1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Avertissement
1 que — si nous voulons comprendre dans nos vies le sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplifié. Pour
2 qui estimeront que mes stylisations font tort au sens profond du mythe. ⁂ Entraîné par mes analyses dans des domaines rése
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Préface à l’édition de 1956
3 ris, plus en vivant, d’ailleurs, qu’en lisant mes critiques , car ceux-ci n’étaient guère d’accord entre eux. Certains cependant m
4 outrances de plume par quelques analyses dont je sens qu’elles aggravent mon cas. Les historiens ont déploré mon insistance
5 ondrai simplement que j’étais à la recherche d’un sens existentiel. Je ne songeais donc nullement à chasser sur leurs terres
6 ipal de cette nouvelle version. Pour ceux dont la critique s’attachait au sens même que j’ai cru pouvoir dégager, je suis tenté
7 ersion. Pour ceux dont la critique s’attachait au sens même que j’ai cru pouvoir dégager, je suis tenté de leur donner raiso
8 ove, Londres, 1945, largement consacré à l’exposé critique des points de vue représentés par Anders Nygren (Éros et Agapè) et pa
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre premier. Le mythe de Tristan
9 e lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir des sens , ni la paix féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que la pass
10 du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe
11 s d’auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’est en partie. Il se présente comme l’expression tout anonyme
12 de même pour le mythe : son énoncé désarme toute critique , réduit au silence la raison, ou tout au moins, la rend inefficace. O
13 r origine et leur portée pour les soustraire à la critique , il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter d’une lo
14 « profane », et elles ont donc tout à gagner à la critique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer le fait
15 radiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressentons fondament
16 oit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contraignante et en moyens
17 re passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à-dire dans une
18 . Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si l’on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés pri
19 eur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’un tel geste n’est rien moins que la mise à mort de l’a
20 éveil par cette première question, notre méfiance critique ne tarde pas à découvrir d’autres énigmes, non moins curieuses et obs
21 Tristan. En effet, le « droit de la passion », au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, a
22 nte qu’en vertu d’une coutume paresseuse de notre critique littéraire. En vérité, elle ne répond à rien. Elle nous ramène simple
23 pposent à l’amour de Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’ils ne sont, à tout prendre, que des artifi
24 leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inquiétant du mythe : le danger qu’il exprime et voile, cet
25 r sombre, de la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées échangées le fait voir. Qu
26 ebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’être totale, car la pa
27 re, c’est un suicide symbolique — (on voit ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robus
28 ante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que non seu
29 En tout état de cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de l
30 e ambigu par essence, car il « trahit » au double sens du terme ce qu’il veut dire sans le dire. Il lui arrive de composer e
31 r cette formule du mythe. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et Iseut « s’entr’aiment », ou du moins, qu’ils en sont p
32 iguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tue
33 Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je le sens bien, et m’en console si les résultats sont exacts ; que certaines co
34 , de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une de l’autre soit cause ou effet, ou qu’
35 q versions. Je tiens compte également des travaux critiques plus récents de MM. E. Muret et E. Vinaver. 4. « Pur belté e pur nun
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre II. Les origines religieuses du mythe
36 emportement, un rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qui signifie « endieuse
37 e tout à la fois angoissée et enthousiasmante (au sens littéral de ce terme), d’ordre essentiellement poétique. « La « vérit
38 es rapports humains, dès cet instant, changent de sens . Le nouveau symbole de l’Amour ce n’est plus la passion infinie de l’
39 r, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique et douloureux — non seulement y est rare, mais encore et sur
40 remontent à Platon. »20 Mais il en abuse dans le sens où l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonisme vu
41 é ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phénomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est vrai que Wechs
42 réalité et un pur assemblage de formules vides de sens . » Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu’« en historien scrupul
43 mple informé « un assemblage de formules vides de sens  ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un philologue qui se resp
44 Et non pas dans le milieu purement « social » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphère religieuse qui se trouvait déter
45 elles soulèveront. Je ne songe pas à esquiver des critiques que j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré de tenir compte d
46 des troubadours. Je répondrai dans l’ordre à ces critiques . 1. Religion mal connue Si elle n’était pas connue du tout, le problè
47 mes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une conscience distincte.
48 r discrètement que leurs poèmes avaient un double sens précis, outre le symbolisme habituel et qui allait de soi. Dans ce ca
49 le symbole se double d’une allégorie, et prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’école du trobar clus, déjà citée
50 fut possible d’y mettre deux (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient
51 de sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer) s’expliquerait-ell
52 es et rationnels. Ce n’est donc que sur le double sens allégorique que devrait porter la question… Et enfin toute cette poés
53 anroy veut voir un trait biographique, détient un sens mystique évident : « Ce que le corps me refuse, l’âme me l’octroie »
54 me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore que celui-ci, qui est franciscain avant la lettre). Et quant a
55 notre schéma : si les erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine religieuse et mystique,
56 ment énumérables et très profondément connues (au sens total) par plusieurs hommes de ma génération : je veux parler du surr
57 nservés et traduits ne paraissent présenter aucun sens , et l’on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érot
58 furent obligés de recourir à des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’usage était interdit
59 s qui s’explique fort bien si l’on prend garde au sens liturgique du salut. f) Les mystiques arabes insistent sur la nécess
60 st-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique le sens secret des allégories. Or dans la plupart des poèmes provençaux appar
61 J’irai maintenant un peu plus loin, mais dans mon sens , non dans le leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une de ces so
62 u contexte — accords sans clé — et sur lesquelles critiques et lecteurs trop pressés se jetteraient en criant : « Des preuves ! »
63 un langage intentionnel, secret, obscur, à double sens , dans lequel un état de conscience est exprimé par un terme érotique 
64 aliser la béatitude nirvanique et la maîtrise des sens , i. e. l’arrêt séminal »72. Des pratiques similaires sont prescrites
65 onc incroyable jusqu’à nouvel avis. Je cherche un sens , donc des analogies illustratives et illuminatives. Et je ne prétends
66 emblable, tout cela peut être « vrai » aux divers sens du mot, et simultanément, et de plusieurs manières. Tout cela nous ai
67 de l’amour courtois et de sa rhétorique à double sens . « C’est du contact des légendes exotiques avec les idées courtoises
68 le que Chrétien de Troyes n’était pas instruit du sens païen et secret de ces traits mystérieux qu’il rapportait »82 ? Ou bi
69  »82 ? Ou bien se vit-il contraint de déguiser ce sens , en sorte que seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et la do
70 puérile du conte, destinée justement à masquer le sens profond aux regards superficiels, non avertis. Mais quand bien même l
71 -dire de la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages
72 ds bien la faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont
73 ants. C’est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volont
74 plus purement courtois des romans bretons, en ce sens que la part épique — combats et intrigues — y est réduite au minimum,
75 est le plus « breton » des romans courtois, en ce sens qu’on y trouve incorporés des éléments religieux et mythiques d’origi
76 qui avait perdu la foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous trouv
77 ugerait absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il c
78 p. 205 et suiv. On trouve parfois « jusqu’à cinq sens équivalents pour un seul terme ». 70. L. de La Vallée-Poussin, Boudd
79 ntendu que je n’épingle ici que des dépouilles de sens … 75. Note du professeur Jeanroy : « C’est-à-dire, si vous parvenez
80 avec l’amour courtois est clair. Et non moins le sens donné à mercy, que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à la G
81 d’une initiation à la Féminité insaisissable aux sens charnels. » L’auteur semble avoir deviné le caractère « tantrique » q
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre III. Passion et mystique
82 s tout de suite ce qui le rend inévitable à notre sens . S’il n’y avait en jeu, dans le cas de la passion, que des facteurs p
83 raînés par l’ardeur proprement « romanesque » (au sens moderne et littéraire du terme) et par des complaisances bien explica
84 te maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’autres sens possibles, un fait d’observation purement psychologique : la passion
85 elles ou morales qu’entraîne la mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le
86 ue. On reviendrait donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe, et le Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’
87 un langage dont la seule mystique définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en
88 tué aux métaphores mystiques, qu’il entend à leur sens profane, sera tenté de voir dans cette même phrase l’expression de la
89 blimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question
90 sulte que l’amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux. On peut alors prévoir que cet
91 les mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse
92 igieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il entre en oraison : « Je trouve que cela est indiffé
93 amère, on s’exprime par métaphore, au figuré. Le sens propre du mot « amer » serait alors celui qui concerne la sensation p
94 nt-elles donc recherché si, chronologiquement, le sens « matériel » d’un mot précède toujours le « spirituel », qui ne serai
95 pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs, le sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés 
96 on ces deux auteurs, le sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés » l’un à l’autre, car tous
97 est une même manière d’être affecté, soit par les sens , soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de no
98 Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les sens s’émoussent, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idioti
99 orthodoxe de l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour dans les deux cas. Les hérétiques cathare
100 narcissisme. Il ne vise plus à la libération des sens , mais à la douloureuse intensité du sentiment. Intoxication par l’esp
101 tous les écrits d’Eckhart, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (Einung). Toutefois un tel passage inclinera
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre IV. Le mythe dans la littérature
102 lus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut se demander, avec La Rochefoucauld : combien d’hommes s
103 lter, ou simplement pour s’entretenir. (Le double sens est significatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier. Les sentim
104 r imitation, sont des créations littéraires en ce sens qu’une certaine rhétorique est la condition suffisante de leur aveu,
105 eur fugitive » qu’est l’amour idéalisé. Et je me sens au cœur venir, heure par heure, une belle colère, âpre et sévère qui
106 es imitations se trouvent amenés à redécouvrir le sens original des légendes mystiques. Mais alors ils ne peuvent se servir
107 ortés, forêts, enchantements terribles et dont le sens dépasse le son. « Where more is meant then meets the ear »… Il avait
108 ille et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La nature symbolique des suje
109 e pour un apprenti serrurier. » ⁂ En vérité je me sens fort capable d’entreprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de
110 purement psychologique où Corneille se place, le sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et il ju
111 es à la défaite de l’esprit, à la résignation des sens . Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal du siècle » (séculari
112 as l’inceste, c’est la passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’autre moyen qu’il a trouvé pour en parler voluptueus
113 s signifient avec exactitude le contraire de leur sens littéral150. Cette glorification du sexe est une constante et rationn
114 u siècle, nous allons parcourir le même chemin en sens inverse : par Werther, cette réplique d’Héloïse mais qui finit beauco
115 les, et trop tentants. (Dans leur nudité même, je sens trop bien qu’ils risquent de prendre figure d’arguments, à cet endroi
116 noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pa
117 obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une critique sceptique, tandis que les morales s’abâtardissent, et que tout élémen
118 sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accueillir
119 de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaine l’erreur qui doit s
120 présence du « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l
121 on jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond de l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artifici
122 e vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun de la critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui faisait de Tris
123 divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là u
124 ît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens contradictoires — comme presque tous les termes du vocabulaire de l’e
125 boliquement. Que cela n’ait plus aucune espèce de sens valable, il suffit pour s’en assurer d’imaginer l’impuissance absolue
126 les termes de l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui restait une rhétorique. Elle pouvait exprim
127 our humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui restait une rhétorique. Elle pouvait exprimer nos instincts n
128 rappelle que j’emploie toujours ce mot au double sens de sacrilège et de laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas
129 eue, arpèges, somnolence de l’esprit, rêverie des sens … 154. W. Schlegel commença en 1808 une rédaction modernisée de Trist
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre V. Amour et guerre
130 nner lieu à d’innombrables plaisanteries à double sens . Ce parallélisme d’ailleurs est complaisamment exploité par les écriv
131 et toute hédoniste. La « courtoisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité. Il n’était plus question de cond
132 rre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des choses et l’influence du cœur humain sur les résolutions
133 nomène beaucoup plus passionnel que politique, au sens strict du terme.182 Longtemps contenue dans les formes classiques de
134 liberté et mort étaient bien près d’avoir le même sens … Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Dé
135 iène autoritaire agissent à peu près dans le même sens  : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acquis par la
136 ette fin. Et tout ce que l’on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les preuves de ce nouveau parallél
137 s beaucoup plus par l’impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abst
138 es plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens précis de relâchement des liens sociaux. La première guerre européenn
139 ue par l’intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen Âge en nous faisant pénétrer par
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VI. Le mythe contre le mariage
140 a tant contribué à former. Ce qui explique, à mon sens , l’état présent de dé-moralisation générale, c’est la confuse dissens
141 squ’il n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvris
142 e réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive
143 e l’ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont porté déjà aux limites du désobligeant : nous aim
144 fie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des
145 une institution faite pour durer — ou n’a pas de sens . Voilà le premier secret de la crise actuelle, crise qui peut se mesu
146 spect de l’évolution psychologique primant sur le sens du serment, peuvent être rattachés au complexe romanesque. Mais il y
147 tion de la psyché moderne, dont le principe et le sens nous demeurent cachés, mais qui donnera peut-être aux historiens futu
148 s lointains ne sauraient être évalués tant que le sens général de la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer
9 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VII. L’amour action, ou de la fidélité
149 tout dire, j’ignore encore si cela peut avoir un sens  : approuver ou rejeter la passion. Combien serait vaine l’attitude in
150 affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la troisième, c’est-à-dire en maintenant sans cesse
151 ble que l’on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonneme
152 sseront de mériter cet inquiétant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que la fidélité se
153 Car la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le plus large du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la
154 t un parti pris, ou mieux, une prise de parti, au sens actif de l’expression, une attitude fondamentale de créateur. Ainsi,
155 enfants. On voit ici combien sont différents les sens du mot aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On
156 L’impératif : « Sois amoureux ! » serait vide de sens  ; ou s’il était réalisable, priverait l’homme de sa liberté. 5.Éro
157 . Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens moderne et revendicateur. Elle procède du mystère de l’amour. Elle n’
158 se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tempérament) mais c’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de c
159 supposé qu’elle n’y succombe point), retrouve le sens d’une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la mesu
160 n d’Éros. » 203. En quoi consiste le respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totali
161 rait à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien — la guérison
162 au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien — la guérison à obtenir, c’est que l’infidèle croie — devrai
10 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
163 pas initiés à cette tradition. Ils ignoraient le sens primitivement sacré et symbolique des personnages dont ils nous conte
164 départ de Tristan pour la Bretagne n’a plus aucun sens « historique » défini ; etc. C’est pour toutes ces raisons que je ne
165 que de la légende rédigée, et réinventée quant au sens , par les poètes du xiie siècle ; elle seule agit encore sur nous, en
166 variante près — c’est plutôt un « transfert » au sens freudien — la situation juridique est bien du même ordre. 4.Concep
167 lson, celle de la « chair » et de l’« esprit » au sens paulinien de ces termes, mais surtout celle de l’hérésie et de l’orth
168 ranscendant, il n’y a pas de problème mystique au sens où les chrétiens l’entendent. Ce qu’ils ont à expérimenter… c’est l’i
169 genèse d’un tableau de ce genre. Du point de vue critique , cependant, on pourrait toujours dire que la notion d’art se refuse à
170 firz aurait à peine changé, donnant fers, avec le sens de Premier ministre. Mais voilà qui recule simplement la difficulté.
171 déviation du son est aussi prononcée que celle du sens . Il s’agit en tout cas d’une erreur, qui eût aussi bien pu être toute
172 ion psychique du Moyen Âge. C’est l’erreur sur le sens d’abord, puis la tendance révélée par l’erreur qui m’intéresse, qui s
173 e entremêlé de folie Et frappé d’aveuglement. Ses sens étaient troublés Égarés par la Minne Et comme délivrés De leur frein
174 t décrite en détail, et chaque détail comporte un sens symbolique commenté par l’auteur. La « fossure » a été construite par
11 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
175 ci, je ne veux que répondre à quelques-uns de mes critiques , et redresser quelques erreurs, qui ne sont pas toutes de leur côté,
176 pas plus longtemps impunies certaines insolences critiques . Je saisis donc le prétexte d’une réédition en grand format pour alou
177 vous demande… Un peu plus tard, le 12 avril, le critique littéraire Jean Fourès m’envoie un communiqué, qu’il me dit avoir pré
178 petites gens » selon Belperron, plusieurs de mes critiques déclarent que ces « humbles origines » excluent tout contact avec la
179 sérieux historique et se bornant à reprendre sans critique les hypothèses aventureuses de Rahn. »222 Les motifs de cette évolut
180 re mot des troubadours et ce n’est pas la joie au sens français du mot. Je crains que le contraste absolu que l’on peut étab
181 sa genèse, fût-ce même par réaction ? Et qu’en ce sens on pourrait bien soutenir que tous les troubadours nolens volens fure
182 fût plus proche du second que du premier par son sens du sacré, des symboles et des coïncidences signifiantes ou synchronic
183 ticence ? De quel irréductible parti pris ? Je me sens moins sûr de mes raisons que d’avoir senti juste, je le confesse. Qua
184 y d’amors en occitan, est un mot masculin dont le sens varie non seulement selon les époques — de Guillaume IX à Montanhagol
185 ans l’avoir (encore) obtenu : joie de désirer. Le sens de joy oscille donc entre plaisir d’être amoureux et vœu d’éterniser
186 ment humain. Sécularisation de l’enthousiasme (au sens littéral « d’endieusement ») qui découvre la plénitude et le « salut 
187 bien que les jugements portés sur l’Amour, sur le sens de la retenue dans l’asag, sur la soumission et l’allégeance de l’hom
188 ormules d’erreur qui me paraissent affecter leurs critiques . — Ils croient encore aux relations de cause à effet, chères à nos ér
189 duire la vérité celui qui aura conçu le plus haut sens . Inconcevable naïveté des érudits qui, prononçant « Descartes ! » com
190 scient et tiennent pour assurée, au-delà de toute critique , l’incompatibilité de la volonté de vivre et du désir de mort, pourta
191 moins bonne en premier lieu. Devant la meute des critiques aboyant à mes trousses dans toutes les revues dites « scientifiques »
192 re laissé entraîner sur un terrain où mes savants critiques seraient peut-être les mieux armés : je crois avoir plutôt tenté d’ap
193 ter. Les catholiques m’ont approuvé à cause de la critique de l’hérésie que semblaient impliquer mes mises en garde contre la pa
194 siècle d’exposition à toute espèce d’intempéries critiques , personnelles et publiques, psychologiques et politiques. Mais le plu
195 age), on comprend que Tristan ne puisse aimer (au sens du dürfen allemand, ou permission) que si l’objet de son amour est él
196 s par une telle fièvre, par ce bouleversement des sens et de l’âme. La passion est ce trouble effrayant mais délicieux que p
197 ésir, non du plaisir ; mais on peut en étendre le sens jusqu’à voir qu’elle motive et invente la plupart des obstacles du ro
198 tante et contraignante qu’il n’en connaît plus le sens , jadis libérateur, et ne sait plus en lire les symboles. J’ai tenté d