1 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). Note liminaire
1 Note liminaire Les textes de discours et conférences que l’on va lire ne sont sans doute que les a
2 l’on va lire ne sont sans doute que les approches d’ un même thème, varié selon les circonstances et adapté aux préoccupati
3 elles l’aider à se familiariser avec une attitude de pensée politique dont il faut bien reconnaître qu’elle rencontre enco
4 tenace, chez nos contemporains, du vieux système de certitudes et d’évidences que l’École et la Presse ont inculqué à cin
5 contemporains, du vieux système de certitudes et d’ évidences que l’École et la Presse ont inculqué à cinq ou six générati
6 la Presse ont inculqué à cinq ou six générations d’ Européens, quant à l’État et à sa souveraineté illimitée dans ses fron
7 a Presse ont inculqué à cinq ou six générations d’ Européens , quant à l’État et à sa souveraineté illimitée dans ses frontières, q
8 ses frontières, quant à l’Économie, vrai sérieux de l’existence, quant au Progrès qu’on n’arrête pas et qui, grâce à la S
9 vers le mieux, comme chacun le sait jusqu’au fond de la Polynésie. Or nous n’avons plus tellement de temps pour l’arrêter
10 d de la Polynésie. Or nous n’avons plus tellement de temps pour l’arrêter avant le bang final vers quoi nous emmène tous s
11 ccélération imperturbable. Le sentiment croissant de l’imminence des désastres explique sans doute la multiplication des t
12 ur y voir clair ensemble » qu’ont été les congrès de septembre et d’octobre dont j’essaie de tirer ici les conclusions. D.
13 ensemble » qu’ont été les congrès de septembre et d’ octobre dont j’essaie de tirer ici les conclusions. D. R.
14 s congrès de septembre et d’octobre dont j’essaie de tirer ici les conclusions. D. R.
2 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). L’Europe au miroir des congrès en 1974
15 L’ Europe au miroir des congrès en 1974 Au début de septembre 1974, je me lan
16 L’Europe au miroir des congrès en 1974 Au début de septembre 1974, je me lançais dans ma première galopade — et ma derni
17 t ma dernière, c’est juré — à travers six congrès européens et internationaux en moins de deux mois. Non certes que je n’eusse pa
18 six congrès européens et internationaux en moins de deux mois. Non certes que je n’eusse pas connu plus tôt ce genre de f
19 certes que je n’eusse pas connu plus tôt ce genre de fêtes ou de cohues intellectuelles, mais ce n’avait été jusqu’ici qu’
20 e n’eusse pas connu plus tôt ce genre de fêtes ou de cohues intellectuelles, mais ce n’avait été jusqu’ici qu’au rythme d’
21 elles, mais ce n’avait été jusqu’ici qu’au rythme d’ une manifestation tous les deux ou trois ans depuis 1946, et il s’agis
22 1946, et il s’agissait, dans la plupart des cas, de colloques internationaux dont j’étais soit l’initiateur et le rapport
23 tion devait être bien différente dans les congrès de septembre et d’octobre 1974, auxquels j’avais imprudemment accepté de
24 bien différente dans les congrès de septembre et d’ octobre 1974, auxquels j’avais imprudemment accepté de participer, pen
25 tobre 1974, auxquels j’avais imprudemment accepté de participer, pensant bien avant cette date qu’un livre que j’avais en
26 fficultés les plus variées, tout en me permettant de prendre une série de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d
27 riées, tout en me permettant de prendre une série de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d’aujourd’hui.
28 e une série de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d’aujourd’hui.
29 série de vues révélatrices sur les réalités de l’ Europe d’aujourd’hui.
30 de vues révélatrices sur les réalités de l’Europe d’ aujourd’hui.
3 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). I. Alpbach : le trentième anniversaire du Forum européen
31 I. Alpbach : le trentième anniversaire du Forum européen Du 22 au 26 août 1974 Je viens de déménager d’une grande ferme du x
32 éen Du 22 au 26 août 1974 Je viens de déménager d’ une grande ferme du xviiie siècle que je louais depuis 27 ans — ancie
33 s depuis 27 ans — ancienne maison du garde-chasse de Voltaire à Ferney — dans une ferme de mêmes proportions et du même si
34 arde-chasse de Voltaire à Ferney — dans une ferme de mêmes proportions et du même siècle, à 7 km de là, qu’il a fallu rebâ
35 me de mêmes proportions et du même siècle, à 7 km de là, qu’il a fallu rebâtir et rien n’est prêt. J’ai 8200 livres à déba
36 est prêt. J’ai 8200 livres à déballer, 80 cartons de manuscrits à rouvrir et à reclasser. Des ouvriers tapent sur ma tête
37 eclasser. Des ouvriers tapent sur ma tête à coups de marteau, d’autres me vrillent les tempes à l’aide de perceuses électr
38 et cela provoque presque chaque jour des palabres de plusieurs heures. J’envoie à Otto Molden, président du « Forum europé
39 res. J’envoie à Otto Molden, président du « Forum européen  » de l’Oesterreichisches College, un télégramme expliquant que les ci
40 ie à Otto Molden, président du « Forum européen » de l’Oesterreichisches College, un télégramme expliquant que les circons
41 amme expliquant que les circonstances m’empêchent de participer au trentième anniversaire de l’institution qu’il a fondée.
42 empêchent de participer au trentième anniversaire de l’institution qu’il a fondée. Trois jours plus tard, Otto Molden me t
43 . Trois jours plus tard, Otto Molden me téléphone de Vienne. Mon absence, en tant que seul orateur français est simplement
44 six-cents professeurs universitaires et étudiants de tous les pays de l’Europe seront là pour cette plus grande fête du Co
45 eurs universitaires et étudiants de tous les pays de l’Europe seront là pour cette plus grande fête du Collège. Il est don
46 universitaires et étudiants de tous les pays de l’ Europe seront là pour cette plus grande fête du Collège. Il est donc impensa
47 cours. Du 4 au 7 septembre Alpbach, Tyrol, 1000 m d’ altitude, des maisons blanches aux fenêtres ornées, des chalets bruns,
48 ns, une énorme église baroque, dans des pâturages d’ un vert cru, des forêts de sapins, et quelques petits névés enveloppan
49 que, dans des pâturages d’un vert cru, des forêts de sapins, et quelques petits névés enveloppant un pic rocheux à l’extré
50 évés enveloppant un pic rocheux à l’extrémité sud de la vallée, vers l’Italie. Depuis la libération, en 1945, le Collège d
51 Italie. Depuis la libération, en 1945, le Collège d’ Autriche y a réuni trente sessions d’été d’études européennes. Les cou
52 , le Collège d’Autriche y a réuni trente sessions d’ été d’études européennes. Les cours et séminaires se tenaient au début
53 ollège d’Autriche y a réuni trente sessions d’été d’ études européennes. Les cours et séminaires se tenaient au début sur u
54 Autriche y a réuni trente sessions d’été d’études européennes . Les cours et séminaires se tenaient au début sur une terrasse d’aube
55 séminaires se tenaient au début sur une terrasse d’ auberge, sur un pré, dans une salle de bal du seul hôtel. Depuis, Mold
56 ne terrasse d’auberge, sur un pré, dans une salle de bal du seul hôtel. Depuis, Molden et ses amis1 — qui n’étaient encore
57 et ses amis1 — qui n’étaient encore, en 1945, que d’ heureux rescapés de la Résistance — ont fait construire un bâtiment ac
58 n’étaient encore, en 1945, que d’heureux rescapés de la Résistance — ont fait construire un bâtiment accordé au style du v
59 ère d’Otto Molden) héberge les activités du Forum européen . Chaque été, des centaines d’étudiants et une cinquantaine de profess
60 ités du Forum européen. Chaque été, des centaines d’ étudiants et une cinquantaine de professeurs étudient notre Europe en
61 té, des centaines d’étudiants et une cinquantaine de professeurs étudient notre Europe en trois ou quatre langues et une d
62 et une cinquantaine de professeurs étudient notre Europe en trois ou quatre langues et une douzaine de disciplines. L’atmosphè
63 Europe en trois ou quatre langues et une douzaine de disciplines. L’atmosphère intellectuelle est d’une alpestre alacrité.
64 e de disciplines. L’atmosphère intellectuelle est d’ une alpestre alacrité. Tous les problèmes de pointe, réels ou à la mod
65 e est d’une alpestre alacrité. Tous les problèmes de pointe, réels ou à la mode, sont traités par de très hautes autorités
66 s de pointe, réels ou à la mode, sont traités par de très hautes autorités : Schrödinger, prix Nobel de physique, Franz vo
67 e très hautes autorités : Schrödinger, prix Nobel de physique, Franz von Hayek, prix Nobel d’économie, Salvador de Madaria
68 ix Nobel de physique, Franz von Hayek, prix Nobel d’ économie, Salvador de Madariaga, Ernst Bloch, et des professeurs « dan
69 Ernst Bloch, et des professeurs « dans le vent », de Theodor Adorno à Étiemble, de Karl Popper à Alain Touraine y ont souv
70 s « dans le vent », de Theodor Adorno à Étiemble, de Karl Popper à Alain Touraine y ont souvent dirigé des groupes d’étude
71 à Alain Touraine y ont souvent dirigé des groupes d’ études. Arthur Koestler, séduit par le climat intellectuel autant que
72 lümli en Alsace, et sliwovicz en Croatie. Citoyen d’ honneur de cette communauté, depuis 1952, très conscient des services
73 lsace, et sliwovicz en Croatie. Citoyen d’honneur de cette communauté, depuis 1952, très conscient des services rendus à l
74 52, très conscient des services rendus à la cause européenne par le Collège autrichien, et de mes devoirs à son égard, je passe un
75 la cause européenne par le Collège autrichien, et de mes devoirs à son égard, je passe une partie de la nuit à me préparer
76 t de mes devoirs à son égard, je passe une partie de la nuit à me préparer. Le thème que l’on m’a proposé : Trente années
77 er. Le thème que l’on m’a proposé : Trente années d’ évolution culturelle en Europe, en relation avec l’idée d’union europé
78 proposé : Trente années d’évolution culturelle en Europe , en relation avec l’idée d’union européenne est le type même du sujet
79 ion culturelle en Europe, en relation avec l’idée d’ union européenne est le type même du sujet impossible à traiter : c’es
80 urelle en Europe, en relation avec l’idée d’union européenne est le type même du sujet impossible à traiter : c’est ce qu’il me fa
81 st guère intéressant en soi. Plus instructif sera de contraster les efforts pour l’Europe déployés depuis 30 ans par nos i
82 instructif sera de contraster les efforts pour l’ Europe déployés depuis 30 ans par nos instituts universitaires ou privés, et
83 rivés, et l’évolution généralement antieuropéenne de la culture en Europe durant le même temps. C’est ce que je tenterai d
84 tion généralement antieuropéenne de la culture en Europe durant le même temps. C’est ce que je tenterai de faire le lendemain
85 pe durant le même temps. C’est ce que je tenterai de faire le lendemain matin, lorsqu’après la messe solennelle et le serm
86 , lorsqu’après la messe solennelle et le sermon «  européen  » du cardinal König, l’assemblée, président fédéral en tête, se sera
87 s la maison Paula von Preradovic. La culture en Europe et pour l’Europe depuis trente ans (texte reconstitué et résumé d’
88 von Preradovic. La culture en Europe et pour l’ Europe depuis trente ans (texte reconstitué et résumé d’après mes notes)
89 e rappellent quelques-unes des plus belles heures de notre lutte commune pour l’Europe fédérée. Je ne vous ferai pas le di
90 plus belles heures de notre lutte commune pour l’ Europe fédérée. Je ne vous ferai pas le discours d’un ancien combattant, mai
91 ’Europe fédérée. Je ne vous ferai pas le discours d’ un ancien combattant, mais bien d’un militant de l’Europe qui, tel le
92 pas le discours d’un ancien combattant, mais bien d’ un militant de l’Europe qui, tel le John Paul Jones de la Guerre d’Ind
93 s d’un ancien combattant, mais bien d’un militant de l’Europe qui, tel le John Paul Jones de la Guerre d’Indépendance, s’é
94 n ancien combattant, mais bien d’un militant de l’ Europe qui, tel le John Paul Jones de la Guerre d’Indépendance, s’écrie au c
95 ones de la Guerre d’Indépendance, s’écrie au cœur d’ un combat en retraite, alors qu’on le somme de se rendre : « J’ai à pe
96 œur d’un combat en retraite, alors qu’on le somme de se rendre : « J’ai à peine commencé à me battre ! » De quoi sommes-no
97 rendre : « J’ai à peine commencé à me battre ! » De quoi sommes-nous partis au lendemain de la guerre ? Qu’avons-nous réu
98 attre ! » De quoi sommes-nous partis au lendemain de la guerre ? Qu’avons-nous réussi ou raté ; et que devons-nous faire a
99 aujourd’hui pour demain ? Lors des grands congrès européens — Montreux, La Haye, Bruxelles, Westminster et Lausanne, au cours des
100 iques — ou l’inverse — comme celles dont le Forum d’ Alpbach fut l’un des premiers exemples, un consensus général s’est dég
101 s exemples, un consensus général s’est dégagé : l’ Europe que nous voulons unir n’est pas d’abord une expression géographique,
102 ique, et encore moins militaire, mais une manière de vivre, de sentir le monde, et de juger les rapports humains — donc un
103 ncore moins militaire, mais une manière de vivre, de sentir le monde, et de juger les rapports humains — donc une culture,
104 mais une manière de vivre, de sentir le monde, et de juger les rapports humains — donc une culture, au sens le plus large
105 e, au sens le plus large du terme. Il serait vain de rêver d’union là où n’existe pas d’unité préalable sur quoi bâtir. Il
106 s le plus large du terme. Il serait vain de rêver d’ union là où n’existe pas d’unité préalable sur quoi bâtir. Il faut fai
107 l serait vain de rêver d’union là où n’existe pas d’ unité préalable sur quoi bâtir. Il faut faire l’union politique pour p
108 mode de vie et cette culture qui sont les raisons d’ être de l’Europe. Et il faut restaurer l’unité culturelle si l’on veut
109 vie et cette culture qui sont les raisons d’être de l’Europe. Et il faut restaurer l’unité culturelle si l’on veut que l’
110 et cette culture qui sont les raisons d’être de l’ Europe . Et il faut restaurer l’unité culturelle si l’on veut que l’union pol
111 ienne possible. Les deux actions sont les aspects d’ un seul et même processus historique dont nous sommes les agents respo
112 -forme commune, nous avons travaillé pour l’union de l’Europe, avec des résultats plus qu’honorables. Lors de la Conféren
113 e commune, nous avons travaillé pour l’union de l’ Europe , avec des résultats plus qu’honorables. Lors de la Conférence europé
114 ultats plus qu’honorables. Lors de la Conférence européenne de la culture (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misè
115 qu’honorables. Lors de la Conférence européenne de la culture (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misère 
116 e (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misère : manque de papier partout, Bach introuvable en Allemagne, Deb
117 nous nous voyons en situation de misère : manque de papier partout, Bach introuvable en Allemagne, Debussy en France ; ba
118 ralysant les échanges culturels ; nationalisation de la recherche scientifique ; censure politique ; étatisation de la vie
119 he scientifique ; censure politique ; étatisation de la vie intellectuelle dans un tiers des pays de l’Europe. Devant cett
120 n de la vie intellectuelle dans un tiers des pays de l’Europe. Devant cette situation, courant au plus pressé, la conféren
121 la vie intellectuelle dans un tiers des pays de l’ Europe . Devant cette situation, courant au plus pressé, la conférence de Lau
122 situation, courant au plus pressé, la conférence de Lausanne a voté 23 résolutions dont 21 ont été réalisées. Quelques ex
123 éalisées. Quelques exemples. À l’instar de foyers d’ enseignement du type d’Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’Euro
124 ples. À l’instar de foyers d’enseignement du type d’ Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’Europe à Bruges, 37 Institu
125 u type d’Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’ Europe à Bruges, 37 Instituts universitaires d’études européennes ont
126 type d’Alpbach — le plus ancien — et du Collège d’ Europe à Bruges, 37 Instituts universitaires d’études européennes ont été cr
127 ge d’Europe à Bruges, 37 Instituts universitaires d’ études européennes ont été créés, puis réunis en une association, l’AI
128 pe à Bruges, 37 Instituts universitaires d’études européennes ont été créés, puis réunis en une association, l’AIEE. Cela représent
129 ciation, l’AIEE. Cela représente une somme énorme de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses
130 . Cela représente une somme énorme de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour aut
131 une somme énorme de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’
132 e de recherches, de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’Europe n’est pas
133 , de publications, de conférences, de diplômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’Europe n’est pas faite. Un prob
134 lômes et de thèses. Mais pour autant, bien sûr, l’ Europe n’est pas faite. Un problème urgent se pose à l’Europe dans les année
135 e n’est pas faite. Un problème urgent se pose à l’ Europe dans les années 1946-1950 : l’exode des cerveaux, en physique atomiqu
136 ux, en physique atomique notamment. La conférence de Lausanne propose la création d’un Laboratoire européen de recherches
137 nt. La conférence de Lausanne propose la création d’ un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Le 12 décembre 1950,
138 de Lausanne propose la création d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Le 12 décembre 1950, sept pays dressent les
139 nne propose la création d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Le 12 décembre 1950, sept pays dressent les pl
140 ui 4500 personnes. Nos physiciens pourront rester Européens , mais l’Europe, pour autant, n’est pas faite. Les manuels d’histoire,
141 Nos physiciens pourront rester Européens, mais l’ Europe , pour autant, n’est pas faite. Les manuels d’histoire, créant et entr
142 Europe, pour autant, n’est pas faite. Les manuels d’ histoire, créant et entretenant les nationalismes, ont rendu possibles
143 s, ont rendu possibles nos guerres, surtout celle de 1914. Il faut les réformer. Plusieurs colloques d’historiens et un in
144 e 1914. Il faut les réformer. Plusieurs colloques d’ historiens et un institut spécialisé, à Braunschweig, s’y consacrent a
145 été effacés. C’est beaucoup pour la paix — mais l’ Europe pour autant n’est pas faite. Dans les années 1950, il était difficile
146 s faite. Dans les années 1950, il était difficile de faire passer le moindre article sur l’Europe dans la grande presse. Q
147 ifficile de faire passer le moindre article sur l’ Europe dans la grande presse. Quand le mot « Europe » était imprimé, on pavo
148 ur l’Europe dans la grande presse. Quand le mot «  Europe  » était imprimé, on pavoisait ! Plusieurs Agences européennes de pres
149 » était imprimé, on pavoisait ! Plusieurs Agences européennes de presse ont été créées pour diffuser non seulement des informations
150 imé, on pavoisait ! Plusieurs Agences européennes de presse ont été créées pour diffuser non seulement des informations ma
151 re, parce que toute la presse ne parlait plus que de l’Europe — de cette Europe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus c
152 arce que toute la presse ne parlait plus que de l’ Europe — de cette Europe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus comme nous
153 toute la presse ne parlait plus que de l’Europe — de cette Europe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus comme nous l’ét
154 presse ne parlait plus que de l’Europe — de cette Europe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus comme nous l’étions tous que
155 faite. Convaincus comme nous l’étions tous que l’ Europe devait se faire d’abord dans les esprits et constatant que les esprit
156 é que c’était sur ces maîtres qu’il fallait agir. D’ où la Campagne d’éducation civique européenne, qui groupe pour une act
157 ces maîtres qu’il fallait agir. D’où la Campagne d’ éducation civique européenne, qui groupe pour une action commune les d
158 allait agir. D’où la Campagne d’éducation civique européenne , qui groupe pour une action commune les diverses associations d’ensei
159 pour une action commune les diverses associations d’ enseignants militant pour la fédération de nos peuples, et qui a pour
160 iations d’enseignants militant pour la fédération de nos peuples, et qui a pour objectifs non pas d’enseigner l’Europe com
161 n de nos peuples, et qui a pour objectifs non pas d’ enseigner l’Europe comme une matière nouvelle s’ajoutant à des program
162 es, et qui a pour objectifs non pas d’enseigner l’ Europe comme une matière nouvelle s’ajoutant à des programmes déjà surchargé
163 s’ajoutant à des programmes déjà surchargés, mais d’ obtenir que l’histoire, la géographie, l’économie, les langues, etc.,
164 s langues, etc., soient enseignées dans un esprit européen . Beaucoup dépend du succès de cette campagne, et de son élargissement
165 ans un esprit européen. Beaucoup dépend du succès de cette campagne, et de son élargissement prochain grâce à l’interventi
166 . Beaucoup dépend du succès de cette campagne, et de son élargissement prochain grâce à l’intervention massive de la CEE…
167 gissement prochain grâce à l’intervention massive de la CEE… Je n’ai cité que quelques exemples d’actions pour l’Europe au
168 ive de la CEE… Je n’ai cité que quelques exemples d’ actions pour l’Europe au plan culturel initiées par des organismes pri
169 n’ai cité que quelques exemples d’actions pour l’ Europe au plan culturel initiées par des organismes privés, avec trop peu d’
170 initiées par des organismes privés, avec trop peu d’ appui des gouvernements, et sur la base de dévouements, voire de sacri
171 rop peu d’appui des gouvernements, et sur la base de dévouements, voire de sacrifices personnels. Tous ou presque sont des
172 uvernements, et sur la base de dévouements, voire de sacrifices personnels. Tous ou presque sont des exemples de succès, p
173 ces personnels. Tous ou presque sont des exemples de succès, parfois complets, et cela dans un domaine décisif pour l’unio
174 aine décisif pour l’union fédérale. Et pourtant l’ Europe n’est pas faite. Pourquoi ? À mon avis, pour deux raisons : 1. La men
175 pour deux raisons : 1. La mentalité politique des Européens , celle des gouvernants et celle des peuples, n’a pas été transformée.
176 , n’a pas été transformée. Le concept napoléonien d’ État-nation, souverain comme un monarque de droit divin dans ses front
177 éonien d’État-nation, souverain comme un monarque de droit divin dans ses frontières, reste intangible et sacré. Le motif
178 s frontières, reste intangible et sacré. Le motif de la Puissance collective continue de primer partout sur le motif de la
179 cré. Le motif de la Puissance collective continue de primer partout sur le motif de la Liberté personnelle. Nos efforts po
180 ollective continue de primer partout sur le motif de la Liberté personnelle. Nos efforts pour l’Europe sur le plan culture
181 tif de la Liberté personnelle. Nos efforts pour l’ Europe sur le plan culturel ont sauvé pratiquement la culture dans certains
182 ent, s’est développée dans le même temps contre l’ Europe . Prenez les trois grandes écoles qui ont dominé la scène culturelle d
183 ne culturelle depuis trente ans. La « Philosophie de l’Existence » issue de Kierkegaard et de Heidegger, dont s’inspiraien
184 ente ans. La « Philosophie de l’Existence » issue de Kierkegaard et de Heidegger, dont s’inspiraient les mouvements person
185 losophie de l’Existence » issue de Kierkegaard et de Heidegger, dont s’inspiraient les mouvements personnalistes des année
186 0, qui ont débouché dans le mouvement fédéraliste européen des années 1950, semblait promise voire vouée à une action européenne
187 s 1950, semblait promise voire vouée à une action européenne . Et en effet, J.-P. Sartre, chef de la nouvelle école dite « existent
188 ction européenne. Et en effet, J.-P. Sartre, chef de la nouvelle école dite « existentialiste » au lendemain de la guerre,
189 velle école dite « existentialiste » au lendemain de la guerre, me donnait en 1949, pour la conférence de Lausanne, un tex
190 la guerre, me donnait en 1949, pour la conférence de Lausanne, un texte où il affirmait que la culture française n’avait d
191 où il affirmait que la culture française n’avait d’ autre avenir que dans et par la culture d’une Europe politiquement uni
192 n’avait d’autre avenir que dans et par la culture d’ une Europe politiquement unie. Dix ans plus tard, tout a changé. Sartr
193 t d’autre avenir que dans et par la culture d’une Europe politiquement unie. Dix ans plus tard, tout a changé. Sartre préfaçan
194 us tard, tout a changé. Sartre préfaçant un livre de Frantz Fanon contre le colonialisme, demande que l’on « tire à vue »
195 ialisme, demande que l’on « tire à vue » sur tout Européen qui se présenterait en Afrique. Il se peut qu’il y ait là une contrib
196 se peut qu’il y ait là une contribution à l’union de l’Europe, mais elle serait, au mieux, très indirecte, exagérément « d
197 ut qu’il y ait là une contribution à l’union de l’ Europe , mais elle serait, au mieux, très indirecte, exagérément « dialectiqu
198 indirecte, exagérément « dialectique »a. L’École de Francfort, freudo-marxiste (Adorno, Horkheimer, Habermas, Marcuse), n
199 ar accident je crois, qu’elle devient la doctrine de la révolte estudiantine des années 1966 à 1968, de Berkeley à Prague,
200 e la révolte estudiantine des années 1966 à 1968, de Berkeley à Prague, de Berlin à Madrid, et finalement à Paris en mai 1
201 ine des années 1966 à 1968, de Berkeley à Prague, de Berlin à Madrid, et finalement à Paris en mai 1968. Or, si « Mai 68 »
202 un régime nationaliste, il n’en est rien résulté de constructif pour l’Europe. Toutes ces jeunes énergies déchaînées se s
203 e, il n’en est rien résulté de constructif pour l’ Europe . Toutes ces jeunes énergies déchaînées se sont épuisées en slogans cl
204 les linguistes Jakobson et Chomsky aux USA, et en Europe l’ethnographe Claude Lévi-Strauss, l’essayiste Michel Foucault, et le
205 es structures à l’homme, et ne tient aucun compte de la personne, « pauvre trésor » raillé par Lévi-Strauss : il s’oppose
206 dont la convergence historique a fait la culture de l’Europe. Idéologie commune à ces trois écoles : la mort de Dieu. Dès
207 la convergence historique a fait la culture de l’ Europe . Idéologie commune à ces trois écoles : la mort de Dieu. Dès 1880, Ni
208 e. Idéologie commune à ces trois écoles : la mort de Dieu. Dès 1880, Nietzsche avait annoncé la mort de Dieu : c’était pou
209 e Dieu. Dès 1880, Nietzsche avait annoncé la mort de Dieu : c’était pour lui un événement ontologique, essentiellement tra
210 ce n’était souvent qu’une manière « dramatisée » de justifier une incroyance des plus banales, ou politiquement opportune
211 pourquoi signés ? Ce qui prouve que le phénomène de la mort de Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler,
212 ignés ? Ce qui prouve que le phénomène de la mort de Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler, ou plus ex
213 qui prouve que le phénomène de la mort de Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler, ou plus exactement :
214 e Dieu et de l’homme n’est en fait qu’une manière de parler, ou plus exactement : d’écrire. En même temps se répand dans l
215 it qu’une manière de parler, ou plus exactement : d’ écrire. En même temps se répand dans le grand public une crédulité san
216 dépenses militaires et les centrales nucléaires. D’ où l’impression générale que l’homme ne peut rien sur l’évolution géné
217 ue « la tâche la plus importante du siècle, c’est de faire l’Europe », mais qui répète, d’autre part, à vingt reprises, qu
218 he la plus importante du siècle, c’est de faire l’ Europe  », mais qui répète, d’autre part, à vingt reprises, que le phénomène
219 du cancer… Je vous dirai maintenant mes raisons de croire à la venue d’un renouveau européen. Les renouveaux de la cultu
220 dirai maintenant mes raisons de croire à la venue d’ un renouveau européen. Les renouveaux de la culture et de la vie polit
221 t mes raisons de croire à la venue d’un renouveau européen . Les renouveaux de la culture et de la vie politique en Europe sont p
222 la venue d’un renouveau européen. Les renouveaux de la culture et de la vie politique en Europe sont produits par l’actio
223 nouveau européen. Les renouveaux de la culture et de la vie politique en Europe sont produits par l’action imprévue de fac
224 enouveaux de la culture et de la vie politique en Europe sont produits par l’action imprévue de facteurs extérieurs à la diale
225 que en Europe sont produits par l’action imprévue de facteurs extérieurs à la dialectique des concepts. Exemples : — la cu
226 par la découverte du Nouveau Monde ; — la culture de la société absolutiste et la philosophie européenne bouleversées par
227 lture de la société absolutiste et la philosophie européenne bouleversées par la Révolution française, puis par la révolution indu
228 njoncture culturelle et politique, c’est la crise de l’environnement et de l’énergie, qui s’est déclarée dès 1973, et qui
229 t politique, c’est la crise de l’environnement et de l’énergie, qui s’est déclarée dès 1973, et qui nous ramène avec la fo
230 clarée dès 1973, et qui nous ramène avec la force de la nécessité à l’idée de limite (qui a fait la cité grecque) et à la
231 ous ramène avec la force de la nécessité à l’idée de limite (qui a fait la cité grecque) et à la notion de communauté seul
232 imite (qui a fait la cité grecque) et à la notion de communauté seule capable de restaurer la Cité européenne. La double c
233 ecque) et à la notion de communauté seule capable de restaurer la Cité européenne. La double crie écologique-énergétique d
234 de communauté seule capable de restaurer la Cité européenne . La double crie écologique-énergétique dont nous prenons conscience t
235 nce tardive, comme toujours, nous ramène à l’idée d’ une société à la fois locale et universelle, sur le modèle de la cultu
236 té à la fois locale et universelle, sur le modèle de la culture européenne. Cette culture en laquelle coexistent des sour
237 ocale et universelle, sur le modèle de la culture européenne . Cette culture en laquelle coexistent des sources aussi diverses que
238 noles, provençales, hanséatiques) du Moyen Âge et de la Renaissance, et par de grands courants ou styles continentaux (rom
239 tiques) du Moyen Âge et de la Renaissance, et par de grands courants ou styles continentaux (roman, gothique, baroque, réa
240 artir de l’État-nation. Toute culture typiquement européenne résulte du jeu dialectique du local et de l’universel, de l’atelier d
241 européenne résulte du jeu dialectique du local et de l’universel, de l’atelier d’un maître et d’un style européen, de la p
242 te du jeu dialectique du local et de l’universel, de l’atelier d’un maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’
243 lectique du local et de l’universel, de l’atelier d’ un maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’Église « cath
244 al et de l’universel, de l’atelier d’un maître et d’ un style européen, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous
245 universel, de l’atelier d’un maître et d’un style européen , de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir un
246 de l’atelier d’un maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir une so
247 maître et d’un style européen, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir une société qui traduise
248 une société qui traduise cette formule génétique de la culture européenne. Petites unités régionales, grands ensembles co
249 ui traduise cette formule génétique de la culture européenne . Petites unités régionales, grands ensembles continentaux : dans les
250 bles continentaux : dans les deux cas, la formule de l’État-nation est dépassée. Grâce à la crise de l’environnement et à
251 e de l’État-nation est dépassée. Grâce à la crise de l’environnement et à la prise de conscience écologique qui ont marqué
252 ologique qui ont marqué ces dernières années, les Européens sont en train de découvrir le vice le plus profond de l’État-nation c
253 ont en train de découvrir le vice le plus profond de l’État-nation centralisé : il a tué les communautés locales, seules c
254 il a tué les communautés locales, seules capables de se défendre contre les industries polluantes. À cause de sa doctrine
255 de sa doctrine simpliste (jacobins et Napoléon), de l’effacement systématique des pouvoirs régionaux devant le seul pouvo
256 entrés dans une capitale tyrannique et lointaine. De ce mal peut sortir la renaissance de l’idée de fédération. Refaire la
257 t lointaine. De ce mal peut sortir la renaissance de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’Europe et faire une Eur
258 e. De ce mal peut sortir la renaissance de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’Europe et faire une Europe fédéra
259 sance de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’Europe et faire une Europe fédérale, conjointement, suppose la rest
260 de l’idée de fédération. Refaire la culture de l’ Europe et faire une Europe fédérale, conjointement, suppose la restauration
261 tion. Refaire la culture de l’Europe et faire une Europe fédérale, conjointement, suppose la restauration de communautés réell
262 fédérale, conjointement, suppose la restauration de communautés réelles parmi nous. Elles seront d’abord spirituelles (l’
263 ont d’abord spirituelles (l’immense rassemblement de jeunes qui se réalise ces jours-ci autour de la communauté œcuménique
264 e ces jours-ci autour de la communauté œcuménique de Taizé en est l’exemple). Mais l’homme ne vit pas de l’esprit seulemen
265 Taizé en est l’exemple). Mais l’homme ne vit pas de l’esprit seulement. Il faut recréer des communautés de tous ordres :
266 esprit seulement. Il faut recréer des communautés de tous ordres : municipales et régionales, professionnelles et culturel
267 ns les esprits. Dans cette vue trois propositions d’ action concrète, culturelles tout autant que politiques, et l’inverse.
268 nglais ont gagné leurs batailles sur les prairies d’ Eton. Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la C
269 leurs batailles sur les prairies d’Eton. Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’éducat
270 de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’éducation civique européenne, lancée par le CEC, et que
271 e joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’ éducation civique européenne, lancée par le CEC, et que la CEE se prop
272 es. J’ai parlé de la Campagne d’éducation civique européenne , lancée par le CEC, et que la CEE se propose de reprendre avec des mo
273 enne, lancée par le CEC, et que la CEE se propose de reprendre avec des moyens financiers décuplés. Je voudrais préciser m
274 point. L’enseignement depuis 1880-1885 (création de l’instruction publique obligatoire dans nos pays) est basé sur l’État
275 réforme profonde : que tout l’enseignement parte de ce qui est le plus proche de l’enfant : commune, région (souvent à ch
276 , région (souvent à cheval sur une frontière). Et de là, on passera à l’ensemble européen et au Monde. Cette réforme aurai
277 une frontière). Et de là, on passera à l’ensemble européen et au Monde. Cette réforme aurait pour effet de rendre toute naturell
278 péen et au Monde. Cette réforme aurait pour effet de rendre toute naturelle l’idée de fédération européenne à partir des r
279 urait pour effet de rendre toute naturelle l’idée de fédération européenne à partir des régions. 2. Sciences : je propose
280 et de rendre toute naturelle l’idée de fédération européenne à partir des régions. 2. Sciences : je propose qu’on reprenne le proj
281 n reprenne le projet que j’avais suggéré en 1958, d’ un Conseil européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegard
282 projet que j’avais suggéré en 1958, d’un Conseil européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’équi
283 ue j’avais suggéré en 1958, d’un Conseil européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’équilib
284 il européen de la recherche, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’équilibre écologique entre les branches de re
285 he, qui aurait la charge de sauvegarder une sorte d’ équilibre écologique entre les branches de recherches, et d’éviter not
286 e sorte d’équilibre écologique entre les branches de recherches, et d’éviter notamment les recherches en relations directe
287 e écologique entre les branches de recherches, et d’ éviter notamment les recherches en relations directes avec les armemen
288 ue la science politique se consacre à la critique de l’État-nation, origine des pires maux du monde moderne et qu’au-delà
289 ine des pires maux du monde moderne et qu’au-delà de cette formule périmée — mais encore si puissante, voire écrasante — l
290 crasante — les politologues retrouvent le courage d’ inventer de nouvelles formules d’association et d’administration publi
291 les politologues retrouvent le courage d’inventer de nouvelles formules d’association et d’administration publique. Car la
292 uvent le courage d’inventer de nouvelles formules d’ association et d’administration publique. Car la recherche et l’invent
293 d’inventer de nouvelles formules d’association et d’ administration publique. Car la recherche et l’invention d’une société
294 tration publique. Car la recherche et l’invention d’ une société fondée sur les pouvoirs locaux et sur la participation civ
295 participation civique, peut seule fonder l’union européenne et restaurer les bases communautaires dans lesquelles ni culture viva
296 marque. Je voudrais qu’il soit bien compris que l’ Europe que nous voulons n’est pas une superpuissance ni un super État-nation
297 r État-nation, et n’a pas pour fin l’instauration d’ un nouvel empire. Mais qu’elle a au contraire pour finalité la créatio
298 qu’elle a au contraire pour finalité la création d’ un cadre communautaire favorisant le libre épanouissement des personne
299 anouissement des personnes et des groupes. Le but de l’Europe, ce n’est pas la puissance, mais la personne et la communaut
300 ssement des personnes et des groupes. Le but de l’ Europe , ce n’est pas la puissance, mais la personne et la communauté, sans l
301 elles la personne ne saurait s’accomplir. Le but de l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est ch
302 la personne ne saurait s’accomplir. Le but de l’ Europe , c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de
303 it s’accomplir. Le but de l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés.
304 t de l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je répéterai donc ici
305 nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je répéterai donc ici la devise fédéraliste de mon p
306 utés. Je répéterai donc ici la devise fédéraliste de mon pays : un pour tous, tous pour un — et pour l’occasion qui nous r
307 it ce matin, je la traduirai ainsi : Alpbach für Europa , Europa für Alpbach ! ⁂ Sir Karl Popper, qui exerce une influence con
308 tin, je la traduirai ainsi : Alpbach für Europa, Europa für Alpbach ! ⁂ Sir Karl Popper, qui exerce une influence considérabl
309 et les savants occidentaux tant soit peu soucieux de critiquer leur propre attitude scientifique2, esquissa ensuite un tab
310 epuis 30 ans ; Otto Wolf von Amerongen, président de la Journée de l’industrie allemande, parla d’économie en pessimiste r
311 Otto Wolf von Amerongen, président de la Journée de l’industrie allemande, parla d’économie en pessimiste réfléchi. Et le
312 ent de la Journée de l’industrie allemande, parla d’ économie en pessimiste réfléchi. Et le président fédéral conclut, en f
313 réfléchi. Et le président fédéral conclut, en fin d’ après-midi, par une très belle méditation sur la mesure et les limites
314 rès belle méditation sur la mesure et les limites de l’action politique. Le soir, feux d’artifices, danses au village, « r
315 les limites de l’action politique. Le soir, feux d’ artifices, danses au village, « revue » très bien enlevée sur trente a
316 llage, « revue » très bien enlevée sur trente ans de Collège. J’ai étudié les listes des participants aux séminaires, gro
317 du thème Idee und Wirklichkeit, et qui traitaient de « Morale et Connaissance », ou de « Liberté et justice », des limites
318 qui traitaient de « Morale et Connaissance », ou de « Liberté et justice », des limites d’un modèle formel ou de l’hérédi
319 ance », ou de « Liberté et justice », des limites d’ un modèle formel ou de l’hérédité des connaissances acquises… Et j’ai
320 é et justice », des limites d’un modèle formel ou de l’hérédité des connaissances acquises… Et j’ai noté que dans deux sém
321 taient les fils et filles des fondateurs du Forum européen . Petite observation lourde d’enseignements évidemment contradictoires
322 eurs du Forum européen. Petite observation lourde d’ enseignements évidemment contradictoires : l’idée européenne se transm
323 enseignements évidemment contradictoires : l’idée européenne se transmet, c’est très bien, mais si elle consistait à faire l’Europ
324 ’est très bien, mais si elle consistait à faire l’ Europe dans l’espace d’une génération, qu’est-ce au juste qui s’est transmis
325 si elle consistait à faire l’Europe dans l’espace d’ une génération, qu’est-ce au juste qui s’est transmis ? L’idée elle-mê
326 u’ici ? 1. Simon Moser, aujourd’hui professeur de philosophie à l’Université de Münster, Alexander von Auer, conseiller
327 ourd’hui professeur de philosophie à l’Université de Münster, Alexander von Auer, conseiller culturel à Moscou, Georg Zimm
328 ulturel à Moscou, Georg Zimmer-Lehmann, directeur de banque, Wilfried Gredler, ambassadeur d’Autriche, et Fritz Molden, éd
329 irecteur de banque, Wilfried Gredler, ambassadeur d’ Autriche, et Fritz Molden, éditeur. 2. Voir la préface de Jacques Mon
330 he, et Fritz Molden, éditeur. 2. Voir la préface de Jacques Monod à la traduction française de La Logique de la découvert
331 réface de Jacques Monod à la traduction française de La Logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1973. a. Voi
332 ues Monod à la traduction française de La Logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1973. a. Voir notamment la
333 Voir notamment la critique par Rougemont du livre de Frantz Fanon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe
334 ritique par Rougemont du livre de Frantz Fanon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe .
335 ugemont du livre de Frantz Fanon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe .
336 anon et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’Europe .
337 et de la préface de Sartre dans Les Chances de l’ Europe .
4 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). II. Strasbourg : la deuxième table ronde du Conseil de l’Europe (« Promesses du xxe siècle »)
338 iècle ») Du 18 au 22 septembre 1974 À l’automne de 1953, j’avais été appelé à présider la première table ronde du Consei
339 unissait à la villa Aldobrandini puis au Capitole de Rome, des publicistes, écrivains et professeurs de tous les pays memb
340 e Rome, des publicistes, écrivains et professeurs de tous les pays membres du Conseil de l’Europe, autour d’un groupe de s
341 s les pays membres du Conseil de l’Europe, autour d’ un groupe de six « Sages » : Alcide de Gasperi, Robert Schuman, Arnold
342 embres du Conseil de l’Europe, autour d’un groupe de six « Sages » : Alcide de Gasperi, Robert Schuman, Arnold Toynbee, l’
343 of. Eugen Kogon, et le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund. Une seconde session devait se tenir à Strasbour
344 et le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund. Une seconde session devait se tenir à Strasbourg deux ans plus
345 eux ans plus tard, pour approfondir les résultats de la première, avec la collaboration de philosophes tels que Gabriel Ma
346 s résultats de la première, avec la collaboration de philosophes tels que Gabriel Marcel, de linguistes tels que Alf Somme
347 aboration de philosophes tels que Gabriel Marcel, de linguistes tels que Alf Sommerfeldt, d’historiens — Franco Valsecchi,
348 l Marcel, de linguistes tels que Alf Sommerfeldt, d’ historiens — Franco Valsecchi, Max Beloff —, d’économistes — Peter Wil
349 t, d’historiens — Franco Valsecchi, Max Beloff —, d’ économistes — Peter Wiles, A. Doucy, Sir Oliver Franks — et de physici
350 s — Peter Wiles, A. Doucy, Sir Oliver Franks — et de physiciens tels que Lew Kowarski et W. Groth. Le prof. Max Beloff, d’
351 ue Lew Kowarski et W. Groth. Le prof. Max Beloff, d’ Oxford, fut chargé de condenser en un volume la substance des débats e
352 Groth. Le prof. Max Beloff, d’Oxford, fut chargé de condenser en un volume la substance des débats et les conclusions des
353 s et les conclusions des deux sessions3. Au début de 1974, pour marquer son vingt-cinquième anniversaire, le Conseil de l’
354 saire, le Conseil de l’Europe eut l’heureuse idée de réunir une deuxième table ronde, et d’en confier l’organisation à M.
355 reuse idée de réunir une deuxième table ronde, et d’ en confier l’organisation à M. Y. Rodrigues, conseiller diplomatique d
356 du Secrétaire général. Une masse impressionnante de rapports, notes et documents préparatoires, fut élaborée et distribué
357 ires, fut élaborée et distribuée aux participants de mai à septembre. La session — unique cette fois-ci — s’ouvrit dans l’
358 sbourg, le 19 septembre. Dans l’hémicycle réservé d’ ordinaire aux juges siégeaient les douze membres de la table ronde4. D
359 ’ordinaire aux juges siégeaient les douze membres de la table ronde4. Devant eux, une vingtaine de rapporteurs, experts, e
360 res de la table ronde4. Devant eux, une vingtaine de rapporteurs, experts, et représentants d’organismes européens et inte
361 ngtaine de rapporteurs, experts, et représentants d’ organismes européens et internationaux. Le public était limité aux dip
362 pporteurs, experts, et représentants d’organismes européens et internationaux. Le public était limité aux diplomates accrédités a
363 auprès du Conseil de l’Europe et à une trentaine de correspondants des principaux journaux européens. Dès l’ouverture, le
364 entaine de correspondants des principaux journaux européens . Dès l’ouverture, le secrétaire général devait situer en quelques mot
365 éral devait situer en quelques mots les objectifs de la table ronde et en expliquer le titre : En élaborant le programme
366 onner — comme nous l’avons fait le 5 mai — un air de fête, assombri il est vrai par le grand deuil de la France, mais auss
367 de fête, assombri il est vrai par le grand deuil de la France, mais aussi un moment de méditation comme en ont les montag
368 le grand deuil de la France, mais aussi un moment de méditation comme en ont les montagnards à chaque palier de leur ascen
369 tion comme en ont les montagnards à chaque palier de leur ascension. Nous l’avions fait il y a vingt ans en réunissant six
370 l’avions fait il y a vingt ans en réunissant six Européens parmi les plus prestigieux pour évoquer la culture européenne à la fo
371 armi les plus prestigieux pour évoquer la culture européenne à la fois une et diverse. Nous le faisons à nouveau pour réfléchir au
372 le faisons à nouveau pour réfléchir aux problèmes de civilisation qui assaillent les Européens dans leur désir presque con
373 aux problèmes de civilisation qui assaillent les Européens dans leur désir presque contradictoire de changement et de sécurité,
374 Européens dans leur désir presque contradictoire de changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individue
375 eur désir presque contradictoire de changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidari
376 sque contradictoire de changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidarité et de plur
377 changement et de sécurité, de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidarité et de pluralisme des choix. Jama
378 , de justice sociale et de liberté individuelle ; de solidarité et de pluralisme des choix. Jamais peut-être la vocation d
379 ale et de liberté individuelle ; de solidarité et de pluralisme des choix. Jamais peut-être la vocation du Conseil de l’Eu
380 mais peut-être la vocation du Conseil de l’Europe de défendre les droits et libertés individuelles, et d’œuvrer pour un hu
381 défendre les droits et libertés individuelles, et d’ œuvrer pour un humanisme de développement, n’a été plus évidente et pl
382 rtés individuelles, et d’œuvrer pour un humanisme de développement, n’a été plus évidente et plus nécessaire qu’aujourd’hu
383 aire qu’aujourd’hui où, dans le grand ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un
384 i où, dans le grand ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un monde nouveau. Par
385 de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’ un monde nouveau. Parce que nous croyons qu’il faut faire confiance à
386 onheur ne vient pas à ceux qui ne l’appellent pas de toutes leurs forces. Parce que nous croyons qu’une civilisation comme
387 es inventions que nul ne peut et ne doit empêcher de suivre leur cours, nous avons proposé d’appeler cette rencontre La Pr
388 empêcher de suivre leur cours, nous avons proposé d’ appeler cette rencontre La Promesse du xxe siècle. Ainsi que le secr
389 pela, aucun discours n’était prévu, à l’exception de celui qu’il m’avait prié de prononcer pour inaugurer les travaux de c
390 prévu, à l’exception de celui qu’il m’avait prié de prononcer pour inaugurer les travaux de cette deuxième table ronde et
391 vait prié de prononcer pour inaugurer les travaux de cette deuxième table ronde et la relier à la première. Voici mon text
392 abrégé. La personne comme fondement des valeurs européennes La première table ronde, tenue à Rome en 1953, s’était demandé : d
393 le ronde, tenue à Rome en 1953, s’était demandé : d’ où vient l’Europe, et sur quelles bases d’unité culturelle édifier son
394 ue à Rome en 1953, s’était demandé : d’où vient l’ Europe , et sur quelles bases d’unité culturelle édifier son union politique 
395 mandé : d’où vient l’Europe, et sur quelles bases d’ unité culturelle édifier son union politique ? La deuxième table ronde
396 que nous inaugurons, se demande plutôt : où va l’ Europe  ? et plus exactement : où voulons-nous qu’elle aille ? Si les deux Ta
397 es, mais c’est l’inverse qui s’est produit. Celle d’ aujourd’hui veut affronter les premières manifestations d’une crise mo
398 d’hui veut affronter les premières manifestations d’ une crise mondiale que tous les augures nous annoncent, et voici le pa
399 les augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’enc
400 le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre des destins qu’ils ont calculés,
401 situation : si nous refusons de les croire, donc d’ agir à l’encontre des destins qu’ils ont calculés, alors le pire devie
402 uif devant ses grands prophètes !) Pour tout dire d’ un mot : entre la première table ronde et celle d’aujourd’hui, expliqu
403 d’un mot : entre la première table ronde et celle d’ aujourd’hui, expliquant tout ce qui les rend différentes, il y a eu le
404 gements survenus dans notre approche du phénomène européen , reconnaissons qu’il y a eu, aussi, la carence totale de réalisations
405 onnaissons qu’il y a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence
406 y a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interacti
407 alisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interaction précise avec les causes de la crise
408 arence est en interaction précise avec les causes de la crise mondiale, dont le Rapport au club de Rome décrivait les symp
409 ômes matériels et le syndrome fondamental : celui de la croissance illimitée. La crise mondiale, et la carence politique d
410 e. La crise mondiale, et la carence politique des Européens s’originent l’une et l’autre dans nos attitudes devant la Nature et l
411 s dont ces valeurs sont en définitive les moyens. De la première table ronde sont nés, nous dit un document récent émanant
412 t émanant du Conseil de l’Europe, « la Convention de coopération culturelle et le programme du Conseil en matière d’éducat
413 culturelle et le programme du Conseil en matière d’ éducation et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’ajouter à ces
414 le programme du Conseil en matière d’éducation et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’ajouter à ces dispositions t
415 tion et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’ ajouter à ces dispositions techniques la diffusion discrète, mais effi
416 diffusion discrète, mais efficace en profondeur, de quelques « lieux communs » européens qui ont sans doute orienté l’act
417 cace en profondeur, de quelques « lieux communs » européens qui ont sans doute orienté l’action d’hommes politiques tels que De G
418 s » européens qui ont sans doute orienté l’action d’ hommes politiques tels que De Gasperi, Robert Schuman, Paul-Henri Spaa
419 ute orienté l’action d’hommes politiques tels que De Gasperi, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak, pour ne citer que les plus
420 en admettre que cela n’a pas suffi pour « faire l’ Europe  ». De cette deuxième rencontre, que devons-nous attendre ? Face à la
421 e que cela n’a pas suffi pour « faire l’Europe ». De cette deuxième rencontre, que devons-nous attendre ? Face à la crise
422 vons-nous attendre ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la
423 ace à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à
424 nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à trouver comment réorienter toute l’av
425 r comment réorienter toute l’aventure occidentale de l’homme, afin d’éviter les désastres écologiques, civiques et génétiq
426 iques auxquels conduit nécessairement une société de Production massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire
427 nécessairement une société de Production massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire,
428 e Production massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire, un cinquième P, le Plutoniu
429 Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire, un cinquième P, le Plutonium mortel des centrales à
430 indique et ce n’est pas un hasard) ce « Pentagone de la Puissance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit
431 sard) ce « Pentagone de la Puissance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai
432 agone de la Puissance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai cessé de dénon
433 ue nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai cessé de dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les Dou
434 je n’ai cessé de dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les Douze invités à la Table — et vous tou
435 ’ai cessé de dénoncer depuis que je m’occupe de l’ Europe . Nous voici, nous les Douze invités à la Table — et vous tous qui ent
436 société rénovée voulons-nous, nous autres « bons Européens  » — comme disait Nietzsche — au nom de quelles valeurs, et en vue de
437 s posant cette énorme question, en nous demandant d’ y réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conc
438 réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conclusions sur son bureau, le Conseil de l’Europe a fait
439 le Conseil de l’Europe a fait un acte qui mérite d’ être qualifié de politique, au sens du terme le plus éminent, le plus
440 ’Europe a fait un acte qui mérite d’être qualifié de politique, au sens du terme le plus éminent, le plus large et aussi l
441 le plus précis puisqu’il désigne, comme au temps d’ Aristote, la gestion des rapports humains dans la cité. Que le Conseil
442 n tant que citoyens. Car le Conseil ne tente rien de moins, dans cette affaire, que de fonder la politique européenne, et
443 l ne tente rien de moins, dans cette affaire, que de fonder la politique européenne, et de la fonder, comme il se doit, be
444 s, dans cette affaire, que de fonder la politique européenne , et de la fonder, comme il se doit, beaucoup moins sur les expérience
445 ffaire, que de fonder la politique européenne, et de la fonder, comme il se doit, beaucoup moins sur les expériences du pa
446 ue de quelles fins faut-il créer l’union des gens de l’Europe tels qu’ils sont, ou tels qu’ils peuvent devenir dans une so
447 quelles fins faut-il créer l’union des gens de l’ Europe tels qu’ils sont, ou tels qu’ils peuvent devenir dans une société rén
448 ans une société rénovée ? Selon quelle hiérarchie de valeurs ? Gagée sur quoi ? Valeurs évaluées elles-mêmes par rapport à
449 s laquelle nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à l
450 pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de définitions satisfaisantes ou simplement provocantes. Nous sommes con
451 sée, en général, n’est peut-être que le feed-back d’ une surprise ou d’une blessure, d’une agression subie ou d’un défi. « 
452 ’est peut-être que le feed-back d’une surprise ou d’ une blessure, d’une agression subie ou d’un défi. « On pense comme on
453 ue le feed-back d’une surprise ou d’une blessure, d’ une agression subie ou d’un défi. « On pense comme on se heurte », dis
454 prise ou d’une blessure, d’une agression subie ou d’ un défi. « On pense comme on se heurte », disait Paul Valéry. C’est le
455 mie, pour la Nature, et finalement pour la survie de l’espèce humaine. Qu’il s’agisse de la pollution résultant de la prod
456 our la survie de l’espèce humaine. Qu’il s’agisse de la pollution résultant de la production industrielle au service du pr
457 humaine. Qu’il s’agisse de la pollution résultant de la production industrielle au service du profit privé et du prestige
458 fit privé et du prestige national, qu’il s’agisse de l’épuisement des ressources terrestres non renouvelables, ou de la su
459 t des ressources terrestres non renouvelables, ou de la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous
460 lables, ou de la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous côtés se multiplient ces grands points
461 la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’ énergie, de tous côtés se multiplient ces grands points d’exclamation
462 ation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous côtés se multiplient ces grands points d’exclamation qui, dans l
463 e, de tous côtés se multiplient ces grands points d’ exclamation qui, dans la signalisation routière, annoncent un passage
464 nd ce ne sont pas déjà les disques rouge et blanc de la voie barrée, de l’impasse. Je n’en dirai pas plus sur ce chapitre 
465 éjà les disques rouge et blanc de la voie barrée, de l’impasse. Je n’en dirai pas plus sur ce chapitre ; tout le monde a l
466 ommunautaires. On y décrirait le désert surpeuplé de nos villes hantées par l’immense foule des solitaires ; l’alignement
467 la presse et la radio, qui a conduit à la guerre de 1914. On décrirait l’abaissement du niveau intellectuel des masses et
468 ’abaissement du niveau intellectuel des masses et de la qualité artisanale ; la jeunesse qui ne lit plus que des onomatopé
469 s par la Publicité et la Télévision ; les ravages de la division du travail qui est en réalité une division de l’homme, co
470 vision du travail qui est en réalité une division de l’homme, comme l’avait annoncé Kropotkine ; la montée universelle de
471 ’avait annoncé Kropotkine ; la montée universelle de la délinquance, la démocratisation du terrorisme, des prises d’otages
472 nce, la démocratisation du terrorisme, des prises d’ otages, du chantage à la bombe, naguère privilèges des seuls États ; l
473 privilèges des seuls États ; la montée parallèle d’ une sorte d’anorexie civique, d’un fatalisme qui devrait inquiéter bie
474 des seuls États ; la montée parallèle d’une sorte d’ anorexie civique, d’un fatalisme qui devrait inquiéter bien plus encor
475 montée parallèle d’une sorte d’anorexie civique, d’ un fatalisme qui devrait inquiéter bien plus encore que les prévisions
476 aient que monitoires et n’ambitionnaient rien que d’ être démenties ! On y décrirait enfin quelque chose qui me paraît beau
477 qui est la Question du siècle : Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’est plu
478 Occident tout entier, et par lui tous les peuples de la Terre qui copient notre civilisation industrielle, scientifico-tec
479 scientifico-technique, quantitative. Elle est née de l’Europe, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi,
480 tifico-technique, quantitative. Elle est née de l’ Europe , de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans les
481 echnique, quantitative. Elle est née de l’Europe, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans lesquel
482 tive. Elle est née de l’Europe, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans lesquelles nous avons ent
483 la planète. Or à leur tour, ces guerres sont nées de nos nationalismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre
484 alismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradi
485 ement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions et de ses impasses, il faut
486 e table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions et de ses impasses, il faut des choix. Il faut sav
487 ir de la Crise mondiale, de ses contradictions et de ses impasses, il faut des choix. Il faut savoir ce que l’on est prêt
488 jeu, dans le concret, les valeurs, dont une mode de naguère avait tenté de décréter l’inexistence. Qu’est-ce qu’une vale
489 les valeurs, dont une mode de naguère avait tenté de décréter l’inexistence. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de
490 tence. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de notre crise ? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nou
491 ne entité philosophique. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la crise mon
492 que la justice, la santé, la liberté, la qualité de la vie, l’utilité sociale, se voient sacrifiées sans merci sur l’aute
493 ient sacrifiées sans merci sur l’autel du Profit, de la Rentabilité, du Prestige ou de l’Indépendance nationale. Mais s’il
494 utel du Profit, de la Rentabilité, du Prestige ou de l’Indépendance nationale. Mais s’il y a conflit de valeurs, c’est qu’
495 e l’Indépendance nationale. Mais s’il y a conflit de valeurs, c’est qu’il y a donc des valeurs ! Et qui décident ou plutôt
496 leurs ! Et qui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lésées. Mais alor
497 s. Voulons-nous vraiment consommer deux fois plus d’ électricité tous les sept ans, comme nous le répètent les producteurs
498 production multipliée par 16 384 en un peu moins d’ un siècle, utopie pure) et cela grâce aux 24 000 centrales nucléaires
499 ssaires » à la fin du siècle, et produisant assez de plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien pr
500 plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en
501 llions de fois ? Ou bien préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en priorité le profit, ou l’équilibre moral ?
502 détruisant forêts et collines, ou cette sensation de bonheur animique et physiologique, que rien ne mesure et qui vaut plu
503 mpératifs technocratiques, qui sont des questions de gros sous, quand ce n’est pas de puissance militaire. Or, ces choix d
504 nt des questions de gros sous, quand ce n’est pas de puissance militaire. Or, ces choix de finalités, et les sacrifices qu
505 e n’est pas de puissance militaire. Or, ces choix de finalités, et les sacrifices qu’ils commandent, sur quel absolu les r
506 la question décisive du référentiel, c’est-à-dire de ce qui gage les valeurs, de l’évaluant fondamental. Il n’est pas touj
507 rentiel, c’est-à-dire de ce qui gage les valeurs, de l’évaluant fondamental. Il n’est pas toujours bien conscient, même ch
508 z Marx : on a relevé que cet auteur semble bannir de son vocabulaire le terme de justice, décidé qu’il est à ne décrire qu
509 auteur semble bannir de son vocabulaire le terme de justice, décidé qu’il est à ne décrire que des enchaînements nécessai
510 endant, la passion qui anime Le Capital est celle de la justice, ou je n’y ai rien compris. C’est la justice, non la néces
511 ce, non la nécessité, qui est le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’Europe, qu’il le sache ou non, le référentiel
512 est le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’ Europe, qu’il le sache ou non, le référentiel absolu, c’est la personn
513 st le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’ Europe , qu’il le sache ou non, le référentiel absolu, c’est la personne. Or
514 date et leurs coordonnées spatiales. Notre notion de la personne s’est constituée au cours des grands conciles œcuméniques
515 stituée au cours des grands conciles œcuméniques, de Nicée en 325 à Chalcédoine en 451, époque où l’Église s’installe dans
516 51, époque où l’Église s’installe dans les cadres de l’Empire romain et tente de formuler à l’aide des catégories de la pe
517 talle dans les cadres de l’Empire romain et tente de formuler à l’aide des catégories de la pensée grecque une révélation
518 main et tente de formuler à l’aide des catégories de la pensée grecque une révélation venue de la Judée. Le problème majeu
519 Judée. Le problème majeur des conciles est celui de la Trinité : comment définir et distinguer en un seul Dieu, le Père,
520 le Saint-Esprit, c’est-à-dire les trois relations de la paternité, de la filialité et de la procession, sans sacrifier ni
521 c’est-à-dire les trois relations de la paternité, de la filialité et de la procession, sans sacrifier ni l’unité divine ni
522 ois relations de la paternité, de la filialité et de la procession, sans sacrifier ni l’unité divine ni la diversité des f
523 fonctions ? Les Grecs avaient constitué la notion d’ identité individuelle qu’ils exprimaient par le terme de face, ou de v
524 tité individuelle qu’ils exprimaient par le terme de face, ou de visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de rela
525 uelle qu’ils exprimaient par le terme de face, ou de visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de relation et de r
526 ce, ou de visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de relation et de rôle distinctif, qu’évoquait en revanche le
527 visage, mais cela ne rendait pas compte de l’idée de relation et de rôle distinctif, qu’évoquait en revanche le mot latin
528 la ne rendait pas compte de l’idée de relation et de rôle distinctif, qu’évoquait en revanche le mot latin de persona, ter
529 distinctif, qu’évoquait en revanche le mot latin de persona, terme juridique définissant l’homme par son rôle dans la cit
530 la diversité, les Pères adoptèrent donc le terme de personne. Mais c’est surtout la définition de la Deuxième Personne de
531 rme de personne. Mais c’est surtout la définition de la Deuxième Personne de la Trinité, celle du Fils, qui allait fonder
532 est surtout la définition de la Deuxième Personne de la Trinité, celle du Fils, qui allait fonder la conception chrétienne
533 Fils, qui allait fonder la conception chrétienne de l’homme. En déclarant qu’ils confessaient Jésus-Christ comme « vrai D
534 u et vrai homme » à la fois, les Pères du concile de Chalcédoine ont posé le premier modèle permettant de penser ensemble
535 Chalcédoine ont posé le premier modèle permettant de penser ensemble des réalités antinomiques, qui s’excluent en logique
536 par la réalité ». En formulant la thèse centrale de l’orthodoxie chrétienne, c’est-à-dire la coexistence en une Personne
537 enne, c’est-à-dire la coexistence en une Personne de deux natures antinomiques, sans confusion, sans séparation, sans rédu
538 , sans confusion, sans séparation, sans réduction de l’un des termes ni subordination de l’un à l’autre, le dogme de l’Inc
539 ans réduction de l’un des termes ni subordination de l’un à l’autre, le dogme de l’Incarnation n’a pas seulement fondé l’a
540 rmes ni subordination de l’un à l’autre, le dogme de l’Incarnation n’a pas seulement fondé l’anthropologie chrétienne, mai
541 nthropologie chrétienne, mais il a posé le modèle de la pensée spécifiquement européenne, la grande idée de l’antagonisme
542 s il a posé le modèle de la pensée spécifiquement européenne , la grande idée de l’antagonisme créateur, déjà conçue par Héraclite,
543 pensée spécifiquement européenne, la grande idée de l’antagonisme créateur, déjà conçue par Héraclite, de la coïncidentia
544 ’antagonisme créateur, déjà conçue par Héraclite, de la coïncidentia oppositorum de Nicolas de Cues, qui anime les œuvres
545 çue par Héraclite, de la coïncidentia oppositorum de Nicolas de Cues, qui anime les œuvres de Goethe, de William Blake, de
546 ositorum de Nicolas de Cues, qui anime les œuvres de Goethe, de William Blake, des philosophes du romantisme allemand, de
547 Nicolas de Cues, qui anime les œuvres de Goethe, de William Blake, des philosophes du romantisme allemand, de Kierkegaard
548 am Blake, des philosophes du romantisme allemand, de Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiques d’aujourd’hui, qu’ell
549 osophes du romantisme allemand, de Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiques d’aujourd’hui, qu’elles soient marxiste
550 e Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiques d’ aujourd’hui, qu’elles soient marxistes, existentialistes ou physico-ma
551 ou physico-mathématiques. Et c’est aussi, au plan de la théorie politique, le modèle du fédéralisme, c’est-à-dire de la co
552 politique, le modèle du fédéralisme, c’est-à-dire de la coexistence en perpétuelle interaction de l’union et des petites c
553 dire de la coexistence en perpétuelle interaction de l’union et des petites communautés, de l’unité globale et des autonom
554 nteraction de l’union et des petites communautés, de l’unité globale et des autonomies locales — cette pensée en tension q
555 sée en tension qui est vraiment l’idée formatrice de l’Europe parce qu’elle engendre l’homme européen, à partir de l’extra
556 n tension qui est vraiment l’idée formatrice de l’ Europe parce qu’elle engendre l’homme européen, à partir de l’extraordinaire
557 atrice de l’Europe parce qu’elle engendre l’homme européen , à partir de l’extraordinaire création qu’a été le concept de personn
558 de l’extraordinaire création qu’a été le concept de personne, cette notion théomorphe de l’homme et anthropomorphe de Die
559 é le concept de personne, cette notion théomorphe de l’homme et anthropomorphe de Dieu. Voilà pour l’origine, « technique 
560 te notion théomorphe de l’homme et anthropomorphe de Dieu. Voilà pour l’origine, « technique » en quelque sorte, de la not
561 à pour l’origine, « technique » en quelque sorte, de la notion, qui ne tarda pas à être transposée du plan théologique à c
562 pas à être transposée du plan théologique à celui de l’humain, par Augustin d’abord, lequel estime que l’homme, étant fait
563 , lequel estime que l’homme, étant fait à l’image de Dieu, est lui aussi une personne ; puis par Boèce, philosophe non chr
564 en Âge. Homologue du « vrai Dieu et vrai homme », de la Deuxième Personne divine, la personne humaine est devenue la coexi
565 nne humaine est devenue la coexistence en tension de l’individu naturel et de ce qui dans l’homme « passe infiniment l’hom
566 a coexistence en tension de l’individu naturel et de ce qui dans l’homme « passe infiniment l’homme » comme dit Pascal : l
567 Une nature investie par une vocation, une notion de l’homme qui implique la transcendance de l’homme par rapport à lui-mê
568 e notion de l’homme qui implique la transcendance de l’homme par rapport à lui-même. Certes, les siècles ont ajouté à cett
569 un modèle, qu’une structure. Aux notions grecques d’ individu, d’autonomie, et d’homme mesure de toutes choses ; aux notion
570 u’une structure. Aux notions grecques d’individu, d’ autonomie, et d’homme mesure de toutes choses ; aux notions romaines d
571 Aux notions grecques d’individu, d’autonomie, et d’ homme mesure de toutes choses ; aux notions romaines d’organisation et
572 ecques d’individu, d’autonomie, et d’homme mesure de toutes choses ; aux notions romaines d’organisation et d’institutions
573 me mesure de toutes choses ; aux notions romaines d’ organisation et d’institutions stables (ou État) ; aux notions évangél
574 s choses ; aux notions romaines d’organisation et d’ institutions stables (ou État) ; aux notions évangéliques et judaïques
575 ou État) ; aux notions évangéliques et judaïques, d’ amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajou
576 notions évangéliques et judaïques, d’amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajouter les valeurs
577 géliques et judaïques, d’amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajouter les valeurs germaniques
578 daïques, d’amour actif, de liberté, de justice et de vocation, sont venues s’ajouter les valeurs germaniques de fidélité,
579 on, sont venues s’ajouter les valeurs germaniques de fidélité, de communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’avent
580 es s’ajouter les valeurs germaniques de fidélité, de communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’aventure initiatiq
581 s valeurs germaniques de fidélité, de communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’aventure initiatique courue par l
582 communauté, de biens communs, les valeurs celtes d’ aventure initiatique courue par le chevalier errant, et de Quête spiri
583 re initiatique courue par le chevalier errant, et de Quête spirituelle. Mais aujourd’hui, qu’est-ce donc que la personne ?
584 ai dire que la personne c’est l’œuvre essentielle de chacun, qui consiste à trouver sa voie et à courir son aventure sans
585 urir son aventure sans précédent. Car chacun naît de quelque chose qui n’a jamais été auparavant, qui n’est exactement par
586 t, qui n’est exactement pareil à rien, croisement de chromosomes eux-mêmes sans précédent, de sorte que la chance est quas
587 u’il naisse jamais deux individus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But
588 dividus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But qui l’appelle, qu’il le no
589 reils. Chacun de nous est donc le point de départ d’ un chemin particulier vers le But qui l’appelle, qu’il le nomme Dieu o
590 ropre voie, et frayer son propre sentier. Partant de moi, individu sans précédent historique ni physiologique, pour rejoin
591 qu’il n’existera qu’autant que j’aurai le courage d’ y marcher dans la nuit. Voilà qui implique la foi, cette forme de conf
592 s la nuit. Voilà qui implique la foi, cette forme de confiance dont saint Paul dit qu’elle est « ferme assurance des chose
593 rsqu’on marche vers lui, pas autrement. Il s’agit d’ une activité jamais achevée et qui sans fin cherche sa fin, et qui la
594 qui la reconnaît lorsqu’elle éprouve un sentiment de convenance entre ses démarches et cette fin. Je conçois que l’on puis
595 n’y pas croire. Que l’on puisse nier l’existence de ce que j’appelle la personne, la traiter de fantôme métaphysique, d’i
596 tence de ce que j’appelle la personne, la traiter de fantôme métaphysique, d’illusion verbale, de concept superflu. Mais j
597 la personne, la traiter de fantôme métaphysique, d’ illusion verbale, de concept superflu. Mais j’observe que ceux qui la
598 iter de fantôme métaphysique, d’illusion verbale, de concept superflu. Mais j’observe que ceux qui la nient ont commencé p
599 e Dieu est mort, et que cela signifiait la « mort de l’homme », et donc de toute identité, de toute personne. Or, ce n’est
600 e cela signifiait la « mort de l’homme », et donc de toute identité, de toute personne. Or, ce n’est là qu’une métaphore.
601 a « mort de l’homme », et donc de toute identité, de toute personne. Or, ce n’est là qu’une métaphore. Ce qui peut provoqu
602 à qu’une métaphore. Ce qui peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’une Nature tuée par l’homme, et qui nécessai
603 peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’ une Nature tuée par l’homme, et qui nécessairement entraînerait dans s
604 e. Quand on nie Dieu, comme la plupart des écoles de pensée modernes, existentialistes, freudo-marxistes, ou structuralist
605 ou structuralistes ; quand on répète que la mort de l’homme s’ensuit « logiquement » ; quand on nie le sujet, et qu’on ré
606 est qu’on prépare un mauvais coup, ou qu’on tente d’ échapper à certaines responsabilités en se dissimulant derrière de pré
607 taines responsabilités en se dissimulant derrière de prétendues « fatalités », de prétendus « impératifs », — comme Adam c
608 dissimulant derrière de prétendues « fatalités », de prétendus « impératifs », — comme Adam court se cacher dans les buiss
609 contre les formes les plus diaboliquement variées de l’aliénation, j’ose vous demander ce qui, selon vous, est aliéné ? Si
610 nt-ils signer des manifestes contre l’aliénation… de quoi ? Contre l’exploitation de l’homme par l’homme, disent-ils. Mais
611 tre l’aliénation… de quoi ? Contre l’exploitation de l’homme par l’homme, disent-ils. Mais ce serait l’exploitation d’une
612 ’homme, disent-ils. Mais ce serait l’exploitation d’ une illusion par une inexistence, à les en croire ? Marx, en revanche,
613 aveur de la personne, et en son nom. L’aliénation de l’homme ne saurait désigner que ce qui compromet sa possibilité de se
614 rait désigner que ce qui compromet sa possibilité de se mouvoir librement, à la fois selon le naturel et selon le divin qu
615 s propre, ne pourrait que l’altérer, le détourner de sa vocation — et c’est cela que j’appelle le péché. Le problème de l’
616 et c’est cela que j’appelle le péché. Le problème de l’aliénation, essentiellement lié à celui de la personne, me paraît s
617 lème de l’aliénation, essentiellement lié à celui de la personne, me paraît se ramener au problème du pouvoir : pouvoir su
618 iberté. Or, ces deux termes désignent deux formes de pouvoir qu’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la
619 désignent deux formes de pouvoir qu’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la Puissance, et le pouvoir s
620 des États modernes contre les pouvoirs locaux, et de l’école primaire contre toute forme d’originalité chez les élèves. To
621 locaux, et de l’école primaire contre toute forme d’ originalité chez les élèves. Tout pouvoir qui s’exerce sur autrui, non
622 donc à l’État totalitaire, dans le système actuel de l’État-nation centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libert
623 -nation centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libertés. En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de so
624 En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de soi, au sens complet du terme, c’est-à-dire non seulement de ses émot
625 sens complet du terme, c’est-à-dire non seulement de ses émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mai
626 me, c’est-à-dire non seulement de ses émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, d
627 on seulement de ses émotions ou de ses mouvements d’ humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de s
628 nt de ses émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision,
629 tions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la c
630 s mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance sp
631 umeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est
632 e ou de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cela la Libert
633 e ses pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cela la Liberté, condition général
634 tuelle, c’est cela la Liberté, condition générale de l’accueil et de l’exercice de toute vocation personnelle. Mais cette
635 la la Liberté, condition générale de l’accueil et de l’exercice de toute vocation personnelle. Mais cette vocation personn
636 condition générale de l’accueil et de l’exercice de toute vocation personnelle. Mais cette vocation personnelle, je le ré
637 r comme si on l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la se
638 on l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la seule personn
639 r rapport à la seule personne, comme le type même de l’aliénation : c’est la dictée de mon aventure individuelle par l’aut
640 me le type même de l’aliénation : c’est la dictée de mon aventure individuelle par l’autre, l’étranger, l’alien comme dit
641 ar un laboratoire manipulant les gènes et capable de provoquer des changements de personnalité « à la demande », c’est-à-d
642 les gènes et capable de provoquer des changements de personnalité « à la demande », c’est-à-dire selon les normes du pouvo
643 ir régnant. Aliénation majeure, non pas seulement de l’ouvrier d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé e
644 liénation majeure, non pas seulement de l’ouvrier d’ usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs
645 ulement de l’ouvrier d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l
646 de l’ouvrier d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l’Est dit
647 d’usine, dont les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l’Est dit socialiste
648 nt les conditions de vie, de dignité, de santé et de loisirs sont à peu près les mêmes à l’Est dit socialiste et à l’Ouest
649 Est dit socialiste et à l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’une cité en ruines morales. La richesse, à ce
650 l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’ une cité en ruines morales. La richesse, à ce banc d’essai, se révèle
651 e cité en ruines morales. La richesse, à ce banc d’ essai, se révèle une fausse valeur : elle procure le pouvoir sur autru
652 i n’est pas ma vocation, que toutes les religions de la Terre l’ont condamnée : « Heureux les pauvres », disent nos Béatit
653 ational se révèle fausse valeur, évalué à ce test de la personne. Une petite phrase de Simone Weil, géniale dans sa simpli
654 valué à ce test de la personne. Une petite phrase de Simone Weil, géniale dans sa simplicité, dit là-dessus tout l’essenti
655 nal est loin de la vie quotidienne. » Les notions d’ impératif technique et d’impératif de l’économie se révèlent à leur to
656 otidienne. » Les notions d’impératif technique et d’ impératif de l’économie se révèlent à leur tour valeurs fausses et mêm
657 Les notions d’impératif technique et d’impératif de l’économie se révèlent à leur tour valeurs fausses et même d’un ridic
658 e se révèlent à leur tour valeurs fausses et même d’ un ridicule moliéresque. Elles ne sont, trop évidemment, que les alibi
659 es ne sont, trop évidemment, que les alibis, soit de la volonté de puissance des États et de leurs grandes Agences techniq
660 op évidemment, que les alibis, soit de la volonté de puissance des États et de leurs grandes Agences techniques, soit du p
661 bis, soit de la volonté de puissance des États et de leurs grandes Agences techniques, soit du profit privé des sociétés,
662 é des sociétés, soit encore, en dernière analyse, de notre propre choix matérialiste. Lequel trahit peut-être, en fin de c
663 in de compte, un désir inavoué, tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immort
664 ué, tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immortel (métal, verre, plastique
665 e et béton) au végétal et à l’animal, dont la loi de développement inclut la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons-
666 de développement inclut la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons-nous l’inertie minérale, l’inanimé contre la vie
667 siècle et réputé irrésistible, est le type même de l’antivaleur s’il n’est que l’accroissement des pouvoirs matériels, q
668 s’il n’est pas un progrès spirituel, une aventure de la liberté, un accroissement du pouvoir sur soi-même, mais seulement
669 soi-même, mais seulement la croissance illimitée de besoins et de produits matériels, croissance dont on a remarqué que l
670 s seulement la croissance illimitée de besoins et de produits matériels, croissance dont on a remarqué que le rythme est c
671 ssance dont on a remarqué que le rythme est celui de la prolifération des cellules cancéreuses. En revanche, l’amour est u
672 urait être niée ou contestée que par des infirmes de l’âme ou des débiles du spirituel, tous gens de pouvoir faible ou nul
673 s de l’âme ou des débiles du spirituel, tous gens de pouvoir faible ou nul sur eux-mêmes ; ceux qui ne s’aiment pas et qui
674 ébraïque et chrétienne, qui a formé vingt siècles d’ Europe, nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela
675 raïque et chrétienne, qui a formé vingt siècles d’ Europe , nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela fonde
676 r son prochain comme soi-même est un commandement de la Bible. Puisque les sentiments ne se commandent pas, aimer le proch
677 ui que je puis aider en fait. Mais la notion même de prochain suppose quelque proximité géographique. Si le principe de to
678 se quelque proximité géographique. Si le principe de toute communauté est de nature spirituelle et touche l’élément transc
679 graphique. Si le principe de toute communauté est de nature spirituelle et touche l’élément transcendant dans la personne,
680 la personne, si bien qu’il peut relier des hommes de toute la terre, la vie communautaire concrète est proximiste, c’est-à
681 puisqu’ils expriment la dialectique constitutive de la personne entre le transcendant et l’incarné, entre ce qui libère,
682 e, enracine d’autre part. J’ai dit que la liberté de la personne implique sa responsabilité, et que la réciproque n’est pa
683 e pour moi, qu’elle va peut-être se réaliser. Pas de liberté réelle pour un irresponsable : or il faut bien reconnaître qu
684 bien reconnaître que la cité moderne tend à faire de nous tous des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos État
685 s des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et
686 que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idé
687 chapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation et civi
688 notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation et civisme ne reprendront un sens concret que
689 municipales et régionales, qu’il s’agit désormais de recréer si l’on veut que la personne s’épanouisse : j’y vois la tâche
690 sonne s’épanouisse : j’y vois la tâche principale de la génération qui monte. J’y vois aussi la condition de toute union p
691 génération qui monte. J’y vois aussi la condition de toute union possible de l’Europe. J’ai dit souvent mon scepticisme à
692 y vois aussi la condition de toute union possible de l’Europe. J’ai dit souvent mon scepticisme à l’égard de l’Europe des
693 s aussi la condition de toute union possible de l’ Europe . J’ai dit souvent mon scepticisme à l’égard de l’Europe des États, qu
694 . J’ai dit souvent mon scepticisme à l’égard de l’ Europe des États, que j’ai nommée une « amicale des misanthropes » — quelque
695 elque chose qu’on peut dire mais non pas faire. L’ Europe que tout appelle ne pourra s’édifier que sur ce qui déborde, non seul
696 nt par en haut mais par en bas, le cadre inadapté de l’État-nation imposé par Napoléon : par en bas, ce sont les régions,
697 entale. Et nous venons de voir que ces deux pôles de la société à construire correspondent aux exigences constitutives de
698 struire correspondent aux exigences constitutives de la personne. Les hommes ne sauraient être unis par l’imposition unifo
699 ne sauraient être unis par l’imposition uniforme d’ un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire,
700 e unis par l’imposition uniforme d’un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la lib
701 l’imposition uniforme d’un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la liberté de cha
702 niforme d’un même corpus de lois et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la liberté de chaque personne q
703 police, mais au contraire, c’est dans la liberté de chaque personne que vient s’enraciner la solidarité du genre humain.
704 s’enraciner la solidarité du genre humain. Ainsi, de la notion de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs,
705 a solidarité du genre humain. Ainsi, de la notion de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui
706 otion de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de
707 érentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégage
708 e ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation,
709 transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons maintenant se constituer les éléments d’u
710 nous voyons maintenant se constituer les éléments d’ une politique communautaire. Morale et politique, soulignons-le, qui s
711 ue, soulignons-le, qui se déduisent immédiatement de la structure bipolaire de la personne et de ses exigences antinomique
712 déduisent immédiatement de la structure bipolaire de la personne et de ses exigences antinomiques, mais en réalité insépar
713 ement de la structure bipolaire de la personne et de ses exigences antinomiques, mais en réalité inséparables, de liberté
714 ences antinomiques, mais en réalité inséparables, de liberté et de responsabilité. Or, il se trouve que toute vraie politi
715 ques, mais en réalité inséparables, de liberté et de responsabilité. Or, il se trouve que toute vraie politique de la pers
716 ilité. Or, il se trouve que toute vraie politique de la personne appelle la création de petites communautés qui, pour défe
717 raie politique de la personne appelle la création de petites communautés qui, pour défendre leur autonomie, seront amenées
718 à pratiquer la seule méthode capable, selon moi, d’ unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, fin
719 méthode capable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement, que je suis v
720 t, que je suis venu une fois de plus, ici, parler de l’Europe, de son union, et de la création des régions qui rendra seul
721 e je suis venu une fois de plus, ici, parler de l’ Europe , de son union, et de la création des régions qui rendra seule possibl
722 s venu une fois de plus, ici, parler de l’Europe, de son union, et de la création des régions qui rendra seule possible ce
723 e plus, ici, parler de l’Europe, de son union, et de la création des régions qui rendra seule possible cette union. […] ⁂
724 endra seule possible cette union. […] ⁂ Au terme de la quatrième et dernière séance de débats, je cherche à dégager les l
725 …] ⁂ Au terme de la quatrième et dernière séance de débats, je cherche à dégager les lignes générales d’évolution de l’id
726 débats, je cherche à dégager les lignes générales d’ évolution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la
727 herche à dégager les lignes générales d’évolution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la plupart d’e
728 égager les lignes générales d’évolution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la plupart d’entre nous voulaien
729 lution de l’idée européenne depuis la table ronde de Rome, quand la plupart d’entre nous voulaient croire que la naissance
730 ance prochaine du Marché commun ne manquerait pas de déclencher une série de processus politiques nécessairement « irréver
731 commun ne manquerait pas de déclencher une série de processus politiques nécessairement « irréversibles »… La table ronde
732 La table ronde qui se termine aujourd’hui est née de la crise qui vient, pour tenter d’y répondre. La crise qui vient port
733 rd’hui est née de la crise qui vient, pour tenter d’ y répondre. La crise qui vient porte à prévoir l’avenir qu’il s’agit d
734 e qui vient porte à prévoir l’avenir qu’il s’agit d’ empêcher, plutôt que l’avenir à fomenter. Mais je crois bien que notre
735 ératifs » techniques, économiques, militaires, ou de « l’indépendance nationale », il a tranquillement affirmé ce qu’il te
736 n. Il y a dix ans, pendant un comité préparatoire de la conférence de Bâle sur l’Europe et le Monde, comme quelqu’un propo
737 , pendant un comité préparatoire de la conférence de Bâle sur l’Europe et le Monde, comme quelqu’un proposait qu’une séanc
738 omité préparatoire de la conférence de Bâle sur l’ Europe et le Monde, comme quelqu’un proposait qu’une séance fût consacrée au
739 déclaré qu’il se verrait, dans ce cas, contraint de s’en aller, « le mot fédéralisme étant tabou à Strasbourg ». Aujourd’
740 sous ses formes les plus radicales : dénonciation de l’État-nation comme principal fauteur de notre crise, appel à la form
741 nciation de l’État-nation comme principal fauteur de notre crise, appel à la formation de régions en tant qu’unités de bas
742 ipal fauteur de notre crise, appel à la formation de régions en tant qu’unités de base de la communauté à recréer. Progrès
743 appel à la formation de régions en tant qu’unités de base de la communauté à recréer. Progrès remarquable du fédéralisme :
744 la formation de régions en tant qu’unités de base de la communauté à recréer. Progrès remarquable du fédéralisme : dans le
745 s s’il ne se produit pas là d’abord, il n’y a pas de chance qu’il se produise jamais dans les faits, les institutions et n
746 solidarité, tolérance, sens des diversités, goût de l’autonomie, et non pas individualisme égoïste, fanatisme politique,
747 ique, passion égalitaire et besoin « sécurisant » d’ être mené. Pour amorcer cette mutation, il a fallu l’éveil de la consc
748 . Pour amorcer cette mutation, il a fallu l’éveil de la conscience écologique — ici représentée avec autant de bonne grâce
749 nscience écologique — ici représentée avec autant de bonne grâce que de rigueur par Robert Allen (et il est juste de souli
750 — ici représentée avec autant de bonne grâce que de rigueur par Robert Allen (et il est juste de souligner le rôle peut-ê
751 que de rigueur par Robert Allen (et il est juste de souligner le rôle peut-être décisif joué sur ce plan par le Conseil d
752 onseil de l’Europe, lorsqu’il a lancé son « Année de la protection de la nature » en 1970) ; il a fallu le rapport sur « L
753 e, lorsqu’il a lancé son « Année de la protection de la nature » en 1970) ; il a fallu le rapport sur « Les Limites à la c
754 t ses suites ; mais surtout, il a fallu la montée de l’idée régionaliste dans toute l’Europe, dépassant enfin le niveau de
755 llu la montée de l’idée régionaliste dans toute l’ Europe , dépassant enfin le niveau des seules revendications ethniques, s’app
756 s et s’illustrant — négativement — par la carence de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversi
757 — par la carence de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversification : obsédés par les grand
758 e de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversification : obsédés par les grandes centrales, il
759 s que les petits ruisseaux et les moindres rayons de soleil détiennent les solutions de notre avenir autonome. Georg Picht
760 oindres rayons de soleil détiennent les solutions de notre avenir autonome. Georg Picht n’a pas hésité à qualifier de « cr
761 autonome. Georg Picht n’a pas hésité à qualifier de « crime abominable » les concentrations de centrales nucléaires exigé
762 lifier de « crime abominable » les concentrations de centrales nucléaires exigées par les agences énergétiques de nos État
763 s nucléaires exigées par les agences énergétiques de nos États ; à déclarer que « tant que les obscurs complexes de préjug
764 ; à déclarer que « tant que les obscurs complexes de préjugés murés dans les fondations de l’État-nation souverain ne sont
765 s complexes de préjugés murés dans les fondations de l’État-nation souverain ne sont pas dénoués, aucune planification rat
766 nnelle à l’échelle du globe n’a la moindre chance de succès politique » ; et à constater qu’une science libre, non asservi
767 tater qu’une science libre, non asservie aux buts de puissance des États, peut seule nous aider à sauver la biosphère ; dè
768 er à sauver la biosphère ; dès lors, « la liberté de pensée et d’expression est une condition biologique de notre survie »
769 a biosphère ; dès lors, « la liberté de pensée et d’ expression est une condition biologique de notre survie ». James Fawce
770 nsée et d’expression est une condition biologique de notre survie ». James Fawcett s’interroge : la société occidentale es
771 litique générale, face à l’émiettement en groupes d’ intérêts égoïstes ? Il ne voit d’autre espoir, lui aussi, que dans la
772 ement en groupes d’intérêts égoïstes ? Il ne voit d’ autre espoir, lui aussi, que dans la création de pouvoirs locaux et ré
773 t d’autre espoir, lui aussi, que dans la création de pouvoirs locaux et régionaux, problème numéro un de notre temps. Gius
774 pouvoirs locaux et régionaux, problème numéro un de notre temps. Giuseppe Petrilli estime qu’il est grand temps de priver
775 s. Giuseppe Petrilli estime qu’il est grand temps de priver l’État de son aura, et de lui rappeler qu’il est service publi
776 lli estime qu’il est grand temps de priver l’État de son aura, et de lui rappeler qu’il est service public. Enfin, l’un de
777 est grand temps de priver l’État de son aura, et de lui rappeler qu’il est service public. Enfin, l’un des deux fondateur
778 cien directeur général des affaires scientifiques de l’OCDE, confesse qu’il n’accorde plus aucune confiance aux structures
779 e aux structures politiques actuelles, et ne voit d’ autre espoir que dans la décentralisation des institutions et des orga
780 décentralisation des institutions et des organes de décision. (Sur quoi je fais remarquer, une fois de plus, que décentr
781 ue le fait du Centre, et qu’il nous faut repartir d’ en bas, des racines, c’est-à-dire des communes, si l’on veut restaurer
782 c’est-à-dire des communes, si l’on veut restaurer de vivantes régions.) Cette évolution générale des esprits les mieux inf
783 on doit le placer. ⁂ Du 22 septembre au 5 octobre De retour dans ma maison-chantier de Saint-Genis-Pouilly, je trouve plus
784 re au 5 octobre De retour dans ma maison-chantier de Saint-Genis-Pouilly, je trouve plusieurs lettres de dirigeants du clu
785 Saint-Genis-Pouilly, je trouve plusieurs lettres de dirigeants du club de Rome me pressant de rédiger le rapport que m’a
786 lettres de dirigeants du club de Rome me pressant de rédiger le rapport que m’a demandé Aurelio Peccei. Sur quel thème ? l
787 r quel thème ? lui ai-je écrit. Et l’on me répond de Rio : « Sur vos derniers travaux, sur ce que vous tenez pour le plus
788 et Eduard Pestel. Je lis, p. 145 : « La futilité d’ un nationalisme étroit doit être reconnue et prise pour axiome dans to
789 reconnue et prise pour axiome dans tout processus de décision. Toute nation qui essaierait de résoudre le problème envahis
790 rocessus de décision. Toute nation qui essaierait de résoudre le problème envahissant de l’inflation à l’aide de mesures l
791 ui essaierait de résoudre le problème envahissant de l’inflation à l’aide de mesures limitées à son seul territoire serait
792 enté par Georg Picht, qui réitère sa condamnation de l’État-nation incompatible avec l’ordre global. Je n’hésite plus : j’
793 . Je n’hésite plus : j’annonce le titre, dépourvu de toute équivoque, du rapport que je me mets à écrire sans plus de déla
794 viens de citer. Peu de progrès dans les travaux de transformation de ma maison. On dirait qu’il suffit que je me mette a
795 Peu de progrès dans les travaux de transformation de ma maison. On dirait qu’il suffit que je me mette au travail pour que
796 fit que je me mette au travail pour que les coups de marteau et les perceuses se déclenchent aussitôt autour de moi. J’écr
797 omment, et les envoie aux organisateurs berlinois de la prochaine assemblée du club de Rome. La galopade devient course d’
798 mblée du club de Rome. La galopade devient course d’ obstacles. 3. Max Beloff, Europe and the Europeans, an internationa
799 ade devient course d’obstacles. 3. Max Beloff, Europe and the Europeans, an international discussion, with an introduction
800 en, économiste, Oxford ; James Fawcett, président de la Commission des droits de l’homme ; Per Federspiel, député et ancie
801 Copenhague ; Izmet Hizir, physicien et professeur de philosophie à Ankara ; Philippe d’Iribarne, directeur du Centre de re
802 Ankara ; Philippe d’Iribarne, directeur du Centre de recherches sur le bien-être du CNRS ; Mme Marie-Elizabeth Klee, minis
803 être du CNRS ; Mme Marie-Elizabeth Klee, ministre de la Culture du Land Rhein-Westfalen ; Giuseppe Petrilli, président de
804 nd Rhein-Westfalen ; Giuseppe Petrilli, président de l’Institut pour la reconstruction industrielle (IRI), Rome ; Georg Pi
805 ndustrielle (IRI), Rome ; Georg Picht, professeur de philosophie à la Faculté de théologie de Heidelberg ; le RP de Riedma
806 org Picht, professeur de philosophie à la Faculté de théologie de Heidelberg ; le RP de Riedmatten, représentant du Saint-
807 ofesseur de philosophie à la Faculté de théologie de Heidelberg ; le RP de Riedmatten, représentant du Saint-Siège auprès
808 nu à Paris par sa nomination, la veille, au poste de président du nouvel Institut audiovisuel de la télévision française.
809 poste de président du nouvel Institut audiovisuel de la télévision française.
5 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). III. Venise : colloque sur le fédéralisme, modèle de l’Europe
810 III. Venise : colloque sur le fédéralisme, modèle de l’Europe Sur les instances d’Alexandre Marc, en mars dernier, j’ava
811 Venise : colloque sur le fédéralisme, modèle de l’ Europe Sur les instances d’Alexandre Marc, en mars dernier, j’avais accept
812 déralisme, modèle de l’Europe Sur les instances d’ Alexandre Marc, en mars dernier, j’avais accepté de prendre part au co
813 ’Alexandre Marc, en mars dernier, j’avais accepté de prendre part au colloque de Venise — du 10 au 13 octobre — sur Le Féd
814 nier, j’avais accepté de prendre part au colloque de Venise — du 10 au 13 octobre — sur Le Fédéralisme, un modèle pour l’E
815 13 octobre — sur Le Fédéralisme, un modèle pour l’ Europe . Mon livre terminé, pensais-je alors, la vie s’ouvrirait devant moi,
816 du point de vue émotif, j’entends du point de vue de l’âme au sens jungien du terme. Nous décidons de partir le 5 octobre
817 de l’âme au sens jungien du terme. Nous décidons de partir le 5 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques jours de lois
818 ns de partir le 5 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques jours de loisirs avant le colloque. Du 5 au 12 octobre 1974
819 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques jours de loisirs avant le colloque. Du 5 au 12 octobre 1974 Pendant les deux p
820 itienne m’oblige à repasser sur toutes les traces de mes anciens trajets. J’ai cherché pendant des années cette terrasse d
821 s. J’ai cherché pendant des années cette terrasse de petit restaurant sur une place que fermait au sud le haut mur grenat
822 r une place que fermait au sud le haut mur grenat d’ une église. On arrivait de la droite, on repartait vers la gauche… Je
823 sud le haut mur grenat d’une église. On arrivait de la droite, on repartait vers la gauche… Je l’ai retrouvée cette fois-
824 trouvée cette fois-ci. Le restaurant qui a doublé de surface et occupe aujourd’hui la moitié de la petite place, était fer
825 doublé de surface et occupe aujourd’hui la moitié de la petite place, était fermé. Le troisième jour, je me suis vu nommé
826 ident du Bureau directeur du Centre international de formation européenne, et en cette qualité, convié à présider la secon
827 au directeur du Centre international de formation européenne , et en cette qualité, convié à présider la seconde journée du colloqu
828 à 9 h du matin, dans une très vaste salle décorée de fresques de la somptueuse Fondation Cini, j’ai introduit la séance pa
829 in, dans une très vaste salle décorée de fresques de la somptueuse Fondation Cini, j’ai introduit la séance par ces mots :
830 Nous sommes ici à Venise… …il serait sacrilège de l’oublier, et de parler comme si nous étions n’importe où. En me prom
831 Venise… …il serait sacrilège de l’oublier, et de parler comme si nous étions n’importe où. En me promenant hier soir j
832 ent Jean Rey : Venise est-elle vraiment une ville européenne  ? Voyez Venise, vivez Venise, et pensez très vite, en même temps, à C
833 ou à Novossibirsk, et vous me direz si Venise est d’ Europe, avec ses marbres si doux au toucher, ses trésors bien dissimul
834 à Novossibirsk, et vous me direz si Venise est d’ Europe , avec ses marbres si doux au toucher, ses trésors bien dissimulés, se
835 u toucher, ses trésors bien dissimulés, ses bleus de ciel déchirants de tendresse entre les ors et les ivoires de ses fron
836 ors bien dissimulés, ses bleus de ciel déchirants de tendresse entre les ors et les ivoires de ses frontons. J’ai vécu ici
837 hirants de tendresse entre les ors et les ivoires de ses frontons. J’ai vécu ici, à Venise, un grand moment de la culture
838 rontons. J’ai vécu ici, à Venise, un grand moment de la culture européenne. Après la création mondiale, dans le chœur de l
839 vécu ici, à Venise, un grand moment de la culture européenne . Après la création mondiale, dans le chœur de la basilique, du Cantiq
840 péenne. Après la création mondiale, dans le chœur de la basilique, du Cantique en l’honneur de Saint-Marc, j’ai vu l’auteu
841 e chœur de la basilique, du Cantique en l’honneur de Saint-Marc, j’ai vu l’auteur, qui était Stravinsky, s’incliner et tom
842 du Patriarche Roncalli, le futur Jean XXIII, pape de l’œcuménisme — cette forme sublime du fédéralisme, de l’unité dans la
843 ’œcuménisme — cette forme sublime du fédéralisme, de l’unité dans la diversité, hors de quoi point de salut pour ce siècle
844 de l’unité dans la diversité, hors de quoi point de salut pour ce siècle. Hier, dans ce beau décor de la Fondation Cini,
845 de salut pour ce siècle. Hier, dans ce beau décor de la Fondation Cini, on nous a parlé d’un fédéralisme plus problématiqu
846 beau décor de la Fondation Cini, on nous a parlé d’ un fédéralisme plus problématique, plus empêtré dans les inerties poli
847 calyptiques. Les orateurs jouaient le jeu sincère de s’opposer les uns aux autres, et je me disais : comme c’est curieux,
848 s points de vue exprimés hier étaient en relation de complémentarité : tout le monde avait raison dans le même temps, quan
849 on dans le même temps, quant au phénomène observé de deux manières antinomiques. Le président Jean Rey a fait le point de
850 tinomiques. Le président Jean Rey a fait le point de l’action des Communautés ; sur quoi, Orio Giarini est venu rappeler q
851 io Giarini est venu rappeler qu’à côté et au-delà de cette action, il y a une crise profonde de civilisation, due au culte
852 u-delà de cette action, il y a une crise profonde de civilisation, due au culte de la croissance. (Mais on ne peut parler
853 une crise profonde de civilisation, due au culte de la croissance. (Mais on ne peut parler de tout à la fois, même avec l
854 u culte de la croissance. (Mais on ne peut parler de tout à la fois, même avec la maîtrise d’un Jean Rey.) Alors que l’un,
855 t parler de tout à la fois, même avec la maîtrise d’ un Jean Rey.) Alors que l’un, le professeur Humblet, proposait la conc
856 ales (vraie voie, selon moi, vers la constitution d’ un parlement ou d’un sénat européen), l’autre, qui est le ministre bel
857 selon moi, vers la constitution d’un parlement ou d’ un sénat européen), l’autre, qui est le ministre belge François Périn,
858 vers la constitution d’un parlement ou d’un sénat européen ), l’autre, qui est le ministre belge François Périn, chargé de la réf
859 qui est le ministre belge François Périn, chargé de la réforme constitutionnelle, tenait pour un exécutif collégial, insp
860 modèle suisse (et j’avais les meilleures raisons de me retrouver dans l’une et l’autre de ces propositions rigoureusement
861 res raisons de me retrouver dans l’une et l’autre de ces propositions rigoureusement complémentaires). Tout le monde parle
862 complémentaires). Tout le monde parle aujourd’hui de régions. Le général de Gaulle en a parlé très bien, dans un fameux di
863 lle en a parlé très bien, dans un fameux discours de Lyon, en 1969, je crois, où il faisait de la région la nouvelle forme
864 iscours de Lyon, en 1969, je crois, où il faisait de la région la nouvelle forme de communauté du xxe siècle, succédant n
865 ois, où il faisait de la région la nouvelle forme de communauté du xxe siècle, succédant normalement à la nation centrali
866 Anglais. Cinq ans plus tard, le Premier ministre d’ alors, parlant lui aussi à Lyon, prétendait interdire aux régions fron
867 me d’État, ses successeurs ne sont que des hommes de l’État. » Quand nous avons commencé à parler de régions, nous les féd
868 s de l’État. » Quand nous avons commencé à parler de régions, nous les fédéralistes de la première heure, dans les années
869 mmencé à parler de régions, nous les fédéralistes de la première heure, dans les années 1950, on a fait comme si l’on n’en
870 si l’on n’entendait rien. Vers 1960, les porteurs de l’idée européenne officielle nous ont dit : « Malheureux que vous ête
871 entendait rien. Vers 1960, les porteurs de l’idée européenne officielle nous ont dit : « Malheureux que vous êtes ! Comme si ce n’
872 us êtes ! Comme si ce n’était pas assez difficile de faire l’Europe avec les gouvernements ! » J’ai répondu : — Ce n’est p
873 omme si ce n’était pas assez difficile de faire l’ Europe avec les gouvernements ! » J’ai répondu : — Ce n’est pas difficile, c
874 t et Premiers ministres nous répètent que l’union de l’Europe est urgente, ils ne l’ont pas faite. Si l’on ne veut pas le
875 Premiers ministres nous répètent que l’union de l’ Europe est urgente, ils ne l’ont pas faite. Si l’on ne veut pas les régions
876 ne veut pas la fédération, seule forme concevable de l’union des peuples de l’Europe. Il faut opter. Voulons-nous l’Europe
877 on, seule forme concevable de l’union des peuples de l’Europe. Il faut opter. Voulons-nous l’Europe unie pour la Puissance
878 eule forme concevable de l’union des peuples de l’ Europe . Il faut opter. Voulons-nous l’Europe unie pour la Puissance ? ou pou
879 euples de l’Europe. Il faut opter. Voulons-nous l’ Europe unie pour la Puissance ? ou pour la Liberté ? J’entends par Puissance
880 notre ami Lewis Mumford a baptisé « Le Pentagone de la Puissance » : Profit, Publicité, Pouvoir militaire, Productivité ;
881 t qui est le produit le plus durable — 24 000 ans de demi-vie — qu’ait inventé l’humanité. Un dix-millionième de gramme en
882 e — qu’ait inventé l’humanité. Un dix-millionième de gramme en suffit pour tuer son homme par un cancer. Et les centrales
883 ibre dans le poulailler libre », selon la formule d’ Albert de Mun, mais la responsabilité du citoyen dans la cité et la fa
884 n dans la cité et la faculté pour chaque personne de réaliser sa vocation. Toute la question politique du xxe siècle se r
885 et personnaliste, j’insiste sur le second membre de la devise : tous pour un. Le but de notre union européenne n’est pas
886 second membre de la devise : tous pour un. Le but de notre union européenne n’est pas de constituer une puissance mondiale
887 e la devise : tous pour un. Le but de notre union européenne n’est pas de constituer une puissance mondiale écrasante, mais de cré
888 ur un. Le but de notre union européenne n’est pas de constituer une puissance mondiale écrasante, mais de créer une sociét
889 constituer une puissance mondiale écrasante, mais de créer une société où la personne puisse se réaliser. ⁂ J’eus ensuite
890 aliser. ⁂ J’eus ensuite à passer la parole à l’un de nos camarades fédéralistes de la première heure, Altiero Spinelli, au
891 er la parole à l’un de nos camarades fédéralistes de la première heure, Altiero Spinelli, aujourd’hui membre de la Commiss
892 mière heure, Altiero Spinelli, aujourd’hui membre de la Commission de la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de
893 ero Spinelli, aujourd’hui membre de la Commission de la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de la situation comm
894 la Commission de la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de la situation communautaire, sommé de dire aux militan
895 la CEE. Après un exposé dépourvu de complaisance de la situation communautaire, sommé de dire aux militants de la salle c
896 complaisance de la situation communautaire, sommé de dire aux militants de la salle ce qu’ils devaient et pouvaient faire,
897 uation communautaire, sommé de dire aux militants de la salle ce qu’ils devaient et pouvaient faire, il revint à la tribun
898 e nous allons vers la misère. » Le second orateur de cette séance fut Paul Delouvrier, PDG de l’EDF et brillant défenseur
899 ut ce que pense Georg Picht, traduisant l’opinion de tous les physiciens vraiment sérieux, je veux dire vraiment libres. L
900 La veille, George Thomson, commissaire lui aussi de la CEE, chargé des recherches régionales, avait fait une profession d
901 recherches régionales, avait fait une profession de foi sans équivoque en faveur des régions transfrontalières autant qu’
902 bstituées aux États-nations comme unités sociales de base, au sein desquelles le citoyen puisse se sentir responsable ». U
903 se sentir responsable ». Une fois de plus, l’idée de région s’impose comme seule alternative à la formule de l’État-nation
904 ion s’impose comme seule alternative à la formule de l’État-nation. ⁂ Le 12 octobre 1974 Quitté le Piazzale Roma vers 17 h
905 cependant à s’y introduire il est très difficile d’ en sortir. Les progrès du tourisme italien aboutiront bientôt, en bonn
906 ur à Pouilly vers 17 h. Le 14 octobre 1974 Départ de l’aéroport de Genève à 7 h. Berlin à 11 h 15.
907 ers 17 h. Le 14 octobre 1974 Départ de l’aéroport de Genève à 7 h. Berlin à 11 h 15.
6 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). IV. Berlin : le second Rapport au club de Rome
908 andis que je cherche ma place dans l’amphithéâtre de la Kongresshalle où l’Assemblée s’est ouverte depuis quelques heures,
909 ticipants actifs (qu’entourent quelques centaines d’ observateurs, experts, futurologues et journalistes du monde entier) 3
910 nt représentent le tiers-monde. Sauf une douzaine de Japonais et d’Australiens tout le reste est occidental, Américains et
911 le tiers-monde. Sauf une douzaine de Japonais et d’ Australiens tout le reste est occidental, Américains et Canadiens, Eur
912 Américains et Canadiens, Européens de l’Ouest et de l’Est. Je parcours le recueil des textes présentés pour m’orienter da
913 débats en cours (réduits, hélas, à une succession d’ exposés dont les auteurs n’arrivent pas à dialoguer). Le premier Rappo
914 Rapport au club de Rome a eu le mérite éclatant «  d’ élever un problème de la plus haute importance pour l’avenir de l’huma
915 me a eu le mérite éclatant « d’élever un problème de la plus haute importance pour l’avenir de l’humanité, du statut de no
916 roblème de la plus haute importance pour l’avenir de l’humanité, du statut de non-issue au statut de très grave préoccupat
917 importance pour l’avenir de l’humanité, du statut de non-issue au statut de très grave préoccupation » comme l’écrivent le
918 r de l’humanité, du statut de non-issue au statut de très grave préoccupation » comme l’écrivent les professeurs Mihajlo M
919 r et Meadows ont bien fait voir que les problèmes de la croissance sont en interactions mondiales, il fallait montrer auss
920 lait montrer aussitôt que ces problèmes se posent de manière inégale selon les temps et les lieux de l’humanité (qu’on pen
921 t de manière inégale selon les temps et les lieux de l’humanité (qu’on pense simplement à la démographie). Le second Rappo
922 yse le système mondial dans la diversité concrète de dix régions de dimensions continentales. Et il recourt, bien sûr, à l
923 mondial dans la diversité concrète de dix régions de dimensions continentales. Et il recourt, bien sûr, à la capacité comb
924 des ordinateurs, mais aussi au jugement intuitif de ceux qui ont nourri ces appareils d’environ 100 000 équations. Person
925 ent intuitif de ceux qui ont nourri ces appareils d’ environ 100 000 équations. Personne à la tribune ne semble mettre en d
926 en doute les progrès ainsi accomplis, du fait 1° de la régionalisation des problèmes, et 2° de la prise au sérieux de par
927 ait 1° de la régionalisation des problèmes, et 2° de la prise au sérieux de paramètres aussi mal vus naguère encore que le
928 ation des problèmes, et 2° de la prise au sérieux de paramètres aussi mal vus naguère encore que les « valeurs individuell
929 litiques du second rapport. J’écoute les exposés, d’ une sagesse véhémente, des défenseurs de l’égalité non seulement dans
930 exposés, d’une sagesse véhémente, des défenseurs de l’égalité non seulement dans les peuples mais entre les peuples comme
931 proposait Condorcet dans son Tableau des progrès de l’esprit humain, il y a de cela tout juste 180 ans, et nous sommes en
932 on Tableau des progrès de l’esprit humain, il y a de cela tout juste 180 ans, et nous sommes encore loin du but. On a pu l
933 campagnes électorales dans plusieurs grands pays de l’Europe, le seul but politique clairement défini, et commun à tous l
934 agnes électorales dans plusieurs grands pays de l’ Europe , le seul but politique clairement défini, et commun à tous les partis
935 ’on appelle ici « l’ordre global » ; le plus vide de sens, et le plus utopique quant aux possibilités économiques ou écolo
936 quant aux possibilités économiques ou écologiques de n’importe quel peuple considéré. Que signifie l’indépendance national
937 considéré. Que signifie l’indépendance nationale d’ un pays qui dépend de quatre émirs de droit divin pour son pétrole et
938 fie l’indépendance nationale d’un pays qui dépend de quatre émirs de droit divin pour son pétrole et doit voter en conséqu
939 ce nationale d’un pays qui dépend de quatre émirs de droit divin pour son pétrole et doit voter en conséquence à l’ONU ? D
940 on pétrole et doit voter en conséquence à l’ONU ? D’ un autre qui se rationne pour financer une force de frappe suicidaire 
941 ’un autre qui se rationne pour financer une force de frappe suicidaire ? D’un troisième qui s’arroge le droit de polluer s
942 ne pour financer une force de frappe suicidaire ? D’ un troisième qui s’arroge le droit de polluer ses eaux territoriales,
943 suicidaire ? D’un troisième qui s’arroge le droit de polluer ses eaux territoriales, et tant pis si la marée noire, ou rou
944 des voisins… Cela ne signifie rien — ou plus rien d’ avouable. Mesarovic et Pestel ont probablement vu, mais n’ont assurém
945 ions infranationales. C’est ce que je vais tenter de faire voir dans le rapport que je présenterai demain matin. L’obsta
946 n matin. L’obstacle majeur à tout établissement d’ un système global est l’existence de l’État-nation Le principe de l
947 établissement d’un système global est l’existence de l’État-nation Le principe de la crise mondiale réside dans une mau
948 l est l’existence de l’État-nation Le principe de la crise mondiale réside dans une mauvaise gestion de la Terre par l’
949 a crise mondiale réside dans une mauvaise gestion de la Terre par l’homme. L’homme pollue, scalpe, écorche et défigure la
950 s, les lacs, les villes, au nom de la rentabilité de ses entreprises, qu’il arrive mal à justifier, sinon par sa passion d
951 u’il arrive mal à justifier, sinon par sa passion de la guerre, et par une obsession de la puissance qui ne s’avoue que so
952 par sa passion de la guerre, et par une obsession de la puissance qui ne s’avoue que sous le nom de « prestige national ».
953 on de la puissance qui ne s’avoue que sous le nom de « prestige national ». Déjà, de vastes plaines autour des villes, et
954 e que sous le nom de « prestige national ». Déjà, de vastes plaines autour des villes, et de larges vallées fluviales ne s
955  ». Déjà, de vastes plaines autour des villes, et de larges vallées fluviales ne sont plus que poubelles de l’industrie, c
956 rges vallées fluviales ne sont plus que poubelles de l’industrie, cimetières de détritus non recyclables, et dans le fond
957 ont plus que poubelles de l’industrie, cimetières de détritus non recyclables, et dans le fond de cavernes secrètes, on en
958 ères de détritus non recyclables, et dans le fond de cavernes secrètes, on enfouit sournoisement l’indestructible plutoniu
959 ement l’indestructible plutonium, la plus durable de toutes les productions humaines. Ces pays et ces villes énormes, ces
960 maines. Ces pays et ces villes énormes, ces mines de sel, ces fonds océaniques transformés en décharges mondiales, c’est p
961 était, au temps de Jésus, la décharge municipale de la ville de Jérusalem, ce ravin désolé de Guei Hinnom « où le feu ne
962 emps de Jésus, la décharge municipale de la ville de Jérusalem, ce ravin désolé de Guei Hinnom « où le feu ne s’éteint jam
963 icipale de la ville de Jérusalem, ce ravin désolé de Guei Hinnom « où le feu ne s’éteint jamais », comme c’est le cas dans
964 s où l’on rejette ce qui n’a pas trouvé sa raison d’ être ou qui a refusé sa vocation, et, faute d’être devenu soi-même, ne
965 son d’être ou qui a refusé sa vocation, et, faute d’ être devenu soi-même, ne sert à rien. [De cette comparaison, de ce feu
966 t, faute d’être devenu soi-même, ne sert à rien. [ De cette comparaison, de ce feu perpétuel sont nées les légendes médiéva
967 soi-même, ne sert à rien. [De cette comparaison, de ce feu perpétuel sont nées les légendes médiévales sur « l’Enfer où d
968 bre histoire, très lente en ses débuts, mais tout d’ un coup la crise s’annonce, dans les années 1960 du xxe siècle, et le
969 ontribué à la faire se déclarer — comme on le dit d’ une maladie. Cela commence avec le dernier siècle, qui voit la formati
970 dernier siècle, qui voit la formation simultanée de l’industrie et des nations étatisées. Cela se poursuit à travers la
971 régulée, contrairement à la croissance organique d’ un individu — à travers l’aventure scientifique et technique, qui entr
972 ui entraîne l’exploitation têtue, naïve, aveugle, de ressources naturelles qu’on croit illimitées. Cela se développe avec
973 t illimitées. Cela se développe avec la pollution de l’air, des eaux, des plantes, de l’humus et des océans, par les effet
974 vec la pollution de l’air, des eaux, des plantes, de l’humus et des océans, par les effets combinés d’une industrie brutal
975 de l’humus et des océans, par les effets combinés d’ une industrie brutale, prométhéenne, de la surpopulation, du surarmeme
976 s combinés d’une industrie brutale, prométhéenne, de la surpopulation, du surarmement délirant (les USA disposent déjà de
977 , du surarmement délirant (les USA disposent déjà de quoi tuer chaque habitant de notre planète 32 000 fois), du gaspillag
978 s USA disposent déjà de quoi tuer chaque habitant de notre planète 32 000 fois), du gaspillage comme principe du commerce,
979 e, des entassements mégalopolitains, destructeurs de toute communauté, et de la terreur permanente qui règne au sein de la
980 lopolitains, destructeurs de toute communauté, et de la terreur permanente qui règne au sein de la paix des lâches. Beaux
981 s-nations dont les premiers sont apparus au début de cette même période, qui se sont rapidement multipliés pendant le deux
982 t rapidement multipliés pendant le deuxième tiers de notre siècle, et qui se partagent aujourd’hui la totalité des territo
983 ses ressources en vue de leur seule puissance, et de leur seul prestige, c’est-à-dire en vue de la guerre dont tous sont n
984 é l’importance décisive qui lui revient à ce fait de l’État-nation comme obstacle principal au fonctionnement de tout syst
985 nation comme obstacle principal au fonctionnement de tout système global. La formule de l’État-nation à souveraineté illim
986 fonctionnement de tout système global. La formule de l’État-nation à souveraineté illimitée dans ses frontières, et qui pl
987 tée dans ses frontières, et qui place au principe de toute sa politique ce que l’on nomme « l’indépendance nationale », s’
988 et par définition non seulement à la notion même d’ ordre global, mais encore et surtout à toute mesure concrète qui en pe
989 régions continentales. La conférence sur le droit de la mer, qui vient de se tenir à Caracas, fournit la plus récente illu
990 r à Caracas, fournit la plus récente illustration de l’incompatibilité foncière entre les souverainetés stato-nationales,
991 entre les souverainetés stato-nationales, avides d’ étendre jusqu’aux fonds des océans les ius uti et abutendi, et toute f
992 es océans les ius uti et abutendi, et toute forme de gestion globale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’expl
993 de gestion globale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’exploitation des nodules métalliques et des hydrocarbu
994 obale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’exploitation des nodules métalliques et des hydrocarbures sous-mari
995 ques et des hydrocarbures sous-marins, mais aussi de la défense des espèces surexploitées et de la lutte contre les pollua
996 aussi de la défense des espèces surexploitées et de la lutte contre les polluants de toute provenance qui « tuent » les m
997 surexploitées et de la lutte contre les polluants de toute provenance qui « tuent » les mers. Si l’on estime nécessaire l’
998 s mers. Si l’on estime nécessaire l’établissement d’ un système global d’échanges équilibrés, si l’on veut en créer les con
999 me nécessaire l’établissement d’un système global d’ échanges équilibrés, si l’on veut en créer les conditions de possibili
1000 équilibrés, si l’on veut en créer les conditions de possibilité, il faudra bien que l’on surmonte d’une manière ou d’une
1001 de possibilité, il faudra bien que l’on surmonte d’ une manière ou d’une autre la notion de souveraineté stato-nationale,
1002 il faudra bien que l’on surmonte d’une manière ou d’ une autre la notion de souveraineté stato-nationale, à la fois symbole
1003 n surmonte d’une manière ou d’une autre la notion de souveraineté stato-nationale, à la fois symbole de ce qui cause la cr
1004 e souveraineté stato-nationale, à la fois symbole de ce qui cause la crise, agent de son aggravation, et principal obstacl
1005 à la fois symbole de ce qui cause la crise, agent de son aggravation, et principal obstacle à sa solution. C’est dire qu’i
1006 tion. C’est dire qu’il faudra dépasser la formule de l’État-nation centralisé à souveraineté illimitée, telle que Napoléon
1007 fait. Elle suppose, en effet, que les frontières de tel État, établies au hasard des guerres et des traités, coïncident e
1008 ontières politiques et l’économie ont des rythmes de fluctuation ou de déplacement dans l’espace absolument non comparable
1009 s et l’économie ont des rythmes de fluctuation ou de déplacement dans l’espace absolument non comparables : d’ordre millén
1010 cement dans l’espace absolument non comparables : d’ ordre millénaire pour les langues, d’ordre séculaire pour le tracé des
1011 omparables : d’ordre millénaire pour les langues, d’ ordre séculaire pour le tracé des frontières5, et d’ordre mettons déce
1012 ordre séculaire pour le tracé des frontières5, et d’ ordre mettons décennal pour les économies industrielles, lesquelles pe
1013 ement et rapidement en fonction des implantations d’ usines, ou des innovations technologiques. Il ne reste donc à l’État q
1014 s autant qu’économiques ou monétaires dans le lit de Procuste de ses frontières douanières, créant et entretenant de la so
1015 économiques ou monétaires dans le lit de Procuste de ses frontières douanières, créant et entretenant de la sorte en perma
1016 ses frontières douanières, créant et entretenant de la sorte en permanence des problèmes aussi vains qu’insolubles, et qu
1017 t certes pas le fait incontestable que la formule de l’État-nation est imitée par tous les peuples de la Terre qui peut la
1018 de l’État-nation est imitée par tous les peuples de la Terre qui peut la rendre moins absurde en soi. Au-delà de l’État-n
1019 qui peut la rendre moins absurde en soi. Au-delà de l’État-nation, il faut inventer autre chose, et il faut l’inventer de
1020 faut inventer autre chose, et il faut l’inventer de toute urgence, si l’on tient compte de l’écart inévitable entre la co
1021 l’inventer de toute urgence, si l’on tient compte de l’écart inévitable entre la conception et la mise en œuvre d’une tech
1022 névitable entre la conception et la mise en œuvre d’ une technique, d’une méthode ou d’une procédure. Or il est très frappa
1023 a conception et la mise en œuvre d’une technique, d’ une méthode ou d’une procédure. Or il est très frappant de constater q
1024 a mise en œuvre d’une technique, d’une méthode ou d’ une procédure. Or il est très frappant de constater que si, dans toute
1025 thode ou d’une procédure. Or il est très frappant de constater que si, dans toutes les branches des sciences physiques et
1026 des sciences physiques et naturelles, l’invention de modèles nouveaux et de méthodes présentées comme révolutionnaires est
1027 et naturelles, l’invention de modèles nouveaux et de méthodes présentées comme révolutionnaires est la condition même du s
1028 e, s’en tient aux recettes et doctrines du siècle de Napoléon, de Bismarck et de Marx, sinon pour le jargon technique, du
1029 aux recettes et doctrines du siècle de Napoléon, de Bismarck et de Marx, sinon pour le jargon technique, du moins pour le
1030 t doctrines du siècle de Napoléon, de Bismarck et de Marx, sinon pour le jargon technique, du moins pour les principes fon
1031 principes fondamentaux : toute remise en question de la formule de l’État-nation, par exemple, est aussitôt stigmatisée co
1032 amentaux : toute remise en question de la formule de l’État-nation, par exemple, est aussitôt stigmatisée comme non sérieu
1033 re toutes ces belles choses à la fois. La carence de toute invention fondamentale, en politologie, s’explique par la conve
1034 s et des bureaucraties, des industries (notamment d’ armes) et des compagnies pétrolières, ligués par « la force des choses
1035 és par « la force des choses » en vue du maintien de « l’ordre » tel qu’il est (même si ce n’est qu’un « désordre établi »
1036 désordre établi »), selon les principes et tabous de l’État-nation centralisé à souveraineté illimitée. Contre cette écras
1037 ineté illimitée. Contre cette écrasante coalition d’ intérêts investis, d’inerties intellectuelles et de volontés de puissa
1038 re cette écrasante coalition d’intérêts investis, d’ inerties intellectuelles et de volontés de puissance (marchands d’arme
1039 ’intérêts investis, d’inerties intellectuelles et de volontés de puissance (marchands d’armes, pétroliers, promoteurs de c
1040 vestis, d’inerties intellectuelles et de volontés de puissance (marchands d’armes, pétroliers, promoteurs de centrales nuc
1041 lectuelles et de volontés de puissance (marchands d’ armes, pétroliers, promoteurs de centrales nucléaires, etc.), tout eff
1042 ssance (marchands d’armes, pétroliers, promoteurs de centrales nucléaires, etc.), tout effort rationnel paraît voué à l’im
1043 és ne nous imposaient des limites, des conditions de possibilité. Ce qui paraît capable de produire à court terme un chang
1044 conditions de possibilité. Ce qui paraît capable de produire à court terme un changement drastique de la formule stato-na
1045 de produire à court terme un changement drastique de la formule stato-nationale, c’est la pression de plus en plus sensibl
1046 nces infra- et supranationales. L’État-nation, né de la guerre et maintenu en vue de guerres futures — qu’elles soient red
1047 itées — ne saurait survivre longtemps à sa raison d’ être principale. Toute nouvelle guerre, atomique, biologique ou chimiq
1048 uerre, atomique, biologique ou chimique — cet ABC de la fin du genre humain — l’anéantirait certainement ; et si la guerre
1049 é que constituent les références aux « nécessités de la défense » ou au « maintien de l’indépendance nationale », se trouv
1050 aux « nécessités de la défense » ou au « maintien de l’indépendance nationale », se trouve capable de faire passer certain
1051 de l’indépendance nationale », se trouve capable de faire passer certaines mesures catastrophiques imposées à l’économie
1052 question sérieuse, empêche la prise de conscience de tant d’absurdités flagrantes. La force principale de l’État-nation vi
1053 sérieuse, empêche la prise de conscience de tant d’ absurdités flagrantes. La force principale de l’État-nation vient sans
1054 tant d’absurdités flagrantes. La force principale de l’État-nation vient sans nul doute de l’École, et non seulement de ce
1055 principale de l’État-nation vient sans nul doute de l’École, et non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’
1056 vient sans nul doute de l’École, et non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire d
1057 t non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire de voir. C’est elle qui nous a pers
1058 appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire de voir. C’est elle qui nous a persuadés que la formule de l’État modern
1059 r. C’est elle qui nous a persuadés que la formule de l’État moderne — une capitale régissant tout ce qui bouge et le reste
1060 es sacralisées — était l’aboutissement inévitable de l’Histoire, et que nulle autre évolution n’était possible, ou ne saur
1061 être imaginée impunément. Les peuples ont émergé de la nuit des origines pour « faire leur unité » — comme l’homme émerge
1062 pour « faire leur unité » — comme l’homme émerge de l’enfance pour « faire sa puberté » — et ils accèdent à la maturité e
1063 leur indépendance — fût-ce au prix de leur vie ou de leurs libertés — et qui affirme sa souveraineté quoi qu’il puisse en
1064 en coûter aux voisins. Ainsi la force principale de nos États repose sur l’interdiction tacitement prononcée par l’École,
1065 l’interdiction tacitement prononcée par l’École, de mettre en question leur formule : elle est tabou. Rechercher d’où ils
1066 uestion leur formule : elle est tabou. Rechercher d’ où ils viennent dans le temps et l’espace, les situer dans l’histoire,
1067 ancien d’entre eux, qui est leur modèle, a moins de deux siècles d’âge ; et l’on voit bien que leur « période » de demi-v
1068 eux, qui est leur modèle, a moins de deux siècles d’ âge ; et l’on voit bien que leur « période » de demi-vie, celle de leu
1069 es d’âge ; et l’on voit bien que leur « période » de demi-vie, celle de leur rayonnement dans les esprits actifs, est en t
1070 voit bien que leur « période » de demi-vie, celle de leur rayonnement dans les esprits actifs, est en train de s’achever p
1071 e universelle provoquée par sa déplorable gestion de la Terre depuis un siècle et demi, l’État-nation souverain ne peut pl
1072 nous lui demandons aujourd’hui : « Qu’as-tu fait de ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de
1073 aujourd’hui : « Qu’as-tu fait de ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’i
1074 ’as-tu fait de ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous
1075 ton territoire, de ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous répondre piteus
1076 e ses paysages et de ses villes, de ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous répondre piteusement : « Suis-je
1077 nous répondre piteusement : « Suis-je le gardien de la Terre ? », nous en tirons la conclusion qu’il a forfait à sa missi
1078 . Mais quand nous lui demandons : « Qu’as-tu fait de la communauté humaine ? » et qu’il n’ose même plus dire : une Armée,
1079 ’il n’ose même plus dire : une Armée, ou le Parti de la Révolution, il nous reste à enregistrer sa démission. Bien loin d’
1080 nous reste à enregistrer sa démission. Bien loin d’ être la seule réalité possible, comme le proclament beaucoup d’hommes
1081 le réalité possible, comme le proclament beaucoup d’ hommes politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’André Malrau
1082 comme le proclament beaucoup d’hommes politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’André Malraux, l’État-nation nou
1083 clament beaucoup d’hommes politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’André Malraux, l’État-nation nous apparaît co
1084 politiques de droite et de gauche avec l’appoint d’ André Malraux, l’État-nation nous apparaît comme la forme de société l
1085 lraux, l’État-nation nous apparaît comme la forme de société la moins adaptable aux nécessités de notre temps. Le thème ce
1086 orme de société la moins adaptable aux nécessités de notre temps. Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’Ét
1087 e aux nécessités de notre temps. Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’État-nation, qui conduit nombre de
1088 Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’État-nation, qui conduit nombre de penseurs contemporains à le reje
1089 ue du modèle de l’État-nation, qui conduit nombre de penseurs contemporains à le rejeter sans appel, s’énonce comme une si
1090 seule exception des trois Super-Puissances, aucun de nos États-nations n’a les dimensions nécessaires (économiques et mili
1091 op grand pour animer la vie civique et l’économie de ses régions, pour en promouvoir les activités culturelles, pour en sa
1092 ur offrir un cadre proportionné et des structures d’ accueil à l’action, à la participation des hommes et des femmes en tan
1093  l’état, sans majuscule, doit rester le serviteur de la société, et non point s’ériger en son maître. Pour cela, il import
1094 importe notamment que sa taille reste à l’échelle de ses tâches. Or l’état national, dans les pays comme la France, est à
1095 it. Il est trop grand par rapport aux communautés de base que la centralisation irréversible vide de leur substance en att
1096 s de base que la centralisation irréversible vide de leur substance en attendant de les transformer en “désert” ; il est t
1097 irréversible vide de leur substance en attendant de les transformer en “désert” ; il est trop petit par rapport aux probl
1098 nt dépend notre survie, qui se posent à l’échelle européenne et mondiale6 ». Cette analyse prophétique de notre crise universelle
1099 opéenne et mondiale6 ». Cette analyse prophétique de notre crise universelle nous ramène donc à un dilemme d’une crudité p
1100 e crise universelle nous ramène donc à un dilemme d’ une crudité presque gênante : — ou bien l’État-nation maintient et mêm
1101 et même étend ses prétentions au pouvoir exclusif de gestion de son morceau de la Terre, et dès lors les calculs les plus
1102 nd ses prétentions au pouvoir exclusif de gestion de son morceau de la Terre, et dès lors les calculs les plus catastrophi
1103 ons au pouvoir exclusif de gestion de son morceau de la Terre, et dès lors les calculs les plus catastrophiques ont seuls
1104 calculs les plus catastrophiques ont seuls chance d’ être vérifiés ; — ou bien l’État-nation se voit progressivement dessai
1105 en l’État-nation se voit progressivement dessaisi de ses prétentions totalitaires et autarciques : des hommes et des group
1106 autarciques : des hommes et des groupes décident de reprendre en main leurs destins, à l’échelon local et régional, et de
1107 leurs destins, à l’échelon local et régional, et de faire prévaloir l’intérêt général de l’humain, de la personne, sur ce
1108 régional, et de faire prévaloir l’intérêt général de l’humain, de la personne, sur celui des États nationaux. Le jeu se ro
1109 de faire prévaloir l’intérêt général de l’humain, de la personne, sur celui des États nationaux. Le jeu se rouvre, l’aveni
1110 que nos choix et nos décisions, ou notre absence de décision, impliquent dès maintenant notre responsabilité pour l’un ou
1111 rs possibles : – ou bien la démission épidémique de la personne, du citoyen, devant la mécanique inhumaine de l’État nous
1112 rsonne, du citoyen, devant la mécanique inhumaine de l’État nous conduit rapidement, dans une atmosphère de panique sourde
1113 État nous conduit rapidement, dans une atmosphère de panique sourde et de délinquance généralisée, à des formes de dictatu
1114 idement, dans une atmosphère de panique sourde et de délinquance généralisée, à des formes de dictature nationales et cont
1115 ourde et de délinquance généralisée, à des formes de dictature nationales et continentales, sur la voie de l’État totalita
1116 ictature nationales et continentales, sur la voie de l’État totalitaire mondial dirigé par le Grand Ordinateur dont certai
1117 teur dont certains rêvent dans un style orwellien de politique-fiction, mais la guerre atomique intercontinentale préviend
1118 suicide du genre humain ; — ou bien, des groupes d’ hommes qui se veulent libres et responsables trouveront, propageront e
1119 propageront et appliqueront à temps des formules de remplacement de l’État-nation, ordonnées à des fins de liberté person
1120 appliqueront à temps des formules de remplacement de l’État-nation, ordonnées à des fins de liberté personnelle, non de ri
1121 mplacement de l’État-nation, ordonnées à des fins de liberté personnelle, non de richesse matérielle, et de communauté viv
1122 ordonnées à des fins de liberté personnelle, non de richesse matérielle, et de communauté vivante, non de puissance et de
1123 berté personnelle, non de richesse matérielle, et de communauté vivante, non de puissance et de prestige collectif. Il nou
1124 ichesse matérielle, et de communauté vivante, non de puissance et de prestige collectif. Il nous faut donc réfléchir série
1125 le, et de communauté vivante, non de puissance et de prestige collectif. Il nous faut donc réfléchir sérieusement, en tout
1126 ir sérieusement, en toute urgence, à ces formules de remplacement de l’État-nation. Nous avons vu que les dangers majeurs
1127 en toute urgence, à ces formules de remplacement de l’État-nation. Nous avons vu que les dangers majeurs qu’entretient ce
1128 s les dimensions modérées, accordées aux pouvoirs de l’homme, aux prises de sa pensée et de sa main vers la répartition au
1129 es, accordées aux pouvoirs de l’homme, aux prises de sa pensée et de sa main vers la répartition aussi large que possible
1130 x pouvoirs de l’homme, aux prises de sa pensée et de sa main vers la répartition aussi large que possible des pouvoirs de
1131 répartition aussi large que possible des pouvoirs de décision, dans l’amour des diversités et le respect des complexités q
1132 à qui désigne assez clairement les petites unités de base que sont les communes (au sens de municipalités, mais aussi de c
1133 tes unités de base que sont les communes (au sens de municipalités, mais aussi de communautés agricoles, religieuses, cult
1134 es communes (au sens de municipalités, mais aussi de communautés agricoles, religieuses, culturelles, artisanales, etc.) e
1135 grandes villes, les quartiers ; puis ces grappes de municipalités autonomes que pourraient être les régions. Mais ces rég
1136 nt vivantes et vivables, n’échapperont à l’esprit de clocher, que si elles demeurent ouvertes au monde, que si elles garde
1137 ves sur l’horizon continental et même mondial. Et de fait, on ne parle de régions que depuis qu’on essaie d’abaisser les b
1138 tinental et même mondial. Et de fait, on ne parle de régions que depuis qu’on essaie d’abaisser les barrières entre États-
1139 t, on ne parle de régions que depuis qu’on essaie d’ abaisser les barrières entre États-nations de l’Europe. À l’État-natio
1140 l’État-nation trop petit répondent les tentatives d’ organisation fédérale (ou au moins supranationale) du continent. Il n’
1141 s évidente complémentarité. La direction générale de la recherche qui m’apparaît la plus urgente dans la conjoncture actue
1142 rnerai à clarifier autant que possible les sujets de malentendu les plus fréquents dans ce domaine. 1. Tout d’abord, écart
1143 , ou « la Révolution » mythique dont parlent tant d’ intellectuels dans les pays hautement industrialisés. S’il pouvait êtr
1144 issante des mers. Il ne saurait être question que de chercher, de trouver, d’inventer d’autres formules d’administration d
1145 ers. Il ne saurait être question que de chercher, de trouver, d’inventer d’autres formules d’administration des choses et
1146 aurait être question que de chercher, de trouver, d’ inventer d’autres formules d’administration des choses et d’aménagemen
1147 hercher, de trouver, d’inventer d’autres formules d’ administration des choses et d’aménagement des rapports humains dans l
1148 d’autres formules d’administration des choses et d’ aménagement des rapports humains dans la cité au sens antique du terme
1149 ains dans la cité au sens antique du terme ; puis de rendre ces formules opérationnelles dans les plus courts délais possi
1150 renverser, tout à construire, et force nous sera de le faire dans les cadres existants de l’État-nation : ils sont mauvai
1151 e nous sera de le faire dans les cadres existants de l’État-nation : ils sont mauvais et nous gêneront beaucoup, mais hors
1152 sont mauvais et nous gêneront beaucoup, mais hors d’ eux, il n’est plus d’espace libre. Il n’y a plus que l’avenir qui leur
1153 gêneront beaucoup, mais hors d’eux, il n’est plus d’ espace libre. Il n’y a plus que l’avenir qui leur échappe. 2. Contrair
1154 des entités économiques. D’ailleurs, la solution de nos problèmes économiques est à chercher sur un tout autre plan que c
1155 e déclare, à savoir sur le plan des vraies causes de la crise : celui des attitudes mentales, morales et spirituelles de l
1156 i des attitudes mentales, morales et spirituelles de l’homme moderne, dont l’économie en général et les budgets en particu
1157 mais réelles. 3. L’État-nation, grand responsable de la mauvaise gestion de la Planète, est aussi le fauteur de la crise d
1158 -nation, grand responsable de la mauvaise gestion de la Planète, est aussi le fauteur de la crise dans la mesure où l’obse
1159 vaise gestion de la Planète, est aussi le fauteur de la crise dans la mesure où l’obsession de la puissance est l’ultima r
1160 fauteur de la crise dans la mesure où l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il
1161 où l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il sa puissance ? Je pense que c’est d
1162 issance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’ où tient-il sa puissance ? Je pense que c’est du vide civique créé pa
1163 du vide civique créé par l’urbanisation sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse qui en résulte chez les individus p
1164 par l’urbanisation sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse qui en résulte chez les individus perdus dans les foules s
1165 oules solitaires des mégapoles, dans le sentiment de leur impuissance devant leur destin collectif, et de la dissolution d
1166 leur impuissance devant leur destin collectif, et de la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient particip
1167 evant leur destin collectif, et de la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient participer. Situation tout
1168 ation tout à fait comparable à celle des citadins de l’ère hellénistique, et qui explique l’appel aux tyrans, puis à l’Emp
1169 et militaire, et aujourd’hui aux rouages anonymes de l’État : « ils » font tout et décident de tout, que ce soit bien ou m
1170 nonymes de l’État : « ils » font tout et décident de tout, que ce soit bien ou mal on n’y peut rien. Voilà qui est fatalis
1171 et privée, en même temps frustré dans son besoin de communication et de communion, l’homme des villes devient spectateur,
1172 temps frustré dans son besoin de communication et de communion, l’homme des villes devient spectateur, non plus acteur de
1173 me des villes devient spectateur, non plus acteur de la vie publique, habitué du cirque (aujourd’hui de la TV) et non plus
1174 e la vie publique, habitué du cirque (aujourd’hui de la TV) et non plus du forum (devenu parking). Recréer une communauté
1175 sonne, telle est pour moi la fonction primordiale de la région. 4. Si la région ne doit pas être « économique d’abord », e
1176 ique d’abord ». Les partisans les plus passionnés de la région qui sont les militants séparatistes de la Bretagne ou du Su
1177 de la région qui sont les militants séparatistes de la Bretagne ou du Sud-Tyrol, du Pays basque ou du pays de Galles, des
1178 Pays basque ou du pays de Galles, des Flandres ou de la Catalogne, me semblent tomber dans l’erreur de revendiquer pour le
1179 de la Catalogne, me semblent tomber dans l’erreur de revendiquer pour leur ethnie le statut d’un État complet dans ses fro
1180 ’erreur de revendiquer pour leur ethnie le statut d’ un État complet dans ses frontières, doté de pouvoirs économiques auta
1181 tatut d’un État complet dans ses frontières, doté de pouvoirs économiques autant que culturels, et d’une souveraineté poli
1182 de pouvoirs économiques autant que culturels, et d’ une souveraineté politique qui serait aussi jalouse, sinon plus, que c
1183 ce. Si dans les dimensions énormes, l’homme meurt de froid, dans un mini État-nation, ce serait plutôt d’asphyxie… Ni pure
1184 froid, dans un mini État-nation, ce serait plutôt d’ asphyxie… Ni purement économique, ni purement ethnique, la région dont
1185 ue, ni purement ethnique, la région dont je tente d’ esquisser le modèle naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de
1186 gion dont je tente d’esquisser le modèle naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de participation au sein desquels
1187 te d’esquisser le modèle naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de participation au sein desquels les citoyens pou
1188 le naîtrait de la nécessité de recréer des cadres de participation au sein desquels les citoyens pourraient prendre en mai
1189 e en main leurs affaires communes, qu’il s’agisse de réalités culturelles ou économiques, écologiques ou sociales. Et cela
1190 cela représente bien plus qu’une mesure opportune de décentralisation des pouvoirs engorgés de la capitale ; cela représen
1191 portune de décentralisation des pouvoirs engorgés de la capitale ; cela représente, implique et favorise un changement d’a
1192 la représente, implique et favorise un changement d’ attitude de l’homme face à la société, un changement de mentalité et u
1193 te, implique et favorise un changement d’attitude de l’homme face à la société, un changement de mentalité et un changemen
1194 itude de l’homme face à la société, un changement de mentalité et un changement de finalités. 5. Les avantages de la régio
1195 iété, un changement de mentalité et un changement de finalités. 5. Les avantages de la région sont évidents : renaissance
1196 é et un changement de finalités. 5. Les avantages de la région sont évidents : renaissance du civisme et de la responsabil
1197 région sont évidents : renaissance du civisme et de la responsabilité des citoyens, donc des vraies libertés ; renaissanc
1198 citoyens, donc des vraies libertés ; renaissance de communautés de types variés ; contrôle direct des décisions dans le d
1199 des vraies libertés ; renaissance de communautés de types variés ; contrôle direct des décisions dans le domaine de l’éne
1200 s ; contrôle direct des décisions dans le domaine de l’énergie, et dans celui de l’environnement ; diversification des sou
1201 sions dans le domaine de l’énergie, et dans celui de l’environnement ; diversification des sources d’énergie et réduction
1202 de l’environnement ; diversification des sources d’ énergie et réduction de la taille des usines productrices, donc aussi
1203 iversification des sources d’énergie et réduction de la taille des usines productrices, donc aussi de la pollution ; meill
1204 de la taille des usines productrices, donc aussi de la pollution ; meilleurs rapports entre l’homme et sa terre, l’homme
1205 légaux à la complexité des réalités vivantes, et de la production aux besoins spécifiques de la région. Un facteur d’auto
1206 ntes, et de la production aux besoins spécifiques de la région. Un facteur d’autorégulation de la croissance serait ainsi
1207 aux besoins spécifiques de la région. Un facteur d’ autorégulation de la croissance serait ainsi introduit à la base par l
1208 ifiques de la région. Un facteur d’autorégulation de la croissance serait ainsi introduit à la base par l’autonomie région
1209 tre tues. La principale réside dans la complexité de l’administration des régions fonctionnelles (écologiques, sociales, c
1210 , ne se recouvrent qu’en partie, et de plus, dans de nombreux cas, chevauchent des frontières nationales. Où placer les po
1211 des frontières nationales. Où placer les pouvoirs de décision et comment les harmoniser au niveau régional ? On pourrait p
1212 nce fédérale (continentale) spécialisée. (Le rôle d’ agence fédérale de l’économie pouvant être tenu en Europe par la CEE d
1213 inentale) spécialisée. (Le rôle d’agence fédérale de l’économie pouvant être tenu en Europe par la CEE de Bruxelles, l’Age
1214 gence fédérale de l’économie pouvant être tenu en Europe par la CEE de Bruxelles, l’Agence fédérale pour l’écologie ayant son
1215 lerait tout naturellement à Florence, siège prévu de l’Université européenne.) Mais alors, comment assurer la politique gé
1216 rellement à Florence, siège prévu de l’Université européenne .) Mais alors, comment assurer la politique générale au niveau de la r
1217 r financement ? Cela supposerait l’usage maîtrisé de la mathématique moderne et pas seulement de la triangulation et de la
1218 trisé de la mathématique moderne et pas seulement de la triangulation et de la comptabilité traditionnelles… Cela supposer
1219 e moderne et pas seulement de la triangulation et de la comptabilité traditionnelles… Cela supposerait la formation d’admi
1220 té traditionnelles… Cela supposerait la formation d’ administrateurs régionaux qui ne soient pas de petits politiciens… Et
1221 ion d’administrateurs régionaux qui ne soient pas de petits politiciens… Et cela supposerait avant tout l’accélération et
1222 ans les années 1960 par trois ou quatre instituts d’ études régionales en Europe, qui font un travail de pionniers, mais so
1223 trois ou quatre instituts d’études régionales en Europe , qui font un travail de pionniers, mais sont fort peu soutenus par le
1224 ’études régionales en Europe, qui font un travail de pionniers, mais sont fort peu soutenus par les États, comme bien l’on
1225 on pense. 6. « Votre point de vue est typiquement européen , me dira-t-on, mais que vaut-il pour le tiers-monde, pour tous ces pa
1226 s-monde, pour tous ces pays neufs en plein effort de développement, et qui ont adopté le modèle d’État-nation qui leur éta
1227 ort de développement, et qui ont adopté le modèle d’ État-nation qui leur était livré dans le même paquet que la technologi
1228  ? » Deux réponses à cette objection : 1° C’est l’ Europe qui a inventé l’État-nation que tous imitent. C’est à elle de donner
1229 enté l’État-nation que tous imitent. C’est à elle de donner l’exemple d’une invention meilleure, et de l’expérimenter. À e
1230 ue tous imitent. C’est à elle de donner l’exemple d’ une invention meilleure, et de l’expérimenter. À elle de développer le
1231 de donner l’exemple d’une invention meilleure, et de l’expérimenter. À elle de développer les anticorps des virus qu’elle
1232 invention meilleure, et de l’expérimenter. À elle de développer les anticorps des virus qu’elle a propagés. 2° L’État-nati
1233 pagés. 2° L’État-nation peut faire autant et plus de mal au tiers-monde qu’aux Européens. Il est grand temps de le dépouil
1234 faire autant et plus de mal au tiers-monde qu’aux Européens . Il est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’en dénoncer l
1235 tiers-monde qu’aux Européens. Il est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’en dénoncer l’absurdité, et d’incite
1236 ux Européens. Il est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’en dénoncer l’absurdité, et d’inciter chacune des gra
1237 est grand temps de le dépouiller de son prestige, d’ en dénoncer l’absurdité, et d’inciter chacune des grandes régions de l
1238 er de son prestige, d’en dénoncer l’absurdité, et d’ inciter chacune des grandes régions de la planète à rechercher sa prop
1239 surdité, et d’inciter chacune des grandes régions de la planète à rechercher sa propre voie vers des formes nouvelles de c
1240 chercher sa propre voie vers des formes nouvelles de communauté. Pour l’Europe de l’Est comme de l’Ouest, la solution me p
1241 elles de communauté. Pour l’Europe de l’Est comme de l’Ouest, la solution me paraît consister dans la petite région foncti
1242 nsister dans la petite région fonctionnelle. Si l’ Europe réussit à la mettre au point et à la rendre opérationnelle en temps u
1243 xperts en armements, en gaspillage, en production de pollution, et en « planned obsolescence ». ⁂ Deux objections m’ont é
1244 gé que nous avons fait au tiers-monde. Le recteur de l’Université de New Delhi ironisant sur ma condamnation de l’État-nat
1245 s fait au tiers-monde. Le recteur de l’Université de New Delhi ironisant sur ma condamnation de l’État-nation, la compare
1246 ersité de New Delhi ironisant sur ma condamnation de l’État-nation, la compare à la pilule contre les tremblements de terr
1247 n, la compare à la pilule contre les tremblements de terre qu’un charlatan vendait dans les rues de Lisbonne, selon Voltai
1248 ts de terre qu’un charlatan vendait dans les rues de Lisbonne, selon Voltaire. Je lui rappellerai, en privé, que les tremb
1249 e lui rappellerai, en privé, que les tremblements de terre ne dépendent pas de l’homme, tandis que les États-nations sont
1250 é, que les tremblements de terre ne dépendent pas de l’homme, tandis que les États-nations sont nés de nos œuvres… Par ail
1251 de l’homme, tandis que les États-nations sont nés de nos œuvres… Par ailleurs je reçois l’adhésion chaleureuse d’un grand
1252 es… Par ailleurs je reçois l’adhésion chaleureuse d’ un grand biologiste italien, d’un grand psychiatre américain, d’un con
1253 hésion chaleureuse d’un grand biologiste italien, d’ un grand psychiatre américain, d’un contestataire iranien, d’un ancien
1254 logiste italien, d’un grand psychiatre américain, d’ un contestataire iranien, d’un ancien président de la Confédération su
1255 psychiatre américain, d’un contestataire iranien, d’ un ancien président de la Confédération suisse, de Robert Jungk, et du
1256 d’un contestataire iranien, d’un ancien président de la Confédération suisse, de Robert Jungk, et du ministre de la Cultur
1257 d’un ancien président de la Confédération suisse, de Robert Jungk, et du ministre de la Culture d’un des jeunes États afri
1258 édération suisse, de Robert Jungk, et du ministre de la Culture d’un des jeunes États africains : « Savez-vous que nous en
1259 se, de Robert Jungk, et du ministre de la Culture d’ un des jeunes États africains : « Savez-vous que nous en sommes à nous
1260 fédérations traditionnelles ? » 5. La moyenne d’ âge des tracés frontaliers actuels pour les 28 États européens, du Por
1261 des tracés frontaliers actuels pour les 28 États européens , du Portugal qui a près de 600 ans à Malte qui en a 10, est d’environ
1262 al qui a près de 600 ans à Malte qui en a 10, est d’ environ 88 ans. 6. Alexandre Marc, « Au-delà des faux dilemmes : le f
1263 « Au-delà des faux dilemmes : le fédéralisme », L’ Europe en formation, n° 67, 1961.
7 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). V. Grandvaux : assemblée annuelle du Pen-Club de Suisse romande
1264 Suisse romande Le 18 octobre 1974 Le privilège d’ un président est de pouvoir déterminer l’ordre du jour. Aux quelque ci
1265 e 18 octobre 1974 Le privilège d’un président est de pouvoir déterminer l’ordre du jour. Aux quelque cinquante écrivains d
1266 l’ordre du jour. Aux quelque cinquante écrivains de Suisse romande qui se réunissent chaque année autour des objectifs dé
1267 uis un peu étonné du fait que dans quatre congrès européens ou intéressant l’Europe au premier chef je n’aie pas rencontré un seu
1268 ue dans quatre congrès européens ou intéressant l’ Europe au premier chef je n’aie pas rencontré un seul autre écrivain. Naguèr
1269 seul autre écrivain. Naguère encore, quelques-uns de mes confrères s’engageaient au sens fort du terme : Salvador de Madar
1270 e : Salvador de Madariaga, Ignazio Silone, et qui d’ autre ? L’Europe n’est pas une mode intellectuelle. Sur quoi le présid
1271 de Madariaga, Ignazio Silone, et qui d’autre ? L’ Europe n’est pas une mode intellectuelle. Sur quoi le président de la Fondat
1272 as une mode intellectuelle. Sur quoi le président de la Fondation PEN Emergency Fund, le romancier hollandais A. den Doola
1273 . den Doolaard, nous expose la tragique situation de plusieurs douzaines d’écrivains emprisonnés sur tous les continents p
1274 pose la tragique situation de plusieurs douzaines d’ écrivains emprisonnés sur tous les continents pour leurs opinions poli
1275 leurs opinions politiques, et qu’il faut essayer d’ aider, ou sinon eux, du moins leurs familles. Il semblerait que les éc
1276 illes. Il semblerait que les écrivains s’engagent d’ une manière responsable pour toutes les causes imaginables, non pour l
1277 le pour toutes les causes imaginables, non pour l’ Europe , qui jusqu’ici ne compte pas un martyr. Serait-ce une cause trop rais
8 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). VI. Dubrovnik : assemblée générale annuelle de l’Association européenne des festivals de musique
1278 VI. Dubrovnik : assemblée générale annuelle de l’Association européenne des festivals de musique Du 20 au 24 octob
1279 ik : assemblée générale annuelle de l’Association européenne des festivals de musique Du 20 au 24 octobre 1974 Chaque année dans
1280 nnuelle de l’Association européenne des festivals de musique Du 20 au 24 octobre 1974 Chaque année dans un autre pays, a
1281 re 1974 Chaque année dans un autre pays, au siège de l’un de ses membres, l’AEFM, que je fondais il y a près d’un quart de
1282 Chaque année dans un autre pays, au siège de l’un de ses membres, l’AEFM, que je fondais il y a près d’un quart de siècle
1283 e ses membres, l’AEFM, que je fondais il y a près d’ un quart de siècle avec l’aide d’Igor Markevitch, réunit les directeur
1284 es, l’AEFM, que je fondais il y a près d’un quart de siècle avec l’aide d’Igor Markevitch, réunit les directeurs des plus
1285 dais il y a près d’un quart de siècle avec l’aide d’ Igor Markevitch, réunit les directeurs des plus grands festivals de l’
1286 , réunit les directeurs des plus grands festivals de l’Europe. Il y a deux ans, c’était à Jérusalem… L’année dernière, Bat
1287 nit les directeurs des plus grands festivals de l’ Europe . Il y a deux ans, c’était à Jérusalem… L’année dernière, Bath, pure m
1288 Jérusalem… L’année dernière, Bath, pure merveille d’ architecture classique anglaise — à quelques kilomètres cependant des
1289 — à quelques kilomètres cependant des mégalithes de Stonehenge aux cygnes chanteurs. Et l’an prochain, ce sera sans doute
1290 frontements politiques officiels. Plutôt soucieux d’ oppositions qui se manifestent dans la réalité des festivals, telles q
1291 périmentation. L’AEFM est la première institution européenne qui ait accueilli l’Europe entière, de la Pologne au Portugal, de l’É
1292 emière institution européenne qui ait accueilli l’ Europe entière, de la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Su
1293 on européenne qui ait accueilli l’Europe entière, de la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Esp
1294 illi l’Europe entière, de la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Espagne, et de Bayreuth à la C
1295 la Pologne au Portugal, de l’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Espagne, et de Bayreuth à la Croatie, où nous nous retr
1296 ’Écosse à la Bohême, de la Suisse à l’Espagne, et de Bayreuth à la Croatie, où nous nous retrouvons aujourd’hui ; dans l’a
1297 s dans un bel hôtel sur la mer, hors des remparts de la vieille ville — et c’est, je crois, la 23e session que je préside,
1298 chaque fois nous surprend — je ne puis m’empêcher de penser, par-dessus le déroulement des débats en trois langues, au has
1299 dans ce pays-ci : celui qui se trouve illustrer, de la manière la plus précise, la problématique des congrès auxquels je
1300 , autogestion sont depuis vingt ans les mots-clés de la Yougoslavie contemporaine comme ils le seront de l’Europe de demai
1301 la Yougoslavie contemporaine comme ils le seront de l’Europe de demain. Régions contre centralisation politique : la Youg
1302 ougoslavie contemporaine comme ils le seront de l’ Europe de demain. Régions contre centralisation politique : la Yougoslavie s
1303 vie contemporaine comme ils le seront de l’Europe de demain. Régions contre centralisation politique : la Yougoslavie se c
1304 tralisation politique : la Yougoslavie se compose de six républiques et de deux provinces autonomes, dont les rapports son
1305 : la Yougoslavie se compose de six républiques et de deux provinces autonomes, dont les rapports sont déterminés par une c
1306 par une constitution fédérale. On y parle autant de langues qu’en Suisse, c’est-à-dire quatre. On y pratique au moins qua
1307 tholicisme, islam, et communisme athée. Il s’agit d’ arranger tout cela, et non pas de l’uniformiser. Autogestion contre bu
1308 athée. Il s’agit d’arranger tout cela, et non pas de l’uniformiser. Autogestion contre bureaucratie. Et cela ne concerne p
1309 empête n’a pas désemparé pendant les quatre jours de la session. Je n’ai trouvé qu’une seule heure d’accalmie, le troisièm
1310 de la session. Je n’ai trouvé qu’une seule heure d’ accalmie, le troisième jour, pour revoir la Plaça, qui est la longue r
1311 r revoir la Plaça, qui est la longue rue centrale de la cité, dallée de marbre bien usé, où je me souviens que d’autres fo
1312 qui est la longue rue centrale de la cité, dallée de marbre bien usé, où je me souviens que d’autres fois, il y a dix ans,
1313 , nous marchions à pieds nus, par les beaux soirs d’ été. Sur toutes les places, on jouait des opéras dans des décors de ma
1314 les places, on jouait des opéras dans des décors de marbre jaune. Et dans la forteresse Lobrienac paraissait le spectre d
1315 ans la forteresse Lobrienac paraissait le spectre d’ Hamlet. Tous les dilemmes tragiques de notre Europe trouvent ici leur
1316 le spectre d’Hamlet. Tous les dilemmes tragiques de notre Europe trouvent ici leur illustration. La devise de la cité est
1317 re d’Hamlet. Tous les dilemmes tragiques de notre Europe trouvent ici leur illustration. La devise de la cité est Libertas ; l
1318 Europe trouvent ici leur illustration. La devise de la cité est Libertas ; la doctrine de l’État : Autogestion. Répondant
1319 . La devise de la cité est Libertas ; la doctrine de l’État : Autogestion. Répondant au Syndic de la ville, le dernier soi
1320 rine de l’État : Autogestion. Répondant au Syndic de la ville, le dernier soir, j’ai pu célébrer de grand cœur ces deux te
1321 ic de la ville, le dernier soir, j’ai pu célébrer de grand cœur ces deux termes, qui résumaient tout mon automne européen,
1322 ces deux termes, qui résumaient tout mon automne européen , tout notre espoir.