1 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). Note liminaire
1 Note liminaire Les textes de discours et conférences que l’on va lire ne sont sans doute que les a
2 l’on va lire ne sont sans doute que les approches d’ un même thème, varié selon les circonstances et adapté aux préoccupati
3 elles l’aider à se familiariser avec une attitude de pensée politique dont il faut bien reconnaître qu’elle rencontre enco
4 tenace, chez nos contemporains, du vieux système de certitudes et d’évidences que l’École et la Presse ont inculqué à cin
5 contemporains, du vieux système de certitudes et d’ évidences que l’École et la Presse ont inculqué à cinq ou six générati
6 la Presse ont inculqué à cinq ou six générations d’ Européens, quant à l’État et à sa souveraineté illimitée dans ses fron
7 ses frontières, quant à l’Économie, vrai sérieux de l’existence, quant au Progrès qu’on n’arrête pas et qui, grâce à la S
8 vers le mieux, comme chacun le sait jusqu’au fond de la Polynésie. Or nous n’avons plus tellement de temps pour l’arrêter
9 d de la Polynésie. Or nous n’avons plus tellement de temps pour l’arrêter avant le bang final vers quoi nous emmène tous s
10 ccélération imperturbable. Le sentiment croissant de l’imminence des désastres explique sans doute la multiplication des t
11 ur y voir clair ensemble » qu’ont été les congrès de septembre et d’octobre dont j’essaie de tirer ici les conclusions. D.
12 ensemble » qu’ont été les congrès de septembre et d’ octobre dont j’essaie de tirer ici les conclusions. D. R.
13 s congrès de septembre et d’octobre dont j’essaie de tirer ici les conclusions. D. R.
2 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). L’Europe au miroir des congrès en 1974
14 L’Europe au miroir des congrès en 1974 Au début de septembre 1974, je me lançais dans ma première galopade — et ma derni
15 six congrès européens et internationaux en moins de deux mois. Non certes que je n’eusse pas connu plus tôt ce genre de f
16 certes que je n’eusse pas connu plus tôt ce genre de fêtes ou de cohues intellectuelles, mais ce n’avait été jusqu’ici qu’
17 e n’eusse pas connu plus tôt ce genre de fêtes ou de cohues intellectuelles, mais ce n’avait été jusqu’ici qu’au rythme d’
18 elles, mais ce n’avait été jusqu’ici qu’au rythme d’ une manifestation tous les deux ou trois ans depuis 1946, et il s’agis
19 1946, et il s’agissait, dans la plupart des cas, de colloques internationaux dont j’étais soit l’initiateur et le rapport
20 tion devait être bien différente dans les congrès de septembre et d’octobre 1974, auxquels j’avais imprudemment accepté de
21 bien différente dans les congrès de septembre et d’ octobre 1974, auxquels j’avais imprudemment accepté de participer, pen
22 tobre 1974, auxquels j’avais imprudemment accepté de participer, pensant bien avant cette date qu’un livre que j’avais en
23 fficultés les plus variées, tout en me permettant de prendre une série de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d
24 riées, tout en me permettant de prendre une série de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d’aujourd’hui.
25 e une série de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d’aujourd’hui.
26 de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d’ aujourd’hui.
3 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). I. Alpbach : le trentième anniversaire du Forum européen
27 éen Du 22 au 26 août 1974 Je viens de déménager d’ une grande ferme du xviiie siècle que je louais depuis 27 ans — ancie
28 s depuis 27 ans — ancienne maison du garde-chasse de Voltaire à Ferney — dans une ferme de mêmes proportions et du même si
29 arde-chasse de Voltaire à Ferney — dans une ferme de mêmes proportions et du même siècle, à 7 km de là, qu’il a fallu rebâ
30 me de mêmes proportions et du même siècle, à 7 km de là, qu’il a fallu rebâtir et rien n’est prêt. J’ai 8200 livres à déba
31 est prêt. J’ai 8200 livres à déballer, 80 cartons de manuscrits à rouvrir et à reclasser. Des ouvriers tapent sur ma tête
32 eclasser. Des ouvriers tapent sur ma tête à coups de marteau, d’autres me vrillent les tempes à l’aide de perceuses électr
33 et cela provoque presque chaque jour des palabres de plusieurs heures. J’envoie à Otto Molden, président du « Forum europé
34 ie à Otto Molden, président du « Forum européen » de l’Oesterreichisches College, un télégramme expliquant que les circons
35 amme expliquant que les circonstances m’empêchent de participer au trentième anniversaire de l’institution qu’il a fondée.
36 empêchent de participer au trentième anniversaire de l’institution qu’il a fondée. Trois jours plus tard, Otto Molden me t
37 . Trois jours plus tard, Otto Molden me téléphone de Vienne. Mon absence, en tant que seul orateur français est simplement
38 six-cents professeurs universitaires et étudiants de tous les pays de l’Europe seront là pour cette plus grande fête du Co
39 eurs universitaires et étudiants de tous les pays de l’Europe seront là pour cette plus grande fête du Collège. Il est don
40 cours. Du 4 au 7 septembre Alpbach, Tyrol, 1000 m d’ altitude, des maisons blanches aux fenêtres ornées, des chalets bruns,
41 ns, une énorme église baroque, dans des pâturages d’ un vert cru, des forêts de sapins, et quelques petits névés enveloppan
42 que, dans des pâturages d’un vert cru, des forêts de sapins, et quelques petits névés enveloppant un pic rocheux à l’extré
43 évés enveloppant un pic rocheux à l’extrémité sud de la vallée, vers l’Italie. Depuis la libération, en 1945, le Collège d
44 Italie. Depuis la libération, en 1945, le Collège d’ Autriche y a réuni trente sessions d’été d’études européennes. Les cou
45 , le Collège d’Autriche y a réuni trente sessions d’ été d’études européennes. Les cours et séminaires se tenaient au début
46 ollège d’Autriche y a réuni trente sessions d’été d’ études européennes. Les cours et séminaires se tenaient au début sur u
47 séminaires se tenaient au début sur une terrasse d’ auberge, sur un pré, dans une salle de bal du seul hôtel. Depuis, Mold
48 ne terrasse d’auberge, sur un pré, dans une salle de bal du seul hôtel. Depuis, Molden et ses amis1 — qui n’étaient encore
49 et ses amis1 — qui n’étaient encore, en 1945, que d’ heureux rescapés de la Résistance — ont fait construire un bâtiment ac
50 n’étaient encore, en 1945, que d’heureux rescapés de la Résistance — ont fait construire un bâtiment accordé au style du v
51 ités du Forum européen. Chaque été, des centaines d’ étudiants et une cinquantaine de professeurs étudient notre Europe en
52 té, des centaines d’étudiants et une cinquantaine de professeurs étudient notre Europe en trois ou quatre langues et une d
53 Europe en trois ou quatre langues et une douzaine de disciplines. L’atmosphère intellectuelle est d’une alpestre alacrité.
54 e de disciplines. L’atmosphère intellectuelle est d’ une alpestre alacrité. Tous les problèmes de pointe, réels ou à la mod
55 e est d’une alpestre alacrité. Tous les problèmes de pointe, réels ou à la mode, sont traités par de très hautes autorités
56 s de pointe, réels ou à la mode, sont traités par de très hautes autorités : Schrödinger, prix Nobel de physique, Franz vo
57 e très hautes autorités : Schrödinger, prix Nobel de physique, Franz von Hayek, prix Nobel d’économie, Salvador de Madaria
58 ix Nobel de physique, Franz von Hayek, prix Nobel d’ économie, Salvador de Madariaga, Ernst Bloch, et des professeurs « dan
59 Ernst Bloch, et des professeurs « dans le vent », de Theodor Adorno à Étiemble, de Karl Popper à Alain Touraine y ont souv
60 s « dans le vent », de Theodor Adorno à Étiemble, de Karl Popper à Alain Touraine y ont souvent dirigé des groupes d’étude
61 à Alain Touraine y ont souvent dirigé des groupes d’ études. Arthur Koestler, séduit par le climat intellectuel autant que
62 lümli en Alsace, et sliwovicz en Croatie. Citoyen d’ honneur de cette communauté, depuis 1952, très conscient des services
63 lsace, et sliwovicz en Croatie. Citoyen d’honneur de cette communauté, depuis 1952, très conscient des services rendus à l
64 la cause européenne par le Collège autrichien, et de mes devoirs à son égard, je passe une partie de la nuit à me préparer
65 t de mes devoirs à son égard, je passe une partie de la nuit à me préparer. Le thème que l’on m’a proposé : Trente années
66 er. Le thème que l’on m’a proposé : Trente années d’ évolution culturelle en Europe, en relation avec l’idée d’union europé
67 ion culturelle en Europe, en relation avec l’idée d’ union européenne est le type même du sujet impossible à traiter : c’es
68 st guère intéressant en soi. Plus instructif sera de contraster les efforts pour l’Europe déployés depuis 30 ans par nos i
69 rivés, et l’évolution généralement antieuropéenne de la culture en Europe durant le même temps. C’est ce que je tenterai d
70 pe durant le même temps. C’est ce que je tenterai de faire le lendemain matin, lorsqu’après la messe solennelle et le serm
71 e rappellent quelques-unes des plus belles heures de notre lutte commune pour l’Europe fédérée. Je ne vous ferai pas le di
72 ’Europe fédérée. Je ne vous ferai pas le discours d’ un ancien combattant, mais bien d’un militant de l’Europe qui, tel le
73 pas le discours d’un ancien combattant, mais bien d’ un militant de l’Europe qui, tel le John Paul Jones de la Guerre d’Ind
74 s d’un ancien combattant, mais bien d’un militant de l’Europe qui, tel le John Paul Jones de la Guerre d’Indépendance, s’é
75 ones de la Guerre d’Indépendance, s’écrie au cœur d’ un combat en retraite, alors qu’on le somme de se rendre : « J’ai à pe
76 œur d’un combat en retraite, alors qu’on le somme de se rendre : « J’ai à peine commencé à me battre ! » De quoi sommes-no
77 rendre : « J’ai à peine commencé à me battre ! » De quoi sommes-nous partis au lendemain de la guerre ? Qu’avons-nous réu
78 attre ! » De quoi sommes-nous partis au lendemain de la guerre ? Qu’avons-nous réussi ou raté ; et que devons-nous faire a
79 iques — ou l’inverse — comme celles dont le Forum d’ Alpbach fut l’un des premiers exemples, un consensus général s’est dég
80 ique, et encore moins militaire, mais une manière de vivre, de sentir le monde, et de juger les rapports humains — donc un
81 ncore moins militaire, mais une manière de vivre, de sentir le monde, et de juger les rapports humains — donc une culture,
82 mais une manière de vivre, de sentir le monde, et de juger les rapports humains — donc une culture, au sens le plus large
83 e, au sens le plus large du terme. Il serait vain de rêver d’union là où n’existe pas d’unité préalable sur quoi bâtir. Il
84 s le plus large du terme. Il serait vain de rêver d’ union là où n’existe pas d’unité préalable sur quoi bâtir. Il faut fai
85 l serait vain de rêver d’union là où n’existe pas d’ unité préalable sur quoi bâtir. Il faut faire l’union politique pour p
86 mode de vie et cette culture qui sont les raisons d’ être de l’Europe. Et il faut restaurer l’unité culturelle si l’on veut
87 vie et cette culture qui sont les raisons d’être de l’Europe. Et il faut restaurer l’unité culturelle si l’on veut que l’
88 ienne possible. Les deux actions sont les aspects d’ un seul et même processus historique dont nous sommes les agents respo
89 -forme commune, nous avons travaillé pour l’union de l’Europe, avec des résultats plus qu’honorables. Lors de la Conféren
90 qu’honorables. Lors de la Conférence européenne de la culture (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misère 
91 e (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misère : manque de papier partout, Bach introuvable en Allemagne, Deb
92 nous nous voyons en situation de misère : manque de papier partout, Bach introuvable en Allemagne, Debussy en France ; ba
93 ralysant les échanges culturels ; nationalisation de la recherche scientifique ; censure politique ; étatisation de la vie
94 he scientifique ; censure politique ; étatisation de la vie intellectuelle dans un tiers des pays de l’Europe. Devant cett
95 n de la vie intellectuelle dans un tiers des pays de l’Europe. Devant cette situation, courant au plus pressé, la conféren
96 situation, courant au plus pressé, la conférence de Lausanne a voté 23 résolutions dont 21 ont été réalisées. Quelques ex
97 éalisées. Quelques exemples. À l’instar de foyers d’ enseignement du type d’Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’Euro
98 ples. À l’instar de foyers d’enseignement du type d’ Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’Europe à Bruges, 37 Institu
99 u type d’Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’ Europe à Bruges, 37 Instituts universitaires d’études européennes ont
100 ge d’Europe à Bruges, 37 Instituts universitaires d’ études européennes ont été créés, puis réunis en une association, l’AI
101 ciation, l’AIEE. Cela représente une somme énorme de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses
102 . Cela représente une somme énorme de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour aut
103 une somme énorme de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’
104 e de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’Europe n’est pas
105 , de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’Europe n’est pas faite. Un prob
106 ux, en physique atomique notamment. La conférence de Lausanne propose la création d’un Laboratoire européen de recherches
107 nt. La conférence de Lausanne propose la création d’ un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Le 12 décembre 1950,
108 nne propose la création d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Le 12 décembre 1950, sept pays dressent les pl
109 Europe, pour autant, n’est pas faite. Les manuels d’ histoire, créant et entretenant les nationalismes, ont rendu possibles
110 s, ont rendu possibles nos guerres, surtout celle de 1914. Il faut les réformer. Plusieurs colloques d’historiens et un in
111 e 1914. Il faut les réformer. Plusieurs colloques d’ historiens et un institut spécialisé, à Braunschweig, s’y consacrent a
112 s faite. Dans les années 1950, il était difficile de faire passer le moindre article sur l’Europe dans la grande presse. Q
113 imé, on pavoisait ! Plusieurs Agences européennes de presse ont été créées pour diffuser non seulement des informations ma
114 re, parce que toute la presse ne parlait plus que de l’Europe — de cette Europe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus c
115 toute la presse ne parlait plus que de l’Europe — de cette Europe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus comme nous l’ét
116 é que c’était sur ces maîtres qu’il fallait agir. D’ où la Campagne d’éducation civique européenne, qui groupe pour une act
117 ces maîtres qu’il fallait agir. D’où la Campagne d’ éducation civique européenne, qui groupe pour une action commune les d
118 pour une action commune les diverses associations d’ enseignants militant pour la fédération de nos peuples, et qui a pour
119 iations d’enseignants militant pour la fédération de nos peuples, et qui a pour objectifs non pas d’enseigner l’Europe com
120 n de nos peuples, et qui a pour objectifs non pas d’ enseigner l’Europe comme une matière nouvelle s’ajoutant à des program
121 s’ajoutant à des programmes déjà surchargés, mais d’ obtenir que l’histoire, la géographie, l’économie, les langues, etc.,
122 ans un esprit européen. Beaucoup dépend du succès de cette campagne, et de son élargissement prochain grâce à l’interventi
123 . Beaucoup dépend du succès de cette campagne, et de son élargissement prochain grâce à l’intervention massive de la CEE…
124 gissement prochain grâce à l’intervention massive de la CEE… Je n’ai cité que quelques exemples d’actions pour l’Europe au
125 ive de la CEE… Je n’ai cité que quelques exemples d’ actions pour l’Europe au plan culturel initiées par des organismes pri
126 initiées par des organismes privés, avec trop peu d’ appui des gouvernements, et sur la base de dévouements, voire de sacri
127 rop peu d’appui des gouvernements, et sur la base de dévouements, voire de sacrifices personnels. Tous ou presque sont des
128 uvernements, et sur la base de dévouements, voire de sacrifices personnels. Tous ou presque sont des exemples de succès, p
129 ces personnels. Tous ou presque sont des exemples de succès, parfois complets, et cela dans un domaine décisif pour l’unio
130 , n’a pas été transformée. Le concept napoléonien d’ État-nation, souverain comme un monarque de droit divin dans ses front
131 éonien d’État-nation, souverain comme un monarque de droit divin dans ses frontières, reste intangible et sacré. Le motif
132 s frontières, reste intangible et sacré. Le motif de la Puissance collective continue de primer partout sur le motif de la
133 cré. Le motif de la Puissance collective continue de primer partout sur le motif de la Liberté personnelle. Nos efforts po
134 ollective continue de primer partout sur le motif de la Liberté personnelle. Nos efforts pour l’Europe sur le plan culture
135 ne culturelle depuis trente ans. La « Philosophie de l’Existence » issue de Kierkegaard et de Heidegger, dont s’inspiraien
136 ente ans. La « Philosophie de l’Existence » issue de Kierkegaard et de Heidegger, dont s’inspiraient les mouvements person
137 losophie de l’Existence » issue de Kierkegaard et de Heidegger, dont s’inspiraient les mouvements personnalistes des année
138 ction européenne. Et en effet, J.-P. Sartre, chef de la nouvelle école dite « existentialiste » au lendemain de la guerre,
139 velle école dite « existentialiste » au lendemain de la guerre, me donnait en 1949, pour la conférence de Lausanne, un tex
140 la guerre, me donnait en 1949, pour la conférence de Lausanne, un texte où il affirmait que la culture française n’avait d
141 où il affirmait que la culture française n’avait d’ autre avenir que dans et par la culture d’une Europe politiquement uni
142 n’avait d’autre avenir que dans et par la culture d’ une Europe politiquement unie. Dix ans plus tard, tout a changé. Sartr
143 us tard, tout a changé. Sartre préfaçant un livre de Frantz Fanon contre le colonialisme, demande que l’on « tire à vue »
144 se peut qu’il y ait là une contribution à l’union de l’Europe, mais elle serait, au mieux, très indirecte, exagérément « d
145 indirecte, exagérément « dialectique »a. L’École de Francfort, freudo-marxiste (Adorno, Horkheimer, Habermas, Marcuse), n
146 ar accident je crois, qu’elle devient la doctrine de la révolte estudiantine des années 1966 à 1968, de Berkeley à Prague,
147 e la révolte estudiantine des années 1966 à 1968, de Berkeley à Prague, de Berlin à Madrid, et finalement à Paris en mai 1
148 ine des années 1966 à 1968, de Berkeley à Prague, de Berlin à Madrid, et finalement à Paris en mai 1968. Or, si « Mai 68 »
149 un régime nationaliste, il n’en est rien résulté de constructif pour l’Europe. Toutes ces jeunes énergies déchaînées se s
150 es structures à l’homme, et ne tient aucun compte de la personne, « pauvre trésor » raillé par Lévi-Strauss : il s’oppose
151 dont la convergence historique a fait la culture de l’Europe. Idéologie commune à ces trois écoles : la mort de Dieu. Dès
152 e. Idéologie commune à ces trois écoles : la mort de Dieu. Dès 1880, Nietzsche avait annoncé la mort de Dieu : c’était pou
153 e Dieu. Dès 1880, Nietzsche avait annoncé la mort de Dieu : c’était pour lui un événement ontologique, essentiellement tra
154 ce n’était souvent qu’une manière « dramatisée » de justifier une incroyance des plus banales, ou politiquement opportune
155 pourquoi signés ? Ce qui prouve que le phénomène de la mort de Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler,
156 ignés ? Ce qui prouve que le phénomène de la mort de Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler, ou plus ex
157 qui prouve que le phénomène de la mort de Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler, ou plus exactement :
158 e Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler, ou plus exactement : d’écrire. En même temps se répand dans l
159 it qu’une manière de parler, ou plus exactement : d’ écrire. En même temps se répand dans le grand public une crédulité san
160 dépenses militaires et les centrales nucléaires. D’ où l’impression générale que l’homme ne peut rien sur l’évolution géné
161 ue « la tâche la plus importante du siècle, c’est de faire l’Europe », mais qui répète, d’autre part, à vingt reprises, qu
162 du cancer… Je vous dirai maintenant mes raisons de croire à la venue d’un renouveau européen. Les renouveaux de la cultu
163 dirai maintenant mes raisons de croire à la venue d’ un renouveau européen. Les renouveaux de la culture et de la vie polit
164 la venue d’un renouveau européen. Les renouveaux de la culture et de la vie politique en Europe sont produits par l’actio
165 nouveau européen. Les renouveaux de la culture et de la vie politique en Europe sont produits par l’action imprévue de fac
166 que en Europe sont produits par l’action imprévue de facteurs extérieurs à la dialectique des concepts. Exemples : — la cu
167 par la découverte du Nouveau Monde ; — la culture de la société absolutiste et la philosophie européenne bouleversées par
168 njoncture culturelle et politique, c’est la crise de l’environnement et de l’énergie, qui s’est déclarée dès 1973, et qui
169 t politique, c’est la crise de l’environnement et de l’énergie, qui s’est déclarée dès 1973, et qui nous ramène avec la fo
170 clarée dès 1973, et qui nous ramène avec la force de la nécessité à l’idée de limite (qui a fait la cité grecque) et à la
171 ous ramène avec la force de la nécessité à l’idée de limite (qui a fait la cité grecque) et à la notion de communauté seul
172 imite (qui a fait la cité grecque) et à la notion de communauté seule capable de restaurer la Cité européenne. La double c
173 ecque) et à la notion de communauté seule capable de restaurer la Cité européenne. La double crie écologique-énergétique d
174 nce tardive, comme toujours, nous ramène à l’idée d’ une société à la fois locale et universelle, sur le modèle de la cultu
175 té à la fois locale et universelle, sur le modèle de la culture européenne. Cette culture en laquelle coexistent des sour
176 noles, provençales, hanséatiques) du Moyen Âge et de la Renaissance, et par de grands courants ou styles continentaux (rom
177 tiques) du Moyen Âge et de la Renaissance, et par de grands courants ou styles continentaux (roman, gothique, baroque, réa
178 européenne résulte du jeu dialectique du local et de l’universel, de l’atelier d’un maître et d’un style européen, de la p
179 te du jeu dialectique du local et de l’universel, de l’atelier d’un maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’
180 lectique du local et de l’universel, de l’atelier d’ un maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’Église « cath
181 al et de l’universel, de l’atelier d’un maître et d’ un style européen, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous
182 de l’atelier d’un maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir une so
183 maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir une société qui traduise
184 une société qui traduise cette formule génétique de la culture européenne. Petites unités régionales, grands ensembles co
185 bles continentaux : dans les deux cas, la formule de l’État-nation est dépassée. Grâce à la crise de l’environnement et à
186 e de l’État-nation est dépassée. Grâce à la crise de l’environnement et à la prise de conscience écologique qui ont marqué
187 ont en train de découvrir le vice le plus profond de l’État-nation centralisé : il a tué les communautés locales, seules c
188 il a tué les communautés locales, seules capables de se défendre contre les industries polluantes. À cause de sa doctrine
189 de sa doctrine simpliste (jacobins et Napoléon), de l’effacement systématique des pouvoirs régionaux devant le seul pouvo
190 entrés dans une capitale tyrannique et lointaine. De ce mal peut sortir la renaissance de l’idée de fédération. Refaire la
191 t lointaine. De ce mal peut sortir la renaissance de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’Europe et faire une Eur
192 e. De ce mal peut sortir la renaissance de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’Europe et faire une Europe fédéra
193 sance de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’Europe et faire une Europe fédérale, conjointement, suppose la rest
194 fédérale, conjointement, suppose la restauration de communautés réelles parmi nous. Elles seront d’abord spirituelles (l’
195 ont d’abord spirituelles (l’immense rassemblement de jeunes qui se réalise ces jours-ci autour de la communauté œcuménique
196 e ces jours-ci autour de la communauté œcuménique de Taizé en est l’exemple). Mais l’homme ne vit pas de l’esprit seulemen
197 Taizé en est l’exemple). Mais l’homme ne vit pas de l’esprit seulement. Il faut recréer des communautés de tous ordres :
198 esprit seulement. Il faut recréer des communautés de tous ordres : municipales et régionales, professionnelles et culturel
199 ns les esprits. Dans cette vue trois propositions d’ action concrète, culturelles tout autant que politiques, et l’inverse.
200 nglais ont gagné leurs batailles sur les prairies d’ Eton. Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la C
201 leurs batailles sur les prairies d’Eton. Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’éducat
202 de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’éducation civique européenne, lancée par le CEC, et que
203 e joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’ éducation civique européenne, lancée par le CEC, et que la CEE se prop
204 enne, lancée par le CEC, et que la CEE se propose de reprendre avec des moyens financiers décuplés. Je voudrais préciser m
205 point. L’enseignement depuis 1880-1885 (création de l’instruction publique obligatoire dans nos pays) est basé sur l’État
206 réforme profonde : que tout l’enseignement parte de ce qui est le plus proche de l’enfant : commune, région (souvent à ch
207 , région (souvent à cheval sur une frontière). Et de là, on passera à l’ensemble européen et au Monde. Cette réforme aurai
208 péen et au Monde. Cette réforme aurait pour effet de rendre toute naturelle l’idée de fédération européenne à partir des r
209 urait pour effet de rendre toute naturelle l’idée de fédération européenne à partir des régions. 2. Sciences : je propose
210 n reprenne le projet que j’avais suggéré en 1958, d’ un Conseil européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegard
211 ue j’avais suggéré en 1958, d’un Conseil européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’équilib
212 il européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’équilibre écologique entre les branches de re
213 he, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’ équilibre écologique entre les branches de recherches, et d’éviter not
214 e sorte d’équilibre écologique entre les branches de recherches, et d’éviter notamment les recherches en relations directe
215 e écologique entre les branches de recherches, et d’ éviter notamment les recherches en relations directes avec les armemen
216 ue la science politique se consacre à la critique de l’État-nation, origine des pires maux du monde moderne et qu’au-delà
217 ine des pires maux du monde moderne et qu’au-delà de cette formule périmée — mais encore si puissante, voire écrasante — l
218 crasante — les politologues retrouvent le courage d’ inventer de nouvelles formules d’association et d’administration publi
219 les politologues retrouvent le courage d’inventer de nouvelles formules d’association et d’administration publique. Car la
220 uvent le courage d’inventer de nouvelles formules d’ association et d’administration publique. Car la recherche et l’invent
221 d’inventer de nouvelles formules d’association et d’ administration publique. Car la recherche et l’invention d’une société
222 tration publique. Car la recherche et l’invention d’ une société fondée sur les pouvoirs locaux et sur la participation civ
223 r État-nation, et n’a pas pour fin l’instauration d’ un nouvel empire. Mais qu’elle a au contraire pour finalité la créatio
224 qu’elle a au contraire pour finalité la création d’ un cadre communautaire favorisant le libre épanouissement des personne
225 anouissement des personnes et des groupes. Le but de l’Europe, ce n’est pas la puissance, mais la personne et la communaut
226 elles la personne ne saurait s’accomplir. Le but de l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est ch
227 it s’accomplir. Le but de l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés.
228 t de l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je répéterai donc ici
229 nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je répéterai donc ici la devise fédéraliste de mon p
230 utés. Je répéterai donc ici la devise fédéraliste de mon pays : un pour tous, tous pour un — et pour l’occasion qui nous r
231 et les savants occidentaux tant soit peu soucieux de critiquer leur propre attitude scientifique2, esquissa ensuite un tab
232 epuis 30 ans ; Otto Wolf von Amerongen, président de la Journée de l’industrie allemande, parla d’économie en pessimiste r
233 Otto Wolf von Amerongen, président de la Journée de l’industrie allemande, parla d’économie en pessimiste réfléchi. Et le
234 ent de la Journée de l’industrie allemande, parla d’ économie en pessimiste réfléchi. Et le président fédéral conclut, en f
235 réfléchi. Et le président fédéral conclut, en fin d’ après-midi, par une très belle méditation sur la mesure et les limites
236 rès belle méditation sur la mesure et les limites de l’action politique. Le soir, feux d’artifices, danses au village, « r
237 les limites de l’action politique. Le soir, feux d’ artifices, danses au village, « revue » très bien enlevée sur trente a
238 llage, « revue » très bien enlevée sur trente ans de Collège. J’ai étudié les listes des participants aux séminaires, gro
239 du thème Idee und Wirklichkeit, et qui traitaient de « Morale et Connaissance », ou de « Liberté et justice », des limites
240 qui traitaient de « Morale et Connaissance », ou de « Liberté et justice », des limites d’un modèle formel ou de l’hérédi
241 ance », ou de « Liberté et justice », des limites d’ un modèle formel ou de l’hérédité des connaissances acquises… Et j’ai
242 é et justice », des limites d’un modèle formel ou de l’hérédité des connaissances acquises… Et j’ai noté que dans deux sém
243 eurs du Forum européen. Petite observation lourde d’ enseignements évidemment contradictoires : l’idée européenne se transm
244 si elle consistait à faire l’Europe dans l’espace d’ une génération, qu’est-ce au juste qui s’est transmis ? L’idée elle-mê
245 u’ici ? 1. Simon Moser, aujourd’hui professeur de philosophie à l’Université de Münster, Alexander von Auer, conseiller
246 ourd’hui professeur de philosophie à l’Université de Münster, Alexander von Auer, conseiller culturel à Moscou, Georg Zimm
247 ulturel à Moscou, Georg Zimmer-Lehmann, directeur de banque, Wilfried Gredler, ambassadeur d’Autriche, et Fritz Molden, éd
248 irecteur de banque, Wilfried Gredler, ambassadeur d’ Autriche, et Fritz Molden, éditeur. 2. Voir la préface de Jacques Mon
249 he, et Fritz Molden, éditeur. 2. Voir la préface de Jacques Monod à la traduction française de La Logique de la découvert
250 réface de Jacques Monod à la traduction française de La Logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1973. a. Voi
251 ues Monod à la traduction française de La Logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1973. a. Voir notamment la
252 Voir notamment la critique par Rougemont du livre de Frantz Fanon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe
253 ritique par Rougemont du livre de Frantz Fanon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe .
254 ugemont du livre de Frantz Fanon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe .
255 anon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe .
4 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). II. Strasbourg : la deuxième table ronde du Conseil de l’Europe (« Promesses du xxe siècle »)
256 iècle ») Du 18 au 22 septembre 1974 À l’automne de 1953, j’avais été appelé à présider la première table ronde du Consei
257 unissait à la villa Aldobrandini puis au Capitole de Rome, des publicistes, écrivains et professeurs de tous les pays memb
258 e Rome, des publicistes, écrivains et professeurs de tous les pays membres du Conseil de l’Europe, autour d’un groupe de s
259 s les pays membres du Conseil de l’Europe, autour d’ un groupe de six « Sages » : Alcide de Gasperi, Robert Schuman, Arnold
260 embres du Conseil de l’Europe, autour d’un groupe de six « Sages » : Alcide de Gasperi, Robert Schuman, Arnold Toynbee, l’
261 of. Eugen Kogon, et le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund. Une seconde session devait se tenir à Strasbour
262 et le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund. Une seconde session devait se tenir à Strasbourg deux ans plus
263 eux ans plus tard, pour approfondir les résultats de la première, avec la collaboration de philosophes tels que Gabriel Ma
264 s résultats de la première, avec la collaboration de philosophes tels que Gabriel Marcel, de linguistes tels que Alf Somme
265 aboration de philosophes tels que Gabriel Marcel, de linguistes tels que Alf Sommerfeldt, d’historiens — Franco Valsecchi,
266 l Marcel, de linguistes tels que Alf Sommerfeldt, d’ historiens — Franco Valsecchi, Max Beloff —, d’économistes — Peter Wil
267 t, d’historiens — Franco Valsecchi, Max Beloff —, d’ économistes — Peter Wiles, A. Doucy, Sir Oliver Franks — et de physici
268 s — Peter Wiles, A. Doucy, Sir Oliver Franks — et de physiciens tels que Lew Kowarski et W. Groth. Le prof. Max Beloff, d’
269 ue Lew Kowarski et W. Groth. Le prof. Max Beloff, d’ Oxford, fut chargé de condenser en un volume la substance des débats e
270 Groth. Le prof. Max Beloff, d’Oxford, fut chargé de condenser en un volume la substance des débats et les conclusions des
271 s et les conclusions des deux sessions3. Au début de 1974, pour marquer son vingt-cinquième anniversaire, le Conseil de l’
272 saire, le Conseil de l’Europe eut l’heureuse idée de réunir une deuxième table ronde, et d’en confier l’organisation à M.
273 reuse idée de réunir une deuxième table ronde, et d’ en confier l’organisation à M. Y. Rodrigues, conseiller diplomatique d
274 du Secrétaire général. Une masse impressionnante de rapports, notes et documents préparatoires, fut élaborée et distribué
275 ires, fut élaborée et distribuée aux participants de mai à septembre. La session — unique cette fois-ci — s’ouvrit dans l’
276 sbourg, le 19 septembre. Dans l’hémicycle réservé d’ ordinaire aux juges siégeaient les douze membres de la table ronde4. D
277 ’ordinaire aux juges siégeaient les douze membres de la table ronde4. Devant eux, une vingtaine de rapporteurs, experts, e
278 res de la table ronde4. Devant eux, une vingtaine de rapporteurs, experts, et représentants d’organismes européens et inte
279 ngtaine de rapporteurs, experts, et représentants d’ organismes européens et internationaux. Le public était limité aux dip
280 auprès du Conseil de l’Europe et à une trentaine de correspondants des principaux journaux européens. Dès l’ouverture, le
281 éral devait situer en quelques mots les objectifs de la table ronde et en expliquer le titre : En élaborant le programme
282 onner — comme nous l’avons fait le 5 mai — un air de fête, assombri il est vrai par le grand deuil de la France, mais auss
283 de fête, assombri il est vrai par le grand deuil de la France, mais aussi un moment de méditation comme en ont les montag
284 le grand deuil de la France, mais aussi un moment de méditation comme en ont les montagnards à chaque palier de leur ascen
285 tion comme en ont les montagnards à chaque palier de leur ascension. Nous l’avions fait il y a vingt ans en réunissant six
286 le faisons à nouveau pour réfléchir aux problèmes de civilisation qui assaillent les Européens dans leur désir presque con
287 Européens dans leur désir presque contradictoire de changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individue
288 eur désir presque contradictoire de changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidari
289 sque contradictoire de changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidarité et de plur
290 changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidarité et de pluralisme des choix. Jama
291 , de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidarité et de pluralisme des choix. Jamais peut-être la vocation d
292 ale et de liberté individuelle ; de solidarité et de pluralisme des choix. Jamais peut-être la vocation du Conseil de l’Eu
293 mais peut-être la vocation du Conseil de l’Europe de défendre les droits et libertés individuelles, et d’œuvrer pour un hu
294 défendre les droits et libertés individuelles, et d’ œuvrer pour un humanisme de développement, n’a été plus évidente et pl
295 rtés individuelles, et d’œuvrer pour un humanisme de développement, n’a été plus évidente et plus nécessaire qu’aujourd’hu
296 aire qu’aujourd’hui où, dans le grand ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un
297 i où, dans le grand ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un monde nouveau. Par
298 de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’ un monde nouveau. Parce que nous croyons qu’il faut faire confiance à
299 onheur ne vient pas à ceux qui ne l’appellent pas de toutes leurs forces. Parce que nous croyons qu’une civilisation comme
300 es inventions que nul ne peut et ne doit empêcher de suivre leur cours, nous avons proposé d’appeler cette rencontre La Pr
301 empêcher de suivre leur cours, nous avons proposé d’ appeler cette rencontre La Promesse du xxe siècle. Ainsi que le secr
302 pela, aucun discours n’était prévu, à l’exception de celui qu’il m’avait prié de prononcer pour inaugurer les travaux de c
303 prévu, à l’exception de celui qu’il m’avait prié de prononcer pour inaugurer les travaux de cette deuxième table ronde et
304 vait prié de prononcer pour inaugurer les travaux de cette deuxième table ronde et la relier à la première. Voici mon text
305 le ronde, tenue à Rome en 1953, s’était demandé : d’ où vient l’Europe, et sur quelles bases d’unité culturelle édifier son
306 mandé : d’où vient l’Europe, et sur quelles bases d’ unité culturelle édifier son union politique ? La deuxième table ronde
307 es, mais c’est l’inverse qui s’est produit. Celle d’ aujourd’hui veut affronter les premières manifestations d’une crise mo
308 d’hui veut affronter les premières manifestations d’ une crise mondiale que tous les augures nous annoncent, et voici le pa
309 les augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’enc
310 le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre des destins qu’ils ont calculés,
311 situation : si nous refusons de les croire, donc d’ agir à l’encontre des destins qu’ils ont calculés, alors le pire devie
312 uif devant ses grands prophètes !) Pour tout dire d’ un mot : entre la première table ronde et celle d’aujourd’hui, expliqu
313 d’un mot : entre la première table ronde et celle d’ aujourd’hui, expliquant tout ce qui les rend différentes, il y a eu le
314 onnaissons qu’il y a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence
315 y a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interacti
316 alisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interaction précise avec les causes de la crise
317 arence est en interaction précise avec les causes de la crise mondiale, dont le Rapport au club de Rome décrivait les symp
318 ômes matériels et le syndrome fondamental : celui de la croissance illimitée. La crise mondiale, et la carence politique d
319 s dont ces valeurs sont en définitive les moyens. De la première table ronde sont nés, nous dit un document récent émanant
320 t émanant du Conseil de l’Europe, « la Convention de coopération culturelle et le programme du Conseil en matière d’éducat
321 culturelle et le programme du Conseil en matière d’ éducation et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’ajouter à ces
322 le programme du Conseil en matière d’éducation et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’ajouter à ces dispositions t
323 tion et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’ ajouter à ces dispositions techniques la diffusion discrète, mais effi
324 diffusion discrète, mais efficace en profondeur, de quelques « lieux communs » européens qui ont sans doute orienté l’act
325 s » européens qui ont sans doute orienté l’action d’ hommes politiques tels que De Gasperi, Robert Schuman, Paul-Henri Spaa
326 ute orienté l’action d’hommes politiques tels que De Gasperi, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak, pour ne citer que les plus
327 e que cela n’a pas suffi pour « faire l’Europe ». De cette deuxième rencontre, que devons-nous attendre ? Face à la crise
328 vons-nous attendre ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la
329 nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à trouver comment réorienter toute l’av
330 r comment réorienter toute l’aventure occidentale de l’homme, afin d’éviter les désastres écologiques, civiques et génétiq
331 iques auxquels conduit nécessairement une société de Production massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire
332 nécessairement une société de Production massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire,
333 e Production massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire, un cinquième P, le Plutoniu
334 Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire, un cinquième P, le Plutonium mortel des centrales à
335 indique et ce n’est pas un hasard) ce « Pentagone de la Puissance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit
336 sard) ce « Pentagone de la Puissance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai
337 agone de la Puissance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai cessé de dénon
338 ue nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai cessé de dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les Dou
339 je n’ai cessé de dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les Douze invités à la Table — et vous tou
340 s posant cette énorme question, en nous demandant d’ y réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conc
341 réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conclusions sur son bureau, le Conseil de l’Europe a fait
342 le Conseil de l’Europe a fait un acte qui mérite d’ être qualifié de politique, au sens du terme le plus éminent, le plus
343 ’Europe a fait un acte qui mérite d’être qualifié de politique, au sens du terme le plus éminent, le plus large et aussi l
344 le plus précis puisqu’il désigne, comme au temps d’ Aristote, la gestion des rapports humains dans la cité. Que le Conseil
345 n tant que citoyens. Car le Conseil ne tente rien de moins, dans cette affaire, que de fonder la politique européenne, et
346 l ne tente rien de moins, dans cette affaire, que de fonder la politique européenne, et de la fonder, comme il se doit, be
347 ffaire, que de fonder la politique européenne, et de la fonder, comme il se doit, beaucoup moins sur les expériences du pa
348 ue de quelles fins faut-il créer l’union des gens de l’Europe tels qu’ils sont, ou tels qu’ils peuvent devenir dans une so
349 ans une société rénovée ? Selon quelle hiérarchie de valeurs ? Gagée sur quoi ? Valeurs évaluées elles-mêmes par rapport à
350 s laquelle nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à l
351 pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de définitions satisfaisantes ou simplement provocantes. Nous sommes con
352 sée, en général, n’est peut-être que le feed-back d’ une surprise ou d’une blessure, d’une agression subie ou d’un défi. « 
353 ’est peut-être que le feed-back d’une surprise ou d’ une blessure, d’une agression subie ou d’un défi. « On pense comme on
354 ue le feed-back d’une surprise ou d’une blessure, d’ une agression subie ou d’un défi. « On pense comme on se heurte », dis
355 prise ou d’une blessure, d’une agression subie ou d’ un défi. « On pense comme on se heurte », disait Paul Valéry. C’est le
356 mie, pour la Nature, et finalement pour la survie de l’espèce humaine. Qu’il s’agisse de la pollution résultant de la prod
357 our la survie de l’espèce humaine. Qu’il s’agisse de la pollution résultant de la production industrielle au service du pr
358 humaine. Qu’il s’agisse de la pollution résultant de la production industrielle au service du profit privé et du prestige
359 fit privé et du prestige national, qu’il s’agisse de l’épuisement des ressources terrestres non renouvelables, ou de la su
360 t des ressources terrestres non renouvelables, ou de la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous
361 lables, ou de la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous côtés se multiplient ces grands points
362 la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’ énergie, de tous côtés se multiplient ces grands points d’exclamation
363 ation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous côtés se multiplient ces grands points d’exclamation qui, dans l
364 e, de tous côtés se multiplient ces grands points d’ exclamation qui, dans la signalisation routière, annoncent un passage
365 nd ce ne sont pas déjà les disques rouge et blanc de la voie barrée, de l’impasse. Je n’en dirai pas plus sur ce chapitre 
366 éjà les disques rouge et blanc de la voie barrée, de l’impasse. Je n’en dirai pas plus sur ce chapitre ; tout le monde a l
367 ommunautaires. On y décrirait le désert surpeuplé de nos villes hantées par l’immense foule des solitaires ; l’alignement
368 la presse et la radio, qui a conduit à la guerre de 1914. On décrirait l’abaissement du niveau intellectuel des masses et
369 ’abaissement du niveau intellectuel des masses et de la qualité artisanale ; la jeunesse qui ne lit plus que des onomatopé
370 s par la Publicité et la Télévision ; les ravages de la division du travail qui est en réalité une division de l’homme, co
371 vision du travail qui est en réalité une division de l’homme, comme l’avait annoncé Kropotkine ; la montée universelle de
372 ’avait annoncé Kropotkine ; la montée universelle de la délinquance, la démocratisation du terrorisme, des prises d’otages
373 nce, la démocratisation du terrorisme, des prises d’ otages, du chantage à la bombe, naguère privilèges des seuls États ; l
374 privilèges des seuls États ; la montée parallèle d’ une sorte d’anorexie civique, d’un fatalisme qui devrait inquiéter bie
375 des seuls États ; la montée parallèle d’une sorte d’ anorexie civique, d’un fatalisme qui devrait inquiéter bien plus encor
376 montée parallèle d’une sorte d’anorexie civique, d’ un fatalisme qui devrait inquiéter bien plus encore que les prévisions
377 aient que monitoires et n’ambitionnaient rien que d’ être démenties ! On y décrirait enfin quelque chose qui me paraît beau
378 qui est la Question du siècle : Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’est plu
379 Occident tout entier, et par lui tous les peuples de la Terre qui copient notre civilisation industrielle, scientifico-tec
380 scientifico-technique, quantitative. Elle est née de l’Europe, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi,
381 echnique, quantitative. Elle est née de l’Europe, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans lesquel
382 tive. Elle est née de l’Europe, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans lesquelles nous avons ent
383 la planète. Or à leur tour, ces guerres sont nées de nos nationalismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre
384 alismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradi
385 ement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions et de ses impasses, il faut
386 e table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions et de ses impasses, il faut des choix. Il faut sav
387 ir de la Crise mondiale, de ses contradictions et de ses impasses, il faut des choix. Il faut savoir ce que l’on est prêt
388 jeu, dans le concret, les valeurs, dont une mode de naguère avait tenté de décréter l’inexistence. Qu’est-ce qu’une vale
389 les valeurs, dont une mode de naguère avait tenté de décréter l’inexistence. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de
390 tence. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de notre crise ? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nou
391 ne entité philosophique. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la crise mon
392 que la justice, la santé, la liberté, la qualité de la vie, l’utilité sociale, se voient sacrifiées sans merci sur l’aute
393 ient sacrifiées sans merci sur l’autel du Profit, de la Rentabilité, du Prestige ou de l’Indépendance nationale. Mais s’il
394 utel du Profit, de la Rentabilité, du Prestige ou de l’Indépendance nationale. Mais s’il y a conflit de valeurs, c’est qu’
395 e l’Indépendance nationale. Mais s’il y a conflit de valeurs, c’est qu’il y a donc des valeurs ! Et qui décident ou plutôt
396 leurs ! Et qui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lésées. Mais alor
397 s. Voulons-nous vraiment consommer deux fois plus d’ électricité tous les sept ans, comme nous le répètent les producteurs
398 production multipliée par 16 384 en un peu moins d’ un siècle, utopie pure) et cela grâce aux 24 000 centrales nucléaires
399 ssaires » à la fin du siècle, et produisant assez de plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien pr
400 plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en
401 llions de fois ? Ou bien préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en priorité le profit, ou l’équilibre moral ?
402 détruisant forêts et collines, ou cette sensation de bonheur animique et physiologique, que rien ne mesure et qui vaut plu
403 mpératifs technocratiques, qui sont des questions de gros sous, quand ce n’est pas de puissance militaire. Or, ces choix d
404 nt des questions de gros sous, quand ce n’est pas de puissance militaire. Or, ces choix de finalités, et les sacrifices qu
405 e n’est pas de puissance militaire. Or, ces choix de finalités, et les sacrifices qu’ils commandent, sur quel absolu les r
406 la question décisive du référentiel, c’est-à-dire de ce qui gage les valeurs, de l’évaluant fondamental. Il n’est pas touj
407 rentiel, c’est-à-dire de ce qui gage les valeurs, de l’évaluant fondamental. Il n’est pas toujours bien conscient, même ch
408 z Marx : on a relevé que cet auteur semble bannir de son vocabulaire le terme de justice, décidé qu’il est à ne décrire qu
409 auteur semble bannir de son vocabulaire le terme de justice, décidé qu’il est à ne décrire que des enchaînements nécessai
410 endant, la passion qui anime Le Capital est celle de la justice, ou je n’y ai rien compris. C’est la justice, non la néces
411 ce, non la nécessité, qui est le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’Europe, qu’il le sache ou non, le référentiel
412 est le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’ Europe, qu’il le sache ou non, le référentiel absolu, c’est la personn
413 date et leurs coordonnées spatiales. Notre notion de la personne s’est constituée au cours des grands conciles œcuméniques
414 stituée au cours des grands conciles œcuméniques, de Nicée en 325 à Chalcédoine en 451, époque où l’Église s’installe dans
415 51, époque où l’Église s’installe dans les cadres de l’Empire romain et tente de formuler à l’aide des catégories de la pe
416 talle dans les cadres de l’Empire romain et tente de formuler à l’aide des catégories de la pensée grecque une révélation
417 main et tente de formuler à l’aide des catégories de la pensée grecque une révélation venue de la Judée. Le problème majeu
418 Judée. Le problème majeur des conciles est celui de la Trinité : comment définir et distinguer en un seul Dieu, le Père,
419 le Saint-Esprit, c’est-à-dire les trois relations de la paternité, de la filialité et de la procession, sans sacrifier ni
420 c’est-à-dire les trois relations de la paternité, de la filialité et de la procession, sans sacrifier ni l’unité divine ni
421 ois relations de la paternité, de la filialité et de la procession, sans sacrifier ni l’unité divine ni la diversité des f
422 fonctions ? Les Grecs avaient constitué la notion d’ identité individuelle qu’ils exprimaient par le terme de face, ou de v
423 tité individuelle qu’ils exprimaient par le terme de face, ou de visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de rela
424 uelle qu’ils exprimaient par le terme de face, ou de visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de relation et de r
425 ce, ou de visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de relation et de rôle distinctif, qu’évoquait en revanche le
426 visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de relation et de rôle distinctif, qu’évoquait en revanche le mot latin
427 la ne rendait pas compte de l’idée de relation et de rôle distinctif, qu’évoquait en revanche le mot latin de persona, ter
428 distinctif, qu’évoquait en revanche le mot latin de persona, terme juridique définissant l’homme par son rôle dans la cit
429 la diversité, les Pères adoptèrent donc le terme de personne. Mais c’est surtout la définition de la Deuxième Personne de
430 rme de personne. Mais c’est surtout la définition de la Deuxième Personne de la Trinité, celle du Fils, qui allait fonder
431 est surtout la définition de la Deuxième Personne de la Trinité, celle du Fils, qui allait fonder la conception chrétienne
432 Fils, qui allait fonder la conception chrétienne de l’homme. En déclarant qu’ils confessaient Jésus-Christ comme « vrai D
433 u et vrai homme » à la fois, les Pères du concile de Chalcédoine ont posé le premier modèle permettant de penser ensemble
434 Chalcédoine ont posé le premier modèle permettant de penser ensemble des réalités antinomiques, qui s’excluent en logique
435 par la réalité ». En formulant la thèse centrale de l’orthodoxie chrétienne, c’est-à-dire la coexistence en une Personne
436 enne, c’est-à-dire la coexistence en une Personne de deux natures antinomiques, sans confusion, sans séparation, sans rédu
437 , sans confusion, sans séparation, sans réduction de l’un des termes ni subordination de l’un à l’autre, le dogme de l’Inc
438 ans réduction de l’un des termes ni subordination de l’un à l’autre, le dogme de l’Incarnation n’a pas seulement fondé l’a
439 rmes ni subordination de l’un à l’autre, le dogme de l’Incarnation n’a pas seulement fondé l’anthropologie chrétienne, mai
440 nthropologie chrétienne, mais il a posé le modèle de la pensée spécifiquement européenne, la grande idée de l’antagonisme
441 pensée spécifiquement européenne, la grande idée de l’antagonisme créateur, déjà conçue par Héraclite, de la coïncidentia
442 ’antagonisme créateur, déjà conçue par Héraclite, de la coïncidentia oppositorum de Nicolas de Cues, qui anime les œuvres
443 çue par Héraclite, de la coïncidentia oppositorum de Nicolas de Cues, qui anime les œuvres de Goethe, de William Blake, de
444 ositorum de Nicolas de Cues, qui anime les œuvres de Goethe, de William Blake, des philosophes du romantisme allemand, de
445 Nicolas de Cues, qui anime les œuvres de Goethe, de William Blake, des philosophes du romantisme allemand, de Kierkegaard
446 am Blake, des philosophes du romantisme allemand, de Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiques d’aujourd’hui, qu’ell
447 osophes du romantisme allemand, de Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiques d’aujourd’hui, qu’elles soient marxiste
448 e Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiques d’ aujourd’hui, qu’elles soient marxistes, existentialistes ou physico-ma
449 ou physico-mathématiques. Et c’est aussi, au plan de la théorie politique, le modèle du fédéralisme, c’est-à-dire de la co
450 politique, le modèle du fédéralisme, c’est-à-dire de la coexistence en perpétuelle interaction de l’union et des petites c
451 dire de la coexistence en perpétuelle interaction de l’union et des petites communautés, de l’unité globale et des autonom
452 nteraction de l’union et des petites communautés, de l’unité globale et des autonomies locales — cette pensée en tension q
453 sée en tension qui est vraiment l’idée formatrice de l’Europe parce qu’elle engendre l’homme européen, à partir de l’extra
454 de l’extraordinaire création qu’a été le concept de personne, cette notion théomorphe de l’homme et anthropomorphe de Die
455 é le concept de personne, cette notion théomorphe de l’homme et anthropomorphe de Dieu. Voilà pour l’origine, « technique 
456 te notion théomorphe de l’homme et anthropomorphe de Dieu. Voilà pour l’origine, « technique » en quelque sorte, de la not
457 à pour l’origine, « technique » en quelque sorte, de la notion, qui ne tarda pas à être transposée du plan théologique à c
458 pas à être transposée du plan théologique à celui de l’humain, par Augustin d’abord, lequel estime que l’homme, étant fait
459 , lequel estime que l’homme, étant fait à l’image de Dieu, est lui aussi une personne ; puis par Boèce, philosophe non chr
460 en Âge. Homologue du « vrai Dieu et vrai homme », de la Deuxième Personne divine, la personne humaine est devenue la coexi
461 nne humaine est devenue la coexistence en tension de l’individu naturel et de ce qui dans l’homme « passe infiniment l’hom
462 a coexistence en tension de l’individu naturel et de ce qui dans l’homme « passe infiniment l’homme » comme dit Pascal : l
463 Une nature investie par une vocation, une notion de l’homme qui implique la transcendance de l’homme par rapport à lui-mê
464 e notion de l’homme qui implique la transcendance de l’homme par rapport à lui-même. Certes, les siècles ont ajouté à cett
465 un modèle, qu’une structure. Aux notions grecques d’ individu, d’autonomie, et d’homme mesure de toutes choses ; aux notion
466 u’une structure. Aux notions grecques d’individu, d’ autonomie, et d’homme mesure de toutes choses ; aux notions romaines d
467 Aux notions grecques d’individu, d’autonomie, et d’ homme mesure de toutes choses ; aux notions romaines d’organisation et
468 ecques d’individu, d’autonomie, et d’homme mesure de toutes choses ; aux notions romaines d’organisation et d’institutions
469 me mesure de toutes choses ; aux notions romaines d’ organisation et d’institutions stables (ou État) ; aux notions évangél
470 s choses ; aux notions romaines d’organisation et d’ institutions stables (ou État) ; aux notions évangéliques et judaïques
471 ou État) ; aux notions évangéliques et judaïques, d’ amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajou
472 notions évangéliques et judaïques, d’amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajouter les valeurs
473 géliques et judaïques, d’amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajouter les valeurs germaniques
474 daïques, d’amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajouter les valeurs germaniques de fidélité,
475 on, sont venues s’ajouter les valeurs germaniques de fidélité, de communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’avent
476 es s’ajouter les valeurs germaniques de fidélité, de communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’aventure initiatiq
477 s valeurs germaniques de fidélité, de communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’aventure initiatique courue par l
478 communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’ aventure initiatique courue par le chevalier errant, et de Quête spiri
479 re initiatique courue par le chevalier errant, et de Quête spirituelle. Mais aujourd’hui, qu’est-ce donc que la personne ?
480 ai dire que la personne c’est l’œuvre essentielle de chacun, qui consiste à trouver sa voie et à courir son aventure sans
481 urir son aventure sans précédent. Car chacun naît de quelque chose qui n’a jamais été auparavant, qui n’est exactement par
482 t, qui n’est exactement pareil à rien, croisement de chromosomes eux-mêmes sans précédent, de sorte que la chance est quas
483 u’il naisse jamais deux individus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But
484 dividus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But qui l’appelle, qu’il le no
485 reils. Chacun de nous est donc le point de départ d’ un chemin particulier vers le But qui l’appelle, qu’il le nomme Dieu o
486 ropre voie, et frayer son propre sentier. Partant de moi, individu sans précédent historique ni physiologique, pour rejoin
487 qu’il n’existera qu’autant que j’aurai le courage d’ y marcher dans la nuit. Voilà qui implique la foi, cette forme de conf
488 s la nuit. Voilà qui implique la foi, cette forme de confiance dont saint Paul dit qu’elle est « ferme assurance des chose
489 rsqu’on marche vers lui, pas autrement. Il s’agit d’ une activité jamais achevée et qui sans fin cherche sa fin, et qui la
490 qui la reconnaît lorsqu’elle éprouve un sentiment de convenance entre ses démarches et cette fin. Je conçois que l’on puis
491 n’y pas croire. Que l’on puisse nier l’existence de ce que j’appelle la personne, la traiter de fantôme métaphysique, d’i
492 tence de ce que j’appelle la personne, la traiter de fantôme métaphysique, d’illusion verbale, de concept superflu. Mais j
493 la personne, la traiter de fantôme métaphysique, d’ illusion verbale, de concept superflu. Mais j’observe que ceux qui la
494 iter de fantôme métaphysique, d’illusion verbale, de concept superflu. Mais j’observe que ceux qui la nient ont commencé p
495 e Dieu est mort, et que cela signifiait la « mort de l’homme », et donc de toute identité, de toute personne. Or, ce n’est
496 e cela signifiait la « mort de l’homme », et donc de toute identité, de toute personne. Or, ce n’est là qu’une métaphore.
497 a « mort de l’homme », et donc de toute identité, de toute personne. Or, ce n’est là qu’une métaphore. Ce qui peut provoqu
498 à qu’une métaphore. Ce qui peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’une Nature tuée par l’homme, et qui nécessai
499 peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’ une Nature tuée par l’homme, et qui nécessairement entraînerait dans s
500 e. Quand on nie Dieu, comme la plupart des écoles de pensée modernes, existentialistes, freudo-marxistes, ou structuralist
501 ou structuralistes ; quand on répète que la mort de l’homme s’ensuit « logiquement » ; quand on nie le sujet, et qu’on ré
502 est qu’on prépare un mauvais coup, ou qu’on tente d’ échapper à certaines responsabilités en se dissimulant derrière de pré
503 taines responsabilités en se dissimulant derrière de prétendues « fatalités », de prétendus « impératifs », — comme Adam c
504 dissimulant derrière de prétendues « fatalités », de prétendus « impératifs », — comme Adam court se cacher dans les buiss
505 contre les formes les plus diaboliquement variées de l’aliénation, j’ose vous demander ce qui, selon vous, est aliéné ? Si
506 nt-ils signer des manifestes contre l’aliénation… de quoi ? Contre l’exploitation de l’homme par l’homme, disent-ils. Mais
507 tre l’aliénation… de quoi ? Contre l’exploitation de l’homme par l’homme, disent-ils. Mais ce serait l’exploitation d’une
508 ’homme, disent-ils. Mais ce serait l’exploitation d’ une illusion par une inexistence, à les en croire ? Marx, en revanche,
509 aveur de la personne, et en son nom. L’aliénation de l’homme ne saurait désigner que ce qui compromet sa possibilité de se
510 rait désigner que ce qui compromet sa possibilité de se mouvoir librement, à la fois selon le naturel et selon le divin qu
511 s propre, ne pourrait que l’altérer, le détourner de sa vocation — et c’est cela que j’appelle le péché. Le problème de l’
512 et c’est cela que j’appelle le péché. Le problème de l’aliénation, essentiellement lié à celui de la personne, me paraît s
513 lème de l’aliénation, essentiellement lié à celui de la personne, me paraît se ramener au problème du pouvoir : pouvoir su
514 iberté. Or, ces deux termes désignent deux formes de pouvoir qu’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la
515 désignent deux formes de pouvoir qu’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la Puissance, et le pouvoir s
516 des États modernes contre les pouvoirs locaux, et de l’école primaire contre toute forme d’originalité chez les élèves. To
517 locaux, et de l’école primaire contre toute forme d’ originalité chez les élèves. Tout pouvoir qui s’exerce sur autrui, non
518 donc à l’État totalitaire, dans le système actuel de l’État-nation centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libert
519 -nation centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libertés. En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de so
520 En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de soi, au sens complet du terme, c’est-à-dire non seulement de ses émot
521 sens complet du terme, c’est-à-dire non seulement de ses émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mai
522 me, c’est-à-dire non seulement de ses émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, d
523 on seulement de ses émotions ou de ses mouvements d’ humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de s
524 nt de ses émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision,
525 tions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la c
526 s mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance sp
527 umeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est
528 e ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cela la Libert
529 e ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cela la Liberté, condition général
530 tuelle, c’est cela la Liberté, condition générale de l’accueil et de l’exercice de toute vocation personnelle. Mais cette
531 la la Liberté, condition générale de l’accueil et de l’exercice de toute vocation personnelle. Mais cette vocation personn
532 condition générale de l’accueil et de l’exercice de toute vocation personnelle. Mais cette vocation personnelle, je le ré
533 r comme si on l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la se
534 on l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la seule personn
535 r rapport à la seule personne, comme le type même de l’aliénation : c’est la dictée de mon aventure individuelle par l’aut
536 me le type même de l’aliénation : c’est la dictée de mon aventure individuelle par l’autre, l’étranger, l’alien comme dit
537 ar un laboratoire manipulant les gènes et capable de provoquer des changements de personnalité « à la demande », c’est-à-d
538 les gènes et capable de provoquer des changements de personnalité « à la demande », c’est-à-dire selon les normes du pouvo
539 ir régnant. Aliénation majeure, non pas seulement de l’ouvrier d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé e
540 liénation majeure, non pas seulement de l’ouvrier d’ usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs
541 ulement de l’ouvrier d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l
542 de l’ouvrier d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l’Est dit
543 d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l’Est dit socialiste
544 nt les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l’Est dit socialiste et à l’Ouest
545 Est dit socialiste et à l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’une cité en ruines morales. La richesse, à ce
546 l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’ une cité en ruines morales. La richesse, à ce banc d’essai, se révèle
547 e cité en ruines morales. La richesse, à ce banc d’ essai, se révèle une fausse valeur : elle procure le pouvoir sur autru
548 i n’est pas ma vocation, que toutes les religions de la Terre l’ont condamnée : « Heureux les pauvres », disent nos Béatit
549 ational se révèle fausse valeur, évalué à ce test de la personne. Une petite phrase de Simone Weil, géniale dans sa simpli
550 valué à ce test de la personne. Une petite phrase de Simone Weil, géniale dans sa simplicité, dit là-dessus tout l’essenti
551 nal est loin de la vie quotidienne. » Les notions d’ impératif technique et d’impératif de l’économie se révèlent à leur to
552 otidienne. » Les notions d’impératif technique et d’ impératif de l’économie se révèlent à leur tour valeurs fausses et mêm
553 Les notions d’impératif technique et d’impératif de l’économie se révèlent à leur tour valeurs fausses et même d’un ridic
554 e se révèlent à leur tour valeurs fausses et même d’ un ridicule moliéresque. Elles ne sont, trop évidemment, que les alibi
555 es ne sont, trop évidemment, que les alibis, soit de la volonté de puissance des États et de leurs grandes Agences techniq
556 op évidemment, que les alibis, soit de la volonté de puissance des États et de leurs grandes Agences techniques, soit du p
557 bis, soit de la volonté de puissance des États et de leurs grandes Agences techniques, soit du profit privé des sociétés,
558 é des sociétés, soit encore, en dernière analyse, de notre propre choix matérialiste. Lequel trahit peut-être, en fin de c
559 in de compte, un désir inavoué, tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immort
560 ué, tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immortel (métal, verre, plastique
561 e et béton) au végétal et à l’animal, dont la loi de développement inclut la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons-
562 de développement inclut la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons-nous l’inertie minérale, l’inanimé contre la vie
563 siècle et réputé irrésistible, est le type même de l’antivaleur s’il n’est que l’accroissement des pouvoirs matériels, q
564 s’il n’est pas un progrès spirituel, une aventure de la liberté, un accroissement du pouvoir sur soi-même, mais seulement
565 soi-même, mais seulement la croissance illimitée de besoins et de produits matériels, croissance dont on a remarqué que l
566 s seulement la croissance illimitée de besoins et de produits matériels, croissance dont on a remarqué que le rythme est c
567 ssance dont on a remarqué que le rythme est celui de la prolifération des cellules cancéreuses. En revanche, l’amour est u
568 urait être niée ou contestée que par des infirmes de l’âme ou des débiles du spirituel, tous gens de pouvoir faible ou nul
569 s de l’âme ou des débiles du spirituel, tous gens de pouvoir faible ou nul sur eux-mêmes ; ceux qui ne s’aiment pas et qui
570 ébraïque et chrétienne, qui a formé vingt siècles d’ Europe, nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela
571 r son prochain comme soi-même est un commandement de la Bible. Puisque les sentiments ne se commandent pas, aimer le proch
572 ui que je puis aider en fait. Mais la notion même de prochain suppose quelque proximité géographique. Si le principe de to
573 se quelque proximité géographique. Si le principe de toute communauté est de nature spirituelle et touche l’élément transc
574 graphique. Si le principe de toute communauté est de nature spirituelle et touche l’élément transcendant dans la personne,
575 la personne, si bien qu’il peut relier des hommes de toute la terre, la vie communautaire concrète est proximiste, c’est-à
576 puisqu’ils expriment la dialectique constitutive de la personne entre le transcendant et l’incarné, entre ce qui libère,
577 e, enracine d’autre part. J’ai dit que la liberté de la personne implique sa responsabilité, et que la réciproque n’est pa
578 e pour moi, qu’elle va peut-être se réaliser. Pas de liberté réelle pour un irresponsable : or il faut bien reconnaître qu
579 bien reconnaître que la cité moderne tend à faire de nous tous des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos État
580 s des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et
581 que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idé
582 chapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation et civi
583 notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation et civisme ne reprendront un sens concret que
584 municipales et régionales, qu’il s’agit désormais de recréer si l’on veut que la personne s’épanouisse : j’y vois la tâche
585 sonne s’épanouisse : j’y vois la tâche principale de la génération qui monte. J’y vois aussi la condition de toute union p
586 génération qui monte. J’y vois aussi la condition de toute union possible de l’Europe. J’ai dit souvent mon scepticisme à
587 y vois aussi la condition de toute union possible de l’Europe. J’ai dit souvent mon scepticisme à l’égard de l’Europe des
588 nt par en haut mais par en bas, le cadre inadapté de l’État-nation imposé par Napoléon : par en bas, ce sont les régions,
589 entale. Et nous venons de voir que ces deux pôles de la société à construire correspondent aux exigences constitutives de
590 struire correspondent aux exigences constitutives de la personne. Les hommes ne sauraient être unis par l’imposition unifo
591 ne sauraient être unis par l’imposition uniforme d’ un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire,
592 e unis par l’imposition uniforme d’un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la lib
593 l’imposition uniforme d’un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la liberté de cha
594 niforme d’un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la liberté de chaque personne q
595 police, mais au contraire, c’est dans la liberté de chaque personne que vient s’enraciner la solidarité du genre humain.
596 s’enraciner la solidarité du genre humain. Ainsi, de la notion de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs,
597 a solidarité du genre humain. Ainsi, de la notion de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui
598 otion de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de
599 érentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégage
600 e ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation,
601 transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons maintenant se constituer les éléments d’u
602 nous voyons maintenant se constituer les éléments d’ une politique communautaire. Morale et politique, soulignons-le, qui s
603 ue, soulignons-le, qui se déduisent immédiatement de la structure bipolaire de la personne et de ses exigences antinomique
604 déduisent immédiatement de la structure bipolaire de la personne et de ses exigences antinomiques, mais en réalité insépar
605 ement de la structure bipolaire de la personne et de ses exigences antinomiques, mais en réalité inséparables, de liberté
606 ences antinomiques, mais en réalité inséparables, de liberté et de responsabilité. Or, il se trouve que toute vraie politi
607 ques, mais en réalité inséparables, de liberté et de responsabilité. Or, il se trouve que toute vraie politique de la pers
608 ilité. Or, il se trouve que toute vraie politique de la personne appelle la création de petites communautés qui, pour défe
609 raie politique de la personne appelle la création de petites communautés qui, pour défendre leur autonomie, seront amenées
610 à pratiquer la seule méthode capable, selon moi, d’ unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, fin
611 méthode capable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement, que je suis v
612 t, que je suis venu une fois de plus, ici, parler de l’Europe, de son union, et de la création des régions qui rendra seul
613 s venu une fois de plus, ici, parler de l’Europe, de son union, et de la création des régions qui rendra seule possible ce
614 e plus, ici, parler de l’Europe, de son union, et de la création des régions qui rendra seule possible cette union. […] ⁂
615 endra seule possible cette union. […] ⁂ Au terme de la quatrième et dernière séance de débats, je cherche à dégager les l
616 …] ⁂ Au terme de la quatrième et dernière séance de débats, je cherche à dégager les lignes générales d’évolution de l’id
617 débats, je cherche à dégager les lignes générales d’ évolution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la
618 herche à dégager les lignes générales d’évolution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la plupart d’e
619 lution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la plupart d’entre nous voulaient croire que la naissance
620 ance prochaine du Marché commun ne manquerait pas de déclencher une série de processus politiques nécessairement « irréver
621 commun ne manquerait pas de déclencher une série de processus politiques nécessairement « irréversibles »… La table ronde
622 La table ronde qui se termine aujourd’hui est née de la crise qui vient, pour tenter d’y répondre. La crise qui vient port
623 rd’hui est née de la crise qui vient, pour tenter d’ y répondre. La crise qui vient porte à prévoir l’avenir qu’il s’agit d
624 e qui vient porte à prévoir l’avenir qu’il s’agit d’ empêcher, plutôt que l’avenir à fomenter. Mais je crois bien que notre
625 ératifs » techniques, économiques, militaires, ou de « l’indépendance nationale », il a tranquillement affirmé ce qu’il te
626 n. Il y a dix ans, pendant un comité préparatoire de la conférence de Bâle sur l’Europe et le Monde, comme quelqu’un propo
627 , pendant un comité préparatoire de la conférence de Bâle sur l’Europe et le Monde, comme quelqu’un proposait qu’une séanc
628 déclaré qu’il se verrait, dans ce cas, contraint de s’en aller, « le mot fédéralisme étant tabou à Strasbourg ». Aujourd’
629 sous ses formes les plus radicales : dénonciation de l’État-nation comme principal fauteur de notre crise, appel à la form
630 nciation de l’État-nation comme principal fauteur de notre crise, appel à la formation de régions en tant qu’unités de bas
631 ipal fauteur de notre crise, appel à la formation de régions en tant qu’unités de base de la communauté à recréer. Progrès
632 appel à la formation de régions en tant qu’unités de base de la communauté à recréer. Progrès remarquable du fédéralisme :
633 la formation de régions en tant qu’unités de base de la communauté à recréer. Progrès remarquable du fédéralisme : dans le
634 s s’il ne se produit pas là d’abord, il n’y a pas de chance qu’il se produise jamais dans les faits, les institutions et n
635 solidarité, tolérance, sens des diversités, goût de l’autonomie, et non pas individualisme égoïste, fanatisme politique,
636 ique, passion égalitaire et besoin « sécurisant » d’ être mené. Pour amorcer cette mutation, il a fallu l’éveil de la consc
637 . Pour amorcer cette mutation, il a fallu l’éveil de la conscience écologique — ici représentée avec autant de bonne grâce
638 nscience écologique — ici représentée avec autant de bonne grâce que de rigueur par Robert Allen (et il est juste de souli
639 — ici représentée avec autant de bonne grâce que de rigueur par Robert Allen (et il est juste de souligner le rôle peut-ê
640 que de rigueur par Robert Allen (et il est juste de souligner le rôle peut-être décisif joué sur ce plan par le Conseil d
641 onseil de l’Europe, lorsqu’il a lancé son « Année de la protection de la nature » en 1970) ; il a fallu le rapport sur « L
642 e, lorsqu’il a lancé son « Année de la protection de la nature » en 1970) ; il a fallu le rapport sur « Les Limites à la c
643 t ses suites ; mais surtout, il a fallu la montée de l’idée régionaliste dans toute l’Europe, dépassant enfin le niveau de
644 s et s’illustrant — négativement — par la carence de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversi
645 — par la carence de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversification : obsédés par les grand
646 e de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversification : obsédés par les grandes centrales, il
647 s que les petits ruisseaux et les moindres rayons de soleil détiennent les solutions de notre avenir autonome. Georg Picht
648 oindres rayons de soleil détiennent les solutions de notre avenir autonome. Georg Picht n’a pas hésité à qualifier de « cr
649 autonome. Georg Picht n’a pas hésité à qualifier de « crime abominable » les concentrations de centrales nucléaires exigé
650 lifier de « crime abominable » les concentrations de centrales nucléaires exigées par les agences énergétiques de nos État
651 s nucléaires exigées par les agences énergétiques de nos États ; à déclarer que « tant que les obscurs complexes de préjug
652 ; à déclarer que « tant que les obscurs complexes de préjugés murés dans les fondations de l’État-nation souverain ne sont
653 s complexes de préjugés murés dans les fondations de l’État-nation souverain ne sont pas dénoués, aucune planification rat
654 nnelle à l’échelle du globe n’a la moindre chance de succès politique » ; et à constater qu’une science libre, non asservi
655 tater qu’une science libre, non asservie aux buts de puissance des États, peut seule nous aider à sauver la biosphère ; dè
656 er à sauver la biosphère ; dès lors, « la liberté de pensée et d’expression est une condition biologique de notre survie »
657 a biosphère ; dès lors, « la liberté de pensée et d’ expression est une condition biologique de notre survie ». James Fawce
658 nsée et d’expression est une condition biologique de notre survie ». James Fawcett s’interroge : la société occidentale es
659 litique générale, face à l’émiettement en groupes d’ intérêts égoïstes ? Il ne voit d’autre espoir, lui aussi, que dans la
660 ement en groupes d’intérêts égoïstes ? Il ne voit d’ autre espoir, lui aussi, que dans la création de pouvoirs locaux et ré
661 t d’autre espoir, lui aussi, que dans la création de pouvoirs locaux et régionaux, problème numéro un de notre temps. Gius
662 pouvoirs locaux et régionaux, problème numéro un de notre temps. Giuseppe Petrilli estime qu’il est grand temps de priver
663 s. Giuseppe Petrilli estime qu’il est grand temps de priver l’État de son aura, et de lui rappeler qu’il est service publi
664 lli estime qu’il est grand temps de priver l’État de son aura, et de lui rappeler qu’il est service public. Enfin, l’un de
665 est grand temps de priver l’État de son aura, et de lui rappeler qu’il est service public. Enfin, l’un des deux fondateur
666 cien directeur général des affaires scientifiques de l’OCDE, confesse qu’il n’accorde plus aucune confiance aux structures
667 e aux structures politiques actuelles, et ne voit d’ autre espoir que dans la décentralisation des institutions et des orga
668 décentralisation des institutions et des organes de décision. (Sur quoi je fais remarquer, une fois de plus, que décentr
669 ue le fait du Centre, et qu’il nous faut repartir d’ en bas, des racines, c’est-à-dire des communes, si l’on veut restaurer
670 c’est-à-dire des communes, si l’on veut restaurer de vivantes régions.) Cette évolution générale des esprits les mieux inf
671 on doit le placer. ⁂ Du 22 septembre au 5 octobre De retour dans ma maison-chantier de Saint-Genis-Pouilly, je trouve plus
672 re au 5 octobre De retour dans ma maison-chantier de Saint-Genis-Pouilly, je trouve plusieurs lettres de dirigeants du clu
673 Saint-Genis-Pouilly, je trouve plusieurs lettres de dirigeants du club de Rome me pressant de rédiger le rapport que m’a
674 lettres de dirigeants du club de Rome me pressant de rédiger le rapport que m’a demandé Aurelio Peccei. Sur quel thème ? l
675 r quel thème ? lui ai-je écrit. Et l’on me répond de Rio : « Sur vos derniers travaux, sur ce que vous tenez pour le plus
676 et Eduard Pestel. Je lis, p. 145 : « La futilité d’ un nationalisme étroit doit être reconnue et prise pour axiome dans to
677 reconnue et prise pour axiome dans tout processus de décision. Toute nation qui essaierait de résoudre le problème envahis
678 rocessus de décision. Toute nation qui essaierait de résoudre le problème envahissant de l’inflation à l’aide de mesures l
679 ui essaierait de résoudre le problème envahissant de l’inflation à l’aide de mesures limitées à son seul territoire serait
680 enté par Georg Picht, qui réitère sa condamnation de l’État-nation incompatible avec l’ordre global. Je n’hésite plus : j’
681 . Je n’hésite plus : j’annonce le titre, dépourvu de toute équivoque, du rapport que je me mets à écrire sans plus de déla
682 viens de citer. Peu de progrès dans les travaux de transformation de ma maison. On dirait qu’il suffit que je me mette a
683 Peu de progrès dans les travaux de transformation de ma maison. On dirait qu’il suffit que je me mette au travail pour que
684 fit que je me mette au travail pour que les coups de marteau et les perceuses se déclenchent aussitôt autour de moi. J’écr
685 omment, et les envoie aux organisateurs berlinois de la prochaine assemblée du club de Rome. La galopade devient course d’
686 mblée du club de Rome. La galopade devient course d’ obstacles. 3. Max Beloff, Europe and the Europeans, an internationa
687 en, économiste, Oxford ; James Fawcett, président de la Commission des droits de l’homme ; Per Federspiel, député et ancie
688 Copenhague ; Izmet Hizir, physicien et professeur de philosophie à Ankara ; Philippe d’Iribarne, directeur du Centre de re
689 Ankara ; Philippe d’Iribarne, directeur du Centre de recherches sur le bien-être du CNRS ; Mme Marie-Elizabeth Klee, minis
690 être du CNRS ; Mme Marie-Elizabeth Klee, ministre de la Culture du Land Rhein-Westfalen ; Giuseppe Petrilli, président de
691 nd Rhein-Westfalen ; Giuseppe Petrilli, président de l’Institut pour la reconstruction industrielle (IRI), Rome ; Georg Pi
692 ndustrielle (IRI), Rome ; Georg Picht, professeur de philosophie à la Faculté de théologie de Heidelberg ; le RP de Riedma
693 org Picht, professeur de philosophie à la Faculté de théologie de Heidelberg ; le RP de Riedmatten, représentant du Saint-
694 ofesseur de philosophie à la Faculté de théologie de Heidelberg ; le RP de Riedmatten, représentant du Saint-Siège auprès
695 nu à Paris par sa nomination, la veille, au poste de président du nouvel Institut audiovisuel de la télévision française.
696 poste de président du nouvel Institut audiovisuel de la télévision française.
5 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). III. Venise : colloque sur le fédéralisme, modèle de l’Europe
697 III. Venise : colloque sur le fédéralisme, modèle de l’Europe Sur les instances d’Alexandre Marc, en mars dernier, j’ava
698 déralisme, modèle de l’Europe Sur les instances d’ Alexandre Marc, en mars dernier, j’avais accepté de prendre part au co
699 ’Alexandre Marc, en mars dernier, j’avais accepté de prendre part au colloque de Venise — du 10 au 13 octobre — sur Le Féd
700 nier, j’avais accepté de prendre part au colloque de Venise — du 10 au 13 octobre — sur Le Fédéralisme, un modèle pour l’E
701 du point de vue émotif, j’entends du point de vue de l’âme au sens jungien du terme. Nous décidons de partir le 5 octobre
702 de l’âme au sens jungien du terme. Nous décidons de partir le 5 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques jours de lois
703 ns de partir le 5 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques jours de loisirs avant le colloque. Du 5 au 12 octobre 1974
704 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques jours de loisirs avant le colloque. Du 5 au 12 octobre 1974 Pendant les deux p
705 itienne m’oblige à repasser sur toutes les traces de mes anciens trajets. J’ai cherché pendant des années cette terrasse d
706 s. J’ai cherché pendant des années cette terrasse de petit restaurant sur une place que fermait au sud le haut mur grenat
707 r une place que fermait au sud le haut mur grenat d’ une église. On arrivait de la droite, on repartait vers la gauche… Je
708 sud le haut mur grenat d’une église. On arrivait de la droite, on repartait vers la gauche… Je l’ai retrouvée cette fois-
709 trouvée cette fois-ci. Le restaurant qui a doublé de surface et occupe aujourd’hui la moitié de la petite place, était fer
710 doublé de surface et occupe aujourd’hui la moitié de la petite place, était fermé. Le troisième jour, je me suis vu nommé
711 ident du Bureau directeur du Centre international de formation européenne, et en cette qualité, convié à présider la secon
712 à 9 h du matin, dans une très vaste salle décorée de fresques de la somptueuse Fondation Cini, j’ai introduit la séance pa
713 in, dans une très vaste salle décorée de fresques de la somptueuse Fondation Cini, j’ai introduit la séance par ces mots :
714 Nous sommes ici à Venise… …il serait sacrilège de l’oublier, et de parler comme si nous étions n’importe où. En me prom
715 Venise… …il serait sacrilège de l’oublier, et de parler comme si nous étions n’importe où. En me promenant hier soir j
716 ou à Novossibirsk, et vous me direz si Venise est d’ Europe, avec ses marbres si doux au toucher, ses trésors bien dissimul
717 u toucher, ses trésors bien dissimulés, ses bleus de ciel déchirants de tendresse entre les ors et les ivoires de ses fron
718 ors bien dissimulés, ses bleus de ciel déchirants de tendresse entre les ors et les ivoires de ses frontons. J’ai vécu ici
719 hirants de tendresse entre les ors et les ivoires de ses frontons. J’ai vécu ici, à Venise, un grand moment de la culture
720 rontons. J’ai vécu ici, à Venise, un grand moment de la culture européenne. Après la création mondiale, dans le chœur de l
721 péenne. Après la création mondiale, dans le chœur de la basilique, du Cantique en l’honneur de Saint-Marc, j’ai vu l’auteu
722 e chœur de la basilique, du Cantique en l’honneur de Saint-Marc, j’ai vu l’auteur, qui était Stravinsky, s’incliner et tom
723 du Patriarche Roncalli, le futur Jean XXIII, pape de l’œcuménisme — cette forme sublime du fédéralisme, de l’unité dans la
724 ’œcuménisme — cette forme sublime du fédéralisme, de l’unité dans la diversité, hors de quoi point de salut pour ce siècle
725 de l’unité dans la diversité, hors de quoi point de salut pour ce siècle. Hier, dans ce beau décor de la Fondation Cini,
726 de salut pour ce siècle. Hier, dans ce beau décor de la Fondation Cini, on nous a parlé d’un fédéralisme plus problématiqu
727 beau décor de la Fondation Cini, on nous a parlé d’ un fédéralisme plus problématique, plus empêtré dans les inerties poli
728 calyptiques. Les orateurs jouaient le jeu sincère de s’opposer les uns aux autres, et je me disais : comme c’est curieux,
729 s points de vue exprimés hier étaient en relation de complémentarité : tout le monde avait raison dans le même temps, quan
730 on dans le même temps, quant au phénomène observé de deux manières antinomiques. Le président Jean Rey a fait le point de
731 tinomiques. Le président Jean Rey a fait le point de l’action des Communautés ; sur quoi, Orio Giarini est venu rappeler q
732 io Giarini est venu rappeler qu’à côté et au-delà de cette action, il y a une crise profonde de civilisation, due au culte
733 u-delà de cette action, il y a une crise profonde de civilisation, due au culte de la croissance. (Mais on ne peut parler
734 une crise profonde de civilisation, due au culte de la croissance. (Mais on ne peut parler de tout à la fois, même avec l
735 u culte de la croissance. (Mais on ne peut parler de tout à la fois, même avec la maîtrise d’un Jean Rey.) Alors que l’un,
736 t parler de tout à la fois, même avec la maîtrise d’ un Jean Rey.) Alors que l’un, le professeur Humblet, proposait la conc
737 ales (vraie voie, selon moi, vers la constitution d’ un parlement ou d’un sénat européen), l’autre, qui est le ministre bel
738 selon moi, vers la constitution d’un parlement ou d’ un sénat européen), l’autre, qui est le ministre belge François Périn,
739 qui est le ministre belge François Périn, chargé de la réforme constitutionnelle, tenait pour un exécutif collégial, insp
740 modèle suisse (et j’avais les meilleures raisons de me retrouver dans l’une et l’autre de ces propositions rigoureusement
741 res raisons de me retrouver dans l’une et l’autre de ces propositions rigoureusement complémentaires). Tout le monde parle
742 complémentaires). Tout le monde parle aujourd’hui de régions. Le général de Gaulle en a parlé très bien, dans un fameux di
743 lle en a parlé très bien, dans un fameux discours de Lyon, en 1969, je crois, où il faisait de la région la nouvelle forme
744 iscours de Lyon, en 1969, je crois, où il faisait de la région la nouvelle forme de communauté du xxe siècle, succédant n
745 ois, où il faisait de la région la nouvelle forme de communauté du xxe siècle, succédant normalement à la nation centrali
746 Anglais. Cinq ans plus tard, le Premier ministre d’ alors, parlant lui aussi à Lyon, prétendait interdire aux régions fron
747 me d’État, ses successeurs ne sont que des hommes de l’État. » Quand nous avons commencé à parler de régions, nous les féd
748 s de l’État. » Quand nous avons commencé à parler de régions, nous les fédéralistes de la première heure, dans les années
749 mmencé à parler de régions, nous les fédéralistes de la première heure, dans les années 1950, on a fait comme si l’on n’en
750 si l’on n’entendait rien. Vers 1960, les porteurs de l’idée européenne officielle nous ont dit : « Malheureux que vous ête
751 us êtes ! Comme si ce n’était pas assez difficile de faire l’Europe avec les gouvernements ! » J’ai répondu : — Ce n’est p
752 t et Premiers ministres nous répètent que l’union de l’Europe est urgente, ils ne l’ont pas faite. Si l’on ne veut pas le
753 ne veut pas la fédération, seule forme concevable de l’union des peuples de l’Europe. Il faut opter. Voulons-nous l’Europe
754 on, seule forme concevable de l’union des peuples de l’Europe. Il faut opter. Voulons-nous l’Europe unie pour la Puissance
755 notre ami Lewis Mumford a baptisé « Le Pentagone de la Puissance » : Profit, Publicité, Pouvoir militaire, Productivité ;
756 t qui est le produit le plus durable — 24 000 ans de demi-vie — qu’ait inventé l’humanité. Un dix-millionième de gramme en
757 e — qu’ait inventé l’humanité. Un dix-millionième de gramme en suffit pour tuer son homme par un cancer. Et les centrales
758 ibre dans le poulailler libre », selon la formule d’ Albert de Mun, mais la responsabilité du citoyen dans la cité et la fa
759 n dans la cité et la faculté pour chaque personne de réaliser sa vocation. Toute la question politique du xxe siècle se r
760 et personnaliste, j’insiste sur le second membre de la devise : tous pour un. Le but de notre union européenne n’est pas
761 second membre de la devise : tous pour un. Le but de notre union européenne n’est pas de constituer une puissance mondiale
762 ur un. Le but de notre union européenne n’est pas de constituer une puissance mondiale écrasante, mais de créer une sociét
763 constituer une puissance mondiale écrasante, mais de créer une société où la personne puisse se réaliser. ⁂ J’eus ensuite
764 aliser. ⁂ J’eus ensuite à passer la parole à l’un de nos camarades fédéralistes de la première heure, Altiero Spinelli, au
765 er la parole à l’un de nos camarades fédéralistes de la première heure, Altiero Spinelli, aujourd’hui membre de la Commiss
766 mière heure, Altiero Spinelli, aujourd’hui membre de la Commission de la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de
767 ero Spinelli, aujourd’hui membre de la Commission de la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de la situation comm
768 la Commission de la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de la situation communautaire, sommé de dire aux militan
769 la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de la situation communautaire, sommé de dire aux militants de la salle c
770 complaisance de la situation communautaire, sommé de dire aux militants de la salle ce qu’ils devaient et pouvaient faire,
771 uation communautaire, sommé de dire aux militants de la salle ce qu’ils devaient et pouvaient faire, il revint à la tribun
772 e nous allons vers la misère. » Le second orateur de cette séance fut Paul Delouvrier, PDG de l’EDF et brillant défenseur
773 ut ce que pense Georg Picht, traduisant l’opinion de tous les physiciens vraiment sérieux, je veux dire vraiment libres. L
774 La veille, George Thomson, commissaire lui aussi de la CEE, chargé des recherches régionales, avait fait une profession d
775 recherches régionales, avait fait une profession de foi sans équivoque en faveur des régions transfrontalières autant qu’
776 bstituées aux États-nations comme unités sociales de base, au sein desquelles le citoyen puisse se sentir responsable ». U
777 se sentir responsable ». Une fois de plus, l’idée de région s’impose comme seule alternative à la formule de l’État-nation
778 ion s’impose comme seule alternative à la formule de l’État-nation. ⁂ Le 12 octobre 1974 Quitté le Piazzale Roma vers 17 h
779 cependant à s’y introduire il est très difficile d’ en sortir. Les progrès du tourisme italien aboutiront bientôt, en bonn
780 ur à Pouilly vers 17 h. Le 14 octobre 1974 Départ de l’aéroport de Genève à 7 h. Berlin à 11 h 15.
781 ers 17 h. Le 14 octobre 1974 Départ de l’aéroport de Genève à 7 h. Berlin à 11 h 15.
6 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). IV. Berlin : le second Rapport au club de Rome
782 andis que je cherche ma place dans l’amphithéâtre de la Kongresshalle où l’Assemblée s’est ouverte depuis quelques heures,
783 ticipants actifs (qu’entourent quelques centaines d’ observateurs, experts, futurologues et journalistes du monde entier) 3
784 nt représentent le tiers-monde. Sauf une douzaine de Japonais et d’Australiens tout le reste est occidental, Américains et
785 le tiers-monde. Sauf une douzaine de Japonais et d’ Australiens tout le reste est occidental, Américains et Canadiens, Eur
786 Américains et Canadiens, Européens de l’Ouest et de l’Est. Je parcours le recueil des textes présentés pour m’orienter da
787 débats en cours (réduits, hélas, à une succession d’ exposés dont les auteurs n’arrivent pas à dialoguer). Le premier Rappo
788 Rapport au club de Rome a eu le mérite éclatant «  d’ élever un problème de la plus haute importance pour l’avenir de l’huma
789 me a eu le mérite éclatant « d’élever un problème de la plus haute importance pour l’avenir de l’humanité, du statut de no
790 roblème de la plus haute importance pour l’avenir de l’humanité, du statut de non-issue au statut de très grave préoccupat
791 importance pour l’avenir de l’humanité, du statut de non-issue au statut de très grave préoccupation » comme l’écrivent le
792 r de l’humanité, du statut de non-issue au statut de très grave préoccupation » comme l’écrivent les professeurs Mihajlo M
793 r et Meadows ont bien fait voir que les problèmes de la croissance sont en interactions mondiales, il fallait montrer auss
794 lait montrer aussitôt que ces problèmes se posent de manière inégale selon les temps et les lieux de l’humanité (qu’on pen
795 t de manière inégale selon les temps et les lieux de l’humanité (qu’on pense simplement à la démographie). Le second Rappo
796 yse le système mondial dans la diversité concrète de dix régions de dimensions continentales. Et il recourt, bien sûr, à l
797 mondial dans la diversité concrète de dix régions de dimensions continentales. Et il recourt, bien sûr, à la capacité comb
798 des ordinateurs, mais aussi au jugement intuitif de ceux qui ont nourri ces appareils d’environ 100 000 équations. Person
799 ent intuitif de ceux qui ont nourri ces appareils d’ environ 100 000 équations. Personne à la tribune ne semble mettre en d
800 en doute les progrès ainsi accomplis, du fait 1° de la régionalisation des problèmes, et 2° de la prise au sérieux de par
801 ait 1° de la régionalisation des problèmes, et 2° de la prise au sérieux de paramètres aussi mal vus naguère encore que le
802 ation des problèmes, et 2° de la prise au sérieux de paramètres aussi mal vus naguère encore que les « valeurs individuell
803 litiques du second rapport. J’écoute les exposés, d’ une sagesse véhémente, des défenseurs de l’égalité non seulement dans
804 exposés, d’une sagesse véhémente, des défenseurs de l’égalité non seulement dans les peuples mais entre les peuples comme
805 proposait Condorcet dans son Tableau des progrès de l’esprit humain, il y a de cela tout juste 180 ans, et nous sommes en
806 on Tableau des progrès de l’esprit humain, il y a de cela tout juste 180 ans, et nous sommes encore loin du but. On a pu l
807 campagnes électorales dans plusieurs grands pays de l’Europe, le seul but politique clairement défini, et commun à tous l
808 ’on appelle ici « l’ordre global » ; le plus vide de sens, et le plus utopique quant aux possibilités économiques ou écolo
809 quant aux possibilités économiques ou écologiques de n’importe quel peuple considéré. Que signifie l’indépendance national
810 considéré. Que signifie l’indépendance nationale d’ un pays qui dépend de quatre émirs de droit divin pour son pétrole et
811 fie l’indépendance nationale d’un pays qui dépend de quatre émirs de droit divin pour son pétrole et doit voter en conséqu
812 ce nationale d’un pays qui dépend de quatre émirs de droit divin pour son pétrole et doit voter en conséquence à l’ONU ? D
813 on pétrole et doit voter en conséquence à l’ONU ? D’ un autre qui se rationne pour financer une force de frappe suicidaire 
814 ’un autre qui se rationne pour financer une force de frappe suicidaire ? D’un troisième qui s’arroge le droit de polluer s
815 ne pour financer une force de frappe suicidaire ? D’ un troisième qui s’arroge le droit de polluer ses eaux territoriales,
816 suicidaire ? D’un troisième qui s’arroge le droit de polluer ses eaux territoriales, et tant pis si la marée noire, ou rou
817 des voisins… Cela ne signifie rien — ou plus rien d’ avouable. Mesarovic et Pestel ont probablement vu, mais n’ont assurém
818 ions infranationales. C’est ce que je vais tenter de faire voir dans le rapport que je présenterai demain matin. L’obsta
819 n matin. L’obstacle majeur à tout établissement d’ un système global est l’existence de l’État-nation Le principe de l
820 établissement d’un système global est l’existence de l’État-nation Le principe de la crise mondiale réside dans une mau
821 l est l’existence de l’État-nation Le principe de la crise mondiale réside dans une mauvaise gestion de la Terre par l’
822 a crise mondiale réside dans une mauvaise gestion de la Terre par l’homme. L’homme pollue, scalpe, écorche et défigure la
823 s, les lacs, les villes, au nom de la rentabilité de ses entreprises, qu’il arrive mal à justifier, sinon par sa passion d
824 u’il arrive mal à justifier, sinon par sa passion de la guerre, et par une obsession de la puissance qui ne s’avoue que so
825 par sa passion de la guerre, et par une obsession de la puissance qui ne s’avoue que sous le nom de « prestige national ».
826 on de la puissance qui ne s’avoue que sous le nom de « prestige national ». Déjà, de vastes plaines autour des villes, et
827 e que sous le nom de « prestige national ». Déjà, de vastes plaines autour des villes, et de larges vallées fluviales ne s
828  ». Déjà, de vastes plaines autour des villes, et de larges vallées fluviales ne sont plus que poubelles de l’industrie, c
829 rges vallées fluviales ne sont plus que poubelles de l’industrie, cimetières de détritus non recyclables, et dans le fond
830 ont plus que poubelles de l’industrie, cimetières de détritus non recyclables, et dans le fond de cavernes secrètes, on en
831 ères de détritus non recyclables, et dans le fond de cavernes secrètes, on enfouit sournoisement l’indestructible plutoniu
832 ement l’indestructible plutonium, la plus durable de toutes les productions humaines. Ces pays et ces villes énormes, ces
833 maines. Ces pays et ces villes énormes, ces mines de sel, ces fonds océaniques transformés en décharges mondiales, c’est p
834 était, au temps de Jésus, la décharge municipale de la ville de Jérusalem, ce ravin désolé de Guei Hinnom « où le feu ne
835 emps de Jésus, la décharge municipale de la ville de Jérusalem, ce ravin désolé de Guei Hinnom « où le feu ne s’éteint jam
836 icipale de la ville de Jérusalem, ce ravin désolé de Guei Hinnom « où le feu ne s’éteint jamais », comme c’est le cas dans
837 s où l’on rejette ce qui n’a pas trouvé sa raison d’ être ou qui a refusé sa vocation, et, faute d’être devenu soi-même, ne
838 son d’être ou qui a refusé sa vocation, et, faute d’ être devenu soi-même, ne sert à rien. [De cette comparaison, de ce feu
839 t, faute d’être devenu soi-même, ne sert à rien. [ De cette comparaison, de ce feu perpétuel sont nées les légendes médiéva
840 soi-même, ne sert à rien. [De cette comparaison, de ce feu perpétuel sont nées les légendes médiévales sur « l’Enfer où d
841 bre histoire, très lente en ses débuts, mais tout d’ un coup la crise s’annonce, dans les années 1960 du xxe siècle, et le
842 ontribué à la faire se déclarer — comme on le dit d’ une maladie. Cela commence avec le dernier siècle, qui voit la formati
843 dernier siècle, qui voit la formation simultanée de l’industrie et des nations étatisées. Cela se poursuit à travers la
844 régulée, contrairement à la croissance organique d’ un individu — à travers l’aventure scientifique et technique, qui entr
845 ui entraîne l’exploitation têtue, naïve, aveugle, de ressources naturelles qu’on croit illimitées. Cela se développe avec
846 t illimitées. Cela se développe avec la pollution de l’air, des eaux, des plantes, de l’humus et des océans, par les effet
847 vec la pollution de l’air, des eaux, des plantes, de l’humus et des océans, par les effets combinés d’une industrie brutal
848 de l’humus et des océans, par les effets combinés d’ une industrie brutale, prométhéenne, de la surpopulation, du surarmeme
849 s combinés d’une industrie brutale, prométhéenne, de la surpopulation, du surarmement délirant (les USA disposent déjà de
850 , du surarmement délirant (les USA disposent déjà de quoi tuer chaque habitant de notre planète 32 000 fois), du gaspillag
851 s USA disposent déjà de quoi tuer chaque habitant de notre planète 32 000 fois), du gaspillage comme principe du commerce,
852 e, des entassements mégalopolitains, destructeurs de toute communauté, et de la terreur permanente qui règne au sein de la
853 lopolitains, destructeurs de toute communauté, et de la terreur permanente qui règne au sein de la paix des lâches. Beaux
854 s-nations dont les premiers sont apparus au début de cette même période, qui se sont rapidement multipliés pendant le deux
855 t rapidement multipliés pendant le deuxième tiers de notre siècle, et qui se partagent aujourd’hui la totalité des territo
856 ses ressources en vue de leur seule puissance, et de leur seul prestige, c’est-à-dire en vue de la guerre dont tous sont n
857 é l’importance décisive qui lui revient à ce fait de l’État-nation comme obstacle principal au fonctionnement de tout syst
858 nation comme obstacle principal au fonctionnement de tout système global. La formule de l’État-nation à souveraineté illim
859 fonctionnement de tout système global. La formule de l’État-nation à souveraineté illimitée dans ses frontières, et qui pl
860 tée dans ses frontières, et qui place au principe de toute sa politique ce que l’on nomme « l’indépendance nationale », s’
861 et par définition non seulement à la notion même d’ ordre global, mais encore et surtout à toute mesure concrète qui en pe
862 régions continentales. La conférence sur le droit de la mer, qui vient de se tenir à Caracas, fournit la plus récente illu
863 r à Caracas, fournit la plus récente illustration de l’incompatibilité foncière entre les souverainetés stato-nationales,
864 entre les souverainetés stato-nationales, avides d’ étendre jusqu’aux fonds des océans les ius uti et abutendi, et toute f
865 es océans les ius uti et abutendi, et toute forme de gestion globale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’expl
866 de gestion globale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’exploitation des nodules métalliques et des hydrocarbu
867 obale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’exploitation des nodules métalliques et des hydrocarbures sous-mari
868 ques et des hydrocarbures sous-marins, mais aussi de la défense des espèces surexploitées et de la lutte contre les pollua
869 aussi de la défense des espèces surexploitées et de la lutte contre les polluants de toute provenance qui « tuent » les m
870 surexploitées et de la lutte contre les polluants de toute provenance qui « tuent » les mers. Si l’on estime nécessaire l’
871 s mers. Si l’on estime nécessaire l’établissement d’ un système global d’échanges équilibrés, si l’on veut en créer les con
872 me nécessaire l’établissement d’un système global d’ échanges équilibrés, si l’on veut en créer les conditions de possibili
873 équilibrés, si l’on veut en créer les conditions de possibilité, il faudra bien que l’on surmonte d’une manière ou d’une
874 de possibilité, il faudra bien que l’on surmonte d’ une manière ou d’une autre la notion de souveraineté stato-nationale,
875 il faudra bien que l’on surmonte d’une manière ou d’ une autre la notion de souveraineté stato-nationale, à la fois symbole
876 n surmonte d’une manière ou d’une autre la notion de souveraineté stato-nationale, à la fois symbole de ce qui cause la cr
877 e souveraineté stato-nationale, à la fois symbole de ce qui cause la crise, agent de son aggravation, et principal obstacl
878 à la fois symbole de ce qui cause la crise, agent de son aggravation, et principal obstacle à sa solution. C’est dire qu’i
879 tion. C’est dire qu’il faudra dépasser la formule de l’État-nation centralisé à souveraineté illimitée, telle que Napoléon
880 fait. Elle suppose, en effet, que les frontières de tel État, établies au hasard des guerres et des traités, coïncident e
881 ontières politiques et l’économie ont des rythmes de fluctuation ou de déplacement dans l’espace absolument non comparable
882 s et l’économie ont des rythmes de fluctuation ou de déplacement dans l’espace absolument non comparables : d’ordre millén
883 cement dans l’espace absolument non comparables : d’ ordre millénaire pour les langues, d’ordre séculaire pour le tracé des
884 omparables : d’ordre millénaire pour les langues, d’ ordre séculaire pour le tracé des frontières5, et d’ordre mettons déce
885 ordre séculaire pour le tracé des frontières5, et d’ ordre mettons décennal pour les économies industrielles, lesquelles pe
886 ement et rapidement en fonction des implantations d’ usines, ou des innovations technologiques. Il ne reste donc à l’État q
887 s autant qu’économiques ou monétaires dans le lit de Procuste de ses frontières douanières, créant et entretenant de la so
888 économiques ou monétaires dans le lit de Procuste de ses frontières douanières, créant et entretenant de la sorte en perma
889 ses frontières douanières, créant et entretenant de la sorte en permanence des problèmes aussi vains qu’insolubles, et qu
890 t certes pas le fait incontestable que la formule de l’État-nation est imitée par tous les peuples de la Terre qui peut la
891 de l’État-nation est imitée par tous les peuples de la Terre qui peut la rendre moins absurde en soi. Au-delà de l’État-n
892 qui peut la rendre moins absurde en soi. Au-delà de l’État-nation, il faut inventer autre chose, et il faut l’inventer de
893 faut inventer autre chose, et il faut l’inventer de toute urgence, si l’on tient compte de l’écart inévitable entre la co
894 l’inventer de toute urgence, si l’on tient compte de l’écart inévitable entre la conception et la mise en œuvre d’une tech
895 névitable entre la conception et la mise en œuvre d’ une technique, d’une méthode ou d’une procédure. Or il est très frappa
896 a conception et la mise en œuvre d’une technique, d’ une méthode ou d’une procédure. Or il est très frappant de constater q
897 a mise en œuvre d’une technique, d’une méthode ou d’ une procédure. Or il est très frappant de constater que si, dans toute
898 thode ou d’une procédure. Or il est très frappant de constater que si, dans toutes les branches des sciences physiques et
899 des sciences physiques et naturelles, l’invention de modèles nouveaux et de méthodes présentées comme révolutionnaires est
900 et naturelles, l’invention de modèles nouveaux et de méthodes présentées comme révolutionnaires est la condition même du s
901 e, s’en tient aux recettes et doctrines du siècle de Napoléon, de Bismarck et de Marx, sinon pour le jargon technique, du
902 aux recettes et doctrines du siècle de Napoléon, de Bismarck et de Marx, sinon pour le jargon technique, du moins pour le
903 t doctrines du siècle de Napoléon, de Bismarck et de Marx, sinon pour le jargon technique, du moins pour les principes fon
904 principes fondamentaux : toute remise en question de la formule de l’État-nation, par exemple, est aussitôt stigmatisée co
905 amentaux : toute remise en question de la formule de l’État-nation, par exemple, est aussitôt stigmatisée comme non sérieu
906 re toutes ces belles choses à la fois. La carence de toute invention fondamentale, en politologie, s’explique par la conve
907 s et des bureaucraties, des industries (notamment d’ armes) et des compagnies pétrolières, ligués par « la force des choses
908 és par « la force des choses » en vue du maintien de « l’ordre » tel qu’il est (même si ce n’est qu’un « désordre établi »
909 désordre établi »), selon les principes et tabous de l’État-nation centralisé à souveraineté illimitée. Contre cette écras
910 ineté illimitée. Contre cette écrasante coalition d’ intérêts investis, d’inerties intellectuelles et de volontés de puissa
911 re cette écrasante coalition d’intérêts investis, d’ inerties intellectuelles et de volontés de puissance (marchands d’arme
912 ’intérêts investis, d’inerties intellectuelles et de volontés de puissance (marchands d’armes, pétroliers, promoteurs de c
913 vestis, d’inerties intellectuelles et de volontés de puissance (marchands d’armes, pétroliers, promoteurs de centrales nuc
914 lectuelles et de volontés de puissance (marchands d’ armes, pétroliers, promoteurs de centrales nucléaires, etc.), tout eff
915 ssance (marchands d’armes, pétroliers, promoteurs de centrales nucléaires, etc.), tout effort rationnel paraît voué à l’im
916 és ne nous imposaient des limites, des conditions de possibilité. Ce qui paraît capable de produire à court terme un chang
917 conditions de possibilité. Ce qui paraît capable de produire à court terme un changement drastique de la formule stato-na
918 de produire à court terme un changement drastique de la formule stato-nationale, c’est la pression de plus en plus sensibl
919 nces infra- et supranationales. L’État-nation, né de la guerre et maintenu en vue de guerres futures — qu’elles soient red
920 itées — ne saurait survivre longtemps à sa raison d’ être principale. Toute nouvelle guerre, atomique, biologique ou chimiq
921 uerre, atomique, biologique ou chimique — cet ABC de la fin du genre humain — l’anéantirait certainement ; et si la guerre
922 é que constituent les références aux « nécessités de la défense » ou au « maintien de l’indépendance nationale », se trouv
923 aux « nécessités de la défense » ou au « maintien de l’indépendance nationale », se trouve capable de faire passer certain
924 de l’indépendance nationale », se trouve capable de faire passer certaines mesures catastrophiques imposées à l’économie
925 question sérieuse, empêche la prise de conscience de tant d’absurdités flagrantes. La force principale de l’État-nation vi
926 sérieuse, empêche la prise de conscience de tant d’ absurdités flagrantes. La force principale de l’État-nation vient sans
927 tant d’absurdités flagrantes. La force principale de l’État-nation vient sans nul doute de l’École, et non seulement de ce
928 principale de l’État-nation vient sans nul doute de l’École, et non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’
929 vient sans nul doute de l’École, et non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire d
930 t non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire de voir. C’est elle qui nous a pers
931 appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire de voir. C’est elle qui nous a persuadés que la formule de l’État modern
932 r. C’est elle qui nous a persuadés que la formule de l’État moderne — une capitale régissant tout ce qui bouge et le reste
933 es sacralisées — était l’aboutissement inévitable de l’Histoire, et que nulle autre évolution n’était possible, ou ne saur
934 être imaginée impunément. Les peuples ont émergé de la nuit des origines pour « faire leur unité » — comme l’homme émerge
935 pour « faire leur unité » — comme l’homme émerge de l’enfance pour « faire sa puberté » — et ils accèdent à la maturité e
936 leur indépendance — fût-ce au prix de leur vie ou de leurs libertés — et qui affirme sa souveraineté quoi qu’il puisse en
937 en coûter aux voisins. Ainsi la force principale de nos États repose sur l’interdiction tacitement prononcée par l’École,
938 l’interdiction tacitement prononcée par l’École, de mettre en question leur formule : elle est tabou. Rechercher d’où ils
939 uestion leur formule : elle est tabou. Rechercher d’ où ils viennent dans le temps et l’espace, les situer dans l’histoire,
940 ancien d’entre eux, qui est leur modèle, a moins de deux siècles d’âge ; et l’on voit bien que leur « période » de demi-v
941 eux, qui est leur modèle, a moins de deux siècles d’ âge ; et l’on voit bien que leur « période » de demi-vie, celle de leu
942 es d’âge ; et l’on voit bien que leur « période » de demi-vie, celle de leur rayonnement dans les esprits actifs, est en t
943 voit bien que leur « période » de demi-vie, celle de leur rayonnement dans les esprits actifs, est en train de s’achever p
944 e universelle provoquée par sa déplorable gestion de la Terre depuis un siècle et demi, l’État-nation souverain ne peut pl
945 nous lui demandons aujourd’hui : « Qu’as-tu fait de ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de
946 aujourd’hui : « Qu’as-tu fait de ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’i
947 ’as-tu fait de ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous
948 ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous répondre piteus
949 e ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous répondre piteusement : « Suis-je
950 nous répondre piteusement : « Suis-je le gardien de la Terre ? », nous en tirons la conclusion qu’il a forfait à sa missi
951 . Mais quand nous lui demandons : « Qu’as-tu fait de la communauté humaine ? » et qu’il n’ose même plus dire : une Armée,
952 ’il n’ose même plus dire : une Armée, ou le Parti de la Révolution, il nous reste à enregistrer sa démission. Bien loin d’
953 nous reste à enregistrer sa démission. Bien loin d’ être la seule réalité possible, comme le proclament beaucoup d’hommes
954 le réalité possible, comme le proclament beaucoup d’ hommes politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’André Malrau
955 comme le proclament beaucoup d’hommes politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’André Malraux, l’État-nation nou
956 clament beaucoup d’hommes politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’André Malraux, l’État-nation nous apparaît co
957 politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’ André Malraux, l’État-nation nous apparaît comme la forme de société l
958 lraux, l’État-nation nous apparaît comme la forme de société la moins adaptable aux nécessités de notre temps. Le thème ce
959 orme de société la moins adaptable aux nécessités de notre temps. Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’Ét
960 e aux nécessités de notre temps. Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’État-nation, qui conduit nombre de
961 Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’État-nation, qui conduit nombre de penseurs contemporains à le reje
962 ue du modèle de l’État-nation, qui conduit nombre de penseurs contemporains à le rejeter sans appel, s’énonce comme une si
963 seule exception des trois Super-Puissances, aucun de nos États-nations n’a les dimensions nécessaires (économiques et mili
964 op grand pour animer la vie civique et l’économie de ses régions, pour en promouvoir les activités culturelles, pour en sa
965 ur offrir un cadre proportionné et des structures d’ accueil à l’action, à la participation des hommes et des femmes en tan
966  l’état, sans majuscule, doit rester le serviteur de la société, et non point s’ériger en son maître. Pour cela, il import
967 importe notamment que sa taille reste à l’échelle de ses tâches. Or l’état national, dans les pays comme la France, est à
968 it. Il est trop grand par rapport aux communautés de base que la centralisation irréversible vide de leur substance en att
969 s de base que la centralisation irréversible vide de leur substance en attendant de les transformer en “désert” ; il est t
970 irréversible vide de leur substance en attendant de les transformer en “désert” ; il est trop petit par rapport aux probl
971 opéenne et mondiale6 ». Cette analyse prophétique de notre crise universelle nous ramène donc à un dilemme d’une crudité p
972 e crise universelle nous ramène donc à un dilemme d’ une crudité presque gênante : — ou bien l’État-nation maintient et mêm
973 et même étend ses prétentions au pouvoir exclusif de gestion de son morceau de la Terre, et dès lors les calculs les plus
974 nd ses prétentions au pouvoir exclusif de gestion de son morceau de la Terre, et dès lors les calculs les plus catastrophi
975 ons au pouvoir exclusif de gestion de son morceau de la Terre, et dès lors les calculs les plus catastrophiques ont seuls
976 calculs les plus catastrophiques ont seuls chance d’ être vérifiés ; — ou bien l’État-nation se voit progressivement dessai
977 en l’État-nation se voit progressivement dessaisi de ses prétentions totalitaires et autarciques : des hommes et des group
978 autarciques : des hommes et des groupes décident de reprendre en main leurs destins, à l’échelon local et régional, et de
979 leurs destins, à l’échelon local et régional, et de faire prévaloir l’intérêt général de l’humain, de la personne, sur ce
980 régional, et de faire prévaloir l’intérêt général de l’humain, de la personne, sur celui des États nationaux. Le jeu se ro
981 de faire prévaloir l’intérêt général de l’humain, de la personne, sur celui des États nationaux. Le jeu se rouvre, l’aveni
982 que nos choix et nos décisions, ou notre absence de décision, impliquent dès maintenant notre responsabilité pour l’un ou
983 rs possibles : – ou bien la démission épidémique de la personne, du citoyen, devant la mécanique inhumaine de l’État nous
984 rsonne, du citoyen, devant la mécanique inhumaine de l’État nous conduit rapidement, dans une atmosphère de panique sourde
985 État nous conduit rapidement, dans une atmosphère de panique sourde et de délinquance généralisée, à des formes de dictatu
986 idement, dans une atmosphère de panique sourde et de délinquance généralisée, à des formes de dictature nationales et cont
987 ourde et de délinquance généralisée, à des formes de dictature nationales et continentales, sur la voie de l’État totalita
988 ictature nationales et continentales, sur la voie de l’État totalitaire mondial dirigé par le Grand Ordinateur dont certai
989 teur dont certains rêvent dans un style orwellien de politique-fiction, mais la guerre atomique intercontinentale préviend
990 suicide du genre humain ; — ou bien, des groupes d’ hommes qui se veulent libres et responsables trouveront, propageront e
991 propageront et appliqueront à temps des formules de remplacement de l’État-nation, ordonnées à des fins de liberté person
992 appliqueront à temps des formules de remplacement de l’État-nation, ordonnées à des fins de liberté personnelle, non de ri
993 mplacement de l’État-nation, ordonnées à des fins de liberté personnelle, non de richesse matérielle, et de communauté viv
994 ordonnées à des fins de liberté personnelle, non de richesse matérielle, et de communauté vivante, non de puissance et de
995 berté personnelle, non de richesse matérielle, et de communauté vivante, non de puissance et de prestige collectif. Il nou
996 ichesse matérielle, et de communauté vivante, non de puissance et de prestige collectif. Il nous faut donc réfléchir série
997 le, et de communauté vivante, non de puissance et de prestige collectif. Il nous faut donc réfléchir sérieusement, en tout
998 ir sérieusement, en toute urgence, à ces formules de remplacement de l’État-nation. Nous avons vu que les dangers majeurs
999 en toute urgence, à ces formules de remplacement de l’État-nation. Nous avons vu que les dangers majeurs qu’entretient ce
1000 s les dimensions modérées, accordées aux pouvoirs de l’homme, aux prises de sa pensée et de sa main vers la répartition au
1001 es, accordées aux pouvoirs de l’homme, aux prises de sa pensée et de sa main vers la répartition aussi large que possible
1002 x pouvoirs de l’homme, aux prises de sa pensée et de sa main vers la répartition aussi large que possible des pouvoirs de
1003 répartition aussi large que possible des pouvoirs de décision, dans l’amour des diversités et le respect des complexités q
1004 à qui désigne assez clairement les petites unités de base que sont les communes (au sens de municipalités, mais aussi de c
1005 tes unités de base que sont les communes (au sens de municipalités, mais aussi de communautés agricoles, religieuses, cult
1006 es communes (au sens de municipalités, mais aussi de communautés agricoles, religieuses, culturelles, artisanales, etc.) e
1007 grandes villes, les quartiers ; puis ces grappes de municipalités autonomes que pourraient être les régions. Mais ces rég
1008 nt vivantes et vivables, n’échapperont à l’esprit de clocher, que si elles demeurent ouvertes au monde, que si elles garde
1009 ves sur l’horizon continental et même mondial. Et de fait, on ne parle de régions que depuis qu’on essaie d’abaisser les b
1010 tinental et même mondial. Et de fait, on ne parle de régions que depuis qu’on essaie d’abaisser les barrières entre États-
1011 t, on ne parle de régions que depuis qu’on essaie d’ abaisser les barrières entre États-nations de l’Europe. À l’État-natio
1012 l’État-nation trop petit répondent les tentatives d’ organisation fédérale (ou au moins supranationale) du continent. Il n’
1013 s évidente complémentarité. La direction générale de la recherche qui m’apparaît la plus urgente dans la conjoncture actue
1014 rnerai à clarifier autant que possible les sujets de malentendu les plus fréquents dans ce domaine. 1. Tout d’abord, écart
1015 , ou « la Révolution » mythique dont parlent tant d’ intellectuels dans les pays hautement industrialisés. S’il pouvait êtr
1016 issante des mers. Il ne saurait être question que de chercher, de trouver, d’inventer d’autres formules d’administration d
1017 ers. Il ne saurait être question que de chercher, de trouver, d’inventer d’autres formules d’administration des choses et
1018 aurait être question que de chercher, de trouver, d’ inventer d’autres formules d’administration des choses et d’aménagemen
1019 hercher, de trouver, d’inventer d’autres formules d’ administration des choses et d’aménagement des rapports humains dans l
1020 d’autres formules d’administration des choses et d’ aménagement des rapports humains dans la cité au sens antique du terme
1021 ains dans la cité au sens antique du terme ; puis de rendre ces formules opérationnelles dans les plus courts délais possi
1022 renverser, tout à construire, et force nous sera de le faire dans les cadres existants de l’État-nation : ils sont mauvai
1023 e nous sera de le faire dans les cadres existants de l’État-nation : ils sont mauvais et nous gêneront beaucoup, mais hors
1024 sont mauvais et nous gêneront beaucoup, mais hors d’ eux, il n’est plus d’espace libre. Il n’y a plus que l’avenir qui leur
1025 gêneront beaucoup, mais hors d’eux, il n’est plus d’ espace libre. Il n’y a plus que l’avenir qui leur échappe. 2. Contrair
1026 des entités économiques. D’ailleurs, la solution de nos problèmes économiques est à chercher sur un tout autre plan que c
1027 e déclare, à savoir sur le plan des vraies causes de la crise : celui des attitudes mentales, morales et spirituelles de l
1028 i des attitudes mentales, morales et spirituelles de l’homme moderne, dont l’économie en général et les budgets en particu
1029 mais réelles. 3. L’État-nation, grand responsable de la mauvaise gestion de la Planète, est aussi le fauteur de la crise d
1030 -nation, grand responsable de la mauvaise gestion de la Planète, est aussi le fauteur de la crise dans la mesure où l’obse
1031 vaise gestion de la Planète, est aussi le fauteur de la crise dans la mesure où l’obsession de la puissance est l’ultima r
1032 fauteur de la crise dans la mesure où l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il
1033 où l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il sa puissance ? Je pense que c’est d
1034 issance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’ où tient-il sa puissance ? Je pense que c’est du vide civique créé pa
1035 du vide civique créé par l’urbanisation sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse qui en résulte chez les individus p
1036 par l’urbanisation sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse qui en résulte chez les individus perdus dans les foules s
1037 oules solitaires des mégapoles, dans le sentiment de leur impuissance devant leur destin collectif, et de la dissolution d
1038 leur impuissance devant leur destin collectif, et de la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient particip
1039 evant leur destin collectif, et de la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient participer. Situation tout
1040 ation tout à fait comparable à celle des citadins de l’ère hellénistique, et qui explique l’appel aux tyrans, puis à l’Emp
1041 et militaire, et aujourd’hui aux rouages anonymes de l’État : « ils » font tout et décident de tout, que ce soit bien ou m
1042 nonymes de l’État : « ils » font tout et décident de tout, que ce soit bien ou mal on n’y peut rien. Voilà qui est fatalis
1043 et privée, en même temps frustré dans son besoin de communication et de communion, l’homme des villes devient spectateur,
1044 temps frustré dans son besoin de communication et de communion, l’homme des villes devient spectateur, non plus acteur de
1045 me des villes devient spectateur, non plus acteur de la vie publique, habitué du cirque (aujourd’hui de la TV) et non plus
1046 e la vie publique, habitué du cirque (aujourd’hui de la TV) et non plus du forum (devenu parking). Recréer une communauté
1047 sonne, telle est pour moi la fonction primordiale de la région. 4. Si la région ne doit pas être « économique d’abord », e
1048 ique d’abord ». Les partisans les plus passionnés de la région qui sont les militants séparatistes de la Bretagne ou du Su
1049 de la région qui sont les militants séparatistes de la Bretagne ou du Sud-Tyrol, du Pays basque ou du pays de Galles, des
1050 Pays basque ou du pays de Galles, des Flandres ou de la Catalogne, me semblent tomber dans l’erreur de revendiquer pour le
1051 de la Catalogne, me semblent tomber dans l’erreur de revendiquer pour leur ethnie le statut d’un État complet dans ses fro
1052 ’erreur de revendiquer pour leur ethnie le statut d’ un État complet dans ses frontières, doté de pouvoirs économiques auta
1053 tatut d’un État complet dans ses frontières, doté de pouvoirs économiques autant que culturels, et d’une souveraineté poli
1054 de pouvoirs économiques autant que culturels, et d’ une souveraineté politique qui serait aussi jalouse, sinon plus, que c
1055 ce. Si dans les dimensions énormes, l’homme meurt de froid, dans un mini État-nation, ce serait plutôt d’asphyxie… Ni pure
1056 froid, dans un mini État-nation, ce serait plutôt d’ asphyxie… Ni purement économique, ni purement ethnique, la région dont
1057 ue, ni purement ethnique, la région dont je tente d’ esquisser le modèle naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de
1058 gion dont je tente d’esquisser le modèle naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de participation au sein desquels
1059 te d’esquisser le modèle naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de participation au sein desquels les citoyens pou
1060 le naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de participation au sein desquels les citoyens pourraient prendre en mai
1061 e en main leurs affaires communes, qu’il s’agisse de réalités culturelles ou économiques, écologiques ou sociales. Et cela
1062 cela représente bien plus qu’une mesure opportune de décentralisation des pouvoirs engorgés de la capitale ; cela représen
1063 portune de décentralisation des pouvoirs engorgés de la capitale ; cela représente, implique et favorise un changement d’a
1064 la représente, implique et favorise un changement d’ attitude de l’homme face à la société, un changement de mentalité et u
1065 te, implique et favorise un changement d’attitude de l’homme face à la société, un changement de mentalité et un changemen
1066 itude de l’homme face à la société, un changement de mentalité et un changement de finalités. 5. Les avantages de la régio
1067 iété, un changement de mentalité et un changement de finalités. 5. Les avantages de la région sont évidents : renaissance
1068 é et un changement de finalités. 5. Les avantages de la région sont évidents : renaissance du civisme et de la responsabil
1069 région sont évidents : renaissance du civisme et de la responsabilité des citoyens, donc des vraies libertés ; renaissanc
1070 citoyens, donc des vraies libertés ; renaissance de communautés de types variés ; contrôle direct des décisions dans le d
1071 des vraies libertés ; renaissance de communautés de types variés ; contrôle direct des décisions dans le domaine de l’éne
1072 s ; contrôle direct des décisions dans le domaine de l’énergie, et dans celui de l’environnement ; diversification des sou
1073 sions dans le domaine de l’énergie, et dans celui de l’environnement ; diversification des sources d’énergie et réduction
1074 de l’environnement ; diversification des sources d’ énergie et réduction de la taille des usines productrices, donc aussi
1075 iversification des sources d’énergie et réduction de la taille des usines productrices, donc aussi de la pollution ; meill
1076 de la taille des usines productrices, donc aussi de la pollution ; meilleurs rapports entre l’homme et sa terre, l’homme
1077 légaux à la complexité des réalités vivantes, et de la production aux besoins spécifiques de la région. Un facteur d’auto
1078 ntes, et de la production aux besoins spécifiques de la région. Un facteur d’autorégulation de la croissance serait ainsi
1079 aux besoins spécifiques de la région. Un facteur d’ autorégulation de la croissance serait ainsi introduit à la base par l
1080 ifiques de la région. Un facteur d’autorégulation de la croissance serait ainsi introduit à la base par l’autonomie région
1081 tre tues. La principale réside dans la complexité de l’administration des régions fonctionnelles (écologiques, sociales, c
1082 , ne se recouvrent qu’en partie, et de plus, dans de nombreux cas, chevauchent des frontières nationales. Où placer les po
1083 des frontières nationales. Où placer les pouvoirs de décision et comment les harmoniser au niveau régional ? On pourrait p
1084 nce fédérale (continentale) spécialisée. (Le rôle d’ agence fédérale de l’économie pouvant être tenu en Europe par la CEE d
1085 inentale) spécialisée. (Le rôle d’agence fédérale de l’économie pouvant être tenu en Europe par la CEE de Bruxelles, l’Age
1086 lerait tout naturellement à Florence, siège prévu de l’Université européenne.) Mais alors, comment assurer la politique gé
1087 r financement ? Cela supposerait l’usage maîtrisé de la mathématique moderne et pas seulement de la triangulation et de la
1088 trisé de la mathématique moderne et pas seulement de la triangulation et de la comptabilité traditionnelles… Cela supposer
1089 e moderne et pas seulement de la triangulation et de la comptabilité traditionnelles… Cela supposerait la formation d’admi
1090 té traditionnelles… Cela supposerait la formation d’ administrateurs régionaux qui ne soient pas de petits politiciens… Et
1091 ion d’administrateurs régionaux qui ne soient pas de petits politiciens… Et cela supposerait avant tout l’accélération et
1092 ans les années 1960 par trois ou quatre instituts d’ études régionales en Europe, qui font un travail de pionniers, mais so
1093 ’études régionales en Europe, qui font un travail de pionniers, mais sont fort peu soutenus par les États, comme bien l’on
1094 s-monde, pour tous ces pays neufs en plein effort de développement, et qui ont adopté le modèle d’État-nation qui leur éta
1095 ort de développement, et qui ont adopté le modèle d’ État-nation qui leur était livré dans le même paquet que la technologi
1096 enté l’État-nation que tous imitent. C’est à elle de donner l’exemple d’une invention meilleure, et de l’expérimenter. À e
1097 ue tous imitent. C’est à elle de donner l’exemple d’ une invention meilleure, et de l’expérimenter. À elle de développer le
1098 de donner l’exemple d’une invention meilleure, et de l’expérimenter. À elle de développer les anticorps des virus qu’elle
1099 invention meilleure, et de l’expérimenter. À elle de développer les anticorps des virus qu’elle a propagés. 2° L’État-nati
1100 pagés. 2° L’État-nation peut faire autant et plus de mal au tiers-monde qu’aux Européens. Il est grand temps de le dépouil
1101 tiers-monde qu’aux Européens. Il est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’en dénoncer l’absurdité, et d’incite
1102 ux Européens. Il est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’en dénoncer l’absurdité, et d’inciter chacune des gra
1103 est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’ en dénoncer l’absurdité, et d’inciter chacune des grandes régions de l
1104 er de son prestige, d’en dénoncer l’absurdité, et d’ inciter chacune des grandes régions de la planète à rechercher sa prop
1105 surdité, et d’inciter chacune des grandes régions de la planète à rechercher sa propre voie vers des formes nouvelles de c
1106 chercher sa propre voie vers des formes nouvelles de communauté. Pour l’Europe de l’Est comme de l’Ouest, la solution me p
1107 elles de communauté. Pour l’Europe de l’Est comme de l’Ouest, la solution me paraît consister dans la petite région foncti
1108 xperts en armements, en gaspillage, en production de pollution, et en « planned obsolescence ». ⁂ Deux objections m’ont é
1109 gé que nous avons fait au tiers-monde. Le recteur de l’Université de New Delhi ironisant sur ma condamnation de l’État-nat
1110 s fait au tiers-monde. Le recteur de l’Université de New Delhi ironisant sur ma condamnation de l’État-nation, la compare
1111 ersité de New Delhi ironisant sur ma condamnation de l’État-nation, la compare à la pilule contre les tremblements de terr
1112 n, la compare à la pilule contre les tremblements de terre qu’un charlatan vendait dans les rues de Lisbonne, selon Voltai
1113 ts de terre qu’un charlatan vendait dans les rues de Lisbonne, selon Voltaire. Je lui rappellerai, en privé, que les tremb
1114 e lui rappellerai, en privé, que les tremblements de terre ne dépendent pas de l’homme, tandis que les États-nations sont
1115 é, que les tremblements de terre ne dépendent pas de l’homme, tandis que les États-nations sont nés de nos œuvres… Par ail
1116 de l’homme, tandis que les États-nations sont nés de nos œuvres… Par ailleurs je reçois l’adhésion chaleureuse d’un grand
1117 es… Par ailleurs je reçois l’adhésion chaleureuse d’ un grand biologiste italien, d’un grand psychiatre américain, d’un con
1118 hésion chaleureuse d’un grand biologiste italien, d’ un grand psychiatre américain, d’un contestataire iranien, d’un ancien
1119 logiste italien, d’un grand psychiatre américain, d’ un contestataire iranien, d’un ancien président de la Confédération su
1120 psychiatre américain, d’un contestataire iranien, d’ un ancien président de la Confédération suisse, de Robert Jungk, et du
1121 d’un contestataire iranien, d’un ancien président de la Confédération suisse, de Robert Jungk, et du ministre de la Cultur
1122 d’un ancien président de la Confédération suisse, de Robert Jungk, et du ministre de la Culture d’un des jeunes États afri
1123 édération suisse, de Robert Jungk, et du ministre de la Culture d’un des jeunes États africains : « Savez-vous que nous en
1124 se, de Robert Jungk, et du ministre de la Culture d’ un des jeunes États africains : « Savez-vous que nous en sommes à nous
1125 fédérations traditionnelles ? » 5. La moyenne d’ âge des tracés frontaliers actuels pour les 28 États européens, du Por
1126 al qui a près de 600 ans à Malte qui en a 10, est d’ environ 88 ans. 6. Alexandre Marc, « Au-delà des faux dilemmes : le f
7 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). V. Grandvaux : assemblée annuelle du Pen-Club de Suisse romande
1127 Suisse romande Le 18 octobre 1974 Le privilège d’ un président est de pouvoir déterminer l’ordre du jour. Aux quelque ci
1128 e 18 octobre 1974 Le privilège d’un président est de pouvoir déterminer l’ordre du jour. Aux quelque cinquante écrivains d
1129 l’ordre du jour. Aux quelque cinquante écrivains de Suisse romande qui se réunissent chaque année autour des objectifs dé
1130 seul autre écrivain. Naguère encore, quelques-uns de mes confrères s’engageaient au sens fort du terme : Salvador de Madar
1131 e : Salvador de Madariaga, Ignazio Silone, et qui d’ autre ? L’Europe n’est pas une mode intellectuelle. Sur quoi le présid
1132 as une mode intellectuelle. Sur quoi le président de la Fondation PEN Emergency Fund, le romancier hollandais A. den Doola
1133 . den Doolaard, nous expose la tragique situation de plusieurs douzaines d’écrivains emprisonnés sur tous les continents p
1134 pose la tragique situation de plusieurs douzaines d’ écrivains emprisonnés sur tous les continents pour leurs opinions poli
1135 leurs opinions politiques, et qu’il faut essayer d’ aider, ou sinon eux, du moins leurs familles. Il semblerait que les éc
1136 illes. Il semblerait que les écrivains s’engagent d’ une manière responsable pour toutes les causes imaginables, non pour l
8 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). VI. Dubrovnik : assemblée générale annuelle de l’Association européenne des festivals de musique
1137 VI. Dubrovnik : assemblée générale annuelle de l’Association européenne des festivals de musique Du 20 au 24 octob
1138 nnuelle de l’Association européenne des festivals de musique Du 20 au 24 octobre 1974 Chaque année dans un autre pays, a
1139 re 1974 Chaque année dans un autre pays, au siège de l’un de ses membres, l’AEFM, que je fondais il y a près d’un quart de
1140 Chaque année dans un autre pays, au siège de l’un de ses membres, l’AEFM, que je fondais il y a près d’un quart de siècle
1141 e ses membres, l’AEFM, que je fondais il y a près d’ un quart de siècle avec l’aide d’Igor Markevitch, réunit les directeur
1142 es, l’AEFM, que je fondais il y a près d’un quart de siècle avec l’aide d’Igor Markevitch, réunit les directeurs des plus
1143 dais il y a près d’un quart de siècle avec l’aide d’ Igor Markevitch, réunit les directeurs des plus grands festivals de l’
1144 , réunit les directeurs des plus grands festivals de l’Europe. Il y a deux ans, c’était à Jérusalem… L’année dernière, Bat
1145 Jérusalem… L’année dernière, Bath, pure merveille d’ architecture classique anglaise — à quelques kilomètres cependant des
1146 — à quelques kilomètres cependant des mégalithes de Stonehenge aux cygnes chanteurs. Et l’an prochain, ce sera sans doute
1147 frontements politiques officiels. Plutôt soucieux d’ oppositions qui se manifestent dans la réalité des festivals, telles q
1148 on européenne qui ait accueilli l’Europe entière, de la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Esp
1149 illi l’Europe entière, de la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Espagne, et de Bayreuth à la C
1150 la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Espagne, et de Bayreuth à la Croatie, où nous nous retr
1151 ’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Espagne, et de Bayreuth à la Croatie, où nous nous retrouvons aujourd’hui ; dans l’a
1152 s dans un bel hôtel sur la mer, hors des remparts de la vieille ville — et c’est, je crois, la 23e session que je préside,
1153 chaque fois nous surprend — je ne puis m’empêcher de penser, par-dessus le déroulement des débats en trois langues, au has
1154 dans ce pays-ci : celui qui se trouve illustrer, de la manière la plus précise, la problématique des congrès auxquels je
1155 , autogestion sont depuis vingt ans les mots-clés de la Yougoslavie contemporaine comme ils le seront de l’Europe de demai
1156 la Yougoslavie contemporaine comme ils le seront de l’Europe de demain. Régions contre centralisation politique : la Youg
1157 vie contemporaine comme ils le seront de l’Europe de demain. Régions contre centralisation politique : la Yougoslavie se c
1158 tralisation politique : la Yougoslavie se compose de six républiques et de deux provinces autonomes, dont les rapports son
1159 : la Yougoslavie se compose de six républiques et de deux provinces autonomes, dont les rapports sont déterminés par une c
1160 par une constitution fédérale. On y parle autant de langues qu’en Suisse, c’est-à-dire quatre. On y pratique au moins qua
1161 tholicisme, islam, et communisme athée. Il s’agit d’ arranger tout cela, et non pas de l’uniformiser. Autogestion contre bu
1162 athée. Il s’agit d’arranger tout cela, et non pas de l’uniformiser. Autogestion contre bureaucratie. Et cela ne concerne p
1163 empête n’a pas désemparé pendant les quatre jours de la session. Je n’ai trouvé qu’une seule heure d’accalmie, le troisièm
1164 de la session. Je n’ai trouvé qu’une seule heure d’ accalmie, le troisième jour, pour revoir la Plaça, qui est la longue r
1165 r revoir la Plaça, qui est la longue rue centrale de la cité, dallée de marbre bien usé, où je me souviens que d’autres fo
1166 qui est la longue rue centrale de la cité, dallée de marbre bien usé, où je me souviens que d’autres fois, il y a dix ans,
1167 , nous marchions à pieds nus, par les beaux soirs d’ été. Sur toutes les places, on jouait des opéras dans des décors de ma
1168 les places, on jouait des opéras dans des décors de marbre jaune. Et dans la forteresse Lobrienac paraissait le spectre d
1169 ans la forteresse Lobrienac paraissait le spectre d’ Hamlet. Tous les dilemmes tragiques de notre Europe trouvent ici leur
1170 le spectre d’Hamlet. Tous les dilemmes tragiques de notre Europe trouvent ici leur illustration. La devise de la cité est
1171 Europe trouvent ici leur illustration. La devise de la cité est Libertas ; la doctrine de l’État : Autogestion. Répondant
1172 . La devise de la cité est Libertas ; la doctrine de l’État : Autogestion. Répondant au Syndic de la ville, le dernier soi
1173 rine de l’État : Autogestion. Répondant au Syndic de la ville, le dernier soir, j’ai pu célébrer de grand cœur ces deux te
1174 ic de la ville, le dernier soir, j’ai pu célébrer de grand cœur ces deux termes, qui résumaient tout mon automne européen,