste au Ciel. Tentée par
la
liberté, elle devient en fait prisonnière d’un corps aux appétits ter
3704
par la liberté, elle devient en fait prisonnière
d’
un corps aux appétits terrestres, soumis aux lois de la procréation et
3705
un corps aux appétits terrestres, soumis aux lois
de
la procréation et de la mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pou
3706
corps aux appétits terrestres, soumis aux lois de
la
procréation et de la mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pour n
3707
terrestres, soumis aux lois de la procréation et
de
la mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le che
3708
rrestres, soumis aux lois de la procréation et de
la
mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le chemin
3709
is aux lois de la procréation et de la mort. Mais
le
Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le chemin du retour à l
3710
le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer
le
chemin du retour à la Lumière. Ce Christ, en cela semblable à celui d
3711
rmi nous, pour nous montrer le chemin du retour à
la
Lumière. Ce Christ, en cela semblable à celui des gnostiques et de Ma
3712
rist, en cela semblable à celui des gnostiques et
de
Manès, ne s’est pas vraiment incarné : il n’a pris que l’apparence d’
3713
, ne s’est pas vraiment incarné : il n’a pris que
l’
apparence d’un homme. C’est ici la grande hérésie docétiste (du grec d
3714
as vraiment incarné : il n’a pris que l’apparence
d’
un homme. C’est ici la grande hérésie docétiste (du grec dokesis, appa
3715
il n’a pris que l’apparence d’un homme. C’est ici
la
grande hérésie docétiste (du grec dokesis, apparence) qui, de Marcion
3716
résie docétiste (du grec dokesis, apparence) qui,
de
Marcion jusqu’à nos jours, traduit notre refus tout « naturel » d’adm
3717
à nos jours, traduit notre refus tout « naturel »
d’
admettre le scandale d’un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le d
3718
, traduit notre refus tout « naturel » d’admettre
le
scandale d’un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme de l’I
3719
tre refus tout « naturel » d’admettre le scandale
d’
un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation,
3720
naturel » d’admettre le scandale d’un Dieu-Homme.
Les
cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et a fortiori sa t
3721
dale d’un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc
le
dogme de l’Incarnation, et a fortiori sa traduction romaine dans le s
3722
Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme
de
l’Incarnation, et a fortiori sa traduction romaine dans le sacrement
3723
eu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme de
l’
Incarnation, et a fortiori sa traduction romaine dans le sacrement de
3724
rnation, et a fortiori sa traduction romaine dans
le
sacrement de la messe : ils le remplacent par une cène fraternelle, s
3725
fortiori sa traduction romaine dans le sacrement
de
la messe : ils le remplacent par une cène fraternelle, symbolisant de
3726
rtiori sa traduction romaine dans le sacrement de
la
messe : ils le remplacent par une cène fraternelle, symbolisant des é
3727
ction romaine dans le sacrement de la messe : ils
le
remplacent par une cène fraternelle, symbolisant des événements tout
3728
s événements tout spirituels. Ils rejettent aussi
le
baptême par l’eau, et ne reconnaissent que le baptême par l’Esprit co
3729
ut spirituels. Ils rejettent aussi le baptême par
l’
eau, et ne reconnaissent que le baptême par l’Esprit consolateur : ce
3730
ssi le baptême par l’eau, et ne reconnaissent que
le
baptême par l’Esprit consolateur : ce consolamentum devient le rite m
3731
par l’eau, et ne reconnaissent que le baptême par
l’
Esprit consolateur : ce consolamentum devient le rite majeur de leur É
3732
r l’Esprit consolateur : ce consolamentum devient
le
rite majeur de leur Église. Il se donnait, lors des cérémonies d’init
3733
olateur : ce consolamentum devient le rite majeur
de
leur Église. Il se donnait, lors des cérémonies d’initiation, aux frè
3734
e leur Église. Il se donnait, lors des cérémonies
d’
initiation, aux frères qui acceptaient de renoncer le monde, et s’enga
3735
rémonies d’initiation, aux frères qui acceptaient
de
renoncer le monde, et s’engageaient solennellement à se consacrer à D
3736
nitiation, aux frères qui acceptaient de renoncer
le
monde, et s’engageaient solennellement à se consacrer à Dieu seul, à
3737
ne tuer ni manger nul animal, enfin à s’abstenir
de
tout contact avec leur femme, s’ils étaient mariés. Il semble qu’un j
3738
emme, s’ils étaient mariés. Il semble qu’un jeûne
de
quarante jours34 précédait l’initiation et qu’un autre d’égale durée
3739
semble qu’un jeûne de quarante jours34 précédait
l’
initiation et qu’un autre d’égale durée lui succédait. (Plus tard, au
3740
nte jours34 précédait l’initiation et qu’un autre
d’
égale durée lui succédait. (Plus tard, au xive siècle, ce jeûne ritue
3741
endura conduira quelques-uns des « purs » jusqu’à
la
mort volontaire, mort par amour de Dieu, consommation du détachement
3742
purs » jusqu’à la mort volontaire, mort par amour
de
Dieu, consommation du détachement suprême de toute loi matérielle.) L
3743
mour de Dieu, consommation du détachement suprême
de
toute loi matérielle.) Le consolamentum était administré par les évêq
3744
du détachement suprême de toute loi matérielle.)
Le
consolamentum était administré par les évêques, et comportait l’impos
3745
atérielle.) Le consolamentum était administré par
les
évêques, et comportait l’imposition des mains, au milieu du cercle de
3746
m était administré par les évêques, et comportait
l’
imposition des mains, au milieu du cercle des « purs », puis le baiser
3747
des mains, au milieu du cercle des « purs », puis
le
baiser de paix échangé par les frères. Après quoi, l’initié devenait
3748
au milieu du cercle des « purs », puis le baiser
de
paix échangé par les frères. Après quoi, l’initié devenait objet de v
3749
des « purs », puis le baiser de paix échangé par
les
frères. Après quoi, l’initié devenait objet de vénération pour les si
3750
aiser de paix échangé par les frères. Après quoi,
l’
initié devenait objet de vénération pour les simples croyants non enco
3751
r les frères. Après quoi, l’initié devenait objet
de
vénération pour les simples croyants non encore « consolés » : il ava
3752
quoi, l’initié devenait objet de vénération pour
les
simples croyants non encore « consolés » : il avait droit au « salut
3753
nts, c’est-à-dire à trois « révérences ». On a vu
le
rôle de la Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les co
3754
st-à-dire à trois « révérences ». On a vu le rôle
de
la Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les corps. En
3755
à-dire à trois « révérences ». On a vu le rôle de
la
Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les corps. En ret
3756
rôle de la Femme, appât du diable pour entraîner
les
âmes dans les corps. En retour (en revanche, dirait-on), un principe
3757
mme, appât du diable pour entraîner les âmes dans
les
corps. En retour (en revanche, dirait-on), un principe féminin, préex
3758
e, dirait-on), un principe féminin, préexistant à
la
création matérielle, joue dans le catharisme un rôle tout analogue à
3759
, préexistant à la création matérielle, joue dans
le
catharisme un rôle tout analogue à celui de la Pistis-Sophia chez les
3760
dans le catharisme un rôle tout analogue à celui
de
la Pistis-Sophia chez les gnostiques. À la Femme instrument de la per
3761
ns le catharisme un rôle tout analogue à celui de
la
Pistis-Sophia chez les gnostiques. À la Femme instrument de la perdit
3762
le tout analogue à celui de la Pistis-Sophia chez
les
gnostiques. À la Femme instrument de la perdition des âmes, répond Ma
3763
celui de la Pistis-Sophia chez les gnostiques. À
la
Femme instrument de la perdition des âmes, répond Marie, symbole de p
3764
Sophia chez les gnostiques. À la Femme instrument
de
la perdition des âmes, répond Marie, symbole de pure Lumière salvatri
3765
hia chez les gnostiques. À la Femme instrument de
la
perdition des âmes, répond Marie, symbole de pure Lumière salvatrice,
3766
t de la perdition des âmes, répond Marie, symbole
de
pure Lumière salvatrice, Mère intacte (immatérielle) de Jésus, et sem
3767
e Lumière salvatrice, Mère intacte (immatérielle)
de
Jésus, et semble-t-il, Juge plein de douceur des esprits délivrés. Le
3768
mmatérielle) de Jésus, et semble-t-il, Juge plein
de
douceur des esprits délivrés. Les manichéens connaissaient depuis des
3769
t-il, Juge plein de douceur des esprits délivrés.
Les
manichéens connaissaient depuis des siècles les mêmes sacrements que
3770
. Les manichéens connaissaient depuis des siècles
les
mêmes sacrements que les cathares : l’imposition des mains, le baiser
3771
aient depuis des siècles les mêmes sacrements que
les
cathares : l’imposition des mains, le baiser de paix, et la vénératio
3772
s siècles les mêmes sacrements que les cathares :
l’
imposition des mains, le baiser de paix, et la vénération des Élus (ou
3773
ements que les cathares : l’imposition des mains,
le
baiser de paix, et la vénération des Élus (ou « purs »). Il est impor
3774
les cathares : l’imposition des mains, le baiser
de
paix, et la vénération des Élus (ou « purs »). Il est important de me
3775
s : l’imposition des mains, le baiser de paix, et
la
vénération des Élus (ou « purs »). Il est important de mentionner ici
3776
nération des Élus (ou « purs »). Il est important
de
mentionner ici la vénération manichéenne s’adressant à la « forme de
3777
(ou « purs »). Il est important de mentionner ici
la
vénération manichéenne s’adressant à la « forme de lumière » qui dans
3778
onner ici la vénération manichéenne s’adressant à
la
« forme de lumière » qui dans chaque homme représente son propre espr
3779
a vénération manichéenne s’adressant à la « forme
de
lumière » qui dans chaque homme représente son propre esprit (demeuré
3780
sente son propre esprit (demeuré au Ciel, hors de
la
manifestation) et qui accueille l’hommage de son âme par un salut et
3781
Ciel, hors de la manifestation) et qui accueille
l’
hommage de son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant la prison
3782
s de la manifestation) et qui accueille l’hommage
de
son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant la prison de la mati
3783
e l’hommage de son âme par un salut et un baiser.
L’
enfer étant la prison de la matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut
3784
son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant
la
prison de la matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que po
3785
ar un salut et un baiser. L’enfer étant la prison
de
la matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que pour le temp
3786
un salut et un baiser. L’enfer étant la prison de
la
matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que pour le temps q
3787
. L’enfer étant la prison de la matière, Lucifer,
l’
ange révolté, n’y peut régner que pour le temps que durera « l’erreur
3788
Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que pour
le
temps que durera « l’erreur » des âmes. Au terme du cycle de leurs ép
3789
é, n’y peut régner que pour le temps que durera «
l’
erreur » des âmes. Au terme du cycle de leurs épreuves — comportant pl
3790
e durera « l’erreur » des âmes. Au terme du cycle
de
leurs épreuves — comportant plusieurs vies, physiques ou autres, pour
3791
portant plusieurs vies, physiques ou autres, pour
les
hommes non encore illuminés — la création sera réintégrée dans l’unit
3792
ou autres, pour les hommes non encore illuminés —
la
création sera réintégrée dans l’unité de l’Esprit originel, les péche
3793
core illuminés — la création sera réintégrée dans
l’
unité de l’Esprit originel, les pécheurs entraînés par Satan seront sa
3794
uminés — la création sera réintégrée dans l’unité
de
l’Esprit originel, les pécheurs entraînés par Satan seront sauvés, et
3795
nés — la création sera réintégrée dans l’unité de
l’
Esprit originel, les pécheurs entraînés par Satan seront sauvés, et Sa
3796
era réintégrée dans l’unité de l’Esprit originel,
les
pécheurs entraînés par Satan seront sauvés, et Satan lui-même rentrer
3797
an seront sauvés, et Satan lui-même rentrera dans
l’
obéissance du Très-Haut. Le dualisme des cathares se résout donc en un
3798
lui-même rentrera dans l’obéissance du Très-Haut.
Le
dualisme des cathares se résout donc en un véritable monisme eschatol
3799
n un véritable monisme eschatologique, tandis que
l’
orthodoxie chrétienne, décrétant la damnation éternelle du diable et d
3800
ue, tandis que l’orthodoxie chrétienne, décrétant
la
damnation éternelle du diable et des pécheurs endurcis, aboutit à un
3801
bien qu’à l’encontre du manichéisme elle professe
l’
idée d’une création unique, toute divine et toute bonne aux origines.
3802
’à l’encontre du manichéisme elle professe l’idée
d’
une création unique, toute divine et toute bonne aux origines. Notons
3803
nes. Notons enfin ce dernier trait : comme ce fut
le
cas pour tant de sectes et de religions orientales — jaïnisme, bouddh
3804
rait : comme ce fut le cas pour tant de sectes et
de
religions orientales — jaïnisme, bouddhisme, essénisme, gnosticisme c
3805
me, bouddhisme, essénisme, gnosticisme chrétien —
l’
Église cathare se divisait en deux groupes : les « Parfaits » (perfect
3806
— l’Église cathare se divisait en deux groupes :
les
« Parfaits » (perfecti)35 qui avaient reçu le consolamentum, et les s
3807
: les « Parfaits » (perfecti)35 qui avaient reçu
le
consolamentum, et les simples « croyants » (credentes ou imperfecti).
3808
perfecti)35 qui avaient reçu le consolamentum, et
les
simples « croyants » (credentes ou imperfecti). Seuls les seconds ava
3809
edentes ou imperfecti). Seuls les seconds avaient
le
droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, s
3810
u imperfecti). Seuls les seconds avaient le droit
de
se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’ast
3811
euls les seconds avaient le droit de se marier et
de
vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous l
3812
ds avaient le droit de se marier et de vivre dans
le
monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes d
3813
se marier et de vivre dans le monde condamné par
les
purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique
3814
e condamné par les purs, sans s’astreindre à tous
les
préceptes de la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépri
3815
les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes
de
la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la créat
3816
s purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de
la
morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la création
3817
e ésotérique : mortifications corporelles, mépris
de
la création, dissolution de tous les liens mondains. Saint Bernard de
3818
sotérique : mortifications corporelles, mépris de
la
création, dissolution de tous les liens mondains. Saint Bernard de Cl
3819
s corporelles, mépris de la création, dissolution
de
tous les liens mondains. Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rahn) a
3820
elles, mépris de la création, dissolution de tous
les
liens mondains. Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rahn) a pu dire
3821
a pu dire des cathares, qu’il combattit pourtant
de
toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas de sermons plus chrét
3822
e toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas
de
sermons plus chrétiens que les leurs, et leurs mœurs étaient pures… »
3823
a certainement pas de sermons plus chrétiens que
les
leurs, et leurs mœurs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
3824
rs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
les
calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir ce saint docteur
3825
es… » Ce jugement rachète en partie les calomnies
de
l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir ce saint docteur qualifier de
3826
» Ce jugement rachète en partie les calomnies de
l’
Inquisition. Mais on s’étonne de voir ce saint docteur qualifier de «
3827
les calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne
de
voir ce saint docteur qualifier de « chrétienne » une prédication qui
3828
is on s’étonne de voir ce saint docteur qualifier
de
« chrétienne » une prédication qui nie plusieurs des dogmes fondament
3829
ication qui nie plusieurs des dogmes fondamentaux
de
son Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu
3830
rs des dogmes fondamentaux de son Église. Quant à
la
pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des cr
3831
mes fondamentaux de son Église. Quant à la pureté
de
mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des croyances fo
3832
qu’elle traduisait des croyances fort différentes
de
celles qui fondent la morale chrétienne orthodoxe. La condamnation de
3833
croyances fort différentes de celles qui fondent
la
morale chrétienne orthodoxe. La condamnation de la chair, où certains
3834
elles qui fondent la morale chrétienne orthodoxe.
La
condamnation de la chair, où certains croient voir aujourd’hui une ca
3835
t la morale chrétienne orthodoxe. La condamnation
de
la chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique ch
3836
a morale chrétienne orthodoxe. La condamnation de
la
chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique chrét
3837
d’hui une caractéristique chrétienne, est en fait
d’
origine manichéenne et « hérétique ». Car il est essentiel de le rappe
3838
anichéenne et « hérétique ». Car il est essentiel
de
le rappeler ici : la « chair » dont parle saint Paul n’est pas le cor
3839
chéenne et « hérétique ». Car il est essentiel de
le
rappeler ici : la « chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps
3840
ique ». Car il est essentiel de le rappeler ici :
la
« chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps physique, mais le
3841
ci : la « chair » dont parle saint Paul n’est pas
le
corps physique, mais le tout de l’homme naturel, corps, raison, facul
3842
arle saint Paul n’est pas le corps physique, mais
le
tout de l’homme naturel, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme
3843
nt Paul n’est pas le corps physique, mais le tout
de
l’homme naturel, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi.
3844
Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de
l’
homme naturel, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi. ⁂ L
3845
e naturel, corps, raison, facultés, désirs — donc
l’
âme aussi. ⁂ La croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Cîteaux
3846
s, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi. ⁂
La
croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Cîteaux, au commenceme
3847
aussi. ⁂ La croisade des albigeois, conduite par
l’
abbé de Cîteaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit les cités
3848
eaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit
les
cités des cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla les populat
3849
s cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla
les
populations qui les aimaient, viola leurs sanctuaires et leur dernier
3850
urs livres, massacra et brûla les populations qui
les
aimaient, viola leurs sanctuaires et leur dernier haut lieu, le châte
3851
iola leurs sanctuaires et leur dernier haut lieu,
le
château-temple de Montségur36 — enfin saccagea brutalement la civilis
3852
ires et leur dernier haut lieu, le château-temple
de
Montségur36 — enfin saccagea brutalement la civilisation très raffiné
3853
emple de Montségur36 — enfin saccagea brutalement
la
civilisation très raffinée dont ils avaient été l’âme austère et secr
3854
a civilisation très raffinée dont ils avaient été
l’
âme austère et secrète. Et cependant, de cette culture et de ses doctr
3855
aient été l’âme austère et secrète. Et cependant,
de
cette culture et de ses doctrines fondamentales, nous sommes encore t
3856
ère et secrète. Et cependant, de cette culture et
de
ses doctrines fondamentales, nous sommes encore tributaires, au-delà
3857
mentales, nous sommes encore tributaires, au-delà
de
ce que l’on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.H
3858
nous sommes encore tributaires, au-delà de ce que
l’
on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.Hérésie et
3859
, au-delà de ce que l’on imagine… (Comme j’espère
le
montrer par ce livre.) 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer l
3860
re.) 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer
les
troubadours comme des « croyants » de l’Église cathare, et comme des
3861
considérer les troubadours comme des « croyants »
de
l’Église cathare, et comme des chantres de son hérésie ? Cette thèse,
3862
sidérer les troubadours comme des « croyants » de
l’
Église cathare, et comme des chantres de son hérésie ? Cette thèse, qu
3863
ants » de l’Église cathare, et comme des chantres
de
son hérésie ? Cette thèse, que je qualifierai de maxima par contraste
3864
de son hérésie ? Cette thèse, que je qualifierai
de
maxima par contraste avec celle où je crois pouvoir m’arrêter37, fut
3865
par des esprits aventureux comme Otto Rahn38, qui
l’
ont, peut-être, compromise en cherchant à la rendre trop claire sur un
3866
, qui l’ont, peut-être, compromise en cherchant à
la
rendre trop claire sur un plan historique plutôt que spirituel. Pourt
3867
l. Pourtant, j’en connais peu qui se présentent à
l’
esprit comme à la fois plus irritantes et stimulantes : car il semble
3868
t stimulantes : car il semble également difficile
de
la rejeter et de l’accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du
3869
timulantes : car il semble également difficile de
la
rejeter et de l’accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du tou
3870
ar il semble également difficile de la rejeter et
de
l’accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tie
3871
il semble également difficile de la rejeter et de
l’
accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tient
3872
alement difficile de la rejeter et de l’accepter,
de
la démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tient à l’essence
3873
ment difficile de la rejeter et de l’accepter, de
la
démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tient à l’essence mêm
3874
e la rejeter et de l’accepter, de la démontrer et
de
n’y pas croire du tout, et cela tient à l’essence même du phénomène d
3875
rer et de n’y pas croire du tout, et cela tient à
l’
essence même du phénomène dont elle essaie de rendre compte : à la foi
3876
nt à l’essence même du phénomène dont elle essaie
de
rendre compte : à la fois historique et archétypique, psychique et my
3877
ychique et mystique, concret et symbolique, ou si
l’
on veut littéraire et religieux. Les données du problème sont, en gros
3878
bolique, ou si l’on veut littéraire et religieux.
Les
données du problème sont, en gros, les suivantes. D’une part, l’hérés
3879
religieux. Les données du problème sont, en gros,
les
suivantes. D’une part, l’hérésie cathare et l’amour courtois se dével
3880
roblème sont, en gros, les suivantes. D’une part,
l’
hérésie cathare et l’amour courtois se développent simultanément, dans
3881
, les suivantes. D’une part, l’hérésie cathare et
l’
amour courtois se développent simultanément, dans le temps (xiie sièc
3882
amour courtois se développent simultanément, dans
le
temps (xiie siècle) comme dans l’espace (Midi de la France)39. Comme
3883
tanément, dans le temps (xiie siècle) comme dans
l’
espace (Midi de la France)39. Comment croire que ces deux mouvements s
3884
t croire que ces deux mouvements soient dépourvus
de
toute espèce de liens ? S’ils étaient demeurés sans nul rapport, ne s
3885
deux mouvements soient dépourvus de toute espèce
de
liens ? S’ils étaient demeurés sans nul rapport, ne serait-ce pas plu
3886
trange que tout ? Mais en revanche, quelle espèce
de
liens peut-on imaginer entre ces noirs cathares, que leur ascétisme c
3887
irs troubadours, joyeux et fous, dit-on, chantant
l’
amour, le printemps, l’aube, les vergers fleuris et la Dame ? Tout not
3888
adours, joyeux et fous, dit-on, chantant l’amour,
le
printemps, l’aube, les vergers fleuris et la Dame ? Tout notre ration
3889
et fous, dit-on, chantant l’amour, le printemps,
l’
aube, les vergers fleuris et la Dame ? Tout notre rationalisme moderne
3890
, dit-on, chantant l’amour, le printemps, l’aube,
les
vergers fleuris et la Dame ? Tout notre rationalisme moderne appuie l
3891
our, le printemps, l’aube, les vergers fleuris et
la
Dame ? Tout notre rationalisme moderne appuie les savants romanistes
3892
la Dame ? Tout notre rationalisme moderne appuie
les
savants romanistes dans leur conclusion unanime : rien de commun entr
3893
ts romanistes dans leur conclusion unanime : rien
de
commun entre cathares et troubadours ! Mais l’irrépressible intuition
3894
en de commun entre cathares et troubadours ! Mais
l’
irrépressible intuition des « aventureux » que j’ai cités répond, avec
3895
dans deux mondes absolument étanches, au sein de
la
grande révolution psychique du xiie siècle ! Le refus de comprendre
3896
la grande révolution psychique du xiie siècle !
Le
refus de comprendre l’un par l’autre et par un même mouvement de l’es
3897
e révolution psychique du xiie siècle ! Le refus
de
comprendre l’un par l’autre et par un même mouvement de l’esprit l’hé
3898
prendre l’un par l’autre et par un même mouvement
de
l’esprit l’hérésie et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de
3899
ndre l’un par l’autre et par un même mouvement de
l’
esprit l’hérésie et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de le
3900
par l’autre et par un même mouvement de l’esprit
l’
hérésie et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de les compren
3901
et par un même mouvement de l’esprit l’hérésie et
l’
amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de les comprendre isolément
3902
e et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus
de
les comprendre isolément ? ⁂ Voyons les présomptions en faveur de la
3903
t l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de
les
comprendre isolément ? ⁂ Voyons les présomptions en faveur de la thès
3904
s au refus de les comprendre isolément ? ⁂ Voyons
les
présomptions en faveur de la thèse. Raimon V, comte de Toulouse et su
3905
solément ? ⁂ Voyons les présomptions en faveur de
la
thèse. Raimon V, comte de Toulouse et suzerain du Languedoc, écrit en
3906
louse et suzerain du Languedoc, écrit en 1177 : «
L’
hérésie a pénétré partout. Elle a jeté la discorde dans toutes les fam
3907
1177 : « L’hérésie a pénétré partout. Elle a jeté
la
discorde dans toutes les familles, divisant le mari et la femme, le f
3908
étré partout. Elle a jeté la discorde dans toutes
les
familles, divisant le mari et la femme, le fils et le père, la bru et
3909
té la discorde dans toutes les familles, divisant
le
mari et la femme, le fils et le père, la bru et la belle-mère. Les pr
3910
rde dans toutes les familles, divisant le mari et
la
femme, le fils et le père, la bru et la belle-mère. Les prêtres eux-m
3911
outes les familles, divisant le mari et la femme,
le
fils et le père, la bru et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèden
3912
amilles, divisant le mari et la femme, le fils et
le
père, la bru et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tent
3913
divisant le mari et la femme, le fils et le père,
la
bru et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Le
3914
e mari et la femme, le fils et le père, la bru et
la
belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Les églises
3915
mme, le fils et le père, la bru et la belle-mère.
Les
prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Les églises sont désertes et
3916
et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à
la
tentation. Les églises sont désertes et tombent en ruine… Les personn
3917
ère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation.
Les
églises sont désertes et tombent en ruine… Les personnages les plus i
3918
n. Les églises sont désertes et tombent en ruine…
Les
personnages les plus importants de ma terre se sont laissés corrompre
3919
ont désertes et tombent en ruine… Les personnages
les
plus importants de ma terre se sont laissés corrompre. La foule a sui
3920
ent en ruine… Les personnages les plus importants
de
ma terre se sont laissés corrompre. La foule a suivi leur exemple et
3921
importants de ma terre se sont laissés corrompre.
La
foule a suivi leur exemple et abandonné la foi (catholique), ce qui f
3922
ompre. La foule a suivi leur exemple et abandonné
la
foi (catholique), ce qui fait que je n’ose ni ne puis rien entreprend
3923
e puis rien entreprendre. » Est-il imaginable que
les
troubadours aient vécu et chanté dans ce monde-là sans se soucier de
3924
t vécu et chanté dans ce monde-là sans se soucier
de
ce que pensaient, croyaient et sentaient les seigneurs aux dépens des
3925
ucier de ce que pensaient, croyaient et sentaient
les
seigneurs aux dépens desquels ils vivaient ? On a rétorqué à cela que
3926
la que les premiers troubadours sont apparus dans
le
Poitou et le Limousin, tandis que l’hérésie avait son centre plus au
3927
emiers troubadours sont apparus dans le Poitou et
le
Limousin, tandis que l’hérésie avait son centre plus au sud, dans le
3928
apparus dans le Poitou et le Limousin, tandis que
l’
hérésie avait son centre plus au sud, dans le comté de Toulouse. C’est
3929
que l’hérésie avait son centre plus au sud, dans
le
comté de Toulouse. C’est oublier que l’hérésie est descendue du nord
3930
sud, dans le comté de Toulouse. C’est oublier que
l’
hérésie est descendue du nord au sud, par Reims, Orléans, puis Limoges
3931
nord au sud, par Reims, Orléans, puis Limoges et
le
Poitou, précisément ! On a dit aussi que les cours les plus souvent c
3932
es et le Poitou, précisément ! On a dit aussi que
les
cours les plus souvent citées par les troubadours comme particulièrem
3933
oitou, précisément ! On a dit aussi que les cours
les
plus souvent citées par les troubadours comme particulièrement accuei
3934
t aussi que les cours les plus souvent citées par
les
troubadours comme particulièrement accueillantes, étaient celles des
3935
ervation n’est pas toujours exacte — il s’en faut
de
beaucoup, comme on va voir ! — et de plus il se peut très bien que le
3936
n va voir ! — et de plus il se peut très bien que
le
seul fait que les troubadours les fréquentassent révèle tout au contr
3937
de plus il se peut très bien que le seul fait que
les
troubadours les fréquentassent révèle tout au contraire les tendances
3938
ut très bien que le seul fait que les troubadours
les
fréquentassent révèle tout au contraire les tendances hérétiques de c
3939
dours les fréquentassent révèle tout au contraire
les
tendances hérétiques de ces cours. Voici le début d’une chanson de Pe
3940
révèle tout au contraire les tendances hérétiques
de
ces cours. Voici le début d’une chanson de Peire Vidal : Mon cœur se
3941
aire les tendances hérétiques de ces cours. Voici
le
début d’une chanson de Peire Vidal : Mon cœur se réjouit à cause du
3942
tendances hérétiques de ces cours. Voici le début
d’
une chanson de Peire Vidal : Mon cœur se réjouit à cause du renouveau
3943
tiques de ces cours. Voici le début d’une chanson
de
Peire Vidal : Mon cœur se réjouit à cause du renouveau si agréable e
3944
eau si agréable et si doux, et à cause du château
de
Fanjeaux, qui me semble le Paradis ; car amour et joie s’y enferment,
3945
et à cause du château de Fanjeaux, qui me semble
le
Paradis ; car amour et joie s’y enferment, ainsi que tout ce qui conv
3946
e s’y enferment, ainsi que tout ce qui convient à
l’
honneur, et courtoisie sincère et parfaite. Qui oserait dire, ou qui
3947
n son « cathare » ? Mais qu’est-ce que ce château
de
Fanjeaux ? L’une des maisons-mères des cathares ! Le plus fameux des
3948
Fanjeaux ? L’une des maisons-mères des cathares !
Le
plus fameux des évêques hérétiques, Guilabert de Castres, la dirigea
3949
eux des évêques hérétiques, Guilabert de Castres,
la
dirigea en personne dès 1193 (notre poème pouvant être daté des envir
3950
1193 (notre poème pouvant être daté des environs
de
1190) et c’est là qu’Esclarmonde de Foix, la plus grande Dame de l’hé
3951
rons de 1190) et c’est là qu’Esclarmonde de Foix,
la
plus grande Dame de l’hérésie, recevra le consolamentum ! La seconde
3952
st là qu’Esclarmonde de Foix, la plus grande Dame
de
l’hérésie, recevra le consolamentum ! La seconde strophe ne parle que
3953
là qu’Esclarmonde de Foix, la plus grande Dame de
l’
hérésie, recevra le consolamentum ! La seconde strophe ne parle que de
3954
e Foix, la plus grande Dame de l’hérésie, recevra
le
consolamentum ! La seconde strophe ne parle que des « dames » : Je n
3955
strophe ne parle que des « dames » : Je n’ai pas
d’
ennemi si mortel, dont je ne devienne l’ami loyal, s’il me parle des d
3956
n’ai pas d’ennemi si mortel, dont je ne devienne
l’
ami loyal, s’il me parle des dames et m’en dit honneur et louange. Et
3957
je languis. Est-il vraiment possible, se demande
le
lecteur, d’imaginer que Peire Vidal soit autre chose qu’un galant amu
3958
Est-il vraiment possible, se demande le lecteur,
d’
imaginer que Peire Vidal soit autre chose qu’un galant amuseur, un fla
3959
oit autre chose qu’un galant amuseur, un flatteur
de
femmes riches — celles qui forment son public ? Mais la suite du poèm
3960
mes riches — celles qui forment son public ? Mais
la
suite du poème est troublante. Peire Vidal énumère les maisons qui l’
3961
uite du poème est troublante. Peire Vidal énumère
les
maisons qui l’ont bien reçu et les régions qu’hélas il doit quitter p
3962
t troublante. Peire Vidal énumère les maisons qui
l’
ont bien reçu et les régions qu’hélas il doit quitter pour aller en Pr
3963
Vidal énumère les maisons qui l’ont bien reçu et
les
régions qu’hélas il doit quitter pour aller en Provence : ce sont les
3964
il doit quitter pour aller en Provence : ce sont
les
châteaux de Laurac, de Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont l
3965
ter pour aller en Provence : ce sont les châteaux
de
Laurac, de Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de
3966
ler en Provence : ce sont les châteaux de Laurac,
de
Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de l’Albigeoi
3967
nce : ce sont les châteaux de Laurac, de Gaillac,
de
Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de l’Albigeois et du Carc
3968
les châteaux de Laurac, de Gaillac, de Saissac et
de
Montréal ; ce sont les comtés de l’Albigeois et du Carcassès « où les
3969
, de Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont
les
comtés de l’Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et les femm
3970
c, de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés
de
l’Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et les femmes du pays
3971
de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de
l’
Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et les femmes du pays so
3972
nt les comtés de l’Albigeois et du Carcassès « où
les
chevaliers et les femmes du pays sont courtois », et c’est aussi « Da
3973
’Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et
les
femmes du pays sont courtois », et c’est aussi « Dame Louve, qui m’a
3974
vons que tous ces châteaux sont des foyers connus
de
l’hérésie, ou même des « maisons d’hérétiques » (sortes de couvents)
3975
s que tous ces châteaux sont des foyers connus de
l’
hérésie, ou même des « maisons d’hérétiques » (sortes de couvents) ; q
3976
foyers connus de l’hérésie, ou même des « maisons
d’
hérétiques » (sortes de couvents) ; que ces comtés sont notoirement ca
3977
sie, ou même des « maisons d’hérétiques » (sortes
de
couvents) ; que ces comtés sont notoirement cathares ; et que cette «
3978
notoirement cathares ; et que cette « Louve » est
la
comtesse Stéphanie, dite la Loba, qui fait partie du groupe des hérét
3979
e cette « Louve » est la comtesse Stéphanie, dite
la
Loba, qui fait partie du groupe des hérétiques actives ! Le poème, qu
3980
ui fait partie du groupe des hérétiques actives !
Le
poème, qu’une anthologie moderne intitule en toute innocence « remerc
3981
intitule en toute innocence « remerciements pour
de
gracieuses hospitalités », prend ainsi le caractère imprévu d’une sor
3982
ts pour de gracieuses hospitalités », prend ainsi
le
caractère imprévu d’une sorte de lettre pastorale ! Et pourtant, je l
3983
hospitalités », prend ainsi le caractère imprévu
d’
une sorte de lettre pastorale ! Et pourtant, je le relis et je me frot
3984
s », prend ainsi le caractère imprévu d’une sorte
de
lettre pastorale ! Et pourtant, je le relis et je me frotte les yeux…
3985
d’une sorte de lettre pastorale ! Et pourtant, je
le
relis et je me frotte les yeux… Comment croire que ce ton badin, ces
3986
torale ! Et pourtant, je le relis et je me frotte
les
yeux… Comment croire que ce ton badin, ces potins de milieu littérair
3987
yeux… Comment croire que ce ton badin, ces potins
de
milieu littéraire… S’agirait-il vraiment de « pures coïncidences » ?
3988
otins de milieu littéraire… S’agirait-il vraiment
de
« pures coïncidences » ? Ce doute et cette question renaissent à l’in
3989
ences » ? Ce doute et cette question renaissent à
l’
infini. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme les cathares
3990
enaissent à l’infini. Est-ce pure coïncidence, si
les
troubadours comme les cathares glorifient — sans toujours l’exercer —
3991
Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme
les
cathares glorifient — sans toujours l’exercer — la vertu de chasteté
3992
urs comme les cathares glorifient — sans toujours
l’
exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme les
3993
s cathares glorifient — sans toujours l’exercer —
la
vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme les « purs », i
3994
s glorifient — sans toujours l’exercer — la vertu
de
chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme les « purs », ils ne reç
3995
u de chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme
les
« purs », ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’initiatio
3996
ncidence si, comme les « purs », ils ne reçoivent
de
leur Dame qu’un seul baiser d’initiation ? Et s’ils distinguent deux
3997
, ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser
d’
initiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (le prega
3998
nitiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans
le
domnei (le pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue d
3999
Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (
le
pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue dans l’Églis
4000
degrés dans le domnei (le pregaire, ou prière, et
l’
entendeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour les « croyants »
4001
prière, et l’entendeire) comme on distingue dans
l’
Église d’Amour les « croyants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillen
4002
et l’entendeire) comme on distingue dans l’Église
d’
Amour les « croyants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillent les lie
4003
endeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour
les
« croyants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillent les liens du mar
4004
stingue dans l’Église d’Amour les « croyants » et
les
« parfaits » ? Et s’ils raillent les liens du mariage, cette jurata f
4005
royants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillent
les
liens du mariage, cette jurata fornicatio, selon les cathares ? Et s’
4006
liens du mariage, cette jurata fornicatio, selon
les
cathares ? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés les féodau
4007
icatio, selon les cathares ? Et s’ils invectivent
les
clercs et leurs alliés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
4008
? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés
les
féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à la manière errante des « pu
4009
iés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
la
manière errante des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur les
4010
des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur
les
routes ? Et si l’on retrouve, enfin, dans certains de leurs vers, des
4011
’en allaient deux par deux sur les routes ? Et si
l’
on retrouve, enfin, dans certains de leurs vers, des expressions tirée
4012
outes ? Et si l’on retrouve, enfin, dans certains
de
leurs vers, des expressions tirées de la liturgie cathare ? Il ne ser
4013
ns certains de leurs vers, des expressions tirées
de
la liturgie cathare ? Il ne serait que trop facile de multiplier ces
4014
certains de leurs vers, des expressions tirées de
la
liturgie cathare ? Il ne serait que trop facile de multiplier ces que
4015
a liturgie cathare ? Il ne serait que trop facile
de
multiplier ces questions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
4016
facile de multiplier ces questions. Voyons plutôt
les
arguments adverses. Tous les troubadours, dira-t-on, ne furent pas da
4017
tions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
les
troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plus
4018
us les troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans
le
camp de l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents.
4019
roubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp
de
l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes,
4020
badours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de
l’
hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes, et
4021
et même un Folquet de Marseille a pu se joindre à
la
croisade des albigeois. Mais aussi passa-t-il pour un traître, jusqu’
4022
un traître, jusqu’au jour où il fut accusé devant
le
pape Innocent III d’avoir causé la mort de cinq-cents personnes ! D’a
4023
jour où il fut accusé devant le pape Innocent III
d’
avoir causé la mort de cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on dém
4024
accusé devant le pape Innocent III d’avoir causé
la
mort de cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à s
4025
devant le pape Innocent III d’avoir causé la mort
de
cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à supposer
4026
oser que ce fût possible en soi, que tels d’entre
les
troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cath
4027
soi, que tels d’entre les troubadours ignoraient
les
analogies de leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore
4028
d’entre les troubadours ignoraient les analogies
de
leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
4029
ogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
l’
origine de ce lyrisme n’est pas hérétique. N’oublions pas qu’ils compo
4030
re, on n’aurait pas encore démontré que l’origine
de
ce lyrisme n’est pas hérétique. N’oublions pas qu’ils composaient leu
4031
composaient leurs coblas et leurs sirventés selon
les
canons d’une rhétorique admirablement invariable. On peut concevoir u
4032
leurs coblas et leurs sirventés selon les canons
d’
une rhétorique admirablement invariable. On peut concevoir une poésie
4033
r une poésie — même très belle — qui serait faite
de
lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pa
4034
ès belle — qui serait faite de lieux communs dont
le
poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plu
4035
t faite de lieux communs dont le poète ne saurait
d’
où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
4036
ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf
la
beauté, plutôt courant ? Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent
4037
st-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
l’
on dit : ces troubadours ne parlent point de leurs croyances dans les
4038
Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent point
de
leurs croyances dans les poésies qui nous restent — il suffit de rapp
4039
ubadours ne parlent point de leurs croyances dans
les
poésies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares pro
4040
ces dans les poésies qui nous restent — il suffit
de
rappeler que les cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne j
4041
sies qui nous restent — il suffit de rappeler que
les
cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne jamais trahir leur
4042
e rappeler que les cathares promettaient, lors de
l’
initiation, de ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mo
4043
les cathares promettaient, lors de l’initiation,
de
ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mort dont ils se
4044
ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût
la
mort dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que les registres de
4045
rt dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que
les
registres de l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la
4046
verraient menacés. C’est ainsi que les registres
de
l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola (ou
4047
rraient menacés. C’est ainsi que les registres de
l’
Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola (ou mal
4048
nquisition ne portent pas un seul aveu concernant
la
minesola (ou malisola, ou encore manisola), suprême initiation des «
4049
ncore manisola), suprême initiation des « purs ».
La
fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amour : «
4050
uprême initiation des « purs ». La fréquence même
de
cette question débattue dans les cours d’amour : « Un chevalier peut-
4051
La fréquence même de cette question débattue dans
les
cours d’amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle
4052
ce même de cette question débattue dans les cours
d’
amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle à sa dam
4053
e à sa dame ? » voilà qui nous donne à penser, si
l’
on songe à tous les troubadours qui devaient subir un apparent « maria
4054
ilà qui nous donne à penser, si l’on songe à tous
les
troubadours qui devaient subir un apparent « mariage » avec l’Église
4055
s qui devaient subir un apparent « mariage » avec
l’
Église de Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs
4056
aient subir un apparent « mariage » avec l’Église
de
Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs « pensée
4057
mariage » avec l’Église de Rome dont ils étaient
les
clercs, tout en servant dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Égli
4058
en servant dans leurs « pensées » une autre Dame,
l’
Église d’Amour… Bernard Gui, dans son Manuel de l’Inquisiteur, n’affir
4059
t dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Église
d’
Amour… Bernard Gui, dans son Manuel de l’Inquisiteur, n’affirme-t-il p
4060
n Manuel de l’Inquisiteur, n’affirme-t-il pas que
les
cathares croyaient bien à la Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait
4061
ffirme-t-il pas que les cathares croyaient bien à
la
Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait pour eux non pas une femme d
4062
f qu’elle représentait pour eux non pas une femme
de
chair, mère de Jésus, mais leur Église ? Mais certains abjurèrent l’h
4063
ésus, mais leur Église ? Mais certains abjurèrent
l’
hérésie sans abandonner le « trobar » ? Eh oui ! tout comme tel conver
4064
ais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner
le
« trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans la plus récente po
4065
trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans
la
plus récente poésie voue à la Vierge des images qu’il avait inventées
4066
e tel converti dans la plus récente poésie voue à
la
Vierge des images qu’il avait inventées pour d’autres. Peire d’Auverg
4067
étique. Mais venons-en aux textes, et considérons-
les
dans la très pure nudité et transparence de leur rhétorique amoureuse
4068
ais venons-en aux textes, et considérons-les dans
la
très pure nudité et transparence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thèm
4069
rons-les dans la très pure nudité et transparence
de
leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de la mort, que l’on préfère aux d
4070
ransparence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème
de
la mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de m
4071
sparence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de
la
mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mour
4072
eur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de la mort, que
l’
on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joi
4073
on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc
de
mourir Que de joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pou
4074
dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que
de
joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
4075
Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
de
me plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi. La « joie vilaine
4076
e plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi.
La
« joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir, si justemen
4077
ric de Belenoi. La « joie vilaine », c’est ce qui
le
guérirait de son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal
4078
i. La « joie vilaine », c’est ce qui le guérirait
de
son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, l
4079
st ce qui le guérirait de son désir, si justement
l’
amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire
4080
son désir, si justement l’amour sans fin n’était
le
mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait
4081
ement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime,
la
« joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’oc
4082
mour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy
d’
amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que
4083
fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor »,
le
délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que je reste
4084
e me plaint … et ce désir Prévaut — bien que fait
de
délire — Sur tout autre… S’il ne veut pas mourir encore, c’est qu’il
4085
st pas assez détaché du désir, c’est qu’il craint
de
quitter son corps par désespoir, « mortel péché », enfin, c’est qu’il
4086
c’est qu’il ignore encore à quoi lui peut servir
De
laisser en extase son âme ravir. La doctrine n’exigeait-elle pas qu’
4087
peut servir De laisser en extase son âme ravir.
La
doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa vie « non par lassitu
4088
ssitude ni par peur ou douleur, mais dans un état
de
parfait détachement de la matière… »41. Voici le thème de la séparati
4089
douleur, mais dans un état de parfait détachement
de
la matière… »41. Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tou
4090
leur, mais dans un état de parfait détachement de
la
matière… »41. Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l
4091
de parfait détachement de la matière… »41. Voici
le
thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu
4092
it détachement de la matière… »41. Voici le thème
de
la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! commen
4093
détachement de la matière… »41. Voici le thème de
la
séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment s
4094
la matière… »41. Voici le thème de la séparation,
le
leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire
4095
41. Voici le thème de la séparation, le leitmotiv
de
tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
4096
i le thème de la séparation, le leitmotiv de tout
l’
amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin,
4097
omment se peut-il faire Que plus m’est loin, plus
la
désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie la vraie 42 lumière e
4098
a désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie
la
vraie 42 lumière en attendant l’aube du jour terrestre : cette aube q
4099
ornheil qui prie la vraie 42 lumière en attendant
l’
aube du jour terrestre : cette aube qui doit le réunir à son « copain
4100
nt l’aube du jour terrestre : cette aube qui doit
le
réunir à son « copain » de route, et donc d’épreuves dans le monde. (
4101
: cette aube qui doit le réunir à son « copain »
de
route, et donc d’épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », serai
4102
doit le réunir à son « copain » de route, et donc
d’
épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’âme et le
4103
son « copain » de route, et donc d’épreuves dans
le
monde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’âme et le corps ? L’âme l
4104
dans le monde. (Ces deux « copains », seraient-ce
l’
âme et le corps ? L’âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais s
4105
onde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’âme et
le
corps ? L’âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais souvenons-
4106
deux « copains », seraient-ce l’âme et le corps ?
L’
âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi
4107
et le corps ? L’âme liée au corps, mais désirant
l’
esprit ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missionnaires che
4108
ais désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi
de
la coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux
4109
désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi de
la
coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux, l
4110
À mon copain fidèle soit aide et bienvenue Car ne
l’
ai plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à l
4111
it aide et bienvenue Car ne l’ai plus revu depuis
la
nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, l
4112
plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra
l’
aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœu
4113
la nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à
la
fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-
4114
t venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin
de
la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trou
4115
enue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de
la
chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé
4116
tôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson,
le
troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de l
4117
trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de
la
nuit la Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain,
4118
s vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de la nuit
la
Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain, tant ri
4119
our Que ne veux jamais plus voir aube ni jour Car
la
plus belle fille qui de mère naquit La tient dedans mes bras, donc pl
4120
lus voir aube ni jour Car la plus belle fille qui
de
mère naquit La tient dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de ja
4121
i jour Car la plus belle fille qui de mère naquit
La
tient dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni d’aube.
4122
tient dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni
de
jaloux ni d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille
4123
mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni
d’
aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille dont Wagner,
4124
d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer
le
trille dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime
4125
de lancer le trille dont Wagner, au deuxième acte
de
Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht
4126
le dont Wagner, au deuxième acte de Tristan, fera
le
cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht d
4127
au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime
de
Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht dem Tag die Nach
4128
acht ! (« Prenez garde ! Prenez garde ! Voici que
la
nuit cède au jour ! ») Mais Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternell
4129
is Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternellement
la
nuit nous enveloppe ! » Tout comme dans ce début d’une autre « aube »
4130
nuit nous enveloppe ! » Tout comme dans ce début
d’
une autre « aube »43 anonyme : En un verger, sous une loge d’aubépine
4131
« aube »43 anonyme : En un verger, sous une loge
d’
aubépine, la dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guett
4132
nonyme : En un verger, sous une loge d’aubépine,
la
dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guetteur ait crié
4133
dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que
le
guetteur ait crié : Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! —
4134
usqu’à ce que le guetteur ait crié : Dieu ! c’est
l’
aube. Qu’elle vient donc vite ! — Combien je voudrais, mon Dieu, que l
4135
donc vite ! — Combien je voudrais, mon Dieu, que
la
nuit ne finît pas, que mon ami pût rester près de moi, et que jamais
4136
que mon ami pût rester près de moi, et que jamais
le
guetteur n’annonçât le lever de l’aube ! Dieu ! c’est l’aube. Quelle
4137
près de moi, et que jamais le guetteur n’annonçât
le
lever de l’aube ! Dieu ! c’est l’aube. Quelle vient donc vite ! Mai
4138
oi, et que jamais le guetteur n’annonçât le lever
de
l’aube ! Dieu ! c’est l’aube. Quelle vient donc vite ! Mais cette «
4139
et que jamais le guetteur n’annonçât le lever de
l’
aube ! Dieu ! c’est l’aube. Quelle vient donc vite ! Mais cette « be
4140
teur n’annonçât le lever de l’aube ! Dieu ! c’est
l’
aube. Quelle vient donc vite ! Mais cette « belle qui toujours dit n
4141
qui toujours dit non » — encore que bien souvent
le
doute s’insinue — qui est-elle, femme ou symbole ? Pourquoi sont-ils
4142
sont-ils tous à jurer que jamais ils ne trahiront
le
secret de leur grande passion — comme s’il s’agissait d’une foi, et d
4143
ous à jurer que jamais ils ne trahiront le secret
de
leur grande passion — comme s’il s’agissait d’une foi, et d’une foi i
4144
et de leur grande passion — comme s’il s’agissait
d’
une foi, et d’une foi initiatique ? Renoncez, je vous le dis, au nom
4145
nde passion — comme s’il s’agissait d’une foi, et
d’
une foi initiatique ? Renoncez, je vous le dis, au nom d’Amour et au
4146
oi, et d’une foi initiatique ? Renoncez, je vous
le
dis, au nom d’Amour et au mien renoncez, perfides délateurs, accompli
4147
est son pays, s’il est loin ou près, car je vous
le
tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que de faillir en un seul mot
4148
us le tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que
de
faillir en un seul mot… Quelle est la « dame » qui mériterait ce sac
4149
plutôt que de faillir en un seul mot… Quelle est
la
« dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri de Guillaume de Poit
4150
« dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri
de
Guillaume de Poitiers : Par elle seule je serai sauvé ! Ou cette in
4151
elle seule je serai sauvé ! Ou cette invocation
d’
Uc de Saint-Circ à une Dame sans merci : Je ne désire pas que Dieu m’
4152
ou bonheur, sinon par vous ! S’il ne s’agit que
de
figures de rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? E
4153
, sinon par vous ! S’il ne s’agit que de figures
de
rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amou
4154
ne s’agit que de figures de rhétorique, quel est
l’
esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut l’idée platonic
4155
t qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut
l’
idée platonicienne ? Dans sa chanson Du moindre tiers d’Amour — celui
4156
platonicienne ? Dans sa chanson Du moindre tiers
d’
Amour — celui des femmes — Guiraut de Calanson dit des deux autres tie
4157
— Guiraut de Calanson dit des deux autres tiers,
l’
amour des parents et l’amour divin : Au second tiers conviennent Nobl
4158
dit des deux autres tiers, l’amour des parents et
l’
amour divin : Au second tiers conviennent Noblesse et Merci ; et le p
4159
conviennent Noblesse et Merci ; et le premier est
de
telle élévation qu’au-dessus du ciel plane son pouvoir. Cet Amour un
4160
est du genre féminin) qui chez Dante va « mouvoir
le
ciel et toutes les étoiles », et dont Guiraut nous dit ici qu’il plan
4161
in) qui chez Dante va « mouvoir le ciel et toutes
les
étoiles », et dont Guiraut nous dit ici qu’il plane « au-dessus du ci
4162
plane « au-dessus du ciel », n’est-ce point déjà
la
Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la
4163
Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes,
le
Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart,
4164
en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu
d’
avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart, et plus
4165
des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant
la
Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart, et plus précisé
4166
xes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent
la
Gnose et Maître Eckhart, et plus précisément encore, le Dieu « suress
4167
se et Maître Eckhart, et plus précisément encore,
le
Dieu « suressentiel » qui selon Bernard de Chartres (vers 1150 !) « r
4168
réside au-dessus des cieux », et dont « Noys » —
de
Noûs grec — est l’émanation intellectuelle et féminine ? Et d’où vien
4169
es cieux », et dont « Noys » — de Noûs grec — est
l’
émanation intellectuelle et féminine ? Et d’où viendrait, sinon, l’inc
4170
— est l’émanation intellectuelle et féminine ? Et
d’
où viendrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment d’équivoque don
4171
lectuelle et féminine ? Et d’où viendrait, sinon,
l’
incertitude, voire le sentiment d’équivoque dont on ne peut se départi
4172
? Et d’où viendrait, sinon, l’incertitude, voire
le
sentiment d’équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces
4173
endrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment
d’
équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces poèmes amour
4174
ntiment d’équivoque dont on ne peut se départir à
la
lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle44
4175
quivoque dont on ne peut se départir à la lecture
de
ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle44 — le prétex
4176
a lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien
d’
une femme réelle44 — le prétexte physique est là — mais comme dans le
4177
amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle44 —
le
prétexte physique est là — mais comme dans le Cantique des Cantiques,
4178
4 — le prétexte physique est là — mais comme dans
le
Cantique des Cantiques, le ton est réellement mystique. Les érudits n
4179
t là — mais comme dans le Cantique des Cantiques,
le
ton est réellement mystique. Les érudits nous ressassent leur formule
4180
ue des Cantiques, le ton est réellement mystique.
Les
érudits nous ressassent leur formule : il n’y aurait là, « tout simpl
4181
n’y aurait là, « tout simplement », qu’une manie
d’
idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette m
4182
là, « tout simplement », qu’une manie d’idéaliser
la
femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une
4183
implement », qu’une manie d’idéaliser la femme et
l’
amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une « humeur id
4184
nie d’idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais
d’
où provient donc cette manie ? D’une « humeur idéalisante » ? Lisons p
4185
ur naturel. Mais d’où provient donc cette manie ?
D’
une « humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique de Peire de Rog
4186
humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique
de
Peire de Rogiers : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin d’ell
4187
rs : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin
d’
elle que j’ai si grand Mon cœur ne s’en doit point défaire Ni jamais j
4188
is rien, car ne sais vouloir qu’ELLE ! Et ce cri
de
Bernard de Ventadour : Elle m’a pris mon cœur, elle m’a pris moi-mêm
4189
s mon cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis elle s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant que mo
4190
ésir et mon cœur assoiffé ! Et ces deux strophes
d’
Arnaut Daniel — un noble qui se fit jongleur errant, et dont les roman
4191
el — un noble qui se fit jongleur errant, et dont
les
romanistes assurent que les poèmes sont « vides de pensée » : n’y tro
4192
gleur errant, et dont les romanistes assurent que
les
poèmes sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche pré
4193
s romanistes assurent que les poèmes sont « vides
de
pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique nég
4194
es sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas
la
démarche précise de la mystique négative, et ses métaphores invariabl
4195
ensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise
de
la mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et l
4196
ée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de
la
mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et la r
4197
que négative, et ses métaphores invariables ? Je
l’
aime et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je croi
4198
ve, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et
la
recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m
4199
taphores invariables ? Je l’aime et la recherche
de
si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m’enlèverai to
4200
e et la recherche de si grand cœur que, par excès
de
désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si l’on peut rien perdr
4201
désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si
l’
on peut rien perdre à force de bien aimer. Car son cœur submerge le mi
4202
aimer. Car son cœur submerge le mien tout entier
d’
un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’o
4203
er d’un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni
l’
Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme le pape, si je ne dois pas faire r
4204
lot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire
de
Rome, ni qu’on m’en nomme le pape, si je ne dois pas faire retour ver
4205
ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme
le
pape, si je ne dois pas faire retour vers elle pour qui mon cœur s’em
4206
e ne guérit pas mon tourment avec un baiser avant
le
Nouvel An, elle me détruit et elle se damne. ⁂ Il est temps maintena
4207
ruit et elle se damne. ⁂ Il est temps maintenant
de
pousser à l’extrême l’intuition directrice de cette recherche. Si la
4208
se damne. ⁂ Il est temps maintenant de pousser à
l’
extrême l’intuition directrice de cette recherche. Si la Dame n’est pa
4209
⁂ Il est temps maintenant de pousser à l’extrême
l’
intuition directrice de cette recherche. Si la Dame n’est pas simpleme
4210
ant de pousser à l’extrême l’intuition directrice
de
cette recherche. Si la Dame n’est pas simplement l’Église d’Amour des
4211
ême l’intuition directrice de cette recherche. Si
la
Dame n’est pas simplement l’Église d’Amour des cathares (comme ont pu
4212
cette recherche. Si la Dame n’est pas simplement
l’
Église d’Amour des cathares (comme ont pu le croire Aroux et Péladan),
4213
cherche. Si la Dame n’est pas simplement l’Église
d’
Amour des cathares (comme ont pu le croire Aroux et Péladan), ni la Ma
4214
ement l’Église d’Amour des cathares (comme ont pu
le
croire Aroux et Péladan), ni la Maria-Sophia des hérésies gnostiques
4215
res (comme ont pu le croire Aroux et Péladan), ni
la
Maria-Sophia des hérésies gnostiques (le Principe féminin de la divin
4216
dan), ni la Maria-Sophia des hérésies gnostiques (
le
Principe féminin de la divinité), ne serait-elle pas l’Anima, ou plus
4217
phia des hérésies gnostiques (le Principe féminin
de
la divinité), ne serait-elle pas l’Anima, ou plus précisément encore
4218
a des hérésies gnostiques (le Principe féminin de
la
divinité), ne serait-elle pas l’Anima, ou plus précisément encore : l
4219
ncipe féminin de la divinité), ne serait-elle pas
l’
Anima, ou plus précisément encore : la part spirituelle de l’homme, ce
4220
it-elle pas l’Anima, ou plus précisément encore :
la
part spirituelle de l’homme, celle que son âme emprisonnée dans le co
4221
ou plus précisément encore : la part spirituelle
de
l’homme, celle que son âme emprisonnée dans le corps appelle d’un amo
4222
plus précisément encore : la part spirituelle de
l’
homme, celle que son âme emprisonnée dans le corps appelle d’un amour
4223
le de l’homme, celle que son âme emprisonnée dans
le
corps appelle d’un amour nostalgique que la mort seule pourra combler
4224
lle que son âme emprisonnée dans le corps appelle
d’
un amour nostalgique que la mort seule pourra combler ? Dans les Képha
4225
dans le corps appelle d’un amour nostalgique que
la
mort seule pourra combler ? Dans les Képhalaïa ou Chapitres de Manès4
4226
stalgique que la mort seule pourra combler ? Dans
les
Képhalaïa ou Chapitres de Manès45, on peut lire au chapitre X comment
4227
pourra combler ? Dans les Képhalaïa ou Chapitres
de
Manès45, on peut lire au chapitre X comment l’élu qui a renoncé au mo
4228
es de Manès45, on peut lire au chapitre X comment
l’
élu qui a renoncé au monde reçoit l’imposition des mains (ce sera chez
4229
tre X comment l’élu qui a renoncé au monde reçoit
l’
imposition des mains (ce sera chez les cathares le consolamentum, géné
4230
monde reçoit l’imposition des mains (ce sera chez
les
cathares le consolamentum, généralement donné à l’approche de la mort
4231
l’imposition des mains (ce sera chez les cathares
le
consolamentum, généralement donné à l’approche de la mort) ; comment
4232
s cathares le consolamentum, généralement donné à
l’
approche de la mort) ; comment il se voit de la sorte « ordonné » dans
4233
le consolamentum, généralement donné à l’approche
de
la mort) ; comment il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit d
4234
consolamentum, généralement donné à l’approche de
la
mort) ; comment il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit de L
4235
nné à l’approche de la mort) ; comment il se voit
de
la sorte « ordonné » dans l’Esprit de Lumière ; comment, au moment de
4236
à l’approche de la mort) ; comment il se voit de
la
sorte « ordonné » dans l’Esprit de Lumière ; comment, au moment de sa
4237
; comment il se voit de la sorte « ordonné » dans
l’
Esprit de Lumière ; comment, au moment de sa mort, la forme de Lumière
4238
il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit
de
Lumière ; comment, au moment de sa mort, la forme de Lumière, qui est
4239
sprit de Lumière ; comment, au moment de sa mort,
la
forme de Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et le console par
4240
Lumière ; comment, au moment de sa mort, la forme
de
Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et le console par un baiser
4241
e de Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et
le
console par un baiser ; comment son ange lui tend la main droite et l
4242
console par un baiser ; comment son ange lui tend
la
main droite et le salue également d’un baiser d’amour ; comment enfin
4243
ser ; comment son ange lui tend la main droite et
le
salue également d’un baiser d’amour ; comment enfin l’élu vénère sa p
4244
nge lui tend la main droite et le salue également
d’
un baiser d’amour ; comment enfin l’élu vénère sa propre forme de lumi
4245
la main droite et le salue également d’un baiser
d’
amour ; comment enfin l’élu vénère sa propre forme de lumière, sa salv
4246
lue également d’un baiser d’amour ; comment enfin
l’
élu vénère sa propre forme de lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait
4247
mour ; comment enfin l’élu vénère sa propre forme
de
lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait de la « Dame de ses pensées
4248
forme de lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait
de
la « Dame de ses pensées », inaccessible par essence, toujours placée
4249
me de lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait de
la
« Dame de ses pensées », inaccessible par essence, toujours placée «
4250
ère, sa salvatrice. Or, qu’attendait de la « Dame
de
ses pensées », inaccessible par essence, toujours placée « en trop ha
4251
toujours placée « en trop haut lieu » pour lui46,
le
troubadour souffrant de l’amour vrai ? Un seul baiser, un seul regard
4252
p haut lieu » pour lui46, le troubadour souffrant
de
l’amour vrai ? Un seul baiser, un seul regard, un seul salut. Jaufré
4253
aut lieu » pour lui46, le troubadour souffrant de
l’
amour vrai ? Un seul baiser, un seul regard, un seul salut. Jaufré Ru
4254
ul regard, un seul salut. Jaufré Rudel, au terme
d’
un amour conçu pour une femme qu’il n’a jamais vue, rejoignant enfin c
4255
’a jamais vue, rejoignant enfin cette image après
la
traversée d’une mer, meurt dans les bras de la comtesse de Tripoli dè
4256
, rejoignant enfin cette image après la traversée
d’
une mer, meurt dans les bras de la comtesse de Tripoli dès qu’il en a
4257
te image après la traversée d’une mer, meurt dans
les
bras de la comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser de
4258
après la traversée d’une mer, meurt dans les bras
de
la comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser de paix et
4259
ès la traversée d’une mer, meurt dans les bras de
la
comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser de paix et le
4260
sse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser
de
paix et le salut. Il s’agit d’une légende, mais tirée des poèmes qui
4261
oli dès qu’il en a reçu un seul baiser de paix et
le
salut. Il s’agit d’une légende, mais tirée des poèmes qui chantent be
4262
eçu un seul baiser de paix et le salut. Il s’agit
d’
une légende, mais tirée des poèmes qui chantent bel et bien « l’amour
4263
mais tirée des poèmes qui chantent bel et bien «
l’
amour de loin ». Il y eut aussi des dames « réelles »… Mais le furent-
4264
rée des poèmes qui chantent bel et bien « l’amour
de
loin ». Il y eut aussi des dames « réelles »… Mais le furent-elles, e
4265
oin ». Il y eut aussi des dames « réelles »… Mais
le
furent-elles, en vérité, plus que cet événement psychique ? De l’énig
4266
es, en vérité, plus que cet événement psychique ?
De
l’énigme historique, dont plusieurs ont cru voir la solution dans l’h
4267
en vérité, plus que cet événement psychique ? De
l’
énigme historique, dont plusieurs ont cru voir la solution dans l’hypo
4268
l’énigme historique, dont plusieurs ont cru voir
la
solution dans l’hypothèse fort excitante d’une clandestinité de l’Égl
4269
que, dont plusieurs ont cru voir la solution dans
l’
hypothèse fort excitante d’une clandestinité de l’Église hérétique, do
4270
voir la solution dans l’hypothèse fort excitante
d’
une clandestinité de l’Église hérétique, dont les poètes eussent été l
4271
ns l’hypothèse fort excitante d’une clandestinité
de
l’Église hérétique, dont les poètes eussent été les agents, nous pass
4272
l’hypothèse fort excitante d’une clandestinité de
l’
Église hérétique, dont les poètes eussent été les agents, nous passons
4273
e d’une clandestinité de l’Église hérétique, dont
les
poètes eussent été les agents, nous passons maintenant au mystère d’u
4274
e l’Église hérétique, dont les poètes eussent été
les
agents, nous passons maintenant au mystère d’une passion proprement r
4275
té les agents, nous passons maintenant au mystère
d’
une passion proprement religieuse, d’une conception mystique fortement
4276
t au mystère d’une passion proprement religieuse,
d’
une conception mystique fortement attestée dans la vie même des âmes.
4277
d’une conception mystique fortement attestée dans
la
vie même des âmes. Essayons à nouveau de repérer, entre les pointes e
4278
tée dans la vie même des âmes. Essayons à nouveau
de
repérer, entre les pointes et les oscillations extrêmes de cette rech
4279
me des âmes. Essayons à nouveau de repérer, entre
les
pointes et les oscillations extrêmes de cette recherche, la réalité g
4280
sayons à nouveau de repérer, entre les pointes et
les
oscillations extrêmes de cette recherche, la réalité généralement int
4281
r, entre les pointes et les oscillations extrêmes
de
cette recherche, la réalité généralement intermédiaire, donc moins «
4282
et les oscillations extrêmes de cette recherche,
la
réalité généralement intermédiaire, donc moins « claire » et moins «
4283
égagent, presque malgré moi, des conclusions dont
l’
importance risque de se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèv
4284
gré moi, des conclusions dont l’importance risque
de
se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèveront. Je ne songe p
4285
dont l’importance risque de se mesurer au nombre
d’
objections qu’elles soulèveront. Je ne songe pas à esquiver des critiq
4286
squiver des critiques que j’espère fécondes. Mais
le
lecteur me saura gré de tenir compte des doutes qui ont dû s’élever d
4287
e j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré
de
tenir compte des doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et d’ind
4288
es doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et
d’
indiquer en bref par quelles raisons je crois pouvoir les surmonter. O
4289
quer en bref par quelles raisons je crois pouvoir
les
surmonter. On a dit et on me dira : 1° que la religion des cathares n
4290
ir les surmonter. On a dit et on me dira : 1° que
la
religion des cathares nous est encore mal connue et qu’il est donc au
4291
e mal connue et qu’il est donc au moins prématuré
d’
y voir la source (ou l’une des sources principales) du lyrisme courtoi
4292
nue et qu’il est donc au moins prématuré d’y voir
la
source (ou l’une des sources principales) du lyrisme courtois ; 2° qu
4293
sources principales) du lyrisme courtois ; 2° que
les
troubadours n’ont jamais dit qu’ils suivaient cette religion, ou que
4294
t qu’ils suivaient cette religion, ou que c’était
d’
elle qu’ils parlaient ; 3° qu’au contraire l’amour qu’ils exaltent n’e
4295
tait d’elle qu’ils parlaient ; 3° qu’au contraire
l’
amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou la sublimation du dé
4296
qu’au contraire l’amour qu’ils exaltent n’est que
l’
idéalisation ou la sublimation du désir sexuel ; 4° qu’on distingue ma
4297
amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou
la
sublimation du désir sexuel ; 4° qu’on distingue mal comment, de la c
4298
du désir sexuel ; 4° qu’on distingue mal comment,
de
la confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platonicienne
4299
désir sexuel ; 4° qu’on distingue mal comment, de
la
confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platoniciennes,
4300
distingue mal comment, de la confuse combinaison
de
doctrines manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond de traditio
4301
s manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond
de
traditions celtibériques, aurait pu naître une rhétorique aussi préci
4302
cise que celle des troubadours. Je répondrai dans
l’
ordre à ces critiques. 1. Religion mal connue Si elle n’était pas conn
4303
on mal connue Si elle n’était pas connue du tout,
le
problème du lyrisme provençal resterait totalement obscur, comme il r
4304
çal resterait totalement obscur, comme il ressort
de
l’aveu même des romanistes. Or je le répète, je me refuse, pour ma pa
4305
resterait totalement obscur, comme il ressort de
l’
aveu même des romanistes. Or je le répète, je me refuse, pour ma part,
4306
e il ressort de l’aveu même des romanistes. Or je
le
répète, je me refuse, pour ma part, à considérer comme absurde une po
4307
sidérer comme absurde une poétique et une éthique
de
l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles
4308
érer comme absurde une poétique et une éthique de
l’
amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuv
4309
me absurde une poétique et une éthique de l’amour
d’
où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de l
4310
et une éthique de l’amour d’où sont issues, dans
les
siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidental
4311
mour d’où sont issues, dans les siècles suivants,
les
plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’autre part, ce qu
4312
dans les siècles suivants, les plus belles œuvres
de
la littérature occidentale. D’autre part, ce que l’on connaît aujourd
4313
s les siècles suivants, les plus belles œuvres de
la
littérature occidentale. D’autre part, ce que l’on connaît aujourd’hu
4314
la littérature occidentale. D’autre part, ce que
l’
on connaît aujourd’hui des croyances et des rites cathares suffit à ét
4315
it à établir sans plus de contestations possibles
les
origines manichéennes de l’hérésie. Or, si l’on se reporte à ce qui f
4316
contestations possibles les origines manichéennes
de
l’hérésie. Or, si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2)
4317
testations possibles les origines manichéennes de
l’
hérésie. Or, si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
4318
es les origines manichéennes de l’hérésie. Or, si
l’
on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur la nature essenti
4319
se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
la
nature essentiellement lyrique des dogmes manichéens en général, il a
4320
nichéens en général, il apparaît qu’un supplément
d’
information, sur telle ou telle nuance ou altération qu’auraient reçue
4321
e ou altération qu’auraient reçue ces dogmes dans
l’
Église du Midi, n’apporterait pas grand-chose pour ou contre ma thèse.
4322
lles et exactes du dogme qu’il faut chercher dans
la
rhétorique courtoise, mais bien le développement lyrique et psalmodiq
4323
chercher dans la rhétorique courtoise, mais bien
le
développement lyrique et psalmodique des symboles fondamentaux. De mê
4324
entaux. De même, pour prendre un exemple moderne,
le
« sentiment chrétien » que l’on reconnaît chez un Baudelaire est autr
4325
un exemple moderne, le « sentiment chrétien » que
l’
on reconnaît chez un Baudelaire est autre chose qu’une transposition t
4326
lité (même formelle) qui serait inconcevable sans
le
dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et d
4327
dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments
de
vocabulaire et de syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On
4328
à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et
de
syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On peut imaginer que
4329
nt des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont
l’
origine est nettement liturgique. On peut imaginer que les thèmes que
4330
ne est nettement liturgique. On peut imaginer que
les
thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennen
4331
aginer que les thèmes que nous avons relevés chez
les
poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations
4332
vés chez les poètes provençaux entretiennent avec
le
néo-manichéisme des relations d’un type analogue47. Au surplus, la to
4333
tretiennent avec le néo-manichéisme des relations
d’
un type analogue47. Au surplus, la tonalité hérétique des lieux commun
4334
e des relations d’un type analogue47. Au surplus,
la
tonalité hérétique des lieux communs de la rhétorique courtoise devie
4335
surplus, la tonalité hérétique des lieux communs
de
la rhétorique courtoise devient sensible dès que l’on compare ces lie
4336
rplus, la tonalité hérétique des lieux communs de
la
rhétorique courtoise devient sensible dès que l’on compare ces lieux
4337
la rhétorique courtoise devient sensible dès que
l’
on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque
4338
ble dès que l’on compare ces lieux communs à ceux
de
la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que J
4339
dès que l’on compare ces lieux communs à ceux de
la
poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jean
4340
e ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale
de
l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
4341
es lieux communs à ceux de la poésie cléricale de
l’
époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans le
4342
iste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
le
remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie
4343
ue Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant
de
la lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle et de la confus
4344
Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant de
la
lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle et de la confusion
4345
que abstraite des troubadours du xiiie siècle et
de
la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il
4346
abstraite des troubadours du xiiie siècle et de
la
confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écr
4347
iiie siècle et de la confusion qu’elle favorise,
de
Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on,
4348
e et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et
de
la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
4349
t de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de
la
Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures de
4350
il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
de
rhétorique sans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubad
4351
gures de rhétorique sans conséquences. Soit. Mais
les
théories que les troubadours développaient avec une si grave applicat
4352
ue sans conséquences. Soit. Mais les théories que
les
troubadours développaient avec une si grave application, ne sont-elle
4353
ourquoi n’y a-t-il dans leurs œuvres aucune trace
de
ce déchirement intérieur, de ce dissidio qui rend si pathétiques cert
4354
œuvres aucune trace de ce déchirement intérieur,
de
ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers de Pétrarque ? »48
4355
ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers
de
Pétrarque ? »48 2. Les troubadours gardent le secret À la thèse du c
4356
pathétiques certains vers de Pétrarque ? »48 2.
Les
troubadours gardent le secret À la thèse du catharisme secret des tro
4357
rs de Pétrarque ? »48 2. Les troubadours gardent
le
secret À la thèse du catharisme secret des troubadours, plusieurs aut
4358
que ? »48 2. Les troubadours gardent le secret À
la
thèse du catharisme secret des troubadours, plusieurs auteurs récents
4359
ecté que jamais un poète courtois n’avait « vendu
la
mèche » même une fois converti à l’orthodoxie catholique. C’est suppo
4360
avait « vendu la mèche » même une fois converti à
l’
orthodoxie catholique. C’est supposer chez l’homme du xiie siècle une
4361
ti à l’orthodoxie catholique. C’est supposer chez
l’
homme du xiie siècle une forme de conscience qui ne pouvait être la s
4362
t supposer chez l’homme du xiie siècle une forme
de
conscience qui ne pouvait être la sienne. Si l’on essaie de se replac
4363
e de conscience qui ne pouvait être la sienne. Si
l’
on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit
4364
nce qui ne pouvait être la sienne. Si l’on essaie
de
se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absen
4365
tre la sienne. Si l’on essaie de se replacer dans
l’
atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence de signification
4366
dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que
l’
absence de signification symbolique d’une poésie serait un fait beauco
4367
osphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence
de
signification symbolique d’une poésie serait un fait beaucoup plus sc
4368
perçoit que l’absence de signification symbolique
d’
une poésie serait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut l’être
4369
rait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut
l’
être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique
4370
aleux que ne peut l’être à nos yeux, par exemple,
le
symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chos
4371
eut l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme
de
la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie aut
4372
l’être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de
la
Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie autre
4373
mple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de
l’
homme médiéval, toute chose signifie autre chose, comme dans les rêves
4374
val, toute chose signifie autre chose, comme dans
les
rêves, et cela sans qu’intervienne aucun effort de traduction concept
4375
s rêves, et cela sans qu’intervienne aucun effort
de
traduction conceptuelle. En d’autres termes, le médiéval n’a pas beso
4376
t de traduction conceptuelle. En d’autres termes,
le
médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emp
4377
e. En d’autres termes, le médiéval n’a pas besoin
de
se formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une c
4378
termes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler
le
sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une conscience disti
4379
e formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni
d’
en prendre une conscience distincte. Il est indemne de ce rationalisme
4380
prendre une conscience distincte. Il est indemne
de
ce rationalisme qui nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
4381
onalisme qui nous permet, à nous autres modernes,
d’
isoler et d’abstraire de toute ambiance significative les objets que n
4382
nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
d’
abstraire de toute ambiance significative les objets que nous considér
4383
, à nous autres modernes, d’isoler et d’abstraire
de
toute ambiance significative les objets que nous considérons49. L’un
4384
er et d’abstraire de toute ambiance significative
les
objets que nous considérons49. L’un des meilleurs historiens des mœur
4385
iques ; celui, entre autres, du mystique Suso : «
La
vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, s
4386
celui, entre autres, du mystique Suso : « La vie
de
la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée
4387
lui, entre autres, du mystique Suso : « La vie de
la
chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée de
4388
vale est, dans toutes ses manifestations, saturée
de
représentations religieuses. Pas de choses ou d’actions, si ordinaire
4389
ions, saturée de représentations religieuses. Pas
de
choses ou d’actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche c
4390
de représentations religieuses. Pas de choses ou
d’
actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche constamment à
4391
t-elles, dont on ne cherche constamment à établir
le
rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la ten
4392
ne cherche constamment à établir le rapport avec
la
foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse,
4393
e rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère
de
saturation, la tension religieuse, l’idée transcendantale, l’élan ver
4394
la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation,
la
tension religieuse, l’idée transcendantale, l’élan vers le sublime, n
4395
atmosphère de saturation, la tension religieuse,
l’
idée transcendantale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être toujours
4396
n, la tension religieuse, l’idée transcendantale,
l’
élan vers le sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils
4397
n religieuse, l’idée transcendantale, l’élan vers
le
sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils à manquer, t
4398
s à manquer, tout ce qui était destiné à stimuler
la
conscience religieuse dégénère en profane banalité, en choquant matér
4399
banalité, en choquant matérialisme à prétentions
d’
au-delà. Même chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso, le subl
4400
me à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique
de
l’envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le
4401
à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique de
l’
envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ri
4402
s d’au-delà. Même chez un mystique de l’envergure
d’
un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il e
4403
chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso,
le
sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il est sublime quand,
4404
Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler
le
ridicule. Il est sublime quand, par piété envers la Vierge, il rend h
4405
ridicule. Il est sublime quand, par piété envers
la
Vierge, il rend hommage à toutes les femmes et marche dans la boue po
4406
piété envers la Vierge, il rend hommage à toutes
les
femmes et marche dans la boue pour laisser passer une pauvresse. Subl
4407
l rend hommage à toutes les femmes et marche dans
la
boue pour laisser passer une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
4408
sser une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
les
usages de l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier ma
4409
uvresse. Sublime encore, quand il suit les usages
de
l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offra
4410
esse. Sublime encore, quand il suit les usages de
l’
amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offrant
4411
il suit les usages de l’amour profane et célèbre
le
jour de l’an et le premier mai en offrant une couronne et une chanson
4412
offrant une couronne et une chanson à sa fiancée,
la
Sagesse éternelle. Mais que penser du reste ? À table, il mange les t
4413
lle. Mais que penser du reste ? À table, il mange
les
trois quarts d’une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier qu
4414
ser du reste ? À table, il mange les trois quarts
d’
une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour po
4415
À table, il mange les trois quarts d’une pomme en
l’
honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céle
4416
l mange les trois quarts d’une pomme en l’honneur
de
la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui do
4417
ange les trois quarts d’une pomme en l’honneur de
la
Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui donna
4418
de la Trinité, et le dernier quart par amour pour
la
Mère céleste qui donnait à manger une pomme à son tendre enfant Jésus
4419
son tendre enfant Jésus ; et ce dernier quart, il
le
mange avec la peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs
4420
ant Jésus ; et ce dernier quart, il le mange avec
la
peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après
4421
ernier quart, il le mange avec la peau, parce que
les
petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où l’
4422
pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où
l’
Enfant est trop jeune pour manger des fruits, Suso ne mange pas ce der
4423
fruits, Suso ne mange pas ce dernier quart, mais
l’
offre à Marie qui le donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq t
4424
ge pas ce dernier quart, mais l’offre à Marie qui
le
donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour les cinq
4425
son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour
les
cinq plaies du Seigneur ; mais il double la cinquième gorgée parce qu
4426
il double la cinquième gorgée parce que, du flanc
de
Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie p
4427
ée parce que, du flanc de Jésus, coula du sang et
de
l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limit
4428
parce que, du flanc de Jésus, coula du sang et de
l’
eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites.
4429
flanc de Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà
la
sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites. »50 Dira-t-
4430
oula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification
de
la vie poussée à ses extrêmes limites. »50 Dira-t-on que l’on tombe
4431
a du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de
la
vie poussée à ses extrêmes limites. »50 Dira-t-on que l’on tombe ici
4432
oussée à ses extrêmes limites. »50 Dira-t-on que
l’
on tombe ici du symbole dans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visi
4433
»50 Dira-t-on que l’on tombe ici du symbole dans
l’
allégorie ? Oui, mais par un excès visible. Le même auteur remarque un
4434
ans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visible.
Le
même auteur remarque un peu plus loin que « la naïve conscience relig
4435
e. Le même auteur remarque un peu plus loin que «
la
naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de pre
4436
eu plus loin que « la naïve conscience religieuse
de
la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière
4437
plus loin que « la naïve conscience religieuse de
la
multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière de
4438
nce religieuse de la multitude n’avait pas besoin
de
preuves intellectuelles en matière de foi : la seule présence d’une i
4439
in de preuves intellectuelles en matière de foi :
la
seule présence d’une image visible des choses saintes suffisait à en
4440
llectuelles en matière de foi : la seule présence
d’
une image visible des choses saintes suffisait à en démontrer la vérit
4441
sible des choses saintes suffisait à en démontrer
la
vérité » (p. 199). C’est dire que le « secret » des troubadours était
4442
en démontrer la vérité » (p. 199). C’est dire que
le
« secret » des troubadours était en somme une évidence symbolique aux
4443
bolique aux yeux des initiés et des sympathisants
de
l’Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idé
4444
ique aux yeux des initiés et des sympathisants de
l’
Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée,
4445
yeux des initiés et des sympathisants de l’Église
d’
Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée, stricteme
4446
u à personne cette idée, strictement moderne, que
les
symboles, pour être valables, dussent être commentés et expliqués d’u
4447
tre valables, dussent être commentés et expliqués
d’
une manière non symbolique… Une objection inverse a été faite : commen
4448
t-il que jamais un cathare converti n’ait dénoncé
les
troubadours comme propagateurs de l’hérésie ? La réponse me paraît ai
4449
n’ait dénoncé les troubadours comme propagateurs
de
l’hérésie ? La réponse me paraît aisée. Il est clair que les troubado
4450
ait dénoncé les troubadours comme propagateurs de
l’
hérésie ? La réponse me paraît aisée. Il est clair que les troubadours
4451
les troubadours comme propagateurs de l’hérésie ?
La
réponse me paraît aisée. Il est clair que les troubadours n’étaient n
4452
ie ? La réponse me paraît aisée. Il est clair que
les
troubadours n’étaient nullement considérés comme des prédicateurs ni
4453
me des « croyants », et plus souvent encore comme
de
simples sympathisants. Ces distinctions, d’ailleurs, étaient bien moi
4454
illeurs, étaient bien moins tranchées qu’elles ne
le
seraient de nos jours. Ils chantaient, pour un public en majorité fav
4455
ient bien moins tranchées qu’elles ne le seraient
de
nos jours. Ils chantaient, pour un public en majorité favorable à l’h
4456
hantaient, pour un public en majorité favorable à
l’
hérésie, une forme d’amour qui se trouvait correspondre (et répondre)
4457
blic en majorité favorable à l’hérésie, une forme
d’
amour qui se trouvait correspondre (et répondre) à la situation morale
4458
mour qui se trouvait correspondre (et répondre) à
la
situation morale très difficile résultant à la fois de la condamnatio
4459
tuation morale très difficile résultant à la fois
de
la condamnation religieuse portée sur la sexualité par les Parfaits,
4460
tion morale très difficile résultant à la fois de
la
condamnation religieuse portée sur la sexualité par les Parfaits, et
4461
la fois de la condamnation religieuse portée sur
la
sexualité par les Parfaits, et de la révolte naturelle contre la conc
4462
ndamnation religieuse portée sur la sexualité par
les
Parfaits, et de la révolte naturelle contre la conception orthodoxe d
4463
euse portée sur la sexualité par les Parfaits, et
de
la révolte naturelle contre la conception orthodoxe du mariage, récem
4464
e portée sur la sexualité par les Parfaits, et de
la
révolte naturelle contre la conception orthodoxe du mariage, récemmen
4465
r les Parfaits, et de la révolte naturelle contre
la
conception orthodoxe du mariage, récemment réaffirmée par la réforme
4466
on orthodoxe du mariage, récemment réaffirmée par
la
réforme grégorienne. Ils avaient donc à se garder à la fois contre la
4467
ne. Ils avaient donc à se garder à la fois contre
la
sévérité des Parfaits et contre celle des catholiques. Toutefois, par
4468
re celle des catholiques. Toutefois, par suite de
la
situation particulière des hérétiques, l’on conçoit que certains d’en
4469
uite de la situation particulière des hérétiques,
l’
on conçoit que certains d’entre eux aient voulu indiquer discrètement
4470
leurs poèmes avaient un double sens précis, outre
le
symbolisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas, le symbole se
4471
lisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas,
le
symbole se double d’une allégorie, et prend un sens cryptographique.
4472
allait de soi. Dans ce cas, le symbole se double
d’
une allégorie, et prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’é
4473
et prend un sens cryptographique. Je veux parler
de
l’école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces
4474
prend un sens cryptographique. Je veux parler de
l’
école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces ter
4475
ces termes : « Un autre moyen (pour « embarrasser
le
lecteur ») consistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’un vê
4476
onsistait alors à recouvrir une pensée religieuse
d’
un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consacré
4477
e religieuse d’un vêtement profane, à appliquer à
l’
amour divin les formules consacrées par l’usage à l’expression de l’am
4478
’un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin
les
formules consacrées par l’usage à l’expression de l’amour humain. »51
4479
iquer à l’amour divin les formules consacrées par
l’
usage à l’expression de l’amour humain. »51 Le trobar clus ne serait a
4480
amour divin les formules consacrées par l’usage à
l’
expression de l’amour humain. »51 Le trobar clus ne serait ainsi qu’un
4481
es formules consacrées par l’usage à l’expression
de
l’amour humain. »51 Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littérai
4482
formules consacrées par l’usage à l’expression de
l’
amour humain. »51 Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire,
4483
par l’usage à l’expression de l’amour humain. »51
Le
trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire, un « tarabiscotage
4484
avoir d’autres causes », qu’on « ne se flatte pas
de
débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret l’a
4485
as de débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais
le
troubadour Alegret l’a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra in
4486
Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret
l’
a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra insensé au sot s’il n’a
4487
avance et je lui dirai comment il me fut possible
d’
y mettre deux (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’embr
4488
me fut possible d’y mettre deux (var. trois) mots
de
sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disa
4489
(var. trois) mots de sens divers. » Cette manière
d’
embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer
4490
ots de sens divers. » Cette manière d’embrouiller
les
sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer) s’expliquerai
4491
ière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient
les
Provençaux : entrelacer) s’expliquerait-elle par une « intention d’in
4492
trelacer) s’expliquerait-elle par une « intention
d’
intriguer l’auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
4493
expliquerait-elle par une « intention d’intriguer
l’
auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubad
4494
lle par une « intention d’intriguer l’auditeur et
de
lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubadours étaient m
4495
et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
les
troubadours étaient mus par des passions moins puériles… « J’entrelac
4496
ur éclaircir ma parole obscure ». Ici se poserait
la
plus grave question, mais elle demeure presque insoluble : comment le
4497
on, mais elle demeure presque insoluble : comment
les
troubadours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et d’une manière
4498
dours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et
d’
une manière plus générale, quelle espèce de conscience avons-nous des
4499
s ? Et d’une manière plus générale, quelle espèce
de
conscience avons-nous des métaphores que nous utilisons dans nos écri
4500
nos écrits ?52 Il ne faudrait pas oublier ce que
l’
on vient de dire sur la mentalité « naïvement » symbolique des médiéva
4501
audrait pas oublier ce que l’on vient de dire sur
la
mentalité « naïvement » symbolique des médiévaux : leurs symboles n’é
4502
s prosaïques et rationnels. Ce n’est donc que sur
le
double sens allégorique que devrait porter la question… Et enfin tout
4503
sur le double sens allégorique que devrait porter
la
question… Et enfin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère la p
4504
estion… Et enfin toute cette poésie baignait dans
l’
atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapporten
4505
fin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère
la
plus chargée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniq
4506
poésie baignait dans l’atmosphère la plus chargée
de
passions. Les actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps s
4507
it dans l’atmosphère la plus chargée de passions.
Les
actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi les
4508
rgée de passions. Les actions que nous rapportent
les
chroniqueurs du temps sont parmi les plus folles, les plus « surréali
4509
s rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi
les
plus folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de n
4510
chroniqueurs du temps sont parmi les plus folles,
les
plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœurs… Qu’on s
4511
folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues
l’
histoire de nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le
4512
s plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire
de
nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le troubadour
4513
urs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue
le
troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime s
4514
e ce seigneur jaloux qui tue le troubadour favori
de
sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame l
4515
le troubadour favori de sa femme, et fait servir
le
cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c
4516
badour favori de sa femme, et fait servir le cœur
de
la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le
4517
our favori de sa femme, et fait servir le cœur de
la
victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le se
4518
et fait servir le cœur de la victime sur un plat.
La
dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit
4519
servir le cœur de la victime sur un plat. La dame
le
mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : « Mess
4520
plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est.
Le
seigneur le lui ayant dit : « Messire, répond la dame, vous m’avez do
4521
me le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur
le
lui ayant dit : « Messire, répond la dame, vous m’avez donné à manger
4522
Le seigneur le lui ayant dit : « Messire, répond
la
dame, vous m’avez donné à manger mets si savoureux que jamais plus ne
4523
ets si savoureux que jamais plus ne mangerai rien
d’
autre ! » et elle se jette par la fenêtre du donjon. On admettra que c
4524
ne mangerai rien d’autre ! » et elle se jette par
la
fenêtre du donjon. On admettra que cette atmosphère suffisait bien à
4525
pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à
l’
origine. 3. L’Amour courtois serait une idéalisation de l’amour charne
4526
r » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3.
L’
Amour courtois serait une idéalisation de l’amour charnel C’est la thè
4527
gine. 3. L’Amour courtois serait une idéalisation
de
l’amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borne
4528
e. 3. L’Amour courtois serait une idéalisation de
l’
amour charnel C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borner à
4529
serait une idéalisation de l’amour charnel C’est
la
thèse la plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbo
4530
ne idéalisation de l’amour charnel C’est la thèse
la
plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbolisme méd
4531
us courante. On pourrait se borner à rappeler que
le
symbolisme médiéval procède généralement de haut en bas — de ciel en
4532
me médiéval procède généralement de haut en bas —
de
ciel en terre — ce qui réfute les conclusions modernes déduites du pr
4533
de haut en bas — de ciel en terre — ce qui réfute
les
conclusions modernes déduites du préjugé matérialiste. Mais il faut a
4534
Contre Wechssler, qui veut voir, lui aussi, dans
la
lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque5
4535
i aussi, dans la lyrique courtoise une expression
de
sentiments religieux de l’époque53, Jeanroy écrit : « Dans ces affirm
4536
courtoise une expression de sentiments religieux
de
l’époque53, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a d
4537
urtoise une expression de sentiments religieux de
l’
époque53, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a du r
4538
affirmations hardies, il y a du reste une erreur
de
fait aisée à relever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée de so
4539
erreur de fait aisée à relever : qu’à la longue,
la
chanson se soit vidée de son contenu initial, n’ait plus été qu’un ti
4540
elever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée
de
son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses o
4541
e son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu
de
formules creuses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin
4542
n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses on
le
peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin du xiie siècle il n’e
4543
ses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à
la
fin du xiie siècle il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cett
4544
in du xiie siècle il n’en était pas ainsi : chez
les
poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et
4545
siècle il n’en était pas ainsi : chez les poètes
de
cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois si
4546
tait pas ainsi : chez les poètes de cette époque,
l’
expression du désir charnel est si vive et parfois si brutale qu’il es
4547
parfois si brutale qu’il est vraiment impossible
de
se tromper sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on
4548
e qu’il est vraiment impossible de se tromper sur
la
nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vi
4549
t vraiment impossible de se tromper sur la nature
de
leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient la gên
4550
er sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est
le
cas, on se demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur
4551
urs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande
d’
où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé d
4552
ions. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient
la
gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaît
4553
c’est le cas, on se demande d’où vient la gêne et
l’
« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivo
4554
se demande d’où vient la gêne et l’« agacement »
de
l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressi
4555
demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de
l’
auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressions
4556
l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé
de
reconnaître l’équivoque des expressions courtoises et leurs résonance
4557
» de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître
l’
équivoque des expressions courtoises et leurs résonances mystiques. «
4558
ystiques. « II est certain — doit-il avouer — que
les
idées religieuses d’une époque influent généralement sur la conceptio
4559
tain — doit-il avouer — que les idées religieuses
d’
une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de l’
4560
eligieuses d’une époque influent généralement sur
la
conception qu’on se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
4561
uent généralement sur la conception qu’on se fait
de
l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur
4562
t généralement sur la conception qu’on se fait de
l’
amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur cel
4563
nception qu’on se fait de l’amour, et surtout que
le
vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion. Du jo
4564
se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire
de
la galanterie se règle sur celui de la dévotion. Du jour où adorer de
4565
fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
la
galanterie se règle sur celui de la dévotion. Du jour où adorer devie
4566
e vocabulaire de la galanterie se règle sur celui
de
la dévotion. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette métaph
4567
ocabulaire de la galanterie se règle sur celui de
la
dévotion. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette métaphore
4568
e la dévotion. Du jour où adorer devient synonyme
d’
aimer, cette métaphore en entraîne une quantité d’autres. » Mais alors
4569
es. » Mais alors pourquoi rejeter sans discussion
l’
ouvrage de Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Mo
4570
alors pourquoi rejeter sans discussion l’ouvrage
de
Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Moyen Âge ne
4571
scussion l’ouvrage de Wechssler, qui soutient que
les
« théories amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées
4572
ries amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet
de
ses idées religieuses » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que les poè
4573
ligieuses » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que
les
poèmes des troubadours comportent des notations « réalistes » et des
4574
ations « réalistes » et des descriptions précises
de
la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jama
4575
ons « réalistes » et des descriptions précises de
la
Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jamais
4576
la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche
de
ne recourir jamais qu’à des épithètes stéréotypées ? Jaufré Rudel, pr
4577
, dit très nettement que sa Dame est une création
de
son esprit, et qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est la « p
4578
réation de son esprit, et qu’elle s’évanouit avec
l’
aube. Ailleurs, c’est la « princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cep
4579
t qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est
la
« princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inqu
4580
qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inquiète
de
trouver dans ses poèmes « des détails qui paraissent nous plonger dan
4581
es « des détails qui paraissent nous plonger dans
la
réalité et que rien n’explique ». Exemples donnés : « Je suis en dout
4582
». Exemples donnés : « Je suis en doute au sujet
d’
une chose et mon cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que le f
4583
n doute au sujet d’une chose et mon cœur est dans
l’
angoisse : c’est que tout ce que le frère me refuse, j’entends la sœur
4584
cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que
le
frère me refuse, j’entends la sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rud
4585
est que tout ce que le frère me refuse, j’entends
la
sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame :
4586
t ce que le frère me refuse, j’entends la sœur me
l’
octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a le c
4587
tre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a
le
corps « gras, delgat et gen ». Or la première phrase, où Jeanroy veut
4588
ique, détient un sens mystique évident : « Ce que
le
corps me refuse, l’âme me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autr
4589
s mystique évident : « Ce que le corps me refuse,
l’
âme me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore que c
4590
e évident : « Ce que le corps me refuse, l’âme me
l’
octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore que celui-ci,
4591
ns encore que celui-ci, qui est franciscain avant
la
lettre). Et quant aux épithètes « réalistes » qui décriraient une dam
4592
alistes » qui décriraient une dame « réelle », on
les
retrouve parfaitement identiques chez une centaine d’autres poètes !
4593
sais plus quel érudit qu’il semblerait que toute
la
poésie des troubadours fût l’œuvre d’un seul auteur louant une Dame u
4594
emblerait que toute la poésie des troubadours fût
l’
œuvre d’un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette ex
4595
t que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre
d’
un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette expression
4596
Où est alors cette expression « vive et brutale »
d’
un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mai
4597
et brutale » d’un désir évidemment charnel ? Dans
la
crudité de certains termes ? Mais elle était courante et naturelle av
4598
» d’un désir évidemment charnel ? Dans la crudité
de
certains termes ? Mais elle était courante et naturelle avant le puri
4599
mes ? Mais elle était courante et naturelle avant
le
puritanisme bourgeois. L’argument est anachronique. Voici par contre
4600
ante et naturelle avant le puritanisme bourgeois.
L’
argument est anachronique. Voici par contre un document de poids à l’a
4601
nt est anachronique. Voici par contre un document
de
poids à l’appui de la thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un po
4602
oici par contre un document de poids à l’appui de
la
thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur les femmes. Si
4603
symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur
les
femmes. Si vous voulez faire leur conquête, dit-il, soyez brutaux, «
4604
e, dit-il, soyez brutaux, « donnez-leur des coups
de
poing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est c
4605
yez brutaux, « donnez-leur des coups de poing sur
le
nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est cela qu’elles
4606
ing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-
les
: car c’est cela qu’elles aiment. Quant à moi, conclut-il, si je me
4607
comporte autrement, c’est que je ne me soucie pas
d’
aimer. Je ne veux pas me gêner pour les femmes, pas plus que si toutes
4608
soucie pas d’aimer. Je ne veux pas me gêner pour
les
femmes, pas plus que si toutes étaient mes sœurs ; c’est pourquoi je
4609
p parler est pis que péché mortel. Or nous avons
de
ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame
4610
rtel. Or nous avons de ce même Raimbaut d’Orange
d’
admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs
4611
e ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à
la
louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé
4612
aimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange
de
la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Trista
4613
baut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de
la
Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan e
4614
uange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que
l’
anneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe d’une fidélité qui
4615
s que l’anneau (échangé par Tristan et Iseut) est
le
signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulign
4616
nneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe
d’
une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulignons enfin
4617
des corps. Soulignons enfin ce fait capital : que
les
vertus de la cortezia : humilité, loyauté, respect et fidélité envers
4618
Soulignons enfin ce fait capital : que les vertus
de
la cortezia : humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame,
4619
lignons enfin ce fait capital : que les vertus de
la
cortezia : humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame, son
4620
a : humilité, loyauté, respect et fidélité envers
la
Dame, sont ici rapportées expressément au refus de l’amour physique.
4621
a Dame, sont ici rapportées expressément au refus
de
l’amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Da
4622
ame, sont ici rapportées expressément au refus de
l’
amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Dante
4623
mour physique. Au surplus, nous verrons plus tard
les
poèmes de Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans l
4624
ue. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes
de
Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs image
4625
, nous verrons plus tard les poèmes de Dante être
d’
autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs images que Béatrice
4626
Béatrice s’élèvera davantage dans une hiérarchie
d’
abstractions mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis la Scien
4627
archie d’abstractions mystiques, figurant d’abord
la
philosophie, puis la Science, puis la Science sacrée. Un petit fait e
4628
mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis
la
Science, puis la Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus
4629
ant d’abord la philosophie, puis la Science, puis
la
Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus ardents parmi le
4630
n petit fait encore : deux des plus ardents parmi
les
troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Ital
4631
ux des plus ardents parmi les troubadours à louer
les
beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizelli, sont pla
4632
ardents parmi les troubadours à louer les beautés
de
leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizelli, sont placés au chan
4633
louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et
l’
Italien Guinizelli, sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans le ce
4634
lli, sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans
le
cercle des sodomistes !54 Mais tout cela nous amène à reconnaître en
4635
54 Mais tout cela nous amène à reconnaître enfin
la
réelle complexité d’un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, n
4636
us amène à reconnaître enfin la réelle complexité
d’
un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, non sans une volontair
4637
ntaire partialité, l’un des aspects seulement, et
le
plus contesté. On a trop longtemps cru que la cortezia était une simp
4638
et le plus contesté. On a trop longtemps cru que
la
cortezia était une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À l’inve
4639
cru que la cortezia était une simple idéalisation
de
l’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’
4640
que la cortezia était une simple idéalisation de
l’
instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’idé
4641
t une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À
l’
inverse, il serait excessif de soutenir que l’idéal mystique sur quoi
4642
’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif
de
soutenir que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fû
4643
. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que
l’
idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fût toujours et pa
4644
r que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à
l’
origine fût toujours et partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque
4645
t partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque.
L’
exaltation de la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux
4646
ervé ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation
de
la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous a
4647
é ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation de
la
chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous atta
4648
cès luxurieux. Sans nous attarder aux accusations
de
débauche que beaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait
4649
tions de débauche que beaucoup ont portées contre
les
troubadours — l’on sait au vrai peu de chose de leurs vies — nous rap
4650
que beaucoup ont portées contre les troubadours —
l’
on sait au vrai peu de chose de leurs vies — nous rappellerons l’exemp
4651
les troubadours — l’on sait au vrai peu de chose
de
leurs vies — nous rappellerons l’exemple de sectes gnostiques, qui co
4652
ai peu de chose de leurs vies — nous rappellerons
l’
exemple de sectes gnostiques, qui condamnaient aussi la création, et e
4653
chose de leurs vies — nous rappellerons l’exemple
de
sectes gnostiques, qui condamnaient aussi la création, et en particul
4654
mple de sectes gnostiques, qui condamnaient aussi
la
création, et en particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient de
4655
condamnaient aussi la création, et en particulier
l’
attrait des sexes, mais déduisaient de cette condamnation une morale é
4656
particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient
de
cette condamnation une morale étrangement débridée. Les carpocratiens
4657
tte condamnation une morale étrangement débridée.
Les
carpocratiens par exemple interdisaient la procréation, mais par aill
4658
idée. Les carpocratiens par exemple interdisaient
la
procréation, mais par ailleurs divinisaient le sperme.55 Il est prob
4659
nt la procréation, mais par ailleurs divinisaient
le
sperme.55 Il est probable que des excès de ce genre se produisirent
4660
aient le sperme.55 Il est probable que des excès
de
ce genre se produisirent aussi chez les cathares, et plus encore chez
4661
des excès de ce genre se produisirent aussi chez
les
cathares, et plus encore chez leurs disciples peu disciplinés, les tr
4662
plus encore chez leurs disciples peu disciplinés,
les
troubadours. Des accusations horrifiantes figurent à cet égard dans l
4663
ccusations horrifiantes figurent à cet égard dans
les
registres de l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent co
4664
rifiantes figurent à cet égard dans les registres
de
l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires
4665
iantes figurent à cet égard dans les registres de
l’
Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires. A
4666
fois qu’elles sont souvent contradictoires. Ainsi
l’
on affirme tantôt que les cathares tiennent pour innocentes les volupt
4667
nt contradictoires. Ainsi l’on affirme tantôt que
les
cathares tiennent pour innocentes les voluptés les plus grossières, t
4668
tantôt que les cathares tiennent pour innocentes
les
voluptés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et
4669
es cathares tiennent pour innocentes les voluptés
les
plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et tout commerce
4670
tés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent
le
mariage et tout commerce sexuel, licite ou non. Mais des accusations
4671
cusations semblables furent portées contre toutes
les
religions nouvelles, sans excepter le christianisme primitif. Et il e
4672
tre toutes les religions nouvelles, sans excepter
le
christianisme primitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’un
4673
cepter le christianisme primitif. Et il est juste
de
citer ici le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller
4674
istianisme primitif. Et il est juste de citer ici
le
jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les arch
4675
rimitif. Et il est juste de citer ici le jugement
d’
un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les archives du sain
4676
de citer ici le jugement d’un dominicain qui eut
l’
occasion de fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’expri
4677
ci le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion
de
fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au
4678
un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans
les
archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathare
4679
ice, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathares
d’
Italie, ou patarins ; « Malgré toutes mes recherches, dans les procédu
4680
u patarins ; « Malgré toutes mes recherches, dans
les
procédures dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que les héréti
4681
s dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que
les
hérétiques « consolés » se livrassent en Toscane à des actes énormes
4682
hommes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si
les
religieux ne se sont pas tus par modestie, ce qui ne me paraît pas cr
4683
à tout, leurs erreurs étaient plutôt des erreurs
d’
intelligence que de sensualité. »56 Retenons donc ceci, qui nuance n
4684
urs étaient plutôt des erreurs d’intelligence que
de
sensualité. »56 Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si le
4685
Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si
les
erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d
4686
nc ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs
de
la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine re
4687
ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs de
la
passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine relig
4688
ion — au sens précis que je donne à ce mot — sont
d’
origine religieuse et mystique, il est certain qu’elles se trouvent fl
4689
trouvent flatter, par cela même qu’elles veulent
le
transcender, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet :
4690
r, par cela même qu’elles veulent le transcender,
l’
instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour de ga
4691
nder, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans
le
Banquet : « l’amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — que
4692
t sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : «
l’
amour de gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu
4693
, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour
de
gauche ». ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu être mes
4694
conclure — quels qu’aient pu être mes scrupules à
l’
origine — que le lyrisme courtois fut au moins inspiré par l’atmosphèr
4695
qu’aient pu être mes scrupules à l’origine — que
le
lyrisme courtois fut au moins inspiré par l’atmosphère religieuse du
4696
que le lyrisme courtois fut au moins inspiré par
l’
atmosphère religieuse du catharisme57. C’est là une thèse minimum en a
4697
Pour nous faciliter une représentation analogique
de
ce processus minimum d’inspiration et d’influence, prenons un exemple
4698
représentation analogique de ce processus minimum
d’
inspiration et d’influence, prenons un exemple moderne. Un exemple don
4699
alogique de ce processus minimum d’inspiration et
d’
influence, prenons un exemple moderne. Un exemple dont je crois pouvoi
4700
oderne. Un exemple dont je crois pouvoir dire que
les
données sont entièrement énumérables et très profondément connues (au
4701
ment connues (au sens total) par plusieurs hommes
de
ma génération : je veux parler du surréalisme et de l’influence de Fr
4702
ma génération : je veux parler du surréalisme et
de
l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de
4703
génération : je veux parler du surréalisme et de
l’
influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de no
4704
: je veux parler du surréalisme et de l’influence
de
Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de notre civilisa
4705
l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons
l’
historien futur de notre civilisation détruite : il a devant les yeux
4706
eud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur
de
notre civilisation détruite : il a devant les yeux quelques poèmes su
4707
utur de notre civilisation détruite : il a devant
les
yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et les dater.
4708
nt les yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu
les
traduire et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du
4709
ques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et
les
dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du surréalisme flo
4710
et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à
l’
époque du surréalisme florissait une école psychiatrique dont on n’a p
4711
une école psychiatrique dont on n’a pu retrouver
les
ouvrages : le fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à
4712
hiatrique dont on n’a pu retrouver les ouvrages :
le
fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à cause de leur
4713
er les ouvrages : le fascisme, survenu peu après,
les
ayant tous détruits à cause de leur inspiration sémite. Du moins sait
4714
de leur inspiration sémite. Du moins sait-on par
les
pamphlets de ses adversaires que cette école proposait une théorie ér
4715
ration sémite. Du moins sait-on par les pamphlets
de
ses adversaires que cette école proposait une théorie érotique des rê
4716
cole proposait une théorie érotique des rêves. Or
les
poèmes surréalistes conservés et traduits ne paraissent présenter auc
4717
t traduits ne paraissent présenter aucun sens, et
l’
on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques e
4718
araissent présenter aucun sens, et l’on se plaint
de
leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques et sanglantes, l
4719
s, et l’on se plaint de leur monotonie ; toujours
les
mêmes images érotiques et sanglantes, la même rhétorique exaltée, et
4720
oujours les mêmes images érotiques et sanglantes,
la
même rhétorique exaltée, et ne dirait-on pas qu’ils n’ont qu’un seul
4721
êves ? Peut-être même sont-ils des rêves écrits ?
Les
spécialistes demeurent sceptiques. Un littérateur « peu sérieux » ima
4722
ues. Un littérateur « peu sérieux » imagine alors
l’
hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréal
4723
érateur « peu sérieux » imagine alors l’hypothèse
d’
une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïnc
4724
rieux » imagine alors l’hypothèse d’une influence
de
la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates
4725
ux » imagine alors l’hypothèse d’une influence de
la
psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, a
4726
’hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur
l’
ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, analogie de thèmes fo
4727
du surréalisme : coïncidence des dates, analogie
de
thèmes fondamentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent les épa
4728
dence des dates, analogie de thèmes fondamentaux…
Les
spécialistes du xxe siècle haussent les épaules : Prouvez cela par d
4729
mentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent
les
épaules : Prouvez cela par des documents ! — Vous savez bien qu’il n’
4730
u’il n’en existe plus. — Dans ce cas, il convient
de
surseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant, le bon sens suffi
4731
rseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant,
le
bon sens suffit à démontrer : 1° que le peu de choses que nous savons
4732
ttendant, le bon sens suffit à démontrer : 1° que
le
peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à fai
4733
montrer : 1° que le peu de choses que nous savons
de
la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source de
4734
trer : 1° que le peu de choses que nous savons de
la
psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source des t
4735
savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire
de
cette doctrine la source des textes connus. (Il semble bien que Freud
4736
hanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine
la
source des textes connus. (Il semble bien que Freud ait été avant tou
4737
nt tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie
de
la libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surré
4738
tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie de
la
libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surréali
4739
et qu’il ait pris une attitude déterministe : or
le
surréalisme fut une école littéraire avant tout ; on ne retrouve le t
4740
une école littéraire avant tout ; on ne retrouve
le
terme de libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes son
4741
e littéraire avant tout ; on ne retrouve le terme
de
libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont de tend
4742
aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont
de
tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que les surréalistes n’ont jama
4743
sont de tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que
les
surréalistes n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient les di
4744
n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient
les
disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire la liberté qu’ils exalten
4745
t les disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire
la
liberté qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous les psychana
4746
qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous
les
psychanalystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment, d’une scienc
4747
vaient nier tous les psychanalystes ; 4° qu’enfin
l’
on distingue mal comment, d’une science qui se donnait pour objet l’an
4748
alystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment,
d’
une science qui se donnait pour objet l’analyse et la cure des névrose
4749
comment, d’une science qui se donnait pour objet
l’
analyse et la cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la
4750
ne science qui se donnait pour objet l’analyse et
la
cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la folie, c’est
4751
ure des névroses, aurait pu naître une rhétorique
de
la folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute
4752
des névroses, aurait pu naître une rhétorique de
la
folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute sci
4753
es se sont réellement produites ; nous savons que
les
initiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et l’ont vénéré ; n
4754
tiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et
l’
ont vénéré ; nous savons que, sans lui, leurs théories et leur lyrisme
4755
poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas
la
possibilité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même
4756
vaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité
de
parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la
4757
besoin et n’avaient pas la possibilité de parler
de
libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’u
4758
dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à
la
faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de F
4759
s poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur
d’
une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déte
4760
e que c’est à la faveur d’une erreur initiale sur
la
portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’i
4761
faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte
de
la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tire
4762
eur d’une erreur initiale sur la portée exacte de
la
doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer l
4763
reur initiale sur la portée exacte de la doctrine
de
Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
4764
(déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer
les
éléments de leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’a
4765
-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
de
leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’analogie que
4766
lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour
l’
analogie que je propose) ; et nous savons enfin qu’il a suffi que quel
4767
ns enfin qu’il a suffi que quelques-uns des chefs
de
cette école lisent Freud : les disciples se sont bornés à imiter la r
4768
lques-uns des chefs de cette école lisent Freud :
les
disciples se sont bornés à imiter la rhétorique des maîtres… (Appendi
4769
ent Freud : les disciples se sont bornés à imiter
la
rhétorique des maîtres… (Appendice 6). En outre, on aperçoit, par cet
4770
e 6). En outre, on aperçoit, par cet exemple, que
l’
action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence dire
4771
outre, on aperçoit, par cet exemple, que l’action
d’
une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
4772
poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
la
faveur d’une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt,
4773
exerce moins par influence directe qu’à la faveur
d’
une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée
4774
ce directe qu’à la faveur d’une certaine ambiance
de
scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux.
4775
’à la faveur d’une certaine ambiance de scandale,
de
snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui expli
4776
une certaine ambiance de scandale, de snobisme et
d’
intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’e
4777
scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par
les
dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’erreurs, variations et con
4778
par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal
d’
erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où
4779
mal d’erreurs, variations et contradictions chez
les
poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la
4780
ons et contradictions chez les poètes influencés.
D’
où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature exacte des théo
4781
es poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît
d’
informations sur la nature exacte des théories de Freud, loin de fourn
4782
s. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur
la
nature exacte des théories de Freud, loin de fournir aux savants futu
4783
d’informations sur la nature exacte des théories
de
Freud, loin de fournir aux savants futurs les apaisements qu’ils sero
4784
ries de Freud, loin de fournir aux savants futurs
les
apaisements qu’ils seront en droit d’attendre, paraîtra contredire la
4785
nts futurs les apaisements qu’ils seront en droit
d’
attendre, paraîtra contredire la thèse de mon littérateur « peu sérieu
4786
s seront en droit d’attendre, paraîtra contredire
la
thèse de mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura
4787
en droit d’attendre, paraîtra contredire la thèse
de
mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison c
4788
ieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison contre
les
« vingtiémistes » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à l’obje
4789
ra raison contre les « vingtiémistes » chevronnés
de
son temps.) On a remarqué qu’à l’objection n° 4 je n’ai répondu jusqu
4790
es » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à
l’
objection n° 4 je n’ai répondu jusqu’ici que d’une manière tout indire
4791
’à l’objection n° 4 je n’ai répondu jusqu’ici que
d’
une manière tout indirecte et allusive. C’est qu’elle mérite un traite
4792
au chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment
de
la confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manich
4793
chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment de
la
confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéen
4794
iques arabes Comment de la confuse combinaison
de
doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéennes et néo-platonicienn
4795
e aussi précise que celle des troubadours ? C’est
l’
argument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation r
4796
que celle des troubadours ? C’est l’argument que
les
romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’a
4797
? C’est l’argument que les romanistes ont coutume
d’
opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trou
4798
gument que les romanistes ont coutume d’opposer à
l’
interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que, dès
4799
t coutume d’opposer à l’interprétation religieuse
de
l’art courtois. Or il se trouve que, dès le ixe siècle, une synthèse
4800
outume d’opposer à l’interprétation religieuse de
l’
art courtois. Or il se trouve que, dès le ixe siècle, une synthèse no
4801
ieuse de l’art courtois. Or il se trouve que, dès
le
ixe siècle, une synthèse non moins « improbable » de manichéisme ira
4802
xe siècle, une synthèse non moins « improbable »
de
manichéisme iranien, de néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et
4803
non moins « improbable » de manichéisme iranien,
de
néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et bien opérée en Arabie, e
4804
le » de manichéisme iranien, de néo-platonisme et
d’
islamisme s’était bel et bien opérée en Arabie, et de plus, s’était ex
4805
, s’était exprimée par une poésie religieuse dont
les
métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies avec les m
4806
religieuse dont les métaphores érotiques offrent
les
plus frappantes analogies avec les métaphores courtoises. ⁂ Lorsque
4807
tiques offrent les plus frappantes analogies avec
les
métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse d’une i
4808
métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança
l’
hypothèse d’une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schle
4809
ourtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse
d’
une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répo
4810
ondi avança l’hypothèse d’une influence arabe sur
la
lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répondit qu’il fallait ignorer
4811
egel lui répondit qu’il fallait ignorer à la fois
la
poésie provençale et l’arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais S
4812
fallait ignorer à la fois la poésie provençale et
l’
arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de la s
4813
utenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait
de
la sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’
4814
nir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de
la
sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’exc
4815
e double ignorance était précisément son fait. On
l’
excusera d’ailleurs si l’on tient compte de l’état des études arabisan
4816
précisément son fait. On l’excusera d’ailleurs si
l’
on tient compte de l’état des études arabisantes à son époque. Des tra
4817
it. On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte
de
l’état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents
4818
On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte de
l’
état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents ont
4819
ue. Des travaux plus récents ont décrit en détail
l’
histoire et l’œuvre, dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de
4820
x plus récents ont décrit en détail l’histoire et
l’
œuvre, dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poèt
4821
s ont décrit en détail l’histoire et l’œuvre, dès
le
ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaie
4822
l l’histoire et l’œuvre, dès le ixe siècle, dans
l’
islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard po
4823
ire et l’œuvre, dès le ixe siècle, dans l’islam,
d’
une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour princi
4824
re, dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école
de
mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illust
4825
behan de Shiraz et Sohrawardi d’Alep, troubadours
de
l’Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais
4826
an de Shiraz et Sohrawardi d’Alep, troubadours de
l’
Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais en
4827
troubadours de l’Amour suprême, chantres courtois
de
l’Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin.
4828
ubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de
l’
Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin. Soh
4829
Platon — qu’il connaissait par Plotin, Proclus et
l’
école d’Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme éta
4830
qu’il connaissait par Plotin, Proclus et l’école
d’
Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme était par a
4831
n, Proclus et l’école d’Athènes — un continuateur
de
Zoroastre. Son néo-platonisme était par ailleurs très fortement pénét
4832
tonisme était par ailleurs très fortement pénétré
de
représentations mythiques iraniennes. En particulier, il empruntait a
4833
ctrines avestiques — dont s’était inspiré Manès —
l’
opposition du monde de la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a
4834
ont s’était inspiré Manès — l’opposition du monde
de
la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondame
4835
s’était inspiré Manès — l’opposition du monde de
la
Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondamenta
4836
èbres, dont on a vu qu’elle est fondamentale pour
les
cathares. Et tout cela se traduisait — tout comme chez les cathares e
4837
res. Et tout cela se traduisait — tout comme chez
les
cathares encore — par une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
4838
r une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
les
titres de quelques traités mystiques de cette école donnent une idée
4839
rique amoureuse et chevaleresque, dont les titres
de
quelques traités mystiques de cette école donnent une idée : le Famil
4840
ue, dont les titres de quelques traités mystiques
de
cette école donnent une idée : le Familier des Amants, le Roman des S
4841
aités mystiques de cette école donnent une idée :
le
Familier des Amants, le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occ
4842
école donnent une idée : le Familier des Amants,
le
Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités, le
4843
mants, le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À
l’
occasion de ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisire
4844
oman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion
de
ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisirent, qui dev
4845
autés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités,
les
mêmes disputes théologiques se produisirent, qui devaient renaître un
4846
rent, qui devaient renaître un peu plus tard dans
le
Moyen Âge occidental. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que l’i
4847
ntal. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que
l’
islam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommai
4848
ent d’ailleurs du fait que l’islam contestait que
l’
homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Lo
4849
slam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme
l’
ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut
4850
stait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne
le
sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
4851
mer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique
de
la Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta
4852
Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de
la
Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
4853
de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
le
fini. Il en résulta que les mystiques furent obligés de recourir à de
4854
inie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
les
mystiques furent obligés de recourir à des symboles dont le sens rest
4855
i. Il en résulta que les mystiques furent obligés
de
recourir à des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louang
4856
es furent obligés de recourir à des symboles dont
le
sens restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’usage était int
4857
des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi
la
louange du vin, dont l’usage était interdit, devint le symbole de la
4858
ns restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont
l’
usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour.)
4859
uange du vin, dont l’usage était interdit, devint
le
symbole de la divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu de cette diff
4860
n, dont l’usage était interdit, devint le symbole
de
la divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu de cette difficulté part
4861
dont l’usage était interdit, devint le symbole de
la
divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu de cette difficulté particu
4862
interdit, devint le symbole de la divine ivresse
d’
amour.) Mais compte tenu de cette difficulté particulière — qui n’est
4863
e de la divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu
de
cette difficulté particulière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport
4864
ière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport avec
la
situation courtoise — nous retrouvons en Occident et dans le Proche-O
4865
n courtoise — nous retrouvons en Occident et dans
le
Proche-Orient les mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus q
4866
s retrouvons en Occident et dans le Proche-Orient
les
mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique,
4867
ent et dans le Proche-Orient les mêmes problèmes.
L’
orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique, ne pouvait admettre
4868
s problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que
la
catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en l’homme une part divin
4869
la catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en
l’
homme une part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme e
4870
ettre qu’il y eût en l’homme une part divine dont
l’
exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langa
4871
homme une part divine dont l’exaltation aboutît à
la
fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux de
4872
part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion
de
l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes m
4873
t divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de
l’
âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes myst
4874
dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et
de
la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques ten
4875
t l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de
la
Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendai
4876
boutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or
le
langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cett
4877
tendait à établir cette confusion du Créateur et
de
la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la
4878
ndait à établir cette confusion du Créateur et de
la
créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la fo
4879
cette confusion du Créateur et de la créature. Et
l’
on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langag
4880
teur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes
de
manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj
4881
’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur
la
foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même
4882
usa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi
de
leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
4883
ique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
de
leur vie cette accusation d’hérésie.58 Il est bien émouvant de const
4884
devaient même payer de leur vie cette accusation
d’
hérésie.58 Il est bien émouvant de constater que tous les termes d’un
4885
tte accusation d’hérésie.58 Il est bien émouvant
de
constater que tous les termes d’une pareille polémique s’appliquent a
4886
ie.58 Il est bien émouvant de constater que tous
les
termes d’une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours,
4887
st bien émouvant de constater que tous les termes
d’
une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours, et plus ta
4888
iquent au cas des troubadours, et plus tard, nous
le
verrons, mutatis mutandis, au cas des grands mystiques occidentaux, d
4889
utandis, au cas des grands mystiques occidentaux,
de
Maître Eckhart à Jean de la Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « cou
4890
Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois »
de
la mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme t
4891
oix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois » de
la
mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme trou
4892
mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs
le
parallélisme trouve ses origines, et jusque dans quels détails il se
4893
uels détails il se poursuit. a) Sohrawardi nomme
les
amants des Frères de la Vérité, « appellation s’adressant à des amant
4894
» et fondent ainsi une communauté — comparable à
l’
Église d’Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s
4895
dent ainsi une communauté — comparable à l’Église
d’
Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’inspirai
4896
rable à l’Église d’Amour des cathares. b) selon
le
manichéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’école illu
4897
selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraient
les
mystiques de l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblo
4898
chéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques
de
l’école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante atte
4899
isme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de
l’
école illuminative de Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend
4900
inspiraient les mystiques de l’école illuminative
de
Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend le fidèle à la sortie
4901
e Sohrawardi, une jeune fille éblouissante attend
le
fidèle à la sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-mêm
4902
, une jeune fille éblouissante attend le fidèle à
la
sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-même ! » Or sel
4903
e suis toi-même ! » Or selon certains interprètes
de
la mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
4904
uis toi-même ! » Or selon certains interprètes de
la
mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que la
4905
tains interprètes de la mystique des troubadours,
la
Dame des pensées ne serait autre que la part spirituelle et angélique
4906
ubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
la
part spirituelle et angélique de l’homme, son vrai moi. Ce qui pourra
4907
serait autre que la part spirituelle et angélique
de
l’homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréh
4908
ait autre que la part spirituelle et angélique de
l’
homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréhens
4909
ait nous orienter vers une compréhension nouvelle
de
ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de T
4910
e compréhension nouvelle de ce que nous appelions
le
« narcissisme de la passion » (à propos de Tristan, chap. VIII du Liv
4911
ouvelle de ce que nous appelions le « narcissisme
de
la passion » (à propos de Tristan, chap. VIII du Livre Ier ). c) Le
4912
elle de ce que nous appelions le « narcissisme de
la
passion » (à propos de Tristan, chap. VIII du Livre Ier ). c) Le Fam
4913
propos de Tristan, chap. VIII du Livre Ier ). c)
Le
Familier des Amants est construit sur l’allégorie du « Château de l’Â
4914
r ). c) Le Familier des Amants est construit sur
l’
allégorie du « Château de l’Âme » et de ses différents étages et loges
4915
Amants est construit sur l’allégorie du « Château
de
l’Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges
4916
nts est construit sur l’allégorie du « Château de
l’
Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges ha
4917
struit sur l’allégorie du « Château de l’Âme » et
de
ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges habite un per
4918
et de ses différents étages et loges. Dans l’une
de
ces loges habite un personnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « con
4919
ne de ces loges habite un personnage qui se nomme
l’
Idée voilée. Elle « connaît les secrets qui guérissent et c’est d’elle
4920
onnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « connaît
les
secrets qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
4921
lle « connaît les secrets qui guérissent et c’est
d’
elle que l’on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une ma
4922
ît les secrets qui guérissent et c’est d’elle que
l’
on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, «
4923
s qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend
la
magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de con
4924
ent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
L’
Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, s
4925
seut celtique était aussi une magicienne, « objet
de
contemplation, spectacle mystérieux ».) Dans le Château de l’Âme habi
4926
t de contemplation, spectacle mystérieux ».) Dans
le
Château de l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que
4927
plation, spectacle mystérieux ».) Dans le Château
de
l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Dé
4928
tion, spectacle mystérieux ».) Dans le Château de
l’
Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Désir
4929
allégoriques, tels que Beauté, Désir et Angoisse,
le
Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Rom
4930
tels que Beauté, Désir et Angoisse, le Renseigné,
le
Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose
4931
é, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur,
le
Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbol
4932
r, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman
de
la Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage d
4933
le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de
la
Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de N
4934
: comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et
le
symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de Nizami de Ganj
4935
? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans
l’
ouvrage de Nizami de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les
4936
mbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage
de
Nizami de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures
4937
e se retrouve dans l’ouvrage de Nizami de Ganja :
le
Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures de sept jeunes filles
4938
i de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte
les
aventures de sept jeunes filles vêtues aux couleurs des planètes et q
4939
e Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures
de
sept jeunes filles vêtues aux couleurs des planètes et que visite un
4940
et que visite un roi-chevalier. Nous retrouverons
le
Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une
4941
te un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château
de
l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thér
4942
un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de
l’
Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse
4943
lier. Nous retrouverons le Château de l’Âme parmi
les
symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un
4944
s le Château de l’Âme parmi les symboles préférés
d’
un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un poème du « sultan de
4945
Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et
d’
une sainte Thérèse… d) Dans un poème du « sultan des amoureux », Omar
4946
Al Faridh — pour prendre un exemple entre cent —
l’
auteur décrit la passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, ét
4947
r prendre un exemple entre cent — l’auteur décrit
la
passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir
4948
re cent — l’auteur décrit la passion terrible qui
l’
envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir esclave, ont dit : Pour
4949
errible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés
de
me voir esclave, ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris de
4950
ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris
de
folie ? Et que peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe de Nou’
4951
-t-il été pris de folie ? Et que peuvent-ils dire
de
moi, sinon que je m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de
4952
ue peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe
de
Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
4953
e m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe
de
Nou’m. Quand Nou’m me gratifie d’un regard, cela m’est égal que Sou’d
4954
té, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
d’
un regard, cela m’est égal que Sou’da ne soit pas complaisante.59 «
4955
u’da ne soit pas complaisante.59 « Nou’m » est
le
nom conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les tro
4956
laisante.59 « Nou’m » est le nom conventionnel
de
la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient au
4957
sante.59 « Nou’m » est le nom conventionnel de
la
femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
4958
onnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or
les
troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom convent
4959
ifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
la
Dame de leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequ
4960
Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame
de
leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos é
4961
ubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées
d’
un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos érudits s’épuisent
4962
sent à retrouver des personnages historiques… e)
La
salutation est le salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que
4963
es personnages historiques… e) La salutation est
le
salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévena
4964
s historiques… e) La salutation est le salut que
l’
initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévenant, donne le
4965
lui-ci, prévenant, donne le premier (Sohrawardi :
le
Bruissement de l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du l
4966
nt, donne le premier (Sohrawardi : le Bruissement
de
l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des trou
4967
donne le premier (Sohrawardi : le Bruissement de
l’
aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubad
4968
le premier (Sohrawardi : le Bruissement de l’aile
de
Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubadours, p
4969
thèmes constants du lyrisme des troubadours, puis
de
Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » d
4970
u lyrisme des troubadours, puis de Dante et enfin
de
Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une impo
4971
Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut »
de
la Dame une importance apparemment démesurée, mais qui s’explique for
4972
rarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de
la
Dame une importance apparemment démesurée, mais qui s’explique fort b
4973
mment démesurée, mais qui s’explique fort bien si
l’
on prend garde au sens liturgique du salut. f) Les mystiques arabes i
4974
l’on prend garde au sens liturgique du salut. f)
Les
mystiques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’
4975
du salut. f) Les mystiques arabes insistent sur
la
nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans re
4976
) Les mystiques arabes insistent sur la nécessité
de
garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les ind
4977
iques arabes insistent sur la nécessité de garder
le
secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qu
4978
es insistent sur la nécessité de garder le secret
de
l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraie
4979
insistent sur la nécessité de garder le secret de
l’
Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraient
4980
cret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche
les
indiscrets qui voudraient s’enquérir des mystères sans y participer d
4981
draient s’enquérir des mystères sans y participer
de
toute leur foi. À l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le
4982
s mystères sans y participer de toute leur foi. À
l’
interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » Al-Hall
4983
y participer de toute leur foi. À l’interrogation
d’
un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? » Al-Hallaj répond : « Ne
4984
l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que
le
soufisme ? » Al-Hallaj répond : « Ne t’attaque pas à Nous, regarde no
4985
egarde notre doigt que nous avons déjà teint dans
le
sang des amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés d’intentio
4986
ns déjà teint dans le sang des amants. » De plus,
les
indiscrets sont soupçonnés d’intentions mauvaises : ce sont eux qui d
4987
amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés
d’
intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à l’autori
4988
’intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent
les
amants à l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure
4989
auvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à
l’
autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
4990
l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à
la
censure dogmatique le sens secret des allégories. Or dans la plupart
4991
c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
le
sens secret des allégories. Or dans la plupart des poèmes provençaux
4992
provençaux apparaissent des personnages qualifiés
de
losengiers (médisants, indiscrets, espions) et que le troubadour couv
4993
osengiers (médisants, indiscrets, espions) et que
le
troubadour couvre d’invectives. Nos savants commentateurs ne savent t
4994
indiscrets, espions) et que le troubadour couvre
d’
invectives. Nos savants commentateurs ne savent trop que faire de ces
4995
os savants commentateurs ne savent trop que faire
de
ces encombrants losengiers, et tentent de s’en débarrasser en affirma
4996
e faire de ces encombrants losengiers, et tentent
de
s’en débarrasser en affirmant que les amants du xiie siècle tenaient
4997
, et tentent de s’en débarrasser en affirmant que
les
amants du xiie siècle tenaient énormément au secret de leurs liaison
4998
nts du xiie siècle tenaient énormément au secret
de
leurs liaisons (ce qui les distinguerait, sans doute, des amants de t
4999
nt énormément au secret de leurs liaisons (ce qui
les
distinguerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles ?).
5000
(ce qui les distinguerait, sans doute, des amants
de
tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour
5001
les distinguerait, sans doute, des amants de tous
les
autres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le le
5002
amants de tous les autres siècles ?). g) Enfin,
la
louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des A
5003
tous les autres siècles ?). g) Enfin, la louange
de
la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn
5004
s les autres siècles ?). g) Enfin, la louange de
la
mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn Al
5005
tres siècles ?). g) Enfin, la louange de la mort
d’
amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn Al Faridh :
5006
?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est
le
leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn Al Faridh : Le repos d
5007
du lyrisme mystique des Arabes. Ibn Al Faridh :
Le
repos de l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fi
5008
me mystique des Arabes. Ibn Al Faridh : Le repos
de
l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort
5009
mystique des Arabes. Ibn Al Faridh : Le repos de
l’
amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort.
5010
une fatigue, son commencement une maladie, sa fin
la
mort. Pour moi cependant la mort par amour est une vie ; je rends gr
5011
une maladie, sa fin la mort. Pour moi cependant
la
mort par amour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’a
5012
mour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée
de
me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en v
5013
st une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me
l’
avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre.
5014
ée de me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas
de
son amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même de la mystique occ
5015
urt pas de son amour ne peut en vivre. C’est ici
le
cri même de la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal e
5016
on amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même
de
la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal et de Tristan
5017
amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même de
la
mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal et de Tristan. C
5018
ue occidentale mais aussi du lyrisme provençal et
de
Tristan. C’est l’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de
5019
s aussi du lyrisme provençal et de Tristan. C’est
l’
oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al
5020
vençal et de Tristan. C’est l’oraison jaculatoire
de
sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En m
5021
’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs
de
ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me ferez vivre,
5022
ous me ferez vivre, car pour moi c’est mourir que
de
vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terres
5023
pour moi c’est mourir que de vivre, et vivre que
de
mourir. La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingen
5024
est mourir que de vivre, et vivre que de mourir.
La
vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tou
5025
, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet
le
jour terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; m
5026
effet le jour terrestre des êtres contingents et
le
tourment de la matière ; mais la mort, c’est la nuit de l’illuminatio
5027
ur terrestre des êtres contingents et le tourment
de
la matière ; mais la mort, c’est la nuit de l’illumination, l’évanoui
5028
terrestre des êtres contingents et le tourment de
la
matière ; mais la mort, c’est la nuit de l’illumination, l’évanouisse
5029
s contingents et le tourment de la matière ; mais
la
mort, c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes il
5030
t le tourment de la matière ; mais la mort, c’est
la
nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’uni
5031
rment de la matière ; mais la mort, c’est la nuit
de
l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’
5032
nt de la matière ; mais la mort, c’est la nuit de
l’
illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme
5033
; mais la mort, c’est la nuit de l’illumination,
l’
évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, l
5034
mination, l’évanouissement des formes illusoires,
l’
union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Mo
5035
, l’évanouissement des formes illusoires, l’union
de
l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-
5036
’évanouissement des formes illusoires, l’union de
l’
Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il
5037
sement des formes illusoires, l’union de l’Âme et
de
l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les
5038
ent des formes illusoires, l’union de l’Âme et de
l’
Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mys
5039
formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé,
la
communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques a
5040
l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec
l’
Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes le symbole d
5041
union avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour
les
mystiques arabes le symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
5042
olu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes
le
symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Die
5043
symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
le
désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l
5044
du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir
de
voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on conço
5045
nt, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu sur
le
Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme n
5046
nt le désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima
le
désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie
5047
ir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir
de
sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminat
5048
sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et
l’
on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohraw
5049
exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que
le
terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj
5050
sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire
de
la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre
5051
mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de
la
voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre re
5052
t que le terme nécessaire de la voie illuminative
d’
un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de
5053
cessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi,
d’
un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amour :
5054
lluminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été
le
martyre religieux au sommet de la joy d’amour : Al-Hallaj se rendait
5055
un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet
de
la joy d’amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui d
5056
Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de
la
joy d’amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis
5057
ait été le martyre religieux au sommet de la joy
d’
amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis : Maîtr
5058
is : Maître qu’est cela ? Il répondit : Telle est
la
coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux.60 ⁂ On sait
5059
est cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie
de
la Beauté attirant à elle les amoureux.60 ⁂ On sait enfin que l’amo
5060
cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie de
la
Beauté attirant à elle les amoureux.60 ⁂ On sait enfin que l’amour
5061
e est la coquetterie de la Beauté attirant à elle
les
amoureux.60 ⁂ On sait enfin que l’amour platonique fut révéré par u
5062
rant à elle les amoureux.60 ⁂ On sait enfin que
l’
amour platonique fut révéré par une tribu dont le prestige était grand
5063
l’amour platonique fut révéré par une tribu dont
le
prestige était grand dans le monde arabe, celle des Banou Odrah où l’
5064
é par une tribu dont le prestige était grand dans
le
monde arabe, celle des Banou Odrah où l’on mourait d’amour à force d’
5065
and dans le monde arabe, celle des Banou Odrah où
l’
on mourait d’amour à force d’exalter le désir chaste, selon le verset
5066
onde arabe, celle des Banou Odrah où l’on mourait
d’
amour à force d’exalter le désir chaste, selon le verset du Coran : «
5067
e des Banou Odrah où l’on mourait d’amour à force
d’
exalter le désir chaste, selon le verset du Coran : « Celui qui aime,
5068
u Odrah où l’on mourait d’amour à force d’exalter
le
désir chaste, selon le verset du Coran : « Celui qui aime, qui s’abs
5069
d’amour à force d’exalter le désir chaste, selon
le
verset du Coran : « Celui qui aime, qui s’abstient de tout ce qui es
5070
rset du Coran : « Celui qui aime, qui s’abstient
de
tout ce qui est interdit, qui garde son amour secret, et qui meurt de
5071
nterdit, qui garde son amour secret, et qui meurt
de
son secret, celui-là meurt martyr. » « L’amour odrih » devint, jusqu’
5072
i meurt de son secret, celui-là meurt martyr. » «
L’
amour odrih » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même de l’amour qui
5073
» « L’amour odrih » devint, jusqu’en Andalousie,
le
nom même de l’amour qui va s’appeler courtois dans le Midi, puis remo
5074
odrih » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même
de
l’amour qui va s’appeler courtois dans le Midi, puis remonter vers le
5075
rih » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même de
l’
amour qui va s’appeler courtois dans le Midi, puis remonter vers le no
5076
om même de l’amour qui va s’appeler courtois dans
le
Midi, puis remonter vers le nord celtique, à la rencontre de Tristan…
5077
appeler courtois dans le Midi, puis remonter vers
le
nord celtique, à la rencontre de Tristan… ⁂ Peut-on prouver que la p
5078
s le Midi, puis remonter vers le nord celtique, à
la
rencontre de Tristan… ⁂ Peut-on prouver que la poétique arabe a réel
5079
is remonter vers le nord celtique, à la rencontre
de
Tristan… ⁂ Peut-on prouver que la poétique arabe a réellement influe
5080
à la rencontre de Tristan… ⁂ Peut-on prouver que
la
poétique arabe a réellement influencé la cortezia ? Renan écrit en 18
5081
uver que la poétique arabe a réellement influencé
la
cortezia ? Renan écrit en 1863 : « Un abîme sépare la forme et l’espr
5082
ortezia ? Renan écrit en 1863 : « Un abîme sépare
la
forme et l’esprit de la poésie romane de la forme et de l’esprit de l
5083
nan écrit en 1863 : « Un abîme sépare la forme et
l’
esprit de la poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie ara
5084
en 1863 : « Un abîme sépare la forme et l’esprit
de
la poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un
5085
1863 : « Un abîme sépare la forme et l’esprit de
la
poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un aut
5086
e sépare la forme et l’esprit de la poésie romane
de
la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy,
5087
épare la forme et l’esprit de la poésie romane de
la
forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déc
5088
me et l’esprit de la poésie romane de la forme et
de
l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette
5089
et l’esprit de la poésie romane de la forme et de
l’
esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette ép
5090
it de la poésie romane de la forme et de l’esprit
de
la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette époque qu’o
5091
de la poésie romane de la forme et de l’esprit de
la
poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette époque qu’on n
5092
Dozy, déclare à cette époque qu’on n’a pas prouvé
l’
influence arabe sur les troubadours, « et qu’on ne la prouvera pas ».
5093
époque qu’on n’a pas prouvé l’influence arabe sur
les
troubadours, « et qu’on ne la prouvera pas ». Ce ton péremptoire fait
5094
nfluence arabe sur les troubadours, « et qu’on ne
la
prouvera pas ». Ce ton péremptoire fait sourire. De Bagdad à l’Andalo
5095
prouvera pas ». Ce ton péremptoire fait sourire.
De
Bagdad à l’Andalousie, la poésie arabe est une, par la langue et l’éc
5096
s ». Ce ton péremptoire fait sourire. De Bagdad à
l’
Andalousie, la poésie arabe est une, par la langue et l’échange contin
5097
remptoire fait sourire. De Bagdad à l’Andalousie,
la
poésie arabe est une, par la langue et l’échange continu. L’Andalousi
5098
gdad à l’Andalousie, la poésie arabe est une, par
la
langue et l’échange continu. L’Andalousie touche aux royaumes espagno
5099
lousie, la poésie arabe est une, par la langue et
l’
échange continu. L’Andalousie touche aux royaumes espagnols, dont les
5100
rabe est une, par la langue et l’échange continu.
L’
Andalousie touche aux royaumes espagnols, dont les souverains se mêlen
5101
L’Andalousie touche aux royaumes espagnols, dont
les
souverains se mêlent à ceux du Languedoc et du Poitou. L’épanouisseme
5102
rains se mêlent à ceux du Languedoc et du Poitou.
L’
épanouissement du lyrisme andalou aux xe et xie siècles nous est auj
5103
et xie siècles nous est aujourd’hui bien connu.
La
prosodie précise du zadjal est celle-là même que reproduit le premier
5104
llaume de Poitiers, dans cinq sur onze des poèmes
de
lui qui nous restent. Les « preuves » de l’influence andalouse sur le
5105
cinq sur onze des poèmes de lui qui nous restent.
Les
« preuves » de l’influence andalouse sur les poètes courtois ne sont
5106
s poèmes de lui qui nous restent. Les « preuves »
de
l’influence andalouse sur les poètes courtois ne sont plus à faire61.
5107
oèmes de lui qui nous restent. Les « preuves » de
l’
influence andalouse sur les poètes courtois ne sont plus à faire61. Et
5108
ent. Les « preuves » de l’influence andalouse sur
les
poètes courtois ne sont plus à faire61. Et je pourrais ici remplir de
5109
s à faire61. Et je pourrais ici remplir des pages
de
citations d’Arabes et de Provençaux dont nos grands spécialistes de «
5110
Et je pourrais ici remplir des pages de citations
d’
Arabes et de Provençaux dont nos grands spécialistes de « l’abîme qui
5111
is ici remplir des pages de citations d’Arabes et
de
Provençaux dont nos grands spécialistes de « l’abîme qui sépare » aur
5112
bes et de Provençaux dont nos grands spécialistes
de
« l’abîme qui sépare » auraient parfois peine à deviner de quel côté
5113
t de Provençaux dont nos grands spécialistes de «
l’
abîme qui sépare » auraient parfois peine à deviner de quel côté des P
5114
îme qui sépare » auraient parfois peine à deviner
de
quel côté des Pyrénées elles furent écrites. La cause est entendue. M
5115
r de quel côté des Pyrénées elles furent écrites.
La
cause est entendue. Mais voici ce qui m’importe. L’on assiste au xiie
5116
cause est entendue. Mais voici ce qui m’importe.
L’
on assiste au xiie siècle dans le Languedoc comme dans le Limousin, à
5117
qui m’importe. L’on assiste au xiie siècle dans
le
Languedoc comme dans le Limousin, à l’une des plus extraordinaires co
5118
iste au xiie siècle dans le Languedoc comme dans
le
Limousin, à l’une des plus extraordinaires confluences spirituelles d
5119
des plus extraordinaires confluences spirituelles
de
l’Histoire. D’une part, un grand courant religieux manichéen, qui ava
5120
plus extraordinaires confluences spirituelles de
l’
Histoire. D’une part, un grand courant religieux manichéen, qui avait
5121
en, qui avait pris sa source en Iran, remonte par
l’
Asie Mineure et les Balkans jusqu’à l’Italie et la France, apportant s
5122
sa source en Iran, remonte par l’Asie Mineure et
les
Balkans jusqu’à l’Italie et la France, apportant sa doctrine ésotériq
5123
remonte par l’Asie Mineure et les Balkans jusqu’à
l’
Italie et la France, apportant sa doctrine ésotérique de la Sophia-Mar
5124
l’Asie Mineure et les Balkans jusqu’à l’Italie et
la
France, apportant sa doctrine ésotérique de la Sophia-Maria et de l’a
5125
ie et la France, apportant sa doctrine ésotérique
de
la Sophia-Maria et de l’amour pour la « forme de lumière ». D’autre p
5126
et la France, apportant sa doctrine ésotérique de
la
Sophia-Maria et de l’amour pour la « forme de lumière ». D’autre part
5127
tant sa doctrine ésotérique de la Sophia-Maria et
de
l’amour pour la « forme de lumière ». D’autre part, une rhétorique ha
5128
t sa doctrine ésotérique de la Sophia-Maria et de
l’
amour pour la « forme de lumière ». D’autre part, une rhétorique haute
5129
ésotérique de la Sophia-Maria et de l’amour pour
la
« forme de lumière ». D’autre part, une rhétorique hautement raffinée
5130
de la Sophia-Maria et de l’amour pour la « forme
de
lumière ». D’autre part, une rhétorique hautement raffinée, avec ses
5131
aux mêmes endroits, son symbolisme enfin, remonte
de
l’Irak des soufis platonisants et manichéisants jusqu’à l’Espagne ara
5132
mêmes endroits, son symbolisme enfin, remonte de
l’
Irak des soufis platonisants et manichéisants jusqu’à l’Espagne arabe,
5133
des soufis platonisants et manichéisants jusqu’à
l’
Espagne arabe, et passant par-dessus les Pyrénées, trouve au Midi de l
5134
ts jusqu’à l’Espagne arabe, et passant par-dessus
les
Pyrénées, trouve au Midi de la France une société qui, semble-t-il, n
5135
qui, semble-t-il, n’attendait plus que ces moyens
de
langage pour dire ce qu’elle n’osait et ne pouvait avouer ni dans la
5136
e ce qu’elle n’osait et ne pouvait avouer ni dans
la
langue des clercs, ni dans le parler vulgaire. La poésie courtoise es
5137
vait avouer ni dans la langue des clercs, ni dans
le
parler vulgaire. La poésie courtoise est née de cette rencontre. Et
5138
la langue des clercs, ni dans le parler vulgaire.
La
poésie courtoise est née de cette rencontre. Et c’est ainsi qu’au de
5139
s le parler vulgaire. La poésie courtoise est née
de
cette rencontre. Et c’est ainsi qu’au dernier confluent des « hérési
5140
st ainsi qu’au dernier confluent des « hérésies »
de
l’âme et de celles du désir, venues du même Orient par les deux rives
5141
ainsi qu’au dernier confluent des « hérésies » de
l’
âme et de celles du désir, venues du même Orient par les deux rives de
5142
au dernier confluent des « hérésies » de l’âme et
de
celles du désir, venues du même Orient par les deux rives de la mer c
5143
et de celles du désir, venues du même Orient par
les
deux rives de la mer civilisatrice, naquit le grand modèle occidental
5144
u désir, venues du même Orient par les deux rives
de
la mer civilisatrice, naquit le grand modèle occidental du langage de
5145
ésir, venues du même Orient par les deux rives de
la
mer civilisatrice, naquit le grand modèle occidental du langage de l’
5146
ar les deux rives de la mer civilisatrice, naquit
le
grand modèle occidental du langage de l’amour-passion. 10.Vue d’en
5147
ice, naquit le grand modèle occidental du langage
de
l’amour-passion. 10.Vue d’ensemble du phénomène courtois Revena
5148
, naquit le grand modèle occidental du langage de
l’
amour-passion. 10.Vue d’ensemble du phénomène courtois Revenant
5149
cidental du langage de l’amour-passion. 10.Vue
d’
ensemble du phénomène courtois Revenant après de longues années sur
5150
’ensemble du phénomène courtois Revenant après
de
longues années sur les problèmes soulevés par les pages qui précèdent
5151
courtois Revenant après de longues années sur
les
problèmes soulevés par les pages qui précèdent, j’éprouve le besoin d
5152
de longues années sur les problèmes soulevés par
les
pages qui précèdent, j’éprouve le besoin de rassembler ici tout un fa
5153
s soulevés par les pages qui précèdent, j’éprouve
le
besoin de rassembler ici tout un faisceau d’observations nouvelles. L
5154
par les pages qui précèdent, j’éprouve le besoin
de
rassembler ici tout un faisceau d’observations nouvelles. Le lecteur
5155
ouve le besoin de rassembler ici tout un faisceau
d’
observations nouvelles. Le lecteur va juger si elles infirment, ou si
5156
er ici tout un faisceau d’observations nouvelles.
Le
lecteur va juger si elles infirment, ou si au contraire elles élargis
5157
, ou si au contraire elles élargissent pour mieux
l’
asseoir ma thèse originelle que je réitère : sur la liaison profonde e
5158
’asseoir ma thèse originelle que je réitère : sur
la
liaison profonde entre la cortezia et l’atmosphère religieuse du cath
5159
le que je réitère : sur la liaison profonde entre
la
cortezia et l’atmosphère religieuse du catharisme. On aura sans doute
5160
re : sur la liaison profonde entre la cortezia et
l’
atmosphère religieuse du catharisme. On aura sans doute remarqué que j
5161
ué que je n’indiquais plus haut que par analogies
la
nature des relations possibles entre une mystique, une conception rel
5162
conception religieuse, ou simplement une théorie
de
l’homme — et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre le soufism
5163
nception religieuse, ou simplement une théorie de
l’
homme — et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre le soufisme e
5164
et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre
le
soufisme et la poésie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur l
5165
yrique déterminée. (Rapports entre le soufisme et
la
poésie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur l’école surréali
5166
sme et la poésie courtoise des Arabes ; influence
de
Freud sur l’école surréaliste.) Les polémiques parfois fort vives pro
5167
sie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur
l’
école surréaliste.) Les polémiques parfois fort vives provoquées par m
5168
es ; influence de Freud sur l’école surréaliste.)
Les
polémiques parfois fort vives provoquées par ma thèse, plus ou moins
5169
uées par ma thèse, plus ou moins bien comprise62,
les
découvertes multipliées depuis quinze ans par les spécialistes de l’a
5170
les découvertes multipliées depuis quinze ans par
les
spécialistes de l’amour courtois, du catharisme et du manichéisme, et
5171
ultipliées depuis quinze ans par les spécialistes
de
l’amour courtois, du catharisme et du manichéisme, et peut-être l’exp
5172
ipliées depuis quinze ans par les spécialistes de
l’
amour courtois, du catharisme et du manichéisme, et peut-être l’expéri
5173
is, du catharisme et du manichéisme, et peut-être
l’
expérience vécue autant que de nouvelles recherches personnelles, tout
5174
éisme, et peut-être l’expérience vécue autant que
de
nouvelles recherches personnelles, tout cela m’amène aujourd’hui à un
5175
s, tout cela m’amène aujourd’hui à une conception
de
la cortezia à peine moins « historique » que celle que j’esquissais p
5176
tout cela m’amène aujourd’hui à une conception de
la
cortezia à peine moins « historique » que celle que j’esquissais plus
5177
mais sans doute plus psychologique. Je rappelais
la
relation de fait (lieux et dates remarquablement identiques) entre ca
5178
oute plus psychologique. Je rappelais la relation
de
fait (lieux et dates remarquablement identiques) entre cathares et tr
5179
me risquais à dire : il y a là quelque chose, et
l’
absence de rapports entre ces gens me paraîtrait plus étonnante encore
5180
is à dire : il y a là quelque chose, et l’absence
de
rapports entre ces gens me paraîtrait plus étonnante encore que n’imp
5181
mporte quelle hypothèse, « sérieuse » ou non, sur
la
nature de ces rapports. Mais je me gardais de démontrer le détail pré
5182
lle hypothèse, « sérieuse » ou non, sur la nature
de
ces rapports. Mais je me gardais de démontrer le détail précis des in
5183
sur la nature de ces rapports. Mais je me gardais
de
démontrer le détail précis des influences, à la manière de beaucoup d
5184
de ces rapports. Mais je me gardais de démontrer
le
détail précis des influences, à la manière de beaucoup d’historiens p
5185
l précis des influences, à la manière de beaucoup
d’
historiens pour qui le réel n’est défini que par des documents écrits.
5186
s, à la manière de beaucoup d’historiens pour qui
le
réel n’est défini que par des documents écrits. J’irai maintenant un
5187
nt un peu plus loin, mais dans mon sens, non dans
le
leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une de ces solutions textu
5188
le leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une
de
ces solutions textuelles et « scientifiques » après quoi, comme le di
5189
textuelles et « scientifiques » après quoi, comme
le
dit Jaspers, « la question ne s’arrête plus devant le mystère et perd
5190
ientifiques » après quoi, comme le dit Jaspers, «
la
question ne s’arrête plus devant le mystère et perd stupidement son e
5191
it Jaspers, « la question ne s’arrête plus devant
le
mystère et perd stupidement son existence dans la réponse ». Je voudr
5192
le mystère et perd stupidement son existence dans
la
réponse ». Je voudrais au contraire approfondir, tout en la précisant
5193
». Je voudrais au contraire approfondir, tout en
la
précisant autant qu’il est possible, la problématique de l’amour cour
5194
, tout en la précisant autant qu’il est possible,
la
problématique de l’amour courtois — parce que je la crois vitale pour
5195
isant autant qu’il est possible, la problématique
de
l’amour courtois — parce que je la crois vitale pour l’Occident moder
5196
nt autant qu’il est possible, la problématique de
l’
amour courtois — parce que je la crois vitale pour l’Occident moderne,
5197
problématique de l’amour courtois — parce que je
la
crois vitale pour l’Occident moderne, et pour notre conduite morale e
5198
mour courtois — parce que je la crois vitale pour
l’
Occident moderne, et pour notre conduite morale et religieuse. Je vais
5199
lques faits, comme un piège. J’éviterai à la fois
d’
indiquer des relations de cause à effet, et de formuler expressément d
5200
ge. J’éviterai à la fois d’indiquer des relations
de
cause à effet, et de formuler expressément des conclusions que l’on p
5201
ois d’indiquer des relations de cause à effet, et
de
formuler expressément des conclusions que l’on pourrait citer hors du
5202
, et de formuler expressément des conclusions que
l’
on pourrait citer hors du contexte — accords sans clé — et sur lesquel
5203
« Des preuves ! » ou « Comme c’est vrai ! » ⁂ 1.
La
Révolution psychique du xiie siècle. — Une hérésie néo-manichéenne,
5204
résie néo-manichéenne, venue du Proche-Orient par
l’
Arménie et la Bulgarie bogomile, celle des « bonshommes » ou cathares,
5205
ichéenne, venue du Proche-Orient par l’Arménie et
la
Bulgarie bogomile, celle des « bonshommes » ou cathares, ascètes cond
5206
es « bonshommes » ou cathares, ascètes condamnant
le
mariage mais fondant une « Église d’Amour », opposée à l’Église de Ro
5207
s condamnant le mariage mais fondant une « Église
d’
Amour », opposée à l’Église de Rome63, envahit rapidement la France, d
5208
ge mais fondant une « Église d’Amour », opposée à
l’
Église de Rome63, envahit rapidement la France, de Reims au Nord et de
5209
ondant une « Église d’Amour », opposée à l’Église
de
Rome63, envahit rapidement la France, de Reims au Nord et des confins
5210
opposée à l’Église de Rome63, envahit rapidement
la
France, de Reims au Nord et des confins de l’Italie jusqu’à l’Espagne
5211
l’Église de Rome63, envahit rapidement la France,
de
Reims au Nord et des confins de l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayo
5212
dement la France, de Reims au Nord et des confins
de
l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. D
5213
ent la France, de Reims au Nord et des confins de
l’
Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans
5214
Reims au Nord et des confins de l’Italie jusqu’à
l’
Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans le même temps, d
5215
fins de l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner
de
là sur toute l’Europe. Dans le même temps, d’autres mouvements hétéro
5216
jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute
l’
Europe. Dans le même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent le
5217
gne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans
le
même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent le peuple et le c
5218
me temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent
le
peuple et le clergé. Opposant aux prélats ambitieux et aux pompes sac
5219
utres mouvements hétérodoxes agitent le peuple et
le
clergé. Opposant aux prélats ambitieux et aux pompes sacrales de l’Ég
5220
sant aux prélats ambitieux et aux pompes sacrales
de
l’Église un spiritualisme épuré, ils aboutissent parfois, plus ou moi
5221
t aux prélats ambitieux et aux pompes sacrales de
l’
Église un spiritualisme épuré, ils aboutissent parfois, plus ou moins
5222
octrines naturalistes et même matérialistes avant
la
lettre. Le « qui veut faire l’ange fait la bête » semble illustré par
5223
turalistes et même matérialistes avant la lettre.
Le
« qui veut faire l’ange fait la bête » semble illustré par leurs excè
5224
atérialistes avant la lettre. Le « qui veut faire
l’
ange fait la bête » semble illustré par leurs excès ; mais ceux-ci tra
5225
avant la lettre. Le « qui veut faire l’ange fait
la
bête » semble illustré par leurs excès ; mais ceux-ci traduisent bien
5226
leurs excès ; mais ceux-ci traduisent bien plutôt
la
nature révolutionnaire des problèmes qui surgissent dans l’époque, l’
5227
révolutionnaire des problèmes qui surgissent dans
l’
époque, l’inordinatio profonde du siècle, dont les plus grands saints
5228
naire des problèmes qui surgissent dans l’époque,
l’
inordinatio profonde du siècle, dont les plus grands saints et les plu
5229
l’époque, l’inordinatio profonde du siècle, dont
les
plus grands saints et les plus grands docteurs subissent et souffrent
5230
rofonde du siècle, dont les plus grands saints et
les
plus grands docteurs subissent et souffrent la passion au moins autan
5231
t les plus grands docteurs subissent et souffrent
la
passion au moins autant qu’ils ne parviennent à la transmuer en vertu
5232
a passion au moins autant qu’ils ne parviennent à
la
transmuer en vertus et en vérités théologiques : saint Bernard de Cla
5233
ques : saint Bernard de Clairvaux et Abélard sont
les
pôles de ce drame dans l’Église, et au niveau de la spéculation. Mais
5234
nt Bernard de Clairvaux et Abélard sont les pôles
de
ce drame dans l’Église, et au niveau de la spéculation. Mais hors de
5235
irvaux et Abélard sont les pôles de ce drame dans
l’
Église, et au niveau de la spéculation. Mais hors de l’Église, dans se
5236
pôles de ce drame dans l’Église, et au niveau de
la
spéculation. Mais hors de l’Église, dans ses marges, dans le peuple a
5237
ise, et au niveau de la spéculation. Mais hors de
l’
Église, dans ses marges, dans le peuple auquel ces disputes paraissent
5238
ion. Mais hors de l’Église, dans ses marges, dans
le
peuple auquel ces disputes paraissent lointaines ou incompréhensibles
5239
putes paraissent lointaines ou incompréhensibles,
les
oscillations s’amplifient. D’Henri de Lausanne et Pierre de Bruys jus
5240
incompréhensibles, les oscillations s’amplifient.
D’
Henri de Lausanne et Pierre de Bruys jusqu’à un Amaury de Bène et aux
5241
squ’à un Amaury de Bène et aux frères ortliebiens
de
Strasbourg, tous condamnent le mariage — que par ailleurs, le pape-mo
5242
frères ortliebiens de Strasbourg, tous condamnent
le
mariage — que par ailleurs, le pape-moine Grégoire VII vient d’interd
5243
g, tous condamnent le mariage — que par ailleurs,
le
pape-moine Grégoire VII vient d’interdire aux prêtres. En revanche, b
5244
ue par ailleurs, le pape-moine Grégoire VII vient
d’
interdire aux prêtres. En revanche, beaucoup professent que l’homme ét
5245
aux prêtres. En revanche, beaucoup professent que
l’
homme étant divin, rien de ce qu’il fait avec son corps — cette part d
5246
beaucoup professent que l’homme étant divin, rien
de
ce qu’il fait avec son corps — cette part du diable — ne saurait enga
5247
corps — cette part du diable — ne saurait engager
le
salut de son âme : « Point de péché au-dessous du nombril ! » précise
5248
ette part du diable — ne saurait engager le salut
de
son âme : « Point de péché au-dessous du nombril ! » précise un évêqu
5249
ne saurait engager le salut de son âme : « Point
de
péché au-dessous du nombril ! » précise un évêque dualiste, excusant
5250
il ! » précise un évêque dualiste, excusant ainsi
la
licence favorisée ou tolérée par plusieurs sectes. Une forme toute no
5251
ée par plusieurs sectes. Une forme toute nouvelle
de
poésie naît dans le midi de la France, patrie cathare : elle célèbre
5252
tes. Une forme toute nouvelle de poésie naît dans
le
midi de la France, patrie cathare : elle célèbre la Dame des pensées,
5253
forme toute nouvelle de poésie naît dans le midi
de
la France, patrie cathare : elle célèbre la Dame des pensées, l’idée
5254
rme toute nouvelle de poésie naît dans le midi de
la
France, patrie cathare : elle célèbre la Dame des pensées, l’idée pla
5255
midi de la France, patrie cathare : elle célèbre
la
Dame des pensées, l’idée platonicienne du principe féminin, le culte
5256
atrie cathare : elle célèbre la Dame des pensées,
l’
idée platonicienne du principe féminin, le culte de l’Amour contre le
5257
ensées, l’idée platonicienne du principe féminin,
le
culte de l’Amour contre le mariage, en même temps que la chasteté. Sa
5258
’idée platonicienne du principe féminin, le culte
de
l’Amour contre le mariage, en même temps que la chasteté. Saint Berna
5259
ée platonicienne du principe féminin, le culte de
l’
Amour contre le mariage, en même temps que la chasteté. Saint Bernard
5260
e du principe féminin, le culte de l’Amour contre
le
mariage, en même temps que la chasteté. Saint Bernard de Clairvaux se
5261
e de l’Amour contre le mariage, en même temps que
la
chasteté. Saint Bernard de Clairvaux se met en campagne pour combattr
5262
rd de Clairvaux se met en campagne pour combattre
le
catharisme, fonde un ordre ascétique orthodoxe, face à celui des « bo
5263
lui des « bonshommes » ou Parfaits, puis oppose à
la
cortezia la mystique de l’Amour divin. De nombreux commentaires du Ca
5264
nshommes » ou Parfaits, puis oppose à la cortezia
la
mystique de l’Amour divin. De nombreux commentaires du Cantique des C
5265
u Parfaits, puis oppose à la cortezia la mystique
de
l’Amour divin. De nombreux commentaires du Cantique des Cantiques son
5266
arfaits, puis oppose à la cortezia la mystique de
l’
Amour divin. De nombreux commentaires du Cantique des Cantiques sont é
5267
ppose à la cortezia la mystique de l’Amour divin.
De
nombreux commentaires du Cantique des Cantiques sont écrits pour les
5268
taires du Cantique des Cantiques sont écrits pour
les
nonnes des premiers couvents de femmes, de l’abbaye de Fontevrault si
5269
sont écrits pour les nonnes des premiers couvents
de
femmes, de l’abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour —
5270
pour les nonnes des premiers couvents de femmes,
de
l’abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le co
5271
ur les nonnes des premiers couvents de femmes, de
l’
abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le comte
5272
nnes des premiers couvents de femmes, de l’abbaye
de
Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le comte Guillaum
5273
ntevrault si proche du premier troubadour — c’est
le
comte Guillaume de Poitiers — jusqu’au Paraclet d’Héloïse. Cette myst
5274
e comte Guillaume de Poitiers — jusqu’au Paraclet
d’
Héloïse. Cette mystique épithalamique se retrouve à la fois chez Berna
5275
es courtois et en lettres, le premier grand roman
d’
amour-passion de notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras
5276
n lettres, le premier grand roman d’amour-passion
de
notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras de la comtesse d
5277
on de notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans
les
bras de la comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sa
5278
re histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras
de
la comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans l’avo
5279
histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras de
la
comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans l’avoir
5280
Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans
l’
avoir jamais vue. Et Joachim de Flore annonce que l’Esprit-Saint, dont
5281
avoir jamais vue. Et Joachim de Flore annonce que
l’
Esprit-Saint, dont l’ère est imminente, s’incarnera dans une Femme. To
5282
Joachim de Flore annonce que l’Esprit-Saint, dont
l’
ère est imminente, s’incarnera dans une Femme. Tout cela se passe dans
5283
incarnera dans une Femme. Tout cela se passe dans
la
réalité, ou dans les imaginations qui la conforment, aux lieux et au
5284
emme. Tout cela se passe dans la réalité, ou dans
les
imaginations qui la conforment, aux lieux et au temps où se nouent la
5285
sse dans la réalité, ou dans les imaginations qui
la
conforment, aux lieux et au temps où se nouent la légende et le mythe
5286
la conforment, aux lieux et au temps où se nouent
la
légende et le mythe de la passion mortelle : Tristan. À cette montée
5287
aux lieux et au temps où se nouent la légende et
le
mythe de la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et c
5288
x et au temps où se nouent la légende et le mythe
de
la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme univ
5289
t au temps où se nouent la légende et le mythe de
la
passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme univers
5290
an. À cette montée puissante et comme universelle
de
l’Amour et du culte de la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne p
5291
À cette montée puissante et comme universelle de
l’
Amour et du culte de la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouv
5292
sante et comme universelle de l’Amour et du culte
de
la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer d’oppo
5293
te et comme universelle de l’Amour et du culte de
la
Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer d’opposer
5294
lle de l’Amour et du culte de la Femme idéalisée,
l’
Église et le clergé ne pouvaient manquer d’opposer une croyance et un
5295
ur et du culte de la Femme idéalisée, l’Église et
le
clergé ne pouvaient manquer d’opposer une croyance et un culte qui ré
5296
lisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer
d’
opposer une croyance et un culte qui répondissent au même désir profon
5297
lte qui répondissent au même désir profond, surgi
de
l’âme collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laiss
5298
qui répondissent au même désir profond, surgi de
l’
âme collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laissant
5299
se laissant porter par lui, mais comme pour mieux
le
capter dans le courant puissant de l’orthodoxie64. De là les tentativ
5300
ter par lui, mais comme pour mieux le capter dans
le
courant puissant de l’orthodoxie64. De là les tentatives multipliées,
5301
mme pour mieux le capter dans le courant puissant
de
l’orthodoxie64. De là les tentatives multipliées, dès le début du xii
5302
pour mieux le capter dans le courant puissant de
l’
orthodoxie64. De là les tentatives multipliées, dès le début du xiie
5303
apter dans le courant puissant de l’orthodoxie64.
De
là les tentatives multipliées, dès le début du xiie siècle, pour ins
5304
dans le courant puissant de l’orthodoxie64. De là
les
tentatives multipliées, dès le début du xiie siècle, pour instituer
5305
thodoxie64. De là les tentatives multipliées, dès
le
début du xiie siècle, pour instituer un culte de la Vierge. Marie re
5306
le début du xiie siècle, pour instituer un culte
de
la Vierge. Marie reçoit généralement, dès cette époque, le titre de r
5307
début du xiie siècle, pour instituer un culte de
la
Vierge. Marie reçoit généralement, dès cette époque, le titre de regi
5308
rge. Marie reçoit généralement, dès cette époque,
le
titre de regina coeli, et c’est en Reine désormais que l’art va la re
5309
e reçoit généralement, dès cette époque, le titre
de
regina coeli, et c’est en Reine désormais que l’art va la représenter
5310
de regina coeli, et c’est en Reine désormais que
l’
art va la représenter. À la « Dame des Pensées » de la cortezia, on su
5311
a coeli, et c’est en Reine désormais que l’art va
la
représenter. À la « Dame des Pensées » de la cortezia, on substituera
5312
en Reine désormais que l’art va la représenter. À
la
« Dame des Pensées » de la cortezia, on substituera « Notre-Dame ». E
5313
’art va la représenter. À la « Dame des Pensées »
de
la cortezia, on substituera « Notre-Dame ». Et les ordres monastiques
5314
t va la représenter. À la « Dame des Pensées » de
la
cortezia, on substituera « Notre-Dame ». Et les ordres monastiques qu
5315
de la cortezia, on substituera « Notre-Dame ». Et
les
ordres monastiques qui apparaissent alors sont des répliques aux ordr
5316
rs sont des répliques aux ordres chevaleresques :
le
moine est « chevalier de Marie ». En 1140, à Lyon, les chanoines étab
5317
ordres chevaleresques : le moine est « chevalier
de
Marie ». En 1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête de l’Imm
5318
oine est « chevalier de Marie ». En 1140, à Lyon,
les
chanoines établissent une fête de l’Immaculée Conception de Notre-Dam
5319
1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête
de
l’Immaculée Conception de Notre-Dame. Saint Bernard de Clairvaux eut
5320
40, à Lyon, les chanoines établissent une fête de
l’
Immaculée Conception de Notre-Dame. Saint Bernard de Clairvaux eut bea
5321
es établissent une fête de l’Immaculée Conception
de
Notre-Dame. Saint Bernard de Clairvaux eut beau protester dans une le
5322
e lettre fameuse contre « cette fête nouvelle que
l’
usage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la traditi
5323
fameuse contre « cette fête nouvelle que l’usage
de
l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’aut
5324
meuse contre « cette fête nouvelle que l’usage de
l’
Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’autori
5325
fête nouvelle que l’usage de l’Église ignore, que
la
raison n’approuve pas, que la tradition n’autorise point… et qui intr
5326
’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que
la
tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la
5327
e la tradition n’autorise point… et qui introduit
la
nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et sain
5328
torise point… et qui introduit la nouveauté, sœur
de
la superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau,
5329
ise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de
la
superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cen
5330
duit la nouveauté, sœur de la superstition, fille
de
l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
5331
t la nouveauté, sœur de la superstition, fille de
l’
inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
5332
saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
de
la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, el
5333
nt Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
la
manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle
5334
ut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière
la
plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle n’aurait pa
5335
té conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin
d’
être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à un
5336
pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. »
Le
culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Égl
5337
soin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte
de
la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menac
5338
n d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de
la
Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée
5339
» Le culte de la Vierge répondait à une nécessité
d’
ordre vital pour l’Église menacée et entraînée… La papauté, plusieurs
5340
erge répondait à une nécessité d’ordre vital pour
l’
Église menacée et entraînée… La papauté, plusieurs siècles plus tard,
5341
d’ordre vital pour l’Église menacée et entraînée…
La
papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un senti
5342
sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu
le
dogme pour triompher dans tous les arts. Enfin, voici un dernier trai
5343
ait pas attendu le dogme pour triompher dans tous
les
arts. Enfin, voici un dernier trait dont on verra qu’il est tout impo
5344
ier trait dont on verra qu’il est tout impossible
de
le rattacher latéralement aux précédents. C’est au xiie siècle que s
5345
trait dont on verra qu’il est tout impossible de
le
rattacher latéralement aux précédents. C’est au xiie siècle que s’at
5346
tteste en Europe une modification radicale du jeu
d’
échecs, originaire de l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient l
5347
modification radicale du jeu d’échecs, originaire
de
l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient le jeu primitif, on vo
5348
ification radicale du jeu d’échecs, originaire de
l’
Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient le jeu primitif, on voit
5349
de l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient
le
jeu primitif, on voit la Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes le
5350
atre rois qui dominaient le jeu primitif, on voit
la
Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes les pièces, sauf sur le Roi
5351
jeu primitif, on voit la Dame (ou Reine) prendre
le
pas sur toutes les pièces, sauf sur le Roi, celui-ci se trouvant d’ai
5352
voit la Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes
les
pièces, sauf sur le Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa
5353
e) prendre le pas sur toutes les pièces, sauf sur
le
Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa moindre puissance d’
5354
trouvant d’ailleurs réduit à sa moindre puissance
d’
action réelle, tout en demeurant l’enjeu final et le personnage sacré
5355
ndre puissance d’action réelle, tout en demeurant
l’
enjeu final et le personnage sacré (Appendice 7). 2. Œdipe et les dieu
5356
action réelle, tout en demeurant l’enjeu final et
le
personnage sacré (Appendice 7). 2. Œdipe et les dieux. — Freud désign
5357
et le personnage sacré (Appendice 7). 2. Œdipe et
les
dieux. — Freud désigne du nom d’Œdipe le complexe composé dans l’inco
5358
7). 2. Œdipe et les dieux. — Freud désigne du nom
d’
Œdipe le complexe composé dans l’inconscient par l’agressivité du fils
5359
dipe et les dieux. — Freud désigne du nom d’Œdipe
le
complexe composé dans l’inconscient par l’agressivité du fils contre
5360
d désigne du nom d’Œdipe le complexe composé dans
l’
inconscient par l’agressivité du fils contre le père (obstacle à l’amo
5361
’Œdipe le complexe composé dans l’inconscient par
l’
agressivité du fils contre le père (obstacle à l’amour pour la mère) e
5362
ns l’inconscient par l’agressivité du fils contre
le
père (obstacle à l’amour pour la mère) et par le sentiment de culpabi
5363
l’agressivité du fils contre le père (obstacle à
l’
amour pour la mère) et par le sentiment de culpabilité qui en résulte.
5364
é du fils contre le père (obstacle à l’amour pour
la
mère) et par le sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids de
5365
le père (obstacle à l’amour pour la mère) et par
le
sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids de l’autorité patri
5366
tacle à l’amour pour la mère) et par le sentiment
de
culpabilité qui en résulte. Le poids de l’autorité patriarcale réduit
5367
t par le sentiment de culpabilité qui en résulte.
Le
poids de l’autorité patriarcale réduit le fils au conformisme social
5368
sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids
de
l’autorité patriarcale réduit le fils au conformisme social et moral
5369
timent de culpabilité qui en résulte. Le poids de
l’
autorité patriarcale réduit le fils au conformisme social et moral ; l
5370
ésulte. Le poids de l’autorité patriarcale réduit
le
fils au conformisme social et moral ; le poids de l’interdit lié à la
5371
e réduit le fils au conformisme social et moral ;
le
poids de l’interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l
5372
le fils au conformisme social et moral ; le poids
de
l’interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour :
5373
fils au conformisme social et moral ; le poids de
l’
interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tou
5374
me social et moral ; le poids de l’interdit lié à
la
mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à
5375
t lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe
l’
amour : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de
5376
pe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à
la
femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens est d’autan
5377
ui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe
de
sentiments œdipiens est d’autant plus contraignant que la structure s
5378
« impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens est
d’
autant plus contraignant que la structure sociale est plus solide, la
5379
ments œdipiens est d’autant plus contraignant que
la
structure sociale est plus solide, la puissance du père plus assurée,
5380
aignant que la structure sociale est plus solide,
la
puissance du père plus assurée, et le dieu dont le père tient ses pou
5381
lus solide, la puissance du père plus assurée, et
le
dieu dont le père tient ses pouvoirs plus révéré. Imaginons maintenan
5382
a puissance du père plus assurée, et le dieu dont
le
père tient ses pouvoirs plus révéré. Imaginons maintenant un état de
5383
ouvoirs plus révéré. Imaginons maintenant un état
de
la société où le principe de cohésion se relâche ; où la puissance éc
5384
oirs plus révéré. Imaginons maintenant un état de
la
société où le principe de cohésion se relâche ; où la puissance écono
5385
ré. Imaginons maintenant un état de la société où
le
principe de cohésion se relâche ; où la puissance économique détenue
5386
s maintenant un état de la société où le principe
de
cohésion se relâche ; où la puissance économique détenue par le père
5387
ociété où le principe de cohésion se relâche ; où
la
puissance économique détenue par le père se voit divisée ; où la puis
5388
relâche ; où la puissance économique détenue par
le
père se voit divisée ; où la puissance divine se divise elle-même, so
5389
onomique détenue par le père se voit divisée ; où
la
puissance divine se divise elle-même, soit en une pluralité de dieux,
5390
divine se divise elle-même, soit en une pluralité
de
dieux, comme en Grèce, soit en un couple dieu-déesse, comme en Égypte
5391
eu-déesse, comme en Égypte, soit enfin comme dans
le
manichéisme, en un Dieu bon qui est pur esprit et un Démiurge qui dom
5392
bon qui est pur esprit et un Démiurge qui domine
la
matière et la chair. La compulsion qui créait le complexe œdipien fai
5393
ur esprit et un Démiurge qui domine la matière et
la
chair. La compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant.
5394
et un Démiurge qui domine la matière et la chair.
La
compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant. La haine
5395
la matière et la chair. La compulsion qui créait
le
complexe œdipien faiblit d’autant. La haine pour le père se concentre
5396
compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit
d’
autant. La haine pour le père se concentre sur le démiurge et sur son
5397
qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant.
La
haine pour le père se concentre sur le démiurge et sur son œuvre : ma
5398
complexe œdipien faiblit d’autant. La haine pour
le
père se concentre sur le démiurge et sur son œuvre : matière, chair,
5399
d’autant. La haine pour le père se concentre sur
le
démiurge et sur son œuvre : matière, chair, sexualité procréatrice, —
5400
sexualité procréatrice, — tandis qu’un sentiment
d’
adoration purifiée peut se porter sur le Dieu-Esprit. En même temps, l
5401
sentiment d’adoration purifiée peut se porter sur
le
Dieu-Esprit. En même temps, l’amour pour la femme se trouve partielle
5402
peut se porter sur le Dieu-Esprit. En même temps,
l’
amour pour la femme se trouve partiellement libéré : il peut enfin s’a
5403
r sur le Dieu-Esprit. En même temps, l’amour pour
la
femme se trouve partiellement libéré : il peut enfin s’avouer sous la
5404
artiellement libéré : il peut enfin s’avouer sous
la
forme d’un culte rendu à l’archétype divin de la femme, à condition q
5405
ent libéré : il peut enfin s’avouer sous la forme
d’
un culte rendu à l’archétype divin de la femme, à condition que cette
5406
t enfin s’avouer sous la forme d’un culte rendu à
l’
archétype divin de la femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cess
5407
ous la forme d’un culte rendu à l’archétype divin
de
la femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas d’être virgi
5408
la forme d’un culte rendu à l’archétype divin de
la
femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas d’être virginal
5409
e, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas
d’
être virginale, qu’elle échappe donc à l’interdit maintenu sur la femm
5410
esse pas d’être virginale, qu’elle échappe donc à
l’
interdit maintenu sur la femme de chair. L’union mystique avec cette d
5411
e, qu’elle échappe donc à l’interdit maintenu sur
la
femme de chair. L’union mystique avec cette divinité féminine devient
5412
e échappe donc à l’interdit maintenu sur la femme
de
chair. L’union mystique avec cette divinité féminine devient alors un
5413
donc à l’interdit maintenu sur la femme de chair.
L’
union mystique avec cette divinité féminine devient alors une particip
5414
vinité féminine devient alors une participation à
la
puissance légitime du Dieu lumineux, un « endieusement », c’est-à-dir
5415
littéralement un enthousiasme libérateur unifiant
l’
être, le « consolant »65. 3. Une illustration. — Au xiie siècle, l’on
5416
ement un enthousiasme libérateur unifiant l’être,
le
« consolant »65. 3. Une illustration. — Au xiie siècle, l’on assiste
5417
lant »65. 3. Une illustration. — Au xiie siècle,
l’
on assiste dans le Midi de la France à un relâchement notable du lien
5418
llustration. — Au xiie siècle, l’on assiste dans
le
Midi de la France à un relâchement notable du lien féodal et patriarc
5419
patriarcal (partage égal des domaines entre tous
les
fils, ou « pariage », d’où perte d’autorité du Suzerain) ; à une sort
5420
des domaines entre tous les fils, ou « pariage »,
d’
où perte d’autorité du Suzerain) ; à une sorte de pré-Renaissance indi
5421
s entre tous les fils, ou « pariage », d’où perte
d’
autorité du Suzerain) ; à une sorte de pré-Renaissance individualiste
5422
d’où perte d’autorité du Suzerain) ; à une sorte
de
pré-Renaissance individualiste ; à l’invasion d’une religion dualiste
5423
à une sorte de pré-Renaissance individualiste ; à
l’
invasion d’une religion dualiste ; enfin, à cette montée puissante du
5424
de pré-Renaissance individualiste ; à l’invasion
d’
une religion dualiste ; enfin, à cette montée puissante du culte de l’
5425
aliste ; enfin, à cette montée puissante du culte
de
l’Amour, dont je viens de rappeler les manifestations. Nous voici don
5426
ste ; enfin, à cette montée puissante du culte de
l’
Amour, dont je viens de rappeler les manifestations. Nous voici donc d
5427
te du culte de l’Amour, dont je viens de rappeler
les
manifestations. Nous voici donc devant une réalisation (ou épiphanie
5428
ci donc devant une réalisation (ou épiphanie dans
l’
Histoire) du phénomène que nous venons d’imaginer au paragraphe précéd
5429
nie dans l’Histoire) du phénomène que nous venons
d’
imaginer au paragraphe précédent. Si nous cherchons à nous représenter
5430
e précédent. Si nous cherchons à nous représenter
la
situation psychique et éthique de l’homme en ce temps-là, nous consta
5431
ous représenter la situation psychique et éthique
de
l’homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’il se trouve impli
5432
représenter la situation psychique et éthique de
l’
homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’il se trouve impliqué
5433
ord qu’il se trouve impliqué bon gré mal gré dans
la
lutte qui divise profondément la société, les pouvoirs, les familles,
5434
gré mal gré dans la lutte qui divise profondément
la
société, les pouvoirs, les familles, et les individus eux-mêmes : cel
5435
dans la lutte qui divise profondément la société,
les
pouvoirs, les familles, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose
5436
qui divise profondément la société, les pouvoirs,
les
familles, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose l’hérésie par
5437
dément la société, les pouvoirs, les familles, et
les
individus eux-mêmes : celle qui oppose l’hérésie partout présente et
5438
es, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose
l’
hérésie partout présente et l’orthodoxie romaine battue en brèche. Du
5439
: celle qui oppose l’hérésie partout présente et
l’
orthodoxie romaine battue en brèche. Du côté cathare, le mariage et la
5440
odoxie romaine battue en brèche. Du côté cathare,
le
mariage et la sexualité sont condamnés sans rémission par les Parfait
5441
battue en brèche. Du côté cathare, le mariage et
la
sexualité sont condamnés sans rémission par les Parfaits ou « consolé
5442
et la sexualité sont condamnés sans rémission par
les
Parfaits ou « consolés », mais demeurent tolérés dans le cas des simp
5443
aits ou « consolés », mais demeurent tolérés dans
le
cas des simples croyants, c’est-à-dire de l’immense majorité des héré
5444
és dans le cas des simples croyants, c’est-à-dire
de
l’immense majorité des hérétiques. Du côté catholique, le mariage est
5445
dans le cas des simples croyants, c’est-à-dire de
l’
immense majorité des hérétiques. Du côté catholique, le mariage est te
5446
ense majorité des hérétiques. Du côté catholique,
le
mariage est tenu pour sacrement, cependant qu’il repose en fait sur d
5447
ent, cependant qu’il repose en fait sur des bases
d’
intérêt matériel et social, et se voit imposé aux époux sans qu’il soi
5448
voit imposé aux époux sans qu’il soit tenu compte
de
leurs sentiments. En même temps, le relâchement de l’autorité et des
5449
t tenu compte de leurs sentiments. En même temps,
le
relâchement de l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons
5450
e leurs sentiments. En même temps, le relâchement
de
l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons vu, une possibi
5451
eurs sentiments. En même temps, le relâchement de
l’
autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons vu, une possibilit
5452
de l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous
l’
avons vu, une possibilité nouvelle d’admettre la femme, mais sous le c
5453
, comme nous l’avons vu, une possibilité nouvelle
d’
admettre la femme, mais sous le couvert d’une idéalisation, voire d’un
5454
s l’avons vu, une possibilité nouvelle d’admettre
la
femme, mais sous le couvert d’une idéalisation, voire d’une divinisat
5455
ssibilité nouvelle d’admettre la femme, mais sous
le
couvert d’une idéalisation, voire d’une divinisation du principe fémi
5456
ouvelle d’admettre la femme, mais sous le couvert
d’
une idéalisation, voire d’une divinisation du principe féminin. Ce qui
5457
e, mais sous le couvert d’une idéalisation, voire
d’
une divinisation du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver la cont
5458
ion du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver
la
contradiction entre les idéaux (eux-mêmes en conflit !) et la réalité
5459
. Ce qui ne peut qu’aviver la contradiction entre
les
idéaux (eux-mêmes en conflit !) et la réalité vécue. La psyché et la
5460
tion entre les idéaux (eux-mêmes en conflit !) et
la
réalité vécue. La psyché et la sensualité naturelles se débattent ent
5461
aux (eux-mêmes en conflit !) et la réalité vécue.
La
psyché et la sensualité naturelles se débattent entre ces attaques co
5462
s en conflit !) et la réalité vécue. La psyché et
la
sensualité naturelles se débattent entre ces attaques convergentes, c
5463
ies dans leur fascinante nouveauté… C’est au cœur
de
cette situation inextricable, c’est comme une résultante de tant de c
5464
ituation inextricable, c’est comme une résultante
de
tant de confusions qui devaient s’y nouer, qu’apparaît la cortezia, «
5465
de confusions qui devaient s’y nouer, qu’apparaît
la
cortezia, « religion » littéraire de l’Amour chaste, de la femme idéa
5466
qu’apparaît la cortezia, « religion » littéraire
de
l’Amour chaste, de la femme idéalisée, avec sa « piété » particulière
5467
’apparaît la cortezia, « religion » littéraire de
l’
Amour chaste, de la femme idéalisée, avec sa « piété » particulière, l
5468
tezia, « religion » littéraire de l’Amour chaste,
de
la femme idéalisée, avec sa « piété » particulière, la joy d’amors, s
5469
ia, « religion » littéraire de l’Amour chaste, de
la
femme idéalisée, avec sa « piété » particulière, la joy d’amors, ses
5470
femme idéalisée, avec sa « piété » particulière,
la
joy d’amors, ses « rites » précis, la rhétorique des troubadours, sa
5471
idéalisée, avec sa « piété » particulière, la joy
d’
amors, ses « rites » précis, la rhétorique des troubadours, sa morale
5472
rticulière, la joy d’amors, ses « rites » précis,
la
rhétorique des troubadours, sa morale de l’hommage et du service, sa
5473
précis, la rhétorique des troubadours, sa morale
de
l’hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes théologique
5474
écis, la rhétorique des troubadours, sa morale de
l’
hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes théologiques,
5475
» et ses disputes théologiques, ses « initiés »,
les
troubadours, et ses « croyants », le grand public cultivé ou non, qui
5476
initiés », les troubadours, et ses « croyants »,
le
grand public cultivé ou non, qui écoute les troubadours et fait leur
5477
nts », le grand public cultivé ou non, qui écoute
les
troubadours et fait leur gloire mondaine dans toute l’Europe. Or nous
5478
oubadours et fait leur gloire mondaine dans toute
l’
Europe. Or nous voyons cette religion de l’amour ennoblissant célébrée
5479
ans toute l’Europe. Or nous voyons cette religion
de
l’amour ennoblissant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à t
5480
toute l’Europe. Or nous voyons cette religion de
l’
amour ennoblissant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à teni
5481
tte religion de l’amour ennoblissant célébrée par
les
mêmes hommes qui persistent à tenir la sexualité pour « vilaine » ; e
5482
ébrée par les mêmes hommes qui persistent à tenir
la
sexualité pour « vilaine » ; et nous voyons souvent dans le même poèt
5483
té pour « vilaine » ; et nous voyons souvent dans
le
même poète un adorateur enthousiaste de la Dame, qu’il exalte, et un
5484
vent dans le même poète un adorateur enthousiaste
de
la Dame, qu’il exalte, et un contempteur de la femme, qu’il rabaisse
5485
t dans le même poète un adorateur enthousiaste de
la
Dame, qu’il exalte, et un contempteur de la femme, qu’il rabaisse : q
5486
iaste de la Dame, qu’il exalte, et un contempteur
de
la femme, qu’il rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers d’un
5487
te de la Dame, qu’il exalte, et un contempteur de
la
femme, qu’il rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers d’un Mar
5488
mme, qu’il rabaisse : qu’on se rappelle seulement
les
vers d’un Marcabru ou d’un Raimbaut d’Orange, cités plus haut (au cha
5489
l rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers
d’
un Marcabru ou d’un Raimbaut d’Orange, cités plus haut (au chap. 8). C
5490
n se rappelle seulement les vers d’un Marcabru ou
d’
un Raimbaut d’Orange, cités plus haut (au chap. 8). Chose curieuse, le
5491
ge, cités plus haut (au chap. 8). Chose curieuse,
les
troubadours chez lesquels nous constatons cette contradiction ne s’en
5492
s’en plaignent pas ! On dirait qu’ils ont trouvé
le
secret d’une conciliation vivante des inconciliables. Ils semblent re
5493
gnent pas ! On dirait qu’ils ont trouvé le secret
d’
une conciliation vivante des inconciliables. Ils semblent refléter, ma
5494
es inconciliables. Ils semblent refléter, mais en
la
surmontant, la division des consciences (elle-même productrice de mau
5495
es. Ils semblent refléter, mais en la surmontant,
la
division des consciences (elle-même productrice de mauvaise conscienc
5496
a division des consciences (elle-même productrice
de
mauvaise conscience), dans la grande masse d’une société partagée non
5497
le-même productrice de mauvaise conscience), dans
la
grande masse d’une société partagée non seulement entre la chair et l
5498
ice de mauvaise conscience), dans la grande masse
d’
une société partagée non seulement entre la chair et l’esprit, mais en
5499
masse d’une société partagée non seulement entre
la
chair et l’esprit, mais encore entre l’hérésie et l’orthodoxie, et au
5500
société partagée non seulement entre la chair et
l’
esprit, mais encore entre l’hérésie et l’orthodoxie, et au sein même d
5501
ent entre la chair et l’esprit, mais encore entre
l’
hérésie et l’orthodoxie, et au sein même de l’hérésie, entre l’exigenc
5502
chair et l’esprit, mais encore entre l’hérésie et
l’
orthodoxie, et au sein même de l’hérésie, entre l’exigence des Parfait
5503
entre l’hérésie et l’orthodoxie, et au sein même
de
l’hérésie, entre l’exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyant
5504
tre l’hérésie et l’orthodoxie, et au sein même de
l’
hérésie, entre l’exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyants…
5505
l’orthodoxie, et au sein même de l’hérésie, entre
l’
exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyants… Citons là-dessus
5506
me de l’hérésie, entre l’exigence des Parfaits et
la
vie réelle des Croyants… Citons là-dessus l’un des plus sensibles int
5507
ssus l’un des plus sensibles interprètes modernes
de
la cortezia, René Nelli : « Presque toutes les dames du Carcassès, du
5508
s l’un des plus sensibles interprètes modernes de
la
cortezia, René Nelli : « Presque toutes les dames du Carcassès, du To
5509
nes de la cortezia, René Nelli : « Presque toutes
les
dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix, de l’Albigeois étaient «
5510
s les dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix,
de
l’Albigeois étaient « croyantes » et savaient — bien qu’elles fussent
5511
es dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix, de
l’
Albigeois étaient « croyantes » et savaient — bien qu’elles fussent ma
5512
et savaient — bien qu’elles fussent mariées — que
le
mariage était condamné par leur Église. Beaucoup de troubadours — ce
5513
moins, très au courant des idées qui étaient dans
l’
air depuis deux-cents ans. Dans tous les cas, ils chantaient pour des
5514
aient dans l’air depuis deux-cents ans. Dans tous
les
cas, ils chantaient pour des châtelaines, dont il fallait apaiser par
5515
elaines, dont il fallait apaiser par des chansons
la
mauvaise conscience, et qui leur demandaient non pas tant une illusio
5516
et qui leur demandaient non pas tant une illusion
d’
amour sincère qu’un antipode spirituel au mariage où elles avaient été
5517
el au mariage où elles avaient été contraintes. »
Le
même auteur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas question de voir dan
5518
eur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas question
de
voir dans la chasteté, ainsi feinte, une habitude réelle ni un reflet
5519
’à son avis, « il n’est pas question de voir dans
la
chasteté, ainsi feinte, une habitude réelle ni un reflet des mœurs »,
5520
n hommage « religieux » (et formaliste) rendu par
l’
imperfection à la perfection », c’est-à-dire par les troubadours et pa
5521
ieux » (et formaliste) rendu par l’imperfection à
la
perfection », c’est-à-dire par les troubadours et par les croyants in
5522
’imperfection à la perfection », c’est-à-dire par
les
troubadours et par les croyants inquiets à la morale des Parfaits. Ma
5523
ection », c’est-à-dire par les troubadours et par
les
croyants inquiets à la morale des Parfaits. Mais enfin, dit le scepti
5524
ar les troubadours et par les croyants inquiets à
la
morale des Parfaits. Mais enfin, dit le sceptique d’aujourd’hui, que
5525
nquiets à la morale des Parfaits. Mais enfin, dit
le
sceptique d’aujourd’hui, que peut bien signifier au concret cette « c
5526
morale des Parfaits. Mais enfin, dit le sceptique
d’
aujourd’hui, que peut bien signifier au concret cette « chasteté » prô
5527
» prônée par des jongleurs ? Et comment expliquer
le
succès si rapide d’une prétendue morale à ce point ambiguë, dans un L
5528
gleurs ? Et comment expliquer le succès si rapide
d’
une prétendue morale à ce point ambiguë, dans un Languedoc, une Italie
5529
rmanie rhénane, une Europe tout entière enfin, où
les
passions « religieuses » et la théologie n’occupaient tout de même pa
5530
entière enfin, où les passions « religieuses » et
la
théologie n’occupaient tout de même pas le plus clair de la vie, et n
5531
s » et la théologie n’occupaient tout de même pas
le
plus clair de la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute es
5532
logie n’occupaient tout de même pas le plus clair
de
la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsi
5533
ie n’occupaient tout de même pas le plus clair de
la
vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions
5534
n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce
d’
impulsions naturelles ? Les modernes, en effet, depuis Rousseau, s’ima
5535
s supprimé toute espèce d’impulsions naturelles ?
Les
modernes, en effet, depuis Rousseau, s’imaginent qu’il existe une sor
5536
puis Rousseau, s’imaginent qu’il existe une sorte
de
nature normale, à laquelle la culture et la religion seraient venues
5537
il existe une sorte de nature normale, à laquelle
la
culture et la religion seraient venues surajouter leurs faux problème
5538
sorte de nature normale, à laquelle la culture et
la
religion seraient venues surajouter leurs faux problèmes… Cette illus
5539
urs faux problèmes… Cette illusion touchante peut
les
aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que
5540
re leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans
le
savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement in
5541
que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies
de
civilisés dans une confusion proprement insensée de religions jamais
5542
civilisés dans une confusion proprement insensée
de
religions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprise
5543
et rarement tout à fait comprises et pratiquées ;
de
morales jadis exclusives mais qui se superposent ou se combinent à l’
5544
lusives mais qui se superposent ou se combinent à
l’
arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés mais
5545
i se superposent ou se combinent à l’arrière-plan
de
nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés mais d’autant plus
5546
à l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ;
de
complexes ignorés mais d’autant plus actifs ; et d’instincts hérités
5547
onduites élémentaires ; de complexes ignorés mais
d’
autant plus actifs ; et d’instincts hérités bien moins de quelque natu
5548
complexes ignorés mais d’autant plus actifs ; et
d’
instincts hérités bien moins de quelque nature animale que de coutumes
5549
t plus actifs ; et d’instincts hérités bien moins
de
quelque nature animale que de coutumes totalement oubliées, devenues
5550
hérités bien moins de quelque nature animale que
de
coutumes totalement oubliées, devenues traces ou cicatrices mentales,
5551
es ou cicatrices mentales, tout inconscientes et,
de
ce fait, aisément confondues avec l’instinct. Elles furent tantôt des
5552
scientes et, de ce fait, aisément confondues avec
l’
instinct. Elles furent tantôt des artifices cruels, tantôt des rites s
5553
orées par des mystiques lointaines à la fois dans
le
temps et dans l’espace. 4. Une technique de la « chasteté ». — À part
5554
tiques lointaines à la fois dans le temps et dans
l’
espace. 4. Une technique de la « chasteté ». — À partir du vie siècle
5555
dans le temps et dans l’espace. 4. Une technique
de
la « chasteté ». — À partir du vie siècle se répand rapidement dans
5556
ns le temps et dans l’espace. 4. Une technique de
la
« chasteté ». — À partir du vie siècle se répand rapidement dans l’I
5557
À partir du vie siècle se répand rapidement dans
l’
Inde entière, tant hindouiste que bouddhiste, une école ou mode religi
5558
que bouddhiste, une école ou mode religieuse dont
l’
influence s’épanouira pendant des siècles. « Du point de vue formel, l
5559
ra pendant des siècles. « Du point de vue formel,
le
tantrisme se présente comme une nouvelle manifestation triomphante du
5560
nouvelle manifestation triomphante du shaktisme.
La
force secrète (shakti) qui anime le cosmos et soutient les dieux (en
5561
du shaktisme. La force secrète (shakti) qui anime
le
cosmos et soutient les dieux (en premier lieu Shiva et Bouddha)… est
5562
secrète (shakti) qui anime le cosmos et soutient
les
dieux (en premier lieu Shiva et Bouddha)… est fortement personnifiée
5563
a et Bouddha)… est fortement personnifiée : c’est
la
Déesse, Épouse et Mère… Le dynamisme créateur revient à la Déesse… Le
5564
t personnifiée : c’est la Déesse, Épouse et Mère…
Le
dynamisme créateur revient à la Déesse… Le culte se concentre autour
5565
, Épouse et Mère… Le dynamisme créateur revient à
la
Déesse… Le culte se concentre autour de ce principe cosmique féminin
5566
Mère… Le dynamisme créateur revient à la Déesse…
Le
culte se concentre autour de ce principe cosmique féminin ; la médita
5567
oncentre autour de ce principe cosmique féminin ;
la
méditation tient compte de ses « pouvoirs », la délivrance devient po
5568
ipe cosmique féminin ; la méditation tient compte
de
ses « pouvoirs », la délivrance devient possible par la shakti… Dans
5569
; la méditation tient compte de ses « pouvoirs »,
la
délivrance devient possible par la shakti… Dans certaines sectes tant
5570
« pouvoirs », la délivrance devient possible par
la
shakti… Dans certaines sectes tantriques, la femme devient elle-même
5571
par la shakti… Dans certaines sectes tantriques,
la
femme devient elle-même une chose sacrée, une incarnation de la Mère.
5572
vient elle-même une chose sacrée, une incarnation
de
la Mère. L’apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à
5573
nt elle-même une chose sacrée, une incarnation de
la
Mère. L’apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à tou
5574
ême une chose sacrée, une incarnation de la Mère.
L’
apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à tous les cou
5575
ne incarnation de la Mère. L’apothéose religieuse
de
la femme est commune d’ailleurs à tous les courants mystiques du Moye
5576
incarnation de la Mère. L’apothéose religieuse de
la
femme est commune d’ailleurs à tous les courants mystiques du Moyen Â
5577
igieuse de la femme est commune d’ailleurs à tous
les
courants mystiques du Moyen Âge indien… Le tantrisme est par excellen
5578
tous les courants mystiques du Moyen Âge indien…
Le
tantrisme est par excellence une technique, bien que fondamentalement
5579
alement il soit une métaphysique et une mystique…
La
méditation éveille certaines forces occultes qui dorment en chaque ho
5580
ue homme et qui, une fois éveillées, transforment
le
corps humain en un corps mystique. »66 Il s’agit, par le cérémonial d
5581
s humain en un corps mystique. »66 Il s’agit, par
le
cérémonial du yoga tantrique (contrôle de la respiration, répétitions
5582
it, par le cérémonial du yoga tantrique (contrôle
de
la respiration, répétitions de mantras ou formules sacrées, méditatio
5583
par le cérémonial du yoga tantrique (contrôle de
la
respiration, répétitions de mantras ou formules sacrées, méditation s
5584
antrique (contrôle de la respiration, répétitions
de
mantras ou formules sacrées, méditation sur des mandatas ou images en
5585
, méditation sur des mandatas ou images enfermant
les
symboles du monde et des dieux) de transcender la condition humaine.
5586
ges enfermant les symboles du monde et des dieux)
de
transcender la condition humaine. Le tantrisme bouddhique trouve des
5587
es symboles du monde et des dieux) de transcender
la
condition humaine. Le tantrisme bouddhique trouve des analogies préci
5588
t des dieux) de transcender la condition humaine.
Le
tantrisme bouddhique trouve des analogies précises dans le hatha yoga
5589
sme bouddhique trouve des analogies précises dans
le
hatha yoga hindou, technique du contrôle du corps et de l’énergie vit
5590
ha yoga hindou, technique du contrôle du corps et
de
l’énergie vitale. C’est ainsi que certaines postures (mudras) décrite
5591
yoga hindou, technique du contrôle du corps et de
l’
énergie vitale. C’est ainsi que certaines postures (mudras) décrites p
5592
insi que certaines postures (mudras) décrites par
le
hatha yoga ont pour but « d’utiliser comme moyen de divinisation et e
5593
mudras) décrites par le hatha yoga ont pour but «
d’
utiliser comme moyen de divinisation et ensuite d’intégration, d’unifi
5594
hatha yoga ont pour but « d’utiliser comme moyen
de
divinisation et ensuite d’intégration, d’unification finale, la fonct
5595
d’utiliser comme moyen de divinisation et ensuite
d’
intégration, d’unification finale, la fonction par excellence humaine,
5596
e moyen de divinisation et ensuite d’intégration,
d’
unification finale, la fonction par excellence humaine, celle-là même
5597
n et ensuite d’intégration, d’unification finale,
la
fonction par excellence humaine, celle-là même qui détermine le cycle
5598
r excellence humaine, celle-là même qui détermine
le
cycle incessant des naissances et des morts, la fonction sexuelle »67
5599
e le cycle incessant des naissances et des morts,
la
fonction sexuelle »67. Ainsi parle Shiva68 : « Pour mes dévots, je va
5600
arle Shiva68 : « Pour mes dévots, je vais décrire
le
geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et
5601
a68 : « Pour mes dévots, je vais décrire le geste
de
l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et doit être
5602
: « Pour mes dévots, je vais décrire le geste de
l’
Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et doit être te
5603
le geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit
la
Ténèbre du monde et doit être tenu pour le secret des secrets. » Les
5604
étruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour
le
secret des secrets. » Les précisions données par le texte font allusi
5605
e et doit être tenu pour le secret des secrets. »
Les
précisions données par le texte font allusion à une technique de l’ac
5606
secret des secrets. » Les précisions données par
le
texte font allusion à une technique de l’acte sexuel sans consommatio
5607
onnées par le texte font allusion à une technique
de
l’acte sexuel sans consommation, car « celui qui garde (ou reprend) s
5608
ées par le texte font allusion à une technique de
l’
acte sexuel sans consommation, car « celui qui garde (ou reprend) sa s
5609
a semence dans son corps, qu’aurait-il à craindre
de
la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna
5610
emence dans son corps, qu’aurait-il à craindre de
la
mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna (u
5611
rps, qu’aurait-il à craindre de la mort ? » comme
le
dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna (union sexuelle céré
5612
re de la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans
le
tantrisme, la maithuna (union sexuelle cérémonielle) devient un exerc
5613
? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme,
la
maithuna (union sexuelle cérémonielle) devient un exercice yogique. M
5614
exercice yogique. Mais la plupart des textes qui
la
décrivent « sont écrits dans un langage intentionnel, secret, obscur,
5615
ecret, obscur, à double sens, dans lequel un état
de
conscience est exprimé par un terme érotique »69 — ou l’inverse aussi
5616
cience est exprimé par un terme érotique »69 — ou
l’
inverse aussi bien. À tel point « qu’on ne peut jamais préciser si mai
5617
a est un acte réel ou simplement une allégorie ».
De
toute manière, le but est le « suprême grand bonheur… la joie de l’an
5618
ou simplement une allégorie ». De toute manière,
le
but est le « suprême grand bonheur… la joie de l’anéantissement du mo
5619
ent une allégorie ». De toute manière, le but est
le
« suprême grand bonheur… la joie de l’anéantissement du moi ». Et cet
5620
e manière, le but est le « suprême grand bonheur…
la
joie de l’anéantissement du moi ». Et cette « béatitude érotique », o
5621
e, le but est le « suprême grand bonheur… la joie
de
l’anéantissement du moi ». Et cette « béatitude érotique », obtenue p
5622
le but est le « suprême grand bonheur… la joie de
l’
anéantissement du moi ». Et cette « béatitude érotique », obtenue par
5623
i ». Et cette « béatitude érotique », obtenue par
l’
arrêt non du plaisir mais de son effet physique, est utilisée comme ex
5624
otique », obtenue par l’arrêt non du plaisir mais
de
son effet physique, est utilisée comme expérience immédiate pour obte
5625
utilisée comme expérience immédiate pour obtenir
l’
état nirvanique. « Autrement, nous rappellent les textes, le dévot dev
5626
r l’état nirvanique. « Autrement, nous rappellent
les
textes, le dévot devient la proie de la triste loi karmique, comme n’
5627
vanique. « Autrement, nous rappellent les textes,
le
dévot devient la proie de la triste loi karmique, comme n’importe que
5628
ent, nous rappellent les textes, le dévot devient
la
proie de la triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mai
5629
rappellent les textes, le dévot devient la proie
de
la triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais la femm
5630
ppellent les textes, le dévot devient la proie de
la
triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais la femme,
5631
i karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais
la
femme, dans tout cela ? Elle reste objet d’un culte. Considérée comme
5632
Mais la femme, dans tout cela ? Elle reste objet
d’
un culte. Considérée comme « source unique de joie et de repos, l’aman
5633
bjet d’un culte. Considérée comme « source unique
de
joie et de repos, l’amante synthétise toute la nature féminine, elle
5634
ulte. Considérée comme « source unique de joie et
de
repos, l’amante synthétise toute la nature féminine, elle est mère, s
5635
idérée comme « source unique de joie et de repos,
l’
amante synthétise toute la nature féminine, elle est mère, sœur, épous
5636
ue de joie et de repos, l’amante synthétise toute
la
nature féminine, elle est mère, sœur, épouse, fille… elle est le chem
5637
ine, elle est mère, sœur, épouse, fille… elle est
le
chemin du salut »70. Ainsi le tantrisme apporte cette nouveauté qui c
5638
se, fille… elle est le chemin du salut »70. Ainsi
le
tantrisme apporte cette nouveauté qui consiste à « expérimenter la tr
5639
rte cette nouveauté qui consiste à « expérimenter
la
transsubstantialisation du corps humain à l’aide de l’acte même qui,
5640
anssubstantialisation du corps humain à l’aide de
l’
acte même qui, pour n’importe quel ascétisme, symbolise l’état par exc
5641
ême qui, pour n’importe quel ascétisme, symbolise
l’
état par excellence du péché et de la mort : l’acte sexuel »71. Mais l
5642
isme, symbolise l’état par excellence du péché et
de
la mort : l’acte sexuel »71. Mais l’acte est toujours décrit comme ét
5643
e, symbolise l’état par excellence du péché et de
la
mort : l’acte sexuel »71. Mais l’acte est toujours décrit comme étant
5644
se l’état par excellence du péché et de la mort :
l’
acte sexuel »71. Mais l’acte est toujours décrit comme étant celui de
5645
du péché et de la mort : l’acte sexuel »71. Mais
l’
acte est toujours décrit comme étant celui de l’homme. La femme reste
5646
Mais l’acte est toujours décrit comme étant celui
de
l’homme. La femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans vi
5647
s l’acte est toujours décrit comme étant celui de
l’
homme. La femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans visag
5648
est toujours décrit comme étant celui de l’homme.
La
femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans visage et sans
5649
sans nom. Une école mystique du tantrisme tardif,
le
Sahajiyâ, « amplifie l’érotique rituelle jusqu’à des proportions éton
5650
ique du tantrisme tardif, le Sahajiyâ, « amplifie
l’
érotique rituelle jusqu’à des proportions étonnantes… On y accorde une
5651
On y accorde une grande importance à toute sorte
d’
« amour » et le rituel de maithuna apparaît comme le couronnement d’un
5652
ne grande importance à toute sorte d’« amour » et
le
rituel de maithuna apparaît comme le couronnement d’un lent et diffic
5653
importance à toute sorte d’« amour » et le rituel
de
maithuna apparaît comme le couronnement d’un lent et difficile appren
5654
« amour » et le rituel de maithuna apparaît comme
le
couronnement d’un lent et difficile apprentissage ascétique… Le néoph
5655
rituel de maithuna apparaît comme le couronnement
d’
un lent et difficile apprentissage ascétique… Le néophyte doit servir
5656
t d’un lent et difficile apprentissage ascétique…
Le
néophyte doit servir la « femme dévote » pendant les quatre premiers
5657
apprentissage ascétique… Le néophyte doit servir
la
« femme dévote » pendant les quatre premiers mois, comme un domestiqu
5658
néophyte doit servir la « femme dévote » pendant
les
quatre premiers mois, comme un domestique, dormir dans la même chambr
5659
e premiers mois, comme un domestique, dormir dans
la
même chambre qu’elle, puis à ses pieds. Pendant les quatre mois suiva
5660
a même chambre qu’elle, puis à ses pieds. Pendant
les
quatre mois suivants et tout en continuant à la servir comme avant, i
5661
les quatre mois suivants et tout en continuant à
la
servir comme avant, il dort dans le même lit, du côté gauche. Pendant
5662
continuant à la servir comme avant, il dort dans
le
même lit, du côté gauche. Pendant encore quatre mois, il dormira du c
5663
lacés, etc. Tous ces préliminaires ont pour but «
l’
autonomisation » de la volupté — considérée comme l’unique expérience
5664
s préliminaires ont pour but « l’autonomisation »
de
la volupté — considérée comme l’unique expérience humaine qui peut ré
5665
réliminaires ont pour but « l’autonomisation » de
la
volupté — considérée comme l’unique expérience humaine qui peut réali
5666
autonomisation » de la volupté — considérée comme
l’
unique expérience humaine qui peut réaliser la béatitude nirvanique et
5667
mme l’unique expérience humaine qui peut réaliser
la
béatitude nirvanique et la maîtrise des sens, i. e. l’arrêt séminal »
5668
aine qui peut réaliser la béatitude nirvanique et
la
maîtrise des sens, i. e. l’arrêt séminal »72. Des pratiques similaire
5669
atitude nirvanique et la maîtrise des sens, i. e.
l’
arrêt séminal »72. Des pratiques similaires sont prescrites par le tao
5670
»72. Des pratiques similaires sont prescrites par
le
taoïsme, mais en vue de prolonger la jeunesse et la vie en économisan
5671
escrites par le taoïsme, mais en vue de prolonger
la
jeunesse et la vie en économisant le principe vital73, plutôt que de
5672
taoïsme, mais en vue de prolonger la jeunesse et
la
vie en économisant le principe vital73, plutôt que de conquérir la li
5673
de prolonger la jeunesse et la vie en économisant
le
principe vital73, plutôt que de conquérir la liberté spirituelle par
5674
ie en économisant le principe vital73, plutôt que
de
conquérir la liberté spirituelle par la déification du corps. La « ch
5675
sant le principe vital73, plutôt que de conquérir
la
liberté spirituelle par la déification du corps. La « chasteté » tant
5676
lutôt que de conquérir la liberté spirituelle par
la
déification du corps. La « chasteté » tantrique consiste donc à faire
5677
liberté spirituelle par la déification du corps.
La
« chasteté » tantrique consiste donc à faire l’amour sans le faire, à
5678
. La « chasteté » tantrique consiste donc à faire
l’
amour sans le faire, à rechercher l’exaltation mystique et la béatitud
5679
té » tantrique consiste donc à faire l’amour sans
le
faire, à rechercher l’exaltation mystique et la béatitude à travers u
5680
donc à faire l’amour sans le faire, à rechercher
l’
exaltation mystique et la béatitude à travers une Elle qu’il s’agit de
5681
s le faire, à rechercher l’exaltation mystique et
la
béatitude à travers une Elle qu’il s’agit de « servir » en posture hu
5682
e et la béatitude à travers une Elle qu’il s’agit
de
« servir » en posture humiliée, mais en gardant cette maîtrise de soi
5683
posture humiliée, mais en gardant cette maîtrise
de
soi dont la perte pourrait se traduire par un acte de procréation, le
5684
iliée, mais en gardant cette maîtrise de soi dont
la
perte pourrait se traduire par un acte de procréation, lequel ferait
5685
oi dont la perte pourrait se traduire par un acte
de
procréation, lequel ferait retomber le chevalier servant dans la réal
5686
ar un acte de procréation, lequel ferait retomber
le
chevalier servant dans la réalité fatale du Karma. 5. La joie d’amour
5687
lequel ferait retomber le chevalier servant dans
la
réalité fatale du Karma. 5. La joie d’amour. — En contraste indéniabl
5688
alier servant dans la réalité fatale du Karma. 5.
La
joie d’amour. — En contraste indéniable avec ces textes mystiques et
5689
rvant dans la réalité fatale du Karma. 5. La joie
d’
amour. — En contraste indéniable avec ces textes mystiques et cette ab
5690
hysiologique, citons maintenant quelques chansons
de
« légers troubadours méridionaux », grands seigneurs amateurs ou jong
5691
ds seigneurs amateurs ou jongleurs besogneux, que
les
romanistes unanimes nous décrivent comme de purs « rhétoriqueurs »74.
5692
que les romanistes unanimes nous décrivent comme
de
purs « rhétoriqueurs »74. D’Amour, je sais qu’il donne aisément gran
5693
ous décrivent comme de purs « rhétoriqueurs »74.
D’
Amour, je sais qu’il donne aisément grande joie à celui qui observe se
5694
neuvième duc d’Aquitaine, qui mourut en 1127. Dès
le
début du xiie siècle, ces « lois d’Amour » sont donc déjà fixées, co
5695
en 1127. Dès le début du xiie siècle, ces « lois
d’
Amour » sont donc déjà fixées, comme un rituel. Ce sont Mesure, Servic
5696
teté, Secret et Merci, et ces vertus conduisent à
la
Joie, qui est signe et garantie de Vray Amor. Voici Mesure et Patienc
5697
s conduisent à la Joie, qui est signe et garantie
de
Vray Amor. Voici Mesure et Patience : De courtoisie peut se vanter c
5698
arantie de Vray Amor. Voici Mesure et Patience :
De
courtoisie peut se vanter celui qui sait garder Mesure… Le bien-être
5699
isie peut se vanter celui qui sait garder Mesure…
Le
bien-être des amoureux consiste en Joie, Patience et Mesure… J’approu
5700
me fasse longtemps attendre et que je n’aie point
d’
elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame :
5701
d’elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici
le
Service de la Dame : Prenez ma vie en hommage, belle de dure merci,
5702
qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service
de
la Dame : Prenez ma vie en hommage, belle de dure merci, pourvu que
5703
elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de
la
Dame : Prenez ma vie en hommage, belle de dure merci, pourvu que vou
5704
ice de la Dame : Prenez ma vie en hommage, belle
de
dure merci, pourvu que vous m’accordiez que par vous au ciel je tende
5705
e m’améliore et me purifie, car je sers et révère
la
plus gente dame du monde. (Arnaut Daniel.) (De même, le troubadour a
5706
gente dame du monde. (Arnaut Daniel.) (De même,
le
troubadour arabe Ibn Dawoud disait : « La soumission à l’aimée est la
5707
e même, le troubadour arabe Ibn Dawoud disait : «
La
soumission à l’aimée est la marque naturelle d’un homme courtois. »)
5708
adour arabe Ibn Dawoud disait : « La soumission à
l’
aimée est la marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici la Chastet
5709
Ibn Dawoud disait : « La soumission à l’aimée est
la
marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici la Chasteté : Celui q
5710
« La soumission à l’aimée est la marque naturelle
d’
un homme courtois. ») Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aime
5711
la marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici
la
Chasteté : Celui qui se dispose à aimer d’amour sensuel se met en gu
5712
Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aimer
d’
amour sensuel se met en guerre avec lui-même, car le sot après avoir v
5713
amour sensuel se met en guerre avec lui-même, car
le
sot après avoir vidé sa bourse fait triste contenance ! (Marcabru.)
5714
iste contenance ! (Marcabru.) Écoutez ! Sa voix (
d’
Amour) paraîtra douce comme le chant de la lyre, si seulement vous lui
5715
Écoutez ! Sa voix (d’Amour) paraîtra douce comme
le
chant de la lyre, si seulement vous lui coupez la queue75 (Marcabru.)
5716
! Sa voix (d’Amour) paraîtra douce comme le chant
de
la lyre, si seulement vous lui coupez la queue75 (Marcabru.) Chastet
5717
a voix (d’Amour) paraîtra douce comme le chant de
la
lyre, si seulement vous lui coupez la queue75 (Marcabru.) Chasteté d
5718
le chant de la lyre, si seulement vous lui coupez
la
queue75 (Marcabru.) Chasteté délivre de la tyrannie du désir en port
5719
i coupez la queue75 (Marcabru.) Chasteté délivre
de
la tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Pa
5720
oupez la queue75 (Marcabru.) Chasteté délivre de
la
tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Par e
5721
asteté délivre de la tyrannie du désir en portant
le
Désir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir, je crois que je m
5722
yrannie du désir en portant le Désir (courtois) à
l’
extrême : Par excès de désir, je crois que je me l’enlèverai, si l’on
5723
tant le Désir (courtois) à l’extrême : Par excès
de
désir, je crois que je me l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à for
5724
extrême : Par excès de désir, je crois que je me
l’
enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arnaut Dan
5725
xcès de désir, je crois que je me l’enlèverai, si
l’
on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arnaut Daniel.) (De même,
5726
er. (Arnaut Daniel.) (De même, Ibn Dawoud louait
la
chasteté pour son pouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble
5727
Ibn Dawoud louait la chasteté pour son pouvoir «
d’
éterniser le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « jo
5728
louait la chasteté pour son pouvoir « d’éterniser
le
désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jau
5729
ouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble
de
l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus élo
5730
oir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble de
l’
amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloign
5731
le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et
de
sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné de l’amour coupa
5732
(vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent
le
plus éloigné de l’amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus l
5733
« joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné
de
l’amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus loin dans la libé
5734
oie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné de
l’
amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus loin dans la libérat
5735
el se sent le plus éloigné de l’amour coupable et
de
son « angoisse ». Il va plus loin dans la libération : la présence ph
5736
able et de son « angoisse ». Il va plus loin dans
la
libération : la présence physique de l’objet aimé lui deviendra bient
5737
angoisse ». Il va plus loin dans la libération :
la
présence physique de l’objet aimé lui deviendra bientôt indifférente
5738
us loin dans la libération : la présence physique
de
l’objet aimé lui deviendra bientôt indifférente : J’ai une amie, mai
5739
loin dans la libération : la présence physique de
l’
objet aimé lui deviendra bientôt indifférente : J’ai une amie, mais j
5740
sais qui elle est, car jamais de par ma foi je ne
la
vis… et je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la possessi
5741
est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je
l’
aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la possession de cet amou
5742
je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que
la
possession de cet amour lointain. La « joie d’Amour » n’est pas seul
5743
… Nulle joie ne me plaît autant que la possession
de
cet amour lointain. La « joie d’Amour » n’est pas seulement libératr
5744
autant que la possession de cet amour lointain.
La
« joie d’Amour » n’est pas seulement libératrice du désir dominé par
5745
e la possession de cet amour lointain. La « joie
d’
Amour » n’est pas seulement libératrice du désir dominé par Mesure et
5746
é par Mesure et Prouesse, elle est aussi fontaine
de
Jouvence : Je veux garder (ma dame) pour me rafraîchir le cœur et re
5747
ce : Je veux garder (ma dame) pour me rafraîchir
le
cœur et renouveler mon corps, si bien que je ne puisse vieillir… Celu
5748
… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder
la
joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poè
5749
là vivra cent ans qui réussira à posséder la joie
de
son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes de l
5750
llaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes
de
la première et de la seconde génération des troubadours (1120 à 1180
5751
.) Je n’ai cité que des poètes de la première et
de
la seconde génération des troubadours (1120 à 1180 environ). Au xiiie
5752
urs (1120 à 1180 environ). Au xiiie siècle, ceux
de
la dernière génération expliciteront ce que leurs modèles avaient cha
5753
que leurs modèles avaient chanté. « Ce n’est plus
de
l’amour courtois, si on le matérialise ou si la Dame se rend comme ré
5754
leurs modèles avaient chanté. « Ce n’est plus de
l’
amour courtois, si on le matérialise ou si la Dame se rend comme récom
5755
hanté. « Ce n’est plus de l’amour courtois, si on
le
matérialise ou si la Dame se rend comme récompense », écrit Daude de
5756
s de l’amour courtois, si on le matérialise ou si
la
Dame se rend comme récompense », écrit Daude de Prades, qui cependant
5757
crit Daude de Prades, qui cependant ne craint pas
de
donner des précisions sur les gestes érotiques que l’on peut se perme
5758
endant ne craint pas de donner des précisions sur
les
gestes érotiques que l’on peut se permettre avec cette Dame. Et Guira
5759
onner des précisions sur les gestes érotiques que
l’
on peut se permettre avec cette Dame. Et Guiraut de Calanson : Dans l
5760
e avec cette Dame. Et Guiraut de Calanson : Dans
le
palais où elle siège (la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvr
5761
raut de Calanson : Dans le palais où elle siège (
la
Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir les deux premières pas
5762
la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir
les
deux premières passe aisément les trois autres, mais il lui est diffi
5763
qui peut ouvrir les deux premières passe aisément
les
trois autres, mais il lui est difficile d’en sortir, il vit dans la j
5764
ément les trois autres, mais il lui est difficile
d’
en sortir, il vit dans la joie, celui qui peut y rester. On y accède p
5765
ais il lui est difficile d’en sortir, il vit dans
la
joie, celui qui peut y rester. On y accède par quatre degrés très dou
5766
vilains ni malotrus, ces gens-là sont logés dans
le
faubourg, lequel occupe plus de la moitié du monde. Celui que l’on n
5767
à sont logés dans le faubourg, lequel occupe plus
de
la moitié du monde. Celui que l’on nomme parfois le dernier troubado
5768
ont logés dans le faubourg, lequel occupe plus de
la
moitié du monde. Celui que l’on nomme parfois le dernier troubadour,
5769
uel occupe plus de la moitié du monde. Celui que
l’
on nomme parfois le dernier troubadour, Guiraut Riquier, donnera de ce
5770
s le dernier troubadour, Guiraut Riquier, donnera
de
ces vers le commentaire suivant : « Les cinq portes sont Désir, Priè
5771
troubadour, Guiraut Riquier, donnera de ces vers
le
commentaire suivant : « Les cinq portes sont Désir, Prière, Servir,
5772
, donnera de ces vers le commentaire suivant : «
Les
cinq portes sont Désir, Prière, Servir, Baiser et Faire, par où Amour
5773
e, Servir, Baiser et Faire, par où Amour périt. »
Les
quatre degrés sont « honorer, dissimuler, bien servir, patiemment att
5774
des termes qui peuvent éclairer indirectement sur
la
nature de l’amour vrai ou du moins sur certains de ces aspects. Et to
5775
qui peuvent éclairer indirectement sur la nature
de
l’amour vrai ou du moins sur certains de ces aspects. Et tout d’abord
5776
i peuvent éclairer indirectement sur la nature de
l’
amour vrai ou du moins sur certains de ces aspects. Et tout d’abord, d
5777
a nature de l’amour vrai ou du moins sur certains
de
ces aspects. Et tout d’abord, dit Marcabru, « Il lie partie avec le d
5778
tout d’abord, dit Marcabru, « Il lie partie avec
le
diable, celui qui couve Faux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-i
5779
able, celui qui couve Faux Amour ». (Et en effet,
le
diable n’est-il pas le père de la création matérielle… et de la procr
5780
aux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-il pas
le
père de la création matérielle… et de la procréation, selon le cathar
5781
r ». (Et en effet, le diable n’est-il pas le père
de
la création matérielle… et de la procréation, selon le catharisme ?)
5782
. (Et en effet, le diable n’est-il pas le père de
la
création matérielle… et de la procréation, selon le catharisme ?) Les
5783
’est-il pas le père de la création matérielle… et
de
la procréation, selon le catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour
5784
t-il pas le père de la création matérielle… et de
la
procréation, selon le catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour son
5785
création matérielle… et de la procréation, selon
le
catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour sont les « homicides, tra
5786
lle… et de la procréation, selon le catharisme ?)
Les
adversaires du vrai Amour sont les « homicides, traîtres, simoniaques
5787
catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour sont
les
« homicides, traîtres, simoniaques, enchanteurs, luxurieux, usuriers…
5788
s, simoniaques, enchanteurs, luxurieux, usuriers…
les
maris trompeurs, les faux juges et les faux témoins, les faux prêtres
5789
nteurs, luxurieux, usuriers… les maris trompeurs,
les
faux juges et les faux témoins, les faux prêtres, faux abbés, fausses
5790
usuriers… les maris trompeurs, les faux juges et
les
faux témoins, les faux prêtres, faux abbés, fausses recluses et faux
5791
is trompeurs, les faux juges et les faux témoins,
les
faux prêtres, faux abbés, fausses recluses et faux reclus »77. Ils se
5792
ble Amour a promis qu’il en serait ainsi, là sera
la
lamentation des désespérés. Ah ! noble Amour, source de bonté, par qu
5793
entation des désespérés. Ah ! noble Amour, source
de
bonté, par qui le monde entier est illuminé, je te crie merci. Contre
5794
pérés. Ah ! noble Amour, source de bonté, par qui
le
monde entier est illuminé, je te crie merci. Contre ces clameurs gémi
5795
ci. Contre ces clameurs gémissantes, défends-moi,
de
peur que je ne sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux je me ti
5796
busaient trop souvent des ambiguïtés ménagées par
le
« service » d’amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en metta
5797
ouvent des ambiguïtés ménagées par le « service »
d’
amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant les points s
5798
urtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant
les
points sur les i : « Ces troubadours, en mêlant la vérité au mensonge
5799
n n’hésite pas à écrire en mettant les points sur
les
i : « Ces troubadours, en mêlant la vérité au mensonge, corrompent le
5800
s points sur les i : « Ces troubadours, en mêlant
la
vérité au mensonge, corrompent les amants, les femmes et les époux. I
5801
ours, en mêlant la vérité au mensonge, corrompent
les
amants, les femmes et les époux. Ils vous disent qu’Amour va de trave
5802
ant la vérité au mensonge, corrompent les amants,
les
femmes et les époux. Ils vous disent qu’Amour va de travers, et c’est
5803
au mensonge, corrompent les amants, les femmes et
les
époux. Ils vous disent qu’Amour va de travers, et c’est pourquoi les
5804
femmes et les époux. Ils vous disent qu’Amour va
de
travers, et c’est pourquoi les maris deviennent jaloux et les dames s
5805
disent qu’Amour va de travers, et c’est pourquoi
les
maris deviennent jaloux et les dames sont dans l’angoisse… Ces faux s
5806
et c’est pourquoi les maris deviennent jaloux et
les
dames sont dans l’angoisse… Ces faux servants font qu’un grand nombre
5807
es maris deviennent jaloux et les dames sont dans
l’
angoisse… Ces faux servants font qu’un grand nombre abandonnent Mérite
5808
u’un grand nombre abandonnent Mérite et éloignent
d’
eux Jeunesse. » Quelles que soient les réalités ou l’absence de réalit
5809
et éloignent d’eux Jeunesse. » Quelles que soient
les
réalités ou l’absence de réalités « matérielles » qui aient pu corres
5810
ux Jeunesse. » Quelles que soient les réalités ou
l’
absence de réalités « matérielles » qui aient pu correspondre, en ces
5811
e. » Quelles que soient les réalités ou l’absence
de
réalités « matérielles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à d
5812
lles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à
de
telles précisions de langage, la rhétorique courtoise et son système
5813
orrespondre, en ces temps, à de telles précisions
de
langage, la rhétorique courtoise et son système de vertus, de péchés,
5814
en ces temps, à de telles précisions de langage,
la
rhétorique courtoise et son système de vertus, de péchés, de louanges
5815
e langage, la rhétorique courtoise et son système
de
vertus, de péchés, de louanges et d’interdits, demeure un fait patent
5816
la rhétorique courtoise et son système de vertus,
de
péchés, de louanges et d’interdits, demeure un fait patent : il suffi
5817
ue courtoise et son système de vertus, de péchés,
de
louanges et d’interdits, demeure un fait patent : il suffit de lire.
5818
son système de vertus, de péchés, de louanges et
d’
interdits, demeure un fait patent : il suffit de lire. Elle va servir
5819
t d’interdits, demeure un fait patent : il suffit
de
lire. Elle va servir aux romanciers du Nord, ceux du cycle d’Arthur,
5820
e va servir aux romanciers du Nord, ceux du cycle
d’
Arthur, du Graal, et de Tristan, pour décrire des actions et des drame
5821
ers du Nord, ceux du cycle d’Arthur, du Graal, et
de
Tristan, pour décrire des actions et des drames, et non plus seulemen
5822
drames, et non plus seulement pour chanter ce que
l’
on pourrait encore tenir, chez les troubadours du Midi, pour une pure
5823
r chanter ce que l’on pourrait encore tenir, chez
les
troubadours du Midi, pour une pure fantasmagorie sentimentale. ] 6.
5824
] 6. Excuse aux historiens. — Je ne crois guère à
l’
histoire « scientifique » comme critère des réalités qui m’intéressent
5825
qui m’intéressent dans cet ouvrage. Je lui laisse
le
soin d’affirmer que telle « filiation » reste indémontrable « dans l’
5826
téressent dans cet ouvrage. Je lui laisse le soin
d’
affirmer que telle « filiation » reste indémontrable « dans l’état act
5827
iation » reste indémontrable « dans l’état actuel
de
nos connaissances », reste donc incroyable jusqu’à nouvel avis. Je ch
5828
nement confirmer une thèse quelconque en appelant
l’
attention du lecteur sur certains faits que la « science sérieuse » ti
5829
ant l’attention du lecteur sur certains faits que
la
« science sérieuse » tient aujourd’hui pour établis. Simplement, je l
5830
» tient aujourd’hui pour établis. Simplement, je
les
crois de nature à nourrir l’imagination. Voici deux de ces faits sur
5831
ujourd’hui pour établis. Simplement, je les crois
de
nature à nourrir l’imagination. Voici deux de ces faits sur quoi l’on
5832
lis. Simplement, je les crois de nature à nourrir
l’
imagination. Voici deux de ces faits sur quoi l’on peut rêver. La Panc
5833
ois de nature à nourrir l’imagination. Voici deux
de
ces faits sur quoi l’on peut rêver. La Pancha Tantra, recueil de cont
5834
r l’imagination. Voici deux de ces faits sur quoi
l’
on peut rêver. La Pancha Tantra, recueil de contes bouddhistes, fut tr
5835
Voici deux de ces faits sur quoi l’on peut rêver.
La
Pancha Tantra, recueil de contes bouddhistes, fut traduite au vie si
5836
r quoi l’on peut rêver. La Pancha Tantra, recueil
de
contes bouddhistes, fut traduite au vie siècle du sanscrit en pehlev
5837
ie siècle du sanscrit en pehlevi, par un médecin
de
Chosroès Ier, roi de Perse. De là, on peut suivre son progrès rapide
5838
vi, par un médecin de Chosroès Ier, roi de Perse.
De
là, on peut suivre son progrès rapide vers l’Europe à travers une sér
5839
se. De là, on peut suivre son progrès rapide vers
l’
Europe à travers une série de traductions en syriaque, en arabe, en la
5840
progrès rapide vers l’Europe à travers une série
de
traductions en syriaque, en arabe, en latin, en espagnol, etc. Au xvi
5841
be, en latin, en espagnol, etc. Au xviie siècle,
La
Fontaine la lira en français, dans une nouvelle traduction du persan
5842
, en espagnol, etc. Au xviie siècle, La Fontaine
la
lira en français, dans une nouvelle traduction du persan faite sur un
5843
n du persan faite sur une ancienne version arabe.
Le
périple du Roman de Barlaam et Josaphat est encore plus surprenant. S
5844
r une ancienne version arabe. Le périple du Roman
de
Barlaam et Josaphat est encore plus surprenant. Sous sa forme connue
5845
est encore plus surprenant. Sous sa forme connue
de
nos jours, c’est l’histoire romancée de l’évolution spirituelle qui c
5846
prenant. Sous sa forme connue de nos jours, c’est
l’
histoire romancée de l’évolution spirituelle qui conduit Josaphat, pri
5847
me connue de nos jours, c’est l’histoire romancée
de
l’évolution spirituelle qui conduit Josaphat, prince indien, à découv
5848
connue de nos jours, c’est l’histoire romancée de
l’
évolution spirituelle qui conduit Josaphat, prince indien, à découvrir
5849
t Josaphat, prince indien, à découvrir et adopter
le
christianisme, dont les mystères lui sont communiqués par le « bonhom
5850
en, à découvrir et adopter le christianisme, dont
les
mystères lui sont communiqués par le « bonhomme » Barlaam. La version
5851
nisme, dont les mystères lui sont communiqués par
le
« bonhomme » Barlaam. La version qui nous est restée, en provençal du
5852
lui sont communiqués par le « bonhomme » Barlaam.
La
version qui nous est restée, en provençal du xive siècle, quoique or
5853
provençal du xive siècle, quoique orthodoxe dans
les
grandes lignes, porte des traces indiscutables de manichéisme. Selon
5854
es grandes lignes, porte des traces indiscutables
de
manichéisme. Selon l’école néocathare française, les hérétiques du xi
5855
te des traces indiscutables de manichéisme. Selon
l’
école néocathare française, les hérétiques du xiie siècle auraient co
5856
manichéisme. Selon l’école néocathare française,
les
hérétiques du xiie siècle auraient connu une version non amendée par
5857
siècle auraient connu une version non amendée par
les
catholiques, et plus proche de l’original. Que cette hypothèse soit u
5858
on amendée par les catholiques, et plus proche de
l’
original. Que cette hypothèse soit un jour vérifiée ou non, il n’en re
5859
jour vérifiée ou non, il n’en reste pas moins que
l’
origine manichéenne du Roman est attestée par les fragments de son tex
5860
e l’origine manichéenne du Roman est attestée par
les
fragments de son texte original (en langage ouigour du viiie siècle)
5861
nichéenne du Roman est attestée par les fragments
de
son texte original (en langage ouigour du viiie siècle) retrouvés da
5862
langage ouigour du viiie siècle) retrouvés dans
le
Turkestan oriental. Et l’on peut suivre la transformation des noms hi
5863
siècle) retrouvés dans le Turkestan oriental. Et
l’
on peut suivre la transformation des noms hindous « Baghavan » et « Bo
5864
s dans le Turkestan oriental. Et l’on peut suivre
la
transformation des noms hindous « Baghavan » et « Boddisattva » (le B
5865
des noms hindous « Baghavan » et « Boddisattva » (
le
Bouddha) en « Barlaam » et « Josaphat », en passant par les formes ar
5866
a) en « Barlaam » et « Josaphat », en passant par
les
formes arabes « Balawhar va Budhâsaf » (var. Yudhâsaf). Innombrables
5867
va Budhâsaf » (var. Yudhâsaf). Innombrables sont
les
exemples de relations entre l’Orient et l’Occident médiéval. J’ai cho
5868
» (var. Yudhâsaf). Innombrables sont les exemples
de
relations entre l’Orient et l’Occident médiéval. J’ai choisi ces deux
5869
Innombrables sont les exemples de relations entre
l’
Orient et l’Occident médiéval. J’ai choisi ces deux cas, solidement at
5870
sont les exemples de relations entre l’Orient et
l’
Occident médiéval. J’ai choisi ces deux cas, solidement attestés, parc
5871
x cas, solidement attestés, parce qu’ils réfutent
le
préjugé moderne en vertu duquel toute communication entre le tantrism
5872
moderne en vertu duquel toute communication entre
le
tantrisme ou le manichéisme bouddhiste et les hérésies du Midi doit a
5873
duquel toute communication entre le tantrisme ou
le
manichéisme bouddhiste et les hérésies du Midi doit apparaître « haut
5874
ntre le tantrisme ou le manichéisme bouddhiste et
les
hérésies du Midi doit apparaître « hautement fantaisiste et improbabl
5875
7. En lieu et place de conclusions définitives. —
L’
amour courtois ressemble à l’amour encore chaste — et d’autant plus br
5876
sions définitives. — L’amour courtois ressemble à
l’
amour encore chaste — et d’autant plus brûlant — de la première adoles
5877
r courtois ressemble à l’amour encore chaste — et
d’
autant plus brûlant — de la première adolescence. Il ressemble aussi à
5878
’amour encore chaste — et d’autant plus brûlant —
de
la première adolescence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par les
5879
de la première adolescence. Il ressemble aussi à
l’
amour chanté par les poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme
5880
lescence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par
les
poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme le furent plusieurs
5881
poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme
le
furent plusieurs troubadours. Il s’exprime dans des termes qui seront
5882
ans des termes qui seront repris par presque tous
les
grands mystiques de l’Occident. Il nous semble parfois se réduire à d
5883
ront repris par presque tous les grands mystiques
de
l’Occident. Il nous semble parfois se réduire à des fadaises sophisti
5884
t repris par presque tous les grands mystiques de
l’
Occident. Il nous semble parfois se réduire à des fadaises sophistiqué
5885
ois se réduire à des fadaises sophistiquées, dans
le
goût des petites cours du Moyen Âge. Il peut être purement rêvé, et b
5886
hose qu’un tournoi verbal. Il peut traduire aussi
les
réalités précises, mais non moins ambiguës, d’une certaine discipline
5887
i les réalités précises, mais non moins ambiguës,
d’
une certaine discipline érotico-mystique dont l’Inde, la Chine et le P
5888
, d’une certaine discipline érotico-mystique dont
l’
Inde, la Chine et le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me p
5889
certaine discipline érotico-mystique dont l’Inde,
la
Chine et le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me paraît vr
5890
cipline érotico-mystique dont l’Inde, la Chine et
le
Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me paraît vraisemblable,
5891
dont l’Inde, la Chine et le Proche-Orient surent
les
recettes. Tout cela me paraît vraisemblable, tout cela peut être « vr
5892
ai » aux divers sens du mot, et simultanément, et
de
plusieurs manières. Tout cela nous aide à mieux comprendre — si rien
5893
ous aide à mieux comprendre — si rien ne suffit à
l’
« expliquer » — l’amour courtois. Au terme de l’espèce de contre-enquê
5894
omprendre — si rien ne suffit à l’« expliquer » —
l’
amour courtois. Au terme de l’espèce de contre-enquête à laquelle je v
5895
it à l’« expliquer » — l’amour courtois. Au terme
de
l’espèce de contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compt
5896
à l’« expliquer » — l’amour courtois. Au terme de
l’
espèce de contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compte t
5897
liquer » — l’amour courtois. Au terme de l’espèce
de
contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compte tenu des o
5898
viens de me livrer, et compte tenu des objections
les
plus sensées que firent à ma thèse minima les partisans d’écoles au m
5899
ons les plus sensées que firent à ma thèse minima
les
partisans d’écoles au moins diverses, me voici ramené par une sorte d
5900
ensées que firent à ma thèse minima les partisans
d’
écoles au moins diverses, me voici ramené par une sorte de spirale au-
5901
au moins diverses, me voici ramené par une sorte
de
spirale au-dessus de mes premières constatations : l’amour courtois e
5902
e voici ramené par une sorte de spirale au-dessus
de
mes premières constatations : l’amour courtois est né au xiie siècle
5903
pirale au-dessus de mes premières constatations :
l’
amour courtois est né au xiie siècle, en pleine révolution de la psyc
5904
tois est né au xiie siècle, en pleine révolution
de
la psyché occidentale. Il a surgi du même mouvement qui fit remonter
5905
s est né au xiie siècle, en pleine révolution de
la
psyché occidentale. Il a surgi du même mouvement qui fit remonter au
5906
i du même mouvement qui fit remonter au demi-jour
de
la conscience et de l’expression lyrique de l’âme, le Principe Fémini
5907
u même mouvement qui fit remonter au demi-jour de
la
conscience et de l’expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin d
5908
qui fit remonter au demi-jour de la conscience et
de
l’expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le c
5909
fit remonter au demi-jour de la conscience et de
l’
expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le cult
5910
-jour de la conscience et de l’expression lyrique
de
l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la
5911
ur de la conscience et de l’expression lyrique de
l’
âme, le Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la Mèr
5912
a conscience et de l’expression lyrique de l’âme,
le
Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de l
5913
’expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin
de
la shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il partici
5914
pression lyrique de l’âme, le Principe Féminin de
la
shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe
5915
rique de l’âme, le Principe Féminin de la shakti,
le
culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe de cette ép
5916
l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le culte
de
la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie d
5917
me, le Principe Féminin de la shakti, le culte de
la
Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l
5918
ncipe Féminin de la shakti, le culte de la Femme,
de
la Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qu
5919
pe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de
la
Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui f
5920
n de la shakti, le culte de la Femme, de la Mère,
de
la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à m
5921
e la shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de
la
Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes
5922
la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe
de
cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occid
5923
re, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie
de
l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour d’
5924
de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de
l’
Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour d’un
5925
épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans
l’
homme occidental, le retour d’un Orient symbolique. Il nous devient in
5926
, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental,
le
retour d’un Orient symbolique. Il nous devient intelligible par certa
5927
re à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour
d’
un Orient symbolique. Il nous devient intelligible par certaines de se
5928
lique. Il nous devient intelligible par certaines
de
ses marques historiques : sa relation littéralement congénitale avec
5929
ques : sa relation littéralement congénitale avec
l’
hérésie des cathares, et son opposition sournoise ou déclarée au conce
5930
ers des nombreux avatars dont nous allons décrire
la
procession, une virulence intime, perpétuellement nouvelle. 11.De
5931
ulence intime, perpétuellement nouvelle. 11.De
l’
Amour courtois au roman breton Remontons maintenant du Midi vers le
5932
roman breton Remontons maintenant du Midi vers
le
nord : nous découvrons dans le roman breton — Lancelot, Tristan et to
5933
enant du Midi vers le nord : nous découvrons dans
le
roman breton — Lancelot, Tristan et tout le cycle arthurien — une tra
5934
dans le roman breton — Lancelot, Tristan et tout
le
cycle arthurien — une transposition romanesque des règles de l’amour
5935
thurien — une transposition romanesque des règles
de
l’amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contac
5936
rien — une transposition romanesque des règles de
l’
amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contact d
5937
tion romanesque des règles de l’amour courtois et
de
sa rhétorique à double sens. « C’est du contact des légendes exotique
5938
s. « C’est du contact des légendes exotiques avec
les
idées courtoises que naquit le premier roman courtois », écrit M. E.
5939
E. Vinaver. Ces légendes « exotiques », c’étaient
les
vieux mystères sacrés des Celtes, plus qu’à demi oubliés d’ailleurs p
5940
ul ou un Chrétien de Troyes, et quelques éléments
de
mythologie grecque. On a longtemps polémisé sur l’autonomie relative
5941
e mythologie grecque. On a longtemps polémisé sur
l’
autonomie relative des deux littératures du Nord et du Midi. Il semble
5942
ttératures du Nord et du Midi. Il semble bien que
la
question soit actuellement résolue : c’est bien le Midi roman qui a d
5943
a question soit actuellement résolue : c’est bien
le
Midi roman qui a donné son style et sa doctrine de l’amour aux « roma
5944
e Midi roman qui a donné son style et sa doctrine
de
l’amour aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut s
5945
idi roman qui a donné son style et sa doctrine de
l’
amour aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suiv
5946
a doctrine de l’amour aux « romanciers » du cycle
de
la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission d
5947
octrine de l’amour aux « romanciers » du cycle de
la
Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission dans
5948
aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et
l’
on peut suivre les voies de cette transmission dans les documents hist
5949
» du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suivre
les
voies de cette transmission dans les documents historiques. Aliénor d
5950
de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies
de
cette transmission dans les documents historiques. Aliénor de Poitier
5951
peut suivre les voies de cette transmission dans
les
documents historiques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour d’amour
5952
istoriques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour
d’
amour languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en l’an 1154, Henri
5953
r languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en
l’
an 1154, Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre78. Elle emmenait avec
5954
dours. C’est par elle et par eux entre autres que
les
trouvères anglo-normands reçurent le code et le secret de l’amour cou
5955
autres que les trouvères anglo-normands reçurent
le
code et le secret de l’amour courtois79. Chrétien de Troyes déclare t
5956
les trouvères anglo-normands reçurent le code et
le
secret de l’amour courtois79. Chrétien de Troyes déclare tenir le fon
5957
ères anglo-normands reçurent le code et le secret
de
l’amour courtois79. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esp
5958
s anglo-normands reçurent le code et le secret de
l’
amour courtois79. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
5959
mour courtois79. Chrétien de Troyes déclare tenir
le
fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, cél
5960
is79. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et
l’
esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, célèbre par sa
5961
étien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
de
ses romans de la comtesse Marie de Champagne, célèbre par sa cour d’a
5962
s déclare tenir le fond et l’esprit de ses romans
de
la comtesse Marie de Champagne, célèbre par sa cour d’amour où le mar
5963
éclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de
la
comtesse Marie de Champagne, célèbre par sa cour d’amour où le mariag
5964
comtesse Marie de Champagne, célèbre par sa cour
d’
amour où le mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tri
5965
arie de Champagne, célèbre par sa cour d’amour où
le
mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont l
5966
riage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman
de
Tristan dont les manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas
5967
né. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont
les
manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas était Anglais. E
5968
tait Normand, Thomas était Anglais. Et en retour,
la
légende de Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette int
5969
d, Thomas était Anglais. Et en retour, la légende
de
Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette interaction si
5970
égende de Tristan se répandit très largement dans
le
Midi. Cette interaction si rapide peut s’expliquer par une ancienne p
5971
e peut s’expliquer par une ancienne parenté entre
le
Midi précathare et les Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
5972
une ancienne parenté entre le Midi précathare et
les
Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
5973
es Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
la
religion druidique, d’où sont issues les traditions des bardes et fil
5974
bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
d’
où sont issues les traditions des bardes et filids, enseignait une doc
5975
ns vu que la religion druidique, d’où sont issues
les
traditions des bardes et filids, enseignait une doctrine dualiste de
5976
ardes et filids, enseignait une doctrine dualiste
de
l’Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
5977
es et filids, enseignait une doctrine dualiste de
l’
Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le
5978
it une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait
de
la femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que
5979
une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait de
la
femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que l’
5980
it de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
le
fonds celtibérique que l’hérésie chrétienne des « purs » a puisé cert
5981
du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que
l’
hérésie chrétienne des « purs » a puisé certains traits de sa mytholog
5982
e chrétienne des « purs » a puisé certains traits
de
sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des co
5983
ts de sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez
les
poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est natur
5984
supplante Lug, dieu du ciel lumineux. Et bien que
la
doctrine courtoise rejoignît et fît resurgir d’anciennes traditions a
5985
e la doctrine courtoise rejoignît et fît resurgir
d’
anciennes traditions autochtones, elle n’en était pas moins pour les t
5986
tions autochtones, elle n’en était pas moins pour
les
trouvères une chose apprise : d’où les erreurs qu’ils commirent bien
5987
pas moins pour les trouvères une chose apprise :
d’
où les erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêm
5988
moins pour les trouvères une chose apprise : d’où
les
erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêmement
5989
en souvent. Il est d’ailleurs extrêmement délicat
de
préciser les causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un
5990
Il est d’ailleurs extrêmement délicat de préciser
les
causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’init
5991
urs extrêmement délicat de préciser les causes et
l’
importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation ? Est-
5992
cat de préciser les causes et l’importance exacte
de
ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation ? Est-ce une tradition imp
5993
mportance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut
d’
initiation ? Est-ce une tradition imparfaite ? Ou encore une tendance
5994
ite ? Ou encore une tendance hérétique au sein de
l’
hérésie même, un essai plus ou moins sincère de retour vers l’orthodox
5995
de l’hérésie même, un essai plus ou moins sincère
de
retour vers l’orthodoxie80 ? Ou simplement, une « profanation » des t
5996
me, un essai plus ou moins sincère de retour vers
l’
orthodoxie80 ? Ou simplement, une « profanation » des thèmes courtois,
5997
ent, une « profanation » des thèmes courtois, que
les
trouvères auraient utilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
5998
tilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
les
troubadours ? Dans l’attente de recherches plus approfondies sur tous
5999
upules à d’autres fins que les troubadours ? Dans
l’
attente de recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-n
6000
’autres fins que les troubadours ? Dans l’attente
de
recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-nous à rema
6001
sur tous ces points, bornons-nous à remarquer que
les
romans bretons sont tantôt plus « chrétiens » et tantôt plus « barbar
6002
lus « chrétiens » et tantôt plus « barbares » que
les
poèmes des troubadours, dont ils sont cependant inspirés de la manièr
6003
des troubadours, dont ils sont cependant inspirés
de
la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troye
6004
troubadours, dont ils sont cependant inspirés de
la
manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a
6005
s, dont ils sont cependant inspirés de la manière
la
plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a bien compr
6006
us ne savons si Chrétien de Troyes a bien compris
les
lois d’amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons da
6007
ons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois
d’
amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons dans quell
6008
lu que ses romans fussent des chroniques secrètes
de
l’Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples a
6009
que ses romans fussent des chroniques secrètes de
l’
Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allé
6010
chroniques secrètes de l’Église persécutée (thèse
de
Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allégories illustrant la morale
6011
e persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou
de
simples allégories illustrant la morale et la mystique courtoise (com
6012
dan et Aroux) ou de simples allégories illustrant
la
morale et la mystique courtoise (comme j’inclinerais à le penser). To
6013
ou de simples allégories illustrant la morale et
la
mystique courtoise (comme j’inclinerais à le penser). Toutes les hypo
6014
e et la mystique courtoise (comme j’inclinerais à
le
penser). Toutes les hypothèses sont permises en l’absence de document
6015
urtoise (comme j’inclinerais à le penser). Toutes
les
hypothèses sont permises en l’absence de documents dont on voit bien
6016
e penser). Toutes les hypothèses sont permises en
l’
absence de documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
6017
Toutes les hypothèses sont permises en l’absence
de
documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop d’intérêt
6018
dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
d’
intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’hérésie, sans p
6019
aut : trop d’intérêts se trouvaient ligués contre
la
diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotéri
6020
intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion
de
l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Quoi qu’
6021
érêts se trouvaient ligués contre la diffusion de
l’
hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Quoi qu’il
6022
ués contre la diffusion de l’hérésie, sans parler
de
sa volonté de demeurer ésotérique. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Tr
6023
diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté
de
demeurer ésotérique. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Troyes a notable
6024
en soit, Chrétien de Troyes a notablement déformé
la
signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exempl
6025
déformé la signification des mythes qu’il conte.
La
légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un mythe manichéen v
6026
ple : Suhtschek y voit un mythe manichéen venu de
l’
Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
6027
chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
d’
Herzeloïde, femme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait le comt
6028
emme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait
le
comte Ramon Roger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et d’Alph
6029
bach, serait le comte Ramon Roger Trencavel, fils
d’
Adélaïde de Carcassonne et d’Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trenc
6030
oger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et
d’
Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trencavel signifie : « qui tranche
6031
e : « qui tranche bellement », et Wolfram traduit
le
nom de Parzival par « Schneid mitten durch » ; « perce bellement ».)
6032
ui tranche bellement », et Wolfram traduit le nom
de
Parzival par « Schneid mitten durch » ; « perce bellement ».) Ces deu
6033
bien moins qu’elles ne se complètent81. Elles ont
l’
avantage décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légend
6034
ne se complètent81. Elles ont l’avantage décisif
de
rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirai
6035
81. Elles ont l’avantage décisif de rendre compte
de
bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Fau
6036
décisif de rendre compte de bien des bizarreries
de
la légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un tra
6037
cisif de rendre compte de bien des bizarreries de
la
légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transc
6038
e compte de bien des bizarreries de la légende et
de
son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transcripteur modern
6039
oyes n’était pas instruit du sens païen et secret
de
ces traits mystérieux qu’il rapportait »82 ? Ou bien se vit-il contra
6040
u’il rapportait »82 ? Ou bien se vit-il contraint
de
déguiser ce sens, en sorte que seuls les initiés pussent démêler la f
6041
contraint de déguiser ce sens, en sorte que seuls
les
initiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ornement roman
6042
s, en sorte que seuls les initiés pussent démêler
la
fantaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réell
6043
seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et
la
doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le
6044
tiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine,
l’
ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y
6045
antaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et
la
chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y réussit que trop bien, pu
6046
ent romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut
le
cas, il n’y réussit que trop bien, puisque Robert de Boron, son conti
6047
n, son continuateur, n’hésite pas à christianiser
les
symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut le sang du Christ,
6048
christianiser les symboles jusqu’à faire du Graal
le
vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’au
6049
symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut
le
sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte
6050
du Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et
de
la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même
6051
Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de
la
Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même da
6052
le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte
d’
autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lanc
6053
rist, et de la Table ronde une sorte d’autel pour
la
Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lancelot (qui dat
6054
d’autel pour la Sainte-Cène. Cependant, même dans
le
grand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l
6055
Sainte-Cène. Cependant, même dans le grand roman
de
Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont
6056
t, même dans le grand roman de Lancelot (qui date
de
1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenu
6057
rand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ)
le
symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent p
6058
celot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et
l’
allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent paraître les inter
6059
ont évidents, si saugrenues que puissent paraître
les
interprétations que donne l’auteur lui-même, après chaque épisode. Il
6060
e puissent paraître les interprétations que donne
l’
auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une de ces interprétatio
6061
auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une
de
ces interprétations que je crois utile de citer, car l’origine cathar
6062
est une de ces interprétations que je crois utile
de
citer, car l’origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignora
6063
interprétations que je crois utile de citer, car
l’
origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignorance de l’auteu
6064
l’origine cathare y transparaît nettement, malgré
l’
ignorance de l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à u
6065
thare y transparaît nettement, malgré l’ignorance
de
l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour.
6066
re y transparaît nettement, malgré l’ignorance de
l’
auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour. Il
6067
lgré l’ignorance de l’auteur. Lancelot errant par
la
haute forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin de gau
6068
te forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre
le
chemin de gauche et celui de droite Il s’engage dans celui de gauche,
6069
arvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin
de
gauche et celui de droite Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’
6070
our. Il hésite entre le chemin de gauche et celui
de
droite Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’avertissement gravé
6071
gauche et celui de droite Il s’engage dans celui
de
gauche, malgré l’avertissement gravé sur une croix qui se dresse deva
6072
e droite Il s’engage dans celui de gauche, malgré
l’
avertissement gravé sur une croix qui se dresse devant lui. Bientôt su
6073
i de gauche, malgré l’avertissement gravé sur une
croix
qui se dresse devant lui. Bientôt survient un chevalier à l’armure bl
6074
resse devant lui. Bientôt survient un chevalier à
l’
armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa cou
6075
ntôt survient un chevalier à l’armure blanche qui
le
renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout
6076
t un chevalier à l’armure blanche qui le renverse
de
son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit ren
6077
l’armure blanche qui le renverse de son cheval et
le
dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre
6078
che qui le renverse de son cheval et le dépouille
de
sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre et se confess
6079
ncontre un prêtre et se confesse. « Je vous dirai
la
signifiance de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de
6080
re et se confesse. « Je vous dirai la signifiance
de
ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous
6081
rai la signifiance de ce qui vous est advenu, dit
le
prud’homme. La voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour ét
6082
nce de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme.
La
voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour était celle de la
6083
e qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie
de
droite que vous avez dédaignée au carrefour était celle de la chevale
6084
que vous avez dédaignée au carrefour était celle
de
la chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de g
6085
e vous avez dédaignée au carrefour était celle de
la
chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de gauc
6086
errienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle
de
gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit pl
6087
s avez longtemps triomphé ; celle de gauche était
la
voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer de
6088
ongtemps triomphé ; celle de gauche était la voie
de
la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes
6089
temps triomphé ; celle de gauche était la voie de
la
chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
6090
a chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là
de
tuer des hommes et d’abattre des champions par force d’armes : il s’a
6091
le, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
d’
abattre des champions par force d’armes : il s’agit des choses spiritu
6092
r des hommes et d’abattre des champions par force
d’
armes : il s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronn
6093
s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes
la
couronne d’orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si fac
6094
choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronne
d’
orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si facilement, car
6095
s y prîtes la couronne d’orgueil : c’est pourquoi
le
chevalier vous renversa si facilement, car il représentait justement
6096
ersa si facilement, car il représentait justement
le
péché que vous veniez de commettre. »83 Libre après cela aux histori
6097
e commettre. »83 Libre après cela aux historiens
de
la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux faci
6098
ommettre. »83 Libre après cela aux historiens de
la
littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
6099
Libre après cela aux historiens de la littérature
de
parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés to
6100
s cela aux historiens de la littérature de parler
d’
aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
6101
la littérature de parler d’aventures incroyables,
de
merveilleux facile, de naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, e
6102
r d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
de
naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérent
6103
s, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
de
fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérents, personnages sans cara
6104
ages sans caractères ni couleurs, mannequins dont
les
froides aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit de ces légendes
6105
nequins dont les froides aventures s’enchaînent à
l’
infini », nous dit de ces légendes l’un de leurs meilleurs adaptateurs
6106
des aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit
de
ces légendes l’un de leurs meilleurs adaptateurs modernes ! Ainsi s’e
6107
înent à l’infini », nous dit de ces légendes l’un
de
leurs meilleurs adaptateurs modernes ! Ainsi s’est répandue l’opinion
6108
leurs adaptateurs modernes ! Ainsi s’est répandue
l’
opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des
6109
! Ainsi s’est répandue l’opinion fort étrange que
les
poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
6110
ient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
le
succès demeure incompréhensible à notre esprit si pénétrant et averti
6111
notre esprit si pénétrant et averti. Un peu plus
de
pénétration nous ferait voir au contraire que la vraie barbarie est d
6112
de pénétration nous ferait voir au contraire que
la
vraie barbarie est dans la conception moderne du roman, photographie
6113
voir au contraire que la vraie barbarie est dans
la
conception moderne du roman, photographie truquée de faits insignifia
6114
conception moderne du roman, photographie truquée
de
faits insignifiants, alors que le roman breton procède d’une cohérenc
6115
graphie truquée de faits insignifiants, alors que
le
roman breton procède d’une cohérence intime dont nous avons perdu jus
6116
insignifiants, alors que le roman breton procède
d’
une cohérence intime dont nous avons perdu jusqu’au pressentiment. En
6117
tout est symbole ou délicate allégorie, et seuls
les
ignorants s’arrêtent à l’apparence puérile du conte, destinée justeme
6118
te allégorie, et seuls les ignorants s’arrêtent à
l’
apparence puérile du conte, destinée justement à masquer le sens profo
6119
ce puérile du conte, destinée justement à masquer
le
sens profond aux regards superficiels, non avertis. Mais quand bien m
6120
s superficiels, non avertis. Mais quand bien même
les
trouvères seraient inférieurs aux troubadours dans la connaissance my
6121
rouvères seraient inférieurs aux troubadours dans
la
connaissance mystique, ils n’ont pas introduit dans leurs romans que
6122
s erreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui
de
l’amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la fau
6123
rreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui de
l’
amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute
6124
nouveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire
de
la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas a
6125
uveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire de
la
faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas au s
6126
que, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien
la
faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
6127
en la faute au sens « courtois », non pas au sens
de
la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas
6128
la faute au sens « courtois », non pas au sens de
la
morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas se
6129
tois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
Les
ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amo
6130
as au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages
de
Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
6131
rétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes
d’
amour, comme on le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la di
6132
e sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
le
répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la différence des poème
6133
ment des poèmes d’amour, comme on le répète, mais
de
véritables romans. C’est qu’à la différence des poèmes provençaux, il
6134
le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à
la
différence des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire les trahi
6135
des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire
les
trahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passi
6136
ovençaux, ils s’attachent à décrire les trahisons
de
l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa pu
6137
nçaux, ils s’attachent à décrire les trahisons de
l’
amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa puret
6138
rahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement
l’
élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lanc
6139
s de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan
de
la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot —
6140
e l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de
la
passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — com
6141
ent l’élan de la passion dans sa pureté mystique.
Le
point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contr
6142
n de la passion dans sa pureté mystique. Le point
de
départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour
6143
ssion dans sa pureté mystique. Le point de départ
de
Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
6144
mystique. Le point de départ de Lancelot — comme
de
Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois, la possession physi
6145
de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est
le
péché contre l’amour courtois, la possession physique d’une femme rée
6146
ncelot — comme de Tristan — c’est le péché contre
l’
amour courtois, la possession physique d’une femme réelle, la « profan
6147
Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
la
possession physique d’une femme réelle, la « profanation » de l’amour
6148
é contre l’amour courtois, la possession physique
d’
une femme réelle, la « profanation » de l’amour. Et c’est à cause de c
6149
rtois, la possession physique d’une femme réelle,
la
« profanation » de l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale
6150
n physique d’une femme réelle, la « profanation »
de
l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne tro
6151
hysique d’une femme réelle, la « profanation » de
l’
amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne trouve
6152
cette faute initiale que Lancelot ne trouvera pas
le
Graal, et sera cent fois humilié quand il errera dans la voie céleste
6153
l, et sera cent fois humilié quand il errera dans
la
voie céleste. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi l’Amour mysti
6154
quand il errera dans la voie céleste. Il a choisi
la
voie terrienne, il a trahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Se
6155
éleste. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi
l’
Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais
6156
ahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls
les
« purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad pa
6157
ique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et
les
vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à l’i
6158
» comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à
l’
initiation. Il est clair que la description de ces errements et de leu
6159
aad parviendront à l’initiation. Il est clair que
la
description de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme
6160
t à l’initiation. Il est clair que la description
de
ces errements et de leurs punitions exigeait la forme du récit, et no
6161
est clair que la description de ces errements et
de
leurs punitions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple
6162
n de ces errements et de leurs punitions exigeait
la
forme du récit, et non plus de la simple chanson. Dans Tristan, la fa
6163
punitions exigeait la forme du récit, et non plus
de
la simple chanson. Dans Tristan, la faute initiale est douloureusemen
6164
itions exigeait la forme du récit, et non plus de
la
simple chanson. Dans Tristan, la faute initiale est douloureusement r
6165
, et non plus de la simple chanson. Dans Tristan,
la
faute initiale est douloureusement rachetée par une longue pénitence
6166
r une longue pénitence des amants. C’est pourquoi
le
roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire
6167
C’est pourquoi le roman finit « bien » — au sens
de
la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontair
6168
est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de
la
mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontaire.8
6169
s de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à
la
double mort volontaire.84 Ainsi s’explique par des raisons spirituel
6170
84 Ainsi s’explique par des raisons spirituelles
la
formation d’un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement
6171
xplique par des raisons spirituelles la formation
d’
un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement littéraire q
6172
ns spirituelles la formation d’un genre nouveau —
le
roman — qui ne deviendra proprement littéraire que par la suite, quan
6173
— qui ne deviendra proprement littéraire que par
la
suite, quand il se détachera du mythe provisoirement exténué — au déb
6174
s au roman breton Tristan nous apparaît comme
le
plus purement courtois des romans bretons, en ce sens que la part épi
6175
ement courtois des romans bretons, en ce sens que
la
part épique — combats et intrigues — y est réduite au minimum, tandis
6176
intrigues — y est réduite au minimum, tandis que
le
développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul
6177
au minimum, tandis que le développement tragique
de
la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et si
6178
minimum, tandis que le développement tragique de
la
doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simpl
6179
ue de la doctrine religieuse détermine à lui seul
la
courbe puissante et simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
6180
simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
le
plus « breton » des romans courtois, en ce sens qu’on y trouve incorp
6181
ve incorporés des éléments religieux et mythiques
d’
origine très nettement celtique, bien plus nombreux et plus exactement
6182
ombreux et plus exactement identifiables que dans
les
romans de la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la litt
6183
plus exactement identifiables que dans les romans
de
la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature ga
6184
s exactement identifiables que dans les romans de
la
Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature gallo
6185
Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de
la
littérature galloise que « c’est un miracle qu’elle contienne des élé
6186
« c’est un miracle qu’elle contienne des éléments
de
religion brittonique : elle s’est formée dans un pays chrétien, roman
6187
ans un pays chrétien, romanisé, puis colonisé par
les
Irlandais »85. Le miracle est cependant attesté par un grand nombre d
6188
n, romanisé, puis colonisé par les Irlandais »85.
Le
miracle est cependant attesté par un grand nombre d’incidents mis en
6189
miracle est cependant attesté par un grand nombre
d’
incidents mis en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent d’expl
6190
en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent
d’
explication que dans les récentes découvertes de l’archéologie celtiqu
6191
Thomas, et qui ne trouvent d’explication que dans
les
récentes découvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvo
6192
t d’explication que dans les récentes découvertes
de
l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléme
6193
’explication que dans les récentes découvertes de
l’
archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments
6194
couvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire,
le
pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique
6195
ologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique
de
ces éléments religieux était tel qu’on s’explique assez bien leur sur
6196
ur survivance, même dans un monde qui avait perdu
la
foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle d
6197
nde qui avait perdu la foi des druides, et oublié
le
sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous
6198
avait perdu la foi des druides, et oublié le sens
de
leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous trouvons
6199
ruides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans
le
cycle des légendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre de réci
6200
gendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre
de
récits qui racontent le voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros
6201
trouvons un grand nombre de récits qui racontent
le
voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou O
6202
un grand nombre de récits qui racontent le voyage
d’
un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou Oisin, « es
6203
arvient à une terre merveilleuse. « Il se lasse à
la
fin de ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir »86. Nou
6204
à une terre merveilleuse. « Il se lasse à la fin
de
ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir »86. Nous avons
6205
. C’est finalement pour mourir »86. Nous avons là
l’
origine évidente de la première navigation à l’aventure de Tristan mal
6206
pour mourir »86. Nous avons là l’origine évidente
de
la première navigation à l’aventure de Tristan malade, en quête du ba
6207
là l’origine évidente de la première navigation à
l’
aventure de Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, p
6208
e évidente de la première navigation à l’aventure
de
Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, plusieurs ré
6209
du baume magique. D’autre part, plusieurs récits
de
ce cycle irlandais figurent les prototypes assez exacts des situation
6210
, plusieurs récits de ce cycle irlandais figurent
les
prototypes assez exacts des situations du Roman de Tristan. Par exemp
6211
s prototypes assez exacts des situations du Roman
de
Tristan. Par exemple, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
6212
situations du Roman de Tristan. Par exemple, dans
l’
idylle tragique de Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dan
6213
n de Tristan. Par exemple, dans l’idylle tragique
de
Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le m
6214
e, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
les
deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Ba
6215
rmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans
la
forêt où le mari les poursuit. Dans Bailé et Aillin, ils se donnent r
6216
inne, les deux amants se sauvent dans la forêt où
le
mari les poursuit. Dans Bailé et Aillin, ils se donnent rendez-vous e
6217
s deux amants se sauvent dans la forêt où le mari
les
poursuit. Dans Bailé et Aillin, ils se donnent rendez-vous en un lieu
6218
ils se donnent rendez-vous en un lieu désert, où
la
mort les précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par le
6219
donnent rendez-vous en un lieu désert, où la mort
les
précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par les druides
6220
empêchant leur réunion « car il était prédit par
les
druides qu’ils ne se rencontreraient pas dans leur vie, mais qu’ils s
6221
ns leur vie, mais qu’ils se rencontreraient après
la
mort, pour ne jamais se séparer »87. Il serait aisé de multiplier ces
6222
rt, pour ne jamais se séparer »87. Il serait aisé
de
multiplier ces comparaisons littéraires. Mais certains traits de mœur
6223
es comparaisons littéraires. Mais certains traits
de
mœurs nous incitent à des rapprochements plus précis. On se rappelle
6224
ts plus précis. On se rappelle que Tristan, après
la
mort de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il
6225
précis. On se rappelle que Tristan, après la mort
de
ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il était f
6226
ristan, après la mort de ses parents, fut élevé à
la
cour du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez les plus ancie
6227
du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez
les
plus anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’un p
6228
était fréquent, chez les plus anciens Celtes, que
l’
on confiât les enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une
6229
t, chez les plus anciens Celtes, que l’on confiât
les
enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une grande maison,
6230
anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à
la
garde d’un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des
6231
Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde
d’
un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des hommes ».
6232
d’un personnage qualifié dans une grande maison,
la
maison des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement d’un druide, et
6233
maison, la maison des hommes ». Ils y recevaient
l’
enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. «
6234
son des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement
d’
un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. « Cette instituti
6235
’enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à
l’
abri des femmes. « Cette institution qu’on appelle généralement du nom
6236
n qu’on appelle généralement du nom anglo-normand
de
fosterage s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons les enfant
6237
s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons
les
enfants confiés à des parents nourriciers, à l’égard desquels ils con
6238
les enfants confiés à des parents nourriciers, à
l’
égard desquels ils contractent de véritables liens de parenté, attesté
6239
s nourriciers, à l’égard desquels ils contractent
de
véritables liens de parenté, attestés par le fait qu’un certain nombr
6240
gard desquels ils contractent de véritables liens
de
parenté, attestés par le fait qu’un certain nombre de personnages por
6241
tent de véritables liens de parenté, attestés par
le
fait qu’un certain nombre de personnages portent dans l’indication de
6242
arenté, attestés par le fait qu’un certain nombre
de
personnages portent dans l’indication de leur filiation le nom de leu
6243
qu’un certain nombre de personnages portent dans
l’
indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recher
6244
n nombre de personnages portent dans l’indication
de
leur filiation le nom de leur père nourricier… On recherchait comme p
6245
nages portent dans l’indication de leur filiation
le
nom de leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers s
6246
ortent dans l’indication de leur filiation le nom
de
leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers soit les
6247
cier… On recherchait comme pères nourriciers soit
les
membres de la famille maternelle, soit… des druides. »88 Tristan él
6248
herchait comme pères nourriciers soit les membres
de
la famille maternelle, soit… des druides. »88 Tristan élevé par Mar
6249
chait comme pères nourriciers soit les membres de
la
famille maternelle, soit… des druides. »88 Tristan élevé par Marc,
6250
e maternel, devient ainsi, en vertu du fosterage,
le
« fils » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans l
6251
insi, en vertu du fosterage, le « fils » du roi. (
Les
psychanalystes ne manqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
6252
s » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas
de
voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’
6253
Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans
la
liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œ
6254
anqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
de
Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppos
6255
de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et
d’
Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le
6256
dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut
le
résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait qu
6257
son malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat
d’
un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que les « père
6258
d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois
le
fait que les « pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante
6259
e œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que
les
« pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiqu
6260
vaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiques (
le
lien était donc assez faible), et surtout le fait que l’inceste était
6261
ues (le lien était donc assez faible), et surtout
le
fait que l’inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’a
6262
était donc assez faible), et surtout le fait que
l’
inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent de
6263
e fait que l’inceste était assez bien toléré chez
les
Celtes, comme l’attestent de nombreux documents.) La coutume du potla
6264
te était assez bien toléré chez les Celtes, comme
l’
attestent de nombreux documents.) La coutume du potlatch, don rituel o
6265
ez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent
de
nombreux documents.) La coutume du potlatch, don rituel ou plutôt éch
6266
Celtes, comme l’attestent de nombreux documents.)
La
coutume du potlatch, don rituel ou plutôt échange de dons ostentatoir
6267
coutume du potlatch, don rituel ou plutôt échange
de
dons ostentatoires, accompagné de surenchère, subsiste également dans
6268
plutôt échange de dons ostentatoires, accompagné
de
surenchère, subsiste également dans Tristan et les romans de la Table
6269
de surenchère, subsiste également dans Tristan et
les
romans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures début
6270
re, subsiste également dans Tristan et les romans
de
la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une
6271
subsiste également dans Tristan et les romans de
la
Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une pr
6272
mans de la Table ronde. On y voit un grand nombre
d’
aventures débuter par une promesse « en blanc » faite par le roi à que
6273
s débuter par une promesse « en blanc » faite par
le
roi à quelque damoiselle qui lui demande un don, sans dire lequel. Il
6274
de un don, sans dire lequel. Il s’agit en général
d’
un service très périlleux. « Les tournois, note Hubert, font certainem
6275
s’agit en général d’un service très périlleux. «
Les
tournois, note Hubert, font certainement partie de ce vaste système d
6276
s tournois, note Hubert, font certainement partie
de
ce vaste système de concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enf
6277
ert, font certainement partie de ce vaste système
de
concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que le
6278
ment partie de ce vaste système de concurrence et
de
surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que les jeunes Celtes au
6279
currence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin,
l’
on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir
6280
surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que
les
jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la maison de
6281
fin, l’on sait que les jeunes Celtes au moment de
la
puberté, donc au sortir de la maison des hommes, devaient accomplir u
6282
Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de
la
maison des hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre d’un étrang
6283
es hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre
d’
un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
6284
d’un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir
le
droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illus
6285
anger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit
de
se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exact
6286
glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
le
combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette cou
6287
acquérir le droit de se marier : le combat contre
le
Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette coutume, sans faire
6288
e exactement cette coutume, sans faire d’ailleurs
la
moindre allusion à son origine sacrée. Tous ces faits rendent vraisem
6289
gine sacrée. Tous ces faits rendent vraisemblable
la
conclusion d’Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est trans
6290
ous ces faits rendent vraisemblable la conclusion
d’
Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est transmise au cycle
6291
aisemblable la conclusion d’Hubert : à savoir que
la
mythologie celtique s’est transmise au cycle courtois non par des voi
6292
on par des voies proprement religieuses, mais par
le
culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à
6293
uses, mais par le culte plus profane des héros et
de
leurs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans les légendes pop
6294
héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à peu
les
dieux dans les légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec pr
6295
rs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans
les
légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que le
6296
es. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que
le
roman de Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se trouve
6297
ton Paris remarquait avec profondeur que le roman
de
Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se trouve guère da
6298
rquait avec profondeur que le roman de Tristan et
d’
Iseut rend un son particulier, qui ne se trouve guère dans la littérat
6299
d un son particulier, qui ne se trouve guère dans
la
littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique d
6300
uve guère dans la littérature du Moyen Âge, et il
l’
expliquait par l’origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et
6301
littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par
l’
origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le
6302
en Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique
de
ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le plus clair et le p
6303
e ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que
le
plus clair et le plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’
6304
st par Tristan et par Arthur que le plus clair et
le
plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’esprit européen.
6305
plus précieux du génie celtique s’est incorporé à
l’
esprit européen. (Hubert, II, p. 336.) Ce « son particulier », que Béd
6306
édier sut faire rendre à sa moderne transcription
de
la légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en
6307
er sut faire rendre à sa moderne transcription de
la
légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en mes
6308
nt sensible à notre cœur qu’il nous met en mesure
d’
isoler l’élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua,
6309
le à notre cœur qu’il nous met en mesure d’isoler
l’
élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua, au xiie
6310
roprement courtois qui provoqua, au xiie siècle,
la
constitution de notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légen
6311
is qui provoqua, au xiie siècle, la constitution
de
notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et
6312
ise l’une après l’autre une légende irlandaise et
la
légende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est u
6313
près l’autre une légende irlandaise et la légende
de
Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité
6314
une légende irlandaise et la légende de Béroul ou
de
Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérie
6315
andaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et
l’
on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoqu
6316
égende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que
d’
un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque la catastroph
6317
, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque
la
catastrophe, tandis que de l’autre, c’est la volonté secrète, mais in
6318
xtérieure qui provoque la catastrophe, tandis que
de
l’autre, c’est la volonté secrète, mais infaillible, des deux amants
6319
oque la catastrophe, tandis que de l’autre, c’est
la
volonté secrète, mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans le
6320
mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans
les
légendes celtiques, c’est l’élément épique qui commande l’action et l
6321
nts mystiques. Dans les légendes celtiques, c’est
l’
élément épique qui commande l’action et le dénouement, tandis que dans
6322
es celtiques, c’est l’élément épique qui commande
l’
action et le dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la
6323
, c’est l’élément épique qui commande l’action et
le
dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la tragédie in
6324
mmande l’action et le dénouement, tandis que dans
les
romans courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtiqu
6325
ement, tandis que dans les romans courtois, c’est
la
tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de la sublimat
6326
ns courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin,
l’
amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par
6327
intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de
la
sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’
6328
r celtique (en dépit de la sublimation religieuse
de
la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel89. Le fait q
6329
eltique (en dépit de la sublimation religieuse de
la
femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel89. Le fait que
6330
épit de la sublimation religieuse de la femme par
les
druides) est avant tout l’amour sensuel89. Le fait que dans certaines
6331
ieuse de la femme par les druides) est avant tout
l’
amour sensuel89. Le fait que dans certaines légendes cet amour s’oppos
6332
ar les druides) est avant tout l’amour sensuel89.
Le
fait que dans certaines légendes cet amour s’oppose secrètement à l’a
6333
rtaines légendes cet amour s’oppose secrètement à
l’
amour religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par
6334
ur religieux orthodoxe, et se voit donc contraint
de
s’exprimer par des symboles ésotériques, aide à comprendre que le fon
6335
r des symboles ésotériques, aide à comprendre que
le
fond breton se soit si aisément adapté au symbolisme du roman courtoi
6336
ment formelle. Tout au plus devait-elle favoriser
la
confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité.
6337
devait-elle favoriser la confusion moderne entre
la
passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thoma
6338
e favoriser la confusion moderne entre la passion
de
Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus
6339
confusion moderne entre la passion de Tristan et
la
pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des
6340
Tristan et la pure sensualité. Quelques citations
de
Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, s
6341
la pure sensualité. Quelques citations de Thomas,
le
plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, suffiront à
6342
ons de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs
de
la légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du my
6343
de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de
la
légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du mythe
6344
la légende primitive, suffiront à faire concevoir
l’
originalité du mythe courtois. On y trouve exprimé et commenté en term
6345
xprimé et commenté en termes étonnamment modernes
le
principe de cohésion qu’apporte la mystique courtoise aux éléments re
6346
mmenté en termes étonnamment modernes le principe
de
cohésion qu’apporte la mystique courtoise aux éléments religieux, soc
6347
mment modernes le principe de cohésion qu’apporte
la
mystique courtoise aux éléments religieux, sociologiques ou épiques,
6348
hérités du vieux fond breton. Ce principe, c’est
l’
amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des t
6349
du vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour
de
la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadou
6350
vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour de
la
douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadours.
6351
’amour de la douleur considérée comme une ascèse,
le
« mal aimé » des troubadours. Voici Tristan livré au plus cruel confl
6352
istan livré au plus cruel conflit, lorsqu’au soir
de
ses noces avec Iseut aux blanches mains, il ne peut se résoudre à pos
6353
ns ce nom, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté,
le
désir de Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger d
6354
, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté, le désir
de
Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger de sa doul
6355
e s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger
de
sa douleur et de ses peines, et contre son mal, il avise un remède do
6356
té. Ainsi Tristan veut se venger de sa douleur et
de
ses peines, et contre son mal, il avise un remède dont il doublera so
6357
a femme légitime, il ne doit plus et ne peut plus
la
désirer : Jamais il n’eût méprisé le bien qu’il a, s’il n’eût pas été
6358
ne peut plus la désirer : Jamais il n’eût méprisé
le
bien qu’il a, s’il n’eût pas été le sien : son cœur ne prend en avers
6359
s été le sien : son cœur ne prend en aversion que
le
bonheur qu’il est contraint d’avoir. Le lui eût-on refusé, il se sera
6360
nd en aversion que le bonheur qu’il est contraint
d’
avoir. Le lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensan
6361
rsion que le bonheur qu’il est contraint d’avoir.
Le
lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensant toujour
6362
a !… Ainsi en advient-il à beaucoup de gens. Dans
d’
amers déboires d’amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’
6363
ient-il à beaucoup de gens. Dans d’amers déboires
d’
amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’ils font pour s’y
6364
r s’y soustraire, s’en affranchir et s’en venger,
les
asservit d’un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
6365
ire, s’en affranchir et s’en venger, les asservit
d’
un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs, d’impossible
6366
les asservit d’un lien plus inextricable encore.
D’
irréalisables désirs, d’impossibles convoitises les conduisent à ne ri
6367
plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
d’
impossibles convoitises les conduisent à ne rien faire dans leur détre
6368
D’irréalisables désirs, d’impossibles convoitises
les
conduisent à ne rien faire dans leur détresse qui n’irrite leur amert
6369
vec son désir.90 (Encontre désir fait volier, dit
le
texte de Thomas.) ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ail
6370
ésir.90 (Encontre désir fait volier, dit le texte
de
Thomas.) ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs trè
6371
ier, dit le texte de Thomas.) ⁂ Un fonds celtique
de
légendes religieuses — d’ailleurs très anciennement commun au Midi la
6372
que et au Nord irlandais et breton ; des coutumes
de
chevalerie féodale ; des apparences d’orthodoxie chrétienne ; une sen
6373
s coutumes de chevalerie féodale ; des apparences
d’
orthodoxie chrétienne ; une sensualité parfois très complaisante ; enf
6374
une sensualité parfois très complaisante ; enfin
la
fantaisie individuelle des poètes : tels sont donc en fin de compte l
6375
elle des poètes : tels sont donc en fin de compte
les
éléments sur lesquels la doctrine hérétique de l’Amour, profondément
6376
t donc en fin de compte les éléments sur lesquels
la
doctrine hérétique de l’Amour, profondément manichéenne dans son espr
6377
e les éléments sur lesquels la doctrine hérétique
de
l’Amour, profondément manichéenne dans son esprit, opéra ses transmut
6378
es éléments sur lesquels la doctrine hérétique de
l’
Amour, profondément manichéenne dans son esprit, opéra ses transmutati
6379
on esprit, opéra ses transmutations. Ainsi naquit
le
mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de
6380
, opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe
de
Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette mé
6381
ns. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi
la
tentation d’analyser le processus de cette métamorphose : il nous éch
6382
uit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation
d’
analyser le processus de cette métamorphose : il nous échappe doubleme
6383
e de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser
le
processus de cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant p
6384
Loin de moi la tentation d’analyser le processus
de
cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant poétique et my
6385
poétique et mystique. Mais nous savons maintenant
d’
où vient le mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais
6386
mystique. Mais nous savons maintenant d’où vient
le
mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’es
6387
du mythe, par un esprit remarquablement conscient
de
ses implications théologiques, fut le fait de Gottfried de Strasbourg
6388
t conscient de ses implications théologiques, fut
le
fait de Gottfried de Strasbourg, vers le début du xiiie siècle. Gott
6389
ent de ses implications théologiques, fut le fait
de
Gottfried de Strasbourg, vers le début du xiiie siècle. Gottfried ét
6390
ues, fut le fait de Gottfried de Strasbourg, vers
le
début du xiiie siècle. Gottfried était un clerc, qui lisait le franç
6391
iie siècle. Gottfried était un clerc, qui lisait
le
français (il cite souvent des vers de Thomas dans son texte), et qui
6392
qui lisait le français (il cite souvent des vers
de
Thomas dans son texte), et qui se passionnait pour les grandes polémi
6393
homas dans son texte), et qui se passionnait pour
les
grandes polémiques où venaient de s’affronter Bernard de Clairvaux et
6394
ù venaient de s’affronter Bernard de Clairvaux et
les
cathares, mais aussi Abélard, l’école de Chartres, et plusieurs hérét
6395
de Clairvaux et les cathares, mais aussi Abélard,
l’
école de Chartres, et plusieurs hérétiques très dangereusement voisins
6396
vaux et les cathares, mais aussi Abélard, l’école
de
Chartres, et plusieurs hérétiques très dangereusement voisins de la «
6397
plusieurs hérétiques très dangereusement voisins
de
la « mystique du cœur ». Théologien, poète, et conscient de ses choix
6398
usieurs hérétiques très dangereusement voisins de
la
« mystique du cœur ». Théologien, poète, et conscient de ses choix, G
6399
stique du cœur ». Théologien, poète, et conscient
de
ses choix, Gottfried révèle beaucoup mieux que ses modèles l’importan
6400
, Gottfried révèle beaucoup mieux que ses modèles
l’
importance proprement religieuse du mythe dualiste de Tristan. Mais au
6401
mportance proprement religieuse du mythe dualiste
de
Tristan. Mais aussi, pour la même raison, il avoue mieux que tous les
6402
se du mythe dualiste de Tristan. Mais aussi, pour
la
même raison, il avoue mieux que tous les autres cet élément fondament
6403
ssi, pour la même raison, il avoue mieux que tous
les
autres cet élément fondamental du mythe : l’angoisse de la sensualité
6404
ous les autres cet élément fondamental du mythe :
l’
angoisse de la sensualité, et l’orgueil, « humaniste » qui la compense
6405
res cet élément fondamental du mythe : l’angoisse
de
la sensualité, et l’orgueil, « humaniste » qui la compense. Angoisse
6406
cet élément fondamental du mythe : l’angoisse de
la
sensualité, et l’orgueil, « humaniste » qui la compense. Angoisse : l
6407
mental du mythe : l’angoisse de la sensualité, et
l’
orgueil, « humaniste » qui la compense. Angoisse : l’instinct sexuel e
6408
de la sensualité, et l’orgueil, « humaniste » qui
la
compense. Angoisse : l’instinct sexuel est ressenti comme un destin c
6409
rgueil, « humaniste » qui la compense. Angoisse :
l’
instinct sexuel est ressenti comme un destin cruel, une tyrannie ; org
6410
mme une force divinisante — c’est-à-dire dressant
l’
homme contre Dieu — sitôt qu’on aura décidé de lui céder. (Ce paradoxe
6411
ant l’homme contre Dieu — sitôt qu’on aura décidé
de
lui céder. (Ce paradoxe annonce l’amor fati de Nietzsche.) Quand Béro
6412
on aura décidé de lui céder. (Ce paradoxe annonce
l’
amor fati de Nietzsche.) Quand Béroul limitait à trois ans l’action du
6413
dé de lui céder. (Ce paradoxe annonce l’amor fati
de
Nietzsche.) Quand Béroul limitait à trois ans l’action du philtre, et
6414
de Nietzsche.) Quand Béroul limitait à trois ans
l’
action du philtre, et quand Thomas faisait du « vin herbé » un symbole
6415
quand Thomas faisait du « vin herbé » un symbole
de
l’ivresse amoureuse, Gottfried y voit le signe d’un destin, d’une for
6416
and Thomas faisait du « vin herbé » un symbole de
l’
ivresse amoureuse, Gottfried y voit le signe d’un destin, d’une force
6417
symbole de l’ivresse amoureuse, Gottfried y voit
le
signe d’un destin, d’une force aveugle, étrangère aux personnes, d’un
6418
de l’ivresse amoureuse, Gottfried y voit le signe
d’
un destin, d’une force aveugle, étrangère aux personnes, d’une volonté
6419
amoureuse, Gottfried y voit le signe d’un destin,
d’
une force aveugle, étrangère aux personnes, d’une volonté de la Déesse
6420
in, d’une force aveugle, étrangère aux personnes,
d’
une volonté de la Déesse Minne, reviviscence de la Grande Mère des plu
6421
e aveugle, étrangère aux personnes, d’une volonté
de
la Déesse Minne, reviviscence de la Grande Mère des plus vieilles rel
6422
veugle, étrangère aux personnes, d’une volonté de
la
Déesse Minne, reviviscence de la Grande Mère des plus vieilles religi
6423
s, d’une volonté de la Déesse Minne, reviviscence
de
la Grande Mère des plus vieilles religions de l’humanité. Mais sitôt
6424
d’une volonté de la Déesse Minne, reviviscence de
la
Grande Mère des plus vieilles religions de l’humanité. Mais sitôt abs
6425
nce de la Grande Mère des plus vieilles religions
de
l’humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre de la passion place ses vi
6426
de la Grande Mère des plus vieilles religions de
l’
humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre de la passion place ses victi
6427
lles religions de l’humanité. Mais sitôt absorbé,
le
philtre de la passion place ses victimes dans un au-delà de toute mor
6428
ons de l’humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre
de
la passion place ses victimes dans un au-delà de toute morale, qui ne
6429
de l’humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre de
la
passion place ses victimes dans un au-delà de toute morale, qui ne sa
6430
de la passion place ses victimes dans un au-delà
de
toute morale, qui ne saurait être que divin. Ainsi le philtre à la fo
6431
oute morale, qui ne saurait être que divin. Ainsi
le
philtre à la fois rive à la sexualité, qui est une loi de la vie, et
6432
être que divin. Ainsi le philtre à la fois rive à
la
sexualité, qui est une loi de la vie, et contraint à la dépasser dans
6433
re à la fois rive à la sexualité, qui est une loi
de
la vie, et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-delà
6434
à la fois rive à la sexualité, qui est une loi de
la
vie, et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-delà du
6435
ualité, qui est une loi de la vie, et contraint à
la
dépasser dans un hybris libérateur, au-delà du seuil mortel de la dua
6436
ans un hybris libérateur, au-delà du seuil mortel
de
la dualité, de la distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellem
6437
un hybris libérateur, au-delà du seuil mortel de
la
dualité, de la distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellement
6438
ibérateur, au-delà du seuil mortel de la dualité,
de
la distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellement manichéen s
6439
rateur, au-delà du seuil mortel de la dualité, de
la
distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellement manichéen sous
6440
. Ce paradoxe essentiellement manichéen sous-tend
l’
immense poème du Rhénan. Gottfried copie Thomas, mais il en fait ce qu
6441
fait ce qu’il veut. Il modifie — et nous dressons
l’
oreille — trois moments décisifs de l’action : a) il met en relief, n
6442
nous dressons l’oreille — trois moments décisifs
de
l’action : a) il met en relief, non sans férocité, le caractère évid
6443
us dressons l’oreille — trois moments décisifs de
l’
action : a) il met en relief, non sans férocité, le caractère évidemm
6444
action : a) il met en relief, non sans férocité,
le
caractère évidemment blasphématoire de l’épisode du Jugement par le f
6445
férocité, le caractère évidemment blasphématoire
de
l’épisode du Jugement par le fer rouge ; b) il remplace la forêt du
6446
rocité, le caractère évidemment blasphématoire de
l’
épisode du Jugement par le fer rouge ; b) il remplace la forêt du Mor
6447
mment blasphématoire de l’épisode du Jugement par
le
fer rouge ; b) il remplace la forêt du Morois par une « Grotte d’Amo
6448
de du Jugement par le fer rouge ; b) il remplace
la
forêt du Morois par une « Grotte d’Amour », la Minnegrotte, qui lui p
6449
) il remplace la forêt du Morois par une « Grotte
d’
Amour », la Minnegrotte, qui lui permet de comparer l’architecture d’u
6450
ce la forêt du Morois par une « Grotte d’Amour »,
la
Minnegrotte, qui lui permet de comparer l’architecture d’une église c
6451
Grotte d’Amour », la Minnegrotte, qui lui permet
de
comparer l’architecture d’une église chrétienne et celle du temple de
6452
our », la Minnegrotte, qui lui permet de comparer
l’
architecture d’une église chrétienne et celle du temple de l’amour ;
6453
grotte, qui lui permet de comparer l’architecture
d’
une église chrétienne et celle du temple de l’amour ; c) il décide qu
6454
ecture d’une église chrétienne et celle du temple
de
l’amour ; c) il décide que le mariage de Tristan avec Iseut aux blan
6455
ure d’une église chrétienne et celle du temple de
l’
amour ; c) il décide que le mariage de Tristan avec Iseut aux blanche
6456
et celle du temple de l’amour ; c) il décide que
le
mariage de Tristan avec Iseut aux blanches mains ne fut pas « blanc »
6457
temple de l’amour ; c) il décide que le mariage
de
Tristan avec Iseut aux blanches mains ne fut pas « blanc », mais cons
6458
hevé — il nous en reste près de 19 000 vers, mais
la
mort des amants, quoique annoncée, ne fut jamais écrite — est à la fo
6459
à la fois plus religieux et plus sensuel que ceux
de
Béroul et de Thomas. Et surtout, il dit et commente ce que les Breton
6460
s religieux et plus sensuel que ceux de Béroul et
de
Thomas. Et surtout, il dit et commente ce que les Bretons montraient
6461
de Thomas. Et surtout, il dit et commente ce que
les
Bretons montraient sans l’expliquer ni même s’en étonner, apparemment
6462
it et commente ce que les Bretons montraient sans
l’
expliquer ni même s’en étonner, apparemment. Il développe et révèle ai
6463
r, apparemment. Il développe et révèle ainsi tout
le
catharisme latent de la légende sans auteur.91 a) Le « jugement de
6464
veloppe et révèle ainsi tout le catharisme latent
de
la légende sans auteur.91 a) Le « jugement de Dieu » est une coutum
6465
oppe et révèle ainsi tout le catharisme latent de
la
légende sans auteur.91 a) Le « jugement de Dieu » est une coutume b
6466
tharisme latent de la légende sans auteur.91 a)
Le
« jugement de Dieu » est une coutume barbare, mais l’Église l’admetta
6467
t de la légende sans auteur.91 a) Le « jugement
de
Dieu » est une coutume barbare, mais l’Église l’admettait au xiie si
6468
jugement de Dieu » est une coutume barbare, mais
l’
Église l’admettait au xiie siècle et venait de l’appliquer, préciséme
6469
de Dieu » est une coutume barbare, mais l’Église
l’
admettait au xiie siècle et venait de l’appliquer, précisément, à des
6470
l’Église l’admettait au xiie siècle et venait de
l’
appliquer, précisément, à des femmes de Cologne et de Strasbourg, à ju
6471
venait de l’appliquer, précisément, à des femmes
de
Cologne et de Strasbourg, à juste titre soupçonnées de catharisme. L’
6472
ppliquer, précisément, à des femmes de Cologne et
de
Strasbourg, à juste titre soupçonnées de catharisme. L’épreuve consis
6473
logne et de Strasbourg, à juste titre soupçonnées
de
catharisme. L’épreuve consistait à saisir à main nue une barre de fer
6474
asbourg, à juste titre soupçonnées de catharisme.
L’
épreuve consistait à saisir à main nue une barre de fer portée au roug
6475
’épreuve consistait à saisir à main nue une barre
de
fer portée au rouge : seuls les menteurs ou les parjures étaient brûl
6476
main nue une barre de fer portée au rouge : seuls
les
menteurs ou les parjures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée
6477
re de fer portée au rouge : seuls les menteurs ou
les
parjures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée de trahir sa fi
6478
ures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée
de
trahir sa fidélité au roi Marc, s’offre au jugement par un mouvement
6479
au roi Marc, s’offre au jugement par un mouvement
d’
orgueil et de défi démesuré. Elle jure n’avoir jamais été dans les bra
6480
s’offre au jugement par un mouvement d’orgueil et
de
défi démesuré. Elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’un autre
6481
défi démesuré. Elle jure n’avoir jamais été dans
les
bras d’un autre homme que son mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en ria
6482
esuré. Elle jure n’avoir jamais été dans les bras
d’
un autre homme que son mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en riant, dans
6483
n mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en riant, dans
les
bras du pauvre passeur qui vient de l’aider à franchir une rivière :
6484
ant, dans les bras du pauvre passeur qui vient de
l’
aider à franchir une rivière : or c’était Tristan déguisé. Elle sort i
6485
e : or c’était Tristan déguisé. Elle sort intacte
de
l’épreuve. Gottfried commente : « Ce fut ainsi chose manifeste et avé
6486
or c’était Tristan déguisé. Elle sort intacte de
l’
épreuve. Gottfried commente : « Ce fut ainsi chose manifeste et avérée
6487
t ainsi chose manifeste et avérée devant tous que
le
très vertueux Christ tourne à tout vent comme girouette et se plie co
6488
ple étoffe… Il se prête et s’adapte à tout, selon
le
cœur de chacun, à la sincérité comme à la tromperie… Il est toujours
6489
fe… Il se prête et s’adapte à tout, selon le cœur
de
chacun, à la sincérité comme à la tromperie… Il est toujours ce que l
6490
te et s’adapte à tout, selon le cœur de chacun, à
la
sincérité comme à la tromperie… Il est toujours ce que l’on veut qu’i
6491
, selon le cœur de chacun, à la sincérité comme à
la
tromperie… Il est toujours ce que l’on veut qu’il soit. »92 L’allusio
6492
rité comme à la tromperie… Il est toujours ce que
l’
on veut qu’il soit. »92 L’allusion au « cœur » est nettement dirigée c
6493
Il est toujours ce que l’on veut qu’il soit. »92
L’
allusion au « cœur » est nettement dirigée contre Bernard de Clairvaux
6494
ttement dirigée contre Bernard de Clairvaux, dont
les
écrits étaient si familiers au poète qu’il imite bien souvent leur di
6495
u poète qu’il imite bien souvent leur dialectique
de
la souffrance, du désir et de l’extase, quitte à en inverser les conc
6496
oète qu’il imite bien souvent leur dialectique de
la
souffrance, du désir et de l’extase, quitte à en inverser les conclus
6497
nt leur dialectique de la souffrance, du désir et
de
l’extase, quitte à en inverser les conclusions : l’extase finale n’ab
6498
leur dialectique de la souffrance, du désir et de
l’
extase, quitte à en inverser les conclusions : l’extase finale n’about
6499
ce, du désir et de l’extase, quitte à en inverser
les
conclusions : l’extase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à
6500
l’extase, quitte à en inverser les conclusions :
l’
extase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit de la pas
6501
lusions : l’extase finale n’aboutit point au jour
de
Dieu mais à la nuit de la passion, non point au salut de la personne
6502
ase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à
la
nuit de la passion, non point au salut de la personne mais bien à sa
6503
le n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit
de
la passion, non point au salut de la personne mais bien à sa dissolut
6504
n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit de
la
passion, non point au salut de la personne mais bien à sa dissolution
6505
mais à la nuit de la passion, non point au salut
de
la personne mais bien à sa dissolution. Tout le passage cité trahit d
6506
is à la nuit de la passion, non point au salut de
la
personne mais bien à sa dissolution. Tout le passage cité trahit d’ai
6507
t de la personne mais bien à sa dissolution. Tout
le
passage cité trahit d’ailleurs un virulent ressentiment contre les do
6508
trahit d’ailleurs un virulent ressentiment contre
les
doctrines orthodoxes qui « plient le Christ comme une simple étoffe »
6509
ment contre les doctrines orthodoxes qui « plient
le
Christ comme une simple étoffe » et lui font sanctionner après coup t
6510
ndamnent, aux yeux de Gottfried et des hérétiques
de
son temps, l’Évangile « pur » et la gnose dualiste : le monde manifes
6511
yeux de Gottfried et des hérétiques de son temps,
l’
Évangile « pur » et la gnose dualiste : le monde manifesté, la chair e
6512
es hérétiques de son temps, l’Évangile « pur » et
la
gnose dualiste : le monde manifesté, la chair en général, et dans ce
6513
temps, l’Évangile « pur » et la gnose dualiste :
le
monde manifesté, la chair en général, et dans ce monde l’ordre social
6514
pur » et la gnose dualiste : le monde manifesté,
la
chair en général, et dans ce monde l’ordre social du temps (féodal, c
6515
manifesté, la chair en général, et dans ce monde
l’
ordre social du temps (féodal, clérical, et guerrier), et dans cet ord
6516
féodal, clérical, et guerrier), et dans cet ordre
le
mariage. b) La Minnegrotte nous est décrite comme une église, avec u
6517
, et guerrier), et dans cet ordre le mariage. b)
La
Minnegrotte nous est décrite comme une église, avec une science réell
6518
ec une science réelle du symbolisme liturgique et
de
l’architecture gothique naissante. Mais sur le lit substitué à l’aute
6519
une science réelle du symbolisme liturgique et de
l’
architecture gothique naissante. Mais sur le lit substitué à l’autel,
6520
et de l’architecture gothique naissante. Mais sur
le
lit substitué à l’autel, lit consacré à la déesse Minne comme l’autel
6521
e gothique naissante. Mais sur le lit substitué à
l’
autel, lit consacré à la déesse Minne comme l’autel catholique au Chri
6522
is sur le lit substitué à l’autel, lit consacré à
la
déesse Minne comme l’autel catholique au Christ, s’opère le sacrement
6523
é à l’autel, lit consacré à la déesse Minne comme
l’
autel catholique au Christ, s’opère le sacrement courtois : les amants
6524
Minne comme l’autel catholique au Christ, s’opère
le
sacrement courtois : les amants « communient » dans la passion. En li
6525
olique au Christ, s’opère le sacrement courtois :
les
amants « communient » dans la passion. En lieu et place du miracle eu
6526
crement courtois : les amants « communient » dans
la
passion. En lieu et place du miracle eucharistique, de la transsubsta
6527
ssion. En lieu et place du miracle eucharistique,
de
la transsubstantiation des espèces matérielles et de la divinisation
6528
on. En lieu et place du miracle eucharistique, de
la
transsubstantiation des espèces matérielles et de la divinisation de
6529
la transsubstantiation des espèces matérielles et
de
la divinisation de celui qui les reçoit, c’est la chair qui se fond a
6530
transsubstantiation des espèces matérielles et de
la
divinisation de celui qui les reçoit, c’est la chair qui se fond avec
6531
ion des espèces matérielles et de la divinisation
de
celui qui les reçoit, c’est la chair qui se fond avec l’esprit en uni
6532
es matérielles et de la divinisation de celui qui
les
reçoit, c’est la chair qui se fond avec l’esprit en unité transcendan
6533
de la divinisation de celui qui les reçoit, c’est
la
chair qui se fond avec l’esprit en unité transcendantale. Et ce sont
6534
i qui les reçoit, c’est la chair qui se fond avec
l’
esprit en unité transcendantale. Et ce sont les amants, non les croyan
6535
vec l’esprit en unité transcendantale. Et ce sont
les
amants, non les croyants, qui vont être divinisés par la « consommati
6536
unité transcendantale. Et ce sont les amants, non
les
croyants, qui vont être divinisés par la « consommation » (spirituell
6537
ts, non les croyants, qui vont être divinisés par
la
« consommation » (spirituelle ou physique ? l’ambiguïté profonde subs
6538
ar la « consommation » (spirituelle ou physique ?
l’
ambiguïté profonde subsiste ici encore) de la substance de l’Amour. Or
6539
sique ? l’ambiguïté profonde subsiste ici encore)
de
la substance de l’Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur d
6540
ue ? l’ambiguïté profonde subsiste ici encore) de
la
substance de l’Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur des
6541
ïté profonde subsiste ici encore) de la substance
de
l’Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur des clunisiens da
6542
profonde subsiste ici encore) de la substance de
l’
Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur des clunisiens dans
6543
la substance de l’Amour. Or cet Amour s’oppose à
la
ferveur du cœur des clunisiens dans les mêmes termes que l’Éros à l’A
6544
s’oppose à la ferveur du cœur des clunisiens dans
les
mêmes termes que l’Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il le
6545
du cœur des clunisiens dans les mêmes termes que
l’
Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il le préciser, avec cet a
6546
des clunisiens dans les mêmes termes que l’Éros à
l’
Agapè… Incompatible au reste, faut-il le préciser, avec cet autre sacr
6547
l’Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il
le
préciser, avec cet autre sacrement « perverti » par l’orthodoxie qui
6548
éciser, avec cet autre sacrement « perverti » par
l’
orthodoxie qui l’a socialisé et matérialisé : le mariage unissant deux
6549
autre sacrement « perverti » par l’orthodoxie qui
l’
a socialisé et matérialisé : le mariage unissant deux corps même sans
6550
r l’orthodoxie qui l’a socialisé et matérialisé :
le
mariage unissant deux corps même sans amour, et que les cathares n’on
6551
riage unissant deux corps même sans amour, et que
les
cathares n’ont pas cessé de dénoncer comme jurata fornicatio. Il para
6552
e sans amour, et que les cathares n’ont pas cessé
de
dénoncer comme jurata fornicatio. Il paraît au surplus possible de re
6553
jurata fornicatio. Il paraît au surplus possible
de
retrouver dans l’épisode de la Minnegrotte toute la dialectique qui s
6554
. Il paraît au surplus possible de retrouver dans
l’
épisode de la Minnegrotte toute la dialectique qui sera celle des gran
6555
t au surplus possible de retrouver dans l’épisode
de
la Minnegrotte toute la dialectique qui sera celle des grands mystiqu
6556
u surplus possible de retrouver dans l’épisode de
la
Minnegrotte toute la dialectique qui sera celle des grands mystiques
6557
retrouver dans l’épisode de la Minnegrotte toute
la
dialectique qui sera celle des grands mystiques du xiiie et du xviie
6558
grands mystiques du xiiie et du xviie siècle :
les
trois voies purgative, illuminative et unitive sont ici très précisém
6559
préfigurées, quoique infléchies ou inverties par
l’
attitude dualiste et même gnostique93 de Gottfried. c) Le mariage « c
6560
rties par l’attitude dualiste et même gnostique93
de
Gottfried. c) Le mariage « consommé » avec la seconde Iseut rétablit
6561
de dualiste et même gnostique93 de Gottfried. c)
Le
mariage « consommé » avec la seconde Iseut rétablit le parallèle — év
6562
riage « consommé » avec la seconde Iseut rétablit
le
parallèle — évité par Thomas — avec le mariage sans amour d’Iseut la
6563
t rétablit le parallèle — évité par Thomas — avec
le
mariage sans amour d’Iseut la Blonde et du roi Marc. L’un et l’autre
6564
e — évité par Thomas — avec le mariage sans amour
d’
Iseut la Blonde et du roi Marc. L’un et l’autre se voient stigmatisés
6565
n et l’autre se voient stigmatisés comme relevant
de
la nécessité temporelle et physiologique, c’est-à-dire de l’exil des
6566
t l’autre se voient stigmatisés comme relevant de
la
nécessité temporelle et physiologique, c’est-à-dire de l’exil des âme
6567
cessité temporelle et physiologique, c’est-à-dire
de
l’exil des âmes captives dans la prison des corps. C’est ici le jugem
6568
sité temporelle et physiologique, c’est-à-dire de
l’
exil des âmes captives dans la prison des corps. C’est ici le jugement
6569
ue, c’est-à-dire de l’exil des âmes captives dans
la
prison des corps. C’est ici le jugement de la morale courtoise, dans
6570
âmes captives dans la prison des corps. C’est ici
le
jugement de la morale courtoise, dans toute la virulence de son manic
6571
s dans la prison des corps. C’est ici le jugement
de
la morale courtoise, dans toute la virulence de son manichéisme, qui
6572
ans la prison des corps. C’est ici le jugement de
la
morale courtoise, dans toute la virulence de son manichéisme, qui tri
6573
ci le jugement de la morale courtoise, dans toute
la
virulence de son manichéisme, qui triomphe du jugement de l’Église et
6574
t de la morale courtoise, dans toute la virulence
de
son manichéisme, qui triomphe du jugement de l’Église et du siècle, c
6575
ence de son manichéisme, qui triomphe du jugement
de
l’Église et du siècle, complices aux yeux de Gottfried et des cathare
6576
e de son manichéisme, qui triomphe du jugement de
l’
Église et du siècle, complices aux yeux de Gottfried et des cathares.
6577
thares. Mais ceci jette un jour assez étrange sur
la
nature de la « consommation » érotico-eucharistique opérée dans la Mi
6578
is ceci jette un jour assez étrange sur la nature
de
la « consommation » érotico-eucharistique opérée dans la Minnegrotte.
6579
ceci jette un jour assez étrange sur la nature de
la
« consommation » érotico-eucharistique opérée dans la Minnegrotte. Fa
6580
consommation » érotico-eucharistique opérée dans
la
Minnegrotte. Faire l’amour sans aimer selon la courtoisie (ici Minne)
6581
o-eucharistique opérée dans la Minnegrotte. Faire
l’
amour sans aimer selon la courtoisie (ici Minne), céder à la sensualit
6582
ns la Minnegrotte. Faire l’amour sans aimer selon
la
courtoisie (ici Minne), céder à la sensualité purement physique, voil
6583
ns aimer selon la courtoisie (ici Minne), céder à
la
sensualité purement physique, voilà le péché suprême, originel, dans
6584
), céder à la sensualité purement physique, voilà
le
péché suprême, originel, dans une vision cathare du monde. Aimer de p
6585
originel, dans une vision cathare du monde. Aimer
de
passion pure, même sans contact physique (l’épée entre les corps et l
6586
imer de passion pure, même sans contact physique (
l’
épée entre les corps et les séparations), voilà la suprême vertu, et l
6587
on pure, même sans contact physique (l’épée entre
les
corps et les séparations), voilà la suprême vertu, et la vraie voie d
6588
sans contact physique (l’épée entre les corps et
les
séparations), voilà la suprême vertu, et la vraie voie divinisante. E
6589
l’épée entre les corps et les séparations), voilà
la
suprême vertu, et la vraie voie divinisante. Entre ces deux extrêmes
6590
s et les séparations), voilà la suprême vertu, et
la
vraie voie divinisante. Entre ces deux extrêmes illustrés par le myth
6591
ivinisante. Entre ces deux extrêmes illustrés par
le
mythe sur l’arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, tout
6592
ntre ces deux extrêmes illustrés par le mythe sur
l’
arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, toutes les confus
6593
an psychique et religieux du xiie siècle, toutes
les
confusions de l’amour deviennent mieux que possibles : inévitables. N
6594
religieux du xiie siècle, toutes les confusions
de
l’amour deviennent mieux que possibles : inévitables. Nous n’en somme
6595
ligieux du xiie siècle, toutes les confusions de
l’
amour deviennent mieux que possibles : inévitables. Nous n’en sommes p
6596
rtis au xxe siècle, sinon ce livre n’aurait plus
d’
objet. Mais on peut poser des repères. Il est bien évident que Gottfri
6597
ent que Gottfried de Strasbourg utilise à son gré
la
« matière de Bretagne », et catharise le mythe de l’amour-pour-la-mor
6598
ried de Strasbourg utilise à son gré la « matière
de
Bretagne », et catharise le mythe de l’amour-pour-la-mort avec une li
6599
son gré la « matière de Bretagne », et catharise
le
mythe de l’amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore encore
6600
la « matière de Bretagne », et catharise le mythe
de
l’amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore encore si elle n
6601
« matière de Bretagne », et catharise le mythe de
l’
amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore encore si elle ne l
6602
dont on ignore encore si elle ne lui a pas coûté
la
vie. Mais il est non moins clair que le cadre du roman, son intrigue
6603
pas coûté la vie. Mais il est non moins clair que
le
cadre du roman, son intrigue et ses thèmes directeurs se prêtaient au
6604
thèmes directeurs se prêtaient au projet du poète
d’
une manière que l’on doit qualifier de proprement congénitale. Dans so
6605
se prêtaient au projet du poète d’une manière que
l’
on doit qualifier de proprement congénitale. Dans son essence, dans sa
6606
et du poète d’une manière que l’on doit qualifier
de
proprement congénitale. Dans son essence, dans sa structure intime, d
6607
ns sa forme, non moins que dans son enseignement,
le
mythe de Tristan se révèle comme foncièrement hérétique et dualiste.
6608
me, non moins que dans son enseignement, le mythe
de
Tristan se révèle comme foncièrement hérétique et dualiste. Il n’y a
6609
étique et dualiste. Il n’y a pas place, ici, pour
le
moindre hasard, ni pour cette suspension des conclusions que certains
6610
ertains érudits, parfois, semblent confondre avec
la
« science ». Tristan est un roman bien plus profondément et plus ind
6611
ofondément et plus indiscutablement manichéen que
la
Divine Comédie n’est thomiste. Il reste que Gottfried explicite la l
6612
n’est thomiste. Il reste que Gottfried explicite
la
légende d’une manière toute nouvelle et grosse de conséquences. Il pr
6613
ste. Il reste que Gottfried explicite la légende
d’
une manière toute nouvelle et grosse de conséquences. Il préfigure l’e
6614
la légende d’une manière toute nouvelle et grosse
de
conséquences. Il préfigure l’espèce de trahison géniale opérée par Wa
6615
nouvelle et grosse de conséquences. Il préfigure
l’
espèce de trahison géniale opérée par Wagner six siècles et demi plus
6616
et grosse de conséquences. Il préfigure l’espèce
de
trahison géniale opérée par Wagner six siècles et demi plus tard. Mêm
6617
par Wagner six siècles et demi plus tard. Même si
l’
on ignorait que la source de Wagner fut le poème de Gottfried, la seul
6618
cles et demi plus tard. Même si l’on ignorait que
la
source de Wagner fut le poème de Gottfried, la seule comparaison des
6619
mi plus tard. Même si l’on ignorait que la source
de
Wagner fut le poème de Gottfried, la seule comparaison des textes l’é
6620
Même si l’on ignorait que la source de Wagner fut
le
poème de Gottfried, la seule comparaison des textes l’établirait : le
6621
’on ignorait que la source de Wagner fut le poème
de
Gottfried, la seule comparaison des textes l’établirait : les petits
6622
ue la source de Wagner fut le poème de Gottfried,
la
seule comparaison des textes l’établirait : les petits vers pressés,
6623
ème de Gottfried, la seule comparaison des textes
l’
établirait : les petits vers pressés, antithétiques, haletants, du deu
6624
d, la seule comparaison des textes l’établirait :
les
petits vers pressés, antithétiques, haletants, du deuxième acte de l’
6625
essés, antithétiques, haletants, du deuxième acte
de
l’opéra imitent Gottfried jusqu’au pastiche94. Le célèbre duo de Tris
6626
és, antithétiques, haletants, du deuxième acte de
l’
opéra imitent Gottfried jusqu’au pastiche94. Le célèbre duo de Tristan
6627
de l’opéra imitent Gottfried jusqu’au pastiche94.
Le
célèbre duo de Tristan et d’Isolde mêlant leurs noms, niant leurs nom
6628
ent Gottfried jusqu’au pastiche94. Le célèbre duo
de
Tristan et d’Isolde mêlant leurs noms, niant leurs noms, chantant le
6629
jusqu’au pastiche94. Le célèbre duo de Tristan et
d’
Isolde mêlant leurs noms, niant leurs noms, chantant le dépassement du
6630
lde mêlant leurs noms, niant leurs noms, chantant
le
dépassement du moi distinct, du temps, de l’espace et du malheur terr
6631
hantant le dépassement du moi distinct, du temps,
de
l’espace et du malheur terrestre, est emprunté presque littéralement
6632
tant le dépassement du moi distinct, du temps, de
l’
espace et du malheur terrestre, est emprunté presque littéralement à d
6633
oème95. Mais bien plus encore que sa forme, c’est
le
contenu philosophique et religieux du poème de Gottfried que Wagner v
6634
st le contenu philosophique et religieux du poème
de
Gottfried que Wagner va ressusciter par l’opération musicale. Le mond
6635
poème de Gottfried que Wagner va ressusciter par
l’
opération musicale. Le monde créé appartient au démon. Tout ce qui dép
6636
e Wagner va ressusciter par l’opération musicale.
Le
monde créé appartient au démon. Tout ce qui dépend de son empire est
6637
onde créé appartient au démon. Tout ce qui dépend
de
son empire est donc voué à la nécessité, et les corps sont voués au d
6638
Tout ce qui dépend de son empire est donc voué à
la
nécessité, et les corps sont voués au désir, dont le philtre d’amour
6639
nd de son empire est donc voué à la nécessité, et
les
corps sont voués au désir, dont le philtre d’amour symbolise l’inéluc
6640
nécessité, et les corps sont voués au désir, dont
le
philtre d’amour symbolise l’inéluctable tyrannie. L’homme n’est pas l
6641
et les corps sont voués au désir, dont le philtre
d’
amour symbolise l’inéluctable tyrannie. L’homme n’est pas libre. Il es
6642
voués au désir, dont le philtre d’amour symbolise
l’
inéluctable tyrannie. L’homme n’est pas libre. Il est déterminé par le
6643
philtre d’amour symbolise l’inéluctable tyrannie.
L’
homme n’est pas libre. Il est déterminé par le démon. Mais s’il assume
6644
ie. L’homme n’est pas libre. Il est déterminé par
le
démon. Mais s’il assume son destin de malheur jusqu’à la mort, qui le
6645
terminé par le démon. Mais s’il assume son destin
de
malheur jusqu’à la mort, qui le libère du corps, il peut atteindre au
6646
n. Mais s’il assume son destin de malheur jusqu’à
la
mort, qui le libère du corps, il peut atteindre au-delà du temps et d
6647
assume son destin de malheur jusqu’à la mort, qui
le
libère du corps, il peut atteindre au-delà du temps et de l’espace la
6648
e du corps, il peut atteindre au-delà du temps et
de
l’espace la réalité de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant
6649
u corps, il peut atteindre au-delà du temps et de
l’
espace la réalité de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de
6650
il peut atteindre au-delà du temps et de l’espace
la
réalité de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir
6651
eindre au-delà du temps et de l’espace la réalité
de
l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir l’amour : l
6652
dre au-delà du temps et de l’espace la réalité de
l’
Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir l’amour : la J
6653
t de l’espace la réalité de l’Amour, cette fusion
de
deux « moi » cessant de souffrir l’amour : la Joie suprême. Ce que Wa
6654
de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant
de
souffrir l’amour : la Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfrie
6655
cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir
l’
amour : la Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfried, c’est tou
6656
ion de deux « moi » cessant de souffrir l’amour :
la
Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfried, c’est tout ce que l
6657
ue Wagner a repris à Gottfried, c’est tout ce que
les
Bretons n’avaient pas voulu dire, ou pas su dire, et s’étaient curieu
6658
pas su dire, et s’étaient curieusement contentés
d’
illustrer en actions romanesques : la nostalgie religieuse-hérétique d
6659
nt contentés d’illustrer en actions romanesques :
la
nostalgie religieuse-hérétique d’une évasion hors de ce monde mauvais
6660
s romanesques : la nostalgie religieuse-hérétique
d’
une évasion hors de ce monde mauvais, la sensualité condamnée en même
6661
hérétique d’une évasion hors de ce monde mauvais,
la
sensualité condamnée en même temps que divinisée, l’effort de l’âme p
6662
sensualité condamnée en même temps que divinisée,
l’
effort de l’âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle,
6663
é condamnée en même temps que divinisée, l’effort
de
l’âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à la cont
6664
ondamnée en même temps que divinisée, l’effort de
l’
âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à la contrad
6665
que divinisée, l’effort de l’âme pour échapper à
l’
inordinatio fondamentale du Siècle, à la contradiction tragique entre
6666
chapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à
la
contradiction tragique entre le Bien — qui ne peut être que l’Amour —
6667
tale du Siècle, à la contradiction tragique entre
le
Bien — qui ne peut être que l’Amour — et le Mal triomphant dans le mo
6668
ion tragique entre le Bien — qui ne peut être que
l’
Amour — et le Mal triomphant dans le monde créé. Ce que Wagner, en som
6669
entre le Bien — qui ne peut être que l’Amour — et
le
Mal triomphant dans le monde créé. Ce que Wagner, en somme, a repris
6670
peut être que l’Amour — et le Mal triomphant dans
le
monde créé. Ce que Wagner, en somme, a repris de Gottfried, c’est son
6671
le monde créé. Ce que Wagner, en somme, a repris
de
Gottfried, c’est son dualisme foncier. Et c’est par là que son œuvre
6672
sidieuse et fascinante pour notre sensibilité que
la
restauration esthétique d’un Bédier. 14.Premières conclusions C
6673
notre sensibilité que la restauration esthétique
d’
un Bédier. 14.Premières conclusions Compte tenu du changement de
6674
remières conclusions Compte tenu du changement
de
registre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’amour courto
6675
e tenu du changement de registre qui s’opère dans
les
expressions poétiques de l’amour courtois lorsqu’on passe du Midi des
6676
gistre qui s’opère dans les expressions poétiques
de
l’amour courtois lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plus
6677
tre qui s’opère dans les expressions poétiques de
l’
amour courtois lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plus ba
6678
plus barbare des trouvères, nous sommes en mesure
de
voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul, Thomas et Gottfried d
6679
es, nous sommes en mesure de voir dorénavant dans
le
chef-d’œuvre de Béroul, Thomas et Gottfried de Strasbourg, l’aboutiss
6680
en mesure de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre
de
Béroul, Thomas et Gottfried de Strasbourg, l’aboutissement de toutes
6681
vre de Béroul, Thomas et Gottfried de Strasbourg,
l’
aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, ce
6682
homas et Gottfried de Strasbourg, l’aboutissement
de
toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, certaines mystique
6683
rg, l’aboutissement de toutes nos pérégrinations.
Les
religions antiques, certaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie q
6684
s antiques, certaines mystiques du Proche-Orient,
l’
hérésie qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérés
6685
rtaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie qui
les
fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la cons
6686
ient, l’hérésie qui les fit revivre en Languedoc,
le
contrecoup de cette hérésie dans la conscience occidentale et dans le
6687
e qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup
de
cette hérésie dans la conscience occidentale et dans les coutumes féo
6688
en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans
la
conscience occidentale et dans les coutumes féodales, tout cela vient
6689
te hérésie dans la conscience occidentale et dans
les
coutumes féodales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe.
6690
éodales, tout cela vient sourdement retentir dans
le
mythe. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécess
6691
t retentir dans le mythe. Nous avons donc rejoint
le
Roman de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
6692
r dans le mythe. Nous avons donc rejoint le Roman
de
Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection de telle
6693
de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à
l’
intersection de telles traditions hérétiques et de telles institutions
6694
situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
de
telles traditions hérétiques et de telles institutions qui les condam
6695
l’intersection de telles traditions hérétiques et
de
telles institutions qui les condamnaient farouchement, les obligeant
6696
aditions hérétiques et de telles institutions qui
les
condamnaient farouchement, les obligeant par cette condamnation à s’e
6697
s institutions qui les condamnaient farouchement,
les
obligeant par cette condamnation à s’exprimer en symboles équivoques
6698
à s’exprimer en symboles équivoques et à revêtir
la
forme d’un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de
6699
imer en symboles équivoques et à revêtir la forme
d’
un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la
6700
les équivoques et à revêtir la forme d’un mythe.
De
l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion :
6701
équivoques et à revêtir la forme d’un mythe. De
l’
ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : L’
6702
et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ensemble
de
ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : L’amour-passi
6703
De l’ensemble de ces convergences, il est temps
de
tirer la conclusion : L’amour-passion glorifié par le mythe fut réell
6704
semble de ces convergences, il est temps de tirer
la
conclusion : L’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au
6705
nvergences, il est temps de tirer la conclusion :
L’
amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, da
6706
irer la conclusion : L’amour-passion glorifié par
le
mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une rel
6707
par le mythe fut réellement au xiie siècle, date
de
son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spéc
6708
, date de son apparition, une religion dans toute
la
force de ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquem
6709
son apparition, une religion dans toute la force
de
ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquement déter
6710
ne hérésie chrétienne historiquement déterminée .
D’
où l’on pourra déduire : 1° que la passion, vulgarisée de nos jours pa
6711
résie chrétienne historiquement déterminée . D’où
l’
on pourra déduire : 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les
6712
nt déterminée . D’où l’on pourra déduire : 1° que
la
passion, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est
6713
on pourra déduire : 1° que la passion, vulgarisée
de
nos jours par les romans et par le film, n’est rien d’autre que le re
6714
: 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par
les
romans et par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion
6715
on, vulgarisée de nos jours par les romans et par
le
film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion anarchique dans
6716
s jours par les romans et par le film, n’est rien
d’
autre que le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérés
6717
les romans et par le film, n’est rien d’autre que
le
reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritual
6718
par le film, n’est rien d’autre que le reflux et
l’
invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritualiste dont nou
6719
le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies
d’
une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’or
6720
d’une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu
la
clef ; 2° qu’à l’origine de notre crise du mariage il n’y a pas moins
6721
itualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à
l’
origine de notre crise du mariage il n’y a pas moins que le conflit de
6722
dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’origine
de
notre crise du mariage il n’y a pas moins que le conflit de deux trad
6723
de notre crise du mariage il n’y a pas moins que
le
conflit de deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que
6724
rise du mariage il n’y a pas moins que le conflit
de
deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que nous preno
6725
esque toujours inconsciemment, en toute ignorance
de
cause, de fins et de risques encourus, en faveur d’une morale surviva
6726
ours inconsciemment, en toute ignorance de cause,
de
fins et de risques encourus, en faveur d’une morale survivante que no
6727
ciemment, en toute ignorance de cause, de fins et
de
risques encourus, en faveur d’une morale survivante que nous ne savon
6728
savons plus justifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs
de
beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans
6729
tifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que
la
passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privée
6730
’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et
le
mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
6731
d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe
de
la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occide
6732
illeurs de beaucoup que la passion et le mythe de
la
passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occident
6733
la passion n’agissent que dans nos vies privées.
La
mystique d’Occident est une autre passion dont le langage métaphoriqu
6734
n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
d’
Occident est une autre passion dont le langage métaphorique est parfoi
6735
La mystique d’Occident est une autre passion dont
le
langage métaphorique est parfois étrangement semblable à celui de l’a
6736
horique est parfois étrangement semblable à celui
de
l’amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie
6737
ique est parfois étrangement semblable à celui de
l’
amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie de
6738
ie des laïcisations du mythe, ou comme je préfère
le
dire : des « profanations » successives de son contenu et de sa forme
6739
réfère le dire : des « profanations » successives
de
son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
6740
es « profanations » successives de son contenu et
de
sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes les formes militai
6741
successives de son contenu et de sa forme. Enfin,
la
guerre, en Occident, et toutes les formes militaires, jusque vers 191
6742
a forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
les
formes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait de leur or
6743
ormes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par
le
fait de leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-êt
6744
litaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait
de
leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-être — un
6745
raisons peut-être — un parallélisme constant avec
l’
évolution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui vi
6746
lélisme constant avec l’évolution du mythe. C’est
de
quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 11. Traduction d’
6747
constant avec l’évolution du mythe. C’est de quoi
l’
on traitera dans les livres qui viennent. 11. Traduction d’Amyot.
6748
lution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans
les
livres qui viennent. 11. Traduction d’Amyot. 12. H. Hubert, Les
6749
a dans les livres qui viennent. 11. Traduction
d’
Amyot. 12. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur
6750
nent. 11. Traduction d’Amyot. 12. H. Hubert,
Les
Celtes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur la
6751
2. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 227, 229, 274. (
Le
meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’arch
6752
eltes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage
d’
ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’archéologie celtiques.)
6753
27, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur
la
civilisation, l’histoire et l’archéologie celtiques.) 13. H. d’Arbo
6754
meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation,
l’
histoire et l’archéologie celtiques.) 13. H. d’Arbois de Jubainville
6755
age d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et
l’
archéologie celtiques.) 13. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de lit
6756
ltiques.) 13. H. d’Arbois de Jubainville, Cours
de
littérature celtique, I, p. 1-65. 14. J. Vendryès, Mémoires de la s
6757
celtique, I, p. 1-65. 14. J. Vendryès, Mémoires
de
la société linguistique, XX, 6, 265. 15. Op. cit., I, p. 18, et II,
6758
tique, I, p. 1-65. 14. J. Vendryès, Mémoires de
la
société linguistique, XX, 6, 265. 15. Op. cit., I, p. 18, et II, p.
6759
16. H. Hubert, op. cit., I, p. 20. Et de même,
les
dieux gaulois prennent des noms latins sans se transformer autrement.
6760
ggdrasil, 25 août 1937. 18. Henry Corbin, « Pour
l’
hymnologie manichéenne. » (Yggdrasil, 25 août 1937.) 19. Droit d’user
6761
ichéenne. » (Yggdrasil, 25 août 1937.) 19. Droit
d’
user et d’abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
6762
» (Yggdrasil, 25 août 1937.) 19. Droit d’user et
d’
abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour le droit r
6763
esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
le
droit romain : persona est sui iuris ; servus non est persona. 20. J
6764
er die Liebe. 21. Ceci n’est pas une boutade, on
le
verra bien par la suite. Le premier couple d’amants « passionnés » do
6765
Ceci n’est pas une boutade, on le verra bien par
la
suite. Le premier couple d’amants « passionnés » dont l’histoire soit
6766
on le verra bien par la suite. Le premier couple
d’
amants « passionnés » dont l’histoire soit venue jusqu’à nous, c’est H
6767
e. Le premier couple d’amants « passionnés » dont
l’
histoire soit venue jusqu’à nous, c’est Héloïse et Abélard dont la ren
6768
venue jusqu’à nous, c’est Héloïse et Abélard dont
la
rencontre se situe en 1118, très précisément. 22. Charles-Albert Cin
6769
t dire en réalité : limousin, puis toulousain, en
l’
occurrence. 23. Id. 24. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubad
6770
in, en l’occurrence. 23. Id. 24. A. Jeanroy,
La
Poésie lyrique des troubadours, 1934. 25. A. Jeanroy, Introduction
6771
hologie des troubadours, 1927. 26. A. Jeanroy,
La
Poésie lyrique des troubadours, I, p. 69. 27. E. Wechssler, Das Kul
6772
8. On a tenté quelques explications sociologiques
de
la courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contrad
6773
On a tenté quelques explications sociologiques de
la
courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contradict
6774
des suppositions — souvent contradictoires — sur
la
condition de la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un
6775
ions — souvent contradictoires — sur la condition
de
la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitul
6776
s — souvent contradictoires — sur la condition de
la
femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitulé M
6777
n essai intitulé Medieval Love, remarque que dans
les
cours médiévales il y avait « une énorme prépondérance numérique d’ho
6778
s il y avait « une énorme prépondérance numérique
d’
hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
6779
umérique d’hommes » dont peu pouvaient se marier.
D’
où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire.
6780
que d’hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où
l’
idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On pe
6781
dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation
de
l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte
6782
t peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de
l’
objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du
6783
uvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
d’
un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du renseig
6784
u renseignement, mais il n’explique en somme rien
de
précis quant à la rhétorique courtoise. 29. Cathare vient du grec ca
6785
ais il n’explique en somme rien de précis quant à
la
rhétorique courtoise. 29. Cathare vient du grec catharoi, purs. 30.
6786
Cathare vient du grec catharoi, purs. 30. Liber
de
duobus principiis, publié par A. Dondaine, O. P., Rome 1939. Dondaine
6787
ome 1939. Dondaine et Arno Borst datent ce traité
de
la seconde moitié du xiiie siècle. 31. Cf. La Cène secrète, publié
6788
de la seconde moitié du xiiie siècle. 31. Cf.
La
Cène secrète, publiée par Döllinger, à Munich, en 1890. 32. Trois ou
6789
nich, en 1890. 32. Trois ouvrages importants sur
le
catharisme ont paru depuis 1939 : Études manichéennes et cathares, pa
6790
anichéennes et cathares, par Déodat Roché, 1952 ;
Le
Catharisme, par René Nelli, Charles Bru, chanoine de Lagger, D. Roché
6791
Catharisme, par René Nelli, Charles Bru, chanoine
de
Lagger, D. Roché, L. Sommariva, 1953 ; Die Katharer par Arno Borst, 1
6792
eur confrontation jette une lumière très vive sur
la
nature comme sur l’évolution et les complexités de l’hérésie. 33. Cf
6793
tte une lumière très vive sur la nature comme sur
l’
évolution et les complexités de l’hérésie. 33. Cf. Prière cathare, ci
6794
très vive sur la nature comme sur l’évolution et
les
complexités de l’hérésie. 33. Cf. Prière cathare, citée par Döllinge
6795
a nature comme sur l’évolution et les complexités
de
l’hérésie. 33. Cf. Prière cathare, citée par Döllinger. Notons que l
6796
ature comme sur l’évolution et les complexités de
l’
hérésie. 33. Cf. Prière cathare, citée par Döllinger. Notons que la l
6797
. Prière cathare, citée par Döllinger. Notons que
la
liberté de l’homme, le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ain
6798
thare, citée par Döllinger. Notons que la liberté
de
l’homme, le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour ori
6799
re, citée par Döllinger. Notons que la liberté de
l’
homme, le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origin
6800
par Döllinger. Notons que la liberté de l’homme,
le
pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non poi
6801
ger. Notons que la liberté de l’homme, le pouvoir
de
faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu, ma
6802
ns que la liberté de l’homme, le pouvoir de faire
le
mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu, mais le dia
6803
liberté de l’homme, le pouvoir de faire le mal ou
le
bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu, mais le diable. 34.
6804
n, aurait ainsi pour origine non point Dieu, mais
le
diable. 34. Ce chiffre est archétypique. Jésus est demeuré quarante
6805
ique. Jésus est demeuré quarante jours au Désert.
Les
Hébreux ont erré pendant quarante ans entre l’Égypte et la Terre prom
6806
. Les Hébreux ont erré pendant quarante ans entre
l’
Égypte et la Terre promise. Le Déluge est provoqué par une pluie de qu
6807
x ont erré pendant quarante ans entre l’Égypte et
la
Terre promise. Le Déluge est provoqué par une pluie de quarante jours
6808
quarante ans entre l’Égypte et la Terre promise.
Le
Déluge est provoqué par une pluie de quarante jours. Dans le tantrism
6809
rre promise. Le Déluge est provoqué par une pluie
de
quarante jours. Dans le tantrisme bouddhique, le « service » de la Fe
6810
st provoqué par une pluie de quarante jours. Dans
le
tantrisme bouddhique, le « service » de la Femme est divisé en épreuv
6811
de quarante jours. Dans le tantrisme bouddhique,
le
« service » de la Femme est divisé en épreuves de quarante jours. Les
6812
urs. Dans le tantrisme bouddhique, le « service »
de
la Femme est divisé en épreuves de quarante jours. Les contagieux son
6813
. Dans le tantrisme bouddhique, le « service » de
la
Femme est divisé en épreuves de quarante jours. Les contagieux sont m
6814
le « service » de la Femme est divisé en épreuves
de
quarante jours. Les contagieux sont mis en quarantaine, etc., etc. Qu
6815
a Femme est divisé en épreuves de quarante jours.
Les
contagieux sont mis en quarantaine, etc., etc. Quarante est le nombre
6816
sont mis en quarantaine, etc., etc. Quarante est
le
nombre de l’Épreuve. 35. L’expression de « parfaits » ne se trouve d
6817
en quarantaine, etc., etc. Quarante est le nombre
de
l’Épreuve. 35. L’expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs
6818
quarantaine, etc., etc. Quarante est le nombre de
l’
Épreuve. 35. L’expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que
6819
., etc. Quarante est le nombre de l’Épreuve. 35.
L’
expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les regist
6820
nte est le nombre de l’Épreuve. 35. L’expression
de
« parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’Inqu
6821
de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans
les
registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de
6822
» ne se trouve d’ailleurs que dans les registres
de
l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) pa
6823
ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de
l’
Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraî
6824
ailleurs que dans les registres de l’Inquisition.
Le
terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été uti
6825
que dans les registres de l’Inquisition. Le terme
de
bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
6826
nquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement
de
chrétiens) paraît avoir été utilisé par les cathares eux-mêmes, et «
6827
lement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
les
cathares eux-mêmes, et « parfaits » serait ironique. 36. Voir l’exce
6828
mêmes, et « parfaits » serait ironique. 36. Voir
l’
excellent ouvrage de Fernand Niel, Montségur, la montagne inspirée, 19
6829
» serait ironique. 36. Voir l’excellent ouvrage
de
Fernand Niel, Montségur, la montagne inspirée, 1955. « Si Montségur n
6830
r l’excellent ouvrage de Fernand Niel, Montségur,
la
montagne inspirée, 1955. « Si Montségur n’a pas été le château du Gra
6831
ntagne inspirée, 1955. « Si Montségur n’a pas été
le
château du Graal [comme l’affirmait Rahn] aucun autre en Europe ne s’
6832
Montségur n’a pas été le château du Graal [comme
l’
affirmait Rahn] aucun autre en Europe ne s’adapte mieux que lui aux lé
6833
que lui aux légendes graaliques. » Pour F. Niel,
la
question tranchée par Rahn reste ouverte. J’ajouterai que les adversa
6834
tranchée par Rahn reste ouverte. J’ajouterai que
les
adversaires les plus virulents de cette hypothèse sont ceux qui n’ont
6835
hn reste ouverte. J’ajouterai que les adversaires
les
plus virulents de cette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu le site
6836
’ajouterai que les adversaires les plus virulents
de
cette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu le site de Montségur. Le c
6837
nts de cette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu
le
site de Montségur. Le choc émotif profond provoqué par l’apparition f
6838
ette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu le site
de
Montségur. Le choc émotif profond provoqué par l’apparition formidabl
6839
sont ceux qui n’ont pas vu le site de Montségur.
Le
choc émotif profond provoqué par l’apparition formidable du pic sacré
6840
de Montségur. Le choc émotif profond provoqué par
l’
apparition formidable du pic sacré comporte une évidence d’un tout aut
6841
ion formidable du pic sacré comporte une évidence
d’
un tout autre ordre que celle que pourraient proposer des « preuves »
6842
rraient proposer des « preuves » écrites. 37. On
la
trouvera formulée page 108, et discutée plus amplement au chapitre 10
6843
t au chapitre 10. 38. Otto Rahn, Croisade contre
le
Graal, trad. franç. 1934. 39. Le premier troubadour, Guillaume de Po
6844
e Poitiers, meurt en 1127. Les premières mentions
d’
une Église cathare organisée et publique datent de 1160. Mais dès 1145
6845
d’une Église cathare organisée et publique datent
de
1160. Mais dès 1145, selon Borst, le catharisme s’est répandu de la B
6846
lique datent de 1160. Mais dès 1145, selon Borst,
le
catharisme s’est répandu de la Bulgarie à l’Angleterre ! Le nom appar
6847
ès 1145, selon Borst, le catharisme s’est répandu
de
la Bulgarie à l’Angleterre ! Le nom apparaît cette année-là en Allema
6848
1145, selon Borst, le catharisme s’est répandu de
la
Bulgarie à l’Angleterre ! Le nom apparaît cette année-là en Allemagne
6849
rst, le catharisme s’est répandu de la Bulgarie à
l’
Angleterre ! Le nom apparaît cette année-là en Allemagne, deux ans plu
6850
sme s’est répandu de la Bulgarie à l’Angleterre !
Le
nom apparaît cette année-là en Allemagne, deux ans plus tard en Langu
6851
plus tard en Languedoc. Arno Borst en déduit que
le
catharisme aurait envahi l’Europe en deux ans ! Il s’en étonne. Je n’
6852
o Borst en déduit que le catharisme aurait envahi
l’
Europe en deux ans ! Il s’en étonne. Je n’y crois pas. Sous d’autres n
6853
crois pas. Sous d’autres noms, ou même sans nom,
le
catharisme existait dans les âmes depuis bien plus longtemps que dans
6854
ms, ou même sans nom, le catharisme existait dans
les
âmes depuis bien plus longtemps que dans les textes « historiques ».
6855
dans les âmes depuis bien plus longtemps que dans
les
textes « historiques ». On condamna ses doctrines en France dès le xi
6856
riques ». On condamna ses doctrines en France dès
le
xie siècle, à Orléans, dans le Poitou, le Périgord et l’Aquitaine, c
6857
nes en France dès le xie siècle, à Orléans, dans
le
Poitou, le Périgord et l’Aquitaine, c’est-à-dire, notons-le déjà, aux
6858
ce dès le xie siècle, à Orléans, dans le Poitou,
le
Périgord et l’Aquitaine, c’est-à-dire, notons-le déjà, aux lieux même
6859
siècle, à Orléans, dans le Poitou, le Périgord et
l’
Aquitaine, c’est-à-dire, notons-le déjà, aux lieux mêmes où paraissent
6860
le Périgord et l’Aquitaine, c’est-à-dire, notons-
le
déjà, aux lieux mêmes où paraissent les premiers troubadours ! 40. A
6861
sent les premiers troubadours ! 40. Au point que
les
Parfaits refusaient de s’asseoir sur un banc que venait de quitter un
6862
dours ! 40. Au point que les Parfaits refusaient
de
s’asseoir sur un banc que venait de quitter une femme. Et cependant,
6863
quitter une femme. Et cependant, un grand nombre
de
femmes de la noblesse étaient cathares, et les troubadours leur dédia
6864
ne femme. Et cependant, un grand nombre de femmes
de
la noblesse étaient cathares, et les troubadours leur dédiaient leurs
6865
femme. Et cependant, un grand nombre de femmes de
la
noblesse étaient cathares, et les troubadours leur dédiaient leurs ch
6866
bre de femmes de la noblesse étaient cathares, et
les
troubadours leur dédiaient leurs chansons ! 41. Déodat Roché, l’un d
6867
41. Déodat Roché, l’un des érudits contemporains
les
plus vitalement intéressés à l’étude du catharisme (voir ses Études m
6868
ts contemporains les plus vitalement intéressés à
l’
étude du catharisme (voir ses Études manichéennes et cathares, 1952, e
6869
oir ses Études manichéennes et cathares, 1952, et
Le
Catharisme, 1938), insiste lui aussi sur « le danger d’une envolée tr
6870
et Le Catharisme, 1938), insiste lui aussi sur «
le
danger d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares,
6871
harisme, 1938), insiste lui aussi sur « le danger
d’
une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
6872
si sur « le danger d’une envolée trop rapide vers
le
ciel », selon les cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur
6873
r d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon
les
cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai d
6874
ide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
le
catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 42. L’emp
6875
bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 42.
L’
emploi du mot « vraie » devant Dieu, Lumière, Foi, Église, est tenu pa
6876
ns (dont Péladan et Rahn) pour un indice probable
de
catharisme chez un troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler l
6877
indice probable de catharisme chez un troubadour.
Les
cathares s’appliquaient à parler le langage orthodoxe, moyennant cett
6878
troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler
le
langage orthodoxe, moyennant cette petite correction significative po
6879
ennant cette petite correction significative pour
l’
initié. 43. Les « aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa né
6880
tite correction significative pour l’initié. 43.
Les
« aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa nécessité dans une
6881
sa nécessité dans une vision du monde dominée par
l’
hostilité du Jour et de la Nuit. 44. Désignée généralement par un nom
6882
ision du monde dominée par l’hostilité du Jour et
de
la Nuit. 44. Désignée généralement par un nom symbolique ou senhal,
6883
on du monde dominée par l’hostilité du Jour et de
la
Nuit. 44. Désignée généralement par un nom symbolique ou senhal, exa
6884
par un nom symbolique ou senhal, exactement comme
les
mystiques soufis désignent Dieu dans leurs poèmes ! 45. Retrouvés en
6885
en 1935. 46. On sait que l’un des lieux communs
de
la rhétorique courtoise consiste à se plaindre « d’aimer en lieu trop
6886
1935. 46. On sait que l’un des lieux communs de
la
rhétorique courtoise consiste à se plaindre « d’aimer en lieu trop él
6887
la rhétorique courtoise consiste à se plaindre «
d’
aimer en lieu trop élevé ». Les érudits commentent : le pauvre troubad
6888
ste à se plaindre « d’aimer en lieu trop élevé ».
Les
érudits commentent : le pauvre troubadour, de basse extraction social
6889
er en lieu trop élevé ». Les érudits commentent :
le
pauvre troubadour, de basse extraction sociale en général, s’est épri
6890
». Les érudits commentent : le pauvre troubadour,
de
basse extraction sociale en général, s’est épris de la femme d’un hau
6891
basse extraction sociale en général, s’est épris
de
la femme d’un haut baron, qui le dédaigne. Certes, cela se vérifie da
6892
sse extraction sociale en général, s’est épris de
la
femme d’un haut baron, qui le dédaigne. Certes, cela se vérifie dans
6893
ction sociale en général, s’est épris de la femme
d’
un haut baron, qui le dédaigne. Certes, cela se vérifie dans quelques
6894
ral, s’est épris de la femme d’un haut baron, qui
le
dédaigne. Certes, cela se vérifie dans quelques cas. Mais comment exp
6895
haut pour lui, c’est évident, s’il ne s’agit que
de
ce monde. En vérité, la question se ramène à savoir pourquoi le poète
6896
ident, s’il ne s’agit que de ce monde. En vérité,
la
question se ramène à savoir pourquoi le poète choisit d’aimer si haut
6897
n vérité, la question se ramène à savoir pourquoi
le
poète choisit d’aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 47. On peut a
6898
tion se ramène à savoir pourquoi le poète choisit
d’
aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 47. On peut aussi penser que d
6899
ourquoi le poète choisit d’aimer si haut, choisit
l’
Inaccessible. 47. On peut aussi penser que dans bien des cas, les cor
6900
47. On peut aussi penser que dans bien des cas,
les
correspondances entre doctrine cathare et poétique courtoise sont pré
6901
s (« Peire Cardenal était-il hérétique ? », Revue
d’
Histoire des Religions, juin 1938) va jusqu’à proposer que l’on prenne
6902
des Religions, juin 1938) va jusqu’à proposer que
l’
on prenne certains poèmes des troubadours comme sources d’études sur l
6903
nne certains poèmes des troubadours comme sources
d’
études sur l’hérésie. Elle cite, à l’appui, des vers de Peire Cardenal
6904
poèmes des troubadours comme sources d’études sur
l’
hérésie. Elle cite, à l’appui, des vers de Peire Cardenal qui reprodui
6905
omme sources d’études sur l’hérésie. Elle cite, à
l’
appui, des vers de Peire Cardenal qui reproduisent les termes exacts d
6906
des sur l’hérésie. Elle cite, à l’appui, des vers
de
Peire Cardenal qui reproduisent les termes exacts d’une Prière cathar
6907
ppui, des vers de Peire Cardenal qui reproduisent
les
termes exacts d’une Prière cathare publiée par Döllinger. Exemple : «
6908
Peire Cardenal qui reproduisent les termes exacts
d’
une Prière cathare publiée par Döllinger. Exemple : « Donne-moi de pou
6909
hare publiée par Döllinger. Exemple : « Donne-moi
de
pouvoir aimer ceux que tu aimes » (Cardenal) et « Donne-nous d’aimer
6910
er ceux que tu aimes » (Cardenal) et « Donne-nous
d’
aimer ceux que Tu aimes » (Prière). Mais il faut également relever que
6911
ire Cardenal, vrai cathare, se montre sévère pour
la
« courtoisie » dans un poème où il dit : « Je ne me livre point à de
6912
ans un poème où il dit : « Je ne me livre point à
de
stupides exploits… j’ai échappé à l’amour. » Je reviendrai sur la sit
6913
ivre point à de stupides exploits… j’ai échappé à
l’
amour. » Je reviendrai sur la situation paradoxale des poètes courtois
6914
oits… j’ai échappé à l’amour. » Je reviendrai sur
la
situation paradoxale des poètes courtois contraints de louvoyer entre
6915
tuation paradoxale des poètes courtois contraints
de
louvoyer entre la double condamnation portée contre l’amour sexuel pa
6916
des poètes courtois contraints de louvoyer entre
la
double condamnation portée contre l’amour sexuel par les Parfaits et
6917
uvoyer entre la double condamnation portée contre
l’
amour sexuel par les Parfaits et contre l’amour idéalisé mais « adultè
6918
ble condamnation portée contre l’amour sexuel par
les
Parfaits et contre l’amour idéalisé mais « adultère » par les catholi
6919
contre l’amour sexuel par les Parfaits et contre
l’
amour idéalisé mais « adultère » par les catholiques. 48. Poésie lyr
6920
et contre l’amour idéalisé mais « adultère » par
les
catholiques. 48. Poésie lyrique des troubadours, II, p. 306. 49. P
6921
ue des troubadours, II, p. 306. 49. Par exemple,
le
médiéval serait trop « naïf » pour étudier une matière qu’il jugerait
6922
l jugerait absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas
de
sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu
6923
’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et
de
situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il connaît. 50. J.
6924
as de sens religieux et de situation précise dans
l’
ensemble des valeurs qu’il connaît. 50. J. Huizinga, Le Déclin du Mo
6925
ble des valeurs qu’il connaît. 50. J. Huizinga,
Le
Déclin du Moyen Âge, p. 181-182. 51. « Consacrées par l’usage ? » De
6926
n du Moyen Âge, p. 181-182. 51. « Consacrées par
l’
usage ? » Depuis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est de la p
6927
uis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est
de
la première moitié du xiie siècle, c’est-à-dire de la première génér
6928
la première moitié du xiie siècle, c’est-à-dire
de
la première génération des troubadours ! Donc l’un des inventeurs de
6929
ration des troubadours ! Donc l’un des inventeurs
de
ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple d’anachronisme tenda
6930
ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple
d’
anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que le langage des troub
6931
anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que
le
langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, tr
6932
t à tout prix que le langage des troubadours soit
le
langage naturel de l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors q
6933
e langage des troubadours soit le langage naturel
de
l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c
6934
angage des troubadours soit le langage naturel de
l’
amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’es
6935
le langage naturel de l’amour humain, transposé à
l’
amour divin. Alors qu’historiquement, c’est le contraire qui s’est pro
6936
é à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’est
le
contraire qui s’est produit. 52. Un amoureux peu lettré qui écrit à
6937
e et authentique ? Ceci pour répondre au reproche
d’
insincérité fait aux troubadours par nos érudits — reproche lui-même s
6938
eproche lui-même stéréotypé… 53. Mais catholique
d’
origine, non hérétique. 54. Faudrait-il rapprocher ceci du fait que l
6939
que. 54. Faudrait-il rapprocher ceci du fait que
le
chevalier courtois donnait souvent à sa Dame le titre de seigneur au
6940
e le chevalier courtois donnait souvent à sa Dame
le
titre de seigneur au masculin : mi dons (mi dominus) et en Espagne :
6941
alier courtois donnait souvent à sa Dame le titre
de
seigneur au masculin : mi dons (mi dominus) et en Espagne : senhor (n
6942
i dominus) et en Espagne : senhor (non senhora) ?
Les
troubadours andalous et arabes faisaient de même. Je crois qu’ici enc
6943
aient de même. Je crois qu’ici encore, au moins à
l’
origine, tout est symbole religieux ou féodal, autant ou plus que trad
6944
eligieux ou féodal, autant ou plus que traduction
de
relations humaines. Toutefois, le narcissisme inhérent à tout amour d
6945
que traduction de relations humaines. Toutefois,
le
narcissisme inhérent à tout amour dit platonique entraîne évidemment,
6946
ut amour dit platonique entraîne évidemment, dans
le
plan sexuel, des déviations dont il serait difficile de nier que cert
6947
n sexuel, des déviations dont il serait difficile
de
nier que certains troubadours n’aient pas été victimes. 55. Textes t
6948
toire universelle, t. xi, p. 123. 57. Voir aussi
l’
Appendice 5. 58. Voici le chef principal d’accusation, selon Massigno
6949
p. 123. 57. Voir aussi l’Appendice 5. 58. Voici
le
chef principal d’accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p
6950
aussi l’Appendice 5. 58. Voici le chef principal
d’
accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p. 161) : « Adorer
6951
principal d’accusation, selon Massignon (Passion
de
al-Hallaj, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime d
6952
, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est
le
crime des manichéens… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
6953
s… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
l’
attraction magnétique du fer pour le fer, et leurs particules de lumiè
6954
physique, par l’attraction magnétique du fer pour
le
fer, et leurs particules de lumière veulent rejoindre, comme un aiman
6955
agnétique du fer pour le fer, et leurs particules
de
lumière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer de lumière dont
6956
es de lumière veulent rejoindre, comme un aimant,
le
foyer de lumière dont elles sont venues. » 59. « C’est lui l’amour…
6957
ière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer
de
lumière dont elles sont venues. » 59. « C’est lui l’amour… » trad. D
6958
umière dont elles sont venues. » 59. « C’est lui
l’
amour… » trad. Dermenghem, Hermès, décembre 1933. 60. Cf. Massignon e
6959
gnon et Krauss, Akhbar al-Hallaj, texte relatif à
la
prédication et au supplice de al-Hallaj. 61. Cf. les travaux d’un au
6960
aj, texte relatif à la prédication et au supplice
de
al-Hallaj. 61. Cf. les travaux d’un auteur américain, A. R. Nykl, sa
6961
prédication et au supplice de al-Hallaj. 61. Cf.
les
travaux d’un auteur américain, A. R. Nykl, sa traduction du Collier d
6962
et au supplice de al-Hallaj. 61. Cf. les travaux
d’
un auteur américain, A. R. Nykl, sa traduction du Collier de la colomb
6963
r américain, A. R. Nykl, sa traduction du Collier
de
la colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie de l’amour courtois arabe
6964
méricain, A. R. Nykl, sa traduction du Collier de
la
colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie de l’amour courtois arabe —
6965
. R. Nykl, sa traduction du Collier de la colombe
d’
Ibn Hazm — qui est une théorie de l’amour courtois arabe — et son ouvr
6966
er de la colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie
de
l’amour courtois arabe — et son ouvrage d’ensemble, Hispano-Arabic Po
6967
de la colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie de
l’
amour courtois arabe — et son ouvrage d’ensemble, Hispano-Arabic Poetr
6968
héorie de l’amour courtois arabe — et son ouvrage
d’
ensemble, Hispano-Arabic Poetry and its relations with the old Provenc
6969
rovencal Troubadours, Baltimore, 1946. Voir aussi
les
ouvrages de Louis Massignon, d’Henry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Me
6970
badours, Baltimore, 1946. Voir aussi les ouvrages
de
Louis Massignon, d’Henry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Menendez Pidal
6971
1946. Voir aussi les ouvrages de Louis Massignon,
d’
Henry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Menendez Pidal, de Karl Appel, etc
6972
i les ouvrages de Louis Massignon, d’Henry Pérès,
d’
Émile Dermenghem, de Menendez Pidal, de Karl Appel, etc. 62. Il faut
6973
uis Massignon, d’Henry Pérès, d’Émile Dermenghem,
de
Menendez Pidal, de Karl Appel, etc. 62. Il faut avouer que les réfut
6974
nry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Menendez Pidal,
de
Karl Appel, etc. 62. Il faut avouer que les réfutations les plus vir
6975
idal, de Karl Appel, etc. 62. Il faut avouer que
les
réfutations les plus virulentes qui aient été publiées portaient beau
6976
pel, etc. 62. Il faut avouer que les réfutations
les
plus virulentes qui aient été publiées portaient beaucoup moins sur c
6977
coup moins sur cette thèse que sur sa réduction à
la
seule hypothèse que j’avais mentionnée au chapitre 7 de ce Livre, à s
6978
le hypothèse que j’avais mentionnée au chapitre 7
de
ce Livre, à savoir que les poèmes des troubadours pouvaient être — se
6979
entionnée au chapitre 7 de ce Livre, à savoir que
les
poèmes des troubadours pouvaient être — selon Rahn, Aroux et Péladan
6980
t être — selon Rahn, Aroux et Péladan — une sorte
de
langage secret du catharisme. Une relecture des chapitres 8 et 9 suff
6981
ables que moi — en dépit de certaines imprudences
d’
expression. (Ce sont elles, par malheur, qui ont le plus fait pour ass
6982
’expression. (Ce sont elles, par malheur, qui ont
le
plus fait pour assurer le succès de l’ouvrage dans un large public pr
6983
s, par malheur, qui ont le plus fait pour assurer
le
succès de l’ouvrage dans un large public pressé. Comme il arrive.) 6
6984
heur, qui ont le plus fait pour assurer le succès
de
l’ouvrage dans un large public pressé. Comme il arrive.) 63. Comme A
6985
r, qui ont le plus fait pour assurer le succès de
l’
ouvrage dans un large public pressé. Comme il arrive.) 63. Comme Amor
6986
omme il arrive.) 63. Comme Amor s’oppose à Roma.
Les
hérétiques reprochaient à l’Église catholique d’avoir inverti le nom
6987
or s’oppose à Roma. Les hérétiques reprochaient à
l’
Église catholique d’avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour.
6988
Les hérétiques reprochaient à l’Église catholique
d’
avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour. 64. Ce qui n’empêche
6989
eprochaient à l’Église catholique d’avoir inverti
le
nom même du Dieu qui est Amour. 64. Ce qui n’empêchera pas l’Église
6990
u Dieu qui est Amour. 64. Ce qui n’empêchera pas
l’
Église de Rome, en la personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’
6991
i est Amour. 64. Ce qui n’empêchera pas l’Église
de
Rome, en la personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’empire du
6992
64. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en
la
personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’empire du monde » et
6993
e, en la personne du pape Innocent III qui rêvait
de
« l’empire du monde » et ne pouvait tolérer la défection de l’Italie
6994
la personne du pape Innocent III qui rêvait de «
l’
empire du monde » et ne pouvait tolérer la défection de l’Italie du No
6995
it de « l’empire du monde » et ne pouvait tolérer
la
défection de l’Italie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209
6996
ire du monde » et ne pouvait tolérer la défection
de
l’Italie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209 la croisade c
6997
du monde » et ne pouvait tolérer la défection de
l’
Italie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209 la croisade cont
6998
la défection de l’Italie du Nord et du Languedoc,
de
déclencher en 1209 la croisade contre les cathares : le premier génoc
6999
ie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209
la
croisade contre les cathares : le premier génocide ou massacre systém
7000
nguedoc, de déclencher en 1209 la croisade contre
les
cathares : le premier génocide ou massacre systématique d’un peuple,
7001
es : le premier génocide ou massacre systématique
d’
un peuple, enregistré par notre histoire « chrétienne » de l’Occident.
7002
ple, enregistré par notre histoire « chrétienne »
de
l’Occident. 65. Consoler vient de consolari, formée de cum et de so
7003
, enregistré par notre histoire « chrétienne » de
l’
Occident. 65. Consoler vient de consolari, formée de cum et de solus
7004
cident. 65. Consoler vient de consolari, formée
de
cum et de solus (qui veut dire proprement : entier). Consoler signifi
7005
5. Consoler vient de consolari, formée de cum et
de
solus (qui veut dire proprement : entier). Consoler signifie donc éty
7006
nq sens équivalents pour un seul terme ». 70. L.
de
La Vallée-Poussin, Bouddhisme, Études et matériaux, 1898. 71. Mircea
7007
sens équivalents pour un seul terme ». 70. L. de
La
Vallée-Poussin, Bouddhisme, Études et matériaux, 1898. 71. Mircea El
7008
in Ancient China. Leiden, 1961. 74. Je m’excuse
de
ne pouvoir citer ici que des fragments de chansons — de paroles de ch
7009
’excuse de ne pouvoir citer ici que des fragments
de
chansons — de paroles de chansons ! — traduits et privés de leur beau
7010
pouvoir citer ici que des fragments de chansons —
de
paroles de chansons ! — traduits et privés de leur beauté rythmique p
7011
er ici que des fragments de chansons — de paroles
de
chansons ! — traduits et privés de leur beauté rythmique par cette do
7012
s — de paroles de chansons ! — traduits et privés
de
leur beauté rythmique par cette double trahison. Qu’il soit bien ente
7013
n entendu que je n’épingle ici que des dépouilles
de
sens… 75. Note du professeur Jeanroy : « C’est-à-dire, si vous parv
7014
r ses conséquences. » 76. Cf. plus haut (p. 129)
la
description du « service » selon l’école Sahajiyâ. Cette interprétati
7015
haut (p. 129) la description du « service » selon
l’
école Sahajiyâ. Cette interprétation de Guiraut Riquier est exacte. On
7016
ce » selon l’école Sahajiyâ. Cette interprétation
de
Guiraut Riquier est exacte. On peut s’en assurer en lisant Ælius Dona
7017
um, coitus. (Noter que Désir correspond à visus —
le
fameux premier regard qui enflamme — et Servir à tactus.) Le thème de
7018
remier regard qui enflamme — et Servir à tactus.)
Le
thème des Cinq lignes d’amour peut être suivi à travers toute la poés
7019
e — et Servir à tactus.) Le thème des Cinq lignes
d’
amour peut être suivi à travers toute la poésie latine du Moyen Âge, j
7020
nq lignes d’amour peut être suivi à travers toute
la
poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à la Renaissance, où on le retrouve
7021
vers toute la poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à
la
Renaissance, où on le retrouve chez Marot et Ronsard. Les variations
7022
atine du Moyen Âge, jusqu’à la Renaissance, où on
le
retrouve chez Marot et Ronsard. Les variations sont très légères. Mai
7023
issance, où on le retrouve chez Marot et Ronsard.
Les
variations sont très légères. Mais en 1510, Jean Lemaire de Belges éc
7024
an Lemaire de Belges écrit dans son Illustrations
de
Gaule : « Les nobles poètes disent que cinq lignes y a en amours… le
7025
Belges écrit dans son Illustrations de Gaule : «
Les
nobles poètes disent que cinq lignes y a en amours… le regard, le par
7026
bles poètes disent que cinq lignes y a en amours…
le
regard, le parler, l’attouchement, le baiser, et le dernier qui est p
7027
disent que cinq lignes y a en amours… le regard,
le
parler, l’attouchement, le baiser, et le dernier qui est plus désiré,
7028
cinq lignes y a en amours… le regard, le parler,
l’
attouchement, le baiser, et le dernier qui est plus désiré, et auquel
7029
en amours… le regard, le parler, l’attouchement,
le
baiser, et le dernier qui est plus désiré, et auquel tous les autres
7030
et le dernier qui est plus désiré, et auquel tous
les
autres tendent pour leur finale résolution, c’est celui qu’on nomme p
7031
résolution, c’est celui qu’on nomme par honnêteté
le
don de mercy. » Le contraste avec l’amour courtois est clair. Et non
7032
ion, c’est celui qu’on nomme par honnêteté le don
de
mercy. » Le contraste avec l’amour courtois est clair. Et non moins l
7033
elui qu’on nomme par honnêteté le don de mercy. »
Le
contraste avec l’amour courtois est clair. Et non moins le sens donné
7034
ar honnêteté le don de mercy. » Le contraste avec
l’
amour courtois est clair. Et non moins le sens donné à mercy, que plus
7035
ste avec l’amour courtois est clair. Et non moins
le
sens donné à mercy, que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à
7036
que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à
la
Grâce, chez les troubadours… 77. Les cathares condamnaient la guerre
7037
uteurs assimilent pour leur part à la Grâce, chez
les
troubadours… 77. Les cathares condamnaient la guerre et toute forme
7038
leur part à la Grâce, chez les troubadours… 77.
Les
cathares condamnaient la guerre et toute forme d’homicide, légal ou n
7039
z les troubadours… 77. Les cathares condamnaient
la
guerre et toute forme d’homicide, légal ou non. Et en place de faux j
7040
es cathares condamnaient la guerre et toute forme
d’
homicide, légal ou non. Et en place de faux juges, faux prêtres, faux
7041
toute forme d’homicide, légal ou non. Et en place
de
faux juges, faux prêtres, faux reclus, et de maris trompeurs, les Inq
7042
lace de faux juges, faux prêtres, faux reclus, et
de
maris trompeurs, les Inquisiteurs du siècle suivant n’eussent pas man
7043
faux prêtres, faux reclus, et de maris trompeurs,
les
Inquisiteurs du siècle suivant n’eussent pas manqué de lire simplemen
7044
quisiteurs du siècle suivant n’eussent pas manqué
de
lire simplement juges, prêtres, reclus, et maris ! 78. Aliénor d’Aqu
7045
filles Marie de Champagne et Aelis de Blois. 79.
Le
code « exotérique » le plus complet que nous connaissions fut rédigé
7046
ne et Aelis de Blois. 79. Le code « exotérique »
le
plus complet que nous connaissions fut rédigé au commencement du xiii
7047
t rédigé au commencement du xiiie siècle : c’est
le
De arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 80. Chez Chrétien de Tr
7048
édigé au commencement du xiiie siècle : c’est le
De
arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 80. Chez Chrétien de Troye
7049
u xiiie siècle : c’est le De arte honeste amandi
d’
André Le Chapelain. 80. Chez Chrétien de Troyes en particulier. 81.
7050
avait proposé une autre en 1907 : elle rattachait
le
Graal aux rites secrets du culte d’Adonis. Ce qui est certain, c’est
7051
le rattachait le Graal aux rites secrets du culte
d’
Adonis. Ce qui est certain, c’est qu’un symbole comme celui du roi pêc
7052
oi pêcheur (Amfortas chez Wolfram d’Eschenbach, «
le
roi Pescière » chez Chrétien) est commun aux orphiques, aux manichéen
7053
aux manichéens, et même aux premiers chrétiens ;
la
pierre sacrée du Graal joue un rôle dans les religions hindoue et ira
7054
ens ; la pierre sacrée du Graal joue un rôle dans
les
religions hindoue et iranienne. La coupe sacrée des Celtes peut se co
7055
un rôle dans les religions hindoue et iranienne.
La
coupe sacrée des Celtes peut se confondre facilement avec la coupe de
7056
crée des Celtes peut se confondre facilement avec
la
coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les
7057
Celtes peut se confondre facilement avec la coupe
de
la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus dive
7058
tes peut se confondre facilement avec la coupe de
la
Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverse
7059
confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et
la
lance elle-même revêt les significations les plus diverses selon les
7060
la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt
les
significations les plus diverses selon les cultes. Je ne pense pas qu
7061
e. Et la lance elle-même revêt les significations
les
plus diverses selon les cultes. Je ne pense pas qu’on doive s’en teni
7062
revêt les significations les plus diverses selon
les
cultes. Je ne pense pas qu’on doive s’en tenir à une seule interpréta
7063
interprétation. Il s’est produit toute une série
de
fusions et de confusions de symboles. 82. Les Romans de la Table ro
7064
n. Il s’est produit toute une série de fusions et
de
confusions de symboles. 82. Les Romans de la Table ronde, nouvellem
7065
oduit toute une série de fusions et de confusions
de
symboles. 82. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés pa
7066
ie de fusions et de confusions de symboles. 82.
Les
Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV,
7067
ns et de confusions de symboles. 82. Les Romans
de
la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 8
7068
et de confusions de symboles. 82. Les Romans de
la
Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 83.
7069
oulenger, IV, p. 238. 83. Dans un autre passage,
les
chevaliers ayant communié se donnent les uns aux autres le baiser de
7070
passage, les chevaliers ayant communié se donnent
les
uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cat
7071
iers ayant communié se donnent les uns aux autres
le
baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent a
7072
communié se donnent les uns aux autres le baiser
de
paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent avoir repri
7073
nnent les uns aux autres le baiser de paix, selon
le
rite oriental, que les cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M.
7074
es le baiser de paix, selon le rite oriental, que
les
cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
7075
avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
le
« pont évage » que les chevaliers du Graal doivent traverser n’est au
7076
, M. Anitchkof a montré que le « pont évage » que
les
chevaliers du Graal doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
7077
aliers du Graal doivent traverser n’est autre que
le
pont Chinvat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière i
7078
doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
de
la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que
7079
vent traverser n’est autre que le pont Chinvat de
la
mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que se
7080
invat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur
la
rivière infernale, et que seuls les élus peuvent franchir. « Il y a l
7081
pont jeté sur la rivière infernale, et que seuls
les
élus peuvent franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant le milieu
7082
ue seuls les élus peuvent franchir. « Il y a lieu
d’
appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », é
7083
nt franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant
le
milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim
7084
a lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur
de
la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291)
7085
lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur de
la
matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) apr
7086
ler manichéisant le milieu créateur de la matière
de
Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) après avoir in
7087
Joachim de Flore, p. 291) après avoir insisté sur
les
influences cathares dans tous ces romans. 84. Analysant la « magie
7088
es cathares dans tous ces romans. 84. Analysant
la
« magie érotique » du cycle du Graal (dans Lumière du Graal, 1951, re
7089
le du Graal (dans Lumière du Graal, 1951, recueil
d’
une vingtaine d’études par des auteurs divers), René Nelli formule que
7090
s Lumière du Graal, 1951, recueil d’une vingtaine
d’
études par des auteurs divers), René Nelli formule quelques observatio
7091
ions qui seront utilement rapprochées du chap. 10
de
ce livre II : « Cette magie érotique avait sa source d’abord dans la
7092
Cette magie érotique avait sa source d’abord dans
la
croyance que le corps féminin manifestait par sa seule présence des p
7093
ique avait sa source d’abord dans la croyance que
le
corps féminin manifestait par sa seule présence des pouvoirs surnatur
7094
t par sa seule présence des pouvoirs surnaturels,
les
mêmes que ceux que l’on prêtait au Graal… (Le Graal rajeunit ceux qui
7095
des pouvoirs surnaturels, les mêmes que ceux que
l’
on prêtait au Graal… (Le Graal rajeunit ceux qui le contemplent…) Ensu
7096
s, les mêmes que ceux que l’on prêtait au Graal… (
Le
Graal rajeunit ceux qui le contemplent…) Ensuite, dans la foi en une
7097
’on prêtait au Graal… (Le Graal rajeunit ceux qui
le
contemplent…) Ensuite, dans la foi en une force occulte qui naissait
7098
rajeunit ceux qui le contemplent…) Ensuite, dans
la
foi en une force occulte qui naissait de l’élan charnel réprimé… L’am
7099
te, dans la foi en une force occulte qui naissait
de
l’élan charnel réprimé… L’amour pur, c’est celui qui reste tel dans d
7100
dans la foi en une force occulte qui naissait de
l’
élan charnel réprimé… L’amour pur, c’est celui qui reste tel dans des
7101
e occulte qui naissait de l’élan charnel réprimé…
L’
amour pur, c’est celui qui reste tel dans des circonstances périlleuse
7102
onstances périlleuses, provoquées, et qui utilise
l’
énergie de ce Désir pour des fins plus hautes que l’accouplement. Il a
7103
périlleuses, provoquées, et qui utilise l’énergie
de
ce Désir pour des fins plus hautes que l’accouplement. Il admettait t
7104
énergie de ce Désir pour des fins plus hautes que
l’
accouplement. Il admettait toutes les manœuvres charnelles, sauf « l’a
7105
us hautes que l’accouplement. Il admettait toutes
les
manœuvres charnelles, sauf « l’acte »… L’amour contenu est bien le mo
7106
admettait toutes les manœuvres charnelles, sauf «
l’
acte »… L’amour contenu est bien le moteur intérieur de cette Quête, q
7107
toutes les manœuvres charnelles, sauf « l’acte »…
L’
amour contenu est bien le moteur intérieur de cette Quête, qui a bien
7108
nelles, sauf « l’acte »… L’amour contenu est bien
le
moteur intérieur de cette Quête, qui a bien tous les caractères d’une
7109
e »… L’amour contenu est bien le moteur intérieur
de
cette Quête, qui a bien tous les caractères d’une initiation à la Fém
7110
moteur intérieur de cette Quête, qui a bien tous
les
caractères d’une initiation à la Féminité insaisissable aux sens char
7111
ur de cette Quête, qui a bien tous les caractères
d’
une initiation à la Féminité insaisissable aux sens charnels. » L’aute
7112
qui a bien tous les caractères d’une initiation à
la
Féminité insaisissable aux sens charnels. » L’auteur semble avoir dev
7113
à la Féminité insaisissable aux sens charnels. »
L’
auteur semble avoir deviné le caractère « tantrique » que prend l’amou
7114
aux sens charnels. » L’auteur semble avoir deviné
le
caractère « tantrique » que prend l’amour courtois, dans le cycle bre
7115
avoir deviné le caractère « tantrique » que prend
l’
amour courtois, dans le cycle breton plus réellement, je crois, que da
7116
re « tantrique » que prend l’amour courtois, dans
le
cycle breton plus réellement, je crois, que dans la poésie des trouba
7117
cycle breton plus réellement, je crois, que dans
la
poésie des troubadours. 85. H. Hubert, Les Celtes, II, p. 286. 86.
7118
e dans la poésie des troubadours. 85. H. Hubert,
Les
Celtes, II, p. 286. 86. H. Hubert, op. cit., II, p. 298. 87. Hist
7119
H. Hubert, op. cit., II, p. 298. 87. Histoire
de
Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (L’Épopée irlandaise, 1926).
7120
stoire de Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (
L’
Épopée irlandaise, 1926). 88. H. Hubert, op. cit., II, p. 243-244. C
7121
ndo-européennes T. II. p. 85 sq., 1969. 89. Voir
l’
intéressante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de «
7122
. p. 85 sq., 1969. 89. Voir l’intéressante étude
de
M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de « Tannhäuser » (Mercur
7123
essante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur
la
Légende de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäus
7124
de de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende
de
« Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäuser du xvie
7125
de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938).
Le
Tannhäuser du xvie siècle est une tardive adaptation allemande de lé
7126
xvie siècle est une tardive adaptation allemande
de
légendes irlando-écossaises ; il ne doit rien aux influences courtois
7127
ises ; il ne doit rien aux influences courtoises.
Le
Montsalvat des chastes (ou cathares) y est remplacé par le Venusberg
7128
lvat des chastes (ou cathares) y est remplacé par
le
Venusberg ! 90. Le Tristan et Iseut de Thomas, traduction française
7129
cathares) y est remplacé par le Venusberg ! 90.
Le
Tristan et Iseut de Thomas, traduction française par J. Herbomez et R
7130
Beaurieux, 1935. 91. Il faudrait lire à ce sujet
les
deux gros volumes parus en 1953 de Gottfried Weber, Tristan und die K
7131
re à ce sujet les deux gros volumes parus en 1953
de
Gottfried Weber, Tristan und die Krise des Hochmittelalterlichen Welt
7132
nfiniment méticuleux (aux répétitions épuisantes)
d’
un savant philologue allemand, apporte sur chacun des points touchés d
7133
emand, apporte sur chacun des points touchés dans
le
présent chapitre une abondance de « preuves scientifiques » dont je m
7134
ts touchés dans le présent chapitre une abondance
de
« preuves scientifiques » dont je m’étais fort bien passé en écrivant
7135
s fort bien passé en écrivant la première édition
de
ce livre, mais qui certes ne gâtent rien ! La comparaison poursuivie
7136
ion de ce livre, mais qui certes ne gâtent rien !
La
comparaison poursuivie pendant des centaines de pages entre les conce
7137
! La comparaison poursuivie pendant des centaines
de
pages entre les conceptions religieuses de Gottfried et les doctrines
7138
n poursuivie pendant des centaines de pages entre
les
conceptions religieuses de Gottfried et les doctrines d’Augustin, de
7139
taines de pages entre les conceptions religieuses
de
Gottfried et les doctrines d’Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-
7140
entre les conceptions religieuses de Gottfried et
les
doctrines d’Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et d’Abéla
7141
eptions religieuses de Gottfried et les doctrines
d’
Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait écla
7142
gieuses de Gottfried et les doctrines d’Augustin,
de
Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait éclater le catha
7143
ottfried et les doctrines d’Augustin, de Bernard,
d’
Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait éclater le catharisme profon
7144
Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et
d’
Abélard, fait éclater le catharisme profond de Gottfried, et son antic
7145
Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait éclater
le
catharisme profond de Gottfried, et son anticatholicisme (annonciateu
7146
et d’Abélard, fait éclater le catharisme profond
de
Gottfried, et son anticatholicisme (annonciateur de la Renaissance pl
7147
Gottfried, et son anticatholicisme (annonciateur
de
la Renaissance plus que de Luther, à mes yeux). 92. Vers 15733 à 15
7148
ttfried, et son anticatholicisme (annonciateur de
la
Renaissance plus que de Luther, à mes yeux). 92. Vers 15733 à 15747
7149
olicisme (annonciateur de la Renaissance plus que
de
Luther, à mes yeux). 92. Vers 15733 à 15747 du poème de Gottfried.
7150
r, à mes yeux). 92. Vers 15733 à 15747 du poème
de
Gottfried. 93. Gnosticisme de Gottfried : comme les carpocratiens, i
7151
3 à 15747 du poème de Gottfried. 93. Gnosticisme
de
Gottfried : comme les carpocratiens, il semble croire que la « purgat
7152
Gottfried. 93. Gnosticisme de Gottfried : comme
les
carpocratiens, il semble croire que la « purgatio » de l’instinct tyr
7153
d : comme les carpocratiens, il semble croire que
la
« purgatio » de l’instinct tyrannique ne peut être obtenue qu’en céda
7154
rpocratiens, il semble croire que la « purgatio »
de
l’instinct tyrannique ne peut être obtenue qu’en cédant d’abord à l’i
7155
cratiens, il semble croire que la « purgatio » de
l’
instinct tyrannique ne peut être obtenue qu’en cédant d’abord à l’inst
7156
nique ne peut être obtenue qu’en cédant d’abord à
l’
instinct, mais en vue d’arriver à l’extase illuminative, qui conduit à
7157
ue qu’en cédant d’abord à l’instinct, mais en vue
d’
arriver à l’extase illuminative, qui conduit à l’union essentielle (no
7158
ant d’abord à l’instinct, mais en vue d’arriver à
l’
extase illuminative, qui conduit à l’union essentielle (non point épit
7159
d’arriver à l’extase illuminative, qui conduit à
l’
union essentielle (non point épithalamique). 94. Et Gottfried n’a-t-i
7160
thalamique). 94. Et Gottfried n’a-t-il pas imité
le
sic et non d’Abélard ? L’exemple de l’amour du docteur pour la Nonne
7161
94. Et Gottfried n’a-t-il pas imité le sic et non
d’
Abélard ? L’exemple de l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de h
7162
ried n’a-t-il pas imité le sic et non d’Abélard ?
L’
exemple de l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’aute
7163
-il pas imité le sic et non d’Abélard ? L’exemple
de
l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de la p
7164
pas imité le sic et non d’Abélard ? L’exemple de
l’
amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de la plus
7165
d’Abélard ? L’exemple de l’amour du docteur pour
la
Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de la plus théologique des version
7166
ple de l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé
de
hanter l’auteur de la plus théologique des versions de Tristan. 95.
7167
mour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter
l’
auteur de la plus théologique des versions de Tristan. 95. Un seul e
7168
octeur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur
de
la plus théologique des versions de Tristan. 95. Un seul exemple :
7169
eur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de
la
plus théologique des versions de Tristan. 95. Un seul exemple : Got
7170
nter l’auteur de la plus théologique des versions
de
Tristan. 95. Un seul exemple : Gottfried v. 18352 à 57 « Tristan un
7171
in Tristan und ein Isot » et Wagner, II, 2, toute
la
fin de la scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr Isolde ! »
7172
tan und ein Isot » et Wagner, II, 2, toute la fin
de
la scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr Isolde ! »
7173
und ein Isot » et Wagner, II, 2, toute la fin de
la
scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr Isolde ! »
7174
1.Position du problème On a souvent tenté
d’
expliquer le mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’am
7175
ion du problème On a souvent tenté d’expliquer
le
mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’amour humain,
7176
On a souvent tenté d’expliquer le mysticisme en
le
« ramenant » à quelque déviation de l’amour humain, c’est-à-dire en f
7177
mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation
de
l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’
7178
ticisme en le « ramenant » à quelque déviation de
l’
amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’exa
7179
l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à
la
sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et de ses sources historiq
7180
’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or
l’
examen du Roman de Tristan et de ses sources historiques nous a condui
7181
de compte : à la sexualité. Or l’examen du Roman
de
Tristan et de ses sources historiques nous a conduit à renverser le r
7182
la sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et
de
ses sources historiques nous a conduit à renverser le rapport. C’est
7183
es sources historiques nous a conduit à renverser
le
rapport. C’est ici la passion mortelle qu’il faut « ramener » à une m
7184
nous a conduit à renverser le rapport. C’est ici
la
passion mortelle qu’il faut « ramener » à une mystique, plus ou moins
7185
es conclusions générales. Mais il permet au moins
de
reposer un problème que le xixe siècle matérialiste s’était cru en m
7186
ais il permet au moins de reposer un problème que
le
xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure de trancher au détrim
7187
e xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure
de
trancher au détriment de la mystique. À vrai dire, je ne suis pas trè
7188
s’était cru en mesure de trancher au détriment de
la
mystique. À vrai dire, je ne suis pas très sûr que ce problème compor
7189
définitive et simple. Mais il me paraît important
de
reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la
7190
de reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte
de
la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre,
7191
reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de
la
passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce
7192
moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou
de
la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet
7193
ins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de
la
mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet im
7194
parte de la passion ou de la mystique pour tenter
de
ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est l’exi
7195
ue pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que
l’
on admet implicitement, c’est l’existence d’un rapport quelconque entr
7196
à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est
l’
existence d’un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à sav
7197
e que l’on admet implicitement, c’est l’existence
d’
un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à savoir dans que
7198
sure ce rapprochement ne nous est pas suggéré par
la
seule nature du langage. On a remarqué depuis longtemps l’analogie de
7199
nature du langage. On a remarqué depuis longtemps
l’
analogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais d’une entière an
7200
ogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais
d’
une entière analogie des mots, peut-on conclure à une entière analogie
7201
sommes-nous pas jusqu’à un certain point victimes
d’
une illusion verbale ? d’une sorte de « calembour continué » ? Quand b
7202
n certain point victimes d’une illusion verbale ?
d’
une sorte de « calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas
7203
int victimes d’une illusion verbale ? d’une sorte
de
« calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas, le problèm
7204
calembour continué » ? Quand bien même ce serait
le
cas, le problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le
7205
ur continué » ? Quand bien même ce serait le cas,
le
problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le rend in
7206
ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui
le
rend inévitable à notre sens. S’il n’y avait en jeu, dans le cas de l
7207
vitable à notre sens. S’il n’y avait en jeu, dans
le
cas de la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrai
7208
à notre sens. S’il n’y avait en jeu, dans le cas
de
la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus
7209
notre sens. S’il n’y avait en jeu, dans le cas de
la
passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus rie
7210
iologiques, on ne comprendrait plus rien au mythe
de
Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim
7211
on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan.
La
sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher
7212
de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est
de
la nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle
7213
Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de
la
nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est
7214
La sexualité est une faim. Or il est de la nature
d’
une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, mo
7215
é est une faim. Or il est de la nature d’une faim
de
chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, moins elle se
7216
t de la nature d’une faim de chercher à tout prix
l’
apaisement. Plus elle est forte, moins elle se montre difficile quant
7217
se montre difficile quant aux objets qui peuvent
la
rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont la nature est justem
7218
rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont
la
nature est justement de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
7219
yons ici une passion dont la nature est justement
de
refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et la guérir. Nous ne somm
7220
ure est justement de refuser tout ce qui pourrait
la
satisfaire et la guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une fa
7221
de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
la
guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien d’u
7222
sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien
d’
une intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves les plu
7223
ence d’une faim, mais bien d’une intoxication. Et
l’
on a soutenu récemment, par les preuves les plus convaincantes, que to
7224
ne intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par
les
preuves les plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qu
7225
ion. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves
les
plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qui s’ignore96
7226
t physique, ou morale, toute intoxication suppose
l’
intervention d’un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même élim
7227
morale, toute intoxication suppose l’intervention
d’
un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même éliminerait aussi v
7228
n suppose l’intervention d’un agent étranger, que
l’
instinct livré à lui-même éliminerait aussi vite que possible. Les ani
7229
é à lui-même éliminerait aussi vite que possible.
Les
animaux ne s’intoxiquent pas97… Inversement, la mystique à elle seule
7230
Les animaux ne s’intoxiquent pas97… Inversement,
la
mystique à elle seule, rend-elle compte de la passion ? Il faudrait a
7231
ement, la mystique à elle seule, rend-elle compte
de
la passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour
7232
nt, la mystique à elle seule, rend-elle compte de
la
passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour sex
7233
? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans
l’
amour sexuel, et non pas dans la respiration ou la nutrition, par exem
7234
urquoi c’est dans l’amour sexuel, et non pas dans
la
respiration ou la nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphore
7235
l’amour sexuel, et non pas dans la respiration ou
la
nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores les plus frappan
7236
rition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores
les
plus frappantes. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à l’in
7237
. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à
l’
instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener » la mystique, et cela b
7238
r pourquoi c’est toujours à l’instinct sexuel que
l’
on a tenté de « ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son
7239
est toujours à l’instinct sexuel que l’on a tenté
de
« ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici
7240
l’instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener »
la
mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici donc le dilemm
7241
et cela bien avant Freud et son école. Voici donc
le
dilemme que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexuali
7242
reud et son école. Voici donc le dilemme que pose
l’
amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dir
7243
ici donc le dilemme que pose l’amour-passion : si
l’
on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pa
7244
e que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que
de
la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on par
7245
ue pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de
la
sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on parle.
7246
y voit que de la sexualité, c’est autant dire que
l’
on ne sait pas de quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amo
7247
sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas
de
quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chos
7248
é, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi
l’
on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chose d’étra
7249
u contraire on rapporte cet amour à quelque chose
d’
étranger au sexe — il en résulte des choses bizarres, comme disait à p
7250
es, comme disait à peu près Schopenhauer. Prenons
le
problème tel que nous le pose le mythe, et tel qu’il se posait au xii
7251
ès Schopenhauer. Prenons le problème tel que nous
le
pose le mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en parta
7252
enhauer. Prenons le problème tel que nous le pose
le
mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un
7253
qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant
d’
un exemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de la grande mys
7254
siècle. C’est en partant d’un exemple précis et
d’
une œuvre antérieure à l’essor de la grande mystique orthodoxe, que no
7255
t d’un exemple précis et d’une œuvre antérieure à
l’
essor de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures
7256
xemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor
de
la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
7257
ple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de
la
grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances de
7258
de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons
les
meilleures chances de surprendre à l’état naissant la dialectique des
7259
orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
de
surprendre à l’état naissant la dialectique des « choses bizarres »…
7260
ous aurons les meilleures chances de surprendre à
l’
état naissant la dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : u
7261
eilleures chances de surprendre à l’état naissant
la
dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : une aventure myst
7262
une aventure mystique Nous avons constaté que
le
Roman de Tristan est, à bien des égards, une première « profanation »
7263
ture mystique Nous avons constaté que le Roman
de
Tristan est, à bien des égards, une première « profanation » de la my
7264
, à bien des égards, une première « profanation »
de
la mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme,
7265
bien des égards, une première « profanation » de
la
mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme, so
7266
mière « profanation » de la mystique courtoise et
de
ses sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme). La mythification
7267
sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme).
La
mythification a trop bien réussi, soit que Béroul, Thomas, et leur pr
7268
prédécesseur n’aient pas toujours très bien saisi
l’
enseignement courtois dans sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés
7269
ns sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés par
l’
ardeur proprement « romanesque » (au sens moderne et littéraire du ter
7270
et par des complaisances bien explicables envers
le
goût de leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère
7271
des complaisances bien explicables envers le goût
de
leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère distinc
7272
leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi.
Le
caractère distinctif du Roman est en effet de reposer sur une faute c
7273
di. Le caractère distinctif du Roman est en effet
de
reposer sur une faute contre les lois d’amour courtois, puisque tout
7274
oman est en effet de reposer sur une faute contre
les
lois d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère cons
7275
en effet de reposer sur une faute contre les lois
d’
amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère consommé. De
7276
te contre les lois d’amour courtois, puisque tout
le
drame vient de l’adultère consommé. De là que nous ayons un « roman »
7277
d’amour courtois, puisque tout le drame vient de
l’
adultère consommé. De là que nous ayons un « roman » selon la formule
7278
isque tout le drame vient de l’adultère consommé.
De
là que nous ayons un « roman » selon la formule moderne du genre, et
7279
consommé. De là que nous ayons un « roman » selon
la
formule moderne du genre, et non pas un simple poème. Il n’en reste p
7280
un simple poème. Il n’en reste pas moins que dans
l’
ensemble, et si l’on considère surtout le principe interne de l’action
7281
l n’en reste pas moins que dans l’ensemble, et si
l’
on considère surtout le principe interne de l’action, Tristan évoque p
7282
que dans l’ensemble, et si l’on considère surtout
le
principe interne de l’action, Tristan évoque par la plupart de ses si
7283
et si l’on considère surtout le principe interne
de
l’action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques
7284
si l’on considère surtout le principe interne de
l’
action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques la
7285
oque par la plupart de ses situations romanesques
la
progression d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la p
7286
part de ses situations romanesques la progression
d’
une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition c
7287
d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent
de
la pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une exp
7288
ne vie mystique. Certains « moments » relèvent de
la
pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une expéri
7289
adition cathare, d’autres peuvent être rapprochés
d’
une expérience mystique plus générale, et qu’on retrouve identique, da
7290
etrouve identique, dans sa forme, aussi bien chez
les
orthodoxes que chez les dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes,
7291
sa forme, aussi bien chez les orthodoxes que chez
les
dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En
7292
en chez les orthodoxes que chez les dissidents ou
les
païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état de cause
7293
niens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état
de
cause, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère : l’i
7294
En tout état de cause, on ne saurait plus parler
d’
un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie,
7295
se, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman
d’
adultère : l’infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie, c’est la vertu mysti
7296
rait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère :
l’
infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « pur
7297
ler d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité
d’
Iseut, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est un
7298
re roman d’adultère : l’infidélité d’Iseut, c’est
l’
hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
7299
re : l’infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie, c’est
la
vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la
7300
rtu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
les
auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans
7301
des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs
de
la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalis
7302
s « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de
la
légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisati
7303
st une vertu, selon les auteurs de la légende. Et
la
faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si déli
7304
auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans
l’
amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si délicate et périlleuse que s
7305
que se révèle toute comparaison entre deux formes
de
mystique — et d’autant plus qu’ici l’un des termes en présence se tro
7306
te comparaison entre deux formes de mystique — et
d’
autant plus qu’ici l’un des termes en présence se trouve dénaturé par
7307
épique — risquons un parallèle très général entre
le
Roman et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les con
7308
quons un parallèle très général entre le Roman et
l’
aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les conclusions tro
7309
an et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par
la
suite les conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un le
7310
venture mystique. Quitte à rectifier par la suite
les
conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un lecteur non
7311
nacelle sans gouvernail ni voile, muni seulement
de
son épée et de sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qu
7312
ouvernail ni voile, muni seulement de son épée et
de
sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qui chassera le p
7313
i seulement de son épée et de sa harpe. Il part à
la
recherche du baume salutaire qui chassera le poison de son sang. C’es
7314
rt à la recherche du baume salutaire qui chassera
le
poison de son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’aband
7315
cherche du baume salutaire qui chassera le poison
de
son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’abandon à l’ave
7316
lutaire qui chassera le poison de son sang. C’est
le
type même du départ mystique, de l’abandon à l’aventure surnaturelle.
7317
son sang. C’est le type même du départ mystique,
de
l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheres
7318
n sang. C’est le type même du départ mystique, de
l’
abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse,
7319
t le type même du départ mystique, de l’abandon à
l’
aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dir
7320
ue, de l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est
la
quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui ren
7321
abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête
de
l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux
7322
ndon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de
l’
âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux aid
7323
les et visibles, et s’offre à une grâce inconnue.
La
poésie moderne nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’av
7324
inconnue. La poésie moderne nous a montré combien
d’
exemples de ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents
7325
a poésie moderne nous a montré combien d’exemples
de
ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiment
7326
nous a montré combien d’exemples de ces départs à
l’
aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments d’une recherche
7327
ure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments
d’
une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni l’épée sym
7328
’une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni
la
lyre ni l’épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il be
7329
che mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni
l’
épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il beaucoup de n
7330
oublier ni la lyre ni l’épée symbolique du défi à
la
société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé l
7331
e des visions pittoresques. Presque tous publient
le
secret… Tristan, lui, a trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas
7332
e tous publient le secret… Tristan, lui, a trouvé
l’
amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi M
7333
trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su
le
reconnaître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie che
7334
tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand
le
roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher la princesse loi
7335
il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc —
l’
autorité constituée — l’envoie chercher la princesse lointaine qu’il r
7336
ître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée —
l’
envoie chercher la princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisi
7337
Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher
la
princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore
7338
il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore que
l’
aventure pourrait aussi le concerner. Survient l’erreur fatale du phil
7339
sir, Tristan ignore que l’aventure pourrait aussi
le
concerner. Survient l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
7340
l’aventure pourrait aussi le concerner. Survient
l’
erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du mythe, qu
7341
l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
l’
analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les ama
7342
, par l’analyse du mythe, que cette fatalité joue
le
rôle d’un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur
7343
analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle
d’
un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur passion
7344
the, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi :
les
amants ne se veulent responsables de rien, leur passion étant inavoua
7345
’un alibi : les amants ne se veulent responsables
de
rien, leur passion étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
7346
n, leur passion étant inavouable tant aux yeux de
la
société (qui la réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (pui
7347
étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
la
réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle les fai
7348
me un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle
les
fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voi
7349
x propres (puisqu’elle les fait mourir). C’est là
l’
aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce
7350
les fait mourir). C’est là l’aspect psychologique
de
l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévo
7351
fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de
l’
aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocab
7352
l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voici
l’
aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocable, mais dont on distin
7353
is dont on distingue après coup que tout semblait
le
préparer, c’est l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vo
7354
e après coup que tout semblait le préparer, c’est
l’
élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surpr
7355
p que tout semblait le préparer, c’est l’élection
d’
une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme m
7356
blait le préparer, c’est l’élection d’une âme par
l’
Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré elle. Un
7357
t l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant,
la
vocation qui la surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence
7358
ne âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui
la
surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence ici (Appendice
7359
et décisif appel devrait introduire Tristan dans
la
voie des macérations et le conduire à l’endura. Mais emporté par la v
7360
ntroduire Tristan dans la voie des macérations et
le
conduire à l’endura. Mais emporté par la violence de la première révé
7361
tan dans la voie des macérations et le conduire à
l’
endura. Mais emporté par la violence de la première révélation, qui pa
7362
tions et le conduire à l’endura. Mais emporté par
la
violence de la première révélation, qui parfois embrase le sang, il e
7363
conduire à l’endura. Mais emporté par la violence
de
la première révélation, qui parfois embrase le sang, il enfreint la r
7364
ce de la première révélation, qui parfois embrase
le
sang, il enfreint la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le
7365
élation, qui parfois embrase le sang, il enfreint
la
règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il l
7366
brase le sang, il enfreint la règle des « purs ».
Le
baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voici déc
7367
t la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il
le
ravit par force, il le profane. Et voici déchaînées les puissances ma
7368
. Le baiser symbolique, il le ravit par force, il
le
profane. Et voici déchaînées les puissances mauvaises. « Souffle, sou
7369
vit par force, il le profane. Et voici déchaînées
les
puissances mauvaises. « Souffle, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheu
7370
le, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheur ! fille
d’
Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie de pénitence devra mai
7371
d’Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie
de
pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur ess
7372
te une vie de pénitence devra maintenant racheter
le
sacrilège. Mais le malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
7373
ence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais
le
malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement la rançon du péché
7374
racheter le sacrilège. Mais le malheur essentiel
de
cet amour n’est pas seulement la rançon du péché. L’ascèse qui rachèt
7375
alheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
la
rançon du péché. L’ascèse qui rachètera la faute commise doit aussi e
7376
cet amour n’est pas seulement la rançon du péché.
L’
ascèse qui rachètera la faute commise doit aussi et surtout délivrer l
7377
lement la rançon du péché. L’ascèse qui rachètera
la
faute commise doit aussi et surtout délivrer l’homme du fait même d’ê
7378
a la faute commise doit aussi et surtout délivrer
l’
homme du fait même d’être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit cond
7379
it aussi et surtout délivrer l’homme du fait même
d’
être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit conduire au détachement f
7380
vrer l’homme du fait même d’être né dans ce monde
de
ténèbres. Elle doit conduire au détachement final et bienheureux, à l
7381
t conduire au détachement final et bienheureux, à
la
mort volontaire des « parfaits ». Cette pénitence a donc une signific
7382
nitence a donc une signification toute différente
de
celle du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et l’hérésie sem
7383
érente de celle du repentir chrétien. Et bien que
l’
orthodoxie et l’hérésie semblent parfois étrangement confondues dans l
7384
du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et
l’
hérésie semblent parfois étrangement confondues dans le Roman, il est
7385
ésie semblent parfois étrangement confondues dans
le
Roman, il est toujours possible de reconnaître, à de tels traits, la
7386
onfondues dans le Roman, il est toujours possible
de
reconnaître, à de tels traits, la tendance réellement dominante — cel
7387
Roman, il est toujours possible de reconnaître, à
de
tels traits, la tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira
7388
ujours possible de reconnaître, à de tels traits,
la
tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira dans la mort de
7389
réellement dominante — celle qui s’épanouira dans
la
mort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » da
7390
ra dans la mort des amants. Reprenons par exemple
le
récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
7391
a mort des amants. Reprenons par exemple le récit
de
l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde,
7392
ort des amants. Reprenons par exemple le récit de
l’
« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
7393
nons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans
la
forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gém
7394
exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt
de
Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gémit Iseut
7395
vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
le
monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et T
7396
forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
le
monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan de rép
7397
u le monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans
le
Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde entier était
7398
gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan
de
répondre : « Si le monde entier était orendroit avec nous, je ne verr
7399
le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si
le
monde entier était orendroit avec nous, je ne verrois fors vous seule
7400
, je ne verrois fors vous seule. » Il s’agit bien
d’
une endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de
7401
Il s’agit bien d’une endura. Cette retraite dans
la
forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous
7402
e endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une
de
ces périodes de jeûne et de macération dont nous connaissons le but c
7403
retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes
de
jeûne et de macération dont nous connaissons le but chez les cathares
7404
s la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et
de
macération dont nous connaissons le but chez les cathares : l’absorpt
7405
s de jeûne et de macération dont nous connaissons
le
but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la c
7406
t de macération dont nous connaissons le but chez
les
cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation
7407
dont nous connaissons le but chez les cathares :
l’
absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seu
7408
nnaissons le but chez les cathares : l’absorption
de
toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait p
7409
le but chez les cathares : l’absorption de toutes
les
facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait profond de l
7410
thares : l’absorption de toutes les facultés dans
la
contemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de
7411
tion de toutes les facultés dans la contemplation
de
l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en g
7412
n de toutes les facultés dans la contemplation de
l’
amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en géné
7413
a contemplation de l’amour seul. Un trait profond
de
la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul
7414
ontemplation de l’amour seul. Un trait profond de
la
passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul av
7415
l’amour seul. Un trait profond de la passion — et
de
la mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on
7416
mour seul. Un trait profond de la passion — et de
la
mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on ai
7417
’on aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique
de
la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, pa
7418
aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique de
la
Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi
7419
rira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et
de
la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’aut
7420
a plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de
la
Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’autres
7421
eurs, parmi tant d’autres sens possibles, un fait
d’
observation purement psychologique : la passion n’est nullement cette
7422
s, un fait d’observation purement psychologique :
la
passion n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolesce
7423
n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent
les
adolescents ; elle est, bien au contraire, une sorte d’intensité nue
7424
lescents ; elle est, bien au contraire, une sorte
d’
intensité nue et dénuante, oui vraiment, un amer dénuement, un appauvr
7425
i vraiment, un amer dénuement, un appauvrissement
de
la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imaginatio
7426
raiment, un amer dénuement, un appauvrissement de
la
conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination c
7427
uement, un appauvrissement de la conscience vidée
de
toute diversité, une obsession de l’imagination concentrée sur une se
7428
onscience vidée de toute diversité, une obsession
de
l’imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde
7429
cience vidée de toute diversité, une obsession de
l’
imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde s’é
7430
ion concentrée sur une seule image, — et dès lors
le
monde s’évanouit, « les autres » cessent d’être présents, il n’y a pl
7431
seule image, — et dès lors le monde s’évanouit, «
les
autres » cessent d’être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoir
7432
lors le monde s’évanouit, « les autres » cessent
d’
être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoirs, ni liens qui tien
7433
, ni terre ni ciel : on est seul avec tout ce que
l’
on aime. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’exta
7434
ul avec tout ce que l’on aime. « Nous avons perdu
le
monde, et le monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de
7435
ce que l’on aime. « Nous avons perdu le monde, et
le
monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes les ch
7436
s avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est
l’
extase, la fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment,
7437
rdu le monde, et le monde nous. » C’est l’extase,
la
fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment, comment se
7438
C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes
les
choses créées. Vraiment, comment se défendre de songer ici aux « dése
7439
les choses créées. Vraiment, comment se défendre
de
songer ici aux « déserts » de la Nuit obscure que décrit saint Jean d
7440
comment se défendre de songer ici aux « déserts »
de
la Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les cho
7441
ment se défendre de songer ici aux « déserts » de
la
Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les choses
7442
ure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne
les
choses, amant ! — Ma voie est fuite. » Et Thérèse d’Avila disait, plu
7443
disait, plusieurs siècles avant Novalis, que dans
l’
extase, l’âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au m
7444
usieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase,
l’
âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-
7445
’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-t-on
le
droit d’opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier o
7446
vait que Dieu et elle au monde ». A-t-on le droit
d’
opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et u
7447
n génie religieux du premier ordre et un poème où
l’
élément mystique revêt les formes les plus rudimentaires ? Certes, ce
7448
ier ordre et un poème où l’élément mystique revêt
les
formes les plus rudimentaires ? Certes, ce serait une sorte de blasph
7449
t un poème où l’élément mystique revêt les formes
les
plus rudimentaires ? Certes, ce serait une sorte de blasphème s’il ne
7450
plus rudimentaires ? Certes, ce serait une sorte
de
blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion d’amour
7451
it une sorte de blasphème s’il ne s’agissait dans
le
Roman que d’une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous
7452
de blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que
d’
une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici su
7453
’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion
d’
amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici sur la via mysti
7454
nsuel : mais tout indique que nous sommes ici sur
la
via mystica des « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’âme
7455
sur la via mystica des « parfaits ». C’est alors
le
contenu des états d’âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffè
7456
es « parfaits ». C’est alors le contenu des états
d’
âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffère (Appendice 10). (N
7457
dissiper toute équivoque.) ⁂ Voici un autre point
de
comparaison. On sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’in
7458
ci un autre point de comparaison. On sait combien
les
mystiques espagnols ont coutume d’insister sur le récit de leurs souf
7459
sait combien les mystiques espagnols ont coutume
d’
insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour
7460
es mystiques espagnols ont coutume d’insister sur
le
récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vif
7461
ues espagnols ont coutume d’insister sur le récit
de
leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l
7462
’insister sur le récit de leurs souffrances. Plus
la
lumière et l’amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et mi
7463
le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et
l’
amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et misérable en sor
7464
Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus
l’
âme se voit souillée et misérable en sorte qu’ « elle se figure être p
7465
ssion provoque une souffrance si pénible, puisque
l’
âme se croit rejetée par Dieu, qu’elle arracha à Job soumis à une semb
7466
es souffrances corporelles ou morales qu’entraîne
la
mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparatio
7467
morales qu’entraîne la mortification des sens et
de
la volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps
7468
rales qu’entraîne la mortification des sens et de
la
volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps mê
7469
la mortification des sens et de la volonté, mais
l’
âme souffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus viv
7470
mais l’âme souffre séparation et réjection, dans
le
temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer c
7471
uffre séparation et réjection, dans le temps même
de
la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où r
7472
re séparation et réjection, dans le temps même de
la
plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où revi
7473
ection, dans le temps même de la plus vive ardeur
de
son amour. Il y aurait à citer cent pages où revient la même plainte
7474
amour. Il y aurait à citer cent pages où revient
la
même plainte de l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur
7475
ait à citer cent pages où revient la même plainte
de
l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profon
7476
à citer cent pages où revient la même plainte de
l’
âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond…
7477
t pages où revient la même plainte de l’âme sur «
l’
abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond… cruelle dise
7478
ce vide profond… cruelle disette des trois sortes
de
biens qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels,
7479
te des trois sortes de biens qui peuvent consoler
l’
âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin,
7480
ortes de biens qui peuvent consoler l’âme, savoir
les
temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette imp
7481
qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels,
les
naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette impression de reje
7482
ler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et
les
spirituels » ; enfin, « sur cette impression de rejet qui compte parm
7483
les spirituels » ; enfin, « sur cette impression
de
rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purific
7484
« sur cette impression de rejet qui compte parmi
les
peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n
7485
e impression de rejet qui compte parmi les peines
les
plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une
7486
rejet qui compte parmi les peines les plus dures
de
l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et par
7487
jet qui compte parmi les peines les plus dures de
l’
état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfoi
7488
compte parmi les peines les plus dures de l’état
de
purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfois équiv
7489
est qu’une impure et parfois équivoque traduction
de
la mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparem
7490
qu’une impure et parfois équivoque traduction de
la
mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparemmen
7491
aduction de la mystique courtoise. (Il arrive que
les
situations les plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être i
7492
mystique courtoise. (Il arrive que les situations
les
plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être interprétées — s
7493
stiques » du Roman doivent être interprétées — si
l’
on ne veut pas errer gravement — à partir de l’amour humain, et par vo
7494
si l’on ne veut pas errer gravement — à partir de
l’
amour humain, et par voie de sublimation, non par la voie inverse, all
7495
avement — à partir de l’amour humain, et par voie
de
sublimation, non par la voie inverse, allant de l’Amour divin aux mét
7496
amour humain, et par voie de sublimation, non par
la
voie inverse, allant de l’Amour divin aux métaphores, qui convient po
7497
e de sublimation, non par la voie inverse, allant
de
l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.
7498
e sublimation, non par la voie inverse, allant de
l’
Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.) C
7499
e l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour
les
grands mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plu
7500
mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans
le
mythe plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de l
7501
ci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus
d’
un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plainte du t
7502
aspect des souffrances mystiques. On se souvient
de
la plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus
7503
pect des souffrances mystiques. On se souvient de
la
plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
7504
comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus
la
désire ? Jamais l’amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’
7505
ire Que plus m’est loin plus la désire ? Jamais
l’
amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé de sa «
7506
mme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé
de
sa « dame ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phén
7507
ollement que lorsqu’il est séparé de sa « dame ».
La
psychologie la plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il n
7508
rsqu’il est séparé de sa « dame ». La psychologie
la
plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
7509
». La psychologie la plus simple rendrait compte
de
ce phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et d’image matériel
7510
t compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
de
prétexte et d’image matérielle pour représenter les tourments de l’as
7511
phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et
d’
image matérielle pour représenter les tourments de l’ascèse purificatr
7512
e prétexte et d’image matérielle pour représenter
les
tourments de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparation
7513
d’image matérielle pour représenter les tourments
de
l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux am
7514
mage matérielle pour représenter les tourments de
l’
ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux amant
7515
ents de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que
les
séparations des deux amants, dans le Roman, répondent à une nécessité
7516
vons vu que les séparations des deux amants, dans
le
Roman, répondent à une nécessité tout intérieure de la passion. Iseut
7517
Roman, répondent à une nécessité tout intérieure
de
la passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chos
7518
man, répondent à une nécessité tout intérieure de
la
passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
7519
une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
le
symbole de l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime da
7520
imée, mais elle est aussi autre chose, le symbole
de
l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et
7521
e, mais elle est aussi autre chose, le symbole de
l’
Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et pl
7522
l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il
l’
aime davantage, et plus il aime, plus il endure de souffrances. Mais n
7523
l’aime davantage, et plus il aime, plus il endure
de
souffrances. Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai
7524
endure de souffrances. Mais nous savons que c’est
la
souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoigno
7525
Mais nous savons que c’est la souffrance qui est
le
vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation
7526
avons que c’est la souffrance qui est le vrai but
de
la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (pa
7527
ns que c’est la souffrance qui est le vrai but de
la
séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (par l
7528
ut de la séparation voulue… Nous rejoignons alors
la
situation mystique (par l’autre extrême) : plus Tristan aime, et plus
7529
t plus il se veut séparé, c’est-à-dire rejeté par
l’
amour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il la t
7530
e rejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même
de
l’« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’i
7531
ejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même de
l’
« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il a
7532
mour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié »
d’
Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le «
7533
qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il
la
tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mariage blanc
7534
tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera
le
« mariage blanc » avec l’autre Iseut — l’autre « foi » — l’autre Égli
7535
tre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser
la
communion ! En un seul passage du Roman, l’orthodoxie triomphe provis
7536
fuser la communion ! En un seul passage du Roman,
l’
orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand, le philtre ayant cess
7537
’orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand,
le
philtre ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Og
7538
ovisoirement. C’est quand, le philtre ayant cessé
d’
agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Re
7539
ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver
l’
ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui souffre pour son
7540
trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre
de
celui qui souffre pour son Dieu, et des amants qui souffrent pour un
7541
la première et dernière fois). Iseut va revenir à
l’
époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’
7542
ière fois). Iseut va revenir à l’époux légitime —
l’
hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’approche avec son c
7543
ime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que
le
roi s’approche avec son cortège de barons, les amants échangent l’ann
7544
ais tandis que le roi s’approche avec son cortège
de
barons, les amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du s
7545
que le roi s’approche avec son cortège de barons,
les
amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La so
7546
avec son cortège de barons, les amants échangent
l’
anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera don
7547
cortège de barons, les amants échangent l’anneau
de
l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’appa
7548
rtège de barons, les amants échangent l’anneau de
l’
éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’apparen
7549
nt l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret.
La
soumission ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par le fer rouge
7550
cret. La soumission ne sera donc qu’apparente. Et
le
jugement par le fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance con
7551
ion ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par
le
fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du r
7552
parente. Et le jugement par le fer rouge qu’exige
la
reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du roi, deux fois trompé.
7553
ge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre
le
Dieu du roi, deux fois trompé. ⁂ Pour extérieures et formelles qu’ell
7554
⁂ Pour extérieures et formelles qu’elles soient,
de
telles correspondances ne sauraient être, en toute honnêteté, réduite
7555
e honnêteté, réduites à des coïncidences. Mais si
les
formes sont pareilles, il importe de définir en quoi les contenus res
7556
es. Mais si les formes sont pareilles, il importe
de
définir en quoi les contenus restent incompatibles, et quelle est la
7557
mes sont pareilles, il importe de définir en quoi
les
contenus restent incompatibles, et quelle est la nature de l’abus qui
7558
les contenus restent incompatibles, et quelle est
la
nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrai
7559
us restent incompatibles, et quelle est la nature
de
l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ram
7560
restent incompatibles, et quelle est la nature de
l’
abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramene
7561
tibles, et quelle est la nature de l’abus qui par
la
suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossiè
7562
est la nature de l’abus qui par la suite a voulu
les
confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Cr
7563
de l’abus qui par la suite a voulu les confondre.
L’
on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Créateur et de l
7564
ramener à une grossière confusion du Créateur et
de
la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme »
7565
mener à une grossière confusion du Créateur et de
la
créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » sel
7566
ère confusion du Créateur et de la créature, dans
le
Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des
7567
on du Créateur et de la créature, dans le Roman :
la
fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Da
7568
éature, dans le Roman : la fameuse « divinisation
de
la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne sera
7569
ure, dans le Roman : la fameuse « divinisation de
la
femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait
7570
n : la fameuse « divinisation de la femme » selon
la
formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait qu’une belle femm
7571
de la femme » selon la formule des manuels. Dans
le
cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siè
7572
cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme
le
croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous ve
7573
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront
les
siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégag
7574
femme — comme le croiront les siècles à venir —,
les
similitudes mystiques que nous venons de dégager ne seraient plus que
7575
s que nous venons de dégager ne seraient plus que
de
l’ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas
7576
ue nous venons de dégager ne seraient plus que de
l’
ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas à n
7577
t plus que de l’ordre du langage, et spécialement
de
la métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera
7578
lus que de l’ordre du langage, et spécialement de
la
métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera tra
7579
Car s’il n’y avait que cela, ce serait alors tout
l’
arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger,
7580
la, ce serait alors tout l’arrière-plan religieux
de
la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence hi
7581
ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de
la
légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence histo
7582
ende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de
l’
évidence historique. On reviendrait donc à zéro pour ce qui est du sen
7583
donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe, et
le
Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois c
7584
e qui est du sens du mythe, et le Roman cesserait
d’
être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait d’être ce
7585
oman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien
l’
amour courtois cesserait d’être ce qu’il fut, pour se mettre à ressemb
7586
man courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait
d’
être ce qu’il fut, pour se mettre à ressembler à ce que nos érudits co
7587
ore une fois, ce qui se trouve en question, c’est
la
passion d’amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, m
7588
s, ce qui se trouve en question, c’est la passion
d’
amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-
7589
uve en question, c’est la passion d’amour, et non
l’
amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-il, le principe
7590
rement profane et naturel. Voici, me semble-t-il,
le
principe véritable de l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe ab
7591
rel. Voici, me semble-t-il, le principe véritable
de
l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spi
7592
. Voici, me semble-t-il, le principe véritable de
l’
opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirit
7593
ipe véritable de l’opposition des deux mystiques.
L’
orthodoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès ce
7594
ues. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirituel »
de
Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’unio
7595
odoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et
de
l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fus
7596
xe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de
l’
âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion
7597
» de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que
l’
hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort
7598
âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère
l’
union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les
7599
tte vie, tandis que l’hérétique espère l’union et
la
fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares,
7600
espère l’union et la fusion totale, mais au-delà
de
la mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat poss
7601
père l’union et la fusion totale, mais au-delà de
la
mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possibl
7602
n totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour
les
cathares, il n’y avait pas de rachat possible de ce monde. Il s’ensui
7603
rt des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas
de
rachat possible de ce monde. Il s’ensuivait — théoriquement — que l’a
7604
les cathares, il n’y avait pas de rachat possible
de
ce monde. Il s’ensuivait — théoriquement — que l’amour profane était
7605
de ce monde. Il s’ensuivait — théoriquement — que
l’
amour profane était le malheur absolu, l’attachement impossible et con
7606
ivait — théoriquement — que l’amour profane était
le
malheur absolu, l’attachement impossible et condamnable à la créature
7607
nt — que l’amour profane était le malheur absolu,
l’
attachement impossible et condamnable à la créature imparfaite ; tandi
7608
absolu, l’attachement impossible et condamnable à
la
créature imparfaite ; tandis que pour le chrétien l’amour divin est u
7609
mnable à la créature imparfaite ; tandis que pour
le
chrétien l’amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amou
7610
créature imparfaite ; tandis que pour le chrétien
l’
amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amour profane, i
7611
our divin est un malheur recréateur. Loin de nier
l’
amour profane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants m
7612
ateur. Loin de nier l’amour profane, il aboutit à
le
sanctifier par le mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront
7613
r l’amour profane, il aboutit à le sanctifier par
le
mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité d
7614
ofane, il aboutit à le sanctifier par le mariage.
Les
amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité de la passion
7615
e. Les amants mystiques du Roman chercheront donc
l’
intensité de la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passi
7616
s mystiques du Roman chercheront donc l’intensité
de
la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive
7617
ystiques du Roman chercheront donc l’intensité de
la
passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive et
7618
heureux. Plus leur passion est vive et plus elle
les
détache des choses créées, et plus facilement ils parviennent à la mo
7619
oses créées, et plus facilement ils parviennent à
la
mort volontaire dans l’endura. Au contraire, les mystiques chrétiens
7620
ilement ils parviennent à la mort volontaire dans
l’
endura. Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans les actes et
7621
à la mort volontaire dans l’endura. Au contraire,
les
mystiques chrétiens voient dans les actes et les œuvres qui découlent
7622
Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans
les
actes et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de
7623
les mystiques chrétiens voient dans les actes et
les
œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité99.
7624
voient dans les actes et les œuvres qui découlent
de
l’état mystique les critères de sa vérité99. C’est du moins le mouvem
7625
ent dans les actes et les œuvres qui découlent de
l’
état mystique les critères de sa vérité99. C’est du moins le mouvement
7626
es et les œuvres qui découlent de l’état mystique
les
critères de sa vérité99. C’est du moins le mouvement constant de ceux
7627
res qui découlent de l’état mystique les critères
de
sa vérité99. C’est du moins le mouvement constant de ceux qui ont con
7628
tique les critères de sa vérité99. C’est du moins
le
mouvement constant de ceux qui ont concentré leur oraison sur le Chri
7629
sa vérité99. C’est du moins le mouvement constant
de
ceux qui ont concentré leur oraison sur le Christ incarné réellement.
7630
nstant de ceux qui ont concentré leur oraison sur
le
Christ incarné réellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas l’I
7631
ur oraison sur le Christ incarné réellement. Mais
les
« parfaits » ne croyaient pas l’Incarnation, et ne pouvaient connaîtr
7632
éellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas
l’
Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une vie ré
7633
’Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour
de
l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Th
7634
carnation, et ne pouvaient connaître ce retour de
l’
âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérè
7635
ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs
de
ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir asse
7636
e ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est
de
ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir s
7637
ais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute
la
vie nouvelle, et pour obéir sans tourments. Je ne trouve rien, dans T
7638
ts. Je ne trouve rien, dans Tristan, qui rappelle
le
« rejet des dons » dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix. Le
7639
» dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix.
Les
amants se plaignent parfois de leur passion et maudissent le poison f
7640
Jean de la Croix. Les amants se plaignent parfois
de
leur passion et maudissent le poison fatal, cause de leurs terribles
7641
e plaignent parfois de leur passion et maudissent
le
poison fatal, cause de leurs terribles souffrances. « Amor par force
7642
leur passion et maudissent le poison fatal, cause
de
leurs terribles souffrances. « Amor par force les demeine. » Mais fin
7643
de leurs terribles souffrances. « Amor par force
les
demeine. » Mais finalement, c’est la passion totale qu’ils accueiller
7644
r par force les demeine. » Mais finalement, c’est
la
passion totale qu’ils accueilleront comme la révélation dernière, dan
7645
’est la passion totale qu’ils accueilleront comme
la
révélation dernière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les
7646
accueilleront comme la révélation dernière, dans
la
mort. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrou
7647
comme la révélation dernière, dans la mort. Ainsi
de
leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent pas au-del
7648
ière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers
les
créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de s
7649
si de leur attitude envers les créatures : ils ne
les
retrouvent pas au-delà de leur passion et de son ascèse. Ils ignorent
7650
les créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà
de
leur passion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au
7651
ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et
de
son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au monde si caractéri
7652
ssion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement
de
retour au monde si caractéristique du christianisme. Jean de la Croix
7653
aît un détachement parfait : « Lorsqu’on mortifie
les
passions, l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette
7654
ment parfait : « Lorsqu’on mortifie les passions,
l’
âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette façon, elle e
7655
qu’on mortifie les passions, l’âme ne reçoit plus
d’
aliment des créatures ; et de cette façon, elle est remplie d’obscurit
7656
l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et
de
cette façon, elle est remplie d’obscurité, et destituée des objets qu
7657
s créatures ; et de cette façon, elle est remplie
d’
obscurité, et destituée des objets que les passions lui présentaient.
7658
remplie d’obscurité, et destituée des objets que
les
passions lui présentaient. » (Nuit obscure, III.) (Et l’on peut certe
7659
ions lui présentaient. » (Nuit obscure, III.) (Et
l’
on peut certes rapprocher ce passage de l’admirable cri de Ventadour :
7660
III.) (Et l’on peut certes rapprocher ce passage
de
l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris
7661
I.) (Et l’on peut certes rapprocher ce passage de
l’
admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris mo
7662
t certes rapprocher ce passage de l’admirable cri
de
Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a
7663
de l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris
le
cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis s’est elle
7664
is le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant rien que mo
7665
e mon désir et mon cœur assoiffé. ») Au-delà même
de
cet état, Jean de la Croix connut la viduité totale, où non seulement
7666
Au-delà même de cet état, Jean de la Croix connut
la
viduité totale, où non seulement le monde et le prochain, et l’amour
7667
Croix connut la viduité totale, où non seulement
le
monde et le prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
7668
t la viduité totale, où non seulement le monde et
le
prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour s
7669
ale, où non seulement le monde et le prochain, et
l’
amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour semblent se dérob
7670
n, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
de
l’amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute con
7671
et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de
l’
amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute convoi
7672
au désir de l’amour semblent se dérober au comble
de
l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut,
7673
désir de l’amour semblent se dérober au comble de
l’
élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et
7674
semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide
de
toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire
7675
e de l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne
le
pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le
7676
Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers
le
haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arn
7677
itise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne
l’
attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait a
7678
le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers
le
bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet «
7679
ut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.)
Le
troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui
7680
ximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi
de
cet « excès de désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théop
7681
badour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès
de
désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théopathique n’about
7682
opathique n’aboutit point chez Jean de la Croix à
la
condamnation des créatures. Maître Eckhart, que l’on tient cependant
7683
a condamnation des créatures. Maître Eckhart, que
l’
on tient cependant — à tort peut-être — pour platonicien, sait dire en
7684
platonicien, sait dire en termes magnifiques que
l’
âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péc
7685
ait dire en termes magnifiques que l’âme pure est
le
lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes le
7686
en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu
de
rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes les créatu
7687
e lieu de rédemption des créatures dénaturées par
le
péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
7688
n des créatures dénaturées par le péché. « Toutes
les
créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se po
7689
rées par le péché. « Toutes les créatures passent
de
leur vie à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison
7690
créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
les
créatures se portent dans ma raison afin d’être en moi raisonnables.
7691
e en moi raisonnables. Moi seul, je ramène toutes
les
créatures à Dieu. » C’est ce mouvement qui fait défaut, théoriquement
7692
éfaut, théoriquement, à toute mystique fondée sur
l’
Éros lumineux. Mais il faut indiquer la dernière limite, qui est celle
7693
l faut indiquer la dernière limite, qui est celle
de
l’humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère
7694
aut indiquer la dernière limite, qui est celle de
l’
humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de
7695
imite, qui est celle de l’humilité. Et là encore,
la
clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman es
7696
qui est celle de l’humilité. Et là encore, la clé
de
l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baign
7697
est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de
l’
opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné p
7698
té. Et là encore, la clé de l’opposition est dans
le
mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtiq
7699
ncore, la clé de l’opposition est dans le mystère
de
l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’org
7700
re, la clé de l’opposition est dans le mystère de
l’
Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orguei
7701
’opposition est dans le mystère de l’Incarnation.
Le
Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque
7702
mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par
l’
atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la
7703
on. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique
de
l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le mo
7704
Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de
l’
orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteu
7705
phère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est
le
désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Co
7706
tique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir
de
la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
7707
ue de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de
la
prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les
7708
aleresque : c’est le désir de la prouesse qui est
le
moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les passionnés, il aime
7709
de la prouesse qui est le moteur des hauts faits
de
Tristan. Comme tous les passionnés, il aime avec témérité la sensatio
7710
le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
les
passionnés, il aime avec témérité la sensation de puissance qu’il épr
7711
Comme tous les passionnés, il aime avec témérité
la
sensation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir fi
7712
es passionnés, il aime avec témérité la sensation
de
puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque
7713
rité la sensation de puissance qu’il éprouve dans
le
risque. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la
7714
sation de puissance qu’il éprouve dans le risque.
D’
où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sa
7715
n de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où
le
désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans te
7716
que. D’où le désir final du risque pour lui-même,
la
passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour.
7717
e désir final du risque pour lui-même, la passion
de
la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aper
7718
ésir final du risque pour lui-même, la passion de
la
passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoi
7719
ur lui-même, la passion de la passion sans terme,
la
volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
7720
, la passion de la passion sans terme, la volonté
de
la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse
7721
a passion de la passion sans terme, la volonté de
la
mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse ét
7722
on sans terme, la volonté de la mort sans retour.
L’
on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était le signe matériel
7723
sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
la
prouesse était le signe matériel d’un processus de divinisation. Les
7724
s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était
le
signe matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, t
7725
e limite, que la prouesse était le signe matériel
d’
un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire,
7726
a prouesse était le signe matériel d’un processus
de
divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudenc
7727
le signe matériel d’un processus de divinisation.
Les
vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur
7728
ion. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont
la
prudence même, la rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. S
7729
tiques, tout au contraire, sont la prudence même,
la
rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est
7730
ontraire, sont la prudence même, la rigueur même,
l’
obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est
7731
nce même, la rigueur même, l’obéissance même dans
la
lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie
7732
ur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si «
la
mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie », et Christ s’es
7733
Christ s’est incarné, c’est-à-dire abaissé. Ainsi
le
chrétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort d’amour transfigu
7734
e abaissé. Ainsi le chrétien ne se jette pas dans
l’
illusion d’une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
7735
Ainsi le chrétien ne se jette pas dans l’illusion
d’
une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites
7736
rétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort
d’
amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa terr
7737
d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
les
limites de sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, e
7738
sfigurante, mais au contraire accepte les limites
de
sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l
7739
e les limites de sa terrestre vocation. « Rien ne
le
pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint
7740
e sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers
le
haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint Jean de la Croi
7741
ion. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne
l’
attire vers le bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce q
7742
le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers
le
bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce qu’il se tient
7743
a Croix, et cela « parce qu’il se tient au centre
de
son humilité ». 3.Transpositions curieuses, mais inévitables To
7744
anspositions curieuses, mais inévitables Toute
la
poésie d’Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui
7745
ns curieuses, mais inévitables Toute la poésie
d’
Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui en dérive.
7746
inévitables Toute la poésie d’Occident procède
de
l’amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette orig
7747
vitables Toute la poésie d’Occident procède de
l’
amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette origine
7748
seudo-mystique ; et c’est dans ce vocabulaire que
les
amoureux d’aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs m
7749
e ; et c’est dans ce vocabulaire que les amoureux
d’
aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs métaphores le
7750
t encore, en toute inconscience, leurs métaphores
les
plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un
7751
s métaphores les plus courantes. Mais de même que
le
mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et d
7752
le mythe romanesque avait utilisé un « matériel »
d’
images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, d
7753
omanesque avait utilisé un « matériel » d’images,
de
noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une
7754
vait utilisé un « matériel » d’images, de noms et
de
situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une religion dé
7755
tuations tiré du fonds religieux des Celtes, donc
d’
une religion déjà morte, de même notre littérature et nos passions uti
7756
ature et nos passions utilisent par abus, et sans
le
savoir, un langage dont la seule mystique définissait le sens valable
7757
sent par abus, et sans le savoir, un langage dont
la
seule mystique définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ambigu
7758
ir, un langage dont la seule mystique définissait
le
sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésit
7759
seule mystique définissait le sens valable. Plus
d’
une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel
7760
que définissait le sens valable. Plus d’une fois,
l’
ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’
7761
ésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il
d’
amour profane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros l
7762
l épisode : s’agissait-il d’amour profane — selon
la
lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Égli
7763
l d’amour profane — selon la lettre du Roman — ou
d’
un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit
7764
fane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole
de
l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que, par
7765
e — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de
l’
Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que, par la
7766
Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire
de
l’Église d’Amour ? On conçoit donc que, par la suite, le lecteur igno
7767
an — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de
l’
Église d’Amour ? On conçoit donc que, par la suite, le lecteur ignoran
7768
’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église
d’
Amour ? On conçoit donc que, par la suite, le lecteur ignorant des mys
7769
re de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que, par
la
suite, le lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené
7770
lise d’Amour ? On conçoit donc que, par la suite,
le
lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené à transpos
7771
s ces allégories trop bien voilées. Il est facile
d’
imaginer le processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te che
7772
ories trop bien voilées. Il est facile d’imaginer
le
processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te cherchais hors
7773
, parce que tu étais en moi. » Il parle à Dieu, à
l’
amour éternel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la même priè
7774
ernel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé
la
même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux
7775
troubadour ait exprimé la même prière en feignant
de
l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il
7776
ubadour ait exprimé la même prière en feignant de
l’
adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il en
7777
même prière en feignant de l’adresser à sa Dame.
L’
amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il entend à leur sens profa
7778
ues, qu’il entend à leur sens profane, sera tenté
de
voir dans cette même phrase l’expression de la passion qu’il aime : c
7779
rofane, sera tenté de voir dans cette même phrase
l’
expression de la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en
7780
tenté de voir dans cette même phrase l’expression
de
la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une
7781
té de voir dans cette même phrase l’expression de
la
passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une so
7782
lle qu’on goûte et savoure en soi, dans une sorte
d’
indifférence à son objet vivant et extérieur. Ainsi nous avons vu que
7783
s sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui
la
brûlure délicieuse du désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
7784
le éveille en lui la brûlure délicieuse du désir.
L’
amour-passion tend à se confondre avec l’exaltation d’un narcissisme…
7785
u désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
l’
exaltation d’un narcissisme… Dans cette transposition objectivement ma
7786
our-passion tend à se confondre avec l’exaltation
d’
un narcissisme… Dans cette transposition objectivement mais non pas co
7787
lasphématoire, et qui ne s’est accomplie qu’après
le
xiie siècle, la conscience moderne a cru voir une donnée première. E
7788
qui ne s’est accomplie qu’après le xiie siècle,
la
conscience moderne a cru voir une donnée première. Elle a cru pouvoir
7789
donnée première. Elle a cru pouvoir « expliquer »
le
plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine.
7790
lle a cru pouvoir « expliquer » le plus élevé par
le
plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette
7791
voir « expliquer » le plus élevé par le plus bas,
la
mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette « science »
7792
plus élevé par le plus bas, la mystique pure par
la
passion humaine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur l’observ
7793
aine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur
l’
observation du langage, et spécialement sur la similitude des métaphor
7794
sur l’observation du langage, et spécialement sur
la
similitude des métaphores utilisées dans les deux cas. Or d’où venaie
7795
t sur la similitude des métaphores utilisées dans
les
deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nou
7796
de des métaphores utilisées dans les deux cas. Or
d’
où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous l’avons vu — m
7797
s les deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ?
D’
une mystique, comme nous l’avons vu — mais déguisée, persécutée, puis
7798
aient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous
l’
avons vu — mais déguisée, persécutée, puis oubliée. À tel point oublié
7799
À tel point oubliée comme hérésie, et passée dans
les
mœurs comme poésie, que les mystiques chrétiens utiliseront ses métap
7800
résie, et passée dans les mœurs comme poésie, que
les
mystiques chrétiens utiliseront ses métaphores devenues profanes comm
7801
nce » reste donc valable à condition qu’on change
le
signe de chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science p
7802
te donc valable à condition qu’on change le signe
de
chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science proclame q
7803
able à condition qu’on change le signe de chacune
de
ses propositions. Par exemple, là où la science proclame que la mysti
7804
e chacune de ses propositions. Par exemple, là où
la
science proclame que la mystique résulte d’une sublimation de l’insti
7805
tions. Par exemple, là où la science proclame que
la
mystique résulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira de chang
7806
là où la science proclame que la mystique résulte
d’
une sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la rel
7807
roclame que la mystique résulte d’une sublimation
de
l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, e
7808
lame que la mystique résulte d’une sublimation de
l’
instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d
7809
sulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira
de
changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinc
7810
sublimation de l’instinct, il suffira de changer
le
sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en ques
7811
tion de l’instinct, il suffira de changer le sens
de
la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question rés
7812
n de l’instinct, il suffira de changer le sens de
la
relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question résult
7813
a de changer le sens de la relation constatée, et
d’
écrire que « l’instinct » en question résulte d’une profanation de la
7814
sens de la relation constatée, et d’écrire que «
l’
instinct » en question résulte d’une profanation de la mystique primit
7815
t d’écrire que « l’instinct » en question résulte
d’
une profanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience m
7816
’instinct » en question résulte d’une profanation
de
la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une
7817
stinct » en question résulte d’une profanation de
la
mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une si
7818
rofanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant,
la
conscience moderne montre une si grande répugnance à opérer ce renver
7819
épugnance à opérer ce renversement, qu’il est bon
d’
entrer plus avant dans le mécanisme des transpositions, et même de rec
7820
versement, qu’il est bon d’entrer plus avant dans
le
mécanisme des transpositions, et même de reconnaître la valeur de cer
7821
ant dans le mécanisme des transpositions, et même
de
reconnaître la valeur de certaines objections courantes. Car enfin, d
7822
anisme des transpositions, et même de reconnaître
la
valeur de certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la my
7823
transpositions, et même de reconnaître la valeur
de
certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la mystique, au
7824
aines objections courantes. Car enfin, dira-t-on,
la
mystique, au moins dans une de ses tendances, ne s’est-elle pas prêté
7825
enfin, dira-t-on, la mystique, au moins dans une
de
ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes les confusions ? N’a
7826
ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes
les
confusions ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’Éros pa
7827
ons ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage
de
l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la pass
7828
? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de
l’
Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion
7829
e l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et
le
langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de f
7830
ïen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage
de
la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de
7831
? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de
la
passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de con
7832
stiques orthodoxes et le langage de la passion
Le
fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens
7833
es et le langage de la passion Le fait central
de
toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événem
7834
assion Le fait central de toute vie religieuse
de
forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dè
7835
fait central de toute vie religieuse de forme et
de
contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que l’on s
7836
eligieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est
l’
événement de l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de
7837
forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement
de
l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’
7838
rme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de
l’
Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on
7839
iens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que
l’
on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
7840
s que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer,
l’
on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérési
7841
écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt
le
double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathare
7842
oit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
de
l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à i
7843
peu de ce foyer, l’on encourt le double péril de
l’
humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéa
7844
r, l’on encourt le double péril de l’humanisme et
de
l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Év
7845
l’on encourt le double péril de l’humanisme et de
l’
idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évang
7846
e double péril de l’humanisme et de l’idéalisme.
L’
hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évangile, et à rega
7847
’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout
l’
Évangile, et à regarder l’amour sous toutes ses formes comme un élan h
7848
istait à idéaliser tout l’Évangile, et à regarder
l’
amour sous toutes ses formes comme un élan hors du monde créé. Cette f
7849
omme un élan hors du monde créé. Cette fuite dans
le
divin — ou « enthousiasme » — cette transgression des limites de l’hu
7850
enthousiasme » — cette transgression des limites
de
l’humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d
7851
thousiasme » — cette transgression des limites de
l’
humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d’un
7852
nt irréalisable, devait se traduire, et se trahir
d’
une manière fatale, par une exaltation en termes divins de l’amour sex
7853
nière fatale, par une exaltation en termes divins
de
l’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les
7854
re fatale, par une exaltation en termes divins de
l’
amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les plu
7855
exaltation en termes divins de l’amour sexuel. À
l’
inverse, on peut observer chez les mystiques les plus « christocentriq
7856
’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez
les
mystiques les plus « christocentriques » une propension à s’adresser
7857
À l’inverse, on peut observer chez les mystiques
les
plus « christocentriques » une propension à s’adresser à Dieu dans le
7858
triques » une propension à s’adresser à Dieu dans
le
langage des affections humaines : attrait sexuel, faim et soif, volon
7859
im et soif, volonté. Exaltation en termes humains
de
l’amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous ret
7860
et soif, volonté. Exaltation en termes humains de
l’
amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrou
7861
volonté. Exaltation en termes humains de l’amour
de
Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrouverons d
7862
t deux grands courants que nous retrouverons dans
la
mystique universelle. Ils seront d’ailleurs rarement purs dans telle
7863
purs dans telle ou telle œuvre donnée. Même chez
les
représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils
7864
u telle œuvre donnée. Même chez les représentants
les
plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque
7865
ée. Même chez les représentants les plus typiques
de
l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût
7866
z les représentants les plus typiques de l’une et
de
l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à la
7867
, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à
la
manière dont la tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
7868
presque toujours, ne fût-ce qu’à la manière dont
la
tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez le croyant. Hist
7869
e qu’à la manière dont la tentation coexiste avec
la
volonté d’obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est
7870
anière dont la tentation coexiste avec la volonté
d’
obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est donc malais
7871
tation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
le
croyant. Historiquement parlant, il est donc malaisé de les isoler. M
7872
yant. Historiquement parlant, il est donc malaisé
de
les isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier cou
7873
t. Historiquement parlant, il est donc malaisé de
les
isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier courant
7874
donc malaisé de les isoler. Mais théologiquement,
la
chose est claire. Le premier courant est celui de la mystique unitive
7875
la chose est claire. Le premier courant est celui
de
la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la di
7876
chose est claire. Le premier courant est celui de
la
mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divin
7877
rant est celui de la mystique unitive : il tend à
la
fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être
7878
la mystique unitive : il tend à la fusion totale
de
l’âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de
7879
mystique unitive : il tend à la fusion totale de
l’
âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la
7880
unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et
de
la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique
7881
itive : il tend à la fusion totale de l’âme et de
la
divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique épi
7882
ivinité. Le second courant peut être appelé celui
de
la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, e
7883
nité. Le second courant peut être appelé celui de
la
mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, et s
7884
de la mystique épithalamique : il tend au mariage
de
l’âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est ma
7885
la mystique épithalamique : il tend au mariage de
l’
âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maint
7886
ue épithalamique : il tend au mariage de l’âme et
de
Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maintenue entr
7887
me et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction
d’
essence est maintenue entre la créature et le Créateur. Quelques exemp
7888
qu’une distinction d’essence est maintenue entre
la
créature et le Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls va
7889
tion d’essence est maintenue entre la créature et
le
Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls valables en ce do
7890
e et le Créateur. Quelques exemples individuels —
les
seuls valables en ce domaine100 — nous permettront de préciser tout c
7891
euls valables en ce domaine100 — nous permettront
de
préciser tout cela sans excessives simplifications. Ils nous permettr
7892
excessives simplifications. Ils nous permettront
d’
entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage
7893
simplifications. Ils nous permettront d’entrevoir
les
raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en r
7894
ons. Ils nous permettront d’entrevoir les raisons
de
ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en religion doi
7895
entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : «
l’
abus » du langage amoureux en religion doit être rattaché, historiquem
7896
on doit être rattaché, historiquement, au courant
le
plus orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage de Rudo
7897
us orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à
l’
ouvrage de Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 101. L’
7898
xe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage
de
Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 101. L’auteur com
7899
Otto intitulé Mystique occidentale-orientale 101.
L’
auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au x
7900
tale-orientale 101. L’auteur compare, puis oppose
le
fondateur de la mystique allemande au xive siècle. Maître Eckhart, e
7901
e 101. L’auteur compare, puis oppose le fondateur
de
la mystique allemande au xive siècle. Maître Eckhart, et le mystique
7902
01. L’auteur compare, puis oppose le fondateur de
la
mystique allemande au xive siècle. Maître Eckhart, et le mystique hi
7903
que allemande au xive siècle. Maître Eckhart, et
le
mystique hindou Sankara. Ce qui est intéressant pour notre objet, c’e
7904
pour notre objet, c’est que Rudolf Otto distingue
l’
Orient de l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros
7905
e objet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient
de
l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Ag
7906
bjet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient de
l’
Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè
7907
ccident en ramenant leurs mystiques respectives à
l’
Éros et à l’Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous propo
7908
amenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à
l’
Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-des
7909
eurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè,
d’
une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-dessus (voir
7910
proposions ci-dessus (voir II, 4). Sankara refuse
le
monde et le condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le sa
7911
i-dessus (voir II, 4). Sankara refuse le monde et
le
condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui e
7912
nkara refuse le monde et le condamne sans appel :
le
nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infini
7913
ndamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir
le
samsara (qui est la vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire,
7914
le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est
la
vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu p
7915
contraire, Eckhart verra Dieu présent dans toutes
les
créatures, en tant que, par l’âme du croyant, elles « passent de leur
7916
ésent dans toutes les créatures, en tant que, par
l’
âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confront
7917
n tant que, par l’âme du croyant, elles « passent
de
leur vie à leur être ». La confrontation est rendue possible par le f
7918
oyant, elles « passent de leur vie à leur être ».
La
confrontation est rendue possible par le fait qu’il existe au Moyen Â
7919
être ». La confrontation est rendue possible par
le
fait qu’il existe au Moyen Âge une tradition mystique parallèle à cel
7920
oyen Âge une tradition mystique parallèle à celle
de
Sankara. « Mystique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la fav
7921
mystique parallèle à celle de Sankara. « Mystique
de
l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je e
7922
tique parallèle à celle de Sankara. « Mystique de
l’
ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et l
7923
stique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à
la
faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotio
7924
l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur
de
laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent
7925
ntimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle
le
Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’
7926
e — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et
le
Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’autre, do
7927
l’un dans l’autre, donnant naissance à une unité
d’
être. Eckhart ne connaît ni cette ivresse ni cet amour « pathologique
7928
t ni cette ivresse ni cet amour « pathologique ».
L’
amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la
7929
amour « pathologique ». L’amour, pour lui, c’est
la
vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre
7930
e ». L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne
de
l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humb
7931
. L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de
l’
Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humble
7932
c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme
la
mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à l’extrême, et en mê
7933
mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à
l’
extrême, et en même temps volontaire et active comme le kantien « amou
7934
rême, et en même temps volontaire et active comme
le
kantien « amour pratique ». C’est par ce trait, tout particulièrement
7935
, tout particulièrement, que Eckhart se distingue
d’
une manière radicale de Plotin, dont on persiste à faire son maître. P
7936
, que Eckhart se distingue d’une manière radicale
de
Plotin, dont on persiste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
7937
siste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
l’
amour mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétie
7938
e. Plotin lui aussi prêche l’amour mystique, mais
l’
amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétienne ; c’est l’Éros grec
7939
mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement
l’
Agapè chrétienne ; c’est l’Éros grec, qui est jouissance, et jouissanc
7940
tinien n’est nullement l’Agapè chrétienne ; c’est
l’
Éros grec, qui est jouissance, et jouissance d’une naturelle et surnat
7941
st l’Éros grec, qui est jouissance, et jouissance
d’
une naturelle et surnaturelle Beauté… gardant jusqu’en ses plus subtil
7942
u’en ses plus subtiles sublimations quelque chose
de
l’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l
7943
n ses plus subtiles sublimations quelque chose de
l’
Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’in
7944
’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui,
de
la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la
7945
os du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de
la
ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la fe
7946
sium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur
de
l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divin
7947
m platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de
l’
instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine,
7948
en, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct
de
procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine, mais n’en c
7949
nstinct de procréation, s’élève en se purifiant à
la
ferveur divine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’homme
7950
à la ferveur divine, mais n’en conserve pas moins
les
éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n
7951
divine, mais n’en conserve pas moins les éléments
de
l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas cel
7952
ine, mais n’en conserve pas moins les éléments de
l’
homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle
7953
les éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart,
la
vraie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état de senti
7954
raie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant
d’
un état de sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un éla
7955
mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état
de
sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan d’amour
7956
entiment, mènerait à une union suprême, au sommet
d’
un élan d’amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œ
7957
mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan
d’
amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non
7958
une union suprême, au sommet d’un élan d’amour :
L’
amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non à une esse
7959
l unit bien à une œuvre, non à une essence.102 «
L’
union lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord la possibilité d’u
7960
ion lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord
la
possibilité d’une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
7961
t plutôt comme fournissant d’abord la possibilité
d’
une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas le moindre trai
7962
gapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
le
moindre trait commun avec l’Éros platonicien ou plotinien, mais encor
7963
nt son Agapè n’a pas le moindre trait commun avec
l’
Éros platonicien ou plotinien, mais encore elle figure la pureté même
7964
platonicien ou plotinien, mais encore elle figure
la
pureté même du sentiment chrétien dans sa chasteté et sa simplicité é
7965
simplicité élémentaires, sans exaltation ni ajout
d’
aucune sorte. » Et de cette union résultent « la confiance, la foi, l’
7966
es, sans exaltation ni ajout d’aucune sorte. » Et
de
cette union résultent « la confiance, la foi, l’abandon, le service »
7967
t d’aucune sorte. » Et de cette union résultent «
la
confiance, la foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me
7968
te. » Et de cette union résultent « la confiance,
la
foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
7969
de cette union résultent « la confiance, la foi,
l’
abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une co
7970
nion résultent « la confiance, la foi, l’abandon,
le
service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
7971
service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
d’
une communion que d’une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart
7972
donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
d’
une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme,
7973
, d’une communion que d’une union, puisque, comme
l’
écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103. L’ac
7974
e union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart,
l’
âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103. L’acte d’amour spirituel est i
7975
sque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste
l’
âme, et Dieu reste Dieu103. L’acte d’amour spirituel est initial, et n
7976
ckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103.
L’
acte d’amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la
7977
l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103. L’acte
d’
amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la mort à
7978
d’amour spirituel est initial, et non final. Pour
le
chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-b
7979
tuel est initial, et non final. Pour le chrétien,
la
mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la ca
7980
n final. Pour le chrétien, la mort à soi-même est
le
début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde.
7981
Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début
d’
une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleur
7982
e est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non
la
catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où
7983
d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe
de
ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où il est questio
7984
ophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage
d’
Eckhart où il est question non plus d’union mais bien d’égalité de l’â
7985
un passage d’Eckhart où il est question non plus
d’
union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu : « Et cette égalité de
7986
art où il est question non plus d’union mais bien
d’
égalité de l’âme et de Dieu : « Et cette égalité de l’un dans l’un et
7987
est question non plus d’union mais bien d’égalité
de
l’âme et de Dieu : « Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un
7988
question non plus d’union mais bien d’égalité de
l’
âme et de Dieu : « Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est
7989
non plus d’union mais bien d’égalité de l’âme et
de
Dieu : « Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est source e
7990
’égalité de l’âme et de Dieu : « Et cette égalité
de
l’un dans l’un et avec l’un est source et origine du fleurissant resp
7991
ant amour. »104 Ce n’est donc pas, conclut Otto,
la
plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart l’expression authent
7992
plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart
l’
expression authentique de l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne p
7993
qui figure pour Eckhart l’expression authentique
de
l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaiss
7994
i figure pour Eckhart l’expression authentique de
l’
union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent
7995
pression authentique de l’union divine, mais bien
l’
Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent ni Plotin ni Sankara. » V
7996
ni Sankara. » Voici donc, semble-t-il, deux pôles
de
la mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-
7997
Sankara. » Voici donc, semble-t-il, deux pôles de
la
mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-à-d
7998
mystique universelle très nettement caractérisés.
L’
Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et l’Occident (ici figur
7999
’Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et
l’
Occident (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans les termes mêmes
8000
dent (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans
les
termes mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer la mystique
8001
ns les termes mêmes par lesquels nous avons tenté
de
distinguer la mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’am
8002
mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer
la
mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Ec
8003
s tenté de distinguer la mystique des cathares et
la
doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de
8004
a mystique des cathares et la doctrine chrétienne
de
l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean
8005
ystique des cathares et la doctrine chrétienne de
l’
amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean XX
8006
ne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur
de
sainteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies
8007
. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté.
Le
pape Jean XXII condamna même ses thèses les plus hardies dans une bul
8008
nteté. Le pape Jean XXII condamna même ses thèses
les
plus hardies dans une bulle de 1329. L’une des thèses condamnées, la
8009
a même ses thèses les plus hardies dans une bulle
de
1329. L’une des thèses condamnées, la dixième, est ainsi reproduite d
8010
condamnées, la dixième, est ainsi reproduite dans
la
bulle : « Nous nous métamorphosons totalement en Dieu et nous nous co
8011
alement en Dieu et nous nous convertissons en lui
de
la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du C
8012
ment en Dieu et nous nous convertissons en lui de
la
même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du Chri
8013
nous convertissons en lui de la même manière que
le
pain dans le sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi c
8014
issons en lui de la même manière que le pain dans
le
sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi changé en lui
8015
e me fait être sien. Unité et non similitude. Par
le
Dieu vivant, il est vrai qu’il n’y a plus là aucune distinction. » Ce
8016
e distinction. » Cette thèse, extraite des œuvres
d’
Eckhart, paraît contredire formellement l’interprétation précédente. E
8017
œuvres d’Eckhart, paraît contredire formellement
l’
interprétation précédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de « l’
8018
cédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de «
l’
Orient », c’est-à-dire du côté d’une mystique essentiellement unitive,
8019
art du côté de « l’Orient », c’est-à-dire du côté
d’
une mystique essentiellement unitive, et par cela même hérétique… Ce q
8020
Ce qui est certain, c’est que Maître Eckhart est
le
dialecticien par excellence, et qu’il est trop facile d’extraire de s
8021
ecticien par excellence, et qu’il est trop facile
d’
extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui,
8022
r excellence, et qu’il est trop facile d’extraire
de
ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu
8023
et qu’il est trop facile d’extraire de ses œuvres
les
vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négatio
8024
trop facile d’extraire de ses œuvres les vérités
les
plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négation et affirma
8025
e, « négation et affirmation forment à elles deux
la
vérité. L’une n’est pas vraie sans l’autre, et ne se peut concevoir q
8026
mation et négation sont inséparables, n’étant que
les
deux aspects d’une même vérité »105. Il n’en est pas moins significat
8027
n sont inséparables, n’étant que les deux aspects
d’
une même vérité »105. Il n’en est pas moins significatif de constater
8028
e vérité »105. Il n’en est pas moins significatif
de
constater que Eckhart souleva dans la mystique flamande une oppositio
8029
ignificatif de constater que Eckhart souleva dans
la
mystique flamande une opposition très violente, et sur les chefs préc
8030
que flamande une opposition très violente, et sur
les
chefs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’union essentie
8031
très violente, et sur les chefs précis dont Otto
le
montre adversaire : savoir l’union essentielle et l’abandon des œuvre
8032
fs précis dont Otto le montre adversaire : savoir
l’
union essentielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
8033
montre adversaire : savoir l’union essentielle et
l’
abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient de quelqu’un ! C’est ai
8034
tielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à
l’
Orient de quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie
8035
l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
de
quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie que j’app
8036
quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura
l’
hérésie que j’appelle « orientale » aux yeux de Ruysbroek l’Admirable.
8037
uant à ces gens qui ne veulent pas seulement être
les
égaux de Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus mau
8038
gens qui ne veulent pas seulement être les égaux
de
Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus maudits que
8039
i désirer, ni posséder… Voilà ce qu’ils appellent
la
parfaite pauvreté d’esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et
8040
r… Voilà ce qu’ils appellent la parfaite pauvreté
d’
esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et chantent ses louange
8041
sprit et chantent ses louanges, pratiquent toutes
les
vertus. Ils connaissent et ils aiment ; ils cherchent ; ils trouvent…
8042
herchent ; ils trouvent… » Bref, ils agissent. On
le
voit : Ruysbroek accuse Eckhart de quiétisme. Il revendique contre lu
8043
s agissent. On le voit : Ruysbroek accuse Eckhart
de
quiétisme. Il revendique contre lui un certain activisme de l’amour.
8044
me. Il revendique contre lui un certain activisme
de
l’amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l
8045
Il revendique contre lui un certain activisme de
l’
amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l’âm
8046
il ne croit nullement que toute distinction entre
l’
âme et Dieu puisse être abolie : l’âme ne peut se faire divine, mais s
8047
tinction entre l’âme et Dieu puisse être abolie :
l’
âme ne peut se faire divine, mais seulement semblable à Dieu. Elle con
8048
lement semblable à Dieu. Elle contemple Dieu dans
le
miroir d’un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nou
8049
blable à Dieu. Elle contemple Dieu dans le miroir
d’
un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nous sommes e
8050
contemplons ; car notre essence, sans rien perdre
de
sa propre personnalité, est unie à la vérité divine qui respecte la d
8051
rien perdre de sa propre personnalité, est unie à
la
vérité divine qui respecte la distinction. » Et ailleurs : « L’abîme
8052
nnalité, est unie à la vérité divine qui respecte
la
distinction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est pe
8053
ne qui respecte la distinction. » Et ailleurs : «
L’
abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
8054
nction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare
de
Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est l
8055
urs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est perçu
de
nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essenti
8056
qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu
le
plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voi
8057
de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
de
nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’
8058
nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est
la
distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait de mettre
8059
mes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici
le
point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir esse
8060
ssentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait
de
mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amo
8061
le point qu’il importait de mettre en lumière. Si
l’
âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est
8062
ère. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu,
l’
amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il n
8063
l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour
de
l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera p
8064
me peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de
l’
âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera pas
8065
primer en termes de passion. Et c’est bien ce que
l’
Histoire démontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paq
8066
Et c’est bien ce que l’Histoire démontre. « Chez
les
mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paquier106 —, je ne sais si l’on
8067
émontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit
l’
abbé Paquier106 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l
8068
rtiens — écrit l’abbé Paquier106 —, je ne sais si
l’
on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’
8069
Paquier106 —, je ne sais si l’on rencontre jamais
le
langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir ess
8070
—, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage
de
l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellemen
8071
je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de
l’
amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à
8072
encontre jamais le langage de l’amour humain. » À
l’
inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le sout
8073
s le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si
l’
âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’orthodo
8074
’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme
le
soutient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme
8075
s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient
l’
orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme pour Dieu es
8076
utient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que
l’
amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque
8077
’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour
de
l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheur
8078
thodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de
l’
âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux
8079
peut alors prévoir que cet amour s’exprimera dans
le
langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’hérésie cathare
8080
era dans le langage passionnel, c’est-à-dire dans
le
langage de l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adop
8081
langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage
de
l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les
8082
ngage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de
l’
hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les pas
8083
le langage de l’hérésie cathare « profanisé » par
la
littérature et adopté par les passions humaines. Car c’est sa rhétori
8084
re « profanisé » par la littérature et adopté par
les
passions humaines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être la plus
8085
aines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être
la
plus apte à traduire et à communiquer l’essence tout ineffable du sen
8086
uve être la plus apte à traduire et à communiquer
l’
essence tout ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore, les texte
8087
uniquer l’essence tout ineffable du sentiment que
l’
on vit. Là encore, les textes confirment l’exactitude de notre schéma.
8088
t ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore,
les
textes confirment l’exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysb
8089
nt que l’on vit. Là encore, les textes confirment
l’
exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine d
8090
it. Là encore, les textes confirment l’exactitude
de
notre schéma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine de la distinct
8091
schéma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine
de
la distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le
8092
héma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine de
la
distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le lan
8093
e de la distinction essentielle qu’apparaît, dans
la
mystique du Nord, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’i
8094
ssentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord,
le
langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’irrésistible désir. S’
8095
, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu
l’
irrésistible désir. S’efforcer continuellement de saisir l’insaisissab
8096
l’irrésistible désir. S’efforcer continuellement
de
saisir l’insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné
8097
tible désir. S’efforcer continuellement de saisir
l’
insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi1
8098
cer continuellement de saisir l’insaisissable… Et
l’
objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi107. L’abandonner est
8099
t du désir ne peut être ni abandonné ni saisi107.
L’
abandonner est chose intolérable, et il est impossible de le conserver
8100
onner est chose intolérable, et il est impossible
de
le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
8101
er est chose intolérable, et il est impossible de
le
conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de
8102
ntolérable, et il est impossible de le conserver.
Le
silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de ses mains. »
8103
le de le conserver. Le silence même n’a pas assez
de
force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’
8104
rver. Le silence même n’a pas assez de force pour
l’
étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion
8105
ence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
de
ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion se déversent
8106
force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes
les
métaphores de l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de
8107
treindre de ses mains. » Et toutes les métaphores
de
l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : i
8108
indre de ses mains. » Et toutes les métaphores de
l’
amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : imme
8109
s métaphores de l’amour-passion se déversent dans
la
prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements,
8110
mour-passion se déversent dans la prose enflammée
de
Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements, embrassements, our
8111
la prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans
l’
amour, défaillements, embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
8112
s l’amour, défaillements, embrassements, ouragans
de
l’impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour,
8113
’amour, défaillements, embrassements, ouragans de
l’
impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, dé
8114
embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
d’
amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, délices ruisselantes, iv
8115
e, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie
d’
amour, délices ruisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’es
8116
uisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu
l’
esprit et le cœur », fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parla
8117
ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’esprit et
le
cœur », fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlant du Christ
8118
’esprit et le cœur », fait dire Ruysbroek à l’une
de
ses béguines parlant du Christ. « Je me suis perdue dans sa bouche »,
8119
uche », dit une autre. Et une troisième : « Boire
les
regards de l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’
8120
une autre. Et une troisième : « Boire les regards
de
l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de
8121
autre. Et une troisième : « Boire les regards de
l’
amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de Ruy
8122
» Je me suis arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour
la
commodité de l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son
8123
arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité
de
l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se s
8124
êté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité de
l’
exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soie
8125
mple de Ruysbroek pour la commodité de l’exposé :
le
fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soient opposés
8126
tre Eckhart et son disciple se soient opposés sur
le
point précis de l’union divine, rendait possible une confrontation. M
8127
on disciple se soient opposés sur le point précis
de
l’union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture d
8128
disciple se soient opposés sur le point précis de
l’
union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture des
8129
divine, rendait possible une confrontation. Mais
la
lecture des mystiques franciscains, dès le xiiie siècle, nous eût fo
8130
. Mais la lecture des mystiques franciscains, dès
le
xiiie siècle, nous eût fourni un autre exemple non moins frappant de
8131
us eût fourni un autre exemple non moins frappant
de
l’usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avai
8132
eût fourni un autre exemple non moins frappant de
l’
usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avait a
8133
On sait que saint François d’Assise avait appris
le
français dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
8134
ais dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices
de
nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalie
8135
unesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
de
chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalier du monde » o
8136
es délices de nos romans de chevalerie. Il rêvait
de
devenir le « meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paro
8137
de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir
le
« meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paroles, « un g
8138
, « un grand baron adoré du monde entier »108. Et
l’
on sait d’autre part de quelle manière il inaugura son ministère : sur
8139
é du monde entier »108. Et l’on sait d’autre part
de
quelle manière il inaugura son ministère : sur la grande place d’Assi
8140
de quelle manière il inaugura son ministère : sur
la
grande place d’Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense
8141
e il inaugura son ministère : sur la grande place
d’
Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense, il se dépouill
8142
re : sur la grande place d’Assise, en présence de
l’
évêque et d’une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements e
8143
grande place d’Assise, en présence de l’évêque et
d’
une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements et se dressan
8144
l’évêque et d’une foule immense, il se dépouilla
de
tous ses vêtements et se dressant tout nu devant son père richement h
8145
éclara que désormais Dieu seul serait son Père. «
L’
évêque lui jeta sur les épaules son propre manteau, et François s’enfu
8146
ieu seul serait son Père. « L’évêque lui jeta sur
les
épaules son propre manteau, et François s’enfuit dans la campagne, ch
8147
les son propre manteau, et François s’enfuit dans
la
campagne, chantant à pleine voix des vers français… Le parfait dénuem
8148
mpagne, chantant à pleine voix des vers français…
Le
parfait dénuement avait fait de son corps l’humble serviteur de son â
8149
es vers français… Le parfait dénuement avait fait
de
son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élan
8150
ais… Le parfait dénuement avait fait de son corps
l’
humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Sou
8151
uement avait fait de son corps l’humble serviteur
de
son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se s
8152
de son corps l’humble serviteur de son âme ; plus
d’
obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant des roman
8153
ur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers
le
Souverain Bien !… Se souvenant des romans français, François fit de l
8154
!… Se souvenant des romans français, François fit
de
la Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »109. Cet
8155
Se souvenant des romans français, François fit de
la
Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »109. Cette
8156
nçois fit de la Pauvreté sa « Dame », et s’honora
d’
être son « chevalier »109. Cette forme de « dénuement », physique mais
8157
s’honora d’être son « chevalier »109. Cette forme
de
« dénuement », physique mais symbolique, est encore pratiquée de nos
8158
», physique mais symbolique, est encore pratiquée
de
nos jours par la secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») do
8159
symbolique, est encore pratiquée de nos jours par
la
secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont les croyances
8160
des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont
les
croyances sont liées à celles des cathares et gnostiques. En 1929, l
8161
es à celles des cathares et gnostiques. En 1929,
les
Doukhobors réfugiés au Canada, voulant protester contre l’obligation
8162
bors réfugiés au Canada, voulant protester contre
l’
obligation de faire élever leurs enfants à l’école d’État, « parcourur
8163
au Canada, voulant protester contre l’obligation
de
faire élever leurs enfants à l’école d’État, « parcoururent les campa
8164
ntre l’obligation de faire élever leurs enfants à
l’
école d’État, « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et cha
8165
bligation de faire élever leurs enfants à l’école
d’
État, « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chantant de
8166
er leurs enfants à l’école d’État, « parcoururent
les
campagnes complètement dévêtus et chantant des hymnes religieux »110.
8167
dévêtus et chantant des hymnes religieux »110. On
les
accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xi
8168
ymnes religieux »110. On les accusa naturellement
d’
exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était mo
8169
On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et
de
communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus. La chevale
8170
e sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus.
La
chevalerie errante des Franciscains se répandit en Italie comme les t
8171
ante des Franciscains se répandit en Italie comme
les
troubadours s’étaient répandus dans le Midi de la France : par les ro
8172
lie comme les troubadours s’étaient répandus dans
le
Midi de la France : par les routes, sur les places, de village en châ
8173
’étaient répandus dans le Midi de la France : par
les
routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone
8174
s dans le Midi de la France : par les routes, sur
les
places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jong
8175
di de la France : par les routes, sur les places,
de
village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Die
8176
es routes, sur les places, de village en château.
Les
poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses i
8177
sur les places, de village en château. Les poèmes
de
Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
8178
âteau. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur
de
Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine
8179
poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu »,
les
laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
8180
acopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes
de
ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre d
8181
jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
les
lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse An
8182
Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres
de
sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Fol
8183
teurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
le
Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fio
8184
s lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre
de
la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 111
8185
ettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de
la
bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 111, a
8186
et tant de récits des Fioretti 111, attestent que
la
rhétorique des troubadours et des romans courtois sont les sources di
8187
rique des troubadours et des romans courtois sont
les
sources directes du lyrisme franciscain, lequel à son tour devait inf
8188
quel à son tour devait influencer si profondément
le
langage mystique des siècles suivants. Souviens-toi, ô créature, que
8189
res en cette boue, tu devras rester toujours dans
les
ténèbres. lit-on dans une des laudes attribuée à Jacopone da Todi ou
8190
ou à son entourage, et cet « angélisme » rappelle
d’
une manière précise celui des cathares. D’autres laudes, pour être plu
8191
res laudes, pour être plus évidemment catholiques
d’
inspiration, n’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises » de lan
8192
’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises »
de
langage : Mon cœur se fond comme la glace au feu lorsque étroitement
8193
courtoises » de langage : Mon cœur se fond comme
la
glace au feu lorsque étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’
8194
que étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant :
l’
amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
8195
itement j’embrasse mon Seigneur, criant : l’amour
de
l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les fla
8196
ment j’embrasse mon Seigneur, criant : l’amour de
l’
Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les flamme
8197
iant : l’amour de l’Amour me consume, je m’unis à
l’
Amour, enivré d’amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en cr
8198
e l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré
d’
amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant
8199
onsume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
les
flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant, je meurs, et
8200
, je vis. Pourtant, je n’aime pas, mais j’ai soif
d’
aimer, et j’ai faim de m’unir à l’Amour.112 5.La Rhétorique court
8201
n’aime pas, mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim
de
m’unir à l’Amour.112 5.La Rhétorique courtoise chez les mystique
8202
mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim de m’unir à
l’
Amour.112 5.La Rhétorique courtoise chez les mystiques espagnols
8203
à l’Amour.112 5.La Rhétorique courtoise chez
les
mystiques espagnols Si maintenant nous parcourons les textes des g
8204
tiques espagnols Si maintenant nous parcourons
les
textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean d
8205
iècle, nous y retrouvons, jusque dans ses nuances
les
plus précieuses, la rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
8206
ons, jusque dans ses nuances les plus précieuses,
la
rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui
8207
uances les plus précieuses, la rhétorique entière
de
l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément
8208
ces les plus précieuses, la rhétorique entière de
l’
amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément tro
8209
rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
d’
une anthologie qui tiendrait décidément trop de place113, bornons-nous
8210
ut d’une anthologie qui tiendrait décidément trop
de
place113, bornons-nous à énumérer les principaux thèmes communs aux t
8211
idément trop de place113, bornons-nous à énumérer
les
principaux thèmes communs aux troubadours et aux mystiques orthodoxes
8212
oubadours et aux mystiques orthodoxes : « Mourir
de
ne pas mourir. »114 La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui bl
8213
es orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir. »114
La
« brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « sal
8214
rir de ne pas mourir. »114 La « brûlure suave ».
Le
« dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La pa
8215
pas mourir. »114 La « brûlure suave ». Le « dard
d’
amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui
8216
uave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer.
Le
« salut » de l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
8217
dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut »
de
l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion q
8218
d d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de
l’
amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui
8219
» qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour.
La
passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui décolore
8220
. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
La
passion qui décolore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que l’on
8221
assion qui décolore tout autre amour. Se plaindre
d’
un mal que l’on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestr
8222
colore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que
l’
on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer q
8223
toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer que
les
mots trahissent le sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dir
8224
bien terrestre. Déplorer que les mots trahissent
le
sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dire. L’amour qui puri
8225
timent « ineffable » et qu’il faut pourtant dire.
L’
amour qui purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’amour s
8226
L’amour qui purifie et chasse toute pensée vile.
Le
vouloir de l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’
8227
i purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir
de
l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont
8228
urifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de
l’
amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont il
8229
loir de l’amour se substituant au vouloir propre.
Le
« combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « c
8230
r se substituant au vouloir propre. Le « combat »
d’
amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », hav
8231
e « combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu.
Le
symbolisme des « châteaux », havres de l’amour. Le symbolisme du « mi
8232
ir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres
de
l’amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’a
8233
vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres de
l’
amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amou
8234
e symbolisme des « châteaux », havres de l’amour.
Le
symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait
8235
olisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à
l’
amour parfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt »
8236
», amour imparfait renvoyant à l’amour parfait.
Le
« cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour c
8237
t renvoyant à l’amour parfait. Le « cœur volé »,
l’
« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour considéré comme « c
8238
rfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi »,
le
« rapt » d’amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (c
8239
cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt »
d’
amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en
8240
é », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour.
L’
amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en provença
8241
ce » suprême (canoscenza en provençal). Sur quoi
le
psychologue matérialiste (cela va de Voltaire à Freud) conclut avec u
8242
). Sur quoi le psychologue matérialiste (cela va
de
Voltaire à Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur la foi d
8243
Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur
la
foi du seul langage, que tout cela relève d’une déviation sexuelle. E
8244
sur la foi du seul langage, que tout cela relève
d’
une déviation sexuelle. Et l’on sait que les conclusions des savants d
8245
que tout cela relève d’une déviation sexuelle. Et
l’
on sait que les conclusions des savants du xixe siècle sont devenues
8246
relève d’une déviation sexuelle. Et l’on sait que
les
conclusions des savants du xixe siècle sont devenues nos préjugés co
8247
nues nos préjugés courants. Mais sans compter que
le
jugement matérialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’obse
8248
ais sans compter que le jugement matérialiste sur
les
mystiques est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent q
8249
atérialiste sur les mystiques est plus révélateur
de
l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le po
8250
rialiste sur les mystiques est plus révélateur de
l’
obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte
8251
les mystiques est plus révélateur de l’obsession
de
ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose
8252
es est plus révélateur de l’obsession de ceux qui
le
portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une doub
8253
élateur de l’obsession de ceux qui le portent que
de
l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur histo
8254
teur de l’obsession de ceux qui le portent que de
l’
objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur historiq
8255
ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on
le
porte, il repose sur une double erreur historique et psychologique. C
8256
uble erreur historique et psychologique. Car : 1°
le
langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’
8257
historique et psychologique. Car : 1° le langage
de
la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
8258
storique et psychologique. Car : 1° le langage de
la
passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’o
8259
ue. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on
le
retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens
8260
angage de la passion — tel qu’on le retrouve chez
les
mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, m
8261
’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
l’
origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la r
8262
iques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et
de
la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroit
8263
es — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de
la
nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroiteme
8264
es sens et de la nature, mais il est au contraire
la
rhétorique d’une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du x
8265
la nature, mais il est au contraire la rhétorique
d’
une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du xiie siècle ;
8266
ire la rhétorique d’une ascèse étroitement liée à
l’
hérésie méridionale du xiie siècle ; 2° des génies comme saint Jean d
8267
e étaient mieux avertis que quiconque des dangers
de
la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Cr
8268
taient mieux avertis que quiconque des dangers de
la
« luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Croix
8269
des dangers de la « luxure spirituelle ». (C’est
l’
expression de saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent ave
8270
de la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression
de
saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent avec une liberté
8271
l’expression de saint Jean de la Croix.) Or tous
les
deux en parlent avec une liberté telle que l’on ne voit plus ce que p
8272
us les deux en parlent avec une liberté telle que
l’
on ne voit plus ce que pourrait signifier, dans leur cas, le soupçon h
8273
it plus ce que pourrait signifier, dans leur cas,
le
soupçon habituel de « refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments.
8274
ait signifier, dans leur cas, le soupçon habituel
de
« refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments. Et tout d’abord, sou
8275
x arguments. Et tout d’abord, soulignons bien que
le
langage des mystiques ne saurait être confondu avec la nature profond
8276
ngage des mystiques ne saurait être confondu avec
la
nature profonde de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de
8277
ne saurait être confondu avec la nature profonde
de
l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : «
8278
saurait être confondu avec la nature profonde de
l’
expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On
8279
de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit
de
sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… M
8280
J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On a démêlé
les
sources de nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement le
8281
rit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources
de
nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
8282
nte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre
de
ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines de ce lang
8283
de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement
les
origines de ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plu
8284
s… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
de
ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plus purement,
8285
e langage psychologique où se traduit sans doute,
le
plus purement, sa nature ? »115 Tous les mystiques, et sainte Thérèse
8286
ns doute, le plus purement, sa nature ? »115 Tous
les
mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
8287
ques, et sainte Thérèse la première, se plaignent
de
n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
8288
Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
de
mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles
8289
pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer
les
œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silen
8290
nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
de
Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silences furent
8291
bras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils
les
vivent dans leur âme. Et leurs silences furent plus réels que leurs p
8292
ls que leurs paroles. Il ne s’agit donc, ici, que
de
tenir compte des éléments hérités de leur langage littéraire. Or s’il
8293
nc, ici, que de tenir compte des éléments hérités
de
leur langage littéraire. Or s’il faut se borner à un exemple qui est
8294
’il faut se borner à un exemple qui est à la fois
le
plus fameux, le mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants
8295
er à un exemple qui est à la fois le plus fameux,
le
mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants, le fait est qu
8296
is le plus fameux, le mieux connu, et celui qui a
le
plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise consta
8297
connu, et celui qui a le plus égaré nos savants,
le
fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la r
8298
inte Thérèse utilise constamment, et même raffine
la
rhétorique courtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou de cour
8299
t même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-il
d’
influences littéraires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou d’
8300
ourtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou
de
courants hérétiques souterrains ? Ou d’une recréation autonome, qui p
8301
ires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou
d’
une recréation autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur la bas
8302
autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur
la
base des remarques que nous faisions au précédent chapitre ? « Commen
8303
recomposée ? »116 Je ne pense pas que personne,
de
nos jours, soit en mesure de trancher toutes ces questions. Les spéci
8304
se pas que personne, de nos jours, soit en mesure
de
trancher toutes ces questions. Les spécialistes les mieux informés hé
8305
soit en mesure de trancher toutes ces questions.
Les
spécialistes les mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’at
8306
e trancher toutes ces questions. Les spécialistes
les
mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’attribuer à tel mys
8307
s mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit
d’
attribuer à tel mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus le m
8308
mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus
le
marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes
8309
marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple)
l’
origine de termes précis dont Jean de la Croix fait usage. Nous pouvon
8310
uysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine
de
termes précis dont Jean de la Croix fait usage. Nous pouvons cependan
8311
uelques sources certaines. « On a souvent signalé
le
goût des mystiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse
8312
« On a souvent signalé le goût des mystiques pour
la
littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse
8313
nte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans
de
chevalerie (voir sa Vie par elle-même, chap II) ; elle eut même, para
8314
r elle-même, chap II) ; elle eut même, paraît-il,
l’
idée d’en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue. »117 N
8315
même, chap II) ; elle eut même, paraît-il, l’idée
d’
en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue. »117 Nous sav
8316
frère Rodrigue. »117 Nous savons d’autre part que
les
auteurs religieux dont elle faisait sa nourriture intellectuelle étai
8317
iture intellectuelle étaient tous fortement imbus
de
rhétorique courtoise et chevaleresque. La question a d’ailleurs été t
8318
t imbus de rhétorique courtoise et chevaleresque.
La
question a d’ailleurs été traitée, par un auteur qui offre toutes les
8319
leurs été traitée, par un auteur qui offre toutes
les
garanties de sérieux et d’information118, et en des termes qui me par
8320
tée, par un auteur qui offre toutes les garanties
de
sérieux et d’information118, et en des termes qui me paraissent trop
8321
teur qui offre toutes les garanties de sérieux et
d’
information118, et en des termes qui me paraissent trop significatifs
8322
paraissent trop significatifs pour que j’hésite à
les
reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les ro
8323
ficatifs pour que j’hésite à les reproduire : Si
l’
on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie e
8324
e j’hésite à les reproduire : Si l’on se borne à
la
conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les trait
8325
es reproduire : Si l’on se borne à la conception
de
l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels
8326
reproduire : Si l’on se borne à la conception de
l’
amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du
8327
Si l’on se borne à la conception de l’amour dans
les
romans de chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle,
8328
borne à la conception de l’amour dans les romans
de
chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle, on observe
8329
de l’amour dans les romans de chevalerie et dans
les
traités spirituels du xvie siècle, on observe d’intéressantes analog
8330
es traités spirituels du xvie siècle, on observe
d’
intéressantes analogies de fond et de forme. a) Le noble langage d’Am
8331
vie siècle, on observe d’intéressantes analogies
de
fond et de forme. a) Le noble langage d’Amadis, ses métaphores éroti
8332
, on observe d’intéressantes analogies de fond et
de
forme. a) Le noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses s
8333
’intéressantes analogies de fond et de forme. a)
Le
noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles précio
8334
alogies de fond et de forme. a) Le noble langage
d’
Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles préciosités se retrouve
8335
, Bernardino de Laredo et Malou de Chaide [maître
de
sainte Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et le Château i
8336
e [maître de sainte Thérèse], aussi bien que dans
les
Exclamations et le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de
8337
Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et
le
Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevaleri
8338
amations et le Château intérieur. b) En Espagne,
les
auteurs de romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se c
8339
le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs
de
romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisen
8340
intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans
de
chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisent par le m
8341
e ceux des traités mystiques se caractérisent par
le
même réalisme quand ils sacrifient le sentiment du merveilleux à celu
8342
érisent par le même réalisme quand ils sacrifient
le
sentiment du merveilleux à celui d’une intimité plus familière et plu
8343
ls sacrifient le sentiment du merveilleux à celui
d’
une intimité plus familière et plus émouvante, comme ils tendent à met
8344
ère et plus émouvante, comme ils tendent à mettre
l’
humain et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec
8345
émouvante, comme ils tendent à mettre l’humain et
le
divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux pr
8346
mme ils tendent à mettre l’humain et le divin sur
le
même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux profanes, soit
8347
et le divin sur le même plan, soit en contemplant
le
divin avec des yeux profanes, soit en considérant l’humain sous une i
8348
divin avec des yeux profanes, soit en considérant
l’
humain sous une interprétation divine. [C’est moi qui souligne.] c) S
8349
ion divine. [C’est moi qui souligne.] c) Surtout
l’
amour courtois et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la mêm
8350
oi qui souligne.] c) Surtout l’amour courtois et
l’
amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la même conception héroïqu
8351
et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans
la
même conception héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la
8352
l’un et l’autre dans la même conception héroïque
de
l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis de
8353
un et l’autre dans la même conception héroïque de
l’
obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis de Gau
8354
même conception héroïque de l’obligation morale,
de
l’action et de la foi. La devise d’Amadis de Gaule et celle de sainte
8355
me conception héroïque de l’obligation morale, de
l’
action et de la foi. La devise d’Amadis de Gaule et celle de sainte Th
8356
n héroïque de l’obligation morale, de l’action et
de
la foi. La devise d’Amadis de Gaule et celle de sainte Thérèse pourra
8357
éroïque de l’obligation morale, de l’action et de
la
foi. La devise d’Amadis de Gaule et celle de sainte Thérèse pourraien
8358
de l’obligation morale, de l’action et de la foi.
La
devise d’Amadis de Gaule et celle de sainte Thérèse pourraient être é
8359
ation morale, de l’action et de la foi. La devise
d’
Amadis de Gaule et celle de sainte Thérèse pourraient être également «
8360
t de la foi. La devise d’Amadis de Gaule et celle
de
sainte Thérèse pourraient être également « aimer pour agir ». [Ici, j
8361
r pour agir ». [Ici, je ferai quelques réserves :
l’
amour courtois, dans sa pureté première, aime pour souffrir, pour « pâ
8362
souffrir, pour « pâtir »…] d) Ce n’est pas dans
les
pauvres extravagances des romans de chevalerie mystique (la Gallarda
8363
est pas dans les pauvres extravagances des romans
de
chevalerie mystique (la Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu
8364
extravagances des romans de chevalerie mystique (
la
Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher la syn
8365
rituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher
la
synthèse de l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troub
8366
ivino Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse
de
l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours prove
8367
no Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse de
l’
amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provença
8368
’il faut chercher la synthèse de l’amour divin et
de
l’amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècl
8369
faut chercher la synthèse de l’amour divin et de
l’
amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
8370
e l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez
les
troubadours provençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de
8371
chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
Les
plus féconds éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur
8372
ençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments
de
leur doctrine, de leur symbolisme et de leur terminologie passent dan
8373
ècle. Les plus féconds éléments de leur doctrine,
de
leur symbolisme et de leur terminologie passent dans la mystique du x
8374
éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et
de
leur terminologie passent dans la mystique du xiiie siècle par l’int
8375
r symbolisme et de leur terminologie passent dans
la
mystique du xiiie siècle par l’intermédiaire de saint François d’Ass
8376
re de saint François d’Assise. En se limitant à
l’
évolution de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie
8377
François d’Assise. En se limitant à l’évolution
de
sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie ont eu sur e
8378
à l’évolution de sainte Thérèse, on constate que
les
romans de chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et
8379
ion de sainte Thérèse, on constate que les romans
de
chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et une influe
8380
ne influence littéraire qui apparaît surtout dans
le
symbolisme guerrier du combat spirituel et du Château intérieur. » Ex
8381
intérieur. » Extraordinaire retour et assomption
de
l’hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Ég
8382
térieur. » Extraordinaire retour et assomption de
l’
hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Églis
8383
aordinaire retour et assomption de l’hérésie, par
le
détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Égl
8384
retour et assomption de l’hérésie, par le détour
d’
une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Église lui re
8385
le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre
l’
Église, et que l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étap
8386
hétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que
l’
Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure
8387
ue l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons
les
étapes de l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à
8388
lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes
de
l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, el
8389
i reprend par ses saints ! Résumons les étapes de
l’
aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle
8390
ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure :
l’
hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à co
8391
e l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend
de
l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à confondre avec la poésie d’un amour q
8392
’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de
l’
Éros à Vénus, elle va jusqu’à confondre avec la poésie d’un amour qui
8393
de l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à confondre avec
la
poésie d’un amour qui serait tout profane ; les confusions qu’elle en
8394
à Vénus, elle va jusqu’à confondre avec la poésie
d’
un amour qui serait tout profane ; les confusions qu’elle entretient d
8395
ec la poésie d’un amour qui serait tout profane ;
les
confusions qu’elle entretient de la sorte flattent trop bien les dési
8396
tout profane ; les confusions qu’elle entretient
de
la sorte flattent trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’hérési
8397
ut profane ; les confusions qu’elle entretient de
la
sorte flattent trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie d
8398
qu’elle entretient de la sorte flattent trop bien
les
désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie disparaît aux yeux des mondain
8399
attent trop bien les désirs naturels ; peu à peu,
l’
hérésie disparaît aux yeux des mondains abusés par le charme trompeur
8400
érésie disparaît aux yeux des mondains abusés par
le
charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici
8401
x yeux des mondains abusés par le charme trompeur
de
l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et tro
8402
eux des mondains abusés par le charme trompeur de
l’
art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et trois-
8403
e charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que
la
poésie ; et voici que cent ans et trois-cents ans plus tard, ce vêtem
8404
nt dont on a oublié qu’il cachait autre chose que
la
nature — c’est la mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en
8405
é qu’il cachait autre chose que la nature — c’est
la
mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir l’Agapè !
8406
a nature — c’est la mystique chrétienne qui vient
le
reprendre pour en revêtir l’Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont rel
8407
chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir
l’
Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont relèverait cette préférence pour
8408
le reprendre pour en revêtir l’Agapè ! ⁂ Quant à
la
psychologie dont relèverait cette préférence pour le langage passionn
8409
psychologie dont relèverait cette préférence pour
le
langage passionnel, elle a été interprétée généralement selon la supe
8410
ionnel, elle a été interprétée généralement selon
la
superstition matérialiste119. On a « ramené » tout ce qu’on pouvait —
8411
mené » tout ce qu’on pouvait — et un peu plus — à
l’
instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans l’ensemble, n’est ja
8412
et un peu plus — à l’instinct sexuel « dévoyé ».
Le
xixe siècle, dans l’ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’i
8413
instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans
l’
ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener » le
8414
amais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener »
le
supérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à
8415
eux que lorsqu’il peut « ramener » le supérieur à
l’
inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant.
8416
u’il peut « ramener » le supérieur à l’inférieur,
le
spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant. Et c’est ce
8417
upérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel,
le
significatif à l’insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer
8418
ieur, le spirituel au matériel, le significatif à
l’
insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer ». Que ce soit, la
8419
x des pires dénis du sens critique, je n’ai pas à
le
montrer ici dans le détail : j’ai dit ailleurs120 qu’à mon avis, cett
8420
sens critique, je n’ai pas à le montrer ici dans
le
détail : j’ai dit ailleurs120 qu’à mon avis, cette propension moderne
8421
rs120 qu’à mon avis, cette propension moderne est
le
signe d’un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en génér
8422
à mon avis, cette propension moderne est le signe
d’
un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en général, de to
8423
le signe d’un ressentiment profond à l’endroit de
la
poésie, et en général, de toute activité créatrice — donc risquée — d
8424
profond à l’endroit de la poésie, et en général,
de
toute activité créatrice — donc risquée — de l’esprit. Mais il convie
8425
ral, de toute activité créatrice — donc risquée —
de
l’esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes d
8426
, de toute activité créatrice — donc risquée — de
l’
esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes du x
8427
ce — donc risquée — de l’esprit. Mais il convient
de
préciser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage éro
8428
t. Mais il convient de préciser encore : que pour
les
hommes du xvie siècle, le langage érotique était plus innocent qu’à
8429
ser encore : que pour les hommes du xvie siècle,
le
langage érotique était plus innocent qu’à nos yeux. C’est nous qui so
8430
vrosés, héritiers du « puritanisme » embourgeoisé
d’
un xixe siècle incroyant. Saint Jean de la Croix, qui décrivit en une
8431
de la Croix, qui décrivit en une page remarquable
de
pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’él
8432
une page remarquable de pénétration psychologique
les
mouvements de la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nui
8433
uable de pénétration psychologique les mouvements
de
la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I,
8434
le de pénétration psychologique les mouvements de
la
chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v.
8435
chologique les mouvements de la chair attirée par
l’
élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v. 3), ne s’exagère pas
8436
cure, I, v. 3), ne s’exagère pas plus qu’il ne se
la
dissimule la gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les f
8437
), ne s’exagère pas plus qu’il ne se la dissimule
la
gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les formules « sub
8438
plus qu’il ne se la dissimule la gravité relative
de
pareils accidents. Réciter ici les formules « sublimation » et « refo
8439
ravité relative de pareils accidents. Réciter ici
les
formules « sublimation » et « refoulement », c’est simplement refuser
8440
on » et « refoulement », c’est simplement refuser
de
savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure,
8441
refoulement », c’est simplement refuser de savoir
de
quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Th
8442
ent », c’est simplement refuser de savoir de quoi
l’
on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse éc
8443
ment refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est
le
refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux
8444
de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est
la
censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressen
8445
orsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint
de
ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il entre en oraison : «
8446
oraison : « Je trouve que cela est indifférent à
l’
oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention. » De même,
8447
ouve que cela est indifférent à l’oraison, et que
le
mieux est de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frè
8448
est indifférent à l’oraison, et que le mieux est
de
n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frères qui ne po
8449
de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un
de
ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver l’émoi sexuel, et à
8450
ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver
l’
émoi sexuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence, de ne plus co
8451
t communier sans éprouver l’émoi sexuel, et à qui
l’
on avait ordonné en conséquence, de ne plus communier qu’une fois l’an
8452
xuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence,
de
ne plus communier qu’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
8453
en conséquence, de ne plus communier qu’une fois
l’
an, saint Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoi
8454
u’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
de
ne pas s’inquiéter, de recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’
8455
Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter,
de
recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne — et le frè
8456
roix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoir
le
sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne — et le frère se trouve
8457
acrement chaque semaine, quoi qu’il advienne — et
le
frère se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à l’excès. S’il
8458
— et le frère se trouve guéri, parce qu’il cesse
de
craindre à l’excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnai
8459
se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à
l’
excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnaissons que Jean
8460
se de craindre à l’excès. S’il faut parler encore
de
psychanalyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici le rôle du
8461
lyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici
le
rôle du médecin, et non du névrosé. « Il vous semblera peut-être, écr
8462
èse, que certaines choses qui se rencontrent dans
le
Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer d’une autre manière. Vu
8463
le Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer
d’
une autre manière. Vu notre grossièreté, je ne serais pas surprise que
8464
é, je ne serais pas surprise que cela nous vînt à
l’
esprit. J’ai même entendu dire à certaines personnes qu’elles évitaien
8465
ndu dire à certaines personnes qu’elles évitaient
de
les entendre. O Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive c
8466
dire à certaines personnes qu’elles évitaient de
les
entendre. O Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive comme
8467
i changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂
De
la comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbr
8468
hangent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂ De
la
comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek
8469
ngent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits
d’
un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la
8470
raison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux
d’
un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons mai
8471
des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek,
d’
une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer ce
8472
ckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et
d’
un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
8473
nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
la
nature des métaphores empruntées au langage courant par les mystiques
8474
des métaphores empruntées au langage courant par
les
mystiques n’est pas sans d’étroites relations avec leur doctrine de l
8475
langage courant par les mystiques n’est pas sans
d’
étroites relations avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans l’In
8476
pas sans d’étroites relations avec leur doctrine
de
l’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de
8477
s sans d’étroites relations avec leur doctrine de
l’
union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la
8478
ns avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans
l’
Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettemen
8479
christocentriques ». Tout chez eux part du drame
de
la séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ;
8480
ristocentriques ». Tout chez eux part du drame de
la
séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ; tou
8481
eux part du drame de la séparation instituée par
le
péché entre l’homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de
8482
ame de la séparation instituée par le péché entre
l’
homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de communion activ
8483
mme et son Créateur ; tout aboutit à des instants
de
communion active dans la Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mari
8484
t aboutit à des instants de communion active dans
la
Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mariage » — cette communion d
8485
la qu’ils appellent « mariage » — cette communion
de
l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sé
8486
qu’ils appellent « mariage » — cette communion de
l’
âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sépar
8487
cette communion de l’âme élue et du Christ époux
de
l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion — et la pa
8488
tte communion de l’âme élue et du Christ époux de
l’
Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion — et la passi
8489
e l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais
la
voie de l’homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout
8490
élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie
de
l’homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout dans leu
8491
e et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de
l’
homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout dans leurs
8492
e l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est
la
passion — et la passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’elle
8493
la voie de l’homme séparé, c’est la passion — et
la
passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente de
8494
out dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente
de
celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la mo
8495
eurs œuvres, tandis qu’elle est absente de celles
d’
Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspec
8496
bsente de celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut
la
mystique orthodoxe — la moins suspecte de troubles complaisances ! —
8497
rt. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe —
la
moins suspecte de troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’
8498
ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspecte
de
troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’objet même de sa f
8499
troubles complaisances ! — qui se vit portée par
l’
objet même de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amou
8500
plaisances ! — qui se vit portée par l’objet même
de
sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amour-passion. Us
8501
de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage
de
l’amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait néc
8502
sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de
l’
amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait nécess
8503
du langage de l’amour-passion. Usage et abus dont
la
psychologie moderne devait nécessairement tirer des conclusions confo
8504
bon sens, mais qui me paraissent controuvées par
l’
Histoire. 6.Note sur la métaphore Pourtant tout n’est pas expliq
8505
aissent controuvées par l’Histoire. 6.Note sur
la
métaphore Pourtant tout n’est pas expliqué par ces considérations
8506
dérations historiques. Car on peut reculer encore
la
question, et dire : le langage passionnel vient d’une littérature cou
8507
Car on peut reculer encore la question, et dire :
le
langage passionnel vient d’une littérature courtoise née dans l’ambia
8508
a question, et dire : le langage passionnel vient
d’
une littérature courtoise née dans l’ambiance d’une certaine hérésie ;
8509
ionnel vient d’une littérature courtoise née dans
l’
ambiance d’une certaine hérésie ; mais cette hérésie, à son tour, ne s
8510
t d’une littérature courtoise née dans l’ambiance
d’
une certaine hérésie ; mais cette hérésie, à son tour, ne se ramène-t-
8511
sitions physiologiques sublimées ? Rien ne permet
de
l’affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste pos
8512
ions physiologiques sublimées ? Rien ne permet de
l’
affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste possib
8513
e l’affirmer historiquement. En théorie cependant
l’
objection reste possible, et même inévitable. On connaît le casse-têt
8514
n reste possible, et même inévitable. On connaît
le
casse-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ? La mêm
8515
aît le casse-tête philosophique : qui a commencé,
la
poule ou l’œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, qua
8516
-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou
l’
œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
8517
ilosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ?
La
même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit de savo
8518
n se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
de
savoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui
8519
d il s’agit de savoir, en fin de compte, si c’est
l’
« esprit » ou la « matière » qui sont la cause des phénomènes où tous
8520
avoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou
la
« matière » qui sont la cause des phénomènes où tous les deux sont im
8521
si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui sont
la
cause des phénomènes où tous les deux sont impliqués. Par exemple, da
8522
atière » qui sont la cause des phénomènes où tous
les
deux sont impliqués. Par exemple, dans le cas du langage mystique : s
8523
ù tous les deux sont impliqués. Par exemple, dans
le
cas du langage mystique : sommes-nous en présence d’une matérialisati
8524
alisation du spirituel — et celui-ci serait alors
la
cause première — ou au contraire d’une sublimation de phénomènes phys
8525
serait alors la cause première — ou au contraire
d’
une sublimation de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la b
8526
ause première — ou au contraire d’une sublimation
de
phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la base de ce qui se t
8527
de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à
la
base de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on d
8528
mènes physiologiques, lesquels seraient à la base
de
ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on donnera,
8529
ase de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit
la
réponse qu’on donnera, une chose demeure certaine : c’est que nous so
8530
n empirique. Mais en fait, personne ne s’y tient.
La
conscience moderne, par exemple, victime des réflexes que lui a donné
8531
ar exemple, victime des réflexes que lui a donnés
la
science matérialiste, tranche toujours le débat au bénéfice de ce qui
8532
donnés la science matérialiste, tranche toujours
le
débat au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métap
8533
térialiste, tranche toujours le débat au bénéfice
de
ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un g
8534
anche toujours le débat au bénéfice de ce qui est
le
plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est
8535
at au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons
le
cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aus
8536
plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit
d’
un goût qu’il est amer mais on dira aussi d’une douleur qu’elle est am
8537
n dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aussi
d’
une douleur qu’elle est amère. Comment cela peut-il s’expliquer ? Tout
8538
e monde répond, sans hésiter, que lorsqu’on parle
d’
une douleur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré. Le sens prop
8539
eur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré.
Le
sens propre du mot « amer » serait alors celui qui concerne la sensat
8540
e du mot « amer » serait alors celui qui concerne
la
sensation physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où le sa
8541
physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais
d’
où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour
8542
ique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où
le
sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des r
8543
our primitive. Il se peut. Mais d’où le sait-on ?
Les
personnes qui croient cela, le croient-elles pour des raisons qu’elle
8544
d’où le sait-on ? Les personnes qui croient cela,
le
croient-elles pour des raisons qu’elles seraient capables de donner ?
8545
elles pour des raisons qu’elles seraient capables
de
donner ? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement, le sens « ma
8546
? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement,
le
sens « matériel » d’un mot précède toujours le « spirituel », qui ne
8547
erché si, chronologiquement, le sens « matériel »
d’
un mot précède toujours le « spirituel », qui ne serait qu’une transpo
8548
t, le sens « matériel » d’un mot précède toujours
le
« spirituel », qui ne serait qu’une transposition, un à-peu-près, une
8549
nne ne se livre à ces recherches : on affirme sur
la
foi d’un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé co
8550
se livre à ces recherches : on affirme sur la foi
d’
un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste
8551
cherches : on affirme sur la foi d’un préjugé que
l’
on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que le p
8552
ens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que
le
physique est plus vrai et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc
8553
re que le physique est plus vrai et plus réel que
le
spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; que c’est par lui que
8554
et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc à
la
base de tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de
8555
réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base
de
tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de ce préj
8556
de tout ; que c’est par lui que tout s’explique.
Le
mécanisme de ce préjugé a été défini et critiqué par le Dr Minkowski1
8557
e c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme
de
ce préjugé a été défini et critiqué par le Dr Minkowski121 et Arnaud
8558
anisme de ce préjugé a été défini et critiqué par
le
Dr Minkowski121 et Arnaud Dandieu d’une manière pertinente et nuancée
8559
critiqué par le Dr Minkowski121 et Arnaud Dandieu
d’
une manière pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs, le sens dit
8560
re pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs,
le
sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ram
8561
Selon ces deux auteurs, le sens dit « propre » et
le
sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés » l’un à l’autre, car
8562
uraient être « ramenés » l’un à l’autre, car tous
les
deux traduisent « proprement » dans des domaines différents, une réal
8563
ou spirituels. Sinon comment expliquerait-on que
le
même mot puisse servir à désigner des phénomènes aussi divers ? En vé
8564
ènes aussi divers ? En vérité, il n’y a pas moins
d’
amertume dans la douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous dés
8565
s ? En vérité, il n’y a pas moins d’amertume dans
la
douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’un
8566
y a pas moins d’amertume dans la douleur que dans
le
goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’une et l’autre par le
8567
s ce que nous désignons dans l’une et l’autre par
le
même mot, c’est une même manière d’être affecté, soit par les sens, s
8568
t l’autre par le même mot, c’est une même manière
d’
être affecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité
8569
, c’est une même manière d’être affecté, soit par
les
sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
8570
nière d’être affecté, soit par les sens, soit par
la
pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores
8571
ecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans
la
totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le m
8572
ar les sens, soit par la pensée, dans la totalité
de
notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hés
8573
ensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
de
nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hésite pas à tenir ce raisonn
8574
re existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses.
Le
moderne n’hésite pas à tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour m
8575
tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour moi
l’
attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour — donc cet
8576
trait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse
d’
amour — donc cette mystique est une érotomane qui s’ignore. » Mais nou
8577
sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire
les
amants « passionnés » sont sans doute des mystiques qui s’ignorent… A
8578
nt sans doute des mystiques qui s’ignorent… Ainsi
les
arguments s’annulent. Nous ne savons rien des origines premières. Ce
8579
s. Ce que nous avons pu dégager, c’est uniquement
le
jeu des deux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-le encore
8580
r, c’est uniquement le jeu des deux facteurs dans
l’
évolution historique. Résumons-le encore une fois, pour plus de clarté
8581
ux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-
le
encore une fois, pour plus de clarté. Notre langage passionnel nous v
8582
istorique. Résumons-le encore une fois, pour plus
de
clarté. Notre langage passionnel nous vient de la rhétorique des trou
8583
de clarté. Notre langage passionnel nous vient de
la
rhétorique des troubadours. Rhétorique ambiguë par excellence : une d
8584
une dogmatique manichéenne y compose des symboles
d’
attrait sexuel. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de la re
8585
el. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant
de
la religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage c
8586
Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de
la
religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage comm
8587
cette rhétorique se détachant de la religion qui
l’
a créée, passe dans les mœurs, et devient langage commun. Maintenant,
8588
étachant de la religion qui l’a créée, passe dans
les
mœurs, et devient langage commun. Maintenant, quand un mystique veut
8589
imer ses expériences ineffables, il est contraint
de
se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’e
8590
riences ineffables, il est contraint de se servir
de
métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’elles sont, qu
8591
, il est contraint de se servir de métaphores. Il
les
prend où il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier
8592
nt de se servir de métaphores. Il les prend où il
les
trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier par la suite. O
8593
ù il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à
les
modifier par la suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores co
8594
t telles qu’elles sont, quitte à les modifier par
la
suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores courantes sont cel
8595
difier par la suite. Or à partir du xiie siècle,
les
métaphores courantes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les
8596
iie siècle, les métaphores courantes sont celles
de
la rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter
8597
siècle, les métaphores courantes sont celles de
la
rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter ne
8598
antes sont celles de la rhétorique courtoise. Que
les
mystiques s’en emparent sans hésiter ne signifie donc pas du tout qu’
8599
nt » des passions sensuelles, mais simplement que
l’
expression habituelle de ces passions, créée d’ailleurs par une mystiq
8600
lles, mais simplement que l’expression habituelle
de
ces passions, créée d’ailleurs par une mystique, convient à l’express
8601
ns, créée d’ailleurs par une mystique, convient à
l’
expression de l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d
8602
illeurs par une mystique, convient à l’expression
de
l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant mieux
8603
eurs par une mystique, convient à l’expression de
l’
amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant mieux à
8604
ur spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même
d’
autant mieux à l’expression des rapports « malheureux » entretenus par
8605
ls vivent. Et elle convient même d’autant mieux à
l’
expression des rapports « malheureux » entretenus par l’âme et son Die
8606
ession des rapports « malheureux » entretenus par
l’
âme et son Dieu, qu’elle s’est plus complètement humanisée, c’est-à-di
8607
lus complètement humanisée, c’est-à-dire détachée
de
l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme,
8608
complètement humanisée, c’est-à-dire détachée de
l’
hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce
8609
umanisée, c’est-à-dire détachée de l’hérésie. Car
l’
hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
8610
-dire détachée de l’hérésie. Car l’hérésie posait
l’
union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin
8611
l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible
de
Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de
8612
Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et
de
l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour
8613
r l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de
l’
âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour hu
8614
n possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
le
bonheur divin et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’ortho
8615
t de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et
le
malheur de tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’uni
8616
ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur
de
tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’union est impo
8617
n et le malheur de tout amour humain ; tandis que
l’
orthodoxie pose que l’union est impossible, ce qui entraîne le malheur
8618
t amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que
l’
union est impossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend l’amour
8619
pose que l’union est impossible, ce qui entraîne
le
malheur divin et rend l’amour humain possible en ses limites. D’où il
8620
ossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend
l’
amour humain possible en ses limites. D’où il résulte que le langage d
8621
n et rend l’amour humain possible en ses limites.
D’
où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie cor
8622
main possible en ses limites. D’où il résulte que
le
langage de la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage d
8623
le en ses limites. D’où il résulte que le langage
de
la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passio
8624
en ses limites. D’où il résulte que le langage de
la
passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passion d
8625
ésulte que le langage de la passion humaine selon
l’
hérésie correspond au langage de la passion divine selon l’orthodoxie.
8626
ion humaine selon l’hérésie correspond au langage
de
la passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence d
8627
humaine selon l’hérésie correspond au langage de
la
passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence d’un
8628
correspond au langage de la passion divine selon
l’
orthodoxie. On se trouve donc en présence d’une continuelle interactio
8629
ision tout arbitraire isolerait tel ou tel moment
de
cette dialectique permanente pour en faire la donnée première. 7.L
8630
ent de cette dialectique permanente pour en faire
la
donnée première. 7.Libération finale des mystiques Cette décisi
8631
s Cette décision tout arbitraire, il est temps
de
la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
8632
Cette décision tout arbitraire, il est temps de
la
prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de
8633
ut arbitraire, il est temps de la prendre ici, et
de
la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’ell
8634
arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de
la
prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle s
8635
de la prendre ici, et de la prendre en faveur de
l’
esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de
8636
de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
de
sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de compte, ou ce qui revi
8637
nt au même, avant tout compte, n’exclut pas qu’on
l’
appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me p
8638
e, avant tout compte, n’exclut pas qu’on l’appuie
de
raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me paraît s’e
8639
’on l’appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1°
Le
langage passionnel me paraît s’expliquer à partir de l’esprit, en cec
8640
gage passionnel me paraît s’expliquer à partir de
l’
esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’e
8641
partir de l’esprit, en ceci qu’il exprime non pas
le
triomphe de la nature sur l’esprit — comme le font croire des express
8642
esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe
de
la nature sur l’esprit — comme le font croire des expressions courant
8643
rit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de
la
nature sur l’esprit — comme le font croire des expressions courantes
8644
u’il exprime non pas le triomphe de la nature sur
l’
esprit — comme le font croire des expressions courantes telles que « a
8645
pas le triomphe de la nature sur l’esprit — comme
le
font croire des expressions courantes telles que « aveuglé par la pas
8646
es expressions courantes telles que « aveuglé par
la
passion », « fou d’amour » — mais l’excès de l’esprit sur l’instinct.
8647
ntes telles que « aveuglé par la passion », « fou
d’
amour » — mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lo
8648
aveuglé par la passion », « fou d’amour » — mais
l’
excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir es
8649
par la passion », « fou d’amour » — mais l’excès
de
l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si gra
8650
r la passion », « fou d’amour » — mais l’excès de
l’
esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand
8651
», « fou d’amour » — mais l’excès de l’esprit sur
l’
instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
8652
ur » — mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «
L’
amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
8653
l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque
le
désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », di
8654
xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
les
limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti,
8655
e le désir est si grand qu’il dépasse les limites
de
l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie s
8656
e désir est si grand qu’il dépasse les limites de
l’
amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie sièc
8657
dépasse les limites de l’amour naturel », disait
le
troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
8658
troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or
le
fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant q
8659
ur Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait
de
dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit
8660
alcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
les
limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fa
8661
xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites
de
l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui
8662
ie siècle. Or le fait de dépasser les limites de
l’
instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui no
8663
it de dépasser les limites de l’instinct, définit
l’
homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet de parler.
8664
ant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet
de
parler. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir auta
8665
ait seul qui nous permet de parler. Qu’est-ce que
le
langage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’expri
8666
et de parler. Qu’est-ce que le langage en effet ?
Le
pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un ani
8667
r. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir
de
mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est inc
8668
angage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que
le
pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de
8669
ffet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir
d’
exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
8670
ir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable
de
mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du néc
8671
er ce qui est. Un animal est incapable de mentir,
de
dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et
8672
Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
l’
instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de la s
8673
de mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas,
d’
aller au-delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
8674
ait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà
de
la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l
8675
pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de
la
satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’él
8676
delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction.
La
passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
8677
ssaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
l’
amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instin
8678
t au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour
de
l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qu
8679
u-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de
l’
amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qui,
8680
a passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire
l’
élan qui va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. L
8681
l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
de
l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel
8682
mour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de
l’
instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel me
8683
i va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à
l’
instinct. Le responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esp
8684
de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct.
Le
responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On s
8685
et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable
d’
un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On sent ici à quell
8686
sponsable d’un tel mensonge ne saurait être que «
l’
esprit ». (On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion, l’expressi
8687
ue « l’esprit ». (On sent ici à quelle profondeur
l’
amour-passion, l’expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-
8688
(On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion,
l’
expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
8689
uelle profondeur l’amour-passion, l’expression et
le
mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique de toute passion
8690
songe se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
de
toute passion, cette volonté de s’exprimer, de se décrire comme pour
8691
-elle pas typique de toute passion, cette volonté
de
s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais a
8692
ue de toute passion, cette volonté de s’exprimer,
de
se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais aussi cette conv
8693
s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir
de
soi-même ? Mais aussi cette conviction que les autres ne comprendront
8694
uir de soi-même ? Mais aussi cette conviction que
les
autres ne comprendront pas, et que s’ils questionnent ou accusent, on
8695
accusent, on ne peut alors que mentir pour sauver
l’
essence même de la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroe
8696
peut alors que mentir pour sauver l’essence même
de
la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Fra
8697
ut alors que mentir pour sauver l’essence même de
la
passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Franço
8698
et saint François, sont évidemment postérieurs à
la
naissance de l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci es
8699
nçois, sont évidemment postérieurs à la naissance
de
l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur
8700
is, sont évidemment postérieurs à la naissance de
l’
amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à l
8701
’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à
la
mystique pseudo-chrétienne des cathares. 3° C’est sans doute à tort q
8702
nne des cathares. 3° C’est sans doute à tort qu’à
la
proposition : « Tout érotomane est un mystique qui s’ignore », on a c
8703
qui s’ignore », on a cru pouvoir répondre : « Ou
l’
inverse. » Il se peut que les épigones des grands mystiques122 nous ap
8704
uvoir répondre : « Ou l’inverse. » Il se peut que
les
épigones des grands mystiques122 nous apparaissent parfois comme des
8705
rotomanes qui s’ignorent. Mais il est certain que
l’
érotomanie est une forme d’intoxication, et tout nous prouve que les E
8706
ais il est certain que l’érotomanie est une forme
d’
intoxication, et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse,
8707
une forme d’intoxication, et tout nous prouve que
les
Eckhart, Ruysbroek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement le con
8708
broek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement
le
contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victim
8709
e, Jean de la Croix, sont exactement le contraire
de
ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non de sa p
8710
nt le contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués.
L’
intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel q
8711
de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est
la
victime non de sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise p
8712
me des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non
de
sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter.
8713
’intoxiqué est la victime non de sa passion, mais
de
l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cett
8714
toxiqué est la victime non de sa passion, mais de
l’
agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cette p
8715
agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si
l’
origine de cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
8716
riel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine
de
cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à la conditi
8717
de cette passion est un désir, conscient ou non,
d’
échapper à la condition terrestre insupportable, et si l’on est en dro
8718
sion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
la
condition terrestre insupportable, et si l’on est en droit d’y voir l
8719
per à la condition terrestre insupportable, et si
l’
on est en droit d’y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en rest
8720
terrestre insupportable, et si l’on est en droit
d’
y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’
8721
e insupportable, et si l’on est en droit d’y voir
le
rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué
8722
ble, et si l’on est en droit d’y voir le rudiment
d’
un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué est avant t
8723
d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que
l’
intoxiqué est avant tout l’esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’
8724
en reste pas moins que l’intoxiqué est avant tout
l’
esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les
8725
as moins que l’intoxiqué est avant tout l’esclave
de
sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les sens s’ém
8726
gue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont
les
sens s’émoussent, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’i
8727
st un être déchu, dont les sens s’émoussent, dont
la
lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie. Les grands mystiqu
8728
, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans
l’
idiotie. Les grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la néc
8729
ucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie.
Les
grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la nécessité de dé
8730
rands mystiques, tout au contraire, insistent sur
la
nécessité de dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité touj
8731
es, tout au contraire, insistent sur la nécessité
de
dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pur
8732
contraire, insistent sur la nécessité de dépasser
l’
état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacie
8733
re, insistent sur la nécessité de dépasser l’état
de
transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de
8734
nt sur la nécessité de dépasser l’état de transe,
d’
accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de vérifier m
8735
à une lucidité toujours plus pure et audacieuse,
de
vérifier même les plus hautes grâces par leurs répercussions dans la
8736
oujours plus pure et audacieuse, de vérifier même
les
plus hautes grâces par leurs répercussions dans la vie quotidienne. S
8737
s plus hautes grâces par leurs répercussions dans
la
vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions
8738
idienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que
les
visions qui la poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les g
8739
Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui
la
poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les grands mystiques
8740
poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout,
les
grands mystiques s’accordent à voir le terme de leur ascension dans l
8741
Surtout, les grands mystiques s’accordent à voir
le
terme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Je
8742
les grands mystiques s’accordent à voir le terme
de
leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la
8743
’accordent à voir le terme de leur ascension dans
la
liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart
8744
erme de leur ascension dans la liberté souveraine
de
l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes diff
8745
e de leur ascension dans la liberté souveraine de
l’
âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes différe
8746
oix et Maître Eckhart disent en termes différents
la
même chose : il faut que le mystique arrive « à se passer du don », à
8747
en termes différents la même chose : il faut que
le
mystique arrive « à se passer du don », à ne plus le désirer pour lui
8748
mystique arrive « à se passer du don », à ne plus
le
désirer pour lui-même. Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croi
8749
u don », à ne plus le désirer pour lui-même. Dans
le
mariage spirituel, dit Jean de la Croix, l’âme parvient à aimer Dieu
8750
Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croix,
l’
âme parvient à aimer Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’
8751
er Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état
d’
indifférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point de perf
8752
fférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est
le
point de perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissan
8753
parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point
de
perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédi
8754
rait-on ; en vérité, c’est le point de perfection
d’
un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédiatement active
8755
nt de perfection d’un équilibre durement conquis,
d’
une connaissance immédiatement active. Au-delà des transes et au-delà
8756
édiatement active. Au-delà des transes et au-delà
de
l’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désint
8757
atement active. Au-delà des transes et au-delà de
l’
ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxi
8758
tive. Au-delà des transes et au-delà de l’ascèse,
l’
aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxication » d
8759
’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état
d’
extrême « désintoxication » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possessi
8760
ulmine dans un état d’extrême « désintoxication »
de
l’âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors
8761
ine dans un état d’extrême « désintoxication » de
l’
âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors qu
8762
état d’extrême « désintoxication » de l’âme. Dans
la
plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors que le mariage
8763
on » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possession
de
soi-même. Et c’est alors que le mariage devient possible, qui signifi
8764
ureuse possession de soi-même. Et c’est alors que
le
mariage devient possible, qui signifie non plus jouissance de l’Éros,
8765
evient possible, qui signifie non plus jouissance
de
l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe appara
8766
ent possible, qui signifie non plus jouissance de
l’
Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-
8767
fie non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité
de
l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voi
8768
non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité de
l’
Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie p
8769
sance de l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi
la
mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie purgative par ex
8770
i la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme
la
voie purgative par excellence, la meilleure discipline qui nous perme
8771
lle enfin comme la voie purgative par excellence,
la
meilleure discipline qui nous permette de transcender l’amour-passion
8772
llence, la meilleure discipline qui nous permette
de
transcender l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycl
8773
leure discipline qui nous permette de transcender
l’
amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ascèse c
8774
l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées.
Le
cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’
8775
assion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle
de
l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dir
8776
ion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de
l’
ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
8777
sublimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène
l’
âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
8778
s. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à
l’
obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de la cr
8779
ène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
l’
acceptation des limites de la créature, mais dans un esprit renouvelé,
8780
eureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
de
la créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconqui
8781
euse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de
la
créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconquise.
8782
elé, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule
de
l’amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radi
8783
, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule de
l’
amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radical
8784
uise. 8.Crépuscule de l’amour-passion C’est
le
dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodo
8785
8.Crépuscule de l’amour-passion C’est le dogme
de
l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’h
8786
répuscule de l’amour-passion C’est le dogme de
l’
Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’héré
8787
dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement
la
mystique orthodoxe de l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout d
8788
qui distingue radicalement la mystique orthodoxe
de
l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour
8789
i distingue radicalement la mystique orthodoxe de
l’
hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour dan
8790
ui donne un sens tout différent au mot amour dans
les
deux cas. Les hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le f
8791
ns tout différent au mot amour dans les deux cas.
Les
hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
8792
ns les deux cas. Les hérétiques cathares opposent
la
Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour
8793
érétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme
le
fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas re
8794
s cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait
l’
Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la
8795
opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
de
Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la
8796
osent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de
Jean
. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit
8797
it au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais
la
Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n
8798
Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu
la
forme de la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent p
8799
Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme
de
la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le
8800
ole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de
la
Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le Jo
8801
a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que
le
Jour parfait se communique à nous au travers de la vie. (Ils ne croie
8802
e Jour parfait se communique à nous au travers de
la
vie. (Ils ne croient pas l’humanité du Christ.) Ils veulent aller tou
8803
à nous au travers de la vie. (Ils ne croient pas
l’
humanité du Christ.) Ils veulent aller tout droit à l’Amour par l’amou
8804
manité du Christ.) Ils veulent aller tout droit à
l’
Amour par l’amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombr
8805
rist.) Ils veulent aller tout droit à l’Amour par
l’
amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, c
8806
eulent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et
de
la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare e
8807
ent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et de
la
Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare est
8808
mbé. (Celui qui veut aller à Dieu sans passer par
le
Christ qui est « le chemin », celui-là va au diable, disait énergique
8809
aller à Dieu sans passer par le Christ qui est «
le
chemin », celui-là va au diable, disait énergiquement Luther.) Ils pr
8810
disait énergiquement Luther.) Ils pressentent que
la
Nuit est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient le secret dern
8811
ssentent que la Nuit est un mystère du Jour, dont
le
Jour seul détient le secret dernier123. Mais ils ignorent que la Nuit
8812
est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient
le
secret dernier123. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de
8813
tient le secret dernier123. Mais ils ignorent que
la
Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pa
8814
dernier123. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est
la
Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un
8815
3. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère
de
Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un obscur dém
8816
de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas
l’
œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bibl
8817
— répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre
d’
un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refu
8818
l’œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins
la
doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette v
8819
obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine
de
la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le
8820
scur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de
la
Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le mo
8821
t du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que
le
Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », m
8822
ns la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour
les
enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaiss
8823
nt que le Jour les enseigne dans cette vie et par
le
moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la cré
8824
Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen
de
la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ig
8825
ur les enseigne dans cette vie et par le moyen de
la
« matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ignor
8826
matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie
la
créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le
8827
ne Agapè qui sanctifie la créature, ignorant donc
la
vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risq
8828
ctifie la créature, ignorant donc la vraie nature
de
ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre
8829
t donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour
le
péché, ils courent le risque de s’y perdre sans retour au moment même
8830
de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent
le
risque de s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui éc
8831
ils tiennent pour le péché, ils courent le risque
de
s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
8832
ur au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
de
là vient que la confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’É
8833
e qu’ils croient lui échapper. Et de là vient que
la
confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier d
8834
t de là vient que la confusion était fatale entre
l’
Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la
8835
confusion était fatale entre l’Éros divinisant et
l’
Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousias
8836
tale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier
de
l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amo
8837
e entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier de
l’
instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor d
8838
os divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct.
De
là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadou
8839
l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que
la
passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadours, devait fatal
8840
nct. De là vient que la passion « enthousiaste »,
la
joy d’amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion hu
8841
là vient que la passion « enthousiaste », la joy
d’
amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion humaine m
8842
amor des troubadours, devait fatalement aboutir à
la
passion humaine malheureuse. Cet amour impossible laissait au cœur de
8843
able, une ardeur vraiment dévorante, une soif que
la
mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’amour » qu’ils se
8844
soif que la mort seule pouvait éteindre : ce fut
la
« torture d’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passi
8845
mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture
d’
amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passion des « parf
8846
’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même.
La
passion des « parfaits » voulait la mort divinisante. La soif qu’elle
8847
ur elle-même. La passion des « parfaits » voulait
la
mort divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi,
8848
ion des « parfaits » voulait la mort divinisante.
La
soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi, mais bouleversés par
8849
és par sa brûlante poésie, ne cherchera plus dans
la
mort que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu
8850
ûlante poésie, ne cherchera plus dans la mort que
la
suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
8851
ans la mort que la suprême sensation. Et de même,
l’
amour de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
8852
ort que la suprême sensation. Et de même, l’amour
de
la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec le Jour
8853
que la suprême sensation. Et de même, l’amour de
la
Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec le Jour inc
8854
Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
d’
être un symbole de l’union avec le Jour incréé, deviendra le symbole d
8855
r de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole
de
l’union avec le Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible uni
8856
e la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de
l’
union avec le Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union
8857
s qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
le
Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme
8858
symbole de l’union avec le Jour incréé, deviendra
le
symbole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines
8859
l’union avec le Jour incréé, deviendra le symbole
de
l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques
8860
nion avec le Jour incréé, deviendra le symbole de
l’
impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques on
8861
, deviendra le symbole de l’impossible union avec
la
femme ; gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, d
8862
ole de l’impossible union avec la femme ; gardant
de
ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transc
8863
gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi
de
divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire libératric
8864
ses origines mystiques on ne sait quoi de divin,
de
faussement transcendant — une illusion de gloire libératrice dont la
8865
divin, de faussement transcendant — une illusion
de
gloire libératrice dont la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’o
8866
cendant — une illusion de gloire libératrice dont
la
douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère le renversement tragiq
8867
gloire libératrice dont la douleur serait encore
le
signe ! Ainsi s’opère le renversement tragique : se dépasser jusqu’à
8868
la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère
le
renversement tragique : se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, q
8869
se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, quand
le
but n’est plus la Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se
8870
à s’unir au transcendant, quand le but n’est plus
la
Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans l
8871
le but n’est plus la Lumière, et quand on ignore
le
« chemin », c’est se précipiter dans la Nuit. Le dépassement, dès lor
8872
on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans
la
Nuit. Le dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissis
8873
le « chemin », c’est se précipiter dans la Nuit.
Le
dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissisme. Il ne
8874
s qu’exaltation du narcissisme. Il ne vise plus à
la
libération des sens, mais à la douloureuse intensité du sentiment. In
8875
Il ne vise plus à la libération des sens, mais à
la
douloureuse intensité du sentiment. Intoxication par l’esprit. L’hist
8876
loureuse intensité du sentiment. Intoxication par
l’
esprit. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes litt
8877
ntensité du sentiment. Intoxication par l’esprit.
L’
histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures,
8878
sentiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire
de
la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie s
8879
ntiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire de
la
passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie sièc
8880
toxication par l’esprit. L’histoire de la passion
d’
amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à
8881
it. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes
les
grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
8882
ittératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est
l’
histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C
8883
, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
de
la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le réc
8884
u xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire de
la
déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit
8885
l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans
la
vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus déses
8886
du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est
le
récit des tentatives de plus en plus désespérées que fait l’Éros, pou
8887
s tentatives de plus en plus désespérées que fait
l’
Éros, pour remplacer la transcendance mystique par une intensité émue.
8888
plus désespérées que fait l’Éros, pour remplacer
la
transcendance mystique par une intensité émue. Mais grandiloquentes o
8889
tensité émue. Mais grandiloquentes ou plaintives,
les
figures du discours passionné, les « couleurs » de sa rhétorique ne s
8890
ou plaintives, les figures du discours passionné,
les
« couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’
8891
s figures du discours passionné, les « couleurs »
de
sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’un crépuscule, p
8892
couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que
les
exaltations d’un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 96
8893
a rhétorique ne seront jamais que les exaltations
d’
un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 96. Philippe de F
8894
is que les exaltations d’un crépuscule, promesses
de
gloire jamais tenues… 96. Philippe de Félice, Poisons sacrés, ivre
8895
es divines, essai sur quelques formes inférieures
de
la mystique, Paris, 1936. 97. Il y a bien l’exemple de la formica sa
8896
divines, essai sur quelques formes inférieures de
la
mystique, Paris, 1936. 97. Il y a bien l’exemple de la formica sangu
8897
res de la mystique, Paris, 1936. 97. Il y a bien
l’
exemple de la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmi
8898
mystique, Paris, 1936. 97. Il y a bien l’exemple
de
la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un p
8899
tique, Paris, 1936. 97. Il y a bien l’exemple de
la
formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un para
8900
ecte entretient dans sa fourmilière un parasite à
la
sueur délicieuse, lequel finit par tout détruire. On a voulu comparer
8901
ire. On a voulu comparer cette tendance morbide à
l’
alcoolisme. Tant que les fourmis ne parleront pas toutes les hypothèse
8902
r cette tendance morbide à l’alcoolisme. Tant que
les
fourmis ne parleront pas toutes les hypothèses sont possibles. 98.
8903
sme. Tant que les fourmis ne parleront pas toutes
les
hypothèses sont possibles. 98. La Nuit obscure, de saint Jean de la
8904
t pas toutes les hypothèses sont possibles. 98.
La
Nuit obscure, de saint Jean de la Croix, II, i, 1er verset. Trad. Hoo
8905
hypothèses sont possibles. 98. La Nuit obscure,
de
saint Jean de la Croix, II, i, 1er verset. Trad. Hoornaert. 99. Ce n
8906
ute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir
de
lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâc
8907
asion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir de lui
de
grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâces pass
8908
telle est sa volonté, que ces grâces passent par
les
mains de cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même pren
8909
sa volonté, que ces grâces passent par les mains
de
cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même prendre sa co
8910
re sa complaisance. » 100. Nulle part, en effet,
les
généralisations ne se révèlent plus décevantes que dans l’étude des m
8911
lisations ne se révèlent plus décevantes que dans
l’
étude des mystiques. Comme l’a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de
8912
décevantes que dans l’étude des mystiques. Comme
l’
a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de la Croix, p. 613), si nous t
8913
Saint Jean de la Croix, p. 613), si nous tentions
de
prendre une vue générale des diverses mystiques connues, « l’expérien
8914
ne vue générale des diverses mystiques connues, «
l’
expérience mystique ne nous semblerait d’un type homogène que dans la
8915
nnues, « l’expérience mystique ne nous semblerait
d’
un type homogène que dans la mesure où elle serait banale, dans la mes
8916
ue ne nous semblerait d’un type homogène que dans
la
mesure où elle serait banale, dans la mesure aussi où nous échouerion
8917
ne que dans la mesure où elle serait banale, dans
la
mesure aussi où nous échouerions à la saisir ». 101. Gotha 1929. Seu
8918
anale, dans la mesure aussi où nous échouerions à
la
saisir ». 101. Gotha 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le s
8919
échouerions à la saisir ». 101. Gotha 1929. Seul
le
livre célèbre de R. Otto sur le sacré a paru jusqu’ici en traduction
8920
saisir ». 101. Gotha 1929. Seul le livre célèbre
de
R. Otto sur le sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 102.
8921
Gotha 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur
le
sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 102. « Minne einiget
8922
en. » 103. Fin du sermon Nisi granum frumenti… «
L’
âme échappe à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans la Divin
8923
à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans
la
Divinité. C’est là qu’est son devenir. Elle devient si totalement un
8924
ent si totalement un seul être qu’il ne reste pas
d’
autre distinction que celle-ci : Lui demeure Dieu et elle demeure âme.
8925
ad. Mayrisch Saint-Hubert.) Il faut bien dire que
l’
on se heurte, dans tous les écrits d’Eckhart, à une équivoque sur le s
8926
) Il faut bien dire que l’on se heurte, dans tous
les
écrits d’Eckhart, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à l’unio
8927
ien dire que l’on se heurte, dans tous les écrits
d’
Eckhart, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (Einung)
8928
ns tous les écrits d’Eckhart, à une équivoque sur
le
sens qu’il attribue à l’union (Einung). Toutefois un tel passage incl
8929
art, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à
l’
union (Einung). Toutefois un tel passage inclinerait à croire, avec Ot
8930
it à croire, avec Otto, qu’il ne s’agit nullement
d’
une fusion essentielle. 104. Und diese Gleichheit aus dem Einen in da
8931
Cité par Baruzi, Saint Jean de la Croix, p. 642.
L’
absence du langage « épithalamique » pourrait-elle être proposée comme
8932
e être proposée comme un critère lorsqu’il s’agit
de
savoir si tel mystique croyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce
8933
s’agit de savoir si tel mystique croyait ou non à
l’
union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servira
8934
oyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce cas,
la
remarque de l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Ott
8935
à l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque
de
l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous i
8936
l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de
l’
abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous indu
8937
s ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servirait
d’
argument contre la thèse d’Otto, et nous induirait à ranger Maître Eck
8938
que de l’abbé Paquier servirait d’argument contre
la
thèse d’Otto, et nous induirait à ranger Maître Eckhart parmi les hér
8939
abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse
d’
Otto, et nous induirait à ranger Maître Eckhart parmi les hérétiques.
8940
, et nous induirait à ranger Maître Eckhart parmi
les
hérétiques. 107. Un troubadour : « Amour ne me quitte ni bien ne peu
8941
ien ne peut m’avoir. » 108. Th. Labande-Jeanroy,
Les
Mystiques italiens (introduction à une anthologie). 109. Id., ibid.
8942
thologie). 109. Id., ibid., et P. Sabatier, Vie
de
saint François d’Assise. 110. B. de Ligt, la Paix créatrice, II, p.
8943
Vie de saint François d’Assise. 110. B. de Ligt,
la
Paix créatrice, II, p. 415. 111. Saint François nommait le frère Gil
8944
éatrice, II, p. 415. 111. Saint François nommait
le
frère Gilles « un paladin de sa Table ronde » et les miracles du sain
8945
int François nommait le frère Gilles « un paladin
de
sa Table ronde » et les miracles du saint — comme la conversion du lo
8946
frère Gilles « un paladin de sa Table ronde » et
les
miracles du saint — comme la conversion du loup de Gubbio — se produi
8947
sa Table ronde » et les miracles du saint — comme
la
conversion du loup de Gubbio — se produisent dans les mêmes circonsta
8948
s miracles du saint — comme la conversion du loup
de
Gubbio — se produisent dans les mêmes circonstances que les prouesses
8949
conversion du loup de Gubbio — se produisent dans
les
mêmes circonstances que les prouesses des chevaliers errants. Ils son
8950
— se produisent dans les mêmes circonstances que
les
prouesses des chevaliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par l
8951
aliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par
les
auteurs des Fioretti sous une forme narrative consacrée, qui devait é
8952
rative consacrée, qui devait évidemment souligner
le
parallélisme avec la chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie sièc
8953
devait évidemment souligner le parallélisme avec
la
chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie siècle. 112. Ciascun am
8954
rs du xiiie siècle. 112. Ciascun amante, danse
de
l’amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 113. On en trouvera d’ai
8955
du xiiie siècle. 112. Ciascun amante, danse de
l’
amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 113. On en trouvera d’aille
8956
cun amante, danse de l’amour mystique. Voir aussi
l’
Appendice 9. 113. On en trouvera d’ailleurs quelques éléments aux cha
8957
e II et iii-iv du livre IV. 114. Ce cri célèbre
de
sainte Thérèse fait écho à celui de la franciscaine Angèle de Foligno
8958
e cri célèbre de sainte Thérèse fait écho à celui
de
la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. »
8959
ri célèbre de sainte Thérèse fait écho à celui de
la
franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 11
8960
nciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir
de
mourir. » 115. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le lang
8961
15. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur
le
langage mystique. (Recherches philosophiques, I, 19.) 116. Saint Je
8962
phiques, I, 19.) 116. Saint Jean de la Croix et
l’
expérience mystique, p. 343. 117. Maxime de Montmorand, Psychologie d
8963
catholiques orthodoxes. 118. Gaston Etchegoyen,
l’
Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’E
8964
118. Gaston Etchegoyen, l’Amour divin, essai sur
les
sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin
8965
Etchegoyen, l’Amour divin, essai sur les sources
de
sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 119. Tra
8966
i sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie :
l’
Expression de l’amour divin. 119. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing
8967
rces de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression
de
l’amour divin. 119. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, L
8968
s de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de
l’
amour divin. 119. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leub
8969
ie : l’Expression de l’amour divin. 119. Travaux
de
Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leuba, Freud, pour s’en tenir aux
8970
r E. Minkowski, Vers une cosmologie, chapitre sur
la
métaphore. 122. Surtout les épigones féminins : une Marguerite-Mari
8971
ologie, chapitre sur la métaphore. 122. Surtout
les
épigones féminins : une Marguerite-Marie Alacoque au xviie siècle en
8972
uerite-Marie Alacoque au xviie siècle en fournit
le
plus inquiétant exemple (sa description du lit nuptial et de ce qui s
8973
uiétant exemple (sa description du lit nuptial et
de
ce qui s’y passe !). 123. Karl Jaspers a magnifiquement exprimé cett
8974
a magnifiquement exprimé cette assomption finale
de
la Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H.
8975
magnifiquement exprimé cette assomption finale de
la
Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Cor
8976
nt exprimé cette assomption finale de la Nuit par
le
Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Corbin dans Her
8977
Livre IVLe mythe dans
la
littérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché ou commen
8978
ittérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est
le
péché ou comment procède le péché. C’est lorsque la volonté humaine s
8979
maintenant ce qu’est le péché ou comment procède
le
péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être u
8980
péché ou comment procède le péché. C’est lorsque
la
volonté humaine se sépare de Dieu pour être une volonté à soi, qu’ell
8981
péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare
de
Dieu pour être une volonté à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et
8982
à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et brûle
de
sa propre affection, ardeur qui lui est propre et qui n’a rien à voir
8983
ur qui lui est propre et qui n’a rien à voir avec
l’
ardeur divine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de la littér
8984
ivine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise
de
la littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien d
8985
ne. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de
la
littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien diff
8986
1.D’une influence précise de la littérature sur
les
mœurs D’une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’
8987
luence précise de la littérature sur les mœurs
D’
une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’influence de
8988
D’une manière générale, il est bien difficile
de
vérifier l’influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «
8989
nière générale, il est bien difficile de vérifier
l’
influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. « La musique a
8990
en difficile de vérifier l’influence des arts sur
la
vie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit les mœurs ? » Je n
8991
ifier l’influence des arts sur la vie quotidienne
d’
une époque. « La musique adoucit les mœurs ? » Je n’en sais rien, et p
8992
e des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «
La
musique adoucit les mœurs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saura
8993
ie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit
les
mœurs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
8994
urs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saurait
le
démontrer. Et la peinture, quelle peut bien être son action ? L’archi
8995
ais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
la
peinture, quelle peut bien être son action ? L’architecture, au moins
8996
t la peinture, quelle peut bien être son action ?
L’
architecture, au moins, nous pouvons l’habiter, mais là n’est pas son
8997
n action ? L’architecture, au moins, nous pouvons
l’
habiter, mais là n’est pas son caractère d’art. De même pour telle ou
8998
ouvons l’habiter, mais là n’est pas son caractère
d’
art. De même pour telle ou telle philosophie. Mais le cas est tout dif
8999
rt. De même pour telle ou telle philosophie. Mais
le
cas est tout différent lorsqu’il s’agit d’une littérature dont on peu
9000
. Mais le cas est tout différent lorsqu’il s’agit
d’
une littérature dont on peut démontrer, historiquement, qu’elle a donn
9001
trer, historiquement, qu’elle a donné sa langue à
la
passion. Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs d
9002
ement, qu’elle a donné sa langue à la passion. Si
la
littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’e
9003
ue à la passion. Si la littérature peut se vanter
d’
avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu
9004
Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur
les
mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’
9005
térature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs
de
l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une maniè
9006
ature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de
l’
Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière
9007
l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle
le
doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, hé
9008
, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit.
D’
une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
9009
lle le doit. D’une manière plus précise : c’est à
la
rhétorique du mythe, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas néce
9010
récise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage
de
l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque po
9011
ise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
l’
amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque pouvo
9012
age de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire
de
supposer ici quelque pouvoir magique des sons et du langage sur nos a
9013
oir magique des sons et du langage sur nos actes.
L’
adoption d’un certain langage conventionnel entraîne et favorise natur
9014
des sons et du langage sur nos actes. L’adoption
d’
un certain langage conventionnel entraîne et favorise naturellement l’
9015
conventionnel entraîne et favorise naturellement
l’
essor des sentiments latents qui se trouvent les plus aptes à s’exprim
9016
nt l’essor des sentiments latents qui se trouvent
les
plus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut
9017
tents qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer
de
la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut se demander, avec La Roche
9018
ts qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer de
la
sorte. C’est dans ce sens que l’on peut se demander, avec La Rochefou
9019
à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que
l’
on peut se demander, avec La Rochefoucauld : combien d’hommes seraient
9020
’est dans ce sens que l’on peut se demander, avec
La
Rochefoucauld : combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient ja
9021
peut se demander, avec La Rochefoucauld : combien
d’
hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour
9022
nt amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler
d’
amour ? ⁂ Passion et expression ne sont guère séparables. La passion p
9023
⁂ Passion et expression ne sont guère séparables.
La
passion prend sa source dans cet élan de l’esprit qui par ailleurs fa
9024
arables. La passion prend sa source dans cet élan
de
l’esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
9025
bles. La passion prend sa source dans cet élan de
l’
esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse l’
9026
cet élan de l’esprit qui par ailleurs fait naître
le
langage. Dès qu’elle dépasse l’instinct, dès qu’elle devient vraiment
9027
leurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
l’
instinct, dès qu’elle devient vraiment passion, elle tend du même mouv
9028
pour s’exalter, ou simplement pour s’entretenir. (
Le
double sens est significatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier
9029
ens est significatif.) En ce domaine, il est aisé
de
vérifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par im
9030
ficatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier.
Les
sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par imitation, sont
9031
est aisé de vérifier. Les sentiments qu’éprouvent
l’
élite, puis les masses par imitation, sont des créations littéraires e
9032
rifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis
les
masses par imitation, sont des créations littéraires en ce sens qu’un
9033
éraires en ce sens qu’une certaine rhétorique est
la
condition suffisante de leur aveu, donc de leur prise de conscience.
9034
e certaine rhétorique est la condition suffisante
de
leur aveu, donc de leur prise de conscience. À défaut de cette rhétor
9035
ue est la condition suffisante de leur aveu, donc
de
leur prise de conscience. À défaut de cette rhétorique, ces sentiment
9036
que, ces sentiments existeraient sans doute, mais
d’
une manière accidentelle, non reconnue, à titre d’étrangetés inavouabl
9037
d’une manière accidentelle, non reconnue, à titre
d’
étrangetés inavouables, en contrebande. Mais on a toujours vu que l’in
9038
uables, en contrebande. Mais on a toujours vu que
l’
invention d’une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puis
9039
ontrebande. Mais on a toujours vu que l’invention
d’
une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puissances laten
9040
rapidement certaines puissances latentes du cœur.
L’
apparition de Werther par exemple a produit une vague de suicides. Rou
9041
rtaines puissances latentes du cœur. L’apparition
de
Werther par exemple a produit une vague de suicides. Rousseau fit boi
9042
rition de Werther par exemple a produit une vague
de
suicides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour de France, et Re
9043
e de suicides. Rousseau fit boire du lait à toute
la
cour de France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour
9044
cides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour
de
France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour admirer
9045
ola plusieurs générations. C’est que pour admirer
la
nature simple, pour accepter certaines mélancolies, et même pour se s
9046
t même pour se suicider, il faut être en mesure «
d’
expliquer » à soi-même ou aux autres ce qu’on sent. Plus un homme est
9047
sent. Plus un homme est sentimental, plus il y a
de
chances qu’il soit verbeux et bien disant. Et de même, plus un homme
9048
de même, plus un homme est passionné, plus il y a
de
chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouv
9049
passionné, plus il y a de chances qu’il réinvente
les
figures de la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se
9050
lus il y a de chances qu’il réinvente les figures
de
la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle spo
9051
il y a de chances qu’il réinvente les figures de
la
rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle sponta
9052
e leur nécessité ; qu’il se modèle spontanément à
la
ressemblance du « sublime » qu’elles ont su rendre inoubliable. C’est
9053
u’elles ont su rendre inoubliable. C’est pourquoi
l’
on n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du mythe courtois dan
9054
t pourquoi l’on n’aura pas grand-peine à jalonner
l’
évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’
9055
ine à jalonner l’évolution du mythe courtois dans
la
morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre qu’elle est parall
9056
tion du mythe courtois dans la morale des peuples
d’
Occident : l’on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphose
9057
courtois dans la morale des peuples d’Occident :
l’
on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphoses littéraires
9058
rtains retards et simplifications.) En esquissant
la
courbe de la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption
9059
ards et simplifications.) En esquissant la courbe
de
la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe.
9060
s et simplifications.) En esquissant la courbe de
la
mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe. C’
9061
avons pu décrire une assomption du mythe. C’était
la
voie montante et elle nous a conduits à une dissolution libératrice d
9062
uits à une dissolution libératrice du « charme ».
La
littérature, au contraire, est la voie qui descend aux mœurs. C’est d
9063
du « charme ». La littérature, au contraire, est
la
voie qui descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe, ou
9064
re, est la voie qui descend aux mœurs. C’est donc
la
vulgarisation du mythe, ou pour mieux dire : sa « profanation »124 qu
9065
allons décrire maintenant. 2.Les deux roses
Le
meilleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écri
9066
ntenant. 2.Les deux roses Le meilleur point
de
départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années
9067
Le meilleur point de départ nous est donné par
le
Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a
9068
lleur point de départ nous est donné par le Roman
de
la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans
9069
ur point de départ nous est donné par le Roman de
la
Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, o
9070
us est donné par le Roman de la Rose, écrit entre
les
années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, ou presque, que Béroul
9071
ans, ou presque, que Béroul et Thomas ont composé
la
légende de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisati
9072
sque, que Béroul et Thomas ont composé la légende
de
Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtois
9073
roul et Thomas ont composé la légende de Tristan.
La
croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtoise du Langued
9074
e de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé
la
civilisation courtoise du Languedoc, dispersant les derniers troubado
9075
a civilisation courtoise du Languedoc, dispersant
les
derniers troubadours. Que va devenir la tradition d’Amour ? Il semble
9076
spersant les derniers troubadours. Que va devenir
la
tradition d’Amour ? Il semble bien que, dès le xive siècle, les héré
9077
derniers troubadours. Que va devenir la tradition
d’
Amour ? Il semble bien que, dès le xive siècle, les hérétiques répand
9078
ir la tradition d’Amour ? Il semble bien que, dès
le
xive siècle, les hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe,
9079
’Amour ? Il semble bien que, dès le xive siècle,
les
hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église les tr
9080
cle, les hérétiques répandus désormais dans toute
l’
Europe, où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression
9081
tiques répandus désormais dans toute l’Europe, où
l’
Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire d
9082
pandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église
les
traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire de leur rel
9083
ute l’Europe, où l’Église les traque, aient cessé
de
recourir à l’expression littéraire de leur religion. Le catharisme se
9084
où l’Église les traque, aient cessé de recourir à
l’
expression littéraire de leur religion. Le catharisme se cachera désor
9085
aient cessé de recourir à l’expression littéraire
de
leur religion. Le catharisme se cachera désormais dans les couches pr
9086
ourir à l’expression littéraire de leur religion.
Le
catharisme se cachera désormais dans les couches profondes et muettes
9087
religion. Le catharisme se cachera désormais dans
les
couches profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se
9088
s couches profondes et muettes des peuples, là où
la
vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les b
9089
se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus
les
beaux symboles de la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrê
9090
formes nobles, ne fournit plus les beaux symboles
de
la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès
9091
mes nobles, ne fournit plus les beaux symboles de
la
grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès.
9092
e mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès.
L’
Église d’Amour donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou moins
9093
, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L’Église
d’
Amour donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou moins secrètes
9094
on progrès. L’Église d’Amour donnera naissance à
d’
innombrables sectes plus ou moins secrètes, plus ou moins révolutionna
9095
secrètes, plus ou moins révolutionnaires, et dont
les
traits constants témoignent d’une origine commune, d’une tradition fi
9096
onnaires, et dont les traits constants témoignent
d’
une origine commune, d’une tradition fidèlement conservée. Toutes ces
9097
raits constants témoignent d’une origine commune,
d’
une tradition fidèlement conservée. Toutes ces sectes en effet sont ca
9098
par leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine
de
la « joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage
9099
leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine de
la
« joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage ; p
9100
nts et du mariage ; par leur condamnation absolue
de
toute participation aux guerres ; par leur anticléricalisme ; par leu
9101
erres ; par leur anticléricalisme ; par leur goût
de
la pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égal
9102
es ; par leur anticléricalisme ; par leur goût de
la
pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalita
9103
nticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et
de
l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant par
9104
cléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de
l’
ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant parfoi
9105
un communisme total. Nous retrouvons cet ensemble
de
traits non seulement chez les frères du Libre-Esprit et les ortliebie
9106
rouvons cet ensemble de traits non seulement chez
les
frères du Libre-Esprit et les ortliebiens rhénans — qui furent peut-ê
9107
non seulement chez les frères du Libre-Esprit et
les
ortliebiens rhénans — qui furent peut-être en rapport avec les Vaudoi
9108
ns rhénans — qui furent peut-être en rapport avec
les
Vaudois, voisins des cathares — non seulement chez les Vaudois eux-mê
9109
audois, voisins des cathares — non seulement chez
les
Vaudois eux-mêmes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les b
9110
— non seulement chez les Vaudois eux-mêmes, chez
les
disciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des
9111
nt chez les Vaudois eux-mêmes, chez les disciples
de
Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des Pays-Bas125,
9112
mes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez
les
béguines et les béguards des Pays-Bas125, chez les lollards anglais,
9113
sciples de Joachim de Flore, chez les béguines et
les
béguards des Pays-Bas125, chez les lollards anglais, chez les premier
9114
es béguines et les béguards des Pays-Bas125, chez
les
lollards anglais, chez les premiers frères moraves (sinon chez les hu
9115
ais, chez les premiers frères moraves (sinon chez
les
hussites), mais aussi chez les hérétiques des Églises réformées : Sch
9116
oraves (sinon chez les hussites), mais aussi chez
les
hérétiques des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabapt
9117
es des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel,
les
anabaptistes, les mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent
9118
ormées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabaptistes,
les
mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent ces dissidents ave
9119
ent ces dissidents avec une violence qui rappelle
les
procédés de Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne
9120
dents avec une violence qui rappelle les procédés
de
Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent le
9121
ropres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent
les
anéantir totalement : de nos jours, on retrouve çà et là des communau
9122
purent ou ne voulurent les anéantir totalement :
de
nos jours, on retrouve çà et là des communautés mennonites mêlées d’é
9123
trouve çà et là des communautés mennonites mêlées
d’
éléments russes — doukhobors et khlystis — au Canada et jusqu’au Parag
9124
— au Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception
de
l’amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite clé
9125
u Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception de
l’
amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite cléric
9126
pensent-ils expliquer mieux certaines obscurités
de
la littérature émanée des cercles franciscains et même parfois domini
9127
nsent-ils expliquer mieux certaines obscurités de
la
littérature émanée des cercles franciscains et même parfois dominicai
9128
ciscains et même parfois dominicains. J’avoue que
l’
extension du langage même des cathares peut induire à des rapprochemen
9129
re à des rapprochements souvent troublants : nous
l’
avons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence de preuves presque
9130
nous l’avons vu à propos des mystiques. Mais en
l’
absence de preuves presque impossibles à établir, je m’en tiendrai à u
9131
ons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence
de
preuves presque impossibles à établir, je m’en tiendrai à un jugement
9132
t certainement vrai pour la plupart des cas : dès
le
xive siècle, la littérature courtoise s’est détachée de ses racines
9133
ai pour la plupart des cas : dès le xive siècle,
la
littérature courtoise s’est détachée de ses racines mystiques ; elle
9134
siècle, la littérature courtoise s’est détachée
de
ses racines mystiques ; elle s’est alors trouvée réduite à une simple
9135
le s’est alors trouvée réduite à une simple forme
d’
expression, c’est-à-dire à une rhétorique. Mais automatiquement, cette
9136
matiquement, cette rhétorique tendait à idéaliser
les
objets tout profanes qu’elle décrivait. Ce procédé, bientôt ressenti
9137
réaction dite « réaliste ». Double mouvement dont
le
Roman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillau
9138
dite « réaliste ». Double mouvement dont le Roman
de
la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lor
9139
e « réaliste ». Double mouvement dont le Roman de
la
Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris
9140
ble mouvement dont le Roman de la Rose nous donne
l’
illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris — dans la première
9141
oman de la Rose nous donne l’illustre témoignage.
La
Rose de Guillaume de Lorris — dans la première partie du roman, dite
9142
première partie du roman, dite courtoise — c’est
l’
amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dan
9143
e partie du roman, dite courtoise — c’est l’amour
de
la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son ja
9144
artie du roman, dite courtoise — c’est l’amour de
la
femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son jardi
9145
éjà mais femme inaccessible dans son jardin givré
d’
allégories. Danger, Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
9146
Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
les
entreprises des galants. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré pa
9147
t Bel Accueil contre les entreprises des galants.
L’
obstacle à l’union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non
9148
contre les entreprises des galants. L’obstacle à
l’
union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non plus du tout
9149
ts. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré par
l’
exigence morale, et non plus du tout religieuse : Ce n’est plus une as
9150
est plus une ascèse mystique, mais un raffinement
de
l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pou
9151
plus une ascèse mystique, mais un raffinement de
l’
esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pour J
9152
mais un raffinement de l’esprit, qui doit amener
l’
amant à mériter le don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminer
9153
nt de l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter
le
don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman, la Ros
9154
. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera
le
Roman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plu
9155
aire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman,
la
Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc su
9156
g, qui terminera le Roman, la Rose n’est plus que
la
volupté physique. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de L
9157
oman, la Rose n’est plus que la volupté physique.
Le
réalisme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme
9158
e n’est plus que la volupté physique. Le réalisme
le
plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme au platonis
9159
e. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises
de
Lorris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La R
9160
sme le plus franc succède aux fadaises de Lorris,
le
sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emp
9161
fadaises de Lorris, le sensualisme au platonisme,
le
cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Natur
9162
orris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à
l’
exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
9163
ualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation.
La
Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
9164
, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée
de
haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passi
9165
’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte.
La
Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de c
9166
e est emportée de haute lutte. La Nature triomphe
de
l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa
9167
st emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
l’
Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa des
9168
e haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
la
raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De
9169
tte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison
de
la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, no
9170
. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de
la
passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous
9171
de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune
de
ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous irons par Dante — qu
9172
sion. Chacune de ces parties aura sa descendance.
De
Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être le traduisit — jusqu’à P
9173
. De Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être
le
traduisit — jusqu’à Pétrarque et bien au-delà : jusqu’aux romans allé
9174
jusqu’aux romans allégoriques du xviie , jusqu’à
la
Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung, la tradition antique — celle
9175
usqu’à la Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung,
la
tradition antique — celle qui condamne la passion comme une « maladie
9176
Meung, la tradition antique — celle qui condamne
la
passion comme une « maladie de l’âme » — se transmettra aux parties b
9177
celle qui condamne la passion comme une « maladie
de
l’âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature françai
9178
le qui condamne la passion comme une « maladie de
l’
âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature française
9179
ie de l’âme » — se transmettra aux parties basses
de
la littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme, po
9180
de l’âme » — se transmettra aux parties basses de
la
littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme, polém
9181
curieusement exaspérée, naturalisme et réduction
de
l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au
9182
rieusement exaspérée, naturalisme et réduction de
l’
homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au my
9183
aturalisme et réduction de l’homme au sexe. C’est
la
défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheure
9184
de l’homme au sexe. C’est la défense normale que
l’
homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiqu
9185
défense normale que l’homme païen oppose au mythe
de
l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’
9186
ense normale que l’homme païen oppose au mythe de
l’
amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’une
9187
x. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
d’
une vision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion d’y revenir.)
9188
che d’une vision chrétienne réaliste. Nous aurons
l’
occasion d’y revenir.) 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Ale
9189
ision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion
d’
y revenir.) 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de l’
9190
3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour
de
l’an 1200, une solide amitié se noue entre Rambaut de Vaqueiras, trou
9191
icile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de
l’
an 1200, une solide amitié se noue entre Rambaut de Vaqueiras, troubad
9192
Rambaut de Vaqueiras, troubadour languedocien, et
le
puissant marquis Alberto Malaspina. Il semble bien qu’un courant très
9193
laspina. Il semble bien qu’un courant très direct
d’
échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse le Midi de la France
9194
urant très direct d’échanges « littéraires » — si
l’
on veut — unisse le Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois
9195
’échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse
le
Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte d
9196
» — si l’on veut — unisse le Midi de la France à
la
Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troub
9197
a France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus,
la
carte de l’influence des troubadours se confond avec celle des hérési
9198
à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte
de
l’influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un pe
9199
a Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de
l’
influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un peu p
9200
onfond avec celle des hérésies. Un peu plus tard,
le
mouvement franciscain naîtra d’une conjonction semblable entre les «
9201
Un peu plus tard, le mouvement franciscain naîtra
d’
une conjonction semblable entre les « spirituels » (mais dans l’Église
9202
nciscain naîtra d’une conjonction semblable entre
les
« spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes. Cependant qu’autou
9203
ion semblable entre les « spirituels » (mais dans
l’
Église) et les poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II
9204
entre les « spirituels » (mais dans l’Église) et
les
poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour,
9205
de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleurit
l’
école dite des Siciliens. Dans quelle mesure cette poésie courtoise du
9206
urtoise du Sud s’inspira-t-elle des troubadours ?
La
question est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un
9207
? La question est encore obscure. On ne trouve à
la
cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’h
9208
estion est encore obscure. On ne trouve à la cour
de
Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie.
9209
qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute
l’
hérésie. De même, on peut se demander dans quelle mesure les Siciliens
9210
. De même, on peut se demander dans quelle mesure
les
Siciliens « savaient » encore ce qu’est l’Amour. N’avaient-ils retenu
9211
esure les Siciliens « savaient » encore ce qu’est
l’
Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que le procédé mystifiant ?
9212
l’Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que
le
procédé mystifiant ? On serait assez tenté de le croire, lorsqu’on vo
9213
que le procédé mystifiant ? On serait assez tenté
de
le croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre
9214
le procédé mystifiant ? On serait assez tenté de
le
croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre le
9215
d’Arezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs
de
l’ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant d
9216
rezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs de
l’
ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant de r
9217
les qui veulent juger des couleurs, oies essayant
de
rivaliser avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pa
9218
ger des couleurs, oies essayant de rivaliser avec
l’
aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pasticheurs infatiga
9219
avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un
de
ces pasticheurs infatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion d
9220
fatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion
de
définir le dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école
9221
Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion de définir
le
dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école du Nord —
9222
s. Bonne occasion de définir le dolce stil nuovo,
le
style savant et caressant que l’école du Nord — novatrice mais qui re
9223
olce stil nuovo, le style savant et caressant que
l’
école du Nord — novatrice mais qui revient aux origines valables — opp
9224
nouvelle école, c’est qu’elle rénove consciemment
le
langage symbolique des troubadours. Les Siciliens étaient tombés dans
9225
nsciemment le langage symbolique des troubadours.
Les
Siciliens étaient tombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
9226
ombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
de
la dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais
9227
és dans un douteux allégorisme : ils parlaient de
la
dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais fr
9228
teux allégorisme : ils parlaient de la dame comme
d’
une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais froide et stéréo
9229
et Cavalcanti, d’autres encore, demandaient plus
de
sincérité et plus de chaleur amoureuse, mais en même temps, ils saven
9230
res encore, demandaient plus de sincérité et plus
de
chaleur amoureuse, mais en même temps, ils savent et disent (dans ce
9231
ême temps, ils savent et disent (dans ce dire est
la
nouveauté) que la Dame est purement symbolique. Tel est le secret par
9232
ent et disent (dans ce dire est la nouveauté) que
la
Dame est purement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’amour
9233
uté) que la Dame est purement symbolique. Tel est
le
secret paradoxal de l’amour courtois : guindé et froid quand il ne va
9234
purement symbolique. Tel est le secret paradoxal
de
l’amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, ma
9235
rement symbolique. Tel est le secret paradoxal de
l’
amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, mais
9236
courtois : guindé et froid quand il ne vante que
la
femme, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’am
9237
quand il ne vante que la femme, mais tout ardent
de
sincérité quand il célèbre la Sagesse d’amour : c’est là vraiment que
9238
e, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre
la
Sagesse d’amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est
9239
t ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse
d’
amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est jamais plus
9240
Dante n’est jamais plus passionné qu’en chantant
la
Philosophie, si ce n’est quand elle devient la Science sacrée. Sincér
9241
nt la Philosophie, si ce n’est quand elle devient
la
Science sacrée. Sincérité bien propre aux troubadours, et toute contr
9242
e contraire à celle qu’un moderne imagine ! Dante
la
définira, dans son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler d’un «
9243
gine ! Dante la définira, dans son Banquet, comme
le
secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ». Les cathares savaien
9244
ns son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler
d’
un « beau mensonge ». Les cathares savaient bien tout cela. Mais noton
9245
secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ».
Les
cathares savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne l’ont jamais
9246
es savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne
l’
ont jamais dit126. C’est parce que Dante et ses amis sont amenés à déf
9247
ir leur art qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez
les
poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au
9248
rprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens
le
vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépuscule que se
9249
, de même que c’est au crépuscule que se révèlent
les
sept couleurs dont le grand jour faisait une seule lumière, trompeuse
9250
crépuscule que se révèlent les sept couleurs dont
le
grand jour faisait une seule lumière, trompeuse à force d’évidence. M
9251
jour faisait une seule lumière, trompeuse à force
d’
évidence. Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que le trobar
9252
ce d’évidence. Maintenant nous pouvons distinguer
les
thèmes que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symbole
9253
Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que
le
trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les d
9254
s distinguer les thèmes que le trobar mêlait dans
la
naïve transparence de ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cet
9255
s que le trobar mêlait dans la naïve transparence
de
ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques
9256
dans la naïve transparence de ses symboles. Voici
les
derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques de Lentino : Mon cœur s
9257
oles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte
de
Jacques de Lentino : Mon cœur souvent meurt, et plus douloureusement
9258
n cœur souvent meurt, et plus douloureusement que
de
mort naturelle, pour vous Dame qu’il désire et aime plus que lui-même
9259
ime plus que lui-même… J’ai en moi un feu, qui je
le
crois, jamais, jamais ne pourra s’éteindre… Pourquoi ne me consume-t-
9260
te de même : Amour qui, dans ma pensée, me parle
de
ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient de choses telles qu’à
9261
de ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient
de
choses telles qu’à leur sujet mon intelligence s’égare. Son langage r
9262
are. Son langage résonne avec tant de douceur que
l’
âme qui l’écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je
9263
angage résonne avec tant de douceur que l’âme qui
l’
écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pa
9264
ne avec tant de douceur que l’âme qui l’écoute et
l’
entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable de
9265
Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable
de
répéter ce que j’entends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore d
9266
suis pas capable de répéter ce que j’entends dire
de
ma Dame ! Et qui douterait encore de la signification symbolique de
9267
ntends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore
de
la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en
9268
nds dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de
la
signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en pa
9269
i douterait encore de la signification symbolique
de
la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « n
9270
outerait encore de la signification symbolique de
la
Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « notr
9271
qu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe
de
« notre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de n
9272
me du principe de « notre foi » : Elle passe par
le
chemin, si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil d
9273
otre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine
de
grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue
9274
Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et
de
noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue [auquel ell
9275
si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse
l’
orgueil de celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il
9276
de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil
de
celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
9277
[auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
de
notre foi, l’y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphéma
9278
onne son salut] et, s’il n’est déjà de notre foi,
l’
y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphémateur lorsqu’il
9279
’est qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil
de
la Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’I
9280
t qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil de
la
Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’Inte
9281
ette strophe au sublime départ : Un ange crie en
l’
Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans le monde se voit une mer
9282
n l’Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans
le
monde se voit une merveille en l’acte qui procède d’une âme qui jusqu
9283
Seigneur, dans le monde se voit une merveille en
l’
acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manq
9284
monde se voit une merveille en l’acte qui procède
d’
une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose
9285
acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne.
Le
Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seign
9286
qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que
d’
une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les
9287
e. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est
de
l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent ce
9288
Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de
l’
avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent cette
9289
d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur
la
demande, et tous les Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié pren
9290
de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous
les
Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié prend notre parti, car Di
9291
, Pitié prend notre parti, car Dieu dit, et c’est
de
ma Dame qu’il entend parler : — Mes bien-aimés, ores souffrez en paix
9292
ure, autant qu’il me plaira, là où se trouve plus
d’
un qui s’attend à la perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’
9293
plaira, là où se trouve plus d’un qui s’attend à
la
perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance de
9294
us d’un qui s’attend à la perdre et qui dira dans
l’
enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il
9295
e et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu
l’
espérance des bienheureux ! S’agit-il donc de Béatrice comme femme ?
9296
vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il donc
de
Béatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous les saints implore
9297
éatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous
les
saints implorent et qui serait « l’espérance des bienheureux » ? Ou s
9298
nce que tous les saints implorent et qui serait «
l’
espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de l’Esprit saint so
9299
espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt
de
l’Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pi
9300
érance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de
l’
Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pitié
9301
plutôt de l’Esprit saint soutenant son Église par
la
charité du Christ — (la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoi
9302
soutenant son Église par la charité du Christ — (
la
Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la Vie nouvelle127 ? C
9303
la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir
la
Vie nouvelle127 ? Ce qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
9304
e qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
l’
équivoque malgré tout maintenue. D’où le débat qui oppose Orlandi et C
9305
matoire, c’est l’équivoque malgré tout maintenue.
D’
où le débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir
9306
re, c’est l’équivoque malgré tout maintenue. D’où
le
débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir enfi
9307
t qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait
de
définir enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il vie ou mort ? » de
9308
t le premier. Et le second répond : « Du pouvoir
de
l’amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est
9309
e premier. Et le second répond : « Du pouvoir de
l’
amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si
9310
épond : « Du pouvoir de l’amour provient souvent
la
mort… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les
9311
« Du pouvoir de l’amour provient souvent la mort…
L’
amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
9312
provient souvent la mort… L’amour existe lorsque
le
désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comm
9313
xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
les
limites de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité,
9314
e le désir est si grand qu’il dépasse les limites
de
l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléch
9315
e désir est si grand qu’il dépasse les limites de
l’
amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléchit
9316
es de l’amour naturel… Comme il ne provient point
de
la qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effe
9317
de l’amour naturel… Comme il ne provient point de
la
qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effet.
9318
ontemplation. » Aucun doute ne demeure possible :
l’
Amour est la passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
9319
. » Aucun doute ne demeure possible : l’Amour est
la
passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’amour natu
9320
la passion mystique. Mais encore faut-il définir
le
rôle de l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a
9321
ion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle
de
l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Da
9322
mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
l’
amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Davan
9323
ctive céleste. C’est ce qu’a fait Davanzati, vers
la
fin du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable la vraie nature
9324
du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable
la
vraie nature de l’amour qu’il chante et le danger de s’arrêter aux fo
9325
, exprimant dans une petite fable la vraie nature
de
l’amour qu’il chante et le danger de s’arrêter aux formes terrestres
9326
xprimant dans une petite fable la vraie nature de
l’
amour qu’il chante et le danger de s’arrêter aux formes terrestres qui
9327
fable la vraie nature de l’amour qu’il chante et
le
danger de s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet
9328
vraie nature de l’amour qu’il chante et le danger
de
s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet : De même
9329
restres qui n’en sont qu’un reflet : De même que
la
tigresse, dans sa grande douleur, se soulage en regardant un miroir e
9330
se soulage en regardant un miroir et croit y voir
l’
image de ses petits qu’elle va cherchant : par ce plaisir elle oublie
9331
ge en regardant un miroir et croit y voir l’image
de
ses petits qu’elle va cherchant : par ce plaisir elle oublie le chass
9332
qu’elle va cherchant : par ce plaisir elle oublie
le
chasseur, et reste là, et ne poursuit point ; de même celui qui est p
9333
ne poursuit point ; de même celui qui est pénétré
d’
amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soul
9334
int ; de même celui qui est pénétré d’amour puise
la
vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande
9335
e celui qui est pénétré d’amour puise la vie dans
la
contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
9336
énétré d’amour puise la vie dans la contemplation
de
sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
9337
dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
la
dame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu
9338
l soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
le
cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au
9339
peine… Mais la dame n’a point le cœur pitoyable,
le
jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable es
9340
ame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et
l’
espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien la femme q
9341
oyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici
la
Dame au cœur impitoyable est bien la femme qui détourne l’Amour à son
9342
déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien
la
femme qui détourne l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé d
9343
u cœur impitoyable est bien la femme qui détourne
l’
Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé de cette époque, je tro
9344
l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé
de
cette époque, je trouve la même fable, avec cette conclusion : Ce fa
9345
un Bestiaire moralisé de cette époque, je trouve
la
même fable, avec cette conclusion : Ce fauve, à mon avis, c’est nous
9346
; ses petits, qu’un chasseur lui a pris, ce sont
les
vertus, et le chasseur c’est le démon, qui nous fait voir ce qui n’es
9347
qu’un chasseur lui a pris, ce sont les vertus, et
le
chasseur c’est le démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là v
9348
a pris, ce sont les vertus, et le chasseur c’est
le
démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là vient que bien des
9349
st le démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas.
De
là vient que bien des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers l
9350
ent que bien des hommes ont péri pour avoir tardé
d’
aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient
9351
des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers
le
Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes d
9352
péri pour avoir tardé d’aller vers le Seigneur.
Le
temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
9353
rdé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où
les
poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profa
9354
es poètes succomberaient aux charmes du miroir et
de
la rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre
9355
poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
la
rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre «
9356
er prendre « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à
l’
image de sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le
9357
re « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à l’image
de
sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le retiendr
9358
, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard —
le
retiendra d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur
9359
ngtemps — comme il gémit plus tard — le retiendra
d’
« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti
9360
il gémit plus tard — le retiendra d’« aller vers
le
Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti « Aimer une cho
9361
d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou
le
rhéteur converti « Aimer une chose mortelle avec une foi Qui à Die
9362
à lui seul convient… » « Tout le monde, et sur
le
moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativem
9363
out le monde, et sur le moindre rocher que trempe
la
mer, sait qu’un homme a été superlativement amoureux et c’est Pétrarq
9364
ment amoureux et c’est Pétrarque. Et ce qu’il y a
de
mieux, c’est que c’est vrai… Qu’appelle-t-on un homme simplement amou
9365
’appelle-t-on un homme simplement amoureux ? Rien
d’
analogue. Lui l’était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire
9366
homme simplement amoureux ? Rien d’analogue. Lui
l’
était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire. »128 Voilà ce
9367
implement amoureux ? Rien d’analogue. Lui l’était
d’
une façon extraordinaire, incendiaire, solaire. »128 Voilà ce qui doi
9368
inoubliable passion animant pour la première fois
les
symboles des troubadours d’un souffle parfaitement païen, et non plus
9369
our la première fois les symboles des troubadours
d’
un souffle parfaitement païen, et non plus du tout hérétique ! On est
9370
u Dante, mais aussi des rhéteurs qu’il attaquait.
Le
« secret » dont je parlais plus haut s’est volatilisé : il ne joue pl
9371
ais plus haut s’est volatilisé : il ne joue plus.
Le
langage de l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cet
9372
ut s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage
de
l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profan
9373
s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage de
l’
Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profanati
9374
joue plus. Le langage de l’Amour est enfin devenu
la
rhétorique du cœur humain. Cette « profanation » radicale doit faire
9375
une poésie plus adéquate que nulle autre à servir
la
mystique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas d’y puiser ses
9376
ique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas
d’
y puiser ses meilleures métaphores. En vérité, la tentation était trop
9377
d’y puiser ses meilleures métaphores. En vérité,
la
tentation était trop forte. (On en jugera par quelques exemples mis e
9378
et à vrai dire choisis presque au hasard.) Voici
le
Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure :
9379
hasard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire
de
l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heur
9380
sard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de
l’
amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure O
9381
oici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour
de
Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure Où si hau
9382
re de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis
le
lieu, le temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô m
9383
mour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu,
le
temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, i
9384
trarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps,
l’
heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, il te faut
9385
e faut rendre grâce Toi qui fus jugée digne alors
d’
un tel honneur. D’Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le
9386
e Toi qui fus jugée digne alors d’un tel honneur.
D’
Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le suis, au plus hau
9387
Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu
le
suis, au plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que l’homme d
9388
lus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que
l’
homme désire129. D’Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au c
9389
ne Et te fait mépriser ce que l’homme désire129.
D’
Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit se
9390
épriser ce que l’homme désire129. D’Elle te vient
la
grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit sentier Et fait qu
9391
l par un droit sentier Et fait que je marche fier
de
mon espérance. Où Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
9392
Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
de
Tristan130, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal ai
9393
quand il prend la harpe de Tristan130, c’est dans
le
cri de la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume
9394
l prend la harpe de Tristan130, c’est dans le cri
de
la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô t
9395
rend la harpe de Tristan130, c’est dans le cri de
la
« torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô tend
9396
e : Ô tendres, angéliques étincelles, béatitudes
De
ma vie où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (L
9397
ques étincelles, béatitudes De ma vie où s’allume
le
plaisir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux de ma dame.)
9398
le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (
Les
Yeux de ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux131 Comment as-tu
9399
ir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux
de
ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux131 Comment as-tu sur moi
9400
pouvoir » dont il se plaint tout en sachant qu’il
l’
a voulu fatal : Et pour que mon martyre au port jamais n’arrive Mille
9401
le je nais…132 (Sonnet 164.) Ailleurs, il parle
de
Laure comme de sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se sé
9402
(Sonnet 164.) Ailleurs, il parle de Laure comme
de
sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut
9403
imée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant
d’
Iseut lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-t
9404
gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut lorsqu’il
la
rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de mon mal éloig
9405
d à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu
de
mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux de Laure présente … al
9406
i m’as-tu de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car
les
yeux de Laure présente … allumés d’une lueur céleste M’enflamment de
9407
de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux
de
Laure présente … allumés d’une lueur céleste M’enflamment de façon q
9408
254.) Car les yeux de Laure présente … allumés
d’
une lueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît de brûler.133
9409
sente … allumés d’une lueur céleste M’enflamment
de
façon qu’il me plaît de brûler.133 (Triomphe de l’amour.) Mais prés
9410
ueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît
de
brûler.133 (Triomphe de l’amour.) Mais présente ou absente — ici en
9411
de façon qu’il me plaît de brûler.133 (Triomphe
de
l’amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera
9412
façon qu’il me plaît de brûler.133 (Triomphe de
l’
amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera jam
9413
amour.) Mais présente ou absente — ici encore —,
la
femme ne sera jamais que l’occasion d’une torture qu’il préfère à tou
9414
sente — ici encore —, la femme ne sera jamais que
l’
occasion d’une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon fe
9415
encore —, la femme ne sera jamais que l’occasion
d’
une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon feu partout o
9416
is, suivant mon feu partout où il me fuit, Brûler
de
loin — de près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier ve
9417
t mon feu partout où il me fuit, Brûler de loin —
de
près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et le
9418
il me fuit, Brûler de loin — de près geler. Tout
l’
amour romantique est dans ce dernier vers. Et le secret de cette mélan
9419
t l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et
le
secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les p
9420
romantique est dans ce dernier vers. Et le secret
de
cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les plus lucide
9421
Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su
l’
analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptisera
9422
e mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que
les
plus lucides victimes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du si
9423
su l’analyser mieux que les plus lucides victimes
de
ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passio
9424
ser mieux que les plus lucides victimes de ce que
l’
on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passions, je res
9425
cides victimes de ce que l’on baptisera plus tard
le
mal du siècle : Des autres passions, je ressens des assauts fréquent
9426
t ces moments-là, pour moi, ne ressemblent plus à
la
lumière et à la vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. E
9427
, pour moi, ne ressemblent plus à la lumière et à
la
vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. Et pourtant ! (vo
9428
. Et pourtant ! (voici bien ce qu’on peut appeler
le
comble des misères !) je me repais de ces peines et de ces douleurs-l
9429
eut appeler le comble des misères !) je me repais
de
ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignan
9430
mble des misères !) je me repais de ces peines et
de
ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignante que, si l’on v
9431
e ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte
de
volupté si poignante que, si l’on vient m’en arracher, c’est malgré m
9432
là avec une sorte de volupté si poignante que, si
l’
on vient m’en arracher, c’est malgré moi !134 Et saint Augustin, ave
9433
i répond : Tu connais très bien ton mal. Tout à
l’
heure, tu en sauras la cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à
9434
s très bien ton mal. Tout à l’heure, tu en sauras
la
cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bie
9435
st-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bien
le
cours des choses de ce monde ? Est-ce une douleur physique, où bien q
9436
iste à ce point ? Est-ce bien le cours des choses
de
ce monde ? Est-ce une douleur physique, où bien quelque rigueur injus
9437
douleur physique, où bien quelque rigueur injuste
de
fortune ? Pétrarque. — Rien de tout cela en particulier. C’est le «
9438
e rigueur injuste de fortune ? Pétrarque. — Rien
de
tout cela en particulier. C’est le « vague des passions » préromanti
9439
arque. — Rien de tout cela en particulier. C’est
le
« vague des passions » préromantique. Et voici l’appel à la mort : Q
9440
le « vague des passions » préromantique. Et voici
l’
appel à la mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me
9441
des passions » préromantique. Et voici l’appel à
la
mort : Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le c
9442
e. Et voici l’appel à la mort : Que s’ouvre donc
la
geôle où je suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle vie ! (
9443
uvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt
le
chemin vers une telle vie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devi
9444
lôt le chemin vers une telle vie ! (Chanson 72.)
La
« nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouve
9445
ie ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient
le
Jour, la « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion n
9446
nson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour,
la
« cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque
9447
a « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à
la
passion ne manque pas le sublime, voici la divinisation. Pétrarque de
9448
e nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas
le
sublime, voici la divinisation. Pétrarque demande comment il se peut
9449
r qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici
la
divinisation. Pétrarque demande comment il se peut faire qu’il vive e
9450
l se peut faire qu’il vive encore, quoique séparé
de
sa dame : Mais Amour me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
9451
ur me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
le
privilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme135 ? ⁂
9452
l pas que c’est là le privilège des amants déliés
de
toutes les qualités de l’homme135 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse as
9453
c’est là le privilège des amants déliés de toutes
les
qualités de l’homme135 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au
9454
rivilège des amants déliés de toutes les qualités
de
l’homme135 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui
9455
ilège des amants déliés de toutes les qualités de
l’
homme135 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui lu
9456
beaucoup à réfléchir. Il y eut surtout, en 1348,
la
grande peste noire qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au po
9457
rtout, en 1348, la grande peste noire qui ravagea
l’
Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » l
9458
et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités
d’
homme » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit
9459
ui rappelle au poète que ses « qualités d’homme »
le
lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa C
9460
le au poète que ses « qualités d’homme » le lient
de
fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
9461
ion pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson
de
la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je
9462
pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
la
Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je va
9463
Chanson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé
de
l’examen de conscience : Je vais pensant — et en pensant m’assaille
9464
anson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de
l’
examen de conscience : Je vais pensant — et en pensant m’assaille une
9465
la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen
de
conscience : Je vais pensant — et en pensant m’assaille une pitié de
9466
vais pensant — et en pensant m’assaille une pitié
de
moi-même si forte qu’elle me conduit souvent à d’autres pleurs que c
9467
s pleurs que ceux dont j’eus coutume : car voyant
la
fin chaque jour plus proche, à Dieu mille fois j’ai demandé ces ailes
9468
s j’ai demandé ces ailes avec lesquelles, hors de
la
mortelle prison, pourrait s’enlever mon esprit au ciel. Mais cela, ju
9469
nds ton parti avec prudence ! Prends ! Et arrache
de
ton cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne le peut jamais ren
9470
ce ! Prends ! Et arrache de ton cœur toute racine
De
ce plaisir qui heureux ne le peut jamais rendre… Il n’a que trop lon
9471
on cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne
le
peut jamais rendre… Il n’a que trop longtemps mis son espoir en « ce
9472
spoir en « cette fausse douceur fugitive » qu’est
l’
amour idéalisé. Et je me sens au cœur venir, heure par heure, une bel
9473
out penser secret monte droit à mon front où tous
le
voient : aimer une chose mortelle, avec une foi qui à Dieu seul est d
9474
à cet amour blasphématoire, à ce besoin dément,
d’
un plaisir que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace d
9475
phématoire, à ce besoin dément, d’un plaisir que
l’
usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec l
9476
que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne
l’
audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s
9477
age en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace
de
négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le
9478
si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec
la
mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret d
9479
’il me donne l’audace de négocier avec la mort !
La
lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe cou
9480
dace de négocier avec la mort ! La lucidité même
d’
un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le s
9481
’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est
le
signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
9482
dernier secret du mythe courtois, c’est le signe
d’
une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est la foi se
9483
e signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à
l’
espoir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
9484
eçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
la
foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trou
9485
arracher à l’espoir vain, c’est la foi seule dans
le
pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet
9486
ir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici
la
conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or
9487
la foi seule dans le pardon. Voici la conversion
de
l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers
9488
foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
l’
espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers un
9489
ve-toi vers un espoir plus heureux en contemplant
le
ciel qui tourne autour de toi immortel et paré ! S’il est vrai qu’ici
9490
el et paré ! S’il est vrai qu’ici-bas tant joyeux
de
son mal votre désir s’apaise par un coup d’œil, une parole, une chans
9491
d… quel sera l’autre ! 5.Un idéal à rebours :
la
gauloiserie Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de to
9492
à rebours : la gauloiserie Imposer un style à
la
vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par l
9493
Imposer un style à la vie des passions — ce rêve
de
tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la s
9494
un style à la vie des passions — ce rêve de tout
le
Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète v
9495
ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par
la
loi chrétienne —, c’est la secrète volonté qui devait donner naissanc
9496
ge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est
la
secrète volonté qui devait donner naissance au mythe. Mais la confusi
9497
olonté qui devait donner naissance au mythe. Mais
la
confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient
9498
vait donner naissance au mythe. Mais la confusion
de
la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’am
9499
t donner naissance au mythe. Mais la confusion de
la
foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’amour
9500
Dieu seul est due et à lui seul convient », avec
l’
amour d’« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c
9501
ul est due et à lui seul convient », avec l’amour
d’
« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c’est bie
9502
», avec l’amour d’« une chose mortelle », en fut
la
conséquence inévitable. Et c’est bien de cette confusion — non de la
9503
, en fut la conséquence inévitable. Et c’est bien
de
cette confusion — non de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
9504
névitable. Et c’est bien de cette confusion — non
de
la doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du
9505
itable. Et c’est bien de cette confusion — non de
la
doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du cor
9506
on de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
l’
opposition tragique du corps et de l’âme. C’est la tendance ascétique,
9507
devait résulter l’opposition tragique du corps et
de
l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d
9508
ait résulter l’opposition tragique du corps et de
l’
âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Or
9509
l’opposition tragique du corps et de l’âme. C’est
la
tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
9510
e l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale —
le
monachisme vient d’Orient — c’est la tendance hérétique des « parfait
9511
ndance ascétique, orientale — le monachisme vient
d’
Orient — c’est la tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la p
9512
orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
la
tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la poésie courtoise.
9513
a tendance hérétique des « parfaits » qui inspira
la
poésie courtoise. C’est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
9514
est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
le
moyen d’une littérature idéalisante l’élite de la société médiévale.
9515
bien elle, qui, peu à peu, contamina par le moyen
d’
une littérature idéalisante l’élite de la société médiévale. D’où la r
9516
tamina par le moyen d’une littérature idéalisante
l’
élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne po
9517
ar le moyen d’une littérature idéalisante l’élite
de
la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait ma
9518
le moyen d’une littérature idéalisante l’élite de
la
société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manqu
9519
ture idéalisante l’élite de la société médiévale.
D’
où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle
9520
idéalisante l’élite de la société médiévale. D’où
la
réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle fut
9521
ù la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer
de
s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès le déb
9522
uer de s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans
la
bourgeoisie. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amo
9523
lle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès
le
début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amour courtois, l’on vo
9524
. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe
de
l’amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle
9525
ès le début du xiie siècle, en plein triomphe de
l’
amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle qui
9526
e siècle, en plein triomphe de l’amour courtois,
l’
on voit paraître cette tendance contraire, celle qui glorifiera la vol
9527
re cette tendance contraire, celle qui glorifiera
la
volupté avec le même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifi
9528
e contraire, celle qui glorifiera la volupté avec
le
même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifier la chasteté.
9529
xcès, exactement, que l’autre apporte à glorifier
la
chasteté. Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
9530
Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme.
Le
Débat de l’âme et du corps qui date précisément de cette époque est l
9531
contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
de
l’âme et du corps qui date précisément de cette époque est le premier
9532
tre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de
l’
âme et du corps qui date précisément de cette époque est le premier té
9533
e Débat de l’âme et du corps qui date précisément
de
cette époque est le premier témoignage d’un conflit que le mariage ch
9534
isément de cette époque est le premier témoignage
d’
un conflit que le mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’â
9535
époque est le premier témoignage d’un conflit que
le
mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’âme récemment sépa
9536
mariage chrétien était censé résoudre. On y voit
l’
âme récemment séparée de son corps adresser à son compagnon les reproc
9537
censé résoudre. On y voit l’âme récemment séparée
de
son corps adresser à son compagnon les reproches les plus amers : c’e
9538
ent séparée de son corps adresser à son compagnon
les
reproches les plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. M
9539
son corps adresser à son compagnon les reproches
les
plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais le corps l
9540
s : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais
le
corps lui retourne l’accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, ré
9541
it causé sa damnation. Mais le corps lui retourne
l’
accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, récriminant trop tard, a
9542
t trop tard, au-devant du supplice éternel. Issus
de
ce ressentiment du corps, les fabliaux eurent un immense succès (aupr
9543
plice éternel. Issus de ce ressentiment du corps,
les
fabliaux eurent un immense succès (auprès du même public, souvent, qu
9544
mense succès (auprès du même public, souvent, que
les
romans idéalistes). C’étaient des historiettes grivoises colportées e
9545
reprises, avec des variantes infinies, par toute
l’
Europe médiévale. Les fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
9546
variantes infinies, par toute l’Europe médiévale.
Les
fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, q
9547
toute l’Europe médiévale. Les fabliaux annoncent
le
roman comique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturali
9548
fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
le
roman de mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècl
9549
annoncent le roman comique, qui annonce le roman
de
mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle. Mais j
9550
mique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce
le
naturalisme polémique du dernier siècle. Mais je ne crois pas qu’ils
9551
soient engendrés en ligne directe. Chaque moment
de
cette progression vers le « vrai » se trouve lié, plus étroitement qu
9552
directe. Chaque moment de cette progression vers
le
« vrai » se trouve lié, plus étroitement qu’au précédent, à un moment
9553
tement qu’au précédent, à un moment correspondant
de
la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par
9554
ent qu’au précédent, à un moment correspondant de
la
progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par ré
9555
à un moment correspondant de la progression vers
le
« précieux », et c’est de cela qu’il naît, par réaction. Charles Sore
9556
de la progression vers le « précieux », et c’est
de
cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de l’Astrée, non de
9557
cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît
de
l’Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédie
9558
a qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de
l’
Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies d
9559
harles Sorel naît de l’Astrée, non des fabliaux ;
la
Marianne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non de Sorel ; et
9560
liaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies
de
Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantis
9561
ne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non
de
Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantisme, au moins auta
9562
comédies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît
de
la décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup
9563
édies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de
la
décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup pl
9564
, au moins autant, si ce n’est beaucoup plus, que
de
Balzac (considéré alors comme réaliste). Pour en revenir au xiiie si
9565
r en revenir au xiiie siècle, a-t-on bien vu que
la
littérature sensuelle et volontiers pornographique des fabliaux souff
9566
souffre du même irréalisme, en fin de compte, que
l’
idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que la « gauloiserie » n’e
9567
l’idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que
la
« gauloiserie » n’est qu’un pétrarquisme à rebours. « On aime à oppos
9568
urs. « On aime à opposer — écrit J. Huizinga136 —
l’
esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois et à y voir la conc
9569
J. Huizinga136 — l’esprit gaulois aux conventions
de
l’amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en
9570
Huizinga136 — l’esprit gaulois aux conventions de
l’
amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en op
9571
s aux conventions de l’amour courtois et à y voir
la
conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la conception r
9572
ur courtois et à y voir la conception naturaliste
de
l’amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiser
9573
courtois et à y voir la conception naturaliste de
l’
amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie,
9574
eption naturaliste de l’amour, en opposition avec
la
conception romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que la courtoisi
9575
, en opposition avec la conception romantique. Or
la
gauloiserie, aussi bien que la courtoisie, est une fiction romantique
9576
ion romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que
la
courtoisie, est une fiction romantique. La pensée érotique, pour acqu
9577
en que la courtoisie, est une fiction romantique.
La
pensée érotique, pour acquérir une valeur de culture, doit être styli
9578
que. La pensée érotique, pour acquérir une valeur
de
culture, doit être stylisée. Elle doit représenter la réalité complex
9579
ulture, doit être stylisée. Elle doit représenter
la
réalité complexe et pénible sous une forme simplifiée et illusoire. T
9580
me simplifiée et illusoire. Tout ce qui constitue
la
gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complic
9581
illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie :
la
licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles
9582
onstitue la gauloiserie : la licence fantaisiste,
le
dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour,
9583
a gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain
de
toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulge
9584
rie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes
les
complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour le
9585
e toutes les complications naturelles et sociales
de
l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie se
9586
outes les complications naturelles et sociales de
l’
amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexue
9587
complications naturelles et sociales de l’amour,
l’
indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la v
9588
urelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour
les
mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissa
9589
es de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et
les
égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout
9590
, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes
de
la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fai
9591
’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de
la
vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait q
9592
les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle,
la
vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfa
9593
ges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision
d’
une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfaction au b
9594
ne fait que donner satisfaction au besoin humain
de
substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore
9595
ner satisfaction au besoin humain de substituer à
la
réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration
9596
ction au besoin humain de substituer à la réalité
le
rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie su
9597
besoin humain de substituer à la réalité le rêve
d’
une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, t
9598
vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à
la
vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’es
9599
du côté animal. C’est un idéal quand même : celui
de
la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqu
9600
côté animal. C’est un idéal quand même : celui de
la
luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué,
9601
uand même : celui de la luxure. » Ce lien profond
de
la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satir
9602
d même : celui de la luxure. » Ce lien profond de
la
gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire d
9603
la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et
de
l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle in
9604
luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de
l’
amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle intit
9605
ond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on
le
surprend dans une satire du xiiie siècle intitulée l’Évangile des fe
9606
rprend dans une satire du xiiie siècle intitulée
l’
Évangile des femmes : c’est une suite de quatrains dont les trois prem
9607
intitulée l’Évangile des femmes : c’est une suite
de
quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mod
9608
le des femmes : c’est une suite de quatrains dont
les
trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis
9609
e quatrains dont les trois premiers vers exaltent
la
femme selon le mode courtois, tandis que le quatrième réfute d’un tra
9610
t les trois premiers vers exaltent la femme selon
le
mode courtois, tandis que le quatrième réfute d’un trait brutal ces é
9611
le mode courtois, tandis que le quatrième réfute
d’
un trait brutal ces éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
9612
d’un trait brutal ces éloges. Autre complicité :
la
gauloiserie démolit le mariage par en bas, alors que la chevalerie le
9613
éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
le
mariage par en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’en haut
9614
loiserie démolit le mariage par en bas, alors que
la
chevalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre au
9615
it le mariage par en bas, alors que la chevalerie
le
ridiculisait d’en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le
9616
r en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait
d’
en haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface
9617
evalerie le ridiculisait d’en haut. Comme on peut
le
voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstr
9618
n haut. Comme on peut le voir, entre autres, dans
le
Dit de Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit
9619
Comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit
de
Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que de
9620
e autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est
le
monstre fabuleux qui ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-i
9621
ace est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que
de
femmes fidèles, aussi est-il d’une maigreur effroyable, tandis que so
9622
ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-il
d’
une maigreur effroyable, tandis que son confrère Bigorne, lequel ne ma
9623
dis que son confrère Bigorne, lequel ne mange que
les
maris soumis, est d’un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces de
9624
igorne, lequel ne mange que les maris soumis, est
d’
un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces deux courants du mythe
9625
Parallèlement à ces deux courants du mythe notons
la
réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui mont
9626
ythe notons la réaction des clercs : c’est encore
le
chanoine Pétrarque qui lui montre la voie, en consacrant ses derniers
9627
c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui montre
la
voie, en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge Not
9628
ntre la voie, en consacrant ses derniers chants à
la
louange de la Vierge Notre-Dame opposée à « ma » dame — mais sans var
9629
e, en consacrant ses derniers chants à la louange
de
la Vierge Notre-Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le moin
9630
en consacrant ses derniers chants à la louange de
la
Vierge Notre-Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le moins d
9631
tre-Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier
le
moins du monde ses lieux communs de poésie courtoise137. Dante a veng
9632
s sans varier le moins du monde ses lieux communs
de
poésie courtoise137. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettan
9633
eux communs de poésie courtoise137. Dante a vengé
d’
avance les troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie »
9634
ns de poésie courtoise137. Dante a vengé d’avance
les
troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie », moines i
9635
troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers
de
Marie », moines italiens appelés aussi « chevaliers joyeux » à cause
9636
solue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite
de
la chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est a
9637
ue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de
la
chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est atte
9638
6.Suite de la chevalerie, jusqu’à Cervantès
L’
influence du roman breton est attestée par des centaines de textes à t
9639
ce du roman breton est attestée par des centaines
de
textes à travers les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la mê
9640
st attestée par des centaines de textes à travers
les
xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la même étendue que l’infl
9641
rs les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre
la
même étendue que l’influence des troubadours : l’Europe entière. Les
9642
et xve siècles. Elle couvre la même étendue que
l’
influence des troubadours : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteu
9643
la même étendue que l’influence des troubadours :
l’
Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne so
9644
e l’influence des troubadours : l’Europe entière.
Les
minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris de légen
9645
rs : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs
de
l’Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares138 et par ail
9646
: l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de
l’
Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares138 et par ailleu
9647
(chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris
de
légendes cathares138 et par ailleurs ne font qu’adapter du français l
9648
38 et par ailleurs ne font qu’adapter du français
les
récits de Chrétien de Troyes. On traduit le Roman de Tristan dans tou
9649
illeurs ne font qu’adapter du français les récits
de
Chrétien de Troyes. On traduit le Roman de Tristan dans toutes les la
9650
çais les récits de Chrétien de Troyes. On traduit
le
Roman de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas
9651
récits de Chrétien de Troyes. On traduit le Roman
de
Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory,
9652
royes. On traduit le Roman de Tristan dans toutes
les
langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle,
9653
aduit le Roman de Tristan dans toutes les langues
d’
Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait
9654
an de Tristan dans toutes les langues d’Occident.
L’
Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait une version
9655
es langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à
la
fin du xve siècle, en refait une version en prose. Dante considère l
9656
, en refait une version en prose. Dante considère
le
cycle épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle unive
9657
se. Dante considère le cycle épique et romanesque
de
la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative,
9658
Dante considère le cycle épique et romanesque de
la
France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative, et
9659
e épique et romanesque de la France du Nord comme
le
modèle universel de toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
9660
ue de la France du Nord comme le modèle universel
de
toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait de Tristan (dans sa
9661
toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
de
Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, j
9662
to Latini extrait de Tristan (dans sa Rhétorique)
le
portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de l
9663
trait de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait
de
la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
9664
it de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de
la
femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la
9665
ns sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale.
De
là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des E
9666
portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond
de
la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrabl
9667
trait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de
la
Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables
9668
femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège,
de
la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations,
9669
me idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de
la
Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, don
9670
De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie,
de
la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadi
9671
là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
la
Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadis p
9672
ège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes,
d’
innombrables imitations, dont les Amadis portugais puis espagnols, pui
9673
et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont
les
Amadis portugais puis espagnols, puis français, nous offrent le meill
9674
ugais puis espagnols, puis français, nous offrent
le
meilleur exemple au xve et au xvie siècle. Par un phénomène remarqu
9675
is auquel on pouvait s’attendre, certains auteurs
de
ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir le sens original des
9676
e ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir
le
sens original des légendes mystiques. Mais alors ils ne peuvent se se
9677
ystiques. Mais alors ils ne peuvent se servir que
d’
une mythologie toute catholique — soit prudence ou incompréhension — a
9678
dence ou incompréhension — assez incompatible, on
l’
a bien vu, avec l’intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un
9679
ension — assez incompatible, on l’a bien vu, avec
l’
intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre de Hyeronimo
9680
n primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre
de
Hyeronimo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro de cavalleri
9681
mo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro
de
cavalleria celestial del pié de la rosa fragrante. Le Christ y devien
9682
lamboyant : Libro de cavalleria celestial del pié
de
la rosa fragrante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le
9683
boyant : Libro de cavalleria celestial del pié de
la
rosa fragrante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le ch
9684
avalleria celestial del pié de la rosa fragrante.
Le
Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent,
9685
del pié de la rosa fragrante. Le Christ y devient
le
chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le ch
9686
. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan
le
chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et les ap
9687
ion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste
le
chevalier du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table
9688
Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et
les
apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. L’ésotérisme maniché
9689
-Baptiste le chevalier du Désert, et les apôtres,
les
douze chevaliers de la Table ronde. L’ésotérisme manichéisant, toujou
9690
r du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers
de
la Table ronde. L’ésotérisme manichéisant, toujours latent dans le cy
9691
u Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de
la
Table ronde. L’ésotérisme manichéisant, toujours latent dans le cycle
9692
apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde.
L’
ésotérisme manichéisant, toujours latent dans le cycle breton, renaît
9693
. L’ésotérisme manichéisant, toujours latent dans
le
cycle breton, renaît en filigrane à travers ces symboles. Cervantès n
9694
e à travers ces symboles. Cervantès ne cite point
les
très nombreux romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait de so
9695
Cervantès ne cite point les très nombreux romans
de
« chevalerie célestielle » qu’on lisait de son temps avec passion139.
9696
romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait
de
son temps avec passion139. Il ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’a
9697
ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’aux romans
d’
aventures profanes. Cette omission est mystérieuse. Elle militerait en
9698
ion est mystérieuse. Elle militerait en faveur de
la
thèse selon laquelle Cervantès connaissait la signification réelle de
9699
de la thèse selon laquelle Cervantès connaissait
la
signification réelle de la littérature courtoise, et raillait non san
9700
lle Cervantès connaissait la signification réelle
de
la littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries
9701
Cervantès connaissait la signification réelle de
la
littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries de
9702
érature courtoise, et raillait non sans désespoir
les
rêveries de ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaien
9703
oise, et raillait non sans désespoir les rêveries
de
ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu le s
9704
ns, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu
le
secret. Don Quichotte ne serait grotesque que parce qu’il veut imiter
9705
uelle il n’est pas initié, et suivre une voie que
le
malheur des temps rend totalement impraticable. L’Église de Rome a tr
9706
e malheur des temps rend totalement impraticable.
L’
Église de Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté a
9707
des temps rend totalement impraticable. L’Église
de
Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté avec l’hon
9708
é. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté avec
l’
honnête et réaliste Sancho Pança… 7. Roméo et Juliette. — Milton
9709
osse, leurs traditions resteront vivantes jusqu’à
l’
époque où Macpherson les transcrira en langage moderne. Et en Irlande,
9710
resteront vivantes jusqu’à l’époque où Macpherson
les
transcrira en langage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore de
9711
ngage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore
de
nos jours. Je ne puis examiner ici le problème des rapports entre ce
9712
vent encore de nos jours. Je ne puis examiner ici
le
problème des rapports entre ce fonds de légendes celtiques et la litt
9713
miner ici le problème des rapports entre ce fonds
de
légendes celtiques et la littérature anglaise populaire et savante. M
9714
rapports entre ce fonds de légendes celtiques et
la
littérature anglaise populaire et savante. Mais il est significatif q
9715
pulaire et savante. Mais il est significatif qu’à
la
fin du xviie siècle, un bon lettré comme Robert Kirk, théologien et
9716
théologien et humaniste, ait écrit un traité sur
les
fées, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque r
9717
ste, ait écrit un traité sur les fées, sans trace
de
scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare —
9718
traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou
d’
ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare — mais nous avons l
9719
pticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien
de
Shakespeare — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit
9720
ons presque rien de Shakespeare — mais nous avons
le
Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nou
9721
ue rien de Shakespeare — mais nous avons le Songe
d’
une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons R
9722
Shakespeare — mais nous avons le Songe d’une Nuit
d’
été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Jul
9723
e — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et
l’
on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Juliette qui
9724
lique — mais nous avons Roméo et Juliette qui est
la
seule tragédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avan
9725
Juliette qui est la seule tragédie courtoise, et
la
plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’
9726
ise, et la plus belle résurrection du mythe avant
le
Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
9727
stan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout
de
la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demande
9728
n de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de
la
vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s
9729
ant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
de
l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissai
9730
qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de
l’
identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait l
9731
re à peu près tout de la vie, voire de l’identité
de
Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait la tradition
9732
, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain
de
se demander s’il connaissait la tradition secrète des troubadours. Ma
9733
eare, il est vain de se demander s’il connaissait
la
tradition secrète des troubadours. Mais on peut relever ce fait : que
9734
principaux centres du catharisme en Italie. Selon
le
moine Ranieri Saccone, qui fut dix-sept ans hérétique, il y avait à V
9735
one près de cinq-cents « parfaits », sans compter
les
« croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes de c
9736
croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment
les
légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des lutte
9737
beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes
de
ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des luttes violentes
9738
légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé
de
traces des luttes violentes qui opposèrent dans la cité les « patarin
9739
e traces des luttes violentes qui opposèrent dans
la
cité les « patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieu
9740
des luttes violentes qui opposèrent dans la cité
les
« patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du si
9741
des luttes religieuses du siècle, qui refoulaient
les
anciennes hérésies dans une obscurité plus profonde que jamais, la tr
9742
sies dans une obscurité plus profonde que jamais,
la
tragédie des Amants de Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne
9743
plus profonde que jamais, la tragédie des Amants
de
Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de
9744
e jamais, la tragédie des Amants de Vérone, c’est
le
voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que l’i
9745
voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir
de
nos yeux que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de la méla
9746
déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que
l’
image négative d’un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi
9747
sant au souvenir de nos yeux que l’image négative
d’
un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs d
9748
ir de nos yeux que l’image négative d’un éclat, «
le
soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
9749
que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir
de
la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures tra
9750
l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de
la
mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures transf
9751
il noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs
de
l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’écl
9752
noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de
l’
âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
9753
élancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
de
tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour
9754
deurs de l’âme avide de tortures transfigurantes,
de
la nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face imm
9755
rs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de
la
nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face immobi
9756
tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où
l’
éclair de l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante — c
9757
transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
de
l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante — ce nous-mê
9758
ansfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de
l’
amour illumine parfois une face immobile et fascinante — ce nous-même
9759
is une face immobile et fascinante — ce nous-même
d’
horreur et de divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ress
9760
mmobile et fascinante — ce nous-même d’horreur et
de
divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité d’un c
9761
el s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité
d’
un coup dans sa pleine stature, comme étourdi de sa jeunesse provocant
9762
é d’un coup dans sa pleine stature, comme étourdi
de
sa jeunesse provocante et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
9763
omme étourdi de sa jeunesse provocante et enivrée
de
rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau
9764
nte et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
de
Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une tor
9765
rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici
le
mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Rom
9766
antoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à
la
lueur d’une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le
9767
ici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur
d’
une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
9768
he que tient Roméo. Juliette repose, endormie par
le
philtre. Le fils de Montaigu est entré, et il parle : Combien souven
9769
Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
Le
fils de Montaigu est entré, et il parle : Combien souvent les hommes
9770
Juliette repose, endormie par le philtre. Le fils
de
Montaigu est entré, et il parle : Combien souvent les hommes sur le
9771
ontaigu est entré, et il parle : Combien souvent
les
hommes sur le point de mourir Se sont sentis joyeux ! Ceux qui veille
9772
entis joyeux ! Ceux qui veillent sur eux Disent :
l’
éclair avant la mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô
9773
Ceux qui veillent sur eux Disent : l’éclair avant
la
mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma
9774
Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma femme,
La
mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur t
9775
rt éclair ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé
le
miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu
9776
r ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel
de
ton haleine Et n’a pas eu de prise encor sur ta beauté Et tu n’es pas
9777
mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu
de
prise encor sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne de beau
9778
rise encor sur ta beauté Et tu n’es pas conquise.
L’
enseigne de beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
9779
sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne
de
beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle dra
9780
st encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
le
pâle drapeau de la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pour
9781
sie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau
de
la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si be
9782
sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de
la
mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si belle
9783
urquoi es-tu si belle encore ? Dois-je penser Que
la
mort non substantielle est amoureuse Et que le monstre maigre te cons
9784
ue la mort non substantielle est amoureuse Et que
le
monstre maigre te conserve Ici pour être ton amant dans la ténèbre ?
9785
e maigre te conserve Ici pour être ton amant dans
la
ténèbre ? Par crainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais de c
9786
rainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais
de
ce palais de la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Av
9787
a je demeure avec toi Et plus jamais de ce palais
de
la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers q
9788
e demeure avec toi Et plus jamais de ce palais de
la
nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers qui
9789
bscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec
les
vers qui sont tes serviteurs ; ici, ici Je vais fixer mon repos étern
9790
ci, ici Je vais fixer mon repos éternel, Secouer
l’
influence des étoiles funestes Et sortir de cette chair lasse du monde
9791
ecouer l’influence des étoiles funestes Et sortir
de
cette chair lasse du monde. Mes yeux regardez une dernière fois ! Mes
9792
n légitime baiser Scellez un marché sans âge avec
la
dévorante mort ! Viens amer conducteur. Viens guide repoussant. Toi d
9793
repoussant. Toi désespéré pilote, jette enfin Sur
les
récifs brisants ta barque épuisée, malade de la mer ! Voilà pour mon
9794
Sur les récifs brisants ta barque épuisée, malade
de
la mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta d
9795
les récifs brisants ta barque épuisée, malade de
la
mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta drog
9796
ire Ta drogue est rapide. En un baiser je meurs.
Le
consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais
9797
st rapide. En un baiser je meurs. Le consolament
de
la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’É
9798
rapide. En un baiser je meurs. Le consolament de
la
Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros
9799
eurs. Le consolament de la Mort vient de sceller
le
seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici « l’aube » profan
9800
sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir
l’
Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois, le monde encore une f
9801
mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici «
l’
aube » profane, encore une fois, le monde encore une fois qui recommen
9802
’Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois,
le
monde encore une fois qui recommence, et le Prince, rendu à son règne
9803
fois, le monde encore une fois qui recommence, et
le
Prince, rendu à son règne sévère : Ce matin nous apporte une paix as
9804
sombrie… Séparons-nous pour nous entretenir encor
de
ces tristesses.140 ⁂ Il est certain que Milton quoique puritain sub
9805
Il est certain que Milton quoique puritain subit
l’
influence de doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que
9806
ain que Milton quoique puritain subit l’influence
de
doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que possible. Ma
9807
s aussi peu « spiritualistes » que possible. Mais
la
révolte des « puritains » contre la royauté et les évêques mondanisés
9808
ossible. Mais la révolte des « puritains » contre
la
royauté et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des
9809
la révolte des « puritains » contre la royauté et
les
évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contr
9810
té et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas
la
révolte des « purs » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes d
9811
’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contre
la
féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa
9812
as la révolte des « purs » contre la féodalité et
le
clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’All
9813
» contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes
de
Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso exp
9814
poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse,
l’
Allegro et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit,
9815
ton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et
le
Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix n
9816
sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso expriment
l’
opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas
9817
et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et
de
la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le
9818
le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de
la
Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fer
9819
expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et
le
choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fera sans doute
9820
hoix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne
le
fera sans doute jamais : du moins pas sans de telles réticences qu’il
9821
ne le fera sans doute jamais : du moins pas sans
de
telles réticences qu’il serait vain de conclure sur ce point plus net
9822
s pas sans de telles réticences qu’il serait vain
de
conclure sur ce point plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
9823
de conclure sur ce point plus nettement qu’il ne
l’
a voulu.) Avant même d’embrasser la cause puritaine, Milton cherchant
9824
t plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
d’
embrasser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait
9825
ment qu’il ne l’a voulu.) Avant même d’embrasser
la
cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait envisagé pa
9826
ser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet
d’
épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur
9827
herchant un sujet d’épopée avait envisagé parfois
le
thème de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table r
9828
un sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème
de
la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dan
9829
sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème de
la
légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans s
9830
envisagé parfois le thème de la légende celtique
d’
Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
9831
de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers
de
la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne,
9832
la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de
la
Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne, s’a
9833
iers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
de
la Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse », il l
9834
s de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de
la
Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse », il la p
9835
urne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse », il
la
prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédai
9836
adressant à cette « Vierge sérieuse », il la prie
d’
évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bag
9837
« Vierge sérieuse », il la prie d’évoquer encore
l’
âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs
9838
rge sérieuse », il la prie d’évoquer encore l’âme
d’
Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiq
9839
se », il la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée,
l’
époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et fi
9840
la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux
de
Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et finalement
9841
l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait
la
bague et les miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes »
9842
hée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et
les
miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes » qui chantèr
9843
t la bague et les miroirs magiques, et finalement
les
« illustres bardes » qui chantèrent d’une voix grave et solennelle t
9844
nalement les « illustres bardes » qui chantèrent
d’
une voix grave et solennelle tournois et trophées remportés, forêts, e
9845
emportés, forêts, enchantements terribles et dont
le
sens dépasse le son. « Where more is meant then meets the ear »… Il
9846
, enchantements terribles et dont le sens dépasse
le
son. « Where more is meant then meets the ear »… Il avait étudié pou
9847
eets the ear »… Il avait étudié pour son Histoire
de
Bretagne la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doct
9848
»… Il avait étudié pour son Histoire de Bretagne
la
chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doctrina christi
9849
la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans
le
De doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créa
9850
chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le
De
doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créatri
9851
doctrina christiana, il s’était insurgé « contre
la
puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’
9852
l s’était insurgé « contre la puissance créatrice
de
Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
9853
é « contre la puissance créatrice de Dieu, contre
les
dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions t
9854
la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes
de
la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologique
9855
puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de
la
Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques t
9856
trice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et
de
l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles
9857
ce de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de
l’
Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles qu
9858
gmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
les
définitions théologiques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
9859
ques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
la
Bible leur fondement141 ». Mettons à part ce dernier trait, qui malgr
9860
dernier trait, qui malgré tout rattache Milton à
la
Réforme : n’est-ce point la même et unique hérésie que nous trouvons
9861
out rattache Milton à la Réforme : n’est-ce point
la
même et unique hérésie que nous trouvons partout et en tous temps à l
9862
ésie que nous trouvons partout et en tous temps à
l’
origine du grand lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme » de Mil
9863
nd lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme »
de
Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait le croire à une doctrine « c
9864
sme » de Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait
le
croire à une doctrine « courtoise » de l’amour. Entre un monisme qui
9865
n pourrait le croire à une doctrine « courtoise »
de
l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’in
9866
ourrait le croire à une doctrine « courtoise » de
l’
amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’inver
9867
toise » de l’amour. Entre un monisme qui assimile
l’
esprit à la matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la mat
9868
l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à
la
matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom
9869
un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou
l’
inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom de l’esprit, l
9870
tière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne
la
matière au nom de l’esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manic
9871
et un dualisme qui condamne la matière au nom de
l’
esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien q
9872
lisme qui condamne la matière au nom de l’esprit,
l’
histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien que l’abîme
9873
sectes gnostiques et manichéennes montre bien que
l’
abîme n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de l’éthique. L’i
9874
me n’est pas infranchissable, surtout sur le plan
de
l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposé
9875
n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de
l’
éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés c
9876
nfranchissable, surtout sur le plan de l’éthique.
L’
idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’e
9877
surtout sur le plan de l’éthique. L’idéalisme et
le
matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’extrême de la lu
9878
de l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont
d’
importants présupposés communs. L’extrême de la luxure touche parfois
9879
atérialisme ont d’importants présupposés communs.
L’
extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée.
9880
e ont d’importants présupposés communs. L’extrême
de
la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la néga
9881
nt d’importants présupposés communs. L’extrême de
la
luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négatio
9882
és communs. L’extrême de la luxure touche parfois
l’
extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton
9883
. L’extrême de la luxure touche parfois l’extrême
de
la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le condu
9884
’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de
la
chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit
9885
uche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et
la
négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien p
9886
l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation
de
la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de ce
9887
extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de
la
mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celle
9888
exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton,
le
conduit à des conclusions bien proches de celles des cathares. Comme
9889
Milton, le conduit à des conclusions bien proches
de
celles des cathares. Comme eux, Milton croit que le bon désir procède
9890
celles des cathares. Comme eux, Milton croit que
le
bon désir procède des principes intellectuels, et qu’il doit nous pur
9891
rincipes intellectuels, et qu’il doit nous purger
de
notre mauvais désir, de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son ma
9892
et qu’il doit nous purger de notre mauvais désir,
de
la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, ense
9893
qu’il doit nous purger de notre mauvais désir, de
la
sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, enseign
9894
t Fludd, son maître en occultisme, enseignait que
la
lumière est la matière divine… Il reste cependant que la doctrine de
9895
ître en occultisme, enseignait que la lumière est
la
matière divine… Il reste cependant que la doctrine de Milton est bien
9896
ère est la matière divine… Il reste cependant que
la
doctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle
9897
atière divine… Il reste cependant que la doctrine
de
Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle des hérétiq
9898
des hérétiques du Midi. (Il considère par exemple
le
mariage comme un « remède contre l’incontinence ».) Aussi ne devait-e
9899
e par exemple le mariage comme un « remède contre
l’
incontinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser les confusions e
9900
ntinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser
les
confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
9901
vait-elle point favoriser les confusions extrêmes
de
la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les
9902
t-elle point favoriser les confusions extrêmes de
la
chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les se
9903
favoriser les confusions extrêmes de la chair et
de
l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-man
9904
voriser les confusions extrêmes de la chair et de
l’
esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-manich
9905
de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
de
se produire dans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la
9906
’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans
les
sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychol
9907
produire dans les sectes néo-manichéennes. 8.
L’
Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans l
9908
ans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée :
de
la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au
9909
les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de
la
mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xv
9910
o-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à
la
psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle fr
9911
8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie
L’
histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se ré
9912
ique à la psychologie L’histoire du mythe dans
le
Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en une form
9913
rançais, peut se réduire, hélas, en une formule :
la
mystique se dégrade en pure psychologie. Le roman devient l’objet d’u
9914
ule : la mystique se dégrade en pure psychologie.
Le
roman devient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenè
9915
se dégrade en pure psychologie. Le roman devient
l’
objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville e
9916
ade en pure psychologie. Le roman devient l’objet
d’
une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Sc
9917
roman devient l’objet d’une littérature raffinée.
D’
Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre
9918
vient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé,
La
Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du
9919
e raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et
les
Scudéry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevaleri
9920
Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus
la
moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La natur
9921
éry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique
de
la chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils repr
9922
n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de
la
chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils reprenn
9923
e du sens ésotérique de la chevalerie légendaire.
La
nature symbolique des sujets qu’ils reprennent les induit simplement
9924
La nature symbolique des sujets qu’ils reprennent
les
induit simplement à composer d’interminables romans à clef. Polexandr
9925
u’ils reprennent les induit simplement à composer
d’
interminables romans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est le G
9926
mans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est
le
Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeu
9927
le Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc.
Le
sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’obstac
9928
Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeure
les
« contrariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de
9929
c. Le sujet du roman demeure les « contrariétés »
de
l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et
9930
Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de
l’
amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et mé
9931
man demeure les « contrariétés » de l’amour, mais
l’
obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dan
9932
rariétés » de l’amour, mais l’obstacle n’est plus
la
volonté de mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simp
9933
de l’amour, mais l’obstacle n’est plus la volonté
de
mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simplement le p
9934
e et métaphysique dans Tristan : c’est simplement
le
point d’honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus
9935
physique dans Tristan : c’est simplement le point
d’
honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieu
9936
mplement le point d’honneur, manie sociale. C’est
l’
héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer d
9937
eur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est
la
plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes de séparati
9938
ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit
d’
imaginer des prétextes de séparation. Elle terrorise avec délices son
9939
ucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes
de
séparation. Elle terrorise avec délices son chevaleresque soupirant,
9940
rise avec délices son chevaleresque soupirant, et
l’
on voit Polexandre, dans le roman de Gomberville, parcourir comme un f
9941
leresque soupirant, et l’on voit Polexandre, dans
le
roman de Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du mond
9942
soupirant, et l’on voit Polexandre, dans le roman
de
Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du monde pour ap
9943
s le roman de Gomberville, parcourir comme un fou
les
cinq parties du monde pour apaiser un regard irrité de sa maîtresse.
9944
nq parties du monde pour apaiser un regard irrité
de
sa maîtresse. Au dénouement, il est encore à se demander si cette « r
9945
e l’Île inaccessible » ne va pas lui faire couper
le
cou. Mais tout finit, en général, par un mariage, prévu dès la premiè
9946
ge, prévu dès la première page et retardé jusqu’à
la
dix-millième lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est le roma
9947
e page et retardé jusqu’à la dix-millième lorsque
l’
auteur est un champion du genre. C’est le roman allégorique du xviie
9948
lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est
le
roman allégorique du xviie siècle qui inventa le happy ending. Le vr
9949
le roman allégorique du xviie siècle qui inventa
le
happy ending. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évano
9950
que du xviie siècle qui inventa le happy ending.
Le
vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouissait dans une
9951
py ending. Le vrai roman courtois débouchait dans
la
mort, s’évanouissait dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant
9952
dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant,
l’
on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’emporte,
9953
monde… Maintenant, l’on veut que tout rentre dans
l’
ordre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne
9954
nt, l’on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est
la
société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu
9955
ue tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui
l’
emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce
9956
rdre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors
la
fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus le roma
9957
ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus
le
roman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent
9958
retour à ce qui n’est plus le roman : au bonheur.
Les
grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’Astrée que
9959
thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans
l’
Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour
9960
l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien
les
douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chaste
9961
s échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois
d’
Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les
9962
élancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour,
les
séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à un
9963
douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses,
l’
éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la
9964
ois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge
de
la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialecti
9965
d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de
la
chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialectique
9966
ations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire
les
défis à une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan
9967
eté, voire les défis à une mort libératrice. Mais
la
dialectique sauvage de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le
9968
une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage
de
Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la
9969
age de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et
le
combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
9970
plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et
de
la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux ama
9971
s ici que coquetterie, et le combat du Jour et de
la
Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux amants
9972
combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux
de
pénombre. Entre le corps des deux amants plus d’épée nue, mais la hou
9973
e la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
le
corps des deux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée de Céla
9974
de pénombre. Entre le corps des deux amants plus
d’
épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la b
9975
re le corps des deux amants plus d’épée nue, mais
la
houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un
9976
ux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée
de
Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolis
9977
épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée
d’
une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste.
9978
s la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur
de
la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième
9979
a houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de
la
bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième et
9980
de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout
le
reste. Au cinquième et dernier volume de ce roman que l’on n’ose nomm
9981
ise tout le reste. Au cinquième et dernier volume
de
ce roman que l’on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parco
9982
e. Au cinquième et dernier volume de ce roman que
l’
on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par les
9983
un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par
les
sinuosités d’un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appell
9984
, puisqu’il n’est parcouru que par les sinuosités
d’
un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; As
9985
uru que par les sinuosités d’un modeste ruisseau,
le
Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée, de son côté conço
9986
te ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle
la
mort ; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
9987
gnon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée,
de
son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs ma
9988
éré appelle la mort ; Astrée, de son côté conçoit
la
même pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de
9989
on côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
la
fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et de
9990
conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin
de
leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licor
9991
pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à
la
Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette font
9992
vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine
de
Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette fontaine ne sera
9993
rnes : cette fontaine ne sera désenchantée, selon
l’
oracle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle aman
9994
ine ne sera désenchantée, selon l’oracle, que par
la
mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tris
9995
l’oracle, que par la mort du plus fidèle amant et
de
la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fata
9996
racle, que par la mort du plus fidèle amant et de
la
plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalit
9997
fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème
de
Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avanc
9998
la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est
le
rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
9999
idèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat
de
la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions
10000
le amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de
la
fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
10001
té du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
les
lions et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre g
10002
.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
les
licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le gén
10003
ô miracle, les lions et les licornes se dévorent,
le
ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans
10004
et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit,
le
tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
10005
évorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde,
le
génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchante
10006
le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie
de
l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Ast
10007
ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de
l’
Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Astrée
10008
génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
la
fin de l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort mét
10009
de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin
de
l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphoriq
10010
l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de
l’
enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphorique)
10011
’est une mort métaphorique) sont transportés chez
le
druide Adamas où ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume de
10012
ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume
de
déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses
10013
s’épousent. On a coutume de déclarer inexplicable
le
succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point iné
10014
ume de déclarer inexplicable le succès prodigieux
de
l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos ré
10015
de déclarer inexplicable le succès prodigieux de
l’
Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos récen
10016
Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux
de
nos récents romans féeriques. Et la psychologie des écrivains françai
10017
négaux à ceux de nos récents romans féeriques. Et
la
psychologie des écrivains français n’a pas cessé de se complaire dans
10018
psychologie des écrivains français n’a pas cessé
de
se complaire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontain
10019
vains français n’a pas cessé de se complaire dans
l’
élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontaine adorait « cette œuv
10020
ire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux.
La
Fontaine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau, de passage à L
10021
ine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau,
de
passage à Lyon, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur les r
10022
Rousseau, de passage à Lyon, voulut aller visiter
le
Forez et rechercher sur les rives du Lignon l’ombre des Dianes et des
10023
, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur
les
rives du Lignon l’ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se rens
10024
er le Forez et rechercher sur les rives du Lignon
l’
ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se renseignait auprès de s
10025
nseignait auprès de son hôtesse, elle lui dit que
le
Forez était un bon pays de forges et qu’on y travaillait fort bien le
10026
esse, elle lui dit que le Forez était un bon pays
de
forges et qu’on y travaillait fort bien le fer. « Cette bonne femme,
10027
n pays de forges et qu’on y travaillait fort bien
le
fer. « Cette bonne femme, écrit-il tristement, a dû me prendre pour u
10028
serrurier. » ⁂ En vérité je me sens fort capable
d’
entreprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’art littérair
10029
é je me sens fort capable d’entreprendre un éloge
de
l’Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite ca
10030
e me sens fort capable d’entreprendre un éloge de
l’
Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite capit
10031
treprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue
de
l’art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources
10032
prendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de
l’
art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources d’u
10033
t littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais
les
ressources d’une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmoni
10034
’est une réussite capitale. Jamais les ressources
d’
une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmonisées. L’on n’i
10035
ue plus savante n’ont été à ce point harmonisées.
L’
on n’imagine pas de roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans s
10036
nt été à ce point harmonisées. L’on n’imagine pas
de
roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur les
10037
t ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur
les
lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants
10038
strictement réglé, dans son progrès, sur les lois
d’
une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants » — le b
10039
progrès, sur les lois d’une plus sûre esthétique.
L’
emploi de « personnages constants » — le berger, la bergère, le volage
10040
sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi
de
« personnages constants » — le berger, la bergère, le volage, la coqu
10041
thétique. L’emploi de « personnages constants » —
le
berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
10042
’emploi de « personnages constants » — le berger,
la
bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialecti
10043
personnages constants » — le berger, la bergère,
le
volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sent
10044
s constants » — le berger, la bergère, le volage,
la
coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa m
10045
— le berger, la bergère, le volage, la coquette,
le
hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa meilleure gara
10046
le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
la
dialectique des sentiments sa meilleure garantie de précision, et dis
10047
dialectique des sentiments sa meilleure garantie
de
précision, et disons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la vie
10048
a meilleure garantie de précision, et disons même
de
vérité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous somme
10049
de précision, et disons même de vérité. Ici c’est
l’
art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une créat
10050
t disons même de vérité. Ici c’est l’art et non «
la
vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit
10051
érité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène
le
jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et non d’une con
10052
i mène le jeu. Nous sommes en face d’une création
de
l’esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou
10053
ène le jeu. Nous sommes en face d’une création de
l’
esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou mo
10054
sommes en face d’une création de l’esprit, et non
d’
une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
10055
’une création de l’esprit, et non d’une confusion
de
reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immé
10056
prit, et non d’une confusion de reflets troubles,
d’
aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immérités (comme sont les
10057
ets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
de
hasards immérités (comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot, l
10058
ns indiscrets et de hasards immérités (comme sont
les
romans d’aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppos
10059
ts et de hasards immérités (comme sont les romans
d’
aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppose un métie
10060
(comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot,
l’
Astrée est une œuvre. Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
10061
Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
d’
application. Le snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que
10062
n métier savant, et vingt-cinq ans d’application.
Le
snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que le nôtre. Mais
10063
ieux averti que le nôtre. Mais aussi ce caractère
d’
achèvement nous permet de poser une question nette : que vaut le succè
10064
Mais aussi ce caractère d’achèvement nous permet
de
poser une question nette : que vaut le succès même de l’effort littér
10065
ous permet de poser une question nette : que vaut
le
succès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif,
10066
oser une question nette : que vaut le succès même
de
l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée
10067
r une question nette : que vaut le succès même de
l’
effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée rep
10068
e vaut le succès même de l’effort littéraire ? Si
l’
on songe au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’o
10069
ittéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont
l’
Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
10070
nge au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous
les
thèmes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se d
10071
primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes,
l’
on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en é
10072
l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé
de
constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le de
10073
les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
d’
Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romane
10074
mes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé
le
tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romanesque. T
10075
chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et
le
destin en machine romanesque. Tout se réduit à moraliser et à plaire.
10076
éduit à moraliser et à plaire. Faut-il penser que
la
littérature la plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est
10077
er et à plaire. Faut-il penser que la littérature
la
plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est qu’un sous-prod
10078
e la littérature la plus parfaite, en raison même
de
sa perfection, n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices de f
10079
n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices
de
formes et de mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever e
10080
ous-produit des mystiques créatrices de formes et
de
mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuv
10081
rir et s’achever en tant qu’œuvre d’art autonome,
l’
épuisement temporaire des sources profondes ? N’est-ce point pour cett
10082
s profondes ? N’est-ce point pour cette cause que
la
littérature, si fort qu’elle flatte les passions du cœur, n’offre qu’
10083
cause que la littérature, si fort qu’elle flatte
les
passions du cœur, n’offre qu’une résistance à peu près nulle aux atta
10084
e qu’une résistance à peu près nulle aux attaques
de
l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il a
10085
u’une résistance à peu près nulle aux attaques de
l’
esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il appa
10086
u près nulle aux attaques de l’esprit réaliste et
de
ce qu’on nomme l’intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? A
10087
ttaques de l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme
l’
intérêt civique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que les mysti
10088
qu’on nomme l’intérêt civique — comme il apparaît
de
nos jours ? Alors que les mystiques et les religions prennent au cont
10089
ique — comme il apparaît de nos jours ? Alors que
les
mystiques et les religions prennent au contraire une grande vigueur d
10090
pparaît de nos jours ? Alors que les mystiques et
les
religions prennent au contraire une grande vigueur dans les réfutatio
10091
ons prennent au contraire une grande vigueur dans
les
réfutations et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décre
10092
ns et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez
d’
un décret de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de
10093
ries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret
de
l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour
10094
s qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret de
l’
officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman — pour ré
10095
Ce fut assez d’un décret de l’officieux Boileau —
le
court Dialogue sur les Héros de Roman — pour réduire au silence et à
10096
et de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur
les
Héros de Roman — pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans le
10097
ficieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros
de
Roman — pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
10098
les Héros de Roman — pour réduire au silence et à
l’
oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque n
10099
pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans
les
manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le
10100
au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
de
notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comiq
10101
l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle,
la
féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son parasite1
10102
manuels de notre siècle, la féerie romanesque née
de
l’Astrée, et le roman comique, son parasite142. Il n’y eut plus qu’un
10103
uels de notre siècle, la féerie romanesque née de
l’
Astrée, et le roman comique, son parasite142. Il n’y eut plus qu’une d
10104
siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et
le
roman comique, son parasite142. Il n’y eut plus qu’une dernière flamm
10105
une dernière flamme, mince et pure, qui s’appelle
la
Princesse de Clèves. La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
10106
ce et pure, qui s’appelle la Princesse de Clèves.
La
mort s’y atténue en séparation volontaire, et la chevalerie fait plac
10107
La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
la
chevalerie fait place à la vertu qui conclut en faveur du monde… 9
10108
aration volontaire, et la chevalerie fait place à
la
vertu qui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe com
10109
ui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou
le
mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même
10110
9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans
le
théâtre classique — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que la
10111
est dans le théâtre classique — donc au cœur même
d’
un ordre intolérant — que la passion devait trouver sa revanche la plu
10112
e — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que
la
passion devait trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît le c
10113
érant — que la passion devait trouver sa revanche
la
plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, coméd
10114
trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît
le
curieux sujet de la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor
10115
he la plus éclatante. On connaît le curieux sujet
de
la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique
10116
la plus éclatante. On connaît le curieux sujet de
la
Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique, e
10117
royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant
d’
Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’atta
10118
désobligeante. Alidor amant d’Angélique, et aimé
d’
elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’attache trop » et il veut
10119
’Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé
d’
un amour qui l’attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtres
10120
aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui
l’
attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtresse se donne à s
10121
rte que sa maîtresse se donne à son ami Cléandre.
D’
où l’on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui a
10122
ue sa maîtresse se donne à son ami Cléandre. D’où
l’
on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui ait vo
10123
lle est le premier auteur qui ait voulu soumettre
la
passion à la raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui
10124
emier auteur qui ait voulu soumettre la passion à
la
raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui ait échappé
10125
t voulu soumettre la passion à la raison, sinon à
la
morale. Il serait donc le premier qui ait échappé à l’emprise du myth
10126
rale. Il serait donc le premier qui ait échappé à
l’
emprise du mythe. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se pl
10127
le premier qui ait échappé à l’emprise du mythe.
Le
cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte
10128
qui ait échappé à l’emprise du mythe. Le cas vaut
d’
être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte : Ce n’est
10129
m’aimant trop qu’elle me fait mourir ; Un moment
de
froideur, et je pourrais guérir ; Une mauvaise œillade, un peu de jal
10130
parfaite, et sa perfection N’approche point encor
de
son affection ; Point de refus pour moi, point d’heures inégales ; Ac
10131
n N’approche point encor de son affection ; Point
de
refus pour moi, point d’heures inégales ; Accablé de faveurs à mon re
10132
de son affection ; Point de refus pour moi, point
d’
heures inégales ; Accablé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ic
10133
refus pour moi, point d’heures inégales ; Accablé
de
faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici la tirade : les premiers v
10134
blé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici
la
tirade : les premiers vers suffisent à attirer notre méfiance. Quoi,
10135
s suffisent à attirer notre méfiance. Quoi, c’est
le
bonheur qui serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et le malheu
10136
Quoi, c’est le bonheur qui serait fatal au repos
de
cet étrange amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique le guéri
10137
i serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et
le
malheur d’être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Al
10138
tal au repos de cet étrange amant ? Et le malheur
d’
être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Alidor serait
10139
amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique
le
guérirait de son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Dison
10140
e malheur d’être trahi par Angélique le guérirait
de
son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Disons plutôt qu’o
10141
isons plutôt qu’on voit trop bien ce qu’il essaie
de
nous dissimuler. Lui aussi, il ne veut que « brûler ! » Mais il ne pe
10142
ussi, il ne veut que « brûler ! » Mais il ne peut
l’
avouer qu’en affirmant le contraire, en affirmant qu’il veut guérir :
10143
ûler ! » Mais il ne peut l’avouer qu’en affirmant
le
contraire, en affirmant qu’il veut guérir : car on avoue difficilemen
10144
nt qu’il veut guérir : car on avoue difficilement
le
goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir les maux d
10145
le goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte
de
souffrir les maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la
10146
alheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir
les
maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la honte qui es
10147
dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc
la
honte qui est cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’absen
10148
it-il plus bas. C’est donc la honte qui est cause
de
son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’un obstacle entre
10149
est cause de son mensonge. En vérité, il souffre
de
l’absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même
10150
t cause de son mensonge. En vérité, il souffre de
l’
absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. I
10151
son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence
d’
un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. Il manque u
10152
i-même. Il manque un « roi Marc » à ce jeu. C’est
la
situation des amants au terme des trois ans passés dans la forêt. Tri
10153
ion des amants au terme des trois ans passés dans
la
forêt. Tristan avait le recours de rendre Iseut à son mari. Alidor es
10154
des trois ans passés dans la forêt. Tristan avait
le
recours de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer u
10155
ns passés dans la forêt. Tristan avait le recours
de
rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. So
10156
de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint
d’
inventer un rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’Angéli
10157
idor est contraint d’inventer un rival. Souffrant
de
ce que plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cett
10158
venter un rival. Souffrant de ce que plus rien ne
le
sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagin
10159
rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare
d’
Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine de se pl
10160
plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux
d’
avouer cette souffrance, il imagine de se plaindre d’être trop enchaîn
10161
ais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine
de
se plaindre d’être trop enchaîné par cette fidélité — alors qu’on voi
10162
vouer cette souffrance, il imagine de se plaindre
d’
être trop enchaîné par cette fidélité — alors qu’on voit tout au contr
10163
lors qu’on voit tout au contraire qu’il désespère
de
ne point l’être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit
10164
oit tout au contraire qu’il désespère de ne point
l’
être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit un profond
10165
e de ne point l’être assez. Il proclame un besoin
d’
être libre qui traduit un profond désir de n’être plus même en état de
10166
besoin d’être libre qui traduit un profond désir
de
n’être plus même en état de désirer aucune liberté. C’est ce qui se p
10167
duit un profond désir de n’être plus même en état
de
désirer aucune liberté. C’est ce qui se passerait si Angélique faisai
10168
est ce qui se passerait si Angélique faisait mine
de
lui échapper. Mais voyez comme il est habile : Cléandre Vit-on jamai
10169
mme il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant
de
la sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alidor
10170
il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant de
la
sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alidor Co
10171
re trop aimé ? Alidor Comptes-tu mon esprit entre
les
ordinaires ? Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
10172
-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
le
prend de haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne
10173
s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il le prend
de
haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne faut poi
10174
’il se dispose à mentir. Il ne faut point servir
d’
objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous
10175
objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir
d’
amour qui ne nous cède : Je le hais s’il me force : et quand j’aime, j
10176
faut point nourrir d’amour qui ne nous cède : Je
le
hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que de ma volonté dépen
10177
hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que
de
ma volonté dépendent tous mes vœux ; Que mon feu m’obéisse, au lieu d
10178
au lieu de me contraindre Que je puisse à mon gré
l’
enflammer, et l’éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-
10179
ntraindre Que je puisse à mon gré l’enflammer, et
l’
éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-on : la volonté
10180
e à mon gré l’enflammer, et l’éteindre… C’est là
le
Corneille classique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passi
10181
C’est là le Corneille classique, pensera-t-on :
la
volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même s
10182
e classique, pensera-t-on : la volonté triomphant
de
la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les r
10183
lassique, pensera-t-on : la volonté triomphant de
la
passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruse
10184
-t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais
la
suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous
10185
a volonté triomphant de la passion. Mais la suite
de
la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bi
10186
olonté triomphant de la passion. Mais la suite de
la
comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bien
10187
is la suite de la comédie, même si nous ignorions
les
ruses du mythe, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personn
10188
ons les ruses du mythe, nous ferait bien voir que
la
vraie volonté du personnage est exactement opposée à ces hautaines dé
10189
hautaines déclarations. « Il ne faut point servir
d’
objet qui nous possède » signifie en réalité : « Le seul objet qui vai
10190
’objet qui nous possède » signifie en réalité : «
Le
seul objet qui vaille d’être servi, c’est celui qui nous posséderait
10191
signifie en réalité : « Le seul objet qui vaille
d’
être servi, c’est celui qui nous posséderait totalement et qui, par sa
10192
e davantage — car c’est là notre gré véritable. »
Les
deux derniers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice de rhétor
10193
gré véritable. » Les deux derniers mots : « … et
l’
éteindre » étant pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le le
10194
ers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice
de
rhétorique, destiné à persuader le lecteur, ou Cléandre, ou Corneille
10195
t pur artifice de rhétorique, destiné à persuader
le
lecteur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est la liberté qui
10196
ur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est
la
liberté qui est désirée, alors que c’est évidemment le « feu » ; et n
10197
berté qui est désirée, alors que c’est évidemment
le
« feu » ; et non pas le feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, ré
10198
lors que c’est évidemment le « feu » ; et non pas
le
feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-le. Et Corneille
10199
u « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-
le
. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace de sa pièce, il
10200
tons-le. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans
la
dédicace de sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inco
10201
Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace
de
sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inconnu ; « C’e
10202
en ces termes à un personnage inconnu ; « C’est
de
vous que j’ai appris que l’amour d’un honnête homme doit être toujour
10203
ge inconnu ; « C’est de vous que j’ai appris que
l’
amour d’un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit
10204
nu ; « C’est de vous que j’ai appris que l’amour
d’
un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit jamais
10205
usque-là, c’est une tyrannie dont il faut secouer
le
joug ; et qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d’obligatio
10206
rannie dont il faut secouer le joug ; et qu’enfin
la
personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation de notre amour, alor
10207
t qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus
d’
obligation de notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre
10208
personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation
de
notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre choix et de
10209
gation de notre amour, alors qu’elle est toujours
l’
effet de notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une incl
10210
e notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet
de
notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une inclination
10211
rs qu’elle est toujours l’effet de notre choix et
de
son mérite, que quand elle vient d’une inclination aveugle, et forcée
10212
otre choix et de son mérite, que quand elle vient
d’
une inclination aveugle, et forcée par quelque ascendant de naissance
10213
lination aveugle, et forcée par quelque ascendant
de
naissance à qui nous ne pouvons résister… On ne donne point ce qu’on
10214
bel et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus
de
la contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est un
10215
et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus de
la
contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est une d
10216
s de la contrainte fatale, cette liberté qui fait
le
prix du don, c’est une des exigences fondamentales de l’amour courtoi
10217
rix du don, c’est une des exigences fondamentales
de
l’amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette e
10218
du don, c’est une des exigences fondamentales de
l’
amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette exig
10219
que cette exigence est polémique, dirigée contre
le
mariage. Or Alidor et son amante trop fidèle se trouvent malgré eux d
10220
on amante trop fidèle se trouvent malgré eux dans
l’
état de mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de l
10221
te trop fidèle se trouvent malgré eux dans l’état
de
mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liber
10222
mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour
l’
amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion.
10223
à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour
de
la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel
10224
uoi notre héros veut échapper non pour l’amour de
la
liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel pri
10225
l’amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour
l’
amour de la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaîn
10226
de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour
de
la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De cr
10227
la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de
la
passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De crain
10228
tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes
De
crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît d’un amour par force
10229
re mes chaînes De crainte qu’un hymen, m’en ôtant
le
pouvoir, Fît d’un amour par force un amour par devoir. C’est le plus
10230
e crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît
d’
un amour par force un amour par devoir. C’est le plus pur langage cou
10231
d’un amour par force un amour par devoir. C’est
le
plus pur langage courtois. Mais voyez la curieuse contradiction ; aup
10232
. C’est le plus pur langage courtois. Mais voyez
la
curieuse contradiction ; auparavant, il voulait le repos, et maintena
10233
a curieuse contradiction ; auparavant, il voulait
le
repos, et maintenant il craint le mariage qui lui amènerait le repos…
10234
ant, il voulait le repos, et maintenant il craint
le
mariage qui lui amènerait le repos… Je la veux offenser pour acquéri
10235
maintenant il craint le mariage qui lui amènerait
le
repos… Je la veux offenser pour acquérir sa haine Tant que j’aurai c
10236
craint le mariage qui lui amènerait le repos… Je
la
veux offenser pour acquérir sa haine Tant que j’aurai chez elle encor
10237
cquérir sa haine Tant que j’aurai chez elle encor
le
moindre accès Mes desseins de guérir n’auront point de succès. Ces «
10238
rai chez elle encor le moindre accès Mes desseins
de
guérir n’auront point de succès. Ces « desseins de guérir » (entendo
10239
indre accès Mes desseins de guérir n’auront point
de
succès. Ces « desseins de guérir » (entendons : de brûler ; donc en
10240
guérir n’auront point de succès. Ces « desseins
de
guérir » (entendons : de brûler ; donc en fait : sa crainte de guérir
10241
succès. Ces « desseins de guérir » (entendons :
de
brûler ; donc en fait : sa crainte de guérir !) sont en effet couronn
10242
entendons : de brûler ; donc en fait : sa crainte
de
guérir !) sont en effet couronnés de succès au cinquième acte. Cornei
10243
: sa crainte de guérir !) sont en effet couronnés
de
succès au cinquième acte. Corneille l’avoue plus tard, tout en feigna
10244
couronnés de succès au cinquième acte. Corneille
l’
avoue plus tard, tout en feignant de s’en étonner, comme il se doit, d
10245
te. Corneille l’avoue plus tard, tout en feignant
de
s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen de sa pièce : « Cet a
10246
de s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen
de
sa pièce : « Cet amour de son repos n’empêche point qu’au cinquième
10247
e doit, dans un Examen de sa pièce : « Cet amour
de
son repos n’empêche point qu’au cinquième acte (Alidor) ne se montre
10248
tre encore passionné pour cette maîtresse, malgré
la
résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et les trahisons qu’il
10249
maîtresse, malgré la résolution qu’il avait prise
de
s’en défaire, et les trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il se
10250
résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et
les
trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à l
10251
i a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à
l’
aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. » L’aveu est complet
10252
ommencer à l’aimer que quand il lui a donné sujet
de
le haïr. » L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan pureme
10253
encer à l’aimer que quand il lui a donné sujet de
le
haïr. » L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement
10254
imer que quand il lui a donné sujet de le haïr. »
L’
aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement psychologiq
10255
ïr. » L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans
le
plan purement psychologique où Corneille se place, le sens du mythe q
10256
lan purement psychologique où Corneille se place,
le
sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et
10257
e logique. « Cela fait, conclut-il, une inégalité
de
mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement d
10258
mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point
de
cet aveuglement de l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfait
10259
euse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement
de
l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
10260
e. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement de
l’
auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef. L’e
10261
ssein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
L’
essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une pass
10262
t si parfaitement mené à chef. L’essence du mythe
de
l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’o
10263
i parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de
l’
amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’orig
10264
f. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous
le
savons, c’est une passion inavouable. L’originalité de Corneille deme
10265
ux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
L’
originalité de Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette
10266
vons, c’est une passion inavouable. L’originalité
de
Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette passion dont
10267
on inavouable. L’originalité de Corneille demeure
d’
avoir voulu combattre et nier cette passion dont il vivait, et ce myth
10268
ent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et
le
Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-di
10269
: Polyeucte et le Cid. Il a voulu sauver au moins
le
principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrif
10270
et le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe
de
la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefoi
10271
le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de
la
liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefois l
10272
au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire
de
la personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et to
10273
moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de
la
personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et tortu
10274
ire de la personne — sans lui sacrifier toutefois
les
effets délicieux et torturants du fatal « philtre » (ici métaphorique
10275
» (ici métaphorique). Bien mieux ; cette volonté
de
liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle pr
10276
Bien mieux ; cette volonté de liberté est devenue
l’
agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où l
10277
ux ; cette volonté de liberté est devenue l’agent
le
plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tensio
10278
é de liberté est devenue l’agent le plus efficace
de
la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce
10279
e liberté est devenue l’agent le plus efficace de
la
passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce « t
10280
efficace de la passion qu’elle prétendait guérir.
D’
où la tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent
10281
ace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où
la
tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et l
10282
’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée
de
ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et le réciteront toujour
10283
sion inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme
le
récitent et le réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de
10284
e ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et
le
réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de l’aimer… 10
10285
citeront toujours ceux qui ne sont guère capables
de
l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
10286
eront toujours ceux qui ne sont guère capables de
l’
aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de
10287
sont guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou
le
mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se
10288
de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné
L’
opposition classique de Racine et de Corneille se réduit à ceci, touch
10289
e, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
de
Racine et de Corneille se réduit à ceci, touchant le mythe : Racine p
10290
e déchaîné L’opposition classique de Racine et
de
Corneille se réduit à ceci, touchant le mythe : Racine part du philtr
10291
Racine et de Corneille se réduit à ceci, touchant
le
mythe : Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant s
10292
touchant le mythe : Racine part du philtre comme
d’
un fait indiscutable privant ses victimes de toute espèce de responsab
10293
comme d’un fait indiscutable privant ses victimes
de
toute espèce de responsabilité ; « C’est Vénus tout entière à sa proi
10294
indiscutable privant ses victimes de toute espèce
de
responsabilité ; « C’est Vénus tout entière à sa proie attachée », —
10295
ut y voir qu’ « une tyrannie dont il faut secouer
le
joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
10296
u’ « une tyrannie dont il faut secouer le joug ».
D’
où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre
10297
une tyrannie dont il faut secouer le joug ». D’où
l’
harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’
10298
ut secouer le joug ». D’où l’harmonie voluptueuse
de
l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au cou
10299
e joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et
la
dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autr
10300
nie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
de
l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autre lui résistant, bien
10301
n qu’entraîné (ou pour mieux se sentir entraîné…)
L’
invitus invitam 143 qui fait le sujet de Bérénice, c’est une formule a
10302
sentir entraîné…) L’invitus invitam 143 qui fait
le
sujet de Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « mod
10303
ntraîné…) L’invitus invitam 143 qui fait le sujet
de
Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « moderne » da
10304
rmule antique interprétée par un « moderne » dans
la
perspective courtoise de l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient
10305
par un « moderne » dans la perspective courtoise
de
l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de
10306
r un « moderne » dans la perspective courtoise de
l’
amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de not
10307
l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle
la
formule même de notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces,
10308
ue malheureux. Ainsi devient-elle la formule même
de
notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la po
10309
ais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit
la
portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissibl
10310
premières pièces, raccourcit la portée du mythe à
la
mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point
10311
pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure
d’
une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point poussé Bér
10312
on, parce que Bérénice n’ayant pas ici avec Titus
les
derniers engagements que Didon avait avec Énée, elle n’est pas obligé
10313
it avec Énée, elle n’est pas obligée, comme elle,
de
renoncer à la vie. » L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « r
10314
elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à
la
vie. » L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement »
10315
pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie. »
L’
on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voi
10316
omme elle, de renoncer à la vie. » L’on sent tout
l’
artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la p
10317
renoncer à la vie. » L’on sent tout l’artifice et
la
faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la N
10318
aiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à
la
passion de la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sa
10319
« raisonnement » qui se voit opposé à la passion
de
la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des m
10320
raisonnement » qui se voit opposé à la passion de
la
Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des mort
10321
s dans une tragédie, ajoute Racine, il suffit que
l’
action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les pa
10322
acine, il suffit que l’action en soit grande, que
les
acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et q
10323
grande, que les acteurs en soient héroïques, que
les
passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristes
10324
sions y soient excitées, et que tout s’y ressente
de
cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
10325
ente de cette tristesse majestueuse qui fait tout
le
plaisir de la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait t
10326
te tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
de
la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plai
10327
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de
la
tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
10328
» Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout
le
plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect
10329
« tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
de
la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, so
10330
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de
la
tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, son r
10331
it tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que
la
moitié du mythe, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie d
10332
on aspect diurne, son reflet moral dans notre vie
de
créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’épanouissement mys
10333
l dans notre vie de créatures finies. Il y manque
l’
aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la N
10334
créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne,
l’
épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce
10335
l’aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans
la
vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, sym
10336
ne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie
de
la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, «
10337
l’épanouissement mystique dans la vie infinie de
la
Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, « cet
10338
ans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que
l’
on pourrait appeler, symétriquement, « cette joie majestueuse qui fait
10339
iquement, « cette joie majestueuse qui fait toute
la
douleur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement la pressentir,
10340
se qui fait toute la douleur du Roman ». Car pour
l’
atteindre ou seulement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la
10341
eur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement
la
pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la mort, — cette mort que Ra
10342
ement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à
la
mort, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur class
10343
, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire.
La
pudeur classique, tant vantée, ne va pas, quoi qu’on dise, sans un ap
10344
sans un appauvrissement métaphysique, générateur
de
confusions incalculables. Car enfin cette « tristesse » racinienne, s
10345
tristesse » racinienne, si « majestueuse » qu’on
la
veuille, ainsi bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans la joi
10346
i bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans
la
joie, acceptée telle qu’elle est dans le monde du jour, et qualifiée
10347
ent dans la joie, acceptée telle qu’elle est dans
le
monde du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir », l’on ne voit pa
10348
est dans le monde du jour, et qualifiée néanmoins
de
« plaisir », l’on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une moro
10349
e du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir »,
l’
on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une morosa delectatio. C
10350
erait davantage qu’une morosa delectatio. Certes,
l’
on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (m
10351
sa delectatio. Certes, l’on est fondé à contester
la
vérité dernière de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’ori
10352
es, l’on est fondé à contester la vérité dernière
de
la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion
10353
l’on est fondé à contester la vérité dernière de
la
croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
10354
e de la croyance mystique (manichéenne) qui est à
l’
origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaî
10355
oyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine
de
la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que ce
10356
nce mystique (manichéenne) qui est à l’origine de
la
passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette
10357
manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
de
son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donn
10358
amants une justification grandiose. S’ils aiment
l’
obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un ma
10359
stification grandiose. S’ils aiment l’obstacle et
le
tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la mor
10360
obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que
l’
obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une tr
10361
ui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque
de
la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant
10362
en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de
la
mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où
10363
t que l’obstacle est un masque de la mort, et que
la
mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la
10364
acle est un masque de la mort, et que la mort est
le
gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révè
10365
un masque de la mort, et que la mort est le gage
d’
une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jo
10366
et que la mort est le gage d’une transfiguration,
l’
instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d
10367
d’une transfiguration, l’instant où ce qui était
la
Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, u
10368
tion, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle
le
Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, un Racine se condam
10369
tait la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute
d’
atteindre cette limite, un Racine se condamne et nous condamne à goûte
10370
condamne et nous condamne à goûter une mélancolie
de
nature essentiellement trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
10371
une mélancolie de nature essentiellement trouble.
L’
Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ;
10372
ent trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
de
la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
10373
trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de
la
vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la
10374
ois voulait nous libérer de la vie matérielle par
la
mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « pass
10375
ous libérer de la vie matérielle par la mort ; et
l’
Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions excitées
10376
r la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
la
vie ; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse »
10377
l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais
les
« passions excitées » par Racine, cette « tristesse » à laquelle il n
10378
sait quel « plaisir », cela révèle en définitive
d’
assez morbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignatio
10379
le en définitive d’assez morbides complaisances à
la
défaite de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent
10380
itive d’assez morbides complaisances à la défaite
de
l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet ab
10381
ve d’assez morbides complaisances à la défaite de
l’
esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet aband
10382
orbides complaisances à la défaite de l’esprit, à
la
résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal
10383
e de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà
l’
on pressent que cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation de la
10384
cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation
de
la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
10385
t abandon au « mal du siècle » (sécularisation de
la
passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la
10386
conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
la
forme de mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se tr
10387
Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la forme
de
mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve la m
10388
c’est-à-dire à la forme de mortification morose —
d’
autopunition dira Freud — qui se trouve la mieux adaptée au tempéramen
10389
orose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve
la
mieux adaptée au tempérament romantique. Mais cette conversion-là ne
10390
Mais cette conversion-là ne pourra s’opérer qu’à
la
faveur d’une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son
10391
e conversion-là ne pourra s’opérer qu’à la faveur
d’
une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Ph
10392
la faveur d’une crise révélant à Racine lui-même
la
vraie nature de son délire. Phèdre est un moment décisif non seulemen
10393
crise révélant à Racine lui-même la vraie nature
de
son délire. Phèdre est un moment décisif non seulement dans la vie du
10394
. Phèdre est un moment décisif non seulement dans
la
vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
10395
sif non seulement dans la vie du poète, mais dans
l’
évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
10396
u poète, mais dans l’évolution du mythe à travers
l’
histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
10397
is dans l’évolution du mythe à travers l’histoire
de
l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort
10398
dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
l’
Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est
10399
travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
le
mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par un
10400
l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
Le
thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale
10401
. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
de
la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemmen
10402
11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de
la
mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemment c
10403
par une « censure » morale évidemment chrétienne
d’
origine. Racine ne peut ni ne veut être pleinement lucide. Car sa luci
10404
i ne veut être pleinement lucide. Car sa lucidité
l’
obligerait à condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur le plus
10405
condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur
le
plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise de sa passion pour un
10406
érir que dans son cœur le plus secret, et sans se
l’
avouer. Mais la crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être l
10407
on cœur le plus secret, et sans se l’avouer. Mais
la
crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, e
10408
e plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise
de
sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, et les pre
10409
se de sa passion pour une femme qui fut peut-être
la
Champmeslé, et les premières atteintes d’une vraie foi vont le pousse
10410
ut-être la Champmeslé, et les premières atteintes
d’
une vraie foi vont le pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espéra
10411
, et les premières atteintes d’une vraie foi vont
le
pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de l
10412
algré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes
de
l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait ma
10413
ré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de
l’
aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maint
10414
’espérait, aux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est
la
revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécess
10415
ux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche
de
la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y
10416
extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de
la
mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait
10417
Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine
le
sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait du sang et des morts
10418
des morts dans une tragédie, si elle a pour sujet
l’
amour-passion. Seulement, cette mort, il ne la désire pas comme une tr
10419
jet l’amour-passion. Seulement, cette mort, il ne
la
désire pas comme une transfiguration : il a pris le parti du jour, la
10420
désire pas comme une transfiguration : il a pris
le
parti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longue
10421
une transfiguration : il a pris le parti du jour,
la
mort n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C
10422
l a pris le parti du jour, la mort n’est plus que
le
châtiment de ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est
10423
arti du jour, la mort n’est plus que le châtiment
de
ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est sa propre pas
10424
hâtiment de ses trop longues complaisances. C’est
la
passion, c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort la
10425
c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à
la
mort la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de so
10426
propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort
la
fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet
10427
assion, qu’il châtie en vouant à la mort la fille
de
Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet antique,
10428
t la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous
le
couvert de son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abor
10429
de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert
de
son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisan
10430
punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant
de
l’obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admi
10431
nit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant de
l’
obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissi
10432
st-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissible
de
vouloir vaincre. L’opinion — à laquelle Racine se montre si sensible
10433
e qu’il n’est plus admissible de vouloir vaincre.
L’
opinion — à laquelle Racine se montre si sensible — l’opinion est touj
10434
inion — à laquelle Racine se montre si sensible —
l’
opinion est toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec le séducteu
10435
ible — l’opinion est toujours avec Tristan contre
le
roi Marc, avec le séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais
10436
st toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec
le
séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants i
10437
stan contre le roi Marc, avec le séducteur contre
le
mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants incestueux. Ensuite,
10438
ur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec
les
amants incestueux. Ensuite, Racine se punit par personnes interposées
10439
se punit par personnes interposées en refusant à
la
passion de Phèdre toute réciprocité de la part d’Hippolyte. Or Phèdre
10440
ar personnes interposées en refusant à la passion
de
Phèdre toute réciprocité de la part d’Hippolyte. Or Phèdre était écri
10441
r Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint
le
rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se
10442
était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle
de
la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhait
10443
ait écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de
la
reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhaite :
10444
insensible au charme mortel… Confondant Phèdre et
la
femme qu’il aime, il se venge de l’objet de sa passion, et il se démo
10445
ondant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge
de
l’objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion
10446
ant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge de
l’
objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion es
10447
re et la femme qu’il aime, il se venge de l’objet
de
sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion est condam
10448
cette passion est condamnable sans appel. Mais je
l’
ai dit, Racine à l’époque de Phèdre est encore en pleine crise, balanç
10449
ondamnable sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à
l’
époque de Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décis
10450
e sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à l’époque
de
Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décision. D’où
10451
èdre est encore en pleine crise, balançant devant
la
décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la l
10452
re en pleine crise, balançant devant la décision.
D’
où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu
10453
pleine crise, balançant devant la décision. D’où
la
duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il v
10454
nt devant la décision. D’où la duplicité profonde
de
la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais,
10455
devant la décision. D’où la duplicité profonde de
la
pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, obl
10456
décision. D’où la duplicité profonde de la pièce.
La
loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine
10457
la duplicité profonde de la pièce. La loi morale,
la
loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre le je
10458
’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre
le
jeune prince insensible à l’amour de Phèdre. Il déclare donc cet amou
10459
lige Racine à rendre le jeune prince insensible à
l’
amour de Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cett
10460
ine à rendre le jeune prince insensible à l’amour
de
Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cette reine
10461
ur incestueux, encore que cette reine ne soit que
la
belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherc
10462
encore que cette reine ne soit que la belle-mère
d’
Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner c
10463
reine ne soit que la belle-mère d’Hippolyte. Mais
le
vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qu
10464
e la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme,
le
Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qui, condamnant l’
10465
herche à tourner cette loi sévère qui, condamnant
l’
inceste, rend impossible la passion. Et voici comment il s’y prend : e
10466
sévère qui, condamnant l’inceste, rend impossible
la
passion. Et voici comment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureu
10467
ment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureux
d’
Aricie, dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée. Le tour est t
10468
dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée.
Le
tour est très subtil. « Pour ce qui est du personnage d’Hippolyte, éc
10469
est très subtil. « Pour ce qui est du personnage
d’
Hippolyte, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens
10470
qui est du personnage d’Hippolyte, écrit-il dans
la
Préface, j’avais remarqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripid
10471
, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans
les
anciens qu’on reprochait à Euripide de l’avoir représenté comme un ph
10472
rqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripide
de
l’avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection :
10473
é dans les anciens qu’on reprochait à Euripide de
l’
avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection : ce
10474
de l’avoir représenté comme un philosophe exempt
de
toute imperfection : ce qui faisait que la mort de ce jeune prince ca
10475
exempt de toute imperfection : ce qui faisait que
la
mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pi
10476
e toute imperfection : ce qui faisait que la mort
de
ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié. J’a
10477
la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus
d’
indignation que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse
10478
ne prince causait beaucoup plus d’indignation que
de
pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui le rendrait u
10479
J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui
le
rendrait un peu coupable envers son père, sans pourtant lui rien ôter
10480
able envers son père, sans pourtant lui rien ôter
de
cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et
10481
re, sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur
d’
âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprime
10482
de cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne
l’
honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle fai
10483
grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur
de
Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse la
10484
e l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans
l’
accuser. J’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour
10485
isse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse
la
passion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la
10486
ion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est
la
fille et la sœur des ennemis mortels de son père. » Ainsi donc, Arici
10487
ssent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et
la
sœur des ennemis mortels de son père. » Ainsi donc, Aricie, c’est « l
10488
, qui est la fille et la sœur des ennemis mortels
de
son père. » Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que le Père interdit
10489
ortels de son père. » Ainsi donc, Aricie, c’est «
l’
amour que le Père interdit » — un substitut voilé de l’amour incestueu
10490
n père. » Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que
le
Père interdit » — un substitut voilé de l’amour incestueux144. (La ps
10491
amour que le Père interdit » — un substitut voilé
de
l’amour incestueux144. (La psychanalyse nous a accoutumés à des dégui
10492
ur que le Père interdit » — un substitut voilé de
l’
amour incestueux144. (La psychanalyse nous a accoutumés à des déguisem
10493
» — un substitut voilé de l’amour incestueux144. (
La
psychanalyse nous a accoutumés à des déguisements plus savants !) Mai
10494
es déguisements plus savants !) Mais ce n’est pas
l’
inceste, c’est la passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’aut
10495
lus savants !) Mais ce n’est pas l’inceste, c’est
la
passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’autre moyen qu’il a
10496
n parler voluptueusement, tout en se soumettant à
la
condamnation, c’est l’argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme
10497
t, tout en se soumettant à la condamnation, c’est
l’
argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe, le « De
10498
ument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans
le
mythe, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui
10499
ute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe,
le
« Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et
10500
. Ici, comme dans le mythe, le « Destin » servira
d’
alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
10501
me dans le mythe, le « Destin » servira d’alibi à
la
responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’aute
10502
le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité
de
ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’auteur. Ah ! Seigneur
10503
lité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
de
l’auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le cie
10504
é de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de
l’
auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel d
10505
! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée
Le
ciel de nos raisons ne sait point s’informer. (I,1.) Ce n’est pas ce
10506
eur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel
de
nos raisons ne sait point s’informer. (I,1.) Ce n’est pas ce ciel-là
10507
ciel-là qu’eût adoré Corneille ! Ni ces dieux que
l’
on dupe, et sur qui l’on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoi
10508
orneille ! Ni ces dieux que l’on dupe, et sur qui
l’
on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans
10509
ces dieux que l’on dupe, et sur qui l’on rejette
la
faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc On
10510
ue l’on dupe, et sur qui l’on rejette la faute :
Les
dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé le f
10511
témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé
le
feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici la servante Œnone qui t
10512
le feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici
la
servante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que la servante Bra
10513
.) Et voici la servante Œnone qui tient à Phèdre
le
même langage que la servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne
10514
ante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que
la
servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne peut vaincre sa dest
10515
licité, ai-je dit, mais à tel point essentielle à
la
pièce, constitutive de la crise même d’où elle est née, qu’il serait
10516
à tel point essentielle à la pièce, constitutive
de
la crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire re
10517
tel point essentielle à la pièce, constitutive de
la
crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire repro
10518
ntielle à la pièce, constitutive de la crise même
d’
où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire reproche à son aute
10519
se même d’où elle est née, qu’il serait bien vain
d’
en faire reproche à son auteur. Il fallait Phèdre. Il fallait cet affl
10520
the au jour. Il fallait cette douloureuse poussée
de
la volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossib
10521
au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de
la
volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible
10522
l fallait cette douloureuse poussée de la volonté
de
mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible aveu, se re
10523
sée de la volonté de mort cherchant à se délivrer
d’
elle-même par l’impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’inst
10524
é de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par
l’
impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’instant où elle y re
10525
uant enfin à l’instant où elle y renonçait — avec
le
mouvement même de la reine, à trois reprises145. Il fallait cela pour
10526
tant où elle y renonçait — avec le mouvement même
de
la reine, à trois reprises145. Il fallait cela pour que l’amour-passi
10527
t où elle y renonçait — avec le mouvement même de
la
reine, à trois reprises145. Il fallait cela pour que l’amour-passion
10528
ne, à trois reprises145. Il fallait cela pour que
l’
amour-passion succombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est le jo
10529
a pour que l’amour-passion succombât finalement à
la
Norme du Jour. Car c’est le jour terrestre qui pour la première fois,
10530
uccombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est
le
jour terrestre qui pour la première fois, depuis l’apparition du myth
10531
jour terrestre qui pour la première fois, depuis
l’
apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante,
10532
s l’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe
de
la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de
10533
’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de
la
mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Ro
10534
ion du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort
de
l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : E
10535
du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de
l’
amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et l
10536
triomphe de la mort de l’amante, renversant toute
la
dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
10537
mort de l’amante, renversant toute la dialectique
de
Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté rend
10538
te, renversant toute la dialectique de Tristan et
de
Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté rend au jour qu’il
10539
toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et
la
mort à mes yeux dérobant la clarté rend au jour qu’ils souillaient t
10540
tan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
la
clarté rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté. — Elle expir
10541
ient toute sa pureté. — Elle expire. Seigneur ! —
D’
une action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ! Malgr
10542
ne action si noire Que ne peut avec elle expirer
la
mémoire ! Malgré tout — malgré même ce dernier trait que Racine a su
10543
que je puis assurer, c’est que je n’ai point fait
de
tragédie où la vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les m
10544
urer, c’est que je n’ai point fait de tragédie où
la
vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les moindres fautes
10545
vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ;
les
moindres fautes y sont sévèrement punies : la seule pensée du crime y
10546
; les moindres fautes y sont sévèrement punies :
la
seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le cri
10547
seule pensée du crime y est regardée avec autant
d’
horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour d
10548
du crime y est regardée avec autant d’horreur que
le
crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faibl
10549
egardée avec autant d’horreur que le crime même ;
les
faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passi
10550
tant d’horreur que le crime même ; les faiblesses
de
l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont p
10551
t d’horreur que le crime même ; les faiblesses de
l’
amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont prés
10552
e même ; les faiblesses de l’amour y passent pour
de
vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pou
10553
de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ;
les
passions n’y sont présentées aux yeux que pour démontrer tout le déso
10554
sont présentées aux yeux que pour démontrer tout
le
désordre dont elles sont cause… » On est loin du dessein d’« exciter
10555
e dont elles sont cause… » On est loin du dessein
d’
« exciter les passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse ma
10556
sont cause… » On est loin du dessein d’« exciter
les
passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse majestueuse ».
10557
xciter les passions » pour « plaire » à un besoin
de
« tristesse majestueuse ». On est tout près de Port-Royal. Racine, co
10558
rès de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était
de
la race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : ceux-là
10559
de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était de
la
race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : ceux-là fi
10560
, était de la race des troubadours qui trahissent
l’
Amour pour l’amour : ceux-là finissent presque toujours en religion. M
10561
race des troubadours qui trahissent l’Amour pour
l’
amour : ceux-là finissent presque toujours en religion. Mais notons-le
10562
nissent presque toujours en religion. Mais notons-
le
: dans une religion de retraite — dernière injure peut-être au jour i
10563
s en religion. Mais notons-le : dans une religion
de
retraite — dernière injure peut-être au jour intolérable… 12.Éclip
10564
Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre,
la
fin du xviie siècle français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
10565
e français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
d’
une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mis
10566
e on voudra, d’une première éclipse du mythe dans
les
mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au p
10567
d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et
la
philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la so
10568
clipse du mythe dans les mœurs et la philosophie.
La
mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale pa
10569
. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas)
de
la société féodale par l’État-roi entraîne des modifications assez pr
10570
a mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de
la
société féodale par l’État-roi entraîne des modifications assez profo
10571
e pas dire mise au pas) de la société féodale par
l’
État-roi entraîne des modifications assez profondes dans les relations
10572
i entraîne des modifications assez profondes dans
les
relations sentimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’insti
10573
sez profondes dans les relations sentimentales et
les
coutumes. Le mariage redevient l’institution de base : il atteint un
10574
dans les relations sentimentales et les coutumes.
Le
mariage redevient l’institution de base : il atteint un point d’équil
10575
ntimentales et les coutumes. Le mariage redevient
l’
institution de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles s
10576
les coutumes. Le mariage redevient l’institution
de
base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront
10577
vient l’institution de base : il atteint un point
d’
équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, e
10578
tion de base : il atteint un point d’équilibre où
les
siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècle
10579
uivants auront grand-peine à se maintenir, et que
les
siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se trai
10580
r, et que les siècles précédents n’ont pas connu.
Les
« alliances » privées se traitent dans les formes, ni plus ni moins q
10581
connu. Les « alliances » privées se traitent dans
les
formes, ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques. L’inclinatio
10582
ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques.
L’
inclination réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément d’exquis
10583
réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément
d’
exquise perfection, de luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie q
10584
ajoute guère qu’un élément d’exquise perfection,
de
luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie qui sent presque l’impe
10585
uise perfection, de luxe heureux, dernière touche
d’
une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie la jugera v
10586
dernière touche d’une fantaisie qui sent presque
l’
impertinence. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenan
10587
d’une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (
Le
xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et l
10588
isie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie
la
jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformit
10589
resque l’impertinence. (Le xviiie la jugera vite
de
mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformité des « qualité
10590
nce. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.)
La
convenance des rangs et la conformité des « qualités » deviennent la
10591
vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et
la
conformité des « qualités » deviennent la mesure idéale du bon mariag
10592
angs et la conformité des « qualités » deviennent
la
mesure idéale du bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et de
10593
re idéale du bon mariage : curieuse analogie avec
la
Chine. Et de fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » q
10594
bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et
de
fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » que nos mœurs
10595
œurs se séparent des croyances religieuses (comme
l’
avait proposé Confucius) et, sans que nul paraisse y prendre garde, se
10596
nul paraisse y prendre garde, se rangent aux lois
de
la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et no
10597
paraisse y prendre garde, se rangent aux lois de
la
raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non p
10598
rangent aux lois de la raison du siècle, reniant
l’
absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce imprévisible déc
10599
e la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien.
Les
« mérites » et non plus la grâce imprévisible décident désormais d’un
10600
nt l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus
la
grâce imprévisible décident désormais d’une union, et rendront seuls
10601
non plus la grâce imprévisible décident désormais
d’
une union, et rendront seuls « aimable » un parti soigneusement raison
10602
mable » un parti soigneusement raisonné. Triomphe
de
la morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner,
10603
le » un parti soigneusement raisonné. Triomphe de
la
morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner, dan
10604
nt raisonné. Triomphe de la morale jésuite. C’est
le
baroque classique qui vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompe
10605
le baroque classique qui vient emprisonner, dans
l’
artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la pass
10606
classique qui vient emprisonner, dans l’artifice
de
ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle q
10607
vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompes,
le
sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit u
10608
artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien,
l’
analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction
10609
e ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse
de
la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des caté
10610
es pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de
la
passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des catégor
10611
nt. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que
la
conduit un Descartes, sa réduction à des catégories psychologiques ne
10612
tement distinctes, à des hiérarchies rationnelles
de
qualités, mérites et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à l
10613
et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à
la
dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe
10614
outir nécessairement à la dissolution du mythe et
de
son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que
10615
du mythe et de son dynamisme originel. C’est que
le
mythe ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent tout
10616
mpire que là précisément où s’évanouissent toutes
les
catégories morales — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport, e
10617
ouissent toutes les catégories morales — par-delà
le
Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domain
10618
utes les catégories morales — par-delà le Bien et
le
Mal, dans le transport, et dans la transgression du domaine où vaut l
10619
gories morales — par-delà le Bien et le Mal, dans
le
transport, et dans la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ L
10620
elà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans
la
transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mérit
10621
port, et dans la transgression du domaine où vaut
la
morale. ⁂ Le cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influenc
10622
la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂
Le
cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœu
10623
nsgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas
de
Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœurs ne s
10624
za mériterait un chapitre, mais son influence sur
les
mœurs ne s’est guère fait sentir que deux siècles plus tard. (Il a fa
10625
entir que deux siècles plus tard. (Il a fallu que
les
philosophes de Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les
10626
iècles plus tard. (Il a fallu que les philosophes
de
Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’o
10627
Il a fallu que les philosophes de Sturm und Drang
le
traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’ont traduit en métap
10628
Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour
les
poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimenta
10629
le traduisissent en allemand pour les poètes, qui
l’
ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et cela don
10630
les poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour
les
bourgeois sentimentaux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
10631
ux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
la
divinité des impressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit l’a
10632
ressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit
l’
amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’une cause extérieu
10633
dimanche.) Spinoza définit l’amour : un sentiment
de
joie accompagné de l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un s
10634
définit l’amour : un sentiment de joie accompagné
de
l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
10635
init l’amour : un sentiment de joie accompagné de
l’
idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le
10636
amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée
d’
une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le seul p
10637
xtérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
le
seul prévu par ce mystique : si la cause extérieure est un Dieu auque
10638
as, d’ailleurs le seul prévu par ce mystique : si
la
cause extérieure est un Dieu auquel notre âme pourrait s’identifier14
10639
pourrait s’identifier146. Mais Spinoza néglige «
l’
obstacle ». Dans le fait, nos passions humaines sont toujours liées à
10640
ier146. Mais Spinoza néglige « l’obstacle ». Dans
le
fait, nos passions humaines sont toujours liées à des passions contra
10641
ine, et nos plaisirs à nos douleurs. Il n’est pas
de
cause isolée qui nous détermine purement. Entre la joie et sa cause e
10642
e cause isolée qui nous détermine purement. Entre
la
joie et sa cause extérieure il y a toujours quelque séparation et que
10643
toujours quelque séparation et quelque obstacle :
la
société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de l
10644
lque séparation et quelque obstacle : la société,
le
péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ar
10645
ation et quelque obstacle : la société, le péché,
la
vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la
10646
hé, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et
de
là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union
10647
, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient
l’
ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se li
10648
orps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur
de
la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indisso
10649
s, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de
la
passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolub
10650
stinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et
de
là vient que le désir d’union totale se lie indissolublement au désir
10651
vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que
le
désir d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui
10652
ardeur de la passion. Et de là vient que le désir
d’
union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C
10653
r d’union totale se lie indissolublement au désir
de
la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la d
10654
’union totale se lie indissolublement au désir de
la
mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la doul
10655
t au désir de la mort qui libère. C’est parce que
la
passion n’existe pas sans la douleur qu’elle nous rend désirable notr
10656
ère. C’est parce que la passion n’existe pas sans
la
douleur qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieu
10657
qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons
la
Religieuse portugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme
10658
ortugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à
l’
homme qui l’a séduite : « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour
10659
ariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme qui
l’
a séduite : « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour la désespér
10660
e qui l’a séduite : « Je vous rends grâce du fond
de
mon cœur pour la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le rep
10661
: « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour
la
désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le repos où je vivais,
10662
la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise
le
repos où je vivais, avant de vous avoir connu… Adieu ! Aimez-moi donc
10663
eu ! Aimez-moi donc toujours, faites-moi souffrir
de
pires douleurs encore ! » Vers la fin du xviiie siècle, c’est une au
10664
es-moi souffrir de pires douleurs encore ! » Vers
la
fin du xviiie siècle, c’est une autre femme qui dira : « Je vous aim
10665
dira : « Je vous aime comme on doit aimer : dans
le
désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais le xviiie siècle avant Rou
10666
dans le désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais
le
xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment l’éclipse totale du Sol
10667
le xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment
l’
éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et le
10668
u, c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir
de
la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aima
10669
c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir de
la
Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable
10670
l’éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie.
Les
« qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable », selon les ro
10671
Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et
les
« mérites » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et
10672
et les « mérites » qui rendent « aimable », selon
les
roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordr
10673
érites » qui rendent « aimable », selon les roués
de
la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral,
10674
tes » qui rendent « aimable », selon les roués de
la
Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mai
10675
able », selon les roués de la Régence et du règne
de
Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mais intellectuel et physi
10676
égence et du règne de Louis XV, ne sont plus même
d’
ordre moral, mais intellectuel et physique. La distinction de l’esprit
10677
ême d’ordre moral, mais intellectuel et physique.
La
distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de
10678
al, mais intellectuel et physique. La distinction
de
l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de
10679
mais intellectuel et physique. La distinction de
l’
esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’â
10680
ectuel et physique. La distinction de l’esprit et
de
la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante,
10681
uel et physique. La distinction de l’esprit et de
la
chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, ab
10682
stinction de l’esprit et de la chair, succédant à
la
séparation de l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être
10683
’esprit et de la chair, succédant à la séparation
de
l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligen
10684
prit et de la chair, succédant à la séparation de
l’
esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence
10685
a chair, succédant à la séparation de l’esprit et
de
l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe.
10686
hair, succédant à la séparation de l’esprit et de
l’
âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe. À v
10687
l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser
l’
être en intelligence et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit, l
10688
e et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit,
la
passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ». L
10689
le détruit, la passion n’a plus où se prendre. Et
l’
on parle de « passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur desti
10690
la passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle
de
« passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un e
10691
ù se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ».
Le
dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Pre
10692
ndre. Et l’on parle de « passionnettes ». Le dieu
d’
Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Presque plu
10693
ant impertinent. Presque plus rien n’est défendu.
De
la pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétoriqu
10694
impertinent. Presque plus rien n’est défendu. De
la
pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique d
10695
ur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour
la
rhétorique du désir, mais non plus même pour celle de l’amour. « Bell
10696
hétorique du désir, mais non plus même pour celle
de
l’amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des ép
10697
orique du désir, mais non plus même pour celle de
l’
amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des éping
10698
citées par hasard : « Amour vous point », disait
la
rhétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous la Terreur ; mais
10699
point », disait la rhétorique. Un peu plus tard,
le
sang coulera sous la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la «
10700
hétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous
la
Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la « guerre en dentelles
10701
us la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à
la
« guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
10702
re qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle
de
la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guéri
10703
qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de
la
Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir d
10704
es ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
de
la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce
10705
».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de
la
santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce te
10706
santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. «
Les
femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tê
10707
elle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes
de
ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
10708
mythe. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec
le
cœur, elles aiment avec la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauché
10709
emps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec
la
tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Wa
10710
as avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
l’
abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Walpole, donnant
10711
c la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées
de
l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du
10712
a tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de
l’
esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du do
10713
de l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être
la
meilleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêv
10714
lleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est
la
femme qui rêve Don Juan, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des
10715
des Richelieu et des Casanova, je suis moins sûr
de
leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncou
10716
s Casanova, je suis moins sûr de leur réalité que
de
celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien a
10717
ins sûr de leur réalité que de celle du désir qui
les
crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage
10718
ité que de celle du désir qui les crée. Ce désir,
les
Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la fe
10719
lle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt
l’
ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la femme au xviii
10720
très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur
la
femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions d
10721
femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner
les
satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’am
10722
iècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions
de
l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’
10723
le : « Au lieu de lui donner les satisfactions de
l’
amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inq
10724
ui donner les satisfactions de l’amour sensuel et
de
la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétude, la pousse
10725
donner les satisfactions de l’amour sensuel et de
la
fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétude, la pousse d’e
10726
isfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans
la
volupté, l’amour la remplit d’inquiétude, la pousse d’essai en essai,
10727
e l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté,
l’
amour la remplit d’inquiétude, la pousse d’essai en essai, de tentativ
10728
r sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour
la
remplit d’inquiétude, la pousse d’essai en essai, de tentatives en te
10729
t de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit
d’
inquiétude, la pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives, a
10730
dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétude,
la
pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant
10731
lupté, l’amour la remplit d’inquiétude, la pousse
d’
essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant elle, à me
10732
remplit d’inquiétude, la pousse d’essai en essai,
de
tentatives en tentatives, agitant devant elle, à mesure qu’elle fait
10733
t elle, à mesure qu’elle fait un nouveau pas dans
la
honte, la tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal
10734
mesure qu’elle fait un nouveau pas dans la honte,
la
tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal, le capri
10735
ntation des corruptions spirituelles, un mensonge
d’
idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « menso
10736
es corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal,
le
caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’idé
10737
songe d’idéal, le caprice insaisissable des rêves
de
la débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera
10738
ge d’idéal, le caprice insaisissable des rêves de
la
débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera to
10739
issable des rêves de la débauche. » Un « mensonge
d’
idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours la réaction cynique co
10740
d’idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours
la
réaction cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemp
10741
i se résumera toujours la réaction cynique contre
le
mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop pol
10742
cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus
d’
un exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
10743
le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple.
Le
xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il la remplace p
10744
n exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre
la
gauloiserie : il la remplace par une affectation de facilité voluptue
10745
est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
la
remplace par une affectation de facilité voluptueuse. Cette boutade,
10746
gauloiserie : il la remplace par une affectation
de
facilité voluptueuse. Cette boutade, qui réduit tout l’amour au conta
10747
ilité voluptueuse. Cette boutade, qui réduit tout
l’
amour au contact de deux épidermes j’y vois bien moins l’affirmation d
10748
Cette boutade, qui réduit tout l’amour au contact
de
deux épidermes j’y vois bien moins l’affirmation d’un matérialisme in
10749
au contact de deux épidermes j’y vois bien moins
l’
affirmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète per
10750
deux épidermes j’y vois bien moins l’affirmation
d’
un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète persistance du my
10751
irmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve
de
la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fal
10752
ation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de
la
secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallai
10753
viiie . Il fallait bien que subsistât quelque peu
d’
illusion amoureuse et d’idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu jug
10754
que subsistât quelque peu d’illusion amoureuse et
d’
idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant » de noter
10755
iffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant »
de
noter cette maxime et de la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce
10756
ait pu juger « piquant » de noter cette maxime et
de
la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne
10757
pu juger « piquant » de noter cette maxime et de
la
publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne ser
10758
13.Don Juan et Sade Comme on voit, en fermant
les
yeux, une statue noire à la place de la blanche que l’on vient de con
10759
fermant les yeux, une statue noire à la place de
la
blanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire
10760
ux, une statue noire à la place de la blanche que
l’
on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’a
10761
place de la blanche que l’on vient de considérer,
l’
éclipse du mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Trista
10762
dérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître
l’
antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, u
10763
mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue
de
Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xvii
10764
ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage
le
rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine man
10765
il joué par rapport à ce personnage le rôle exact
de
Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’e
10766
personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à
la
Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa fig
10767
exact de Lucifer par rapport à la Création, dans
la
doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa figure au Tenorio de
10768
imprimé pour toujours ces deux traits si typiques
de
l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfait
10769
rimé pour toujours ces deux traits si typiques de
l’
époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite d
10770
oujours ces deux traits si typiques de l’époque :
la
noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux ver
10771
x traits si typiques de l’époque : la noirceur et
la
scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’amour
10772
esse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus
de
l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. Il me semble que
10773
e. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de
l’
amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. Il me semble que la
10774
rfaite des deux vertus de l’amour chevaleresque :
la
candeur et la courtoisie. Il me semble que la fascination qu’exerce s
10775
x vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et
la
courtoisie. Il me semble que la fascination qu’exerce sur le cœur des
10776
e : la candeur et la courtoisie. Il me semble que
la
fascination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit de certa
10777
ie. Il me semble que la fascination qu’exerce sur
le
cœur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage myth
10778
scination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur
l’
esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’ex
10779
qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit
de
certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer p
10780
œur des femmes et sur l’esprit de certains hommes
le
personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infini
10781
’esprit de certains hommes le personnage mythique
de
Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Do
10782
iniment contradictoire. Don Juan, c’est à la fois
l’
espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa dan
10783
ictoire. Don Juan, c’est à la fois l’espèce pure,
la
spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-d
10784
an, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité
de
l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer
10785
c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de
l’
instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer de
10786
s l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et
l’
esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’
10787
, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus
de
la mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est auss
10788
t l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de
la
mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi l
10789
éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est
l’
infidélité perpétuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche d’un
10790
C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi
la
perpétuelle recherche d’une femme unique, jamais rejointe par l’erreu
10791
tuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche
d’
une femme unique, jamais rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’
10792
recherche d’une femme unique, jamais rejointe par
l’
erreur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité d’une jeunesse r
10793
rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’est
l’
insolente avidité d’une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’e
10794
ur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité
d’
une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi la secrète
10795
sse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi
la
secrète faiblesse de celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’es
10796
ue rencontre, et c’est aussi la secrète faiblesse
de
celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’est pas assez pour avoi
10797
mieux réserver pour plus tard147. Considérons ici
le
Don Juan du théâtre148 comme le reflet inversé de Tristan. Le contras
10798
. Considérons ici le Don Juan du théâtre148 comme
le
reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure ext
10799
le Don Juan du théâtre148 comme le reflet inversé
de
Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure extérieure des person
10800
du théâtre148 comme le reflet inversé de Tristan.
Le
contraste est d’abord dans l’allure extérieure des personnages, dans
10801
inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans
l’
allure extérieure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Ju
10802
course. Au contraire, Tristan vient en scène avec
l’
espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveil
10803
u contraire, Tristan vient en scène avec l’espèce
de
lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveilleux, don
10804
t en scène avec l’espèce de lenteur somnambulique
de
celui qu’hypnotise un objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
10805
n objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
la
richesse. L’un posséda mille et trois femmes, l’autre une seule femme
10806
trois femmes, l’autre une seule femme. Mais c’est
la
multiplicité qui est pauvre, tandis que dans un être unique et posséd
10807
uvre, tandis que dans un être unique et possédé à
l’
infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde
10808
un être unique et possédé à l’infini se concentre
le
monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde — parce qu’il aime ! T
10809
n, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour.
D’
où son angoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amo
10810
ngoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans
l’
acte d’amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restan
10811
et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte
d’
amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chast
10812
ourse éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amour
la
volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « p
10813
ue. L’un recherche dans l’acte d’amour la volupté
d’
une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « prouesse » d
10814
profanation, l’autre accomplit en restant chaste
la
« prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et
10815
it en restant chaste la « prouesse » divinisante.
La
tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoir
10816
t chaste la « prouesse » divinisante. La tactique
de
Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abando
10817
sse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est
le
viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain, il
10818
de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée
la
victoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amou
10819
, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne
le
terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol
10820
ictoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or
la
règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des cr
10821
il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle
de
l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la
10822
abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de
l’
amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la fél
10823
e de l’amour courtois faisait du viol précisément
le
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un enga
10824
faisait du viol précisément le crime des crimes,
la
félonie sans rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mor
10825
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et
de
l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime
10826
ime des crimes, la félonie sans rémission ; et de
l’
hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en
10827
rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à
la
mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributair
10828
un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime
le
crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont il abuse
10829
ime le crime en soi, et par là se rend tributaire
de
la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouve
10830
le crime en soi, et par là se rend tributaire de
la
morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouver g
10831
a grand besoin qu’elle existe pour trouver goût à
la
violer. Tristan, lui, se voit libéré du jeu des règles, des péchés et
10832
du jeu des règles, des péchés et des vertus, par
la
grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ra
10833
es règles, des péchés et des vertus, par la grâce
d’
une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à ce
10834
s vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende
le
monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan e
10835
par la grâce d’une vertu qui transcende le monde
de
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le dém
10836
r la grâce d’une vertu qui transcende le monde de
la
Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
10837
tout se ramène à cette opposition : Don Juan est
le
démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le
10838
ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
de
l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de
10839
ène à cette opposition : Don Juan est le démon de
l’
immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la
10840
tion : Don Juan est le démon de l’immanence pure,
le
prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus
10841
ence pure, le prisonnier des apparences du monde,
le
martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quan
10842
le prisonnier des apparences du monde, le martyr
de
la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan
10843
prisonnier des apparences du monde, le martyr de
la
sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan est
10844
plus décevante et méprisable — quand Tristan est
le
prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravisse
10845
e et méprisable — quand Tristan est le prisonnier
d’
un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mu
10846
Tristan est le prisonnier d’un au-delà du jour et
de
la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort
10847
stan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de
la
nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. O
10848
le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit,
le
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut no
10849
ier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr
d’
un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore
10850
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à
la
mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut,
10851
eci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque
la
mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozar
10852
laisante, rit très haut, provoque la mort lorsque
le
Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par
10853
, provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend
la
main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâ
10854
e le Commandeur lui tend la main, au dernier acte
de
Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés qui eussent déshon
10855
ourageux, n’abdique au contraire son orgueil qu’à
l’
approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : to
10856
’abdique au contraire son orgueil qu’à l’approche
de
la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
10857
dique au contraire son orgueil qu’à l’approche de
la
mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’
10858
e ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
l’
épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le r
10859
vois qu’un trait commun : tous deux ont l’épée à
la
main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une
10860
trait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂
De
la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocrat
10861
ait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂ De
la
Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie
10862
⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur
le
rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou
10863
Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve
d’
une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzu
10864
uan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue
de
l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute socié
10865
a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de
l’
héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute société,
10866
l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans
la
plus haute société, un Casanova au niveau de l’aventure scélérate, te
10867
s la plus haute société, un Casanova au niveau de
l’
aventure scélérate, tels sont les parangons qui prennent la place de l
10868
nova au niveau de l’aventure scélérate, tels sont
les
parangons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie sièc
10869
e scélérate, tels sont les parangons qui prennent
la
place de l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du myth
10870
te, tels sont les parangons qui prennent la place
de
l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’i
10871
tels sont les parangons qui prennent la place de
l’
idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’iron
10872
gons qui prennent la place de l’idéal détruit par
le
xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ironie universelle, et l
10873
par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par
l’
ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », préparent
10874
refoulement du mythe par l’ironie universelle, et
le
triomphe applaudi des « félons », préparent les plus étranges retours
10875
et le triomphe applaudi des « félons », préparent
les
plus étranges retours. Parmi tant de facilités, de raffinements intel
10876
s plus étranges retours. Parmi tant de facilités,
de
raffinements intellectuels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoi
10877
tés, de raffinements intellectuels ou voluptueux,
de
satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’homme demeure privé
10878
uels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoins
les
plus profonds de l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le
10879
, de satiétés, l’un des besoins les plus profonds
de
l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffri
10880
e satiétés, l’un des besoins les plus profonds de
l’
homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir.
10881
esoins les plus profonds de l’homme demeure privé
d’
assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le
10882
l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est
le
besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
10883
emeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin
de
souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montr
10884
c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui
le
cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais u
10885
Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
l’
a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et
10886
cial qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré
le
déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et croit pouv
10887
le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui
l’
ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien v
10888
ais un corps social qui l’ignore et croit pouvoir
le
ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite. L’esprit conçoit en c
10889
e ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite.
L’
esprit conçoit en cruauté active les souffrances qu’il interdit au cœu
10890
rve bien vite. L’esprit conçoit en cruauté active
les
souffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point de bonté chez qui
10891
uté active les souffrances qu’il interdit au cœur
de
subir. Point de bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd l
10892
ouffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point
de
bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd le contact vital,
10893
nté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd
le
contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus
10894
fantaisie perd le contact vital, et tout pouvoir
de
« sympathie ». La femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « ob
10895
contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ».
La
femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’
10896
ouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus pour
l’
homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes
10897
« objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes :
la
femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne l’amour au-delà des
10898
’autre ces extrêmes : la femme-idéal, pur symbole
d’
un Amour qui entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et la femm
10899
femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne
l’
amour au-delà des formes visibles ; et la femme-objet de plaisir, inst
10900
entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et
la
femme-objet de plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensat
10901
r au-delà des formes visibles ; et la femme-objet
de
plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
10902
bjet de plaisir, instrument plus ou moins aimable
d’
une sensation qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans la contrad
10903
plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
l’
homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tri
10904
ion qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans
la
contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportabl
10905
’homme en soi… Je distingue dans la contradiction
de
Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui
10906
Je distingue dans la contradiction de Don Juan et
de
Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cette cont
10907
la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans
la
tension insupportable de l’esprit qui vit cette contradiction parce q
10908
Juan et de Tristan, dans la tension insupportable
de
l’esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité
10909
n et de Tristan, dans la tension insupportable de
l’
esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité et
10910
rit qui vit cette contradiction parce qu’il subit
la
sensualité et désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade
10911
diction parce qu’il subit la sensualité et désire
l’
idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précise
10912
l subit la sensualité et désire l’idéal courtois,
les
données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’
10913
ensualité et désire l’idéal courtois, les données
de
l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans le
10914
ualité et désire l’idéal courtois, les données de
l’
œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les C
10915
t désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre
de
Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
10916
déal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et
les
raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que
10917
nnées de l’œuvre de Sade, et les raisons précises
de
sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de s
10918
et les raisons précises de sa révolte. C’est dans
les
Crimes de l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poési
10919
ons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes
de
l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétra
10920
précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
l’
amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarqu
10921
st dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle
de
son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle
10922
’amour que Sade nous parle de son admiration pour
la
poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depui
10923
Sade nous parle de son admiration pour la poésie
de
Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis le maria
10924
Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis
le
mariage qui avait uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à la
10925
uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à
la
Dame de Pétrarque, Laure de Noves149. Pétrarque semblait ignorer simp
10926
e Noves149. Pétrarque semblait ignorer simplement
l’
existence du désir et des corps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui
10927
rer simplement l’existence du désir et des corps,
la
réalité d’un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît tr
10928
ent l’existence du désir et des corps, la réalité
d’
un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît trop bien sa
10929
tone tyrannie. Ce que Pétrarque négligeait, c’est
l’
obstacle physique dont il faut se venger. Il n’existe que trop, cet ob
10930
existe que trop, cet objet, c’est lui qui détient
le
plaisir et le plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce n
10931
p, cet objet, c’est lui qui détient le plaisir et
le
plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par l’exc
10932
e fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par
l’
excès, car tout excès vient de l’esprit ! Rien de plus glacialement ra
10933
si ce n’est par l’excès, car tout excès vient de
l’
esprit ! Rien de plus glacialement rationaliste que les inventions « v
10934
prit ! Rien de plus glacialement rationaliste que
les
inventions « voluptueuses » multipliées par la rage du Marquis. Là où
10935
e les inventions « voluptueuses » multipliées par
la
rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la s
10936
s » multipliées par la rage du Marquis. Là où est
le
plaisir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un ra
10937
la rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera
la
souffrance, et la souffrance est le signe d’un rachat. Purification p
10938
. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et
la
souffrance est le signe d’un rachat. Purification par le mal : péchon
10939
isir, là sera la souffrance, et la souffrance est
le
signe d’un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire
10940
sera la souffrance, et la souffrance est le signe
d’
un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire les dern
10941
france est le signe d’un rachat. Purification par
le
mal : péchons jusqu’à détruire les derniers charmes du péché. Au lieu
10942
urification par le mal : péchons jusqu’à détruire
les
derniers charmes du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-le
10943
es derniers charmes du péché. Au lieu de négliger
l’
objet, détruisons-le par des tortures d’où nous tirerons encore quelqu
10944
du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-
le
par des tortures d’où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela f
10945
négliger l’objet, détruisons-le par des tortures
d’
où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela fait partie de notre
10946
erons encore quelque plaisir, et cela fait partie
de
notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade. Le meurtre se
10947
de notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare
de
Sade. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce
10948
ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade.
Le
meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on ai
10949
e s’empare de Sade. Le meurtre seul peut rétablir
la
liberté, mais le meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nou
10950
e. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais
le
meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne
10951
re seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre
de
ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne tue bien q
10952
que son amour, parce que lui seul est souverain.
Le
crime d’amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette c
10953
amour, parce que lui seul est souverain. Le crime
d’
amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé la déf
10954
eul est souverain. Le crime d’amour impur sauvera
la
pureté. Lisons maintenant avec cette clé la défense morale du meurtre
10955
uvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé
la
défense morale du meurtre telle que la présente Dolmancé dans la Phil
10956
cette clé la défense morale du meurtre telle que
la
présente Dolmancé dans la Philosophie dans le Boudoir : « Eh quoi ! u
10957
le du meurtre telle que la présente Dolmancé dans
la
Philosophie dans le Boudoir : « Eh quoi ! un souverain ambitieux pour
10958
que la présente Dolmancé dans la Philosophie dans
le
Boudoir : « Eh quoi ! un souverain ambitieux pourra détruire à son ai
10959
rain ambitieux pourra détruire à son aise et sans
le
moindre scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ?
10960
a détruire à son aise et sans le moindre scrupule
les
ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ? Des lois cruelles, ar
10961
re scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets
de
grandeur ? Des lois cruelles, arbitraires, impérieuses, pourront de m
10962
ont de même assassiner chaque siècle des millions
d’
individus, et nous, faibles et malheureux particuliers, nous ne pourro
10963
à nos vengeances ou à nos caprices ? Est-il rien
de
si barbare, de si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous l
10964
es ou à nos caprices ? Est-il rien de si barbare,
de
si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous le voile du plus
10965
ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous
le
voile du plus profond mystère, nous venger amplement de cette ineptie
10966
le du plus profond mystère, nous venger amplement
de
cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné.) Si le marquis de Sade
10967
cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné.) Si
le
marquis de Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets de sa mor
10968
é.) Si le marquis de Sade avait été interrogé sur
les
mobiles secrets de sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derriè
10969
Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets
de
sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derrière un verbiage cyni
10970
ont transparents : ils signifient avec exactitude
le
contraire de leur sens littéral150. Cette glorification du sexe est u
10971
nts : ils signifient avec exactitude le contraire
de
leur sens littéral150. Cette glorification du sexe est une constante
10972
sexe est une constante et rationnelle profanation
de
la morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée
10973
e est une constante et rationnelle profanation de
la
morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée qui
10974
ofanation de la morale profanée du xviiie . C’est
la
« voie négative » d’un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et
10975
e profanée du xviiie . C’est la « voie négative »
d’
un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie l’amour sp
10976
est la « voie négative » d’un athée qui désespère
d’
échapper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel de se manifester
10977
ui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie
l’
amour spirituel de se manifester en tuant le criminel151. Car là seule
10978
apper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel
de
se manifester en tuant le criminel151. Car là seulement serait la dél
10979
défie l’amour spirituel de se manifester en tuant
le
criminel151. Car là seulement serait la délivrance — selon la foi des
10980
en tuant le criminel151. Car là seulement serait
la
délivrance — selon la foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse
10981
51. Car là seulement serait la délivrance — selon
la
foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève,
10982
délivrance — selon la foi des troubadours… 14.
La
Nouvelle Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à l’influence
10983
roubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan
de
Genève, Rousseau échappe à l’influence du don-juanisme citadin, mais
10984
Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à
l’
influence du don-juanisme citadin, mais non pas à une littérature qui
10985
complicités bien profondes et qui n’est autre que
le
pétrarquisme. Le roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une
10986
profondes et qui n’est autre que le pétrarquisme.
Le
roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du my
10987
et qui n’est autre que le pétrarquisme. Le roman
de
Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du mythe primi
10988
arler n’est pas une renaissance du mythe primitif
de
Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moin
10989
aissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas
la
violence sauvage de la légende, et encore moins son arrière-plan ésot
10990
imitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage
de
la légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit
10991
tif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de
la
légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit en
10992
rière-plan ésotérique. Ce qui revit en lui, c’est
l’
état d’âme créé chez les imitateurs des troubadours par une doctrine q
10993
Ce qui revit en lui, c’est l’état d’âme créé chez
les
imitateurs des troubadours par une doctrine qu’ils « sécularisaient »
10994
e qu’ils « sécularisaient », n’en connaissant que
la
rhétorique profane. C’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée pa
10995
n’en connaissant que la rhétorique profane. C’est
l’
acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on
10996
issant que la rhétorique profane. C’est l’acedia,
l’
heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise le
10997
’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par
l’
ermite de Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par
10998
edia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite
de
Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par un éditeu
10999
e cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise
les
sommaires analytiques joints par un éditeur zélé à la troisième éditi
11000
un éditeur zélé à la troisième édition du roman :
l’
on y retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’e
11001
à la troisième édition du roman : l’on y retrouve
les
situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere
11002
: l’on y retrouve les situations que prévoyaient
les
leys de cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu e
11003
retrouve les situations que prévoyaient les leys
de
cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeo
11004
tions que prévoyaient les leys de cortezia. C’est
le
Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeoisé. (Çà et là une
11005
(Çà et là une citation, une allusion, témoignent
de
la connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur
11006
à et là une citation, une allusion, témoignent de
la
connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur du
11007
témoignent de la connaissance que Rousseau avait
de
Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de la nature et du lyrism
11008
it de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment
de
la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie a
11009
de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de
la
nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avai
11010
inventeur du sentiment de la nature et du lyrisme
de
la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique
11011
enteur du sentiment de la nature et du lyrisme de
la
solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique pro
11012
de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec
d’
Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau
11013
ature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé,
la
courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau, elle d
11014
ue profane. Chez Rousseau, elle devient une sorte
de
piétisme raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste. L’Héloïse
11015
evient une sorte de piétisme raffiné. Ici encore,
la
décadence est manifeste. L’Héloïse qui vécut au xiie 152 et dont no
11016
raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste.
L’
Héloïse qui vécut au xiie 152 et dont nous possédons les lettres à Ab
11017
ïse qui vécut au xiie 152 et dont nous possédons
les
lettres à Abélard, évoque Iseut, Juliette et Mlle de Lespinasse, beau
11018
lus rien du mystique ni du chevalier. Au surplus,
le
roman n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à la passion, et ce
11019
ni du chevalier. Au surplus, le roman n’aboutit à
la
mort qu’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est
11020
man n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à
la
passion, et cette mort de Julie est chrétienne — autant qu’il peut dé
11021
’après un renoncement à la passion, et cette mort
de
Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre de Rousseau. (Il in
11022
Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre
de
Rousseau. (Il insiste longuement, dans une lettre à son éditeur, sur
11023
re à son éditeur, sur son protestantisme et celui
de
ses héros : mais malgré sa sincérité, l’on ne peut que suspecter un «
11024
et celui de ses héros : mais malgré sa sincérité,
l’
on ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de l’Être suprême
11025
ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle
de
l’Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera
11026
peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de
l’
Être suprême et paraît ignorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera po
11027
e » qui parle de l’Être suprême et paraît ignorer
le
Christ…) Tout cela ne m’empêchera point de confesser un goût très vif
11028
gnorer le Christ…) Tout cela ne m’empêchera point
de
confesser un goût très vif pour le style de ce roman — seul comparabl
11029
mpêchera point de confesser un goût très vif pour
le
style de ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et u
11030
point de confesser un goût très vif pour le style
de
ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et une admira
11031
vif pour le style de ce roman — seul comparable à
l’
Astrée sous ce rapport — et une admiration sérieusement motivée pour s
11032
ur sa lucidité psychologique. On a trop vite jugé
le
« rousseauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman les croyance
11033
te jugé le « rousseauisme » moral en attribuant à
l’
auteur du roman les croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le p
11034
eauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman
les
croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ce
11035
l en attribuant à l’auteur du roman les croyances
de
ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ces erreurs, c’
11036
qu’il en souffrit plus que d’autres et avec plus
de
résolution de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conc
11037
frit plus que d’autres et avec plus de résolution
de
s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conclusions de l’œ
11038
de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement
les
conclusions de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’ém
11039
e. Mais on néglige habituellement les conclusions
de
l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de cer
11040
Mais on néglige habituellement les conclusions de
l’
œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certai
11041
ent les conclusions de l’œuvre pour ne garder que
le
souvenir du ton, de l’émotion et de certaines complaisances qu’entraî
11042
de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton,
de
l’émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesq
11043
l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de
l’
émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque.
11044
ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et
de
certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque. Il est visib
11045
émotion et de certaines complaisances qu’entraîne
le
genre romanesque. Il est visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque
11046
st visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque à
la
fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la
11047
ble que Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin
de
sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande
11048
plus que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe
de
la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie marié
11049
s que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de
la
« religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (
11050
à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion »
d’
amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (IIIe partie, let
11051
est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise
la
grande lettre de Julie mariée (IIIe partie, lettre XVIII), analysant
11052
religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre
de
Julie mariée (IIIe partie, lettre XVIII), analysant le passé des aman
11053
lie mariée (IIIe partie, lettre XVIII), analysant
le
passé des amants : on ne saurait dépister avec plus de rigueur, quoiq
11054
ssé des amants : on ne saurait dépister avec plus
de
rigueur, quoique féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de
11055
dépister avec plus de rigueur, quoique féminine,
les
confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si néc
11056
eur, quoique féminine, les confusions intéressées
de
l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, q
11057
, quoique féminine, les confusions intéressées de
l’
Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quan
11058
féminine, les confusions intéressées de l’Éros et
de
l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une
11059
inine, les confusions intéressées de l’Éros et de
l’
Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fo
11060
confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. «
La
vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fois abandonn
11061
re à nos cœurs que, quand on a une fois abandonné
la
véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et l’on y tient plus f
11062
véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et
l’
on y tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est de notre choix.
11063
tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est
de
notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
11064
e, parce qu’elle est de notre choix. » Toutefois,
l’
on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si n
11065
st de notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort
d’
attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xvi
11066
fois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
de
la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté d
11067
s, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de
la
Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté de c
11068
climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour
le
xviiie siècle, une faculté de contagion contre laquelle les conclusi
11069
e, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté
de
contagion contre laquelle les conclusions de l’auteur ne pouvaient ri
11070
siècle, une faculté de contagion contre laquelle
les
conclusions de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe
11071
ulté de contagion contre laquelle les conclusions
de
l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît,
11072
é de contagion contre laquelle les conclusions de
l’
auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, ala
11073
de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien
le
mythe qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voi
11074
araît, alangui, honteux et confus, mais à travers
le
voile des larmes vertueuses, reconnaissable à je ne sais quel frisson
11075
, ce ne sont point ces transports que je regrette
le
plus : ah non ! retire s’il le faut ces faveurs enivrantes pour lesqu
11076
ts que je regrette le plus : ah non ! retire s’il
le
faut ces faveurs enivrantes pour lesquelles je donnerais mille vies,
11077
ais rends-moi tout ce qui n’était point elles, et
les
effaçait mille fois. Rends-moi cette étroite union des âmes… Julie, d
11078
je ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye
de
l’équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de
11079
ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye de
l’
équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de dép
11080
oupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte
de
dépit à peine voilé : « J’ai pris pour toi des sentiments plus paisib
11081
les, il est vrai, mais plus affectueux et de plus
de
différentes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emporteme
11082
lus affectueux et de plus de différentes espèces…
Les
douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tris
11083
x et de plus de différentes espèces… Les douceurs
de
l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se r
11084
t de plus de différentes espèces… Les douceurs de
l’
amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réve
11085
entes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent
les
emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la
11086
s douceurs de l’amitié tempèrent les emportements
de
l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la
11087
ouceurs de l’amitié tempèrent les emportements de
l’
amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la po
11088
l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… »
Le
Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession se
11089
’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après
la
« faute » de la possession se passerait bien de ces douceurs paisible
11090
Tristan qui se réveille en lui après la « faute »
de
la possession se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi
11091
stan qui se réveille en lui après la « faute » de
la
possession se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi dés
11092
s la « faute » de la possession se passerait bien
de
ces douceurs paisibles… Lui aussi désirait brûler, et non pas rassasi
11093
pas rassasier son désir. Lui aussi va multiplier
les
obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situati
11094
son désir. Lui aussi va multiplier les obstacles
les
plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueus
11095
si va multiplier les obstacles les plus gratuits,
les
prétextes de séparation, les situations voluptueusement inextricables
11096
er les obstacles les plus gratuits, les prétextes
de
séparation, les situations voluptueusement inextricables. D’où l’insi
11097
s les plus gratuits, les prétextes de séparation,
les
situations voluptueusement inextricables. D’où l’insistance pénible e
11098
on, les situations voluptueusement inextricables.
D’
où l’insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me s
11099
es situations voluptueusement inextricables. D’où
l’
insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me semble
11100
e date, quelque peu excessive me semble-t-il, sur
la
roture de Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilit
11101
elque peu excessive me semble-t-il, sur la roture
de
Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilité d’union
11102
, laquelle est censée interdire toute possibilité
d’
union légale. D’où encore l’assimilation du préjugé social et des exig
11103
ensée interdire toute possibilité d’union légale.
D’
où encore l’assimilation du préjugé social et des exigences d’une vert
11104
ire toute possibilité d’union légale. D’où encore
l’
assimilation du préjugé social et des exigences d’une vertu déclarée r
11105
l’assimilation du préjugé social et des exigences
d’
une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mais on distingue les m
11106
rée religieuse par opportunité. Mais on distingue
les
mobiles inavoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de
11107
portunité. Mais on distingue les mobiles inavoués
de
la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui impos
11108
tunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de
la
confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
11109
navoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était
la
loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bo
11110
de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi
de
courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeois
11111
siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
la
chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de
11112
courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est
la
coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’es
11113
eté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous
le
couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dan
11114
c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert
de
l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre
11115
tume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et
de
l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée
11116
le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours
le
mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs ép
11117
e l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans
la
lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves, Julie appelle «
11118
e leurs épreuves, Julie appelle « sainte ardeur »
l’
amour chaste qui les ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamna
11119
ulie appelle « sainte ardeur » l’amour chaste qui
les
ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamnable — et « crime »,
11120
« horreurs », « corruption », ce même amour après
la
possession. La faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est cel
11121
corruption », ce même amour après la possession.
La
faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse la
11122
la possession. La faute qui compte, pour eux, on
le
voit bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non la vertu bourg
11123
, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse
la
« courtoisie », non la vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ain
11124
bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non
la
vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi de suite : il serait
11125
vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi
de
suite : il serait aisé de reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse,
11126
vent invoquée. Et ainsi de suite : il serait aisé
de
reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tr
11127
suite : il serait aisé de reprendre, à propos de
la
Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique d
11128
ropos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse
de
Tristan, notre dialectique de l’obstacle. Il y a pourtant cette diffé
11129
toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique
de
l’obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau ab
11130
te notre exégèse de Tristan, notre dialectique de
l’
obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau about
11131
, c’est-à-dire au triomphe du monde sanctifié par
le
christianisme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’entière
11132
u monde sanctifié par le christianisme, alors que
la
légende glorifiait dans la mort l’entière dissolution des liens terre
11133
ristianisme, alors que la légende glorifiait dans
la
mort l’entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme
11134
sme, alors que la légende glorifiait dans la mort
l’
entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme allemand
11135
15.Le romantisme allemand C’est à partir de
l’
état d’âme sentimental — et non mystique153 — des amants de la Nouvell
11136
âme sentimental — et non mystique153 — des amants
de
la Nouvelle Héloïse que le romantisme va tâcher de rejoindre une myst
11137
sentimental — et non mystique153 — des amants de
la
Nouvelle Héloïse que le romantisme va tâcher de rejoindre une mystiqu
11138
stique153 — des amants de la Nouvelle Héloïse que
le
romantisme va tâcher de rejoindre une mystique primitive qu’il ignore
11139
e la Nouvelle Héloïse que le romantisme va tâcher
de
rejoindre une mystique primitive qu’il ignore, mais dont il redécouvr
11140
’il ignore, mais dont il redécouvre, par éclairs,
la
vertu sacrale et mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et l’As
11141
t mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et
l’
Astrée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrad
11142
istan de Thomas par Pétrarque et l’Astrée jusqu’à
la
tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser,
11143
trée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu
le
mythe se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en mo
11144
se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments
de
moins en moins mystérieux ; enfin Racine l’abat, non sans avoir reçu
11145
ments de moins en moins mystérieux ; enfin Racine
l’
abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais la plus
11146
l’abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec
l’
ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la s
11147
s avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais
la
plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène ; de Moliè
11148
plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur
la
scène ; de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à
11149
reuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène ;
de
Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à partir du
11150
bondit sur la scène ; de Molière à Mozart, c’est
la
grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît
11151
a grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman
de
Rousseau, qui naît comme en marge du siècle, nous allons parcourir le
11152
t comme en marge du siècle, nous allons parcourir
le
même chemin en sens inverse : par Werther, cette réplique d’Héloïse m
11153
min en sens inverse : par Werther, cette réplique
d’
Héloïse mais qui finit beaucoup plus mal — se rapprochant du modèle pr
11154
up plus mal — se rapprochant du modèle primitif —
l’
on arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la R
11155
arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans
la
panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, cer
11156
ean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique
de
la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux
11157
-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de
la
Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux de
11158
lin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution,
de
la Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possib
11159
, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de
la
Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possibles
11160
certaines souffrances osent enfin dire leur nom.
L’
adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au pla
11161
ouffrances osent enfin dire leur nom. L’adoration
de
la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la cons
11162
frances osent enfin dire leur nom. L’adoration de
la
Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscie
11163
nt enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et
de
la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique
11164
enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de
la
Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. N
11165
t de la Mort accède pour la première fois au plan
de
la conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
11166
e la Mort accède pour la première fois au plan de
la
conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
11167
onscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici
l’
envahissement de l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au j
11168
e. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
de
l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d
11169
Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
l’
Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d’un
11170
Jusqu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera
le
mythe dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique
11171
s sa pleine stature et dans sa virulence totale :
la
musique seule pouvait dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystè
11172
virulence totale : la musique seule pouvait dire
l’
indicible, elle a forcé le dernier mystère de Tristan. Mon propos n’es
11173
dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystère
de
Tristan. Mon propos n’est point de recenser les innombrables manifest
11174
ernier mystère de Tristan. Mon propos n’est point
de
recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératur
11175
re de Tristan. Mon propos n’est point de recenser
les
innombrables manifestations du mythe dans nos littératures, surtout m
11176
os littératures, surtout modernes, mais seulement
de
poser des jalons et de réduire certaines contradictions tout apparent
11177
t modernes, mais seulement de poser des jalons et
de
réduire certaines contradictions tout apparentes. On me pardonnera de
11178
contradictions tout apparentes. On me pardonnera
de
ne point multiplier les preuves de l’évidente renaissance du thème co
11179
parentes. On me pardonnera de ne point multiplier
les
preuves de l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour
11180
me pardonnera de ne point multiplier les preuves
de
l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque
11181
pardonnera de ne point multiplier les preuves de
l’
évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque ma
11182
e l’évidente renaissance du thème courtois — donc
de
l’amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands s
11183
’évidente renaissance du thème courtois — donc de
l’
amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands sans
11184
donc de l’amour réciproque malheureux — chez tous
les
romantiques allemands sans exception154. Quelques textes choisis entr
11185
extes choisis entre mille en diront plus que tous
les
commentaires ici possibles, et trop tentants. (Dans leur nudité même,
11186
ur nudité même, je sens trop bien qu’ils risquent
de
prendre figure d’arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fa
11187
sens trop bien qu’ils risquent de prendre figure
d’
arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fait de leur trop pa
11188
uent de prendre figure d’arguments, à cet endroit
de
notre voyage, du seul fait de leur trop parfaite convenance à nos déf
11189
ents, à cet endroit de notre voyage, du seul fait
de
leur trop parfaite convenance à nos définitions du mythe…) Lettre de
11190
e convenance à nos définitions du mythe…) Lettre
de
Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur la pas
11191
derlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur
la
passion. Sans doute, la passion de l’amour suprême ne trouve jamais s
11192
i longuement réfléchi sur la passion. Sans doute,
la
passion de l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-b
11193
t réfléchi sur la passion. Sans doute, la passion
de
l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Compre
11194
éfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de
l’
amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Comprends
11195
paraît exalté, et pourtant c’est si vrai !) Voilà
le
seul accomplissement. Mais nous avons des devoirs sacrés en ce bas mo
11196
s en ce bas monde. Il ne nous reste plus rien que
la
confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-
11197
onde. Il ne nous reste plus rien que la confiance
la
plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-puissante div
11198
a confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et
la
foi dans la toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous gui
11199
la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans
la
toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous guidera, invisi
11200
’autre et la foi dans la toute-puissante divinité
de
l’Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cess
11201
tre et la foi dans la toute-puissante divinité de
l’
Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cesse n
11202
cera sans cesse notre union.155 Journal intime
de
Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée] la pensée m
11203
Journal intime de Novalis : Lorsque j’étais sur
le
tombeau [de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
11204
ime de Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [
de
sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité
11205
: Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée]
la
pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple de f
11206
ée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
l’
humanité un exemple de fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en
11207
nue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple
de
fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte, la pos
11208
nelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte,
la
possibilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’
11209
le instaurerait, en quelque sorte, la possibilité
d’
aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne ve
11210
en quelque sorte, la possibilité d’aimer comme je
l’
ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Ce
11211
bilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit
la
douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Celui qui aime devra ressent
11212
mer. Celui qui aime devra ressentir éternellement
le
vide qui l’environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me cons
11213
ui aime devra ressentir éternellement le vide qui
l’
environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me conserve cette d
11214
agement n’était pas pris pour ce monde… Maximes
de
Novalis : Toutes les passions finissent comme une tragédie, tout ce
11215
ris pour ce monde… Maximes de Novalis : Toutes
les
passions finissent comme une tragédie, tout ce qui est limité finit p
11216
me une tragédie, tout ce qui est limité finit par
la
mort, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est con
11217
é finit par la mort, toute poésie a quelque chose
de
tragique. Une union qui est conclue même pour la mort est un mariage
11218
de tragique. Une union qui est conclue même pour
la
mort est un mariage qui nous donne une compagne pour la Nuit. C’est d
11219
t est un mariage qui nous donne une compagne pour
la
Nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivan
11220
nous donne une compagne pour la Nuit. C’est dans
la
mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une n
11221
une compagne pour la Nuit. C’est dans la mort que
l’
amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces
11222
pour la Nuit. C’est dans la mort que l’amour est
le
plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
11223
dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour
le
vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’
11224
rt que l’amour est le plus doux ; pour le vivant,
la
mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des
11225
plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit
de
noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut
11226
vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
de
doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comm
11227
st une nuit de noces, un secret de doux mystères.
L’
ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la
11228
stères. L’ivresse des sens appartient peut-être à
l’
amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l
11229
sse des sens appartient peut-être à l’amour comme
le
sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoure
11230
appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à
la
vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera
11231
à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas
la
plus noble part, et l’homme vigoureux préférera toujours veiller à do
11232
eil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et
l’
homme vigoureux préférera toujours veiller à dormir. Voici deux texte
11233
n proprement manichéen : On doit séparer Dieu et
la
Nature. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nat
11234
rer Dieu et la Nature. Dieu n’a rien à faire avec
la
Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit u
11235
ure. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est
le
but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmonise
11236
eu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but
de
la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous
11237
n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de
la
Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous so
11238
faire avec la Nature, il est le but de la Nature,
l’
élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous sommes des es
11239
jour s’harmoniser. Nous sommes des esprits émanés
de
Dieu, des germes divins. Un jour nous deviendrons ce que notre Père e
11240
rons ce que notre Père est lui-même.156 Et dans
les
Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaiss
11241
otre Père est lui-même.156 Et dans les Hymnes à
la
Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thèm
11242
t lui-même.156 Et dans les Hymnes à la Nuit, où
l’
Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thème des « aube
11243
Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que
le
matin ne renaisse plus (thème des « aubes ») : Que ton feu spirituel
11244
ure alors éternellement notre nuit nuptiale ! Et
l’
on devrait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’amour comme
11245
tre nuit nuptiale ! Et l’on devrait citer toutes
les
œuvres de Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, un
11246
ptiale ! Et l’on devrait citer toutes les œuvres
de
Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, une divine l
11247
ait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant
l’
amour comme « une maladie du désir, une divine langueur… »157. L’exalt
11248
une maladie du désir, une divine langueur… »157.
L’
exaltation de la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le t
11249
du désir, une divine langueur… »157. L’exaltation
de
la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieu
11250
désir, une divine langueur… »157. L’exaltation de
la
mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux l
11251
mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà
le
thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise
11252
moureuse et divinisante, voilà le thème religieux
le
plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantis
11253
nisante, voilà le thème religieux le plus profond
de
cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantisme allemand. La
11254
fond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut
le
romantisme allemand. La mort est le but idéal des « hommes élevés » d
11255
érésie albigeoise que fut le romantisme allemand.
La
mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de J
11256
eoise que fut le romantisme allemand. La mort est
le
but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. El
11257
d. La mort est le but idéal des « hommes élevés »
de
la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Nov
11258
La mort est le but idéal des « hommes élevés » de
la
Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novali
11259
idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible
de
Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour K
11260
Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec
l’
amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist « le seul accomplissement » p
11261
avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist «
le
seul accomplissement » possible d’une « passion d’amour suprême » à l
11262
pour Kleist « le seul accomplissement » possible
d’
une « passion d’amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
11263
e seul accomplissement » possible d’une « passion
d’
amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne s
11264
suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
les
poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philos
11265
refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus
les
seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe comme G. von Schube
11266
. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter
l’
au-delà nocturne : un philosophe comme G. von Schubert spécule sur le
11267
: un philosophe comme G. von Schubert spécule sur
le
« côté nocturne » (Nachtseite) de l’existence. Fichte lui-même donne
11268
ert spécule sur le « côté nocturne » (Nachtseite)
de
l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essen
11269
spécule sur le « côté nocturne » (Nachtseite) de
l’
existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essence-
11270
Nachtseite) de l’existence. Fichte lui-même donne
la
définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repou
11271
l’existence. Fichte lui-même donne la définition
de
l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet
11272
existence. Fichte lui-même donne la définition de
l’
amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet po
11273
la définition de l’amour-par-essence-impossible,
le
vrai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à l’infini. C’est,
11274
ai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à
l’
infini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’entièrement incon
11275
objet pour s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, «
le
désir de quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquemen
11276
r s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, « le désir
de
quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un
11277
nfini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose
d’
entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un besoin, par un ma
11278
ent par un besoin, par un malaise, par un vide, à
la
recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir
11279
soin, par un malaise, par un vide, à la recherche
de
ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… ». Hoffmann
11280
un malaise, par un vide, à la recherche de ce qui
le
comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… ». Hoffmann ne dit pa
11281
recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant
d’
où cela peut venir… ». Hoffmann ne dit pas autre chose lorsqu’il bapti
11282
t pas autre chose lorsqu’il baptise cet inconnu :
la
poésie : Et voici que jaillit, pur feu céleste qui réchauffe et écla
11283
ste qui réchauffe et éclaire sans consumer, toute
la
félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’â
11284
claire sans consumer, toute la félicité ineffable
de
la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie m
11285
ire sans consumer, toute la félicité ineffable de
la
vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mill
11286
fable de la vie supérieure, germée au plus secret
de
l’âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tis
11287
le de la vie supérieure, germée au plus secret de
l’
âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse
11288
a vie supérieure, germée au plus secret de l’âme.
L’
esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse son fil
11289
L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes
de
désir, tisse son filet autour de celle qui est apparue, et elle est à
11290
t elle est à lui… et elle n’est jamais à lui, car
la
soif de son aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’aventu
11291
st à lui… et elle n’est jamais à lui, car la soif
de
son aspiration est à jamais insatiable. C’est toute l’aventure des m
11292
aspiration est à jamais insatiable. C’est toute
l’
aventure des mystiques unitives qui de nouveau prend son départ dans l
11293
ues unitives qui de nouveau prend son départ dans
la
conscience occidentale, c’est, éternelle hérésie passionnelle, la tra
11294
cidentale, c’est, éternelle hérésie passionnelle,
la
transgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le
11295
elle hérésie passionnelle, la transgression rêvée
de
toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
11296
lle, la transgression rêvée de toutes limites, et
le
suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se ra
11297
ée de toutes limites, et le suprême désir qui nie
le
monde. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les éléments ép
11298
le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
de
tous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe, que Wagner
11299
e. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent
les
éléments épars du mythe, que Wagner seul osera nommer, mais alors pou
11300
he, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour
le
recréer dans une synthèse définitive. Rien d’étonnant si le premier p
11301
our le recréer dans une synthèse définitive. Rien
d’
étonnant si le premier poème inspiré par le souvenir des cathares et d
11302
. Rien d’étonnant si le premier poème inspiré par
le
souvenir des cathares et de leur mystique fut composé par l’un des pl
11303
ier poème inspiré par le souvenir des cathares et
de
leur mystique fut composé par l’un des plus purs romantiques : c’est
11304
omposé par l’un des plus purs romantiques : c’est
l’
épopée des albigeois de Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une so
11305
s purs romantiques : c’est l’épopée des albigeois
de
Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte de profession de fo
11306
Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte
de
profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et se
11307
y lire ces vers qui sont une sorte de profession
de
foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle
11308
ces vers qui sont une sorte de profession de foi
de
la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
11309
s vers qui sont une sorte de profession de foi de
la
« religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi, l’
11310
le » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
l’
ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera, la Nouvelle Alliance sera
11311
i, l’ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera,
la
Nouvelle Alliance sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme l’E
11312
e sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme
l’
Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu !
11313
oncevrons Dieu comme l’Esprit, Alors se célébrera
l’
Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Com
11314
Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle.
L’
Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre de joie
11315
ieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre
de
joie à travers la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
11316
ant retentira Comme un tonnerre de joie à travers
la
nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme inti
11317
ntira Comme un tonnerre de joie à travers la nuit
de
printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du ro
11318
de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
Le
rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole de so
11319
mythe Le rythme intime du romantisme allemand,
la
diastole et la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la triste
11320
hme intime du romantisme allemand, la diastole et
la
systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysiqu
11321
du romantisme allemand, la diastole et la systole
de
son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la
11322
and, la diastole et la systole de son cœur, c’est
l’
enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssa
11323
t la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et
la
tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’hérésie ma
11324
’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est
la
dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne, le renversement perpét
11325
tesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale
de
l’hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et d
11326
se métaphysique. C’est la dialectique abyssale de
l’
hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de l
11327
la dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne,
le
renversement perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même
11328
nne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et
de
la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’
11329
, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de
la
nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’uni
11330
perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour.
Le
même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’unité divine, consid
11331
t et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait
l’
âme vers la lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce
11332
nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers
la
lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’es
11333
Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et
l’
unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’est plus qu’un é
11334
ière et l’unité divine, considéré du point de vue
de
ce monde n’est plus qu’un élan vers la mort, une séparation essentiel
11335
int de vue de ce monde n’est plus qu’un élan vers
la
mort, une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie tra
11336
vers la mort, une séparation essentielle. Tel est
le
tragique de l’Ironie transcendantale, ce mouvement perpétuel du roman
11337
, une séparation essentielle. Tel est le tragique
de
l’Ironie transcendantale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette
11338
ne séparation essentielle. Tel est le tragique de
l’
Ironie transcendantale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette pa
11339
ntisme, cette passion qui ruine sans relâche tous
les
objets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé, le
11340
ous les objets qu’elle peut concevoir et désirer (
la
nature, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
11341
ets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature,
l’
être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolut
11342
eut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé,
le
moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolution sans reto
11343
ture, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas
l’
Unité incréée, la dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est r
11344
, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
la
dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est l’« en
11345
ans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est
l’
« endieusement » des troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
11346
t réel, c’est l’« endieusement » des troubadours,
l’
endiosada des mystiques espagnols, la joy d’amor dans son délire diony
11347
troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
la
joy d’amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement
11348
ours, l’endiosada des mystiques espagnols, la joy
d’
amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement, au po
11349
. Il en jaillit perpétuellement, au point suprême
de
son élévation, des fantaisies extravagantes. Il y a une gaieté romant
11350
ntique, comme il y a un attendrissement : moments
de
détente, entre deux élancements contradictoires, retours au monde… C’
11351
ontradictoires, retours au monde… C’est ce moment
de
joie bizarre, né de l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romanti
11352
urs au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né
de
l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, l
11353
au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né de
l’
ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, les
11354
que, qui fait défaut au romantisme français. Ici,
les
données sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va
11355
aut au romantisme français. Ici, les données sont
les
mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
11356
me français. Ici, les données sont les mêmes mais
le
rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but. La France de
11357
sont les mêmes mais le rythme est moins ample et
l’
esprit va trop vite au but. La France de la Révolution et de l’Empire
11358
est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
La
France de la Révolution et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible
11359
a trop vite au but. La France de la Révolution et
de
l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituell
11360
rop vite au but. La France de la Révolution et de
l’
Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituelle :
11361
a France de la Révolution et de l’Empire n’a plus
d’
énergie disponible pour la spéculation spirituelle : elle n’a point de
11362
et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour
la
spéculation spirituelle : elle n’a point de « religion nouvelle », po
11363
pour la spéculation spirituelle : elle n’a point
de
« religion nouvelle », point de philosophes romantiques158, peu ou po
11364
: elle n’a point de « religion nouvelle », point
de
philosophes romantiques158, peu ou point de métaphysique, et peu ou p
11365
point de philosophes romantiques158, peu ou point
de
métaphysique, et peu ou point de fantaisie — cette surabondance de l’
11366
58, peu ou point de métaphysique, et peu ou point
de
fantaisie — cette surabondance de l’esprit exalté par son propre dram
11367
et peu ou point de fantaisie — cette surabondance
de
l’esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aur
11368
peu ou point de fantaisie — cette surabondance de
l’
esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aura g
11369
ndance de l’esprit exalté par son propre drame. ⁂
Le
romantisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie
11370
e. ⁂ Le romantisme en France n’aura guère débordé
le
champ de la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le
11371
omantisme en France n’aura guère débordé le champ
de
la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit p
11372
ntisme en France n’aura guère débordé le champ de
la
psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit plus
11373
hologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui
le
conduit plus rapidement que les Allemands, dans un domaine plus restr
11374
e une lucidité qui le conduit plus rapidement que
les
Allemands, dans un domaine plus restreint, à des conclusions désolées
11375
ertes, Chénier décrit comme un vrai romantique :
L’
enthousiasme errant, fils de la belle Nuit. Et la célèbre invocation
11376
un vrai romantique : L’enthousiasme errant, fils
de
la belle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages
11377
vrai romantique : L’enthousiasme errant, fils de
la
belle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages dés
11378
L’enthousiasme errant, fils de la belle Nuit. Et
la
célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages désirés qui devez empo
11379
vite, orages désirés qui devez emporter René dans
les
espaces d’une autre vie », c’est le chant pur de la passion de la Nui
11380
désirés qui devez emporter René dans les espaces
d’
une autre vie », c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il
11381
er René dans les espaces d’une autre vie », c’est
le
chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystiq
11382
les espaces d’une autre vie », c’est le chant pur
de
la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizo
11383
espaces d’une autre vie », c’est le chant pur de
la
passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon s
11384
une autre vie », c’est le chant pur de la passion
de
la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, n
11385
autre vie », c’est le chant pur de la passion de
la
Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni d
11386
pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point
d’
aube mystique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au s
11387
de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à
l’
horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet de ces élanc
11388
t point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni
de
véritable joie d’amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jam
11389
tique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie
d’
amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il
11390
spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet
de
ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’ill
11391
itable joie d’amour au sommet de ces élancements.
Le
moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’illusion dernière d’une
11392
s. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à
l’
illusion dernière d’une libération cosmique. Il retombe, désenchanté,
11393
is transcendé, il se refuse à l’illusion dernière
d’
une libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse de sa tr
11394
e libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à
l’
analyse de sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri,
11395
on cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse
de
sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
11396
ombe, désenchanté, à l’analyse de sa tristesse et
de
son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même t
11397
on impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
l’
on serait même tenté de dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Pau
11398
Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même tenté
de
dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Paul et Novalis feront tou
11399
lui, Jean-Paul et Novalis feront toujours figure
d’
adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
11400
et Novalis feront toujours figure d’adolescents.
Le
goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’es
11401
lis feront toujours figure d’adolescents. Le goût
de
la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-ê
11402
feront toujours figure d’adolescents. Le goût de
la
mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être
11403
rs figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez
les
Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus
11404
s. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte
la
saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assur
11405
de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
de
vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de la ré
11406
st peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré
de
la réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux form
11407
peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de
la
réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes
11408
u’il est plus « naïf », plus assuré de la réalité
de
son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes désirables
11409
, plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez-
les
se reprendre sans cesse aux formes désirables de la terre, oublier, p
11410
les se reprendre sans cesse aux formes désirables
de
la terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
11411
se reprendre sans cesse aux formes désirables de
la
terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ; d’u
11412
erre, oublier, plaisanter follement, tout ardents
de
curiosité ; d’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le rom
11413
plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
d’
une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le romantique françai
11414
’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit
le
romantique français, c’est qu’il demeure un sceptique éloquent, c’est
11415
emeure un sceptique éloquent, c’est qu’il redoute
la
naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands
11416
eptique éloquent, c’est qu’il redoute la naïveté,
la
vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goû
11417
redoute la naïveté, la vulgarité foisonnante que
les
plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie159.
11418
59. René s’amuse un jour à effeuiller une branche
de
saule sur un ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que le cou
11419
ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que
le
courant entraîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent les débri
11420
traîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent
les
débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouve
11421
s’intéresse aux accidents qui menacent les débris
de
son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la riche
11422
On croit lire un poète allemand, on va retrouver
la
richesse du monde… Mais déjà l’homme du xviiie se réveille et se jug
11423
, on va retrouver la richesse du monde… Mais déjà
l’
homme du xviiie se réveille et se juge ridicule : « Voilà donc à quel
11424
e et se juge ridicule : « Voilà donc à quel degré
de
puérilité notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est la « super
11425
notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est
la
« superbe raison » qui conclut sur une épigramme : « Et encore est-il
11426
n des hommes attachent leur destinée à des choses
d’
aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. » Le reste de la page,
11427
des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles
de
saule. » Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages dési
11428
’aussi peu de valeur que mes feuilles de saule. »
Le
reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés160. ⁂ «
11429
u de valeur que mes feuilles de saule. » Le reste
de
la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés160. ⁂ « Pour ces
11430
e valeur que mes feuilles de saule. » Le reste de
la
page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés160. ⁂ « Pour ces rat
11431
es qui n’arrivent point à croire à leurs chimères
les
plus consolantes, l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
11432
t à croire à leurs chimères les plus consolantes,
l’
amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure »
11433
l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable
de
la vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet am
11434
amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
la
vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet amour
11435
aciturne et toujours menacé » des plus beaux vers
de
Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de l
11436
acé » des plus beaux vers de Vigny. Cette absence
d’
intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le déta
11437
vers de Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour
les
formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
11438
sence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes
de
la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstrai
11439
ce d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de
la
vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite
11440
pour les formes quotidiennes de la vie facilitera
le
détachement de l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les
11441
quotidiennes de la vie facilitera le détachement
de
l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les ch
11442
otidiennes de la vie facilitera le détachement de
l’
esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les chose
11443
de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
la
purification abstraite du sentiment. Les êtres et les choses, ces pré
11444
l’esprit, la purification abstraite du sentiment.
Les
êtres et les choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, ce
11445
purification abstraite du sentiment. Les êtres et
les
choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, cesseront bient
11446
percés par un regard désabusé, cesseront bientôt
d’
être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieu
11447
par un regard désabusé, cesseront bientôt d’être
les
vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, dev
11448
cesseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et
le
mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en
11449
d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri
de
ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son principe : une
11450
ir joui, dit René ; il reste encore des désirs et
l’
on n’a plus d’illusions… On habite avec un cœur plein, un monde vide.
11451
ené ; il reste encore des désirs et l’on n’a plus
d’
illusions… On habite avec un cœur plein, un monde vide. » Alors la fem
11452
habite avec un cœur plein, un monde vide. » Alors
la
femme elle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie
11453
, un monde vide. » Alors la femme elle-même cesse
d’
être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Oberm
11454
nde vide. » Alors la femme elle-même cesse d’être
le
symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Oberman de S
11455
e elle-même cesse d’être le symbole indispensable
de
la nostalgie passionnée. Dans l’Oberman de Sénancour, l’« obstacle »
11456
lle-même cesse d’être le symbole indispensable de
la
nostalgie passionnée. Dans l’Oberman de Sénancour, l’« obstacle » est
11457
le indispensable de la nostalgie passionnée. Dans
l’
Oberman de Sénancour, l’« obstacle » est purement intérieur, il est da
11458
ostalgie passionnée. Dans l’Oberman de Sénancour,
l’
« obstacle » est purement intérieur, il est dans la dualité du moi qui
11459
’« obstacle » est purement intérieur, il est dans
la
dualité du moi qui ne peut ni s’affirmer ni se dissoudre, ni se possé
11460
ait pas Iseut pour elle-même, mais seulement pour
l’
amour de l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’
11461
Iseut pour elle-même, mais seulement pour l’amour
de
l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait
11462
ut pour elle-même, mais seulement pour l’amour de
l’
Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait, e
11463
ont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant
l’
ignorait, et sa passion était naïve et forte. René et surtout Oberman
11464
et surtout Oberman ne peuvent même plus croire à
l’
image : ils ont compris que le drame se passe en eux, entre les lois i
11465
même plus croire à l’image : ils ont compris que
le
drame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrest
11466
s ont compris que le drame se passe en eux, entre
les
lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une tr
11467
ame se passe en eux, entre les lois inacceptables
de
la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos lim
11468
se passe en eux, entre les lois inacceptables de
la
vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limite
11469
is inacceptables de la vie terrestre et finie, et
le
désir d’une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante.
11470
ptables de la vie terrestre et finie, et le désir
d’
une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante. Rares son
11471
rrestre et finie, et le désir d’une transgression
de
nos limites, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois les roma
11472
, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois
les
romantiques français qui atteignirent cette connaissance audacieuse,
11473
, exacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire
de
la mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour
11474
xacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire de
la
mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour hu
11475
ue négative. La plupart reviendront aux illusions
de
l’amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Il
11476
négative. La plupart reviendront aux illusions de
l’
amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Ils r
11477
usions de l’amour humain, sans retrouver pourtant
la
forte naïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement les « prétex
11478
aïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement
les
« prétextes » traditionnels à la séparation des deux amants : du Lys
11479
erveilleusement les « prétextes » traditionnels à
la
séparation des deux amants : du Lys dans la vallée (le plus naïf) jus
11480
els à la séparation des deux amants : du Lys dans
la
vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt l
11481
paration des deux amants : du Lys dans la vallée (
le
plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage e
11482
ys dans la vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (
le
plus lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir socia
11483
ïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt
le
mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret
11484
olphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage et
l’
honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique d
11485
lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou
le
devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant, ou
11486
le mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou
la
vertu, ou le secret mélancolique de l’amant, ou quelque scrupule reli
11487
t l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou
le
secret mélancolique de l’amant, ou quelque scrupule religieux, enfin
11488
ir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique
de
l’amant, ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… I
11489
social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de
l’
amant, ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… Inté
11490
de l’amant, ou quelque scrupule religieux, enfin
le
narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe, à mesure que
11491
ntériorisation progressive du mythe, à mesure que
l’
obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une critique sceptique,
11492
e dissout dans une critique sceptique, tandis que
les
morales s’abâtardissent, et que tout élément « sacré » disparaît de l
11493
rdissent, et que tout élément « sacré » disparaît
de
la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du x
11494
ssent, et que tout élément « sacré » disparaît de
la
vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xvii
11495
» disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou
le
fiasco du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi la « touche
11496
du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi
la
« touche » du romantisme, et fréquentant d’ailleurs une société des p
11497
ques, Stendhal nous offre un exemple parfait pour
l’
analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la
11498
dhal nous offre un exemple parfait pour l’analyse
de
la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion t
11499
l nous offre un exemple parfait pour l’analyse de
la
profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tour
11500
se de la profanation du mythe. Voici un homme que
le
besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’e
11501
rofanation du mythe. Voici un homme que le besoin
de
la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire
11502
anation du mythe. Voici un homme que le besoin de
la
passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire dan
11503
vide dont parlait Fichte, cet appel insatiable à
l’
inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnéme
11504
rlait Fichte, cet appel insatiable à l’inconnu, à
l’
Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnément, ce serait
11505
able à l’inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule
le
combler. Aimer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine de très
11506
er passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine
de
très bonne foi qu’un tel besoin relève de la nature physique. (Et il
11507
imagine de très bonne foi qu’un tel besoin relève
de
la nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication mat
11508
gine de très bonne foi qu’un tel besoin relève de
la
nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication matéri
11509
ait bien si je lui démontrais que ce n’est là que
l’
empreinte du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture
11510
te du mythe dans son esprit, une habitude héritée
de
la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et re
11511
du mythe dans son esprit, une habitude héritée de
la
culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et relig
11512
e habitude héritée de la culture, et spécialement
de
la littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes.
11513
abitude héritée de la culture, et spécialement de
la
littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes. Mai
11514
ligion, pour lui, sont mortes. Mais il est obligé
de
constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le mo
11515
tes. Mais il est obligé de constater que ce désir
de
passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont condam
11516
t obligé de constater que ce désir de passion, et
la
passion elle-même dans le monde où il vit, sont condamnés par la rais
11517
ce désir de passion, et la passion elle-même dans
le
monde où il vit, sont condamnés par la raison et par le scepticisme g
11518
-même dans le monde où il vit, sont condamnés par
la
raison et par le scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de
11519
de où il vit, sont condamnés par la raison et par
le
scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de justifier ce bes
11520
mnés par la raison et par le scepticisme général.
D’
où le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux tr
11521
par la raison et par le scepticisme général. D’où
le
besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité
11522
scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve
de
justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De l’Amour. Aux première
11523
le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin ;
d’
où son fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface vo
11524
e de justifier ce besoin ; d’où son fameux traité
De
l’Amour. Aux premières lignes de la préface vous le sentez en pleine
11525
e justifier ce besoin ; d’où son fameux traité De
l’
Amour. Aux premières lignes de la préface vous le sentez en pleine pol
11526
on fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes
de
la préface vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de
11527
fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de
la
préface vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’
11528
l’Amour. Aux premières lignes de la préface vous
le
sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’amour, ce petit
11529
e sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite
de
l’amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas a
11530
entez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de
l’
amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas amus
11531
ut uniment une description exacte et scientifique
d’
une sorte de folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie
11532
ne description exacte et scientifique d’une sorte
de
folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie : l’amour-p
11533
rare en France… » Stendhal baptise cette folie :
l’
amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît la thèse du traité. Il y a quat
11534
folie : l’amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît
la
thèse du traité. Il y a quatre amours différents : l’amour-passion, l
11535
hèse du traité. Il y a quatre amours différents :
l’
amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le
11536
l y a quatre amours différents : l’amour-passion,
l’
amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul tro
11537
mours différents : l’amour-passion, l’amour-goût,
l’
amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux
11538
’amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et
l’
amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La
11539
assion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour
de
vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
11540
de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux
de
l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que
11541
vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de
l’
auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’
11542
e premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur.
La
théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cr
11543
eul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
de
la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisati
11544
trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de
la
cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation,
11545
e l’auteur. La théorie de la cristallisation doit
l’
expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’
11546
liquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est
l’
opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découvert
11547
que j’appelle cristallisation, c’est l’opération
de
l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’obje
11548
e j’appelle cristallisation, c’est l’opération de
l’
esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet a
11549
llisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire
de
tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles
11550
n de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente
la
découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux m
11551
tire de tout ce qui se présente la découverte que
l’
objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Sal
11552
qui se présente la découverte que l’objet aimé a
de
nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Salzbourg, lorsqu’
11553
imé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines
de
sel de Salzbourg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on l
11554
e nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel
de
Salzbourg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le retro
11555
sel de Salzbourg, lorsqu’on jette un rameau dans
l’
eau profonde, on le retrouve trois mois après « garni d’une infinité d
11556
lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on
le
retrouve trois mois après « garni d’une infinité de diamants mobiles
11557
profonde, on le retrouve trois mois après « garni
d’
une infinité de diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, d
11558
retrouve trois mois après « garni d’une infinité
de
diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, dans cette théor
11559
e possède nullement. Et pourquoi cela ? Parce que
l’
on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus
11560
ement. Et pourquoi cela ? Parce que l’on a besoin
d’
aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus simplement qu
11561
l’on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que
la
beauté. Disons plus simplement que la cristallisation, c’est le momen
11562
t aimer que la beauté. Disons plus simplement que
la
cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise la femme aimée. Je
11563
ons plus simplement que la cristallisation, c’est
le
moment où l’on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qu
11564
lement que la cristallisation, c’est le moment où
l’
on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné
11565
cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise
la
femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné le premier161
11566
aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné
le
premier161 que cette célèbre théorie revient à faire de l’amour passi
11567
mier161 que cette célèbre théorie revient à faire
de
l’amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tr
11568
r161 que cette célèbre théorie revient à faire de
l’
amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tromp
11569
mour passionné une simple erreur. « Non point que
la
passion se trompe souvent, précise-t-il, mais elle est en soi une err
11570
t, précise-t-il, mais elle est en soi une erreur…
Le
cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit d’un homme qui n’aimait pa
11571
ur… Le cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit
d’
un homme qui n’aimait pas réellement, et qui surtout ne fut pas réelle
11572
an était aimé ; mais celui qui n’a du premier que
la
nostalgie, et du second que l’inconstance, se voit amené à définir l’
11573
n’a du premier que la nostalgie, et du second que
l’
inconstance, se voit amené à définir l’amour comme une maladie de l’es
11574
second que l’inconstance, se voit amené à définir
l’
amour comme une maladie de l’esprit — dans la pure tradition antique,
11575
se voit amené à définir l’amour comme une maladie
de
l’esprit — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heure
11576
voit amené à définir l’amour comme une maladie de
l’
esprit — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux
11577
inir l’amour comme une maladie de l’esprit — dans
la
pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade. L
11578
e tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux
d’
être malade. Le voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie s
11579
ique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade.
Le
voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les
11580
affirme heureux d’être malade. Le voici donc dans
la
situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les sin
11581
ux d’être malade. Le voici donc dans la situation
d’
un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les singularités d’u
11582
la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même
les
progrès et les singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel. Toute
11583
un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et
les
singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel. Toute la différence
11584
udie sur lui-même les progrès et les singularités
d’
un mal qu’il ne croit pas mortel. Toute la différence entre la cristal
11585
larités d’un mal qu’il ne croit pas mortel. Toute
la
différence entre la cristallisation et l’idéalisation courtoise tient
11586
il ne croit pas mortel. Toute la différence entre
la
cristallisation et l’idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal
11587
. Toute la différence entre la cristallisation et
l’
idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal sait qu’il y aura décr
11588
hal sait qu’il y aura décristallisation (retour à
la
lucidité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
11589
y aura décristallisation (retour à la lucidité).
Le
contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité. La tragédie to
11590
ité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est
l’
infidélité. La tragédie tourne au vaudeville. Une chose me frappe ; sa
11591
epoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
La
tragédie tourne au vaudeville. Une chose me frappe ; sa description e
11592
ne chose me frappe ; sa description est admirable
de
vivacité, d’exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalem
11593
rappe ; sa description est admirable de vivacité,
d’
exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalement pessimist
11594
est admirable de vivacité, d’exactitude, parfois
de
profondeur ; mais elle est totalement pessimiste — puisque aussi bien
11595
alement pessimiste — puisque aussi bien il s’agit
d’
une erreur et dont il se désole d’être tiré. D’où peut provenir ce pes
11596
bien il s’agit d’une erreur et dont il se désole
d’
être tiré. D’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conce
11597
it d’une erreur et dont il se désole d’être tiré.
D’
où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conception de la v
11598
’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec
la
conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne
11599
nir ce pessimisme incompatible avec la conception
de
la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamai
11600
ce pessimisme incompatible avec la conception de
la
vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais.
11601
conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est
la
question qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : « Le plaisir ne
11602
on qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : «
Le
plaisir ne produit pas la moitié autant d’impression que la douleur,
11603
. Il note très bien : « Le plaisir ne produit pas
la
moitié autant d’impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrém
11604
en : « Le plaisir ne produit pas la moitié autant
d’
impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quant
11605
ne produit pas la moitié autant d’impression que
la
douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité d’émotion, la
11606
ue la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans
la
quantité d’émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée
11607
r, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité
d’
émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée par la pein
11608
outre ce désagrément dans la quantité d’émotion,
la
sympathie est au moins la moitié moins excitée par la peinture du bon
11609
la quantité d’émotion, la sympathie est au moins
la
moitié moins excitée par la peinture du bonheur que par celle de l’in
11610
ympathie est au moins la moitié moins excitée par
la
peinture du bonheur que par celle de l’infortune. » Et encore : « Une
11611
excitée par la peinture du bonheur que par celle
de
l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’a
11612
citée par la peinture du bonheur que par celle de
l’
infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’abor
11613
e l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour
les
passions sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage) l’ennuie, e
11614
les passions sent d’abord que cette vie heureuse (
le
mariage) l’ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des id
11615
sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage)
l’
ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des idées communes
11616
t plus loin : « Il y a peu de peines morales dans
la
vie qui ne soient rendues chères par l’émotion qu’elles excitent. » V
11617
ales dans la vie qui ne soient rendues chères par
l’
émotion qu’elles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons la doule
11618
lles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons
la
douleur, et le bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout natu
11619
» Voilà qui est vrai : nous aimons la douleur, et
le
bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout naturel ? Et pourta
11620
Un Grec ressuscité ne s’en étonnerait pas moins.
D’
où nous viennent donc ce goût et ce dégoût bizarres ? Ne sont-ils pas
11621
ne se pose pas la question, n’étant pas en mesure
de
la résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plu
11622
se pose pas la question, n’étant pas en mesure de
la
résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plus f
11623
de la résoudre. En matérialiste grossier — c’est
la
bonne espèce, la plus franche — il supprime simplement tout problème,
11624
En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce,
la
plus franche — il supprime simplement tout problème, grâce à sa théor
11625
rime simplement tout problème, grâce à sa théorie
de
la cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à s
11626
e simplement tout problème, grâce à sa théorie de
la
cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à son
11627
e, grâce à sa théorie de la cristallisation, donc
de
l’erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur fa
11628
grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de
l’
erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur favor
11629
ristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique
la
passion, à son avis, c’est une erreur favorable au désir. « Ce phénom
11630
orable au désir. « Ce phénomène, dit-il, vient de
la
nature qui nous commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie le san
11631
ène, dit-il, vient de la nature qui nous commande
d’
avoir du plaisir et qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc l
11632
us commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie
le
sang au cerveau. » Voilà donc le jugement obscurci, et qui se met à «
11633
qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc
le
jugement obscurci, et qui se met à « cristalliser ». Mais on ne voit
11634
t à « cristalliser ». Mais on ne voit pas comment
l’
instinct se déciderait à commettre l’erreur nécessaire à cette opérati
11635
pas comment l’instinct se déciderait à commettre
l’
erreur nécessaire à cette opération rusée. (L’instinct seul, livré à l
11636
tre l’erreur nécessaire à cette opération rusée. (
L’
instinct seul, livré à lui-même.) Je crois, comme Ortega, que la solut
11637
l, livré à lui-même.) Je crois, comme Ortega, que
la
solution stendhalienne est d’abord inexacte, au regard des faits. Il
11638
n amour qui, loin de se tromper, est seul capable
de
découvrir dans l’être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De p
11639
de se tromper, est seul capable de découvrir dans
l’
être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce poin
11640
r, est seul capable de découvrir dans l’être aimé
les
qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
11641
elles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là
le
type d’une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur
11642
i s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
d’
une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur — elle l
11643
là le type d’une solution verbale ? Car dire que
la
passion est une erreur — elle l’est parfois — ce n’est pas encore exp
11644
e ? Car dire que la passion est une erreur — elle
l’
est parfois — ce n’est pas encore expliquer cette erreur. L’instinct o
11645
ois — ce n’est pas encore expliquer cette erreur.
L’
instinct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’i
11646
pas encore expliquer cette erreur. L’instinct ou
la
nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur,
11647
erreur. L’instinct ou la nature n’ont pas coutume
de
se tromper de la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’
11648
inct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper
de
la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vér
11649
t ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de
la
sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vérité
11650
la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que
de
l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène
11651
sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de
l’
esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène sp
11652
l y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit.
La
vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène spirituel qu
11653
ue de l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est
la
victime d’un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne s
11654
rit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime
d’
un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne sont plus en
11655
es croyances matérialistes ne sont plus en mesure
de
justifier. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher d
11656
er. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à
l’
empêcher de pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’
11657
heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher
de
pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous lai
11658
quête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous laisse ?
Le
témoignage d’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le myth
11659
ce que ce livre qu’il nous laisse ? Le témoignage
d’
une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe : non qu’il
11660
aisse ? Le témoignage d’une inquiétude qu’éprouve
l’
esprit lucide devant le mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer
11661
’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant
le
mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la
11662
désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu
la
clé. Ce n’est pas qu’au cours de sa recherche Stendhal n’ait plusieur
11663
ois « brûlé ». Il consacre deux longs chapitres à
l’
amour en Provence au xiie siècle, et reproduit le code d’amour courto
11664
l’amour en Provence au xiie siècle, et reproduit
le
code d’amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de
11665
en Provence au xiie siècle, et reproduit le code
d’
amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoqu
11666
dice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoquer
la
renaissance des études romanes.) « Singulière civilisation », dit-il.
11667
galanterie aimable, spirituelle et conduite entre
les
deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu
11668
spirituelle et conduite entre les deux sexes sur
les
principes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ce
11669
t conduite entre les deux sexes sur les principes
de
la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
11670
onduite entre les deux sexes sur les principes de
la
justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
11671
pes de la justice… » Il finira, bien entendu, par
les
citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou l’achèvement « Délivré du m
11672
u, par les citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou
l’
achèvement « Délivré du monde, je te possède enfin, ô toi seule qui
11673
seule qui remplis toute mon âme, suprême volupté
d’
amour ! » L’homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait q
11674
plis toute mon âme, suprême volupté d’amour ! »
L’
homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion
11675
a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que
la
passion est quelque chose de plus que l’erreur : qu’elle est une déci
11676
vait que la passion est quelque chose de plus que
l’
erreur : qu’elle est une décision fondamentale de l’être, un choix en
11677
l’erreur : qu’elle est une décision fondamentale
de
l’être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d
11678
erreur : qu’elle est une décision fondamentale de
l’
être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un
11679
ion fondamentale de l’être, un choix en faveur de
la
Mort, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mai
11680
tale de l’être, un choix en faveur de la Mort, si
la
Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace d
11681
re, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est
la
libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvr
11682
n faveur de la Mort, si la Mort est la libération
d’
un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celle
11683
la Mort est la libération d’un monde ordonné par
le
mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être t
11684
la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais
l’
audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
11685
tion d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace
de
cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
11686
onné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est
de
celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur d’une totale mépri
11687
e est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
la
faveur d’une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de
11688
elles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
d’
une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de consensus
11689
le méprise, organisée et entretenue par une sorte
de
consensus social, d’aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À
11690
et entretenue par une sorte de consensus social,
d’
aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À force de l’entendre
11691
nt tout à la fois juré et inconscient. À force de
l’
entendre répéter par les bons juges, on a fini par croire que le Trist
11692
et inconscient. À force de l’entendre répéter par
les
bons juges, on a fini par croire que le Tristan de Wagner est un dram
11693
éter par les bons juges, on a fini par croire que
le
Tristan de Wagner est un drame du désir sensuel. Qu’un tel jugement a
11694
es, voilà qui est significatif au plus haut point
de
la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une socié
11695
voilà qui est significatif au plus haut point de
la
nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société
11696
nt de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges
d’
autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tandis que les ind
11697
sité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense
d’
une société qui veut sauver sa forme, tandis que les individus qui la
11698
’une société qui veut sauver sa forme, tandis que
les
individus qui la composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’
11699
eut sauver sa forme, tandis que les individus qui
la
composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’un refus, aux pas
11700
dus qui la composent se prêtent obscurément, sous
le
couvert d’un refus, aux passions qui tendent à sa perte.) En composan
11701
composent se prêtent obscurément, sous le couvert
d’
un refus, aux passions qui tendent à sa perte.) En composant Tristan,
11702
à sa perte.) En composant Tristan, Wagner a violé
le
tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son livret, et p
11703
a violé le tabou : il a tout dit, tout avoué par
les
paroles de son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la
11704
tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles
de
son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la
11705
ivret, et plus encore par sa musique. Il a chanté
la
Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du dési
11706
t plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit
de
la dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’ana
11707
lus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de
la
dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’anathè
11708
a Nuit de la dissolution des formes et des êtres,
la
libération du désir, l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire
11709
des formes et des êtres, la libération du désir,
l’
anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive
11710
des êtres, la libération du désir, l’anathème sur
le
désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
11711
la libération du désir, l’anathème sur le désir,
la
gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’âme
11712
pusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
de
l’âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfiqu
11713
culaire, immensément plaintive et bienheureuse de
l’
âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique d
11714
ent plaintive et bienheureuse de l’âme sauvée par
la
blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il
11715
me sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais
le
sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accue
11716
lessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique
de
ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait
11717
Mais le sens maléfique de ce message, il fallait
le
nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
11718
ue de ce message, il fallait le nier pour pouvoir
l’
accueillir, il fallait à tout prix le travestir, l’interpréter d’une m
11719
pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix
le
travestir, l’interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom
11720
’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
l’
interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens.
11721
l fallait à tout prix le travestir, l’interpréter
d’
une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens. Du mystère bou
11722
-dire au nom du bon sens. Du mystère bouleversant
de
la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation
11723
re au nom du bon sens. Du mystère bouleversant de
la
Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d
11724
u bon sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et
de
la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre
11725
on sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de
la
destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre sec
11726
ersant de la Nuit et de la destruction des corps,
l’
on a fait la « sublimation » d’un pauvre secret du plein jour : l’attr
11727
Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait
la
« sublimation » d’un pauvre secret du plein jour : l’attrait des sexe
11728
ruction des corps, l’on a fait la « sublimation »
d’
un pauvre secret du plein jour : l’attrait des sexes, la loi tout anim
11729
sublimation » d’un pauvre secret du plein jour :
l’
attrait des sexes, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la
11730
auvre secret du plein jour : l’attrait des sexes,
la
loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer
11731
, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à
la
société pour procréer et se consolider, ce qu’il faut au bourgeois po
11732
t et complètement ne saurait d’ailleurs témoigner
d’
une vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt la frivolité du pub
11733
ne vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt
la
frivolité du public ordinaire des théâtres, son sentimentalisme lourd
11734
ourd, et pour tout dire sa faculté exceptionnelle
de
ne pas entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité l’opération. Ai
11735
as entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité
l’
opération. Ainsi le Tristan de Wagner peut être impunément repris deva
11736
n lui chante, qui ont facilité l’opération. Ainsi
le
Tristan de Wagner peut être impunément repris devant des salles émues
11737
des salles émues en toute sécurité ; si forte est
la
certitude générale que personne ne croira son message. ⁂ Le drame déb
11738
de générale que personne ne croira son message. ⁂
Le
drame débute par une évocation monumentale des puissances qui gouvern
11739
ocation monumentale des puissances qui gouvernent
le
monde du jour : haine, orgueil, et violence barbare de l’honneur féod
11740
nde du jour : haine, orgueil, et violence barbare
de
l’honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
11741
du jour : haine, orgueil, et violence barbare de
l’
honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi. Le
11742
onneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger
l’
affront subi. Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le fair
11743
usqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
Le
philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
11744
Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à
le
faire mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
11745
re à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
d’
une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
11746
t destiné à le faire mourir : mais d’une mort que
l’
Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance,
11747
re mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne,
d’
une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidente
11748
d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
les
lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sen
11749
ur condamne, d’une mort selon les lois du jour et
de
la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la M
11750
condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
la
vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minn
11751
et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée
de
sens mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaine l’erreur qui d
11752
rutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or
la
Minne suprême inspire à Brangaine l’erreur qui doit sauver l’Amour. A
11753
mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaine
l’
erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue le
11754
rême inspire à Brangaine l’erreur qui doit sauver
l’
Amour. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ai
11755
aine l’erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre
de
mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte uniqu
11756
auver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue
le
breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde
11757
r. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage
d’
initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde aussitôt qu
11758
t, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi
l’
étreinte unique de Tristan et d’Isolde aussitôt qu’ils ont bu, c’est l
11759
le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique
de
Tristan et d’Isolde aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique du
11760
initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et
d’
Isolde aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique du sacrement cat
11761
Tristan et d’Isolde aussitôt qu’ils ont bu, c’est
le
baiser unique du sacrement cathare, le consolamentum des Purs ! Dès c
11762
bu, c’est le baiser unique du sacrement cathare,
le
consolamentum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
11763
are, le consolamentum des Purs ! Dès cet instant,
les
lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans
11764
tum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour,
la
haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs c
11765
rs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
l’
honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les
11766
instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et
la
vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les initiés pénèt
11767
ngeance sont devenues sans force sur leurs cœurs.
Les
initiés pénètrent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et le jo
11768
rs cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne
de
l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et
11769
cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne de
l’
extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et se
11770
ent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et
le
jour qui revient avec le cortège royal et ses dissonantes fanfares, l
11771
l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec
le
cortège royal et ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus les
11772
vec le cortège royal et ses dissonantes fanfares,
le
jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va le
11773
ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus
les
ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la pa
11774
, le jour ne pourra plus les ressaisir : au terme
de
l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà pre
11775
e jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de
l’
épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà presse
11776
terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est
la
passion — ils ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est le seul
11777
ls ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est
le
seul accomplissement de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
11778
autre mort, celle qui est le seul accomplissement
de
leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes pris
11779
complissement de leur amour. Le deuxième acte est
le
chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstac
11780
ment de leur amour. Le deuxième acte est le chant
de
la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmo
11781
t de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
la
passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmonté
11782
la passion des âmes prisonnières des formes. Tous
les
obstacles surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbr
11783
s des formes. Tous les obstacles surmontés, quand
les
amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
11784
surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés
de
ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ense
11785
s amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est
le
désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant il
11786
nveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
les
sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce
11787
ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce et
de
Tristan « et » Isolde qui signifie leur dualité créée. À ce moment la
11788
olde qui signifie leur dualité créée. À ce moment
la
musique seule peut exprimer la certitude et la substance de cette dou
11789
créée. À ce moment la musique seule peut exprimer
la
certitude et la substance de cette double nostalgie d’être un. Car se
11790
nt la musique seule peut exprimer la certitude et
la
substance de cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient
11791
seule peut exprimer la certitude et la substance
de
cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir d
11792
rtitude et la substance de cette double nostalgie
d’
être un. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de
11793
ouble nostalgie d’être un. Car seule elle détient
le
pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plain
11794
lgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir
d’
harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique o
11795
n. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser
la
plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
11796
e elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte
de
deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
11797
pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et
d’
en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité d’un indicible au
11798
x, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
la
réalité d’un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leit
11799
faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
d’
un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du du
11800
e où déjà vibre la réalité d’un indicible au-delà
d’
espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celu
11801
indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi
le
leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la mort. Encore une fois r
11802
’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo
d’
amour est déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le
11803
urquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui
de
la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot162 blesse
11804
uoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de
la
mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot162 blesse Tr
11805
st déjà celui de la mort. Encore une fois revient
le
jour : le traître Mélot162 blesse Tristan. Mais la passion a désormai
11806
lui de la mort. Encore une fois revient le jour :
le
traître Mélot162 blesse Tristan. Mais la passion a désormais vaincu,
11807
e jour : le traître Mélot162 blesse Tristan. Mais
la
passion a désormais vaincu, elle vole au jour son apparente victoire
11808
aincu, elle vole au jour son apparente victoire :
de
cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprêm
11809
son apparente victoire : de cette blessure par où
la
vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que cha
11810
cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait
le
gage de la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
11811
lessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage
de
la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cada
11812
sure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de
la
suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
11813
uérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
le
cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initi
11814
lle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
de
Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, pass
11815
Isolde agonisante sur le cadavre de Tristan, dans
l’
extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissem
11816
onisante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase
de
la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement morte
11817
sante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de
la
« joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel :
11818
le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie
la
plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel : ces trois
11819
ner, par une géniale simplification, a su réduire
les
trois actes du drame, exposent la signification profonde du mythe, en
11820
, a su réduire les trois actes du drame, exposent
la
signification profonde du mythe, encore masquée dans les légendes méd
11821
nification profonde du mythe, encore masquée dans
les
légendes médiévales par une foule d’éléments épiques et pittoresques.
11822
asquée dans les légendes médiévales par une foule
d’
éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’art que Wagne
11823
e d’éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant
la
forme d’art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibili
11824
nts épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme
d’
art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibilités de «
11825
a choisie n’est pas sans recréer des possibilités
de
« méprise ». Il fallait que ce fût un opéra, pour deux raisons qui ti
11826
ce fût un opéra, pour deux raisons qui tiennent à
l’
essence même du mythe. De même que le péché du premier homme, et de ch
11827
i tiennent à l’essence même du mythe. De même que
le
péché du premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde l
11828
mythe. De même que le péché du premier homme, et
de
chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute
11829
premier homme, et de chaque homme, introduit dans
le
monde le temps ; de même que la faute des amants légendaires contre l
11830
omme, et de chaque homme, introduit dans le monde
le
temps ; de même que la faute des amants légendaires contre les lois d
11831
e, introduit dans le monde le temps ; de même que
la
faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transf
11832
e même que la faute des amants légendaires contre
les
lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman
11833
e la faute des amants légendaires contre les lois
de
l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman163 — ai
11834
a faute des amants légendaires contre les lois de
l’
amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman163 — ainsi
11835
ires contre les lois de l’amour chaste transforme
l’
hymne des troubadours en un roman163 — ainsi les puissances du jour, é
11836
me l’hymne des troubadours en un roman163 — ainsi
les
puissances du jour, évoquées par le premier acte, introduisent la lut
11837
jour, évoquées par le premier acte, introduisent
la
lutte et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne p
11838
ées par le premier acte, introduisent la lutte et
la
durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout
11839
acte, introduisent la lutte et la durée, qui sont
les
éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion d
11840
et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais
le
drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essent
11841
ts du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire,
la
religion de la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la
11842
Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion
de
la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seu
11843
is le drame ne peut pas tout dire, la religion de
la
passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seule
11844
ssion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors
la
musique seule sera capable d’exprimer la dialectique transcendantale,
11845
lyrique ». Dès lors la musique seule sera capable
d’
exprimer la dialectique transcendantale, le caractère éperdument contr
11846
Dès lors la musique seule sera capable d’exprimer
la
dialectique transcendantale, le caractère éperdument contradictoire,
11847
apable d’exprimer la dialectique transcendantale,
le
caractère éperdument contradictoire, contrapuntique de la passion de
11848
ractère éperdument contradictoire, contrapuntique
de
la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition
11849
tère éperdument contradictoire, contrapuntique de
la
passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition mê
11850
ment contradictoire, contrapuntique de la passion
de
la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la mu
11851
t contradictoire, contrapuntique de la passion de
la
Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musiq
11852
contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est
l’
appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’
11853
sion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé.
La
définition même de la musique occidentale, c’est l’accord émouvant de
11854
ui est l’appel au Jour incréé. La définition même
de
la musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires. Expre
11855
est l’appel au Jour incréé. La définition même de
la
musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires. Expressi
11856
définition même de la musique occidentale, c’est
l’
accord émouvant des contraires. Expression d’un dualisme douloureux, p
11857
’est l’accord émouvant des contraires. Expression
d’
un dualisme douloureux, permanent au niveau de la vie, mais qui s’évan
11858
d’un dualisme douloureux, permanent au niveau de
la
vie, mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort p
11859
ent au niveau de la vie, mais qui s’évanouit dans
la
grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par l
11860
is qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà
de
la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. A
11861
qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de
la
mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ains
11862
a grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or
le
drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un
11863
-delà de la mort physique. Or le drame achevé par
la
musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe d
11864
hysique. Or le drame achevé par la musique, c’est
l’
opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui
11865
c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si
le
mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expressi
11866
péra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe
de
Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevé
11867
t point un hasard si le mythe de Tristan et celui
de
Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme
11868
’ont pu recevoir leur expression achevée que dans
la
forme de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvr
11869
ecevoir leur expression achevée que dans la forme
de
l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du dram
11870
voir leur expression achevée que dans la forme de
l’
opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du drame m
11871
me de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné
les
chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu de l’affinité originel
11872
chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu de
l’
affinité originelle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils suren
11873
musical, c’est en vertu de l’affinité originelle
de
ce mode d’expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique
11874
’est en vertu de l’affinité originelle de ce mode
d’
expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique seule peut
11875
d’expression et des sujets qu’ils surent choisir.
La
musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère
11876
surent choisir. La musique seule peut bien parler
de
la tragédie, dont elle est la mère et la fille. Toutefois, dans le ca
11877
ent choisir. La musique seule peut bien parler de
la
tragédie, dont elle est la mère et la fille. Toutefois, dans le cas d
11878
le peut bien parler de la tragédie, dont elle est
la
mère et la fille. Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plasti
11879
n parler de la tragédie, dont elle est la mère et
la
fille. Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastique inhéren
11880
ont elle est la mère et la fille. Toutefois, dans
le
cas de Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène th
11881
e est la mère et la fille. Toutefois, dans le cas
de
Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale
11882
e et la fille. Toutefois, dans le cas de Tristan,
l’
élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale se trouve r
11883
n scène théâtrale se trouve recréer un obstacle à
la
compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors
11884
un obstacle à la compréhension directe du mythe.
Les
acteurs, les costumes, les décors164 retiennent l’attention dans le r
11885
à la compréhension directe du mythe. Les acteurs,
les
costumes, les décors164 retiennent l’attention dans le réel, imposent
11886
sion directe du mythe. Les acteurs, les costumes,
les
décors164 retiennent l’attention dans le réel, imposent la présence d
11887
s acteurs, les costumes, les décors164 retiennent
l’
attention dans le réel, imposent la présence du « jour », contredisent
11888
stumes, les décors164 retiennent l’attention dans
le
réel, imposent la présence du « jour », contredisent fatalement le se
11889
164 retiennent l’attention dans le réel, imposent
la
présence du « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’ac
11890
la présence du « jour », contredisent fatalement
le
sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
11891
« jour », contredisent fatalement le sens profond
de
l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion d
11892
our », contredisent fatalement le sens profond de
l’
action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion des
11893
t le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde
la
scène, on est victime de l’illusion des formes — et des plus ridicule
11894
tion. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
de
l’illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visible
11895
n. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de
l’
illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visiblemen
11896
nt guerrier en proie au tourment du désir… Fermez
les
yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement le
11897
au tourment du désir… Fermez les yeux et aussitôt
le
drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement les dimensions d’une t
11898
Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire !
L’
orchestre décrit largement les dimensions d’une tragédie tout intérieu
11899
le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement
les
dimensions d’une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversant
11900
ire ! L’orchestre décrit largement les dimensions
d’
une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversante des mélodies
11901
nt les dimensions d’une tragédie tout intérieure.
La
morbidesse bouleversante des mélodies révèle un monde où le désir cha
11902
sse bouleversante des mélodies révèle un monde où
le
désir charnel n’est plus qu’une dernière et brûlante langueur dans l’
11903
st plus qu’une dernière et brûlante langueur dans
l’
âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième
11904
ère et brûlante langueur dans l’âme qui se guérit
de
vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession j
11905
langueur dans l’âme qui se guérit de vivre. Seule
la
lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession jaune des fiévreu
11906
Seule la lumière douloureuse du troisième acte —
l’
obsession jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
11907
ssion jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue
le
sens profond de l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’art
11908
fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
de
l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop
11909
vreux — peut traduire à ma vue le sens profond de
l’
exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop vi
11910
ma vue le sens profond de l’exil des amants dans
l’
extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop violent, cet éclairage an
11911
e l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a
d’
artificiel, de trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt,
11912
mants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel,
de
trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà l’
11913
iciel, de trop violent, cet éclairage annonce que
le
jour meurt, et que déjà l’aube n’est plus qu’un crépuscule vainement
11914
éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà
l’
aube n’est plus qu’un crépuscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu co
11915
puscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun
de
la critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui fai
11916
cule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun de
la
critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui faisai
11917
absolument contradictoire avec celui qui faisait
de
Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’infl
11918
contradictoire avec celui qui faisait de Tristan
la
glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Sc
11919
Tristan la glorification du désir sensuel — c’est
le
rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu
11920
glorification du désir sensuel — c’est le rappel
de
l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Ni
11921
orification du désir sensuel — c’est le rappel de
l’
influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietz
11922
du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence
de
Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietzsche, et Wag
11923
e influence est fortement surestimée. Un créateur
de
la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait tr
11924
nfluence est fortement surestimée. Un créateur de
la
taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouv
11925
st fortement surestimée. Un créateur de la taille
de
Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouvé chez Sch
11926
chez Schopenhauer quelques formules reprises par
le
livret, une cohérence intellectuelle justifiant à ses propres yeux ce
11927
minations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir
de
la rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la néga
11928
ations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir de
la
rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la négatio
11929
’il faut retenir de la rencontre, et ce n’est pas
d’
un immense intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé, l’identificat
11930
rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt.
L’
ascèse, la négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexue
11931
, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse,
la
négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexuel avec le
11932
nse intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé,
l’
identification de l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
11933
cèse, la négation du monde créé, l’identification
de
l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance,
11934
e, la négation du monde créé, l’identification de
l’
attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, to
11935
e créé, l’identification de l’attrait sexuel avec
le
vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, toute cette mystique que
11936
ttrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
la
connaissance, toute cette mystique que l’on s’empresse de qualifier d
11937
cissant la connaissance, toute cette mystique que
l’
on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’appre
11938
issance, toute cette mystique que l’on s’empresse
de
qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parc
11939
e cette mystique que l’on s’empresse de qualifier
de
bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il la po
11940
de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à
l’
apprendre. C’est parce qu’il la portait vivante en lui qu’il fut le pr
11941
gner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il
la
portait vivante en lui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
11942
ui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
les
symboles des minnesänger, dans la légende manichéenne de Parsifal, et
11943
sa trace dans les symboles des minnesänger, dans
la
légende manichéenne de Parsifal, et par-dessous l’imagerie chrétienne
11944
oles des minnesänger, dans la légende manichéenne
de
Parsifal, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
11945
a légende manichéenne de Parsifal, et par-dessous
l’
imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal, la pierre sacrée des Iranien
11946
sifal, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans
le
Saint-Graal, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
11947
ssous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
la
pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe de Gwyon165, div
11948
l, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares,
la
coupe de Gwyon165, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le s
11949
rre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
de
Gwyon165, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
11950
65, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué
le
sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point
11951
eltique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
de
la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse
11952
ique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de
la
légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse à f
11953
n’est point là une thèse à faire admettre, c’est
l’
évidence largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra.
11954
admettre, c’est l’évidence largement déclarée par
la
musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son
11955
t l’évidence largement déclarée par la musique et
les
paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mai
11956
largement déclarée par la musique et les paroles
de
l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « term
11957
rgement déclarée par la musique et les paroles de
l’
opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme »
11958
rée par la musique et les paroles de l’opéra. Par
l’
opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux
11959
a musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra,
le
mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens con
11960
nt deux sens contradictoires — comme presque tous
les
termes du vocabulaire de l’existence, décrivant l’être en situation d
11961
es — comme presque tous les termes du vocabulaire
de
l’existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Ac
11962
— comme presque tous les termes du vocabulaire de
l’
existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Achèv
11963
s termes du vocabulaire de l’existence, décrivant
l’
être en situation d’agir, non les objets. Achèvement désigne l’express
11964
ire de l’existence, décrivant l’être en situation
d’
agir, non les objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être
11965
stence, décrivant l’être en situation d’agir, non
les
objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être, d’un mythe
11966
uation d’agir, non les objets. Achèvement désigne
l’
expression totale d’un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part,
11967
es objets. Achèvement désigne l’expression totale
d’
un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort.
11968
Achèvement désigne l’expression totale d’un être,
d’
un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le my
11969
igne l’expression totale d’un être, d’un mythe ou
d’
une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé »
11970
ne œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi
le
mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
11971
é » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre
l’
ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie
11972
r Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
de
ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétiq
11973
antômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut
la
voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra l
11974
ythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra
le
symbolisme, qui engendra des mandragores, des femmes sans corps, des
11975
jeunes Parques, des apparences à peine féminines
de
fuites — comme on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans le r
11976
es à peine féminines de fuites — comme on dit que
l’
eau fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est l
11977
féminines de fuites — comme on dit que l’eau fuit
d’
un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition
11978
on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans
le
réel, fuites de rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée,
11979
fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites
de
rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. V
11980
n : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est
la
tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. Voie décidément t
11981
e s’y engage tout entier : aussi déléguera-t-il à
l’
aventure quelques facultés détachées. Ascèse exactement facultative. I
11982
es. Ascèse exactement facultative. Il y eut aussi
la
voie romanesque du mythe ; mais elle ne tarda guère à déboucher sur u
11983
à déboucher sur une route nationale encombrée, où
l’
on se promène le dimanche en famille pour voir passer les belles autos
11984
une route nationale encombrée, où l’on se promène
le
dimanche en famille pour voir passer les belles autos, et s’indigner
11985
e promène le dimanche en famille pour voir passer
les
belles autos, et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Val
11986
passer les belles autos, et s’indigner des excès
de
vitesse. Le Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, T
11987
elles autos, et s’indigner des excès de vitesse.
Le
Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin
11988
et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans
la
Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin, La Porte é
11989
dolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin,
La
Porte étroite, Un Amour de Swann : étapes françaises de la dissociati
11990
ovary, Thérèse Raquin, La Porte étroite, Un Amour
de
Swann : étapes françaises de la dissociation psychologique, de la dég
11991
te étroite, Un Amour de Swann : étapes françaises
de
la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » ex
11992
étroite, Un Amour de Swann : étapes françaises de
la
dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extér
11993
apes françaises de la dissociation psychologique,
de
la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance
11994
s françaises de la dissociation psychologique, de
la
dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance luc
11995
la dissociation psychologique, de la dégradation
de
« l’obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là mê
11996
issociation psychologique, de la dégradation de «
l’
obstacle » extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là même, a
11997
e la dégradation de « l’obstacle » extérieure, et
de
la reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature
11998
a dégradation de « l’obstacle » extérieure, et de
la
reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature pu
11999
nnaissance lucide — par là même, antiromanesque —
de
sa nature purement intime et subjective. (Religieuse dans le cas de G
12000
e purement intime et subjective. (Religieuse dans
le
cas de Gide, quasi physique dans celui de Proust.) Parallèlement, il
12001
ent intime et subjective. (Religieuse dans le cas
de
Gide, quasi physique dans celui de Proust.) Parallèlement, il convien
12002
se dans le cas de Gide, quasi physique dans celui
de
Proust.) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort d
12003
dans celui de Proust.) Parallèlement, il convient
de
citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de
12004
i de Proust.) Parallèlement, il convient de citer
le
Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner —
12005
) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe
de
la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karéni
12006
arallèlement, il convient de citer le Triomphe de
la
Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine,
12007
ment, il convient de citer le Triomphe de la Mort
de
d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et pres
12008
t, il convient de citer le Triomphe de la Mort de
d’
Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et presque
12009
de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable
de
Wagner — Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère vi
12010
irable de Wagner — Anna Karénine, et presque tous
les
grands romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville
12011
Anna Karénine, et presque tous les grands romans
de
l’ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur
12012
na Karénine, et presque tous les grands romans de
l’
ère victorienne, et surtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur ; e
12013
romans de l’ère victorienne, et surtout Tess des
d’
Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants
12014
rtout Tess des d’Urberville et Jude l’Obscur ; et
de
nos jours les romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les che
12015
s d’Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours
les
romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, dé
12016
’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants
d’
un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, désormais, nous en appren
12017
s romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais
les
chefs-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur la descente du
12018
-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur
la
descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre
12019
en apprennent moins sur la descente du mythe dans
les
mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. L
12020
oins sur la descente du mythe dans les mœurs, que
les
romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
12021
descente du mythe dans les mœurs, que les romans
de
série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre
12022
du mythe dans les mœurs, que les romans de série,
le
théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est
12023
e les romans de série, le théâtre à succès, enfin
le
film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité.
12024
ans de série, le théâtre à succès, enfin le film.
Le
vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai
12025
théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
de
notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors,
12026
Le vrai tragique de notre époque est diffus dans
la
médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le re
12027
ue de notre époque est diffus dans la médiocrité.
Le
vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’accept
12028
la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique
la
connaissance, le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les m
12029
vrai sérieux dès lors, implique la connaissance,
le
rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’an
12030
x dès lors, implique la connaissance, le rejet ou
l’
acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des g
12031
plique la connaissance, le rejet ou l’acceptation
de
ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des grands courants
12032
le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut
les
masses, et de l’anonymat des grands courants qui roulent les individu
12033
cceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et
de
l’anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés, av
12034
ptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de
l’
anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés, avec
12035
et de l’anonymat des grands courants qui roulent
les
individus détachés, avec une puissance que l’esprit répugne encore à
12036
nt les individus détachés, avec une puissance que
l’
esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement de nos littératures,
12037
puissance que l’esprit répugne encore à mesurer.
L’
envahissement de nos littératures, tant bourgeoises que « prolétarienn
12038
’esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement
de
nos littératures, tant bourgeoises que « prolétariennes », par le rom
12039
res, tant bourgeoises que « prolétariennes », par
le
roman, et le roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahisseme
12040
rgeoises que « prolétariennes », par le roman, et
le
roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre c
12041
que « prolétariennes », par le roman, et le roman
d’
amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre conscience
12042
et le roman d’amour s’entend, traduit exactement
l’
envahissement de notre conscience par le contenu totalement profané du
12043
mour s’entend, traduit exactement l’envahissement
de
notre conscience par le contenu totalement profané du mythe. Celui-ci
12044
xactement l’envahissement de notre conscience par
le
contenu totalement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être
12045
ement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs
d’
être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et q
12046
rs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé
de
son cadre sacral, et que le secret mystique qu’il exprimait en le voi
12047
qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que
le
secret mystique qu’il exprimait en le voilant se vulgarise et se démo
12048
ral, et que le secret mystique qu’il exprimait en
le
voilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à la passion des rom
12049
ait en le voilant se vulgarise et se démocratise.
Le
droit à la passion des romantiques devient alors la vague obsession d
12050
oilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à
la
passion des romantiques devient alors la vague obsession de luxe et d
12051
droit à la passion des romantiques devient alors
la
vague obsession de luxe et d’aventures exotiques que les « romans de
12052
des romantiques devient alors la vague obsession
de
luxe et d’aventures exotiques que les « romans de gare » suffisent à
12053
iques devient alors la vague obsession de luxe et
d’
aventures exotiques que les « romans de gare » suffisent à satisfaire
12054
ue obsession de luxe et d’aventures exotiques que
les
« romans de gare » suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n’
12055
de luxe et d’aventures exotiques que les « romans
de
gare » suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n’ait plus auc
12056
symboliquement. Que cela n’ait plus aucune espèce
de
sens valable, il suffit pour s’en assurer d’imaginer l’impuissance ab
12057
pèce de sens valable, il suffit pour s’en assurer
d’
imaginer l’impuissance absolue où se trouvent les clients de cette lit
12058
s valable, il suffit pour s’en assurer d’imaginer
l’
impuissance absolue où se trouvent les clients de cette littérature à
12059
r d’imaginer l’impuissance absolue où se trouvent
les
clients de cette littérature à concevoir une réalité mystique, une as
12060
l’impuissance absolue où se trouvent les clients
de
cette littérature à concevoir une réalité mystique, une ascèse, un ef
12061
evoir une réalité mystique, une ascèse, un effort
de
l’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoi
12062
ir une réalité mystique, une ascèse, un effort de
l’
esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoise
12063
’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or
la
passion courtoise n’avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
12064
ns sensuels : or la passion courtoise n’avait pas
d’
autre but, et son langage n’avait pas d’autre clé. Perdus et oubliés c
12065
avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
d’
autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but, la passion dont le b
12066
autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but,
la
passion dont le besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une mala
12067
s et oubliés cette clé et ce but, la passion dont
le
besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de l’instinc
12068
revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie
de
l’instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, t
12069
ient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de
l’
instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, tout
12070
ussi dégradée et dégradante, par rapport au mythe
de
Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivres
12071
dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que
le
serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que ch
12072
rt au mythe de Tristan, que le serait par exemple
l’
alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que chantaient les mystiques
12073
le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à
l’
ivresse divine que chantaient les mystiques arabes. L’exemple du théât
12074
sme par rapport à l’ivresse divine que chantaient
les
mystiques arabes. L’exemple du théâtre « parisien » détient une signi
12075
resse divine que chantaient les mystiques arabes.
L’
exemple du théâtre « parisien » détient une signification plus riche p
12076
nt une signification plus riche pour notre objet.
La
bourgeoisie du Second Empire eut le mérite de faire une dernière tent
12077
notre objet. La bourgeoisie du Second Empire eut
le
mérite de faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadr
12078
et. La bourgeoisie du Second Empire eut le mérite
de
faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadre social l
12079
tentative pour régulariser dans son cadre social
l’
influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à toute m
12080
er dans son cadre social l’influence anarchisante
de
la passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équ
12081
dans son cadre social l’influence anarchisante de
la
passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équivo
12082
ion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par
la
grâce équivoque du romantisme. L’hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi
12083
e mystique, par la grâce équivoque du romantisme.
L’
hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait le virus atténué d
12084
rédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait
le
virus atténué du philtre ; la culture littéraire entretenait, dans un
12085
insi — transmettait le virus atténué du philtre ;
la
culture littéraire entretenait, dans une certaine jeunesse tout au mo
12086
tenait, dans une certaine jeunesse tout au moins,
le
besoin d’une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte d
12087
ns une certaine jeunesse tout au moins, le besoin
d’
une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte de complexe
12088
re nostalgique ; et tout cela composait une sorte
de
complexe que l’on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne
12089
et tout cela composait une sorte de complexe que
l’
on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’
12090
osait une sorte de complexe que l’on prenait pour
la
« nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’une survivance psy
12091
ne survivance psychologique, voire physiologique.
La
tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer
12092
psychologique, voire physiologique. La tentative
de
normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer une expressi
12093
logique. La tentative de normalisation bourgeoise
de
la passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc adm
12094
ique. La tentative de normalisation bourgeoise de
la
passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc admiss
12095
e expression conventionnelle, donc admissible par
l’
ordre social — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « piè
12096
elle, donc admissible par l’ordre social — ce fut
le
théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages »
12097
admissible par l’ordre social — ce fut le théâtre
de
Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages », modèle de
12098
e social — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille.
La
fameuse « pièce à trois personnages », modèle de presque tous les aut
12099
La fameuse « pièce à trois personnages », modèle
de
presque tous les auteurs dramatiques de la Belle Époque, c’est simple
12100
èce à trois personnages », modèle de presque tous
les
auteurs dramatiques de la Belle Époque, c’est simplement l’adaptation
12101
», modèle de presque tous les auteurs dramatiques
de
la Belle Époque, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à
12102
modèle de presque tous les auteurs dramatiques de
la
Belle Époque, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la
12103
dramatiques de la Belle Époque, c’est simplement
l’
adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le r
12104
le Époque, c’est simplement l’adaptation du mythe
de
Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le
12105
est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à
la
mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Trista
12106
ment l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure
d’
une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeun
12107
the de Tristan à la mesure d’une société moderne.
Le
roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
12108
ure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
le
Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatis
12109
oderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan,
le
jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et le
12110
u ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut,
l’
épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deux mo
12111
Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice
de
romans. Ici encore, deux morales s’affrontent. Les barons félons de l
12112
de romans. Ici encore, deux morales s’affrontent.
Les
barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale
12113
ore, deux morales s’affrontent. Les barons félons
de
la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ».
12114
, deux morales s’affrontent. Les barons félons de
la
légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Il
12115
Les barons félons de la légende sont figurés par
les
tenants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourge
12116
félons de la légende sont figurés par les tenants
de
la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héri
12117
ons de la légende sont figurés par les tenants de
la
morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritag
12118
nants de la morale « conformiste ». Ils défendent
le
mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont d
12119
onformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois,
l’
héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et don
12120
. Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritage,
les
convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement
12121
mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et
l’
Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais la
12122
côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais
la
morale contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix d’un coup de
12123
contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix
d’
un coup de pistolet. C’est la morale du romantisme, des droits impresc
12124
ent — fût-ce au prix d’un coup de pistolet. C’est
la
morale du romantisme, des droits imprescriptibles de l’amour, et elle
12125
morale du romantisme, des droits imprescriptibles
de
l’amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maître
12126
ale du romantisme, des droits imprescriptibles de
l’
amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse
12127
its imprescriptibles de l’amour, et elle implique
la
supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’épouse. Quant au ph
12128
, et elle implique la supériorité « spirituelle »
de
la maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabili
12129
t elle implique la supériorité « spirituelle » de
la
maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité,
12130
a supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur
l’
épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le
12131
a maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi
de
la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la
12132
aîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de
la
responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la pa
12133
philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne
le
nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du confo
12134
la responsabilité, on lui donne le nom romantique
de
« fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas t
12135
ité, on lui donne le nom romantique de « fatalité
de
la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assim
12136
, on lui donne le nom romantique de « fatalité de
la
passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimile
12137
nom romantique de « fatalité de la passion ». Et
les
tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à la « littératu
12138
n ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort
de
l’assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à
12139
. Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de
l’
assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à un
12140
ts du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à
la
« littérature » en général, terme de mépris vouant à une exécration g
12141
’assimiler à la « littérature » en général, terme
de
mépris vouant à une exécration globale les « tendances dissolvantes »
12142
, terme de mépris vouant à une exécration globale
les
« tendances dissolvantes », l’« anarchie », et les idéaux « impossibl
12143
xécration globale les « tendances dissolvantes »,
l’
« anarchie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera
12144
es « tendances dissolvantes », l’« anarchie », et
les
idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier la
12145
archie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt,
l’
on n’essaiera plus même de nier la complaisance que réclame de ses pro
12146
impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même
de
nier la complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboratio
12147
les ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier
la
complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboration du vie
12148
era plus même de nier la complaisance que réclame
de
ses propres victimes l’élaboration du vieux philtre. Elle est minutie
12149
complaisance que réclame de ses propres victimes
l’
élaboration du vieux philtre. Elle est minutieusement décrite, jusque
12150
ue dans des ruses inconscientes, en des centaines
de
pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour de Swann.) Littératu
12151
pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour
de
Swann.) Littérature bourgeoise ai-je dit : ses conclusions régulièrem
12152
ulièrement antibourgeoises font partie intégrante
de
l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet o
12153
èrement antibourgeoises font partie intégrante de
l’
ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordr
12154
font partie intégrante de l’ordre social établi.
L’
instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de
12155
e intégrante de l’ordre social établi. L’instinct
de
conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui fei
12156
ffet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint
de
le renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entend
12157
t cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint de
le
renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entendu i
12158
rd de ce qui feint de le renier, mais qui en vit.
Le
calcul est très simple, et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié
12159
cul est très simple, et bien entendu inconscient.
L’
idéal glorifié par la littérature détourne en rêveries voluptueuses le
12160
et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié par
la
littérature détourne en rêveries voluptueuses les tendances subversiv
12161
la littérature détourne en rêveries voluptueuses
les
tendances subversives de l’esprit. La morale du mariage en souffre év
12162
n rêveries voluptueuses les tendances subversives
de
l’esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est
12163
êveries voluptueuses les tendances subversives de
l’
esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pa
12164
luptueuses les tendances subversives de l’esprit.
La
morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas d’une gr
12165
ariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas
d’
une gravité urgente, puisqu’on sait bien que l’institution matrimonial
12166
as d’une gravité urgente, puisqu’on sait bien que
l’
institution matrimoniale repose sur des bases financières et non plus
12167
et non plus religieuses ou morales. À dire vrai,
les
seuls écarts considérés comme intolérables sont ceux qui entraînent u
12168
qui entraînent une dilapidation du « patrimoine »
de
la famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés.
12169
entraînent une dilapidation du « patrimoine » de
la
famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés.) ⁂
12170
plus que fortune et propriétés.) ⁂ Cette volonté
de
jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en
12171
tés.) ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans
le
payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans le film
12172
e jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on
la
voit s’exprimer en toute naïveté dans le film sentimental. Peu de gen
12173
cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans
le
film sentimental. Peu de genres plus strictement conventionnels et rh
12174
lus strictement conventionnels et rhétoriques que
le
film américain des premières années de l’entre-deux-guerres. C’était
12175
riques que le film américain des premières années
de
l’entre-deux-guerres. C’était l’époque du happy end : tout devait abo
12176
ues que le film américain des premières années de
l’
entre-deux-guerres. C’était l’époque du happy end : tout devait abouti
12177
premières années de l’entre-deux-guerres. C’était
l’
époque du happy end : tout devait aboutir au long baiser final sur fon
12178
tout devait aboutir au long baiser final sur fond
de
roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sa
12179
aboutir au long baiser final sur fond de roses ou
de
tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sans relations
12180
e roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure
de
style n’est pas sans relations avec le mythe au dernier stade de sa d
12181
tte figure de style n’est pas sans relations avec
le
mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
12182
pas sans relations avec le mythe au dernier stade
de
sa déchéance. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux
12183
au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à
la
perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir
12184
ade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
la
synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’
12185
. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale
de
deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir qu
12186
s’arrange — désir romantique et désir bourgeois.
La
profonde satisfaction que produit à coup sûr le happy end provient pr
12187
. La profonde satisfaction que produit à coup sûr
le
happy end provient précisément du fait qu’il libère le public de ses
12188
ppy end provient précisément du fait qu’il libère
le
public de ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans
12189
ovient précisément du fait qu’il libère le public
de
ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans obstacles.
12190
c de ses contradictions intimes. En effet : point
de
roman sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci d’une invrais
12191
mes. En effet : point de roman sans obstacles. On
les
multiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de roma
12192
sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci
d’
une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi,
12193
tiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que
le
désir de romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
12194
nc, sans souci d’une invraisemblance que le désir
de
romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux le roman
12195
rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
le
roman pourra rebondir et notre cœur haleter, et c’est ce que nous che
12196
œur haleter, et c’est ce que nous cherchons. Mais
l’
obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terr
12197
e que nous cherchons. Mais l’obstacle signifie, à
la
limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que no
12198
cherchons. Mais l’obstacle signifie, à la limite,
la
mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulo
12199
. Mais l’obstacle signifie, à la limite, la mort,
le
renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulons plus,
12200
, dès que cela nous devient clair. Il s’agit donc
de
supprimer l’obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du r
12201
a nous devient clair. Il s’agit donc de supprimer
l’
obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du roman et du fi
12202
r l’obstacle à temps, ce qui amène par définition
la
fin du roman et du film : « et ils eurent beaucoup d’enfants » signif
12203
in du roman et du film : « et ils eurent beaucoup
d’
enfants » signifie qu’il n’y a plus rien à raconter ; ou bien c’est le
12204
qu’il n’y a plus rien à raconter ; ou bien c’est
le
baiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’im
12205
; ou bien c’est le baiser en gros plan, bouchant
l’
écran et refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’effo
12206
aiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant
la
fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cet
12207
os plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre
de
l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une
12208
plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de
l’
imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une atm
12209
refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois,
l’
on s’efforcera de donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui d
12210
tre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera
de
donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui dissimule le passa
12211
tte fin une atmosphère « poétique » qui dissimule
le
passage à la vie quotidienne, et compense la déception du romantique
12212
tmosphère « poétique » qui dissimule le passage à
la
vie quotidienne, et compense la déception du romantique par le soulag
12213
mule le passage à la vie quotidienne, et compense
la
déception du romantique par le soulagement du bourgeois. Ainsi, dans
12214
ienne, et compense la déception du romantique par
le
soulagement du bourgeois. Ainsi, dans le théâtre, dans le roman à suc
12215
ique par le soulagement du bourgeois. Ainsi, dans
le
théâtre, dans le roman à succès et dans le film qui exploitent inlass
12216
gement du bourgeois. Ainsi, dans le théâtre, dans
le
roman à succès et dans le film qui exploitent inlassablement la formu
12217
, dans le théâtre, dans le roman à succès et dans
le
film qui exploitent inlassablement la formule du ménage à trois, l’id
12218
cès et dans le film qui exploitent inlassablement
la
formule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du mythe originel n’e
12219
tent inlassablement la formule du ménage à trois,
l’
idéalisme tragique du mythe originel n’est plus qu’une nostalgie assez
12220
lus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation
de
désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers la jouissance des choses, c’e
12221
sation de désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers
la
jouissance des choses, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
12222
s, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
l’
amour courtois. La religion des troubadours se prêtait aux complicités
12223
talement invertis par rapport à l’amour courtois.
La
religion des troubadours se prêtait aux complicités les plus sournois
12224
ligion des troubadours se prêtait aux complicités
les
plus sournoises avec l’instinct, qu’elle excitait par sa volonté même
12225
prêtait aux complicités les plus sournoises avec
l’
instinct, qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ambiguïté
12226
l’instinct, qu’elle excitait par sa volonté même
de
le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire na
12227
instinct, qu’elle excitait par sa volonté même de
le
nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naîtr
12228
qu’elle excitait par sa volonté même de le nier.
L’
ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naître, dès le
12229
même de le nier. L’ambiguïté du langage mystique
de
l’hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique p
12230
me de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de
l’
hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique prof
12231
ge mystique de l’hérésie devait faire naître, dès
le
xiiie siècle, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diff
12232
tre, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane
de
la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature ro
12233
, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane de
la
passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature roman
12234
e, une rhétorique profane de la passion. Et c’est
la
diffusion de ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au
12235
ique profane de la passion. Et c’est la diffusion
de
ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au cours du der
12236
passion. Et c’est la diffusion de ce langage par
la
littérature romanesque qui aboutit, au cours du dernier siècle, à ce
12237
du dernier siècle, à ce renversement des rôles :
l’
instinct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lu
12238
à ce renversement des rôles : l’instinct devenant
le
vrai support d’une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais
12239
t des rôles : l’instinct devenant le vrai support
d’
une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais un semblant d’id
12240
ct devenant le vrai support d’une rhétorique dont
les
figures lui prêtent désormais un semblant d’idéalité. 20.L’instinc
12241
ont les figures lui prêtent désormais un semblant
d’
idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose de Guillaume de
12242
d’idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à
la
rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
12243
ité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose
de
Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhéto
12244
Comme à la rose de Guillaume de Lorris répond
la
rose de Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque
12245
e à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose
de
Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppos
12246
e Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
la
rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuel
12247
Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline
de
Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantis
12248
à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose
la
fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos j
12249
de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle
de
Boccace, le romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veu
12250
e s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace,
le
romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veut « primitiv
12251
ie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué
de
nos jours une révolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus le sen
12252
révolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus
le
sentiment que l’on idéalise, c’est l’instinct. Je songe à une certain
12253
eut « primitive ». Ce n’est plus le sentiment que
l’
on idéalise, c’est l’instinct. Je songe à une certaine école de romanc
12254
n’est plus le sentiment que l’on idéalise, c’est
l’
instinct. Je songe à une certaine école de romanciers anglo-américains
12255
, c’est l’instinct. Je songe à une certaine école
de
romanciers anglo-américains, qui fleurit dans l’entre-deux-guerres, u
12256
de romanciers anglo-américains, qui fleurit dans
l’
entre-deux-guerres, un Lawrence, un Caldwell, un Miller et leurs imita
12257
nous disaient ces hommes : « Nous en avons assez
de
souffrir pour des idées, des idéaux, des petites hypocrisies idéalisé
12258
lles personne ne sait plus croire. Vous avez fait
de
la femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos
12259
s personne ne sait plus croire. Vous avez fait de
la
femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos fem
12260
lus croire. Vous avez fait de la femme une espèce
de
divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos femmes fatales, et vos
12261
et vos femmes adultères, et vos femmes desséchées
de
vertu, nous ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « d
12262
et vos femmes desséchées de vertu, nous ont gâté
la
joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d
12263
femmes desséchées de vertu, nous ont gâté la joie
de
vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d’abord u
12264
us ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons
de
vos « divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se
12265
de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ».
La
femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventr
12266
divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous
la
ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur166. Au lieu d
12267
’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur
le
ventre vers le mâle dominateur166. Au lieu de chanter la courtoisie,
12268
lle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers
le
mâle dominateur166. Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
12269
re vers le mâle dominateur166. Au lieu de chanter
la
courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’emprise tota
12270
Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
les
ruses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la g
12271
oisie, nous chanterons les ruses du désir animal,
l’
emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la grande innocence bestiale n
12272
ses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur
l’
esprit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du
12273
animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et
la
grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du péché, cette
12274
rit. Et la grande innocence bestiale nous guérira
de
votre goût du péché, cette maladie de l’instinct génésique. Ce que vo
12275
ous guérira de votre goût du péché, cette maladie
de
l’instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous r
12276
guérira de votre goût du péché, cette maladie de
l’
instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous rend
12277
méchants, tristes et honteux. Ce que vous appelez
l’
ordure, voilà ce qui peut nous purifier. Vos tabous sont des sacrilège
12278
s purifier. Vos tabous sont des sacrilèges contre
la
vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
12279
des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est
la
Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissa
12280
èges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et
la
vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire
12281
vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est
l’
instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et
12282
ui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré
de
l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individ
12283
est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
l’
esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu f
12284
. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit,
la
grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu fécond, la
12285
la grande puissance solaire qui broie et magnifie
l’
individu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophète
12286
solaire qui broie et magnifie l’individu fécond,
la
belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophètes est allé jusqu’à
12287
idu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un
de
ces prophètes est allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant de v
12288
st allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant
de
vitalité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la « Vie » a pu
12289
italité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique
de
la « Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais
12290
lité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de
la
« Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais je
12291
le mystique de la « Vie » a pu donner naissance à
de
belles œuvres littéraires. Mais je la retrouve, étrangement identique
12292
naissance à de belles œuvres littéraires. Mais je
la
retrouve, étrangement identique, aux origines profondes d’un mouvemen
12293
ve, étrangement identique, aux origines profondes
d’
un mouvement que nous n’avons plus à étudier ni à convaincre : il nous
12294
erdre sa personnalité morale et se retremper dans
le
flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivi
12295
lité morale et se retremper dans le flux cosmique
de
l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
12296
é morale et se retremper dans le flux cosmique de
l’
instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la
12297
remper dans le flux cosmique de l’instinct, c’est
l’
idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette
12298
ans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal
de
nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyanc
12299
idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
la
pratique de cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul
12300
poètes du primitivisme solaire, mais la pratique
de
cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul instant : i
12301
ire, mais la pratique de cette croyance n’est pas
de
nature à nous tromper un seul instant : il n’y a pas de « belles » br
12302
ure à nous tromper un seul instant : il n’y a pas
de
« belles » brutes, il y a des brutes. L’idée de beauté qu’un Lawrence
12303
’y a pas de « belles » brutes, il y a des brutes.
L’
idée de beauté qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’hérita
12304
s de « belles » brutes, il y a des brutes. L’idée
de
beauté qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’héritage d’un
12305
té qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est
l’
héritage d’une époque en faillite — une dette que plus personne, là-ba
12306
wrence croit encore consistante, c’est l’héritage
d’
une époque en faillite — une dette que plus personne, là-bas, n’est di
12307
là-bas, n’est disposé à reconnaître. On n’a plus
de
comptes à rendre à cet « esprit » platonicien. Il était cause de tout
12308
ndre à cet « esprit » platonicien. Il était cause
de
toute la confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Ma
12309
t « esprit » platonicien. Il était cause de toute
la
confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajou
12310
cien. Il était cause de toute la confusion, et il
l’
a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est
12311
était cause de toute la confusion, et il l’a payé
de
sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est non moins
12312
non moins clair : quand sous prétexte de détruire
l’
artificiel — rhétorique idéalisante, éthique et mystique du « parfait
12313
idéalisante, éthique et mystique du « parfait » —
l’
on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le lar
12314
que du « parfait » — l’on prétend s’enfoncer dans
le
flot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
12315
» — l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif
de
l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’
12316
l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de
l’
instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est
12317
nfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans
le
larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’in
12318
ot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans
le
non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit r
12319
nstinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
l’
« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver l’authent
12320
le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans
l’
infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait
12321
t, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect,
l’
on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant q
12322
c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver
l’
authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au to
12323
dans l’infect, l’on croit retrouver l’authentique
de
la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déch
12324
s l’infect, l’on croit retrouver l’authentique de
la
vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
12325
l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et
l’
on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de l’ancie
12326
pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
de
l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a pl
12327
urtant que s’abandonner au torrent des déchets de
l’
ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus,
12328
r au torrent des déchets de l’ancienne culture et
de
ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujour
12329
mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans
l’
homme d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hér
12330
désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme
d’
aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, d
12331
est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui,
d’
authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon d
12332
e d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que
l’
on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’Église a
12333
ité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans
le
jargon de notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela
12334
ive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon
de
notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela désigne la
12335
hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que
l’
Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémédiable du c
12336
que l’Église appelle péché originel, cela désigne
la
perte irrémédiable du contact immédiat avec nos origines. Et dès lors
12337
dessous de nos morales, ce n’est pas nous libérer
de
leurs interdictions, descendre au-dessous de l’expression créée et ré
12338
r de leurs interdictions, descendre au-dessous de
l’
expression créée et réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je le
12339
re au-dessous de l’expression créée et réglée par
l’
esprit (même si l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans les v
12340
’expression créée et réglée par l’esprit (même si
l’
esprit, comme je le crois, nous engageait dans les voies irréelles), c
12341
t réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je
le
crois, nous engageait dans les voies irréelles), ce n’est pas revenir
12342
l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans
les
voies irréelles), ce n’est pas revenir au réel, mais s’égarer dans la
12343
ce n’est pas revenir au réel, mais s’égarer dans
la
zone de terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous
12344
t pas revenir au réel, mais s’égarer dans la zone
de
terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous les rebu
12345
el, mais s’égarer dans la zone de terreur et dans
les
terrains vagues où se sont déversés tous les rebuts d’une civilisatio
12346
dans les terrains vagues où se sont déversés tous
les
rebuts d’une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir
12347
rrains vagues où se sont déversés tous les rebuts
d’
une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir nous obsè
12348
és tous les rebuts d’une civilisation intoxiquée.
L’
« authentique » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le ret
12349
e civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont
le
désir nous obsède, nous ne pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au
12350
» dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas
le
retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à l’instinc
12351
pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au terme
d’
un mouvement d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la ch
12352
e retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement
d’
abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est p
12353
Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à
l’
instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est pas caché mai
12354
d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment
de
la chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé pa
12355
abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de
la
chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé par u
12356
ne peut qu’être recréé par un effort contraire à
la
passion, c’est-à-dire par une action, une mise en ordre, une purifica
12357
une mise en ordre, une purification — un retour à
la
sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors d’un monde déclaré diaboli
12358
r à la sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors
d’
un monde déclaré diabolique. Ce n’est pas tuer ce corps gênant. Mais c
12359
s ce n’est pas non plus tirer son revolver contre
l’
esprit sous prétexte qu’il nous a trompés.167 Agir, en vérité, c’est
12360
us a trompés.167 Agir, en vérité, c’est accepter
les
conditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la
12361
ccepter les conditions qui nous sont faites, dans
le
conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter
12362
conditions qui nous sont faites, dans le conflit
de
l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus e
12363
nditions qui nous sont faites, dans le conflit de
l’
esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en d
12364
nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et
de
la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant ma
12365
us sont faites, dans le conflit de l’esprit et de
la
chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant mais
12366
flit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter
de
les surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissan
12367
t de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de
les
surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissances
12368
surmonter non plus en détruisant mais en mariant
les
deux puissances antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de la ch
12369
en mariant les deux puissances antagonistes. Que
l’
esprit vienne au secours de la chair et retrouve en elle son appui, et
12370
nces antagonistes. Que l’esprit vienne au secours
de
la chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à
12371
s antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de
la
chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à l’
12372
de la chair et retrouve en elle son appui, et que
la
chair se soumette à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est l
12373
en elle son appui, et que la chair se soumette à
l’
esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Ér
12374
à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est
la
voie. Éros mortel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’eux
12375
tel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun
d’
eux n’a pour fin véritable et pour terminaison réelle que l’autre, qu’
12376
on réelle que l’autre, qu’il voulait détruire ! À
l’
infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà c
12377
tre, qu’il voulait détruire ! À l’infini, jusqu’à
la
consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l
12378
ait détruire ! À l’infini, jusqu’à la consomption
de
toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se p
12379
l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et
de
tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se prend pour son di
12380
te vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire
l’
homme qui se prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la pas
12381
t faire l’homme qui se prend pour son dieu. Voilà
le
mouvement dernier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la gue
12382
e prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier
de
la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion
12383
rend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de
la
passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion da
12384
u. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont
l’
exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous les domai
12385
nier de la passion, dont l’exaspération s’appelle
la
guerre. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de
12386
n s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous
les
domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avai
12387
uerre. 21.La passion dans tous les domaines
Le
mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonct
12388
passion dans tous les domaines Le mythe sacré
de
l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’o
12389
ssion dans tous les domaines Le mythe sacré de
l’
amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ordo
12390
, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale
d’
ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une
12391
cle, avait eu pour fonction sociale d’ordonner et
de
purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique trans
12392
u pour fonction sociale d’ordonner et de purifier
les
puissances anarchiques de la passion. Une mystique transcendante orie
12393
rdonner et de purifier les puissances anarchiques
de
la passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polaris
12394
nner et de purifier les puissances anarchiques de
la
passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polarisait
12395
nscendante orientait secrètement, polarisait vers
l’
au-delà les nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute un
12396
orientait secrètement, polarisait vers l’au-delà
les
nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie,
12397
ètement, polarisait vers l’au-delà les nostalgies
de
l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique
12398
ment, polarisait vers l’au-delà les nostalgies de
l’
humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique, e
12399
oute une hérésie, mais pacifique, et par certains
de
ses aspects, très favorable à l’équilibre civilisateur. Cependant, du
12400
et par certains de ses aspects, très favorable à
l’
équilibre civilisateur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à l
12401
eur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à
la
propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécut
12402
du seul fait qu’elle s’opposait à la propagation
de
l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome
12403
seul fait qu’elle s’opposait à la propagation de
l’
espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qu
12404
elle s’opposait à la propagation de l’espèce et à
la
guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer
12405
sait à la propagation de l’espèce et à la guerre,
la
société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu
12406
ion de l’espèce et à la guerre, la société devait
la
persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces
12407
ciété devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta
le
fer et le feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant m
12408
it la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et
le
feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellem
12409
uter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans
les
provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellement cette rel
12410
rta le fer et le feu dans les provinces gagnées à
l’
hérésie. En détruisant matériellement cette religion, l’Église romaine
12411
sie. En détruisant matériellement cette religion,
l’
Église romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambig
12412
t matériellement cette religion, l’Église romaine
la
condamnait à se propager sous la forme la plus ambiguë et peut-être l
12413
l’Église romaine la condamnait à se propager sous
la
forme la plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refou
12414
romaine la condamnait à se propager sous la forme
la
plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refoulée et dé
12415
opager sous la forme la plus ambiguë et peut-être
la
plus dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée, l’hérésie ne deva
12416
us dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée,
l’
hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer de mille manières. Les con
12417
ée, l’hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer
de
mille manières. Les confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette
12418
vait pas tarder à se dénaturer de mille manières.
Les
confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette glorification de l’a
12419
’elle favorisait malgré elle, cette glorification
de
l’amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une am
12420
le favorisait malgré elle, cette glorification de
l’
amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une ambig
12421
, cette glorification de l’amour humain qui était
l’
envers de sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentiell
12422
lorification de l’amour humain qui était l’envers
de
sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentielle et oppo
12423
ain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage
d’
une ambiguïté à la fois essentielle et opportune, qui permettait tous
12424
ois essentielle et opportune, qui permettait tous
les
abus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de l’Inquisition,
12425
bus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux
de
l’Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe,
12426
, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de
l’
Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe, et
12427
pper aux tribunaux de l’Inquisition, puis envahir
la
conscience européenne, même orthodoxe, et par une sorte d’ironie, don
12428
ence européenne, même orthodoxe, et par une sorte
d’
ironie, donner sa rhétorique passionnelle au mysticisme des plus grand
12429
lle au mysticisme des plus grands saints. Lorsque
les
mythes perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils
12430
fonction sacrée, ils se résolvent en littérature.
Le
mythe courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puis
12431
cessus, puisqu’il n’avait pu se traduire que dans
les
termes de l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens
12432
squ’il n’avait pu se traduire que dans les termes
de
l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui re
12433
’il n’avait pu se traduire que dans les termes de
l’
amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui resta
12434
it exprimer nos instincts naturels, mais non sans
les
dévier, tout insensiblement, vers quelque au-delà de plus en plus mys
12435
u-delà de plus en plus mystérieux, apte à séduire
le
besoin d’idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance my
12436
plus en plus mystérieux, apte à séduire le besoin
d’
idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance mystique rép
12437
à séduire le besoin d’idéal qu’avait laissé dans
la
conscience une connaissance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fu
12438
ssance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fut
la
chance de la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’
12439
tique réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance
de
la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, un
12440
ue réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance de
la
littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, uniqu
12441
érature en Occident ; et cela seul peut expliquer
l’
empire, unique dans l’histoire des cultures, que la littérature a exer
12442
et cela seul peut expliquer l’empire, unique dans
l’
histoire des cultures, que la littérature a exercé jusqu’à nos jours s
12443
’empire, unique dans l’histoire des cultures, que
la
littérature a exercé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur l
12444
que la littérature a exercé jusqu’à nos jours sur
l’
élite et plus tard sur les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
12445
cé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur
les
masses. Toutefois, le classicisme s’efforça d’imposer tout au moins u
12446
r l’élite et plus tard sur les masses. Toutefois,
le
classicisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme d’art à ces p
12447
r les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
d’
imposer tout au moins une forme d’art à ces puissances obscures privée
12448
cisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme
d’
art à ces puissances obscures privées de leur forme sacrée. C’est à ce
12449
une forme d’art à ces puissances obscures privées
de
leur forme sacrée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua le rom
12450
rivées de leur forme sacrée. C’est à ces vestiges
de
rites que s’attaqua le romantisme. D’où la violente exaltation, dès l
12451
crée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua
le
romantisme. D’où la violente exaltation, dès la fin du xviiie siècle
12452
es vestiges de rites que s’attaqua le romantisme.
D’
où la violente exaltation, dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu
12453
stiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’où
la
violente exaltation, dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avai
12454
a le romantisme. D’où la violente exaltation, dès
la
fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe
12455
iolente exaltation, dès la fin du xviiie siècle,
de
tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis
12456
iie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir
le
mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe
12457
ut ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel
de
Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle bourgeois v
12458
inel de Tristan, puis ses substituts littéraires.
Le
xixe siècle bourgeois vit se répandre dans la conscience profane l’«
12459
s. Le xixe siècle bourgeois vit se répandre dans
la
conscience profane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’in
12460
rgeois vit se répandre dans la conscience profane
l’
« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé
12461
répandre dans la conscience profane l’« instinct
de
mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé dès sa source
12462
ane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans
l’
inconscient ou canalisé dès sa source par un art aristocratique. Et qu
12463
dès sa source par un art aristocratique. Et quand
les
cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’u
12464
ce par un art aristocratique. Et quand les cadres
de
la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout aut
12465
par un art aristocratique. Et quand les cadres de
la
société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout autre
12466
les cadres de la société vinrent à craquer — sous
l’
effet de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du myt
12467
es de la société vinrent à craquer — sous l’effet
de
poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inond
12468
iété vinrent à craquer — sous l’effet de poussées
d’
un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie
12469
et de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs —
le
contenu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus c
12470
s plus ce que signifiait cette diffuse exaltation
de
l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une
12471
lus ce que signifiait cette diffuse exaltation de
l’
amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une re
12472
nifiait cette diffuse exaltation de l’amour. Nous
la
prenions pour un printemps de l’instinct et pour une renaissance des
12473
on de l’amour. Nous la prenions pour un printemps
de
l’instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutée
12474
de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de
l’
instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutées p
12475
ersécutées par un soi-disant christianisme. Toute
la
littérature moderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’où l
12476
ristianisme. Toute la littérature moderne entonna
l’
hymne de la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désesp
12477
sme. Toute la littérature moderne entonna l’hymne
de
la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Co
12478
. Toute la littérature moderne entonna l’hymne de
la
« libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comme
12479
oderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais
d’
où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que le rom
12480
« libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton
de
désespoir ? Comment se fait-il que le roman qui triompha pendant tren
12481
lors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que
le
roman qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes les
12482
qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle,
de
toutes les autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse maréc
12483
pha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes
les
autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse de n
12484
ittéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse
de
nos doutes et de notre vide ? Que signifie cette libération qui nous
12485
isse à cette analyse marécageuse de nos doutes et
de
notre vide ? Que signifie cette libération qui nous laisse tellement
12486
bération qui nous laisse tellement démunis devant
la
propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que le r
12487
nt la propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès
les
années 1930, que le roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une
12488
butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que
le
roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une virulence provisoire
12489
virulence provisoire qu’en se mettant au service
de
mystiques partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
12490
nt au service de mystiques partisanes ? Serait-ce
la
fin du romantisme ? Le spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette co
12491
ues partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ?
Le
spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise
12492
s ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
de
nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise actuelle du m
12493
de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car
la
crise actuelle du mariage bourgeois, c’est le triomphe à retardement,
12494
Car la crise actuelle du mariage bourgeois, c’est
le
triomphe à retardement, dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de m
12495
’est le triomphe à retardement, dénaturé tant que
l’
on voudra, mais tout de même le triomphe d’une passion profanée. Mais
12496
dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de même
le
triomphe d’une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du d
12497
nt que l’on voudra, mais tout de même le triomphe
d’
une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de la
12498
fanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine
de
la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes env
12499
ée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de
la
sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahi
12500
ge et du domaine de la sexualité proprement dite,
le
contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus di
12501
, le contenu du mythe et ses fantômes envahissent
les
domaines les plus divers : politique, lutte des classes, sentiment na
12502
du mythe et ses fantômes envahissent les domaines
les
plus divers : politique, lutte des classes, sentiment national, tout
12503
iques ». C’est que nous sommes devenus incapables
de
faire la part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur natur
12504
C’est que nous sommes devenus incapables de faire
la
part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur
12505
ommes devenus incapables de faire la part du feu,
d’
ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur fin, d’imposer
12506
s de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs,
de
distinguer leur nature et leur fin, d’imposer une mesure à leurs diva
12507
os désirs, de distinguer leur nature et leur fin,
d’
imposer une mesure à leurs divagations — de les exprimer en figures. L
12508
r fin, d’imposer une mesure à leurs divagations —
de
les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été bala
12509
in, d’imposer une mesure à leurs divagations — de
les
exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été balayées
12510
à leurs divagations — de les exprimer en figures.
Les
dernières formes de l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insi
12511
de les exprimer en figures. Les dernières formes
de
l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemp
12512
les exprimer en figures. Les dernières formes de
l’
amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemple
12513
dernières formes de l’amour ont été balayées par
la
guerre. Et j’insisterai sur cet exemple symbolique : nous ne faisons
12514
sur cet exemple symbolique : nous ne faisons plus
de
« déclarations d’amour » dans le même temps que nous admettons la gue
12515
mbolique : nous ne faisons plus de « déclarations
d’
amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclara
12516
ne faisons plus de « déclarations d’amour » dans
le
même temps que nous admettons la guerre sans « déclaration » préalabl
12517
s d’amour » dans le même temps que nous admettons
la
guerre sans « déclaration » préalable. Nous revenons au stade du rapt
12518
ous revenons au stade du rapt, du viol, mais sans
les
rites qui accompagnaient ces actes chez les peuplades polynésiennes.
12519
sans les rites qui accompagnaient ces actes chez
les
peuplades polynésiennes. Cette progressive profanation du mythe — sa
12520
tion du mythe — sa conversion en rhétorique, puis
la
dissolution de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son con
12521
sa conversion en rhétorique, puis la dissolution
de
cette rhétorique et la totale vulgarisation de son contenu, l’on peut
12522
rique, puis la dissolution de cette rhétorique et
la
totale vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre les étapes d
12523
on de cette rhétorique et la totale vulgarisation
de
son contenu, l’on peut en suivre les étapes dans un domaine en appare
12524
orique et la totale vulgarisation de son contenu,
l’
on peut en suivre les étapes dans un domaine en apparence fort étrange
12525
vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre
les
étapes dans un domaine en apparence fort étranger à ceux que nous ven
12526
ranger à ceux que nous venons de parcourir : dans
l’
évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 124. Je rapp
12527
x que nous venons de parcourir : dans l’évolution
de
la guerre et de ses méthodes en Occident. 124. Je rappelle que j’e
12528
ue nous venons de parcourir : dans l’évolution de
la
guerre et de ses méthodes en Occident. 124. Je rappelle que j’empl
12529
s de parcourir : dans l’évolution de la guerre et
de
ses méthodes en Occident. 124. Je rappelle que j’emploie toujours
12530
elle que j’emploie toujours ce mot au double sens
de
sacrilège et de laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas rec
12531
ie toujours ce mot au double sens de sacrilège et
de
laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas recourir à « profan
12532
ofanisation ». 125. Voir Appendice 12. 126. Sur
les
influences « hérétiques » qu’aurait subies Dante, voir Appendice 8.
12533
8. 127. Béatrice a certainement existé, et Dante
l’
a certainement aimée. C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
12534
isté, et Dante l’a certainement aimée. C’est donc
d’
une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passe chez
12535
C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
l’
inverse de ce qui se passe chez de nombreux troubadours. Béatrice devi
12536
c d’une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse
de
ce qui se passe chez de nombreux troubadours. Béatrice deviendra succ
12537
l s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passe chez
de
nombreux troubadours. Béatrice deviendra successivement la Philosophi
12538
ux troubadours. Béatrice deviendra successivement
la
Philosophie, la Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et e
12539
Béatrice deviendra successivement la Philosophie,
la
Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les m
12540
ndra successivement la Philosophie, la Sagesse et
la
Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les mystères. 128.
12541
Science sacrée qui mène au Paradis et en explique
les
mystères. 128. C. A. Cingria, Pétrarque. 129. Sainte Thérèse : « C
12542
. Sainte Thérèse : « Ces grâces sont accompagnées
d’
un entier détachement des créatures, quant à l’esprit… On se sent alor
12543
es d’un entier détachement des créatures, quant à
l’
esprit… On se sent alors beaucoup plus étranger aux choses de la terre
12544
n se sent alors beaucoup plus étranger aux choses
de
la terre » et passim ! 130. Il connaissait le roman et le cite plusi
12545
e sent alors beaucoup plus étranger aux choses de
la
terre » et passim ! 130. Il connaissait le roman et le cite plusieur
12546
es de la terre » et passim ! 130. Il connaissait
le
roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’am
12547
re » et passim ! 130. Il connaissait le roman et
le
cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’amour : « Voic
12548
roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans
le
Triomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les liv
12549
cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe
de
l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Trista
12550
e plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de
l’
amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie les livres — Tristan e
12551
riomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent
de
rêverie les livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxq
12552
l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie
les
livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxquels il faut
12553
nt de rêverie les livres — Tristan et Lancelot et
les
autres errants — auxquels il faut que le vulgaire errant se plaise !
12554
elot et les autres errants — auxquels il faut que
le
vulgaire errant se plaise ! » 131. Sainte Thérèse : « C’est un marty
12555
is délicieux et cruel. » 132. Sainte Thérèse : «
L’
âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fois livr
12556
supplice, elle voudrait y passer ce qui lui reste
de
vie. » 133. Saint Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout
12557
Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout
le
commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 134. Sai
12558
ix : « Ô brûlure suave ! » et tout le commentaire
de
ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 134. Sainte Thérèse : «
12559
suave ! » et tout le commentaire de ce vers dans
la
Vive flamme d’amour (II, 1). 134. Sainte Thérèse : « De ce désir qui
12560
out le commentaire de ce vers dans la Vive flamme
d’
amour (II, 1). 134. Sainte Thérèse : « De ce désir qui en un instant
12561
flamme d’amour (II, 1). 134. Sainte Thérèse : «
De
ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
12562
Thérèse : « De ce désir qui en un instant pénètre
l’
âme entière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’elle-même e
12563
nstant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
la
transporte au-dessus d’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu
12564
ière naît une douleur qui la transporte au-dessus
d’
elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette sol
12565
ouleur qui la transporte au-dessus d’elle-même et
de
tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lu
12566
ui la transporte au-dessus d’elle-même et de tout
le
créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lui parle
12567
e. Qu’on lui parle et qu’elle-même se fasse toute
la
violence possible pour répondre : peine inutile, elle a beau faire, e
12568
Sainte Thérèse : « Quelle souveraineté que celle
d’
une âme qui, portée à cette hauteur par Dieu lui-même, considère toute
12569
s choses sans être enchaînée par aucune. » 136.
Le
Déclin du Moyen Âge. 137. Selon A. Jeanroy (op. cit., II, p. 130), o
12570
ne trouve aucune poésie spécialement consacrée à
la
Vierge avant le deuxième tiers du xiiie siècle. 138. Voir la Croisa
12571
nt le deuxième tiers du xiiie siècle. 138. Voir
la
Croisade du Graal, d’Otto Rahn, pour l’idée ou l’intuition, et Trista
12572
u xiiie siècle. 138. Voir la Croisade du Graal,
d’
Otto Rahn, pour l’idée ou l’intuition, et Tristan de Gottfried Weber,
12573
138. Voir la Croisade du Graal, d’Otto Rahn, pour
l’
idée ou l’intuition, et Tristan de Gottfried Weber, pour la démonstrat
12574
la Croisade du Graal, d’Otto Rahn, pour l’idée ou
l’
intuition, et Tristan de Gottfried Weber, pour la démonstration dans l
12575
l’intuition, et Tristan de Gottfried Weber, pour
la
démonstration dans le cas précis de Gottfried de Strasbourg. 139. No
12576
an de Gottfried Weber, pour la démonstration dans
le
cas précis de Gottfried de Strasbourg. 139. Nous avons déjà relevé l
12577
d Weber, pour la démonstration dans le cas précis
de
Gottfried de Strasbourg. 139. Nous avons déjà relevé l’influence de
12578
fried de Strasbourg. 139. Nous avons déjà relevé
l’
influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques esp
12579
asbourg. 139. Nous avons déjà relevé l’influence
de
cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en gé
12580
luence de cette littérature sur sainte Thérèse et
les
mystiques espagnols en général. 140. La Tragédie de Roméo et Juliet
12581
èse et les mystiques espagnols en général. 140.
La
Tragédie de Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff.
12582
ystiques espagnols en général. 140. La Tragédie
de
Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff. 141. Floris
12583
1. Floris Delattre, Milton, 1937. (Introduction à
l’
Allegro, au Penseroso et à Samson Agonistes.) 142. Charles Sorel, aut
12584
à Samson Agonistes.) 142. Charles Sorel, auteur
de
Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenan
12585
2. Charles Sorel, auteur de Francion, avait écrit
l’
Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre burles
12586
, auteur de Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou
le
Berger extravagant, reprenant dans le registre burlesque, dit « réali
12587
ti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans
le
registre burlesque, dit « réaliste », toutes les situations conventio
12588
s le registre burlesque, dit « réaliste », toutes
les
situations conventionnelles de l’Astrée. De même, Scarron, etc. 143.
12589
éaliste », toutes les situations conventionnelles
de
l’Astrée. De même, Scarron, etc. 143. « Titus, qui aimait passionném
12590
iste », toutes les situations conventionnelles de
l’
Astrée. De même, Scarron, etc. 143. « Titus, qui aimait passionnément
12591
et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis
de
l’épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les prem
12592
qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de
l’
épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premier
12593
ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser,
la
renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de
12594
royait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya
de
Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire.
12595
malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours
de
son empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface de Bérénice). 14
12596
n empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface
de
Bérénice). 144. Hippolyte parlant d’Aricie, acte Ier, scène 1 : « Do
12597
ne, préface de Bérénice). 144. Hippolyte parlant
d’
Aricie, acte Ier, scène 1 : « Dois-je épouser ses droits contre un pèr
12598
pouser ses droits contre un père irrité ? » 145.
La
confession du premier acte à la nourrice ; celle du deuxième à Hippol
12599
irrité ? » 145. La confession du premier acte à
la
nourrice ; celle du deuxième à Hippolyte — « Hé bien ! connais donc P
12600
en ! connais donc Phèdre et toute sa fureur… » et
l’
aveu de Thésée, au cinquième acte. 146. Nouvelle vérification de ce q
12601
nnais donc Phèdre et toute sa fureur… » et l’aveu
de
Thésée, au cinquième acte. 146. Nouvelle vérification de ce que nous
12602
e, au cinquième acte. 146. Nouvelle vérification
de
ce que nous disions à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore l
12603
ation de ce que nous disions à propos d’Eckhart :
la
mystique unitive ignore la passion divine. 147. Doctrine fabuleus
12604
s à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore
la
passion divine. 147. Doctrine fabuleuse , 1947, contient un essai
12605
Juan repris dans Comme toi-même , 1961. (Édition
de
poche : Les Mythes de l’amour, 1967.) 148. Celui de Mozart plutôt qu
12606
dans Comme toi-même , 1961. (Édition de poche :
Les
Mythes de l’amour, 1967.) 148. Celui de Mozart plutôt que celui de M
12607
e toi-même , 1961. (Édition de poche : Les Mythes
de
l’amour, 1967.) 148. Celui de Mozart plutôt que celui de Molière, be
12608
oi-même , 1961. (Édition de poche : Les Mythes de
l’
amour, 1967.) 148. Celui de Mozart plutôt que celui de Molière, beauc
12609
poche : Les Mythes de l’amour, 1967.) 148. Celui
de
Mozart plutôt que celui de Molière, beaucoup moins significatif à mon
12610
ur, 1967.) 148. Celui de Mozart plutôt que celui
de
Molière, beaucoup moins significatif à mon avis, et qui d’ailleurs n’
12611
leurs n’eut aucun succès au xviiie siècle. 149.
L’
abbé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur d’un ouvrage intit
12612
149. L’abbé de Sade, propre oncle du marquis, est
l’
auteur d’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes franç
12613
bé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur
d’
un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et le
12614
é : Remarques sur les premiers poètes français et
les
troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque
12615
s premiers poètes français et les troubadours, et
de
trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 150. « On a de S
12616
t les troubadours, et de trois volumes (anonymes)
de
mémoires sur Pétrarque. 150. « On a de Sade : Juliette ou les malheu
12617
anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 150. « On a
de
Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou l
12618
sur Pétrarque. 150. « On a de Sade : Juliette ou
les
malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice.
12619
. 150. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs
de
la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le co
12620
150. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de
la
vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le contr
12621
les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou
les
prospérités du vice. C’est le contraire exactement (donc en psychanal
12622
), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est
le
contraire exactement (donc en psychanalyse, le contraire aussi de ce
12623
st le contraire exactement (donc en psychanalyse,
le
contraire aussi de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’
12624
ctement (donc en psychanalyse, le contraire aussi
de
ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fort
12625
yse, le contraire aussi de ce contraire, et ainsi
de
suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A.
12626
i de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes
de
l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.)
12627
de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune
de
Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.) 151. Voir Appendice 13. 1
12628
e.) 151. Voir Appendice 13. 152. Rappelons que
l’
amour fameux d’Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de
12629
Appendice 13. 152. Rappelons que l’amour fameux
d’
Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de la passion don
12630
lard et Héloïse est le premier exemple historique
de
la passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse co
12631
d et Héloïse est le premier exemple historique de
la
passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse compo
12632
orique de la passion dont nous parlons ici. Voici
le
Chant funèbre d’Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cit
12633
ion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre
d’
Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cité par Rémusat : A
12634
n vers latins (cité par Rémusat : Abélard, t. I).
L’
amante supplie : Soulage-moi de ma croix, Conduis vers la lumière Mon
12635
: Abélard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi
de
ma croix, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des
12636
ard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi de ma
croix
, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieu
12637
supplie : Soulage-moi de ma croix, Conduis vers
la
lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu
12638
x, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et
le
chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
12639
œur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent
de
leur labeur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des
12640
s reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
de
leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des habitants des cie
12641
eur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient
l’
union des habitants des cieux : Déjà ils sont entrés dans le sanctuair
12642
s habitants des cieux : Déjà ils sont entrés dans
le
sanctuaire du Sauveur. Abélard répondit assez mal à cette passion. M
12643
hérétique, se rapproche sur des points essentiels
de
la doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il
12644
étique, se rapproche sur des points essentiels de
la
doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il lai
12645
res. Et dans ses Lamentations, il laisse échapper
le
grand cri du romantisme et de Tristan : « Amoris impulsio, culpæ just
12646
il laisse échapper le grand cri du romantisme et
de
Tristan : « Amoris impulsio, culpæ justificatio. » 153. Est-ce la f
12647
ris impulsio, culpæ justificatio. » 153. Est-ce
la
faute à Rousseau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames d’aujo
12648
eau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames
d’
aujourd’hui croient que « mystique » signifie sentimental. Vitraux, pé
12649
tal. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence
de
l’esprit, rêverie des sens… 154. W. Schlegel commença en 1808 une ré
12650
. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence de
l’
esprit, rêverie des sens… 154. W. Schlegel commença en 1808 une rédac
12651
chlegel commença en 1808 une rédaction modernisée
de
Tristan. Puis Rückert, Immermann, Platen, bien d’autres, esquissèrent
12652
res, esquissèrent des Tristan (poèmes et drames).
Le
poème de Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois con
12653
issèrent des Tristan (poèmes et drames). Le poème
de
Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé la
12654
). Le poème de Platen débute ainsi : « Celui dont
les
yeux ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à la mort… » 155
12655
si : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé
la
beauté est déjà voué à la mort… » 155. Les italiques sont dans le te
12656
ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à
la
mort… » 155. Les italiques sont dans le texte original. 156. Autre
12657
templé la beauté est déjà voué à la mort… » 155.
Les
italiques sont dans le texte original. 156. Autre vision manichéenne
12658
à voué à la mort… » 155. Les italiques sont dans
le
texte original. 156. Autre vision manichéenne du monde : la grande œ
12659
iginal. 156. Autre vision manichéenne du monde :
la
grande œuvre du peintre Otto Runge, les Quatre Saisons, devait représ
12660
du monde : la grande œuvre du peintre Otto Runge,
les
Quatre Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’esprit : l
12661
tto Runge, les Quatre Saisons, devait représenter
les
quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité d
12662
re Saisons, devait représenter les quatre saisons
de
l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le j
12663
Saisons, devait représenter les quatre saisons de
l’
esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour
12664
vait représenter les quatre saisons de l’esprit :
le
matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme ill
12665
es quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est
l’
éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créat
12666
l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité
de
l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négati
12667
sprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de
l’
univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation
12668
atin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ;
le
jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de
12669
illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée
de
la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine
12670
limité de l’univers ; le jour, forme illimitée de
la
créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de
12671
ivers ; le jour, forme illimitée de la créature ;
le
soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la
12672
itée de la créature ; le soir, négation illimitée
de
l’existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
12673
e de la créature ; le soir, négation illimitée de
l’
existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
12674
re ; le soir, négation illimitée de l’existence à
l’
origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissanc
12675
ir, négation illimitée de l’existence à l’origine
de
l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu,
12676
négation illimitée de l’existence à l’origine de
l’
univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, ex
12677
limitée de l’existence à l’origine de l’univers ;
la
nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence abso
12678
gine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
de
la connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Ro
12679
e de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
la
connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Roman
12680
la nuit, profondeur illimitée de la connaissance
de
Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Romantiques allemands
12681
ce de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch,
Les
Romantiques allemands, p. 285.) 157. Tieck raconte l’histoire du tro
12682
mantiques allemands, p. 285.) 157. Tieck raconte
l’
histoire du troubadour Jaufré Rudel dans Sternbald, et caractérise lon
12683
é Rudel dans Sternbald, et caractérise longuement
l’
amour courtois dans le Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 158. I
12684
, et caractérise longuement l’amour courtois dans
le
Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 158. Il faudra attendre un s
12685
dre un siècle pour en voir un : Bergson, disciple
de
Schelling. 159. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il don
12686
r un : Bergson, disciple de Schelling. 159. Voir
le
Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue,
12687
son, disciple de Schelling. 159. Voir le Journal
de
Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von
12688
e Schelling. 159. Voir le Journal de Novalis, et
le
portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 1
12689
le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne
de
sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 16 ans. Il note « ses pla
12690
préférés » et qu’« elle boit volontiers du vin ».
Le
Français hausse les épaules devant de tels enfantillages. 160. On li
12691
elle boit volontiers du vin ». Le Français hausse
les
épaules devant de tels enfantillages. 160. On lit dans le Cantique d
12692
s du vin ». Le Français hausse les épaules devant
de
tels enfantillages. 160. On lit dans le Cantique des Cantiques : « L
12693
s devant de tels enfantillages. 160. On lit dans
le
Cantique des Cantiques : « Levez-vous, aquilons, venez autans ! souff
12694
t Jean de la Croix : « Viens, Auster qui réveille
les
amours, — Aspire à travers mon jardin — Et que s’en répandent les ode
12695
pire à travers mon jardin — Et que s’en répandent
les
odeurs. » (Cantico, XXVI.) 161. José Ortega y Gasset, Über die Liebe
12696
José Ortega y Gasset, Über die Liebe. 162. Mélot
le
délateur, c’est le personnage constant des poèmes courtois que les tr
12697
t, Über die Liebe. 162. Mélot le délateur, c’est
le
personnage constant des poèmes courtois que les troubadours nommaient
12698
st le personnage constant des poèmes courtois que
les
troubadours nommaient le lozengier. 163. Cf.chap. II, livre II. Le r
12699
des poèmes courtois que les troubadours nommaient
le
lozengier. 163. Cf.chap. II, livre II. Le roman est un poème qui n’e
12700
maient le lozengier. 163. Cf.chap. II, livre II.
Le
roman est un poème qui n’exprime plus l’instant mais la durée. 164.
12701
ivre II. Le roman est un poème qui n’exprime plus
l’
instant mais la durée. 164. Surtout les décors réalistes que nos met
12702
an est un poème qui n’exprime plus l’instant mais
la
durée. 164. Surtout les décors réalistes que nos metteurs en scène
12703
rime plus l’instant mais la durée. 164. Surtout
les
décors réalistes que nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (l
12704
ue nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (
la
décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murai
12705
s en scène s’obstinent à conserver (la décoration
de
la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg a
12706
n scène s’obstinent à conserver (la décoration de
la
tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au d
12707
erver (la décoration de la tente au premier acte,
le
lierre peint sur les murailles du burg au deuxième !). Il faudrait un
12708
de la tente au premier acte, le lierre peint sur
les
murailles du burg au deuxième !). Il faudrait un décor simplifié à l’
12709
au deuxième !). Il faudrait un décor simplifié à
l’
extrême, abstrait, métaphysique, rêvé. Il faudrait des acteurs hiérati
12710
ques, et non pas cette interminable gesticulation
de
Tristan essoufflé sur sa couche, d’Isolde entravée par ses voiles… No
12711
gesticulation de Tristan essoufflé sur sa couche,
d’
Isolde entravée par ses voiles… Note de 1954 : la mise en scène nouvel
12712
sa couche, d’Isolde entravée par ses voiles… Note
de
1954 : la mise en scène nouvelle de Tristan à Bayreuth, œuvre de Wiel
12713
d’Isolde entravée par ses voiles… Note de 1954 :
la
mise en scène nouvelle de Tristan à Bayreuth, œuvre de Wieland Wagner
12714
voiles… Note de 1954 : la mise en scène nouvelle
de
Tristan à Bayreuth, œuvre de Wieland Wagner, comble les vœux que j’ex
12715
se en scène nouvelle de Tristan à Bayreuth, œuvre
de
Wieland Wagner, comble les vœux que j’exprimais dans la première édit
12716
istan à Bayreuth, œuvre de Wieland Wagner, comble
les
vœux que j’exprimais dans la première édition de ce livre ; elle perm
12717
les vœux que j’exprimais dans la première édition
de
ce livre ; elle permet d’assister les yeux ouverts au deuxième acte.
12718
ans la première édition de ce livre ; elle permet
d’
assister les yeux ouverts au deuxième acte. 165. Gwyon (d’où guyon :
12719
ière édition de ce livre ; elle permet d’assister
les
yeux ouverts au deuxième acte. 165. Gwyon (d’où guyon : guide, en v
12720
les yeux ouverts au deuxième acte. 165. Gwyon (
d’
où guyon : guide, en vieux français) c’est le Führer qui détient les s
12721
yon (d’où guyon : guide, en vieux français) c’est
le
Führer qui détient les secrets d’initiation à la voie divinisante. 1
12722
e, en vieux français) c’est le Führer qui détient
les
secrets d’initiation à la voie divinisante. 166. Scène d’un roman de
12723
français) c’est le Führer qui détient les secrets
d’
initiation à la voie divinisante. 166. Scène d’un roman de Caldwell i
12724
le Führer qui détient les secrets d’initiation à
la
voie divinisante. 166. Scène d’un roman de Caldwell intitulé la Rout
12725
s d’initiation à la voie divinisante. 166. Scène
d’
un roman de Caldwell intitulé la Route au tabac. 167. On connaît la p
12726
ion à la voie divinisante. 166. Scène d’un roman
de
Caldwell intitulé la Route au tabac. 167. On connaît la phrase d’un
12727
ante. 166. Scène d’un roman de Caldwell intitulé
la
Route au tabac. 167. On connaît la phrase d’un officier hitlérien :
12728
well intitulé la Route au tabac. 167. On connaît
la
phrase d’un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononce
12729
ulé la Route au tabac. 167. On connaît la phrase
d’
un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer le mot “
12730
hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer
le
mot “Geist” (esprit), j’arme mon revolver. »
12731
uerre 1.Parallélisme des formes Du désir à
la
mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et
12732
Parallélisme des formes Du désir à la mort par
la
passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et nous y somme
12733
s Du désir à la mort par la passion, telle est
la
voie du romantisme occidental ; et nous y sommes tous engagés pour au
12734
ommes tributaires — inconsciemment bien entendu —
d’
un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
12735
res — inconsciemment bien entendu — d’un ensemble
de
mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles.
12736
ciemment bien entendu — d’un ensemble de mœurs et
de
coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles. Or passion s
12737
endu — d’un ensemble de mœurs et de coutumes dont
la
mystique courtoise a créé les symboles. Or passion signifie souffranc
12738
et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
les
symboles. Or passion signifie souffrance. Notre notion de l’amour, en
12739
les. Or passion signifie souffrance. Notre notion
de
l’amour, enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc
12740
. Or passion signifie souffrance. Notre notion de
l’
amour, enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc li
12741
tion de l’amour, enveloppant celle que nous avons
de
la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde q
12742
n de l’amour, enveloppant celle que nous avons de
la
femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde qui
12743
ons de la femme, se trouve donc liée à une notion
de
la souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus sec
12744
de la femme, se trouve donc liée à une notion de
la
souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
12745
ui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
de
la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singul
12746
flatte ou légitime obscurément, au plus secret de
la
conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulièr
12747
ent, au plus secret de la conscience occidentale,
le
goût de la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la
12748
plus secret de la conscience occidentale, le goût
de
la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme e
12749
s secret de la conscience occidentale, le goût de
la
guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d
12750
e, le goût de la guerre. Cette liaison singulière
d’
une certaine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerr
12751
rre. Cette liaison singulière d’une certaine idée
de
la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entr
12752
. Cette liaison singulière d’une certaine idée de
la
femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîn
12753
son singulière d’une certaine idée de la femme et
d’
une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîne de profond
12754
ine idée de la femme et d’une idée correspondante
de
la guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la mo
12755
idée de la femme et d’une idée correspondante de
la
guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la moral
12756
orrespondante de la guerre, en Occident, entraîne
de
profondes conséquences pour la morale, l’éducation, la politique. Un
12757
Occident, entraîne de profondes conséquences pour
la
morale, l’éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas d
12758
ntraîne de profondes conséquences pour la morale,
l’
éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour
12759
ofondes conséquences pour la morale, l’éducation,
la
politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour en démêler l
12760
n, la politique. Un fort gros livre ne serait pas
de
trop pour en démêler les aspects. On doit souhaiter que ce livre soit
12761
gros livre ne serait pas de trop pour en démêler
les
aspects. On doit souhaiter que ce livre soit écrit, mais sans se diss
12762
que ce livre soit écrit, mais sans se dissimuler
l’
extrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il
12763
rit, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté
de
la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséde
12764
, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté de
la
tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséder à
12765
xtrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour
la
mener à bien, il s’agirait de posséder à fond la matière rapidement e
12766
Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait
de
posséder à fond la matière rapidement explorée dans les pages qui pré
12767
la mener à bien, il s’agirait de posséder à fond
la
matière rapidement explorée dans les pages qui précèdent, puis une so
12768
sséder à fond la matière rapidement explorée dans
les
pages qui précèdent, puis une solide culture militaire, enfin la somm
12769
écèdent, puis une solide culture militaire, enfin
la
somme des recherches psychologiques entreprises depuis le xixe siècl
12770
des recherches psychologiques entreprises depuis
le
xixe siècle sur la question de l’« instinct combatif » dans ses rela
12771
hologiques entreprises depuis le xixe siècle sur
la
question de l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinc
12772
ntreprises depuis le xixe siècle sur la question
de
l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel168.
12773
eprises depuis le xixe siècle sur la question de
l’
« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel168. Fa
12774
e l’« instinct combatif » dans ses relations avec
l’
instinct sexuel168. Faute de quoi, je me bornerai à soulever un certai
12775
ns ses relations avec l’instinct sexuel168. Faute
de
quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre de questions, et su
12776
quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre
de
questions, et surtout à les situer dans la logique du mythe, qui est
12777
ever un certain nombre de questions, et surtout à
les
situer dans la logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut pens
12778
nombre de questions, et surtout à les situer dans
la
logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs q
12779
est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que
l’
examen des formes n’est pas moins instructif, en ce domaine, que la re
12780
es n’est pas moins instructif, en ce domaine, que
la
recherche des causes, et qu’il est certainement moins trompeur. Il n’
12781
ins trompeur. Il n’est pas nécessaire par exemple
de
recourir aux théories de Freud pour constater que l’instinct de guerr
12782
s nécessaire par exemple de recourir aux théories
de
Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’érotisme sont fond
12783
recourir aux théories de Freud pour constater que
l’
instinct de guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figu
12784
x théories de Freud pour constater que l’instinct
de
guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figures courant
12785
Freud pour constater que l’instinct de guerre et
l’
érotisme sont fondamentalement liés : les figures courantes du langage
12786
guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés :
les
figures courantes du langage le font voir avec plus d’évidence. Laiss
12787
ntalement liés : les figures courantes du langage
le
font voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté les hypothèses
12788
gures courantes du langage le font voir avec plus
d’
évidence. Laissant donc de côté les hypothèses multiples et changeante
12789
le font voir avec plus d’évidence. Laissant donc
de
côté les hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse de
12790
voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté
les
hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse des instinc
12791
s hypothèses multiples et changeantes relatives à
la
genèse des instincts, je m’en tiendrai à quelques rapprochements form
12792
tiendrai à quelques rapprochements formels entre
les
arts d’aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon p
12793
à quelques rapprochements formels entre les arts
d’
aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos ét
12794
rapprochements formels entre les arts d’aimer et
de
guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplem
12795
le jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplement
de
marquer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
12796
étant simplement de marquer un parallélisme entre
l’
évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleu
12797
uer un parallélisme entre l’évolution du mythe et
l’
évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’u
12798
lélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution
de
la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’a
12799
isme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
la
guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autr
12800
’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs
de
la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
12801
olution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de
la
priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
12802
a guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
de
l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiqu
12803
ns préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou
de
l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poè
12804
ité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier
de
l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrièr
12805
de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de
l’
amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières
12806
l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès
l’
Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire le
12807
2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité,
les
poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’
12808
de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé
de
métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le
12809
tes ont usé de métaphores guerrières pour décrire
les
effets de l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche
12810
de métaphores guerrières pour décrire les effets
de
l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèche
12811
métaphores guerrières pour décrire les effets de
l’
amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches m
12812
ières pour décrire les effets de l’amour naturel.
Le
dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femm
12813
ur décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu
d’
amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femme se ren
12814
est un archer qui décoche des flèches mortelles.
La
femme se rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur
12815
décoche des flèches mortelles. La femme se rend à
l’
homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu d
12816
flèches mortelles. La femme se rend à l’homme qui
la
conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
12817
e rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est
le
meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’
12818
a conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier.
L’
enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des
12819
ert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu
de
la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus an
12820
parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de
la
guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus ancie
12821
il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
de
Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans
12822
lleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est
la
possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous poss
12823
. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession
d’
une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous possédions, le Thé
12824
l’un des plus anciens romans que nous possédions,
le
Théagène et Chariclée d’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « lut
12825
’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « luttes
d’
amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les
12826
iie siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et
de
la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévit
12827
siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et de
la
« délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévitabl
12828
luttes d’amour » et de la « délicieuse défaite »
de
celui « qui tombe sous les traits inévitables d’Éros ». Plutarque fai
12829
« délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous
les
traits inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuel
12830
de celui « qui tombe sous les traits inévitables
d’
Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuelle des Spartiates s’or
12831
its inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que
la
morale sexuelle des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire de
12832
des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire
de
ce peuple. L’eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant l
12833
s’ordonnait au rendement militaire de ce peuple.
L’
eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations d
12834
au rendement militaire de ce peuple. L’eugénisme
de
Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations des époux, n’
12835
isme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant
les
relations des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter l’agressivité
12836
inutieuses réglant les relations des époux, n’ont
d’
autre but que d’augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirm
12837
nt les relations des époux, n’ont d’autre but que
d’
augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison nat
12838
ions des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter
l’
agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison naturelle, c’es
12839
ter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme
la
liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique, de l’instinct sexuel e
12840
la liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique,
de
l’instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de c
12841
liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique, de
l’
instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de cher
12842
est-à-dire physiologique, de l’instinct sexuel et
de
l’instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblance
12843
-à-dire physiologique, de l’instinct sexuel et de
l’
instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblances e
12844
el et de l’instinct combatif. Mais il serait vain
de
chercher des ressemblances entre la tactique des Anciens et leur conc
12845
l serait vain de chercher des ressemblances entre
la
tactique des Anciens et leur conception de l’amour. Les deux domaines
12846
entre la tactique des Anciens et leur conception
de
l’amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait dist
12847
tre la tactique des Anciens et leur conception de
l’
amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinc
12848
ctique des Anciens et leur conception de l’amour.
Les
deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinctes, et pr
12849
mis à des lois tout à fait distinctes, et privées
de
commune mesure. Il n’en va plus de même dans notre histoire à partir
12850
partir des xiie et xiiie siècles. On voit alors
le
langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne désignent plus seulem
12851
les. On voit alors le langage amoureux s’enrichir
de
tournures qui ne désignent plus seulement les gestes élémentaires du
12852
chir de tournures qui ne désignent plus seulement
les
gestes élémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées d’une façon
12853
lémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées
d’
une façon très précise à l’art des batailles, à la tactique militaire
12854
is qui sont empruntées d’une façon très précise à
l’
art des batailles, à la tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit p
12855
d’une façon très précise à l’art des batailles, à
la
tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une o
12856
se à l’art des batailles, à la tactique militaire
de
l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou
12857
à l’art des batailles, à la tactique militaire de
l’
époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou mo
12858
itaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais,
d’
une origine commune plus ou moins obscurément ressentie, mais bien d’u
12859
ne plus ou moins obscurément ressentie, mais bien
d’
un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
12860
ressentie, mais bien d’un minutieux parallélisme.
L’
amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu
12861
is bien d’un minutieux parallélisme. L’amant fait
le
siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
12862
’un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège
de
sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près,
12863
lisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
d’
amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il c
12864
Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il
la
serre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières déf
12865
livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
de
près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de
12866
ureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il
la
poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de sa pudeur, e
12867
rre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre
les
dernières défenses de sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfi
12868
suit, il cherche à vaincre les dernières défenses
de
sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin la dame se rend à me
12869
vaincre les dernières défenses de sa pudeur, et à
les
tourner par surprise ; enfin la dame se rend à merci. Mais alors, par
12870
sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin
la
dame se rend à merci. Mais alors, par une curieuse inversion bien typ
12871
is alors, par une curieuse inversion bien typique
de
la courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps qu
12872
alors, par une curieuse inversion bien typique de
la
courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps que s
12873
se inversion bien typique de la courtoisie, c’est
l’
amant qui sera son prisonnier en même temps que son vainqueur. Il devi
12874
ier en même temps que son vainqueur. Il deviendra
le
vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout
12875
e temps que son vainqueur. Il deviendra le vassal
de
cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout comme si c
12876
Il deviendra le vassal de cette suzeraine, selon
la
règle des guerres féodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
12877
éodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
la
défaite 169. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve de sa vaillanc
12878
i la défaite 169. Il ne lui reste plus qu’à faire
la
preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’a
12879
te 169. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve
de
sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’argot solda
12880
re la preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour
le
beau langage. Mais l’argot soldatesque et civil nous fournirait une p
12881
llance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais
l’
argot soldatesque et civil nous fournirait une profusion d’exemples d’
12882
oldatesque et civil nous fournirait une profusion
d’
exemples d’une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’intr
12883
et civil nous fournirait une profusion d’exemples
d’
une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’introduction de
12884
verdeur encore plus significative. Et plus tard,
l’
introduction des armes à feu devait donner lieu à d’innombrables plais
12885
introduction des armes à feu devait donner lieu à
d’
innombrables plaisanteries à double sens. Ce parallélisme d’ailleurs e
12886
élisme d’ailleurs est complaisamment exploité par
les
écrivains. C’est un thème de rhétorique inépuisable. « Ô ! trop heure
12887
amment exploité par les écrivains. C’est un thème
de
rhétorique inépuisable. « Ô ! trop heureux capitaine, écrit Brantôme1
12888
écrit Brantôme170, qui avez combattu et tué tant
d’
hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop h
12889
0, qui avez combattu et tué tant d’hommes ennemis
de
Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une
12890
ombattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu dans
les
armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus
12891
d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans
les
villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus, qui avez combattu
12892
vez combattu et vaincu à tant d’autres assauts et
de
reprises une si belle Dame entre les pavillons de votre lit ! » Il ne
12893
es assauts et de reprises une si belle Dame entre
les
pavillons de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs
12894
de reprises une si belle Dame entre les pavillons
de
votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs mystiques rep
12895
ns de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si
les
auteurs mystiques reprennent ces métaphores devenues banales, et les
12896
es reprennent ces métaphores devenues banales, et
les
transposent selon le processus décrit plus haut, dans le domaine de l
12897
phores devenues banales, et les transposent selon
le
processus décrit plus haut, dans le domaine de l’amour divin. Francis
12898
sposent selon le processus décrit plus haut, dans
le
domaine de l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sa
12899
on le processus décrit plus haut, dans le domaine
de
l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérès
12900
le processus décrit plus haut, dans le domaine de
l’
amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse l
12901
mour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres
de
sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son
12902
sco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse
les
plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne
12903
l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus
de
rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
12904
) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
le
combat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le
12905
ns son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat
de
l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’u
12906
son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de
l’
amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une
12907
Ne pense pas que le combat de l’amour soit comme
les
autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable
12908
bat de l’amour soit comme les autres batailles où
la
fureur et le fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, c
12909
r soit comme les autres batailles où la fureur et
le
fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne
12910
me les autres batailles où la fureur et le fracas
d’
une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne combat qu
12911
une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car
l’
amour ne combat qu’à force de caresses et n’a d’autres menaces que ses
12912
es tendres paroles. Ses flèches et ses coups sont
les
bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacit
12913
s. Ses flèches et ses coups sont les bienfaits et
les
dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacité. Les soupirs co
12914
bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre
de
grande efficacité. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise de
12915
Sa rencontre est une offre de grande efficacité.
Les
soupirs composent son artillerie. Sa prise de possession est un embra
12916
é. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise
de
possession est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l
12917
de possession est un embrassement. Sa tuerie est
de
donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise tr
12918
sion est un embrassement. Sa tuerie est de donner
la
vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l
12919
embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour
l’
aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la
12920
est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que
la
rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la
12921
⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à
l’
origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle centra
12922
que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine,
la
lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle es
12923
urtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et
de
la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du mond
12924
oise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de
la
Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde e
12925
uit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit.
La
mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde et la vict
12926
a Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est
la
défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort so
12927
un rôle central : elle est la défaite du monde et
la
victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse,
12928
ral : elle est la défaite du monde et la victoire
de
la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l
12929
: elle est la défaite du monde et la victoire de
la
vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’in
12930
e la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par
l’
ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cett
12931
Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par
l’
instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse
12932
, ni cette complicité physiologique des instincts
de
combat et de procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des
12933
mplicité physiologique des instincts de combat et
de
procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des expressions
12934
ombat et de procréation ne suffisent à déterminer
l’
usage précis des expressions guerrières dans la littérature érotique d
12935
er l’usage précis des expressions guerrières dans
la
littérature érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existe
12936
pressions guerrières dans la littérature érotique
d’
Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge d’une r
12937
érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est
l’
existence au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à l’art d’aim
12938
qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge
d’
une règle effectivement commune à l’art d’aimer et à l’art militaire,
12939
au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à
l’
art d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3
12940
yen Âge d’une règle effectivement commune à l’art
d’
aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La ch
12941
règle effectivement commune à l’art d’aimer et à
l’
art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
12942
rt d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle
la
chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « D
12943
s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
de
l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est,
12944
appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de
l’
amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, sel
12945
chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et
de
la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizi
12946
valerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de
la
guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga
12947
de l’amour et de la guerre « Donner un style à
l’
amour », telle est, selon J. Huizinga, l’aspiration suprême de la soci
12948
style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga,
l’
aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’e
12949
elle est, selon J. Huizinga, l’aspiration suprême
de
la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité soci
12950
e est, selon J. Huizinga, l’aspiration suprême de
la
société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale
12951
l’aspiration suprême de la société médiévale dans
l’
ordre éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin d’autant plus
12952
éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin
d’
autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
12953
té sociale, un besoin d’autant plus impérieux que
les
mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rit
12954
x que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
l’
amour à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’e
12955
mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à
la
hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À mo
12956
plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur
d’
un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les
12957
s. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rite,
la
violence débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions n
12958
ur à la hauteur d’un rite, la violence débordante
de
la passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer
12959
à la hauteur d’un rite, la violence débordante de
la
passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dan
12960
r d’un rite, la violence débordante de la passion
l’
exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dans des forme
12961
nce débordante de la passion l’exige. À moins que
les
émotions ne se laissent encadrer dans des formes et des règles, c’est
12962
ent encadrer dans des formes et des règles, c’est
la
barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la li
12963
dans des formes et des règles, c’est la barbarie.
L’
Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peup
12964
les, c’est la barbarie. L’Église avait pour tâche
de
réprimer la brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisai
12965
a barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer
la
brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’ari
12966
lise avait pour tâche de réprimer la brutalité et
la
licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’aristocratie, en de
12967
a licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas.
L’
aristocratie, en dehors des préceptes de la religion, avait sa culture
12968
sait pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes
de
la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle
12969
t pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes de
la
religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle y
12970
de la religion, avait sa culture à elle, à savoir
la
courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite. »171 (Nous s
12971
à elle, à savoir la courtoisie, et elle y puisait
les
normes de sa conduite. »171 (Nous savons en effet que la courtoisie n
12972
avoir la courtoisie, et elle y puisait les normes
de
sa conduite. »171 (Nous savons en effet que la courtoisie non seuleme
12973
es de sa conduite. »171 (Nous savons en effet que
la
courtoisie non seulement ne devait rien à l’Église, mais s’opposait à
12974
que la courtoisie non seulement ne devait rien à
l’
Église, mais s’opposait à sa morale. Voilà qui peut nous inciter à rév
12975
eut nous inciter à réviser bien des jugements sur
l’
unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cett
12976
éviser bien des jugements sur l’unité spirituelle
de
la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise n
12977
ser bien des jugements sur l’unité spirituelle de
la
société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise ne p
12978
e morale courtoise ne parvint guère à transformer
les
mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient d’ « une rudesse ét
12979
mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient
d’
« une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal cr
12980
’ « une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle
le
rôle d’un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la
12981
rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle
d’
un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la littérat
12982
du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal créateur
de
belles apparences. Elle triompha dans la littérature. Et par ailleurs
12983
créateur de belles apparences. Elle triompha dans
la
littérature. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité l
12984
ture. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à
la
réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
12985
r ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité
la
plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’un ars a
12986
ser à la réalité la plus violente du temps, celle
de
la guerre. Exemple unique d’un ars amandi, qui donne naissance à un a
12987
à la réalité la plus violente du temps, celle de
la
guerre. Exemple unique d’un ars amandi, qui donne naissance à un ars
12988
ente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
d’
un ars amandi, qui donne naissance à un ars bellandi. Ce n’est pas seu
12989
ce à un ars bellandi. Ce n’est pas seulement dans
le
détail des règles de combat individuel que se fait sentir l’action de
12990
Ce n’est pas seulement dans le détail des règles
de
combat individuel que se fait sentir l’action de l’idéal chevaleresqu
12991
es règles de combat individuel que se fait sentir
l’
action de l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batail
12992
de combat individuel que se fait sentir l’action
de
l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et j
12993
combat individuel que se fait sentir l’action de
l’
idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et jusq
12994
ntir l’action de l’idéal chevaleresque, mais dans
la
conduite même des batailles, et jusque dans la politique. Le formalis
12995
ns la conduite même des batailles, et jusque dans
la
politique. Le formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’
12996
même des batailles, et jusque dans la politique.
Le
formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’absolu religie
12997
malisme militaire revêt à cette époque une valeur
d’
absolu religieux. Il est fréquent qu’on se laisse tuer pour respecter
12998
’on se laisse tuer pour respecter des conventions
d’
une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile
12999
es conventions d’une merveilleuse extravagance. «
Les
chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne re
13000
d’une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers
de
l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamai
13001
ne merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de
l’
ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais d
13002
illeuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre
de
l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus d
13003
euse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de
l’
Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus de q
13004
chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans
le
combat ils ne reculeront jamais de plus de quatre arpents ; sinon ils
13005
e dans le combat ils ne reculeront jamais de plus
de
quatre arpents ; sinon ils devront mourir ou se rendre. Et cette règl
13006
t mourir ou se rendre. Et cette règle étrange, si
l’
on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus d
13007
règle étrange, si l’on en croit Froissart, coûta
la
vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. »
13008
ge, si l’on en croit Froissart, coûta la vie, dès
le
début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les
13009
on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début
de
l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessit
13010
en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de
l’
ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
13011
rt, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus
de
quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie
13012
, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même,
les
nécessités de la stratégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique o
13013
tre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
de
la stratégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou de l’honneur
13014
-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de
la
stratégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou de l’honneur co
13015
cessités de la stratégie sont sacrifiées à celles
de
l’esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterr
13016
sités de la stratégie sont sacrifiées à celles de
l’
esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre v
13017
tégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou
de
l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre
13018
ie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou de
l’
honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre de
13019
ur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à
la
rencontre des Français avant la bataille d’Azincourt. Par erreur, le
13020
d’Angleterre va à la rencontre des Français avant
la
bataille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
13021
va à la rencontre des Français avant la bataille
d’
Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrage
13022
ançais avant la bataille d’Azincourt. Par erreur,
le
soir, il dépasse le village que les fourrageurs lui ont assigné pour
13023
ille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse
le
village que les fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-
13024
t. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
les
fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or le roi «
13025
s lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or
le
roi « comme celuy qui gardoit le plus les cérémonies d’honneur très l
13026
ette nuit-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit
le
plus les cérémonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonne
13027
t-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit le plus
les
cérémonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonner que les
13028
« comme celuy qui gardoit le plus les cérémonies
d’
honneur très loable » vient justement d’ordonner que les chevaliers en
13029
érémonies d’honneur très loable » vient justement
d’
ordonner que les chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’a
13030
neur très loable » vient justement d’ordonner que
les
chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’armes afin de ne
13031
que les chevaliers en reconnaissance abandonnent
la
cotte d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en
13032
chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte
d’
armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en vêtement
13033
d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés
de
reculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte d’arme
13034
eculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu
de
sa cotte d’armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la n
13035
tements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte
d’
armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans l’e
13036
s, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe
la
nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde confor
13037
donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans
l’
endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde conformément à ce n
13038
nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger
l’
avant-garde conformément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent de
13039
r l’avant-garde conformément à ce nouveau plan. »
Les
exemples abondent de carnages inutiles provoqués par des vœux d’une f
13040
mément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent
de
carnages inutiles provoqués par des vœux d’une folle outrecuidance et
13041
ndent de carnages inutiles provoqués par des vœux
d’
une folle outrecuidance et que l’on tente d’accomplir au plus grand de
13042
ués par des vœux d’une folle outrecuidance et que
l’
on tente d’accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le
13043
vœux d’une folle outrecuidance et que l’on tente
d’
accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le péril qu’o
13044
ir au plus grand des périls possibles. C’est bien
le
péril qu’on recherche pour lui-même, car on n’est pas inapte en d’aut
13045
uver des prétextes pour esquiver ses engagements.
La
casuistique courtoise en offre d’excellents. Cette casuistique « ne r
13046
es engagements. La casuistique courtoise en offre
d’
excellents. Cette casuistique « ne régit pas seulement la morale et le
13047
lents. Cette casuistique « ne régit pas seulement
la
morale et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et
13048
casuistique « ne régit pas seulement la morale et
le
droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont
13049
ement la morale et le droit ; elle s’étend à tous
les
domaines où le style et la forme sont choses essentielles ; les cérém
13050
et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où
le
style et la forme sont choses essentielles ; les cérémonies, l’étique
13051
; elle s’étend à tous les domaines où le style et
la
forme sont choses essentielles ; les cérémonies, l’étiquette, les tou
13052
ù le style et la forme sont choses essentielles ;
les
cérémonies, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour »
13053
forme sont choses essentielles ; les cérémonies,
l’
étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour ». Elle a même e
13054
hoses essentielles ; les cérémonies, l’étiquette,
les
tournois, la chasse et surtout l’amour ». Elle a même exercé une infl
13055
lles ; les cérémonies, l’étiquette, les tournois,
la
chasse et surtout l’amour ». Elle a même exercé une influence détermi
13056
, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout
l’
amour ». Elle a même exercé une influence déterminante sur le droit de
13057
Elle a même exercé une influence déterminante sur
le
droit des gens à sa naissance. « Droit de butin, droit d’attaque — fi
13058
nte sur le droit des gens à sa naissance. « Droit
de
butin, droit d’attaque — fidélité à la parole donnée sont régis par d
13059
des gens à sa naissance. « Droit de butin, droit
d’
attaque — fidélité à la parole donnée sont régis par des règles sembla
13060
e. « Droit de butin, droit d’attaque — fidélité à
la
parole donnée sont régis par des règles semblables à celles qui gouve
13061
par des règles semblables à celles qui gouvernent
le
tournoi et la chasse. » L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un t
13062
semblables à celles qui gouvernent le tournoi et
la
chasse. » L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur le d
13063
celles qui gouvernent le tournoi et la chasse. »
L’
Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerr
13064
le tournoi et la chasse. » L’Arbre des Batailles
d’
Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discu
13065
re des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur
le
droit de guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes
13066
tailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit
de
guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques
13067
oré Bonet est un traité sur le droit de guerre où
l’
on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’article
13068
guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups
de
textes bibliques et d’articles de droit canonique des questions de ce
13069
iscutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et
d’
articles de droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd
13070
le-mêle à coups de textes bibliques et d’articles
de
droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd dans la mê
13071
es et d’articles de droit canonique des questions
de
ce genre : « Si l’on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on
13072
droit canonique des questions de ce genre : « Si
l’
on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ?
13073
e des questions de ce genre : « Si l’on perd dans
la
mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permi
13074
d dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu
de
la rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Va
13075
ans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de
la
rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-
13076
untée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permis
de
livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après les
13077
ndre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour
de
fête ? — Vaut-il mieux se battre après les repas ou à jeun ? — Dans q
13078
un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après
les
repas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader de captivité ? »
13079
pas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader
de
captivité ? » Dans un autre ouvrage, on voit deux capitaines se dispu
13080
deux capitaines se disputer un prisonnier devant
le
chef : « C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et
13081
er un prisonnier devant le chef : « C’est moi qui
l’
ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par la main droite, et lu
13082
C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par
le
bras et par la main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi,
13083
’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par
la
main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi, dit l’autre, il
13084
le bras et par la main droite, et lui ai arraché
le
gant. — Mais à moi, dit l’autre, il a donné cette même main avec sa p
13085
t aux idées politiques inspirées au Moyen Âge par
la
conception chevaleresque, ce sont essentiellement selon Huizinga : la
13086
eresque, ce sont essentiellement selon Huizinga :
la
lutte pour la paix universelle basée sur l’union des rois, la conquêt
13087
nt essentiellement selon Huizinga : la lutte pour
la
paix universelle basée sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem
13088
nga : la lutte pour la paix universelle basée sur
l’
union des rois, la conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idé
13089
r la paix universelle basée sur l’union des rois,
la
conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mai
13090
iverselle basée sur l’union des rois, la conquête
de
Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’emp
13091
sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem et
l’
expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera d
13092
’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont
l’
empire ne cessera de s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, e
13093
. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera
de
s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transfor
13094
es mais dont l’empire ne cessera de s’exercer sur
les
princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transformations de tous or
13095
usqu’au xve siècle, en dépit des transformations
de
tous ordres survenues entre-temps en Europe, et à l’encontre des inté
13096
mps en Europe, et à l’encontre des intérêts réels
les
plus urgents. C’est ici que se marque le mieux le caractère particuli
13097
s réels les plus urgents. C’est ici que se marque
le
mieux le caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement cont
13098
es plus urgents. C’est ici que se marque le mieux
le
caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement contradictoir
13099
i que se marque le mieux le caractère particulier
de
l’idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité
13100
ue se marque le mieux le caractère particulier de
l’
idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité » d
13101
’idéal courtois, radicalement contradictoire avec
la
« dure réalité » de l’époque : il représente un pôle d’attraction pou
13102
icalement contradictoire avec la « dure réalité »
de
l’époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations sp
13103
lement contradictoire avec la « dure réalité » de
l’
époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations spiri
13104
ure réalité » de l’époque : il représente un pôle
d’
attraction pour les aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
13105
’époque : il représente un pôle d’attraction pour
les
aspirations spirituelles brimées. C’est une forme d’évasion romantiqu
13106
aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
d’
évasion romantique, en même temps qu’un frein aux instincts. Le formal
13107
antique, en même temps qu’un frein aux instincts.
Le
formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féod
13108
u’un frein aux instincts. Le formalisme minutieux
de
la guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la
13109
n frein aux instincts. Le formalisme minutieux de
la
guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la cha
13110
uerre s’oppose aux violences du sang féodal comme
le
culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation é
13111
ppose aux violences du sang féodal comme le culte
de
la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique d
13112
se aux violences du sang féodal comme le culte de
la
chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du x
13113
u sang féodal comme le culte de la chasteté, chez
les
troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
13114
de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à
l’
exaltation érotique du xiie siècle. « Dans la conscience du Moyen Âge
13115
e à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
la
conscience du Moyen Âge, se forment pour ainsi dire l’une à côté de l
13116
nsi dire l’une à côté de l’autre deux conceptions
de
la vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sent
13117
dire l’une à côté de l’autre deux conceptions de
la
vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentime
13118
ne à côté de l’autre deux conceptions de la vie :
la
conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments morau
13119
conception pieuse, ascétique, attire à elle tous
les
sentiments moraux ; la sensualité, abandonnée au diable, se venge ter
13120
tique, attire à elle tous les sentiments moraux ;
la
sensualité, abandonnée au diable, se venge terriblement. Que l’un ou
13121
iable, se venge terriblement. Que l’un ou l’autre
de
ces penchants prédomine, nous avons le saint ou le pécheur ; mais en
13122
ou l’autre de ces penchants prédomine, nous avons
le
saint ou le pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre i
13123
e ces penchants prédomine, nous avons le saint ou
le
pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre instable avec
13124
néral, ils se tiennent en équilibre instable avec
d’
énormes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte
13125
nnent en équilibre instable avec d’énormes écarts
de
la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte II est pourta
13126
nt en équilibre instable avec d’énormes écarts de
la
balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte II est pourtant
13127
mes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou
le
mythe en acte II est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à
13128
en acte II est pourtant un domaine où s’opère
la
synthèse à peu près parfaite des instincts érotiques et guerriers et
13129
parfaite des instincts érotiques et guerriers et
de
la règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de
13130
rfaite des instincts érotiques et guerriers et de
la
règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de la
13131
guerriers et de la règle courtoise idéale : c’est
le
terrain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. L
13132
e idéale : c’est le terrain nettement circonscrit
de
la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent
13133
déale : c’est le terrain nettement circonscrit de
la
lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent li
13134
ain nettement circonscrit de la lice où se jouent
les
tournois. Là, les fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’
13135
onscrit de la lice où se jouent les tournois. Là,
les
fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’égide et dans les
13136
fureurs du sang se donnent libre cours mais sous
l’
égide et dans les cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un
13137
se donnent libre cours mais sous l’égide et dans
les
cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sport
13138
mais sous l’égide et dans les cadres symboliques
d’
une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de la fonction myth
13139
ne cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif
de
la fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : expr
13140
cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de
la
fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : exprime
13141
de la fonction mythique du Tristan telle que nous
la
définissions : exprimer la passion dans toute sa force, mais en la vo
13142
Tristan telle que nous la définissions : exprimer
la
passion dans toute sa force, mais en la voilant religieusement, de ma
13143
exprimer la passion dans toute sa force, mais en
la
voilant religieusement, de manière à la rendre acceptable au jugement
13144
, mais en la voilant religieusement, de manière à
la
rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le m
13145
nt, de manière à la rendre acceptable au jugement
de
la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les tran
13146
de manière à la rendre acceptable au jugement de
la
société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transpo
13147
à la rendre acceptable au jugement de la société.
Le
tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’amo
13148
le au jugement de la société. Le tournoi « joue »
le
mythe, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne dev
13149
Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — «
Les
transports de l’amour romanesque ne devaient pas seulement être prése
13150
oue » le mythe, physiquement : — « Les transports
de
l’amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous form
13151
» le mythe, physiquement : — « Les transports de
l’
amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous forme d
13152
s en spectacle. Ce jeu peut revêtir deux formes :
la
représentation dramatique et le sport. Celui-ci est, au e, de beaucou
13153
tir deux formes : la représentation dramatique et
le
sport. Celui-ci est, au e, de beaucoup le plus important. Le drame ne
13154
ation dramatique et le sport. Celui-ci est, au e,
de
beaucoup le plus important. Le drame ne traitait encore, en général,
13155
ique et le sport. Celui-ci est, au e, de beaucoup
le
plus important. Le drame ne traitait encore, en général, que la matiè
13156
elui-ci est, au e, de beaucoup le plus important.
Le
drame ne traitait encore, en général, que la matière sacrée ; l’avent
13157
ant. Le drame ne traitait encore, en général, que
la
matière sacrée ; l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le
13158
itait encore, en général, que la matière sacrée ;
l’
aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le sport médiéval, au
13159
l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle.
Le
sport médiéval, au contraire, et surtout le tournoi, était lui-même d
13160
elle. Le sport médiéval, au contraire, et surtout
le
tournoi, était lui-même dramatique au plus haut point et contenait, e
13161
haut point et contenait, en outre, une forte dose
d’
érotisme. Partout et toujours, le sport a associé ces deux facteurs :
13162
, une forte dose d’érotisme. Partout et toujours,
le
sport a associé ces deux facteurs : dramatiques et amoureux ; mais ta
13163
teurs : dramatiques et amoureux ; mais tandis que
les
sports modernes sont presque retournés à la simplicité grecque, le to
13164
que les sports modernes sont presque retournés à
la
simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riche
13165
s sont presque retournés à la simplicité grecque,
le
tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise
13166
que retournés à la simplicité grecque, le tournoi
de
la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, p
13167
retournés à la simplicité grecque, le tournoi de
la
fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, pouv
13168
es ornements et sa mise en scène, pouvait remplir
les
fonctions du drame lui-même. »172 Rien ne me paraît plus propre à r
13169
»172 Rien ne me paraît plus propre à restituer
l’
atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournoi
13170
ne me paraît plus propre à restituer l’atmosphère
de
rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut
13171
propre à restituer l’atmosphère de rêve du Roman
de
Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuv
13172
tuer l’atmosphère de rêve du Roman de Tristan que
les
descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastella
13173
de rêve du Roman de Tristan que les descriptions
de
tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoir
13174
les descriptions de tournois qu’on peut lire dans
les
œuvres de Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous de
13175
tions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres
de
Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux histori
13176
qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et
les
mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueu
13177
re dans les œuvres de Chastellain et les mémoires
d’
Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueux et chevale
13178
istoriographes du fastueux et chevaleresque duché
de
Bourgogne au xve siècle. L’amour et la mort s’y marient dans un pays
13179
chevaleresque duché de Bourgogne au xve siècle.
L’
amour et la mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique
13180
que duché de Bourgogne au xve siècle. L’amour et
la
mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique de très hau
13181
marient dans un paysage artificiel et symbolique
de
très haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà le motif romane
13182
ificiel et symbolique de très haute mélancolie. «
L’
héroïsme par amour — voilà le motif romanesque qui doit apparaître par
13183
haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà
le
motif romanesque qui doit apparaître partout et toujours. C’est la tr
13184
ue qui doit apparaître partout et toujours. C’est
la
transformation immédiate du désir sensuel en un sacrifice de soi-même
13185
mation immédiate du désir sensuel en un sacrifice
de
soi-même qui semble faire partie du domaine de l’éthique… L’expressio
13186
ce de soi-même qui semble faire partie du domaine
de
l’éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent t
13187
de soi-même qui semble faire partie du domaine de
l’
éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent tous
13188
qui semble faire partie du domaine de l’éthique…
L’
expression et la satisfaction du désir, qui paraissent tous deux impos
13189
e partie du domaine de l’éthique… L’expression et
la
satisfaction du désir, qui paraissent tous deux impossibles se transf
13190
sibles se transforment en une chose plus élevée :
l’
action entreprise par amour. La mort devient alors la seule alternativ
13191
hose plus élevée : l’action entreprise par amour.
La
mort devient alors la seule alternative à l’accomplissement du désir,
13192
ction entreprise par amour. La mort devient alors
la
seule alternative à l’accomplissement du désir, et la délivrance est
13193
our. La mort devient alors la seule alternative à
l’
accomplissement du désir, et la délivrance est donc de toute manière a
13194
eule alternative à l’accomplissement du désir, et
la
délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scène des
13195
complissement du désir, et la délivrance est donc
de
toute manière assurée. » La mise en scène des tournois emprunte ses i
13196
a délivrance est donc de toute manière assurée. »
La
mise en scène des tournois emprunte ses idées aux romans de la Table
13197
scène des tournois emprunte ses idées aux romans
de
la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fonta
13198
ène des tournois emprunte ses idées aux romans de
la
Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine
13199
romans de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle,
le
Pas d’Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure r
13200
de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas
d’
Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesq
13201
ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit
de
la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginair
13202
nde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de
la
Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginaire.
13203
st basé sur une aventure romanesque imaginaire. «
La
fontaine est construite à cet effet. Pendant une année entière, tous
13204
is, un chevalier anonyme viendra déployer, devant
la
fontaine, une tente dans laquelle est assise une dame (en effigie nat
13205
e qui porte trois écus. Tout chevalier qui touche
l’
écu s’engage à un combat dans les conditions décrites par les « chapit
13206
valier qui touche l’écu s’engage à un combat dans
les
conditions décrites par les « chapitres » du pas d’armes. C’est à che
13207
gage à un combat dans les conditions décrites par
les
« chapitres » du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les b
13208
conditions décrites par les « chapitres » du pas
d’
armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers : les chevalier
13209
du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher
les
boucliers : les chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à ce
13210
C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers :
les
chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à cet usage. » « Le
13211
eront toujours des chevaux prêts à cet usage. » «
Le
chevalier est toujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », « le c
13212
. » « Le chevalier est toujours inconnu ; c’est «
le
blanc chevalier », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèl
13213
oujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », «
le
chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèlerine » ; parfois il app
13214
le blanc chevalier », « le chevalier mesconnu »,
le
« chevalier à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman e
13215
er », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à
la
pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman et s’appelle le ch
13216
er à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros
de
roman et s’appelle le chevalier au cygne ou porte les armes de Lancel
13217
arfois il apparaît en héros de roman et s’appelle
le
chevalier au cygne ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de P
13218
roman et s’appelle le chevalier au cygne ou porte
les
armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un vo
13219
’appelle le chevalier au cygne ou porte les armes
de
Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mé
13220
hevalier au cygne ou porte les armes de Lancelot,
de
Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est
13221
gne ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou
de
Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur to
13222
es armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes…
Le
plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur toute l’action ;
13223
ristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile
de
mélancolie est répandu sur toute l’action ; le nom de la Fontaine des
13224
ent, un voile de mélancolie est répandu sur toute
l’
action ; le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Le
13225
le de mélancolie est répandu sur toute l’action ;
le
nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont
13226
élancolie est répandu sur toute l’action ; le nom
de
la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs
13227
ncolie est répandu sur toute l’action ; le nom de
la
Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs, v
13228
la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif.
Les
écus sont blancs, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on les
13229
if. Les écus sont blancs, violets et noirs, semés
de
larmes blanches ; on les touche par pitié pour la « Dame des pleurs »
13230
, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on
les
touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon,
13231
de larmes blanches ; on les touche par pitié pour
la
« Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à l’occasion du d
13232
s touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À
l’
emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ de sa fille Margueri
13233
me des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à
l’
occasion du départ de sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre,
13234
emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ
de
sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre, le roi René apparaît
13235
e sa fille Marguerite devenue reine d’Angleterre,
le
roi René apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné de noir, av
13236
apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné
de
noir, avec une lance noire et un écu de sable aux larmes d’argent… Po
13237
paraçonné de noir, avec une lance noire et un écu
de
sable aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont no
13238
vec une lance noire et un écu de sable aux larmes
d’
argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux l
13239
oire et un écu de sable aux larmes d’argent… Pour
l’
Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux larmes noires ou
13240
le aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne,
les
écus sont noirs et violets aux larmes noires ou or. » L’élément éroti
13241
sont noirs et violets aux larmes noires ou or. »
L’
élément érotique du tournoi apparaît encore dans la coutume du chevali
13242
’élément érotique du tournoi apparaît encore dans
la
coutume du chevalier de porter le voile ou une pièce du vêtement de s
13243
rnoi apparaît encore dans la coutume du chevalier
de
porter le voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet
13244
aît encore dans la coutume du chevalier de porter
le
voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet parfois, a
13245
alier de porter le voile ou une pièce du vêtement
de
sa dame, qu’il lui remet parfois, après le combat, tout maculé de son
13246
tement de sa dame, qu’il lui remet parfois, après
le
combat, tout maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
13247
l lui remet parfois, après le combat, tout maculé
de
son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «
13248
out maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans
les
romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait le
13249
de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
de
la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois
13250
son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de
la
Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois ex
13251
it Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «
L’
atmosphère de passion qui entourait les tournois explique l’hostilité
13252
ans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère
de
passion qui entourait les tournois explique l’hostilité de l’Église p
13253
e ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait
les
tournois explique l’hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci pr
13254
re de passion qui entourait les tournois explique
l’
hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’
13255
n qui entourait les tournois explique l’hostilité
de
l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants ad
13256
ui entourait les tournois explique l’hostilité de
l’
Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants adult
13257
ise pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois
d’
éclatants adultères, comme le témoigne, à propos du tournoi de 1389, l
13258
provoquaient parfois d’éclatants adultères, comme
le
témoigne, à propos du tournoi de 1389, le Religieux de Saint-Denis et
13259
adultères, comme le témoigne, à propos du tournoi
de
1389, le Religieux de Saint-Denis et, sur la foi de celui-ci, Jean Ju
13260
, comme le témoigne, à propos du tournoi de 1389,
le
Religieux de Saint-Denis et, sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des
13261
moigne, à propos du tournoi de 1389, le Religieux
de
Saint-Denis et, sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂
13262
rnoi de 1389, le Religieux de Saint-Denis et, sur
la
foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vo
13263
1389, le Religieux de Saint-Denis et, sur la foi
de
celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vogue des
13264
celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant,
la
grande vogue des tournois est l’indice d’un déclin de la chevalerie.
13265
. » ⁂ Cependant, la grande vogue des tournois est
l’
indice d’un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début d
13266
endant, la grande vogue des tournois est l’indice
d’
un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve si
13267
rande vogue des tournois est l’indice d’un déclin
de
la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (batail
13268
de vogue des tournois est l’indice d’un déclin de
la
chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (bataille
13269
n déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès
le
début du xve siècle (bataille d’Azincourt) à des réalités de plus en
13270
i se heurte dès le début du xve siècle (bataille
d’
Azincourt) à des réalités de plus en plus brutales et matérielles qui
13271
lités de plus en plus brutales et matérielles qui
la
rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « E
13272
lus brutales et matérielles qui la rejettent dans
la
littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « En tant que princip
13273
matérielles qui la rejettent dans la littérature,
les
fêtes et les jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la c
13274
ui la rejettent dans la littérature, les fêtes et
les
jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la chevalerie éta
13275
ux symboliques. « En tant que principe militaire,
la
chevalerie était devenue insuffisante ; la tactique avait depuis long
13276
taire, la chevalerie était devenue insuffisante ;
la
tactique avait depuis longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
13277
s longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
la
guerre, aux xive et xve siècles, était faite d’approches furtives,
13278
la guerre, aux xive et xve siècles, était faite
d’
approches furtives, d’incursions et de raids. » Cependant « vers l’an
13279
t xve siècles, était faite d’approches furtives,
d’
incursions et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimie
13280
était faite d’approches furtives, d’incursions et
de
raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et les blason
13281
ves, d’incursions et de raids. » Cependant « vers
l’
an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris
13282
et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore,
les
cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conserven
13283
Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et
les
blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats u
13284
ers l’an 1400 encore, les cimiers et les blasons,
les
bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère i
13285
ore, les cimiers et les blasons, les bannières et
les
cris de guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’ap
13286
cimiers et les blasons, les bannières et les cris
de
guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’apparence
13287
conservent aux combats un caractère individuel et
l’
apparence d’un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’o
13288
ux combats un caractère individuel et l’apparence
d’
un noble sport ». Mais dans le courant du xve siècle, l’on se met à c
13289
duel et l’apparence d’un noble sport ». Mais dans
le
courant du xve siècle, l’on se met à combattre à pied et en rangs. A
13290
ble sport ». Mais dans le courant du xve siècle,
l’
on se met à combattre à pied et en rangs. Autre transformation signifi
13291
et en rangs. Autre transformation significative à
la
fin du siècle : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’or
13292
transformation significative à la fin du siècle :
les
lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’origine orientale. « A
13293
à la fin du siècle : les lansquenets introduisent
l’
usage du tambour, d’origine orientale. « Avec son effet hypnotique et
13294
les lansquenets introduisent l’usage du tambour,
d’
origine orientale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux, le tam
13295
ale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux,
le
tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et ce
13296
hypnotique et inharmonieux, le tambour symbolise
la
transition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militair
13297
monieux, le tambour symbolise la transition entre
l’
époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est u
13298
le tambour symbolise la transition entre l’époque
de
la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément
13299
tambour symbolise la transition entre l’époque de
la
chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément da
13300
ansition entre l’époque de la chevalerie et celle
de
l’art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de l
13301
ition entre l’époque de la chevalerie et celle de
l’
art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de la g
13302
l’art militaire moderne ; il est un élément dans
la
mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la c
13303
moderne ; il est un élément dans la mécanisation
de
la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’
13304
derne ; il est un élément dans la mécanisation de
la
guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’inv
13305
lément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin
le
coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artille
13306
ans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup
de
grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artillerie. « E
13307
la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à
la
chevalerie par l’invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une iro
13308
n le coup de grâce sera porté à la chevalerie par
l’
invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fi
13309
grâce sera porté à la chevalerie par l’invention
de
l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette
13310
âce sera porté à la chevalerie par l’invention de
l’
artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette fle
13311
qui fit que cette fleur des chevaliers errants à
la
mode de Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon
13312
que cette fleur des chevaliers errants à la mode
de
Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon ? » ⁂ I
13313
rgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet
de
canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre
13314
boulet de canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que
les
conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutum
13315
? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions
de
la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales
13316
⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de
la
guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’
13317
ste pas moins que les conventions de la guerre et
de
l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte
13318
pas moins que les conventions de la guerre et de
l’
amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte qu
13319
ns de la guerre et de l’amour courtois ont marqué
les
coutumes occidentales d’une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au x
13320
our courtois ont marqué les coutumes occidentales
d’
une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée de val
13321
reinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle.
L’
idée de valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représentée par le
13322
qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée
de
valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représentée par le duel e
13323
au xxe siècle. L’idée de valeur individuelle, ou
d’
exploit guerrier, représentée par le duel et la « prouesse » (tournoi,
13324
ividuelle, ou d’exploit guerrier, représentée par
le
duel et la « prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en
13325
ou d’exploit guerrier, représentée par le duel et
la
« prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en présence) ;
13326
i, combat singulier des deux chefs en présence) ;
l’
idée de régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la co
13327
at singulier des deux chefs en présence) ; l’idée
de
régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conceptio
13328
er des deux chefs en présence) ; l’idée de régler
les
batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conception ascétique
13329
les batailles d’après un protocole quasi sacral ;
la
conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’ép
13330
protocole quasi sacral ; la conception ascétique
de
la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les c
13331
otocole quasi sacral ; la conception ascétique de
la
vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conv
13332
tique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant
l’
épreuve des armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainq
13333
re (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ;
les
conventions permettant de déterminer le vainqueur (c’est par exemple
13334
l’épreuve des armes) ; les conventions permettant
de
déterminer le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit su
13335
armes) ; les conventions permettant de déterminer
le
vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur le champ de
13336
r le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe
la
nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exa
13337
ur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur
le
champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exact des symbo
13338
nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout
le
parallélisme exact des symboles érotiques et militaires — tout cela n
13339
rotiques et militaires — tout cela ne cessera pas
de
déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si
13340
litaires — tout cela ne cessera pas de déterminer
les
modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on p
13341
tout cela ne cessera pas de déterminer les modes
de
guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra con
13342
as de déterminer les modes de guerroyer à travers
les
siècles suivants. Si bien que l’on pourra considérer tout changement
13343
royer à travers les siècles suivants. Si bien que
l’
on pourra considérer tout changement dans la tactique militaire comme
13344
n que l’on pourra considérer tout changement dans
la
tactique militaire comme relatif à un changement dans les conceptions
13345
ique militaire comme relatif à un changement dans
les
conceptions de l’amour, ou inversement. 5.Condottieri et canons
13346
omme relatif à un changement dans les conceptions
de
l’amour, ou inversement. 5.Condottieri et canons « L’Italie n’a
13347
e relatif à un changement dans les conceptions de
l’
amour, ou inversement. 5.Condottieri et canons « L’Italie n’avai
13348
, ou inversement. 5.Condottieri et canons «
L’
Italie n’avait jamais été si florissante ni si paisible qu’elle l’étai
13349
jamais été si florissante ni si paisible qu’elle
l’
était vers l’année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces
13350
i florissante ni si paisible qu’elle l’était vers
l’
année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces : les montagn
13351
0. Une paix profonde régnait dans ses provinces :
les
montagnes et les plaines étaient également fertiles ; riche, bien peu
13352
nde régnait dans ses provinces : les montagnes et
les
plaines étaient également fertiles ; riche, bien peuplée et ne reconn
13353
s ; riche, bien peuplée et ne reconnaissant point
de
domination étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre de la magn
13354
n étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre
de
la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand
13355
trangère, elle tirait encore un nouveau lustre de
la
magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nom
13356
irait encore un nouveau lustre de la magnificence
de
plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes cé
13357
un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs
de
ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
13358
e de la magnificence de plusieurs de ses Princes,
de
la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Si
13359
e la magnificence de plusieurs de ses Princes, de
la
beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège
13360
ficence de plusieurs de ses Princes, de la beauté
d’
un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Rel
13361
rs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre
de
villes célèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Science
13362
la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et
de
la majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleuriss
13363
beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
la
majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleurissaie
13364
élèbres et de la majesté du Siège de la Religion.
Les
Sciences et les Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de g
13365
majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et
les
Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de grands hommes d’É
13366
Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait
de
grands hommes d’État, et même d’excellents capitaines pour ce temps-l
13367
, elle possédait de grands hommes d’État, et même
d’
excellents capitaines pour ce temps-là. »173 Ces capitaines, c’étaien
13368
pour ce temps-là. »173 Ces capitaines, c’étaient
les
condottieri. Soldats de métier au service des Princes et des papes, i
13369
es capitaines, c’étaient les condottieri. Soldats
de
métier au service des Princes et des papes, ils avaient pour coutume
13370
et des papes, ils avaient pour coutume bien moins
de
faire la guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers
13371
pes, ils avaient pour coutume bien moins de faire
la
guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient
13372
nt pour coutume bien moins de faire la guerre que
d’
empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout d’a
13373
tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout
d’
avisés diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un
13374
enturiers étaient avant tout d’avisés diplomates,
d’
astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un soldat. Leur tactique
13375
diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient
le
prix d’un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire de
13376
es, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix
d’
un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire des prison
13377
llement à faire des prisonniers et à désorganiser
les
corps ennemis. Parfois — c’était leur suprême réussite — ils parvenai
13378
leur suprême réussite — ils parvenaient à battre
l’
adversaire d’une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemb
13379
réussite — ils parvenaient à battre l’adversaire
d’
une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble de ses for
13380
’une manière vraiment radicale : ils détruisaient
l’
ensemble de ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y
13381
e vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble
de
ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient
13382
détruisaient l’ensemble de ses forces en achetant
d’
un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient pas, il fallait se résoudr
13383
n danger : « On combat toujours à cheval, couvert
d’
armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vai
13384
mbat toujours à cheval, couvert d’armes et assuré
de
la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus et presque to
13385
t toujours à cheval, couvert d’armes et assuré de
la
vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus et presque toujo
13386
et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier…
La
vie des vaincus et presque toujours respectée. Ils ne sont pas longte
13387
temps prisonniers et ils recouvrent très aisément
la
liberté. Une ville a beau se révolter vingt fois, elle n’est jamais d
13388
révolter vingt fois, elle n’est jamais détruite ;
les
habitants conservent toutes leurs propriétés ; tout ce qu’ils ont à c
13389
propriétés ; tout ce qu’ils ont à craindre, c’est
de
payer une contribution. »174 Cet art de guerre exprimait dans son pl
13390
e, c’est de payer une contribution. »174 Cet art
de
guerre exprimait dans son plan — alors considéré comme inférieur — un
13391
nt humanisée, une « civilisation » profonde, donc
le
contraire d’une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’a
13392
une « civilisation » profonde, donc le contraire
d’
une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon l’e
13393
onde, donc le contraire d’une « militarisation ».
L’
État était devenu une œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. L
13394
ion ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon
l’
expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée dans t
13395
était devenu une œuvre d’art, selon l’expression
de
Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée dans toute la mesur
13396
ne œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt.
La
guerre elle-même s’était civilisée dans toute la mesure où le paradox
13397
La guerre elle-même s’était civilisée dans toute
la
mesure où le paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en
13398
le-même s’était civilisée dans toute la mesure où
le
paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en honneur, et
13399
ns toute la mesure où le paradoxe est soutenable.
Le
duel des chefs était fort en honneur, et suffisait à terminer une cam
13400
mpagne. (Ce n’était plus d’ailleurs un « jugement
de
Dieu », mais le triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage d
13401
ait plus d’ailleurs un « jugement de Dieu », mais
le
triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage des armes à feu c
13402
illeurs un « jugement de Dieu », mais le triomphe
d’
une personnalité). On réprouvait l’usage des armes à feu comme contrai
13403
is le triomphe d’une personnalité). On réprouvait
l’
usage des armes à feu comme contraire à la dignité de l’individu. (Le
13404
rouvait l’usage des armes à feu comme contraire à
la
dignité de l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
13405
sage des armes à feu comme contraire à la dignité
de
l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’
13406
e des armes à feu comme contraire à la dignité de
l’
individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
13407
feu comme contraire à la dignité de l’individu. (
Le
condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un de ses advers
13408
du. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
les
yeux d’un de ses adversaires parce que le misérable avait osé souteni
13409
ondottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux
d’
un de ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la lég
13410
tiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
de
ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la légitimi
13411
crever les yeux d’un de ses adversaires parce que
le
misérable avait osé soutenir la légitimité de l’emploi des canons.) E
13412
rsaires parce que le misérable avait osé soutenir
la
légitimité de l’emploi des canons.) Et comment concevait-on l’amour ?
13413
que le misérable avait osé soutenir la légitimité
de
l’emploi des canons.) Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt in
13414
le misérable avait osé soutenir la légitimité de
l’
emploi des canons.) Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt insis
13415
de l’emploi des canons.) Et comment concevait-on
l’
amour ? Burckhardt insiste175 sur le fait que les mariages se concluai
13416
concevait-on l’amour ? Burckhardt insiste175 sur
le
fait que les mariages se concluaient sans drame, après de très courte
13417
n l’amour ? Burckhardt insiste175 sur le fait que
les
mariages se concluaient sans drame, après de très courtes fiançailles
13418
que les mariages se concluaient sans drame, après
de
très courtes fiançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’
13419
drame, après de très courtes fiançailles, et que
le
droit du mari à la fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère
13420
ès courtes fiançailles, et que le droit du mari à
la
fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait
13421
iançailles, et que le droit du mari à la fidélité
de
l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans le
13422
çailles, et que le droit du mari à la fidélité de
l’
épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans les p
13423
ait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans
les
pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducati
13424
absolu qu’il avait pris dans les pays nordiques.
Les
femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète qu
13425
il avait pris dans les pays nordiques. Les femmes
de
la haute société recevaient une éducation aussi complète que celle de
13426
avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de
la
haute société recevaient une éducation aussi complète que celle des h
13427
ssi complète que celle des hommes, et jouissaient
d’
une entière égalité morale, à l’inverse de ce qui se passait en France
13428
s, et jouissaient d’une entière égalité morale, à
l’
inverse de ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par
13429
ssaient d’une entière égalité morale, à l’inverse
de
ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
13430
l’inverse de ce qui se passait en France et dans
les
Allemagnes. Si par ailleurs, la guerre était devenue diplomatique dan
13431
n France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
la
guerre était devenue diplomatique dans les hautes sphères, et vénale
13432
lleurs, la guerre était devenue diplomatique dans
les
hautes sphères, et vénale dans la pratique, il en allait de même de l
13433
lomatique dans les hautes sphères, et vénale dans
la
pratique, il en allait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
13434
et vénale dans la pratique, il en allait de même
de
l’amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes
13435
vénale dans la pratique, il en allait de même de
l’
amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jo
13436
llait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres
de
la Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérab
13437
it de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
la
Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérable
13438
our. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique,
les
courtisanes jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale
13439
isanes jouaient un rôle parfois considérable dans
la
vie sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, réc
13440
un rôle parfois considérable dans la vie sociale.
Les
plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitant et faisant
13441
eur culture, récitant et faisant des vers, jouant
d’
un instrument, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexue
13442
strument, tenant conversation. Cette paganisation
de
la vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, u
13443
ument, tenant conversation. Cette paganisation de
la
vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, une
13444
s courtoises, une dépréciation du mythe tragique.
Le
platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé par Bembo et pa
13445
à une « mondanité » délicate et toute hédoniste.
La
« courtoisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité.
13446
niste. La « courtoisie » prenait son sens moderne
de
politesse et de civilité. Il n’était plus question de condamner la vi
13447
toisie » prenait son sens moderne de politesse et
de
civilité. Il n’était plus question de condamner la vie. Et « l’instin
13448
olitesse et de civilité. Il n’était plus question
de
condamner la vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’
13449
e civilité. Il n’était plus question de condamner
la
vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette
13450
l n’était plus question de condamner la vie. Et «
l’
instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heure
13451
lus question de condamner la vie. Et « l’instinct
de
mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heureuse, immora
13452
mmorale et très pacifique176 qu’allaient se jeter
les
troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six c
13453
ue176 qu’allaient se jeter les troupes françaises
de
Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoq
13454
se jeter les troupes françaises de Charles VIII.
Le
tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la pénins
13455
s troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre
de
leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la péninsule une pani
13456
rles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons
de
bronze provoqua dans la péninsule une panique de fin du monde. « Le p
13457
e leurs trente-six canons de bronze provoqua dans
la
péninsule une panique de fin du monde. « Le passage de ce prince en I
13458
de bronze provoqua dans la péninsule une panique
de
fin du monde. « Le passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fu
13459
dans la péninsule une panique de fin du monde. «
Le
passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une i
13460
ninsule une panique de fin du monde. « Le passage
de
ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité de
13461
ssage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut
la
source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent
13462
e prince en Italie, dit Guichardin, fut la source
d’
une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à co
13463
lie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité
de
maux et de révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les
13464
ichardin, fut la source d’une infinité de maux et
de
révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les provinces
13465
source d’une infinité de maux et de révolutions.
Les
États changèrent tout à coup de face, les provinces furent ravagées,
13466
utions. Les États changèrent tout à coup de face,
les
provinces furent ravagées, les villes détruites, et tout le pays fut
13467
ut à coup de face, les provinces furent ravagées,
les
villes détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’Italie apprit
13468
es furent ravagées, les villes détruites, et tout
le
pays fut inondé de sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sang
13469
les villes détruites, et tout le pays fut inondé
de
sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de fa
13470
es détruites, et tout le pays fut inondé de sang…
L’
Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire la gu
13471
apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode
de
faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos p
13472
ussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire
la
guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces
13473
méthode de faire la guerre… qui troubla tellement
la
paix et l’harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y r
13474
faire la guerre… qui troubla tellement la paix et
l’
harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’o
13475
erre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie
de
nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et la
13476
onie de nos provinces qu’il fut depuis impossible
d’
y rétablir l’ordre et la tranquillité. »177 Ce n’était pas que les It
13477
rovinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir
l’
ordre et la tranquillité. »177 Ce n’était pas que les Italiens eussen
13478
’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et
la
tranquillité. »177 Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré l’
13479
rdre et la tranquillité. »177 Ce n’était pas que
les
Italiens eussent ignoré l’usage de l’artillerie jusqu’à cette date, m
13480
7 Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré
l’
usage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, com
13481
était pas que les Italiens eussent ignoré l’usage
de
l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’
13482
it pas que les Italiens eussent ignoré l’usage de
l’
artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’ai
13483
sage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils
la
méprisaient, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore les invec
13484
u’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je
l’
ai dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre
13485
s ils la méprisaient, comme je l’ai dit, et comme
le
prouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. A
13486
t, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore
les
invectives de l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, « les Fra
13487
i dit, et comme le prouvent encore les invectives
de
l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, « les Français avaient
13488
it, et comme le prouvent encore les invectives de
l’
Arioste contre les armes à feu. Au surplus, « les Français avaient une
13489
rouvent encore les invectives de l’Arioste contre
les
armes à feu. Au surplus, « les Français avaient une artillerie plus l
13490
e l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, «
les
Français avaient une artillerie plus légère, et dont les pièces qu’il
13491
nçais avaient une artillerie plus légère, et dont
les
pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes de bronze… Les décharg
13492
es pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes
de
bronze… Les décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles fai
13493
u’ils appelaient canons étaient toutes de bronze…
Les
décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles faisaient en pe
13494
le qu’humaine était aussi utile aux Français dans
les
combats que dans les sièges… ». Autre sujet d’effroi pour l’Italie :
13495
ussi utile aux Français dans les combats que dans
les
sièges… ». Autre sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans la mi
13496
s les combats que dans les sièges… ». Autre sujet
d’
effroi pour l’Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la
13497
que dans les sièges… ». Autre sujet d’effroi pour
l’
Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la plupart des ho
13498
re sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans
la
milice des condottieri « la plupart des hommes d’armes étaient ou pay
13499
la milice des condottieri « la plupart des hommes
d’
armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours suje
13500
plupart des hommes d’armes étaient ou paysans ou
de
la lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui
13501
upart des hommes d’armes étaient ou paysans ou de
la
lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui po
13502
s ou de la lie du peuple, presque toujours sujets
d’
un autre prince que celui pour lequel ils faisaient la guerre », et n’
13503
autre prince que celui pour lequel ils faisaient
la
guerre », et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment de gloire
13504
et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment
de
gloire ni par aucun motif extérieur », l’armée française se présentai
13505
ntiment de gloire ni par aucun motif extérieur »,
l’
armée française se présentait comme une armée nationale : « Les gens d
13506
çaise se présentait comme une armée nationale : «
Les
gens d’armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce
13507
présentait comme une armée nationale : « Les gens
d’
armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui les
13508
sque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui
les
empêchait de « changer de maître par ambition ou par avarice ». On pr
13509
ts du Roi et gentilshommes » ce qui les empêchait
de
« changer de maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès
13510
gentilshommes » ce qui les empêchait de « changer
de
maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors d’inévit
13511
ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors
d’
inévitables carnages. Et en effet au combat de Rapallo, tout au début
13512
ors d’inévitables carnages. Et en effet au combat
de
Rapallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, p
13513
. Et en effet au combat de Rapallo, tout au début
de
la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : «
13514
t en effet au combat de Rapallo, tout au début de
la
campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : « No
13515
bat de Rapallo, tout au début de la campagne, sur
les
3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : « Nombre considérable
13516
de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus
de
100 furent tués : « Nombre considérable par rapport à la manière dont
13517
furent tués : « Nombre considérable par rapport à
la
manière dont on faisait alors la guerre en Italie », remarque Guichar
13518
le par rapport à la manière dont on faisait alors
la
guerre en Italie », remarque Guichardin. Et ce n’était vraiment qu’un
13519
ait vraiment qu’un début ! Burckhardt affirme que
les
dévastations françaises furent peu de chose en comparaison de celles
13520
mparaison de celles commises un peu plus tard par
les
Espagnols « chez lesquels peut-être un apport de sang non occidental,
13521
les Espagnols « chez lesquels peut-être un apport
de
sang non occidental, ou peut-être l’habitude des spectacles de l’Inqu
13522
re un apport de sang non occidental, ou peut-être
l’
habitude des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné les instinct
13523
ccidental, ou peut-être l’habitude des spectacles
de
l’Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artilleri
13524
dental, ou peut-être l’habitude des spectacles de
l’
Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artillerie e
13525
des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné
les
instincts démoniaques ». Artillerie et massacre des civils : la guerr
13526
émoniaques ». Artillerie et massacre des civils :
la
guerre moderne venait de naître. Elle allait peu à peu transformer le
13527
nait de naître. Elle allait peu à peu transformer
les
chevaliers exaltés et magnifiques en troupes disciplinées et uniforme
13528
linées et uniformes. Évolution qui devait aboutir
de
nos jours à l’annihilation de toute passion guerrière, à mesure que l
13529
rmes. Évolution qui devait aboutir de nos jours à
l’
annihilation de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desse
13530
qui devait aboutir de nos jours à l’annihilation
de
toute passion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machi
13531
hilation de toute passion guerrière, à mesure que
les
hommes desservant les machines se feraient eux-mêmes des machines, n’
13532
ion guerrière, à mesure que les hommes desservant
les
machines se feraient eux-mêmes des machines, n’exécutant qu’un petit
13533
êmes des machines, n’exécutant qu’un petit nombre
de
mouvements automatiques, destinés à donner la mort à grande distance,
13534
bre de mouvements automatiques, destinés à donner
la
mort à grande distance, sans colère ni pitié. 6.La guerre classiqu
13535
sans colère ni pitié. 6.La guerre classique
L’
effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de do
13536
. 6.La guerre classique L’effort des hommes
de
guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre méc
13537
es de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera
de
dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le c
13538
e, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer
le
monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le caractère hu
13539
tre mécanique, afin de sauver autant que possible
le
caractère humain de la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions
13540
de sauver autant que possible le caractère humain
de
la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’art
13541
sauver autant que possible le caractère humain de
la
guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’artill
13542
ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à
l’
artillerie, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier les règles
13543
, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier
les
règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
13544
fications. Du moins va-t-on multiplier les règles
de
la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « vale
13545
ations. Du moins va-t-on multiplier les règles de
la
tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur
13546
s va-t-on multiplier les règles de la tactique et
de
la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs gar
13547
a-t-on multiplier les règles de la tactique et de
la
stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs garden
13548
ègles de la tactique et de la stratégie, afin que
l’
intelligence, et la « valeur » des chefs gardent apparemment le premie
13549
e et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
la
« valeur » des chefs gardent apparemment le premier rang parmi les fa
13550
s chefs gardent apparemment le premier rang parmi
les
facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donne
13551
nt apparemment le premier rang parmi les facteurs
de
la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à
13552
apparemment le premier rang parmi les facteurs de
la
lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à l’
13553
t le premier rang parmi les facteurs de la lutte.
La
chevalerie représentait un effort pour donner un style à l’instinct.
13554
rie représentait un effort pour donner un style à
l’
instinct. La guerre classique est un effort pour conserver et recréer
13555
tait un effort pour donner un style à l’instinct.
La
guerre classique est un effort pour conserver et recréer ce style mal
13556
effort pour conserver et recréer ce style malgré
l’
intervention de facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’a
13557
nserver et recréer ce style malgré l’intervention
de
facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de
13558
tyle malgré l’intervention de facteurs inhumains.
D’
où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles.178 Avec
13559
malgré l’intervention de facteurs inhumains. D’où
le
formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles.178 Avec Vaub
13560
e facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant
de
l’art militaire de ces siècles.178 Avec Vauban, le siège d’une plac
13561
acteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de
l’
art militaire de ces siècles.178 Avec Vauban, le siège d’une place f
13562
s. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire
de
ces siècles.178 Avec Vauban, le siège d’une place forte devient une
13563
l’art militaire de ces siècles.178 Avec Vauban,
le
siège d’une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit don
13564
itaire de ces siècles.178 Avec Vauban, le siège
d’
une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit dont les pér
13565
ban, le siège d’une place forte devient une sorte
d’
opération de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien di
13566
e d’une place forte devient une sorte d’opération
de
l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les
13567
’une place forte devient une sorte d’opération de
l’
esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les ci
13568
te devient une sorte d’opération de l’esprit dont
les
péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes d’une
13569
de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on
l’
a bien dit, comme les cinq actes d’une tragédie classique. « C’est alo
13570
s péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme
les
cinq actes d’une tragédie classique. « C’est alors que la guerre ress
13571
déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes
d’
une tragédie classique. « C’est alors que la guerre ressemble vraiment
13572
actes d’une tragédie classique. « C’est alors que
la
guerre ressemble vraiment à une partie d’échecs. Lorsque après des ma
13573
ors que la guerre ressemble vraiment à une partie
d’
échecs. Lorsque après des manœuvres compliquées, un des adversaires a
13574
rs pièces — villes ou places fortes — alors vient
la
grande bataille : du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout l
13575
rtes — alors vient la grande bataille : du sommet
de
quelque coteau, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout l’éch
13576
du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout
le
terrain du combat, tout l’échiquier, le maréchal fait avancer ou recu
13577
, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout
l’
échiquier, le maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux ré
13578
raît tout le terrain du combat, tout l’échiquier,
le
maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux régiments… Éche
13579
ler habilement ses beaux régiments… Échec et mat,
le
perdant range son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou les rég
13580
Échec et mat, le perdant range son jeu : on remet
les
pions dans leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers d’hiver,
13581
e son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou
les
régiments dans leurs quartiers d’hiver, et chacun va à ses petites af
13582
leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers
d’
hiver, et chacun va à ses petites affaires en attendant la partie ou l
13583
et chacun va à ses petites affaires en attendant
la
partie ou la campagne suivante. »179 Chaque fois que reparaît l’élém
13584
à ses petites affaires en attendant la partie ou
la
campagne suivante. »179 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu da
13585
campagne suivante. »179 Chaque fois que reparaît
l’
élément de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa
13586
uivante. »179 Chaque fois que reparaît l’élément
de
jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture f
13587
9 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dans
la
guerre, on peut en déduire que la société et sa culture font un effor
13588
ent de jeu dans la guerre, on peut en déduire que
la
société et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la pass
13589
société et sa culture font un effort pour recréer
le
mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchiq
13590
t sa culture font un effort pour recréer le mythe
de
la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cad
13591
a culture font un effort pour recréer le mythe de
la
passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cadre
13592
e mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à
la
puissance anarchique un cadre et des moyens d’expression rituels. Et
13593
à la puissance anarchique un cadre et des moyens
d’
expression rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans le cas du xvi
13594
ion rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans
le
cas du xviie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée
13595
ie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur
l’
Astrée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on sp
13596
on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée et sur
la
tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on spiritualise, pour
13597
strée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici
la
matière qu’on spiritualise, pour fixer la conduite des combattants, a
13598
est ici la matière qu’on spiritualise, pour fixer
la
conduite des combattants, animés et pensants malgré tout », écrira Fo
13599
t pensants malgré tout », écrira Foch à propos de
la
guerre au xviiie siècle.180 Mot étonnant, d’ailleurs repris de von d
13600
viiie siècle.180 Mot étonnant, d’ailleurs repris
de
von der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine de citer : « L’err
13601
pris de von der Goltz, dans un passage qu’il vaut
la
peine de citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait
13602
on der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine
de
citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer
13603
dans un passage qu’il vaut la peine de citer : «
L’
erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer l’objet de l
13604
des généraux « formalistes ») consistait à placer
l’
objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et
13605
raux « formalistes ») consistait à placer l’objet
de
la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dan
13606
x « formalistes ») consistait à placer l’objet de
la
guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dans l
13607
») consistait à placer l’objet de la guerre dans
l’
exécution de manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement
13608
it à placer l’objet de la guerre dans l’exécution
de
manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement des forces
13609
ution de manœuvres finement combinées et non dans
l’
anéantissement des forces de l’adversaire. Le monde militaire est touj
13610
combinées et non dans l’anéantissement des forces
de
l’adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs
13611
binées et non dans l’anéantissement des forces de
l’
adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs qua
13612
dans l’anéantissement des forces de l’adversaire.
Le
monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs quand il s’est mi
13613
dans ces erreurs quand il s’est mis à abandonner
la
notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la mat
13614
à abandonner la notion droite et simple des lois
de
la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel
13615
abandonner la notion droite et simple des lois de
la
guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des
13616
et simple des lois de la guerre, à spiritualiser
la
matière, en négligeant le sens naturel des choses et l’influence du c
13617
guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant
le
sens naturel des choses et l’influence du cœur humain sur les résolut
13618
ière, en négligeant le sens naturel des choses et
l’
influence du cœur humain sur les résolutions des hommes. » — « Spiritu
13619
urel des choses et l’influence du cœur humain sur
les
résolutions des hommes. » — « Spiritualiser » est peut-être excessif
13620
t peut-être excessif : il ne s’agissait guère que
de
rationaliser. Mais l’expression (méprisante !) est bien typique de la
13621
il ne s’agissait guère que de rationaliser. Mais
l’
expression (méprisante !) est bien typique de la psychologie qui appar
13622
Mais l’expression (méprisante !) est bien typique
de
la psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaî
13623
s l’expression (méprisante !) est bien typique de
la
psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaînem
13624
bien typique de la psychologie qui apparaîtra dès
la
Révolution française — ce déchaînement des instincts collectifs et de
13625
s et des passions catastrophiques. Que reprochent
les
stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d
13626
ue reprochent les stratèges modernes aux généraux
de
Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en
13627
s stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et
de
Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
13628
aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est
d’
avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouv
13629
e Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé
de
faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’éta
13630
IV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire
la
guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le
13631
C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant
le
moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civi
13632
avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
d’
hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civilisation
13633
le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là
le
triomphe d’une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la
13634
ommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe
d’
une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature, la m
13635
était là le triomphe d’une civilisation dont tout
l’
effort tendait à ordonner la Nature, la matière, et leurs fatalités, a
13636
ivilisation dont tout l’effort tendait à ordonner
la
Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine
13637
dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature,
la
matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’in
13638
Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois
de
la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, m
13639
ture, la matière, et leurs fatalités, aux lois de
la
raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais
13640
leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et
de
l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle
13641
rs fatalités, aux lois de la raison humaine et de
l’
intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle civ
13642
on humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si
l’
on veut, mais sans laquelle nulle civilisation et nulle culture ne son
13643
e sont proprement concevables. Racine aussi, nous
l’
avons vu, croyait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime. Le ref
13644
ait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime.
Le
refus de trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âg
13645
pouvait faire des tragédies sans crime. Le refus
de
trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classiq
13646
tragédies sans crime. Le refus de trouver belles
les
catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes la guerr
13647
r belles les catastrophes, voilà qui peut définir
l’
âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévi
13648
s, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes
la
guerre et la passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs se
13649
peut définir l’âge classique. Certes la guerre et
la
passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs secrètement dés
13650
itables, et d’ailleurs secrètement désirés ; mais
la
grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de
13651
d’ailleurs secrètement désirés ; mais la grandeur
de
l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utilise
13652
illeurs secrètement désirés ; mais la grandeur de
l’
homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser,
13653
ètement désirés ; mais la grandeur de l’homme est
de
limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait mê
13654
la grandeur de l’homme est de limiter leur champ,
de
les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à
13655
grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de
les
canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une
13656
me est de limiter leur champ, de les canaliser et
de
les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art
13657
est de limiter leur champ, de les canaliser et de
les
utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art de
13658
les canaliser et de les utiliser, on dirait même
de
les subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la
13659
s canaliser et de les utiliser, on dirait même de
les
subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la gue
13660
ait même de les subordonner à une diplomatie, art
de
civils. Louis XIV déclare la guerre sous des prétextes juridiques et
13661
une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare
la
guerre sous des prétextes juridiques et personnels, où l’honneur nati
13662
e sous des prétextes juridiques et personnels, où
l’
honneur national n’a rien à voir. Querelles de gendre et de beau-père
13663
où l’honneur national n’a rien à voir. Querelles
de
gendre et de beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même q
13664
national n’a rien à voir. Querelles de gendre et
de
beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même que l’on « tra
13665
. Querelles de gendre et de beau-père au sujet de
la
dot promise. Et c’est de même que l’on « traite » un mariage : intérê
13666
au sujet de la dot promise. Et c’est de même que
l’
on « traite » un mariage : intérêt, convenance des rangs, apports terr
13667
ce des rangs, apports territoriaux et financiers…
La
passion n’y joue plus le moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs,
13668
ritoriaux et financiers… La passion n’y joue plus
le
moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique.
13669
nciers… La passion n’y joue plus le moindre rôle.
L’
amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique. Il perd son auréo
13670
uréole dramatique. 7.La guerre en dentelles
L’
exemple du xviiie siècle est le plus propre à illustrer le parallèle
13671
e en dentelles L’exemple du xviiie siècle est
le
plus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il s
13672
du xviiie siècle est le plus propre à illustrer
le
parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches
13673
iècle est le plus propre à illustrer le parallèle
de
l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiqu
13674
le est le plus propre à illustrer le parallèle de
l’
amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
13675
lus propre à illustrer le parallèle de l’amour et
de
la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan s
13676
propre à illustrer le parallèle de l’amour et de
la
guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succ
13677
parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira
de
quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volu
13678
de la guerre. Il suffira de quelques touches pour
l’
indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion
13679
ches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan,
la
volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se
13680
Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à
la
passion mortelle. Et la guerre en même temps se « profanise » : aux J
13681
an, la volupté perverse à la passion mortelle. Et
la
guerre en même temps se « profanise » : aux Jugements de Dieu, à la c
13682
re en même temps se « profanise » : aux Jugements
de
Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante,
13683
temps se « profanise » : aux Jugements de Dieu, à
la
chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante, succède une
13684
Jugements de Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée
de
fer, ascétique et sanglante, succède une diplomatie retorse, une armé
13685
n dentelles, libertins et bien décidés à sauver «
la
douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ro
13686
, libertins et bien décidés à sauver « la douceur
de
vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multipl
13687
et bien décidés à sauver « la douceur de vivre ».
Les
légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les réci
13688
« la douceur de vivre ». Les légendes épiques et
les
romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
13689
ur de vivre ». Les légendes épiques et les romans
de
la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
13690
de vivre ». Les légendes épiques et les romans de
la
Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’u
13691
iques et les romans de la Table ronde multiplient
les
récits de tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nom
13692
s romans de la Table ronde multiplient les récits
de
tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses
13693
ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
la
gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfend
13694
iplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
d’
un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfendus et déca
13695
es ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre
de
ses adversaires pourfendus et décapités, et si possible tranchés en d
13696
dus et décapités, et si possible tranchés en deux
de
la tête au sexe d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvage
13697
et décapités, et si possible tranchés en deux de
la
tête au sexe d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages d
13698
t si possible tranchés en deux de la tête au sexe
d’
un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages de ces récits ne
13699
x de la tête au sexe d’un formidable coup d’épée.
Les
exagérations sauvages de ces récits ne laissent pas de doute sur ce q
13700
formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages
de
ces récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passio
13701
agérations sauvages de ces récits ne laissent pas
de
doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Glo
13702
récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte
la
vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviii
13703
t pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion
de
l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considé
13704
as de doute sur ce qui flatte la vraie passion de
l’
homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considéra
13705
on de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais
le
xviiie siècle considéra comme une réussite glorieuse d’avoir pris un
13706
ie siècle considéra comme une réussite glorieuse
d’
avoir pris une ville assiégée et ne faisant de part et d’autre que tro
13707
use d’avoir pris une ville assiégée et ne faisant
de
part et d’autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honne
13708
pris une ville assiégée et ne faisant de part et
d’
autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honneur. Maurice
13709
faisant de part et d’autre que trois morts. C’est
l’
art savant qui est à l’honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis p
13710
tre que trois morts. C’est l’art savant qui est à
l’
honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour les batailles
13711
. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour
les
batailles, surtout au début d’une guerre. Je suis persuadé qu’un bon
13712
e suis point pour les batailles, surtout au début
d’
une guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra la faire toute s
13713
guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra
la
faire toute sa vie sans s’y voir obligé. » S’il faut cependant en ven
13714
ne bataille « rangée », un siège « en règle », et
la
tradition chevaleresque dans ce qu’elle a de plus élevé et de plus fo
13715
prestige. Voyez Condé empanaché caracolant parmi
les
troupes ennemies — en véritable héros de l’Astrée qu’il fut. Et cette
13716
t parmi les troupes ennemies — en véritable héros
de
l’Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Font
13717
armi les troupes ennemies — en véritable héros de
l’
Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Fonteno
13718
trée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant
la
mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre
13719
olitesse devant la mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici
la
totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est L
13720
Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation »
de
la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Rég
13721
ntenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de
la
guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régenc
13722
s voici la totale « profanation » de la guerre et
de
sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la prop
13723
de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law,
le
financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à so
13724
et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier
de
la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la mé
13725
de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de
la
Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la métho
13726
acrée : c’est Law, le financier de la Régence qui
la
propose, reprenant, et sans doute à son insu, la méthode des Condotti
13727
la propose, reprenant, et sans doute à son insu,
la
méthode des Condottieri : « La victoire (lit-on dans ses Œuvres) appa
13728
doute à son insu, la méthode des Condottieri : «
La
victoire (lit-on dans ses Œuvres) appartient toujours à celui qui a l
13729
2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus
de
cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous m
13730
pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans
de
guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous met en arrièr
13731
ous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est
le
résultat ? Car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheu
13732
guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? Car
le
succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
13733
incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
de
détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fati
13734
, on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par
le
feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la de
13735
t espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu,
le
fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destructio
13736
r de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer,
l’
eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction direct
13737
truire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau,
la
faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou in
13738
0 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim,
les
fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’
13739
par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues,
les
maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat alle
13740
’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi,
la
destruction directe ou indirecte d’un soldat allemand nous coûte 20 0
13741
adies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte
d’
un soldat allemand nous coûte 20 000 livres sans compter la perte sur
13742
at allemand nous coûte 20 000 livres sans compter
la
perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cin
13743
cet attirail dispendieux, incommode et dangereux,
d’
une armée permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais e
13744
permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner
les
frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterai
13745
ait-il pas mieux en épargner les frais et acheter
l’
armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterait. Un Anglais estima
13746
ner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque
l’
occasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres st
13747
lais estimait un homme 480 livres sterling. C’est
la
plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on
13748
nt, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans
le
système actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter de celui qu’
13749
actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter
de
celui qu’on a détruit si dispendieusement. » ⁂ Les Goncourt ont très
13750
de celui qu’on a détruit si dispendieusement. » ⁂
Les
Goncourt ont très bien senti l’identité foncière des phénomènes de la
13751
ndieusement. » ⁂ Les Goncourt ont très bien senti
l’
identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie
13752
rès bien senti l’identité foncière des phénomènes
de
la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décri
13753
bien senti l’identité foncière des phénomènes de
la
guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décriven
13754
’identité foncière des phénomènes de la guerre et
de
l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactiq
13755
entité foncière des phénomènes de la guerre et de
l’
amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactique
13756
au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent
la
« tactique » des roués de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce
13757
ls termes ils décrivent la « tactique » des roués
de
l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour que le sièc
13758
termes ils décrivent la « tactique » des roués de
l’
époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour que le siècle
13759
de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu
de
l’amour que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profonde
13760
l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de
l’
amour que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes,
13761
C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour que
le
siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressourc
13762
amour que le siècle révèle peut-être ses qualités
les
plus profondes, ses ressources les plus secrètes, et comme un génie d
13763
e ses qualités les plus profondes, ses ressources
les
plus secrètes, et comme un génie de duplicité tout inattendu du carac
13764
s ressources les plus secrètes, et comme un génie
de
duplicité tout inattendu du caractère français. Que de grands diploma
13765
plicité tout inattendu du caractère français. Que
de
grands diplomates, que de grands politiques sans nom, plus habiles qu
13766
caractère français. Que de grands diplomates, que
de
grands politiques sans nom, plus habiles que Dubois, plus insinuants
13767
s insinuants que Bernis, parmi cette petite bande
d’
hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et
13768
ernis, parmi cette petite bande d’hommes qui font
de
la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire
13769
is, parmi cette petite bande d’hommes qui font de
la
séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de
13770
te petite bande d’hommes qui font de la séduction
de
la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Qu
13771
petite bande d’hommes qui font de la séduction de
la
femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que d
13772
nde d’hommes qui font de la séduction de la femme
le
but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combina
13773
ommes qui font de la séduction de la femme le but
de
leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons d
13774
séduction de la femme le but de leurs pensées et
la
grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de st
13775
emme le but de leurs pensées et la grande affaire
de
leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un
13776
urs pensées et la grande affaire de leur vie… Que
de
combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une fe
13777
a grande affaire de leur vie… Que de combinaisons
de
romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir f
13778
de leur vie… Que de combinaisons de romancier et
de
stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir fait ce qu’on app
13779
r fait ce qu’on appelle un plan, sans avoir passé
la
nuit à se promener et à retourner la position… Et l’attaque commencée
13780
avoir passé la nuit à se promener et à retourner
la
position… Et l’attaque commencée, ils sont jusqu’au bout des comédien
13781
nuit à se promener et à retourner la position… Et
l’
attaque commencée, ils sont jusqu’au bout des comédiens étonnants, par
13782
oit feint ou dissimulé… « N’omettre rien », c’est
le
précepte de l’un d’eux.181 » Devise de général, que les Soubise, par
13783
dissimulé… « N’omettre rien », c’est le précepte
de
l’un d’eux.181 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’o
13784
lé… « N’omettre rien », c’est le précepte de l’un
d’
eux.181 » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaien
13785
n », c’est le précepte de l’un d’eux.181 » Devise
de
général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le
13786
écepte de l’un d’eux.181 » Devise de général, que
les
Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le champ de bataille
13787
Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur
le
champ de bataille. 8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau e
13788
8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau et
le
romantisme allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du mythe et
13789
il du mythe et son épanouissement orageux, il y a
la
Révolution française et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le r
13790
sement orageux, il y a la Révolution française et
les
campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la p
13791
, il y a la Révolution française et les campagnes
de
Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catast
13792
çaise et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire
le
retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue p
13793
mpagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans
la
guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement milit
13794
Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre
de
la passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’a
13795
naparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de
la
passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’appo
13796
u point de vue proprement militaire, qu’apportait
la
Révolution ? « Un déchaînement de passion inconnu avant elle », répon
13797
e, qu’apportait la Révolution ? « Un déchaînement
de
passion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de l’ancienne éc
13798
ent de passion inconnu avant elle », répond Foch.
L’
hérésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « fai
13799
sion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie
de
l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la g
13800
n inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de
l’
ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guer
13801
érésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était
d’
avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa
13802
cole, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire
de
la guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame e
13803
e, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de
la
guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame effr
13804
une science exacte, méconnaissant sa nature même
de
drame effrayant et passionné (Jomini) ». On sait par ailleurs quelle
13805
(Jomini) ». On sait par ailleurs quelle explosion
de
sentimentalisme précéda et accompagna la Révolution, phénomène beauco
13806
xplosion de sentimentalisme précéda et accompagna
la
Révolution, phénomène beaucoup plus passionnel que politique, au sens
13807
sens strict du terme.182 Longtemps contenue dans
les
formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi
13808
182 Longtemps contenue dans les formes classiques
de
la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ri
13809
Longtemps contenue dans les formes classiques de
la
guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ritue
13810
contenue dans les formes classiques de la guerre,
la
violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans le
13811
ormes classiques de la guerre, la violence, après
le
meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans les sociétés primitiv
13812
e meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans
les
sociétés primitives — redevient quelque chose d’horrifiant et d’attir
13813
les sociétés primitives — redevient quelque chose
d’
horrifiant et d’attirant à la fois. C’est le culte et le mystère sangl
13814
mitives — redevient quelque chose d’horrifiant et
d’
attirant à la fois. C’est le culte et le mystère sanglant autour duque
13815
chose d’horrifiant et d’attirant à la fois. C’est
le
culte et le mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nou
13816
ifiant et d’attirant à la fois. C’est le culte et
le
mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nouvelle : la N
13817
t autour duquel se crée une communauté nouvelle :
la
Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le pl
13818
se crée une communauté nouvelle : la Nation. Or
la
Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À
13819
unauté nouvelle : la Nation. Or la Nation, c’est
la
transposition de la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il es
13820
la Nation. Or la Nation, c’est la transposition
de
la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
13821
Nation. Or la Nation, c’est la transposition de
la
passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de le
13822
e plan collectif. À vrai dire, il est plus facile
de
le sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-o
13823
lan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
le
sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on,
13824
À vrai dire, il est plus facile de le sentir que
de
l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux ê
13825
vrai dire, il est plus facile de le sentir que de
l’
expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux être
13826
Toute passion, dira-t-on, suppose deux êtres, et
l’
on ne voit pas à qui s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous
13827
e deux êtres, et l’on ne voit pas à qui s’adresse
la
passion assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d
13828
e voit pas à qui s’adresse la passion assumée par
la
Nation… Nous savons toutefois que la passion d’amour, par exemple, es
13829
assumée par la Nation… Nous savons toutefois que
la
passion d’amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexa
13830
r la Nation… Nous savons toutefois que la passion
d’
amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
13831
e, est en son fond un narcissisme, autoexaltation
de
l’amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan,
13832
est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
l’
amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’e
13833
xaltation de l’amant, bien plus que relation avec
l’
aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que la pos
13834
lation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est
la
brûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intens
13835
l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure
d’
amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévora
13836
désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que
la
possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion
13837
, c’est la brûlure d’amour plus que la possession
d’
Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise,
13838
ûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car
la
brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagn
13839
sion d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante
de
la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « M
13840
n d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de
la
passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon
13841
Car la brûlure intense et dévorante de la passion
le
divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi
13842
orante de la passion le divinise, et comme Wagner
l’
a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Mo
13843
e la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu,
l’
égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le mon
13844
. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi
le
monde… » La passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aus
13845
rd ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le monde… »
La
passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aussi seul et p
13846
eul je suis — Moi le monde… » La passion veut que
le
moi devienne plus grand que tout, aussi seul et puissant que Dieu. El
13847
aussi seul et puissant que Dieu. Elle veut (sans
le
savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
13848
t que Dieu. Elle veut (sans le savoir) qu’au-delà
de
cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nat
13849
-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement
la
fin de tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autoexaltatio
13850
e cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
de
tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autoexaltation, un a
13851
loire, sa mort soit véritablement la fin de tout.
L’
ardeur nationaliste, elle aussi, est une autoexaltation, un amour narc
13852
rarement comme un amour : presque toujours, c’est
la
haine qui apparaît en premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette hai
13853
premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette haine
de
l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans les transports de l’am
13854
de l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans
les
transports de l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’acc
13855
st-elle pas toujours présente dans les transports
de
l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite,
13856
elle pas toujours présente dans les transports de
l’
amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que
13857
l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement
d’
accent. Ensuite, que veut la passion nationale ? L’exaltation de la fo
13858
onc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que veut
la
passion nationale ? L’exaltation de la force collective ne peut mener
13859
’accent. Ensuite, que veut la passion nationale ?
L’
exaltation de la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l
13860
ite, que veut la passion nationale ? L’exaltation
de
la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme
13861
, que veut la passion nationale ? L’exaltation de
la
force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme tr
13862
rce collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou
l’
impérialisme triomphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou le
13863
à ce dilemme : ou l’impérialisme triomphe — c’est
l’
ambition de s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement,
13864
e : ou l’impérialisme triomphe — c’est l’ambition
de
s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est l
13865
mphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou
le
voisin s’y oppose énergiquement, et c’est la guerre. Or on observe qu
13866
— ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est
la
guerre. Or on observe qu’une nation dans son premier essor passionnel
13867
re même sans espoir. Elle manifeste ainsi sans se
l’
avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
13868
manifeste ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère
le
risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La libe
13869
ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère le risque
de
mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la
13870
se l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et
la
mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurl
13871
lle préfère le risque de mort, et la mort même, à
l’
abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobi
13872
e le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
de
sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heu
13873
rt, et la mort même, à l’abandon de sa passion. «
La
liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces
13874
même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou
la
mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies parai
13875
sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient
les
jacobins à l’heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois sup
13876
La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à
l’
heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’
13877
ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où
les
forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’heure où lib
13878
s ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à
l’
heure où liberté et mort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
13879
s, à l’heure où liberté et mort étaient bien près
d’
avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Am
13880
eure où liberté et mort étaient bien près d’avoir
le
même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et l
13881
ort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
la
nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le
13882
ien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et
la
Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait nationa
13883
ns… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme
l’
Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant
13884
a nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et
la
Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerr
13885
re sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais
le
fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écri
13886
Amour et la Mort. Désormais le fait national sera
le
facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et
13887
sormais le fait national sera le facteur dominant
de
la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devr
13888
mais le fait national sera le facteur dominant de
la
guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait
13889
teur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur
la
stratégie et sur la tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’un
13890
guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur
la
tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’une stratégie et une t
13891
e et une tactique nationales, seules susceptibles
d’
être profitables à la nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime
13892
ionales, seules susceptibles d’être profitables à
la
nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime le général von der G
13893
nation pour laquelle il écrit. » Ainsi s’exprime
le
général von der Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé d’aff
13894
insi s’exprime le général von der Goltz, disciple
de
Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute la théorie prussien
13895
r Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé
d’
affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder
13896
Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute
la
théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des
13897
cessé d’affirmer que toute la théorie prussienne
de
la guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révol
13898
ssé d’affirmer que toute la théorie prussienne de
la
guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révoluti
13899
orie prussienne de la guerre devait se fonder sur
l’
expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
13900
e devait se fonder sur l’expérience des campagnes
de
la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la
13901
evait se fonder sur l’expérience des campagnes de
la
Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la pas
13902
ur l’expérience des campagnes de la Révolution et
de
l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la «
13903
l’expérience des campagnes de la Révolution et de
l’
Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « sci
13904
ce des campagnes de la Révolution et de l’Empire.
La
bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exact
13905
gnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
de
Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exacte ». C’est a
13906
de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par
la
passion contre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation
13907
ataille de Valmy fut gagnée par la passion contre
la
« science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-cul
13908
assion contre la « science exacte ». C’est au cri
de
Vive la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classiq
13909
ontre la « science exacte ». C’est au cri de Vive
la
Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des
13910
ce exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que
les
sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des alliés. On conna
13911
ve la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent
l’
armée « classique » des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir d
13912
rent l’armée « classique » des alliés. On connaît
le
mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, dat
13913
armée « classique » des alliés. On connaît le mot
de
Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une è
13914
des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir
de
la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’
13915
s alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de
la
bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’his
13916
naît le mot de Goethe, au soir de la bataille : «
De
ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde.
13917
de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu,
de
ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde. » Et Foch co
13918
e ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans
l’
histoire du monde. » Et Foch commente ainsi cette phrase fameuse : « U
13919
es déchaînées parce qu’elles allaient consacrer à
la
lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se
13920
rce qu’elles allaient consacrer à la lutte toutes
les
ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but
13921
laient consacrer à la lutte toutes les ressources
de
la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérê
13922
ent consacrer à la lutte toutes les ressources de
la
nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérêt d
13923
donner comme but non un intérêt dynastique, mais
la
conquête ou la propagation d’idées philosophiques… d’avantages immaté
13924
ut non un intérêt dynastique, mais la conquête ou
la
propagation d’idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu
13925
êt dynastique, mais la conquête ou la propagation
d’
idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu’elles allaient
13926
onquête ou la propagation d’idées philosophiques…
d’
avantages immatériels… parce qu’elles allaient mettre en jeu des senti
13927
ntiments, des passions, c’est-à-dire des éléments
de
force jusqu’alors inexploités. » ⁂ Il serait assez curieux de précise
13928
qu’alors inexploités. » ⁂ Il serait assez curieux
de
préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon
13929
xploités. » ⁂ Il serait assez curieux de préciser
le
parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part,
13930
rait assez curieux de préciser le parallèle entre
les
amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’I
13931
curieux de préciser le parallèle entre les amours
de
Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
13932
r le parallèle entre les amours de Bonaparte puis
de
Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’aut
13933
ours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et
les
campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de
13934
rte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes
d’
Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille corr
13935
poléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
d’
Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille correspond à la sé
13936
ie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type
de
bataille correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’aud
13937
re part. Un certain type de bataille correspond à
la
séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui je
13938
ertain type de bataille correspond à la séduction
de
Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes se
13939
le correspond à la séduction de Joséphine — c’est
le
coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point déc
13940
spond à la séduction de Joséphine — c’est le coup
d’
audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et
13941
a séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace
de
l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ;
13942
éduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de
l’
inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ; un
13943
orces au point décisif, et bluffe ; un autre type
de
bataille correspond au mariage dynastique avec l’archiduchesse Marie-
13944
de bataille correspond au mariage dynastique avec
l’
archiduchesse Marie-Louise — et c’est la grande partie classique, Wagr
13945
ique avec l’archiduchesse Marie-Louise — et c’est
la
grande partie classique, Wagram par exemple, combinant une science de
13946
mple, combinant une science devenue rhétorique et
la
surprise massive, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus de n
13947
e, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus
de
noter que Waterloo fut une bataille perdue par excès de science, peut
13948
er que Waterloo fut une bataille perdue par excès
de
science, peut-être, ou par défaut d’élan national-révolutionnaire… Ce
13949
ue par excès de science, peut-être, ou par défaut
d’
élan national-révolutionnaire… Ce qui est certain, c’est que Napoléon
13950
premier à tenir compte du facteur passionnel dans
la
conduite des batailles. D’où ce cri d’un des généraux qu’il venait de
13951
acteur passionnel dans la conduite des batailles.
D’
où ce cri d’un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’
13952
onnel dans la conduite des batailles. D’où ce cri
d’
un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’est pas poss
13953
ait de battre en Italie : « Il n’est pas possible
de
méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
13954
pas possible de méconnaître, comme ce Bonaparte,
les
principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre
13955
de méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes
les
plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À
13956
ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
de
l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolut
13957
Bonaparte, les principes les plus élémentaires de
l’
art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution
13958
rte, les principes les plus élémentaires de l’art
de
guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on
13959
guerre. » 9.La guerre nationale À partir de
la
Révolution, l’on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-di
13960
La guerre nationale À partir de la Révolution,
l’
on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon
13961
partir de la Révolution, l’on va se battre « avec
le
cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon « farouche et tragique »
13962
battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire
d’
une façon « farouche et tragique » (Foch). Il faudrait préciser : ce n
13963
que » (Foch). Il faudrait préciser : ce n’est pas
le
cœur de chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d
13964
och). Il faudrait préciser : ce n’est pas le cœur
de
chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d’une gue
13965
dat considéré comme un héros qui décidera du sort
d’
une guerre, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissanc
13966
éros qui décidera du sort d’une guerre, mais bien
le
cœur collectif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nat
13967
ort d’une guerre, mais bien le cœur collectif, si
l’
on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romant
13968
e, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire,
la
puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent
13969
ctif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle
de
la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les g
13970
f, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de
la
Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guer
13971
ose dire, la puissance passionnelle de la Nation.
Les
poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libér
13972
poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans
les
guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les phil
13973
ntiques jouèrent un rôle notable dans les guerres
de
libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’
13974
e notable dans les guerres de libération que mena
la
Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’essence passionnelle d’
13975
libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et
les
philosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par ex
13976
na la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies
d’
essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent le
13977
oléon. Et les philosophies d’essence passionnelle
d’
un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du na
13978
hilosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et
d’
un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du nationalisme alle
13979
ent les premiers appuis du nationalisme allemand.
D’
où le caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle.
13980
es premiers appuis du nationalisme allemand. D’où
le
caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle. Il ne
13981
nt des guerres du xixe siècle. Il ne s’agit plus
d’
intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or les religions ne tran
13982
xixe siècle. Il ne s’agit plus d’intérêts, mais
de
« religions » antagonistes. Or les religions ne transigent point, à l
13983
’intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or
les
religions ne transigent point, à l’inverse des intérêts : elles préfè
13984
gonistes. Or les religions ne transigent point, à
l’
inverse des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temp
13985
point, à l’inverse des intérêts : elles préfèrent
la
mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beau
13986
des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (
De
tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus viole
13987
elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temps
les
guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vau
13988
rent la mort héroïque. (De tous temps les guerres
de
religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les
13989
e. (De tous temps les guerres de religion ont été
de
beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quart
13990
temps les guerres de religion ont été de beaucoup
les
plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle e
13991
é de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour
les
trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période q
13992
remiers quarts du siècle et particulièrement pour
la
période qui va de 1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, p
13993
siècle et particulièrement pour la période qui va
de
1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, provisoirement apai
13994
our la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi,
les
passions nationales, provisoirement apaisées, le céderont pendant qua
13995
les passions nationales, provisoirement apaisées,
le
céderont pendant quarante ans aux entreprises du capitalisme et du co
13996
ns aux entreprises du capitalisme et du commerce.
La
violence ne cesse pas de s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont
13997
italisme et du commerce. La violence ne cesse pas
de
s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts
13998
. La violence ne cesse pas de s’exercer au nom de
la
Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent le jeu, ains
13999
mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent
le
jeu, ainsi que l’a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Princi
14000
et bien des intérêts qui mènent le jeu, ainsi que
l’
a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
14001
qui mènent le jeu, ainsi que l’a fort bien marqué
le
maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut nation
14002
bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes
de
la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garant
14003
en marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de
la
guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir
14004
maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
La
guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir l’indépendan
14005
fut nationale au début pour conquérir et garantir
l’
indépendance des peuples : Français de 1792-1793, Espagnols de 1804-18
14006
et garantir l’indépendance des peuples : Français
de
1792-1793, Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813,
14007
ce des peuples : Français de 1792-1793, Espagnols
de
1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comp
14008
çais de 1792-1793, Espagnols de 1804-1814, Russes
de
1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manife
14009
Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands
de
1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses
14010
4-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe
de
1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses et puissantes d
14011
alors ces manifestations glorieuses et puissantes
de
la passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon,
14012
rs ces manifestations glorieuses et puissantes de
la
passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon, Mos
14013
con, Moscou, Leipzig, etc. Elle fut nationale par
la
suite pour conquérir l’unité des races, la nationalité. C’est la thès
14014
c. Elle fut nationale par la suite pour conquérir
l’
unité des races, la nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Pr
14015
le par la suite pour conquérir l’unité des races,
la
nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 18
14016
onquérir l’unité des races, la nationalité. C’est
la
thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera la thèse a
14017
ité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens
de
1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle le roi de Prusse deve
14018
Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera
la
thèse au nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne
14019
e 1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle
le
roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne, revendiquera les provinces
14020
nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur
d’
Allemagne, revendiquera les provinces allemandes de l’Autriche. Mais n
14021
Prusse devenu empereur d’Allemagne, revendiquera
les
provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1
14022
’Allemagne, revendiquera les provinces allemandes
de
l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, e
14023
lemagne, revendiquera les provinces allemandes de
l’
Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, et c
14024
les provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous
la
voyons maintenant (1903) encore nationale, et cela pour conquérir des
14025
conquérir des avantages commerciaux, des traités
de
commerce avantageux. Après avoir été le moyen violent que les peuples
14026
s traités de commerce avantageux. Après avoir été
le
moyen violent que les peuples employaient pour se faire une place dan
14027
avantageux. Après avoir été le moyen violent que
les
peuples employaient pour se faire une place dans le monde en tant que
14028
peuples employaient pour se faire une place dans
le
monde en tant que nations, elle devient le moyen qu’ils pratiquent en
14029
e dans le monde en tant que nations, elle devient
le
moyen qu’ils pratiquent encore pour s’enrichir. Trade follows the fl
14030
encore pour s’enrichir. Trade follows the flag,
le
commerce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période colon
14031
richir. Trade follows the flag, le commerce suit
le
drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière
14032
ows the flag, le commerce suit le drapeau, disent
les
Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière « paix » méritée pa
14033
merce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut
la
période coloniale, la dernière « paix » méritée par l’Europe. On a ma
14034
riode coloniale, la dernière « paix » méritée par
l’
Europe. On a marqué plus haut (livre IV, chap. xix) que cette période,
14035
) que cette période, du point de vue des mœurs et
de
leur littérature, se définit par une dernière tentative de mythificat
14036
ittérature, se définit par une dernière tentative
de
mythification de la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer
14037
finit par une dernière tentative de mythification
de
la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie,
14038
it par une dernière tentative de mythification de
la
passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bi
14039
tive de mythification de la passion. Réaction que
l’
on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît la mêm
14040
ssion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à
la
chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la
14041
as comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît
la
même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était
14042
qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à
la
mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spir
14043
emplît la même fonction sociale (mais à la mesure
de
notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spirituel qui
14044
us, en effet, un principe spirituel qui inspirait
les
« formes » et les conventions, mais des calculs d’intérêts privés, in
14045
rincipe spirituel qui inspirait les « formes » et
les
conventions, mais des calculs d’intérêts privés, incapables de fourni
14046
s « formes » et les conventions, mais des calculs
d’
intérêts privés, incapables de fournir les bases d’une communauté soli
14047
s, mais des calculs d’intérêts privés, incapables
de
fournir les bases d’une communauté solide. La nation même que l’on in
14048
calculs d’intérêts privés, incapables de fournir
les
bases d’une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avai
14049
’intérêts privés, incapables de fournir les bases
d’
une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avait perdu d
14050
les de fournir les bases d’une communauté solide.
La
nation même que l’on invoquait avait perdu de son prestige romantique
14051
bases d’une communauté solide. La nation même que
l’
on invoquait avait perdu de son prestige romantique : le pavillon couv
14052
de. La nation même que l’on invoquait avait perdu
de
son prestige romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État
14053
nvoquait avait perdu de son prestige romantique :
le
pavillon couvrait les intérêts de l’État, non les passions ou l’honne
14054
de son prestige romantique : le pavillon couvrait
les
intérêts de l’État, non les passions ou l’honneur des élites. Et l’Ét
14055
ge romantique : le pavillon couvrait les intérêts
de
l’État, non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait
14056
romantique : le pavillon couvrait les intérêts de
l’
État, non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait pl
14057
le pavillon couvrait les intérêts de l’État, non
les
passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
14058
vrait les intérêts de l’État, non les passions ou
l’
honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que le rôle honorif
14059
tat, non les passions ou l’honneur des élites. Et
l’
État ne jouait plus guère que le rôle honorifique d’un conseil d’admin
14060
ur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
le
rôle honorifique d’un conseil d’administration, faisant la guerre pou
14061
État ne jouait plus guère que le rôle honorifique
d’
un conseil d’administration, faisant la guerre pour des motifs bancair
14062
onorifique d’un conseil d’administration, faisant
la
guerre pour des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre
14063
ant la guerre pour des motifs bancaires (conquête
de
Madagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation d
14064
ur des motifs bancaires (conquête de Madagascar).
La
guerre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence
14065
dagascar). La guerre coloniale n’est en somme que
la
continuation de la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreu
14066
erre coloniale n’est en somme que la continuation
de
la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays,
14067
e coloniale n’est en somme que la continuation de
la
concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays, sin
14068
ence capitaliste par des moyens plus onéreux pour
le
pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
14069
des moyens plus onéreux pour le pays, sinon pour
les
grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle, l’amour183 était dev
14070
le pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers
la
fin du xixe siècle, l’amour183 était devenu ; dans les classes bourg
14071
grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
l’
amour183 était devenu ; dans les classes bourgeoises, un bien bizarre
14072
n du xixe siècle, l’amour183 était devenu ; dans
les
classes bourgeoises, un bien bizarre mélange de sentimentalisme à fle
14073
les classes bourgeoises, un bien bizarre mélange
de
sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots
14074
n bien bizarre mélange de sentimentalisme à fleur
de
nerfs et d’histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’
14075
re mélange de sentimentalisme à fleur de nerfs et
d’
histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd
14076
e sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires
de
rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans le
14077
isme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et
de
dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans les annonces ma
14078
res de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé
d’
être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’
14079
: ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans
les
annonces matrimoniales. La sexualité pure n’intervenait que pour « tr
14080
être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales.
La
sexualité pure n’intervenait que pour « troubler » ces petits calculs
14081
» ces petits calculs et ces « beaux sentiments »
de
série. (Comme une goutte d’eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourq
14082
« beaux sentiments » de série. (Comme une goutte
d’
eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est
14083
s » de série. (Comme une goutte d’eau « trouble »
l’
absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est impure.) De même l
14084
ble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que
l’
eau est impure.) De même la guerre était un composé d’excitations de l
14085
pourquoi Jarry dit que l’eau est impure.) De même
la
guerre était un composé d’excitations de l’opinion publique — qu’est-
14086
u est impure.) De même la guerre était un composé
d’
excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sin
14087
De même la guerre était un composé d’excitations
de
l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimen
14088
même la guerre était un composé d’excitations de
l’
opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimental
14089
excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que
la
« revanche », sinon un sentimentalisme national ? — et de plans comme
14090
anche », sinon un sentimentalisme national ? — et
de
plans commerciaux ou financiers. L’élément proprement guerrier n’y tr
14091
tional ? — et de plans commerciaux ou financiers.
L’
élément proprement guerrier n’y trouvait plus son compte qu’en contreb
14092
r n’y trouvait plus son compte qu’en contrebande.
La
guerre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du milit
14093
te qu’en contrebande. La guerre s’embourgeoisait.
Le
sang se commercialisait. Le type du militaire apparaissait déjà comme
14094
rre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait.
Le
type du militaire apparaissait déjà comme une anomalie, aux yeux des
14095
s femmes et des badauds curieux. (C’est ainsi que
les
démocraties s’excitent sur les mariages princiers.) Et l’on croyait p
14096
. (C’est ainsi que les démocraties s’excitent sur
les
mariages princiers.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages l
14097
raties s’excitent sur les mariages princiers.) Et
l’
on croyait pouvoir liquider sans dommages le formidable potentiel de f
14098
.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages
le
formidable potentiel de frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaien
14099
ir liquider sans dommages le formidable potentiel
de
frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident d
14100
s dommages le formidable potentiel de frénésie et
de
grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de c
14101
antes qu’avaient accumulé en Occident des siècles
de
culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les p
14102
aient accumulé en Occident des siècles de culture
de
la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notable
14103
nt accumulé en Occident des siècles de culture de
la
passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables d
14104
en Occident des siècles de culture de la passion.
La
guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méco
14105
t des siècles de culture de la passion. La guerre
de
1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissance
14106
passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats
les
plus notables de cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre total
14107
de 1914 fut l’un des résultats les plus notables
de
cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre totale À partir de
14108
10.La guerre totale À partir de Verdun, que
les
Allemands baptisent la Bataille du matériel (Materialschlacht), il se
14109
À partir de Verdun, que les Allemands baptisent
la
Bataille du matériel (Materialschlacht), il semble que le parallélism
14110
lle du matériel (Materialschlacht), il semble que
le
parallélisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour e
14111
acht), il semble que le parallélisme institué par
la
chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. C
14112
le parallélisme institué par la chevalerie entre
les
formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
14113
lisme institué par la chevalerie entre les formes
de
l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la gue
14114
me institué par la chevalerie entre les formes de
l’
amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre
14115
par la chevalerie entre les formes de l’amour et
de
la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujou
14116
r la chevalerie entre les formes de l’amour et de
la
guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours
14117
s de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes,
le
but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie
14118
de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
de
la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant
14119
la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de
la
guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa
14120
Certes, le but concret de la guerre fut toujours
de
forcer la résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer l
14121
e but concret de la guerre fut toujours de forcer
la
résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer la résistan
14122
ce ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer
la
résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol,
14123
détruisant sa force armée. (Forcer la résistance
de
la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guer
14124
truisant sa force armée. (Forcer la résistance de
la
femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre.
14125
orce armée. (Forcer la résistance de la femme par
la
séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre.) Mais pour a
14126
la résistance de la femme par la séduction, c’est
la
paix ; par le viol, c’est la guerre.) Mais pour autant, l’on ne détru
14127
de la femme par la séduction, c’est la paix ; par
le
viol, c’est la guerre.) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la n
14128
la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est
la
guerre.) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la nation même dont
14129
par le viol, c’est la guerre.) Mais pour autant,
l’
on ne détruisait pas la nation même dont on voulait se rendre maître :
14130
guerre.) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas
la
nation même dont on voulait se rendre maître : on se bornait à réduir
14131
re ses défenses. Bataille rangée contre une armée
de
métier, siège des ouvrages fortifiés, capture du chef : un système de
14132
ouvrages fortifiés, capture du chef : un système
de
règles précises, donc un art, désignait le vainqueur. Et ce vainqueur
14133
ystème de règles précises, donc un art, désignait
le
vainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou d’un
14134
ésignait le vainqueur. Et ce vainqueur triomphait
d’
un vivant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
14135
ainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant,
d’
un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention d’une techniq
14136
ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou
d’
un peuple encore désirables. L’intervention d’une technique inhumaine,
14137
vant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables.
L’
intervention d’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les fo
14138
ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
d’
une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces d’un État,
14139
’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes
les
forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
14140
que inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces
d’
un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre
14141
met en œuvre toutes les forces d’un État, changea
la
face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale »
14142
uvre toutes les forces d’un État, changea la face
de
la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non
14143
e toutes les forces d’un État, changea la face de
la
guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non pl
14144
hangea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
la
guerre devient « totale » — et non plus seulement militaire — la dest
14145
nt « totale » — et non plus seulement militaire —
la
destruction des résistances armées signifie l’anéantissement des forc
14146
— la destruction des résistances armées signifie
l’
anéantissement des forces vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés
14147
armées signifie l’anéantissement des forces vives
de
l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui pro
14148
ées signifie l’anéantissement des forces vives de
l’
ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui procré
14149
vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans
les
usines, des mères qui procréent des soldats, bref de tous les « moyen
14150
usines, des mères qui procréent des soldats, bref
de
tous les « moyens de production », choses et personnes assimilées. La
14151
des mères qui procréent des soldats, bref de tous
les
« moyens de production », choses et personnes assimilées. La guerre n
14152
procréent des soldats, bref de tous les « moyens
de
production », choses et personnes assimilées. La guerre n’est plus un
14153
de production », choses et personnes assimilées.
La
guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’objet convoité et h
14154
. La guerre n’est plus un viol mais un assassinat
de
l’objet convoité et hostile — c’est-à-dire un acte « total », détruis
14155
a guerre n’est plus un viol mais un assassinat de
l’
objet convoité et hostile — c’est-à-dire un acte « total », détruisant
14156
emparer. Verdun ne fut d’ailleurs qu’un prodrome
de
cette guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction
14157
qu’un prodrome de cette guerre nouvelle, puisque
le
procédé se limita à la destruction méthodique d’un million de soldats
14158
e guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à
la
destruction méthodique d’un million de soldats, non de civils. Mais c
14159
le procédé se limita à la destruction méthodique
d’
un million de soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de met
14160
e limita à la destruction méthodique d’un million
de
soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point
14161
struction méthodique d’un million de soldats, non
de
civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point un instrument qu
14162
soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit
de
mettre au point un instrument qui, par la suite, devait se trouver en
14163
permit de mettre au point un instrument qui, par
la
suite, devait se trouver en mesure d’opérer sur des étendues bien plu
14164
nt qui, par la suite, devait se trouver en mesure
d’
opérer sur des étendues bien plus vastes, comme Londres et Berlin ; no
14165
comme Londres et Berlin ; non plus seulement sur
de
la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui e
14166
mme Londres et Berlin ; non plus seulement sur de
la
chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui est
14167
plus seulement sur de la chair à canon, mais sur
la
chair qui fabrique les canons, ce qui est évidemment plus efficace.
14168
la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique
les
canons, ce qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort
14169
les canons, ce qui est évidemment plus efficace.
La
technique de la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans
14170
e qui est évidemment plus efficace. La technique
de
la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique
14171
ui est évidemment plus efficace. La technique de
la
mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique im
14172
ouve son équivalent dans nulle éthique imaginable
de
l’amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle
14173
e son équivalent dans nulle éthique imaginable de
l’
amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se
14174
ns nulle éthique imaginable de l’amour. C’est que
la
guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la
14175
ginable de l’amour. C’est que la guerre échappe à
l’
homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passion même dont e
14176
amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à
l’
instinct ; elle se retourne contre la passion même dont elle est née.
14177
l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre
la
passion même dont elle est née. Et c’est cela, non l’envergure des ma
14178
assion même dont elle est née. Et c’est cela, non
l’
envergure des massacres, qui est nouveau dans l’histoire du monde. Là-
14179
n l’envergure des massacres, qui est nouveau dans
l’
histoire du monde. Là-dessus, trois remarques dont on verra qu’elles n
14180
nt on verra qu’elles ne sont pas sans liens : a)
La
guerre est née dans les campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’
14181
sont pas sans liens : a) La guerre est née dans
les
campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis
14182
rté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis 1914,
l’
on assiste à son urbanisation. Pour une bonne part des masses paysanne
14183
mière Guerre mondiale fut un premier contact avec
la
civilisation technique. Une sorte de visite dirigée de l’exposition u
14184
contact avec la civilisation technique. Une sorte
de
visite dirigée de l’exposition universelle des industries et arts app
14185
vilisation technique. Une sorte de visite dirigée
de
l’exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort,
14186
isation technique. Une sorte de visite dirigée de
l’
exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort, av
14187
tion universelle des industries et arts appliqués
de
la mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. b) Cette colle
14188
n universelle des industries et arts appliqués de
la
mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. b) Cette collecti
14189
de la mort, avec démonstrations quotidiennes sur
le
vif. b) Cette collectivisation des moyens destructifs, mécanisés, eu
14190
des moyens destructifs, mécanisés, eut pour effet
de
neutraliser la passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne
14191
ructifs, mécanisés, eut pour effet de neutraliser
la
passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
14192
elliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
de
violence du sang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées l
14193
. Il ne s’agissait plus de violence du sang, mais
de
brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres
14194
violence du sang, mais de brutalité quantitative,
de
masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements
14195
mais de brutalité quantitative, de masses lancées
les
unes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionn
14196
é quantitative, de masses lancées les unes contre
les
autres non plus par des mouvements de délire passionnel, mais bien pa
14197
nes contre les autres non plus par des mouvements
de
délire passionnel, mais bien par des intelligences calculatrices d’in
14198
el, mais bien par des intelligences calculatrices
d’
ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que le servant du matériel ;
14199
elligences calculatrices d’ingénieurs. Désormais,
l’
homme n’est plus que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’ét
14200
s d’ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que
le
servant du matériel ; il passe lui-même à l’état de matériel, d’autan
14201
que le servant du matériel ; il passe lui-même à
l’
état de matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans
14202
servant du matériel ; il passe lui-même à l’état
de
matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réf
14203
atériel ; il passe lui-même à l’état de matériel,
d’
autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réflexes individ
14204
main dans ses réflexes individuels. Ainsi, malgré
le
dopage entrepris par la propagande, la victoire dépend en fin de comp
14205
ndividuels. Ainsi, malgré le dopage entrepris par
la
propagande, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécani
14206
si, malgré le dopage entrepris par la propagande,
la
victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que
14207
nde, la victoire dépend en fin de compte des lois
de
la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct
14208
, la victoire dépend en fin de compte des lois de
la
mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instinct com
14209
es lois de la mécanique plutôt que des prévisions
de
la psychologie. L’instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918, l’explo
14210
lois de la mécanique plutôt que des prévisions de
la
psychologie. L’instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918, l’explosio
14211
ique plutôt que des prévisions de la psychologie.
L’
instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918, l’explosion habituelle de
14212
de la psychologie. L’instinct combatif est déçu.
De
1914 à 1918, l’explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les
14213
ie. L’instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918,
l’
explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les grands conflits
14214
est déçu. De 1914 à 1918, l’explosion habituelle
de
sexualité qui accompagnait les grands conflits ne s’est guère produit
14215
xplosion habituelle de sexualité qui accompagnait
les
grands conflits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans les popul
14216
les grands conflits ne s’est guère produite qu’à
l’
arrière dans les populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme
14217
flits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans
les
populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme officiel, d’une
14218
iviles. En dépit des efforts du lyrisme officiel,
d’
une certaine littérature et de l’imagerie populaire, le retour du perm
14219
u lyrisme officiel, d’une certaine littérature et
de
l’imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rie
14220
yrisme officiel, d’une certaine littérature et de
l’
imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rien m
14221
certaine littérature et de l’imagerie populaire,
le
retour du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à la ruée du m
14222
du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à
la
ruée du mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre de médecins
14223
mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre
de
médecins et de soldats prouvent que la guerre du matériel s’est tradu
14224
privé. Des témoignages sans nombre de médecins et
de
soldats prouvent que la guerre du matériel s’est traduite en réalité
14225
ans nombre de médecins et de soldats prouvent que
la
guerre du matériel s’est traduite en réalité par une « catastrophe se
14226
e en réalité par une « catastrophe sexuelle »184.
L’
impuissance généralisée, ou du moins ses prodromes tels qu’onanisme ch
14227
s qu’onanisme chronique et homosexualité, tel fut
le
résultat statistique de quatre années passées dans les tranchées. Et
14228
et homosexualité, tel fut le résultat statistique
de
quatre années passées dans les tranchées. Et de là vient que pour la
14229
ésultat statistique de quatre années passées dans
les
tranchées. Et de là vient que pour la première fois, l’on ait assisté
14230
e de quatre années passées dans les tranchées. Et
de
là vient que pour la première fois, l’on ait assisté à une révolte gé
14231
nchées. Et de là vient que pour la première fois,
l’
on ait assisté à une révolte généralisée des soldats contre la guerre1
14232
isté à une révolte généralisée des soldats contre
la
guerre185, celle-ci ne figurant plus l’exutoire des passions, mais un
14233
ts contre la guerre185, celle-ci ne figurant plus
l’
exutoire des passions, mais une sorte d’immense castration de l’Europe
14234
rant plus l’exutoire des passions, mais une sorte
d’
immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destru
14235
des passions, mais une sorte d’immense castration
de
l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les f
14236
passions, mais une sorte d’immense castration de
l’
Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les form
14237
s une sorte d’immense castration de l’Europe. c)
La
guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionn
14238
tration de l’Europe. c) La guerre totale suppose
la
destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À part
14239
rope. c) La guerre totale suppose la destruction
de
toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on
14240
La guerre totale suppose la destruction de toutes
les
formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on ne se soume
14241
destruction de toutes les formes conventionnelles
de
la lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées d
14242
truction de toutes les formes conventionnelles de
la
lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées dipl
14243
se soumettra plus aux « simagrées diplomatiques »
de
l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront
14244
soumettra plus aux « simagrées diplomatiques » de
l’
ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront pl
14245
aux « simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et
de
la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennell
14246
« simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et de
la
« déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle c
14247
atiques » de l’ultimatum et de la « déclaration »
de
guerre. Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hosti
14248
e l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre.
Les
traités ne seront plus la solennelle conclusion des hostilités. Les d
14249
claration » de guerre. Les traités ne seront plus
la
solennelle conclusion des hostilités. Les distinctions arbitraires en
14250
ont plus la solennelle conclusion des hostilités.
Les
distinctions arbitraires entre villes ouvertes et villes fortifiées,
14251
t villes fortifiées, civils et militaires, moyens
de
destruction permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que la défai
14252
ns de destruction permis ou condamnés, tomberont.
D’
où résulte que la défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphori
14253
permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que
la
défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire
14254
condamnés, tomberont. D’où résulte que la défaite
d’
un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire limitée à
14255
certains signes convenus, mais sera concrètement
la
mort de ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de rè
14256
s signes convenus, mais sera concrètement la mort
de
ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la
14257
ment la mort de ce pays. Encore une fois, dès que
l’
on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du vio
14258
ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne
l’
idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan d
14259
s. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée
de
règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nati
14260
ne fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles,
la
guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nations, mais b
14261
donne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus
l’
acte du viol sur le plan des nations, mais bien l’acte du crime sadiqu
14262
l’acte du viol sur le plan des nations, mais bien
l’
acte du crime sadique, la possession d’une victime morte, donc en fait
14263
n des nations, mais bien l’acte du crime sadique,
la
possession d’une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle
14264
mais bien l’acte du crime sadique, la possession
d’
une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
14265
, la possession d’une victime morte, donc en fait
la
non-possession. Elle n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
14266
nc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
l’
instinct sexuel normal, ni même la passion qui l’utilise et le transce
14267
n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
la
passion qui l’utilise et le transcende, mais seulement cette perversi
14268
l’instinct sexuel normal, ni même la passion qui
l’
utilise et le transcende, mais seulement cette perversion de la passio
14269
exuel normal, ni même la passion qui l’utilise et
le
transcende, mais seulement cette perversion de la passion — d’ailleur
14270
et le transcende, mais seulement cette perversion
de
la passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le
14271
le transcende, mais seulement cette perversion de
la
passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « c
14272
erversion de la passion — d’ailleurs fatale, nous
l’
avons vu ailleurs — qu’est le « complexe de castration ». 11.La pas
14273
illeurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est
le
« complexe de castration ». 11.La passion transportée dans la poli
14274
, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « complexe
de
castration ». 11.La passion transportée dans la politique Chass
14275
e castration ». 11.La passion transportée dans
la
politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce
14276
transportée dans la politique Chassée du champ
de
la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doi
14277
nsportée dans la politique Chassée du champ de
la
guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit l
14278
e la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse
d’
être clos comme doit l’être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une
14279
ue, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit
l’
être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symbol
14280
mp cesse d’être clos comme doit l’être un terrain
de
jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symboles, mais un secteu
14281
rain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée
de
symboles, mais un secteur de bombardement — la passion a cherché et t
14282
lus une lice décorée de symboles, mais un secteur
de
bombardement — la passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expres
14283
ée de symboles, mais un secteur de bombardement —
la
passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expression en actes. Ell
14284
t — la passion a cherché et trouvé d’autres modes
d’
expression en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par la dépréci
14285
en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par
la
dépréciation des résistances morales et privées, non moins que par la
14286
résistances morales et privées, non moins que par
la
dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, l
14287
les et privées, non moins que par la dénaturation
de
la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont
14288
et privées, non moins que par la dénaturation de
la
guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont as
14289
ar la dénaturation de la guerre. D’une part, dans
les
pays démocratiques, les mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles
14290
guerre. D’une part, dans les pays démocratiques,
les
mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
14291
lies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
d’
obstacles absolus, donc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
14292
rir plus d’obstacles absolus, donc exaltants pour
la
passion ; d’autre part, dans les pays totalitaires, le dressage des j
14293
nc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
les
pays totalitaires, le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
14294
ssion ; d’autre part, dans les pays totalitaires,
le
dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de la vie privée toute
14295
les pays totalitaires, le dressage des jeunes par
l’
État tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime
14296
le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
de
la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sen
14297
dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de
la
vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sentim
14298
tat tend à éliminer de la vie privée toute espèce
de
tragique intime et de problématique sentimentale. L’anarchie des mœur
14299
la vie privée toute espèce de tragique intime et
de
problématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et l’hygiène autorit
14300
tragique intime et de problématique sentimentale.
L’
anarchie des mœurs et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans l
14301
oblématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et
l’
hygiène autoritaire agissent à peu près dans le même sens : elles déço
14302
et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans
le
même sens : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acqu
14303
nt à peu près dans le même sens : elles déçoivent
le
besoin de passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles déten
14304
rès dans le même sens : elles déçoivent le besoin
de
passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles détendent ses r
14305
t le besoin de passion, héréditaire ou acquis par
la
culture ; elles détendent ses ressorts intimes et personnels. L’amour
14306
les détendent ses ressorts intimes et personnels.
L’
amour, dans l’entre-deux-guerres, fut un curieux mélange d’intellectua
14307
ses ressorts intimes et personnels. L’amour, dans
l’
entre-deux-guerres, fut un curieux mélange d’intellectualisme angoissé
14308
dans l’entre-deux-guerres, fut un curieux mélange
d’
intellectualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’anarchi
14309
mélange d’intellectualisme angoissé (littérature
de
l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste
14310
lange d’intellectualisme angoissé (littérature de
l’
inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Ne
14311
tualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et
de
l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit
14312
lisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de
l’
anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des
14313
e de l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et
de
cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien
14314
e matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands).
L’
on vit bien que la passion romantique ne trouvait plus de quoi se comp
14315
ue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien que
la
passion romantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe ; ne
14316
t bien que la passion romantique ne trouvait plus
de
quoi se composer un mythe ; ne trouvait plus de résistances choisies
14317
s de quoi se composer un mythe ; ne trouvait plus
de
résistances choisies au sein d’une atmosphère d’orageuse et secrète d
14318
de résistances choisies au sein d’une atmosphère
d’
orageuse et secrète dévotion. La crainte morbide des entraînements « n
14319
d’une atmosphère d’orageuse et secrète dévotion.
La
crainte morbide des entraînements « naïfs » et des « duperies du cœur
14320
s « duperies du cœur », alliée à un désir fébrile
d’
aventure, voilà le climat des principaux romans de cette période. Et c
14321
ur », alliée à un désir fébrile d’aventure, voilà
le
climat des principaux romans de cette période. Et cela signifie sans
14322
d’aventure, voilà le climat des principaux romans
de
cette période. Et cela signifie sans équivoque que les relations indi
14323
ette période. Et cela signifie sans équivoque que
les
relations individuelles des sexes ont cessé d’être le lieu par excell
14324
e les relations individuelles des sexes ont cessé
d’
être le lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît
14325
elations individuelles des sexes ont cessé d’être
le
lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît se déta
14326
cessé d’être le lieu par excellence où se réalise
la
passion. Celle-ci paraît se détacher de son support. Nous sommes entr
14327
e réalise la passion. Celle-ci paraît se détacher
de
son support. Nous sommes entrés dans l’ère des libidos errantes, en q
14328
détacher de son support. Nous sommes entrés dans
l’
ère des libidos errantes, en quête d’un théâtre nouveau. Et le premier
14329
entrés dans l’ère des libidos errantes, en quête
d’
un théâtre nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est le théâtre p
14330
re nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est
le
théâtre politique. La politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée
14331
ier qui s’est offert, c’est le théâtre politique.
La
politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que
14332
offert, c’est le théâtre politique. La politique
de
masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuati
14333
re politique. La politique de masses, telle qu’on
l’
a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de la guerre totale
14334
, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917 n’est que
la
continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre
14335
a pratiquée depuis 1917 n’est que la continuation
de
la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus
14336
ratiquée depuis 1917 n’est que la continuation de
la
guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus, e
14337
utres moyens (pour reprendre une fois de plus, en
l’
inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l
14338
(pour reprendre une fois de plus, en l’inversant,
la
célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà
14339
fois de plus, en l’inversant, la célèbre formule
de
Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
14340
n l’inversant, la célèbre formule de Clausewitz).
Le
terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitai
14341
sant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme
de
« fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est
14342
re formule de Clausewitz). Le terme de « fronts »
l’
indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état de
14343
me de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
l’
État totalitaire n’est que l’état de guerre prolongé, ou recréé, et en
14344
jà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que
l’
état de guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la
14345
par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état
de
guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la nation
14346
longé, ou recréé, et entretenu en permanence dans
la
nation. Mais si la guerre totale anéantit toute possibilité de passio
14347
t entretenu en permanence dans la nation. Mais si
la
guerre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne
14348
is si la guerre totale anéantit toute possibilité
de
passion, la politique ne fait que transposer les passions individuell
14349
rre totale anéantit toute possibilité de passion,
la
politique ne fait que transposer les passions individuelles au niveau
14350
é de passion, la politique ne fait que transposer
les
passions individuelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que l’é
14351
ransposer les passions individuelles au niveau de
l’
être collectif. Tout ce que l’éducation totalitaire refuse aux individ
14352
uelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que
l’
éducation totalitaire refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
14353
ion totalitaire refuse aux individus isolés, elle
le
reporte sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui
14354
refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
la
nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui a des passions
14355
elle le reporte sur la nation personnifiée. C’est
la
nation (ou le Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assu
14356
e sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou
le
Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais l
14357
assions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais
la
dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course incon
14358
elle (ou lui) qui assume désormais la dialectique
de
l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mo
14359
e (ou lui) qui assume désormais la dialectique de
l’
obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort
14360
désormais la dialectique de l’obstacle exaltant,
de
l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante
14361
sormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de
l’
ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. T
14362
ialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et
de
la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l
14363
ectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de
la
course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’in
14364
ltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à
la
mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à la base, on
14365
ente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à
l’
intérieur et à la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’ext
14366
roïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à
la
base, on stérilise les problèmes personnels, à l’extérieur et au somm
14367
andis qu’à l’intérieur et à la base, on stérilise
les
problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel de pass
14368
la base, on stérilise les problèmes personnels, à
l’
extérieur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jo
14369
problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet
le
potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe
14370
rsonnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel
de
passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la moral
14371
ur et au sommet le potentiel de passion s’accroît
de
jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les ci
14372
e potentiel de passion s’accroît de jour en jour.
L’
eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’eug
14373
ccroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans
la
morale qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est la négation rat
14374
L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne
les
citoyens : et l’eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce
14375
phe dans la morale qui concerne les citoyens : et
l’
eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce d’aventure privé
14376
le qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est
la
négation rationnelle de toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne
14377
yens : et l’eugénisme est la négation rationnelle
de
toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la ten
14378
nisme est la négation rationnelle de toute espèce
d’
aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ensemb
14379
d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter
la
tension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939, l’
14380
privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension
de
l’ensemble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939, l’État-nation
14381
vée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de
l’
ensemble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939, l’État-nation d’
14382
menter la tension de l’ensemble, personnifié dans
la
Nation. De 1933 à 1939, l’État-nation d’Hitler dit aux Allemands : Pr
14383
ension de l’ensemble, personnifié dans la Nation.
De
1933 à 1939, l’État-nation d’Hitler dit aux Allemands : Procréez ! —
14384
mble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939,
l’
État-nation d’Hitler dit aux Allemands : Procréez ! — et c’est une nég
14385
ux Allemands : Procréez ! — et c’est une négation
de
la passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nom
14386
Allemands : Procréez ! — et c’est une négation de
la
passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nombre
14387
s, j’exige donc des terres nouvelles ! — et c’est
la
nouvelle passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à la base vien
14388
es ! — et c’est la nouvelle passion. Ainsi toutes
les
tensions supprimées à la base viennent s’accumuler au sommet. Or il e
14389
e passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à
la
base viennent s’accumuler au sommet. Or il est clair que ces volontés
14390
muler au sommet. Or il est clair que ces volontés
de
puissance affrontées — il y a déjà plusieurs États totalitaires — ne
14391
assionnément. Elles deviennent l’une pour l’autre
l’
obstacle. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires
14392
. Elles deviennent l’une pour l’autre l’obstacle.
Le
but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc la
14393
r l’autre l’obstacle. Le but réel, tacite, fatal,
de
ces exaltations totalitaires est donc la guerre, qui signifie la mort
14394
, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc
la
guerre, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la p
14395
ons totalitaires est donc la guerre, qui signifie
la
mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but e
14396
donc la guerre, qui signifie la mort. Et comme on
le
voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié
14397
e, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans
le
cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur
14398
signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas
de
la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les
14399
nifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de
la
passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les in
14400
rt. Et comme on le voit dans le cas de la passion
d’
amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les intéressés, m
14401
ur, ce but est non seulement nié avec vigueur par
les
intéressés, mais il est réellement inconscient. Personne n’ose dire :
14402
lement inconscient. Personne n’ose dire : je veux
la
guerre ; non plus que dans l’amour-passion, les amants ne disent : je
14403
’ose dire : je veux la guerre ; non plus que dans
l’
amour-passion, les amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout
14404
ux la guerre ; non plus que dans l’amour-passion,
les
amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que l’on fait
14405
s l’amour-passion, les amants ne disent : je veux
la
mort. Seulement, tout ce que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce
14406
disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que
l’
on fait prépare cette fin. Et tout ce que l’on exalte y trouve son sen
14407
e que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce que
l’
on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les pre
14408
’on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé
de
multiplier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique
14409
rouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier
les
preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion.
14410
ns réel. Il serait aisé de multiplier les preuves
de
ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion. L’ascèse co
14411
lier les preuves de ce nouveau parallélisme entre
la
politique et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrict
14412
de ce nouveau parallélisme entre la politique et
la
passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État
14413
au parallélisme entre la politique et la passion.
L’
ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État impose au no
14414
ue et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont
les
restrictions que l’État impose au nom de la grandeur nationale. L’hon
14415
scèse collectivisée, ce sont les restrictions que
l’
État impose au nom de la grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c
14416
sont les restrictions que l’État impose au nom de
la
grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est l’inquiète suscepti
14417
ue l’État impose au nom de la grandeur nationale.
L’
honneur du chevalier, c’est l’inquiète susceptibilité des Nations tota
14418
grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est
l’
inquiète susceptibilité des Nations totalitaires. Enfin, je soulignera
14419
je soulignerai un fait assez frappant : c’est que
les
foules réagissent au dictateur, dans un pays donné, de la même manièr
14420
ules réagissent au dictateur, dans un pays donné,
de
la même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
14421
s réagissent au dictateur, dans un pays donné, de
la
même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
14422
ateur, dans un pays donné, de la même manière que
la
femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. J’écrivais
14423
la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
de
l’homme. J’écrivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès d’Hit
14424
femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
l’
homme. J’écrivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès d’Hitler
14425
sollicitations de l’homme. J’écrivais en 1938 : «
Le
Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse germanique,
14426
ivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès
d’
Hitler auprès de la masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moin
14427
e Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de
la
masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moins des façons qui pl
14428
oins des façons qui plaisent aux Allemandes. Chez
les
Latins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteu
14429
i plaisent aux Allemandes. Chez les Latins, faire
la
cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos h
14430
Chez les Latins, faire la cour à une femme c’est
l’
étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils
14431
atins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir
de
paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils courtisent
14432
il ne persuade pas, il envoûte ; il invoque enfin
le
destin et affirme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la fou
14433
e enfin le destin et affirme qu’il est ce destin…
De
la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc
14434
nfin le destin et affirme qu’il est ce destin… De
la
sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du
14435
irme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre
la
foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
14436
l est ce destin… De la sorte, il délivre la foule
de
la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa cu
14437
st ce destin… De la sorte, il délivre la foule de
la
responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpa
14438
a sorte, il délivre la foule de la responsabilité
de
ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpabilité morale. Ell
14439
bilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
de
sa culpabilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et le nomme s
14440
ilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et
le
nomme son libérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et la possè
14441
sauveur terrible et le nomme son libérateur dans
l’
instant même qu’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que le ter
14442
le nomme son libérateur dans l’instant même qu’il
l’
enchaîne et la possède. N’oublions pas que le terme populaire désignan
14443
ibérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et
la
possède. N’oublions pas que le terme populaire désignant en Allemagne
14444
u’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que
le
terme populaire désignant en Allemagne l’acte d’épouser, c’est freien
14445
pas que le terme populaire désignant en Allemagne
l’
acte d’épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libér
14446
le terme populaire désignant en Allemagne l’acte
d’
épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libérer… Hit
14447
erbe qui signifie littéralement : libérer… Hitler
le
sait peut-être un peu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
14448
u trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
le
peuple se trouve dans une disposition et un état d’esprit à tel point
14449
ns et ses actes sont déterminés beaucoup plus par
l’
impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse e
14450
minés beaucoup plus par l’impression produite sur
les
sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées
14451
us par l’impression produite sur les sens que par
la
pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abstraites. Par
14452
produite sur les sens que par la pure réflexion.
La
masse est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoi
14453
u accessible aux idées abstraites. Par contre, on
l’
empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments… De tous tem
14454
Par contre, on l’empoignera plus facilement dans
le
domaine des sentiments… De tous temps, la force qui a mis en mouvemen
14455
a plus facilement dans le domaine des sentiments…
De
tous temps, la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus
14456
nt dans le domaine des sentiments… De tous temps,
la
force qui a mis en mouvement les révolutions les plus violentes a rés
14457
s… De tous temps, la force qui a mis en mouvement
les
révolutions les plus violentes a résidé bien moins dans la proclamati
14458
, la force qui a mis en mouvement les révolutions
les
plus violentes a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée sc
14459
tions les plus violentes a résidé bien moins dans
la
proclamation d’une idée scientifique qui s’emparait des foules que da
14460
iolentes a résidé bien moins dans la proclamation
d’
une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme
14461
isme animateur et dans une véritable hystérie qui
les
emballait follement. (Mein Kampf.) Oui, « de tous temps » ce fut ain
14462
ui les emballait follement. (Mein Kampf.) Oui, «
de
tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est qu
14463
ampf.) Oui, « de tous temps » ce fut ainsi. Mais
la
nouveauté de notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les mas
14464
« de tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté
de
notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les masses, telle qu
14465
insi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est que
l’
action passionnelle sur les masses, telle que la définit Hitler, se do
14466
notre temps, c’est que l’action passionnelle sur
les
masses, telle que la définit Hitler, se double désormais d’une action
14467
e l’action passionnelle sur les masses, telle que
la
définit Hitler, se double désormais d’une action rationalisante sur l
14468
telle que la définit Hitler, se double désormais
d’
une action rationalisante sur les individus. En outre, cette action n’
14469
double désormais d’une action rationalisante sur
les
individus. En outre, cette action n’est plus exercée par un meneur qu
14470
t plus exercée par un meneur quelconque, mais par
le
chef qui incarne la Nation. D’où la puissance sans précédent du trans
14471
n meneur quelconque, mais par le chef qui incarne
la
Nation. D’où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du
14472
elconque, mais par le chef qui incarne la Nation.
D’
où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au pu
14473
que, mais par le chef qui incarne la Nation. D’où
la
puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au public.
14474
public. Quel Wagner surhumain sera donc en mesure
d’
orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire
14475
Wagner surhumain sera donc en mesure d’orchestrer
la
grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous
14476
c en mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe
de
la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conc
14477
n mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe de
la
passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conclus
14478
n devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil
d’
une conclusion que j’étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
14479
étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
l’
on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire
14480
de prévoir en commençant ce livre. Que l’on suive
l’
évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la litt
14481
e. Que l’on suive l’évolution du mythe occidental
de
la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des m
14482
Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de
la
passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des méth
14483
’évolution du mythe occidental de la passion dans
l’
histoire de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerr
14484
du mythe occidental de la passion dans l’histoire
de
la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la
14485
mythe occidental de la passion dans l’histoire de
la
littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la mê
14486
passion dans l’histoire de la littérature ou dans
l’
histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît.
14487
de la littérature ou dans l’histoire des méthodes
de
la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareill
14488
la littérature ou dans l’histoire des méthodes de
la
guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareilleme
14489
dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est
la
même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareillement à cet aspect t
14490
la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et
l’
on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre
14491
’on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré
de
la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituée
14492
aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de
la
crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituées p
14493
pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise
de
notre époque, qui est la dissolution des formes instituées par la che
14494
trop ignoré de la crise de notre époque, qui est
la
dissolution des formes instituées par la chevalerie. C’est dans le do
14495
qui est la dissolution des formes instituées par
la
chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution es
14496
s formes instituées par la chevalerie. C’est dans
le
domaine de la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversibl
14497
stituées par la chevalerie. C’est dans le domaine
de
la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible — alors q
14498
tuées par la chevalerie. C’est dans le domaine de
la
guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible — alors qu’i
14499
alors qu’il y a des « retours » littéraires — que
la
nécessité d’une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette
14500
a des « retours » littéraires — que la nécessité
d’
une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette solution s’ap
14501
apparue en premier lieu. Cette solution s’appelle
l’
État totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle, né de la guerre, à
14502
ette solution s’appelle l’État totalitaire. C’est
la
réponse du xxe siècle, né de la guerre, à la menace permanente que l
14503
totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle, né
de
la guerre, à la menace permanente que la passion et l’instinct de mor
14504
talitaire. C’est la réponse du xxe siècle, né de
la
guerre, à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort f
14505
est la réponse du xxe siècle, né de la guerre, à
la
menace permanente que la passion et l’instinct de mort font peser sur
14506
ècle, né de la guerre, à la menace permanente que
la
passion et l’instinct de mort font peser sur toute société. La répons
14507
guerre, à la menace permanente que la passion et
l’
instinct de mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siè
14508
la menace permanente que la passion et l’instinct
de
mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siècle avait é
14509
l’instinct de mort font peser sur toute société.
La
réponse du xiie siècle avait été la chevalerie courtoise, son éthiqu
14510
ute société. La réponse du xiie siècle avait été
la
chevalerie courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La répon
14511
courtoise, son éthique et ses mythes romanesques.
La
réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie classique186. La
14512
sques. La réponse du xviie siècle a pour symbole
la
tragédie classique186. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Ju
14513
siècle a pour symbole la tragédie classique186.
La
réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationalist
14514
tragédie classique186. La réponse du xviiie fut
le
cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne f
14515
lassique186. La réponse du xviiie fut le cynisme
de
Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une
14516
réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et
l’
ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse, à moin
14517
ynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais
le
romantisme ne fut pas une réponse, à moins que l’on admette — et c’es
14518
le romantisme ne fut pas une réponse, à moins que
l’
on admette — et c’est possible — que son éloquent abandon aux puissanc
14519
ces nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen
de
le déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense éta
14520
nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de
le
déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense était
14521
défense était faible en regard du péril déchaîné.
Les
forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent da
14522
é. Les forces antivitales longtemps contenues par
le
mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta
14523
gtemps contenues par le mythe se répandirent dans
les
domaines les plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens préc
14524
ues par le mythe se répandirent dans les domaines
les
plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens précis de relâche
14525
se répandirent dans les domaines les plus divers,
d’
où résulta une dissociation, au sens précis de relâchement des liens s
14526
rs, d’où résulta une dissociation, au sens précis
de
relâchement des liens sociaux. La première guerre européenne fut le j
14527
liens sociaux. La première guerre européenne fut
le
jugement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et l
14528
ux. La première guerre européenne fut le jugement
d’
un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer d’une
14529
ement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner
les
formes, et libérer d’une manière anarchique le « contenu » mortel du
14530
ait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer
d’
une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe. Cependant, je n
14531
r les formes, et libérer d’une manière anarchique
le
« contenu » mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que le draina
14532
» mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que
le
drainage de toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesur
14533
mythe. Cependant, je ne pense pas que le drainage
de
toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesure de détress
14534
ne pense pas que le drainage de toute passion par
la
nation soit autre chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser la
14535
sion par la nation soit autre chose qu’une mesure
de
détresse. C’est repousser la menace immédiate, mais l’aggraver alors
14536
chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser
la
menace immédiate, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vi
14537
tresse. C’est repousser la menace immédiate, mais
l’
aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi c
14538
ser la menace immédiate, mais l’aggraver alors en
la
faisant peser sur la vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
14539
te, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur
la
vie même des peuples ainsi constitués en blocs. L’État totalitaire es
14540
a vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
L’
État totalitaire est bien une forme recréée, mais une forme trop vaste
14541
trique pour modeler et organiser dans ses limites
la
vie complexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne f
14542
omplexe des hommes, même militarisés. Des mesures
de
police ne font pas une culture, des slogans ne font pas une morale. E
14543
ulture, des slogans ne font pas une morale. Entre
le
cadre artificiel des grands États et la vie quotidienne des hommes, i
14544
le. Entre le cadre artificiel des grands États et
la
vie quotidienne des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop d’an
14545
e quotidienne des hommes, il subsiste encore trop
de
jeu, trop d’angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résol
14546
des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop
d’
angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors :
14547
siste encore trop de jeu, trop d’angoisse et trop
de
possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera la
14548
est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera
la
guerre atomique totale, la désintégration physique et morale, et le p
14549
lors : Ou bien ce sera la guerre atomique totale,
la
désintégration physique et morale, et le problème de la passion sera
14550
totale, la désintégration physique et morale, et
le
problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fai
14551
désintégration physique et morale, et le problème
de
la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; O
14552
intégration physique et morale, et le problème de
la
passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; Ou b
14553
, et le problème de la passion sera supprimé avec
la
civilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le pro
14554
la passion sera supprimé avec la civilisation qui
l’
a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
14555
ivilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera
la
paix, et le problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne
14556
qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et
le
problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse de no
14557
ien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
les
pays totalitaires, comme il ne cesse de nous travailler dans nos soci
14558
tra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse
de
nous travailler dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de l
14559
ous travailler dans nos sociétés libérales. C’est
l’
éventualité de la paix que j’envisageai dans les deux livres terminaux
14560
dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité
de
la paix que j’envisageai dans les deux livres terminaux : le premier
14561
ns nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de
la
paix que j’envisageai dans les deux livres terminaux : le premier sit
14562
st l’éventualité de la paix que j’envisageai dans
les
deux livres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du
14563
ns les deux livres terminaux : le premier situant
le
conflit du mythe et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant un
14564
crivant une attitude que je donne bien moins pour
la
réponse décisive, que pour mon choix particulier. 168. On en aura
14565
rticulier. 168. On en aura un aperçu en lisant
les
ouvrages de Freud, et l’Instinct combatif de Pierre Bovet. 169. Déf
14566
168. On en aura un aperçu en lisant les ouvrages
de
Freud, et l’Instinct combatif de Pierre Bovet. 169. Défaite se dit
14567
ura un aperçu en lisant les ouvrages de Freud, et
l’
Instinct combatif de Pierre Bovet. 169. Défaite se dit en allemand N
14568
ant les ouvrages de Freud, et l’Instinct combatif
de
Pierre Bovet. 169. Défaite se dit en allemand Niederlage, littérale
14569
en allemand Niederlage, littéralement : position
de
qui gît à terre, de qui est couché au-dessous. (Cf. l’expression « av
14570
age, littéralement : position de qui gît à terre,
de
qui est couché au-dessous. (Cf. l’expression « avoir le dessous ».) R
14571
i gît à terre, de qui est couché au-dessous. (Cf.
l’
expression « avoir le dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme de la
14572
est couché au-dessous. (Cf. l’expression « avoir
le
dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le
14573
expression « avoir le dessous ».) Rappelons aussi
le
symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’express
14574
voir le dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme
de
la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire
14575
r le dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme de
la
Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire de
14576
lons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans
le
Roman de la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place
14577
i le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman
de
la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 170.
14578
e symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de
la
Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 170. R
14579
de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et
l’
expression « se faire des alliés dans la place ». 170. Rodomontades
14580
Rose, et l’expression « se faire des alliés dans
la
place ». 170. Rodomontades espagnoles. 171. Le Déclin du Moyen Âg
14581
a place ». 170. Rodomontades espagnoles. 171.
Le
Déclin du Moyen Âge par J. Huizinga. Cet ouvrage admirable par son in
14582
rage admirable par son information autant que par
l’
intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre co
14583
son information autant que par l’intelligence et
la
fécondité de ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen
14584
ion autant que par l’intelligence et la fécondité
de
ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen Âge en nous f
14585
e en nous faisant pénétrer par mille chemins dans
la
vie quotidienne des bourgeois et des nobles de l’époque. Les passages
14586
ns la vie quotidienne des bourgeois et des nobles
de
l’époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant
14587
la vie quotidienne des bourgeois et des nobles de
l’
époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant son
14588
tidienne des bourgeois et des nobles de l’époque.
Les
passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant sont des citat
14589
nobles de l’époque. Les passages entre guillemets
de
ce chapitre et du suivant sont des citations de la traduction françai
14590
s de ce chapitre et du suivant sont des citations
de
la traduction française. (Paris, 1932.) 172. Je serais assez tenté d
14591
e ce chapitre et du suivant sont des citations de
la
traduction française. (Paris, 1932.) 172. Je serais assez tenté de v
14592
çaise. (Paris, 1932.) 172. Je serais assez tenté
de
voir dans la fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la
14593
, 1932.) 172. Je serais assez tenté de voir dans
la
fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la tragédie mode
14594
fonction dramatique du tournoi l’une des origines
de
la tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque
14595
ction dramatique du tournoi l’une des origines de
la
tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
14596
moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à
l’
époque où les tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs
14597
lle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
les
tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs éléments guer
14598
précisément à l’époque où les tournois passaient
de
mode, et où se dissociaient leurs éléments guerrier, sportif et théât
14599
ent leurs éléments guerrier, sportif et théâtral.
La
tragédie serait ainsi une « action » privée du risque physique que co
14600
action » privée du risque physique que comportait
le
tournoi mais satisfaisant d’autant mieux le besoin d’émotion sentimen
14601
sique que comportait le tournoi mais satisfaisant
d’
autant mieux le besoin d’émotion sentimentale et spirituelle. 173. G
14602
rtait le tournoi mais satisfaisant d’autant mieux
le
besoin d’émotion sentimentale et spirituelle. 173. Guichardin, Hist
14603
ournoi mais satisfaisant d’autant mieux le besoin
d’
émotion sentimentale et spirituelle. 173. Guichardin, Histoire des g
14604
rituelle. 173. Guichardin, Histoire des guerres
d’
Italie, I, p. 2. 174. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
14605
I, p. 2. 174. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou
la
puissance de l’esprit. 175. J. Burckhardt, Die Kultur der Renaissan
14606
. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
de
l’esprit. 175. J. Burckhardt, Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1.
14607
Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance de
l’
esprit. 175. J. Burckhardt, Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 1
14608
naissance, VI, p. 1. 176. Il est juste toutefois
de
rappeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais le meurtre y resta
14609
appeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais
le
meurtre y restait individuel. Alors que dans le monde militarisé, l’i
14610
s le meurtre y restait individuel. Alors que dans
le
monde militarisé, l’individu se voit privé de cette possibilité passi
14611
t individuel. Alors que dans le monde militarisé,
l’
individu se voit privé de cette possibilité passionnelle, transférée à
14612
ans le monde militarisé, l’individu se voit privé
de
cette possibilité passionnelle, transférée à la seule collectivité. C
14613
é de cette possibilité passionnelle, transférée à
la
seule collectivité. Cf. La Défense du crime par Sade, p. 205. 177.
14614
ionnelle, transférée à la seule collectivité. Cf.
La
Défense du crime par Sade, p. 205. 177. Guichardin, op. cit., I, 37
14615
. 177. Guichardin, op. cit., I, 37-39. Id. pour
les
citations qui suivent. 178. G. Ferrero, dans La Fin des aventures,
14616
es citations qui suivent. 178. G. Ferrero, dans
La
Fin des aventures, note à juste titre qu’à la suite des dévastations
14617
ans La Fin des aventures, note à juste titre qu’à
la
suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les ar
14618
tre qu’à la suite des dévastations qui marquèrent
la
guerre de Trente Ans, les armées s’imposèrent « des règles et des lim
14619
a suite des dévastations qui marquèrent la guerre
de
Trente Ans, les armées s’imposèrent « des règles et des limites qui r
14620
astations qui marquèrent la guerre de Trente Ans,
les
armées s’imposèrent « des règles et des limites qui répondaient en mê
14621
oral et à une nécessité pratique ». Il s’agissait
d’
éviter des dépenses excessives — les hommes coûtant cher — et de ne pa
14622
Il s’agissait d’éviter des dépenses excessives —
les
hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de r
14623
épenses excessives — les hommes coûtant cher — et
de
ne pas effrayer les peuples au point de rendre impossible tout recrut
14624
— les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer
les
peuples au point de rendre impossible tout recrutement des volontaire
14625
cher — et de ne pas effrayer les peuples au point
de
rendre impossible tout recrutement des volontaires… 179. J. Bouleng
14626
recrutement des volontaires… 179. J. Boulenger,
Le
Grand Siècle. 180. F. Foch, DesPrincipes de la guerre (1903, réédit
14627
er, Le Grand Siècle. 180. F. Foch, DesPrincipes
de
la guerre (1903, réédité en 1929). 181. E. et J. de Concourt, La Fem
14628
Le Grand Siècle. 180. F. Foch, DesPrincipes de
la
guerre (1903, réédité en 1929). 181. E. et J. de Concourt, La Femme
14629
03, réédité en 1929). 181. E. et J. de Concourt,
La
Femme au xviiie siècle. 182. Sur le sentimentalisme humanitaire qui
14630
e Concourt, La Femme au xviiie siècle. 182. Sur
le
sentimentalisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir le très c
14631
Sur le sentimentalisme humanitaire qui accompagna
la
Terreur, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromanti
14632
lisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir
le
très curieux ouvrage d’André Monglond, Le Préromantisme français. 18
14633
compagna la Terreur, voir le très curieux ouvrage
d’
André Monglond, Le Préromantisme français. 183. Je parle de cette cho
14634
r, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond,
Le
Préromantisme français. 183. Je parle de cette chose abstraite et fr
14635
nglond, Le Préromantisme français. 183. Je parle
de
cette chose abstraite et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
14636
e et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
la
moyenne des expressions typiques de l’amour à une époque donnée — aus
14637
iante, qu’est la moyenne des expressions typiques
de
l’amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dan
14638
te, qu’est la moyenne des expressions typiques de
l’
amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans l
14639
donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans
le
laid que dans le beau, pour le vice que pour la vertu. Il est des « s
14640
réelle et aussi signifiante dans le laid que dans
le
beau, pour le vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne so
14641
i signifiante dans le laid que dans le beau, pour
le
vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l
14642
s le laid que dans le beau, pour le vice que pour
la
vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l’époque — dans ch
14643
ertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute
l’
époque — dans chacune il y a de tout — mais qui sont d’une époque plut
14644
ne sont pas toute l’époque — dans chacune il y a
de
tout — mais qui sont d’une époque plutôt que d’une autre. 184. Concl
14645
que — dans chacune il y a de tout — mais qui sont
d’
une époque plutôt que d’une autre. 184. Conclusion de l’enquête menée
14646
a de tout — mais qui sont d’une époque plutôt que
d’
une autre. 184. Conclusion de l’enquête menée sous la conduite de Mag
14647
e époque plutôt que d’une autre. 184. Conclusion
de
l’enquête menée sous la conduite de Magnus Hirschfeld par une douzain
14648
poque plutôt que d’une autre. 184. Conclusion de
l’
enquête menée sous la conduite de Magnus Hirschfeld par une douzaine d
14649
e autre. 184. Conclusion de l’enquête menée sous
la
conduite de Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands e
14650
4. Conclusion de l’enquête menée sous la conduite
de
Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands et autrichien
14651
la conduite de Magnus Hirschfeld par une douzaine
de
savants allemands et autrichiens, et publiée sous le titre de Sitteng
14652
savants allemands et autrichiens, et publiée sous
le
titre de Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
14653
llemands et autrichiens, et publiée sous le titre
de
Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant la guerre
14654
hichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
la
guerre mondiale). 185. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerr
14655
oire des mœurs pendant la guerre mondiale). 185.
Le
lansquenet moderne, éprouvant que la guerre totale est une négation d
14656
iale). 185. Le lansquenet moderne, éprouvant que
la
guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alor
14657
, éprouvant que la guerre totale est une négation
de
la passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’
14658
prouvant que la guerre totale est une négation de
la
passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’il
14659
recherche en tant qu’absurdes et inhumaines (voir
La
Guerre notre mère d’Ernst Jünger et Les Réprouvés d’Ernst von Salomon
14660
ines (voir La Guerre notre mère d’Ernst Jünger et
Les
Réprouvés d’Ernst von Salomon). On va se battre pour le plaisir, ou p
14661
Guerre notre mère d’Ernst Jünger et Les Réprouvés
d’
Ernst von Salomon). On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour le
14662
rouvés d’Ernst von Salomon). On va se battre pour
le
plaisir, ou plutôt pour le désespoir, contre n’importe qui. Prolétari
14663
. On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour
le
désespoir, contre n’importe qui. Prolétariat guerrier des « volontair
14664
« volontaires » (Baltikum, Espagne, Chine). C’est
la
débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu la passion. Revanche
14665
e, Chine). C’est la débauche désespérée et vénale
de
celui qu’a déçu la passion. Revanche sadique. 186. Bachofen (auteur
14666
débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu
la
passion. Revanche sadique. 186. Bachofen (auteur du Mutterrecht : le
14667
sadique. 186. Bachofen (auteur du Mutterrecht :
le
Matriarcat) expose une théorie analogue à propos de la tragédie grecq
14668
triarcat) expose une théorie analogue à propos de
la
tragédie grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (la discussio
14669
à propos de la tragédie grecque, considérée comme
l’
Auseinandersetzung (la discussion, l’affrontement, l’explication) entr
14670
e grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (
la
discussion, l’affrontement, l’explication) entre la communauté et les
14671
idérée comme l’Auseinandersetzung (la discussion,
l’
affrontement, l’explication) entre la communauté et les puissances du
14672
useinandersetzung (la discussion, l’affrontement,
l’
explication) entre la communauté et les puissances du mythe.
14673
discussion, l’affrontement, l’explication) entre
la
communauté et les puissances du mythe.
14674
frontement, l’explication) entre la communauté et
les
puissances du mythe.
14675
Livre VILe mythe contre
le
mariage 1.Crise moderne du mariage Deux morales s’affrontaient
14676
Deux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle
de
la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une
14677
ux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de
la
société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une imp
14678
Âge : celle de la société christianisée, et celle
de
la courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit m
14679
: celle de la société christianisée, et celle de
la
courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit même
14680
elle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait
le
mariage, dont elle fit même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemb
14681
même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemble
de
valeurs d’où résultait — en principe tout au moins — la condamnation
14682
crement ; l’autre exaltait un ensemble de valeurs
d’
où résultait — en principe tout au moins — la condamnation du mariage.
14683
eurs d’où résultait — en principe tout au moins —
la
condamnation du mariage. Le jugement porté sur l’adultère, dans l’une
14684
ncipe tout au moins — la condamnation du mariage.
Le
jugement porté sur l’adultère, dans l’une et l’autre perspective, car
14685
la condamnation du mariage. Le jugement porté sur
l’
adultère, dans l’une et l’autre perspective, caractérise fort bien l’o
14686
une et l’autre perspective, caractérise fort bien
l’
opposition. Aux yeux de l’Église, l’adultère était tout à la fois un s
14687
, caractérise fort bien l’opposition. Aux yeux de
l’
Église, l’adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre
14688
ise fort bien l’opposition. Aux yeux de l’Église,
l’
adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre l’ordre na
14689
tait tout à la fois un sacrilège, un crime contre
l’
ordre naturel et un crime contre l’ordre social. Car le sacrement unis
14690
n crime contre l’ordre naturel et un crime contre
l’
ordre social. Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèl
14691
re naturel et un crime contre l’ordre social. Car
le
sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes
14692
sonnes juridiques. Il se trouvait donc sanctifier
les
intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui q
14693
rouvait donc sanctifier les intérêts fondamentaux
de
l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce trip
14694
vait donc sanctifier les intérêts fondamentaux de
l’
espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple
14695
nctifier les intérêts fondamentaux de l’espèce et
les
intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne
14696
intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts
de
la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait
14697
érêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de
la
cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas
14698
as « intéressant », mais pitoyable ou méprisable.
La
synthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et le feu, car on pou
14699
ou méprisable. La synthèse catholique s’efforçait
de
marier l’eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pèr
14700
ble. La synthèse catholique s’efforçait de marier
l’
eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thè
14701
ynthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et
le
feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thèses les p
14702
, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères
les
thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — l
14703
uvait tirer des Écritures et des Pères les thèses
les
plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’esp
14704
des Pères les thèses les plus contradictoires sur
la
sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
14705
s thèses les plus contradictoires sur la sainteté
de
la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité
14706
hèses les plus contradictoires sur la sainteté de
la
procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité —
14707
dictoires sur la sainteté de la procréation — loi
de
l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
14708
toires sur la sainteté de la procréation — loi de
l’
espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’
14709
teté de la procréation — loi de l’espèce — et sur
la
sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament,
14710
rocréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté
de
la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple,
14711
réation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
la
virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, un
14712
espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi
de
l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombr
14713
èce — et sur la sainteté de la virginité — loi de
l’
esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreus
14714
sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
l’
Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreuse est signe d’é
14715
par exemple, une descendance nombreuse est signe
d’
élection tandis que pour saint Paul, celui qui reste vierge « fait mie
14716
ux » que celui qui se marie, même chrétiennement.
L’
hérésie liée dès l’origine à la cortezia du Midi s’opposait au mariage
14717
se marie, même chrétiennement. L’hérésie liée dès
l’
origine à la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les
14718
me chrétiennement. L’hérésie liée dès l’origine à
la
cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois chefs
14719
ezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur
les
trois chefs que l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sa
14720
ait au mariage catholique sur les trois chefs que
l’
on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sacrement, comme n’ét
14721
e l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord
le
sacrement, comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’Évangil
14722
nt, comme n’étant établi par aucun texte univoque
de
l’Évangile187. Elle condamnait la procréation comme relevant de la lo
14723
comme n’étant établi par aucun texte univoque de
l’
Évangile187. Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi d
14724
texte univoque de l’Évangile187. Elle condamnait
la
procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-
14725
87. Elle condamnait la procréation comme relevant
de
la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du mon
14726
Elle condamnait la procréation comme relevant de
la
loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du monde
14727
truire un ordre social qui permettait et exigeait
la
guerre, comme expression du vouloir-vivre collectif188. Mais le fonde
14728
me expression du vouloir-vivre collectif188. Mais
le
fondement de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour,
14729
du vouloir-vivre collectif188. Mais le fondement
de
ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
14730
s le fondement de ces trois refus était en vérité
la
doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit ét
14731
nt de ces trois refus était en vérité la doctrine
de
l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et ang
14732
de ces trois refus était en vérité la doctrine de
l’
Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angois
14733
it en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
de
l’Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de
14734
en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de
l’
Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de ch
14735
s divinisant, en conflit éternel et angoissé avec
la
créature de chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la
14736
, en conflit éternel et angoissé avec la créature
de
chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la passion d’Am
14737
créature de chair et ses instincts asservissants.
L’
apparition de la passion d’Amour devait donc transformer radicalement
14738
hair et ses instincts asservissants. L’apparition
de
la passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement p
14739
r et ses instincts asservissants. L’apparition de
la
passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement port
14740
stincts asservissants. L’apparition de la passion
d’
Amour devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adu
14741
sion d’Amour devait donc transformer radicalement
le
jugement porté sur l’adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne pr
14742
nc transformer radicalement le jugement porté sur
l’
adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
14743
alement le jugement porté sur l’adultère. Certes,
la
pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, pu
14744
pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
la
faute en soi, puisque au contraire elle ordonnait la chasteté. Mais n
14745
faute en soi, puisque au contraire elle ordonnait
la
chasteté. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour p
14746
ordonnait la chasteté. Mais nous avons montré que
le
symbole courtois de l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidem
14747
é. Mais nous avons montré que le symbole courtois
de
l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible av
14748
Mais nous avons montré que le symbole courtois de
l’
amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible avec
14749
(spirituelle), amour évidemment incompatible avec
le
mariage dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Po
14750
mour évidemment incompatible avec le mariage dans
la
chair, devait amener des confusions inextricables. Pour l’amateur non
14751
devait amener des confusions inextricables. Pour
l’
amateur non initié des poèmes provençaux et des romans bretons, l’adul
14752
itié des poèmes provençaux et des romans bretons,
l’
adultère de Tristan reste une faute189, mais il se trouve revêtir en m
14753
èmes provençaux et des romans bretons, l’adultère
de
Tristan reste une faute189, mais il se trouve revêtir en même temps l
14754
faute189, mais il se trouve revêtir en même temps
l’
aspect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyan
14755
mais il se trouve revêtir en même temps l’aspect
d’
une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant maniché
14756
même temps l’aspect d’une aventure plus belle que
la
morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’expression dramati
14757
e aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour
le
croyant manichéen, était l’expression dramatique du combat de la foi
14758
morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était
l’
expression dramatique du combat de la foi et du monde, devient alors p
14759
anichéen, était l’expression dramatique du combat
de
la foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équi
14760
chéen, était l’expression dramatique du combat de
la
foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équivoq
14761
combat de la foi et du monde, devient alors pour
le
lecteur une « poésie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’
14762
sie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane
d’
apparences, dont la puissance de séduction s’accroît encore du fait qu
14763
brûlante. Poésie toute profane d’apparences, dont
la
puissance de séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la si
14764
sie toute profane d’apparences, dont la puissance
de
séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la signification m
14765
issance de séduction s’accroît encore du fait que
l’
on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne
14766
éduction s’accroît encore du fait que l’on ignore
la
signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent
14767
du fait que l’on ignore la signification mystique
de
ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que d’un
14768
et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que
d’
un mystère vague et flatteur. Comment expliquer autrement qu’à partir
14769
ent qu’à partir du xiie siècle, celui qui commet
l’
adultère devienne soudain un personnage intéressant ? Le roi David en
14770
tère devienne soudain un personnage intéressant ?
Le
roi David en volant Bethsabée commet un crime et se rend méprisable.
14771
t donner lieu qu’à des commentaires édifiants sur
le
danger de pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans
14772
ieu qu’à des commentaires édifiants sur le danger
de
pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole
14773
commentaires édifiants sur le danger de pécher et
le
remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole), puis se dé
14774
le remords, devient soudain vertu mystique (dans
le
symbole), puis se dégrade (dans la littérature) en aventure troublant
14775
mystique (dans le symbole), puis se dégrade (dans
la
littérature) en aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends pas
14776
attirante. ⁂ Je n’entends pas ramener directement
la
crise actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et d’une hérésie
14777
rectement la crise actuelle du mariage au conflit
de
l’orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme te
14778
tement la crise actuelle du mariage au conflit de
l’
orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle
14779
actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et
d’
une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle, n’existe plus
14780
ette dernière, comme telle, n’existe plus ; et si
l’
orthodoxie existe encore, il faut avouer qu’elle ne joue plus un rôle
14781
t avouer qu’elle ne joue plus un rôle direct dans
la
vie de nos sociétés, qu’elle a tant contribué à former. Ce qui expliq
14782
r qu’elle ne joue plus un rôle direct dans la vie
de
nos sociétés, qu’elle a tant contribué à former. Ce qui explique, à m
14783
contribué à former. Ce qui explique, à mon sens,
l’
état présent de dé-moralisation générale, c’est la confuse dissension,
14784
rmer. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent
de
dé-moralisation générale, c’est la confuse dissension, au sein de laq
14785
l’état présent de dé-moralisation générale, c’est
la
confuse dissension, au sein de laquelle nous vivons, de deux morales,
14786
fuse dissension, au sein de laquelle nous vivons,
de
deux morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse, mais
14787
s vivons, de deux morales, dont l’une est héritée
de
l’orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, e
14788
ivons, de deux morales, dont l’une est héritée de
l’
orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, et d
14789
plus sur une foi vivante, et dont l’autre dérive
d’
une hérésie dont l’expression, « essentiellement lyrique » aux origine
14790
ivante, et dont l’autre dérive d’une hérésie dont
l’
expression, « essentiellement lyrique » aux origines, nous parvient to
14791
otalement profanée, et par suite dénaturée. Voici
les
forces en présence : d’une part, une morale de l’espèce et de la soci
14792
i les forces en présence : d’une part, une morale
de
l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de
14793
es forces en présence : d’une part, une morale de
l’
espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de re
14794
présence : d’une part, une morale de l’espèce et
de
la société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’e
14795
ésence : d’une part, une morale de l’espèce et de
la
société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est
14796
société en général, mais plus ou moins empreinte
de
religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre par
14797
lus ou moins empreinte de religion — c’est ce que
l’
on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
14798
s empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme
la
morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par l’ambiance
14799
ourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
l’
ambiance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passionn
14800
biance culturelle, littéraire, artistique — c’est
la
morale passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeo
14801
c’est la morale passionnelle ou romanesque. Tous
les
adolescents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du
14802
passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents
de
la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais e
14803
ssionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de
la
bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais en m
14804
ts de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans
l’
idée du mariage, mais en même temps se trouvent baignés dans une atmos
14805
ère romantique entretenue par leurs lectures, par
les
spectacles, et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-entendu
14806
tacles, et par mille allusions quotidiennes, dont
le
sous-entendu est à peu près : que la passion est l’épreuve suprême, q
14807
iennes, dont le sous-entendu est à peu près : que
la
passion est l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaît
14808
sous-entendu est à peu près : que la passion est
l’
épreuve suprême, que tout homme doit un jour la connaître, et que la v
14809
st l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour
la
connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux q
14810
que tout homme doit un jour la connaître, et que
la
vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là
14811
n vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or
la
passion et le mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines
14812
r ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et
le
mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines et leurs final
14813
es. Leurs origines et leurs finalités s’excluent.
De
leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes inso
14814
« sécurités » sociales. En d’autres temps, ce fut
la
fonction du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la comp
14815
n d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que
d’
ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquement dans
14816
du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et
de
la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoi
14817
mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de
la
composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoire,
14818
symboliquement dans nos catégories morales. Rôle
d’
exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en
14819
morales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais
le
mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales
14820
mythe s’est déprimé et profané en même temps que
les
formes sociales dont il tirait ses éléments plastiques. Si maintenant
14821
ses éléments plastiques. Si maintenant il tentait
de
se recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus de résistances as
14822
recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus
de
résistances assez solides pour lui servir de masque et de prétexte. U
14823
plus de résistances assez solides pour lui servir
de
masque et de prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur
14824
tances assez solides pour lui servir de masque et
de
prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur la « crise d
14825
e. Une immense littérature paraît chaque mois sur
la
« crise du mariage ». Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espè
14826
Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espèce
de
solution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire l’inconscience, p
14827
lte aucune espèce de solution pratique : car seul
le
mythe, c’est-à-dire l’inconscience, pourrait fournir à la passion une
14828
lution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire
l’
inconscience, pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivend
14829
, c’est-à-dire l’inconscience, pourrait fournir à
la
passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au
14830
science, pourrait fournir à la passion une espèce
de
modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au contraire notre consc
14831
raire notre conscience du problème, contribuent à
le
rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notr
14832
lème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont
les
signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
14833
ibuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes
de
la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadre
14834
ent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de
la
crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres a
14835
uble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi
de
notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution
14836
es de la crise, mais aussi de notre impuissance à
la
réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondai
14837
mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
les
cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondait en effet sur tr
14838
impuissance à la réduire dans les cadres actuels.
L’
institution matrimoniale se fondait en effet sur trois groupes de vale
14839
atrimoniale se fondait en effet sur trois groupes
de
valeurs qui lui fournissaient ses « contraintes » — et c’est précisém
14840
t ses « contraintes » — et c’est précisément dans
le
jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (
14841
contraintes » — et c’est précisément dans le jeu
de
ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme o
14842
st précisément dans le jeu de ces contraintes que
le
mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au livre I). O
14843
e ces contraintes que le mythe puisait ses moyens
d’
expression (comme on l’a vu au livre I). Or voici que ces contraintes
14844
e mythe puisait ses moyens d’expression (comme on
l’
a vu au livre I). Or voici que ces contraintes ou se relâchent, ou dis
14845
t, ou disparaissent : 1. — Contraintes sacrées. —
Le
mariage, chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel
14846
nt : 1. — Contraintes sacrées. — Le mariage, chez
les
peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel dont nos instituti
14847
, chez les peuples païens, s’est toujours entouré
d’
un rituel dont nos institutions gardèrent longtemps les éléments : rit
14848
rituel dont nos institutions gardèrent longtemps
les
éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme.
14849
itutions gardèrent longtemps les éléments : rites
de
l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, l
14850
tions gardèrent longtemps les éléments : rites de
l’
achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la d
14851
ngtemps les éléments : rites de l’achat, du rapt,
de
la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son imp
14852
emps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de
la
quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son import
14853
ments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et
de
l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par su
14854
ts : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de
l’
exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite
14855
hat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais
de
nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité
14856
de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours,
la
dot perd de son importance, par suite de l’instabilité économique. Le
14857
et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd
de
son importance, par suite de l’instabilité économique. Les coutumes r
14858
ours, la dot perd de son importance, par suite de
l’
instabilité économique. Les coutumes rappelant le rapt nuptial n’exist
14859
mportance, par suite de l’instabilité économique.
Les
coutumes rappelant le rapt nuptial n’existent plus que sous forme de
14860
l’instabilité économique. Les coutumes rappelant
le
rapt nuptial n’existent plus que sous forme de plaisanteries paysanne
14861
t plus que sous forme de plaisanteries paysannes.
La
demande en mariage, avec échange de visites en haut de forme et « déc
14862
es paysannes. La demande en mariage, avec échange
de
visites en haut de forme et « déclaration » officielle, est aussi dém
14863
mande en mariage, avec échange de visites en haut
de
forme et « déclaration » officielle, est aussi démodée que le corset.
14864
« déclaration » officielle, est aussi démodée que
le
corset. Et la majorité des couples n’éprouve plus même le besoin « su
14865
» officielle, est aussi démodée que le corset. Et
la
majorité des couples n’éprouve plus même le besoin « superstitieux »
14866
t. Et la majorité des couples n’éprouve plus même
le
besoin « superstitieux » d’aller se faire bénir par un prêtre. 2. — C
14867
s n’éprouve plus même le besoin « superstitieux »
d’
aller se faire bénir par un prêtre. 2. — Contraintes sociales. — Les q
14868
bénir par un prêtre. 2. — Contraintes sociales. —
Les
questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux et même d’argent, so
14869
rêtre. 2. — Contraintes sociales. — Les questions
de
rang, de sang, d’intérêts familiaux et même d’argent, sont en train d
14870
— Contraintes sociales. — Les questions de rang,
de
sang, d’intérêts familiaux et même d’argent, sont en train de passer
14871
intes sociales. — Les questions de rang, de sang,
d’
intérêts familiaux et même d’argent, sont en train de passer au second
14872
ns de rang, de sang, d’intérêts familiaux et même
d’
argent, sont en train de passer au second plan dans les pays démocrati
14873
gent, sont en train de passer au second plan dans
les
pays démocratiques, et par suite les problèmes individuels déterminen
14874
nd plan dans les pays démocratiques, et par suite
les
problèmes individuels déterminent de plus en plus le choix réciproque
14875
problèmes individuels déterminent de plus en plus
le
choix réciproque des conjoints. D’où le nombre croissant des divorces
14876
e plus en plus le choix réciproque des conjoints.
D’
où le nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épi
14877
s en plus le choix réciproque des conjoints. D’où
le
nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épithala
14878
le nombre croissant des divorces. En même temps,
les
cérémonies épithalamiques se simplifient ou disparaissent. Il est cur
14879
s se simplifient ou disparaissent. Il est curieux
de
noter que des coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que la «
14880
aissent. Il est curieux de noter que des coutumes
d’
origine lointaine et sacrée telles que la « quasi-publicité du lit nup
14881
coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que
la
« quasi-publicité du lit nuptial » (Huizinga) subsistèrent au moins d
14882
t nuptial » (Huizinga) subsistèrent au moins dans
les
provinces, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié les mystère
14883
s, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié
les
mystères originels, mais les rites gardaient pour effet de socialiser
14884
le : on avait oublié les mystères originels, mais
les
rites gardaient pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’inté
14885
es originels, mais les rites gardaient pour effet
de
socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communau
14886
mais les rites gardaient pour effet de socialiser
l’
acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À parti
14887
aient pour effet de socialiser l’acte du mariage,
de
l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle
14888
nt pour effet de socialiser l’acte du mariage, de
l’
intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle, l
14889
socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans
l’
existence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « Cou
14890
stence communautaire. À partir du xviiie siècle,
le
thème du « Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodin
14891
À partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher
de
la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries pictura
14892
artir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de
la
mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries picturales
14893
Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion
d’
anodines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de no
14894
u’une occasion d’anodines galanteries picturales.
De
nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste e
14895
dines galanteries picturales. De nos jours enfin,
le
« voyage de noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signific
14896
eries picturales. De nos jours enfin, le « voyage
de
noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signification, repré
14897
signification, représente bien plutôt une volonté
de
s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de
14898
n, représente bien plutôt une volonté de s’évader
de
l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on app
14899
représente bien plutôt une volonté de s’évader de
l’
ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appell
14900
une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et
de
souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux
14901
de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner
le
caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contra
14902
biance sociale et de souligner le caractère privé
de
ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses.
14903
souligner le caractère privé de ce qu’on appelle
le
bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses. — Dans la mesure où
14904
r des époux. 3. — Contraintes religieuses. — Dans
la
mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer le
14905
3. — Contraintes religieuses. — Dans la mesure où
la
conscience moderne comme telle sait encore distinguer le christianism
14906
cience moderne comme telle sait encore distinguer
le
christianisme des contraintes sacrées et sociales, elle le repousse a
14907
ianisme des contraintes sacrées et sociales, elle
le
repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le
14908
s et sociales, elle le repousse avec horreur. Car
l’
engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à
14909
rreur. Car l’engagement religieux est pris « pour
le
temps et l’éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des v
14910
’engagement religieux est pris « pour le temps et
l’
éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations de
14911
à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations
de
tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne
14912
tient aucun compte des variations de tempérament,
de
caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas d
14913
mpte des variations de tempérament, de caractère,
de
goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire
14914
iations de tempérament, de caractère, de goûts et
de
conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou l
14915
s et de conditions externes qui ne manqueront pas
de
se produire un jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est de tou
14916
ueront pas de se produire un jour ou l’autre dans
la
vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes fon
14917
n jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est
de
tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheur »
14918
du couple. Or c’est de tout cela, justement, que
les
modernes font dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’he
14919
épendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à
l’
heure sur cette notion centrale). Cette dépréciation générale des obst
14920
des obstacles institutionnels entraîne une chute
de
tension morale d’où résulte une immense confusion. L’adultère devient
14921
titutionnels entraîne une chute de tension morale
d’
où résulte une immense confusion. L’adultère devient un sujet de délic
14922
ension morale d’où résulte une immense confusion.
L’
adultère devient un sujet de délicates analyses psychologiques, ou de
14923
ne immense confusion. L’adultère devient un sujet
de
délicates analyses psychologiques, ou de plaisanteries vaudevillesque
14924
un sujet de délicates analyses psychologiques, ou
de
plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît lég
14925
chologiques, ou de plaisanteries vaudevillesques.
La
fidélité dans le mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figu
14926
e plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans
le
mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformisme
14927
ge paraît légèrement ridicule : elle prend figure
de
conformisme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit de deux mora
14928
isme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit
de
deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on
14929
flit de deux morales hostiles — et par suite plus
de
mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuell
14930
r suite plus de mythe possible — mais on approche
d’
un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des viei
14931
us de mythe possible — mais on approche d’un état
de
neutralisation mutuelle au terme de la consomption des vieilles valeu
14932
che d’un état de neutralisation mutuelle au terme
de
la consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
14933
d’un état de neutralisation mutuelle au terme de
la
consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
14934
s mais déprimées. 2.Idée moderne du bonheur
Le
mariage cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales
14935
2.Idée moderne du bonheur Le mariage cessant
d’
être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fo
14936
Le mariage cessant d’être garanti par un système
de
contraintes sociales ne peut plus se fonder, désormais, que sur des d
14937
it sur une idée individuelle du bonheur, idée que
l’
on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. O
14938
que l’on suppose commune aux deux conjoints dans
le
cas le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en géné
14939
on suppose commune aux deux conjoints dans le cas
le
plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en général le
14940
as le plus favorable. Or s’il est assez difficile
de
définir en général le bonheur, le problème devient insoluble dès que
14941
Or s’il est assez difficile de définir en général
le
bonheur, le problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté
14942
assez difficile de définir en général le bonheur,
le
problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’êt
14943
le problème devient insoluble dès que s’y ajoute
la
volonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient pe
14944
t insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne
d’
être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de
14945
uble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’être
le
maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
14946
ue s’y ajoute la volonté moderne d’être le maître
de
son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi i
14947
son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même,
de
sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pou
14948
r, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
de
quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’amé
14949
peut-être au même, de sentir de quoi il est fait,
de
l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouc
14950
t-être au même, de sentir de quoi il est fait, de
l’
analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches
14951
, de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et
de
le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculée
14952
e sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de
le
goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculées.
14953
it, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir
l’
améliorer par des retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent le
14954
retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent
les
prêches des magazines, dépend de ceci, exige cela — et ceci ou cela,
14955
nheur, répètent les prêches des magazines, dépend
de
ceci, exige cela — et ceci ou cela, c’est toujours quelque chose qu’i
14956
t toujours quelque chose qu’il faut acquérir, par
de
l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande est à la fo
14957
oujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de
l’
argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande est à la fois
14958
uelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent
le
plus souvent. Le résultat de cette propagande est à la fois de nous o
14959
l faut acquérir, par de l’argent le plus souvent.
Le
résultat de cette propagande est à la fois de nous obséder par l’idée
14960
rir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat
de
cette propagande est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheu
14961
nt. Le résultat de cette propagande est à la fois
de
nous obséder par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous
14962
ette propagande est à la fois de nous obséder par
l’
idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le
14963
opagande est à la fois de nous obséder par l’idée
d’
un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséde
14964
r par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup
de
nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nou
14965
facile, et du même coup de nous rendre inaptes à
le
posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde
14966
ar tout ce qu’on nous propose nous introduit dans
le
monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant qu
14967
e qu’on nous propose nous introduit dans le monde
de
la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme
14968
u’on nous propose nous introduit dans le monde de
la
comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme ne
14969
on, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que
l’
homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès
14970
ait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu.
Le
bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le saisir. Il
14971
e sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on
l’
a perdu dès qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptat
14972
ur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut
le
saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la rev
14973
s qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans
l’
acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’ê
14974
peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans
la
revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les m
14975
t meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend
de
l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont rép
14976
eurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de
l’
être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété
14977
evendication. C’est qu’il dépend de l’être et non
de
l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre tem
14978
ndication. C’est qu’il dépend de l’être et non de
l’
avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps
14979
C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir :
les
moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte r
14980
pend de l’être et non de l’avoir : les moralistes
de
tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive
14981
l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous
les
temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous fair
14982
non de l’avoir : les moralistes de tous les temps
l’
ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
14983
temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
d’
avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merc
14984
doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que
l’
on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comm
14985
er d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que
l’
on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se trans
14986
stantanément en une absence insupportable. Fonder
le
mariage sur un pareil « bonheur » suppose de la part des modernes une
14987
ur » suppose de la part des modernes une capacité
d’
ennui presque morbide — ou l’intention secrète de tricher. Il est prob
14988
odernes une capacité d’ennui presque morbide — ou
l’
intention secrète de tricher. Il est probable que cette intention ou c
14989
d’ennui presque morbide — ou l’intention secrète
de
tricher. Il est probable que cette intention ou cet espoir expliquent
14990
ette intention ou cet espoir expliquent en partie
la
facilité avec laquelle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
14991
ec laquelle on se marie encore « sans y croire ».
Le
rêve de la passion possible agit comme une distraction permanente, an
14992
lle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
de
la passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésia
14993
on se marie encore « sans y croire ». Le rêve de
la
passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésiant
14994
it comme une distraction permanente, anesthésiant
les
révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur
14995
distraction permanente, anesthésiant les révoltes
de
l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on p
14996
traction permanente, anesthésiant les révoltes de
l’
ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on pres
14997
iant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que
la
passion serait un malheur — mais on pressent que ce serait un malheur
14998
erait un malheur plus beau et plus « vivant » que
la
vie normale, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ennui rési
14999
male, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou
l’
ennui résigné ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos
15000
que son « petit bonheur »… Ou l’ennui résigné ou
la
passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée modern
15001
eur »… Ou l’ennui résigné ou la passion : tel est
le
dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
15002
n : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies
l’
idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariag
15003
dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
de
toute manière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale dé
15004
ée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à
la
ruine du mariage en tant qu’institution sociale définie par la stabil
15005
ariage en tant qu’institution sociale définie par
la
stabilité. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès le xiie siècle prove
15006
a stabilité. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès
le
xiie siècle provençal, l’amour était considéré comme noble. Non seul
15007
c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal,
l’
amour était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais
15008
ment il ennoblissait mais encore il anoblissait :
les
troubadours accédaient socialement au niveau de l’aristocratie qui le
15009
s troubadours accédaient socialement au niveau de
l’
aristocratie qui les traitait comme des égaux. C’est peut-être de là q
15010
aient socialement au niveau de l’aristocratie qui
les
traitait comme des égaux. C’est peut-être de là que nous vient, par l
15011
qui les traitait comme des égaux. C’est peut-être
de
là que nous vient, par le canal de la littérature, cette idée toute m
15012
égaux. C’est peut-être de là que nous vient, par
le
canal de la littérature, cette idée toute moderne et romantique que l
15013
’est peut-être de là que nous vient, par le canal
de
la littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion
15014
t peut-être de là que nous vient, par le canal de
la
littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion es
15015
ature, cette idée toute moderne et romantique que
la
passion est une noblesse morale, qu’elle nous met au-dessus des lois
15016
u-dessus des lois et des coutumes. Celui qui aime
de
passion accède à une humanité plus haute, où les barrières sociales s
15017
e de passion accède à une humanité plus haute, où
les
barrières sociales s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever la princes
15018
haute, où les barrières sociales s’évanouissent.
Le
Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’héritière190.
15019
sociales s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever
la
princesse, le mécano épouser l’héritière190. De même, le Prix de Beau
15020
anouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse,
le
mécano épouser l’héritière190. De même, le Prix de Beauté a quelque c
15021
gane peut enlever la princesse, le mécano épouser
l’
héritière190. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir c
15022
cesse, le mécano épouser l’héritière190. De même,
le
Prix de Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire.
15023
e mécano épouser l’héritière190. De même, le Prix
de
Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire. C’est un
15024
e190. De même, le Prix de Beauté a quelque chance
de
devenir comtesse ou milliardaire. C’est une « adaptation » moderne —
15025
e. C’est une « adaptation » moderne — pour parler
le
langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l
15026
pour parler le langage du cinéma, seul adéquat en
l’
occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
15027
langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence —
de
la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion prof
15028
gage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de
la
primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane
15029
ma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté
de
l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit en réa
15030
seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de
l’
amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit en réalit
15031
t en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur
l’
ordre social établi. Que la passion profane soit en réalité une forme
15032
rimauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
la
passion profane soit en réalité une forme d’intoxication, une « malad
15033
Que la passion profane soit en réalité une forme
d’
intoxication, une « maladie de l’âme », comme pensaient les Anciens, t
15034
n réalité une forme d’intoxication, une « maladie
de
l’âme », comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le rec
15035
éalité une forme d’intoxication, une « maladie de
l’
âme », comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconn
15036
cation, une « maladie de l’âme », comme pensaient
les
Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaître, c’est un des lieux
15037
e pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à
le
reconnaître, c’est un des lieux communs les plus usés des moralistes
15038
prêt à le reconnaître, c’est un des lieux communs
les
plus usés des moralistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’
15039
usés des moralistes : mais personne ne peut plus
le
croire, à l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins
15040
alistes : mais personne ne peut plus le croire, à
l’
âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués —
15041
moins intoxiqués — et cette nuance est décisive.
Le
moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révél
15042
iqués — et cette nuance est décisive. Le moderne,
l’
homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur l
15043
et cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme
de
la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même
15044
cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme de
la
passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
15045
cisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend
de
l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général :
15046
ive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de
l’
amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : de
15047
l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
la
vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poési
15048
ur lui-même ou la vie en général : dernier relent
de
la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion
15049
lui-même ou la vie en général : dernier relent de
la
mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’
15050
énéral : dernier relent de la mystique primitive.
De
la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure
15051
ral : dernier relent de la mystique primitive. De
la
poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C
15052
r relent de la mystique primitive. De la poésie à
l’
anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui
15053
ue primitive. De la poésie à l’anecdote piquante,
la
passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’
15054
à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours
l’
aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de ris
15055
jours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie,
l’
enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus
15056
nture. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir
d’
imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes
15057
t ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu,
de
risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes ou flatteus
15058
vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants,
de
jouissances toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout le poss
15059
toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout
le
possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y en
15060
je vais y monter, je vais y être « transporté » !
La
sempiternelle illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! — la plus
15061
être « transporté » ! La sempiternelle illusion,
la
plus naïve et — j’ai beau dire ! — la plus « naturelle » pensera-t-on
15062
e illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ! —
la
plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion de
15063
! — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion
de
liberté. Et illusion de plénitude. Je nommerai libre un homme qui se
15064
» pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion
de
plénitude. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
15065
. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais
l’
homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, je
15066
merai libre un homme qui se possède. Mais l’homme
de
la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors
15067
ai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
la
passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors de
15068
à être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans
l’
extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont
15069
é, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et
de
fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore l’o
15070
l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui
le
« démeine » — dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion de lib
15071
sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore
l’
origine et la fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ign
15072
qui le « démeine » — dont il ignore l’origine et
la
fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ignorance. Le pa
15073
dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion
de
liberté repose sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’homm
15074
ion de liberté repose sur cette double ignorance.
Le
passionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’
15075
e sur cette double ignorance. Le passionné, c’est
l’
homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souve
15076
sionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type
de
femme » et n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’appari
15077
n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval,
l’
apparition d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance :
15078
le. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’apparition
d’
une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux
15079
êve de Nerval, l’apparition d’une noble Dame dans
le
paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses hab
15080
on d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs
d’
enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens Que dans une
15081
tre J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image
de
la Mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêch
15082
J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de
la
Mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêcheme
15083
e souviens… Image de la Mère, sans nul doute, et
la
psychanalyse nous apprend quels empêchements tragiques cela peut sign
15084
empêchements tragiques cela peut signifier. Mais
l’
exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une il
15085
nts tragiques cela peut signifier. Mais l’exemple
d’
un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion app
15086
trop. J’entends décrire une illusion apprise par
la
majorité des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de la
15087
té des hommes du xxe siècle : or plus encore que
l’
image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
15088
ommes du xxe siècle : or plus encore que l’image
de
la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos j
15089
es du xxe siècle : or plus encore que l’image de
la
Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jour
15090
e : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui
les
tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est q
15091
e l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est
la
« beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début — un homm
15092
qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
De
nos jours — et ce n’est qu’un début — un homme qui se prend de passio
15093
— et ce n’est qu’un début — un homme qui se prend
de
passion pour une femme qu’il est seul à voir belle, est un névrosé qu
15094
, est un névrosé qui s’ignore. (Dans x années, on
le
fera soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis p
15095
ore. (Dans x années, on le fera soigner.) Certes,
la
standardisation des types de femmes admis pour « beaux » se produit n
15096
ra soigner.) Certes, la standardisation des types
de
femmes admis pour « beaux » se produit normalement dans chaque généra
15097
dans chaque génération, de même que chaque époque
de
la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la
15098
s chaque génération, de même que chaque époque de
la
mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la lig
15099
de même que chaque époque de la mode préfère soit
la
tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le
15100
aque époque de la mode préfère soit la tête, soit
le
buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme est
15101
la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit
la
croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
15102
soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit
la
ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours un
15103
ste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais
le
panurgisme esthétique atteint de nos jours une puissance inconnue, dé
15104
e sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
de
nos jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens tech
15105
jours une puissance inconnue, développée par tous
les
moyens techniques, et parfois politiques, en sorte que le choix d’un
15106
s techniques, et parfois politiques, en sorte que
le
choix d’un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel
15107
ues, et parfois politiques, en sorte que le choix
d’
un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se t
15108
rfois politiques, en sorte que le choix d’un type
de
femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se trouve déte
15109
et se trouve déterminé par « Hollywood » — ou par
l’
État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avance l
15110
r « Hollywood » — ou par l’État. Double influence
de
la beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — dé
15111
Hollywood » — ou par l’État. Double influence de
la
beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — déper
15112
le influence de la beauté-standard : elle définit
d’
avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et d
15113
nce de la beauté-standard : elle définit d’avance
l’
objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifi
15114
a beauté-standard : elle définit d’avance l’objet
de
la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mar
15115
eauté-standard : elle définit d’avance l’objet de
la
passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mariag
15116
dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie
le
mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. Ai
15117
dans cette mesure — et disqualifie le mariage, si
l’
épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. Ainsi la « libert
15118
alifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à
la
star la plus obsédante. Ainsi la « liberté » de la passion relève des
15119
e mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star
la
plus obsédante. Ainsi la « liberté » de la passion relève des statist
15120
ressemble pas à la star la plus obsédante. Ainsi
la
« liberté » de la passion relève des statistiques publicitaires. L’ho
15121
à la star la plus obsédante. Ainsi la « liberté »
de
la passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit d
15122
a star la plus obsédante. Ainsi la « liberté » de
la
passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit dési
15123
la passion relève des statistiques publicitaires.
L’
homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement dét
15124
icitaires. L’homme qui croit désirer « son » type
de
femme se trouve intimement déterminé par des facteurs de mode ou de c
15125
e se trouve intimement déterminé par des facteurs
de
mode ou de commerce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser Iseu
15126
intimement déterminé par des facteurs de mode ou
de
commerce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser Iseut ? Supp
15127
facteurs de mode ou de commerce, c’est-à-dire par
la
nouveauté. 4.Épouser Iseut ? Supposons maintenant que, malgré t
15128
Iseut ? Supposons maintenant que, malgré tout,
l’
homme parvienne à se fixer sur un type, compromis entre ce qu’il aime
15129
un type, compromis entre ce qu’il aime et ce que
le
film le persuade d’aimer Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C
15130
, compromis entre ce qu’il aime et ce que le film
le
persuade d’aimer Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est ell
15131
entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade
d’
aimer Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
15132
le persuade d’aimer Il rencontre cette femme, il
la
reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète no
15133
ncontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle,
la
femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve19
15134
ette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
de
son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve191 ; elle
15135
a reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et
de
sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve191 ; elle est mariée, natu
15136
mme de son désir et de sa plus secrète nostalgie,
l’
Iseut du rêve191 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et
15137
est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il
l’
épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouisseme
15138
le divorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce sera
la
« vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en
15139
ra ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera
l’
épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché
15140
e sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement
de
ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché ! Et plus rien ne
15141
génie caché ! Et plus rien ne compte en regard de
la
révélation mythique. (Pas même la couronne s’il est roi.) Voilà le vr
15142
te en regard de la révélation mythique. (Pas même
la
couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : l
15143
hique. (Pas même la couronne s’il est roi.) Voilà
le
vrai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais
15144
a couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage
d’
amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît un
15145
roi.) Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne :
le
mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’ent
15146
rai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec
la
passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou le pu
15147
a passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans
l’
entourage (ou le public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette I
15148
aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou
le
public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois ép
15149
aît une anxiété dans l’entourage (ou le public) :
l’
amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois épousée ? Une n
15150
cette Iseut une fois épousée ? Une nostalgie que
l’
on chérissait est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car Iseut,
15151
ble une fois rejointe ? Car Iseut, c’est toujours
l’
étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éterne
15152
rejointe ? Car Iseut, c’est toujours l’étrangère,
l’
étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyan
15153
eut, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même
de
la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant e
15154
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de
la
femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant et p
15155
’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a
d’
éternellement fuyant, évanouissant et presque hostile dans un être, ce
15156
sque hostile dans un être, cela même qui invite à
la
poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse que t
15157
ela même qui invite à la poursuite et qui éveille
l’
avidité de posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l
15158
ui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité
de
posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l’homme en
15159
der, plus délicieuse que toute possession au cœur
de
l’homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la
15160
, plus délicieuse que toute possession au cœur de
l’
homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la per
15161
ssion au cœur de l’homme en proie au mythe. C’est
la
femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alors commence
15162
au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on
la
perd en la possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’i
15163
C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en
la
possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie à re
15164
e « passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler
l’
obstacle et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient d
15165
nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’obstacle et
le
combat. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses bras,
15166
er l’obstacle et le combat. On imagine différente
la
femme que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en
15167
et le combat. On imagine différente la femme que
l’
on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’ac
15168
férente la femme que l’on tient dans ses bras, on
la
déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentimen
15169
que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on
l’
éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en tr
15170
et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser
les
sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée étale et trop
15171
désirer et pour exalter ce désir aux proportions
d’
une passion consciente, intense, infiniment intéressante… Or c’est la
15172
iente, intense, infiniment intéressante… Or c’est
la
douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on
15173
te… Or c’est la douleur seule qui rend consciente
la
passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir, et faire souffrir. Lor
15174
qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi
l’
on aime souffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
15175
faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
la
forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion
15176
la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union,
le
génie de la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons
15177
, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie
de
la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques
15178
ù plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de
la
passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques si
15179
ne épée nue. Descendons quelques siècles et toute
l’
échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où
15180
endons quelques siècles et toute l’échelle qui va
de
l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les
15181
ons quelques siècles et toute l’échelle qui va de
l’
héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les ho
15182
toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à
la
confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profane :
15183
ieux à la confusion sans grandeur où se débattent
les
hommes du temps profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre le bo
15184
ébattent les hommes du temps profane : au lieu de
l’
épée du chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici le rêve sourn
15185
s profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre
le
bourgeois et sa femme, voici le rêve sournois du mari qui ne peut plu
15186
chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici
le
rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imagi
15187
s du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en
l’
imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne la recette, dans sa Physiol
15188
u’en l’imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne
la
recette, dans sa Physiologie du mariage.) Une innombrable et écœurant
15189
romanesque nous peint ce type du mari qui redoute
la
« platitude », le train-train des liens légitimes où la femme perd so
15190
int ce type du mari qui redoute la « platitude »,
le
train-train des liens légitimes où la femme perd son « attrait », par
15191
latitude », le train-train des liens légitimes où
la
femme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus d’obstacles entre
15192
emme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus
d’
obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’hor
15193
’obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes
d’
un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour
15194
elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont
l’
horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan, Iseut f
15195
mé depuis longtemps. Pour Tristan, Iseut figurait
le
symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort divinisante,
15196
symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était
la
mort divinisante, libératrice des liens terrestres. Il fallait donc q
15197
es liens terrestres. Il fallait donc qu’Iseut fût
l’
Impossible, car tout amour possible nous ramène à ces liens, nous rédu
15198
ramène à ces liens, nous réduit aux limites dans
l’
espace et le temps sans lesquelles il n’est point de « créatures » — a
15199
s liens, nous réduit aux limites dans l’espace et
le
temps sans lesquelles il n’est point de « créatures » — alors que le
15200
espace et le temps sans lesquelles il n’est point
de
« créatures » — alors que le seul But de l’amour infini ne peut être
15201
elles il n’est point de « créatures » — alors que
le
seul But de l’amour infini ne peut être que le divin : Dieu, notre id
15202
st point de « créatures » — alors que le seul But
de
l’amour infini ne peut être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu,
15203
point de « créatures » — alors que le seul But de
l’
amour infini ne peut être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu, ou
15204
ue le seul But de l’amour infini ne peut être que
le
divin : Dieu, notre idée de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui q
15205
fini ne peut être que le divin : Dieu, notre idée
de
Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter
15206
être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu, ou
le
Moi déifié. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans lui ré
15207
ée de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que
le
mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est au-delà
15208
ter sans lui révéler son secret, il n’est au-delà
de
la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau d
15209
sans lui révéler son secret, il n’est au-delà de
la
passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de l
15210
e la passion que dans une passion nouvelle — dans
le
tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugitives
15211
s une passion nouvelle — dans le tourment nouveau
de
la poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nat
15212
ne passion nouvelle — dans le tourment nouveau de
la
poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature
15213
uvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite
d’
apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature essentielle
15214
te d’apparences toujours plus fugitives. Il était
de
la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’e
15215
d’apparences toujours plus fugitives. Il était de
la
nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin — et c’est
15216
plus fugitives. Il était de la nature essentielle
de
la passion mystique d’être sans fin — et c’est par là que cette passi
15217
s fugitives. Il était de la nature essentielle de
la
passion mystique d’être sans fin — et c’est par là que cette passion
15218
t de la nature essentielle de la passion mystique
d’
être sans fin — et c’est par là que cette passion se détachait des ryt
15219
s du désir charnel ; mais tandis que pour Tristan
l’
infini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience doulo
15220
el ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est
l’
éternité sans retour où s’évanouit la conscience douloureuse — pour le
15221
nfini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit
la
conscience douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour
15222
ur où s’évanouit la conscience douloureuse — pour
le
moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’une ardeur constam
15223
douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que
le
retour sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait
15224
moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel
d’
une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses
15225
etour sempiternel d’une ardeur constamment déçue.
Le
mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivr
15226
t se délivrer qu’en échappant au monde fini. Mais
la
passion dite « fatale » — c’est l’alibi —, où se complaisent les mode
15227
nde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est
l’
alibi —, où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidèle
15228
e « fatale » — c’est l’alibi —, où se complaisent
les
modernes, ne sait plus même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fi
15229
s même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fin
la
transcendance. Elle épuise l’une après l’autre les illusions que lui
15230
la transcendance. Elle épuise l’une après l’autre
les
illusions que lui proposent divers objets, trop faciles à saisir. Au
15231
objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à
la
mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un T
15232
a mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent
la
dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Pourtant ce n’est pa
15233
dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation
d’
un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Pourtant ce n’est pas lui qu’il con
15234
Iseut ? Pourtant ce n’est pas lui qu’il convient
d’
accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se
15235
est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est
la
victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cède
15236
qu’il convient d’accuser, mais il est la victime
d’
un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vit
15237
user, mais il est la victime d’un ordre social où
les
obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant qu
15238
radés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant que
l’
expérience ait abouti. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
15239
. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
de
l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse v
15240
ans cesse, il faut recommencer cette ascension de
l’
âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
15241
commencer cette ascension de l’âme dressée contre
le
monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du
15242
sion de l’âme dressée contre le monde. Mais alors
le
Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme
15243
monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
le
type contraire du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les ca
15244
oderne glisse vers le type contraire du Don Juan,
de
l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’avent
15245
rne glisse vers le type contraire du Don Juan, de
l’
homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’aventure
15246
e du Don Juan, de l’homme aux amours successives.
Les
catégories se détruisent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul
15247
amours successives. Les catégories se détruisent,
l’
aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échapp
15248
ent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul,
le
Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne con
15249
à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
d’
Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déch
15250
omption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni
de
passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchirements vol
15251
nnaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni
de
passé ni d’avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dan
15252
Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni
d’
avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat
15253
passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni
de
déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jama
15254
de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans
l’
immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souveni
15255
x. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jamais
le
temps d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il dé
15256
toujours dans l’immédiat, il n’a jamais le temps
d’
aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne l
15257
dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer —
d’
attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste
15258
t, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et
de
se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’
15259
d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien
de
ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résis
15260
l n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens
de
la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissem
15261
’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de
la
passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
15262
iste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors
le
contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse s
15263
, au sens de la passion, c’est alors le contraire
de
vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà,
15264
le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
de
l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent s
15265
contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de
l’
être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
15266
une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer
le
présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la po
15267
au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
l’
imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
15268
’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant
la
possession. Aimer d’amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan,
15269
t, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
d’
amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’i
15270
ur-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car
la
vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous a
15271
Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était
la
mort transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort
15272
ait la mort transfigurante. Mais nous avons perdu
la
transcendance. La mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette
15273
igurante. Mais nous avons perdu la transcendance.
La
mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette lumière, que jette
15274
À cette lumière, que jette sur nos psychologies
la
connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film appara
15275
s psychologies la connaissance du mythe primitif,
les
succès du roman et du film apparaissent comme les signes certains d’u
15276
les succès du roman et du film apparaissent comme
les
signes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et
15277
et du film apparaissent comme les signes certains
d’
une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de mal
15278
aissent comme les signes certains d’une décadence
de
la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être.
15279
sent comme les signes certains d’une décadence de
la
personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Pre
15280
gnes certains d’une décadence de la personne chez
les
modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les co
15281
ne décadence de la personne chez les modernes, et
d’
une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui
15282
de la personne chez les modernes, et d’une espèce
de
maladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’int
15283
nne chez les modernes, et d’une espèce de maladie
de
l’être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à no
15284
chez les modernes, et d’une espèce de maladie de
l’
être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à nos a
15285
d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes
les
complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au sc
15286
tre. Presque toutes les complications qui servent
d’
intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la
15287
auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses
de
la passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile po
15288
teurs se ramènent au schéma monotone des ruses de
la
passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile pour
15289
de la passion pour s’« entretenir », — des ruses
d’
une passion débile pour s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe
15290
s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe à
la
psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désir
15291
plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie
de
la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée,
15292
s secrets obstacles. Je songe à la psychologie de
la
jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée, sou
15293
t favorisée, et non plus chez l’autre seulement —
la
coquetterie est un peu simple — mais on en vient à désirer que l’être
15294
st un peu simple — mais on en vient à désirer que
l’
être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le poursuivre et
15295
e aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau
le
poursuivre et « ressentir » l’amour en soi… Tout cela signifie, une f
15296
puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir »
l’
amour en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des a
15297
en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que
le
mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le r
15298
s « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique.
Le
ravissement n’est plus qu’une sensation — n’aboutit pas. On retombe s
15299
n — n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde
de
la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes d
15300
n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde de
la
comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès
15301
be sans cesse au monde de la comparaison, qui est
le
monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seui
15302
esse au monde de la comparaison, qui est le monde
de
la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffre
15303
e au monde de la comparaison, qui est le monde de
la
jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
15304
et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
de
jalousie », dit un poème tibétain192. C’est que, passant « leur seuil
15305
in192. C’est que, passant « leur seuil », sortant
de
leur être propre et du présent tel qu’il leur est donné, incapables d
15306
t du présent tel qu’il leur est donné, incapables
d’
accepter l’autre tel qu’il est, parce qu’il faudrait tout d’abord s’ac
15307
r, qualités dont ils se sentent privés, et motifs
de
comparaisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre
15308
paraisons qui toujours tournent à leur détriment.
Le
mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres femmes, et dont la
15309
et dont la sienne se trouve privée (même si tous
la
jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aim
15310
a sienne se trouve privée (même si tous la jugent
la
plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’i
15311
sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’il a dans
le
réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité.
15312
ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu
la
seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélit
15313
s le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire :
le
sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation déci
15314
l. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens
de
la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’u
15315
Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de
la
fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un ê
15316
se nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici
la
fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un être en soi, limité et r
15317
ens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est
l’
acceptation décisive d’un être en soi, limité et réel, que l’on choisi
15318
voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive
d’
un être en soi, limité et réel, que l’on choisit non comme prétexte à
15319
on décisive d’un être en soi, limité et réel, que
l’
on choisit non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet de contemp
15320
non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet
de
contemplation », mais comme une existence incomparable et autonome à
15321
incomparable et autonome à son côté, une exigence
d’
amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne
15322
ce d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer
la
passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Mont
15323
tends pas ici attaquer la passion : je me borne à
la
décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien qu
15324
taquer la passion : je me borne à la décrire et à
la
« réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne convainc
15325
comment cette passion développe un certain nombre
de
fatalités psychologiques dont les effets ne sont plus contestables. Q
15326
n certain nombre de fatalités psychologiques dont
les
effets ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
15327
es dont les effets ne sont plus contestables. Que
l’
on soit partisan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passi
15328
ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan
de
l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée mêm
15329
contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
de
l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée même du mariage
15330
isan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que
la
passion ruine l’idée même du mariage dans une époque où l’on tente la
15331
de l’autre, il faut admettre que la passion ruine
l’
idée même du mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonde
15332
n ruine l’idée même du mariage dans une époque où
l’
on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs
15333
dée même du mariage dans une époque où l’on tente
la
gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées
15334
mariage dans une époque où l’on tente la gageure
de
fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éth
15335
ans une époque où l’on tente la gageure de fonder
le
mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la
15336
la gageure de fonder le mariage, précisément, sur
les
valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait ex
15337
sément, sur les valeurs élaborées par une éthique
de
la passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de no
15338
ent, sur les valeurs élaborées par une éthique de
la
passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de nos c
15339
éthique de la passion. Certes, il serait excessif
d’
estimer que la plupart de nos contemporains sont en proie au délire de
15340
part de nos contemporains sont en proie au délire
de
Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’en vois
15341
re de Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire
le
philtre, et j’en vois moins encore être élus par le sort pour succomb
15342
philtre, et j’en vois moins encore être élus par
le
sort pour succomber au tourment exemplaire. Mais tous ou presque tous
15343
êvassent. Et si brouillée, et défraîchie que soit
l’
empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’i
15344
einte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est
le
secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne
15345
ythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret
de
l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne a
15346
e primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de
l’
inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne auta
15347
secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui
les
couples. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée d’une
15348
s. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que
l’
idée d’une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte da
15349
ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée
d’
une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte davantage
15350
ne limitation volontairement assumée ; et rien ne
le
flatte davantage que le mirage d’infini dépassement entretenu par le
15351
ment assumée ; et rien ne le flatte davantage que
le
mirage d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essay
15352
ée ; et rien ne le flatte davantage que le mirage
d’
infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de pren
15353
que le mirage d’infini dépassement entretenu par
le
souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phén
15354
ement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer
de
prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
15355
souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience
de
la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyse
15356
uvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de
la
nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses q
15357
de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
l’
ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont
15358
trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous
les
nomme… 5.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie perm
15359
pour souffrir même qu’on nous les nomme… 5.De
l’
anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représe
15360
r même qu’on nous les nomme… 5.De l’anarchie à
l’
eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représente le mariag
15361
e… 5.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant,
l’
anarchie permanente que représente le mariage moderne fondé — par anti
15362
Cependant, l’anarchie permanente que représente
le
mariage moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, ent
15363
e le mariage moderne fondé — par antiphrase — sur
les
débris du mythe, entraîne des menaces évidemment intolérables pour to
15364
le même pas du danger spirituel que fait courir à
la
personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les mult
15365
du danger spirituel que fait courir à la personne
l’
éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentat
15366
spirituel que fait courir à la personne l’éthique
de
l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentatives de «
15367
rituel que fait courir à la personne l’éthique de
l’
évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentatives de « res
15368
ne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.)
D’
où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles
15369
éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où
les
multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles nous a
15370
est née du mythe.) D’où les multiples tentatives
de
« restauration » du mariage auxquelles nous avons assisté depuis la P
15371
assisté depuis la Première Guerre mondiale, début
de
l’ère totalitaire. Les Églises font un honorable effort de redéfiniti
15372
isté depuis la Première Guerre mondiale, début de
l’
ère totalitaire. Les Églises font un honorable effort de redéfinition
15373
ière Guerre mondiale, début de l’ère totalitaire.
Les
Églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et
15374
totalitaire. Les Églises font un honorable effort
de
redéfinition de l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique1
15375
Églises font un honorable effort de redéfinition
de
l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique193. Les humanist
15376
lises font un honorable effort de redéfinition de
l’
institution et des devoirs moraux qu’elle implique193. Les humanistes
15377
tution et des devoirs moraux qu’elle implique193.
Les
humanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou d’un Engels en fav
15378
ux qu’elle implique193. Les humanistes reprennent
les
arguments d’un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le
15379
lique193. Les humanistes reprennent les arguments
d’
un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il f
15380
umanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou
d’
un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il faut y voir la g
15381
eur du mariage : selon le premier, il faut y voir
la
grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de
15382
lon le premier, il faut y voir la grande conquête
de
la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnel
15383
le premier, il faut y voir la grande conquête de
la
culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle
15384
la grande conquête de la culture occidentale, et
le
fondement solide de toute vie personnelle ; selon le second, l’union
15385
de la culture occidentale, et le fondement solide
de
toute vie personnelle ; selon le second, l’union monogamique serait l
15386
olide de toute vie personnelle ; selon le second,
l’
union monogamique serait la forme la plus rationnelle des relations en
15387
lle ; selon le second, l’union monogamique serait
la
forme la plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une soc
15388
on le second, l’union monogamique serait la forme
la
plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une société libé
15389
la forme la plus rationnelle des relations entre
les
sexes, dans une société libérée des contraintes de classes et d’argen
15390
s sexes, dans une société libérée des contraintes
de
classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science
15391
une société libérée des contraintes de classes et
d’
argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science des rapports
15392
e classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent
de
fonder une science des rapports conjugaux. Jung analyse le « conflit
15393
une science des rapports conjugaux. Jung analyse
le
« conflit psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origin
15394
aux. Jung analyse le « conflit psychologique » et
les
« névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la
15395
sychologique » et les « névroses » qui seraient à
l’
origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tou
15396
les « névroses » qui seraient à l’origine du mal (
d’
où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde o
15397
névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où
l’
on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hir
15398
seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que
la
médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld, Kinsey
15399
e et largement vulgarisée des phénomènes sexuels.
L’
abondance même de ces recherches194 et de ces recettes me rend sceptiq
15400
lgarisée des phénomènes sexuels. L’abondance même
de
ces recherches194 et de ces recettes me rend sceptique quant à leur e
15401
sexuels. L’abondance même de ces recherches194 et
de
ces recettes me rend sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
15402
d sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
l’
étendue du désastre, sans apporter les éléments d’une révolution à sa
15403
elle révèle l’étendue du désastre, sans apporter
les
éléments d’une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de c
15404
l’étendue du désastre, sans apporter les éléments
d’
une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de constater que
15405
révolution à sa mesure. En outre, il est frappant
de
constater que presque tous ces sages auteurs donnent quelques lignes
15406
tous ces sages auteurs donnent quelques lignes à
la
louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pou
15407
ages auteurs donnent quelques lignes à la louange
de
la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raiso
15408
s auteurs donnent quelques lignes à la louange de
la
passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raisons
15409
louange de la passion, ou tout au moins affectent
de
la tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’a
15410
ange de la passion, ou tout au moins affectent de
la
tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’atta
15411
r des raisons trop faciles à concevoir, on craint
d’
attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus so
15412
ns trop faciles à concevoir, on craint d’attaquer
le
lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement an
15413
n craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances
les
plus intimes et les plus solidement ancrées. On a peur de paraître «
15414
le lecteur dans ses croyances les plus intimes et
les
plus solidement ancrées. On a peur de paraître « puritain ». On s’eff
15415
intimes et les plus solidement ancrées. On a peur
de
paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on
15416
On a peur de paraître « puritain ». On s’efforce
de
faire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de
15417
r de paraître « puritain ». On s’efforce de faire
la
part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
15418
itain ». On s’efforce de faire la part du feu, et
l’
on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureu
15419
feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe
de
présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéal
15420
va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
la
passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéalement réalisé
15421
paradoxe de présenter la passion amoureuse comme
le
couronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Pe
15422
senter la passion amoureuse comme le couronnement
d’
un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Personne, que je s
15423
uronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après
les
recettes). Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’amour te
15424
. Personne, que je sache, n’a encore osé dire que
l’
amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple
15425
sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on
l’
imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’o
15426
a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine
de
nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’on prétend
15427
que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est
la
négation pure et simple du mariage que l’on prétend fonder sur lui. C
15428
urs est la négation pure et simple du mariage que
l’
on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
15429
r lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
l’
amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a l
15430
e sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni
d’
où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose d’in
15431
où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose
d’
inquiétant, mais on a peur, en le combattant, de parler comme un phili
15432
là quelque chose d’inquiétant, mais on a peur, en
le
combattant, de parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatal
15433
e d’inquiétant, mais on a peur, en le combattant,
de
parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
15434
listin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
l’
on passe avec une feinte légèreté à côté du problème fondamental. « Il
15435
me fondamental. « Il faut se faire lire et gagner
la
confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passi
15436
e lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas
le
courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existe
15437
agner la confiance ; on ne remonte pas le courant
de
toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc tou
15438
confiance ; on ne remonte pas le courant de toute
l’
époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et
15439
on ne remonte pas le courant de toute l’époque ;
la
passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et nous ne so
15440
rs, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je
le
crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sér
15441
C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien
de
sérieux. Et comme il faut pourtant que quelque chose se fasse, la seu
15442
omme il faut pourtant que quelque chose se fasse,
la
seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de sav
15443
e chose se fasse, la seule question qui se pose à
l’
historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme va se déclenc
15444
n qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est
de
savoir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir la situation — o
15445
oir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir
la
situation — ou quel réflexe collectif. Deux exemples de grande enverg
15446
uation — ou quel réflexe collectif. Deux exemples
de
grande envergure nous indiquent un type de réponse, une solution peut
15447
emples de grande envergure nous indiquent un type
de
réponse, une solution peut-être inévitable. La Russie de la Révolutio
15448
pe de réponse, une solution peut-être inévitable.
La
Russie de la Révolution connut un « déchaînement » sexuel de la jeune
15449
e la Révolution connut un « déchaînement » sexuel
de
la jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre
15450
a Révolution connut un « déchaînement » sexuel de
la
jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre his
15451
nut un « déchaînement » sexuel de la jeunesse que
l’
on serait tenté de juger sans précédent dans notre histoire européenne
15452
ent » sexuel de la jeunesse que l’on serait tenté
de
juger sans précédent dans notre histoire européenne195. Quant au mari
15453
uant au mariage, il fut en principe balayé durant
la
période des Soviets. La morale des intellectuels nihilistes ou romant
15454
en principe balayé durant la période des Soviets.
La
morale des intellectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait les
15455
lectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait
les
jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une génér
15456
les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans
la
réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de
15457
traduisit dans la réalité par une généralisation
de
l’union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tou
15458
aduisit dans la réalité par une généralisation de
l’
union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout c
15459
réalité par une généralisation de l’union libre,
de
l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait
15460
alité par une généralisation de l’union libre, de
l’
avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait co
15461
généralisation de l’union libre, de l’avortement,
de
l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux pr
15462
éralisation de l’union libre, de l’avortement, de
l’
abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux préju
15463
, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref
de
tout ce qu’on croyait contraire aux préjugés réactionnaires, qu’on se
15464
s, qu’on se figurait, bien à tort, entretenus par
le
capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarad
15465
me. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à
la
camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste
15466
fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin,
le
chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute l’énergi
15467
ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute
l’
énergie d’un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contr
15468
re des mœurs, et il proteste avec toute l’énergie
d’
un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contre cette an
15469
n — contre cette anarchie sexuelle qu’il qualifie
de
« petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’express
15470
alifie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas
le
sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressemen
15471
e-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste
de
l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’e
15472
ourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de
l’
expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’est
15473
s marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard,
le
« redressement des mœurs » s’est opéré, non par quelque sursaut vertu
15474
opéré, non par quelque sursaut vertueux, non par
l’
initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dicta
15475
ar quelque sursaut vertueux, non par l’initiative
d’
une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dictature exacteme
15476
’initiative d’une ligue philanthropique, mais par
les
soins d’une dictature exactement consciente des conditions de sa duré
15477
e d’une ligue philanthropique, mais par les soins
d’
une dictature exactement consciente des conditions de sa durée. Stalin
15478
ne dictature exactement consciente des conditions
de
sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain de refaire des cadr
15479
sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain
de
refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres, l’économie périclita
15480
refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres,
l’
économie périclitait, et la « défense nationale » ne pouvait pas s’org
15481
tion. Car sans cadres, l’économie périclitait, et
la
« défense nationale » ne pouvait pas s’organiser sans un constant rec
15482
ouvait pas s’organiser sans un constant recours à
la
passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion préc
15483
naires : or c’était cette passion précisément que
l’
on entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer les b
15484
sion précisément que l’on entendait « liquider ».
D’
où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l
15485
précisément que l’on entendait « liquider ». D’où
l’
absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élém
15486
entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité
de
restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stab
15487
liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer
les
bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stabilisateur au p
15488
ité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire
l’
élément statique et stabilisateur au premier chef qu’est la famille. C
15489
statique et stabilisateur au premier chef qu’est
la
famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contra
15490
isateur au premier chef qu’est la famille. Ce fut
le
mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit so
15491
emier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme
de
la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à éd
15492
er chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de
la
dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édict
15493
sme de la dictature productiviste qui contraignit
l’
État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’
15494
raignit l’État dit socialiste à édicter une série
de
lois contre le divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l
15495
dit socialiste à édicter une série de lois contre
le
divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l’avortement et
15496
orce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre
l’
avortement et contre l’abandon des enfants nés hors mariage. La rigueu
15497
coup plus onéreux), contre l’avortement et contre
l’
abandon des enfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, l
15498
et contre l’abandon des enfants nés hors mariage.
La
rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquère
15499
n des enfants nés hors mariage. La rigueur subite
de
ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande,
15500
nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois,
le
choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les mesur
15501
ois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent,
la
propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, cha
15502
ologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et
les
mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement
15503
elles provoquèrent, la propagande, et les mesures
de
contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement l’ambiance
15504
a propagande, et les mesures de contrôle policier
de
la vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie
15505
ropagande, et les mesures de contrôle policier de
la
vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie dan
15506
policier de la vie privée, changèrent notablement
l’
ambiance morale de la Russie dans les années 1930. Le mariage se trouv
15507
privée, changèrent notablement l’ambiance morale
de
la Russie dans les années 1930. Le mariage se trouva restauré sur des
15508
ivée, changèrent notablement l’ambiance morale de
la
Russie dans les années 1930. Le mariage se trouva restauré sur des ba
15509
t notablement l’ambiance morale de la Russie dans
les
années 1930. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictement
15510
mbiance morale de la Russie dans les années 1930.
Le
mariage se trouva restauré sur des bases strictement utilitaires, col
15511
tivistes et eugéniques, et dans une atmosphère où
les
problèmes individuels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de
15512
lèmes individuels tendaient à perdre toute espèce
de
dignité, de légitimité, de virulence anarchisante. L’Allemagne d’avan
15513
duels tendaient à perdre toute espèce de dignité,
de
légitimité, de virulence anarchisante. L’Allemagne d’avant Hitler att
15514
à perdre toute espèce de dignité, de légitimité,
de
virulence anarchisante. L’Allemagne d’avant Hitler atteignit-elle un
15515
ignité, de légitimité, de virulence anarchisante.
L’
Allemagne d’avant Hitler atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle c
15516
égitimité, de virulence anarchisante. L’Allemagne
d’
avant Hitler atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle comparable à
15517
’Allemagne d’avant Hitler atteignit-elle un stade
d’
anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le
15518
e un stade d’anarchie sexuelle comparable à celui
de
la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles socia
15519
n stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de
la
Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux,
15520
comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ?
Le
processus de ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé san
15521
celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus
de
ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé sans violences e
15522
nces extérieures, n’avait que plus gravement miné
l’
éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passi
15523
it que plus gravement miné l’éthique matrimoniale
de
la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du ro
15524
que plus gravement miné l’éthique matrimoniale de
la
jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du roman
15525
ement miné l’éthique matrimoniale de la jeunesse.
La
décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraîn
15526
atrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe
de
la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des c
15527
imoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de
la
passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des cons
15528
eunesse. La décadence du mythe de la passion dans
la
patrie du romantisme entraînait d’autre part des conséquences bien pl
15529
onséquences bien plus complexes que chez nous, et
d’
apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-guerre all
15530
que chez nous, et d’apparences fort hétéroclites.
Le
cynisme morbide de l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des
15531
’apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide
de
l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes litté
15532
parences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de
l’
après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes littérai
15533
. Le cynisme morbide de l’après-guerre allemande,
la
Neue Sachlichkeit des avant-gardes littéraires et artistiques, l’homo
15534
keit des avant-gardes littéraires et artistiques,
l’
homosexualité très générale dans les associations secrètes qui préludè
15535
t artistiques, l’homosexualité très générale dans
les
associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement
15536
dans les associations secrètes qui préludèrent à
l’
hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays bal
15537
ciations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme,
le
déchaînement sadique des corps francs dans les pays baltes, les crime
15538
me, le déchaînement sadique des corps francs dans
les
pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues d
15539
nt sadique des corps francs dans les pays baltes,
les
crimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, ce
15540
rimes dits « politiques » exécutés par des ligues
de
jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’essai
15541
s par des ligues de jeunes gens, certaines formes
de
naturisme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume nor
15542
es de jeunes gens, certaines formes de naturisme,
les
« fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume normale parmi les
15543
certaines formes de naturisme, les « fiançailles
d’
essai » élevées au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sér
15544
isme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang
de
coutume normale parmi les étudiants, le sérieux accordé aux conflits
15545
’essai » élevées au rang de coutume normale parmi
les
étudiants, le sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou
15546
s au rang de coutume normale parmi les étudiants,
le
sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou « à quatre »
15547
sionnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés
de
la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle prov
15548
nnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés de
la
Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoqu
15549
» — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant
de
signes de la panique sexuelle provoquée par la double décadence des c
15550
elés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes
de
la panique sexuelle provoquée par la double décadence des contraintes
15551
s de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de
la
panique sexuelle provoquée par la double décadence des contraintes ma
15552
nt de signes de la panique sexuelle provoquée par
la
double décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour
15553
cadence des contraintes matrimoniales et du mythe
de
l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et d’
15554
ence des contraintes matrimoniales et du mythe de
l’
amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et d’ana
15555
matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà
l’
on voyait affleurer le fond du désespoir et d’anarchie intime que supp
15556
the de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer
le
fond du désespoir et d’anarchie intime que suppose toute morale du «
15557
éjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et
d’
anarchie intime que suppose toute morale du « bonheur » strictement in
15558
orale du « bonheur » strictement individuelle. Or
la
dictature hitlérienne, du fait qu’elle prétendait se fonder sur une b
15559
t militaire, devait se donner pour première tâche
de
surmonter cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’idéal ant
15560
nner pour première tâche de surmonter cette crise
de
mœurs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
15561
r cette crise de mœurs. On commença par opposer à
l’
idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal coll
15562
urs. On commença par opposer à l’idéal antisocial
de
« bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnu
15563
ar opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
de
« vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigenn
15564
l collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigennutz ! (
Le
bien commun prime l’intérêt particulier.) Et par tous les moyens spec
15565
innutz geht vor Eigennutz ! (Le bien commun prime
l’
intérêt particulier.) Et par tous les moyens spectaculaires, pédagogiq
15566
commun prime l’intérêt particulier.) Et par tous
les
moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux, on opéra cet én
15567
e à donner pour seul objet légitime et possible à
la
passion l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva l
15568
pour seul objet légitime et possible à la passion
l’
idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva la femme de
15569
ul objet légitime et possible à la passion l’idée
de
nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva la femme de son aur
15570
ible à la passion l’idée de nation symbolisée par
le
Führer. D’abord on priva la femme de son auréole romantique : on la r
15571
nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva
la
femme de son auréole romantique : on la réduisit à sa fonction matrim
15572
mbolisée par le Führer. D’abord on priva la femme
de
son auréole romantique : on la réduisit à sa fonction matrimoniale :
15573
on priva la femme de son auréole romantique : on
la
réduisit à sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les éle
15574
a fonction matrimoniale : faire des enfants, puis
les
élever jusqu’au moment où le Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendan
15575
e des enfants, puis les élever jusqu’au moment où
le
Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendant quatre ou cinq ans). Puis o
15576
uatre ou cinq ans). Puis on en vint à des mesures
d’
ordre eugénique. On ouvrit une « école de fiancées » pour les futures
15577
mesures d’ordre eugénique. On ouvrit une « école
de
fiancées » pour les futures femmes des SS (Schütz Staffeln : escouade
15578
génique. On ouvrit une « école de fiancées » pour
les
futures femmes des SS (Schütz Staffeln : escouades de protection du r
15579
utures femmes des SS (Schütz Staffeln : escouades
de
protection du régime, troupe sélectionnée incarnant l’idéal racial).
15580
otection du régime, troupe sélectionnée incarnant
l’
idéal racial). Ces femmes devaient être blondes, de sang aryen, et mes
15581
’idéal racial). Ces femmes devaient être blondes,
de
sang aryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type de femme » se
15582
de sang aryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi
le
« type de femme » se trouva prescrit non par les souvenirs inconscien
15583
ryen, et mesurer au moins 1 m 73. Ainsi le « type
de
femme » se trouva prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par
15584
i le « type de femme » se trouva prescrit non par
les
souvenirs inconscients, ni par des modes étrangères mais par la secti
15585
nconscients, ni par des modes étrangères mais par
la
section scientifique du ministère de la propagande. En 1938, on insti
15586
res mais par la section scientifique du ministère
de
la propagande. En 1938, on institua des écoles analogues pour toutes
15587
mais par la section scientifique du ministère de
la
propagande. En 1938, on institua des écoles analogues pour toutes les
15588
938, on institua des écoles analogues pour toutes
les
femmes allemandes. Et l’on décréta que les mariages seraient contract
15589
s analogues pour toutes les femmes allemandes. Et
l’
on décréta que les mariages seraient contractés dorénavant « au nom de
15590
toutes les femmes allemandes. Et l’on décréta que
les
mariages seraient contractés dorénavant « au nom de l’État ». Le but
15591
riages seraient contractés dorénavant « au nom de
l’
État ». Le but dernier de l’entreprise ne faisait pas de doute : on en
15592
aient contractés dorénavant « au nom de l’État ».
Le
but dernier de l’entreprise ne faisait pas de doute : on en viendrait
15593
s dorénavant « au nom de l’État ». Le but dernier
de
l’entreprise ne faisait pas de doute : on en viendrait à n’autoriser
15594
orénavant « au nom de l’État ». Le but dernier de
l’
entreprise ne faisait pas de doute : on en viendrait à n’autoriser plu
15595
». Le but dernier de l’entreprise ne faisait pas
de
doute : on en viendrait à n’autoriser plus que les unions contractées
15596
de doute : on en viendrait à n’autoriser plus que
les
unions contractées sur une base eugénique, selon certains critères st
15597
dividuels, donc des passions. À chacun sa « fiche
de
mariage ». Alors la science matrimoniale eût trouvé sa juste applicat
15598
passions. À chacun sa « fiche de mariage ». Alors
la
science matrimoniale eût trouvé sa juste application dans l’esprit de
15599
matrimoniale eût trouvé sa juste application dans
l’
esprit de Lycurgue et de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de
15600
ale eût trouvé sa juste application dans l’esprit
de
Lycurgue et de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de la prépa
15601
sa juste application dans l’esprit de Lycurgue et
de
Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de la préparation militair
15602
et de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres
de
la préparation militaire. L’expérience stalinienne n’a qu’à moitié ré
15603
de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de
la
préparation militaire. L’expérience stalinienne n’a qu’à moitié réuss
15604
t l’un des chapitres de la préparation militaire.
L’
expérience stalinienne n’a qu’à moitié réussi si l’on en croit les des
15605
’expérience stalinienne n’a qu’à moitié réussi si
l’
on en croit les descriptions de l’état présent des mœurs de la jeuness
15606
alinienne n’a qu’à moitié réussi si l’on en croit
les
descriptions de l’état présent des mœurs de la jeunesse en URSS. Le n
15607
à moitié réussi si l’on en croit les descriptions
de
l’état présent des mœurs de la jeunesse en URSS. Le nazisme appartien
15608
oitié réussi si l’on en croit les descriptions de
l’
état présent des mœurs de la jeunesse en URSS. Le nazisme appartient a
15609
roit les descriptions de l’état présent des mœurs
de
la jeunesse en URSS. Le nazisme appartient au passé. Pourtant la tent
15610
t les descriptions de l’état présent des mœurs de
la
jeunesse en URSS. Le nazisme appartient au passé. Pourtant la tentati
15611
l’état présent des mœurs de la jeunesse en URSS.
Le
nazisme appartient au passé. Pourtant la tentation totalitaire subsis
15612
en URSS. Le nazisme appartient au passé. Pourtant
la
tentation totalitaire subsiste. Il n’est pas interdit d’imaginer qu’u
15613
ation totalitaire subsiste. Il n’est pas interdit
d’
imaginer qu’un jour nos démocraties y succombent, au nom d’une « scien
15614
craties y succombent, au nom d’une « science » ou
d’
une hygiène sociologique. La pratique forcée de l’eugénisme peut réuss
15615
d’une « science » ou d’une hygiène sociologique.
La
pratique forcée de l’eugénisme peut réussir, là où toutes nos morales
15616
ou d’une hygiène sociologique. La pratique forcée
de
l’eugénisme peut réussir, là où toutes nos morales échouent, entraîna
15617
d’une hygiène sociologique. La pratique forcée de
l’
eugénisme peut réussir, là où toutes nos morales échouent, entraînant
15618
ir, là où toutes nos morales échouent, entraînant
l’
effective abolition du besoin « spirituel », et donc artificiel, de la
15619
tion du besoin « spirituel », et donc artificiel,
de
la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe d
15620
n du besoin « spirituel », et donc artificiel, de
la
passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de l
15621
ituel », et donc artificiel, de la passion. Alors
le
cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura véc
15622
et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle
de
l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occ
15623
donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de
l’
amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occide
15624
n. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé.
L’
Europe de la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naî
15625
le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe
de
la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
15626
cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de
la
passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans les
15627
u. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
les
laboratoires. 6.Sens de la crise Pour mieux voir notre état, re
15628
évisible, naîtra dans les laboratoires. 6.Sens
de
la crise Pour mieux voir notre état, regardons l’Amérique — cette
15629
sible, naîtra dans les laboratoires. 6.Sens de
la
crise Pour mieux voir notre état, regardons l’Amérique — cette Eur
15630
la crise Pour mieux voir notre état, regardons
l’
Amérique — cette Europe délivrée de ses routines, mais aussi de ses fr
15631
tat, regardons l’Amérique — cette Europe délivrée
de
ses routines, mais aussi de ses freins traditionnels. Nulle autre civ
15632
cette Europe délivrée de ses routines, mais aussi
de
ses freins traditionnels. Nulle autre civilisation connue, depuis prè
15633
pt-mille ans qu’elles se succèdent, n’a donné à «
l’
amour » nommé romance 196 cette publicité quotidienne : par l’écran, p
15634
mmé romance 196 cette publicité quotidienne : par
l’
écran, par l’affiche, par le texte et les annonces des magazines, par
15635
96 cette publicité quotidienne : par l’écran, par
l’
affiche, par le texte et les annonces des magazines, par les chansons
15636
ité quotidienne : par l’écran, par l’affiche, par
le
texte et les annonces des magazines, par les chansons et les images,
15637
nne : par l’écran, par l’affiche, par le texte et
les
annonces des magazines, par les chansons et les images, par la morale
15638
, par le texte et les annonces des magazines, par
les
chansons et les images, par la morale courante et ce qui la défie. Nu
15639
t les annonces des magazines, par les chansons et
les
images, par la morale courante et ce qui la défie. Nulle autre non pl
15640
es magazines, par les chansons et les images, par
la
morale courante et ce qui la défie. Nulle autre non plus n’a tenté av
15641
s et les images, par la morale courante et ce qui
la
défie. Nulle autre non plus n’a tenté avec cette naïve assurance l’en
15642
tre non plus n’a tenté avec cette naïve assurance
l’
entreprise périlleuse de faire coïncider le mariage et « l’amour » ain
15643
vec cette naïve assurance l’entreprise périlleuse
de
faire coïncider le mariage et « l’amour » ainsi compris, et de baser
15644
urance l’entreprise périlleuse de faire coïncider
le
mariage et « l’amour » ainsi compris, et de baser le premier sur le s
15645
ise périlleuse de faire coïncider le mariage et «
l’
amour » ainsi compris, et de baser le premier sur le second. Pendant u
15646
cider le mariage et « l’amour » ainsi compris, et
de
baser le premier sur le second. Pendant une grève des téléphones, en
15647
econd. Pendant une grève des téléphones, en 1947,
les
opératrices de la petite ville de White Plains reçurent l’appel suiva
15648
ne grève des téléphones, en 1947, les opératrices
de
la petite ville de White Plains reçurent l’appel suivant : « Mon amie
15649
grève des téléphones, en 1947, les opératrices de
la
petite ville de White Plains reçurent l’appel suivant : « Mon amie et
15650
ones, en 1947, les opératrices de la petite ville
de
White Plains reçurent l’appel suivant : « Mon amie et moi voulons nou
15651
rices de la petite ville de White Plains reçurent
l’
appel suivant : « Mon amie et moi voulons nous marier. Nous essayons d
15652
on amie et moi voulons nous marier. Nous essayons
de
trouver un juge de paix. N’est-ce pas une urgence »197 ? Les opératri
15653
un juge de paix. N’est-ce pas une urgence »197 ?
Les
opératrices décidèrent aussitôt que c’en était une. Et le journal qui
15654
trices décidèrent aussitôt que c’en était une. Et
le
journal qui rapportait l’histoire l’intitula : L’Amour est classé par
15655
que c’en était une. Et le journal qui rapportait
l’
histoire l’intitula : L’Amour est classé parmi les cas d’urgence. Ce p
15656
tait une. Et le journal qui rapportait l’histoire
l’
intitula : L’Amour est classé parmi les cas d’urgence. Ce petit fait b
15657
le journal qui rapportait l’histoire l’intitula :
L’
Amour est classé parmi les cas d’urgence. Ce petit fait banal illustre
15658
l’histoire l’intitula : L’Amour est classé parmi
les
cas d’urgence. Ce petit fait banal illustre des croyances toutes natu
15659
ire l’intitula : L’Amour est classé parmi les cas
d’
urgence. Ce petit fait banal illustre des croyances toutes naturelles
15660
c’est par là qu’il nous intéresse. Il montre que
les
termes d’« amour » et de mariage sont pratiquement équivalents ; que
15661
là qu’il nous intéresse. Il montre que les termes
d’
« amour » et de mariage sont pratiquement équivalents ; que si l’on «
15662
ntéresse. Il montre que les termes d’« amour » et
de
mariage sont pratiquement équivalents ; que si l’on « aime » il faut
15663
de mariage sont pratiquement équivalents ; que si
l’
on « aime » il faut se marier sur l’heure ; qu’enfin « l’amour » doit
15664
ents ; que si l’on « aime » il faut se marier sur
l’
heure ; qu’enfin « l’amour » doit normalement triompher de tous les ob
15665
aime » il faut se marier sur l’heure ; qu’enfin «
l’
amour » doit normalement triompher de tous les obstacles, ainsi que le
15666
; qu’enfin « l’amour » doit normalement triompher
de
tous les obstacles, ainsi que le font voir journellement films, roman
15667
in « l’amour » doit normalement triompher de tous
les
obstacles, ainsi que le font voir journellement films, romans et band
15668
lement triompher de tous les obstacles, ainsi que
le
font voir journellement films, romans et bandes dessinées. De fait, s
15669
journellement films, romans et bandes dessinées.
De
fait, si l’amour romanesque triomphe d’une quantité d’obstacles, il e
15670
nt films, romans et bandes dessinées. De fait, si
l’
amour romanesque triomphe d’une quantité d’obstacles, il en est un con
15671
essinées. De fait, si l’amour romanesque triomphe
d’
une quantité d’obstacles, il en est un contre lequel il se brisera pre
15672
it, si l’amour romanesque triomphe d’une quantité
d’
obstacles, il en est un contre lequel il se brisera presque toujours :
15673
tre lequel il se brisera presque toujours : c’est
la
durée. Or le mariage est une institution faite pour durer — ou n’a pa
15674
se brisera presque toujours : c’est la durée. Or
le
mariage est une institution faite pour durer — ou n’a pas de sens. Vo
15675
est une institution faite pour durer — ou n’a pas
de
sens. Voilà le premier secret de la crise actuelle, crise qui peut se
15676
rer — ou n’a pas de sens. Voilà le premier secret
de
la crise actuelle, crise qui peut se mesurer simplement par les stati
15677
— ou n’a pas de sens. Voilà le premier secret de
la
crise actuelle, crise qui peut se mesurer simplement par les statisti
15678
ctuelle, crise qui peut se mesurer simplement par
les
statistiques de divorce, où l’Amérique tient le premier rang. Vouloir
15679
i peut se mesurer simplement par les statistiques
de
divorce, où l’Amérique tient le premier rang. Vouloir fonder le maria
15680
er simplement par les statistiques de divorce, où
l’
Amérique tient le premier rang. Vouloir fonder le mariage sur une form
15681
l’Amérique tient le premier rang. Vouloir fonder
le
mariage sur une forme d’amour instable par définition, c’est travaill
15682
ier rang. Vouloir fonder le mariage sur une forme
d’
amour instable par définition, c’est travailler en fait pour l’État de
15683
ble par définition, c’est travailler en fait pour
l’
État de Nevada. Exiger de n’importe quel film, fût-il sur la bombe ato
15684
travailler en fait pour l’État de Nevada. Exiger
de
n’importe quel film, fût-il sur la bombe atomique, qu’il tienne une c
15685
Nevada. Exiger de n’importe quel film, fût-il sur
la
bombe atomique, qu’il tienne une certaine dose de la drogue romanesqu
15686
la bombe atomique, qu’il tienne une certaine dose
de
la drogue romanesque (plus encore qu’érotique) nommée love interest,
15687
bombe atomique, qu’il tienne une certaine dose de
la
drogue romanesque (plus encore qu’érotique) nommée love interest, c’e
15688
re qu’érotique) nommée love interest, c’est faire
de
la publicité pour le virus, non pour le remède, de la maladie du mari
15689
qu’érotique) nommée love interest, c’est faire de
la
publicité pour le virus, non pour le remède, de la maladie du mariage
15690
e love interest, c’est faire de la publicité pour
le
virus, non pour le remède, de la maladie du mariage. La romance se no
15691
est faire de la publicité pour le virus, non pour
le
remède, de la maladie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles,
15692
e la publicité pour le virus, non pour le remède,
de
la maladie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles, de brèves e
15693
a publicité pour le virus, non pour le remède, de
la
maladie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles, de brèves exci
15694
us, non pour le remède, de la maladie du mariage.
La
romance se nourrit d’obstacles, de brèves excitations et de séparatio
15695
, de la maladie du mariage. La romance se nourrit
d’
obstacles, de brèves excitations et de séparations ; le mariage, au co
15696
ie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles,
de
brèves excitations et de séparations ; le mariage, au contraire, est
15697
se nourrit d’obstacles, de brèves excitations et
de
séparations ; le mariage, au contraire, est fait d’accoutumance, de p
15698
tacles, de brèves excitations et de séparations ;
le
mariage, au contraire, est fait d’accoutumance, de proximité quotidie
15699
séparations ; le mariage, au contraire, est fait
d’
accoutumance, de proximité quotidienne. La romance veut « l’amour de l
15700
e mariage, au contraire, est fait d’accoutumance,
de
proximité quotidienne. La romance veut « l’amour de loin » des trouba
15701
st fait d’accoutumance, de proximité quotidienne.
La
romance veut « l’amour de loin » des troubadours ; le mariage, l’amou
15702
ance, de proximité quotidienne. La romance veut «
l’
amour de loin » des troubadours ; le mariage, l’amour du « prochain ».
15703
proximité quotidienne. La romance veut « l’amour
de
loin » des troubadours ; le mariage, l’amour du « prochain ». Si donc
15704
omance veut « l’amour de loin » des troubadours ;
le
mariage, l’amour du « prochain ». Si donc l’on s’est marié à cause d’
15705
« l’amour de loin » des troubadours ; le mariage,
l’
amour du « prochain ». Si donc l’on s’est marié à cause d’une romance,
15706
rs ; le mariage, l’amour du « prochain ». Si donc
l’
on s’est marié à cause d’une romance, une fois celle-ci évaporée, il e
15707
du « prochain ». Si donc l’on s’est marié à cause
d’
une romance, une fois celle-ci évaporée, il est normal qu’à la premièr
15708
orée, il est normal qu’à la première constatation
d’
un conflit de caractères ou de goûts, l’on se demande : pourquoi suis-
15709
normal qu’à la première constatation d’un conflit
de
caractères ou de goûts, l’on se demande : pourquoi suis-je marié ? Et
15710
emière constatation d’un conflit de caractères ou
de
goûts, l’on se demande : pourquoi suis-je marié ? Et il est non moins
15711
statation d’un conflit de caractères ou de goûts,
l’
on se demande : pourquoi suis-je marié ? Et il est non moins naturel q
15712
marié ? Et il est non moins naturel qu’obsédé par
la
propagande universelle pour la romance, l’on admette la première occa
15713
urel qu’obsédé par la propagande universelle pour
la
romance, l’on admette la première occasion de tomber amoureux de quel
15714
dé par la propagande universelle pour la romance,
l’
on admette la première occasion de tomber amoureux de quelqu’un d’autr
15715
our la romance, l’on admette la première occasion
de
tomber amoureux de quelqu’un d’autre. Et il est parfaitement logique
15716
n admette la première occasion de tomber amoureux
de
quelqu’un d’autre. Et il est parfaitement logique qu’on décide aussit
15717
première occasion de tomber amoureux de quelqu’un
d’
autre. Et il est parfaitement logique qu’on décide aussitôt de divorce
15718
il est parfaitement logique qu’on décide aussitôt
de
divorcer pour trouver dans le nouvel « amour », qui entraîne un nouve
15719
’on décide aussitôt de divorcer pour trouver dans
le
nouvel « amour », qui entraîne un nouveau mariage, une nouvelle prome
15720
ntraîne un nouveau mariage, une nouvelle promesse
de
bonheur ; les trois mots étant synonymes. Ainsi, guérissant son ennui
15721
uveau mariage, une nouvelle promesse de bonheur ;
les
trois mots étant synonymes. Ainsi, guérissant son ennui par une fièvr
15722
pour la deuxième fois, elle pour la quatrième »,
l’
Américain cherche l’ajustement. Il ne le cherche pas à l’intérieur de
15723
is, elle pour la quatrième », l’Américain cherche
l’
ajustement. Il ne le cherche pas à l’intérieur de l’ancienne situation
15724
trième », l’Américain cherche l’ajustement. Il ne
le
cherche pas à l’intérieur de l’ancienne situation cependant garantie
15725
ajustement. Il ne le cherche pas à l’intérieur de
l’
ancienne situation cependant garantie « pour le meilleur et pour le pi
15726
de l’ancienne situation cependant garantie « pour
le
meilleur et pour le pire » par un serment. Il le cherche au contraire
15727
ion cependant garantie « pour le meilleur et pour
le
pire » par un serment. Il le cherche au contraire par le moyen d’une
15728
le meilleur et pour le pire » par un serment. Il
le
cherche au contraire par le moyen d’une nouvelle « expérience », cons
15729
» par un serment. Il le cherche au contraire par
le
moyen d’une nouvelle « expérience », considérée comme telle, et d’ail
15730
serment. Il le cherche au contraire par le moyen
d’
une nouvelle « expérience », considérée comme telle, et d’ailleurs aff
15731
onsidérée comme telle, et d’ailleurs affectée dès
le
départ des mêmes motifs d’échec que celles qui ont précédé. C’est pou
15732
’ailleurs affectée dès le départ des mêmes motifs
d’
échec que celles qui ont précédé. C’est pourquoi le divorce revêt en A
15733
’échec que celles qui ont précédé. C’est pourquoi
le
divorce revêt en Amérique un caractère moins désastreux et même plus
15734
ésastreux et même plus normal qu’en Europe. Là où
l’
Européen voit surtout une rupture créant un désordre social, et la per
15735
surtout une rupture créant un désordre social, et
la
perte d’un patrimoine de souvenirs et d’expériences communes, l’Améri
15736
ne rupture créant un désordre social, et la perte
d’
un patrimoine de souvenirs et d’expériences communes, l’Américain a pl
15737
t un désordre social, et la perte d’un patrimoine
de
souvenirs et d’expériences communes, l’Américain a plutôt l’impressio
15738
cial, et la perte d’un patrimoine de souvenirs et
d’
expériences communes, l’Américain a plutôt l’impression qu’il met de l
15739
atrimoine de souvenirs et d’expériences communes,
l’
Américain a plutôt l’impression qu’il met de l’ordre dans sa vie et qu
15740
s et d’expériences communes, l’Américain a plutôt
l’
impression qu’il met de l’ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel
15741
unes, l’Américain a plutôt l’impression qu’il met
de
l’ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de
15742
s, l’Américain a plutôt l’impression qu’il met de
l’
ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de l’é
15743
re dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir.
L’
économie de l’épargne, une fois de plus, s’oppose ici à celle du gaspi
15744
vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie
de
l’épargne, une fois de plus, s’oppose ici à celle du gaspillage, comm
15745
et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de
l’
épargne, une fois de plus, s’oppose ici à celle du gaspillage, comme l
15746
e plus, s’oppose ici à celle du gaspillage, comme
le
souci de préserver le passé à celui de faire table rase pour construi
15747
’oppose ici à celle du gaspillage, comme le souci
de
préserver le passé à celui de faire table rase pour construire quelqu
15748
celle du gaspillage, comme le souci de préserver
le
passé à celui de faire table rase pour construire quelque chose de pl
15749
age, comme le souci de préserver le passé à celui
de
faire table rase pour construire quelque chose de plus net, sans comp
15750
uelque chose de plus net, sans compromis. Mais si
l’
on est ennemi des compromis, il est contradictoire de se marier. Et si
15751
n est ennemi des compromis, il est contradictoire
de
se marier. Et si l’on veut tirer une traite sur son avenir, il est fo
15752
promis, il est contradictoire de se marier. Et si
l’
on veut tirer une traite sur son avenir, il est fort imprudent de sugg
15753
une traite sur son avenir, il est fort imprudent
de
suggérer d’avance qu’on se réserve le droit de ne point l’honorer ; c
15754
sur son avenir, il est fort imprudent de suggérer
d’
avance qu’on se réserve le droit de ne point l’honorer ; comme le fit
15755
t imprudent de suggérer d’avance qu’on se réserve
le
droit de ne point l’honorer ; comme le fit cette jeune milliardaire d
15756
nt de suggérer d’avance qu’on se réserve le droit
de
ne point l’honorer ; comme le fit cette jeune milliardaire disant aux
15757
er d’avance qu’on se réserve le droit de ne point
l’
honorer ; comme le fit cette jeune milliardaire disant aux journaliste
15758
se réserve le droit de ne point l’honorer ; comme
le
fit cette jeune milliardaire disant aux journalistes, la veille de so
15759
cette jeune milliardaire disant aux journalistes,
la
veille de son mariage : « C’est merveilleux de se marier pour la prem
15760
e milliardaire disant aux journalistes, la veille
de
son mariage : « C’est merveilleux de se marier pour la première fois
15761
s, la veille de son mariage : « C’est merveilleux
de
se marier pour la première fois ! » (Un an plus tard, elle divorçait.
15762
d, elle divorçait.) Sur quoi, plusieurs proposent
d’
interdire le divorce, ou de le rendre au moins très difficile. Mais c’
15763
rçait.) Sur quoi, plusieurs proposent d’interdire
le
divorce, ou de le rendre au moins très difficile. Mais c’est le maria
15764
i, plusieurs proposent d’interdire le divorce, ou
de
le rendre au moins très difficile. Mais c’est le mariage, à mon avis,
15765
plusieurs proposent d’interdire le divorce, ou de
le
rendre au moins très difficile. Mais c’est le mariage, à mon avis, qu
15766
de le rendre au moins très difficile. Mais c’est
le
mariage, à mon avis, que l’on a rendu trop facile, en acceptant que «
15767
difficile. Mais c’est le mariage, à mon avis, que
l’
on a rendu trop facile, en acceptant que « l’amour » suffise pour le c
15768
que l’on a rendu trop facile, en acceptant que «
l’
amour » suffise pour le conclure, au dédain des convenances démodées d
15769
facile, en acceptant que « l’amour » suffise pour
le
conclure, au dédain des convenances démodées de milieu social et reli
15770
r le conclure, au dédain des convenances démodées
de
milieu social et religieux, d’éducation et de fortune. On pourrait ce
15771
nvenances démodées de milieu social et religieux,
d’
éducation et de fortune. On pourrait certes imaginer de nouvelles cond
15772
ées de milieu social et religieux, d’éducation et
de
fortune. On pourrait certes imaginer de nouvelles conditions à rempli
15773
cation et de fortune. On pourrait certes imaginer
de
nouvelles conditions à remplir par les candidats au mariage — cette v
15774
es imaginer de nouvelles conditions à remplir par
les
candidats au mariage — cette vraie « coexistence » durable, pacifique
15775
e à toute alliance humaine ses meilleures chances
de
durer : buts et rythmes de vie, vocations comparées, caractères et te
15776
ses meilleures chances de durer : buts et rythmes
de
vie, vocations comparées, caractères et tempéraments. Si l’on veut le
15777
cations comparées, caractères et tempéraments. Si
l’
on veut le mariage, c’est-à-dire la durée, il serait normal d’en assur
15778
mparées, caractères et tempéraments. Si l’on veut
le
mariage, c’est-à-dire la durée, il serait normal d’en assurer les con
15779
mpéraments. Si l’on veut le mariage, c’est-à-dire
la
durée, il serait normal d’en assurer les conditions. Mais ces réforme
15780
mariage, c’est-à-dire la durée, il serait normal
d’
en assurer les conditions. Mais ces réformes n’auraient que peu d’effe
15781
st-à-dire la durée, il serait normal d’en assurer
les
conditions. Mais ces réformes n’auraient que peu d’effet dans un mond
15782
conditions. Mais ces réformes n’auraient que peu
d’
effet dans un monde qui a gardé, sinon la vraie passion, du moins la n
15783
que peu d’effet dans un monde qui a gardé, sinon
la
vraie passion, du moins la nostalgie de la passion, devenue congénita
15784
nde qui a gardé, sinon la vraie passion, du moins
la
nostalgie de la passion, devenue congénitale à l’homme occidental. Le
15785
dé, sinon la vraie passion, du moins la nostalgie
de
la passion, devenue congénitale à l’homme occidental. Le mariage qui
15786
sinon la vraie passion, du moins la nostalgie de
la
passion, devenue congénitale à l’homme occidental. Le mariage qui se
15787
la nostalgie de la passion, devenue congénitale à
l’
homme occidental. Le mariage qui se fondait sur les convenances social
15788
assion, devenue congénitale à l’homme occidental.
Le
mariage qui se fondait sur les convenances sociales, donc du point de
15789
l’homme occidental. Le mariage qui se fondait sur
les
convenances sociales, donc du point de vue de l’individu, sur le hasa
15790
ur les convenances sociales, donc du point de vue
de
l’individu, sur le hasard, avait au moins autant de chances que le ma
15791
les convenances sociales, donc du point de vue de
l’
individu, sur le hasard, avait au moins autant de chances que le maria
15792
sociales, donc du point de vue de l’individu, sur
le
hasard, avait au moins autant de chances que le mariage fondé sur « l
15793
l’individu, sur le hasard, avait au moins autant
de
chances que le mariage fondé sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolu
15794
r le hasard, avait au moins autant de chances que
le
mariage fondé sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolution de l’Occid
15795
oins autant de chances que le mariage fondé sur «
l’
amour » seul. Mais toute l’évolution de l’Occident va de la sagesse tr
15796
le mariage fondé sur « l’amour » seul. Mais toute
l’
évolution de l’Occident va de la sagesse tribale au risque individuel
15797
ondé sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolution
de
l’Occident va de la sagesse tribale au risque individuel ; elle est i
15798
é sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolution de
l’
Occident va de la sagesse tribale au risque individuel ; elle est irré
15799
r » seul. Mais toute l’évolution de l’Occident va
de
la sagesse tribale au risque individuel ; elle est irréversible et il
15800
seul. Mais toute l’évolution de l’Occident va de
la
sagesse tribale au risque individuel ; elle est irréversible et il fa
15801
que individuel ; elle est irréversible et il faut
l’
approuver, dans la mesure où elle tend à ordonner le destin collectif
15802
lle est irréversible et il faut l’approuver, dans
la
mesure où elle tend à ordonner le destin collectif ou natif à la déci
15803
approuver, dans la mesure où elle tend à ordonner
le
destin collectif ou natif à la décision personnelle. ⁂ Il est clair q
15804
le tend à ordonner le destin collectif ou natif à
la
décision personnelle. ⁂ Il est clair que la crise présente du mariage
15805
tif à la décision personnelle. ⁂ Il est clair que
la
crise présente du mariage, en Europe comme en Amérique, résulte d’une
15806
du mariage, en Europe comme en Amérique, résulte
d’
une pluralité de causes profondes ou prochaines, dont le culte de la r
15807
Europe comme en Amérique, résulte d’une pluralité
de
causes profondes ou prochaines, dont le culte de la romance n’est qu’
15808
pluralité de causes profondes ou prochaines, dont
le
culte de la romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de le sou
15809
de causes profondes ou prochaines, dont le culte
de
la romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de le souligner da
15810
causes profondes ou prochaines, dont le culte de
la
romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de le souligner dans
15811
a romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais
de
le souligner dans cet ouvrage.) La recherche du bonheur individuel pr
15812
omance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de
le
souligner dans cet ouvrage.) La recherche du bonheur individuel prima
15813
s je me devais de le souligner dans cet ouvrage.)
La
recherche du bonheur individuel primant sur la stabilité sociale, et
15814
.) La recherche du bonheur individuel primant sur
la
stabilité sociale, et le respect de l’évolution psychologique primant
15815
r individuel primant sur la stabilité sociale, et
le
respect de l’évolution psychologique primant sur le sens du serment,
15816
l primant sur la stabilité sociale, et le respect
de
l’évolution psychologique primant sur le sens du serment, peuvent êtr
15817
rimant sur la stabilité sociale, et le respect de
l’
évolution psychologique primant sur le sens du serment, peuvent être r
15818
respect de l’évolution psychologique primant sur
le
sens du serment, peuvent être rattachés au complexe romanesque. Mais
15819
et dans d’autres domaines, ou à d’autres niveaux
de
la réalité, tantôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation de la fe
15820
dans d’autres domaines, ou à d’autres niveaux de
la
réalité, tantôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation de la femme
15821
de la réalité, tantôt sociale, tantôt psychique.
L’
émancipation de la femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa
15822
tantôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation
de
la femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa revendication
15823
ntôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation de
la
femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa revendication d’é
15824
ique. L’émancipation de la femme (son entrée dans
la
vie professionnelle et sa revendication d’égalité) est un facteur non
15825
e dans la vie professionnelle et sa revendication
d’
égalité) est un facteur non négligeable de la crise. La vulgarisation
15826
ication d’égalité) est un facteur non négligeable
de
la crise. La vulgarisation des connaissances psychologiques en est un
15827
tion d’égalité) est un facteur non négligeable de
la
crise. La vulgarisation des connaissances psychologiques en est un au
15828
lité) est un facteur non négligeable de la crise.
La
vulgarisation des connaissances psychologiques en est un autre : l’ho
15829
es connaissances psychologiques en est un autre :
l’
homme et la femme du xxe siècle, même très sommairement informés de l
15830
ances psychologiques en est un autre : l’homme et
la
femme du xxe siècle, même très sommairement informés de l’existence
15831
e du xxe siècle, même très sommairement informés
de
l’existence des complexes freudiens, du jeu des refoulements et de l’
15832
u xxe siècle, même très sommairement informés de
l’
existence des complexes freudiens, du jeu des refoulements et de l’ori
15833
s complexes freudiens, du jeu des refoulements et
de
l’origine des névroses, sont portés à plus d’exigence que leurs ancêt
15834
omplexes freudiens, du jeu des refoulements et de
l’
origine des névroses, sont portés à plus d’exigence que leurs ancêtres
15835
et de l’origine des névroses, sont portés à plus
d’
exigence que leurs ancêtres quant au mariage et à la vie matrimoniale.
15836
exigence que leurs ancêtres quant au mariage et à
la
vie matrimoniale. Ces exigences iront croissant avec la diffusion des
15837
matrimoniale. Ces exigences iront croissant avec
la
diffusion des « sciences humaines », dont les premiers balbutiements
15838
dont les premiers balbutiements ont déjà modifié
d’
une manière perceptible la conscience de l’Occident. Enfin, certains s
15839
ements ont déjà modifié d’une manière perceptible
la
conscience de l’Occident. Enfin, certains signes annoncent un phénomè
15840
à modifié d’une manière perceptible la conscience
de
l’Occident. Enfin, certains signes annoncent un phénomène plus profon
15841
odifié d’une manière perceptible la conscience de
l’
Occident. Enfin, certains signes annoncent un phénomène plus profond,
15842
profond, peut-être comparable à celui qui envahit
la
psyché collective du xiie siècle, et que je qualifiais au livre II d
15843
du xiie siècle, et que je qualifiais au livre II
de
« remontée de la shakti ». Le puissant renouveau de la mariologie dan
15844
e, et que je qualifiais au livre II de « remontée
de
la shakti ». Le puissant renouveau de la mariologie dans l’Église cat
15845
et que je qualifiais au livre II de « remontée de
la
shakti ». Le puissant renouveau de la mariologie dans l’Église cathol
15846
lifiais au livre II de « remontée de la shakti ».
Le
puissant renouveau de la mariologie dans l’Église catholique et ses m
15847
« remontée de la shakti ». Le puissant renouveau
de
la mariologie dans l’Église catholique et ses masses populaires ; les
15848
remontée de la shakti ». Le puissant renouveau de
la
mariologie dans l’Église catholique et ses masses populaires ; les tr
15849
ti ». Le puissant renouveau de la mariologie dans
l’
Église catholique et ses masses populaires ; les travaux tout récents
15850
ns l’Église catholique et ses masses populaires ;
les
travaux tout récents de C. G. Jung et de son école sur la Sophia, Sag
15851
ses masses populaires ; les travaux tout récents
de
C. G. Jung et de son école sur la Sophia, Sagesse et Vierge-Mère éter
15852
aires ; les travaux tout récents de C. G. Jung et
de
son école sur la Sophia, Sagesse et Vierge-Mère éternelle198 ; et par
15853
ux tout récents de C. G. Jung et de son école sur
la
Sophia, Sagesse et Vierge-Mère éternelle198 ; et par ailleurs (vraime
15854
e198 ; et par ailleurs (vraiment ailleurs !) dans
l’
avant-garde de la littérature européenne, le regain d’intérêt pour le
15855
ailleurs (vraiment ailleurs !) dans l’avant-garde
de
la littérature européenne, le regain d’intérêt pour le catharisme, l’
15856
leurs (vraiment ailleurs !) dans l’avant-garde de
la
littérature européenne, le regain d’intérêt pour le catharisme, l’exa
15857
dans l’avant-garde de la littérature européenne,
le
regain d’intérêt pour le catharisme, l’exaltation de la « Femme-Enfan
15858
ant-garde de la littérature européenne, le regain
d’
intérêt pour le catharisme, l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvat
15859
littérature européenne, le regain d’intérêt pour
le
catharisme, l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de l’homme
15860
ropéenne, le regain d’intérêt pour le catharisme,
l’
exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou
15861
regain d’intérêt pour le catharisme, l’exaltation
de
la « Femme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou l’annonce rép
15862
ain d’intérêt pour le catharisme, l’exaltation de
la
« Femme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou l’annonce répété
15863
e, l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice
de
l’homme rationnel, ou l’annonce répétée d’une revanche imminente du p
15864
l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de
l’
homme rationnel, ou l’annonce répétée d’une revanche imminente du prin
15865
emme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou
l’
annonce répétée d’une revanche imminente du principe féminin sur le pa
15866
atrice de l’homme rationnel, ou l’annonce répétée
d’
une revanche imminente du principe féminin sur le patriarcat199 — tout
15867
d’une revanche imminente du principe féminin sur
le
patriarcat199 — tout cela fait pressentir la possibilité d’une vaste
15868
sur le patriarcat199 — tout cela fait pressentir
la
possibilité d’une vaste évolution de la psyché moderne, dont le princ
15869
cat199 — tout cela fait pressentir la possibilité
d’
une vaste évolution de la psyché moderne, dont le principe et le sens
15870
t pressentir la possibilité d’une vaste évolution
de
la psyché moderne, dont le principe et le sens nous demeurent cachés,
15871
ressentir la possibilité d’une vaste évolution de
la
psyché moderne, dont le principe et le sens nous demeurent cachés, ma
15872
d’une vaste évolution de la psyché moderne, dont
le
principe et le sens nous demeurent cachés, mais qui donnera peut-être
15873
olution de la psyché moderne, dont le principe et
le
sens nous demeurent cachés, mais qui donnera peut-être aux historiens
15874
mais qui donnera peut-être aux historiens futurs
de
notre société occidentale, la clé d’une crise dont nous ne voyons enc
15875
x historiens futurs de notre société occidentale,
la
clé d’une crise dont nous ne voyons encore que des symptômes superfic
15876
riens futurs de notre société occidentale, la clé
d’
une crise dont nous ne voyons encore que des symptômes superficiels, s
15877
vaine toute tentative actuelle pour « résoudre »
les
contradictions qu’endurent tant d’hommes et de femmes dans leur maria
15878
« résoudre » les contradictions qu’endurent tant
d’
hommes et de femmes dans leur mariage. Des synthèses se préparent, peu
15879
» les contradictions qu’endurent tant d’hommes et
de
femmes dans leur mariage. Des synthèses se préparent, peut-être, obsc
15880
bscurément. Elles échappent encore, par nature, à
la
conscience individuelle. Toute solution que je serais tenté de propos
15881
individuelle. Toute solution que je serais tenté
de
proposer, fût-elle jugée « la bonne » par le siècle à venir, serait a
15882
que je serais tenté de proposer, fût-elle jugée «
la
bonne » par le siècle à venir, serait aujourd’hui frappée d’inefficac
15883
enté de proposer, fût-elle jugée « la bonne » par
le
siècle à venir, serait aujourd’hui frappée d’inefficacité, ou si elle
15884
par le siècle à venir, serait aujourd’hui frappée
d’
inefficacité, ou si elle pouvait agir, ferait plus de mal que de bien.
15885
nefficacité, ou si elle pouvait agir, ferait plus
de
mal que de bien. Si je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de l
15886
, ou si elle pouvait agir, ferait plus de mal que
de
bien. Si je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de l’imposer à
15887
uvait agir, ferait plus de mal que de bien. Si je
l’
avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de l’imposer à mes contemporai
15888
que de bien. Si je l’avais trouvée, et si j’avais
le
pouvoir de l’imposer à mes contemporains, je me garderais d’en rien f
15889
. Si je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir
de
l’imposer à mes contemporains, je me garderais d’en rien faire. C’est
15890
i je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de
l’
imposer à mes contemporains, je me garderais d’en rien faire. C’est qu
15891
de l’imposer à mes contemporains, je me garderais
d’
en rien faire. C’est qu’une crise de cet ordre n’est pas un accident.
15892
me garderais d’en rien faire. C’est qu’une crise
de
cet ordre n’est pas un accident. Tenter de la couper, comme on le fai
15893
crise de cet ordre n’est pas un accident. Tenter
de
la couper, comme on le fait d’une fièvre, serait bien moins la guérir
15894
ise de cet ordre n’est pas un accident. Tenter de
la
couper, comme on le fait d’une fièvre, serait bien moins la guérir qu
15895
st pas un accident. Tenter de la couper, comme on
le
fait d’une fièvre, serait bien moins la guérir que nous priver de nos
15896
n accident. Tenter de la couper, comme on le fait
d’
une fièvre, serait bien moins la guérir que nous priver de nos chances
15897
comme on le fait d’une fièvre, serait bien moins
la
guérir que nous priver de nos chances d’en comprendre un jour le secr
15898
èvre, serait bien moins la guérir que nous priver
de
nos chances d’en comprendre un jour le secret. Et ce serait en même t
15899
en moins la guérir que nous priver de nos chances
d’
en comprendre un jour le secret. Et ce serait en même temps une sorte
15900
ous priver de nos chances d’en comprendre un jour
le
secret. Et ce serait en même temps une sorte de tricherie, soit que l
15901
r le secret. Et ce serait en même temps une sorte
de
tricherie, soit que la solution n’apporte en vérité qu’un essai de re
15902
it en même temps une sorte de tricherie, soit que
la
solution n’apporte en vérité qu’un essai de retour à l’équilibre anci
15903
t que la solution n’apporte en vérité qu’un essai
de
retour à l’équilibre ancien, dont la crise même dénonce toute la préc
15904
ution n’apporte en vérité qu’un essai de retour à
l’
équilibre ancien, dont la crise même dénonce toute la précarité ; soit
15905
qu’un essai de retour à l’équilibre ancien, dont
la
crise même dénonce toute la précarité ; soit qu’elle projette sur l’a
15906
quilibre ancien, dont la crise même dénonce toute
la
précarité ; soit qu’elle projette sur l’avenir collectif une théorie
15907
ce toute la précarité ; soit qu’elle projette sur
l’
avenir collectif une théorie ou des préceptes raisonnables, mais dont
15908
théorie ou des préceptes raisonnables, mais dont
les
effets lointains ne sauraient être évalués tant que le sens général d
15909
fets lointains ne sauraient être évalués tant que
le
sens général de la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchi
15910
e sauraient être évalués tant que le sens général
de
la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer le message
15911
auraient être évalués tant que le sens général de
la
crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer le message et
15912
l de la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt
de
déchiffrer le message et de décoder patiemment les nouvelles ambiguës
15913
nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer
le
message et de décoder patiemment les nouvelles ambiguës que la crise
15914
Il s’agit bien plutôt de déchiffrer le message et
de
décoder patiemment les nouvelles ambiguës que la crise nous apporte s
15915
de déchiffrer le message et de décoder patiemment
les
nouvelles ambiguës que la crise nous apporte sur nous-mêmes, sur nos
15916
de décoder patiemment les nouvelles ambiguës que
la
crise nous apporte sur nous-mêmes, sur nos vœux secrets, sur la tenda
15917
apporte sur nous-mêmes, sur nos vœux secrets, sur
la
tendance réelle, peut-être créatrice, que traduisent parfois nos révo
15918
voltes, nos illusions naïves, nos péchés. Essayer
de
résoudre notre crise du mariage par des mesures morales, sociales ou
15919
sociales ou scientifiques, déduites du seul désir
d’
arrêter les dégâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement le cara
15920
u scientifiques, déduites du seul désir d’arrêter
les
dégâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement le caractère qu’el
15921
égâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement
le
caractère qu’elle semble avoir : celui de la recherche, presque aveug
15922
irement le caractère qu’elle semble avoir : celui
de
la recherche, presque aveugle encore, d’un nouvel équilibre du couple
15923
ment le caractère qu’elle semble avoir : celui de
la
recherche, presque aveugle encore, d’un nouvel équilibre du couple. É
15924
: celui de la recherche, presque aveugle encore,
d’
un nouvel équilibre du couple. Équilibre tendu entre les exigences tou
15925
nouvel équilibre du couple. Équilibre tendu entre
les
exigences toujours simultanées, contraires et légitimes, de la stabil
15926
es toujours simultanées, contraires et légitimes,
de
la stabilité et de l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin d
15927
toujours simultanées, contraires et légitimes, de
la
stabilité et de l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de l
15928
nées, contraires et légitimes, de la stabilité et
de
l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement
15929
s, contraires et légitimes, de la stabilité et de
l’
évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement de
15930
et légitimes, de la stabilité et de l’évolution,
de
l’espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement de la personne
15931
légitimes, de la stabilité et de l’évolution, de
l’
espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement de la personne et
15932
de la stabilité et de l’évolution, de l’espèce et
de
l’individu, enfin de l’accomplissement de la personne et de l’Absolu
15933
la stabilité et de l’évolution, de l’espèce et de
l’
individu, enfin de l’accomplissement de la personne et de l’Absolu qui
15934
l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin
de
l’accomplissement de la personne et de l’Absolu qui seul la suscite e
15935
évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de
l’
accomplissement de la personne et de l’Absolu qui seul la suscite et l
15936
pèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement
de
la personne et de l’Absolu qui seul la suscite et la juge. 187. Vo
15937
e et de l’individu, enfin de l’accomplissement de
la
personne et de l’Absolu qui seul la suscite et la juge. 187. Voir
15938
idu, enfin de l’accomplissement de la personne et
de
l’Absolu qui seul la suscite et la juge. 187. Voir sur ce point :
15939
, enfin de l’accomplissement de la personne et de
l’
Absolu qui seul la suscite et la juge. 187. Voir sur ce point : R.
15940
plissement de la personne et de l’Absolu qui seul
la
suscite et la juge. 187. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idé
15941
la personne et de l’Absolu qui seul la suscite et
la
juge. 187. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idée divine du ma
15942
juge. 187. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, «
L’
idée divine du mariage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186. Le
15943
iage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186.
Le
sacrement catholique se justifierait soit par le récit du miracle de
15944
Le sacrement catholique se justifierait soit par
le
récit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit
15945
ique se justifierait soit par le récit du miracle
de
Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par le passage où Jé
15946
cit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit
l’
auteur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pa
15947
a (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par
le
passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu
15948
teur) ; soit par le passage où Jésus proclame que
l’
homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit par des entretiens
15949
parer ce que Dieu a uni ; soit par des entretiens
de
Jésus ressuscité et de ses disciples « que les Évangélistes et les Ac
15950
; soit par des entretiens de Jésus ressuscité et
de
ses disciples « que les Évangélistes et les Actes mentionnent sans le
15951
ens de Jésus ressuscité et de ses disciples « que
les
Évangélistes et les Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
15952
ité et de ses disciples « que les Évangélistes et
les
Actes mentionnent sans les rapporter en détail ». L’auteur n’indique
15953
ue les Évangélistes et les Actes mentionnent sans
les
rapporter en détail ». L’auteur n’indique rien de plus précis que ces
15954
Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
L’
auteur n’indique rien de plus précis que ces trois « hypothèses » huma
15955
« hypothèses » humaines pour fonder bibliquement
le
dogme traditionnel. 188. Les gnostiques ont souvent exprimé cette op
15956
fonder bibliquement le dogme traditionnel. 188.
Les
gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : « Les crimes sont un t
15957
gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : «
Les
crimes sont un tribut payé à la vie. » (Carpocrate, cf. Schultz, Doku
15958
ette opinion : « Les crimes sont un tribut payé à
la
vie. » (Carpocrate, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis.) 189. Encore
15959
Schultz, Dokumente der Gnosis.) 189. Encore que
la
faute soit alors considérée moins par rapport à la morale en soi, que
15960
a faute soit alors considérée moins par rapport à
la
morale en soi, que sous l’aspect du risque et du danger qu’elle fait
15961
ée moins par rapport à la morale en soi, que sous
l’
aspect du risque et du danger qu’elle fait courir à celui qui la comme
15962
sque et du danger qu’elle fait courir à celui qui
la
commet. Tandis que du point de vue des vrais cathares, nous l’avons v
15963
ndis que du point de vue des vrais cathares, nous
l’
avons vu, la véritable faute, c’est d’avoir « consommé » dans la chair
15964
point de vue des vrais cathares, nous l’avons vu,
la
véritable faute, c’est d’avoir « consommé » dans la chair cet adultèr
15965
hares, nous l’avons vu, la véritable faute, c’est
d’
avoir « consommé » dans la chair cet adultère. 190. L’aventure fameus
15966
véritable faute, c’est d’avoir « consommé » dans
la
chair cet adultère. 190. L’aventure fameuse de la princesse de C… do
15967
ir « consommé » dans la chair cet adultère. 190.
L’
aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à
15968
s la chair cet adultère. 190. L’aventure fameuse
de
la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérat
15969
a chair cet adultère. 190. L’aventure fameuse de
la
princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérature
15970
toute une littérature romanesque. Quant au thème
de
l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il fut a
15971
ute une littérature romanesque. Quant au thème de
l’
ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il fut abon
15972
thème de l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite »
la
fille du patron, il fut abondamment exploité par le film allemand, so
15973
fille du patron, il fut abondamment exploité par
le
film allemand, sous l’hitlérisme. 191. Le titre d’un roman de Max Br
15974
t abondamment exploité par le film allemand, sous
l’
hitlérisme. 191. Le titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der m
15975
té par le film allemand, sous l’hitlérisme. 191.
Le
titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la fe
15976
film allemand, sous l’hitlérisme. 191. Le titre
d’
un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l
15977
and, sous l’hitlérisme. 191. Le titre d’un roman
de
Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que l’on désire,
15978
an de Max Brod, Die Frau nach der man sich sehnt (
la
femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie), est la meilleure
15979
d, Die Frau nach der man sich sehnt (la femme que
l’
on désire, la femme de notre nostalgie), est la meilleure définition d
15980
ach der man sich sehnt (la femme que l’on désire,
la
femme de notre nostalgie), est la meilleure définition d’Iseut. L’amo
15981
an sich sehnt (la femme que l’on désire, la femme
de
notre nostalgie), est la meilleure définition d’Iseut. L’amour-passio
15982
ue l’on désire, la femme de notre nostalgie), est
la
meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut « la Princesse loi
15983
de notre nostalgie), est la meilleure définition
d’
Iseut. L’amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’am
15984
nostalgie), est la meilleure définition d’Iseut.
L’
amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’amour chrét
15985
lleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut «
la
Princesse lointaine » tandis que l’amour chrétien s’adresse au « proc
15986
assion veut « la Princesse lointaine » tandis que
l’
amour chrétien s’adresse au « prochain ». 192. Le Dict de Padma. 1
15987
amour chrétien s’adresse au « prochain ». 192.
Le
Dict de Padma. 193. L’encyclique Casti connubii a répondu à la décis
15988
au « prochain ». 192. Le Dict de Padma. 193.
L’
encyclique Casti connubii a répondu à la décision des évêques anglican
15989
ma. 193. L’encyclique Casti connubii a répondu à
la
décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniqu
15990
répondu à la décision des évêques anglicans dite
de
Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les
15991
a décision des évêques anglicans dite de Lambeth.
Les
Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non
15992
nglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniques
de
Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également
15993
Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et
d’
Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également touché le probl
15994
grès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes
les
Églises non romaines) ont également touché le problème. Vatican II a
15995
es les Églises non romaines) ont également touché
le
problème. Vatican II a reconnu que l’amour sexuel pouvait avoir un au
15996
ment touché le problème. Vatican II a reconnu que
l’
amour sexuel pouvait avoir un autre but que de concourir à l’explosion
15997
que l’amour sexuel pouvait avoir un autre but que
de
concourir à l’explosion démographique. 194. Il serait curieux de r
15998
uel pouvait avoir un autre but que de concourir à
l’
explosion démographique. 194. Il serait curieux de retrouver quel e
15999
xplosion démographique. 194. Il serait curieux
de
retrouver quel est l’auteur — évidemment moderne — qui a parlé le pre
16000
. 194. Il serait curieux de retrouver quel est
l’
auteur — évidemment moderne — qui a parlé le premier d’un « problème s
16001
eur — évidemment moderne — qui a parlé le premier
d’
un « problème sexuel ». Fourier peut-être ? Ou Proudhon ? Cela doit se
16002
aux environs des années 1820-1830, pour une série
de
raisons sociologiques et économiques que je ne saurais exposer ici.
16003
économiques que je ne saurais exposer ici. Note
de
1970. Fourier, étonnant précurseur de Freud, parle beaucoup d’instinc
16004
ici. Note de 1970. Fourier, étonnant précurseur
de
Freud, parle beaucoup d’instinct, de passion, d’érotisme et d’amour «
16005
ier, étonnant précurseur de Freud, parle beaucoup
d’
instinct, de passion, d’érotisme et d’amour « matériel » ou « tact »,
16006
t précurseur de Freud, parle beaucoup d’instinct,
de
passion, d’érotisme et d’amour « matériel » ou « tact », mais jamais
16007
de Freud, parle beaucoup d’instinct, de passion,
d’
érotisme et d’amour « matériel » ou « tact », mais jamais de « sexuali
16008
le beaucoup d’instinct, de passion, d’érotisme et
d’
amour « matériel » ou « tact », mais jamais de « sexualité » ou de « s
16009
et d’amour « matériel » ou « tact », mais jamais
de
« sexualité » ou de « sexuel » — termes auxquels recourt souvent Prou
16010
el » ou « tact », mais jamais de « sexualité » ou
de
« sexuel » — termes auxquels recourt souvent Proudhon dans La Pornocr
16011
» — termes auxquels recourt souvent Proudhon dans
La
Pornocratie et dans La Justice, l’Amour, le Mariage. En revanche, Kie
16012
ourt souvent Proudhon dans La Pornocratie et dans
La
Justice, l’Amour, le Mariage. En revanche, Kierkegaard discute longue
16013
Proudhon dans La Pornocratie et dans La Justice,
l’
Amour, le Mariage. En revanche, Kierkegaard discute longuement les cat
16014
dans La Pornocratie et dans La Justice, l’Amour,
le
Mariage. En revanche, Kierkegaard discute longuement les catégories d
16015
iage. En revanche, Kierkegaard discute longuement
les
catégories de « sensualité » et « sexualité » (synonymes pour lui) do
16016
he, Kierkegaard discute longuement les catégories
de
« sensualité » et « sexualité » (synonymes pour lui) dont il montre l
16017
« sexualité » (synonymes pour lui) dont il montre
les
liens étroits avec le christianisme, dans Ou bien… ou bien… (« Les Ét
16018
s pour lui) dont il montre les liens étroits avec
le
christianisme, dans Ou bien… ou bien… (« Les Étapes érotiques spontan
16019
avec le christianisme, dans Ou bien… ou bien… («
Les
Étapes érotiques spontanées », écrit en 1841). 195. En réalité, des
16020
rent certaines jeunesses des pays bourgeois après
la
guerre. La différence est qu’en Russie on affichait des principes « é
16021
nes jeunesses des pays bourgeois après la guerre.
La
différence est qu’en Russie on affichait des principes « émancipés »
16022
icile à traduire, bien qu’il rappelle précisément
les
origines romanes (troubadours et trouvères) du sentiment qu’il désign
16023
désigne. C’est une combinaison à doses variables
de
sentimentalisme et de sexualité, de jeu et de tragique à bon marché,
16024
mbinaison à doses variables de sentimentalisme et
de
sexualité, de jeu et de tragique à bon marché, de glamour et de désir
16025
ses variables de sentimentalisme et de sexualité,
de
jeu et de tragique à bon marché, de glamour et de désir instinctif, d
16026
les de sentimentalisme et de sexualité, de jeu et
de
tragique à bon marché, de glamour et de désir instinctif, de morale c
16027
de sexualité, de jeu et de tragique à bon marché,
de
glamour et de désir instinctif, de morale conformiste et d’aventure p
16028
de jeu et de tragique à bon marché, de glamour et
de
désir instinctif, de morale conformiste et d’aventure personnelle. C’
16029
à bon marché, de glamour et de désir instinctif,
de
morale conformiste et d’aventure personnelle. C’est Hollywood. 197.
16030
et de désir instinctif, de morale conformiste et
d’
aventure personnelle. C’est Hollywood. 197. My girl and I want to ge
16031
ocate a Justice of peace. Is it an emergency ? Et
le
titre : Love is classified as an emergency. 198. Cf. Antwort auf Hi
16032
ied as an emergency. 198. Cf. Antwort auf Hiob,
de
C. G. Jung (1952), ouvrage dans lequel l’auteur n’hésite pas à écrire
16033
f Hiob, de C. G. Jung (1952), ouvrage dans lequel
l’
auteur n’hésite pas à écrire que la proclamation en 1950 du dogme de l
16034
ge dans lequel l’auteur n’hésite pas à écrire que
la
proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption de la Vierge marque l’é
16035
pas à écrire que la proclamation en 1950 du dogme
de
l’Assomption de la Vierge marque l’événement religieux le plus import
16036
à écrire que la proclamation en 1950 du dogme de
l’
Assomption de la Vierge marque l’événement religieux le plus important
16037
la proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption
de
la Vierge marque l’événement religieux le plus important depuis la Ré
16038
proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption de
la
Vierge marque l’événement religieux le plus important depuis la Réfor
16039
1950 du dogme de l’Assomption de la Vierge marque
l’
événement religieux le plus important depuis la Réforme. Voir aussi l’
16040
omption de la Vierge marque l’événement religieux
le
plus important depuis la Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbin s
16041
ue l’événement religieux le plus important depuis
la
Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbin sur la Sophia éternelle, i
16042
x le plus important depuis la Réforme. Voir aussi
l’
étude d’Henry Corbin sur la Sophia éternelle, in Revue de culture euro
16043
s important depuis la Réforme. Voir aussi l’étude
d’
Henry Corbin sur la Sophia éternelle, in Revue de culture européenne,
16044
la Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbin sur
la
Sophia éternelle, in Revue de culture européenne, 5, 1953. 199. Voir
16045
d’Henry Corbin sur la Sophia éternelle, in Revue
de
culture européenne, 5, 1953. 199. Voir notamment, outre les ouvrages
16046
européenne, 5, 1953. 199. Voir notamment, outre
les
ouvrages cités plus haut sur le catharisme et l’amour courtois, des l
16047
notamment, outre les ouvrages cités plus haut sur
le
catharisme et l’amour courtois, des livres comme Arcane 17 d’André Br
16048
les ouvrages cités plus haut sur le catharisme et
l’
amour courtois, des livres comme Arcane 17 d’André Breton, les romans
16049
e et l’amour courtois, des livres comme Arcane 17
d’
André Breton, les romans lyriques de Julien Gracq, les recherches de R
16050
rtois, des livres comme Arcane 17 d’André Breton,
les
romans lyriques de Julien Gracq, les recherches de Robert Graves sur
16051
mme Arcane 17 d’André Breton, les romans lyriques
de
Julien Gracq, les recherches de Robert Graves sur la Grande Déesse, e
16052
ndré Breton, les romans lyriques de Julien Gracq,
les
recherches de Robert Graves sur la Grande Déesse, et d’Adrian Turel s
16053
s romans lyriques de Julien Gracq, les recherches
de
Robert Graves sur la Grande Déesse, et d’Adrian Turel sur le matriarc
16054
Julien Gracq, les recherches de Robert Graves sur
la
Grande Déesse, et d’Adrian Turel sur le matriarcat.
16055
herches de Robert Graves sur la Grande Déesse, et
d’
Adrian Turel sur le matriarcat.
16056
raves sur la Grande Déesse, et d’Adrian Turel sur
le
matriarcat.
16057
Livre VIIL’amour action, ou
de
la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvra
16058
Livre VIIL’amour action, ou de
la
fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvrage
16059
L’amour action, ou de la fidélité 1.Nécessité
d’
un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il m
16060
la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À
l’
heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son dess
16061
che à sa conclusion, il me semble que son dessein
le
plus secret m’échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pres
16062
que son dessein le plus secret m’échappe encore.
L’
aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
16063
core. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens
d’
assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion
16064
olite. Mais je pressens d’assez profondes raisons
de
le consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historiq
16065
te. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
le
consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historique,
16066
ondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire
la
passion comme une entité historique, née dans un temps et dans des li
16067
ns un temps et dans des lieux déterminés, et sous
les
astres dont le cours est calculable. J’ai cru cerner le secret du myt
16068
ans des lieux déterminés, et sous les astres dont
le
cours est calculable. J’ai cru cerner le secret du mythe. La découver
16069
res dont le cours est calculable. J’ai cru cerner
le
secret du mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on dé
16070
t calculable. J’ai cru cerner le secret du mythe.
La
découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion ? O
16071
verte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire
la
passion ? On ne décrit pas une forme d’existence sans y participer, f
16072
n décrire la passion ? On ne décrit pas une forme
d’
existence sans y participer, fût-ce même par une révolte contre la déc
16073
y participer, fût-ce même par une révolte contre
la
décision dont elle est née. Et pour tout dire, j’ignore encore si cel
16074
si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter
la
passion. Combien serait vaine l’attitude intellectuelle qui se défini
16075
ouver ou rejeter la passion. Combien serait vaine
l’
attitude intellectuelle qui se définirait elle-même comme une condamna
16076
ui se définirait elle-même comme une condamnation
de
la passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion,
16077
se définirait elle-même comme une condamnation de
la
passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion, qu
16078
une condamnation de la passion : il suffit, pour
l’
apercevoir, d’observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni
16079
ion de la passion : il suffit, pour l’apercevoir,
d’
observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avo
16080
on : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que
la
passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avoir raison ». Co
16081
raison ». Contre elle, on a toujours raison, dès
l’
instant qu’on parle raison. Car l’homme de la passion est justement ce
16082
urs raison, dès l’instant qu’on parle raison. Car
l’
homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son to
16083
on, dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme
de
la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux
16084
dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme de
la
passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux yeu
16085
mme de la passion est justement celui qui choisit
d’
être dans son tort, aux yeux du monde — et dans ce tort majeur, irrévo
16086
et dans ce tort majeur, irrévocable, que signifie
le
choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on
16087
e tort majeur, irrévocable, que signifie le choix
de
la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe d’u
16088
ort majeur, irrévocable, que signifie le choix de
la
mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe d’un œ
16089
évocable, que signifie le choix de la mort contre
la
vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe d’un œil fasciné ? Po
16090
t contre la vie. Et comment échapper au démon que
l’
on fixe d’un œil fasciné ? Pour attaquer la passion dans l’amour il fa
16091
a vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe
d’
un œil fasciné ? Pour attaquer la passion dans l’amour il faudrait dév
16092
on que l’on fixe d’un œil fasciné ? Pour attaquer
la
passion dans l’amour il faudrait développer une violence spirituelle
16093
d’un œil fasciné ? Pour attaquer la passion dans
l’
amour il faudrait développer une violence spirituelle qui tuât mieux q
16094
opper une violence spirituelle qui tuât mieux que
la
passion d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie pri
16095
iolence spirituelle qui tuât mieux que la passion
d’
amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mai
16096
uât mieux que la passion d’amour : celle au moins
de
l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive,
16097
mieux que la passion d’amour : celle au moins de
l’
orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive, san
16098
n d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre
l’
hérésie primitive, mais encore plus agressive, sans doute, puisqu’il n
16099
ns doute, puisqu’il n’est plus question pour nous
de
recourir au bras séculier. (Sans compter que la Croisade, au total, f
16100
s de recourir au bras séculier. (Sans compter que
la
Croisade, au total, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est
16101
pter que la Croisade, au total, fut un échec dont
la
passion sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine
16102
t profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à
l’
origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’h
16103
est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à
la
fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu —
16104
avant tout et après tout, à l’origine et à la fin
de
la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a forti
16105
nt tout et après tout, à l’origine et à la fin de
la
passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori
16106
in de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur
l’
homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décisi
16107
rreur « morale » — mais une décision fondamentale
de
l’homme, qui veut être lui-même son dieu200. La passion brûle dans no
16108
ur « morale » — mais une décision fondamentale de
l’
homme, qui veut être lui-même son dieu200. La passion brûle dans notre
16109
e de l’homme, qui veut être lui-même son dieu200.
La
passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid — le
16110
eu200. La passion brûle dans notre cœur sitôt que
le
serpent au sang-froid — le cynique pur — insinue sa promesse éternell
16111
s notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid —
le
cynique pur — insinue sa promesse éternellement trahie : eritis sicut
16112
nie naïveté du moraliste qui prétendait détourner
l’
homme de cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle
16113
eté du moraliste qui prétendait détourner l’homme
de
cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle débouch
16114
le débouche dans sa perte, en lui opposant toutes
les
raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand
16115
dans sa perte, en lui opposant toutes les raisons
de
la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la t
16116
s sa perte, en lui opposant toutes les raisons de
la
terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terr
16117
n lui opposant toutes les raisons de la terre, et
les
conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est mépr
16118
t toutes les raisons de la terre, et les conseils
de
tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la
16119
ons de la terre, et les conseils de tous nos arts
de
vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la fa
16120
s conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est
la
terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais
16121
vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et
la
vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se
16122
’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est
la
faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et le tue
16123
et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer
l’
homme avant qu’il ne se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être
16124
ter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et
le
tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul
16125
’il ne se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut
l’
être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut sur
16126
e tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien
de
cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion.
16127
trement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela,
de
cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à s
16128
e cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser
la
passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge s
16129
qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser
le
milieu culturel où la passion plonge ses racines, il est probable que
16130
passion. Quant à stériliser le milieu culturel où
la
passion plonge ses racines, il est probable que l’État s’en chargera,
16131
a passion plonge ses racines, il est probable que
l’
État s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le
16132
t s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes
les
raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique
16133
era, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons
de
le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériol
16134
, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de
le
prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériologi
16135
tes les raisons de le prévoir, dans une époque où
l’
on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’hygiène et doctrin
16136
l’on confond thérapeutique et sotériologie (lois
de
l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos
16137
on confond thérapeutique et sotériologie (lois de
l’
hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos pas
16138
l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines,
la
guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui as
16139
doctrine du salut). À vues humaines, la guérison
de
nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le po
16140
humaines, la guérison de nos passions viendra de
l’
État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, e
16141
iendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera
le
poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour le
16142
l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids
de
toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifi
16143
me qui assumera le poids de toutes nos fautes, et
de
la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom
16144
qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de
la
faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
16145
ids de toutes nos fautes, et de la faute initiale
de
vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peu
16146
os fautes, et de la faute initiale de vivre, pour
les
glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour
16147
faute initiale de vivre, pour les glorifier dans
la
guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et mainte
16148
ivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
l’
innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant, le problème ne
16149
nce du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant,
le
problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n
16150
i, ici et maintenant, le problème ne comporte pas
d’
échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible
16151
, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans
le
temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un hom
16152
emps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à
l’
homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de s
16153
e pas possible à l’homme — à un homme déterminé —
de
connaître ses propres désirs et de sonder en vérité ses préférences l
16154
me déterminé — de connaître ses propres désirs et
de
sonder en vérité ses préférences les plus secrètes, du moins peut-il
16155
res désirs et de sonder en vérité ses préférences
les
plus secrètes, du moins peut-il connaître ses actions, et reconnaître
16156
naître ses actions, et reconnaître à leurs effets
les
décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris tout personnel q
16157
c un parti pris tout personnel que je vais tenter
de
définir maintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vi
16158
de définir maintenant, et après coup, tel que je
le
reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je
16159
: on ne se décide jamais que pour son compte — et
le
reste est indiscrétion. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
16160
on. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
la
passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe,
16161
ans achever ma description par ce trait qui enfin
la
situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — et alors e
16162
ription par ce trait qui enfin la situe, non dans
l’
abstrait où la passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’u
16163
trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où
la
passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’un jeu — mais d
16164
— et alors en parler n’est qu’un jeu — mais dans
le
choix qui détermine une existence. 2.Critique du mariage Si je
16165
ce. 2.Critique du mariage Si je ne vois pas
de
raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en secon
16166
Si je ne vois pas de raison qui tienne contre
la
passion véritable, il m’apparaît en second lieu que la raison n’est g
16167
ssion véritable, il m’apparaît en second lieu que
la
raison n’est guère plus efficace pour légitimer le mariage ; et que l
16168
a raison n’est guère plus efficace pour légitimer
le
mariage ; et que les arguments les plus divers que lui opposent les m
16169
plus efficace pour légitimer le mariage ; et que
les
arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs esprits deme
16170
pour légitimer le mariage ; et que les arguments
les
plus divers que lui opposent les meilleurs esprits demeurent absolume
16171
ue les arguments les plus divers que lui opposent
les
meilleurs esprits demeurent absolument valables. De tout temps, les r
16172
meilleurs esprits demeurent absolument valables.
De
tout temps, les raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devan
16173
its demeurent absolument valables. De tout temps,
les
raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devant les ironies du
16174
ns du philistin ont eu mauvaise conscience devant
les
ironies du romantique. Mais elles sont mises en pleine déroute par la
16175
ique. Mais elles sont mises en pleine déroute par
la
simple véracité. La fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au ni
16176
t mises en pleine déroute par la simple véracité.
La
fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau d’une certaine
16177
use « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau
d’
une certaine éloquence moyenne, politicienne, bourgeoise ou édifiante.
16178
iticienne, bourgeoise ou édifiante. Tolstoï, lui,
la
décrit comme un « enfer ». Et je lui fais un plus large crédit ! Étan
16179
e lui fais un plus large crédit ! Étant donné que
les
humains des deux sexes, pris un à un, sont généralement des coquins —
16180
ent-ils des anges une fois appariés ? Ignore-t-on
la
réalité, ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez la premièr
16181
Poussez la première porte venue ! Ce silence que
l’
épouse est censée ménager autour du vaillant travailleur qui rentre le
16182
ménager autour du vaillant travailleur qui rentre
le
soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous verrez que c
16183
ur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans
la
paix familiale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’agit
16184
iale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix,
de
l’agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez
16185
e, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de
l’
agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez sur
16186
f fois sur dix, de l’agitation des petits soins à
la
criaillerie délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ces e
16187
délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un
de
ces entretiens « paisibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
16188
n de ces entretiens « paisibles » qui agrémentent
le
« foyer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour
16189
isibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
d’
un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se
16190
mentent le « foyer domestique » d’un bourgeois ou
d’
un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, l
16191
yer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier :
la
censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, les romantiques
16192
sure pour un coup trouverait à se justifier. Oui,
les
romantiques ont raison ; et les réalistes ont raison ; et les clercs
16193
e justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et
les
réalistes ont raison ; et les clercs aussi ont raison, quand ils décl
16194
ues ont raison ; et les réalistes ont raison ; et
les
clercs aussi ont raison, quand ils déclarent au nom de leur vocation
16195
larent au nom de leur vocation qu’il faut choisir
de
faire des livres ou des enfants : aut liberi aut libri disait Nietzsc
16196
a raison plus qu’eux tous, lui qui d’abord exalte
la
passion, comme étant la suprême valeur du « stade esthétique » de la
16197
s, lui qui d’abord exalte la passion, comme étant
la
suprême valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte e
16198
e étant la suprême valeur du « stade esthétique »
de
la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du «
16199
tant la suprême valeur du « stade esthétique » de
la
vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « st
16200
e valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis
la
surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade éthique »
16201
étique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant
le
mariage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est la « plénitude du
16202
riage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est
la
« plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême obs
16203
, puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand
la
foi veut l’éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux
16204
nous lie au temps, précisément, quand la foi veut
l’
éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a
16205
homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer
le
philistin et le romantique, et leur donner raison au point de leur fa
16206
it déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et
le
romantique, et leur donner raison au point de leur faire honte d’avoi
16207
et le romantique, et leur donner raison au point
de
leur faire honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin, i
16208
t leur donner raison au point de leur faire honte
d’
avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin, il n’écrase pas seule
16209
u point de leur faire honte d’avoir parfois douté
d’
eux-mêmes ; mais à la fin, il n’écrase pas seulement ce philistin qui
16210
honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à
la
fin, il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser
16211
écrase pas seulement ce philistin qui se contente
d’
épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi
16212
seulement ce philistin qui se contente d’épouser
la
veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’h
16213
er la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime
la
fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion devait
16214
r, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais
l’
homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux,
16215
fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que
la
religion devait être un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
16216
e un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
l’
amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cett
16217
ent malheureux », et cette passion chrétienne est
la
seule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont le bonheur) ne pe
16218
ule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont
le
bonheur) ne peuvent que nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abo
16219
e nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abord
les
pasteurs qui refusaient le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux
16220
aard condamna d’abord les pasteurs qui refusaient
le
célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis les Pères po
16221
; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis
les
Pères pour avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir tol
16222
tous deux mariés ; puis les Pères pour avoir loué
le
mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul le Christ a vé
16223
ur avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour
l’
avoir toléré… (Seul le Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter
16224
ge ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul
le
Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ? Les incr
16225
cu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ?
Les
incroyants sont renvoyés aux arguments des romantiques, qui valent co
16226
omantiques, qui valent contre leur moralisme ; et
les
croyants aux arguments de saint Paul, qui valent contre leur humanism
16227
re leur moralisme ; et les croyants aux arguments
de
saint Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? Je
16228
t Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit
l’
Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de
16229
Que dit l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour
l’
homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicit
16230
l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme
de
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que c
16231
se qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher
de
femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme,
16232
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter
l’
impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
16233
n ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
La
femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
16234
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
le
mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps
16235
opre corps, mais c’est le mari ; et pareillement,
le
mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne v
16236
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la
femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun ac
16237
rps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un
de
l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer
16238
. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est
d’
un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis reto
16239
’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à
la
prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente par
16240
n de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble
de
peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par
16241
ais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que
de
brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite,
16242
se marier que de brûler… Que chacun marche selon
la
part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu…
16243
ue de brûler… Que chacun marche selon la part que
le
Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun,
16244
selon la part que le Seigneur lui a faite, selon
l’
appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu da
16245
Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu
de
Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était
16246
ieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans
l’
état où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou marié)… usant du mo
16247
marié)… usant du monde comme n’en usant pas, car
la
figure de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de gr
16248
sant du monde comme n’en usant pas, car la figure
de
ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de grâce ; Cel
16249
de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici
le
coup de grâce ; Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du S
16250
onde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup
de
grâce ; Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur,
16251
rié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens
de
plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du m
16252
marié s’inquiète des choses du monde, des moyens
de
plaire à sa femme (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le maria
16253
femme (v. 32). ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre
le
mariage est vrai, par conséquent doit être dit, soit du point de vue
16254
re dit, soit du point de vue des romantiques — si
l’
on croit à Iseut — soit du point de vue du clerc parfait — si l’on cro
16255
seut — soit du point de vue du clerc parfait — si
l’
on croit à son œuvre — soit du point de vue spirituel pur, pour ceux q
16256
r, pour ceux qui croient. Il n’est possible alors
d’
affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chem
16257
x qui croient. Il n’est possible alors d’affirmer
le
mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la
16258
e, c’est-à-dire en maintenant sans cesse présente
l’
exigence inhumaine de perfection, comme une question perpétuelle, un a
16259
intenant sans cesse présente l’exigence inhumaine
de
perfection, comme une question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
16260
ne question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
de
retomber sous le coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-del
16261
tuelle, un aiguillon qui empêche de retomber sous
le
coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mai
16262
s. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mais aussi
de
tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura pl
16263
e, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle
le
Royaume de Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne
16264
si de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume
de
Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision e
16265
vision et mon espoir à une perfection relative, à
l’
équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si je
16266
oir à une perfection relative, à l’équilibre dans
l’
imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atteind
16267
à l’équilibre dans l’imperfection que représente
le
mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révo
16268
n que représente le mariage. Alors, si je ne puis
l’
atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créatu
16269
rs, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que
la
révolte contre ma condition de créature. ; et au contraire, si je l’a
16270
il ne me reste que la révolte contre ma condition
de
créature. ; et au contraire, si je l’atteins trop aisément, je devien
16271
a condition de créature. ; et au contraire, si je
l’
atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les ro
16272
ire, si je l’atteins trop aisément, je deviendrai
le
philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans l
16273
isément, je deviendrai le philistin que dénoncent
les
romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux, et incapabl
16274
ai le philistin que dénoncent les romantiques, ou
l’
homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de conc
16275
ncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans
les
rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « cruel
16276
ris dans les rets sociaux, et incapable désormais
de
concevoir les vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche.
16277
rets sociaux, et incapable désormais de concevoir
les
vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sa
16278
e désormais de concevoir les vérités « cruelles »
de
l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison
16279
ésormais de concevoir les vérités « cruelles » de
l’
esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, e
16280
esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que
l’
Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équilibre im
16281
. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je
l’
accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une
16282
a raison, et si je l’accepte, je considère alors
l’
équilibre imparfait du mariage dans une perspective ouverte et dans l’
16283
t du mariage dans une perspective ouverte et dans
l’
attente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente u
16284
e (et en même temps toute naturelle !) pour vivre
le
parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte
16285
mps toute naturelle !) pour vivre le parfait dans
l’
imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une
16286
e excellent. 3.Le mariage comme décision Si
l’
on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’o
16287
comme décision Si l’on songe à ce que signifie
le
choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion
16288
ision Si l’on songe à ce que signifie le choix
d’
une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion : choisi
16289
à ce que signifie le choix d’une femme pour toute
la
vie, l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est pari
16290
signifie le choix d’une femme pour toute la vie,
l’
on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or l
16291
conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or
la
sagesse populaire et bourgeoise recommande au jeune homme de « réfléc
16292
populaire et bourgeoise recommande au jeune homme
de
« réfléchir » avant de prendre une décision : elle l’entretient ainsi
16293
réfléchir » avant de prendre une décision : elle
l’
entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’un
16294
endre une décision : elle l’entretient ainsi dans
l’
illusion que le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raison
16295
ion : elle l’entretient ainsi dans l’illusion que
le
choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait
16296
e l’entretient ainsi dans l’illusion que le choix
d’
une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait possible
16297
i dans l’illusion que le choix d’une femme dépend
d’
un certain nombre de raisons qu’il serait possible de peser. Cette err
16298
e le choix d’une femme dépend d’un certain nombre
de
raisons qu’il serait possible de peser. Cette erreur du bon sens est
16299
n certain nombre de raisons qu’il serait possible
de
peser. Cette erreur du bon sens est tout à fait grossière. Vous aurez
16300
est tout à fait grossière. Vous aurez beau tenter
de
mettre au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que
16301
Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes
les
chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps
16302
eau tenter de mettre au départ toutes les chances
de
votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calcule
16303
tes les chances de votre côté — et je suppose que
la
vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir
16304
votre côté — et je suppose que la vie vous laisse
le
temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolu
16305
é — et je suppose que la vie vous laisse le temps
de
calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolution, et
16306
oir votre future évolution, et encore moins celle
de
l’épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteu
16307
votre future évolution, et encore moins celle de
l’
épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteurs
16308
choisie, encore bien moins celle du couple formé.
Les
facteurs mis en jeu sont trop hétéroclites. À supposer que vous puiss
16309
t trop hétéroclites. À supposer que vous puissiez
les
calculer dans le présent (comme si leur nombre était fini) et que vou
16310
s. À supposer que vous puissiez les calculer dans
le
présent (comme si leur nombre était fini) et que vous disposiez d’une
16311
si leur nombre était fini) et que vous disposiez
d’
une telle science de l’humain que leurs valeurs vous soient connues et
16312
t fini) et que vous disposiez d’une telle science
de
l’humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie évi
16313
ini) et que vous disposiez d’une telle science de
l’
humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie éviden
16314
érarchie évidente, encore ne sauriez-vous prévoir
la
fin d’une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on,
16315
e évidente, encore ne sauriez-vous prévoir la fin
d’
une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on, plusieu
16316
prévoir la fin d’une union faite en connaissance
de
causes. Il a fallu, dit-on, plusieurs milliers de millénaires à la na
16317
de causes. Il a fallu, dit-on, plusieurs milliers
de
millénaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nous parais
16318
allu, dit-on, plusieurs milliers de millénaires à
la
nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et
16319
iers de millénaires à la nature pour sélectionner
les
espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention d
16320
ces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions
la
prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’
16321
araissent adaptées. Et nous aurions la prétention
de
résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de
16322
aptées. Et nous aurions la prétention de résoudre
d’
un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres p
16323
étention de résoudre d’un coup, en une seule vie,
le
problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus h
16324
résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème
de
l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement org
16325
oudre d’un coup, en une seule vie, le problème de
l’
adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement organi
16326
up, en une seule vie, le problème de l’adaptation
de
deux êtres physiques et moraux des plus hautement organisés ! (C’est
16327
és ! (C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans
le
savoir le mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troi
16328
t pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir
le
mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troisième essa
16329
se persuade qu’un second ou qu’un troisième essai
le
rapprochera sensiblement de son « bonheur ». Alors que tout nous mont
16330
qu’un troisième essai le rapprochera sensiblement
de
son « bonheur ». Alors que tout nous montre que cent-mille essais ne
16331
remiers éléments, tout balbutiants et empiriques,
d’
une science du « mariage heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtemen
16332
s, d’une science du « mariage heureux ».) Il faut
le
reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécess
16333
heureux ».) Il faut le reconnaître honnêtement :
le
problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage appar
16334
e honnêtement : le problème qui nous est posé par
la
nécessité pratique du mariage apparaît d’autant plus insoluble que l’
16335
osé par la nécessité pratique du mariage apparaît
d’
autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « résoudre » au se
16336
e du mariage apparaît d’autant plus insoluble que
l’
on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Ce
16337
’autant plus insoluble que l’on tient davantage à
le
« résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophism
16338
ent davantage à le « résoudre » au sens rationnel
de
ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout
16339
ophisme dans mon raisonnement : car tout se passe
d’
ordinaire comme si le bonheur des époux dépendait en réalité d’un nomb
16340
onnement : car tout se passe d’ordinaire comme si
le
bonheur des époux dépendait en réalité d’un nombre fini de facteurs :
16341
omme si le bonheur des époux dépendait en réalité
d’
un nombre fini de facteurs : caractère, physique, fortune, rang social
16342
r des époux dépendait en réalité d’un nombre fini
de
facteurs : caractère, physique, fortune, rang social… Mais pour peu q
16343
tune, rang social… Mais pour peu que se précisent
les
exigences individuelles201, ces données extérieures perdent en import
16344
ces données extérieures perdent en importance, et
les
impondérables deviennent décisifs. Le sophisme est alors du côté du b
16345
rtance, et les impondérables deviennent décisifs.
Le
sophisme est alors du côté du bon sens, qui recommandait un choix mûr
16346
es critères impersonnels. Mais enfin ce n’est pas
l’
erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose. L
16347
e n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est
l’
erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés à c
16348
l’erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite
les
jeunes fiancés à calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur
16349
ncite les jeunes fiancés à calculer leurs chances
de
bonheur, on détourne leur attention du problème proprement éthique. E
16350
ention du problème proprement éthique. En tentant
de
réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement
16351
lème proprement éthique. En tentant de réduire ou
de
dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement un choix de c
16352
t éthique. En tentant de réduire ou de dissimuler
le
caractère de pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on d
16353
tentant de réduire ou de dissimuler le caractère
de
pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on donne à croire
16354
aractère de pari que revêt objectivement un choix
de
cet ordre, on donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un s
16355
e qu’imparfait, et provisoire, devrait se doubler
d’
une garantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la
16356
provisoire, devrait se doubler d’une garantie. Et
la
seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu d
16357
arantie. Et la seule garantie concevable est dans
la
force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la v
16358
Et la seule garantie concevable est dans la force
de
la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advi
16359
la seule garantie concevable est dans la force de
la
décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advienn
16360
ision en vertu de laquelle on s’engage pour toute
la
vie « advienne que pourra ». Mais justement cette décision comme tell
16361
n comme telle paraît secondaire ou superflue dans
la
mesure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je
16362
paraît secondaire ou superflue dans la mesure où
l’
on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je conclus qu’i
16363
esure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout
de
calcul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mar
16364
on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul.
D’
où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au
16365
cul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à
l’
essence du mariage, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leur c
16366
plus conforme à l’essence du mariage, et au réel,
d’
enseigner aux jeunes gens que leur choix relève toujours d’une sorte d
16367
er aux jeunes gens que leur choix relève toujours
d’
une sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heur
16368
s gens que leur choix relève toujours d’une sorte
d’
arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heureuses ou non
16369
sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer
les
suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête
16370
reuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup
de
tête » : car tant que l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
16371
as là un éloge du « coup de tête » : car tant que
l’
on peut calculer, j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je d
16372
ue l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
de
s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable dans
16373
qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que
la
garantie d’une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dan
16374
upide de s’en priver. Mais je dis que la garantie
d’
une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dans ces appare
16375
dis que la garantie d’une union raisonnable dans
les
apparences n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’événemen
16376
s n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans
l’
événement irrationnel d’une décision prise en dépit de tout, et qui fo
16377
apparences. Elle est dans l’événement irrationnel
d’
une décision prise en dépit de tout, et qui fonde une nouvelle existen
16378
use, ce n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes
l’
idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
16379
n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes l’idéal
de
mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut
16380
ous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
l’
Iseut toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je
16381
êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie
d’
une dot adéquate — dont je veux être le Tristan. » Car ce serait là me
16382
— et munie d’une dot adéquate — dont je veux être
le
Tristan. » Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui du
16383
eux être le Tristan. » Car ce serait là mentir et
l’
on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge. Il n’y a personne au
16384
à mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur
le
mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me combler : à peine
16385
ous que je choisis pour partager ma vie, et voilà
la
seule preuve que je vous aime. (Vraiment, pour dire : Ce n’est que ce
16386
Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme
le
diront beaucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à
16387
il faut n’avoir connu que peu de solitude et peu
d’
angoisse, très peu de solitaire angoisse.) Seule une décision de cet o
16388
ès peu de solitaire angoisse.) Seule une décision
de
cet ordre, irrationnelle mais non sentimentale, sobre mais sans aucun
16389
ntale, sobre mais sans aucun cynisme, peut servir
de
point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidéli
16390
bre mais sans aucun cynisme, peut servir de point
de
départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui so
16391
je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette
de
« bonheur », mais bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas
16392
n germe par un calcul forcément inexact. 4.Sur
la
fidélité On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse
16393
cément inexact. 4.Sur la fidélité On fausse
l’
éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème,
16394
lité On fausse l’éthique du mariage en faisant
de
la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait
16395
é On fausse l’éthique du mariage en faisant de
la
promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se
16396
se l’éthique du mariage en faisant de la promesse
de
fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se poser qu’à
16397
de la promesse de fidélité un problème, alors que
le
problème ne devrait se poser qu’à partir de cette promesse, considéré
16398
rtir de cette promesse, considérée comme absolue.
La
problématique du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. « L’éthiq
16399
e du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. «
L’
éthique ne commence pas, dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il fau
16400
n savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas
l’
engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entraîne
16401
’est pas l’engagement qui est problématique, mais
les
conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse la théologie en parta
16402
s conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse
la
théologie en partant du « problème de Dieu » — exactement comme si l’
16403
e on fausse la théologie en partant du « problème
de
Dieu » — exactement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul
16404
ant du « problème de Dieu » — exactement comme si
l’
on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comm
16405
actement comme si l’on ne croyait pas — alors que
le
seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité
16406
croyait pas — alors que le seul vrai problème est
de
savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans raisons — ou elle
16407
ai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car
la
fidélité est sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui por
16408
le n’est pas — comme tout ce qui porte une chance
de
grandeur. (Comme la passion !) Les moralistes et certains sociologues
16409
tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme
la
passion !) Les moralistes et certains sociologues ont essayé de prouv
16410
orte une chance de grandeur. (Comme la passion !)
Les
moralistes et certains sociologues ont essayé de prouver que la monog
16411
Les moralistes et certains sociologues ont essayé
de
prouver que la monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est saluta
16412
et certains sociologues ont essayé de prouver que
la
monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est salutaire. Cela se di
16413
de plus qu’elle est salutaire. Cela se discute à
l’
infini. Et cela nous sera des plus utiles dès que les hommes se régler
16414
infini. Et cela nous sera des plus utiles dès que
les
hommes se régleront sur la raison et l’intérêt : quand ils n’auront p
16415
s plus utiles dès que les hommes se régleront sur
la
raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils
16416
dès que les hommes se régleront sur la raison et
l’
intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils cesseront de
16417
la raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus
de
passions, quand ils cesseront de préférer l’erreur comme telle, quand
16418
ls n’auront plus de passions, quand ils cesseront
de
préférer l’erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inq
16419
plus de passions, quand ils cesseront de préférer
l’
erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
16420
référer l’erreur comme telle, quand ils cesseront
de
mériter cet inquiétant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du
16421
quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
d’
homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que l
16422
el. Car pour ceux du siècle présent, je pense que
la
fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus, et la plus d
16423
résent, je pense que la fidélité se définit comme
la
moins naturelle des vertus, et la plus désavantageuse pour le « Bonhe
16424
e définit comme la moins naturelle des vertus, et
la
plus désavantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur la
16425
urelle des vertus, et la plus désavantageuse pour
le
« Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale
16426
e « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage,
la
fidélité conjugale est le succès d’un effort « inhumain ». Leur reven
16427
x et dans leur langage, la fidélité conjugale est
le
succès d’un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leu
16428
leur langage, la fidélité conjugale est le succès
d’
un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leur religion
16429
». Leur revendication fondamentale, leur religion
de
la Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme
16430
Leur revendication fondamentale, leur religion de
la
Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une
16431
a Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent
la
fidélité comme une discipline imposée (aux humeurs et désirs spontané
16432
e une abstention prudente… Ou encore ils y voient
l’
effet d’une impuissance à vivre largement ; d’un goût mesquin pour le
16433
stention prudente… Ou encore ils y voient l’effet
d’
une impuissance à vivre largement ; d’un goût mesquin pour le confort
16434
ent l’effet d’une impuissance à vivre largement ;
d’
un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’imagina
16435
ssance à vivre largement ; d’un goût mesquin pour
le
confort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité m
16436
largement ; d’un goût mesquin pour le confort et
le
conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’
16437
’un goût mesquin pour le confort et le conforme ;
d’
un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’in
16438
quin pour le confort et le conforme ; d’un défaut
d’
imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordid
16439
fort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ;
d’
une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide… L’habitude de
16440
éfaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ;
d’
un calcul d’intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acqu
16441
ination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul
d’
intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d
16442
idité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide…
L’
habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d’exploiter chaque s
16443
habitude des modernes, leur nature acquise, c’est
d’
exploiter chaque situation au maximum et pour elle-même, sans plus se
16444
se référer à rien qui « juge » et qui « mesure »
la
jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social so
16445
jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis
de
l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’o
16446
uissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de
l’
ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obst
16447
cquis de l’ordre social soutient encore, en fait,
l’
idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de t
16448
e l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée
de
fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les
16449
outient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais
l’
obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les
16450
e fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on
le
tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui
16451
. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne
de
tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa
16452
’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous
les
côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ;
16453
as sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez
les
excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : «
16454
e tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par
le
mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importanc
16455
trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas
d’
importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une
16456
rtant que toutes vos petites morales et garanties
de
bonheur bourgeois ! » Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
16457
» Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
de
contradiction profonde, nous l’avons vu, la gauloiserie n’étant pas m
16458
que, il n’y a pas de contradiction profonde, nous
l’
avons vu, la gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion
16459
a pas de contradiction profonde, nous l’avons vu,
la
gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion hors du réel
16460
l’avons vu, la gauloiserie n’étant pas moins que
la
passion une évasion hors du réel, une façon de l’idéaliser. Dans les
16461
ue la passion une évasion hors du réel, une façon
de
l’idéaliser. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout en
16462
la passion une évasion hors du réel, une façon de
l’
idéaliser. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engag
16463
sion hors du réel, une façon de l’idéaliser. Dans
les
deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engagement concret consi
16464
açon de l’idéaliser. Dans les deux cas, il s’agit
de
s’évader hors de tout engagement concret considéré comme une odieuse
16465
gie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que
d’
une fidélité observée en vertu de l’absurde, parce qu’on s’y est engag
16466
parlerai que d’une fidélité observée en vertu de
l’
absurde, parce qu’on s’y est engagé, simplement, et que c’est un fait
16467
t, et que c’est un fait absolu, sur quoi se fonde
la
personne des époux. Il faut bien voir que cette fidélité est à contre
16468
rd’hui vénérées par presque tous. Elle représente
le
plus profond non-conformisme. Elle nie la croyance commune en la vale
16469
résente le plus profond non-conformisme. Elle nie
la
croyance commune en la valeur révélatrice du spontané et de la multip
16470
non-conformisme. Elle nie la croyance commune en
la
valeur révélatrice du spontané et de la multiplicité des expériences.
16471
e commune en la valeur révélatrice du spontané et
de
la multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réuni
16472
ommune en la valeur révélatrice du spontané et de
la
multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réunir,
16473
de la multiplicité des expériences. Elle nie que
l’
être aimé doive réunir, pour être ou pour rester aimable, le plus gran
16474
é doive réunir, pour être ou pour rester aimable,
le
plus grand nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fid
16475
être ou pour rester aimable, le plus grand nombre
de
qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur
16476
s grand nombre de qualités possible. Elle nie que
le
but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que
16477
nombre de qualités possible. Elle nie que le but
de
la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est a
16478
mbre de qualités possible. Elle nie que le but de
la
fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avan
16479
possible. Elle nie que le but de la fidélité soit
le
bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout l’obéissan
16480
Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout
l’
obéissance à une Vérité que l’on croit, et en second lieu la volonté d
16481
ue c’est avant tout l’obéissance à une Vérité que
l’
on croit, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fidé
16482
ce à une Vérité que l’on croit, et en second lieu
la
volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une esp
16483
rité que l’on croit, et en second lieu la volonté
de
faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de cons
16484
en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car
la
fidélité n’est pas du tout une espèce de conservatisme. Elle est plut
16485
vre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce
de
conservatisme. Elle est plutôt une construction. « Absurde » au moins
16486
une construction. « Absurde » au moins autant que
la
passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de sub
16487
au moins autant que la passion, elle se distingue
de
la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin co
16488
moins autant que la passion, elle se distingue de
la
passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin const
16489
se distingue de la passion par un refus constant
de
subir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour l’être aimé, par
16490
nstant de subir ses rêves, par un besoin constant
d’
agir pour l’être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle ch
16491
bir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour
l’
être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à domi
16492
gir pour l’être aimé, par une constante prise sur
le
réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle
16493
on pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde
la
personne. Car la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le pl
16494
dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car
la
personne se manifeste comme une œuvre, au sens le plus large du terme
16495
la personne se manifeste comme une œuvre, au sens
le
plus large du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la fav
16496
terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à
la
faveur d’une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la
16497
le s’édifie à la manière d’une œuvre, à la faveur
d’
une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la fidélité à
16498
re, et aux mêmes conditions, dont la première est
la
fidélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personn
16499
idélité à quelque chose qui n’était pas, mais que
l’
on crée. Personne, œuvre et fidélité : les trois mots ne sont point sé
16500
mais que l’on crée. Personne, œuvre et fidélité :
les
trois mots ne sont point séparables ou concevables isolément. Et tous
16501
oint séparables ou concevables isolément. Et tous
les
trois supposent un parti pris, ou mieux, une prise de parti, au sens
16502
rois supposent un parti pris, ou mieux, une prise
de
parti, au sens actif de l’expression, une attitude fondamentale de cr
16503
pris, ou mieux, une prise de parti, au sens actif
de
l’expression, une attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans la p
16504
s, ou mieux, une prise de parti, au sens actif de
l’
expression, une attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans la plus
16505
actif de l’expression, une attitude fondamentale
de
créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité int
16506
ne attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans
la
plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de fair
16507
tale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie,
la
promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’éle
16508
teur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse
de
fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
16509
vie, la promesse de fidélité introduit une chance
de
faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien
16510
fidélité introduit une chance de faire œuvre, et
de
s’élever au plan de la personne. (À condition bien entendu que cette
16511
une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
de
la personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas
16512
chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de
la
personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas fa
16513
omesse ne soit pas faite pour des « raisons » que
l’
on se réserve de répudier un jour, quand elles cesseront de paraître r
16514
as faite pour des « raisons » que l’on se réserve
de
répudier un jour, quand elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
16515
éserve de répudier un jour, quand elles cesseront
de
paraître raisonnables ! Si la promesse du mariage est le type même de
16516
and elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
la
promesse du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la
16517
ître raisonnables ! Si la promesse du mariage est
le
type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite u
16518
bles ! Si la promesse du mariage est le type même
de
l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour
16519
s ! Si la promesse du mariage est le type même de
l’
acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour tou
16520
ge est le type même de l’acte sérieux, c’est dans
la
mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévocable est
16521
sure où elle est faite une fois pour toutes. Seul
l’
irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle la plus déshéritée, déti
16522
l l’irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle
la
plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est da
16523
e la plus déshéritée, détient sa chance immédiate
de
grandeur, et c’est dans la fidélité « absurde » qu’elle pourra la réa
16524
nt sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans
la
fidélité « absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y aurait t
16525
c’est dans la fidélité « absurde » qu’elle pourra
la
réaliser : quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui
16526
lle pourra la réaliser : quand il y aurait toutes
les
raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non
16527
r : quand il y aurait toutes les raisons du monde
de
dire oui à cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absur
16528
ette passion éblouissante, — dire non en vertu de
l’
absurde, en vertu d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine, d’u
16529
u de l’absurde, en vertu d’une promesse ancienne,
d’
une déraison humaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu
16530
d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine,
d’
une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et pe
16531
se ancienne, d’une déraison humaine, d’une raison
de
foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus
16532
nne, d’une déraison humaine, d’une raison de foi,
d’
une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, a
16533
e par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup,
l’
homme découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande
16534
être, plus tard, après coup, l’homme découvre que
la
folie du sacrifice consenti était la plus grande sagesse ; et que le
16535
découvre que la folie du sacrifice consenti était
la
plus grande sagesse ; et que le bonheur qu’il a renoncé lui est rendu
16536
ce consenti était la plus grande sagesse ; et que
le
bonheur qu’il a renoncé lui est rendu, comme Isaac fut rendu à Abraha
16537
it pas ! Et il se peut aussi que rien ne compense
la
perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et n
16538
compense la perte : nous sommes ici dans un ordre
de
grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus cours.) Mais s
16539
-nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien
de
romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidél
16540
andeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit
le
contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une fo
16541
ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire
d’
une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la
16542
? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ?
La
fidélité dont je parle est une folie, mais la plus sobre et quotidien
16543
e ? La fidélité dont je parle est une folie, mais
la
plus sobre et quotidienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
16544
lie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie
de
sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme
16545
dienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
la
raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi, mais une patiente
16546
èle. (Pour ne rien dire des successives fidélités
de
nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
16547
des successives fidélités de nos « liaisons », et
de
tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti.) O
16548
u vrai que des Don Juan au ralenti.) Où est alors
la
différence ? Et le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui
16549
Juan au ralenti.) Où est alors la différence ? Et
le
mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa
16550
i qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque
l’
amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’init
16551
reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant
de
la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation,
16552
onnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de
la
légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation, sou
16553
sque l’amant de la légende manichéenne a traversé
les
grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblo
16554
gende manichéenne a traversé les grandes épreuves
d’
initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’acc
16555
les grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous
de
la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « J
16556
s grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de
la
« jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « Je s
16557
venez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui
l’
accueille par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélit
16558
le par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi
de
la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, m
16559
par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de
la
fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais
16560
is toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et
de
Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellem
16561
nt, et qui croit être un vrai amour pour l’autre.
L’
analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas I
16562
s nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais
l’
amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule dé
16563
an n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà
de
cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable
16564
Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour,
la
mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable et asservi. Tr
16565
e, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire
la
seule délivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle
16566
seut, mais à sa plus profonde et secrète passion.
Le
mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie cré
16567
us profonde et secrète passion. Le mythe s’empare
de
l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le trans
16568
profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de
l’
« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfig
16569
ecrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct
de
mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui do
16570
he s’empare de l’« instinct de mort » inséparable
de
toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiel
16571
t de mort » inséparable de toute vie créée, et il
le
transfigure en lui donnant un but essentiellement spirituel. Se détru
16572
re, mépriser son bonheur, c’est alors une manière
de
se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Is
16573
bonheur, c’est alors une manière de se sauver et
d’
accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante.
16574
e de se sauver et d’accéder à une vie supérieure,
la
« joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, ma
16575
accéder à une vie supérieure, la « joie suprême »
d’
Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi
16576
prême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume
la
vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « i
16577
délité qui consume la vie, mais qui consume aussi
la
faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De ces origines mys
16578
faute, et divinise un moi purifié, « innocent » !
De
ces origines mystiques, la « fidélité passionnée » n’a gardé parmi no
16579
urifié, « innocent » ! De ces origines mystiques,
la
« fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder
16580
« fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que
l’
illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illu
16581
passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion
d’
accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit
16582
l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais
l’
empire de cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la reli
16583
n d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire
de
cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la religion prim
16584
te. Mais l’empire de cette illusion trahit encore
l’
obscure survivance de la religion primitive. Religion antérieure à not
16585
cette illusion trahit encore l’obscure survivance
de
la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moder
16586
te illusion trahit encore l’obscure survivance de
la
religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moderne,
16587
eure à notre « instinct » moderne, et qui détient
l’
intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuven
16588
nstinct » moderne, et qui détient l’intime secret
de
la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notr
16589
inct » moderne, et qui détient l’intime secret de
la
passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre e
16590
ui détient l’intime secret de la passion, au-delà
de
ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pa
16591
l’intime secret de la passion, au-delà de ce que
les
psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pas pris pour
16592
ivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est
l’
émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans retour
16593
nt à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule
de
la fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la f
16594
à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de
la
fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidé
16595
la fidélité courtoise ; une négation sans retour
de
la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engageme
16596
fidélité courtoise ; une négation sans retour de
la
vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement
16597
rtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais
la
fidélité dans le mariage est au contraire un engagement pris pour ce
16598
tion sans retour de la vie. Mais la fidélité dans
le
mariage est au contraire un engagement pris pour ce monde. Partant d’
16599
ntraire un engagement pris pour ce monde. Partant
d’
une déraison « mystique » (si l’on veut), indifférente, sinon hostile
16600
ce monde. Partant d’une déraison « mystique » (si
l’
on veut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à l’instinct vital
16601
eut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à
l’
instinct vital, elle exige un retour au monde réel, tandis que la fidé
16602
l, elle exige un retour au monde réel, tandis que
la
fidélité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’e
16603
lité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans
le
mariage, c’est à l’autre, en même temps qu’à son vrai moi, que celui
16604
ue celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que
la
fidélité de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure e
16605
aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité
de
Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la
16606
de Tristan était un perpétuel refus, une volonté
d’
exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde
16607
tait un perpétuel refus, une volonté d’exclure et
de
nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’â
16608
perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier
la
création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la f
16609
exclure et de nier la création dans sa diversité,
d’
empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
16610
de nier la création dans sa diversité, d’empêcher
le
monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créa
16611
a création dans sa diversité, d’empêcher le monde
d’
envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la
16612
dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir
l’
âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’
16613
a diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme,
la
fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepte
16614
monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est
l’
accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, d
16615
nvahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
de
la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son in
16616
hir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de
la
créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intim
16617
fidélité des époux est l’accueil de la créature,
la
volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité
16618
es époux est l’accueil de la créature, la volonté
d’
accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité. Insistons
16619
’il est, dans son intime singularité. Insistons :
la
fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’
16620
intime singularité. Insistons : la fidélité dans
le
mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine habitu
16621
t ; elle ne peut être qu’une action. Se contenter
de
ne pas tromper sa femme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
16622
nter de ne pas tromper sa femme serait une preuve
d’
indigence et non d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bi
16623
per sa femme serait une preuve d’indigence et non
d’
amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé,
16624
mme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
La
fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lorsqu
16625
n d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut
le
bien de l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée deva
16626
r. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien
de
l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
16627
La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de
l’
être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle le
16628
squ’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
le
prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi
16629
c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que
le
moi rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la per
16630
l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà
de
son propre bonheur. Ainsi la personne des époux est une mutuelle créa
16631
a personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi
la
personne des époux est une mutuelle création, elle est le double abou
16632
nne des époux est une mutuelle création, elle est
le
double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu e
16633
tuelle création, elle est le double aboutissement
de
« l’amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c
16634
e création, elle est le double aboutissement de «
l’
amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est
16635
aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait
l’
individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À
16636
idu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie
la
personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage e
16637
édifie la personne. À ce terme, on découvrira que
la
fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
16638
e. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans
le
mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie nature
16639
on découvrira que la fidélité dans le mariage est
la
loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
16640
uvrira que la fidélité dans le mariage est la loi
d’
une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la poly
16641
iage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
de
la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pou
16642
e est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de
la
vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour l
16643
lle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
la
polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion d
16644
naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus
de
la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Trist
16645
turelle (ce serait la polygamie) — et non plus de
la
vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan
16646
serait la polygamie) — et non plus de la vie pour
la
mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c
16647
ie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était
la
passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse
16648
n plus de la vie pour la mort (c’était la passion
de
Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deu
16649
vie pour la mort (c’était la passion de Tristan).
L’
amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux\ et son abo
16650
la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour
de
Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux\ et son aboutisseme
16651
ait la passion de Tristan). L’amour de Tristan et
d’
Iseut c’était l’angoisse d’être deux\ et son aboutissement suprême, c’
16652
e Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’était
l’
angoisse d’être deux\ et son aboutissement suprême, c’était la chute d
16653
L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse
d’
être deux\ et son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’illim
16654
’être deux\ et son aboutissement suprême, c’était
la
chute dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, l
16655
son aboutissement suprême, c’était la chute dans
l’
illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, le
16656
ême, c’était la chute dans l’illimité, au sein de
la
Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers :
16657
dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent
les
formes, les visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, pl
16658
ité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes,
les
visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Trista
16659
de la Nuit où s’effacent les formes, les visages,
les
destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun
16660
les visages, les destins singuliers : « Non plus
d’
Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut qu
16661
es destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus
de
Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
16662
nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
d’
être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir
16663
être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse
de
me faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
16664
et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
l’
amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être lim
16665
ue « moi-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est
la
fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m
16666
i-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin
de
l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appell
16667
e-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin de
l’
angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
16668
Mais l’amour du mariage est la fin de l’angoisse,
l’
acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, e
16669
u mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation
de
l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tou
16670
ariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de
l’
être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne
16671
on de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
le
créer, et qu’il se tourne avec moi vers le jour afin d’attester notre
16672
elle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers
le
jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pou
16673
alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute
la
vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant qu
16674
e vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà
le
miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant que le sien, par
16675
nfondu avec le sien : et si ce n’était pour toute
la
vie, ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace d
16676
ne menace. (Il y a toujours une telle menace dans
l’
échange de plaisir d’une « liaison »). Mais combien d’hommes savent-il
16677
(Il y a toujours une telle menace dans l’échange
de
plaisir d’une « liaison »). Mais combien d’hommes savent-ils la diffé
16678
ujours une telle menace dans l’échange de plaisir
d’
une « liaison »). Mais combien d’hommes savent-ils la différence entre
16679
hange de plaisir d’une « liaison »). Mais combien
d’
hommes savent-ils la différence entre une obsession que l’on subit et
16680
ne « liaison »). Mais combien d’hommes savent-ils
la
différence entre une obsession que l’on subit et un destin que l’on a
16681
savent-ils la différence entre une obsession que
l’
on subit et un destin que l’on assume ? Il faut donc la marquer par un
16682
tre une obsession que l’on subit et un destin que
l’
on assume ? Il faut donc la marquer par un exemple simple. Être amour
16683
subit et un destin que l’on assume ? Il faut donc
la
marquer par un exemple simple. Être amoureux n’est pas nécessairemen
16684
te. On subit un état, mais on décide un acte. Or,
l’
engagement que signifie le mariage ne saurait honnêtement s’appliquer
16685
on décide un acte. Or, l’engagement que signifie
le
mariage ne saurait honnêtement s’appliquer à l’avenir d’un état où l’
16686
e le mariage ne saurait honnêtement s’appliquer à
l’
avenir d’un état où l’on se trouve aujourd’hui ; mais il peut et il do
16687
age ne saurait honnêtement s’appliquer à l’avenir
d’
un état où l’on se trouve aujourd’hui ; mais il peut et il doit impliq
16688
t honnêtement s’appliquer à l’avenir d’un état où
l’
on se trouve aujourd’hui ; mais il peut et il doit impliquer l’avenir
16689
e aujourd’hui ; mais il peut et il doit impliquer
l’
avenir d’actes conscients que l’on assume : aimer, rester fidèle, éduq
16690
’hui ; mais il peut et il doit impliquer l’avenir
d’
actes conscients que l’on assume : aimer, rester fidèle, éduquer ses e
16691
il doit impliquer l’avenir d’actes conscients que
l’
on assume : aimer, rester fidèle, éduquer ses enfants. On voit ici com
16692
ses enfants. On voit ici combien sont différents
les
sens du mot aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè
16693
ombien sont différents les sens du mot aimer dans
le
monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore
16694
nt différents les sens du mot aimer dans le monde
de
l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on c
16695
différents les sens du mot aimer dans le monde de
l’
Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on cons
16696
sens du mot aimer dans le monde de l’Éros et dans
le
monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate que le Die
16697
ot aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde
de
l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate que le Dieu de l’Éc
16698
aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde de
l’
Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate que le Dieu de l’Écrit
16699
e monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On
le
voit mieux encore si l’on constate que le Dieu de l’Écriture nous ord
16700
s le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si
l’
on constate que le Dieu de l’Écriture nous ordonne d’aimer. Le premier
16701
apè. On le voit mieux encore si l’on constate que
le
Dieu de l’Écriture nous ordonne d’aimer. Le premier commandant du Déc
16702
n constate que le Dieu de l’Écriture nous ordonne
d’
aimer. Le premier commandant du Décalogue : « Tu aimeras le Seigneur t
16703
Le premier commandant du Décalogue : « Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta p
16704
du Décalogue : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de
tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait co
16705
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de
toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait concerner que des ac
16706
ur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et
de
toute ta pensée » ne saurait concerner que des actes. Il serait total
16707
erner que des actes. Il serait totalement absurde
d’
exiger de l’homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et t
16708
des actes. Il serait totalement absurde d’exiger
de
l’homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton procha
16709
s actes. Il serait totalement absurde d’exiger de
l’
homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton prochain
16710
it totalement absurde d’exiger de l’homme un état
de
sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton prochain comme toi-même »
16711
absurde d’exiger de l’homme un état de sentiment.
L’
impératif : « Aime Dieu et ton prochain comme toi-même » crée des stru
16712
ton prochain comme toi-même » crée des structures
de
relations actives. L’impératif : « Sois amoureux ! » serait vide de s
16713
-même » crée des structures de relations actives.
L’
impératif : « Sois amoureux ! » serait vide de sens ; ou s’il était ré
16714
es. L’impératif : « Sois amoureux ! » serait vide
de
sens ; ou s’il était réalisable, priverait l’homme de sa liberté.
16715
ide de sens ; ou s’il était réalisable, priverait
l’
homme de sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de cha
16716
ens ; ou s’il était réalisable, priverait l’homme
de
sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’
16717
de sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors
l’
amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans s
16718
berté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour
de
charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine
16719
Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité,
l’
amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : i
16720
apè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est
l’
affirmation de l’être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour
16721
fin dans sa pleine stature : il est l’affirmation
de
l’être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a
16722
dans sa pleine stature : il est l’affirmation de
l’
être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a rép
16723
t l’affirmation de l’être en acte. Et c’est Éros,
l’
amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidenta
16724
e l’être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion,
l’
amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’
16725
païen, qui a répandu dans notre monde occidental
le
poison de l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement re
16726
i a répandu dans notre monde occidental le poison
de
l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au
16727
répandu dans notre monde occidental le poison de
l’
ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au chr
16728
, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct
de
mort, et qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en l
16729
a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu
l’
« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne
16730
qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge
d’
Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas
16731
lu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en
le
sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas détruire
16732
même pas détruire ce qui détruit. Je ne veux pas
la
mort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’i
16733
ort du pécheur, mais sa vie. ⁂ Éros s’asservit à
la
mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition fin
16734
ros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter
la
vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi
16735
la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus
de
notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvemen
16736
vie au-dessus de notre condition finie et limitée
de
créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie n
16737
re condition finie et limitée de créatures. Ainsi
le
même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans s
16738
Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons
la
vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le dés
16739
ons la vie nous précipite dans sa négation. C’est
la
profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — e
16740
ipite dans sa négation. C’est la profonde misère,
le
désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
16741
négation. C’est la profonde misère, le désespoir
d’
Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè l’en délivre
16742
ésespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en
l’
exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temp
16743
servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
l’
en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pa
16744
n l’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que
la
vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée
16745
que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas
d’
être adorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
16746
dorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans
l’
obéissance à l’Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se
16747
tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
l’
Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est su
16748
t c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur
la
terre qu’il faut aimer. Au-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante,
16749
terre qu’il faut aimer. Au-delà, il n’y aura pas
la
Nuit divinisante, mais le jugement du Créateur. L’homme naturel ne po
16750
u-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais
le
jugement du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il é
16751
a Nuit divinisante, mais le jugement du Créateur.
L’
homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il était condamné à croire Ér
16752
ement du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas
l’
imaginer. Il était condamné à croire Éros, à se confier dans son désir
16753
ndamné à croire Éros, à se confier dans son désir
le
plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le
16754
r dans son désir le plus puissant, à lui demander
la
délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’hom
16755
e plus puissant, à lui demander la délivrance. Et
l’
Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la
16756
lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait
le
conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Ag
16757
délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à
la
mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
16758
l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais
l’
homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ou
16759
e conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à
la
révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivr
16760
à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation
de
l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi d
16761
a mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de
l’
Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de s
16762
qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
le
cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle.
16763
t soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par
la
foi de sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose,
16764
in le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi
de
sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose, il sai
16765
l est une autre délivrance du péché. Et voici que
l’
Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de s
16766
hé. Et voici que l’Éros à son tour se voit relevé
de
sa fonction mortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse d’être
16767
se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré
de
son destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse d’être un démon
16768
ortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse
d’
être un dieu, il cesse d’être un démon 202. Et il retrouve sa juste pl
16769
destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse
d’
être un démon 202. Et il retrouve sa juste place dans l’économie provi
16770
un démon 202. Et il retrouve sa juste place dans
l’
économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait a
16771
etrouve sa juste place dans l’économie provisoire
de
la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire
16772
ouve sa juste place dans l’économie provisoire de
la
Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un
16773
place dans l’économie provisoire de la Création,
de
l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éro
16774
ace dans l’économie provisoire de la Création, de
l’
humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros :
16775
’économie provisoire de la Création, de l’humain.
Le
païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était s
16776
n, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que
de
faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus d
16777
e païen ne pouvait autrement que de faire un dieu
de
l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le pl
16778
aïen ne pouvait autrement que de faire un dieu de
l’
Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus
16779
de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir
le
plus fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondém
16780
ieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort,
le
plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondément lié au fai
16781
it son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et
le
plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes le
16782
us fort, le plus dangereux et le plus mystérieux,
le
plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes
16783
plus mystérieux, le plus profondément lié au fait
de
vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes cher
16784
le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes
les
religions païennes divinisent le Désir. Toutes cherchent un appui et
16785
e vivre. Toutes les religions païennes divinisent
le
Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devie
16786
Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans
le
Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie
16787
s le Désir, qui devient aussitôt, et par là même,
le
pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Ver
16788
devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi
de
la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait c
16789
vient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de
la
vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chai
16790
ssitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie,
la
séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’
16791
e la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que
le
Verbe s’est fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous av
16792
, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas
l’
homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premie
16793
mme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui
l’
a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus a
16794
eu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché
de
lui. Le salut n’est plus au-delà, toujours plus haut dans l’ascension
16795
’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui.
Le
salut n’est plus au-delà, toujours plus haut dans l’ascension intermi
16796
salut n’est plus au-delà, toujours plus haut dans
l’
ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
16797
ans l’ascension interminable du Désir qui consume
la
vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nou
16798
e du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
l’
obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir
16799
consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à
la
Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Il perd sa p
16800
? Il perd sa puissance absolue quand nous cessons
de
le diviniser. C’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le
16801
l perd sa puissance absolue quand nous cessons de
le
diviniser. C’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le ma
16802
nous cessons de le diviniser. C’est ce qu’atteste
l’
expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde
16803
de le diviniser. C’est ce qu’atteste l’expérience
de
la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement su
16804
le diviniser. C’est ce qu’atteste l’expérience de
la
fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur l
16805
st ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans
le
mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initial e
16806
ariage. Car cette fidélité se fonde justement sur
le
refus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de
16807
é se fonde justement sur le refus initial et juré
de
« cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte sec
16808
ment sur le refus initial et juré de « cultiver »
les
illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en atte
16809
fus initial et juré de « cultiver » les illusions
de
la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mysté
16810
initial et juré de « cultiver » les illusions de
la
passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérie
16811
juré de « cultiver » les illusions de la passion,
de
leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
16812
de la passion, de leur rendre un culte secret, et
d’
en attendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire con
16813
e secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
de
vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
16814
tendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai
de
le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a p
16815
dre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de
le
faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proc
16816
oît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par
l’
examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite
16817
e. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen
d’
un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexe
16818
le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
Le
christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de la
16819
amen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé
l’
égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : L
16820
a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela
de
la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propr
16821
proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de
la
manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre c
16822
égalité parfaite des sexes, et cela de la manière
la
plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais
16823
s sexes, et cela de la manière la plus précise :
La
femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
16824
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
le
mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps,
16825
ropre corps, mais c’est le mari ; et pareillement
le
mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I.
16826
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la
femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut
16827
propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor., 7.)
La
femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’
16828
ais c’est la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant
l’
égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme » comme l
16829
t la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale
de
l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme » comme le croira
16830
a femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de
l’
homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme » comme le croira ce
16831
tant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être «
le
but de l’homme » comme le croira cependant Novalis, renouvelant la my
16832
égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but
de
l’homme » comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystique
16833
le de l’homme, elle ne peut donc être « le but de
l’
homme » comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystique cou
16834
lle ne peut donc être « le but de l’homme » comme
le
croira cependant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et les vi
16835
» comme le croira cependant Novalis, renouvelant
la
mystique courtoise et les vieilles traditions celtiques. En même temp
16836
ant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et
les
vieilles traditions celtiques. En même temps, elle échappe à l’abaiss
16837
aditions celtiques. En même temps, elle échappe à
l’
abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation d
16838
happe à l’abaissement bestial qui tôt ou tard est
la
rançon d’une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit
16839
abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon
d’
une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être e
16840
qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation
de
la créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens mod
16841
i tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de
la
créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens modern
16842
moderne et revendicateur. Elle procède du mystère
de
l’amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Ag
16843
erne et revendicateur. Elle procède du mystère de
l’
amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè
16844
lle procède du mystère de l’amour. Elle n’est que
le
signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour r
16845
du mystère de l’amour. Elle n’est que le signe et
la
démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour réellement ré
16846
’est que le signe et la démonstration du triomphe
d’
Agapè sur Éros. Car l’amour réellement réciproque exige et crée l’égal
16847
a démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car
l’
amour réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aime
16848
. Car l’amour réellement réciproque exige et crée
l’
égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en
16849
our réellement réciproque exige et crée l’égalité
de
ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant
16850
ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour
l’
homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’ho
16851
manifeste son amour pour l’homme en exigeant que
l’
homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amou
16852
t que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et
l’
homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une pe
16853
t saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne
de
son amour pour une femme en la traitant comme une personne humaine to
16854
t l’homme témoigne de son amour pour une femme en
la
traitant comme une personne humaine totale — non comme une fée de la
16855
e une personne humaine totale — non comme une fée
de
la légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de c
16856
ne personne humaine totale — non comme une fée de
la
légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de ces
16857
déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons
de
ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relat
16858
sexe. Mais remontons de ces prémisses générales à
la
psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de
16859
ntons de ces prémisses générales à la psychologie
la
plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité env
16860
isses générales à la psychologie la plus concrète
de
la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme acc
16861
es générales à la psychologie la plus concrète de
la
relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme accout
16862
ologie la plus concrète de la relation des égaux.
L’
exercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les au
16863
lus concrète de la relation des égaux. L’exercice
de
la fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes
16864
concrète de la relation des égaux. L’exercice de
la
fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes d’
16865
fidélité envers une femme accoutume à considérer
les
autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde d
16866
ne femme accoutume à considérer les autres femmes
d’
une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’Éros : comme
16867
e manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde
de
l’Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objet
16868
anière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de
l’
Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objets.
16869
xercice spirituel » développe des facultés neuves
de
jugement, de possession de soi et de respect203. Au contraire de l’ho
16870
tuel » développe des facultés neuves de jugement,
de
possession de soi et de respect203. Au contraire de l’homme érotique,
16871
pe des facultés neuves de jugement, de possession
de
soi et de respect203. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la
16872
ultés neuves de jugement, de possession de soi et
de
respect203. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la fidélité
16873
ssession de soi et de respect203. Au contraire de
l’
homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une
16874
de respect203. Au contraire de l’homme érotique,
l’
homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement c
16875
ect203. Au contraire de l’homme érotique, l’homme
de
la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps
16876
203. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de
la
fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps int
16877
sion fascinante, mais il pressent, à peine tenté,
le
mystère difficile et grave d’une existence autonome, étrangère, d’une
16878
ent, à peine tenté, le mystère difficile et grave
d’
une existence autonome, étrangère, d’une vie totale dont il n’a désiré
16879
ile et grave d’une existence autonome, étrangère,
d’
une vie totale dont il n’a désiré vraiment qu’un illusoire ou fugitif
16880
ct, projeté peut-être par sa seule rêverie. Ainsi
la
tentative se dissipe, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
16881
e, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
la
fidélité se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’empire du m
16882
e faire obsédante, et la fidélité se garantit par
la
lucidité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’autant ; et s
16883
té se garantit par la lucidité qu’elle développe.
L’
empire du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’ab
16884
dité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit
d’
autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
16885
e improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
de
traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins
16886
’il s’abolisse jamais sans laisser de traces dans
le
cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins perd-il son ef
16887
olisse jamais sans laisser de traces dans le cœur
d’
un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins perd-il son efficace :
16888
traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué
d’
images — du moins perd-il son efficace : ce n’est plus lui qui détermi
16889
il son efficace : ce n’est plus lui qui détermine
la
personne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fidélité se gar
16890
ersonne. En d’autres termes, on pourrait dire que
la
fidélité se garantit elle-même contre l’infidélité du simple fait qu’
16891
dire que la fidélité se garantit elle-même contre
l’
infidélité du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir e
16892
du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer
le
désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour es
16893
ait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et
l’
amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et di
16894
tue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si
le
désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et difficile, il enga
16895
l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où,
l’
amour est lent et difficile, il engage vraiment toute une vie, et il n
16896
agement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi
l’
homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusement au « coup
16897
eusement au « coup de foudre », et encore moins à
la
« fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une
16898
up de foudre », et encore moins à la « fatalité »
de
la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accrédit
16899
de foudre », et encore moins à la « fatalité » de
la
passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accréditée
16900
et encore moins à la « fatalité » de la passion.
Le
« coup de foudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan
16901
doute une légende accréditée par Don Juan, comme
la
« fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alib
16902
de accréditée par Don Juan, comme la « fatalité »
de
la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent
16903
accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de
la
passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent tr
16904
rompé, parce qu’il y trouve son intérêt ; figures
de
rhétorique romanesque, et acceptables à ce titre, mais qu’il serait a
16905
ables à ce titre, mais qu’il serait assez absurde
de
confondre avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nou
16906
Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi
l’
on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce
16907
ythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à
la
fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui
16908
pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est
l’
alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, j
16909
i l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi
de
la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y ét
16910
’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de
la
culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais
16911
la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis
la
faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en
16912
ce de ma personne. » Pieux mensonge204 du servant
d’
Éros. Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatal
16913
onne. » Pieux mensonge204 du servant d’Éros. Mais
de
combien de complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant
16914
ux mensonge204 du servant d’Éros. Mais de combien
de
complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant au coup de
16915
! Quant au coup de foudre, il est censé justifier
les
écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preu
16916
coup de foudre, il est censé justifier les écarts
de
Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une t
16917
est censé justifier les écarts de Don Juan. Toute
la
littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante natur
16918
n Juan. Toute la littérature nous engage à y voir
la
preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des c
16919
ute la littérature nous engage à y voir la preuve
d’
une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups de fo
16920
d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan,
l’
homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
16921
nte nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups
de
foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de su
16922
nsuelle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et
de
la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
16923
elle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de
la
vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’u
16924
oudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
de
surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine l
16925
a vie « orageuse », serait une sorte de surhomme,
de
surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingenc
16926
, serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
d’
une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mais a
16927
le. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine
les
contingences morales. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil m
16928
s, on peut être certain qu’un pareil mythe est né
de
rêves compensateurs — soit d’une fidélité contrainte et détestée, soi
16929
pareil mythe est né de rêves compensateurs — soit
d’
une fidélité contrainte et détestée, soit d’une jalousie masochiste, s
16930
soit d’une fidélité contrainte et détestée, soit
d’
une jalousie masochiste, soit enfin d’un début d’impuissance. Et en ef
16931
estée, soit d’une jalousie masochiste, soit enfin
d’
un début d’impuissance. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien
16932
d’une jalousie masochiste, soit enfin d’un début
d’
impuissance. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’u
16933
soit enfin d’un début d’impuissance. Et en effet,
la
conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexue
16934
’un début d’impuissance. Et en effet, la conduite
de
Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est d
16935
n effet, la conduite de Don Juan est bien typique
d’
une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue général
16936
ue d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans
l’
état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se v
16937
e certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état
de
fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se voit por
16938
fatigue générale, et sexuellement localisée, que
le
corps se voit porté à ces brusques écarts, comparables aux calembours
16939
iots. Par contre, dans un état normal du corps et
de
l’esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il appa
16940
s. Par contre, dans un état normal du corps et de
l’
esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaî
16941
tre, dans un état normal du corps et de l’esprit,
le
risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi qu
16942
un état normal du corps et de l’esprit, le risque
de
coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que la monog
16943
dre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que
la
monogamie, normalisant les rapports sexuels, est la meilleure garanti
16944
. Il apparaît ainsi que la monogamie, normalisant
les
rapports sexuels, est la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
16945
monogamie, normalisant les rapports sexuels, est
la
meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’Éros purement charne
16946
st la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
de
l’Éros purement charnel, et non du tout divinisé. Je répète toutefois
16947
la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de
l’
Éros purement charnel, et non du tout divinisé. Je répète toutefois qu
16948
et non du tout divinisé. Je répète toutefois que
le
mariage ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s
16949
riage ne saurait être fondé sur des « arguments »
de
ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfu
16950
guments » de ce genre. Il s’agit ici, simplement,
d’
un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du myth
16951
de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait
d’
observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Trist
16952
i, simplement, d’un fait d’observation qui réfute
les
croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donju
16953
qui réfute les croyances courantes, nées du mythe
de
Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tou
16954
croyances courantes, nées du mythe de Tristan et
de
son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait ineff
16955
st tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère
le
mythe et veut croire aux révélations de la passion. On objecte alors
16956
i préfère le mythe et veut croire aux révélations
de
la passion. On objecte alors que le mariage ne serait plus que le «
16957
réfère le mythe et veut croire aux révélations de
la
passion. On objecte alors que le mariage ne serait plus que le « tom
16958
révélations de la passion. On objecte alors que
le
mariage ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est enco
16959
n objecte alors que le mariage ne serait plus que
le
« tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qu
16960
rs que le mariage ne serait plus que le « tombeau
de
l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fai
16961
que le mariage ne serait plus que le « tombeau de
l’
amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait c
16962
que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore
le
mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de
16963
is c’est encore le mythe, naturellement, qui nous
le
fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait plus
16964
ment, qui nous le fait croire, avec son obsession
de
l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après Benedetto Croce
16965
t, qui nous le fait croire, avec son obsession de
l’
amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après Benedetto Croce que
16966
session de l’amour contrarié. Il serait plus vrai
de
dire après Benedetto Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour
16967
ait plus vrai de dire après Benedetto Croce que «
le
mariage est le tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément d
16968
e dire après Benedetto Croce que « le mariage est
le
tombeau de l’amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalis
16969
s Benedetto Croce que « le mariage est le tombeau
de
l’amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’amou
16970
enedetto Croce que « le mariage est le tombeau de
l’
amour sauvage »205 (et plus communément du sentimentalisme). L’amour s
16971
ge »205 (et plus communément du sentimentalisme).
L’
amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez
16972
sme). L’amour sauvage et naturel se manifeste par
le
viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la p
16973
uvage et naturel se manifeste par le viol, preuve
d’
amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle
16974
e manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous
les
barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est
16975
viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais
le
viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesu
16976
amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme
la
polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
16977
res. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que
l’
homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personn
16978
ie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure
de
concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire
16979
e l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
la
réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait
16980
’est pas encore en mesure de concevoir la réalité
de
la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore
16981
t pas encore en mesure de concevoir la réalité de
la
personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore ai
16982
esure de concevoir la réalité de la personne chez
la
femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et l
16983
C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer.
Le
viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la r
16984
t dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et
la
polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à
16985
pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent
la
femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sau
16986
e aimer. Le viol et la polygamie privent la femme
de
sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépe
16987
ol et la polygamie privent la femme de sa qualité
d’
égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les
16988
gamie privent la femme de sa qualité d’égale — en
la
réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations hu
16989
sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe.
L’
amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’hom
16990
uisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise
les
relations humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas f
16991
épersonnalise les relations humaines. Par contre,
l’
homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tem
16992
omine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens
de
tempérament) mais c’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet
16993
justement, et qu’en vertu de cet amour, il refuse
de
s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne
16994
r, il se refuse à une violence qui nie et détruit
la
personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien de l’autre. Son
16995
t la personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord
le
bien de l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est
16996
sonne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien
de
l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est une rév
16997
on sérieuse. Et nous pourrons maintenant dépasser
la
formule toute négative et privative de Croce, et définir enfin le mar
16998
t dépasser la formule toute négative et privative
de
Croce, et définir enfin le mariage comme cette institution qui contie
16999
négative et privative de Croce, et définir enfin
le
mariage comme cette institution qui contient la passion non plus par
17000
n le mariage comme cette institution qui contient
la
passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
17001
institution qui contient la passion non plus par
la
morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces que
17002
tient la passion non plus par la morale, mais par
l’
amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
17003
r la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
de
l’Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage met
17004
a morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de
l’
Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage metten
17005
doxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
la
passion et le mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de
17006
ident Ces quelques remarques sur la passion et
le
mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
17007
s sur la passion et le mariage mettent en lumière
l’
opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux
17008
iage mettent en lumière l’opposition fondamentale
de
l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputen
17009
e mettent en lumière l’opposition fondamentale de
l’
Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent n
17010
en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et
de
l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occid
17011
lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
l’
Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occident
17012
deux religions qui se disputent notre Occident.
La
connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologi
17013
qui se disputent notre Occident. La connaissance
de
ce conflit, de ses origines historiques et psychologiques, de son enj
17014
t notre Occident. La connaissance de ce conflit,
de
ses origines historiques et psychologiques, de son enjeu spirituel, m
17015
t, de ses origines historiques et psychologiques,
de
son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’un cert
17016
e son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner
la
révision d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine d
17017
spirituel, me paraît devoir entraîner la révision
d’
un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique
17018
devoir entraîner la révision d’un certain nombre
de
jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi
17019
n d’un certain nombre de jugements courants, dans
le
domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
17020
ain nombre de jugements courants, dans le domaine
de
l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philo
17021
nombre de jugements courants, dans le domaine de
l’
éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosop
17022
maine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui
de
la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira
17023
ne de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de
la
culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira san
17024
e d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
de
sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute de dég
17025
elui de la culture et de sa philosophie. Au terme
de
cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager le principe de correcti
17026
e. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute
de
dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion p
17027
de cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager
le
principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent étab
17028
age, il suffira sans doute de dégager le principe
de
correction que nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les O
17029
le principe de correction que nos recherches sur
la
passion peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l
17030
nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂
Les
Orientaux caractérisent l’Europe par l’importance qu’elle donne aux f
17031
on peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent
l’
Europe par l’importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y
17032
ablir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par
l’
importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient l’héri
17033
elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient
l’
héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est v
17034
lles. Ils y voient l’héritage du christianisme et
le
secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : chri
17035
y voient l’héritage du christianisme et le secret
de
notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : christianisme,
17036
namisme, correspondent aux trois traits dominants
de
la psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraîn
17037
isme, correspondent aux trois traits dominants de
la
psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
17038
trois traits dominants de la psyché occidentale.
De
là vient l’impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements.
17039
s dominants de la psyché occidentale. De là vient
l’
impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, s
17040
e la psyché occidentale. De là vient l’impression
d’
évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si les conclus
17041
De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
de
pareils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du m
17042
qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si
les
conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra
17043
pareils jugements. Cependant, si les conclusions
de
notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensib
17044
justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma
de
l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui
17045
tes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de
l’
Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a
17046
l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas
le
christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’
17047
: ce n’est pas le christianisme qui a fait naître
la
passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale. Cette hérésie s’
17048
a fait naître la passion, mais c’est une hérésie
d’
origine orientale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans les contr
17049
entale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans
les
contrées les moins christianisées, précisément, là où les religions p
17050
hérésie s’est répandue d’abord dans les contrées
les
moins christianisées, précisément, là où les religions païennes menai
17051
rées les moins christianisées, précisément, là où
les
religions païennes menaient encore une vie secrète. L’amour-passion n
17052
ligions païennes menaient encore une vie secrète.
L’
amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sous-produit du
17053
encore une vie secrète. L’amour-passion n’est pas
l’
amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « c
17054
amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même
le
« sous-produit du christianisme » ou le « changement d’adresse d’une
17055
, ni même le « sous-produit du christianisme » ou
le
« changement d’adresse d’une force que le christianisme a réveillée e
17056
ous-produit du christianisme » ou le « changement
d’
adresse d’une force que le christianisme a réveillée et orientée vers
17057
t du christianisme » ou le « changement d’adresse
d’
une force que le christianisme a réveillée et orientée vers Dieu »206.
17058
me » ou le « changement d’adresse d’une force que
le
christianisme a réveillée et orientée vers Dieu »206. Il est plutôt l
17059
veillée et orientée vers Dieu »206. Il est plutôt
le
sous-produit de la religion manichéenne. Plus exactement, il est né d
17060
tée vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit
de
la religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité
17061
vers Dieu »206. Il est plutôt le sous-produit de
la
religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité de
17062
religion manichéenne. Plus exactement, il est né
de
la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et
17063
ligion manichéenne. Plus exactement, il est né de
la
complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du
17064
enne. Plus exactement, il est né de la complicité
de
cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’h
17065
n avec nos plus vieilles croyances, et du conflit
de
l’hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première corre
17066
vec nos plus vieilles croyances, et du conflit de
l’
hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première correcti
17067
s, et du conflit de l’hérésie qui en résulta avec
l’
orthodoxie chrétienne. Première correction d’importance. Ensuite, il
17068
avec l’orthodoxie chrétienne. Première correction
d’
importance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fameux « dynami
17069
correction d’importance. Ensuite, il est urgent
de
rappeler que le fameux « dynamisme occidental » procède de deux sourc
17070
portance. Ensuite, il est urgent de rappeler que
le
fameux « dynamisme occidental » procède de deux sources distinctes. S
17071
er que le fameux « dynamisme occidental » procède
de
deux sources distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’on ente
17072
es distinctes. Si c’est notre délire guerrier que
l’
on entend désigner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de la
17073
ner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache
de
la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la pa
17074
par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de
la
manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passi
17075
me, nous avons vu qu’il se rattache de la manière
la
plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût
17076
de la manière la plus précise, historiquement, à
la
passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une concept
17077
plus précise, historiquement, à la passion. Comme
la
passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie arde
17078
, historiquement, à la passion. Comme la passion,
le
goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est
17079
iquement, à la passion. Comme la passion, le goût
de
la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masqu
17080
ement, à la passion. Comme la passion, le goût de
la
guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque d
17081
n. Comme la passion, le goût de la guerre procède
d’
une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. D
17082
on, le goût de la guerre procède d’une conception
de
la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti,
17083
le goût de la guerre procède d’une conception de
la
vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et
17084
tion de la vie ardente qui est un masque du désir
de
mort. Dynamisme inverti, et autodestructeur. Mais l’autre aspect du d
17085
chnique, ne saurait être un seul instant ramené à
la
passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la
17086
saurait être un seul instant ramené à la passion.
L’
attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c
17087
à la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est
l’
antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur de
17088
itude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte
de
la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de
17089
de humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de
la
passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la
17090
hèse exacte de la passion : c’est une affirmation
de
la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’e
17091
e exacte de la passion : c’est une affirmation de
la
valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’espr
17092
t une affirmation de la valeur des choses créées,
de
la matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passi
17093
ne affirmation de la valeur des choses créées, de
la
matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passion
17094
choses créées, de la matière, et une application
de
l’esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle e
17095
oses créées, de la matière, et une application de
l’
esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle est
17096
et une application de l’esprit au monde visible.
La
passion ni la foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer c
17097
ation de l’esprit au monde visible. La passion ni
la
foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer comme but à not
17098
t née ne sauraient proposer comme but à notre vie
la
maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction origine
17099
raient proposer comme but à notre vie la maîtrise
de
la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiu
17100
ent proposer comme but à notre vie la maîtrise de
la
Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge
17101
re vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là
le
but et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est ju
17102
maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et
la
fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est justement d’
17103
et la fonction originelle du Démiurge, et puisque
le
salut est justement d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à
17104
le du Démiurge, et puisque le salut est justement
d’
échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source de cet aspec
17105
d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à
la
source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte d
17106
à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source
de
cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempéram
17107
niaque207. Faut-il voir à la source de cet aspect
le
plus réel de l’activisme européen une sorte de tempérament continenta
17108
ut-il voir à la source de cet aspect le plus réel
de
l’activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelqu
17109
il voir à la source de cet aspect le plus réel de
l’
activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelque i
17110
ct le plus réel de l’activisme européen une sorte
de
tempérament continental ? Ou quelque influence indirecte de l’ambitio
17111
ment continental ? Ou quelque influence indirecte
de
l’ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendr
17112
t continental ? Ou quelque influence indirecte de
l’
ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait
17113
ce indirecte de l’ambition chrétienne définie par
l’
Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi
17114
’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer
le
Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chré
17115
rer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par
le
péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme
17116
os dans sa loi primitive, troublée par le péché ?
La
volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa
17117
ve, troublée par le péché ? La volonté chrétienne
de
transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en
17118
r le péché ? La volonté chrétienne de transformer
le
pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idé
17119
on âme et dans sa conduite a entraîné en Occident
l’
idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution),
17120
et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée
de
transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’i
17121
uite a entraîné en Occident l’idée de transformer
le
milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transfor
17122
Occident l’idée de transformer le milieu humain (
d’
où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu natu
17123
dent l’idée de transformer le milieu humain (d’où
le
mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (
17124
ée de transformer le milieu humain (d’où le mythe
de
la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la t
17125
de transformer le milieu humain (d’où le mythe de
la
révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la tech
17126
ilieu humain (d’où le mythe de la révolution), et
l’
idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à sav
17127
umain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée
de
transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
17128
mythe de la révolution), et l’idée de transformer
le
milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianism
17129
ion), et l’idée de transformer le milieu naturel (
d’
où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par le
17130
et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où
la
technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Ind
17131
eu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
le
christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les
17132
Reste à savoir si le christianisme, accueilli par
les
Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’
17133
r si le christianisme, accueilli par les Indes ou
la
Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas
17134
ccueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit
les
mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de m
17135
ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais
la
réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les élément
17136
ais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit
de
marquer que les éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateur
17137
n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que
les
éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateurs) du dynamisme
17138
ntés par une volonté exactement contraire à celle
de
la passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de f
17139
s par une volonté exactement contraire à celle de
la
passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait
17140
qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit
de
fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion d
17141
ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans
l’
activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie t
17142
une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est
la
collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Ré
17143
reur dans l’activisme moderne, c’est la collusion
de
la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la
17144
r dans l’activisme moderne, c’est la collusion de
la
guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la gue
17145
visme moderne, c’est la collusion de la guerre et
de
notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant
17146
a guerre et de notre génie technique. À partir de
la
Révolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration d
17147
notre génie technique. À partir de la Révolution,
la
guerre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les fo
17148
évolution, la guerre devenant « nationale » exige
la
collaboration de toutes les forces créatrices, et en particulier de l
17149
rre devenant « nationale » exige la collaboration
de
toutes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’es
17150
nt « nationale » exige la collaboration de toutes
les
forces créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la
17151
e toutes les forces créatrices, et en particulier
de
la technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le pr
17152
outes les forces créatrices, et en particulier de
la
technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le princ
17153
s, et en particulier de la technique. C’est alors
la
passion (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherch
17154
C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir
le
principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 19
17155
on (guerrière) qui va devenir le principal moteur
de
la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union
17156
(guerrière) qui va devenir le principal moteur de
la
recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union to
17157
e principal moteur de la recherche mécanique : on
l’
a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout à fait monstrueuse des fo
17158
is cette union tout à fait monstrueuse des forces
de
mort et des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre et le
17159
t et des forces créatrices va dénaturer à la fois
la
guerre et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion,
17160
es créatrices va dénaturer à la fois la guerre et
le
génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la techniq
17161
aturer à la fois la guerre et le génie technique.
La
guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant morte
17162
et le génie technique. La guerre mécanisée évacue
la
passion, et la technique en devenant mortelle, trahit les ambitions d
17163
hnique. La guerre mécanisée évacue la passion, et
la
technique en devenant mortelle, trahit les ambitions dont elle est né
17164
ion, et la technique en devenant mortelle, trahit
les
ambitions dont elle est née. Il se peut que l’Occident succombe à ce
17165
t les ambitions dont elle est née. Il se peut que
l’
Occident succombe à ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que
17166
l s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas
le
christianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est respo
17167
t clair que ce n’est pas le christianisme — comme
le
répètent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe.
17168
épètent tant de publicistes — qui est responsable
de
la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrét
17169
tent tant de publicistes — qui est responsable de
la
catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien
17170
licistes — qui est responsable de la catastrophe.
L’
esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien208. Il est tout
17171
nsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique
de
l’Occident n’est pas chrétien208. Il est tout au contraire manichéen.
17172
ble de la catastrophe. L’esprit catastrophique de
l’
Occident n’est pas chrétien208. Il est tout au contraire manichéen. C’
17173
st ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent
le
christianisme et l’Occident, comme si tout l’Occident était chrétien.
17174
mmunément ceux qui assimilent le christianisme et
l’
Occident, comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc l’Europe su
17175
ent le christianisme et l’Occident, comme si tout
l’
Occident était chrétien. Si donc l’Europe succombe à son mauvais génie
17176
comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc
l’
Europe succombe à son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps
17177
génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé
la
religion para ou même antichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclur
17178
s cultivé la religion para ou même antichrétienne
de
la passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation ori
17179
ultivé la religion para ou même antichrétienne de
la
passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation orient
17180
ichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclure que
la
passion serait la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai q
17181
passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait
la
tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est dé
17182
lure que la passion serait la tentation orientale
de
l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre his
17183
e que la passion serait la tentation orientale de
l’
Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoi
17184
s qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et par
l’
impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du
17185
e et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive
de
l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l
17186
et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de
l’
hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’Ir
17187
ionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et
de
l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mo
17188
ale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de
l’
Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « morte
17189
du Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines
de
l’hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dir
17190
Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de
l’
hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t
17191
dira-t-on, ces mêmes croyances n’ont pas produit
les
mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont p
17192
royances n’ont pas produit les mêmes effets parmi
les
peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obs
17193
nt pas produit les mêmes effets parmi les peuples
de
l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ai
17194
pas produit les mêmes effets parmi les peuples de
l’
Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi
17195
s de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé
les
mêmes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
17196
mes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est
d’
avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Tel
17197
nsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
la
passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tentatio
17198
résisté à la passion par des moyens prédestinés à
l’
exalter. Telle fut la tentation permanente d’où jaillirent nos plus be
17199
par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut
la
tentation permanente d’où jaillirent nos plus belles créations. Mais
17200
és à l’exalter. Telle fut la tentation permanente
d’
où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie pr
17201
nt nos plus belles créations. Mais ce qui produit
la
vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
17202
éations. Mais ce qui produit la vie produit aussi
la
mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le dynamisme change
17203
mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
le
dynamisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude r
17204
un accent se déplace pour que le dynamisme change
de
signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occide
17205
me change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans
l’
attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typ
17206
ns l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans
l’
institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera dé
17207
religieuse des Occidentaux, et dans l’institution
la
plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possib
17208
ccidentaux, et dans l’institution la plus typique
de
leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possible de repérer av
17209
ns l’institution la plus typique de leur morale :
le
mariage, qu’il sera désormais possible de repérer avec assez de préci
17210
orale : le mariage, qu’il sera désormais possible
de
repérer avec assez de précision ce déplacement d’accent dont tout dép
17211
’il sera désormais possible de repérer avec assez
de
précision ce déplacement d’accent dont tout dépend. Il est certain qu
17212
de repérer avec assez de précision ce déplacement
d’
accent dont tout dépend. Il est certain que l’Occidental christianisé
17213
ent d’accent dont tout dépend. Il est certain que
l’
Occidental christianisé se distingue de l’Oriental par son pouvoir d’a
17214
ertain que l’Occidental christianisé se distingue
de
l’Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
17215
ain que l’Occidental christianisé se distingue de
l’
Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de
17216
ianisé se distingue de l’Oriental par son pouvoir
d’
approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le
17217
ingue de l’Oriental par son pouvoir d’approfondir
l’
être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notr
17218
pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
de
particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orien
17219
e créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout
le
secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissanc
17220
s ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret
de
notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’a
17221
ticulier. C’est tout le secret de notre fidélité.
La
sagesse orientale cherche la connaissance dans l’abolition progressiv
17222
t de notre fidélité. La sagesse orientale cherche
la
connaissance dans l’abolition progressive du divers. Nous, nous cherc
17223
La sagesse orientale cherche la connaissance dans
l’
abolition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’
17224
ition progressive du divers. Nous, nous cherchons
la
densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie
17225
essive du divers. Nous, nous cherchons la densité
de
l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle
17226
ive du divers. Nous, nous cherchons la densité de
l’
être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
17227
s. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans
la
personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. « D’autant pl
17228
distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
D’
autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n
17229
die comme telle. « D’autant plus nous connaissons
les
choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu », dit Spin
17230
t plus nous connaissons les choses particulières,
d’
autant plus nous connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui
17231
, qui définit mon Occident, définit en même temps
les
conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage — et
17232
t, définit en même temps les conditions profondes
de
la fidélité, de la personne, du mariage — et du refus de la passion.
17233
définit en même temps les conditions profondes de
la
fidélité, de la personne, du mariage — et du refus de la passion. Ell
17234
me temps les conditions profondes de la fidélité,
de
la personne, du mariage — et du refus de la passion. Elle suppose l’a
17235
temps les conditions profondes de la fidélité, de
la
personne, du mariage — et du refus de la passion. Elle suppose l’acce
17236
idélité, de la personne, du mariage — et du refus
de
la passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’inc
17237
lité, de la personne, du mariage — et du refus de
la
passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’incomp
17238
mariage — et du refus de la passion. Elle suppose
l’
acceptation du différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le conc
17239
Elle suppose l’acceptation du différent, et donc
de
l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétie
17240
le suppose l’acceptation du différent, et donc de
l’
incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien p
17241
acceptation du différent, et donc de l’incomplet,
la
prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde
17242
u différent, et donc de l’incomplet, la prise sur
le
concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il es
17243
et, la prise sur le concret dans ses limitations.
Le
chrétien prend le monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le
17244
e concret dans ses limitations. Le chrétien prend
le
monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le rêver. Son activi
17245
monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut
le
rêver. Son activité « créatrice » consiste alors à retrouver en profo
17246
» consiste alors à retrouver en profondeur toute
la
diversité du monde créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l
17247
e la diversité du monde créé ; et c’est ainsi que
la
Renaissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cett
17248
créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit
l’
homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou
17249
it cette volonté centrale, ou en dévie, compromet
la
fidélité et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie
17250
omet la fidélité et donne des chances nouvelles à
la
passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise mo
17251
C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi
la
crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’une décaden
17252
Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est
le
signe le moins trompeur d’une décadence occidentale. Il est en d’autr
17253
pourquoi la crise moderne du mariage est le signe
le
moins trompeur d’une décadence occidentale. Il est en d’autres, certe
17254
moderne du mariage est le signe le moins trompeur
d’
une décadence occidentale. Il est en d’autres, certes, dans les domain
17255
nce occidentale. Il est en d’autres, certes, dans
les
domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion
17256
le. Il est en d’autres, certes, dans les domaines
les
plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahisse
17257
tres, certes, dans les domaines les plus divers :
le
culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la cultur
17258
es domaines les plus divers : le culte du nombre,
la
poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions n
17259
s les plus divers : le culte du nombre, la poésie
de
l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalist
17260
es plus divers : le culte du nombre, la poésie de
l’
évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes
17261
ers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion,
l’
envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce q
17262
u nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement
de
la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
17263
ombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de
la
culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la
17264
e de l’évasion, l’envahissement de la culture par
les
passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais
17265
assions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
la
personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et collectifs, qui
17266
, qui échappent souvent aux prises individuelles.
Le
signe de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun
17267
appent souvent aux prises individuelles. Le signe
de
la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est pl
17268
ent souvent aux prises individuelles. Le signe de
la
crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est plus
17269
otidien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà
de
la tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
17270
dien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà de
la
tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme le
17271
ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
le
bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et co
17272
à bien des égards, peut apparaître comme le bilan
d’
une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions
17273
lire passionnel aux domaines où il peut entraîner
la
destruction de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous mena
17274
aux domaines où il peut entraîner la destruction
de
notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’autant
17275
isation. Tout cela est, tout cela nous menace, et
d’
autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, l
17276
cela nous menace, et d’autant plus qu’on voudrait
le
nier. Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls
17277
oudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises,
la
connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de
17278
Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance
de
ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. P
17279
ces périls nous a fait entrevoir des possibilités
de
les surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise
17280
périls nous a fait entrevoir des possibilités de
les
surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise tota
17281
tés de les surmonter. Par exemple, il se peut que
l’
Europe, après une crise totalitaire (et supposé qu’elle n’y succombe p
17282
(et supposé qu’elle n’y succombe point), retrouve
le
sens d’une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la
17283
osé qu’elle n’y succombe point), retrouve le sens
d’
une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la mesure
17284
té gagée au moins sur des institutions solides, à
la
mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion p
17285
u moins sur des institutions solides, à la mesure
de
la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent
17286
oins sur des institutions solides, à la mesure de
la
personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des
17287
lides, à la mesure de la personne. Il se peut que
les
excès mêmes de la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire de
17288
re de la personne. Il se peut que les excès mêmes
de
la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvel
17289
de la personne. Il se peut que les excès mêmes de
la
passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvelles
17290
ais après tout, n’est-ce pas encore une tentation
de
la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de
17291
après tout, n’est-ce pas encore une tentation de
la
passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de fr
17292
ui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans
l’
au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fonde
17293
ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans
les
décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’il a
17294
tre fidélité. Quoi qu’il arrive, heur ou malheur,
le
sort du monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devo
17295
eur, le sort du monde nous importe bien moins que
la
connaissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde pas
17296
monde nous importe bien moins que la connaissance
de
nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais notre
17297
ue la connaissance de nos devoirs présents. Car «
la
figure de ce monde passe », mais notre vocation est toujours hic et n
17298
aissance de nos devoirs présents. Car « la figure
de
ce monde passe », mais notre vocation est toujours hic et nunc, dans
17299
ais notre vocation est toujours hic et nunc, dans
l’
acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexion
17300
re vocation est toujours hic et nunc, dans l’acte
de
l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amor
17301
vocation est toujours hic et nunc, dans l’acte de
l’
Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amorcés
17302
l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes
de
réflexions, amorcés çà et là dans ces pages, pourront en constituer l
17303
s çà et là dans ces pages, pourront en constituer
la
conclusion ouverte. J’ai tenté de débrouiller certains problèmes posé
17304
t en constituer la conclusion ouverte. J’ai tenté
de
débrouiller certains problèmes posés en termes d’histoire et de psych
17305
certains problèmes posés en termes d’histoire et
de
psychologie : mais les constatations tout objectives auxquelles je me
17306
sés en termes d’histoire et de psychologie : mais
les
constatations tout objectives auxquelles je me suis vu conduit ne son
17307
le, et qui n’est pas toujours aussi simpliste que
le
dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne co
17308
mpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous
le
faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on
17309
lemme passion-fidélité peut nous le faire croire.
De
fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on pressent au moin
17310
e faire croire. De fait, on ne connaît jamais que
les
problèmes dont on pressent au moins la solution, le dépassement. Or l
17311
amais que les problèmes dont on pressent au moins
la
solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne sa
17312
problèmes dont on pressent au moins la solution,
le
dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la
17313
pressent au moins la solution, le dépassement. Or
le
moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple nég
17314
au moins la solution, le dépassement. Or le moyen
de
dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de
17315
e moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être
la
pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y ins
17316
ilemme ne saurait être la pure et simple négation
de
l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la
17317
e saurait être la pure et simple négation de l’un
de
ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion
17318
pure et simple négation de l’un de ses termes. Je
l’
ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce se
17319
es. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner
la
passion en principe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de no
17320
ncipe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles
de
notre tension créatrice. De fait cela n’est pas possible. Le philisti
17321
primer l’un des pôles de notre tension créatrice.
De
fait cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sor
17322
nsion créatrice. De fait cela n’est pas possible.
Le
philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’e
17323
n’est pas possible. Le philistin qui « condamne »
de
la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune,
17324
st pas possible. Le philistin qui « condamne » de
la
sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune, et
17325
t qu’il est en deçà du conflit. Pour cet homme-là
le
seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dir
17326
cet homme-là le seul progrès concevable est dans
la
crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel209. Mais
17327
e-là le seul progrès concevable est dans la crise
de
sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel209. Mais au-delà d
17328
t dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans
le
drame passionnel209. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à l’impas
17329
-à-dire dans le drame passionnel209. Mais au-delà
de
la passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désorma
17330
dire dans le drame passionnel209. Mais au-delà de
la
passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désormais
17331
nnel209. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à
l’
impasse mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux thèm
17332
mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ?
Les
deux thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies de dépassement
17333
thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies
de
dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématism
17334
quisser indiquent deux voies de dépassement, dans
la
ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exp
17335
ndiquent deux voies de dépassement, dans la ligne
de
cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exposé. ⁂ Le
17336
être situé par rapport à un drame personnel dont
les
données biographiques nous sont suffisamment connues. On sait que l’é
17337
iques nous sont suffisamment connues. On sait que
l’
événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa r
17338
sait que l’événement qui devint pour Kierkegaard
le
point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançail
17339
l’événement qui devint pour Kierkegaard le point
de
départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec
17340
nt qui devint pour Kierkegaard le point de départ
de
toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La
17341
ard le point de départ de toute sa réflexion, fut
la
rupture de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupt
17342
t de départ de toute sa réflexion, fut la rupture
de
ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupture nous de
17343
n, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine.
La
cause intime de cette rupture nous demeure en partie mystérieuse : c’
17344
e de ses fiançailles avec Régine. La cause intime
de
cette rupture nous demeure en partie mystérieuse : c’est « le secret
17345
ture nous demeure en partie mystérieuse : c’est «
le
secret » essentiellement impartageable et indicible, qui s’opposait a
17346
ux yeux de Kierkegaard à un mariage heureux selon
le
monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’une nature à t
17347
rkegaard à un mariage heureux selon le monde. Ici
l’
obstacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subje
17348
ux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à
la
passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et incomp
17349
de. Ici l’obstacle indispensable à la passion est
d’
une nature à tel point subjective, singulière et incomparable, qu’on n
17350
e et incomparable, qu’on ne saurait en pressentir
la
gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini
17351
ne saurait en pressentir la gravité sans invoquer
la
foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait ent
17352
ait en pressentir la gravité sans invoquer la foi
de
Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait entretenir
17353
é sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui,
l’
homme fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’
17354
eur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est
l’
Éternel et le Saint — que des relations d’amour mortellement malheureu
17355
t entretenir avec son Dieu — qui est l’Éternel et
le
Saint — que des relations d’amour mortellement malheureux. « Dieu cré
17356
qui est l’Éternel et le Saint — que des relations
d’
amour mortellement malheureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui q
17357
ui que Dieu élit par son amour, « il commence par
le
réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, D
17358
le réduire à néant ». Du point de vue du monde et
de
la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». No
17359
réduire à néant ». Du point de vue du monde et de
la
vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous
17360
e « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à
l’
extrême limite, à l’origine pure de la passion — mais du même coup nou
17361
l ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à
l’
origine pure de la passion — mais du même coup nous sommes jetés au cœ
17362
heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure
de
la passion — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la f
17363
rtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de
la
passion — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi
17364
mais du même coup nous sommes jetés au cœur même
de
la foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’am
17365
is du même coup nous sommes jetés au cœur même de
la
foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’amour
17366
ne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par
l’
amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’
17367
ur infini, devra marcher maintenant et vivre dans
le
monde comme s’il n’avait pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus ha
17368
ant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas
d’
autre tâche ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi »,
17369
che ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier
de
la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « i
17370
ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de
la
foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il r
17371
plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on
le
rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un perce
17372
ier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air
de
rien de surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit co
17373
a foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien
de
surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit comme n’im
17374
infinie résignation, et s’il a tout ressaisi par
la
suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait
17375
l a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de
l’
absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’in
17376
suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire
de
la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une tell
17377
ite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de
la
foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle c
17378
urde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse
le
saut dans l’infini, mais avec une telle correction et une telle certi
17379
-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans
l’
infini, mais avec une telle correction et une telle certitude qu’il re
17380
une telle certitude qu’il retombe sans cesse dans
le
fini, et qu’on ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extr
17381
ans le fini, et qu’on ne remarque en lui rien que
de
fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une
17382
n ne remarque en lui rien que de fini »210… Ainsi
l’
extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la
17383
que en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême
de
la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion n
17384
en lui rien que de fini »210… Ainsi l’extrême de
la
passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne c
17385
que de fini »210… Ainsi l’extrême de la passion,
la
mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être
17386
fini »210… Ainsi l’extrême de la passion, la mort
d’
amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente
17387
ion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où
la
passion ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito le plus jalou
17388
, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse
d’
être présente, mais sous l’incognito le plus jaloux : car elle est bie
17389
où la passion ne cesse d’être présente, mais sous
l’
incognito le plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est
17390
n ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito
le
plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est divine. Et
17391
st bien plus que royale, elle est divine. Et dans
l’
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel qu
17392
s que royale, elle est divine. Et dans l’analogie
de
la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’or
17393
ue royale, elle est divine. Et dans l’analogie de
la
foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre
17394
e, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi,
l’
on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre où elle
17395
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que
la
passion — quel que soit l’ordre où elle se manifeste — ne trouve son
17396
ut alors concevoir que la passion — quel que soit
l’
ordre où elle se manifeste — ne trouve son au-delà réel, et son salut,
17397
au-delà réel, et son salut, que par cette action
d’
obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le mon
17398
salut, que par cette action d’obéissance qui est
la
vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu
17399
que par cette action d’obéissance qui est la vie
de
fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu de l’a
17400
alors « comme tout le monde », mais « en vertu de
l’
absurde », c’est une scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pa
17401
ndaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à
l’
absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et autre
17402
ion », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que
l’
amour ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ress
17403
Dieu est fidèle, et que l’amour ne trompe jamais
l’
aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que
17404
é. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir »
le
monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pou
17405
ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans
la
conscience de sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne rec
17406
ressaisir » le monde fini que dans la conscience
de
sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne recouvra pas Régi
17407
; il ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais
de
l’aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cett
17408
l ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais de
l’
aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œ
17409
ra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’aimer et
de
lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
17410
n œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
le
lieu de sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que da
17411
Et c’est peut-être que cette œuvre était le lieu
de
sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vo
17412
être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité
la
plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vocation vraiment
17413
plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans
la
vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec humain
17414
ue dans la vocation vraiment unique du Solitaire,
le
secret de son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, é
17415
vocation vraiment unique du Solitaire, le secret
de
son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, épousent Ré
17416
reçoivent une autre vocation, épousent Régine, et
la
passion revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de l’absurde »
17417
revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de
l’
absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour de leur bonheur. (Ces choses-
17418
rtu de l’absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour
de
leur bonheur. (Ces choses-là sont trop simples et totales pour qu’un
17419
our qu’un discours vienne mettre ses délais entre
la
question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le secon
17420
délais entre la question qu’elles nous posent et
la
réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut
17421
re la question qu’elles nous posent et la réponse
de
notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d
17422
econd thème que j’esquisserai n’est peut-être pas
d’
une nature essentiellement hétérogène. Peut-être même doit-il être con
17423
re conçu comme un aspect particulier du mouvement
de
retour de la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’
17424
omme un aspect particulier du mouvement de retour
de
la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension
17425
e un aspect particulier du mouvement de retour de
la
passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spi
17426
ier du mouvement de retour de la passion, tel que
l’
a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spirituelle qu’il nous
17427
assion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet
de
l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus
17428
ion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de
l’
ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ar
17429
e l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans
le
langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît qu
17430
on spirituelle qu’il nous raconte dans le langage
de
la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme att
17431
spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de
la
plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme attein
17432
dente passion, saint Jean de la Croix connaît que
l’
âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour,
17433
ean de la Croix connaît que l’âme atteint un état
de
présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomm
17434
que l’âme atteint un état de présence parfaite à
l’
objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
17435
int un état de présence parfaite à l’objet aimant
de
l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se compor
17436
un état de présence parfaite à l’objet aimant de
l’
amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte
17437
’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme
le
mariage mystique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son amour av
17438
our, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
L’
âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’indiff
17439
rte alors à l’endroit de son amour avec une sorte
d’
indifférence quasi divine. Elle est au-delà du doute et de la distinct
17440
érence quasi divine. Elle est au-delà du doute et
de
la distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus r
17441
nce quasi divine. Elle est au-delà du doute et de
la
distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus rien
17442
son amour ne veuille, elle est une avec lui dans
la
dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et l
17443
ui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue
de
grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit a
17444
ualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et
d’
obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé
17445
plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et
le
désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l
17446
un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir
de
la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte mêm
17447
dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de
la
plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même d
17448
aute passion se voit alors comblé sans cesse dans
l’
acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni m
17449
se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même
d’
obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même de consc
17450
l’acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en
l’
âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la so
17451
même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme
de
brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété
17452
rte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même
de
conscience de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir.
17453
t plus en l’âme de brûlure, ni même de conscience
de
l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analog
17454
lus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de
l’
amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
17455
ni même de conscience de l’amour, mais seulement
la
sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alo
17456
e de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse
de
l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la p
17457
e l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de
l’
agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la pass
17458
is seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans
l’
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du m
17459
t la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
de
la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir
17460
a sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de
la
foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’
17461
té heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi,
l’
on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’union my
17462
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que
la
passion, née du mortel désir d’union mystique, ne saurait être dépass
17463
ors concevoir que la passion, née du mortel désir
d’
union mystique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la renco
17464
ue, ne saurait être dépassée et accomplie que par
la
rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa pers
17465
t être dépassée et accomplie que par la rencontre
d’
un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout j
17466
et accomplie que par la rencontre d’un autre, par
l’
admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte,
17467
que par la rencontre d’un autre, par l’admission
de
sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui of
17468
d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère,
de
sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans
17469
liance sans fin, initiant un dialogue vrai. Alors
l’
angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence
17470
nt un dialogue vrai. Alors l’angoisse comblée par
la
réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bo
17471
ue vrai. Alors l’angoisse comblée par la réponse,
la
nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bonheur sensib
17472
comblée par la réponse, la nostalgie comblée par
la
présence cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir,
17473
nse, la nostalgie comblée par la présence cessent
d’
appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir, acceptent notre jour
17474
ce cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent
de
souffrir, acceptent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nou
17475
ssent de souffrir, acceptent notre jour. Et alors
le
mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. Une dern
17476
rs le mariage est possible. Nous sommes deux dans
le
contentement. Une dernière fois pourtant nous reprendrons un parti de
17477
dernière fois pourtant nous reprendrons un parti
de
sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas co
17478
s pourtant nous reprendrons un parti de sobriété.
Les
mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur
17479
e sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et
le
péché n’est pas comme une erreur à laquelle on renoncerait un beau jo
17480
ité meilleure. Nous sommes sans fin ni cesse dans
le
combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux pui
17481
ure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat
de
la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux.
17482
. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de
la
nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Ma
17483
sans fin ni cesse dans le combat de la nature et
de
la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon
17484
ns fin ni cesse dans le combat de la nature et de
la
grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon n’e
17485
Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais
l’
horizon n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne ch
17486
alheureux puis heureux. Mais l’horizon n’est plus
le
même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne change pas comme nous,
17487
on n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom
de
ce qui ne change pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est
17488
, révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà
de
la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
17489
évèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de
la
tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’
17490
’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau
le
bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient p
17491
de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
l’
ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui
17492
essemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à
la
forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 21 février-21
17493
à la forme du monde, car c’est lui qui transforme
le
monde. 21 février-21 juin 1938. (Révision : 1954.) 200. Je m’en
17494
ion : 1954.) 200. Je m’en tiens au cas-limite
de
Tristan. Il y a des cas de passion dans le mariage chrétien ; et des
17495
en tiens au cas-limite de Tristan. Il y a des cas
de
passion dans le mariage chrétien ; et des états de mariage dans la pa
17496
limite de Tristan. Il y a des cas de passion dans
le
mariage chrétien ; et des états de mariage dans la passion… 201. Plu
17497
e passion dans le mariage chrétien ; et des états
de
mariage dans la passion… 201. Plus on s’écarte de l’espèce pour se r
17498
e mariage chrétien ; et des états de mariage dans
la
passion… 201. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la
17499
e mariage dans la passion… 201. Plus on s’écarte
de
l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient sin
17500
ariage dans la passion… 201. Plus on s’écarte de
l’
espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singul
17501
. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher
de
la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisatio
17502
lus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de
la
personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisation d
17503
l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus
le
choix devient singulier. À cette personnalisation de l’être aimé corr
17504
choix devient singulier. À cette personnalisation
de
l’être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’i
17505
ix devient singulier. À cette personnalisation de
l’
être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’inst
17506
orrespond d’ailleurs une spécification croissante
de
l’instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr
17507
espond d’ailleurs une spécification croissante de
l’
instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Ma
17508
cification croissante de l’instinct, à mesure que
l’
homme se virilise : c’est l’argument du Dr Marañon en faveur de la mon
17509
nstinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est
l’
argument du Dr Marañon en faveur de la monogamie. 202. Voir le remarq
17510
ise : c’est l’argument du Dr Marañon en faveur de
la
monogamie. 202. Voir le remarquable essai de R. de Pury, « Éros et A
17511
Dr Marañon en faveur de la monogamie. 202. Voir
le
remarquable essai de R. de Pury, « Éros et Agapè » dans le recueil co
17512
de la monogamie. 202. Voir le remarquable essai
de
R. de Pury, « Éros et Agapè » dans le recueil collectif intitulé Prob
17513
uable essai de R. de Pury, « Éros et Agapè » dans
le
recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection « Pr
17514
pè » dans le recueil collectif intitulé Problèmes
de
la sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit
17515
» dans le recueil collectif intitulé Problèmes de
la
sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit acc
17516
ement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas
le
péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros. » 203. En quoi consist
17517
n tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ;
le
péché c’est la sublimation d’Éros. » 203. En quoi consiste le respec
17518
sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est
la
sublimation d’Éros. » 203. En quoi consiste le respect, au sens où j
17519
’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation
d’
Éros. » 203. En quoi consiste le respect, au sens où je le prends ici
17520
t la sublimation d’Éros. » 203. En quoi consiste
le
respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans
17521
203. En quoi consiste le respect, au sens où je
le
prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une
17522
respect, au sens où je le prends ici ? En ce que
l’
on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne, sel
17523
rends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être
la
totalité d’une personne. La personne, selon la fameuse définition kan
17524
En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité
d’
une personne. La personne, selon la fameuse définition kantienne, c’es
17525
econnaît dans un être la totalité d’une personne.
La
personne, selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut
17526
re la totalité d’une personne. La personne, selon
la
fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l
17527
kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par
l’
homme comme une chose, comme un instrument. 204. Sur la liaison absol
17528
e comme une chose, comme un instrument. 204. Sur
la
liaison absolument fondamentale de la passion et du mensonge, voir su
17529
ent. 204. Sur la liaison absolument fondamentale
de
la passion et du mensonge, voir supra chap. 10, livre I. 205. B. Cr
17530
. 204. Sur la liaison absolument fondamentale de
la
passion et du mensonge, voir supra chap. 10, livre I. 205. B. Croce
17531
Etica e Politica. 206. Leo Ferrero, Désespoirs.
Le
problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre da
17532
tica. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème
de
la passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses donné
17533
a. 206. Leo Ferrero, Désespoirs. Le problème de
la
passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses données
17534
elles psychologiques. (Voir Appendice 4.) 207. «
L’
idée antique du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la c
17535
ice 4.) 207. « L’idée antique du travail indigne
de
l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne,
17536
4.) 207. « L’idée antique du travail indigne de
l’
homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, His
17537
travail indigne de l’homme libre se retrouve dans
la
chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113. 208
17538
ns la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire
de
l’Europe, p. 113. 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les cata
17539
la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de
l’
Europe, p. 113. 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastr
17540
renne, Histoire de l’Europe, p. 113. 208. Il y a
l’
Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes qu’elle annonce représent
17541
. 113. 208. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais
les
catastrophes qu’elle annonce représentent notre châtiment et non pas
17542
âtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas
la
mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce f
17543
t non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort,
la
désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par D
17544
Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est
le
salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu. 209. Faut-il aller e
17545
mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais
l’
acte de la grâce fait par Dieu. 209. Faut-il aller encore plus loin
17546
la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte
de
la grâce fait par Dieu. 209. Faut-il aller encore plus loin que Kie
17547
désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de
la
grâce fait par Dieu. 209. Faut-il aller encore plus loin que Kierke
17548
ut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans
le
dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et d
17549
le dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive
de
le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a san
17550
dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de
le
pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans d
17551
tade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et
de
penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans doute aucun profit
17552
de le pressentir, et de penser : du point de vue
de
la foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » p
17553
le pressentir, et de penser : du point de vue de
la
foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
17554
oute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
les
non-chrétiens. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’abri
17555
s mœurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon
de
les mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les
17556
œurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon de
les
mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les con
17557
s. C’est une façon de les mettre, au contraire, à
l’
abri du désespoir réel, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
17558
ontraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui
les
conduirait à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hy
17559
i du désespoir réel, humain, qui les conduirait à
la
foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bou
17560
el, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
d’
âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au
17561
à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens
d’
une hygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien — la guérison à o
17562
ygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien —
la
guérison à obtenir, c’est que l’infidèle croie — devrait conduire à d
17563
sens chrétien — la guérison à obtenir, c’est que
l’
infidèle croie — devrait conduire à désirer pour l’homme non chrétien
17564
’infidèle croie — devrait conduire à désirer pour
l’
homme non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. O
17565
rer pour l’homme non chrétien qu’il traverse tout
le
« bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si
17566
e non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur »
de
la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seu
17567
on chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de
la
passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul a
17568
out le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce
de
le retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en
17569
le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de
le
retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en ét
17570
r on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que
le
seul au-delà concret qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
17571
en que le seul au-delà concret qu’il soit en état
de
désirer, d’imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voil
17572
ul au-delà concret qu’il soit en état de désirer,
d’
imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il f
17573
qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
le
« dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter : l’ho
17574
es passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter :
l’
homme livré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont le remède peu
17575
ivré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont
le
remède peut très bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que le ren
17576
ir dont le remède peut très bien lui apparaître :
la
loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut
17577
rès bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que
le
renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi.
17578
raître : la loi. Or ce n’est que le renoncement à
la
loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi. 210. Crainte e
17579
à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à
la
foi. 210. Crainte et Tremblement, traduit d’après la version allem
17580
. 210. Crainte et Tremblement, traduit d’après
la
version allemande de E. Geismar et R. Marx.
17581
Tremblement, traduit d’après la version allemande
de
E. Geismar et R. Marx.
17582
Appendices 1.Caractère sacré
de
la légende Pour éviter tout malentendu, je préciserai ici que mon
17583
Appendices 1.Caractère sacré de
la
légende Pour éviter tout malentendu, je préciserai ici que mon ana
17584
ndu, je préciserai ici que mon analyse se borne à
la
légende écrite de Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je p
17585
ici que mon analyse se borne à la légende écrite
de
Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je parle du mythe « pr
17586
se se borne à la légende écrite de Tristan. C’est
d’
elle seule que je parle quand je parle du mythe « primitif ». Il serai
17587
nd je parle du mythe « primitif ». Il serait aisé
de
se prévaloir du caractère sacré que certains auteurs du siècle dernie
17588
dernier ont cru pouvoir attribuer aux personnages
de
Tristan et d’Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le vi
17589
u pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et
d’
Iseut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tr
17590
ersonnages de Tristan et d’Iseut (ou Essylt) dans
la
mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan aurait été un demi-
17591
seut (ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès
le
viie siècle, Tristan aurait été un demi-dieu, le héraut symbolique d
17592
le viie siècle, Tristan aurait été un demi-dieu,
le
héraut symbolique des mystères, le « gardien des marcassins sacrés »,
17593
un demi-dieu, le héraut symbolique des mystères,
le
« gardien des marcassins sacrés », c’est-à-dire des élèves des druide
17594
rés », c’est-à-dire des élèves des druides, rival
de
son oncle Markh, le roi-cheval, et amant d’Essylt, dont on a pu suppo
17595
des élèves des druides, rival de son oncle Markh,
le
roi-cheval, et amant d’Essylt, dont on a pu supposer que le nom signi
17596
rival de son oncle Markh, le roi-cheval, et amant
d’
Essylt, dont on a pu supposer que le nom signifiait « spectacle mystér
17597
val, et amant d’Essylt, dont on a pu supposer que
le
nom signifiait « spectacle mystérieux, objet de contemplation », fée
17598
e le nom signifiait « spectacle mystérieux, objet
de
contemplation », fée irlandaise, cavale aux crins blancs, ou encore f
17599
se, cavale aux crins blancs, ou encore figuration
de
l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux barde
17600
cavale aux crins blancs, ou encore figuration de
l’
eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes,
17601
e aux crins blancs, ou encore figuration de l’eau
de
la chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit
17602
ux crins blancs, ou encore figuration de l’eau de
la
chaudière de Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit et
17603
cs, ou encore figuration de l’eau de la chaudière
de
Cerridwen, qui donne l’inspiration aux bardes, guérit et ressuscite,
17604
de l’eau de la chaudière de Cerridwen, qui donne
l’
inspiration aux bardes, guérit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’ini
17605
bardes, guérit et ressuscite, c’est-à-dire élève
l’
initié à la vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté.
17606
érit et ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à
la
vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les M
17607
ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie
de
l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogi
17608
ssuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie de
l’
esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabinogion,
17609
t. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans
les
Mabinogion, recueil des légendes galloises, on ne trouve que cette se
17610
trouve que cette seule indication très brève sur
la
légende originelle : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs de
17611
brève sur la légende originelle : « Drystan, fils
de
Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant d’Essylt. » (C’est dans un
17612
e : « Drystan, fils de Tallwch, gardien des porcs
de
Markh, amant d’Essylt. » (C’est dans une énumération des amants fameu
17613
ils de Tallwch, gardien des porcs de Markh, amant
d’
Essylt. » (C’est dans une énumération des amants fameux de la Bretagne
17614
. » (C’est dans une énumération des amants fameux
de
la Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan e
17615
(C’est dans une énumération des amants fameux de
la
Bretagne.) On a voulu voir également dans la rivalité de Tristan et d
17616
x de la Bretagne.) On a voulu voir également dans
la
rivalité de Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Breto
17617
agne.) On a voulu voir également dans la rivalité
de
Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricai
17618
ulu voir également dans la rivalité de Tristan et
de
Marc le symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gall
17619
également dans la rivalité de Tristan et de Marc
le
symbole de la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs
17620
dans la rivalité de Tristan et de Marc le symbole
de
la lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est in
17621
s la rivalité de Tristan et de Marc le symbole de
la
lutte entre les Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incon
17622
e Tristan et de Marc le symbole de la lutte entre
les
Bretons armoricains et les Gallo-Francs. Il est incontestable que mai
17623
bole de la lutte entre les Bretons armoricains et
les
Gallo-Francs. Il est incontestable que maints éléments de la traditio
17624
-Francs. Il est incontestable que maints éléments
de
la tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. l
17625
ancs. Il est incontestable que maints éléments de
la
tradition bardique (orale) sont incorporés dans la légende. (Cf. livr
17626
a tradition bardique (orale) sont incorporés dans
la
légende. (Cf. livre II, chap. 11.) Mais il est non moins certain que
17627
st non moins certain que Béroul, Thomas, Eilhart,
l’
auteur du Roman en prose et celui de la Folie Tristan n’étaient pas in
17628
mas, Eilhart, l’auteur du Roman en prose et celui
de
la Folie Tristan n’étaient pas initiés à cette tradition. Ils ignorai
17629
, Eilhart, l’auteur du Roman en prose et celui de
la
Folie Tristan n’étaient pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient
17630
ent pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient
le
sens primitivement sacré et symbolique des personnages dont ils nous
17631
symbolique des personnages dont ils nous content
les
amours. Et les traces qui subsistent, dans leur texte, d’anciennes pr
17632
personnages dont ils nous content les amours. Et
les
traces qui subsistent, dans leur texte, d’anciennes pratiques de magi
17633
s. Et les traces qui subsistent, dans leur texte,
d’
anciennes pratiques de magie montrent bien que l’usage de ces dernière
17634
ubsistent, dans leur texte, d’anciennes pratiques
de
magie montrent bien que l’usage de ces dernières est oublié, à l’époq
17635
d’anciennes pratiques de magie montrent bien que
l’
usage de ces dernières est oublié, à l’époque et dans les pays où ils
17636
nnes pratiques de magie montrent bien que l’usage
de
ces dernières est oublié, à l’époque et dans les pays où ils écrivent
17637
t bien que l’usage de ces dernières est oublié, à
l’
époque et dans les pays où ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornem
17638
e de ces dernières est oublié, à l’époque et dans
les
pays où ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornements d’art, pittor
17639
ù ils écrivent. Tout cela n’est plus qu’ornements
d’
art, pittoresque, anecdotes interprétées par la fantaisie individuelle
17640
ts d’art, pittoresque, anecdotes interprétées par
la
fantaisie individuelle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur d
17641
erprétées par la fantaisie individuelle du poète.
Les
faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute
17642
individuelle du poète. Les faits que nous décrit
l’
auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre c
17643
elle du poète. Les faits que nous décrit l’auteur
de
la Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre chose qu’u
17644
e du poète. Les faits que nous décrit l’auteur de
la
Folie Tristan étaient sans doute à l’origine tout autre chose qu’une
17645
l’auteur de la Folie Tristan étaient sans doute à
l’
origine tout autre chose qu’une suite d’extravagances. Chaque parole e
17646
s doute à l’origine tout autre chose qu’une suite
d’
extravagances. Chaque parole et chaque geste du héros devaient corresp
17647
devaient correspondre à des symboles déterminés.
La
maison de verre par exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener I
17648
correspondre à des symboles déterminés. La maison
de
verre par exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener Iseut, étai
17649
quelle Tristan fou veut emmener Iseut, était dans
la
mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les
17650
emmener Iseut, était dans la mythologie druidique
le
vaisseau de la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle c
17651
t, était dans la mythologie druidique le vaisseau
de
la mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gw
17652
était dans la mythologie druidique le vaisseau de
la
mort qui s’en va par-delà les nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynf
17653
dique le vaisseau de la mort qui s’en va par-delà
les
nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la
17654
s nuages jusqu’au cercle céleste du Gwynfyd. Dans
la
Folie Tristan, la maison de verre n’est plus qu’une image émouvante n
17655
cercle céleste du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan,
la
maison de verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie
17656
este du Gwynfyd. Dans la Folie Tristan, la maison
de
verre n’est plus qu’une image émouvante née de la fantaisie poétique
17657
on de verre n’est plus qu’une image émouvante née
de
la fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ
17658
de verre n’est plus qu’une image émouvante née de
la
fantaisie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de
17659
’une image émouvante née de la fantaisie poétique
de
l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretag
17660
e image émouvante née de la fantaisie poétique de
l’
amoureux. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour la Bretagne
17661
sie poétique de l’amoureux. De même, chez Thomas,
le
départ de Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique »
17662
ue de l’amoureux. De même, chez Thomas, le départ
de
Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ;
17663
. De même, chez Thomas, le départ de Tristan pour
la
Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ; etc. C’est pour
17664
ons que je ne tiens compte, dans mon analyse, que
de
la légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xi
17665
que je ne tiens compte, dans mon analyse, que de
la
légende rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xiie
17666
légende rédigée, et réinventée quant au sens, par
les
poètes du xiie siècle ; elle seule agit encore sur nous, en tant que
17667
lle seule agit encore sur nous, en tant que mythe
de
l’amour-passion. 2.Chevalerie sacrée La pensée médiévale en gé
17668
seule agit encore sur nous, en tant que mythe de
l’
amour-passion. 2.Chevalerie sacrée La pensée médiévale en génér
17669
he de l’amour-passion. 2.Chevalerie sacrée
La
pensée médiévale en général est saturée de conceptions religieuses. D
17670
ée La pensée médiévale en général est saturée
de
conceptions religieuses. De la même manière, dans une sphère plus res
17671
n général est saturée de conceptions religieuses.
De
la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous c
17672
énéral est saturée de conceptions religieuses. De
la
même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de tous ceux
17673
la même manière, dans une sphère plus restreinte,
la
pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la n
17674
nière, dans une sphère plus restreinte, la pensée
de
tous ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de la noblesse es
17675
estreinte, la pensée de tous ceux qui vivent dans
les
cercles de la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevale
17676
a pensée de tous ceux qui vivent dans les cercles
de
la cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cet
17677
ensée de tous ceux qui vivent dans les cercles de
la
cour et de la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette
17678
us ceux qui vivent dans les cercles de la cour et
de
la noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception
17679
ceux qui vivent dans les cercles de la cour et de
la
noblesse est imprégnée de l’idéal chevaleresque. Cette conception env
17680
ercles de la cour et de la noblesse est imprégnée
de
l’idéal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la
17681
les de la cour et de la noblesse est imprégnée de
l’
idéal chevaleresque. Cette conception envahit même le domaine de la re
17682
déal chevaleresque. Cette conception envahit même
le
domaine de la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était
17683
eresque. Cette conception envahit même le domaine
de
la religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la premi
17684
sque. Cette conception envahit même le domaine de
la
religion : la prouesse de l’archange saint Michel était « la première
17685
nception envahit même le domaine de la religion :
la
prouesse de l’archange saint Michel était « la première milicie et pr
17686
ahit même le domaine de la religion : la prouesse
de
l’archange saint Michel était « la première milicie et prouesse cheva
17687
t même le domaine de la religion : la prouesse de
l’
archange saint Michel était « la première milicie et prouesse chevaleu
17688
ureuse qui oncques fut mise en exploict » ; c’est
de
là que procède la chevalerie qui, en tant que « milicie terrienne et
17689
fut mise en exploict » ; c’est de là que procède
la
chevalerie qui, en tant que « milicie terrienne et chevalerie humaine
17690
ne imitation des chœurs des anges autour du trône
de
Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement
17691
ion des chœurs des anges autour du trône de Dieu.
Le
poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’il c
17692
r du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel
l’
appelle une espèce de sacrement, qu’il compare au Baptême et au Mariag
17693
e poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce
de
sacrement, qu’il compare au Baptême et au Mariage. (J. Huizinga, Le D
17694
l compare au Baptême et au Mariage. (J. Huizinga,
Le
Déclin du Moyen Âge, p. 78.) La conception chevaleresque constituait
17695
ge. (J. Huizinga, Le Déclin du Moyen Âge, p. 78.)
La
conception chevaleresque constituait pour l’esprit superficiel de ces
17696
78.) La conception chevaleresque constituait pour
l’
esprit superficiel de ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain,
17697
evaleresque constituait pour l’esprit superficiel
de
ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain, La Marche…] une clef
17698
ces auteurs [Froissart, Monstrelet, Chastellain,
La
Marche…] une clef magique à l’aide de laquelle ils s’expliquaient les
17699
f magique à l’aide de laquelle ils s’expliquaient
les
événements contemporains. En réalité, les guerres, tout comme la poli
17700
quaient les événements contemporains. En réalité,
les
guerres, tout comme la politique de leur temps, étaient extrêmement i
17701
ontemporains. En réalité, les guerres, tout comme
la
politique de leur temps, étaient extrêmement informes, et apparemment
17702
En réalité, les guerres, tout comme la politique
de
leur temps, étaient extrêmement informes, et apparemment incohérentes
17703
xtrêmement informes, et apparemment incohérentes.
La
guerre était un état chronique d’escarmouches isolées s’étendant sur
17704
t incohérentes. La guerre était un état chronique
d’
escarmouches isolées s’étendant sur un vaste domaine ; la diplomatie,
17705
mouches isolées s’étendant sur un vaste domaine ;
la
diplomatie, un instrument compliqué et défectueux, dominé d’une part
17706
es, et d’autre part, par un ensemble inextricable
de
questions de droit isolées et mesquines. L’histoire, n’étant pas en m
17707
e part, par un ensemble inextricable de questions
de
droit isolées et mesquines. L’histoire, n’étant pas en mesure de disc
17708
cable de questions de droit isolées et mesquines.
L’
histoire, n’étant pas en mesure de discerner un réel développement soc
17709
s et mesquines. L’histoire, n’étant pas en mesure
de
discerner un réel développement social, se servait de la fiction de l
17710
iscerner un réel développement social, se servait
de
la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisa
17711
erner un réel développement social, se servait de
la
fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait
17712
el développement social, se servait de la fiction
de
l’idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde au
17713
développement social, se servait de la fiction de
l’
idéal chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait le monde aux p
17714
chevaleresque à l’aide de laquelle elle réduisait
le
monde aux proportions d’une belle image d’honneur princier et de vert
17715
laquelle elle réduisait le monde aux proportions
d’
une belle image d’honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’
17716
uisait le monde aux proportions d’une belle image
d’
honneur princier et de vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordr
17717
oportions d’une belle image d’honneur princier et
de
vertu courtoise, et créait l’illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.)
17718
honneur princier et de vertu courtoise, et créait
l’
illusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3.Chansons de geste et romans
17719
ncier et de vertu courtoise, et créait l’illusion
de
l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3.Chansons de geste et romans courtois
17720
er et de vertu courtoise, et créait l’illusion de
l’
ordre. (Ibid., p. 80.) 3.Chansons de geste et romans courtois L
17721
lusion de l’ordre. (Ibid., p. 80.) 3.Chansons
de
geste et romans courtois Les chansons de geste sont nées au xie s
17722
0.) 3.Chansons de geste et romans courtois
Les
chansons de geste sont nées au xie siècle, et pas avant comme l’a mo
17723
nsons de geste et romans courtois Les chansons
de
geste sont nées au xie siècle, et pas avant comme l’a montré Joseph
17724
este sont nées au xie siècle, et pas avant comme
l’
a montré Joseph Bédier. Elles furent composées, pour la plupart, par d
17725
sorte des poèmes publicitaires destinés à attirer
la
gloire et la foule à tel pèlerinage ou abbaye en magnifiant ses reliq
17726
mes publicitaires destinés à attirer la gloire et
la
foule à tel pèlerinage ou abbaye en magnifiant ses reliques miraculeu
17727
ondateurs. Il est compréhensible que ces chansons
de
clercs parlent très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende de Gi
17728
ces chansons de clercs parlent très peu ou point
d’
amour. Une seule, la Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1
17729
rcs parlent très peu ou point d’amour. Une seule,
la
Légende de Girard de Roussillon (composée entre 1150 et 1180 selon Bé
17730
très peu ou point d’amour. Une seule, la Légende
de
Girard de Roussillon (composée entre 1150 et 1180 selon Bédier) conti
17731
re 1150 et 1180 selon Bédier) contient un épisode
d’
amour courtois. Elle est écrite dans un dialecte intermédiaire entre l
17732
e est écrite dans un dialecte intermédiaire entre
le
français et le provençal. À tous égards, elle marque la transition de
17733
ns un dialecte intermédiaire entre le français et
le
provençal. À tous égards, elle marque la transition de l’épopée franç
17734
nçais et le provençal. À tous égards, elle marque
la
transition de l’épopée française au « roman » proprement dit. L’épiso
17735
ovençal. À tous égards, elle marque la transition
de
l’épopée française au « roman » proprement dit. L’épisode d’amour nou
17736
nçal. À tous égards, elle marque la transition de
l’
épopée française au « roman » proprement dit. L’épisode d’amour nous i
17737
e l’épopée française au « roman » proprement dit.
L’
épisode d’amour nous intéresse d’autant plus qu’il décrit une situatio
17738
française au « roman » proprement dit. L’épisode
d’
amour nous intéresse d’autant plus qu’il décrit une situation fort ana
17739
proprement dit. L’épisode d’amour nous intéresse
d’
autant plus qu’il décrit une situation fort analogue — dans sa forme —
17740
fort analogue — dans sa forme — à celle du Roman
de
Tristan. Or il est évident que cette situation ne peut être qu’une in
17741
e invention courtoise (elle tranche nettement sur
le
reste de la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie ave
17742
on courtoise (elle tranche nettement sur le reste
de
la légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie avec Tristan
17743
courtoise (elle tranche nettement sur le reste de
la
légende qui est cléricale et féodale). Cette analogie avec Tristan no
17744
avec Tristan nous donne un repère pour apprécier
la
transformation que les Béroul et les Thomas firent subir au vieux myt
17745
ne un repère pour apprécier la transformation que
les
Béroul et les Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous
17746
our apprécier la transformation que les Béroul et
les
Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesu
17747
t subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet
de
mesurer l’influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du c
17748
vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesurer
l’
influence décisive de l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton
17749
Elle nous permet de mesurer l’influence décisive
de
l’amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : l
17750
le nous permet de mesurer l’influence décisive de
l’
amour courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le d
17751
urer l’influence décisive de l’amour courtois sur
les
auteurs du cycle breton. Voici la donnée : le duc Girard de Roussillo
17752
r courtois sur les auteurs du cycle breton. Voici
la
donnée : le duc Girard de Roussillon a été quérir une fiancée pour Ch
17753
ur les auteurs du cycle breton. Voici la donnée :
le
duc Girard de Roussillon a été quérir une fiancée pour Charles le Cha
17754
mpagné du page, il va à Constantinople demander à
l’
empereur ses deux filles : l’aînée, Berthe, épousera Charles, la cadet
17755
antinople demander à l’empereur ses deux filles :
l’
aînée, Berthe, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme d
17756
deux filles : l’aînée, Berthe, épousera Charles,
la
cadette, Elissent, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit les
17757
the, épousera Charles, la cadette, Elissent, sera
la
femme de Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’épren
17758
sera Charles, la cadette, Elissent, sera la femme
de
Girard. Lorsque Charles voit les deux princesses, il s’éprend d’Eliss
17759
nt, sera la femme de Girard. Lorsque Charles voit
les
deux princesses, il s’éprend d’Elissent, déjà fiancée à Girard. Après
17760
que Charles voit les deux princesses, il s’éprend
d’
Elissent, déjà fiancée à Girard. Après un long débat, Girard consent à
17761
consent à céder Elissent, à condition qu’il cesse
d’
être vassal du roi. Il épouse Berthe, tandis qu’Elissent devient reine
17762
the, tandis qu’Elissent devient reine. Au jour où
les
deux couples se séparent, Girard prend à part deux témoins, ainsi que
17763
part deux témoins, ainsi que Berthe sa femme, et
la
reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai f
17764
s, ainsi que Berthe sa femme, et la reine. Femme
de
roi, dit-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait de vous ? Je
17765
la reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous
de
l’échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour
17766
reine. Femme de roi, dit-il, que pensez-vous de
l’
échange que j’ai fait de vous ? Je sais bien que vous me tenez pour mé
17767
it-il, que pensez-vous de l’échange que j’ai fait
de
vous ? Je sais bien que vous me tenez pour méprisable. — Non, Seigneu
17768
r méprisable. — Non, Seigneur, mais pour un homme
de
valeur et de prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’avez é
17769
— Non, Seigneur, mais pour un homme de valeur et
de
prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l
17770
e prix. Vous m’avez faite reine, et ma sœur, vous
l’
avez épousée pour l’amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai e
17771
faite reine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour
l’
amour de moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai et Gervais. Et vous,
17772
ine, et ma sœur, vous l’avez épousée pour l’amour
de
moi. Écoutez-moi, vous, comtes Bertolai et Gervais. Et vous, ma chère
17773
ai et Gervais. Et vous, ma chère sœur, recevez-en
la
confidence, et vous surtout, Jésus mon rédempteur, je vous prends pou
17774
ne à jamais mon amour au duc Girard. Je lui donne
de
mon oscle la fleur, parce que je l’aime plus que mon père et plus que
17775
on amour au duc Girard. Je lui donne de mon oscle
la
fleur, parce que je l’aime plus que mon père et plus que mon mari ; e
17776
Je lui donne de mon oscle la fleur, parce que je
l’
aime plus que mon père et plus que mon mari ; et le voyant partir, je
17777
’aime plus que mon père et plus que mon mari ; et
le
voyant partir, je ne puis me défendre de pleurer… » Dès ce moment, aj
17778
ari ; et le voyant partir, je ne puis me défendre
de
pleurer… » Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour de
17779
s me défendre de pleurer… » Dès ce moment, ajoute
le
poète, « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout r
17780
» Dès ce moment, ajoute le poète, « dura toujours
l’
amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût
17781
moment, ajoute le poète, « dura toujours l’amour
de
Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eu
17782
te le poète, « dura toujours l’amour de Girard et
d’
Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose
17783
ura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur
de
tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose que bon vouloir
17784
alousie que, pour un autre grief dont il chargera
le
duc, il se montra farouche et irrité. Ils en firent bataille par les
17785
ra farouche et irrité. Ils en firent bataille par
les
plaines herbues… L’analogie avec Tristan est très frappante. Il s’ag
17786
Ils en firent bataille par les plaines herbues…
L’
analogie avec Tristan est très frappante. Il s’agit dans les deux cas
17787
e avec Tristan est très frappante. Il s’agit dans
les
deux cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée
17788
est très frappante. Il s’agit dans les deux cas :
D’
un vassal puissant chargé de la « quête » d’une fiancée lointaine — d’
17789
t dans les deux cas : D’un vassal puissant chargé
de
la « quête » d’une fiancée lointaine — d’une rivalité entre le vassal
17790
ans les deux cas : D’un vassal puissant chargé de
la
« quête » d’une fiancée lointaine — d’une rivalité entre le vassal et
17791
cas : D’un vassal puissant chargé de la « quête »
d’
une fiancée lointaine — d’une rivalité entre le vassal et son suzerain
17792
chargé de la « quête » d’une fiancée lointaine —
d’
une rivalité entre le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’
17793
» d’une fiancée lointaine — d’une rivalité entre
le
vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre l’hommage dû au suzerai
17794
’une rivalité entre le vassal et son suzerain ; —
d’
un conflit entre l’hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femm
17795
le vassal et son suzerain ; — d’un conflit entre
l’
hommage dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage
17796
— d’un conflit entre l’hommage dû au suzerain et
l’
hommage donné à la femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ic
17797
tre l’hommage dû au suzerain et l’hommage donné à
la
femme ; — d’un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de
17798
dû au suzerain et l’hommage donné à la femme ; —
d’
un mariage de consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là
17799
in et l’hommage donné à la femme ; — d’un mariage
de
consolation du vassal (ici avec la sœur de son amie, là avec son homo
17800
— d’un mariage de consolation du vassal (ici avec
la
sœur de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légende
17801
ariage de consolation du vassal (ici avec la sœur
de
son amie, là avec son homonyme) — enfin dans les deux légendes, l’amo
17802
r de son amie, là avec son homonyme) — enfin dans
les
deux légendes, l’amour courtois et sa fidélité triomphent idéalement
17803
vec son homonyme) — enfin dans les deux légendes,
l’
amour courtois et sa fidélité triomphent idéalement du mariage et de s
17804
t sa fidélité triomphent idéalement du mariage et
de
sa fidélité, en même temps que des liens féodaux. Mais les différence
17805
délité, en même temps que des liens féodaux. Mais
les
différences ne sont pas moins significatives. Dans Tristan, c’est la
17806
ont pas moins significatives. Dans Tristan, c’est
la
jalousie d’Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tand
17807
s significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie
d’
Iseut aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans
17808
jalousie d’Iseut aux blanches mains qui provoque
la
catastrophe, tandis que dans Girard, c’est la jalousie du suzerain. A
17809
que la catastrophe, tandis que dans Girard, c’est
la
jalousie du suzerain. Ainsi dans le premier cas, la situation trouve
17810
jalousie du suzerain. Ainsi dans le premier cas,
la
situation trouve un dénouement romanesque, tandis que dans le second,
17811
ndis que dans le second, il est épique. Là, c’est
l’
amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui en
17812
d, il est épique. Là, c’est l’amour qui conduit à
la
mort ; ici, ce sont les intérêts féodaux qui entraînent à des guerres
17813
’est l’amour qui conduit à la mort ; ici, ce sont
les
intérêts féodaux qui entraînent à des guerres sans fin. — Voici deux
17814
extes « courtois ». Ils nous permettent également
de
concevoir que Béroul et Thomas n’ont gardé du mythe druidique guère d
17815
’ont gardé du mythe druidique guère davantage que
les
noms et le support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en généra
17816
u mythe druidique guère davantage que les noms et
le
support matériel de l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugemen
17817
ère davantage que les noms et le support matériel
de
l’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de
17818
davantage que les noms et le support matériel de
l’
action. 1. Sur le mariage en général : Jugement de la comtesse de Cha
17819
noms et le support matériel de l’action. 1. Sur
le
mariage en général : Jugement de la comtesse de Champagne : Par la
17820
’action. 1. Sur le mariage en général : Jugement
de
la comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons
17821
tion. 1. Sur le mariage en général : Jugement de
la
comtesse de Champagne : Par la teneur des présentes, nous disons et
17822
al : Jugement de la comtesse de Champagne : Par
la
teneur des présentes, nous disons et soutenons que l’amour ne peut ét
17823
eneur des présentes, nous disons et soutenons que
l’
amour ne peut étendre ses droits entre mari et femme. Les amants s’acc
17824
r ne peut étendre ses droits entre mari et femme.
Les
amants s’accordent toute chose réciproquement et gratuitement, sans a
17825
roquement et gratuitement, sans aucune obligation
de
nécessité, tandis que les époux sont tenus par devoir à toutes les vo
17826
, sans aucune obligation de nécessité, tandis que
les
époux sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un de l’autre. Qu
17827
ndis que les époux sont tenus par devoir à toutes
les
volontés l’un de l’autre. Que ce jugement que nous prononçons avec un
17828
sont tenus par devoir à toutes les volontés l’un
de
l’autre. Que ce jugement que nous prononçons avec une extrême maturit
17829
sser pour vérité constante et irréfragable. Donné
l’
an 1174, le troisième des calendes de mai, indiction VII. 2. À rappro
17830
gable. Donné l’an 1174, le troisième des calendes
de
mai, indiction VII. 2. À rapprocher du mariage blanc de Tristan : Ju
17831
indiction VII. 2. À rapprocher du mariage blanc
de
Tristan : Jugement de la reine Eléonore : Demande. Un amant heureux
17832
rapprocher du mariage blanc de Tristan : Jugement
de
la reine Eléonore : Demande. Un amant heureux avait demandé à sa da
17833
procher du mariage blanc de Tristan : Jugement de
la
reine Eléonore : Demande. Un amant heureux avait demandé à sa dame
17834
Demande. Un amant heureux avait demandé à sa dame
la
permission d’offrir ses hommages à une autre : il y fut autorisé et c
17835
ant heureux avait demandé à sa dame la permission
d’
offrir ses hommages à une autre : il y fut autorisé et cessa de sentir
17836
hommages à une autre : il y fut autorisé et cessa
de
sentir pour sa première amie la tendresse qu’il lui avait portée d’ab
17837
autorisé et cessa de sentir pour sa première amie
la
tendresse qu’il lui avait portée d’abord. Après un mois, il revient à
17838
abord. Après un mois, il revient à elle, proteste
de
ne pas s’être épris ailleurs, et de n’avoir pris aucune liberté avec
17839
lle, proteste de ne pas s’être épris ailleurs, et
de
n’avoir pris aucune liberté avec l’autre dame, mais d’avoir voulu seu
17840
avoir pris aucune liberté avec l’autre dame, mais
d’
avoir voulu seulement mettre à l’épreuve la constance de sa maîtresse.
17841
autre dame, mais d’avoir voulu seulement mettre à
l’
épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour,
17842
, mais d’avoir voulu seulement mettre à l’épreuve
la
constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu
17843
r voulu seulement mettre à l’épreuve la constance
de
sa maîtresse. Celle-ci l’a privé de son amour, disant qu’il s’en est
17844
l’épreuve la constance de sa maîtresse. Celle-ci
l’
a privé de son amour, disant qu’il s’en est rendu indigne en implorant
17845
la constance de sa maîtresse. Celle-ci l’a privé
de
son amour, disant qu’il s’en est rendu indigne en implorant et en acc
17846
mplorant et en acceptant pareille licence. Arrêt
de
la reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feigne
17847
orant et en acceptant pareille licence. Arrêt de
la
reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour : les amants feignent
17848
e licence. Arrêt de la reine Éléonore. Telle est
la
nature de l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres
17849
Arrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature
de
l’amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, po
17850
rrêt de la reine Éléonore. Telle est la nature de
l’
amour : les amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour
17851
reine Éléonore. Telle est la nature de l’amour :
les
amants feignent souvent de souhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer d
17852
a nature de l’amour : les amants feignent souvent
de
souhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et
17853
ouhaiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage
de
la fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le d
17854
aiter d’autres nœuds, pour s’assurer davantage de
la
fidélité et de la constance de la personne aimée. C’est léser le droi
17855
nœuds, pour s’assurer davantage de la fidélité et
de
la constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants qu
17856
ds, pour s’assurer davantage de la fidélité et de
la
constance de la personne aimée. C’est léser le droit des amants que d
17857
surer davantage de la fidélité et de la constance
de
la personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, so
17858
er davantage de la fidélité et de la constance de
la
personne aimée. C’est léser le droit des amants que de refuser, sous
17859
de la constance de la personne aimée. C’est léser
le
droit des amants que de refuser, sous un prétexte semblable, ses embr
17860
rsonne aimée. C’est léser le droit des amants que
de
refuser, sous un prétexte semblable, ses embrassements ou sa tendress
17861
blable, ses embrassements ou sa tendresse, hormis
le
cas où il y aurait certitude que l’amant eût manqué à ses devoirs et
17862
resse, hormis le cas où il y aurait certitude que
l’
amant eût manqué à ses devoirs et à la foi promise. Or on n’a pas oub
17863
rtitude que l’amant eût manqué à ses devoirs et à
la
foi promise. Or on n’a pas oublié que Tristan épouse la seconde Iseu
17864
a seconde Iseut alors qu’il croit que la première
le
néglige. Ce n’est point tant la constance de son amie que la sienne p
17865
t que la première le néglige. Ce n’est point tant
la
constance de son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’épre
17866
ière le néglige. Ce n’est point tant la constance
de
son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à l’épreuve. À cette
17867
son amie que la sienne propre qu’il veut mettre à
l’
épreuve. À cette variante près — c’est plutôt un « transfert » au sens
17868
c’est plutôt un « transfert » au sens freudien —
la
situation juridique est bien du même ordre. 4.Conceptions oriental
17869
t bien du même ordre. 4.Conceptions orientales
de
l’amour Il est bien entendu que j’appelle Orient une certaine atti
17870
ien du même ordre. 4.Conceptions orientales de
l’
amour Il est bien entendu que j’appelle Orient une certaine attitud
17871
que j’appelle Orient une certaine attitude totale
de
l’homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans
17872
j’appelle Orient une certaine attitude totale de
l’
homme qui s’est manifestée principalement chez les peuples et dans les
17873
l’homme qui s’est manifestée principalement chez
les
peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et
17874
anifestée principalement chez les peuples et dans
les
religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont
17875
cipalement chez les peuples et dans les religions
de
l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orie
17876
alement chez les peuples et dans les religions de
l’
Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-
17877
chez les peuples et dans les religions de l’Asie.
L’
Iran, l’islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et s
17878
peuples et dans les religions de l’Asie. L’Iran,
l’
islam, l’Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattac
17879
et dans les religions de l’Asie. L’Iran, l’islam,
l’
Arabie et le judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattachent dire
17880
religions de l’Asie. L’Iran, l’islam, l’Arabie et
le
judaïsme ne sont pas cet Orient-là, et se rattachent directement (Liv
17881
x occidentaux. Il en va tout autrement des Indes,
de
la Chine, du Tibet, sinon peut-être du Japon médiéval (voir le célèbr
17882
ccidentaux. Il en va tout autrement des Indes, de
la
Chine, du Tibet, sinon peut-être du Japon médiéval (voir le célèbre r
17883
du Tibet, sinon peut-être du Japon médiéval (voir
le
célèbre roman Gengi), du Japon. Dans un très beau recueil posthume de
17884
gi), du Japon. Dans un très beau recueil posthume
de
poèmes et d’essais de Léo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relat
17885
. Dans un très beau recueil posthume de poèmes et
d’
essais de Léo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’un entr
17886
très beau recueil posthume de poèmes et d’essais
de
Léo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation d’un entretien qu’
17887
éo Ferrero : Désespoirs, je trouve cette relation
d’
un entretien qu’a eu l’auteur avec un jeune Chinois : Le concept d’am
17888
, je trouve cette relation d’un entretien qu’a eu
l’
auteur avec un jeune Chinois : Le concept d’amour » n’existe pas en C
17889
tretien qu’a eu l’auteur avec un jeune Chinois :
Le
concept d’amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est emplo
17890
a eu l’auteur avec un jeune Chinois : Le concept
d’
amour » n’existe pas en Chine. Le verbe « aimer » est employé seulemen
17891
is : Le concept d’amour » n’existe pas en Chine.
Le
verbe « aimer » est employé seulement pour définir les rapports entre
17892
erbe « aimer » est employé seulement pour définir
les
rapports entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « i
17893
employé seulement pour définir les rapports entre
la
mère et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection
17894
lement pour définir les rapports entre la mère et
les
fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle »
17895
r définir les rapports entre la mère et les fils.
Le
mari n’aime pas la femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou
17896
rts entre la mère et les fils. Le mari n’aime pas
la
femme : « il a de l’affection pour elle », plus ou moins. Quant aux r
17897
et les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a
de
l’affection pour elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la f
17898
les fils. Le mari n’aime pas la femme : « il a de
l’
affection pour elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre la femm
17899
r elle », plus ou moins. Quant aux rapports entre
la
femme et l’amant on dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé
17900
us ou moins. Quant aux rapports entre la femme et
l’
amant on dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé le verbe av
17901
dit : « It is romance » ; mais Daj n’a pas trouvé
le
verbe avec lequel ils définissent leurs sentiments. La philosophie de
17902
rbe avec lequel ils définissent leurs sentiments.
La
philosophie de Motse (taoïste) — la seule un peu chrétienne, qui a po
17903
ils définissent leurs sentiments. La philosophie
de
Motse (taoïste) — la seule un peu chrétienne, qui a pour fondement qu
17904
s sentiments. La philosophie de Motse (taoïste) —
la
seule un peu chrétienne, qui a pour fondement quelque chose qui se ra
17905
mot « amour », est oubliée tout de suite pendant
la
dynastie Han. Les Chinois sont mariés très jeunes par leurs parents,
17906
st oubliée tout de suite pendant la dynastie Han.
Les
Chinois sont mariés très jeunes par leurs parents, et le problème de
17907
ois sont mariés très jeunes par leurs parents, et
le
problème de l’amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute
17908
iés très jeunes par leurs parents, et le problème
de
l’amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette
17909
très jeunes par leurs parents, et le problème de
l’
amour ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette om
17910
ne se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute
la
vie cette ombre : l’amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéf
17911
n’ont pas à poursuivre toute la vie cette ombre :
l’
amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéfini que tous les autr
17912
ntiment aussi vague, incertain, indéfini que tous
les
autres, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de l’Européen qui
17913
tous les autres, et dont nous voulons être sûrs.
L’
attitude de l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amo
17914
utres, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude
de
l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ?
17915
es, et dont nous voulons être sûrs. L’attitude de
l’
Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de l’amour ou non ? Es
17916
l’Européen qui se demande toute sa vie : « Est-ce
de
l’amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme, ou est-ce qu
17917
uropéen qui se demande toute sa vie : « Est-ce de
l’
amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j
17918
e j’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j’ai
de
l’affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seu
17919
’aime vraiment cette femme, ou est-ce que j’ai de
l’
affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulem
17920
ue j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie
de
l’aimer ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’amour ? »
17921
j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie de
l’
aimer ? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime l’amour ? », e
17922
? Est-ce que j’aime cet être ou est-ce que j’aime
l’
amour ? », etc., son désespoir quand il découvre après une analyse ach
17923
il n’aime pas cette femme ; il a seulement envie
de
l’aimer — cette attitude pourrait être considérée par un psychiatre c
17924
n’aime pas cette femme ; il a seulement envie de
l’
aimer — cette attitude pourrait être considérée par un psychiatre chin
17925
dérée par un psychiatre chinois comme un symptôme
de
folie. « Nous sommes fous sans nous en rendre compte ; toute notre vi
17926
en rendre compte ; toute notre vie est fondée sur
la
passion, et nous voulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même
17927
re vie est fondée sur la passion, et nous voulons
la
paix, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous
17928
t fondée sur la passion, et nous voulons la paix,
la
tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous les fous, hélas !
17929
ulons la paix, la tranquillité ! Je suis moi-même
le
plus fou de tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sai
17930
x, la tranquillité ! Je suis moi-même le plus fou
de
tous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encor
17931
anquillité ! Je suis moi-même le plus fou de tous
les
fous, hélas ! Mais au moins maintenant je le sais. Et encore : La c
17932
ous les fous, hélas ! Mais au moins maintenant je
le
sais. Et encore : La civilisation chinoise est fondée sur la famill
17933
ais au moins maintenant je le sais. Et encore :
La
civilisation chinoise est fondée sur la famille, et la famille sur l’
17934
encore : La civilisation chinoise est fondée sur
la
famille, et la famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoise
17935
vilisation chinoise est fondée sur la famille, et
la
famille sur l’absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur
17936
oise est fondée sur la famille, et la famille sur
l’
absence d’amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Tout
17937
ondée sur la famille, et la famille sur l’absence
d’
amour. Les traditions chinoises insistent sur ce point. Toute manifest
17938
la famille, et la famille sur l’absence d’amour.
Les
traditions chinoises insistent sur ce point. Toute manifestation de t
17939
oises insistent sur ce point. Toute manifestation
de
tendresse entre mari et femme est jugée inconvenante. (Ces lignes da
17940
femme est jugée inconvenante. (Ces lignes datent
de
1933. Elles sont entièrement confirmées par tout ce que j’ai pu lire
17941
onfirmées par tout ce que j’ai pu lire depuis sur
l’
érotique chinoise, de Sylvain Lévi et Tuccé à Filliozat, Maspero et Va
17942
que j’ai pu lire depuis sur l’érotique chinoise,
de
Sylvain Lévi et Tuccé à Filliozat, Maspero et Van Gulik.) (Note de 19
17943
t Tuccé à Filliozat, Maspero et Van Gulik.) (Note
de
1971.) 5.Mystique et amour courtois Dans un appendice à son bea
17944
ourtois Dans un appendice à son beau livre sur
la
Théologie mystique de saint Bernard (Paris, 1934, p. 193 à 216), M. É
17945
endice à son beau livre sur la Théologie mystique
de
saint Bernard (Paris, 1934, p. 193 à 216), M. Étienne Gilson examine
17946
s, 1934, p. 193 à 216), M. Étienne Gilson examine
le
problème d’une influence possible de la mystique cistercienne sur les
17947
193 à 216), M. Étienne Gilson examine le problème
d’
une influence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours
17948
lson examine le problème d’une influence possible
de
la mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiq
17949
n examine le problème d’une influence possible de
la
mystique cistercienne sur les troubadours. En effet, « chronologiquem
17950
nfluence possible de la mystique cistercienne sur
les
troubadours. En effet, « chronologiquement parlant, les deux mouvemen
17951
oubadours. En effet, « chronologiquement parlant,
les
deux mouvements sont à peu près contemporains ». On a donc supposé un
17952
ilson réfute cette hypothèse en montrant : 1° que
l’
objet de l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les trou
17953
fute cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet
de
l’amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours,
17954
e cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet de
l’
amour n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours, ce
17955
en montrant : 1° que l’objet de l’amour n’est pas
le
même pour saint Bernard et pour les troubadours, ces derniers exaltan
17956
mour n’est pas le même pour saint Bernard et pour
les
troubadours, ces derniers exaltant, selon lui, la sensualité naturell
17957
es troubadours, ces derniers exaltant, selon lui,
la
sensualité naturelle ; 2° que la nature de l’amour est très différent
17958
tant, selon lui, la sensualité naturelle ; 2° que
la
nature de l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’app
17959
n lui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature
de
l’amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes an
17960
ui, la sensualité naturelle ; 2° que la nature de
l’
amour est très différente dans les deux cas, malgré d’apparentes analo
17961
que la nature de l’amour est très différente dans
les
deux cas, malgré d’apparentes analogies d’expression. M. Gilson concl
17962
our est très différente dans les deux cas, malgré
d’
apparentes analogies d’expression. M. Gilson conclut qu’il ne peut don
17963
dans les deux cas, malgré d’apparentes analogies
d’
expression. M. Gilson conclut qu’il ne peut donc s’agir que « de deux
17964
M. Gilson conclut qu’il ne peut donc s’agir que «
de
deux produits indépendants de la civilisation du xiie siècle », ayan
17965
t donc s’agir que « de deux produits indépendants
de
la civilisation du xiie siècle », ayant tout au plus en commun quelq
17966
onc s’agir que « de deux produits indépendants de
la
civilisation du xiie siècle », ayant tout au plus en commun quelques
17967
», ayant tout au plus en commun quelques figures
de
langage. Je souscris sans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins p
17968
. Je souscris sans réserve à ce jugement. Mais je
le
rejoins par de tout autres voies. Car l’opposition évidente entre la
17969
ans réserve à ce jugement. Mais je le rejoins par
de
tout autres voies. Car l’opposition évidente entre la courtoisie et l
17970
Mais je le rejoins par de tout autres voies. Car
l’
opposition évidente entre la courtoisie et la mystique de saint Bernar
17971
out autres voies. Car l’opposition évidente entre
la
courtoisie et la mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme
17972
Car l’opposition évidente entre la courtoisie et
la
mystique de saint Bernard n’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson
17973
ition évidente entre la courtoisie et la mystique
de
saint Bernard n’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de l
17974
tique de saint Bernard n’est pas seulement, comme
l’
a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens pauli
17975
’est pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle
de
la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais
17976
t pas seulement, comme l’a vu M. Gilson, celle de
la
« chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais su
17977
comme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et
de
l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l
17978
mme l’a vu M. Gilson, celle de la « chair » et de
l’
« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’hé
17979
la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien
de
ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’orthodoxie. Cepen
17980
sens paulinien de ces termes, mais surtout celle
de
l’hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués p
17981
ns paulinien de ces termes, mais surtout celle de
l’
hérésie et de l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par
17982
de ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et
de
l’orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par M. Gilson me
17983
ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de
l’
orthodoxie. Cependant certains arguments invoqués par M. Gilson me par
17984
) « On ne peut hésiter — écrit notre auteur — sur
l’
objet et la nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernar
17985
eut hésiter — écrit notre auteur — sur l’objet et
la
nature de l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est u
17986
r — écrit notre auteur — sur l’objet et la nature
de
l’amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour sp
17987
écrit notre auteur — sur l’objet et la nature de
l’
amour mystique tel que le conçoit saint Bernard : c’est un amour spiri
17988
l’objet et la nature de l’amour mystique tel que
le
conçoit saint Bernard : c’est un amour spirituel, par opposition à to
17989
, par opposition à tout amour charnel » (p. 195).
L’
amour courtois serait au contraire « l’expression poétique de la concu
17990
(p. 195). L’amour courtois serait au contraire «
l’
expression poétique de la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinio
17991
rtois serait au contraire « l’expression poétique
de
la concupiscence » (p. 200). Certes, une opinion assez répandue prête
17992
is serait au contraire « l’expression poétique de
la
concupiscence » (p. 200). Certes, une opinion assez répandue prête au
17993
rs une attitude idéaliste du même genre que celle
de
saint Bernard. Pour dissiper cette illusion, M. Gilson — après M. Jea
17994
illusion, M. Gilson — après M. Jeanroy — invoque
le
langage « d’une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’un Ru
17995
Gilson — après M. Jeanroy — invoque le langage «
d’
une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même d’un Rudel. Mais tir
17996
nvoque le langage « d’une crudité intraduisible »
d’
un Marcabru et même d’un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité e
17997
une crudité intraduisible » d’un Marcabru et même
d’
un Rudel. Mais tirer argument de cette crudité en faveur de la thèse s
17998
Marcabru et même d’un Rudel. Mais tirer argument
de
cette crudité en faveur de la thèse sensualiste et contre la symbolis
17999
Mais tirer argument de cette crudité en faveur de
la
thèse sensualiste et contre la symboliste, c’est flatter un « bon sen
18000
udité en faveur de la thèse sensualiste et contre
la
symboliste, c’est flatter un « bon sens » des modernes qui n’est sans
18001
bon sens » des modernes qui n’est sans doute que
le
résidu de préjugés scientifiques dépassés. Il se pourrait que nous te
18002
» des modernes qui n’est sans doute que le résidu
de
préjugés scientifiques dépassés. Il se pourrait que nous tenions là u
18003
Il se pourrait que nous tenions là un bel exemple
d’
anachronisme. A-t-on seulement remarqué que les siècles passés usaient
18004
ple d’anachronisme. A-t-on seulement remarqué que
les
siècles passés usaient très couramment d’un langage plus « grossier »
18005
ué que les siècles passés usaient très couramment
d’
un langage plus « grossier » que le nôtre — signe d’une sensibilité se
18006
un langage plus « grossier » que le nôtre — signe
d’
une sensibilité sexuelle peu énervée — tandis que notre langage décolo
18007
œurs des troubadours, ma déduction serait inverse
de
celle des savants modernes. Marcabru n’hésite pas à nommer un chat un
18008
t non du tout qu’il est un débauché. Ayant choisi
le
symbolisme amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume
18009
ché. Ayant choisi le symbolisme amoureux, il joue
le
jeu le plus naturel, selon la coutume de son temps. Ou si l’on tient
18010
ant choisi le symbolisme amoureux, il joue le jeu
le
plus naturel, selon la coutume de son temps. Ou si l’on tient que le
18011
e amoureux, il joue le jeu le plus naturel, selon
la
coutume de son temps. Ou si l’on tient que le langage érotique tradui
18012
il joue le jeu le plus naturel, selon la coutume
de
son temps. Ou si l’on tient que le langage érotique traduit nécessair
18013
lus naturel, selon la coutume de son temps. Ou si
l’
on tient que le langage érotique traduit nécessairement une sensualité
18014
lon la coutume de son temps. Ou si l’on tient que
le
langage érotique traduit nécessairement une sensualité déchaînée, que
18015
rement une sensualité déchaînée, que pensera-t-on
d’
une sainte Thérèse, d’un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint
18016
déchaînée, que pensera-t-on d’une sainte Thérèse,
d’
un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter d’êt
18017
) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter
d’
être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sou
18018
entendu saint Bernard souhaiter d’être débarrassé
de
l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amo
18019
endu saint Bernard souhaiter d’être débarrassé de
l’
amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour.
18020
nt Bernard souhaiter d’être débarrassé de l’amour
de
Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc ce
18021
haiter d’être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or
les
troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amour n’est p
18022
mour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous
le
joug de l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard
18023
Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug
de
l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard, d’autr
18024
u. » Or les troubadours gémissent sous le joug de
l’
Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel. — Mais plus tard, d’autres
18025
t saint Jean de la Croix, reprendront bel et bien
les
expressions des troubadours, et souhaiteront d’être libérés des tourm
18026
les expressions des troubadours, et souhaiteront
d’
être libérés des tourments de l’amour divin : c’est là bien entendu, c
18027
urs, et souhaiteront d’être libérés des tourments
de
l’amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, un
18028
, et souhaiteront d’être libérés des tourments de
l’
amour divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours, une m
18029
l’amour divin : c’est là bien entendu, comme chez
les
troubadours, une manière d’exprimer la violence de leur passion, une
18030
entendu, comme chez les troubadours, une manière
d’
exprimer la violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais enc
18031
omme chez les troubadours, une manière d’exprimer
la
violence de leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais encore une foi
18032
s troubadours, une manière d’exprimer la violence
de
leur passion, une sorte d’antiphrase. Mais encore une fois, si l’on v
18033
d’exprimer la violence de leur passion, une sorte
d’
antiphrase. Mais encore une fois, si l’on veut déduire d’un tel « refu
18034
une sorte d’antiphrase. Mais encore une fois, si
l’
on veut déduire d’un tel « refus » que l’Amour courtois était purement
18035
hrase. Mais encore une fois, si l’on veut déduire
d’
un tel « refus » que l’Amour courtois était purement sensuel, la déduc
18036
fois, si l’on veut déduire d’un tel « refus » que
l’
Amour courtois était purement sensuel, la déduction vaudrait aussi pou
18037
us » que l’Amour courtois était purement sensuel,
la
déduction vaudrait aussi pour sainte Thérèse ; ce dont M. Gilson ne s
18038
se ; ce dont M. Gilson ne saurait se réjouir. c)
Les
troubadours chantent l’amour malheureux. Mais l’amour divin des ciste
18039
saurait se réjouir. c) Les troubadours chantent
l’
amour malheureux. Mais l’amour divin des cisterciens obtient au contra
18040
Les troubadours chantent l’amour malheureux. Mais
l’
amour divin des cisterciens obtient au contraire sa récompense. « On l
18041
t au contraire sa récompense. « On lui est uni (à
la
Béatitude) du fait même qu’on t’aime. » — Or M. Gilson dit fort bien,
18042
est immanent sans être transcendant, il n’y a pas
de
problème mystique au sens où les chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont
18043
ant, il n’y a pas de problème mystique au sens où
les
chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanenc
18044
pas de problème mystique au sens où les chrétiens
l’
entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence d’un Dieu q
18045
l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est
l’
immanence d’un Dieu qui est et reste transcendant. » Mais alors, lorsq
18046
. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence
d’
un Dieu qui est et reste transcendant. » Mais alors, lorsqu’une créatu
18047
» Mais alors, lorsqu’une créature aime son Dieu,
l’
obstacle de la transcendance introduit dans l’amour un malheur essenti
18048
rs, lorsqu’une créature aime son Dieu, l’obstacle
de
la transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi qu
18049
lorsqu’une créature aime son Dieu, l’obstacle de
la
transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi qu’en
18050
eu, l’obstacle de la transcendance introduit dans
l’
amour un malheur essentiel (quoi qu’en ait dit tout à l’heure M. Gilso
18051
r un malheur essentiel (quoi qu’en ait dit tout à
l’
heure M. Gilson). On retrouve donc la situation du troubadour vis-à-vi
18052
t dit tout à l’heure M. Gilson). On retrouve donc
la
situation du troubadour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la
18053
ouve donc la situation du troubadour vis-à-vis de
l’
amour des êtres. Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare les a
18054
badour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : «
la
pureté de l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’
18055
-à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté
de
l’amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour myst
18056
vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté de
l’
amour courtois sépare les amants, au lieu que celle de l’amour mystiqu
18057
. Certes : « la pureté de l’amour courtois sépare
les
amants, au lieu que celle de l’amour mystique les unit ». Mais il fau
18058
our courtois sépare les amants, au lieu que celle
de
l’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtoi
18059
courtois sépare les amants, au lieu que celle de
l’
amour mystique les unit ». Mais il faut voir que les amants courtois n
18060
les amants, au lieu que celle de l’amour mystique
les
unit ». Mais il faut voir que les amants courtois ne sont séparés sur
18061
’amour mystique les unit ». Mais il faut voir que
les
amants courtois ne sont séparés sur la terre qu’en vertu de cet amour
18062
voir que les amants courtois ne sont séparés sur
la
terre qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à la divinité !
18063
ur la terre qu’en vertu de cet amour mystique qui
les
unit à la divinité ! Au contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit
18064
qu’en vertu de cet amour mystique qui les unit à
la
divinité ! Au contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit pas de cet
18065
stique qui les unit à la divinité ! Au contraire,
l’
amour mystique orthodoxe n’unit pas de cette façon, mais fait seulemen
18066
contraire, l’amour mystique orthodoxe n’unit pas
de
cette façon, mais fait seulement communier. d) Pour démontrer que l’
18067
fait seulement communier. d) Pour démontrer que
l’
amour courtois est sensuel, M. Gilson cite encore une strophe de Thiba
18068
is est sensuel, M. Gilson cite encore une strophe
de
Thibaut de Champagne : Douce dame, s’il vos plesoit un soir M’avriez
18069
dame, s’il vos plesoit un soir M’avriez vos plus
de
joie doné C’onques Tristans, qui en fist son pouvoir N’en pust avoir
18070
, qui en fist son pouvoir N’en pust avoir nul jor
de
son ané. Et il commente : « À moins de réformer sérieusement notre c
18071
r nul jor de son ané. Et il commente : « À moins
de
réformer sérieusement notre conception des amours d’Iseut et de Trist
18072
réformer sérieusement notre conception des amours
d’
Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des
18073
rieusement notre conception des amours d’Iseut et
de
Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sentiments
18074
ours d’Iseut et de Tristan, nous ne pouvons avoir
de
doutes sur la nature des sentiments dont Thibaut est animé. » Précisé
18075
t de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur
la
nature des sentiments dont Thibaut est animé. » Précisément, l’objet
18076
sentiments dont Thibaut est animé. » Précisément,
l’
objet de mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement not
18077
ts dont Thibaut est animé. » Précisément, l’objet
de
mon ouvrage est, entre autres, de « réformer sérieusement notre conce
18078
sément, l’objet de mon ouvrage est, entre autres,
de
« réformer sérieusement notre conception des amours d’Iseut et de Tri
18079
réformer sérieusement notre conception des amours
d’
Iseut et de Tristan »… 6.Freud et les surréalistes Sur les relat
18080
rieusement notre conception des amours d’Iseut et
de
Tristan »… 6.Freud et les surréalistes Sur les relations entre
18081
des amours d’Iseut et de Tristan »… 6.Freud et
les
surréalistes Sur les relations entre Freud et les surréalistes, vo
18082
Tristan »… 6.Freud et les surréalistes Sur
les
relations entre Freud et les surréalistes, voir dans Les Pas perdus d
18083
surréalistes Sur les relations entre Freud et
les
surréalistes, voir dans Les Pas perdus d’André Breton la relation de
18084
ations entre Freud et les surréalistes, voir dans
Les
Pas perdus d’André Breton la relation de sa courte et décevante visit
18085
eud et les surréalistes, voir dans Les Pas perdus
d’
André Breton la relation de sa courte et décevante visite à Freud (Vie
18086
éalistes, voir dans Les Pas perdus d’André Breton
la
relation de sa courte et décevante visite à Freud (Vienne, 1921), pui
18087
ir dans Les Pas perdus d’André Breton la relation
de
sa courte et décevante visite à Freud (Vienne, 1921), puis dans le Ma
18088
écevante visite à Freud (Vienne, 1921), puis dans
le
Manifeste du surréalisme, 1924, et Les Vases communicants, 1932, les
18089
, puis dans le Manifeste du surréalisme, 1924, et
Les
Vases communicants, 1932, les pages sur le rêve, sa nécessaire revalo
18090
rréalisme, 1924, et Les Vases communicants, 1932,
les
pages sur le rêve, sa nécessaire revalorisation à la suite de Freud,
18091
4, et Les Vases communicants, 1932, les pages sur
le
rêve, sa nécessaire revalorisation à la suite de Freud, mais aussi le
18092
re revalorisation à la suite de Freud, mais aussi
les
limites de l’interprétation freudienne ; d’autre part, les déclaratio
18093
ation à la suite de Freud, mais aussi les limites
de
l’interprétation freudienne ; d’autre part, les déclarations de Freud
18094
on à la suite de Freud, mais aussi les limites de
l’
interprétation freudienne ; d’autre part, les déclarations de Freud su
18095
es de l’interprétation freudienne ; d’autre part,
les
déclarations de Freud sur un mouvement littéraire qu’il jugeait aussi
18096
ation freudienne ; d’autre part, les déclarations
de
Freud sur un mouvement littéraire qu’il jugeait aussi sévèrement que
18097
ire qu’il jugeait aussi sévèrement que C. G. Jung
la
peinture contemporaine. Dans une lettre à Stefan Zweig datée du 20 ju
18098
Stefan Zweig datée du 20 juillet 1938, qui relate
la
visite de Salvador Dali, Freud écrit : Jusqu’alors, j’étais tenté de
18099
ig datée du 20 juillet 1938, qui relate la visite
de
Salvador Dali, Freud écrit : Jusqu’alors, j’étais tenté de tenir les
18100
or Dali, Freud écrit : Jusqu’alors, j’étais tenté
de
tenir les surréalistes, qui apparemment m’ont choisi comme saint patr
18101
Freud écrit : Jusqu’alors, j’étais tenté de tenir
les
surréalistes, qui apparemment m’ont choisi comme saint patron, pour d
18102
on, pour des fous intégraux (disons à 95 %, comme
l’
alcool absolu). Le jeune Espagnol, avec ses candides yeux de fanatique
18103
intégraux (disons à 95 %, comme l’alcool absolu).
Le
jeune Espagnol, avec ses candides yeux de fanatique et son indéniable
18104
bsolu). Le jeune Espagnol, avec ses candides yeux
de
fanatique et son indéniable maîtrise technique, m’a incité à reconsid
18105
mon opinion. Il serait en effet très intéressant
d’
étudier analytiquement la genèse d’un tableau de ce genre. Du point de
18106
n effet très intéressant d’étudier analytiquement
la
genèse d’un tableau de ce genre. Du point de vue critique, cependant,
18107
ès intéressant d’étudier analytiquement la genèse
d’
un tableau de ce genre. Du point de vue critique, cependant, on pourra
18108
t d’étudier analytiquement la genèse d’un tableau
de
ce genre. Du point de vue critique, cependant, on pourrait toujours d
18109
ritique, cependant, on pourrait toujours dire que
la
notion d’art se refuse à toute extension lorsque le rapport quantitat
18110
ependant, on pourrait toujours dire que la notion
d’
art se refuse à toute extension lorsque le rapport quantitatif entre l
18111
notion d’art se refuse à toute extension lorsque
le
rapport quantitatif entre le matériel inconscient et l’élaboration pr
18112
te extension lorsque le rapport quantitatif entre
le
matériel inconscient et l’élaboration préconsciente ne se maintient p
18113
port quantitatif entre le matériel inconscient et
l’
élaboration préconsciente ne se maintient pas dans des limites détermi
18114
pas dans des limites déterminées. 7.Avènement
de
la Dame au jeu d’échecs On a tenté d’expliquer la transformation d
18115
dans des limites déterminées. 7.Avènement de
la
Dame au jeu d’échecs On a tenté d’expliquer la transformation du j
18116
es déterminées. 7.Avènement de la Dame au jeu
d’
échecs On a tenté d’expliquer la transformation du jeu par l’avènem
18117
vènement de la Dame au jeu d’échecs On a tenté
d’
expliquer la transformation du jeu par l’avènement de la Dame ou Reine
18118
la Dame au jeu d’échecs On a tenté d’expliquer
la
transformation du jeu par l’avènement de la Dame ou Reine, qui survin
18119
a tenté d’expliquer la transformation du jeu par
l’
avènement de la Dame ou Reine, qui survint dès l’introduction des éche
18120
xpliquer la transformation du jeu par l’avènement
de
la Dame ou Reine, qui survint dès l’introduction des échecs en Europe
18121
iquer la transformation du jeu par l’avènement de
la
Dame ou Reine, qui survint dès l’introduction des échecs en Europe, e
18122
l’avènement de la Dame ou Reine, qui survint dès
l’
introduction des échecs en Europe, en imaginant une série de mutations
18123
tion des échecs en Europe, en imaginant une série
de
mutations phoniques à partir du nom de la pièce originelle. Dans le s
18124
une série de mutations phoniques à partir du nom
de
la pièce originelle. Dans le shatranj (persan pour chaturanga, qui si
18125
e série de mutations phoniques à partir du nom de
la
pièce originelle. Dans le shatranj (persan pour chaturanga, qui signi
18126
ques à partir du nom de la pièce originelle. Dans
le
shatranj (persan pour chaturanga, qui signifie les quatre angas ou ar
18127
le shatranj (persan pour chaturanga, qui signifie
les
quatre angas ou armes : les fantassins, les cavaliers, les chars et l
18128
turanga, qui signifie les quatre angas ou armes :
les
fantassins, les cavaliers, les chars et les éléphants) la pièce se no
18129
nifie les quatre angas ou armes : les fantassins,
les
cavaliers, les chars et les éléphants) la pièce se nommant firz ou fa
18130
e angas ou armes : les fantassins, les cavaliers,
les
chars et les éléphants) la pièce se nommant firz ou farz ou farzin, d
18131
mes : les fantassins, les cavaliers, les chars et
les
éléphants) la pièce se nommant firz ou farz ou farzin, désignant un c
18132
ssins, les cavaliers, les chars et les éléphants)
la
pièce se nommant firz ou farz ou farzin, désignant un conseiller, min
18133
désignant un conseiller, ministre ou un général.
Le
mot aurait été latinisé en fercia, puis altéré par les Français en fi
18134
ot aurait été latinisé en fercia, puis altéré par
les
Français en fierce, d’où selon certains : Vierge. En Russie au contra
18135
n fercia, puis altéré par les Français en fierce,
d’
où selon certains : Vierge. En Russie au contraire, le mot firz aurait
18136
selon certains : Vierge. En Russie au contraire,
le
mot firz aurait à peine changé, donnant fers, avec le sens de Premier
18137
ot firz aurait à peine changé, donnant fers, avec
le
sens de Premier ministre. Mais voilà qui recule simplement la difficu
18138
aurait à peine changé, donnant fers, avec le sens
de
Premier ministre. Mais voilà qui recule simplement la difficulté. Le
18139
remier ministre. Mais voilà qui recule simplement
la
difficulté. Le passage de « firz » à « fercia » n’apparaît pas plus c
18140
. Mais voilà qui recule simplement la difficulté.
Le
passage de « firz » à « fercia » n’apparaît pas plus convaincant que
18141
à qui recule simplement la difficulté. Le passage
de
« firz » à « fercia » n’apparaît pas plus convaincant que celui de «
18142
ercia » n’apparaît pas plus convaincant que celui
de
« fercia » à « vierge » (latin « virgo »). La déviation du son est au
18143
lui de « fercia » à « vierge » (latin « virgo »).
La
déviation du son est aussi prononcée que celle du sens. Il s’agit en
18144
rononcée que celle du sens. Il s’agit en tout cas
d’
une erreur, qui eût aussi bien pu être toute différente, ou ne pas êtr
18145
u être toute différente, ou ne pas être, comme on
le
voit en Russie, où la pièce reste masculine. Ensuite, le passage de V
18146
e, ou ne pas être, comme on le voit en Russie, où
la
pièce reste masculine. Ensuite, le passage de Vierge à Dame ou Reine
18147
en Russie, où la pièce reste masculine. Ensuite,
le
passage de Vierge à Dame ou Reine ne va pas de soi, mais constitue, p
18148
où la pièce reste masculine. Ensuite, le passage
de
Vierge à Dame ou Reine ne va pas de soi, mais constitue, précisément
18149
— s’il s’est vraiment produit — un signe de plus
de
la révolution psychique du Moyen Âge. C’est l’erreur sur le sens d’ab
18150
s’il s’est vraiment produit — un signe de plus de
la
révolution psychique du Moyen Âge. C’est l’erreur sur le sens d’abord
18151
us de la révolution psychique du Moyen Âge. C’est
l’
erreur sur le sens d’abord, puis la tendance révélée par l’erreur qui
18152
lution psychique du Moyen Âge. C’est l’erreur sur
le
sens d’abord, puis la tendance révélée par l’erreur qui m’intéresse,
18153
yen Âge. C’est l’erreur sur le sens d’abord, puis
la
tendance révélée par l’erreur qui m’intéresse, qui signifie et qui aj
18154
sur le sens d’abord, puis la tendance révélée par
l’
erreur qui m’intéresse, qui signifie et qui ajoute un trait remarquabl
18155
t remarquable à mon tableau du xiie siècle, dans
la
mesure où cela « n’explique » rien, mais manifeste une attraction vis
18156
, mais manifeste une attraction visible, un champ
de
force mesurable. 8.Dante hérétique Tout à fait indépendamment d
18157
ut à fait indépendamment des travaux très sérieux
d’
un Asin Palacios sur une possible influence de la mystique soufiste da
18158
eux d’un Asin Palacios sur une possible influence
de
la mystique soufiste dans la Comédie, il peut être intéressant de men
18159
d’un Asin Palacios sur une possible influence de
la
mystique soufiste dans la Comédie, il peut être intéressant de mentio
18160
e possible influence de la mystique soufiste dans
la
Comédie, il peut être intéressant de mentionner la thèse hardie et qu
18161
oufiste dans la Comédie, il peut être intéressant
de
mentionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs
18162
a Comédie, il peut être intéressant de mentionner
la
thèse hardie et quelque peu aventureuse de deux auteurs du siècle der
18163
ionner la thèse hardie et quelque peu aventureuse
de
deux auteurs du siècle dernier : Eugène Aroux et, à sa suite, Péladan
18164
ugène Aroux et, à sa suite, Péladan. Aroux expose
le
résultat de ses inductions dans un ouvrage aujourd’hui presque introu
18165
et, à sa suite, Péladan. Aroux expose le résultat
de
ses inductions dans un ouvrage aujourd’hui presque introuvable intitu
18166
aliste (1854). Non seulement Dante faisait partie
de
l’ordre des Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’hérés
18167
ste (1854). Non seulement Dante faisait partie de
l’
ordre des Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à l’hérésie
18168
Templiers, mais encore cet ordre aurait été lié à
l’
hérésie cathare — en dépit de certaines apparences — comme le bras séc
18169
athare — en dépit de certaines apparences — comme
le
bras séculier à l’autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, l
18170
e certaines apparences — comme le bras séculier à
l’
autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même
18171
éculier à l’autorité spirituelle. Dès lors, toute
la
Comédie, le Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être
18172
autorité spirituelle. Dès lors, toute la Comédie,
le
Convito, et même le De vulgari eloquentia devraient être interprétés
18173
. Dès lors, toute la Comédie, le Convito, et même
le
De vulgari eloquentia devraient être interprétés symboliquement. Dans
18174
ès lors, toute la Comédie, le Convito, et même le
De
vulgari eloquentia devraient être interprétés symboliquement. Dans un
18175
ule postérieur, Aroux précise son interprétation.
La
brochure porte un titre significatif : Clef de la Comédie anticatholi
18176
n. La brochure porte un titre significatif : Clef
de
la Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église alb
18177
La brochure porte un titre significatif : Clef de
la
Comédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de l’Église albige
18178
significatif : Clef de la Comédie anticatholique
de
Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville de Floren
18179
omédie anticatholique de Dante Alighieri, pasteur
de
l’Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Tem
18180
die anticatholique de Dante Alighieri, pasteur de
l’
Église albigeoise de la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple
18181
e Dante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise
de
la ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple — donnant l’explica
18182
ante Alighieri, pasteur de l’Église albigeoise de
la
ville de Florence, affilié à l’ordre du Temple — donnant l’explicatio
18183
hieri, pasteur de l’Église albigeoise de la ville
de
Florence, affilié à l’ordre du Temple — donnant l’explication du lang
18184
ise albigeoise de la ville de Florence, affilié à
l’
ordre du Temple — donnant l’explication du langage symbolique des fidè
18185
e Florence, affilié à l’ordre du Temple — donnant
l’
explication du langage symbolique des fidèles d’Amour dans les composi
18186
t l’explication du langage symbolique des fidèles
d’
Amour dans les compositions lyriques, romans et épopées chevaleresques
18187
on du langage symbolique des fidèles d’Amour dans
les
compositions lyriques, romans et épopées chevaleresques des troubadou
18188
des troubadours (1856). C’est un lexique donnant
la
traduction d’environ 500 termes, comme par exemple : « Arbres morts »
18189
rs (1856). C’est un lexique donnant la traduction
d’
environ 500 termes, comme par exemple : « Arbres morts ». — Les cathol
18190
0 termes, comme par exemple : « Arbres morts ». —
Les
catholiques. Les troubadours traitaient les membres du clergé catholi
18191
ar exemple : « Arbres morts ». — Les catholiques.
Les
troubadours traitaient les membres du clergé catholique d’arbres auto
18192
». — Les catholiques. Les troubadours traitaient
les
membres du clergé catholique d’arbres automnals morts. « Albigéisme,
18193
dours traitaient les membres du clergé catholique
d’
arbres automnals morts. « Albigéisme, albigeois ». — Mots introuvables
18194
Albigéisme, albigeois ». — Mots introuvables dans
la
Comédie, quand l’idée est partout présente. « Dames ». — Les initiés
18195
ois ». — Mots introuvables dans la Comédie, quand
l’
idée est partout présente. « Dames ». — Les initiés du templarisme alb
18196
, quand l’idée est partout présente. « Dames ». —
Les
initiés du templarisme albigeois, qui par un dédoublement mystique de
18197
risme albigeois, qui par un dédoublement mystique
de
l’âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tan
18198
me albigeois, qui par un dédoublement mystique de
l’
âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tant q
18199
stique de l’âme et du corps, étaient censés avoir
les
deux sexes, hommes en tant que corps et forme matérielle, et femmes e
18200
en tant qu’intelligence et pensée libre des liens
de
la matière. « Lancelot ». — … Il faut toute la préoccupation de la le
18201
tant qu’intelligence et pensée libre des liens de
la
matière. « Lancelot ». — … Il faut toute la préoccupation de la lettr
18202
ns de la matière. « Lancelot ». — … Il faut toute
la
préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits
18203
« Lancelot ». — … Il faut toute la préoccupation
de
la lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une lit
18204
Lancelot ». — … Il faut toute la préoccupation de
la
lettre, chez les déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littér
18205
Il faut toute la préoccupation de la lettre, chez
les
déchiffreurs de vieux manuscrits, pour qu’une littérature entière soi
18206
préoccupation de la lettre, chez les déchiffreurs
de
vieux manuscrits, pour qu’une littérature entière soit passée sous le
18207
out, obtenant une vogue européenne, et des amours
d’
une pureté angélique à servir de modèle aux races futures ! (On dirait
18208
ne, et des amours d’une pureté angélique à servir
de
modèle aux races futures ! (On dirait que Rimbaud a lu cela…) Je ne p
18209
ntes, souvent très arbitraires. Mais il reste que
l’
histoire littéraire et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard, l
18210
et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard,
l’
exactitude de bien des vues d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 18
18211
e n’a fait que confirmer, plus tard, l’exactitude
de
bien des vues d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880 la filiati
18212
nfirmer, plus tard, l’exactitude de bien des vues
d’
Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880 la filiation troubadours-tr
18213
vues d’Aroux. (Gaston Paris établissant vers 1880
la
filiation troubadours-trouvères-roman breton ; Asin Palacios et Luigi
18214
n breton ; Asin Palacios et Luigi Valli reprenant
la
question de l’hérésie chez Dante, etc.) 9.« Coup de foudre » et co
18215
sin Palacios et Luigi Valli reprenant la question
de
l’hérésie chez Dante, etc.) 9.« Coup de foudre » et conversion
18216
Palacios et Luigi Valli reprenant la question de
l’
hérésie chez Dante, etc.) 9.« Coup de foudre » et conversion Le
18217
estion de l’hérésie chez Dante, etc.) 9.« Coup
de
foudre » et conversion Le premier regard des amants, qui va change
18218
r toute leur vie, correspond à la première touche
de
l’amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg p
18219
oute leur vie, correspond à la première touche de
l’
amour divin, à la conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peig
18220
rrespond à la première touche de l’amour divin, à
la
conversion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’amour de R
18221
ion du chrétien. Gottfried de Strasbourg peignant
l’
amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) ac
18222
hrétien. Gottfried de Strasbourg peignant l’amour
de
Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule l
18223
ant l’amour de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont
les
parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus ins
18224
de Rivalen pour Blanchefleur (ce sont les parents
de
Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes :
18225
hefleur (ce sont les parents de Tristan) accumule
les
expressions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne
18226
de Tristan) accumule les expressions religieuses
les
plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénét
18227
essions religieuses les plus insistantes : Alors
la
vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur
18228
uses les plus insistantes : Alors la vraie Minne
La
fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui ré
18229
antes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse
Le
pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des p
18230
ors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra
de
ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla la source Des peines dont
18231
tra de ses ardeurs Et son cœur brûlant Lui révéla
la
source Des peines dont il souffrait. Alors commença pour lui une autr
18232
omme. Tout ce qu’il faisait Était comme entremêlé
de
folie Et frappé d’aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par l
18233
faisait Était comme entremêlé de folie Et frappé
d’
aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par la Minne Et comme dé
18234
aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par
la
Minne Et comme délivrés De leur frein naturel. Sa vie se consumait. (
18235
nt troublés Égarés par la Minne Et comme délivrés
De
leur frein naturel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.) Les t
18236
urel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.)
Les
trois derniers vers sont une parfaite confirmation de ma définition d
18237
rois derniers vers sont une parfaite confirmation
de
ma définition de la passion opposée à l’amour naturel. 10.Passion
18238
s sont une parfaite confirmation de ma définition
de
la passion opposée à l’amour naturel. 10.Passion et Ascèse Dans
18239
ont une parfaite confirmation de ma définition de
la
passion opposée à l’amour naturel. 10.Passion et Ascèse Dans le
18240
irmation de ma définition de la passion opposée à
l’
amour naturel. 10.Passion et Ascèse Dans le Tristan de Gottfried
18241
l’amour naturel. 10.Passion et Ascèse Dans
le
Tristan de Gottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient les ama
18242
se Dans le Tristan de Gottfried de Strasbourg,
la
grotte où se réfugient les amants (correspondant à la forêt de Morois
18243
ottfried de Strasbourg, la grotte où se réfugient
les
amants (correspondant à la forêt de Morois chez Béroul) est décrite e
18244
rotte où se réfugient les amants (correspondant à
la
forêt de Morois chez Béroul) est décrite en détail, et chaque détail
18245
se réfugient les amants (correspondant à la forêt
de
Morois chez Béroul) est décrite en détail, et chaque détail comporte
18246
e détail comporte un sens symbolique commenté par
l’
auteur. La « fossure » a été construite par des géants. C’est une voût
18247
omporte un sens symbolique commenté par l’auteur.
La
« fossure » a été construite par des géants. C’est une voûte dont la
18248
é construite par des géants. C’est une voûte dont
la
clef est faite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit de crist
18249
es géants. C’est une voûte dont la clef est faite
de
pierres précieuses. Au milieu trône un lit de cristal, etc. Mais voic
18250
ite de pierres précieuses. Au milieu trône un lit
de
cristal, etc. Mais voici ce qui nous intéresse : Ce n’est pas sans r
18251
ui nous intéresse : Ce n’est pas sans raison Que
la
fossure est reléguée Dans cette contrée sauvage. Cela veut dire Que l
18252
ée Dans cette contrée sauvage. Cela veut dire Que
le
lieu de l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habit
18253
cette contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu
de
l’amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations h
18254
te contrée sauvage. Cela veut dire Que le lieu de
l’
amour N’est pas dans les routes battues Ni autour des habitations huma
18255
a veut dire Que le lieu de l’amour N’est pas dans
les
routes battues Ni autour des habitations humaines. Il hante les déser
18256
tues Ni autour des habitations humaines. Il hante
les
déserts. Le chemin qui conduit à sa retraite Est dur et pénible. (Tra
18257
r des habitations humaines. Il hante les déserts.
Le
chemin qui conduit à sa retraite Est dur et pénible. (Traduction Boss
18258
n Bossert.) Pour qui conserverait des doutes sur
la
nature de l’amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il
18259
) Pour qui conserverait des doutes sur la nature
de
l’amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il a, lui au
18260
Pour qui conserverait des doutes sur la nature de
l’
amour en question, précisons que Gottfried confesse qu’il a, lui aussi
18261
lui aussi, erré au désert, mais sans y rencontrer
la
« récompense » de ses peines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai c
18262
désert, mais sans y rencontrer la « récompense »
de
ses peines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai connu la fossure Qu
18263
ines. (Il n’est pas devenu Parfait) : J’ai connu
la
fossure Quand je n’avais que 11 ans Mais je ne suis jamais allé en Co
18264
allé en Cornouailles. Comment pourrait-il s’agir
d’
amour physique ? Et le dernier vers indique bien que la « fossure » es
18265
ur physique ? Et le dernier vers indique bien que
la
« fossure » est purement symbolique, puisqu’elle peut exister ailleur
18266
er ailleurs qu’en Cornouailles. (Temple ou grotte
d’
hérétiques ?) 11.Saint François d’Assise et les cathares Paul Sa
18267
d’hérétiques ?) 11.Saint François d’Assise et
les
cathares Paul Sabatier, dans sa fameuse biographie de saint Franço
18268
ares Paul Sabatier, dans sa fameuse biographie
de
saint François, se pose la question d’une influence possible de l’hér
18269
biographie de saint François, se pose la question
d’
une influence possible de l’hérésie courtoise sur la mystique francisc
18270
ois, se pose la question d’une influence possible
de
l’hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nie
18271
, se pose la question d’une influence possible de
l’
hérésie courtoise sur la mystique franciscaine. Il commence par nier t
18272
une influence possible de l’hérésie courtoise sur
la
mystique franciscaine. Il commence par nier toute communication direc
18273
Il commence par nier toute communication directe
de
l’une à l’autre. (L’argument avancé me convainc peu : l’hérésie était
18274
toute communication directe de l’une à l’autre. (
L’
argument avancé me convainc peu : l’hérésie était de nature dogmatique
18275
e à l’autre. (L’argument avancé me convainc peu :
l’
hérésie était de nature dogmatique, et saint François ne s’occupait pa
18276
argument avancé me convainc peu : l’hérésie était
de
nature dogmatique, et saint François ne s’occupait pas de doctrine… M
18277
e dogmatique, et saint François ne s’occupait pas
de
doctrine… Mais croit-on que tous les cathares dogmatisaient ? Il y a
18278
’occupait pas de doctrine… Mais croit-on que tous
les
cathares dogmatisaient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier l’h
18279
dogmatisaient ? Il y a de plus sérieuses raisons
de
nier l’hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ambiance c
18280
saient ? Il y a de plus sérieuses raisons de nier
l’
hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien l’ambiance cathare d
18281
hérésie du saint.) Cependant, il décrit fort bien
l’
ambiance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les
18282
Cependant, il décrit fort bien l’ambiance cathare
de
l’Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisé
18283
endant, il décrit fort bien l’ambiance cathare de
l’
Italie au temps de la jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés G
18284
t bien l’ambiance cathare de l’Italie au temps de
la
jeunesse de François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bul
18285
iance cathare de l’Italie au temps de la jeunesse
de
François. Les hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bou
18286
de l’Italie au temps de la jeunesse de François.
Les
hérétiques, baptisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bougres dans les
18287
tisés Gazzari en Italie (Bulgares ou Bougres dans
les
pays du Nord), s’étaient emparés du gouvernement de plusieurs municip
18288
pays du Nord), s’étaient emparés du gouvernement
de
plusieurs municipalités. Le podestat d’Assise était un hérétique, ava
18289
parés du gouvernement de plusieurs municipalités.
Le
podestat d’Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avo
18290
vernement de plusieurs municipalités. Le podestat
d’
Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, i
18291
at d’Assise était un hérétique, avant 1204 ! Dans
les
cités avoisinantes, il y eut de nombreux soulèvements et émeutes occa
18292
vant 1204 ! Dans les cités avoisinantes, il y eut
de
nombreux soulèvements et émeutes occasionnés par le conflit religieux
18293
nombreux soulèvements et émeutes occasionnés par
le
conflit religieux. D’autre part, on sait bien que saint François avai
18294
e part, on sait bien que saint François avait été
le
disciple enthousiaste des poètes français (d’où son nom même). Il par
18295
été le disciple enthousiaste des poètes français (
d’
où son nom même). Il partageait l’engouement des Italiens pour les tro
18296
oètes français (d’où son nom même). Il partageait
l’
engouement des Italiens pour les troubadours qui séjournaient fréquemm
18297
me). Il partageait l’engouement des Italiens pour
les
troubadours qui séjournaient fréquemment parmi eux (tels Peire Vidal,
18298
mbaut de Vaqueiras, Bernard de Ventadour). Enfin,
l’
influence de Joachim de Flore sur saint François ne saurait faire de d
18299
ueiras, Bernard de Ventadour). Enfin, l’influence
de
Joachim de Flore sur saint François ne saurait faire de doute. Ce fam
18300
chim de Flore sur saint François ne saurait faire
de
doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche de
18301
aurait faire de doute. Ce fameux ermite annonçait
le
règne de l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité,
18302
ire de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne
de
l’Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime
18303
de doute. Ce fameux ermite annonçait le règne de
l’
Esprit, l’approche de la troisième période de l’humanité, le régime de
18304
Ce fameux ermite annonçait le règne de l’Esprit,
l’
approche de la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce
18305
ermite annonçait le règne de l’Esprit, l’approche
de
la troisième période de l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amo
18306
e de l’Esprit, l’approche de la troisième période
de
l’humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours
18307
e l’Esprit, l’approche de la troisième période de
l’
humanité, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le
18308
l’approche de la troisième période de l’humanité,
le
régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent.
18309
de la troisième période de l’humanité, le régime
de
la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard C
18310
la troisième période de l’humanité, le régime de
la
grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur
18311
e période de l’humanité, le régime de la grâce et
de
l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par
18312
ériode de l’humanité, le régime de la grâce et de
l’
Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par ex
18313
e de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours
le
connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple.) Les deux doctrines ont
18314
le connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple.)
Les
deux doctrines ont certains points de ressemblance. Il reste que sain
18315
exemple.) Les deux doctrines ont certains points
de
ressemblance. Il reste que saint François, s’il fut influencé par l’a
18316
reste que saint François, s’il fut influencé par
l’
atmosphère de la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans
18317
int François, s’il fut influencé par l’atmosphère
de
la religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et
18318
François, s’il fut influencé par l’atmosphère de
la
religion d’Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’o
18319
’il fut influencé par l’atmosphère de la religion
d’
Amour, en transporta toute la passion dans l’Église et l’orthodoxie, a
18320
phère de la religion d’Amour, en transporta toute
la
passion dans l’Église et l’orthodoxie, auxquelles il demeura toujours
18321
gion d’Amour, en transporta toute la passion dans
l’
Église et l’orthodoxie, auxquelles il demeura toujours fidèle. Et Saba
18322
, en transporta toute la passion dans l’Église et
l’
orthodoxie, auxquelles il demeura toujours fidèle. Et Sabatier remarqu
18323
e. Et Sabatier remarque, non sans profondeur, que
la
charité franciscaine obtint sans faire couler le sang la résorption d
18324
la charité franciscaine obtint sans faire couler
le
sang la résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des
18325
ité franciscaine obtint sans faire couler le sang
la
résorption de l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des clérica
18326
ne obtint sans faire couler le sang la résorption
de
l’hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Mid
18327
obtint sans faire couler le sang la résorption de
l’
hérésie en Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans le Midi n
18328
g la résorption de l’hérésie en Italie, alors que
la
brutalité des cléricaux dans le Midi n’y parvint — et en apparence —
18329
Italie, alors que la brutalité des cléricaux dans
le
Midi n’y parvint — et en apparence — qu’au prix d’effroyables massacr
18330
e Midi n’y parvint — et en apparence — qu’au prix
d’
effroyables massacres. Seule Agapè peut triompher d’Éros. Mars déchaîn
18331
effroyables massacres. Seule Agapè peut triompher
d’
Éros. Mars déchaîné, même contre Éros, n’est guère qu’un autre aspect
18332
lus barbare. 12.Les béguines : du catharisme à
la
mystique chrétienne par la poétique courtoise « À la fin du xiie
18333
ines : du catharisme à la mystique chrétienne par
la
poétique courtoise « À la fin du xiie siècle et au début du xiiie
18334
tique chrétienne par la poétique courtoise « À
la
fin du xiie siècle et au début du xiiie , nous voyons se multiplier
18335
et au début du xiiie , nous voyons se multiplier
les
témoignages qui attestent à la fois le nombre et l’enthousiasme des f
18336
ultiplier les témoignages qui attestent à la fois
le
nombre et l’enthousiasme des femmes pieuses, souvent affectées de phé
18337
témoignages qui attestent à la fois le nombre et
l’
enthousiasme des femmes pieuses, souvent affectées de phénomènes extat
18338
nthousiasme des femmes pieuses, souvent affectées
de
phénomènes extatiques, vivant hors des cloîtres… mais finissant par c
18339
hors des cloîtres… mais finissant par constituer
de
nouvelles communautés religieuses. » Elles sont nombreuses — des cent
18340
igieuses. » Elles sont nombreuses — des centaines
de
mille, selon le pape Jean xxii, en 1321 — dans tout le Nord-Ouest de
18341
s sont nombreuses — des centaines de mille, selon
le
pape Jean xxii, en 1321 — dans tout le Nord-Ouest de l’Europe, et spé
18342
ombreuses — des centaines de mille, selon le pape
Jean
xxii, en 1321 — dans tout le Nord-Ouest de l’Europe, et spécialement
18343
lle, selon le pape Jean xxii, en 1321 — dans tout
le
Nord-Ouest de l’Europe, et spécialement en Brabant. Leur mouvement es
18344
ment en Brabant. Leur mouvement est né « au point
de
rencontre de deux courants généraux » : le catharisme et les hérésies
18345
nt. Leur mouvement est né « au point de rencontre
de
deux courants généraux » : le catharisme et les hérésies voisines d’u
18346
point de rencontre de deux courants généraux » :
le
catharisme et les hérésies voisines d’une part, le franciscanisme et
18347
re de deux courants généraux » : le catharisme et
les
hérésies voisines d’une part, le franciscanisme et la mystique du cœu
18348
e catharisme et les hérésies voisines d’une part,
le
franciscanisme et la mystique du cœur de saint Bernard de Clairvaux d
18349
érésies voisines d’une part, le franciscanisme et
la
mystique du cœur de saint Bernard de Clairvaux d’autre part. Le nom d
18350
ne part, le franciscanisme et la mystique du cœur
de
saint Bernard de Clairvaux d’autre part. Le nom de « béguine » provie
18351
cœur de saint Bernard de Clairvaux d’autre part.
Le
nom de « béguine » provient du catharisme : on le dérive tantôt de «
18352
e saint Bernard de Clairvaux d’autre part. Le nom
de
« béguine » provient du catharisme : on le dérive tantôt de « béguin
18353
Le nom de « béguine » provient du catharisme : on
le
dérive tantôt de « béguin », désignant le bonnet de laine que portaie
18354
ne » provient du catharisme : on le dérive tantôt
de
« béguin », désignant le bonnet de laine que portaient les ascètes er
18355
me : on le dérive tantôt de « béguin », désignant
le
bonnet de laine que portaient les ascètes errants, tantôt de albigens
18356
dérive tantôt de « béguin », désignant le bonnet
de
laine que portaient les ascètes errants, tantôt de albigenses. (L’exp
18357
uin », désignant le bonnet de laine que portaient
les
ascètes errants, tantôt de albigenses. (L’expression « avoir un bégui
18358
e laine que portaient les ascètes errants, tantôt
de
albigenses. (L’expression « avoir un béguin » signifie en français mo
18359
aient les ascètes errants, tantôt de albigenses. (
L’
expression « avoir un béguin » signifie en français moderne « être coi
18360
guin » signifie en français moderne « être coiffé
de
quelqu’un », être amoureux.) Les béguines, confondues avec les cathar
18361
rne « être coiffé de quelqu’un », être amoureux.)
Les
béguines, confondues avec les cathares au début, furent souvent persé
18362
», être amoureux.) Les béguines, confondues avec
les
cathares au début, furent souvent persécutées par l’Église. L’une fut
18363
cathares au début, furent souvent persécutées par
l’
Église. L’une fut même brûlée vive en 1236, et plusieurs furent soumis
18364
ûlée vive en 1236, et plusieurs furent soumises à
l’
ordalie. L’époque où apparaissent les béguines « est non pas celle de
18365
n 1236, et plusieurs furent soumises à l’ordalie.
L’
époque où apparaissent les béguines « est non pas celle de l’affranchi
18366
nt soumises à l’ordalie. L’époque où apparaissent
les
béguines « est non pas celle de l’affranchissement de la femme, mais
18367
où apparaissent les béguines « est non pas celle
de
l’affranchissement de la femme, mais celle où commence le règne de la
18368
apparaissent les béguines « est non pas celle de
l’
affranchissement de la femme, mais celle où commence le règne de la Da
18369
éguines « est non pas celle de l’affranchissement
de
la femme, mais celle où commence le règne de la Dame, qui devait en v
18370
ines « est non pas celle de l’affranchissement de
la
femme, mais celle où commence le règne de la Dame, qui devait en véri
18371
ranchissement de la femme, mais celle où commence
le
règne de la Dame, qui devait en vérité former l’âme de l’Occident et
18372
ment de la femme, mais celle où commence le règne
de
la Dame, qui devait en vérité former l’âme de l’Occident et fixer déf
18373
t de la femme, mais celle où commence le règne de
la
Dame, qui devait en vérité former l’âme de l’Occident et fixer défini
18374
le règne de la Dame, qui devait en vérité former
l’
âme de l’Occident et fixer définitivement les traits de sa culture ».
18375
gne de la Dame, qui devait en vérité former l’âme
de
l’Occident et fixer définitivement les traits de sa culture ». Leur m
18376
de la Dame, qui devait en vérité former l’âme de
l’
Occident et fixer définitivement les traits de sa culture ». Leur mouv
18377
ormer l’âme de l’Occident et fixer définitivement
les
traits de sa culture ». Leur mouvement devait « emprunter ses express
18378
de l’Occident et fixer définitivement les traits
de
sa culture ». Leur mouvement devait « emprunter ses expressions, dans
18379
nter ses expressions, dans une curieuse mesure, à
la
littérature courtoise ». Leurs poèmes d’amour divin sont connus, publ
18380
esure, à la littérature courtoise ». Leurs poèmes
d’
amour divin sont connus, publiés et traduits aujourd’hui en plusieurs
18381
iés et traduits aujourd’hui en plusieurs langues.
L’
inspiration cathare et cistercienne s’y manifeste dans les formes rhét
18382
ration cathare et cistercienne s’y manifeste dans
les
formes rhétoriques du lyrisme courtois, et cette littérature influenc
18383
era Maître Eckhart, puis Ruysbroeck, puis Suso et
les
autres mystiques flamands et rhénans. Les poèmes de la béguine Hadewy
18384
Suso et les autres mystiques flamands et rhénans.
Les
poèmes de la béguine Hadewych d’Anvers (milieu du xiiie siècle) ont
18385
autres mystiques flamands et rhénans. Les poèmes
de
la béguine Hadewych d’Anvers (milieu du xiiie siècle) ont été tradui
18386
tres mystiques flamands et rhénans. Les poèmes de
la
béguine Hadewych d’Anvers (milieu du xiiie siècle) ont été traduits
18387
ançais, annotés et remarquablement introduits par
le
Frère J.-B. P…, en 1954. (C’est à cette introduction que j’emprunte t
18388
(C’est à cette introduction que j’emprunte toutes
les
citations de cet Appendice.) « Le recueil de Hadewych est par sa date
18389
introduction que j’emprunte toutes les citations
de
cet Appendice.) « Le recueil de Hadewych est par sa date comme par so
18390
mprunte toutes les citations de cet Appendice.) «
Le
recueil de Hadewych est par sa date comme par son style, un témoin pr
18391
tes les citations de cet Appendice.) « Le recueil
de
Hadewych est par sa date comme par son style, un témoin privilégié :
18392
il fait plus que trahir une influence, il importe
les
thèmes, les mètres, les expressions de l’amour courtois… Parfois, le
18393
que trahir une influence, il importe les thèmes,
les
mètres, les expressions de l’amour courtois… Parfois, le premier vers
18394
une influence, il importe les thèmes, les mètres,
les
expressions de l’amour courtois… Parfois, le premier vers semble trad
18395
l importe les thèmes, les mètres, les expressions
de
l’amour courtois… Parfois, le premier vers semble traduit d’un poème
18396
mporte les thèmes, les mètres, les expressions de
l’
amour courtois… Parfois, le premier vers semble traduit d’un poème pro
18397
courtois… Parfois, le premier vers semble traduit
d’
un poème provençal ou français… À la lisière des Flandres se trouvaien
18398
emble traduit d’un poème provençal ou français… À
la
lisière des Flandres se trouvaient alors en effet des centres importa
18399
trouvaient alors en effet des centres importants
de
rhétorique et de poésie amoureuse : nous sommes à l’époque où la Prov
18400
en effet des centres importants de rhétorique et
de
poésie amoureuse : nous sommes à l’époque où la Provence vaincue ache
18401
rhétorique et de poésie amoureuse : nous sommes à
l’
époque où la Provence vaincue achevait la conquête esthétique du Nord
18402
t de poésie amoureuse : nous sommes à l’époque où
la
Provence vaincue achevait la conquête esthétique du Nord de l’Europe.
18403
sommes à l’époque où la Provence vaincue achevait
la
conquête esthétique du Nord de l’Europe. » Ajoutons enfin ce trait im
18404
ons enfin ce trait impressionnant : « On sait que
la
thèse selon laquelle Jeanne d’Arc aurait été tertiaire franciscaine s
18405
tertiaire franciscaine s’appuie exclusivement sur
le
fait qu’un document contemporain (Chronique de Morosini, 1429) la déc
18406
ur le fait qu’un document contemporain (Chronique
de
Morosini, 1429) la déclare expressément béguine. » Est-il besoin de s
18407
cument contemporain (Chronique de Morosini, 1429)
la
déclare expressément béguine. » Est-il besoin de souligner que la seu
18408
la déclare expressément béguine. » Est-il besoin
de
souligner que la seule existence des poèmes des béguines réduit à néa
18409
ssément béguine. » Est-il besoin de souligner que
la
seule existence des poèmes des béguines réduit à néant les raisonneme
18410
existence des poèmes des béguines réduit à néant
les
raisonnements des historiens qui s’efforçaient de démontrer, contre m
18411
es raisonnements des historiens qui s’efforçaient
de
démontrer, contre ma thèse, qu’un « abîme sépare » le catharisme, l’a
18412
émontrer, contre ma thèse, qu’un « abîme sépare »
le
catharisme, l’amour courtois, et la mystique européenne ? 13.Sur l
18413
e ma thèse, qu’un « abîme sépare » le catharisme,
l’
amour courtois, et la mystique européenne ? 13.Sur le sadisme Je
18414
bîme sépare » le catharisme, l’amour courtois, et
la
mystique européenne ? 13.Sur le sadisme Je trouve une confirmat
18415
r courtois, et la mystique européenne ? 13.Sur
le
sadisme Je trouve une confirmation de mon analyse du crime sadique
18416
13.Sur le sadisme Je trouve une confirmation
de
mon analyse du crime sadique dans deux études remarquables de Pierre
18417
se du crime sadique dans deux études remarquables
de
Pierre Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans la philosophi
18418
s deux études remarquables de Pierre Klossowski :
le
Mal et la négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade e
18419
des remarquables de Pierre Klossowski : le Mal et
la
négation d’autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et
18420
bles de Pierre Klossowski : le Mal et la négation
d’
autrui dans la philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité
18421
Klossowski : le Mal et la négation d’autrui dans
la
philosophie de D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité. (Recherches
18422
e Mal et la négation d’autrui dans la philosophie
de
D. A. F. de Sade et Temps et Agressivité. (Recherches philosophiques,
18423
vité. (Recherches philosophiques, tomes IV et V.)
L’
auteur montre que, pour Sade, le mal est l’unique élément de la Nature
18424
, tomes IV et V.) L’auteur montre que, pour Sade,
le
mal est l’unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justin
18425
et V.) L’auteur montre que, pour Sade, le mal est
l’
unique élément de la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui,
18426
ontre que, pour Sade, le mal est l’unique élément
de
la Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Natu
18427
re que, pour Sade, le mal est l’unique élément de
la
Nature. On lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature
18428
al est l’unique élément de la Nature. On lit dans
la
Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je
18429
n lit dans la Nouvelle Justine : « Oui, j’abhorre
la
Nature : et c’est parce que je la connais trop bien que je la déteste
18430
Oui, j’abhorre la Nature : et c’est parce que je
la
connais trop bien que je la déteste : instruit de ses affreux secrets
18431
et c’est parce que je la connais trop bien que je
la
déteste : instruit de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de
18432
la connais trop bien que je la déteste : instruit
de
ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte de plaisir à copier ses n
18433
it de ses affreux secrets… j’ai éprouvé une sorte
de
plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique de se libére
18434
é une sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » (
D’
où le désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès
18435
sorte de plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où
le
désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de d
18436
à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique
de
se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de débauche.) Autre c
18437
adique de se libérer des tyrannies sensuelles par
l’
excès de débauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Créa
18438
e se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès
de
débauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de la Création : «
18439
ébauche.) Autre condamnation vraiment manichéenne
de
la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre qu
18440
uche.) Autre condamnation vraiment manichéenne de
la
Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que c
18441
damnation vraiment manichéenne de la Création : «
Le
principe de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort
18442
aiment manichéenne de la Création : « Le principe
de
vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les r
18443
e de la Création : « Le principe de vie dans tous
les
êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nou
18444
de vie dans tous les êtres n’est autre que celui
de
la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à
18445
vie dans tous les êtres n’est autre que celui de
la
mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la
18446
les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous
les
recevons et les nourrissons dans nous tous deux à la fois. » P. Kloss
18447
autre que celui de la mort ; nous les recevons et
les
nourrissons dans nous tous deux à la fois. » P. Klossowski oppose cet
18448
x à la fois. » P. Klossowski oppose cette opinion
de
Sade à celle de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mor
18449
. Klossowski oppose cette opinion de Sade à celle
de
Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct de mort et Éros. L’ana
18450
de à celle de Freud, qui voit une antithèse entre
l’
instinct de mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette a
18451
de Freud, qui voit une antithèse entre l’instinct
de
mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette antithèse es
18452
t une antithèse entre l’instinct de mort et Éros.
L’
analyse du mythe nous a montré que cette antithèse est purement appare
18453
e cette antithèse est purement apparente. Mais si
la
vie et la Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alor
18454
tithèse est purement apparente. Mais si la vie et
la
Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alors pour s’e
18455
noirceurs. Il n’y a qu’une alternative : exercer
la
cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit le prochain : il veu
18456
e alternative : exercer la cruauté sur soi ou sur
le
prochain. Sade choisit le prochain : il veut être criminel plutôt que
18457
cruauté sur soi ou sur le prochain. Sade choisit
le
prochain : il veut être criminel plutôt que victime. Ainsi la conscie
18458
: il veut être criminel plutôt que victime. Ainsi
la
conscience sadique est l’inverse de la conscience romantique. Le roma
18459
utôt que victime. Ainsi la conscience sadique est
l’
inverse de la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se chât
18460
ictime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse
de
la conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour co
18461
ime. Ainsi la conscience sadique est l’inverse de
la
conscience romantique. Le romantique (Pétrarque) se châtie pour conse
18462
adique est l’inverse de la conscience romantique.
Le
romantique (Pétrarque) se châtie pour conserver l’objet aimé, tandis
18463
e romantique (Pétrarque) se châtie pour conserver
l’
objet aimé, tandis que Sade veut le tuer.
18464
pour conserver l’objet aimé, tandis que Sade veut
le
tuer.
18465
livre écrit en peu de mois à 32 ans n’a pas fini
de
me poser des questions. Trente-deux ans plus tard j’y reviens, pour c
18466
eux ans plus tard j’y reviens, pour constater que
les
problèmes qu’il abordait restent, pour moi du moins, aussi nouveaux q
18467
t, pour moi du moins, aussi nouveaux qu’alors. On
le
verra bien en lisant L’Amour III, que je prépare. Ici, je ne veux que
18468
ssi nouveaux qu’alors. On le verra bien en lisant
L’
Amour III, que je prépare. Ici, je ne veux que répondre à quelques-uns
18469
pare. Ici, je ne veux que répondre à quelques-uns
de
mes critiques, et redresser quelques erreurs, qui ne sont pas toutes
18470
edresser quelques erreurs, qui ne sont pas toutes
de
leur côté, comme on s’en doute. Au plus haut point polyvalent et incl
18471
te. Au plus haut point polyvalent et inclassable,
d’
une transdisciplinarité sauvage (comme certaines grèves), mon ouvrage
18472
certaines grèves), mon ouvrage ne pouvait manquer
de
provoquer des réactions contradictoires et difficilement comparables.
18473
et difficilement comparables. Traité tour à tour
de
« bel amusement » et de « livre le plus important de tous ceux qu’on
18474
ables. Traité tour à tour de « bel amusement » et
de
« livre le plus important de tous ceux qu’on a écrits et publiés sur
18475
té tour à tour de « bel amusement » et de « livre
le
plus important de tous ceux qu’on a écrits et publiés sur l’amour »,
18476
« bel amusement » et de « livre le plus important
de
tous ceux qu’on a écrits et publiés sur l’amour », de « fragile autor
18477
ortant de tous ceux qu’on a écrits et publiés sur
l’
amour », de « fragile autorité » et de « bible du genre », il n’a cess
18478
ous ceux qu’on a écrits et publiés sur l’amour »,
de
« fragile autorité » et de « bible du genre », il n’a cessé d’influen
18479
publiés sur l’amour », de « fragile autorité » et
de
« bible du genre », il n’a cessé d’influencer durant les trois derniè
18480
autorité » et de « bible du genre », il n’a cessé
d’
influencer durant les trois dernières décennies nombre de romanciers,
18481
ible du genre », il n’a cessé d’influencer durant
les
trois dernières décennies nombre de romanciers, poètes et cinéastes,
18482
encer durant les trois dernières décennies nombre
de
romanciers, poètes et cinéastes, mais de choquer la plupart des érudi
18483
s nombre de romanciers, poètes et cinéastes, mais
de
choquer la plupart des érudits. C’est sans doute qu’il voulait décele
18484
omènes spirituels et affectifs qu’un certain type
de
spécialistes éminents sera toujours tenté de considérer comme autant
18485
type de spécialistes éminents sera toujours tenté
de
considérer comme autant de « difficultés », obscurités ou incongruité
18486
ts sera toujours tenté de considérer comme autant
de
« difficultés », obscurités ou incongruités dans la « position du pro
18487
« difficultés », obscurités ou incongruités dans
la
« position du problème », incompatibles avec le sérieux du travail et
18488
s la « position du problème », incompatibles avec
le
sérieux du travail et le découpage du monde par Facultés. La contrad
18489
me », incompatibles avec le sérieux du travail et
le
découpage du monde par Facultés. La contradiction de plus en plus fl
18490
u travail et le découpage du monde par Facultés.
La
contradiction de plus en plus flagrante entre l’influence sans cesse
18491
La contradiction de plus en plus flagrante entre
l’
influence sans cesse élargie et la validité toujours contestée de mes
18492
flagrante entre l’influence sans cesse élargie et
la
validité toujours contestée de mes thèses m’interdirait à elle seule
18493
s cesse élargie et la validité toujours contestée
de
mes thèses m’interdirait à elle seule de me désintéresser des conséqu
18494
ontestée de mes thèses m’interdirait à elle seule
de
me désintéresser des conséquences de l’ouvrage et de passer tranquill
18495
à elle seule de me désintéresser des conséquences
de
l’ouvrage et de passer tranquillement à l’ordre du jour. Il m’arrive
18496
lle seule de me désintéresser des conséquences de
l’
ouvrage et de passer tranquillement à l’ordre du jour. Il m’arrive aus
18497
me désintéresser des conséquences de l’ouvrage et
de
passer tranquillement à l’ordre du jour. Il m’arrive aussi d’éprouver
18498
uences de l’ouvrage et de passer tranquillement à
l’
ordre du jour. Il m’arrive aussi d’éprouver un vif besoin de me défoul
18499
anquillement à l’ordre du jour. Il m’arrive aussi
d’
éprouver un vif besoin de me défouler en ne laissant pas plus longtemp
18500
jour. Il m’arrive aussi d’éprouver un vif besoin
de
me défouler en ne laissant pas plus longtemps impunies certaines inso
18501
es certaines insolences critiques. Je saisis donc
le
prétexte d’une réédition en grand format pour alourdir mon livre d’un
18502
insolences critiques. Je saisis donc le prétexte
d’
une réédition en grand format pour alourdir mon livre d’un post-script
18503
réédition en grand format pour alourdir mon livre
d’
un post-scriptum tout à la fois technique et polémique, par lequel, co
18504
fois technique et polémique, par lequel, comme on
le
dit en termes juridiques, j’entends bien renouveler ma responsabilité
18505
lité. Ambiguïté des influences Si j’en crois
les
confidences de quelques écrivains et les écrits de leurs commentateur
18506
é des influences Si j’en crois les confidences
de
quelques écrivains et les écrits de leurs commentateurs, mais plus en
18507
en crois les confidences de quelques écrivains et
les
écrits de leurs commentateurs, mais plus encore les textes mêmes, c’e
18508
s confidences de quelques écrivains et les écrits
de
leurs commentateurs, mais plus encore les textes mêmes, c’est surtout
18509
s écrits de leurs commentateurs, mais plus encore
les
textes mêmes, c’est surtout dans le monde anglo-saxon que L’Amour et
18510
plus encore les textes mêmes, c’est surtout dans
le
monde anglo-saxon que L’Amour et l’Occident semble avoir influencé de
18511
êmes, c’est surtout dans le monde anglo-saxon que
L’
Amour et l’Occident semble avoir influencé des œuvres de poètes et de
18512
surtout dans le monde anglo-saxon que L’Amour et
l’
Occident semble avoir influencé des œuvres de poètes et de romanciers,
18513
r et l’Occident semble avoir influencé des œuvres
de
poètes et de romanciers, tandis que, sur le continent, des films, des
18514
nt semble avoir influencé des œuvres de poètes et
de
romanciers, tandis que, sur le continent, des films, des ballets et d
18515
uvres de poètes et de romanciers, tandis que, sur
le
continent, des films, des ballets et des compositions musicales manif
18516
manifestaient diverses « lectures » assez libres
de
mon ouvrage. Voilà qui pourrait être vérifié — et l’a été sur quelque
18517
mon ouvrage. Voilà qui pourrait être vérifié — et
l’
a été sur quelques points — à l’occasion de diplômes et de thèses. Il
18518
être vérifié — et l’a été sur quelques points — à
l’
occasion de diplômes et de thèses. Il est malaisé, en revanche, d’esti
18519
é — et l’a été sur quelques points — à l’occasion
de
diplômes et de thèses. Il est malaisé, en revanche, d’estimer les inf
18520
sur quelques points — à l’occasion de diplômes et
de
thèses. Il est malaisé, en revanche, d’estimer les influences dialect
18521
plômes et de thèses. Il est malaisé, en revanche,
d’
estimer les influences dialectiques, obliques ou négatives d’un livre,
18522
de thèses. Il est malaisé, en revanche, d’estimer
les
influences dialectiques, obliques ou négatives d’un livre, même si l’
18523
es influences dialectiques, obliques ou négatives
d’
un livre, même si l’on se borne à l’examen des seules œuvres écrites o
18524
tiques, obliques ou négatives d’un livre, même si
l’
on se borne à l’examen des seules œuvres écrites ou plastiques. Ainsi,
18525
ou négatives d’un livre, même si l’on se borne à
l’
examen des seules œuvres écrites ou plastiques. Ainsi, de jeunes roman
18526
n des seules œuvres écrites ou plastiques. Ainsi,
de
jeunes romanciers m’ont fait savoir qu’ils renonçaient à tel ouvrage
18527
qu’ils étaient en train de faire. Enfin, certains
de
mes thèmes, explicités ou non, tels que le mariage comme facteur de n
18528
rtains de mes thèmes, explicités ou non, tels que
le
mariage comme facteur de néguentropie sociale, ou le respect de l’aut
18529
licités ou non, tels que le mariage comme facteur
de
néguentropie sociale, ou le respect de l’autre en tant que différent,
18530
mariage comme facteur de néguentropie sociale, ou
le
respect de l’autre en tant que différent, sont invoqués avec une fréq
18531
me facteur de néguentropie sociale, ou le respect
de
l’autre en tant que différent, sont invoqués avec une fréquence crois
18532
et quelques urbanistes américains comptant parmi
les
plus réellement novateurs, et me reviennent comme autant d’échos appr
18533
ellement novateurs, et me reviennent comme autant
d’
échos approbateurs renvoyés par les nouvelles générations et par certa
18534
nt comme autant d’échos approbateurs renvoyés par
les
nouvelles générations et par certains de leurs gourous. Des influence
18535
yés par les nouvelles générations et par certains
de
leurs gourous. Des influences produites dans la vie de mes lecteurs,
18536
s de leurs gourous. Des influences produites dans
la
vie de mes lecteurs, je ne puis rien dire, hors la correspondance où
18537
urs gourous. Des influences produites dans la vie
de
mes lecteurs, je ne puis rien dire, hors la correspondance où elles m
18538
a vie de mes lecteurs, je ne puis rien dire, hors
la
correspondance où elles m’entraînent parfois nolens volens. Dénué de
18539
ù elles m’entraînent parfois nolens volens. Dénué
de
l’autorité du confesseur, je n’en partage pas moins avec lui l’obliga
18540
lles m’entraînent parfois nolens volens. Dénué de
l’
autorité du confesseur, je n’en partage pas moins avec lui l’obligatio
18541
du confesseur, je n’en partage pas moins avec lui
l’
obligation du secret. Mais le phénomène le plus ample dont mon livre a
18542
e pas moins avec lui l’obligation du secret. Mais
le
phénomène le plus ample dont mon livre ait été le catalyseur — je ne
18543
vec lui l’obligation du secret. Mais le phénomène
le
plus ample dont mon livre ait été le catalyseur — je ne dis pas un in
18544
le phénomène le plus ample dont mon livre ait été
le
catalyseur — je ne dis pas un instant la cause —, c’est peut-être la
18545
ait été le catalyseur — je ne dis pas un instant
la
cause —, c’est peut-être la vogue actuelle du catharisme, toujours li
18546
ne dis pas un instant la cause —, c’est peut-être
la
vogue actuelle du catharisme, toujours liée à l’évocation de l’amour
18547
la vogue actuelle du catharisme, toujours liée à
l’
évocation de l’amour courtois. La renaissance cathare au xxe siècl
18548
tuelle du catharisme, toujours liée à l’évocation
de
l’amour courtois. La renaissance cathare au xxe siècle J’obser
18549
lle du catharisme, toujours liée à l’évocation de
l’
amour courtois. La renaissance cathare au xxe siècle J’observe
18550
ujours liée à l’évocation de l’amour courtois.
La
renaissance cathare au xxe siècle J’observe ici que ceux qui nien
18551
que ceux qui nient mes hypothèses jusqu’au point
de
supprimer toute mention de mon livre dans les leurs ne sont pas les d
18552
othèses jusqu’au point de supprimer toute mention
de
mon livre dans les leurs ne sont pas les derniers à s’ébattre sur le
18553
oint de supprimer toute mention de mon livre dans
les
leurs ne sont pas les derniers à s’ébattre sur le terrain que j’avais
18554
e mention de mon livre dans les leurs ne sont pas
les
derniers à s’ébattre sur le terrain que j’avais jalonné : la rencontr
18555
es leurs ne sont pas les derniers à s’ébattre sur
le
terrain que j’avais jalonné : la rencontre dans les mêmes lieux et le
18556
à s’ébattre sur le terrain que j’avais jalonné :
la
rencontre dans les mêmes lieux et les mêmes temps de la poésie des tr
18557
e terrain que j’avais jalonné : la rencontre dans
les
mêmes lieux et les mêmes temps de la poésie des troubadours et du vas
18558
is jalonné : la rencontre dans les mêmes lieux et
les
mêmes temps de la poésie des troubadours et du vaste complexe d’hérés
18559
rencontre dans les mêmes lieux et les mêmes temps
de
la poésie des troubadours et du vaste complexe d’hérésies que symboli
18560
contre dans les mêmes lieux et les mêmes temps de
la
poésie des troubadours et du vaste complexe d’hérésies que symbolise
18561
de la poésie des troubadours et du vaste complexe
d’
hérésies que symbolise le nom de catharisme. Tout commence avec la pub
18562
urs et du vaste complexe d’hérésies que symbolise
le
nom de catharisme. Tout commence avec la publication en 1937 de La Cr
18563
du vaste complexe d’hérésies que symbolise le nom
de
catharisme. Tout commence avec la publication en 1937 de La Croisade
18564
ymbolise le nom de catharisme. Tout commence avec
la
publication en 1937 de La Croisade contre le Graal d’Otto Rahn, jeune
18565
arisme. Tout commence avec la publication en 1937
de
La Croisade contre le Graal d’Otto Rahn, jeune Allemand fasciné par M
18566
sme. Tout commence avec la publication en 1937 de
La
Croisade contre le Graal d’Otto Rahn, jeune Allemand fasciné par Mont
18567
avec la publication en 1937 de La Croisade contre
le
Graal d’Otto Rahn, jeune Allemand fasciné par Montségur, où il croit
18568
ublication en 1937 de La Croisade contre le Graal
d’
Otto Rahn, jeune Allemand fasciné par Montségur, où il croit reconnaît
18569
nd fasciné par Montségur, où il croit reconnaître
le
château du Graal, et qui mourra mystérieusement dans un désert alpest
18570
usement dans un désert alpestre, tout près du nid
d’
aigle d’Hitler. Ses deux thèses extrêmes sont reprises d’Eugène Aroux
18571
dans un désert alpestre, tout près du nid d’aigle
d’
Hitler. Ses deux thèses extrêmes sont reprises d’Eugène Aroux et du Sâ
18572
d’Hitler. Ses deux thèses extrêmes sont reprises
d’
Eugène Aroux et du Sâr Péladan : a) « tous les troubadours étaient cat
18573
ises d’Eugène Aroux et du Sâr Péladan : a) « tous
les
troubadours étaient cathares, tous les cathares étaient troubadours »
18574
a) « tous les troubadours étaient cathares, tous
les
cathares étaient troubadours » ; et b) la rhétorique courtoise fut le
18575
, tous les cathares étaient troubadours » ; et b)
la
rhétorique courtoise fut le langage secret de l’hérésie. Voilà qui es
18576
troubadours » ; et b) la rhétorique courtoise fut
le
langage secret de l’hérésie. Voilà qui est insoutenable en faculté, m
18577
b) la rhétorique courtoise fut le langage secret
de
l’hérésie. Voilà qui est insoutenable en faculté, mais qui éveille da
18578
la rhétorique courtoise fut le langage secret de
l’
hérésie. Voilà qui est insoutenable en faculté, mais qui éveille dans
18579
st insoutenable en faculté, mais qui éveille dans
l’
esprit une obscure évidence : l’impression que l’on vient de toucher,
18580
qui éveille dans l’esprit une obscure évidence :
l’
impression que l’on vient de toucher, fût-ce à tâtons, le cœur du prob
18581
l’esprit une obscure évidence : l’impression que
l’
on vient de toucher, fût-ce à tâtons, le cœur du problème, et que d’un
18582
ssion que l’on vient de toucher, fût-ce à tâtons,
le
cœur du problème, et que d’une manière ou d’une autre, dans la réalit
18583
her, fût-ce à tâtons, le cœur du problème, et que
d’
une manière ou d’une autre, dans la réalité fondamentale qui est celle
18584
ons, le cœur du problème, et que d’une manière ou
d’
une autre, dans la réalité fondamentale qui est celle du symbole, on b
18585
oblème, et que d’une manière ou d’une autre, dans
la
réalité fondamentale qui est celle du symbole, on brûle. De fait, les
18586
fondamentale qui est celle du symbole, on brûle.
De
fait, les erreurs manifestes d’Otto Rahn vont se révéler plus féconde
18587
tale qui est celle du symbole, on brûle. De fait,
les
erreurs manifestes d’Otto Rahn vont se révéler plus fécondes pour la
18588
ymbole, on brûle. De fait, les erreurs manifestes
d’
Otto Rahn vont se révéler plus fécondes pour la compréhension de l’amo
18589
es d’Otto Rahn vont se révéler plus fécondes pour
la
compréhension de l’amour courtois dans sa genèse socioreligieuse que
18590
nt se révéler plus fécondes pour la compréhension
de
l’amour courtois dans sa genèse socioreligieuse que la masse des trav
18591
se révéler plus fécondes pour la compréhension de
l’
amour courtois dans sa genèse socioreligieuse que la masse des travaux
18592
amour courtois dans sa genèse socioreligieuse que
la
masse des travaux tenus pour « sérieux » qui jusqu’alors avaient conc
18593
conclu régulièrement au très peu de signification
de
leur objet. Partant de là, et de quelque autre chose qui répond, au s
18594
très peu de signification de leur objet. Partant
de
là, et de quelque autre chose qui répond, au secret de moi-même, à ce
18595
de signification de leur objet. Partant de là, et
de
quelque autre chose qui répond, au secret de moi-même, à ce qu’il y a
18596
, et de quelque autre chose qui répond, au secret
de
moi-même, à ce qu’il y a justement de délirant dans la thèse d’Otto R
18597
, au secret de moi-même, à ce qu’il y a justement
de
délirant dans la thèse d’Otto Rahn — j’indique seulement cette sensat
18598
i-même, à ce qu’il y a justement de délirant dans
la
thèse d’Otto Rahn — j’indique seulement cette sensation de reconnaiss
18599
ce qu’il y a justement de délirant dans la thèse
d’
Otto Rahn — j’indique seulement cette sensation de reconnaissance enfi
18600
d’Otto Rahn — j’indique seulement cette sensation
de
reconnaissance enfiévrée qui m’a toujours saisi devant les ruines de
18601
naissance enfiévrée qui m’a toujours saisi devant
les
ruines de certains châteaux du Midi dans un ciel d’aube, horizon spir
18602
nfiévrée qui m’a toujours saisi devant les ruines
de
certains châteaux du Midi dans un ciel d’aube, horizon spirituel de t
18603
ruines de certains châteaux du Midi dans un ciel
d’
aube, horizon spirituel de tout l’amour courtois — j’écris pour une re
18604
ux du Midi dans un ciel d’aube, horizon spirituel
de
tout l’amour courtois — j’écris pour une revue de jeunes une esquisse
18605
di dans un ciel d’aube, horizon spirituel de tout
l’
amour courtois — j’écris pour une revue de jeunes une esquisse de l’op
18606
de tout l’amour courtois — j’écris pour une revue
de
jeunes une esquisse de l’opposition passion-mariage. Daniel-Rops m’a
18607
s — j’écris pour une revue de jeunes une esquisse
de
l’opposition passion-mariage. Daniel-Rops m’a proposé, pour une colle
18608
j’écris pour une revue de jeunes une esquisse de
l’
opposition passion-mariage. Daniel-Rops m’a proposé, pour une collecti
18609
ps m’a proposé, pour une collection qu’il dirige,
de
développer le sujet en un livre. Mais au jour dit pour la remise du m
18610
, pour une collection qu’il dirige, de développer
le
sujet en un livre. Mais au jour dit pour la remise du manuscrit, dont
18611
opper le sujet en un livre. Mais au jour dit pour
la
remise du manuscrit, dont pas une ligne n’est encore écrite, Rops me
18612
as une ligne n’est encore écrite, Rops me supplie
de
céder mon tour dans la série à un jeune lieutenant-colonel qui vient
18613
re écrite, Rops me supplie de céder mon tour dans
la
série à un jeune lieutenant-colonel qui vient d’écrire la France et s
18614
la série à un jeune lieutenant-colonel qui vient
d’
écrire la France et son armée, livre très urgent, semble-t-il211. Soul
18615
à un jeune lieutenant-colonel qui vient d’écrire
la
France et son armée, livre très urgent, semble-t-il211. Soulagé, je m
18616
lagé, je me mets au travail, et puisque j’ai tout
le
temps, j’écris très vite. Après trois mois vécus dans un état de tran
18617
is très vite. Après trois mois vécus dans un état
de
transe et d’allégresse quotidienne de découvrir ou d’inventer, le liv
18618
Après trois mois vécus dans un état de transe et
d’
allégresse quotidienne de découvrir ou d’inventer, le livre est termin
18619
ans un état de transe et d’allégresse quotidienne
de
découvrir ou d’inventer, le livre est terminé pour le solstice d’été,
18620
ranse et d’allégresse quotidienne de découvrir ou
d’
inventer, le livre est terminé pour le solstice d’été, triomphe du Jou
18621
llégresse quotidienne de découvrir ou d’inventer,
le
livre est terminé pour le solstice d’été, triomphe du Jour, et le soi
18622
écouvrir ou d’inventer, le livre est terminé pour
le
solstice d’été, triomphe du Jour, et le soir même je vais à l’Opéra,
18623
d’inventer, le livre est terminé pour le solstice
d’
été, triomphe du Jour, et le soir même je vais à l’Opéra, où l’on donn
18624
miné pour le solstice d’été, triomphe du Jour, et
le
soir même je vais à l’Opéra, où l’on donne Tristan, cette revanche de
18625
’été, triomphe du Jour, et le soir même je vais à
l’
Opéra, où l’on donne Tristan, cette revanche de la Nuit. Habet Acht !
18626
he du Jour, et le soir même je vais à l’Opéra, où
l’
on donne Tristan, cette revanche de la Nuit. Habet Acht ! Habet Acht
18627
à l’Opéra, où l’on donne Tristan, cette revanche
de
la Nuit. Habet Acht ! Habet Acht ! Schon weicht dem Tag die Nacht !2
18628
l’Opéra, où l’on donne Tristan, cette revanche de
la
Nuit. Habet Acht ! Habet Acht ! Schon weicht dem Tag die Nacht !212
18629
cht dem Tag die Nacht !212 chante Brangaine sur
la
tour de l’aube, au point sublime du IIe Acte, et je ne l’entendrai pl
18630
Tag die Nacht !212 chante Brangaine sur la tour
de
l’aube, au point sublime du IIe Acte, et je ne l’entendrai plus jamai
18631
die Nacht !212 chante Brangaine sur la tour de
l’
aube, au point sublime du IIe Acte, et je ne l’entendrai plus jamais s
18632
de l’aube, au point sublime du IIe Acte, et je ne
l’
entendrai plus jamais sans pleurer — je me ferais honte. Tôt après la
18633
mais sans pleurer — je me ferais honte. Tôt après
la
publication, au printemps de 1939, je reçois plusieurs lettres de Joë
18634
ais honte. Tôt après la publication, au printemps
de
1939, je reçois plusieurs lettres de Joë Bousquet, le poète paralysé
18635
au printemps de 1939, je reçois plusieurs lettres
de
Joë Bousquet, le poète paralysé de Carcassonne, dont le prestige inve
18636
939, je reçois plusieurs lettres de Joë Bousquet,
le
poète paralysé de Carcassonne, dont le prestige investit profondément
18637
sieurs lettres de Joë Bousquet, le poète paralysé
de
Carcassonne, dont le prestige investit profondément le groupe des Cah
18638
Bousquet, le poète paralysé de Carcassonne, dont
le
prestige investit profondément le groupe des Cahiers du Sud. Sans dou
18639
rcassonne, dont le prestige investit profondément
le
groupe des Cahiers du Sud. Sans doute l’avais-je consulté, pendant qu
18640
ondément le groupe des Cahiers du Sud. Sans doute
l’
avais-je consulté, pendant que j’écrivais mon livre. Dans une lettre s
18641
e j’écrivais mon livre. Dans une lettre sans date
de
1938, il m’écrit en effet : « Je suis trop près de la question qui vo
18642
938, il m’écrit en effet : « Je suis trop près de
la
question qui vous occupe pour la saisir d’un coup d’œil. D’autre part
18643
uis trop près de la question qui vous occupe pour
la
saisir d’un coup d’œil. D’autre part, elle n’est qu’accessoirement po
18644
rès de la question qui vous occupe pour la saisir
d’
un coup d’œil. D’autre part, elle n’est qu’accessoirement pour moi mat
18645
rt, elle n’est qu’accessoirement pour moi matière
d’
érudition… Je veux dire que la question cathare m’a intéressé en expli
18646
nt pour moi matière d’érudition… Je veux dire que
la
question cathare m’a intéressé en expliquant la direction donnée à mo
18647
e la question cathare m’a intéressé en expliquant
la
direction donnée à mon expérience poétique. » (Cette dernière phrase
18648
ère phrase suffit à m’assurer que nous sommes sur
la
même longueur d’onde.) Puis, le livre paru, 25 mars 1939, nouvelle le
18649
à m’assurer que nous sommes sur la même longueur
d’
onde.) Puis, le livre paru, 25 mars 1939, nouvelle lettre : Mon cher
18650
e nous sommes sur la même longueur d’onde.) Puis,
le
livre paru, 25 mars 1939, nouvelle lettre : Mon cher camarade, Je p
18651
pare une note importante sur votre livre213. Mais
la
question n’est pas là. Je prépare une entreprise qui risque de donner
18652
’est pas là. Je prépare une entreprise qui risque
de
donner beaucoup de retentissement à votre travail. Comme elle ne se f
18653
mme elle ne se fera pas sans vous, il importe que
la
part que vous y prendrez vous aide à classer votre livre, à en dépass
18654
ez vous aide à classer votre livre, à en dépasser
les
conclusions autant qu’à les éclairer… C’est presque un manifeste que
18655
livre, à en dépasser les conclusions autant qu’à
les
éclairer… C’est presque un manifeste que je vous demande… Un peu plu
18656
manifeste que je vous demande… Un peu plus tard,
le
12 avril, le critique littéraire Jean Fourès m’envoie un communiqué,
18657
je vous demande… Un peu plus tard, le 12 avril,
le
critique littéraire Jean Fourès m’envoie un communiqué, qu’il me dit
18658
voir préparé avec Joë Bousquet et qui a paru dans
la
presse régionale : Nous signalons un événement littéraire qui intére
18659
ement littéraire qui intéresse au plus haut point
la
vie intellectuelle de notre région. Denis de Rougemont vient de publi
18660
ntéresse au plus haut point la vie intellectuelle
de
notre région. Denis de Rougemont vient de publier une thèse d’une hau
18661
on. Denis de Rougemont vient de publier une thèse
d’
une haute tenue spiritualiste, où il soutient que toute la poésie euro
18662
ute tenue spiritualiste, où il soutient que toute
la
poésie européenne est sortie du Languedoc et qu’il n’est pas un poète
18663
ois, anglais, etc. qui ne doive son inspiration à
la
tradition littéraire et religieuse issue aux xiie et xiiie siècles
18664
dours languedociens. Ce livre, qui a pour titre «
L’
Amour et l’Occident », est (…) plein de références à des faits inconnu
18665
edociens. Ce livre, qui a pour titre « L’Amour et
l’
Occident », est (…) plein de références à des faits inconnus et souven
18666
ur titre « L’Amour et l’Occident », est (…) plein
de
références à des faits inconnus et souvent appuyées sur la haute auto
18667
nces à des faits inconnus et souvent appuyées sur
la
haute autorité de notre éminent compatriote Déodat Roché, d’Arques, n
18668
nconnus et souvent appuyées sur la haute autorité
de
notre éminent compatriote Déodat Roché, d’Arques, naguère encore magi
18669
torité de notre éminent compatriote Déodat Roché,
d’
Arques, naguère encore magistrat à Carcassonne : il apporte une suite
18670
re magistrat à Carcassonne : il apporte une suite
de
révélations exaltantes à tous ceux qui se sont interrogés sur l’atmos
18671
exaltantes à tous ceux qui se sont interrogés sur
l’
atmosphère poétique, morale et religieuse de notre pays à travers les
18672
s sur l’atmosphère poétique, morale et religieuse
de
notre pays à travers les siècles. Mais la guerre va suspendre tôt ap
18673
que, morale et religieuse de notre pays à travers
les
siècles. Mais la guerre va suspendre tôt après notre correspondance
18674
gieuse de notre pays à travers les siècles. Mais
la
guerre va suspendre tôt après notre correspondance et, j’imagine, le
18675
dre tôt après notre correspondance et, j’imagine,
le
projet de numéro spécial composé à partir de mon livre ou autour de l
18676
rès notre correspondance et, j’imagine, le projet
de
numéro spécial composé à partir de mon livre ou autour de lui. Ce n’e
18677
livre ou autour de lui. Ce n’est qu’à mon retour
d’
Amérique que j’apprendrai que le Génie d’Oc a bel et bien paru, en 194
18678
t qu’à mon retour d’Amérique que j’apprendrai que
le
Génie d’Oc a bel et bien paru, en 1943, qu’il a même initié la renais
18679
n retour d’Amérique que j’apprendrai que le Génie
d’
Oc a bel et bien paru, en 1943, qu’il a même initié la renaissance d’u
18680
a bel et bien paru, en 1943, qu’il a même initié
la
renaissance d’une mystique occitane autour de Montségur, d’une « aven
18681
paru, en 1943, qu’il a même initié la renaissance
d’
une mystique occitane autour de Montségur, d’une « aventure nouvelle »
18682
ance d’une mystique occitane autour de Montségur,
d’
une « aventure nouvelle » (selon Robert Lafont) et qu’avec les études
18683
nture nouvelle » (selon Robert Lafont) et qu’avec
les
études de Simone Weil (signées alors Émile Novis) il explique que le
18684
lle » (selon Robert Lafont) et qu’avec les études
de
Simone Weil (signées alors Émile Novis) il explique que le catharisme
18685
Weil (signées alors Émile Novis) il explique que
le
catharisme soit soudain devenu l’un des thèmes favoris de journaux co
18686
risme soit soudain devenu l’un des thèmes favoris
de
journaux comme Combat, qui lancent les modes intellectuelles dans le
18687
mes favoris de journaux comme Combat, qui lancent
les
modes intellectuelles dans le Paris de la Libération. Je lis enfin le
18688
ombat, qui lancent les modes intellectuelles dans
le
Paris de la Libération. Je lis enfin le numéro fameux : ma thèse y es
18689
lles dans le Paris de la Libération. Je lis enfin
le
numéro fameux : ma thèse y est partout diffuse et implicite, en filig
18690
ilà qui est normal, puisqu’il est, m’assure-t-on,
de
la nature d’un catalyseur de disparaître des combinaisons qu’il amorç
18691
qui est normal, puisqu’il est, m’assure-t-on, de
la
nature d’un catalyseur de disparaître des combinaisons qu’il amorça.
18692
ormal, puisqu’il est, m’assure-t-on, de la nature
d’
un catalyseur de disparaître des combinaisons qu’il amorça. L’ambivale
18693
est, m’assure-t-on, de la nature d’un catalyseur
de
disparaître des combinaisons qu’il amorça. L’ambivalence d’un tel com
18694
eur de disparaître des combinaisons qu’il amorça.
L’
ambivalence d’un tel comportement — que je retrouve dans la plupart de
18695
ître des combinaisons qu’il amorça. L’ambivalence
d’
un tel comportement — que je retrouve dans la plupart des livres consa
18696
re, en haine des croisés envahisseurs, et lié par
la
langue aux troubadours, mais qui n’aime guère qu’un étranger vienne s
18697
s qui n’aime guère qu’un étranger vienne se mêler
de
cette immense et sombre affaire passionnelle — fût-ce en fervent ami
18698
mbre affaire passionnelle — fût-ce en fervent ami
de
la cause occitane —, je doute qu’il soit bien juste de le rationalise
18699
e affaire passionnelle — fût-ce en fervent ami de
la
cause occitane —, je doute qu’il soit bien juste de le rationaliser,
18700
cause occitane —, je doute qu’il soit bien juste
de
le rationaliser, comme on tend à le faire aujourd’hui en invoquant le
18701
use occitane —, je doute qu’il soit bien juste de
le
rationaliser, comme on tend à le faire aujourd’hui en invoquant le «
18702
it bien juste de le rationaliser, comme on tend à
le
faire aujourd’hui en invoquant le « complexe du colonisé ». N’y aurai
18703
comme on tend à le faire aujourd’hui en invoquant
le
« complexe du colonisé ». N’y aurait-il pas plutôt chez l’Occitan, an
18704
lexe du colonisé ». N’y aurait-il pas plutôt chez
l’
Occitan, antérieurement aux épreuves historiques qu’il a subies, une s
18705
ux épreuves historiques qu’il a subies, une sorte
de
conduite d’échec ? On en trouve en tout cas trois motifs allégués par
18706
historiques qu’il a subies, une sorte de conduite
d’
échec ? On en trouve en tout cas trois motifs allégués par Joë Bousque
18707
Bousquet, dans son beau texte liminaire du Génie
d’
Oc : Les hommes d’Oc sont les héritiers d’une civilisation déchue… La
18708
t, dans son beau texte liminaire du Génie d’Oc :
Les
hommes d’Oc sont les héritiers d’une civilisation déchue… La religion
18709
beau texte liminaire du Génie d’Oc : Les hommes
d’
Oc sont les héritiers d’une civilisation déchue… La religion de ces ho
18710
e liminaire du Génie d’Oc : Les hommes d’Oc sont
les
héritiers d’une civilisation déchue… La religion de ces hommes [i.e.
18711
Génie d’Oc : Les hommes d’Oc sont les héritiers
d’
une civilisation déchue… La religion de ces hommes [i.e. le catharisme
18712
’Oc sont les héritiers d’une civilisation déchue…
La
religion de ces hommes [i.e. le catharisme] était, comme leur philoso
18713
héritiers d’une civilisation déchue… La religion
de
ces hommes [i.e. le catharisme] était, comme leur philosophie, une ép
18714
ilisation déchue… La religion de ces hommes [i.e.
le
catharisme] était, comme leur philosophie, une épopée de la chute. On
18715
arisme] était, comme leur philosophie, une épopée
de
la chute. On dirait que le temps devait partager leur délire et faire
18716
sme] était, comme leur philosophie, une épopée de
la
chute. On dirait que le temps devait partager leur délire et faire en
18717
hilosophie, une épopée de la chute. On dirait que
le
temps devait partager leur délire et faire entrer dans l’histoire le
18718
devait partager leur délire et faire entrer dans
l’
histoire le drame de leur esprit… Il est assez naturel que l’échec d’u
18719
tager leur délire et faire entrer dans l’histoire
le
drame de leur esprit… Il est assez naturel que l’échec d’une doctrine
18720
r délire et faire entrer dans l’histoire le drame
de
leur esprit… Il est assez naturel que l’échec d’une doctrine de salut
18721
le drame de leur esprit… Il est assez naturel que
l’
échec d’une doctrine de salut engage le salut poétique de cette doctri
18722
de leur esprit… Il est assez naturel que l’échec
d’
une doctrine de salut engage le salut poétique de cette doctrine. En s
18723
… Il est assez naturel que l’échec d’une doctrine
de
salut engage le salut poétique de cette doctrine. En se brisant contr
18724
aturel que l’échec d’une doctrine de salut engage
le
salut poétique de cette doctrine. En se brisant contre les circonstan
18725
d’une doctrine de salut engage le salut poétique
de
cette doctrine. En se brisant contre les circonstances extérieures, e
18726
poétique de cette doctrine. En se brisant contre
les
circonstances extérieures, en se heurtant à la raison d’État, la reli
18727
e les circonstances extérieures, en se heurtant à
la
raison d’État, la religion d’oc, plutôt que de se mutiler, devait s’i
18728
onstances extérieures, en se heurtant à la raison
d’
État, la religion d’oc, plutôt que de se mutiler, devait s’idéaliser d
18729
s extérieures, en se heurtant à la raison d’État,
la
religion d’oc, plutôt que de se mutiler, devait s’idéaliser dans le d
18730
s, en se heurtant à la raison d’État, la religion
d’
oc, plutôt que de se mutiler, devait s’idéaliser dans le domaine de la
18731
à la raison d’État, la religion d’oc, plutôt que
de
se mutiler, devait s’idéaliser dans le domaine de la pensée pure et f
18732
plutôt que de se mutiler, devait s’idéaliser dans
le
domaine de la pensée pure et fabulatrice… Cette religion devait trans
18733
de se mutiler, devait s’idéaliser dans le domaine
de
la pensée pure et fabulatrice… Cette religion devait transformer la p
18734
se mutiler, devait s’idéaliser dans le domaine de
la
pensée pure et fabulatrice… Cette religion devait transformer la poés
18735
et fabulatrice… Cette religion devait transformer
la
poésie qui avait été longtemps sa sœur siamoise. À quoi, dans Les Ce
18736
ait été longtemps sa sœur siamoise. À quoi, dans
Les
Celtes et la civilisation celtique, Jean Markale semblera faire écho
18737
mps sa sœur siamoise. À quoi, dans Les Celtes et
la
civilisation celtique, Jean Markale semblera faire écho : On a l’imp
18738
eltique, Jean Markale semblera faire écho : On a
l’
impression que les Celtes ont une affection particulière pour les hist
18739
kale semblera faire écho : On a l’impression que
les
Celtes ont une affection particulière pour les histoires qui se termi
18740
ue les Celtes ont une affection particulière pour
les
histoires qui se terminent mal… La Queste du Graal se termine par la
18741
iculière pour les histoires qui se terminent mal…
La
Queste du Graal se termine par la mort des découvreurs Galaad et Perc
18742
terminent mal… La Queste du Graal se termine par
la
mort des découvreurs Galaad et Perceval… L’aventure de la Table ronde
18743
e par la mort des découvreurs Galaad et Perceval…
L’
aventure de la Table ronde finit aussi par un échec complet… (p. 89).
18744
rt des découvreurs Galaad et Perceval… L’aventure
de
la Table ronde finit aussi par un échec complet… (p. 89). L’instinct
18745
des découvreurs Galaad et Perceval… L’aventure de
la
Table ronde finit aussi par un échec complet… (p. 89). L’instinct de
18746
ronde finit aussi par un échec complet… (p. 89).
L’
instinct de mort et de sexualité se trouve illustré dans la poésie gaé
18747
t aussi par un échec complet… (p. 89). L’instinct
de
mort et de sexualité se trouve illustré dans la poésie gaélique bien
18748
un échec complet… (p. 89). L’instinct de mort et
de
sexualité se trouve illustré dans la poésie gaélique bien avant Freud
18749
t de mort et de sexualité se trouve illustré dans
la
poésie gaélique bien avant Freud et son école… (p. 192) D’autre part,
18750
avant Freud et son école… (p. 192) D’autre part,
l’
affabulation, la mythification étant le propre de l’esprit celtique, i
18751
son école… (p. 192) D’autre part, l’affabulation,
la
mythification étant le propre de l’esprit celtique, il s’est produit
18752
utre part, l’affabulation, la mythification étant
le
propre de l’esprit celtique, il s’est produit une sorte de transfert
18753
l’affabulation, la mythification étant le propre
de
l’esprit celtique, il s’est produit une sorte de transfert : tout ce
18754
affabulation, la mythification étant le propre de
l’
esprit celtique, il s’est produit une sorte de transfert : tout ce qui
18755
de l’esprit celtique, il s’est produit une sorte
de
transfert : tout ce qui était défaite s’est transformé en une aventur
18756
s’est transformé en une aventure merveilleuse, où
l’
écroulement de la société celtique ne peut être dû qu’à des circonstan
18757
mé en une aventure merveilleuse, où l’écroulement
de
la société celtique ne peut être dû qu’à des circonstances plus ou mo
18758
en une aventure merveilleuse, où l’écroulement de
la
société celtique ne peut être dû qu’à des circonstances plus ou moins
18759
constances plus ou moins magiques (p. 253) Quoi
de
commun à ces deux vieilles nations annexées au Domaine par la force e
18760
ces deux vieilles nations annexées au Domaine par
la
force et la ruse ? Outre le fait d’avoir été soumises par les Saxons
18761
illes nations annexées au Domaine par la force et
la
ruse ? Outre le fait d’avoir été soumises par les Saxons au nord, les
18762
nexées au Domaine par la force et la ruse ? Outre
le
fait d’avoir été soumises par les Saxons au nord, les Wisigoths au su
18763
u Domaine par la force et la ruse ? Outre le fait
d’
avoir été soumises par les Saxons au nord, les Wisigoths au sud, bien
18764
la ruse ? Outre le fait d’avoir été soumises par
les
Saxons au nord, les Wisigoths au sud, bien avant d’être « mises en an
18765
fait d’avoir été soumises par les Saxons au nord,
les
Wisigoths au sud, bien avant d’être « mises en annexe » par les Franç
18766
Saxons au nord, les Wisigoths au sud, bien avant
d’
être « mises en annexe » par les Français, il y a sans doute, dès l’or
18767
au sud, bien avant d’être « mises en annexe » par
les
Français, il y a sans doute, dès l’origine de la cortezia du Midi et
18768
annexe » par les Français, il y a sans doute, dès
l’
origine de la cortezia du Midi et des légendes arthuriennes, cette mêm
18769
ar les Français, il y a sans doute, dès l’origine
de
la cortezia du Midi et des légendes arthuriennes, cette même nostalgi
18770
les Français, il y a sans doute, dès l’origine de
la
cortezia du Midi et des légendes arthuriennes, cette même nostalgie e
18771
cette même nostalgie essentielle, cette même soif
d’
une revanche idéale sur le réel bien plus encore que sur l’histoire ce
18772
tielle, cette même soif d’une revanche idéale sur
le
réel bien plus encore que sur l’histoire ce même recours à l’imaginat
18773
anche idéale sur le réel bien plus encore que sur
l’
histoire ce même recours à l’imagination transfigurante qui, par-delà
18774
plus encore que sur l’histoire ce même recours à
l’
imagination transfigurante qui, par-delà tous nos calculs, vaincra… Je
18775
e qui importe, en fin de compte, ce n’est pas que
l’
on soit pour ou contre une thèse, mais que l’on adopte un certain angl
18776
que l’on soit pour ou contre une thèse, mais que
l’
on adopte un certain angle de vision qu’elle impliquait et les catégor
18777
une thèse, mais que l’on adopte un certain angle
de
vision qu’elle impliquait et les catégories qui s’y ordonnent. Ce qui
18778
un certain angle de vision qu’elle impliquait et
les
catégories qui s’y ordonnent. Ce qui importe, c’est qu’on s’occupe de
18779
y ordonnent. Ce qui importe, c’est qu’on s’occupe
de
cela qui auparavant n’était pas vu, ne comptait pas, restait refoulé.
18780
vu, ne comptait pas, restait refoulé. C’est moins
la
décision que le débat, moins l’issue du débat que sa structure et la
18781
pas, restait refoulé. C’est moins la décision que
le
débat, moins l’issue du débat que sa structure et la nature même du p
18782
oulé. C’est moins la décision que le débat, moins
l’
issue du débat que sa structure et la nature même du problème qu’on co
18783
débat, moins l’issue du débat que sa structure et
la
nature même du problème qu’on convient de considérer. Enfin, ce n’est
18784
ture et la nature même du problème qu’on convient
de
considérer. Enfin, ce n’est pas de savoir qui gagne, mais à quel jeu
18785
qu’on convient de considérer. Enfin, ce n’est pas
de
savoir qui gagne, mais à quel jeu l’on est en train de jouer. Ceci m’
18786
ce n’est pas de savoir qui gagne, mais à quel jeu
l’
on est en train de jouer. Ceci m’amène à ma longue querelle avec les h
18787
de jouer. Ceci m’amène à ma longue querelle avec
les
historiens du Moyen Âge. Réplique à mes censeurs Et tout d’abor
18788
is peu, m’attaquant à beaucoup, quand j’entrepris
d’
écrire L’Amour et l’Occident. Si j’avais pu mesurer vraiment l’étendue
18789
’attaquant à beaucoup, quand j’entrepris d’écrire
L’
Amour et l’Occident. Si j’avais pu mesurer vraiment l’étendue de mon i
18790
à beaucoup, quand j’entrepris d’écrire L’Amour et
l’
Occident. Si j’avais pu mesurer vraiment l’étendue de mon ignorance, i
18791
our et l’Occident. Si j’avais pu mesurer vraiment
l’
étendue de mon ignorance, il n’y eût pas eu de livre, c’est certain ;
18792
ccident. Si j’avais pu mesurer vraiment l’étendue
de
mon ignorance, il n’y eût pas eu de livre, c’est certain ; mais aux i
18793
ent l’étendue de mon ignorance, il n’y eût pas eu
de
livre, c’est certain ; mais aux innocents les mains pleines. Je crois
18794
s eu de livre, c’est certain ; mais aux innocents
les
mains pleines. Je crois bien que les deux tiers de mes lectures sur c
18795
ux innocents les mains pleines. Je crois bien que
les
deux tiers de mes lectures sur cathares et troubadours, depuis que je
18796
s mains pleines. Je crois bien que les deux tiers
de
mes lectures sur cathares et troubadours, depuis que je travaille le
18797
cathares et troubadours, depuis que je travaille
le
sujet, je les ai faits après la sortie de l’ouvrage. Cela m’a permis
18798
troubadours, depuis que je travaille le sujet, je
les
ai faits après la sortie de l’ouvrage. Cela m’a permis de corriger bi
18799
que je travaille le sujet, je les ai faits après
la
sortie de l’ouvrage. Cela m’a permis de corriger bien des erreurs dan
18800
availle le sujet, je les ai faits après la sortie
de
l’ouvrage. Cela m’a permis de corriger bien des erreurs dans l’éditio
18801
ille le sujet, je les ai faits après la sortie de
l’
ouvrage. Cela m’a permis de corriger bien des erreurs dans l’édition d
18802
its après la sortie de l’ouvrage. Cela m’a permis
de
corriger bien des erreurs dans l’édition de 1956, et me met en mesure
18803
Cela m’a permis de corriger bien des erreurs dans
l’
édition de 1956, et me met en mesure de répondre aux censeurs les plus
18804
ermis de corriger bien des erreurs dans l’édition
de
1956, et me met en mesure de répondre aux censeurs les plus péremptoi
18805
reurs dans l’édition de 1956, et me met en mesure
de
répondre aux censeurs les plus péremptoires de mes hypothèses histori
18806
956, et me met en mesure de répondre aux censeurs
les
plus péremptoires de mes hypothèses historiques. La querelle au sujet
18807
re de répondre aux censeurs les plus péremptoires
de
mes hypothèses historiques. La querelle au sujet des rapports entre c
18808
plus péremptoires de mes hypothèses historiques.
La
querelle au sujet des rapports entre cathares et troubadours — ou mie
18809
ts entre cathares et troubadours — ou mieux entre
le
complexe des hérésies gnostiques et l’hérésie de l’amour courtois — e
18810
ieux entre le complexe des hérésies gnostiques et
l’
hérésie de l’amour courtois — est devenue dans le milieu des érudits q
18811
le complexe des hérésies gnostiques et l’hérésie
de
l’amour courtois — est devenue dans le milieu des érudits quelque cho
18812
complexe des hérésies gnostiques et l’hérésie de
l’
amour courtois — est devenue dans le milieu des érudits quelque chose
18813
l’hérésie de l’amour courtois — est devenue dans
le
milieu des érudits quelque chose comme une cause célèbre, généralemen
18814
ns. Mais j’espère bien rire le dernier. Reprenons
les
choses au départ. On a commencé par réduire toute ma thèse à une gros
18815
a thèse à une grossière simplification permettant
de
l’écarter comme simpliste. Plutôt que de voir où bat le cœur de l’ouv
18816
hèse à une grossière simplification permettant de
l’
écarter comme simpliste. Plutôt que de voir où bat le cœur de l’ouvrag
18817
rmettant de l’écarter comme simpliste. Plutôt que
de
voir où bat le cœur de l’ouvrage : dans le drame entre la Passion de
18818
carter comme simpliste. Plutôt que de voir où bat
le
cœur de l’ouvrage : dans le drame entre la Passion de la Nuit et la N
18819
omme simpliste. Plutôt que de voir où bat le cœur
de
l’ouvrage : dans le drame entre la Passion de la Nuit et la Norme du
18820
e simpliste. Plutôt que de voir où bat le cœur de
l’
ouvrage : dans le drame entre la Passion de la Nuit et la Norme du Jou
18821
ôt que de voir où bat le cœur de l’ouvrage : dans
le
drame entre la Passion de la Nuit et la Norme du Jour, entre les stru
18822
où bat le cœur de l’ouvrage : dans le drame entre
la
Passion de la Nuit et la Norme du Jour, entre les structures essentie
18823
œur de l’ouvrage : dans le drame entre la Passion
de
la Nuit et la Norme du Jour, entre les structures essentielles du myt
18824
de l’ouvrage : dans le drame entre la Passion de
la
Nuit et la Norme du Jour, entre les structures essentielles du mythe
18825
ge : dans le drame entre la Passion de la Nuit et
la
Norme du Jour, entre les structures essentielles du mythe et le choix
18826
la Passion de la Nuit et la Norme du Jour, entre
les
structures essentielles du mythe et le choix existentiel du mariage,
18827
ur, entre les structures essentielles du mythe et
le
choix existentiel du mariage, on a cru pouvoir tout ramener à ce qui
18828
, on a cru pouvoir tout ramener à ce qui semblait
le
plus spectaculaire mais qui était le plus vulnérable : la thèse de Ra
18829
qui semblait le plus spectaculaire mais qui était
le
plus vulnérable : la thèse de Rahn qui veut que le trobar clus ait jo
18830
spectaculaire mais qui était le plus vulnérable :
la
thèse de Rahn qui veut que le trobar clus ait joué le rôle d’un langa
18831
aire mais qui était le plus vulnérable : la thèse
de
Rahn qui veut que le trobar clus ait joué le rôle d’un langage secret
18832
e plus vulnérable : la thèse de Rahn qui veut que
le
trobar clus ait joué le rôle d’un langage secret de l’hérésie. Voilà
18833
hèse de Rahn qui veut que le trobar clus ait joué
le
rôle d’un langage secret de l’hérésie. Voilà qui était aussi facile à
18834
Rahn qui veut que le trobar clus ait joué le rôle
d’
un langage secret de l’hérésie. Voilà qui était aussi facile à citer d
18835
trobar clus ait joué le rôle d’un langage secret
de
l’hérésie. Voilà qui était aussi facile à citer dans un écho de journ
18836
obar clus ait joué le rôle d’un langage secret de
l’
hérésie. Voilà qui était aussi facile à citer dans un écho de journal
18837
Voilà qui était aussi facile à citer dans un écho
de
journal qu’à réfuter dans une revue spécialisée, sans toucher à ma th
18838
ors du grand phénomène religieux (psychosocial si
l’
on y tient) qui les englobe et qui les porte du xiie au xive siècle.
18839
mène religieux (psychosocial si l’on y tient) qui
les
englobe et qui les porte du xiie au xive siècle. Et si vous prétend
18840
chosocial si l’on y tient) qui les englobe et qui
les
porte du xiie au xive siècle. Et si vous prétendez que ces deux mou
18841
ements qui se manifestent aux mêmes dates et dans
les
mêmes lieux, provinces et châteaux, en butte aux mêmes ennemis jurés,
18842
x mêmes ennemis jurés, et tous deux condamnés par
l’
Église, n’ont « rien de commun », c’est à vous de le prouver. Voyons l
18843
et tous deux condamnés par l’Église, n’ont « rien
de
commun », c’est à vous de le prouver. Voyons les preuves, ou à leur d
18844
l’Église, n’ont « rien de commun », c’est à vous
de
le prouver. Voyons les preuves, ou à leur défaut les arguments produi
18845
Église, n’ont « rien de commun », c’est à vous de
le
prouver. Voyons les preuves, ou à leur défaut les arguments produits
18846
n de commun », c’est à vous de le prouver. Voyons
les
preuves, ou à leur défaut les arguments produits par les uns et les a
18847
le prouver. Voyons les preuves, ou à leur défaut
les
arguments produits par les uns et les autres. Lorsque parut mon livre
18848
uves, ou à leur défaut les arguments produits par
les
uns et les autres. Lorsque parut mon livre, en 1939, les professeurs
18849
leur défaut les arguments produits par les uns et
les
autres. Lorsque parut mon livre, en 1939, les professeurs qui en rend
18850
et les autres. Lorsque parut mon livre, en 1939,
les
professeurs qui en rendirent compte dans les revues d’histoire littér
18851
939, les professeurs qui en rendirent compte dans
les
revues d’histoire littéraire crurent que je me trompais de manière em
18852
ofesseurs qui en rendirent compte dans les revues
d’
histoire littéraire crurent que je me trompais de manière embarrassant
18853
d’histoire littéraire crurent que je me trompais
de
manière embarrassante, du seul fait que je semblais ignorer ce qu’il
18854
que je semblais ignorer ce qu’il était admis que
l’
on sût ou non, à ce moment-là, au sujet de l’amour courtois. Ils le pr
18855
que l’on sût ou non, à ce moment-là, au sujet de
l’
amour courtois. Ils le prirent sur le ton légèrement excédé du spécial
18856
à ce moment-là, au sujet de l’amour courtois. Ils
le
prirent sur le ton légèrement excédé du spécialiste qui est payé pour
18857
au sujet de l’amour courtois. Ils le prirent sur
le
ton légèrement excédé du spécialiste qui est payé pour savoir où en e
18858
du spécialiste qui est payé pour savoir où en est
l’
affaire, et n’admet pas qu’on vienne lui raconter des fariboles. Ils m
18859
s me reprochaient surtout ce que je m’étais gardé
de
dire, et passaient à côté de mon apport, lequel intervenait sur un to
18860
quel intervenait sur un tout autre plan que celui
de
leurs expertises. Tout cela traîne encore dans des bibliographies mai
18861
e dans des bibliographies mais n’empêche plus que
les
« divagations » dénoncées par les maîtres d’hier soient professées de
18862
mpêche plus que les « divagations » dénoncées par
les
maîtres d’hier soient professées de nos jours par leurs anciens élève
18863
que les « divagations » dénoncées par les maîtres
d’
hier soient professées de nos jours par leurs anciens élèves dans un g
18864
énoncées par les maîtres d’hier soient professées
de
nos jours par leurs anciens élèves dans un grand nombre d’universités
18865
urs par leurs anciens élèves dans un grand nombre
d’
universités. Sans revenir sur ces premières « réfutations », je mentio
18866
», je mentionnerai quelques récents récidivistes
d’
une conduite intellectuelle qui n’est peut-être, en somme, que le subs
18867
intellectuelle qui n’est peut-être, en somme, que
le
substitut laïque de l’argument d’autorité, l’invocation du « sérieux
18868
’est peut-être, en somme, que le substitut laïque
de
l’argument d’autorité, l’invocation du « sérieux scientifique », remp
18869
t peut-être, en somme, que le substitut laïque de
l’
argument d’autorité, l’invocation du « sérieux scientifique », remplaç
18870
, en somme, que le substitut laïque de l’argument
d’
autorité, l’invocation du « sérieux scientifique », remplaçant celle d
18871
que le substitut laïque de l’argument d’autorité,
l’
invocation du « sérieux scientifique », remplaçant celle du dogme et d
18872
ieux scientifique », remplaçant celle du dogme et
de
la tradition. Dans l’Histoire littéraire de la Pléiade214, Régine Per
18873
x scientifique », remplaçant celle du dogme et de
la
tradition. Dans l’Histoire littéraire de la Pléiade214, Régine Pernou
18874
emplaçant celle du dogme et de la tradition. Dans
l’
Histoire littéraire de la Pléiade214, Régine Pernoud écarte avec dédai
18875
me et de la tradition. Dans l’Histoire littéraire
de
la Pléiade214, Régine Pernoud écarte avec dédain l’idée que la courto
18876
et de la tradition. Dans l’Histoire littéraire de
la
Pléiade214, Régine Pernoud écarte avec dédain l’idée que la courtoisi
18877
la Pléiade214, Régine Pernoud écarte avec dédain
l’
idée que la courtoisie et l’hérésie aient jamais eu rien de commun, mê
18878
214, Régine Pernoud écarte avec dédain l’idée que
la
courtoisie et l’hérésie aient jamais eu rien de commun, même pas les
18879
ud écarte avec dédain l’idée que la courtoisie et
l’
hérésie aient jamais eu rien de commun, même pas les lieux géographiqu
18880
e la courtoisie et l’hérésie aient jamais eu rien
de
commun, même pas les lieux géographiques. Nous ne mentionnerons que
18881
’hérésie aient jamais eu rien de commun, même pas
les
lieux géographiques. Nous ne mentionnerons que pour mémoire une thès
18882
r mémoire une thèse qui a eu un certain écho dans
le
grand public, et qui a présenté les troubadours et la poésie courtois
18883
tain écho dans le grand public, et qui a présenté
les
troubadours et la poésie courtoise comme autant d’échos de l’hérésie
18884
rand public, et qui a présenté les troubadours et
la
poésie courtoise comme autant d’échos de l’hérésie cathare. Hypothèse
18885
s troubadours et la poésie courtoise comme autant
d’
échos de l’hérésie cathare. Hypothèse certainement ingénieuse, mais qu
18886
dours et la poésie courtoise comme autant d’échos
de
l’hérésie cathare. Hypothèse certainement ingénieuse, mais qui a l’in
18887
rs et la poésie courtoise comme autant d’échos de
l’
hérésie cathare. Hypothèse certainement ingénieuse, mais qui a l’incon
18888
re. Hypothèse certainement ingénieuse, mais qui a
l’
inconvénient d’être entièrement contredite par les faits : lorsque le
18889
ertainement ingénieuse, mais qui a l’inconvénient
d’
être entièrement contredite par les faits : lorsque le catharisme comm
18890
l’inconvénient d’être entièrement contredite par
les
faits : lorsque le catharisme commence à se propager dans les cités c
18891
re entièrement contredite par les faits : lorsque
le
catharisme commence à se propager dans les cités commerçantes du Midi
18892
lorsque le catharisme commence à se propager dans
les
cités commerçantes du Midi, aux environs de 1165, la poésie courtoise
18893
dans les cités commerçantes du Midi, aux environs
de
1165, la poésie courtoise connaît déjà plus d’un demi-siècle d’existe
18894
cités commerçantes du Midi, aux environs de 1165,
la
poésie courtoise connaît déjà plus d’un demi-siècle d’existence. Cett
18895
ns de 1165, la poésie courtoise connaît déjà plus
d’
un demi-siècle d’existence. Cette théorie repose d’ailleurs sur une ra
18896
ésie courtoise connaît déjà plus d’un demi-siècle
d’
existence. Cette théorie repose d’ailleurs sur une radicale méconnaiss
18897
’ailleurs sur une radicale méconnaissance tant de
l’
hérésie cathare elle-même, hérésie de bourgeois et de marchands essent
18898
ance tant de l’hérésie cathare elle-même, hérésie
de
bourgeois et de marchands essentiellement, que des données de la poés
18899
érésie cathare elle-même, hérésie de bourgeois et
de
marchands essentiellement, que des données de la poésie courtoise… P
18900
et de marchands essentiellement, que des données
de
la poésie courtoise… Pour le coup, me voilà tenté de retourner le co
18901
de marchands essentiellement, que des données de
la
poésie courtoise… Pour le coup, me voilà tenté de retourner le compl
18902
nt, que des données de la poésie courtoise… Pour
le
coup, me voilà tenté de retourner le compliment à cet éminent histori
18903
a poésie courtoise… Pour le coup, me voilà tenté
de
retourner le compliment à cet éminent historien de la bourgeoisie. Ca
18904
toise… Pour le coup, me voilà tenté de retourner
le
compliment à cet éminent historien de la bourgeoisie. Car invoquer en
18905
e retourner le compliment à cet éminent historien
de
la bourgeoisie. Car invoquer en guise de « fait », d’ailleurs unique,
18906
etourner le compliment à cet éminent historien de
la
bourgeoisie. Car invoquer en guise de « fait », d’ailleurs unique, et
18907
, d’ailleurs unique, et qui ruinerait ma théorie,
la
propagation de l’hérésie chez les marchands du Midi vers 1165, c’est
18908
ique, et qui ruinerait ma théorie, la propagation
de
l’hérésie chez les marchands du Midi vers 1165, c’est méconnaître les
18909
e, et qui ruinerait ma théorie, la propagation de
l’
hérésie chez les marchands du Midi vers 1165, c’est méconnaître les do
18910
rait ma théorie, la propagation de l’hérésie chez
les
marchands du Midi vers 1165, c’est méconnaître les données élémentair
18911
es marchands du Midi vers 1165, c’est méconnaître
les
données élémentaires de l’hérésie et de la poésie courtoise, j’entend
18912
1165, c’est méconnaître les données élémentaires
de
l’hérésie et de la poésie courtoise, j’entends leurs dates et leurs a
18913
65, c’est méconnaître les données élémentaires de
l’
hérésie et de la poésie courtoise, j’entends leurs dates et leurs aire
18914
onnaître les données élémentaires de l’hérésie et
de
la poésie courtoise, j’entends leurs dates et leurs aires de diffusio
18915
aître les données élémentaires de l’hérésie et de
la
poésie courtoise, j’entends leurs dates et leurs aires de diffusion,
18916
e courtoise, j’entends leurs dates et leurs aires
de
diffusion, tant géographique que sociale. C’est un fait que l’hérésie
18917
tant géographique que sociale. C’est un fait que
l’
hérésie s’est répandue chez les marchands des villes méridionales cinq
18918
. C’est un fait que l’hérésie s’est répandue chez
les
marchands des villes méridionales cinquante ans après les chansons de
18919
hands des villes méridionales cinquante ans après
les
chansons de Guillaume de Poitiers : c’est le type même du « petit fai
18920
les méridionales cinquante ans après les chansons
de
Guillaume de Poitiers : c’est le type même du « petit fait vrai », in
18921
rès les chansons de Guillaume de Poitiers : c’est
le
type même du « petit fait vrai », incontestable et dénué d’intérêt en
18922
me du « petit fait vrai », incontestable et dénué
d’
intérêt en l’occurrence. Qui donc, hormis Mme Pernoud, a jamais cru qu
18923
fait vrai », incontestable et dénué d’intérêt en
l’
occurrence. Qui donc, hormis Mme Pernoud, a jamais cru que les troubad
18924
e. Qui donc, hormis Mme Pernoud, a jamais cru que
les
troubadours composaient pour les commerçants de Carcassonne ? L’amour
18925
a jamais cru que les troubadours composaient pour
les
commerçants de Carcassonne ? L’amour courtois, comme son nom l’indiqu
18926
les troubadours composaient pour les commerçants
de
Carcassonne ? L’amour courtois, comme son nom l’indique, se chantait
18927
composaient pour les commerçants de Carcassonne ?
L’
amour courtois, comme son nom l’indique, se chantait dans les cours, n
18928
de Carcassonne ? L’amour courtois, comme son nom
l’
indique, se chantait dans les cours, non dans les magasins. Or, les se
18929
urtois, comme son nom l’indique, se chantait dans
les
cours, non dans les magasins. Or, les seigneurs, mais surtout leurs é
18930
m l’indique, se chantait dans les cours, non dans
les
magasins. Or, les seigneurs, mais surtout leurs épouses, étaient géné
18931
antait dans les cours, non dans les magasins. Or,
les
seigneurs, mais surtout leurs épouses, étaient généralement du côté d
18932
ut leurs épouses, étaient généralement du côté de
l’
hérésie, non de l’Église. Et l’hérésie était bien plus ancienne que Mm
18933
s, étaient généralement du côté de l’hérésie, non
de
l’Église. Et l’hérésie était bien plus ancienne que Mme Pernoud ne ve
18934
étaient généralement du côté de l’hérésie, non de
l’
Église. Et l’hérésie était bien plus ancienne que Mme Pernoud ne veut
18935
alement du côté de l’hérésie, non de l’Église. Et
l’
hérésie était bien plus ancienne que Mme Pernoud ne veut le croire à s
18936
était bien plus ancienne que Mme Pernoud ne veut
le
croire à seule fin d’infirmer ma thèse. Pour elle, pas de preuves « s
18937
nne que Mme Pernoud ne veut le croire à seule fin
d’
infirmer ma thèse. Pour elle, pas de preuves « sérieuses » que le cath
18938
e à seule fin d’infirmer ma thèse. Pour elle, pas
de
preuves « sérieuses » que le catharisme ait précédé les premiers trou
18939
hèse. Pour elle, pas de preuves « sérieuses » que
le
catharisme ait précédé les premiers troubadours ? Hélas, l’Église n’e
18940
sme ait précédé les premiers troubadours ? Hélas,
l’
Église n’en demandait pas tant : dès 1017 à Orléans, 1020 à Tours, 102
18941
Dès 1145, saint Bernard de Clairvaux prêche dans
le
Toulousain et l’Albigeois des missions contre l’hérésie et jette un c
18942
Bernard de Clairvaux prêche dans le Toulousain et
l’
Albigeois des missions contre l’hérésie et jette un cri d’alarme angoi
18943
le Toulousain et l’Albigeois des missions contre
l’
hérésie et jette un cri d’alarme angoissé — mais par quoi ? Le malheur
18944
ois des missions contre l’hérésie et jette un cri
d’
alarme angoissé — mais par quoi ? Le malheureux ignore visiblement que
18945
jette un cri d’alarme angoissé — mais par quoi ?
Le
malheureux ignore visiblement que le catharisme n’apparaîtra que ving
18946
s par quoi ? Le malheureux ignore visiblement que
le
catharisme n’apparaîtra que vingt ans plus tard dans ces contrées. À
18947
rtout des « bourgeois » selon Mme Pernoud, mais «
de
modestes paysans ou de pauvres artisans » selon M. Yves Dossat, des m
18948
selon Mme Pernoud, mais « de modestes paysans ou
de
pauvres artisans » selon M. Yves Dossat, des marchands riches et entr
18949
hes et entreprenants selon M. Charles Bru, mais «
de
petites gens » selon Belperron, plusieurs de mes critiques déclarent
18950
is « de petites gens » selon Belperron, plusieurs
de
mes critiques déclarent que ces « humbles origines » excluent tout co
18951
s « humbles origines » excluent tout contact avec
la
poésie d’oc sortie, elle, « des plus hautes classes de la société » (
18952
s origines » excluent tout contact avec la poésie
d’
oc sortie, elle, « des plus hautes classes de la société » (P. Belperr
18953
ésie d’oc sortie, elle, « des plus hautes classes
de
la société » (P. Belperron, Joie d’Amour, p. 227). Cependant, on ne p
18954
e d’oc sortie, elle, « des plus hautes classes de
la
société » (P. Belperron, Joie d’Amour, p. 227). Cependant, on ne peut
18955
autes classes de la société » (P. Belperron, Joie
d’
Amour, p. 227). Cependant, on ne peut nier que Raimond V de Toulouse a
18956
ral de Cîteaux, pour lui demander son aide contre
l’
hérésie qui « a pénétré partout » : « Les personnages les plus importa
18957
de contre l’hérésie qui « a pénétré partout » : «
Les
personnages les plus importants de ma terre se sont laissés corrompre
18958
sie qui « a pénétré partout » : « Les personnages
les
plus importants de ma terre se sont laissés corrompre. La foule a sui
18959
partout » : « Les personnages les plus importants
de
ma terre se sont laissés corrompre. La foule a suivi leur exemple. »
18960
importants de ma terre se sont laissés corrompre.
La
foule a suivi leur exemple. » On se rabat alors sur « la basse extrac
18961
e a suivi leur exemple. » On se rabat alors sur «
la
basse extraction » des troubadours, pauvres jongleurs et baladins don
18962
ne saurait imaginer qu’ils aient jamais pu parler
de
pair à égal avec les châtelains du Languedoc ni rien espérer des nobl
18963
qu’ils aient jamais pu parler de pair à égal avec
les
châtelains du Languedoc ni rien espérer des nobles dames qu’ils céléb
18964
ne s’entendent que pour exclure toute possibilité
de
rencontre entre cathares et troubadours, me paraissent frappées de la
18965
e cathares et troubadours, me paraissent frappées
de
la même faiblesse congénitale : elles raisonnent à partir de clichés
18966
athares et troubadours, me paraissent frappées de
la
même faiblesse congénitale : elles raisonnent à partir de clichés qu’
18967
fin. Même René Nelli se laisse aller à écrire que
les
troubadours « attendaient que l’Amour leur donnât une valeur qui ne l
18968
er à écrire que les troubadours « attendaient que
l’
Amour leur donnât une valeur qui ne leur appartenait pas socialement,
18969
ui ne leur appartenait pas socialement, par droit
de
naissance », et pour expliquer la soumission à la dame, il reprend la
18970
ment, par droit de naissance », et pour expliquer
la
soumission à la dame, il reprend la théorie du jongleur qui « aime en
18971
de naissance », et pour expliquer la soumission à
la
dame, il reprend la théorie du jongleur qui « aime en trop haut lieu
18972
our expliquer la soumission à la dame, il reprend
la
théorie du jongleur qui « aime en trop haut lieu ». (C’est le fameux
18973
u jongleur qui « aime en trop haut lieu ». (C’est
le
fameux « ver de terre amoureux d’une étoile » de V. Hugo). Mais Nelli
18974
aime en trop haut lieu ». (C’est le fameux « ver
de
terre amoureux d’une étoile » de V. Hugo). Mais Nelli a coutume de no
18975
lieu ». (C’est le fameux « ver de terre amoureux
d’
une étoile » de V. Hugo). Mais Nelli a coutume de nous fournir les fai
18976
le fameux « ver de terre amoureux d’une étoile »
de
V. Hugo). Mais Nelli a coutume de nous fournir les faits qui nous per
18977
d’une étoile » de V. Hugo). Mais Nelli a coutume
de
nous fournir les faits qui nous permettent de discuter ses propres di
18978
de V. Hugo). Mais Nelli a coutume de nous fournir
les
faits qui nous permettent de discuter ses propres dires : en l’occurr
18979
ume de nous fournir les faits qui nous permettent
de
discuter ses propres dires : en l’occurrence, les indications biograp
18980
ous permettent de discuter ses propres dires : en
l’
occurrence, les indications biographiques sur les 43 auteurs qu’il cit
18981
de discuter ses propres dires : en l’occurrence,
les
indications biographiques sur les 43 auteurs qu’il cite dans son anth
18982
n l’occurrence, les indications biographiques sur
les
43 auteurs qu’il cite dans son anthologie des Troubadours (Tome II, l
18983
ite dans son anthologie des Troubadours (Tome II,
les
Poètes). Quelle est la proportion des « jongleurs », des bourgeois où
18984
des Troubadours (Tome II, les Poètes). Quelle est
la
proportion des « jongleurs », des bourgeois où des chevaliers parmi e
18985
es bourgeois où des chevaliers parmi eux ? Voici
le
décompte : Origine inconnue 4 jongleurs 3 « Origine très modest
18986
cents troubadours (dont on ne connaît souvent que
le
nom), et que les jongleurs aient pu former une forte minorité de leur
18987
s (dont on ne connaît souvent que le nom), et que
les
jongleurs aient pu former une forte minorité de leur cohorte, mais si
18988
les jongleurs aient pu former une forte minorité
de
leur cohorte, mais si René Nelli a choisi ces 43 là, c’est qu’il les
18989
ais si René Nelli a choisi ces 43 là, c’est qu’il
les
estimait à la fois les meilleurs et les plus représentatifs. Ce sont
18990
isi ces 43 là, c’est qu’il les estimait à la fois
les
meilleurs et les plus représentatifs. Ce sont eux qui ont dû donner l
18991
est qu’il les estimait à la fois les meilleurs et
les
plus représentatifs. Ce sont eux qui ont dû donner le ton, à commence
18992
lus représentatifs. Ce sont eux qui ont dû donner
le
ton, à commencer par Guillaume IX, qui était « le plus grand prince d
18993
le ton, à commencer par Guillaume IX, qui était «
le
plus grand prince de France », et son ami le vicomte Eble de Ventadou
18994
it « le plus grand prince de France », et son ami
le
vicomte Eble de Ventadour, jusqu’à Jaufré Rudel, prince de Blaye, et
18995
ye, et à Raimbaut, comte d’Orange, en passant par
les
quatre sires d’Ussel, qui sont peut-être d’une branche des Ventadour2
18996
, comte d’Orange, en passant par les quatre sires
d’
Ussel, qui sont peut-être d’une branche des Ventadour215. C’est à un a
18997
par les quatre sires d’Ussel, qui sont peut-être
d’
une branche des Ventadour215. C’est à un autre procédé d’intimidation,
18998
ranche des Ventadour215. C’est à un autre procédé
d’
intimidation, plus cavalier que pédant, qu’a recours le chanoine Delar
18999
imidation, plus cavalier que pédant, qu’a recours
le
chanoine Delaruelle, qui, lui aussi, sait tout ce qu’il faut savoir —
19000
rtout ce qu’il faut ignorer — du catharisme. Dans
la
revue Archeologica (décembre 1967), il affirme que mon livre contient
19001
1967), il affirme que mon livre contient, « dans
les
passages qui touchent à l’Histoire, une erreur par phrase ». Les écha
19002
ivre contient, « dans les passages qui touchent à
l’
Histoire, une erreur par phrase ». Les échantillons qu’il en donne son
19003
i touchent à l’Histoire, une erreur par phrase ».
Les
échantillons qu’il en donne sont des caricatures où l’erreur vient de
19004
hantillons qu’il en donne sont des caricatures où
l’
erreur vient de lui. (Comment aurais-je dit, par exemple, que « l’amou
19005
e lui. (Comment aurais-je dit, par exemple, que «
l’
amour-passion de Tristan n’est rien d’autre que le catharisme » ?) Et
19006
aurais-je dit, par exemple, que « l’amour-passion
de
Tristan n’est rien d’autre que le catharisme » ?) Et quand il parle d
19007
mple, que « l’amour-passion de Tristan n’est rien
d’
autre que le catharisme » ?) Et quand il parle de la Réforme, c’est un
19008
l’amour-passion de Tristan n’est rien d’autre que
le
catharisme » ?) Et quand il parle de la Réforme, c’est une erreur par
19009
d’autre que le catharisme » ?) Et quand il parle
de
la Réforme, c’est une erreur par mot que l’on devrait relever216. Mai
19010
autre que le catharisme » ?) Et quand il parle de
la
Réforme, c’est une erreur par mot que l’on devrait relever216. Mais c
19011
parle de la Réforme, c’est une erreur par mot que
l’
on devrait relever216. Mais ce serait peine perdue, car notre auteur a
19012
serait peine perdue, car notre auteur annonce que
le
dogme aura le dernier mot. Il déclare en effet qu’on ne peut, comme l
19013
ier mot. Il déclare en effet qu’on ne peut, comme
l’
a fait l’historien Charles Schmidt, louer la morale des Parfaits si l’
19014
Il déclare en effet qu’on ne peut, comme l’a fait
l’
historien Charles Schmidt, louer la morale des Parfaits si l’on désapp
19015
comme l’a fait l’historien Charles Schmidt, louer
la
morale des Parfaits si l’on désapprouve leur doctrine, car cette dist
19016
Charles Schmidt, louer la morale des Parfaits si
l’
on désapprouve leur doctrine, car cette distinction choque « un esprit
19017
ue « un esprit français habitué à rechercher dans
les
ouvrages qu’il étudie la cohérence intime, et à penser que le dogme c
19018
bitué à rechercher dans les ouvrages qu’il étudie
la
cohérence intime, et à penser que le dogme commande l’éthique ». Est-
19019
qu’il étudie la cohérence intime, et à penser que
le
dogme commande l’éthique ». Est-ce au nom de cette « cohérence », ou
19020
hérence intime, et à penser que le dogme commande
l’
éthique ». Est-ce au nom de cette « cohérence », ou de l’esprit frança
19021
hique ». Est-ce au nom de cette « cohérence », ou
de
l’esprit français, ou du dogme, que l’intrépide chanoine n’hésite pas
19022
ue ». Est-ce au nom de cette « cohérence », ou de
l’
esprit français, ou du dogme, que l’intrépide chanoine n’hésite pas à
19023
ence », ou de l’esprit français, ou du dogme, que
l’
intrépide chanoine n’hésite pas à écrire : « Il n’y a jamais eu de bûc
19024
oine n’hésite pas à écrire : « Il n’y a jamais eu
de
bûcher à Montségur » ? Voilà une bonne nouvelle, mais elle arrive tro
19025
e bonne nouvelle, mais elle arrive trop tard pour
les
deux-cents martyrs du sinistre champ des Crématz. Ici encore, ce que
19026
du sinistre champ des Crématz. Ici encore, ce que
l’
assurance du ton n’arrive pas à dissimuler, c’est que l’on cherche moi
19027
rance du ton n’arrive pas à dissimuler, c’est que
l’
on cherche moins à comprendre qu’à expulser le phénomène (à le refoule
19028
que l’on cherche moins à comprendre qu’à expulser
le
phénomène (à le refouler, pratiquement), et cela par des moyens d’aut
19029
moins à comprendre qu’à expulser le phénomène (à
le
refouler, pratiquement), et cela par des moyens d’autorité, par ce do
19030
e refouler, pratiquement), et cela par des moyens
d’
autorité, par ce dogme qui « commande l’éthique » et à travers elle, q
19031
es moyens d’autorité, par ce dogme qui « commande
l’
éthique » et à travers elle, qui sait, les vérités gênantes de l’histo
19032
commande l’éthique » et à travers elle, qui sait,
les
vérités gênantes de l’histoire. Messieurs les intégristes de tous les
19033
et à travers elle, qui sait, les vérités gênantes
de
l’histoire. Messieurs les intégristes de tous les systèmes, si vous c
19034
à travers elle, qui sait, les vérités gênantes de
l’
histoire. Messieurs les intégristes de tous les systèmes, si vous croy
19035
it, les vérités gênantes de l’histoire. Messieurs
les
intégristes de tous les systèmes, si vous croyez possible de fonder l
19036
gênantes de l’histoire. Messieurs les intégristes
de
tous les systèmes, si vous croyez possible de fonder la cohérence de
19037
de l’histoire. Messieurs les intégristes de tous
les
systèmes, si vous croyez possible de fonder la cohérence de votre per
19038
tes de tous les systèmes, si vous croyez possible
de
fonder la cohérence de votre personne sur un dogme qui lui est extéri
19039
s les systèmes, si vous croyez possible de fonder
la
cohérence de votre personne sur un dogme qui lui est extérieur, et no
19040
s, si vous croyez possible de fonder la cohérence
de
votre personne sur un dogme qui lui est extérieur, et non sur ses don
19041
vraie foi, voilà qui est bel et bon, mais gardez-
le
pour vous. Ne brûlez pas les hérétiques qui ont un autre système de c
19042
l et bon, mais gardez-le pour vous. Ne brûlez pas
les
hérétiques qui ont un autre système de cohérence intime, ou du moins
19043
rûlez pas les hérétiques qui ont un autre système
de
cohérence intime, ou du moins ne dites pas que votre église, votre pa
19044
que votre église, votre parti, ou votre secte, ne
les
a pas brûlés du tout. Troisième variante du même système de recours à
19045
rûlés du tout. Troisième variante du même système
de
recours à l’autorité, que ce soit celle de la Science, de l’Église, d
19046
. Troisième variante du même système de recours à
l’
autorité, que ce soit celle de la Science, de l’Église, du Parti, ou d
19047
ystème de recours à l’autorité, que ce soit celle
de
la Science, de l’Église, du Parti, ou de simples coutumes que l’on ba
19048
ème de recours à l’autorité, que ce soit celle de
la
Science, de l’Église, du Parti, ou de simples coutumes que l’on bapti
19049
rs à l’autorité, que ce soit celle de la Science,
de
l’Église, du Parti, ou de simples coutumes que l’on baptise Tradition
19050
à l’autorité, que ce soit celle de la Science, de
l’
Église, du Parti, ou de simples coutumes que l’on baptise Tradition :
19051
it celle de la Science, de l’Église, du Parti, ou
de
simples coutumes que l’on baptise Tradition : elle m’est offerte par
19052
de l’Église, du Parti, ou de simples coutumes que
l’
on baptise Tradition : elle m’est offerte par Mme Lot-Borodine. Dès av
19053
lle m’est offerte par Mme Lot-Borodine. Dès avant
la
sortie de mon livre (dont elle avait lu des bonnes feuilles), elle a
19054
offerte par Mme Lot-Borodine. Dès avant la sortie
de
mon livre (dont elle avait lu des bonnes feuilles), elle a mené contr
19055
de pieuse indignation. Elle ne peut me pardonner
d’
avoir assimilé la Maria de l’hérésie à la Sophia gnostique, et cette M
19056
ation. Elle ne peut me pardonner d’avoir assimilé
la
Maria de l’hérésie à la Sophia gnostique, et cette Maria-Sophia à l’É
19057
le ne peut me pardonner d’avoir assimilé la Maria
de
l’hérésie à la Sophia gnostique, et cette Maria-Sophia à l’Église cat
19058
ne peut me pardonner d’avoir assimilé la Maria de
l’
hérésie à la Sophia gnostique, et cette Maria-Sophia à l’Église cathar
19059
ardonner d’avoir assimilé la Maria de l’hérésie à
la
Sophia gnostique, et cette Maria-Sophia à l’Église cathare217. J’ai b
19060
ie à la Sophia gnostique, et cette Maria-Sophia à
l’
Église cathare217. J’ai beau plaider que je n’ai rien inventé, que ces
19061
n’ai rien inventé, que ces « horreurs » sont dans
les
textes218, cette dame n’admet pas que l’on tienne compte d’une vérité
19062
nt dans les textes218, cette dame n’admet pas que
l’
on tienne compte d’une vérité aussi choquante. André Gide a pu dire à
19063
18, cette dame n’admet pas que l’on tienne compte
d’
une vérité aussi choquante. André Gide a pu dire à Jean Delay que mon
19064
e mon livre lui avait expliqué ce que (sa lecture
de
) Freud n’avait pu faire, et Jean Delay consacre à cela vingt-cinq pag
19065
consacre à cela vingt-cinq pages du premier tome
de
La Jeunesse d’André Gide. Mme Lot-Borodine, aussitôt, avertit le doct
19066
nsacre à cela vingt-cinq pages du premier tome de
La
Jeunesse d’André Gide. Mme Lot-Borodine, aussitôt, avertit le docteur
19067
a vingt-cinq pages du premier tome de La Jeunesse
d’
André Gide. Mme Lot-Borodine, aussitôt, avertit le docteur d’avoir à s
19068
d’André Gide. Mme Lot-Borodine, aussitôt, avertit
le
docteur d’avoir à se méfier, ce dont — visiblement impressionné — il
19069
e. Mme Lot-Borodine, aussitôt, avertit le docteur
d’
avoir à se méfier, ce dont — visiblement impressionné — il fait part a
19070
iblement impressionné — il fait part aux lecteurs
de
son second tome. André Gide a sans doute eu tort d’imaginer se compre
19071
son second tome. André Gide a sans doute eu tort
d’
imaginer se comprendre mieux à travers l’œuvre d’un auteur aussi suspe
19072
eu tort d’imaginer se comprendre mieux à travers
l’
œuvre d’un auteur aussi suspect et aussi méchamment ignorant de ce que
19073
d’imaginer se comprendre mieux à travers l’œuvre
d’
un auteur aussi suspect et aussi méchamment ignorant de ce que les spé
19074
auteur aussi suspect et aussi méchamment ignorant
de
ce que les spécialistes orthodoxes ont décidé que l’on doit penser de
19075
si suspect et aussi méchamment ignorant de ce que
les
spécialistes orthodoxes ont décidé que l’on doit penser de la Vierge.
19076
ce que les spécialistes orthodoxes ont décidé que
l’
on doit penser de la Vierge. Mais que penser de quelqu’un qui ne conço
19077
listes orthodoxes ont décidé que l’on doit penser
de
la Vierge. Mais que penser de quelqu’un qui ne conçoit pas l’identité
19078
tes orthodoxes ont décidé que l’on doit penser de
la
Vierge. Mais que penser de quelqu’un qui ne conçoit pas l’identité Ma
19079
ue l’on doit penser de la Vierge. Mais que penser
de
quelqu’un qui ne conçoit pas l’identité Maria-Sophia dans la psycholo
19080
. Mais que penser de quelqu’un qui ne conçoit pas
l’
identité Maria-Sophia dans la psychologie religieuse219 parce que, dit
19081
n qui ne conçoit pas l’identité Maria-Sophia dans
la
psychologie religieuse219 parce que, dit-elle, le dogme marial « excl
19082
la psychologie religieuse219 parce que, dit-elle,
le
dogme marial « exclut » la Gnose… Un troubadour mystique : Henri S
19083
9 parce que, dit-elle, le dogme marial « exclut »
la
Gnose… Un troubadour mystique : Henri Suso Ici, l’exemple du gr
19084
e… Un troubadour mystique : Henri Suso Ici,
l’
exemple du grand mystique souabe Henri Suso illustrera mieux que tout
19085
souabe Henri Suso illustrera mieux que tout autre
la
possibilité de mes hypothèses sur la série d’analogies, voire d’assim
19086
so illustrera mieux que tout autre la possibilité
de
mes hypothèses sur la série d’analogies, voire d’assimilations, entre
19087
e tout autre la possibilité de mes hypothèses sur
la
série d’analogies, voire d’assimilations, entre Sagesse éternelle — M
19088
tre la possibilité de mes hypothèses sur la série
d’
analogies, voire d’assimilations, entre Sagesse éternelle — Marie — Ve
19089
de mes hypothèses sur la série d’analogies, voire
d’
assimilations, entre Sagesse éternelle — Marie — Vera Vergena — Sophia
19090
ternelle — Marie — Vera Vergena — Sophia — Église
d’
Amour — Dame des pensées ; et sur la rhétorique courtoise comme langag
19091
phia — Église d’Amour — Dame des pensées ; et sur
la
rhétorique courtoise comme langage congénial de ce culte unique. Dans
19092
r la rhétorique courtoise comme langage congénial
de
ce culte unique. Dans son excellent petit livre sur Suso et le Minnes
19093
nique. Dans son excellent petit livre sur Suso et
le
Minnesang 220 J. A. Bizet rappelle d’abord comment « l’Éternelle Sage
19094
nesang 220 J. A. Bizet rappelle d’abord comment «
l’
Éternelle Sagesse » devint pour le jeune Suso (à la suite d’une extase
19095
abord comment « l’Éternelle Sagesse » devint pour
le
jeune Suso (à la suite d’une extase) « une manière de théophanie subs
19096
’Éternelle Sagesse » devint pour le jeune Suso (à
la
suite d’une extase) « une manière de théophanie substituée à la pure
19097
e Sagesse » devint pour le jeune Suso (à la suite
d’
une extase) « une manière de théophanie substituée à la pure notion de
19098
eune Suso (à la suite d’une extase) « une manière
de
théophanie substituée à la pure notion de la divinité ». Dès lors Sus
19099
extase) « une manière de théophanie substituée à
la
pure notion de la divinité ». Dès lors Suso, dans ses ouvrages, notam
19100
manière de théophanie substituée à la pure notion
de
la divinité ». Dès lors Suso, dans ses ouvrages, notamment la Vita et
19101
ière de théophanie substituée à la pure notion de
la
divinité ». Dès lors Suso, dans ses ouvrages, notamment la Vita et l’
19102
té ». Dès lors Suso, dans ses ouvrages, notamment
la
Vita et l’Horologium sapientae, va célébrer le culte de la Sagesse, s
19103
ors Suso, dans ses ouvrages, notamment la Vita et
l’
Horologium sapientae, va célébrer le culte de la Sagesse, sa Dame. « S
19104
nt la Vita et l’Horologium sapientae, va célébrer
le
culte de la Sagesse, sa Dame. « Sa mystique courtoise… serait bien la
19105
a et l’Horologium sapientae, va célébrer le culte
de
la Sagesse, sa Dame. « Sa mystique courtoise… serait bien la réplique
19106
t l’Horologium sapientae, va célébrer le culte de
la
Sagesse, sa Dame. « Sa mystique courtoise… serait bien la réplique en
19107
se, sa Dame. « Sa mystique courtoise… serait bien
la
réplique en terre germanique de la « piété fleurie » que les derniers
19108
oise… serait bien la réplique en terre germanique
de
la « piété fleurie » que les derniers troubadours du Languedoc avaien
19109
e… serait bien la réplique en terre germanique de
la
« piété fleurie » que les derniers troubadours du Languedoc avaient v
19110
e en terre germanique de la « piété fleurie » que
les
derniers troubadours du Languedoc avaient vouée à la Vierge, ou à cet
19111
derniers troubadours du Languedoc avaient vouée à
la
Vierge, ou à cette Clémence qui, croit-on, sous le masque de Clémence
19112
a Vierge, ou à cette Clémence qui, croit-on, sous
le
masque de Clémence Isaure, ne serait qu’une autre personnification dé
19113
ou à cette Clémence qui, croit-on, sous le masque
de
Clémence Isaure, ne serait qu’une autre personnification dévote » (p.
19114
’une autre personnification dévote » (p. 139). Et
l’
on retrouvera dans ses œuvres de prose poétique non seulement toutes l
19115
te » (p. 139). Et l’on retrouvera dans ses œuvres
de
prose poétique non seulement toutes les épithètes et images spécifiqu
19116
ses œuvres de prose poétique non seulement toutes
les
épithètes et images spécifiques, mais tous les lieux communs obligés
19117
es les épithètes et images spécifiques, mais tous
les
lieux communs obligés de la cortezia : — la quête de l’aimée (inquisi
19118
spécifiques, mais tous les lieux communs obligés
de
la cortezia : — la quête de l’aimée (inquisicio amoris) où se reconna
19119
écifiques, mais tous les lieux communs obligés de
la
cortezia : — la quête de l’aimée (inquisicio amoris) où se reconnaît
19120
tous les lieux communs obligés de la cortezia : —
la
quête de l’aimée (inquisicio amoris) où se reconnaît le thème de la p
19121
lieux communs obligés de la cortezia : — la quête
de
l’aimée (inquisicio amoris) où se reconnaît le thème de la princesse
19122
ux communs obligés de la cortezia : — la quête de
l’
aimée (inquisicio amoris) où se reconnaît le thème de la princesse loi
19123
te de l’aimée (inquisicio amoris) où se reconnaît
le
thème de la princesse lointaine. — le désir pour une Dame jamais vue,
19124
imée (inquisicio amoris) où se reconnaît le thème
de
la princesse lointaine. — le désir pour une Dame jamais vue, qu’on ne
19125
e (inquisicio amoris) où se reconnaît le thème de
la
princesse lointaine. — le désir pour une Dame jamais vue, qu’on ne co
19126
e reconnaît le thème de la princesse lointaine. —
le
désir pour une Dame jamais vue, qu’on ne connaît pas encore : « Mon D
19127
ore : « Mon Dieu, quand pourrai-je seulement voir
la
bien-aimée, entendre le son de sa voix ? Quelle est donc la figure de
19128
pourrai-je seulement voir la bien-aimée, entendre
le
son de sa voix ? Quelle est donc la figure de l’aimée, qui recèle tan
19129
-je seulement voir la bien-aimée, entendre le son
de
sa voix ? Quelle est donc la figure de l’aimée, qui recèle tant de tr
19130
mée, entendre le son de sa voix ? Quelle est donc
la
figure de l’aimée, qui recèle tant de trésors charmants ? » (Vita.) —
19131
dre le son de sa voix ? Quelle est donc la figure
de
l’aimée, qui recèle tant de trésors charmants ? » (Vita.) — le doute
19132
le son de sa voix ? Quelle est donc la figure de
l’
aimée, qui recèle tant de trésors charmants ? » (Vita.) — le doute sur
19133
ui recèle tant de trésors charmants ? » (Vita.) —
le
doute sur la véritable identité ou essence de la Dame : « Est-elle D
19134
t de trésors charmants ? » (Vita.) — le doute sur
la
véritable identité ou essence de la Dame : « Est-elle Dieu ou créatu
19135
) — le doute sur la véritable identité ou essence
de
la Dame : « Est-elle Dieu ou créature humaine, femme ou homme, savoi
19136
le doute sur la véritable identité ou essence de
la
Dame : « Est-elle Dieu ou créature humaine, femme ou homme, savoir s
19137
(Vita.) (Que n’ai-je connu plus tôt cette phrase
de
Suso ! Elle eût fait la meilleure épigraphe à mon Livre II.) Mais il
19138
nnu plus tôt cette phrase de Suso ! Elle eût fait
la
meilleure épigraphe à mon Livre II.) Mais il y a plus étrange dans la
19139
he à mon Livre II.) Mais il y a plus étrange dans
la
même page, quand il croit voir la Sagesse : Elle était à la fois loi
19140
us étrange dans la même page, quand il croit voir
la
Sagesse : Elle était à la fois loin et près, en haut et en bas, prés
19141
se laissait entourer, et nul cependant ne pouvait
la
saisir… Elle étalait sa puissance d’une extrémité à l’autre et pénétr
19142
t ne pouvait la saisir… Elle étalait sa puissance
d’
une extrémité à l’autre et pénétrait toutes choses de sa tendresse. Là
19143
ne extrémité à l’autre et pénétrait toutes choses
de
sa tendresse. Là où il croyait posséder une belle femme il trouvait u
19144
il trouvait un fier adolescent. Elle avait tantôt
l’
aspect d’une sage éducatrice, et tantôt se comportait en maîtresse mag
19145
it un fier adolescent. Elle avait tantôt l’aspect
d’
une sage éducatrice, et tantôt se comportait en maîtresse magnifique.
19146
tantôt se comportait en maîtresse magnifique. —
le
thème de l’anneau, gage de l’allégeance du chevalier désormais servit
19147
e comportait en maîtresse magnifique. — le thème
de
l’anneau, gage de l’allégeance du chevalier désormais serviteur. (« O
19148
omportait en maîtresse magnifique. — le thème de
l’
anneau, gage de l’allégeance du chevalier désormais serviteur. (« O be
19149
îtresse magnifique. — le thème de l’anneau, gage
de
l’allégeance du chevalier désormais serviteur. (« O belle, ô aimable
19150
esse magnifique. — le thème de l’anneau, gage de
l’
allégeance du chevalier désormais serviteur. (« O belle, ô aimable Sag
19151
, ô aimable Sagesse… ah ! puisse mon âme recevoir
de
Vous l’anneau ! ») — aimer le mal d’amour, « le doux mal qui m’agrée
19152
ble Sagesse… ah ! puisse mon âme recevoir de Vous
l’
anneau ! ») — aimer le mal d’amour, « le doux mal qui m’agrée », comme
19153
se mon âme recevoir de Vous l’anneau ! ») — aimer
le
mal d’amour, « le doux mal qui m’agrée », comme dit un trouvère après
19154
âme recevoir de Vous l’anneau ! ») — aimer le mal
d’
amour, « le doux mal qui m’agrée », comme dit un trouvère après tous l
19155
r de Vous l’anneau ! ») — aimer le mal d’amour, «
le
doux mal qui m’agrée », comme dit un trouvère après tous les troubado
19156
l qui m’agrée », comme dit un trouvère après tous
les
troubadours, et Suso : « ein suesses we… ein ellende froede » (une do
19157
… une plaintive joie). — aimer en trop haut lieu,
d’
où la nécessité de garder le secret et de se méfier des délateurs ou l
19158
plaintive joie). — aimer en trop haut lieu, d’où
la
nécessité de garder le secret et de se méfier des délateurs ou lauzen
19159
ie). — aimer en trop haut lieu, d’où la nécessité
de
garder le secret et de se méfier des délateurs ou lauzengiers (merkae
19160
er en trop haut lieu, d’où la nécessité de garder
le
secret et de se méfier des délateurs ou lauzengiers (merkaere) ; — le
19161
ut lieu, d’où la nécessité de garder le secret et
de
se méfier des délateurs ou lauzengiers (merkaere) ; — les ruses de la
19162
éfier des délateurs ou lauzengiers (merkaere) ; —
les
ruses de la Dame pour retarder le Prix et contrarier la satisfaction
19163
délateurs ou lauzengiers (merkaere) ; — les ruses
de
la Dame pour retarder le Prix et contrarier la satisfaction amoureuse
19164
ateurs ou lauzengiers (merkaere) ; — les ruses de
la
Dame pour retarder le Prix et contrarier la satisfaction amoureuse, e
19165
(merkaere) ; — les ruses de la Dame pour retarder
le
Prix et contrarier la satisfaction amoureuse, et c’est le principe du
19166
es de la Dame pour retarder le Prix et contrarier
la
satisfaction amoureuse, et c’est le principe du joy d’amors ou joc, d
19167
et contrarier la satisfaction amoureuse, et c’est
le
principe du joy d’amors ou joc, du minnespil des Allemands — ce ludus
19168
tisfaction amoureuse, et c’est le principe du joy
d’
amors ou joc, du minnespil des Allemands — ce ludus amoris qui est à l
19169
t à la fois gaudium et dolor chez Suso ; — enfin,
la
nostalgie essentielle de toute passion qui s’adresse à l’absolu, à l’
19170
lor chez Suso ; — enfin, la nostalgie essentielle
de
toute passion qui s’adresse à l’absolu, à l’infini : le senen qui est
19171
lgie essentielle de toute passion qui s’adresse à
l’
absolu, à l’infini : le senen qui est le dezirar des troubadours, et q
19172
elle de toute passion qui s’adresse à l’absolu, à
l’
infini : le senen qui est le dezirar des troubadours, et qui sera le S
19173
te passion qui s’adresse à l’absolu, à l’infini :
le
senen qui est le dezirar des troubadours, et qui sera le Sehnen de Wa
19174
adresse à l’absolu, à l’infini : le senen qui est
le
dezirar des troubadours, et qui sera le Sehnen de Wagner. (Et même le
19175
n qui est le dezirar des troubadours, et qui sera
le
Sehnen de Wagner. (Et même les « mots crus » ne manquent pas, qui pou
19176
adours, et qui sera le Sehnen de Wagner. (Et même
les
« mots crus » ne manquent pas, qui pour nos naïfs érudits « prouvaien
19177
uent pas, qui pour nos naïfs érudits « prouvaient
la
réalité » de la Dame !) Ainsi Suso « tient cette gageure de chanter c
19178
pour nos naïfs érudits « prouvaient la réalité »
de
la Dame !) Ainsi Suso « tient cette gageure de chanter comme une femm
19179
ur nos naïfs érudits « prouvaient la réalité » de
la
Dame !) Ainsi Suso « tient cette gageure de chanter comme une femme a
19180
» de la Dame !) Ainsi Suso « tient cette gageure
de
chanter comme une femme aimée le Bien insaisissable, le Dieu sans mod
19181
nt cette gageure de chanter comme une femme aimée
le
Bien insaisissable, le Dieu sans mode et sans nom » (p. 54). D’autant
19182
nter comme une femme aimée le Bien insaisissable,
le
Dieu sans mode et sans nom » (p. 54). D’autant plus le principe divin
19183
issable, le Dieu sans mode et sans nom » (p. 54).
D’
autant plus le principe divin devient abstrait, d’autant plus il se fé
19184
eu sans mode et sans nom » (p. 54). D’autant plus
le
principe divin devient abstrait, d’autant plus il se féminise. Bref,
19185
D’autant plus le principe divin devient abstrait,
d’
autant plus il se féminise. Bref, tout ce que nos experts en courtoisi
19186
experts en courtoisie d’une part, et en mystique
de
l’autre, décrètent depuis toujours et à jamais incompatible, tout est
19187
is ensemble, aussi merveilleusement mêlé que dans
la
lyrique occitane. Bien entendu, cela ne prouve pas que les troubadour
19188
ue occitane. Bien entendu, cela ne prouve pas que
les
troubadours parlaient de la Sophia quand ils louaient leur Dame ; mai
19189
cela ne prouve pas que les troubadours parlaient
de
la Sophia quand ils louaient leur Dame ; mais cela prouve qu’il n’y a
19190
la ne prouve pas que les troubadours parlaient de
la
Sophia quand ils louaient leur Dame ; mais cela prouve qu’il n’y avai
19191
r Dame ; mais cela prouve qu’il n’y avait là rien
d’
impossible, à supposer que leur disposition eût été telle. La thèse ma
19192
e, à supposer que leur disposition eût été telle.
La
thèse maxima — celle que je ne défends pas — assimilant la Dame des p
19193
maxima — celle que je ne défends pas — assimilant
la
Dame des pensées à la Santa Gleyzia des cathares, trouve ici un série
19194
ne défends pas — assimilant la Dame des pensées à
la
Santa Gleyzia des cathares, trouve ici un sérieux argument : la démon
19195
ia des cathares, trouve ici un sérieux argument :
la
démonstration par le fait que le procédé impliqué par cette thèse est
19196
ve ici un sérieux argument : la démonstration par
le
fait que le procédé impliqué par cette thèse est possible et réalisab
19197
rieux argument : la démonstration par le fait que
le
procédé impliqué par cette thèse est possible et réalisable. À ceux q
19198
alisable. À ceux qui reviendront me démontrer que
la
rhétorique courtoise ne pouvait pas traduire une mystique sapientiale
19199
dominicain très fidèle aux disciplines et dogmes
de
son ordre ; et que rien ne permet de le relier à l’hérésie, sinon pré
19200
es et dogmes de son ordre ; et que rien ne permet
de
le relier à l’hérésie, sinon précisément son refus déclaré des thèses
19201
et dogmes de son ordre ; et que rien ne permet de
le
relier à l’hérésie, sinon précisément son refus déclaré des thèses ex
19202
son ordre ; et que rien ne permet de le relier à
l’
hérésie, sinon précisément son refus déclaré des thèses extrêmes des B
19203
sont sans liens spécifiques ni congénialité avec
l’
hérésie. Je distingue là, cependant, une pétition de principe quant à
19204
hérésie. Je distingue là, cependant, une pétition
de
principe quant à l’orthodoxie de Suso. De fait, sans qu’il soit même
19205
e là, cependant, une pétition de principe quant à
l’
orthodoxie de Suso. De fait, sans qu’il soit même besoin de rappeler s
19206
nt, une pétition de principe quant à l’orthodoxie
de
Suso. De fait, sans qu’il soit même besoin de rappeler son influence
19207
étition de principe quant à l’orthodoxie de Suso.
De
fait, sans qu’il soit même besoin de rappeler son influence sur la se
19208
xie de Suso. De fait, sans qu’il soit même besoin
de
rappeler son influence sur la secte des Amis de Dieu, nous savons qu’
19209
il soit même besoin de rappeler son influence sur
la
secte des Amis de Dieu, nous savons qu’il s’est formé dans l’atmosphè
19210
n de rappeler son influence sur la secte des Amis
de
Dieu, nous savons qu’il s’est formé dans l’atmosphère religieuse de C
19211
Amis de Dieu, nous savons qu’il s’est formé dans
l’
atmosphère religieuse de Cologne, « bastion des Béghards hérétiques »
19212
ns qu’il s’est formé dans l’atmosphère religieuse
de
Cologne, « bastion des Béghards hérétiques » (eux-mêmes héritiers des
19213
(eux-mêmes héritiers des cathares), et aux pieds
de
Maître Eckhart, où il rencontrait Tauler : tous les deux condamnés pa
19214
e Maître Eckhart, où il rencontrait Tauler : tous
les
deux condamnés par l’Église, tous les deux défendus par Suso comme fi
19215
rencontrait Tauler : tous les deux condamnés par
l’
Église, tous les deux défendus par Suso comme fidèles à l’orthodoxie,
19216
uler : tous les deux condamnés par l’Église, tous
les
deux défendus par Suso comme fidèles à l’orthodoxie, du moins telle q
19217
, tous les deux défendus par Suso comme fidèles à
l’
orthodoxie, du moins telle qu’il la concevait. Et surtout, ce culte de
19218
omme fidèles à l’orthodoxie, du moins telle qu’il
la
concevait. Et surtout, ce culte de la Sagesse qui est un trait décisi
19219
ns telle qu’il la concevait. Et surtout, ce culte
de
la Sagesse qui est un trait décisif de sa piété, ne le partage-t-il p
19220
telle qu’il la concevait. Et surtout, ce culte de
la
Sagesse qui est un trait décisif de sa piété, ne le partage-t-il pas
19221
, ce culte de la Sagesse qui est un trait décisif
de
sa piété, ne le partage-t-il pas avec les hérétiques ? Faudra-t-il en
19222
Sagesse qui est un trait décisif de sa piété, ne
le
partage-t-il pas avec les hérétiques ? Faudra-t-il en déduire que Sus
19223
décisif de sa piété, ne le partage-t-il pas avec
les
hérétiques ? Faudra-t-il en déduire que Suso, en cela, était hérétiqu
19224
o, en cela, était hérétique — ou au contraire que
les
cathares en cela étaient orthodoxes ? Je retiens qu’ils ont en commun
19225
en commun quelque chose de plus essentiel que ne
le
feraient croire les jugements globaux d’orthodoxie et d’hérésie ; éti
19226
chose de plus essentiel que ne le feraient croire
les
jugements globaux d’orthodoxie et d’hérésie ; étiquettes bien vaines
19227
l que ne le feraient croire les jugements globaux
d’
orthodoxie et d’hérésie ; étiquettes bien vaines d’ailleurs quand il s
19228
ient croire les jugements globaux d’orthodoxie et
d’
hérésie ; étiquettes bien vaines d’ailleurs quand il s’agit de compren
19229
étiquettes bien vaines d’ailleurs quand il s’agit
de
comprendre un message spirituel. Origines iraniennes du Graal P
19230
uel. Origines iraniennes du Graal Peu après
la
sortie de L’Amour et l’Occident , Albert Béguin avait écrit de son a
19231
igines iraniennes du Graal Peu après la sortie
de
L’Amour et l’Occident , Albert Béguin avait écrit de son auteur : «
19232
es iraniennes du Graal Peu après la sortie de
L’
Amour et l’Occident , Albert Béguin avait écrit de son auteur : « Ce q
19233
es du Graal Peu après la sortie de L’Amour et
l’
Occident , Albert Béguin avait écrit de son auteur : « Ce qui est rema
19234
L’Amour et l’Occident , Albert Béguin avait écrit
de
son auteur : « Ce qui est remarquable, c’est que ce virtuose soit en
19235
it en même temps un esprit désintéressé, soucieux
de
la seule vérité à laquelle il se dévoue »221. Dix ans plus tard, sous
19236
en même temps un esprit désintéressé, soucieux de
la
seule vérité à laquelle il se dévoue »221. Dix ans plus tard, sous la
19237
quelle il se dévoue »221. Dix ans plus tard, sous
la
même signature, à propos de la pièce de Julien Gracq intitulée Le Roi
19238
ns plus tard, sous la même signature, à propos de
la
pièce de Julien Gracq intitulée Le Roi pêcheur, je lis ceci : « Pour
19239
ard, sous la même signature, à propos de la pièce
de
Julien Gracq intitulée Le Roi pêcheur, je lis ceci : « Pour dénier au
19240
e, à propos de la pièce de Julien Gracq intitulée
Le
Roi pêcheur, je lis ceci : « Pour dénier aux mythes “bretons” tout ac
19241
vec une épopée chrétienne (J. Gracq) s’appuie sur
la
fragile autorité de Denis de Rougemont, dont L’Amour et l’Occident es
19242
ienne (J. Gracq) s’appuie sur la fragile autorité
de
Denis de Rougemont, dont L’Amour et l’Occident est une suite de parad
19243
r la fragile autorité de Denis de Rougemont, dont
L’
Amour et l’Occident est une suite de paradoxes suggestifs, mais dénuée
19244
e autorité de Denis de Rougemont, dont L’Amour et
l’
Occident est une suite de paradoxes suggestifs, mais dénuée de tout sé
19245
ugemont, dont L’Amour et l’Occident est une suite
de
paradoxes suggestifs, mais dénuée de tout sérieux historique et se bo
19246
st une suite de paradoxes suggestifs, mais dénuée
de
tout sérieux historique et se bornant à reprendre sans critique les h
19247
istorique et se bornant à reprendre sans critique
les
hypothèses aventureuses de Rahn. »222 Les motifs de cette évolution
19248
prendre sans critique les hypothèses aventureuses
de
Rahn. »222 Les motifs de cette évolution à 180° du remarquable auteu
19249
itique les hypothèses aventureuses de Rahn. »222
Les
motifs de cette évolution à 180° du remarquable auteur de L’Âme roman
19250
hypothèses aventureuses de Rahn. »222 Les motifs
de
cette évolution à 180° du remarquable auteur de L’Âme romantique et l
19251
s de cette évolution à 180° du remarquable auteur
de
L’Âme romantique et le Rêve tiennent, je crois, davantage à sa biogra
19252
e cette évolution à 180° du remarquable auteur de
L’
Âme romantique et le Rêve tiennent, je crois, davantage à sa biographi
19253
180° du remarquable auteur de L’Âme romantique et
le
Rêve tiennent, je crois, davantage à sa biographie qu’à une relecture
19254
ois, davantage à sa biographie qu’à une relecture
de
mon livre. Au sujet de la Quête du Graal, « d’inspiration cistercienn
19255
phie qu’à une relecture de mon livre. Au sujet de
la
Quête du Graal, « d’inspiration cistercienne », il écrit : « La conce
19256
re de mon livre. Au sujet de la Quête du Graal, «
d’
inspiration cistercienne », il écrit : « La conception orthodoxe de l’
19257
aal, « d’inspiration cistercienne », il écrit : «
La
conception orthodoxe de l’histoire et d’autre part la hiérarchie des
19258
tercienne », il écrit : « La conception orthodoxe
de
l’histoire et d’autre part la hiérarchie des états spirituels n’ont j
19259
cienne », il écrit : « La conception orthodoxe de
l’
histoire et d’autre part la hiérarchie des états spirituels n’ont jama
19260
onception orthodoxe de l’histoire et d’autre part
la
hiérarchie des états spirituels n’ont jamais trouvé pour s’exprimer d
19261
ts spirituels n’ont jamais trouvé pour s’exprimer
de
forme meilleure que celle des aventures du Graal. » Or cette concepti
19262
cette conception du mythe, pour « orthodoxe » que
la
déclare Béguin, n’en est pas moins ruinée de nos jours : d’un ensembl
19263
que la déclare Béguin, n’en est pas moins ruinée
de
nos jours : d’un ensemble de travaux menés en toute indépendance les
19264
Béguin, n’en est pas moins ruinée de nos jours :
d’
un ensemble de travaux menés en toute indépendance les uns des autres
19265
est pas moins ruinée de nos jours : d’un ensemble
de
travaux menés en toute indépendance les uns des autres il résulte que
19266
n ensemble de travaux menés en toute indépendance
les
uns des autres il résulte que le mythe du Graal chez Wolfram d’Eschen
19267
te indépendance les uns des autres il résulte que
le
mythe du Graal chez Wolfram d’Eschenbach et chez Chrétien de Troyes —
19268
m d’Eschenbach et chez Chrétien de Troyes — comme
l’
avait entrevu F. von Suhtschek — est d’origine iranienne attestée, mit
19269
es — comme l’avait entrevu F. von Suhtschek — est
d’
origine iranienne attestée, mithriaque, hermétique et en même temps pr
19270
mithriaque, hermétique et en même temps proche de
la
mystique islamique des soufis. Je ne puis ici que renvoyer au monumen
19271
s soufis. Je ne puis ici que renvoyer au monument
de
science passionnée que représentent les quatre gros volumes de l’isla
19272
u monument de science passionnée que représentent
les
quatre gros volumes de l’islam iranien d’Henry Corbin, œuvre aussi ad
19273
ssionnée que représentent les quatre gros volumes
de
l’islam iranien d’Henry Corbin, œuvre aussi admirable par sa maîtrise
19274
onnée que représentent les quatre gros volumes de
l’
islam iranien d’Henry Corbin, œuvre aussi admirable par sa maîtrise te
19275
entent les quatre gros volumes de l’islam iranien
d’
Henry Corbin, œuvre aussi admirable par sa maîtrise technique que par
19276
par sa maîtrise technique que par sa consonance à
la
plus haute poésie mystique223. Il semble démontré que la transmission
19277
haute poésie mystique223. Il semble démontré que
la
transmission des mythes, du sacerdoce mithriaque au sacerdoce celtiqu
19278
oce mithriaque au sacerdoce celtique, à partir de
la
Perse antique, s’est opérée par l’hermétisme et le soufisme. Un certa
19279
e, à partir de la Perse antique, s’est opérée par
l’
hermétisme et le soufisme. Un certain « Kyot le Provençal » (cité par
19280
a Perse antique, s’est opérée par l’hermétisme et
le
soufisme. Un certain « Kyot le Provençal » (cité par Wolfram comme sa
19281
it autre que Guilhem ou Guillot de Tudela (et non
de
Tolède, comme on l’a cru), représente, avec la famille royale des Pla
19282
ou Guillot de Tudela (et non de Tolède, comme on
l’
a cru), représente, avec la famille royale des Plantagenêts, le chaîno
19283
on de Tolède, comme on l’a cru), représente, avec
la
famille royale des Plantagenêts, le chaînon qui permet de relier non
19284
résente, avec la famille royale des Plantagenêts,
le
chaînon qui permet de relier non seulement les mystiques mais aussi l
19285
le royale des Plantagenêts, le chaînon qui permet
de
relier non seulement les mystiques mais aussi les chevaleries de l’Ir
19286
ts, le chaînon qui permet de relier non seulement
les
mystiques mais aussi les chevaleries de l’Iran et de l’Europe médiéva
19287
de relier non seulement les mystiques mais aussi
les
chevaleries de l’Iran et de l’Europe médiévale, sans oublier « certai
19288
eulement les mystiques mais aussi les chevaleries
de
l’Iran et de l’Europe médiévale, sans oublier « certaines doctrines c
19289
ement les mystiques mais aussi les chevaleries de
l’
Iran et de l’Europe médiévale, sans oublier « certaines doctrines cath
19290
mystiques mais aussi les chevaleries de l’Iran et
de
l’Europe médiévale, sans oublier « certaines doctrines cathares » qui
19291
tiques mais aussi les chevaleries de l’Iran et de
l’
Europe médiévale, sans oublier « certaines doctrines cathares » qui en
19292
n composition dans ce tableau (op. cit., p. 152).
Les
travaux cités par Henry Corbin et la synthèse qu’il en donne se trouv
19293
., p. 152). Les travaux cités par Henry Corbin et
la
synthèse qu’il en donne se trouvent d’ailleurs corroborer pour l’esse
19294
l en donne se trouvent d’ailleurs corroborer pour
l’
essentiel une importante étude de Déodat Roché : Le Graal pyrénéen, ca
19295
corroborer pour l’essentiel une importante étude
de
Déodat Roché : Le Graal pyrénéen, cathares et templiers (reprise dans
19296
’essentiel une importante étude de Déodat Roché :
Le
Graal pyrénéen, cathares et templiers (reprise dans Études manichéenn
19297
Études manichéennes et cathares), et qui invoque
les
mêmes sources hermétiques, mithriaques, manichéennes et soufistes de
19298
rmétiques, mithriaques, manichéennes et soufistes
de
la légende du Graal, en y ajoutant la source cathare. D. Roché ne dis
19299
tiques, mithriaques, manichéennes et soufistes de
la
légende du Graal, en y ajoutant la source cathare. D. Roché ne dispos
19300
t soufistes de la légende du Graal, en y ajoutant
la
source cathare. D. Roché ne disposait pas de la documentation considé
19301
tant la source cathare. D. Roché ne disposait pas
de
la documentation considérable des Kahane224 et de Coyagee225, mais un
19302
t la source cathare. D. Roché ne disposait pas de
la
documentation considérable des Kahane224 et de Coyagee225, mais une f
19303
de la documentation considérable des Kahane224 et
de
Coyagee225, mais une fois de plus, sa saisie intuitive du phénomène s
19304
sie intuitive du phénomène spirituel lui a permis
de
devancer les érudits. Troubadours et cathares Dans un tout autr
19305
e du phénomène spirituel lui a permis de devancer
les
érudits. Troubadours et cathares Dans un tout autre climat de c
19306
ubadours et cathares Dans un tout autre climat
de
compréhension intellectuelle et spirituelle, gagée sur une connaissan
19307
trouve jamais sans plaisir ou profit deux esprits
de
qualité qui, de manières fort différentes, diffèrent de mes vues, l’u
19308
ns plaisir ou profit deux esprits de qualité qui,
de
manières fort différentes, diffèrent de mes vues, l’un en les attaqua
19309
lité qui, de manières fort différentes, diffèrent
de
mes vues, l’un en les attaquant de front avec une pétulance qui ne s’
19310
fort différentes, diffèrent de mes vues, l’un en
les
attaquant de front avec une pétulance qui ne s’est pas démentie depui
19311
tes, diffèrent de mes vues, l’un en les attaquant
de
front avec une pétulance qui ne s’est pas démentie depuis trente ans,
19312
nts : Henri Davenson et René Nelli. Voici comment
le
professeur Henri I. Marrou (c’est le vrai nom de Davenson) résume dan
19313
oici comment le professeur Henri I. Marrou (c’est
le
vrai nom de Davenson) résume dans son précieux petit livre intitulé L
19314
le professeur Henri I. Marrou (c’est le vrai nom
de
Davenson) résume dans son précieux petit livre intitulé Les Troubadou
19315
on) résume dans son précieux petit livre intitulé
Les
Troubadours (1961 et 1971) l’argument de notre « tenson », inauguré p
19316
tit livre intitulé Les Troubadours (1961 et 1971)
l’
argument de notre « tenson », inauguré par d’assez vifs assauts dans l
19317
ntitulé Les Troubadours (1961 et 1971) l’argument
de
notre « tenson », inauguré par d’assez vifs assauts dans la revue Esp
19318
971) l’argument de notre « tenson », inauguré par
d’
assez vifs assauts dans la revue Esprit dès 1939 : Je lui reprocherai
19319
tenson », inauguré par d’assez vifs assauts dans
la
revue Esprit dès 1939 : Je lui reprocherai cette fureur dialectique
19320
Je lui reprocherai cette fureur dialectique dans
le
creuset de laquelle s’abolissent les contradictoires et toute diversi
19321
rocherai cette fureur dialectique dans le creuset
de
laquelle s’abolissent les contradictoires et toute diversité se rédui
19322
lectique dans le creuset de laquelle s’abolissent
les
contradictoires et toute diversité se réduit à l’unité : tout conflue
19323
es contradictoires et toute diversité se réduit à
l’
unité : tout conflue, se mêle et se confond, non seulement troubadours
19324
, mais courtoisie occitane et légendes celtiques (
le
Midi précathare se révèle apparenté aux Celtes gaéliques et gallois),
19325
évèle apparenté aux Celtes gaéliques et gallois),
le
courant néo-manichéen et l’influence arabe (tant pis si celle-ci roul
19326
aéliques et gallois), le courant néo-manichéen et
l’
influence arabe (tant pis si celle-ci roule les flots contrastés d’al-
19327
et l’influence arabe (tant pis si celle-ci roule
les
flots contrastés d’al-Hallâj et d’Ibn Dawoud) : tout cela ne vient-il
19328
(tant pis si celle-ci roule les flots contrastés
d’
al-Hallâj et d’Ibn Dawoud) : tout cela ne vient-il pas de l’Orient, et
19329
elle-ci roule les flots contrastés d’al-Hallâj et
d’
Ibn Dawoud) : tout cela ne vient-il pas de l’Orient, et pour finir rep
19330
llâj et d’Ibn Dawoud) : tout cela ne vient-il pas
de
l’Orient, et pour finir représente dans l’homme occidental le retour
19331
j et d’Ibn Dawoud) : tout cela ne vient-il pas de
l’
Orient, et pour finir représente dans l’homme occidental le retour d’u
19332
il pas de l’Orient, et pour finir représente dans
l’
homme occidental le retour d’un Orient symbolique ? Je conteste surtou
19333
et pour finir représente dans l’homme occidental
le
retour d’un Orient symbolique ? Je conteste surtout la valeur d’une a
19334
inir représente dans l’homme occidental le retour
d’
un Orient symbolique ? Je conteste surtout la valeur d’une assimilatio
19335
tour d’un Orient symbolique ? Je conteste surtout
la
valeur d’une assimilation entre l’amour courtois des troubadours et u
19336
Orient symbolique ? Je conteste surtout la valeur
d’
une assimilation entre l’amour courtois des troubadours et une définit
19337
nteste surtout la valeur d’une assimilation entre
l’
amour courtois des troubadours et une définition de la « passion » iss
19338
’amour courtois des troubadours et une définition
de
la « passion » issue tout entière à travers le Tristan de Wagner et s
19339
our courtois des troubadours et une définition de
la
« passion » issue tout entière à travers le Tristan de Wagner et son
19340
on de la « passion » issue tout entière à travers
le
Tristan de Wagner et son Schopenhauer du plus pur romantisme allemand
19341
lé quant au Midi mais un peu plus complet quant à
l’
Europe que celui qu’il brosse lui-même (p. 21 à 44), « tout conflue »
19342
et parfois « se mêle » en réalité et rien ne sert
d’
ajouter que chez moi « tout se confond » : ce malheur n’ôterait pas le
19343
oi « tout se confond » : ce malheur n’ôterait pas
le
fait, et s’en distingue. Pour aller tout de suite à l’essentiel : Dav
19344
it, et s’en distingue. Pour aller tout de suite à
l’
essentiel : Davenson conteste toute assimilation entre amour courtois
19345
Wagner, et il conclut que « faire des troubadours
les
chantres de l’amour réciproque malheureux, eux dont le maître mot est
19346
conclut que « faire des troubadours les chantres
de
l’amour réciproque malheureux, eux dont le maître mot est « Joie », n
19347
nclut que « faire des troubadours les chantres de
l’
amour réciproque malheureux, eux dont le maître mot est « Joie », n’es
19348
antres de l’amour réciproque malheureux, eux dont
le
maître mot est « Joie », n’est qu’un étrange contresens ». Le contres
19349
t est « Joie », n’est qu’un étrange contresens ».
Le
contresens que je vois est inverse : Joy est le maître mot des trouba
19350
. Le contresens que je vois est inverse : Joy est
le
maître mot des troubadours et ce n’est pas la joie au sens français d
19351
est le maître mot des troubadours et ce n’est pas
la
joie au sens français du mot. Je crains que le contraste absolu que l
19352
as la joie au sens français du mot. Je crains que
le
contraste absolu que l’on peut établir ici entre « nos poètes d’Oc… q
19353
ais du mot. Je crains que le contraste absolu que
l’
on peut établir ici entre « nos poètes d’Oc… qui ne cessent de parler
19354
solu que l’on peut établir ici entre « nos poètes
d’
Oc… qui ne cessent de parler de lum et de clartaz » et le « sombre apo
19355
ablir ici entre « nos poètes d’Oc… qui ne cessent
de
parler de lum et de clartaz » et le « sombre apologue nordique » ne r
19356
entre « nos poètes d’Oc… qui ne cessent de parler
de
lum et de clartaz » et le « sombre apologue nordique » ne repose sur
19357
s poètes d’Oc… qui ne cessent de parler de lum et
de
clartaz » et le « sombre apologue nordique » ne repose sur un cliché
19358
ui ne cessent de parler de lum et de clartaz » et
le
« sombre apologue nordique » ne repose sur un cliché : le joyeux-trou
19359
bre apologue nordique » ne repose sur un cliché :
le
joyeux-troubadour-exaltant-le-printemps, tandis que les « Bretons »,
19360
yeux-troubadour-exaltant-le-printemps, tandis que
les
« Bretons », Celtes et autres Germains chantent la Mort. C’est dans l
19361
s « Bretons », Celtes et autres Germains chantent
la
Mort. C’est dans le grand ouvrage de René Nelli sur L’Érotique des tr
19362
s et autres Germains chantent la Mort. C’est dans
le
grand ouvrage de René Nelli sur L’Érotique des troubadours (1963) que
19363
ins chantent la Mort. C’est dans le grand ouvrage
de
René Nelli sur L’Érotique des troubadours (1963) que l’on puisera les
19364
rt. C’est dans le grand ouvrage de René Nelli sur
L’
Érotique des troubadours (1963) que l’on puisera les éléments d’une vi
19365
é Nelli sur L’Érotique des troubadours (1963) que
l’
on puisera les éléments d’une vision plus authentique. Je cite p. 52 :
19366
’Érotique des troubadours (1963) que l’on puisera
les
éléments d’une vision plus authentique. Je cite p. 52 : « L’idée de m
19367
troubadours (1963) que l’on puisera les éléments
d’
une vision plus authentique. Je cite p. 52 : « L’idée de mort-par-amou
19368
d’une vision plus authentique. Je cite p. 52 : «
L’
idée de mort-par-amour est l’un des traits qui nous paraissent constit
19369
vision plus authentique. Je cite p. 52 : « L’idée
de
mort-par-amour est l’un des traits qui nous paraissent constituer la
19370
st l’un des traits qui nous paraissent constituer
la
commune substance de l’amour arabe et de l’amour provençal. » Et cert
19371
i nous paraissent constituer la commune substance
de
l’amour arabe et de l’amour provençal. » Et certes, si l’on voit bien
19372
ous paraissent constituer la commune substance de
l’
amour arabe et de l’amour provençal. » Et certes, si l’on voit bien qu
19373
nstituer la commune substance de l’amour arabe et
de
l’amour provençal. » Et certes, si l’on voit bien que « l’amour insat
19374
ituer la commune substance de l’amour arabe et de
l’
amour provençal. » Et certes, si l’on voit bien que « l’amour insatisf
19375
ur arabe et de l’amour provençal. » Et certes, si
l’
on voit bien que « l’amour insatisfait par essence ne peut s’exprimer
19376
r provençal. » Et certes, si l’on voit bien que «
l’
amour insatisfait par essence ne peut s’exprimer que sous forme d’aspi
19377
ait par essence ne peut s’exprimer que sous forme
d’
aspiration à la mort », on peut aussi soutenir que les troubadours « m
19378
ne peut s’exprimer que sous forme d’aspiration à
la
mort », on peut aussi soutenir que les troubadours « mouraient d’amou
19379
spiration à la mort », on peut aussi soutenir que
les
troubadours « mouraient d’amour comme nous mourons de soif » (p. 73).
19380
ut aussi soutenir que les troubadours « mouraient
d’
amour comme nous mourons de soif » (p. 73). Il n’en reste pas moins qu
19381
roubadours « mouraient d’amour comme nous mourons
de
soif » (p. 73). Il n’en reste pas moins que l’« amour-trépas des Arab
19382
ns de soif » (p. 73). Il n’en reste pas moins que
l’
« amour-trépas des Arabes paraît correspondre à la mort-par-amour de l
19383
l’« amour-trépas des Arabes paraît correspondre à
la
mort-par-amour de l’érotique occitane » (p. 251), et que pour Guilhem
19384
es Arabes paraît correspondre à la mort-par-amour
de
l’érotique occitane » (p. 251), et que pour Guilhem Montanhagol « com
19385
Arabes paraît correspondre à la mort-par-amour de
l’
érotique occitane » (p. 251), et que pour Guilhem Montanhagol « comme
19386
51), et que pour Guilhem Montanhagol « comme pour
les
anciens troubadours, le thème de la mort-par-désir — pour conventionn
19387
Montanhagol « comme pour les anciens troubadours,
le
thème de la mort-par-désir — pour conventionnel qu’il soit — est le r
19388
ol « comme pour les anciens troubadours, le thème
de
la mort-par-désir — pour conventionnel qu’il soit — est le ressort de
19389
« comme pour les anciens troubadours, le thème de
la
mort-par-désir — pour conventionnel qu’il soit — est le ressort de Fi
19390
t-par-désir — pour conventionnel qu’il soit — est
le
ressort de Fin’Amors » (p. 242). Mais il y a plus : mourir d’amour, m
19391
— pour conventionnel qu’il soit — est le ressort
de
Fin’Amors » (p. 242). Mais il y a plus : mourir d’amour, mourir au se
19392
e Fin’Amors » (p. 242). Mais il y a plus : mourir
d’
amour, mourir au service de la Dame et, par ce service à l’extrême, te
19393
s il y a plus : mourir d’amour, mourir au service
de
la Dame et, par ce service à l’extrême, tendre au salut, aller à Dieu
19394
l y a plus : mourir d’amour, mourir au service de
la
Dame et, par ce service à l’extrême, tendre au salut, aller à Dieu, n
19395
mourir au service de la Dame et, par ce service à
l’
extrême, tendre au salut, aller à Dieu, n’est-ce pas un thème commun a
19396
s, aux mystiques arabes, et sans nul doute à plus
d’
une hérésie dualiste ou manichéisante du Moyen Âge ? Prenez ma vie en
19397
te du Moyen Âge ? Prenez ma vie en hommage Belle
de
dure merci, Pourvu que vous m’accordiez Que par vous au Ciel je tende
19398
al-Hallaj : « Adorer Dieu par amour seulement est
le
crime des manichéens », et que dans le roman provençal anonyme intitu
19399
lement est le crime des manichéens », et que dans
le
roman provençal anonyme intitulé Flamenca, obligé de se déguiser en c
19400
roman provençal anonyme intitulé Flamenca, obligé
de
se déguiser en clerc pour approcher une dame trop bien surveillée, «
19401
athare (s’apatarine) et il sert Dieu en intention
de
sa dame », ce qui semble bien signifier (au moins pour l’auteur du ro
19402
me », ce qui semble bien signifier (au moins pour
l’
auteur du roman) « que l’hérésie consiste à adorer Dieu à travers la f
19403
signifier (au moins pour l’auteur du roman) « que
l’
hérésie consiste à adorer Dieu à travers la femme ».226 S’il en est b
19404
« que l’hérésie consiste à adorer Dieu à travers
la
femme ».226 S’il en est bien ainsi, ni les cathares ni les troubadou
19405
ravers la femme ».226 S’il en est bien ainsi, ni
les
cathares ni les troubadours ne sont très loin de l’endura d’amour don
19406
».226 S’il en est bien ainsi, ni les cathares ni
les
troubadours ne sont très loin de l’endura d’amour dont meurt Tristan
19407
cathares ni les troubadours ne sont très loin de
l’
endura d’amour dont meurt Tristan et où Isolde le rejoint en « joie su
19408
ni les troubadours ne sont très loin de l’endura
d’
amour dont meurt Tristan et où Isolde le rejoint en « joie suprême ».
19409
l’endura d’amour dont meurt Tristan et où Isolde
le
rejoint en « joie suprême ». H. Davenson lui-même indique (p. 41 et s
19410
-même indique (p. 41 et suivantes) à quel point «
le
Midi était familiarisé avec la riche matière de Bretagne… la Quête du
19411
es) à quel point « le Midi était familiarisé avec
la
riche matière de Bretagne… la Quête du Graal, Gauvain, Perceval, la b
19412
« le Midi était familiarisé avec la riche matière
de
Bretagne… la Quête du Graal, Gauvain, Perceval, la belle histoire de
19413
it familiarisé avec la riche matière de Bretagne…
la
Quête du Graal, Gauvain, Perceval, la belle histoire de Tristan et Is
19414
e Bretagne… la Quête du Graal, Gauvain, Perceval,
la
belle histoire de Tristan et Iseut ». Aux exemples qu’il donne (Cerca
19415
te du Graal, Gauvain, Perceval, la belle histoire
de
Tristan et Iseut ». Aux exemples qu’il donne (Cercamon, Barbezieux, e
19416
ux exemples qu’il donne (Cercamon, Barbezieux, et
le
roman de Flamenca) on en ajouterait vingt sans se donner trop de mal2
19417
es qu’il donne (Cercamon, Barbezieux, et le roman
de
Flamenca) on en ajouterait vingt sans se donner trop de mal227. Mais
19418
menca) on en ajouterait vingt sans se donner trop
de
mal227. Mais jouons la difficulté, qui a nom Bernard de Ventadour. Da
19419
vingt sans se donner trop de mal227. Mais jouons
la
difficulté, qui a nom Bernard de Ventadour. Dans le poème qu’on tient
19420
difficulté, qui a nom Bernard de Ventadour. Dans
le
poème qu’on tient pour son chef-d’œuvre et où l’on sent battre le cœu
19421
le poème qu’on tient pour son chef-d’œuvre et où
l’
on sent battre le cœur du lyrisme occitan, le canso de l’Alouette, tou
19422
ient pour son chef-d’œuvre et où l’on sent battre
le
cœur du lyrisme occitan, le canso de l’Alouette, tout est d’abord lum
19423
t où l’on sent battre le cœur du lyrisme occitan,
le
canso de l’Alouette, tout est d’abord lum et clartaz. Mais c’est préc
19424
sent battre le cœur du lyrisme occitan, le canso
de
l’Alouette, tout est d’abord lum et clartaz. Mais c’est précisément d
19425
nt battre le cœur du lyrisme occitan, le canso de
l’
Alouette, tout est d’abord lum et clartaz. Mais c’est précisément du d
19426
d lum et clartaz. Mais c’est précisément du début
de
ce chant que Simone Weil écrit merveilleusement : « Quelques vers des
19427
: « Quelques vers des troubadours ont su exprimer
la
joie d’une manière si pure qu’à travers elle transparaît la douleur p
19428
ques vers des troubadours ont su exprimer la joie
d’
une manière si pure qu’à travers elle transparaît la douleur poignante
19429
une manière si pure qu’à travers elle transparaît
la
douleur poignante, la douleur inconsolable de la créature finie » :
19430
’à travers elle transparaît la douleur poignante,
la
douleur inconsolable de la créature finie » : Quand je vois l’alouet
19431
aît la douleur poignante, la douleur inconsolable
de
la créature finie » : Quand je vois l’alouette mouvoir De joie ses a
19432
la douleur poignante, la douleur inconsolable de
la
créature finie » : Quand je vois l’alouette mouvoir De joie ses aile
19433
onsolable de la créature finie » : Quand je vois
l’
alouette mouvoir De joie ses ailes à contrejour Qui s’oublie et se lai
19434
ature finie » : Quand je vois l’alouette mouvoir
De
joie ses ailes à contrejour Qui s’oublie et se laisse choir Par la do
19435
à contrejour Qui s’oublie et se laisse choir Par
la
douceur qu’au cœur lui va…228 (Simone Weil : « Quand ce pays eut ét
19436
(Simone Weil : « Quand ce pays eut été détruit,
la
poésie anglaise reprit la même note, et rien dans les langues moderne
19437
e pays eut été détruit, la poésie anglaise reprit
la
même note, et rien dans les langues modernes d’Europe n’a l’équivalen
19438
poésie anglaise reprit la même note, et rien dans
les
langues modernes d’Europe n’a l’équivalent des délices qu’elle renfer
19439
t la même note, et rien dans les langues modernes
d’
Europe n’a l’équivalent des délices qu’elle renferme. ») Mais dès la d
19440
e, et rien dans les langues modernes d’Europe n’a
l’
équivalent des délices qu’elle renferme. ») Mais dès la deuxième strop
19441
late ce cri véritablement tristanien, arraché par
l’
amour que le poète ne peut s’empêcher d’éprouver pour celle « dont il
19442
véritablement tristanien, arraché par l’amour que
le
poète ne peut s’empêcher d’éprouver pour celle « dont il n’aura jamai
19443
raché par l’amour que le poète ne peut s’empêcher
d’
éprouver pour celle « dont il n’aura jamais rien » : Elle m’a pris le
19444
le « dont il n’aura jamais rien » : Elle m’a pris
le
cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis elle s’est
19445
is le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis elle s’est dérobée elle-même, ne me laissant que mon dési
19446
ant que mon désir et mon cœur assoiffé ! Et voici
la
passion fatale et son narcissisme avoué : J’ai perdu sur moi-même to
19447
voué : J’ai perdu sur moi-même tout pouvoir, dès
le
jour où elle m’a laissé voir dans ses yeux, en un miroir qui tant me
19448
ofonds me tuent, et ainsi je me suis perdu, comme
le
beau Narcisse à la fontaine. Et voici le recours à l’exil, toujours
19449
ainsi je me suis perdu, comme le beau Narcisse à
la
fontaine. Et voici le recours à l’exil, toujours image de la mort :
19450
, comme le beau Narcisse à la fontaine. Et voici
le
recours à l’exil, toujours image de la mort : Puisqu’il ne lui agrée
19451
au Narcisse à la fontaine. Et voici le recours à
l’
exil, toujours image de la mort : Puisqu’il ne lui agrée point que je
19452
ne. Et voici le recours à l’exil, toujours image
de
la mort : Puisqu’il ne lui agrée point que je l’aime, jamais ne le d
19453
Et voici le recours à l’exil, toujours image de
la
mort : Puisqu’il ne lui agrée point que je l’aime, jamais ne le dira
19454
de la mort : Puisqu’il ne lui agrée point que je
l’
aime, jamais ne le dirai plus. Ici, je me sépare de mon amour et le re
19455
qu’il ne lui agrée point que je l’aime, jamais ne
le
dirai plus. Ici, je me sépare de mon amour et le renie. Elle me tue e
19456
’aime, jamais ne le dirai plus. Ici, je me sépare
de
mon amour et le renie. Elle me tue et par mort je réponds229. Puisqu’
19457
le dirai plus. Ici, je me sépare de mon amour et
le
renie. Elle me tue et par mort je réponds229. Puisqu’elle ne me retie
19458
l, ne sais où. Tristan230, vous n’aurez plus rien
de
moi, car je m’en vais, chétif, je ne sais où. Je renonce aux chansons
19459
chétif, je ne sais où. Je renonce aux chansons et
les
renie. Loin de Joie et d’Amour, je me cache. Ceci encore, dans un au
19460
enonce aux chansons et les renie. Loin de Joie et
d’
Amour, je me cache. Ceci encore, dans un autre canso, qui commence ju
19461
tre canso, qui commence justement par : « Tant ai
le
cœur plein de joie »… Du souci qui me hante Où m’abriterai-je ? La n
19462
commence justement par : « Tant ai le cœur plein
de
joie »… Du souci qui me hante Où m’abriterai-je ? La nuit il m’agite
19463
oie »… Du souci qui me hante Où m’abriterai-je ?
La
nuit il m’agite et jette Sur le bord du lit Je souffre plus d’amour Q
19464
m’abriterai-je ? La nuit il m’agite et jette Sur
le
bord du lit Je souffre plus d’amour Que l’amoureux Tristan Qui endura
19465
agite et jette Sur le bord du lit Je souffre plus
d’
amour Que l’amoureux Tristan Qui endura maints tourments Pour Iseut la
19466
te Sur le bord du lit Je souffre plus d’amour Que
l’
amoureux Tristan Qui endura maints tourments Pour Iseut la blonde Ah D
19467
ux Tristan Qui endura maints tourments Pour Iseut
la
blonde Ah Dieu, que ne suis-je aronde Pour traverser l’air D’un vol p
19468
nde Ah Dieu, que ne suis-je aronde Pour traverser
l’
air D’un vol par la nuit profonde Jusque en sa demeure ? Et certes,
19469
Dieu, que ne suis-je aronde Pour traverser l’air
D’
un vol par la nuit profonde Jusque en sa demeure ? Et certes, rien n
19470
suis-je aronde Pour traverser l’air D’un vol par
la
nuit profonde Jusque en sa demeure ? Et certes, rien n’annonce les
19471
usque en sa demeure ? Et certes, rien n’annonce
les
orages wagnériens dans la pure et dolente mélodie de Bernard, mais l’
19472
certes, rien n’annonce les orages wagnériens dans
la
pure et dolente mélodie de Bernard, mais l’amour de désir infini, les
19473
orages wagnériens dans la pure et dolente mélodie
de
Bernard, mais l’amour de désir infini, les tourments endurés, l’exil,
19474
dans la pure et dolente mélodie de Bernard, mais
l’
amour de désir infini, les tourments endurés, l’exil, et l’instance ob
19475
pure et dolente mélodie de Bernard, mais l’amour
de
désir infini, les tourments endurés, l’exil, et l’instance obsédante
19476
mélodie de Bernard, mais l’amour de désir infini,
les
tourments endurés, l’exil, et l’instance obsédante de la mort ne sont
19477
s l’amour de désir infini, les tourments endurés,
l’
exil, et l’instance obsédante de la mort ne sont-ils pas ici, comme da
19478
e désir infini, les tourments endurés, l’exil, et
l’
instance obsédante de la mort ne sont-ils pas ici, comme dans Tristan,
19479
ourments endurés, l’exil, et l’instance obsédante
de
la mort ne sont-ils pas ici, comme dans Tristan, liés par les complic
19480
ments endurés, l’exil, et l’instance obsédante de
la
mort ne sont-ils pas ici, comme dans Tristan, liés par les complicité
19481
ne sont-ils pas ici, comme dans Tristan, liés par
les
complicités profondes du vertige ? Le Ciel me garde d’assimiler et d’
19482
, liés par les complicités profondes du vertige ?
Le
Ciel me garde d’assimiler et d’uniformiser ce qui diffère ! (Ce serai
19483
mplicités profondes du vertige ? Le Ciel me garde
d’
assimiler et d’uniformiser ce qui diffère ! (Ce serait contraire à ma
19484
ndes du vertige ? Le Ciel me garde d’assimiler et
d’
uniformiser ce qui diffère ! (Ce serait contraire à ma théologie, à mo
19485
ute ma doctrine politique.) Je dis seulement que,
de
la mort d’amour tenue à grand honneur par les Banou Odrah, tribu bédo
19486
ma doctrine politique.) Je dis seulement que, de
la
mort d’amour tenue à grand honneur par les Banou Odrah, tribu bédouin
19487
rine politique.) Je dis seulement que, de la mort
d’
amour tenue à grand honneur par les Banou Odrah, tribu bédouine, jusqu
19488
que, de la mort d’amour tenue à grand honneur par
les
Banou Odrah, tribu bédouine, jusqu’aux amants de Cornouailles dont Bé
19489
les Banou Odrah, tribu bédouine, jusqu’aux amants
de
Cornouailles dont Béroul et Thomas, puis Gottfried et Richard nous ré
19490
nt nés « pour désirer et pour mourir, pour mourir
de
désirer », en passant par les grands troubadours du xii e siècle et l
19491
mourir, pour mourir de désirer », en passant par
les
grands troubadours du xii e siècle et les grands romantiques allemand
19492
ant par les grands troubadours du xii e siècle et
les
grands romantiques allemands, il existe une continuité, qui jamais ne
19493
continuité, qui jamais ne fut « attestée » ni ne
le
sera par certificats d’origine, manifestes d’école ou expertises nota
19494
ne fut « attestée » ni ne le sera par certificats
d’
origine, manifestes d’école ou expertises notariées, mais par l’éviden
19495
ne le sera par certificats d’origine, manifestes
d’
école ou expertises notariées, mais par l’évidence des poèmes et la qu
19496
ifestes d’école ou expertises notariées, mais par
l’
évidence des poèmes et la qualité de l’émotion par eux transmise ou in
19497
ises notariées, mais par l’évidence des poèmes et
la
qualité de l’émotion par eux transmise ou inventée. Loin de vouloir q
19498
ées, mais par l’évidence des poèmes et la qualité
de
l’émotion par eux transmise ou inventée. Loin de vouloir qu’un systèm
19499
, mais par l’évidence des poèmes et la qualité de
l’
émotion par eux transmise ou inventée. Loin de vouloir qu’un système d
19500
nsmise ou inventée. Loin de vouloir qu’un système
d’
interprétation historique gagne et s’impose, je ne cherche qu’à mieux
19501
endre pour mieux vivre une certaine forme exaltée
d’
exister, une certaine aventure de l’âme, un « voyage », diraient-ils,
19502
ne forme exaltée d’exister, une certaine aventure
de
l’âme, un « voyage », diraient-ils, où nous entraîne le vin herbé du
19503
forme exaltée d’exister, une certaine aventure de
l’
âme, un « voyage », diraient-ils, où nous entraîne le vin herbé du Rom
19504
me, un « voyage », diraient-ils, où nous entraîne
le
vin herbé du Roman primitif, par l’expérience poétique et musicale. C
19505
nous entraîne le vin herbé du Roman primitif, par
l’
expérience poétique et musicale. C’est une question d’oreille et non d
19506
périence poétique et musicale. C’est une question
d’
oreille et non de preuves écrites ou de sources à vérifier, une questi
19507
et musicale. C’est une question d’oreille et non
de
preuves écrites ou de sources à vérifier, une question d’intuition et
19508
e question d’oreille et non de preuves écrites ou
de
sources à vérifier, une question d’intuition et d’accueil, et non pas
19509
es écrites ou de sources à vérifier, une question
d’
intuition et d’accueil, et non pas de démonstration. Je lis la Vida de
19510
e sources à vérifier, une question d’intuition et
d’
accueil, et non pas de démonstration. Je lis la Vida de Rudel, poète d
19511
une question d’intuition et d’accueil, et non pas
de
démonstration. Je lis la Vida de Rudel, poète de « l’amour de loin »
19512
et d’accueil, et non pas de démonstration. Je lis
la
Vida de Rudel, poète de « l’amour de loin » et croisé sans esprit de
19513
de démonstration. Je lis la Vida de Rudel, poète
de
« l’amour de loin » et croisé sans esprit de retour, dont Pétrarque n
19514
émonstration. Je lis la Vida de Rudel, poète de «
l’
amour de loin » et croisé sans esprit de retour, dont Pétrarque nous d
19515
tion. Je lis la Vida de Rudel, poète de « l’amour
de
loin » et croisé sans esprit de retour, dont Pétrarque nous dit « qu’
19516
oète de « l’amour de loin » et croisé sans esprit
de
retour, dont Pétrarque nous dit « qu’il mit la voile et prit les rame
19517
it de retour, dont Pétrarque nous dit « qu’il mit
la
voile et prit les rames à la recherche de sa mort ». Je lis et je rev
19518
t Pétrarque nous dit « qu’il mit la voile et prit
les
rames à la recherche de sa mort ». Je lis et je revis l’émotion de Tr
19519
nous dit « qu’il mit la voile et prit les rames à
la
recherche de sa mort ». Je lis et je revis l’émotion de Tristan. Je p
19520
’il mit la voile et prit les rames à la recherche
de
sa mort ». Je lis et je revis l’émotion de Tristan. Je propose que ce
19521
s à la recherche de sa mort ». Je lis et je revis
l’
émotion de Tristan. Je propose que cette émotion soit seule arbitre en
19522
herche de sa mort ». Je lis et je revis l’émotion
de
Tristan. Je propose que cette émotion soit seule arbitre entre nos th
19523
os thèses. Jaufré Rudel de Blaye fut gentilhomme
de
grande noblesse et prince de Blaye ; et il s’énamoura de la comtesse
19524
de noblesse et prince de Blaye ; et il s’énamoura
de
la comtesse de Tripoli, sans la voir, pour le bien qu’il en entendit
19525
noblesse et prince de Blaye ; et il s’énamoura de
la
comtesse de Tripoli, sans la voir, pour le bien qu’il en entendit dir
19526
et il s’énamoura de la comtesse de Tripoli, sans
la
voir, pour le bien qu’il en entendit dire aux pèlerins qui venaient d
19527
ura de la comtesse de Tripoli, sans la voir, pour
le
bien qu’il en entendit dire aux pèlerins qui venaient d’Antioche ; et
19528
qu’il en entendit dire aux pèlerins qui venaient
d’
Antioche ; et il fit d’elle maintes poésies avec bonne musique et pauv
19529
aux pèlerins qui venaient d’Antioche ; et il fit
d’
elle maintes poésies avec bonne musique et pauvres paroles. Et par vol
19530
bonne musique et pauvres paroles. Et par volonté
de
la voir, il se croisa et prit la mer. Et dans la nef il tomba malade
19531
nne musique et pauvres paroles. Et par volonté de
la
voir, il se croisa et prit la mer. Et dans la nef il tomba malade et
19532
. Et par volonté de la voir, il se croisa et prit
la
mer. Et dans la nef il tomba malade et fut conduit à Tripoli, dans un
19533
de la voir, il se croisa et prit la mer. Et dans
la
nef il tomba malade et fut conduit à Tripoli, dans une auberge, comme
19534
nduit à Tripoli, dans une auberge, comme mort. On
le
fit savoir à la comtesse, et elle s’en vint près de lui, à son lit, e
19535
dans une auberge, comme mort. On le fit savoir à
la
comtesse, et elle s’en vint près de lui, à son lit, et le prit dans s
19536
sse, et elle s’en vint près de lui, à son lit, et
le
prit dans ses bras. Et il sut que c’était la comtesse et aussitôt il
19537
, et le prit dans ses bras. Et il sut que c’était
la
comtesse et aussitôt il recouvra la vue, l’ouïe et l’odorat ; et il r
19538
t que c’était la comtesse et aussitôt il recouvra
la
vue, l’ouïe et l’odorat ; et il remercia Dieu d’avoir soutenu sa vie
19539
était la comtesse et aussitôt il recouvra la vue,
l’
ouïe et l’odorat ; et il remercia Dieu d’avoir soutenu sa vie jusqu’à
19540
omtesse et aussitôt il recouvra la vue, l’ouïe et
l’
odorat ; et il remercia Dieu d’avoir soutenu sa vie jusqu’à ce qu’il l
19541
la vue, l’ouïe et l’odorat ; et il remercia Dieu
d’
avoir soutenu sa vie jusqu’à ce qu’il l’eût vue. Et ainsi il mourut en
19542
rcia Dieu d’avoir soutenu sa vie jusqu’à ce qu’il
l’
eût vue. Et ainsi il mourut entre ses bras : et elle le fit ensevelir
19543
vue. Et ainsi il mourut entre ses bras : et elle
le
fit ensevelir à grand honneur dans la maison du Temple. Et puis ce mê
19544
s : et elle le fit ensevelir à grand honneur dans
la
maison du Temple. Et puis ce même jour, elle se rendit nonne pour la
19545
. Et puis ce même jour, elle se rendit nonne pour
la
douleur qu’elle eut de sa mort231. Mais comment ne pas songer ici à
19546
elle se rendit nonne pour la douleur qu’elle eut
de
sa mort231. Mais comment ne pas songer ici à la fin d’une autre Vida
19547
de sa mort231. Mais comment ne pas songer ici à
la
fin d’une autre Vida, celle de Raimon Jordan, vicomte de Saint-Antoni
19548
mort231. Mais comment ne pas songer ici à la fin
d’
une autre Vida, celle de Raimon Jordan, vicomte de Saint-Antonin (xiie
19549
e pas songer ici à la fin d’une autre Vida, celle
de
Raimon Jordan, vicomte de Saint-Antonin (xiie siècle), « où il nous
19550
d’une autre Vida, celle de Raimon Jordan, vicomte
de
Saint-Antonin (xiie siècle), « où il nous est conté que la dame de c
19551
ntonin (xiie siècle), « où il nous est conté que
la
dame de ce troubadour, apprenant qu’il avait été tué dans un combat,
19552
xiie siècle), « où il nous est conté que la dame
de
ce troubadour, apprenant qu’il avait été tué dans un combat, alla s’e
19553
é dans un combat, alla s’enfermer dans une maison
de
femmes hérétiques ». Cette histoire, conclut René Nelli, « montre cla
19554
lairement que nul ne trouvait extraordinaire dans
la
bonne société qu’une dame de haut rang se fît cathare par désespoir d
19555
extraordinaire dans la bonne société qu’une dame
de
haut rang se fît cathare par désespoir d’amour »232. Pendant des anné
19556
ne dame de haut rang se fît cathare par désespoir
d’
amour »232. Pendant des années, après la publication de mon livre, c’e
19557
désespoir d’amour »232. Pendant des années, après
la
publication de mon livre, c’est dans les ouvrages de René Nelli consa
19558
ur »232. Pendant des années, après la publication
de
mon livre, c’est dans les ouvrages de René Nelli consacrés tantôt au
19559
es, après la publication de mon livre, c’est dans
les
ouvrages de René Nelli consacrés tantôt au catharisme233 et tantôt au
19560
publication de mon livre, c’est dans les ouvrages
de
René Nelli consacrés tantôt au catharisme233 et tantôt aux troubadour
19561
e233 et tantôt aux troubadours234 que j’ai trouvé
les
plus précises et sensibles confirmations ou corrections de mes hypoth
19562
récises et sensibles confirmations ou corrections
de
mes hypothèses sur la nature des relations entre troubadours et catha
19563
onfirmations ou corrections de mes hypothèses sur
la
nature des relations entre troubadours et cathares aux xiie et xiiie
19564
xiiie siècles. Alors que Davenson ne craint pas
d’
écrire qu’« aucun document ne permet de saisir la moindre collusion en
19565
craint pas d’écrire qu’« aucun document ne permet
de
saisir la moindre collusion entre troubadours et cathares » (Op. cit.
19566
d’écrire qu’« aucun document ne permet de saisir
la
moindre collusion entre troubadours et cathares » (Op. cit., p. 144),
19567
cit., p. 144), René Nelli rappelle non seulement
le
fait que je soulignais d’entrée de jeu : que « l’amour provençal » s’
19568
rappelle non seulement le fait que je soulignais
d’
entrée de jeu : que « l’amour provençal » s’est développé parallèlemen
19569
non seulement le fait que je soulignais d’entrée
de
jeu : que « l’amour provençal » s’est développé parallèlement au cath
19570
le fait que je soulignais d’entrée de jeu : que «
l’
amour provençal » s’est développé parallèlement au catharisme, dans le
19571
s’est développé parallèlement au catharisme, dans
les
mêmes régions, et que pendant deux siècles au moins les deux doctrine
19572
mes régions, et que pendant deux siècles au moins
les
deux doctrines ont coexisté » (L’Érotique des troubadours, p. 228) ;
19573
ècles au moins les deux doctrines ont coexisté » (
L’
Érotique des troubadours, p. 228) ; mais il ajoute ceci qui est non mo
19574
joute ceci qui est non moins évident : « En 1250,
le
catharisme était définitivement vaincu mais l’Église trouvait encore
19575
0, le catharisme était définitivement vaincu mais
l’
Église trouvait encore devant elle cette autre hérésie, « l’Amour » qu
19576
rouvait encore devant elle cette autre hérésie, «
l’
Amour » qu’elle savait bien qui avait toujours fait cause commune avec
19577
urs fait cause commune avec lui » (p. 236). Et si
l’
on me dit que l’Église se trompait en faisant un « amalgame » des deux
19578
ommune avec lui » (p. 236). Et si l’on me dit que
l’
Église se trompait en faisant un « amalgame » des deux hérésies (je le
19579
en faisant un « amalgame » des deux hérésies (je
le
pense aussi) et que mes « évidences » ne constituent pas encore les «
19580
t que mes « évidences » ne constituent pas encore
les
« documents » exigés, je trouve ceci chez René Nelli — outre l’épisod
19581
» exigés, je trouve ceci chez René Nelli — outre
l’
épisode que je viens de citer de la Vida de R. Jordan : Les documents
19582
ené Nelli — outre l’épisode que je viens de citer
de
la Vida de R. Jordan : Les documents du xiiie siècle révèlent que p
19583
Nelli — outre l’épisode que je viens de citer de
la
Vida de R. Jordan : Les documents du xiiie siècle révèlent que pres
19584
que je viens de citer de la Vida de R. Jordan :
Les
documents du xiiie siècle révèlent que presque toutes les dames du T
19585
ents du xiiie siècle révèlent que presque toutes
les
dames du Toulousain, de l’Albigeois, du Carcassès, du Comté de Foix,
19586
èlent que presque toutes les dames du Toulousain,
de
l’Albigeois, du Carcassès, du Comté de Foix, qui accueillaient et pro
19587
nt que presque toutes les dames du Toulousain, de
l’
Albigeois, du Carcassès, du Comté de Foix, qui accueillaient et protég
19588
Comté de Foix, qui accueillaient et protégeaient
les
troubadours étaient, à la veille de la Croisade, sinon « parfaites »
19589
laient et protégeaient les troubadours étaient, à
la
veille de la Croisade, sinon « parfaites » du moins « croyantes » (Op
19590
protégeaient les troubadours étaient, à la veille
de
la Croisade, sinon « parfaites » du moins « croyantes » (Op. cit., p.
19591
tégeaient les troubadours étaient, à la veille de
la
Croisade, sinon « parfaites » du moins « croyantes » (Op. cit., p. 22
19592
« croyantes » (Op. cit., p. 229). Une quinzaine
de
troubadours ont été cathares ou à tout le moins « catharisants », par
19593
inzaine de troubadours ont été cathares ou à tout
le
moins « catharisants », parmi lesquels Raimon de Miraval, Raimon Jord
19594
met qu’on chercherait en vain dans leurs œuvres «
la
moindre proposition spécifiquement hérétique » (p. 234), mais ceci es
19595
parlé en son temps. (On chercherait en vain dans
Les
Fleurs du mal des phrases de catéchisme ou les canons du concile de T
19596
herait en vain dans Les Fleurs du mal des phrases
de
catéchisme ou les canons du concile de Trente mis en vers.) Chaque tr
19597
ns Les Fleurs du mal des phrases de catéchisme ou
les
canons du concile de Trente mis en vers.) Chaque troubadour cathare —
19598
es phrases de catéchisme ou les canons du concile
de
Trente mis en vers.) Chaque troubadour cathare — et peu m’importe leu
19599
ur nombre dès lors qu’il y en a au moins un — est
la
réfutation vivante des théories multipliées non seulement sur l’absen
19600
ivante des théories multipliées non seulement sur
l’
absence factuelle, mais surtout sur l’impossibilité théorique de « la
19601
ulement sur l’absence factuelle, mais surtout sur
l’
impossibilité théorique de « la moindre collusion »235. « Les prédicat
19602
uelle, mais surtout sur l’impossibilité théorique
de
« la moindre collusion »235. « Les prédicateurs cathares aimaient à c
19603
, mais surtout sur l’impossibilité théorique de «
la
moindre collusion »235. « Les prédicateurs cathares aimaient à citer
19604
ilité théorique de « la moindre collusion »235. «
Les
prédicateurs cathares aimaient à citer le sirventes de Peire Cardenal
19605
235. « Les prédicateurs cathares aimaient à citer
le
sirventes de Peire Cardenal Clergue si fan pastor » (R. Lavaud, cité
19606
édicateurs cathares aimaient à citer le sirventes
de
Peire Cardenal Clergue si fan pastor » (R. Lavaud, cité dans E. T. p.
19607
e). Que Peire Cardenal ait été hérétique comme je
le
crois avec Lucie Varga, ou seulement sympathisant comme le pense Nell
19608
avec Lucie Varga, ou seulement sympathisant comme
le
pense Nelli, il fut en tout cas troubadour : il y a donc « collusion
19609
troubadour : il y a donc « collusion » là encore.
Le
troubadour (tardif et catholique) Matfre Ermengau, dans son Bréviaire
19610
t catholique) Matfre Ermengau, dans son Bréviaire
d’
Amour, reprend les derniers cathares qui « par erreur d’hérésie ont co
19611
fre Ermengau, dans son Bréviaire d’Amour, reprend
les
derniers cathares qui « par erreur d’hérésie ont coutume de blâmer l’
19612
r, reprend les derniers cathares qui « par erreur
d’
hérésie ont coutume de blâmer l’ordre matrimonial et d’en médire ». Or
19613
s cathares qui « par erreur d’hérésie ont coutume
de
blâmer l’ordre matrimonial et d’en médire ». Or c’est ce qu’ont fait
19614
qui « par erreur d’hérésie ont coutume de blâmer
l’
ordre matrimonial et d’en médire ». Or c’est ce qu’ont fait tous les g
19615
ésie ont coutume de blâmer l’ordre matrimonial et
d’
en médire ». Or c’est ce qu’ont fait tous les grands troubadours. Enfi
19616
al et d’en médire ». Or c’est ce qu’ont fait tous
les
grands troubadours. Enfin, le roman courtois de Flamenca porte des tr
19617
e qu’ont fait tous les grands troubadours. Enfin,
le
roman courtois de Flamenca porte des traces certaines de catharisme,
19618
les grands troubadours. Enfin, le roman courtois
de
Flamenca porte des traces certaines de catharisme, tandis que le Roma
19619
n courtois de Flamenca porte des traces certaines
de
catharisme, tandis que le Roman de Barlaam et Josaphat représente peu
19620
te des traces certaines de catharisme, tandis que
le
Roman de Barlaam et Josaphat représente peut-être en son entier une «
19621
aces certaines de catharisme, tandis que le Roman
de
Barlaam et Josaphat représente peut-être en son entier une « collusio
19622
e peut-être en son entier une « collusion » entre
le
gnosticisme hérité de ses origines orientales (voir plus haut p. 102)
19623
ier une « collusion » entre le gnosticisme hérité
de
ses origines orientales (voir plus haut p. 102) et la morale courtois
19624
es origines orientales (voir plus haut p. 102) et
la
morale courtoise. Mais à propos de Flamenca, précisément, on voit Ren
19625
te retraite par rapport à ses premiers textes sur
le
catharisme. Il écrit en 1963 : « Nous ne prétendrons pas, ce qui sera
19626
que ce roman trahit une inspiration cathare… Mais
le
poète y assimile si curieusement l’attitude de Guillem à celle d’un «
19627
cathare… Mais le poète y assimile si curieusement
l’
attitude de Guillem à celle d’un « patarin » qu’on est bien obligé de
19628
is le poète y assimile si curieusement l’attitude
de
Guillem à celle d’un « patarin » qu’on est bien obligé de reconnaître
19629
ile si curieusement l’attitude de Guillem à celle
d’
un « patarin » qu’on est bien obligé de reconnaître que, dans son espr
19630
em à celle d’un « patarin » qu’on est bien obligé
de
reconnaître que, dans son esprit, l’Amour et le catharisme pouvaient
19631
bien obligé de reconnaître que, dans son esprit,
l’
Amour et le catharisme pouvaient bien se confondre sur quelques points
19632
é de reconnaître que, dans son esprit, l’Amour et
le
catharisme pouvaient bien se confondre sur quelques points essentiels
19633
ur quelques points essentiels. » (E. T., p. 237.)
De
tout ceci résulte que la relation troubadours-cathares, si ardemment
19634
iels. » (E. T., p. 237.) De tout ceci résulte que
la
relation troubadours-cathares, si ardemment contestée (comme la relat
19635
oubadours-cathares, si ardemment contestée (comme
la
relation amour courtois-Tristan), présente une sorte d’évidence spiri
19636
ation amour courtois-Tristan), présente une sorte
d’
évidence spirituelle qu’aucune méthode dite objective ne parviendra ja
19637
’impose à René Nelli dès qu’il considère en poète
la
situation du Midi au xiie siècle, mais il en vient presque à la nier
19638
Midi au xiie siècle, mais il en vient presque à
la
nier (non sans un peu de masochisme, dirait-on) quand il redevient l’
19639
peu de masochisme, dirait-on) quand il redevient
l’
érudit qui écrit sa thèse et qui s’est mis en tête de rivaliser avec l
19640
rudit qui écrit sa thèse et qui s’est mis en tête
de
rivaliser avec les plus tatillons des « spécialistes »… Certes, il n’
19641
thèse et qui s’est mis en tête de rivaliser avec
les
plus tatillons des « spécialistes »… Certes, il n’aura jamais la (fau
19642
ns des « spécialistes »… Certes, il n’aura jamais
la
(fausse) naïveté de constater comme le fait Belperron « qu’aucune sou
19643
s »… Certes, il n’aura jamais la (fausse) naïveté
de
constater comme le fait Belperron « qu’aucune source ne nous décrit l
19644
ura jamais la (fausse) naïveté de constater comme
le
fait Belperron « qu’aucune source ne nous décrit la rencontre d’un Pa
19645
fait Belperron « qu’aucune source ne nous décrit
la
rencontre d’un Parfait et d’un troubadour dans le même château » (La
19646
on « qu’aucune source ne nous décrit la rencontre
d’
un Parfait et d’un troubadour dans le même château » (La Croisade cont
19647
ource ne nous décrit la rencontre d’un Parfait et
d’
un troubadour dans le même château » (La Croisade contre les albigeois
19648
la rencontre d’un Parfait et d’un troubadour dans
le
même château » (La Croisade contre les albigeois, p. 60), et que la p
19649
arfait et d’un troubadour dans le même château » (
La
Croisade contre les albigeois, p. 60), et que la possibilité même d’u
19650
badour dans le même château » (La Croisade contre
les
albigeois, p. 60), et que la possibilité même d’une telle rencontre d
19651
(La Croisade contre les albigeois, p. 60), et que
la
possibilité même d’une telle rencontre doit être exclue, s’agissant d
19652
les albigeois, p. 60), et que la possibilité même
d’
une telle rencontre doit être exclue, s’agissant de « deux éléments ét
19653
’une telle rencontre doit être exclue, s’agissant
de
« deux éléments étrangers et même antagonistes » (Joie d’Amour, p. 22
19654
x éléments étrangers et même antagonistes » (Joie
d’
Amour, p. 220). Il sait bien que des rencontres comme celle que Belper
19655
s ne pas se produire presque quotidiennement dans
les
châteaux cathares « qui accueillaient et protégeaient les troubadours
19656
eaux cathares « qui accueillaient et protégeaient
les
troubadours » (E. T., p. 228-229)236. Bien mieux, la rencontre d’un c
19657
troubadours » (E. T., p. 228-229)236. Bien mieux,
la
rencontre d’un cathare déclaré et d’un troubadour s’est attestée au m
19658
(E. T., p. 228-229)236. Bien mieux, la rencontre
d’
un cathare déclaré et d’un troubadour s’est attestée au moins une fois
19659
Bien mieux, la rencontre d’un cathare déclaré et
d’
un troubadour s’est attestée au moins une fois dans un même homme, Gui
19660
fois dans un même homme, Guillaume de Durfort, et
l’
exemple suffit pour ruiner sans recours « l’impossibilité » trop souve
19661
t, et l’exemple suffit pour ruiner sans recours «
l’
impossibilité » trop souvent invoquée par Belperron comme par Davenson
19662
, René Nelli, à propos de Durfort précisément, et
de
quelques autres présumés cathares, observe « qu’on chercherait en vai
19663
« qu’on chercherait en vain dans (leurs) cansos…
la
moindre proposition spécifiquement hérétique… Tous s’en tiennent aux
19664
quement hérétique… Tous s’en tiennent aux données
de
l’érotique traditionnelle, ou plus exactement : les différences qui l
19665
ment hérétique… Tous s’en tiennent aux données de
l’
érotique traditionnelle, ou plus exactement : les différences qui les
19666
e l’érotique traditionnelle, ou plus exactement :
les
différences qui les séparent des autres troubadours, quand il y en a,
19667
onnelle, ou plus exactement : les différences qui
les
séparent des autres troubadours, quand il y en a, ne correspondent nu
19668
ectives. Il faudrait admettre, dès lors, que tous
les
troubadours ont été cathares ou qu’aucun d’eux ne l’a été. Or il est
19669
tous les troubadours ont été cathares ou qu’aucun
d’
eux ne l’a été. Or il est évident que tous les troubadours n’ont pas é
19670
troubadours ont été cathares ou qu’aucun d’eux ne
l’
a été. Or il est évident que tous les troubadours n’ont pas été cathar
19671
ucun d’eux ne l’a été. Or il est évident que tous
les
troubadours n’ont pas été cathares. » Nelli en conclut que « leurs id
19672
n’ont eu, pratiquement, aucun retentissement sur
le
contenu de la lyrique amoureuse ou qu’ils n’ont point voulu qu’elles
19673
pratiquement, aucun retentissement sur le contenu
de
la lyrique amoureuse ou qu’ils n’ont point voulu qu’elles y parussent
19674
tiquement, aucun retentissement sur le contenu de
la
lyrique amoureuse ou qu’ils n’ont point voulu qu’elles y parussent da
19675
théorique » (E. T., p. 234-235). Je serais tenté
de
souscrire à ce raisonnement (qu’il m’est arrivé de me tenir), si je n
19676
e souscrire à ce raisonnement (qu’il m’est arrivé
de
me tenir), si je ne m’avisais d’un très sérieux défaut dans la symétr
19677
’il m’est arrivé de me tenir), si je ne m’avisais
d’
un très sérieux défaut dans la symétrie qu’il propose : « tous ou aucu
19678
si je ne m’avisais d’un très sérieux défaut dans
la
symétrie qu’il propose : « tous ou aucun ». Car de fait quelques-uns
19679
a symétrie qu’il propose : « tous ou aucun ». Car
de
fait quelques-uns furent cathares. Si leur croyance n’a pas modifié l
19680
ique, ne serait-ce pas qu’il n’y avait nul besoin
de
la modifier pour qu’elle convînt à cette croyance, tant elle lui étai
19681
e, ne serait-ce pas qu’il n’y avait nul besoin de
la
modifier pour qu’elle convînt à cette croyance, tant elle lui était c
19682
qu’en ce sens on pourrait bien soutenir que tous
les
troubadours nolens volens furent cathares, comme on peut dire que Vic
19683
ire, Verlaine et Rimbaud furent catholiques. Tous
les
surréalistes furent anarchistes, encore qu’il soit probable que fort
19684
rent tous influencés par Freud, encore que, selon
les
sources, seuls Breton et Dali aient jamais rencontré et lu le maître.
19685
seuls Breton et Dali aient jamais rencontré et lu
le
maître. Or c’est en vain qu’on chercherait dans les poèmes de Tzara o
19686
e maître. Or c’est en vain qu’on chercherait dans
les
poèmes de Tzara ou d’Éluard « la moindre proposition spécifiquement a
19687
r c’est en vain qu’on chercherait dans les poèmes
de
Tzara ou d’Éluard « la moindre proposition spécifiquement anarchiste
19688
ain qu’on chercherait dans les poèmes de Tzara ou
d’
Éluard « la moindre proposition spécifiquement anarchiste » (ni d’aill
19689
hercherait dans les poèmes de Tzara ou d’Éluard «
la
moindre proposition spécifiquement anarchiste » (ni d’ailleurs spécif
19690
s spécifiquement communiste, quand ils changeront
de
camp), mais toute leur poésie est anarchie, depuis les « mots en libe
19691
amp), mais toute leur poésie est anarchie, depuis
les
« mots en liberté » jusqu’à « l’Amour libre ». Et Breton n’a jamais c
19692
narchie, depuis les « mots en liberté » jusqu’à «
l’
Amour libre ». Et Breton n’a jamais cité Freud dans ses poèmes, mais j
19693
et condamnait Jung sommairement pour avoir dévié
de
la doctrine (encore que sans le savoir ou sans l’admettre il fût plus
19694
condamnait Jung sommairement pour avoir dévié de
la
doctrine (encore que sans le savoir ou sans l’admettre il fût plus pr
19695
pour avoir dévié de la doctrine (encore que sans
le
savoir ou sans l’admettre il fût plus proche du second que du premier
19696
de la doctrine (encore que sans le savoir ou sans
l’
admettre il fût plus proche du second que du premier par son sens du s
19697
tranche pas davantage que Nelli ; mais, contraint
de
choisir entre tous et aucun, je serais plus attiré par tous, lui peut
19698
s, lui peut-être à son cœur défendant par aucun ;
les
deux termes restant également incroyables — ou enfin, presque… D’où
19699
stant également incroyables — ou enfin, presque…
D’
où me vient cette ultime réticence ? De quel irréductible parti pris ?
19700
presque… D’où me vient cette ultime réticence ?
De
quel irréductible parti pris ? Je me sens moins sûr de mes raisons qu
19701
el irréductible parti pris ? Je me sens moins sûr
de
mes raisons que d’avoir senti juste, je le confesse. Quand Davenson,
19702
ti pris ? Je me sens moins sûr de mes raisons que
d’
avoir senti juste, je le confesse. Quand Davenson, à propos de l’« hyp
19703
ns sûr de mes raisons que d’avoir senti juste, je
le
confesse. Quand Davenson, à propos de l’« hypothèse cathare », reconn
19704
uste, je le confesse. Quand Davenson, à propos de
l’
« hypothèse cathare », reconnaît que je ne l’ai pas formellement adopt
19705
s de l’« hypothèse cathare », reconnaît que je ne
l’
ai pas formellement adoptée, mais ajoute que mon livre « fallacieux et
19706
e que mon livre « fallacieux et charmeur ne cesse
de
flirter avec l’idée, si bien qu’elle finit par s’imposer au lecteur c
19707
« fallacieux et charmeur ne cesse de flirter avec
l’
idée, si bien qu’elle finit par s’imposer au lecteur comme une tentati
19708
ire voir et sentir qu’il est impossible à la fois
de
prouver la relation hérésie-courtoisie et de s’en passer, ou de la ni
19709
sentir qu’il est impossible à la fois de prouver
la
relation hérésie-courtoisie et de s’en passer, ou de la nier. Oui, j’
19710
fois de prouver la relation hérésie-courtoisie et
de
s’en passer, ou de la nier. Oui, j’aime cette phrase parce que ce n’e
19711
relation hérésie-courtoisie et de s’en passer, ou
de
la nier. Oui, j’aime cette phrase parce que ce n’est pas seulement au
19712
ation hérésie-courtoisie et de s’en passer, ou de
la
nier. Oui, j’aime cette phrase parce que ce n’est pas seulement au le
19713
que ce n’est pas seulement au lecteur, mais à moi
l’
auteur qu’arrive toujours à neuf ce qu’elle décrit ! (Et c’est cela qu
19714
igi Valli sur Dante, ou Ferdinand de Saussure sur
le
décodage des vers latins.) Tantrisme et courtoisie Sur un point
19715
orte une importante contribution : je veux parler
de
l’asag, ou assays, ou essai, c’est-à-dire de l’épreuve que la dame im
19716
e une importante contribution : je veux parler de
l’
asag, ou assays, ou essai, c’est-à-dire de l’épreuve que la dame impos
19717
rler de l’asag, ou assays, ou essai, c’est-à-dire
de
l’épreuve que la dame impose à son soupirant, et dont j’ai parlé p. 1
19718
r de l’asag, ou assays, ou essai, c’est-à-dire de
l’
épreuve que la dame impose à son soupirant, et dont j’ai parlé p. 127
19719
u assays, ou essai, c’est-à-dire de l’épreuve que
la
dame impose à son soupirant, et dont j’ai parlé p. 127 à 136, en la r
19720
on soupirant, et dont j’ai parlé p. 127 à 136, en
la
rapprochant du tantrisme. Davenson a bien vu chez les Arabes comment
19721
rapprochant du tantrisme. Davenson a bien vu chez
les
Arabes comment le refus d’accomplir totalement le désir est le moyen
19722
risme. Davenson a bien vu chez les Arabes comment
le
refus d’accomplir totalement le désir est le moyen le plus « raffiné
19723
venson a bien vu chez les Arabes comment le refus
d’
accomplir totalement le désir est le moyen le plus « raffiné » de l’ét
19724
es Arabes comment le refus d’accomplir totalement
le
désir est le moyen le plus « raffiné » de l’éterniser. Ainsi, Ibn Daw
19725
ment le refus d’accomplir totalement le désir est
le
moyen le plus « raffiné » de l’éterniser. Ainsi, Ibn Dawoud : Ah ! n
19726
efus d’accomplir totalement le désir est le moyen
le
plus « raffiné » de l’éterniser. Ainsi, Ibn Dawoud : Ah ! non, n’acc
19727
alement le désir est le moyen le plus « raffiné »
de
l’éterniser. Ainsi, Ibn Dawoud : Ah ! non, n’accomplis pas ta promes
19728
ment le désir est le moyen le plus « raffiné » de
l’
éterniser. Ainsi, Ibn Dawoud : Ah ! non, n’accomplis pas ta promesse
19729
n Dawoud : Ah ! non, n’accomplis pas ta promesse
de
m’aimer de peur que vienne l’oubli !… Cependant, il ne veut plus voi
19730
Ah ! non, n’accomplis pas ta promesse de m’aimer
de
peur que vienne l’oubli !… Cependant, il ne veut plus voir que « mas
19731
lis pas ta promesse de m’aimer de peur que vienne
l’
oubli !… Cependant, il ne veut plus voir que « masochisme alambiqué »
19732
me alambiqué », « raffinement morbide, bas calcul
d’
une sensibilité détraquée » (p. 149) dans le même phénomène quand il s
19733
alcul d’une sensibilité détraquée » (p. 149) dans
le
même phénomène quand il s’atteste chez les troubadours, comme Cercamo
19734
9) dans le même phénomène quand il s’atteste chez
les
troubadours, comme Cercamon (1135-1145) : Rien ne me fait plus envie
19735
omme Matfre Ermengau (fin xiiie , début xive ) :
Le
plaisir de cet amour se détruit quand le désir trouve son rassasiemen
19736
Ermengau (fin xiiie , début xive ) : Le plaisir
de
cet amour se détruit quand le désir trouve son rassasiement. En reva
19737
ive ) : Le plaisir de cet amour se détruit quand
le
désir trouve son rassasiement. En revanche, René Nelli, au lieu de f
19738
ement. En revanche, René Nelli, au lieu de faire
de
l’indignation morale, cherche à comprendre la nature et la fonction d
19739
nt. En revanche, René Nelli, au lieu de faire de
l’
indignation morale, cherche à comprendre la nature et la fonction de l
19740
ire de l’indignation morale, cherche à comprendre
la
nature et la fonction de l’asag dans la conduite courtoise, et il se
19741
gnation morale, cherche à comprendre la nature et
la
fonction de l’asag dans la conduite courtoise, et il se voit amené à
19742
le, cherche à comprendre la nature et la fonction
de
l’asag dans la conduite courtoise, et il se voit amené à en deviner l
19743
cherche à comprendre la nature et la fonction de
l’
asag dans la conduite courtoise, et il se voit amené à en deviner le s
19744
omprendre la nature et la fonction de l’asag dans
la
conduite courtoise, et il se voit amené à en deviner le secret dans l
19745
duite courtoise, et il se voit amené à en deviner
le
secret dans la « Joie d’amour » elle-même. Suivons le trajet de cette
19746
, et il se voit amené à en deviner le secret dans
la
« Joie d’amour » elle-même. Suivons le trajet de cette recherche dans
19747
voit amené à en deviner le secret dans la « Joie
d’
amour » elle-même. Suivons le trajet de cette recherche dans L’Érotiqu
19748
ecret dans la « Joie d’amour » elle-même. Suivons
le
trajet de cette recherche dans L’Érotique des troubadours. La Joie d’
19749
la « Joie d’amour » elle-même. Suivons le trajet
de
cette recherche dans L’Érotique des troubadours. La Joie d’amour, ou
19750
e-même. Suivons le trajet de cette recherche dans
L’
Érotique des troubadours. La Joie d’amour, ou Joy d’amors en occitan,
19751
cette recherche dans L’Érotique des troubadours.
La
Joie d’amour, ou Joy d’amors en occitan, est un mot masculin dont le
19752
echerche dans L’Érotique des troubadours. La Joie
d’
amour, ou Joy d’amors en occitan, est un mot masculin dont le sens var
19753
Érotique des troubadours. La Joie d’amour, ou Joy
d’
amors en occitan, est un mot masculin dont le sens varie non seulement
19754
Joy d’amors en occitan, est un mot masculin dont
le
sens varie non seulement selon les époques — de Guillaume IX à Montan
19755
t masculin dont le sens varie non seulement selon
les
époques — de Guillaume IX à Montanhagol —, mais chez un même auteur s
19756
t le sens varie non seulement selon les époques —
de
Guillaume IX à Montanhagol —, mais chez un même auteur selon la tonal
19757
X à Montanhagol —, mais chez un même auteur selon
la
tonalité du poème. C’est d’abord et généralement : l’exaltation qui a
19758
onalité du poème. C’est d’abord et généralement :
l’
exaltation qui a pour cause la femme aimée et pour objet l’amour lui-m
19759
d et généralement : l’exaltation qui a pour cause
la
femme aimée et pour objet l’amour lui-même. C’est parfois tout simple
19760
ion qui a pour cause la femme aimée et pour objet
l’
amour lui-même. C’est parfois tout simplement la joie de vivre en aima
19761
t l’amour lui-même. C’est parfois tout simplement
la
joie de vivre en aimant, ou c’est un jeu — flirt ou « petting ». Mais
19762
r lui-même. C’est parfois tout simplement la joie
de
vivre en aimant, ou c’est un jeu — flirt ou « petting ». Mais déjà ch
19763
lirt ou « petting ». Mais déjà chez Guillaume IX,
le
joy est donné par l’Amour « à celui qui observe ses lois » ; et cette
19764
Mais déjà chez Guillaume IX, le joy est donné par
l’
Amour « à celui qui observe ses lois » ; et cette joie est dite « pure
19765
cette joie est dite « pure » parce qu’elle dépend
d’
un bien que l’on désire sans l’avoir (encore) obtenu : joie de désirer
19766
dite « pure » parce qu’elle dépend d’un bien que
l’
on désire sans l’avoir (encore) obtenu : joie de désirer. Le sens de j
19767
rce qu’elle dépend d’un bien que l’on désire sans
l’
avoir (encore) obtenu : joie de désirer. Le sens de joy oscille donc e
19768
e l’on désire sans l’avoir (encore) obtenu : joie
de
désirer. Le sens de joy oscille donc entre plaisir d’être amoureux et
19769
e sans l’avoir (encore) obtenu : joie de désirer.
Le
sens de joy oscille donc entre plaisir d’être amoureux et vœu d’étern
19770
’avoir (encore) obtenu : joie de désirer. Le sens
de
joy oscille donc entre plaisir d’être amoureux et vœu d’éterniser le
19771
ésirer. Le sens de joy oscille donc entre plaisir
d’
être amoureux et vœu d’éterniser le désir, comme chez les Arabes. Chez
19772
oscille donc entre plaisir d’être amoureux et vœu
d’
éterniser le désir, comme chez les Arabes. Chez Guillaume IX, le joy d
19773
entre plaisir d’être amoureux et vœu d’éterniser
le
désir, comme chez les Arabes. Chez Guillaume IX, le joy devient aussi
19774
amoureux et vœu d’éterniser le désir, comme chez
les
Arabes. Chez Guillaume IX, le joy devient aussi un influx mystérieux
19775
désir, comme chez les Arabes. Chez Guillaume IX,
le
joy devient aussi un influx mystérieux qui émane de la présence et de
19776
joy devient aussi un influx mystérieux qui émane
de
la présence et des yeux de la dame : Toute la joie du monde est nôtr
19777
y devient aussi un influx mystérieux qui émane de
la
présence et des yeux de la dame : Toute la joie du monde est nôtre D
19778
x mystérieux qui émane de la présence et des yeux
de
la dame : Toute la joie du monde est nôtre Dame, si l’un l’autre nou
19779
ystérieux qui émane de la présence et des yeux de
la
dame : Toute la joie du monde est nôtre Dame, si l’un l’autre nous a
19780
ne de la présence et des yeux de la dame : Toute
la
joie du monde est nôtre Dame, si l’un l’autre nous aimons. et ses ef
19781
aimons. et ses effets bénéfiques s’exercent sur
le
corps autant que sur le cœur de l’amant : Par sa joie elle peut guér
19782
bénéfiques s’exercent sur le corps autant que sur
le
cœur de l’amant : Par sa joie elle peut guérir le malade Et par sa c
19783
es s’exercent sur le corps autant que sur le cœur
de
l’amant : Par sa joie elle peut guérir le malade Et par sa colère le
19784
s’exercent sur le corps autant que sur le cœur de
l’
amant : Par sa joie elle peut guérir le malade Et par sa colère le tu
19785
e cœur de l’amant : Par sa joie elle peut guérir
le
malade Et par sa colère le tuer Pour mon profit je la veux retenir A
19786
joie elle peut guérir le malade Et par sa colère
le
tuer Pour mon profit je la veux retenir Afin de rafraîchir mon cœur
19787
lade Et par sa colère le tuer Pour mon profit je
la
veux retenir Afin de rafraîchir mon cœur Et de renouveler mon corps S
19788
je la veux retenir Afin de rafraîchir mon cœur Et
de
renouveler mon corps Si bien qu’il ne puisse vieillir ou encore : E
19789
sse vieillir ou encore : Et un homme vivra plus
de
cent ans S’il peut saisir la joie de son amour c’est-à-dire si cet
19790
un homme vivra plus de cent ans S’il peut saisir
la
joie de son amour c’est-à-dire si cet homme parvient à maîtriser le
19791
e vivra plus de cent ans S’il peut saisir la joie
de
son amour c’est-à-dire si cet homme parvient à maîtriser les lois d
19792
c’est-à-dire si cet homme parvient à maîtriser
les
lois du désir, exalté par la retenue même que lui impose la dame : N
19793
arvient à maîtriser les lois du désir, exalté par
la
retenue même que lui impose la dame : Nul ne peut être assuré de tri
19794
désir, exalté par la retenue même que lui impose
la
dame : Nul ne peut être assuré de triompher de l’amour, s’il ne se s
19795
que lui impose la dame : Nul ne peut être assuré
de
triompher de l’amour, s’il ne se soumet en tout à sa volonté. Mais l
19796
e la dame : Nul ne peut être assuré de triompher
de
l’amour, s’il ne se soumet en tout à sa volonté. Mais le thème de la
19797
a dame : Nul ne peut être assuré de triompher de
l’
amour, s’il ne se soumet en tout à sa volonté. Mais le thème de la so
19798
ur, s’il ne se soumet en tout à sa volonté. Mais
le
thème de la soumission à la dame conduit à celui de l’épreuve qu’elle
19799
ne se soumet en tout à sa volonté. Mais le thème
de
la soumission à la dame conduit à celui de l’épreuve qu’elle fait sub
19800
se soumet en tout à sa volonté. Mais le thème de
la
soumission à la dame conduit à celui de l’épreuve qu’elle fait subir
19801
t à sa volonté. Mais le thème de la soumission à
la
dame conduit à celui de l’épreuve qu’elle fait subir à son soupirant
19802
thème de la soumission à la dame conduit à celui
de
l’épreuve qu’elle fait subir à son soupirant : Ma dame me met à l’es
19803
ème de la soumission à la dame conduit à celui de
l’
épreuve qu’elle fait subir à son soupirant : Ma dame me met à l’essai
19804
le fait subir à son soupirant : Ma dame me met à
l’
essai et m’éprouve Pour savoir en quelle guise je l’aime. Cet essai,
19805
essai et m’éprouve Pour savoir en quelle guise je
l’
aime. Cet essai, assay ou asag, deviendra au xiiie siècle, expressém
19806
iendra au xiiie siècle, expressément cette fois,
l’
épreuve héroïsante de la chasteté gardée « au lit », nudus cum nuda, d
19807
le, expressément cette fois, l’épreuve héroïsante
de
la chasteté gardée « au lit », nudus cum nuda, dont Mircea Eliade a d
19808
expressément cette fois, l’épreuve héroïsante de
la
chasteté gardée « au lit », nudus cum nuda, dont Mircea Eliade a décr
19809
it », nudus cum nuda, dont Mircea Eliade a décrit
les
modalités dans le tantrisme (voir plus haut p. 87 à 89). L’asag appar
19810
a, dont Mircea Eliade a décrit les modalités dans
le
tantrisme (voir plus haut p. 87 à 89). L’asag apparaît alors comme un
19811
és dans le tantrisme (voir plus haut p. 87 à 89).
L’
asag apparaît alors comme une sorte de technique du joy, ou encore : l
19812
. 87 à 89). L’asag apparaît alors comme une sorte
de
technique du joy, ou encore : le joy devient le jeu érotique par exce
19813
comme une sorte de technique du joy, ou encore :
le
joy devient le jeu érotique par excellence, qui suppose l’amor imperf
19814
e de technique du joy, ou encore : le joy devient
le
jeu érotique par excellence, qui suppose l’amor imperfectus comme con
19815
vient le jeu érotique par excellence, qui suppose
l’
amor imperfectus comme condition non seulement de fin’amors mais de jo
19816
l’amor imperfectus comme condition non seulement
de
fin’amors mais de joie « pure », c’est-à-dire de plaisir sans procréa
19817
s comme condition non seulement de fin’amors mais
de
joie « pure », c’est-à-dire de plaisir sans procréation. De là les in
19818
de fin’amors mais de joie « pure », c’est-à-dire
de
plaisir sans procréation. De là les innombrables scènes décrites dans
19819
pure », c’est-à-dire de plaisir sans procréation.
De
là les innombrables scènes décrites dans les deux grands romans court
19820
, c’est-à-dire de plaisir sans procréation. De là
les
innombrables scènes décrites dans les deux grands romans courtois, Fl
19821
tion. De là les innombrables scènes décrites dans
les
deux grands romans courtois, Flamenca et Jaufré, dans les romans de l
19822
grands romans courtois, Flamenca et Jaufré, dans
les
romans de la Table ronde et dans le Parzifal de Wolfram d’Eschenbach,
19823
ans courtois, Flamenca et Jaufré, dans les romans
de
la Table ronde et dans le Parzifal de Wolfram d’Eschenbach, où les am
19824
courtois, Flamenca et Jaufré, dans les romans de
la
Table ronde et dans le Parzifal de Wolfram d’Eschenbach, où les amant
19825
Jaufré, dans les romans de la Table ronde et dans
le
Parzifal de Wolfram d’Eschenbach, où les amants se couchent ensemble
19826
e et dans le Parzifal de Wolfram d’Eschenbach, où
les
amants se couchent ensemble nus, mais séparés par une épée, ou un agn
19827
u, ou un enfant ; et s’ils cèdent au désir, c’est
la
preuve qu’ils ne s’aiment pas de fin’amors, de vrai amour. Peut-être
19828
au désir, c’est la preuve qu’ils ne s’aiment pas
de
fin’amors, de vrai amour. Peut-être croyait-on, comme Hindous et Chin
19829
st la preuve qu’ils ne s’aiment pas de fin’amors,
de
vrai amour. Peut-être croyait-on, comme Hindous et Chinois, que le dé
19830
ut-être croyait-on, comme Hindous et Chinois, que
le
désir exalté par le retard du plaisir exerçait une puissance magique.
19831
comme Hindous et Chinois, que le désir exalté par
le
retard du plaisir exerçait une puissance magique. « La chasteté — à c
19832
tard du plaisir exerçait une puissance magique. «
La
chasteté — à condition que les esprits animaux eussent été au préalab
19833
uissance magique. « La chasteté — à condition que
les
esprits animaux eussent été au préalable excités — devenait une force
19834
rit René Nelli, qui ajoute en note, avec un point
d’
interrogation qui est bien dans sa manière : « Théorie gnostique répan
19835
ie gnostique répandue peut-être, en Occident, par
les
cathares ? » On sait, d’autre part, que le catharisme s’est infiltré
19836
, par les cathares ? » On sait, d’autre part, que
le
catharisme s’est infiltré chez les béguines et les béguins de saint F
19837
autre part, que le catharisme s’est infiltré chez
les
béguines et les béguins de saint François, dès le xiiie siècle. (Cf.
19838
le catharisme s’est infiltré chez les béguines et
les
béguins de saint François, dès le xiiie siècle. (Cf. supra, p. 254,
19839
e s’est infiltré chez les béguines et les béguins
de
saint François, dès le xiiie siècle. (Cf. supra, p. 254, 255.) Au su
19840
es béguines et les béguins de saint François, dès
le
xiiie siècle. (Cf. supra, p. 254, 255.) Au sujet de l’asag considéré
19841
ie siècle. (Cf. supra, p. 254, 255.) Au sujet de
l’
asag considéré comme « magie érotique fondée sur la mise en réserve du
19842
’asag considéré comme « magie érotique fondée sur
la
mise en réserve du principe vital sexuel », René Nelli écrit : « La d
19843
du principe vital sexuel », René Nelli écrit : «
La
déposition de Guillaume Roux dans le Liber sententiarum inquisitionis
19844
ital sexuel », René Nelli écrit : « La déposition
de
Guillaume Roux dans le Liber sententiarum inquisitionis Tholosonae ne
19845
li écrit : « La déposition de Guillaume Roux dans
le
Liber sententiarum inquisitionis Tholosonae ne laisse aucun doute sur
19846
nquisitionis Tholosonae ne laisse aucun doute sur
l’
existence réelle et la diffusion parmi les béguins d’une semblable rec
19847
e ne laisse aucun doute sur l’existence réelle et
la
diffusion parmi les béguins d’une semblable recherche de la tentation
19848
oute sur l’existence réelle et la diffusion parmi
les
béguins d’une semblable recherche de la tentation « méritoire » et «
19849
xistence réelle et la diffusion parmi les béguins
d’
une semblable recherche de la tentation « méritoire » et « salutaire »
19850
usion parmi les béguins d’une semblable recherche
de
la tentation « méritoire » et « salutaire ». G. Roux déclare en effet
19851
on parmi les béguins d’une semblable recherche de
la
tentation « méritoire » et « salutaire ». G. Roux déclare en effet qu
19852
« salutaire ». G. Roux déclare en effet que selon
les
béguins nul ne doit être déclaré vertueux (ou vertueuse) nisi se poss
19853
et tamen non perficerent actum carnalem. (Cité in
L’
Érotique des troubadours, p. 272.) (« S’ils se révèlent incapables de
19854
badours, p. 272.) (« S’ils se révèlent incapables
de
se coucher dans un lit, nu contre nue, sans accomplir l’acte charnel.
19855
oucher dans un lit, nu contre nue, sans accomplir
l’
acte charnel. ») J’ai deux raisons également importantes d’insister su
19856
arnel. ») J’ai deux raisons également importantes
d’
insister sur l’asag et sa liaison essentielle avec le joy courtois. 1°
19857
deux raisons également importantes d’insister sur
l’
asag et sa liaison essentielle avec le joy courtois. 1° C’est dans et
19858
nsister sur l’asag et sa liaison essentielle avec
le
joy courtois. 1° C’est dans et par l’asag que la rencontre de la cort
19859
tielle avec le joy courtois. 1° C’est dans et par
l’
asag que la rencontre de la cortezia des troubadours et du gnosticisme
19860
le joy courtois. 1° C’est dans et par l’asag que
la
rencontre de la cortezia des troubadours et du gnosticisme des cathar
19861
ois. 1° C’est dans et par l’asag que la rencontre
de
la cortezia des troubadours et du gnosticisme des cathares s’avère no
19862
. 1° C’est dans et par l’asag que la rencontre de
la
cortezia des troubadours et du gnosticisme des cathares s’avère non s
19863
nt possible, mais à peu près inévitable, bien que
les
motifs, on l’a vu, soient différents de part et d’autre : chez les tr
19864
is à peu près inévitable, bien que les motifs, on
l’
a vu, soient différents de part et d’autre : chez les troubadours, exa
19865
bien que les motifs, on l’a vu, soient différents
de
part et d’autre : chez les troubadours, exalter le désir ; chez les g
19866
s motifs, on l’a vu, soient différents de part et
d’
autre : chez les troubadours, exalter le désir ; chez les gnostiques,
19867
a vu, soient différents de part et d’autre : chez
les
troubadours, exalter le désir ; chez les gnostiques, en triompher (as
19868
e part et d’autre : chez les troubadours, exalter
le
désir ; chez les gnostiques, en triompher (ascétisme des parfaits), o
19869
e : chez les troubadours, exalter le désir ; chez
les
gnostiques, en triompher (ascétisme des parfaits), ou encore ne le pe
19870
triompher (ascétisme des parfaits), ou encore ne
le
permettre qu’en évitant ses suites procréatrices. (La retenue imposée
19871
ermettre qu’en évitant ses suites procréatrices. (
La
retenue imposée aux amants par des dames croyantes combine d’une mani
19872
mposée aux amants par des dames croyantes combine
d’
une manière exemplaire les deux motifs !) Et c’est bien cela que j’ent
19873
dames croyantes combine d’une manière exemplaire
les
deux motifs !) Et c’est bien cela que j’entendais aussi lorsque je dé
19874
tendais aussi lorsque je définissais Éros comme «
le
désir sans fin ». On voit ici comment l’amour courtois et le catharis
19875
comme « le désir sans fin ». On voit ici comment
l’
amour courtois et le catharisme, tout en restant des hérésies distinct
19876
ns fin ». On voit ici comment l’amour courtois et
le
catharisme, tout en restant des hérésies distinctes — et j’admets ent
19877
tinctes — et j’admets entièrement sur ce chapitre
les
conclusions de René Nelli —, ne pouvaient guère manquer d’entrer en s
19878
dmets entièrement sur ce chapitre les conclusions
de
René Nelli —, ne pouvaient guère manquer d’entrer en symbiose dans ma
19879
sions de René Nelli —, ne pouvaient guère manquer
d’
entrer en symbiose dans maints domaines de conduite pratique — ce qui
19880
manquer d’entrer en symbiose dans maints domaines
de
conduite pratique — ce qui s’est produit en effet. 2° L’asag apparaît
19881
uite pratique — ce qui s’est produit en effet. 2°
L’
asag apparaît lié dès l’origine aux autres thèmes de la poésie courtoi
19882
’est produit en effet. 2° L’asag apparaît lié dès
l’
origine aux autres thèmes de la poésie courtoise tels que Guillaume de
19883
asag apparaît lié dès l’origine aux autres thèmes
de
la poésie courtoise tels que Guillaume de Poitiers les « invente » en
19884
g apparaît lié dès l’origine aux autres thèmes de
la
poésie courtoise tels que Guillaume de Poitiers les « invente » entre
19885
a poésie courtoise tels que Guillaume de Poitiers
les
« invente » entre 1110 et 1120, mais il est attesté peu de temps aupa
19886
mais il est attesté peu de temps auparavant dans
les
mêmes lieux, en Poitou, au sein du mouvement religieux conduit par Ro
19887
religieux conduit par Robert d’Arbrissel. Sur
l’
invention de l’amour au xiie siècle Dans sa grande étude sur Guill
19888
onduit par Robert d’Arbrissel. Sur l’invention
de
l’amour au xiie siècle Dans sa grande étude sur Guillaume de Poit
19889
uit par Robert d’Arbrissel. Sur l’invention de
l’
amour au xiie siècle Dans sa grande étude sur Guillaume de Poitier
19890
ezzola, auteur des trois volumes fondamentaux sur
Les
origines et la formation de la littérature courtoise en Occident, se
19891
es trois volumes fondamentaux sur Les origines et
la
formation de la littérature courtoise en Occident, se pose l’une des
19892
mes fondamentaux sur Les origines et la formation
de
la littérature courtoise en Occident, se pose l’une des questions les
19893
fondamentaux sur Les origines et la formation de
la
littérature courtoise en Occident, se pose l’une des questions les pl
19894
ourtoise en Occident, se pose l’une des questions
les
plus ardues qui soient dans l’histoire des lettres et des mœurs de l’
19895
une des questions les plus ardues qui soient dans
l’
histoire des lettres et des mœurs de l’Occident ; celle de l’apparitio
19896
i soient dans l’histoire des lettres et des mœurs
de
l’Occident ; celle de l’apparition subite, dans cinq ou six chansons
19897
oient dans l’histoire des lettres et des mœurs de
l’
Occident ; celle de l’apparition subite, dans cinq ou six chansons de
19898
re des lettres et des mœurs de l’Occident ; celle
de
l’apparition subite, dans cinq ou six chansons de Guillaume de Poitie
19899
des lettres et des mœurs de l’Occident ; celle de
l’
apparition subite, dans cinq ou six chansons de Guillaume de Poitiers,
19900
de l’apparition subite, dans cinq ou six chansons
de
Guillaume de Poitiers, des thèmes majeurs que vont traiter tous les p
19901
oitiers, des thèmes majeurs que vont traiter tous
les
poètes d’amour qui suivront — les troubadours — « et après eux, des c
19902
s thèmes majeurs que vont traiter tous les poètes
d’
amour qui suivront — les troubadours — « et après eux, des centaines e
19903
nt traiter tous les poètes d’amour qui suivront —
les
troubadours — « et après eux, des centaines et des milliers de poètes
19904
s — « et après eux, des centaines et des milliers
de
poètes de l’Europe entière ». Pourquoi cette création totale (et qui
19905
près eux, des centaines et des milliers de poètes
de
l’Europe entière ». Pourquoi cette création totale (et qui paraît san
19906
s eux, des centaines et des milliers de poètes de
l’
Europe entière ». Pourquoi cette création totale (et qui paraît sans p
19907
s’est-elle produite en ce lieu et à cette date ?
Le
grand romaniste zurichois Theophil Spoerri, précurseur de l’analyse s
19908
romaniste zurichois Theophil Spoerri, précurseur
de
l’analyse structurelle des textes, relève au début de son étude sur G
19909
maniste zurichois Theophil Spoerri, précurseur de
l’
analyse structurelle des textes, relève au début de son étude sur Guil
19910
’analyse structurelle des textes, relève au début
de
son étude sur Guillaume de Poitiers237 les treize systèmes d’explicat
19911
u début de son étude sur Guillaume de Poitiers237
les
treize systèmes d’explication de notre énigme, proposés (à la date de
19912
sur Guillaume de Poitiers237 les treize systèmes
d’
explication de notre énigme, proposés (à la date de l’étude) par une q
19913
de Poitiers237 les treize systèmes d’explication
de
notre énigme, proposés (à la date de l’étude) par une quarantaine de
19914
stèmes d’explication de notre énigme, proposés (à
la
date de l’étude) par une quarantaine de savants. Chacun a vu un, deux
19915
’explication de notre énigme, proposés (à la date
de
l’étude) par une quarantaine de savants. Chacun a vu un, deux ou troi
19916
plication de notre énigme, proposés (à la date de
l’
étude) par une quarantaine de savants. Chacun a vu un, deux ou trois d
19917
oposés (à la date de l’étude) par une quarantaine
de
savants. Chacun a vu un, deux ou trois des nombreux aspects littérair
19918
eaucoup de ces thèses s’annulent mutuellement par
les
exclusives qu’elles posent, et pas une seule n’embrasse le phénomène
19919
ives qu’elles posent, et pas une seule n’embrasse
le
phénomène dans son ensemble. Or de quoi s’agit-il finalement ? Je rép
19920
ule n’embrasse le phénomène dans son ensemble. Or
de
quoi s’agit-il finalement ? Je répondrai : d’un processus à la fois h
19921
Or de quoi s’agit-il finalement ? Je répondrai :
d’
un processus à la fois historique et psychique de convergence, de coll
19922
d’un processus à la fois historique et psychique
de
convergence, de collusion, et de mise en tension, voire de confusion
19923
à la fois historique et psychique de convergence,
de
collusion, et de mise en tension, voire de confusion aux limites (att
19924
que et psychique de convergence, de collusion, et
de
mise en tension, voire de confusion aux limites (atteintes par certai
19925
gence, de collusion, et de mise en tension, voire
de
confusion aux limites (atteintes par certaines mystiques) ; processus
19926
es décennies du xii e siècle ; bien localisé dans
le
Poitou ; et au cours duquel le sentiment de l’amour humain va se décl
19927
bien localisé dans le Poitou ; et au cours duquel
le
sentiment de l’amour humain va se déclarer et se chanter, à la faveur
19928
dans le Poitou ; et au cours duquel le sentiment
de
l’amour humain va se déclarer et se chanter, à la faveur de formes et
19929
ns le Poitou ; et au cours duquel le sentiment de
l’
amour humain va se déclarer et se chanter, à la faveur de formes et de
19930
de l’amour humain va se déclarer et se chanter, à
la
faveur de formes et de rythmes empruntés à la liturgie. Et dès lors i
19931
humain va se déclarer et se chanter, à la faveur
de
formes et de rythmes empruntés à la liturgie. Et dès lors il ne cesse
19932
déclarer et se chanter, à la faveur de formes et
de
rythmes empruntés à la liturgie. Et dès lors il ne cessera plus de ri
19933
, à la faveur de formes et de rythmes empruntés à
la
liturgie. Et dès lors il ne cessera plus de rivaliser avec le sentime
19934
tés à la liturgie. Et dès lors il ne cessera plus
de
rivaliser avec le sentiment religieux. Ce processus unique, d’où naît
19935
Et dès lors il ne cessera plus de rivaliser avec
le
sentiment religieux. Ce processus unique, d’où naît l’amour courtois,
19936
avec le sentiment religieux. Ce processus unique,
d’
où naît l’amour courtois, nous pouvons le suivre à la trace sous deux
19937
ntiment religieux. Ce processus unique, d’où naît
l’
amour courtois, nous pouvons le suivre à la trace sous deux de ses asp
19938
unique, d’où naît l’amour courtois, nous pouvons
le
suivre à la trace sous deux de ses aspects les mieux connus (ou conna
19939
ù naît l’amour courtois, nous pouvons le suivre à
la
trace sous deux de ses aspects les mieux connus (ou connaissables) so
19940
tois, nous pouvons le suivre à la trace sous deux
de
ses aspects les mieux connus (ou connaissables) soit par les textes,
19941
ons le suivre à la trace sous deux de ses aspects
les
mieux connus (ou connaissables) soit par les textes, soit par la chro
19942
ects les mieux connus (ou connaissables) soit par
les
textes, soit par la chronique : je veux parler de l’évolution des for
19943
(ou connaissables) soit par les textes, soit par
la
chronique : je veux parler de l’évolution des formes dans la poésie d
19944
es textes, soit par la chronique : je veux parler
de
l’évolution des formes dans la poésie de Guillaume IX, évolution que
19945
textes, soit par la chronique : je veux parler de
l’
évolution des formes dans la poésie de Guillaume IX, évolution que l’o
19946
e : je veux parler de l’évolution des formes dans
la
poésie de Guillaume IX, évolution que l’on découvre parallèle à certa
19947
x parler de l’évolution des formes dans la poésie
de
Guillaume IX, évolution que l’on découvre parallèle à certaines circo
19948
mes dans la poésie de Guillaume IX, évolution que
l’
on découvre parallèle à certaines circonstances de sa biographie liées
19949
l’on découvre parallèle à certaines circonstances
de
sa biographie liées à l’abbaye de Fontevrault, c’est-à-dire à la long
19950
certaines circonstances de sa biographie liées à
l’
abbaye de Fontevrault, c’est-à-dire à la longue rivalité du comte-duc
19951
s circonstances de sa biographie liées à l’abbaye
de
Fontevrault, c’est-à-dire à la longue rivalité du comte-duc et du moi
19952
e Robert d’Arbrissel. Ici, c’est Reto Bezzola que
l’
on va suivre : nul n’a mieux situé dans son temps et son lieu la perso
19953
: nul n’a mieux situé dans son temps et son lieu
la
personne fulgurante de Guillaume et le conflit merveilleusement fécon
19954
dans son temps et son lieu la personne fulgurante
de
Guillaume et le conflit merveilleusement fécond qui opposa le duc au
19955
t son lieu la personne fulgurante de Guillaume et
le
conflit merveilleusement fécond qui opposa le duc au moine. ⁂ Le Poit
19956
et le conflit merveilleusement fécond qui opposa
le
duc au moine. ⁂ Le Poitou et Guillaume de Poitiers sont moins à l’ori
19957
eilleusement fécond qui opposa le duc au moine. ⁂
Le
Poitou et Guillaume de Poitiers sont moins à l’origine qu’au lieu foc
19958
⁂ Le Poitou et Guillaume de Poitiers sont moins à
l’
origine qu’au lieu focal de l’histoire de l’amour en Occident, et de t
19959
Poitiers sont moins à l’origine qu’au lieu focal
de
l’histoire de l’amour en Occident, et de toute sa problématique. Derr
19960
itiers sont moins à l’origine qu’au lieu focal de
l’
histoire de l’amour en Occident, et de toute sa problématique. Derrièr
19961
moins à l’origine qu’au lieu focal de l’histoire
de
l’amour en Occident, et de toute sa problématique. Derrière les succè
19962
ins à l’origine qu’au lieu focal de l’histoire de
l’
amour en Occident, et de toute sa problématique. Derrière les succès m
19963
eu focal de l’histoire de l’amour en Occident, et
de
toute sa problématique. Derrière les succès missionnaires de Robert d
19964
Occident, et de toute sa problématique. Derrière
les
succès missionnaires de Robert d’Arbrissel, il y a l’évolution religi
19965
problématique. Derrière les succès missionnaires
de
Robert d’Arbrissel, il y a l’évolution religieuse du xie siècle en A
19966
uccès missionnaires de Robert d’Arbrissel, il y a
l’
évolution religieuse du xie siècle en Aquitaine, la diffusion secrète
19967
évolution religieuse du xie siècle en Aquitaine,
la
diffusion secrète puis les « succès » aussi des sectes manichéennes,
19968
e siècle en Aquitaine, la diffusion secrète puis
les
« succès » aussi des sectes manichéennes, antiromaines, auxquelles l’
19969
des sectes manichéennes, antiromaines, auxquelles
l’
arrière-grand-père de Guillaume IX — le VIIe duc, candidat à l’Empire
19970
es, antiromaines, auxquelles l’arrière-grand-père
de
Guillaume IX — le VIIe duc, candidat à l’Empire — « s’intéresse très
19971
auxquelles l’arrière-grand-père de Guillaume IX —
le
VIIe duc, candidat à l’Empire — « s’intéresse très vivement », dit la
19972
nd-père de Guillaume IX — le VIIe duc, candidat à
l’
Empire — « s’intéresse très vivement », dit la chronique vers 1050 — e
19973
t à l’Empire — « s’intéresse très vivement », dit
la
chronique vers 1050 — et c’est cela qui va s’épanouir cent ans plus t
19974
st cela qui va s’épanouir cent ans plus tard dans
le
Midi, et qu’on nommera le catharisme. Et derrière les dons poétiques
19975
cent ans plus tard dans le Midi, et qu’on nommera
le
catharisme. Et derrière les dons poétiques de Guillaume, il y a la sé
19976
Midi, et qu’on nommera le catharisme. Et derrière
les
dons poétiques de Guillaume, il y a la séculaire tradition littéraire
19977
era le catharisme. Et derrière les dons poétiques
de
Guillaume, il y a la séculaire tradition littéraire des cours aquitai
19978
derrière les dons poétiques de Guillaume, il y a
la
séculaire tradition littéraire des cours aquitaines238, de l’évêque F
19979
ire tradition littéraire des cours aquitaines238,
de
l’évêque Fortunat au vie siècle et de ses lettres galantes à la rein
19980
tradition littéraire des cours aquitaines238, de
l’
évêque Fortunat au vie siècle et de ses lettres galantes à la reine R
19981
taines238, de l’évêque Fortunat au vie siècle et
de
ses lettres galantes à la reine Radegonde, abbesse du monastère de la
19982
tunat au vie siècle et de ses lettres galantes à
la
reine Radegonde, abbesse du monastère de la Sainte-Croix de Poitiers,
19983
lantes à la reine Radegonde, abbesse du monastère
de
la Sainte-Croix de Poitiers, jusqu’à la propre tante du duc : Agnès,
19984
tes à la reine Radegonde, abbesse du monastère de
la
Sainte-Croix de Poitiers, jusqu’à la propre tante du duc : Agnès, fem
19985
monastère de la Sainte-Croix de Poitiers, jusqu’à
la
propre tante du duc : Agnès, femme de l’empereur Henri III. Elle entr
19986
rs, jusqu’à la propre tante du duc : Agnès, femme
de
l’empereur Henri III. Elle entretient avec Pierre Damien une correspo
19987
jusqu’à la propre tante du duc : Agnès, femme de
l’
empereur Henri III. Elle entretient avec Pierre Damien une corresponda
19988
re « ces âmes raffinées déjà tout près du langage
de
saint Bernard mais aussi de celui de l’amour courtois dans sa phase l
19989
tout près du langage de saint Bernard mais aussi
de
celui de l’amour courtois dans sa phase la plus idéalisée »239. Du Po
19990
s du langage de saint Bernard mais aussi de celui
de
l’amour courtois dans sa phase la plus idéalisée »239. Du Poitevin Gu
19991
u langage de saint Bernard mais aussi de celui de
l’
amour courtois dans sa phase la plus idéalisée »239. Du Poitevin Guill
19992
aussi de celui de l’amour courtois dans sa phase
la
plus idéalisée »239. Du Poitevin Guillaume et de ses proches amis, le
19993
la plus idéalisée »239. Du Poitevin Guillaume et
de
ses proches amis, les Ventadour et les d’Ussel du Limousin, la poésie
19994
39. Du Poitevin Guillaume et de ses proches amis,
les
Ventadour et les d’Ussel du Limousin, la poésie nouvelle va se répand
19995
uillaume et de ses proches amis, les Ventadour et
les
d’Ussel du Limousin, la poésie nouvelle va se répandre vers le sud to
19996
aume et de ses proches amis, les Ventadour et les
d’
Ussel du Limousin, la poésie nouvelle va se répandre vers le sud toulo
19997
s amis, les Ventadour et les d’Ussel du Limousin,
la
poésie nouvelle va se répandre vers le sud toulousain et le sud-est p
19998
Limousin, la poésie nouvelle va se répandre vers
le
sud toulousain et le sud-est provençal, avec lesquels on confond de n
19999
nouvelle va se répandre vers le sud toulousain et
le
sud-est provençal, avec lesquels on confond de nos jours les troubado
20000
et le sud-est provençal, avec lesquels on confond
de
nos jours les troubadours — mais Dante, qui s’y connaît, les nomme «
20001
provençal, avec lesquels on confond de nos jours
les
troubadours — mais Dante, qui s’y connaît, les nomme « limousins ». L
20002
rs les troubadours — mais Dante, qui s’y connaît,
les
nomme « limousins ». La descendance nordique de Poitiers n’est pas mo
20003
Dante, qui s’y connaît, les nomme « limousins ».
La
descendance nordique de Poitiers n’est pas moins féconde. Aliénor, pe
20004
les nomme « limousins ». La descendance nordique
de
Poitiers n’est pas moins féconde. Aliénor, petite-fille de Guillaume,
20005
rs n’est pas moins féconde. Aliénor, petite-fille
de
Guillaume, épousera Louis VII de France, puis Henri II Plantagenêt. D
20006
e Champagne et Aëlis de Blois, qui tiendront cour
d’
amour et transmettront les secrets de la courtoisie aux auteurs des «
20007
lois, qui tiendront cour d’amour et transmettront
les
secrets de la courtoisie aux auteurs des « romans bretons », dont le
20008
endront cour d’amour et transmettront les secrets
de
la courtoisie aux auteurs des « romans bretons », dont le plus grand
20009
ront cour d’amour et transmettront les secrets de
la
courtoisie aux auteurs des « romans bretons », dont le plus grand ser
20010
urtoisie aux auteurs des « romans bretons », dont
le
plus grand sera leur ami et obligé, Chrétien de Troyes. Guillaume est
20011
ami et obligé, Chrétien de Troyes. Guillaume est
le
prince le plus puissant sur les terres qu’on nomme France aujourd’hui
20012
ligé, Chrétien de Troyes. Guillaume est le prince
le
plus puissant sur les terres qu’on nomme France aujourd’hui. Tous ses
20013
yes. Guillaume est le prince le plus puissant sur
les
terres qu’on nomme France aujourd’hui. Tous ses oncles sont ducs ou r
20014
tantes reines ou impératrices : du Saint-Empire,
de
l’Angleterre, de la Bourgogne. L’une de ses sœurs épouse le roi Pierr
20015
ntes reines ou impératrices : du Saint-Empire, de
l’
Angleterre, de la Bourgogne. L’une de ses sœurs épouse le roi Pierre d
20016
impératrices : du Saint-Empire, de l’Angleterre,
de
la Bourgogne. L’une de ses sœurs épouse le roi Pierre d’Aragon, l’aut
20017
pératrices : du Saint-Empire, de l’Angleterre, de
la
Bourgogne. L’une de ses sœurs épouse le roi Pierre d’Aragon, l’autre
20018
t-Empire, de l’Angleterre, de la Bourgogne. L’une
de
ses sœurs épouse le roi Pierre d’Aragon, l’autre le roi Alfonse de Ca
20019
terre, de la Bourgogne. L’une de ses sœurs épouse
le
roi Pierre d’Aragon, l’autre le roi Alfonse de Castille. Lui-même épo
20020
ses sœurs épouse le roi Pierre d’Aragon, l’autre
le
roi Alfonse de Castille. Lui-même épousera d’abord Ermengarde d’Anjou
20021
ient duchesse de Bretagne, puis en secondes noces
la
jeune veuve du roi Sanche d’Aragon, Philippa de Toulouse. Les chroniq
20022
uve du roi Sanche d’Aragon, Philippa de Toulouse.
Les
chroniqueurs du temps, prolixes sur son compte, le décrivent comme «
20023
s chroniqueurs du temps, prolixes sur son compte,
le
décrivent comme « prodigue et coureur d’aventures », « enragé amateur
20024
compte, le décrivent comme « prodigue et coureur
d’
aventures », « enragé amateur de femmes », « ennemi de toute pudeur et
20025
odigue et coureur d’aventures », « enragé amateur
de
femmes », « ennemi de toute pudeur et sainteté », à tel point « qu’on
20026
entures », « enragé amateur de femmes », « ennemi
de
toute pudeur et sainteté », à tel point « qu’on aurait pensé qu’il cr
20027
té », à tel point « qu’on aurait pensé qu’il crût
le
monde gouverné par le hasard, non par la Providence »240, mais avec c
20028
’on aurait pensé qu’il crût le monde gouverné par
le
hasard, non par la Providence »240, mais avec cela « audacieux, pieux
20029
’il crût le monde gouverné par le hasard, non par
la
Providence »240, mais avec cela « audacieux, pieux, et d’un caractère
20030
dence »240, mais avec cela « audacieux, pieux, et
d’
un caractère extrêmement joyeux ». Deux fois excommunié ; la seconde f
20031
seconde fois à cause de sa liaison affichée avec
la
vicomtesse de Châtellerault, si bellement prénommée Dangereuse, qu’il
20032
à cause de sa liaison affichée avec la vicomtesse
de
Châtellerault, si bellement prénommée Dangereuse, qu’il installa dans
20033
rénommée Dangereuse, qu’il installa dans une tour
de
son château. Avec cela, et avant tout, il est poète. Ses premiers « v
20034
s » (ou cansos) « chantent ses aventures galantes
d’
une manière grivoise, obscène même » pour un auditoire de « gais compa
20035
anière grivoise, obscène même » pour un auditoire
de
« gais compagnons de débauche » (p. 152). Principal événement de sa v
20036
ène même » pour un auditoire de « gais compagnons
de
débauche » (p. 152). Principal événement de sa vie : il se croise au
20037
gnons de débauche » (p. 152). Principal événement
de
sa vie : il se croise au printemps de 1101, subit une écrasante défai
20038
l événement de sa vie : il se croise au printemps
de
1101, subit une écrasante défaite à Héraclée, et après plusieurs mois
20039
sante défaite à Héraclée, et après plusieurs mois
de
captivité à la cour de Tancrède et chez les Sarrasins, rentre à Poiti
20040
Héraclée, et après plusieurs mois de captivité à
la
cour de Tancrède et chez les Sarrasins, rentre à Poitiers, à l’automn
20041
e, et après plusieurs mois de captivité à la cour
de
Tancrède et chez les Sarrasins, rentre à Poitiers, à l’automne de 110
20042
s mois de captivité à la cour de Tancrède et chez
les
Sarrasins, rentre à Poitiers, à l’automne de 1102. Entre-temps, Rober
20043
crède et chez les Sarrasins, rentre à Poitiers, à
l’
automne de 1102. Entre-temps, Robert d’Arbrissel a fondé l’abbaye de F
20044
hez les Sarrasins, rentre à Poitiers, à l’automne
de
1102. Entre-temps, Robert d’Arbrissel a fondé l’abbaye de Fontevrault
20045
de 1102. Entre-temps, Robert d’Arbrissel a fondé
l’
abbaye de Fontevrault. Le duel commence. Qui est Robert d’Arbrissel ?
20046
Entre-temps, Robert d’Arbrissel a fondé l’abbaye
de
Fontevrault. Le duel commence. Qui est Robert d’Arbrissel ? Né vers 1
20047
bert d’Arbrissel a fondé l’abbaye de Fontevrault.
Le
duel commence. Qui est Robert d’Arbrissel ? Né vers 1050 à l’Arbresse
20048
ence. Qui est Robert d’Arbrissel ? Né vers 1050 à
l’
Arbressec, ce Breton fils de prêtre se fait d’abord clerc vagabond, ti
20049
ssel ? Né vers 1050 à l’Arbressec, ce Breton fils
de
prêtre se fait d’abord clerc vagabond, tient des sermons violents con
20050
clerc vagabond, tient des sermons violents contre
le
mariage des prêtres, puis se retire en ermite dans la forêt de Craon.
20051
ariage des prêtres, puis se retire en ermite dans
la
forêt de Craon. Sa soif d’ascétisme et son éloquence ont attiré des d
20052
s prêtres, puis se retire en ermite dans la forêt
de
Craon. Sa soif d’ascétisme et son éloquence ont attiré des disciples,
20053
retire en ermite dans la forêt de Craon. Sa soif
d’
ascétisme et son éloquence ont attiré des disciples, qui le rejoignent
20054
me et son éloquence ont attiré des disciples, qui
le
rejoignent dans sa retraite. Des communes — dirions-nous — se forment
20055
. Des communes — dirions-nous — se forment autour
d’
eux. On leur octroie des terres à cultiver. Mais voici Robert nommé «
20056
édicateur apostolique » par Urbain II. Il reprend
la
route, et ses sermons « empreints d’un profond pessimisme » dénoncent
20057
. Il reprend la route, et ses sermons « empreints
d’
un profond pessimisme » dénoncent la perversité de ce monde rempli de
20058
s « empreints d’un profond pessimisme » dénoncent
la
perversité de ce monde rempli de mensonges et d’ignorance dans le peu
20059
d’un profond pessimisme » dénoncent la perversité
de
ce monde rempli de mensonges et d’ignorance dans le peuple, de meurtr
20060
isme » dénoncent la perversité de ce monde rempli
de
mensonges et d’ignorance dans le peuple, de meurtres et d’adultères c
20061
la perversité de ce monde rempli de mensonges et
d’
ignorance dans le peuple, de meurtres et d’adultères chez les princes,
20062
ce monde rempli de mensonges et d’ignorance dans
le
peuple, de meurtres et d’adultères chez les princes, de simonie et d’
20063
empli de mensonges et d’ignorance dans le peuple,
de
meurtres et d’adultères chez les princes, de simonie et d’hypocrisie
20064
ges et d’ignorance dans le peuple, de meurtres et
d’
adultères chez les princes, de simonie et d’hypocrisie chez les prêtre
20065
e dans le peuple, de meurtres et d’adultères chez
les
princes, de simonie et d’hypocrisie chez les prêtres. C’est déjà l’es
20066
ple, de meurtres et d’adultères chez les princes,
de
simonie et d’hypocrisie chez les prêtres. C’est déjà l’essentiel de l
20067
es et d’adultères chez les princes, de simonie et
d’
hypocrisie chez les prêtres. C’est déjà l’essentiel de la prédication
20068
chez les princes, de simonie et d’hypocrisie chez
les
prêtres. C’est déjà l’essentiel de la prédication antiromaine des cat
20069
onie et d’hypocrisie chez les prêtres. C’est déjà
l’
essentiel de la prédication antiromaine des cathares, des Vaudois, et
20070
pocrisie chez les prêtres. C’est déjà l’essentiel
de
la prédication antiromaine des cathares, des Vaudois, et plus tard de
20071
risie chez les prêtres. C’est déjà l’essentiel de
la
prédication antiromaine des cathares, des Vaudois, et plus tard des f
20072
t plus tard des fraticelli… À ces vices il oppose
la
vraie piété, la pauvreté, l’ascèse, le détachement. Des foules se met
20073
fraticelli… À ces vices il oppose la vraie piété,
la
pauvreté, l’ascèse, le détachement. Des foules se mettent à l’accompa
20074
ces vices il oppose la vraie piété, la pauvreté,
l’
ascèse, le détachement. Des foules se mettent à l’accompagner, formées
20075
il oppose la vraie piété, la pauvreté, l’ascèse,
le
détachement. Des foules se mettent à l’accompagner, formées de millie
20076
l’ascèse, le détachement. Des foules se mettent à
l’
accompagner, formées de milliers de jeunes disciples que les chronique
20077
t. Des foules se mettent à l’accompagner, formées
de
milliers de jeunes disciples que les chroniques nous décrivent tels d
20078
s se mettent à l’accompagner, formées de milliers
de
jeunes disciples que les chroniques nous décrivent tels des hippies a
20079
gner, formées de milliers de jeunes disciples que
les
chroniques nous décrivent tels des hippies américains « marchant pied
20080
hippies américains « marchant pieds nus, couverts
de
vêtements bizarres et lacérés, et remarquables par l’abondance de leu
20081
êtements bizarres et lacérés, et remarquables par
l’
abondance de leurs barbes » (barbarum prolixitate notabiles). Les femm
20082
arres et lacérés, et remarquables par l’abondance
de
leurs barbes » (barbarum prolixitate notabiles). Les femmes quittent
20083
leurs barbes » (barbarum prolixitate notabiles).
Les
femmes quittent leur mari, les fidèles leur curé pour le suivre. Ses
20084
xitate notabiles). Les femmes quittent leur mari,
les
fidèles leur curé pour le suivre. Ses amis le mettent en garde contre
20085
es quittent leur mari, les fidèles leur curé pour
le
suivre. Ses amis le mettent en garde contre la familiarité exagérée e
20086
i, les fidèles leur curé pour le suivre. Ses amis
le
mettent en garde contre la familiarité exagérée entre les sexes dont
20087
ur le suivre. Ses amis le mettent en garde contre
la
familiarité exagérée entre les sexes dont on accuse sa communauté amb
20088
ent en garde contre la familiarité exagérée entre
les
sexes dont on accuse sa communauté ambulante. Si l’on en croit les ru
20089
sexes dont on accuse sa communauté ambulante. Si
l’
on en croit les rumeurs du temps, Robert, « suivant l’exemple d’ascète
20090
accuse sa communauté ambulante. Si l’on en croit
les
rumeurs du temps, Robert, « suivant l’exemple d’ascètes orientaux, su
20091
en croit les rumeurs du temps, Robert, « suivant
l’
exemple d’ascètes orientaux, surtout syriens, aurait lui-même provoqué
20092
les rumeurs du temps, Robert, « suivant l’exemple
d’
ascètes orientaux, surtout syriens, aurait lui-même provoqué une telle
20093
ne telle promiscuité en permettant aux femmes qui
le
suivaient d’habiter familièrement avec lui et même de partager sa cou
20094
iscuité en permettant aux femmes qui le suivaient
d’
habiter familièrement avec lui et même de partager sa couche — tout ce
20095
uivaient d’habiter familièrement avec lui et même
de
partager sa couche — tout cela pour expier ses anciens péchés véniels
20096
ns péchés véniels et pour prouver sa résistance à
la
tentation sensuelle ». À Rouen, il entre dans un bordel « pour se cha
20097
Rouen, il entre dans un bordel « pour se chauffer
les
pieds », et convertit toutes les prostituées ; elles se prosternent d
20098
pour se chauffer les pieds », et convertit toutes
les
prostituées ; elles se prosternent devant lui, et il ne tarde pas à l
20099
s se prosternent devant lui, et il ne tarde pas à
les
conduire dans une contrée déserte pour y mener une sainte vie d’ermit
20100
s une contrée déserte pour y mener une sainte vie
d’
ermites. En 1101, il décide de créer pour ses adeptes une colonie de «
20101
ener une sainte vie d’ermites. En 1101, il décide
de
créer pour ses adeptes une colonie de « cabanes » autour d’une église
20102
, il décide de créer pour ses adeptes une colonie
de
« cabanes » autour d’une église dédiée — bien entendu — à la Vierge.
20103
our ses adeptes une colonie de « cabanes » autour
d’
une église dédiée — bien entendu — à la Vierge. L’ensemble va devenir
20104
s » autour d’une église dédiée — bien entendu — à
la
Vierge. L’ensemble va devenir l’abbaye de Fontevrault, formée d’un gr
20105
d’une église dédiée — bien entendu — à la Vierge.
L’
ensemble va devenir l’abbaye de Fontevrault, formée d’un grand couvent
20106
bien entendu — à la Vierge. L’ensemble va devenir
l’
abbaye de Fontevrault, formée d’un grand couvent de femmes jouxtant tr
20107
ndu — à la Vierge. L’ensemble va devenir l’abbaye
de
Fontevrault, formée d’un grand couvent de femmes jouxtant trois autre
20108
semble va devenir l’abbaye de Fontevrault, formée
d’
un grand couvent de femmes jouxtant trois autres maisons d’hommes. L’o
20109
’abbaye de Fontevrault, formée d’un grand couvent
de
femmes jouxtant trois autres maisons d’hommes. L’ordre essaimera très
20110
d couvent de femmes jouxtant trois autres maisons
d’
hommes. L’ordre essaimera très vite en Bretagne, dans le Limousin, le
20111
de femmes jouxtant trois autres maisons d’hommes.
L’
ordre essaimera très vite en Bretagne, dans le Limousin, le Périgord e
20112
es. L’ordre essaimera très vite en Bretagne, dans
le
Limousin, le Périgord et le Toulousain et comptera jusqu’à trois-mill
20113
ssaimera très vite en Bretagne, dans le Limousin,
le
Périgord et le Toulousain et comptera jusqu’à trois-mille moines et r
20114
ite en Bretagne, dans le Limousin, le Périgord et
le
Toulousain et comptera jusqu’à trois-mille moines et religieuses. Let
20115
jusqu’à trois-mille moines et religieuses. Lettre
de
Robert : « Vous savez comment tout ce que j’ai érigé en ce monde, je
20116
ez comment tout ce que j’ai érigé en ce monde, je
l’
ai fait pour les religieuses, et c’est à elles que j’ai offert toute l
20117
ce que j’ai érigé en ce monde, je l’ai fait pour
les
religieuses, et c’est à elles que j’ai offert toute la force de mes t
20118
ligieuses, et c’est à elles que j’ai offert toute
la
force de mes talents et ce qui est beaucoup plus encore, je me suis s
20119
, et c’est à elles que j’ai offert toute la force
de
mes talents et ce qui est beaucoup plus encore, je me suis soumis à e
20120
e suis soumis à elles, moi et mes disciples, pour
le
bien de nos âmes. » Nouveauté inouïe et qui surpasse encore celle de
20121
oumis à elles, moi et mes disciples, pour le bien
de
nos âmes. » Nouveauté inouïe et qui surpasse encore celle de donner à
20122
. » Nouveauté inouïe et qui surpasse encore celle
de
donner à l’abbesse le pouvoir supérieur non seulement sur les religie
20123
é inouïe et qui surpasse encore celle de donner à
l’
abbesse le pouvoir supérieur non seulement sur les religieuses (comme
20124
t qui surpasse encore celle de donner à l’abbesse
le
pouvoir supérieur non seulement sur les religieuses (comme Héloïse l’
20125
l’abbesse le pouvoir supérieur non seulement sur
les
religieuses (comme Héloïse l’avait au Paraclet dans le même temps) ma
20126
non seulement sur les religieuses (comme Héloïse
l’
avait au Paraclet dans le même temps) mais sur les hommes de la commun
20127
ligieuses (comme Héloïse l’avait au Paraclet dans
le
même temps) mais sur les hommes de la communauté. Très vite, le magné
20128
l’avait au Paraclet dans le même temps) mais sur
les
hommes de la communauté. Très vite, le magnétisme qui émane de son fo
20129
Paraclet dans le même temps) mais sur les hommes
de
la communauté. Très vite, le magnétisme qui émane de son fondateur at
20130
raclet dans le même temps) mais sur les hommes de
la
communauté. Très vite, le magnétisme qui émane de son fondateur attir
20131
mais sur les hommes de la communauté. Très vite,
le
magnétisme qui émane de son fondateur attire à Fontevrault « les plus
20132
la communauté. Très vite, le magnétisme qui émane
de
son fondateur attire à Fontevrault « les plus célèbres beautés de l’é
20133
qui émane de son fondateur attire à Fontevrault «
les
plus célèbres beautés de l’époque », parmi lesquelles la reine Bertra
20134
attire à Fontevrault « les plus célèbres beautés
de
l’époque », parmi lesquelles la reine Bertrade de France, et l’on ne
20135
tire à Fontevrault « les plus célèbres beautés de
l’
époque », parmi lesquelles la reine Bertrade de France, et l’on ne peu
20136
célèbres beautés de l’époque », parmi lesquelles
la
reine Bertrade de France, et l’on ne peut imaginer conversion plus re
20137
parmi lesquelles la reine Bertrade de France, et
l’
on ne peut imaginer conversion plus retentissante. Car cette Bertrade
20138
plus retentissante. Car cette Bertrade a provoqué
le
plus grand scandale de l’époque en obligeant son amant, Philippe Ier,
20139
cette Bertrade a provoqué le plus grand scandale
de
l’époque en obligeant son amant, Philippe Ier, à répudier sa femme po
20140
tte Bertrade a provoqué le plus grand scandale de
l’
époque en obligeant son amant, Philippe Ier, à répudier sa femme pour
20141
son amant, Philippe Ier, à répudier sa femme pour
l’
épouser, et en attirant ainsi sur le nouveau couple une excommunicatio
20142
sa femme pour l’épouser, et en attirant ainsi sur
le
nouveau couple une excommunication telle que « toutes les cloches ces
20143
eau couple une excommunication telle que « toutes
les
cloches cessaient de sonner lorsque le roi et la « reine » entraient
20144
nication telle que « toutes les cloches cessaient
de
sonner lorsque le roi et la « reine » entraient dans une ville ou dan
20145
« toutes les cloches cessaient de sonner lorsque
le
roi et la « reine » entraient dans une ville ou dans un château ». Ma
20146
les cloches cessaient de sonner lorsque le roi et
la
« reine » entraient dans une ville ou dans un château ». Mais voilà l
20147
t dans une ville ou dans un château ». Mais voilà
le
plus beau ; en 1112, Ermengarde de Bretagne, première femme de Guilla
20148
; en 1112, Ermengarde de Bretagne, première femme
de
Guillaume IX, puis en 1115 Philippa de Toulouse, sa seconde femme, ac
20149
ilippa de Toulouse, sa seconde femme, accompagnée
de
leur fille Audéoude, passent dans le camp du moine, renient Guillaume
20150
accompagnée de leur fille Audéoude, passent dans
le
camp du moine, renient Guillaume, et prennent le voile à Fontevrault.
20151
le camp du moine, renient Guillaume, et prennent
le
voile à Fontevrault. Guillaume IX ne semble pas avoir pris au sérieu
20152
Guillaume IX ne semble pas avoir pris au sérieux
l’
œuvre de réformateur qui s’attachait, paraît-il, à sauver de l’enfer d
20153
me IX ne semble pas avoir pris au sérieux l’œuvre
de
réformateur qui s’attachait, paraît-il, à sauver de l’enfer des fille
20154
réformateur qui s’attachait, paraît-il, à sauver
de
l’enfer des filles débauchées… S’il est exact que Robert d’Arbrissel
20155
formateur qui s’attachait, paraît-il, à sauver de
l’
enfer des filles débauchées… S’il est exact que Robert d’Arbrissel pré
20156
éconisait entre religieux et religieuse une sorte
d’
assays mystique, destiné à mettre à l’épreuve dans un même lit leurs v
20157
e une sorte d’assays mystique, destiné à mettre à
l’
épreuve dans un même lit leurs vertus chrétiennes et leur capacité de
20158
ême lit leurs vertus chrétiennes et leur capacité
de
continence, on conçoit que Guillaume IX, peu religieux de tempérament
20159
nence, on conçoit que Guillaume IX, peu religieux
de
tempérament, n’ait vu dans ces manœuvres qu’une aimable et hypocrite
20160
ignes, dont on peut retenir que Robert pratiquait
l’
asag avant tous les troubadours, et avant que Guillaume en parle dans
20161
t retenir que Robert pratiquait l’asag avant tous
les
troubadours, et avant que Guillaume en parle dans un vers, opposons B
20162
duc d’Aquitaine, ait assisté à ce bouleversement
de
toute l’aristocratie de la région, à cet exode général des nobles dam
20163
uitaine, ait assisté à ce bouleversement de toute
l’
aristocratie de la région, à cet exode général des nobles dames, y com
20164
sisté à ce bouleversement de toute l’aristocratie
de
la région, à cet exode général des nobles dames, y compris sa premièr
20165
té à ce bouleversement de toute l’aristocratie de
la
région, à cet exode général des nobles dames, y compris sa première e
20166
es, ainsi que sa propre fille, sans s’en émouvoir
de
la moindre façon ?… Il nous paraît très probable que Guillaume fut vi
20167
ainsi que sa propre fille, sans s’en émouvoir de
la
moindre façon ?… Il nous paraît très probable que Guillaume fut vivem
20168
bable que Guillaume fut vivement impressionné par
le
mouvement de Fontevrault et par les succès éclatants qu’il remportait
20169
llaume fut vivement impressionné par le mouvement
de
Fontevrault et par les succès éclatants qu’il remportait dans son voi
20170
pressionné par le mouvement de Fontevrault et par
les
succès éclatants qu’il remportait dans son voisinage immédiat (p. 207
20171
n voisinage immédiat (p. 207). Première réaction
de
Guillaume au défi que lui portent ces « succès éclatants » : le sarca
20172
u défi que lui portent ces « succès éclatants » :
le
sarcasme et l’énorme plaisanterie. Pour parodier l’abbaye des filles
20173
portent ces « succès éclatants » : le sarcasme et
l’
énorme plaisanterie. Pour parodier l’abbaye des filles perdues mais «
20174
sarcasme et l’énorme plaisanterie. Pour parodier
l’
abbaye des filles perdues mais « relevées » par d’Arbrissel, il fonde
20175
l’abbaye des filles perdues mais « relevées » par
d’
Arbrissel, il fonde à Niort une colonie de petites maisons, habitacula
20176
s » par d’Arbrissel, il fonde à Niort une colonie
de
petites maisons, habitacula quaedam quasi monasteriola, imitant les «
20177
s, habitacula quaedam quasi monasteriola, imitant
les
« cabanes » des débuts de Fontevrault, et il y loge des courtisanes a
20178
monasteriola, imitant les « cabanes » des débuts
de
Fontevrault, et il y loge des courtisanes aussi peu « relevées » que
20179
evées » que possible, instituant pour « abbesse »
la
plus experte. Seconde réaction, selon Bezzola : une sourde crise mora
20180
ion, selon Bezzola : une sourde crise morale, qui
l’
amène à remettre en question « ce que l’homme désire le plus », comme
20181
rale, qui l’amène à remettre en question « ce que
l’
homme désire le plus », comme il le dit dans l’une de ses chansons. «
20182
ne à remettre en question « ce que l’homme désire
le
plus », comme il le dit dans l’une de ses chansons. « Ne serait-ce pa
20183
stion « ce que l’homme désire le plus », comme il
le
dit dans l’une de ses chansons. « Ne serait-ce pas dans cet état de m
20184
omme désire le plus », comme il le dit dans l’une
de
ses chansons. « Ne serait-ce pas dans cet état de malaise intérieur q
20185
de ses chansons. « Ne serait-ce pas dans cet état
de
malaise intérieur que naquit en lui le désir d’opposer au mysticisme
20186
s cet état de malaise intérieur que naquit en lui
le
désir d’opposer au mysticisme ascétique de l’époque un mysticisme mon
20187
t de malaise intérieur que naquit en lui le désir
d’
opposer au mysticisme ascétique de l’époque un mysticisme mondain, une
20188
en lui le désir d’opposer au mysticisme ascétique
de
l’époque un mysticisme mondain, une élévation spirituelle de l’amour
20189
lui le désir d’opposer au mysticisme ascétique de
l’
époque un mysticisme mondain, une élévation spirituelle de l’amour du
20190
un mysticisme mondain, une élévation spirituelle
de
l’amour du chevalier, rivalisant avec l’attraction qu’exerçait sur le
20191
mysticisme mondain, une élévation spirituelle de
l’
amour du chevalier, rivalisant avec l’attraction qu’exerçait sur les â
20192
rituelle de l’amour du chevalier, rivalisant avec
l’
attraction qu’exerçait sur les âmes l’amour mystique et la soumission
20193
ier, rivalisant avec l’attraction qu’exerçait sur
les
âmes l’amour mystique et la soumission à la domina que propageait Fon
20194
lisant avec l’attraction qu’exerçait sur les âmes
l’
amour mystique et la soumission à la domina que propageait Fontevrault
20195
tion qu’exerçait sur les âmes l’amour mystique et
la
soumission à la domina que propageait Fontevrault ? » Tout d’un coup,
20196
sur les âmes l’amour mystique et la soumission à
la
domina que propageait Fontevrault ? » Tout d’un coup, c’est l’efflore
20197
n à la domina que propageait Fontevrault ? » Tout
d’
un coup, c’est l’efflorescence lyrique, dans les formes du conductus e
20198
propageait Fontevrault ? » Tout d’un coup, c’est
l’
efflorescence lyrique, dans les formes du conductus ecclésiastique, pu
20199
ut d’un coup, c’est l’efflorescence lyrique, dans
les
formes du conductus ecclésiastique, puis du zadjal arabe, et les gran
20200
onductus ecclésiastique, puis du zadjal arabe, et
les
grands thèmes de l’amour courtois : la soumission du chevalier par al
20201
tique, puis du zadjal arabe, et les grands thèmes
de
l’amour courtois : la soumission du chevalier par allégeance d’amour
20202
ue, puis du zadjal arabe, et les grands thèmes de
l’
amour courtois : la soumission du chevalier par allégeance d’amour pur
20203
arabe, et les grands thèmes de l’amour courtois :
la
soumission du chevalier par allégeance d’amour pur à la dame, l’assai
20204
rtois : la soumission du chevalier par allégeance
d’
amour pur à la dame, l’assai imposé par la dame comme épreuve de l’amo
20205
mission du chevalier par allégeance d’amour pur à
la
dame, l’assai imposé par la dame comme épreuve de l’amour vrai, tout
20206
u chevalier par allégeance d’amour pur à la dame,
l’
assai imposé par la dame comme épreuve de l’amour vrai, tout cela « po
20207
égeance d’amour pur à la dame, l’assai imposé par
la
dame comme épreuve de l’amour vrai, tout cela « pour le bien de nos â
20208
la dame, l’assai imposé par la dame comme épreuve
de
l’amour vrai, tout cela « pour le bien de nos âmes », disait Robert ;
20209
dame, l’assai imposé par la dame comme épreuve de
l’
amour vrai, tout cela « pour le bien de nos âmes », disait Robert ; «
20210
e comme épreuve de l’amour vrai, tout cela « pour
le
bien de nos âmes », disait Robert ; « pour rafraîchir ma chair et ren
20211
épreuve de l’amour vrai, tout cela « pour le bien
de
nos âmes », disait Robert ; « pour rafraîchir ma chair et renouveler
20212
corps », traduit Guillaume ; pour notre salut par
l’
amour, diront les troubadours classiques… Je me rends, je me livre à
20213
Guillaume ; pour notre salut par l’amour, diront
les
troubadours classiques… Je me rends, je me livre à Elle ! Grâce pur
20214
ivre à Elle ! Grâce pure, indicible nostalgie. À
la
naissance du lyrisme occidental, il y a cette conversion non de l’esp
20215
u lyrisme occidental, il y a cette conversion non
de
l’esprit, ni même de la conscience peut-être, mais de l’âme soudain q
20216
yrisme occidental, il y a cette conversion non de
l’
esprit, ni même de la conscience peut-être, mais de l’âme soudain qui
20217
il y a cette conversion non de l’esprit, ni même
de
la conscience peut-être, mais de l’âme soudain qui s’éveille « à la d
20218
y a cette conversion non de l’esprit, ni même de
la
conscience peut-être, mais de l’âme soudain qui s’éveille « à la douc
20219
’esprit, ni même de la conscience peut-être, mais
de
l’âme soudain qui s’éveille « à la douceur du temps nouveau ». ⁂ C’es
20220
prit, ni même de la conscience peut-être, mais de
l’
âme soudain qui s’éveille « à la douceur du temps nouveau ». ⁂ C’est p
20221
eut-être, mais de l’âme soudain qui s’éveille « à
la
douceur du temps nouveau ». ⁂ C’est par l’étude des formes prosodique
20222
le « à la douceur du temps nouveau ». ⁂ C’est par
l’
étude des formes prosodiques que Theophil Spoerri, sur les traces de B
20223
des formes prosodiques que Theophil Spoerri, sur
les
traces de Bezzola, aborde le même problème, et il nous livre le princ
20224
prosodiques que Theophil Spoerri, sur les traces
de
Bezzola, aborde le même problème, et il nous livre le principe de sa
20225
eophil Spoerri, sur les traces de Bezzola, aborde
le
même problème, et il nous livre le principe de sa méthode dans une fo
20226
ezzola, aborde le même problème, et il nous livre
le
principe de sa méthode dans une formule où je retrouve la lettre de n
20227
de le même problème, et il nous livre le principe
de
sa méthode dans une formule où je retrouve la lettre de notre maître
20228
ipe de sa méthode dans une formule où je retrouve
la
lettre de notre maître commun, Rudolf Kassner : « Bewusstwerdung ist
20229
méthode dans une formule où je retrouve la lettre
de
notre maître commun, Rudolf Kassner : « Bewusstwerdung ist identisch
20230
identisch mit Formwerdung ». Ce qui veut dire que
la
prise de conscience d’une réalité psychique est inséparable de sa mis
20231
ng ». Ce qui veut dire que la prise de conscience
d’
une réalité psychique est inséparable de sa mise en forme (plastique o
20232
onscience d’une réalité psychique est inséparable
de
sa mise en forme (plastique ou poétique), ou encore qu’on ne peut uti
20233
: nulle rhétorique n’est innocente pour un poète.
Le
processus formel qui intervient ici consiste en le passage du vers la
20234
e processus formel qui intervient ici consiste en
le
passage du vers latin au vers en langue vulgaire, d’oïl ou d’oc. Et l
20235
passage du vers latin au vers en langue vulgaire,
d’
oïl ou d’oc. Et l’on découvre que ce passage s’est opéré par le moyen
20236
u vers latin au vers en langue vulgaire, d’oïl ou
d’
oc. Et l’on découvre que ce passage s’est opéré par le moyen des forme
20237
tin au vers en langue vulgaire, d’oïl ou d’oc. Et
l’
on découvre que ce passage s’est opéré par le moyen des formes liturgi
20238
. Et l’on découvre que ce passage s’est opéré par
le
moyen des formes liturgiques, de l’hymne ambrosien et de la séquence
20239
s’est opéré par le moyen des formes liturgiques,
de
l’hymne ambrosien et de la séquence convergeant dans les tropes de No
20240
est opéré par le moyen des formes liturgiques, de
l’
hymne ambrosien et de la séquence convergeant dans les tropes de Notke
20241
n des formes liturgiques, de l’hymne ambrosien et
de
la séquence convergeant dans les tropes de Notker, puis dans le condu
20242
es formes liturgiques, de l’hymne ambrosien et de
la
séquence convergeant dans les tropes de Notker, puis dans le conduit
20243
ymne ambrosien et de la séquence convergeant dans
les
tropes de Notker, puis dans le conduit (conductus) bientôt autonomisé
20244
ien et de la séquence convergeant dans les tropes
de
Notker, puis dans le conduit (conductus) bientôt autonomisé sous form
20245
convergeant dans les tropes de Notker, puis dans
le
conduit (conductus) bientôt autonomisé sous forme de vers (versus) ou
20246
bientôt autonomisé sous forme de vers (versus) ou
de
chanson (canso) : cette évolution séculaire vient culminer entre 1100
20247
séculaire vient culminer entre 1100 et 1150 dans
le
prestigieux répertoire d’un des hauts lieux de la musique médiévale,
20248
entre 1100 et 1150 dans le prestigieux répertoire
d’
un des hauts lieux de la musique médiévale, l’abbaye Saint-Martial de
20249
ns le prestigieux répertoire d’un des hauts lieux
de
la musique médiévale, l’abbaye Saint-Martial de Limoges. Or il se tro
20250
le prestigieux répertoire d’un des hauts lieux de
la
musique médiévale, l’abbaye Saint-Martial de Limoges. Or il se trouve
20251
ire d’un des hauts lieux de la musique médiévale,
l’
abbaye Saint-Martial de Limoges. Or il se trouve que « l’abbé laïque »
20252
e Saint-Martial de Limoges. Or il se trouve que «
l’
abbé laïque » de Saint-Martial n’est autre que Guillaume, septième com
20253
de Limoges. Or il se trouve que « l’abbé laïque »
de
Saint-Martial n’est autre que Guillaume, septième comte du Poitou, ne
20254
, neuvième duc d’Aquitaine, et premier troubadour
d’
Europe. Guillaume commence par imiter, dans une intention parodique —
20255
par imiter, dans une intention parodique — contre
l’
ambiance de religiosité toujours plus exaltée qu’entretient Fontevraul
20256
dans une intention parodique — contre l’ambiance
de
religiosité toujours plus exaltée qu’entretient Fontevrault — les for
20257
toujours plus exaltée qu’entretient Fontevrault —
les
formes de l’hymne ambrosien, de la séquence et du conduit. Il met en
20258
us exaltée qu’entretient Fontevrault — les formes
de
l’hymne ambrosien, de la séquence et du conduit. Il met en forme d’hy
20259
exaltée qu’entretient Fontevrault — les formes de
l’
hymne ambrosien, de la séquence et du conduit. Il met en forme d’hymne
20260
nt Fontevrault — les formes de l’hymne ambrosien,
de
la séquence et du conduit. Il met en forme d’hymne liturgique ses déc
20261
Fontevrault — les formes de l’hymne ambrosien, de
la
séquence et du conduit. Il met en forme d’hymne liturgique ses déclar
20262
en, de la séquence et du conduit. Il met en forme
d’
hymne liturgique ses déclarations d’amour profane241. Mais voici que p
20263
met en forme d’hymne liturgique ses déclarations
d’
amour profane241. Mais voici que peu à peu, par la magie précise des r
20264
d’amour profane241. Mais voici que peu à peu, par
la
magie précise des rythmes de la mélodie et du verbe, ces formes se me
20265
i que peu à peu, par la magie précise des rythmes
de
la mélodie et du verbe, ces formes se mettent à gagner sur la matière
20266
ue peu à peu, par la magie précise des rythmes de
la
mélodie et du verbe, ces formes se mettent à gagner sur la matière du
20267
e et du verbe, ces formes se mettent à gagner sur
la
matière du poème. Elles agissent sur le poète à son insu et le transf
20268
agner sur la matière du poème. Elles agissent sur
le
poète à son insu et le transforment. Guillaume découvre que l’amour,
20269
poème. Elles agissent sur le poète à son insu et
le
transforment. Guillaume découvre que l’amour, c’est beaucoup plus que
20270
n insu et le transforment. Guillaume découvre que
l’
amour, c’est beaucoup plus que faire faire l’amour. Tant qu’à la fin,
20271
que l’amour, c’est beaucoup plus que faire faire
l’
amour. Tant qu’à la fin, il fera passer le mouvement même de l’esprit
20272
beaucoup plus que faire faire l’amour. Tant qu’à
la
fin, il fera passer le mouvement même de l’esprit dans la louange de
20273
e faire l’amour. Tant qu’à la fin, il fera passer
le
mouvement même de l’esprit dans la louange de la chair, la ferveur de
20274
ant qu’à la fin, il fera passer le mouvement même
de
l’esprit dans la louange de la chair, la ferveur de l’élan vers l’au-
20275
qu’à la fin, il fera passer le mouvement même de
l’
esprit dans la louange de la chair, la ferveur de l’élan vers l’au-del
20276
il fera passer le mouvement même de l’esprit dans
la
louange de la chair, la ferveur de l’élan vers l’au-delà (exprimé par
20277
ser le mouvement même de l’esprit dans la louange
de
la chair, la ferveur de l’élan vers l’au-delà (exprimé par les formes
20278
le mouvement même de l’esprit dans la louange de
la
chair, la ferveur de l’élan vers l’au-delà (exprimé par les formes li
20279
ent même de l’esprit dans la louange de la chair,
la
ferveur de l’élan vers l’au-delà (exprimé par les formes liturgiques)
20280
l’esprit dans la louange de la chair, la ferveur
de
l’élan vers l’au-delà (exprimé par les formes liturgiques) dans la «
20281
esprit dans la louange de la chair, la ferveur de
l’
élan vers l’au-delà (exprimé par les formes liturgiques) dans la « dou
20282
la louange de la chair, la ferveur de l’élan vers
l’
au-delà (exprimé par les formes liturgiques) dans la « douceur » de l’
20283
la ferveur de l’élan vers l’au-delà (exprimé par
les
formes liturgiques) dans la « douceur » de l’élan amoureux vers l’ici
20284
au-delà (exprimé par les formes liturgiques) dans
la
« douceur » de l’élan amoureux vers l’ici-bas. Origine de la poésie o
20285
é par les formes liturgiques) dans la « douceur »
de
l’élan amoureux vers l’ici-bas. Origine de la poésie occidentale ! Et
20286
ar les formes liturgiques) dans la « douceur » de
l’
élan amoureux vers l’ici-bas. Origine de la poésie occidentale ! Et Sp
20287
ques) dans la « douceur » de l’élan amoureux vers
l’
ici-bas. Origine de la poésie occidentale ! Et Spoerri nous fait suivr
20288
ceur » de l’élan amoureux vers l’ici-bas. Origine
de
la poésie occidentale ! Et Spoerri nous fait suivre dans le détail de
20289
r » de l’élan amoureux vers l’ici-bas. Origine de
la
poésie occidentale ! Et Spoerri nous fait suivre dans le détail de la
20290
ie occidentale ! Et Spoerri nous fait suivre dans
le
détail de la métrique des chansons I à IX la dialectique de cette con
20291
tale ! Et Spoerri nous fait suivre dans le détail
de
la métrique des chansons I à IX la dialectique de cette contamination
20292
e ! Et Spoerri nous fait suivre dans le détail de
la
métrique des chansons I à IX la dialectique de cette contamination et
20293
dans le détail de la métrique des chansons I à IX
la
dialectique de cette contamination et les progrès d’une sorte de spir
20294
de la métrique des chansons I à IX la dialectique
de
cette contamination et les progrès d’une sorte de spiritualité séculi
20295
s I à IX la dialectique de cette contamination et
les
progrès d’une sorte de spiritualité séculière, absolument originale :
20296
dialectique de cette contamination et les progrès
d’
une sorte de spiritualité séculière, absolument originale : il s’agit
20297
de cette contamination et les progrès d’une sorte
de
spiritualité séculière, absolument originale : il s’agit d’un profond
20298
alité séculière, absolument originale : il s’agit
d’
un profond mouvement de transfert des élans de l’amour divin exprimés
20299
ment originale : il s’agit d’un profond mouvement
de
transfert des élans de l’amour divin exprimés dans la liturgie, à ceu
20300
git d’un profond mouvement de transfert des élans
de
l’amour divin exprimés dans la liturgie, à ceux de l’amour le plus fr
20301
d’un profond mouvement de transfert des élans de
l’
amour divin exprimés dans la liturgie, à ceux de l’amour le plus franc
20302
ransfert des élans de l’amour divin exprimés dans
la
liturgie, à ceux de l’amour le plus franchement, le plus insolemment
20303
e l’amour divin exprimés dans la liturgie, à ceux
de
l’amour le plus franchement, le plus insolemment humain. Sécularisati
20304
’amour divin exprimés dans la liturgie, à ceux de
l’
amour le plus franchement, le plus insolemment humain. Sécularisation
20305
ivin exprimés dans la liturgie, à ceux de l’amour
le
plus franchement, le plus insolemment humain. Sécularisation de l’ent
20306
liturgie, à ceux de l’amour le plus franchement,
le
plus insolemment humain. Sécularisation de l’enthousiasme (au sens li
20307
ement, le plus insolemment humain. Sécularisation
de
l’enthousiasme (au sens littéral « d’endieusement ») qui découvre la
20308
nt, le plus insolemment humain. Sécularisation de
l’
enthousiasme (au sens littéral « d’endieusement ») qui découvre la plé
20309
ularisation de l’enthousiasme (au sens littéral «
d’
endieusement ») qui découvre la plénitude et le « salut » dans l’amour
20310
au sens littéral « d’endieusement ») qui découvre
la
plénitude et le « salut » dans l’amour de la femme, le printemps et l
20311
« d’endieusement ») qui découvre la plénitude et
le
« salut » dans l’amour de la femme, le printemps et l’ivresse de vivr
20312
») qui découvre la plénitude et le « salut » dans
l’
amour de la femme, le printemps et l’ivresse de vivre le temps neuf, c
20313
écouvre la plénitude et le « salut » dans l’amour
de
la femme, le printemps et l’ivresse de vivre le temps neuf, cet épanc
20314
uvre la plénitude et le « salut » dans l’amour de
la
femme, le printemps et l’ivresse de vivre le temps neuf, cet épanchem
20315
énitude et le « salut » dans l’amour de la femme,
le
printemps et l’ivresse de vivre le temps neuf, cet épanchement de la
20316
salut » dans l’amour de la femme, le printemps et
l’
ivresse de vivre le temps neuf, cet épanchement de la grâce en la Natu
20317
ns l’amour de la femme, le printemps et l’ivresse
de
vivre le temps neuf, cet épanchement de la grâce en la Nature. Et voi
20318
r de la femme, le printemps et l’ivresse de vivre
le
temps neuf, cet épanchement de la grâce en la Nature. Et voici le cha
20319
l’ivresse de vivre le temps neuf, cet épanchement
de
la grâce en la Nature. Et voici le chant fort et tremblant : Ab la d
20320
vresse de vivre le temps neuf, cet épanchement de
la
grâce en la Nature. Et voici le chant fort et tremblant : Ab la dolc
20321
vre le temps neuf, cet épanchement de la grâce en
la
Nature. Et voici le chant fort et tremblant : Ab la dolchor del temp
20322
et épanchement de la grâce en la Nature. Et voici
le
chant fort et tremblant : Ab la dolchor del temps novel… Par la dou
20323
Nature. Et voici le chant fort et tremblant : Ab
la
dolchor del temps novel… Par la douceur du temps nouveau Les bois ve
20324
tremblant : Ab la dolchor del temps novel… Par
la
douceur du temps nouveau Les bois verdissent, les oiseaux Chantent ch
20325
del temps novel… Par la douceur du temps nouveau
Les
bois verdissent, les oiseaux Chantent chacun en son langage Les verse
20326
la douceur du temps nouveau Les bois verdissent,
les
oiseaux Chantent chacun en son langage Les versets de leur chanson ne
20327
ssent, les oiseaux Chantent chacun en son langage
Les
versets de leur chanson neuve : Il faut bien qu’on se mette en quête
20328
iseaux Chantent chacun en son langage Les versets
de
leur chanson neuve : Il faut bien qu’on se mette en quête De ce qu’ho
20329
nson neuve : Il faut bien qu’on se mette en quête
De
ce qu’homme désire le plus ! Et plus loin, dans la même chanson, le
20330
ien qu’on se mette en quête De ce qu’homme désire
le
plus ! Et plus loin, dans la même chanson, les vers célèbres : La
20331
ce qu’homme désire le plus ! Et plus loin, dans
la
même chanson, les vers célèbres : La nostr’ amor vai enaissi Com la
20332
e le plus ! Et plus loin, dans la même chanson,
les
vers célèbres : La nostr’ amor vai enaissi Com la branca de l’albesp
20333
loin, dans la même chanson, les vers célèbres :
La
nostr’ amor vai enaissi Com la branca de l’albespi… Ainsi va-t-il de
20334
s vers célèbres : La nostr’ amor vai enaissi Com
la
branca de l’albespi… Ainsi va-t-il de notre amour Comme de la branch
20335
èbres : La nostr’ amor vai enaissi Com la branca
de
l’albespi… Ainsi va-t-il de notre amour Comme de la branche d’aubépi
20336
es : La nostr’ amor vai enaissi Com la branca de
l’
albespi… Ainsi va-t-il de notre amour Comme de la branche d’aubépine
20337
naissi Com la branca de l’albespi… Ainsi va-t-il
de
notre amour Comme de la branche d’aubépine Tant que dure la nuit sur
20338
de l’albespi… Ainsi va-t-il de notre amour Comme
de
la branche d’aubépine Tant que dure la nuit sur l’arbre, Elle tremble
20339
l’albespi… Ainsi va-t-il de notre amour Comme de
la
branche d’aubépine Tant que dure la nuit sur l’arbre, Elle tremble à
20340
Ainsi va-t-il de notre amour Comme de la branche
d’
aubépine Tant que dure la nuit sur l’arbre, Elle tremble à la pluie, a
20341
mour Comme de la branche d’aubépine Tant que dure
la
nuit sur l’arbre, Elle tremble à la pluie, au gel. Mais l’endemain le
20342
e la branche d’aubépine Tant que dure la nuit sur
l’
arbre, Elle tremble à la pluie, au gel. Mais l’endemain le soleil luit
20343
Tant que dure la nuit sur l’arbre, Elle tremble à
la
pluie, au gel. Mais l’endemain le soleil luit Sur la feuille et le ra
20344
ur l’arbre, Elle tremble à la pluie, au gel. Mais
l’
endemain le soleil luit Sur la feuille et le rameau vert. « Dans les
20345
Elle tremble à la pluie, au gel. Mais l’endemain
le
soleil luit Sur la feuille et le rameau vert. « Dans les chansons de
20346
pluie, au gel. Mais l’endemain le soleil luit Sur
la
feuille et le rameau vert. « Dans les chansons de Guillaume IX, conc
20347
Mais l’endemain le soleil luit Sur la feuille et
le
rameau vert. « Dans les chansons de Guillaume IX, conclut Theophil S
20348
il luit Sur la feuille et le rameau vert. « Dans
les
chansons de Guillaume IX, conclut Theophil Spoerri, apparaît et prend
20349
a feuille et le rameau vert. « Dans les chansons
de
Guillaume IX, conclut Theophil Spoerri, apparaît et prend forme ce qu
20350
t et prend forme ce qui va désormais caractériser
l’
esprit européen : toute l’ardeur naguère dirigée vers l’Autre monde se
20351
désormais caractériser l’esprit européen : toute
l’
ardeur naguère dirigée vers l’Autre monde se porte maintenant sur ce m
20352
tenant sur ce monde et cherche sa transformation.
L’
œuvre qui en résulte est finie, mais par sa forme elle rend sensible l
20353
e est finie, mais par sa forme elle rend sensible
la
tension infinie de la puissance qui transforme, que nul renoncement,
20354
ar sa forme elle rend sensible la tension infinie
de
la puissance qui transforme, que nul renoncement, nul désastre, ni mê
20355
sa forme elle rend sensible la tension infinie de
la
puissance qui transforme, que nul renoncement, nul désastre, ni même
20356
forme, que nul renoncement, nul désastre, ni même
la
mort n’arrêteront plus, et qui au travers de toutes les formes, si im
20357
rt n’arrêteront plus, et qui au travers de toutes
les
formes, si imparfaites soient-elles, révèle l’attrait de la perfectio
20358
s les formes, si imparfaites soient-elles, révèle
l’
attrait de la perfection. » Aux belles analyses de Spoerri, je voudrai
20359
es, si imparfaites soient-elles, révèle l’attrait
de
la perfection. » Aux belles analyses de Spoerri, je voudrais ajouter
20360
si imparfaites soient-elles, révèle l’attrait de
la
perfection. » Aux belles analyses de Spoerri, je voudrais ajouter cec
20361
l’attrait de la perfection. » Aux belles analyses
de
Spoerri, je voudrais ajouter ceci : s’il est vrai que ce qu’il nomme
20362
ci : s’il est vrai que ce qu’il nomme très bien «
la
magie opératoire des formes liturgiques » aide à comprendre la naissa
20363
atoire des formes liturgiques » aide à comprendre
la
naissance du lyrisme courtois dans l’œuvre de Guillaume, il est un se
20364
comprendre la naissance du lyrisme courtois dans
l’
œuvre de Guillaume, il est un second facteur formel dont l’action n’a
20365
dre la naissance du lyrisme courtois dans l’œuvre
de
Guillaume, il est un second facteur formel dont l’action n’a guère ét
20366
e Guillaume, il est un second facteur formel dont
l’
action n’a guère été moindre sur la conscience du poète, je veux parle
20367
ur formel dont l’action n’a guère été moindre sur
la
conscience du poète, je veux parler de la rhétorique arabe et de l’ér
20368
oindre sur la conscience du poète, je veux parler
de
la rhétorique arabe et de l’érotique si raffinée qu’elle transportait
20369
dre sur la conscience du poète, je veux parler de
la
rhétorique arabe et de l’érotique si raffinée qu’elle transportait —
20370
u poète, je veux parler de la rhétorique arabe et
de
l’érotique si raffinée qu’elle transportait — l’une des sources attes
20371
oète, je veux parler de la rhétorique arabe et de
l’
érotique si raffinée qu’elle transportait — l’une des sources attestée
20372
u’elle transportait — l’une des sources attestées
de
la courtoisie. Guillaume a certainement connu les procédés de composi
20373
lle transportait — l’une des sources attestées de
la
courtoisie. Guillaume a certainement connu les procédés de compositio
20374
de la courtoisie. Guillaume a certainement connu
les
procédés de composition lyrique des poètes rencontrés au Proche-Orien
20375
isie. Guillaume a certainement connu les procédés
de
composition lyrique des poètes rencontrés au Proche-Orient pendant se
20376
ètes rencontrés au Proche-Orient pendant ses mois
de
captivité, puis en Espagne, aux cours d’Aragon ou de Castille, chez s
20377
ses mois de captivité, puis en Espagne, aux cours
d’
Aragon ou de Castille, chez ses beaux-frères — que fréquentaient des l
20378
captivité, puis en Espagne, aux cours d’Aragon ou
de
Castille, chez ses beaux-frères — que fréquentaient des lettrés andal
20379
fréquentaient des lettrés andalous et des troupes
de
jongleurs toujours mixtes : chanteurs mauresques et chrétiens mêlés.
20380
tiens mêlés. Il y a mieux : à Saint-Martial même,
la
musique, la poésie et l’érotique des Arabes étaient fort loin d’être
20381
Il y a mieux : à Saint-Martial même, la musique,
la
poésie et l’érotique des Arabes étaient fort loin d’être inconnues. O
20382
: à Saint-Martial même, la musique, la poésie et
l’
érotique des Arabes étaient fort loin d’être inconnues. On sait qu’en
20383
poésie et l’érotique des Arabes étaient fort loin
d’
être inconnues. On sait qu’en 1019, par exemple, vingt esclaves musulm
20384
qu’en 1019, par exemple, vingt esclaves musulmans
d’
Espagne sont reçus par l’abbé, qui en retient deux à son service, et c
20385
vingt esclaves musulmans d’Espagne sont reçus par
l’
abbé, qui en retient deux à son service, et confie les autres à de gra
20386
bbé, qui en retient deux à son service, et confie
les
autres à de grands seigneurs du pays auxquels ils servent d’interprèt
20387
etient deux à son service, et confie les autres à
de
grands seigneurs du pays auxquels ils servent d’interprètes242. (Ces
20388
de grands seigneurs du pays auxquels ils servent
d’
interprètes242. (Ces esclaves sont souvent très versés dans les lettre
20389
s242. (Ces esclaves sont souvent très versés dans
les
lettres, la poésie et la musique.) Voilà qui rend beaucoup moins myst
20390
claves sont souvent très versés dans les lettres,
la
poésie et la musique.) Voilà qui rend beaucoup moins mystérieuse l’in
20391
ouvent très versés dans les lettres, la poésie et
la
musique.) Voilà qui rend beaucoup moins mystérieuse l’influence du za
20392
sique.) Voilà qui rend beaucoup moins mystérieuse
l’
influence du zadjal si souvent relevée sur cinq des onze chansons de G
20393
jal si souvent relevée sur cinq des onze chansons
de
Guillaume. Mais encore : dans la lutte à jamais créatrice de toute my
20394
es onze chansons de Guillaume. Mais encore : dans
la
lutte à jamais créatrice de toute mystique de la littérature jusqu’à
20395
e. Mais encore : dans la lutte à jamais créatrice
de
toute mystique de la littérature jusqu’à nous, lutte qui opposa le mo
20396
ans la lutte à jamais créatrice de toute mystique
de
la littérature jusqu’à nous, lutte qui opposa le moine au comte-duc,
20397
la lutte à jamais créatrice de toute mystique de
la
littérature jusqu’à nous, lutte qui opposa le moine au comte-duc, c’e
20398
de la littérature jusqu’à nous, lutte qui opposa
le
moine au comte-duc, c’est-à-dire Raspoutine à Don Juan, on ne voit, m
20399
lique, Guillaume est grand seigneur… Pour peu que
l’
on renonce aux clichés, il est facile de constater que l’orthodoxe en
20400
r peu que l’on renonce aux clichés, il est facile
de
constater que l’orthodoxe en cette affaire, du point de vue de l’Égli
20401
nonce aux clichés, il est facile de constater que
l’
orthodoxe en cette affaire, du point de vue de l’Église d’alors, c’est
20402
que l’orthodoxe en cette affaire, du point de vue
de
l’Église d’alors, c’est Guillaume IX, pourtant deux fois excommunié ;
20403
l’orthodoxe en cette affaire, du point de vue de
l’
Église d’alors, c’est Guillaume IX, pourtant deux fois excommunié ; ta
20404
oxe en cette affaire, du point de vue de l’Église
d’
alors, c’est Guillaume IX, pourtant deux fois excommunié ; tandis que
20405
me IX, pourtant deux fois excommunié ; tandis que
le
gnostique, déjà cathare dans ses sermons et sa conduite, c’est Robert
20406
sa conduite, c’est Robert d’Arbrissel, honoré par
le
pape et fondateur d’une vingtaine de couvents. Au surplus, l’hérésie
20407
bert d’Arbrissel, honoré par le pape et fondateur
d’
une vingtaine de couvents. Au surplus, l’hérésie cathare n’est pas abs
20408
, honoré par le pape et fondateur d’une vingtaine
de
couvents. Au surplus, l’hérésie cathare n’est pas absente du Poitou d
20409
ondateur d’une vingtaine de couvents. Au surplus,
l’
hérésie cathare n’est pas absente du Poitou dès les débuts de son expa
20410
l’hérésie cathare n’est pas absente du Poitou dès
les
débuts de son expansion européenne. Elle y parvient à peu près dans l
20411
athare n’est pas absente du Poitou dès les débuts
de
son expansion européenne. Elle y parvient à peu près dans le même tem
20412
nsion européenne. Elle y parvient à peu près dans
le
même temps qu’à Orléans, Arras, Liège, Cologne, Reims, Toulouse : pre
20413
siècle. En 1028, Guillaume V, inquiet du progrès
de
l’hérésie dans ses domaines, réunit un concile à Charroux pour étudie
20414
ècle. En 1028, Guillaume V, inquiet du progrès de
l’
hérésie dans ses domaines, réunit un concile à Charroux pour étudier l
20415
maines, réunit un concile à Charroux pour étudier
les
moyens de combattre les « manichéens ». En 1114, Robert d’Arbrissel p
20416
nit un concile à Charroux pour étudier les moyens
de
combattre les « manichéens ». En 1114, Robert d’Arbrissel prêche cont
20417
e à Charroux pour étudier les moyens de combattre
les
« manichéens ». En 1114, Robert d’Arbrissel prêche contre les hérétiq
20418
éens ». En 1114, Robert d’Arbrissel prêche contre
les
hérétiques à Agen. En 1134, l’hérétique Henri de Lausanne, chassé du
20419
sel prêche contre les hérétiques à Agen. En 1134,
l’
hérétique Henri de Lausanne, chassé du Mans, se réfugie à Poitiers ava
20420
sé du Mans, se réfugie à Poitiers avant de gagner
la
Provence. Ces dates encadrent celles de la vie de Guillaume IX et de
20421
de gagner la Provence. Ces dates encadrent celles
de
la vie de Guillaume IX et de toute la première génération des troubad
20422
gagner la Provence. Ces dates encadrent celles de
la
vie de Guillaume IX et de toute la première génération des troubadour
20423
la Provence. Ces dates encadrent celles de la vie
de
Guillaume IX et de toute la première génération des troubadours, qui
20424
tes encadrent celles de la vie de Guillaume IX et
de
toute la première génération des troubadours, qui est poitevine, limo
20425
limousine, gasconne et charentaise par Cercamon,
les
Ventadour, Marcabru et Rudel. Or nous savons que Marcabru, protégé pa
20426
t Rudel. Or nous savons que Marcabru, protégé par
le
fils de Guillaume IX, fut l’élève des moines de Saint-Martial, et Déo
20427
Or nous savons que Marcabru, protégé par le fils
de
Guillaume IX, fut l’élève des moines de Saint-Martial, et Déodat Roch
20428
arcabru, protégé par le fils de Guillaume IX, fut
l’
élève des moines de Saint-Martial, et Déodat Roché estime qu’il serait
20429
r le fils de Guillaume IX, fut l’élève des moines
de
Saint-Martial, et Déodat Roché estime qu’il serait « opportun de rech
20430
l, et Déodat Roché estime qu’il serait « opportun
de
rechercher les rapports de ces moines bénédictins ou cisterciens avec
20431
oché estime qu’il serait « opportun de rechercher
les
rapports de ces moines bénédictins ou cisterciens avec les cathares,
20432
u’il serait « opportun de rechercher les rapports
de
ces moines bénédictins ou cisterciens avec les cathares, puisque auss
20433
rts de ces moines bénédictins ou cisterciens avec
les
cathares, puisque aussi bien c’est de cette abbaye qu’on ferait sorti
20434
ciens avec les cathares, puisque aussi bien c’est
de
cette abbaye qu’on ferait sortir le Poème sur Boèce dont nous avons m
20435
si bien c’est de cette abbaye qu’on ferait sortir
le
Poème sur Boèce dont nous avons montré la nette inspiration cathare »
20436
sortir le Poème sur Boèce dont nous avons montré
la
nette inspiration cathare »243. Je cite ces « faits » pour essayer, u
20437
ite ces « faits » pour essayer, une fois de plus,
de
faire sentir combien les prises de position devant l’hérésie — hostil
20438
ssayer, une fois de plus, de faire sentir combien
les
prises de position devant l’hérésie — hostiles, complices, ou positiv
20439
fois de plus, de faire sentir combien les prises
de
position devant l’hérésie — hostiles, complices, ou positives — compt
20440
aire sentir combien les prises de position devant
l’
hérésie — hostiles, complices, ou positives — comptent moins, au total
20441
, en vérité psychique, en dynamique créative, que
la
mise en tension avec le phénomène, ou le simple fait d’être pris dans
20442
n dynamique créative, que la mise en tension avec
le
phénomène, ou le simple fait d’être pris dans son champ. Notons aussi
20443
ive, que la mise en tension avec le phénomène, ou
le
simple fait d’être pris dans son champ. Notons aussi que les grandes
20444
e en tension avec le phénomène, ou le simple fait
d’
être pris dans son champ. Notons aussi que les grandes dames de l’Aqui
20445
fait d’être pris dans son champ. Notons aussi que
les
grandes dames de l’Aquitaine se rallient totalement à Robert, allant
20446
ans son champ. Notons aussi que les grandes dames
de
l’Aquitaine se rallient totalement à Robert, allant plus loin dans l’
20447
son champ. Notons aussi que les grandes dames de
l’
Aquitaine se rallient totalement à Robert, allant plus loin dans l’eng
20448
llient totalement à Robert, allant plus loin dans
l’
engagement religieux que n’iront les « croyantes » du catharisme toulo
20449
plus loin dans l’engagement religieux que n’iront
les
« croyantes » du catharisme toulousain vers la fin de ce xiie siècle
20450
t les « croyantes » du catharisme toulousain vers
la
fin de ce xiie siècle. C’est aussi que Guillaume n’est pas encore «
20451
croyantes » du catharisme toulousain vers la fin
de
ce xiie siècle. C’est aussi que Guillaume n’est pas encore « convert
20452
ssi que Guillaume n’est pas encore « converti » à
la
courtoisie, et qu’elles ont des raisons de le fuir. Plus tard, un Pei
20453
ti » à la courtoisie, et qu’elles ont des raisons
de
le fuir. Plus tard, un Peire Vidal sera du même côté que les « croyan
20454
» à la courtoisie, et qu’elles ont des raisons de
le
fuir. Plus tard, un Peire Vidal sera du même côté que les « croyantes
20455
. Plus tard, un Peire Vidal sera du même côté que
les
« croyantes », tout en restant peut-être extérieur à la secte, tandis
20456
royantes », tout en restant peut-être extérieur à
la
secte, tandis qu’un Peire Cardenal condamnera les facilités de l’amou
20457
la secte, tandis qu’un Peire Cardenal condamnera
les
facilités de l’amour courtois et ridiculisera ses poètes plaintifs «
20458
dis qu’un Peire Cardenal condamnera les facilités
de
l’amour courtois et ridiculisera ses poètes plaintifs « qui chantent
20459
qu’un Peire Cardenal condamnera les facilités de
l’
amour courtois et ridiculisera ses poètes plaintifs « qui chantent com
20460
ntent comme s’ils avaient mal aux dents ». Autant
de
poètes, autant de situations différentes et de jugements contradictoi
20461
avaient mal aux dents ». Autant de poètes, autant
de
situations différentes et de jugements contradictoires sur l’Église,
20462
nt de poètes, autant de situations différentes et
de
jugements contradictoires sur l’Église, l’hérésie, la courtoisie, leu
20463
s différentes et de jugements contradictoires sur
l’
Église, l’hérésie, la courtoisie, leurs luttes ouvertes et leurs liais
20464
tes et de jugements contradictoires sur l’Église,
l’
hérésie, la courtoisie, leurs luttes ouvertes et leurs liaisons secrèt
20465
ugements contradictoires sur l’Église, l’hérésie,
la
courtoisie, leurs luttes ouvertes et leurs liaisons secrètes. Les uns
20466
leurs luttes ouvertes et leurs liaisons secrètes.
Les
uns sont en relation de rivalité et les autres en consonance. Ce qui
20467
leurs liaisons secrètes. Les uns sont en relation
de
rivalité et les autres en consonance. Ce qui importe, c’est que ces o
20468
secrètes. Les uns sont en relation de rivalité et
les
autres en consonance. Ce qui importe, c’est que ces oppositions se ma
20469
ppositions se manifestent et s’entrecroisent dans
la
même sphère englobante, dans le même jeu de forces psychiques, au sei
20470
ntrecroisent dans la même sphère englobante, dans
le
même jeu de forces psychiques, au sein du même complexe d’aspirations
20471
dans la même sphère englobante, dans le même jeu
de
forces psychiques, au sein du même complexe d’aspirations et d’interd
20472
eu de forces psychiques, au sein du même complexe
d’
aspirations et d’interdits, d’hérésie libératrice des âmes et d’orthod
20473
hiques, au sein du même complexe d’aspirations et
d’
interdits, d’hérésie libératrice des âmes et d’orthodoxie conservatric
20474
in du même complexe d’aspirations et d’interdits,
d’
hérésie libératrice des âmes et d’orthodoxie conservatrice de la cité.
20475
et d’interdits, d’hérésie libératrice des âmes et
d’
orthodoxie conservatrice de la cité. L’histoire de la naissance d’Amou
20476
ibératrice des âmes et d’orthodoxie conservatrice
de
la cité. L’histoire de la naissance d’Amour nous en laisse trois exem
20477
ratrice des âmes et d’orthodoxie conservatrice de
la
cité. L’histoire de la naissance d’Amour nous en laisse trois exemple
20478
es âmes et d’orthodoxie conservatrice de la cité.
L’
histoire de la naissance d’Amour nous en laisse trois exemples mémorab
20479
d’orthodoxie conservatrice de la cité. L’histoire
de
la naissance d’Amour nous en laisse trois exemples mémorables. Dans l
20480
rthodoxie conservatrice de la cité. L’histoire de
la
naissance d’Amour nous en laisse trois exemples mémorables. Dans le d
20481
servatrice de la cité. L’histoire de la naissance
d’
Amour nous en laisse trois exemples mémorables. Dans le duel Robert d’
20482
ur nous en laisse trois exemples mémorables. Dans
le
duel Robert d’Arbrissel-Guillaume IX, nous voyons bien que les jugeme
20483
rt d’Arbrissel-Guillaume IX, nous voyons bien que
les
jugements portés sur l’Amour, sur le sens de la retenue dans l’asag,
20484
IX, nous voyons bien que les jugements portés sur
l’
Amour, sur le sens de la retenue dans l’asag, sur la soumission et l’a
20485
ns bien que les jugements portés sur l’Amour, sur
le
sens de la retenue dans l’asag, sur la soumission et l’allégeance de
20486
que les jugements portés sur l’Amour, sur le sens
de
la retenue dans l’asag, sur la soumission et l’allégeance de l’homme
20487
les jugements portés sur l’Amour, sur le sens de
la
retenue dans l’asag, sur la soumission et l’allégeance de l’homme à l
20488
ortés sur l’Amour, sur le sens de la retenue dans
l’
asag, sur la soumission et l’allégeance de l’homme à la femme, sur la
20489
Amour, sur le sens de la retenue dans l’asag, sur
la
soumission et l’allégeance de l’homme à la femme, sur la notion même
20490
s de la retenue dans l’asag, sur la soumission et
l’
allégeance de l’homme à la femme, sur la notion même de salut, sont so
20491
ue dans l’asag, sur la soumission et l’allégeance
de
l’homme à la femme, sur la notion même de salut, sont souvent opposés
20492
dans l’asag, sur la soumission et l’allégeance de
l’
homme à la femme, sur la notion même de salut, sont souvent opposés, p
20493
g, sur la soumission et l’allégeance de l’homme à
la
femme, sur la notion même de salut, sont souvent opposés, parfois mal
20494
ission et l’allégeance de l’homme à la femme, sur
la
notion même de salut, sont souvent opposés, parfois mal comparables,
20495
égeance de l’homme à la femme, sur la notion même
de
salut, sont souvent opposés, parfois mal comparables, mais consacrent
20496
, mais consacrent et privilégient superlativement
les
mêmes objets, qui font la nouveauté majeure et fascinante de l’époque
20497
égient superlativement les mêmes objets, qui font
la
nouveauté majeure et fascinante de l’époque. Concevons un rapport ana
20498
jets, qui font la nouveauté majeure et fascinante
de
l’époque. Concevons un rapport analogue, mais en tension plus dramati
20499
s, qui font la nouveauté majeure et fascinante de
l’
époque. Concevons un rapport analogue, mais en tension plus dramatique
20500
analogue, mais en tension plus dramatique, entre
le
grand mystique al-Hallaj et le premier des troubadours arabes, Ibn Da
20501
premier des troubadours arabes, Ibn Dawoud, vers
la
fin du IXe siècle. Tous les deux sont les chantres et comme les inven
20502
abes, Ibn Dawoud, vers la fin du IXe siècle. Tous
les
deux sont les chantres et comme les inventeurs de l’Amour voilé et se
20503
ud, vers la fin du IXe siècle. Tous les deux sont
les
chantres et comme les inventeurs de l’Amour voilé et secret, chaste e
20504
siècle. Tous les deux sont les chantres et comme
les
inventeurs de l’Amour voilé et secret, chaste et brûlant, tourment dé
20505
es deux sont les chantres et comme les inventeurs
de
l’Amour voilé et secret, chaste et brûlant, tourment délicieux et mal
20506
deux sont les chantres et comme les inventeurs de
l’
Amour voilé et secret, chaste et brûlant, tourment délicieux et mal do
20507
guérir, passion salutaire et qui s’épanouit dans
la
mort, car « celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre ». M
20508
anouit dans la mort, car « celui qui ne meurt pas
de
son amour ne peut en vivre ». Mais pour al-Hallaj, l’Amour s’adresse
20509
on amour ne peut en vivre ». Mais pour al-Hallaj,
l’
Amour s’adresse à Dieu (comme à un homme), pour Ibn Dawoud, à un jeune
20510
Ibn Dawoud, à un jeune homme (comme à un dieu) et
le
poète au nom de l’orthodoxie fera condamner au supplice le mystique c
20511
une homme (comme à un dieu) et le poète au nom de
l’
orthodoxie fera condamner au supplice le mystique convaincu d’hérésie…
20512
au nom de l’orthodoxie fera condamner au supplice
le
mystique convaincu d’hérésie… Les deux n’en sont pas moins liés par c
20513
fera condamner au supplice le mystique convaincu
d’
hérésie… Les deux n’en sont pas moins liés par cela même, par leur pro
20514
mner au supplice le mystique convaincu d’hérésie…
Les
deux n’en sont pas moins liés par cela même, par leur problématique e
20515
un champ spirituel ou poétique244. Enfin, proches
de
Guillaume dans l’espace et le temps, une troisième paire d’adversaire
20516
ou poétique244. Enfin, proches de Guillaume dans
l’
espace et le temps, une troisième paire d’adversaires jurés, l’un et l
20517
244. Enfin, proches de Guillaume dans l’espace et
le
temps, une troisième paire d’adversaires jurés, l’un et l’autre « ser
20518
me dans l’espace et le temps, une troisième paire
d’
adversaires jurés, l’un et l’autre « servants d’Amour », va faire écla
20519
e d’adversaires jurés, l’un et l’autre « servants
d’
Amour », va faire éclater sa querelle : Pierre Abélard et Bernard de C
20520
uerelle : Pierre Abélard et Bernard de Clairvaux.
Les
chansons d’amour d’Abélard pour Héloïse sont presque exactement conte
20521
rre Abélard et Bernard de Clairvaux. Les chansons
d’
amour d’Abélard pour Héloïse sont presque exactement contemporaines de
20522
ard et Bernard de Clairvaux. Les chansons d’amour
d’
Abélard pour Héloïse sont presque exactement contemporaines des premiè
20523
contemporaines des premières chansons courtoises
de
Guillaume IX (environ 1110) ; elles sont toutes perdues, en dépit de
20524
es perdues, en dépit de leur immense popularité à
l’
époque, mais il nous reste les lettres de ce Tristan châtié et repenti
20525
immense popularité à l’époque, mais il nous reste
les
lettres de ce Tristan châtié et repenti à cette Iseut devenue abbesse
20526
larité à l’époque, mais il nous reste les lettres
de
ce Tristan châtié et repenti à cette Iseut devenue abbesse malgré ell
20527
actes, écrit-elle. Bernard de Clairvaux développe
de
son côté la première mystique chrétienne de l’Amour, sublimant la sen
20528
loppe de son côté la première mystique chrétienne
de
l’Amour, sublimant la sensualité du Cantique des Cantiques en piété m
20529
pe de son côté la première mystique chrétienne de
l’
Amour, sublimant la sensualité du Cantique des Cantiques en piété mari
20530
remière mystique chrétienne de l’Amour, sublimant
la
sensualité du Cantique des Cantiques en piété mariale, et finalement
20531
ques en piété mariale, et finalement absolutisant
l’
amour : amo quia amo, amo ut amem. Sa lutte impitoyable contre la théo
20532
uia amo, amo ut amem. Sa lutte impitoyable contre
la
théologie d’Abélard (mort en 1142) précédera de peu sa mission dans l
20533
ut amem. Sa lutte impitoyable contre la théologie
d’
Abélard (mort en 1142) précédera de peu sa mission dans le Midi contre
20534
e la théologie d’Abélard (mort en 1142) précédera
de
peu sa mission dans le Midi contre le catharisme (1145) cette hérésie
20535
d (mort en 1142) précédera de peu sa mission dans
le
Midi contre le catharisme (1145) cette hérésie qui est descendue du N
20536
) précédera de peu sa mission dans le Midi contre
le
catharisme (1145) cette hérésie qui est descendue du Nord français (A
20537
due du Nord français (Arras, Reims, Orléans), par
le
Poitou, vers le comté de Toulouse, le Carcassès et l’Albigeois, dans
20538
çais (Arras, Reims, Orléans), par le Poitou, vers
le
comté de Toulouse, le Carcassès et l’Albigeois, dans le même temps qu
20539
léans), par le Poitou, vers le comté de Toulouse,
le
Carcassès et l’Albigeois, dans le même temps qu’y descendait la poési
20540
oitou, vers le comté de Toulouse, le Carcassès et
l’
Albigeois, dans le même temps qu’y descendait la poésie courtoise, née
20541
té de Toulouse, le Carcassès et l’Albigeois, dans
le
même temps qu’y descendait la poésie courtoise, née à Poitiers et dan
20542
t l’Albigeois, dans le même temps qu’y descendait
la
poésie courtoise, née à Poitiers et dans le Limousin des Ventadour.
20543
ndait la poésie courtoise, née à Poitiers et dans
le
Limousin des Ventadour. Imprécation finale À la cohorte de mes
20544
imousin des Ventadour. Imprécation finale À
la
cohorte de mes adversaires, je répondrai maintenant d’une manière col
20545
Ventadour. Imprécation finale À la cohorte
de
mes adversaires, je répondrai maintenant d’une manière collective che
20546
horte de mes adversaires, je répondrai maintenant
d’
une manière collective cherchant à dégager certaines formules d’erreur
20547
collective cherchant à dégager certaines formules
d’
erreur qui me paraissent affecter leurs critiques. — Ils croient encor
20548
urs critiques. — Ils croient encore aux relations
de
cause à effet, chères à nos érudits qui se veulent « scientifiques »,
20549
tifiques », mais abandonnées depuis longtemps par
les
physiciens nucléaires. De ces relations, je ne faisais pas grand-chos
20550
s depuis longtemps par les physiciens nucléaires.
De
ces relations, je ne faisais pas grand-chose dans ma première version
20551
s pas grand-chose dans ma première version, et me
les
suis interdites dans la deuxième. Seules me paraissent signifiantes c
20552
ules me paraissent signifiantes certaines grappes
de
relations, structures d’interaction, gerbes de forces, bref, certains
20553
iantes certaines grappes de relations, structures
d’
interaction, gerbes de forces, bref, certains champs, tels que peuvent
20554
es de relations, structures d’interaction, gerbes
de
forces, bref, certains champs, tels que peuvent en définir les tensio
20555
ref, certains champs, tels que peuvent en définir
les
tensions entre Guillaume IX et Robert d’Arbrissel, ou al-Hallaj et Ib
20556
al-Hallaj et Ibn Dawoud, où il s’agit bien moins
de
savoir qui se donne pour champion de quoi, que de saisir l’homologie
20557
t bien moins de savoir qui se donne pour champion
de
quoi, que de saisir l’homologie du phénomène avec celui des relations
20558
de savoir qui se donne pour champion de quoi, que
de
saisir l’homologie du phénomène avec celui des relations entre trouba
20559
qui se donne pour champion de quoi, que de saisir
l’
homologie du phénomène avec celui des relations entre troubadours et c
20560
morales et religieuses. — Ils veulent des preuves
de
type juridique (les preuves scientifiques ou expérimentales étant exc
20561
ses. — Ils veulent des preuves de type juridique (
les
preuves scientifiques ou expérimentales étant exclues par la nature d
20562
scientifiques ou expérimentales étant exclues par
la
nature du phénomène en cause). Vous avez beau rappeler à leur attenti
20563
cause). Vous avez beau rappeler à leur attention
les
coïncidences spatiales et temporelles de l’hérésie et de la courtoisi
20564
tention les coïncidences spatiales et temporelles
de
l’hérésie et de la courtoisie, dans les mêmes consciences et les même
20565
tion les coïncidences spatiales et temporelles de
l’
hérésie et de la courtoisie, dans les mêmes consciences et les mêmes s
20566
cidences spatiales et temporelles de l’hérésie et
de
la courtoisie, dans les mêmes consciences et les mêmes situations con
20567
ences spatiales et temporelles de l’hérésie et de
la
courtoisie, dans les mêmes consciences et les mêmes situations confli
20568
emporelles de l’hérésie et de la courtoisie, dans
les
mêmes consciences et les mêmes situations conflictuelles, ils ne sont
20569
t de la courtoisie, dans les mêmes consciences et
les
mêmes situations conflictuelles, ils ne sont pas impressionnés. Ils m
20570
n jugement rendu contre cinq assassins convaincus
d’
avoir tué douze personnes : certains détails de l’instruction semblent
20571
us d’avoir tué douze personnes : certains détails
de
l’instruction semblent donner matière à quelque doute, c’est-à-dire à
20572
d’avoir tué douze personnes : certains détails de
l’
instruction semblent donner matière à quelque doute, c’est-à-dire à re
20573
quelque doute, c’est-à-dire à renvoi indéfini. Si
les
Apôtres s’étaient présentés devant nos historiens nécessiteux de preu
20574
aient présentés devant nos historiens nécessiteux
de
preuves au soir même de la Pentecôte, ces tabellions eussent exigé un
20575
os historiens nécessiteux de preuves au soir même
de
la Pentecôte, ces tabellions eussent exigé un reçu notarié du Saint-E
20576
historiens nécessiteux de preuves au soir même de
la
Pentecôte, ces tabellions eussent exigé un reçu notarié du Saint-Espr
20577
igé un reçu notarié du Saint-Esprit. C’est, osons
le
dire, que la plupart d’entre eux ignorent tout de la genèse poétique
20578
le dire, que la plupart d’entre eux ignorent tout
de
la genèse poétique et de la psychologie de l’œuvre que l’on crée. Ils
20579
dire, que la plupart d’entre eux ignorent tout de
la
genèse poétique et de la psychologie de l’œuvre que l’on crée. Ils ne
20580
’entre eux ignorent tout de la genèse poétique et
de
la psychologie de l’œuvre que l’on crée. Ils ne croient qu’à ce qui e
20581
tre eux ignorent tout de la genèse poétique et de
la
psychologie de l’œuvre que l’on crée. Ils ne croient qu’à ce qui est
20582
t tout de la genèse poétique et de la psychologie
de
l’œuvre que l’on crée. Ils ne croient qu’à ce qui est « attesté ». Or
20583
out de la genèse poétique et de la psychologie de
l’
œuvre que l’on crée. Ils ne croient qu’à ce qui est « attesté ». Or la
20584
nèse poétique et de la psychologie de l’œuvre que
l’
on crée. Ils ne croient qu’à ce qui est « attesté ». Or la poésie ne l
20585
e. Ils ne croient qu’à ce qui est « attesté ». Or
la
poésie ne l’est jamais. Ils ne veulent croire qu’aux sources alléguée
20586
ient qu’à ce qui est « attesté ». Or la poésie ne
l’
est jamais. Ils ne veulent croire qu’aux sources alléguées expressémen
20587
sources alléguées expressément par un auteur. Or
les
vraies sources en général sont inconscientes, ou refoulées, ou délibé
20588
ément dissimulées. — Ils n’ignorent pas seulement
les
jeux et les ruses de l’amour et de la création, mais a fortiori la sp
20589
ulées. — Ils n’ignorent pas seulement les jeux et
les
ruses de l’amour et de la création, mais a fortiori la spécificité de
20590
ls n’ignorent pas seulement les jeux et les ruses
de
l’amour et de la création, mais a fortiori la spécificité des problèm
20591
n’ignorent pas seulement les jeux et les ruses de
l’
amour et de la création, mais a fortiori la spécificité des problèmes
20592
pas seulement les jeux et les ruses de l’amour et
de
la création, mais a fortiori la spécificité des problèmes poétiques,
20593
seulement les jeux et les ruses de l’amour et de
la
création, mais a fortiori la spécificité des problèmes poétiques, mys
20594
ses de l’amour et de la création, mais a fortiori
la
spécificité des problèmes poétiques, mystiques et religieux. Ils croi
20595
ls croient que tout a toujours existé, et partout
de
la même manière. « L’amour, avec des nuances, est le même sous toutes
20596
croient que tout a toujours existé, et partout de
la
même manière. « L’amour, avec des nuances, est le même sous toutes le
20597
toujours existé, et partout de la même manière. «
L’
amour, avec des nuances, est le même sous toutes les latitudes et à to
20598
la même manière. « L’amour, avec des nuances, est
le
même sous toutes les latitudes et à toutes les époques, surtout pour
20599
’amour, avec des nuances, est le même sous toutes
les
latitudes et à toutes les époques, surtout pour les poètes lyriques »
20600
est le même sous toutes les latitudes et à toutes
les
époques, surtout pour les poètes lyriques », écrit Belperron. Or, pas
20601
s latitudes et à toutes les époques, surtout pour
les
poètes lyriques », écrit Belperron. Or, pas une seule des grandes tra
20602
— je veux dire des trente qui nous restent — n’a
l’
amour pour sujet. Pas une. Est-ce que vraiment cela ne veut rien dire
20603
ment cela ne veut rien dire ? — Ils sont victimes
d’
une psychologie au moins désuète, linéaire et rationaliste, n’admettan
20604
aliste, n’admettant que des motifs univoques, qui
les
condamnent presque automatiquement à la crédulité ou à l’incrédulité
20605
ues, qui les condamnent presque automatiquement à
la
crédulité ou à l’incrédulité à contretemps. Quand ils disent : tel tr
20606
mnent presque automatiquement à la crédulité ou à
l’
incrédulité à contretemps. Quand ils disent : tel troubadour a écrit e
20607
nd ils disent : tel troubadour a écrit exactement
le
contraire de ce qu’un Parfait devait professer, tel gnostique a décla
20608
: tel troubadour a écrit exactement le contraire
de
ce qu’un Parfait devait professer, tel gnostique a déclaré son aversi
20609
fesser, tel gnostique a déclaré son aversion pour
l’
amour et ses suites, tel éloge de la chasteté est conforme à la morale
20610
on aversion pour l’amour et ses suites, tel éloge
de
la chasteté est conforme à la morale catholique puisqu’il tend à réfr
20611
aversion pour l’amour et ses suites, tel éloge de
la
chasteté est conforme à la morale catholique puisqu’il tend à réfréne
20612
s suites, tel éloge de la chasteté est conforme à
la
morale catholique puisqu’il tend à réfréner la concupiscence, ou lui
20613
à la morale catholique puisqu’il tend à réfréner
la
concupiscence, ou lui est diamétralement opposé puisqu’il tend à exal
20614
st diamétralement opposé puisqu’il tend à exalter
le
désir, je constate qu’ils n’ont pas compris la nature de l’objet dont
20615
er le désir, je constate qu’ils n’ont pas compris
la
nature de l’objet dont ils traitent et sa dialectique intrinsèque. Il
20616
r, je constate qu’ils n’ont pas compris la nature
de
l’objet dont ils traitent et sa dialectique intrinsèque. Ils n’ont pa
20617
je constate qu’ils n’ont pas compris la nature de
l’
objet dont ils traitent et sa dialectique intrinsèque. Ils n’ont pas c
20618
sa dialectique intrinsèque. Ils n’ont pas compris
l’
essentiel, qui est l’union complémentaire indivisible de certaines réa
20619
sèque. Ils n’ont pas compris l’essentiel, qui est
l’
union complémentaire indivisible de certaines réalités antinomiques —
20620
ntiel, qui est l’union complémentaire indivisible
de
certaines réalités antinomiques — celles-là, justement, qui m’occupen
20621
tout homme qui se dit catholique, ou cathare, ou
de
gauche, l’est de ce fait et l’est en tous ses actes et ses dires ; no
20622
qui se dit catholique, ou cathare, ou de gauche,
l’
est de ce fait et l’est en tous ses actes et ses dires ; non seulement
20623
e dit catholique, ou cathare, ou de gauche, l’est
de
ce fait et l’est en tous ses actes et ses dires ; non seulement ils c
20624
ue, ou cathare, ou de gauche, l’est de ce fait et
l’
est en tous ses actes et ses dires ; non seulement ils croient à ce qu
20625
ncore ils paraissent tout ignorer des complicités
de
l’amour et de la haine, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et
20626
re ils paraissent tout ignorer des complicités de
l’
amour et de la haine, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et de
20627
issent tout ignorer des complicités de l’amour et
de
la haine, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse,
20628
ent tout ignorer des complicités de l’amour et de
la
haine, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse, de
20629
gnorer des complicités de l’amour et de la haine,
de
la chasteté et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse, de l’attract
20630
rer des complicités de l’amour et de la haine, de
la
chasteté et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse, de l’attraction
20631
ités de l’amour et de la haine, de la chasteté et
de
l’érotisme, du désir et de l’angoisse, de l’attraction et de la répul
20632
s de l’amour et de la haine, de la chasteté et de
l’
érotisme, du désir et de l’angoisse, de l’attraction et de la répulsio
20633
ine, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et
de
l’angoisse, de l’attraction et de la répulsion, de l’indifférence aff
20634
, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et de
l’
angoisse, de l’attraction et de la répulsion, de l’indifférence affect
20635
teté et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse,
de
l’attraction et de la répulsion, de l’indifférence affectée et de l’a
20636
é et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse, de
l’
attraction et de la répulsion, de l’indifférence affectée et de l’affe
20637
me, du désir et de l’angoisse, de l’attraction et
de
la répulsion, de l’indifférence affectée et de l’affectivité refoulée
20638
du désir et de l’angoisse, de l’attraction et de
la
répulsion, de l’indifférence affectée et de l’affectivité refoulée. I
20639
e l’angoisse, de l’attraction et de la répulsion,
de
l’indifférence affectée et de l’affectivité refoulée. Ils n’ont pas v
20640
’angoisse, de l’attraction et de la répulsion, de
l’
indifférence affectée et de l’affectivité refoulée. Ils n’ont pas vu q
20641
et de la répulsion, de l’indifférence affectée et
de
l’affectivité refoulée. Ils n’ont pas vu que l’opposition réelle n’es
20642
de la répulsion, de l’indifférence affectée et de
l’
affectivité refoulée. Ils n’ont pas vu que l’opposition réelle n’est p
20643
t de l’affectivité refoulée. Ils n’ont pas vu que
l’
opposition réelle n’est pas entre ceux qui exaltent et ceux qui condam
20644
eux qui condamnent tel ou tel élément constitutif
de
la cortezia, mais entre ceux qui la créent ou la souffrent et ceux qu
20645
qui condamnent tel ou tel élément constitutif de
la
cortezia, mais entre ceux qui la créent ou la souffrent et ceux qui e
20646
t constitutif de la cortezia, mais entre ceux qui
la
créent ou la souffrent et ceux qui en font l’objet de leurs dissertat
20647
de la cortezia, mais entre ceux qui la créent ou
la
souffrent et ceux qui en font l’objet de leurs dissertations. Ceux-là
20648
qui la créent ou la souffrent et ceux qui en font
l’
objet de leurs dissertations. Ceux-là seuls croient que l’on peut en t
20649
réent ou la souffrent et ceux qui en font l’objet
de
leurs dissertations. Ceux-là seuls croient que l’on peut en tel domai
20650
de leurs dissertations. Ceux-là seuls croient que
l’
on peut en tel domaine « établir » une explication, comme on fait trio
20651
tablir » une explication, comme on fait triompher
la
doctrine d’un parti à la simple majorité. Mais seul pourra séduire la
20652
explication, comme on fait triompher la doctrine
d’
un parti à la simple majorité. Mais seul pourra séduire la vérité celu
20653
comme on fait triompher la doctrine d’un parti à
la
simple majorité. Mais seul pourra séduire la vérité celui qui aura co
20654
ti à la simple majorité. Mais seul pourra séduire
la
vérité celui qui aura conçu le plus haut sens. Inconcevable naïveté d
20655
eul pourra séduire la vérité celui qui aura conçu
le
plus haut sens. Inconcevable naïveté des érudits qui, prononçant « De
20656
nçant « Descartes ! » comme on se signe, refusent
de
voir les réalités de l’inconscient et tiennent pour assurée, au-delà
20657
Descartes ! » comme on se signe, refusent de voir
les
réalités de l’inconscient et tiennent pour assurée, au-delà de toute
20658
comme on se signe, refusent de voir les réalités
de
l’inconscient et tiennent pour assurée, au-delà de toute critique, l’
20659
mme on se signe, refusent de voir les réalités de
l’
inconscient et tiennent pour assurée, au-delà de toute critique, l’inc
20660
e l’inconscient et tiennent pour assurée, au-delà
de
toute critique, l’incompatibilité de la volonté de vivre et du désir
20661
tiennent pour assurée, au-delà de toute critique,
l’
incompatibilité de la volonté de vivre et du désir de mort, pourtant u
20662
rée, au-delà de toute critique, l’incompatibilité
de
la volonté de vivre et du désir de mort, pourtant unis dans le vertig
20663
, au-delà de toute critique, l’incompatibilité de
la
volonté de vivre et du désir de mort, pourtant unis dans le vertige ;
20664
e toute critique, l’incompatibilité de la volonté
de
vivre et du désir de mort, pourtant unis dans le vertige ; des Croisa
20665
ncompatibilité de la volonté de vivre et du désir
de
mort, pourtant unis dans le vertige ; des Croisades et du commerce sp
20666
de vivre et du désir de mort, pourtant unis dans
le
vertige ; des Croisades et du commerce spirituel avec l’islam ; des c
20667
ige ; des Croisades et du commerce spirituel avec
l’
islam ; des cathares et des troubadours ; de l’ascétisme et du brûlant
20668
avec l’islam ; des cathares et des troubadours ;
de
l’ascétisme et du brûlant désir ; du mysticisme délirant et de la com
20669
ec l’islam ; des cathares et des troubadours ; de
l’
ascétisme et du brûlant désir ; du mysticisme délirant et de la compla
20670
e et du brûlant désir ; du mysticisme délirant et
de
la complaisante chasteté ! Rien, ils n’ont rien compris à l’objet de
20671
t du brûlant désir ; du mysticisme délirant et de
la
complaisante chasteté ! Rien, ils n’ont rien compris à l’objet de leu
20672
aisante chasteté ! Rien, ils n’ont rien compris à
l’
objet de leur étude, à ces pièges de la poésie, à cette béance de l’hi
20673
chasteté ! Rien, ils n’ont rien compris à l’objet
de
leur étude, à ces pièges de la poésie, à cette béance de l’histoire,
20674
ien compris à l’objet de leur étude, à ces pièges
de
la poésie, à cette béance de l’histoire, à ce désir en quête d’un obj
20675
compris à l’objet de leur étude, à ces pièges de
la
poésie, à cette béance de l’histoire, à ce désir en quête d’un objet,
20676
étude, à ces pièges de la poésie, à cette béance
de
l’histoire, à ce désir en quête d’un objet, — au xiie siècle, et à l
20677
ude, à ces pièges de la poésie, à cette béance de
l’
histoire, à ce désir en quête d’un objet, — au xiie siècle, et à l’am
20678
à cette béance de l’histoire, à ce désir en quête
d’
un objet, — au xiie siècle, et à l’amour en général, et à l’amour au
20679
ésir en quête d’un objet, — au xiie siècle, et à
l’
amour en général, et à l’amour au xiie siècle. ⁂ — Assez ! s’écrieron
20680
— au xiie siècle, et à l’amour en général, et à
l’
amour au xiie siècle. ⁂ — Assez ! s’écrieront en ce point plusieurs l
20681
! s’écrieront en ce point plusieurs lecteurs que
l’
on suppose exaspérés. Après tout, dans votre bouquin, il n’y a pas seu
20682
tout, dans votre bouquin, il n’y a pas seulement
les
troubadours, et ces cathares qui furent ou non leurs frères. Pourquoi
20683
nt sur tout cela ? Parlez-nous plutôt du mariage,
de
la morale du couple ou de l’érotisme ! Pourquoi donc, en effet, reven
20684
sur tout cela ? Parlez-nous plutôt du mariage, de
la
morale du couple ou de l’érotisme ! Pourquoi donc, en effet, revenir
20685
nous plutôt du mariage, de la morale du couple ou
de
l’érotisme ! Pourquoi donc, en effet, revenir sur tout cela ? Il y a
20686
s plutôt du mariage, de la morale du couple ou de
l’
érotisme ! Pourquoi donc, en effet, revenir sur tout cela ? Il y a bie
20687
t cela ? Il y a bien des raisons, et je vais dire
la
moins bonne en premier lieu. Devant la meute des critiques aboyant à
20688
vais dire la moins bonne en premier lieu. Devant
la
meute des critiques aboyant à mes trousses dans toutes les revues dit
20689
des critiques aboyant à mes trousses dans toutes
les
revues dites « scientifiques » par les lettrés, je me suis senti parf
20690
ans toutes les revues dites « scientifiques » par
les
lettrés, je me suis senti parfois pris d’une sorte d’angoisse, et je
20691
» par les lettrés, je me suis senti parfois pris
d’
une sorte d’angoisse, et je me suis sérieusement interrogé : n’avaient
20692
ettrés, je me suis senti parfois pris d’une sorte
d’
angoisse, et je me suis sérieusement interrogé : n’avaient-ils pas rai
20693
t-ils pas raison, peut-être ? Sur bien des points
de
détail, c’était probable, et même certain sur deux ou trois, mais sur
20694
able, et même certain sur deux ou trois, mais sur
l’
essentiel, sur le tout ? J’ai repris tous mes raisonnements, et les le
20695
tain sur deux ou trois, mais sur l’essentiel, sur
le
tout ? J’ai repris tous mes raisonnements, et les leurs, et les texte
20696
le tout ? J’ai repris tous mes raisonnements, et
les
leurs, et les textes anciens ; et non, vraiment : ils ne peuvent tous
20697
i repris tous mes raisonnements, et les leurs, et
les
textes anciens ; et non, vraiment : ils ne peuvent tous avoir raison,
20698
tous avoir raison, car une partie d’entre eux dit
le
contraire de l’autre sur chaque sujet, et ces sujets sont fort nombre
20699
ison, car une partie d’entre eux dit le contraire
de
l’autre sur chaque sujet, et ces sujets sont fort nombreux, si bien q
20700
ux, si bien que leur consensus, qui est très près
d’
être nul, le serait tout à fait n’était ce point unique de leur accord
20701
que leur consensus, qui est très près d’être nul,
le
serait tout à fait n’était ce point unique de leur accord contre mes
20702
ul, le serait tout à fait n’était ce point unique
de
leur accord contre mes thèses. Je me suis piqué au jeu, je l’avoue. C
20703
rd contre mes thèses. Je me suis piqué au jeu, je
l’
avoue. C’est un jeu fascinant, merveilleusement gratuit. On sait si pe
20704
leusement gratuit. On sait si peu ! Chaque miette
d’
information nouvelle et tous les joueurs se précipitent : ça, c’est po
20705
eu ! Chaque miette d’information nouvelle et tous
les
joueurs se précipitent : ça, c’est pour moi ! Quel desport ! comme di
20706
ça, c’est pour moi ! Quel desport ! comme disait
l’
ancien franglais. Quel sport ! dit l’anglo-normand d’aujourd’hui. Mais
20707
comme disait l’ancien franglais. Quel sport ! dit
l’
anglo-normand d’aujourd’hui. Mais voici plus sérieux. Certes, il n’y a
20708
ncien franglais. Quel sport ! dit l’anglo-normand
d’
aujourd’hui. Mais voici plus sérieux. Certes, il n’y a pas seulement l
20709
oici plus sérieux. Certes, il n’y a pas seulement
les
troubadours, mais il y eut d’abord les troubadours, parce qu’il y a d
20710
seulement les troubadours, mais il y eut d’abord
les
troubadours, parce qu’il y a d’abord la poésie, puis le sentiment qu’
20711
d’abord les troubadours, parce qu’il y a d’abord
la
poésie, puis le sentiment qu’elle a su dire et qu’elle éveille en le
20712
ubadours, parce qu’il y a d’abord la poésie, puis
le
sentiment qu’elle a su dire et qu’elle éveille en le disant, et c’est
20713
sentiment qu’elle a su dire et qu’elle éveille en
le
disant, et c’est par là que le drame est arrivé, celui que nous atten
20714
qu’elle éveille en le disant, et c’est par là que
le
drame est arrivé, celui que nous attendions sans le savoir — mais dès
20715
drame est arrivé, celui que nous attendions sans
le
savoir — mais dès l’instant qu’il a parlé, nous avons su que c’était
20716
lui que nous attendions sans le savoir — mais dès
l’
instant qu’il a parlé, nous avons su que c’était lui que nous attendio
20717
c’était lui que nous attendions. Et après, il y a
la
morale. (J’y reviendrai.) Il y a d’abord les troubadours parce qu’il
20718
l y a la morale. (J’y reviendrai.) Il y a d’abord
les
troubadours parce qu’il y a d’abord l’expression, et surtout l’expres
20719
a d’abord les troubadours parce qu’il y a d’abord
l’
expression, et surtout l’expression lyrique — au commencement était le
20720
parce qu’il y a d’abord l’expression, et surtout
l’
expression lyrique — au commencement était le Chant, qui est le Verbe
20721
tout l’expression lyrique — au commencement était
le
Chant, qui est le Verbe musical — et cela tient à la nature même de l
20722
lyrique — au commencement était le Chant, qui est
le
Verbe musical — et cela tient à la nature même de l’amour, de cet amo
20723
Chant, qui est le Verbe musical — et cela tient à
la
nature même de l’amour, de cet amour-passion que j’ai décrit, et c’en
20724
le Verbe musical — et cela tient à la nature même
de
l’amour, de cet amour-passion que j’ai décrit, et c’en est une premiè
20725
Verbe musical — et cela tient à la nature même de
l’
amour, de cet amour-passion que j’ai décrit, et c’en est une première
20726
ical — et cela tient à la nature même de l’amour,
de
cet amour-passion que j’ai décrit, et c’en est une première approche.
20727
rrain où mes savants critiques seraient peut-être
les
mieux armés : je crois avoir plutôt tenté d’approfondir ma conception
20728
tre les mieux armés : je crois avoir plutôt tenté
d’
approfondir ma conception de l’amour, seul sujet de ce livre, et vérit
20729
is avoir plutôt tenté d’approfondir ma conception
de
l’amour, seul sujet de ce livre, et véritable objet de ma dispute ave
20730
avoir plutôt tenté d’approfondir ma conception de
l’
amour, seul sujet de ce livre, et véritable objet de ma dispute avec l
20731
’approfondir ma conception de l’amour, seul sujet
de
ce livre, et véritable objet de ma dispute avec les érudits. Car ce q
20732
amour, seul sujet de ce livre, et véritable objet
de
ma dispute avec les érudits. Car ce qui nous sépare en fin de compte,
20733
e ce livre, et véritable objet de ma dispute avec
les
érudits. Car ce qui nous sépare en fin de compte, dans ces débats que
20734
nous sépare en fin de compte, dans ces débats que
l’
on pourrait croire purement techniques, ce ne sont pas nos savoirs dif
20735
e sont pas nos savoirs différents, nos inégalités
d’
information, ce sont nos conceptions de l’amour, et plus que cela, nos
20736
inégalités d’information, ce sont nos conceptions
de
l’amour, et plus que cela, nos expériences différentes de la passion
20737
galités d’information, ce sont nos conceptions de
l’
amour, et plus que cela, nos expériences différentes de la passion et
20738
ur, et plus que cela, nos expériences différentes
de
la passion et de la poésie. Ce que l’on n’a pas cherché, subi, vécu s
20739
et plus que cela, nos expériences différentes de
la
passion et de la poésie. Ce que l’on n’a pas cherché, subi, vécu soi-
20740
ela, nos expériences différentes de la passion et
de
la poésie. Ce que l’on n’a pas cherché, subi, vécu soi-même, comment
20741
, nos expériences différentes de la passion et de
la
poésie. Ce que l’on n’a pas cherché, subi, vécu soi-même, comment fer
20742
différentes de la passion et de la poésie. Ce que
l’
on n’a pas cherché, subi, vécu soi-même, comment ferait-on pour le rec
20743
rché, subi, vécu soi-même, comment ferait-on pour
le
reconnaître, à tant de siècles de distance, chez des hommes qui ne di
20744
ferait-on pour le reconnaître, à tant de siècles
de
distance, chez des hommes qui ne disaient pas tout comme nous le diri
20745
ez des hommes qui ne disaient pas tout comme nous
le
dirions, et qui se taisaient autrement ? Il faut entrer en consonance
20746
aisaient autrement ? Il faut entrer en consonance
d’
âme, et cela ne se peut que par l’écoute ardente des œuvres où l’âme a
20747
r en consonance d’âme, et cela ne se peut que par
l’
écoute ardente des œuvres où l’âme a laissé dans des rythmes quelques
20748
ne se peut que par l’écoute ardente des œuvres où
l’
âme a laissé dans des rythmes quelques traces de sa pulsation la plus
20749
ù l’âme a laissé dans des rythmes quelques traces
de
sa pulsation la plus secrète, et le sillage de ses élans. Malenten
20750
dans des rythmes quelques traces de sa pulsation
la
plus secrète, et le sillage de ses élans. Malentendus sur la moral
20751
elques traces de sa pulsation la plus secrète, et
le
sillage de ses élans. Malentendus sur la morale Les thèses mora
20752
es de sa pulsation la plus secrète, et le sillage
de
ses élans. Malentendus sur la morale Les thèses morales de mon
20753
e, et le sillage de ses élans. Malentendus sur
la
morale Les thèses morales de mon ouvrage ont soulevé beaucoup moin
20754
age de ses élans. Malentendus sur la morale
Les
thèses morales de mon ouvrage ont soulevé beaucoup moins d’opposition
20755
Malentendus sur la morale Les thèses morales
de
mon ouvrage ont soulevé beaucoup moins d’opposition — encore que les
20756
morales de mon ouvrage ont soulevé beaucoup moins
d’
opposition — encore que les jugements contradictoires qu’elles motivèr
20757
soulevé beaucoup moins d’opposition — encore que
les
jugements contradictoires qu’elles motivèrent soient amusants à confr
20758
qu’elles motivèrent soient amusants à confronter.
Les
catholiques m’ont approuvé à cause de la critique de l’hérésie que se
20759
ronter. Les catholiques m’ont approuvé à cause de
la
critique de l’hérésie que semblaient impliquer mes mises en garde con
20760
catholiques m’ont approuvé à cause de la critique
de
l’hérésie que semblaient impliquer mes mises en garde contre la passi
20761
holiques m’ont approuvé à cause de la critique de
l’
hérésie que semblaient impliquer mes mises en garde contre la passion
20762
ue semblaient impliquer mes mises en garde contre
la
passion ; mais les gnostiques ont bien senti où était mon cœur. Les m
20763
iquer mes mises en garde contre la passion ; mais
les
gnostiques ont bien senti où était mon cœur. Les magazines féminins m
20764
les gnostiques ont bien senti où était mon cœur.
Les
magazines féminins m’ont approuvé pour ma défense de la fidélité, tou
20765
azines féminins m’ont approuvé pour ma défense de
la
fidélité, tout en paraissant regretter que j’exclue la passion du mar
20766
délité, tout en paraissant regretter que j’exclue
la
passion du mariage (ce que je ne fais pas). Et les hippies m’ont appl
20767
la passion du mariage (ce que je ne fais pas). Et
les
hippies m’ont applaudi en Amérique pour mes peintures de la passion,
20768
ies m’ont applaudi en Amérique pour mes peintures
de
la passion, et sans doute des effets du philtre, tout en regrettant q
20769
m’ont applaudi en Amérique pour mes peintures de
la
passion, et sans doute des effets du philtre, tout en regrettant que
20770
hiltre, tout en regrettant que j’assume sans trop
de
honte l’essence de ma culture occidentale. Les mal mariés y ont vu le
20771
out en regrettant que j’assume sans trop de honte
l’
essence de ma culture occidentale. Les mal mariés y ont vu leur brévia
20772
rettant que j’assume sans trop de honte l’essence
de
ma culture occidentale. Les mal mariés y ont vu leur bréviaire, comme
20773
rop de honte l’essence de ma culture occidentale.
Les
mal mariés y ont vu leur bréviaire, comme l’écrivait un philosophe al
20774
le. Les mal mariés y ont vu leur bréviaire, comme
l’
écrivait un philosophe allemand ; les bien mariés, leurs abîmes survol
20775
viaire, comme l’écrivait un philosophe allemand ;
les
bien mariés, leurs abîmes survolés ; les divorcés, leur inutile et am
20776
lemand ; les bien mariés, leurs abîmes survolés ;
les
divorcés, leur inutile et amère justification. Et enfin, Jean-Paul Sa
20777
justification. Et enfin, Jean-Paul Sartre, après
la
guerre, s’est servi de mon livre pour illustrer la thèse qu’il attaqu
20778
n, Jean-Paul Sartre, après la guerre, s’est servi
de
mon livre pour illustrer la thèse qu’il attaquait avant la guerre et
20779
a guerre, s’est servi de mon livre pour illustrer
la
thèse qu’il attaquait avant la guerre et m’accusait bien à tort de dé
20780
vre pour illustrer la thèse qu’il attaquait avant
la
guerre et m’accusait bien à tort de défendre. Voici les textes. Renda
20781
taquait avant la guerre et m’accusait bien à tort
de
défendre. Voici les textes. Rendant compte de mon livre en juin 19392
20782
erre et m’accusait bien à tort de défendre. Voici
les
textes. Rendant compte de mon livre en juin 1939245, Sartre annonce d
20783
ort de défendre. Voici les textes. Rendant compte
de
mon livre en juin 1939245, Sartre annonce d’entrée de jeu que l’intér
20784
mpte de mon livre en juin 1939245, Sartre annonce
d’
entrée de jeu que l’intérêt de mon ouvrage « réside avant tout en ceci
20785
on livre en juin 1939245, Sartre annonce d’entrée
de
jeu que l’intérêt de mon ouvrage « réside avant tout en ceci qu’il té
20786
juin 1939245, Sartre annonce d’entrée de jeu que
l’
intérêt de mon ouvrage « réside avant tout en ceci qu’il témoigne d’un
20787
245, Sartre annonce d’entrée de jeu que l’intérêt
de
mon ouvrage « réside avant tout en ceci qu’il témoigne d’un assouplis
20788
uvrage « réside avant tout en ceci qu’il témoigne
d’
un assouplissement récent et profond des méthodes historiques sous la
20789
t récent et profond des méthodes historiques sous
la
triple influence de la psychanalyse, du marxisme et de la sociologie
20790
des méthodes historiques sous la triple influence
de
la psychanalyse, du marxisme et de la sociologie ». Puis il se demand
20791
méthodes historiques sous la triple influence de
la
psychanalyse, du marxisme et de la sociologie ». Puis il se demande s
20792
iple influence de la psychanalyse, du marxisme et
de
la sociologie ». Puis il se demande si, à l’encontre de ce qu’il tien
20793
e influence de la psychanalyse, du marxisme et de
la
sociologie ». Puis il se demande si, à l’encontre de ce qu’il tient p
20794
sociologie ». Puis il se demande si, à l’encontre
de
ce qu’il tient pour ma thèse, la passion réelle « n’aurait pas, en ta
20795
si, à l’encontre de ce qu’il tient pour ma thèse,
la
passion réelle « n’aurait pas, en tant que phénomène psychologique, s
20796
ropre » et si « certaines structures essentielles
de
la condition humaine ne pourraient pas se réaliser à travers des cond
20797
re » et si « certaines structures essentielles de
la
condition humaine ne pourraient pas se réaliser à travers des conditi
20798
pas avoir dit autre chose.) Bref, il me reproche
de
n’avoir pas vu que la transcendance c’est justement la « structure ex
20799
hose.) Bref, il me reproche de n’avoir pas vu que
la
transcendance c’est justement la « structure existentielle de l’homme
20800
avoir pas vu que la transcendance c’est justement
la
« structure existentielle de l’homme ». Le désir « comporte naturelle
20801
ance c’est justement la « structure existentielle
de
l’homme ». Le désir « comporte naturellement sa contradiction propre,
20802
e c’est justement la « structure existentielle de
l’
homme ». Le désir « comporte naturellement sa contradiction propre, so
20803
tement la « structure existentielle de l’homme ».
Le
désir « comporte naturellement sa contradiction propre, son malheur e
20804
sa dialectique ». Il n’y aurait donc « nul besoin
d’
un mythe courtois pour expliquer la passion »246. En somme, pour n’avo
20805
c « nul besoin d’un mythe courtois pour expliquer
la
passion »246. En somme, pour n’avoir pas reconnu que la dialectique d
20806
sion »246. En somme, pour n’avoir pas reconnu que
la
dialectique de l’amour est de la nature de l’homme même, mon livre «
20807
omme, pour n’avoir pas reconnu que la dialectique
de
l’amour est de la nature de l’homme même, mon livre « ne semblera qu’
20808
e, pour n’avoir pas reconnu que la dialectique de
l’
amour est de la nature de l’homme même, mon livre « ne semblera qu’un
20809
oir pas reconnu que la dialectique de l’amour est
de
la nature de l’homme même, mon livre « ne semblera qu’un bel amusemen
20810
pas reconnu que la dialectique de l’amour est de
la
nature de l’homme même, mon livre « ne semblera qu’un bel amusement »
20811
nu que la dialectique de l’amour est de la nature
de
l’homme même, mon livre « ne semblera qu’un bel amusement ». Sept ans
20812
que la dialectique de l’amour est de la nature de
l’
homme même, mon livre « ne semblera qu’un bel amusement ». Sept ans pl
20813
t ». Sept ans plus tard, une guerre plus tard, et
L’
Être et le Néant ayant paru, tout a changé. Dans sa « Présentation des
20814
ans plus tard, une guerre plus tard, et L’Être et
le
Néant ayant paru, tout a changé. Dans sa « Présentation des Temps mod
20815
emps modernes » (Situations II), Sartre énumère «
les
points essentiels » qui l’opposent à l’esprit d’analyse proustien et
20816
II), Sartre énumère « les points essentiels » qui
l’
opposent à l’esprit d’analyse proustien et à la « légende de l’irrespo
20817
numère « les points essentiels » qui l’opposent à
l’
esprit d’analyse proustien et à la « légende de l’irresponsabilité du
20818
les points essentiels » qui l’opposent à l’esprit
d’
analyse proustien et à la « légende de l’irresponsabilité du poète »,
20819
ui l’opposent à l’esprit d’analyse proustien et à
la
« légende de l’irresponsabilité du poète », et il écrit : En premier
20820
à l’esprit d’analyse proustien et à la « légende
de
l’irresponsabilité du poète », et il écrit : En premier lieu, nous n
20821
l’esprit d’analyse proustien et à la « légende de
l’
irresponsabilité du poète », et il écrit : En premier lieu, nous n’ac
20822
: En premier lieu, nous n’acceptons pas à priori
l’
idée que l’amour-passion soit une affection constitutive de l’esprit h
20823
er lieu, nous n’acceptons pas à priori l’idée que
l’
amour-passion soit une affection constitutive de l’esprit humain. Il s
20824
e l’amour-passion soit une affection constitutive
de
l’esprit humain. Il se pourrait fort bien, comme l’a suggéré247 Denis
20825
’amour-passion soit une affection constitutive de
l’
esprit humain. Il se pourrait fort bien, comme l’a suggéré247 Denis de
20826
l’esprit humain. Il se pourrait fort bien, comme
l’
a suggéré247 Denis de Rougemont, qu’il eût une origine historique en c
20827
il eût une origine historique en corrélation avec
l’
idéologie chrétienne. D’une façon plus générale, nous estimons qu’un s
20828
rique en corrélation avec l’idéologie chrétienne.
D’
une façon plus générale, nous estimons qu’un sentiment est toujours l’
20829
érale, nous estimons qu’un sentiment est toujours
l’
expression d’un certain mode de vie et d’une certaine conception du mo
20830
stimons qu’un sentiment est toujours l’expression
d’
un certain mode de vie et d’une certaine conception du monde qui sont
20831
toujours l’expression d’un certain mode de vie et
d’
une certaine conception du monde qui sont communs à toute une classe o
20832
à toute une époque et que son évolution n’est pas
l’
effet de je ne sais quel mécanisme intérieur mais de ces facteurs hist
20833
une époque et que son évolution n’est pas l’effet
de
je ne sais quel mécanisme intérieur mais de ces facteurs historiques
20834
effet de je ne sais quel mécanisme intérieur mais
de
ces facteurs historiques et sociaux. Mon livre est donc devenu le pr
20835
Mon livre est donc devenu le premier argument que
Les
Temps modernes opposeront aux tenants d’une « nature humaine » invari
20836
ent que Les Temps modernes opposeront aux tenants
d’
une « nature humaine » invariable et de ses « structures essentielles
20837
ux tenants d’une « nature humaine » invariable et
de
ses « structures essentielles » — celles-là mêmes que Sartre me repro
20838
lles » — celles-là mêmes que Sartre me reprochait
d’
avoir négligées, dans le tome précédent de Situations. ⁂ Ainsi, l’accu
20839
que Sartre me reprochait d’avoir négligées, dans
le
tome précédent de Situations. ⁂ Ainsi, l’accueil fait à L’Amour et l’
20840
rochait d’avoir négligées, dans le tome précédent
de
Situations. ⁂ Ainsi, l’accueil fait à L’Amour et l’Occident par ses l
20841
s, dans le tome précédent de Situations. ⁂ Ainsi,
l’
accueil fait à L’Amour et l’Occident par ses lecteurs occidentaux et o
20842
récédent de Situations. ⁂ Ainsi, l’accueil fait à
L’
Amour et l’Occident par ses lecteurs occidentaux et orientaux a dépend
20843
Situations. ⁂ Ainsi, l’accueil fait à L’Amour et
l’
Occident par ses lecteurs occidentaux et orientaux a dépendu, comme il
20844
identaux et orientaux a dépendu, comme il arrive,
d’
une quantité de malentendus, dont je n’aurais au total qu’à me félicit
20845
entaux a dépendu, comme il arrive, d’une quantité
de
malentendus, dont je n’aurais au total qu’à me féliciter si je m’en t
20846
er si je m’en tenais à leur résultante positive :
le
livre vit, tant aimé que honni, après un tiers de siècle d’exposition
20847
le livre vit, tant aimé que honni, après un tiers
de
siècle d’exposition à toute espèce d’intempéries critiques, personnel
20848
it, tant aimé que honni, après un tiers de siècle
d’
exposition à toute espèce d’intempéries critiques, personnelles et pub
20849
ès un tiers de siècle d’exposition à toute espèce
d’
intempéries critiques, personnelles et publiques, psychologiques et po
20850
et publiques, psychologiques et politiques. Mais
le
plus grand malentendu consiste à croire que selon moi la passion et l
20851
grand malentendu consiste à croire que selon moi
la
passion et le mariage sont exclusifs l’un de l’autre, comme l’avaient
20852
ndu consiste à croire que selon moi la passion et
le
mariage sont exclusifs l’un de l’autre, comme l’avaient décidé les co
20853
moi la passion et le mariage sont exclusifs l’un
de
l’autre, comme l’avaient décidé les cours d’amour. Cette lecture de m
20854
le mariage sont exclusifs l’un de l’autre, comme
l’
avaient décidé les cours d’amour. Cette lecture de mon livre est erron
20855
exclusifs l’un de l’autre, comme l’avaient décidé
les
cours d’amour. Cette lecture de mon livre est erronée. Qu’on m’en fél
20856
l’un de l’autre, comme l’avaient décidé les cours
d’
amour. Cette lecture de mon livre est erronée. Qu’on m’en félicite ou
20857
l’avaient décidé les cours d’amour. Cette lecture
de
mon livre est erronée. Qu’on m’en félicite ou m’en blâme, ce n’est pa
20858
pas ce que j’ai voulu dire. J’ai voulu souligner
les
contrastes, renforcer la conscience des antinomies valables, inévitab
20859
e. J’ai voulu souligner les contrastes, renforcer
la
conscience des antinomies valables, inévitables et qu’il faut assumer
20860
t-sécurité, extases-durée, passion-mariage, rêver
l’
Éros et le subir ou vivre l’Agapè et l’agir. Et j’ai pensé qu’une fois
20861
, extases-durée, passion-mariage, rêver l’Éros et
le
subir ou vivre l’Agapè et l’agir. Et j’ai pensé qu’une fois mieux vue
20862
assion-mariage, rêver l’Éros et le subir ou vivre
l’
Agapè et l’agir. Et j’ai pensé qu’une fois mieux vue la nature des ant
20863
age, rêver l’Éros et le subir ou vivre l’Agapè et
l’
agir. Et j’ai pensé qu’une fois mieux vue la nature des antinomies, lo
20864
pè et l’agir. Et j’ai pensé qu’une fois mieux vue
la
nature des antinomies, loin de tenter vainement de les résoudre en él
20865
a nature des antinomies, loin de tenter vainement
de
les résoudre en éliminant l’un de leurs termes, il fallait décider de
20866
ature des antinomies, loin de tenter vainement de
les
résoudre en éliminant l’un de leurs termes, il fallait décider de viv
20867
enter vainement de les résoudre en éliminant l’un
de
leurs termes, il fallait décider de vivre leur drame, et choisir d’ex
20868
liminant l’un de leurs termes, il fallait décider
de
vivre leur drame, et choisir d’exister dans leur tension toujours cha
20869
l fallait décider de vivre leur drame, et choisir
d’
exister dans leur tension toujours changeante et surprenante. Je me fo
20870
te et surprenante. Je me fondais sur cette phrase
d’
Héraclite, qui transparaît, citée ou non, dans tous mes livres : « Ce
20871
s tous mes livres : « Ce qui s’oppose coopère, et
de
la lutte des contraires procède ta plus belle harmonie. » Sur tout ce
20872
ous mes livres : « Ce qui s’oppose coopère, et de
la
lutte des contraires procède ta plus belle harmonie. » Sur tout cela,
20873
s alliances fédérales, dont le premier modèle est
le
mariage. Passion et inceste Dans son ouvrage sur la Prohibition
20874
ge. Passion et inceste Dans son ouvrage sur
la
Prohibition de l’inceste (1905), Durkheim, bien avant Freud (dans Tot
20875
et inceste Dans son ouvrage sur la Prohibition
de
l’inceste (1905), Durkheim, bien avant Freud (dans Totem et Tabou), s
20876
inceste Dans son ouvrage sur la Prohibition de
l’
inceste (1905), Durkheim, bien avant Freud (dans Totem et Tabou), supp
20877
en avant Freud (dans Totem et Tabou), suppose que
la
culture est née des interdits jetés d’abord sur la femme du père, pui
20878
a culture est née des interdits jetés d’abord sur
la
femme du père, puis sur l’ensemble des femmes du clan. J’insisterais
20879
dits jetés d’abord sur la femme du père, puis sur
l’
ensemble des femmes du clan. J’insisterais davantage, aujourd’hui, sur
20880
u clan. J’insisterais davantage, aujourd’hui, sur
le
thème de l’inceste dans Tristan, et sur ses aspects œdipiens (indiqué
20881
’insisterais davantage, aujourd’hui, sur le thème
de
l’inceste dans Tristan, et sur ses aspects œdipiens (indiqués très ne
20882
sisterais davantage, aujourd’hui, sur le thème de
l’
inceste dans Tristan, et sur ses aspects œdipiens (indiqués très nette
20883
lorsqu’il couche par accident avec Iseut, qui est
la
femme promise de son « père », c’est-à-dire du roi Marc, son oncle ma
20884
par accident avec Iseut, qui est la femme promise
de
son « père », c’est-à-dire du roi Marc, son oncle maternel, lequel jo
20885
dire du roi Marc, son oncle maternel, lequel joue
le
rôle du père chez les Celtes, il a commis et consommé l’inceste, mais
20886
oncle maternel, lequel joue le rôle du père chez
les
Celtes, il a commis et consommé l’inceste, mais en transe, dans le fa
20887
du père chez les Celtes, il a commis et consommé
l’
inceste, mais en transe, dans le fantasme et le rêve éveillé provoqués
20888
ommis et consommé l’inceste, mais en transe, dans
le
fantasme et le rêve éveillé provoqués par le philtre, ce haschich de
20889
mé l’inceste, mais en transe, dans le fantasme et
le
rêve éveillé provoqués par le philtre, ce haschich de l’époque. Il a
20890
dans le fantasme et le rêve éveillé provoqués par
le
philtre, ce haschich de l’époque. Il a conquis Iseut de haute lutte.
20891
êve éveillé provoqués par le philtre, ce haschich
de
l’époque. Il a conquis Iseut de haute lutte. Il aurait droit (selon d
20892
éveillé provoqués par le philtre, ce haschich de
l’
époque. Il a conquis Iseut de haute lutte. Il aurait droit (selon d’an
20893
ltre, ce haschich de l’époque. Il a conquis Iseut
de
haute lutte. Il aurait droit (selon d’anciennes coutumes) à sa posses
20894
quis Iseut de haute lutte. Il aurait droit (selon
d’
anciennes coutumes) à sa possession intégrale, et il l’a déjà possédée
20895
iennes coutumes) à sa possession intégrale, et il
l’
a déjà possédée, ce qui est juste, puisqu’il s’est montré le plus fort
20896
ossédée, ce qui est juste, puisqu’il s’est montré
le
plus fort. Il semble qu’il échappe ainsi à la situation œdipienne (où
20897
tré le plus fort. Il semble qu’il échappe ainsi à
la
situation œdipienne (où l’enfant est toujours le plus faible, et même
20898
qu’il échappe ainsi à la situation œdipienne (où
l’
enfant est toujours le plus faible, et même trop faible). Pourtant, pa
20899
la situation œdipienne (où l’enfant est toujours
le
plus faible, et même trop faible). Pourtant, parce qu’il a besoin d’u
20900
même trop faible). Pourtant, parce qu’il a besoin
d’
un père, il choisit d’observer le droit civil, où il redevient le plus
20901
rtant, parce qu’il a besoin d’un père, il choisit
d’
observer le droit civil, où il redevient le plus faible, et il choisit
20902
e qu’il a besoin d’un père, il choisit d’observer
le
droit civil, où il redevient le plus faible, et il choisit de faire d
20903
hoisit d’observer le droit civil, où il redevient
le
plus faible, et il choisit de faire d’Iseut l’épouse de Marc, son vér
20904
il, où il redevient le plus faible, et il choisit
de
faire d’Iseut l’épouse de Marc, son véritable « père » coutumier. Du
20905
redevient le plus faible, et il choisit de faire
d’
Iseut l’épouse de Marc, son véritable « père » coutumier. Du même coup
20906
nt le plus faible, et il choisit de faire d’Iseut
l’
épouse de Marc, son véritable « père » coutumier. Du même coup, il cul
20907
s faible, et il choisit de faire d’Iseut l’épouse
de
Marc, son véritable « père » coutumier. Du même coup, il culpabilise
20908
urtant légitimé par Courtoisie, laquelle veut que
l’
amant s’adresse à une femme mariée. Mais l’inverse du complexe d’Œdipe
20909
ut que l’amant s’adresse à une femme mariée. Mais
l’
inverse du complexe d’Œdipe, sa réflexion dans un miroir, n’est pas mo
20910
se à une femme mariée. Mais l’inverse du complexe
d’
Œdipe, sa réflexion dans un miroir, n’est pas moins bien décrit par le
20911
n dans un miroir, n’est pas moins bien décrit par
le
Roman en Prose. On y voit tout d’abord l’adolescent Tristan, âgé de 1
20912
rit par le Roman en Prose. On y voit tout d’abord
l’
adolescent Tristan, âgé de 14 ou 15 ans, séjourner chez son oncle le r
20913
On y voit tout d’abord l’adolescent Tristan, âgé
de
14 ou 15 ans, séjourner chez son oncle le roi Marc « comme un homme é
20914
an, âgé de 14 ou 15 ans, séjourner chez son oncle
le
roi Marc « comme un homme étranger, et il fit si bien qu’en peu de te
20915
et il fit si bien qu’en peu de temps il n’y eut à
la
cour du roi demoiselle que l’on prisât une maille en comparaison de l
20916
temps il n’y eut à la cour du roi demoiselle que
l’
on prisât une maille en comparaison de lui ». À ce moment donc, Marc a
20917
a naissance royale. Mais, blessé, il s’en va vers
l’
Irlande où il est soigné par Iseut, et lorsqu’il revient à la cour de
20918
ù il est soigné par Iseut, et lorsqu’il revient à
la
cour de Tintagel « le roi l’établit maître et seigneur de son hôtel e
20919
soigné par Iseut, et lorsqu’il revient à la cour
de
Tintagel « le roi l’établit maître et seigneur de son hôtel et de tou
20920
eut, et lorsqu’il revient à la cour de Tintagel «
le
roi l’établit maître et seigneur de son hôtel et de tout ce qu’il pos
20921
lorsqu’il revient à la cour de Tintagel « le roi
l’
établit maître et seigneur de son hôtel et de tout ce qu’il possède ».
20922
de Tintagel « le roi l’établit maître et seigneur
de
son hôtel et de tout ce qu’il possède ». Or ici, sans la moindre tran
20923
roi l’établit maître et seigneur de son hôtel et
de
tout ce qu’il possède ». Or ici, sans la moindre transition, le Roman
20924
hôtel et de tout ce qu’il possède ». Or ici, sans
la
moindre transition, le Roman nous dit : « Le roi Marc prend bientôt T
20925
il possède ». Or ici, sans la moindre transition,
le
Roman nous dit : « Le roi Marc prend bientôt Tristan en haine, car il
20926
sans la moindre transition, le Roman nous dit : «
Le
roi Marc prend bientôt Tristan en haine, car il le craint plus qu’aut
20927
e roi Marc prend bientôt Tristan en haine, car il
le
craint plus qu’autrefois. » Il envoie donc son neveu à la « queste »
20928
t plus qu’autrefois. » Il envoie donc son neveu à
la
« queste » d’Iseut, qu’il veut pour femme, sachant bien que Tristan r
20929
efois. » Il envoie donc son neveu à la « queste »
d’
Iseut, qu’il veut pour femme, sachant bien que Tristan risque sa vie s
20930
vie s’il retourne au pays du Morholt. Et Tristan
le
sait aussi : « Quand Tristan entend cette nouvelle, il pense que son
20931
tan entend cette nouvelle, il pense que son oncle
l’
envoie en Irlande plutôt pour y mourir que pour avoir Iseut. » Mais il
20932
Marc, substitut du père décédé, est redoublée par
le
souvenir de sa mère, qu’il a fait mourir en venant au monde.) Conquis
20933
tut du père décédé, est redoublée par le souvenir
de
sa mère, qu’il a fait mourir en venant au monde.) Conquis par les pro
20934
il a fait mourir en venant au monde.) Conquis par
les
prouesses de Tristan, le roi d’Irlande lui dit enfin : « Tristan vous
20935
ir en venant au monde.) Conquis par les prouesses
de
Tristan, le roi d’Irlande lui dit enfin : « Tristan vous avez tant fa
20936
au monde.) Conquis par les prouesses de Tristan,
le
roi d’Irlande lui dit enfin : « Tristan vous avez tant fait…, je vous
20937
oncle. » Tous ces géants, dragons et traîtres qui
le
blessent d’une épée empoisonnée, et qu’il tue, ne sont-ils pas les sy
20938
s ces géants, dragons et traîtres qui le blessent
d’
une épée empoisonnée, et qu’il tue, ne sont-ils pas les symboles « pat
20939
e épée empoisonnée, et qu’il tue, ne sont-ils pas
les
symboles « paternels » de l’interdit à surmonter, non sans blessure ?
20940
l tue, ne sont-ils pas les symboles « paternels »
de
l’interdit à surmonter, non sans blessure ? La vengeance du « père »
20941
ue, ne sont-ils pas les symboles « paternels » de
l’
interdit à surmonter, non sans blessure ? La vengeance du « père » éta
20942
» de l’interdit à surmonter, non sans blessure ?
La
vengeance du « père » étant la castration du fils symbolisée par la s
20943
on sans blessure ? La vengeance du « père » étant
la
castration du fils symbolisée par la séparation (perte du sein matern
20944
père » étant la castration du fils symbolisée par
la
séparation (perte du sein maternel, sevrage), on comprend que Tristan
20945
au sens du dürfen allemand, ou permission) que si
l’
objet de son amour est éloigné (l’amors de lonh de Jaufré Rudel). Les
20946
du dürfen allemand, ou permission) que si l’objet
de
son amour est éloigné (l’amors de lonh de Jaufré Rudel). Les principa
20947
mission) que si l’objet de son amour est éloigné (
l’
amors de lonh de Jaufré Rudel). Les principaux moments dialectiques du
20948
que si l’objet de son amour est éloigné (l’amors
de
lonh de Jaufré Rudel). Les principaux moments dialectiques du complex
20949
l’objet de son amour est éloigné (l’amors de lonh
de
Jaufré Rudel). Les principaux moments dialectiques du complexe se ret
20950
ur est éloigné (l’amors de lonh de Jaufré Rudel).
Les
principaux moments dialectiques du complexe se retrouvent donc dans l
20951
dialectiques du complexe se retrouvent donc dans
les
relations triangulaires entre Tristan, Marc et Iseut. Ces contradicti
20952
seut. Ces contradictions sont illustrées par tous
les
épisodes du roman, elles font le roman : alternances de séparations n
20953
strées par tous les épisodes du roman, elles font
le
roman : alternances de séparations nostalgiques et de revoirs extatiq
20954
sodes du roman, elles font le roman : alternances
de
séparations nostalgiques et de revoirs extatiques, nouvelles séparati
20955
oman : alternances de séparations nostalgiques et
de
revoirs extatiques, nouvelles séparations pour éviter la faute social
20956
irs extatiques, nouvelles séparations pour éviter
la
faute sociale, mais aussi pour recréer la situation courtoise d’amour
20957
éviter la faute sociale, mais aussi pour recréer
la
situation courtoise d’amour de loin (tout vaut mieux que la vie quoti
20958
e, mais aussi pour recréer la situation courtoise
d’
amour de loin (tout vaut mieux que la vie quotidienne partagée). Si Tr
20959
aussi pour recréer la situation courtoise d’amour
de
loin (tout vaut mieux que la vie quotidienne partagée). Si Tristan dé
20960
on courtoise d’amour de loin (tout vaut mieux que
la
vie quotidienne partagée). Si Tristan décidait de garder Iseut pour l
20961
la vie quotidienne partagée). Si Tristan décidait
de
garder Iseut pour lui, il violerait le tabou courtois. S’il couchait
20962
n décidait de garder Iseut pour lui, il violerait
le
tabou courtois. S’il couchait avec elle mariée à Marc, il violerait l
20963
il couchait avec elle mariée à Marc, il violerait
le
tabou de l’inceste, et tout s’effondrerait — l’ordre social — dans un
20964
it avec elle mariée à Marc, il violerait le tabou
de
l’inceste, et tout s’effondrerait — l’ordre social — dans une extase
20965
avec elle mariée à Marc, il violerait le tabou de
l’
inceste, et tout s’effondrerait — l’ordre social — dans une extase ébl
20966
t le tabou de l’inceste, et tout s’effondrerait —
l’
ordre social — dans une extase éblouissante. Or il respecte l’ordre fé
20967
al — dans une extase éblouissante. Or il respecte
l’
ordre féodal, il ne veut pas que tout s’effondre autour de lui. En fai
20968
ndre autour de lui. En fait, il viole tour à tour
les
deux tabous, c’est bien là son « âpre tourment », soit qu’il retrouve
20969
t », soit qu’il retrouve Iseut ou qu’il se sépare
d’
elle ; soit qu’il vive avec elle dans la forêt, ou qu’il la rende volo
20970
se sépare d’elle ; soit qu’il vive avec elle dans
la
forêt, ou qu’il la rende volontairement au roi. Les effets destructur
20971
soit qu’il vive avec elle dans la forêt, ou qu’il
la
rende volontairement au roi. Les effets destructurants de l’inceste e
20972
a forêt, ou qu’il la rende volontairement au roi.
Les
effets destructurants de l’inceste et les effets exaltants de la cour
20973
volontairement au roi. Les effets destructurants
de
l’inceste et les effets exaltants de la courtoisie convergent vers l’
20974
lontairement au roi. Les effets destructurants de
l’
inceste et les effets exaltants de la courtoisie convergent vers l’ext
20975
au roi. Les effets destructurants de l’inceste et
les
effets exaltants de la courtoisie convergent vers l’extase dans la mo
20976
structurants de l’inceste et les effets exaltants
de
la courtoisie convergent vers l’extase dans la mort, terme de l’entro
20977
ucturants de l’inceste et les effets exaltants de
la
courtoisie convergent vers l’extase dans la mort, terme de l’entropie
20978
effets exaltants de la courtoisie convergent vers
l’
extase dans la mort, terme de l’entropie passionnelle, chute voluptueu
20979
ts de la courtoisie convergent vers l’extase dans
la
mort, terme de l’entropie passionnelle, chute voluptueuse dans l’indi
20980
isie convergent vers l’extase dans la mort, terme
de
l’entropie passionnelle, chute voluptueuse dans l’indifférencié, qui
20981
e convergent vers l’extase dans la mort, terme de
l’
entropie passionnelle, chute voluptueuse dans l’indifférencié, qui est
20982
e l’entropie passionnelle, chute voluptueuse dans
l’
indifférencié, qui est le néant. Il n’a voulu garder de l’amour que le
20983
, chute voluptueuse dans l’indifférencié, qui est
le
néant. Il n’a voulu garder de l’amour que les moments éblouissants, c
20984
ifférencié, qui est le néant. Il n’a voulu garder
de
l’amour que les moments éblouissants, ceux de la passion interdite, e
20985
érencié, qui est le néant. Il n’a voulu garder de
l’
amour que les moments éblouissants, ceux de la passion interdite, et l
20986
est le néant. Il n’a voulu garder de l’amour que
les
moments éblouissants, ceux de la passion interdite, et le temps du dé
20987
der de l’amour que les moments éblouissants, ceux
de
la passion interdite, et le temps du désir nostalgique où l’on ressen
20988
de l’amour que les moments éblouissants, ceux de
la
passion interdite, et le temps du désir nostalgique où l’on ressent l
20989
ts éblouissants, ceux de la passion interdite, et
le
temps du désir nostalgique où l’on ressent le mieux l’amour-en-soi. D
20990
on interdite, et le temps du désir nostalgique où
l’
on ressent le mieux l’amour-en-soi. Dès lors l’éblouissement suprême n
20991
et le temps du désir nostalgique où l’on ressent
le
mieux l’amour-en-soi. Dès lors l’éblouissement suprême ne peut plus ê
20992
mps du désir nostalgique où l’on ressent le mieux
l’
amour-en-soi. Dès lors l’éblouissement suprême ne peut plus être que m
20993
où l’on ressent le mieux l’amour-en-soi. Dès lors
l’
éblouissement suprême ne peut plus être que mortel : c’est la mort des
20994
ment suprême ne peut plus être que mortel : c’est
la
mort des Banou Odrah, la tribu légendaire où l’on meurt quand on aime
20995
être que mortel : c’est la mort des Banou Odrah,
la
tribu légendaire où l’on meurt quand on aime. Freud l’a bien vu : nul
20996
t la mort des Banou Odrah, la tribu légendaire où
l’
on meurt quand on aime. Freud l’a bien vu : nulle civilisation ne pour
20997
ibu légendaire où l’on meurt quand on aime. Freud
l’
a bien vu : nulle civilisation ne pourrait survivre à la disparition d
20998
en vu : nulle civilisation ne pourrait survivre à
la
disparition du tabou de l’inceste ; la courtoisie pas davantage, ni l
20999
on ne pourrait survivre à la disparition du tabou
de
l’inceste ; la courtoisie pas davantage, ni la passion, ajouterons-no
21000
ne pourrait survivre à la disparition du tabou de
l’
inceste ; la courtoisie pas davantage, ni la passion, ajouterons-nous.
21001
survivre à la disparition du tabou de l’inceste ;
la
courtoisie pas davantage, ni la passion, ajouterons-nous. Mais si l’o
21002
ou de l’inceste ; la courtoisie pas davantage, ni
la
passion, ajouterons-nous. Mais si l’on a de bonnes raisons de croire
21003
avantage, ni la passion, ajouterons-nous. Mais si
l’
on a de bonnes raisons de croire que la prohibition de l’inceste est l
21004
e, ni la passion, ajouterons-nous. Mais si l’on a
de
bonnes raisons de croire que la prohibition de l’inceste est la loi m
21005
ajouterons-nous. Mais si l’on a de bonnes raisons
de
croire que la prohibition de l’inceste est la loi minimale pour qu’un
21006
s. Mais si l’on a de bonnes raisons de croire que
la
prohibition de l’inceste est la loi minimale pour qu’une culture se d
21007
a de bonnes raisons de croire que la prohibition
de
l’inceste est la loi minimale pour qu’une culture se différencie de l
21008
de bonnes raisons de croire que la prohibition de
l’
inceste est la loi minimale pour qu’une culture se différencie de la n
21009
ons de croire que la prohibition de l’inceste est
la
loi minimale pour qu’une culture se différencie de la nature248, alor
21010
a loi minimale pour qu’une culture se différencie
de
la nature248, alors nous voyons que Tristan, poème du Triangle essent
21011
oi minimale pour qu’une culture se différencie de
la
nature248, alors nous voyons que Tristan, poème du Triangle essentiel
21012
ème du Triangle essentiel (Père, Mère et Fils) et
de
la primordiale situation créatrice, est bien autre chose, et bien plu
21013
du Triangle essentiel (Père, Mère et Fils) et de
la
primordiale situation créatrice, est bien autre chose, et bien plus q
21014
st bien autre chose, et bien plus qu’une « épopée
de
l’adultère » ; c’est le poème de la culture occidentale. Passion e
21015
bien autre chose, et bien plus qu’une « épopée de
l’
adultère » ; c’est le poème de la culture occidentale. Passion et a
21016
bien plus qu’une « épopée de l’adultère » ; c’est
le
poème de la culture occidentale. Passion et allergie Ce qui se
21017
qu’une « épopée de l’adultère » ; c’est le poème
de
la culture occidentale. Passion et allergie Ce qui se déclenche
21018
’une « épopée de l’adultère » ; c’est le poème de
la
culture occidentale. Passion et allergie Ce qui se déclenche ch
21019
Passion et allergie Ce qui se déclenche chez
les
victimes angoissées, mais émerveillées d’un coup de foudre, est carac
21020
e chez les victimes angoissées, mais émerveillées
d’
un coup de foudre, est caractérisé par les réactions hyperboliques de
21021
veillées d’un coup de foudre, est caractérisé par
les
réactions hyperboliques de tout l’être à une incitation des plus bana
21022
, est caractérisé par les réactions hyperboliques
de
tout l’être à une incitation des plus banales, qui serait chez tout a
21023
ractérisé par les réactions hyperboliques de tout
l’
être à une incitation des plus banales, qui serait chez tout autre nor
21024
utrement dit facile à compenser, neutraliser, par
la
réponse que chacun sait. Mais voici tout d’un coup qu’à cette incitat
21025
, par la réponse que chacun sait. Mais voici tout
d’
un coup qu’à cette incitation tout l’être des amants se met à réagir,
21026
s voici tout d’un coup qu’à cette incitation tout
l’
être des amants se met à réagir, dans un branle-bas général, par une f
21027
arythmies du cœur, ou au contraire par une espèce
de
catalepsie hiératique, les yeux rivés dans une mutuelle hypnose. Or i
21028
ontraire par une espèce de catalepsie hiératique,
les
yeux rivés dans une mutuelle hypnose. Or ils disent tous qu’ils aimen
21029
e telle fièvre, par ce bouleversement des sens et
de
l’âme. La passion est ce trouble effrayant mais délicieux que provoqu
21030
elle fièvre, par ce bouleversement des sens et de
l’
âme. La passion est ce trouble effrayant mais délicieux que provoque l
21031
èvre, par ce bouleversement des sens et de l’âme.
La
passion est ce trouble effrayant mais délicieux que provoque la prése
21032
ce trouble effrayant mais délicieux que provoque
la
présence de certains êtres, pour des raisons qu’eux-mêmes, comme ceux
21033
effrayant mais délicieux que provoque la présence
de
certains êtres, pour des raisons qu’eux-mêmes, comme ceux qui réagiss
21034
à leur présence, disent ignorer absolument. Et je
les
crois. (Plus tard, ils essaieront de rationaliser, poétiser, moralise
21035
ment. Et je les crois. (Plus tard, ils essaieront
de
rationaliser, poétiser, moraliser, et là, je cesserai de les croire.)
21036
onaliser, poétiser, moraliser, et là, je cesserai
de
les croire.) Cherchant des analogues de ce phénomène à un niveau phys
21037
liser, poétiser, moraliser, et là, je cesserai de
les
croire.) Cherchant des analogues de ce phénomène à un niveau physiolo
21038
cesserai de les croire.) Cherchant des analogues
de
ce phénomène à un niveau physiologique, je ne trouve guère que le méc
21039
à un niveau physiologique, je ne trouve guère que
le
mécanisme de l’allergie : réaction excessive à un agent externe qui e
21040
hysiologique, je ne trouve guère que le mécanisme
de
l’allergie : réaction excessive à un agent externe qui est d’ordinair
21041
iologique, je ne trouve guère que le mécanisme de
l’
allergie : réaction excessive à un agent externe qui est d’ordinaire i
21042
e : réaction excessive à un agent externe qui est
d’
ordinaire inoffensif, mais qui soudain, pour des raisons que nul ne co
21043
violente, par exemple une surabondante production
d’
antihistaminiques suite à une simple piqûre de moustique. Ce premier c
21044
ion d’antihistaminiques suite à une simple piqûre
de
moustique. Ce premier contact, c’est, dans la légende, la première re
21045
ûre de moustique. Ce premier contact, c’est, dans
la
légende, la première rencontre en Irlande, la scène du bain. Mais c’e
21046
ans la légende, la première rencontre en Irlande,
la
scène du bain. Mais c’est la poésie courtoise et le roman breton qui,
21047
encontre en Irlande, la scène du bain. Mais c’est
la
poésie courtoise et le roman breton qui, désormais, vont sensibiliser
21048
scène du bain. Mais c’est la poésie courtoise et
le
roman breton qui, désormais, vont sensibiliser hommes et femmes et pr
21049
mes et provoquer chez eux cette « réponse altérée
de
l’organisme à des substances normalement tolérées » qui caractérise l
21050
et provoquer chez eux cette « réponse altérée de
l’
organisme à des substances normalement tolérées » qui caractérise l’al
21051
substances normalement tolérées » qui caractérise
l’
allergie. Les deux phénomènes, passion et allergie, évoquent aussi la
21052
ormalement tolérées » qui caractérise l’allergie.
Les
deux phénomènes, passion et allergie, évoquent aussi la mobilisation
21053
x phénomènes, passion et allergie, évoquent aussi
la
mobilisation de toute la nation pour un incident de frontière non vér
21054
ssion et allergie, évoquent aussi la mobilisation
de
toute la nation pour un incident de frontière non vérifié, ou une gue
21055
allergie, évoquent aussi la mobilisation de toute
la
nation pour un incident de frontière non vérifié, ou une guerre qui t
21056
mobilisation de toute la nation pour un incident
de
frontière non vérifié, ou une guerre qui tuera des millions d’hommes
21057
non vérifié, ou une guerre qui tuera des millions
d’
hommes pour venger un assassinat, qui d’ailleurs arrangeait tout le mo
21058
sinat, qui d’ailleurs arrangeait tout le monde. À
l’
incitation du désir, la réaction passionnelle, tout d’un coup, déborde
21059
rrangeait tout le monde. À l’incitation du désir,
la
réaction passionnelle, tout d’un coup, déborde immensément. Et que le
21060
citation du désir, la réaction passionnelle, tout
d’
un coup, déborde immensément. Et que le désir soit ou non satisfait n’
21061
elle, tout d’un coup, déborde immensément. Et que
le
désir soit ou non satisfait n’y change rien dans les cas graves (au s
21062
désir soit ou non satisfait n’y change rien dans
les
cas graves (au surplus compliqués de drogue) comme celui de Tristan e
21063
e rien dans les cas graves (au surplus compliqués
de
drogue) comme celui de Tristan et d’Iseut. La passion une fois déclar
21064
ves (au surplus compliqués de drogue) comme celui
de
Tristan et d’Iseut. La passion une fois déclarée exige beaucoup plus
21065
s compliqués de drogue) comme celui de Tristan et
d’
Iseut. La passion une fois déclarée exige beaucoup plus que cette sati
21066
ués de drogue) comme celui de Tristan et d’Iseut.
La
passion une fois déclarée exige beaucoup plus que cette satisfaction,
21067
ue cette satisfaction, elle veut tout, et surtout
l’
impossible : l’infini dans un être fini. La réponse « normale » au dés
21068
action, elle veut tout, et surtout l’impossible :
l’
infini dans un être fini. La réponse « normale » au désir étant de fai
21069
urtout l’impossible : l’infini dans un être fini.
La
réponse « normale » au désir étant de faire l’amour, ou de s’éloigner
21070
être fini. La réponse « normale » au désir étant
de
faire l’amour, ou de s’éloigner, la réponse passionnelle (allergique)
21071
i. La réponse « normale » au désir étant de faire
l’
amour, ou de s’éloigner, la réponse passionnelle (allergique) est de s
21072
e « normale » au désir étant de faire l’amour, ou
de
s’éloigner, la réponse passionnelle (allergique) est de se rendre la
21073
u désir étant de faire l’amour, ou de s’éloigner,
la
réponse passionnelle (allergique) est de se rendre la proie d’une fiè
21074
loigner, la réponse passionnelle (allergique) est
de
se rendre la proie d’une fièvre quasi mortelle dans certains cas, d’u
21075
éponse passionnelle (allergique) est de se rendre
la
proie d’une fièvre quasi mortelle dans certains cas, d’un délire qui
21076
ssionnelle (allergique) est de se rendre la proie
d’
une fièvre quasi mortelle dans certains cas, d’un délire qui tour à to
21077
ie d’une fièvre quasi mortelle dans certains cas,
d’
un délire qui tour à tour fait crier de douleur ou jette dans des exta
21078
tains cas, d’un délire qui tour à tour fait crier
de
douleur ou jette dans des extases, pousse au crime ou accule au suici
21079
pousse au crime ou accule au suicide, transfigure
le
monde ou le dévaste aux yeux du malade qui gémit, mais qui redoute de
21080
ime ou accule au suicide, transfigure le monde ou
le
dévaste aux yeux du malade qui gémit, mais qui redoute de guérir et r
21081
te aux yeux du malade qui gémit, mais qui redoute
de
guérir et refuse qu’on le soigne. La cure consisterait dans une confr
21082
gémit, mais qui redoute de guérir et refuse qu’on
le
soigne. La cure consisterait dans une confrontation du fiévreux à la
21083
qui redoute de guérir et refuse qu’on le soigne.
La
cure consisterait dans une confrontation du fiévreux à la réalité. L’
21084
consisterait dans une confrontation du fiévreux à
la
réalité. L’équivalent des antihistaminiques prescrits dans les cas d’
21085
dans une confrontation du fiévreux à la réalité.
L’
équivalent des antihistaminiques prescrits dans les cas d’allergie ser
21086
L’équivalent des antihistaminiques prescrits dans
les
cas d’allergie serait d’amener le passionné à regarder et à voir l’au
21087
lent des antihistaminiques prescrits dans les cas
d’
allergie serait d’amener le passionné à regarder et à voir l’autre tel
21088
miniques prescrits dans les cas d’allergie serait
d’
amener le passionné à regarder et à voir l’autre tel qu’il est. Or c’e
21089
prescrits dans les cas d’allergie serait d’amener
le
passionné à regarder et à voir l’autre tel qu’il est. Or c’est à quoi
21090
et à voir l’autre tel qu’il est. Or c’est à quoi
le
passionné se refuse, et de toute sa passion, précisément. Il préfère
21091
l est. Or c’est à quoi le passionné se refuse, et
de
toute sa passion, précisément. Il préfère s’éloigner de celle qu’il r
21092
te sa passion, précisément. Il préfère s’éloigner
de
celle qu’il risquerait de trop bien voir dans la sobre lumière des jo
21093
. Il préfère s’éloigner de celle qu’il risquerait
de
trop bien voir dans la sobre lumière des jours partagés. Ce n’est pa
21094
de celle qu’il risquerait de trop bien voir dans
la
sobre lumière des jours partagés. Ce n’est pas amour, qui tourne à r
21095
u désir, non du plaisir ; mais on peut en étendre
le
sens jusqu’à voir qu’elle motive et invente la plupart des obstacles
21096
, psychologiques — qui tous écartent une occasion
de
mieux voir la réalité, écartent la proximité. Et quand les passionnés
21097
es — qui tous écartent une occasion de mieux voir
la
réalité, écartent la proximité. Et quand les passionnés sont contrain
21098
t une occasion de mieux voir la réalité, écartent
la
proximité. Et quand les passionnés sont contraints de vivre ensemble,
21099
voir la réalité, écartent la proximité. Et quand
les
passionnés sont contraints de vivre ensemble, le philtre cesse bientô
21100
roximité. Et quand les passionnés sont contraints
de
vivre ensemble, le philtre cesse bientôt d’agir ! À l’extrême, il s’a
21101
les passionnés sont contraints de vivre ensemble,
le
philtre cesse bientôt d’agir ! À l’extrême, il s’agit d’écarter la ré
21102
aints de vivre ensemble, le philtre cesse bientôt
d’
agir ! À l’extrême, il s’agit d’écarter la réalité physique de l’être
21103
vre ensemble, le philtre cesse bientôt d’agir ! À
l’
extrême, il s’agit d’écarter la réalité physique de l’être aimé — surt
21104
tre cesse bientôt d’agir ! À l’extrême, il s’agit
d’
écarter la réalité physique de l’être aimé — surtout celle de la femme
21105
bientôt d’agir ! À l’extrême, il s’agit d’écarter
la
réalité physique de l’être aimé — surtout celle de la femme pour l’ho
21106
’extrême, il s’agit d’écarter la réalité physique
de
l’être aimé — surtout celle de la femme pour l’homme, car il n’y a pa
21107
trême, il s’agit d’écarter la réalité physique de
l’
être aimé — surtout celle de la femme pour l’homme, car il n’y a pas i
21108
a réalité physique de l’être aimé — surtout celle
de
la femme pour l’homme, car il n’y a pas ici de symétrie, et je n’ai p
21109
éalité physique de l’être aimé — surtout celle de
la
femme pour l’homme, car il n’y a pas ici de symétrie, et je n’ai pas
21110
e de l’être aimé — surtout celle de la femme pour
l’
homme, car il n’y a pas ici de symétrie, et je n’ai pas encore trouvé
21111
le de la femme pour l’homme, car il n’y a pas ici
de
symétrie, et je n’ai pas encore trouvé une seule femme qui ait chanté
21112
pas encore trouvé une seule femme qui ait chanté
l’
amour de loin 249. L’amour-passion serait-il une allergie que l’on aim
21113
ore trouvé une seule femme qui ait chanté l’amour
de
loin 249. L’amour-passion serait-il une allergie que l’on aime, aller
21114
e seule femme qui ait chanté l’amour de loin 249.
L’
amour-passion serait-il une allergie que l’on aime, allergie positive,
21115
n 249. L’amour-passion serait-il une allergie que
l’
on aime, allergie positive, allergie délicieuse — et pas mieux expliqu
21116
allergie délicieuse — et pas mieux expliquée que
les
autres, jusqu’ici ? Passion et drogue La cause la plus fréquent
21117
e les autres, jusqu’ici ? Passion et drogue
La
cause la plus fréquente de l’allergie est le contact avec certaines s
21118
res, jusqu’ici ? Passion et drogue La cause
la
plus fréquente de l’allergie est le contact avec certaines substances
21119
Passion et drogue La cause la plus fréquente
de
l’allergie est le contact avec certaines substances, ou leur ingestio
21120
assion et drogue La cause la plus fréquente de
l’
allergie est le contact avec certaines substances, ou leur ingestion.
21121
e La cause la plus fréquente de l’allergie est
le
contact avec certaines substances, ou leur ingestion. La passion naît
21122
act avec certaines substances, ou leur ingestion.
La
passion naît en général de la seule mise en présence de deux êtres. D
21123
es, ou leur ingestion. La passion naît en général
de
la seule mise en présence de deux êtres. Dans le cas de Tristan et d’
21124
ou leur ingestion. La passion naît en général de
la
seule mise en présence de deux êtres. Dans le cas de Tristan et d’Ise
21125
de la seule mise en présence de deux êtres. Dans
le
cas de Tristan et d’Iseut, il en va bien ainsi, selon Thomas ; mais s
21126
seule mise en présence de deux êtres. Dans le cas
de
Tristan et d’Iseut, il en va bien ainsi, selon Thomas ; mais selon Bé
21127
présence de deux êtres. Dans le cas de Tristan et
d’
Iseut, il en va bien ainsi, selon Thomas ; mais selon Béroul, c’est le
21128
en ainsi, selon Thomas ; mais selon Béroul, c’est
le
philtre bu qui déclenche tout, après plusieurs rencontres demeurées s
21129
s plusieurs rencontres demeurées sans effet (même
la
scène du bain, si chargée d’érotisme : voir plus haut page 29). Et no
21130
ées sans effet (même la scène du bain, si chargée
d’
érotisme : voir plus haut page 29). Et non seulement le philtre interv
21131
tisme : voir plus haut page 29). Et non seulement
le
philtre intervient de l’extérieur et par accident, mais encore Béroul
21132
page 29). Et non seulement le philtre intervient
de
l’extérieur et par accident, mais encore Béroul en limite les effets
21133
ge 29). Et non seulement le philtre intervient de
l’
extérieur et par accident, mais encore Béroul en limite les effets dan
21134
eur et par accident, mais encore Béroul en limite
les
effets dans le temps « à trois ans d’amistié ». Béroul suit de très p
21135
ent, mais encore Béroul en limite les effets dans
le
temps « à trois ans d’amistié ». Béroul suit de très près « l’histoir
21136
en limite les effets dans le temps « à trois ans
d’
amistié ». Béroul suit de très près « l’histoire » (comme disent les m
21137
s le temps « à trois ans d’amistié ». Béroul suit
de
très près « l’histoire » (comme disent les médecins) de cette intoxic
21138
trois ans d’amistié ». Béroul suit de très près «
l’
histoire » (comme disent les médecins) de cette intoxication caractéri
21139
ul suit de très près « l’histoire » (comme disent
les
médecins) de cette intoxication caractérisée250 à laquelle il rapport
21140
s près « l’histoire » (comme disent les médecins)
de
cette intoxication caractérisée250 à laquelle il rapporte expressémen
21141
ractérisée250 à laquelle il rapporte expressément
la
faute des amants. Rappelons ici la double confession qu’il met dans l
21142
e expressément la faute des amants. Rappelons ici
la
double confession qu’il met dans leur bouche (p. 40) : Tristan : Qu’
21143
uche (p. 40) : Tristan : Qu’el m’aime, c’est par
la
poison Ge ne me pus de lié partir N’ele de moi… Et Iseut : Il ne m’
21144
: Qu’el m’aime, c’est par la poison Ge ne me pus
de
lié partir N’ele de moi… Et Iseut : Il ne m’aime pas, ne je lui. Fo
21145
st par la poison Ge ne me pus de lié partir N’ele
de
moi… Et Iseut : Il ne m’aime pas, ne je lui. Fors par un herbe dont
21146
herbe dont je bui Et il en but : ce fu péchiez.
Le
procédé de Béroul, qui revient en somme à isoler la passion légendair
21147
je bui Et il en but : ce fu péchiez. Le procédé
de
Béroul, qui revient en somme à isoler la passion légendaire, permet d
21148
procédé de Béroul, qui revient en somme à isoler
la
passion légendaire, permet d’en suivre mieux la dialectique propre. O
21149
t en somme à isoler la passion légendaire, permet
d’
en suivre mieux la dialectique propre. On y retrouve le rythme du dict
21150
r la passion légendaire, permet d’en suivre mieux
la
dialectique propre. On y retrouve le rythme du dicton « un peu, beauc
21151
suivre mieux la dialectique propre. On y retrouve
le
rythme du dicton « un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout », qu
21152
p, passionnément, pas du tout », qui rappelle que
la
passion anéantit son objet. Sa brûlure, au début délicieuse, qu’on ap
21153
t. Sa brûlure, au début délicieuse, qu’on appelle
l’
état amoureux, n’est que sa forme encore voilée — « un peu, beaucoup »
21154
p » — qui se lie au désir, s’en fait complice, et
le
plus souvent s’évanouit une fois son ardeur satisfaite. Mais la passi
21155
t s’évanouit une fois son ardeur satisfaite. Mais
la
passion déclarée, triomphante, brûle tant que le philtre agit, pour s
21156
la passion déclarée, triomphante, brûle tant que
le
philtre agit, pour subitement tomber au « pas du tout » de la comptin
21157
e agit, pour subitement tomber au « pas du tout »
de
la comptine. Comme si son ardeur consumait l’image d’un être aimé dan
21158
git, pour subitement tomber au « pas du tout » de
la
comptine. Comme si son ardeur consumait l’image d’un être aimé dans l
21159
t » de la comptine. Comme si son ardeur consumait
l’
image d’un être aimé dans le rêve de la drogue (« S’il m’aime, c’est p
21160
a comptine. Comme si son ardeur consumait l’image
d’
un être aimé dans le rêve de la drogue (« S’il m’aime, c’est par la po
21161
son ardeur consumait l’image d’un être aimé dans
le
rêve de la drogue (« S’il m’aime, c’est par la poison »…), et quand l
21162
eur consumait l’image d’un être aimé dans le rêve
de
la drogue (« S’il m’aime, c’est par la poison »…), et quand l’amant s
21163
consumait l’image d’un être aimé dans le rêve de
la
drogue (« S’il m’aime, c’est par la poison »…), et quand l’amant se r
21164
ns le rêve de la drogue (« S’il m’aime, c’est par
la
poison »…), et quand l’amant se retrouve devant l’Iseut réelle, il s’
21165
(« S’il m’aime, c’est par la poison »…), et quand
l’
amant se retrouve devant l’Iseut réelle, il s’aperçoit que ce n’est pa
21166
a poison »…), et quand l’amant se retrouve devant
l’
Iseut réelle, il s’aperçoit que ce n’est pas elle qu’il a aimée. On sa
21167
çoit que ce n’est pas elle qu’il a aimée. On sait
le
rôle du voyage sur mer dans les légendes celtiques. Il y en a quatre
21168
l a aimée. On sait le rôle du voyage sur mer dans
les
légendes celtiques. Il y en a quatre dans le roman de Béroul, et chac
21169
ans les légendes celtiques. Il y en a quatre dans
le
roman de Béroul, et chacun d’eux se trouve lié à une histoire de « ve
21170
égendes celtiques. Il y en a quatre dans le roman
de
Béroul, et chacun d’eux se trouve lié à une histoire de « venin » com
21171
y en a quatre dans le roman de Béroul, et chacun
d’
eux se trouve lié à une histoire de « venin » comme dit le Roman en pr
21172
oul, et chacun d’eux se trouve lié à une histoire
de
« venin » comme dit le Roman en prose. Blessé par l’épée empoisonnée
21173
trouve lié à une histoire de « venin » comme dit
le
Roman en prose. Blessé par l’épée empoisonnée du géant Morholt, qu’il
21174
« venin » comme dit le Roman en prose. Blessé par
l’
épée empoisonnée du géant Morholt, qu’il a tué, et sans espoir de surv
21175
née du géant Morholt, qu’il a tué, et sans espoir
de
survivre à son mal, Tristan s’embarque à l’aventure dans une nacelle
21176
spoir de survivre à son mal, Tristan s’embarque à
l’
aventure dans une nacelle sans voile ni rames, emportant son épée et s
21177
épée et sa harpe. Cela finit en Irlande, où Iseut
le
guérit. Le deuxième voyage, en quête de la fiancée de Marc, répète à
21178
où Iseut le guérit. Le deuxième voyage, en quête
de
la fiancée de Marc, répète à peu près le premier. Le troisième ressem
21179
Iseut le guérit. Le deuxième voyage, en quête de
la
fiancée de Marc, répète à peu près le premier. Le troisième ressemble
21180
uérit. Le deuxième voyage, en quête de la fiancée
de
Marc, répète à peu près le premier. Le troisième ressemble le plus à
21181
ète à peu près le premier. Le troisième ressemble
le
plus à ce que les jeunes Américains baptisent « voyage » : c’est le r
21182
premier. Le troisième ressemble le plus à ce que
les
jeunes Américains baptisent « voyage » : c’est le retour avec Iseut,
21183
es jeunes Américains baptisent « voyage » : c’est
le
retour avec Iseut, la scène du philtre, « la poison » bue. Le dernier
21184
aptisent « voyage » : c’est le retour avec Iseut,
la
scène du philtre, « la poison » bue. Le dernier est celui d’Iseut vog
21185
’est le retour avec Iseut, la scène du philtre, «
la
poison » bue. Le dernier est celui d’Iseut voguant vers son amant pou
21186
philtre, « la poison » bue. Le dernier est celui
d’
Iseut voguant vers son amant pour tenter de le guérir d’une nouvelle b
21187
celui d’Iseut voguant vers son amant pour tenter
de
le guérir d’une nouvelle blessure empoisonnée, mais cette fois-ci ell
21188
lui d’Iseut voguant vers son amant pour tenter de
le
guérir d’une nouvelle blessure empoisonnée, mais cette fois-ci elle n
21189
t voguant vers son amant pour tenter de le guérir
d’
une nouvelle blessure empoisonnée, mais cette fois-ci elle ne le rejoi
21190
blessure empoisonnée, mais cette fois-ci elle ne
le
rejoindra que dans la mort. Une difficulté très curieuse se manifeste
21191
mais cette fois-ci elle ne le rejoindra que dans
la
mort. Une difficulté très curieuse se manifeste à l’examen de ces voy
21192
mort. Une difficulté très curieuse se manifeste à
l’
examen de ces voyages. Lors des trois blessures liées à des navigation
21193
difficulté très curieuse se manifeste à l’examen
de
ces voyages. Lors des trois blessures liées à des navigations solitai
21194
nouveau séparés. Mais quand ils boivent ensemble
le
même philtre, font-ils le même « voyage », ou est-ce une illusion ? C
21195
nd ils boivent ensemble le même philtre, font-ils
le
même « voyage », ou est-ce une illusion ? C’en est une certainement a
21196
vent ne peuvent communiquer, et qu’il n’y a point
de
passage du rêve de l’un au rêve de l’autre. Mais si les deux amants p
21197
muniquer, et qu’il n’y a point de passage du rêve
de
l’un au rêve de l’autre. Mais si les deux amants partagent cette illu
21198
il n’y a point de passage du rêve de l’un au rêve
de
l’autre. Mais si les deux amants partagent cette illusion, ne devient
21199
ssage du rêve de l’un au rêve de l’autre. Mais si
les
deux amants partagent cette illusion, ne devient-elle pas la vérité d
21200
nts partagent cette illusion, ne devient-elle pas
la
vérité de leur passion ? Vous dénoncerez à juste titre leur illusion
21201
ent cette illusion, ne devient-elle pas la vérité
de
leur passion ? Vous dénoncerez à juste titre leur illusion de réalité
21202
ion ? Vous dénoncerez à juste titre leur illusion
de
réalité, sans les toucher le moins du monde : tant que le philtre agi
21203
erez à juste titre leur illusion de réalité, sans
les
toucher le moins du monde : tant que le philtre agit et maintient l’a
21204
titre leur illusion de réalité, sans les toucher
le
moins du monde : tant que le philtre agit et maintient l’amistié, ils
21205
té, sans les toucher le moins du monde : tant que
le
philtre agit et maintient l’amistié, ils vivent la réalité de leur do
21206
du monde : tant que le philtre agit et maintient
l’
amistié, ils vivent la réalité de leur double illusion. Mais ce que l’
21207
e philtre agit et maintient l’amistié, ils vivent
la
réalité de leur double illusion. Mais ce que l’analogie de la drogue
21208
git et maintient l’amistié, ils vivent la réalité
de
leur double illusion. Mais ce que l’analogie de la drogue fait bien s
21209
t la réalité de leur double illusion. Mais ce que
l’
analogie de la drogue fait bien sentir, c’est le caractère invinciblem
21210
é de leur double illusion. Mais ce que l’analogie
de
la drogue fait bien sentir, c’est le caractère invinciblement solipsi
21211
e leur double illusion. Mais ce que l’analogie de
la
drogue fait bien sentir, c’est le caractère invinciblement solipsiste
21212
e l’analogie de la drogue fait bien sentir, c’est
le
caractère invinciblement solipsiste, narcissique et ségrégatif de la
21213
inciblement solipsiste, narcissique et ségrégatif
de
la passion. Ceux qui « voyagent » sont toujours seuls. Leur passion n
21214
iblement solipsiste, narcissique et ségrégatif de
la
passion. Ceux qui « voyagent » sont toujours seuls. Leur passion n’at
21215
» sont toujours seuls. Leur passion n’atteint pas
la
réalité de l’autre, et n’aime en fait que son image. Et c’est pourquo
21216
ours seuls. Leur passion n’atteint pas la réalité
de
l’autre, et n’aime en fait que son image. Et c’est pourquoi le mariag
21217
t n’aime en fait que son image. Et c’est pourquoi
le
mariage ne peut se fonder sur elle. Passion et mariage Un des p
21218
et mariage Un des plus grands malentendus nés
de
mon livre consiste à répéter qu’il condamne la passion — ce qui est f
21219
és de mon livre consiste à répéter qu’il condamne
la
passion — ce qui est faux — parce qu’elle est l’ennemie intime de l’i
21220
la passion — ce qui est faux — parce qu’elle est
l’
ennemie intime de l’institution matrimoniale et de son éthique — ce qu
21221
qui est faux — parce qu’elle est l’ennemie intime
de
l’institution matrimoniale et de son éthique — ce qui est exact ; d’o
21222
est faux — parce qu’elle est l’ennemie intime de
l’
institution matrimoniale et de son éthique — ce qui est exact ; d’où l
21223
l’ennemie intime de l’institution matrimoniale et
de
son éthique — ce qui est exact ; d’où l’on déduit que « l’amour » ser
21224
trimoniale et de son éthique — ce qui est exact ;
d’
où l’on déduit que « l’amour » serait incompatible avec le mariage — c
21225
niale et de son éthique — ce qui est exact ; d’où
l’
on déduit que « l’amour » serait incompatible avec le mariage — ce qui
21226
hique — ce qui est exact ; d’où l’on déduit que «
l’
amour » serait incompatible avec le mariage — ce qui est ridicule. Il
21227
n déduit que « l’amour » serait incompatible avec
le
mariage — ce qui est ridicule. Il s’agit là d’une de ces vues plus qu
21228
ec le mariage — ce qui est ridicule. Il s’agit là
d’
une de ces vues plus que sommaires qu’exigent les légendes sous les ph
21229
mariage — ce qui est ridicule. Il s’agit là d’une
de
ces vues plus que sommaires qu’exigent les légendes sous les photos d
21230
à d’une de ces vues plus que sommaires qu’exigent
les
légendes sous les photos de magazines, et il est superflu de redire i
21231
s plus que sommaires qu’exigent les légendes sous
les
photos de magazines, et il est superflu de redire ici que je la désav
21232
sommaires qu’exigent les légendes sous les photos
de
magazines, et il est superflu de redire ici que je la désavoue radica
21233
sous les photos de magazines, et il est superflu
de
redire ici que je la désavoue radicalement. Que dès sa genèse au xiie
21234
agazines, et il est superflu de redire ici que je
la
désavoue radicalement. Que dès sa genèse au xiie siècle l’amour-pass
21235
e radicalement. Que dès sa genèse au xiie siècle
l’
amour-passion se constitue en hostilité au mariage ; que les finalités
21236
assion se constitue en hostilité au mariage ; que
les
finalités d’Éros et d’Agapè soient en relation d’antinomie systématiq
21237
titue en hostilité au mariage ; que les finalités
d’
Éros et d’Agapè soient en relation d’antinomie systématique, c’est ce
21238
ostilité au mariage ; que les finalités d’Éros et
d’
Agapè soient en relation d’antinomie systématique, c’est ce que j’ai t
21239
es finalités d’Éros et d’Agapè soient en relation
d’
antinomie systématique, c’est ce que j’ai tenté d’établir. J’ai voulu
21240
d’antinomie systématique, c’est ce que j’ai tenté
d’
établir. J’ai voulu souligner des contrastes, indiquer des incompatibl
21241
es, en préalable aux choix que tout homme se doit
de
faire et s’imagine, à tort ou à raison, faire librement. J’ai tenté d
21242
, à tort ou à raison, faire librement. J’ai tenté
d’
isoler la passion comme on le fait d’un corps chimique pour mieux conn
21243
ou à raison, faire librement. J’ai tenté d’isoler
la
passion comme on le fait d’un corps chimique pour mieux connaître ses
21244
ibrement. J’ai tenté d’isoler la passion comme on
le
fait d’un corps chimique pour mieux connaître ses propriétés. Et j’ai
21245
. J’ai tenté d’isoler la passion comme on le fait
d’
un corps chimique pour mieux connaître ses propriétés. Et j’ai montré
21246
onnaître ses propriétés. Et j’ai montré qu’isolée
de
son contraire (l’amour actif ou Agapè), à l’état pur, passif ou extat
21247
iétés. Et j’ai montré qu’isolée de son contraire (
l’
amour actif ou Agapè), à l’état pur, passif ou extatique, elle est mor
21248
olée de son contraire (l’amour actif ou Agapè), à
l’
état pur, passif ou extatique, elle est mortelle, comme chez Tristan e
21249
roduire quand elle entre en composition — si elle
le
tolère. Le chlore pur est mortel, mais le chlorure de sodium est le s
21250
nd elle entre en composition — si elle le tolère.
Le
chlore pur est mortel, mais le chlorure de sodium est le sel de nos r
21251
si elle le tolère. Le chlore pur est mortel, mais
le
chlorure de sodium est le sel de nos repas — de nos agapes. Ni répres
21252
olère. Le chlore pur est mortel, mais le chlorure
de
sodium est le sel de nos repas — de nos agapes. Ni répressif ni marcu
21253
re pur est mortel, mais le chlorure de sodium est
le
sel de nos repas — de nos agapes. Ni répressif ni marcusien, je n’ent
21254
est mortel, mais le chlorure de sodium est le sel
de
nos repas — de nos agapes. Ni répressif ni marcusien, je n’entends ri
21255
s le chlorure de sodium est le sel de nos repas —
de
nos agapes. Ni répressif ni marcusien, je n’entends rien interdire ni
21256
voilà ce que vous ferez en réalité, à quels types
de
comportement vous obéirez, dans quelles structures du mythe vous sere
21257
he vous serez engagé. Je n’écris pas pour feindre
de
légiférer, ni même pour conseiller, mais bien pour alerter. Et pour a
21258
our aider à prendre des vues justes. Si je mérite
le
nom de moraliste, c’est dans la mesure où j’ai cherché à rendre mon l
21259
er à prendre des vues justes. Si je mérite le nom
de
moraliste, c’est dans la mesure où j’ai cherché à rendre mon lecteur
21260
tes. Si je mérite le nom de moraliste, c’est dans
la
mesure où j’ai cherché à rendre mon lecteur plus responsable, plus li
21261
à rendre mon lecteur plus responsable, plus libre
de
choisir en connaissance de cause, bien mieux : en connaissance de fin
21262
nnaissance de cause, bien mieux : en connaissance
de
fins. Il n’est peut-être pas de domaine où ce travail paraisse plus n
21263
: en connaissance de fins. Il n’est peut-être pas
de
domaine où ce travail paraisse plus nécessaire, et où l’humanité cont
21264
ine où ce travail paraisse plus nécessaire, et où
l’
humanité contemporaine se révèle plus nécessiteuse, que celui de l’aff
21265
temporaine se révèle plus nécessiteuse, que celui
de
l’affectivité, laissée en friche quand elle n’est pas vilipendée par
21266
poraine se révèle plus nécessiteuse, que celui de
l’
affectivité, laissée en friche quand elle n’est pas vilipendée par not
21267
t réduite à chercher son salut dans des conduites
d’
évasion ou de régression infantile ou tribale — drogue, communautés hi
21268
hercher son salut dans des conduites d’évasion ou
de
régression infantile ou tribale — drogue, communautés hippies, commun
21269
rnière observation, on comprendra peut-être mieux
l’
opiniâtreté de mon enquête sur les origines de l’amour : elle peut don
21270
tion, on comprendra peut-être mieux l’opiniâtreté
de
mon enquête sur les origines de l’amour : elle peut donner la clé de
21271
peut-être mieux l’opiniâtreté de mon enquête sur
les
origines de l’amour : elle peut donner la clé de plus d’une tradition
21272
eux l’opiniâtreté de mon enquête sur les origines
de
l’amour : elle peut donner la clé de plus d’une tradition érotique ou
21273
l’opiniâtreté de mon enquête sur les origines de
l’
amour : elle peut donner la clé de plus d’une tradition érotique ou se
21274
te sur les origines de l’amour : elle peut donner
la
clé de plus d’une tradition érotique ou sentimentale devenue réflexe
21275
ines de l’amour : elle peut donner la clé de plus
d’
une tradition érotique ou sentimentale devenue réflexe ou nostalgie ch
21276
ou sentimentale devenue réflexe ou nostalgie chez
l’
homme moderne, et dès lors d’autant plus envoûtante et contraignante q
21277
xe ou nostalgie chez l’homme moderne, et dès lors
d’
autant plus envoûtante et contraignante qu’il n’en connaît plus le sen
21278
voûtante et contraignante qu’il n’en connaît plus
le
sens, jadis libérateur, et ne sait plus en lire les symboles. J’ai te
21279
e sens, jadis libérateur, et ne sait plus en lire
les
symboles. J’ai tenté de réinventer la genèse de la passion d’amour. J
21280
et ne sait plus en lire les symboles. J’ai tenté
de
réinventer la genèse de la passion d’amour. J’ai prouvé qu’elle dépen
21281
us en lire les symboles. J’ai tenté de réinventer
la
genèse de la passion d’amour. J’ai prouvé qu’elle dépend du mariage c
21282
les symboles. J’ai tenté de réinventer la genèse
de
la passion d’amour. J’ai prouvé qu’elle dépend du mariage comme la my
21283
s symboles. J’ai tenté de réinventer la genèse de
la
passion d’amour. J’ai prouvé qu’elle dépend du mariage comme la mysti
21284
J’ai tenté de réinventer la genèse de la passion
d’
amour. J’ai prouvé qu’elle dépend du mariage comme la mystique dépend
21285
mour. J’ai prouvé qu’elle dépend du mariage comme
la
mystique dépend du dogme et de l’institution ecclésiastique, et demeu
21286
d du mariage comme la mystique dépend du dogme et
de
l’institution ecclésiastique, et demeure orientée précisément par le
21287
u mariage comme la mystique dépend du dogme et de
l’
institution ecclésiastique, et demeure orientée précisément par le pro
21288
clésiastique, et demeure orientée précisément par
le
projet de les nier ou dépasser251. J’ai dit l’erreur du romantisme em
21289
ue, et demeure orientée précisément par le projet
de
les nier ou dépasser251. J’ai dit l’erreur du romantisme embourgeoisé
21290
et demeure orientée précisément par le projet de
les
nier ou dépasser251. J’ai dit l’erreur du romantisme embourgeoisé qui
21291
ar le projet de les nier ou dépasser251. J’ai dit
l’
erreur du romantisme embourgeoisé qui domine encore nos coutumes : vou
21292
é qui domine encore nos coutumes : vouloir fonder
le
mariage sur l’amour passionnel, c’est-à-dire sur ce qui le nie dès l’
21293
core nos coutumes : vouloir fonder le mariage sur
l’
amour passionnel, c’est-à-dire sur ce qui le nie dès l’origine. Une er
21294
e sur l’amour passionnel, c’est-à-dire sur ce qui
le
nie dès l’origine. Une erreur à peine moins fatale serait de vouloir
21295
ur passionnel, c’est-à-dire sur ce qui le nie dès
l’
origine. Une erreur à peine moins fatale serait de vouloir exclure la
21296
l’origine. Une erreur à peine moins fatale serait
de
vouloir exclure la passion du mariage. Je l’avais dit assez clairemen
21297
ur à peine moins fatale serait de vouloir exclure
la
passion du mariage. Je l’avais dit assez clairement, dès ma première
21298
rait de vouloir exclure la passion du mariage. Je
l’
avais dit assez clairement, dès ma première version. Je n’ai pas varié
21299
Je n’ai pas varié depuis, mais un peu avancé sur
les
voies que j’avais jalonnées. Dans Comme toi-même 252, je suggérais
21300
nées. Dans Comme toi-même 252, je suggérais que
l’
obstacle dont se nourrit toute passion peut renaître au sein du mariag
21301
renaître au sein du mariage : « S’il est vrai que
la
passion cherche l’inaccessible, et s’il est vrai que l’Autre en tant
21302
mariage : « S’il est vrai que la passion cherche
l’
inaccessible, et s’il est vrai que l’Autre en tant que tel reste aux y
21303
t vrai que l’Autre en tant que tel reste aux yeux
d’
un amour exigeant le mystère le mieux défendu, — Éros et Agapè ne pour
21304
n tant que tel reste aux yeux d’un amour exigeant
le
mystère le mieux défendu, — Éros et Agapè ne pourraient-ils nouer une
21305
tel reste aux yeux d’un amour exigeant le mystère
le
mieux défendu, — Éros et Agapè ne pourraient-ils nouer une alliance p
21306
même du mariage accepté ? Tout Autre n’est-il pas
l’
inaccessible, et toute femme aimée une Iseut, même si nul interdit mor
21307
rdit moral ou nul tabou ne vient symboliser, pour
les
besoins de la fable et la commodité du romancier, l’essence même de l
21308
u nul tabou ne vient symboliser, pour les besoins
de
la fable et la commodité du romancier, l’essence même de l’obstacle e
21309
ul tabou ne vient symboliser, pour les besoins de
la
fable et la commodité du romancier, l’essence même de l’obstacle exci
21310
vient symboliser, pour les besoins de la fable et
la
commodité du romancier, l’essence même de l’obstacle excitant, celui
21311
besoins de la fable et la commodité du romancier,
l’
essence même de l’obstacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que
21312
able et la commodité du romancier, l’essence même
de
l’obstacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que de l’être même
21313
e et la commodité du romancier, l’essence même de
l’
obstacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que de l’être même : l
21314
stacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que
de
l’être même : l’autonomie de la personne aimée, son étrangeté fascina
21315
cle excitant, celui qui ne dépendra jamais que de
l’
être même : l’autonomie de la personne aimée, son étrangeté fascinante
21316
celui qui ne dépendra jamais que de l’être même :
l’
autonomie de la personne aimée, son étrangeté fascinante ? » Cette rec
21317
dépendra jamais que de l’être même : l’autonomie
de
la personne aimée, son étrangeté fascinante ? » Cette recherche de l’
21318
pendra jamais que de l’être même : l’autonomie de
la
personne aimée, son étrangeté fascinante ? » Cette recherche de l’Ang
21319
mée, son étrangeté fascinante ? » Cette recherche
de
l’Ange, qui est le mystère de l’autre, excitant à la fois l’Éros et l
21320
, son étrangeté fascinante ? » Cette recherche de
l’
Ange, qui est le mystère de l’autre, excitant à la fois l’Éros et l’Ag
21321
fascinante ? » Cette recherche de l’Ange, qui est
le
mystère de l’autre, excitant à la fois l’Éros et l’Agapè, ne serait-c
21322
? » Cette recherche de l’Ange, qui est le mystère
de
l’autre, excitant à la fois l’Éros et l’Agapè, ne serait-ce pas une t
21323
qui est le mystère de l’autre, excitant à la fois
l’
Éros et l’Agapè, ne serait-ce pas une troisième forme de l’amour, homo
21324
mystère de l’autre, excitant à la fois l’Éros et
l’
Agapè, ne serait-ce pas une troisième forme de l’amour, homologue des
21325
et l’Agapè, ne serait-ce pas une troisième forme
de
l’amour, homologue des mystiques du mariage spirituel, aussi dites ép
21326
l’Agapè, ne serait-ce pas une troisième forme de
l’
amour, homologue des mystiques du mariage spirituel, aussi dites épith
21327
u mariage spirituel, aussi dites épithalamiques ?
La
fidélité que j’ai prônée, et que beaucoup confondent avec un règlemen
21328
née, et que beaucoup confondent avec un règlement
de
police des mœurs, je ne sais quelle mesure répressive, ou au mieux un
21329
elle mesure répressive, ou au mieux une vertu que
l’
on s’impose, est simplement la condition sine qua non de toute œuvre d
21330
mieux une vertu que l’on s’impose, est simplement
la
condition sine qua non de toute œuvre d’art ou de vie dont l’élaborat
21331
’impose, est simplement la condition sine qua non
de
toute œuvre d’art ou de vie dont l’élaboration exige du temps et une
21332
la condition sine qua non de toute œuvre d’art ou
de
vie dont l’élaboration exige du temps et une concentration de toutes
21333
sine qua non de toute œuvre d’art ou de vie dont
l’
élaboration exige du temps et une concentration de toutes les facultés
21334
l’élaboration exige du temps et une concentration
de
toutes les facultés. (Rien là que le dogme révèle, ou qui ne se puiss
21335
ion exige du temps et une concentration de toutes
les
facultés. (Rien là que le dogme révèle, ou qui ne se puisse fonder à
21336
oncentration de toutes les facultés. (Rien là que
le
dogme révèle, ou qui ne se puisse fonder à l’évidence dans la réalité
21337
que le dogme révèle, ou qui ne se puisse fonder à
l’
évidence dans la réalité psychologique.) Je n’ai pas varié davantage e
21338
èle, ou qui ne se puisse fonder à l’évidence dans
la
réalité psychologique.) Je n’ai pas varié davantage en admettant non
21339
dmettant non sans ferveur, dans Comme toi-même ,
la
nostalgie de la gnose et sa passion, qu’on pensait que j’avais condam
21340
sans ferveur, dans Comme toi-même , la nostalgie
de
la gnose et sa passion, qu’on pensait que j’avais condamnées. De fait
21341
s ferveur, dans Comme toi-même , la nostalgie de
la
gnose et sa passion, qu’on pensait que j’avais condamnées. De fait, j
21342
sa passion, qu’on pensait que j’avais condamnées.
De
fait, je n’ai jamais « condamné la passion » et me suis expliqué sur
21343
is condamnées. De fait, je n’ai jamais « condamné
la
passion » et me suis expliqué sur ce point dans le chapitre conclusif
21344
a passion » et me suis expliqué sur ce point dans
le
chapitre conclusif de ma première version, où l’on peut lire : « Je l
21345
expliqué sur ce point dans le chapitre conclusif
de
ma première version, où l’on peut lire : « Je l’ai dit et j’y insiste
21346
le chapitre conclusif de ma première version, où
l’
on peut lire : « Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la pass
21347
de ma première version, où l’on peut lire : « Je
l’
ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce se
21348
: « Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner
la
passion en principe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de no
21349
ncipe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles
de
notre tension créatrice. De fait cela n’est pas possible. » En vérité
21350
primer l’un des pôles de notre tension créatrice.
De
fait cela n’est pas possible. » En vérité, je ne veux rien condamner
21351
ner et je ne propose aucune automutilation : trop
de
névrose déjà s’en chargent. J’ai tenté de faire voir et sentir les co
21352
: trop de névrose déjà s’en chargent. J’ai tenté
de
faire voir et sentir les contrastes vitaux, conflits, antinomies, qui
21353
s’en chargent. J’ai tenté de faire voir et sentir
les
contrastes vitaux, conflits, antinomies, qui sous-tendent notre réali
21354
, antinomies, qui sous-tendent notre réalité ; et
d’
en mieux définir les termes. Il s’agit maintenant d’assumer leurs tens
21355
ous-tendent notre réalité ; et d’en mieux définir
les
termes. Il s’agit maintenant d’assumer leurs tensions et de les équil
21356
en mieux définir les termes. Il s’agit maintenant
d’
assumer leurs tensions et de les équilibrer en création, loin de voulo
21357
Il s’agit maintenant d’assumer leurs tensions et
de
les équilibrer en création, loin de vouloir follement exclure l’un de
21358
s’agit maintenant d’assumer leurs tensions et de
les
équilibrer en création, loin de vouloir follement exclure l’un de leu
21359
création, loin de vouloir follement exclure l’un
de
leurs termes : nous n’avons pas ce pouvoir et le diable lui-même ne p
21360
de leurs termes : nous n’avons pas ce pouvoir et
le
diable lui-même ne peut éliminer ni le bien ni le mal, et pas même sa
21361
pouvoir et le diable lui-même ne peut éliminer ni
le
bien ni le mal, et pas même sa personne du jeu. Croire qu’il résulte
21362
le diable lui-même ne peut éliminer ni le bien ni
le
mal, et pas même sa personne du jeu. Croire qu’il résulte de mon livr
21363
pas même sa personne du jeu. Croire qu’il résulte
de
mon livre que la passion doive ou puisse être oblitérée afin que règn
21364
nne du jeu. Croire qu’il résulte de mon livre que
la
passion doive ou puisse être oblitérée afin que règne Agapè triomphan
21365
e règne Agapè triomphante, j’oserai dire au terme
de
ce Post-scriptum que ce serait méconnaître foncièrement la cohérence
21366
t-scriptum que ce serait méconnaître foncièrement
la
cohérence de ma pensée. Toute ma morale, et toute mon érotique, et to
21367
e ce serait méconnaître foncièrement la cohérence
de
ma pensée. Toute ma morale, et toute mon érotique, et toute ma politi
21368
que, et toute ma politique tiennent en effet dans
le
principe de la composition des opposés et de la mise en tension des p
21369
e ma politique tiennent en effet dans le principe
de
la composition des opposés et de la mise en tension des pôles contrai
21370
a politique tiennent en effet dans le principe de
la
composition des opposés et de la mise en tension des pôles contraires
21371
dans le principe de la composition des opposés et
de
la mise en tension des pôles contraires. La personne, source et fin d
21372
s le principe de la composition des opposés et de
la
mise en tension des pôles contraires. La personne, source et fin de t
21373
és et de la mise en tension des pôles contraires.
La
personne, source et fin de toute valeur morale, c’est l’homme libre e
21374
des pôles contraires. La personne, source et fin
de
toute valeur morale, c’est l’homme libre et relié à la communauté par
21375
onne, source et fin de toute valeur morale, c’est
l’
homme libre et relié à la communauté par une vocation singulière, qui
21376
ute valeur morale, c’est l’homme libre et relié à
la
communauté par une vocation singulière, qui à la fois le distingue de
21377
unauté par une vocation singulière, qui à la fois
le
distingue de la masse et le relie à la communauté, dans laquelle il e
21378
e vocation singulière, qui à la fois le distingue
de
la masse et le relie à la communauté, dans laquelle il est seul respo
21379
ocation singulière, qui à la fois le distingue de
la
masse et le relie à la communauté, dans laquelle il est seul responsa
21380
ulière, qui à la fois le distingue de la masse et
le
relie à la communauté, dans laquelle il est seul responsable de sa ma
21381
à la fois le distingue de la masse et le relie à
la
communauté, dans laquelle il est seul responsable de sa manière uniqu
21382
communauté, dans laquelle il est seul responsable
de
sa manière unique d’être avec tous. Le couple est la cellule sociale
21383
elle il est seul responsable de sa manière unique
d’
être avec tous. Le couple est la cellule sociale originelle, dont les
21384
esponsable de sa manière unique d’être avec tous.
Le
couple est la cellule sociale originelle, dont les forces constitutiv
21385
sa manière unique d’être avec tous. Le couple est
la
cellule sociale originelle, dont les forces constitutives sont deux ê
21386
Le couple est la cellule sociale originelle, dont
les
forces constitutives sont deux êtres de lois singulières, différentes
21387
le, dont les forces constitutives sont deux êtres
de
lois singulières, différentes, mais qui choisissent de composer une «
21388
is singulières, différentes, mais qui choisissent
de
composer une « union sans fusion, sans séparation, et sans subordinat
21389
aration, et sans subordination » comme il est dit
de
l’union des deux natures en Jésus-Christ253 ; cependant que le confli
21390
tion, et sans subordination » comme il est dit de
l’
union des deux natures en Jésus-Christ253 ; cependant que le conflit d
21391
s deux natures en Jésus-Christ253 ; cependant que
le
conflit d’Éros et d’Agapè anime leurs journées et leurs rêves. Enfin
21392
res en Jésus-Christ253 ; cependant que le conflit
d’
Éros et d’Agapè anime leurs journées et leurs rêves. Enfin la politiqu
21393
us-Christ253 ; cependant que le conflit d’Éros et
d’
Agapè anime leurs journées et leurs rêves. Enfin la politique, qui est
21394
’Agapè anime leurs journées et leurs rêves. Enfin
la
politique, qui est l’art d’aménager les relations humaines dans la ci
21395
rnées et leurs rêves. Enfin la politique, qui est
l’
art d’aménager les relations humaines dans la cité (polis), se réduit
21396
et leurs rêves. Enfin la politique, qui est l’art
d’
aménager les relations humaines dans la cité (polis), se réduit au féd
21397
ves. Enfin la politique, qui est l’art d’aménager
les
relations humaines dans la cité (polis), se réduit au fédéralisme, qu
21398
est l’art d’aménager les relations humaines dans
la
cité (polis), se réduit au fédéralisme, qui est l’art d’unir des comm
21399
a cité (polis), se réduit au fédéralisme, qui est
l’
art d’unir des communautés là seulement où leur union seule peut sauve
21400
(polis), se réduit au fédéralisme, qui est l’art
d’
unir des communautés là seulement où leur union seule peut sauver leur
21401
seule peut sauver leur autonomie. Toute tentative
d’
éliminer l’un des deux pôles de ces tensions, de le confondre avec son
21402
e. Toute tentative d’éliminer l’un des deux pôles
de
ces tensions, de le confondre avec son opposé, de le réduire à la loi
21403
e d’éliminer l’un des deux pôles de ces tensions,
de
le confondre avec son opposé, de le réduire à la loi de l’autre (qu’i
21404
’éliminer l’un des deux pôles de ces tensions, de
le
confondre avec son opposé, de le réduire à la loi de l’autre (qu’il s
21405
de ces tensions, de le confondre avec son opposé,
de
le réduire à la loi de l’autre (qu’il soit le plus fort ou le plus fi
21406
ces tensions, de le confondre avec son opposé, de
le
réduire à la loi de l’autre (qu’il soit le plus fort ou le plus fin)
21407
de le confondre avec son opposé, de le réduire à
la
loi de l’autre (qu’il soit le plus fort ou le plus fin) par annexion
21408
confondre avec son opposé, de le réduire à la loi
de
l’autre (qu’il soit le plus fort ou le plus fin) par annexion ou colo
21409
sé, de le réduire à la loi de l’autre (qu’il soit
le
plus fort ou le plus fin) par annexion ou colonisation, ou d’établir
21410
e à la loi de l’autre (qu’il soit le plus fort ou
le
plus fin) par annexion ou colonisation, ou d’établir une subordinatio
21411
ou le plus fin) par annexion ou colonisation, ou
d’
établir une subordination quelconque de l’un à l’autre, fonde et appel
21412
sation, ou d’établir une subordination quelconque
de
l’un à l’autre, fonde et appelle l’État totalitaire et détruit à mes
21413
on quelconque de l’un à l’autre, fonde et appelle
l’
État totalitaire et détruit à mes yeux l’intérêt de la vie, pour parle
21414
appelle l’État totalitaire et détruit à mes yeux
l’
intérêt de la vie, pour parler d’une manière très générale ; quant au
21415
’État totalitaire et détruit à mes yeux l’intérêt
de
la vie, pour parler d’une manière très générale ; quant au sujet qui
21416
at totalitaire et détruit à mes yeux l’intérêt de
la
vie, pour parler d’une manière très générale ; quant au sujet qui nou
21417
truit à mes yeux l’intérêt de la vie, pour parler
d’
une manière très générale ; quant au sujet qui nous occupe : c’est dét
21418
; quant au sujet qui nous occupe : c’est détruire
l’
existence de l’Amour essentiel. 211. Urgent ? C’était déjà trop tar
21419
ujet qui nous occupe : c’est détruire l’existence
de
l’Amour essentiel. 211. Urgent ? C’était déjà trop tard. Le livre
21420
t qui nous occupe : c’est détruire l’existence de
l’
Amour essentiel. 211. Urgent ? C’était déjà trop tard. Le livre de
21421
sentiel. 211. Urgent ? C’était déjà trop tard.
Le
livre de Charles de Gaulle parut quelques mois plus tard, en juin 193
21422
211. Urgent ? C’était déjà trop tard. Le livre
de
Charles de Gaulle parut quelques mois plus tard, en juin 1938 : il n’
21423
s plus tard, en juin 1938 : il n’était plus temps
de
construire l’armée blindée qu’il demandait. 212. Prenez garde ! Pr
21424
n juin 1938 : il n’était plus temps de construire
l’
armée blindée qu’il demandait. 212. Prenez garde ! Prenez garde ! V
21425
. 212. Prenez garde ! Prenez garde ! Voici que
la
Nuit cède au Jour ! On connaît le thème de l’aube chez les troubadou
21426
de ! Voici que la Nuit cède au Jour ! On connaît
le
thème de l’aube chez les troubadours : Gardez-vous, cher guetteur de
21427
i que la Nuit cède au Jour ! On connaît le thème
de
l’aube chez les troubadours : Gardez-vous, cher guetteur de la tour
21428
ue la Nuit cède au Jour ! On connaît le thème de
l’
aube chez les troubadours : Gardez-vous, cher guetteur de la tour Du
21429
ède au Jour ! On connaît le thème de l’aube chez
les
troubadours : Gardez-vous, cher guetteur de la tour Du jaloux, votre
21430
hez les troubadours : Gardez-vous, cher guetteur
de
la tour Du jaloux, votre méchant seigneur Ennuyeux plus que l’aube No
21431
les troubadours : Gardez-vous, cher guetteur de
la
tour Du jaloux, votre méchant seigneur Ennuyeux plus que l’aube Nous,
21432
jaloux, votre méchant seigneur Ennuyeux plus que
l’
aube Nous, en bas, nous parlons d’amour Grande peur Nous fait l’aube,
21433
nuyeux plus que l’aube Nous, en bas, nous parlons
d’
amour Grande peur Nous fait l’aube, l’aube, oui l’aube. (Raimbaut de V
21434
n bas, nous parlons d’amour Grande peur Nous fait
l’
aube, l’aube, oui l’aube. (Raimbaut de Vacqueyras, Alba.) 213. Elle
21435
ous parlons d’amour Grande peur Nous fait l’aube,
l’
aube, oui l’aube. (Raimbaut de Vacqueyras, Alba.) 213. Elle paraîtr
21436
d’amour Grande peur Nous fait l’aube, l’aube, oui
l’
aube. (Raimbaut de Vacqueyras, Alba.) 213. Elle paraîtra dans le nu
21437
de Vacqueyras, Alba.) 213. Elle paraîtra dans
le
numéro de juin 1939 des Cahiers du Sud. « Ce n’est pas d’étayer sa co
21438
yras, Alba.) 213. Elle paraîtra dans le numéro
de
juin 1939 des Cahiers du Sud. « Ce n’est pas d’étayer sa conjecture q
21439
o de juin 1939 des Cahiers du Sud. « Ce n’est pas
d’
étayer sa conjecture que D. de R. a souci mais de la rendre plus forte
21440
Sud. « Ce n’est pas d’étayer sa conjecture que D.
de
R. a souci mais de la rendre plus forte que le jugement. Il est moins
21441
d’étayer sa conjecture que D. de R. a souci mais
de
la rendre plus forte que le jugement. Il est moins préoccupé de situe
21442
étayer sa conjecture que D. de R. a souci mais de
la
rendre plus forte que le jugement. Il est moins préoccupé de situer l
21443
D. de R. a souci mais de la rendre plus forte que
le
jugement. Il est moins préoccupé de situer le mythe que d’en évaluer
21444
lus forte que le jugement. Il est moins préoccupé
de
situer le mythe que d’en évaluer la fatalité spirituelle par une très
21445
que le jugement. Il est moins préoccupé de situer
le
mythe que d’en évaluer la fatalité spirituelle par une très stricte a
21446
nt. Il est moins préoccupé de situer le mythe que
d’
en évaluer la fatalité spirituelle par une très stricte analyse de l’â
21447
ins préoccupé de situer le mythe que d’en évaluer
la
fatalité spirituelle par une très stricte analyse de l’âme. » 214. T
21448
fatalité spirituelle par une très stricte analyse
de
l’âme. » 214. Tome III, p. 25 et 26. 215. Cf. Jean Audiac, Les poés
21449
alité spirituelle par une très stricte analyse de
l’
âme. » 214. Tome III, p. 25 et 26. 215. Cf. Jean Audiac, Les poésies
21450
14. Tome III, p. 25 et 26. 215. Cf. Jean Audiac,
Les
poésies des quatre troubadours d’Ussel, Paris, 1922. 216. Il tient S
21451
. Jean Audiac, Les poésies des quatre troubadours
d’
Ussel, Paris, 1922. 216. Il tient Socin, ce moine italien réformé qui
21452
docteur de l’Église luthérienne, et il croit que
les
arguments des protestants « supposent une raison infaillible ». (« La
21453
testants « supposent une raison infaillible ». («
La
raison, cette putain ! », disait Luther.) 217. Sur l’assimilation de
21454
ison, cette putain ! », disait Luther.) 217. Sur
l’
assimilation de la Sophia et de Marie, pour les cathares, cf. Déodat R
21455
ain ! », disait Luther.) 217. Sur l’assimilation
de
la Sophia et de Marie, pour les cathares, cf. Déodat Roché, Études ma
21456
! », disait Luther.) 217. Sur l’assimilation de
la
Sophia et de Marie, pour les cathares, cf. Déodat Roché, Études manic
21457
Luther.) 217. Sur l’assimilation de la Sophia et
de
Marie, pour les cathares, cf. Déodat Roché, Études manichéennes et ca
21458
Sur l’assimilation de la Sophia et de Marie, pour
les
cathares, cf. Déodat Roché, Études manichéennes et cathares, p. 162 à
21459
162 à 164 ; et sur leur distinction (homologue à
la
distinction entre le Christ et Jésus), p. 146. 218. Par exemple, un
21460
eur distinction (homologue à la distinction entre
le
Christ et Jésus), p. 146. 218. Par exemple, un cathare déclare aux i
21461
ours, Toulouse, 1963, p. 222-223. Voir aussi dans
l’
anthologie du même auteur, Les Troubadours, II, Paris, 1966, le grand
21462
223. Voir aussi dans l’anthologie du même auteur,
Les
Troubadours, II, Paris, 1966, le grand canso cathare (selon moi) de P
21463
du même auteur, Les Troubadours, II, Paris, 1966,
le
grand canso cathare (selon moi) de Peire Cardenal, Vera vergena Maria
21464
, Paris, 1966, le grand canso cathare (selon moi)
de
Peire Cardenal, Vera vergena Maria : Marie est la vraie Vierge, née «
21465
de Peire Cardenal, Vera vergena Maria : Marie est
la
vraie Vierge, née « en Syrie », mais devenue la Reine assise à la dro
21466
t la vraie Vierge, née « en Syrie », mais devenue
la
Reine assise à la droite de Dieu, lequel « s’incline à ses prières »
21467
née « en Syrie », mais devenue la Reine assise à
la
droite de Dieu, lequel « s’incline à ses prières » : c’est donc bien
21468
Syrie », mais devenue la Reine assise à la droite
de
Dieu, lequel « s’incline à ses prières » : c’est donc bien le rôle de
21469
uel « s’incline à ses prières » : c’est donc bien
le
rôle de la Sophia aeterna qu’elle tient alors. 219. Cf. Antwort auf
21470
incline à ses prières » : c’est donc bien le rôle
de
la Sophia aeterna qu’elle tient alors. 219. Cf. Antwort auf Hiob de
21471
line à ses prières » : c’est donc bien le rôle de
la
Sophia aeterna qu’elle tient alors. 219. Cf. Antwort auf Hiob de C.
21472
f Hiob de C. G. Jung. 220. J. A. Bizet, Suso et
le
Minnesang, Paris, 1944. Voir aussi du même auteur : Henri Suso et le
21473
, 1944. Voir aussi du même auteur : Henri Suso et
le
déclin de la scolastique, Paris, 1946. 221. Journal de Genève, 26
21474
ir aussi du même auteur : Henri Suso et le déclin
de
la scolastique, Paris, 1946. 221. Journal de Genève, 26 mai 1939.
21475
aussi du même auteur : Henri Suso et le déclin de
la
scolastique, Paris, 1946. 221. Journal de Genève, 26 mai 1939. 22
21476
n de la scolastique, Paris, 1946. 221. Journal
de
Genève, 26 mai 1939. 222. Empédocle, mai 1949. 223. Henry Corbin,
21477
is, 1971, tome II, chapitre IV intitulé « Lumière
de
gloire et Saint-Graal », p. 141 à 210. 224. Henry et Renée Kahane, T
21478
anian and Indian Analogous, Bombay, 1939. 226. «
Le
Génie d’Oc », Cahiers du Sud, Marseille, 1943, article de René Nelli
21479
Indian Analogous, Bombay, 1939. 226. « Le Génie
d’
Oc », Cahiers du Sud, Marseille, 1943, article de René Nelli sur « L’A
21480
d’Oc », Cahiers du Sud, Marseille, 1943, article
de
René Nelli sur « L’Amour Provençal », p. 66. 227. Bleheri, barde bre
21481
Sud, Marseille, 1943, article de René Nelli sur «
L’
Amour Provençal », p. 66. 227. Bleheri, barde breton, vit et chante à
21482
66. 227. Bleheri, barde breton, vit et chante à
la
cour de Guillaume IX de Poitiers : quelle preuve exigera-t-on, plus v
21483
7. Bleheri, barde breton, vit et chante à la cour
de
Guillaume IX de Poitiers : quelle preuve exigera-t-on, plus vivante e
21484
lle preuve exigera-t-on, plus vivante et créante,
de
contacts entre le Nord et le Sud qui ne doivent rien à Wagner ? 228.
21485
-t-on, plus vivante et créante, de contacts entre
le
Nord et le Sud qui ne doivent rien à Wagner ? 228. Je donne de ces q
21486
vivante et créante, de contacts entre le Nord et
le
Sud qui ne doivent rien à Wagner ? 228. Je donne de ces quatre vers
21487
Sud qui ne doivent rien à Wagner ? 228. Je donne
de
ces quatre vers la traduction de Davenson, op. cit., p. 92, dans son
21488
rien à Wagner ? 228. Je donne de ces quatre vers
la
traduction de Davenson, op. cit., p. 92, dans son excellent chapitre
21489
? 228. Je donne de ces quatre vers la traduction
de
Davenson, op. cit., p. 92, dans son excellent chapitre sur la Musique
21490
op. cit., p. 92, dans son excellent chapitre sur
la
Musique des troubadours. La mélodie est notée sur la même page. Pour
21491
xcellent chapitre sur la Musique des troubadours.
La
mélodie est notée sur la même page. Pour la suite du poème, j’ai repr
21492
Musique des troubadours. La mélodie est notée sur
la
même page. Pour la suite du poème, j’ai repris et un peu modifié la t
21493
ours. La mélodie est notée sur la même page. Pour
la
suite du poème, j’ai repris et un peu modifié la traduction d’Alfred
21494
la suite du poème, j’ai repris et un peu modifié
la
traduction d’Alfred Jeanroy. 229. « Mort m’a et per mort li respon.
21495
oème, j’ai repris et un peu modifié la traduction
d’
Alfred Jeanroy. 229. « Mort m’a et per mort li respon. » 230. Ce sen
21496
nnage inconnu »… 231. René Nelli et René Lavaud,
Les
Troubadours, Tome II, p. 261. 232. Érotique des troubadours, p. 229
21497
ique des troubadours, p. 229. 233. Spiritualité
de
l’hérésie : le catharisme (ouvrage collectif), 1953 ; Écritures catha
21498
e des troubadours, p. 229. 233. Spiritualité de
l’
hérésie : le catharisme (ouvrage collectif), 1953 ; Écritures cathares
21499
dours, p. 229. 233. Spiritualité de l’hérésie :
le
catharisme (ouvrage collectif), 1953 ; Écritures cathares, 1959 ; Le
21500
age collectif), 1953 ; Écritures cathares, 1959 ;
Le
Phénomène cathare, 1969 ; Vie quotidienne des cathares du Languedoc a
21501
xiie siècle, 1969. 234. Nombreux articles dans
les
Cahiers du Sud ; un bel essai sur la cortezia : L’Amour et les Mythes
21502
ticles dans les Cahiers du Sud ; un bel essai sur
la
cortezia : L’Amour et les Mythes du Cœur, 1952 ; puis la thèse d’une
21503
s Cahiers du Sud ; un bel essai sur la cortezia :
L’
Amour et les Mythes du Cœur, 1952 ; puis la thèse d’une extrême densit
21504
u Sud ; un bel essai sur la cortezia : L’Amour et
les
Mythes du Cœur, 1952 ; puis la thèse d’une extrême densité d’informat
21505
ezia : L’Amour et les Mythes du Cœur, 1952 ; puis
la
thèse d’une extrême densité d’information intitulée L’Érotique des tr
21506
Amour et les Mythes du Cœur, 1952 ; puis la thèse
d’
une extrême densité d’information intitulée L’Érotique des troubadours
21507
Cœur, 1952 ; puis la thèse d’une extrême densité
d’
information intitulée L’Érotique des troubadours, 1963 ; enfin, en col
21508
èse d’une extrême densité d’information intitulée
L’
Érotique des troubadours, 1963 ; enfin, en collaboration avec René Lav
21509
né Lavaud, une abondante anthologie en 2 volumes,
Les
Troubadours, 1965 et 1966, textes originaux et traductions, précieux
21510
dours : — X n’est pas cathare, car il ne dit rien
d’
autre que Y, qui ne l’est pas. — Comment savez-vous qu’Y ne l’est pas
21511
cathare, car il ne dit rien d’autre que Y, qui ne
l’
est pas. — Comment savez-vous qu’Y ne l’est pas ? — Parce qu’il s’expr
21512
Y, qui ne l’est pas. — Comment savez-vous qu’Y ne
l’
est pas ? — Parce qu’il s’exprime comme X, dont je viens d’établir qu’
21513
? — Parce qu’il s’exprime comme X, dont je viens
d’
établir qu’il ne fut pas cathare. 236. Par exemple dans les châteaux
21514
qu’il ne fut pas cathare. 236. Par exemple dans
les
châteaux du Cabardès, du Minervois et du Lauragais, où vivaient des s
21515
du Lauragais, où vivaient des seigneurs cathares,
les
Cabaret, Pennautier, Miraval, Laurac, Saissac, Montréal, Aragon, Durf
21516
urfort, Mirepoix, etc., séjournèrent aussi, comme
le
prouvent leurs chansons — les voilà donc vos « sources et vos « docum
21517
rnèrent aussi, comme le prouvent leurs chansons —
les
voilà donc vos « sources et vos « documents » ! — deux des grands tro
21518
idal et Raymond de Miraval. Cf. Michel Roquebert,
L’
Épopée cathare, notamment les p. 313 à 318. 237. Theophil Spoerri, Wi
21519
Cf. Michel Roquebert, L’Épopée cathare, notamment
les
p. 313 à 318. 237. Theophil Spoerri, Wilhelm von Poitiers und die An
21520
38. Pour ne rien dire des petits poèmes latins, à
la
louange de nobles dames et de religieuses, de Marbode et de Baudry de
21521
rien dire des petits poèmes latins, à la louange
de
nobles dames et de religieuses, de Marbode et de Baudry de Bourgueil,
21522
ts poèmes latins, à la louange de nobles dames et
de
religieuses, de Marbode et de Baudry de Bourgueil, dont Régine Pernou
21523
, à la louange de nobles dames et de religieuses,
de
Marbode et de Baudry de Bourgueil, dont Régine Pernoud après Albert-M
21524
de nobles dames et de religieuses, de Marbode et
de
Baudry de Bourgueil, dont Régine Pernoud après Albert-Marie Schmidt f
21525
Schmidt fait grand cas, encore qu’on ne voie pas
de
rapport entre le génie novateur de Guillaume et leurs platitudes rimé
21526
nd cas, encore qu’on ne voie pas de rapport entre
le
génie novateur de Guillaume et leurs platitudes rimées. Guillaume ne
21527
on ne voie pas de rapport entre le génie novateur
de
Guillaume et leurs platitudes rimées. Guillaume ne devait avoir que d
21528
s sans talent. 239. R. Bezzola, Guillaume IX et
les
Origines de l’amour courtois, p. 166. 240. Historia regum Anglorum,
21529
. 239. R. Bezzola, Guillaume IX et les Origines
de
l’amour courtois, p. 166. 240. Historia regum Anglorum, de Guillaum
21530
239. R. Bezzola, Guillaume IX et les Origines de
l’
amour courtois, p. 166. 240. Historia regum Anglorum, de Guillaume d
21531
courtois, p. 166. 240. Historia regum Anglorum,
de
Guillaume de Malmesbury. 241. Dans une lettre qu’il m’adressait le
21532
mesbury. 241. Dans une lettre qu’il m’adressait
le
3 août 1955, Roland-Manuel me donnait un précieux exemple de ces imit
21533
955, Roland-Manuel me donnait un précieux exemple
de
ces imitations : « Il est clair que les troubadours, musiciens avant
21534
ux exemple de ces imitations : « Il est clair que
les
troubadours, musiciens avant d’être poètes, modèlent leurs vers sur l
21535
Il est clair que les troubadours, musiciens avant
d’
être poètes, modèlent leurs vers sur la mélodie. La forme strophique e
21536
iens avant d’être poètes, modèlent leurs vers sur
la
mélodie. La forme strophique est d’essence musicale… Le seul texte mu
21537
’être poètes, modèlent leurs vers sur la mélodie.
La
forme strophique est d’essence musicale… Le seul texte musical que no
21538
eurs vers sur la mélodie. La forme strophique est
d’
essence musicale… Le seul texte musical que nous possédions de Guillau
21539
odie. La forme strophique est d’essence musicale…
Le
seul texte musical que nous possédions de Guillaume de Poitiers use d
21540
sicale… Le seul texte musical que nous possédions
de
Guillaume de Poitiers use des mêmes formules mélodiques que nous trou
21541
ques que nous trouvons dans un versus du tropaire
de
Saint-Martial : 242. Cf. René Nelli, L’Érotique des troubadours,
21542
aire de Saint-Martial : 242. Cf. René Nelli,
L’
Érotique des troubadours, p. 50, qui cite plusieurs autres exemples de
21543
adours, p. 50, qui cite plusieurs autres exemples
de
l’influence directe des Arabes en pays d’Oc. 243. Cahiers d’études
21544
urs, p. 50, qui cite plusieurs autres exemples de
l’
influence directe des Arabes en pays d’Oc. 243. Cahiers d’études cat
21545
xemples de l’influence directe des Arabes en pays
d’
Oc. 243. Cahiers d’études cathares, n° 9, 1952. 244. Voir supra, p.
21546
e directe des Arabes en pays d’Oc. 243. Cahiers
d’
études cathares, n° 9, 1952. 244. Voir supra, p. 111 à 118. — Partout
21547
4. Voir supra, p. 111 à 118. — Partout, dans tous
les
temps, les grandes antinomies ont eu partie liée. Ainsi diva en syria
21548
ra, p. 111 à 118. — Partout, dans tous les temps,
les
grandes antinomies ont eu partie liée. Ainsi diva en syriaque, daeva
21549
, daeva en iranien, dew en arménien = démon. Mais
le
même mot dewa donne Zews, Zeus, Theos, Deus, en hindou, en grec et en
21550
indou, en grec et en latin. 245. Cette chronique
de
revue sera reprise dans Situations I. 246. On notera le flottement d
21551
e sera reprise dans Situations I. 246. On notera
le
flottement dans les exclusives qui caractérise Sartre à cette date, f
21552
Situations I. 246. On notera le flottement dans
les
exclusives qui caractérise Sartre à cette date, flottement entre stru
21553
entielles » et « existentielles ». De même, entre
la
dialectique interne et les agents externes. Si la « dialectique propr
21554
elles ». De même, entre la dialectique interne et
les
agents externes. Si la « dialectique propre du désir » suffisait à cr
21555
la dialectique interne et les agents externes. Si
la
« dialectique propre du désir » suffisait à créer la passion, celle-c
21556
« dialectique propre du désir » suffisait à créer
la
passion, celle-ci serait universelle, ce qu’elle n’a pas été et n’est
21557
lle n’a pas été et n’est pas. Et il est clair que
la
courtoisie, facteur socioculturel externe, n’a pu agir que sur des st
21558
ue sur des structures internes latentes, mais qui
le
seraient restées — comme ailleurs — sans son intervention. (Il est re
21559
st remarquable que des flottements analogues, sur
les
mêmes objets, s’observent aussi dans le Freud tardif du Malaise dans
21560
ues, sur les mêmes objets, s’observent aussi dans
le
Freud tardif du Malaise dans la civilisation.) Mais où Sartre s’égare
21561
ervent aussi dans le Freud tardif du Malaise dans
la
civilisation.) Mais où Sartre s’égare décidément, c’est lorsqu’il don
21562
e décidément, c’est lorsqu’il donne comme exemple
de
ce qu’il appelle transcendance « le désir sexuel lui-même ». Le désir
21563
comme exemple de ce qu’il appelle transcendance «
le
désir sexuel lui-même ». Le désir sexuel du chien ne ferait-il pas pa
21564
pelle transcendance « le désir sexuel lui-même ».
Le
désir sexuel du chien ne ferait-il pas partie de sa « structure exist
21565
Le désir sexuel du chien ne ferait-il pas partie
de
sa « structure existentielle » ? Ne serait-il pas alors la transcenda
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tructure existentielle » ? Ne serait-il pas alors
la
transcendance canine ? Rien ne distinguerait plus l’homme du chien, d
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transcendance canine ? Rien ne distinguerait plus
l’
homme du chien, dans le domaine de la passion. Allons ! il est trop cl
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Rien ne distinguerait plus l’homme du chien, dans
le
domaine de la passion. Allons ! il est trop clair que Sartre abuse de
21569
tinguerait plus l’homme du chien, dans le domaine
de
la passion. Allons ! il est trop clair que Sartre abuse des mots, et
21570
guerait plus l’homme du chien, dans le domaine de
la
passion. Allons ! il est trop clair que Sartre abuse des mots, et qu’
21571
nommer transcendance pour embêter — pense-t-il —
les
théologiens, ce n’est guère que de l’exorbitance, c’est-à-dire un mou
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pense-t-il — les théologiens, ce n’est guère que
de
l’exorbitance, c’est-à-dire un mouvement de l’homme pour se forcer co
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nse-t-il — les théologiens, ce n’est guère que de
l’
exorbitance, c’est-à-dire un mouvement de l’homme pour se forcer coura
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e que de l’exorbitance, c’est-à-dire un mouvement
de
l’homme pour se forcer courageusement (faute d’être attiré amoureusem
21575
ue de l’exorbitance, c’est-à-dire un mouvement de
l’
homme pour se forcer courageusement (faute d’être attiré amoureusement
21576
t de l’homme pour se forcer courageusement (faute
d’
être attiré amoureusement !) hors de lui-même ; pour passer à tous ris
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pour passer à tous risques ses limites. Comme on
le
voit par cette phrase révélatrice du même article : « Désirer, c’est
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du même article : « Désirer, c’est se jeter dans
le
monde, en danger auprès de la chair d’une femme, en danger dans la ch
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c’est se jeter dans le monde, en danger auprès de
la
chair d’une femme, en danger dans la chair même de cette femme. » Cer
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jeter dans le monde, en danger auprès de la chair
d’
une femme, en danger dans la chair même de cette femme. » Certes, on n
21581
er auprès de la chair d’une femme, en danger dans
la
chair même de cette femme. » Certes, on ne réfute pas une névrose, ma
21582
a chair d’une femme, en danger dans la chair même
de
cette femme. » Certes, on ne réfute pas une névrose, mais on a le dro
21583
» Certes, on ne réfute pas une névrose, mais on a
le
droit de tenir pour suspect tout argument de portée générale qui en e
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on ne réfute pas une névrose, mais on a le droit
de
tenir pour suspect tout argument de portée générale qui en est tiré.
21585
on a le droit de tenir pour suspect tout argument
de
portée générale qui en est tiré. (Le reproche vaudrait aussi dans le
21586
out argument de portée générale qui en est tiré. (
Le
reproche vaudrait aussi dans le cas de Kierkegaard, qui cependant s’e
21587
qui en est tiré. (Le reproche vaudrait aussi dans
le
cas de Kierkegaard, qui cependant s’en est expliqué avec un humour co
21588
est tiré. (Le reproche vaudrait aussi dans le cas
de
Kierkegaard, qui cependant s’en est expliqué avec un humour convainca
21589
mour convaincant.) C’est malheureusement ce genre
d’
observations toutes personnelles qui va nourrir le chapitre central co
21590
d’observations toutes personnelles qui va nourrir
le
chapitre central consacré à l’amour dans L’Être et le Néant (1943). P
21591
les qui va nourrir le chapitre central consacré à
l’
amour dans L’Être et le Néant (1943). Presque aussi long à lui seul qu
21592
urrir le chapitre central consacré à l’amour dans
L’
Être et le Néant (1943). Presque aussi long à lui seul que mon livre,
21593
hapitre central consacré à l’amour dans L’Être et
le
Néant (1943). Presque aussi long à lui seul que mon livre, il n’en es
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Suggéré » ? Oui, par tout mon livre ! Si un pavé
de
près de 400 pages assez serrées est enregistré par Sartre comme une s
21595
le suggestion, on comprend mieux qu’il ait besoin
de
5000 pages pour traiter vraiment un sujet, fût-il aussi considérable
21596
des Temps modernes ». 248. Cf. Cl. Lévi-Strauss,
Les
Structures élémentaires de la parenté, 1949. 249. Voir là-dessus dan
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Cf. Cl. Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires
de
la parenté, 1949. 249. Voir là-dessus dans mon Amour III (en prépara
21598
Cl. Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de
la
parenté, 1949. 249. Voir là-dessus dans mon Amour III (en préparatio
21599
oir là-dessus dans mon Amour III (en préparation)
le
chapitre sur « la Femme rêvée ». 250. Que pouvait être la drogue au
21600
mon Amour III (en préparation) le chapitre sur «
la
Femme rêvée ». 250. Que pouvait être la drogue au xiie siècle ? Pro
21601
re sur « la Femme rêvée ». 250. Que pouvait être
la
drogue au xiie siècle ? Probablement l’ergot de seigle, dont les eff
21602
ait être la drogue au xiie siècle ? Probablement
l’
ergot de seigle, dont les effets ressemblent à ceux du LSD, mais sûrem
21603
la drogue au xiie siècle ? Probablement l’ergot
de
seigle, dont les effets ressemblent à ceux du LSD, mais sûrement plus
21604
ie siècle ? Probablement l’ergot de seigle, dont
les
effets ressemblent à ceux du LSD, mais sûrement plus aphrodisiaques.
21605
aphrodisiaques. 251. Cf. Karl Barth, Dogmatique
de
l’Église, Tome I, 2** (4e volume de la trad. franç., p. 108 n.). 252
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hrodisiaques. 251. Cf. Karl Barth, Dogmatique de
l’
Église, Tome I, 2** (4e volume de la trad. franç., p. 108 n.). 252. P
21607
h, Dogmatique de l’Église, Tome I, 2** (4e volume
de
la trad. franç., p. 108 n.). 252. Première édition chez Albin Michel
21608
Dogmatique de l’Église, Tome I, 2** (4e volume de
la
trad. franç., p. 108 n.). 252. Première édition chez Albin Michel, 1
21609
ition chez Albin Michel, 1961. Réédition en livre
de
poche, intitulée selon l’ancien sous-titre : Les Mythes de l’amour, P
21610
961. Réédition en livre de poche, intitulée selon
l’
ancien sous-titre : Les Mythes de l’amour, Paris, Gallimard, Idées, 19
21611
e de poche, intitulée selon l’ancien sous-titre :
Les
Mythes de l’amour, Paris, Gallimard, Idées, 1967. 253. Canons du con
21612
intitulée selon l’ancien sous-titre : Les Mythes
de
l’amour, Paris, Gallimard, Idées, 1967. 253. Canons du concile de Ch
21613
titulée selon l’ancien sous-titre : Les Mythes de
l’
amour, Paris, Gallimard, Idées, 1967. 253. Canons du concile de Chalc
21614
, Gallimard, Idées, 1967. 253. Canons du concile
de
Chalcédoine en 456.