1 se de l’avenir Quand les grandes villes déjà ne sont plus gouvernables, quand on ne peut plus y trouver ni solitude fécond

2 la fin du siècle quatre cinquièmes des hommes s’y seront entassés ; quand nos richesses s’accroissent aux dépens de la Terre,

3 it contraint de choisir, parce que ne pas choisir serait s’abandonner aux « impératifs » du désastre dont l’Occident industrie

4 pératifs » du désastre dont l’Occident industriel est en train d’agencer les mécanismes ; et de choisir librement, c’est-à-

5 r la prévision économique. Car le hasard, ici, ne serait que l’alibi du refus d’être responsable, tout comme il va de ces « né

6 le hasard, ici, ne serait que l’alibi du refus d’ être responsable, tout comme il va de ces « nécessités » que l’homme inven

7 nous choisissons bien, au nom de finalités qui ne seront plus uniquement matérielles, mais affectives et spirituelles d’abord,

8 dimensions de sa réalité — de son devenir ! Tout est possible encore et même plus que jamais. Tout est possible, mais il f

9 est possible encore et même plus que jamais. Tout est possible, mais il faut choisir. « De l’agriculture au paradoxe »

10 gée — labourée, fécondée, cultivée — l’initiative fut assumée au nom de l’espèce par quelques héros légendaires, dont l’arc

11 par quelques héros légendaires, dont l’archétype est Prométhée (mais Caïn laboureur en est un autre), toujours vaincus en

12 l’archétype est Prométhée (mais Caïn laboureur en est un autre), toujours vaincus en tant qu’individus rebelles par les die

13 l’enquête publique en permanence ? Cette question est urgente, elle est vitale. Car si, jusqu’à bien près de nous, il s’agi

14 en permanence ? Cette question est urgente, elle est vitale. Car si, jusqu’à bien près de nous, il s’agissait principaleme

15 ar la nature y survivra sans doute, si grands que soient les dommages infligés, mais non pas l’homme. « Désormais » signifie c

16 coup de folie, dont les signes les plus sensibles sont le fracas des bulldozers, le déferlement du béton sur les campagnes,

17 qui nous a jetés dans la crise. L’état de crise est déclaré toutes les fois que les contradictions de fait entre deux ens

18 tiles, deviennent pratiquement insupportables, ou sont ressenties comme telles et nous obligent à choisir : soit sacrifier l

19 senties comme telles et nous obligent à choisir : soit sacrifier l’un des deux termes (mais c’est rarement possible sans ent

20 sible sans entraîner la destruction de l’autre) ; soit le subordonner, poser une hiérarchie, instituer un ordre de priorités

21 ique. Jusqu’aux débuts du xxe siècle, les crises étaient localisées dans une région ou un secteur, une nation, au pire un cont

22 r, une nation, au pire un continent, et pouvaient être localement dénouées. Mais l’état de crise où est entrée l’humanité co

23 être localement dénouées. Mais l’état de crise où est entrée l’humanité contemporaine est proprement universel, en ce sens

24 t de crise où est entrée l’humanité contemporaine est proprement universel, en ce sens que chaque crise locale en déclenche

25 r de repérer les principaux facteurs de crise qui sont en jeu dans le monde d’aujourd’hui, de décrire leurs liaisons réelles

26 s entre eux par des relations telles que si l’une est modifiée, les autres le sont aussi et que, par conséquent, tout l’ens

27 s telles que si l’une est modifiée, les autres le sont aussi et que, par conséquent, tout l’ensemble est transformé ». (Ludw

28 ont aussi et que, par conséquent, tout l’ensemble est transformé ». (Ludwig von Bertalanffy, Théorie générale des systèmes,

29 toute l’histoire connue, en trente-cinq ans. Nous serons quelque six milliards en fin de siècle, cela paraît inévitable à la p

30 te à poser des questions du type suivant : compte tenu du taux d’accroissement actuel, en quelle année la masse du papier im

31 liards d’âmes dans mille ans d’ici, et sa densité serait de deux-mille habitants au mètre carré du sol émergé et immergé ! Mai

32 ues milliards d’années, tout l’univers visible ne serait plus qu’une sphère d’êtres humains, dont le diamètre s’allongerait à

33 l’univers visible ne serait plus qu’une sphère d’ êtres humains, dont le diamètre s’allongerait à la vitesse de la lumière.

34 rtuelle du monde moderne tout entier. Les jeux sont faits Au train où elle va, l’humanité court vers sa perte programm

35 re en cela, pour deux raisons : elle sent qu’elle sera forcée de s’arrêter (par manque de place et de ressources) avant sa p

36 a Terre, sans forêts, ni jardins, ni déserts : il est donc entendu que cela n’arrivera pas. Car cette croissance — dont la

37 nous alerter quant à d’autres choses qui, elles, sont en train d’arriver pour de bon, bien moins catastrophiques et d’autan

38 s les pays neufs du tiers-monde, par exemple. Ils sont là, nous ne pouvons plus rien y faire. Ils forment près de 45 % de la

39 e 70 millions par an ; avant la fin du siècle, ce sera davantage. Qu’on ne compte pas sur la guerre pour « arranger tout cel

40 raît sûre et certaine : le peuplement de la Terre sera doublé vers l’an 2000, non par le fait de l’Occident en régression, m

41 tabiliser d’ici un siècle à 16 milliards environ, soit quatre fois le chiffre actuel. Il s’agit de prévisions données par le

42 issances démographiques… Mais ici le conditionnel est superflu : les jeux sont faits, la crise est là. Pour l’Occident d’ab

43 Mais ici le conditionnel est superflu : les jeux sont faits, la crise est là. Pour l’Occident d’abord, majorisé et mis en p

44 nnel est superflu : les jeux sont faits, la crise est là. Pour l’Occident d’abord, majorisé et mis en posture d’accusé (ave

45  : toute propagande en faveur de la contraception étant interdite dans tout le Brésil, le taux brut de reproduction est de 1,

46 dans tout le Brésil, le taux brut de reproduction est de 1,7 à 1,9 dans les villes, mais de 3,4 à 3,56 dans les régions sou

47 hées qui l’acquéraient. » Les deux réactions nous sont intrinsèquement compréhensibles… « Si de telles atrocités sont possib

48 quement compréhensibles… « Si de telles atrocités sont possibles, il n’y a pas de Dieu » ou « En face de telles atrocités, D

49 as tout multiplier impunément L’urbanisation n’ est pas seulement une conséquence de l’explosion démographique, elle en e

50 conséquence de l’explosion démographique, elle en est la traduction plastique. Quand double une population, au lieu de doub

51 français, que je copie : « L’urbanisme de masse est une nécessité mathématique, 58 millions de Français logeront dans les

52 chiffres seuls et non les hommes. Au reste, il n’ est pas sûr qu’à la fin de ce siècle, il y ait autant de Français dans to

53 is cela ne résout pas le problème des villes, qui est désormais mondial, du fait de l’Occident. La progression des villes v

54 t de la croissance démographique. Je note qu’elle est aussi contemporaine de l’essor de l’État-nation. On estime qu’aujourd

55 re beaucoup, dans nos mégalopoles ? Nos villes ne sont -elles pas l’exemple dramatique de ce que peut faire l’absence de tout

56 sociétés techniciennes donc artificielles ? Ce ne sont plus des cités au sens antique ni au sens médiéval du terme, c’est-à-

57 ages, se verrait simplement inversée : les points seraient les derniers vestiges de verdure ; autour d’eux s’étendraient les ban

58 parcs, puis les zones de construction dense, qui seraient , à l’instar des antiques forêts, des lieux « plus sauvages et plus re

59 se amas de taudis ». La ville mondiale ne pouvant être alimentée par les îlots de verdure subsistants, ce serait la mer qui

60 limentée par les îlots de verdure subsistants, ce serait la mer qui fournirait sa subsistance. Cette projection est-elle proba

61 r qui fournirait sa subsistance. Cette projection est -elle probable ? Est-elle possible ? Est-elle souhaitable ? La probabi

62 subsistance. Cette projection est-elle probable ? Est -elle possible ? Est-elle souhaitable ? La probabilité d’Œcumenopolis

63 rojection est-elle probable ? Est-elle possible ? Est -elle souhaitable ? La probabilité d’Œcumenopolis se fonde surtout, me

64 k et les campagnes subsistantes entre ces villes, soit 35 à 40 millions d’habitants. Une autre mégalopolis se constitue dans

65 ns le monde entier. Or, la tendance, déjà, paraît être au reflux dans le pays-pilote de la technologie : en 1972, pour la pr

66 s existent, l’exode des campagnes vers la ville a été plus faible que le mouvement inverse9. Le tiers-monde, en revanche, s

67 ur ce point, à tout le moins, Toynbee et Doxiadis sont confirmés : la même rue, les mêmes tours, et les mêmes grands ensembl

68 disposent déjà sur tous les continents, quels que soient leurs régimes sociaux et politiques, les éléments préfabriqués d’une

69 inanciers et administratifs de nos grandes villes sont déjà pratiquement insolubles, et faisaient dire au maire de New York

70 dire au maire de New York dès 1970 que sa cité n’ était plus gouvernable. On sait qu’en Amérique les grandes villes se voient

71 , police, hygiène, énergie, instruction publique, sont laissés à la charge des moins favorisés, ceux qui habitent la ceintur

72 s, ceux qui habitent la ceinture industrielle. Il est étrange de lire des nouvelles comme celle-ci, concernant le haut lieu

73 société d’automobiles du monde entier : « Détroit est presque paralysée par la crise de l’automobile et l’essentiel des res

74 omobile et l’essentiel des ressources de la ville est destiné à soutenir les chômeurs10. » Il semble que la condition des v

75 de l’Hexagone les phrases suivantes : « Le temps est proche où dans toutes les grandes villes il sera rigoureusement impos

76 s est proche où dans toutes les grandes villes il sera rigoureusement impossible d’accepter les moindres hausses des impôts

77 hausses des impôts existants… Les grandes villes seront alors pratiquement en état de cessation de paiements devant la hausse

78 t à l’éventualité d’une véritable banqueroute, il est demandé au gouvernement et au Parlement de définir très prochainement

79 villes à proportion de leurs dimensions : ce coût serait donc théoriquement incalculable dans une cité illimitée. Mais si l’op

80 ulable dans une cité illimitée. Mais si l’opinion est en train de découvrir, un peu tard, que les très grandes agglomératio

81 un peu tard, que les très grandes agglomérations sont devenues ingouvernables en raison directe de leur extension, ce que l

82 que l’on sait moins, c’est que ces anti-villes ne sont en fait presque plus gouvernées, au sens traditionnel du terme, qui i

83 globale des plus simples le fera voir sans qu’il soit nécessaire d’aller dans le détail. Qui gouverne les quelque dix milli

84 liers d’employés des divers services) lesquels, n’ étant pas élus, ne sont pas responsables devant le peuple, qui ne peut donc

85 s divers services) lesquels, n’étant pas élus, ne sont pas responsables devant le peuple, qui ne peut donc pas les révoquer1

86 e de la cité embouteillée ? Comment veut-on qu’il soit encore un citoyen ? Qu’il ne se sente pas civiquement mutilé, sociale

87 est 8 % ; pour seize étages, 15 %. La délinquance est donc proportionnelle à la hauteur des tours, c’est-à-dire au profit d

88 ennent les avantages de la taille, et bientôt ils seront négatifs. Au-delà de 300 000 habitants, une ville d’un de nos « grand

89 question à Toynbee, à savoir si la ville mondiale serait souhaitable, a trouvé sa réponse. Une société foncièrement inamica

90 Terre sans paysages, dont tous les sites auraient été rongés par le béton. Parlons de ce qui est, que nous vivons déjà. Lor

91 raient été rongés par le béton. Parlons de ce qui est , que nous vivons déjà. Lors d’un colloque de sociologues et d’urbanis

92 n’arrivaient pas à s’entendre sur ce que devrait être une ville moderne, je proposai cette définition de ce qu’elle est, dè

93 derne, je proposai cette définition de ce qu’elle est , dès qu’elle est trop grande : une machine à détruire la participatio

94 i cette définition de ce qu’elle est, dès qu’elle est trop grande : une machine à détruire la participation politique des c

95 Cette machine s’enclenche et fonctionne dès que sont dépassées certaines dimensions (territoriales et démographiques) que

96 et, finalement, d’un seul tyran. Bientôt, ils ne sont plus acteurs mais simples spectateurs du jeu, partisans « passionnés

97 sionnés de politique », peut-être — mais comme on est « sportif » de nos jours quand on suit les grands matches à la TV — e

98 l’intelligence de l’homme moyen. Et puisqu’elle n’ est plus son affaire, alors, chacun pour soi et le tyran pour tous. Disso

99 . « Tant que tu vis, ne dis jamais : tel sort ne sera jamais le mien ! » conseille un personnage de Ménandre en cette époqu

100 e en cette époque alexandrine. « N’importe quoi » est possible à chacun, pour n’importe quel prix, pour peu qu’on réussisse

101 , pour peu qu’on réussisse. La devise de Ménandre sera celle des généraux successeurs d’Alexandre, et dans notre ère, d’un B

102 rs d’eux, contre eux bientôt ! Cette société leur est étrangère, inconnue, sauf en cela qu’ils la ressentent comme foncière

103 ppellent droits et, par suite, revendiquent. Tout est donc devenu faux dans le rapport civique. Il ne pouvait survivre à l’

104 connus, relèvent d’une même cause immédiate, qui est la croissance urbaine sauvage : aucun système d’inter-régulation n’ex

105 les utilisées par l’industrie. Ces deux désastres sont plus que complices : ils ne font qu’un, si l’on observe que l’exploit

106 ors que les villes, au sens actuel de la Chose, n’ étaient encore que des faubourgs ouvriers, et que les sols n’avaient pas enco

107 s de fertilité, des ingrédients chimiques qui lui sont enlevés et usés sous forme d’aliments, de vêtements, etc. …Chaque pr

108 tc. …Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais

109 ailleur17. Une fois de plus, le prophète n’a pas été suivi par les partis qui se réclament de lui au xxe siècle. Je vois

110 l’arme par excellence du progrès, qui ne saurait être que matérialiste, quantitatif d’abord, sans vains scrupules de belle

111 et nécessaire, dès lors que le progrès ne saurait être défini que selon les intérêts de l’État, qui le gère. D’où la similit

112 pollution produite par l’industrie socialiste à l’ Est et par l’industrie capitaliste à l’Ouest. Ce que Marx a bien vu, pres

113 us Staline. La vérité frappante de cette remarque est avant tout d’ordre psychologique, mais telle est bien aussi la vraie

114 est avant tout d’ordre psychologique, mais telle est bien aussi la vraie portée de la page de Marx : dans les deux cas, il

115 olutions à la crise mondiale qui sévit : car elle est née d’une mauvaise attitude de l’homme vis-à-vis de la nature, résult

116 tions entre les hommes dans la cité. Tout cela se tient , organiquement, profondément. La destruction des lions, des baleines

117 utorisées » varient très largement. Les unes s’en tiennent dans leurs estimations aux réserves connues et d’une teneur « rentabl

118 iques encore à découvrir. Mais tous supposent que sont stabilisés les rythmes actuels de la croissance, tant de la populatio

119 ue le pétrole existant et à trouver sous les mers soit épuisé dans vingt ans ou dans cent ans selon les auteurs, voilà qui i

120 de croissance des besoins », les réserves de tout sont condamnées à terme. « Changer de rythme » est la seule solution qui p

121 ut sont condamnées à terme. « Changer de rythme » est la seule solution qui paraisse à la fois raisonnable et possible. Mai

122 celui actuellement atteint aux États-Unis (où il est environ sept fois supérieur à la moyenne mondiale). Il ajoute que des

123 r la remarque fameuse de Valéry sur l’espoir, qui est « méfiance réflexe à l’égard de nos prévisions ». Mais en voici un au

124 ien pour deux et six millions d’années19. Nous ne serons plus là, ni lui, pour vérifier. Paul Valéry disait encore à ce propos

125 ignore. On s’y cache de ce qu’on sait. L’inconnu est l’espoir de l’espoir. » Vérifiant mes données sur une douzaine d’aute

126 s je lis, d’une part, que les réserves de pétrole seront épuisées dans vingt ans et, d’autre part, « qu’elles sont pratiquemen

127 isées dans vingt ans et, d’autre part, « qu’elles sont pratiquement inépuisables, en dépit des théoriciens de l’Apocalypse »

128 inution de la production mondiale du pétrole. Tel est l’avertissement lancé hier par M. H. R. Warman, directeur de la prosp

129  !) Depuis une trentaine d’années, les pronostics sont régulièrement démentis, en ce sens que tout va plus vite qu’on ne le

130 rabe m’enchante : « On n’a jamais vu un aussi bel été  ! disait le petit renard qui était né au mois de mars. » Le problè

131 vu un aussi bel été ! disait le petit renard qui était né au mois de mars. » Le problème des eaux, par exemple « Il es

132 s. » Le problème des eaux, par exemple « Il est fort possible qu’à la fin du siècle, le problème de l’eau pure et abo

133 r20. Pourquoi ? Parce que les cycles naturels ont été malmenés par ceux qui se sont arrogé le droit de les gérer. Nous avon

134 cycles naturels ont été malmenés par ceux qui se sont arrogé le droit de les gérer. Nous avons laissé l’eau, qui est à tout

135 droit de les gérer. Nous avons laissé l’eau, qui est à tout le monde et « la meilleure des choses au monde » selon Pindare

136 éels, bien entendu, ni de la déconseiller si elle est trop risquée, mais seulement de traduire l’idée du chef en langage d’

137 , déplacés à grands frais sur une falaise élevée, sont érodés par les vents de sable, rongés par l’humidité, et menacés de d

138 e agir, parce qu’il y trouve intérêt et prestige, sont en train de porter les atteintes les plus graves au cycle hydrologiqu

139 même manière la Méditerranée. Les eaux douces ne sont pas mieux traitées. Grands lacs américains et suisses pollués à mort

140 par des usines chimiques, et déjà la Hollande en est réduite à importer son eau potable de Norvège. Faudra-t-il faire fond

141 luxueuse Californie et la pauvre Amérique latine sont l’une comme l’autre en crise d’eau buvable. « Au rythme actuel » de l

142 pollution non seulement ce qui salit, mais ce qui est impropre aux êtres, aux choses et aux processus biologiques, et leur

143 lement ce qui salit, mais ce qui est impropre aux êtres , aux choses et aux processus biologiques, et leur est brutalement imp

144 aux choses et aux processus biologiques, et leur est brutalement imposé. Ou encore : tout ce qui fausse ou fixe un équilib

145 se même excellente devient polluante, quelles que soient sa nature et sa destination : pas seulement l’industrie chimique avec

146 citaire le territoire de votre intimité, et ce ne sont là que nuisances passagères (tournez le bouton, bouchez-vous les orei

147 s du Progrès ». Or, sachez-le, et cette phrase-là est répétée à chaque page de cet ouvrage, expressément, implicitement, ou

148 ex, atteint le dernier degré de la pollution : il est exproprié de soi, et menacé de désintégration du noyau de ce qui lui

149 t menacé de désintégration du noyau de ce qui lui était propre. II s’ensuit que la lutte contre la pollution conduit à remet

150 nsommation. (A-t-on remarqué que cette expression est la définition même du troupeau ?) Mais il s’agit surtout d’une sociét

151 jà réduites dans quelques cas, dont le plus connu est celui du smog londonien. J’évoquerai les seules formes de pollution p

152 essaierai de montrer que leurs causes principales sont « en système », et de déceler ce qui fait obstacle à leur réduction i

153 La pollution la plus grave, après celle de l’eau, est celle de l’alimentation, qui dépend pour une large part du cycle hydr

154 système nerveux21. Déjà « la faim dans le monde » est une rubrique régulière de la grande presse : on sent qu’elle est deve

155 e régulière de la grande presse : on sent qu’elle est devenue chronique et l’on annonce qu’elle ne peut que s’étendre puisq

156 et qu’elle peut tout. On sait que la Technologie est un concept sacré pour l’Amérique moderne — celle qui commence à Benja

157 a Technologie s’énonce ainsi : « Tout ce qui peut être fait le sera. » C’est le jugement le plus pessimiste qu’on ait jamais

158 s’énonce ainsi : « Tout ce qui peut être fait le sera . » C’est le jugement le plus pessimiste qu’on ait jamais porté sur no

159 crée de nouvelles industries sans savoir si elles sont souhaitables ou non ». Et l’on vient de voir ce qu’il en est au xxe

160 ables ou non ». Et l’on vient de voir ce qu’il en est au xxe siècle ! Face à cet embarras indiscutable (que j’appelle cris

161 rras indiscutable (que j’appelle crise), l’idée s’ est répandue dans les milieux de la droite éclairée et dynamique (industr

162 echnocrates à l’Ouest, dirigeants communistes à l’ Est ) que le « progrès technologique » lui-même sera seul capable de reméd

163 l’Est) que le « progrès technologique » lui-même sera seul capable de remédier aux méfaits de la technique d’hier, lui seul

164 bonne heure ! Mais l’inconvénient de la technique est qu’elle exige pour chaque innovation une dépense de travail, de temps

165 être mal réglée à une technologie mieux informée, sont ceux qui refusent en vérité de changer de plan et de présupposés, et

166  » ou prétexter les « exigences de la technique » est devenu la forme la plus courante de l’excuse hypocrite qui passe le m

167 (ou surtout ?) auprès d’un « public averti ». On est en droit de généraliser l’observation. En fait, il ne saurait y avoir

168 nique servira fatalement les causes mêmes du mal, fût -elle capable d’en atténuer ici ou là, voire d’en éliminer pour un tem

169 . En bref, elle ne pourrait améliorer quoi que ce soit , sinon dans un monde justement où elle ne serait plus impérative : da

170 ce soit, sinon dans un monde justement où elle ne serait plus impérative : dans un monde qui se serait donné d’autres finalité

171 ne serait plus impérative : dans un monde qui se serait donné d’autres finalités que celle de la croissance et tiendrait comp

172 , en conséquence, des seuls impératifs réels, qui sont , dans l’ordre matériel, les limites de la Terre et de ses ressources

173 Tous les autres « impératifs » que l’on invoque n’ étant que boniments de vendeurs, épouvantails à moineaux, hypocrisies en se

174 ’elle se fait peur à elle-même. La technique n’ est pas neutre dans notre société — Croyez-vous donc la technique mauv

175 soi ? — Non, mais quand je prétends que l’avenir est notre affaire, cela veut dire en particulier que nous devons adapter

176 er la technique à nos fins, et non l’inverse, qui serait d’adapter nos besoins aux prévisions (d’ailleurs contradictoires) des

177 ’y a pas « d’impératifs techniques » en soi, ce n’ est pas vrai. Nous pourrions nous passer de bombes atomiques et même de c

178 ité humaine : ce vol du feu par Prométhée, qui en est si cruellement puni par les dieux, ces garants jaloux des « équilibre

179 techniques comme dérangeant à son profit ce qu’il tient pour « l’ordre du monde ». Cette action risquée crée une dette, une c

180 us ou moins contestataires, plutôt soucieux… — Il est vrai. La technique est devenue infiniment plus efficace que tout ce q

181 res, plutôt soucieux… — Il est vrai. La technique est devenue infiniment plus efficace que tout ce qu’on peut penser, imagi

182 nt-millions avec l’énergie atomique. Et plus elle est puissante sur la nature, moins l’homme connaît les répercussions à lo

183 donc beau jeu à se cacher derrière elle ! Ils ne sont responsables de rien : c’est la technique qui veut tout ça, la techni

184 connais le responsable et l’agent. La technique n’ est pas neutre dans notre société, ou pour mieux dire : notre technique n

185 e société, ou pour mieux dire : notre technique n’ est pas neutre. Chacun voit qu’elle sert mieux ce qui détruit (comme la g

186 rre), que ce qui valorise et crée la vie. Et il n’ est pas exact qu’elle soit passive : quand elle se fait elle-même « messa

187 ise et crée la vie. Et il n’est pas exact qu’elle soit passive : quand elle se fait elle-même « message » comme la TV selon

188 n se promène avec un transistor à l’oreille, il n’ est plus question de réfléchir ou de méditer en marchant. La place est pr

189 de réfléchir ou de méditer en marchant. La place est prise. La vie intérieure se trouve ainsi déplacée, extériorisée et tr

190 ut très bien exister ; une société d’hommes creux est tout à fait concevable : elle pourrait même être assez bien organisée

191 x est tout à fait concevable : elle pourrait même être assez bien organisée23. Ces derniers mots suggèrent que la finalité

192 x de l’État qui les monopolise ou subventionne, n’ est autre que « l’ordre public », la mise au pas des esprits et des cœurs

193 ès même et qui empêche le gavage. Bien plus grave est la propension dans le monde des affaires, et les bureaux de l’État, à

194 s nos grands managers ont un ordinateur. Le flair était de l’homme en l’homme et tenait compte de tout ce que l’homme avait a

195 es pressentiments et coups de génie. L’ordinateur est extérieur à l’homme et ne tient compte de rien, hors du programme : i

196 t ne tient compte de rien, hors du programme : il est radicalement dépourvu de scrupules. Il faudra lui donner toujours plu

197 me, et que je dis irremplaçable.   La technique n’ est pas neutre, il s’en faut, dans le contexte de notre société occidenta

198 s armes, la technologie, et le pouvoir, les liens sont étroits et constants, au point qu’on ne sait plus lequel détermine l’

199 plus lequel détermine l’autre. Les régimes qui se sont succédé dans notre histoire correspondaient aux armes disponibles en

200 que la France s’impose pour sa force de frappe ne sont qu’un combat d’arrière-garde, fin de partie du stato-nationalisme), t

201 ient correspondre aux régions autonomes (sinon ce sera purement et simplement le terrorisme et la guerre des gangs). La t

202 désir de l’homme La technique naît du rêve, il est vrai. Rêve de voler. Rêve d’agir, de parler, ou de tuer à grande dist

203 ves constants. Objectivée, « impérative », elle n’ est plus que l’alibi de nos lâchetés, et cache bien mal un nihilisme fonc

204 s grand secret sur les inhibiteurs d’enzymes, qui seraient capables de détruire sélectivement les hommes d’une certaine ethnie (

205 ser leurs femmes… Ceux qui poursuivent ces études sont des malades mentaux, nécessairement. Mais il n’est pas jusqu’à la bio

206 nt des malades mentaux, nécessairement. Mais il n’ est pas jusqu’à la biologie, « science de la vie », qui ne « bénéficie »

207 ont seulement, au début, si leur metteur en ondes est de droite ou de gauche. On leur répondra ce qu’ils voudront. Il n’y a

208 ituer l’inerte au vivant Or, la technique ne s’ est pas faite toute seule, et n’est pas un démon plus qu’un ange parmi no

209 la technique ne s’est pas faite toute seule, et n’ est pas un démon plus qu’un ange parmi nous. C’est un ensemble non délimi

210 le matérialiste, pour qui l’événement spirituel n’ est que le reflet d’un processus physique, et Descartes le mécaniste, don

211 it dans leur donnée) que nos techniques actuelles sont comme des dés pipés, dont tous les coups confirment soit le matériali

212 mme des dés pipés, dont tous les coups confirment soit le matérialisme, soit les combinaisons précises mais invisibles de l’

213 t tous les coups confirment soit le matérialisme, soit les combinaisons précises mais invisibles de l’énergie. Notre technol

214 s mais invisibles de l’énergie. Notre technologie est ainsi la figure la plus ressemblante de l’Occident, qui se soucie pri

215 ité ou âme, dont tout danseur sait bien qu’elle n’ est pas plus intellectuelle que matérielle ou mécanique. Ainsi s’explique

216 les de la technique occidentale » ? Non, car elle est encore beaucoup trop chère en coûts humains et naturels, et trop mal

217 comme à nos véritables besoins. On doute qu’elle soit rentable tous comptes faits, ruineuse comme elle est des ressources t

218 rentable tous comptes faits, ruineuse comme elle est des ressources terrestres. Ainsi qu’on le voit quand les pays encore

219 enfaits ». Ces trois quarts de l’humanité, qui en seront demain les cinq sixièmes, ne profiteront jamais de notre développemen

220 racteurs et d’avions. Nos techniques de transport sont donc mauvaises. Nous n’avons pas voulu calculer la dépense. Nous avon

221 plus, sur toute la Terre, de quoi le refaire. Il est devenu banal d’observer que les inventions techniques vont vite, et q

222 iété s’y adapte très lentement. Il se peut que ce soit là son salut, sa défense la plus efficace contre les séries de conséq

223 ’ennui et peuvent le rendre inguérissable, ce qui est le pire des maux sociaux. Et chacun voit que l’arme absolue est celle

224 s maux sociaux. Et chacun voit que l’arme absolue est celle-là même que le pays qui l’invente ne pourra jamais utiliser. Co

225 r, que faire de ma bombe H ? Contre un État, ce n’ est pas mieux : le déclenchement de mes missiles fait tomber ses missiles

226 u l’insouciance des enfants de Dieu, et nous nous sommes chargés de l’écrasant devoir de choisir notre avenir à tout risque, o

227 r notre avenir à tout risque, ou d’accepter qu’il soit , à tout calcul, catastrophique. Le mythe de Prométhée Le mythe

228 tive. Prométhée, comme son nom l’indique en grec, est « celui qui voit d’avance », « réfléchit avant d’agir », fait de la p

229 près coup, et n’arrive à voir vraiment que ce qui est arrivé déjà. Prométhée crée les premiers hommes qui ne sont pas simpl

230 é déjà. Prométhée crée les premiers hommes qui ne sont pas simplement issus du sol comme des légumes, ainsi que cela se pass

231 calion signifie vin nouveau, et l’on sait que Noé était un peu ivrogne. L’humanité nouvelle prend son départ sous ces auspice

232 a femme à enfanter dans la douleur, tous les deux sont chassés du Jardin, exilés sur une terre « au sol maudit à cause d’eux

233 cause de leur péché contre l’ordre du monde, qui est aussi la loi du Père, et voués au « retour à la poussière d’où ils on

234 et voués au « retour à la poussière d’où ils ont été pris ». Au jugement des modernes, il va de soi que l’action de Promét

235 modernes, il va de soi que l’action de Prométhée est celle d’un héros. Nous avons perdu le sens de ce qu’il pouvait y avoi

236 tuation prétechnique. Les dieux estiment que ce n’ est pas l’affaire d’un homme — fût-il de la race des Titans, ou de foncti

237 estiment que ce n’est pas l’affaire d’un homme —  fût -il de la race des Titans, ou de fonction cosmique dominante28, demi-d

238 e puissance aussi fondamentale que le feu. Car il est incapable de voir d’assez haut, donc d’assez loin, les conséquences d

239 es conséquences de ses actes créateurs. Zeus, qui est le dieu de la prévision globale déduite des fins de l’évolution, donc

240 serres et les lois de la matière inanimée. Mais n’ est -ce pas l’homme lui-même, bénéficiaire — croit-il — du rapt du feu, qu

241 surtout à l’angoisse d’ignorer un avenir dont il est désormais l’auteur ? L’anxiété qu’entretient cette ignorance est née

242 ’auteur ? L’anxiété qu’entretient cette ignorance est née des succès mêmes de la technique. Car l’homme qui veut agir sur l

243 lieu d’en faire innocemment partie comme en Eden, est incapable de prévoir que telle de ses inventions, mettons l’auto, des

244 oute vie sur la Terre29. Qui dit technologie (qui est la constitution d’une anti- ou para-nature) dit aventure, incertitude

245 tractions divinisées et compulsives. Si l’on s’en tient au seul domaine technologique, le seul espoir pour notre espèce est d

246 e technologique, le seul espoir pour notre espèce est dans la « technologie douce ». Mais elle suppose le rejet systématiqu

247 lois et à mimer leurs procédés, si loin que nous soyons encore de les comprendre. Robin Clarke a dressé la liste des paires d

248 ent je la résume pour ma part. La technique douce est plus près de l’agriculture que de l’industrie lourde ; plus près de l

249 echniciens durs jugent vaines et sans objet. Elle est plus près du cœur et de l’esprit que de l’intellect pur et de ses ord

250 pouvoir. Car les techniciens durs, nolens volens, sont au service de la grande industrie, laquelle s’oppose « très fermement

251 férentiel unique de l’industrie (la rentabilité y étant incluse), est une fixation ou un dogme, un axiome ou un postulat, qu’

252 de l’industrie (la rentabilité y étant incluse), est une fixation ou un dogme, un axiome ou un postulat, qu’il suffit de m

253 n du monde moderne La preuve que la croissance est devenue la vraie religion du monde contemporain en tant que monde déc

254 ils avaient appris et enseignaient encore ; force était donc de traiter les imprudents qui s’en prenaient au dogme d’amateurs

255 rt Forrester, plus poignant dans sa conclusion34, est sans doute l’ouvrage qui a exercé la plus profonde influence sur la s

256 istes et dans le grand public conservateur ? Cela tient , d’une part, au prestige qu’attachent au terme de croissance tant de

257 croissance » au sens d’augmentation quantitative sont ressentis comme ennemis de la vie, de la croissance biologique au sen

258 a mort se trouvent inscrits. La fausse croissance est sans programme, théoriquement illimitée ; une fois lancée, elle va ve

259 ute croissance biologique trouve ses limites, qui sont conditions mêmes de la vie. Mais les déchets de la production industr

260 ion industrielle et de l’obsolescence calculée ne sont pas recyclés par la nature, et seulement dans une faible mesure, par

261 nul cycle ne se règle par lui-même, toute limite est externe et posée du dehors. Elle est alors obstacle à écarter, ou mar

262 toute limite est externe et posée du dehors. Elle est alors obstacle à écarter, ou marque de l’échec final, et non plus con

263 la définition de la croissance cancéreuse. Je ne suis pas contre la croissance (je ne suis pas cathare dans ce sens). Je pr

264 reuse. Je ne suis pas contre la croissance (je ne suis pas cathare dans ce sens). Je propose, au contraire, que l’on s’inspi

265 ose avec elle, une croissance sans limites, qui n’ est en fait qu’une ex-croissance maligne. Perte du sens des limites

266 é de réagir et de reprendre en main les commandes tient à ce que l’homme moderne est de moins en moins capable de se limiter

267 main les commandes tient à ce que l’homme moderne est de moins en moins capable de se limiter volontairement par la seule c

268 sa course folle, montrant aux survivants (dont il sera , bien sûr !) où était la saine limite outrepassée. Il attend aussi qu

269 rant aux survivants (dont il sera, bien sûr !) où était la saine limite outrepassée. Il attend aussi que les pouvoirs imposen

270 it de leur manifeste absurdité. Les jacobins, qui étaient en train de créer l’État-nation contre les petites patries réelles, s

271 a notion de limite intrinsèque à tel domaine de l’ être ou de l’action, par celle tout arbitraire de frontières étatiques, au

272 ées « naturelles » par antiphrase, alors qu’elles sont en réalité, comme chacun peut le voir, « les résultats des viols répé

273 istoire » comme l’écrit le Prof. J. Ancel. Or, il était fatal qu’à l’intérieur des frontières stato-nationales uniformément i

274 des phénomènes aberrants, dont le dernier en date est le culte du PNB. Un indicateur universel de la croissance : le PNB

275 nce : le PNB Le produit national brut, ou PNB, est un total, obtenu par l’addition des dépenses de consommation, des inv

276 apparaît dans les années 1920 et 1930, mais ce n’ est qu’à partir de son adoption par les Nations unies que son culte a gag

277 », l’esprit de notre société occidentale, qu’elle soit d’ailleurs capitaliste ou socialiste, dont il traduit en chiffres et

278 les véritables hiérarchies de valeurs, celles qui sont pratiquées, non proclamées. Dès lors que, par définition, le PNB ne c

279 oduction industrielle, dont la part la plus noble est consacrée aux armes nucléaires — armes de chantage, plus joliment app

280 te cher, mais à négliger le précieux, ce qui nous est cher. Ou encore, dans le conflit qui les oppose, à tricher systématiq

281 re société, ses valeurs et son mode de vie, qu’il était censé refléter. Les économistes ont beau nous déclarer que l’économie

282 ès » purement quantitatif : le dédain de ce qui n’ est pas chiffrable cautionne en fait une échelle de valeurs exclusives d’

283 t ce qui donne sens et saveur à notre vie. Tout a été dit sur la provocante stupidité qui régit ce mode de comptabilité. On

284 que des efforts pour y remédier, si toutefois ils sont rétribués. (Le Bon Samaritain ne serait pas compté dans ce qui permet

285 utefois ils sont rétribués. (Le Bon Samaritain ne serait pas compté dans ce qui permet de mesurer le progrès humain, son actio

286 parce que la Comptabilité nationale en tous pays est fondée sur les transactions financières, elle ne compte pour rien la

287 i le « progrès » mesuré sur le PNB par habitant n’ est spectaculaire, dans la plupart des cas, que du seul fait que les État

288 s pertes humaines aux profits matériels. Le PNB n’ est pas du tout cet « instrument certes imparfait et qu’il s’agit d’améli

289 n’ose le dire. Je ne lui reproche pas seulement d’ être un produit fort mal compté, ni d’être brut — qui pourrait signifier :

290 seulement d’être un produit fort mal compté, ni d’ être brut — qui pourrait signifier : non trafiqué — mais d’abord d’être na

291 ourrait signifier : non trafiqué — mais d’abord d’ être national, et ensuite de n’être que cela et de tout ramener à cela seu

292 é — mais d’abord d’être national, et ensuite de n’ être que cela et de tout ramener à cela seul. Je lui reproche de n’avoir d

293 tribuables et de l’environnement global. La Terre est devenue trop petite, trop peuplée et trop bien quadrillée par les pol

294 our effet inévitable d’occulter ce qui ne saurait être compté dans le PNB. Ainsi l’attention du public, mais aussi de la plu

295 ic, mais aussi de la plupart de nos économistes s’ est laissé détourner des réalités humaines non nationales, sacrifiées à l

296 nées 1960. La baisse a commencé par les pays de l’ Est , de la Pologne à la Hongrie, et de la Roumanie à l’Allemagne de l’Est

297 et de la Roumanie à l’Allemagne de l’Est. Elle s’ est propagée, dirait-on, à l’Allemagne fédérale, à la Suède, à la Suisse

298 ques, diffèrent tellement — à les en croire —, en sont à la croissance zéro quand ce n’est pas à la régression démographique

299 croire —, en sont à la croissance zéro quand ce n’ est pas à la régression démographique. Pas un seul démographe, que je sac

300 proposé d’explication qui vaille à la fois pour l’ Est et l’Ouest, pour le communisme et le capitalisme, pour les pays encor

301 ur l’an 2000 ? (Croissance de 23 ‰, alors qu’elle est de 140 ‰ pour le tiers-monde dans son ensemble, et de 333 ‰ pour le S

302 es quatre ans un ticket de trois candidats : l’un sera maire, le deuxième juge, et le troisième contrôleur des finances. Une

303 Une fois élus, ces trois représentants du peuple seront seuls compétents pour recruter ou débaucher quelque 400 000 fonctionn

304 ux. La réunion n’eut jamais lieu, le préfet ayant été subitement déplacé. 15. 54 % de l’essence consommée aujourd’hui aux

305 de l’essence consommée aujourd’hui aux États-Unis est consacrée aux aller et retour des banlieusards (L’Express, 17 mars 19

306 ieusards (L’Express, 17 mars 1974). Plus la ville est grande, plus ses habitants maudissent la circulation… (85 % des habit

307 h. XV. 18. Mais « comme cela », tous les calculs sont faux, et pèchent par un excès délirant d’optimisme, pour autant que l

308 mulés depuis une trentaine d’années. 22. Le foie était le siège de l’âme pour les Étrusques (qui venaient, comme le mythe, d

309 l’homme et la femme. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la Terre et l’assujettissez, et domin

310 nt, Paris, 1975, p. 61-62. 31. Limits to Growth est le titre original de l’ouvrage rédigé par le professeur Dennis Meadow

311 on les réalités elles-mêmes. 32. « Autodidacte » est encore une injure dans la bouche de vieux professeurs. Faut-il en inf

312 la plus sympathique aussi, du rapport Meadows, a été publiée par Georg Picht dans la revue Merkur, Munich, mars 73, sous l

313 tient pas compte des qualités, dont la croissance est sans limites. 36. Selon Barbara Ward et René Dubos, Nous n’avons qu’

314 2Le grand litige « Fatalités », ou la peur d’ être libre Le débat de l’énergie nucléaire dramatise d’une manière exem

315 le cynisme, l’option générale du système — qui n’ est pas le bonheur, on s’en doute, et encore moins les libertés de la per

316 e trajet à partir de la démographie. La bombe P n’ est pas seulement l’effet de la révolution industrielle, de la pharmacopé

317 . Non pas que nos idées de l’homme et de ses fins soient toujours bien conscientes chez la plupart. Mais ce sont elles, fût-ce

318 oujours bien conscientes chez la plupart. Mais ce sont elles, fût-ce à travers nos rêves, qui, en dernier ressort, dictent n

319 conscientes chez la plupart. Mais ce sont elles, fût -ce à travers nos rêves, qui, en dernier ressort, dictent nos décision

320 s ; montrer que les fatalités que l’on allègue ne sont que les déguisements de fins qu’on veut cacher, ou que l’on se cache

321 libis de notre lâcheté, j’entends de notre peur d’ être libres : telle est bien l’ambition de cet ouvrage, au moins dans sa p

322 té, j’entends de notre peur d’être libres : telle est bien l’ambition de cet ouvrage, au moins dans sa première partie. San

323 a peine d’étudier les dossiers avant de voter, je suis à la recherche des motifs réels derrière les arguments brandis de par

324 , un sur trois en Suisse ; des pénuries d’énergie sont en vue, à cause du suremploi, du boom industriel et de la « démograph

325 ier cri de la technique, voire de la science ; ce sera concurrentiel, rentable dans dix ans, vingt ans au plus ; et le combu

326 ent ! Les plans de quelques dizaines de centrales sont acceptés et mis en œuvre aux USA, en Grande-Bretagne, en France, en E

327 . On leur répond que « toutes les précautions ont été prises », et que les normes de sécurité sont « vingt-cinq fois plus r

328 s ont été prises », et que les normes de sécurité sont « vingt-cinq fois plus rigoureuses que dans toute autre branche de l’

329 des savants sérieux n’ont-ils pas affirmé qu’il n’ est nullement exclu qu’un millionième de gramme de plutonium inhalé jusqu

330 d’électricité répond fin 1972 que cette objection est facilement résolue : on envoie les déchets à des usines qui les retra

331 t, les fusent dans du verre et ces blocs de verre seront par la suite stockés dans des cavernes39. Cependant, le physicien Lep

332 ’un des bons procédés qu’on étudie actuellement » serait la vitrification. Quant aux réacteurs épuisés, ils ne présentent aucu

333 Il l’a vu lui-même à Marcoule où deux réacteurs ( tiens , déjà ?) sont arrêtés. — Mais « l’étude d’un bon procédé » nous met-

334 même à Marcoule où deux réacteurs (tiens, déjà ?) sont arrêtés. — Mais « l’étude d’un bon procédé » nous met-elle à l’abri

335 tous les sept ans, c’est un fait établi, et nous sommes tenus d’y faire face. Au reste l’homme n’a jamais rien entrepris sans

336 es sept ans, c’est un fait établi, et nous sommes tenus d’y faire face. Au reste l’homme n’a jamais rien entrepris sans risqu

337 Négligeant de vérifier ce « fait » qui ne saurait être « établi » que dans l’avenir de vos désirs, et non des miens, je me b

338 ficile, dans vingt-huit ans seize fois plus, ce n’ est guère pensable, et dans moins d’un siècle (quatre-vingt-dix-huit ans

339 nstante à nier les risques, à les minimiser s’ils étaient confirmés par des accidents de fonctionnement, qu’on nommait alors in

340 réfuter ses arguments, de laisser entendre qu’on était en présence d’une victime du « complexe d’Hiroshima », ou d’un ennemi

341 rois à la fois, bref, de quelqu’un avec lequel il était inutile de discuter si les premières réponses lénifiantes n’avaient p

342 le de l’agent d’un grand dessein qu’il se doit de tenir caché, mais jamais celle d’un scientifique cherchant le vrai et prêt

343 ns et de partager au moins nos doutes. Ceux qui n’ étaient pas aveuglés, ni payés pour nous aveugler. Et voici ce qu’ils avaient

344 de quelque affaire commerciale habilement conclue est tout à fait inadmissible dans ce contexte. Les hommes ne se trouvent

345 e simple question de profit ou de bien-être ; ils sont confrontés au problème de leur propre survie, celle de leurs enfants

346 et de toute la race humaine. Aucun pays, quel que soit son système politique, ne doit permettre que les règles de sécurité q

347 s de sécurité qui concernent le domaine nucléaire soient fixées par les personnes le plus directement intéressées à l’extensio

348 Par exemple, il peut protester chaque fois qu’il est question de construire des stations atomiques près d’agglomérations u

349 herché à estimer les dommages matériels. Qui plus est , on ne peut pas laisser les gros réacteurs se refroidir tout seuls ;

350 s atomiques ; au-delà de ce chiffre, les victimes sont indemnisées par l’État jusqu’à concurrence de 600 millions. La situat

351 jusqu’à concurrence de 600 millions. La situation est analogue aux États-Unis44 ». Il y avait mieux. On calculait que le re

352 P. Samuel écrivait : Des dizaines d’accidents se sont déjà produits dans des centrales atomiques. Plus généralement, on a d

353 3. (Il y a des raisons de penser que d’autres ont été tenus secrets.) Il y en eut de fort graves à Windscale en Angleterre,

354 Il y a des raisons de penser que d’autres ont été tenus secrets.) Il y en eut de fort graves à Windscale en Angleterre, à Sve

355 emagne), Saint-Laurent-des-Eaux (France)…   Qu’en était -il des déchets des centrales actuelles à eau légère ? Le traitement

356 este, ces déchets, toujours dissous dans l’acide, sont jetés après concentration dans d’immenses cuves souterraines d’acier

357 bone, où le liquide bouillonnant doit constamment être refroidi et agité. Il y a plus de 300 millions de litres de ces liqui

358 dent grave tous les huit ans. Un dernier déchet est le réacteur atomique lui-même, lorsqu’il aura terminé sa vie utile de

359 6, manifestations à Malville, à Brokdorf, etc.) n’ est de toute évidence que boniment de vendeur, ou au mieux marketing qui

360 e de nouvelles centrales tant que leur sécurité n’ est pas mieux assurée ? Le biologiste George Wald, de Harvard, prix Nobel

361 étés productrices d’énergie nucléaire aux USA. Ne sont -ils pas amenés à se prononcer comme des avocats plutôt que comme des

362  ? On ne peut le dire en toute certitude. Mais il est utile de savoir que ceux qui s’opposent à la puissance nucléaire n’on

363 n à y gagner, sauf pour le bien public, et qu’ils sont au contraire prêts à payer le privilège de dire librement ce qu’ils p

364 l’automne 1973 la « crise du pétrole ». Le terme est ambigu, car en fait, il n’y a pas moins de pétrole qu’avant ; mais ce

365 l’énergie nucléaire devient compétitive. (Elle l’ était hier déjà, qui trompe-t-on ?) Mais on oublie de nous dire que pendant

366 rs, annoncent que « désormais » la seule solution est la mise en chantier massive et immédiate de dizaines de nouveaux réac

367 à le leur répéter : « Toutes les précautions ont été prises. » À ce point, le système du mensonge nucléaire s’annonce comm

368 devient visible dans toutes ses parties, et doit être décrit sans plus de ménagements. Douze mensonges en service comman

369 vice commandé 1. « Toutes les précautions ont été prises. » — En 1870, l’armée française part à l’attaque de la Prusse

370 un bouton de guêtre ». Toutes les précautions ont été prises pour la victoire. En 1912, dans la nuit du 14 au 15 avril, le

371 e le port de New York pour son premier voyage. Il est absolument insubmersible, assurent les constructeurs, chaque cabine,

372 and on me répète que « toutes les précautions ont été prises », je comprends instantanément qu’il y a lieu de redouter le p

373 Pas un bouton ne manque à nos centrales. Tout a été mille fois vérifié, assuré. Pas un neutron ne pourra s’en échapper. P

374 bougie…   2. « Pas un seul accident mortel ne s’ est produit. » — « Les réacteurs en service, au nombre de plusieurs centa

375 s systèmes de sécurité. Beaucoup de ces incidents sont largement susceptibles de se reproduire et leurs conséquences sont po

376 sceptibles de se reproduire et leurs conséquences sont potentiellement graves ». En fait, des milliers d’« incidents » et un

377  incidents » et une trentaine d’accidents sérieux sont déjà connus. La probabilité d’accidents graves est presque nulle, s’o

378 nt déjà connus. La probabilité d’accidents graves est presque nulle, s’obstinent à répéter les promoteurs. Le risque n’en d

379 ins inacceptable, car l’accident s’il se produit, sera presque total pour de vastes contrées. Et l’on trompe le public en lu

380 ev, « quelque chose » (incident ou accident ?) se serait déjà produit en URSS aux premiers temps du nucléaire (1958), causant

381 de morts et plusieurs milliers de blessés. Ce qui est peu au regard des prévisions de l’AEC pour des réacteurs nains de 100

382 t. Les gouvernements allemand, français et suisse sont en train de construire 16 réacteurs de plus de 1000 MW chacun, dans u

383 tour de la ville de Bâle. Les chiffres américains seraient à multiplier par 5 à 10 pour chacun de ces réacteurs à eau légère non

384 i malgré tout traverse les parois du réacteur, ne serait guère qu’un cent quarantième de la radioactivité naturelle : « dose a

385 ée — si la population d’un pays comme la France y était pleinement exposée — 12 500 à 25 000 morts par maladies congénitales

386 nt court ce danger dans l’état actuel. Mais qu’en sera-t -il dans trente ans, avec les dizaines de milliers de centrales qu’on

387 « propreté » des réacteurs et de leurs déchets ne sera d’ailleurs établie — si elle l’est jamais — qu’au terme d’expériences

388 rs déchets ne sera d’ailleurs établie — si elle l’ est jamais — qu’au terme d’expériences en cours dont les résultats seront

389 u terme d’expériences en cours dont les résultats seront connus « dans une trentaine d’années48 ». D’ici là, le plan ORSECRAD

390 soigneusement » les parties du corps qui auraient été exposées à une contamination radioactive. Note sur les trois premi

391 innocuité et la fiabilité des centrales actuelles étant ce qu’ils disent, pourquoi ne pas construire les réacteurs sur les li

392 Paris, Londres, Vienne ? Les transports d’énergie sont très chers, de la Bretagne ou de l’Alsace à Paris : pourquoi ne pas e

393 lir nos fleuves !   5. « Le problème des déchets est réglé. » — Le mensonge a les jambes courtes, dit un proverbe, et celu

394 es jambes courtes, dit un proverbe, et celui-ci s’ est révélé d’activité rapidement décroissante ; ou pour le dire en termes

395 cteur désigné de la centrale de Verbois (qui doit être construite à dix kilomètres de la ville) fait une conférence sur l’én

396 nne la presse du lendemain (les mots soulignés le sont par moi) : Les objections qui se présentent sont facilement résolues

397 sont par moi) : Les objections qui se présentent sont facilement résolues : les résidus des produits de fission sont envoyé

398 nt résolues : les résidus des produits de fission sont envoyés dans des usines qui retraitent ces combustibles usés, les fus

399 façon à les rendre insolubles. Ces blocs de verre seront stockés dans les cavernes de Lucens qui pourront les contenir ainsi q

400 à l’an 2000. Quinze jours plus tard, le présent sont devient le conditionnel seraient : L. Leprince-Ringuet affirme « qu’u

401 lus tard, le présent sont devient le conditionnel seraient  : L. Leprince-Ringuet affirme « qu’un bon procédé qu’on étudie serait

402 -Ringuet affirme « qu’un bon procédé qu’on étudie serait la vitrification ». Un an s’écoule, et les journaux passent au futur 

403 sais de stockage des déchets radioactifs pourront être entrepris dès l’hiver de 1976 en Suisse, selon le bulletin de presse

404 emiers essais ; ou bien que l’information de 1972 était fausse, totalement et délibérément. On nous annonce ensuite, par étap

405 e d’une usine de retraitement. Une telle usine ne sera pas construite en Allemagne avant une quinzaine d’années. Quant au

406 ires néerlandais, belges, suisses et britanniques seront immergées cet été dans le nord de l’Atlantique par un cargo britanniq

407 ges, suisses et britanniques seront immergées cet été dans le nord de l’Atlantique par un cargo britannique. (Nous les ret

408 e qui commence aux poissons des profondeurs.) Que sont devenues « les usines de retraitement » où, dès 1972, les centrales s

409 te date deux en tout. Windscale, en Angleterre, a été fermée depuis lors, La Hague est en grève au moment où j’écris. La co

410 en Angleterre, a été fermée depuis lors, La Hague est en grève au moment où j’écris. La conclusion de cette histoire de déc

411 léaire. » Le mensonge, ici, se dédouble. A — Il n’ est pas vrai que l’Europe participe à l’explosion démographique. Il y a d

412 qui va doubler sa densité de peuplement. Comme il est techniquement impossible et politiquement impensable que les centrale

413 nt ne vaut pas le papier qui le supporte. Il n’en est pas moins efficace, car il invoque l’absolu de la croissance, et ce r

414 d’hier et de l’État-nation napoléonien. B — Il n’ est pas vrai que les besoins de l’Europe doublent tous les sept ou dix an

415 dit qu’ils le font ? Dans chacun de nos pays, ce sont les dirigeants des sociétés productrices d’électricité, bientôt suivi

416 rquoi nous le disent-ils avec tant d’insistance ? Serait -ce pour inciter le public à se restreindre, et à réduire le gaspillag

417 quitter une chambre. On fait honte aux Français d’ être si fort en retard sur les Américains du Nord quant à leurs dépenses d

418 — conformément à leur mission de service public — est de satisfaire au moindre coût les besoins en énergie électrique de la

419 collectivité nationale50 ». Admettons, mais quels sont les « besoins » dont on parle ? Toutes les estimations prospectives d

420 s estimations prospectives des années 1965 à 1973 étaient fausses. Nulle part la consommation n’a augmenté aux taux prévus. L’a

421 ouvrir » qui exigeraient les centrales nucléaires est littéralement renversé par les propres déclarations d’EDF : Il ne s’

422 aire s’évanouit51. La « mission » qu’on invoque n’ était bien qu’un prétexte au service d’une certaine politique, qu’on aurait

423 et leurs experts nous répètent que les réacteurs sont un mal nécessaire pour couvrir notre déficit énergétique durant les d

424 s’agit des mêmes dix années…   9. « Le nucléaire est rentable. » (Bilan financier.) — Considérons la possibilité d’un succ

425 outchouc d’où résulterait que leur kilowatt/heure est « compétitif ». Ils mentent à coup sûr et ne peuvent l’ignorer. Le « 

426 t l’ignorer. Le « succès maximal du nucléaire » a été évalué par Mesarovic et Pestel dans le deuxième rapport au club de Ro

427 pposer que dans cent ans toute l’énergie primaire soit d’origine nucléaire, si les tendances actuelles du développement se p

428 e deux par jour à seule fin de remplacer ceux qui seront hors d’usage… Ce remplacement coûterait au moins 2000 milliards de do

429 rait au moins 2000 milliards de dollars par an, «  soit 60 % du revenu mondial actuel… Il est hors de question de réunir de t

430 par an, « soit 60 % du revenu mondial actuel… Il est hors de question de réunir de tels capitaux dans aucun des systèmes é

431 solaire, éolienne, géothermique, marémotrice, ne seront pas compétitives avant la fin du siècle. » — Cette prévision est mens

432 tives avant la fin du siècle. » — Cette prévision est mensongère, car elle ne pourrait se vérifier qu’au prix d’une négatio

433 a lumière. Nous l’aimons pour son rayonnement qui est à tous, qui est partout, à jamais décentralisé ! Pour cette même rais

434 l’aimons pour son rayonnement qui est à tous, qui est partout, à jamais décentralisé ! Pour cette même raison vous le détes

435 ’arriverez jamais à le nationaliser ! » Non, ce n’ est pas « l’état présent de la recherche » qui explique le retard des for

436 , on nous répondra que ces technologies douces ne sont toujours pas au point, et on les rangera parmi les énergies de demain

437 e atomique, chargé de fournir les idées ; le tout étant présidé par un Belge. La Suisse finance ses centrales avec l’aide d’u

438 éacteurs, nous constatons que les multinationales sont seules capables d’assurer nos indépendances nationales. Aussi longtem

439 de puissance cessera de les intéresser, le moment sera venu pour elles de se faire nationaliser, et c’est alors la gauche qu

440 eter leur participation par l’État ; les déficits étant transférés de la sorte à la charge des contribuables. Quant à l’urani

441 en troisième rang de l’Afrique du Sud. La vérité est qu’un objet aussi cher et aussi grand qu’une centrale nucléaire ne pe

442 par nos éventuels descendants. La sottise majeure est d’invoquer « l’indépendance nationale » dans le domaine énergétique.

443 ns le domaine énergétique. Car cette indépendance est prévue pour la guerre, et que se passerait-il en cas de guerre ? Tout

444 de ses frontières le paralyse ! La vulnérabilité sera toujours en raison directe de la centralisation, mais inverse de la d

445 ne répondent à rien, ils réitèrent, leur souci n’ étant pas de vérité mais de pouvoir. Les adversaires des centrales nucléair

446 jouter à l’électricité disponible un 20 % dont il est avéré que l’on peut se passer, ramènerait l’Occident dans les caverne

447 i va plus vite que le son Au début de 1976, je fus invité à prendre position de la manière la plus publique qui soit, da

448 endre position de la manière la plus publique qui soit , dans l’affaire de l’avion supersonique « Concorde ». Et je me vis co

449 le schéma suivant que je reconstitue : 1. — On s’ était adressé à moi comme « philosophe ». Le philosophe étant celui qui pos

450 adressé à moi comme « philosophe ». Le philosophe étant celui qui pose des questions simples et naïves, je demande : « Concor

451 imples et naïves, je demande : « Concorde, à quoi est -ce que ça sert ? » On m’assure que cet appareil ira de Paris à New Yo

452 peut dire, que feront-ils de ces heures gagnées ? Est -ce qu’elles vaudront les 16 milliards déjà dépensés par l’État, donc

453 donc par les contribuables français et anglais ? Est -ce qu’elles justifieront le risque planétaire que des savants redoute

454 lque 70 PDG. Pari étrange. Pour ma part, je ne le tiendrais pas… 2. — Si les clients prévus, dont l’heure est si précieuse, sont

455 is pas… 2. — Si les clients prévus, dont l’heure est si précieuse, sont à tel point suroccupés, on leur rendrait meilleur

456 es clients prévus, dont l’heure est si précieuse, sont à tel point suroccupés, on leur rendrait meilleur service en leur fai

457 échir, ou de lire mes livres par exemple. Et s’il était vraiment indispensable de « gagner » trois heures sur ce trajet, en v

458 irurgiens, des assureurs, etc.) Les Américains se sont posé la question à propos du Vietnam : pouvons-nous arrêter la guerre

459 milliers d’ouvriers ? Je pense que si la société est ainsi faite que la seule alternative qu’elle offre au gaspillage indu

460 mosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps de changer de cap, de se fixer d’autres buts, et d’inventer d’a

461 retombées technologiques » (« Concorde » lui-même étant une retombée des V2 à travers les fusées américaines). Cela signifie

462 têtes. 5. — Indépendamment de ces arguments, je suis contre « Concorde » pour deux raisons fondamentales. a) Tout comme l

463 Tout comme les centrales nucléaires, « Concorde » est le symbole ou simplement l’enseigne d’un modèle de société que je réc

464 d’autonomie et de fédération des groupes. b) Je suis convaincu que les promoteurs de « Concorde » sont animés par un certa

465 suis convaincu que les promoteurs de « Concorde » sont animés par un certain idéal ; c’est celui du progrès selon le xixe s

466 t dévoreur de cette sorte-là d’énergie que l’État est seul en mesure de produire et de distribuer, entraînant par le jeu de

467 national dans notre société industrielle, qu’elle soit capitaliste ou socialiste, nulle différence à cet égard ! — la logiqu

468 é le Pentagone de la puissance 57, cette logique est plus forte que tous les hommes d’État, que tous les servants de l’Éta

469 nce — que c’est précisément à cause de cela qu’il est pour les centrales nucléaires et pour « Concorde » ! Le moment de

470 a deux morales incompatibles en théorie, si elles sont parfois complémentaires en pratique. L’une veut la liberté d’abord, l

471 l’autre veut la sécurité par-dessus tout. Si vous tenez à la sécurité par-dessus tout, vous êtes amené à accepter la logique

472 Si vous tenez à la sécurité par-dessus tout, vous êtes amené à accepter la logique interne de la mégamachine étatique, vous

473 us de l’État, et vous trouvez enfin normal que ce soit lui — comme les rois antiques — qui dispense seul l’Énergie. Une éner

474 pensable au fonctionnement de l’État-nation. Vous êtes amené à revendiquer l’autonomie que l’État menace, et que les nécessi

475 olution vers le nucléaire. Chercher l’énergie qui est dans l’homme au lieu de sacrifier l’homme à l’énergie dispensée par l

476 du pouvoir On peut penser que les réacteurs ne seront aux yeux de l’histoire qu’un épisode, une erreur de parcours sur les

477 e d’une société moins résignée au pire. Tout cela sera sans doute oublié (mais les déchets de plutonium ?) quand nous aurons

478 siècle. » On peut aussi penser que les réacteurs sont les structures décisives du pouvoir et de sa dynamique fondamentale,

479 Il y aurait donc une politique du nucléaire, elle serait caractérisée par les traits principaux qui ont fait, au cours des siè

480 l’arbitraire du prince, et seuls quelques barons sont initiés à ses motifs à longue portée ; le prestige des hautes muraill

481 plus primitives, que le roi détient l’énergie, en est la source et fonde sur cela même sa royauté58. La majorité des politi

482 ais surtout, leur sécurité : c’est qu’ils veulent être commandés. Et tous les imbéciles répètent qu’on n’arrêtera pas le pro

483 e seule a fonctionné jusqu’en mai 1972, où elle a été fermée à la suite de 14 incidents et de la contamination de 39 employ

484 rateurs d’EDF, Le Monde, 8 juillet 1975. EOS, qui est un analogue suisse d’EDF, déclare de son côté que sa « mission », for

485 besoins énergétiques de la population et qu’il n’ est pas d’autre moyen que le nucléaire pour satisfaire à cette exigence.

486 ent dramatiquement à la consommation prévue. S’il est vrai que 20 % moins 20 % égale zéro, l’énergie nucléaire est superflu

487 e 20 % moins 20 % égale zéro, l’énergie nucléaire est superflue. 52. Un essai de réfutation de cette étude — ibid. 9 janvi

488 ée par les freins naturels et humains. Ces freins étaient la pénurie et la coutume, l’autonomie civique et le goût d’être libre

489 e et la coutume, l’autonomie civique et le goût d’ être libre, la peur aussi de la révolte sociale. Ils ont sauté l’un après

490 astrophes. La crise dont j’ai décrit le système n’ est pas celle du capitalisme ni davantage du communisme, et encore moins

491 religion commune aux trois systèmes. Son moteur n’ est pas le profit comme on voudrait nous le faire croire, par un leurre q

492 ources de la puissance et de la sécurité. L’homme est en train de faire mourir la Terre sensible. C’est une sombre histoire

493 lente en ses débuts, mais tout d’un coup la crise est là. Cela commence avec le siècle qui voit la formation de l’industrie

494 de la paix des lâches : beaux résultats ! Qui était donc le gérant ? La réponse est dangereusement simple. Les respons

495 ats ! Qui était donc le gérant ? La réponse est dangereusement simple. Les responsables sont les États-nations nés et

496 ponse est dangereusement simple. Les responsables sont les États-nations nés et multipliés durant cette même période. Ce son

497 s nés et multipliés durant cette même période. Ce sont eux, et eux seuls, qui ont géré la Terre. Qui s’en sont octroyé le dr

498 ux, et eux seuls, qui ont géré la Terre. Qui s’en sont octroyé le droit. Eux seuls qui en avaient les moyens. Ils ont géré (

499 ur seul prestige ; en vue de la guerre, dont tous sont nés. Ils se sont emparés méthodiquement de l’économie industrielle du

500 ; en vue de la guerre, dont tous sont nés. Ils se sont emparés méthodiquement de l’économie industrielle du xixe siècle, co

501 tière en tout temps59. La croissance industrielle est devenue par sa liaison avec la technique, elle-même liée à la guerre,

502 ose que les seuls intérêts de la nation étatisée, fussent -ils contraires à ceux de l’humanité et de la nature. Comme le fait vo

503 té à se rendre propriétaire de la Terre dont il n’ était au mieux que l’usufruitier. C’est cette propriété, au sens romain du

504 de rhétorique ni d’impatience, et ce que je dis n’ est pas original, mais personne jusqu’ici ne l’a dit carrément. La plupar

505 réconisées, et tantôt il protège la politique qui est cause du mal qu’on étudie. Mais aucun de ces auteurs ne va jusqu’à re

506 ces auteurs ne va jusqu’à reconnaître que l’État est le grand responsable de la crise globale, et qui mieux est : que l’Ét

507 and responsable de la crise globale, et qui mieux est  : que l’État se reconnaît et même se proclame tel du seul fait qu’il

508 ment pourrait-il récuser sa responsabilité ? S’il est réellement souverain, elle est pleine et entière. En revanche, s’il e

509 ponsabilité ? S’il est réellement souverain, elle est pleine et entière. En revanche, s’il existe des limites à sa souverai

510 aux ? », il ne peut nous répondre piteusement : «  Suis -je le gardien de la Terre ? » sans qu’on en tire la conclusion qu’il

511 sulte de cette mauvaise gestion de la Terre, nous tenons donc un responsable incontesté, l’État-nation tel que nous l’avons fa

512 ens, puis répandu sur toute la Terre. Voilà qui n’ est plus à prouver, mais qu’il reste utile d’illustrer pour ceux que ma t

513 que personne en France ne le conteste, à moins d’ être un « mauvais Français ». Ce ministre ne veut que ce que veut la crois

514 ce que veut la croissance, et celle-ci ne saurait être que « française », mesurée en revenu national — sinon, où serait son

515 ançaise », mesurée en revenu national — sinon, où serait son intérêt ? Le mythe commande. On voit le problème. La France réell

516 on que les experts jugent « indiquée », se trouve être tout le contraire de ce que l’on veut en faire. Tant pis pour elle, s

517 plaît, chez eux, chez le voisin ou aux antipodes, sont prêts à chaque instant à jouer leur prestige contre le sort de l’huma

518 limiter leurs zones de souveraineté en mer, ne se tiennent pas pour autant responsables de la sauvegarde de ces zones. Cas parti

519 ettre des pêches nationales. Le « ciel national » est soumis à des réglementations nouvelles aux USA et en Suisse (interdic

520 d’un État — et les solutions à donner — car elles sont toutes supranationales ou régionales. Tant qu’il y aura cet N dans l

521 in, entre, d’une part, le progrès authentique qui est spirituel d’abord, social ensuite, et matériel à leur service, et, d’

522 régions assez organisées et assez autonomes pour être en mesure de procéder à ces calculs. Il faut renoncer au PNB, et tout

523 au PNB, et tout d’abord à l’ambition secrète qui est à son origine et qui se trahit dans sa méthode : trouver l’indicateur

524 épenses chiffrées (car leurs valeurs concrètes ne seraient pas comparables et souvent de signe contraire à celui qui figure dans

525 ; la pollution sous toutes ses formes… Ces bilans seraient comparables au rapport « Sur l’état de l’Union » que présente chaque

526 t à poser la question de Don Helder Camara : Quel est le prix de ces profits ? Changer de buts Mais jamais nos États

527 dessaisissement. N’ayant plus d’autres raisons d’ être que de faire prévaloir leur partie sur le tout, ils demeurent ce qui

528 lement, la volonté de l’homme et toute sa science sont d’effet rigoureusement nul. Je n’ai trouvé nulle part ailleurs de ten

529 uvé nulle part ailleurs de tendance qui ne puisse être inversée par notre action ou par l’arrêt de notre action. Partout, si

530 nements qui s’annonçaient catastrophiques peuvent être modifiés ou arrêtés. J’ai trouvé partout, en revanche, l’opposition

531 avenir redevient notre affaire… Mais l’obstacle n’ est -il pas de nature à déprimer tous les courages ? Que peut-on contre l’

532 Terre ? Quel pouvoir existant lui opposer, qui ne soit pas de même nature que le sien, donc seul capable de le contenir, mai

533 e la plupart, et enfin ses chances de durer — qui sont inverses des chances de l’humanité. La force principale de l’État-nat

534 e reste à l’intérieur de frontières sacralisées — était l’aboutissement de l’histoire ; et qu’aucune autre évolution n’était

535 nt de l’histoire ; et qu’aucune autre évolution n’ était possible ou ne saurait être imaginée impunément. Les peuples ont émer

536 ne autre évolution n’était possible ou ne saurait être imaginée impunément. Les peuples ont émergé de la nuit des origines p

537 ’école, de mettre en question leur formule : elle est tabou. Rechercher d’où ils viennent dans le temps et l’espace, les si

538 , les situer dans l’histoire, les relativiser, ce serait les exorciser : car ce qui a commencé finira. Il faut donc qu’ils soi

539 car ce qui a commencé finira. Il faut donc qu’ils soient éternels, et au moins justifiés par une fatalité. Contingents, au con

540 critique des interrogations les plus naïves, ils seraient aussitôt sans excuses. Or, c’est un fait que le plus ancien d’entre e

541 c’est un fait que le plus ancien d’entre eux, qui est leur modèle, a un peu moins de deux siècles d’âge, et l’on voit bien

542 voit bien que leur « période » de demi-vie — qui est leur vie dans les esprits actifs, même si elle dure deux fois plus da

543 ême si elle dure deux fois plus dans les masses — est en train de s’achever parmi nous. Préhistoire de l’État-nation

544 soins de la Révolution française. Mais leur Idée est plus ancienne. Du xiie au xive siècle, les deux Philippe de France

545 L’État s’oppose à l’empire par sa forme. L’empire est sphérique et global, et son chef tient un globe symbolique dans sa ma

546 me. L’empire est sphérique et global, et son chef tient un globe symbolique dans sa main gauche. Mais l’État n’est qu’un poly

547 obe symbolique dans sa main gauche. Mais l’État n’ est qu’un polygone plane, « Pré carré » des premiers capétiens, « Hexagon

548 s de l’Amérique du Nord ou de l’Afrique noire. Il est délimité par l’extérieur. Les deux dimensions de la surface lui suffi

549 pouvoir du roi ou des bureaux de la Capitale, qui est assujettissement à l’unité. L’empire est une polyphonie, l’État veut

550 ale, qui est assujettissement à l’unité. L’empire est une polyphonie, l’État veut l’unisson dans la monotonie. L’empereur e

551 État veut l’unisson dans la monotonie. L’empereur est le recours contre tous les pouvoirs, l’État n’est que leur addition.

552 est le recours contre tous les pouvoirs, l’État n’ est que leur addition. Devenir « immédiat à l’empire » (Reichs unmittelba

553 oupe assez fermé ou de la classe technicienne qui est l’État, dès le xviie siècle, s’il est vrai que certains de ses éléme

554 cienne qui est l’État, dès le xviie siècle, s’il est vrai que certains de ses éléments sont repérables bien avant, dès les

555 iècle, s’il est vrai que certains de ses éléments sont repérables bien avant, dès les débuts du xive siècle, notamment. Lor

556 rilège : récuser toute limitation de son pouvoir, soit par en haut, soit par en bas, car l’une serait la garantie de l’autre

557 oute limitation de son pouvoir, soit par en haut, soit par en bas, car l’une serait la garantie de l’autre, et celui qui pré

558 oir, soit par en haut, soit par en bas, car l’une serait la garantie de l’autre, et celui qui prétend que sa part nationale va

559 Europe, comme plus tard les nations étatisées, ne seront en fait que des empires manqués : car l’empire authentique est divers

560 ue des empires manqués : car l’empire authentique est divers, il se veut riche et grand de ses diversités, quand les États

561 tte carence forcée de la fonction universelle qui était la raison d’être de l’empire, l’État s’organise rapidement dans les p

562 de la fonction universelle qui était la raison d’ être de l’empire, l’État s’organise rapidement dans les pays les plus avan

563 « conquête de l’espace et des hommes par l’État n’ est pas allée sans peine », ajoute-t-il. Mais ce n’est pas la difficulté

564 st pas allée sans peine », ajoute-t-il. Mais ce n’ est pas la difficulté de l’entreprise qui m’émeut et qui me consterne, c’

565 , c’est moi », lorsque Frédéric II déclare : « Je suis le premier serviteur du roi de Prusse », on pourrait admirer le sens

566 ntent ! Les grands commis et les chefs de l’armée sont l’État ; or, ils n’aiment ni le roi ni le peuple, et le peuple à bon

567 vait démérité, mais surtout des provinces, ce qui est beaucoup plus grave et constitue une trahison : les délégués aux état

568 ai nom des « privilèges » provinciaux. (Voilà qui est bien sensible dans le cas de la Bretagne. Annexée cette nuit-là, seul

569 tement un historien français : « L’État moderne n’ est autre chose que le roi des derniers siècles, qui continue triomphalem

570 Tel qu’on vient de le définir, l’État moderne est né entre deux dates précises : 1790 et 1794. Le 14 janvier 1790, l’As

571 ions dans les provinces qu’elles concernent. On n’ est pas loin de la Fête de la Fédération qui aura lieu en juillet de la m

572 is comme langue administrative de l’Ancien Régime est une conséquence du despotisme, et que l’esprit révolutionnaire doit t

573 Convention déclare que « la langue française doit être le ciment de la nouvelle unité nationale… Elle doit être une, comme l

574 ciment de la nouvelle unité nationale… Elle doit être une, comme la République ». Quant aux treize millions qui selon l’abb

575 le italien et le fanatisme parle basque68. Que s’ est -il donc passé entre ces deux dates ? La guerre déclarée, les premiers

576 re et de la guerre totale — tous les bons esprits sont d’accord, de la Révolution jusqu’à nous. Hegel énonce le premier ce q

577 squ’à nous. Hegel énonce le premier ce qu’il faut tenir pour la loi constitutive de l’État-nation, lorsqu’il écrit : « Les na

578 e qui sert maintenant de gouvernement à la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, d

579 ouvernement à la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son

580 la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans

581 tion de la nation et de l’armée : la conscription est à ses yeux « le palladium de notre indépendance, parce que, mettant l

582 ge sur Les Principes de la guerre (1903 et 1929), tient que « la grande Révolution française, en bouleversant toutes les idée

583 imone Weil : « Le prestige supérieur de la nation est lié à l’évocation de la guerre. Il ne fournit pas de mobiles pour le

584 du roi, réclame le service de ses sujets — loin d’ être comme on veut qu’il soit en Grande-Bretagne, en Suisse, et en Scandin

585 e de ses sujets — loin d’être comme on veut qu’il soit en Grande-Bretagne, en Suisse, et en Scandinavie, au service de tous

586 us. D’où le pouvoir exorbitant de l’exécutif, qui est regardé partout, et de plus en plus, comme le pouvoir qui s’impose et

587 , suprêmes instances. Le gouvernement, désormais, sera vu par le peuple comme son chef. On attend de lui qu’il soit « fort »

588 le peuple comme son chef. On attend de lui qu’il soit « fort », mais aussi qu’il soit « juste » : ces qualificatifs courant

589 tend de lui qu’il soit « fort », mais aussi qu’il soit « juste » : ces qualificatifs courants révèlent que l’homme d’aujourd

590 réservé de la haute et basse justice. Quelle que soit l’étiquette idéologique dont se parent les États-nations du xxe sièc

591 l’assumer… Habituons-nous à voir en lui ce qu’il est ou ce qu’il devrait être : un monarque. Il doit être évidemment enten

592 us à voir en lui ce qu’il est ou ce qu’il devrait être  : un monarque. Il doit être évidemment entendu que l’autorité individ

593 t ou ce qu’il devrait être : un monarque. Il doit être évidemment entendu que l’autorité individuelle de l’État est confiée

594 ent entendu que l’autorité individuelle de l’État est confiée tout entière au président.72 Si j’en crois ces déclarations

595 larations, le Français moyen d’aujourd’hui, qu’il soit socialiste ou gaulliste, fait confiance à l’autorité incarnée par le

596 l n’a que scepticisme à l’endroit d’un régime qui serait fondé sur la coopération civique, les autonomies régionales et la rec

597 ue du prestige national. Je souhaite que ces vues soient fausses. Mais il n’appartient qu’aux Français de le faire savoir. En

598 toujours plus chicanières et indiscrètes. L’État sera désormais, de plus en plus, séparé de la vie quotidienne des citoyens

599 en carrés de dix-huit lieues de côté, le premier étant centré sur Paris, et il déplore qu’en touchant aux frontières, les ca

600 chant aux frontières, les carrés ne puissent plus être bien réguliers73. Les théoriciens du Club des jacobins n’obtiendront

601 épartements, « mal compassés » eût dit Descartes, êtres abstraits mais décorés de jolis noms de rivières ou de montagnes, un

602 ’ailleurs combler leurs vœux, bien que ses motifs soient beaucoup plus concrets, puisqu’ils se réduisent, en effet, à faire la

603 ’autre, c’est l’état de siège en permanence — qui sera dès 1930 la formule des États totalitaires. L’administration des homm

604 ires. L’administration des hommes et des choses y est plus mécanisée que dans n’importe quelle société humaine jusque-là. T

605 ’importe quelle société humaine jusque-là. Tout y est militarisé, c’est-à-dire mobilisable à tout moment, esprit, corps et

606 es compensées par l’apport du très gros client qu’ est l’armée, et par la protection de la police, si généreusement accordée

607 intérêt général de la nation74. Quels qu’aient pu être , depuis un siècle et demi, les épisodes de cette partie à trois et le

608 physiques, qu’elles entretiennent), les liens ne sont plus accidentels mais systémiques. Voici leur enchaînement depuis un

609 ment depuis un siècle et demi : a) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes en directi

610 ses étapes en direction de la formule finale, qui sera l’État totalitaire. L’un donne naissance à l’autre, soit que l’État t

611 État totalitaire. L’un donne naissance à l’autre, soit que l’État tente d’éliminer les dissensions internes par le recours à

612 ensions internes par le recours à l’union sacrée, soit que les « nécessités de la guerre » contraignent à étatiser plus stri

613 et y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles sont les voies de l’administration d’abord, non du commerce, puis de l’arm

614 lle de la science, vraie religion. Tout cela, qui était le grand dessein de Napoléon, mais qui après lui avait soulevé tant d

615 gadir), ou par procuration, selon le scénario qui sera plus tard celui de la guerre civile d’Espagne, puis des guerres de Co

616 prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux guerres mondiales. Après quoi, faute de guerres nationales i

617 tantes durant deux ou trois décennies, comme tout est disposé en vue de la guerre — esprits et corps autant qu’infrastructu

618 ngère — vient mettre un terme à l’anarchie : elle est alors nationalisation du crime et de la lutte contre le crime, ainsi

619 n avant du PNB. i) Les temps d’absence de guerre sont anormaux, ne peuvent durer, dans le monde des États-nations qu’ils fi

620 ar priver de leur secrète mais véritable raison d’ être et de leur principe organisateur. Les prochaines guerres d’envergure

621 . Les prochaines guerres d’envergure continentale seront provoquées par les conflits entre l’Occident et le tiers-monde ; le p

622 e ; le premier ayant exploité le second mais s’en étant du même coup rendu tributaire pour ses matières premières ; le premie

623 né de la guerre, y conduit fatalement. La boucle est bouclée — ou va l’être — et le cycle infernal se referme. j) Où nous

624 nduit fatalement. La boucle est bouclée — ou va l’ être  — et le cycle infernal se referme. j) Où nous mène cette évolution ?

625 ter à s’en aller tous ceux qui ont peur ou qui ne sont pas assurés de la justesse du conflit75 » ; alors, enfin, que l’insti

626 c’est-à-dire se réfère aux idéaux que nos armées sont censées défendre. Mais il n’aura bientôt plus à choisir. Car la guerr

627 erre ABC, sélectivement, massacrera tout ce qui n’ est pas « nous » selon la définition codée par l’État. k) Le dernier st

628 uand le Grand chef pèsera sur le bouton rouge. Il est frappant de constater que le caractère quasi sacré du président des U

629 que le caractère quasi sacré du président des USA tient à ce droit que, seul au monde, il a. Mais loin de conférer au préside

630 ette somme insensée de pouvoirs dont le citoyen s’ est laissé dessaisir par égoïsme, peur des risques ou gain de paix, désor

631 peur des risques ou gain de paix, désormais peut être perdue d’un seul coup, sans retour, pour tous et pour chacun. La mass

632 nécessaires pour former la décision fatidique, n’ est sans doute déjà plus maîtrisable. L’index de la main droite du présid

633 isable. L’index de la main droite du président ne sera plus que le dernier élément de transmission d’une décision prise hors

634 ute indépendance des idéologies que ces armements étaient censés défendre. On peut très bien imaginer qu’à la limite éclate une

635 e destruction, des centaines de millions d’hommes seraient victimes, et notre civilisation. m) L’interaction toujours plus exte

636 ion, de contingences historiques, bien loin qu’il soit l’incarnation d’une nécessité inéluctable, naturelle et définitive. C

637 table, naturelle et définitive. Comme tout ce qui est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mor

638 i est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort. Le problème demeure donc de savoir en quel poi

639 togestion régionale La résistance d’une chaîne étant celle de l’anneau le plus faible, essayons d’évaluer les divers éléme

640 chances d’intervention civique. L’élément initial est la guerre. Ce chaînon paraît incassable. Je ne puis rien contre la gu

641 aucune puissance au-dessus de lui, sauf celle qui serait capable de le forcer à ne plus faire la guerre pour son propre compte

642 e de ma vie et le bonheur de tous mes sens : elle est soutenue par un État lointain qui n’écoutera jamais ma plainte ni mes

643 e mobiliser en permanence toute la nation. Ainsi, soit qu’elle échoue, soit qu’elle « réussisse », l’attaque frontale contre

644 ence toute la nation. Ainsi, soit qu’elle échoue, soit qu’elle « réussisse », l’attaque frontale contre l’État n’aboutit qu’

645 s effets systémiques), et le citoyen devant elles sera nul. « Le pouvoir est lié à la guerre, et si une société veut borner

646 et le citoyen devant elles sera nul. « Le pouvoir est lié à la guerre, et si une société veut borner les ravages de la guer

647 été veut borner les ravages de la guerre, il n’en est d’autre moyen que de borner les facultés du pouvoir77. » Ce brillant

648 lle reprend un sens. Les petits pouvoirs fédérés sont seuls capables, en effet, de faire échec au grand pouvoir sans se voi

649 it déjà se retourner contre lui. Sa seule défense est dans l’actuel défaut d’une formule de remplacement, d’une alternative

650 plus et ne doit plus durer longtemps, parce qu’il est foncièrement inadéquat non seulement à ses prétentions exorbitantes,

651 mier texte formulant cette critique : « L’homme n’ est pas fait à l’échelle de ces immenses conglomérats politiques que l’on

652 ssaie de lui faire prendre pour “sa patrie” : ils sont beaucoup trop grands… ou trop petits pour lui. Trop petits si l’on pr

653 e ce contact direct avec la chair et la terre qui est nécessaire à l’homme. » (Alexandre Marc, dans L’Ordre nouveau , n° 1

654 dans L’Ordre nouveau , n° 15, 1934.) L’argument est devenu le pont aux ânes de toute critique fédéraliste de l’État-natio

655 aintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules préte

656 tats-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous ve

657 . Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale, et trop

658 vie politique qu’ils prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou

659 ar les barrages antimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi améric

660 répondre au « défi américain » — cela n’a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde… Enfin, il

661 pour répondre au défi du tiers-monde… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables

662 tion dans les affaires du monde […]. Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle conti

663 édérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À ces insuf

664 nations pour « souverains » qu’ils se proclament, sont trop petits pour agir au-delà de l’Europe, et de plus, il n’en est pa

665 our agir au-delà de l’Europe, et de plus, il n’en est pas un qui ait osé faire passer ses convictions avant la peur d’un ma

666 lliardaire, peut se payer le luxe de bafouer. Tel est le tableau qu’offrent nos grands pouvoirs. Ils essaient de récupérer

667 n édifiant des centrales babyloniennes, mais ce n’ est pas l’uranium américain ou russe, ni les pétrodollars investis dans l

668 une évidence croissante, inapte à bien traiter ne fût -ce qu’un seul des problèmes majeurs de notre société. J’ai évoqué le

669 se de la leur. Comédie des chefs d’État Tel étant le bilan de nos États-nations de dimension moyenne, européenne, qu’en

670 s-nations de dimension moyenne, européenne, qu’en est -il des deux Super-Grands ? Quand leurs deux chefs d’État ont une renc

671 il pas d’une comédie, d’un bluff énorme, car il n’ est pas de « problème de politique mondiale », si « préoccupant » soit-il

672 blème de politique mondiale », si « préoccupant » soit -il, qui n’ait été fabriqué par ces hommes et qui ne reflète à l’évide

673 mondiale », si « préoccupant » soit-il, qui n’ait été fabriqué par ces hommes et qui ne reflète à l’évidence les intérêts d

674 les intérêts de deux groupes concurrents dont ils sont simplement les avocats. Je ne vois pas là deux Sages, deux hommes d’É

675 train de chercher à nous convaincre qu’eux seuls sont en mesure de résoudre les graves problèmes mondiaux, fomentés par eux

676 de guérir les maladies — qu’ils entretiennent. Qu’ est -ce qui les retient, en somme ? Les peuples veulent la paix. Mais les

677 comme ils ont accepté ce pouvoir. Que l’État n’ est plus notre affaire L’État-nation ne peut plus et ne doit plus dure

678 et ne doit plus durer longtemps, parce que l’État est devenu l’adversaire à la fois de la nation, du peuple et de chacun de

679 itoyens eussent eu l’idée que leurs droits vitaux étaient menacés. (Manque de « vision » !) Parfois aussi, il veut bien vivre e

680 é le moyen de s’enrichir lui, l’État, sans que ce soit (d’une manière sensible tout au moins) aux dépens des revenus de ses

681 trés et de leur environnement. Mais l’État-nation est aussi une très humaine réalité, un personnel : fonctionnaires de tous

682 « lancer » sous le titre d’« hommes d’État », ne sont en fait que des hommes de l’État, lequel n’existerait pas sans eux, r

683 l’art de la déclaration autoritaire (quand elle n’ est pas démagogique) qu’ils confondent avec l’art politique et qui passe

684 dernière finesse, ils estiment que nulle vérité n’ est bonne à dire, à part les « vérités d’État », qui sont des mensonges c

685 bonne à dire, à part les « vérités d’État », qui sont des mensonges calculés. Le citoyen le sait, d’où sa méfiance et son é

686 se sépare, devient un appareil face au peuple. Il est ressenti de plus en plus comme un tyran, dès qu’il n’est plus le bail

687 senti de plus en plus comme un tyran, dès qu’il n’ est plus le bailleur de subventions ou d’adjudications juteuses. Dieu ou

688 . Dieu ou tyran, hors de nous, contre nous : il n’ est plus du tout notre affaire. Un pouvoir fait de nos démissions P

689 it de nos démissions Pourtant, l’État-nation n’ est pas tombé du ciel sur nos existences innocentes. C’est une réalité pu

690 nocentes. C’est une réalité purement humaine — on était en train de l’oublier. S’il n’a cessé depuis Napoléon d’étendre ses p

691 me un mal, à qui la faute ? Sinon à nous qui nous sommes laissé faire — et probablement un peu plus. Une phrase de Simone Weil

692 mplicité presque insolente : « L’orgueil national est loin de la vie quotidienne. » Mais il faut voir aussi que l’orgueil n

693 voir aussi que l’orgueil national, après tout, n’ est pas un phénomène cosmique, mais un sentiment tout humain dont nul d’e

694 e nous ne peut jurer qu’il ne l’a jamais éprouvé, fût -ce en suivant les Jeux olympiques à la TV. N’est-il pas un produit de

695 fût-ce en suivant les Jeux olympiques à la TV. N’ est -il pas un produit de l’inconscient, autant que des manuels scolaires,

696 « le plus froid de tous les monstres froids », n’ est pas une créature mythologique. Il est en fait la résultante mécanique

697 froids », n’est pas une créature mythologique. Il est en fait la résultante mécanique et l’indicateur infaillible de nos dé

698 re offre dans leur région. Les pouvoirs de l’État sont en raison directe de la passivité des citoyens. L’État sera tenté d’e

699 ison directe de la passivité des citoyens. L’État sera tenté d’en abuser dès qu’il croira déceler que les citoyens sont secr

700 abuser dès qu’il croira déceler que les citoyens sont secrètement tentés de se laisser glisser à la condition de sujets, et

701 dans les démocraties capitalistes ou socialistes, est né de notre individualisme et de nos désertions civiques — qu’il para

702 l paraît maintenant excuser ! Jamais l’homme ne s’ était senti plus impuissant, mieux vidé de ses responsabilités et démis de

703 aison de durer que l’on accorde aux États-nations est que rien ne se présente encore pour une relève. Cette raison tire sa

704 oir dans le cadre des lois existantes. Le système est à bout de course. Cela n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. L

705 istantes. Le système est à bout de course. Cela n’ est pas nécessairement une bonne nouvelle. L’État-nation ne peut durer sa

706 durer au-delà d’une prochaine guerre générale. Ce sera l’homme ou l’État-nation, avant longtemps. Si l’État-nation s’écroula

707 avant longtemps. Si l’État-nation s’écroulait, ce serait tant mieux pour la nature et nos descendants s’il en reste, tant pis

708 nd son sens réel qu’au futur : sa gravité majeure est en avant de nous, dans tel avenir plus ou moins proche qu’il dépend d

709 nous-mêmes, à nos vraies fins. Le royaume à venir est « au-dedans de nous ». L’État totalitaire aussi. L’État-nation, bouc

710 en nous d’abord. Que voulons-nous vraiment ? Que sommes -nous prêts à refuser radicalement ? Au nom de quelles finalités pour

711 , décider, assumer une politique de civilisation, serait la seule réponse adéquate à la crise. Ce serait aussi choisir notre a

712 , serait la seule réponse adéquate à la crise. Ce serait aussi choisir notre avenir. Comment en décider sans le connaître ? no

713 es fusées, le moteur de la croissance n’a cessé d’ être la préparation à la guerre (capacité productive, centralisation admin

714 puis lors. 62. « La machinerie de l’État n’a pas été conçue en vue d’une politique de l’environnement ; elle est largement

715 en vue d’une politique de l’environnement ; elle est largement dysfonctionnelle pour la protection et la gestion de l’envi

716 uvelle organisation de la France, 1789. 74. Il n’ est guère d’industrie qui ne serve, si indirectement que ce soit, à la pr

717 d’industrie qui ne serve, si indirectement que ce soit , à la préparation de la défense nationale, et qui ne puisse s’en prév

718 bles à la défense de la patrie. D’autres exemples seraient fournis en abondance par l’examen des relations entre l’industrie aér

719 es budgets d’armements dits nationaux, en 1975, a été estimée à 350 milliards de dollars. 77. B. de Jouvenel, Du pouvoir,

720 intitulée « Ordre nouveau » (sans article) qui s’ est manifestée à Paris autour des années 1970. 79. Imbécillité : « faib

721 ur l’avenir81 Parabole des fées « Tout cela est très joli ! disait le Docteur, mais quoi, la science reste la science

722 se et qui progresse. Vous semblez croire que nous sommes libres, après Heisenberg et la Bombe, de penser n’importe quoi, et qu

723 science produit des preuves que vos superstitions seraient bien en peine de réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des

724 [124] « Bien, dis-je, la preuve que la science n’ est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup plu

725 beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voilà qui est sérieux, me dites-vous. Et voilà qui est utile au surplus. Personne n

726 oilà qui est sérieux, me dites-vous. Et voilà qui est utile au surplus. Personne n’osant le contester autour de moi, je cro

727 t. Supposez que leur plaisir nouveau et principal soit d’évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après de

728 t l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteur est vénéré par quelques sectes populaires, font de la mort une plaisanter

729 plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule pensée les explosions cosmiques, etc.

730 sé. Comme l’a fait remarquer Toynbee, les Utopies sont en réalité des « programmes d’action déguisés en descriptions sociolo

731 s imaginaires », et l’action qu’elles proposent n’ est autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en d

732 mouvante — bref, hors du courant de l’histoire. Est -il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypo

733 ne manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les conditions requises ? Il faudrait se garder tout d’abord de compo

734 e de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’ est relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équilib

735 ntradictoires, tantôt se crispe en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de la science (dont le sous-produi

736 Seul l’effort de la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès constant et mesurable, et semble s

737 on de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la sci

738 r plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science « joue », donc qu’elle est « vrai

739 x la preuve que la science « joue », donc qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons de croire ce que « l’état présent

740 conception du monde la plus courante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or, elle demeur

741 ourante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or, elle demeure matérialiste et mécaniste, quand

742 meure matérialiste et mécaniste, quand la science est depuis trente ans énergétique et statistique… Cependant, l’on peut im

743 uisent les résultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire, de subjec

744 x arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les biologistes. D’autre

745 ion complète du milieu naturel par nos techniques est déjà mieux qu’imaginable. Sa réalisation pratique et généralisée, pou

746 sée, pour toutes les classes et tous les peuples, est cependant freinée par diverses passions que notre effort technique a

747 es les possibilités destructrices de la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusem

748 bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On peut

749 nséquence indirecte de l’effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la notion de loi (au sens détermini

750 a sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’

751 re en liberté ce que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise

752 jours plus étendu… Surmonter la Guerre S’il est vrai que les civilisations se développent en réponse à des challenges

753 , il s’en faut, mais les moyens de cette victoire sont désormais entre nos mains. La principale résistance au progrès techni

754 principale résistance au progrès technique déjà n’ est plus dans la matière mais dans l’homme. Notre existence sur la planèt

755 is dans l’homme. Notre existence sur la planète n’ est plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c’est-à-dire pa

756 t provoquent la guerre atomique. Les destructions sont telles, et le choc psychologique de telle nature, que la civilisation

757 ences de « vie normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va de soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent

758 soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent encore sont des agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de ga

759 t prévoir à chances égales la guerre et la paix ; soit que le défi de nos passions se révèle trop puissant et que notre civi

760 op puissant et que notre civilisation y succombe, soit que nous y répondions victorieusement par l’établissement d’un gouver

761 ne réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau défi qui ne manquerait pas de confronter l’humanité, et qu

762 succès même de notre effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu da

763 sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu dans la littérature avec l’époque industrielle et ses grandes

764 c l’époque industrielle et ses grandes villes. Il est contemporain des horaires, qui furent probablement la création la plu

765 des villes. Il est contemporain des horaires, qui furent probablement la création la plus typique du xixe siècle. (Sans horai

766 l’excès de variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’ennui que la mu

767 thésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et physiologique,

768 social et physiologique, dont le principe général sera d’obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question

769 c une rigueur sans exemple dans notre passé : ils seront les criminels sociaux par excellence. Ils formeront dans la clandesti

770 sit au contraire l’aventure spirituelle, celle-ci sera sans doute initiée par une élite en tous points comparable à celle de

771 rs, aussi peu imaginables pour nous que pouvait l’ être pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’une v

772 dissociation d’un invisible point de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, et sans nom dans notre langage, que je

773 luario, G.F. Callenbach, Nijkerk, 1948. 82. Ceci est vrai aussi de théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon et Marx,

774 fait, délibérées ou non, conscientes ou non. Nous sommes seuls responsables de l’avenir humain : mieux vaut le savoir et cesse

775 vents de nos inerties intellectuelles, quand ce n’ est pas de nos lâchetés morales. Futurologie, prospective, futuribles et

776 succession et, en une décennie, tous ces procédés sont entrés dans les mœurs84. « L’étude du futur à long terme est devenue

777 dans les mœurs84. « L’étude du futur à long terme est devenue à la fois une activité intellectuelle sérieuse et une manie t

778 colloques s’organisent, des centaines de volumes sont publiés et des milliers d’études en revue. Les experts des Nations un

779 ision systématique, et scientifique s’il se peut, est devenue nécessité vitale pour une époque où l’homme se voit contraint

780 fins, sous peine de sanctions désastreuses. Ce n’ est pas un hasard non plus si prospective et futurologie sont apparues en

781 un hasard non plus si prospective et futurologie sont apparues en Occident et pas ailleurs, et se sont constituées comme mé

782 sont apparues en Occident et pas ailleurs, et se sont constituées comme méthodes spécifiques dans la seconde moitié du xxe

783 ra », un « monde » qui les tente mais dont ils ne sont pas et qui les rejette, alors qu’eux seuls pourraient sauver les peup

784 les montagnes qui s’effondrent dans la mer, telle est la Catastrophe universelle (chap. 8 et 9, mais aussi 16). Elle est su

785 e universelle (chap. 8 et 9, mais aussi 16). Elle est suivie de la chute de « Babylone la grande », la Prostituée assise su

786 le Jugement dernier — bilan des temps — où chacun est jugé « selon ses œuvres » (tout cela dans le seul chap. 20). Alors se

787 érités spirituelles dont les grands événements ne sont que les symboles, l’idée d’un progrès fasciné — au-delà des désastres

788 rflue toute prévision. Mais l’appel de l’Esprit n’ est pas reçu par tous, et il s’en faut de beaucoup que tous aient soif de

789 ripper à ce qu’ils appellent le concret, et qui n’ est guère que l’immédiat, dénoncer les scandales criants du capitalisme s

790 tout en gardant la nostalgie d’un millenium, qui serait l’état bienheureux d’une cité enfin sans histoire… Et cela donne Marx

791 s’accroche à ce qu’on croit le tangible et qui n’ est guère que le mesurable : progrès quantitatif, innovation technique, g

792 par exemple, que Marx prophétise, après Hegel, n’ est -ce pas le substitut du règne de mille ans durant lequel Satan, princi

793 e mille ans durant lequel Satan, principe du mal, sera jugulé, ce qui signifie l’exploitation de l’homme par l’homme et surt

794 du temps sempiternel87. Ainsi le millenium, qui n’ est qu’avant dernier pour le voyant, figure en revanche, dans l’utopie de

795 nnaie, en termes d’avoir plus et non pas de mieux être . Tout l’Occident, depuis plus d’un siècle, se persuade avec les marx

796 peut voir aujourd’hui que l’invention technique n’ est pas tombée du ciel, et n’est pas le fait des dieux ni des démons, mai

797 nvention technique n’est pas tombée du ciel, et n’ est pas le fait des dieux ni des démons, mais qu’elle n’est pas non plus

798 s le fait des dieux ni des démons, mais qu’elle n’ est pas non plus sortie des choses, d’une dialectique de la matière, ni d

799 rêves, c’est-à-dire de ses vrais désirs. L’avion est né du rêve de voler, symbole sexuel selon Freud, spirituel selon Jung

800 uel selon Freud, spirituel selon Jung. Les médias sont nés du rêve de parler et de voir à grande distance. L’auto est née du

801 ve de parler et de voir à grande distance. L’auto est née du rêve préadolescent de liberté (partir au hasard sur les routes

802 utre chose que les vrais désirs qui nous hantent, fût -ce à notre insu. Et il est clair que ces désirs immémoriaux sont sans

803 sirs qui nous hantent, fût-ce à notre insu. Et il est clair que ces désirs immémoriaux sont sans rapport avec les prétendue

804 insu. Et il est clair que ces désirs immémoriaux sont sans rapport avec les prétendues « nécessités » de l’économie industr

805 t capitalistes. Mais attention : que la technique soit née du rêve, lequel exprime nos désirs, ne veut pas dire qu’elle les

806 visite au front : « Je n’ai pas voulu cela ! » Il est sincère sans doute, mais se ment à lui-même. C’est que nos volontés n

807 ais se ment à lui-même. C’est que nos volontés ne sont en réalité que les expressions durcies, fixées et comme bloquées, de

808 et comme bloquées, de ceux de nos désirs que nous tenons pour avouables devant la société, nous-mêmes, ou Dieu. Mais il y a to

809 mieux encore que par nos lapsus, même quand nous sommes certains de les tenir secrets, même et surtout peut-être, quand ils r

810 os lapsus, même quand nous sommes certains de les tenir secrets, même et surtout peut-être, quand ils restent secrets pour no

811 roïques. Ces carnages, qu’il n’a pas voulus, n’en sont pas moins la conséquence concrète d’un long désir, d’un rêve constant

812 concrète d’un long désir, d’un rêve constant. Il est sincère : il n’a pas voulu cela, il a seulement rêvé, donc désiré de

813 lles, hélas ! on ne saurait échapper… » et qui ne sont que masques et prétextes, alibis de la libido sentiendi, sciendi ou d

814 ce sens, nous avons bel et bien voulu cela — nous serons mieux en mesure de comprendre à quel point l’avenir, lui aussi, désor

815 ers lesquelles ils nous portent. Si l’avenir n’ était pas notre affaire ? Dès les années 1950 de ce siècle, l’humanité e

816 ? Dès les années 1950 de ce siècle, l’humanité est devenue capable de tuer la nature et de se suicider. Nous voilà conda

817 ous voilà condamnés au choix d’une politique, qui est en fait un choix métaphysique entre l’instinct de vie et l’instinct d

818 bre vivant et la croissance folle, la liberté qui est pouvoir sur soi-même, et ces richesses qui ne sont que pouvoir sur le

819 est pouvoir sur soi-même, et ces richesses qui ne sont que pouvoir sur les autres. Sommés de savoir ce que nous voulons de l

820 , je voudrais bien ceci ou cela, autant que vous, soyez -en sûr (qu’il s’agisse de désarmer, par exemple, ou de prendre des me

821 créer et de fédérer des régions autonomes), mais soyons réalistes, vous voyez comme moi que la société actuelle n’en a pas le

822 a pas les moyens » ou « que nos contemporains ne sont pas prêts pour cela ». (Argument fréquemment invoqué par les intellec

823 nt fréquemment invoqué par les intellectuels de l’ Est .) S’il n’y a pas de vents favorables pour celui qui ne sait pas où il

824 e qu’il faut, à n’importe quel prix. La politique étant l’art de prévoir, est bel et bien « l’art du possible », mais en ce s

825 e quel prix. La politique étant l’art de prévoir, est bel et bien « l’art du possible », mais en ce sens précis que l’aveni

826 ir seul peut changer selon nos désirs. L’histoire serait en revanche la science de « l’impossible », c’est-à-dire de ce que l’

827 notre liberté et notre puissance à la fois. « Il est domaine de liberté parce que je suis libre de concevoir ce qui n’est

828 la fois. « Il est domaine de liberté parce que je suis libre de concevoir ce qui n’est pas, pourvu que je le situe dans l’av

829 rté parce que je suis libre de concevoir ce qui n’ est pas, pourvu que je le situe dans l’avenir. » Et il est domaine de pui

830 as, pourvu que je le situe dans l’avenir. » Et il est domaine de puissance, et même le seul, « car nous ne pouvons agir que

831 car nous ne pouvons agir que sur l’avenir89 ». Qu’ est -ce alors que le présent ? Le lieu toujours changeant des points où le

832 ntent, et où s’opèrent les décisions entre ce qui fut fait, qui est là et veut durer, et ce que nous désirons qui soit. Ce

833 ’opèrent les décisions entre ce qui fut fait, qui est là et veut durer, et ce que nous désirons qui soit. Ce dernier élémen

834 est là et veut durer, et ce que nous désirons qui soit . Ce dernier élément est capital. Sans lui, sans notre vrai désir, il

835 ce que nous désirons qui soit. Ce dernier élément est capital. Sans lui, sans notre vrai désir, il n’y aurait plus ni prése

836 assé, littéralement. Et c’est pourquoi l’avenir n’ est pas à découvrir, mais au contraire, à inventer ; n’est pas à dévoiler

837 as à découvrir, mais au contraire, à inventer ; n’ est pas à dévoiler ou deviner, mais au contraire, à engendrer et à former

838 ncer vers l’objet de nos désirs. (Ajoutons que ce sont nos désirs qui déterminent nos besoins. En fait, désirs, rêves et bes

839 pose alors la question décisive : — Si l’avenir n’ était pas notre affaire, de qui serait-il l’affaire, en somme ? Le renoncem

840 : — Si l’avenir n’était pas notre affaire, de qui serait -il l’affaire, en somme ? Le renoncement à nos désirs devant le « fait

841 rait de le rejoindre et de le découvrir tel qu’il est , comme un pays nouveau après la prochaine crête — c’est tout simpleme

842 Budget annuel et prospectives Toute politique est autorisation de l’avenir, à la fois désirable et redouté. Ne pas mang

843 vie humaine. Cette prévision, d’origine agricole, est donc annuelle. L’ère moderne, qui commence autour de 1800 avec l’indu

844 juger réels les seuls événements mesurables, à ne tenir pour sérieux que ce qui coûte en monnaie, et à ne prévoir que d’une a

845 fois, mais elle minimise les intrigues (qu’elles soient annuelles, séculaires ou millénaires) qui se déroulent entre les temp

846 a s’arrangera ! », car « l’ingéniosité de l’homme est infinie ». La constatation de la crise actuelle, due à la technologie

847 a crise actuelle, due à la technologie « qui peut être mortelle », à l’explosion démographique, à la révolte imminente du ti

848 autre sur la science. Jusqu’à nous, l’historien s’ était vu seul chargé de la fonction prévisionnelle. L’avenir partait au pet

849 it puisqu’elle le précédait. La décadence de Rome était inscrite dans l’excès des splendeurs impériales, les ténèbres du Moye

850 traire. On ne pouvait pas se tromper puisque tout était joué et qu’on partait de la solution connue pour la montrer non seule

851 ent prévisible mais seule possible. « Tout ce qui est réel est rationnel », disait Hegel, l’inverse étant d’ailleurs égalem

852 sible mais seule possible. « Tout ce qui est réel est rationnel », disait Hegel, l’inverse étant d’ailleurs également vrai,

853 est réel est rationnel », disait Hegel, l’inverse étant d’ailleurs également vrai, également indémontrable. Spengler projeta

854 urent comme chacun sait, ou croit savoir, et ce n’ est pas vrai. En lavant donc vers les inévitables décadences (si l’on est

855 ant donc vers les inévitables décadences (si l’on est historien bourgeois), ou les inévitables renaissances (si l’on est do

856 rgeois), ou les inévitables renaissances (si l’on est doctrinaire marxiste). Tout le monde, au xxe siècle, l’école d’abord

857 au clergé, puis du prolétariat au tiers état : n’ est -ce pas là le sens de l’Histoire ? Ce dernier terme justifie tout. « O

858 echnique. La technique fouettée par les guerres s’ est développée soudain beaucoup trop vite pour nos capacités d’adaptation

859 giques. Ainsi l’auto : le fait patent que nous ne sommes pas maîtres de ses effets se traduit par les hécatombes du week-end e

860 de la technologie déchaînée, et leurs conclusions sont lugubres : la mort psychique du dernier opposant dans les caves de to

861 entaux qui en ont une. Prospective et futurologie sont nécessaires à notre société, puisque nous sommes contraints de choisi

862 ie sont nécessaires à notre société, puisque nous sommes contraints de choisir notre avenir, mais cela n’entraîne pas que leur

863 cela n’entraîne pas que leurs méthodes actuelles soient suffisantes, ni même qu’elles puissent jamais le devenir, et cela pou

864 uffoqués. Toutes les inventions qui ont suivi ont été déclarées inacceptables par les autorités les moins suspectes, à coup

865 Niepce ? Cette “photographie”, car c’est son nom, sera bientôt étouffée par l’évidente supériorité de la peinture », écrivai

866 e Edison mit au point son premier phonographe, il fut accusé de ventriloquie par les experts qu’il avait convoqués. En 1895

867 s et la vie des artistes sur scène. Que tout cela est fâcheux et ridicule ! Pourquoi ne pas interdire aussitôt ces vagues i

868 re lui-même « aussi totale et complète que puisse être la démonstration d’un fait ». Plus près de nous, en 1925, un journal

869 ait capter ses messages ! Aucune de ces erreurs n’ était inévitable à l’époque où elles furent commises, à preuve qu’il se tro

870 es erreurs n’était inévitable à l’époque où elles furent commises, à preuve qu’il se trouva dans le même temps quelques savant

871 l’utopie technologique. L’automation généralisée était pour demain, les véhicules sur coussin d’air pour tout de suite, la r

872 catastrophes prévues nous ont « déçus » : elles n’ étaient pas au rendez-vous assigné par les futurologues. (Qu’on se rassure :

873 contre la prospective : ses vraies difficultés ne sont pas dans nos erreurs, mais dans la nature même de l’avenir. 84. F

874 réé par Ossip K. Flechtheim dès 1943. Prospective est proposé par Gaston Berger vers 1950. Futuribles s’oppose à futurologi

875 e en écho le dernier verset. 87. Aeternitas non est tempus sine fine sed nunc stans, non pas le temps sans fin, mais le t

876 demption de l’histoire, qui puisse effacer ce qui fut fait. On peut en modifier les conséquences, mais non pas faire que ce

877 quences, mais non pas faire que cela n’ait jamais été fait. 89. Cf. L’Art de la conjecture, par Bertrand de Jouvenel, SEDE

878 le problème fondamental de toute prospective. Il serait facile d’en déduire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est t

879 duire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est totalement imprévisible, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir

880 ble, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu, que sert alors de gouverner ? En fait, les termes

881 gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons

882 mes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en

883 Terre ayant des dimensions finies, ses ressources seront épuisées dans des délais calculables, mais qui varieront en fonction

884 riens ne font plus mystère de ce que l’histoire n’ est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits passés, opérée à

885 donc en permanence modifiable. Les dates seules y sont certaines… Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir un

886 y sont certaines… Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en parler — la politique étant dé

887 avoir une politique et d’en parler — la politique étant définie en ce point comme l’ensemble des mesures à prendre pour lutte

888 u destin de l’homme sur la Terre. Une seule chose est certaine, c’est la mort, non sa date. Mort de la Terre et mort de cha

889 Terre et mort de chacun de nous. Une seule chose est imprévisible, par définition, et c’est la création, l’intervention de

890 et pourtant décisive, que l’on voudrait tellement être en état de prévoir, mais qu’il faut faire, à tous risques et périls,

891 ive « scientifique » Les calculs prévisionnels sont utiles ou indispensables pour opposer les quelques certitudes qu’on v

892 à pour le tiers-monde une chance historique qu’il serait fou de méconnaître. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabr

893 ent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et nécessaire, celle de la production matérielle.

894 de doubler tous les sept ans en Occident, car il serait au moins difficile, et à coup sûr superflu, de produire 16 fois plus

895 is le meilleur exemple d’une prévision utile nous est donné par les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils ne di

896 t du sol. Un tel modèle provocateur et monitoire, est le contraire d’une fatalité : utinam vates falsus sim (plaise aux die

897 utinam vates falsus sim (plaise aux dieux que je sois faux prophète !) pourrait bien être le motto du club de Rome. Au surp

898 dieux que je sois faux prophète !) pourrait bien être le motto du club de Rome. Au surplus, le danger consiste moins dans l

899 visions évidemment conditionnelles. Car autant il est nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend,

900 suivre ou non en connaissance d’effets, autant il est dangereux, égarant, de subordonner ses décisions à des prédictions qu

901 ubordonner ses décisions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenant tout

902 ut ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’ est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en garde,

903 nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’ est pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers de

904 oral et de la décision politique. Car quelles que soient ses intentions conscientes, ce discours pousse au crime de désertion

905 crime de désertion civique, et devrait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle

906 erté. Roma locuta… l’ordinateur a parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que le ventriloque de ses p

907 a cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’ est que le ventriloque de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel e

908 de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le succès de la projection de nos désirs sur une Nécessité impersonne

909 ansperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’ être qu’elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou

910 es prévisions les plus exactes — voire seules à l’ être  — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépenda

911 ns les plus exactes — voire seules à l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes du je

912 ute rétroaction financière, sociale ou morale, il est fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute

913 défis de la « dernière », et en appelle d’autres, fût -ce à seule fin de vérifier ses méthodes. Ainsi les techniques de lutt

914 rentabilité à prendre en compte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’importe quel prix financier ou humain, rien n

915 . D’où l’on déduit que l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’u

916 toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’utopie au sens originel, le « pays de nulle part », donc de pure th

917 ie93 », elle décide en fait que l’avenir prochain est déjà joué dans le passé récent : c’est le contraire d’une véritable p

918 raire d’une véritable prospective. Le court terme est seul calculable. Le long terme ne peut faire ressortir que l’absurdit

919 thode kahnienne des « projections sans surprise » est donc nécessairement conservatrice en tant que « projection », et an-h

920 que en tant que « sans surprise ». Elle peut donc être qualifiée de conservatisme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé

921 montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle est un facteur d’entropie, et de déperdition du patrimoine humain. Tout c

922 mprobable création. Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prév

923 Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soum

924 e nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de fact

925 et Kahn, entre autres, dressent le calendrier, n’ est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces te

926 ces techniques, nous le voyons bien aujourd’hui, sont trop nombreux, trop ramifiés et interagissants pour que leurs résulta

927 nteragissants pour que leurs résultantes puissent être évaluées : il faudrait tout savoir sur l’homme, ses régularités et se

928 que pourtant, l’on se voit sommé de prévoir, quel est le recours ? Au cours d’une conférence en 1971, présentant les travau

929 la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création, tant s

930 xe des interactions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance

931 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’il est préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en

932 de liberté ou de manque de liberté (« La liberté est une sensation. Cela se respire », écrivait Paul Valéry ; donc cela ne

933 ance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel m

934 ander si le dogme de la croissance industrielle n’ est pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la fi

935 e, publié par le club de Rome : « En vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans

936 oses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter au moindre échange vivant

937 ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de consulter le mode

938 , il faut admettre aussi qu’une société humaine n’ est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute l

939 société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’ est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chos

940 artiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose — ensemble de systèmes plus ou moins intégrés, référentie

941 hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’il soit , les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu

942 euse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les faits ne pouvant avoir tort, c’est la m

943 et notre société de consommation — selon que l’on serait au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme celui de la p

944 ques et des « terribles simplificateurs ». Hitler est là, dans les Lettres à von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1

945 t, qui datent de 1887. Et le condominium USA-URSS est là, dès 1856, dans la Démocratie en Amérique, après et avant vingt au

946 le de dire « si nous verrons jamais le jour où il sera possible d’isoler les variables clés qui déterminent le surgissement

947 e la société95 ». Mais ces prévisions impossibles sont justement de celles qu’un Tocqueville, un Proudhon, un Burckhardt, un

948 s loin des exemples à propos d’Hitler, notamment. Serait -ce qu’une chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’éta

949 imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’ étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret

950 ’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’ho

951 ens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ; et que de là, et de

952 ents… Limiter une expansion malsaine n’aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres régionaux. Au

953 mporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beaucoup trop tard pour que Rome, en reconnaissant ces tendances, pui

954 ière de l’empire, la charte d’indépendance devait être accordée sans contrepartie96. Nous retrouvons le parallèle avec notr

955 e ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait être senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui qu’au plus intime de

956 nscrira dans l’histoire un jour ou l’autre. Telle est la loi de l’évolution humaine — et du même coup, de la prospective in

957 La prospective que j’ai dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, puisqu’elle prend son appui dans l’ho

958 dans l’homme sujet de l’histoire. La futurologie serait alors « objective » parce qu’elle part des objets, des « faits », c’e

959 ts », c’est-à-dire de l’histoire déjà faite. Elle tient que l’homme, fait par l’histoire, est son objet, un objet parmi d’aut

960 ite. Elle tient que l’homme, fait par l’histoire, est son objet, un objet parmi d’autres, soumis aux mêmes lois, et par-là

961 ective, en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aurait plus

962 De fait, la prospective n’aurait plus de raison d’ être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d

963 a prospective utile et significative ne peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou moni

964 les seules prévisions objectives qui m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves p

965 m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves possibles, et à quelle heure il faudra

966 deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencement », disent les mystiques. C’est de mes fins que je va

967 devenir personnel. Les critères de ma prospective seront choisis comme idoines à mes fins97, et ne seront donc ni la rentabili

968 seront choisis comme idoines à mes fins97, et ne seront donc ni la rentabilité, ni le profit monétaire aux dépens du bonheur

969 sastre inévitable, du seul fait que la finitude n’ est pas capable d’infini — homo finitus non capax infiniti — comme le sav

970 suivante : devant toute innovation technologique, être en mesure de démontrer non seulement à quoi cela sert, mais surtout à

971 peut mener dans l’hypothèse d’un succès maximal. Est -ce que cela va dans le sens de mes besoins réels, ou de mes désirs pr

972 cléaires ? Cette analyse des motifs et des fins n’ est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la press

973 ’avenir qu’on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communauté qui le réalisera, et dès maintenant sur

974 er et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’ est nullement de prévoir et de calculer des phénomènes indépendants de l’

975 a prévision donnée pour objective d’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir.

976 s fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions

977 tre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions

978 ons courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des lois mythiques derrière lesquelle

979 esquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. Les deux plus grands fléaux du

980 Les deux plus grands fléaux du siècle J’en étais là de mes réflexions sur les approches de l’avenir lorsque éclata la

981 ble. Me voilà pris de vitesse par l’événement. Il est venu me confirmer sans me laisser le temps de finir ma phrase… La que

982 ma phrase… La question que je me pose maintenant est de savoir si la crise de l’automne 1973 pouvait être prévue par les f

983 t de savoir si la crise de l’automne 1973 pouvait être prévue par les futurologues, et pourquoi elle ne l’a pas été. En fait

984 par les futurologues, et pourquoi elle ne l’a pas été . En fait, cette crise a résulté de la conjonction de deux séries de f

985 hausen ; derrière ces camps, il y a Hitler, qui n’ est lui-même que le catalyseur d’une grande angoisse communautaire, dont

986 communautaire, dont l’histoire (au sens médical) est celle de notre civilisation industrielle, matérialiste et finalement

987 continents. Observons que Hitler et l’auto auront été les deux fléaux les plus dévastateurs du xxe siècle, et que la futur

988 ion du phénomène technologique par excellence que fut dès l’origine la voiture à moteur. Mais elle ne l’a pas fait, car l’h

989 l’histoire de l’auto, de même que celle d’Hitler, est une histoire de fous. Or, personne n’aurait pu prévoir la résultante

990 ombait en 1975. C’était hier, et personne ne s’en est aperçu. L’histoire de la nouvelle religion commence à l’automne de 18

991 velle religion commence à l’automne de 1875. Elle est rapportée par Henry Ford dans ses mémoires, avec la simplicité qui co

992 mémorable événement de ces années de ma jeunesse fut la rencontre d’une locomotive routière à huit miles de Detroit, un jo

993 le premier véhicule non attelé que je voyais… Ce fut la rencontre de cet appareil98 qui m’orienta vers le transport automo

994 u jour présent, ma grande et constante ambition a été de construire une bonne machine routière. » Tel fut le « Chemin de Da

995 é de construire une bonne machine routière. » Tel fut le « Chemin de Damas » du petit paysan, et c’est le titre qu’il donne

996 ire à perfectionner moteur et carrosserie. « Je n’ étais pas le seul, je le savais, à m’occuper d’une voiture sans chevaux, ma

997 oir ce que faisaient les autres. » De fait, qu’en était -il à cette époque des recherches sur l’automobile ? Dans l’Est des Ét

998 e époque des recherches sur l’automobile ? Dans l’ Est des États-Unis, mais surtout en Europe, les inventeurs paraissaient ê

999 is surtout en Europe, les inventeurs paraissaient être en nombre égal ou à peine inférieur à celui des voitures effectivemen

1000 es effectivement construites, et ces prototypes n’ étaient guère que de coûteuses curiosités pour millionnaires extravagants. En

1001 définition : « Automobile : nom qui a quelquefois été donné à de curieux véhicules mus par un moteur à explosion… Cette inv

1002 idicule assurément, vouée à l’oubli rapide, telle est la voiture automobile qu’en Allemagne MM. Benz et Daimler viennent de

1003 is l’époque de Benjamin Franklin. Toute son œuvre est sortie de lui seul, et non d’on ne sait quelles « nécessités économiq

1004 soins et possibilités de son époque. L’auto qu’il sera le premier à produire en série est à l’image de ce mécanicien têtu et

1005 L’auto qu’il sera le premier à produire en série est à l’image de ce mécanicien têtu et sans culture (il se verra contrain

1006 daptation de l’individu au travail efficace « qui est la base du monde ». Son fameux modèle T sera donc robuste et laid, ma

1007 « qui est la base du monde ». Son fameux modèle T sera donc robuste et laid, mais bon marché, fait pour la masse, adapté aux

1008 ridiculisé de la maturité et de la vieillesse, n’ est en rien différent du Ford entreprenant et souvent malchanceux de l’ad

1009 res sans cesse augmentés. Espionnage et surmenage seront les conditions dures, mais nécessaires, de cette action morale. « Si

1010 écessaires, de cette action morale. « Si un homme était vu quittant l’usine une fois son travail terminé le sourire aux lèvre

1011 le sourire aux lèvres ou d’un pas trop léger, il était transféré dans un autre service qui corrigeait ce défaut », écrit l’u

1012 la poursuite de la production lui suffit. Ford n’ est pas un capitaliste. Il se voit au contraire philanthrope. Il veut pro

1013 ot touche à peine un petit port écossais, d’où il est renvoyé vers la Norvège neutre, où Ford écœuré l’abandonne, pour repr

1014 rendre aussitôt à Détroit son œuvre propre, qui n’ est pas uniquement de construire des autos, mais de fabriquer des hommes

1015 s de fabriquer des hommes selon son idéal. Ce qui est proprement effrayant, c’est de constater que si le modèle T est à l’i

1016 effrayant, c’est de constater que si le modèle T est à l’image de son fabricant, il va bientôt communiquer ses caractérist

1017 principales à toute la société industrielle. Tel sera le « succès » majeur du mécanicien philanthrope. Reprenons le récit d

1018 e. « En 1892, j’achevai ma première voiture… Elle fut longtemps la seule automobile de Détroit. On la considérait plutôt co

1019 Charles Ainsley, de Détroit, pour 200 dollars. Ce fut ma première voiture vendue. » En 1899, vingt-quatre ans après son « c

1020 passer pour téméraire car, à cette époque-là (qui est le tournant du siècle) « il n’y avait pas de demande pour les automob

1021 illiardaire, la General Motors et la Ford Company sont les deux plus grandes firmes du monde. À peine âgée d’un demi-siècle,

1022 on mondiale de toutes les autres industries. Elle est née du fantasme d’un préadolescent fasciné par l’idée de partir au ha

1023 er vite, et elle ne fait que 4 km à l’heure — qui est l’allure d’un piéton peu pressé — dans le centre de nos grandes ville

1024 ela fait du 6 km/h ! Le rendement de l’automobile est resté jusqu’à ce jour l’un des plus faibles dans le monde des machine

1025 és, ne cesse de s’améliorer : le nombre des morts est actuellement de 280 000 par an, et celui des blessés de 13 millions.

1026 , et celui des blessés de 13 millions. La voiture est la première cause de décès des moins de 25 ans aux États-Unis. Il y a

1027 r que par l’auto, mais un grand nombre de cancers sont dus aux pollutions qui ont l’auto pour cause. Et, surtout, la voiture

1028 t : — Je ne comprends plus les jeunes. Mon fils s’ est acheté une voiture. Le dimanche soir, je lui demande : où as-tu été ?

1029 ture. Le dimanche soir, je lui demande : où as-tu été  ? qu’est-ce que tu as vu ? qu’est-ce que tu as fait ? Il me répond :

1030 dimanche soir, je lui demande : où as-tu été ? qu’ est -ce que tu as vu ? qu’est-ce que tu as fait ? Il me répond : 300 kilom

1031 ande : où as-tu été ? qu’est-ce que tu as vu ? qu’ est -ce que tu as fait ? Il me répond : 300 kilomètres. Partir au hasard s

1032 cela ? On a vu que le projet fondamental de Ford est né d’un rêve d’évasion campagnarde hors des voies imposées de la civi

1033 l’individu. Mais il s’en faut que l’invention ait été adaptée à ces fins. Elle n’a même pas été calculée pour répondre aux

1034 ion ait été adaptée à ces fins. Elle n’a même pas été calculée pour répondre aux besoins pratiques, utilitaires, comme on l

1035 nt, rien de pareil : tout ce que je puis lire, ce sont des chiffres, des panneaux publicitaires, des conseils ou des ordres

1036 s ordres de la police routière. Si je mange, ce n’ est guère qu’un sandwich, et d’une main. Si je rêvasse, un klaxon me réve

1037 t une fin en soi, et ce besoin dont on a vu qu’il est presque entièrement artificiel, a investi en moins d’un demi-siècle n

1038 de détruire les derniers quais de la Seine : « Il est temps que Paris s’adapte à l’automobile. » Cela peut se corriger, dir

1039 et au surplus indépendantes les unes des autres, sont d’ores et déjà déclenchées. L’auto a provoqué le plus grand boulevers

1040 age quotidien des commodités qui font la raison d’ être d’une cité — transports, marché, culture, beauté des perspectives, sé

1041  % des investissements d’une capitale comme Paris sont absorbés par la « modernisation de la voirie » qu’exige l’auto, au dé

1042 fait de l’auto, 18 % du territoire de la Hollande est bétonné, et ce sera sous peu 25 %. Chaque petit coin tranquille, auss

1043 % du territoire de la Hollande est bétonné, et ce sera sous peu 25 %. Chaque petit coin tranquille, aussitôt repéré, est env

1044 %. Chaque petit coin tranquille, aussitôt repéré, est envahi par mille campeurs. L’auto détruit tout ce qu’elle permet de d

1045 e pour permettre à des foules d’aller voir où ils furent avant la ruée bovine de leurs admirateurs — mais ce qu’ils furent est

1046 ruée bovine de leurs admirateurs — mais ce qu’ils furent est à jamais perdu. L’auto, qui a provoqué la demande de pétrole, leq

1047 vine de leurs admirateurs — mais ce qu’ils furent est à jamais perdu. L’auto, qui a provoqué la demande de pétrole, lequel

1048 de de pétrole, lequel arrive par mer en Occident, est responsable de la pollution des océans par les tankers. Et cette poll

1049 on des océans par les tankers. Et cette pollution est la cause (voir plus haut, page 34) non seulement de la ruine de pêche

1050 à celle de l’auto, donc au pétrole, l’Occident s’ est rendu dépendant de quelques petits émirats, du royaume saoudien, et d

1051 ntégriste (on sait que les colonels « chrétiens » sont seuls « fascistes », les autres sont « anti-impérialistes »). Il s’ag

1052  chrétiens » sont seuls « fascistes », les autres sont « anti-impérialistes »). Il s’agit là de contrecoups plus ou moins ac

1053 ollars, car c’est en cette monnaie que le pétrole est payé. Vers 1980, si tout va dans le même sens, ce seront au moins 60

1054 payé. Vers 1980, si tout va dans le même sens, ce seront au moins 60 milliards de dollars qui chercheront où se placer dans le

1055 es de pétrole, exploitées aux prix d’aujourd’hui, est prévu pour l’année 2000, au rythme actuel du gaspillage motorisé. Nos

1056 durer le plaisir. La politique des princes arabes est cohérente, ils réagissent très raisonnablement au diagnostic du club

1057 l’économie tout entières suspendues à l’auto, qui est elle-même suspendue aux ressources de pétrole, qui dépendent de la po

1058 ui dépendent de la politique des Arabes, laquelle est déterminée par l’existence d’Israël, qui n’a été rendue possible et n

1059 est déterminée par l’existence d’Israël, qui n’a été rendue possible et nécessaire que par les camps de la mort de cet Hit

1060 que l’on vient de résumer. Je dis que leur tâche est impossible. Trop de facteurs entreront en jeu, qui ne sont pas tous p

1061 ssible. Trop de facteurs entreront en jeu, qui ne sont pas tous prédéterminés (comme la nature du combustible : le pétrole n

1062 és (comme la nature du combustible : le pétrole n’ est pas seul possible, ou le réseau des autoroutes) et dont certains sero

1063 le, ou le réseau des autoroutes) et dont certains seront même purement fortuits (comme la localisation dans le monde arabe des

1064 comment prévoir tout ce que nous savons bien qui est arrivé : les interactions de ces facteurs, leurs combinaisons par deu

1065 urnisseur de pétrole, alors que Hitler lui-même n’ était pas prévisible par la prospective scientifique, et que ne l’était pas

1066 ible par la prospective scientifique, et que ne l’ était pas davantage l’attitude « réaliste » de la plupart des gouvernants e

1067 . Les vrais motifs de l’embargo sur le pétrole ne sont pas là. Si l’on en croit le plénipotentiaire d’un émirat s’adressant

1068 rat s’adressant au Premier ministrea japonais, ce sont les prévisions des « savants de Harvard » qui ont convaincu les émirs

1069 ulent croire qu’à la croissance102. Les émirs ont été plus réalistes. Saisissant le prétexte de la guerre du Kippour, où pa

1070 uerre du Kippour, où pas un seul d’entre eux ne s’ était engagé, ils décident l’embargo, la réduction de la production et le t

1071 t voilà la raison majeure de l’incapacité où nous étions de prévoir la crise du pétrole : nul ne peut prévoir aujourd’hui quel

1072 ul ne peut prévoir aujourd’hui quelles prévisions seront faites demain, et encore moins dans quelle mesure elles seront crues,

1073 demain, et encore moins dans quelle mesure elles seront crues, et dans quels délais, et par qui. Cette action de la prévision

1074 rtuel. L’agir et le savoir, variables conjuguées, sont donc en relation d’incertitude, tout comme le sont la vitesse et la p

1075 ont donc en relation d’incertitude, tout comme le sont la vitesse et la position d’une particule, selon Heisenberg. D’autres

1076 rétroaction de la prévision sur l’événement nous sont donnés par la régression du taux des naissances tant en Europe qu’au

1077 nt d’ores et déjà des effets certains, même s’ils sont malaisément mesurables, sur l’évolution prévue : ils contribuent à la

1078 ocessus variés d’inhibition, dont le plus évident est l’abaissement du seuil de résistance à la propagande pour les moyens

1079 termes, la vision deviendra fausse parce qu’elle était juste au début ; ou, pour pousser à la limite : l’utilité (l’efficaci

1080 xactitude finale 103 ». Non, l’avenir de l’auto n’ était pas prévisible, parce que le besoin de cette mécanique n’est pas insc

1081 visible, parce que le besoin de cette mécanique n’ est pas inscrit au cœur de l’homme, n’y est pas lisible, et que sa produc

1082 canique n’est pas inscrit au cœur de l’homme, n’y est pas lisible, et que sa production en masse n’était réponse à nul défi

1083 est pas lisible, et que sa production en masse n’ était réponse à nul défi vital. C’est Hitler, au contraire, qui, pour ces m

1084 Hitler, au contraire, qui, pour ces mêmes motifs, était bel et bien prévisible, était lisible dans les rêves qui trahissaient

1085 r ces mêmes motifs, était bel et bien prévisible, était lisible dans les rêves qui trahissaient nos frustrations communautair

1086 nos frustrations communautaires — et, de fait, a été prévu. (Comme on va le voir.) Et cependant… Si l’évolution techno-éco

1087 ant… Si l’évolution techno-économique de l’auto n’ était pas inscrite dans les chiffres, son avenir de catastrophe sociale éta

1088 s les chiffres, son avenir de catastrophe sociale était bel et bien prévisible dans le sentiment de ce que, par le succès de

1089 ril Ford104 » « On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu

1090 avènement de cette organisation toute-puissante n’ est plus qu’une question de quelques années105. Mais peut-être est-il tem

1091 ne question de quelques années105. Mais peut-être est -il temps encore… Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’

1092 oursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental est saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, par éclairs, qu’il y avait

1093 infaillible progrès aurait-il fait fausse route ? Est -il temps encore de le détourner du désastre spirituel vers lequel il

1094 moderne, et le meilleur, parce que personne ne s’ est approché plus que lui du type idéal de l’industriel dans le monde cap

1095 immense de ses livres, sa popularité universelle, sont signes que l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite. 

1096 prix, on ne trouve toujours des clients, quel que soit l’état du marché.” Il semble que cela soit tout à l’avantage du clien

1097 el que soit l’état du marché.” Il semble que cela soit tout à l’avantage du client. Mais quelles sont les causes réelles de

1098 la soit tout à l’avantage du client. Mais quelles sont les causes réelles de cet abaissement de prix — la concurrence n’étan

1099 les de cet abaissement de prix — la concurrence n’ étant bien entendu qu’une cause accessoire ? Dire que l’état du marché est

1100 ’une cause accessoire ? Dire que l’état du marché est tel que le client n’achète plus, cela signifie parfois que la marchan

1101 te plus, cela signifie parfois que la marchandise est momentanément trop chère, mais surtout que le besoin qu’on a de tel o

1102 , mais surtout que le besoin qu’on a de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’ait plus q

1103 montre le bout de l’oreille, et que son but réel est la production pour elle-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritab

1104 e, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est donc trompé par la baisse, et la tromperie était préméditée. » Le sca

1105 il est donc trompé par la baisse, et la tromperie était préméditée. » Le scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel ait

1106 ie était préméditée. » Le scandale, à mon sens, n’ est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à faire

1107 lient à faire une dépense superflue ; le scandale est qu’il l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus

1108 dre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il est déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut

1109 ngrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il est déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il

1110 aine a des limites. Et le temps approche où elles seront atteintes. » On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscien

1111 es. » On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je

1112 s chances. J’accorderai que le progrès matériel n’ est pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vi

1113 . » Cela s’appelle encore vivre. Mais l’homme qui était un membre vivant dans le corps de la nature, lié par les liens les pl

1114 table valeur. Il sent obscurément que son travail est antinaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos,

1115 e ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’esclave. » Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il e

1116 que dans son repos, il en est l’esclave. » Pour s’ être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est condamné à ne plus sai

1117 s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est condamné à ne plus saisir que des rapports abstraits entre les choses

1118 jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté, dont nous ne

1119 yrrhus. Elle nous donne une liberté, dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir

1120 epter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore doués de quelque sensibilité spirituelle deviennent par le seu

1121 un monde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit n’ est pas un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de l

1122 es anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’ est pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir. Il a des exi

1123 Il a des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction avec celles que le développement de la technique imp

1124 nt de la technique impose au monde moderne. » Ces êtres , d’une espèce de plus en plus rare, qui savent encore quelque chose d

1125 centaines d’individus. Et cette franc-maçonnerie sera bientôt traquée avec la dernière rigueur : avec la rigueur de la néce

1126 r : avec la rigueur de la nécessité — puisqu’elle est inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. » La logique, pa

1127 vouloir en revenir à la période pré-industrielle soit autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, i

1128 ppatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’ est plus temps de se désintéresser simplement des buts — si bas soient-il

1129 de se désintéresser simplement des buts — si bas soient -ils — d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de p

1130 jourd’hui ont une tâche pressante : chercher s’il est possible d’échapper au fatal dilemme. Premier pas vers la solution :

1131 oi. »   À partir de cette prise de position qui n’ était qu’un avertissement, il semble qu’on eût pu prévoir et modifier, inte

1132 et modifier, intervenir dans le processus… L’écho fut nul, bien entendu. Que pouvaient signifier dans ces années des notion

1133 a nature, et ces irréguliers vivant en marge ? Il est rare que celui qui voit et celui qui fait se confondent. Marx n’avait

1134 action de Marx que la prédiction de Tocqueville s’ est vérifiée. Ainsi Marx est devenu responsable de ce qu’il n’avait pas s

1135 diction de Tocqueville s’est vérifiée. Ainsi Marx est devenu responsable de ce qu’il n’avait pas su prévoir. Et Tocqueville

1136 s un ensemble de procédés prospectifs qui eussent été capables d’orienter une politique de l’innovation technologique en gé

1137 faire. Les futurologues supposés de 1900 eussent été hors d’état de prévoir l’histoire de fous qu’initiait Henry Ford sous

1138 e sur l’humanité quand on ignore à ce point ce qu’ est l’homme ? Quand on le réduit à des fonctions de main-d’œuvre et de co

1139 ? Il eût fallu des sages, conscients de ce qu’ils étaient et des limitations qui en résultaient, et décidant en conséquence de

1140 nature et, finalement, sur le bonheur humain. Il est vrai que ce succès total a été rendu possible, en fait, par les deux

1141 bonheur humain. Il est vrai que ce succès total a été rendu possible, en fait, par les deux guerres mondiales, dont Herman

1142 question à poser devant une innovation technique sera donc celle-ci : en cas de succès total, quels seront ses effets ? 2.

1143 era donc celle-ci : en cas de succès total, quels seront ses effets ? 2. Le recours à des critères moraux respectés dans tout

1144 dée de créer de très grandes unités de production est née du seul souci de « rationaliser » pour augmenter le profit aux dé

1145 es de grands, toujours plus grands travaux qu’ils sont seuls en mesure de financer grâce aux impôts qu’ils lèvent sur les hy

1146 s d’intervention civique. Notre troisième critère sera le complément du second, comme la responsabilité l’est de la liberté 

1147 e complément du second, comme la responsabilité l’ est de la liberté : refuser toute innovation qui entraînerait nécessairem

1148 ens à leur gestion. 4. Le quatrième critère nous est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous commande d’

1149 riaux. Combien de nouveaux ouvriers n’ont-ils pas été traités de « femmelettes » pour leur réaction contre ce bruit que la

1150 remière réaction de ces “indicateurs”, une amende soit imposée aux auteurs de ces méfaits ; il est probable qu’alors le coût

1151 ende soit imposée aux auteurs de ces méfaits ; il est probable qu’alors le coût de la production de ces fléaux sociaux pous

1152 spective en général s’évanouiraient, si l’on s’en tenait à l’évidence que la futurologie « scientifique » ne peut prévoir que

1153 t prévoir que du calculable, et que le calculable est rarement décisif, quoique utile à savoir sectoriellement. Ce n’est pa

1154 sif, quoique utile à savoir sectoriellement. Ce n’ est pas la technique qui fait l’histoire, mais nos désirs, dont la techni

1155 l’histoire, mais nos désirs, dont la technique n’ est que l’outil. La futurologie devrait prévoir ce qui met en danger notr

1156 les experts des grandes entreprises parce qu’ils sont au service des États et concluent toujours à plus d’armes, plus d’aut

1157 grands événements qui font l’histoire, et qui ne sont pas calculables, ils sont prévisibles par la sensibilité. On peut sen

1158 t l’histoire, et qui ne sont pas calculables, ils sont prévisibles par la sensibilité. On peut sentir d’autres réalités que

1159 quelque profond malaise du corps social, on doit être certain qu’il en résultera tôt ou tard de grands événements. Ainsi pr

1160 1958. 100. J. N. Leonard, op. cit., p. 9. Il n’ est pas exclu que l’antisémitisme primaire de Ford l’ait amené à subventi

1161 uvrage : « À ce jeu — de l’auto prioritaire — ont été sacrifiés sans douleur logement, enseignement, téléphone, urbanisme,

1162 rient, Nixon répondait : « Le pétrole ne peut pas être une arme pour les Arabes, il ne vaut rien s’il ne trouve pas d’achete

1163 i nul en soi, phénomène d’envergure mondiale, tel fut l’homme, tel demeure son mystère. Les effets fracassants déclenchés d

1164 ants déclenchés dans le siècle par son apparition sont bien connus : on n’y retrouve pas à l’analyse la moindre trace spécif

1165 se la moindre trace spécifique de sa personne. Il fut ces effets et rien d’autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serait un

1166 s et rien d’autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, cadavre disparu, témoignages vagues ou contrad

1167 , ce quasi-néant d’homme, ridicule et tragique, a été le prophète du Néant collectif, où il a presque réussi à entraîner to

1168 C’est ainsi que je l’ai senti, éprouvé de tout l’ être , enregistré au radar de quelque intuition subconsciente. C’est ainsi

1169 son vivant, avec cette sorte d’infaillibilité qui est celle des actes involontaires, irréparables gaffes ou métaphores géni

1170 ntrerai dans Paris. Il y entre en effet mais ce n’ est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit, dev

1171 entre en effet mais ce n’est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit, devant le sentiment, devant

1172 tation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’il est

1173 saire pour faire comprendre au monde entier qu’il est des victoires impossibles110… » Enfin, on peut lire dans La Part du

1174 2, trois ans avant la mort du Führer : « Hitler s’ est tu. L’aventure a pris fin dans la catastrophe prévue. Et devant le ca

1175 avec une stupéfaction mêlée de honte : — Comme il était petit ! Il n’était grand comme Satan lui-même, que de la grandeur de

1176 on mêlée de honte : — Comme il était petit ! Il n’ était grand comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrète

1177 ig, C. J. Burckhardt, haut-commissaire de la SDN, est reçu en audience par le Führer : il s’agit d’une ultime tentative pou

1178 rquoi ? gémit le Führer, mais parce que moi je ne suis rien, je n’ai que mon prestige vis-à-vis de mon peuple ! Je ne suis q

1179 que mon prestige vis-à-vis de mon peuple ! Je ne suis qu’un petit homme du commun ! Si je perds mon prestige, je perds tout

1180  ! Vous, Monsieur Burckhardt, vous savez qui vous êtes , vous, vous êtes de la grande famille Burckhardt de Bâle. Vous pourri

1181 Burckhardt, vous savez qui vous êtes, vous, vous êtes de la grande famille Burckhardt de Bâle. Vous pourriez vous moquer d’

1182 riez vous moquer d’un tel article. Mais moi je ne suis qu’un prolétaire ! » Ce prolétaire en uniforme, ce petit homme du com

1183 e sait pas de quoi parler. Ce vide du personnage est essentiel : il est la condition de sa « mission » satanique. Certes,

1184 parler. Ce vide du personnage est essentiel : il est la condition de sa « mission » satanique. Certes, Hitler n’était pas

1185 ion de sa « mission » satanique. Certes, Hitler n’ était pas le diable. Mais certains ont pensé pour l’avoir éprouvé en sa pré

1186 a présence par un frisson d’horreur sacrée, qu’il était le siège d’une « domination », d’un « trône » ou d’une « puissance »,

1187 Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’ étais au premier rang, à trois mètres de lui, marchant à la hauteur de la v

1188 descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’ est jamais trouvé dans cent occasions analogues. « Voilà le principal de

1189 me délirer… » « On ne tire pas sur un homme qui n’ est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est l

1190 On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de soixan

1191 t tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de soixante millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur u

1192 n, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Le Führer déclarait un jour : “Je n

1193 fester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’ est que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies… On dem

1194 e qui échappe à nos psychologies… On demande s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, si cela compte e

1195 areil. En ce sens démoniaque du terme, un génie n’ est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a

1196 de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’histoire, le catalyseur de ces for

1197 l’histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans r

1198 ouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’ est fait par lui. Un homme quelconque, transfiguré par sa ténébreuse “mis

1199 rez bientôt de rire… »   Le national-socialisme s’ est présenté à nous comme une catastrophe cosmique, comme un malheur plus

1200 e son éruption la plus violente jusqu’ici. Tout s’ est passé comme si Hitler, ayant posé un diagnostic exact de notre sociét

1201 l’Europe du xxe siècle, le sens de la communauté est en train de disparaître, mais le besoin « d’être ensemble » demeure v

1202 é est en train de disparaître, mais le besoin « d’ être ensemble » demeure vital. La communauté est détruite par toutes les f

1203 « d’être ensemble » demeure vital. La communauté est détruite par toutes les forces de dissociation — rationalisme bourgeo

1204 le Führer ou le Guide de l’inconscient du peuple est en même temps conscient de son opération, lucide et froid comme le se

1205 érer : « Tous les grands mouvements de l’histoire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles p

1206 passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole j

1207 ovoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête d

1208 uit les plus grands changements dans le monde ont été trouvées non pas dans la connaissance scientifique, mais dans le fana

1209 tion anarchisante de la jeunesse (les Wandervogel furent les hippies de l’époque), à l’immoralité brutale des banquiers et ind

1210 social, et par suite du sens civique. Sa parole n’ est d’abord que le ressassement de ces malheurs occidentaux et du superla

1211 rande cérémonie sacrale d’une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance, même

1212 sique, que tous ces corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. » « Seul un prophète peut lui répon

1213 es corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. » « Seul un prophète peut lui répondre » Dès avan

1214 1939, la majorité des humains savaient qu’Hitler était le nom d’un désastre imminent et mondial. Pourtant, on ne l’a pas arr

1215 t alors à l’inquiétude de trop rares observateurs était la suivante : — Comment se peut-il que des individus « normaux » devi

1216 , a répondu à la question centrale du siècle (qui est religieuse au sens élémentaire, sociologique) en offrant une camarade

1217 ogiques de ceux qui s’y convertissent, ne saurait être admise par aucun d’entre eux. Elle saute aux yeux et c’est peu dire :

1218 ce et frustrée, faim de communauté ou seulement d’ être ensemble, de marcher, de chanter et de haïr ensemble, a fait basculer

1219 nt dans les pays totalitaires.   Mais le désastre était inscrit dans les données de l’aventure hitlérienne. Fondée sur le Mal

1220 le des autres. Mais le rêve de puissance totale n’ est qu’un cauchemar. Une nation ne peut le rêver, le mimer et l’agir que

1221 urnées entières. C’est que la formule totalitaire est à jamais inapplicable : une idée de fou. Il ne saurait y avoir puissa

1222 chaque homme en particulier — le personnel — tel fut le péché constitutif du parti national-socialiste. L’Occident n’a pas

1223 iste. L’Occident n’a pas eu de pire ennemi, et il est loin d’être certain qu’il l’ait vaincu ailleurs que dans les ruines d

1224 ident n’a pas eu de pire ennemi, et il est loin d’ être certain qu’il l’ait vaincu ailleurs que dans les ruines de Berlin. Hi

1225 ponse, à la question centrale de notre temps. Tel fut son vrai pouvoir et j’écrivais alors : « Seul un prophète peut lui ré

1226 ral de Gaulle Certains affirment que de Gaulle fut la réponse au dictateur allemand. Il est vrai qu’il a suscité la rési

1227 e Gaulle fut la réponse au dictateur allemand. Il est vrai qu’il a suscité la résistance française à l’occupant, mais ce n’

1228 é la résistance française à l’occupant, mais ce n’ était pas une réponse à Hitler en tant que faux prophète suscité par la gra

1229 tarda pas à prendre les commandes112.) De Gaulle fut un cas personnel, mais Hitler fut le médium de forces collectives, un

1230 112.) De Gaulle fut un cas personnel, mais Hitler fut le médium de forces collectives, une non-personne. Hitler était donc

1231 m de forces collectives, une non-personne. Hitler était donc prévisible, et il avait été prévu dès la fin du xixe siècle, ce

1232 rsonne. Hitler était donc prévisible, et il avait été prévu dès la fin du xixe siècle, cependant que de Gaulle a illustré

1233 les autres auraient pu le savoir — que la France était un château de cartes devant la Reichswehr et le fanatisme hitlérien c

1234 quelque Madame Soleil avait annoncé que la France serait sauvée par un général dont le nom serait celui du pays même, on aurai

1235 a France serait sauvée par un général dont le nom serait celui du pays même, on aurait dit : celle-là, elle ne se fatigue pas 

1236 faut que des hommes, qu’un homme parle pour elle, soit selon sa folie et ce sera Hitler, soit selon la sagesse, et ce sera p

1237 homme parle pour elle, soit selon sa folie et ce sera Hitler, soit selon la sagesse, et ce sera pour lui dire ce qu’elle ve

1238 pour elle, soit selon sa folie et ce sera Hitler, soit selon la sagesse, et ce sera pour lui dire ce qu’elle veut vraiment s

1239 e et ce sera Hitler, soit selon la sagesse, et ce sera pour lui dire ce qu’elle veut vraiment sans le savoir, ce qu’elle ris

1240 elle, qui implique et entraîne tout un peuple, ne sont données que par des conjonctures tragiques, indépendantes de toute in

1241 a déterminer leur résultante. (Sans lui, elle eût été très différente, ou nulle.) Prophétie contre Prévision : le rappel

1242 t nullement notre destin. Car celui-ci ne saurait être déduit de la nature des choses, qui ne change pas, ni de telle invent

1243 dépend de nos désirs, de nos finalités, de ce qui est à venir, de ce qui vient à nous, vient de nos buts. Avant toutes cho

1244 finalités — domaine de la prophétie. Nos destins sont formés par nos désirs ; par nos besoins réels, demeurent-ils inconsci

1245 désobéir à leur nature. Même la bombe atomique n’ est pas dangereuse du tout : si on la laisse tranquille dans sa caisse, e

1246 Je ne puis rien prédire. Je dois prophétiser, qui est dire activement l’avenir en fonction de fins qu’anticipe la foi seule

1247 nction de fins qu’anticipe la foi seule, car elle est « la substance des choses espérées et la ferme assurance de celles qu

1248 nventer. (Et non par des calculs dont les données sont toujours contestables, lacunaires et sans cesse changeantes.) L’annon

1249 n esprit » ce qui paraîtra dans l’histoire mais n’ est pas encore arrivé ? C’est parce qu’il est en plus humble contact avec

1250 mais n’est pas encore arrivé ? C’est parce qu’il est en plus humble contact avec l’inconscient collectif et ressent ses pu

1251 similer à l’irréel, et c’est Hitler — pourtant il est là, devant vous. Évacuez cet irrationnel par vos artifices dialectiqu

1252 l, une fois de plus, aux Américains. Les temps sont proches « Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles

1253 endent les paroles de la prophétie… car les temps sont proches. » (Apoc. 1. 3.) Les temps sont toujours proches quand les pr

1254 les temps sont proches. » (Apoc. 1. 3.) Les temps sont toujours proches quand les prophètes se lèvent et parlent. Les temps

1255 and les prophètes se lèvent et parlent. Les temps sont proches, aujourd’hui, dans un sens physique, physiologique et « matér

1256 des hommes de ce siècle croit vraiment. Les temps sont proches quand les finalités d’une société ne sont plus perçues au poi

1257 sont proches quand les finalités d’une société ne sont plus perçues au point d’ordonner ses actions. Les temps sont proches,

1258 erçues au point d’ordonner ses actions. Les temps sont proches, nous dit le rapport du club de Rome, mais nous dit mieux enc

1259 ction dramatique et merveilleuse : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. » (Apoc. 3. 20.) Le discours et la vision

1260 Et c’est pourquoi les grands Prophètes bibliques sont appelés les Sentinelles de Juda : car leur mission est d’avertir le p

1261 ppelés les Sentinelles de Juda : car leur mission est d’avertir le peuple et de le détourner de ses voies mauvaises. Mais l

1262 e liberté, de notre créativité. Dès ici, l’avenir est notre affaire d’hommes libres, de créateurs libres et responsables. À

1263 et responsables. À nous tous de prophétiser, qui est dire l’avenir que nous voulons, à nous de proférer, de projeter et de

1264 udrait sans cesse revoir à l’image de l’avenir où sont nos buts. La prospective, même intuitive, ne peut pas entraîner l’act

1265 aut plus : quelque chose qui attire en avant, qui soit une aventure (en-avanture) autant et plus qu’une sécurité. Il nous fa

1266 et tuant vingt enfants pour chacun de leurs amis, fussent -ils des assassins, non « libérés » dans l’heure qui suit avec leur ti

1267 dent avec une docilité dont j’ai cru voir qu’elle est directement proportionnelle au degré d’autoritarisme de leur coutume 

1268 ifs, de banquiers, de touristes et d’ambassadeurs sont devenus faits divers quotidiens : mesure de la dégradation des mœurs

1269 civiques et politiques. On entend bien que ce ne sont là que signes, que symptômes d’un mal bien plus grave que les crimes

1270 les propres mains du chef de l’État. Ces faits ne sont plus niés hors de l’enceinte qui abrite les assemblées générales de l

1271 t déjà, maints gouvernements publient qu’ils vont tenir pour offense capitale toute action en faveur des droits de l’homme en

1272 e l’homme entreprise sur leur territoire : chacal est maître chez soi. Tout peut périr par le fait du « plus froid de tous

1273 froids » que la majorité des hommes d’aujourd’hui tient encore malgré tout pour le dernier recours contre la grande dissoluti

1274 dissolution communautaire — loin de voir qu’il en est le fauteur principal. L’escalade de la violence mène à coup sûr aux r

1275 l barrage possible à la guerre ABC. L’alternative est là : refaire une société sur la base des rapports personnels, des com

1276 ffaires apparaissent symboliques de l’ère où nous sommes entrés au troisième tiers du xxe siècle : dans l’ordre matériel, l’É

1277 dre spirituel, l’Œcuménisme. Or, ces trois termes sont des composés du grec oikos qui signifie maison, et il s’agit dans les

1278 es affaires, de celles, par conséquent, dont il n’ est nul besoin qu’on nous exhorte à nous sentir responsables. « Notre aff

1279 et notre jeu le plus sérieusement fascinant. Ce n’ est pas nécessairement notre souci, ou quelque revendication farouche et

1280 t dont il rêve parfois que l’État le relève… Ce n’ est pas la rébellion d’une liberté brimée, qui défie Dieu ou le destin. Q

1281 qui défie Dieu ou le destin. Que l’avenir humain soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre

1282 humain soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir es

1283 notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contraintes et de dommages déjà causés : la pyramide des âg

1284 ces contraintes et ces atteintes, sans exception, sont notre fait. Elles résultent toutes de nos choix, de nos décisions ou

1285 e l’État, ou se reforme malgré lui. Tout ce qui n’ est pas contraint dès aujourd’hui relève de nos seules décisions. Et cell

1286 être, inavouées. Et les révèlent. Non, l’avenir n’ est pas à nous, quelle chance ! Il y a beau temps que nous l’aurions abîm

1287 sonne n’y peut rien, surtout pas nous. L’avenir n’ est plus à nous, compromis par nos villes qui sont là, difficiles à détru

1288 r n’est plus à nous, compromis par nos villes qui sont là, difficiles à détruire mais impossibles à gouverner ; infecté par

1289 lus gênant pour nous, qu’irrévocablement l’avenir est notre affaire — et non plus celle de puissances anonymes déguisées en

1290 alité. Personne que moi ne peut devenir ce que je suis , selon le précepte antique repris par Nietzsche116. De cela seul, à c

1291 is par Nietzsche116. De cela seul, à coup sûr, je suis seul responsable. Mais il n’est pas de réalisation de la personne hor

1292 , à coup sûr, je suis seul responsable. Mais il n’ est pas de réalisation de la personne hors d’une communauté physique et s

1293 communauté physique et spirituelle : l’avenir ne sera donc mon affaire que s’il est en même temps la nôtre, quelle que soit

1294 elle : l’avenir ne sera donc mon affaire que s’il est en même temps la nôtre, quelle que soit la nature du groupe que je di

1295 e que s’il est en même temps la nôtre, quelle que soit la nature du groupe que je dise mien et qui, en retour, me tienne pou

1296 du groupe que je dise mien et qui, en retour, me tienne pour sien. Notre affaire, c’est notre désir quand nous l’assumons san

1297 ésir quand nous l’assumons sans réserve. L’avenir est notre affaire, puisque dans toute la mesure où justement il n’est pas

1298 e, puisque dans toute la mesure où justement il n’ est pas déjà « fait », n’est donc pas déjà du passé, il sera ce que nous

1299 mesure où justement il n’est pas déjà « fait », n’ est donc pas déjà du passé, il sera ce que nous désirons en réalité. Vous

1300 s déjà « fait », n’est donc pas déjà du passé, il sera ce que nous désirons en réalité. Vous dites : « Le capitalisme nous i

1301 rait aucun moyen de vous les imposer. Votre désir était à l’origine de ce que vous prétendez « subir », et c’est lui que vous

1302 ous, sinon dans votre cœur naturel ? Que l’avenir soit notre affaire signifie donc tout simplement que l’avenir ne se fait p

1303 nts anonymes du destin de notre siècle. Mais ce n’ est pas « la route qui tue » — ce sont des automobilistes qui s’entretuen

1304 ècle. Mais ce n’est pas « la route qui tue » — ce sont des automobilistes qui s’entretuent. Les machines ne se multiplient p

1305 ntretuent. Les machines ne se multiplient pas, ce sont des hommes seulement qui les ont assemblées, vendues, achetées. Quant

1306 ite la liberté de l’homme. Si l’on me demande : —  Serons -nous assez nombreux à croire cela ? (ou à me croire ?) Le message ser

1307 eux à croire cela ? (ou à me croire ?) Le message sera-t -il efficace ? Les masses (ou au contraire les élites responsables) se

1308 masses (ou au contraire les élites responsables) seront -elles touchées ? Le seront-elles à temps ? — je réponds qu’il n’est p

1309 s élites responsables) seront-elles touchées ? Le seront -elles à temps ? — je réponds qu’il n’est pas question d’évaluer les c

1310  ? Le seront-elles à temps ? — je réponds qu’il n’ est pas question d’évaluer les chances de succès dans un jeu dont nous se

1311 aluer les chances de succès dans un jeu dont nous serions les spectateurs. En fait, nous jouons notre destin, et le seul joueur

1312 son astuce et sa foi, reste à se demander quelles sont ses chances… Le grand tort que nous font les sondages d’opinion, c’es

1313 e pas de politique », dites-vous peut-être, et ce serait bien s’il s’agissait de ce que vous croyez : un tiercé dont les favor

1314 e ce que vous croyez : un tiercé dont les favoris sont les partis et idéologies. Mais vous serez coupable de l’avenir désast

1315 favoris sont les partis et idéologies. Mais vous serez coupable de l’avenir désastreux si vous refusez de vous occuper de ce

1316 i vous refusez de vous occuper de ce qui vraiment est politique : l’entretien des relations humaines dans la cité, la sauve

1317 ela n’empêche nullement qu’il reste libre. S’il n’ était pas libre du tout, comme le veulent les déterministes, ou s’il ne l’é

1318 comme le veulent les déterministes, ou s’il ne l’ était plus, comme pleurent les libéraux, ils perdraient tous leur temps à v

1319 homme reste libre pour l’essentiel seulement, qui est le choix de ses fins et l’invention des moyens de les joindre. Mais v

1320 bien ce qui définit une politique. La politique est donc ce qui doit remplacer, dans la société concertée des humains, l’

1321 n de contraindre. Je parle d’une politique qui ne soit pas de classe bourgeoise, de classe prolétarienne, ou de classe techn

1322 genre humain tout entier. D’une politique qui ne soit pas « de droite » — prolongeant la problématique d’un xixe siècle ca

1323 osant aux Internationales socialistes — et qui ne soit pas non plus « de gauche », prolongeant un xxe siècle à finalités so

1324 à finalités personnalistes et communautaires, qui sera celle du siècle à venir, sauf cataclysme écologique ou nucléaire. Je

1325 oies et moyens de son progrès — le seul réel, qui est le progrès vers sa personne. Partir de l’homme L’homme d’aujour

1326 d’obscurément lésé par la société, par l’État, ne serait -ce pas justement ce qui compte pour lui ? C’est dans la mesure où il

1327 idents, on peut se défendre si l’on sait, si l’on est informé à temps. Plus grave est l’atteinte par les rythmes, ceux de l

1328 ’on sait, si l’on est informé à temps. Plus grave est l’atteinte par les rythmes, ceux de la chaîne de montage, par exemple

1329 fort, du travail et de l’œuvre. Plus grave encore est la publicité. Lorsque Ford entreprend de convaincre les paysans du Mi

1330 ’ils fabriquent pour se rendre à l’usine où elles sont produites, il lèse en eux quelque chose d’essentiel en les trompant s

1331 leurs besoins réels. La crise du monde occidental est née de cette falsification introduite au cœur même de l’homme, dans s

1332 l’homme, dans ses désirs et dans ses rêves. Elle est devenue en un demi-siècle un système d’agressions désintégrantes cont

1333 dents dans les centrales, que s’il y en a, ils ne seront pas mortels, et que d’ailleurs, on ne peut rien faire sans risque. C’

1334 a menace d’irradiation, que le fait (patent) de n’ être plus considéré par les fonctionnaires au pouvoir comme autre chose qu

1335 st moins simple que cela, vous vous trompez, j’en tiens les preuves, d’ailleurs pour la plupart publiées.) Ce qui révulse en

1336 et, et qu’ils bluffent. Gouverner, en démocratie, serait s’expliquer pour convaincre — et non contraindre faute d’oser s’expli

1337 longues avenues qui asphyxient ou tuent qu’elles soient embouteillées ou qu’on y circule rapidement, l’homme des HLM, des pav

1338 illons de banlieue ou des quartiers résidentiels, est frustré plus encore qu’il ne le sent dans son besoin de contacts huma

1339 a me faire observer que ce genre de frustration n’ est pas ressenti par la majorité des hommes et des femmes de ce temps. De

1340  boulot » et du « ras-le-bol » ambiant : « Ce qui est tué en nous, ça ne se voit pas 118. » L’homme des villes d’aujourd’hu

1341 homme des villes d’aujourd’hui ne parvient plus à être ni solitaire ni solidaire pour reprendre une fois de plus l’antithèse

1342 annies publiques et privées. Mais l’individu seul est impuissant, non qu’il manque de droits, mais pour les faire valoir — 

1343 bases de toute communauté vivante. Or, elle seule serait capable de nourrir le courage et la pugnacité de ceux qui résistent e

1344 iénation Ici se pose la question décisive : qu’ est -ce donc en l’homme, qui est aliéné ? Je réponds que c’est la personne

1345 uestion décisive : qu’est-ce donc en l’homme, qui est aliéné ? Je réponds que c’est la personne, ce qui fait qu’il est lui

1346 réponds que c’est la personne, ce qui fait qu’il est lui et pas un autre : sa raison d’être. Je dis personne pour distingu

1347 fait qu’il est lui et pas un autre : sa raison d’ être . Je dis personne pour distinguer cet homme de l’individu sans visage

1348 stique des grands nombres, et qui lui, ne saurait être « aliéné », étant d’avance et par définition assimilé à n’importe qui

1349 nombres, et qui lui, ne saurait être « aliéné », étant d’avance et par définition assimilé à n’importe qui d’autre que lui.

1350 milé à n’importe qui d’autre que lui. La personne est en l’homme ce qui souffre de l’absence de communauté, mais aussi de l

1351 convergents et se confondent à la limite. Car où serait la liberté d’un homme qui ne pourrait la manifester par un exercice r

1352 nifester par un exercice responsable ? Et comment serait -il responsable (en justice) s’il n’était pas libre ? L’un ne va pas s

1353 comment serait-il responsable (en justice) s’il n’ était pas libre ? L’un ne va pas sans l’autre, en réalité. Et cette relatio

1354 anté de l’homme occidental. Tout ce qui la fausse est donc morbide et mène au totalitarisme, ou bien à l’anarchie qui en es

1355 ène au totalitarisme, ou bien à l’anarchie qui en est la préface. À vingt ans, je me répétais avec enthousiasme ces vers de

1356 peu plus tard défiler dans les rues de Francfort étaient portés par des hommes aux chemises brunes qui chantaient le « Horst W

1357 leure chez Aristote l’idée contraire que la cité, étant construite par l’homme, n’est pas nécessairement au-dessus des citoye

1358 aire que la cité, étant construite par l’homme, n’ est pas nécessairement au-dessus des citoyens. Avec le christianisme des

1359 is comme un cri chez Kierkegaard : « L’homme-seul est plus grand que l’État ! » Ce qui devient dans mon vocabulaire : la pe

1360 Ce qui devient dans mon vocabulaire : la personne est le but de la société. Mais la personne n’est pas une donnée mesurabl

1361 nne est le but de la société. Mais la personne n’ est pas une donnée mesurable et objective. Elle est en moi ce dont nul au

1362 n’est pas une donnée mesurable et objective. Elle est en moi ce dont nul autre ne peut me dire : Cela, c’est toi ! — à la s

1363 -voir et l’aider par là même à devenir ce qu’elle est . La personne est toujours à venir. Dans l’individu mis en fiches, ell

1364 par là même à devenir ce qu’elle est. La personne est toujours à venir. Dans l’individu mis en fiches, elle figure l’être i

1365 nir. Dans l’individu mis en fiches, elle figure l’ être insaisissable, toujours en avant et distinct de toute idée que l’on s

1366 ble comme le voudrait l’État — car ce qui bouge n’ est pas bien calculable ni contrôlable. La personne est cet homme antino

1367 pas bien calculable ni contrôlable. La personne est cet homme antinomique que l’on réduit à l’apathie quand on le force à

1368 que l’on réduit à l’apathie quand on le force à n’ être plus qu’une seule de ses virtualités contradictoires : enracinement o

1369 t le relie à ses prochains. Solitaire parce qu’il est unique physiologiquement et spirituellement, mais solidaire parce que

1370 et spirituellement, mais solidaire parce que tous sont uniques, subissent les mêmes pressions égalisantes et affrontent, cha

1371 e changer sans perdre son identité profonde — tel est l’homme personnel dans sa vitalité. Il trouve sa réalité dans le conf

1372 ibre des pulsions contraires qui l’animent. Tous sont uniques Les chances mathématiques que deux hommes soient pareils sont

1373 uniques Les chances mathématiques que deux hommes soient pareils sont évaluées à une sur 250 milliards. Pratiquement nulles. O

1374 nces mathématiques que deux hommes soient pareils sont évaluées à une sur 250 milliards. Pratiquement nulles. Or, pour aller

1375 . Or, pour aller à « Dieu », au but ultime de son être , chacun part d’une réalité sans précédent : lui-même. Il doit donc in

1376 Il doit donc inventer son chemin vers ce But qui est aussi celui de tous les autres. « Chacun pour soi et Dieu pour tous »

1377 Que cet homme du conflit, en tension dialectique, soit aussi « la mesure de toutes choses », comme le voulaient les anciens

1378 ent les anciens Grecs, c’est l’évidence : si ce n’ est lui, quelle serait la mesure d’un monde qui n’est pas naturel mais fa

1379 Grecs, c’est l’évidence : si ce n’est lui, quelle serait la mesure d’un monde qui n’est pas naturel mais fait par lui, monde d

1380 est lui, quelle serait la mesure d’un monde qui n’ est pas naturel mais fait par lui, monde de l’histoire et de l’économie,

1381 es paysages… Enfin l’homme, en tant que personne, est la source de toutes les valeurs d’une société instituée à sa mesure,

1382 e refermer sur lui-même. Ainsi la créativité, qui est personnelle, prime sur la discipline, qui relève du groupe ; le spiri

1383 bjecte parfois que la personne, si elle existe, n’ est guère qu’un modèle élitaire et très rarement réalisé par quelques vra

1384 istes et quelques spirituels, mais que la masse n’ est pas faite de personnes. Illusion typiquement bourgeoise, d’ailleurs p

1385 peuple « éduqué » à l’école bourgeoise. Car s’il est vrai que la masse est une grande nuée grise qui résulte de la non-vis

1386 ’école bourgeoise. Car s’il est vrai que la masse est une grande nuée grise qui résulte de la non-vision des personnes et d

1387 la non-vision des personnes et des visages, ce n’ est rien qu’une image en nous119. L’homme qui prétend ne pas être là La

1388 une image en nous119. L’homme qui prétend ne pas être là La philosophie contemporaine, en France, est dominée par un contor

1389 être là La philosophie contemporaine, en France, est dominée par un contorsionnisme intellectuel parfois baptisé « dialect

1390 humaine ». Il se trompait sans doute : l’homme n’ est rien que nature, nous dit-on. Il faudra donc en venir à identifier et

1391 ses individus, de se déclarer illusoire. L’homme serait le seul animal capable de se renier, de nier les évidences, et de men

1392 dam lorsque Dieu l’interpelle ; il se cache, il n’ est plus personne, il n’est plus là… Mais chez les hommes de chair et s

1393 pelle ; il se cache, il n’est plus personne, il n’ est plus là… Mais chez les hommes de chair et sang, la personne est tou

1394 ais chez les hommes de chair et sang, la personne est toujours instante, c’est une virtualité universelle, encore qu’elle n

1395 e qu’elle crée, qui l’exprime et la forme, et qui est la preuve de son existence. Or, tout homme est capable d’une œuvre, e

1396 ui est la preuve de son existence. Or, tout homme est capable d’une œuvre, et presque tout homme en fait une, en conduit mê

1397 orienté, ou assumé. Une manière de regarder ou d’ être fasciné. Un rythme, un effort acharné, le réseau des approches d’une

1398 vre par excellence — le salut. C’est ce jeu qu’il est sacrilège d’interrompre, sous prétexte d’une « simple vérification »,

1399 ujours plus grossièrement, tant que la société ne sera pas reconstruite en vue de cet homme créateur. 116. Werde was du

1400 ateur. 116. Werde was du bist, deviens qui tu es . C’était l’un des préceptes orphiques inspirant les rites d’Éleusis.

1401 eur étourdi par ce ballet des adjectifs que je ne suis pas l’auteur de l’embrouillamini, mais son témoin sans complaisance.

1402 on » des individus détachés de toute communauté n’ est que trop vérifiable : c’est l’aliénation primordiale, qui livre l’hom

1403 a volonté et les élans irrésistibles, mais qui ne sont qu’une figure de rhétorique signifiant la seule volonté des dirigeant

1404 ment ce que l’expression désigne : « les masses » sont la tendance régnante dans le Parti qui s’est arrogé le pouvoir — une

1405 s » sont la tendance régnante dans le Parti qui s’ est arrogé le pouvoir — une négation brutale de la démocratie.

1406 qu’un Occidental peut la concevoir aujourd’hui — sera de favoriser en chacun la personne, donc le passage de sa virtualité

1407 orale — en vue de ce progrès seul authentique qui est le progrès de l’homme même, non du nombre des choses autour de lui. P

1408 r de lui. Plus simplement : c’est la personne qui est le but de la société, et non pas la vente des autos, comme serait con

1409 la société, et non pas la vente des autos, comme serait conduit à le penser un enquêteur intelligent débarqué parmi nous du f

1410 écrivait Georges Pompidou120 bien assuré de s’en tenir aux évidences proférées dans les grandes écoles : Contraindre les in

1411 dans des voies et vers des objectifs qui ne leur sont ni naturels ni clairement perceptibles, ni conformes à leurs aspirati

1412 atifs dont on ne conçoit même pas qu’ils puissent être jamais mis en question — comme les impôts et le service militaire — e

1413 vue d’objectifs dont on paraît admettre qu’ils ne sont susceptibles ni d’être expliqués ni d’être acceptés, étant contraires

1414 paraît admettre qu’ils ne sont susceptibles ni d’ être expliqués ni d’être acceptés, étant contraires aux « aspirations immé

1415 ils ne sont susceptibles ni d’être expliqués ni d’ être acceptés, étant contraires aux « aspirations immédiates » des citoyen

1416 ceptibles ni d’être expliqués ni d’être acceptés, étant contraires aux « aspirations immédiates » des citoyens. Voilà qui est

1417  aspirations immédiates » des citoyens. Voilà qui est dire en clair que ce gouvernement est au service de l’État-roi, et no

1418 . Voilà qui est dire en clair que ce gouvernement est au service de l’État-roi, et non des hommes, de sa puissance et non d

1419 oue la réalité de l’État-nation : car contraindre est le fait de la police à l’intérieur et de l’armée à l’extérieur. Cette

1420 i ne laisse plus le moindre doute : l’État-nation est là pour faire la guerre. Impôts et service militaire On peut et l’on

1421 essités » ce que Renan dit des nations : elles ne sont pas quelque chose d’éternel, elles ont commencé, elles finiront. « Le

1422 (B. de Jouvenel, Du pouvoir.) Les Bourbons, ce n’ est pas si vieux. La conscription universelle et obligatoire, tout comme

1423 s » les deux guerres mondiales du xxe siècle. Il est permis de préférer la suppression des armées à l’éventualité d’une Tr

1424 État diminué des dépenses d’armements, les impôts seraient réduits d’un tiers. Sans impôts excessifs, moins de fraudes et d’acti

1425 ar suite les activités policières : l’antisystème serait amorcé. J’imagine au contraire que gouverner, dans le nouveau style

1426 nt des personnes. J’imagine donc que gouverner ne soit plus synonyme de contraindre, mais de prévoir et d’orienter en conséq

1427 ’orienter en conséquence. Le problème désormais n’ est plus de forcer les individus reluctants ni d’obtenir leur reddition,

1428 mes et d’obtenir l’assentiment des citoyens. Ce n’ est plus de violer mais de séduire. Ce n’est plus de « tenir son monde »

1429 ns. Ce n’est plus de violer mais de séduire. Ce n’ est plus de « tenir son monde » mais de servir les habitants de la cité.

1430 lus de violer mais de séduire. Ce n’est plus de «  tenir son monde » mais de servir les habitants de la cité. Gouverner par or

1431 assé, car après tout, le voyage et ses buts, ce n’ est pas leur affaire. Tel est le dilemme de l’homme politique d’aujourd’h

1432 oyage et ses buts, ce n’est pas leur affaire. Tel est le dilemme de l’homme politique d’aujourd’hui. Il s’agit de savoir si

1433 r pour juger de ses vrais intérêts — ou si l’État est l’appareil de pilotage, en partie automatisé, qu’un peuple libre et r

1434 tribue à toutes fins polémiques : à savoir que je tiendrais l’homme pour bon, en tout cas pour meilleur qu’il n’est (et qu’eux ne

1435 homme pour bon, en tout cas pour meilleur qu’il n’ est (et qu’eux ne sont, apparemment !) et que je nierais donc cette néces

1436 tout cas pour meilleur qu’il n’est (et qu’eux ne sont , apparemment !) et que je nierais donc cette nécessité de « tenir son

1437 nt !) et que je nierais donc cette nécessité de «  tenir son monde », qui justifie les forces armées, lesquelles exigent l’ind

1438 nécessité de les renforcer sans cesse. Or, je ne tiens pas les hommes pour meilleurs en moyenne que ceux qui les mènent au d

1439 ns à faire en sorte que l’État se voie réduit à «  tenir son monde » au lieu de servir la cité. La règle d’or du civisme : poi

1440 , ce nationalisme communautaire dans sa genèse, a été consciemment poussé jusqu’à l’intoxication chauvine par l’enseignemen

1441 temps de guerre, temps où les relations humaines sont anormales, exaltées, simplifiées, loin de la vraie vie, et facilement

1442 u’au secret de l’individu. « Le Royaume des cieux est au-dedans de vous. » L’Église elle-même, « universelle » selon le Cre

1443 s l’amour qu’il reçoit et qu’il donne. Tout homme est par sa condition en communauté symbiotique, tout homme est « symbiote

1444 a condition en communauté symbiotique, tout homme est « symbiote » (selon le grec) ou « convive » (selon le latin), partici

1445 uté consentie, volontaire — et non subie, comme l’ était celle des liens du sang — le mariage est l’exemple élémentaire. Cette

1446 omme l’était celle des liens du sang — le mariage est l’exemple élémentaire. Cette mutua confederate (mutualité, fédération

1447 « la solidarité intime, étroite et constante, qui est l’attribut caractéristique de l’amour humain ». Pour Althusius, « la

1448 r humain ». Pour Althusius, « la première société est dans le couple ; la suivante, dans les enfants ; d’où le foyer et la

1449 ge, collège ou compagnie, synode ou convention, n’ est plus, comme la famille, naturelle et subie, mais doit son existence à

1450 ion de tous ses membres. « La communauté publique est formée par la coalescence de plusieurs communautés privées. On peut l

1451 cipal, mais aussi au sens académique. La Sorbonne était , dans Paris, une libre commune relevant de la papauté, non du roi de

1452 t le chef — président, maire, recteur ou consul — est « supérieur à chacun des compagnons, mais inférieur à la compagnie qu

1453 ù confœderatio, ou fédération125. La souveraineté est exercée par le collège, non par le chef : « le peuple en est propriét

1454 par le collège, non par le chef : « le peuple en est propriétaire, le roi simple administrateur ». Entre eux, deux classes

1455 magistrat suprême. » (Politica, 48.) Ces éphores sont au xvie siècle les états généraux en France, les fueros espagnols, l

1456 conditionnelle car le pacte qui le lie au peuple est réciproque ; encore laisse-t-il toujours au peuple une dernière supér

1457 toujours au peuple une dernière supériorité, qui est « celle du corps sur son organe ». Et voici la phrase décisive : « Le

1458 grès sur nos crises, ni de plus d’avenir, s’il en est un. Triomphe de Jean Bodin : « L’État c’est moi ! » Si Louis XI

1459 s pour toutes, et sans condition. La souveraineté est définie par « le pouvoir de donner et casser la loy », par celui de l

1460 e « décerner la guerre ou faire la paix ». Elle n’ est donc limitée par rien au monde, si ce n’est la « volonté de Dieu », d

1461 lle n’est donc limitée par rien au monde, si ce n’ est la « volonté de Dieu », dont on nous déclare aussitôt que le souverai

1462 nt on nous déclare aussitôt que le souverain seul est l’interprète autorisé. En revanche, la souveraineté, pour Althusius,

1463 lthusius, résidera toujours dans le peuple, et ne sera déléguée au prince ou au Conseil, et sous conditions révocables, que

1464 e de le célébrer, surtout en France, où Althusius est inconnu. Car Althusius n’est que l’avenir de nos cités, mais Jean Bod

1465 France, où Althusius est inconnu. Car Althusius n’ est que l’avenir de nos cités, mais Jean Bodin, toute la gloire du passé.

1466 s XIV, les jacobins, Bonaparte et Napoléon, et ce sont les États-nations qui voudraient bien être totalitaires, mais ils n’o

1467 et ce sont les États-nations qui voudraient bien être totalitaires, mais ils n’osent pas ; et surtout c’est l’État du Parti

1468 ent pas ; et surtout c’est l’État du Parti, qu’il soit fasciste ou communiste, celui qui ne connaît au-dessus de lui que la

1469 du fondateur — de Marx à Mao par Lénine — dont il est le seul interprète. Althusius a échoué de son vivant et pour les tro

1470 L’État qui se prétend de tous, pour tous — et qui est fait contre chacun. L’État selon Jean Bodin, les rois de France, les

1471 ontinentaux, et les juristes du xxe siècle, nous est aujourd’hui présenté, comme « le résultat d’une conquête de l’espace

1472 ue exerce son pouvoir (…) au profit du groupe qui est l’État. Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui tra

1473 profit du groupe qui est l’État. Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui travaille l’État. » Ces tautolo

1474 n, de peuple, de souveraineté et de gouvernement. Soit qu’elles appellent son « renforcement » (droite et communistes), soit

1475 ent son « renforcement » (droite et communistes), soit qu’elles le dénoncent comme le Mal (gauchistes, anarchistes, libéraux

1476 renoncer au dogme de la croissance indéfinie (ce serait renoncer à eux-mêmes, on l’a vu dans ma première partie) essaient de

1477  » comme ils disent. Après Hegel, pour qui l’État était « l’Idée spirituelle dans l’extériorité de la volonté humaine et de s

1478 liberté », ou « le peuple, dans la mesure où il s’ est structuré en lui-même et forme un tout organique », ils se demandent

1479 e un tout organique », ils se demandent si l’État est une forme (au sens d’Aristote) ou une substance, un être juridique ou

1480 e forme (au sens d’Aristote) ou une substance, un être juridique ou une mystification camouflant le « discours du Maître »,

1481 e « le nom d’une absence », « une simulation de l’ être  », « une somme de fonctions », « l’exercice du pouvoir », « ou quelqu

1482 es, j’entends copiés sur le modèle européen, ce n’ est pas une « substance » qu’ils créent, ni une « simulation de l’être ».

1483 bstance » qu’ils créent, ni une « simulation de l’ être  ». Encore moins baptisent-ils « une absence ». Le groupe des militair

1484 porte quelle latitude ou longitude et quelles que soient les traditions du pays, entreprend d’y organiser un État nouveau, cop

1485 plistes, les plus faciles à reproduire au poncif, sont les seules efficaces et dangereuses aujourd’hui et je ne parle ici qu

1486 rnier, fondée sur la croyance mystique que l’État est « quelque chose d’autre » que l’assemblage empirique de bureaux et de

1487 olices, fonctionnant de la même manière quels que soient le régime et ses finalités, ou le peuple auquel on l’applique. D’où l

1488 s la trouvons dans l’œuvre d’Althusius. Althusius est devenu pour moi le nom de code des dernières chances de l’Occident, e

1489 bablement, de l’humain. Pour Althusius, à la base est le Couple, toi et moi, origine « érotique », ou pour mieux dire matri

1490 parce que c’est la gestion des affaires dont nous sommes responsables : notre habitat, nos habitudes — environnement, économie

1491 ». C’est le destin qui a voulu ceci ou cela, ce n’ est pas nous. Nous ne pouvons rien vouloir, nous subissons, ils savent — 

1492 ait nous, tout changerait aussitôt. Les impôts ne seraient plus qu’une partie de nos dépenses normales pour nos retraites, nos a

1493 t à tous les degrés de la société, fonction qu’il serait aussi fou de nier ou de vilipender que de révérer, puisqu’elle doit ê

1494 ou de vilipender que de révérer, puisqu’elle doit être celle d’un instrument au service de nos libertés quotidiennes et de l

1495 ibertés quotidiennes et de la justice. Que l’État soit vu comme l’ennemi, par la majorité des citoyens — dans les pays latin

1496 té absolue. Cette souveraineté avait « toujours » été (nul n’en doutait) le fait du roi. Et comme le roi s’était assimilé l

1497 l n’en doutait) le fait du roi. Et comme le roi s’ était assimilé l’État, à l’État-roi théorisé par Jean Bodin puis déclaré et

1498 uer dans le même mouvement l’État-nation ; lequel serait , comme le pouvoir royal, sacralisé. Ainsi, s’explique naturellement l

1499 s qu’il s’agit de religion. L’homme d’aujourd’hui est convaincu que le pouvoir sacré des rois s’est vu « laïcisé », autant

1500 hui est convaincu que le pouvoir sacré des rois s’ est vu « laïcisé », autant dire aboli, par le pouvoir des républiques suc

1501 selle vers la tribu. Ce « changement des icônes » est bien connu de la tradition russe orthodoxe. Le discours typiquement f

1502 royale rejaillit sur les hommes de l’État, qu’ils soient président de la République, ministres, grands commis ou simplement « 

1503 pection fusionnée d’assiette et de contrôle ». Il est courant que les nécrologies exaltant les vertus d’un notable le quali

1504 président, Monsieur le préfet, Monsieur le maire sont évidemment des monarques (le ton l’indique) et non les délégués à des

1505 s’y reconnaître ? Non, car il ne sait plus qu’il est , lui, le souverain. On lui a trop répété que l’État fait les lois, fa

1506 rre, lève les impôts et prépare notre avenir, qui sera nucléaire ou ne sera pas129. L’Intendance nous donne à choisir — en r

1507 et prépare notre avenir, qui sera nucléaire ou ne sera pas129. L’Intendance nous donne à choisir — en résumé — entre la guer

1508 tôt sur les besoins de la société, l’instrumental est pris pour normatif et les moyens de son pouvoir se substituent aux fi

1509 son pouvoir se substituent aux fins communes. Il est temps de redire ce qu’est l’État, selon la grande tradition démocrati

1510 t aux fins communes. Il est temps de redire ce qu’ est l’État, selon la grande tradition démocratique, qui est anglo-saxonne

1511 État, selon la grande tradition démocratique, qui est anglo-saxonne et calviniste française. Elle a formé le modèle europée

1512 xemples, dans les pays où le régime fédéraliste n’ est pas seulement inscrit dans la constitution, mais pratiqué. Le bon Ét

1513 n État suppose deux conditions majeures : il doit être à la fois limité et réparti. Il existe partout (mais là seulement) o

1514 ifférents niveaux communautaires. Le mauvais État est celui qui tente de se substituer (par machinerie interposée qui le pr

1515 dont il devait rester le serviteur. Le pire État est celui qui prétend concentrer dans ses mains tous les pouvoirs, sur un

1516 : le bon État fait le ménage de la communauté. Il tient ses comptes, règle ses échéances, assure ses services publics et gère

1517 ices publics et gère ses fonds de réserve. Loin d’ être le garant de ses finalités, il doit demeurer soumis au contrôle en to

1518 l y a de l’État déjà dans la cellule de base, qui est pour Althusius, le ménage d’un couple : celui des deux qui ordonnance

1519 e : celui des deux qui ordonnance les dépenses et tient les comptes en remplit la fonction. Mais quand il s’agit d’arbitrer,

1520 tel ou tel moyen convient aux fins communes, ce n’ est plus à l’État de juger mais au pouvoir politique, à savoir — selon le

1521 nt de la fédération, ou à son exécutif quand il y est délégué expressément, toutes émanations du souverain réel, qui est le

1522 ssément, toutes émanations du souverain réel, qui est le peuple des communes autogérées et fédérées, selon le modèle de la

1523 ne à la fois autonome et solidaire. Le bon État n’ est pas le gouvernement, qui est l’affaire du souverain — peuple ou roi.

1524 daire. Le bon État n’est pas le gouvernement, qui est l’affaire du souverain — peuple ou roi. Gouverner signifie piloter :

1525 sens qu’en mouvement, tandis que l’État (status) est administration selon les statuts, dans le statique, dans l’invariable

1526 i dite — la bodinienne justifiant la jacobine — s’ est trouvée convenir au mieux à la société industrielle qui prenait son e

1527 r dans le même temps. Ses structures centralisées étaient et demeurent monarchiques, et l’on sait d’autre part qu’elle n’aime g

1528 notre culture occidentale christianisée, et qu’il est grand temps qu’elle déclare. Mais la crise de la société industrielle

1529 vivons en cette fin du xxe siècle, parce qu’elle est la crise d’une formule de centralisation à l’échelle nationale, nous

1530 la société. Car autrement, me disais-je, l’homme est un aliéné. S’il dépend d’autre chose que de sa vocation — d’une capit

1531 dictature parce que le centre vivant d’un pays n’ est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit

1532 st pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une

1533 mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent -ils, et c’est le cas, une minorité… Le but de la société, c’est la pe

1534 ais prétendre une révolution humaine. Leur succès serait le terme absolu de la vocation occidentale. En 1970 enfin : La révo

1535 ’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable

1536 ’hui deux précisions : 1. C’est pour n’avoir pas été jusqu’au bout de son individuation que l’homme moderne a perdu le sen

1537 seule que nous pouvons entrer en communauté. Il n’ est de communion qu’entre personnes. Tout le reste est isolement dans la

1538 st de communion qu’entre personnes. Tout le reste est isolement dans la promiscuité. 2. Ni la personne n’existe avant la c

1539 uête de ses protagonistes. Car la vraie société n’ est rien d’autre qu’une dimension de la personne. Sans la personne, point

1540 pel communautaire Participer à la communauté n’ est pas la « nostalgie de quelques marginaux », mais un besoin fondamenta

1541 recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’ est pas une vraie personne, tel est le problème central de notre temps. D

1542 ans laquelle il n’est pas une vraie personne, tel est le problème central de notre temps. Dès le début des années 1930 de c

1543 û faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’état de colonies économiques et culturelles par l’expansi

1544 ationaux… Ils ont fondé des religions dont le but est la force commune. Ils ont su se créer des symboles grandioses. Ces sy

1545 es symboles nous paraissent « barbares », et cela est juste. Nous pouvons éprouver la puissance de ces nouvelles religions,

1546 monde étrange, ici règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par

1547 e une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou jalousie,

1548 j’y pénètre à 17 h 10. les 35 000 places assises sont occupées. J’attends debout, écrasé dans la foule, durant quatre heure

1549 écrasé dans la foule, durant quatre heures. Je suis venu avec l’idée d’écouter aussi la foule. Je me trouve au milieu d’o

1550 rovince nasille des lieux communs, mal écouté. Je suis debout, malaxé et soutenu par la foule, depuis bientôt quatre fois so

1551 ule, depuis bientôt quatre fois soixante minutes. Est -ce que cela en vaut la peine ? Mais voici une rumeur de marée, des tr

1552 ue. Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d’un seul coup. L’homme s’avance très lentement, saluant d’un g

1553 rquer que j’ai les mains dans mes poches : ils se sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce point

1554 rande cérémonie sacrale d’une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance même

1555 sique, que tous ces corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble.132   Aujourd’hui je m’interroge sur

1556 es corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ensemble.132   Aujourd’hui je m’interroge sur cette conclusion

1557 Aujourd’hui je m’interroge sur cette conclusion. Étais -je vraiment seul ? Et eux vraiment ensemble ? Ils étaient en état de

1558 je vraiment seul ? Et eux vraiment ensemble ? Ils étaient en état de passion hypnotique, en état de fusion affective, wagnérien

1559 anse qui sépare du monde et de soi ? La passion n’ est pas l’amour vrai, ne voit pas l’autre, ne veut pas l’accepter tel qu’

1560 oit pas l’autre, ne veut pas l’accepter tel qu’il est . Pour être ensemble, il faut être distincts. J’étais séparé d’eux par

1561 autre, ne veut pas l’accepter tel qu’il est. Pour être ensemble, il faut être distincts. J’étais séparé d’eux par un refus p

1562 cepter tel qu’il est. Pour être ensemble, il faut être distincts. J’étais séparé d’eux par un refus profond qui était en vér

1563 st. Pour être ensemble, il faut être distincts. J’ étais séparé d’eux par un refus profond qui était en vérité communion spiri

1564 ts. J’étais séparé d’eux par un refus profond qui était en vérité communion spirituelle avec « les miens », ceux de ma foi, c

1565 subsister dans leur refus. Un monde de solitaires est concevable, mais ce serait nécessairement celui de la dernière généra

1566 s. Un monde de solitaires est concevable, mais ce serait nécessairement celui de la dernière génération de l’humanité. L’homme

1567 tion de l’humanité. L’homme vit par groupes. Tout est couplé dans l’Univers, tout est pôles contraires en tension, et pour

1568 par groupes. Tout est couplé dans l’Univers, tout est pôles contraires en tension, et pour cela, il faut être au moins deux

1569 ôles contraires en tension, et pour cela, il faut être au moins deux. Si j’imagine une Terre où tous sont morts sauf moi, qu

1570 tre au moins deux. Si j’imagine une Terre où tous sont morts sauf moi, qui ai dès lors la faculté de ne plus voir passer les

1571 ales et des communes, puis de la nation étatisée, est entrée avec nous dans sa crise décisive. Voici un siècle encore, quat

1572 villageoises millénaires, où l’existence entière était réglée par des coutumes impératives, magiques, sexuelles, économiques

1573 la TV, offrent des palliatifs dérisoires à ce qui fut la base de toute culture, celle des mœurs, autrefois fonction de l’Ég

1574 ou communistes, selon que le régime précédent se sera dit socialiste ou libéral. Il s’agit de savoir comment, au-delà des e

1575 autres, resterait une vue de l’intellect, lequel serait alors une trahison de l’esprit par refus de son incarnation. 120.

1576 patriotiques du type Édouard Detaille en France, sont légion alentour de 1900. Ce sont les précurseurs par le style du réal

1577 aille en France, sont légion alentour de 1900. Ce sont les précurseurs par le style du réalisme socialiste. Ils remplissaien

1578 efani, etc. sans lesquelles la guerre de 1914 eût été impensable. 122. Simone Weil, « Tous Français », dans L’Enracinement

1579 123. Johannes Althaus, dit Althusius, 1557-1638, fut d’abord professeur de droit et recteur de l’Université de Herborn, en

1580 , Politica metodice digesta. L’année suivante, il est nommé syndic de la cité-État d’Emden, et jusqu’à sa mort, il y mettra

1581 nir responsables de leur vocation. Althusius peut être vu comme le fondateur de la politique fédéraliste. Voir aussi sur Alt

1582 tin doit démontrer que le vocabulaire fédéraliste est plus ancien que celui de l’État-nation des jacobins, et n’est pas com

1583 ien que celui de l’État-nation des jacobins, et n’ est pas composé de « néologismes », comme le laissait entendre sournoisem

1584 r ironise d’ailleurs sur ce vocabulaire. 129. Il est évident que l’inverse est vrai, mais on essaie de nous faire croire q

1585 e vocabulaire. 129. Il est évident que l’inverse est vrai, mais on essaie de nous faire croire qu’un avenir qui ne dépendr

1586 gaspillage programmé, ne vaudrait plus la peine d’ être vécu. 130. Lettre ouverte aux Européens , p. 203. 131. Voir là-de

1587 damentale que j’ai décrite, parce que cette crise est celle d’une société urbaine, de la technique du xxe siècle, tandis q

1588 omme Robert d’Arbrissel, moine vagabond133 et ils sont facilement reconnaissables à la luxuriance de leurs barbes (barbarum

1589 tes finissent par se conformer. Si proches qu’ils soient parfois des ordres catholiques — des fratelli de Saint-François, nota

1590 attend leur conseil134. Toutes leurs communautés sont communistes. Presque toutes, comme presque tous les mystiques, se ver

1591 t condamnées par l’Église. À la Réforme, dont ils sont l’une des origines en Allemagne — Luther lecteur de Tauler et de Suso