1 1973, Responsabilité de l’écrivain dans la société européenne d’aujourd’hui (1973). Aux origines : le Mythe et l’Épopée
1 maient un peuple et lui donnaient ses valeurs. De nos jours, Rilke ne forme que des sensibilités individuelles dans une « é
2 lation soit parlée, soit écrite, se perpétue dans nos littératures sous des formes aisément identifiables, pour peu qu’on s
3 is quel savoir nouveau gagnera ce sens plus pur ? Nos littératures, quelque profanes qu’elles soient devenues, n’en conserv
4  : depuis les impressionnistes, note Oscar Wilde, nous voyons bleues les ombres portées sur la neige.
2 1973, Responsabilité de l’écrivain dans la société européenne d’aujourd’hui (1973). Après le xiie siècle : vers une littérature distincte du social
5 us. Comme dans le bouddhisme. Dans leur ensemble, nos littératures se sont progressivement dessaisies de leur mission créat
6 . Sartre, la contestation. Critique dévastante de notre civilisation, mais qui n’a pas encore trouvé son Swift, ni même son C
3 1973, Responsabilité de l’écrivain dans la société européenne d’aujourd’hui (1973). Quelques exemples d’engagements, du Moyen Âge jusqu’à nous
7 ques exemples d’engagements, du Moyen Âge jusqu’à nous Pour tenter d’éclaircir le problème concret d’une possible et souha
8 ements d’écrivains célèbres, du Moyen Âge jusqu’à nous  : ils nous feront au moins entrevoir les complexités du problème. Le
9 rivains célèbres, du Moyen Âge jusqu’à nous : ils nous feront au moins entrevoir les complexités du problème. Le plus grand
10 t que tel. (Ce sera le cas des grands Russes dans notre siècle.) Magister verbi divini, responsable de la Parole, Calvin fon
11 tres au rôle de simple catéchisme, comme ont fait nos régimes totalitaires. Mais voici d’Aubigné, Du Bartas et Marot en poé
12 au service » des citoyens. Il est remarquable que notre xxe siècle n’ait retenu du xixe que les génies antisociaux, les hér
13 tés contre le monde moderne, et que ceux-là seuls nous paraissent vraiment grands : Kierkegaard, Nietzsche, Rimbaud, Dostoïe
14 révolte générale de la culture contre le monde où nous vivons reste sans efficacité, dans l’immédiat. Elle n’agit que sur de
15 tredit brutalement ce qui est tenu pour juste par nos orthodoxies de droite ou de gauche, et par la morale courante. Au mil
16 e gauche, et par la morale courante. Au milieu de notre siècle, enfin, le surréalisme fournit l’exemple le plus excitant et c
4 1973, Responsabilité de l’écrivain dans la société européenne d’aujourd’hui (1973). Jean-Paul Sartre et l’engagement
17 trouve page 298 de l’ouvrage cité : « En un mot, nous devons dans nos écrits militer en faveur de la liberté de la personne
18 ve page 298 de l’ouvrage cité : « En un mot, nous devons dans nos écrits militer en faveur de la liberté de la personne et de
19 de l’ouvrage cité : « En un mot, nous devons dans nos écrits militer en faveur de la liberté de la personne et de la révolu
20 étendu qu’elles n’étaient pas conciliables, c’est notre affaire de montrer inlassablement qu’elles s’impliquent l’une l’autre
21 ’est la chance de l’Europe. Il faut la jouer ; si nous la perdons, nous autres écrivains, tant pis pour nous. » Faut-il donc
22 l’Europe. Il faut la jouer ; si nous la perdons, nous autres écrivains, tant pis pour nous. » Faut-il donc dire tant pis po
23 la perdons, nous autres écrivains, tant pis pour nous . » Faut-il donc dire tant pis pour Sartre l’écrivain ? De fait, il n’
24 t à l’essentiel de cette doctrine, comme la suite devait le démontrer. Parlant de l’Europe, il disait vrai, objectivement, mai
5 1973, Responsabilité de l’écrivain dans la société européenne d’aujourd’hui (1973). Le ludion, le contestataire et le prophète
25 ariétés de l’engagement politique de l’écrivain » nous permettra maintenant de distinguer trois types d’auteurs, selon le mo
26 discours idéologique, dont l’efficacité immédiate doit suffire. Mais la contestation la plus féconde et la plus efficace en
6 1973, Responsabilité de l’écrivain dans la société européenne d’aujourd’hui (1973). « L’écrivain engagé, tel que je l’imagine et l’appelle »
27 a situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écrits figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ils revendiqu
28 ’espèce d’homme qui se hâte”, écrivait Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’esp
29 ai jamais prétendu que tout écrivain digne du nom doive s’engager. Je viens de montrer au contraire que certains ne le peuven
30 « Quand l’écrivain s’engage dans la politique, il devrait le faire en tant que citoyen, ou en tant qu’homme, jamais en tant qu’
31 et d’abord des communautés. Et cela comporte pour nous tous : donner réponse, dire la réalité du monde nouveau que nos révol
32 ner réponse, dire la réalité du monde nouveau que nos révoltes obscurément postulent, mais si elles pouvaient le concevoir
33 prophète voit déjà comme passé. Ce que l’écrivain doit au monde en cette fin du xxe siècle, c’est de susciter le modèle d’u
34 a puissance horrible des États-nations. Et ce que nous attendons du meilleur écrivain, c’est qu’il fasse converger dans son
35 e de la littérature des « engagés et enragés » de notre temps.