1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre premier. Le mythe de Tristan
1 s n’ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles , réduit l’amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’a
2 ), et il en parle comme d’un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus guère qu’une survivance (Appen
3 es chroniqueurs, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise du mariage ». Elle ap
4 rand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influence et de
5 valerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont elles se sentent menacées.
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre II. Les origines religieuses du mythe
6 du mal, qui domine toute la Création visible. Des siècles avant l’apparition de Manès, on peut déceler la même opposition dans
7 . Le platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut jamais une doctrine populaire, mais une sagesse ésot
8 nrent largement vivantes en Occident que dans les siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel. Et c’est
9 des complaisances profondes dans la mentalité du siècle . Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Celle-ci ne connaissai
10 urait plus douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles , la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allema
11 édent dans toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles de culture romane qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bi
12 nt supposé que la poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles : tout compte fait, cela ne se tient pas
13 délivrés. Les manichéens connaissaient depuis des siècles les mêmes sacrements que les cathares : l’imposition des mains, le ba
14 une éthique de l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’aut
15 uerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles  ?). g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyri
16 épanouissement du lyrisme andalou aux xe et xie siècles nous est aujourd’hui bien connu. La prosodie précise du zadjal est ce
17 rgissent dans l’époque, l’inordinatio profonde du siècle , dont les plus grands saints et les plus grands docteurs subissent et
18 glise menacée et entraînée… La papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un sentiment qui n’avait pas attend
19 ligieuse dont l’influence s’épanouira pendant des siècles . « Du point de vue formel, le tantrisme se présente comme une nouvell
20 éisme, qui triomphe du jugement de l’Église et du siècle , complices aux yeux de Gottfried et des cathares. Mais ceci jette un
21 ’espèce de trahison géniale opérée par Wagner six siècles et demi plus tard. Même si l’on ignorait que la source de Wagner fut
22 âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle , à la contradiction tragique entre le Bien — qui ne peut être que l’A
23 eclus, et de maris trompeurs, les Inquisiteurs du siècle suivant n’eussent pas manqué de lire simplement juges, prêtres, reclu
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre III. Passion et mystique
24 est fuite. » Et Thérèse d’Avila disait, plusieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase, l’âme doit penser « comme s’il n’y
25 serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégager ne se
26 nfluencer si profondément le langage mystique des siècles suivants. Souviens-toi, ô créature, que ta nature est celle des ange
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre IV. Le mythe dans la littérature
27 imes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle  : Des autres passions, je ressens des assauts fréquents, mais courts
28 , qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle . Mais je ne crois pas qu’ils se soient engendrés en ligne directe. Ch
29 nes de textes à travers les xiiie , xive et xve siècles . Elle couvre la même étendue que l’influence des troubadours : l’Euro
30 orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du siècle , qui refoulaient les anciennes hérésies dans une obscurité plus profo
31 ce et à l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle , la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son paras
32 Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal du siècle  » (sécularisation de la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansén
33 de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècles précéd
34 nts auront grand-peine à se maintenir, et que les siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se traitent dan
35 rendre garde, se rangent aux lois de la raison du siècle , reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce impr
36 sur les mœurs ne s’est guère fait sentir que deux siècles plus tard. (Il a fallu que les philosophes de Sturm und Drang le trad
37 es encore qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se gu
38 oriquement, une invention du xviiie , du moins ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage le rôle exact de Lucifer par
39 , impérieuses, pourront de même assassiner chaque siècle des millions d’individus, et nous, faibles et malheureux particuliers
40 du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècle , nous allons parcourir le même chemin en sens inverse : par Werther,
41 ature romanesque qui aboutit, au cours du dernier siècle , à ce renversement des rôles : l’instinct devenant le vrai support d’
42 ue l’on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle , ce que l’Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémé
43 es et dans Phantasus. 158. Il faudra attendre un siècle pour en voir un : Bergson, disciple de Schelling. 159. Voir le Journ
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre V. Amour et guerre
44 dans notre histoire à partir des xiie et xiiie siècles . On voit alors le langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne dés
45 ormer à ses règles : la guerre, aux xive et xve siècles , était faite d’approches furtives, d’incursions et de raids. » Cepend
46 s. Autre transformation significative à la fin du siècle  : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’origine oriental
47 e déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra considérer tout changement dans la
48 ffort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles , sera de dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que poss
49 le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles .178 Avec Vauban, le siège d’une place forte devient une sorte d’opé
50 est dans cette guerre et ce jeu de l’amour que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressources les
51 tes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi
52 rs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats le
53 nt des volontaires… 179. J. Boulenger, Le Grand Siècle . 180. F. Foch, DesPrincipes de la guerre (1903, réédité en 1929).
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VI. Le mythe contre le mariage
54 tre leurs corps une épée nue. Descendons quelques siècles et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans
55 é de proposer, fût-elle jugée « la bonne » par le siècle à venir, serait aujourd’hui frappée d’inefficacité, ou si elle pouvai
56 euse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérature romanesque. Quant au thème de l’ouvrier ou du
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VII. L’amour action, ou de la fidélité
57 ant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que la fidélité se définit comme la moins naturelle
58 e et nos cultures qu’à partir des xiie et xiiie siècles , et par l’impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît qu
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
59 valoir du caractère sacré que certains auteurs du siècle dernier ont cru pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’Ise
60 d’anachronisme. A-t-on seulement remarqué que les siècles passés usaient très couramment d’un langage plus « grossier » que le
61 die et quelque peu aventureuse de deux auteurs du siècle dernier : Eugène Aroux et, à sa suite, Péladan. Aroux expose le résul
9 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
62 ittéraire et religieuse issue aux xiie et xiiie siècles des troubadours languedociens. Ce livre, qui a pour titre « L’Amour e
63 morale et religieuse de notre pays à travers les siècles . Mais la guerre va suspendre tôt après notre correspondance et, j’im
64 entre troubadours et cathares aux xiie et xiiie siècles . Alors que Davenson ne craint pas d’écrire qu’« aucun document ne per
65 isme, dans les mêmes régions, et que pendant deux siècles au moins les deux doctrines ont coexisté » (L’Érotique des troubadour
66 comment ferait-on pour le reconnaître, à tant de siècles de distance, chez des hommes qui ne disaient pas tout comme nous le d
67 livre vit, tant aimé que honni, après un tiers de siècle d’exposition à toute espèce d’intempéries critiques, personnelles et