1 1942, La Part du diable (1982). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 en général, et à l’Amérique en particulier, c’est de croire au diable. On sortit de table. C’était au club. Tandis que nou
2 particulier, c’est de croire au diable. On sortit de table. C’était au club. Tandis que nous attendions l’ascenseur, je di
3 ue ? répondit-il avec sa grande douceur. La porte de l’ascenseur s’ouvrait, nous entrâmes. — Ce serait enfin une situation
4 angélisèrent la Suisse expliquait à son auditoire de paysans que les martyrs sont nos meilleurs intercesseurs auprès de Di
5 eilleurs intercesseurs auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse alpestre sont des gens simples et réalistes. Ils crurent l’
6 ait vers les salons. Et je pensais : il nous faut de ces paraboles pour nous rappeler combien il est dangereux de dire la
7 boles pour nous rappeler combien il est dangereux de dire la vérité en général, et la vérité chrétienne en particulier. Da
8 i nous voulons être chrétiens, soit, mais sachons de quel prix cela se paye. Il y a dix-neuf siècles que ce Prix a été fix
9 e que j’ai senti ce livre se proposer à moi : car de l’auteur ou du sujet, sait-on jamais lequel a choisi l’autre ? Parler
10 re sur lui, n’était-ce pas une manière imprudente de le provoquer publiquement ? Je songeais à cette phrase de Kafka : « L
11 ovoquer publiquement ? Je songeais à cette phrase de Kafka : « L’un des artifices de séduction les plus efficaces du diabl
12 is à cette phrase de Kafka : « L’un des artifices de séduction les plus efficaces du diable, c’est de nous provoquer au co
13 de séduction les plus efficaces du diable, c’est de nous provoquer au combat. C’est comme la lutte avec une femme, qui fi
14 se. Il est vrai que pour certains auteurs, l’acte d’ écrire résulte simplement d’une démangeaison de l’esprit que l’on calm
15 tains auteurs, l’acte d’écrire résulte simplement d’ une démangeaison de l’esprit que l’on calme en grattant du papier, san
16 te d’écrire résulte simplement d’une démangeaison de l’esprit que l’on calme en grattant du papier, sans nul souci des con
17 dans ce sens que chaque vérité comporte une part d’ accusation pour notre vie, et tend à déranger cet équilibre de pieux m
18 pour notre vie, et tend à déranger cet équilibre de pieux mensonges tacitement admis, sans lesquels « l’existence deviend
19 t pour troubler une absinthe. Ainsi chaque goutte de vérité trouble la vie. Mais c’est de quoi l’on peut faire son ivresse
20 haque goutte de vérité trouble la vie. Mais c’est de quoi l’on peut faire son ivresse. Je n’aime écrire que des livres dan
21 bagarre à l’heure où nous aurions besoin, dit-on, d’ un « message positif » et rassurant ? Eh bien, surtout que l’on ne se
22 trouble empire, dans le monde, c’est qu’on a peur de regarder en face ses vraies causes. Nous croyons à trente-six-mille m
23 ns trente-six-mille périls, mais nous avons cessé de croire au Mal et de redouter le vrai Péril. Montrer la réalité du dia
24 périls, mais nous avons cessé de croire au Mal et de redouter le vrai Péril. Montrer la réalité du diable dans ce monde, c
25 lui donner son véritable Objet. C’est faire peur de la bonne manière. Et c’est peut-être le moyen de nous guérir des faus
26 de la bonne manière. Et c’est peut-être le moyen de nous guérir des fausses angoisses qui nous paralysaient, ou de l’ango
27 r des fausses angoisses qui nous paralysaient, ou de l’angoisse de faux périls. On n’est jamais plus en danger que dans le
28 angoisses qui nous paralysaient, ou de l’angoisse de faux périls. On n’est jamais plus en danger que dans les moments où l
29 moments où l’on se trompe sur la vraie direction de la menace, et où l’on tend ses énergies dans une défense orientée ver
30 l’Ennemi, mesurer sa puissance, tel est le sujet de ce petit ouvrage. Toutefois, qu’on ne s’attende pas à un portrait du
31 le : il faut tenir tous ses portraits pour autant de victoires qu’il remporte sur notre complaisance ou nos crédulités. Le
32 pparences, le bluff éhonté ou subtil, bref, l’art de faire mentir les formes. À défaut donc d’une peinture impossible, ou
33 , l’art de faire mentir les formes. À défaut donc d’ une peinture impossible, ou trop aisément pittoresque, on tentera de d
34 ossible, ou trop aisément pittoresque, on tentera de décrire l’œuvre du diable au temps présent, en face de nous et parmi
35 ceux qui prennent à coup sûr le plus grand nombre d’ hommes dans les basses époques spirituelles. ⁂ Encore un mot. On se tr
36 ⁂ Encore un mot. On se tromperait sur l’intention de ce petit traité, si l’on y voyait un effort pour « démontrer » l’exis
37 rer » l’existence du diable. Il ne s’agit ici que d’ un essai d’interpréter certains déboires de notre temps, en les rappor
38 stence du diable. Il ne s’agit ici que d’un essai d’ interpréter certains déboires de notre temps, en les rapportant à l’ac
39 ci que d’un essai d’interpréter certains déboires de notre temps, en les rapportant à l’action du seul être qui s’en réjou
40 éjouisse. New York, janvier 1942. 1. Il s’agit de Jacques Maritain. Le dialogue eut lieu en décembre 1941, à New York.
2 1942, La Part du diable (1982). Première partie. L’Incognito et la révélation
41 ier tour C’est dans les Petits Poèmes en prose de Baudelaire que l’on peut lire la phrase la plus profonde écrite par u
42 erne sur Satan : La plus belle ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas. 2. L’incognito Reconnaissons
43 si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’ obscurantisme, ou simplement de manque de sérieux, si je persiste en m
44 usera certainement d’obscurantisme, ou simplement de manque de sérieux, si je persiste en mon projet de lui consacrer tout
45 ainement d’obscurantisme, ou simplement de manque de sérieux, si je persiste en mon projet de lui consacrer tout un livre.
46 e manque de sérieux, si je persiste en mon projet de lui consacrer tout un livre. Le premier tour du diable est son incogn
47 celui qui suis. » Mais le diable toujours jaloux d’ imiter Dieu, fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d’en bas, nous dit c
48 imiter Dieu, fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d’ en bas, nous dit comme Ulysse au Cyclope : « Je me nomme Personne, il
49 lope : « Je me nomme Personne, il n’y a personne. De qui aurais-tu peur ? Vas-tu trembler devant l’inexistant ? » En Angle
50 re, circulait une gravure inspirée des diableries de Breughel et de Bosch. Elle représentait un personnage doté d’une tête
51 ne gravure inspirée des diableries de Breughel et de Bosch. Elle représentait un personnage doté d’une tête cornue et de d
52 et de Bosch. Elle représentait un personnage doté d’ une tête cornue et de deux pieds fourchus, mais dont le corps restait
53 résentait un personnage doté d’une tête cornue et de deux pieds fourchus, mais dont le corps restait invisible. Et le titr
54 sible. Et le titre était : Nobody. Comme le chat de Cheshire dans Alice, le diable a, de nos jours, achevé de disparaître
55 omme le chat de Cheshire dans Alice, le diable a, de nos jours, achevé de disparaître, ne laissant plus flotter dans l’air
56 ire dans Alice, le diable a, de nos jours, achevé de disparaître, ne laissant plus flotter dans l’air qu’un rire impercept
57 ible dénonce l’existence du diable à chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent, jusqu’à l’avant-
58 s raison alléguée, finalement flamboyé par le feu de ciel et précipité dans un étang de flammes et de soufre avec ses faux
59 oyé par le feu de ciel et précipité dans un étang de flammes et de soufre avec ses faux prophètes, pour y être tourmenté n
60 de ciel et précipité dans un étang de flammes et de soufre avec ses faux prophètes, pour y être tourmenté nuit et jour au
61 les textes originaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de la réalité d
62 croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de la réalité du diable. Mais qui croit encore
63 ible, il est impossible de douter un seul instant de la réalité du diable. Mais qui croit encore à la Bible, sérieusement,
64 x ? C’est un fait : l’homme moderne éprouve moins de peine à prêter foi aux mensonges du jour qu’aux éternelles vérités tr
65 vont lui donner mes lecteurs — m’arrête, au seuil de cette étude, et me dit avec un sourire d’indulgente incrédulité : — «
66 u seuil de cette étude, et me dit avec un sourire d’ indulgente incrédulité : — « Vous croyez donc au diable ? Auquel ? Cel
67 e. Elles traduisent fort exactement nos attitudes de pensée les plus courantes. Négliger d’y répondre serait se condamner
68 attitudes de pensée les plus courantes. Négliger d’ y répondre serait se condamner à baser tout un livre sur un quiproquo.
69 un grand vieillard à barbe blanche, Père éternel de Michel-Ange tonnant au ciel violent de la Sixtine. On nous dit « diab
70 re éternel de Michel-Ange tonnant au ciel violent de la Sixtine. On nous dit « diable », et nous voyons un démon ricanant
71 animé des plus mauvaises intentions. Ces réflexes d’ optique intérieure ne prouvent rien sur Dieu, ni sur son existence. Ma
72 médiévaux. Supposons un instant qu’il s’agisse là d’ un camouflage prémédité du diable. À première vue, il paraîtra rudimen
73 se dissimule derrière sa propre image. Il choisit de revêtir une apparence grotesque qui a pour effet certain de le rendre
74 une apparence grotesque qui a pour effet certain de le rendre inoffensif aux yeux des personnes instruites. Car si le dia
75 r si le diable est simplement le démon rouge armé d’ un grand trident, ou le faune à barbiche de chèvre et à longue queue d
76 e armé d’un grand trident, ou le faune à barbiche de chèvre et à longue queue des légendes populaires, qui se donnerait en
77 ndes populaires, qui se donnerait encore la peine d’ y croire, ou même de déclarer qu’il n’y croit pas ? Ainsi, par un tour
78 se donnerait encore la peine d’y croire, ou même de déclarer qu’il n’y croit pas ? Ainsi, par un tour astucieux, l’image
79 ment peut-on perdre son temps avec ces balivernes d’ un autre âge ? » Or il me semble que ce sont eux qui s’y laissent pren
80 u’il demandait. Et ceux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce sont ceux qui refusent de croire au diable à cause
81 ontes de bonnes femmes, ce sont ceux qui refusent de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’en font, et qui est tiré
82 age qu’ils s’en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes. 4. Réalité du mythe Mais si nous écartons ce voi
83 nous ? Un mythe ou une réalité ? Derrière l’image d’ un pittoresque inefficace et désuet — y a-t-il quelqu’un ? Cette fois-
84 uve en soit que je puis vous tracer son histoire, de sa naissance antique jusqu’à sa mort dans l’esprit de nos contemporai
85 a naissance antique jusqu’à sa mort dans l’esprit de nos contemporains. Les hommes ont créé ce fantôme. Et tout d’abord, l
86 . Mais ce sont les rabbins qui ont su tirer parti de la légende d’Ormuzd et d’Ahrimane, et de ces anges ou démons ailés do
87 les rabbins qui ont su tirer parti de la légende d’ Ormuzd et d’Ahrimane, et de ces anges ou démons ailés dont ils trouvai
88 qui ont su tirer parti de la légende d’Ormuzd et d’ Ahrimane, et de ces anges ou démons ailés dont ils trouvaient le modèl
89 er parti de la légende d’Ormuzd et d’Ahrimane, et de ces anges ou démons ailés dont ils trouvaient le modèle en Assyrie. C
90 syrie. Ce sont les rabbins qui ont écrit le livre d’ Énoch, où l’on voit des anges mauvais descendre sur la terre — et c’es
91 du genre humain, qu’on assimile aussi au serpent de la Genèse. Dès lors, Satan prend son essor comme personnalité bien dé
92 e christianisme lui donne un rôle dans les récits de la vie de Jésus. Et dans l’Apocalypse il est autorisé à régner sur le
93 nisme lui donne un rôle dans les récits de la vie de Jésus. Et dans l’Apocalypse il est autorisé à régner sur le monde ent
94 t encore il reste le Roi. En l’an 547, le concile de Constantinople le déclare éternel. Pendant tout le Moyen Âge, il terr
95 t tout le Moyen Âge, il terrorise les populations de l’Europe christianisée. Les moines font autant pour sa gloire que les
96 t le Moyen Âge, il terrorise les populations de l’ Europe christianisée. Les moines font autant pour sa gloire que les rabbins
97 ssance. On lui attribue des cohortes innombrables de démons et de diablotins2. On lui invente une église et des messes noi
98 i attribue des cohortes innombrables de démons et de diablotins2. On lui invente une église et des messes noires. On lui o
99 nvoient dans la panique et le délire des milliers de victimes convaincues de sorcellerie, et souvent prêtes à s’accuser el
100 et le délire des milliers de victimes convaincues de sorcellerie, et souvent prêtes à s’accuser elles-mêmes dans les terme
101 it cette névrose collective ? Non par la guérison de ses victimes, mais par la suppression de ceux qui prétendaient les gu
102 guérison de ses victimes, mais par la suppression de ceux qui prétendaient les guérir par le feu. Au siècle des Lumières,
103 e diable quitte la scène, comme l’évêque à la fin d’ une procession. Rien de plus clair que cette histoire : les hommes ont
104 , ce fantôme les a tourmentés pendant des siècles d’ ignorance, et finalement la raison triomphante a dissipé notre illusio
105 é notre illusion morbide. Tel est le point de vue de l’historien. Il est exact tant qu’il n’explique rien, et qu’il se bor
106 rien, et qu’il se borne à réciter des faits tirés de documents écrits. Mais il est faux et dénué d’intérêt s’il prétend pr
107 és de documents écrits. Mais il est faux et dénué d’ intérêt s’il prétend prouver quelque chose quant à la réalité du diabl
108 e que le diable est un être mythique, une réalité de l’esprit. Dès lors, si l’on me dit : « Le diable n’est qu’un mythe do
109 able est un mythe, donc il existe et ne cesse pas d’ agir. » C’est ici le foyer du débat. Un mythe est une histoire qui déc
110 certaines structures profondes du réel. Je parle de structures littéralement fondamentales, car elles sont antérieures à
111 Elles informent notre univers dans tous les plans de sa réalité. Et c’est seulement quand nous avons saisi par intuition l
112 s avons saisi par intuition le principe et la loi d’ une structure que nous pouvons, dans la nature ou dans la vie de l’âme
113 e que nous pouvons, dans la nature ou dans la vie de l’âme, reconnaître des formes, comprendre leur langage, et parfois mê
114 iques qui nous rappellent ou nous livrent le sens de ces structures formatrices — Idées de Platon, Catégories de Kant, Mèr
115 ent le sens de ces structures formatrices — Idées de Platon, Catégories de Kant, Mères de Goethe, Archétypes de Jung. Dans
116 uctures formatrices — Idées de Platon, Catégories de Kant, Mères de Goethe, Archétypes de Jung. Dans le mythe, une réalité
117 ices — Idées de Platon, Catégories de Kant, Mères de Goethe, Archétypes de Jung. Dans le mythe, une réalité équivaut par d
118 , Catégories de Kant, Mères de Goethe, Archétypes de Jung. Dans le mythe, une réalité équivaut par définition à un sens — 
119 du mythe, je veux dire sans le secours des moyens d’ intuition structurelle qu’il nous offre, il n’y a que des faits dits o
120 que des faits dits objectifs, mais il n’y a plus de significations valables dans tous les plans simultanés de notre exist
121 fications valables dans tous les plans simultanés de notre existence. La raison s’imagine à tort qu’elle perçoit des objet
122 sont en réalité locales par rapport à l’ensemble de notre réalité. Par exemple, les lois mathématiques énoncées par notre
123 tiques énoncées par notre raison cessent aussitôt d’ être valables si l’on passe au plan affectif, au plan moral, ou au pla
124 s lois biologiques, etc. Or loin de s’effrayer et de se scandaliser de carences aussi flagrantes, notre raison moderne s’e
125 , etc. Or loin de s’effrayer et de se scandaliser de carences aussi flagrantes, notre raison moderne s’excuse en précisant
126 ison moderne s’excuse en précisant « qu’il s’agit de domaines différents ». Phrase typiquement provinciale, à ce stade. Ma
127 quand elle prétend nier l’existence ou l’urgence de la commune mesure qu’elle ne peut concevoir, la raison nous conduit à
128 r, la raison nous conduit à la folie par la porte de l’incohérence. Le chaos où nous sommes en témoigne. Et la grande expl
129 ù nous sommes en témoigne. Et la grande explosion de l’irrationalisme dans la première moitié du xxe siècle témoigne de l
130 e dans la première moitié du xxe siècle témoigne de l’état pré-démentiel où le rationalisme avait amené le monde, en détr
131 ussion a mal tourné, décidément. Elle a fait trop de bruit dans le siècle. Il est temps de réconcilier la raison et les fo
132 a fait trop de bruit dans le siècle. Il est temps de réconcilier la raison et les forces qui lui échappent, dans la synthè
133 et les forces qui lui échappent, dans la synthèse d’ une sagesse nouvelle. Je crois que l’époque est mûre pour l’entreprise
134 nt : « Je ne perçois que des maux ou des systèmes de maux indépendants les uns des autres. Mais je suis incapable de m’ass
135 ndants les uns des autres. Mais je suis incapable de m’assurer qu’une intention quelconque, un plan ou une conscience, rel
136 nifiant ou anthropomorphisant le Mal, est capable de lui découvrir une signification générale. Quant à moi, je me récuse m
137 as une réalité spirituelle, mais une multiplicité de fautes, d’erreurs, d’accidents matériels, de hasards considérés comme
138 ité spirituelle, mais une multiplicité de fautes, d’ erreurs, d’accidents matériels, de hasards considérés comme malheureux
139 elle, mais une multiplicité de fautes, d’erreurs, d’ accidents matériels, de hasards considérés comme malheureux, de malaju
140 cité de fautes, d’erreurs, d’accidents matériels, de hasards considérés comme malheureux, de malajustements et d’absurdité
141 atériels, de hasards considérés comme malheureux, de malajustements et d’absurdités. Une collection de grands et de petits
142 considérés comme malheureux, de malajustements et d’ absurdités. Une collection de grands et de petits scandales parfois lo
143 de malajustements et d’absurdités. Une collection de grands et de petits scandales parfois localement explicables, ou qu’o
144 ents et d’absurdités. Une collection de grands et de petits scandales parfois localement explicables, ou qu’on se borne à
145 se trouve désarmée devant les éruptions brutales d’ un mal organisé par des forces obscures, selon la logique mystérieuse
146 logique mystérieuse et l’efficacité irrésistible de l’inconscient. Enregistrons cette carence rationaliste et plaçons-nou
147 mentale : c’est que nous sommes ici dans le monde de l’esprit, du sens, et des essences créatrices, dans le monde d’où pro
148 u sens, et des essences créatrices, dans le monde d’ où provient toute forme, y compris la forme de l’homme. Voltaire disai
149 nde d’où provient toute forme, y compris la forme de l’homme. Voltaire disait : « Dieu créa l’homme à son image, mais l’ho
150 à l’erreur. (Il se trompe dans le fait, en créant de faux dieux. Mais alors, c’est dans la mesure où il néglige les aides
151 ors, c’est dans la mesure où il néglige les aides de la Révélation corrigeant ses erreurs égoïstes. Celles-ci ne sont pas
152 itualiser, s’il veut devenir humain au plein sens de ce terme. Car dans le monde de l’esprit, tout est forme, intention, m
153 main au plein sens de ce terme. Car dans le monde de l’esprit, tout est forme, intention, mouvement et finalité. Tout pren
154 er du diable ne sera pas ici quelque moyen facile d’ illustrer des idées. Le réel n’est pas fait d’idées et de matière. Je
155 ile d’illustrer des idées. Le réel n’est pas fait d’ idées et de matière. Je le conçois gouverné par des structures de forc
156 trer des idées. Le réel n’est pas fait d’idées et de matière. Je le conçois gouverné par des structures de forces ou des e
157 atière. Je le conçois gouverné par des structures de forces ou des ensembles dynamiques, antérieurs à toute forme matériel
158 s décrire dans ce livre porte le nom traditionnel de diable. Ce diable-là n’est pas sorti d’une série de textes plus ou mo
159 ditionnel de diable. Ce diable-là n’est pas sorti d’ une série de textes plus ou moins authentiques ou anciens. Car il est
160 diable. Ce diable-là n’est pas sorti d’une série de textes plus ou moins authentiques ou anciens. Car il est un agent per
161 ntiques ou anciens. Car il est un agent permanent de la réalité humaine, telle que nous la vivons quand nous vivons vraime
162 ivons quand nous vivons vraiment, dans notre état de créatures libres, c’est-à-dire constamment placées devant des choix,
163 a tragédie. Tout cela suppose et pose l’existence d’ un bien et de quelque chose d’autre que le bien. Sinon, où seraient le
164 out cela suppose et pose l’existence d’un bien et de quelque chose d’autre que le bien. Sinon, où seraient le choix, la tr
165 et pose l’existence d’un bien et de quelque chose d’ autre que le bien. Sinon, où seraient le choix, la tragédie, la libert
166 elle nous aide à mieux comprendre la vraie nature de l’homme, et nos vies dans ce siècle. Je pense que les figures du myth
167 rement que l’évidence moderne et que les analyses de la raison. Car elles transmettent une expérience millénaire, au regar
168 pirituelles vivant et agissant sur les frontières de l’Éternel et de la Création, de l’éternité et du temps. Ce sont des i
169 nt et agissant sur les frontières de l’Éternel et de la Création, de l’éternité et du temps. Ce sont des intentions divine
170 ur les frontières de l’Éternel et de la Création, de l’éternité et du temps. Ce sont des intentions divines, des messagers
171 à la fulgurante volée, dont la vitesse est celle de la pensée, et c’est pourquoi ils nous sont invisibles ; des intellige
172 . Mais tout ange est bon, servant Dieu. Au sommet de leur hiérarchie sont les archanges. Un seul archange a trahi sa missi
173 ssage et son être même, c’est Lucifer, le Porteur de Lumière3. Satan s’est révolté, il a refusé de servir, il a refusé de
174 eur de Lumière3. Satan s’est révolté, il a refusé de servir, il a refusé de transmettre son message divin, il a voulu se f
175 s’est révolté, il a refusé de servir, il a refusé de transmettre son message divin, il a voulu se faire original, auteur d
176 ssage divin, il a voulu se faire original, auteur de son destin, porteur de ses lumières à lui. Et aussitôt, par les lois
177 se faire original, auteur de son destin, porteur de ses lumières à lui. Et aussitôt, par les lois mêmes de l’être, il est
178 s lumières à lui. Et aussitôt, par les lois mêmes de l’être, il est « tombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention d
179 ombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu règne absolue. (Coupez la communication, le courant « tombe ».)
180 le courant « tombe ».) Il est devenu le messager de soi, et comme il n’est qu’un esprit pur, une fois coupé de la source
181 t comme il n’est qu’un esprit pur, une fois coupé de la source de l’Esprit, il est devenu le messager du Néant et de ses m
182 est qu’un esprit pur, une fois coupé de la source de l’Esprit, il est devenu le messager du Néant et de ses mystères. Mais
183 e l’Esprit, il est devenu le messager du Néant et de ses mystères. Mais quoique déchu, il a gardé sa science d’esprit pur.
184 stères. Mais quoique déchu, il a gardé sa science d’ esprit pur. Comme un artiste qui a perdu son génie et ne croit plus à
185 re, mais qui a conservé son « métier » et l’envie d’ être à l’avant-garde, Satan connaît encore l’Esprit et les esprits, ma
186 gloire à laquelle ils sont destinés. Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien,
187 e ils sont destinés. Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien.
188 t le secret des âmes qu’il abuse… 6. Le Prince de ce monde L’acte d’orgueil éblouissant et consumant, qui transforma
189 u’il abuse… 6. Le Prince de ce monde L’acte d’ orgueil éblouissant et consumant, qui transforma l’Ange de lumière en
190 l éblouissant et consumant, qui transforma l’Ange de lumière en Ange et Prince des ténèbres, l’a condamné à un impérialism
191 limites, donc par définition désespéré. La perte de l’Unique Nécessaire fait naître une soif essentiellement inextinguibl
192 tier ne saurait combler le vide que forme au cœur d’ une créature la conscience d’avoir quitté sa juste place dans le monde
193 de que forme au cœur d’une créature la conscience d’ avoir quitté sa juste place dans le monde. Tombé de l’éternel, Satan v
194 ’avoir quitté sa juste place dans le monde. Tombé de l’éternel, Satan veut l’infini. Tombé de l’Être, il veut l’Avoir. Mai
195 e. Tombé de l’éternel, Satan veut l’infini. Tombé de l’Être, il veut l’Avoir. Mais le problème est insoluble à tout jamais
196 il pourra tout avoir, puisqu’il est appelé Prince de ce monde dans l’Évangile — mais il n’aura jamais que ce monde-ci. Il
197 onquerra jamais le Ciel, qui est proprement l’âme de ce monde et le mystère du transcendant dans l’immanence. Il n’aura de
198 stère du transcendant dans l’immanence. Il n’aura de notre univers que la carcasse matérielle. Et c’est probablement de ce
199 que la carcasse matérielle. Et c’est probablement de ces débris de la Maison désaffectée qu’il fera le bois de chauffage d
200 e matérielle. Et c’est probablement de ces débris de la Maison désaffectée qu’il fera le bois de chauffage de son Enfer. I
201 ébris de la Maison désaffectée qu’il fera le bois de chauffage de son Enfer. Il le sait bien. C’est pourquoi son désir et
202 aison désaffectée qu’il fera le bois de chauffage de son Enfer. Il le sait bien. C’est pourquoi son désir et sa jalousie f
203 e autour de nous comme un lion rugissant en quête de sa proie, dit la Bible. Il rôde autour de nous comme un gangster obsé
204 perdre toutes ces choses, qui sont notre héritage d’ « enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable. Il ne la manquer
205 s ces choses, qui sont notre héritage d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable. Il ne la manquera pas… 7.
206 7. Le Tentateur Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à
207 Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : nous mange
208 u fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez
209 n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous n’en mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne
210 y a le doute ! Le premier procédé du démon, c’est de jeter un doute sur la réalité de la voix divine, et donc sur la réali
211 du démon, c’est de jeter un doute sur la réalité de la voix divine, et donc sur la réalité elle-même et ses structures.
212 ude s’est insinuée dans un esprit, la possibilité d’ une tentation s’entrouvre. Car il n’y a pas de tentation là où n’exist
213 ité d’une tentation s’entrouvre. Car il n’y a pas de tentation là où n’existe aucune possibilité d’imaginer quelque autre
214 as de tentation là où n’existe aucune possibilité d’ imaginer quelque autre chose que l’état de fait. On dit bien : l’occas
215 ibilité d’imaginer quelque autre chose que l’état de fait. On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous n’êtes pas tenté
216 l’occasion fait le larron. Vous n’êtes pas tenté d’ aller dans la Lune parce que vous savez que c’est actuellement impossi
217 t impossible. Mais vous seriez probablement tenté d’ y aller, si l’on vous suggérait quelque moyen de le faire. Ève ne pens
218 é d’y aller, si l’on vous suggérait quelque moyen de le faire. Ève ne pensait même pas à manger cette pomme avant que le s
219 vant que le serpent n’ait mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y a l’occasi
220 ent n’ait mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’al
221 e la réalité de l’ordonnance de Dieu. À l’origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à la divinité par
222 ne de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’ aller à la divinité par un plus court chemin que celui du réel ; par u
223 e, en dépit des interdictions que posent les lois de la Création, l’ordre divin et la nature de l’homme5. Et voici le deux
224 s lois de la Création, l’ordre divin et la nature de l’homme5. Et voici le deuxième temps de la tentation : La femme vit q
225 la nature de l’homme5. Et voici le deuxième temps de la tentation : La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréabl
226 t précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit et en mangea.6 Voyez : ce n’est pas le mal en soi qui tent
227 our l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le désir de nuire, mais par l’idée de se diviniser, ce qui paraît en somme une ex
228 pas tentée par le désir de nuire, mais par l’idée de se diviniser, ce qui paraît en somme une excellente idée. Par malheur
229 le, Dieu n’aimait pas cette idée-là et l’excluait de sa réalité. Manger cette pomme et se diviniser de cette manière convo
230 de sa réalité. Manger cette pomme et se diviniser de cette manière convoiteuse, il se trouvait qu’aux yeux de Dieu c’était
231 Dieu c’était le mal, c’était contrevenir au plan d’ ensemble et aux ordonnances du Jardin ; en d’autres termes, c’était tr
232 en d’autres termes, c’était tricher avec les lois de la Création, ou les utiliser à contre-fin. La suite du récit montre b
233 t au sol maudit. Pour avoir voulu dépasser l’état d’ image divine et se faire vraiment dieux, ils se trouvent déchus de leu
234 t se faire vraiment dieux, ils se trouvent déchus de leur humanité parfaite. « Qui veut faire l’ange fait la bête », dira
235 , — si l’utopie est l’imagination, puis le désir, d’ un bien que le réel condamne et que le plan divin ne prévoit pas. Sata
236 e Christ, lui propose trois utopies, trois moyens de gagner le monde par un plus court chemin que le sentier du Golgotha.
237 aissant le Bien et le Mal » C’est le privilège d’ un Dieu, selon le récit de la Genèse, que de connaître le Bien et le M
238 » C’est le privilège d’un Dieu, selon le récit de la Genèse, que de connaître le Bien et le Mal. Les psychologues et mo
239 ilège d’un Dieu, selon le récit de la Genèse, que de connaître le Bien et le Mal. Les psychologues et moralistes modernes,
240 ace de Dieu, et qu’ils étaient par suite capables de bon sens. Le bien et le mal, tels que l’homme les conçoit, sont des c
241 sations, et souvent même aux conditions physiques d’ un pays. Le Bien et le Mal en soi ne sont réellement distincts qu’aux
242 u — pas même aux yeux du diable, toujours la dupe d’ un acte de charité qu’il tiendra pour sottise. C’est que Dieu seul con
243 me aux yeux du diable, toujours la dupe d’un acte de charité qu’il tiendra pour sottise. C’est que Dieu seul connaît le pl
244 pour sottise. C’est que Dieu seul connaît le plan d’ ensemble et l’intention dernière de toute sa Création. Et c’est seulem
245 onnaît le plan d’ensemble et l’intention dernière de toute sa Création. Et c’est seulement par rapport à ce plan et à cett
246 ut à Dieu et à sa volonté souveraine, nous permet de prendre une vue du Mal moins locale et plus pénétrante que celle de n
247 du Mal moins locale et plus pénétrante que celle de nos morales humaines. Une illusion commune et presque inévitable nous
248 nt une réalité autonome et concrète, qu’il s’agit de détruire ou de combattre comme un ennemi extérieur à notre être. Pour
249 autonome et concrète, qu’il s’agit de détruire ou de combattre comme un ennemi extérieur à notre être. Pour dissiper cette
250 nger Dieu. Il est devenu le messager qui n’a plus de message réel, l’agent du Néant parmi nous. Dès lors, il ne peut plus
251 s, il ne peut plus créer que le Rien, qui n’a pas d’ existence. Créer le mal est impossible. Ce qui revient à dire que le m
252 mal n’existe pas. Pour agir, le diable est forcé d’ utiliser ce qui existe, et qui est bon par définition, ayant été créé
253 faire, mais il lui reste une possibilité : c’est de nous inciter à faire abus de notre liberté et des biens de la terre.
254 possibilité : c’est de nous inciter à faire abus de notre liberté et des biens de la terre. Ni le diable ni l’homme péche
255 nciter à faire abus de notre liberté et des biens de la terre. Ni le diable ni l’homme pécheur ne peuvent réellement faire
256 soit « du mal », mais il peut manger un bon fruit d’ une manière malfaisante, contre l’Ordre donné. Le mal en soi n’existe
257 mal n’est qu’un mauvais usage du bien, entendons de ce qui existe. Telle est la situation fondamentale et primitive. Cepe
258 e et primitive. Cependant, le diable étant jaloux de Dieu, il entend nous faire croire qu’il peut aussi créer. Et c’est po
259 t c’est pourquoi il entretient en nous l’illusion d’ un mal objectif dont il serait évidemment l’auteur. Ce mal en soi n’es
260 e. Il n’est qu’un mirage du démon, une projection de nos erreurs hors de nous-mêmes, obnubilant aux yeux de notre orgueil
261 ’est plus tard, c’est après plusieurs générations de pécheurs dans l’histoire, ou de péchés dans une vie, que le mal finir
262 ieurs générations de pécheurs dans l’histoire, ou de péchés dans une vie, que le mal finira par révéler une espèce de cons
263 une vie, que le mal finira par révéler une espèce de consistance propre, — apparence encore, mais active, contre nature ma
264 elaire peut écrire : « L’homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve la volupté… La volupté unique et
265 a volupté unique et suprême gît dans la certitude de faire le mal. » Je crois plutôt, comme le dit William Blake, que « la
266 plutôt nommée : douleur aimée, désir inconscient de la mort. Car ici se sont déclenchés les mécanismes compliqués de la p
267 ici se sont déclenchés les mécanismes compliqués de la perversion, de l’autopunition d’une conscience déchirée, et du dés
268 nchés les mécanismes compliqués de la perversion, de l’autopunition d’une conscience déchirée, et du désir enfin de se dét
269 es compliqués de la perversion, de l’autopunition d’ une conscience déchirée, et du désir enfin de se détruire. Se détruire
270 tion d’une conscience déchirée, et du désir enfin de se détruire. Se détruire pour s’innocenter ! Pour échapper à sa maniè
271 éparer. C’est le mystère du suicide et la logique de Judas, la dernière tentation, la suprême utopie. 9. Le menteur
272 utopie. 9. Le menteur Examinons maintenant d’ un peu plus près par le détail de notre vie présente, comment le diabl
273 inons maintenant d’un peu plus près par le détail de notre vie présente, comment le diable arrive à s’insérer dans les str
274 le diable arrive à s’insérer dans les structures de l’être, donc du bien. J’ai dit qu’il doit passer par l’homme pour agi
275 peut dire ce qui n’est pas, et mentir par un acte de sa volonté réfléchie. Le minéral repose où il fut composé, la plante
276 ixa la graine, les animaux muets sont prisonniers de l’ordre intarissablement prodigue de l’instinct. Mais l’homme a reçu
277 prisonniers de l’ordre intarissablement prodigue de l’instinct. Mais l’homme a reçu le pouvoir de parler, de créer, et de
278 gue de l’instinct. Mais l’homme a reçu le pouvoir de parler, de créer, et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut d
279 stinct. Mais l’homme a reçu le pouvoir de parler, de créer, et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut dire le vrai
280 l’homme a reçu le pouvoir de parler, de créer, et de dénaturer. Par la grâce du langage, il peut dire le vrai ; par la fau
281 contredire. Il peut créer selon les perspectives de la Création, il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut être un
282 t et à travers. Il peut être un agent responsable de la nature naturante, mais il peut aussi faire la grève, se révolter,
283 iquer l’anti-nature ou dénature. Cette duplicité de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe
284 e gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’ elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’
285 e d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec l’ordre, opposer à la loi divin
286 à la loi divine nos dérogations égoïstes, fautes de calcul et courtes vues intéressées. Pécher, c’est fausser quelque cho
287 grand paraît l’enjeu, et plus grande la tentation de gagner dans l’instant ce qu’on voit, quitte à se fermer l’invisible e
288 agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de nos libertés qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été l
289 en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme interdite, Ève n’aurait pu pécher, ni Adam après e
290 it pu pécher, ni Adam après elle. Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le M
291 lair que la grande ambition satanique devait être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoignage
292 rande ambition satanique devait être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoignage dans sa sourc
293 ue dans notre langue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un client. Si la balanc
294 ux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un client. Si la balance indique 980 grammes, vous pouvez dir
295 ntrôle, il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité reste juge entre vous. Mais si le
296 e critère du vrai qui est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible. Et peu à peu vous oublierez que vous trichez. Pari
297 uelques pincées « pour le bon poids », le sourire de l’acheteur et la satisfaction de votre vertu. C’est là le mensonge pu
298 ds », le sourire de l’acheteur et la satisfaction de votre vertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre propre du diable. À pa
299 artir de l’instant où vous faussez la mesure même de la vérité, toutes vos « vertus » sont au service du mal et sont compl
300 vertus » sont au service du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur et le Père du mensonge », d
301 e du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d’ ordinaire. Ceci concerne le premier mensonge, celui qui se borne à tai
302 ui se borne à taire la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sachant que pour si peu, elle ne
303 out en sachant que pour si peu, elle ne cesse pas d’ exister). Mais le texte original de ce passage est infiniment plus étr
304 e ne cesse pas d’exister). Mais le texte original de ce passage est infiniment plus étrange. « Le diable est menteur, nous
305 iable est menteur, nous dit-on, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du mal. Le pèr
306 » Par ici nous entrons au mystère du mal. Le père de son mensonge est celui qui l’engendre, le conçoit par ses propres œuv
307 re, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d’ une vérité qu’il rejette aussitôt qu’avilie, et qui mourra du monstre
308 nsonge, par essence, n’est pas ! C’est une espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et le sonne-creux de l’invention bâ
309 création. C’est le trompe-l’œil et le sonne-creux de l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable est le père
310 l’œil et le sonne-creux de l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes ces
311 inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien ni mal », parce que l’acte do
312 supprime les mesures mêmes du beau. Il n’y a plus de fautes de goût possibles là où n’existe plus de goût, comme il n’y a
313 es mesures mêmes du beau. Il n’y a plus de fautes de goût possibles là où n’existe plus de goût, comme il n’y a pas de cri
314 s de fautes de goût possibles là où n’existe plus de goût, comme il n’y a pas de crime possible là où il n’existe pas de L
315 s là où n’existe plus de goût, comme il n’y a pas de crime possible là où il n’existe pas de Loi. Peut-être ici découvrons
316 n’y a pas de crime possible là où il n’existe pas de Loi. Peut-être ici découvrons-nous la raison dernière du mensonge : c
317 on dernière du mensonge : c’est toujours le désir d’ innocence utopique. Le mensonge ordinaire n’était que l’omission ou bi
318 inaire n’était que l’omission ou bien la négation d’ une vérité qui subsistait ailleurs et nous jugeait encore. Mais le men
319 e mensonge diabolique nie le juge. Il ne part que de soi, et prolifère en autarcie, comme une cellule cancéreuse, introdui
320 ncéreuse, introduisant dans l’univers ce sophisme de pure angoisse : le mensonge de nulle vérité. 10. L’accusateur P
321 nivers ce sophisme de pure angoisse : le mensonge de nulle vérité. 10. L’accusateur Par le doute qu’il instille en n
322 t encore un bien, pensons-nous. Mais ce mouvement de l’âme créatrice, dès qu’il est détourné des fins prévues par Dieu, no
323 mal fait, Satan se dévoile comme un ennemi mortel de l’homme, qu’il avait abusé jusqu’ici en feignant de sympathiser avec
324 l’homme, qu’il avait abusé jusqu’ici en feignant de sympathiser avec l’idéalisme de sa révolte. Voici qu’il nous entraîne
325 u’ici en feignant de sympathiser avec l’idéalisme de sa révolte. Voici qu’il nous entraîne dans un nouveau tour de la spir
326 e. Voici qu’il nous entraîne dans un nouveau tour de la spirale qui pointe vers l’Enfer : il nous accuse avec une angéliqu
327 gélique précision, sans laisser place à la pensée d’ une possible réparation. Il est au monde une seule chose pire que de d
328 aration. Il est au monde une seule chose pire que de douter du bien et du réel, et c’est de douter du pardon, une fois qu’
329 e pire que de douter du bien et du réel, et c’est de douter du pardon, une fois qu’on a trahi le bien et le réel. Car dout
330 esser le mal qu’on a commis ; pour oser qualifier de faute sa propre faute ; et pour que puisse renaître la confiance qui
331 enaître la confiance qui donnera seule le courage de rebâtir. Celui qui doute du pardon ne peut pas confesser son crime, e
332 ble est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apoc
333 ire. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de nos frères, celui qui les accuse devant Dieu jour et nuit ». C’est lu
334 u jour et nuit ». C’est lui qui demandait la tête de Job devant le tribunal céleste. Non content de nous prendre à ses piè
335 ris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par amour de la justice, mais par
336 de la manière la plus impitoyable. Non par amour de la justice, mais par amour de notre châtiment, par haine froide. Pour
337 able. Non par amour de la justice, mais par amour de notre châtiment, par haine froide. Pour le stérile plaisir d’avoir ra
338 timent, par haine froide. Pour le stérile plaisir d’ avoir raison. C’est qu’il s’en tient à la légalité, au bien qu’il conn
339 our toujours. Depuis sa chute, il a perdu le sens de la Création continue, du dynamisme immanent au réel. Par-dessus tout,
340 réel. Par-dessus tout, il ignore le sens du drame de la Rédemption. Il ne sait pas et ne veut pas savoir que Dieu maintien
341 en dépit de nos fautes, par la vertu recréatrice d’ une mort qui est le centre de l’Histoire, et de chacune de nos histoir
342 la vertu recréatrice d’une mort qui est le centre de l’Histoire, et de chacune de nos histoires individuelles… Aussi, part
343 ce d’une mort qui est le centre de l’Histoire, et de chacune de nos histoires individuelles… Aussi, partout où l’on condam
344 rt qui est le centre de l’Histoire, et de chacune de nos histoires individuelles… Aussi, partout où l’on condamne sans pit
345 simple faute de logique, la grâce pour une erreur de calcul statistique. La duplicité infernale, c’est de nous faire croir
346 calcul statistique. La duplicité infernale, c’est de nous faire croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel,
347 rnale, c’est de nous faire croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de
348 de nous faire croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser
349 divin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi la morale laïque,
350 et aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi la morale laïque, morale du devoi
351 ersonnel, nous accuse et nous prive en même temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle ne laisse aux meilleures de s
352 Celui qui pardonne. Elle ne laisse aux meilleures de ses victimes que l’héroïsme autosadique de la révolte. 11. Légion
353 leures de ses victimes que l’héroïsme autosadique de la révolte. 11. Légion Enfin, la Bible appelle le diable : Légi
354 e le diable : Légion. Ici nous n’en finirions pas de commenter, conformément à la nature du sujet. Bornons-nous à marquer
355 du sujet. Bornons-nous à marquer trois directions de pensée : nous les suivrons tout au travers du livre. Si le diable est
356 bord que tout en étant un, il peut revêtir autant d’ aspects divers qu’il y a d’individus de par le monde. Mais cela peut s
357 il peut revêtir autant d’aspects divers qu’il y a d’ individus de par le monde. Mais cela peut signifier aussi que le diabl
358 ne en particulier. Et ceci nous ramène au premier de ses tours, qui était de nous faire douter de son existence même. Le n
359 ci nous ramène au premier de ses tours, qui était de nous faire douter de son existence même. Le nom de Légion évoque par
360 mier de ses tours, qui était de nous faire douter de son existence même. Le nom de Légion évoque par ailleurs le mythe hel
361 e nous faire douter de son existence même. Le nom de Légion évoque par ailleurs le mythe hellénique de Protée. Nous venons
362 de Légion évoque par ailleurs le mythe hellénique de Protée. Nous venons d’énumérer les rôles principaux que le diable rev
363 lleurs le mythe hellénique de Protée. Nous venons d’ énumérer les rôles principaux que le diable revêt dans la Bible : ils
364 s sont tous, en quelque manière, des déguisements de son malheur originel. Satan craint de se montrer tel qu’il est, c’est
365 éguisements de son malheur originel. Satan craint de se montrer tel qu’il est, c’est évident, puisqu’il craint même d’exis
366 l qu’il est, c’est évident, puisqu’il craint même d’ exister à nos yeux. Il ne présentera donc aux hommes que des masques t
367 e cette ruse. Pourquoi sommes-nous parfois tentés de vivre par délégation, et sous un masque ? Parce que cela permet à not
368 un masque ? Parce que cela permet à notre vanité de se satisfaire malgré nous, malgré nos exigences réelles et bien au-de
369 ous, malgré nos exigences réelles et bien au-delà de nos possibilités. Chose étrange, nous sommes ainsi faits que nous nou
370 es ainsi faits que nous nous prévalons intimement d’ un succès remporté « sous le masque », tandis que nous attribuerons au
371 . Nous sommes prêts à nous approprier les mérites d’ un bien dont nous n’avons été que les acteurs, alors que nous nous emp
372 é que les acteurs, alors que nous nous empressons de projeter sur les Choses, le Destin, ou les Autres, un mal dont les ra
373 les racines sont réellement en nous. Ainsi chacun de nous, en tant que patriote, se sent flatté par une victoire nationale
374 euls chefs. Ici le diable joue avec notre terreur de nous reconnaître responsables de nos vies. Autrefois il avait recours
375 ec notre terreur de nous reconnaître responsables de nos vies. Autrefois il avait recours au déguisement vestimentaire. Au
376 n rôle dans l’impunité. Le monde actuel est plein d’ individus qui portent à l’intérieur un costume de louage. Ils se cache
377 d’individus qui portent à l’intérieur un costume de louage. Ils se cachent à leurs propres yeux. Comment connaîtraient-il
378 e déchu nous dit : je suis ton ciel, il n’y a pas d’ autre espérance. Le Prince de ce monde nous dit : il n’y a pas d’autre
379 n ciel, il n’y a pas d’autre espérance. Le Prince de ce monde nous dit : il n’y a pas d’autre monde. Le Tentateur nous dit
380 ce. Le Prince de ce monde nous dit : il n’y a pas d’ autre monde. Le Tentateur nous dit : il n’y a point de juge. L’Accusat
381 tre monde. Le Tentateur nous dit : il n’y a point de juge. L’Accusateur nous dit : il n’y a point de pardon. Le Menteur ré
382 t de juge. L’Accusateur nous dit : il n’y a point de pardon. Le Menteur résume tout en nous offrant un monde sans obligati
383 s, fermé sur soi mais recréé sans cesse à l’image de nos complaisances : il n’y a pas de réalité. Enfin Légion dit le dern
384 sse à l’image de nos complaisances : il n’y a pas de réalité. Enfin Légion dit le dernier blasphème : il n’y a Personne.
385 : il n’y a Personne. Le monde moderne (et chacun de nous en lui) dans la mesure où il cultive un rêve de déification de l
386 nous en lui) dans la mesure où il cultive un rêve de déification de l’homme par sa science ; où il nie toute transcendance
387 ns la mesure où il cultive un rêve de déification de l’homme par sa science ; où il nie toute transcendance ; où il s’enfe
388 ranscendance ; où il s’enferme dans les autarcies de la puissance et de la passion ; où il noie finalement la vocation de
389 l s’enferme dans les autarcies de la puissance et de la passion ; où il noie finalement la vocation de la personne dans l’
390 de la passion ; où il noie finalement la vocation de la personne dans l’anonyme irresponsable, — le monde moderne (et chac
391 nyme irresponsable, — le monde moderne (et chacun de nous en lui) se rend à la loi de Satan. Mais, du même coup, il devien
392 derne (et chacun de nous en lui) se rend à la loi de Satan. Mais, du même coup, il devient incapable de connaître celui qu
393 e Satan. Mais, du même coup, il devient incapable de connaître celui qu’il sert ! Satan veut nous faire croire qu’il n’y a
394 rt ! Satan veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’ autre monde. Si nous le croyons, il se trouve qu’aussitôt nous ne pouv
395 ns plus croire à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, comme nous le dit Satan, il n’y a pas non plus d’enfer, ni de M
396 l, comme nous le dit Satan, il n’y a pas non plus d’ enfer, ni de Maître de l’enfer. S’il n’y a pas de juge, il n’y a pas n
397 s le dit Satan, il n’y a pas non plus d’enfer, ni de Maître de l’enfer. S’il n’y a pas de juge, il n’y a pas non plus de f
398 atan, il n’y a pas non plus d’enfer, ni de Maître de l’enfer. S’il n’y a pas de juge, il n’y a pas non plus de faute ni d’
399 d’enfer, ni de Maître de l’enfer. S’il n’y a pas de juge, il n’y a pas non plus de faute ni d’Auteur du mal. S’il n’y a p
400 er. S’il n’y a pas de juge, il n’y a pas non plus de faute ni d’Auteur du mal. S’il n’y a pas de vérité, il n’y a pas non
401 a pas de juge, il n’y a pas non plus de faute ni d’ Auteur du mal. S’il n’y a pas de vérité, il n’y a pas non plus de mens
402 plus de faute ni d’Auteur du mal. S’il n’y a pas de vérité, il n’y a pas non plus de mensonge ni de Menteur. S’il n’y a p
403 . S’il n’y a pas de vérité, il n’y a pas non plus de mensonge ni de Menteur. S’il n’y a personne, enfin, il n’y a pas non
404 s de vérité, il n’y a pas non plus de mensonge ni de Menteur. S’il n’y a personne, enfin, il n’y a pas non plus lui ! Ains
405 photographes, et qu’on le prive ainsi du bénéfice de l’attaque par surprise, sa tactique favorite. Nous avons donc soumis
406 ique favorite. Nous avons donc soumis l’incognito de Satan au réactif de la Révélation, qui le rend visible à l’œil spirit
407 avons donc soumis l’incognito de Satan au réactif de la Révélation, qui le rend visible à l’œil spirituel. Comment va-t-il
408 le conçoivent les prédicateurs et les moralistes d’ aujourd’hui. Ce serait un excellent calcul, pour les deux raisons que
409 rions induits à croire que le diable n’est « rien d’ autre » qu’une figuration naïve du péché ; en second lieu, nous n’auri
410 éché ; en second lieu, nous n’aurions plus l’idée d’ aller chercher le diable dans nos vertus. En vérité, le diable n’est p
411 ions beaucoup plus prudents. Son astuce sera donc de se rendre invisible au sein même de nos vraies tentations. C’est là q
412 uce sera donc de se rendre invisible au sein même de nos vraies tentations. C’est là qu’il va montrer patte blanche, comme
413 dans des fantaisies ridicules, bien loin du lieu de son action réelle. N’avez-vous pas connu de ces dames charmantes qui
414 lieu de son action réelle. N’avez-vous pas connu de ces dames charmantes qui se récrient dès qu’on parle du diable : — C’
415 s avec passion, et n’ont en général aucune espèce de trouble de conscience. Elles ne conçoivent pas le diable comme l’inst
416 ion, et n’ont en général aucune espèce de trouble de conscience. Elles ne conçoivent pas le diable comme l’instigateur de
417 s ne conçoivent pas le diable comme l’instigateur de leurs péchés, mais comme une sorte d’apparition de cauchemar, qui por
418 instigateur de leurs péchés, mais comme une sorte d’ apparition de cauchemar, qui porte malheur et qui leur veut du mal. El
419 e leurs péchés, mais comme une sorte d’apparition de cauchemar, qui porte malheur et qui leur veut du mal. Elles ne se dou
420 ieur à nos fautes, celui-là n’est vraiment « rien d’ autre » qu’une projection, hors de nous-mêmes, du péché dont nous somm
421 dont nous sommes les auteurs et que nous refusons d’ assumer. Ce subterfuge de l’inconscient n’a d’autre but que de nous ex
422 urs et que nous refusons d’assumer. Ce subterfuge de l’inconscient n’a d’autre but que de nous exonérer d’une part honteus
423 ons d’assumer. Ce subterfuge de l’inconscient n’a d’ autre but que de nous exonérer d’une part honteuse de nous-mêmes. Si l
424 e subterfuge de l’inconscient n’a d’autre but que de nous exonérer d’une part honteuse de nous-mêmes. Si le résultat nous
425 utre but que de nous exonérer d’une part honteuse de nous-mêmes. Si le résultat nous apparaît étrange et fantastique, c’es
426 es spirituels mieux réveillés : « Pourquoi parler d’ un diable personnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable. N
427 i, le diable au lieu de se distinguer abusivement de notre péché, a choisi de se confondre avec lui au point qu’on croie c
428 e distinguer abusivement de notre péché, a choisi de se confondre avec lui au point qu’on croie cette abstraction plus vra
429 e mythique. Le tour est subtil et requiert un peu d’ astuce spirituelle, de notre part, pour le déjouer. Certes, le péché é
430 t subtil et requiert un peu d’astuce spirituelle, de notre part, pour le déjouer. Certes, le péché étant devenu notre seco
431 notre seconde nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même et sans Auteur, en vertu d’une espèce d’inertie ou de force
432 de soi-même et sans Auteur, en vertu d’une espèce d’ inertie ou de force de l’habitude. Une coutume du mal nous habite, que
433 t sans Auteur, en vertu d’une espèce d’inertie ou de force de l’habitude. Une coutume du mal nous habite, que l’on pourrai
434 teur, en vertu d’une espèce d’inertie ou de force de l’habitude. Une coutume du mal nous habite, que l’on pourrait nommer
435 est-à-dire à commettre des péchés, qui n’ont rien de très mystérieux et sont exactement catalogués : lâchetés et mensonges
436 ctement catalogués : lâchetés et mensonges, actes d’ orgueil ou d’égoïsme, vols, trahisons et méchancetés de toute espèce.
437 ogués : lâchetés et mensonges, actes d’orgueil ou d’ égoïsme, vols, trahisons et méchancetés de toute espèce. Il est possib
438 ueil ou d’égoïsme, vols, trahisons et méchancetés de toute espèce. Il est possible que le diable en personne ne se dérange
439 ne se dérange pas pour si peu. Comme un directeur de journal qui ne fait pas les chiens écrasés, se réservant pour les gra
440 rasés, se réservant pour les grandes catastrophes de la politique mondiale. Voici cependant où l’on verra percer le bout d
441 ale. Voici cependant où l’on verra percer le bout de son oreille pointue : c’est au moment précis où le péché n’est plus r
442 et veut se justifier. Dans les mécanismes hérités de nos petits péchés quotidiens, nous sentons quelquefois intervenir com
443 us sentons quelquefois intervenir comme un moment d’ accélération panique : c’est lui ! Tout d’un coup, les choses s’aggrav
444 moment d’accélération panique : c’est lui ! Tout d’ un coup, les choses s’aggravent et s’embrouillent, vous ne savez pourq
445 plus le bien du mal, le faux du vrai, la charité de la cruauté : c’est lui qui a pris le jeu en main ! C’est lui qui inve
446 abituel en une « vertu » délirante, en un vertige de fausse innocence, en une exaltation de puissance destructive. C’est l
447 un vertige de fausse innocence, en une exaltation de puissance destructive. C’est lui qui crée les situations extrêmes, sa
448 crée les situations extrêmes, sans issue. Les cas de ce genre seront les seuls où j’essaierai de décrire l’action du diabl
449 s cas de ce genre seront les seuls où j’essaierai de décrire l’action du diable dans nos péchés catalogués8. Pour les autr
450 prédicateurs, législateurs ou dictateurs chargés de nous rappeler les règlements. Je compte me livrer désormais à un spor
451 au diable dans nos idéaux et dans l’insignifiance de nos actes. Et ce n’est point par amour du paradoxe, mais au contraire
452 iable ne peut agir que dans le bien, par le moyen de nos vertus. Car nous savons qu’il ne peut rien créer, pas même le cha
453 avons qu’il ne peut rien créer, pas même le champ de son action. Il ne peut donc que tordre et déformer ce qui existe et f
454 t bien fait par Dieu. Nos vices mêmes ne sont pas de véritables créations du diable, mais seulement des vertus mal orienté
455 lement des vertus mal orientées. Le sens originel de leur élan, gauchi ou inverti par notre orgueil et par l’inertie de no
456 chi ou inverti par notre orgueil et par l’inertie de nos âmes, devient presque invisible à la conscience humaine. Un vice,
457 ous avions le choix entre l’usage légal et l’abus de ce bien. Si donc j’évite d’aller chercher le diable là où chacun s’at
458 usage légal et l’abus de ce bien. Si donc j’évite d’ aller chercher le diable là où chacun s’attend à le trouver, dans les
459 es mauvais lieux des faubourgs ou dans les bouges de notre vie privée, qu’on n’y voie de ma part nul désir de surprendre.
460 ns les bouges de notre vie privée, qu’on n’y voie de ma part nul désir de surprendre. Tout simplement, le diable habite ai
461 e vie privée, qu’on n’y voie de ma part nul désir de surprendre. Tout simplement, le diable habite ailleurs en temps norma
462 rative du camouflage, obéissant au principe fatal de son existence empruntée et parasitaire, il a choisi pour domicile per
463 onfondu Un dernier mot sur la réalité mythique de Satan : Je voudrais corriger par la vertu d’un doute les conclusions
464 ique de Satan : Je voudrais corriger par la vertu d’ un doute les conclusions trop rationnelles encore qu’un lecteur peut t
465 lles encore qu’un lecteur peut tirer, malgré moi, de ces pages. Dès que vous croyez apercevoir le diable, parce qu’il en a
466 qu’il en a fait un peu trop, dès que vous tentez de le démasquer dans le péché, il vous égare en vous faisant dire par le
467 t social insuffisant. Nous ne sommes responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais malades… La psychanalyse, con
468 onsciente — peut être définie comme une tentative de ramener le péché et le Mal à des mécanismes subjectifs, dont le médec
469 e dans les cornues des alchimistes. Nous essayons de dissoudre le diable dans les eaux troubles du subconscient. Ce n’est
470 t encore qu’une variante scientifique du sophisme de l’incognito. Point de diable aux yeux des freudiens, mais seulement u
471 te scientifique du sophisme de l’incognito. Point de diable aux yeux des freudiens, mais seulement une croyance au diable,
472 mais seulement une croyance au diable, résultant de la « projection » d’un sentiment de culpabilité. Guérissez ce sentime
473 royance au diable, résultant de la « projection » d’ un sentiment de culpabilité. Guérissez ce sentiment-là, vous n’aurez p
474 le, résultant de la « projection » d’un sentiment de culpabilité. Guérissez ce sentiment-là, vous n’aurez plus de croyance
475 ité. Guérissez ce sentiment-là, vous n’aurez plus de croyance au diable, ni donc de diable. Le démon ne serait qu’une imag
476 vous n’aurez plus de croyance au diable, ni donc de diable. Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelque chose qui
477 i donc de diable. Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelque chose qui se soigne, se guérit, et s’évanouit au ter
478 me du traitement. On ne demanderait pas mieux que d’ y croire. Mais les psychanalystes et les Christian Scientists eux-même
479 ur l’homme torturé par ses complexes. Or la chute de l’ange Lucifer est justement l’Accident absolu qui survint dans l’his
480 ènes occultes, le grand psychanalyste se contenta de répondre par l’anecdote suivante. Un jour une dame vient le trouver à
481 oiture fermée. Jugeant elle-même qu’il s’agissait d’ une hallucination, elle demandait à Jung de la traiter. Chacun sait ce
482 issait d’une hallucination, elle demandait à Jung de la traiter. Chacun sait ce qu’un oiseau veut dire9. Le cas paraissait
483 ussitôt. Après deux ou trois mois, l’état général de cette dame s’était notablement amélioré. Elle dormait mieux, l’appéti
484 finalement se résolvaient selon toutes les règles de l’art. Mais toujours rien ne se manifestait, qui parût se rapporter d
485 rs rien ne se manifestait, qui parût se rapporter de près ou de loin au mystère des oiseaux agresseurs. Un an s’écoula, sa
486 se manifestait, qui parût se rapporter de près ou de loin au mystère des oiseaux agresseurs. Un an s’écoula, sans progrès.
487 ecin commençait à désespérer, il envisageait même d’ abandonner la cure. (Et vous savez pourtant si rien n’égale la patienc
488 t vous savez pourtant si rien n’égale la patience d’ un psychanalyste !) Enfin, par un beau jour d’été, la malade vint pour
489 nce d’un psychanalyste !) Enfin, par un beau jour d’ été, la malade vint pour une dernière tentative. Il faisait une chaleu
490 ride. Jung possède une villa sur les rives du lac de Zurich. Il proposa que la séance eût lieu dans un petit pavillon au b
491 es oiseaux l’attaquaient ! » 2. Dans son livre De Praestigiis Daemonium publié en 1568, Jean Wier arrive à la conclusio
492 ces et 7 405 926 diables, divisés en 1111 légions de 6666 suppôts chacune, « sauf erreur de calcul », ajoute-t-il. 3. Le
493 11 légions de 6666 suppôts chacune, « sauf erreur de calcul », ajoute-t-il. 3. Le Lucifer qui apparaît pour la première f
494 du symbole. 4. Genèse 3, 1-5. 5. Dans le Livre d’ Énoch, antérieur à la Genèse, il est dit que les mauvais anges qui des
495 aux humains enseignèrent à ceux-ci des artifices de magie et d’artisanat, les propriétés des racines, mais aussi l’art de
496 enseignèrent à ceux-ci des artifices de magie et d’ artisanat, les propriétés des racines, mais aussi l’art de se farder e
497 nat, les propriétés des racines, mais aussi l’art de se farder et l’art des armes. C’était apprendre aux hommes à se faire
498 erts sur les pouvoirs que leur offrait la faculté de créer, c’est-à-dire de choisir librement et d’orienter leur choix ver
499 ue leur offrait la faculté de créer, c’est-à-dire de choisir librement et d’orienter leur choix vers l’obéissance confiant
500 té de créer, c’est-à-dire de choisir librement et d’ orienter leur choix vers l’obéissance confiante — suivant la voie trac
501 ivant la voie tracée par Dieu — ou vers une sorte de défi anxieux — suivant la voie de la divinisation suggérée par l’Aspi
502 vers une sorte de défi anxieux — suivant la voie de la divinisation suggérée par l’Aspic de l’orgueil. 6. Genèse 3, 6.
503 t la voie de la divinisation suggérée par l’Aspic de l’orgueil. 6. Genèse 3, 6. 7. Shakespeare, Twelfth Night II. 2. 8
504 9. Symbole du sexe masculin selon Freud. Symbole de l’esprit dans un grand nombre de mythologies. L’instinct ou l’esprit
505 n Freud. Symbole de l’esprit dans un grand nombre de mythologies. L’instinct ou l’esprit négligés, refoulés, viennent se v
506 ligés, refoulés, viennent se venger par le détour d’ une agression symbolique : dans nos cauchemars par exemple.
3 1942, La Part du diable (1982). Deuxième partie. Hitler ou l’alibi
507 eHitler ou l’alibi 15. Où paraît la nécessité d’ un alibi Il est étrange de constater que depuis la fin du Moyen Âge
508 paraît la nécessité d’un alibi Il est étrange de constater que depuis la fin du Moyen Âge, depuis que Luther lui jeta
509 it peut-être reconnu précisément sous les espèces de l’encre d’imprimerie, lorsqu’il notait qu’on ne peut plus prêcher uti
510 e reconnu précisément sous les espèces de l’encre d’ imprimerie, lorsqu’il notait qu’on ne peut plus prêcher utilement le c
511 sse quotidienne. Toutefois, l’incognito du Prince de ce monde devint difficile à maintenir au cours du premier tiers de no
512 t difficile à maintenir au cours du premier tiers de notre siècle, tandis que des catastrophes trop voyantes ébranlaient l
513 catastrophes trop voyantes ébranlaient les bases de notre optimisme et de notre foi naïve dans l’élimination progressive
514 antes ébranlaient les bases de notre optimisme et de notre foi naïve dans l’élimination progressive du mal par la Science
515 Science et la Prospérité. Sur nos têtes, au ciel de nos villes, de grands oiseaux tournaient avec un bourdonnement sinist
516 Prospérité. Sur nos têtes, au ciel de nos villes, de grands oiseaux tournaient avec un bourdonnement sinistre, et ces oise
517 cutaient à coup de bombes, qui ne prouvaient rien de ce qui était en cause. Ils somnolaient dans des églises presque aussi
518 somnolaient dans des églises presque aussi vides de fidèles que de foi. Ils épargnaient de l’argent pendant une vie pour
519 ns des églises presque aussi vides de fidèles que de foi. Ils épargnaient de l’argent pendant une vie pour le perdre en un
520 ussi vides de fidèles que de foi. Ils épargnaient de l’argent pendant une vie pour le perdre en une heure dans une Bourse
521 r, des bruits sans suite, cacophonie abrutissante de musiques de tous les siècles, interrompue par des discours emphatique
522 s sans suite, cacophonie abrutissante de musiques de tous les siècles, interrompue par des discours emphatiques et harcela
523 on avait renversé par système toutes les échelles de valeurs. Tout le monde était contre la guerre et tout le monde accept
524 était contre la guerre et tout le monde acceptait de la faire sur le slogan de « liberté », tandis que la police et l’État
525 tout le monde acceptait de la faire sur le slogan de « liberté », tandis que la police et l’État chaque jour étendaient le
526 la morale en pleine déroute, et le peuple vivait de cinéma comme il avait vécu de religion. — Si cela continue, se dit le
527 et le peuple vivait de cinéma comme il avait vécu de religion. — Si cela continue, se dit le diable, les hommes s’apercevr
528 plus trompeuse du mal qu’ils chérissent au secret de leur cœur, et qu’il faut leur faire croire qu’ils détestent. 16. L
529 ’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d’ autre. Ce fut son second tour. 17. Hitler est-il l’Antéchrist ?
530 Hitler est-il l’Antéchrist ? Je tiens l’action d’ Hitler pour plus réellement diabolique que ne l’imaginaient ceux qui o
531 serait peut-être un peu trop simple. Il suffirait de le supprimer pour supprimer tout le mal qui est dans ce monde. Et, qu
532 itler est le diable, nous faisons évidemment trop d’ honneur à l’ex-caporal autrichien ; mais surtout nous nous faisons ill
533 nous nous faisons illusion sur la réelle stature de Satan. N’oublions pas que Satan est Légion ! Supprimer un dictateur n
534 maux profonds qui la travaillent. Il me souvient d’ avoir entendu en Suisse, au début de la guerre, le grand théologien Ka
535 l me souvient d’avoir entendu en Suisse, au début de la guerre, le grand théologien Karl Barth répondre à la fameuse quest
536 e le trahit pas : — « Cet homme qu’il est inutile de nommer, et dont la censure d’ailleurs m’a fait oublier le nom, ce n’e
537 est certainement pas l’Antéchrist. Car il n’a pas de pouvoir sur notre salut éternel. Le véritable Antéchrist ne se révéle
538 cusateur impitoyable. Et alors nous n’aurons plus d’ autre intercesseur auprès de Dieu que Christ lui-même. Mais l’homme au
539 re qu’un petit monsieur, un premier avant-coureur de l’Antéchrist. Et la lutte qu’il mène contre les Églises et le monde c
540 ur » et cet avertissement, nous fûmes bien forcés de les prendre au sérieux ! Pour n’être pas le diable en personne, on pe
541 t de même passablement diabolique. Et je vois peu d’ aspects de l’action du Führer qui ne portent en évidence l’insigne sat
542 passablement diabolique. Et je vois peu d’aspects de l’action du Führer qui ne portent en évidence l’insigne satanique.
543 our l’avoir éprouvé en sa présence par une espèce de frisson d’horreur sacrée, qu’il était le siège d’une « domination »,
544 éprouvé en sa présence par une espèce de frisson d’ horreur sacrée, qu’il était le siège d’une « domination », d’un « trôn
545 de frisson d’horreur sacrée, qu’il était le siège d’ une « domination », d’un « trône » ou d’une « puissance », ainsi que s
546 acrée, qu’il était le siège d’une « domination », d’ un « trône » ou d’une « puissance », ainsi que saint Paul désigne les
547 le siège d’une « domination », d’un « trône » ou d’ une « puissance », ainsi que saint Paul désigne les esprits de second
548 sance », ainsi que saint Paul désigne les esprits de second rang, qui peuvent aussi déchoir dans un corps d’homme quelconq
549 ond rang, qui peuvent aussi déchoir dans un corps d’ homme quelconque et l’occuper comme une garnison. Je l’ai entendu pron
550 omme une garnison. Je l’ai entendu prononcer l’un de ses grands discours, et je l’ai vu à la sortie de son culte, debout d
551 t une rue étroite, mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à deux mètres de
552 mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireu
553 la foule. J’étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu très facilement. Mais ce bon tireur
554 dans cent occasions analogues. Voilà le principal de ce que je sais sur Hitler. On peut réfléchir là-dessus. Réfléchir ou
555 e tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les f
556 un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’ hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de re
557 sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Certes, il y a des fo
558 astrophes. Certes, il y a des fous, des accidents de circulation et des erreurs de l’Histoire. Mais le Führer déclarait un
559 fous, des accidents de circulation et des erreurs de l’Histoire. Mais le Führer déclarait un jour : Je ne crains pas les R
560 e un homme qui dit cela. Qu’il soit un instrument de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’e
561 idence comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des hommes, pas m
562 !) son destin ne dépend plus des hommes, pas même de l’homme Adolf Hitler. À plus forte raison, notre jugement sur lui doi
563 ite. Et cela définit un génie, au sens démoniaque de ce terme. D’où lui vient le pouvoir surhumain qu’il développe pendant
564 définit un génie, au sens démoniaque de ce terme. D’ où lui vient le pouvoir surhumain qu’il développe pendant un discours 
565 qu’il développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’elle ne saurait se manifester qu’a
566 e l’individu ne compte plus, n’est que le support d’ une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là serait
567 ychologies. Ce que je dis là serait du romantisme de la plus déplorable espèce si l’œuvre accomplie par cet homme — et j’e
568 , ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque,
569 ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état c
570 ent pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état civil. Il est
571 qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage
572 banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déj
573 état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant
574 e passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant vous ; et après cela, vous p
575 cela, vous pouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’est fait par lui. Qu’il y ait eu dans ces temps aveugles à t
576 elgruber habité par un trône… On a ri. On a cessé de rire. Et ce n’était pourtant qu’un petit envoyé… 19. Le Directeur
577 pourtant qu’un petit envoyé… 19. Le Directeur d’ inconscience L’hitlérisme s’est présenté à nous comme une catastrop
578 oire n’en connut depuis le Déluge. L’issue fatale de l’aventure n’affecte pas sa portée symbolique et son actualité profon
579 puissance dans l’âme humaine depuis la formation de la première société ; et il existera sans aucun doute jusqu’à la fin
580  ; et il existera sans aucun doute jusqu’à la fin de l’histoire de notre race. Hitler n’a fait que lui prêter figure et no
581 era sans aucun doute jusqu’à la fin de l’histoire de notre race. Hitler n’a fait que lui prêter figure et nom, à l’occasio
582 a fait que lui prêter figure et nom, à l’occasion d’ une de ses éruptions les plus violentes. Pour nous, contemporains d’un
583 que lui prêter figure et nom, à l’occasion d’une de ses éruptions les plus violentes. Pour nous, contemporains d’un parox
584 ions les plus violentes. Pour nous, contemporains d’ un paroxysme que nous avons souffert dans notre chair, il nous apparti
585 ons souffert dans notre chair, il nous appartient de laisser une description valable de ce phénomène, pour les générations
586 ous appartient de laisser une description valable de ce phénomène, pour les générations à venir. Je dis qu’avant la guerre
587 es générations à venir. Je dis qu’avant la guerre de 1939, la majorité des hommes savaient qu’Hitler était le nom d’un dés
588 jorité des hommes savaient qu’Hitler était le nom d’ un désastre imminent et mondial. Pourtant on ne l’a pas arrêté. Voilà
589 faut élucider. Replaçons-nous dans la situation de l’Europe à la veille de sa grande catastrophe. La question qui se pos
590 élucider. Replaçons-nous dans la situation de l’ Europe à la veille de sa grande catastrophe. La question qui se posait alors
591 ns-nous dans la situation de l’Europe à la veille de sa grande catastrophe. La question qui se posait alors à l’inquiétude
592 e. La question qui se posait alors à l’inquiétude de quelques rares observateurs était la suivante : « Comment se peut-il
593 , des hommes et des femmes subissent la contagion de ce mal, changent subitement de visage, se raidissent, se ferment à to
594 ssent la contagion de ce mal, changent subitement de visage, se raidissent, se ferment à tout raisonnement, à toute discus
595 amentales sur lesquelles s’édifia la civilisation de l’Occident depuis des millénaires ? » Je me répondais de la manière s
596 cident depuis des millénaires ? » Je me répondais de la manière suivante. Hitler est assez démoniaque pour avoir su réveil
597 our avoir su réveiller nos démons, par une espèce de contagion, ou plutôt d’induction spirituelle. Son œuvre de tentateur
598 os démons, par une espèce de contagion, ou plutôt d’ induction spirituelle. Son œuvre de tentateur a consisté à priver les
599 ion, ou plutôt d’induction spirituelle. Son œuvre de tentateur a consisté à priver les individus du sentiment de leur resp
600 ur a consisté à priver les individus du sentiment de leur responsabilité morale, donc du sens de leur culpabilité. En les
601 iment de leur responsabilité morale, donc du sens de leur culpabilité. En les fondant dans une masse passionnée, il exalte
602 alte dans l’âme des plus déshérités une sensation de puissance invincible. Il leur répète les vieux slogans du diable : « 
603 serez comme des Dieux ! » En combattant le traité de Versailles, « cette Gorgone terrorisant le peuple allemand qui vivait
604 mand qui vivait désarmé et humilié sous le regard de ces milliers d’yeux » (Mein Kampf), il supprime le Juge, il supprime
605 désarmé et humilié sous le regard de ces milliers d’ yeux » (Mein Kampf), il supprime le Juge, il supprime la faute, il les
606 Juge, il supprime la faute, il les rend à l’état d’ innocence première. Enfin, en condamnant tout ce qui est universel ou
607 sion dans Wagner ; il réduit les masses à un état d’ hypnose, d’inconscience somnambulique, dans lequel le moins courageux
608 agner ; il réduit les masses à un état d’hypnose, d’ inconscience somnambulique, dans lequel le moins courageux sera capabl
609 ique, dans lequel le moins courageux sera capable d’ exécuter des actes étonnants d’énergie et de discipline mécanique, jus
610 ageux sera capable d’exécuter des actes étonnants d’ énergie et de discipline mécanique, jusqu’à la mort, terme idéal de to
611 pable d’exécuter des actes étonnants d’énergie et de discipline mécanique, jusqu’à la mort, terme idéal de toute passion.
612 iscipline mécanique, jusqu’à la mort, terme idéal de toute passion. Autrefois les hommes demandaient des directeurs de con
613 . Autrefois les hommes demandaient des directeurs de conscience. Mais la misère des temps et le sentiment d’impuissance qu
614 science. Mais la misère des temps et le sentiment d’ impuissance qu’éprouvent les individus dans notre monde démesuré, font
615 emandent et se donnent aujourd’hui des directeurs d’ inconscience collective. L’extraordinaire, l’effrayant, c’est de voir
616 collective. L’extraordinaire, l’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le « guide », le directeur de l’inconsci
617 quel point le Führer, le « guide », le directeur de l’inconscience allemande, est en même temps conscient de ce qu’il fai
618 conscience allemande, est en même temps conscient de ce qu’il fait, maître de sa technique, lucide et froid comme le serpe
619 en même temps conscient de ce qu’il fait, maître de sa technique, lucide et froid comme le serpent ! Dans Mein Kampf, il
620 Mein Kampf, il donnait dès 1924 des descriptions d’ une surprenante précision du réveil des puissances souterraines qu’il
621 il des puissances souterraines qu’il se proposait d’ opérer. « Tous les grands mouvements de l’Histoire sont des éruptions
622 proposait d’opérer. « Tous les grands mouvements de l’Histoire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensation
623 ents de l’Histoire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle
624 ire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la M
625 pirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seu
626 a cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête de passion brûlant
627 a parole jetée dans les masses. Seule une tempête de passion brûlante peut changer les destinées d’un peuple. » Surtout ne
628 te de passion brûlante peut changer les destinées d’ un peuple. » Surtout ne donnez pas de raisons aux masses, car de tous
629 es destinées d’un peuple. » Surtout ne donnez pas de raisons aux masses, car de tous temps « les forces qui ont produit le
630 Surtout ne donnez pas de raisons aux masses, car de tous temps « les forces qui ont produit les plus grands changements d
631 érie qui les pousse en avant ». Ailleurs il parle de « l’appel aux forces mystérieuses » qui pourra seul réduire les « obs
632 l’au-delà, parce qu’il limite l’empire du Prince de ce monde. Les âmes vont lui échapper s’il subsiste un recours à l’Éte
633 ui domine les pouvoirs terrestres. Il s’agit donc de supprimer l’idée d’au-delà, de transcendance ; d’intégrer Dieu lui-mê
634 rs terrestres. Il s’agit donc de supprimer l’idée d’ au-delà, de transcendance ; d’intégrer Dieu lui-même dans la Nation. C
635 es. Il s’agit donc de supprimer l’idée d’au-delà, de transcendance ; d’intégrer Dieu lui-même dans la Nation. Comprenons b
636 de supprimer l’idée d’au-delà, de transcendance ; d’ intégrer Dieu lui-même dans la Nation. Comprenons bien ce que signifie
637 nifie, dans cette perspective satanique, le terme d’ État totalitaire. Un régime est totalitaire lorsqu’il prétend central
638 rs en une religion politique, ou en une politique d’ allure religieuse. Et cela d’autant mieux que la religion qu’il adopte
639 ou en une politique d’allure religieuse. Et cela d’ autant mieux que la religion qu’il adopte ne connaît point de transcen
640 eux que la religion qu’il adopte ne connaît point de transcendance, et que ses buts purement terrestres non seulement ne d
641 non seulement ne divergent plus des buts normaux de la politique, mais se confondent avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de
642 s se confondent avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut
643 vec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à
644 tique religieuse totalitaire, a créé le type même d’ une communauté régressive, fondée sur le passé : le sang, la race, la
645 on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que « les ch
646 es choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laq
647 quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des c
648 des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies d’ imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours l
649 propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’ hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous souten
650 tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représ
651 s le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’ origine ? 20. Midas prolétarien Le Prince de ce monde peut tout
652 d’origine ? 20. Midas prolétarien Le Prince de ce monde peut tout avoir du monde sauf son âme, qui en fait le sens e
653 ait le sens et le prix. De même Hitler, battant l’ Europe entière, n’a jamais pu jouir de sa victoire. Gagnant tout, il n’a rie
654 er, battant l’Europe entière, n’a jamais pu jouir de sa victoire. Gagnant tout, il n’a rien gagné. Car les religions de la
655 agnant tout, il n’a rien gagné. Car les religions de la terre sont religions de la mort. Vieille vérité théologique, que l
656 gné. Car les religions de la terre sont religions de la mort. Vieille vérité théologique, que les malheurs du temps illust
657 n faire de plus. » Beaucoup ont découvert le sens de cette parole quand le Führer est entré dans Paris. Pour ma part, j’éc
658 rivis ce jour-là une page qui trouve ici son sens de parabole. À cette heure où Paris exsangue voile sa face d’un nuage,
659 . À cette heure où Paris exsangue voile sa face d’ un nuage, et se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sent
660 sait : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’ être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éte
661 Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen . La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert des
662 devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues
663 ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde
664 nde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’ aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’irre
665 d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer mais
666 es. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’ irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer mais qu’on ne peut con
667 é à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer mais qu’on ne peut conquérir par la for
668 les servants des Panzerdivisionen. Quelque chose d’ indéfinissable et que nous appelions Paris. C’est ici l’impuissance tr
669 appelions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : tout ce qu’il veut saisir se change à son
670 u’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. « N’impor
671 , en pierraille lépreuse. « N’importe quel badaud d’ un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’un coucha
672 aille lépreuse. « N’importe quel badaud d’un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’un couchant sur Sai
673 e juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’ un couchant sur Saint-Germain-des-Prés, le grisant glissement de la fo
674 sur Saint-Germain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de m
675 rmain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sa
676 isant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage
677 foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plu
678 rc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et pl
679 aux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et plus fière qu
680 e grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et plus fière qu’aucune autre portait les t
681 s pas un conquérant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette Ville était peut-être nécessaire pour faire com
682 ant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette Ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde
683 bles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois
684 s avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils
685 e. Jusqu’au jour bien plus terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’arrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun tri
686 ar ils ne savent ce qu’ils font. 21. Le Fléau de Dieu S’ils ne savent pas ce qu’ils font, pitié pour eux, sans dout
687 nt pas. Et le national-socialisme nous enseignait de le mépriser. Ce n’est pas l’aspect le moins diabolique de l’œuvre du
688 priser. Ce n’est pas l’aspect le moins diabolique de l’œuvre du Führer, que le caractère de châtiment sans pitié des faibl
689 diabolique de l’œuvre du Führer, que le caractère de châtiment sans pitié des faiblesses du monde moderne, qu’a revêtu la
690 violence hitlérienne. La tactique et la stratégie d’ Hitler furent en sommes très simples. Il est apparu dans le monde comm
691 e qui entrerait dans une maison et qui essaierait d’ ébranler tous les meubles. Si le meuble résiste, on n’insiste pas. Si
692 rdon. Il a été le châtiment automatique, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau de Dieu. Mais cette absence de pitié,
693 ique, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau de Dieu. Mais cette absence de pitié, justement, nous rappelle l’un des
694 lisation, — son Fléau de Dieu. Mais cette absence de pitié, justement, nous rappelle l’un des noms du diable que nous citi
695 en les justifications qu’il en donna, et l’espèce de douceur médiumnique dont il la revêtit aux yeux de son peuple. De l’a
696 mnique dont il la revêtit aux yeux de son peuple. De l’aventure connue sous le nom d’hitlérisme, dégageons maintenant des
697 x de son peuple. De l’aventure connue sous le nom d’ hitlérisme, dégageons maintenant des conclusions valables pour bien d’
698 s conclusions valables pour bien d’autres époques de l’histoire. Ce n’est pas d’envahir un petit pays qui est diabolique,
699 bien d’autres époques de l’histoire. Ce n’est pas d’ envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’est fait de tous les
700 un petit pays qui est diabolique, cela s’est fait de tous les temps, c’était si l’on peut dire, égoïsme normal, soif de ri
701 , c’était si l’on peut dire, égoïsme normal, soif de richesses, vulgaire impérialisme ; ce qui est diabolique, c’est d’app
702 gaire impérialisme ; ce qui est diabolique, c’est d’ appeler cela « consolider la paix » ou « fonder le nouvel ordre ». Ce
703 aix » ou « fonder le nouvel ordre ». Ce n’est pas d’ annexer la Tchécoslovaquie qui est diabolique, mais c’est de le faire
704 la Tchécoslovaquie qui est diabolique, mais c’est de le faire au lendemain d’un discours où l’on invoque « le droit des pe
705 t diabolique, mais c’est de le faire au lendemain d’ un discours où l’on invoque « le droit des peuples à disposer d’eux-mê
706 où l’on invoque « le droit des peuples à disposer d’ eux-mêmes ». Ce n’est pas de transformer le territoire du voisin en ch
707 es peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ce n’est pas de transformer le territoire du voisin en champ de carnage et de bombard
708 s de transformer le territoire du voisin en champ de carnage et de bombardement, mais c’est d’appeler ce champ de mort « e
709 er le territoire du voisin en champ de carnage et de bombardement, mais c’est d’appeler ce champ de mort « espace vital ».
710 n champ de carnage et de bombardement, mais c’est d’ appeler ce champ de mort « espace vital ». Ce n’est pas de violer les
711 et de bombardement, mais c’est d’appeler ce champ de mort « espace vital ». Ce n’est pas de violer les traités, mais c’est
712 r ce champ de mort « espace vital ». Ce n’est pas de violer les traités, mais c’est de vouloir s’innocenter en proclamant
713 ». Ce n’est pas de violer les traités, mais c’est de vouloir s’innocenter en proclamant en tête d’un nouveau Code : « Le D
714 est de vouloir s’innocenter en proclamant en tête d’ un nouveau Code : « Le Droit est ce qui sert le peuple allemand. » Ce
715 st ce qui sert le peuple allemand. » Ce n’est pas d’ attaquer les Églises, mais c’est de le faire en nationalisant la Provi
716 » Ce n’est pas d’attaquer les Églises, mais c’est de le faire en nationalisant la Providence, et en son nom. Ce qui est pr
717 om. Ce qui est proprement diabolique, c’est moins de faire le mal que de le baptiser bien, quand on le fait. C’est de vide
718 ement diabolique, c’est moins de faire le mal que de le baptiser bien, quand on le fait. C’est de vider tous les mots de l
719 que de le baptiser bien, quand on le fait. C’est de vider tous les mots de leur sens, de les retourner et de les lire à r
720 n, quand on le fait. C’est de vider tous les mots de leur sens, de les retourner et de les lire à rebours, selon la coutum
721 fait. C’est de vider tous les mots de leur sens, de les retourner et de les lire à rebours, selon la coutume des messes n
722 r tous les mots de leur sens, de les retourner et de les lire à rebours, selon la coutume des messes noires. C’est d’inver
723 ebours, selon la coutume des messes noires. C’est d’ invertir et de ruiner par l’intérieur les critères mêmes de la vérité.
724 la coutume des messes noires. C’est d’invertir et de ruiner par l’intérieur les critères mêmes de la vérité. Et c’est enfi
725 r et de ruiner par l’intérieur les critères mêmes de la vérité. Et c’est enfin d’aller loger le mensonge, de préférence, d
726 r les critères mêmes de la vérité. Et c’est enfin d’ aller loger le mensonge, de préférence, dans une parole de vérité !
727 vérité. Et c’est enfin d’aller loger le mensonge, de préférence, dans une parole de vérité ! 23. Après Hitler10 Hit
728 loger le mensonge, de préférence, dans une parole de vérité ! 23. Après Hitler10 Hitler s’est tu. L’aventure a pris
729 a catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions
730 que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit ! » Il n’était grand, comme Satan lui-
731 t ! » Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. En Hitler, le diable avait trouv
732 t grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. En Hitler, le diable avait trouvé l’alibi le pl
733 plan stratégique du Malin ? Comment va-t-il tirer de sa défaite les avantages qu’il ne pouvait attendre d’une victoire par
734 a défaite les avantages qu’il ne pouvait attendre d’ une victoire par délégation ? Voyez-le, qui se frotte les mains. La pa
735 roulement fatal du siècle — et le miracle continu de la charité sera seul cause d’une création de liberté qui le démente.
736 le miracle continu de la charité sera seul cause d’ une création de liberté qui le démente. Après Hitler, après la guerre
737 tinu de la charité sera seul cause d’une création de liberté qui le démente. Après Hitler, après la guerre et la victoire,
738 tler, après la guerre et la victoire, les peuples de la terre vont s’éveiller dans un lendemain d’ivresse, une gueule de b
739 les de la terre vont s’éveiller dans un lendemain d’ ivresse, une gueule de bois mondiale. — Que se passe-t-il ? J’ai trop
740 ’éveiller dans un lendemain d’ivresse, une gueule de bois mondiale. — Que se passe-t-il ? J’ai trop bu cette nuit. Coups e
741 ’attend comme une chemise douteuse sur le dossier de ma chaise. Tout me dégoûte. Pour guérir cette nausée, il n’y aurait r
742 ûte. Pour guérir cette nausée, il n’y aurait rien de tel qu’un reste de bouteille… Combien de peuples voudront boire encor
743 tte nausée, il n’y aurait rien de tel qu’un reste de bouteille… Combien de peuples voudront boire encore ? Encore un petit
744 ait rien de tel qu’un reste de bouteille… Combien de peuples voudront boire encore ? Encore un petit coup de dictature, ju
745 ples voudront boire encore ? Encore un petit coup de dictature, juste assez pour se remettre sur pied… Viendront alors le
746 éticiens. Ils prescriront divers régimes : régime d’ autorité pour nations convalescentes relevant d’une intoxication total
747 e d’autorité pour nations convalescentes relevant d’ une intoxication totalitaire ; régime de la bouteille de lait distribu
748 relevant d’une intoxication totalitaire ; régime de la bouteille de lait distribuée par l’État pour peuples relevant de l
749 intoxication totalitaire ; régime de la bouteille de lait distribuée par l’État pour peuples relevant de la famine ; régim
750 lait distribuée par l’État pour peuples relevant de la famine ; régime clérical modéré pour démocraties non communistes ;
751 modéré pour démocraties non communistes ; un peu d’ American way of life pour les pays latins, un peu de diplomatie vatica
752 au scepticisme général, combinés avec une espèce de soulagement physiologique. Mais dans les peuples régnera l’Ennui. Vie
753 on défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen de cette religion synthétique (comme le caoutchouc) que fut le national-
754 lisme. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de la religion en général comme phénomène humain, cause et produit de to
755 général comme phénomène humain, cause et produit de toute communauté vivante. Je parle d’un instinct aussi fondamental et
756 et produit de toute communauté vivante. Je parle d’ un instinct aussi fondamental et naturel que la sexualité. Il est inco
757 des Occidentaux. Car non content de combattre et d’ évacuer les coutumes religieuses périmées (c’était son droit et son de
758 ez une sécheresse générale, nécessairement suivie d’ une rupture de digues et de l’irruption catastrophique des forces somb
759 sse générale, nécessairement suivie d’une rupture de digues et de l’irruption catastrophique des forces sombres dans la ci
760 nécessairement suivie d’une rupture de digues et de l’irruption catastrophique des forces sombres dans la cité. La raison
761 enchaîner. Si elle détruit tous les moyens connus de les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveau
762 s apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveaux, elle fait lever des monstres autour de nous. Imagino
763 s avions en masse et par ce moyen-là venir à bout d’ Hitler ; mais il ne pourra prévenir la multiplication prochaine d’autr
764 ir la multiplication prochaine d’autres symptômes de la même névrose. Tout porte à croire que nous allons entrer dans une
765 orte à croire que nous allons entrer dans une ère de religions aberrantes. Ou comme le dit une grande légende indienne, da
766 me le dit une grande légende indienne, dans l’ère de l’Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies
767 s sains des réalistes et des experts seront vidés d’ un coup par ces lames de fond. Certains intellectuels incrimineront al
768 des experts seront vidés d’un coup par ces lames de fond. Certains intellectuels incrimineront alors l’instinct religieux
769 t nous lirons encore des jérémiades sur le déclin de l’esprit critique et l’abandon des grands principes. « C’est inconcev
770 ciel. Mais c’est très simple. Un homme qui meurt de faim mange n’importe quoi pour tromper sa faim, faute de mieux. La ra
771 e de mieux. La raison n’ose pas dire qu’il a tort d’ avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? de tro
772 ’il a tort d’avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’ avoir soif de religion ? de tromper cet instinct rendu furieux par des
773 avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? de tromper cet instinct rendu furieux par des siècles de p
774 ra-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? de tromper cet instinct rendu furieux par des siècles de privations ? El
775 romper cet instinct rendu furieux par des siècles de privations ? Elle dénoncera vainement des délires collectifs dont ell
776 la première responsable, aussi vrai que le régime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Am
777 ime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Amérique. ⁂ Viendront les remous de la dictature
778 cool frelaté, en Amérique. ⁂ Viendront les remous de la dictature. Viendront les grands diététiciens. Viendront les Nouvea
779 être vient-elle pour des siècles. (Il y aura trop d’ avions du même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il l’absence d
780 .) Mais comment l’homme compensera-t-il l’absence de guerre ? Voici la tragédie nouvelle : nous avons tout prévu contre un
781 ble pour demain. Hitler battu, nous n’aurons plus d’ Ennemi 12. Une dimension de la vie nous fera défaut. Imaginons les con
782 tu, nous n’aurons plus d’Ennemi 12. Une dimension de la vie nous fera défaut. Imaginons les conséquences de cette déceptio
783 vie nous fera défaut. Imaginons les conséquences de cette déception planétaire. Le seul type d’héroïsme que l’Occident ai
784 ences de cette déception planétaire. Le seul type d’ héroïsme que l’Occident ait pu concevoir (depuis qu’il n’allume plus d
785 dent ait pu concevoir (depuis qu’il n’allume plus de bûchers pour les chrétiens, et que ceux-ci tolèrent les hérétiques) c
786 alles pour la Patrie ou le Parti. S’il n’y a plus de guerres, qui fera des héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? P
787 ur la paix, car jamais elle ne fut plus dépourvue de respect pour les vertus que l’esprit seul sait porter jusqu’au paroxy
788 qu’au paroxysme. Et comment vivre s’il n’y a plus de paroxysmes ? La guerre était pour nous la grande permission, le grand
789 r nous la grande permission, le grand ajournement de nos problèmes, la justification par l’opinion publique de l’irrespons
790 roblèmes, la justification par l’opinion publique de l’irresponsabilité universelle. Nous l’aimions sans le savoir, pour u
791 mé sur la terre entière et dans tous les domaines de l’existence publique. Elle figurait pour nous l’équivalent de la Fête
792 ce publique. Elle figurait pour nous l’équivalent de la Fête chez les peuples anciens, elle en avait les attributs le plus
793 des lois morales (tu tueras, tu voleras, tu diras de faux témoignages, avec honneur) ; suspension du droit ; dépenses sans
794 humains ; déguisements ; cortèges ; déchaînement de passions collectives ; disqualification temporaire des conflits indiv
795 ion temporaire des conflits individuels. Je parle d’ un état d’exception comme on dirait état de siège ou état de grâce. Te
796 les primitifs, la guerre était le « grand Temps » de l’humanité moderne, la seule excuse que notre esprit pût accepter pou
797 notre esprit pût accepter pour suspendre le cours d’ une existence de plus en plus conforme aux prévisions des grandes comp
798 us conforme aux prévisions des grandes compagnies d’ assurances. Quelle fête immense faudra-t-il à ce siècle pour lui faire
799 -t-il à ce siècle pour lui faire oublier son goût de la guerre ? Quels drames nouveaux pour remplacer, sur la scène vide,
800 , sur la scène vide, l’Ennemi déchu ? Les maîtres de la politique mondiale ont sans doute un plan dans la tête : ils presc
801 friront progressivement des programmes rationnels d’ abondance, dans l’idée générale d’endormir les peuples, les classes ou
802 mmes rationnels d’abondance, dans l’idée générale d’ endormir les peuples, les classes ou les individus qui seraient tentés
803 les classes ou les individus qui seraient tentés de causer quelque turbulence. C’est calculer sans l’homme, sans son huma
804 oire. Le diable, admettons-le, n’est pas si court de vue. Il n’oublie pas que l’homme a toujours su produire les ingrédien
805 sables à sa torture, à sa grandeur, à son orgueil de créature faite à l’image de Dieu et qui veut s’emparer du Ciel. Le di
806 andeur, à son orgueil de créature faite à l’image de Dieu et qui veut s’emparer du Ciel. Le diable a tiré bon parti des ég
807 ble a tiré bon parti des égarements rationalistes de l’Occident, maître du monde depuis des siècles. Il n’a rien perdu à c
808 puis des siècles. Il n’a rien perdu à cette crise de compensation délirante que fut la première guerre totale et planétair
809 ra la paix du xxe siècle. Un des dilemmes fameux de notre temps fut posé aux Allemands par Goering : c’était du beurre ou
810 hoisirent les canons, plus excitants. Les maîtres de la paix paraissent bien décidés à nous offrir du beurre à satiété. Ma
811 parce que nous sommes créateurs. Quand les usines de canons et d’avions auront fermé leurs portes ou feront des frigidaire
812 s sommes créateurs. Quand les usines de canons et d’ avions auront fermé leurs portes ou feront des frigidaires, nous entre
813 feront des frigidaires, nous entrerons dans l’ère de la Gnose moderne. Cette réaction religieuse, déterminée par une diale
814 terminée par une dialectique irrésistible, menace d’ être aussi meurtrière, en fin de compte, que la névrose créée par le r
815 aisirs, ou les prétextes du plaisir.) Elle risque de nous priver des secours de la raison, comme celle-ci nous avait privé
816 plaisir.) Elle risque de nous priver des secours de la raison, comme celle-ci nous avait privés des secours de la religio
817 son, comme celle-ci nous avait privés des secours de la religion. Après avoir eu mal à droite, nous aurons mal à gauche — 
818 , nous aurons mal à gauche — c’est la dialectique de l’Histoire — faute de concevoir un équilibre. Le diable prétendra nou
819 us faire choisir follement entre les deux moitiés de la réalité, entre la tête et les entrailles, entre conscience et inco
820 rs que la sagesse voudrait une conscience avertie de notre nature, réglant le jeu, oui, mais en tenant compte de tous les
821 ature, réglant le jeu, oui, mais en tenant compte de tous les éléments en jeu. Le diable nous dira : il faut choisir. Nous
822 ne que Satan va nous offrir un choix considérable d’ Antéchrists. Tout, et n’importe quoi, sauf l’Évangile et la sobriété d
823 et n’importe quoi, sauf l’Évangile et la sobriété de la Croix. Et si le diable échoue dans certains peuples, dans certains
824 n’adore que son propre reflet. » Ce sera le temps de regretter les dictatures qui tuent les corps mais qui ne peuvent rien
825 e cours des choses. Mais l’un des grands plaisirs de l’homme est de prévoir. Il s’imagine, et je ne sais s’il a tort, que
826 ses. Mais l’un des grands plaisirs de l’homme est de prévoir. Il s’imagine, et je ne sais s’il a tort, que la lucidité peu
827 a tort, que la lucidité peut garantir l’intégrité de sa personne, et sinon son bonheur, du moins, le sens pur de sa vocati
828 onne, et sinon son bonheur, du moins, le sens pur de sa vocation. 10. Écrit en 1942. 11. Les méfaits de la psychologie
829 vocation. 10. Écrit en 1942. 11. Les méfaits de la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale sexuelle e
830 riage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’ apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique,
831 ve, la création artistique, l’importance relative de l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. 12. Si Stal
4 1942, La Part du diable (1982). Troisième partie. Le diable démocrate
832 s classiques du démon : l’esprit tombé, le prince de l’ici-bas, le tentateur, l’accusateur et le menteur. Il reste à dépis
833 d que toutes ses misères venaient de l’extérieur, de l’étranger, du traité de Versailles, ou des Juifs, ou des Soviets, ou
834 venaient de l’extérieur, de l’étranger, du traité de Versailles, ou des Juifs, ou des Soviets, ou des Ploutocrates anglo-s
835 e procédé que l’on reconnaît le mieux la tactique de Satan chez tous ses délégués. Mais ici, prenons garde ! Ce livre est
836 ués. Mais ici, prenons garde ! Ce livre est plein de pièges. Si l’on vient d’accepter les phrases qui précèdent, c’est peu
837 rde ! Ce livre est plein de pièges. Si l’on vient d’ accepter les phrases qui précèdent, c’est peut-être assez grave pour n
838 ions, délaissant nos ennemis abattus, vont porter de plein fouet contre nous-mêmes. Beaucoup de démocrates ont cru très si
839 sincèrement qu’Hitler incarnait seul tout le mal de notre temps, et qu’il était un monstre avec lequel nous n’avions vrai
840 n monstre avec lequel nous n’avions vraiment rien de commun. « Voyez, je ne suis qu’Hitler ! », disait Satan. Nous n’avons
841 détesté. Nous lui avons opposé avec plus ou moins de détermination nos vieilles vertus démocratiques. Nous n’avons plus su
842 est la grande porte par laquelle il entre en nous de préférence, en se faisant annoncer sous un faux nom. 25. Notre pri
843 tre primitivisme Chacun sait que les primitifs de la Mélanésie, victimes des plus célèbres études sociologiques du sièc
844 èbres études sociologiques du siècle, ont coutume de personnifier les forces mauvaises qui les menacent, les causes des cr
845 s menacent, les causes des crimes, des accidents, de la stérilité ou de la mort. Que ce soit un sorcier, un profanateur du
846 ses des crimes, des accidents, de la stérilité ou de la mort. Que ce soit un sorcier, un profanateur du sacré, un animal,
847 rofanateur du sacré, un animal, un nuage, un bout de bois colorié, toujours la cause du mal dont souffrent ces sauvages es
848 mal dont souffrent ces sauvages est indépendante d’ eux-mêmes, et doit donc être combattue et anéantie hors d’eux-mêmes. À
849 mes, et doit donc être combattue et anéantie hors d’ eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme s’est efforcé depuis des sièc
850 le christianisme s’est efforcé depuis des siècles de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal
851 s siècles de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de le
852 us, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette éducation
853 ans notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’en face, toujours, ou la force des choses. Si nou
854 e. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’ en face, toujours, ou la force des choses. Si nous sommes révolutionna
855 ires, nous croyons qu’en changeant la disposition de certains objets — en déplaçant les richesses par exemple — nous suppr
856 mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous sommes de braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’en rôtissa
857 sommes encore en pleine mentalité magique. Comme de petits enfants en colère, nous battons la table à laquelle nous nous
858 eurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Hellespont, à grands coups de discours sur les ondes courtes. Nous
859 agellons les eaux de l’Hellespont, à grands coups de discours sur les ondes courtes. Nous oublions ce fait fondamental : c
860 nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Car tout homme porte dans son corps (et dans son âme) les micro
861 rte dans son corps (et dans son âme) les microbes de toutes les maladies connues, et de bien d’autres. Anéantir les signes
862 ) les microbes de toutes les maladies connues, et de bien d’autres. Anéantir les signes extérieurs de la menace ne serait
863 de bien d’autres. Anéantir les signes extérieurs de la menace ne serait nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces si
864 ient fort bien se développer un jour, à la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre temporaire. Co
865 e développer un jour, à la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre temporaire. Confessons donc la
866 ur, à la faveur de la misère ou de la fatigue, ou de quelque déséquilibre temporaire. Confessons donc la vérité compromett
867 devant nous, mais en nous. Il était en nous avant d’ être contre nous. C’est en nous-mêmes d’abord qu’il s’est dressé contr
868 férir si nous n’admettons pas qu’il est une part de nous, la part du diable dans nos cœurs. L’adversaire est toujours en
869 ble, s’il existait, serait cet homme qui n’aurait d’ autre ennemi à craindre que celui qu’il loge en lui-même. 26. « Nou
870 sommes tous, nos ennemis y compris, des « hommes de bonne volonté »13. Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et d
871 par nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slogan démocratique : Tous les hommes se valent !
872 tention des remarques précédentes n’est nullement de justifier « les autres », que l’on avait d’abord accusés de tout le m
873 er « les autres », que l’on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous dans le même sac, sans distinct
874 ue l’on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous dans le même sac, sans distinctions, comme semblait
875 ons, comme semblait le faire en 1939 un manifeste de l’Oxford Group, largement répandu en Europe, et qui s’intitulait non
876 manifeste de l’Oxford Group, largement répandu en Europe , et qui s’intitulait non sans une curieuse présomption : « Nous somme
877 le du démon dans nos passions ; dans notre besoin de sensations ; dans notre crainte des responsabilités ; dans notre iner
878 e ; dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes et de ses slogans ; dans notre ignorance du prochain ; dans
879 âcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes et de ses slogans ; dans notre ignorance du prochain ; dans notre refus enf
880 re ignorance du prochain ; dans notre refus enfin de tout Absolu qui transcende et qui juge nos intérêts « vitaux » (comme
881 ls le sont toujours…). Il est juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’est pas seulement hitlérien, que l’hitlérism
882 dirai pas que je vais laisser courir le criminel d’ en face, pour mieux me livrer d’abord à ma réforme intérieure ! Je dir
883 me réformer et la lutte pour empêcher le criminel de poursuivre ses méfaits, sont une seule et même lutte. Que servirait d
884 aits, sont une seule et même lutte. Que servirait de gagner cette lutte en moi seulement, puisque le criminel risquerait d
885 en moi seulement, puisque le criminel risquerait de me supprimer ? Que servirait de la gagner hors de moi seulement, puis
886 iminel risquerait de me supprimer ? Que servirait de la gagner hors de moi seulement, puisque je risquerais de devenir à m
887 gner hors de moi seulement, puisque je risquerais de devenir à mon tour un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi e
888 disent-ils, donc nous n’avons pas le droit moral de nous battre contre Hitler. » — Nous sommes tous coupables, certes, ma
889 e des pompiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de nous des saints. Cela n’implique même pas que nous soyons meilleurs q
890 us précisément diaboliques chez Hitler — sa façon de localiser tout le mal à l’étranger, pour s’innocenter — nous sommes t
891 bés dans la même erreur que lui : nous avons fait d’ Hitler une image du démon tout extérieure à notre réalité. Et pendant
892 rogrès automatique. Devant les résultats présents de cette croyance quasi universelle dans les masses et l’élite, l’on est
893 e fataliste et réconfortante que tout s’arrangera de soi-même, dans l’ensemble et à la longue, alors le Progrès devient le
894 soporifiques, une véritable drogue du démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de l’homme. Par
895 nouveaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les autres, évidemment… Mais c’est touj
896 tres, évidemment… Mais c’est toujours une manière de croire aussi à sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal que
897 anière de croire aussi à sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal que l’on porte en soi. Et donc de ne pas se sou
898 veugler sur le mal que l’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de la présence active du démon. Et donc enfin de lu
899 e l’on porte en soi. Et donc de ne pas se soucier de la présence active du démon. Et donc enfin de lui laisser le champ li
900 ier de la présence active du démon. Et donc enfin de lui laisser le champ libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal
901 l était relatif à l’ordre social, qu’il provenait d’ une mauvaise répartition des biens, d’une éducation mal comprise, de l
902 l provenait d’une mauvaise répartition des biens, d’ une éducation mal comprise, de lois inadéquates, ou de refoulements et
903 artition des biens, d’une éducation mal comprise, de lois inadéquates, ou de refoulements et d’injustices qui pouvaient êt
904 e éducation mal comprise, de lois inadéquates, ou de refoulements et d’injustices qui pouvaient être éliminés par des mesu
905 prise, de lois inadéquates, ou de refoulements et d’ injustices qui pouvaient être éliminés par des mesures adroites. Toute
906 rtie superstitieuses, ont eu pour principal effet de nous aveugler sur la nature de l’homme, c’est-à-dire sur la nature es
907 ur principal effet de nous aveugler sur la nature de l’homme, c’est-à-dire sur la nature essentielle du mal enraciné dans
908 nos données premières, et dans la définition même de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons été optimistes par princ
909 savoir-vivre, dirait-on, malgré tous les démentis de la réalité. Cet optimisme n’était pas la confiance naïve de l’enfant,
910 ité. Cet optimisme n’était pas la confiance naïve de l’enfant, mais une espèce de mensonge. Exactement : une fuite devant
911 s la confiance naïve de l’enfant, mais une espèce de mensonge. Exactement : une fuite devant le réel. Car dans le réel nou
912 s scandalise et nous effraie. Alors nous essayons de conjurer le mal en le niant : c’est encore la mentalité magique. Nous
913 Nous croyons qu’en avouant le mal, nous le créons d’ une certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nous refoulons,
914 ce mensonge inconscients, nous rendent incapables de comprendre ce qui se passe dans le monde, et nous livrent aux ruses l
915 ses les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de notre existence bourgeoise le sens du tragique, pour nous tourner exc
916 ’il représenta. Autant que la compensation fatale de nos défauts, Hitler a été le négatif exact de nos idéaux optimistes,
917 ale de nos défauts, Hitler a été le négatif exact de nos idéaux optimistes, dans la mesure où ils étaient irréalistes, uto
918 ir médiocre, dilué et trop étendu (comme on étend d’ eau une solution concentrée) de divinisation prométhéenne. Nos vertus
919 du (comme on étend d’eau une solution concentrée) de divinisation prométhéenne. Nos vertus comme nos vices n’avaient plus
920 . Nos vertus comme nos vices n’avaient plus l’air de rien, et leur insignifiance était leur diabolisme. Il est trop clair
921 émocraties, en tant que telles, n’ont pas produit d’ exemples d’héroïsme et de vertu14 comparables en grandeur aux atrocité
922 en tant que telles, n’ont pas produit d’exemples d’ héroïsme et de vertu14 comparables en grandeur aux atrocités rigoureus
923 elles, n’ont pas produit d’exemples d’héroïsme et de vertu14 comparables en grandeur aux atrocités rigoureuses produites p
924 s par l’hitlérisme au nom d’Hitler. Ce qui a paru de grand, dans notre camp, n’a pas été le fait de la démocratie bourgeoi
925 ru de grand, dans notre camp, n’a pas été le fait de la démocratie bourgeoise, mais de chrétiens comme Niemöller, ou de ré
926 pas été le fait de la démocratie bourgeoise, mais de chrétiens comme Niemöller, ou de révolutionnaires mystiques. Après to
927 bourgeoise, mais de chrétiens comme Niemöller, ou de révolutionnaires mystiques. Après tout, dira-t-on, c’est normal, car
928 ime qui permet aux croyants comme aux incroyants, de se manifester sans être massacrés15. Oui, mais encore faut-il qu’il y
929 qu’il y ait des croyants ! Or nous étions devenus d’ incurables sceptiques. De même que nous disions, en présence d’un mira
930 la nous gênait. Nous l’écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce « trop affreux » eût été vraiment vrai, il eût
931 ffreux » eût été vraiment vrai, il eût fallu agir d’ urgence et sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réser
932 mal avait des racines dans nos vies aussi, et que d’ une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. Le diabl
933 plus que des armées. Elle oppose des conceptions de la vie. C’est une espèce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue
934 ppose des conceptions de la vie. C’est une espèce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si nous perdons d’abord le s
935 Elle sera perdue si nous perdons d’abord le sens de la réalité morale. Et certaines simplifications le perdent à coup sûr
936 ions le perdent à coup sûr. Je parle ici comme un Européen qui a vu de près des phénomènes bizarres de désintégration démocratiq
937 coup sûr. Je parle ici comme un Européen qui a vu de près des phénomènes bizarres de désintégration démocratique et de con
938 Européen qui a vu de près des phénomènes bizarres de désintégration démocratique et de conversion au fascisme. La France é
939 omènes bizarres de désintégration démocratique et de conversion au fascisme. La France était démocratique dans son ensembl
940 atique dans son ensemble en 1939 ; presque chacun de ses citoyens se disait sincèrement antinazi, et se croyait parfaiteme
941 ent antinazi, et se croyait parfaitement à l’abri de ce genre de tentation. Il avait sa bonne conscience de démocrate. Hit
942 , et se croyait parfaitement à l’abri de ce genre de tentation. Il avait sa bonne conscience de démocrate. Hitler est venu
943 genre de tentation. Il avait sa bonne conscience de démocrate. Hitler est venu, Pétain a capitulé, et aussitôt, certains
944 ertains ci-devant « intellectuels antifascistes » de Paris ont découvert qu’au fond, le nazisme n’était pas si mal que cel
945 lle aussi a cru que les nazis étaient des animaux d’ une tout autre race que les Américains. Elle aussi risque de découvrir
946 autre race que les Américains. Elle aussi risque de découvrir un jour qu’« après tout, ils sont des hommes comme nous ».
947 des leçons claires qui se dégagent des événements européens me paraît être celle-ci : la haine purement sentimentale du mal qui e
948 itain tenté et qui se fait une caricature du vice d’ autrui pour éviter de le reconnaître en lui-même. Je soupçonne une pro
949 fait une caricature du vice d’autrui pour éviter de le reconnaître en lui-même. Je soupçonne une profonde ambivalence dan
950 ivalence dans certaines dénonciations passionnées de l’hitlérisme : la violence du ton et le simplisme obstiné de certains
951 isme : la violence du ton et le simplisme obstiné de certains jugements trahissent une vague mauvaise conscience, une anxi
952 e pour leur propre cas ! —, je ne puis m’empêcher de penser qu’un jour ou l’autre, le pro qui sommeille dans un coin de le
953 our ou l’autre, le pro qui sommeille dans un coin de leur cœur se réveillera brusquement et les renversera. Nous avons vu
954 brusquement et les renversera. Nous avons vu trop de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la populati
955 ment et les renversera. Nous avons vu trop de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la population de l
956 iduels ou collectifs. Nous avons vu la population de la Sarre se jeter dans les bras du Reich en 1935. Nous avons vu la Vi
957 ienne sozialdemokrat se transformer dans l’espace de vingt-quatre heures en une Vienne délirante de passion hitlérienne. N
958 ce de vingt-quatre heures en une Vienne délirante de passion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de nos amis « occupés
959 e passion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de nos amis « occupés » découvrir subitement les « bons côtés » du systè
960 — Regardez le diable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à Hitler ou à ses émules, car c’es
961 r le fait. Et alors seulement, vous serez en état de le dépister chez autrui, et de l’y combattre avec succès. Car alors s
962 vous serez en état de le dépister chez autrui, et de l’y combattre avec succès. Car alors seulement, vous serez guéris de
963 ec succès. Car alors seulement, vous serez guéris de votre naïveté invraisemblable devant le danger totalitaire. Vous pour
964 Vous pourrez échapper à l’hypnose. Nous manquions d’ une représentation moderne du démon. Nous avions donc cessé d’y croire
965 entation moderne du démon. Nous avions donc cessé d’ y croire. Puis nous avons imaginé que le diable était Hitler. Et le di
966 ant, plus amusant aussi, et finalement plus vrai, d’ essayer de nous représenter le diable sous les traits d’un playboy dyn
967 amusant aussi, et finalement plus vrai, d’essayer de nous représenter le diable sous les traits d’un playboy dynamique et
968 yer de nous représenter le diable sous les traits d’ un playboy dynamique et optimiste vierge de toute pensée. Ou, si nous
969 traits d’un playboy dynamique et optimiste vierge de toute pensée. Ou, si nous sommes par hasard des intellectuels libérau
970 asard des intellectuels libéraux, sous les traits d’ un intellectuel libéral qui ne croit pas au diable… 28. L’Humour e
971 8. L’Humour et la démocratie Il faut se moquer de la démocratie. D’abord parce qu’elle est le seul régime qui tolère un
972 uile et sans jeu entre ses parties. C’est le sens de l’humour qui sauve les hommes vivant dans un État démocratique. Et de
973 e les hommes vivant dans un État démocratique. Et de quoi les sauve-t-il ? De l’asphyxie par la proximité, qui serait le r
974 un État démocratique. Et de quoi les sauve-t-il ? De l’asphyxie par la proximité, qui serait le résultat fatal de notre de
975 ie par la proximité, qui serait le résultat fatal de notre destruction des hiérarchies. Grâce au sens de l’humour, une dis
976 notre destruction des hiérarchies. Grâce au sens de l’humour, une distance respirable et respectable peut être rétablie e
977 mes, ou entre fonctionnaires et victimes normales de l’État. Prenez en effet une démocratie quelconque. Supprimez toute es
978 une démocratie quelconque. Supprimez toute espèce d’ humour aussi bien dans sa vie quotidienne — rouspétance du citoyen — q
979 — farce des partis — et vous obtiendrez au terme de l’opération, si elle est énergiquement poussée, l’État totalitaire da
980 at totalitaire dans sa splendeur native. L’auteur de ce livre étant intimement persuadé que la démocratie dépérit sans cri
981 que la démocratie dépérit sans critique, dénonce d’ avance comme totalitaires ceux qui verront dans les prochains chapitre
982 verront dans les prochains chapitres les marques d’ un esprit totalitaire. Qu’ils se reconnaissent eux-mêmes à ce signe !
983 s principaux démons que le diable délègue au soin de faire de nos démocraties ses colonies-modèles. 29. Le démon de la
984 aux démons que le diable délègue au soin de faire de nos démocraties ses colonies-modèles. 29. Le démon de la Liberté
985 démocraties ses colonies-modèles. 29. Le démon de la Liberté Pourquoi n’a-t-on jamais aimé et célébré la Liberté aut
986 de mes contemporains, la liberté, c’est le droit de ne pas obéir. Quand on le leur laisse, ils s’ennuient, et bientôt ils
987 un tyran. Mais dès que le tyran sévit, leur amour de la liberté les pousse aux sommets du courage. Et ainsi de suite : ce
988 berté les pousse aux sommets du courage. Et ainsi de suite : ce jeu de coquetterie profonde conditionne en partie l’Histoi
989 ux sommets du courage. Et ainsi de suite : ce jeu de coquetterie profonde conditionne en partie l’Histoire. C’est dire que
990 . C’est dire que fonder un régime sur le beau mot de Liberté équivaut à substituer à la politique de puissance telle que l
991 t de Liberté équivaut à substituer à la politique de puissance telle que la formula Machiavel, une politique du romanesque
992 itique du romanesque collectif. (Ainsi le mariage d’ amour sentimental a pris la place du mariage de raison conclu par les
993 ge d’amour sentimental a pris la place du mariage de raison conclu par les parents et les notaires ; et c’est sans doute a
994 ctionne pas sans illusions, compensées par autant de déceptions automatiques. La liberté pour laquelle nous mourons n’est
995 grand malentendu que symbolise la déesse du port de New York, en éclairant sans condition tous les humains. Regardez-la :
996 ige vers le vide non sans grandiloquence. Combien de milliers de réfugiés ont pleuré en passant devant elle ! Sa seule pré
997 vide non sans grandiloquence. Combien de milliers de réfugiés ont pleuré en passant devant elle ! Sa seule présence était
998 ant devant elle ! Sa seule présence était le gage d’ une aisance de pensée et de vie qu’ils venaient de perdre en Europe po
999 e ! Sa seule présence était le gage d’une aisance de pensée et de vie qu’ils venaient de perdre en Europe pour en avoir ab
1000 présence était le gage d’une aisance de pensée et de vie qu’ils venaient de perdre en Europe pour en avoir abusé sans plai
1001 de pensée et de vie qu’ils venaient de perdre en Europe pour en avoir abusé sans plaisir. On s’en voudrait de commenter une s
1002 our en avoir abusé sans plaisir. On s’en voudrait de commenter une situation où l’émotion la plus compréhensible couvrait
1003 tion où l’émotion la plus compréhensible couvrait d’ aussi étranges confusions. À dire le vrai, contre l’époque entière, l
1004 — même pas dans le domaine politique, malgré tant d’ éloquence et de vrais sacrifices. Cette liberté non qualifiée ne saura
1005 le domaine politique, malgré tant d’éloquence et de vrais sacrifices. Cette liberté non qualifiée ne saurait proprement d
1006 qualifiée ne saurait proprement désigner l’objet d’ une revendication, car elle est le signe primordial de notre condition
1007 e revendication, car elle est le signe primordial de notre condition humaine. L’homme est libre, et cela signifie qu’il es
1008  pour rien », sans condition ni but, soyez libres de faire ce qu’il vous plaît, et vous ferez probablement ce qui plaît au
1009 blement ce qui plaît au diable. Mais soyez libres de rejoindre et d’accomplir la vocation que Dieu vous donne, alors vous
1010 laît au diable. Mais soyez libres de rejoindre et d’ accomplir la vocation que Dieu vous donne, alors vous échapperez au cy
1011 on seulement, étant ce qu’elle est, il serait fou de la revendiquer, mais encore il est de sa nature qu’elle se perde auss
1012 serait fou de la revendiquer, mais encore il est de sa nature qu’elle se perde aussitôt qu’utilisée, soit vers le mal, so
1013 c un risque neuf. Mais nous parlions, dites-vous, de liberté politique. J’y viendrai donc. Ce qui est en cause dans ce pla
1014 , mais c’est le droit que l’État laisse à l’homme d’ obéir à sa vocation. Si l’homme ne se reconnaît point de vocation, la
1015 r à sa vocation. Si l’homme ne se reconnaît point de vocation, la liberté qu’il revendique est vide ; le diable s’y mettra
1016 se reconnaît une vocation, il ne demandera point d’ autre droit que celui de s’y conformer. Que l’État lui refuse ce droit
1017 on, il ne demandera point d’autre droit que celui de s’y conformer. Que l’État lui refuse ce droit, le citoyen peut librem
1018 e conduire soit au martyre soit au rétablissement de lois humaines : dans ces deux cas il reste libre, non pas au nom de l
1019 , laissant sévir les lois contraires à l’exercice de sa foi, il perdra par sa faute la liberté du choix, qui était toute s
1020 e la liberté du choix, qui était toute sa dignité d’ homme. Alors sans doute, il entrera dans la masse anonyme des esclaves
1021 affirmée, préférant à leur vie les vraies raisons de vivre. La liberté sans condition est un fantôme, annonciateur des pir
1022 res tyrannies. J’en nommerai une. 30. Le démon de la Police Le voyageur et l’émigré, qui défilent en rade de New Yor
1023 Le voyageur et l’émigré, qui défilent en rade de New York devant le symbole dressé sur un ciel commercial de la Libert
1024 k devant le symbole dressé sur un ciel commercial de la Liberté aux yeux vides17, ne tardent pas à recevoir un rappel aux
1025 ment les fonctionnaires des douanes et du Service d’ immigration pour monter à bord du navire : nous approchons d’Ellis Isl
1026 on pour monter à bord du navire : nous approchons d’ Ellis Island. En Europe et dans les deux Amériques, j’ai traversé dura
1027 rd du navire : nous approchons d’Ellis Island. En Europe et dans les deux Amériques, j’ai traversé durant cette guerre une bon
1028 i traversé durant cette guerre une bonne douzaine de frontières, et j’ai rempli quelques centaines de questionnaires, dont
1029 de frontières, et j’ai rempli quelques centaines de questionnaires, dont l’un au moins comportait 32 pages. Ces confessio
1030 ons générales m’ont valu, je dois le dire, autant d’ absolutions. Mais loin de me procurer le sentiment d’une bonne conscie
1031 bsolutions. Mais loin de me procurer le sentiment d’ une bonne conscience civique brevetée par l’État, elles me laissaient
1032 u plus incertain quant à l’identité que je venais d’ établir. De l’un à l’autre de ces questionnaires, un personnage conven
1033 rtain quant à l’identité que je venais d’établir. De l’un à l’autre de ces questionnaires, un personnage conventionnel se
1034 a cohérence, plus s’estompait en moi la sensation d’ être identique à mes données légales. C’était chaque fois un procès à
1035 i sur mon propre compte. Sourde aux protestations d’ un moi réel, mais qui ne pourrait produire ses preuves dans le langage
1036 la seule question. Et le succès pouvait dépendre d’ un caprice de la Destinée, d’une humeur de ce Monsieur tout-puissant q
1037 stion. Et le succès pouvait dépendre d’un caprice de la Destinée, d’une humeur de ce Monsieur tout-puissant qui m’attendai
1038 cès pouvait dépendre d’un caprice de la Destinée, d’ une humeur de ce Monsieur tout-puissant qui m’attendait, le chapeau su
1039 épendre d’un caprice de la Destinée, d’une humeur de ce Monsieur tout-puissant qui m’attendait, le chapeau sur la tête, de
1040 e chapeau sur la tête, derrière une table chargée de tampons. Bien entendu, ces procédures sont justifiables en temps de g
1041 ntendu, ces procédures sont justifiables en temps de guerre. Une société démocratique doit se protéger comme les autres. E
1042 ra même s’organiser mieux que les autres en temps de paix, non seulement pour sa sécurité mais aussi pour le bien commun.
1043  ; vous serez pisté dans le passé jusqu’au ventre de votre mère, affublé d’un numéro d’ordre et privé du droit d’avoir fai
1044 s le passé jusqu’au ventre de votre mère, affublé d’ un numéro d’ordre et privé du droit d’avoir faim. Ce qui me trouble da
1045 usqu’au ventre de votre mère, affublé d’un numéro d’ ordre et privé du droit d’avoir faim. Ce qui me trouble dans toutes ce
1046 re, affublé d’un numéro d’ordre et privé du droit d’ avoir faim. Ce qui me trouble dans toutes ces machines policières et p
1047 sont que trop visibles — c’est l’irresponsabilité de leurs agents. Supposez qu’on pourchasse les Rouges. Personne ne sait
1048 ui d’ailleurs demeure inaccessible ; ni les chefs de service, qui s’occupent du service ; ni les exécutants qui se content
1049 du service ; ni les exécutants qui se contentent d’ exécuter leurs consignes à la lettre. Votre coefficient signifie Rouge
1050 à qui rend votre cas pire encore. Il n’y aura pas de pétitions dans les journaux. Vous serez un rebut social. Vous rappele
1051 ale du Wilhelm Meister ? Goethe conduit son héros d’ épreuves en surprises, par une volonté mystérieuse qui est celle du ch
1052 par une volonté mystérieuse qui est celle du chef d’ une société secrète. On veut amener Wilhelm à son salut, par les voies
1053 on salut, par les voies plus ou moins maçonniques d’ une secte rosicrucienne. C’était alors comme une figuration de la Prov
1054 rosicrucienne. C’était alors comme une figuration de la Providence. C’en est une aujourd’hui de la Police. À cette différe
1055 ration de la Providence. C’en est une aujourd’hui de la Police. À cette différence près, toutefois, que l’intention spirit
1056 ez pas plus qu’aujourd’hui le droit ou le pouvoir de protester. Le vrai mythe de notre Police a été formulé par Kafka. Dan
1057 e droit ou le pouvoir de protester. Le vrai mythe de notre Police a été formulé par Kafka. Dans son Procès, il nous conte
1058 Kafka. Dans son Procès, il nous conte l’histoire d’ un employé de banque qui se voit inculpé d’une faute indéterminée, et
1059 son Procès, il nous conte l’histoire d’un employé de banque qui se voit inculpé d’une faute indéterminée, et qui s’épuise
1060 stoire d’un employé de banque qui se voit inculpé d’ une faute indéterminée, et qui s’épuise en vains efforts pour atteindr
1061 le condamne à mort, sans recours, malgré l’appui d’ un avocat marron, sorte de prêtre, qui prétend connaître le Juge et n’
1062 recours, malgré l’appui d’un avocat marron, sorte de prêtre, qui prétend connaître le Juge et n’est pas mieux en cour que
1063 client. Je dis que le diable a toutes les chances de mener le jeu partout où le sens s’évanouit, quand l’organisation perd
1064 s que personne n’y puisse plus rien. Présentation de la police moderne. 31. Le démon de la Sécurité Lorsque l’homme
1065 résentation de la police moderne. 31. Le démon de la Sécurité Lorsque l’homme se trouve confronté avec un des périls
1066 me se trouve confronté avec un des périls normaux de l’existence, deux possibilités s’offrent à lui : ou bien il cherche à
1067 tre choix est fait dès longtemps : c’est le désir de supprimer le péril plutôt que de le dominer, qui définit l’attitude b
1068 : c’est le désir de supprimer le péril plutôt que de le dominer, qui définit l’attitude bourgeoise et l’esprit général de
1069 définit l’attitude bourgeoise et l’esprit général de nos démocraties. À les prendre dans leur ensemble et leur intention g
1070 fessionnelle (assurances) ; soit dans l’éducation de la jeunesse ; soit dans la médecine ; soit dans la politique internat
1071 n de pousser à fond une expérience sans précédent d’ asepsie généralisée et d’extinction des risques avant terme. Morale de
1072 xpérience sans précédent d’asepsie généralisée et d’ extinction des risques avant terme. Morale des assurances-contre-tous-
1073 vise à autre chose qu’à la suppression méthodique de toute morale poétique, embrassant à la fois le risque et la confiance
1074 ispirituelle, car aucune ne s’est tant préoccupée d’ éliminer le mal à moindre prix, au lieu de le compenser par un bien su
1075 par un bien supérieur. Nous avons oublié la règle d’ or des stratèges, qui veut que la meilleure défense soit dans l’attaqu
1076 nt les magies protectrices, négligeant les forces de l’âme, nous cherchons le salut dans la fuite. L’assurance-vie remplac
1077 la mort. J’imagine volontiers le diable en agent d’ assurances générales. Il comprend tout et il a tout prévu. Il connaît
1078 l connaît l’homme dans sa vulgarité, et se flatte de savoir l’y réduire. Il vous explique votre Bien. Il sait mieux que vo
1079 , statistiques. Il vous promet enfin ce pur néant de l’âme : santé — bonheur — prospérité — jovialité et vérité viagère. V
1080 lus. Ou si peu. Sans rien perdre… 32. Le démon de l’insignifiance … neither having the accent of Christians, nor the
1081 eur, gouverner devient un plaisir, qu’il s’agisse de conduire un peuple ou nos passions. Sur cette croyance repose le mond
1082 on. Tout cela peut diminuer la somme des malheurs de l’humanité, mais non pas y éteindre le mal, si le mal est au premier
1083 e le mal, si le mal est au premier chef l’absence de vertus créatrices. Dans une passion violente et dans un conflit décla
1084 Grand Vizir qui rencontre la Mort dans un jardin de Téhéran. Elle lui fait un petit signe énigmatique. Épouvanté, le Vizi
1085 achant qu’il se révèle trop aisément à l’occasion de nos malheurs, de nos crimes et de nos drames, il préfère gouverner so
1086 évèle trop aisément à l’occasion de nos malheurs, de nos crimes et de nos drames, il préfère gouverner sous le couvert de
1087 nt à l’occasion de nos malheurs, de nos crimes et de nos drames, il préfère gouverner sous le couvert de la correction des
1088 nos drames, il préfère gouverner sous le couvert de la correction des manières. Je ne plaide pas ici pour le manque de te
1089 des manières. Je ne plaide pas ici pour le manque de tenue, ni pour le culte des « belles brutes », ni pour la guerre. Mai
1090 correction des mœurs devient un idéal, la verdeur de langage passe pour une inconvenance, la franchise des passions fait q
1091 nce, la franchise des passions fait qu’on appelle d’ urgence un spécialiste des troubles nerveux. On ne pense plus qu’à évi
1092 ense plus qu’à éviter les conflits qui poseraient de vraies questions, les éclats qui rendraient manifestes la vérité du c
1093 qu’elle paye un prix exorbitant : la saveur même de la vie. Nous avons institué le culte de ce qui ne tire pas à conséque
1094 veur même de la vie. Nous avons institué le culte de ce qui ne tire pas à conséquence. Il règne sur nos mœurs et sur notre
1095 nion publique18. Nous oublions que la conséquence de ce culte n’est autre que l’insignifiance de nos vertus autant que de
1096 uence de ce culte n’est autre que l’insignifiance de nos vertus autant que de nos vices. Or les vertus insignifiantes, pri
1097 utre que l’insignifiance de nos vertus autant que de nos vices. Or les vertus insignifiantes, privées de sens et qui n’ont
1098 nos vices. Or les vertus insignifiantes, privées de sens et qui n’ont l’air de rien, sont en réalité le Royaume du Rien.
1099 nsignifiantes, privées de sens et qui n’ont l’air de rien, sont en réalité le Royaume du Rien. Elles ne s’acquièrent qu’au
1100 encore le mesurer ?) Et l’on n’en peut donner que de petits exemples, qui paraîtront naturellement insignifiants… Quand vo
1101 en gentille dame et ses charmants amis l’écoutent d’ une oreille, poliment, disant lorsque c’est terminé : « So lovely, rea
1102 nt lorsque c’est terminé : « So lovely, really… » d’ un air indifférent, cela n’est rien, vous vous êtes trompé, servez un
1103 trompé, servez un drink. Mais il est juste aussi de remarquer qu’une qualité vient de se perdre quelque part. Ces gens ne
1104 l leur manque simplement un sens. Mais l’entropie de l’univers augmente : or il n’est rien de plus catastrophique au monde
1105 s « passez » là, vous passerez aussi avec l’image de ce monde. Mais si vous acceptez le ridicule de ne point passer sur un
1106 ge de ce monde. Mais si vous acceptez le ridicule de ne point passer sur une si petite chose — un rien vraiment — vous y g
1107 vraiment — vous y gagnerez peut-être votre droit de cité dans l’univers paradisiaque dont un Bach vous aura donné le resp
1108 essentiment qui suffit à vous rendre contemporain de son éternité. Le diable est insignifiant, au sens propre du mot, et
1109 sa plus grande victoire dans notre époque, c’est d’ avoir privé de sens presque tous nos usages, coutumes et costumes, art
1110 e victoire dans notre époque, c’est d’avoir privé de sens presque tous nos usages, coutumes et costumes, arts, travaux et
1111 n moderne en lui demandant quel peut être le sens de son nom, des formes et des couleurs dont il s’entoure, des phrases qu
1112 s dont il s’entoure, des phrases qu’il répète, ou de l’argent qu’il gagne. On l’étonne par la seule supposition que toutes
1113 nsemble spirituel. Je dis que tout ce qui n’a pas de sens appartient de droit au démon ; que tout ce qui porte un sens com
1114 Je dis que tout ce qui n’a pas de sens appartient de droit au démon ; que tout ce qui porte un sens comporte quelque bien,
1115 hés. Quant à l’absurde pur19, c’est une catégorie de la foi ou du mal absolu. Ce qui paraît absurde aux yeux de la raison,
1116 raison, la foi l’accepte comme étant la position d’ une réalité éternelle dans le temps : ainsi l’Incarnation et le miracl
1117 le diable, l’absurde est au contraire la fixation d’ une réalité temporelle dans l’infini ou dans l’inquestionnable : l’idé
1118 dans l’infini ou dans l’inquestionnable : l’idée de succès en soi, de puissance ou de richesse en soi. L’Enfer est là. Ma
1119 dans l’inquestionnable : l’idée de succès en soi, de puissance ou de richesse en soi. L’Enfer est là. Mais je voudrais don
1120 nnable : l’idée de succès en soi, de puissance ou de richesse en soi. L’Enfer est là. Mais je voudrais donner un autre exe
1121 s je voudrais donner un autre exemple des méfaits de l’insignifiance, créatrice de névroses dans la vie d’aujourd’hui.
1122 exemple des méfaits de l’insignifiance, créatrice de névroses dans la vie d’aujourd’hui. 33. Brève histoire d’un couple
1123 ’insignifiance, créatrice de névroses dans la vie d’ aujourd’hui. 33. Brève histoire d’un couple correct Monsieur et
1124 dans la vie d’aujourd’hui. 33. Brève histoire d’ un couple correct Monsieur et Madame sont parfaitement corrects et
1125 Scrupuleusement, ils entretiennent une atmosphère de paix dans le foyer. On n’injurie jamais les bonnes, d’ailleurs elles
1126 rrait leur donner des complexes. Jamais une scène de ménage à table, jamais une faute de tenue, un mot plus haut qu’un aut
1127 devant les enfants. Non, docteur, ne cherchez pas de ce côté. Si ma petite Mary est folle, vraiment, ce n’est pas qu’elle
1128 est folle, vraiment, ce n’est pas qu’elle souffre de l’atmosphère familiale. Mais je vais vous dire : du côté de mon mari,
1129 pas toujours été très équilibré. Entre nous, une de ses tantes est morte à l’asile. Cela se sent parfois chez lui. Hier e
1130 mbre, il entre en fureur parce que je lui demande d’ éteindre une lampe qui me faisait mal aux yeux. Il la lance à terre et
1131 mal aux yeux. Il la lance à terre et me fait une de ces scènes ! J’ai pleuré toute la nuit, sur un canapé du salon… » — «
1132 tite Mary n’est pas folle, mais comment les nerfs d’ un enfant supporteraient-ils le bruit et la fureur qui se déchaînent d
1133 sauf quand une lampe s’éteint ? » 34. Le démon de la popularité De toutes les créatures qui aient jamais existé, le
1134 s’éteint ? » 34. Le démon de la popularité De toutes les créatures qui aient jamais existé, le diable est celle qui
1135 uoi la démocratie moderne est spécialement tentée d’ écouter ses conseils. Le pouvoir d’un régime fondé sur le grand nombre
1136 alement tentée d’écouter ses conseils. Le pouvoir d’ un régime fondé sur le grand nombre dépend des caprices féminins de l’
1137 sur le grand nombre dépend des caprices féminins de l’Opinion. Il en résulte fatalement que le problème majeur des dirige
1138 lement que le problème majeur des dirigeants sera de rendre populaires, plutôt que justes ou efficaces, les mesures gouver
1139 ces, les mesures gouvernementales. Cette tendance de la vie politique à son tour va contaminer la vie privée, comme il arr
1140 e quel régime. C’est ainsi que jadis les coutumes de la Cour réglaient la politesse à tous les degrés de la société. Elles
1141 la Cour réglaient la politesse à tous les degrés de la société. Elles offraient des modèles dans l’art de courtiser un su
1142 a société. Elles offraient des modèles dans l’art de courtiser un supérieur, de dominer un inférieur, et d’observer partou
1143 des modèles dans l’art de courtiser un supérieur, de dominer un inférieur, et d’observer partout les distances convenables
1144 urtiser un supérieur, de dominer un inférieur, et d’ observer partout les distances convenables. La coutume de nos parlemen
1145 ver partout les distances convenables. La coutume de nos parlements, de nos partis et de leurs chefs, paraît aujourd’hui t
1146 tances convenables. La coutume de nos parlements, de nos partis et de leurs chefs, paraît aujourd’hui toute contraire : il
1147 s. La coutume de nos parlements, de nos partis et de leurs chefs, paraît aujourd’hui toute contraire : il s’agit de courti
1148 s, paraît aujourd’hui toute contraire : il s’agit de courtiser les masses, puisque c’est elles qui donnent le pouvoir ; de
1149 ses, puisque c’est elles qui donnent le pouvoir ; de se concilier les inférieurs en les flattant, puisqu’il n’est plus per
1150 eurs en les flattant, puisqu’il n’est plus permis de les dominer ; enfin d’appeler par leur prénom le plus grand nombre po
1151 uisqu’il n’est plus permis de les dominer ; enfin d’ appeler par leur prénom le plus grand nombre possible d’électeurs, de
1152 ler par leur prénom le plus grand nombre possible d’ électeurs, de clients et de chefs de service, la marque du prestige dé
1153 prénom le plus grand nombre possible d’électeurs, de clients et de chefs de service, la marque du prestige démocratique n’
1154 grand nombre possible d’électeurs, de clients et de chefs de service, la marque du prestige démocratique n’étant plus la
1155 mbre possible d’électeurs, de clients et de chefs de service, la marque du prestige démocratique n’étant plus la hauteur d
1156 du prestige démocratique n’étant plus la hauteur d’ allure, mais au contraire la familiarité. Il serait amusant de compare
1157 is au contraire la familiarité. Il serait amusant de comparer sous ce rapport le fameux livre de Mr. Dale Carnegie et l’Ho
1158 usant de comparer sous ce rapport le fameux livre de Mr. Dale Carnegie et l’Homme de Cour de Balthazar Gracián. Ce jésuite
1159 t le fameux livre de Mr. Dale Carnegie et l’Homme de Cour de Balthazar Gracián. Ce jésuite avait mis en manuel les maximes
1160 eux livre de Mr. Dale Carnegie et l’Homme de Cour de Balthazar Gracián. Ce jésuite avait mis en manuel les maximes de l’as
1161 acián. Ce jésuite avait mis en manuel les maximes de l’astuce sociale sous la monarchie absolue. Mr. Dale Carnegie nous ap
1162 nous apprend pour sa part comment gagner non pas de vrais amis, bien sûr, mais des clients, des électeurs possibles, des
1163 utes fins utiles : c’est une version démocratique de l’Homme de Cour, que l’on pourrait intituler l’Homme de l’Antichambre
1164 tiles : c’est une version démocratique de l’Homme de Cour, que l’on pourrait intituler l’Homme de l’Antichambre. Notons d’
1165 omme de Cour, que l’on pourrait intituler l’Homme de l’Antichambre. Notons d’abord que du jésuite à notre expert en popula
1166 bord que du jésuite à notre expert en popularité, d’ immenses progrès semblent s’être opérés au point de vue de la moralité
1167 es progrès semblent s’être opérés au point de vue de la moralité. Gracián vous apprend à tromper, à ruser, à mentir, à tri
1168 r, à tricher, et tous ces procédés lui paraissent de bonne guerre s’ils vous assurent le prestige personnel et la faveur i
1169 éressée des grands. Mr. Carnegie au contraire est d’ une irréprochable correction morale. Il estime en effet que la Règle d
1170 orrection morale. Il estime en effet que la Règle d’ or des relations humaines, dans tous les ordres, fut donnée par cette
1171 dans tous les ordres, fut donnée par cette phrase de l’Évangile : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fis
1172 vous fissent ». Exemple : Le plus profond besoin de l’homme, selon le professeur Dewey, étant de se sentir important, ne
1173 soin de l’homme, selon le professeur Dewey, étant de se sentir important, ne perdez pas une occasion de faire sentir à vot
1174 e se sentir important, ne perdez pas une occasion de faire sentir à votre prochain toute l’importance que vous lui accorde
1175 . C’est le bon sens même. Mais c’est le contraire de l’Évangile, qui voulait faire de nous des humbles et nous donner l’es
1176 est le contraire de l’Évangile, qui voulait faire de nous des humbles et nous donner l’esprit de Pauvreté. L’idéal de Mr.
1177 faire de nous des humbles et nous donner l’esprit de Pauvreté. L’idéal de Mr. Carnegie, c’est un bavard perpétuellement so
1178 bles et nous donner l’esprit de Pauvreté. L’idéal de Mr. Carnegie, c’est un bavard perpétuellement souriant, flatteur pour
1179 tteur pour qu’on le flatte, rompu aux stratagèmes de la fausse modestie la plus intéressée et d’une sympathie méthodique i
1180 gèmes de la fausse modestie la plus intéressée et d’ une sympathie méthodique inlassablement déversée sur tout voisin qui p
1181 préceptes du Christ. Il avait la franchise féroce de l’immoralité donnée pour telle, respectant les catégories et défiant
1182 par l’affront. Il gardait, dans le vice, un style de l’âme. Le contraste qu’on vient d’esquisser peut nous faire mesurer t
1183 vice, un style de l’âme. Le contraste qu’on vient d’ esquisser peut nous faire mesurer toute la déperdition d’énergie propr
1184 sser peut nous faire mesurer toute la déperdition d’ énergie proprement spirituelle que représente notre « progrès moral ».
1185 affaires, sous le prétexte allégué et je cite, «  d’ entretenir des contacts faciles et agréables. » Serait-ce que j’ai l’e
1186 antisocial, et nuisible aux affaires ? Que le sel de la terre est malsain ? Et que la sagesse démocratique se résume dans
1187 er le monde — et perdre son âme ? 35. Paradoxe de la démocratie Avec beaucoup d’intelligence les totalitaires ont mi
1188 35. Paradoxe de la démocratie Avec beaucoup d’ intelligence les totalitaires ont mis la bêtise de leur côté. Sous leu
1189 d’intelligence les totalitaires ont mis la bêtise de leur côté. Sous leur régime, les imbéciles n’ont rien à perdre. Les â
1190 t, le régime totalitaire n’est que la forme basse de la démocratie. Déchaînez parmi nous les démons que je viens de décrir
1191 es régimes totalitaires que par un certain manque de rigueur, un désordre plus apparent, une phraséologie moins entraînant
1192 ’est, comme la santé, qu’une utopie. Je l’imagine de la manière suivante : l’intelligence n’aurait rien à y perdre, les âm
1193 duquées, les âmes moyennes s’y sentiraient gênées d’ être moyennes et de faire nombre. On y verrait des élites dures, aux d
1194 oyennes s’y sentiraient gênées d’être moyennes et de faire nombre. On y verrait des élites dures, aux disciplines prestigi
1195 mme complet, si l’on y réfléchit : il serait aisé d’ en développer les conséquences sur tous les plans, pour l’économie, la
1196 ! Revenons au diable. 36. La cinquième colonne de tous les temps J’ai dit du mal de tout le monde, des totalitaires,
1197 ième colonne de tous les temps J’ai dit du mal de tout le monde, des totalitaires, et des démocrates, des autres, de no
1198 des totalitaires, et des démocrates, des autres, de nous, et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure
1199 , et des démocrates, des autres, de nous, et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se brouille. Et l
1200 ndre une image nette et facilement reconnaissable de la personne de Satan ? C’est que le diable, par nature, ne sera jamai
1201 nette et facilement reconnaissable de la personne de Satan ? C’est que le diable, par nature, ne sera jamais clairement et
1202 pour être à la fois juge et partie dans le procès de sa définition. Paradoxal par essence, il existe, bien sûr, mais il es
1203 néant, ce qui souhaite secrètement la destruction de l’existence, — celle des autres, ou la sienne propre. Sa qualité de n
1204 celle des autres, ou la sienne propre. Sa qualité de n’être pas ceci ou cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’
1205 nne propre. Sa qualité de n’être pas ceci ou cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’action, d’incognito et d’al
1206 u cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’ action, d’incognito et d’alibis à perte de vue. Vulgaire et séduisant
1207 positif lui donne une liberté indéfinie d’action, d’ incognito et d’alibis à perte de vue. Vulgaire et séduisant, pharisie
1208 ne une liberté indéfinie d’action, d’incognito et d’ alibis à perte de vue. Vulgaire et séduisant, pharisien et voyou, hyp
1209 nt que le mal doit toujours être laid ; et il est d’ une laideur irrésistiblement attirante aux yeux des désabusés ou des r
1210 notre raison. On sait assez que le procédé favori de la Cinquième Colonne consistait à semer la confusion dans le camp de
1211 onne consistait à semer la confusion dans le camp de l’adversaire en y répandant alternativement de vraies et de fausses n
1212 mp de l’adversaire en y répandant alternativement de vraies et de fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vi
1213 saire en y répandant alternativement de vraies et de fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies : le maîtr
1214 aître du confusionnisme dirigé ! Hitler fut l’âme de la cinquième colonne du siècle, mais Satan reste l’essence même de la
1215 olonne du siècle, mais Satan reste l’essence même de la Cinquième Colonne au siècle des siècles. Enfin — et ceci doit me r
1216 re qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cachette, va se loger de préférence chez celui qui l’a dénoncé, et
1217 ion le fait déguerpir de sa cachette, va se loger de préférence chez celui qui l’a dénoncé, et qui se tient pour assuré da
1218 Expression empruntée à l’Évangile par une erreur de traduction. Le texte véritable ne dit pas « Paix sur la terre aux hom
1219 ritable ne dit pas « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » mais « Paix sur la terre, et bonne volonté (de Dieu)
1220 nté » mais « Paix sur la terre, et bonne volonté ( de Dieu) envers les hommes ». Ce qui est complètement différent. 14. Je
1221 ètement différent. 14. Je ne parle pas des héros de la guerre, mais de la paix. 15. Est-ce un si grand bien ? Pour le gr
1222 14. Je ne parle pas des héros de la guerre, mais de la paix. 15. Est-ce un si grand bien ? Pour le grand nombre, oui, pr
1223 . Je pense à Mein Kampf, aux deux premiers livres de Rauschning, à d’innombrables documentaires, publiés sur les mœurs tot
1224 Kampf, aux deux premiers livres de Rauschning, à d’ innombrables documentaires, publiés sur les mœurs totalitaires. Notre
1225 ité bourgeoise a été l’une des meilleures chances d’ Hitler. 17. Dans sa tête on tient des banquets. 18. Celle-ci le comp
5 1942, La Part du diable (1982). Quatrième partie. Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
1226 seulement surent connaître le Christ dans le fils de Joseph, charpentier de village. Mais l’incognito et l’alibi du diable
1227 tre le Christ dans le fils de Joseph, charpentier de village. Mais l’incognito et l’alibi du diable sont exactement invers
1228 ble sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de no
1229 de nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop humaines, dans les religions que no
1230 l va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop humaines, dans les religions que nous confabulons en
1231 dehors de la foi révélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche
1232 s-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’enchaîne
1233  Dieu » qui était le moi conscient ou inconscient de ses croyants. Une image de leur impérialisme, ou une compensation rêv
1234 nscient ou inconscient de ses croyants. Une image de leur impérialisme, ou une compensation rêvée de leurs défauts. Et ce
1235 e de leur impérialisme, ou une compensation rêvée de leurs défauts. Et ce fut le Dieu de la Raison pour les tempéraments r
1236 éraments rationalistes, le Dieu de l’Instinct, et de la Passion pour les hypercivilisés, le Dieu du Succès pour les robust
1237 isé qu’en un nous. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont responsables de rien devant personne, s’étant
1238 s ont ceci de commun : elles ne sont responsables de rien devant personne, s’étant faites elles-mêmes les critères de tout
1239 personne, s’étant faites elles-mêmes les critères de toute vérité purement humaine, et décrétant qu’il n’est plus d’autre
1240 é purement humaine, et décrétant qu’il n’est plus d’ autre vérité. Or aux yeux de ceux qui les servent, l’homme n’existe qu
1241 obéissons, nous ne sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’o
1242 ace. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre auprès d’ aucune instance supérieure, il n’y a plus de responsabilité nulle part
1243 uprès d’aucune instance supérieure, il n’y a plus de responsabilité nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inverse, que nous
1244 s avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’ une autre race, d’une autre classe, ou d’une autre génération physique
1245 vinisée — parce que nous sommes d’une autre race, d’ une autre classe, ou d’une autre génération physique et mentale que ce
1246 s sommes d’une autre race, d’une autre classe, ou d’ une autre génération physique et mentale que celle qui détient le pouv
1247 urs évidemment méchants, que dans les sanctuaires de la foi qui devait mettre à genoux les dictateurs avant que les armées
1248 dans l’Église Un jour l’Église a été qualifiée de « Satan » par Jésus lui-même. Ce fut quelques minutes après sa fondat
1249 utes après sa fondation, et dans la personne même de celui sur lequel Jésus venait de la fonder : l’apôtre Pierre. Jésus a
1250  Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils de Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux, Sim
1251 t la parole, lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
1252 i est dans les deux » (Matthieu 16). Sur cet acte de foi, Jésus fonde l’Église : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et
1253 e premier pape se fait dire par Jésus : « Arrière de moi Satan ! Tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pen
1254 candale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu mais celles des hommes. » Qu’est-il donc arrivé ? Comment cette
1255 t cette « pierre » sur qui l’Église vient à peine d’ être posée est-elle déjà devenue pierre d’achoppement ? Pourquoi cet h
1256 à peine d’être posée est-elle déjà devenue pierre d’ achoppement ? Pourquoi cet homme, auquel le Christ vient de dire qu’il
1257 , parle-t-il maintenant selon le diable ? Ce coup de théâtre, l’un des plus stupéfiants de l’Évangile et de la vie spiritu
1258 e ? Ce coup de théâtre, l’un des plus stupéfiants de l’Évangile et de la vie spirituelle, s’explique sans la moindre équiv
1259 éâtre, l’un des plus stupéfiants de l’Évangile et de la vie spirituelle, s’explique sans la moindre équivoque : Jésus aprè
1260 a pas ! » À peine fondée, l’Église en la personne de Pierre, son chef terrestre, a voulu s’assurer de son chef céleste afi
1261 de Pierre, son chef terrestre, a voulu s’assurer de son chef céleste afin de garantir l’institution nouvelle contre les r
1262 arantir l’institution nouvelle contre les risques de l’esprit, tout en se prévalant déjà d’un Nom qu’elle renie pourtant d
1263 es risques de l’esprit, tout en se prévalant déjà d’ un Nom qu’elle renie pourtant du même souffle : « À Dieu ne plaise ! »
1264 il plaisait à Dieu… En quelques lignes, l’auteur de l’Évangile a décrit toute l’histoire de l’Église. À chaque instant da
1265 l’auteur de l’Évangile a décrit toute l’histoire de l’Église. À chaque instant dans tous les siècles, le même drame va se
1266 t l’Église. (Tout homme qui croit, dans l’instant de la foi devient Pierre à son tour, et fondement de l’Église.) Mais lor
1267 de la foi devient Pierre à son tour, et fondement de l’Église.) Mais lorsque Pierre se croit le possesseur du bien dont il
1268 plaît, non pas comme il plaisait au Créateur même de ce bien. Il ne va pas courir des risques fous, il a déjà sa belle pru
1269 s clés.) La justice et le droit, non pas la folie de l’esprit ni les extravagances de l’amour. La vie certes, mais non la
1270 non pas la folie de l’esprit ni les extravagances de l’amour. La vie certes, mais non la mort dont elle naîtrait. Le résul
1271 ultat, mais sans la condition… Car notre rôle est de durer, et nos responsabilités sont écrasantes, et nous n’allons pas j
1272 é avec le trésor spirituel que Dieu nous a chargé d’ administrer, nous son indigne serviteur… C’est Satan qui a soufflé le
1273 e serviteur… C’est Satan qui a soufflé le conseil de prudence. Car vouloir conserver ce bien, c’est le sûr moyen de le per
1274 Car vouloir conserver ce bien, c’est le sûr moyen de le perdre. Accomplir sagement cette mission de folie, c’est le sûr mo
1275 en de le perdre. Accomplir sagement cette mission de folie, c’est le sûr moyen de la trahir. Ce n’était pas la vie du mond
1276 gement cette mission de folie, c’est le sûr moyen de la trahir. Ce n’était pas la vie du monde, ni l’ordre ou la justice,
1277 ique du sacrifice, le sens du risque spirituel et de la catastrophe salutaire. Si Jésus n’est pas supplicié, il ne ressusc
1278 lus. L’Église n’aura plus rien à dire, le pouvoir de Pierre sera vide. L’Église est posée dans l’Histoire pour y représent
1279 ermanent rappel au drame fondamental du cosmos et de l’esprit : il faut mourir pour naître de nouveau. Étrange institution
1280 nouveau. Étrange institution dont le seul but est de planter au sein du monde un principe de bouleversement, de scandale e
1281 l but est de planter au sein du monde un principe de bouleversement, de scandale et de tragédie ! Car tout le sens du chri
1282 r au sein du monde un principe de bouleversement, de scandale et de tragédie ! Car tout le sens du christianisme tient en
1283 nde un principe de bouleversement, de scandale et de tragédie ! Car tout le sens du christianisme tient en trois actes ess
1284 en pureté. Ce drame est figuré dans le sacrement de la communion. Il est rappelé dans le Credo. Mais peut-on dire qu’il e
1285 r ensemble ? En fait, nous les voyons préoccupées de se maintenir dans le monde, au lieu d’y allumer des foyers éclatants
1286 e monde, au lieu d’y allumer des foyers éclatants de purification. Elles sont devenues des forces de conservation, s’oppos
1287 s de purification. Elles sont devenues des forces de conservation, s’opposant par leur esprit même au processus de mort et
1288 ion, s’opposant par leur esprit même au processus de mort et de résurrection quelles avaient pour mission d’animer. Or dan
1289 sant par leur esprit même au processus de mort et de résurrection quelles avaient pour mission d’animer. Or dans toute la
1290 t et de résurrection quelles avaient pour mission d’ animer. Or dans toute la mesure où une Église s’en tient à de pieuses
1291 r dans toute la mesure où une Église s’en tient à de pieuses prudences, sous prétexte de sauvegarder quelques « valeurs sp
1292 ais sur le Pierre auquel Jésus disait : « Arrière de moi Satan ! Car tu m’es en scandale. » 40. Le diable théologien
1293 le théologien Mais tout cela, dira-t-on, c’est de la théologie. Je connais peu d’occupations plus décriées dans notre s
1294 dira-t-on, c’est de la théologie. Je connais peu d’ occupations plus décriées dans notre siècle, peu de mots qui gardent m
1295 dans notre siècle, peu de mots qui gardent moins d’ appel pour nos contemporains, et je ne parle pas des incultes mais de
1296 ntemporains, et je ne parle pas des incultes mais de l’élite intellectuelle. Vous rencontrez de grands savants, des philos
1297 s mais de l’élite intellectuelle. Vous rencontrez de grands savants, des philosophes, des moralistes, des écrivains connus
1298 s le monde entier : neuf fois sur dix ces maîtres de la pensée moderne vous avouent sans la moindre rougeur, légèrement ét
1299 ouent sans la moindre rougeur, légèrement étonnés de la question, qu’ils n’ont pas lu de leur vie un seul traité théologiq
1300 ement étonnés de la question, qu’ils n’ont pas lu de leur vie un seul traité théologique. On les étonnerait davantage en l
1301 ent pas bien le rapport. Je pense qu’il s’agit là d’ une attitude rétrograde, plus inquiétante pour la culture que les méfa
1302 e que les méfaits des hordes fascistes. La pensée de l’Occident et son vocabulaire sont nés des grands débats théologiques
1303 nt nés des grands débats théologiques aux siècles de la primitive Église. Notre musique, notre sculpture, notre peinture s
1304 et Marx, qui n’aient été, à l’origine, des prises de position théologiques. Ignorer la théologie, c’est rompre avec la tra
1305 e, c’est rompre avec la tradition la plus féconde de la culture occidentale. C’est donc se condamner à refaire sans le sav
1306 couvertes spirituelles mises en forme depuis plus de quinze cents ans par les Pères de l’Église et les grands hérétiques.
1307 et les grands hérétiques. La naïveté théologique de notre siècle est l’un des avantages les plus considérables de la nouv
1308 cle est l’un des avantages les plus considérables de la nouvelle barbarie. Je ne puis la comparer qu’à une espèce de carie
1309 barbarie. Je ne puis la comparer qu’à une espèce de carie de l’intelligence, qui nous empêche de mastiquer et de digérer
1310 . Je ne puis la comparer qu’à une espèce de carie de l’intelligence, qui nous empêche de mastiquer et de digérer nos expér
1311 pèce de carie de l’intelligence, qui nous empêche de mastiquer et de digérer nos expériences spirituelles. Tout porte à cr
1312 l’intelligence, qui nous empêche de mastiquer et de digérer nos expériences spirituelles. Tout porte à croire que le diab
1313 utres temps, il pouvait nous surprendre au détour d’ un subtil argument sur la grâce, qu’il opposait à la loi, par exemple.
1314 opposait à la loi, par exemple. Mais un peu plus de belle et bonne théologie nous sauvait bientôt du sophisme, tandis qu’
1315 même l’existence du problème. Un certain nombre de tendances théologiques traditionnelles sont très probablement d’origi
1316 éologiques traditionnelles sont très probablement d’ origine satanique : le pélagianisme, par exemple, et les doctrines qu’
1317 les doctrines qu’on pourrait baptiser théologies de l’eritis sicut dii, créées par quelques-uns des mystiques les plus gr
1318 dans l’époque présente, qui les prend pour autant d’ innovations « excitantes » de l’avant-garde. Mais sans doute sont-elle
1319 es prend pour autant d’innovations « excitantes » de l’avant-garde. Mais sans doute sont-elles moins déprimantes que le pr
1320 doute sont-elles moins déprimantes que le préjugé de l’homme moderne, qui ne sait rien de la théologie, croit pouvoir s’en
1321 e le préjugé de l’homme moderne, qui ne sait rien de la théologie, croit pouvoir s’en passer, mais ne se prive point d’en
1322 croit pouvoir s’en passer, mais ne se prive point d’ en faire sans le savoir, et de la pire, quand il « adore Dieu dans la
1323 s ne se prive point d’en faire sans le savoir, et de la pire, quand il « adore Dieu dans la forêt mieux qu’à l’Église », q
1324 a raison » (aveuglément), ou quand il se contente de « faire du bien »… 41. Le diable et le philanthrope Un jour un
1325 me Avenue. Il avait la tête et les poches pleines de projets philanthropiques, propres à réformer l’humanité au-delà de to
1326 thropiques, propres à réformer l’humanité au-delà de tout ce que je désirerais même imaginer. Il venait d’allumer un cigar
1327 out ce que je désirerais même imaginer. Il venait d’ allumer un cigare de grand prix, dont la fumée montait comme un encens
1328 rais même imaginer. Il venait d’allumer un cigare de grand prix, dont la fumée montait comme un encens et devait être en b
1329 mètres, derrière lui, suivaient le diable et l’un de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’un œil critique. Un
1330 de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’ un œil critique. Un pauvre homme l’arrêta pour lui demander une cigare
1331 pour lui demander une cigarette, dans un anglais de réfugié. Le Philanthrope sans hésiter lui remit un dollar, et poursui
1332 plendissait comme un sou neuf. « Tu n’as pas peur de lui ? dit le compère au diable, il m’a l’air terriblement bon ! Et se
1333 épondit rien, il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’il venait de ramasser sur le trottoir. Après quelques insta
1334 très bien ? Entre les gens du monde et le Prince de ce monde, les mots suggèrent, dans presque toutes nos langues, certai
1335 ré peut-être par les traditionnels avertissements de la chaire chrétienne, a toujours vu dans la mondanité quelque chose d
1336 ne, a toujours vu dans la mondanité quelque chose de vaguement satanique. Il imaginerait volontiers un diable en cravate b
1337 que l’on peut penser aussi des gens du monde, et de la sagesse mondaine en général. Elle a son charme et son utilité ; ma
1338 t vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées : elle finit par ne plus croire au bien, ni au sér
1339 te insondable ruse des cœurs purs qui leur permet de passer au travers des cercles vicieux de la raison et de l’égoïsme « 
1340 r permet de passer au travers des cercles vicieux de la raison et de l’égoïsme « bien compris ». La fonction normale de la
1341 er au travers des cercles vicieux de la raison et de l’égoïsme « bien compris ». La fonction normale de la vie mondaine se
1342 e l’égoïsme « bien compris ». La fonction normale de la vie mondaine serait de maintenir et d’illustrer un certain nombre
1343  ». La fonction normale de la vie mondaine serait de maintenir et d’illustrer un certain nombre de devises d’élégance mora
1344 normale de la vie mondaine serait de maintenir et d’ illustrer un certain nombre de devises d’élégance morale et de sagesse
1345 ait de maintenir et d’illustrer un certain nombre de devises d’élégance morale et de sagesse pratique. Il n’y a rien là de
1346 tenir et d’illustrer un certain nombre de devises d’ élégance morale et de sagesse pratique. Il n’y a rien là de diabolique
1347 un certain nombre de devises d’élégance morale et de sagesse pratique. Il n’y a rien là de diabolique, tout au contraire.
1348 e morale et de sagesse pratique. Il n’y a rien là de diabolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’il est bien joué, mé
1349 Le jeu mondain, s’il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant
1350 , ménage autant de liberté qu’il suppose, dit-on, d’ hypocrisie. Il a le charme reposant des formes fixes. Mais le mondain
1351 s le mondain qui n’est que cela inspire une sorte d’ effroi furtif, révélateur d’une présence perverse au sein même de l’in
1352 ela inspire une sorte d’effroi furtif, révélateur d’ une présence perverse au sein même de l’insignifiance. L’exactitude im
1353 , révélateur d’une présence perverse au sein même de l’insignifiance. L’exactitude impitoyable de ses jugements, qui ne po
1354 même de l’insignifiance. L’exactitude impitoyable de ses jugements, qui ne portent d’ailleurs que sur les apparences ; sa
1355 t d’ailleurs que sur les apparences ; sa capacité d’ éliminer froidement ce qui n’est pas conforme aux goûts appris ; sa pr
1356 ris ; sa propension presque maniaque à n’attacher de l’importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous
1357 tous ces traits qui pourraient dénoter l’exigence d’ un artiste véritable prennent soudain quelque chose de satanique, lors
1358 artiste véritable prennent soudain quelque chose de satanique, lorsque l’on s’aperçoit de la stérilité du personnage, et
1359 elque chose de satanique, lorsque l’on s’aperçoit de la stérilité du personnage, et des effets stérilisants qu’entraîne sa
1360 ation. Ce n’est pas le goût ni même le pédantisme de la forme qui est satanique, c’est le goût de la forme imitée. Le mili
1361 isme de la forme qui est satanique, c’est le goût de la forme imitée. Le milieu mondain le plus suavement correct et moral
1362 re préféré par le diable à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se disent volontiers damnés. C’est, je crois, par
1363 nde le connaît. Mr. Time croit que le temps c’est de l’argent. Or il gagne beaucoup d’argent et pourtant il n’a jamais le
1364 le temps c’est de l’argent. Or il gagne beaucoup d’ argent et pourtant il n’a jamais le temps. Serait-ce qu’il n’a de temp
1365 rtant il n’a jamais le temps. Serait-ce qu’il n’a de temps que pour l’argent, ce Mr. Time ? Ou bien la réciproque du fameu
1366 ains prennent beaucoup de temps pour faire un peu d’ argent, tandis que d’autres font beaucoup d’argent en un rien de temps
1367 n peu d’argent, tandis que d’autres font beaucoup d’ argent en un rien de temps. Peu nous importe. Ce qui est frappant, c’e
1368 is que d’autres font beaucoup d’argent en un rien de temps. Peu nous importe. Ce qui est frappant, c’est que Mr. Time peut
1369 u contraire, ils ont tout le temps. Tout le temps de n’avoir pas d’argent ; ou d’en attendre ; et de n’en plus attendre, f
1370 s ont tout le temps. Tout le temps de n’avoir pas d’ argent ; ou d’en attendre ; et de n’en plus attendre, finalement. Peut
1371 temps. Tout le temps de n’avoir pas d’argent ; ou d’ en attendre ; et de n’en plus attendre, finalement. Peut-être à ce mom
1372 s de n’avoir pas d’argent ; ou d’en attendre ; et de n’en plus attendre, finalement. Peut-être à ce moment-là découvrent-i
1373 oment-là découvrent-ils quelque chose qui n’a pas de prix ? Mr. Time ne le verrait même pas, à supposer qu’on le lui montr
1374 u’on le lui montre du doigt, car il faut le temps de bien regarder ces choses pour qu’elles existent. Mr. Time n’aura jama
1375 là l’Éternité. 44. Le diable auteur « Point d’ œuvre sans la collaboration du démon », dit André Gide, l’un des rares
1376 t au diable et qui en parlent bien. La discussion de cette sentence inconfortable ne paraît que trop indiquée dans un livr
1377 ée dans un livre qui, plus que tout autre, menace d’ impliquer l’active complicité de son modèle. Jakob Boehme raconte qu’o
1378 out autre, menace d’impliquer l’active complicité de son modèle. Jakob Boehme raconte qu’on demandait à Satan : Pourquoi e
1379 éniale si nous considérons les divers sens du nom d’ auteur. L’Auteur de toutes choses est leur autorité. Il s’autorise à
1380 dérons les divers sens du nom d’auteur. L’Auteur de toutes choses est leur autorité. Il s’autorise à l’infini dans Sa Cré
1381 i-même sa grandeur « et l’étendue célèbre l’œuvre de ses mains ». Le diable a voulu faire aussi son propre Ouvrage. Mais i
1382 est là pour les guider. Et comment faire la part de son incitation ? Tout écrivain digne du nom, tout créateur en général
1383 hoisissant tel mot, tel rythme ou tel accent ; et de quel insondable imbroglio, cette petite phrase toute claire en appare
1384 t…) En vérité, la volonté, la création, le besoin d’ écrire, simplement, coïncide en sa profondeur avec la tentation lucifé
1385 es meilleurs se voient tentés plus que les autres d’ accepter les conseils de ce génial Souffleur. « C’est avec les beaux s
1386 entés plus que les autres d’accepter les conseils de ce génial Souffleur. « C’est avec les beaux sentiments qu’on fait de
1387 eur. « C’est avec les beaux sentiments qu’on fait de la mauvaise littérature », dit encore Gide. Et William Blake estimait
1388 l’on apporte à son appui l’exemple un peu facile d’ innombrables ouvrages édifiants. Non, ce n’est pas la vraie beauté des
1389 fausse beauté (donc leur laideur réelle) qui fait de la mauvaise littérature. Mais voilà bien la misère du vieux monde. Au
1390 sion. Nous ne savions plus concevoir et illustrer de vrais beaux sentiments, de vrais types de vie haute, de vrais idéaux
1391 concevoir et illustrer de vrais beaux sentiments, de vrais types de vie haute, de vrais idéaux qui propagent une énergie,
1392 lustrer de vrais beaux sentiments, de vrais types de vie haute, de vrais idéaux qui propagent une énergie, une force d’âme
1393 is beaux sentiments, de vrais types de vie haute, de vrais idéaux qui propagent une énergie, une force d’âme contagieuse.
1394 vrais idéaux qui propagent une énergie, une force d’ âme contagieuse. Presque toute la littérature immoraliste sécrétée par
1395 aliste sécrétée par la bourgeoisie est tributaire de la morale bourgeoise : elle reste hélas au niveau de l’ennemi. Sa con
1396 este hélas au niveau de l’ennemi. Sa condamnation de la morale participe de la légèreté, de l’arbitraire et de l’insignifi
1397 l’ennemi. Sa condamnation de la morale participe de la légèreté, de l’arbitraire et de l’insignifiance qui signalaient la
1398 ndamnation de la morale participe de la légèreté, de l’arbitraire et de l’insignifiance qui signalaient la morale bourgeoi
1399 rale participe de la légèreté, de l’arbitraire et de l’insignifiance qui signalaient la morale bourgeoise. Fermons cette p
1400 er l’apport du diable aux plus sublimes créations de l’esprit ? Je ne pense pas qu’aucun créateur puisse se faire d’illusi
1401 Je ne pense pas qu’aucun créateur puisse se faire d’ illusions là-dessus. Aux sources du poème et dans nos encriers, dans c
1402 ’est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le faire travailler autrement qu’il ne l’entendait. Ou disons mieux :
1403 e ce diable va devenir à son tour une des pierres de la cathédrale, la pierre d’angle grotesque, la chimère pétrifiée qui
1404 tour une des pierres de la cathédrale, la pierre d’ angle grotesque, la chimère pétrifiée qui regarde la plaine avec mélan
1405 le temps consacrés. Serait-ce un mystérieux écho de la rédemption dans son abîme d’ennui sans fin ? Un retour nostalgique
1406 n mystérieux écho de la rédemption dans son abîme d’ ennui sans fin ? Un retour nostalgique du bien qu’il aurait provoqué m
1407 ait provoqué malgré lui en ménageant ces vertiges d’ où l’âme parfois remonte fécondée ? Pourrons-nous un jour concevoir qu
1408 re Dante a-t-il raison lorsqu’il inscrit au seuil de son Enfer : Fecemi la divina potestate La somma sapienza e il primo
1409 ’est la fin seule qui justifie les moyens ambigus de l’art. Si le diable même y collabore, qu’importe : la dédicace est le
1410 labore, qu’importe : la dédicace est le vrai sens de l’œuvre, pour autant que l’homme peut en juger. Elle ravit au démon l
1411 me peut en juger. Elle ravit au démon le bénéfice de ses conseils intéressés. Elle nous donne la mesure absolue. Un écriva
1412 un but qu’il ignore ; car sa faiblesse unique est de ne pas croire au bien. 45. Le pacte avec le diable Peter Schlem
1413 au diable devint très riche, mais perdit le goût de vivre. C’est l’une des plus belles fables de ce monde, l’une des plus
1414 goût de vivre. C’est l’une des plus belles fables de ce monde, l’une des plus tristes dans sa fantaisie géniale, et peu so
1415 e géniale, et peu sont plus profondes avec autant de grâce. Que signifie cette ombre dans le conte ? Je pense que c’est la
1416 dans le conte ? Je pense que c’est la créativité de l’homme, sa liberté, c’est-à-dire son « âme ». (Et c’est pourquoi l’u
1417  ». (Et c’est pourquoi l’un des premiers malheurs de notre héros est de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que
1418 uoi l’un des premiers malheurs de notre héros est de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’hom
1419 voir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’homme réside dans son pouvoir unique au monde de suivre l’ordre — o
1420 e l’homme réside dans son pouvoir unique au monde de suivre l’ordre — ou de tricher. S’il suit l’ordre de la Création, sa
1421 on pouvoir unique au monde de suivre l’ordre — ou de tricher. S’il suit l’ordre de la Création, sa liberté s’accroît, et s
1422 suivre l’ordre — ou de tricher. S’il suit l’ordre de la Création, sa liberté s’accroît, et son pouvoir de choix porte sur
1423 la Création, sa liberté s’accroît, et son pouvoir de choix porte sur des enjeux toujours plus vastes. Mais s’il triche pou
1424 erté, sa proie le lie. « Que servirait à un homme de gagner le monde s’il perdait son âme ? », dit l’Évangile. Le Pacte av
1425 ctement à gagner le monde au prix de notre âme et de notre ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans le réel — o
1426 et de notre ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans le réel — ou à côté. Tant que vous faites effort pour vous
1427 dans la vérité, vous conservez la pleine faculté de dire le vrai ou de mentir. Mais une fois que vous avez menti, vous êt
1428 us conservez la pleine faculté de dire le vrai ou de mentir. Mais une fois que vous avez menti, vous êtes lié par le menso
1429 t, vous conservez la possibilité à chaque instant de monter ou de redescendre. Plus vous montez et plus l’effort devient p
1430 rvez la possibilité à chaque instant de monter ou de redescendre. Plus vous montez et plus l’effort devient pénible, et pl
1431 abîme vous tente, mais l’horizon s’étend. Si tout d’ un coup votre fatigue ou quelque vertige l’emporte, ou si votre pied g
1432 à rouler vers l’abîme ou simplement vers le fond de la vallée, où vit le commun des mortels. Vous êtes délivré de votre e
1433 , où vit le commun des mortels. Vous êtes délivré de votre effort, tout est facile, il n’y a qu’à se laisser aller. Vous «
1434 ches et populeux. Mais vous avez perdu la liberté de monter ou de descendre à votre choix. Vous êtes pris dans un mécanism
1435 eux. Mais vous avez perdu la liberté de monter ou de descendre à votre choix. Vous êtes pris dans un mécanisme à sens uniq
1436 nique, vous n’êtes qu’un corps abandonné aux lois de la gravitation et toutes vos gesticulations ne feront qu’accélérer la
1437 cela que résume et figure l’expression légendaire de pacte avec le diable. Nous sentons tous obscurément qu’un succès trop
1438 un succès trop rapide dans le monde doit provenir d’ une sorte de marché conclu avec le Prince de ce monde, et dont le prix
1439 op rapide dans le monde doit provenir d’une sorte de marché conclu avec le Prince de ce monde, et dont le prix est notre l
1440 venir d’une sorte de marché conclu avec le Prince de ce monde, et dont le prix est notre liberté. Et c’est pourquoi la mor
1441 dentition ! Comment cette belle humeur et ce goût de mieux vivre pourraient-ils être diaboliques ? Les démons, ce sont les
1442 iaboliques ? Les démons, ce sont les nazis, vêtus de noir, grinçant des dents, mal nourris et semant la mort. Mais quoi ?
1443 . Mais quoi ? Vous voulez gagner le monde à coups de dollars, et les méchants nazis veulent le gagner à coups de canon. Vo
1444 , et les méchants nazis veulent le gagner à coups de canon. Vous pensez que le premier système a l’avantage d’être plus hy
1445 . Vous pensez que le premier système a l’avantage d’ être plus hygiénique. C’est peut-être vrai. Mais je doute que ce soit
1446 étaient sûres ! Je ne vais pas prêcher une morale de l’échec. Succès ou insuccès ne signifient rien en soi, tout dépend du
1447 is il faut bien rappeler que le plus grand succès de toute l’Histoire, ce fut la mort ignominieuse du Christ en croix. Ce
1448 ’âme du monde, que nous avions vendue pour un peu de plaisir… 46. Le diable tire les cartes On pressent assez facile
1449 la fois la victime et le bénéficiaire. En échange de sa pureté d’âme, il se verrait doté de pouvoirs extraordinaires, dont
1450 ctime et le bénéficiaire. En échange de sa pureté d’ âme, il se verrait doté de pouvoirs extraordinaires, dont la source ne
1451 En échange de sa pureté d’âme, il se verrait doté de pouvoirs extraordinaires, dont la source ne saurait être — ainsi pens
1452 si pense-t-on communément — que dans les royaumes d’ en bas. C’est un hommage involontaire et l’on dirait presque instincti
1453 e instinctif que l’on rend à la science angélique de Satan. Il est vrai que sous le nom de Python, il représente le Devin,
1454 e angélique de Satan. Il est vrai que sous le nom de Python, il représente le Devin, et sous le vocable hébreu de ‘VB, l’e
1455 il représente le Devin, et sous le vocable hébreu de ‘VB, l’esprit de la lumière descendante, pouvoir prophétique et magiq
1456 Devin, et sous le vocable hébreu de ‘VB, l’esprit de la lumière descendante, pouvoir prophétique et magique. Mais l’assimi
1457 uvoir prophétique et magique. Mais l’assimilation de la clairvoyance en général avec cette puissance diabolique est une er
1458 ution tout en louant la volupté dans le plus beau de ses Cantiques. Dieu lui-même ne cesse d’envoyer des songes prophétiqu
1459 lus beau de ses Cantiques. Dieu lui-même ne cesse d’ envoyer des songes prophétiques à ceux qui l’aiment, de Daniel à Jean
1460 oyer des songes prophétiques à ceux qui l’aiment, de Daniel à Jean de Patmos. Et les premiers à découvrir et saluer le Chr
1461 ist naissant, ce furent les Mages. Il serait vain de nier les faits sous prétexte qu’ils sont encore inexplicables : les t
1462 ’est encore aujourd’hui que la science incertaine de découvrir l’avenir, craignons qu’elle devienne dans l’avenir une déco
1463 ons qu’elle devienne dans l’avenir une découverte de la science. Nous regretterons alors le temps des clins d’œil de la de
1464 ience. Nous regretterons alors le temps des clins d’ œil de la destinée, quand nous pouvions encore les accueillir avec une
1465 Nous regretterons alors le temps des clins d’œil de la destinée, quand nous pouvions encore les accueillir avec une amour
1466 ureuse astuce… Ceci dit, le diable a deux chances de se glisser en nous par la voie clandestine, lorsqu’il échoue par les
1467 ne, lorsqu’il échoue par les moyens plus raffinés de la raison et de la vertu. Sa première chance réside dans notre propen
1468 houe par les moyens plus raffinés de la raison et de la vertu. Sa première chance réside dans notre propension à réduire l
1469 , et ceux-ci à leur tour aux échecs et aux succès de la vie manifeste. Cette confusion de nos catégories morales sert admi
1470 t aux succès de la vie manifeste. Cette confusion de nos catégories morales sert admirablement les desseins du Malin. Elle
1471 ns du Malin. Elle empêche la victime du charlatan de comprendre que ses malheurs ne sont pas le Mal, ni même nécessairemen
1472 irement la guerre par exemple, mais l’utilisation de la guerre, pour stériliser notre foi, ou l’utilisation de la paix non
1473 erre, pour stériliser notre foi, ou l’utilisation de la paix non moins, et même à moindres risques pour Satan. Le mal et l
1474 raduits par les voyantes en termes d’obstacles ou de succès21 ne sauraient être définis en vérité que par rapport au but s
1475 définis en vérité que par rapport au but suprême d’ une existence, en termes d’attitudes intérieures. La seconde chance du
1476 udes intérieures. La seconde chance du diable est de flatter notre tendance à nous sentir irresponsables, par le moyen d’o
1477 ndance à nous sentir irresponsables, par le moyen d’ oracles prononcés au nom d’un destin sans appel. L’angoisse de l’homme
1478 ononcés au nom d’un destin sans appel. L’angoisse de l’homme moderne devant sa liberté peut se mesurer au nombre des tireu
1479 sa liberté peut se mesurer au nombre des tireuses de cartes et de leurs clients avides d’anesthésie morale. Nous touchons
1480 ut se mesurer au nombre des tireuses de cartes et de leurs clients avides d’anesthésie morale. Nous touchons ici au secret
1481 des tireuses de cartes et de leurs clients avides d’ anesthésie morale. Nous touchons ici au secret du véritable Mal du siè
1482 , l’auteur, et l’homme qui réussit, cette galerie de victimes est classique au point d’en être presque démodée. Car Satan
1483 cette galerie de victimes est classique au point d’ en être presque démodée. Car Satan marche avec son temps, et paraît se
1484 Satan marche avec son temps, et paraît se soucier de moins en moins de persuader l’individu, dans une époque où celui-ci n
1485 son temps, et paraît se soucier de moins en moins de persuader l’individu, dans une époque où celui-ci n’existe guère. Son
1486 eilleure interprétation des phénomènes collectifs d’ aujourd’hui fut donnée vers 1848 par l’écrivain danois Søren Kierkegaa
1487 vain danois Søren Kierkegaard, le penseur capital de notre ère. Voici ce que l’on peut lire dans son journal intime : En
1488 e et des époques qui discutaient sans fin les cas de possession, c’est-à-dire d’individus particuliers se livrant au mal,
1489 ient sans fin les cas de possession, c’est-à-dire d’ individus particuliers se livrant au mal, je voudrais écrire un livre
1490 ontrer comment l’humanité qui se donne au diable, de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rassembl
1491 pour que l’hystérie naturelle et animale s’empare d’ eux, pour qu’ils se sentent stimulés, enflammés et hors d’eux-mêmes. L
1492 our qu’ils se sentent stimulés, enflammés et hors d’ eux-mêmes. Les scènes du Blocksberg sont le pendant exact de ces plais
1493 s. Les scènes du Blocksberg sont le pendant exact de ces plaisirs démoniaques, qui consistent à se perdre soi-même, à se l
1494 ne sait plus ce que l’on est en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce qui parle à travers nous, tandis que le sang
1495 t aux troubles révolutionnaires qui marquaient en Europe l’irruption du libéralisme, du capitalisme et du nationalisme. Lui se
1496 ue, et avant tous le principe diabolique créateur de la masse : fuir sa propre personne, n’être plus responsable, donc plu
1497 lus coupable, et devenir du même coup participant de la puissance divinisée de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances
1498 u même coup participant de la puissance divinisée de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances d’être celui qui aime à di
1499 sée de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances d’ être celui qui aime à dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est le
1500 e : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’es
1501 eux et leur vocation. Elle n’est personne et tire de là son assurance dans le crime. Il ne s’est pas trouvé un seul solda
1502 ité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’ être une foule, et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait
1503  !… Car une foule est une abstraction qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains, et lorsq
1504 nt ses mains, non celles du voisin, et non celles de la foule qui n’a pas de mains.22 Reconnaissons ici la vieille tacti
1505 du voisin, et non celles de la foule qui n’a pas de mains.22 Reconnaissons ici la vieille tactique, la sempiternelle ta
1506 ci la vieille tactique, la sempiternelle tactique de Satan. Dès la première tentation en Eden, il a recours au même et uni
1507 omme qu’il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs,
1508 e coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc maître de fixer le Bien et le Mal à sa guise. Alors ils entendirent la voix de
1509 le Mal à sa guise. Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et
1510 l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu a
1511 t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’homme répondit : La fem
1512 ue tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a
1513 : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquo
1514 ils disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés par leurs « complexes de culpabilité » et fuyant
1515 mes de notre temps, poussés par leurs « complexes de culpabilité » et fuyant devant l’aveu de leurs fautes, vont se cacher
1516 omplexes de culpabilité » et fuyant devant l’aveu de leurs fautes, vont se cacher dans les arbres, dans la foule. C’est-à-
1517 ù l’on est, à coup sûr, le plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’il
1518 e la face de l’Éternel ». Pour qu’il n’y ait plus de responsabilité, il faut qu’il n’y ait plus personne. Or si j’appelle
1519 plus personne. Or si j’appelle et qu’il n’y a pas de réponse, je dis qu’il n’y a personne ; la personne est en nous ce qui
1520 personne ; la personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse », ou responsable ; dans u
1521 ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse », ou responsable ; dans une foule il n’y a plus de réponse i
1522  », ou responsable ; dans une foule il n’y a plus de réponse individuelle ; pour qu’il n’y ait plus de responsable, il suf
1523 de réponse individuelle ; pour qu’il n’y ait plus de responsable, il suffit qu’il y ait une masse. Satan va donc créer les
1524 donc créer les masses. Nous tenons ici le secret de sa grande stratégie : produire le péché en série et rationaliser la c
1525 l’évolution générale du temps, favorisent ce Plan de mille manières. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à nous priv
1526 n de mille manières. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne responsable.
1527 le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’ être une personne responsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans
1528 Nous vivons tous, de plus en plus, dans un monde de transe collective. Nous participons tous, de plus en plus, à des form
1529 s participons tous, de plus en plus, à des formes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitudes normales.
1530 par leurs chefs. Tout cela contribue à l’arracher de sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de semblable. Quant
1531 sa vie propre, où il ne se passerait jamais rien de semblable. Quant aux inconvénients et à l’ennui de cette vie propre,
1532 e semblable. Quant aux inconvénients et à l’ennui de cette vie propre, autrefois jugés normaux, ils apparaissent de plus e
1533 acceptables à mesure que se répandent les notions de Progrès indéfini, de confort à tout prix, de succès rapide, et à mesu
1534 que se répandent les notions de Progrès indéfini, de confort à tout prix, de succès rapide, et à mesure que s’efface la cr
1535 ions de Progrès indéfini, de confort à tout prix, de succès rapide, et à mesure que s’efface la croyance dans un au-delà q
1536 oyance dans un au-delà qui, autrefois, permettait de prendre ses maux en patience. D’une part, l’individu moderne est inci
1537 Elles poussent l’homme à rechercher les occasions d’ être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédispos
1538 homme à rechercher les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à l’hypnose col
1539 les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à l’hypnose collective, une victim
1540 ons d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à l’hypnose collective, une victime virtuell
1541 se collective, une victime virtuelle des passions de masse. Partout où un individu prend sa vie personnelle en dégoût, le
1542 sme trouve un candidat. Certes, il n’y aurait pas de masses possibles, au sens précis de concentration d’hommes, sans la r
1543 ’y aurait pas de masses possibles, au sens précis de concentration d’hommes, sans la radio, les haut-parleurs, la presse e
1544 masses possibles, au sens précis de concentration d’ hommes, sans la radio, les haut-parleurs, la presse et les transports
1545 rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus intime des existences individuel
1546 seulement qu’on peut la dénoncer. 48. La tour de Babel Si la personne se perd dans le monde moderne, c’est que les
1547 uoi les avoir agrandis, depuis un siècle, au-delà de toute mesure ? Pourquoi veut-on du grand, du plus grand à tout prix ?
1548 x ? Sinon justement pour s’y perdre ! À l’origine de toutes ces choses trop vastes et trop complexes qui nous entourent sa
1549 niques, sociales et financières. Mais à l’origine de ces « nécessités » elles-mêmes, je pressens notre obscur désir de fui
1550 tés » elles-mêmes, je pressens notre obscur désir de fuite dans l’anonyme irresponsable, et la très vieille tentation de c
1551 onyme irresponsable, et la très vieille tentation de compenser nos inquiétudes par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or qua
1552 ntation de compenser nos inquiétudes par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand nous nous perdons, c’est le diable qui
1553 est le diable encore qui nous accueille au sommet de notre ascension. Comme le montre l’histoire de la tour de Babel qui e
1554 et de notre ascension. Comme le montre l’histoire de la tour de Babel qui est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne
1555 ascension. Comme le montre l’histoire de la tour de Babel qui est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne soit pas m
1556 stoire de la tour de Babel qui est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans le récit du chapit
1557 soit pas mentionné dans le récit du chapitre onze de la Genèse, le diable est de toute évidence le principal Entrepreneur
1558 écit du chapitre onze de la Genèse, le diable est de toute évidence le principal Entrepreneur de la Tour primitive et de s
1559 e est de toute évidence le principal Entrepreneur de la Tour primitive et de ses répliques modernes. (Je ne fais pas allus
1560 le principal Entrepreneur de la Tour primitive et de ses répliques modernes. (Je ne fais pas allusion aux gratte-ciel, ces
1561 ioses et toujours un peu bêtes, mais à l’ensemble de nos entreprises économiques, politiques et urbaines.) Reprenons ce ré
1562 afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. » Vous reconnaissez Satan à ce doute qui les prend, à
1563 ute qui les prend, à ce besoin qu’ils ont soudain de s’assurer de leur bonheur, dans le cas présent, leur unité. Et c’est
1564 rend, à ce besoin qu’ils ont soudain de s’assurer de leur bonheur, dans le cas présent, leur unité. Et c’est pourquoi ils
1565 r voulu s’assurer qu’elle le suivait : par manque de foi. Vous reconnaissez cette idée romantique qu’il leur suggère : fai
1566 ers devait prévoir, sera nécessairement l’inverse de ce qu’ils voulaient. Si vous mangez la pomme vous ne mourrez pas dit
1567 ir de là que « l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre ». Cette déconvenue mémorable est attribuée par le ré
1568 e est attribuée par le récit biblique à la colère de l’Éternel, qui « descendit pour voir la ville et la tour que bâtissai
1569 ont entrepris ! » On dirait qu’il veut les punir d’ être aussi bêtes. Mais le Dante imagine qu’ils se seraient bien punis
1570 ’y avait qu’à les laisser aller ! Dans son Traité de l’éloquence vulgaire, il propose une explication fort naturelle du ph
1571 opose une explication fort naturelle du phénomène de confusion des langues. Si les hommes ne se sont plus entendus lors de
1572 ne se sont plus entendus lors de la construction de ce premier gratte-ciel, c’est que l’entreprise était trop vaste, simp
1573 lement. En effet, pour mener à chef l’édification de la tour, ils furent obligés de se diviser en équipes spécialisées. Il
1574 chef l’édification de la tour, ils furent obligés de se diviser en équipes spécialisées. Il y avait les architectes, les s
1575 orteurs par eau et par terre. Et les corporations d’ ouvriers. Les uns faisaient la brique qui leur servait de pierre, les
1576 ers. Les uns faisaient la brique qui leur servait de pierre, les autres le bitume qui leur servait de ciment ; d’autres en
1577 de pierre, les autres le bitume qui leur servait de ciment ; d’autres encore n’étaient chargés que de monter les matériau
1578 de ciment ; d’autres encore n’étaient chargés que de monter les matériaux, d’autres de bâtir les murs, de charpenter, ou d
1579 ent chargés que de monter les matériaux, d’autres de bâtir les murs, de charpenter, ou de crépir. À cause de l’énormité de
1580 monter les matériaux, d’autres de bâtir les murs, de charpenter, ou de crépir. À cause de l’énormité de l’entreprise, ces
1581 ux, d’autres de bâtir les murs, de charpenter, ou de crépir. À cause de l’énormité de l’entreprise, ces équipes spécialisé
1582 e charpenter, ou de crépir. À cause de l’énormité de l’entreprise, ces équipes spécialisées vivaient à part les unes des a
1583 lles se créèrent des langages techniques, jargons de métier, patois divers, tant qu’à la fin elles ne se comprirent plus.
1584 n sommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulaire, en politique surtout, suffirait à trahir l’absence
1585 n politique surtout, suffirait à trahir l’absence de toute commune mesure dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour
1586 nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la règle d’ or, l’étalon-homme. Et pour avoir été trop vite en tout, nous avons pe
1587 our avoir été trop vite en tout, nous avons perdu de vue la mesure et le sens des fins dernières de l’œuvre humaine. L’ind
1588 du de vue la mesure et le sens des fins dernières de l’œuvre humaine. L’individu s’égare dans ces vastes rouages, il s’y s
1589 son préfabriquée avec une telle rapidité que l’un d’ eux resta pris dans la bâtisse, dont il fallut détruire toute une sect
1590 r mieux dire la babélisation des cadres matériels de notre vie. L’invention des machines a brusquement accru nos possibili
1591 des machines a brusquement accru nos possibilités d’ action sur la matière. L’industrie et le commerce ont provoqué la brus
1592 e et le commerce ont provoqué la brusque création de villes énormes, dix ou cent fois plus grandes que celles qu’on connai
1593 ent d’ailleurs toute l’instabilité. La population de l’Europe a plus que doublé en cent ans ; ses richesses ont été décupl
1594 ’ailleurs toute l’instabilité. La population de l’ Europe a plus que doublé en cent ans ; ses richesses ont été décuplées ; sa
1595 tion industrielle centuplée. Et le concours enfin de tous ces éléments a provoqué la création d’armées considérables, agra
1596 enfin de tous ces éléments a provoqué la création d’ armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquem
1597 d’armées considérables, agrandissant le phénomène de la guerre, brusquement, aux proportions du continent. Ainsi, par une
1598 . Ainsi, par une mutation brusque, dans l’espace de cinquante à cent ans, la société est devenue trop gigantesque pour êt
1599 té est devenue trop gigantesque pour être dominée d’ un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comprendre et e
1600 aux plus grossiers et aux plus ignorants le droit de voter et de dire leur mot sur tout : ce ne sera pas pire.) Alors le v
1601 ssiers et aux plus ignorants le droit de voter et de dire leur mot sur tout : ce ne sera pas pire.) Alors le vertige de Ba
1602 sur tout : ce ne sera pas pire.) Alors le vertige de Babel s’empare de l’esprit humain. Comme tout vertige, il naît de l’i
1603 era pas pire.) Alors le vertige de Babel s’empare de l’esprit humain. Comme tout vertige, il naît de l’incapacité de suppo
1604 e de l’esprit humain. Comme tout vertige, il naît de l’incapacité de supporter des altitudes ou des dimensions inhumaines.
1605 main. Comme tout vertige, il naît de l’incapacité de supporter des altitudes ou des dimensions inhumaines. Comme tout vert
1606 fut plus savant, et jamais il n’eut l’impression de comprendre aussi mal ce qui se passe dans son monde. Jamais avec plus
1607 ce qui se passe dans son monde. Jamais avec plus de ferveur il n’approcha des buts de son Progrès, jamais non plus sa bar
1608 amais avec plus de ferveur il n’approcha des buts de son Progrès, jamais non plus sa barbarie ne se montra mieux armée pou
1609 e, et soyez comme des dieux, oubliez votre mesure d’ hommes ! » Mais, plus on monte et mieux on tombe. Allez chercher maint
1610 it jamais rien, des gouvernants qui ont trop peur d’ elle pour l’informer, — une fuite universelle dans l’anonyme, une énor
1611 me cacophonie dominée par le bruit des bombes. Un de ces fous à la sagesse bavarde, comme on en trouve dans les cafés, ava
1612 comme on en trouve dans les cafés, avait coutume de me faire la théorie suivante : tout le mal vient des étages, inventio
1613 ent pour abriter les hommes. Il n’est pas naturel de lui ajouter des étages. Car en tombant du quatrième, par exemple, on
1614 ant qu’un sentiment nouveau, et comme indépendant de nos catégories, se manifeste dans l’époque moderne. Au-delà du bien e
1615 blissement ou l’extinction presque totale du sens de la vocation personnelle. Admettons que tout y concourt dans l’ère col
1616 alisée. Tout contribue au refoulement des raisons de vivre non prévues par les statistiques de l’État. Mais pourquoi deven
1617 raisons de vivre non prévues par les statistiques de l’État. Mais pourquoi devenons-nous collectivistes, si vraiment nous
1618 ent les prétextes que nous offrent les historiens de l’économie matérialiste. Nous nous réfugions dans l’Ennui plutôt que
1619 iste. Nous nous réfugions dans l’Ennui plutôt que d’ accepter le défi d’une vocation sans précédent, — elles le sont toutes
1620 ugions dans l’Ennui plutôt que d’accepter le défi d’ une vocation sans précédent, — elles le sont toutes. Allez demander a
1621 s le sont toutes. Allez demander aux jeunes gens d’ aujourd’hui quel est le sens de leur vie, le goût de leur existence. S
1622 er aux jeunes gens d’aujourd’hui quel est le sens de leur vie, le goût de leur existence. S’ils trouvent quelque emploi, c
1623 aujourd’hui quel est le sens de leur vie, le goût de leur existence. S’ils trouvent quelque emploi, c’est « un job » simpl
1624 sans qualification ni préférence intime. Le goût de l’argent — ou son besoin — obnubile chez le plus grand nombre un sent
1625 hez le plus grand nombre un sentiment fondamental d’ ennui, mais ce n’est encore qu’un camouflage. On fait cela pour faire
1626 a pour faire quelque chose, parce qu’il n’y a pas de raison de faire une chose plutôt qu’une autre… Lorsque j’entends bâil
1627 re quelque chose, parce qu’il n’y a pas de raison de faire une chose plutôt qu’une autre… Lorsque j’entends bâiller : « Qu
1628 r : « Que faut-il que je fasse, je ne trouve plus d’ intérêt à rien ? » il me vient à l’esprit ces phrases de Kierkegaard :
1629 rêt à rien ? » il me vient à l’esprit ces phrases de Kierkegaard : « Comment devenir chrétien ? prenez n’importe quelle rè
1630 devenir chrétien ? prenez n’importe quelle règle d’ action chrétienne. Essayez de l’appliquer. » Car il est clair que cet
1631 importe quelle règle d’action chrétienne. Essayez de l’appliquer. » Car il est clair que cet effort, s’il est sincère, va
1632 conflits se manifestent, où paraissent les lignes de force de la vie spirituelle ou morale, où le drame de la vocation se
1633 se manifestent, où paraissent les lignes de force de la vie spirituelle ou morale, où le drame de la vocation se précise i
1634 orce de la vie spirituelle ou morale, où le drame de la vocation se précise instantanément : plus une seconde d’ennui ne s
1635 tion se précise instantanément : plus une seconde d’ ennui ne sera possible. Et votre plainte sera de n’avoir qu’une seule
1636 e d’ennui ne sera possible. Et votre plainte sera de n’avoir qu’une seule vie. Ennui : chasse gardée du démon. Parce que
1637 l croie la science ou invoque le mystère, l’homme d’ aujourd’hui montre une constante et masochiste propension à se vouloir
1638 pension à se vouloir irresponsable. Tout lui sert d’ alibi, tout lui est bon pour prouver qu’il n’y était pas, que ce n’est
1639 sa passion lui dit : c’était vital, il n’y a pas de faute. Ceux de mes contemporains qui se représentent l’homme comme un
1640 dit : c’était vital, il n’y a pas de faute. Ceux de mes contemporains qui se représentent l’homme comme un complexe de gl
1641 ins qui se représentent l’homme comme un complexe de glandes endocrines, d’enzymes et de vitamines, ont de plus en plus de
1642 l’homme comme un complexe de glandes endocrines, d’ enzymes et de vitamines, ont de plus en plus de peine à concevoir que
1643 e un complexe de glandes endocrines, d’enzymes et de vitamines, ont de plus en plus de peine à concevoir que le jugement m
1644 s, d’enzymes et de vitamines, ont de plus en plus de peine à concevoir que le jugement moral garde un sens, et que la pers
1645  péché » ne sont plus, à leur vue, que les effets d’ un trouble temporaire ou chronique dans le régime des sécrétions inter
1646 que fois que nous découvrons un nouveau mécanisme de la vie, nous sommes aussitôt obsédés par l’idée que « cela explique t
1647 ’idée que « cela explique tout ». Étrange névrose de l’homme moderne ! Quoi de plus sot que de prétendre expliquer la cond
1648 névrose de l’homme moderne ! Quoi de plus sot que de prétendre expliquer la conduite et les décisions morales d’un tout pa
1649 re expliquer la conduite et les décisions morales d’ un tout par la description du fonctionnement de quelques-unes de ses p
1650 es d’un tout par la description du fonctionnement de quelques-unes de ses parties, les dernières analysées toujours ? Qui
1651 la description du fonctionnement de quelques-unes de ses parties, les dernières analysées toujours ? Qui vous prouve que v
1652 aussi bien. Qui a commencé ? Qui est responsable de cette méchante décision ? L’homme ou son foie ? Nous sommes bien trop
1653 que j’accorde à l’hypothèse matérialiste le droit de se dire objective. J’y vois trop facilement le coup de pouce du diabl
1654 dire objective. J’y vois trop facilement le coup de pouce du diable. Certes, je n’accuse pas la Science — rien de moins d
1655 diable. Certes, je n’accuse pas la Science — rien de moins diabolique qu’une observation juste — mais seulement les sophis
1656 ur justifier nos démissions morales. Mais en fait de prétextes, il en a de meilleurs que la science et que ses vulgarisati
1657 sions morales. Mais en fait de prétextes, il en a de meilleurs que la science et que ses vulgarisations imprudentes. L’adj
1658 it un mensonge, on sait qu’on ment, et l’on tâche de ne pas se faire prendre. Si l’on commet quelque mauvaise action, on e
1659 quelque mauvaise action, on essaie tout au moins de se disculper par rapport à une vérité et à un bien généralement admis
1660 admis. Mais notre époque a remplacé les critères de la vérité par des valeurs d’intensité, et le respect du bien par celu
1661 emplacé les critères de la vérité par des valeurs d’ intensité, et le respect du bien par celui de la « vie ». Tout ce qui
1662 eurs d’intensité, et le respect du bien par celui de la « vie ». Tout ce qui paraît suffisamment intense, désormais, cesse
1663 qui paraît suffisamment intense, désormais, cesse de relever de la vérité ou du mensonge. Il est admis, de nos jours, que
1664 suffisamment intense, désormais, cesse de relever de la vérité ou du mensonge. Il est admis, de nos jours, que la passion,
1665 elever de la vérité ou du mensonge. Il est admis, de nos jours, que la passion, l’émotion et l’hystérie même vous mettent
1666 assion, l’émotion et l’hystérie même vous mettent de droit au-delà du bien et du mal. Elles vous libèrent de toute obligat
1667 it au-delà du bien et du mal. Elles vous libèrent de toute obligation, elles n’ont plus à se justifier. J’avais juré d’êtr
1668 on, elles n’ont plus à se justifier. J’avais juré d’ être fidèle, dit un conjoint, mais je m’aperçois que c’est incompatibl
1669 i qui est nouveau : l’on s’en vante, avec l’appui de tous les romanciers, des journalistes, des philosophes et des doctrin
1670 litiques. Les tribunaux, naguère, avaient coutume d’ acquitter les crimes passionnels. Aux grandes époques on eût doublé la
1671 ornons-nous à le noter en passant : notre respect de la passion et de « la vie » sont des signes de décadence des passions
1672 noter en passant : notre respect de la passion et de « la vie » sont des signes de décadence des passions mêmes et de la v
1673 ct de la passion et de « la vie » sont des signes de décadence des passions mêmes et de la vraie vie. J’emprunte ici à And
1674 ont des signes de décadence des passions mêmes et de la vraie vie. J’emprunte ici à André Gide une pénétrante et minutieus
1675 dré Gide une pénétrante et minutieuse description de ce glissement du vrai vers le « vital » au secret d’une conscience mo
1676 ce glissement du vrai vers le « vital » au secret d’ une conscience moderne : Mais j’étais scrupuleux et, devant que je m’
1677 de force te viendrait, ajoutait-il, si plutôt que de t’user à lutter ainsi contre toi-même, tu ne luttais plus que contre
1678 ’empêchement du dehors… Va, sache triompher enfin de toi-même et de ta propre honnêteté »… Bref, il tirait argument et ava
1679 dehors… Va, sache triompher enfin de toi-même et de ta propre honnêteté »… Bref, il tirait argument et avantage de ce qu’
1680 honnêteté »… Bref, il tirait argument et avantage de ce qu’il m’en coûtait de céder à mon désir plutôt que de le brider en
1681 ait argument et avantage de ce qu’il m’en coûtait de céder à mon désir plutôt que de le brider encore… Il va sans dire que
1682 u’il m’en coûtait de céder à mon désir plutôt que de le brider encore… Il va sans dire que je ne compris que beaucoup plus
1683 us tard ce qu’il y avait, dans cette exhortation, de diabolique. Je croyais alors que j’étais le seul à parler et que ce d
1684 ue je ne le distinguais encore pas. Il avait fait de moi sa conquête ; je me croyais victorieux, oui : victorieux de moi-m
1685 uête ; je me croyais victorieux, oui : victorieux de moi-même parce que je me livrais à lui. Parce qu’il m’avait convaincu
1686 conscience individuelle, c’est le même, en chacun de ses détails, qu’Hitler a proposé au peuple allemand. Et cela s’appela
1687 au peuple allemand. Et cela s’appelait la théorie de l’espace vital. « Comment ce qui t’est nécessaire ne te serait-il pas
1688 oif ? Une grande force te viendrait si plutôt que de t’user à tenir tes engagements, tu ne luttais plus que contre l’étran
1689 t ce qui sert tes intérêts, qui sont les intérêts de la nation. N’est-ce pas ici le lieu de se demander au nom de quoi no
1690 intérêts de la nation. N’est-ce pas ici le lieu de se demander au nom de quoi nos moralistes de la passion pourraient co
1691 lieu de se demander au nom de quoi nos moralistes de la passion pourraient combattre les doctrines nationalistes ? 51.
1692 times of weakness. Francis Bacon. Il n’est pas de domaine où l’argument de l’espace vital, individuel cette fois-ci, ai
1693 is Bacon. Il n’est pas de domaine où l’argument de l’espace vital, individuel cette fois-ci, ait eu plus de succès que d
1694 pace vital, individuel cette fois-ci, ait eu plus de succès que dans l’amour tel qu’on le cultive en Occident. Depuis un s
1695 epuis un siècle, tous les romans illustrent, avec d’ autant moins d’art qu’ils y rencontrent plus de complaisance, la théor
1696 , tous les romans illustrent, avec d’autant moins d’ art qu’ils y rencontrent plus de complaisance, la théorie du droit de
1697 ec d’autant moins d’art qu’ils y rencontrent plus de complaisance, la théorie du droit de la passion : « Une femme apparti
1698 ontrent plus de complaisance, la théorie du droit de la passion : « Une femme appartient de droit à l’homme qui l’aime et
1699 e du droit de la passion : « Une femme appartient de droit à l’homme qui l’aime et quelle aime plus que la vie, et il n’y
1700 ’aime et quelle aime plus que la vie, et il n’y a d’ unions à jamais légitimes que celles qui sont commandées par la vraie
1701 permis quand on s’aime ». La première conséquence de cette grande permission est de faire sauter l’alliance du mariage. Da
1702 emière conséquence de cette grande permission est de faire sauter l’alliance du mariage. Dans la morale que pratiquent nos
1703 morale que pratiquent nos contemporains, la force de l’amour prime le droit du serment. Mais cette proposition ébranle le
1704 ion ébranle le monde. Car attaquer au plus intime de l’être le sens de l’alliance jurée, c’est faire le lit d’une éthique
1705 de. Car attaquer au plus intime de l’être le sens de l’alliance jurée, c’est faire le lit d’une éthique de barbares. Prend
1706 e le sens de l’alliance jurée, c’est faire le lit d’ une éthique de barbares. Prendre la femme du voisin ou ses terres parc
1707 ’alliance jurée, c’est faire le lit d’une éthique de barbares. Prendre la femme du voisin ou ses terres parce qu’on a déco
1708 ue les mêmes principes dont s’autorise l’anarchie de nos mœurs privées. Toutefois les partisans du romantisme maintiendron
1709 t on prétend qu’il permet tout, est véritablement de l’amour, ou s’il n’est pas plutôt quelque hantise abusivement parée d
1710 ’est pas plutôt quelque hantise abusivement parée de ce beau nom. Or chacun voit que « l’amour » moderne est une immense f
1711 l’amour » moderne est une immense faillite intime de notre civilisation. C’est une affaire si tragiquement confuse que le
1712 i tragiquement confuse que le diable seul est sûr de s’y retrouver. Niera-t-on qu’il s’en donne à cœur joie ? Mais il exis
1713 donne à cœur joie ? Mais il existe un moyen court de le dépister, ici encore. La part du diable dans « l’amour », c’est si
1714 l’amour », c’est simplement tout ce qui n’est pas de l’amour. C’est tout ce qui se glisse en nous sous le couvert du mot.
1715 ’aime pas qu’on aime, et dont tout le plaisir est d’ altérer nos vertus dans leur source. Vous le sentirez présent, dans sa
1716 ésent, dans sa force immobile, derrière le regard de l’être sans amour. Et partout où l’amour est contrefait, vous le reco
1717 , et si l’alliance primordiale du mariage n’a pas de pire ennemi que « l’amour » tel qu’on le parle, c’est que le plus bea
1718  » tel qu’on le parle, c’est que le plus beau mot de toutes les langues est pipé sur nos lèvres par Satan. Nulle époque n’
1719 èvres par Satan. Nulle époque n’a parlé davantage de l’amour, avec si peu d’exigence réelle. Le diable nous a fait nommer
1720 poque n’a parlé davantage de l’amour, avec si peu d’ exigence réelle. Le diable nous a fait nommer « amour » une vague obse
1721 , et dont les romans et les films sont les agents de diffusion. Cette obsession était devenue la grande affaire de notre c
1722 . Cette obsession était devenue la grande affaire de notre civilisation en temps de paix, — la religion de ceux qui n’en v
1723 la grande affaire de notre civilisation en temps de paix, — la religion de ceux qui n’en voulaient plus. Son empire s’est
1724 otre civilisation en temps de paix, — la religion de ceux qui n’en voulaient plus. Son empire s’est étendu sur les domaine
1725 brairie, sur la vente des parfums, sur l’activité de millions d’avocats et de médecins, sur les magazines illustrés, sur t
1726 la vente des parfums, sur l’activité de millions d’ avocats et de médecins, sur les magazines illustrés, sur tous les comm
1727 parfums, sur l’activité de millions d’avocats et de médecins, sur les magazines illustrés, sur tous les commerces de mode
1728 r les magazines illustrés, sur tous les commerces de modes. Sur beaucoup plus ! Car elle a modifié notre échelle des valeu
1729 chelle des valeurs. La surestimation extravagante de l’amour — j’entends bien de cette forme de hantise qui ressemble à l’
1730 timation extravagante de l’amour — j’entends bien de cette forme de hantise qui ressemble à l’amour véritable comme la vil
1731 agante de l’amour — j’entends bien de cette forme de hantise qui ressemble à l’amour véritable comme la ville de Lyon à un
1732 qui ressemble à l’amour véritable comme la ville de Lyon à un lion — a déprimé progressivement dans notre époque le sens
1733 ssivement dans notre époque le sens et le respect de la tenue morale, du sacrifice au bien commun, des vertus viriles et d
1734 bonheur individuel est devenu notre tabou : signe de décadence d’une civilisation. Auguste obligé de choisir entre le trôn
1735 iduel est devenu notre tabou : signe de décadence d’ une civilisation. Auguste obligé de choisir entre le trône et Bérénice
1736 e de décadence d’une civilisation. Auguste obligé de choisir entre le trône et Bérénice, renvoie la femme. Dans le même ca
1737 ique, avec l’approbation des foules. La décadence de la vertu est un thème millénaire de l’éloquence sacrée. Mais je signa
1738 La décadence de la vertu est un thème millénaire de l’éloquence sacrée. Mais je signale ici un trait plus inquiétant : la
1739 gnale ici un trait plus inquiétant : la décadence de la virtù dans notre siècle, sous l’effet de la publicité faite à l’am
1740 dence de la virtù dans notre siècle, sous l’effet de la publicité faite à l’amour vulgarisé. En toute époque, c’est à cert
1741 certaines nuances « modernes » des sentiments et de leurs modes que se révèle de la manière la plus précise l’œuvre du di
1742  » des sentiments et de leurs modes que se révèle de la manière la plus précise l’œuvre du diable. Ce qui distingue l’amou
1743 ce qui devrait disqualifier le très grand nombre de ceux qui s’en prévalent, c’est justement cette nuance d’obsession, et
1744 qui s’en prévalent, c’est justement cette nuance d’ obsession, et la facilité qu’on montre à y céder. C’est une sinistre a
1745 n d’autres temps, on se défendait, on avait honte de perdre le contrôle de soi. C’était tout perdre, ou pire : c’était mal
1746 e défendait, on avait honte de perdre le contrôle de soi. C’était tout perdre, ou pire : c’était mal vu. Aujourd’hui l’obs
1747 e, — et moins encore un ridicule. Certes l’amour, de tous les sentiments, est celui qui se prête le mieux à justifier l’ab
1748 ui qui se prête le mieux à justifier l’abdication de soi, puisqu’à son comble il nous porte à donner notre vie même pour c
1749 vie même pour ceux que nous aimons. Entre ce don de soi et l’abandon, Satan ménage plus d’une pente insensible. Il sait q
1750 tre ce don de soi et l’abandon, Satan ménage plus d’ une pente insensible. Il sait que l’amour est le domaine par excellenc
1751 mieux sur ses motifs et ne se paye plus aisément de sophismes cousus de fil blanc. Nulle part le masochisme et l’égoïsme
1752 s et ne se paye plus aisément de sophismes cousus de fil blanc. Nulle part le masochisme et l’égoïsme étroit ne revêtent a
1753 ochisme et l’égoïsme étroit ne revêtent avec plus de succès les apparences du sacrifice. D’ailleurs, l’un des premiers eff
1754 u sacrifice. D’ailleurs, l’un des premiers effets de la passion est de nous empêcher de nous sentir coupables dans l’insta
1755 leurs, l’un des premiers effets de la passion est de nous empêcher de nous sentir coupables dans l’instant même où nous sa
1756 remiers effets de la passion est de nous empêcher de nous sentir coupables dans l’instant même où nous savons le mieux que
1757 le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus aucune illusion, lui disait-elle, mêm
1758 ait à commettre. » C’est l’un des plus vieux cris de l’humanité, le plus terriblement sincère ! Si par colère, orgueil, en
1759 être, vous pouvez éprouver du remords et le désir de réparer la faute. Mais si c’est par « amour », rien ne vous arrête, e
1760 oit ! Or à ce point l’amour devient indiscernable de l’égoïsme ou même de la haine. Non seulement la lucidité y est plus r
1761 ’amour devient indiscernable de l’égoïsme ou même de la haine. Non seulement la lucidité y est plus rare et difficile qu’a
1762 u’au sein de toute autre passion, mais elle y est de surcroît parfaitement inutile. « Je vois bien le mal que je fais et l
1763 en faire quelque chose, l’appui sans restriction d’ une morale dure, d’une coutume intransigeante, ou d’une foi plus forte
1764 hose, l’appui sans restriction d’une morale dure, d’ une coutume intransigeante, ou d’une foi plus forte que la vie. Il fau
1765 une morale dure, d’une coutume intransigeante, ou d’ une foi plus forte que la vie. Il faudrait un critère permettant de qu
1766 rte que la vie. Il faudrait un critère permettant de qualifier d’égoïsme, de haine ou de maladie psychique tout amour dont
1767 e. Il faudrait un critère permettant de qualifier d’ égoïsme, de haine ou de maladie psychique tout amour dont les fruits s
1768 ait un critère permettant de qualifier d’égoïsme, de haine ou de maladie psychique tout amour dont les fruits sont amers,
1769 re permettant de qualifier d’égoïsme, de haine ou de maladie psychique tout amour dont les fruits sont amers, le privant a
1770 r dont les fruits sont amers, le privant aussitôt de ses droits absolus. Mais nous avons une morale romantique exaltant la
1771 ue exaltant la passion « fatale » : c’en est fait de la toute petite chance de liberté qui nous restait. Cette « fatalité 
1772 atale » : c’en est fait de la toute petite chance de liberté qui nous restait. Cette « fatalité » de la passion n’est qu’u
1773 e de liberté qui nous restait. Cette « fatalité » de la passion n’est qu’une manière de parler romanesque, mais combien d’
1774 e « fatalité » de la passion n’est qu’une manière de parler romanesque, mais combien d’amoureux s’en autorisent pour évite
1775 qu’une manière de parler romanesque, mais combien d’ amoureux s’en autorisent pour éviter d’avouer leurs vraies raisons, le
1776 is combien d’amoureux s’en autorisent pour éviter d’ avouer leurs vraies raisons, leurs complaisances, leurs volontés secrè
1777 le diable a substitué dans nos esprits le respect de la sincérité au respect — même distant et théorique — du bien de l’au
1778 au respect — même distant et théorique — du bien de l’autre et de la foi jurée. Sublime astuce, car cette sincérité garde
1779 même distant et théorique — du bien de l’autre et de la foi jurée. Sublime astuce, car cette sincérité garde encore le nom
1780 e astuce, car cette sincérité garde encore le nom d’ une vertu. Mais voici comment elle agit dans un monde où elle ne sert
1781 t la loi ou devant Dieu, vous prenez l’engagement d’ être fidèle « dans les bons et les mauvais jours » quoi qu’il advienne
1782 notre fidélité, quand elle s’oppose à la loi même de la Vie ? Est-il “sincère” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit, mais j
1783 oppose à la loi même de la Vie ? Est-il “sincère” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit, mais je ne suis plus le même. Et dè
1784 r malheur, ce beau raisonnement détruit les bases de tout traité, de toute parole donnée ou échangée, enfin du langage mêm
1785 au raisonnement détruit les bases de tout traité, de toute parole donnée ou échangée, enfin du langage même et de la possi
1786 role donnée ou échangée, enfin du langage même et de la possibilité de s’entendre sur quoi que ce soit. Car pourquoi fait-
1787 angée, enfin du langage même et de la possibilité de s’entendre sur quoi que ce soit. Car pourquoi fait-on des serments ?
1788 al. Mais si l’on pense qu’il est plus « sincère » de suivre son instinct que de garder parole, que le bonheur vaut mieux q
1789 l est plus « sincère » de suivre son instinct que de garder parole, que le bonheur vaut mieux que la vérité, et que l’inté
1790 vérité, et que l’intérêt « vital » ne connaît pas de loi, alors on entre dans un monde où l’hitlérisme est justifié. L’ord
1791 ’en vertu d’un effort constant contre ce genre-là de « sincérité » ; qu’en vertu d’une constante « hypocrisie » s’efforçan
1792 vertu d’une constante « hypocrisie » s’efforçant de subordonner nos petit bonheurs à la justice, nos désirs à l’amour du
1793 la tête ce qui unit les hommes — la compréhension de l’utilité et du préjudice général — et dans le cœur ce qui sépare — l
1794 r que le diable nous a pris. Certes, ce n’est pas d’ hier qu’on trompe sa femme, et qu’on trahit ses serments par amour. « 
1795 la faute qui me paraît nouvelle, c’est la manière de l’accepter au nom de la Vie et de la Sincérité, — devises de faibles.
1796 ’est la manière de l’accepter au nom de la Vie et de la Sincérité, — devises de faibles. ⁂ L’amour moderne, si j’en crois
1797 er au nom de la Vie et de la Sincérité, — devises de faibles. ⁂ L’amour moderne, si j’en crois nos romanciers et les stati
1798 si j’en crois nos romanciers et les statistiques de divorce, atteint un degré de complexité inégalé dans toute l’Histoire
1799 et les statistiques de divorce, atteint un degré de complexité inégalé dans toute l’Histoire : trouble mélange de pathéti
1800 é inégalé dans toute l’Histoire : trouble mélange de pathétique sentimental, de freudisme mal digéré, d’égoïste sincérité,
1801 oire : trouble mélange de pathétique sentimental, de freudisme mal digéré, d’égoïste sincérité, d’idées sur le droit au bo
1802 pathétique sentimental, de freudisme mal digéré, d’ égoïste sincérité, d’idées sur le droit au bonheur, d’intensité nerveu
1803 al, de freudisme mal digéré, d’égoïste sincérité, d’ idées sur le droit au bonheur, d’intensité nerveuse et de faiblesse de
1804 oïste sincérité, d’idées sur le droit au bonheur, d’ intensité nerveuse et de faiblesse de caractère. Au cinéma, c’est plus
1805 sur le droit au bonheur, d’intensité nerveuse et de faiblesse de caractère. Au cinéma, c’est plus aimable et moins ressem
1806 au bonheur, d’intensité nerveuse et de faiblesse de caractère. Au cinéma, c’est plus aimable et moins ressemblant. Dans l
1807 t. Dans la vie — regardez dans vos vies —, il y a de tout bien sûr, il y a de bons ménages et des sentiments authentiques,
1808 dans vos vies —, il y a de tout bien sûr, il y a de bons ménages et des sentiments authentiques, mais il y a ce que décri
1809 t certainement, il y a bien pire. Surtout, il y a de moins en moins de passions fortes, simplement parce que nous cherchon
1810 y a bien pire. Surtout, il y a de moins en moins de passions fortes, simplement parce que nous cherchons la passion pour
1811 ui d’abord leur résistent. L’importance démesurée de « l’amour » dans nos mœurs, moins comme réalité que comme arrière-pen
1812 erpétuelle et nostalgique, révèle toute l’étendue de notre ennui, le dégoût de l’homme moyen pour sa vie quotidienne, l’ab
1813 révèle toute l’étendue de notre ennui, le dégoût de l’homme moyen pour sa vie quotidienne, l’absence de buts et d’intérêt
1814 l’homme moyen pour sa vie quotidienne, l’absence de buts et d’intérêts puissants capables d’absorber nos rêves. Ce culte
1815 yen pour sa vie quotidienne, l’absence de buts et d’ intérêts puissants capables d’absorber nos rêves. Ce culte de la passi
1816 ’absence de buts et d’intérêts puissants capables d’ absorber nos rêves. Ce culte de la passion toujours fuyante, j’y vois
1817 puissants capables d’absorber nos rêves. Ce culte de la passion toujours fuyante, j’y vois le signe d’une espèce de névros
1818 de la passion toujours fuyante, j’y vois le signe d’ une espèce de névrose ou de vertige épidémique : le besoin d’être dépo
1819 toujours fuyante, j’y vois le signe d’une espèce de névrose ou de vertige épidémique : le besoin d’être dépossédé de soi,
1820 nte, j’y vois le signe d’une espèce de névrose ou de vertige épidémique : le besoin d’être dépossédé de soi, donc possédé
1821 e de névrose ou de vertige épidémique : le besoin d’ être dépossédé de soi, donc possédé par l’extérieur ou l’étranger, par
1822 e vertige épidémique : le besoin d’être dépossédé de soi, donc possédé par l’extérieur ou l’étranger, par une chose, par u
1823 les faiblesses qu’il autorise, il est grand temps de le disqualifier au nom et pour l’amour de l’amour même. Il est temps
1824 d temps de le disqualifier au nom et pour l’amour de l’amour même. Il est temps de décourager les innombrables amateurs sa
1825 nom et pour l’amour de l’amour même. Il est temps de décourager les innombrables amateurs sans vocation qui l’apprennent p
1826 uctures qui nous protégeaient contre les paniques de l’instinct. La morale bourgeoise est trop faible. Quand les romancier
1827 r aux valeurs dures et rationnelles. Elle se doit de restaurer d’urgence des interdits drastiques, des préjugés solides — 
1828 dures et rationnelles. Elle se doit de restaurer d’ urgence des interdits drastiques, des préjugés solides — même si le di
1829 haîner la tyrannie, bientôt sanglante, des démons de la jungle intérieure. Telle est la leçon de notre crise. C’est une qu
1830 émons de la jungle intérieure. Telle est la leçon de notre crise. C’est une question de physique sociale plus que de vertu
1831 e est la leçon de notre crise. C’est une question de physique sociale plus que de vertu, une question de vie ou de mort po
1832 . C’est une question de physique sociale plus que de vertu, une question de vie ou de mort pour notre civilisation et pour
1833 physique sociale plus que de vertu, une question de vie ou de mort pour notre civilisation et pour tout ordre, quel qu’il
1834 sociale plus que de vertu, une question de vie ou de mort pour notre civilisation et pour tout ordre, quel qu’il soit, qui
1835 out ordre, quel qu’il soit, qui mérite l’épithète d’ humain. 52. La passion Je parlerai maintenant de l’amour même, n
1836 main. 52. La passion Je parlerai maintenant de l’amour même, non plus de ses contrefaçons. Je parlerai de la passion
1837 Je parlerai maintenant de l’amour même, non plus de ses contrefaçons. Je parlerai de la passion dans son éclat. L’amour-p
1838 r même, non plus de ses contrefaçons. Je parlerai de la passion dans son éclat. L’amour-passion, signe particulier de la p
1839 ans son éclat. L’amour-passion, signe particulier de la psyché occidentale, est né d’un retour de flamme du christianisme
1840 igne particulier de la psyché occidentale, est né d’ un retour de flamme du christianisme dans les marges de l’hérésie. Inc
1841 lier de la psyché occidentale, est né d’un retour de flamme du christianisme dans les marges de l’hérésie. Inconnu de l’An
1842 retour de flamme du christianisme dans les marges de l’hérésie. Inconnu de l’Antiquité et de l’Orient, il ne peut exister
1843 ristianisme dans les marges de l’hérésie. Inconnu de l’Antiquité et de l’Orient, il ne peut exister que dans une civilisat
1844 es marges de l’hérésie. Inconnu de l’Antiquité et de l’Orient, il ne peut exister que dans une civilisation marquée par la
1845 ation marquée par la croyance en la valeur unique de chaque être. Il suppose un objet irremplaçable, et comme prédestiné p
1846 enne à l’origine, et dont cette phrase du Mystère de Jésus nous donne peut-être l’expression la plus poignante : « Je pens
1847 is à toi dans mon agonie, j’ai versé telle goutte de sang pour toi. » Mais l’idée du divin dans un être, source et objet d
1848 ais l’idée du divin dans un être, source et objet de tout amour profond, va faire naître l’idolâtrie pour peu que l’élan q
1849 isse et s’arrête à l’image créée. Le désir infini de l’âme souffre alors des limitations d’un objet qui résiste et qui bie
1850 sir infini de l’âme souffre alors des limitations d’ un objet qui résiste et qui bientôt l’embrase. Secrètement déçu, mais
1851 ’indistinction. Et finalement, passant les bornes de la réalité disqualifiée et de la vie jamais assez vivante, il se jett
1852 passant les bornes de la réalité disqualifiée et de la vie jamais assez vivante, il se jette avec lui dans la mort. Extas
1853 c lui dans la mort. Extase des derniers instants, de Tristan et d’Isolde, ou des amants de Vérone. La contradiction tortur
1854 mort. Extase des derniers instants, de Tristan et d’ Isolde, ou des amants de Vérone. La contradiction torturante que souff
1855 s instants, de Tristan et d’Isolde, ou des amants de Vérone. La contradiction torturante que souffre l’infini désir, sédui
1856 origine et cette catastrophe ne cesseront jamais d’ être instantes au cœur secret de la passion occidentale. L’une, ignoré
1857 cesseront jamais d’être instantes au cœur secret de la passion occidentale. L’une, ignorée ou reniée, demeure à l’arrière
1858 lan lointain, l’autre, voilée, attend à l’horizon de tout amour digne du nom de passion. C’est pourquoi la passion peut bi
1859 ée, attend à l’horizon de tout amour digne du nom de passion. C’est pourquoi la passion peut bien être le lieu de la plus
1860 C’est pourquoi la passion peut bien être le lieu de la plus grande intensité vitale, en même temps qu’elle se fait l’agen
1861 véritable, car elle suppose une très grande force d’ imagination créatrice ; des dispositions spirituelles à la fois délica
1862 vé leur véritable objet ; un pouvoir exceptionnel de concentration, c’est-à-dire de fidélité ; enfin le mépris des biens t
1863 uvoir exceptionnel de concentration, c’est-à-dire de fidélité ; enfin le mépris des biens terrestres et du bonheur. Ce com
1864 it croire. Je mets en fait qu’il n’y a guère plus de grands amants que de vrais mystiques, la passion étant au sentimental
1865 fait qu’il n’y a guère plus de grands amants que de vrais mystiques, la passion étant au sentimentalisme normal ce que la
1866 n moyenne. Mais la passion comme la mystique sont de ces attitudes capitales dont les très rares moments de pureté suffise
1867 s attitudes capitales dont les très rares moments de pureté suffisent à déterminer l’atmosphère d’un ensemble humain comme
1868 nts de pureté suffisent à déterminer l’atmosphère d’ un ensemble humain comme celui que l’on nomme Occident. Et les minimes
1869 à cet ensemble. Or tout ce que l’on vient de dire de la passion suffit à laisser voir les chances extraordinaires qu’elle
1870 tabilité des états et des jugements, qui changent de signe en un instant, jointe à l’extrême intensité des sensations parf
1871 rême intensité des sensations parfois simultanées de présence et d’absence infinie, créent chez tout être passionné l’illu
1872 des sensations parfois simultanées de présence et d’ absence infinie, créent chez tout être passionné l’illusion d’un trans
1873 finie, créent chez tout être passionné l’illusion d’ un transport mystique dans l’au-delà du bien et du mal. Une vraie pass
1874 nt « légitimes » ou non. Passer outre est le fait de la passion. Mais sacrifie-t-on l’autre ou soi ? Et dans soi, le meill
1875 u, il donne ce qu’il n’a pas en soi mais qui naît de l’exaltation, il donne enfin ce qu’il est, sans réserve. Mais à ce po
1876 ui, il s’y était accoutumé, établissant une sorte d’ équilibre du microbe et de la maladie. Mais s’il le communique à un êt
1877 , établissant une sorte d’équilibre du microbe et de la maladie. Mais s’il le communique à un être plus faible, ou plus pu
1878 n’est pas armé pour composer avec cette espèce-là de mal, il risque d’altérer ou de détruire l’objet de sa tendresse et l’
1879 r composer avec cette espèce-là de mal, il risque d’ altérer ou de détruire l’objet de sa tendresse et l’amour même. Ces se
1880 ec cette espèce-là de mal, il risque d’altérer ou de détruire l’objet de sa tendresse et l’amour même. Ces secrets monstru
1881 e mal, il risque d’altérer ou de détruire l’objet de sa tendresse et l’amour même. Ces secrets monstrueux, ignorés de nous
1882 et l’amour même. Ces secrets monstrueux, ignorés de nous-mêmes, que notre passion livre à l’être aimé dans la contagion d
1883 délire, voici qu’ils apparaissent comme des dons de la haine. Il est rare que l’amour ne soit pas criminel, d’une manière
1884 ne. Il est rare que l’amour ne soit pas criminel, d’ une manière invisible peut-être, quand il dépasse les bornes d’une sob
1885 invisible peut-être, quand il dépasse les bornes d’ une sobriété d’ailleurs presque impossible à définir. Et toute passion
1886 le viol spirituel. Et si l’on veut tout posséder d’ un être, on risque bien d’en faire un possédé. Où donc le diable est-i
1887 l’on veut tout posséder d’un être, on risque bien d’ en faire un possédé. Où donc le diable est-il intervenu ? Ce Désir qui
1888 ’indicible Vérité, comme un élan vers la guérison de l’être blessé, vers la plénitude et vers la rédemption, voici qu’il s
1889 s la rédemption, voici qu’il se fait l’instrument de nos plus épuisantes tortures. À quel moment l’amour est-il devenu sou
1890 ’amour est-il devenu souffrance ? Dans le langage de la théologie, il est aisé de définir le point : c’est à l’instant où
1891 ce ? Dans le langage de la théologie, il est aisé de définir le point : c’est à l’instant où la passion transgresse les li
1892 à l’instant où la passion transgresse les limites de la créature et s’emporte à la diviniser, que le Tentateur a parlé. « 
1893 tout vous est permis… » Mais encore, ce mouvement de l’orgueil fantastique, comment le distinguer d’une sensation de grâce
1894 t de l’orgueil fantastique, comment le distinguer d’ une sensation de grâce inséparable de toute vraie passion — et la grâc
1895 antastique, comment le distinguer d’une sensation de grâce inséparable de toute vraie passion — et la grâce nous délivre d
1896 e distinguer d’une sensation de grâce inséparable de toute vraie passion — et la grâce nous délivre de la loi… Poursuivons
1897 de toute vraie passion — et la grâce nous délivre de la loi… Poursuivons cette analogie. Le coup de foudre est le reflet d
1898 s cette analogie. Le coup de foudre est le reflet d’ une conversion. Il ne se discute pas davantage. Vous êtes élu « parce
1899 est elle ». L’amour accepte avec joie ce mystère, d’ une « injustice » aussi flagrante, cependant, que celle que l’on repro
1900 lle que l’on reproche à la doctrine augustinienne de l’élection. Pour la passion, tout est destin, rien n’est mérite, et l
1901 est destin, rien n’est mérite, et le « scandale » de la double prédestination, au salut ou à la damnation, se reproduit da
1902 ueille ou que l’on rejette un être, dans le temps d’ un premier regard. Voici l’accueil, et l’on entre en passion comme on
1903 ue. On renonce au monde, on s’enclot avec l’image de l’objet aimé. Mais le diable est assis dans un coin de la cellule. Il
1904 objet aimé. Mais le diable est assis dans un coin de la cellule. Il ne fait rien, il vous attend. Il connaît la logique de
1905 fait rien, il vous attend. Il connaît la logique de la passion. Il attend votre pire souffrance, son seul baume. Il a ces
1906 votre pire souffrance, son seul baume. Il a cessé de sourire, il est à son affaire, guettant les premiers plis de la paniq
1907 il est à son affaire, guettant les premiers plis de la panique à votre front. Que va devenir votre bonheur ? Pourquoi l’ê
1908 e aimé vous manque-t-il ? Pourquoi s’éloigne-t-il de l’image adorée ? S’il reste libre, ne va-t-il pas vous échapper ? Et
1909 t-être bientôt vous haïr ? Alors vous l’accuserez d’ une injustice dont il n’est pas plus responsable que vous ne l’étiez d
1910 il n’est pas plus responsable que vous ne l’étiez de votre choix. Qu’il se détourne de vous pour un temps, voici le monde
1911 vous ne l’étiez de votre choix. Qu’il se détourne de vous pour un temps, voici le monde dépeuplé. Qu’il vous repousse, et
1912 é. Qu’il vous repousse, et vous voici comme exclu de la réalité. Mais il y a pire. La passion la plus forte est celle qui
1913 La passion la plus forte est celle qui se nourrit d’ obstacles, et qui bientôt les crée s’ils viennent à faire défaut. Cet
1914 ils viennent à faire défaut. Cet usage mystifiant de la réalité, qu’elle soit sociale, morale ou naturelle, entraîne un me
1915 r. Certes, le passionné affecte souvent une sorte de respect méticuleux de la vérité, dans toutes les occasions où il le p
1916 é affecte souvent une sorte de respect méticuleux de la vérité, dans toutes les occasions où il le peut sans compromettre
1917 licence absolue qu’il s’accorde dès qu’il s’agit de satisfaire ou de préserver sa passion. Madame Guyon rapporte qu’elle
1918 qu’il s’accorde dès qu’il s’agit de satisfaire ou de préserver sa passion. Madame Guyon rapporte qu’elle dut mentir un jou
1919 ulait pas que ses laquais fussent mis dans le cas de répéter ce même mensonge, car, dit-elle avec naïveté, « j’avais moi-m
1920 ême pour le mensonge ». Jalousie, injustice, état de mensonge constant, perte du sens des devoirs immédiats, faiblesses ex
1921 ration, — c’est peu dire, car les vrais tourments de la passion sont indicibles par essence, ou ne trouveraient à s’exprim
1922 finit par voir dans ses souffrances le signe même de l’authenticité de sa passion. Alors il ne voit plus qu’il aime peut-ê
1923 s ses souffrances le signe même de l’authenticité de sa passion. Alors il ne voit plus qu’il aime peut-être comme on hait,
1924 de tyrannise ou méprise, que ses dons sont autant de violences intimes, et qu’il en vient à souffrir davantage par l’absen
1925 qu’il en vient à souffrir davantage par l’absence de l’être aimé qu’il n’a de joie par sa présence. Dans ce dédale de nos
1926 davantage par l’absence de l’être aimé qu’il n’a de joie par sa présence. Dans ce dédale de nos enfers privés, quel talis
1927 qu’il n’a de joie par sa présence. Dans ce dédale de nos enfers privés, quel talisman pourrions-nous emporter pour déjouer
1928 ns réjouir le diable ou susciter les plus subtils de ses démons. Il faudrait une abnégation dont les plus grands mystiques
1929 capables. Il faudrait surtout conserver la règle d’ or de l’amour du prochain, de l’Agapè qui seul peut brider notre Éros
1930 bles. Il faudrait surtout conserver la règle d’or de l’amour du prochain, de l’Agapè qui seul peut brider notre Éros et le
1931 t conserver la règle d’or de l’amour du prochain, de l’Agapè qui seul peut brider notre Éros et le sauver de ses propres f
1932 gapè qui seul peut brider notre Éros et le sauver de ses propres fureurs. Rien de moins ne saurait composer les exigences
1933 re Éros et le sauver de ses propres fureurs. Rien de moins ne saurait composer les exigences d’une passion avec celles de
1934 . Rien de moins ne saurait composer les exigences d’ une passion avec celles de la déficiente réalité, avec la liberté de l
1935 composer les exigences d’une passion avec celles de la déficiente réalité, avec la liberté de l’être aimé et le respect d
1936 celles de la déficiente réalité, avec la liberté de l’être aimé et le respect de son mystère. Rien de moins ne suffirait
1937 ité, avec la liberté de l’être aimé et le respect de son mystère. Rien de moins ne suffirait pour construire ce chef-d’œuv
1938 de l’être aimé et le respect de son mystère. Rien de moins ne suffirait pour construire ce chef-d’œuvre de l’amour vrai :
1939 oins ne suffirait pour construire ce chef-d’œuvre de l’amour vrai : l’alliance de deux êtres qui s’acceptent, qui ne sont
1940 uire ce chef-d’œuvre de l’amour vrai : l’alliance de deux êtres qui s’acceptent, qui ne sont plus l’un pour l’autre des pr
1941 sexe Le jeune lecteur qui parcourt le sommaire de ce livre se rue sur le chapitre 53. Voilà le point ! pense-t-il. Quel
1942 e réside dans la sexualité. L’illusion s’aperçoit d’ une manière assez simple : la sexualité est le domaine des tentations
1943 es plus sensibles et les plus communes. Assez peu d’ hommes sont réellement tentés de voler le portefeuille du voisin, mais
1944 mmunes. Assez peu d’hommes sont réellement tentés de voler le portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’est vu ten
1945 du voisin, mais presque tout homme s’est vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons pathétiques
1946 st vital ! » — soit en se persuadant « ça n’a pas d’ importance » ; ou les deux ensemble. En vérité, la sexualité en soi n’
1947 originel fut l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme serait le symbole, c’est parce qu’ils assimilent le péché en
1948 e que l’on croit, notez que ce n’est pas le geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éternel, ni la pomme
1949 en soi (au contraire), mais seulement la révolte d’ Ève et son désir de se diviniser à sa façon. Si la sexualité pouvait r
1950 re), mais seulement la révolte d’Ève et son désir de se diviniser à sa façon. Si la sexualité pouvait rester pure, c’est-à
1951 elle va se pervertir et devenir à son tour source de perversion. La paillardise joyeuse est certainement l’une des formes
1952 s diaboliques du péché. Je n’en dirais pas autant de certaines amours pseudo-mystiques, nœuds de sophismes spirituels où l
1953 utant de certaines amours pseudo-mystiques, nœuds de sophismes spirituels où le serpent se love avec délices. La sexualité
1954 autres fonctions naturelles par un certain manque de nécessité. Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est néce
1955 un certain manque de nécessité. Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le sang circule, mais
1956 nque de nécessité. Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le sang circule, mais on peut vivr
1957 nscient. D’autre part, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique
1958 est libre, c’est-à-dire parce qu’il peut choisir de créer selon l’ordre divin, ou au contraire selon ses propres utopies.
1959 res utopies. C’est donc en tant qu’elle participe de notre libre créativité, comme le langage et les activités de l’esprit
1960 bre créativité, comme le langage et les activités de l’esprit, que la sexualité donne prise au diable. Et certes il ne s’y
1961 i rend un culte obsédé. L’idéalisation romantique de l’amour dans l’époque victorienne, entraînant une pruderie morbide du
1962 tout expliquer » par les censures et refoulements de la morale en vigueur dans son milieu, et de son temps. D’où l’on devr
1963 ments de la morale en vigueur dans son milieu, et de son temps. D’où l’on devrait déduire que le meilleur moyen de préveni
1964 rale en vigueur dans son milieu, et de son temps. D’ où l’on devrait déduire que le meilleur moyen de prévenir les états de
1965 . D’où l’on devrait déduire que le meilleur moyen de prévenir les états de possession satanique et les névroses nées de tr
1966 duire que le meilleur moyen de prévenir les états de possession satanique et les névroses nées de troubles sexuels serait
1967 tats de possession satanique et les névroses nées de troubles sexuels serait simplement la franchise, non pas « scientifiq
1968 e en proposant une licence absolue. Or, l’absence de contraintes choisies rend la sexualité insignifiante, et déprime secr
1969 insignifiante, et déprime secrètement l’humanité de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il es
1970 st lié intimement aux fonctions les plus humaines de l’homme, à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugem
1971 ions les plus humaines de l’homme, à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugements esthétiques ou moraux,
1972 , à tout ce qui qualifie l’individu et lui permet de se posséder en tant que personne responsable. L’indifférence croissan
1973 nterdits qui prêtaient à l’acte sexuel la gravité d’ un engagement, cette espèce d’insouciance morale se traduit moins par
1974 e sexuel la gravité d’un engagement, cette espèce d’ insouciance morale se traduit moins par une libération que par une fla
1975 présence de cet affadissement, l’on serait tenté de regretter le temps où Satan proposait des combats plus féconds. 54
1976 ais le diable y trouve l’occasion la plus commune de nous faire abuser de notre liberté. Reste la femme, dont l’homme ne
1977 e l’occasion la plus commune de nous faire abuser de notre liberté. Reste la femme, dont l’homme ne se lassera jamais de
1978 Reste la femme, dont l’homme ne se lassera jamais de faire un ange ou un démon. « Instrument dont use le diable pour possé
1979 t Cyprien, et Tertullien plus énergique : « Porte de l’Enfer ! » Mais Goethe et tous les romantiques la divinisent. Souven
1980 tous les romantiques la divinisent. Souvenez-vous de l’exaltation finale du Second Faust : « L’Éternel féminin nous entraî
1981 s les hauteurs »… En vérité, la femme n’est porte de l’Enfer que pour ceux qui se laissent aller à voir en elle une porte
1982 el. Montaigne le dit bien, contre les romantiques de tous les temps : « Entre nous, ce sont choses que j’ai toujours vues
1983 Entre nous, ce sont choses que j’ai toujours vues de singulier accord : les opinions supercélestes et les mœurs souterrain
1984 les mœurs souterraines. » S’il y a quelque chose de démoniaque dans la femme, c’est sans doute moins dans sa nature que d
1985 ns doute moins dans sa nature que dans sa faculté d’ oublier cette nature, de se tromper sur elle, ou de laisser les autres
1986 ature que dans sa faculté d’oublier cette nature, de se tromper sur elle, ou de laisser les autres s’y tromper. Quelle soi
1987 ’oublier cette nature, de se tromper sur elle, ou de laisser les autres s’y tromper. Quelle soit moins bien armée que l’ho
1988 mme contre Satan, c’est ce que fait voir le récit de la Chute. Croyez bien que ce n’est point par politesse que le serpent
1989 jamais rien sans calcul. Mais voilà ce romantique d’ Adam qui s’y laisse prendre. Il s’imagine que la belle Ève, grâce à so
1990 « Das ewig weibliche zieht uns hinan ! », dit-il d’ un air ému, et il mord dans la pomme. C’est à ce moment que le mal est
1991 mais plus facilement égarée, parce qu’elle manque d’ objectivité, de sécheresse dans l’appréciation, de distance par rappor
1992 ement égarée, parce qu’elle manque d’objectivité, de sécheresse dans l’appréciation, de distance par rapport au réel, ou e
1993 d’objectivité, de sécheresse dans l’appréciation, de distance par rapport au réel, ou en un mot : de rhétorique. Elle met
1994 , de distance par rapport au réel, ou en un mot : de rhétorique. Elle met trop peu de raison dans l’exercice ému de sa cha
1995 . Elle met trop peu de raison dans l’exercice ému de sa charité, et trop peu d’ironie dans l’exercice pédagogique de sa ra
1996 on dans l’exercice ému de sa charité, et trop peu d’ ironie dans l’exercice pédagogique de sa raison. Elle manque de forme,
1997 et trop peu d’ironie dans l’exercice pédagogique de sa raison. Elle manque de forme, et c’est à l’homme de lui en donner.
1998 l’exercice pédagogique de sa raison. Elle manque de forme, et c’est à l’homme de lui en donner. Mais si l’homme au contra
1999 raison. Elle manque de forme, et c’est à l’homme de lui en donner. Mais si l’homme au contraire se met à l’adorer, à rend
2000 un culte aux valeurs féminines, il prive la femme de ses appuis et transforme la tentation dans laquelle elle glissait en
2001 ble. C’est Ève qui a commencé. Mais c’est à cause d’ Adam que les choses ont si mal tourné. Saint Paul dit que le mari est
2002 al tourné. Saint Paul dit que le mari est le chef de la femme, et que la femme sans l’homme ne peut être sauvée. C’est une
2003 scription. (Saint Paul est le plus grand réaliste de tous les temps.) Mais le culte romantique de la femme a inverti cet o
2004 iste de tous les temps.) Mais le culte romantique de la femme a inverti cet ordre naturel. Trop d’abus de pouvoir masculin
2005 que de la femme a inverti cet ordre naturel. Trop d’ abus de pouvoir masculins, et trop d’abdications aussi, l’ont fait par
2006 la femme a inverti cet ordre naturel. Trop d’abus de pouvoir masculins, et trop d’abdications aussi, l’ont fait paraître t
2007 aturel. Trop d’abus de pouvoir masculins, et trop d’ abdications aussi, l’ont fait paraître tyrannique. Et toute l’évolutio
2008 nsensiblement, l’homme renonce à exercer son rôle de chef. La femme l’a persuadé qu’elle était opprimée. Il la croit, par
2009 tait opprimée. Il la croit, par fatigue, par gain de paix, ou par idéalisme mal placé. Tous ces facteurs ont créé dans nos
2010 dans nos mœurs un malaise fondamental. Une espèce de révolte sourde anime la femme contre sa condition. Dans cette liberté
2011 voici livrée à elle-même. Le jeu ou la complicité de l’égoïsme masculin et de l’astuce féminine en panique, multiplient de
2012 Le jeu ou la complicité de l’égoïsme masculin et de l’astuce féminine en panique, multiplient des conflits inextricables.
2013 t les relations sociales des deux sexes, à partir d’ un mensonge à la nature ? L’expérience millénaire du couple permet d’i
2014 nature ? L’expérience millénaire du couple permet d’ imaginer ce qui va se passer à l’échelle de la société. La femme qui n
2015 permet d’imaginer ce qui va se passer à l’échelle de la société. La femme qui n’est plus dominée par l’homme — que la faut
2016 elle ne conçoit sa « liberté » que sous la forme d’ une passion pure, indépendante de tout objet, méprisant, sans toujours
2017 ue sous la forme d’une passion pure, indépendante de tout objet, méprisant, sans toujours se l’avouer, celui qui s’offre à
2018 s se l’avouer, celui qui s’offre à la fixer, — et d’ autant plus qu’il y parvient. Vis-à-vis d’elle-même et d’autrui, sa pr
2019 r, — et d’autant plus qu’il y parvient. Vis-à-vis d’ elle-même et d’autrui, sa première défense est de dire « qu’elle ne sa
2020 t plus qu’il y parvient. Vis-à-vis d’elle-même et d’ autrui, sa première défense est de dire « qu’elle ne sait pas ce qui l
2021 d’elle-même et d’autrui, sa première défense est de dire « qu’elle ne sait pas ce qui lui arrive. » C’est une feinte, un
2022 elle. Chez l’homme qui se laisse aller à ce genre d’ argument, c’est une lâcheté plus naïvement sincère… Mais il en fait, h
2023 l’opinion courante du temps, qui voient le signe de la vraie passion dans le cri « c’est plus fort que moi ! » l’on voudr
2024 rait dire cette chose très simple : — Cessez donc d’ aimer « malgré vous » et sachez un peu ce que vous faites, c’est une q
2025 hez un peu ce que vous faites, c’est une question de tenue morale, et c’est la condition d’un amour authentique. N’imitez
2026 e question de tenue morale, et c’est la condition d’ un amour authentique. N’imitez pas le mensonge féminin, sinon les femm
2027 animé) Ils s’aimaient tant qu’ils ne cessaient de dire : Comment peut-on s’aimer autant ? Un beau soir, elle se mit à l
2028 le battre, et le laissa pour mort sur la descente de lit. Puis elle s’endormit, fatiguée. Le lendemain, il vivait encore.
2029 ts avant qu’ils aient quitté sa langue. Il essaya de dire : — Je t’aime, et prononça quelque chose comme : — Putain. Alors
2030 e te battrai encore. Dis-moi pourquoi j’ai besoin de te battre ? Mais lui pense dans, sa tristesse : — Si je lui dis qu’el
2031 s, elle le croira. Si je lui dis : — « Cesse donc d’ être méchante », elle me demandera pourquoi elle est méchante. Or je l
2032 veux pas qu’elle soit désespérée. Le mieux serait de la quitter. Mais alors nous ne saurons jamais. Il se tait. « Cet homm
2033 L’histoire que l’on vient de lire peut être celle d’ un couple, mais aussi, d’une certaine manière, celle des relations de
2034 de lire peut être celle d’un couple, mais aussi, d’ une certaine manière, celle des relations de l’Allemagne et de l’Europ
2035 ussi, d’une certaine manière, celle des relations de l’Allemagne et de l’Europe, ou d’une masse quelconque et du Prince. O
2036 ne manière, celle des relations de l’Allemagne et de l’Europe, ou d’une masse quelconque et du Prince. Ou encore, elle fig
2037 nière, celle des relations de l’Allemagne et de l’ Europe , ou d’une masse quelconque et du Prince. Ou encore, elle figure le co
2038 e des relations de l’Allemagne et de l’Europe, ou d’ une masse quelconque et du Prince. Ou encore, elle figure le conflit p
2039 re, elle figure le conflit permanent dans le cœur d’ un individu, entre le besoin d’anarchie et le besoin de conservation.
2040 anent dans le cœur d’un individu, entre le besoin d’ anarchie et le besoin de conservation. Parabole de la démission des pu
2041 individu, entre le besoin d’anarchie et le besoin de conservation. Parabole de la démission des puissances d’ordre dans le
2042 d’anarchie et le besoin de conservation. Parabole de la démission des puissances d’ordre dans le monde moderne. Même histo
2043 ervation. Parabole de la démission des puissances d’ ordre dans le monde moderne. Même histoire, mêmes conflits sur tous le
2044 parce qu’elle a les mêmes sources, avec la crise de nos vies privées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l
2045 crise de nos vies privées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre cœur. Lorsque nos ci
2046 point faillir, il eût fallu l’héroïque vigilance d’ un saint. Ah ! mais jamais un saint ne se fût laissé tomber dans une s
2047 dernier cercle : dans cet enfer né du vertige et de l’effroi sinistre de l’orgueil, l’enfer de la passion qui n’a pas d’a
2048 s cet enfer né du vertige et de l’effroi sinistre de l’orgueil, l’enfer de la passion qui n’a pas d’autre objet que le mal
2049 ige et de l’effroi sinistre de l’orgueil, l’enfer de la passion qui n’a pas d’autre objet que le malheur qu’elle va créer,
2050 e de l’orgueil, l’enfer de la passion qui n’a pas d’ autre objet que le malheur qu’elle va créer, en vertu de sa logique fo
2051 Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait de ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je suis entré, c’était t
2052 ouges, comme lorsqu’on choisit une couleur au jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle de lecture. Il n’y avait q
2053 jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur les tables
2054 a salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur les tables, et tout le monde lisait. Je dis : — Est-
2055 e ici ? quelqu’un l’a-t-il vue ? Ils me regardent d’ un air vexé. Un valet s’approche rapidement et me dit à voix basse : —
2056 vais dit que Fine day to day, c’eût été une sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller
2057 ne day to day, c’eût été une sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mai
2058 ion ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces couloirs. Et je ne vo
2059  ? C’était la question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du bureau dire
2060 t par-derrière, je ne puis l’expliquer autrement. D’ une certaine manière, c’était mon propre regard qui traversait ses yeu
2061 Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette balle dans le cœur. Et
2062 r. Et voici que maintenant, je ne puis plus poser de question. Car si vous me dites que c’est une vraie balle que j’ai dan
2063 es questions possibles, et donc toute possibilité de réponse à quoi que ce soit. Laissez-moi donc seul. C’est mon ordre. E
2064 le cri même du désespoir, et c’est l’autosadisme de ce siècle. Tout est faux mais tout est réel. Puisqu’on en meurt de pl
2065 mar mais sans réveil possible. C’est le cauchemar de la réalité. La guerre existe autour de nous, elle est fausse, impossi
2066 ugmentent l’amertume. Elles nous suggèrent l’idée d’ une possession… Est-ce nous vraiment qui avons laissé les choses en ve
2067 es choses en venir là ? Si ce n’est pas nous, qui d’ Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons-
2068 é que nous n’avons pas aimé assez pour l’empêcher de se perdre ? Pour un avenir que nous devinons à peine et savons encore
2069 us valable que la vie ? Et si nous ne voulons pas de foi, pour quelle vie plus valable que la foi ? C’est couru, notre mon
2070 ant. Cela paraît absurde et révoltant. Il est dur de se défaire de l’idée qu’on était né pour vivre heureux. Jadis la trag
2071 ît absurde et révoltant. Il est dur de se défaire de l’idée qu’on était né pour vivre heureux. Jadis la tragédie n’était q
2072 utres, et dans les livres ; et la voilà substance de nos vies. Encore un navire torpillé et comme le dit l’Amirauté : « Th
2073 victimes ont été informées. (Grand développement de l’information dans notre siècle !) Qu’on nous informe donc, une fois
2074 donc, une fois pour toutes, que nous sommes tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes. « Vous êtes tous m
2075 e temps nous sommes tous dans le bateau qui vient d’ envoyer la torpille. Ce n’est pas une image, hélas, c’est simplement u
2076 st pas une image, hélas, c’est simplement une vue d’ ensemble. (Tôt et tard confondus, ou plutôt embrassés d’un seul regard
2077 mble. (Tôt et tard confondus, ou plutôt embrassés d’ un seul regard.) Que faudra-t-il encore pour que nous comprenions l’ét
2078 a-t-il encore pour que nous comprenions l’étendue de la catastrophe, et qu’elle est vraiment sans limites ? Et qu’il n’y a
2079 t. » Je sais, nous sommes en guerre, et il s’agit de gagner. Mais à quel Bien et à quel Mal avons-nous cru, pour montrer t
2080 n et à quel Mal avons-nous cru, pour montrer tout d’ un coup tant d’assurance ? Se faire tuer pour la liberté d’avoir ses p
2081 avons-nous cru, pour montrer tout d’un coup tant d’ assurance ? Se faire tuer pour la liberté d’avoir ses propres opinions
2082 tant d’assurance ? Se faire tuer pour la liberté d’ avoir ses propres opinions, c’est magnifique, mais c’est aussi mettre
2083 le grabuge où nous sombrons ? J’ai décrit l’œuvre de Satan, et cela finit dans un cauchemar qui ressemble à s’y méprendre
2084 illé, c’est-à-dire dévêtu des oripeaux tout-faits de l’illusion — c’est peut-être sa cruauté. Mais si l’époque est sans is
2085 le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’est plus de réveil possible, pourquoi le dire et troubler davantage ? « Ôter ses
2086 r attristé »26… ⁂ Mais j’entendais un chant plein de force et de grâce, quelque part au secret de la vie, quand la clameur
2087 26… ⁂ Mais j’entendais un chant plein de force et de grâce, quelque part au secret de la vie, quand la clameur du néant s’
2088 lein de force et de grâce, quelque part au secret de la vie, quand la clameur du néant s’abaissait, quelque part au-dessus
2089 meur du néant s’abaissait, quelque part au-dessus de la mort, comme une grande fugue puissante et soutenue, quand tout sem
2090 n, mais il est plus dur que la mort et le mutisme de la mort, il est plus pur que nos douleurs, je l’ai nommé : cantique a
2091 ans l’Amérique contemporaine, est une laïcisation de l’hérésie des puritains, qui déformèrent le calvinisme au point de lu
2092 puritains, qui déformèrent le calvinisme au point de lui faire dire que le succès matériel est une marque d’élection. Il s
2093 faire dire que le succès matériel est une marque d’ élection. Il se peut que les grandes fortunes puritaines soient nées d
2094 t que les grandes fortunes puritaines soient nées d’ un pacte avec le diable, béni et enregistré par les pasteurs. Mais san
2095 puritains, il y avait sans doute, plus que l’idée de gain, l’idée « catholique » au sens large, du rachat de la création p
2096 n, l’idée « catholique » au sens large, du rachat de la création par le travail et la vertu. 21. À cet égard, Hitler aura
2097 À cet égard, Hitler aura été le plus grand diseur de bonne aventure du siècle. 22. Kierkegaard. 23. Genèse 3, 8-13. 24.
2098 8-13. 24. Stendhal. 25. Selon cette conception de la sincérité il serait hypocrite de dire la vérité quand on a fort en
2099 te conception de la sincérité il serait hypocrite de dire la vérité quand on a fort envie de mentir. 26. Proverbes, 15-20
2100 hypocrite de dire la vérité quand on a fort envie de mentir. 26. Proverbes, 15-20.
6 1942, La Part du diable (1982). Cinquième partie. Le Bleu du Ciel
2101 ble Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie De peur que tu ne lui ressembles toi-même. Réponds à l’insensé selon sa
2102 u combat contre le mal en général, qu’il s’agisse de la résistance d’une âme au diable, ou de la guerre des démocraties co
2103 e mal en général, qu’il s’agisse de la résistance d’ une âme au diable, ou de la guerre des démocraties contre les dictatur
2104 s’agisse de la résistance d’une âme au diable, ou de la guerre des démocraties contre les dictatures totalitaires. Si vous
2105 , l’ironie et l’intelligence froide, vous risquez de devenir méchants, c’est-à-dire que plus vous cherchez à être forts à
2106 orts à la manière du diable, plus vous lui donnez d’ avantages, son but étant de vous rendre semblables à lui. Mais si vous
2107 , plus vous lui donnez d’avantages, son but étant de vous rendre semblables à lui. Mais si vous ne le faites pas, vous ser
2108 es opposent aux dictateurs des tanks, des avions, de la propagande démagogique et une discipline de fer, elles risquent de
2109 s, de la propagande démagogique et une discipline de fer, elles risquent de devenir totalitaires, c’est-à-dire que plus el
2110 agogique et une discipline de fer, elles risquent de devenir totalitaires, c’est-à-dire que plus elles cherchent à être fo
2111 er pour l’ordre. Tout sera perdu. La solution est de répondre à l’insensé à la fois selon sa folie et selon la sagesse qui
2112 us, nous ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable par la ruse et la subtilité, par l’ironie et l’int
2113 ce froide, et en même temps, par toutes les armes de la foi, de l’espérance et de la charité, dont il ignore la puissance.
2114 et en même temps, par toutes les armes de la foi, de l’espérance et de la charité, dont il ignore la puissance. Car ainsi
2115 par toutes les armes de la foi, de l’espérance et de la charité, dont il ignore la puissance. Car ainsi nous ne serons pas
2116 s les trois grandes Vertus sauront nous préserver de l’abus des vertus mineures, par où le diable pourrait nous asservir.
2117 le diable pourrait nous asservir. La solution est d’ attaquer le tyran — puisqu’il nous attaque — avec des tanks, des avion
2118 squ’il nous attaque — avec des tanks, des avions, de la propagande massive, et une discipline de fer, — et en même temps d
2119 ions, de la propagande massive, et une discipline de fer, — et en même temps de l’attaquer avec un nouvel idéal. Car ainsi
2120 ive, et une discipline de fer, — et en même temps de l’attaquer avec un nouvel idéal. Car ainsi nous ne serons pas annexés
2121 as non plus par l’intérieur. J’ai tenté jusqu’ici de dénoncer l’action du diable, en me servant parfois de ses propres arm
2122 énoncer l’action du diable, en me servant parfois de ses propres armes. Et pendant que j’écris, la Russie oppose au fascis
2123 stapo. Occupons-nous maintenant du deuxième temps de l’attaque. Il y faut des hommes réveillés. Deutschland erwache ! — A
2124 même où il plongeait son peuple dans le cauchemar de l’hypnose collective. Procédé constant du démon ! Le tonnerre des bom
2125 , et tous ceux parmi nous qui ont cédé au vertige de l’Abîme politique ou moral ? Pour dissiper l’hypnose, le médecin parf
2126 sur le visage du patient. Ce n’est peut-être que d’ un souffle de l’Esprit, passant sur le visage torturé du siècle, que n
2127 e du patient. Ce n’est peut-être que d’un souffle de l’Esprit, passant sur le visage torturé du siècle, que nous devons at
2128 est, disait Sénèque : conter le rêve est le fait de l’homme qui ne dort plus. C’est un écho lointain du grand cri de sain
2129 ne dort plus. C’est un écho lointain du grand cri de saint Paul : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ! » Qu’ai-je donc
2130 ’ai parlé ! » Qu’ai-je donc cru, qui m’ait permis d’ articuler ce peu que j’ai pu dire de nos maux ? Et quelle est la visio
2131 m’ait permis d’articuler ce peu que j’ai pu dire de nos maux ? Et quelle est la vision qui m’éveille ? Je m’essaierai à l
2132 ordre céleste, aussi nommé spirituel Le secret de la seule confiance qui ne soit pas une illusion réside dans la simple
2133 ne sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le principe et la fin de l’Ordre, la sommation, le sens final,
2134 out ne dépend pas de nous ! Le principe et la fin de l’Ordre, la sommation, le sens final, sont dans la main de Dieu, qui
2135 e, la sommation, le sens final, sont dans la main de Dieu, qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, co
2136 ut était dans nos mains, comme le serpent tentait de nous en persuader, tout serait bientôt gâché et dans les mains du dia
2137 ble. Si nous étions des dieux, il n’y aurait plus d’ espoir : la catastrophe présente étant notre œuvre à tous, l’échec des
2138 ité démontrée sans recours. C’est pourquoi l’aide de l’archange Michel, chef suprême des milices célestes, est la plus gra
2139 int Michel irrésistiblement triomphe par l’énoncé de son nom seul, par le seul cri de son nom qui veut dire : Quis sicut D
2140 phe par l’énoncé de son nom seul, par le seul cri de son nom qui veut dire : Quis sicut Deus ? « Qui est comme Dieu ? » Et
2141 ait : « Vous serez comme des dieux. » Le nom même de Michel formule et définit l’ordre céleste, le gage inaliénable de tou
2142 e et définit l’ordre céleste, le gage inaliénable de toute confiance humaine. L’imagerie populaire de l’archange peut pass
2143 de toute confiance humaine. L’imagerie populaire de l’archange peut passer pour une histoire pieuse, une mythologie médié
2144 masque plus longtemps le moment décisif du drame de notre histoire, le principe même de toute victoire sur le Malin ! Aux
2145 isif du drame de notre histoire, le principe même de toute victoire sur le Malin ! Aux grandes époques de notre évolution,
2146 toute victoire sur le Malin ! Aux grandes époques de notre évolution, c’est l’événement lui-même qui répercute le cri de g
2147 , c’est l’événement lui-même qui répercute le cri de guerre de l’archange lumineux. Avez-vous des oreilles pour l’entendre
2148 événement lui-même qui répercute le cri de guerre de l’archange lumineux. Avez-vous des oreilles pour l’entendre ? Le malh
2149 ez-vous des oreilles pour l’entendre ? Le malheur de ce temps les ouvrira. C’est ici que nous apparaît dans sa grandeur le
2150 démocraties capitalistes et commerçantes : Fils de l’homme, dis au prince de Tyr : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel. T
2151 as dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non Dieu. Par ta sagesse
2152 ligence Tu t’es acquis des richesses Tu as amassé de l’or et de l’argent Dans tes coffres-forts ; Par ta grande sagesse et
2153 t’es acquis des richesses Tu as amassé de l’or et de l’argent Dans tes coffres-forts ; Par ta grande sagesse et par ton co
2154  : Parce que tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu, Voici, je ferai venir contre toi des étrangers, Les plus violen
2155 fosse Et tu mourras comme ceux qui tombent percés de coups Au milieu des mers. En face de ton meurtrier, diras-tu : Je sui
2156 s Dieu ? Tu seras homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera. Face aux Tyrans tout devient clair et décisif. À
2157 onnaître, par la plus évidente analogie, l’action de Satan dans nos vies et le mensonge de l’éternelle Tentation. C’est dé
2158 e, l’action de Satan dans nos vies et le mensonge de l’éternelle Tentation. C’est déjà la moitié de la victoire. Ah ! pour
2159 ge de l’éternelle Tentation. C’est déjà la moitié de la victoire. Ah ! pour tout l’or du monde je ne souhaiterais pas d’êt
2160  ! pour tout l’or du monde je ne souhaiterais pas d’ être né dans un autre temps ! Tout signifie, autour de nous, tout s’am
2161 e, autour de nous, tout s’amplifie aux dimensions de la plus vaste poésie ! Tout ce qui m’est arrivé ces jours-ci est à l’
2162 ut ce qui m’est arrivé ces jours-ci est à l’image de l’histoire mondiale. Jamais nos objectifs ne furent plus manifestes.
2163 reflète sa « grande stratégie » dans la confusion de nos mœurs. À nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous pe
2164 . Si nous perdons toutes nos batailles, le destin de Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui nous est demandé, c’est
2165 moins scellé. Tout ce qui nous est demandé, c’est de coïncider avec l’esprit de cette victoire finale. Là gît le secret de
2166 ous est demandé, c’est de coïncider avec l’esprit de cette victoire finale. Là gît le secret de la plus grande liberté d’a
2167 esprit de cette victoire finale. Là gît le secret de la plus grande liberté d’action et d’imagination. Car aussitôt nous v
2168 inale. Là gît le secret de la plus grande liberté d’ action et d’imagination. Car aussitôt nous voici délivrés du souci mon
2169 t le secret de la plus grande liberté d’action et d’ imagination. Car aussitôt nous voici délivrés du souci monstrueux des
2170 i délivrés du souci monstrueux des fins dernières de notre destinée, du souci même de notre orgueil, qui nous accable inco
2171 s fins dernières de notre destinée, du souci même de notre orgueil, qui nous accable inconsciemment. Quoi qu’il arrive, le
2172 , — le bleu du ciel n’est pas terni par les nuées de notre angoisse. Et voyez : le jugement final lui-même ne nous apparti
2173 ême ne nous appartient pas, non plus que le souci de la victoire décisive. Car ainsi qu’on le lit dans l’Épître de Jude, é
2174 re décisive. Car ainsi qu’on le lit dans l’Épître de Jude, étonnante explosion de lyrisme vengeur : L’archange Michel, lor
2175 le lit dans l’Épître de Jude, étonnante explosion de lyrisme vengeur : L’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le dia
2176 ntestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit
2177 gneur te réprime ! Eux, au contraire, ils parlent d’ une manière injurieuse de ce qu’ils ignorent, et ils se corrompent dan
2178 u contraire, ils parlent d’une manière injurieuse de ce qu’ils ignorent, et ils se corrompent dans ce qu’ils savent nature
2179 ées sans eau, poussées par les vents ; des arbres d’ automne sans fruits, deux fois morts, déracinés ; des vagues furieuses
2180 deux fois morts, déracinés ; des vagues furieuses de la mer, rejetant l’écume de leurs impuretés ; des astres errants, aux
2181 des vagues furieuses de la mer, rejetant l’écume de leurs impuretés ; des astres errants, auxquels l’obscurité des ténèbr
2182 des ténèbres est réservée pour l’éternité. » Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de nous…
2183 e-t-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de nous… 61. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le diable et sa col
2184 , ou l’ordre personnel Le diable et sa colonne d’ anges noirs « qui n’ont pas conservé leur dignité, mais qui ont désert
2185 erté leur propre demeure » sont déjà dans l’étang de feu. Du point de vue de l’éternité, c’en est fait, la partie est gagn
2186  » sont déjà dans l’étang de feu. Du point de vue de l’éternité, c’en est fait, la partie est gagnée. Mais ce qui nous imp
2187 e. Mais ce qui nous importe dans ce siècle, c’est de nous rendre immédiatement participants de cette victoire. Un des prop
2188 , c’est de nous rendre immédiatement participants de cette victoire. Un des prophètes mineurs de l’ère moderne, Joseph de
2189 pants de cette victoire. Un des prophètes mineurs de l’ère moderne, Joseph de Maistre, écrivait sous Napoléon : Lorsqu’un
2190 op prépondérante épouvante l’univers, on s’irrite de ne trouver aucun moyen pour l’arrêter ; on se répand en reproches ame
2191 l’immoralité des gouvernements, qui les empêchent de se réunir pour conjurer le danger commun. Mais dans le fond, ces plai
2192 alition entre souverains, faite sur les principes d’ une morale pure et désintéressée, serait un miracle. Dieu, qui ne doit
2193 sintéressée, serait un miracle. Dieu, qui ne doit de miracle à personne et qui n’en fait point d’inutiles, emploie pour ré
2194 doit de miracle à personne et qui n’en fait point d’ inutiles, emploie pour rétablir l’équilibre deux moyens plus simples :
2195  ; comme un faible roseau, arrêté dans le courant d’ un fleuve, produit à la fin un amoncellement de terre qui le détourne.
2196 nt d’un fleuve, produit à la fin un amoncellement de terre qui le détourne. Je dis que nous pouvons participer à cette vi
2197  » qui arrête le courant. Je dis que la condition de cette victoire, c’est que nous devenions, chacun pour notre compte, u
2198 c’est le Saint. Seul un saint serait à la hauteur de cette espèce d’héroïsme dans le mal que déploie de nos jours l’advers
2199 Seul un saint serait à la hauteur de cette espèce d’ héroïsme dans le mal que déploie de nos jours l’adversaire. Voilà la v
2200 e cette espèce d’héroïsme dans le mal que déploie de nos jours l’adversaire. Voilà la vérité qui nous éclaire, mais nous c
2201 Et qui donc oserait même, sérieusement, souhaiter d’ en devenir un ? Mais pour devenir ou pour rester des hommes, simplemen
2202 t-ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’ obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire cro
2203 du diable étant d’obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire croire que c’est l’autre toujours, l
2204 ubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire croire que c’est l’autre toujours, la force des choses ou
2205 vraie sanctification consiste dans l’augmentation de notre sentiment d’être complices de tout le mal qui se fait dans le m
2206 n consiste dans l’augmentation de notre sentiment d’ être complices de tout le mal qui se fait dans le monde. Dans la Confe
2207 ’augmentation de notre sentiment d’être complices de tout le mal qui se fait dans le monde. Dans la Confession des Péchés
2208 fait dans le monde. Dans la Confession des Péchés de Théodore de Bèze, ces mots : « reconnaissant de plus en plus nos faut
2209 du seul progrès humain non équivoque28. Le sommet de la sainteté n’est pas dans la certitude illusoire d’être sans péché.
2210 la sainteté n’est pas dans la certitude illusoire d’ être sans péché. Il nous est au contraire révélé par le Christ lorsqu’
2211 contraire révélé par le Christ lorsqu’il accepte de mourir en assumant tout le péché du monde. Le monde est plein de démo
2212 sumant tout le péché du monde. Le monde est plein de démons, ils sévissent par millions, et nous n’arriverons pas à les ch
2213 ne pas qu’il n’en ait point trouvé. Le vrai moyen de rencontrer un homme, c’est d’en devenir un soi-même. (Si ce n’est pas
2214 ouvé. Le vrai moyen de rencontrer un homme, c’est d’ en devenir un soi-même. (Si ce n’est pas le seul moyen, c’est assuréme
2215 faite absolue et sans recours, un élément premier de l’ordre impérissable. Or cet élément personnel doit s’encadrer dans u
2216 étant à donner ; le premier figurant la condition de possibilité de tout ordre personnel, le second sa condition de fécond
2217 ; le premier figurant la condition de possibilité de tout ordre personnel, le second sa condition de fécondité. 62. L’o
2218 é de tout ordre personnel, le second sa condition de fécondité. 62. L’ordre cosmique Le développement aberrant de no
2219 62. L’ordre cosmique Le développement aberrant de nos techniques et par elles de notre impérialisme rationnel, nous a f
2220 loppement aberrant de nos techniques et par elles de notre impérialisme rationnel, nous a fait perdre, depuis quelques siè
2221 ns cosmique, c’est-à-dire la conscience immédiate de nos liens avec l’ensemble de l’Univers, ses lois connues et ses mystè
2222 conscience immédiate de nos liens avec l’ensemble de l’Univers, ses lois connues et ses mystères. Dans le même temps le dé
2223 res. Dans le même temps le développement aberrant de nos morales rationalistes, puis individualistes, puis irrationalistes
2224 élémentaire, c’est-à-dire la conscience immédiate d’ un absolu qui serait, hors de nous, le gage universel du bien et du ma
2225 et du mal. Et nous voici coupés des deux sources de l’Ordre, qui sont les lois ordonnées de la Création et les interventi
2226 x sources de l’Ordre, qui sont les lois ordonnées de la Création et les interventions ordonnatrices du Créateur. Nous avon
2227 du Créateur. Nous avons cru pouvoir nous libérer de l’interdépendance de toutes les choses créées, et de notre dépendance
2228 ons cru pouvoir nous libérer de l’interdépendance de toutes les choses créées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous
2229 l’interdépendance de toutes les choses créées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l
2230 toutes les choses créées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Ar
2231 e de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur nous affole à plaisir. Nietzsche
2232 à plaisir. Nietzsche a bien vu que la philosophie de ce monde-là ne pouvait être que le nihilisme. Et tôt après, son peupl
2233 e que je sente admirable au-delà des fascinations de ma plus secrète utopie. Nous avons à redécouvrir la catholicité fonda
2234 éterminée et révélée par Dieu comme étant l’ordre de sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’absolu d’un bien et d’un m
2235 sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’absolu d’ un bien et d’un mal non relatifs à nos idées morales, aux suggestions
2236 Et nous avons à redécouvrir l’absolu d’un bien et d’ un mal non relatifs à nos idées morales, aux suggestions parfois aveug
2237 dées morales, aux suggestions parfois aveuglantes de l’instinct ou aux pressions de l’intérêt momentané ; l’absolu d’un bi
2238 arfois aveuglantes de l’instinct ou aux pressions de l’intérêt momentané ; l’absolu d’un bien et d’un mal déterminés et ré
2239 u aux pressions de l’intérêt momentané ; l’absolu d’ un bien et d’un mal déterminés et révélés par Dieu comme étant l’ordre
2240 ns de l’intérêt momentané ; l’absolu d’un bien et d’ un mal déterminés et révélés par Dieu comme étant l’ordre de sa Volont
2241 éterminés et révélés par Dieu comme étant l’ordre de sa Volonté. Toute ma confiance repose dans la certitude que nos méfa
2242 aits et ceux du diable ne changent rien à l’Ordre de ce monde, où le hasard n’existe pas, simple illusion d’une impatience
2243 monde, où le hasard n’existe pas, simple illusion d’ une impatience oblitérant nos sens spirituels, mais qui ne peut empêch
2244 ns spirituels, mais qui ne peut empêcher l’Esprit d’ agir plus qu’elle ne peut influencer le cours des astres. Nous pouvons
2245 tion poétique qui sonde les abîmes microscopiques de la matière, la grande dynamique sidérale, et les correspondances de l
2246 grande dynamique sidérale, et les correspondances de la vie organique, à tel point qu’un savant, un peintre, un visionnair
2247 savant, un peintre, un visionnaire, sont capables de réinventer le « réel » à sa ressemblance ; mais nous ne pouvons préve
2248 ; mais nous ne pouvons prévenir toutes ces choses d’ exister, de graviter, de naître, de mourir, et de porter leurs justes
2249 ne pouvons prévenir toutes ces choses d’exister, de graviter, de naître, de mourir, et de porter leurs justes conséquence
2250 révenir toutes ces choses d’exister, de graviter, de naître, de mourir, et de porter leurs justes conséquences jusqu’au te
2251 tes ces choses d’exister, de graviter, de naître, de mourir, et de porter leurs justes conséquences jusqu’au terme des cyc
2252 d’exister, de graviter, de naître, de mourir, et de porter leurs justes conséquences jusqu’au terme des cycles possibles.
2253 nces jusqu’au terme des cycles possibles. Du fond d’ un cœur aux bornes du cosmos, une résonance universelle émeut tout l’e
2254 rselle émeut tout l’existant à la quête éternelle d’ un accord qui sera le nom secret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tu
2255 uête éternelle d’un accord qui sera le nom secret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons f
2256 mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire de pitoyables fautes d’orgueil, de négligence ou de calcul, mais nous ne
2257 exclure, nous pouvons faire de pitoyables fautes d’ orgueil, de négligence ou de calcul, mais nous ne pouvons rien, à jama
2258 ous pouvons faire de pitoyables fautes d’orgueil, de négligence ou de calcul, mais nous ne pouvons rien, à jamais, sur le
2259 de pitoyables fautes d’orgueil, de négligence ou de calcul, mais nous ne pouvons rien, à jamais, sur le miracle perpétuel
2260 der la justice et la joie, les pures spéculations de la mathématique et les structures du monde matériel, l’amour et l’obj
2261 structures du monde matériel, l’amour et l’objet de l’amour, la prière et le vœu divin. Si moi, petit individu, erreur in
2262 insignifiante, parole articulée dans le discours de toutes les créatures, je prétends m’isoler ou m’abstraire du cosmos,
2263 u plan providentiel. Mais si je réponds à l’appel de mon nom, si j’assume la vocation qui me distingue et rend vraie ma pa
2264 et rend vraie ma parole, si je m’efforce au moins de converger avec l’ordre cosmique et le vouloir divin, tout indigne enc
2265 c’est toujours aux déserts qu’il habite, déserts de sables, d’eaux amères ou de rochers, déserts des foules, ou ceux que
2266 ours aux déserts qu’il habite, déserts de sables, d’ eaux amères ou de rochers, déserts des foules, ou ceux que porte un cœ
2267 qu’il habite, déserts de sables, d’eaux amères ou de rochers, déserts des foules, ou ceux que porte un cœur dénué d’amour
2268 serts des foules, ou ceux que porte un cœur dénué d’ amour et d’espérance. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il n’est
2269 oules, ou ceux que porte un cœur dénué d’amour et d’ espérance. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il n’est pas bon no
2270 repose sur le voisinage vécu, qui est la relation de prochain à prochain30. Sans voisinage réel, vous n’êtes plus responsa
2271 Sans voisinage réel, vous n’êtes plus responsable de rien ni de personne. Mais sans le sentiment de la responsabilité de c
2272 age réel, vous n’êtes plus responsable de rien ni de personne. Mais sans le sentiment de la responsabilité de chacun enver
2273 le de rien ni de personne. Mais sans le sentiment de la responsabilité de chacun envers autrui, il n’est point de liberté
2274 onne. Mais sans le sentiment de la responsabilité de chacun envers autrui, il n’est point de liberté civique possible : la
2275 nsabilité de chacun envers autrui, il n’est point de liberté civique possible : la dictature devient inévitable dans toute
2276 xime est le « chacun pour soi et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voyons se produire
2277 e nous voyons se produire dans les États atteints de gigantisme, où les relations humaines, du fait des grandes distances,
2278 nes, du fait des grandes distances, des masses et de l’anonymat, ne sont plus que d’abstraites contraintes, qui d’ailleurs
2279 es, des masses et de l’anonymat, ne sont plus que d’ abstraites contraintes, qui d’ailleurs ne contraignent bientôt qu’à la
2280 à-dire que l’abstraite contrainte doit se doubler d’ une contrainte physique, seule efficace désormais : la police. Mais ce
2281 r est en réalité le souverain désordre. Il n’y a d’ ordre vrai que dans la liberté. Il n’y a de liberté que chez les homme
2282 n’y a d’ordre vrai que dans la liberté. Il n’y a de liberté que chez les hommes qui réalisent leur vocation et qui la ser
2283 l’homme libre est le seul qui respecte la liberté de ses semblables. Tout cela se tient. Sens du prochain, responsabilité,
2284 ien longtemps l’une sans l’autre. Et l’ordre naît de leur alliance. Ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté est l
2285 re compris que la liberté est le fondement vivant de l’ordre ; qu’elle ne peut être donnée à personne, mais seulement assu
2286 tible avec l’égoïsme, l’insignifiance et l’esprit de combine, l’arrivisme, l’opportunisme et la fuite devant les responsab
2287 esponsabilités, la bêtise vaniteuse et la paresse de pensée, le respect de l’argent, le ton hâbleur, le bluff et le sentim
2288 ise vaniteuse et la paresse de pensée, le respect de l’argent, le ton hâbleur, le bluff et le sentimentalisme qui font tou
2289 : tout ce qui caractérise les mœurs politiciennes de nos pseudo-démocraties et les goûts de leur « grand public » tels que
2290 iticiennes de nos pseudo-démocraties et les goûts de leur « grand public » tels que les entretiennent et les exploitent le
2291 qu’ils l’ont compris — ceux-là n’ont aucun droit de se dire démocrates, ils ne méritent rien de mieux qu’un dictateur. Ce
2292 droit de se dire démocrates, ils ne méritent rien de mieux qu’un dictateur. Ceux qui n’ont pas encore compris que liberté
2293 é égale responsabilité, ceux-là n’ont aucun droit de revendiquer une liberté dont ils ne sauraient rien tirer s’ils la rec
2294 vaient les conditions. Mais il serait insuffisant de démasquer l’hypocrisie, et Dieu sait si les mots démocratie et libert
2295 ont une, pitoyable ou scandaleuse, dans la bouche de milliers de nigauds ou de cyniques qui s’en prévalent. Ce serait insu
2296 oyable ou scandaleuse, dans la bouche de milliers de nigauds ou de cyniques qui s’en prévalent. Ce serait insuffisant et m
2297 daleuse, dans la bouche de milliers de nigauds ou de cyniques qui s’en prévalent. Ce serait insuffisant et même dangereux.
2298 rter vers une définition intransigeante et claire de l’idéal qui seul justifie notre lutte ; et vers la recherche de moyen
2299 seul justifie notre lutte ; et vers la recherche de moyens d’incorporer cet idéal, qui ne soient point eux-mêmes des trah
2300 ifie notre lutte ; et vers la recherche de moyens d’ incorporer cet idéal, qui ne soient point eux-mêmes des trahisons de l
2301 déal, qui ne soient point eux-mêmes des trahisons de leur fin. Il faut aider les hommes si faibles d’aujourd’hui à devenir
2302 de leur fin. Il faut aider les hommes si faibles d’ aujourd’hui à devenir un peu plus responsables, un peu plus dignes d’ê
2303 enir un peu plus responsables, un peu plus dignes d’ être libres, un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en s
2304 peu plus dignes d’être libres, un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en sommes là, au nom de la liberté et
2305 re libres, un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en sommes là, au nom de la liberté et de la démocratie. Ce
2306 tuer, nous en sommes là, au nom de la liberté et de la démocratie. Cet « un peu » représente une énorme ambition, si l’on
2307 éal et ma vision ? Mon horreur des programmes n’a d’ égale que l’étendue de mon scepticisme quant aux objurgations de la pr
2308 horreur des programmes n’a d’égale que l’étendue de mon scepticisme quant aux objurgations de la propagande. Aussi bien,
2309 étendue de mon scepticisme quant aux objurgations de la propagande. Aussi bien, je ne prêche pas : je vais dire simplement
2310 ement les conclusions qui m’apparaissent résulter de notre état. Je crois à la vertu de l’élucidation, qui dit le vrai en
2311 ssent résulter de notre état. Je crois à la vertu de l’élucidation, qui dit le vrai en baissant le ton, sans nul effort de
2312 i dit le vrai en baissant le ton, sans nul effort de persuader. Je me tiens l’argument suivant : le gigantisme moderne pri
2313 suivant : le gigantisme moderne prive les hommes de la possibilité d’être et de se sentir responsables dans la société et
2314 ntisme moderne prive les hommes de la possibilité d’ être et de se sentir responsables dans la société et dans la politique
2315 erne prive les hommes de la possibilité d’être et de se sentir responsables dans la société et dans la politique, donc d’ê
2316 sables dans la société et dans la politique, donc d’ être libres ; cette irresponsabilité anxieuse appelle la dictature par
2317 r, et nous rend impuissants contre les dictatures de l’extérieur ; notre désordre intime nous livre donc nécessairement et
2318 taires ; si nous n’aimons pas ça, il faut changer de méthodes ou d’attitude ; mais quelles sont les méthodes et l’attitude
2319 s n’aimons pas ça, il faut changer de méthodes ou d’ attitude ; mais quelles sont les méthodes et l’attitude contraires au
2320 t l’attitude contraires au gigantisme et capables de le prévenir ? Je réponds qu’il n’y a d’ordre solide et libéral que da
2321 capables de le prévenir ? Je réponds qu’il n’y a d’ ordre solide et libéral que dans les petites communautés, dans les cit
2322 tenus par le citoyen, en connaissance de cause et de personnes. Je réponds que ces petites communautés ne pourront subsist
2323 eurs ressources matérielles, afin de préserver et de développer leur autonomie spirituelle. Je réponds que cette « utopie 
2324 e fédéralisme, est la seule qui permette aux mots de liberté, d’ordre, d’humanité et de démocratie de signifier quelque ch
2325 e, est la seule qui permette aux mots de liberté, d’ ordre, d’humanité et de démocratie de signifier quelque chose qui m’ém
2326 seule qui permette aux mots de liberté, d’ordre, d’ humanité et de démocratie de signifier quelque chose qui m’émeuve. Qua
2327 mette aux mots de liberté, d’ordre, d’humanité et de démocratie de signifier quelque chose qui m’émeuve. Quant à ceux qui
2328 de liberté, d’ordre, d’humanité et de démocratie de signifier quelque chose qui m’émeuve. Quant à ceux qui disent : « Je
2329 ce qu’ils estiment possible, hors de la guerre et de l’État totalitaire, qui n’est rien d’autre que l’état de guerre en pe
2330 a guerre et de l’État totalitaire, qui n’est rien d’ autre que l’état de guerre en permanence ? Beaucoup de choses impossib
2331 at totalitaire, qui n’est rien d’autre que l’état de guerre en permanence ? Beaucoup de choses impossibles nous arrivent.
2332 lles sont là, malgré nous. Ne serait-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de vouloir l’impossible favorable, c’est-à-dir
2333 Ne serait-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de vouloir l’impossible favorable, c’est-à-dire de créer un ordre, et de
2334 , de vouloir l’impossible favorable, c’est-à-dire de créer un ordre, et de passer à l’offensive ? 64. Le sens des mots
2335 ble favorable, c’est-à-dire de créer un ordre, et de passer à l’offensive ? 64. Le sens des mots Mais l’offensive su
2336 . Un plan commun, clairement déterminé et compris de la même manière par tous ceux qui devront l’exécuter. Un plan qui s’e
2337 exprime par des mots, et par des mots qui mettent de l’ordre dans nos volontés égarées : tous les mots clairs sont des mot
2338 s. Il semble même que l’on se batte pour eux avec d’ autant plus de passion que l’on sait moins clairement ce qu’ils signif
2339 ême que l’on se batte pour eux avec d’autant plus de passion que l’on sait moins clairement ce qu’ils signifient. J’ai dit
2340 J’ai dit que l’ordre véritable suppose la liberté de l’homme responsable. Mais combien de bourgeois apeurés s’obstinèrent
2341 e la liberté de l’homme responsable. Mais combien de bourgeois apeurés s’obstinèrent à voir dans Hitler, cet homme des mas
2342 dans Hitler, cet homme des masses, « le rempart » de leur ordre contre le bolchévisme ? D’autres se battaient au nom de le
2343 ens que l’on pût déclarer sans hésiter. Si chacun de vous savait ce qu’il défend. (Car se faire tuer ne prouve rien : nos
2344 ils ont un sens défini. Et ce qui définit le sens d’ un mot, c’est sa correspondance indiscutable à certaines choses, à cer
2345 ement des actes. Or cette correspondance ne cesse d’ être arbitraire qu’en vertu d’un accord unanime. C’est dire qu’elle ne
2346 lle ne peut se produire qu’au sein d’un groupe ou d’ une communauté vivante. Une tradition, un droit, une foi et une autori
2347 oi et une autorité communes, sont seules capables de définir le sens de ce qu’on appelle les mots courants. Mais toutes ce
2348 communes, sont seules capables de définir le sens de ce qu’on appelle les mots courants. Mais toutes ces choses ont dispar
2349 siècle apparaîtra dans l’avenir comme une espèce de cauchemar verbal, de cacophonie délirante. On y parlait plus qu’on n’
2350 ns l’avenir comme une espèce de cauchemar verbal, de cacophonie délirante. On y parlait plus qu’on n’avait jamais parlé :
2351 qu’on n’avait jamais parlé : imaginez ces postes de radio qui ne peuvent plus se taire ni nuit ni jour, où la parole est
2352 ù les mots s’usaient plus vite qu’en aucun siècle de l’Histoire, temps de la grande prostitution de cette parole qui devai
2353 plus vite qu’en aucun siècle de l’Histoire, temps de la grande prostitution de cette parole qui devait être la mesure du v
2354 le de l’Histoire, temps de la grande prostitution de cette parole qui devait être la mesure du vrai, et dont l’Évangile di
2355 lumière des hommes » ! Hélas, qu’avons-nous fait de la parole ! Elle ne saurait plus même mentir dans certaines bouches,
2356 le ronron du style officiel, le gâtisme des fins de banquet ; et quand nous sommes abêtis de discours, lui, le romantique
2357 des fins de banquet ; et quand nous sommes abêtis de discours, lui, le romantique qui nous suggère que l’indicible est peu
2358 es structures sociales, il précipite la confusion de notre langage. Il sait que les hommes ne peuvent s’engager que par de
2359 primant le sens des mots, il détruit la base même de nos fidélités. Il sait que partout où l’on appelle un chat un chat, l
2360 on appelle un chat un chat, le mal recule et perd de ses prestiges ; c’est pourquoi il a inventé la langue des diplomates
2361 n, qu’elle achèvera mieux que les pires tyrannies d’ ahurir notre sens moral… J’allais écrire que le seul remède serait de
2362 moral… J’allais écrire que le seul remède serait de lui opposer la sémantique, qui est la science des significations, du
2363 étymologies. Un ministère du Sens des mots, doté de pouvoirs discrétionnaires, voilà ce qu’il faut à la Démocratie, puisq
2364 . (Ce ministère était jadis l’Église. Une analyse de nos vocabulaires montrerait que le peu de sens commun qu’ils conserve
2365 liturgiques.) Je pourrais indiquer vingt remèdes de ce genre : mais je sais trop qu’ils seront sans vertu dans le monde i
2366 e détruire et les mots, justement, trop dépourvus de prises pour qu’un conseil soit encore entendu. Mais voici la confianc
2367 t le silence adorant : nous ne sommes pas maîtres de détruire la vraie Parole ! Tous les mensonges du diable, et tous nos
2368 ssent dès que l’Esprit nous parle, par une phrase de la Bible ou de nos liturgies, par un mot que dit un passant, par une
2369 ’Esprit nous parle, par une phrase de la Bible ou de nos liturgies, par un mot que dit un passant, par une prière née dans
2370 par une prière née dans un cœur. Il ne dépend pas de nous que ces syllabes vivent : tout d’un coup elles nous ont parlé. (
2371 dépend pas de nous que ces syllabes vivent : tout d’ un coup elles nous ont parlé. (La naissance d’un poème ou d’un rythme
2372 out d’un coup elles nous ont parlé. (La naissance d’ un poème ou d’un rythme de phrase, quelque part en nous-mêmes, nous do
2373 elles nous ont parlé. (La naissance d’un poème ou d’ un rythme de phrase, quelque part en nous-mêmes, nous donne une faible
2374 nt parlé. (La naissance d’un poème ou d’un rythme de phrase, quelque part en nous-mêmes, nous donne une faible idée de ces
2375 ue part en nous-mêmes, nous donne une faible idée de ces surprises.) Si le langage nous appartenait, il y a longtemps qu’o
2376 Mais si deux êtres communiquent, si ces mots tout d’ un coup me mettent en mouvement, si cet accent suffit à me rendre à ma
2377 ils ne pourront rien sur le mystère qui fait qu’à de certains moments, certains mots nous parlent, et non d’autres, fût-ce
2378 , et non d’autres, fût-ce à voix basse, au secret d’ un cachot. Ils pourront réduire au silence les bavards et les grands o
2379 la souffrance et la honte ne nous permettent plus d’ articuler même une plainte intelligible, — c’est elle à présent qui no
2380 le ! 65. Vertus J’ai désigné les dimensions de l’Ordre indestructible au sein duquel le drame de nos destins s’encad
2381 de l’Ordre indestructible au sein duquel le drame de nos destins s’encadre. Ainsi armés et appuyés, nous pouvons porter su
2382 et les fait parfois s’évanouir avec un dégagement de fumée noire qui obscurcit le ciel pour un temps, et peut-être nous fa
2383 u diable des injures, qu’il prendrait pour autant d’ hommages. Détournons-nous et regardons le Bien. Armons-nous de cette g
2384 Détournons-nous et regardons le Bien. Armons-nous de cette grande confiance qui survit à la catastrophe, parce qu’en ayant
2385 la joie, ni la grandeur et ni l’amour ne cessent d’ attendre, intacts et souverains, notre désir. Il nous suffit de retrou
2386 ntacts et souverains, notre désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il nous suffit de rendre à la v
2387 tre désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’ être vertueux. Il nous suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes,
2388 rouver le courage d’être vertueux. Il nous suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes, nous avions fait de la vertu si
2389 e à la vertu sa gloire. Certes, nous avions fait de la vertu si triste chose qu’il paraissait mesquin de s’y tenir. Perso
2390 la vertu si triste chose qu’il paraissait mesquin de s’y tenir. Personne n’osait plus en parler : elle n’était plus que la
2391 au mot même, qui avait électrisé jadis les héros de la Révolution. La morale était ennuyeuse, et le gangster plein de pre
2392 . La morale était ennuyeuse, et le gangster plein de prestige. Le bon ton consistait en somme à préférer le mauvais genre.
2393 èglement des critères32 a toujours annoncé la fin d’ une cité et de sa culture. À l’orgueil et à la brutalité proclamés com
2394 ritères32 a toujours annoncé la fin d’une cité et de sa culture. À l’orgueil et à la brutalité proclamés comme vertus par
2395 âches, et cela s’appelait du réalisme. À l’esprit de vengeance et de ressentiment, elles ne surent opposer que leurs inqui
2396 ’appelait du réalisme. À l’esprit de vengeance et de ressentiment, elles ne surent opposer que leurs inquiétudes de propri
2397 nt, elles ne surent opposer que leurs inquiétudes de propriétaires fatigués, et cela s’appelait défense de l’ordre. À la g
2398 a confusion spirituelle, et cela s’appelait droit de libre critique. Tout cela s’explique et des générations de romanciers
2399 critique. Tout cela s’explique et des générations de romanciers nous ont montré d’une manière convaincante que l’homme « m
2400 et des générations de romanciers nous ont montré d’ une manière convaincante que l’homme « moral » n’était qu’un hypocrite
2401 s montre autre chose. Quand une démocratie rougit de ses vertus, sur quelle force peut-elle compter ? Et quand l’élite d’u
2402 quelle force peut-elle compter ? Et quand l’élite d’ une société n’attache plus que du ridicule aux disciplines qui l’ont f
2403 musent le plus grand nombre et rapportent le plus d’ argent, quand elle rend un culte à des stars d’une intolérable sottise
2404 us d’argent, quand elle rend un culte à des stars d’ une intolérable sottise, quand tout cela paraît naturel, et le contrai
2405 poser aux barbares ? La barbarie débile et bébête de nos foules, la démission sans élégance de nos élites, est-ce que c’es
2406 bébête de nos foules, la démission sans élégance de nos élites, est-ce que c’est cela qu’il faut sauver au prix de sa vie
2407 inexorable : rien au monde ne saurait l’empêcher de se détruire. Et si l’on tue ce qui était déjà mort, je n’y vois pas d
2408 l’on tue ce qui était déjà mort, je n’y vois pas d’ inconvénient. Tout cela ne m’empêchera pas d’avoir confiance ! Le malh
2409 pas d’inconvénient. Tout cela ne m’empêchera pas d’ avoir confiance ! Le malheur nous rend au sérieux. Il nous apprend à o
2410 rend à opposer au mal le bien, et non le demi-mal de petites perversions. Il nous rend le courage d’opposer à cet orgueil
2411 l de petites perversions. Il nous rend le courage d’ opposer à cet orgueil prôné par les totalitaires, l’humilité et non la
2412 et non pas des calculs « réalistes » ; à la soif de vengeance et au ressentiment, à la grossièreté spirituelle, la justic
2413 a justice à double tranchant et l’austère rigueur de pensée, non pas cette hystérie sentimentale et cette panique de possé
2414 pas cette hystérie sentimentale et cette panique de possédants taxés. Je voudrais dire ces choses plus simplement encore,
2415 me ciel ramène un printemps pur sur les décombres de la vie. Je suppose une cité parvenue au dernier terme de sa corruptio
2416 ie. Je suppose une cité parvenue au dernier terme de sa corruption. « Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce q
2417 a corruption. « Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie. »34 Et je réponds : le grand or
2418 out homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie. »34 Et je réponds : le grand ordre de vivre et d’assumer un d
2419 ste de la vie. »34 Et je réponds : le grand ordre de vivre et d’assumer un destin neuf. La vertu n’est plus ennuyeuse quan
2420 e. »34 Et je réponds : le grand ordre de vivre et d’ assumer un destin neuf. La vertu n’est plus ennuyeuse quand les vertue
2421 relles où nous nous attardions. Il ne s’agit plus de leur morale qui mourut sur la défensive, et qu’ils ont si mal défendu
2422 qu’ils ont si mal défendue. Il s’agit simplement de la grandeur que nous saurons imaginer, et d’une vision nouvelle de la
2423 ment de la grandeur que nous saurons imaginer, et d’ une vision nouvelle de la force. Assis sur nos ruines, j’esquisse… Je
2424 e nous saurons imaginer, et d’une vision nouvelle de la force. Assis sur nos ruines, j’esquisse… Je me plais à inscrire ce
2425 plus beau jeu ! Je me plais à copier des phrases de ce ton : « L’égoïsme a aussi sa niaiserie, il n’est pas moins ignoran
2426 . » « Pour connaître les hommes, il ne suffit pas de les mépriser. »35 « Les personnes faibles ne peuvent être sincères. »
2427 faibles ne peuvent être sincères. »36 Et je rêve d’ une anthologie de ces maximes d’une fierté sans jactance… J’imagine qu
2428 nt être sincères. »36 Et je rêve d’une anthologie de ces maximes d’une fierté sans jactance… J’imagine que l’humilité pass
2429 s. »36 Et je rêve d’une anthologie de ces maximes d’ une fierté sans jactance… J’imagine que l’humilité passe à travers les
2430 J’imagine que l’humilité passe à travers les murs de la cellule que bâtissaient nos craintes et nos vanités faibles, et qu
2431 es et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’ être libres comme ceux qui n’ont plus rien à perdre. Je pense à cette
2432 le pécheur, puisqu’il réveille en lui le courage de l’amour. Je pense que le malheur nous rendra sobres, et que l’empire
2433 aciturnes par l’éducation du danger et la coutume de la mort, plus absurde et plus simple que jamais. J’élève ces vertus d
2434 e ces vertus devant mes yeux non comme une utopie de lendemains meilleurs, car l’Ecclésiaste avait raison, « les hommes ne
2435 que l’époque nous rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réalité. Les vraies vertus ne vont pas
2436 s ne vont pas à un happy ending, mais à la gloire de la Vérité. J’imagine, je ne rêve pas : Je me prépare à marcher. Je se
2437 jà ce livre, et les quelques accords que je viens d’ essayer me donnent le ton d’une harmonie nouvelle, d’un style de vie p
2438 accords que je viens d’essayer me donnent le ton d’ une harmonie nouvelle, d’un style de vie plus dur et plus joyeux… J’ap
2439 ssayer me donnent le ton d’une harmonie nouvelle, d’ un style de vie plus dur et plus joyeux… J’appelle et je pressens — c’
2440 onnent le ton d’une harmonie nouvelle, d’un style de vie plus dur et plus joyeux… J’appelle et je pressens — c’est une phr
2441 yeux… J’appelle et je pressens — c’est une phrase de Poe qui depuis quelque temps me fascine — « une certaine énergie calm
2442 et indomptable, telle que nous pouvons l’imaginer d’ un large fleuve d’or fondu »… O da quod jubes, domine ! 37 66.
2443 lle que nous pouvons l’imaginer d’un large fleuve d’ or fondu »… O da quod jubes, domine ! 37 66. Le Bleu du Ciel
2444 la vertu et la splendeur. Je lui oppose les gages d’ une confiance que n’atteindra jamais sa ruse. Je lui oppose les hiérar
2445 dra jamais sa ruse. Je lui oppose les hiérarchies de l’Ordre : l’ordre céleste et le cri de guerre de l’Ange blanc, l’ordr
2446 iérarchies de l’Ordre : l’ordre céleste et le cri de guerre de l’Ange blanc, l’ordre intérieur de la sainteté, l’ordre cos
2447 de l’Ordre : l’ordre céleste et le cri de guerre de l’Ange blanc, l’ordre intérieur de la sainteté, l’ordre cosmique et s
2448 cri de guerre de l’Ange blanc, l’ordre intérieur de la sainteté, l’ordre cosmique et son discours immense, l’ordre des lo
2449 se, l’ordre des lois jurées dans la cité, l’ordre de la parole et l’ordre des vertus. Je lui oppose l’Esprit, l’Eau et le
2450 le Pain et le Vin. Je lui oppose aussi les œuvres d’ hommes où sa part a été consumée. Je lui oppose le bleu du ciel. Le bl
2451 Le bleu des ciels que j’ai aimés. Le bleu du ciel de l’Île-de-France, la douceur de l’art et des âges, et le sourire d’une
2452 s. Le bleu du ciel de l’Île-de-France, la douceur de l’art et des âges, et le sourire d’une femme à l’amour fidèle et gai.
2453 e, la douceur de l’art et des âges, et le sourire d’ une femme à l’amour fidèle et gai. Le bleu du ciel de Manhattan, fusan
2454 ne femme à l’amour fidèle et gai. Le bleu du ciel de Manhattan, fusant comme une inexorable joie entre les verticalités ar
2455 des gratte-ciel. Le bleu du ciel des Alpes moiré d’ éclatante noirceur, à midi, sur la tranche des glaciers. Que ces image
2456 e du malheur ; et qu’elles réfutent les sophismes de l’Abîme comme une aube d’été évapore les brumes ! On dit que le démon
2457 réfutent les sophismes de l’Abîme comme une aube d’ été évapore les brumes ! On dit que le démon aime l’heure de minuit. A
2458 ore les brumes ! On dit que le démon aime l’heure de minuit. Ah ! tournons-nous, le visage levé, vers le symbole universel
2459 s-nous, le visage levé, vers le symbole universel de la rigueur et de la paix profonde du pardon, et baignons un regard au
2460 levé, vers le symbole universel de la rigueur et de la paix profonde du pardon, et baignons un regard aux étendues de pur
2461 nde du pardon, et baignons un regard aux étendues de pureté ardente et dure du bleu du ciel au cœur du jour ! 1942 et 194
2462 une virile clairvoyance, c’est la vraie guérison de nos fameux « complexes de culpabilité ». 29. Daniel Defoe. 30. Je p
2463 c’est la vraie guérison de nos fameux « complexes de culpabilité ». 29. Daniel Defoe. 30. Je prends le mot prochain au s
2464 in. — Qui est mon prochain ? — Celui qui a besoin de ton aide, ou celui qui t’en donne. Ce peut être n’importe quel homme,
2465 st plus que mensonge dirigé. 32. Je ne parle pas de l’immoralité, j’ignore si elle était plus grande qu’en d’autres temps
2466 eulement qu’on n’avait même plus « l’hypocrisie » de la condamner comme telle. 33. J’emploie le terme italien célébré par
2467 ar Burckhardt et par Nietzsche à propos des héros de la Renaissance. On pourrait le traduire à peu près par énergie de l’â
2468 e. On pourrait le traduire à peu près par énergie de l’âme, audace maîtrisée. 34. Baudelaire encore, en plein xixe siècl
7 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
2469 bien, pour moi du moins, le cadre et l’atmosphère de mon travail : 5 West 16th Street, New York Fin décembre 1941 Trouvé
2470 petit atelier, près de Greenwich Village, au haut d’ une vieille maison de pierre brune, et quitté non sans soulagement mon
2471 e Greenwich Village, au haut d’une vieille maison de pierre brune, et quitté non sans soulagement mon hôtel. Un plancher b
2472 ement mon hôtel. Un plancher bleu foncé, les murs d’ un blanc rosé, et la moitié du plafond incliné est en vitrage, noir la
2473 afond incliné est en vitrage, noir la nuit, strié de joints blancs. Deux larges et basses fenêtres sur la cour. Juste en f
2474 tres sur la cour. Juste en face, le haut building d’ une imprimerie. Plus à droite, je domine le toit plat, formant terrass
2475 droite, je domine le toit plat, formant terrasse, d’ une maison de trois étages qui est un couvent. Les nonnes deux par deu
2476 mine le toit plat, formant terrasse, d’une maison de trois étages qui est un couvent. Les nonnes deux par deux vont et vie
2477 iennent sur ce toit en lisant. Comme il n’y a pas de barrière, il faut craindre à chaque fois qu’elles fassent un pas de t
2478 ut craindre à chaque fois qu’elles fassent un pas de trop et tombent dans le vide, pour peu que leur lecture les passionne
2479 s Cendres, 18 février Depuis des mois, j’essayais de m’y mettre39. Mais je fuyais partout, dans la rue, dans le monde, au
2480 able — les deux bras du fauteuil touchant le bord de la table — devant un bloc de papier blanc. Des heures ont passé, immo
2481 uil touchant le bord de la table — devant un bloc de papier blanc. Des heures ont passé, immobiles. Le téléphone a sonné p
2482 s que je bouge. J’ai lentement relu ma conférence de Buenos Aires40, des notes éparses. À sept heures, je me suis mis à éc
2483 ia du coin. 22 février Après trois jours et nuits de travail acharné, j’ai tenté hier soir une sortie. Deux signes m’ont p
2484 vé que jusqu’à nouvel ordre je suis le prisonnier de mon livre et ferais bien de ne plus m’en échapper. Je devais aller ch
2485 je suis le prisonnier de mon livre et ferais bien de ne plus m’en échapper. Je devais aller chez des amis après le dîner.
2486 sur le seuil : va-t-on me servir encore ? Au fond de la salle, deux hommes et une femme attablés causent et boivent. L’un
2487 Ils se retournent à demi et rient. J’ai fui. Pas d’ autre restaurant dans ce quartier. Je suis monté sans dîner chez mes a
2488 salon. Rentré tôt, mais n’ai rien fait qui vaille de toute la nuit. Voilà qui est clair : ou écrire, ou sortir. 26 février
2489 ussi vibrants que les cordes du clavecin, combien de fois cette mathématique vierge et vivace comme la sainteté même ne m’
2490 t l’émotion me fait dormir. Je suis sorti pénétré d’ une ivresse dont j’imagine qu’elle est l’état normal des anges, et déc
2491 mencer. Je ne puis entendre Bach sans avoir honte d’ écrire. Comment frapper les mots d’une touche aussi allègre ? Comment
2492 ns avoir honte d’écrire. Comment frapper les mots d’ une touche aussi allègre ? Comment les faire danser de cette joie de d
2493 e touche aussi allègre ? Comment les faire danser de cette joie de dire vrai ? Et comment les séduire au rythme sans défau
2494 allègre ? Comment les faire danser de cette joie de dire vrai ? Et comment les séduire au rythme sans défaut, sans relâch
2495 ythme sans défaut, sans relâche et sans repentir, d’ une pensée qui soit digne encore d’être pensée, d’être reçue, dans le
2496 sans repentir, d’une pensée qui soit digne encore d’ être pensée, d’être reçue, dans le monde établi par une seule fugue de
2497 d’une pensée qui soit digne encore d’être pensée, d’ être reçue, dans le monde établi par une seule fugue de Bach ? 1er mar
2498 e reçue, dans le monde établi par une seule fugue de Bach ? 1er mars Je constate que de quarante-huit heures je n’ai pas d
2499 ne seule fugue de Bach ? 1er mars Je constate que de quarante-huit heures je n’ai pas dit un mot à âme qui vive. (À la caf
2500 mot à âme qui vive. (À la cafétéria, il me suffit de désigner les plats d’un geste.) Cela ne se peut que dans une très gra
2501 la cafétéria, il me suffit de désigner les plats d’ un geste.) Cela ne se peut que dans une très grande ville. Travail noc
2502 Je dors un peu le matin ou l’après-midi. La femme de ménage n’est plus venue. Suie sur les meubles, dans les tasses. 5 mar
2503 on dit : je me réveille, et qu’il s’agit vraiment d’ un verbe réfléchi. 7 mars Donné à taper les cinquante premières pages.
2504 hant là où elles s’ouvrent sur le ciel. Suffit-il d’ un vent doux, d’un peu d’or au lointain, d’un beau ciel de nuées atlan
2505 s’ouvrent sur le ciel. Suffit-il d’un vent doux, d’ un peu d’or au lointain, d’un beau ciel de nuées atlantiques, pour que
2506 t sur le ciel. Suffit-il d’un vent doux, d’un peu d’ or au lointain, d’un beau ciel de nuées atlantiques, pour que le monde
2507 fit-il d’un vent doux, d’un peu d’or au lointain, d’ un beau ciel de nuées atlantiques, pour que le monde soit de nouveau p
2508 t doux, d’un peu d’or au lointain, d’un beau ciel de nuées atlantiques, pour que le monde soit de nouveau plus grand que l
2509 u plus grand que la guerre, et le cœur plus libre d’ aimer ? Oui, ce soir. 14 mars Promenade autour d’un square terne et bo
2510 d’aimer ? Oui, ce soir. 14 mars Promenade autour d’ un square terne et boueux du bas de la ville, avec Ernst Erich Noth, r
2511 omenade autour d’un square terne et boueux du bas de la ville, avec Ernst Erich Noth, romancier allemand. Je lui parlais d
2512 st Erich Noth, romancier allemand. Je lui parlais de mon livre en train. « Comment, me dit-il, vous pouvez encore vous pas
2513 oppe grise pliée en V derrière la porte sans jour de la boîte métallique. J’ai passé ma robe de chambre et suis descendu l
2514 la, l’enveloppe grise est là, pliée. (Une facture de blanchisseur !) Il me semble que la chose ne m’était plus arrivée dep
2515 is douze ou treize ans, depuis Calw41. Ma faculté de petite voyance (voyance de détails sans intérêt) ne m’a jamais servi
2516 uis Calw41. Ma faculté de petite voyance (voyance de détails sans intérêt) ne m’a jamais servi à rien, sinon à vérifier pr
2517 e se manifestait, que j’étais déconnecté du monde de l’utile. 20 mars Pluie torrentielle et fonte des neiges. Les nonnes n
2518 t-être tombées dans la cour. Des gouttes chargées de suie s’écrasent sur mon papier, la verrière doit être fendue ou mal j
2519 fendue ou mal jointe. Raccommodé avec un ligament de ficelle verte le pied cassé de mon petit fauteuil. Bonheur d’écrire e
2520 é avec un ligament de ficelle verte le pied cassé de mon petit fauteuil. Bonheur d’écrire et de me sentir libre nuit et jo
2521 erte le pied cassé de mon petit fauteuil. Bonheur d’ écrire et de me sentir libre nuit et jour. 21 mars Terminé le chapitre
2522 cassé de mon petit fauteuil. Bonheur d’écrire et de me sentir libre nuit et jour. 21 mars Terminé le chapitre sur saint M
2523 paraîtra délirant aux « intellectuels libéraux » de New York. Premier jour de printemps, annoncé par un fort coup de tonn
2524 ntellectuels libéraux » de New York. Premier jour de printemps, annoncé par un fort coup de tonnerre à cinq heures du mati
2525 emier jour de printemps, annoncé par un fort coup de tonnerre à cinq heures du matin. José Bergamin assure que le printemp
2526 devant le vieux prêtre anglican, dans une crypte de pierre nue. Exorciser en moi la part du diable, celle qu’il a sans do
2527 ’ai si vite bouclé ce livre, c’était pour essayer de le prendre de vitesse. À ces notes de 1941, il me plaît d’ajouter le
2528 uclé ce livre, c’était pour essayer de le prendre de vitesse. À ces notes de 1941, il me plaît d’ajouter le récit d’une s
2529 ur essayer de le prendre de vitesse. À ces notes de 1941, il me plaît d’ajouter le récit d’une soirée où nous fûmes « vis
2530 dre de vitesse. À ces notes de 1941, il me plaît d’ ajouter le récit d’une soirée où nous fûmes « visités », dans notre ma
2531 ces notes de 1941, il me plaît d’ajouter le récit d’ une soirée où nous fûmes « visités », dans notre maison de Ferney, le
2532 irée où nous fûmes « visités », dans notre maison de Ferney, le 29 juin 1954. Après le dîner, sentant l’atmosphère favorab
2533 ix, l’un ses questions, et l’autre ses réponses. De cette soirée, je retiens trois échanges remarquables. Il y avait là J
2534 n de la culture, et que j’ai appelé, au lendemain de sa mort prématurée en 1957, « le seul grand poète luthérien de langue
2535 ématurée en 1957, « le seul grand poète luthérien de langue française ». L’une des questions était : « Qu’arriverait-il si
2536 amène à rappeler ici cette soirée mémorable. L’un de nous avait écrit : « Qu’arriverait-il si le diable entrait dans cette
2537 e resituer aujourd’hui par rapport à ce texte âgé d’ un quart de siècle, la première question que je me pose est celle de s
2538 aujourd’hui par rapport à ce texte âgé d’un quart de siècle, la première question que je me pose est celle de son sujet et
2539 le, la première question que je me pose est celle de son sujet et de sa réalité. Est-ce que je crois encore à l’existence
2540 question que je me pose est celle de son sujet et de sa réalité. Est-ce que je crois encore à l’existence du diable ? Je c
2541 s encore à l’existence du diable ? Je crains bien de ne pouvoir donner à cette question directe une réponse sans détour, e
2542 le, c’est qu’il m’a eu, selon le premier chapitre de ce livre ; et s’il m’a eu, c’est qu’il agit ; or rien ne peut agir sa
2543 ntit42. Mon scepticisme, ainsi, serait une preuve de l’existence précisément qu’il met en doute ? En revanche, si je dis q
2544 preuve qu’il existe, ou qu’il n’ait plus ni rien de moi ni rien en moi. Par où l’on voit qu’il est presque impossible de
2545 oi. Par où l’on voit qu’il est presque impossible de parler de lui d’une manière innocente ou détachée, ni sans une sorte
2546 l’on voit qu’il est presque impossible de parler de lui d’une manière innocente ou détachée, ni sans une sorte d’indirect
2547 oit qu’il est presque impossible de parler de lui d’ une manière innocente ou détachée, ni sans une sorte d’indirect acte d
2548 manière innocente ou détachée, ni sans une sorte d’ indirect acte de foi ou d’athéisme. J’essaierai cependant de m’expliqu
2549 te ou détachée, ni sans une sorte d’indirect acte de foi ou d’athéisme. J’essaierai cependant de m’expliquer à moi-même et
2550 chée, ni sans une sorte d’indirect acte de foi ou d’ athéisme. J’essaierai cependant de m’expliquer à moi-même et de dire a
2551 acte de foi ou d’athéisme. J’essaierai cependant de m’expliquer à moi-même et de dire aux lecteurs de cette réédition, ce
2552 ’essaierai cependant de m’expliquer à moi-même et de dire aux lecteurs de cette réédition, ce que le diable signifie pour
2553 de m’expliquer à moi-même et de dire aux lecteurs de cette réédition, ce que le diable signifie pour moi dans la conjonctu
2554 st que l’expression mythique des terreurs intimes d’ hommes simples et qui n’ont pas lu Freud. Ainsi le diable ne serait ri
2555 consultez l’excellent Vocabulaire psychanalytique de J. Laplanche et J.-B. Pontalis : vous y lirez à la page 348 : Deux a
2556 s : vous y lirez à la page 348 : Deux acceptions de la projection : a) Dans un sens comparable au sens cinématographique 
2557 matographique : le sujet envoie au-dehors l’image de ce qui existe en lui de façon inconsciente. Ici la projection se défi
2558 envoie au-dehors l’image de ce qui existe en lui de façon inconsciente. Ici la projection se définit comme un mode de méc
2559 iente. Ici la projection se définit comme un mode de méconnaissance, avec, en contrepartie, la connaissance en autrui de c
2560 avec, en contrepartie, la connaissance en autrui de ce qui, précisément, est méconnu dans le sujet. b) Comme un processus
2561 est méconnu dans le sujet. b) Comme un processus d’ expulsion quasi réelle : le sujet jette hors de lui ce dont il ne veut
2562 , mais bien peu qui surpassent en précision celui de Jean de Roma, dominicain, chargé dès 1528, comme « inquisiteur de la
2563 dominicain, chargé dès 1528, comme « inquisiteur de la foi », de procéder contre les luthériens et les vaudois de la Prov
2564 chargé dès 1528, comme « inquisiteur de la foi », de procéder contre les luthériens et les vaudois de la Provence. Un text
2565 de procéder contre les luthériens et les vaudois de la Provence. Un texte de l’époque fournit quelques détails sur ses mé
2566 uthériens et les vaudois de la Provence. Un texte de l’époque fournit quelques détails sur ses méthodes : Le dit de Roma
2567 urnit quelques détails sur ses méthodes : Le dit de Roma fit prendre prisonnier un nommé Jehan Gignoulx et, parce que ce
2568 it à l’aide et toujours disait qu’il n’était rien de tout cela. Par quoi le dit Roma le mit cinq fois sur le feu, et fut l
2569 rfs qu’il avait brûlés.43 Un disciple orthodoxe de Freud aura raison de traiter d’« illusion » cette projection : car il
2570 s.43 Un disciple orthodoxe de Freud aura raison de traiter d’« illusion » cette projection : car il est clair que le moi
2571 isciple orthodoxe de Freud aura raison de traiter d’ « illusion » cette projection : car il est clair que le moine se tromp
2572 plus encore que sur sa victime et sur la location de Lucifer. Mais ce serait une illusion au second degré que de croire qu
2573 . Mais ce serait une illusion au second degré que de croire que le diable n’est rien parce que Jean de Roma se trompait, a
2574 -là opère ; elle est, par suite, réalité… Réalité de quoi, sinon de ce qui n’est pas ? Réalité du diable, donc. Quant à la
2575 e est, par suite, réalité… Réalité de quoi, sinon de ce qui n’est pas ? Réalité du diable, donc. Quant à la seconde forme
2576 Réalité du diable, donc. Quant à la seconde forme de projection, on ne peut dire qu’elle soit trompeuse : elle n’est pas i
2577 sur moi-même mais action, elle est refus délibéré de ce que mon vrai moi désavoue tout en sachant que c’est réel et que c’
2578 et que c’est en moi. Que le mal est en nous, non de nous, voilà ce qu’implique la croyance au diable. Il est à l’œuvre da
2579 Il est à l’œuvre dans l’intimité la mieux gardée de mon individu, mais non pas dans le libre projet de ma personne — proj
2580 e mon individu, mais non pas dans le libre projet de ma personne — projet qui me permet de prendre mes distances avec mon
2581 ibre projet de ma personne — projet qui me permet de prendre mes distances avec mon être naturel, de le juger, et d’abord
2582 t de prendre mes distances avec mon être naturel, de le juger, et d’abord de le voir. Je me vois mauvais, qu’est-ce à dire
2583 es avec mon être naturel, de le juger, et d’abord de le voir. Je me vois mauvais, qu’est-ce à dire ? Sinon que le mal que
2584 fuse qu’il me possède. Il ne s’agit donc plus ici de « méconnaissance » : je sais très bien que le diable est en moi et qu
2585 là que je puis l’attraper. Il s’agit encore moins d’ un « refoulement » mais au contraire d’une volonté on ne peut plus con
2586 core moins d’un « refoulement » mais au contraire d’ une volonté on ne peut plus consciente de rejet, à proprement parler d
2587 ontraire d’une volonté on ne peut plus consciente de rejet, à proprement parler d’un vomissement, c’est-à-dire d’une actio
2588 eut plus consciente de rejet, à proprement parler d’ un vomissement, c’est-à-dire d’une action curative. Baptiser projectio
2589 proprement parler d’un vomissement, c’est-à-dire d’ une action curative. Baptiser projection le mécanisme de cette conjura
2590 action curative. Baptiser projection le mécanisme de cette conjuration du mal qui est en moi, n’autorise pas à nier la réa
2591 mais ne suffit pas davantage à établir la réalité de l’être spirituel qui en serait le fauteur. Un processus psychologique
2592 sus psychologique ne prouve rien que l’efficacité de sa structure. Mais il n’en est pas moins indispensable à toute saisie
2593 l n’en est pas moins indispensable à toute saisie d’ une éventuelle transcendance. En d’autres termes : — Un être spirituel
2594 ranscendance, il restera pour moi un nom dépourvu d’ intérêt et qui ne m’importe en rien, si je n’ai jamais pu produire en
2595 n moi sa forme. — Il faut avoir fait l’expérience de sa présence et du style spécifique de son action pour le reconnaître
2596 ’expérience de sa présence et du style spécifique de son action pour le reconnaître dans ses avatars les plus divers, mais
2597 nce vécue ne prouve pas l’existence « objective » d’ une entité correspondante : elle est seulement la condition sine qua n
2598 te : elle est seulement la condition sine qua non d’ une ouverture à sa réalité hypothétique. — Je n’ai donc nullement étab
2599 « objective » du diable en décrivant le mécanisme de la projection, mais j’ai montré comment peut se manifester « le Lucif
2600 isteraient pour nous si nous n’avions aucun moyen de les faire exister subjectivement en nous, d’en vivre ou pour le moins
2601 oyen de les faire exister subjectivement en nous, d’ en vivre ou pour le moins d’en mimer l’expérience — même « négative »
2602 bjectivement en nous, d’en vivre ou pour le moins d’ en mimer l’expérience — même « négative » dans le désert mystique. — L
2603 négative » dans le désert mystique. — La question de l’existence du diable (ou de l’existence de Dieu) n’est donc pas une
2604 tique. — La question de l’existence du diable (ou de l’existence de Dieu) n’est donc pas une question détachée, détachable
2605 stion de l’existence du diable (ou de l’existence de Dieu) n’est donc pas une question détachée, détachable d’une expérien
2606 n’est donc pas une question détachée, détachable d’ une expérience, fût-elle l’éclair de la Révélation. — Mais jamais l’ex
2607 e, détachable d’une expérience, fût-elle l’éclair de la Révélation. — Mais jamais l’expérience n’a tranché la question qui
2608 une méthode négative peut aider : je vais tenter de dire ce qui m’étonne, m’inquiète, me choque ou me paraît inexact dans
2609 ait plus facile, ou moins radicalement impossible de connaître le diable que Dieu. Comme si j’étais donc dans l’idée que n
2610 ence plus concrète et plus convaincante du mal et de l’erreur que du bien et de la vérité. Ceci n’est guère défendable en
2611 convaincante du mal et de l’erreur que du bien et de la vérité. Ceci n’est guère défendable en logique, mais correspond à
2612 à quelque chose que le mot illusion ou le signal d’ erreur ne suffisent pas à rendre nulle à mes yeux. Est-ce la logique q
2613 logique qui est insuffisante ? Ou disposerais-je d’ une connaissance du Bien assez immunisée contre le « péché » pour me f
2614 » pour me faire concevoir et même dire, sans trop de crainte d’en être atteint, ce qui pèche ? Or je sais que l’homme n’es
2615 aire concevoir et même dire, sans trop de crainte d’ en être atteint, ce qui pèche ? Or je sais que l’homme n’est pas bon.
2616 mpromise par l’activité divergente ou antagoniste de 1010_ 1 combinaisons réalisées et réalisables : ce nombre représentan
2617 iable est Légion.) Mal est ce qui empêche le bien de s’épanouir. Je me forme ainsi une connaissance virtuelle et négative
2618 du mal, aussitôt exemplifiée par les conséquences de n’importe quel geste, comme de peser sur le bouton de mon transistor.
2619 r les conséquences de n’importe quel geste, comme de peser sur le bouton de mon transistor. L’homme a peu de chances contr
2620 ’importe quel geste, comme de peser sur le bouton de mon transistor. L’homme a peu de chances contre le diable. L’interven
2621 a peu de chances contre le diable. L’intervention d’ un agent différent (qu’on appelle transcendance, en théologie) paraît
2622 ute la mesure où il est cohérent et ne traite que de son sujet. C’est le plus grave reproche qu’on puisse lui faire, et je
2623 r une statue du diable Créateur. C’est une espèce de Prométhée. J’ai cru voir la même à Catane, au pied de l’Etna : mais j
2624 rométhée. J’ai cru voir la même à Catane, au pied de l’Etna : mais j’avais l’esprit plein d’Empédocle, qui, dit-on, se jet
2625 , au pied de l’Etna : mais j’avais l’esprit plein d’ Empédocle, qui, dit-on, se jeta dans le volcan pour se prouver qu’il é
2626 r qu’il était dieu et n’en revint pas. Je parlais d’ un ordre du monde, voulu par Dieu, auquel le diable nous incite à cont
2627 n lui, dans son cadre, mais pour lui, comme agent de son évolution — soit vers une progressive transfiguration, ou vers un
2628 le en tant que dénonciateur, contestateur, semeur de doute et négateur, censeur et juge ? (Étant maintenu que cette effica
2629 e inspire les techniques, c’est-à-dire les moyens de changer la Création pour la mieux adapter à nos désirs de liberté ou
2630 er la Création pour la mieux adapter à nos désirs de liberté ou de puissance, pour la mieux asservir à nos passions. Non s
2631 pour la mieux adapter à nos désirs de liberté ou de puissance, pour la mieux asservir à nos passions. Non seulement l’inf
2632 diable, mais aussi tous les remèdes, instruments de chirurgie, avions, lasers, high-fi, organes artificiels, moyens de fa
2633 ons, lasers, high-fi, organes artificiels, moyens de faire tomber la pluie ou d’aller en week-end sur la Lune. De proche e
2634 s artificiels, moyens de faire tomber la pluie ou d’ aller en week-end sur la Lune. De proche en proche, il devient manifes
2635 mber la pluie ou d’aller en week-end sur la Lune. De proche en proche, il devient manifeste que presque tout, dans la vie
2636 que presque tout, dans la vie culturelle, dépend de Lui, de la poésie pure au journalisme, en passant par les arts et la
2637 sque tout, dans la vie culturelle, dépend de Lui, de la poésie pure au journalisme, en passant par les arts et la philosop
2638 sciences et les sciences humaines. Presque aucune de leurs œuvres, affirmations, formulations ou certitudes provisoires qu
2639 lations ou certitudes provisoires qui ne soit née de la mise en question, voire de la négation de celles qui précédaient.
2640 res qui ne soit née de la mise en question, voire de la négation de celles qui précédaient. Le doute est le premier temps
2641 née de la mise en question, voire de la négation de celles qui précédaient. Le doute est le premier temps de toute recher
2642 es qui précédaient. Le doute est le premier temps de toute recherche, la première condition de l’invention — la seconde ét
2643 r temps de toute recherche, la première condition de l’invention — la seconde étant la passion de s’exposer à l’inconnu —
2644 tion de l’invention — la seconde étant la passion de s’exposer à l’inconnu — comme un film s’expose à la lumière, mais aus
2645 e aux balles. Mais cette passion qui anime le jeu de massacre qu’est la vie intellectuelle, c’est celle d’un meilleur bien
2646 assacre qu’est la vie intellectuelle, c’est celle d’ un meilleur bien, d’une qualité plus forte, obscurément appelés et pre
2647 e intellectuelle, c’est celle d’un meilleur bien, d’ une qualité plus forte, obscurément appelés et pressentis. En fin de c
2648 n de compte, le Négateur, ayant tué nos illusions de vérité, nous laissera nus devant la Vérité. Cela se passe dans chacun
2649 nus devant la Vérité. Cela se passe dans chacune de nos vies, quoique à doses infinitésimales, et cela se verra dans la F
2650 ref chapitre au diable bureaucrate, fonctionnaire de l’État, impeccable jusqu’au sadisme. Cette omission, qui m’étonne auj
2651 ais ce livre aux USA, où seuls les fonctionnaires de douanes en uniforme m’ont paru dignes de leurs confrères européens et
2652 onnaires de douanes en uniforme m’ont paru dignes de leurs confrères européens et leurs émules dans le zèle imbécile. Mais
2653 en uniforme m’ont paru dignes de leurs confrères européens et leurs émules dans le zèle imbécile. Mais nous étions en guerre, to
2654 t alors introduit celui que méritait déjà le Sens de l’Histoire, qui allait devenir si cher aux suiveurs du marxisme, en F
2655  » en URSS les génocides que l’on sait. Le Prince de ce monde, traduit en tribunal, affirme qu’il n’a rien fait d’autre qu
2656 traduit en tribunal, affirme qu’il n’a rien fait d’ autre qu’obéir aux ordres d’En Haut : il n’était qu’un exécutant, qu’u
2657 e qu’il n’a rien fait d’autre qu’obéir aux ordres d’ En Haut : il n’était qu’un exécutant, qu’un fonctionnaire, qu’un admin
2658 sont les seules qu’il admette), un agent du Sens de l’Histoire et de ses catastrophes moralisantes. C’est le rôle qu’il t
2659 qu’il admette), un agent du Sens de l’Histoire et de ses catastrophes moralisantes. C’est le rôle qu’il tenait déjà dans l
2660 ans ce livre, c’est qu’il n’essaie pas un instant de faire peur ni d’évoquer les terreurs de l’Enfer, le rictus effrayant
2661 st qu’il n’essaie pas un instant de faire peur ni d’ évoquer les terreurs de l’Enfer, le rictus effrayant du démon, et les
2662 n instant de faire peur ni d’évoquer les terreurs de l’Enfer, le rictus effrayant du démon, et les horreurs du péché rendu
2663 « bien intellectuel »… Mais ma seule crainte est d’ avoir laissé croire qu’il pourrait être, s’il existe, autre chose qu’u
2664 intellectuel, et j’entends bien, un intellectuel d’ opposition ! (Ils le sont tous, en tant que tels, même s’ils servent o
2665 ocial-fascisme.) L’action du diable est le modèle de l’action des intellectuels : ils n’ont jamais le pouvoir, mais ils l’
2666 is par définition. Que servirait à une opposition de gagner le pouvoir, si elle y perdait sa raison d’être, qui est d’être
2667 de gagner le pouvoir, si elle y perdait sa raison d’ être, qui est d’être contre ? C’est sa manière à elle de le créer. (Ou
2668 voir, si elle y perdait sa raison d’être, qui est d’ être contre ? C’est sa manière à elle de le créer. (Ou tout au moins d
2669 , qui est d’être contre ? C’est sa manière à elle de le créer. (Ou tout au moins d’y contribuer.) Prédictions. — Quand j’
2670 sa manière à elle de le créer. (Ou tout au moins d’ y contribuer.) Prédictions. — Quand j’écrivais en 1942 que l’avenir p
2671 olitique, pour des siècles, aurait toutes chances d’ être déterminé par le camp qui avait le plus d’avions, j’oubliais sans
2672 es d’être déterminé par le camp qui avait le plus d’ avions, j’oubliais sans doute que Hegel avait cru pouvoir démontrer qu
2673 ’Histoire, parce qu’il avait le plus grand nombre de canons. Trois ans plus tard, la Bombe pulvérisait Hiroshima et les pr
2674 , la Bombe pulvérisait Hiroshima et les prophètes de mon espèce. Aujourd’hui que chacun la possède et cherche les moyens d
2675 d’hui que chacun la possède et cherche les moyens de ne pas s’en servir, l’humanité se conduit dans l’ensemble avec une in
2676 avec une incroyable balourdise. Cet affrontement de géants imbéciles et plus qu’à demi paralysés déprime tout sens simple
2677 ersévère dans sa ligne actuelle » (p. 77) est une de ces erreurs inévitables quand on veut illustrer des prévisions d’ense
2678 névitables quand on veut illustrer des prévisions d’ ensemble sur le mouvement d’une société, ici l’Europe ou le monde occi
2679 ustrer des prévisions d’ensemble sur le mouvement d’ une société, ici l’Europe ou le monde occidental : on a recours à l’im
2680 d’ensemble sur le mouvement d’une société, ici l’ Europe ou le monde occidental : on a recours à l’imagerie courante, or c’est
2681 n point : je prévoyais la venue, « après Hitler » d’ une « ère des religions aberrantes ». Si l’on me dit qu’elle n’est pas
2682 r : « L’Ère des religions s’ouvre à nous, chargée de promesses équivoques. » Par suite des reculs apparents du christianis
2683 parents du christianisme en Occident, sans parler de sa quasi-interdiction en URSS, de sa suppression en Chine, et en dépi
2684 nt, sans parler de sa quasi-interdiction en URSS, de sa suppression en Chine, et en dépit de Vatican II et des progrès de
2685 n Chine, et en dépit de Vatican II et des progrès de l’œcuménisme, il est patent que les Églises organisées ont perdu le c
2686 rustratrices. Je songe aux stupéfiantes épidémies de ferveur et d’austérité qui se multiplient avec les sectes des USA ou
2687 Je songe aux stupéfiantes épidémies de ferveur et d’ austérité qui se multiplient avec les sectes des USA ou du Brésil, du
2688 avec les sectes des USA ou du Brésil, du Chili ou de la Sicile, au retour massif du fétichisme en Afrique noire, aux provo
2689 t et se croyait si méticuleusement athée… Au-delà de ces symptômes, je persiste à prévoir l’universelle mais souterraine p
2690 révoir l’universelle mais souterraine propagation de toutes espèces de religions gnostiques, dont la fonction sera de libé
2691 le mais souterraine propagation de toutes espèces de religions gnostiques, dont la fonction sera de libérer l’esprit des h
2692 es de religions gnostiques, dont la fonction sera de libérer l’esprit des horaires de travail et des loisirs conditionnés.
2693 la fonction sera de libérer l’esprit des horaires de travail et des loisirs conditionnés. « L’ennui naquit un jour de l’un
2694 es loisirs conditionnés. « L’ennui naquit un jour de l’uniformité », mais c’est la multiplicité des distractions qui l’ent
2695 rend immuable. L’ennui sera le produit principal de la régulation de nos vies par l’État. Il sera la mesure morale de l’a
2696 ’ennui sera le produit principal de la régulation de nos vies par l’État. Il sera la mesure morale de l’accroissement de l
2697 de nos vies par l’État. Il sera la mesure morale de l’accroissement de l’entropie sur la planète. Les religions qui vienn
2698 État. Il sera la mesure morale de l’accroissement de l’entropie sur la planète. Les religions qui viennent seront donc sub
2699 unistes, elles déclencheront des formes nouvelles de la chasse aux sorcières et de l’exorcisme. On n’enverra plus au bûche
2700 es formes nouvelles de la chasse aux sorcières et de l’exorcisme. On n’enverra plus au bûcher mais à l’usine de lavage des
2701 cisme. On n’enverra plus au bûcher mais à l’usine de lavage des cerveaux, et pour les riches, le divan remplacera le lit d
2702 x, et pour les riches, le divan remplacera le lit de torture. Mais le diable sera, comme avant, chez les Inquisiteurs et n
2703 leurs victimes — ces « névrosés » qui sont le sel de la Terre ! Très curieuse omission. — À l’époque où j’écrivais ce liv
2704 s ce livre, on parlait déjà beaucoup de la « mort de Dieu », on en parlait depuis un peu plus d’un demi-siècle. Malraux av
2705  mort de Dieu », on en parlait depuis un peu plus d’ un demi-siècle. Malraux avait repris le thème de Nietzsche, Sartre all
2706 s d’un demi-siècle. Malraux avait repris le thème de Nietzsche, Sartre allait lui emboîter le pas. Mais personne n’a parlé
2707 e pas. Mais personne n’a parlé — même pas moi ! —  de la mort du diable. Et pourquoi cette étrange omission ? Parce que le
2708 longtemps déjà, et qu’on n’avait même plus l’idée de le rappeler ? Ou parce qu’il avait réussi mieux que jamais, s’était f
2709 iste chez tout le monde : champ libre à la faveur de pareilles projections ! Il n’empêche que je me sens honteux de n’avoi
2710 projections ! Il n’empêche que je me sens honteux de n’avoir pas été le premier à proclamer : « Le diable est mort ! » Ou
2711 t mort ! » Ou bien devrais-je m’en féliciter ? Et d’ avoir été le premier à dire que c’eût été son triomphe majeur ? Se ga
2712 re que c’eût été son triomphe majeur ? Se garder de haïr le diable. — La plus grave, peut-être, des critiques que je me f
2713 e, peut-être, des critiques que je me fais, c’est d’ avoir pu donner l’impression que je me croyais radicalement contre le
2714 communiste le bourgeois, l’un étant le cauchemar de l’autre, c’est-à-dire une projection de la part honteuse de lui-même,
2715 cauchemar de l’autre, c’est-à-dire une projection de la part honteuse de lui-même, celle qui lui fait d’autant plus peur q
2716 , c’est-à-dire une projection de la part honteuse de lui-même, celle qui lui fait d’autant plus peur qu’il n’a osé ni l’as
2717 la part honteuse de lui-même, celle qui lui fait d’ autant plus peur qu’il n’a osé ni l’assumer ni l’écarter de soi en con
2718 plus peur qu’il n’a osé ni l’assumer ni l’écarter de soi en connaissance de cause. Or, en dépit du grand précepte évangéli
2719 it du grand précepte évangélique qui nous ordonne d’ aimer nos ennemis, dont il est sans conteste le premier — Satan signif
2720 excellence —, je me sens incapable non seulement de souhaiter son pardon et son salut, mais encore d’éprouver pour lui ce
2721 de souhaiter son pardon et son salut, mais encore d’ éprouver pour lui cette sorte d’attrait qui peut tourner en haine. Per
2722 alut, mais encore d’éprouver pour lui cette sorte d’ attrait qui peut tourner en haine. Personnification du mal que je récu
2723 ’imagine ou crée, je me sens plus près de lui que de la plupart des saints, plus en complicité native qu’en guerre ouverte
2724 ité native qu’en guerre ouverte, et s’il m’arrive d’ admirer sa technique, je n’ai jamais pu mépriser foncièrement que ses
2725 re plus parfaite encore en la tenant en éveil par de vaines insultes au lieu de songer plutôt aux moyens de l’endormir, co
2726 ines insultes au lieu de songer plutôt aux moyens de l’endormir, comme par exemple de mettre au point une tactique de la v
2727 lutôt aux moyens de l’endormir, comme par exemple de mettre au point une tactique de la vérité habile et libérale sur laqu
2728 comme par exemple de mettre au point une tactique de la vérité habile et libérale sur laquelle il perde ses prises, ou enc
2729 érale sur laquelle il perde ses prises, ou encore d’ ordonner notre morale personnelle à un but qu’il ne puisse concevoir.
2730 t qu’il ne puisse concevoir. Non moins futile que de se fouetter pour le haïr serait de condamner ce diable sans lequel no
2731 ins futile que de se fouetter pour le haïr serait de condamner ce diable sans lequel nous n’irions pas loin. Car en fait n
2732 ant que le monde est ce qu’il est — et n’est rien d’ autre — le diable en est le Prince inéluctable. Une longue patience et
2733 patience et une maîtrise intime des sources mêmes de la révolte contre le mensonge peuvent nous faire concevoir une tactiq
2734 ensonge peuvent nous faire concevoir une tactique d’ espérance ; mais il faut accepter qu’elle paraisse tendre asymptotique
2735 e : elle escompte l’extinction finale des raisons d’ être du démon par l’effet de sa propre action. Par la dégradation des
2736 on finale des raisons d’être du démon par l’effet de sa propre action. Par la dégradation des énergies qu’il stimule et qu
2737 entraîne irréversiblement vers ce plus bas niveau d’ indifférenciation, d’insignifiance et d’inertie finale où les déchets
2738 ment vers ce plus bas niveau d’indifférenciation, d’ insignifiance et d’inertie finale où les déchets de l’être lentement s
2739 as niveau d’indifférenciation, d’insignifiance et d’ inertie finale où les déchets de l’être lentement se consument — dans
2740 ’insignifiance et d’inertie finale où les déchets de l’être lentement se consument — dans ce ravin de la Géhenne dont nous
2741 de l’être lentement se consument — dans ce ravin de la Géhenne dont nous parlent les évangiles, et qui était en réalité l
2742 nt les évangiles, et qui était en réalité le lieu de la décharge municipale aux portes de Jérusalem. Gé-Hinnom ou val de
2743 cipale aux portes de Jérusalem. Gé-Hinnom ou val de Hinnom était en effet le nom de l’une des trois vallées qui entourent
2744 Gé-Hinnom ou val de Hinnom était en effet le nom de l’une des trois vallées qui entourent Jérusalem. En exécration de ce
2745 is vallées qui entourent Jérusalem. En exécration de ce lieu jadis voué au culte de Moloch, le roi Josias ordonna de le so
2746 lem. En exécration de ce lieu jadis voué au culte de Moloch, le roi Josias ordonna de le souiller, et l’on en fit dès lors
2747 is voué au culte de Moloch, le roi Josias ordonna de le souiller, et l’on en fit dès lors le dépôt des ordures et des char
2748 eu qui ne s’éteint point », devenu le feu éternel de l’Enfer, au Moyen Âge. Dans la Géhenne on ne brûlait que des cadavres
2749 s s’entretient Dante ! Mais par cette action même de consumer les ambitions qu’il ne cesse d’attiser, et nos égoïsmes avec
2750 ion même de consumer les ambitions qu’il ne cesse d’ attiser, et nos égoïsmes avec elles, il contribue à notre ultime déliv
2751 épuisante et qui l’aura trompé à la consommation de tous les temps, il nous libérera des tentations qu’il a pour fonction
2752 ous libérera des tentations qu’il a pour fonction d’ entretenir, c’est-à-dire du défi créateur dont nous vivons, nous et to
2753 teindront enfin dans la grâce — et Satan oubliera d’ exister ! III Je n’ai pas encore répondu… Mais je me suis repri
2754 is au jeu, on vient de le voir : dès que j’essaie de serrer de plus près son action supposée dans ma vie — fût-ce dans l’i
2755 action supposée dans ma vie — fût-ce dans l’idée de la « démystifier » —, l’Hypothèse reprend consistance. Henri Matisse
2756  Oui, quand je travaille. Je répondrai maintenant d’ une manière analogue : oui, je suis bien forcé de croire au diable qua
2757 d’une manière analogue : oui, je suis bien forcé de croire au diable quand j’éprouve son action dans la nôtre et que j’en
2758 re même. (Mais sans lui, l’eussè-je entreprise ?) De quoi je donnerai deux exemples, développant des indications qui étaie
2759 on que le diable, selon l’Évangile, est « le père de son propre mensonge ». Et j’ajoutais : « Par ici nous entrons au myst
2760 nsonge, par essence, n’est pas ! C’est une espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et le sonne-creux-de l’invention bâ
2761 l’œil et le sonne-creux-de l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. » (Chapitre IX.) Comme le livre venait de paraî
2762 ir, avec sa véhémence coutumière, me fit reproche d’ avoir jeté ce mot « décréation » sans commentaires ni développement :
2763 s ni développement : j’avais touché quelque chose d’ important, disait-il, sans faire le moindre effort pour étayer et expl
2764 nt bluff impardonnable ! Je ne suis plus très sûr de ce que je lui répondis, mais comme nos entretiens de New York — entre
2765 ce que je lui répondis, mais comme nos entretiens de New York — entrecoupés de parties d’échecs — roulaient souvent sur de
2766 is comme nos entretiens de New York — entrecoupés de parties d’échecs — roulaient souvent sur des thèmes scientifiques, je
2767 s entretiens de New York — entrecoupés de parties d’ échecs — roulaient souvent sur des thèmes scientifiques, je suppose qu
2768 es temps lointains, soudain proches… Par le terme de « décréation », je tentais d’évoquer conjointement, d’un seul mot, pl
2769 oches… Par le terme de « décréation », je tentais d’ évoquer conjointement, d’un seul mot, plusieurs opérations de l’esprit
2770 décréation », je tentais d’évoquer conjointement, d’ un seul mot, plusieurs opérations de l’esprit opposées et complémentai
2771 onjointement, d’un seul mot, plusieurs opérations de l’esprit opposées et complémentaires, telles qu’invention et négation
2772 : records locaux et usure générale, condensations d’ énergies acquises au prix de l’uniformisation du milieu et de l’accroi
2773 acquises au prix de l’uniformisation du milieu et de l’accroissement des déchets ; et enfin un certain état du dosage des
2774 contraires toujours mobilisées par l’acte unique de création, à savoir : la prédominance, ici morbide, du nécessaire prin
2775 prédominance, ici morbide, du nécessaire principe de négation. « Décréation » signifiait donc pour moi : prolifération des
2776 u encore, en langage psychologique : prédominance de l’agressivité et de l’instinct de mort sur le désir et sur l’instinct
2777 psychologique : prédominance de l’agressivité et de l’instinct de mort sur le désir et sur l’instinct vital. Freud avait
2778  : prédominance de l’agressivité et de l’instinct de mort sur le désir et sur l’instinct vital. Freud avait publié quelqu
2779 s années plus tôt (1930) son étude sur Le Malaise de la civilisation, où il arrivait à la conclusion « qu’à côté de l’inst
2780 rrivait à la conclusion « qu’à côté de l’instinct de conservation de la substance vivante qui tend à la composer en unités
2781 clusion « qu’à côté de l’instinct de conservation de la substance vivante qui tend à la composer en unités toujours plus g
2782 e. Autrement dit : avec Éros coexiste un instinct de mort. Le phénomène de la vie peut être expliqué par la convergence ou
2783 c Éros coexiste un instinct de mort. Le phénomène de la vie peut être expliqué par la convergence ou par l’action antinomi
2784 ué par la convergence ou par l’action antinomique de ces deux instincts ». Ici, Freud citait des vers du Faust de Goethe d
2785 aint et bon, mais c’est le pouvoir qu’a la Nature de créer, de multiplier le vivant : Car toutes choses tirées du Vide Mé
2786 n, mais c’est le pouvoir qu’a la Nature de créer, de multiplier le vivant : Car toutes choses tirées du Vide Méritent d’ê
2787 vant : Car toutes choses tirées du Vide Méritent d’ être détruites… Et tout ce que vous nommez péché — Destruction — bref,
2788 en propre ?45 Tout cela éveille, dans l’esprit d’ un usager de la civilisation scientifico-technique en ce dernier tiers
2789 45 Tout cela éveille, dans l’esprit d’un usager de la civilisation scientifico-technique en ce dernier tiers du xxe siè
2790 n’invoquait que la biologie.) Le Second principe de la Thermodynamique ou Principe de Carnot formule la loi de la dégrada
2791 Second principe de la Thermodynamique ou Principe de Carnot formule la loi de la dégradation irréversible de l’énergie, et
2792 rmodynamique ou Principe de Carnot formule la loi de la dégradation irréversible de l’énergie, et Clausius nommera entropi
2793 not formule la loi de la dégradation irréversible de l’énergie, et Clausius nommera entropie ce qui permet de mesurer l’au
2794 ergie, et Clausius nommera entropie ce qui permet de mesurer l’augmentation du degré de dissolution, désorganisation, déso
2795 ce qui permet de mesurer l’augmentation du degré de dissolution, désorganisation, désordre et uniformité finale dans un s
2796 ns un système indépendant. Les formes supérieures de l’énergie — lumineuse, nucléaire, électrique — évoluent fatalement ve
2797 ue — évoluent fatalement vers la forme inférieure de l’énergie calorifique. Eddington, dans les années 1930, avait calculé
2798 s 1930, avait calculé la venue de « la mort tiède de l’Univers ». Ainsi trouvons-nous établi, dans l’esprit de l’homme d’a
2799 vers ». Ainsi trouvons-nous établi, dans l’esprit de l’homme d’aujourd’hui, un principe qu’on ne peut aimer ni accepter, m
2800 si trouvons-nous établi, dans l’esprit de l’homme d’ aujourd’hui, un principe qu’on ne peut aimer ni accepter, mais qu’il n
2801 aimer ni accepter, mais qu’il n’est pas question de ne point subir : l’instinct de mort, qui n’est sans doute que l’aspec
2802 n’est pas question de ne point subir : l’instinct de mort, qui n’est sans doute que l’aspect psycho-somatique de l’entropi
2803 ui n’est sans doute que l’aspect psycho-somatique de l’entropie. Il nous mène d’une main sûre à notre perte, celle des per
2804 pect psycho-somatique de l’entropie. Il nous mène d’ une main sûre à notre perte, celle des personnes, celle de l’espèce. L
2805 in sûre à notre perte, celle des personnes, celle de l’espèce. Le diable est là. On craignait l’incendie, on attendait l’é
2806 ectaculaire, et l’on a l’insensible accroissement d’ un concept négatif, lentement déprimant. Non pas le crime, qui passion
2807 ni l’hérésie. L’action finale, à très long terme, de l’entropie aussi bien spirituelle que physique conduit en toute rigue
2808 sique conduit en toute rigueur à l’anéantissement de la personne humaine dotée d’une vocation — autant dire de la liberté,
2809 r à l’anéantissement de la personne humaine dotée d’ une vocation — autant dire de la liberté, d’un homme ou de toute une c
2810 rsonne humaine dotée d’une vocation — autant dire de la liberté, d’un homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce dia
2811 dotée d’une vocation — autant dire de la liberté, d’ un homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce diable-là devient
2812 cation — autant dire de la liberté, d’un homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce diable-là devient étrangement fu
2813 bien que vous pensez que j’en ai fait une espèce d’ abstraction. Mais ce sont là ses voies et ses déguisements. Il ne lais
2814 à ses voies et ses déguisements. Il ne laisse pas d’ empreintes, de traces d’un pied fourchu, mais seulement une sorte de d
2815 ses déguisements. Il ne laisse pas d’empreintes, de traces d’un pied fourchu, mais seulement une sorte de dévastation plu
2816 sements. Il ne laisse pas d’empreintes, de traces d’ un pied fourchu, mais seulement une sorte de dévastation plus sensible
2817 races d’un pied fourchu, mais seulement une sorte de dévastation plus sensible que mesurable, un principe de mort lente et
2818 astation plus sensible que mesurable, un principe de mort lente et sûre au plus intime de la vie, quelque chose d’impercep
2819 un principe de mort lente et sûre au plus intime de la vie, quelque chose d’imperceptiblement irrémédiable. Saint August
2820 e et sûre au plus intime de la vie, quelque chose d’ imperceptiblement irrémédiable. Saint Augustin croyait que le Mal n’e
2821 , le méphistophélique est négateur. Dans le Livre de Job, il est bavard, un peu rhéteur à l’athénienne. Mais l’important,
2822 ait tenté la Parole même — en vain — dans l’idée de la dénaturer. Par où l’on voit que l’entropie n’est pas seulement la
2823 que l’entropie n’est pas seulement la dégradation de l’énergie, mais la disqualification de la vertu, de la vérité et de l
2824 égradation de l’énergie, mais la disqualification de la vertu, de la vérité et de la vie. Le diable est le Néantissant, le
2825 l’énergie, mais la disqualification de la vertu, de la vérité et de la vie. Le diable est le Néantissant, le devenir du R
2826 la disqualification de la vertu, de la vérité et de la vie. Le diable est le Néantissant, le devenir du Rien, pôle d’anti
2827 able est le Néantissant, le devenir du Rien, pôle d’ anti-Esprit. Dieu sujet pur personnalise, le diable dépersonnalise, ag
2828 pur personnalise, le diable dépersonnalise, agent de la dissolution des structures créatrices, donc de l’établissement de
2829 de la dissolution des structures créatrices, donc de l’établissement de cette vaste unité — uniformité imposée à la limite
2830 es structures créatrices, donc de l’établissement de cette vaste unité — uniformité imposée à la limite de la trituration
2831 ette vaste unité — uniformité imposée à la limite de la trituration des formes — que Baudelaire prévoyait « immense comme
2832 t ». Comment lutter contre cet authentique « sens de l’Histoire », cette flèche du temps que toute la science de naguère v
2833 ire », cette flèche du temps que toute la science de naguère voulait nous démontrer irréversible ? trois procédures se pro
2834 r l’entropie. L’amour actif et créateur46, l’élan d’ admiration, la position d’une métaphore affective, sont facteurs d’org
2835 f et créateur46, l’élan d’admiration, la position d’ une métaphore affective, sont facteurs d’organisation aux niveaux les
2836 position d’une métaphore affective, sont facteurs d’ organisation aux niveaux les plus élevés et au prix d’une dépense d’én
2837 ganisation aux niveaux les plus élevés et au prix d’ une dépense d’énergie négligeable. Donc facteurs de néguentropie. Rie
2838 niveaux les plus élevés et au prix d’une dépense d’ énergie négligeable. Donc facteurs de néguentropie. Rien de moins dia
2839 ’une dépense d’énergie négligeable. Donc facteurs de néguentropie. Rien de moins diabolique que la désignation, la spécif
2840 négligeable. Donc facteurs de néguentropie. Rien de moins diabolique que la désignation, la spécification du mal et sa fi
2841 e anthropométrique. Le mal décrit comme tel cesse d’ être diabolique. Il peut encore détruire, tuer ou torturer, mais il ne
2842 connaître et du même coup, il a perdu son pouvoir de séduire et de dénaturer le mouvement même de toute création, qui est
2843 u même coup, il a perdu son pouvoir de séduire et de dénaturer le mouvement même de toute création, qui est amour. Le diab
2844 voir de séduire et de dénaturer le mouvement même de toute création, qui est amour. Le diable se retire du crime admis pou
2845 e leur instrument pour exténuer les vices à force d’ y céder. L’orgie leur tenait lieu d’ascèse et la communauté des femmes
2846 vices à force d’y céder. L’orgie leur tenait lieu d’ ascèse et la communauté des femmes de remède contre l’adultère. Jean
2847 tenait lieu d’ascèse et la communauté des femmes de remède contre l’adultère. Jean Paulhan, préfacier d’une Justine de S
2848 emède contre l’adultère. Jean Paulhan, préfacier d’ une Justine de Sade, m’écrivait dans sa dédicace : « Le pire est l’enn
2849 re que sa date), soutient la thèse du salut final de Lucifer. Je n’ai rien contre cela, qui est généreux et se trouvait êt
2850 se trouvait être scandaleux aux yeux de l’Église d’ alors, qui condamna le livre. Mais enfin, pour pouvoir être sauvé, le
2851 ne fonction relative à l’homme. En tant que force de néantisation de ce qui existe, et pas seulement d’inspirateur d’actio
2852 tive à l’homme. En tant que force de néantisation de ce qui existe, et pas seulement d’inspirateur d’actions néfastes au r
2853 e néantisation de ce qui existe, et pas seulement d’ inspirateur d’actions néfastes au regard de l’ordre établi, il ne peut
2854 de ce qui existe, et pas seulement d’inspirateur d’ actions néfastes au regard de l’ordre établi, il ne peut que s’anéanti
2855 antir avec tout ce qui choisit le Néant en chacun de nous, et l’on ne voit pas comment sa salvation ne serait pas ipso fac
2856 a toute une théorie sur la position géographique de l’Enfer. C’est sa position psychologique qui seule importe à l’homme
2857 osition psychologique qui seule importe à l’homme de notre siècle. Et peut-être, un peu plus sérieusement, sa position spi
2858 un instant, aujourd’hui, à l’Enfer cave centrale de la planète Terre, sinon celui qui pourrait croire encore au Dieu barb
2859 on celui qui pourrait croire encore au Dieu barbu de la Sixtine, flottant dans l’espace intersidéral. Mais j’ai rappelé ce
2860 t Jésus parle à mainte reprise. Je ne connais pas de meilleure définition de l’Enfer : le lieu de la permanente réduction
2861 eprise. Je ne connais pas de meilleure définition de l’Enfer : le lieu de la permanente réduction des déchets de ce qui n’
2862 pas de meilleure définition de l’Enfer : le lieu de la permanente réduction des déchets de ce qui n’a plus de raison d’êt
2863  : le lieu de la permanente réduction des déchets de ce qui n’a plus de raison d’être. L’homme qui n’a pas de vocation — c
2864 rmanente réduction des déchets de ce qui n’a plus de raison d’être. L’homme qui n’a pas de vocation — c’est-à-dire qui ref
2865 éduction des déchets de ce qui n’a plus de raison d’ être. L’homme qui n’a pas de vocation — c’est-à-dire qui refuse de che
2866 ui n’a plus de raison d’être. L’homme qui n’a pas de vocation — c’est-à-dire qui refuse de chercher, de découvrir et d’ass
2867 qui n’a pas de vocation — c’est-à-dire qui refuse de chercher, de découvrir et d’assumer celle qu’il peut recevoir, et qu’
2868 e vocation — c’est-à-dire qui refuse de chercher, de découvrir et d’assumer celle qu’il peut recevoir, et qu’il a peut-êtr
2869 st-à-dire qui refuse de chercher, de découvrir et d’ assumer celle qu’il peut recevoir, et qu’il a peut-être reçue —, sa pu
2870 qu’il a peut-être reçue —, sa punition sera donc d’ être jeté « là où le feu ne s’éteint point ». Le néant retourne au néa
2871 néant. Plutôt qu’une punition, c’est l’apurement d’ un compte, une « constatation objective ». Conception satanique, me di
2872 ive du pardon. Mais comment pardonner à l’absence d’ être ? Le mal est ce qui m’empêche de voir ma fin, de distinguer ma vo
2873 à l’absence d’être ? Le mal est ce qui m’empêche de voir ma fin, de distinguer ma vocation, et d’y tendre de toutes mes v
2874 tre ? Le mal est ce qui m’empêche de voir ma fin, de distinguer ma vocation, et d’y tendre de toutes mes vraies forces. Le
2875 che de voir ma fin, de distinguer ma vocation, et d’ y tendre de toutes mes vraies forces. Le mal est ce qui s’oppose à mon
2876 ma fin, de distinguer ma vocation, et d’y tendre de toutes mes vraies forces. Le mal est ce qui s’oppose à mon utilité en
2877 du ravin Gé-Hinnom, où se consument les détritus de la ville sainte. « Deviens ce que tu es ! » dit la parole orphique ré
2878 pratique, par l’humilité devant Dieu et la fierté de la personne devant l’espèce et l’uniforme. Mais le diable nous dit :
2879 iable nous dit : Et d’abord qui es-tu ? Es-tu sûr d’ être ? Vas-tu passer ta vie trop courte à te chercher dans l’inconnu q
2880 ourte à te chercher dans l’inconnu quand il n’y a de certain que les pouvoirs d’un homme sur d’autres hommes, ou sur la na
2881 nconnu quand il n’y a de certain que les pouvoirs d’ un homme sur d’autres hommes, ou sur la nature et le temps ? Laisse to
2882 , cette fumée si elle existe, libère-toi du souci d’ être en soi et d’être toi, possiblement… (Rien n’est moins sûr.) Tu au
2883 elle existe, libère-toi du souci d’être en soi et d’ être toi, possiblement… (Rien n’est moins sûr.) Tu auras en échange la
2884 amatique, condensée en un seul événement décisif, d’ un phénomène qui se produit et se reproduit à tout moment au long d’un
2885 se produit et se reproduit à tout moment au long d’ une vie : le fameux « pacte avec le diable ». Chaque fois que m’échoit
2886 s que m’échoit un « succès » qui ne répond à rien de ce qu’attendait ma vocation, l’avantage immédiat et concret n’est qu’
2887 u’une prime publicitaire destinée à me convaincre de signer avec celui qui dit que l’avoir est tout : je gagne ce qui n’es
2888 tout : je gagne ce qui n’est pas moi. Le pouvoir d’ asservir autrui m’asservirait, comme toute richesse non méritée, non e
2889 même rejetterait comme une greffe. Le désir même de traiter avec le diable dans l’espoir mal dissimulé de le rouler, trad
2890 raiter avec le diable dans l’espoir mal dissimulé de le rouler, traduit toujours une certaine jobardise comme l’a très bie
2891 ur breton dont l’histoire vraie devint la légende de Barbe-Bleue, avait eu recours aux bons offices d’un jeune et beau sor
2892 de Barbe-Bleue, avait eu recours aux bons offices d’ un jeune et beau sorcier venu d’Italie pour évoquer le diable et trait
2893 aux bons offices d’un jeune et beau sorcier venu d’ Italie pour évoquer le diable et traiter avec lui. Il se flattait d’ob
2894 uer le diable et traiter avec lui. Il se flattait d’ obtenir du démon la puissance absolue et les moyens de refaire son imm
2895 tenir du démon la puissance absolue et les moyens de refaire son immense fortune dilapidée, tout en « réservant pour Dieu
2896 nce du Docteur ne suffit pas à le mettre à l’abri de la fascination qu’exerce Méphisto à coups de promesses impossibles. T
2897 abri de la fascination qu’exerce Méphisto à coups de promesses impossibles. Tous ces calculs sont faux, quoi qu’il advienn
2898 es amours, à des richesses qui me sont attribuées de l’extérieur par quelque hasard du destin. Mais si je refuse d’accorde
2899 r par quelque hasard du destin. Mais si je refuse d’ accorder mon âme au don accidentel qui m’échoit, si je la garde pour m
2900 ration grâce aux héros auxquels il m’est possible de m’identifier le temps de mon rêve, sans qu’aucun pacte m’interdise de
2901 xquels il m’est possible de m’identifier le temps de mon rêve, sans qu’aucun pacte m’interdise de me reprendre quand il me
2902 emps de mon rêve, sans qu’aucun pacte m’interdise de me reprendre quand il me plaira. Mais si mon « âme » est ce qui m’est
2903 t, si elle est en moi ce qui relève immédiatement de ma vocation, et si le « péché » est cela qui me détourne de l’œuvre e
2904 tion, et si le « péché » est cela qui me détourne de l’œuvre essentielle qu’est ma vie, tout ce qui vient me tenter d’acce
2905 tielle qu’est ma vie, tout ce qui vient me tenter d’ accepter du tout-fait — us et coutumes, décrets et modes, dogmes et ri
2906 t modes, dogmes et rites —, comment me garder pur de toute aliénation sans perdre du même coup mes moyens de vivre ? On vo
2907 te aliénation sans perdre du même coup mes moyens de vivre ? On voit ici que le pacte avec le diable est non seulement iné
2908 iable est non seulement inévitable mais vital, et de fait, presque universel. Une part de chacune de nos vies est nécessai
2909 is vital, et de fait, presque universel. Une part de chacune de nos vies est nécessairement aliénée, et c’est tout ce qu’i
2910 t de fait, presque universel. Une part de chacune de nos vies est nécessairement aliénée, et c’est tout ce qu’il faut fair
2911 ce qu’il faut faire pour un salaire au détriment d’ une vocation ; ou pour gagner sa vie au prix de ses raisons d’être ; t
2912 on ; ou pour gagner sa vie au prix de ses raisons d’ être ; tout ce qui est induit en nous par la publicité, la mode, l’imi
2913 bon gré mal gré à ce que l’on nomme la « société de consommation » — inaugurée par Ève lorsqu’elle croqua la Pomme. C’est
2914 elon Rousseau, dans toute la mesure où il se doit de demeurer coercitif par crainte (après tout légitime) du jeu de l’Éros
2915 oercitif par crainte (après tout légitime) du jeu de l’Éros impérialiste. Le pacte avec le diable résume en un seul acte u
2916 perpétuel, qui semble continu, mais qui est fait de milliards de retraits presque imperceptibles à l’œil nu dans nos exis
2917 ui semble continu, mais qui est fait de milliards de retraits presque imperceptibles à l’œil nu dans nos existences quotid
2918 bles à l’œil nu dans nos existences quotidiennes, de milliards de « péchés » microscopiques, de trahisons infinitésimales
2919 nu dans nos existences quotidiennes, de milliards de « péchés » microscopiques, de trahisons infinitésimales de notre aven
2920 ennes, de milliards de « péchés » microscopiques, de trahisons infinitésimales de notre aventure singulière. Procès tout à
2921 és » microscopiques, de trahisons infinitésimales de notre aventure singulière. Procès tout à fait comparable à l’accroiss
2922 . Procès tout à fait comparable à l’accroissement de l’entropie qui travaille toutes nos vies et la société même : déperdi
2923 ciété même : déperdition, dégradation continuelle de l’énergie produite en nous par les visions instantanées du But ultime
2924 par les visions instantanées du But ultime, cause de l’Attrait universel. L’irréductible part du diable est en fin de comp
2925 uctible part du diable est en fin de compte celle de la dure nécessité de prolonger dans le temps nos existences — « persé
2926 e est en fin de compte celle de la dure nécessité de prolonger dans le temps nos existences — « persévérer est diabolique 
2927 nos existences — « persévérer est diabolique » — de regarder l’élan des forces qui, par grâce, nous soulèvent et nous por
2928 ent et nous portent vers l’ultime transfiguration de notre individu en personne pure, telle que la foi, par éclairs, l’ant
2929 La néguentropie, c’est l’amour Après un tiers de siècle, une relecture sévère, et ces gloses, repentirs et contre-atta
2930 able à l’œuvre dans nos créations — c’est la part de « l’esprit qui toujours nie » et sans lequel nous serions comme les s
2931 rtés défaillantes. Je l’ai montré nous détournant de nos raisons de vivre et de leur quête sans fin, par l’offre de mieux
2932 es. Je l’ai montré nous détournant de nos raisons de vivre et de leur quête sans fin, par l’offre de mieux vivre selon le
2933 montré nous détournant de nos raisons de vivre et de leur quête sans fin, par l’offre de mieux vivre selon le monde : dans
2934 s de vivre et de leur quête sans fin, par l’offre de mieux vivre selon le monde : dans la série, l’imitation, la mode ; da
2935 l’imitation, la mode ; dans le vent, dans le sens de l’Histoire (mais faite par d’autres), dans le tout-fait et le prêt-à-
2936 des énergies humaines qui s’accomplit à la faveur d’ un Progrès matériel incontestable, de la Démocratie de jouissance qu’i
2937 à la faveur d’un Progrès matériel incontestable, de la Démocratie de jouissance qu’il permet, et des régimes totalitaires
2938 Progrès matériel incontestable, de la Démocratie de jouissance qu’il permet, et des régimes totalitaires qui en résultent
2939 les transférer au Cosmos — illimité-fini interdit d’ au-delà, voué à l’autarcie, et donc à l’accroissement de l’entropie ju
2940 elà, voué à l’autarcie, et donc à l’accroissement de l’entropie jusqu’à l’évanouissement final de tout attrait. Mais le D
2941 ment de l’entropie jusqu’à l’évanouissement final de tout attrait. Mais le Dieu que l’on prie en vérité est celui qui s’e
2942 intégrer ni réfuter. Et c’est la seule définition de Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ : « Dieu est Amour. »
2943 us-Christ : « Dieu est Amour. » 39. Il s’agit de La Part du diable , qui devait paraître à New York à la fin de 1942,
2944 diable , qui devait paraître à New York à la fin de 1942, dans une première version. La seconde version, élargie, date de
2945 emière version. La seconde version, élargie, date de 1944. C’est elle qui a paru en Suisse en 1946, puis à Paris en 1947.
2946 ble au xxe siècle, août 1941. 41. Voir Journal d’ une époque, Gallimard, 1968, p. 79 et 80. 42. « Das Nichts nichtet »
2947 ns des Vaudois luthériens du Comtat Venaissien et de la Provence, Paris, 1891. 44. Baudelaire, dans l’Art romantique. Dan
2948 e sens, Nietzsche : « Nous ne sommes pas non plus de ceux qui nient que la foi « sauve » : mais pour cette raison même nou
2949 ns que la foi prouve quelque chose. » (Généalogie de la Morale, III, 24.) 45. Cf. The World of Love, George Braziller, Ne
2950 , qui se dégrade en chaleur, est un accroissement de l’entropie (voir là-dessus mon Amour et l’Occident ). 47. Karpokrac
2951 47. Karpokraces, selon une légende, fut le fils d’ Épiphane et d’Alexandrie, c’est-à-dire d’un génial hérétique communist
2952 ces, selon une légende, fut le fils d’Épiphane et d’ Alexandrie, c’est-à-dire d’un génial hérétique communiste mort à 17 an
2953 le fils d’Épiphane et d’Alexandrie, c’est-à-dire d’ un génial hérétique communiste mort à 17 ans, et d’une ville qui est r
2954 ’un génial hérétique communiste mort à 17 ans, et d’ une ville qui est restée le symbole de la grande civilisation hellénis
2955 17 ans, et d’une ville qui est restée le symbole de la grande civilisation hellénistique. (Cf. Hans Leisegang, Die Gnosis