1 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). Note liminaire
1 ’elle rencontre encore la résistance tenace, chez nos contemporains, du vieux système de certitudes et d’évidences que l’Éc
2 chacun le sait jusqu’au fond de la Polynésie. Or nous n’avons plus tellement de temps pour l’arrêter avant le bang final ve
3 emps pour l’arrêter avant le bang final vers quoi nous emmène tous son accélération imperturbable. Le sentiment croissant de
2 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). L’Europe au miroir des congrès en 1974
4 nsables politiques ou intellectuels. Ma situation devait être bien différente dans les congrès de septembre et d’octobre 1974,
3 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). I. Alpbach : le trentième anniversaire du Forum européen
5 iants et une cinquantaine de professeurs étudient notre Europe en trois ou quatre langues et une douzaine de disciplines. L’a
6 e européenne par le Collège autrichien, et de mes devoirs à son égard, je passe une partie de la nuit à me préparer. Le thème q
7 efforts pour l’Europe déployés depuis 30 ans par nos instituts universitaires ou privés, et l’évolution généralement antie
8 appellent quelques-unes des plus belles heures de notre lutte commune pour l’Europe fédérée. Je ne vous ferai pas le discours
9 i à peine commencé à me battre ! » De quoi sommes- nous partis au lendemain de la guerre ? Qu’avons-nous réussi ou raté ; et
10 -nous partis au lendemain de la guerre ? Qu’avons- nous réussi ou raté ; et que devons-nous faire aujourd’hui pour demain ? L
11 la guerre ? Qu’avons-nous réussi ou raté ; et que devons -nous faire aujourd’hui pour demain ? Lors des grands congrès européen
12 re ? Qu’avons-nous réussi ou raté ; et que devons- nous faire aujourd’hui pour demain ? Lors des grands congrès européens — M
13 un consensus général s’est dégagé : l’Europe que nous voulons unir n’est pas d’abord une expression géographique, ou économ
14 pects d’un seul et même processus historique dont nous sommes les agents responsables. À partir de cette plate-forme commune
15 ponsables. À partir de cette plate-forme commune, nous avons travaillé pour l’union de l’Europe, avec des résultats plus qu’
16 érence européenne de la culture (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misère : manque de papier partout, Bach i
17 e européenne de la culture (Lausanne, 1949), nous nous voyons en situation de misère : manque de papier partout, Bach introu
18 s du CERN, qui occupe aujourd’hui 4500 personnes. Nos physiciens pourront rester Européens, mais l’Europe, pour autant, n’e
19 ntretenant les nationalismes, ont rendu possibles nos guerres, surtout celle de 1914. Il faut les réformer. Plusieurs collo
20 es mensonges officiels entretenant la haine entre nos peuples ont été effacés. C’est beaucoup pour la paix — mais l’Europe
21 pe qui pourtant n’est pas faite. Convaincus comme nous l’étions tous que l’Europe devait se faire d’abord dans les esprits e
22 Convaincus comme nous l’étions tous que l’Europe devait se faire d’abord dans les esprits et constatant que les esprits étaie
23 les maîtres du primaire et du secondaire surtout, nous avons pensé que c’était sur ces maîtres qu’il fallait agir. D’où la C
24 ions d’enseignants militant pour la fédération de nos peuples, et qui a pour objectifs non pas d’enseigner l’Europe comme u
25 r partout sur le motif de la Liberté personnelle. Nos efforts pour l’Europe sur le plan culturel ont sauvé pratiquement la
26 , que les États font tout, que l’avenir n’est pas notre affaire, mais celle des ordinateurs. Où sont les grands écrivains, le
27 de l’énergie, qui s’est déclarée dès 1973, et qui nous ramène avec la force de la nécessité à l’idée de limite (qui a fait l
28 éenne. La double crie écologique-énergétique dont nous prenons conscience tardive, comme toujours, nous ramène à l’idée d’un
29 nous prenons conscience tardive, comme toujours, nous ramène à l’idée d’une société à la fois locale et universelle, sur le
30 en, de la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir une société qui traduise cette formule génétique de la
31 e la paroisse et de l’Église « catholique ». Nous devons vouloir une société qui traduise cette formule génétique de la cultur
32 pose la restauration de communautés réelles parmi nous . Elles seront d’abord spirituelles (l’immense rassemblement de jeunes
33 rairies d’Eton. Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles. J’ai parlé de la Campagne d’éducation civique européenne, lan
34 éation de l’instruction publique obligatoire dans nos pays) est basé sur l’État-nation : histoire, géographie, économie son
35 État où l’on est né. Le nationalisme antieuropéen nous est donc inculqué dès l’école primaire. Je propose ici une réforme pr
36 voudrais qu’il soit bien compris que l’Europe que nous voulons n’est pas une superpuissance ni un super État-nation, et n’a
37 s’accomplir. Le but de l’Europe, c’est chacun de nous . C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je ré
38 e l’Europe, c’est chacun de nous. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je répéterai donc ici la d
39 us. C’est chacun de nos groupes, c’est chacune de nos communautés. Je répéterai donc ici la devise fédéraliste de mon pays 
40 pour tous, tous pour un — et pour l’occasion qui nous réunit ce matin, je la traduirai ainsi : Alpbach für Europa, Europa
4 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). II. Strasbourg : la deuxième table ronde du Conseil de l’Europe (« Promesses du xxe siècle »)
41 teur de l’Université de Lund. Une seconde session devait se tenir à Strasbourg deux ans plus tard, pour approfondir les résult
42 européens. Dès l’ouverture, le secrétaire général devait situer en quelques mots les objectifs de la table ronde et en expliqu
43 tives du XXVe anniversaire du Conseil de l’Europe nous avons pensé qu’il fallait non seulement évoquer les souvenirs du pass
44 usciter des espoirs pour l’avenir ; non seulement nous donner — comme nous l’avons fait le 5 mai — un air de fête, assombri
45 pour l’avenir ; non seulement nous donner — comme nous l’avons fait le 5 mai — un air de fête, assombri il est vrai par le g
46 es montagnards à chaque palier de leur ascension. Nous l’avions fait il y a vingt ans en réunissant six Européens parmi les
47 r la culture européenne à la fois une et diverse. Nous le faisons à nouveau pour réfléchir aux problèmes de civilisation qui
48 e qu’aujourd’hui où, dans le grand ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un mond
49 ù, dans le grand ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un monde nouveau. Parce q
50 ébranlement de nos valeurs et de nos traditions, nous pressentons l’apparition d’un monde nouveau. Parce que nous croyons q
51 entons l’apparition d’un monde nouveau. Parce que nous croyons qu’il faut faire confiance à l’homme et que le bonheur ne vie
52 l’appellent pas de toutes leurs forces. Parce que nous croyons qu’une civilisation comme la nôtre ne se renie pas mais qu’el
53 rce que nous croyons qu’une civilisation comme la nôtre ne se renie pas mais qu’elle se dépasse, parce que nous voulons que l
54 e se renie pas mais qu’elle se dépasse, parce que nous voulons que l’homme fasse usage des machines et des inventions que nu
55 machines et des inventions que nul ne peut et ne doit empêcher de suivre leur cours, nous avons proposé d’appeler cette ren
56 ne peut et ne doit empêcher de suivre leur cours, nous avons proposé d’appeler cette rencontre La Promesse du xxe siècle.
57 on union politique ? La deuxième table ronde, que nous inaugurons, se demande plutôt : où va l’Europe ? et plus exactement :
58 morale et culturelle les efforts pour l’union que nos gouvernements se disposaient à faire porter principalement sur une co
59 construction économique, dont on croyait qu’elle devait entraîner des effets politiques, mais c’est l’inverse qui s’est produ
60 tations d’une crise mondiale que tous les augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons
61 s augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre
62 ent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre des destins qu’ils o
63 n symbole la nature des changements survenus dans notre approche du phénomène européen, reconnaissons qu’il y a eu, aussi, la
64 a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interaction pré
65 e des Européens s’originent l’une et l’autre dans nos attitudes devant la Nature et l’État, dans l’échelle des valeurs régl
66 ure et l’État, dans l’échelle des valeurs réglant nos choix concrets, dans les finalités dont ces valeurs sont en définitiv
67 les moyens. De la première table ronde sont nés, nous dit un document récent émanant du Conseil de l’Europe, « la Conventio
68 s-nous attendre ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bom
69 e ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, no
70 urs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à trouver comment réorienter toute l’aventure occidentale de l’
71 ance » ou mieux : de l’obsession de Puissance que nous décrit Lewis Mumford et que je n’ai cessé de dénoncer depuis que je m
72 é de dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les Douze invités à la Table — et vous tous qui entrerez,
73 r depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les Douze invités à la Table — et vous tous qui entrerez, je l’espère
74 dans son énoncé : Quelle société rénovée voulons- nous , nous autres « bons Européens » — comme disait Nietzsche — au nom de
75 son énoncé : Quelle société rénovée voulons-nous, nous autres « bons Européens » — comme disait Nietzsche — au nom de quelle
76 les valeurs, et en vue de quelles finalités ? En nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en quel
77 lités ? En nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de dép
78 en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conclusions sur son bureau, le Conseil de l’Europe a fait un acte qui
79 en tant qu’invités, et qu’il en soit félicité par nous tous en tant que citoyens. Car le Conseil ne tente rien de moins, dan
80 olitique européenne, et de la fonder, comme il se doit , beaucoup moins sur les expériences du passé, toujours ambiguës comme
81 instants, peut saisir et peut seule activer dans notre histoire. Où irons-nous ? Au nom de quoi ? Et en vue de quelles fins
82 peut seule activer dans notre histoire. Où irons- nous  ? Au nom de quoi ? Et en vue de quelles fins faut-il créer l’union de
83 généralement obéi par la communauté dans laquelle nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera p
84 nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de
85 de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de définitions satisfaisantes ou simple
86 nitions satisfaisantes ou simplement provocantes. Nous sommes confrontés à une crise, à des scandales, que tous ressentent,
87 que tous ressentent, à des désastres calculables. Nous pensons à partir de là. Et l’on ne peut pas faire autrement. Car la p
88 ts. Adam ne pensait pas avant la Chute. Tous ici, nous pensons à partir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce qui nous ap
89 rtir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce qui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la Nat
90 re à partir de ce qui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la Nature, et finalement pour la
91 ui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la Nature, et finalement pour la survie de l’espèce hu
92 unautaires. On y décrirait le désert surpeuplé de nos villes hantées par l’immense foule des solitaires ; l’alignement des
93 ’une sorte d’anorexie civique, d’un fatalisme qui devrait inquiéter bien plus encore que les prévisions des Meadows, car c’est
94 par lui tous les peuples de la Terre qui copient notre civilisation industrielle, scientifico-technique, quantitative. Elle
95 conflits ; et des guerres aussi, dans lesquelles nous avons entraîné toute la planète. Or à leur tour, ces guerres sont née
96 planète. Or à leur tour, ces guerres sont nées de nos nationalismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre tabl
97 smes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions
98 ce. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de notre crise ? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous perm
99 n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la
100 que. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la crise mondiale, nous avons l’i
101 , et définit leur sens. Face à la crise mondiale, nous avons l’impression que quelque chose a été faussé dans l’échelle des
102 y a donc des valeurs ! Et qui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lés
103 ui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lésées. Mais alors nous n’en do
104 ons conscience des valeurs que lésées. Mais alors nous n’en doutons plus. Voulons-nous vraiment consommer deux fois plus d’é
105 ésées. Mais alors nous n’en doutons plus. Voulons- nous vraiment consommer deux fois plus d’électricité tous les sept ans, co
106 fois plus d’électricité tous les sept ans, comme nous le répètent les producteurs (ce qui suppose une production multipliée
107 du siècle, et produisant assez de plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons-nous la surv
108 us plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons- nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en priorité le profit, ou l’équi
109 en préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons- nous en priorité le profit, ou l’équilibre moral ? Le progrès matériel, qu
110 qui ont leur date et leurs coordonnées spatiales. Notre notion de la personne s’est constituée au cours des grands conciles œ
111 l naisse jamais deux individus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But qui l
112 st le même pour tous, mais chacun pour le joindre doit créer sa propre voie, et frayer son propre sentier. Partant de moi, i
113 s le discours, que le langage ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous
114 que le langage ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous, — comment pe
115 ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous, — comment peuvent-ils sign
116 angue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous , — comment peuvent-ils signer des manifestes contre l’aliénation… de
117 tion centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libertés. En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de soi, a
118 e. Mais cette vocation personnelle, je le répète, nous est le plus souvent inconnue. La découvrir comme si on l’inventait es
119 l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la seule personne, c
120 dit socialiste et à l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’une cité en ruines morales. La richesse, à ce banc
121 l’ont condamnée : « Heureux les pauvres », disent nos Béatitudes, et les sermons le répètent tous les dimanches aux banquie
122 es sociétés, soit encore, en dernière analyse, de notre propre choix matérialiste. Lequel trahit peut-être, en fin de compte,
123 tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immortel (métal, verre, plastique et bét
124 t la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons- nous l’inertie minérale, l’inanimé contre la vie toujours mortelle. Le Pro
125 t chrétienne, qui a formé vingt siècles d’Europe, nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela fonde la co
126 mer le prochain comme soi-même, dès lors que cela nous est commandé, ne saurait donc être qu’un acte : le prochain est celui
127 n reconnaître que la cité moderne tend à faire de nous tous des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nat
128 es irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et ren
129 e les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de
130 tats-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion,
131 les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation
132 ions, par en haut, la fédération continentale. Et nous venons de voir que ces deux pôles de la société à construire correspo
133 on de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les
134 comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu
135 de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons mainten
136 avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons maintenant se constituer les éléments d’une politique communau
137 iquer la seule méthode capable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement,
138 pable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement, que je suis venu une foi
139 la table ronde de Rome, quand la plupart d’entre nous voulaient croire que la naissance prochaine du Marché commun ne manqu
140 t que l’avenir à fomenter. Mais je crois bien que notre groupe a résisté à la tentation du refus. Sans se laisser intimider p
141 ation de l’État-nation comme principal fauteur de notre crise, appel à la formation de régions en tant qu’unités de base de l
142 oduise jamais dans les faits, les institutions et nos comportements sociaux : solidarité, tolérance, sens des diversités, g
143 t s’illustrant — négativement — par la carence de nos États devant le problème de l’énergie et de sa nécessaire diversifica
144 dres rayons de soleil détiennent les solutions de notre avenir autonome. Georg Picht n’a pas hésité à qualifier de « crime ab
145 ucléaires exigées par les agences énergétiques de nos États ; à déclarer que « tant que les obscurs complexes de préjugés m
146 ervie aux buts de puissance des États, peut seule nous aider à sauver la biosphère ; dès lors, « la liberté de pensée et d’e
147 e et d’expression est une condition biologique de notre survie ». James Fawcett s’interroge : la société occidentale est-elle
148 uvoirs locaux et régionaux, problème numéro un de notre temps. Giuseppe Petrilli estime qu’il est grand temps de priver l’Éta
149 iser n’est encore que le fait du Centre, et qu’il nous faut repartir d’en bas, des racines, c’est-à-dire des communes, si l’
150 reste aujourd’hui un espoir, c’est bien là qu’on doit le placer. ⁂ Du 22 septembre au 5 octobre De retour dans ma maison-ch
151 , p. 145 : « La futilité d’un nationalisme étroit doit être reconnue et prise pour axiome dans tout processus de décision. T
5 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). III. Venise : colloque sur le fédéralisme, modèle de l’Europe
152 u point de vue de l’âme au sens jungien du terme. Nous décidons de partir le 5 octobre déjà, dans l’espoir fou de quelques j
153 n Cini, j’ai introduit la séance par ces mots : Nous sommes ici à Venise… …il serait sacrilège de l’oublier, et de parl
154 ait sacrilège de l’oublier, et de parler comme si nous étions n’importe où. En me promenant hier soir j’ai repensé à la ques
155 Hier, dans ce beau décor de la Fondation Cini, on nous a parlé d’un fédéralisme plus problématique, plus empêtré dans les in
156 donc plus difficilement conforme à son modèle. On nous l’a présenté sous des formes optimistes et pessimistes, gradualistes
157 ction, il y a une crise profonde de civilisation, due au culte de la croissance. (Mais on ne peut parler de tout à la fois,
158 esseurs ne sont que des hommes de l’État. » Quand nous avons commencé à parler de régions, nous les fédéralistes de la premi
159  » Quand nous avons commencé à parler de régions, nous les fédéralistes de la première heure, dans les années 1950, on a fai
160 960, les porteurs de l’idée européenne officielle nous ont dit : « Malheureux que vous êtes ! Comme si ce n’était pas assez
161 uis 25 ans que chefs d’État et Premiers ministres nous répètent que l’union de l’Europe est urgente, ils ne l’ont pas faite.
162 n des peuples de l’Europe. Il faut opter. Voulons- nous l’Europe unie pour la Puissance ? ou pour la Liberté ? J’entends par
163 pour la Liberté ? J’entends par Puissance ce que notre ami Lewis Mumford a baptisé « Le Pentagone de la Puissance » : Profit
164 du xxe siècle se ramène alors à ceci : — Voulons- nous par priorité, et en fin finale, la Puissance ou la Liberté ? La devis
165 ond membre de la devise : tous pour un. Le but de notre union européenne n’est pas de constituer une puissance mondiale écras
166 ser. ⁂ J’eus ensuite à passer la parole à l’un de nos camarades fédéralistes de la première heure, Altiero Spinelli, aujour
167 sommé de dire aux militants de la salle ce qu’ils devaient et pouvaient faire, il revint à la tribune, se tut quelques instants,
168 : « Annoncez à tout le monde, autour de vous, que nous allons vers la misère. » Le second orateur de cette séance fut Paul D
169 gique, à la paralysie générale des « égarés » que nous serons tous. Le 13 octobre 1974 Retour à Pouilly vers 17 h. Le 14 oct
6 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). IV. Berlin : le second Rapport au club de Rome
170 rit humain, il y a de cela tout juste 180 ans, et nous sommes encore loin du but. On a pu le voir lors des dernières campagn
171 e quatre émirs de droit divin pour son pétrole et doit voter en conséquence à l’ONU ? D’un autre qui se rationne pour financ
172 SA disposent déjà de quoi tuer chaque habitant de notre planète 32 000 fois), du gaspillage comme principe du commerce, des e
173 apidement multipliés pendant le deuxième tiers de notre siècle, et qui se partagent aujourd’hui la totalité des territoires d
174 butendi, et toute forme de gestion globale, comme devraient l’être celles de la pêche, de l’exploitation des nodules métalliques
175 doute, si certaines lois, certaines nécessités ne nous imposaient des limites, des conditions de possibilité. Ce qui paraît
176 doute de l’École, et non seulement de ce qu’elle nous a appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire de voir. C’est el
177 qu’elle nous a appris, mais de ce qu’elle a voulu nous interdire de voir. C’est elle qui nous a persuadés que la formule de
178 le a voulu nous interdire de voir. C’est elle qui nous a persuadés que la formule de l’État moderne — une capitale régissant
179 coûter aux voisins. Ainsi la force principale de nos États repose sur l’interdiction tacitement prononcée par l’École, de
180 s esprits actifs, est en train de s’achever parmi nous . Devant la crise universelle provoquée par sa déplorable gestion de l
181 t-nation souverain ne peut plus se dérober. Quand nous lui demandons aujourd’hui : « Qu’as-tu fait de ton territoire, de ses
182 ses forêts et de ses eaux » et qu’il ne peut que nous répondre piteusement : « Suis-je le gardien de la Terre ? », nous en
183 teusement : « Suis-je le gardien de la Terre ? », nous en tirons la conclusion qu’il a forfait à sa mission. Mais quand nous
184 nclusion qu’il a forfait à sa mission. Mais quand nous lui demandons : « Qu’as-tu fait de la communauté humaine ? » et qu’il
185 ire : une Armée, ou le Parti de la Révolution, il nous reste à enregistrer sa démission. Bien loin d’être la seule réalité p
186 che avec l’appoint d’André Malraux, l’État-nation nous apparaît comme la forme de société la moins adaptable aux nécessités
187 e de société la moins adaptable aux nécessités de notre temps. Le thème central de l’analyse critique du modèle de l’État-nat
188 le exception des trois Super-Puissances, aucun de nos États-nations n’a les dimensions nécessaires (économiques et militair
189 il le réitère en 1961, « l’état, sans majuscule, doit rester le serviteur de la société, et non point s’ériger en son maîtr
190 trop petit par rapport aux problèmes dont dépend notre survie, qui se posent à l’échelle européenne et mondiale6 ». Cette an
191 enne et mondiale6 ». Cette analyse prophétique de notre crise universelle nous ramène donc à un dilemme d’une crudité presque
192 te analyse prophétique de notre crise universelle nous ramène donc à un dilemme d’une crudité presque gênante : — ou bien l’
193 s nationaux. Le jeu se rouvre, l’avenir redevient notre affaire. En d’autres termes, nous devons comprendre que nos choix et
194 enir redevient notre affaire. En d’autres termes, nous devons comprendre que nos choix et nos décisions, ou notre absence de
195 redevient notre affaire. En d’autres termes, nous devons comprendre que nos choix et nos décisions, ou notre absence de décisi
196 e. En d’autres termes, nous devons comprendre que nos choix et nos décisions, ou notre absence de décision, impliquent dès
197 s termes, nous devons comprendre que nos choix et nos décisions, ou notre absence de décision, impliquent dès maintenant no
198 ons comprendre que nos choix et nos décisions, ou notre absence de décision, impliquent dès maintenant notre responsabilité p
199 re absence de décision, impliquent dès maintenant notre responsabilité pour l’un ou l’autre des deux avenirs possibles : – o
200 citoyen, devant la mécanique inhumaine de l’État nous conduit rapidement, dans une atmosphère de panique sourde et de délin
201 te, non de puissance et de prestige collectif. Il nous faut donc réfléchir sérieusement, en toute urgence, à ces formules de
202 à ces formules de remplacement de l’État-nation. Nous avons vu que les dangers majeurs qu’entretient cette institution sont
203 sante, et la simplification antivitale. Voilà qui nous incite à nous tourner vers les dimensions modérées, accordées aux pou
204 implification antivitale. Voilà qui nous incite à nous tourner vers les dimensions modérées, accordées aux pouvoirs de l’hom
205 être renversé — ce que sa nature même exclut — il nous entraînerait tous dans sa chute, puisqu’il règne sur toutes les terre
206 ois rien à renverser, tout à construire, et force nous sera de le faire dans les cadres existants de l’État-nation : ils son
207 existants de l’État-nation : ils sont mauvais et nous gêneront beaucoup, mais hors d’eux, il n’est plus d’espace libre. Il
208 des « aménageurs du territoire », les régions ne doivent pas être conçues uniquement ou en premier lieu comme des problèmes ou
209 s entités économiques. D’ailleurs, la solution de nos problèmes économiques est à chercher sur un tout autre plan que celui
210 tion primordiale de la région. 4. Si la région ne doit pas être « économique d’abord », elle ne saurait être non plus « ethn
211 ar l’autonomie régionale. Mais les difficultés ne doivent pas être tues. La principale réside dans la complexité de l’administr
212 stato-nationalisme est plutôt le cadeau piégé que nous avons fait au tiers-monde. Le recteur de l’Université de New Delhi ir
213 l’homme, tandis que les États-nations sont nés de nos œuvres… Par ailleurs je reçois l’adhésion chaleureuse d’un grand biol
214 ’un des jeunes États africains : « Savez-vous que nous en sommes à nous battre pour des frontières que les puissances coloni
215 ats africains : « Savez-vous que nous en sommes à nous battre pour des frontières que les puissances coloniales ont tracées
216 à la règle sur la carte, et qui coupent à travers nos tribus et leurs fédérations traditionnelles ? » 5. La moyenne d’âg
7 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). V. Grandvaux : assemblée annuelle du Pen-Club de Suisse romande
217 cy Fund, le romancier hollandais A. den Doolaard, nous expose la tragique situation de plusieurs douzaines d’écrivains empri
8 1974, Journal d’un Européen (fragments 1974). VI. Dubrovnik : assemblée générale annuelle de l’Association européenne des festivals de musique
218 ochain, ce sera sans doute Athènes. Ou Helsinki ? Nous sommes très loin, dans nos débats, des affrontements politiques offic
219 thènes. Ou Helsinki ? Nous sommes très loin, dans nos débats, des affrontements politiques officiels. Plutôt soucieux d’opp
220 isse à l’Espagne, et de Bayreuth à la Croatie, où nous nous retrouvons aujourd’hui ; dans l’antique Raguse et l’actuelle Dub
221 à l’Espagne, et de Bayreuth à la Croatie, où nous nous retrouvons aujourd’hui ; dans l’antique Raguse et l’actuelle Dubrovni
222 et l’actuelle Dubrovnik. Pendant que se déroulent nos séances dans un bel hôtel sur la mer, hors des remparts de la vieille
223 isir renouvelé par ce genius loci qui chaque fois nous surprend — je ne puis m’empêcher de penser, par-dessus le déroulement
224 is langues, au hasard qui a voulu que cette année nous amène dans ce pays-ci : celui qui se trouve illustrer, de la manière
225 res fois, il y a dix ans, il y a cinq ou six ans, nous marchions à pieds nus, par les beaux soirs d’été. Sur toutes les plac
226 spectre d’Hamlet. Tous les dilemmes tragiques de notre Europe trouvent ici leur illustration. La devise de la cité est Liber
227 s, qui résumaient tout mon automne européen, tout notre espoir.