1 1942, La Part du diable (1982). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 artyrs sont nos meilleurs intercesseurs auprès de Dieu . Les pâtres de la Suisse alpestre sont des gens simples et réalistes.
2 songeais depuis quelques instants. ⁂ Ce n’est pas sans quelque inquiétude que j’ai senti ce livre se proposer à moi : car de
3 de l’esprit que l’on calme en grattant du papier, sans nul souci des conséquences. Mais ceux qui écrivent pour mieux savoir
4 et équilibre de pieux mensonges tacitement admis, sans lesquels « l’existence deviendrait impossible »… L’eau, remarquait un
2 1942, La Part du diable (1982). Première partie. L’Incognito et la révélation
5 emporaine. Même, quand nous croyons « encore » en Dieu , nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’obs
6 re. Le premier tour du diable est son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis. » Mais le diable toujours jaloux d’im
7 i suis. » Mais le diable toujours jaloux d’imiter Dieu , fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d’en bas, nous dit comme Ulysse
8 onde pour les tromper et pour les faire se battre sans raison alléguée, finalement flamboyé par le feu de ciel et précipité
9 à nous dans ses apparences naïves. On nous dit «  Dieu  » et nous voyons un grand vieillard à barbe blanche, Père éternel de
10 éflexes d’optique intérieure ne prouvent rien sur Dieu , ni sur son existence. Mais, chose curieuse, ils nous paraissent prou
11 ls ne se doutent pas que le diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, par leurs mains peut-être. Ce qui me paraît incroyabl
12 — et réciproquement. Hors du mythe, je veux dire sans le secours des moyens d’intuition structurelle qu’il nous offre, il n
13 compris la forme de l’homme. Voltaire disait : «  Dieu créa l’homme à son image, mais l’homme le lui a bien rendu. » Cette b
14 e, pour un rationaliste, que l’homme a inventé un Dieu inexistant. Mais si l’on prend au sérieux le premier terme « Dieu cré
15 Mais si l’on prend au sérieux le premier terme «  Dieu créa l’homme à son image », le second terme devient normal. Si l’homm
16 e devient normal. Si l’homme ne « rendait » pas à Dieu cette forme dont l’idée lui vient de Dieu, cette idée dont il est for
17 » pas à Dieu cette forme dont l’idée lui vient de Dieu , cette idée dont il est formé, c’est par définition qu’il irait à l’e
18 quoi ils nous sont invisibles ; des intelligences sans fraude, participant à l’omniscience du Créateur, et c’est pourquoi no
19 le ! » dit Rilke. Mais tout ange est bon, servant Dieu . Au sommet de leur hiérarchie sont les archanges. Un seul archange a
20 é » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu règne absolue. (Coupez la communication, le courant « tombe ».) Il es
21 aquelle ils sont destinés. Ayant refusé de servir Dieu , de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Ri
22 estinés. Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu , il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien. Et tout ce qui
23 ince des ténèbres, l’a condamné à un impérialisme sans limites, donc par définition désespéré. La perte de l’Unique Nécessai
24 es choses, qui sont notre héritage d’« enfants de Dieu  ». C’est la seule chance du diable. Il ne la manquera pas… 7. Le T
25 rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : — Dieu a-t-il réellement dit : vous
26 l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : —  Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du ja
27 au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur
28 pent dit à la femme : Vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez vos yeux s’ouvriront, et que vou
29 nc sur la réalité elle-même et ses structures. «  Dieu a-t-il réellement dit ?… » Sitôt que cette incertitude s’est insinuée
30 n’ait mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu . À l’origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à
31 n imagine, et même un meilleur bien que celui que Dieu offre, un bien que l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne fut
32 , pour quelque raison littéralement fondamentale, Dieu n’aimait pas cette idée-là et l’excluait de sa réalité. Manger cette
33 anière convoiteuse, il se trouvait qu’aux yeux de Dieu c’était le mal, c’était contrevenir au plan d’ensemble et aux ordonna
34 nt le Bien et le Mal » C’est le privilège d’un Dieu , selon le récit de la Genèse, que de connaître le Bien et le Mal. Les
35 ils ne prétendaient point se mettre à la place de Dieu , et qu’ils étaient par suite capables de bon sens. Le bien et le mal,
36 n soi ne sont réellement distincts qu’aux yeux de Dieu — pas même aux yeux du diable, toujours la dupe d’un acte de charité
37 de charité qu’il tiendra pour sottise. C’est que Dieu seul connaît le plan d’ensemble et l’intention dernière de toute sa C
38 que les actes des créatures pourraient être jugés sans erreur. « Ne jugez pas », dit l’Évangile. Cette perspective biblique,
39 le. Cette perspective biblique, rapportant tout à Dieu et à sa volonté souveraine, nous permet de prendre une vue du Mal moi
40 Lucifer est tombé du Ciel pour avoir voulu singer Dieu . Il est devenu le messager qui n’a plus de message réel, l’agent du N
41 et qui est bon par définition, ayant été créé par Dieu . Par lui-même, Satan ne peut rien faire, mais il lui reste une possib
42 t primitive. Cependant, le diable étant jaloux de Dieu , il entend nous faire croire qu’il peut aussi créer. Et c’est pourquo
43 du mal que l’on a fait ; pour se châtier soi-même sans réparer. C’est le mystère du suicide et la logique de Judas, la derni
44 prenons maintenant que le diable ne pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’il agit dans le monde,
45 rice, dès qu’il est détourné des fins prévues par Dieu , nous jette au mal, qui est la torsion du bien et du réel vers le néa
46 er : il nous accuse avec une angélique précision, sans laisser place à la pensée d’une possible réparation. Il est au monde
47 sateur de nos frères, celui qui les accuse devant Dieu jour et nuit ». C’est lui qui demandait la tête de Job devant le trib
48 s a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par amour de la justice, mais
49 emption. Il ne sait pas et ne veut pas savoir que Dieu maintient le monde en dépit de nos fautes, par la vertu recréatrice d
50 es individuelles… Aussi, partout où l’on condamne sans pitié son prochain ou soi-même, soyons sûrs que c’est le diable qui p
51 r kantien et des routines bourgeoises excluant le Dieu personnel, nous accuse et nous prive en même temps de tout recours à
52 . Le Menteur résume tout en nous offrant un monde sans obligations ni sanctions, fermé sur soi mais recréé sans cesse à l’im
53 ligations ni sanctions, fermé sur soi mais recréé sans cesse à l’image de nos complaisances : il n’y a pas de réalité. Enfin
54 trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, comme nous le dit Satan, il n’y
55 terroriserait s’il se montrait, et nous fuirions sans l’écouter, tandis que le péché nous fait moins peur qu’envie. Si nous
56 urrai pas dormir ! —, mais qui d’ailleurs mentent sans le moindre scrupule, sont égoïstes avec passion, et n’ont en général
57 du mal. Elles ne se doutent pas que le diable est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par lui seul
58 tre péché, et par lui seul. Le diable-apparition, sans liens avec nous-mêmes et tout extérieur à nos fautes, celui-là n’est
59 nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même et sans Auteur, en vertu d’une espèce d’inertie ou de force de l’habitude. Un
60 tive. C’est lui qui crée les situations extrêmes, sans issue. Les cas de ce genre seront les seuls où j’essaierai de décrire
61 re et déformer ce qui existe et fut bien fait par Dieu . Nos vices mêmes ne sont pas de véritables créations du diable, mais
62 ourment : elle ne pouvait se promener dans la rue sans se voir aussitôt attaquée par les oiseaux. Depuis des mois elle en ét
63 u mystère des oiseaux agresseurs. Un an s’écoula, sans progrès. Le médecin commençait à désespérer, il envisageait même d’ab
64 obéissance confiante — suivant la voie tracée par Dieu  — ou vers une sorte de défi anxieux — suivant la voie de la divinisat
3 1942, La Part du diable (1982). Deuxième partie. Hitler ou l’alibi
65 coutaient à la radio, soir après soir, des bruits sans suite, cacophonie abrutissante de musiques de tous les siècles, inter
66 nous n’aurons plus d’autre intercesseur auprès de Dieu que Christ lui-même. Mais l’homme auquel vous pensez n’est encore qu’
67 nce comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des hommes, pas même d
68 nt vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’est fait par lui. Qu’il y ait eu dans ces t
69 formation de la première société ; et il existera sans aucun doute jusqu’à la fin de l’histoire de notre race. Hitler n’a fa
70 r l’idée d’au-delà, de transcendance ; d’intégrer Dieu lui-même dans la Nation. Comprenons bien ce que signifie, dans cette
71 e : elle s’est éteinte. Désert des hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisseur avait prophétisé : le 15 juin, j’entrer
72 ils ne savent ce qu’ils font. 21. Le Fléau de Dieu S’ils ne savent pas ce qu’ils font, pitié pour eux, sans doute ? (
73 l’œuvre du Führer, que le caractère de châtiment sans pitié des faiblesses du monde moderne, qu’a revêtu la violence hitlér
74 ut où une faiblesse s’est révélée, il l’a châtiée sans scrupules ni pardon. Il a été le châtiment automatique, l’Attila de n
75 e, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau de Dieu . Mais cette absence de pitié, justement, nous rappelle l’un des noms
76 i importe ? Il sait qu’il a le temps pour lui, si Dieu garde l’éternité. Quel sera le nouveau plan stratégique du Malin ? Co
77 des coutumes nouvelles (en ceci protestant, mais sans la foi). Or les coutumes religieuses quelles qu’elles soient, sacrifi
78 de l’irresponsabilité universelle. Nous l’aimions sans le savoir, pour une raison précise : elle était l’état d’exception pr
79 s, avec honneur) ; suspension du droit ; dépenses sans limites ; sacrifices humains ; déguisements ; cortèges ; déchaînement
80 ntés de causer quelque turbulence. C’est calculer sans l’homme, sans son humanité, sans son délire — sans la nécessité vital
81 quelque turbulence. C’est calculer sans l’homme, sans son humanité, sans son délire — sans la nécessité vitale et créatrice
82 . C’est calculer sans l’homme, sans son humanité, sans son délire — sans la nécessité vitale et créatrice des grands délires
83 ans l’homme, sans son humanité, sans son délire —  sans la nécessité vitale et créatrice des grands délires qui rythment notr
84 eur, à son orgueil de créature faite à l’image de Dieu et qui veut s’emparer du Ciel. Le diable a tiré bon parti des égareme
85 omme toutes les autres, un écran entre l’homme et Dieu , une fantasmagorie psychologique où l’homme n’adore que son propre re
4 1942, La Part du diable (1982). Troisième partie. Le diable démocrate
86 iècles de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur ba
87 t dressé contre nous. Et mort, il va nous occuper sans coup férir si nous n’admettons pas qu’il est une part de nous, la par
88 e mal ; ni de nous fourrer tous dans le même sac, sans distinctions, comme semblait le faire en 1939 un manifeste de l’Oxfor
89 pouvaient éveiller nos soupçons. Le xixe siècle, sans s’en douter, a remplacé la Providence par le progrès automatique. Dev
90 x croyants comme aux incroyants, de se manifester sans être massacrés15. Oui, mais encore faut-il qu’il y ait des croyants !
91 été vraiment vrai, il eût fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurion
92 sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait des racines dans
93 antifascistes qui ne veulent être que des antis —  sans méfiance pour leur propre cas ! —, je ne puis m’empêcher de penser qu
94 s les hommes sont égaux, elle ne peut fonctionner sans humour, non plus qu’une machine sans huile et sans jeu entre ses part
95 fonctionner sans humour, non plus qu’une machine sans huile et sans jeu entre ses parties. C’est le sens de l’humour qui sa
96 ans humour, non plus qu’une machine sans huile et sans jeu entre ses parties. C’est le sens de l’humour qui sauve les hommes
97 ant intimement persuadé que la démocratie dépérit sans critique, dénonce d’avance comme totalitaires ceux qui verront dans l
98 ilité des mœurs.) Or ce système ne fonctionne pas sans illusions, compensées par autant de déceptions automatiques. La liber
99 olise la déesse du port de New York, en éclairant sans condition tous les humains. Regardez-la : cette déesse est abstraite,
100 venaient de perdre en Europe pour en avoir abusé sans plaisir. On s’en voudrait de commenter une situation où l’émotion la
101 t dans une double possibilité : faire le bien que Dieu veut, et qui l’affranchira ; ou faire le bien qu’il veut selon sa con
102 ve aussitôt enchaîné. Soyez libres « pour rien », sans condition ni but, soyez libres de faire ce qu’il vous plaît, et vous
103 ibres de rejoindre et d’accomplir la vocation que Dieu vous donne, alors vous échapperez au cycle mécanique où vous ont jeté
104 res. Le simple fait qu’ils se sont mis à l’exiger sans condition ni but grand et définissant, prouve qu’ils s’en sont rendus
105 leur vie les vraies raisons de vivre. La liberté sans condition est un fantôme, annonciateur des pires tyrannies. J’en nomm
106 que le nom du chef, à toutes fins utiles, demeure sans importance pratique, ou inconnu. Quand il serait le diable en personn
107 Juge et connaître sa loi. On le condamne à mort, sans recours, malgré l’appui d’un avocat marron, sorte de prêtre, qui prét
108 sommes en train de pousser à fond une expérience sans précédent d’asepsie généralisée et d’extinction des risques avant ter
109 llement hilares. Vous ne mourrez plus. Ou si peu. Sans rien perdre… 32. Le démon de l’insignifiance … neither having t
110 is le diable les mène, car ils voudraient la paix sans lutte et la vertu sans tentations, et l’ordre par l’anesthésie, et la
111 car ils voudraient la paix sans lutte et la vertu sans tentations, et l’ordre par l’anesthésie, et la santé par la désinfect
112 dans nos prudences et contamine une paix acquise sans combat. Tout l’avantage, désormais, revient au diable. On sait l’hist
113 l’appartement. » « Je vous dis qu’ils savent tout sans rien entendre. Ce qu’ils entendent le mieux, c’est tout ce que vous n
114 ur qui se déchaînent dans vos silences conjugaux, sans même que vous le sachiez, sauf quand une lampe s’éteint ? » 34. Le
115  » mais « Paix sur la terre, et bonne volonté (de Dieu ) envers les hommes ». Ce qui est complètement différent. 14. Je ne p
5 1942, La Part du diable (1982). Quatrième partie. Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
116 gnito divin, et c’est l’Incarnation, c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans l’homme Jésus. Et quelques-uns seulement
117 oi révélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous re
118 ation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu . Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc i
119 enter Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi conscien
120 ’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un «  Dieu  » qui était le moi conscient ou inconscient de ses croyants. Une imag
121 le Dieu du Succès pour les robustes puritains, le Dieu philanthrope pour les avares et les timides, etc. Tout ceci pour la b
122 Les suivants, nos contemporains, n’ont pas dit «  Dieu  », moins hypocrites. Mais ils ont dit Nation, ou Race, ou Classe. Dan
123 Classe ou du dieu Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans doute moin
124 mon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils de Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux, Simon, f
125 dale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu mais celles des hommes. » Qu’est-il donc arrivé ? Comment cette « pie
126 e l’Évangile et de la vie spirituelle, s’explique sans la moindre équivoque : Jésus après avoir fondé l’Église, a fait conna
127 tion. Alors Pierre s’est mis à le reprendre : « À Dieu ne plaise, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas ! » À peine fondée, l’Ég
128 Nom qu’elle renie pourtant du même souffle : « À Dieu ne plaise ! », dit Pierre. Or il plaisait à Dieu… En quelques lignes,
129 Dieu ne plaise ! », dit Pierre. Or il plaisait à Dieu … En quelques lignes, l’auteur de l’Évangile a décrit toute l’histoire
130 non la mort dont elle naîtrait. Le résultat, mais sans la condition… Car notre rôle est de durer, et nos responsabilités son
131 er comme un illuminé avec le trésor spirituel que Dieu nous a chargé d’administrer, nous son indigne serviteur… C’est Satan
132 dix ces maîtres de la pensée moderne vous avouent sans la moindre rougeur, légèrement étonnés de la question, qu’ils n’ont p
133 re occidentale. C’est donc se condamner à refaire sans le savoir les découvertes spirituelles mises en forme depuis plus de
134 ir s’en passer, mais ne se prive point d’en faire sans le savoir, et de la pire, quand il « adore Dieu dans la forêt mieux q
135 e sans le savoir, et de la pire, quand il « adore Dieu dans la forêt mieux qu’à l’Église », quand il prétend se « confier da
136 ette, dans un anglais de réfugié. Le Philanthrope sans hésiter lui remit un dollar, et poursuivit son chemin. Il marchait da
137 ens unique : la transmutation du temps en argent, sans retour. Certains prennent beaucoup de temps pour faire un peu d’argen
138 Temps, comme Dieu le Roi de l’Éternité. Le temps sans fin, voilà l’Enfer. La présence parfaite, voilà l’Éternité. 44. Le
139 rnité. 44. Le diable auteur « Point d’œuvre sans la collaboration du démon », dit André Gide, l’un des rares hommes qu
140 r avec la tentation luciférienne : se faire comme Dieu , se faire auteur, s’autoriser dans un monde autonome. Il est fatal qu
141 t qu’il était un vrai poète et du parti du diable sans le savoir ». Cette opinion s’est curieusement vulgarisée, dans notre
142 ieux écho de la rédemption dans son abîme d’ennui sans fin ? Un retour nostalgique du bien qu’il aurait provoqué malgré lui
143 nt la volupté dans le plus beau de ses Cantiques. Dieu lui-même ne cesse d’envoyer des songes prophétiques à ceux qui l’aime
144 r le moyen d’oracles prononcés au nom d’un destin sans appel. L’angoisse de l’homme moderne devant sa liberté peut se mesure
145 tions du Moyen Âge et des époques qui discutaient sans fin les cas de possession, c’est-à-dire d’individus particuliers se l
146 que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc maître de fixer le Bien et le Mal à sa guise. Alors i
147 uise. Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu , qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cac
148 a femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu , au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme e
149 u, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta
150 que je suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre
151 donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le se
152 sibles, au sens précis de concentration d’hommes, sans la radio, les haut-parleurs, la presse et les transports rapides. Mai
153 trop vastes et trop complexes qui nous entourent sans nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous soutiennent, il
154 e romantique qu’il leur suggère : faire mieux que Dieu , « se faire un nom » à eux, monter au ciel par leurs propres moyens p
155 raît que nous en sommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulaire, en politique surtout, suffirait à tra
156 nnui plutôt que d’accepter le défi d’une vocation sans précédent, — elles le sont toutes. Allez demander aux jeunes gens d’
157 vent quelque emploi, c’est « un job » simplement, sans qualification ni préférence intime. Le goût de l’argent — ou son beso
158 se cacher dans les arbres avec le sot espoir que Dieu nous y oublie, soit que l’on monte dans les nues ou qu’à l’inverse on
159 à mon désir plutôt que de le brider encore… Il va sans dire que je ne compris que beaucoup plus tard ce qu’il y avait, dans
160 s sa force immobile, derrière le regard de l’être sans amour. Et partout où l’amour est contrefait, vous le reconnaîtrez à s
161 étros. Vous ne faites pas deux pas dans une ville sans y trouver quelque allusion. Elle règne sur l’énorme industrie des fil
162  il faudrait pour en faire quelque chose, l’appui sans restriction d’une morale dure, d’une coutume intransigeante, ou d’une
163 dividuel. En vous mariant devant la loi ou devant Dieu , vous prenez l’engagement d’être fidèle « dans les bons et les mauvai
164 est temps de décourager les innombrables amateurs sans vocation qui l’apprennent par correspondance dans les romans et dans
165 aît de l’exaltation, il donne enfin ce qu’il est, sans réserve. Mais à ce point, il donne aussi le pire. Le pire en lui, il
166 a vérité, dans toutes les occasions où il le peut sans compromettre son trésor secret : comme s’il cherchait à compenser par
167 t être un saint pour traverser une grande passion sans réjouir le diable ou susciter les plus subtils de ses démons. Il faud
168 sse à Ève en premier lieu. Il ne fait jamais rien sans calcul. Mais voilà ce romantique d’Adam qui s’y laisse prendre. Il s’
169 le mari est le chef de la femme, et que la femme sans l’homme ne peut être sauvée. C’est une constatation bien plus qu’une
170 sion pure, indépendante de tout objet, méprisant, sans toujours se l’avouer, celui qui s’offre à la fixer, — et d’autant plu
171 mêmes finiront par s’y tromper, et le gâchis sera sans remède. Qu’elles rusent, bien, mais cela doit vous amuser. Si vous le
172 S’il l’avait battue le premier… 56. Situations sans issue L’histoire que l’on vient de lire peut être celle d’un coupl
173 internationaux, se révèlent comme des situations sans issue, reconnaissons l’œuvre du diable. Il intervient, pour les porte
174 nse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces couloirs. Et je ne voulais pas être m
175 ent, j’aurais dû pousser la première porte venue, sans y penser, et je serais sorti comme j’étais entré. Mais le fait est qu
176 royez pas, je vais tirer ! 58. Ce livre est-il sans issue ? Le monde va finir. La seule raison pour laquelle il pourra
177 en meurt de plus en plus. C’est un cauchemar mais sans réveil possible. C’est le cauchemar de la réalité. La guerre existe a
178 tendue de la catastrophe, et qu’elle est vraiment sans limites ? Et qu’il n’y a qu’une humanité ? Et que c’est elle qui se t
179 et se bombarde ? Et que tout est inextricable et sans issue ? Que tout est faux, impossible, et réel. On me dit : « Il y a
180  c’est peut-être sa cruauté. Mais si l’époque est sans issue, si le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’est plus de réveil
181 et soutenue, quand tout semblait perdu, gâché et sans remède, un chant profond qui ne cesse jamais, inaltérable et dominant
182 diable, béni et enregistré par les pasteurs. Mais sans entrer dans une discussion du puritanisme, je voudrais indiquer ceci
6 1942, La Part du diable (1982). Cinquième partie. Le Bleu du Ciel
183 e sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu . Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le principe et la fin de l’O
184 la sommation, le sens final, sont dans la main de Dieu , qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, comme l
185 s dieux serait avéré, leur faillibilité démontrée sans recours. C’est pourquoi l’aide de l’archange Michel, chef suprême des
186 qui veut dire : Quis sicut Deus ? « Qui est comme Dieu  ? » Et ce cri terrasse le diable, cette lance transperce le serpent q
187 rnel. Ton cœur s’est élevé et tu as dit : Je suis Dieu , Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homm
188 dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non Dieu. Par ta sagesse et pa
189 e Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non Dieu . Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’es acquis des richesses
190 Parce que tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu , Voici, je ferai venir contre toi des étrangers, Les plus violents d’
191 ers. En face de ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu  ? Tu seras homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera. Fa
192 ans la confusion de nos mœurs. À nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes nos batailles, le dest
193 aturellement, comme des brutes… Ce sont des nuées sans eau, poussées par les vents ; des arbres d’automne sans fruits, deux
194 au, poussées par les vents ; des arbres d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés ; des vagues furieuses de la mer,
195 morale pure et désintéressée, serait un miracle. Dieu , qui ne doit de miracle à personne et qui n’en fait point d’inutiles,
196 teté n’est pas dans la certitude illusoire d’être sans péché. Il nous est au contraire révélé par le Christ lorsqu’il accept
197 à, pour les Tyrans aussi ; une défaite absolue et sans recours, un élément premier de l’ordre impérissable. Or cet élément p
198 utes les choses créées, et de notre dépendance de Dieu . Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre
199 tholicité fondamentale, déterminée et révélée par Dieu comme étant l’ordre de sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’abs
200 u d’un bien et d’un mal déterminés et révélés par Dieu comme étant l’ordre de sa Volonté. Toute ma confiance repose dans la
201 e éternelle d’un accord qui sera le nom secret de Dieu . Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire
202 rticulière, ce ne sera qu’au prix de ma perte, et sans le savoir, que je contribuerai au plan providentiel. Mais si je répon
203 cu, qui est la relation de prochain à prochain30. Sans voisinage réel, vous n’êtes plus responsable de rien ni de personne.
204 tes plus responsable de rien ni de personne. Mais sans le sentiment de la responsabilité de chacun envers autrui, il n’est p
205 ociété dont la maxime est le « chacun pour soi et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voy
206 et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas en Dieu . C’est ce que nous voyons se produire dans les États atteints de giga
207 ment et ne peuvent subsister bien longtemps l’une sans l’autre. Et l’ordre naît de leur alliance. Ceux qui n’ont pas encore
208 mais seulement assumée par chacun comme un risque sans précédent ; qu’elle est « incompatible avec la faiblesse », comme le
209 serait insuffisant de démasquer l’hypocrisie, et Dieu sait si les mots démocratie et liberté en sont une, pitoyable ou scan
210 ’élucidation, qui dit le vrai en baissant le ton, sans nul effort de persuader. Je me tiens l’argument suivant : le gigantis
211 ore si le mot avait un sens que l’on pût déclarer sans hésiter. Si chacun de vous savait ce qu’il défend. (Car se faire tuer
212 des de ce genre : mais je sais trop qu’ils seront sans vertu dans le monde informe et gigantique où nous vivons. Et puis enf
213 arie débile et bébête de nos foules, la démission sans élégance de nos élites, est-ce que c’est cela qu’il faut sauver au pr
214 choses plus simplement encore, plus doucement et sans rien condamner : l’heure n’est-elle pas trop grande pour nos cris ? J
215 rêve d’une anthologie de ces maximes d’une fierté sans jactance… J’imagine que l’humilité passe à travers les murs de la cel
7 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
216 te. À deux heures aujourd’hui, je me suis enfermé sans plus bouger, entre mon fauteuil et ma table — les deux bras du fauteu
217 ’autre restaurant dans ce quartier. Je suis monté sans dîner chez mes amis. Je n’en ai pas de plus charmants dans toute la v
218 cidé à tout recommencer. Je ne puis entendre Bach sans avoir honte d’écrire. Comment frapper les mots d’une touche aussi all
219 e de dire vrai ? Et comment les séduire au rythme sans défaut, sans relâche et sans repentir, d’une pensée qui soit digne en
220 i ? Et comment les séduire au rythme sans défaut, sans relâche et sans repentir, d’une pensée qui soit digne encore d’être p
221 es séduire au rythme sans défaut, sans relâche et sans repentir, d’une pensée qui soit digne encore d’être pensée, d’être re
222 ince enveloppe grise pliée en V derrière la porte sans jour de la boîte métallique. J’ai passé ma robe de chambre et suis de
223 Ma faculté de petite voyance (voyance de détails sans intérêt) ne m’a jamais servi à rien, sinon à vérifier précisément, ch
224 atelier au mois et n’ai donc plus qu’à déguerpir sans insister. 25 mars Écrit finis à six heures du matin. Église Saint-Mar
225 uvoir donner à cette question directe une réponse sans détour, et cela tient à la nature même du sujet, ambiguë jusqu’à la c
226 l m’a eu, c’est qu’il agit ; or rien ne peut agir sans exister, sinon peut-être le Néant qui, par non-être, néantit42. Mon s
227 er de lui d’une manière innocente ou détachée, ni sans une sorte d’indirect acte de foi ou d’athéisme. J’essaierai cependant
228 à dire ? Sinon que le mal que je vois agit en moi sans être moi. C’est un personnage étranger qui parasite mon individu. Je
229 stallé dans tout cœur humain »44. Ni le diable ni Dieu n’existeraient pour nous si nous n’avions aucun moyen de les faire ex
230 on de l’existence du diable (ou de l’existence de Dieu ) n’est donc pas une question détachée, détachable d’une expérience, f
231 é la question qui se pose ensuite : à savoir si «  Dieu  » ou « le diable », produits en nous et projetés par nous, coïncident
232 its en nous et projetés par nous, coïncident avec Dieu ou le diable tels qu’ils agissent hors de nous. Autocritique Je
233 adicalement impossible de connaître le diable que Dieu . Comme si j’étais donc dans l’idée que nous avons tous une expérience
234 e « péché » pour me faire concevoir et même dire, sans trop de crainte d’en être atteint, ce qui pèche ? Or je sais que l’ho
235 nt pas. Je parlais d’un ordre du monde, voulu par Dieu , auquel le diable nous incite à contrevenir. Mais aujourd’hui je ne s
236 es partis au pouvoir, lesquels n’existeraient pas sans eux ou perdraient vite leur prestige. Si les intellectuels n’ont jama
237 es reculs apparents du christianisme en Occident, sans parler de sa quasi-interdiction en URSS, de sa suppression en Chine,
238 e livre, on parlait déjà beaucoup de la « mort de Dieu  », on en parlait depuis un peu plus d’un demi-siècle. Malraux avait r
239 is radicalement contre le diable et le condamnais sans rémission, mais surtout que je le haïssais comme un bourgeois hait l’
240 qui nous ordonne d’aimer nos ennemis, dont il est sans conteste le premier — Satan signifiant en hébreu l’Adversaire par exc
241 dignation ou la fatigue, sa vigilance est presque sans défaut, et nous ne pourrons que la rendre plus parfaite encore en la
242 uetter pour le haïr serait de condamner ce diable sans lequel nous n’irions pas loin. Car en fait nous ne pouvons le tuer ni
243 it nous ne pouvons le tuer ni l’accepter, réussir sans sa connivence ni flancher et nous effondrer sans son agrément dédaign
244 sans sa connivence ni flancher et nous effondrer sans son agrément dédaigneux. Tant que le monde est ce qu’il est — et n’es
245 enri Matisse à qui l’on demandait s’il croyait en Dieu répondit : — Oui, quand je travaille. Je répondrai maintenant d’une m
246 re et que j’en souffre dans mon œuvre même. (Mais sans lui, l’eussè-je entreprise ?) De quoi je donnerai deux exemples, déve
247 e fit reproche d’avoir jeté ce mot « décréation » sans commentaires ni développement : j’avais touché quelque chose d’import
248 vais touché quelque chose d’important, disait-il, sans faire le moindre effort pour étayer et exploiter ma découverte. À mes
249 ntissant, le devenir du Rien, pôle d’anti-Esprit. Dieu sujet pur personnalise, le diable dépersonnalise, agent de la dissolu
250 inel : il abandonne cette dépouille qui va mourir sans lui sur la chaise électrique. Ce qui est proprement diabolique, c’est
251 Terre, sinon celui qui pourrait croire encore au Dieu barbu de la Sixtine, flottant dans l’espace intersidéral. Mais j’ai r
252 mystique mise en pratique, par l’humilité devant Dieu et la fierté de la personne devant l’espèce et l’uniforme. Mais le di
253 mense fortune dilapidée, tout en « réservant pour Dieu son âme et sa vie ». Pareille « niaiserie » existe même chez Faust :
254 l qui m’échoit, si je la garde pour moi et « pour Dieu  », que me sont alors cette puissance, et ces amours et ces richesses
255 ites —, comment me garder pur de toute aliénation sans perdre du même coup mes moyens de vivre ? On voit ici que le pacte av
256 c’est la part de « l’esprit qui toujours nie » et sans lequel nous serions comme les singes — mais aussi dans la décréation,
257 tournant de nos raisons de vivre et de leur quête sans fin, par l’offre de mieux vivre selon le monde : dans la série, l’imi
258 es grandes religions avaient conçus comme ceux du Dieu suprême, la physique et la mathématique peuvent les transférer au Cos
259 l’évanouissement final de tout attrait. Mais le Dieu que l’on prie en vérité est celui qui s’est fait connaître par cela j
260 égrer ni réfuter. Et c’est la seule définition de Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ : « Dieu est Amour. » 39
261 Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ : «  Dieu est Amour. » 39. Il s’agit de La Part du diable , qui devait par