1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre premier. Le mythe de Tristan
1 pour se tirer des confusions de notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-
2 nces qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes , des mal mariés, des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le
3 l est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influ
4 … D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de fidélité
5 ’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes deven
6 t pour admirer la plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, e
7 « qu’il n’y attache pas d’importance ». S’il est poète , il parlera d’inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera
8 son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes , beaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais la foule dit : ce
9 malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent les poètes . Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées
10 oint pour un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mond
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre II. Les origines religieuses du mythe
11 au préalable languedocienne, c’est-à-dire que le poète , ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l’appre
12 t au contraire ; enfin, que deux personnages : le poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et une be
13 uel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui jure à g
14 it M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun de ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’êtr
15 belle — qui serait faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt co
16 une clandestinité de l’Église hérétique, dont les poètes eussent été les agents, nous passons maintenant au mystère d’une pass
17 er que les thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations d’un t
18 usieurs auteurs récents ont objecté que jamais un poète courtois n’avait « vendu la mèche » même une fois converti à l’orthod
19 dmettra que cette atmosphère suffisait bien à des poètes pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3. L’Amou
20 u xiie siècle il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois
21 arfaitement identiques chez une centaine d’autres poètes  ! (Ce qui a fait dire à je ne sais plus quel érudit qu’il semblerait
22 eussent été tout différents ; nous savons que ces poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité de parler de
23 cet exemple, que l’action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à la faveur d’une certaine am
24 d’erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature
25 e siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illustrations al-Hallaj
26 la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cette confusion du Créateur et de la créa
27 du Créateur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hal
28 rs, puis de Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une importance apparemment démesuré
29 Les « preuves » de l’influence andalouse sur les poètes courtois ne sont plus à faire61. Et je pourrais ici remplir des pages
30 « vilaine » ; et nous voyons souvent dans le même poète un adorateur enthousiaste de la Dame, qu’il exalte, et un contempteur
31 r. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes de la première et de la seconde génération des troubadours (1120 à 11
32 ence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par les poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme le furent plusieurs trouba
33 e sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est naturel. Tar
34 nsi s’est répandue l’opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont le suc
35 omplaisante ; enfin la fantaisie individuelle des poètes  : tels sont donc en fin de compte les éléments sur lesquels la doctri
36 t voisins de la « mystique du cœur ». Théologien, poète , et conscient de ses choix, Gottfried révèle beaucoup mieux que ses m
37 lairvaux, dont les écrits étaient si familiers au poète qu’il imite bien souvent leur dialectique de la souffrance, du désir
38 t ses thèmes directeurs se prêtaient au projet du poète d’une manière que l’on doit qualifier de proprement congénitale. Dans
39 érité, la question se ramène à savoir pourquoi le poète choisit d’aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 47. On peut aussi p
40 . » Je reviendrai sur la situation paradoxale des poètes courtois contraints de louvoyer entre la double condamnation portée c
41 it dans son Illustrations de Gaule : « Les nobles poètes disent que cinq lignes y a en amours… le regard, le parler, l’attouch
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre III. Passion et mystique
42 à la société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé leur « amour mortel » ? Pour certains, tout se rédui
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre IV. Le mythe dans la littérature
43 re les « spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes . Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleuri
44 ure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie. De même, on peut se deman
45 eur art qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépus
46 d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profanée. No
47 e qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » le lient de fait à une condition pitoyab
48 st un moment décisif non seulement dans la vie du poète , mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe.
49 m und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes , qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et
50 rême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe co
51 ïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie159. René s’amuse un j
52 nacent les débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la richesse du monde… Mais déjà l’homme du
53 flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyance n’est pas
54 ’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et les troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoir
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre V. Amour et guerre
55 ngage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour n
56 dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libération q
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VI. Le mythe contre le mariage
57 ragiques cela peut signifier. Mais l’exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion apprise par
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
58 tes interprétées par la fantaisie individuelle du poète . Les faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans
59 nde rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xiie siècle ; elle seule agit encore sur nous, en tant que mythe
60 des chœurs des anges autour du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’il compare
61 e défendre de pleurer… » Dès ce moment, ajoute le poète , « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproch
62 t François avait été le disciple enthousiaste des poètes français (d’où son nom même). Il partageait l’engouement des Italiens
8 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
63 s trois dernières décennies nombre de romanciers, poètes et cinéastes, mais de choquer la plupart des érudits. C’est sans dout
64 t l’Occident semble avoir influencé des œuvres de poètes et de romanciers, tandis que, sur le continent, des films, des ballet
65 , je reçois plusieurs lettres de Joë Bousquet, le poète paralysé de Carcassonne, dont le prestige investit profondément le gr
66 nne est sortie du Languedoc et qu’il n’est pas un poète , russe, allemand, danois, anglais, etc. qui ne doive son inspiration
67 dans son anthologie des Troubadours (Tome II, les Poètes ). Quelle est la proportion des « jongleurs », des bourgeois où des ch
68 aste absolu que l’on peut établir ici entre « nos poètes d’Oc… qui ne cessent de parler de lum et de clartaz » et le « sombre
69 itablement tristanien, arraché par l’amour que le poète ne peut s’empêcher d’éprouver pour celle « dont il n’aura jamais rien
70 on pas de démonstration. Je lis la Vida de Rudel, poète de « l’amour de loin » et croisé sans esprit de retour, dont Pétrarqu
71 ce roman trahit une inspiration cathare… Mais le poète y assimile si curieusement l’attitude de Guillem à celle d’un « patar
72 Elle s’impose à René Nelli dès qu’il considère en poète la situation du Midi au xiie siècle, mais il en vient presque à la n
73 ers, des thèmes majeurs que vont traiter tous les poètes d’amour qui suivront — les troubadours — « et après eux, des centaine
74 « et après eux, des centaines et des milliers de poètes de l’Europe entière ». Pourquoi cette création totale (et qui paraît
75 de son château. Avec cela, et avant tout, il est poète . Ses premiers « vers » (ou cansos) « chantent ses aventures galantes
76 sformé : nulle rhétorique n’est innocente pour un poète . Le processus formel qui intervient ici consiste en le passage du ver
77 er sur la matière du poème. Elles agissent sur le poète à son insu et le transforment. Guillaume découvre que l’amour, c’est
78 action n’a guère été moindre sur la conscience du poète , je veux parler de la rhétorique arabe et de l’érotique si raffinée q
79 ent connu les procédés de composition lyrique des poètes rencontrés au Proche-Orient pendant ses mois de captivité, puis en Es
80 facilités de l’amour courtois et ridiculisera ses poètes plaintifs « qui chantent comme s’ils avaient mal aux dents ». Autant
81 nt comme s’ils avaient mal aux dents ». Autant de poètes , autant de situations différentes et de jugements contradictoires sur
82 Dawoud, à un jeune homme (comme à un dieu) et le poète au nom de l’orthodoxie fera condamner au supplice le mystique convain
83 titudes et à toutes les époques, surtout pour les poètes lyriques », écrit Belperron. Or, pas une seule des grandes tragédies
84 ustien et à la « légende de l’irresponsabilité du poète  », et il écrit : En premier lieu, nous n’acceptons pas à priori l’id
85 clair que les troubadours, musiciens avant d’être poètes , modèlent leurs vers sur la mélodie. La forme strophique est d’essenc