1 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Introduction. Le sentiment de l’Europe centrale
1 Introduction Le sentiment de l’Europe centrale Un accord sans résolution Il ar
2 Introduction Le sentiment de l’Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au so
3 Introduction Le sentiment de l’ Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au sorti
4 ans résolution Il arrive qu’au sortir de Paris le train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de
5 ution Il arrive qu’au sortir de Paris le train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et
6 is le train de banlieue qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du s
7 qui emmène son chargement de somnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du soir, soit lentement dou
8 mnambules énervés de fumée et qui se cachent dans les journaux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce
9 s les journaux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’
10 naux du soir, soit lentement doublé par le rapide de Bretagne. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’espoirs dé
11 e. Ce long passage lumineux des vacances, traînée d’ espoirs délivrés qui nous frôle, éveille chez ceux qui restent un sent
12 éveille chez ceux qui restent un sentiment confus d’ exil et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans
13 ez ceux qui restent un sentiment confus d’exil et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard
14 il et de plaisir dont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vib
15 ont souvent j’ai cru distinguer la contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vibré au passage des
16 t j’ai cru distinguer la contagion dans le regard de mes voisins. Ainsi d’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de
17 i d’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de l’Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’u
18 ’autres fois j’ai vibré au passage des rapides de l’ Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’une
19 assage des rapides de l’Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’une fièvre brève qui révélait la
20 e ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’ une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La r
21 nostalgique, mais d’une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans
22 ’une fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbru
23 e fièvre brève qui révélait la trouble densité de l’ atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck
24 qui révélait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans me
25 ait la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songerie
26 la trouble densité de l’atmosphère. La rumeur de l’ express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries l
27 l’atmosphère. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm an
28 re. La rumeur de l’express Mitropa dans la vallée d’ Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm and Drang »
29 s la vallée d’Innsbruck figure dans mes songeries le passage du « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’heure. ⁂ L’Europe
30 passage du « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’ heure. ⁂ L’Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’a
31 « Sturm and Drang » à 100 kilomètres à l’heure. ⁂ L’ Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’abord par le
32 kilomètres à l’heure. ⁂ L’Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’abord par leur frisson particulier. Ma
33 iculier. Mais il n’en faut pas plus pour ébranler le souvenir. Naissent alors des images champêtres, les toits pointus d’u
34 e souvenir. Naissent alors des images champêtres, les toits pointus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de verger
35 nt alors des images champêtres, les toits pointus d’ un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Soua
36 les toits pointus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoi
37 tus d’un bourg au sein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise ; — puis le
38 ein d’une vallée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise ; — puis le contraste d’un mas
39 allée de verdure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise ; — puis le contraste d’un massif central
40 ure et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise ; — puis le contraste d’un massif central de sapins et
41 a Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise ; — puis le contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir
42 Thuringe, la vie bourgeoise ; — puis le contraste d’ un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté
43 rgeoise ; — puis le contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté du continent, — cet
44 uis le contraste d’un massif central de sapins et de lacs secrets, cœur noir et tourmenté du continent, — cette région esc
45 rpée entre Munich, Salzbourg et Prague, qui forme le décor voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; e
46 Prague, qui forme le décor voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; et puis des plaines qui se perde
47 r voluptueux et lugubre de tant de drames nourris de solitude ; et puis des plaines qui se perdent en steppes — démesure e
48 ntement dans ces campagnes qui ne sont nulle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la
49 sont nulle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales
50 lle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales enraci
51 les condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales enracinées. Il advint pourtant que
52 racinées. Il advint pourtant que certaines, selon l’ égarement du temps, tentèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent
53 certaines, selon l’égarement du temps, tentèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à l
54 entèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et pre
55 vre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et prennent aussitôt
56 mes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’usines, et prennent aussitôt cette fièvre c
57 cs qui les alliaient à la campagne, se ceinturent d’ usines, et prennent aussitôt cette fièvre caractéristique des organism
58 vre caractéristique des organismes humains isolés de la vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de
59 caractéristique des organismes humains isolés de la vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses
60 a vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une pe
61 C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une petite superficie
62 Berlin réglemente la circulation de ses ferments de tristesses intellectuelles, sur une petite superficie minérale où la
63 lectuelles, sur une petite superficie minérale où la vie se décompose avec virulence. Mais Stuttgart, plus moderne, plante
64 sur ses collines, s’aère et redevient une ville à la campagne ; du même coup, un centre spirituel. Diversités naissant, vi
65 un centre spirituel. Diversités naissant, vivant les unes des autres, contrastes qui jamais ne s’équilibrent, violence et
66 uilibrent, violence et mélancolie, paysages-états d’ âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne d
67 ncolie, paysages-états d’âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne dans une inguérissable nosta
68 es-états d’âme imposant tour à tour le cynisme ou la bonhomie, tout cela baigne dans une inguérissable nostalgie, celle d’
69 la baigne dans une inguérissable nostalgie, celle d’ un grand accord complexe qui chercherait en vain sa résolution. ⁂ M’at
70 e géographie sentimentale, j’avais un temps conçu l’ idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il
71 aphie sentimentale, j’avais un temps conçu l’idée d’ établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblai
72 temps conçu l’idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de
73 mps conçu l’idée d’établir une Carte du Tendre de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19,
74 e de la nouvelle Europe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19, Versailles, Trianon, convenaient mieux au roc
75 pe centrale. Il semblait que les noms des traités de 19, Versailles, Trianon, convenaient mieux au rococo des sentiments q
76 , convenaient mieux au rococo des sentiments qu’à l’ hypocrite gravité des politiques. Ce projet, d’autre part, flattait un
77 re part, flattait un certain goût du graphique et de l’imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement
78 part, flattait un certain goût du graphique et de l’ imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement fra
79 goût du graphique et de l’imagerie stylisée qu’à la réflexion je trouvai trop spécifiquement français pour rendre compte
80 i trop spécifiquement français pour rendre compte d’ une réalité qui, justement, m’attirait comme une étrangère. Néanmoins,
81 étrangère. Néanmoins, j’eusse un beau jour cédé à la tentation du pittoresque et défini, au goût du temps, les frontières
82 ation du pittoresque et défini, au goût du temps, les frontières de certains pays dont on venait à peine de reconnaître l’e
83 esque et défini, au goût du temps, les frontières de certains pays dont on venait à peine de reconnaître l’existence légal
84 rtains pays dont on venait à peine de reconnaître l’ existence légale… Je préférai soudain monter dans un express. Pour gué
85 férai soudain monter dans un express. Pour guérir de Descartes, il n’est que d’aimer en voyage : l’on découvre bientôt que
86 n express. Pour guérir de Descartes, il n’est que d’ aimer en voyage : l’on découvre bientôt que rien n’est comparable. Que
87 ir de Descartes, il n’est que d’aimer en voyage : l’ on découvre bientôt que rien n’est comparable. Quel était ce besoin de
88 t que rien n’est comparable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des dé
89 n’est comparable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des désirs sans
90 arable. Quel était ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’espace des sentiments ou des désirs sans fins, et qu
91 ce besoin de fixer, de cerner, de localiser dans l’ espace des sentiments ou des désirs sans fins, et qui n’ont de réalité
92 sentiments ou des désirs sans fins, et qui n’ont de réalité qu’en un cœur, lorsqu’il aime1 ? Tout devenait incompréhensib
93 ime1 ? Tout devenait incompréhensible et certain, l’ amour n’existait pas ailleurs que dans mes bras, et nul chemin, nulle
94 chemin, nulle distance mesurable, ne conduisaient de Tendre-sur-Noblesse à Saint-Masoch-en-Démonie, mais tout se mêlait gl
95 glorieusement dans un humour inénarrable et dans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamo
96 inénarrable et dans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamorphose » et « paradoxe », tel
97 ans les pleurs… J’étais jeune. Le titanisme et la métamorphose « Métamorphose » et « paradoxe », tels sont peut-être
98 tamorphose » et « paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue
99 t « paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise
100  paradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’ Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise, e
101 e sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise, en vertu d’une convention qu’il serait temps de réviser, pa
102 ise, en vertu d’une convention qu’il serait temps de réviser, par « démesure » et « confusion » ? Car il est trop certain
103  » et « confusion » ? Car il est trop certain que le mot démesure désigne dans l’esprit d’un bourgeois cartésien quelque c
104 est trop certain que le mot démesure désigne dans l’ esprit d’un bourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se g
105 certain que le mot démesure désigne dans l’esprit d’ un bourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se gausser sa
106 ourgeois cartésien quelque chose dont il convient de se gausser sans examen. Mais une exacte traduction ne servirait au fo
107 cte traduction ne servirait au fond qu’à déplacer le prétexte d’un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Ta
108 on ne servirait au fond qu’à déplacer le prétexte d’ un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Tartempion se
109 exte d’un malentendu plus tenace. Lorsqu’on parle de paradoxe, Tartempion se souvient du café du Commerce, tandis que le p
110 andis que le premier des Doktor phil. venu évoque le concept d’ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut
111 e premier des Doktor phil. venu évoque le concept d’ ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la pa
112 venu évoque le concept d’ironie selon Jean-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais
113 an-Paul, la dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais alors M. Truc parle des « brumes nordiqu
114 dialectique selon Hegel, et peut-être la passion de Kierkegaard. Mais alors M. Truc parle des « brumes nordiques » ! Car
115 lors M. Truc parle des « brumes nordiques » ! Car la métamorphose a pour effet certain de rendre tout légalisme inefficace
116 ques » ! Car la métamorphose a pour effet certain de rendre tout légalisme inefficace — il n’y a jugement possible que du
117 ce — il n’y a jugement possible que du même —, et le paradoxe apparaît aux yeux de ceux pour qui la religion n’est qu’assu
118 et le paradoxe apparaît aux yeux de ceux pour qui la religion n’est qu’assurance, comme une dérision désespérée. Malentend
119 sse renaissant au contact des éléments inférieurs de deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et,
120 ntact des éléments inférieurs de deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, not
121 urs de deux mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, notre salut. Parmi les traits
122 x mondes dont la synthèse constituerait la gloire de ce temps, et, accessoirement, notre salut. Parmi les traits tout quot
123 ce temps, et, accessoirement, notre salut. Parmi les traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants
124 nt, notre salut. Parmi les traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés p
125 notre salut. Parmi les traits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés par
126 raits tout quotidiens de la mentalité germanique, les plus frappants apparaissent déterminés par la morale du titanisme. Or
127 e, les plus frappants apparaissent déterminés par la morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose.
128 inés par la morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentiment
129 morale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme part
130 rale du titanisme. Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme particu
131 . Or elle implique la réalité de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’un sentimentalisme particulier, synthèse « p
132 té de la métamorphose. Les autres traits relèvent d’ un sentimentalisme particulier, synthèse « paradoxale » et jamais suff
133 arguments sanglants. Et s’il est des domaines où de nos jours, l’on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaine
134 glants. Et s’il est des domaines où de nos jours, l’ on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décisi
135 s où de nos jours, l’on peut réclamer à bon droit l’ économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saura
136 jours, l’on peut réclamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saurait ici serr
137 lamer à bon droit l’économie de nuances vaines et la décision, même brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les o
138 e de nuances vaines et la décision, même brutale, l’ on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phéno
139 écision, même brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phénomène qui produit ses effets
140 brutale, l’on ne saurait ici serrer de trop près les origines secrètes d’un phénomène qui produit ses effets sur tous les
141 ait ici serrer de trop près les origines secrètes d’ un phénomène qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la gu
142 es d’un phénomène qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût
143 qui produit ses effets sur tous les plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’u
144 i produit ses effets sur tous les plans, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’un s
145 ns, celui de la guerre y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est
146 y compris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’ aide d’un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français m
147 ris. Mais il est bon de préciser, fût-ce à l’aide d’ un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. D
148 n de préciser, fût-ce à l’aide d’un seul exemple. L’ Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de carac
149 un seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quot
150 t-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du se
151 le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du sentiment et des rapp
152 actère dont les manifestations quotidiennes, dans le domaine du sentiment et des rapports sociaux, sont agaçantes à l’extr
153 ntiment et des rapports sociaux, sont agaçantes à l’ extrême pour l’autre. Agacement que l’on traduit en s’accusant récipro
154 agaçantes à l’extrême pour l’autre. Agacement que l’ on traduit en s’accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de f
155 ent que l’on traduit en s’accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’
156 accusant réciproquement de mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’elle impose un ordre arbit
157 réciproquement de mensonge chronique. Et de fait, la brutalité paraît fausse, parce qu’elle impose un ordre arbitraire au
158 parce qu’elle impose un ordre arbitraire au prix d’ un désordre. Mais à l’Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère
159 un ordre arbitraire au prix d’un désordre. Mais à l’ Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité
160 d’un désordre. Mais à l’Allemand, cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité pour lui étant ce qui s’imp
161 cette sorte-là de mensonge n’est guère sensible : la vérité pour lui étant ce qui s’impose, il la confond assez naturellem
162 le : la vérité pour lui étant ce qui s’impose, il la confond assez naturellement avec ce qu’il impose. Confusion liée au m
163 avec ce qu’il impose. Confusion liée au mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontair
164 pose. Confusion liée au mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du
165 e. Confusion liée au mouvement le plus profond de l’ âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du ré
166 mouvement le plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du réel. Son mensonge devi
167 e plus profond de l’âme allemande, qui la porte à la création volontaire, titanique, du réel. Son mensonge devient vérité
168 du réel. Son mensonge devient vérité dès qu’elle le veut assez puissamment. Mais en revanche, l’habileté paraît fausse, p
169 elle le veut assez puissamment. Mais en revanche, l’ habileté paraît fausse, parce qu’elle se sert du mensonge comme d’une
170 t fausse, parce qu’elle se sert du mensonge comme d’ une arme normale. La brutalité du moins est loyale jusque dans ses exc
171 lle se sert du mensonge comme d’une arme normale. La brutalité du moins est loyale jusque dans ses excès. L’habileté, elle
172 talité du moins est loyale jusque dans ses excès. L’ habileté, elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour le Français,
173 é, elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour le Français, cela ne saurait présenter que des inconvénients tout pratiq
174 convénients tout pratiques, strictement limités à la victime. Car il reste sous-entendu et bien entendu, qu’en soi, la vér
175 il reste sous-entendu et bien entendu, qu’en soi, la vérité est immuable, qu’elle n’est nullement atteinte par un mensonge
176 n définitive, ne change rien. En d’autres termes, le mensonge français n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien d’
177 n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien d’ essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophiqu
178 hique. Il ne crée ni ne fausse rien d’essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophique. Ainsi se de
179 crée ni ne fausse rien d’essentiel à la réalité. Le système D n’est pas un système philosophique. Ainsi se dessineraient,
180 phique. Ainsi se dessineraient, si nous étendions l’ analyse, deux « natures » fondamentales divergentes, dont il serait fa
181 fondamentales divergentes, dont il serait facile de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être
182 ales divergentes, dont il serait facile de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne
183 l serait facile de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque fac
184 le de suivre les manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralis
185 manifestations dans les domaines les plus variés de l’être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralisation, mais bie
186 nifestations dans les domaines les plus variés de l’ être. Qu’on ne voie pas ici quelque facile généralisation, mais bien p
187 facile généralisation, mais bien plutôt un essai de spécification. Je pense, comme vous, qu’il existe quantité d’Allemand
188 tion. Je pense, comme vous, qu’il existe quantité d’ Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d
189 comme vous, qu’il existe quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d’établir ne vau
190 quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d’établir ne vaut rien : il est même proba
191 s et de Français pour lesquels la distinction que l’ on vient d’établir ne vaut rien : il est même probable qu’ils forment
192 nçais pour lesquels la distinction que l’on vient d’ établir ne vaut rien : il est même probable qu’ils forment la majorité
193 e vaut rien : il est même probable qu’ils forment la majorité, car peu de gens sont typiques de quoi que ce soit. Il reste
194 orment la majorité, car peu de gens sont typiques de quoi que ce soit. Il reste que certains tours de pensée ne sont vérit
195 de quoi que ce soit. Il reste que certains tours de pensée ne sont véritablement réalisables qu’au sein d’un ensemble org
196 nt réalisables qu’au sein d’un ensemble organique de mœurs, de climat et d’ambitions collectives, ensemble que, tout indép
197 bles qu’au sein d’un ensemble organique de mœurs, de climat et d’ambitions collectives, ensemble que, tout indépendamment
198 in d’un ensemble organique de mœurs, de climat et d’ ambitions collectives, ensemble que, tout indépendamment des réalités
199 endamment des réalités économiques et politiques, l’ on peut nommer ici Allemagne, et là, France. Il reste qu’un Empédocle,
200 ançais qui, le premier, conçut, pour s’en vanter, l’ idée qu’il était né malin. Paradoxe du sentiment Une rumeur loin
201 ntiment Une rumeur lointaine et continue, nous l’ entendons seulement lorsqu’elle cesse, ou bien lorsqu’elle grandit sou
202 cesse, ou bien lorsqu’elle grandit soudain. Ainsi de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y
203 se, ou bien lorsqu’elle grandit soudain. Ainsi de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a
204 si de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a conscience que du discontinu. Il n’y a senti
205 de la rumeur en nous du sang qui court ; ainsi de la respiration. Il n’y a conscience que du discontinu. Il n’y a sentimen
206 science que du discontinu. Il n’y a sentiment que de ce qui nous quitte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’êtr
207 quitte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment,
208 itte, ou nous surprend, ou bien encore au fond de l’ être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment, nou
209 fond de l’être nous déchire et nous ressuscite. À la naissance du sentiment, nous trouvons invariablement une contradictio
210 est un appel, et qui crée sa réponse — en vain. Le sentiment mesure une défaillance de l’être. Mais ici, deux interpréta
211 e — en vain. Le sentiment mesure une défaillance de l’être. Mais ici, deux interprétations deviennent possibles. Selon l’
212  en vain. Le sentiment mesure une défaillance de l’ être. Mais ici, deux interprétations deviennent possibles. Selon l’une
213 est inhérente à toute réalité humaine ; elle est la marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (O
214 à toute réalité humaine ; elle est la marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhum
215 humaine ; elle est la marque même de sa validité, la preuve d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’être qui n
216 elle est la marque même de sa validité, la preuve d’ humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’être qui ne sent rie
217 d’humanité pourrait-on dire. (On appelle inhumain l’ être qui ne sent rien.) Selon l’autre, elle indique seulement un défau
218 , elle indique seulement un défaut qu’il convient de guérir par des moyens appropriés, par une politique ou par une morale
219 , par une politique ou par une morale. D’une part l’ on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un
220 olitique ou par une morale. D’une part l’on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un accident fâ
221 part l’on tient la déficience pour essentielle ; de l’autre elle apparaît un accident fâcheux. Telles, peut-être, se déli
222 ccident fâcheux. Telles, peut-être, se délimitent la notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles dans une c
223 peut-être, se délimitent la notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles dans une certaine mesure, la notio
224 imitent la notion chrétienne et la notion antique de l’homme ; telles dans une certaine mesure, la notion germanique et la
225 tent la notion chrétienne et la notion antique de l’ homme ; telles dans une certaine mesure, la notion germanique et la no
226 que de l’homme ; telles dans une certaine mesure, la notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux y
227 dans une certaine mesure, la notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux yeux du philosophe modern
228 mesure, la notion germanique et la notion latine. Le paradoxe humain revêt aux yeux du philosophe moderne une valeur métap
229 ne une valeur métaphysique alors qu’il garde pour le moraliste latin la signification d’un accident social réductible à l’
230 hysique alors qu’il garde pour le moraliste latin la signification d’un accident social réductible à l’ordre imposé. Passa
231 il garde pour le moraliste latin la signification d’ un accident social réductible à l’ordre imposé. Passant à la limite du
232 a signification d’un accident social réductible à l’ ordre imposé. Passant à la limite du sentiment, là où il prend une val
233 ent social réductible à l’ordre imposé. Passant à la limite du sentiment, là où il prend une valeur d’acte ou de jugement,
234 la limite du sentiment, là où il prend une valeur d’ acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’opposition des deux vision
235 du sentiment, là où il prend une valeur d’acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’opposition des deux visions du monde
236 là où il prend une valeur d’acte ou de jugement, l’ on peut symboliser l’opposition des deux visions du monde dans celle,
237 aleur d’acte ou de jugement, l’on peut symboliser l’ opposition des deux visions du monde dans celle, plus précise, de deux
238 s deux visions du monde dans celle, plus précise, de deux notions du tragique. Le monde latin connaît un tragique aux arêt
239 celle, plus précise, de deux notions du tragique. Le monde latin connaît un tragique aux arêtes de pierre taillée : confli
240 ue. Le monde latin connaît un tragique aux arêtes de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe c
241 tragique aux arêtes de pierre taillée : conflits d’ actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déch
242 aux arêtes de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes »
243 de pierre taillée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom
244 illée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’ Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom qui font da
245 actes, de faits ou de droits ; l’Europe centrale, de ces choses « déchirantes » et sans nom qui font dans l’âme un bruit d
246 choses « déchirantes » et sans nom qui font dans l’ âme un bruit de vent mortel et caressant ; une qualité métaphysique et
247 rantes » et sans nom qui font dans l’âme un bruit de vent mortel et caressant ; une qualité métaphysique et passionnée de
248 aressant ; une qualité métaphysique et passionnée de l’ « impossible », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot fra
249 ssant ; une qualité métaphysique et passionnée de l’  « impossible », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot frança
250 ns, vraiment, n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si
251 ent, n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on cons
252 , n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’ Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on considè
253 monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser —
254 entrale est plus chrétien que le monde latin — si l’ on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiel
255 e le monde latin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiellement antithétique, déchiré
256 tin — si l’on considère ses manières de sentir et de penser — qu’il est essentiellement antithétique, déchiré (« déchirant
257 déchiré (« déchirant ») et fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ;
258 hiré (« déchirant ») et fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; co
259 et fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; contradictions et dépas
260 alité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; contradictions et dépassement de ces contradictions2. Le
261 tion de ce manque ; contradictions et dépassement de ces contradictions2. Le monde latin, en tant que latin, étant un mond
262 radictions et dépassement de ces contradictions2. Le monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’unité (en vérité
263 Le monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « sécul
264 monde latin, en tant que latin, étant un monde de l’ unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « séculari
265 t que latin, étant un monde de l’unité (en vérité de l’unification à tout prix) est un monde « sécularisé » jusque dans se
266 ue latin, étant un monde de l’unité (en vérité de l’ unification à tout prix) est un monde « sécularisé » jusque dans ses m
267 est un monde « sécularisé » jusque dans ses modes les plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme un
268 cularisé » jusque dans ses modes les plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme une condition de l
269 es plus intimes de souffrir. Car il n’accepte pas la souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repo
270 l n’accepte pas la souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à
271 ’accepte pas la souffrance comme une condition de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la
272 omme une condition de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie
273 de la conscience du réel, mais la repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante
274 nscience du réel, mais la repousse comme le signe d’ un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens d
275 el, mais la repousse comme le signe d’un manque à la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens du péché — c’es
276 la loi. Il y a une contrepartie. Celui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste
277 . Celui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cult
278 elui que hante le sens du péché — c’est-à-dire de la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultive
279 la réalité humaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que sa
280 umaine — celui-là résiste rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que sa réalité spiri
281 ui-là résiste rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que sa réalité spirituelle sera
282 rarement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que sa réalité spirituelle sera plus vive, son
283 ement à la tentation de cultiver le péché. Car de la sorte, il s’imagine que sa réalité spirituelle sera plus vive, son âm
284 ra plus vive, son âme plus fortement engagée dans le tragique essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le
285 ns le tragique essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en a
286 ue essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. To
287 essentiel. Calcul faux, comme tous les calculs de l’ âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. Toute
288 l. Calcul faux, comme tous les calculs de l’âme : le péché n’est réel que pour celui qui veut s’en arracher. Toute délecta
289 détruit jusqu’aux sens sur lesquels elle régnait. Le sentimentalisme, dès qu’il devient délectation des sentiments, donne
290 , donne naissance à une lâcheté singulière devant la vie. Né d’un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un
291 ssance à une lâcheté singulière devant la vie. Né d’ un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un refus chro
292 eté singulière devant la vie. Né d’un retard dans l’ actualisation, il peut tourner alors en un refus chronique. Et c’est e
293 ner alors en un refus chronique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux,
294 chronique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux, et pour tout dire plus
295 onique. Et c’est en quoi le monde latin, monde de la spontanéité, est à son tour plus audacieux, et pour tout dire plus ch
296 us audacieux, et pour tout dire plus chrétien que le monde de l’Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le
297 eux, et pour tout dire plus chrétien que le monde de l’Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment
298 , et pour tout dire plus chrétien que le monde de l’ Europe centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment :
299 us chrétien que le monde de l’Europe centrale. L’ intelligence est sentimentale Le sentiment : un retard, un regret.
300 e centrale. L’intelligence est sentimentale Le sentiment : un retard, un regret. Mais c’est aussi un retour amoureux
301 egard qui s’appuie sur soi-même : et voici naître la conscience, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car
302 voici naître la conscience, c’est-à-dire, un état d’ intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une
303 ience, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qu
304 ce, c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui e
305 dire, un état d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie
306 d’intensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le
307 vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sen
308 ne réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’es
309 et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalism
310 le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalisme (mais
311 qui la tue. Le sentimentalisme n’est pas du tout le contraire du rationalisme (mais nous vivons sur des distinctions de m
312 tionalisme (mais nous vivons sur des distinctions de manuels). Il est même étonnant de constater combien exactement ces at
313 es distinctions de manuels). Il est même étonnant de constater combien exactement ces attitudes de l’esprit sont parallèle
314 ant de constater combien exactement ces attitudes de l’esprit sont parallèles. Toutes deux ont leur origine dans un perpét
315 de constater combien exactement ces attitudes de l’ esprit sont parallèles. Toutes deux ont leur origine dans un perpétuel
316 leur origine dans un perpétuel et anxieux besoin de dire les choses, comme pour s’en assurer à la fois et s’en délecter3.
317 igine dans un perpétuel et anxieux besoin de dire les choses, comme pour s’en assurer à la fois et s’en délecter3. À cette
318 à la fois et s’en délecter3. À cette disposition l’ on pourrait opposer, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tou
319 tte disposition l’on pourrait opposer, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tournure d’esprit sentencieuse et syn
320 poser, plutôt que la taciturne réflexion romaine, la tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et
321 t que la taciturne réflexion romaine, la tournure d’ esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et cela n’est p
322 la tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’esprit hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’on considè
323 tournure d’esprit sentencieuse et synthétique de l’ esprit hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’on considère
324 t hindou. Et cela n’est point trop théorique. Que l’ on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande de
325 point trop théorique. Que l’on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’
326 ue l’on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’instinct, que
327 l’on considère en effet le devenir dialectique de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’instinct, que ce
328 ue de la pensée allemande depuis Goethe : c’est à l’ Orient, d’instinct, que cette pensée va demander non point seulement s
329 ensée allemande depuis Goethe : c’est à l’Orient, d’ instinct, que cette pensée va demander non point seulement sa revanche
330 evenir. Ne pourrait-on pas voir une autre preuve de cette identité formelle dans l’observation suivante : au sortir de l’
331 une autre preuve de cette identité formelle dans l’ observation suivante : au sortir de l’adolescence, l’homme devient à l
332 rmelle dans l’observation suivante : au sortir de l’ adolescence, l’homme devient à la fois moins abstrait et moins sentime
333 bservation suivante : au sortir de l’adolescence, l’ homme devient à la fois moins abstrait et moins sentimental ; cela se
334 t moins porté à généraliser, et borne son désir à l’ immédiat. À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. G
335 à généraliser, et borne son désir à l’immédiat. À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce se
336 ser, et borne son désir à l’immédiat. À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bie
337 , et borne son désir à l’immédiat. À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l
338 à l’immédiat. À la limite de la puissance, c’est la réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l’antiallemand, ou en
339 a réaction goethéenne. Goethe en ce sens est bien l’ antiallemand, ou encore comme le disait Curtius, le premier classique
340 ce sens est bien l’antiallemand, ou encore comme le disait Curtius, le premier classique allemand. Bien plus que Nietzsch
341 plus que Nietzsche, type du déchiré, qui glorifie l’ instinct perdu, en véritable sentimental. L’instinct mène au plaisir p
342 rifie l’instinct perdu, en véritable sentimental. L’ instinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, pa
343 table sentimental. L’instinct mène au plaisir par l’ acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en rés
344 timental. L’instinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que
345 tinct mène au plaisir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité g
346 ir par l’acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus
347 acte ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus conscient
348 e ; le sentiment à la mélancolie, par le refus de l’ acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus consciente (
349 ncolie, par le refus de l’acte. Il en résulte que la sensualité germanique est plus consciente (c’est-à-dire à la fois plu
350 dire à la fois plus morose et plus débauchée) que la latine. Elle tourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’
351 ée) que la latine. Elle tourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’amo
352 ourne en sentiments dans la mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’A
353 mesure où elle refuse de s’accomplir pleinement. L’ Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’amour
354 refuse de s’accomplir pleinement. L’Italien fait l’ amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’amour et en tire une
355 nement. L’Italien fait l’amour et n’épilogue pas. L’ Allemand ne fait pas l’amour et en tire une métaphysique. Le plaisir e
356 l’amour et n’épilogue pas. L’Allemand ne fait pas l’ amour et en tire une métaphysique. Le plaisir est pour lui rareté, fri
357 ne fait pas l’amour et en tire une métaphysique. Le plaisir est pour lui rareté, friandise, et devient tout de suite une
358 déchirante et délicieuse comme les secondes voix de Schumann. Mais la crainte me prend qu’on aille chercher en ces remarq
359 icieuse comme les secondes voix de Schumann. Mais la crainte me prend qu’on aille chercher en ces remarques je ne sais que
360 ercher en ces remarques je ne sais quelle défense d’ un Occident latin dont justement nous récusons l’idéal d’orgueilleuse
361 d’un Occident latin dont justement nous récusons l’ idéal d’orgueilleuse et stérilisante perfection. L’intelligence latine
362 cident latin dont justement nous récusons l’idéal d’ orgueilleuse et stérilisante perfection. L’intelligence latine aurait
363 ’idéal d’orgueilleuse et stérilisante perfection. L’ intelligence latine aurait tout à gagner à se laisser berner et houspi
364 dées, trop soumises par leur nature et dépourvues de coquetteries. À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se
365 teries. À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe
366 À force de se craindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est p
367 raindre dupe, elle a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compens
368 e a perdu le goût de se risquer, de découvrir. Et l’ impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compensée par une réelle
369 risquer, de découvrir. Et l’impuissance qui déjà la frappe n’est pas même compensée par une réelle prise de conscience. C
370 ar une réelle prise de conscience. Car voici bien le triomphe du sentiment : c’est qu’en définitive il détient plus de réa
371 entiment : c’est qu’en définitive il détient plus de réalité que la sensation4. Le désir et le regret sont plus certains q
372 t qu’en définitive il détient plus de réalité que la sensation4. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir.
373 ive il détient plus de réalité que la sensation4. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils suppo
374 nt plus de réalité que la sensation4. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils supportent dans l
375 on4. Le désir et le regret sont plus certains que le plaisir. Seuls ils supportent dans leur sein la réflexion. Bien plus,
376 e le plaisir. Seuls ils supportent dans leur sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayo
377 rtent dans leur sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisi
378 sein la réflexion. Bien plus, ils la provoquent, l’ animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, o
379 exion. Bien plus, ils la provoquent, l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La
380 , l’animent et la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’
381 la rendent rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence v
382 rayonnante, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est
383 te, au lieu que le plaisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est toujour
384 laisir ou la fuit, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’intelligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Eu
385 t, ou la tue. La sensualité adore la bêtise. Mais l’ intelligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Europe du sentimen
386 jours sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie de la lenteur, — encore un paradis perdu ! C’était bien notre dernier lu
387 rs sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie de la lenteur, — encore un paradis perdu ! C’était bien notre dernier luxe,
388 vie. Mais ils s’achètent des Bugatti pour brûler les étapes d’un destin qu’ils pressentent absurde. Rien désormais ne pour
389 ils s’achètent des Bugatti pour brûler les étapes d’ un destin qu’ils pressentent absurde. Rien désormais ne pourra plus no
390 bsurde. Rien désormais ne pourra plus nous rendre le silence et la lenteur des choses. Derniers refuges, vastes auberges d
391 ésormais ne pourra plus nous rendre le silence et la lenteur des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où
392 eur des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et le
393 des choses. Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les h
394 Derniers refuges, vastes auberges de la Souabe où l’ on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaie
395 es, vastes auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, p
396 auberges de la Souabe où l’on chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, parlaient p
397 chantait les chœurs de Schubert après boire — et les hommes parlaient lentement, parlaient peu, — c’est le secret de votre
398 ommes parlaient lentement, parlaient peu, — c’est le secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant.
399 aient lentement, parlaient peu, — c’est le secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant. Bienveilla
400 escence encore « marche, s’arrête et marche, avec le col penché »… Contribution à l’archéologie des états d’âme. L’Europe
401 e et marche, avec le col penché »… Contribution à l’ archéologie des états d’âme. L’Europe du sentiment, c’est notre Europe
402 penché »… Contribution à l’archéologie des états d’ âme. L’Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne vit
403  »… Contribution à l’archéologie des états d’âme. L’ Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne vit plus q
404 es adieux. Elle ne vit plus qu’en nous déjà, nous la portons encore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prair
405 lus qu’en nous déjà, nous la portons encore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloig
406 us déjà, nous la portons encore comme le souvenir d’ un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chan
407 ous la portons encore comme le souvenir d’un soir d’ adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chantant. Voic
408 ore comme le souvenir d’un soir d’adolescence sur la prairie où des filles s’éloignent en chantant. Voici la nuit du souve
409 irie où des filles s’éloignent en chantant. Voici la nuit du souvenir, brève nuit d’août et souvenirs de nos enfances. Ce
410 n chantant. Voici la nuit du souvenir, brève nuit d’ août et souvenirs de nos enfances. Ce « soir des signes » où des renar
411 nuit du souvenir, brève nuit d’août et souvenirs de nos enfances. Ce « soir des signes » où des renards sortirent à la li
412 Ce « soir des signes » où des renards sortirent à la lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’
413 es signes » où des renards sortirent à la lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’amassait. M
414 signes » où des renards sortirent à la lisière de la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’orage s’amassait. Ma m
415 e la forêt, des renards qu’on n’avait jamais vus, l’ orage s’amassait. Ma mère me dit : « Il va y avoir une averse. Cours à
416 mère me dit : « Il va y avoir une averse. Cours à la rencontre de ton père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le r
417 « Il va y avoir une averse. Cours à la rencontre de ton père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans
418 n père et donne-lui cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans l’obscurité tombante, il m’embrassa. Les premières gou
419 i cette pèlerine. » Et quand je le rejoignis dans l’ obscurité tombante, il m’embrassa. Les premières gouttes tombaient et
420 il m’embrassa. Les premières gouttes tombaient et le tonnerre roulait au loin mais je n’avais plus peur. Pourtant je vis d
421 Pourtant je vis des larmes dans ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt
422 rmes dans ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’ août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure.
423 s ses yeux, c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure. Alors no
424 x, c’était la guerre. Brève nuit d’août, le temps d’ un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’aube dure. Alors nous entrer
425 e temps d’un peu se souvenir. Et bientôt paraîtra l’ aube dure. Alors nous entrerons dans cette joie sauvage du Grand Jour,
426 u Grand Jour, où nous irons avec ce qu’il restera de bonté dans notre cœur, plus inutile que jamais, dominatrice et bafoué
427 du sentimentalisme subjectif que rend impossible la conception toute classique, objective, latine, spatiale et statique,
428 tine, spatiale et statique, qui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un França
429 e, spatiale et statique, qui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un Français.
430 ui présida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philo
431 ida au dessin de la Carte du Tendre. C’est le cri d’ un poète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philosophe p
432 du Tendre. C’est le cri d’un poète français, non d’ un Français. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe
433 ète français, non d’un Français. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe centrale. Ce qu’il a tenté d’ét
434 is. 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’Europe centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l
435 2. Hegel serait le philosophe par excellence de l’ Europe centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’éq
436 excellence de l’Europe centrale. Ce qu’il a tenté d’ étaler dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemand
437 l’Europe centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’ Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a v
438 Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’ équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses momen
439 tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’équation d’ existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent
440 ler dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent successifs :
441 dans l’Histoire, c’est l’équation d’existence de l’ âme allemande. Mais il a voulu que ses moments fussent successifs : c’
442 ses moments fussent successifs : c’était un moyen de la résoudre. Et c’est justement cette « résolution » que combattra Ki
443 moments fussent successifs : c’était un moyen de la résoudre. Et c’est justement cette « résolution » que combattra Kierk
444 on » que combattra Kierkegaard. Chez Kierkegaard, la dialectique redevient simultanée, irréductible, vivante… 3. Que l’on
445 evient simultanée, irréductible, vivante… 3. Que l’ on pense aux expansions verbeuses de Jean-Paul ou du Hölderlin d’Hypér
446 ante… 3. Que l’on pense aux expansions verbeuses de Jean-Paul ou du Hölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’
447 l ou du Hölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’exposition systématique et statistique des professeurs allema
448 ölderlin d’Hypérion ; et d’autre part, à la manie d’ exposition systématique et statistique des professeurs allemands. Autr
449 e des professeurs allemands. Autre exemple : tous les romantiques allemands sont nourris de théorèmes de Spinoza. 4. Seule
450 ple : tous les romantiques allemands sont nourris de théorèmes de Spinoza. 4. Seule réalité vivante prise en considératio
451 s romantiques allemands sont nourris de théorèmes de Spinoza. 4. Seule réalité vivante prise en considération par l’intel
452 Seule réalité vivante prise en considération par l’ intelligence rationaliste.
2 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Première partie. Le paysan du Danube — Une « tasse de thé » au palais C…
453 Une « tasse de thé » au palais C…5 Il fait fausse route, celui qui considère la
454 C…5 Il fait fausse route, celui qui considère la chose mondaine autrement que comme symbolique. Hugo von Hofmannsthal.
455 e symbolique. Hugo von Hofmannsthal. Un aquarium de lumière rose où nagent des phoques à ventre blanc qui sont des minist
456 ènes en lamé qui sont presque des dames, et aussi de vrais messieurs et de vraies dames : ils montent et descendent de tou
457 presque des dames, et aussi de vrais messieurs et de vraies dames : ils montent et descendent de toutes parts, du haut des
458 iers que décorent trois opulents Tiepolo, du fond d’ un hall périlleux, pressés, poliment bousculés de salon en salon ; et,
459 d’un hall périlleux, pressés, poliment bousculés de salon en salon ; et, plus loin que la rumeur des voix, orchestre du g
460 t bousculés de salon en salon ; et, plus loin que la rumeur des voix, orchestre du grand monde qui accorde, s’égarent parf
461 parfois dans un silence qui s’approfondit au long de corridors capitonnés d’amarante, du côté des collections de vieux Ven
462 qui s’approfondit au long de corridors capitonnés d’ amarante, du côté des collections de vieux Venise, jusqu’au petit salo
463 rs capitonnés d’amarante, du côté des collections de vieux Venise, jusqu’au petit salon où il y a deux Bellini. Et que dir
464 dissimulées derrières des cardinaux du xviiie , —  de cet air mystérieux qu’on prend ici à rester seul. Il faudrait se cac
465 nd ici à rester seul. Il faudrait se cacher dans les plis de ces hauts rideaux dorés, pour écouter Mozart et attendre, qui
466 rester seul. Il faudrait se cacher dans les plis de ces hauts rideaux dorés, pour écouter Mozart et attendre, qui sait ?
467 iqueurs transfigurantes, — il faudrait un miracle d’ amour qui fasse pousser un grand cri à un homme qu’on verrait alors s’
468 ns un silence impressionnant et rester longtemps, les yeux agrandis, aux pieds d’une femme qui ne le regarderait pas, qui a
469 et rester longtemps, les yeux agrandis, aux pieds d’ une femme qui ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’écou
470 , les yeux agrandis, aux pieds d’une femme qui ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’écouter autre chose… En
471 ne le regarderait pas, qui aurait l’air seulement d’ écouter autre chose… En vérité le monde propose à l’imagination de bie
472 l’air seulement d’écouter autre chose… En vérité le monde propose à l’imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi
473 écouter autre chose… En vérité le monde propose à l’ imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les i
474 chose… En vérité le monde propose à l’imagination de bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on
475 bien étranges spectacles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ? D’un balcon, entre deux hautes colonnes,
476 cles ; pourquoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ? D’un balcon, entre deux hautes colonnes, je vois des jardins
477 uoi veut-il qu’on les ignore ou qu’on le feigne ? D’ un balcon, entre deux hautes colonnes, je vois des jardins florentins
478 irés par dedans. Côté jardin, côté « cour »… Mais de quoi s’agit-il dans cette intrigue monotone et serrée, et dont se per
479 otone et serrée, et dont se perd à chaque instant le fil ? Ils improvisent tous un rôle, mais le ton seul est convenu ; et
480 stant le fil ? Ils improvisent tous un rôle, mais le ton seul est convenu ; et l’on en reste indéfiniment à la présentatio
481 t tous un rôle, mais le ton seul est convenu ; et l’ on en reste indéfiniment à la présentation des acteurs. Ah ! Jeter tou
482 eul est convenu ; et l’on en reste indéfiniment à la présentation des acteurs. Ah ! Jeter tout cela dans quelque vaudevill
483 eville dont une poésie insolente et ivre tirerait les ficelles ! Quelle figuration pour une satire à grand spectacle de not
484 elle figuration pour une satire à grand spectacle de notre civilisation finissante ! (Vous souriez ? Vous mourrez avec ell
485 souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que de belles personnes — en vain ! Et quelle tenue. Ici, plus qu’ailleurs,
486 en vain ! Et quelle tenue. Ici, plus qu’ailleurs, l’ originalité est signe de sang mêlé. Ici comme ailleurs, il faut être c
487 e. Ici, plus qu’ailleurs, l’originalité est signe de sang mêlé. Ici comme ailleurs, il faut être conforme, au moins en app
488 en apparence. Mais ce n’est pas à une routine que l’ on sacrifie, à une morale, à je ne sais quel profit : c’est à une para
489 ontestablement vaine. Il y a peu de mensonge dans le grand monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y cr
490 mensonge dans le grand monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la
491 monde : plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’ idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, pa
492 plutôt des règles de jeu, et personne n’a l’idée d’ y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’
493 règles de jeu, et personne n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’il n’y est p
494 n’a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’il n’y est pas avoué. — Ce que je me d
495 e je me dis là, c’est un truisme. Truisme a l’air d’ être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en
496 dis là, c’est un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souria
497 , c’est un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’ une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souriant de f
498 t un truisme. Truisme a l’air d’être le nom d’une de ces sirènes un peu volumineuses qui déambulent en souriant de fauteui
499 es un peu volumineuses qui déambulent en souriant de fauteuil en divan, portant de petits animaux au museau pointu sur leu
500 mbulent en souriant de fauteuil en divan, portant de petits animaux au museau pointu sur leurs épaules naguère divines. Je
501 intu sur leurs épaules naguère divines. Je pars à l’ aventure. Bientôt je parviens à un immense salon où beaucoup de gens d
502 x, regardent quelque chose qui se passe au centre de la pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’aile levée, et d
503 regardent quelque chose qui se passe au centre de la pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’aile levée, et deva
504 a pièce. Il y a là dans un espace vide un piano à l’ aile levée, et devant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de
505 un espace vide un piano à l’aile levée, et devant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le pa
506 , et devant le piano, assis sur un tabouret bas —  le pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Rich
507 vant le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Str
508 t le piano, assis sur un tabouret bas — le pan de l’ habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Straus
509 ur un tabouret bas — le pan de l’habit repose sur le parquet — quelqu’un qui ressemble à Richard Strauss, et qui est Richa
510 est Richard Strauss. Il touche quelques accords, l’ acteur Moissi tourne les pages et secoue ses mèches, Elizabeth Schuman
511 l touche quelques accords, l’acteur Moissi tourne les pages et secoue ses mèches, Elizabeth Schumann, adossée au piano, cha
512 plaisir… C’est bouleversant et presque ridicule. Le corps diplomatique, debout en cercle, écoute dans un recueillement st
513 llement stupide, applaudit, poliment enivré. Mais le miracle se poursuit. C’est maintenant Hugo von Hofmannsthal qui appar
514 apparaît comme ses œuvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des v
515 araît comme ses œuvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers
516 s œuvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent d
517 uvres naissent : au carrefour de la célébrité, de l’ élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de p
518  : au carrefour de la célébrité, de l’élégance et d’ une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la
519 r de la célébrité, de l’élégance et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dan
520 et d’une musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habi
521 e musique de Strauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classi
522 rauss. Il lit des vers sur le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’accent p
523 le vent de printemps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’accent profond et nasillard d’origi
524 emps : la poésie est dans toutes les anthologies, l’ habit classique, l’accent profond et nasillard d’origine juive ; une m
525 t dans toutes les anthologies, l’habit classique, l’ accent profond et nasillard d’origine juive ; une main pend sur l’ébèn
526 l’habit classique, l’accent profond et nasillard d’ origine juive ; une main pend sur l’ébène, succombant à ses bagues. On
527 et nasillard d’origine juive ; une main pend sur l’ ébène, succombant à ses bagues. On voudrait que cela dure longtemps, o
528 mps, on voudrait comprendre ce qui se passe… Mais le poète referme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtr
529 poète referme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne d
530 ferme son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le b
531 me son livre, plie ses lunettes, baise la main de la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le bal.
532 la maîtresse de maison qui lui offre son bras et l’ entraîne dans le bal. Vit-on jamais plus courtoise dérision du génie.
533 maison qui lui offre son bras et l’entraîne dans le bal. Vit-on jamais plus courtoise dérision du génie. Spectacle en vér
534 e. Spectacle en vérité terriblement intéressant ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée :
535 t intéressant ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée : un très grand musicien, des écriva
536 t ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’ image la plus flattée : un très grand musicien, des écrivains célèbres
537 xe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée : un très grand musicien, des écrivains célèbres, des ca
538 paraît son étrange impuissance : tous ces accords de gloire et de génie ne font qu’une rumeur informe, insignifiante. Tout
539 range impuissance : tous ces accords de gloire et de génie ne font qu’une rumeur informe, insignifiante. Tout se dégrade e
540 Tout se dégrade en amabilités. N’oublions pas que l’ on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactemen
541 N’oublions pas que l’on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactement. Ni plaisir ni profits. Voilà
542 ns pas que l’on a réuni tant de richesses de tous les ordres — pour rien. Exactement. Ni plaisir ni profits. Voilà bien à q
543 profits. Voilà bien à quels jeux aboutissent tant d’ ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se don
544 bien à quels jeux aboutissent tant d’ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se donne à elle-même
545 ux aboutissent tant d’ambition et le sérieux dans les affaires : une civilisation qui se donne à elle-même un défilé de man
546 e civilisation qui se donne à elle-même un défilé de mannequins. Comme tout ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein
547 n défilé de mannequins. Comme tout ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein de significations troublantes. Cela donne
548 out ce qui n’a pas de raison, voilà qui est plein de significations troublantes. Cela donne à penser, prête à rire, mais j
549 penser, prête à rire, mais je réserve pour demain les conclusions du philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins
550 les conclusions du philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une
551 ons du philosophe, on m’entraîne par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une vasque, dans
552 aîne par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis t
553 e par le bras vers les jardins. Des ballerines de l’ opéra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis tail
554 jardins. Des ballerines de l’opéra dansent autour d’ une vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’italienne. Un p
555 péra dansent autour d’une vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, l
556 vasque, dans un théâtre de grands buis taillés à l’ italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateur
557 buis taillés à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fu
558 s à l’italienne. Un projecteur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fumeurs isolés
559 ur balaie les gazons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bi
560 zons, les terrasses, des amateurs de baisers dans l’ ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, H
561 s dans l’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit mant
562 ’ombre et des fumeurs isolés qui ont fait le tour de bien des choses, Hofmannsthal enfin, serré dans un petit manteau, vis
563 au, visiblement aux prises une fois de plus, avec le dilemme hamlétique, — celui pourtant, depuis trente ans, qu’il résout
564 lui pourtant, depuis trente ans, qu’il résout par l’ acte d’écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orc
565 rtant, depuis trente ans, qu’il résout par l’acte d’ écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orchestre,
566 u’il résout par l’acte d’écrire… Moi je suis dans les buis, près des basses du petit orchestre, avec une écharpe et du sent
567 orchestre, avec une écharpe et du sentiment. (Vu de près, le sourire éperdu des ballerines est émouvant, masque plus vrai
568 e, avec une écharpe et du sentiment. (Vu de près, le sourire éperdu des ballerines est émouvant, masque plus vrai que leur
569 ai que leurs visages.) On éteint. Et c’est alors, d’ un balcon qui domine les groupes, une voix qui descend avec un tremble
570 On éteint. Et c’est alors, d’un balcon qui domine les groupes, une voix qui descend avec un tremblement d’étoile. Richard S
571 groupes, une voix qui descend avec un tremblement d’ étoile. Richard Strauss a levé la tête, il reçoit sur son bon visage o
572 c un tremblement d’étoile. Richard Strauss a levé la tête, il reçoit sur son bon visage où cette rosée divine fait perler
573 sage où cette rosée divine fait perler une larme, la bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent re
574 osée divine fait perler une larme, la bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent rentrer, car elle
575 t perler une larme, la bénédiction de sa musique. Les petites baronnes ont froid, veulent rentrer, car elles sont sages. Da
576 roid, veulent rentrer, car elles sont sages. Dans les salons désertés du rez-de-chaussée, elles me désignent un des rêves d
577 rez-de-chaussée, elles me désignent un des rêves de mon adolescence : sur un canapé d’angle, drapée dans une robe longue,
578 t un des rêves de mon adolescence : sur un canapé d’ angle, drapée dans une robe longue, grise et argent, Henny Porten immo
579 , grise et argent, Henny Porten immobile présente de profil son visage un peu plus grand que nature. À 17 ans, du fond d’u
580 e un peu plus grand que nature. À 17 ans, du fond d’ un cinéma, l’ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, asse
581 grand que nature. À 17 ans, du fond d’un cinéma, l’ ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, assez absente enc
582 nd d’un cinéma, l’ai-je aimée ? — Je lui sais gré de rester là muette, assez absente encore pour ressembler vraiment à son
583 Tout est lumière dans cet espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi,
584 mière dans cet espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la
585 t espace, jeu silencieux de lustres, de glaces et d’ acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une
586 lustres, de glaces et d’acajous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une danse, au-dessus, et des v
587 ous polis. On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’une danse, au-dessus, et des voix qui passent. Allées et ve
588 On entend le rythme assourdi, mais non la mélodie d’ une danse, au-dessus, et des voix qui passent. Allées et venues dans l
589 s, et des voix qui passent. Allées et venues dans la fête invisible qui m’environne, ah ! que n’êtes-vous celles des désir
590 environne, ah ! que n’êtes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil
591 ironne, ah ! que n’êtes-vous celles des désirs de l’ amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C
592  ! que n’êtes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la
593 tes-vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’ une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la
594 e l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la
595 e tournoie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans
596 ie, éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pen
597 éclair de roses sur un seuil. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensée
598 il. C’était la voix de la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensées. Mais quelle approche me
599 la comtesse Adélaïde, — je la connais à cet écho de joie dans mes pensées. Mais quelle approche me saisit ? Parfois, au c
600  ? Parfois, au cœur des grandes fêtes, une sphère de silence descend, s’arrête quelques secondes, et ceux qu’elle baigne d
601 ’arrête quelques secondes, et ceux qu’elle baigne d’ une grâce furtive sont pris du désir d’adorer. Du sein de tant de cont
602 lle baigne d’une grâce furtive sont pris du désir d’ adorer. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus
603 râce furtive sont pris du désir d’adorer. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élég
604 er. Du sein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élégante, j’ai vu des yeux lever vers moi
605 ein de tant de contraintes polies et dans la pose la plus naturellement élégante, j’ai vu des yeux lever vers moi un regar
606 égante, j’ai vu des yeux lever vers moi un regard d’ ardente confiance qui était tout ce qu’on ne pouvait dire, — qui était
607 pouvait dire, — qui était, dans un suprême délice de libération, une prière pour que l’amour soit bien-aimé… Oh ! qu’il y
608 suprême délice de libération, une prière pour que l’ amour soit bien-aimé… Oh ! qu’il y ait eu cette joie par un regard de
609 imé… Oh ! qu’il y ait eu cette joie par un regard de jeune fille ! Tout peut encore être sauvé… Un accord brusque de rumeu
610  ! Tout peut encore être sauvé… Un accord brusque de rumeurs à travers une porte qui s’ouvre ramène le bal dans mes désert
611 de rumeurs à travers une porte qui s’ouvre ramène le bal dans mes déserts. (Elle est partie. — Des rires en cape de velour
612 es déserts. (Elle est partie. — Des rires en cape de velours s’enfuient vers les jardins.) Qu’il y ait eu ce regard, et qu
613 e. — Des rires en cape de velours s’enfuient vers les jardins.) Qu’il y ait eu ce regard, et que personne ne l’ait vu ! Ils
614 ns.) Qu’il y ait eu ce regard, et que personne ne l’ ait vu ! Ils ne savent plus que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l
615 que personne ne l’ait vu ! Ils ne savent plus que l’ amour seul eût mérité ces fastes ; l’usage de leurs politesses imite d
616 ent plus que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l’ usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’a
617 que l’amour seul eût mérité ces fastes ; l’usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ascèse ad
618 ; l’usage de leurs politesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ascèse adorable que seule invente la passion. Ils
619 litesses imite dérisoirement la gravité sacrée et l’ ascèse adorable que seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de
620 ité sacrée et l’ascèse adorable que seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, o
621 e seule invente la passion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de
622 ssion. Ils reviennent. Tombé de mon silence parmi les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de dégoût, par mégarde…
623 les bavardages, où irai-je avec peut-être un air de dégoût, par mégarde… On se presse au bar assourdissant et les visages
624 par mégarde… On se presse au bar assourdissant et les visages se prennent à vivre, dangereusement. Ô fête d’une époque où t
625 sages se prennent à vivre, dangereusement. Ô fête d’ une époque où tout ce qui vaut qu’on aime oscille entre l’ivresse et l
626 oque où tout ce qui vaut qu’on aime oscille entre l’ ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris admirables ou des ca
627 ce qui vaut qu’on aime oscille entre l’ivresse et la neurasthénie, avec parfois des cris admirables ou des caresses déchir
628 dmirables ou des caresses déchirantes, — mais ici l’ on aime que tout soit exprimé en symboles gantés de blanc. Nous sommes
629 ’on aime que tout soit exprimé en symboles gantés de blanc. Nous sommes fous, mais il y a la manière. Presque tous les tru
630 es gantés de blanc. Nous sommes fous, mais il y a la manière. Presque tous les truismes se sont évanouis ; restent les par
631 sommes fous, mais il y a la manière. Presque tous les truismes se sont évanouis ; restent les paradoxes : peut-être vont-il
632 sque tous les truismes se sont évanouis ; restent les paradoxes : peut-être vont-ils se mettre à rêver à voix haute ? Ébran
633 à rêver à voix haute ? Ébranle un peu ces lambris d’ or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ivresse. Un coude nu s
634 bris d’or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ivresse. Un coude nu s’appuie à mon épaule, je brise des pailles su
635 s d’or, tu vois bien que tout cède aux regards de l’ ivresse. Un coude nu s’appuie à mon épaule, je brise des pailles sur u
636 épaule, je brise des pailles sur une perle verte, l’ orchestre russe emmêle des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns
637 le verte, l’orchestre russe emmêle des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns de ces hôtes diaphanes du petit jour. J
638 e des arabesques de danseurs et déjà quelques-uns de ces hôtes diaphanes du petit jour. J’en ai vu deux, chaussés d’escarp
639 iaphanes du petit jour. J’en ai vu deux, chaussés d’ escarpins fins courant comme des reflets sur le parquet, venir par une
640 és d’escarpins fins courant comme des reflets sur le parquet, venir par une salle vide où pénètre le ciel pâli. Transparen
641 r le parquet, venir par une salle vide où pénètre le ciel pâli. Transparents sous les lumières qui déjà retirent leurs plu
642 e vide où pénètre le ciel pâli. Transparents sous les lumières qui déjà retirent leurs plus longs rayons, ils ont encore de
643 s ont encore des lèvres pour me dire une phrase à l’ oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt o
644 e des lèvres pour me dire une phrase à l’oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt oubliées, ma
645 se à l’oreille, de leur voix trop naturelle, voix de jour. Paroles aussitôt oubliées, mais je sais que la nuit va s’éteind
646 jour. Paroles aussitôt oubliées, mais je sais que la nuit va s’éteindre. L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par l
647 a s’éteindre. L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais d
648 . L’un m’a soufflé quelque chose dans la tête par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais des sonorités
649 te par la paille que je suçais : me voici sourd à la musique mais des sonorités glacées naissent en moi. Cependant que l’a
650 e, trop vite pour que j’ai pu bouger, a baisé sur les lèvres une femme qui devient pâle et s’adosse à une colonne, — me reg
651 oujours plus ivres. Rosette Anday levant sa coupe de champagne rit et déchaîne des opéras. — « Comme elle est laide, mais
652 « Comme elle est laide, mais une voix à faire mal de bonheur, mais laide !… ah ! magnifique ! », dit quelqu’un près de moi
653 quelqu’un près de moi. Ma tête cède, vient contre la colonne, paupières fermées, et c’est soudain une déchirure assourdiss
654 mphante, et des vaisseaux qui ramènent Iseut dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légère
655 des vaisseaux qui ramènent Iseut dans le silence d’ un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue…
656 eaux qui ramènent Iseut dans le silence d’un midi d’ été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une
657 Iseut dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’ heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au b
658 ns le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au bord du s
659 e mourir dans une légèreté éperdue… Mais une main de femme au bord du sommeil saisie me ramène aux regards. Que sont tous
660 gestes rythmés ? Anday chante. Ils me voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une
661 te. Ils me voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse
662 e voient dans la nudité du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde
663 é du rêve, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voi
664 e, oh ! je les hais de me voir ! Je tiens la main d’ une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voici l’heu
665 ’une femme qui tremble… Comtesse Adélaïde en soie d’ aurore, voici l’heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent d
666 remble… Comtesse Adélaïde en soie d’aurore, voici l’ heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence n
667 soie d’aurore, voici l’heure que nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence nouveau, nous entendons nos pas
668 e nous attendions. Les escaliers s’abaissent dans le silence nouveau, nous entendons nos pas jusqu’aux jardins tendus en t
669 pas jusqu’aux jardins tendus en tapisserie entre les arcades d’un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les b
670 ux jardins tendus en tapisserie entre les arcades d’ un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’é
671 pisserie entre les arcades d’un péristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’éteignent par degrés. Un
672 éristyle sombre. Le bleu glacé du petit jour noie les buis qui s’éteignent par degrés. Un peu de nuage flotte sur le bassin
673 ’éteignent par degrés. Un peu de nuage flotte sur le bassin, grand œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les ama
674 ge flotte sur le bassin, grand œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin mo
675 d œil vide où paraît le vertige. Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson d
676 . Voici que cèdent les amarres des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous,
677 des pelouses, tout le jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés,
678 e jardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit q
679 ardin monte sans fin dans le frisson désespéré de l’ aube, — et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit qui
680 et nous, au bord du péristyle arrêtés, au bord de la nuit qui nous possède encore, nous assistons au miracle hostile. Elle
681 . Alors je me tourne vers ce visage très blanc où les yeux d’un bleu nocturne se refusent… Quelle tendresse, auprès de cet
682 e me tourne vers ce visage très blanc où les yeux d’ un bleu nocturne se refusent… Quelle tendresse, auprès de cet être sec
683 et être secret, inaccessible et pourtant complice d’ une angoisse plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’on voit
684 nt complice d’une angoisse plus bouleversante que l’ amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évap
685 d’une angoisse plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’au
686 se plus bouleversante que l’amour, à la minute où l’ on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vac
687 uleversante que l’amour, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, l
688 our, à la minute où l’on voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, le vide absurde où s’
689 voit de très près, entre la nuit qui s’évapore et l’ aube encore vacillante, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d
690 a nuit qui s’évapore et l’aube encore vacillante, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d’où remonte notre peine. A
691 nte, le vide absurde où s’en vont nos plaisirs et d’ où remonte notre peine. Ah ! surprendre sur un visage décontenancé, et
692 rendre sur un visage décontenancé, et jusque dans le rythme d’une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance 
693 un visage décontenancé, et jusque dans le rythme d’ une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance ! Elle se
694 ancé, et jusque dans le rythme d’une respiration, l’ envahissement de cette dure connaissance ! Elle se tait, plus seule qu
695 dans le rythme d’une respiration, l’envahissement de cette dure connaissance ! Elle se tait, plus seule que moi. Le jour q
696 connaissance ! Elle se tait, plus seule que moi. Le jour qui déjà me saisit va-t-il ainsi nous séparer ? Ce corps de femm
697 à me saisit va-t-il ainsi nous séparer ? Ce corps de femme défend encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velour
698 femme défend encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléch
699 nd encore sa nuit, si nu pourtant dans la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu.
700 , si nu pourtant dans la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir
701 la soie et le velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de r
702 velours, dans la lumière froide et la fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — touche
703 fatigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobi
704 tigue qui le fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’ écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile
705 fléchit un peu. Toucher, — guérir de l’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… M
706 ’écœurement de revivre — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois tro
707 e — toucher un corps livré à la violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois trop émouvantes pour qu’
708 rps livré à la violence immobile de son âme… Mais les jeunes filles sont parfois trop émouvantes pour qu’on ose les embrass
709 illes sont parfois trop émouvantes pour qu’on ose les embrasser. — Je tenais sa main, — ho ! qui l’a retirée des miennes ?
710 se les embrasser. — Je tenais sa main, — ho ! qui l’ a retirée des miennes ? … Sans se retourner, avec cette décision qu’el
711 ume encore une cigarette entre mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons a
712 arette entre mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’ un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons au vestiaire, et qu
713 re mes lèvres sèches. Le hall s’éclaire d’un jour de balayage, il reste deux chapeaux melons au vestiaire, et quelques val
714 au vestiaire, et quelques valets gris. Une corde de violon saute dans sa boîte. Je crois que dans ma tête aussi, des chos
715 -coups. Je vais marcher au long des trottoirs que le soleil lave à grande eau, et me laisser aller un peu à mes idées. Le
716 ande eau, et me laisser aller un peu à mes idées. Le commerce du monde mène plus loin qu’il n’y paraît, mène parfois bien
717 loin qu’il n’y paraît, mène parfois bien près de la réalité — et d’un mouvement non dépourvu d’élégance, j’entends : par
718 paraît, mène parfois bien près de la réalité — et d’ un mouvement non dépourvu d’élégance, j’entends : par une certaine qua
719 ès de la réalité — et d’un mouvement non dépourvu d’ élégance, j’entends : par une certaine qualité de déception, qu’il nou
720 d’élégance, j’entends : par une certaine qualité de déception, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte…
721 ertaine qualité de déception, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte… Vienne, 1928. 5. C’est ainsi qu
722 tion, qu’il nous propose. La joie du jour, hélas, la plus forte… Vienne, 1928. 5. C’est ainsi qu’était formulée l’invita
723 Vienne, 1928. 5. C’est ainsi qu’était formulée l’ invitation au bal du célèbre banquier Castiglioni.
3 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Première partie. Le paysan du Danube — Voyage en Hongrie
724 Voyage en Hongrie à Albert Gyergyai. Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jam
725 ongrie à Albert Gyergyai. Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ;
726 rie à Albert Gyergyai. Le dormeur au fil de l’ eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il
727 . Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant
728 l de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutabl
729 Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutables pour at
730 ernière chaise libre. En bas, il y a juste autant de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me
731 En bas, il y a juste autant de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau f
732 de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus sing
733 de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’ intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant
734 ls. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils
735 e l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon vis
736 en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dor
737 yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des chaînes, sur un ba
738 andent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’ avant, parmi des cordages, des chaînes, sur un banc humide, — juste de
739 ordages, des chaînes, sur un banc humide, — juste de quoi s’étendre, et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau de ce b
740 ’étendre, et regarder jaillir sans fin contre soi l’ eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormi
741 re, et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. San
742 contre soi l’eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans avoir pu retrouver cette mélod
743 . Sans avoir pu retrouver cette mélodie descendue d’ un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de
744 r cette mélodie descendue d’un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à s
745 où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ce
746 tait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quart
747 Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’ on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quartiers si
748 à travers ces quartiers si clairs, arbres et jets d’ eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chos
749 ’eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’unique phrase que Richard Straus
750 ver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en
751 nversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’ unique phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en cette vie 
752 t… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore so
753 manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étran
754 la main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblab
755 main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’ eau, entre l’étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblable
756 pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’ étrange nuit du bal et cette perspective invraisemblable d’un voyage a
757 nuit du bal et cette perspective invraisemblable d’ un voyage au hasard commencé dans l’insomnie — vrai voyage à dormir de
758 vraisemblable d’un voyage au hasard commencé dans l’ insomnie — vrai voyage à dormir debout… ⁂ Le monde renaît dans des acc
759 dans l’insomnie — vrai voyage à dormir debout… ⁂ Le monde renaît dans des accords. Une mélodie hongroise éveille un vagab
760 , il reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la
761 l reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la pl
762 res aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses fa
763 de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’ un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes
764 ’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes de reflets, — et dé
765 plaine, avec ses dômes et ses façades exubérantes de reflets, — et déjà nous passons sous de hauts ponts sonores, au long
766 ubérantes de reflets, — et déjà nous passons sous de hauts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri de terrasses ; on
767 nous passons sous de hauts ponts sonores, au long d’ un quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette foule et
768 auts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette foule et ces musiques, deux vi
769 es qui font des signes pour demain, présentations de mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’a pas compris les n
770 x jeunes Promesses nationales (on n’a pas compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourd
771 nales (on n’a pas compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié pr
772 , on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lum
773 ée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, —
774 des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’ amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et
775 e léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendres
776 ’amitié prochaine). Et la générosité des lumières d’ avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles,
777 prochaine). Et la générosité des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on a
778 é des lumières d’avant le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeun
779 le soir, — et cette espèce de tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi
780 ux voûtes sombres, qui est un Collège célèbre. La recherche de l’Objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attend
781 bres, qui est un Collège célèbre. La recherche de l’Objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’aill
782 s, qui est un Collège célèbre. La recherche de l’ Objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’ailleur
783 en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne
784 emier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quo
785 er réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’ angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi d
786 uis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions
787 r. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le dé
788 … Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï
789 euvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une mira
790 a m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’ une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblé
791 onciateur d’une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom
792 ’une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisa
793 e miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’ adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisable
794 le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de perfection, gage
795 ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de perfection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans
796 inutilisables, bouleversants de perfection, gages d’ un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir vu, et dont n
797 bouleversants de perfection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir vu, et dont nous savons seule
798 fection, gages d’un monde que les poètes essaient de décrire sans l’avoir vu, et dont nous savons seulement que tout y a s
799 ’un monde que les poètes essaient de décrire sans l’ avoir vu, et dont nous savons seulement que tout y a son écho le plus
800 dont nous savons seulement que tout y a son écho le plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’irai chercher m
801 vons seulement que tout y a son écho le plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me s
802 hercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs ne compo
803 ême, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs ne composeront pas un
804 vances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d’ erreurs ne composeront pas un jour une sorte d’incantation capable d’i
805 nt d’erreurs ne composeront pas un jour une sorte d’ incantation capable d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans l
806 eront pas un jour une sorte d’incantation capable d’ incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalage
807 n jour une sorte d’incantation capable d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalages des fêtes
808 d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalages des fêtes populaires, au fond des boutiques de v
809 lages des fêtes populaires, au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaien
810 au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaient d’incroyables araignées, p
811 boutiques de vieux en province, dans les combles d’ un château prussien où tissaient d’incroyables araignées, partout où l
812 ns les combles d’un château prussien où tissaient d’ incroyables araignées, partout où le désordre naturel des choses pouva
813 où tissaient d’incroyables araignées, partout où le désordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’objet inconnu qu
814 ésordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’ objet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Ma
815 bjet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. Et la question terrible, tout de s
816 jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. Et la question terrible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes-vous venu
817 her jusque chez nous ? » (En Hongrie, à 20 heures d’ express, on dit « jusque chez nous », ce qu’on ne dit pas en Amérique.
818 qu’on ne dit pas en Amérique.) Grands dieux ! je le vois bien, à tout prix il vous faut un prétexte avouable… On me deman
819 demandera donc toujours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’exp
820 ours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’ embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’
821 sseports ? Dussè-je les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’on est part
822 l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d’ expliquer pourquoi l’on est parti. Cependant, mes regards errant sur u
823 r n’est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’ on est parti. Cependant, mes regards errant sur une bibliothèque, je c
824 in de s’user, ne tarde pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviabl
825 u ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comm
826 n sans repos et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superst
827 s et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superstitions. Tou
828 Les désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie
829 ir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le re
830 amais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l
831 bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ ironie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l’on réserve aux
832 nie indulgente et cette pitié à peine jalouse que l’ on réserve aux égarements d’une jeunesse démodée se peignirent sur les
833 é à peine jalouse que l’on réserve aux égarements d’ une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. —
834 arements d’une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubl
835 une jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles disting
836 mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons n
837 rie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’ on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme
838 r quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelques paysages romantiques aux ciels ple
839 on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelques paysages romantiques aux ciels pleins de dé
840 me quelques paysages romantiques aux ciels pleins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel
841 ges romantiques aux ciels pleins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel il faut se taire
842 eins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’ un homme » devant lequel il faut se taire pour écouter ce qu’il entend
843 taire pour écouter ce qu’il entend. Au tombeau de Gül Baba Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore le Turc.
844 Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore le Turc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montr
845 brunis qui rougeoyaient au sommet du Rozsadomb —  la Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez-vous, le tombeau du p
846 ine des roses. Une ancienne mosquée, disiez-vous, le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous
847 ous, le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous avons repassé un grand pont vibrant et nous
848 nt vibrant et nous sommes rentrés en Europe. Mais le lendemain, m’échappant d’un programme admirable, nourrissant et offic
849 rentrés en Europe. Mais le lendemain, m’échappant d’ un programme admirable, nourrissant et officiel, il a bien fallu que j
850 ant et officiel, il a bien fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire
851 . « Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée de visit
852 uches dans une mosquée vide que personne n’a plus l’ idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui porte un no
853 ans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui porte un nom parei
854 là même extraordinaire. Celui qui ne croit pas à la vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais celui-là est vérit
855 ne croit pas à la vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais celui-là est véritablement voyageur qui n’a pas renon
856 blement voyageur qui n’a pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais
857 voyageur qui n’a pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien qu
858 pellent une conduite magique. Or il est délicieux de réaliser une idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enf
859 x de réaliser une idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je g
860 e idée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravemen
861 dée fixe injustifiable : c’est le plaisir même de l’ enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement c
862 isir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’ Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de m
863 mpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. Voici ce que j’ai vu. On
864 ai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. Voici ce que j’ai vu. On passe une barrière, une cou
865 je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’ Objet inconnu. Voici ce que j’ai vu. On passe une barrière, une cour v
866 . On passe une barrière, une cour vide ; on prend le sentier qui monte en zigzag à travers des jardins dont les arbustes s
867 er qui monte en zigzag à travers des jardins dont les arbustes sèchent, vers une espèce de grande villa ou palais baroque a
868 ardins dont les arbustes sèchent, vers une espèce de grande villa ou palais baroque assez décrépit, un décor en pierre bru
869 répit, un décor en pierre brune peu solide, rongé de roses crimson. On longe une galerie couverte, on tourne dans un escal
870 n tourne dans un escalier compliqué : c’est plein de colonnettes et de statues dégradées et charmantes. (Vue sur des maiso
871 scalier compliqué : c’est plein de colonnettes et de statues dégradées et charmantes. (Vue sur des maisons pauvres un peu
872 ntre des murs assez hauts dont l’un est peut-être la façade d’une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture é
873 urs assez hauts dont l’un est peut-être la façade d’ une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture étroite on
874 ’un est peut-être la façade d’une chapelle ; mais la porte est fermée. Par une ouverture étroite on passe ensuite à une se
875 vaste, où il y a quelques arbres devant une sorte de tour peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’il paraît imposs
876 t une sorte de tour peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ensemble des con
877 recouverte de rosiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs
878 osiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un catafa
879 s. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un catafalque de bois, au milieu, recouvert d’un très beau tapis mince, ou bannière, a
880 nus. Un catafalque de bois, au milieu, recouvert d’ un très beau tapis mince, ou bannière, avec des caractères turcs brodé
881 bannière, avec des caractères turcs brodés en or. L’ histoire de Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré et fixé
882 vec des caractères turcs brodés en or. L’histoire de Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré et fixé au mur. Gül
883 est le dernier héros musulman qui ait fait parler de lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité Kehl Baba, ce qui signifie le
884 l s’appelait en vérité Kehl Baba, ce qui signifie le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce q
885 té Kehl Baba, ce qui signifie le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père d
886 par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père des roses. Moyennant cette naturalisation il continue de protége
887 roses. Moyennant cette naturalisation il continue de protéger la ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statu
888 nant cette naturalisation il continue de protéger la ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statue colossale,
889 ville (en collaboration avec saint Gellert, dont la statue colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulatio
890 Gellert, dont la statue colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtra
891 colossale, sur un rocher, les bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tomb
892 un rocher, les bras levés, dirige la circulation de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. E
893 de Pest. Gül Baba est moins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien q
894 ins théâtral). D’ailleurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure d
895 leurs le tombeau est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père
896 ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’ heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. D
897 babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. Dehors, l
898 e sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se promener. Dehors, les roses crim
899 des roses est peut-être allé se promener. Dehors, les roses crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuai
900 lé se promener. Dehors, les roses crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt in
901 roses crimson sentent le soufre. Trente degrés à l’ ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt inexplicable que mystérieux.
902 nt est plutôt inexplicable que mystérieux. Aussi, la confusion des noms ne comporte aucun symbole à développer noblement.
903 un symbole à développer noblement. Une chute dans le quotidien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier
904 ment. Une chute dans le quotidien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-j
905 ien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-je pu contempler de plus « obje
906 bjectivement » étrange que ce lieu — inquiétant à la façon de certains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie
907 ent » étrange que ce lieu — inquiétant à la façon de certains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’
908 ains regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple, — no
909 lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’ un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple, — non sans angois
910 porte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple, — non sans angoisse. Café amer En Hon
911 rte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’ après-midi par exemple, — non sans angoisse. Café amer En Hongri
912 , — non sans angoisse. Café amer En Hongrie l’ on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au mo
913 Café amer En Hongrie l’on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes d
914 n est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, don
915 st assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont l
916 il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce
917 le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’on voi
918 e toutes sortes de ruses et de scepticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à la f
919 s, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’ on voit. Cette banque à la façade violette, or et bleue aux grandes li
920 siste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à la façade violette, or et bleue aux grandes lignes verticales peinturlur
921 s lignes verticales peinturlurées — elle n’a rien d’ étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que
922 cales peinturlurées — elle n’a rien d’étrange, si l’ on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce
923 e n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec quoi l’ on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le
924 erveilleux, avec quoi l’on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a disc
925 vec quoi l’on est trop souvent tenté de confondre l’ excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vra
926 l’on est trop souvent tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, leque
927 t tenté de confondre l’excès de bizarrerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, lequel est quotidien, circ
928 rerie. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, lequel est quotidien, circonspect, souvent microscopique, moral
929 opique, moralement microscopique. (Il a tellement l’ air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevo
930 , moralement microscopique. (Il a tellement l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) J
931 l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une s
932 de rien que nous sommes presque excusables de ne le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une scène p
933 apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’ une scène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ai vue, à Pe
934 ène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël,
935 ’est une autre fois que je l’ai vue, à Pest, lors d’ un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’
936 je l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides
937 un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, —  la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Un
938 , dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s
939 ans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’ année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ou
940 ne qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ouvre sur un lo
941 la plus sombre de l’année par les rues vides sous la pluie étrangère. Une porte basse s’ouvre sur un long corridor hanté d
942 ne porte basse s’ouvre sur un long corridor hanté d’ ombres drapées, qui ne sont pas des nonnes, bien que les voûtes soient
943 res drapées, qui ne sont pas des nonnes, bien que les voûtes soient celles d’un ancien couvent. Nous pénétrons dans une gra
944 pas des nonnes, bien que les voûtes soient celles d’ un ancien couvent. Nous pénétrons dans une grande salle vivement éclai
945 le vivement éclairée. Murs chaulés, et de nouveau de hautes voûtes. Une banquette longe trois des parois, la quatrième est
946 es parois, la quatrième est occupée en partie par le comptoir (un écriteau porte simplement ce tarif : 5 pengö), en partie
947 verres et bouteilles sont placées au hasard dans l’ espace où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, quelque
948 es sont placées au hasard dans l’espace où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, quelques bougres isolés pr
949 ’espace où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette, quelques bougres isolés produisent en silence cette fumée,
950 bougres isolés produisent en silence cette fumée, les yeux à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour d’une table et
951 nt en silence cette fumée, les yeux à terre, dans l’ attente. Nous sommes assis autour d’une table et nous voyons, au milie
952 à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour d’ une table et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux
953 s autour d’une table et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux amples branches rayonnantes, dans une glo
954 e et nous voyons, au milieu de la salle, un arbre de Noël aux amples branches rayonnantes, dans une gloire de dorures, — e
955 aux amples branches rayonnantes, dans une gloire de dorures, — et massées tout autour, frileuses dans leurs dessous roses
956 tout autour, frileuses dans leurs dessous roses, les filles qui chantent une chanson populaire et regardent tristement les
957 ent une chanson populaire et regardent tristement les lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle,
958 lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là ne chantant pas. Parmi elles, des Tziganes
959 gnoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : l
960 s avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire.
961 qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire. Les magnats en taxis La place Saint
962 . Dehors, nous ne parlons pas : le froid paralyse la mâchoire. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude,
963 e parlons pas : le froid paralyse la mâchoire. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude, est une place vra
964 paralyse la mâchoire. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude, est une place vraiment royale. Vide, ell
965 e prend toute sa hauteur. Silencieuse, solennelle de nudité, entre le Palais du Régent et celui d’un des archiducs, quel d
966 hauteur. Silencieuse, solennelle de nudité, entre le Palais du Régent et celui d’un des archiducs, quel décor à rêver le c
967 lle de nudité, entre le Palais du Régent et celui d’ un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu
968 t et celui d’un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jou
969 d’un des archiducs, quel décor à rêver le cortège d’ un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élec
970 à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens d
971 sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint É
972 J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne.
973 ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’ élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Aup
974 ler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’ un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porc
975 s, le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaie
976 le jour de l’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient
977 ’élection d’un des quatre gardiens de la Couronne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient guère qu’une
978 he du Palais, ils n’étaient guère qu’une centaine de curieux, et quelques gardes. Traversant dans sa longueur toute l’imme
979 uelques gardes. Traversant dans sa longueur toute l’ immense place, les automobiles passèrent lentement, l’une après l’autr
980 raversant dans sa longueur toute l’immense place, les automobiles passèrent lentement, l’une après l’autre, durant une demi
981 e après l’autre, durant une demi-heure, saluées à l’ entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les
982 une demi-heure, saluées à l’entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeo
983 es à l’entrée du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne rép
984 par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne répondent que du bout des
985 dent que du bout des doigts, crainte, sans doute, de troubler l’équilibre toujours instable des huit reflets de leur digni
986 bout des doigts, crainte, sans doute, de troubler l’ équilibre toujours instable des huit reflets de leur dignité. Mais je
987 er l’équilibre toujours instable des huit reflets de leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince :
988 reflets de leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement
989 leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement à l’homme,
990 ince : un vrai sourire, adressé personnellement à l’ homme, — et le mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui
991 sourire, adressé personnellement à l’homme, — et le mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de
992 fable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur pa
993 reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage le
994 dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage les Karolyi, les Festetic, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui con
995 eut-être valet, nomme à leur passage les Karolyi, les Festetic, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui construisirent l
996 , nomme à leur passage les Karolyi, les Festetic, les Esterhazy, et ces comtes Szechenyi qui construisirent le premier pont
997 Szechenyi qui construisirent le premier pont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’union de Buda-Pest. Il y a trois sem
998 remier pont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’ union de Buda-Pest. Il y a trois semaines, à Freudenau, lors du Derby
999 ont sur le Danube, auteurs ainsi du trait d’union de Buda-Pest. Il y a trois semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois
1000 semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois, je les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant
1001 y viennois, je les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant dans leurs limousines armoriées —
1002 s limousines armoriées — couronnes princières sur le bouchon du radiateur — les voici, pères et fils, revêtus des couleurs
1003 ouronnes princières sur le bouchon du radiateur — les voici, pères et fils, revêtus des couleurs familiales. Ils se tiennen
1004 se tiennent très droits, appuyés sur leurs sabres d’ or recourbés dont les poignées entre leurs doigts gantés étincellent.
1005 its, appuyés sur leurs sabres d’or recourbés dont les poignées entre leurs doigts gantés étincellent. Parfois un collier de
1006 urs doigts gantés étincellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pend
1007 doigts gantés étincellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre
1008 ntés étincellent. Parfois un collier de la Toison d’ Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre son petit
1009 ellent. Parfois un collier de la Toison d’Or, sur la fourrure du dolman rouge ou jaune, laisse pendre son petit mouton. Ai
1010 Mais, ô pathétique dissonance, tangible absurdité de notre époque, beaucoup ont dû louer des taxis démodés, au tarif infér
1011 odés, au tarif inférieur. Des chauffeurs vautrés, la casquette de travers sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs
1012 f inférieur. Des chauffeurs vautrés, la casquette de travers sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes le
1013 sur leurs idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques inc
1014 idées sociales, pareils aux chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques incroyables et
1015 chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine
1016 urs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’ honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industr
1017 ans la cour d’honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les sp
1018 nneur ces reliques incroyables et les encensent à la benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les spectateurs. Reli
1019 a benzine industrielle. Mais quelle gravité parmi les spectateurs. Reliques ? Elles conservent du moins toute leur efficace
1020 es conservent du moins toute leur efficace. Voici le Prince Primat, les doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied d
1021 oins toute leur efficace. Voici le Prince Primat, les doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied de son palais proche
1022 doigts levés. On se signe. Et voici venir à pied de son palais proche, tout seul, un archiduc. On salue profondément, en
1023 e profondément, en silence (cliquetis des rangées de décorations sur l’uniforme kaki, et du sabre balancé). Une auto encor
1024 silence (cliquetis des rangées de décorations sur l’ uniforme kaki, et du sabre balancé). Une auto encore, en retard : le p
1025 t du sabre balancé). Une auto encore, en retard : le président du Conseil, maigre, jaune et rigide dans son costume noir e
1026 , jaune et rigide dans son costume noir et or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens co
1027 costume noir et or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa poli
1028 or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa politique. Les co
1029 oup de gens comprendraient mieux sa politique. Les coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’E
1030 mieux sa politique. Les coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’Europe se formule en revend
1031 ue. Les coussins Rothermere Le nationalisme de la plupart des États de l’Europe se formule en revendications d’homme
1032 es États de l’Europe se formule en revendications d’ hommes d’affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses int
1033 de l’Europe se formule en revendications d’hommes d’ affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses intérêts. Ma
1034 c’est son droit, ses intérêts. Mais, en Hongrie, le nationalisme est une passion toute nue, qui exprime l’être profond de
1035 tionalisme est une passion toute nue, qui exprime l’ être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas
1036 une passion toute nue, qui exprime l’être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. I
1037 passion toute nue, qui exprime l’être profond de la race. On ne discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici,
1038 pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici, la sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvais
1039 pas cette haine. Ici, la sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu c
1040 la sympathie est un devoir de politesse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu
1041 mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.
1042 eau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont
1043 ui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’un tr
1044 oie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’un trait en guis
1045 êche rend démonstratif, dont on vide trois verres d’ un trait en guise de salut. C’est alors que se déplient les cartes de
1046 it en guise de salut. C’est alors que se déplient les cartes de la « Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé le
1047 de salut. C’est alors que se déplient les cartes de la « Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tie
1048 salut. C’est alors que se déplient les cartes de la « Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers
1049 ngrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous, maintenant,
1050 . — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous, maintenant, qui allez dema
1051 maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogèn
1052 ntenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogènes
1053 dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogènes infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former la majori
1054 infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombr
1055 ions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’an
1056 Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civilisation ; qu’il
1057 us répondre que les nombres ont tort au regard de l’ antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si le
1058 que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’ une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les population
1059 l’antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les populations des régions perdues étaient parfois
1060 vilisation ; qu’il s’agit ici de valeurs ; que si les populations des régions perdues étaient parfois en majorité roumaines
1061 aient parfois en majorité roumaines ou slovaques, la minorité hongroise y comptait cependant pour plus ; elle était seule
1062 pour plus ; elle était seule active et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion d’injustice
1063 eule active et créatrice. Le reste : des porteurs d’ eau… Dans l’inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le
1064 et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans l’ inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le wilsonisme
1065 des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion d’ injustices à quoi devait mener le wilsonisme schématique qui traça les
1066 icable confusion d’injustices à quoi devait mener le wilsonisme schématique qui traça les frontières actuelles, dans ce re
1067 devait mener le wilsonisme schématique qui traça les frontières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’oppresseur de
1068 tières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’ oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supério
1069 ce renversement des rôles, l’oppresseur devenant l’ opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véri
1070 es, l’oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on co
1071 eur devenant l’opprimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on comprend que le
1072 rimé sans y perdre le sentiment de sa supériorité de race — sa véritable légitimité — on comprend que le Hongrois n’ait po
1073 race — sa véritable légitimité — on comprend que le Hongrois n’ait point conservé une extrême sensibilité aux arguments d
1074 nt conservé une extrême sensibilité aux arguments de « droit » qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grande
1075 qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des sta
1076 aos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des statistiques — et sa doul
1077 . Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des statistiques — et sa douleur
1078 e des statistiques — et sa douleur aussi, douleur d’ orgueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’orgueil hongrois
1079 aussi, douleur d’orgueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne s
1080 gueil blessé, mais qui emporte la sympathie : car l’ orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de
1081 la sympathie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’u
1082 ie : car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’ on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un parvenu,
1083 n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous
1084 t de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’ on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous dangers é
1085 e sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’ un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous dangers égaux d’ailleurs, préf
1086 de ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais d’ un aristocrate. Tous dangers égaux d’ailleurs, préférons cet impériali
1087 gers égaux d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfant
1088 s égaux d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’ âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants.
1089 d’ailleurs, préférons cet impérialisme de l’âme à l’ impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est pa
1090 férons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est parce que les Hon
1091 ons cet impérialisme de l’âme à l’impérialisme de la surproduction des machines et des enfants. C’est parce que les Hongro
1092 tion des machines et des enfants. C’est parce que les Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au mond
1093 nts. C’est parce que les Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne
1094 au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côt
1095 erne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’ agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’essen
1096 ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’essentiel. Rien n
1097 journalistes, une fois de plus, passent à côté de l’ essentiel. Rien n’est grave, que le sentiment, — en politique comme ai
1098 sent à côté de l’essentiel. Rien n’est grave, que le sentiment, — en politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’opi
1099 n politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’ opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les argument
1100 rs. Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souven
1101 cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souvent les raisons qu’on allègue masquent
1102 ui gouverne les arguments. Songez combien souvent les raisons qu’on allègue masquent les causes qui agissent. Ici je rentre
1103 ombien souvent les raisons qu’on allègue masquent les causes qui agissent. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon
1104 et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la politique des peuples ressemble à celle des individus, pour ce qui es
1105 à celle des individus, pour ce qui est du moins, de mentir à soi-même. Mais les Hongrois ne renient pas leur romantisme.
1106 r ce qui est du moins, de mentir à soi-même. Mais les Hongrois ne renient pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait la
1107 nt pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait la Hongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces c
1108 drait la Hongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à caus
1109 ongrie, sur une Carte du Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un cou
1110 dre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire
1111 es choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’ un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en so
1112 s sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir.
1113 se d’un coussin où s’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir. Quelques articles fav
1114 che sur fond noir. Quelques articles favorables à la Hongrie, au moment où l’Europe semblait abandonner à son malheur ce p
1115 es articles favorables à la Hongrie, au moment où l’ Europe semblait abandonner à son malheur ce peuple turbulent et déchu,
1116 r ce peuple turbulent et déchu, suffirent à faire d’ un affairiste anglais l’idole du nationalisme magyar. Son portrait aff
1117 déchu, suffirent à faire d’un affairiste anglais l’ idole du nationalisme magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés
1118 tionalisme magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures des magasi
1119 r. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures des magasins de mode, et s
1120 universitaires, brodé aux devantures des magasins de mode, et son nom en lettres géantes sur une montagne chauve, voisine
1121 lettres géantes sur une montagne chauve, voisine de Budapest, témoignent des espérances démesurées qu’il sut entretenir a
1122 espérances démesurées qu’il sut entretenir autour d’ une action certes méritoire, mais plus symbolique qu’efficace. Et sans
1123 Et sans lendemain. Ce mélange, en toutes choses, d’ enfantillage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances
1124 . Ce mélange, en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce
1125 en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur, d’ imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le clim
1126 illage et de grandeur, d’imaginations absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est
1127 absurdes et de souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie.6 Une lettre d
1128 t de souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie.6 Une lettre de Matthias
1129 e souffrances vraies, n’est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie.6 Une lettre de Matthias Co
1130 -ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie.6 Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la
1131 point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie.6 Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la grâ
1132 on ? — C’est celui de la Hongrie.6 Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. B
1133 Une lettre de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pa
1134 re de Matthias Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vo
1135 as Corvin « Matthias, par la grâce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter
1136 enez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » Visite à Babits Personne, à ma co
1137 enter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » Visite à Babits Personne, à ma connaissance, ne se plain
1138 bits Personne, à ma connaissance, ne se plaint de ce qu’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des cho
1139 ne se plaint de ce qu’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de tr
1140 u’il y ait peu de poètes par le monde. C’est dans l’ ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de très peu de sel pour re
1141 s par le monde. C’est dans l’ordre des choses, et l’ on sait qu’il suffit de très peu de sel pour rendre mangeable beaucoup
1142 ans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de très peu de sel pour rendre mangeable beaucoup de nouilles. Mais voic
1143 ais voici, par exemple, ce qu’il faudrait essayer d’ obtenir : que la grande majorité des gens ne deviennent pas enragés dè
1144 xemple, ce qu’il faudrait essayer d’obtenir : que la grande majorité des gens ne deviennent pas enragés dès qu’ils perçoiv
1145 s ne deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut c
1146 e deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croi
1147 s enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’ air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’
1148 oute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’ être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton
1149 ut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’es
1150 ns ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que par
1151 ys où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que par quelque
1152 on. La littérature hongroise n’est guère connue à l’ étranger que par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongr
1153 nnue à l’étranger que par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il
1154 par quelques pièces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu, un
1155 èces légères de Molnar, qui n’ont de hongrois que l’ auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu, une littérature of
1156 du, une littérature officielle destinée à remplir les revues bien pensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans u
1157 à remplir les revues bien pensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans un style académique qui me paraît être
1158 ois » dans un style académique qui me paraît être le contraire du style hongrois. Il y a aussi une extrême gauche, et sa r
1159 extrême gauche, et sa revue Documentum (une sorte d’ Esprit nouveau troublé de surréalisme), groupée autour de Louis Kassak
1160 ue Documentum (une sorte d’Esprit nouveau troublé de surréalisme), groupée autour de Louis Kassak, nettement international
1161 tour de Louis Kassak, nettement internationaliste de doctrine, au lyrisme neuf et parfois sauvage, social ou futuriste, et
1162 et parfois sauvage, social ou futuriste, et dont la « furia » serait assez hongroise… Mais l’expression la plus libre et
1163 et dont la « furia » serait assez hongroise… Mais l’ expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cet
1164 furia » serait assez hongroise… Mais l’expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me pa
1165 sez hongroise… Mais l’expression la plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir é
1166 plus libre et la plus vivante du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du
1167 de cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occident), revue fondée par ces deux gr
1168 oir été donnée par le groupe important du Nyugât ( l’ Occident), revue fondée par ces deux grands poètes : André Ady et Mich
1169 grands poètes : André Ady et Michel Babits. Ady, le sombre et pathétique, est mort à 35 ans, mais sa ferveur anime encore
1170 r anime encore ces écrivains profondément magyars de sensibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et
1171 agyars de sensibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef
1172 nsibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. De
1173 curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe se
1174 és, et dont Michel Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe ses étés.
1175 aujourd’hui le chef de file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergom, où il passe ses étés. Esztergom est la plus vieille
1176 à Esztergom, où il passe ses étés. Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujo
1177 ses étés. Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidenc
1178 s étés. Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence d
1179 ie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’archevêché, sur
1180 a résidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique é
1181 ésidence du Prince Primat. Au-dessus du palais de l’ archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élèv
1182 us du palais de l’archevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ocre éclatant, imm
1183 hevêché, sur une colline que le Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ocre éclatant, immense et froide, domin
1184 Danube contourne, la Basilique élève une coupole d’ ocre éclatant, immense et froide, dominant cette plaine onduleuse dont
1185 e et froide, dominant cette plaine onduleuse dont les vagues se perdent dans une poussière violacée à l’horizon — chez les
1186 s vagues se perdent dans une poussière violacée à l’ horizon — chez les Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dan
1187 nt dans une poussière violacée à l’horizon — chez les Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que n
1188 èques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle co
1189 c’est dans la piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle collés sur son large front, belle carrur
1190 ue nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’ aigle collés sur son large front, belle carrure ruisselante, il nous s
1191 , belle carrure ruisselante, il nous sourit, dans l’ eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite
1192 u’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses
1193 mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses, v
1194 Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux maisons jaunes basses, ville sans ombre, sans arb
1195 lle sans ombre, sans arbres, et nous montons vers la maison du poète, sur un coteau de vignes. Trois chambres boisées ento
1196 us montons vers la maison du poète, sur un coteau de vignes. Trois chambres boisées entourées d’une large galerie d’où l’o
1197 oteau de vignes. Trois chambres boisées entourées d’ une large galerie d’où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans
1198 is chambres boisées entourées d’une large galerie d’ où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite vil
1199 ambres boisées entourées d’une large galerie d’où l’ on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville ju
1200 sées entourées d’une large galerie d’où l’on voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville juste au-des
1201 voit le Danube gris-jaune, brillant, sans rides, la petite ville juste au-dessous de soi, et la Basilique sur son rocher.
1202 ides, la petite ville juste au-dessous de soi, et la Basilique sur son rocher. Fraîches, sentant bon, avec des livres sur
1203 vans aux riches couleurs, des boissons préparées, l’ ombre bourdonnante, — trois petites chambres et un pan de toit par-des
1204 bourdonnante, — trois petites chambres et un pan de toit par-dessus, cela fait une baraque à peine visible dans les vigne
1205 essus, cela fait une baraque à peine visible dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline pour que les vents ne
1206 isible dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline pour que les vents ne l’emportent pas, un beau nid de poèt
1207 ble dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline pour que les vents ne l’emportent pas, un beau nid de poète :
1208 à peine détachée du flanc de la colline pour que les vents ne l’emportent pas, un beau nid de poète : car demeurer ici, c’
1209 chée du flanc de la colline pour que les vents ne l’ emportent pas, un beau nid de poète : car demeurer ici, c’est demeurer
1210 our que les vents ne l’emportent pas, un beau nid de poète : car demeurer ici, c’est demeurer vraiment en « pleine nature 
1211 r vraiment en « pleine nature », un peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui
1212 raiment en « pleine nature », un peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui « 
1213 peu au-dessus de la plaine, pas tout à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ». L’après-midi est imm
1214 ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ». L’ après-midi est immense. Nous buvons des vins dorés et doux que nous ve
1215 s belle), nous inscrivons nos noms au charbon sur le mur chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la
1216 chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sau
1217 ot prend des photos, Gyergyai fouille la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derriè
1218 il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fa
1219 re la maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’o
1220 rrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’ horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs,
1221 it beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’on l’ imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y
1222 orizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans
1223 ntain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’air… Le retour
1224 poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’ air… Le retour d’Esztergom Il faut se pencher aux portières et l
1225 it en lui-même, il y a une enfance dans l’air… Le retour d’Esztergom Il faut se pencher aux portières et laisser l’a
1226 même, il y a une enfance dans l’air… Le retour d’ Esztergom Il faut se pencher aux portières et laisser l’air furieux
1227 om Il faut se pencher aux portières et laisser l’ air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front
1228 er aux portières et laisser l’air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front comme une caresse indéf
1229 laisser l’air furieux emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissanc
1230 e et appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conq
1231 t appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêt
1232 comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce
1233 ie de la puissance. Soir de voyage, tout enfiévré d’ orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renon
1234 . Soir de voyage, tout enfiévré d’orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en
1235 ueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en détail précis, se masse dans une con
1236 l errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en détail précis, se masse dans une confus
1237 mer en détail précis, se masse dans une confusion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ci
1238 masse dans une confusion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs.
1239 sion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très
1240 n de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’ horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très pe
1241 el qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très peu d’ or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle
1242 rs. Ciel blanc, où très peu d’or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plu
1243 u d’or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des col
1244 anouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des collines basses gra
1245 te dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre des collines basses grattées par les vents, aux
1246 émouvants, entre des collines basses grattées par les vents, aux arbres rares, mais aux replis si doucement intimes qu’à ce
1247 e heure on sent bien que poursuivre est une sorte d’ enivrant péché. — Nous aurions une maison dans ce désert aux formes te
1248 désert aux formes tendres et déjà familières, et le passage des trains chaque soir nous redirait un adieu bref, — chaque
1249 adieu bref, — chaque soir plus infime, à cause de l’ éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veill
1250 infime, à cause de l’éloignement en nous-mêmes. À l’ entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, p
1251 cause de l’éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’ un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les
1252 en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toute
1253 s que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement
1254 rûle toujours — et moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je dis
1255 t moi, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux fe
1256 les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mo
1257 de paysages soudainement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’Objet inconnu, — quand je pense à c
1258 inement invisibles, je distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’Objet inconnu, — quand je pense à ce qu’en imaginera
1259 , je distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’ Objet inconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient les autres, s
1260 nconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibe
1261 autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un c
1262 tres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’ image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un cert
1263 je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’ un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un certain arra
1264 arlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’ une sorte bizarre. Alors que c’est plutôt un certain arrangement des c
1265 oses qui rende un certain son spirituel… Un objet de musique et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfi
1266 un certain son spirituel… Un objet de musique et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfin, tellement i
1267 e et de couleurs, mais aussi une forme symbolique de tout… Enfin, tellement inconnu et tellement fascinant à la fois, qu’i
1268 tellement fascinant à la fois, qu’il me préserve de tout amour pour quelque bien particulier où je serais tenté de me com
1269 pour quelque bien particulier où je serais tenté de me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. — Le train s’attarde
1270 me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. —  Le train s’attarde dans sa fumée, on respire une lourde obscurité qui se
1271 a fumée, on respire une lourde obscurité qui sent l’ enfer. Je ne pense plus qu’« au souffle »… Mais alors tout s’allume et
1272 « au souffle »… Mais alors tout s’allume et voici la nuit des faubourgs de Pest, au-dessous de nous. Un bal, ou de l’iv
1273 lors tout s’allume et voici la nuit des faubourgs de Pest, au-dessous de nous. Un bal, ou de l’ivresse considérée comme
1274 bourgs de Pest, au-dessous de nous. Un bal, ou de l’ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de nom
1275 rgs de Pest, au-dessous de nous. Un bal, ou de l’ ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms,
1276 sidérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’entre da
1277 ne ivresse aux cent visages, lorsque j’entre dans l’ atelier du peintre. Je ne tarde pas à oublier ce qui est lent ou fixe
1278 ou bassement mélancoliques. Souvent laids — sauf les demi-juifs — mais laids comme des paysans, beaux hommes aux traits lo
1279 des paysans, beaux hommes aux traits lourds. Dans l’ ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’all
1280 . Dans l’ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le s
1281 yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’ allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un
1282 a danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ;
1283 rnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol d
1284 s vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de mai
1285 pper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir
1286 n en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous l
1287 vant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous le bras
1288 ue ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous le bras (elle pose alors ses mains sur
1289 ol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous le bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du c
1290 on en changeant de main ; saisir la danseuse sous le bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la fa
1291 seuse sous le bras (elle pose alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite
1292 e alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche
1293 ules du cavalier) et la faire pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche ; pirouetter seuls sur place
1294 re pirouetter un quart de tour à droite, un quart de tour à gauche ; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper le so
1295 ; pirouetter seuls sur place ; de nouveau frapper le sol des talons, alternativement ; saisir la danseuse, tourbillonner,
1296 apper le sol des talons, alternativement ; saisir la danseuse, tourbillonner, pousser de grands cris ; tourbillonner en se
1297 ment ; saisir la danseuse, tourbillonner, pousser de grands cris ; tourbillonner en sens inverse ; frapper des talons touj
1298  ; frapper des talons toujours plus vite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant l
1299 ons toujours plus vite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à
1300 ite, mains à la nuque, mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à produire un rouleme
1301 hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à produire un roulement continu, marteler encore plus v
1302 illonnant, choir enfin dans une vaste culbute sur les divans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses seco
1303 ir enfin dans une vaste culbute sur les divans où l’ ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs ch
1304 ans une vaste culbute sur les divans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs cheveux et te
1305 ivans où l’ivresse les lâche, affalés, tandis que les danseuses secouent leurs cheveux et tendent les bras en riant pour qu
1306 e les danseuses secouent leurs cheveux et tendent les bras en riant pour qu’on les relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux
1307 s cheveux et tendent les bras en riant pour qu’on les relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres
1308 Elles : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de tal
1309 aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu
1310 comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’ amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Gr
1311 s yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats
1312 . Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats de rire tourno
1313 ones avec un coup de talon qui les secoue jusqu’à la chevelure. Graves entre leurs éclats de rire tournoyants mais non pas
1314 des gestes tendres des bras en balançant vivement la tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand
1315 balançant vivement la tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et
1316 n peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec
1317 voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et l’ ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignem
1318 s chantent, les moires et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignements et des retours, des
1319 es et l’ondulation des rubans de vents chauds sur la plaine, avec des éloignements et des retours, des enroulements et dér
1320 soutenues par un long souffle vif. J’observe que les paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’
1321 souffle vif. J’observe que les paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’un rythme constamment i
1322 paroles autant que les gestes sont gouvernées par la seule logique d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de com
1323 e les gestes sont gouvernées par la seule logique d’ un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’
1324 d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’une certaine manière. En France, cha
1325 amment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’une certaine manière. En France, chacun parle pour son
1326 Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’ une certaine manière. En France, chacun parle pour son compte, paraphe
1327 aphe son épigramme, jette son petit caillou. Ici, le sens des mots et des choses est celui d’un courant musical qui domine
1328 ou. Ici, le sens des mots et des choses est celui d’ un courant musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois
1329 choses est celui d’un courant musical qui domine l’ ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quan
1330 lui d’un courant musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que j
1331 musical qui domine l’ensemble et le compose selon les lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que j’observe, je n’obs
1332 ui domine l’ensemble et le compose selon les lois d’ une plastique exubérante. Quand je dis que j’observe, je n’observe rie
1333 rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’
1334 i belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et
1335 dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa mise en scène, qu’on sauvegar
1336 on sauvegarde sa qualité. Ailleurs, chez nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’
1337 é. Ailleurs, chez nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et e
1338 nous, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et en effet, que serai
1339 rait un lyrisme distingué ? Il faut choisir entre les bonnes manières et les belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas
1340 ué ? Il faut choisir entre les bonnes manières et les belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivre
1341 es belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que c
1342 anières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car c’
1343 oujours raison, mais n’auront que cela, car c’est l’ ivresse7 seulement qui permet à l’esprit de passer d’une forme dans l’
1344 cela, car c’est l’ivresse7 seulement qui permet à l’ esprit de passer d’une forme dans l’autre, — et c’est même en ce passa
1345 c’est l’ivresse7 seulement qui permet à l’esprit de passer d’une forme dans l’autre, — et c’est même en ce passage qu’ell
1346 vresse7 seulement qui permet à l’esprit de passer d’ une forme dans l’autre, — et c’est même en ce passage qu’elle consiste
1347 e passage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dess
1348 assage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de l’ âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus
1349 ent de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole sur place, mais tout se
1350 hais » un instant, toutes choses disparaîtraient… Le vertige (la peur et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de
1351 stant, toutes choses disparaîtraient… Le vertige ( la peur et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté
1352 es choses disparaîtraient… Le vertige (la peur et l’ amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laiss
1353 et l’amour du vertige). Qu’est-ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière
1354 y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière mes paupières, dans ce désordre lumineux
1355 errière mes paupières, dans ce désordre lumineux, le verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous, derrière ma têt
1356 encore pour cette fois. Chansons hongroises Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mai
1357 ons hongroises Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise
1358 Les Suisses chantent immobiles, les yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la
1359 yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’
1360 . Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même
1361 ise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent av
1362 ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’ Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec
1363 ostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec le corps entier —
1364 lancolie même est passionnée. Elles chantent avec le corps entier — non pas avec les bras, comme on chante du Verdi —, ell
1365 lles chantent avec le corps entier — non pas avec les bras, comme on chante du Verdi —, elles ont des mouvements vifs du bu
1366 es mouvements vifs du buste, et des mains pleines de drôleries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. J
1367 fs du buste, et des mains pleines de drôleries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. Je vois des cheva
1368 ries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le soleil, des campements noctu
1369 disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le soleil, des campements nocturnes où le souvenir des pays désertés enf
1370 chées sous le soleil, des campements nocturnes où le souvenir des pays désertés enfièvre encore un désir de perdition illi
1371 uvenir des pays désertés enfièvre encore un désir de perdition illimitée… Les Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine.
1372 enfièvre encore un désir de perdition illimitée… Les Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au cam
1373 ois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude de steppe brûlante, des ondula
1374 s c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude de steppe brûlante, des ondulations longues… Mais un cheval se cabre ; e
1375 tions longues… Mais un cheval se cabre ; et c’est la danse qui se lève, et des tambours et des cris modulés, et toute la f
1376 ve, et des tambours et des cris modulés, et toute la frénésie d’un grand souffle qui se serait mis à tourbillonner sur pla
1377 ambours et des cris modulés, et toute la frénésie d’ un grand souffle qui se serait mis à tourbillonner sur place. L’amo
1378 e qui se serait mis à tourbillonner sur place. L’ amour en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comm
1379 sur place. L’amour en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les cat
1380 en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’i
1381 Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’ils sont techniciens ou intel
1382 ment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’ils sont techniciens ou intellectuels. Les Fra
1383 , selon qu’ils sont techniciens ou intellectuels. Les Français aiment par goût du bavardage. Les Suisses aiment avec une bo
1384 tuels. Les Français aiment par goût du bavardage. Les Suisses aiment avec une bonne ou une mauvaise conscience. À Vienne on
1385 être à la fois cocasses et fades. En Italie… Mais l’ amour hongrois t’emportera dans une inénarrable confusion de sentiment
1386 ngrois t’emportera dans une inénarrable confusion de sentimentalisme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pa
1387 s une inénarrable confusion de sentimentalisme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musiqu
1388 passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je
1389 , et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envier
1390 t c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envierais
1391 as le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Ho
1392 non… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. La plain
1393 s talisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. La plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’expr
1394 ’il a du cœur, n’en revient plus. La plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transy
1395 n’en revient plus. La plaine et la musique L’ ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sort
1396 t plus. La plaine et la musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gar
1397 musique L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’ express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec
1398 L’ouverture de Stravinsky exécutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine
1399 écutée par l’express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borod
1400 ar l’express de Transylvanie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque,
1401 ie au sortir de la gare de Budapest, devient avec la plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque, mais l’erreur n’est imput
1402 plaine une Symphonie-Dichtung borodinesque, mais l’ erreur n’est imputable qu’à mon instabilité rythmique. (Trop souvent c
1403 ouvent ce que je vois traverse ce que j’entends.) La plaine hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est d’un seul tena
1404 e hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est d’ un seul tenant. Rien qui fasse répétition. C’est ici le premier pays q
1405 . C’est ici le premier pays que je n’ai pas envie d’ élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis8. Il y a une g
1406 i pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis8. Il y a une grande ville, un grand lac, une plaine
1407 ille, un grand lac, une plaine et une seule vigne de véritable Tokay. Et point de ces endroits déprimants, à plusieurs mil
1408 e et une seule vigne de véritable Tokay. Et point de ces endroits déprimants, à plusieurs milliers d’exemplaires, tels que
1409 de ces endroits déprimants, à plusieurs milliers d’ exemplaires, tels que : banlieue française, village suisse, gare allem
1410 çaise, village suisse, gare allemande grouillante de questions sociales. La Puszta est une terre vierge, je veux dire que
1411 gare allemande grouillante de questions sociales. La Puszta est une terre vierge, je veux dire que la bourgeoisie ne s’y e
1412 La Puszta est une terre vierge, je veux dire que la bourgeoisie ne s’y est pas encore répandue. Il y a peu de bourgeois e
1413 andue. Il y a peu de bourgeois en Hongrie. Il y a de petits nobles déclassés, des juifs, des paysans, des communistes, de
1414 classés, des juifs, des paysans, des communistes, de grands nobles, et des Tziganes. D’ailleurs, le bourgeois supporterait
1415 s, de grands nobles, et des Tziganes. D’ailleurs, le bourgeois supporterait difficilement l’ampleur qu’ont ici toutes chos
1416 ailleurs, le bourgeois supporterait difficilement l’ ampleur qu’ont ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ce
1417 mpleur qu’ont ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ces vents vastes ; et cette passion de vivre « au-dessu
1418 nomadisme, et ces vents vastes ; et cette passion de vivre « au-dessus de ses moyens » — c’est-à-dire au-dessus du Moyen —
1419 ts vastes ; et cette passion de vivre « au-dessus de ses moyens » — c’est-à-dire au-dessus du Moyen — qui est caractéristi
1420 rgement ? » demande certaine hargne à cet artiste de la prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre com
1421 ment ? » demande certaine hargne à cet artiste de la prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme
1422 merais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’
1423 assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent de leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs
1424 yptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent de leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes v
1425 mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi
1426 nes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsys. Pour leur nom allema
1427 Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsys. Pour leur nom allemand, c’est : Zigeuner ; hongroi
1428 gyptiens venaient des Indes, qui nous apportèrent le tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à
1429 aient des Indes, qui nous apportèrent le tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un sym
1430 ortèrent le tarot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un sy
1431 arot et la roulotte, dont descendent le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la l
1432 t le bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même
1433 e bridge et la bohème, c’est-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a q
1434 t-à-dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne »
1435 -dire un symbole de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », d
1436 e de la servitude et un symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vas
1437 berté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme é
1438 « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme égyptien du peuple errant qui lui donna sa musique nat
1439 euple errant qui lui donna sa musique nationale9. Les signes parlent, et certains sages : nous entrons dans une ère égyptie
1440 ns une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la m
1441 une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la musi
1442 ’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debre
1443 s heures ? — Ce qu’en raconte la musique — tu vas l’ entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de
1444 n raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescr
1445 usique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescriptible, à de
1446 les terrasses de Debrecen. Debrecen est une sorte de grande ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine de
1447 nde ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine de Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément aligné
1448 ville indescriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine de Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément alignées,
1449 escriptible, à demi mêlée aux sables de la plaine de Hortobágy, aux longues maisons jaunes immensément alignées, autour d’
1450 ngues maisons jaunes immensément alignées, autour d’ une place rectangulaire qui ressemble à un jardin public, flanquée d’u
1451 ulaire qui ressemble à un jardin public, flanquée d’ un temple blanc à deux clochers baroques, d’hôtels modernes, de statue
1452 nquée d’un temple blanc à deux clochers baroques, d’ hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre
1453 lanc à deux clochers baroques, d’hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de c
1454 clochers baroques, d’hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs
1455 tatues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrece
1456 ônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent
1457 and désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux
1458 e de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que
1459 t de chars à bœufs parmi les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons
1460 les trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu
1461 e tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de d
1462 viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime l’ enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne
1463 On aime les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit
1464 les Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est
1465 Hongrois comme on aime l’enfance : or le rêve de l’ enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est vra
1466 on aime l’enfance : or le rêve de l’enfant, c’est de devenir une grande personne. On me l’a dit, c’est vrai : cette ville
1467 fant, c’est de devenir une grande personne. On me l’ a dit, c’est vrai : cette ville historique est aussi l’autre « Rome pr
1468 ique est aussi l’autre « Rome protestante ». Mais d’ avoir vu ses profondes bibliothèques et son quartier universitaire tou
1469 euni dans des jardins luisants ne n’empêchera pas de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Je ne sai
1470 de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Je ne sais quel hasard a voulu que j’y entende, un soir, un
1471 m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’ Europe. Je ne sais quel hasard a voulu que j’y entende, un soir, une a
1472 rd a voulu que j’y entende, un soir, une audition de musiques hongroises, turques et chinoises, commentées et comparées pa
1473 simples, tragiques, à peine modulées, qui donnent le vertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente
1474 qui donnent le vertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce so
1475 ertige, et dont soudain se cabre le rythme, avant la chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je comp
1476 e, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je compris la Grande Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’Asie. E
1477 Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, da
1478 ine, et que par sa musique j’étais aux marches de l’ Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans
1479 concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans le grandiose bavardage des Tziganes. Qu’est-ce qu’ils regardent en jouan
1480 ent en jouant ? Qu’est-ce qu’ils écoutent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée la phrase, voici qu’une autre vien
1481 ent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée la phrase, voici qu’une autre vient d’ailleurs, entraînée par je ne sais
1482 rs, entraînée par je ne sais quel vent sonore qui l’ étire et l’égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant
1483 ée par je ne sais quel vent sonore qui l’étire et l’ égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un
1484 sais quel vent sonore qui l’étire et l’égare, et l’ enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence
1485 nt sonore qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’ un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence soutenu, com
1486 qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise, ne laissant plus qu’un long silence soutenu, comme un appe
1487 plus qu’un long silence soutenu, comme un appel à la rafale dont l’approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbal
1488 silence soutenu, comme un appel à la rafale dont l’ approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbalum —, et mainte
1489 l à la rafale dont l’approche déjà fait grésiller les notes basses du cymbalum —, et maintenant ferme les yeux sous la vagu
1490 s notes basses du cymbalum —, et maintenant ferme les yeux sous la vague toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’a
1491 du cymbalum —, et maintenant ferme les yeux sous la vague toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’attente, et lâ
1492 ue toujours un peu plus haute que profonde ne fut l’ attente, et lâche tout. C’est l’âme qui joue aux montagnes russes, mai
1493 e profonde ne fut l’attente, et lâche tout. C’est l’ âme qui joue aux montagnes russes, mais voici que le petit train en ru
1494 âme qui joue aux montagnes russes, mais voici que le petit train en rumeur depuis un moment ne redescend plus : il gouvern
1495 : il gouverne avec une vertigineuse docilité dans les voies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses
1496 rne avec une vertigineuse docilité dans les voies d’ un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses mirages.
1497 ies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et ses mirages. On ne sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas
1498 vec lui vers le désert et ses mirages. On ne sait d’ où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu
1499 sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’as caché
1500 , Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’ as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des secrets q
1501 eur aux femmes, cet objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une
1502 aux femmes, cet objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une li
1503 et objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une ligne nette, ins
1504 de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’ une ligne nette, insaisissable, déjà perdue (comme le rêve pendant que
1505 ne ligne nette, insaisissable, déjà perdue (comme le rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’exc
1506 sable, déjà perdue (comme le rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et me v
1507 (comme le rêve pendant que bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et me voici plus seul, ave
1508 ue bat la paupière lourde de celui qui succombe à l’ excès du sommeil) — et me voici plus seul, avec une nostalgie qui ne v
1509 ici plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas de la romance à mon oreille de violoneux qui me croit triste. Ils l’ont
1510 plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas de la romance à mon oreille de violoneux qui me croit triste. Ils l’ont ame
1511 algie qui ne veut pas de la romance à mon oreille de violoneux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Il
1512 mon oreille de violoneux qui me croit triste. Ils l’ ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout
1513 neux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’ une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu
1514 t triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le c
1515 une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’ un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé
1516 ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l
1517 n monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’ un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un r
1518 qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, —
1519 serve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur mus
1520 d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’en
1521 Trésor si pur qu’on ne doit même pas savoir qu’on le possède… Tout près d’ici, peut-être, mais invisible. Lève-toi, pars,
1522 sans vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur
1523 ns vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’ abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur inc
1524 don —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’ une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré ». Les
1525 ue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré ». Les eaux fades du Balaton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans l
1526 ton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans les eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire,
1527 fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais
1528 s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais à brasses prudentes avec aux jambes l
1529 oi je nageais à brasses prudentes avec aux jambes l’ imperceptible angoisse de rencontrer une onde trop légère. Mais pour c
1530 rudentes avec aux jambes l’imperceptible angoisse de rencontrer une onde trop légère. Mais pour connaître un lac, il faut
1531 ger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que s’y baign
1532 eau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que s’y baigner est une règle de savoir-vivre ave
1533 pur caprice, tandis que s’y baigner est une règle de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues,
1534 ue s’y baigner est une règle de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues, rives basses, verdoya
1535 de savoir-vivre avec la Nature. Lac doré, horizon de collines pointues, rives basses, verdoyantes, toutes fraîches de musi
1536 ntues, rives basses, verdoyantes, toutes fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances b
1537 s, verdoyantes, toutes fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances bourgeoises et mili
1538 fraîches de musiquettes et de baigneuses ; quais de Balaton-Füred aux élégances bourgeoises et militaires, idylles de jar
1539 aux élégances bourgeoises et militaires, idylles de jardins publics à l’écart d’un concert du samedi soir, petits profess
1540 oises et militaires, idylles de jardins publics à l’ écart d’un concert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur
1541 militaires, idylles de jardins publics à l’écart d’ un concert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur famille
1542 ncert du samedi soir, petits professeurs entourés de leur famille, et toutes ces Magda, toutes ces Maritza rieuses et déjà
1543 r quelques jours ? On ferait connaissance à table d’ hôte, on irait ensemble à Tihany — elle a l’air d’être en Italie sur s
1544 d’hôte, on irait ensemble à Tihany — elle a l’air d’ être en Italie sur sa presqu’île — par cet instable bateau-mouche qui
1545 cet instable bateau-mouche qui naguère emportait l’ infortuné roi Charles. Non, non, plutôt emmener ce désir, comme un ten
1546 plutôt emmener ce désir, comme un tendre souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne,
1547 e souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déj
1548 t partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le
1549 oyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’
1550 parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux f
1551 tites gens plus de bonté… Déjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux faciles. Ô tristesse des crémeries
1552 éjà je suis repris par le malaise que m’infligent les lieux faciles. Ô tristesse des crémeries et des jardins ! C’est devan
1553  ! C’est devant une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nu
1554 evant une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai r
1555 nt une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé
1556 er de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’app
1557 ie, comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence roc
1558 pproches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce sont des rest
1559 , j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’ apparence rocheuse — ce sont des restes de volcans — blanches sous la
1560 basses, d’apparence rocheuse — ce sont des restes de volcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétati
1561 e — ce sont des restes de volcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’angois
1562 olcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’angoisse lunaire des villages vid
1563 tes lustrées de rêches végétations. J’ai traversé l’ angoisse lunaire des villages vides aux portes aveugles (j’avais peur
1564 vides aux portes aveugles (j’avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs,
1565 mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’im
1566 u hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’importe où…
1567 uivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être n’importe où… évadé ? Mais sou
1568 sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’ une joie inconnue. Joie d’être n’importe où… évadé ? Mais soudain, c’e
1569 e maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’ être n’importe où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que je me he
1570 au silence que je me heurte, comme réveillé dans l’ absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusq
1571 que je me heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’ être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizo
1572 absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblemen
1573 te où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’ horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les acti
1574 aye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les actions précises et courage
1575 vas-tu, les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les actions précises et courageuses, tout ce qui t’appelle là-bas, mainte
1576 maintenant, maintenant, où tu n’es pas — et tant d’ amour perdu… Un train dormait devant la gare campagnarde. Je me suis é
1577 — et tant d’amour perdu… Un train dormait devant la gare campagnarde. Je me suis étendu dans un compartiment obscur, stor
1578 du dans un compartiment obscur, stores baissés, à l’ abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars.
1579 un compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube
1580 compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’
1581 ment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille d
1582 ontrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’ aube m’éveille dans le faubourg de Budapest, cheveux en désordre, pant
1583 n rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans le faubourg de Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et cet ab
1584 eveux en désordre, pantalon plissé, et cet abruti de contrôleur qui rit et me dit je ne sais quoi, — alors que justement j
1585 rs que justement j’allais rattraper, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’objet pour la première fo
1586 que justement j’allais rattraper, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’objet pour la première fois 
1587 pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû voir l’ objet pour la première fois — ou bien était-ce un être ? Insomnie
1588 ien était-ce un être ? Insomnie J’éteignais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais
1589 un être ? Insomnie J’éteignais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais peut-on se
1590 ais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’ une momie bleuâtre, mais peut-on se reposer vraiment à 100 km/h. Par-d
1591 ut-on se reposer vraiment à 100 km/h. Par-dessous le store, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée
1592 iment à 100 km/h. Par-dessous le store, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais
1593 ore, je voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme ob
1594 Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hur
1595 courts sur la plaine inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur
1596 inondée de nuit. J’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur place qu’est un voyag
1597 ’essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bousculade sur place qu’est un voyage en express. Mais
1598 est un voyage en express. Mais je ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annon
1599 yage en express. Mais je ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le d
1600 e trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le désert, je traçais des plan
1601 tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le désert, je traçais des plans d’œuvres sablonneuses. Je composais un t
1602 oif qui annonçait le désert, je traçais des plans d’ œuvres sablonneuses. Je composais un traité des voyages : les titres e
1603 ablonneuses. Je composais un traité des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce q
1604 ais un traité des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Ste
1605 des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Sterne ou Goethe,
1606 e à Gérard de Nerval, je sentais qu’il s’agissait d’ autre chose. — Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. (
1607 il s’agissait d’autre chose. — Il s’agit toujours d’ autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’in
1608 tre chose. — Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tour
1609 agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. ( L’ imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à
1610 utre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Not
1611 de ce qu’on dit. (L’imprudence que de penser dans l’ insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de p
1612 ser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de penser est absurde au regard des contraint
1613 tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté de penser est absurde au regard des contraintes que subissent nos gestes
1614 giner ce qui se produirait, si par quelque Décret l’ on élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l
1615 se produirait, si par quelque Décret l’on élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à
1616 élevait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés q
1617 evait la Morale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui
1618 rale du domaine des actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent,
1619 e du domaine des actions à celui de la pensée, de l’ Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le
1620 es actions à celui de la pensée, de l’Apparence à l’ Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans l
1621 à celui de la pensée, de l’Apparence à l’Essence. D’ un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmer
1622 nsée, de l’Apparence à l’Essence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs
1623 ence. D’un coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en
1624 tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec une v
1625 qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec une volte-face.) Quelle
1626 ômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’ hypocrisie s’en tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ? La Lu
1627 tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ? La Lune se tient assez bien depuis un moment, c’est que la ligne est dro
1628 e se tient assez bien depuis un moment, c’est que la ligne est droite. Je ne sais plus dans quel sens je roule. J’aime ces
1629 l sens je roule. J’aime ces heures désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que
1630 eures désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur
1631 es désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur dés
1632 sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur désert, — cette zone vide qu’il faut travers
1633 one vide qu’il faut traverser avant de parvenir à la Réalité. Entre « déjà plus » et « pas encore »… Bon point de vue pour
1634 Entre « déjà plus » et « pas encore »… Bon point de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne
1635 »… Bon point de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie
1636 nt de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est l
1637 maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au re
1638 n ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient
1639 me la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifie : qu’il v
1640 part, le même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifie : qu’il vient d’être très malade. Si dans ta chambre,
1641 ur. « Il revient de loin » signifie : qu’il vient d’ être très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’endors, et q
1642 chambre, en plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel end
1643 le que tu es parti. Voyager — serait-ce brouiller les horaires ? Le voyage est un état d’âme et non pas une question de tra
1644 rti. Voyager — serait-ce brouiller les horaires ? Le voyage est un état d’âme et non pas une question de transport. Un vra
1645 voyage est un état d’âme et non pas une question de transport. Un vrai voyage, on ne sait jamais où cela mène, c’est une
1646 amais où cela mène, c’est une aventure qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poéti
1647 is où cela mène, c’est une aventure qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique
1648 e aventure qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue
1649 venture qui relève de la métaphysique plus que de la psychologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue ave
1650 ologie. — Une vaste licence poétique… (Voici bien la fatigue avec son jeu des définitions)… Pas de but. — C’est vous qui l
1651 ien la fatigue avec son jeu des définitions)… Pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qu
1652 eu des définitions)… Pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans la têt
1653 s, naturellement… (Encore un qui se réveille dans la tête.) — On ne voyage jamais que dans son propre sens ! — Mais il fau
1654 tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la r
1655 prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux
1656 lait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de c
1657 est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar pensé, qui ne peut p
1658 la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar pensé, qui ne peut plus s’arrêter de pen
1659 voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar pensé, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu
1660 te de cauchemar pensé, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seuleme
1661 us s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher d
1662 êter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon êt
1663 r de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être
1664 e sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être véritable. Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’a
1665 au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’avais l’ illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, co
1666 des miens, j’oubliais ma race, j’avais l’illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, comparé à tan
1667 resque infiniment variable, indéterminé. Et c’est le voyage qui me fixe. Je rayonnais, on me dessine. Mais en même temps,
1668 Mais en même temps, j’ai découvert mes puissances d’ évasion intérieure. Et souvent je pressens qu’il existe une clef : dél
1669 uvent je pressens qu’il existe une clef : délivré de moi-même j’entrerais en plein Moi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me
1670 oi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me permettrait de combler l’écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument
1671 f ? Plutôt « cela » qui me permettrait de combler l’ écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument tragique… U
1672 trait de combler l’écart entre moi et Moi qui est la seule réalité absolument tragique… Une chose ? Un être ? L’Objet ? — 
1673 éalité absolument tragique… Une chose ? Un être ? L’ Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit s
1674 L’Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux, le train ralent
1675 s dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’ un éclat bleu douloureux, le train ralentit. Hegyeshalom, petite gare
1676 leuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux, le train ralentit. Hegyeshalom, petite gare frontière arrêtée au milieu
1677 halom, petite gare frontière arrêtée au milieu de la plaine à l’heure A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans
1678 e gare frontière arrêtée au milieu de la plaine à l’ heure A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les ré
1679 ère arrêtée au milieu de la plaine à l’heure A, —  l’ heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils une dét
1680 eure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils une détresse et une délivrance étrangement mêlées. Les cle
1681 détresse et une délivrance étrangement mêlées. Les clefs perdues Il faudrait sortir à l’air frais, mais chaque porte
1682 ées. Les clefs perdues Il faudrait sortir à l’ air frais, mais chaque porte est obstruée par un douanier, tant qu’à l
1683 que porte est obstruée par un douanier, tant qu’à la fin on me refoule dans mon compartiment. Est-ce encore un rêve ? Je c
1684 it ouvrir ces valises, mais j’ai perdu mes clefs. L’ œil du douanier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête ma
1685 il du douanier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête mais je suis innocent : puisqu’enfin il n’est pas dans
1686 anier conseille des aveux complets. J’ai le feu à la tête mais je suis innocent : puisqu’enfin il n’est pas dans ma valise
1687 Cependant, « rien à déclarer » après des semaines de voyage ? Cela va paraître improbable. On a dû voir sur moi que je le
1688 paraître improbable. On a dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans mes o
1689 dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi l’ œil est implacable… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce pa
1690 cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’un ministère
1691 dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’ un ministère… mais déjà l’œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-to
1692 lement ce papier timbré d’un ministère… mais déjà l’ œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-tour et puis s’en va. Rien,
1693 timbré d’un ministère… mais déjà l’œil s’éteint, le corps se plie, fait demi-tour et puis s’en va. Rien, rien à déclarer,
1694 tristesse. Mais qu’a-t-on jamais pu « déclarer » d’ important ? Je ne sais pas parler en vers et la prose n’indique que le
1695  » d’important ? Je ne sais pas parler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquo
1696 sais pas parler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom
1697 rler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois j
1698 es choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’ Objet n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une
1699 us évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre
1700 ois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre philosophale. Peut-être ces deux mots suffiraient-ils à l’indi
1701 ophale. Peut-être ces deux mots suffiraient-ils à l’ indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de m
1702 l’indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exigent des apparences positives.
1703 e m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exigent des apparences positives. Ainsi donc j’ai che
1704 des apparences positives. Ainsi donc j’ai cherché la Pierre des Philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cherchent. Et q
1705 ierre des Philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cherchent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus, l’Hermétique S
1706 hent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus, l’ Hermétique Société10 de ceux qui ne désespèrent pas encore du Grand’Œu
1707 aiment elle n’existe plus, l’Hermétique Société10 de ceux qui ne désespèrent pas encore du Grand’Œuvre ? Cela seul est cer
1708 u’il existe des signes. Peut-être faut-il d’abord les découvrir tous par soi-même. Et c’est alors seulement qu’aux yeux de
1709 seulement qu’aux yeux de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends quelqu’un qui vien
1710 ulement qu’aux yeux de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends quelqu’un qui vienne
1711 x de ceux qui surent désirer de la voir, apparaît la « Loge invisible ». J’attends quelqu’un qui vienne me prendre par la
1712  ». J’attends quelqu’un qui vienne me prendre par la main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a do
1713 ui vienne me prendre par la main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus v
1714 out ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus vive d’ un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bi
1715 ’a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su vo
1716 ette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su voir autre cho
1717 e notion plus vive d’un univers où la présence de l’ Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-je su voir autre chose
1718 robable ? Ou bien n’ai-je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on co
1719 u bien n’ai-je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on connaît depui
1720 es rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’ on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns dise
1721 i que l’on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’ on aimera. Et les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les aut
1722 ît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les autres, aimer pour c
1723 les uns disent qu’il faut connaître pour aimer ; les autres, aimer pour connaître. Débat qui se résout dans une synthèse,
1724 sout dans une synthèse, comme toujours : au point de perfection, aimer et connaître sont un seul et même acte. Peut-être l
1725 et connaître sont un seul et même acte. Peut-être l’ ai-je aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de q
1726 ont un seul et même acte. Peut-être l’ai-je aimée d’ un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’on chérit
1727 amour égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pie
1728 égoïste, comme un être dont on a besoin et de qui l’ on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pieux mens
1729 amour est un amour mineur. Mais qui saura jamais la vérité sur aucun être ? Et s’il fallait attendre pour aimer ! Je me s
1730 s’il fallait attendre pour aimer ! Je me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre
1731 endre pour aimer ! Je me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basse
1732 me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la
1733 errains de sable noir, piqués de petits arbres et d’ un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen,
1734 le noir, piqués de petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la
1735 petits arbres et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore
1736 et d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de
1737 d’un désordre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de so
1738 rdre de maisons basses, les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couc
1739 les dernières de la ville de Debrecen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couchant. J’y suis venu par
1740 cen, au bord de la Grande Plaine encore rougeâtre de soleil couchant. J’y suis venu par hasard, en flânant ; je me suis sa
1741 ent j’ai peine à m’imaginer que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songeant à
1742 autres semblables, en voyage, je me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’é
1743 n voyage, je me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en face d’un
1744 me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’ absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en face d’une action pure
1745 le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’ éprouver en face d’une action purement raisonnable. Ah ! quelle raison
1746 le. Ah ! quelle raison ici t’attirait donc, sinon l’ espoir bien fou d’y retrouver l’émotion d’un miracle imminent. Ou moin
1747 ison ici t’attirait donc, sinon l’espoir bien fou d’ y retrouver l’émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’image
1748 irait donc, sinon l’espoir bien fou d’y retrouver l’ émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’image née en rêve d
1749 , sinon l’espoir bien fou d’y retrouver l’émotion d’ un miracle imminent. Ou moins encore : l’image née en rêve d’une plain
1750 ’émotion d’un miracle imminent. Ou moins encore : l’ image née en rêve d’une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel e
1751 e imminent. Ou moins encore : l’image née en rêve d’ une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus
1752 moins encore : l’image née en rêve d’une plaine, d’ un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dan
1753 aine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une révélation, non
1754 ton pays. Tu attendais une révélation, non point de cet endroit, ni même par lui, — mais à cet endroit, en ce temps. Qui
1755 ais à cet endroit, en ce temps. Qui sait si tu ne l’ as pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… Oh ! si
1756 Mais qu’est-ce que ce voyage, si tu songes à tous les espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette
1757 s cette vie et dans d’autres vies, pour approcher de tous côtés un But dont tu ne sais rien d’autre que sa fuite : n’est-i
1758 procher de tous côtés un But dont tu ne sais rien d’ autre que sa fuite : n’est-il pas cet objet qui n’ait rien de commun a
1759 sa fuite : n’est-il pas cet objet qui n’ait rien de commun avec que ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voi
1760 qui n’ait rien de commun avec que ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totali
1761 ue ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière
1762 n cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière différence, — car on ne voit q
1763 nière différence, — car on ne voit que ce qui est de soi-même, et conscient. Et c’est à cause d’un pari peut-être fou, et
1764 i est de soi-même, et conscient. Et c’est à cause d’ un pari peut-être fou, et qui porte sur des sentiments indéfinis, à ca
1765 nts indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’as vu l’ enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu es part
1766 tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des s
1767 resses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des serrures.
1768 s serrures. Peut-être y passer une nuit — rôder à la recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés,
1769 eut-être y passer une nuit — rôder à la recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les
1770 ser une nuit — rôder à la recherche de Gérard par les rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les grands cafés du
1771 rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les grands cafés du centre. Quelle autre rencontre espérer — maintenant ?
1772 enant ?) « Tous ceux qui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfa
1773 ui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-
1774 ishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si un h
1775 homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfa
1776 t pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère ( le laisse aller chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune
1777 chez Brahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune le renvoie sur terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour
1778 ahma) ; mais si un homme y est satisfait, la Lune le renvoie sur terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour l’Objet
1779 terre en forme de pluie. » Si je trouvais un jour l’ Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à co
1780 trouvais un jour l’Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce qu’il est : cela qui
1781 ce qu’il trouve. 1929. 6. Parce que j’« exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas
1782 uve. 1929. 6. Parce que j’« exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas trahi — qui
1783 alte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul clerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur d
1784 lerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, p
1785 it pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin
1786 pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin ce
1787 r de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’admire est, entre autre
1788 belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne pas l’ être ! Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix pa
1789 ifiste. Comment ne pas l’être ! Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions
1790 s je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit
1791 ue les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit y avoir d’a
1792 aix par la mutilation des passions sont disciples d’ Origène. Il doit y avoir d’autres solutions… [NdE] Cette note avait di
1793 autres solutions… [NdE] Cette note avait disparue de la version publiée en 1968 dans le Journal d’une époque , base de ce
1794 res solutions… [NdE] Cette note avait disparue de la version publiée en 1968 dans le Journal d’une époque , base de cette
1795 avait disparue de la version publiée en 1968 dans le Journal d’une époque , base de cette édition numérique. Elle a été m
1796 ue de la version publiée en 1968 dans le Journal d’ une époque , base de cette édition numérique. Elle a été manifestement
1797 liée en 1968 dans le Journal d’une époque , base de cette édition numérique. Elle a été manifestement réintégrée par Deni
1798 ement réintégrée par Denis de Rougemont en vue de l’ édition de 1982. 7. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la fai
1799 tégrée par Denis de Rougemont en vue de l’édition de 1982. 7. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’al
1800 Rougemont en vue de l’édition de 1982. 7. Toute l’ échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule,
1801 1982. 7. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. E
1802 2. 7. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expr
1803 ute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où
1804 l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de l’ alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où va
1805 des ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où va se réfugi
1806 s ivresses : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où va se réfugier
1807  : ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où va se réfugier le dernier
1808 ivresses de la faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où va se réfugier le dernier ve
1809 a faim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’extase. 8. Expression où va se réfugier le dernier vestige de la s
1810 aim, de l’alcool, de la foule, de la solitude, de l’ extase. 8. Expression où va se réfugier le dernier vestige de la sens
1811 . Expression où va se réfugier le dernier vestige de la sensualité des érudits. 9. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuv
1812 xpression où va se réfugier le dernier vestige de la sensualité des érudits. 9. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre
1813 dernier vestige de la sensualité des érudits. 9. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 10. L’or n’étai
1814 la sensualité des érudits. 9. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 10. L’or n’était qu’un prétexte.
1815 des érudits. 9. La fameuse marche de Rakoczy est l’ œuvre d’une Tzigane. 10. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blag
1816 its. 9. La fameuse marche de Rakoczy est l’œuvre d’ une Tzigane. 10. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de pa
1817 marche de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 10. L’ or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de passeport.
1818 0. L’or n’était qu’un prétexte. Encore une blague de passeport.
4 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Première partie. Le paysan du Danube — Le balcon sur l’eau
1819 Le balcon sur l’eau Tu es appuyée debout contre moi, et nous regardons
1820 Le balcon sur l’ eau Tu es appuyée debout contre moi, et nous regardons à nos pieds l
1821 debout contre moi, et nous regardons à nos pieds l’ eau vivante. La brume est proche. Une haute muraille derrière nous fer
1822 moi, et nous regardons à nos pieds l’eau vivante. La brume est proche. Une haute muraille derrière nous ferme le monde. Tu
1823 st proche. Une haute muraille derrière nous ferme le monde. Tu ne trembles plus, tu t’appuies. Nos reflets ondulent très p
1824 ’appuies. Nos reflets ondulent très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues
1825 ent très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote av
1826 très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote avec
1827 r le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’eau clapote avec tendresse, et se r
1828 surface ; mais le silence a des vagues profondes. L’ eau clapote avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé d’attente.
1829 . L’eau clapote avec tendresse, et se retient… Et l’ air chargé d’attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos
1830 te avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé d’ attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos regards s’en
1831 sont près de se toucher, nos regards s’en vont à la rencontre de ce qui est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie
1832 se toucher, nos regards s’en vont à la rencontre de ce qui est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer le
1833 est voilé. Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer les yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, é
1834 Retiens ton souffle, retiens ton envie de fermer les yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, écoute encor
1835 autour de nous : il y a une grande lenteur. C’est l’ avenir ou l’éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écou
1836 us : il y a une grande lenteur. C’est l’avenir ou l’ éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écoute, attends…
1837 e lenteur. C’est l’avenir ou l’éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà l
1838 uelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà la parole fut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans la brume où
1839 ut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans la brume où nous sommes perdus avec ce clapotis d’une eau étrangement vi
1840 s la brume où nous sommes perdus avec ce clapotis d’ une eau étrangement vivante et qui rêve ; et rien que nos yeux qui bri
1841 qui rêve ; et rien que nos yeux qui brillent dans l’ étendue où nos deux formes confondent leur ombre et leur songe… Odeur
1842 formes confondent leur ombre et leur songe… Odeur de l’eau, — pour toute la vie. Bogliaco, lac de Garde, 1928.
1843 mes confondent leur ombre et leur songe… Odeur de l’ eau, — pour toute la vie. Bogliaco, lac de Garde, 1928.
1844 ombre et leur songe… Odeur de l’eau, — pour toute la vie. Bogliaco, lac de Garde, 1928.
1845 deur de l’eau, — pour toute la vie. Bogliaco, lac de Garde, 1928.
5 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
1846 usse Au loin passaient des voiles claires parmi les blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois
1847 ient des voiles claires parmi les blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchai
1848 blés violents ; le ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchaient, s’écartaient, livrant passage
1849 ciel paraissait plus grand que la terre. Des bois de pins s’approchaient, s’écartaient, livrant passage à la chaussée impé
1850 s s’approchaient, s’écartaient, livrant passage à la chaussée impériale dont brillaient les grandes portées blanches sur l
1851 t passage à la chaussée impériale dont brillaient les grandes portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plain
1852 dont brillaient les grandes portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevé
1853 portées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevées s’arrêtaient au bord du c
1854 tées blanches sur les ondulations sablonneuses de la plaine. Des prairies doucement soulevées s’arrêtaient au bord du ciel
1855 nt soulevées s’arrêtaient au bord du ciel, devant la lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe
1856 ciel, devant la lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du sole
1857 el, devant la lumière maritime ; puis cédaient de l’ épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil.
1858 a lumière maritime ; puis cédaient de l’épaule et l’ on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière
1859 ritime ; puis cédaient de l’épaule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière qui nous ac
1860 paule et l’on voyait le golfe violacé écumer sous la masse du soleil. Une lisière qui nous accompagnait vira largement, no
1861 , nous fit front, et il n’y eut plus qu’une piste de terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derriè
1862 t, et il n’y eut plus qu’une piste de terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derrière nous décroiss
1863 lus qu’une piste de terre entre les sapins noirs, la rumeur du rivage et du soleil derrière nous décroissant, tumulte d’un
1864 e et du soleil derrière nous décroissant, tumulte d’ un matin d’été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeu
1865 eil derrière nous décroissant, tumulte d’un matin d’ été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la fo
1866 multe d’un matin d’été. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralen
1867 té. Maintenant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur
1868 ant une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’
1869 une odeur fine de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on
1870 ne de benzine traverse les odeurs de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on s’éveille enf
1871 de la forêt, et le moteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les ye
1872 oteur halète au ralenti, dans la fraîcheur sobre. L’ on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligne
1873 re. L’on s’éveille enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur
1874 e enfin du long voyage nocturne, les yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur immobile guette
1875 ong voyage nocturne, les yeux cessent de cligner, le corps se détend. Là devant, un chauffeur immobile guette les ornières
1876 e détend. Là devant, un chauffeur immobile guette les ornières profondes où les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou
1877 auffeur immobile guette les ornières profondes où les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cri
1878 les roues s’enfoncent parfois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cris de pics, vibration basse des cylindres. On voi
1879 fois avec un cahot mou. Le silence grandit ; cris de pics, vibration basse des cylindres. On voit paraître de plus hauts a
1880 et bientôt un vaste portail, aux piles couronnées de grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. É
1881 ste portail, aux piles couronnées de grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des
1882 , aux piles couronnées de grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couv
1883 e grands cerfs de bronze. La piste se fait plane, la forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couverts de mousse jaune. (T
1884 forêt s’ordonne. Échappée sur des étangs couverts de mousse jaune. (Tout à fait réveillé et attentif, maintenant.) Jardin
1885 res rouges, piquées au loin de massifs éclatants, le gravier d’une allée fait son bruit luxueux, tout s’éclaire : cent fen
1886 piquées au loin de massifs éclatants, le gravier d’ une allée fait son bruit luxueux, tout s’éclaire : cent fenêtres, sur
1887 ruit luxueux, tout s’éclaire : cent fenêtres, sur la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous mont
1888 e : cent fenêtres, sur la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous montons une rampe pavée qui s’e
1889 la gauche, dans une façade de grès Louis XV. Nous la longeons, nous montons une rampe pavée qui s’engage sous un porche co
1890 sous un porche couvert aux colonnes enguirlandées de roses. Toute une famille de géants, debout sur un seuil solennel, me
1891 olonnes enguirlandées de roses. Toute une famille de géants, debout sur un seuil solennel, me regarde piquer du nez à l’ar
1892 sur un seuil solennel, me regarde piquer du nez à l’ arrêt brusque. Ici règne le plus ancien, mais le dernier « burgrave et
1893 egarde piquer du nez à l’arrêt brusque. Ici règne le plus ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orien
1894 lus ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orientale. Journées À huit heures, tout le monde se ré
1895 ancien, mais le dernier « burgrave et comte » de la Prusse-Orientale. Journées À huit heures, tout le monde se réuni
1896 t heures, tout le monde se réunit en silence dans la grande salle du château. Une douzaine de domestiques, hommes et femme
1897 nce dans la grande salle du château. Une douzaine de domestiques, hommes et femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debo
1898 e de domestiques, hommes et femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes d
1899 femmes, pénètrent par le fond, s’alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comt
1900 alignent debout. Les enfants sur un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte
1901 un long canapé ; les hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture.
1902 es hôtes dans leurs fauteuils ; la comtesse est à l’ harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture. Puis on chante et
1903 leurs fauteuils ; la comtesse est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’Écriture. Puis on chante et ce sont parfoi
1904 e est à l’harmonium ; le comte en face d’elle lit l’ Écriture. Puis on chante et ce sont parfois des strophes de Novalis, d
1905 e. Puis on chante et ce sont parfois des strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, s
1906 ont parfois des strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le r
1907 strophes de Novalis, des mélodies de Bach. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la mati
1908 ch. Après le Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer.
1909 Notre Père, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du riva
1910 e, chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur
1911 chacun s’en va, sérieux, de son côté. Le reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les
1912 reste de la matinée se passe à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les montures à poil on s’élance au galop da
1913 à cheval au bord de la mer. Jeux du rivage : sur les montures à poil on s’élance au galop dans les flots. Un formidable so
1914 sur les montures à poil on s’élance au galop dans les flots. Un formidable soleil fait resplendir les dunes éblouissantes,
1915 s les flots. Un formidable soleil fait resplendir les dunes éblouissantes, autour du « Haff »11 coloré de traînées d’algues
1916 dunes éblouissantes, autour du « Haff »11 coloré de traînées d’algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de no
1917 issantes, autour du « Haff »11 coloré de traînées d’ algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et n
1918 « Haff »11 coloré de traînées d’algues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons,
1919 ues pourpres. Les chevaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés.
1920 vaux ruisselants s’échappent de nos bras, et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’es
1921 et nous les poursuivons, le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer fo
1922 le long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marc
1923 long des grèves, dans les blés. Midi. Au haut de l’ escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marches
1924 . Au haut de l’escalier monumental — une armature de fer forgé supportant des marches de marbre —, un cortège se forme. La
1925  une armature de fer forgé supportant des marches de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre
1926 ant des marches de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre
1927 arches de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premie
1928 hes de marbre —, un cortège se forme. La porte de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premier,
1929 e de la salle à manger s’ouvre à deux battants et le comte entre le premier, à grands pas, suivi par toute la famille et p
1930 e entre le premier, à grands pas, suivi par toute la famille et par les hôtes qui se précipitent pour atteindre leur place
1931 , à grands pas, suivi par toute la famille et par les hôtes qui se précipitent pour atteindre leur place en même temps que
1932 itent pour atteindre leur place en même temps que le maître la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’un des enfants
1933 le maître la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’un des enfants et celui-ci récite une courte prière, durant laq
1934 tre la sienne : car à peine arrivé il crie le nom d’ un des enfants et celui-ci récite une courte prière, durant laquelle i
1935 te prière, durant laquelle il n’est plus question de bouger. La table immense est chargée des produits du domaine. On boit
1936 durant laquelle il n’est plus question de bouger. La table immense est chargée des produits du domaine. On boit un peu de
1937 un peu de bière, mais surtout du lait froid dans de grands verres : il n’est pas de boisson plus rafraîchissante, ni qui
1938 u lait froid dans de grands verres : il n’est pas de boisson plus rafraîchissante, ni qui se marie mieux avec le goût du c
1939 plus rafraîchissante, ni qui se marie mieux avec le goût du chevreuil, dont on mange presque chaque jour. L’après-midi es
1940 du chevreuil, dont on mange presque chaque jour. L’ après-midi est consacré à l’inspection des terres. Chaque jour nous pa
1941 presque chaque jour. L’après-midi est consacré à l’ inspection des terres. Chaque jour nous partons en break à deux chevau
1942 graviat. Par des chemins à peine tracés au ras de la plaine sablonneuse — et parfois hors des pistes, à travers la forêt —
1943 blonneuse — et parfois hors des pistes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de l
1944 rs des pistes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pie
1945 tes, à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi
1946 , à travers la forêt —, nous gagnons la maison de l’ inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les
1947 rêt —, nous gagnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique
1948 agnons la maison de l’inspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de c
1949 nspecteur. On la distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’ins
1950 distingue de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît su
1951 de loin, seule bâtisse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît sur son seui
1952 isse de pierre parmi les fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous,
1953 es fermes de brique au toit de chaume. Un appel : l’ inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous, et débite son rapport
1954 . Une cordialité militaire, sans nulle gêne, unit le maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes
1955 ité militaire, sans nulle gêne, unit le maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes très nombreuse
1956 ns nulle gêne, unit le maître et les subordonnés. Le travail aux champs se fait par équipes très nombreuses, à grand renfo
1957 uipes très nombreuses, à grand renfort de chevaux de trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés.
1958 breuses, à grand renfort de chevaux de trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés. Souvent, aprè
1959 x de trait, car la nature marécageuse du sol rend les transports malaisés. Souvent, après dîner, l’on repart en voiture ouv
1960 nd les transports malaisés. Souvent, après dîner, l’ on repart en voiture ouverte à travers les prairies ou le long des lis
1961 s dîner, l’on repart en voiture ouverte à travers les prairies ou le long des lisières surprendre les chevreuils et repérer
1962 s les prairies ou le long des lisières surprendre les chevreuils et repérer un « Bock » mal encorné. Le fusil déposé sur no
1963 es chevreuils et repérer un « Bock » mal encorné. Le fusil déposé sur nos genoux, par habitude, ce sera pour tirer un chat
1964 de, ce sera pour tirer un chat qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusq
1965 tirer un chat qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusque vers onze heur
1966 t qui rôde autour de la faisanderie. Les couchers de soleil à cette saison se prolongent jusque vers onze heures, en des j
1967 jusque vers onze heures, en des jeux infinis sur les vastes ondulations des terres. À l’horizon, des ailes de moulin tourn
1968 infinis sur les vastes ondulations des terres. À l’ horizon, des ailes de moulin tournent, ou scintille une mer dorée. Tou
1969 es ondulations des terres. À l’horizon, des ailes de moulin tournent, ou scintille une mer dorée. Tout impose un silence h
1970 le une mer dorée. Tout impose un silence heureux. Les plus proches voisins habitent à 40 km, plus loin vers la Russie, dans
1971 proches voisins habitent à 40 km, plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages à per
1972 t à 40 km, plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages à perte de vue. Nous sommes p
1973 , plus loin vers la Russie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages à perte de vue. Nous sommes pour trois
1974 ussie, dans un pays de lacs, de forêts maigres et de pâturages à perte de vue. Nous sommes pour trois jours les hôtes d’un
1975 ages à perte de vue. Nous sommes pour trois jours les hôtes d’une immense demeure en briques roses et jaunes, entourée de p
1976 te de vue. Nous sommes pour trois jours les hôtes d’ une immense demeure en briques roses et jaunes, entourée de prairies a
1977 ense demeure en briques roses et jaunes, entourée de prairies aux bosquets vaporeux. Des parterres de fleurs descendent ju
1978 de prairies aux bosquets vaporeux. Des parterres de fleurs descendent jusqu’à la rivière immobile, élargie en un lac sinu
1979 oreux. Des parterres de fleurs descendent jusqu’à la rivière immobile, élargie en un lac sinueux. Un paysage peint à l’aqu
1980 le, élargie en un lac sinueux. Un paysage peint à l’ aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dir
1981 n un lac sinueux. Un paysage peint à l’aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dire, une enquêt
1982 sage peint à l’aquarelle. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’on peut dire, une enquête que poursuivit son con
1983 le. Le château, salmigondis de styles, résume, si l’ on peut dire, une enquête que poursuivit son constructeur parmi les gr
1984 une enquête que poursuivit son constructeur parmi les grandes demeures seigneuriales d’Europe, aux fins de réunir les éléme
1985 tructeur parmi les grandes demeures seigneuriales d’ Europe, aux fins de réunir les éléments les plus comfortable des diver
1986 meures seigneuriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments les plus comfortable des diverses architectures. Un château
1987 uriales d’Europe, aux fins de réunir les éléments les plus comfortable des diverses architectures. Un château construit sur
1988 diverses architectures. Un château construit sur la seule notion du confort : voilà sans doute la figuration la plus conc
1989 sur la seule notion du confort : voilà sans doute la figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dern
1990 otion du confort : voilà sans doute la figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit s
1991 : voilà sans doute la figuration la plus concrète de l’égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit style d’abord dit
1992 oilà sans doute la figuration la plus concrète de l’ égarement des esprits au siècle dernier. Qui dit style d’abord dit sac
1993 er. Qui dit style d’abord dit sacrifice à une vue de l’esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette mais
1994 Qui dit style d’abord dit sacrifice à une vue de l’ esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette maison
1995 ue de l’esprit. Qui dit confort d’abord dit refus de tout style. Cette maison qui offre les commodités du plus luxueux hom
1996 d dit refus de tout style. Cette maison qui offre les commodités du plus luxueux home anglais, est monstrueuse jusqu’à l’im
1997 lus luxueux home anglais, est monstrueuse jusqu’à l’ impudeur. Apparemment, l’on est ici plus à la page que chez mes burgra
1998 est monstrueuse jusqu’à l’impudeur. Apparemment, l’ on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres du lieu
1999 qu’à l’impudeur. Apparemment, l’on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres du lieu sourient un peu de «
2000 on est ici plus à la page que chez mes burgraves. Les maîtres du lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du
2001 es. Les maîtres du lieu sourient un peu de « ceux de W. qui ne boivent que du lait ». Et nous servent du thé bouillant où
2002 s servent du thé bouillant où nagent des morceaux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries r
2003 nagent des morceaux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pie
2004 ceaux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons
2005 À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géant
2006 e train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géants aux longs fessiers noirs
2007 ries résonnent sous les coups de pied des étalons de course, géants aux longs fessiers noirs luisants. Sur la plaine éblou
2008 se, géants aux longs fessiers noirs luisants. Sur la plaine éblouissante, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le
2009 isants. Sur la plaine éblouissante, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas
2010 te, des troupeaux de chevaux pâturent en liberté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d
2011 rté. Le meuglement des bœufs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d’une rumeur animale tenace comme toutes ces o
2012 fs ne s’apaise pas sous le soleil et nous entoure d’ une rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des her
2013 une rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et
2014 rumeur animale tenace comme toutes ces odeurs de la terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et de
2015 a terre, des herbes et des bêtes. Parfois souffle le vent marin ; et des cigognes filent sur nos têtes, tirant leurs patte
2016 ilent sur nos têtes, tirant leurs pattes roses. À l’ horizon toujours passent des voiles, mais on ne voit pas la mer. Dans
2017 toujours passent des voiles, mais on ne voit pas la mer. Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la ch
2018 sent des voiles, mais on ne voit pas la mer. Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai tr
2019 mais on ne voit pas la mer. Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les cl
2020 Dans la bibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyc
2021 ibliothèque de Waldburg, qui sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyclopédie.
2022 sent encore le cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépar
2023 sse, j’ai trouvé tous les classiques français, et l’ Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Ma
2024 . Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans l
2025 ême, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans les
2026 de la Malmaison ». (Une négligence sans doute, on l’ aura retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne d
2027 ne négligence sans doute, on l’aura retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoire
2028 ce sans doute, on l’aura retrouvé dans les poches d’ un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en fran
2029 retrouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves
2030 trouvé dans les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu
2031 les poches d’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu D. qui fut
2032 ’un uniforme au retour de la campagne de France.) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’
2033 a campagne de France.) Les mémoires, en français, d’ un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’Orange, et eut pour précep
2034 çais, d’un des burgraves zu D. qui fut gouverneur d’ Orange, et eut pour précepteur Pierre Bayle en personne, dont il se mo
2035 onvient. Ensuite, tout Schleiermacher, un protégé de la famille. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas
2036 ient. Ensuite, tout Schleiermacher, un protégé de la famille. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. L
2037 e. Mais à partir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. Les modernes sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à
2038 rtir de cette date, il n’y a plus que les Gothas. Les modernes sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à la tête du
2039 sont fous et ridicules. Ils ont mis un sellier à la tête du Reich, et seuls les insensés voudraient lire ce qu’ils publie
2040 s ont mis un sellier à la tête du Reich, et seuls les insensés voudraient lire ce qu’ils publient. Éducation L’obéiss
2041 udraient lire ce qu’ils publient. Éducation L’ obéissance militaire aux parents, que l’on exige des jeunes Prussiens,
2042 cation L’obéissance militaire aux parents, que l’ on exige des jeunes Prussiens, ferait hurler nos pédagogues. Mais elle
2043 rler nos pédagogues. Mais elle s’unit à un régime de responsabilités concrètes qui sauvegarde l’initiative personnelle plu
2044 égime de responsabilités concrètes qui sauvegarde l’ initiative personnelle plus réellement que ne le fait l’éducation libé
2045 e l’initiative personnelle plus réellement que ne le fait l’éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence
2046 iative personnelle plus réellement que ne le fait l’ éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physiqu
2047 e le fait l’éducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physique jouent dans la vie de chaque jour leur
2048 ducation libérale et bourgeoise. Ici le risque et la violence physique jouent dans la vie de chaque jour leur rôle naturel
2049 Ici le risque et la violence physique jouent dans la vie de chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons
2050 risque et la violence physique jouent dans la vie de chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons à chev
2051 haque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons à cheval dès 6 ans ; plus tard on leur confie des poulains à
2052 des poulains à dresser — et ce n’est pas commode de se trouver devant une bête en liberté qu’on doit saisir d’abord, puis
2053 ompter. Ou bien ce sont des tâches précises, dans l’ organisation des domaines ou des chasses ; des commandements, des déci
2054 des commandements, des décisions pratiques, tout l’ apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments n
2055 ts, des décisions pratiques, tout l’apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments naturels. Pour no
2056 des décisions pratiques, tout l’apprentissage de la conduite des hommes, des animaux et des éléments naturels. Pour nous,
2057 Pour nous, nous développons un sens plutôt fictif de la responsabilité. Nous développons au vrai un hamlétisme. Notre prép
2058 r nous, nous développons un sens plutôt fictif de la responsabilité. Nous développons au vrai un hamlétisme. Notre prépara
2059 oppons au vrai un hamlétisme. Notre préparation à l’ autonomie de l’individu demeure théorique, et son application est indé
2060 ai un hamlétisme. Notre préparation à l’autonomie de l’individu demeure théorique, et son application est indéfiniment ret
2061 un hamlétisme. Notre préparation à l’autonomie de l’ individu demeure théorique, et son application est indéfiniment retard
2062 et par toute notre ambiance éducatrice, un organe de l’autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits
2063 par toute notre ambiance éducatrice, un organe de l’ autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits pu
2064 autonomie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’ où les conflits purement « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà
2065 omie qui ne trouve nulle part où s’exercer : d’où les conflits purement « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà de nos
2066 ment « moraux » qui nous empêtrent, jusqu’au-delà de nos adolescences. Jeux des enfants prussiens : s’asseoir à six ou sep
2067 genoux plient. Dresser des étalons en liberté, et les monter à poil. Jouer à football avec les hérissons du parc. Capturer
2068 erté, et les monter à poil. Jouer à football avec les hérissons du parc. Capturer des canards sauvages et leur faire subir
2069 rminablement à table. — Cruauté franche est signe de santéa. Ebo, l’aîné des fils, 19 ans, joue de l’accordéon dans sa cha
2070 able. — Cruauté franche est signe de santéa. Ebo, l’ aîné des fils, 19 ans, joue de l’accordéon dans sa chambre à côté de l
2071 gne de santéa. Ebo, l’aîné des fils, 19 ans, joue de l’accordéon dans sa chambre à côté de la mienne. Tout à l’heure, une
2072 de santéa. Ebo, l’aîné des fils, 19 ans, joue de l’ accordéon dans sa chambre à côté de la mienne. Tout à l’heure, une étr
2073 rdéon dans sa chambre à côté de la mienne. Tout à l’ heure, une étrange mélodie, lente et pesante, est revenue avec insista
2074 ente et pesante, est revenue avec insistance : il la joue chaque soir, plusieurs fois. Je suis allé lui demander ce que c’
2075 fois. Je suis allé lui demander ce que c’était. «  L’ hymne d’un mouvement clandestin, dont le chef est en prison depuis que
2076 suis allé lui demander ce que c’était. « L’hymne d’ un mouvement clandestin, dont le chef est en prison depuis quelques an
2077 ’était. « L’hymne d’un mouvement clandestin, dont le chef est en prison depuis quelques années. Il veut la renaissance du
2078 hef est en prison depuis quelques années. Il veut la renaissance du Reich allemand. Ça s’appelle le Horst Wessel Lied. Sur
2079 ut la renaissance du Reich allemand. Ça s’appelle le Horst Wessel Lied. Surtout ne dis rien à mes parents ! » Ebo a un aut
2080 o a un autre secret : il sait que l’un des frères de sa mère complote avec l’ex-kronprinz pour une restauration de l’Empir
2081 sait que l’un des frères de sa mère complote avec l’ ex-kronprinz pour une restauration de l’Empire. Voilà qui serait presq
2082 omplote avec l’ex-kronprinz pour une restauration de l’Empire. Voilà qui serait presque aussi mal vu de l’excellent burgra
2083 lote avec l’ex-kronprinz pour une restauration de l’ Empire. Voilà qui serait presque aussi mal vu de l’excellent burgrave,
2084 e l’Empire. Voilà qui serait presque aussi mal vu de l’excellent burgrave, lequel me disait en me montrant les armoiries d
2085 ’Empire. Voilà qui serait presque aussi mal vu de l’ excellent burgrave, lequel me disait en me montrant les armoiries des
2086 cellent burgrave, lequel me disait en me montrant les armoiries des Hohenzollern-Hechingen, couplées avec celles de sa gran
2087 des Hohenzollern-Hechingen, couplées avec celles de sa grand-mère Waldburg au plafond à caissons du grand salon : « Une m
2088 and salon : « Une mésalliance ! » Il est vrai que les princes, burgraves et comtes zu Dohna-Schlobitten auf Waldburg toucha
2089 n auf Waldburg touchaient encore en 1914 un droit de péage sur le grand pont de Dresde que leurs ancêtres avaient fait con
2090 g touchaient encore en 1914 un droit de péage sur le grand pont de Dresde que leurs ancêtres avaient fait construire vers
2091 ncore en 1914 un droit de péage sur le grand pont de Dresde que leurs ancêtres avaient fait construire vers l’an 950, cepe
2092 e que leurs ancêtres avaient fait construire vers l’ an 950, cependant que les Hohenzollern, prétend-il, datent à peine du
2093 ient fait construire vers l’an 950, cependant que les Hohenzollern, prétend-il, datent à peine du xive siècle, — ces parve
2094 xive siècle, — ces parvenus. Tacite prétend que l’ élan est un animal aux jambes dépourvues d’articulations, en sorte qu’
2095 nd que l’élan est un animal aux jambes dépourvues d’ articulations, en sorte qu’il ne peut se coucher et doit dormir appuyé
2096 se coucher et doit dormir appuyé aux arbres. Pour le capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan
2097 doit dormir appuyé aux arbres. Pour le capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’a
2098 . Pour le capturer, les indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve
2099 indigènes scient à moitié les troncs, et lorsque l’ élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite
2100 à moitié les troncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’ arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’é
2101 oncs, et lorsque l’élan s’appuie, l’arbre cède et la bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’élan. Ces animaux
2102 bête se trouve sans défense. Tacite n’a jamais vu d’ élan. Ces animaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nu
2103 défense. Tacite n’a jamais vu d’élan. Ces animaux d’ allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairièr
2104 an. Ces animaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettra
2105 imaux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en ma
2106 ux d’allure fantastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en march
2107 antastique déambulent à la tombée de la nuit dans les clairières, comme des arbres qui se mettraient en marche, et sont tel
2108 membres ne se déboîtent. On a vu des élans gagner de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien
2109 se déboîtent. On a vu des élans gagner de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aime ces
2110 lans gagner de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aime ces randonnées interminables d
2111 de vitesse les automobiles le long de la chaussée de Königsberg. Combien j’aime ces randonnées interminables dans les forê
2112 Combien j’aime ces randonnées interminables dans les forêts de chasse, l’arme en ballant, durant des heures sans dire un m
2113 aime ces randonnées interminables dans les forêts de chasse, l’arme en ballant, durant des heures sans dire un mot, — car
2114 ndonnées interminables dans les forêts de chasse, l’ arme en ballant, durant des heures sans dire un mot, — car il ne faut
2115 s sans dire un mot, — car il ne faut pas effrayer le gibier sensible au moindre son de voix humaine. (Tout cela pour prépa
2116 ut pas effrayer le gibier sensible au moindre son de voix humaine. (Tout cela pour préparer quelque battue prochaine.) Vis
2117 ils trouvent leur plaisir dans ces longs mutismes de guetteurs, dont on ressort ivre et comme possédé par les génies du mo
2118 tteurs, dont on ressort ivre et comme possédé par les génies du monde végétal. Il y a une sorte de violence aussi dans ces
2119 par les génies du monde végétal. Il y a une sorte de violence aussi dans ces bains de silence forestier. Qui peut en calcu
2120 Il y a une sorte de violence aussi dans ces bains de silence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les j
2121 bains de silence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dan
2122 lence forestier. Qui peut en calculer le bienfait d’ énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosp
2123 ier. Qui peut en calculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosphère goethéen
2124 lculer le bienfait d’énergie ? Les journées, même de vacances, baignent ici dans une atmosphère goethéenne d’utilité, — au
2125 nces, baignent ici dans une atmosphère goethéenne d’ utilité, — au sens élevé et civilisateur du terme. La notion moderne d
2126 tilité, — au sens élevé et civilisateur du terme. La notion moderne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’aspect
2127 élevé et civilisateur du terme. La notion moderne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’aspect absurde que nous l
2128 erne de superflu, qui donne aux plaisirs mondains l’ aspect absurde que nous leur connaissons, cette superstition ne leur e
2129 ontredisent pas leurs travaux et n’en figurent ni la revanche ni l’évasion : mais ils s’ordonnent tranquillement dans une
2130 leurs travaux et n’en figurent ni la revanche ni l’ évasion : mais ils s’ordonnent tranquillement dans une activité qui ti
2131 ent dans une activité qui tire son unité foncière de la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du trava
2132 dans une activité qui tire son unité foncière de la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du travail
2133 son unité foncière de la nature même des choses. Le rythme perpétuellement syncopé du travail et du loisir, créé par l’éc
2134 llement syncopé du travail et du loisir, créé par l’ économie citadine, ici s’apaise et laisse percevoir les rythmes nature
2135 onomie citadine, ici s’apaise et laisse percevoir les rythmes naturels, l’ample respiration élémentaire. Je ne défendrai
2136 ’apaise et laisse percevoir les rythmes naturels, l’ ample respiration élémentaire. Je ne défendrai pas les junkers…
2137 e respiration élémentaire. Je ne défendrai pas les junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien
2138 Je ne défendrai pas les junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien drôle à la longue ! » Ave
2139 défendrai pas les junkers… J’entends les gens de villes : « Ça ne doit pas être bien drôle à la longue ! » Avec cela q
2140  » Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre li
2141 amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos
2142 vos satiétés, quand elle ne se met pas au service d’ un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle c
2143 , quand elle ne se met pas au service d’un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle constitue la
2144 un régime de surenchère désespérée des sensations de luxe, dont elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisi
2145 pérée des sensations de luxe, dont elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du s
2146 elle constitue la publicité. Mais il s’agit bien de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir de vivre. Que demander
2147 de plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir de vivre. Que demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchi
2148 e demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On
2149 al ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’ on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de
2150 naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a
2151 e pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes, l’ intérêt et la sympathie qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gên
2152 e ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune so
2153 e qu’on a pour vous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’ aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir aill
2154 ous, ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein
2155 . Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, san
2156 une sorte. Le confort véritable de vivre, comment le concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l
2157 urs qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’a
2158 qu’au sein d’une nature qui, sans cesse exige de l’ homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autr
2159 ein d’une nature qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêc
2160 e qui, sans cesse exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêchements que ceu
2161 se exige de l’homme la maîtrise et le déploiement de ses instincts ? Ici, pas d’autres empêchements que ceux-là justement
2162 ments que ceux-là justement qui donnent sa raison d’ être au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoi
2163 ’être au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir.
2164 re au labeur des journées. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De
2165 es. Nous voici délivrés de la grande bourgeoisie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De ces gens grossièrement
2166 ie, de ces gens qui croient devoir, ou se devoir. De ces gens grossièrement distingués qui ne vous ont pas vu, qui détourn
2167 distingués qui ne vous ont pas vu, qui détournent la tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que
2168 détournent la tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que ce sont ces gens-là — cette tourbe — q
2169 la tête avec une expression méprisable de gêne et de morgue. Et dire que ce sont ces gens-là — cette tourbe — qui se perme
2170 nt ces gens-là — cette tourbe — qui se permettent de juger la noblesse terrienne. Dire que ce sont ces bourgeois-là, basse
2171 ns-là — cette tourbe — qui se permettent de juger la noblesse terrienne. Dire que ce sont ces bourgeois-là, bassement inca
2172 ue ce sont ces bourgeois-là, bassement incapables de brutalité ou d’orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités mor
2173 ourgeois-là, bassement incapables de brutalité ou d’ orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités morales et de provo
2174 lité ou d’orgueil physiques, en revanche hérissés de vanités morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire,
2175 iques, en revanche hérissés de vanités morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire, entre deux bridges, qu
2176 , qui viennent vous dire, entre deux bridges, que les « terreux » sont démodés. Bien joli quand ils ne leur reprochent pas
2177 modés. Bien joli quand ils ne leur reprochent pas d’ ignorer Proust. Mais quoi, je ne défendrai pas les junkers, dont le no
2178 d’ignorer Proust. Mais quoi, je ne défendrai pas les junkers, dont le nom seul est une injure dans tant de bouches, — une
2179 Mais quoi, je ne défendrai pas les junkers, dont le nom seul est une injure dans tant de bouches, — une injure dans le vi
2180 ne injure dans tant de bouches, — une injure dans le vide, d’ailleurs, car ceux qui l’utilisent ignorent ce qu’elle désign
2181 une injure dans le vide, d’ailleurs, car ceux qui l’ utilisent ignorent ce qu’elle désigne12. Un tel milieu ne sollicite gu
2182 ’elle désigne12. Un tel milieu ne sollicite guère de l’étranger je ne sais quelle admiration sentimentale ou esthétique. Q
2183 le désigne12. Un tel milieu ne sollicite guère de l’ étranger je ne sais quelle admiration sentimentale ou esthétique. Que
2184 tion sentimentale ou esthétique. Que feraient-ils de mes éloges, même sincères ? Ils n’ont jamais mis en question la néces
2185 même sincères ? Ils n’ont jamais mis en question la nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance
2186 s ? Ils n’ont jamais mis en question la nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’appro
2187 jamais mis en question la nécessité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’approbation que je
2188 sité de leur genre de vie, et verraient une sorte d’ inconvenance dans l’approbation que je pourrais leur en témoigner. Bon
2189 e vie, et verraient une sorte d’inconvenance dans l’ approbation que je pourrais leur en témoigner. Bon pour les gens des v
2190 ation que je pourrais leur en témoigner. Bon pour les gens des villes, toujours inquiets, toujours doutant de leurs raisons
2191 s des villes, toujours inquiets, toujours doutant de leurs raisons d’être et de leur actualité, de quêter chez autrui des
2192 jours inquiets, toujours doutant de leurs raisons d’ être et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, de
2193 iets, toujours doutant de leurs raisons d’être et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, des flatteri
2194 ant de leurs raisons d’être et de leur actualité, de quêter chez autrui des confirmations, des flatteries, toutes choses q
2195 ons, des flatteries, toutes choses qui impliquent la possibilité d’un doute. Il n’y a d’aristocratie qu’inévitable. On pou
2196 ries, toutes choses qui impliquent la possibilité d’ un doute. Il n’y a d’aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de
2197 ui impliquent la possibilité d’un doute. Il n’y a d’ aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de droit divin, c’est e
2198 d’aristocratie qu’inévitable. On pourrait dire : de droit divin, c’est encore à dire : du droit des choses telles que Die
2199 core à dire : du droit des choses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considé
2200 choses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste d
2201 ses telles que Dieu les a créées. Aristocratie de l’ être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l
2202 que Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bo
2203 e Dieu les a créées. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourg
2204 es. Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouvea
2205 Aristocratie de l’être et de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau r
2206 de la fonction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette s
2207 nction, non de la considération. Et tout le reste de l’Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette seule clas
2208 ion, non de la considération. Et tout le reste de l’ Europe bourgeoise fait nouveau riche, en regard de cette seule classe
2209 n regard de cette seule classe qui ne doit rien à l’ opinion. Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junker
2210 rien à l’opinion. Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junkers, qui soit plus répugnant pour notre huma
2211 . Non, je ne peux rien voir dans la « féodalité » de ces junkers, qui soit plus répugnant pour notre humanité que tant de
2212 ur notre humanité que tant de systèmes prônés par les partisans du progrès, — le taylorisme par exemple. J’y vois, au contr
2213 e systèmes prônés par les partisans du progrès, —  le taylorisme par exemple. J’y vois, au contraire, des avantages « humai
2214 ains » peu contestables : des rapports personnels de maître à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature so
2215 ls de maître à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, dome
2216 de maître à serviteur, des rapports personnels de l’ homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, domesti
2217 à serviteur, des rapports personnels de l’homme à la nature sous toutes ses formes, animales, végétales, domestiquées ou c
2218 Je suis scandalisé quand je vois se croiser dans la rue sans se connaître un patron d’usine et l’un de ses mécanos. Ou en
2219 e croiser dans la rue sans se connaître un patron d’ usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce
2220 a rue sans se connaître un patron d’usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de haut
2221 d’usine et l’un de ses mécanos. Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auque
2222 Ou encore, quand le patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mél
2223 quand le patron salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crai
2224 salue avec ce mélange de hauteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère
2225 auteur, de méfiance et de gêne auquel répond chez l’ inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins igno
2226 de gêne auquel répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pa
2227 el répond chez l’inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé
2228 z l’inférieur un mélange de crainte, de colère et de gêne guère moins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé quand le bur
2229 ins ignoble. Mais je ne suis pas scandalisé quand le burgrave salue cordialement et franchement des paysans qui s’inclinen
2230 i s’inclinent sans contrainte. Est-ce là dire que le « retour » à tel état soit souhaitable ? La question me paraît, au co
2231 e que le « retour » à tel état soit souhaitable ? La question me paraît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la
2232 le ? La question me paraît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalis
2233 ît, au concret, dépourvue de sens. Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser
2234 Mais au nom de la dignité humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser sur une classe qu’ils ne peuvent con
2235 humaine, je demande que les journalistes cessent de déverser sur une classe qu’ils ne peuvent connaître une haine convent
2236 onnelle et bassement démagogique. C’est ainsi que les frères Tharaud dénonçaient récemment encore, dans un grand quotidien
2237 nçaient récemment encore, dans un grand quotidien de Paris, ces junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’humani
2238 Paris, ces junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi !
2239 junkers qui, d’après eux, constituent la fraction d’ humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centai
2240 , d’après eux, constituent la fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de famil
2241 nt la fraction d’humanité la plus dangereuse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de familles écartées du pouvoir
2242 euse pour la paix du monde. Quoi ! cette centaine de familles écartées du pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute
2243 cartées du pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe b
2244 u pouvoir dans leur propre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe bourgeoise
2245 ropre patrie depuis la chute de Bismarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe bourgeoise, résignée à « laisse
2246 eur — cette race désarmée qui ne subsiste que par la force d’une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fa
2247 te race désarmée qui ne subsiste que par la force d’ une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fable énorm
2248 d’une vertu sans égale, sans espoir —, péril pour le monde ! Fable énorme et qui étonne de la part d’écrivains d’ordinaire
2249 Fable énorme et qui étonne de la part d’écrivains d’ ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant
2250 de la part d’écrivains d’ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires
2251 d’écrivains d’ordinaire consciencieux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la pres
2252 ux. Les canons de Shanghai, qui rapportèrent tant d’ argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me para
2253 qui rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me paraissaient en ce temps-là plu
2254 i rapportèrent tant d’argent aux propriétaires de la presse qui publie ces articles, me paraissaient en ce temps-là plus i
2255 paraissaient en ce temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Quant à savoir si cette class
2256 ient en ce temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Quant à savoir si cette classe justifi
2257 temps-là plus inquiétants que le fusil de chasse de mes hôtes prussiens. Quant à savoir si cette classe justifie sa fonct
2258 savoir si cette classe justifie sa fonction dans le monde actuel, je répondrai que cela dépend après tout des possibilité
2259 t des possibilités qu’on lui en laisse. On, c’est le pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’instrument des foli
2260 és qu’on lui en laisse. On, c’est le pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’instrument des folies citadines. C’
2261 e pouvoir. Or, le pouvoir se fait de plus en plus l’ instrument des folies citadines. C’est dans les villes qu’on parle des
2262 lus l’instrument des folies citadines. C’est dans les villes qu’on parle des temps nouveaux. Et l’on voit bien pourquoi les
2263 ans les villes qu’on parle des temps nouveaux. Et l’ on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités o
2264 le des temps nouveaux. Et l’on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes.
2265 ux. Et l’on voit bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de
2266 it bien pourquoi les intellectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cel
2267 llectuels, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou
2268 ités ont besoin de tels mythes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors : cela désigne une nou
2269 thes. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors : cela désigne une nouvelle répartition des terr
2270 une nouvelle répartition des terres. Question que la nature du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Ori
2271 que la nature du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; se
2272 ure du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les g
2273 du sol résoudra seule durablement. Les landes de la Prusse-Orientale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les gran
2274 ntale sont très irrégulièrement fertiles ; seules les grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’u
2275 tiles ; seules les grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu s
2276 les grandes entreprises « tiennent le coup » lors d’ une inondation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres d
2277 ses « tiennent le coup » lors d’une inondation ou d’ une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un villag
2278 dation ou d’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « 
2279 ’une sécheresse partielle. J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ».
2280 J’ai vu sur les terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misér
2281 s terres de Waldburg un village que le burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morce
2282 e burgrave a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocrat
2283 ve a de son propre chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, es
2284 chef « libéré ». C’est de tous le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, est ici plus visiblem
2285 us le plus misérable. Le morcellement des terres, le stade démocratique, est ici plus visiblement qu’ailleurs une utopie.
2286 us visiblement qu’ailleurs une utopie. Impossible de passer du latifundium au pavillon de banlieue. Au « majorat » succéde
2287 . Impossible de passer du latifundium au pavillon de banlieue. Au « majorat » succédera sans doute un organisme du type de
2288 s son ensemble, reste étrangère au capital. Comme les autres ils ont été ruinés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont pl
2289 capital. Comme les autres ils ont été ruinés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de monnaie : cela n’a rien cha
2290 nés par la guerre, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de monnaie : cela n’a rien changé à l’organisation de leur vie sociale.
2291 ls n’ont plus de monnaie : cela n’a rien changé à l’ organisation de leur vie sociale. Ils vivent en paysans de leurs produ
2292 e monnaie : cela n’a rien changé à l’organisation de leur vie sociale. Ils vivent en paysans de leurs produits. Ils consom
2293 sation de leur vie sociale. Ils vivent en paysans de leurs produits. Ils consomment fort peu d’idéologies importées. Les c
2294 aysans de leurs produits. Ils consomment fort peu d’ idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’a
2295 . Ils consomment fort peu d’idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la
2296 mment fort peu d’idéologies importées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique 
2297 ées. Les cadets de famille, ceux qu’on envoyait à l’ armée, font parfois de la politique : Hitler essaie de les flatterb ma
2298 ille, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique : Hitler essaie de les flatterb mais ne vainc pas souven
2299 e, ceux qu’on envoyait à l’armée, font parfois de la politique : Hitler essaie de les flatterb mais ne vainc pas souvent l
2300 mée, font parfois de la politique : Hitler essaie de les flatterb mais ne vainc pas souvent leurs méfiances. Certains se s
2301 , font parfois de la politique : Hitler essaie de les flatterb mais ne vainc pas souvent leurs méfiances. Certains se sont
2302 ces. Certains se sont faits communistes, par goût de l’énergie peut-être. J’ai vu des membres d’un parti national-marxiste
2303 . Certains se sont faits communistes, par goût de l’ énergie peut-être. J’ai vu des membres d’un parti national-marxiste do
2304 goût de l’énergie peut-être. J’ai vu des membres d’ un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du
2305 vu des membres d’un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de
2306 res d’un parti national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Rac
2307 i national-marxiste dont le rêve est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisa
2308 est de restaurer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches d
2309 urer la Prusse du grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe d
2310 u grand Frédéric par les méthodes de Lénine… Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe depuis des siècle
2311 … Race de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie :
2312 ace de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’ Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie : ils
2313 epuis des siècles, mais séculairement menacés par l’ Asie : ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie son
2314 par l’Asie : ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’Occident ne peut rien e
2315 ils lui résistent par leur pauvreté. Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’Occident ne peut rien en attendre,
2316 . Les magnats de Hongrie sont déjà des pachas, et l’ Occident ne peut rien en attendre, qu’un corps de janissaires tout au
2317 l’Occident ne peut rien en attendre, qu’un corps de janissaires tout au plus. Mais ces hommes durs, silencieux, servants
2318 rs, silencieux, servants des terres conquises par les chevaliers teutoniques, qui sait s’ils n’auront pas demain leur comma
2319 mandement dans cet Ordre du Sacrifice auquel rêve l’ Europe, qu’elle redoute encore, mais qui forge sa loi au secret de son
2320 e redoute encore, mais qui forge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de l’Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée
2321 forge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de l’Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissanc
2322 ge sa loi au secret de son désespoir… Bastions de l’ Occident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissance ?
2323 ident ? — Duquel ? Ou bien race liée au seul goût de sa puissance ? Il y a plus qu’un passé d’héroïsme dans ces châteaux p
2324 ul goût de sa puissance ? Il y a plus qu’un passé d’ héroïsme dans ces châteaux perdus, dans ce Waldburg gardien de quels s
2325 ans ces châteaux perdus, dans ce Waldburg gardien de quels secrets longuement, lentement fortifiés… La nuit, les moustique
2326 de quels secrets longuement, lentement fortifiés… La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’obscurité profonde. De
2327 secrets longuement, lentement fortifiés… La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’obscurité profonde. Des cris de
2328 … La nuit, les moustiques tissent une rumeur dans l’ obscurité profonde. Des cris de chouettes se poursuivent, s’éloignent,
2329 nt une rumeur dans l’obscurité profonde. Des cris de chouettes se poursuivent, s’éloignent, reprennent tout proches. Les é
2330 oursuivent, s’éloignent, reprennent tout proches. Les élans dorment agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la la
2331 s. Les élans dorment agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves,
2332 nt agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pe
2333 agenouillés, aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesan
2334 aussi hauts que les jeunes arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. M
2335 arbres de la lande. Et la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevé
2336 t la mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’air
2337 a mer respire fort contre les grèves, soulagée de la pesante lumière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’air dem
2338 mière. Mais dans cette chambre élevée du château, l’ air demeure étouffant et parfois l’odeur des étangs vient se mêler à c
2339 ée du château, l’air demeure étouffant et parfois l’ odeur des étangs vient se mêler à celle des vieilles boiseries. Envelo
2340 e mêler à celle des vieilles boiseries. Enveloppé de gaze je sors sur mon balcon, je me penche sur le parc incertain. Palp
2341 de gaze je sors sur mon balcon, je me penche sur le parc incertain. Palpitation lointaine et animale du silence. Le long
2342 ation lointaine et animale du silence. Le long de la crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’O
2343 la crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’Orient. 1927c. En 1945, tous les châteaux de la Pru
2344 crête des forêts, une rougissante lueur avance de l’ Occident vers l’Orient. 1927c. En 1945, tous les châteaux de la Prusse
2345 , une rougissante lueur avance de l’Occident vers l’ Orient. 1927c. En 1945, tous les châteaux de la Prusse-Orientale ont é
2346 de l’Occident vers l’Orient. 1927c. En 1945, tous les châteaux de la Prusse-Orientale ont été rasés par les Russes, sous pr
2347 vers l’Orient. 1927c. En 1945, tous les châteaux de la Prusse-Orientale ont été rasés par les Russes, sous prétexte de co
2348 rs l’Orient. 1927c. En 1945, tous les châteaux de la Prusse-Orientale ont été rasés par les Russes, sous prétexte de commu
2349 châteaux de la Prusse-Orientale ont été rasés par les Russes, sous prétexte de communisme. Personne n’a dénoncé ce crime, n
2350 ce crime, nul n’en ayant tiré profit. 11. Bras de mer intérieur qui s’avance jusqu’à Königsberg. 12. Je m’étonne d’avo
2351 qui s’avance jusqu’à Königsberg. 12. Je m’étonne d’ avoir commis moi-même une erreur moins pardonnable que celle que je dé
2352 désigner qu’un propriétaire terrien, un hobereau de petite ou de nulle noblesse, pas un instant les grandes familles de l
2353 un propriétaire terrien, un hobereau de petite ou de nulle noblesse, pas un instant les grandes familles de la « noblesse
2354 au de petite ou de nulle noblesse, pas un instant les grandes familles de la « noblesse primitive » (Uradel) d’avant 1350 s
2355 lle noblesse, pas un instant les grandes familles de la « noblesse primitive » (Uradel) d’avant 1350 selon le Gotha. a. L
2356 noblesse, pas un instant les grandes familles de la « noblesse primitive » (Uradel) d’avant 1350 selon le Gotha. a. La v
2357 es familles de la « noblesse primitive » (Uradel) d’ avant 1350 selon le Gotha. a. La version parue en 1968 dans le Journa
2358  noblesse primitive » (Uradel) d’avant 1350 selon le Gotha. a. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque, sur
2359 itive » (Uradel) d’avant 1350 selon le Gotha. a. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque, sur laquelle se f
2360 selon le Gotha. a. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque, sur laquelle se fonde pour l’essentiel cette pu
2361 tha. a. La version parue en 1968 dans le Journal d’ une époque, sur laquelle se fonde pour l’essentiel cette publication,
2362 Journal d’une époque, sur laquelle se fonde pour l’ essentiel cette publication, termine ainsi la phrase : « Cruauté franc
2363 pour l’essentiel cette publication, termine ainsi la phrase : « Cruauté franche est signe de santé, dirait Nietzsche ». No
2364 ine ainsi la phrase : « Cruauté franche est signe de santé, dirait Nietzsche ». Nous signalons l’écart, probablement une v
2365 igne de santé, dirait Nietzsche ». Nous signalons l’ écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition.
2366 Nous signalons l’écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition. b. La version parue en 1968 dans
2367 us signalons l’écart, probablement une volonté de l’ auteur pour la présente édition. b. La version parue en 1968 dans le
2368 ’écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition. b. La version parue en 1968 dans le Journal d’une
2369 olonté de l’auteur pour la présente édition. b. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque indique : « Le mou
2370 sente édition. b. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque indique : « Le mouvement national-socialiste les
2371 on. b. La version parue en 1968 dans le Journal d’ une époque indique : « Le mouvement national-socialiste les flatte ».
2372 en 1968 dans le Journal d’une époque indique : «  Le mouvement national-socialiste les flatte ». La version du Paysan du D
2373 oque indique : « Le mouvement national-socialiste les flatte ». La version du Paysan du Danube indique quant à elle : « Hit
2374 « Le mouvement national-socialiste les flatte ». La version du Paysan du Danube indique quant à elle : « Hitler les flatt
2375 Paysan du Danube indique quant à elle : « Hitler les flatte ». Nous signalons l’écart, probablement une volonté de l’auteu
2376 nt à elle : « Hitler les flatte ». Nous signalons l’ écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition.
2377 Nous signalons l’écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition. c. La version parue en 1968 dans
2378 us signalons l’écart, probablement une volonté de l’ auteur pour la présente édition. c. La version parue en 1968 dans le
2379 ’écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition. c. La version parue en 1968 dans le Journal d’une
2380 volonté de l’auteur pour la présente édition. c. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque indique « 1926 ».
2381 ésente édition. c. La version parue en 1968 dans le Journal d’une époque indique « 1926 ». Nous signalons l’écart, probab
2382 ion. c. La version parue en 1968 dans le Journal d’ une époque indique « 1926 ». Nous signalons l’écart, probablement une
2383 nal d’une époque indique « 1926 ». Nous signalons l’ écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition.
2384 Nous signalons l’écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition.
2385 us signalons l’écart, probablement une volonté de l’ auteur pour la présente édition.
2386 ’écart, probablement une volonté de l’auteur pour la présente édition.
6 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — La tour de Hölderlin
2387 La tour de Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au
2388 La tour de Hölderlin « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’
2389 e une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort les portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes grecques au mu
2390 nt des heures récite des odes grecques au murmure de l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il
2391 des heures récite des odes grecques au murmure de l’ eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a c
2392 es récite des odes grecques au murmure de l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les
2393 l’eau ; la princesse de Homburg lui a fait cadeau d’ un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plu
2394 burg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches sonnent encor
2395 lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-des
2396 piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’ image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin
2397 ont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais i
2398 l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’ attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendr
2399 ’attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier, m’o
2400 se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’ hiver dernier, m’occupant assez longuement d’un des poètes auxquels no
2401 u. » L’hiver dernier, m’occupant assez longuement d’ un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grav
2402 t d’un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’ attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit hu
2403 oètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui con
2404 ion la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains d
2405 la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’ esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains des
2406 ches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’ Esprit et dont certains des plus purs d’entre nous ont voulu tenter le
2407 tains des plus purs d’entre nous ont voulu tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sa
2408 u tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément pour qu’aujou
2409 enter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’ émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément pour qu’aujourd’
2410 sans doute assez profondément pour qu’aujourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier,
2411 ue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où t
2412 seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’
2413 nt un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellen
2414 un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellent,
2415 aute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’ appellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ?
2416 où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est po
2417 s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un ad
2418 angue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’ a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
2419 ui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans
2420 age de jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’amour et du cha
2421 berté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’ amour et du chant prophétique, confondant leurs flammes. Dix années da
2422 étique, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié
2423 mmes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’amour s’éloi
2424 ù le génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la
2425 tourmente cet être faible, humilié par le monde. L’ amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de
2426 ’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Mme Gontard14, déchirement à peine sensible dans son œuvre.
2427 e premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Mme Gontard14, déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce po
2428 dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas so
2429 n œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur
2430 poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, —  d’ une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par
2431 ut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’ on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il
2432 ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il
2433 ne sérénité presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encor
2434 ité presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encore quelqu
2435 rappelle — ou bien envoie — un héros — Ou bien —  la sagesse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1
2436 envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où
2437  — Ou bien — la sagesse. » Mais le feu s’éteint —  l’ esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où meurt Diotima, Höl
2438 au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’ elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; s
2439 meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un
2440 ima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’env
2441 (dans la région de Bordeaux croit-on) est frappé d’ insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillar
2442 eaux croit-on) est frappé d’insolation ; sa folie d’ un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allema
2443 -on) est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’ envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et du
2444 n ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauv
2445 ente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement,
2446 pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucement, inexplicablemen
2447 rès doucement, inexplicablement, une vie monotone de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce q
2448 plicablement, une vie monotone de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin si
2449 e de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli de
2450 s qu’il donne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je s
2451 ne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’ un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je suis descend
2452 our contempler la victime d’un miracle. — C’était l’ époque des amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un p
2453 ime d’un miracle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la ma
2454 s amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’ eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ouverture.
2455 s descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ouverture. Il y a là une station de ca
2456 eau, un peu au-dessous de la maison, en attendant l’ heure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai v
2457 peu au-dessous de la maison, en attendant l’heure d’ ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite déco
2458 endant l’heure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à
2459 eure d’ouverture. Il y a là une station de canots de louage où j’ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un
2460 vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’ un « Hypérion ». En cherchant, je trouverais bien aussi un « Nietzsche
2461 tzsche » à fond plat. Des saules se penchent vers l’ eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’une longue île, des étudia
2462 vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’ une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un roman jaun
2463 iants au crâne rasé se promènent un roman jaune à la main. L’un après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les cloch
2464 à la main. L’un après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un
2465 après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors
2466 e, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille
2467 dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille mai
2468 chers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtr
2469 sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’
2470 traient immenses s’ils n’étaient à demi encombrés d’ armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propri
2471 ’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire. « Monsieur conna
2472 emi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’ homme qui me conduit est le propriétaire. « Monsieur connaît Hölderlin
2473 n couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire. « Monsieur connaît Hölderlin ? questionne-t-il, méfiant
2474 ? — (et comme je considère un ravissant médaillon de marbre) — Ça, c’est Diotima ». On rougirait à moins. — « Je ne puis p
2475 . On rougirait à moins. — « Je ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’on se met à ra
2476 , ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’ on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, sim
2477 vait Bettina, car aussitôt l’on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a ai
2478 a, car aussitôt l’on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a aimé une femm
2479 l a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer, c’est seulement vouloir se marier… » — Et puis plu
2480 uloir se marier… » — Et puis plus tard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l’admiration des écoliers
2481 ard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l’admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne
2482 re les lettres des amants, on propose le couple à l’ admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne familièremen
2483 uple à l’admiration des écoliers en promenade, et le guide désigne familièrement l’image d’une femme par le nom qu’elle po
2484 s en promenade, et le guide désigne familièrement l’ image d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Tr
2485 menade, et le guide désigne familièrement l’image d’ une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois peti
2486 ide désigne familièrement l’image d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois petites fenêtres orn
2487 d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe q
2488 ne femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’ amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui
2489 mystère de l’amour. Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec s
2490 rnées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l’ appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent. T
2491 actus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent. Tout est fa
2492 rmotter. Trente-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand ac
2493 Trente-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fi
2494 nte-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’ eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvr
2495 ambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce mond
2496 complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeune
2497 e malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’ agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si
2498 uisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
2499 and accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu
2500 e fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont f
2501 L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril
2502 ’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril et
2503 en, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en fac
2504 . Il y avait encore plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il vo
2505 plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’ île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et
2506 rande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et des collines basses, de l’autre cô
2507 s. Il voyait des prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans
2508 prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la v
2509 airies et des collines basses, de l’autre côté de l’ eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie 
2510 u jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « …la perfection n’a pas
2511 et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « …la perfection n’a pas de plain
2512 verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « …la perfection n’a pas de plainte…
2513 et cet aveu mystérieux : « …la perfection n’a pas de plainte… » Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gar
2514 vait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh !
2515 — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4. Un
2516 . Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4. Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts
2517 4. Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour
2518 fée entre des maisons pointues et les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au prof
2519 entre des maisons pointues et les contreforts de l’ Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil
2520 ise du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme
2521 je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secr
2522 e qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, q
2523 ène doucement dans cette calme Tubingue le secret d’ une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent
2524 Tubingue le secret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il le
2525 cret d’une épouvantable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il leur fait de pr
2526 ui montent au Séminaire protestant : il leur fait de profondes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse
2527 rotestant : il leur fait de profondes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Necka
2528 l leur fait de profondes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les m
2529 e profondes révérences… La rumeur et le cliquetis d’ une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À
2530 … La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’orch
2531 e grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’est mis à jouer des mélod
2532 du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’ orchestre s’est mis à jouer des mélodies charmantes, jazz et clarinett
2533 mélodies charmantes, jazz et clarinette, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tourn
2534 charmantes, jazz et clarinette, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoient len
2535 e, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoient lentement dans la musique. Je n’
2536 isinage se rapprochent, tournoient lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de b
2537 urnoient lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigoureus
2538 ime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigoureusement, les dents serrées. « Weg zur Kraft
2539 en costume de bain, qui pagayent vigoureusement, les dents serrées. « Weg zur Kraft und Schönheit ! » J’aime les bateaux p
2540 serrées. « Weg zur Kraft und Schönheit ! » J’aime les bateaux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne savent p
2541 pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’onde, au comble des vacances. D’une table voisine, des adolescents
2542 bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’ onde, au comble des vacances. D’une table voisine, des adolescents bal
2543 gazines au fil de l’onde, au comble des vacances. D’ une table voisine, des adolescents balafrés font des signes énergiques
2544 lafrés font des signes énergiques à une compagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe.
2545 giques à une compagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient con
2546 mpagnie de cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient contre par-dessus
2547 cavaliers qui passe sur le pont devant la statue d’ Eberhard-en-Barbe. Des bourgeois se rient contre par-dessus leurs chop
2548 sus leurs chopes. « Gemütlichkeit. » Évidemment : la vie normale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-ce que tout ce
2549 petite chambre… Est-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions na
2550 tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans
2551 dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tou
2552 t seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux
2553 out le monde s’accorde à trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la
2554 a ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui
2555 finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange…
2556 x du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autor
2557 a tête et citent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de
2558 tent la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de bourgeois cu
2559 us malencontreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ ange… » a autorisé des générations de bourgeois cultivés à faire la bê
2560 i veut faire l’ange… » a autorisé des générations de bourgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la
2561 isé des générations de bourgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela pren
2562 urgeois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais que
2563 eois cultivés à faire la bête dès qu’il s’agit de l’ âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle
2564 s à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du
2565 la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre
2566 âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiai
2567 dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on
2568 les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne…
2569 ite la bête : comme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus h
2570 mme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine, est plus
2571 cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’ âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine, est plus di
2572 coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina —  la vérité est plus humaine, est plus divine quand c’est une telle femme
2573 , est plus divine quand c’est une telle femme qui la confesse : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, le
2574  : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » O cette chambre, où pénètre l
2575 i qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » O cette chambre, où pénètre la facilité
2576 e en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » O cette chambre, où pénètre la facilité atroce d
2577 vouent au malheur. » O cette chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces par
2578  » O cette chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d
2579 O cette chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’ea
2580 chambre, où pénètre la facilité atroce de la fin d’ un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle
2581 n d’un après-midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un
2582 midi, ces musiquettes et ces parfums de fleurs et d’ eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soi
2583 urs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilit
2584 e, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant
2585 ndes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle
2586 s à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle pa
2587 blie, triomphante, à beau fixe. Pourquoi troubler le miroir innocent de ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? E
2588 à beau fixe. Pourquoi troubler le miroir innocent de ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’ils ne sou
2589 amais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand l’ amour leur donne une petite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse o
2590 our leur donne une petite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses
2591 emaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, to
2592 ru pressentir de grandes choses généreuses autour d’ eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre,
2593 choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et l’ amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il
2594 amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait l
2595 prendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait la terre… Mais que cette musique vulg
2596 ous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait la terre… Mais que cette musique vulgaire, par quel hasard, donne l’acco
2597 ue cette musique vulgaire, par quel hasard, donne l’ accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échap
2598 e : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisant, transitoire, allusi
2599 , transitoire, allusif. Tout se remet à signifier l’ absence. 1929. 13. Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 14.
2600 ode. 14. Où il était précepteur. Mme Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des poèmes.
7 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
2601 Petit journal de Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend
2602 Petit journal de Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux
2603 Petit journal de Souabe À la tombée d’ une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de
2604 Souabe À la tombée d’une nuit froide, en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de Souabe, — quelques lumières a
2605 en avril, le voyageur descend dans un vieux bourg de Souabe, — quelques lumières au milieu d’une étroite vallée où le trai
2606 elques lumières au milieu d’une étroite vallée où le train longtemps côtoya une rivière, des forêts. Les rues sont vides j
2607 e train longtemps côtoya une rivière, des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample deme
2608 re, des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est
2609 des forêts. Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu
2610 Les rues sont vides jusqu’au cœur de la ville, où l’ attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu ; des pas s’
2611 lle, où l’attend une ample demeure. Et maintenant le chien s’est tu ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la por
2612 le chien s’est tu ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre l
2613 u ; des pas s’éloignent. Un trait de lumière sous la porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre la grande maisonn
2614 rte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre la grande maisonnée, cet espace cloisonné de murailles respectables, ple
2615 i vivre la grande maisonnée, cet espace cloisonné de murailles respectables, plein de présences et d’absences, — la chambr
2616 espace cloisonné de murailles respectables, plein de présences et d’absences, — la chambre principale où une lampe arrose
2617 de murailles respectables, plein de présences et d’ absences, — la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe
2618 respectables, plein de présences et d’absences, —  la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe aux dessins b
2619 nces, — la chambre principale où une lampe arrose la pesante nappe aux dessins brodés, des verres, des coudes et des pipes
2620 ssins brodés, des verres, des coudes et des pipes de méditation, — des pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le
2621 et des pipes de méditation, — des pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le
2622 pièces vides où la Lune avance comme un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le parquet craque sans que nul pied
2623 un chat sur le lit conjugal, un salon glacé dont le parquet craque sans que nul pied jamais ne s’y pose, et tous ces corr
2624 is ne s’y pose, et tous ces corridors si hauts où l’ on devine à tâtons des armoires monumentales. Dans une chambre froide
2625 ide il s’est couché en grelottant. Mais à travers l’ ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le p
2626 n grelottant. Mais à travers l’ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau
2627 vers l’ombre il distingue les masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau rococo et ce lit énorm
2628 ue les masses confortables de meubles volumineux, le poêle blanc à chapiteau rococo et ce lit énorme aux édredons rebondis
2629 rococo et ce lit énorme aux édredons rebondis où l’ on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière
2630 edons rebondis où l’on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera
2631 l’on s’enfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habi
2632 nfouit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 2
2633 uit comme s’il était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 a
2634 était le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 avril 1929 M
2635 ait le sommeil même. Le bruit de la rivière et de l’ écluse proche, — ce sera sa première habitude. 22 avril 1929 Mes
2636 tude. 22 avril 1929 Mes fenêtres donnent sur la rivière. En m’y penchant je puis me voir dans l’eau plate, élargie en
2637 la rivière. En m’y penchant je puis me voir dans l’ eau plate, élargie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biai
2638 r dans l’eau plate, élargie en cet endroit, avant l’ écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers
2639 plate, élargie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets j
2640 argie en cet endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, ro
2641 endroit, avant l’écluse qui la prend de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, roses, verts, d
2642 de biais sur la droite. Un nageur passe à travers les reflets jaunes, roses, verts, des maisons à façades triangulaires. Co
2643 ts, des maisons à façades triangulaires. Couleurs d’ un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’arbres ; plus près en
2644 à façades triangulaires. Couleurs d’un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’arbres ; plus près encore, des nuages
2645 d’un crépuscule de pluie. Plus près, des reflets d’ arbres ; plus près encore, des nuages troués de petits poissons. À gau
2646 ts d’arbres ; plus près encore, des nuages troués de petits poissons. À gauche je domine un pesant pont de pierre rougeâtr
2647 etits poissons. À gauche je domine un pesant pont de pierre rougeâtre, trois arches dont les piles s’avancent en éperons.
2648 esant pont de pierre rougeâtre, trois arches dont les piles s’avancent en éperons. Encastrée dans le parapet, une petite ch
2649 t les piles s’avancent en éperons. Encastrée dans le parapet, une petite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le M
2650 s le parapet, une petite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de
2651 tite chapelle bossue, nourrie de poussière depuis le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de plain-pied avec les
2652 le Moyen Âge, propose humblement son anachronisme de plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne
2653 se humblement son anachronisme de plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La
2654 son anachronisme de plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’
2655 plain-pied avec les passants, les voitures. (Ils l’ aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les
2656 passants, les voitures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. U
2657 itures. (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. Un char traverse l
2658 e la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. Un char traverse lentement. Une belle auto derrièr
2659 .) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’ eau. Un char traverse lentement. Une belle auto derrière s’impatiente,
2660 Une belle auto derrière s’impatiente, tandis que les collégiens vont flairer sa marque, méprisant les occupants à lunettes
2661 les collégiens vont flairer sa marque, méprisant les occupants à lunettes. Viennent deux filles sans chapeau qui se promèn
2662 hapeau qui se promènent pour montrer leurs robes. Le nageur les intéresse, elles s’accoudent au parapet, tout près d’ici.
2663 se promènent pour montrer leurs robes. Le nageur les intéresse, elles s’accoudent au parapet, tout près d’ici. Vont-elles
2664 arapet, tout près d’ici. Vont-elles sentir que je les regarde ? Vraiment la plus petite est jolie, très brune, avec un gros
2665 . Vont-elles sentir que je les regarde ? Vraiment la plus petite est jolie, très brune, avec un gros collier de verre bleu
2666 etite est jolie, très brune, avec un gros collier de verre bleu… Elle lève les yeux tout droit vers moi, une seconde, parl
2667 ne, avec un gros collier de verre bleu… Elle lève les yeux tout droit vers moi, une seconde, parle vite à sa compagne, roug
2668 ent et s’en vont, et avant de disparaître au coin d’ une maison jaune, se retournent. Ce petit monde enclos par le pont et
2669 n jaune, se retournent. Ce petit monde enclos par le pont et l’écluse, je m’en contenterai doucement. Comme si j’avais pre
2670 retournent. Ce petit monde enclos par le pont et l’ écluse, je m’en contenterai doucement. Comme si j’avais presque oublié
2671 — « Seul et séparé », ces deux mots que rythmait le train, est-ce qu’ils font encore vraiment mal ? 24 avril 1929 L
2672 ls font encore vraiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on d’où
2673 vraiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on d’où il peut en so
2674 aiment mal ? 24 avril 1929 Les habitants de la maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on d’où il peut en sorti
2675 a maison me paraissent peu nombreux, mais sait-on d’ où il peut en sortir encore — sans compter les fantômes, probables ? L
2676 t-on d’où il peut en sortir encore — sans compter les fantômes, probables ? Le père Reinecke, un barberousse aux yeux perça
2677 r encore — sans compter les fantômes, probables ? Le père Reinecke, un barberousse aux yeux perçants, ex-nouveau riche rui
2678 sse aux yeux perçants, ex-nouveau riche ruiné par l’ inflation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les
2679 riche ruiné par l’inflation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce
2680 ation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-ch
2681 ge sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa
2682 entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure p
2683 re la vente des articles de sport et les joies de l’ esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patr
2684 articles de sport et les joies de l’esprit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patricienne souffre
2685 prit. Quand le négoce installé au rez-de-chaussée de sa demeure patricienne souffre par le fait des menées impérialistes d
2686 de-chaussée de sa demeure patricienne souffre par le fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche s
2687 enne souffre par le fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’
2688 e souffre par le fait des menées impérialistes de la France, il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’act
2689 rche une revanche sournoise et désintéressée dans l’ activité d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Rein
2690 vanche sournoise et désintéressée dans l’activité d’ un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un
2691 téressée dans l’activité d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un esprit « caustique » — i
2692 d’un jugement qui domine la médiocrité du monde. Le père Reinecke est un esprit « caustique » — il aime à me le répéter e
2693 inecke est un esprit « caustique » — il aime à me le répéter en français —, et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où
2694  » — il aime à me le répéter en français —, et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où il me confiera quelques fragment
2695 en français —, et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où il me confiera quelques fragments du « livre de sa vie », don
2696 r où il me confiera quelques fragments du « livre de sa vie », dont il compose chaque matin deux pages à la machine. Il y
2697 vie », dont il compose chaque matin deux pages à la machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de
2698 ages à la machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particuli
2699 s à la machine. Il y juge du monde en général, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier.
2700 e du monde en général, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait ave
2701 u monde en général, de la religion, des mœurs, de l’ histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec b
2702 ral, de la religion, des mœurs, de l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la
2703 de l’histoire, et de ses voisins en particulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la meilleure cuisine possible au W
2704 articulier. La « Gnädige » fait avec bonne humeur la meilleure cuisine possible au Wurtemberg, et de ces gâteaux compliqué
2705 r la meilleure cuisine possible au Wurtemberg, et de ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’un quatrain de bienvenue. Elle
2706 emberg, et de ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’ un quatrain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en
2707 ces gâteaux compliqués qu’elle orne d’un quatrain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en vers. Chacun s
2708 ain de bienvenue. Elle me confie qu’il lui arrive de rêver en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz
2709 ve de rêver en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bon
2710 en vers. Chacun son petit talent dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bonté et se dis
2711 dans la famille. Le gros Fritz est un blond géant de 25 ans, qui rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymna
2712 e 25 ans, qui rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée q
2713 rit avec bonté et se distingue dans les concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent
2714 é et se distingue dans les concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent souvent les se
2715 es concours de gymnastes. La domestique a cet air de victime attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisi
2716 cet air de victime attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schna
2717 time attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il mo
2718 e attristée que prennent souvent les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il montr
2719 les servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et
2720 s servantes de la bourgeoisie. Quant au chien, de l’ espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et que
2721 de l’espèce dite « schnauzer », il montre un poil de couleur neutre, et quelque bienveillance lorsqu’il a compris. Est-ce
2722 lorsqu’il a compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’ absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’
2723 a compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’économie d
2724 compris. Est-ce tout ? Il y a encore l’absence de la fille, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’économie du l
2725 l’absence de la fille, élément considérable dans l’ atmosphère et dans l’économie du lieu. On l’a mise en pension en Baviè
2726 e, élément considérable dans l’atmosphère et dans l’ économie du lieu. On l’a mise en pension en Bavière, et les galants qu
2727 dans l’atmosphère et dans l’économie du lieu. On l’ a mise en pension en Bavière, et les galants qui passent sans avoir l’
2728 ie du lieu. On l’a mise en pension en Bavière, et les galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikola
2729 ière, et les galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capots de voir à sa fenêtre
2730 galants qui passent sans avoir l’air de rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capots de voir à sa fenêtre la silhouet
2731 rien sur le pont Saint-Nikolaus sont bien capots de voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo d
2732 nt-Nikolaus sont bien capots de voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pou
2733 nt bien capots de voir à sa fenêtre la silhouette de l’Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous aye
2734 bien capots de voir à sa fenêtre la silhouette de l’ Étranger. On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous ayez u
2735 elée, qui rit, — et qui doit savoir se défendre à l’ occasion, mais comme elles font, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils
2736 s font, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils ont de la peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez
2737 ont, pas trop tôt. 28 avril 1929 Ils ont de la peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez eu
2738 et paisiblement habité ? Cette ville est pour eux la moins quelconque du monde. Je prétexte des écritures — qui se réduise
2739 se réduisent d’ailleurs à ce journal — pour avoir la paix dans ma chambre ; aussi, une ancienne fatigue à guérir pour qu’o
2740 fatigue à guérir pour qu’on me laisse errer dans la campagne. La petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les co
2741 érir pour qu’on me laisse errer dans la campagne. La petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les collines, secrè
2742 petite ville au crépuscule, couchée en rond entre les collines, secrète sous un voile de brume bleue, dans une grande paix.
2743 en rond entre les collines, secrète sous un voile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâ
2744 n voile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâle avec des nuages blancs qui s’en vont. U
2745 oile de brume bleue, dans une grande paix. Vue de la hauteur, sous un ciel pâle avec des nuages blancs qui s’en vont. Un v
2746 ent froid, mais quelques douceurs aux abris, près d’ une de ces maisons isolées où je ne l’amènerai jamais, à cette heure q
2747 oid, mais quelques douceurs aux abris, près d’une de ces maisons isolées où je ne l’amènerai jamais, à cette heure qui ser
2748 abris, près d’une de ces maisons isolées où je ne l’ amènerai jamais, à cette heure qui serait celle de rentrer chez nous s
2749 l’amènerai jamais, à cette heure qui serait celle de rentrer chez nous s’asseoir auprès d’un feu… — Mais non. 7 mai 192
2750 erait celle de rentrer chez nous s’asseoir auprès d’ un feu… — Mais non. 7 mai 1929 « J’ai mes brouillards et mon bea
2751 de moi », remarque Pascal, asservi au seul climat de l’âme. Pour moi, c’est ma jeunesse et ma vieillesse que je porte ains
2752 moi », remarque Pascal, asservi au seul climat de l’ âme. Pour moi, c’est ma jeunesse et ma vieillesse que je porte ainsi t
2753 vieillesse que je porte ainsi tour à tour. Entre l’ âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’
2754 lesse que je porte ainsi tour à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à
2755 ainsi tour à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon
2756 à tour. Entre l’âge de mes humeurs et le chiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec
2757 hiffre de mes années, « peu de liaison ». C’est à l’ intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dan
2758 es années, « peu de liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dans ces campa
2759 liaison ». C’est à l’intimité de mon regard avec les choses que je mesure ma jeunesse : dans ces campagnes solitaires, je
2760 pagnes solitaires, je promène un adolescent. Tout l’ après-midi j’ai rôdé, marchant, m’arrêtant pour écouter et respirer lo
2761 choisissant parfois pour y sommeiller une lisière d’ où l’on voie de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au has
2762 issant parfois pour y sommeiller une lisière d’où l’ on voie de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard d
2763 fois pour y sommeiller une lisière d’où l’on voie de lointains horizons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard dans la for
2764 izons, puis de nouveau m’enfonçant au hasard dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la c
2765 nouveau m’enfonçant au hasard dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres,
2766 dans la forêt. Vers le soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de
2767 soir, j’étais bien perdu. La lumière montait vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus ha
2768 ère montait vers la cime des arbres, aux lisières d’ une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clar
2769 vers la cime des arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le
2770 arbres, aux lisières d’une forêt de Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout
2771 Parsifal, et les plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte
2772 plus hauts feuillages exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte d’ivresse lente e
2773 el pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte d’ ivresse lente et majestueuse, et bientôt je me pris à composer des phr
2774 ser des phrases, tout en allant comme en rêve sur l’ herbe où s’étouffait tout bruit. « Ô crépuscule adolescent, disais-je,
2775 e, chasseur au cœur battant, que poursuis-tu dans le mystère des orées d’ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune
2776 attant, que poursuis-tu dans le mystère des orées d’ ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpri
2777 rsuis-tu dans le mystère des orées d’ombre ? » Et l’ on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pu
2778 s orées d’ombre ? » Et l’on me répondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pure… » (Je croyais voir un é
2779 épondait : « Ici, la jeune fille Aurore a surpris la licorne pure… » (Je croyais voir un éclair blanc sous la futaie.) J’a
2780 rne pure… » (Je croyais voir un éclair blanc sous la futaie.) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières
2781 sous la futaie.) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des
2782 .) J’avançais à travers une nature de divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des bêtes nées du rê
2783 nature de divagation. Les lisières sont des lieux de l’esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’Archer vierge y co
2784 ure de divagation. Les lisières sont des lieux de l’ esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’Archer vierge y court
2785 l’esprit où circulent des bêtes nées du rêve. Et l’ Archer vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (
2786 s du rêve. Et l’Archer vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (« Oh ! qu’il garde ses flèches, il n
2787 r vierge y court en vain sur la trace des figures de son désir. (« Oh ! qu’il garde ses flèches, il ne tuerait qu’un songe
2788 garde ses flèches, il ne tuerait qu’un songe. ») La nuit fraîche m’a réveillé. Mais tandis qu’ici j’écris, je me sens tou
2789 dis qu’ici j’écris, je me sens tout baigné encore de cette fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’om
2790 amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrou
2791 oureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve
2792 veau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de pré
2793 u. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de présen
2794 dentale : je retrouve en eux mon enfance entourée de présences obscures, mon enfance, cette foi anxieuse en je ne sais que
2795 eut un instant merveilleux que je veux noter ici. Le ciel est encore plus blanc, et la prairie s’embrume. Soudain, à dix p
2796 veux noter ici. Le ciel est encore plus blanc, et la prairie s’embrume. Soudain, à dix pas devant moi, une biche dresse la
2797 . Soudain, à dix pas devant moi, une biche dresse la tête au ras des herbes, se lève, saute sur place, — n’est plus là. —J
2798 place, — n’est plus là. —J’ai poursuivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement,
2799 lus là. —J’ai poursuivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur pro
2800 suivi longtemps le reflet rouge de ses yeux parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur profond du bois. Et je
2801 parmi les troncs qui luisaient, faiblement, vers le cœur profond du bois. Et je croyais m’enfoncer et me perdre dans le s
2802 bois. Et je croyais m’enfoncer et me perdre dans le silence d’une mémoire bienheureuse. 17 mai 1929 Rentré hier de
2803 e croyais m’enfoncer et me perdre dans le silence d’ une mémoire bienheureuse. 17 mai 1929 Rentré hier de Tubingue. (
2804 moire bienheureuse. 17 mai 1929 Rentré hier de Tubingue. (La tour de Hölderlin.) Dès demain, discipline de travail.
2805 euse. 17 mai 1929 Rentré hier de Tubingue. ( La tour de Hölderlin.) Dès demain, discipline de travail. Lire. 21 ma
2806 17 mai 1929 Rentré hier de Tubingue. (La tour de Hölderlin.) Dès demain, discipline de travail. Lire. 21 mai 1929
2807 e. (La tour de Hölderlin.) Dès demain, discipline de travail. Lire. 21 mai 1929 Matinées végétales, depuis trois jou
2808 e lève à 7 h, rassemble quelques papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bra
2809 e quelques papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille
2810 papiers, un tome de Meister, un paquet de tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille et s’aère.
2811 tabac, le tout dans une couverture sous mon bras. La ville s’éveille et s’aère. Je me mets à gravir la colline parmi le bo
2812 La ville s’éveille et s’aère. Je me mets à gravir la colline parmi le bourdonnement des buissons qui surplombent un sentie
2813 e et s’aère. Je me mets à gravir la colline parmi le bourdonnement des buissons qui surplombent un sentier rapide. Il faut
2814 i surplombent un sentier rapide. Il faut enjamber le portail rouillé, redescendre quelques marches enfouies sous les branc
2815 uillé, redescendre quelques marches enfouies sous les branches folles : le jardin est abandonné depuis des années, sur ses
2816 lques marches enfouies sous les branches folles : le jardin est abandonné depuis des années, sur ses terrasses étroites, d
2817 asses étroites, déjà brûlantes au matin, dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’odeur d
2818 brûlantes au matin, dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’odeur des groseilliers, écar
2819 dominant la ville, ses bruits de chars, ses cris d’ enfants. Je traverse l’odeur des groseilliers, écarte des ronces, et v
2820 bruits de chars, ses cris d’enfants. Je traverse l’ odeur des groseilliers, écarte des ronces, et voici sous une voûte de
2821 liers, écarte des ronces, et voici sous une voûte de feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est e
2822 des ronces, et voici sous une voûte de feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est encore humide d
2823 s, et voici sous une voûte de feuillage, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’air est encore humide dans cette
2824 e, la table de pierre et son banc en demi-cercle. L’ air est encore humide dans cette grotte d’ombre. Sur le banc froid j’é
2825 cercle. L’air est encore humide dans cette grotte d’ ombre. Sur le banc froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la
2826 est encore humide dans cette grotte d’ombre. Sur le banc froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la table où s’av
2827 c froid j’étale ma couverture, et mes papiers sur la table où s’aventurent des cloportes. Je bourre une pipe. Et alors je
2828 urre une pipe. Et alors je ris, je ris du plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre le
2829 e une pipe. Et alors je ris, je ris du plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre lent
2830 plaisir de la matinée vide devant moi. Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur de
2831 moi. Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre n
2832 i. Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noir
2833 eille de penser au fil du désordre lent de la vie d’ un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des
2834 fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’ odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils
2835 d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils d’araignée luisent et des brind
2836 un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils d’araignée luisent et des brindill
2837 ivantes, de la terre noire, des mousses. Des fils d’ araignée luisent et des brindilles tombent sur mes mains, écorces, che
2838 nt sur mes mains, écorces, chenilles. Une bouffée de pipe enveloppe une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de te
2839 e enveloppe une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de telles heures consiste à n’écrire que quatre ou cinq phras
2840 une guêpe qui rôde autour de ma tête. La volupté de telles heures consiste à n’écrire que quatre ou cinq phrases mais en
2841 que quatre ou cinq phrases mais en tenant compte de tout ce qui bouge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les p
2842 en tenant compte de tout ce qui bouge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quan
2843 uge. Il importe de s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent
2844 de s’arrêter longuement sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent écœurantes, d
2845 sous tous les prétextes, de secouer sa pipe quand les dernières bouffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de con
2846 and les dernières bouffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. J
2847 ffées deviennent écœurantes, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une mé
2848 nt écœurantes, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la f
2849 s, de s’étirer alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la fois distrai
2850 alors et de considérer les flaques de soleil sur la table. Je somnole dans une méditation à la fois distraite et nourrie
2851 distraite et nourrie par tout ce qui flotte dans l’ air, rampe, gratte le sol, pique, bruisse exquisement au vent. Ainsi s
2852 par tout ce qui flotte dans l’air, rampe, gratte le sol, pique, bruisse exquisement au vent. Ainsi se créent peu à peu da
2853 quisement au vent. Ainsi se créent peu à peu dans l’ esprit ces formes végétales, ces cheminements brisés et délicats d’ins
2854 es végétales, ces cheminements brisés et délicats d’ insectes rampants ou volants, ces formes et ces voies qui sont celles
2855 formes et ces voies qui sont celles mêmes par où la pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ineffable du monde.
2856 mêmes par où la pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuil
2857 la pensée entre en contact avec tout le mobile et l’ ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et tr
2858 avec tout le mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque
2859 mobile et l’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi 
2860 ’ineffable du monde. Cure de sommeil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi — cure vraim
2861 meil, de rêves et de feuillages — et trois heures de tennis chaque après-midi — cure vraiment : il s’agit de dissoudre ces
2862 nis chaque après-midi — cure vraiment : il s’agit de dissoudre ces angles droits, ces symétries minérales qu’on instruisit
2863 erclus au milieu des métamorphoses. Il s’agit que l’ esprit et l’espace vivant, de nouveau se répondent, se conviennent et
2864 lieu des métamorphoses. Il s’agit que l’esprit et l’ espace vivant, de nouveau se répondent, se conviennent et soient signe
2865 e répondent, se conviennent et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la
2866 onviennent et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ra
2867 et soient signes l’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et v
2868 ’un de l’autre. Dans le bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et voici qu’elle appre
2869 bonheur de cette matinée, la pensée s’abandonne à la séduction des ramures, et voici qu’elle apprend à distinguer dans leu
2870 tinguer dans leur dessin des formes particulières de son activité. En même temps elle se peuple d’arbres, de germes lents,
2871 res de son activité. En même temps elle se peuple d’ arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à trave
2872 activité. En même temps elle se peuple d’arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jard
2873 e temps elle se peuple d’arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jardin éveille en ell
2874 ple d’arbres, de germes lents, de passages ailés. Le vent qui glisse à travers ce jardin éveille en elle une allégresse se
2875 se semblable au frémissement des hautes branches. L’ architecture, dit Goethe, est une musique glacée. Mais l’arborescence
2876 tecture, dit Goethe, est une musique glacée. Mais l’ arborescence est une musique vivante, une musique infiniment lente. El
2877 iment lente. Elle fraie des pistes délicates dans l’ esprit de qui sait l’entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il
2878 te. Elle fraie des pistes délicates dans l’esprit de qui sait l’entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il remonte j
2879 ie des pistes délicates dans l’esprit de qui sait l’ entendre, et celui-là peut-être, si plus tard il remonte jusqu’à la vi
2880 lui-là peut-être, si plus tard il remonte jusqu’à la vision, distinguera des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de
2881 la vision, distinguera des choses nouvelles dans l’ espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu
2882 era des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu ce que j’écrivais hi
2883 des choses nouvelles dans l’espace. (Au poète de les nommer.) 22 mai 1929 (Après avoir relu ce que j’écrivais hier.)
2884 u ce que j’écrivais hier.) Il s’agirait, au fond, d’ amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait l
2885 j’écrivais hier.) Il s’agirait, au fond, d’amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondeme
2886 ier.) Il s’agirait, au fond, d’amener la pensée à la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondement d’une mor
2887 la plus insistante vénération du réel. Tel serait le fondement d’une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde »
2888 tante vénération du réel. Tel serait le fondement d’ une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde ». Ah bien ! j
2889 it le fondement d’une morale des idées « par-delà le logique et l’absurde ». Ah bien ! je connais quelques êtres entièreme
2890 t d’une morale des idées « par-delà le logique et l’ absurde ». Ah bien ! je connais quelques êtres entièrement en substanc
2891 eux dit cela, — mauvais signe. J’ai pourtant dans la tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de hautes tig
2892 mauvais signe. J’ai pourtant dans la tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de hautes tiges croissantes e
2893 dans la tête et dans la peau toute cette matinée d’ air, l’odeur de hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 h
2894 a tête et dans la peau toute cette matinée d’air, l’ odeur de hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 heures j
2895 t dans la peau toute cette matinée d’air, l’odeur de hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 heures j’ai pu t
2896 née d’air, l’odeur de hautes tiges croissantes et de fourmis rouges. Dès 9 heures j’ai pu travailler en costume de bain. B
2897 ouges. Dès 9 heures j’ai pu travailler en costume de bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un de
2898 u travailler en costume de bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamm
2899 stume de bain. Buffon préférait les manchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamment provoquants d
2900 nchettes et le jabot. C’est bien l’un des auteurs les plus constamment provoquants de son siècle, — il faudra s’y remettre.
2901 l’un des auteurs les plus constamment provoquants de son siècle, — il faudra s’y remettre. Mais ici je m’adonne aux seuls
2902 aniques. J’ai trouvé Swedenborg et Paracelse dans l’ armoire sculptée du père Reinecke. (Il y a Goethe, Schiller, Lessing r
2903 vert bavarois, avec des médaillons en relief sur la couverture ; aussi Angélus Silesius ; un petit recueil des upanishad 
2904 ecueil des upanishad ; quelques romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage d’Einsiedeln représentent assez bien à eux
2905 quelques romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage d’Einsiedeln représentent assez bien à eux deux, par un hasard q
2906 s romans modernes.) Le pasteur suédois et le mage d’ Einsiedeln représentent assez bien à eux deux, par un hasard qui ne m’
2907 hasard qui ne m’étonne guère, ce double mouvement de matérialisation du spirituel et d’intellectualisation du physique qui
2908 uble mouvement de matérialisation du spirituel et d’ intellectualisation du physique qui justement m’apparaît comme le thèm
2909 sation du physique qui justement m’apparaît comme le thème de mes songeries souabes. Mettons un peu cela au net. Paracelse
2910 physique qui justement m’apparaît comme le thème de mes songeries souabes. Mettons un peu cela au net. Paracelse s’occupa
2911 Mettons un peu cela au net. Paracelse s’occupait d’ extraire l’ens des corps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire
2912 peu cela au net. Paracelse s’occupait d’extraire l’ ens des corps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire le vêtement
2913 orps, tandis que Swedenborg se complaît à décrire le vêtement des anges. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la
2914 ît à décrire le vêtement des anges. L’un découvre l’ univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que
2915 anges. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que chacun des anges est un miro
2916 es. L’un découvre l’univers dans chaque organe de la machine humaine. L’autre enseigne que chacun des anges est un miroir
2917 miroir du ciel entier. C’est parce qu’ils savent les correspondances que ce médecin parle avec mystère des objets que nous
2918 ets que nous touchons, — ce mystique avec naturel de ce qui nous est invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le s
2919 de ce qui nous est invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce
2920 invisible. Tous deux orientent la réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche
2921 deux orientent la réflexion vers le sens et vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche que notre « cult
2922 vers le symbole concret. N’est-ce point ce genre de démarche que notre « culture » a le plus méprisé ? N’est-ce point à c
2923 oint ce genre de démarche que notre « culture » a le plus méprisé ? N’est-ce point à cause de ce mépris qu’elle a perdu le
2924 est-ce point à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout
2925 nt à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d
2926 à cause de ce mépris qu’elle a perdu le secret de l’ humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’id
2927 le a perdu le secret de l’humain ? Car voici bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’idées sans corps, de corps s
2928 ci bien le monde qu’on nous a fait. Tout encombré d’ idées sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si
2929 on nous a fait. Tout encombré d’idées sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout
2930 encombré d’idées sans corps, de corps stupides —  de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves e
2931 sans corps, de corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui
2932 es et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni
2933 urs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre.
2934 t de systèmes qui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce do
2935 ui ne correspondent à rien ni dans le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce donc que ce parad
2936 le ciel ni sur la terre. Car enfin, qu’est-ce que l’ homme ? qu’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’âme ? Pa
2937 l’homme ? qu’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’âme ? Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le crois
2938 ’est-ce donc que ce paradoxal mélange de chair et d’ âme ? Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le crois, pour répon
2939 âme ? Paracelse et Swedenborg s’accorderaient, je le crois, pour répondre. L’homme est un point de vue central et médiateu
2940 borg s’accorderaient, je le crois, pour répondre. L’ homme est un point de vue central et médiateur entre les corps et les
2941 me est un point de vue central et médiateur entre les corps et les esprits. C’est en cela seulement que réside son original
2942 nt de vue central et médiateur entre les corps et les esprits. C’est en cela seulement que réside son originalité dans l’un
2943 en cela seulement que réside son originalité dans l’ univers, son irremplaçable et divine originalité. Les anges eux-mêmes
2944 univers, son irremplaçable et divine originalité. Les anges eux-mêmes la lui envient, dit Swedenborg, puisque leur tentatio
2945 açable et divine originalité. Les anges eux-mêmes la lui envient, dit Swedenborg, puisque leur tentation, leur nostalgie,
2946 rg, puisque leur tentation, leur nostalgie, c’est de revêtir un corps humain. Or, pour l’être situé en un tel lieu — le l
2947 lgie, c’est de revêtir un corps humain. Or, pour l’ être situé en un tel lieu — le lieu humain par excellence —, il devien
2948 s humain. Or, pour l’être situé en un tel lieu —  le lieu humain par excellence —, il devient aussitôt patent que toute ré
2949 oute réalité spirituelle a sa correspondance dans la matière, ou bien n’est qu’une duperie. Correspondances à vrai dire te
2950 rt des êtres qui peuplent ces villes, là-bas, que le nom d’homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortim
2951 êtres qui peuplent ces villes, là-bas, que le nom d’ homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de
2952 illes, là-bas, que le nom d’homme ne saurait plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le jo
2953 plus les désigner sans fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires
2954 fraude. Un bel assortiment de monstres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depu
2955 stres ! (J’ai lu le journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos j
2956 le journal après dîner.) Et tous les accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin a
2957 Et tous les accessoires de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin anti-gaz ! Ah ! Diogène, Dio
2958 de leurs démences, depuis les petites ailes dans le dos jusqu’au groin anti-gaz ! Ah ! Diogène, Diogène ! cesse de cherch
2959 au groin anti-gaz ! Ah ! Diogène, Diogène ! cesse de chercher un homme. Tâche plutôt d’en devenir un. — Parmi ces gens d’i
2960 iogène ! cesse de chercher un homme. Tâche plutôt d’ en devenir un. — Parmi ces gens d’ici, qui prennent leur temps. Parmi
2961 26 mai 1929 Curieux comme ces lectures que les modernes ont fait passer pour abstraites ont au contraire le pouvoir
2962 ont fait passer pour abstraites ont au contraire le pouvoir de rendre à nos sens leur efficacité et leur étonnement. Je r
2963 asser pour abstraites ont au contraire le pouvoir de rendre à nos sens leur efficacité et leur étonnement. Je regarde les
2964 ns leur efficacité et leur étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade d’un autre œil, depuis que je lis Paracelse, mé
2965 acité et leur étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade d’un autre œil, depuis que je lis Paracelse, méditant avec
2966 étonnement. Je regarde les feuilles de ma salade d’ un autre œil, depuis que je lis Paracelse, méditant avec appétit sur c
2967 e… Et j’ai copié dans Swedenborg des passages sur l’ amour des anges et des humains, — l’amour, qui est le lieu des corresp
2968 passages sur l’amour des anges et des humains, —  l’ amour, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême d
2969 mour des anges et des humains, — l’amour, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême de la significatio
2970 our, qui est le lieu des correspondances, qui est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où to
2971 ieu des correspondances, qui est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît
2972 des correspondances, qui est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en
2973 s, qui est le degré suprême de la signification. ( L’ état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes
2974 est le degré suprême de la signification. (L’état de l’âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes.) 3
2975 le degré suprême de la signification. (L’état de l’ âme et du corps où tout nous apparaît en relations concrètes.) 31 m
2976 .) 31 mai 1929 Personne n’a fabriqué autant de mots abstraits que les professeurs allemands, et cependant, par une a
2977 ersonne n’a fabriqué autant de mots abstraits que les professeurs allemands, et cependant, par une apparente contradiction,
2978 s, et cependant, par une apparente contradiction, la mentalité du bourgeois de ce pays est puissamment réaliste. J’en trou
2979 pparente contradiction, la mentalité du bourgeois de ce pays est puissamment réaliste. J’en trouve des marques bien curieu
2980 iste. J’en trouve des marques bien curieuses dans les « Considérations sur ma vie » du père Reinecke. Il y est beaucoup que
2981 ie » du père Reinecke. Il y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c
2982 » du père Reinecke. Il y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’es
2983 l y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’ expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’est toujours en relatio
2984 de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’ Ange gardien, mais c’est toujours en relations pratiques avec le comme
2985 , mais c’est toujours en relations pratiques avec le commerce quotidien. J’en traduis cette page Sur la mort : « Mes funér
2986 e commerce quotidien. J’en traduis cette page Sur la mort : « Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-S
2987 mort : « Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-Sirach, 38, verset 16-24. Qu’on mange et qu’on boive f
2988 Mes funérailles devront se dérouler dans le cadre de Jésus-Sirach, 38, verset 16-24. Qu’on mange et qu’on boive ferme aprè
2989 erme après ma mort, tant que je serai encore dans la maison, et qu’on ne lésine pas. Il restera toujours assez, à l’époque
2990 qu’on ne lésine pas. Il restera toujours assez, à l’ époque de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins les mill
2991 lésine pas. Il restera toujours assez, à l’époque de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins les mille marks q
2992 que de ma mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il fau
2993 mort, pour supporter ces frais ; à tout le moins les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chac
2994 frais ; à tout le moins les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chacun des participants s’en
2995 tout le moins les mille marks que paie la Caisse de décès y suffiront. Il faut que chacun des participants s’en retourne
2996 rrement ! » Et de même, ceux qui auront pris soin de moi au moment de ma mort et tôt après devront être largement dédommag
2997 l ne sait si je ne flotterai pas encore au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers
2998 core au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers désirs mêmes ne sont pas accomplis
2999 e au-dessus de vous, et si je n’éprouverai pas de l’ amertume à voir que mes derniers désirs mêmes ne sont pas accomplis. T
3000 sont pas accomplis. Tant que je serai étendu dans la maison, je veux que la lumière brille dans ma chambre et dans les cor
3001 t que je serai étendu dans la maison, je veux que la lumière brille dans ma chambre et dans les corridors, pendant toute l
3002 eux que la lumière brille dans ma chambre et dans les corridors, pendant toute la nuit, et qu’on n’y regarde pas à quelques
3003 s ma chambre et dans les corridors, pendant toute la nuit, et qu’on n’y regarde pas à quelques kilowatts. Je veux être mis
3004 owatts. Je veux être mis en bière dans mes habits de tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantal
3005 Je veux être mis en bière dans mes habits de tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brille
3006 s mes habits de tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux ê
3007 e tous les jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux être emballé d
3008 es jours, et peu importe si les coudes ou le fond de mon pantalon brillent. En aucun cas je ne veux être emballé dans une
3009 un cas je ne veux être emballé dans une serviette de papier. Je renonce aux couronnes mortuaires et à toute autre marque e
3010 nes mortuaires et à toute autre marque extérieure de deuil ; par contre je voudrais que l’on joue sur ma tombe : « Schon d
3011 extérieure de deuil ; par contre je voudrais que l’ on joue sur ma tombe : « Schon dir Abendglocken klangen » et ensuite :
3012 , oh giesse du ! » 10 juin 1929 Tennis avec la jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’e
3013 uin 1929 Tennis avec la jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regar
3014 la jolie fille au collier de perles bleues. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « J
3015 au collier de perles bleues. Après la partie, où l’ on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien
3016 es. Après la partie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre
3017 rtie, où l’on s’est renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vo
3018 que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre
3019 es : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre ? Je ne m’
3020 ouviens pas », dis-je, mentant. Une grosse averse d’ orage nous a fait fuir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas,
3021 . Une grosse averse d’orage nous a fait fuir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas, les Français sont terribles av
3022 ir sous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas, les Français sont terribles avec les filles ? » (je pense : comme elles s
3023 « N’est-ce pas, les Français sont terribles avec les filles ? » (je pense : comme elles sont tout de suite en fuite, de to
3024 pense : comme elles sont tout de suite en fuite, de tout leur maintien, quand elles ne sont pas provocantes). Elle baisse
3025 quand elles ne sont pas provocantes). Elle baisse les yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir su
3026 le baisse les yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’affront, en même temps.
3027 yeux, rougit, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’affront, en même temps. — « Ne regard
3028 git, respire. Elle a l’air de se moquer de moi et d’ avoir subi une sorte d’affront, en même temps. — « Ne regardez donc pa
3029 air de se moquer de moi et d’avoir subi une sorte d’ affront, en même temps. — « Ne regardez donc pas mes mains, je dois fa
3030 — « Ne regardez donc pas mes mains, je dois faire le ménage ces jours, la peau devient toute sèche et je n’ai même pas pu
3031 pas mes mains, je dois faire le ménage ces jours, la peau devient toute sèche et je n’ai même pas pu me faire les ongles… 
3032 vient toute sèche et je n’ai même pas pu me faire les ongles… ». Elle voudrait ressembler aux girls de son magazine, et me
3033 les ongles… ». Elle voudrait ressembler aux girls de son magazine, et me voit comme au cinéma. Moi, je crois entendre Gret
3034 au cinéma. Moi, je crois entendre Gretchen (dans la scène du jardin, du premier Faust. Presque les mêmes mots !). Doux ma
3035 ans la scène du jardin, du premier Faust. Presque les mêmes mots !). Doux malentendu qui nous rapproche sous la forme, resp
3036 mots !). Doux malentendu qui nous rapproche sous la forme, respectivement, d’une carte postale et d’une réminiscence litt
3037 qui nous rapproche sous la forme, respectivement, d’ une carte postale et d’une réminiscence littéraire. Ses deux sœurs son
3038 la forme, respectivement, d’une carte postale et d’ une réminiscence littéraire. Ses deux sœurs sont venues la chercher, e
3039 miniscence littéraire. Ses deux sœurs sont venues la chercher, et nous sommes rentrés sous le même parapluie, jusqu’à leur
3040 t venues la chercher, et nous sommes rentrés sous le même parapluie, jusqu’à leur petite maison couverte de roses Crimson.
3041 me parapluie, jusqu’à leur petite maison couverte de roses Crimson. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Fra
3042 u’à leur petite maison couverte de roses Crimson. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Franzosen. On ne me p
3043 n. Le père est un colonel en retraite qui déteste les Franzosen. On ne me permet pas d’entrer. 11 juin 1929 Au rebour
3044 te qui déteste les Franzosen. On ne me permet pas d’ entrer. 11 juin 1929 Au rebours des classiques français, livrés
3045 9 Au rebours des classiques français, livrés à l’ Enseignement, Goethe est profondément « populaire ». Non seulement l’a
3046 the est profondément « populaire ». Non seulement l’ aubergiste d’en face cite ses vers en guise de proverbes à propos du t
3047 ndément « populaire ». Non seulement l’aubergiste d’ en face cite ses vers en guise de proverbes à propos du temps ou des a
3048 à propos du temps ou des affaires locales ; mais les bourgeois de Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêm
3049 emps ou des affaires locales ; mais les bourgeois de Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêmes tours fami
3050 Meister parlent exactement comme mes hôtes, avec les mêmes tours familiers et sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ci
3051 sentencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou de l’ordonnance du ménage. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme
3052 tencieux, qu’il s’agisse des choses du ciel ou de l’ ordonnance du ménage. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme de
3053 ge. Une fois de plus, je m’émerveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus
3054 de plus, je m’émerveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique,
3055 rveille du réalisme de ce peuple de rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade
3056 rêveurs. Dans les Affinités électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souven
3057 és électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va
3058 électives, au moment le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-
3059 nt le plus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher l
3060 lus dramatique, celui de la noyade pendant le feu d’ artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le desti
3061 a noyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris
3062 oyade pendant le feu d’artifice, souvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris ra
3063 uvenez-vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine
3064 tesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine au château puis songe
3065 ou pousser de beaux cris raciniens ? Elle envoie le capitaine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire a
3066 le capitaine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armo
3067 aine au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armoire un c
3068 e au château puis songe qu’il a oublié la clef de l’ armoire aux confitures. (Je crois qu’il y a dans cette armoire un cord
3069 y a dans cette armoire un cordial tout indiqué en l’ occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle de cette provinc
3070 dial tout indiqué en l’occurrence.) Ainsi vivait l’ Allemagne d’hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vi
3071 diqué en l’occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’ hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vivante de ses
3072 rrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle de cette province encore — dans l’intimité vivante de ses classiques. De
3073 ne d’hier — celle de cette province encore — dans l’ intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conf
3074 e cette province encore — dans l’intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourg
3075 core — dans l’intimité vivante de ses classiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourgeoise, qui fait un
3076 ssiques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourgeoise, qui fait un peu sourire, et qui est si réconfortante.
3077 Swedenborg : Goethe m’y ramène, dont je lis qu’il les prisait fort, ainsi que Boehme, dans sa jeunesse. Il m’y ramène par u
3078 unesse. Il m’y ramène par un tour moins imprudent de la réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire, que tout, ici, co
3079 sse. Il m’y ramène par un tour moins imprudent de la réflexion, avec ce même « réalisme » exemplaire, que tout, ici, consp
3080 it laisser aucun doute, fussions-nous même privés de certains témoignages oraux ou de quelques textes irréfutables. Cepend
3081 nous même privés de certains témoignages oraux ou de quelques textes irréfutables. Cependant il possède à un si haut degré
3082 futables. Cependant il possède à un si haut degré le sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret
3083 . Cependant il possède à un si haut degré le sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leu
3084 ependant il possède à un si haut degré le sens de l’ enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur i
3085 gré le sens de l’enrobement des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur incarnation, qu’il est possible de l
3086 des vérités occultes, de leur symbolisme concret, de leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y r
3087 concret, de leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y rien voir », comme on dit15. Mais lorsqu’
3088 , de leur incarnation, qu’il est possible de lire les Affinités « sans y rien voir », comme on dit15. Mais lorsqu’on « voit
3089 voit » soudain — quelle prise ! Et combien j’aime le paysage de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance
3090 ain — quelle prise ! Et combien j’aime le paysage de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance des domain
3091 age de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde
3092 de cette œuvre, son climat, jusqu’aux détails de l’ intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à d
3093 de l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à des pentes variées et réelles, aux collines thu
3094 l’intendance des domaines. Là, toute démarche de la pensée s’accorde à des pentes variées et réelles, aux collines thurin
3095 nnes sous un très grand ciel doux. Une atmosphère de réflexion confiante et substantielle… Qu’irai-je demander d’autre à c
3096 n confiante et substantielle… Qu’irai-je demander d’ autre à cette « Germanie aimée16 » ? Ah ! les livres nous avaient bien
3097 ander d’autre à cette « Germanie aimée16 » ? Ah ! les livres nous avaient bien trompés. Pas trace ici de « merveilleux ». T
3098 s livres nous avaient bien trompés. Pas trace ici de « merveilleux ». Tout ce qui, sous d’autres climats, fait effervescen
3099 s d’autres climats, fait effervescence et fuse en l’ air, ici fermente en pleine pâte. Ainsi voudrais-je un jour décrire ma
3100 rais-je un jour décrire ma Souabe : comme un état de l’âme patiente. Une pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois d
3101 s-je un jour décrire ma Souabe : comme un état de l’ âme patiente. Une pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois de s
3102 e pensée sensuelle et lente, et qui jouit parfois de son objet… 13 juin 1929 Werther. J’ai mis des feuilles de buva
3103 13 juin 1929 Werther. J’ai mis des feuilles de buvard entre les pages, à cause de toutes ces larmes. Maintenant, par
3104 Werther. J’ai mis des feuilles de buvard entre les pages, à cause de toutes ces larmes. Maintenant, parlez-moi du modern
3105 mes. Maintenant, parlez-moi du modernisme éternel de cette plainte. — Des Werthers aux yeux secs, voilà ce que nous sommes
3106 1929 Je suis assis en face du magazine que lit le père Reinecke. Ses grosses pattes et sa barbe rousse dépassent, et pa
3107 épassent, et parfois un œil égrillard. Impossible de lire Meister ce soir. Je ne sais pas ce qu’il y a, sinon que je dois
3108 , sinon que je dois retenir violemment une espèce de joie qui attrape la fièvre dans mon corps. Toute cette journée baigné
3109 retenir violemment une espèce de joie qui attrape la fièvre dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’air des colli
3110 ièvre dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lu
3111 re dans mon corps. Toute cette journée baignée de l’ air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lui r
3112 ’air des collines, il semble que mon sang ce soir la comprenne et lui réponde sourdement. La nuit s’ouvre comme un jardin
3113 g ce soir la comprenne et lui réponde sourdement. La nuit s’ouvre comme un jardin aux allées aventureuses. Je sortirai dan
3114 jardin aux allées aventureuses. Je sortirai dans les rues vides, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, j
3115 les rues vides, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète da
3116 s, je monterai jusqu’au signal, voir le pays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres
3117 ays sous la lune, je choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ?
3118 choisirai une maison isolée, la plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier b
3119 ne maison isolée, la plus secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout
3120 us secrète dans les arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me
3121 s arbres de son verger… pour… ? Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes.
3122 Le sais-je même ? La fille au collier bleu… Tout d’ un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imaginatio
3123 e même ? La fille au collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette n
3124 u collier bleu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu
3125 eu… Tout d’un coup le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout
3126 le sommeil me vide les jambes. La nuit se ferme à l’ imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout entière et qui n’es
3127 entre ce que je vois et ce que je pense, tournant les choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémis
3128 je vois et ce que je pense, tournant les choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la
3129 e, tournant les choses, les vidant, allant pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie,
3130 pincer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bo
3131 ncer le nerf Réalité avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé
3132 é avec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé. Le père Reinecke
3133 e, c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé. Le père Reinecke ferme son magazine d’un coup, ôte ses lunettes, me rega
3134 ai pas bougé. Le père Reinecke ferme son magazine d’ un coup, ôte ses lunettes, me regarde avec des yeux écarquillés. « Mai
3135 ec des yeux écarquillés. « Maintenant, dit-il (et l’ on sent qu’il pense : maintenant que nous avons clos cette journée par
3136 voulons aller dormir. Ainsi, dormez bien, faites de doux rêves, — il cligne vers son magazine — pas trop doux, hein !… »
3137 s trop doux, hein !… » Tout cela est très juste ; la vie doit être ainsi : parfaitement compréhensible et d’une vulgarité
3138 doit être ainsi : parfaitement compréhensible et d’ une vulgarité toute naturelle. Il faut aller dormir. Rose de Tannen
3139 . Il faut aller dormir. Rose de Tannenbourg L’ esplanade du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronni
3140 e de Tannenbourg L’esplanade du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronniers noirs des lampions et des
3141 e du Brühl, un soir de fête, en juin. Il y a dans les marronniers noirs des lampions et des touffes de gamins qui regardent
3142 les marronniers noirs des lampions et des touffes de gamins qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’u
3143 pions et des touffes de gamins qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’une enceinte de toiles tendues
3144 ns qui regardent avec la bouche ce qui se passe à l’ intérieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtr
3145 dent avec la bouche ce qui se passe à l’intérieur d’ une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe
3146 uche ce qui se passe à l’intérieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe a des feux stel
3147 érieur d’une enceinte de toiles tendues au-devant d’ un petit théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’Aldébaran.
3148 e de toiles tendues au-devant d’un petit théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’Aldébaran. On joue Rose de Tan
3149 théâtre. La rampe a des feux stellaires, couleur d’ Aldébaran. On joue Rose de Tannenbourg, drame en 15 tableaux, un prolo
3150 me en 15 tableaux, un prologue et une conclusion. Le carton des armures sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la
3151 sion. Le carton des armures sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature av
3152 arton des armures sonne sourdement sous les coups d’ un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature avec sa lar
3153 s sonne sourdement sous les coups d’un Kühnrich à la basse rugissante, plus traître que nature avec sa large face mangée p
3154 e avec sa large face mangée par une barbe en crin de cheval du diable. L’héroïne est belle comme une ballade de Bürger, ta
3155 mangée par une barbe en crin de cheval du diable. L’ héroïne est belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose d
3156 du diable. L’héroïne est belle comme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison pat
3157 omme une ballade de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin
3158 de de Bürger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin
3159 ger, tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le
3160 , tandis qu’elle arrose de ses larmes le seuil de la prison paternelle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le par
3161 elle, tout en coulant un clin d’œil assassin vers le parterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une
3162 ant un clin d’œil assassin vers le parterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysan
3163 arterre agité de passions contradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impe
3164 ontradictoires. Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les
3165 Durant les entractes, une fanfare de paysans bleu de roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les mêmes notes fêlé
3166 roi joue sur un rythme impeccable, avec toujours les mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fa
3167 peccable, avec toujours les mêmes notes fêlées et l’ accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des
3168 s les mêmes notes fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des chansons du Grand Duch
3169 es fêlées et l’accompagnement dans les feuillages de voix fausses mais aériennes, des chansons du Grand Duché de Bade qui
3170 usses mais aériennes, des chansons du Grand Duché de Bade qui sont ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. U
3171 n, muss sie am Rheine Geboren sein… (Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines.
3172 m Rheine Geboren sein… (Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verr
3173 (Il faudrait la mélodie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge
3174 ie.) La fanfare s’éloigne. La nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon
3175 nuit est chaude sur les collines. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La peti
3176 haude sur les collines. Un grand verre de bière à l’ auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison d
3177 berge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fenêtres basses, mais défe
3178 iers sauvages. Laquelle des trois filles est donc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a p
3179 nc la plus jolie ? Sans doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a pas peur… Mais c’est l’aînée que je préfère, et
3180 dans la mansarde, et qui n’a pas peur… Mais c’est l’ aînée que je préfère, et qui m’attend peut-être, derrière ses volets m
3181 ué son collier à mon poignet : « pour que je rêve d’ elle ». Son sérieux enfantin devant la vie. « Es ist doch Schicksal, e
3182 que je rêve d’elle ». Son sérieux enfantin devant la vie. « Es ist doch Schicksal, es ist alles Schicksal ! » Avec un soup
3183 et cela signifie d’ailleurs qu’il n’y a pas lieu de résister. 22 juin 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane.
3184 u de résister. 22 juin 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane. Le dirai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque
3185 n 1929 Rencontre avec la jeune fille tzigane. Le dirai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque chose de bien vrai et q
3186 rai-je ici comme un rêve ? ou comme quelque chose de bien vrai et qui s’est passé cette nuit ? Plusieurs choses sont douce
3187 ette nuit ? Plusieurs choses sont douces au désir de celui qui marche dans une campagne nocturne. Mais plus douce que tout
3188 e nocturne. Mais plus douce que toutes choses est la rencontre sous un arbre noir d’une femme abandonnée dans sa tristesse
3189 toutes choses est la rencontre sous un arbre noir d’ une femme abandonnée dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et
3190 abandonnée dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi
3191 dans sa tristesse. Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure
3192 se. Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.)
3193 Par moments il y a la Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Qua
3194 Lune et le visage blanc de la femme debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Quand la Lune s’en va, il
3195 debout contre le tronc. (Pour moi je demeure dans l’ ombre.) Quand la Lune s’en va, il y a ce haut corps obscur qui vit tou
3196 tronc. (Pour moi je demeure dans l’ombre.) Quand la Lune s’en va, il y a ce haut corps obscur qui vit tout près de moi da
3197 vit tout près de moi dans son véritable silence, les yeux clos. L’arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous
3198 de moi dans son véritable silence, les yeux clos. L’ arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous nous sommes r
3199 les yeux clos. L’arbre, en sa nuit vivante, rêve de nous. Plus tard, nous nous sommes regardés sans fin. (Ah ! comment di
3200 ette nuit.) Un vent léger écartait une branche et la Lune éclairait à longs traits nos visages. Je reconnus la jeune fille
3201 éclairait à longs traits nos visages. Je reconnus la jeune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirai
3202 Je reconnus la jeune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirait doucement, au sein du silence et du
3203 eune fille tzigane, ma Rose noire de Tannenbourg. La lumière délirait doucement, au sein du silence et du regard. Et nous
3204 egard. Et nous sommes demeurés des heures au-delà de ce que l’on ignore d’un être, dans le domaine sans frontière où l’on
3205 nous sommes demeurés des heures au-delà de ce que l’ on ignore d’un être, dans le domaine sans frontière où l’on connaît pr
3206 demeurés des heures au-delà de ce que l’on ignore d’ un être, dans le domaine sans frontière où l’on connaît profondément.
3207 res au-delà de ce que l’on ignore d’un être, dans le domaine sans frontière où l’on connaît profondément. Par les yeux d’u
3208 nore d’un être, dans le domaine sans frontière où l’ on connaît profondément. Par les yeux d’une femme étrangère, mes yeux
3209 sans frontière où l’on connaît profondément. Par les yeux d’une femme étrangère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce
3210 ntière où l’on connaît profondément. Par les yeux d’ une femme étrangère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce que l’an
3211 ère, mes yeux possédaient sans mesure tout ce que l’ anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence
3212 eux possédaient sans mesure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infinimen
3213 possédaient sans mesure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment c
3214 ure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, j’ai su
3215 que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, j’ai su que l’échan
3216 e la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment comblée. Oui, j’ai su que l’échange de deux regar
3217 la violence infiniment comblée. Oui, j’ai su que l’ échange de deux regards est infini, est indéfiniment grandiose et musi
3218 ce infiniment comblée. Oui, j’ai su que l’échange de deux regards est infini, est indéfiniment grandiose et musical. Ainsi
3219 s touchées, lorsque au point du jour je vis pâlir la jeune femme. Elle comprit que j’allais parler et mit un doigt contre
3220 ai mes regards sur ses vêtements misérables et je l’ accueillis dans mes bras. Elle rêvait, ses mains étaient très douces,
3221 u bien une prairie. (Je suis rentré sans éveiller le chien. Un chaud soleil pénétrait dans la grande maison fraîche. Maint
3222 éveiller le chien. Un chaud soleil pénétrait dans la grande maison fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas d
3223 nétrait dans la grande maison fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) 30 jui
3224 son fraîche. Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) 30 juin 1929 Hier soir sur la
3225 che. Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) 30 juin 1929 Hier soir sur la route d
3226 . Maintenant la journée commence, avec les pas de la servante au corridor.) 30 juin 1929 Hier soir sur la route des
3227 te au corridor.) 30 juin 1929 Hier soir sur la route des collines, pendant une promenade d’après dîner avec mes hôte
3228 enade d’après dîner avec mes hôtes, nous parlions de prémonitions, et je venais de raconter comment parfois j’ai su qui m’
3229 aconter comment parfois j’ai su qui m’attendait à la lisière de cette forêt tel soir d’été, quel sujet d’examen venait de
3230 ment parfois j’ai su qui m’attendait à la lisière de cette forêt tel soir d’été, quel sujet d’examen venait de m’être rése
3231 m’attendait à la lisière de cette forêt tel soir d’ été, quel sujet d’examen venait de m’être réservé, ou quelles lettres
3232 lisière de cette forêt tel soir d’été, quel sujet d’ examen venait de m’être réservé, ou quelles lettres j’allais recevoir
3233 tre réservé, ou quelles lettres j’allais recevoir le lendemain. Le soir montait autour de nous, des fenêtres s’allumaient
3234 u quelles lettres j’allais recevoir le lendemain. Le soir montait autour de nous, des fenêtres s’allumaient à nos pieds da
3235 nous, des fenêtres s’allumaient à nos pieds dans le bourg, et le père Reinecke refusait de croire à mes histoires. Soudai
3236 nêtres s’allumaient à nos pieds dans le bourg, et le père Reinecke refusait de croire à mes histoires. Soudain j’ai dit :
3237 pieds dans le bourg, et le père Reinecke refusait de croire à mes histoires. Soudain j’ai dit : « Voilà que ça me prend, t
3238 ent ! Attendez que je vous dise… Sur mon assiette de petit déjeuner, demain matin, il y a une grande enveloppe jaune, une
3239 lair, et une plus petite enveloppe blanche bordée de noir. » (Sentiment de certitude tranquille, ces objets vus dans une l
3240 te enveloppe blanche bordée de noir. » (Sentiment de certitude tranquille, ces objets vus dans une lumière sobre et mate.)
3241 ès nettement perçus, mais rien de plus, donc rien d’ utilisable éventuellement. Ce matin, en trouvant les trois lettres sur
3242 ’utilisable éventuellement. Ce matin, en trouvant les trois lettres sur mon assiette, j’ai dit : « C’est bien cela », sans
3243 siette, j’ai dit : « C’est bien cela », sans plus d’ étonnement que les autres fois. Le père Reinecke, survenu peu après, n
3244 : « C’est bien cela », sans plus d’étonnement que les autres fois. Le père Reinecke, survenu peu après, n’est pas encore co
3245 la », sans plus d’étonnement que les autres fois. Le père Reinecke, survenu peu après, n’est pas encore convaincu. Il prét
3246 que je savais qui allait m’écrire, et que j’avais d’ assez bonnes chances de deviner juste. Mais je n’ai rien deviné du tou
3247 t m’écrire, et que j’avais d’assez bonnes chances de deviner juste. Mais je n’ai rien deviné du tout, puisque j’ai vu ! C’
3248 n deviné du tout, puisque j’ai vu ! C’est là tout l’ intérêt de l’affaire : cette perception soudaine, ce regard par mégard
3249 u tout, puisque j’ai vu ! C’est là tout l’intérêt de l’affaire : cette perception soudaine, ce regard par mégarde sur un p
3250 out, puisque j’ai vu ! C’est là tout l’intérêt de l’ affaire : cette perception soudaine, ce regard par mégarde sur un peti
3251 t en soi, et qui n’est pas encore « arrivé » dans le temps. Les trois lettres sont timbrées d’hier, deux à Genève dans la
3252 et qui n’est pas encore « arrivé » dans le temps. Les trois lettres sont timbrées d’hier, deux à Genève dans la matinée, un
3253  » dans le temps. Les trois lettres sont timbrées d’ hier, deux à Genève dans la matinée, une à Neuchâtel à sept heures du
3254 lettres sont timbrées d’hier, deux à Genève dans la matinée, une à Neuchâtel à sept heures du soir. Celle qui est bordée
3255 hâtel à sept heures du soir. Celle qui est bordée de noir est d’un ami aîné qui mentionne en passant la mort de sa belle-m
3256 heures du soir. Celle qui est bordée de noir est d’ un ami aîné qui mentionne en passant la mort de sa belle-mère, survenu
3257 e noir est d’un ami aîné qui mentionne en passant la mort de sa belle-mère, survenue il y a quelques jours. La lettre bleu
3258 st d’un ami aîné qui mentionne en passant la mort de sa belle-mère, survenue il y a quelques jours. La lettre bleue est de
3259 de sa belle-mère, survenue il y a quelques jours. La lettre bleue est de Pierre Girard, personnage imprévisible s’il en fu
3260 rvenue il y a quelques jours. La lettre bleue est de Pierre Girard, personnage imprévisible s’il en fut, et je n’avais auc
3261 évisible s’il en fut, et je n’avais aucune raison d’ attendre qu’il m’écrive. Quant à l’enveloppe jaune, elle contenait un
3262 aucune raison d’attendre qu’il m’écrive. Quant à l’ enveloppe jaune, elle contenait un article où l’on revient sur mon pam
3263 à l’enveloppe jaune, elle contenait un article où l’ on revient sur mon pamphlet de l’hiver dernier17. Lorsque j’ai vu ces
3264 enait un article où l’on revient sur mon pamphlet de l’hiver dernier17. Lorsque j’ai vu ces enveloppes hier soir, un peu a
3265 it un article où l’on revient sur mon pamphlet de l’ hiver dernier17. Lorsque j’ai vu ces enveloppes hier soir, un peu aprè
3266 soir, un peu après neuf heures, sans rien deviner de leur contenu que je ne pouvais voir à travers l’enveloppe, ni de leur
3267 de leur contenu que je ne pouvais voir à travers l’ enveloppe, ni de leur expéditeur (je n’ai pas vu l’écriture des adress
3268 que je ne pouvais voir à travers l’enveloppe, ni de leur expéditeur (je n’ai pas vu l’écriture des adresses), elles roula
3269 ’enveloppe, ni de leur expéditeur (je n’ai pas vu l’ écriture des adresses), elles roulaient donc déjà vers Calw, mais dans
3270 éjà vers Calw, mais dans différents sacs postaux. Les voir par anticipation ne pouvait exercer le moindre effet ni sur leur
3271 aux. Les voir par anticipation ne pouvait exercer le moindre effet ni sur leur rédaction, ni sur le moment de leur arrivée
3272 er le moindre effet ni sur leur rédaction, ni sur le moment de leur arrivée, ni sur ma conduite : la vision n’a « servi »
3273 dre effet ni sur leur rédaction, ni sur le moment de leur arrivée, ni sur ma conduite : la vision n’a « servi » exactement
3274 r le moment de leur arrivée, ni sur ma conduite : la vision n’a « servi » exactement à rien. (Était-ce là sa condition de
3275 vi » exactement à rien. (Était-ce là sa condition de possibilité ?) Mais elle m’est signe d’un certain état d’accueil aux
3276 condition de possibilité ?) Mais elle m’est signe d’ un certain état d’accueil aux choses, d’une rupture des enchaînements
3277 bilité ?) Mais elle m’est signe d’un certain état d’ accueil aux choses, d’une rupture des enchaînements utiles, d’une dist
3278 est signe d’un certain état d’accueil aux choses, d’ une rupture des enchaînements utiles, d’une distraction des évidences
3279 x choses, d’une rupture des enchaînements utiles, d’ une distraction des évidences rationnelles, à la faveur de quoi c’est
3280 , d’une distraction des évidences rationnelles, à la faveur de quoi c’est la « vraie vie » qui se laissera peut-être appro
3281 straction des évidences rationnelles, à la faveur de quoi c’est la « vraie vie » qui se laissera peut-être approcher. D
3282 évidences rationnelles, à la faveur de quoi c’est la « vraie vie » qui se laissera peut-être approcher. Début de juille
3283 e » qui se laissera peut-être approcher. Début de juillet 1929 « Écrivez donc une nouvelle allemande pleine de myoso
3284 9 « Écrivez donc une nouvelle allemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de c
3285 z donc une nouvelle allemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la
3286 llemande pleine de myosotis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de j
3287 tis, de Gérard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent
3288 rard de Nerval, de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon
3289 , de victoria égarée dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champ
3290 dans la forêt, de chasseur à la redingote verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtilles et d’
3291 verte, de jeunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtilles et d’impératrices qui prient dans des chapelles e
3292 eunes filles qui jouent du violon dans les champs de myrtilles et d’impératrices qui prient dans des chapelles envahies pa
3293 jouent du violon dans les champs de myrtilles et d’ impératrices qui prient dans des chapelles envahies par les sapins. »
3294 trices qui prient dans des chapelles envahies par les sapins. » C’est une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe, Pierre
3295 elles envahies par les sapins. » C’est une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe, Pierre Girard. J’ai répondu : « Je n
3296 es envahies par les sapins. » C’est une lettre de l’ auteur de la Rose de Thuringe, Pierre Girard. J’ai répondu : « Je ne s
3297 es par les sapins. » C’est une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe, Pierre Girard. J’ai répondu : « Je ne sais pas s
3298 par les sapins. » C’est une lettre de l’auteur de la Rose de Thuringe, Pierre Girard. J’ai répondu : « Je ne sais pas si v
3299 sais pas si vous avez connu ce contentement large de tout l’être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites g
3300 si vous avez connu ce contentement large de tout l’ être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites gorgées,
3301 contentement large de tout l’être devant un verre de vin allemand que l’on boit à petites gorgées, entre des bouffées de p
3302 e tout l’être devant un verre de vin allemand que l’ on boit à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le
3303 e l’on boit à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’o
3304 à petites gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’ auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de l
3305 gorgées, entre des bouffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d
3306 uffées de pipe, à l’auberge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissan
3307 erge. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se c
3308 e. Le charme se compose de voluptés du goût et de l’ odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se conc
3309 me se compose de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans
3310 de voluptés du goût et de l’odorat, de lenteur et d’ une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans un désir ou d
3311 l’odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’esprit qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de So
3312 odorat, de lenteur et d’une certaine puissance de l’ esprit qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souab
3313 t qui se concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souabe grise insensiblement, c’est plutôt qu’une fièvre une ju
3314 e concentre dans un désir ou dans un rêve. Le vin de Souabe grise insensiblement, c’est plutôt qu’une fièvre une jubilatio
3315 e fièvre une jubilation bonhomme qui commence par le cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendr
3316 bonhomme qui commence par le cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendrissement plein de force
3317 par le cœur et se contente de ralentir doucement les idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors s
3318 ucement les idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors si l’on est quelques-uns, on se met à chan
3319 idées. C’est un attendrissement plein de force et de dignité. Alors si l’on est quelques-uns, on se met à chanter des chos
3320 drissement plein de force et de dignité. Alors si l’ on est quelques-uns, on se met à chanter des choses déchirantes qui pe
3321 imer cette euphorie. Quelques larmes font briller les yeux souriants et généreux. On se sent très près de ce qu’il y a de p
3322 e sent très près de ce qu’il y a de plus pur dans la nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveil
3323 l y a de plus pur dans la nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveillent, en sont comme sanctif
3324 dans la nature et toutes sortes de sensualités et de gourmandises qui s’éveillent, en sont comme sanctifiées. Mais c’est l
3325 ’éveillent, en sont comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table
3326 , en sont comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’ entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servan
3327 comme sanctifiées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respect
3328 iées. Mais c’est le moment d’entamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respectueuse des plai
3329 ntamer le jambon et les cornichons que dépose sur la table une servante respectueuse des plaisirs des hommes, et peut-être
3330 ueuse des plaisirs des hommes, et peut-être aussi de leurs familiarités. » J’étais attablé ce soir-là dans l’Auberge du Ce
3331 s familiarités. » J’étais attablé ce soir-là dans l’ Auberge du Cerf, au premier, les pieds contre mon schnauzer enfin calm
3332 lé ce soir-là dans l’Auberge du Cerf, au premier, les pieds contre mon schnauzer enfin calmé (il avait harcelé la servante
3333 ontre mon schnauzer enfin calmé (il avait harcelé la servante avec cette démesure qu’apportent dans leurs démonstrations l
3334 e démesure qu’apportent dans leurs démonstrations les chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à
3335 qu’apportent dans leurs démonstrations les chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à cause de
3336 tent dans leurs démonstrations les chiens de tous les pays). Au bout d’un certain temps, et sans doute à cause de ce que je
3337 temps, et sans doute à cause de ce que je venais d’ écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquant
3338 sans doute à cause de ce que je venais d’écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquantes et de l
3339 ’écrire, la faim me prit et je demandai une paire de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avai
3340 je demandai une paire de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de b
3341 demandai une paire de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de boul
3342 de saucisses croquantes et de la moutarde douce. Le journal local m’avait apporté cette ration de bouleversements, locaux
3343 ce. Le journal local m’avait apporté cette ration de bouleversements, locaux aussi à leur manière, et très éloignés, qui c
3344 peser des idées qui venaient se poser devant moi. La servante à l’autre coin de la pièce brodait, baillait, se sentait seu
3345 t se poser devant moi. La servante à l’autre coin de la pièce brodait, baillait, se sentait seule aussi. Ah ! pensai-je — 
3346 e poser devant moi. La servante à l’autre coin de la pièce brodait, baillait, se sentait seule aussi. Ah ! pensai-je — et
3347 j’écris ici, c’était alors une soudaine virulence de ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je s
3348 soudaine virulence de ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je sais pourquoi je puis rester da
3349 nce de ma pensée, un élan contenu de certitude et de tendre lucidité, — je sais pourquoi je puis rester dans cette Souabe
3350 es jours, je crois, oui je crois bien que je sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite
3351 crois, oui je crois bien que je sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite sur ma bonn
3352 sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite sur ma bonne mine, résultat selon lui de l’
3353 me félicite sur ma bonne mine, résultat selon lui de l’excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air
3354 félicite sur ma bonne mine, résultat selon lui de l’ excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air ci
3355 t selon lui de l’excellente cuisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’air citadin. Allons bon, félicitons l’hôt
3356 uisine que nous sert la Gnädige. Je n’aurais plus l’ air citadin. Allons bon, félicitons l’hôtesse. Au reste il s’agit bel
3357 aurais plus l’air citadin. Allons bon, félicitons l’ hôtesse. Au reste il s’agit bel et bien d’une question de nourriture,
3358 icitons l’hôtesse. Au reste il s’agit bel et bien d’ une question de nourriture, — la question fondamentale, et non point s
3359 se. Au reste il s’agit bel et bien d’une question de nourriture, — la question fondamentale, et non point seulement pour l
3360 ’agit bel et bien d’une question de nourriture, —  la question fondamentale, et non point seulement pour le corps. J’ai pen
3361 uestion fondamentale, et non point seulement pour le corps. J’ai pensé aux gens des villes, au décor de leur « vie ». J’ai
3362 e corps. J’ai pensé aux gens des villes, au décor de leur « vie ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril d’inanition spi
3363 « vie ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril d’ inanition spirituelle. Ils ne dorment plus assez pour se rendre compte
3364 . Ils ne dorment plus assez pour se rendre compte de la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’
3365 ls ne dorment plus assez pour se rendre compte de la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’ala
3366 plus assez pour se rendre compte de la décadence de leurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’alarme —, et l’a
3367 eurs rêves et des possessions en rêve — ce signal d’ alarme —, et l’amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus
3368 es possessions en rêve — ce signal d’alarme —, et l’ amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus cet infini repo
3369 nal d’alarme —, et l’amour qu’ils essaient encore le samedi soir n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’être,
3370 e le samedi soir n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’être, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide,
3371 n’est plus cet infini repos dans la puissance et l’ être, mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide, la mèche se cons
3372 , mais seulement une usure des nerfs. Lampe vide, la mèche se consume. Bois du lait, perds du temps, bats les lisières du
3373 he se consume. Bois du lait, perds du temps, bats les lisières du sommeil. Ou bien descends les bras collés au corps dans l
3374 s, bats les lisières du sommeil. Ou bien descends les bras collés au corps dans l’onde apaisée du souvenir. Sois riche d’av
3375 l. Ou bien descends les bras collés au corps dans l’ onde apaisée du souvenir. Sois riche d’avoir ce que tu es, comme ils s
3376 corps dans l’onde apaisée du souvenir. Sois riche d’ avoir ce que tu es, comme ils sont pauvres de n’avoir que ce qu’ils on
3377 iche d’avoir ce que tu es, comme ils sont pauvres de n’avoir que ce qu’ils ont. 19 juillet 1929 Ces mois de Souabe m
3378 que ce qu’ils ont. 19 juillet 1929 Ces mois de Souabe m’apparaissent de plus en plus comme une retraite sensuelle. N
3379 plus comme une retraite sensuelle. N’est-ce point de cela que l’homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours
3380 ne retraite sensuelle. N’est-ce point de cela que l’ homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appé
3381 -ce point de cela que l’homme des villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appétit de plaisir. C’est un cli
3382 villes a besoin de nos jours ? On parle toujours de son appétit de plaisir. C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur.
3383 n de nos jours ? On parle toujours de son appétit de plaisir. C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’
3384 ujours de son appétit de plaisir. C’est un cliché d’ un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’est pas le plaisir et ne s’o
3385 C’est un cliché d’un autre âge, et trompeur. Car l’ argent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les a
3386 un autre âge, et trompeur. Car l’argent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vu
3387 ent n’est pas le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vulgarisent en fait une ascèse inhumai
3388 s le plaisir et ne s’obtient pas dans le plaisir. Les affaires modernes vulgarisent en fait une ascèse inhumaine et sans bu
3389 scèse inhumaine et sans but divin. C’est pourquoi l’ usage d’une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse
3390 humaine et sans but divin. C’est pourquoi l’usage d’ une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin j
3391 ’une sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin juillet. Promenades sous la pluie, à la tombée du jo
3392 e sensualité consciente redevient une conquête de la sagesse. Fin juillet. Promenades sous la pluie, à la tombée du jour.
3393 uête de la sagesse. Fin juillet. Promenades sous la pluie, à la tombée du jour. L’esprit patient et fort trouve son repos
3394 agesse. Fin juillet. Promenades sous la pluie, à la tombée du jour. L’esprit patient et fort trouve son repos dans les fi
3395 t. Promenades sous la pluie, à la tombée du jour. L’ esprit patient et fort trouve son repos dans les figures qu’il engendr
3396 r. L’esprit patient et fort trouve son repos dans les figures qu’il engendre. Il arrive aussi qu’il les aime et qu’il resse
3397 les figures qu’il engendre. Il arrive aussi qu’il les aime et qu’il ressente à leur égard les désirs qu’auparavant il dédia
3398 ssi qu’il les aime et qu’il ressente à leur égard les désirs qu’auparavant il dédiait à quelque amie de haut parage spiritu
3399 es désirs qu’auparavant il dédiait à quelque amie de haut parage spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’inventio
3400 dédiait à quelque amie de haut parage spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’invention favorise la circulation
3401 ge spirituel. Le corps même y trouve sa part, car l’ invention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des maré
3402 s même y trouve sa part, car l’invention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des marées qui baignent nos m
3403 vention favorise la circulation du sang, amplifie le rythme des marées qui baignent nos membres. J’ai connu peu de joies p
3404 joies plus hautes que celle-ci : se promener dans les campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la
3405 mener dans les campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Comb
3406 campagnes amies en conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces
3407 s en conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et
3408 n conversant avec les pensées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et tra
3409 nsées et les êtres nés de la marche et du bonheur de respirer. Combien j’aime ces ciels bas et traînants. Le beau temps n’
3410 pirer. Combien j’aime ces ciels bas et traînants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si l’expression veut qu’il figu
3411 as et traînants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si l’expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». L
3412 ants. Le beau temps n’est pas toujours le bon, si l’ expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de
3413 oujours le bon, si l’expression veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont u
3414 on veut qu’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret q
3415 ’il figure le contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret qui favori
3416 contraire du « mauvais ». Les jours de pluie dans les campagnes ont un charme consolant et secret qui favorise la vie intér
3417 es ont un charme consolant et secret qui favorise la vie intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vou
3418 avorise la vie intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction
3419 e intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie len
3420 ntérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente
3421 , vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi les formes désirable
3422 une introduction à la vie lente — celle que mène l’ esprit humain parmi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les
3423 vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les possé
3424 mi les formes désirables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose sou
3425 irables du monde, lorsqu’il veut les connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose souveraine, — elle s
3426 les connaître et les posséder dans sa force. Car la lenteur est chose souveraine, — elle seule domine l’amour. Les plus g
3427 lenteur est chose souveraine, — elle seule domine l’ amour. Les plus grands spectacles naturels sont des spectacles de lent
3428 st chose souveraine, — elle seule domine l’amour. Les plus grands spectacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’i
3429 us grands spectacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils pa
3430 tacles naturels sont des spectacles de lenteur ou d’ immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils parlent à notre
3431 nt des spectacles de lenteur ou d’immobilité dans le mouvement. Et c’est par là qu’ils parlent à notre âme et la retienne
3432 t. Et c’est par là qu’ils parlent à notre âme et la retiennent, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité
3433 r là qu’ils parlent à notre âme et la retiennent, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait êtr
3434 nt, la captivent. Fin juillet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait d’un esprit incarné, mais seulement
3435 llet 1929 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait d’un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie
3436 9 Vraiment la rapidité ne saurait être le fait d’ un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie. Les ef
3437 être le fait d’un esprit incarné, mais seulement de son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de l
3438 rné, mais seulement de son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie
3439 eulement de son imagination pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber
3440 pervertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre da
3441 rvertie. Les effets de vitesse sont du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans
3442 nt du domaine de la matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs
3443 matière abandonnée à sa manie de tomber. Dès que l’ esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’où
3444 à sa manie de tomber. Dès que l’esprit entre dans le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’où naissent le désir e
3445 s le jeu, il provoque des lenteurs et des retards d’ où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mai
3446 rovoque des lenteurs et des retards d’où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi
3447 lenteurs et des retards d’où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventio
3448 retards d’où naissent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’
3449 ssent le désir et la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combl
3450 t la conscience. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujou
3451 nce. De là des pertes de temps ; mais de là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujours dépassent
3452 is de là aussi les inventions destinées d’abord à les combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de
3453 s d’abord à les combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’e
3454 les combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Pro
3455 s combler et qui toujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provis
3456 oujours dépassent le but. Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provisoirement ; car il
3457 Et de la sorte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’étrange
3458 rte, une ère de vitesse est une ère où la matière l’ emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’étrange que la mati
3459 ’emporte. Provisoirement ; car il se produit ceci d’ étrange que la matière à certaines très grandes vitesses commence à se
3460 isoirement ; car il se produit ceci d’étrange que la matière à certaines très grandes vitesses commence à se spiritualiser
3461 s grandes vitesses commence à se spiritualiser. À la vitesse suprême, elle s’évanouit en lumière. C’est ainsi que dans le
3462 elle s’évanouit en lumière. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés…
3463 lumière. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension d
3464 e. C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’es
3465 C’est ainsi que dans le monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’espri
3466 monde spirituel, l’ère de la vitesse préparerait l’ ère des Illuminés… L’extrême tension de l’esprit peut aboutir à des ma
3467 re de la vitesse préparerait l’ère des Illuminés… L’ extrême tension de l’esprit peut aboutir à des matérialisations, cepen
3468 réparerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’esprit peut aboutir à des matérialisations, cependant que l’extrême
3469 arerait l’ère des Illuminés… L’extrême tension de l’ esprit peut aboutir à des matérialisations, cependant que l’extrême te
3470 eut aboutir à des matérialisations, cependant que l’ extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement d
3471 matérialisations, cependant que l’extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme
3472 érialisations, cependant que l’extrême tension de la matière explose en subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme :
3473 tière explose en subtilité. Double mouvement dont l’ axe se nomme : l’humain. 10 août 1929 Le retour en troisième cl
3474 subtilité. Double mouvement dont l’axe se nomme : l’ humain. 10 août 1929 Le retour en troisième classe. Cinquième a
3475 nt l’axe se nomme : l’humain. 10 août 1929 Le retour en troisième classe. Cinquième arrêt ! Il y en aura une douzai
3476 oit arriver vers huit heures. J’ai d’abord essayé de me confiner dans cette petite édition cartonnée d’Andersen, mais sans
3477 e me confiner dans cette petite édition cartonnée d’ Andersen, mais sans cesse des hommes entrent, cherchent une place, ouv
3478 des hommes entrent, cherchent une place, ouvrent la fenêtre, ou bien c’est un contrôleur, ou bien c’est encore une gare e
3479 est encore une gare en géraniums, et il faut bien la regarder, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisitio
3480 e gare en géraniums, et il faut bien la regarder, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élémen
3481 er, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élément minable des populations qu’il traverse. À ch
3482 moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élément minable des populations qu’il traverse. À chaque station no
3483 ment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’ élément minable des populations qu’il traverse. À chaque station nous
3484 se. À chaque station nous débarquons un peu moins de paysans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ouvriers, cas
3485 tation nous débarquons un peu moins de paysans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ouvriers, casquettes et bou
3486 ans et de paniers ventrus, embarquons un peu plus d’ ouvriers, casquettes et bouts de cigares. Des ouvrières aussi, au rega
3487 quons un peu plus d’ouvriers, casquettes et bouts de cigares. Des ouvrières aussi, au regard irrité. Deux d’entre elles on
3488 u regard irrité. Deux d’entre elles ont fait mine de s’asseoir, en face et à côté de moi, mais je n’ai pas retiré ma valis
3489 s retiré ma valise et ne me suis pas serré contre la fenêtre. Elles ont senti cette sourde résistance et se sont assises p
3490 stance et se sont assises plus loin en maugréant. La misère de tous ces regards me paralyse. Comment répondre à leur hosti
3491 se sont assises plus loin en maugréant. La misère de tous ces regards me paralyse. Comment répondre à leur hostilité, comm
3492 ité, comment accueillir avec un cœur viril et bon le spectacle de ces corps amaigris, énervés ? Un cœur viril et bon comme
3493 accueillir avec un cœur viril et bon le spectacle de ces corps amaigris, énervés ? Un cœur viril et bon comme celui d’Ande
3494 igris, énervés ? Un cœur viril et bon comme celui d’ Andersen, un tel cœur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de
3495 ’Andersen, un tel cœur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de tant d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume c
3496 œur ne se fermerait pas devant la haine qui sourd de tant d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage cont
3497 e fermerait pas devant la haine qui sourd de tant d’ anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage contre leurs
3498 d’anxiétés. J’aimerais échanger mon costume clair de voyage contre leurs vêtements et leur casquette, me prouver que vraim
3499 asquette, me prouver que vraiment je n’aurais pas d’ envie… Nouvel arrêt. Mais cette fois c’est une fée qui monte, une gran
3500 de jeune fille nette aux yeux bleu-vert, au teint de princesse d’Andersen. Oh ! qu’elle vienne s’asseoir ici ! Mais je n’o
3501 ! Mais je n’ose plus lui faire place. Je sens que les deux ouvrières me regardent. Elle, sans doute, ne veut pas trop chois
3502 op choisir, ni surtout me choisir, — va s’asseoir de l’autre côté du couloir, tout au bord d’une banquette. Mais je la voi
3503 du couloir, tout au bord d’une banquette. Mais je la vois encore en regardant devant moi. J’ai honte. Comme nous sommes in
3504 ant moi. J’ai honte. Comme nous sommes incapables de nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous te
3505 nte. Comme nous sommes incapables de nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous tenions pour nulle
3506 capables de nous libérer de barrières sociales ou de pudeurs qu’en pensée nous tenions pour nulles. Si j’étais vraiment li
3507 deux ouvrières laides, sans méfiance, — ou bien à la jeune fille, sans fausse honte. Si j’étais vraiment libre, je lui par
3508 vraiment libre, je lui parlerais très doucement… La fumée des cigares lui fait peut-être mal au cœur, et aussi la curiosi
3509 cigares lui fait peut-être mal au cœur, et aussi la curiosité sournoise des ouvriers, des deux femmes qui examinent ses v
3510 femmes qui examinent ses vêtements. Elle a quitté le château endormi pour aller faire des courses en ville, probablement ;
3511 ourses en ville, probablement ; elle a dû prendre le train des ouvriers, et c’est à elle que va ma sympathie ?… Les hommes
3512 ouvriers, et c’est à elle que va ma sympathie ?… Les hommes parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mor
3513 athie ?… Les hommes parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mornes ou trop brillants ; ou lisent des fe
3514 parlent une langue brusque et de mauvaise humeur, les yeux mornes ou trop brillants ; ou lisent des feuilles communistes. L
3515 p brillants ; ou lisent des feuilles communistes. Le « Bummelzug », interminablement, crache sa fumée dans des gares de ba
3516 interminablement, crache sa fumée dans des gares de banlieue qui ne sont plus fleuries. Il règne dans ce wagon un malaise
3517 lavée — et cette robe verte seule pure —, et oh ! la pauvre interrogation des visages devant l’atrocité de notre vie socia
3518 t oh ! la pauvre interrogation des visages devant l’ atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. « Et
3519 auvre interrogation des visages devant l’atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. « Et la foule m
3520 evant l’atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. « Et la foule menaçante se pressait autour du cha
3521 sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. « Et la foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on mena
3522  Et la foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’un seul vol onze
3523 la foule menaçante se pressait autour du char de la princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’un seul vol onze gr
3524 a princesse qu’on menait au bûcher. Alors vinrent d’ un seul vol onze grands cygnes blancs. Ils se posèrent autour d’elle e
3525 onze grands cygnes blancs. Ils se posèrent autour d’ elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula.
3526 lancs. Ils se posèrent autour d’elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse
3527 ur d’elle et battirent de leurs grandes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d
3528 randes ailes. Et le peuple effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses ma
3529 effrayé recula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes q
3530 ula. » Mais la princesse jette sur eux les cottes d’ orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes qui se tien
3531 jette sur eux les cottes d’orties qu’elle tissait de ses mains, et voici onze princes qui se tiennent autour d’elle. « Ell
3532 ins, et voici onze princes qui se tiennent autour d’ elle. « Elle est innocente ! » s’écrient-ils, et le peuple s’agenouill
3533 ’elle. « Elle est innocente ! » s’écrient-ils, et le peuple s’agenouille comme devant une sainte. « Et pendant que l’aîné
3534 nouille comme devant une sainte. « Et pendant que l’ aîné des frères racontait tout ce qui était arrivé, un parfum de milli
3535 res racontait tout ce qui était arrivé, un parfum de millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du b
3536 t tout ce qui était arrivé, un parfum de millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du bûcher parais
3537 , un parfum de millions de roses se répandit dans les airs, tandis qu’au sommet du bûcher paraissait une blanche et lumineu
3538 ssait comme une étoile. » Mais pourquoi détourner la tête vers la vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’a
3539 ne étoile. » Mais pourquoi détourner la tête vers la vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’amour s’est li
3540 vitre sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’amour s’est libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies pro
3541 re sale, retenir des larmes ? Un soudain excès de l’ amour s’est libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies proche
3542 ient, s’ils pouvaient seulement savoir ! Partager la consolation miraculeuse ! En cet instant du moins je les ai tous aimé
3543 solation miraculeuse ! En cet instant du moins je les ai tous aimés. Et j’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est
3544 u moins je les ai tous aimés. Et j’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est de donner sans mesure un amour dont no
3545 ’ai compris que la grandeur du cœur humain, c’est de donner sans mesure un amour dont notre vie, peut-être, n’a que faire.
3546 amour dont notre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On pe
3547 t notre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’épre
3548 otre vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendr
3549 este de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’ Allemagne. On peut s’éprendre d’une telle absence, qui vient au lieu d
3550 ntre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendre d’ une telle absence, qui vient au lieu d’un temps étrange et plus pesant
3551 us pesant que nulle part. Me voici tout environné de ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il err
3552 Me voici tout environné de ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il errer, se retournant souvent
3553 ville. Où trouver ici la lenteur des choses ? Où le désir peut-il errer, se retournant souvent vers son passé, méditant s
3554 e retournant souvent vers son passé, méditant sur l’ oubli jusqu’à ce qu’un souvenir bouge et s’émeuve… Où se perdre ? Où p
3555 e ? Où porter un regard amoureux du mystère, dans la puissante circonspection de l’attente ? Ô journées souabes, répandues
3556 reux du mystère, dans la puissante circonspection de l’attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcre
3557 x du mystère, dans la puissante circonspection de l’ attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcreté
3558 de l’attente ? Ô journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné
3559 journées souabes, répandues dans la fraîcheur et l’ âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné ma vie ! Encore
3560 ma vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir
3561 n peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour ce
3562 ysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour cette ville à présent sans relâche, où les o
3563 ttées pour cette ville à présent sans relâche, où les orages n’ont pas d’odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’un a
3564 e à présent sans relâche, où les orages n’ont pas d’ odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’un arbre immense, ni des
3565 ù les orages n’ont pas d’odeur, terrains morts où l’ on n’a plus peur d’un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même,
3566 pas d’odeur, terrains morts où l’on n’a plus peur d’ un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’
3567 plus peur d’un arbre immense, ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’insomnie du petit jour populeux… Avril-a
3568 ni des femmes, mais de soi-même, sourdement, dans l’ insomnie du petit jour populeux… Avril-août 1929. Repris en 1932.d
3569 t bien, d’ailleurs, son dessein, qu’il avoue dans les entretiens recueillis par Biedermann. 16. Comme dit l’A. O. Barnaboo
3570 retiens recueillis par Biedermann. 16. Comme dit l’ A. O. Barnabooth de M. Valéry Larbaud. 17. Il s’agit des Méfaits de
3571 par Biedermann. 16. Comme dit l’A. O. Barnabooth de M. Valéry Larbaud. 17. Il s’agit des Méfaits de l’instruction publi
3572 de M. Valéry Larbaud. 17. Il s’agit des Méfaits de l’instruction publique , petit ouvrage publié à tirage limité à Lausa
3573 M. Valéry Larbaud. 17. Il s’agit des Méfaits de l’ instruction publique , petit ouvrage publié à tirage limité à Lausanne
3574 blié à tirage limité à Lausanne en mars 1929. d. L’ édition de 1982 mentionnait par erreur 1931.
3575 age limité à Lausanne en mars 1929. d. L’édition de 1982 mentionnait par erreur 1931.
8 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Quand je me souviens — C’est l’Europe
3576 Quand je me souviens — C’est l’ Europe Ces pages sont nées à des dates différentes d’un même état de
3577 ope Ces pages sont nées à des dates différentes d’ un même état de sensibilité, dont j’ai remarqué qu’il se révèle en moi
3578 sont nées à des dates différentes d’un même état de sensibilité, dont j’ai remarqué qu’il se révèle en moi par une même a
3579 marqué qu’il se révèle en moi par une même allure d’ écriture, toutes les fois que se trouve atteint le seuil de ce que j’a
3580 d’écriture, toutes les fois que se trouve atteint le seuil de ce que j’ai nommé le sentiment européen. Nom de code, mais a
3581 e, toutes les fois que se trouve atteint le seuil de ce que j’ai nommé le sentiment européen. Nom de code, mais aussi vrai
3582 e se trouve atteint le seuil de ce que j’ai nommé le sentiment européen. Nom de code, mais aussi vrai nom — par cela même
3583 l de ce que j’ai nommé le sentiment européen. Nom de code, mais aussi vrai nom — par cela même précisé — de mon Europe. Et
3584 de, mais aussi vrai nom — par cela même précisé — de mon Europe. Et vrai sujet, tout au moins manifeste, de cette suite d’
3585 n Europe. Et vrai sujet, tout au moins manifeste, de cette suite d’entrevisions des temps mêlés — « Ce présent que je vis
3586 ai sujet, tout au moins manifeste, de cette suite d’ entrevisions des temps mêlés — « Ce présent que je vis déjà comme un p
3587  « Ce présent que je vis déjà comme un passé dans le futur que j’anticipe » — et qui devait me conduire à une action : cel
3588 e conduire à une action : celle que je n’ai cessé de mener depuis, pour l’avenir du sens de nos vies. Le bon vieux temps
3589 n : celle que je n’ai cessé de mener depuis, pour l’ avenir du sens de nos vies. Le bon vieux temps présent 19 mars 1939
3590 n’ai cessé de mener depuis, pour l’avenir du sens de nos vies. Le bon vieux temps présent 19 mars 1939 « Le Führer a
3591 ener depuis, pour l’avenir du sens de nos vies. Le bon vieux temps présent 19 mars 1939 « Le Führer a passé la nuit a
3592 s. Le bon vieux temps présent 19 mars 1939 «  Le Führer a passé la nuit au Hradschin. » Après Vienne, avec Prague, c’e
3593 temps présent 19 mars 1939 « Le Führer a passé la nuit au Hradschin. » Après Vienne, avec Prague, c’est une Europe qui
3594 qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis
3595 mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais
3596 nt, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront
3597 és le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’heure où on l
3598 s paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’ heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et R
3599 nt toujours perdus : ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vie
3600 ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à
3601 l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où somb
3602 rs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’uniform
3603 ue, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’ heure où sombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s
3604 Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’ uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éter
3605 ombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, apr
3606 e barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans u
3607 vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’ un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirant
3608 ever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’ été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délic
3609 ts dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’ orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme l
3610 r éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme les secondes voi
3611 déchirante et délicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastr
3612 nn. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musique, soudain se fixe en
3613 Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musique, soudain se fixe en no
3614 in même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musique, soudain se fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux
3615 n « bon vieux temps » de plus, tout près de nous… Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé,
3616 temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Ma
3617 s ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Mais déjà, pour b
3618 , dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’ avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’a
3619 jà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’ avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Pe
3620 p d’entre nous, ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un co
3621 , ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encor
3622 notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’ un coup, est encore plus proche : c’est l’an passé, c’est avant-hier,
3623 u, tout d’un coup, est encore plus proche : c’est l’ an passé, c’est avant-hier, peut-être même est-ce — aujourd’hui ? Mais
3624 is oui, peut-être vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de s
3625 tre vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une lib
3626 derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’el
3627 ours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’ une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’elle était n
3628 parce qu’elle était notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis,
3629 tait notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs pe
3630 manière toute naturelle de respirer et de penser, d’ aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels. C
3631 le de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’ entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encor
3632 enir nos soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et s
3633 sirs personnels. Combien de temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeon
3634 ns une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrang
3635 leront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie
3636 sé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie qui sont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser le destin.
3637 ont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous d
3638 s ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il
3639 sursaut nous dresse à résister, il faudra changer le rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les
3640 ésister, il faudra changer le rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime
3641 nger le rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles
3642 ier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté
3643 der tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays se
3644 ’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays seulement où elles sévissent, mais aussi bien c
3645 s dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays seulement où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins q
3646 eulement où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut surv
3647 ais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent d’ un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car ell
3648 les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme
3649 d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l
3650 le est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l’ on circule avec aisance, gardant parfois l’arrière-conscience d’un mir
3651 eux où l’on circule avec aisance, gardant parfois l’ arrière-conscience d’un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n
3652 vec aisance, gardant parfois l’arrière-conscience d’ un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’atmos
3653 lle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’ atmosphère, par le charme qu’elle fait régner. Des lois adroites et hu
3654 œuvre d’art qui n’agit que par l’atmosphère, par le charme qu’elle fait régner. Des lois adroites et humaines ne suffiron
3655 s lois adroites et humaines ne suffiront jamais à l’ assurer : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui
3656 r : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’une
3657 mat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’ une entente tacite, d’une confiance, presque d’une insouciance… C’est
3658 espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’ une confiance, presque d’une insouciance… C’est tout cela que vient de
3659 ît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’ une insouciance… C’est tout cela que vient de mettre en question l’usu
3660 … C’est tout cela que vient de mettre en question l’ usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’a mis en question et qu’i
3661 tion l’usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’ a mis en question et qu’il nous force au réalisme à sa manière, le cha
3662 ion et qu’il nous force au réalisme à sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’é
3663 i qui s’éveille et goûte encore quelques instants les délices d’un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève
3664 lle et goûte encore quelques instants les délices d’ un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, l
3665 ais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, le temps d’un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolume
3666 it bien que c’est fini. Brève dispense, le temps d’ un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans l
3667 Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans le grand jour du siècle mécanique, accepter pour un temps sa loi, en pré
3668 réservant, s’il se peut, dans nos cœurs, ce droit d’ aimer, cette bonté humaine, plus inutile que jamais, dominatrice et ba
3669 le que jamais, dominatrice et bafouée. Demain, la guerre ! Le soir du 28 août 1939, je finissais de dîner dans un hô
3670 dominatrice et bafouée. Demain, la guerre ! Le soir du 28 août 1939, je finissais de dîner dans un hôtel de La Chaux
3671 guerre ! Le soir du 28 août 1939, je finissais de dîner dans un hôtel de La Chaux-de-Fonds, et comme je me préparais à
3672 Chaux-de-Fonds, et comme je me préparais à gagner le Conservatoire pour y assister à une répétition des chœurs de Nicolas
3673 toire pour y assister à une répétition des chœurs de Nicolas de Flue 18, la radio brusquement interrompit les conversati
3674 ne répétition des chœurs de Nicolas de Flue 18, la radio brusquement interrompit les conversations. Nous entendîmes la f
3675 las de Flue 18, la radio brusquement interrompit les conversations. Nous entendîmes la fin d’une phrase en italien, puis u
3676 nt interrompit les conversations. Nous entendîmes la fin d’une phrase en italien, puis une fanfare joua l’hymne national.
3677 rrompit les conversations. Nous entendîmes la fin d’ une phrase en italien, puis une fanfare joua l’hymne national. Le spea
3678 in d’une phrase en italien, puis une fanfare joua l’ hymne national. Le speaker répéta en français : convocation des Chambr
3679 italien, puis une fanfare joua l’hymne national. Le speaker répéta en français : convocation des Chambres fédérales pour
3680 convocation des Chambres fédérales pour désigner le général en chef, mobilisation immédiate des troupes de couverture-fro
3681 néral en chef, mobilisation immédiate des troupes de couverture-frontières. Au conservatoire, le grand chœur entonna le ré
3682 oupes de couverture-frontières. Au conservatoire, le grand chœur entonna le récitatif du troisième acte : Ô maintenant,
3683 ntières. Au conservatoire, le grand chœur entonna le récitatif du troisième acte : Ô maintenant, peuple des monts et des
3684 t, peuple des monts et des vallées — tremble dans l’ attente orageuse — sous un ciel d’angoisse et de haine ! — Malheur sur
3685 — tremble dans l’attente orageuse — sous un ciel d’ angoisse et de haine ! — Malheur sur nous ! Nuit lugubre, sans sommei
3686 s l’attente orageuse — sous un ciel d’angoisse et de haine ! — Malheur sur nous ! Nuit lugubre, sans sommeil — rythmée d’
3687 sur nous ! Nuit lugubre, sans sommeil — rythmée d’ armes martelées — meute folle, meurtrière — ô rumeur irréparable — que
3688 e — ô rumeur irréparable — que dis-tu ? — Demain, la guerre ! Le directeur n’était pas satisfait de son ensemble. Une fem
3689 irréparable — que dis-tu ? — Demain, la guerre ! Le directeur n’était pas satisfait de son ensemble. Une femme du chœur m
3690 , la guerre ! Le directeur n’était pas satisfait de son ensemble. Une femme du chœur me dit : « C’est difficile de chante
3691 le. Une femme du chœur me dit : « C’est difficile de chanter ça ce soir. Les mots vous restent dans la gorge… » Le drame n
3692 me dit : « C’est difficile de chanter ça ce soir. Les mots vous restent dans la gorge… » Le drame ne put être joué, la plup
3693 de chanter ça ce soir. Les mots vous restent dans la gorge… » Le drame ne put être joué, la plupart des acteurs et des cho
3694 a ce soir. Les mots vous restent dans la gorge… » Le drame ne put être joué, la plupart des acteurs et des choristes ayant
3695 yant été mobilisés cinq jours plus tard, comme je le fus. Cœur de l’Europe Berne, février 1940 Monté hier au Gothard
3696 és cinq jours plus tard, comme je le fus. Cœur de l’Europe Berne, février 1940 Monté hier au Gothard, pour affaire d
3697 cinq jours plus tard, comme je le fus. Cœur de l’ Europe Berne, février 1940 Monté hier au Gothard, pour affaire de s
3698 vrier 1940 Monté hier au Gothard, pour affaire de service. Ce haut lieu de la Suisse, ce vrai cœur de l’Europe, je ne m
3699 au Gothard, pour affaire de service. Ce haut lieu de la Suisse, ce vrai cœur de l’Europe, je ne m’en suis jamais approché
3700 Gothard, pour affaire de service. Ce haut lieu de la Suisse, ce vrai cœur de l’Europe, je ne m’en suis jamais approché san
3701 service. Ce haut lieu de la Suisse, ce vrai cœur de l’Europe, je ne m’en suis jamais approché sans ressentir une émotion
3702 rvice. Ce haut lieu de la Suisse, ce vrai cœur de l’ Europe, je ne m’en suis jamais approché sans ressentir une émotion que
3703 é sans ressentir une émotion que j’essaie en vain de qualifier ; elle ne ressemble à aucune autre. Je devais avoir 13 ou 1
3704 j’y vins pour la première fois, descendant à pied d’ Andermatt et passant par le Pont du diable. Et ce qui me saisit ne fut
3705 ois, descendant à pied d’Andermatt et passant par le Pont du diable. Et ce qui me saisit ne fut pas la grandeur presque lu
3706 le Pont du diable. Et ce qui me saisit ne fut pas la grandeur presque lugubre du paysage, mais au fond de la vallée cet ex
3707 grandeur presque lugubre du paysage, mais au fond de la vallée cet express obstiné dans sa vitesse régulière, qui serpenta
3708 ndeur presque lugubre du paysage, mais au fond de la vallée cet express obstiné dans sa vitesse régulière, qui serpentait
3709 obstiné dans sa vitesse régulière, qui serpentait d’ un flanc à l’autre, disparaissait, reparaissait, contournait la collin
3710 l’autre, disparaissait, reparaissait, contournait la colline de Wassen surmontée d’une église blanche, montait encore par
3711 sparaissait, reparaissait, contournait la colline de Wassen surmontée d’une église blanche, montait encore par des lacets
3712 ssait, contournait la colline de Wassen surmontée d’ une église blanche, montait encore par des lacets immenses, passait en
3713 n à notre hauteur, puis courait s’engouffrer dans les rochers, à la base d’une paroi verticale, noircie d’eau. J’avais pu l
3714 ur, puis courait s’engouffrer dans les rochers, à la base d’une paroi verticale, noircie d’eau. J’avais pu lire sur les lo
3715 courait s’engouffrer dans les rochers, à la base d’ une paroi verticale, noircie d’eau. J’avais pu lire sur les longs wago
3716 rochers, à la base d’une paroi verticale, noircie d’ eau. J’avais pu lire sur les longs wagons bruns : Amsterdam-Basel-Mila
3717 roi verticale, noircie d’eau. J’avais pu lire sur les longs wagons bruns : Amsterdam-Basel-Milano-Zagreb-Bucuresti. Je me r
3718 is un poème. Pour la première fois, j’avais senti l’ Europe. Hier, j’étais dans ce train. Il neigeait, on ne voyait guère q
3719 Il neigeait, on ne voyait guère que quelques pans de rochers sombres dans les déchirures de la brume. Mais de nouveau j’ai
3720 t guère que quelques pans de rochers sombres dans les déchirures de la brume. Mais de nouveau j’ai éprouvé la sensation de
3721 lques pans de rochers sombres dans les déchirures de la brume. Mais de nouveau j’ai éprouvé la sensation de pénétrer dans
3722 es pans de rochers sombres dans les déchirures de la brume. Mais de nouveau j’ai éprouvé la sensation de pénétrer dans une
3723 hirures de la brume. Mais de nouveau j’ai éprouvé la sensation de pénétrer dans une aire « sacrée », dans un territoire ré
3724 brume. Mais de nouveau j’ai éprouvé la sensation de pénétrer dans une aire « sacrée », dans un territoire réservé pour qu
3725 elle. Il est vrai qu’aujourd’hui, je sais pas mal de choses sur ce lieu et son rôle historique. (J’en ai même beaucoup écr
3726 J’en ai même beaucoup écrit.) Je sais que ce nœud de fleuves et de montagnes percé par le seul col qui relie d’un seul cou
3727 eaucoup écrit.) Je sais que ce nœud de fleuves et de montagnes percé par le seul col qui relie d’un seul coup le Nord et l
3728 que ce nœud de fleuves et de montagnes percé par le seul col qui relie d’un seul coup le Nord et le Midi du Continent à t
3729 es percé par le seul col qui relie d’un seul coup le Nord et le Midi du Continent à travers les deux chaînes des Alpes ici
3730 r le seul col qui relie d’un seul coup le Nord et le Midi du Continent à travers les deux chaînes des Alpes ici croisées,
3731 ul coup le Nord et le Midi du Continent à travers les deux chaînes des Alpes ici croisées, n’est pas seulement une position
3732 i croisées, n’est pas seulement une position clef de l’Europe, mais aussi, et pour cette raison même, l’origine très préci
3733 roisées, n’est pas seulement une position clef de l’ Europe, mais aussi, et pour cette raison même, l’origine très précise
3734 l’Europe, mais aussi, et pour cette raison même, l’ origine très précise de nos libertés suisses et de notre union fédéral
3735 et pour cette raison même, l’origine très précise de nos libertés suisses et de notre union fédérale. Quand je n’en saurai
3736 l’origine très précise de nos libertés suisses et de notre union fédérale. Quand je n’en saurais rien, j’ai lieu de suppos
3737 n fédérale. Quand je n’en saurais rien, j’ai lieu de supposer que l’impression ne serait pas moins forte. Toutes les sourc
3738 d je n’en saurais rien, j’ai lieu de supposer que l’ impression ne serait pas moins forte. Toutes les sources détiennent un
3739 ue l’impression ne serait pas moins forte. Toutes les sources détiennent une puissance radiante, et c’est ici la source du
3740 s détiennent une puissance radiante, et c’est ici la source du Rhin, du Rhône, et des deux plus gros affluents du Danube e
3741 léments dits naturels entrent en composition dans le mystère qui pèse sur ce massif, qui en émane… Je me disais en redesce
3742 sif, qui en émane… Je me disais en redescendant : les Suisses sont-ils sensibles à cette qualité ? Savent-ils qu’ils ont au
3743 ieu non pas seulement un tunnel et des forts ? Le petit nuage Fin mars 1940 — Au mois d’août de l’année dernière, le
3744 ts ? Le petit nuage Fin mars 1940 — Au mois d’ août de l’année dernière, le jour du pacte germano-soviétique, j’ai fa
3745 Le petit nuage Fin mars 1940 — Au mois d’août de l’année dernière, le jour du pacte germano-soviétique, j’ai fait deux
3746 petit nuage Fin mars 1940 — Au mois d’août de l’ année dernière, le jour du pacte germano-soviétique, j’ai fait deux ch
3747 ars 1940 — Au mois d’août de l’année dernière, le jour du pacte germano-soviétique, j’ai fait deux choses. Primo j’ai b
3748 mes dossiers, lettres, et papiers personnels, je les ai mis en lieu sûr et j’ai sorti mes uniformes pour les aérer. Secund
3749 mis en lieu sûr et j’ai sorti mes uniformes pour les aérer. Secundo, j’ai envoyé à un certain nombre de mes amis la phrase
3750 s aérer. Secundo, j’ai envoyé à un certain nombre de mes amis la phrase suivante : « Au plus fort de la persécution entrep
3751 undo, j’ai envoyé à un certain nombre de mes amis la phrase suivante : « Au plus fort de la persécution entreprise par Jul
3752 e de mes amis la phrase suivante : « Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre les chrétiens,
3753 e mes amis la phrase suivante : « Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre les chrétiens, qua
3754 ersécution entreprise par Julien l’Apostat contre les chrétiens, quand tout espoir humain semblait perdu, tout horizon bouc
3755 e, il passera. » Je viens de recevoir une lettre de « quelque part dans le Proche-Orient » et une autre des États-Unis. L
3756 ens de recevoir une lettre de « quelque part dans le Proche-Orient » et une autre des États-Unis. La première me dit : « L
3757 une autre des États-Unis. La première me dit : «  Le petit nuage n’est pas passé. Il passera, et nous serons encore une fo
3758 ns encore une fois assis au café des Deux Magots. La vie reprendra. Cela paraît irréel. » La seconde me dit : « Le petit n
3759 ndra. Cela paraît irréel. » La seconde me dit : «  Le petit nuage passera, oui… et nous avec ! » Selon l’humeur du jour, je
3760 petit nuage passera, oui… et nous avec ! » Selon l’ humeur du jour, je donne raison à l’une ou à l’autre de ces lettres. P
3761 e raison à l’une ou à l’autre de ces lettres. Pas d’ importance. Ce qui est important, c’est la certitude « qu’il passera »
3762 es. Pas d’importance. Ce qui est important, c’est la certitude « qu’il passera ». Que sont nos petits accès de décourageme
3763 tude « qu’il passera ». Que sont nos petits accès de découragement, ces brumes qu’un léger vent d’avant-printemps suffit à
3764 cès de découragement, ces brumes qu’un léger vent d’ avant-printemps suffit à dissiper en cinq minutes ? Qu’est-ce que cela
3765 en cinq minutes ? Qu’est-ce que cela au regard de la menace énorme qui domine l’Europe d’aujourd’hui ? Eh bien, cette mena
3766 que cela au regard de la menace énorme qui domine l’ Europe d’aujourd’hui ? Eh bien, cette menace, à son tour, n’est qu’un
3767 au regard de la menace énorme qui domine l’Europe d’ aujourd’hui ? Eh bien, cette menace, à son tour, n’est qu’un tout peti
3768 niversels que sera notre jugement au dernier jour de tous les temps. Karl Barth nous le disait l’autre jour à Tavannes où
3769 s que sera notre jugement au dernier jour de tous les temps. Karl Barth nous le disait l’autre jour à Tavannes où nous avio
3770 u dernier jour de tous les temps. Karl Barth nous le disait l’autre jour à Tavannes où nous avions donné deux conférences
3771 érences successives devant un vaste rassemblement de jeunes gens : « Comme chrétiens, nous n’avons à redouter que le Princ
3772  : « Comme chrétiens, nous n’avons à redouter que le Prince de tous les démons, et non pas tel ou tel démon qu’il nous dél
3773 chrétiens, nous n’avons à redouter que le Prince de tous les démons, et non pas tel ou tel démon qu’il nous délègue de te
3774 ns, nous n’avons à redouter que le Prince de tous les démons, et non pas tel ou tel démon qu’il nous délègue de temps à aut
3775 s, et non pas tel ou tel démon qu’il nous délègue de temps à autre. Le combat que nous devrons peut-être engager militaire
3776 ou tel démon qu’il nous délègue de temps à autre. Le combat que nous devrons peut-être engager militairement contre l’un d
3777 vrons peut-être engager militairement contre l’un de ces petits personnages, ce combat, si « total » qu’il soit, ne saurai
3778 e, une première escarmouche, un entraînement pour le « combat final » où le Christ seul pourra nous sauver, lorsque le Mal
3779 uche, un entraînement pour le « combat final » où le Christ seul pourra nous sauver, lorsque le Malin en personne nous acc
3780 l » où le Christ seul pourra nous sauver, lorsque le Malin en personne nous accusera au Jugement dernier. » Voilà les dime
3781 rsonne nous accusera au Jugement dernier. » Voilà les dimensions réelles qu’il faut oser envisager. Elles ne sont pas démes
3782 émesurées. Elles doivent au contraire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos crainte
3783 doivent au contraire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos craintes dérisoires et
3784 traire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos craintes dérisoires et mesquines. « C’
3785 mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos craintes dérisoires et mesquines. « C’est un petit nuage, il pass
3786 n petit nuage, il passera. » Ce mot me fut parole d’ Évangile quand je le lus l’année dernière. À cette heure où Paris…
3787 ssera. » Ce mot me fut parole d’Évangile quand je le lus l’année dernière. À cette heure où Paris… Berne, 15 juin 1940
3788 » Ce mot me fut parole d’Évangile quand je le lus l’ année dernière. À cette heure où Paris… Berne, 15 juin 1940 « À
3789 « À cette heure où Paris exsangue voile sa face d’ un nuage et se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sento
3790 sa face d’un nuage et se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints. Que
3791 qu’un disait : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s
3792 sait : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’ être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éte
3793 détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de haut
3794 e n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisseur avait prophétisé :
3795 te. Désert de hautes pierres sans âme, cimetière… L’ envahisseur avait prophétisé : le 15 juin j’entrerai dans Paris. Il y
3796 âme, cimetière… L’envahisseur avait prophétisé : le 15 juin j’entrerai dans Paris. Il y entre, en effet, mais ce n’est pl
3797 aris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’ esprit, devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. J
3798 t sa défaite irrémédiable devant l’esprit, devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef d
3799 l’esprit, devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui
3800 devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues
3801 ant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les
3802 ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde
3803 chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra qu
3804 hui ces rues les plus émouvantes du monde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est privé
3805 nde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’ aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’irre
3806 d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer, mais
3807 es. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’ irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer, mais qu’on ne peut co
3808 é à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer, mais qu’on ne peut conquérir par la fo
3809 qu’on peut tuer, mais qu’on ne peut conquérir par la force, et qui vaut plus, insondablement plus que tout ce que peuvent
3810 ablement plus que tout ce que peuvent rafler dans le monde entier les servants des « Panzerdivisionen ». Quelque chose d’i
3811 e tout ce que peuvent rafler dans le monde entier les servants des « Panzerdivisionen ». Quelque chose d’indéfinissable et
3812 servants des « Panzerdivisionen ». Quelque chose d’ indéfinissable et que nous appelions Paris. C’est ici l’impuissance tr
3813 finissable et que nous appelions Paris. C’est ici l’ impuissance tragique de ce conquérant victorieux : tout ce qu’il veut
3814 appelions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : tout ce qu’il veut saisir se change à son
3815 u’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. N’importe
3816 l veut saisir se change à son approche — Midas de l’ ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. N’importe qu
3817 du, en pierraille lépreuse. N’importe quel badaud d’ un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’un coucha
3818 rraille lépreuse. N’importe quel badaud d’un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’un couchant sur Ger
3819 d’un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’un couchant sur Germain-des-Prés, le grisant glissement de
3820 e juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’ un couchant sur Germain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de
3821 rs le bonheur d’un couchant sur Germain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siè
3822 chant sur Germain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de m
3823 nt sur Germain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misè
3824 rmain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sa
3825 in-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’ Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sages
3826 isant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage
3827 sement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette c
3828 foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plu
3829 rc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et pl
3830 aux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et plus fière qu
3831 siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et plus fière qu’aucune autre por
3832 e grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et plus fière qu’aucune autre portait les t
3833 plus douce et plus fière qu’aucune autre portait les traces pacifiées. N’importe quel badaud, mais pas un conquérant. La c
3834 s. N’importe quel badaud, mais pas un conquérant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-ê
3835 s pas un conquérant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire com
3836 ant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde
3837 s impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent
3838 bles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois
3839 s. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’ âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le
3840 conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le tour du m
3841 s avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils
3842 de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils ne rencontreront partout que le fracas du néant m
3843 tour du monde ! Ils ne rencontreront partout que le fracas du néant mécanique. Jusqu’au jour bien plus terrifiant que le
3844 mécanique. Jusqu’au jour bien plus terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’arrêtant enfin, ils comprendront qu’a
3845 e. Jusqu’au jour bien plus terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’arrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun tri
3846 Jusqu’au jour bien plus terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’arrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun triomp
3847 s comprendront qu’aucun triomphe ne vaut pour eux la moindre des réalités humaines qu’ils ont tuées. “… car ils ne savent
3848 r ils ne savent ce qu’ils font.” » Ce texte parut le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , entre l’arrivée au pouvoir de
3849 ce qu’ils font.” » Ce texte parut le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , entre l’arrivée au pouvoir de Pétain dans la n
3850 nt.” » Ce texte parut le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , entre l’arrivée au pouvoir de Pétain dans la nuit du 16 ju
3851 t le 17 juin dans la Gazette de Lausanne , entre l’ arrivée au pouvoir de Pétain dans la nuit du 16 juin, et l’appel de Lo
3852 Gazette de Lausanne , entre l’arrivée au pouvoir de Pétain dans la nuit du 16 juin, et l’appel de Londres lancé par de Ga
3853 sanne , entre l’arrivée au pouvoir de Pétain dans la nuit du 16 juin, et l’appel de Londres lancé par de Gaulle le 18 juin
3854 au pouvoir de Pétain dans la nuit du 16 juin, et l’ appel de Londres lancé par de Gaulle le 18 juin. L’article me valut un
3855 oir de Pétain dans la nuit du 16 juin, et l’appel de Londres lancé par de Gaulle le 18 juin. L’article me valut une condam
3856 6 juin, et l’appel de Londres lancé par de Gaulle le 18 juin. L’article me valut une condamnation à quinze jours de forter
3857 ’appel de Londres lancé par de Gaulle le 18 juin. L’ article me valut une condamnation à quinze jours de forteresse, au sec
3858 ’article me valut une condamnation à quinze jours de forteresse, au secret, et « facilita » une mission que je reçus quelq
3859 mission que je reçus quelques semaines plus tard, de conférences sur la Suisse aux USA. Le 20 août, je quittais Genève pou
3860 s quelques semaines plus tard, de conférences sur la Suisse aux USA. Le 20 août, je quittais Genève pour l’Amérique. In
3861 plus tard, de conférences sur la Suisse aux USA. Le 20 août, je quittais Genève pour l’Amérique. Intermède New York, f
3862 isse aux USA. Le 20 août, je quittais Genève pour l’ Amérique. Intermède New York, fin 1942 … mais sachez-le : nous n
3863 Intermède New York, fin 1942 … mais sachez- le  : nous n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous étie
3864 2 … mais sachez-le : nous n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous étiez « occupés », nous étions en e
3865 z-le : nous n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous étiez « occupés », nous étions en exil, et les uns c
3866 . Vous étiez « occupés », nous étions en exil, et les uns comme les autres dans l’inaccepté, dans la dépossession profonde,
3867  occupés », nous étions en exil, et les uns comme les autres dans l’inaccepté, dans la dépossession profonde, dans une mise
3868 étions en exil, et les uns comme les autres dans l’ inaccepté, dans la dépossession profonde, dans une mise en question gé
3869 t les uns comme les autres dans l’inaccepté, dans la dépossession profonde, dans une mise en question générale au pire mom
3870 s une mise en question générale au pire moment, à l’ heure de moindre résistance. Notre angoisse était de penser : parleron
3871 se en question générale au pire moment, à l’heure de moindre résistance. Notre angoisse était de penser : parlerons-nous e
3872 heure de moindre résistance. Notre angoisse était de penser : parlerons-nous encore le même langage au jour de ce retour e
3873 angoisse était de penser : parlerons-nous encore le même langage au jour de ce retour en France, — dans quelle France, et
3874 r : parlerons-nous encore le même langage au jour de ce retour en France, — dans quelle France, et dans quelle Europe ? N
3875 ce, et dans quelle Europe ? Nous étions soumis à l’ érosion de l’exil, moins brutale, certes, mais plus intime que celle d
3876 s quelle Europe ? Nous étions soumis à l’érosion de l’exil, moins brutale, certes, mais plus intime que celle de l’occupa
3877 uelle Europe ? Nous étions soumis à l’érosion de l’ exil, moins brutale, certes, mais plus intime que celle de l’occupatio
3878 moins brutale, certes, mais plus intime que celle de l’occupation. Un conquérant n’occupe jamais que l’extérieur, mais l’é
3879 ns brutale, certes, mais plus intime que celle de l’ occupation. Un conquérant n’occupe jamais que l’extérieur, mais l’étra
3880 e l’occupation. Un conquérant n’occupe jamais que l’ extérieur, mais l’étranger s’infiltre au cœur de l’être. Comment lui r
3881 conquérant n’occupe jamais que l’extérieur, mais l’ étranger s’infiltre au cœur de l’être. Comment lui résisterait-on ? C’
3882 e l’extérieur, mais l’étranger s’infiltre au cœur de l’être. Comment lui résisterait-on ? C’est un ami. Il vous a reçus d’
3883 ’extérieur, mais l’étranger s’infiltre au cœur de l’ être. Comment lui résisterait-on ? C’est un ami. Il vous a reçus d’abo
3884 us a proposé ses façons et usages qu’il convenait d’ aimer. Bientôt, s’il voit que vous restez là, il change un peu : vous
3885 us restez là, il change un peu : vous n’êtes plus l’ invité mais un client, et qui devrait s’arranger pour payer. Et quand
3886 s’arranger pour payer. Et quand vous n’avez plus d’ argent, c’est tout d’un coup le monsieur qui ne tient pas à ce que vou
3887 r. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’est tout d’ un coup le monsieur qui ne tient pas à ce que vous lui causiez des enn
3888 d vous n’avez plus d’argent, c’est tout d’un coup le monsieur qui ne tient pas à ce que vous lui causiez des ennuis. Débro
3889 vous êtes trop nombreux, on ne peut pas s’occuper de chacun de vous. Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombreux. En Fra
3890 trop nombreux, on ne peut pas s’occuper de chacun de vous. Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombreux. En France, en Su
3891 trop nombreux. En France, en Suisse aussi, avant la guerre, déjà, on trouvait qu’il y avait trop de Juifs réfugiés. Des g
3892 t la guerre, déjà, on trouvait qu’il y avait trop de Juifs réfugiés. Des gens frappés par le malheur, où que ce soit, il y
3893 vait trop de Juifs réfugiés. Des gens frappés par le malheur, où que ce soit, il y en a toujours trop. Cependant notre sor
3894 tre sort vous paraissait enviable, à juste titre. Les pires tourments de l’esprit et du cœur ont toujours paru préférables
3895 sait enviable, à juste titre. Les pires tourments de l’esprit et du cœur ont toujours paru préférables à la torture physiq
3896 t enviable, à juste titre. Les pires tourments de l’ esprit et du cœur ont toujours paru préférables à la torture physique,
3897 esprit et du cœur ont toujours paru préférables à la torture physique, ou même à sa menace. Autant dire qu’on les tient po
3898 physique, ou même à sa menace. Autant dire qu’on les tient pour moins sérieux. Nous étions mal placés pour discuter cela,
3899 s pour discuter cela, donc en somme pour défendre l’ esprit, — qui était pourtant tout ce qu’il restait à défendre par nous
3900 t tout ce qu’il restait à défendre par nous, dans l’ exil… Beekman Place New York, août 1943 Beekman Place est un de
3901 Place New York, août 1943 Beekman Place est un de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’Europe ! » parce qu’il
3902 août 1943 Beekman Place est un de ces lieux où l’ exilé s’écrie : « Mais c’est l’Europe ! » parce qu’il y trouve un char
3903 un de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’ Europe ! » parce qu’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je l
3904 ’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je la vois du haut de mon douzième étage, en enfilade, petite tranchée d’as
3905 charme, simplement. Mais quand je la vois du haut de mon douzième étage, en enfilade, petite tranchée d’asphalte et de bri
3906 mon douzième étage, en enfilade, petite tranchée d’ asphalte et de brique jaune et rose dans un chaos géométrique, c’est b
3907 étage, en enfilade, petite tranchée d’asphalte et de brique jaune et rose dans un chaos géométrique, c’est bien New York…
3908 … Si je me retourne un peu sur ma terrasse, voici la perspective de l’East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de m
3909 urne un peu sur ma terrasse, voici la perspective de l’East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau
3910 e un peu sur ma terrasse, voici la perspective de l’ East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau. L
3911 l’East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau. La rivière sillonnée de remorqueurs toussotants, lu
3912 usqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’ eau. La rivière sillonnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat
3913 Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau. La rivière sillonnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat d’étain
3914 immense de minéral et d’eau. La rivière sillonnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat d’étain pâli. Les ponts imme
3915 ivière sillonnée de remorqueurs toussotants, luit d’ un éclat d’étain pâli. Les ponts immenses, vers Brooklyn, font une den
3916 onnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat d’ étain pâli. Les ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle d’un
3917 queurs toussotants, luit d’un éclat d’étain pâli. Les ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle d’un kilomètre, tout
3918 ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle d’ un kilomètre, toute menue dans la distance. Cheminées, mâts, clochers,
3919 ont une dentelle d’un kilomètre, toute menue dans la distance. Cheminées, mâts, clochers, usines plates et réclames lumine
3920 ines plates et réclames lumineuses en plein jour. Le seul vestige de nature — car l’eau même est canalisée — ce sont ces t
3921 éclames lumineuses en plein jour. Le seul vestige de nature — car l’eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots de gr
3922 es en plein jour. Le seul vestige de nature — car l’ eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots de granit noir couver
3923 ’eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots de granit noir couverts de mouettes, et signalés par deux petits phares
3924 — ce sont ces trois îlots de granit noir couverts de mouettes, et signalés par deux petits phares dont clignotent irréguli
3925 eux petits phares dont clignotent irrégulièrement le feu vert — cinq secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sep
3926 otent irrégulièrement le feu vert — cinq secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sept secondes. Tout ce qu’embra
3927 nt le feu vert — cinq secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sept secondes. Tout ce qu’embrasse mon regard, tou
3928 es. Tout ce qu’embrasse mon regard, tout est fait de main d’homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois écon
3929 ce qu’embrasse mon regard, tout est fait de main d’ homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois économiques
3930 e mon regard, tout est fait de main d’homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois économiques et de leurs fat
3931 s. Qu’on ne me parle plus des lois économiques et de leurs fatales réalités : car ce sont les réalités d’un monde tout art
3932 miques et de leurs fatales réalités : car ce sont les réalités d’un monde tout artificiel que nous, les hommes avons bâti s
3933 leurs fatales réalités : car ce sont les réalités d’ un monde tout artificiel que nous, les hommes avons bâti selon nos cap
3934 les réalités d’un monde tout artificiel que nous, les hommes avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raisons fol
3935 et nos raisons folles. Si nous changions un jour de goûts et d’ambition, ce paysage se transformerait. Si je me tourne ve
3936 ons folles. Si nous changions un jour de goûts et d’ ambition, ce paysage se transformerait. Si je me tourne vers le nord,
3937 e paysage se transformerait. Si je me tourne vers le nord, je vois un monde de terrasses, du deuxième au trentième étage d
3938 t. Si je me tourne vers le nord, je vois un monde de terrasses, du deuxième au trentième étage du River Club, où vivent de
3939 Et tout près, ces jardins suspendus où circulent de jeunes femmes en maillot de bain. L’une se penche sur ses géraniums,
3940 uspendus où circulent de jeunes femmes en maillot de bain. L’une se penche sur ses géraniums, l’autre ajuste des lunettes
3941 es… Quelques jeunes gens viennent boire un verre, le soir. Un violoniste s’escrime à vingt reprises sur le deuxième Concer
3942 artèlent ce Tchaïkovski qu’on entend siffler dans la rue… Je me souviens de ce que j’ai sous les yeux : je le vois déjà co
3943 qu’on entend siffler dans la rue… Je me souviens de ce que j’ai sous les yeux : je le vois déjà comme je me le rappellera
3944 r dans la rue… Je me souviens de ce que j’ai sous les yeux : je le vois déjà comme je me le rappellerai, une fois de retour
3945 Je me souviens de ce que j’ai sous les yeux : je le vois déjà comme je me le rappellerai, une fois de retour en Europe. J
3946 j’ai sous les yeux : je le vois déjà comme je me le rappellerai, une fois de retour en Europe. J’en connais par avance la
3947 le vois déjà comme je me le rappellerai, une fois de retour en Europe. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient
3948 fois de retour en Europe. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain d’ocres, de roses, d’
3949 en Europe. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain d’ocres, de roses, d’argent et d’éc
3950 a nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain d’ ocres, de roses, d’argent et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines
3951 ie. Le soir vient dans un luxe américain d’ocres, de roses, d’argent et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fum
3952 r vient dans un luxe américain d’ocres, de roses, d’ argent et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fumées traîne
3953 un luxe américain d’ocres, de roses, d’argent et d’ éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les pont
3954 américain d’ocres, de roses, d’argent et d’éclats d’ or sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les ponts s’éteig
3955 d’ocres, de roses, d’argent et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les ponts s’éteignent, le s
3956 sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les ponts s’éteignent, le sommet des gratte-ciel se met à luire sous la l
3957 ines. Des fumées traînent, les ponts s’éteignent, le sommet des gratte-ciel se met à luire sous la lune, au-dessus des pre
3958 nt, le sommet des gratte-ciel se met à luire sous la lune, au-dessus des premiers nuages. Une grande nuit s’ouvre au trava
3959 ges. Une grande nuit s’ouvre au travail paisible. D’ heure en heure, je me lève et sors. Je me promène sur cette terrasse q
3960 t sors. Je me promène sur cette terrasse qui fait le tour de mes chambres blanches posées sur le onzième étage et festonné
3961 Je me promène sur cette terrasse qui fait le tour de mes chambres blanches posées sur le onzième étage et festonnées de tu
3962 lanches posées sur le onzième étage et festonnées de tuiles provençales. La brique est chaude encore sous mes pieds nus. À
3963 nzième étage et festonnées de tuiles provençales. La brique est chaude encore sous mes pieds nus. À ma hauteur, et un peu
3964 t un peu plus bas, et puis beaucoup plus bas dans les buildings voisins séparés de ma terrasse par un gouffre profond mais
3965 ucoup plus bas dans les buildings voisins séparés de ma terrasse par un gouffre profond mais étroit, je vois des couples e
3966 tinée en peignoir rose ouvre son frigidaire, sort de la glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop chaud. Des rires vienne
3967 ée en peignoir rose ouvre son frigidaire, sort de la glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent
3968 ouvre son frigidaire, sort de la glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent d’une terrasse obscu
3969 peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent d’ une terrasse obscure, un cliquetis de tiges de verre dans les highball
3970 res viennent d’une terrasse obscure, un cliquetis de tiges de verre dans les highballs. Je rentre et j’aligne mes mots. Pe
3971 ent d’une terrasse obscure, un cliquetis de tiges de verre dans les highballs. Je rentre et j’aligne mes mots. Petits mati
3972 asse obscure, un cliquetis de tiges de verre dans les highballs. Je rentre et j’aligne mes mots. Petits matins déjà doux de
3973 s. Petits matins déjà doux des terrasses, moments les plus aigus de la vie, au jour qui point, quand toutes choses et les s
3974 s déjà doux des terrasses, moments les plus aigus de la vie, au jour qui point, quand toutes choses et les souvenirs d’hie
3975 éjà doux des terrasses, moments les plus aigus de la vie, au jour qui point, quand toutes choses et les souvenirs d’hier c
3976 la vie, au jour qui point, quand toutes choses et les souvenirs d’hier changent de poids et de millésime, quand les mouette
3977 r qui point, quand toutes choses et les souvenirs d’ hier changent de poids et de millésime, quand les mouettes éclosent du
3978 nd toutes choses et les souvenirs d’hier changent de poids et de millésime, quand les mouettes éclosent du rocher, quand l
3979 oses et les souvenirs d’hier changent de poids et de millésime, quand les mouettes éclosent du rocher, quand les premiers
3980 s d’hier changent de poids et de millésime, quand les mouettes éclosent du rocher, quand les premiers remorqueurs se metten
3981 miers remorqueurs se mettent à souffler fort dans la brume d’été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vi
3982 orqueurs se mettent à souffler fort dans la brume d’ été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vient râper
3983 à souffler fort dans la brume d’été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vient râper doucement le crépi
3984 a brume d’été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vient râper doucement le crépi des murs bas, sur la t
3985 e langue de lumière orangée vient râper doucement le crépi des murs bas, sur la terrasse toute voisine. Un autre jour, le
3986 vient râper doucement le crépi des murs bas, sur la terrasse toute voisine. Un autre jour, le même amour, mais le cœur s’
3987 as, sur la terrasse toute voisine. Un autre jour, le même amour, mais le cœur s’ouvre — l’aube est l’heure du pardon déliv
3988 toute voisine. Un autre jour, le même amour, mais le cœur s’ouvre — l’aube est l’heure du pardon délivrant — et je me donn
3989 autre jour, le même amour, mais le cœur s’ouvre —  l’ aube est l’heure du pardon délivrant — et je me donne au jour américai
3990 le même amour, mais le cœur s’ouvre — l’aube est l’ heure du pardon délivrant — et je me donne au jour américain ! Sur le
3991 élivrant — et je me donne au jour américain ! Sur le grand fond sonore à bouche fermée des usines de l’autre rive, les sir
3992 r le grand fond sonore à bouche fermée des usines de l’autre rive, les sirènes des ferry-boats poussaient leur solo de dés
3993 onore à bouche fermée des usines de l’autre rive, les sirènes des ferry-boats poussaient leur solo de désastre, de faux dés
3994 les sirènes des ferry-boats poussaient leur solo de désastre, de faux désastre et d’appel commercial, dans le matin strid
3995 des ferry-boats poussaient leur solo de désastre, de faux désastre et d’appel commercial, dans le matin strident de l’East
3996 saient leur solo de désastre, de faux désastre et d’ appel commercial, dans le matin strident de l’East River. Un quadrimot
3997 tre, de faux désastre et d’appel commercial, dans le matin strident de l’East River. Un quadrimoteur argenté passait très
3998 tre et d’appel commercial, dans le matin strident de l’East River. Un quadrimoteur argenté passait très haut entre deux to
3999 et d’appel commercial, dans le matin strident de l’ East River. Un quadrimoteur argenté passait très haut entre deux tours
4000 r arroser au tuyau ses arbustes. Soudain, passant la tranche ocrée d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la ri
4001 u ses arbustes. Soudain, passant la tranche ocrée d’ un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue
4002 . Soudain, passant la tranche ocrée d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses c
4003 d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses canons glissait sans bruit, un énorme
4004 ait sans bruit, un énorme croiseur défilait, tout l’ équipage en fête saluant New York d’adieux, filant pavois au vent vers
4005 éfilait, tout l’équipage en fête saluant New York d’ adieux, filant pavois au vent vers l’Europe et la guerre… Mémoire d
4006 ant New York d’adieux, filant pavois au vent vers l’ Europe et la guerre… Mémoire de l’Europe New York, fin 1944 Je n
4007 d’adieux, filant pavois au vent vers l’Europe et la guerre… Mémoire de l’Europe New York, fin 1944 Je ne savais pas
4008 is au vent vers l’Europe et la guerre… Mémoire de l’Europe New York, fin 1944 Je ne savais pas que tout était si prè
4009 au vent vers l’Europe et la guerre… Mémoire de l’ Europe New York, fin 1944 Je ne savais pas que tout était si près,
4010 étais baigné. J’étais fondé. Et je marchais parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l
4011 is parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’é
4012 séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’ on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces
4013 numents que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’ écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers un
4014 ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée
4015 s qui tournaient doucement vers une place plantée d’ arbres et déserte, aux rendez-vous manqués où je me retrouvais… « Je t
4016 etrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit. L’ Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était pro
4017 . J’aime ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’ amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être
4018 ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être présent q
4019 urope était patrie d’amour. Le silence attendait, l’ absence était profonde, et chaque être présent questionnait, répondait
4020 , et chaque être présent questionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obs
4021 questionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la con
4022 ée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la contemplation jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
4023 ne obscure, ou bien dans la contemplation jalouse d’ un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et not
4024 e d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait
4025 jà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fre
4026 ion la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fredonnée sur le seuil, au matin d’une journée qu
4027 au silence. La force était chanson fredonnée sur le seuil, au matin d’une journée qui se liait aux autres… (Quand ta forc
4028 ce était chanson fredonnée sur le seuil, au matin d’ une journée qui se liait aux autres… (Quand ta force devient visible,
4029 res… (Quand ta force devient visible, c’est comme le sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va.) La force était mémoire
4030 le sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va.) La force était mémoire et allusion. Elle était ce vieil arbre tenace. El
4031 ion. Elle était ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en
4032 t ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle
4033 ait la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Qu
4034 ceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’ un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me
4035 ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que
4036 é d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe e
4037 ’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’ amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
4038 pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’ Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a s
4039 Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’ Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant
4040 ouviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et
4041 n vie tant de passé, et garder tant de morts dans la présence, elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’avenir.
4042 nt de morts dans la présence, elle ne cessera pas d’ engendrer. Elle a maîtrise d’avenir. Nostalgie anticipée Princeton,
4043 elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’ avenir. Nostalgie anticipée Princeton, 27 mars 1946 Entre les d
4044 algie anticipée Princeton, 27 mars 1946 Entre les deux mondes. — L’avion partira dans trois jours. Déjà par l’imaginati
4045 nceton, 27 mars 1946 Entre les deux mondes. —  L’ avion partira dans trois jours. Déjà par l’imagination, j’habite l’Eur
4046 des. — L’avion partira dans trois jours. Déjà par l’ imagination, j’habite l’Europe. Je circule quand je veux dans les haut
4047 ans trois jours. Déjà par l’imagination, j’habite l’ Europe. Je circule quand je veux dans les hauts corridors et dans le v
4048 j’habite l’Europe. Je circule quand je veux dans les hauts corridors et dans le vestibule qui sent le fruit de notre ancie
4049 le quand je veux dans les hauts corridors et dans le vestibule qui sent le fruit de notre ancienne maison de campagne, et
4050 les hauts corridors et dans le vestibule qui sent le fruit de notre ancienne maison de campagne, et mon pied reconnaît cet
4051 corridors et dans le vestibule qui sent le fruit de notre ancienne maison de campagne, et mon pied reconnaît cette brique
4052 agne, et mon pied reconnaît cette brique, près de l’ escalier, qui basculait un peu du temps de mon enfance. (On ne l’a don
4053 près de l’escalier, qui basculait un peu du temps de mon enfance. (On ne l’a donc jamais recimentée ?) Pourquoi faire ce v
4054 basculait un peu du temps de mon enfance. (On ne l’ a donc jamais recimentée ?) Pourquoi faire ce voyage vers les lieux et
4055 amais recimentée ?) Pourquoi faire ce voyage vers les lieux et les choses que toujours et partout je porte en moi ? Mais il
4056 tée ?) Pourquoi faire ce voyage vers les lieux et les choses que toujours et partout je porte en moi ? Mais il faut aller v
4057 partout je porte en moi ? Mais il faut aller vers les êtres, car ce sont eux qui changent et qui s’éloignent. Un autre sent
4058 ui s’éloignent. Un autre sentiment que je connais d’ avance et ne pourrai que retrouver là-bas, c’est celui de ma nostalgie
4059 e et ne pourrai que retrouver là-bas, c’est celui de ma nostalgie de l’Amérique. De ce présent que je vis déjà comme passé
4060 que retrouver là-bas, c’est celui de ma nostalgie de l’Amérique. De ce présent que je vis déjà comme passé dans le futur q
4061 retrouver là-bas, c’est celui de ma nostalgie de l’ Amérique. De ce présent que je vis déjà comme passé dans le futur que
4062 à-bas, c’est celui de ma nostalgie de l’Amérique. De ce présent que je vis déjà comme passé dans le futur que j’anticipe.
4063 e. De ce présent que je vis déjà comme passé dans le futur que j’anticipe. Je me promène dans un New York déjà quitté, réc
4064 déjà quitté, récapitulant mes regrets… Nostalgie de cette avenue, à telle heure du jour ou de la nuit, j’y vais encore un
4065 stalgie de cette avenue, à telle heure du jour ou de la nuit, j’y vais encore une fois, pour la retrouver déjà… Que signif
4066 lgie de cette avenue, à telle heure du jour ou de la nuit, j’y vais encore une fois, pour la retrouver déjà… Que signifie
4067 our ou de la nuit, j’y vais encore une fois, pour la retrouver déjà… Que signifie tant de puérilité ? Le doute n’est plus
4068 retrouver déjà… Que signifie tant de puérilité ? Le doute n’est plus permis. J’aime l’Amérique. Ils me demanderont pourqu
4069 de puérilité ? Le doute n’est plus permis. J’aime l’ Amérique. Ils me demanderont pourquoi, je ne saurai pas répondre. Sait
4070 e ne saurai pas répondre. Sait-on jamais pourquoi l’ on aime un être ? Voici longtemps qu’on a cessé de penser qu’il est me
4071 l’on aime un être ? Voici longtemps qu’on a cessé de penser qu’il est meilleur ou plus beau que tout autre, mais avec lui
4072 illeur ou plus beau que tout autre, mais avec lui l’ on se sent bien. Ses défauts crèvent les yeux, il vous a fait souffrir
4073 s avec lui l’on se sent bien. Ses défauts crèvent les yeux, il vous a fait souffrir, on vous démontrera qu’il n’est pas fai
4074 ne signifie rien sur sa valeur « en soi » ni sur la vôtre que personne ne peut mesurer. Mais dans cette relation, vous ex
4075 ls me diront encore : « Vous estimez vraiment que l’ Amérique est si bien ? Vous préférez y vivre ? Vous reniez l’Europe ? 
4076 est si bien ? Vous préférez y vivre ? Vous reniez l’ Europe ? » Mais je ne sais pas du tout si l’Amérique est bien ou mal,
4077 eniez l’Europe ? » Mais je ne sais pas du tout si l’ Amérique est bien ou mal, si elle vaut mieux que l’Europe, si j’y revi
4078 ’Amérique est bien ou mal, si elle vaut mieux que l’ Europe, si j’y reviendrai jamais ! Et l’homme est né pour circuler, no
4079 mieux que l’Europe, si j’y reviendrai jamais ! Et l’ homme est né pour circuler, non pour s’enraciner comme une victime des
4080 sa mère, un autre comme sa femme, un autre comme les femmes, un autre enfin comme une passion. L’amour n’est pas encore ra
4081 mme les femmes, un autre enfin comme une passion. L’ amour n’est pas encore rationné, que je sache ? Et s’il est vrai, s’il
4082 , que je sache ? Et s’il est vrai, s’il n’est pas le masque d’une haine, s’il m’ouvre à l’Être au lieu de me refermer sur
4083 ache ? Et s’il est vrai, s’il n’est pas le masque d’ une haine, s’il m’ouvre à l’Être au lieu de me refermer sur quelque ob
4084 l n’est pas le masque d’une haine, s’il m’ouvre à l’ Être au lieu de me refermer sur quelque obsession de l’Avoir, chaque a
4085 Être au lieu de me refermer sur quelque obsession de l’Avoir, chaque amour enrichit tout l’amour. Entre deux mondes aimés
4086 e au lieu de me refermer sur quelque obsession de l’ Avoir, chaque amour enrichit tout l’amour. Entre deux mondes aimés dif
4087 obsession de l’Avoir, chaque amour enrichit tout l’ amour. Entre deux mondes aimés différemment, que l’amour ne soit pas d
4088 ’amour. Entre deux mondes aimés différemment, que l’ amour ne soit pas déchiré ! Mais qu’il s’anime et vole et se réjouisse
4089 sse, et qu’il exige enfin sa pleine mesure, toute la Terre promise à tout l’homme ! Premier retour Paris, début avril 1
4090 n sa pleine mesure, toute la Terre promise à tout l’ homme ! Premier retour Paris, début avril 1946 LaGuardia Field d
4091 ield dans une matinée bleue, c’était déjà presque l’ été. Cinq heures plus tard, nous avons rejoint l’hiver, un ouragan de
4092 l’été. Cinq heures plus tard, nous avons rejoint l’ hiver, un ouragan de neige horizontale sur le désert des forêts canadi
4093 plus tard, nous avons rejoint l’hiver, un ouragan de neige horizontale sur le désert des forêts canadiennes aux lacs gelés
4094 oint l’hiver, un ouragan de neige horizontale sur le désert des forêts canadiennes aux lacs gelés. Nous dûmes passer toute
4095 nadiennes aux lacs gelés. Nous dûmes passer toute la nuit dans les lugubres baraquements de la base de Gander, à Terre-Neu
4096 lacs gelés. Nous dûmes passer toute la nuit dans les lugubres baraquements de la base de Gander, à Terre-Neuve. Une aurore
4097 sser toute la nuit dans les lugubres baraquements de la base de Gander, à Terre-Neuve. Une aurore boréale nous avait arrêt
4098 r toute la nuit dans les lugubres baraquements de la base de Gander, à Terre-Neuve. Une aurore boréale nous avait arrêtés,
4099 la nuit dans les lugubres baraquements de la base de Gander, à Terre-Neuve. Une aurore boréale nous avait arrêtés, non poi
4100 quait des tempêtes magnétiques qui ont pour effet d’ aveugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homm
4101 empêtes magnétiques qui ont pour effet d’aveugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette bel
4102 eugler les avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusemen
4103 s avions aux appareils plus délicats que les sens de l’homme. Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusement dénoué
4104 vions aux appareils plus délicats que les sens de l’ homme. Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusement dénouée d
4105 radio-poétique s’étant heureusement dénouée dans les hauteurs du ciel arctique, nous montâmes en spirale à 5000 mètres, au
4106 nous montâmes en spirale à 5000 mètres, au-dessus d’ une mer morte de glace. J’allais écrire : « L’avion s’élance pour fran
4107 spirale à 5000 mètres, au-dessus d’une mer morte de glace. J’allais écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’Océan d’u
4108 sus d’une mer morte de glace. J’allais écrire : «  L’ avion s’élance pour franchir l’Océan d’un seul bond. Nous volons à tir
4109 ’allais écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’ Océan d’un seul bond. Nous volons à tire-d’aile vers l’Irlande ». Mais
4110 écrire : « L’avion s’élance pour franchir l’Océan d’ un seul bond. Nous volons à tire-d’aile vers l’Irlande ». Mais ce clic
4111 an d’un seul bond. Nous volons à tire-d’aile vers l’ Irlande ». Mais ce cliché et ces jolies syllabes décrivent mal un voya
4112 st attendre. Non seulement attendre son tour dans la queue devant des guichets, mais encore, une fois installé dans le fau
4113 des guichets, mais encore, une fois installé dans le fauteuil profond de l’avion, attendre que la boule au-dessous de nous
4114 ncore, une fois installé dans le fauteuil profond de l’avion, attendre que la boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au
4115 re, une fois installé dans le fauteuil profond de l’ avion, attendre que la boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au po
4116 dans le fauteuil profond de l’avion, attendre que la boule au-dessous de nous ait tourné jusqu’au point désiré, pour y des
4117 y descendre et s’y poser. Rien ne donne une idée de l’immobilité comme ce vol sans repères en plein ciel, à 150 mètres à
4118 descendre et s’y poser. Rien ne donne une idée de l’ immobilité comme ce vol sans repères en plein ciel, à 150 mètres à la
4119 50 mètres à la seconde, sans vibration ni courant d’ air, et sans nul signe apparent de mouvement. Les uns écrivent, d’autr
4120 tion ni courant d’air, et sans nul signe apparent de mouvement. Les uns écrivent, d’autres déjeunent. Je regarde par mon h
4121 t d’air, et sans nul signe apparent de mouvement. Les uns écrivent, d’autres déjeunent. Je regarde par mon hublot. La mer e
4122 t, d’autres déjeunent. Je regarde par mon hublot. La mer est blanche, un peu houleuse et cotonneuse. Mais tout d’un coup e
4123 blanche, un peu houleuse et cotonneuse. Mais tout d’ un coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mi
4124 n coup elle se déchire : ce n’était qu’une couche de nuages. Trois-mille mètres plus bas paraît une surface bleue, comme u
4125 une surface bleue, comme un papier grenu ponctué de défauts blancs. Un petit fuseau clair y traîne sa fumée, c’est un paq
4126 en trois heures. Nous sommes partis tout au début de la matinée. Voici déjà l’après-midi, voici le soir, nous volons contr
4127 trois heures. Nous sommes partis tout au début de la matinée. Voici déjà l’après-midi, voici le soir, nous volons contre l
4128 es partis tout au début de la matinée. Voici déjà l’ après-midi, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps co
4129 but de la matinée. Voici déjà l’après-midi, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps coule deux fois plus v
4130 à l’après-midi, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore
4131 i, voici le soir, nous volons contre le soleil et le temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore. Des cumulus
4132 le soleil et le temps coule deux fois plus vite. La stratosphère se dore. Des cumulus élèvent des tours et des créneaux d
4133 re. Des cumulus élèvent des tours et des créneaux d’ un rose feu sur l’horizon follement lointain, tandis que nous survolon
4134 èvent des tours et des créneaux d’un rose feu sur l’ horizon follement lointain, tandis que nous survolons des profondeurs
4135 s survolons des profondeurs multipliées, cavernes d’ ombre et gonflements majestueux où la lumière fait ses grands jeux, de
4136 es, cavernes d’ombre et gonflements majestueux où la lumière fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Au
4137 ts majestueux où la lumière fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la
4138 tueux où la lumière fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. De
4139 fait ses grands jeux, de tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout
4140 e tous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout est flamme et or. Mais u
4141 ous les rouges au bleu de plomb. Aux approches de l’ Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout est flamme et or. Mais un t
4142 u bleu de plomb. Aux approches de l’Irlande vient la nuit. Derrière nous, tout est flamme et or. Mais un toit d’ombre épai
4143 errière nous, tout est flamme et or. Mais un toit d’ ombre épaisse descend obliquement, rejoint la mer, ferme le monde deva
4144 toit d’ombre épaisse descend obliquement, rejoint la mer, ferme le monde devant nous. En deux minutes nous sommes passés d
4145 paisse descend obliquement, rejoint la mer, ferme le monde devant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire au
4146 e devant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y a plus, tout près sur nos têtes
4147 evant nous. En deux minutes nous sommes passés de la gloire aux ténèbres denses. Il n’y a plus, tout près sur nos têtes, q
4148 nses. Il n’y a plus, tout près sur nos têtes, que les lampes en veilleuses, et le ronron des moteurs. Une petite secousse,
4149 s sur nos têtes, que les lampes en veilleuses, et le ronron des moteurs. Une petite secousse, une longue promenade sur des
4150 une longue promenade sur des pistes en ciment. Et l’ arrêt doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’élégance.
4151 tes en ciment. Et l’arrêt doux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’élégance. Une dame qui vient de passer le
4152 ux. Shannon, Irlande. Le restaurant ne manque pas d’ élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amériq
4153 nque pas d’élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se r
4154 d’élégance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : «
4155 légance. Une dame qui vient de passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : « Qu
4156 e passer le temps de la guerre en Amérique frémit de toutes ses fourrures et se récrie : « Quel goût ! Voilà l’Europe enfi
4157 ses fourrures et se récrie : « Quel goût ! Voilà l’ Europe enfin ! Et des fleurs vraies ! Ah mon cher, ici tout est beau !
4158 i tout est beau !… — Mais tout ici a été fait par les Américains pendant la guerre… — Taisez-vous, me crie-t-elle, je retro
4159 is tout ici a été fait par les Américains pendant la guerre… — Taisez-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’es
4160 uerre… — Taisez-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’ Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rid
4161 crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux rouges, ces meubles
4162 le, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’ être objectif ! » Elle adore ces rideaux rouges, ces meubles blancs, e
4163 ouges, ces meubles blancs, et ce grape-fruit. Ils la vengent, croit-elle, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’où i
4164 s, et ce grape-fruit. Ils la vengent, croit-elle, d’ une Amérique « où tout est laid », mais d’où ils viennent. 2 avril
4165 t-elle, d’une Amérique « où tout est laid », mais d’ où ils viennent. 2 avril 1946 Les oiseaux de Paris. — Nous roul
4166 id », mais d’où ils viennent. 2 avril 1946 Les oiseaux de Paris. — Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’
4167 ’où ils viennent. 2 avril 1946 Les oiseaux de Paris. — Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’Orly vers P
4168 — Nous roulons dans un petit autobus, du terrain d’ Orly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’ai quitté… Par quel
4169 ’Orly vers Paris. Sept ans bientôt, depuis que je l’ ai quitté… Par quelle porte allons-nous entrer ? Je ne puis pas distin
4170 te allons-nous entrer ? Je ne puis pas distinguer les noms des rues sur ces maisons jaunes ou grises et si basses. Je cherc
4171 jaunes ou grises et si basses. Je cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’un coup : rue Claude-Bernard, — en ple
4172 es et si basses. Je cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’un coup : rue Claude-Bernard, — en plein cinquième a
4173 e cherche à voir, le nez contre la vitre, et tout d’ un coup : rue Claude-Bernard, — en plein cinquième arrondissement : —
4174 rrondissement : — quand je me croyais encore dans la banlieue… Déjà nous descendons une rue déserte et provinciale. C’étai
4175 ons une rue déserte et provinciale. C’était cela, le boulevard Saint-Michel ? Mais sur les quais, où le car nous dépose, j
4176 ’était cela, le boulevard Saint-Michel ? Mais sur les quais, où le car nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Pa
4177 e boulevard Saint-Michel ? Mais sur les quais, où le car nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans que
4178 r les quais, où le car nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre heures du matin
4179 ar nous dépose, j’ai retrouvé les grandes mesures de Paris. Dans quel silence, à quatre heures du matin. Trouverons-nous q
4180 du matin. Trouverons-nous quelques chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. C
4181 . Trouverons-nous quelques chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. Cet hôtel
4182 rouverons-nous quelques chambres pour le reste de la nuit ? Deux jeunes Américains du convoi m’interrogent. Cet hôtel ne
4183 rrogent. Cet hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les décourage d’aller chercher ailleurs. Crise des logements. — Est-ce qu
4184 hôtel ne leur plaît qu’à moitié. Je les décourage d’ aller chercher ailleurs. Crise des logements. — Est-ce que Paris a été
4185 sez des chambres libres, faites-moi signe. (Comme les Américains paraissent bizarres, ici. Comme ils se mettent immédiateme
4186 ls se mettent immédiatement à ressembler à ce que l’ on pense d’eux en Europe.) Il y a des chambres et même des salles de b
4187 nt immédiatement à ressembler à ce que l’on pense d’ eux en Europe.) Il y a des chambres et même des salles de bains. Mais
4188 n Europe.) Il y a des chambres et même des salles de bains. Mais comment dormirais-je cette nuit ? J’arrive au rendez-vous
4189 ive au rendez-vous après sept ans, furtivement, à la faveur d’une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’avais bien souvent d
4190 dez-vous après sept ans, furtivement, à la faveur d’ une nuit déserte. Un rendez-vous dont j’avais bien souvent désespéré,
4191 juin 1940, qui sonnait malgré moi comme un adieu… Le jour point derrière les rideaux. Je vais sortir sur mon balcon, je va
4192 malgré moi comme un adieu… Le jour point derrière les rideaux. Je vais sortir sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord
4193 s rideaux. Je vais sortir sur mon balcon, je vais la voir… Tout d’abord je n’ai distingué qu’un paysage de toits bleus, mé
4194 oir… Tout d’abord je n’ai distingué qu’un paysage de toits bleus, médiéval. Et voici qu’une cloche très fine a sonné cinq
4195 eurs en écho. Je ne savais plus, après ces années de New York, qu’il y a des cloches qui sonnent les heures aux villes, et
4196 es de New York, qu’il y a des cloches qui sonnent les heures aux villes, et qui s’accordent à la suavité aiguë du petit jou
4197 nnent les heures aux villes, et qui s’accordent à la suavité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudain de cris menus et
4198 vité aiguë du petit jour. Et cette rumeur soudain de cris menus et de sifflets, de tous côtés, comme les premières gouttes
4199 it jour. Et cette rumeur soudain de cris menus et de sifflets, de tous côtés, comme les premières gouttes d’une averse, ce
4200 ette rumeur soudain de cris menus et de sifflets, de tous côtés, comme les premières gouttes d’une averse, ce sont bien de
4201 flets, de tous côtés, comme les premières gouttes d’ une averse, ce sont bien des oiseaux ! Dans une ville ! Point d’autres
4202 e ne rêve pas : un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’or pâle du dôme s’avive au-dessus des toits bleus, des t
4203 un coq qui crie, tout là-bas vers les Invalides. L’ or pâle du dôme s’avive au-dessus des toits bleus, des toits roux et d
4204 et des murs couleur du temps, où quelques taches de rose clair ou de noir achèvent de composer une harmonie qui fait veni
4205 eur du temps, où quelques taches de rose clair ou de noir achèvent de composer une harmonie qui fait venir les larmes aux
4206 quelques taches de rose clair ou de noir achèvent de composer une harmonie qui fait venir les larmes aux yeux. Premier bru
4207 achèvent de composer une harmonie qui fait venir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois.
4208 qui fait venir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés,
4209 ir les larmes aux yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouvre une p
4210 yeux. Premier bruit de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouvre une porte de service à
4211 t de pas dans la rue. Semelles de bois. Une femme de ménage sort ses clés, ouvre une porte de service à côté du portail d’
4212 ne femme de ménage sort ses clés, ouvre une porte de service à côté du portail d’un ministère. Un vieux monsieur très gran
4213 lés, ouvre une porte de service à côté du portail d’ un ministère. Un vieux monsieur très grand, vêtu de noir, aux pantalon
4214 ’un ministère. Un vieux monsieur très grand, vêtu de noir, aux pantalons étroits, aux longs souliers pointus, sort d’un xi
4215 ntalons étroits, aux longs souliers pointus, sort d’ un xixe siècle d’illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandai
4216 ux longs souliers pointus, sort d’un xixe siècle d’ illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de gros
4217 liers pointus, sort d’un xixe siècle d’illustrés de mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de grosses valises,
4218 mon enfance. Des jeunes gens en chandail, portant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un
4219 ndail, portant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’une beauté o
4220 ortant de grosses valises, se hâtent vers la gare d’ Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’une beauté oubliée.
4221 s, se hâtent vers la gare d’Orsay. Paris a reculé d’ un siècle, en direction d’une beauté oubliée. Plus Suisse que natur
4222 d’Orsay. Paris a reculé d’un siècle, en direction d’ une beauté oubliée. Plus Suisse que nature 7 avril 1946 — Que la
4223 . Plus Suisse que nature 7 avril 1946 — Que la Suisse soit restée aussi suisse m’a paru proprement incroyable. Je ne
4224 isse m’a paru proprement incroyable. Je ne trouve d’ autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver justement. Tout est
4225 proprement incroyable. Je ne trouve d’autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver justement. Tout est pareil à mes
4226 able. Je ne trouve d’autre sujet de m’étonner que de n’en point trouver justement. Tout est pareil à mes souvenirs, à pein
4227 à peine un peu plus ressemblant. Tout est intact. La brusquerie des employés intacte, quand on demande un petit renseignem
4228 quand on demande un petit renseignement et qu’on les voit s’identifier en un clin d’œil avec les règlements « pareils pour
4229 qu’on les voit s’identifier en un clin d’œil avec les règlements « pareils pour tous », non point avec votre situation d’us
4230 reils pour tous », non point avec votre situation d’ usager perplexe ou anxieux. La bonhomie des mêmes employés intacte, un
4231 vec votre situation d’usager perplexe ou anxieux. La bonhomie des mêmes employés intacte, une fois qu’on leur a laissé le
4232 es employés intacte, une fois qu’on leur a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.)
4233 és intacte, une fois qu’on leur a laissé le temps de revenir à leur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les quar
4234 eur naturel. (Et ce n’est pas toujours au galop.) Les quartiers extérieurs des villes intacts, et si parfaits dans le propr
4235 xtérieurs des villes intacts, et si parfaits dans le propret-coquet-scolaire-1910 que l’imagination se rend sans condition
4236 parfaits dans le propret-coquet-scolaire-1910 que l’ imagination se rend sans condition après la plus rapide reconnaissance
4237 10 que l’imagination se rend sans condition après la plus rapide reconnaissance des lieux. J’ai revu des amis intacts, et
4238 ce des lieux. J’ai revu des amis intacts, et dont l’ amitié seule avait mûri comme un bon vin. Et j’ai feuilleté des éditio
4239 éditions si belles qu’on se demande quels talents les méritent. Ce qu’il y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le
4240 il y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le mythe helvétique par excellence d’une décence fondamentale. Il se peu
4241 ut-être, c’est le mythe helvétique par excellence d’ une décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la
4242 llence d’une décence fondamentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée p
4243 mentale. Il se peut que la Suisse ait seule gagné la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mo
4244 la guerre, et seule n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y est mal vu, tout simpl
4245 le n’ait pas été contaminée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y est mal vu, tout simplement. On le tient
4246 inée par le gangstérisme à la mode. C’est clair : le mal y est mal vu, tout simplement. On le tient encore pour anormal. J
4247 clair : le mal y est mal vu, tout simplement. On le tient encore pour anormal. J’ai l’impression qu’on exagère un peu, à
4248 simplement. On le tient encore pour anormal. J’ai l’ impression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde s
4249 mpression qu’on exagère un peu, à cet égard. Mais le reste du monde se charge bien de rétablir un équilibre « humain », su
4250 cet égard. Mais le reste du monde se charge bien de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles récemment présentés
4251 rge bien de rétablir un équilibre « humain », sur les modèles récemment présentés par MM. Hitler et Staline. Je m’en tiens
4252 tiens là dans mes jugements. J’arrive à peine. Le mauvais temps qui vient Neuchâtel-Paris, décembre 1946 Souffrir, e
4253 mbre 1946 Souffrir, en soi, n’est pas toujours l’ honneur qu’on pense, mais souvent un simple accident. Je vois des Suis
4254 cident. Je vois des Suisses qui se disent honteux de n’avoir pas souffert comme les autres, comme les Français, les Hollan
4255 i se disent honteux de n’avoir pas souffert comme les autres, comme les Français, les Hollandais, les Grecs, les Russes. Ma
4256 x de n’avoir pas souffert comme les autres, comme les Français, les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands a
4257 as souffert comme les autres, comme les Français, les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands aussi, finaleme
4258 e les autres, comme les Français, les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands aussi, finalement, ont souffert
4259 s, comme les Français, les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands aussi, finalement, ont souffert, se sont f
4260 çais, les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands aussi, finalement, ont souffert, se sont fait tuer, ont été
4261 nt été envahis. Qu’est-ce que cela prouve ? Quand l’ avalanche balaye tout un village sauf deux maisons, les rescapés sont-
4262 alanche balaye tout un village sauf deux maisons, les rescapés sont-ils honteux ? Il me semble que ces scrupules ne sont pa
4263 Il me semble que ces scrupules ne sont pas dignes de la tragédie moderne. Et tout d’abord, ils sont prématurés. Ils révèle
4264 me semble que ces scrupules ne sont pas dignes de la tragédie moderne. Et tout d’abord, ils sont prématurés. Ils révèlent
4265 , ils sont prématurés. Ils révèlent chez ceux qui les ont l’illusion que le drame est terminé et que le temps de faire des
4266 nt prématurés. Ils révèlent chez ceux qui les ont l’ illusion que le drame est terminé et que le temps de faire des comptes
4267 Ils révèlent chez ceux qui les ont l’illusion que le drame est terminé et que le temps de faire des comptes est arrivé. Or
4268 es ont l’illusion que le drame est terminé et que le temps de faire des comptes est arrivé. Or le drame continue, c’est tr
4269 illusion que le drame est terminé et que le temps de faire des comptes est arrivé. Or le drame continue, c’est trop clair.
4270 que le temps de faire des comptes est arrivé. Or le drame continue, c’est trop clair. Le tour des Suisses viendra, qu’ils
4271 t arrivé. Or le drame continue, c’est trop clair. Le tour des Suisses viendra, qu’ils se rassurent ! Et s’ils ont constitu
4272 dra, qu’ils se rassurent ! Et s’ils ont constitué la réserve au cours du dernier épisode, on ne leur demande ni de s’en fé
4273 u cours du dernier épisode, on ne leur demande ni de s’en féliciter ni de s’en plaindre, mais de se préparer pour la suite
4274 isode, on ne leur demande ni de s’en féliciter ni de s’en plaindre, mais de se préparer pour la suite, pour l’heure où ils
4275 de ni de s’en féliciter ni de s’en plaindre, mais de se préparer pour la suite, pour l’heure où ils devront « donner ». Le
4276 ter ni de s’en plaindre, mais de se préparer pour la suite, pour l’heure où ils devront « donner ». Le premier devoir d’un
4277 plaindre, mais de se préparer pour la suite, pour l’ heure où ils devront « donner ». Le premier devoir d’une réserve est d
4278 eure où ils devront « donner ». Le premier devoir d’ une réserve est de maintenir ses forces intactes et alertées. Intacts
4279 t « donner ». Le premier devoir d’une réserve est de maintenir ses forces intactes et alertées. Intacts nous le sommes, re
4280 nir ses forces intactes et alertées. Intacts nous le sommes, relativement. Alertés, je n’en suis pas sûr. L’ennui, avec ce
4281 mes, relativement. Alertés, je n’en suis pas sûr. L’ ennui, avec ce beau pays, ce n’est pas qu’il soit si propre et bien te
4282 soit si propre et bien tenu, trait dont s’égayent les étrangers de passage, un peu comme ces paysans qui se poussent du cou
4283 et bien tenu, trait dont s’égayent les étrangers de passage, un peu comme ces paysans qui se poussent du coude quand on l
4284 mme ces paysans qui se poussent du coude quand on les laisse entrer dans le hall du château. L’ennui n’est pas non plus que
4285 poussent du coude quand on les laisse entrer dans le hall du château. L’ennui n’est pas non plus que le matériel soit bon,
4286 and on les laisse entrer dans le hall du château. L’ ennui n’est pas non plus que le matériel soit bon, l’or abondant, les
4287 e hall du château. L’ennui n’est pas non plus que le matériel soit bon, l’or abondant, les enfants bien nourris. Ni même q
4288 nnui n’est pas non plus que le matériel soit bon, l’ or abondant, les enfants bien nourris. Ni même qu’on dise merci tout l
4289 non plus que le matériel soit bon, l’or abondant, les enfants bien nourris. Ni même qu’on dise merci tout le temps, à tout
4290 fants bien nourris. Ni même qu’on dise merci tout le temps, à tout propos, cinq ou six fois pendant l’achat d’un timbre, p
4291 le temps, à tout propos, cinq ou six fois pendant l’ achat d’un timbre, par exemple, avec une gratitude émue qui dépasse cu
4292 , à tout propos, cinq ou six fois pendant l’achat d’ un timbre, par exemple, avec une gratitude émue qui dépasse curieuseme
4293 avec une gratitude émue qui dépasse curieusement l’ occasion, mais dont on sent que le surplus peut entretenir ce fond de
4294 se curieusement l’occasion, mais dont on sent que le surplus peut entretenir ce fond de bienveillance universelle dont l’e
4295 nt on sent que le surplus peut entretenir ce fond de bienveillance universelle dont l’existence rassure les Suisses… L’enn
4296 retenir ce fond de bienveillance universelle dont l’ existence rassure les Suisses… L’ennui c’est qu’il n’y a pas du tout d
4297 ienveillance universelle dont l’existence rassure les Suisses… L’ennui c’est qu’il n’y a pas du tout de bienveillance unive
4298 universelle dont l’existence rassure les Suisses… L’ ennui c’est qu’il n’y a pas du tout de bienveillance universelle. Et q
4299 es Suisses… L’ennui c’est qu’il n’y a pas du tout de bienveillance universelle. Et que la Suisse est mal préparée, par sa
4300 pas du tout de bienveillance universelle. Et que la Suisse est mal préparée, par sa probité même, à faire face aux gangst
4301 sa probité même, à faire face aux gangsters. Rien de moins suisse que le cynisme, honoré dans le reste du monde. Rien de p
4302 aire face aux gangsters. Rien de moins suisse que le cynisme, honoré dans le reste du monde. Rien de plus suisse que le ré
4303 Rien de moins suisse que le cynisme, honoré dans le reste du monde. Rien de plus suisse que le réflexe de critiquer sèche
4304 é dans le reste du monde. Rien de plus suisse que le réflexe de critiquer sèchement tout ce qui dépasse, alors que l’on to
4305 este du monde. Rien de plus suisse que le réflexe de critiquer sèchement tout ce qui dépasse, alors que l’on tolère très b
4306 ritiquer sèchement tout ce qui dépasse, alors que l’ on tolère très bien ce qui n’atteint même pas le niveau moyen, et cela
4307 e l’on tolère très bien ce qui n’atteint même pas le niveau moyen, et cela dans la vie quotidienne autant que dans la poli
4308 n’atteint même pas le niveau moyen, et cela dans la vie quotidienne autant que dans la politique. Ces vertus, cette prude
4309 , et cela dans la vie quotidienne autant que dans la politique. Ces vertus, cette prudence avare, s’explique sans doute pa
4310 , cette prudence avare, s’explique sans doute par les dimensions du pays, mais ne suffisent plus à le protéger. Il est temp
4311 les dimensions du pays, mais ne suffisent plus à le protéger. Il est temps que les Suisses découvrent que pécher par défa
4312 ne suffisent plus à le protéger. Il est temps que les Suisses découvrent que pécher par défaut, dans ce temps dur, est plus
4313 rave que pécher par excès. On ne saurait exagérer la profondeur d’une telle révolution dans la patrie du moralisme à la fo
4314 r par excès. On ne saurait exagérer la profondeur d’ une telle révolution dans la patrie du moralisme à la fois puritain et
4315 xagérer la profondeur d’une telle révolution dans la patrie du moralisme à la fois puritain et bourgeois. Et certes je sui
4316 Et certes je suis loin de proposer qu’on déchaîne les fous et les aventuriers, mais je voudrais pouvoir compter sur des hom
4317 suis loin de proposer qu’on déchaîne les fous et les aventuriers, mais je voudrais pouvoir compter sur des hommes prêts à
4318 pouvoir compter sur des hommes prêts à maîtriser l’ aventure désormais probable, face à la démesure universelle. Le regard
4319 à maîtriser l’aventure désormais probable, face à la démesure universelle. Le regard intrépide et désillusionné du grand B
4320 sormais probable, face à la démesure universelle. Le regard intrépide et désillusionné du grand Burckhardt considérant l’h
4321 et désillusionné du grand Burckhardt considérant l’ histoire du monde, et le rythme vital d’un Nicolas Manuel : c’est vers
4322 nd Burckhardt considérant l’histoire du monde, et le rythme vital d’un Nicolas Manuel : c’est vers quoi je reviens, après
4323 nsidérant l’histoire du monde, et le rythme vital d’ un Nicolas Manuel : c’est vers quoi je reviens, après six ans, prendre
4324 quoi je reviens, après six ans, prendre une leçon de style de l’âme pour affronter les mauvais temps qui viennent. Ils le
4325 eviens, après six ans, prendre une leçon de style de l’âme pour affronter les mauvais temps qui viennent. Ils le savaient,
4326 ens, après six ans, prendre une leçon de style de l’ âme pour affronter les mauvais temps qui viennent. Ils le savaient, il
4327 rendre une leçon de style de l’âme pour affronter les mauvais temps qui viennent. Ils le savaient, ils acceptaient ce fait,
4328 our affronter les mauvais temps qui viennent. Ils le savaient, ils acceptaient ce fait, et posaient l’ordre en face de lui
4329 le savaient, ils acceptaient ce fait, et posaient l’ ordre en face de lui comme un défi manifestant la vocation de l’homme 
4330 l’ordre en face de lui comme un défi manifestant la vocation de l’homme : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le
4331 face de lui comme un défi manifestant la vocation de l’homme : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voil
4332 e de lui comme un défi manifestant la vocation de l’ homme : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voilà q
4333 omme un défi manifestant la vocation de l’homme : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voilà qui étonne
4334 défi manifestant la vocation de l’homme : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voilà qui étonne encore t
4335 i manifestant la vocation de l’homme : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voilà qui étonne encore trop
4336 tion de l’homme : le fond de la réalité n’est pas l’ ordre mais le chaos. Voilà qui étonne encore trop de braves gens, nés
4337 me : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voilà qui étonne encore trop de braves gens, nés dans un monde
4338 ordre mais le chaos. Voilà qui étonne encore trop de braves gens, nés dans un monde où presque tout allait de soi. Voilà q
4339 de soi. Voilà qui éclate aux yeux dès qu’on sort de l’île Suisse et qu’on navigue en pleine débâcle printanière des valeu
4340 soi. Voilà qui éclate aux yeux dès qu’on sort de l’ île Suisse et qu’on navigue en pleine débâcle printanière des valeurs
4341 âcle printanière des valeurs civiques et morales. L’ esprit d’Hitler encore, peut-être pour longtemps, tyrannise les Europé
4342 tanière des valeurs civiques et morales. L’esprit d’ Hitler encore, peut-être pour longtemps, tyrannise les Européens, la p
4343 itler encore, peut-être pour longtemps, tyrannise les Européens, la police traque les hommes libres sans que personne ose d
4344 eut-être pour longtemps, tyrannise les Européens, la police traque les hommes libres sans que personne ose dire pour quoi
4345 gtemps, tyrannise les Européens, la police traque les hommes libres sans que personne ose dire pour quoi ni protester, et c
4346 n trouve encore des nourritures authentiques pour les corps et pour les esprits. Ne comptez plus sur vos épargnes, ni sur l
4347 s nourritures authentiques pour les corps et pour les esprits. Ne comptez plus sur vos épargnes, ni sur la seule valeur de
4348 esprits. Ne comptez plus sur vos épargnes, ni sur la seule valeur de l’inertie pour sauver ce qui tient encore debout. Cer
4349 tez plus sur vos épargnes, ni sur la seule valeur de l’inertie pour sauver ce qui tient encore debout. Certes, les apparen
4350 plus sur vos épargnes, ni sur la seule valeur de l’ inertie pour sauver ce qui tient encore debout. Certes, les apparences
4351 e pour sauver ce qui tient encore debout. Certes, les apparences, les subsistances de l’ordre masquent à nos vues immédiate
4352 qui tient encore debout. Certes, les apparences, les subsistances de l’ordre masquent à nos vues immédiates toute l’ampleu
4353 debout. Certes, les apparences, les subsistances de l’ordre masquent à nos vues immédiates toute l’ampleur de la catastro
4354 bout. Certes, les apparences, les subsistances de l’ ordre masquent à nos vues immédiates toute l’ampleur de la catastrophe
4355 s de l’ordre masquent à nos vues immédiates toute l’ ampleur de la catastrophe. Il y a des trains qui marchent et qui arriv
4356 re masquent à nos vues immédiates toute l’ampleur de la catastrophe. Il y a des trains qui marchent et qui arrivent à l’he
4357 masquent à nos vues immédiates toute l’ampleur de la catastrophe. Il y a des trains qui marchent et qui arrivent à l’heure
4358 Il y a des trains qui marchent et qui arrivent à l’ heure, il y a des dettes payées et des paroles tenues, la poste foncti
4359 , il y a des dettes payées et des paroles tenues, la poste fonctionne, on nous promet un peu plus de charbon pour cet hive
4360 , la poste fonctionne, on nous promet un peu plus de charbon pour cet hiver ; des millions de femmes ont été violées dans
4361 peu plus de charbon pour cet hiver ; des millions de femmes ont été violées dans toute l’Europe centrale et orientale, des
4362 des millions de femmes ont été violées dans toute l’ Europe centrale et orientale, des millions séparées de leur mari penda
4363 rope centrale et orientale, des millions séparées de leur mari pendant cinq ans, mais le tabou de l’inceste, par exemple,
4364 ions séparées de leur mari pendant cinq ans, mais le tabou de l’inceste, par exemple, résiste encore ; les traités ne sont
4365 rées de leur mari pendant cinq ans, mais le tabou de l’inceste, par exemple, résiste encore ; les traités ne sont guère re
4366 s de leur mari pendant cinq ans, mais le tabou de l’ inceste, par exemple, résiste encore ; les traités ne sont guère respe
4367 tabou de l’inceste, par exemple, résiste encore ; les traités ne sont guère respectés, mais on discute solennellement leurs
4368 e ; la plupart des acheteurs payent leurs achats, les clients appellent le garçon pour régler leurs consommations. C’est be
4369 eteurs payent leurs achats, les clients appellent le garçon pour régler leurs consommations. C’est beaucoup d’ordre encore
4370 n pour régler leurs consommations. C’est beaucoup d’ ordre encore, si l’on y pense : mais le fait est que déjà l’on y pense
4371 consommations. C’est beaucoup d’ordre encore, si l’ on y pense : mais le fait est que déjà l’on y pense, et je veux dire q
4372 t beaucoup d’ordre encore, si l’on y pense : mais le fait est que déjà l’on y pense, et je veux dire qu’on s’en étonne par
4373 core, si l’on y pense : mais le fait est que déjà l’ on y pense, et je veux dire qu’on s’en étonne parfois… La couche est m
4374 pense, et je veux dire qu’on s’en étonne parfois… La couche est mince et partout déchirée qui nous sépare du désordre prof
4375 Suisse qu’on voit ces déchirures. J’ai donc pris le parti de circuler, malgré les résistances multipliées par une époque
4376 u’on voit ces déchirures. J’ai donc pris le parti de circuler, malgré les résistances multipliées par une époque qui sembl
4377 ures. J’ai donc pris le parti de circuler, malgré les résistances multipliées par une époque qui semble avoir peur qu’on la
4378 pliées par une époque qui semble avoir peur qu’on la voie. Il est un grand espoir, très vague encore, qui m’a paru se libé
4379 oup de consciences et beaucoup de pays, parfois à la faveur de la détresse des masses déracinées et déportées, parfois aus
4380 sciences et beaucoup de pays, parfois à la faveur de la détresse des masses déracinées et déportées, parfois aussi à la fa
4381 ences et beaucoup de pays, parfois à la faveur de la détresse des masses déracinées et déportées, parfois aussi à la faveu
4382 s masses déracinées et déportées, parfois aussi à la faveur d’un acte de raison, d’un accès de bon sens. C’est l’espoir d’
4383 éracinées et déportées, parfois aussi à la faveur d’ un acte de raison, d’un accès de bon sens. C’est l’espoir d’une terre
4384 et déportées, parfois aussi à la faveur d’un acte de raison, d’un accès de bon sens. C’est l’espoir d’une terre unie, comm
4385 s, parfois aussi à la faveur d’un acte de raison, d’ un accès de bon sens. C’est l’espoir d’une terre unie, comme contraint
4386 aussi à la faveur d’un acte de raison, d’un accès de bon sens. C’est l’espoir d’une terre unie, comme contrainte à se fédé
4387 ’un acte de raison, d’un accès de bon sens. C’est l’ espoir d’une terre unie, comme contrainte à se fédérer par la menace d
4388 de raison, d’un accès de bon sens. C’est l’espoir d’ une terre unie, comme contrainte à se fédérer par la menace de la guer
4389 une terre unie, comme contrainte à se fédérer par la menace de la guerre atomique. On m’assure que le monde n’est pas prêt
4390 unie, comme contrainte à se fédérer par la menace de la guerre atomique. On m’assure que le monde n’est pas prêt pour cela
4391 e, comme contrainte à se fédérer par la menace de la guerre atomique. On m’assure que le monde n’est pas prêt pour cela. L
4392 la menace de la guerre atomique. On m’assure que le monde n’est pas prêt pour cela. Les chefs disent que les peuples n’en
4393 n m’assure que le monde n’est pas prêt pour cela. Les chefs disent que les peuples n’en veulent pas, les peuples disent que
4394 de n’est pas prêt pour cela. Les chefs disent que les peuples n’en veulent pas, les peuples disent que les chefs s’y oppose
4395 es chefs disent que les peuples n’en veulent pas, les peuples disent que les chefs s’y opposent. Faut-il croire qu’ils sont
4396 peuples n’en veulent pas, les peuples disent que les chefs s’y opposent. Faut-il croire qu’ils sont prêts à se faire tuer,
4397 et ronger jusqu’aux moelles ? Car telle est bien l’ alternative. Et personne ne peut deviner si c’est le matin ou la nuit
4398 alternative. Et personne ne peut deviner si c’est le matin ou la nuit qui approche. Mais chacun peut à chaque instant choi
4399 Et personne ne peut deviner si c’est le matin ou la nuit qui approche. Mais chacun peut à chaque instant choisir, et s’ef
4400 acun peut à chaque instant choisir, et s’efforcer de mieux comprendre quelles sont les suites nécessaires de son choix, qu
4401 r, et s’efforcer de mieux comprendre quelles sont les suites nécessaires de son choix, quel est l’enjeu, ce qu’il implique…
4402 ux comprendre quelles sont les suites nécessaires de son choix, quel est l’enjeu, ce qu’il implique… Contre les risques qu
4403 ont les suites nécessaires de son choix, quel est l’ enjeu, ce qu’il implique… Contre les risques qui se lèvent, l’esprit d
4404 hoix, quel est l’enjeu, ce qu’il implique… Contre les risques qui se lèvent, l’esprit de risque est la seule assurance. Les
4405 qu’il implique… Contre les risques qui se lèvent, l’ esprit de risque est la seule assurance. Les valeurs de demain, s’il y
4406 lique… Contre les risques qui se lèvent, l’esprit de risque est la seule assurance. Les valeurs de demain, s’il y en a, se
4407 les risques qui se lèvent, l’esprit de risque est la seule assurance. Les valeurs de demain, s’il y en a, seront maintenue
4408 èvent, l’esprit de risque est la seule assurance. Les valeurs de demain, s’il y en a, seront maintenues ou reposées par les
4409 rit de risque est la seule assurance. Les valeurs de demain, s’il y en a, seront maintenues ou reposées par les hommes qui
4410 n, s’il y en a, seront maintenues ou reposées par les hommes qui auront su, pour leur compte, s’équilibrer dans le chaos, a
4411 ui auront su, pour leur compte, s’équilibrer dans le chaos, aussi loin d’ignorer son étendue que de céder à ses vertiges.
4412 ur compte, s’équilibrer dans le chaos, aussi loin d’ ignorer son étendue que de céder à ses vertiges. 18. Il s’agit de l
4413 ns le chaos, aussi loin d’ignorer son étendue que de céder à ses vertiges. 18. Il s’agit de la pièce que m’avait comman
4414 due que de céder à ses vertiges. 18. Il s’agit de la pièce que m’avait commandée l’Institut neuchâtelois pour l’Exposit
4415 que de céder à ses vertiges. 18. Il s’agit de la pièce que m’avait commandée l’Institut neuchâtelois pour l’Exposition
4416 18. Il s’agit de la pièce que m’avait commandée l’ Institut neuchâtelois pour l’Exposition nationale de Zurich, et dont A
4417 ue m’avait commandée l’Institut neuchâtelois pour l’ Exposition nationale de Zurich, et dont Arthur Honegger écrivit la mus
4418 Institut neuchâtelois pour l’Exposition nationale de Zurich, et dont Arthur Honegger écrivit la musique au fur et à mesure
4419 ionale de Zurich, et dont Arthur Honegger écrivit la musique au fur et à mesure des textes que je lui apportais. Nous devi
4420 extes que je lui apportais. Nous devions en tirer l’ oratorio que l’on joue aujourd’hui.
4421 i apportais. Nous devions en tirer l’oratorio que l’ on joue aujourd’hui.
9 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — I
4422 On se trompe en croyant qu’un voyageur à longueur de chemin perd sa patrie : c’est souvent elle qu’il découvre le mieux qu
4423 erd sa patrie : c’est souvent elle qu’il découvre le mieux quand il parcourt le globe et vit chez l’étranger. Non qu’il y
4424 nt elle qu’il découvre le mieux quand il parcourt le globe et vit chez l’étranger. Non qu’il y pense toujours, mais les ho
4425 e le mieux quand il parcourt le globe et vit chez l’ étranger. Non qu’il y pense toujours, mais les hommes qu’il fréquente
4426 chez l’étranger. Non qu’il y pense toujours, mais les hommes qu’il fréquente la voient en lui d’abord, l’en tiennent pour r
4427 y pense toujours, mais les hommes qu’il fréquente la voient en lui d’abord, l’en tiennent pour responsable, et par l’erreu
4428 hommes qu’il fréquente la voient en lui d’abord, l’ en tiennent pour responsable, et par l’erreur la plus commune, l’en no
4429 i d’abord, l’en tiennent pour responsable, et par l’ erreur la plus commune, l’en nomment si bien le représentant qu’il lui
4430 , l’en tiennent pour responsable, et par l’erreur la plus commune, l’en nomment si bien le représentant qu’il lui faut à l
4431 our responsable, et par l’erreur la plus commune, l’ en nomment si bien le représentant qu’il lui faut à la fin se la repré
4432 ar l’erreur la plus commune, l’en nomment si bien le représentant qu’il lui faut à la fin se la représenter comme il n’eût
4433 nomment si bien le représentant qu’il lui faut à la fin se la représenter comme il n’eût jamais fait en y restant. Dans s
4434 i bien le représentant qu’il lui faut à la fin se la représenter comme il n’eût jamais fait en y restant. Dans sa cité, il
4435 jamais fait en y restant. Dans sa cité, il était d’ une famille, et pour sa famille un prénom ; à l’étranger, il devient t
4436 t d’une famille, et pour sa famille un prénom ; à l’ étranger, il devient toute une race. Serait-ce vrai ? se dit-il. Le vo
4437 vient toute une race. Serait-ce vrai ? se dit-il. Le voient-ils mieux que moi ? Mais que voient-ils, dont je n’ai pas cons
4438 et que je croyais bien quitté ? Il se retourne et le voilà tout étonné… Désormais, nul n’est plus curieux des apparences e
4439 n’est plus curieux des apparences et des secrets de son pays. Il songe : c’est là-bas que le mystère m’attend, et que ne
4440 secrets de son pays. Il songe : c’est là-bas que le mystère m’attend, et que ne vais-je pas y découvrir, à mon retour, qu
4441  ? On lui dit : — Vous êtes Suisse ? Vous en avez de la chance ! Mais vous avez si peu l’air suisse. — C’est qu’il n’y a p
4442 On lui dit : — Vous êtes Suisse ? Vous en avez de la chance ! Mais vous avez si peu l’air suisse. — C’est qu’il n’y a pas
4443 Vous en avez de la chance ! Mais vous avez si peu l’ air suisse. — C’est qu’il n’y a pas d’air suisse, ou qu’il en a vingt-
4444 avez si peu l’air suisse. — C’est qu’il n’y a pas d’ air suisse, ou qu’il en a vingt-deux. — De quelle région de la Suisse
4445 y a pas d’air suisse, ou qu’il en a vingt-deux. — De quelle région de la Suisse êtes-vous ? De Neuchâtel ? Attendez, Neuch
4446 sse, ou qu’il en a vingt-deux. — De quelle région de la Suisse êtes-vous ? De Neuchâtel ? Attendez, Neuchâtel, rappelez-mo
4447 , ou qu’il en a vingt-deux. — De quelle région de la Suisse êtes-vous ? De Neuchâtel ? Attendez, Neuchâtel, rappelez-moi…
4448 deux. — De quelle région de la Suisse êtes-vous ? De Neuchâtel ? Attendez, Neuchâtel, rappelez-moi… Ainsi je me demandais
4449 moi… Ainsi je me demandais parfois ce qu’on sait de Neuchâtel dans le vaste monde. Je trouvais à peu près ceci : la Bible
4450 demandais parfois ce qu’on sait de Neuchâtel dans le vaste monde. Je trouvais à peu près ceci : la Bible d’Ostervald, le c
4451 ans le vaste monde. Je trouvais à peu près ceci : la Bible d’Ostervald, le chocolat Suchard, les montres, et le séjour de
4452 ste monde. Je trouvais à peu près ceci : la Bible d’ Ostervald, le chocolat Suchard, les montres, et le séjour de Rousseau.
4453 trouvais à peu près ceci : la Bible d’Ostervald, le chocolat Suchard, les montres, et le séjour de Rousseau. Certains ont
4454 ceci : la Bible d’Ostervald, le chocolat Suchard, les montres, et le séjour de Rousseau. Certains ont entendu parler du jur
4455 d’Ostervald, le chocolat Suchard, les montres, et le séjour de Rousseau. Certains ont entendu parler du juriste Emer de Va
4456 d, le chocolat Suchard, les montres, et le séjour de Rousseau. Certains ont entendu parler du juriste Emer de Vattel, ou d
4457 parler du juriste Emer de Vattel, ou des travaux de Jean Piaget sur la psychologie de l’enfant. Le seul vin suisse qui se
4458 Emer de Vattel, ou des travaux de Jean Piaget sur la psychologie de l’enfant. Le seul vin suisse qui se vende à New York,
4459 ou des travaux de Jean Piaget sur la psychologie de l’enfant. Le seul vin suisse qui se vende à New York, mais à quel pri
4460 des travaux de Jean Piaget sur la psychologie de l’ enfant. Le seul vin suisse qui se vende à New York, mais à quel prix !
4461 ux de Jean Piaget sur la psychologie de l’enfant. Le seul vin suisse qui se vende à New York, mais à quel prix ! c’est le
4462 qui se vende à New York, mais à quel prix ! c’est le Neuchâtel blanc. (On voit sur l’étiquette le Trou de Bourgogne et la
4463 uel prix ! c’est le Neuchâtel blanc. (On voit sur l’ étiquette le Trou de Bourgogne et la descente des vignes vers le lac.
4464 ’est le Neuchâtel blanc. (On voit sur l’étiquette le Trou de Bourgogne et la descente des vignes vers le lac. Je pouvais d
4465 Neuchâtel blanc. (On voit sur l’étiquette le Trou de Bourgogne et la descente des vignes vers le lac. Je pouvais dire à me
4466 (On voit sur l’étiquette le Trou de Bourgogne et la descente des vignes vers le lac. Je pouvais dire à mes amis : là, dan
4467 Trou de Bourgogne et la descente des vignes vers le lac. Je pouvais dire à mes amis : là, dans ces arbres, au pied de cet
4468 is dire à mes amis : là, dans ces arbres, au pied de cette colline, j’ai passé mon adolescence.) Voilà donc ce qui atteint
4469 olescence.) Voilà donc ce qui atteint chez nous à la « classe internationale » comme on dit dans le monde des sports. Ces
4470 à la « classe internationale » comme on dit dans le monde des sports. Ces quelques traits épars ne font pas un portrait.
4471 s épars ne font pas un portrait. Dès qu’on essaie de définir l’originalité de notre canton, tout devient si complexe et so
4472 font pas un portrait. Dès qu’on essaie de définir l’ originalité de notre canton, tout devient si complexe et souvent si bi
4473 rtrait. Dès qu’on essaie de définir l’originalité de notre canton, tout devient si complexe et souvent si bizarre aux yeux
4474 raditions aristocratiques à peine éteintes (moins de cent ans) dans la plus vieille démocratie du monde19 ; tant de cultur
4475 atiques à peine éteintes (moins de cent ans) dans la plus vieille démocratie du monde19 ; tant de culture et peu de littér
4476 peu de littérature ; tant de bon sens professé et de fous à soigner ; tout un petit monde de contrastes intenses, entre l’
4477 ofessé et de fous à soigner ; tout un petit monde de contrastes intenses, entre l’austérité des montagnes au nord et les r
4478 tout un petit monde de contrastes intenses, entre l’ austérité des montagnes au nord et les rives latines au midi, la Franc
4479 enses, entre l’austérité des montagnes au nord et les rives latines au midi, la France à l’ouest, l’Alémanie à l’est ; — to
4480 s montagnes au nord et les rives latines au midi, la France à l’ouest, l’Alémanie à l’est ; — tout un petit monde si bien
4481 au nord et les rives latines au midi, la France à l’ ouest, l’Alémanie à l’est ; — tout un petit monde si bien cerné, si co
4482 t les rives latines au midi, la France à l’ouest, l’ Alémanie à l’est ; — tout un petit monde si bien cerné, si conscient d
4483 atines au midi, la France à l’ouest, l’Alémanie à l’ est ; — tout un petit monde si bien cerné, si conscient de lui-même, e
4484 — tout un petit monde si bien cerné, si conscient de lui-même, et si distinct… Je me disais qu’un jour je voudrais en écri
4485 il fallait d’abord rentrer. Je suis rentré, c’est la coutume des Suisses ; reparti, revenu, et ce n’est pas fini. Comment
4486 nature, peut-il produire tant de nomades ? C’est le secret du « Service étranger ». Ceux qui ont envie de se battre avec
4487 ecret du « Service étranger ». Ceux qui ont envie de se battre avec la vie s’en vont ailleurs brasser leur sang, plutôt qu
4488 étranger ». Ceux qui ont envie de se battre avec la vie s’en vont ailleurs brasser leur sang, plutôt que de troubler la p
4489 s’en vont ailleurs brasser leur sang, plutôt que de troubler la pax helvetica, merveille inaperçue du monde moderne. Le v
4490 illeurs brasser leur sang, plutôt que de troubler la pax helvetica, merveille inaperçue du monde moderne. Le voyage, quand
4491 helvetica, merveille inaperçue du monde moderne. Le voyage, quand j’étais enfant, c’était quitter Couvet pour Neuchâtel,
4492 is enfant, c’était quitter Couvet pour Neuchâtel, le « Vallon » pour le « Bas », l’école pour les vacances. C’était fuir e
4493 quitter Couvet pour Neuchâtel, le « Vallon » pour le « Bas », l’école pour les vacances. C’était fuir et trahir en son cœu
4494 et pour Neuchâtel, le « Vallon » pour le « Bas », l’ école pour les vacances. C’était fuir et trahir en son cœur le cirque
4495 âtel, le « Vallon » pour le « Bas », l’école pour les vacances. C’était fuir et trahir en son cœur le cirque proche des crê
4496 les vacances. C’était fuir et trahir en son cœur le cirque proche des crêtes dentées de sapins noirs, fermer les yeux pen
4497 r en son cœur le cirque proche des crêtes dentées de sapins noirs, fermer les yeux pendant les treize tunnels, dans le lon
4498 proche des crêtes dentées de sapins noirs, fermer les yeux pendant les treize tunnels, dans le long courant d’air des gorge
4499 dentées de sapins noirs, fermer les yeux pendant les treize tunnels, dans le long courant d’air des gorges, sentir qu’on d
4500 fermer les yeux pendant les treize tunnels, dans le long courant d’air des gorges, sentir qu’on descendait vers la lumièr
4501 pendant les treize tunnels, dans le long courant d’ air des gorges, sentir qu’on descendait vers la lumière, vers le grand
4502 nt d’air des gorges, sentir qu’on descendait vers la lumière, vers le grand lac doublant soudain le ciel au sortir du trei
4503 es, sentir qu’on descendait vers la lumière, vers le grand lac doublant soudain le ciel au sortir du treizième tunnel, ver
4504 rs la lumière, vers le grand lac doublant soudain le ciel au sortir du treizième tunnel, vers des parcs somptueux et secre
4505 et secrets, vers tout un monde intimidant, peuplé d’ angoisses et de facilités, vers le bonheur. Aujourd’hui, ce trajet d’a
4506 s tout un monde intimidant, peuplé d’angoisses et de facilités, vers le bonheur. Aujourd’hui, ce trajet d’aventure, sur le
4507 imidant, peuplé d’angoisses et de facilités, vers le bonheur. Aujourd’hui, ce trajet d’aventure, sur lequel je repasse en
4508 acilités, vers le bonheur. Aujourd’hui, ce trajet d’ aventure, sur lequel je repasse en express, n’est plus que les quinze
4509 sur lequel je repasse en express, n’est plus que les quinze dernières minutes, la dernière cigarette d’une nuit mal dormie
4510 s quinze dernières minutes, la dernière cigarette d’ une nuit mal dormie, le moment de refermer les valises entre deux coup
4511 tes, la dernière cigarette d’une nuit mal dormie, le moment de refermer les valises entre deux coups d’œil par la fenêtre.
4512 rnière cigarette d’une nuit mal dormie, le moment de refermer les valises entre deux coups d’œil par la fenêtre. Tout va t
4513 ette d’une nuit mal dormie, le moment de refermer les valises entre deux coups d’œil par la fenêtre. Tout va trop vite pour
4514 e refermer les valises entre deux coups d’œil par la fenêtre. Tout va trop vite pour le souvenir. Voici les toits, le cloc
4515 oups d’œil par la fenêtre. Tout va trop vite pour le souvenir. Voici les toits, le clocher de Couvet, la petite gare qu’on
4516 enêtre. Tout va trop vite pour le souvenir. Voici les toits, le clocher de Couvet, la petite gare qu’on traverse en trois s
4517 t va trop vite pour le souvenir. Voici les toits, le clocher de Couvet, la petite gare qu’on traverse en trois secondes — 
4518 ite pour le souvenir. Voici les toits, le clocher de Couvet, la petite gare qu’on traverse en trois secondes — disparus sa
4519 souvenir. Voici les toits, le clocher de Couvet, la petite gare qu’on traverse en trois secondes — disparus sans laisser
4520 raverse en trois secondes — disparus sans laisser de traces, sans rejoindre en moi leur image. Un jour, il faudra s’arrête
4521 ans ce village où je suis né ; mesurer mon âge et le Temps. Mais la vie, mais ce train m’emportent. La parole est encore à
4522 où je suis né ; mesurer mon âge et le Temps. Mais la vie, mais ce train m’emportent. La parole est encore à ce qui vient.
4523 le Temps. Mais la vie, mais ce train m’emportent. La parole est encore à ce qui vient. Et voici les brumes sur le lac, les
4524 nt. La parole est encore à ce qui vient. Et voici les brumes sur le lac, les murs de vignes séculaires, et ce toit qui dema
4525 st encore à ce qui vient. Et voici les brumes sur le lac, les murs de vignes séculaires, et ce toit qui demande aux voyage
4526 e à ce qui vient. Et voici les brumes sur le lac, les murs de vignes séculaires, et ce toit qui demande aux voyageurs, en g
4527 i vient. Et voici les brumes sur le lac, les murs de vignes séculaires, et ce toit qui demande aux voyageurs, en grandes l
4528 oit qui demande aux voyageurs, en grandes lettres de tuiles blanches : êtes-vous sauvés du péché ? Tout de suite les quest
4529 nches : êtes-vous sauvés du péché ? Tout de suite les questions personnelles, et ce besoin de réformer le prochain… Est-ce
4530 de suite les questions personnelles, et ce besoin de réformer le prochain… Est-ce que ceux qui vivent sous ce toit sont te
4531 questions personnelles, et ce besoin de réformer le prochain… Est-ce que ceux qui vivent sous ce toit sont tellement sûrs
4532 ceux qui vivent sous ce toit sont tellement sûrs de leur affaire ? 19. La première charte des libertés civiques a été o
4533 re charte des libertés civiques a été obtenue par les bourgeois de Neuchâtel et signée par leur comte souverain en 1214.
4534 libertés civiques a été obtenue par les bourgeois de Neuchâtel et signée par leur comte souverain en 1214.
10 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — II
4535 II L’ irruption du souvenir est aussi mystérieuse que celle de l’invention,
4536 ption du souvenir est aussi mystérieuse que celle de l’invention, dans notre esprit. Peu s’en faut, si j’y pense, que je n
4537 on du souvenir est aussi mystérieuse que celle de l’ invention, dans notre esprit. Peu s’en faut, si j’y pense, que je ne l
4538 re esprit. Peu s’en faut, si j’y pense, que je ne les distingue plus. Tout se passe comme si la mémoire inventait soudain q
4539 je ne les distingue plus. Tout se passe comme si la mémoire inventait soudain quelque forme que vient emplir le flot de l
4540 inventait soudain quelque forme que vient emplir le flot de l’émotion, mais n’est-ce pas le même piège que posera l’inven
4541 it soudain quelque forme que vient emplir le flot de l’émotion, mais n’est-ce pas le même piège que posera l’invention, en
4542 soudain quelque forme que vient emplir le flot de l’ émotion, mais n’est-ce pas le même piège que posera l’invention, en le
4543 nt emplir le flot de l’émotion, mais n’est-ce pas le même piège que posera l’invention, en le tournant dans l’autre sens,
4544 otion, mais n’est-ce pas le même piège que posera l’ invention, en le tournant dans l’autre sens, comme pour se souvenir de
4545 t-ce pas le même piège que posera l’invention, en le tournant dans l’autre sens, comme pour se souvenir de ce qui vient ?
4546 ournant dans l’autre sens, comme pour se souvenir de ce qui vient ? D’où remontent ces rythmes de mots, cette épithète, ce
4547 re sens, comme pour se souvenir de ce qui vient ? D’ où remontent ces rythmes de mots, cette épithète, ce nœud d’idées, où
4548 enir de ce qui vient ? D’où remontent ces rythmes de mots, cette épithète, ce nœud d’idées, où je ne reconnais rien de déj
4549 tent ces rythmes de mots, cette épithète, ce nœud d’ idées, où je ne reconnais rien de déjà lu ? Et de quel ciel me tombent
4550 pithète, ce nœud d’idées, où je ne reconnais rien de déjà lu ? Et de quel ciel me tombent ces visions surprenantes, où je
4551 d’idées, où je ne reconnais rien de déjà lu ? Et de quel ciel me tombent ces visions surprenantes, où je reconnais bientô
4552 nais bientôt ce que j’ai déjà vécu ? Certes, dans les deux cas, c’est moi que je découvre, puisqu’il s’agit d’un souvenir,
4553 cas, c’est moi que je découvre, puisqu’il s’agit d’ un souvenir, d’une invention, sans autre précédent que moi. Mais la vo
4554 que je découvre, puisqu’il s’agit d’un souvenir, d’ une invention, sans autre précédent que moi. Mais la volonté n’y peut
4555 une invention, sans autre précédent que moi. Mais la volonté n’y peut rien. Pourquoi maintenant, à cet instant précis, et
4556 ment ai-je donc fait par mégarde, qui m’accorde à la longueur d’ondes d’un passé, d’un avenir toujours présents ? Proust a
4557 onc fait par mégarde, qui m’accorde à la longueur d’ ondes d’un passé, d’un avenir toujours présents ? Proust a surpris le
4558 par mégarde, qui m’accorde à la longueur d’ondes d’ un passé, d’un avenir toujours présents ? Proust a surpris le mécanism
4559 , qui m’accorde à la longueur d’ondes d’un passé, d’ un avenir toujours présents ? Proust a surpris le mécanisme du souveni
4560 d’un avenir toujours présents ? Proust a surpris le mécanisme du souvenir conditionné. Il nous livre à l’accidentel, et s
4561 écanisme du souvenir conditionné. Il nous livre à l’ accidentel, et ses accidents sont petits : une madeleine trempée dans
4562 ine trempée dans du thé, un pavé qui bascule sous la semelle. Mais les grands accidents de la vie raniment de tout autres
4563 du thé, un pavé qui bascule sous la semelle. Mais les grands accidents de la vie raniment de tout autres mystères. Ils nous
4564 ascule sous la semelle. Mais les grands accidents de la vie raniment de tout autres mystères. Ils nous font découvrir plus
4565 ule sous la semelle. Mais les grands accidents de la vie raniment de tout autres mystères. Ils nous font découvrir plus qu
4566 lle. Mais les grands accidents de la vie raniment de tout autres mystères. Ils nous font découvrir plus que nous-mêmes. J
4567 Ils nous font découvrir plus que nous-mêmes. Je l’ ignorais encore quand on m’a proposé d’écrire ces pages sur mon pays n
4568 mêmes. Je l’ignorais encore quand on m’a proposé d’ écrire ces pages sur mon pays natal. On insistait amicalement : je ven
4569 stait amicalement : je venais de rentrer, c’était le moment propice… Un bouquet pour le centenaire20, quelques paysages du
4570 ntrer, c’était le moment propice… Un bouquet pour le centenaire20, quelques paysages du souvenir… j’hésitais, j’allais me
4571  ? me disais-je, mais je n’en suis pas là. (Ainsi l’ on croit savoir où l’on se tient, quel âge on a, et vers quoi l’on che
4572 je n’en suis pas là. (Ainsi l’on croit savoir où l’ on se tient, quel âge on a, et vers quoi l’on chemine. Mais au carrefo
4573 oir où l’on se tient, quel âge on a, et vers quoi l’ on chemine. Mais au carrefour d’autres destins croisés, soudain le ryt
4574 is au carrefour d’autres destins croisés, soudain le rythme change en nous aussi, rompant la prévision, cette inertie.) Di
4575 , soudain le rythme change en nous aussi, rompant la prévision, cette inertie.) Dix jours plus tard mourait mon père. Et t
4576 tout en moi se tourne vers ses origines, au-delà de ma propre mémoire. Ces mouvements les plus profonds de l’être nous se
4577 nes, au-delà de ma propre mémoire. Ces mouvements les plus profonds de l’être nous semblent déclenchés par un destin absurd
4578 propre mémoire. Ces mouvements les plus profonds de l’être nous semblent déclenchés par un destin absurde, et nous les su
4579 opre mémoire. Ces mouvements les plus profonds de l’ être nous semblent déclenchés par un destin absurde, et nous les subis
4580 emblent déclenchés par un destin absurde, et nous les subissons d’abord comme une force tout étrangère. Pourtant, ils nous
4581 lque chose en nous qui n’est pas moins intime que la conscience, mais qui lui est antérieur et qui lui survivra ; quelque
4582 antérieur et qui lui survivra ; quelque chose que l’ on peut désigner d’un mot simple, et qui figure dans l’ordre naturel c
4583 i survivra ; quelque chose que l’on peut désigner d’ un mot simple, et qui figure dans l’ordre naturel comme un reflet de l
4584 peut désigner d’un mot simple, et qui figure dans l’ ordre naturel comme un reflet de la communion des saints : notre histo
4585 t qui figure dans l’ordre naturel comme un reflet de la communion des saints : notre histoire, le passé qui passe en chacu
4586 ui figure dans l’ordre naturel comme un reflet de la communion des saints : notre histoire, le passé qui passe en chacun d
4587 flet de la communion des saints : notre histoire, le passé qui passe en chacun de nous ; qui par nous, maintenant, se pass
4588 ts : notre histoire, le passé qui passe en chacun de nous ; qui par nous, maintenant, se passe, lié à toute l’histoire des
4589 ; qui par nous, maintenant, se passe, lié à toute l’ histoire des autres hommes ; et sans lequel il n’y aurait jamais de pl
4590 tres hommes ; et sans lequel il n’y aurait jamais de plénitude du présent. Dans le silence d’une vaste pièce où j’étais se
4591 l n’y aurait jamais de plénitude du présent. Dans le silence d’une vaste pièce où j’étais seul devant l’admirable visage,
4592 t jamais de plénitude du présent. Dans le silence d’ une vaste pièce où j’étais seul devant l’admirable visage, debout au p
4593 silence d’une vaste pièce où j’étais seul devant l’ admirable visage, debout au pied du lit, prolongeant le gisant, j’ai s
4594 irable visage, debout au pied du lit, prolongeant le gisant, j’ai su que j’étais d’une lignée. 20. Principauté souverain
4595 u lit, prolongeant le gisant, j’ai su que j’étais d’ une lignée. 20. Principauté souveraine depuis le Moyen Âge, Neuchâte
4596 d’une lignée. 20. Principauté souveraine depuis le Moyen Âge, Neuchâtel a choisi de se confédérer avec la Suisse le 1er
4597 ouveraine depuis le Moyen Âge, Neuchâtel a choisi de se confédérer avec la Suisse le 1er mai 1848, après une brève révolut
4598 yen Âge, Neuchâtel a choisi de se confédérer avec la Suisse le 1er mai 1848, après une brève révolution qui renversa le ré
4599 euchâtel a choisi de se confédérer avec la Suisse le 1er mai 1848, après une brève révolution qui renversa le régime monar
4600 mai 1848, après une brève révolution qui renversa le régime monarchique et aristocratique.
11 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — III
4601 III C’est l’un des traits les moins connus de notre pays que la continuité de ses familles, ailleur
4602 III C’est l’un des traits les moins connus de notre pays que la continuité de ses familles, ailleurs rompue par des
4603 ’un des traits les moins connus de notre pays que la continuité de ses familles, ailleurs rompue par des révolutions ou de
4604 les moins connus de notre pays que la continuité de ses familles, ailleurs rompue par des révolutions ou de fréquents cha
4605 familles, ailleurs rompue par des révolutions ou de fréquents changements de condition sociale. Nos archives sont intacte
4606 e par des révolutions ou de fréquents changements de condition sociale. Nos archives sont intactes, minutieusement tenues
4607 archives sont intactes, minutieusement tenues par les communes les plus modestes, et tenues depuis plusieurs siècles pour u
4608 intactes, minutieusement tenues par les communes les plus modestes, et tenues depuis plusieurs siècles pour une beaucoup p
4609 siècles pour une beaucoup plus grande proportion d’ habitants que dans d’autres nations de l’Europe. La plupart des citoye
4610 proportion d’habitants que dans d’autres nations de l’Europe. La plupart des citoyens suisses, qu’ils soient bourgeois, o
4611 oportion d’habitants que dans d’autres nations de l’ Europe. La plupart des citoyens suisses, qu’ils soient bourgeois, ouvr
4612 es époques où n’atteignent, chez nos voisins, que les familles de la noblesse. La Suisse n’est pas démocratique pour avoir
4613 n’atteignent, chez nos voisins, que les familles de la noblesse. La Suisse n’est pas démocratique pour avoir tardivement
4614 atteignent, chez nos voisins, que les familles de la noblesse. La Suisse n’est pas démocratique pour avoir tardivement abo
4615 hez nos voisins, que les familles de la noblesse. La Suisse n’est pas démocratique pour avoir tardivement aboli ce que l’o
4616 démocratique pour avoir tardivement aboli ce que l’ on nomme les privilèges, mais pour les avoir étendus, dès l’origine, a
4617 ue pour avoir tardivement aboli ce que l’on nomme les privilèges, mais pour les avoir étendus, dès l’origine, au plus grand
4618 aboli ce que l’on nomme les privilèges, mais pour les avoir étendus, dès l’origine, au plus grand nombre. Le « Rôle des Bou
4619 les privilèges, mais pour les avoir étendus, dès l’ origine, au plus grand nombre. Le « Rôle des Bourgeois » de Neuchâtel
4620 oir étendus, dès l’origine, au plus grand nombre. Le « Rôle des Bourgeois » de Neuchâtel illustre cette continuité jusqu’a
4621 , au plus grand nombre. Le « Rôle des Bourgeois » de Neuchâtel illustre cette continuité jusqu’au xvie siècle. Au-delà to
4622 nge. Voyez plutôt ces noms relevés au hasard dans le rôle de 1353 : Malifer, Conoz Bazin, Rollin d’Orouse, Perrod Tornarre
4623 ez plutôt ces noms relevés au hasard dans le rôle de 1353 : Malifer, Conoz Bazin, Rollin d’Orouse, Perrod Tornarre, Jeanni
4624 quyrily, Quicu… On dirait des injures en patois ! De tous ces noms, tantôt si proches du latin populaire et tantôt du dial
4625 un seul subsistera cent ans plus tard, tandis que la grande majorité des patronymes de consonance moderne et francisée, qu
4626 ard, tandis que la grande majorité des patronymes de consonance moderne et francisée, qui figurent sur le rôle de 1580, on
4627 consonance moderne et francisée, qui figurent sur le rôle de 1580, ont subsisté jusqu’à nos jours. Beaucoup d’autres s’y s
4628 ce moderne et francisée, qui figurent sur le rôle de 1580, ont subsisté jusqu’à nos jours. Beaucoup d’autres s’y sont ajou
4629 os jours. Beaucoup d’autres s’y sont ajoutés dans le cours du xixe siècle. Sur les trois-cent-soixante familles nouvellem
4630 y sont ajoutés dans le cours du xixe siècle. Sur les trois-cent-soixante familles nouvellement agrégées à notre bourgeoisi
4631 es nouvellement agrégées à notre bourgeoisie dans les douze ans précédant 1900, deux tiers portent des noms allemands. Elle
4632 apporté un dynamisme neuf, et un accent qui défie la pudeur… Le gouvernement et la structure sociale de la Principauté de
4633 dynamisme neuf, et un accent qui défie la pudeur… Le gouvernement et la structure sociale de la Principauté de Neuchâtel,
4634 un accent qui défie la pudeur… Le gouvernement et la structure sociale de la Principauté de Neuchâtel, du xve siècle jusq
4635 a pudeur… Le gouvernement et la structure sociale de la Principauté de Neuchâtel, du xve siècle jusqu’aux débuts du xixe
4636 udeur… Le gouvernement et la structure sociale de la Principauté de Neuchâtel, du xve siècle jusqu’aux débuts du xixe , n
4637 rnement et la structure sociale de la Principauté de Neuchâtel, du xve siècle jusqu’aux débuts du xixe , ne manquent pas
4638 siècle jusqu’aux débuts du xixe , ne manquent pas d’ évoquer un mouvement d’horlogerie par leur extrême complication dans u
4639 du xixe , ne manquent pas d’évoquer un mouvement d’ horlogerie par leur extrême complication dans un espace aussi réduit q
4640 possible. William Coxe, voyageur anglais, auteur de Lettres sur l’état politique, civil et naturel de la Suisse, écrit en
4641 iam Coxe, voyageur anglais, auteur de Lettres sur l’ état politique, civil et naturel de la Suisse, écrit en 1776 : « La co
4642 de Lettres sur l’état politique, civil et naturel de la Suisse, écrit en 1776 : « La constitution de Neuchâtel est une mon
4643 Lettres sur l’état politique, civil et naturel de la Suisse, écrit en 1776 : « La constitution de Neuchâtel est une monarc
4644 civil et naturel de la Suisse, écrit en 1776 : «  La constitution de Neuchâtel est une monarchie limitée, dont la machine
4645 l de la Suisse, écrit en 1776 : « La constitution de Neuchâtel est une monarchie limitée, dont la machine est mise en mouv
4646 tion de Neuchâtel est une monarchie limitée, dont la machine est mise en mouvement par des ressorts si déliés, et des roua
4647 et des rouages si compliqués, qu’il est difficile de distinguer avec quelque exactitude les prérogatives du Souverain des
4648 t difficile de distinguer avec quelque exactitude les prérogatives du Souverain des franchises du Peuple. » Voici ce qu’il
4649  » Voici ce qu’il a cru démêler, en une vingtaine de pages où perce l’étonnement. Le Prince se fait représenter en son ab
4650 a cru démêler, en une vingtaine de pages où perce l’ étonnement. Le Prince se fait représenter en son absence [car en fait
4651 en une vingtaine de pages où perce l’étonnement. Le Prince se fait représenter en son absence [car en fait il vit à Berli
4652 fait il vit à Berlin] par un Gouverneur qui jouit d’ une très-grande considération, et d’une très-petite autorité… Les Troi
4653 eur qui jouit d’une très-grande considération, et d’ une très-petite autorité… Les Trois États de Neuchâtel sont le tribuna
4654 nde considération, et d’une très-petite autorité… Les Trois États de Neuchâtel sont le tribunal suprême du pays. Il est com
4655 etite autorité… Les Trois États de Neuchâtel sont le tribunal suprême du pays. Il est composé de douze Juges partagés en t
4656 sont le tribunal suprême du pays. Il est composé de douze Juges partagés en trois divisions… Les quatre conseillers d’Éta
4657 mposé de douze Juges partagés en trois divisions… Les quatre conseillers d’État les plus anciens forment la première divisi
4658 rtagés en trois divisions… Les quatre conseillers d’ État les plus anciens forment la première division ; ces conseillers s
4659 en trois divisions… Les quatre conseillers d’État les plus anciens forment la première division ; ces conseillers sont nobl
4660 ces conseillers sont nobles. La seconde comprend les quatre Châtelains de Landeron, Boudry, Valtravers et Thielle… Enfin l
4661 nobles. La seconde comprend les quatre Châtelains de Landeron, Boudry, Valtravers et Thielle… Enfin la troisième division
4662 Thielle… Enfin la troisième division est composée de quatre conseillers de la ville de Neuchâtel. Ce Tribunal n’est, à par
4663 sième division est composée de quatre conseillers de la ville de Neuchâtel. Ce Tribunal n’est, à parler régulièrement, qu’
4664 me division est composée de quatre conseillers de la ville de Neuchâtel. Ce Tribunal n’est, à parler régulièrement, qu’une
4665 on est composée de quatre conseillers de la ville de Neuchâtel. Ce Tribunal n’est, à parler régulièrement, qu’une cour sup
4666 ’est, à parler régulièrement, qu’une cour suprême de Justice… Le Conseil d’État saisi de l’administration ordinaire du go
4667 r régulièrement, qu’une cour suprême de Justice… Le Conseil d’État saisi de l’administration ordinaire du gouvernement, a
4668 ment, qu’une cour suprême de Justice… Le Conseil d’ État saisi de l’administration ordinaire du gouvernement, a l’exercice
4669 cour suprême de Justice… Le Conseil d’État saisi de l’administration ordinaire du gouvernement, a l’exercice de la Puissa
4670 r suprême de Justice… Le Conseil d’État saisi de l’ administration ordinaire du gouvernement, a l’exercice de la Puissance
4671 de l’administration ordinaire du gouvernement, a l’ exercice de la Puissance exécutrice. Ses membres sont à la nomination
4672 istration ordinaire du gouvernement, a l’exercice de la Puissance exécutrice. Ses membres sont à la nomination du Prince…
4673 ration ordinaire du gouvernement, a l’exercice de la Puissance exécutrice. Ses membres sont à la nomination du Prince… Nul
4674 ce de la Puissance exécutrice. Ses membres sont à la nomination du Prince… Nulle ordonnance émanée de ce Conseil ne peut a
4675 la nomination du Prince… Nulle ordonnance émanée de ce Conseil ne peut acquérir force de loi, avant d’avoir été soumise à
4676 nance émanée de ce Conseil ne peut acquérir force de loi, avant d’avoir été soumise à l’examen d’un Comité composé du Cons
4677 e ce Conseil ne peut acquérir force de loi, avant d’ avoir été soumise à l’examen d’un Comité composé du Conseil de Ville e
4678 cquérir force de loi, avant d’avoir été soumise à l’ examen d’un Comité composé du Conseil de Ville et des Députés de Valle
4679 orce de loi, avant d’avoir été soumise à l’examen d’ un Comité composé du Conseil de Ville et des Députés de Vallengin… La
4680 soumise à l’examen d’un Comité composé du Conseil de Ville et des Députés de Vallengin… La ville de Neuchâtel jouit de pri
4681 Comité composé du Conseil de Ville et des Députés de Vallengin… La ville de Neuchâtel jouit de privilèges très considérabl
4682 du Conseil de Ville et des Députés de Vallengin… La ville de Neuchâtel jouit de privilèges très considérables. Elle a la
4683 il de Ville et des Députés de Vallengin… La ville de Neuchâtel jouit de privilèges très considérables. Elle a la police de
4684 Députés de Vallengin… La ville de Neuchâtel jouit de privilèges très considérables. Elle a la police de son territoire, et
4685 el jouit de privilèges très considérables. Elle a la police de son territoire, et n’est gouvernée que par ses propres magi
4686 e privilèges très considérables. Elle a la police de son territoire, et n’est gouvernée que par ses propres magistrats, di
4687 cuperai point du détail des diverses subdivisions de ces deux Tribunaux, mais je ne puis m’empêcher de faire mention du co
4688 de ces deux Tribunaux, mais je ne puis m’empêcher de faire mention du corps des Ministraux qui forme le Tiers État toutes
4689 e faire mention du corps des Ministraux qui forme le Tiers État toutes les fois qu’il s’agit d’établir quelque loi nouvell
4690 forme le Tiers État toutes les fois qu’il s’agit d’ établir quelque loi nouvelle, ou de faire des changements aux ancienne
4691 s qu’il s’agit d’établir quelque loi nouvelle, ou de faire des changements aux anciennes. Ce corps est une sorte de Comité
4692 changements aux anciennes. Ce corps est une sorte de Comité chargé de l’administration de la police, et dont les membres s
4693 nciennes. Ce corps est une sorte de Comité chargé de l’administration de la police, et dont les membres sont choisis dans
4694 ennes. Ce corps est une sorte de Comité chargé de l’ administration de la police, et dont les membres sont choisis dans le
4695 st une sorte de Comité chargé de l’administration de la police, et dont les membres sont choisis dans le Conseil de Ville.
4696 une sorte de Comité chargé de l’administration de la police, et dont les membres sont choisis dans le Conseil de Ville. Il
4697 chargé de l’administration de la police, et dont les membres sont choisis dans le Conseil de Ville. Il est composé de deux
4698 la police, et dont les membres sont choisis dans le Conseil de Ville. Il est composé de deux présidents de ce conseil, de
4699 et dont les membres sont choisis dans le Conseil de Ville. Il est composé de deux présidents de ce conseil, de quatre Maî
4700 choisis dans le Conseil de Ville. Il est composé de deux présidents de ce conseil, de quatre Maîtres-Bourgeois fournis pa
4701 nseil de Ville. Il est composé de deux présidents de ce conseil, de quatre Maîtres-Bourgeois fournis par le petit Sénat, e
4702 Il est composé de deux présidents de ce conseil, de quatre Maîtres-Bourgeois fournis par le petit Sénat, et du Banneret o
4703 conseil, de quatre Maîtres-Bourgeois fournis par le petit Sénat, et du Banneret ou Gardien des libertés du Peuple… [Ce de
4704 des libertés du Peuple… [Ce dernier] est élu par l’ assemblée générale des Citoyens, et demeure six ans en office. La Puis
4705 érale des Citoyens, et demeure six ans en office. La Puissance législative est divisée et répartie d’une manière si compli
4706 La Puissance législative est divisée et répartie d’ une manière si compliquée qu’il serait très difficile de dire précisém
4707 manière si compliquée qu’il serait très difficile de dire précisément où elle réside. Le détail suivant… servira peut-être
4708 rès difficile de dire précisément où elle réside. Le détail suivant… servira peut-être à débrouiller ce chaos. Passons le
4709 ervira peut-être à débrouiller ce chaos. Passons le détail, qui tient deux pages. Coxe en conclut, non sans hésitation, q
4710 pages. Coxe en conclut, non sans hésitation, que l’ autorité législative semble résider « à la fois dans le Prince, le Con
4711 orité législative semble résider « à la fois dans le Prince, le Conseil d’État, et la ville de Neuchâtel, conjointement co
4712 lative semble résider « à la fois dans le Prince, le Conseil d’État, et la ville de Neuchâtel, conjointement considérés ;
4713 le résider « à la fois dans le Prince, le Conseil d’ État, et la ville de Neuchâtel, conjointement considérés ; que le Vall
4714 « à la fois dans le Prince, le Conseil d’État, et la ville de Neuchâtel, conjointement considérés ; que le Vallengin a une
4715 is dans le Prince, le Conseil d’État, et la ville de Neuchâtel, conjointement considérés ; que le Vallengin a une sorte de
4716 ille de Neuchâtel, conjointement considérés ; que le Vallengin a une sorte de voix négative ; et enfin, que c’est aux Troi
4717 ntement considérés ; que le Vallengin a une sorte de voix négative ; et enfin, que c’est aux Trois États qu’il appartient
4718 enfin, que c’est aux Trois États qu’il appartient de proposer et de promulguer une loi ». Quant à l’esprit des lois pénale
4719 t aux Trois États qu’il appartient de proposer et de promulguer une loi ». Quant à l’esprit des lois pénales, Coxe l’estim
4720 t de proposer et de promulguer une loi ». Quant à l’ esprit des lois pénales, Coxe l’estime « d’une extrême douceur », et l
4721 ne loi ». Quant à l’esprit des lois pénales, Coxe l’ estime « d’une extrême douceur », et les peines sont appliquées aux di
4722 uant à l’esprit des lois pénales, Coxe l’estime «  d’ une extrême douceur », et les peines sont appliquées aux différents dé
4723 ales, Coxe l’estime « d’une extrême douceur », et les peines sont appliquées aux différents délits avec une telle précision
4724 avec une telle précision « qu’il ne reste rien à la détermination des Juges… En un mot, et pour m’exprimer sur l’esprit d
4725 tion des Juges… En un mot, et pour m’exprimer sur l’ esprit de cette législation dans les termes qui l’honorent le plus, je
4726 Juges… En un mot, et pour m’exprimer sur l’esprit de cette législation dans les termes qui l’honorent le plus, je vous dir
4727 m’exprimer sur l’esprit de cette législation dans les termes qui l’honorent le plus, je vous dirai que la liberté des indiv
4728 l’esprit de cette législation dans les termes qui l’ honorent le plus, je vous dirai que la liberté des individus est proté
4729 cette législation dans les termes qui l’honorent le plus, je vous dirai que la liberté des individus est protégée par les
4730 termes qui l’honorent le plus, je vous dirai que la liberté des individus est protégée par les lois de ce pays avec autan
4731 rai que la liberté des individus est protégée par les lois de ce pays avec autant de sollicitude et d’efficacité que par ce
4732 a liberté des individus est protégée par les lois de ce pays avec autant de sollicitude et d’efficacité que par celles de
4733 est protégée par les lois de ce pays avec autant de sollicitude et d’efficacité que par celles de notre inestimable const
4734 les lois de ce pays avec autant de sollicitude et d’ efficacité que par celles de notre inestimable constitution. » Qu’atte
4735 ant de sollicitude et d’efficacité que par celles de notre inestimable constitution. » Qu’attendre de plus d’un Anglais ?
4736 e inestimable constitution. » Qu’attendre de plus d’ un Anglais ? N’oublions pas que les Trois États, le Conseil d’État, le
4737 ttendre de plus d’un Anglais ? N’oublions pas que les Trois États, le Conseil d’État, le Grand Conseil, le Petit Conseil, l
4738 ’un Anglais ? N’oublions pas que les Trois États, le Conseil d’État, le Grand Conseil, le Petit Conseil, les Quatre-Minist
4739  ? N’oublions pas que les Trois États, le Conseil d’ État, le Grand Conseil, le Petit Conseil, les Quatre-Ministraux, les M
4740 lions pas que les Trois États, le Conseil d’État, le Grand Conseil, le Petit Conseil, les Quatre-Ministraux, les Maîtres-B
4741 Trois États, le Conseil d’État, le Grand Conseil, le Petit Conseil, les Quatre-Ministraux, les Maîtres-Bourgeois, le Banne
4742 nseil d’État, le Grand Conseil, le Petit Conseil, les Quatre-Ministraux, les Maîtres-Bourgeois, le Banneret, le Chancelier,
4743 Conseil, le Petit Conseil, les Quatre-Ministraux, les Maîtres-Bourgeois, le Banneret, le Chancelier, le Procureur Général e
4744 il, les Quatre-Ministraux, les Maîtres-Bourgeois, le Banneret, le Chancelier, le Procureur Général et le Gouverneur, « con
4745 e-Ministraux, les Maîtres-Bourgeois, le Banneret, le Chancelier, le Procureur Général et le Gouverneur, « conjointement co
4746 es Maîtres-Bourgeois, le Banneret, le Chancelier, le Procureur Général et le Gouverneur, « conjointement considérés » avec
4747 Banneret, le Chancelier, le Procureur Général et le Gouverneur, « conjointement considérés » avec les Trois États et les
4748 le Gouverneur, « conjointement considérés » avec les Trois États et les députés de Valangin, les vingt et une Cours de jus
4749 onjointement considérés » avec les Trois États et les députés de Valangin, les vingt et une Cours de justice locales, les C
4750 considérés » avec les Trois États et les députés de Valangin, les vingt et une Cours de justice locales, les Châtelains e
4751 avec les Trois États et les députés de Valangin, les vingt et une Cours de justice locales, les Châtelains et les Maires d
4752 t les députés de Valangin, les vingt et une Cours de justice locales, les Châtelains et les Maires de districts, et cent a
4753 angin, les vingt et une Cours de justice locales, les Châtelains et les Maires de districts, et cent autres emplois ou dign
4754 t une Cours de justice locales, les Châtelains et les Maires de districts, et cent autres emplois ou dignités, exerçaient l
4755 de justice locales, les Châtelains et les Maires de districts, et cent autres emplois ou dignités, exerçaient leurs pouvo
4756 rés mais jalousement distincts, dans une capitale de trois-mille habitants, un pays de quarante mille bons et fidèles suje
4757 ns une capitale de trois-mille habitants, un pays de quarante mille bons et fidèles sujets… « En 1818 déjà — écrit M. Arth
4758 rit M. Arthur Piaget dans sa remarquable Histoire de la révolution neuchâteloise — le Procureur général de Rougemont… cons
4759 M. Arthur Piaget dans sa remarquable Histoire de la révolution neuchâteloise — le Procureur général de Rougemont… considé
4760 rquable Histoire de la révolution neuchâteloise —  le Procureur général de Rougemont… considérait la monarchie comme fatale
4761 — le Procureur général de Rougemont… considérait la monarchie comme fatalement condamnée » (II. 242). « Il jugeait ridicu
4762 e » (II. 242). « Il jugeait ridicule et dangereux l’ esprit de caste et de famille qui régnait à Neuchâtel. Dieu nous prése
4763 242). « Il jugeait ridicule et dangereux l’esprit de caste et de famille qui régnait à Neuchâtel. Dieu nous préserve, écri
4764 ugeait ridicule et dangereux l’esprit de caste et de famille qui régnait à Neuchâtel. Dieu nous préserve, écrivait-il, des
4765 ous préserve, écrivait-il, des parvenus par droit de naissance et de fortune qui clabaudent contre ceux qui parviennent pa
4766 rivait-il, des parvenus par droit de naissance et de fortune qui clabaudent contre ceux qui parviennent par droits de tale
4767 clabaudent contre ceux qui parviennent par droits de talents et de vertus. Il estimait ces prétentions déplacées dans un p
4768 tre ceux qui parviennent par droits de talents et de vertus. Il estimait ces prétentions déplacées dans un pays où la plus
4769 stimait ces prétentions déplacées dans un pays où la plus ancienne noblesse n’est pas chapitrale, où les trois quarts de l
4770 a plus ancienne noblesse n’est pas chapitrale, où les trois quarts de la noblesse trouvent des paysans aux quatrième et cin
4771 oblesse n’est pas chapitrale, où les trois quarts de la noblesse trouvent des paysans aux quatrième et cinquième échelons
4772 esse n’est pas chapitrale, où les trois quarts de la noblesse trouvent des paysans aux quatrième et cinquième échelons en
4773 l’un des principaux artisans du « cantonnement » de Neuchâtel, c’est-à-dire de son inclusion, mais sans changer de régime
4774 ns du « cantonnement » de Neuchâtel, c’est-à-dire de son inclusion, mais sans changer de régime, dans le Corps helvétique.
4775 c’est-à-dire de son inclusion, mais sans changer de régime, dans le Corps helvétique. Dès la chute de Napoléon, et malgré
4776 son inclusion, mais sans changer de régime, dans le Corps helvétique. Dès la chute de Napoléon, et malgré la Restauration
4777 changer de régime, dans le Corps helvétique. Dès la chute de Napoléon, et malgré la Restauration, l’on s’aperçut que ce b
4778 de régime, dans le Corps helvétique. Dès la chute de Napoléon, et malgré la Restauration, l’on s’aperçut que ce beau mouve
4779 s helvétique. Dès la chute de Napoléon, et malgré la Restauration, l’on s’aperçut que ce beau mouvement d’horlogerie fine
4780 la chute de Napoléon, et malgré la Restauration, l’ on s’aperçut que ce beau mouvement d’horlogerie fine retardait sans es
4781 estauration, l’on s’aperçut que ce beau mouvement d’ horlogerie fine retardait sans espoir sur l’heure du siècle, avancée p
4782 ement d’horlogerie fine retardait sans espoir sur l’ heure du siècle, avancée pour le reste de l’Europe par la Révolution,
4783 t sans espoir sur l’heure du siècle, avancée pour le reste de l’Europe par la Révolution, puis par l’Empire, dans le sens
4784 poir sur l’heure du siècle, avancée pour le reste de l’Europe par la Révolution, puis par l’Empire, dans le sens des droit
4785 r sur l’heure du siècle, avancée pour le reste de l’ Europe par la Révolution, puis par l’Empire, dans le sens des droits i
4786 du siècle, avancée pour le reste de l’Europe par la Révolution, puis par l’Empire, dans le sens des droits individuels et
4787 le reste de l’Europe par la Révolution, puis par l’ Empire, dans le sens des droits individuels et de la tyrannie collecti
4788 Europe par la Révolution, puis par l’Empire, dans le sens des droits individuels et de la tyrannie collective. La populati
4789 l’Empire, dans le sens des droits individuels et de la tyrannie collective. La population s’accroissait, le commerce pros
4790 Empire, dans le sens des droits individuels et de la tyrannie collective. La population s’accroissait, le commerce prospér
4791 droits individuels et de la tyrannie collective. La population s’accroissait, le commerce prospérait, l’industrie naissai
4792 tyrannie collective. La population s’accroissait, le commerce prospérait, l’industrie naissait, les radicaux triomphaient
4793 population s’accroissait, le commerce prospérait, l’ industrie naissait, les radicaux triomphaient partout. Il était temps
4794 it, le commerce prospérait, l’industrie naissait, les radicaux triomphaient partout. Il était temps d’adopter l’heure de Be
4795 les radicaux triomphaient partout. Il était temps d’ adopter l’heure de Berne. Et ce fut 1848.
4796 ux triomphaient partout. Il était temps d’adopter l’ heure de Berne. Et ce fut 1848.
4797 phaient partout. Il était temps d’adopter l’heure de Berne. Et ce fut 1848.
12 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — IV
4798 famille parmi d’autres, et qui n’a guère cherché d’ illustration en dehors des limites de la communauté qu’elle a servie p
4799 uère cherché d’illustration en dehors des limites de la communauté qu’elle a servie pendant cinq siècles. Dans l’ascendanc
4800 e cherché d’illustration en dehors des limites de la communauté qu’elle a servie pendant cinq siècles. Dans l’ascendance d
4801 nauté qu’elle a servie pendant cinq siècles. Dans l’ ascendance directe de mon père, je trouve d’abord, dès la Réforme, deu
4802 e pendant cinq siècles. Dans l’ascendance directe de mon père, je trouve d’abord, dès la Réforme, deux « ministres du sain
4803 dance directe de mon père, je trouve d’abord, dès la Réforme, deux « ministres du saint Évangile » et deux juges. À partir
4804 ngile » et deux juges. À partir du xviie siècle, les généalogies que j’ai pu consulter ne mentionnent plus que des charges
4805 des Assises, membres du Petit Conseil, conseiller d’ État, enfin Procureur général de la Principauté. Puis survient la révo
4806 rocureur général de la Principauté. Puis survient la révolution dont nous allons célébrer le centenaire, et le dessaisisse
4807 survient la révolution dont nous allons célébrer le centenaire, et le dessaisissement du patriciat ; de là cette notice s
4808 ution dont nous allons célébrer le centenaire, et le dessaisissement du patriciat ; de là cette notice symbolique : Denis-
4809 centenaire, et le dessaisissement du patriciat ; de là cette notice symbolique : Denis-François-Henry, rentier. (Un renti
4810 hômeur riche.) Suivent mon grand-père, professeur de théologie, et mon père, pasteur. Cela fait, au début et à la fin, pas
4811 e, et mon père, pasteur. Cela fait, au début et à la fin, pas mal de robes et de rabats, soit de justice, soit d’église ;
4812 pasteur. Cela fait, au début et à la fin, pas mal de robes et de rabats, soit de justice, soit d’église ; et entre-temps p
4813 a fait, au début et à la fin, pas mal de robes et de rabats, soit de justice, soit d’église ; et entre-temps plus de deux
4814 et à la fin, pas mal de robes et de rabats, soit de justice, soit d’église ; et entre-temps plus de deux siècles de parti
4815 mal de robes et de rabats, soit de justice, soit d’ église ; et entre-temps plus de deux siècles de participation continue
4816 t de justice, soit d’église ; et entre-temps plus de deux siècles de participation continuelle au gouvernement du pays. A
4817 it d’église ; et entre-temps plus de deux siècles de participation continuelle au gouvernement du pays. Au xixe siècle,
4818 du pays. Au xixe siècle, Neuchâtel ayant cessé d’ être ce qu’il conviendrait de nommer une aristocratie républicaine au
4819 euchâtel ayant cessé d’être ce qu’il conviendrait de nommer une aristocratie républicaine au Prince lointain, cette dynast
4820 e républicaine au Prince lointain, cette dynastie de conseillers d’État se tourne vers la vie intellectuelle. D’où septant
4821 au Prince lointain, cette dynastie de conseillers d’ État se tourne vers la vie intellectuelle. D’où septante-six ouvrages
4822 tte dynastie de conseillers d’État se tourne vers la vie intellectuelle. D’où septante-six ouvrages publiés par des Rougem
4823 lers d’État se tourne vers la vie intellectuelle. D’ où septante-six ouvrages publiés par des Rougemont en Suisse, en Franc
4824 e et en Allemagne, entre 1830 et 1900. Et cela va d’ un essai sur Socrate et Jésus-Christ jusqu’à des Observations sur l’or
4825 rate et Jésus-Christ jusqu’à des Observations sur l’ organe détonant du Brachinus crepitans, en passant par un Précis de gé
4826 du Brachinus crepitans, en passant par un Précis de géographie comparée et Quelques mots sur les nombres rythmiques de la
4827 récis de géographie comparée et Quelques mots sur les nombres rythmiques de la prophétie… « L’ennui que j’aime à trouver au
4828 parée et Quelques mots sur les nombres rythmiques de la prophétie… « L’ennui que j’aime à trouver au fond de l’histoire n’
4829 ée et Quelques mots sur les nombres rythmiques de la prophétie… « L’ennui que j’aime à trouver au fond de l’histoire n’est
4830 ots sur les nombres rythmiques de la prophétie… «  L’ ennui que j’aime à trouver au fond de l’histoire n’est pas du goût de
4831 prophétie… « L’ennui que j’aime à trouver au fond de l’histoire n’est pas du goût de chacun », notait Chateaubriand dans s
4832 phétie… « L’ennui que j’aime à trouver au fond de l’ histoire n’est pas du goût de chacun », notait Chateaubriand dans ses
4833 à trouver au fond de l’histoire n’est pas du goût de chacun », notait Chateaubriand dans ses Mémoires. Mais c’est par le d
4834 t Chateaubriand dans ses Mémoires. Mais c’est par le détail qu’on connaît une famille, par une famille l’histoire d’un pay
4835 détail qu’on connaît une famille, par une famille l’ histoire d’un pays, et surtout d’un petit pays. Ainsi l’on répète volo
4836 n connaît une famille, par une famille l’histoire d’ un pays, et surtout d’un petit pays. Ainsi l’on répète volontiers que
4837 par une famille l’histoire d’un pays, et surtout d’ un petit pays. Ainsi l’on répète volontiers que la Suisse est le « car
4838 oire d’un pays, et surtout d’un petit pays. Ainsi l’ on répète volontiers que la Suisse est le « carrefour de l’Europe ». P
4839 d’un petit pays. Ainsi l’on répète volontiers que la Suisse est le « carrefour de l’Europe ». Pour vérifier ce lieu commun
4840 s. Ainsi l’on répète volontiers que la Suisse est le « carrefour de l’Europe ». Pour vérifier ce lieu commun, examinons de
4841 épète volontiers que la Suisse est le « carrefour de l’Europe ». Pour vérifier ce lieu commun, examinons deux prises micro
4842 te volontiers que la Suisse est le « carrefour de l’ Europe ». Pour vérifier ce lieu commun, examinons deux prises microsco
4843 aminons deux prises microscopiques prélevées dans les archives de ma famille. Sur les trente-deux ancêtres de mon père à la
4844 prises microscopiques prélevées dans les archives de ma famille. Sur les trente-deux ancêtres de mon père à la cinquième g
4845 es prélevées dans les archives de ma famille. Sur les trente-deux ancêtres de mon père à la cinquième génération, je compte
4846 hives de ma famille. Sur les trente-deux ancêtres de mon père à la cinquième génération, je compte quatorze Neuchâtelois,
4847 puis une Allemande. Et des trois autres branches de leur famille, au milieu du xviiie siècle, deux sont en train de deve
4848 e l’un des traits qu’ont en commun presque toutes les anciennes familles de ce pays manque à la mienne : très peu de milita
4849 t en commun presque toutes les anciennes familles de ce pays manque à la mienne : très peu de militaires parmi les ascenda
4850 manque à la mienne : très peu de militaires parmi les ascendants directs du nom de mon père. Par les femmes, on en trouve d
4851 de militaires parmi les ascendants directs du nom de mon père. Par les femmes, on en trouve davantage, mais là encore les
4852 mi les ascendants directs du nom de mon père. Par les femmes, on en trouve davantage, mais là encore les traditions intelle
4853 es femmes, on en trouve davantage, mais là encore les traditions intellectuelles et politiques restent les plus marquées. F
4854 traditions intellectuelles et politiques restent les plus marquées. François-Antoine III, mon quadrisaïeul, épouse Henriet
4855 ïeul, épouse Henriette de Montmollin : elle était la petite-fille du « Grand Ostervald », traducteur de la Bible admiré pa
4856 a petite-fille du « Grand Ostervald », traducteur de la Bible admiré par Fénelon, auteur de vingt traités sur la morale, l
4857 etite-fille du « Grand Ostervald », traducteur de la Bible admiré par Fénelon, auteur de vingt traités sur la morale, la l
4858 traducteur de la Bible admiré par Fénelon, auteur de vingt traités sur la morale, la liturgie et la théologie qui furent t
4859 e admiré par Fénelon, auteur de vingt traités sur la morale, la liturgie et la théologie qui furent traduits dans toute l’
4860 r Fénelon, auteur de vingt traités sur la morale, la liturgie et la théologie qui furent traduits dans toute l’Europe, et
4861 ur de vingt traités sur la morale, la liturgie et la théologie qui furent traduits dans toute l’Europe, et qui le firent a
4862 ie et la théologie qui furent traduits dans toute l’ Europe, et qui le firent appeler par Newton « le plus chrétien de tous
4863 e qui furent traduits dans toute l’Europe, et qui le firent appeler par Newton « le plus chrétien de tous les hommes », vi
4864 e l’Europe, et qui le firent appeler par Newton «  le plus chrétien de tous les hommes », vir omnium christianissimus. Mon
4865 i le firent appeler par Newton « le plus chrétien de tous les hommes », vir omnium christianissimus. Mon trisaïeul, le Pro
4866 ent appeler par Newton « le plus chrétien de tous les hommes », vir omnium christianissimus. Mon trisaïeul, le Procureur gé
4867 es », vir omnium christianissimus. Mon trisaïeul, le Procureur général, épouse Charlotte d’Ostervald, arrière-petite-fille
4868 pouse Charlotte d’Ostervald, arrière-petite-fille de l’illustre pasteur. Le fils du Procureur épouse Marie-Philippine du B
4869 se Charlotte d’Ostervald, arrière-petite-fille de l’ illustre pasteur. Le fils du Procureur épouse Marie-Philippine du Buat
4870 vald, arrière-petite-fille de l’illustre pasteur. Le fils du Procureur épouse Marie-Philippine du Buat-Nançay, dans l’asce
4871 reur épouse Marie-Philippine du Buat-Nançay, dans l’ ascendance de laquelle je trouve deux mathématiciens et ingénieurs, un
4872 arie-Philippine du Buat-Nançay, dans l’ascendance de laquelle je trouve deux mathématiciens et ingénieurs, un diplomate et
4873 urs, un diplomate et historien, une alliance avec la fille de Corneille, et plus haut, dès le xiie siècle, de fréquents d
4874 iplomate et historien, une alliance avec la fille de Corneille, et plus haut, dès le xiie siècle, de fréquents donateurs
4875 nce avec la fille de Corneille, et plus haut, dès le xiie siècle, de fréquents donateurs à l’Abbaye de la Trappe. « N’oub
4876 de Corneille, et plus haut, dès le xiie siècle, de fréquents donateurs à l’Abbaye de la Trappe. « N’oublie jamais », me
4877 ut, dès le xiie siècle, de fréquents donateurs à l’ Abbaye de la Trappe. « N’oublie jamais », me disait un de mes oncles,
4878 e xiie siècle, de fréquents donateurs à l’Abbaye de la Trappe. « N’oublie jamais », me disait un de mes oncles, « que plu
4879 iie siècle, de fréquents donateurs à l’Abbaye de la Trappe. « N’oublie jamais », me disait un de mes oncles, « que plus l
4880 e de la Trappe. « N’oublie jamais », me disait un de mes oncles, « que plus l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moin
4881 jamais », me disait un de mes oncles, « que plus l’ ancêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir
4882 ncêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ». Et que valent en effet ces noms, ces souve
4883 on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ». Et que valent en effet ces noms, ces souvenirs, ces a
4884 clame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ». Et que valent en effet ces noms, ces souvenirs, ces ascendance
4885 noms, ces souvenirs, ces ascendances ? Rien, dit l’ époque, non sans irritation. Une science assez récente, mais déjà démo
4886 e assez récente, mais déjà démodée, pensa réduire l’ orgueil humain en plaçant aux racines des arbres les plus nobles, au l
4887 ’orgueil humain en plaçant aux racines des arbres les plus nobles, au lieu d’un demi-dieu, d’un héros ou d’un saint, un sin
4888 s arbres les plus nobles, au lieu d’un demi-dieu, d’ un héros ou d’un saint, un singe au naturel, en guise d’armes parlante
4889 lus nobles, au lieu d’un demi-dieu, d’un héros ou d’ un saint, un singe au naturel, en guise d’armes parlantes du beau myth
4890 naturel, en guise d’armes parlantes du beau mythe de l’Égalité… Et pourtant si le « grand Ostervald », si Corneille, si la
4891 urel, en guise d’armes parlantes du beau mythe de l’ Égalité… Et pourtant si le « grand Ostervald », si Corneille, si la Tr
4892 lantes du beau mythe de l’Égalité… Et pourtant si le « grand Ostervald », si Corneille, si la Trappe sont bien loin — et i
4893 rtant si le « grand Ostervald », si Corneille, si la Trappe sont bien loin — et ils le sont — que dire du Singe ? Je me ré
4894 i Corneille, si la Trappe sont bien loin — et ils le sont — que dire du Singe ? Je me répète la phrase de mon oncle. En re
4895 et ils le sont — que dire du Singe ? Je me répète la phrase de mon oncle. En revanche, comment ne pas croire à l’influence
4896 sont — que dire du Singe ? Je me répète la phrase de mon oncle. En revanche, comment ne pas croire à l’influence des profe
4897 e mon oncle. En revanche, comment ne pas croire à l’ influence des professions héréditaires, du rôle social tenu pendant de
4898 yeux, jusque dans ses fonctions ecclésiastiques, l’ idée du serviteur de la cité, c’est qu’en lui durait toute une race co
4899 es fonctions ecclésiastiques, l’idée du serviteur de la cité, c’est qu’en lui durait toute une race consacrée à la chose p
4900 fonctions ecclésiastiques, l’idée du serviteur de la cité, c’est qu’en lui durait toute une race consacrée à la chose publ
4901 c’est qu’en lui durait toute une race consacrée à la chose publique, préférant la charge à l’honneur, l’autorité réelle au
4902 une race consacrée à la chose publique, préférant la charge à l’honneur, l’autorité réelle au bénéfice, et le respect des
4903 sacrée à la chose publique, préférant la charge à l’ honneur, l’autorité réelle au bénéfice, et le respect des principes au
4904 chose publique, préférant la charge à l’honneur, l’ autorité réelle au bénéfice, et le respect des principes aux intérêts.
4905 ge à l’honneur, l’autorité réelle au bénéfice, et le respect des principes aux intérêts. Si jamais la noblesse a valu quel
4906 le respect des principes aux intérêts. Si jamais la noblesse a valu quelque chose, c’est quand elle a dédaigné toutes les
4907 quelque chose, c’est quand elle a dédaigné toutes les « preuves » qui n’étaient pas celle de l’obligation. Je crois que tou
4908 né toutes les « preuves » qui n’étaient pas celle de l’obligation. Je crois que toute autre considération sur ce sujet sem
4909 toutes les « preuves » qui n’étaient pas celle de l’ obligation. Je crois que toute autre considération sur ce sujet sembla
4910 ur ce sujet semblait aux yeux de mon père indigne d’ une pensée. Et certes, il n’en parlait jamais. Le peu que j’en dis l’e
4911 d’une pensée. Et certes, il n’en parlait jamais. Le peu que j’en dis l’eût gêné. Mais ce sens naturel du service, il lui
4912 rtes, il n’en parlait jamais. Le peu que j’en dis l’ eût gêné. Mais ce sens naturel du service, il lui fut donné de l’exerc
4913 Mais ce sens naturel du service, il lui fut donné de l’exercer dans d’autres dimensions humaines que celles du petit État
4914 s ce sens naturel du service, il lui fut donné de l’ exercer dans d’autres dimensions humaines que celles du petit État de
4915 tres dimensions humaines que celles du petit État de ses aïeux, aussi riche en coutumes fort sages qu’en préjugés invétéré
4916 vétérés. Il trouvait dans son héritage des vertus de prudence, d’ordre et d’autorité, un goût marqué pour l’argumentation
4917 rouvait dans son héritage des vertus de prudence, d’ ordre et d’autorité, un goût marqué pour l’argumentation et la dialect
4918 s son héritage des vertus de prudence, d’ordre et d’ autorité, un goût marqué pour l’argumentation et la dialectique légali
4919 dence, d’ordre et d’autorité, un goût marqué pour l’ argumentation et la dialectique légaliste, qui l’eussent conduit, en d
4920 ’autorité, un goût marqué pour l’argumentation et la dialectique légaliste, qui l’eussent conduit, en d’autres temps, vers
4921 l’argumentation et la dialectique légaliste, qui l’ eussent conduit, en d’autres temps, vers une carrière d’homme politiqu
4922 ent conduit, en d’autres temps, vers une carrière d’ homme politique ou d’homme de loi, dans un style dignified à l’anglais
4923 res temps, vers une carrière d’homme politique ou d’ homme de loi, dans un style dignified à l’anglaise. Le ministère pasto
4924 s, vers une carrière d’homme politique ou d’homme de loi, dans un style dignified à l’anglaise. Le ministère pastoral le c
4925 ique ou d’homme de loi, dans un style dignified à l’ anglaise. Le ministère pastoral le conduisit vers de plus humbles tâch
4926 mme de loi, dans un style dignified à l’anglaise. Le ministère pastoral le conduisit vers de plus humbles tâches, en Dieu
4927 yle dignified à l’anglaise. Le ministère pastoral le conduisit vers de plus humbles tâches, en Dieu plus grandes, et vers
4928 lus humbles tâches, en Dieu plus grandes, et vers la liberté de l’esprit. Sa première allégeance était l’Église, et par là
4929 tâches, en Dieu plus grandes, et vers la liberté de l’esprit. Sa première allégeance était l’Église, et par là même l’uni
4930 ches, en Dieu plus grandes, et vers la liberté de l’ esprit. Sa première allégeance était l’Église, et par là même l’univer
4931 liberté de l’esprit. Sa première allégeance était l’ Église, et par là même l’universel, c’est-à-dire le prochain quel qu’i
4932 remière allégeance était l’Église, et par là même l’ universel, c’est-à-dire le prochain quel qu’il soit, être souvent biza
4933 ’Église, et par là même l’universel, c’est-à-dire le prochain quel qu’il soit, être souvent bizarre et mystérieux qu’il fa
4934 arre et mystérieux qu’il faut comprendre avant de l’ aider, qu’il faut aimer si l’on veut le comprendre. Sa tradition, cepe
4935 comprendre avant de l’aider, qu’il faut aimer si l’ on veut le comprendre. Sa tradition, cependant, était d’autorité, de j
4936 e avant de l’aider, qu’il faut aimer si l’on veut le comprendre. Sa tradition, cependant, était d’autorité, de justes prop
4937 eut le comprendre. Sa tradition, cependant, était d’ autorité, de justes proportions et de raison gardée. Contradiction sec
4938 endre. Sa tradition, cependant, était d’autorité, de justes proportions et de raison gardée. Contradiction secrète de sa v
4939 ndant, était d’autorité, de justes proportions et de raison gardée. Contradiction secrète de sa vie et source de sa vraie
4940 rtions et de raison gardée. Contradiction secrète de sa vie et source de sa vraie richesse. De là sa modestie frappante, s
4941 gardée. Contradiction secrète de sa vie et source de sa vraie richesse. De là sa modestie frappante, sa tolérance acquise
4942 secrète de sa vie et source de sa vraie richesse. De là sa modestie frappante, sa tolérance acquise non sans luttes, mais
4943 nce acquise non sans luttes, mais sa fermeté dans le conseil ; son accueil aux idées nouvelles, mais ses convictions milit
4944 foncier, mais ses brusques indignations. Il avait le goût classique de la claire ordonnance, mais non moins de la justice
4945 brusques indignations. Il avait le goût classique de la claire ordonnance, mais non moins de la justice sociale, et quand
4946 sques indignations. Il avait le goût classique de la claire ordonnance, mais non moins de la justice sociale, et quand il
4947 classique de la claire ordonnance, mais non moins de la justice sociale, et quand il le fallait, de la protestation sobre,
4948 ssique de la claire ordonnance, mais non moins de la justice sociale, et quand il le fallait, de la protestation sobre, ef
4949 mais non moins de la justice sociale, et quand il le fallait, de la protestation sobre, efficace et désintéressée. Toujour
4950 ns de la justice sociale, et quand il le fallait, de la protestation sobre, efficace et désintéressée. Toujours saisi d’un
4951 de la justice sociale, et quand il le fallait, de la protestation sobre, efficace et désintéressée. Toujours saisi d’un mo
4952 sobre, efficace et désintéressée. Toujours saisi d’ un mouvement de retrait devant une charge honorifique, jamais devant l
4953 e et désintéressée. Toujours saisi d’un mouvement de retrait devant une charge honorifique, jamais devant les risques et l
4954 rait devant une charge honorifique, jamais devant les risques et les déboires d’un témoignage vigilant ; père, citoyen, pas
4955 charge honorifique, jamais devant les risques et les déboires d’un témoignage vigilant ; père, citoyen, pasteur de ses tro
4956 ifique, jamais devant les risques et les déboires d’ un témoignage vigilant ; père, citoyen, pasteur de ses troupeaux, et v
4957 d’un témoignage vigilant ; père, citoyen, pasteur de ses troupeaux, et vibrant défenseur de l’honneur protestant, il était
4958 n, pasteur de ses troupeaux, et vibrant défenseur de l’honneur protestant, il était au plein sens du mot l’homme engagé, c
4959 pasteur de ses troupeaux, et vibrant défenseur de l’ honneur protestant, il était au plein sens du mot l’homme engagé, celu
4960 honneur protestant, il était au plein sens du mot l’ homme engagé, celui qui ne revendique rien pour soi, tout pour « la Ca
4961 elui qui ne revendique rien pour soi, tout pour «  la Cause », comme il aimait à dire. Quand il m’arrive de louer dans mes
4962 ause », comme il aimait à dire. Quand il m’arrive de louer dans mes ouvrages le civisme des protestants, c’est à l’exemple
4963 ire. Quand il m’arrive de louer dans mes ouvrages le civisme des protestants, c’est à l’exemple de mon père que j’ai pensé
4964 l’exemple de mon père que j’ai pensé ; et ce mot d’ engagement, dont on abuse, d’où l’aurais-je pris si ce n’est de sa vie
4965 ai pensé ; et ce mot d’engagement, dont on abuse, d’ où l’aurais-je pris si ce n’est de sa vie — l’une des très rares vies
4966 nsé ; et ce mot d’engagement, dont on abuse, d’où l’ aurais-je pris si ce n’est de sa vie — l’une des très rares vies d’hom
4967 dont on abuse, d’où l’aurais-je pris si ce n’est de sa vie — l’une des très rares vies d’homme que j’ai connues de près,
4968 si ce n’est de sa vie — l’une des très rares vies d’ homme que j’ai connues de près, qui commandât mon absolu respect. Au-d
4969 ’une des très rares vies d’homme que j’ai connues de près, qui commandât mon absolu respect. Au-delà de l’exemple vivant d
4970 e près, qui commandât mon absolu respect. Au-delà de l’exemple vivant du destin vécu de mon père, qu’irais-je encore cherc
4971 rès, qui commandât mon absolu respect. Au-delà de l’ exemple vivant du destin vécu de mon père, qu’irais-je encore chercher
4972 spect. Au-delà de l’exemple vivant du destin vécu de mon père, qu’irais-je encore chercher dans le passé ? Si j’y suis rem
4973 écu de mon père, qu’irais-je encore chercher dans le passé ? Si j’y suis remonté, c’était pour mieux saisir l’enseignement
4974  ? Si j’y suis remonté, c’était pour mieux saisir l’ enseignement d’une vie où s’est fondée ma vie. Sur le fond d’une tradi
4975 remonté, c’était pour mieux saisir l’enseignement d’ une vie où s’est fondée ma vie. Sur le fond d’une tradition qui la rel
4976 nseignement d’une vie où s’est fondée ma vie. Sur le fond d’une tradition qui la reliait à notre histoire et à l’ancienne
4977 ent d’une vie où s’est fondée ma vie. Sur le fond d’ une tradition qui la reliait à notre histoire et à l’ancienne communau
4978 st fondée ma vie. Sur le fond d’une tradition qui la reliait à notre histoire et à l’ancienne communauté, j’ai mieux disti
4979 ne tradition qui la reliait à notre histoire et à l’ ancienne communauté, j’ai mieux distingué, par contraste, son humanité
4980 ontraste, son humanité singulière. Et maintenant, la fidélité même à cet exemple m’inciterait à ne point m’attarder. (J’en
4981 encore comme il disait jour après jour : « Aller de l’avant ! ») L’honneur à rendre au père, selon le Décalogue, n’est pa
4982 core comme il disait jour après jour : « Aller de l’ avant ! ») L’honneur à rendre au père, selon le Décalogue, n’est pas u
4983 disait jour après jour : « Aller de l’avant ! ») L’ honneur à rendre au père, selon le Décalogue, n’est pas un culte des a
4984 de l’avant ! ») L’honneur à rendre au père, selon le Décalogue, n’est pas un culte des ancêtres. Et pourtant, quelle est c
4985 ent : « …afin que tes jours soient prolongés dans le pays que Dieu te donne » ? Il me semble aujourd’hui que pour la premi
4986 r mourir centenaire !) Prolongés vers cet au-delà de la mémoire individuelle, le passé qui se passe en nous, et sans leque
4987 ourir centenaire !) Prolongés vers cet au-delà de la mémoire individuelle, le passé qui se passe en nous, et sans lequel i
4988 ngés vers cet au-delà de la mémoire individuelle, le passé qui se passe en nous, et sans lequel il n’y aurait jamais de pl
4989 asse en nous, et sans lequel il n’y aurait jamais de plénitude du présent. Jours prolongés comme un accord qui réveille au
4990 rs prolongés comme un accord qui réveille au loin l’ harmonique et qui fait vibrer tous les temps, créant notre avenir auss
4991 ille au loin l’harmonique et qui fait vibrer tous les temps, créant notre avenir aussi, parce qu’il ouvre l’attente ardente
4992 mps, créant notre avenir aussi, parce qu’il ouvre l’ attente ardente de sa résolution — de son pardon. Jours de nos vies, c
4993 avenir aussi, parce qu’il ouvre l’attente ardente de sa résolution — de son pardon. Jours de nos vies, comptés de toute ét
4994 qu’il ouvre l’attente ardente de sa résolution —  de son pardon. Jours de nos vies, comptés de toute éternité, mais prolon
4995 e ardente de sa résolution — de son pardon. Jours de nos vies, comptés de toute éternité, mais prolongés par l’acte de pié
4996 ution — de son pardon. Jours de nos vies, comptés de toute éternité, mais prolongés par l’acte de piété à la durée des siè
4997 es, comptés de toute éternité, mais prolongés par l’ acte de piété à la durée des siècles écoulés et futurs de ce « pays qu
4998 ptés de toute éternité, mais prolongés par l’acte de piété à la durée des siècles écoulés et futurs de ce « pays que Dieu
4999 te éternité, mais prolongés par l’acte de piété à la durée des siècles écoulés et futurs de ce « pays que Dieu nous donne 
5000 de piété à la durée des siècles écoulés et futurs de ce « pays que Dieu nous donne ».
13 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — V
5001 V J’ai refermé les livres, les mémoires. L’année finit. J’écris sans hâte. Quel silence 
5002 V J’ai refermé les livres, les mémoires. L’année finit. J’écris sans hâte. Quel silence ! Et je m’at
5003 V J’ai refermé les livres, les mémoires. L’ année finit. J’écris sans hâte. Quel silence ! Et je m’attarde à suivr
5004 ’attarde à suivre encore ces harmoniques, comme à l’ écoute clandestine, l’oreille au son d’un passé qui faiblit mais qui n
5005 re ces harmoniques, comme à l’écoute clandestine, l’ oreille au son d’un passé qui faiblit mais qui n’a pas terminé son mes
5006 s, comme à l’écoute clandestine, l’oreille au son d’ un passé qui faiblit mais qui n’a pas terminé son message. Il me parle
5007 né son message. Il me parle ce soir de plus loin, d’ au-delà de mon petit pays, dans l’espace et le temps d’une plus vaste
5008 sage. Il me parle ce soir de plus loin, d’au-delà de mon petit pays, dans l’espace et le temps d’une plus vaste patrie. Le
5009 r de plus loin, d’au-delà de mon petit pays, dans l’ espace et le temps d’une plus vaste patrie. Les perspectives changent
5010 in, d’au-delà de mon petit pays, dans l’espace et le temps d’une plus vaste patrie. Les perspectives changent à vue, verti
5011 delà de mon petit pays, dans l’espace et le temps d’ une plus vaste patrie. Les perspectives changent à vue, vertige et gri
5012 ans l’espace et le temps d’une plus vaste patrie. Les perspectives changent à vue, vertige et grisaille du temps. Une ligné
5013 temps. Une lignée, une famille parmi d’autres… Je la voyais dans son canton ; mais dans la Suisse, mais dans l’Europe, que
5014 ’autres… Je la voyais dans son canton ; mais dans la Suisse, mais dans l’Europe, que devient ce fil rouge que je croyais t
5015 dans son canton ; mais dans la Suisse, mais dans l’ Europe, que devient ce fil rouge que je croyais tenir ? Où vont se per
5016 il rouge que je croyais tenir ? Où vont se perdre les sentiers de la mémoire, ces voies ouvertes à l’imagination ? Il y a l
5017 je croyais tenir ? Où vont se perdre les sentiers de la mémoire, ces voies ouvertes à l’imagination ? Il y a la petite pat
5018 croyais tenir ? Où vont se perdre les sentiers de la mémoire, ces voies ouvertes à l’imagination ? Il y a la petite patrie
5019 les sentiers de la mémoire, ces voies ouvertes à l’ imagination ? Il y a la petite patrie, la terre du père, celle qu’on p
5020 oire, ces voies ouvertes à l’imagination ? Il y a la petite patrie, la terre du père, celle qu’on peut parcourir en une jo
5021 vertes à l’imagination ? Il y a la petite patrie, la terre du père, celle qu’on peut parcourir en une journée et chaque jo
5022 u’on peut parcourir en une journée et chaque jour de la vie sans se lasser, celle qu’un regard embrasse et détaille à lois
5023 n peut parcourir en une journée et chaque jour de la vie sans se lasser, celle qu’un regard embrasse et détaille à loisir.
5024 ’un regard embrasse et détaille à loisir. Au-delà de ses paysages et de sa proche histoire, il n’y a que l’imaginaire. Les
5025 et détaille à loisir. Au-delà de ses paysages et de sa proche histoire, il n’y a que l’imaginaire. Les nations, les plus
5026 s paysages et de sa proche histoire, il n’y a que l’ imaginaire. Les nations, les plus vastes patries n’ont jamais été vues
5027 de sa proche histoire, il n’y a que l’imaginaire. Les nations, les plus vastes patries n’ont jamais été vues par personne :
5028 histoire, il n’y a que l’imaginaire. Les nations, les plus vastes patries n’ont jamais été vues par personne : c’est l’espr
5029 atries n’ont jamais été vues par personne : c’est l’ esprit qui les croit comme il croit au passé, à la tradition, à l’aven
5030 jamais été vues par personne : c’est l’esprit qui les croit comme il croit au passé, à la tradition, à l’avenir. Plus tard,
5031 l’esprit qui les croit comme il croit au passé, à la tradition, à l’avenir. Plus tard, dans les archives et les voyages, d
5032 croit comme il croit au passé, à la tradition, à l’ avenir. Plus tard, dans les archives et les voyages, dans l’aventure e
5033 assé, à la tradition, à l’avenir. Plus tard, dans les archives et les voyages, dans l’aventure et dans l’action, il ira vér
5034 tion, à l’avenir. Plus tard, dans les archives et les voyages, dans l’aventure et dans l’action, il ira vérifier ce qu’il r
5035 Plus tard, dans les archives et les voyages, dans l’ aventure et dans l’action, il ira vérifier ce qu’il rêvait. Mais c’est
5036 archives et les voyages, dans l’aventure et dans l’ action, il ira vérifier ce qu’il rêvait. Mais c’est en lui qu’est la r
5037 érifier ce qu’il rêvait. Mais c’est en lui qu’est la réalité sans laquelle il n’eût pas bougé. Ce qu’on touche — et ce qu’
5038 pas bougé. Ce qu’on touche — et ce qu’on imagine, le pays qui nous tient par les pieds, par le cœur, et le rassemblement d
5039 — et ce qu’on imagine, le pays qui nous tient par les pieds, par le cœur, et le rassemblement des nations invisibles, on no
5040 magine, le pays qui nous tient par les pieds, par le cœur, et le rassemblement des nations invisibles, on nous dit que tou
5041 ays qui nous tient par les pieds, par le cœur, et le rassemblement des nations invisibles, on nous dit que tout les oppose
5042 ment des nations invisibles, on nous dit que tout les oppose, qu’il faut choisir l’un contre l’autre, et qu’entre ces amour
5043 ntre l’autre, et qu’entre ces amours il n’est que de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me sens presque pa
5044 e l’autre, et qu’entre ces amours il n’est que de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me sens presque parto
5045 mours il n’est que de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me sens presque partout chez moi dans l’Europe fr
5046 -il ? Si je me sens presque partout chez moi dans l’ Europe franco-germanique, c’est que d’abord je l’ai trouvée dans ma fa
5047 l’Europe franco-germanique, c’est que d’abord je l’ ai trouvée dans ma famille, où tant de traditions se croisent et se ma
5048 Pour moi comme pour tant d’autres Suisses, passer de la petite patrie à la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race,
5049 r moi comme pour tant d’autres Suisses, passer de la petite patrie à la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race, à m
5050 nt d’autres Suisses, passer de la petite patrie à la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race, à mon clos natal. C’es
5051 ace, à mon clos natal. C’est aimer plus loin dans le même sens. Ainsi, pour me sentir Européen, nul besoin de quitter ce s
5052 sens. Ainsi, pour me sentir Européen, nul besoin de quitter ce salon campagnard où je suis revenu m’asseoir : il me suffi
5053 agnard où je suis revenu m’asseoir : il me suffit de méditer sur ses images, de remonter par elles à des sources lointaine
5054 asseoir : il me suffit de méditer sur ses images, de remonter par elles à des sources lointaines. Grands portraits un peu
5055 , gravures piquées et daguerréotypes. Que sais-je d’ eux, qui me regardent ? Cette aïeule au visage émacié, coiffé de longu
5056 regardent ? Cette aïeule au visage émacié, coiffé de longues boucles noires, j’ai lu ses lettres. Dernière d’une lignée tr
5057 ues boucles noires, j’ai lu ses lettres. Dernière d’ une lignée très catholique, elle cachait ses messages au fiancé suisse
5058 , elle cachait ses messages au fiancé suisse dans l’ écorce d’un arbre, au fond du parc, et devenait protestante en secret.
5059 chait ses messages au fiancé suisse dans l’écorce d’ un arbre, au fond du parc, et devenait protestante en secret. J’ai lu
5060 devenait protestante en secret. J’ai lu ces pages de confidences pudiques, pleines d’idéal et de mélancolie, mais sans y r
5061 ’ai lu ces pages de confidences pudiques, pleines d’ idéal et de mélancolie, mais sans y retrouver la trace des larmes dont
5062 pages de confidences pudiques, pleines d’idéal et de mélancolie, mais sans y retrouver la trace des larmes dont elle écrit
5063 s d’idéal et de mélancolie, mais sans y retrouver la trace des larmes dont elle écrit souvent qu’elles furent baignées. L’
5064 dont elle écrit souvent qu’elles furent baignées. L’ on était vers 1830. Portrait de son grand-père, un chevalier de Malte,
5065 s furent baignées. L’on était vers 1830. Portrait de son grand-père, un chevalier de Malte, membre correspondant de l’Inst
5066 rs 1830. Portrait de son grand-père, un chevalier de Malte, membre correspondant de l’Institut. L’un de ses fils fut décap
5067 père, un chevalier de Malte, membre correspondant de l’Institut. L’un de ses fils fut décapité au lendemain de l’affaire d
5068 e, un chevalier de Malte, membre correspondant de l’ Institut. L’un de ses fils fut décapité au lendemain de l’affaire de Q
5069 e Malte, membre correspondant de l’Institut. L’un de ses fils fut décapité au lendemain de l’affaire de Quiberon, sous la
5070 titut. L’un de ses fils fut décapité au lendemain de l’affaire de Quiberon, sous la Terreur, deux ans après que sa petite
5071 ut. L’un de ses fils fut décapité au lendemain de l’ affaire de Quiberon, sous la Terreur, deux ans après que sa petite cou
5072 e ses fils fut décapité au lendemain de l’affaire de Quiberon, sous la Terreur, deux ans après que sa petite cousine Charl
5073 apité au lendemain de l’affaire de Quiberon, sous la Terreur, deux ans après que sa petite cousine Charlotte ait cloué dan
5074 né à Boudry, tout près d’ici. Que sais-je encore de cette famille éteinte ? Du fond des âges et de la forêt normande, il
5075 re de cette famille éteinte ? Du fond des âges et de la forêt normande, il m’en revient un nom de Table ronde : Lucrèce d’
5076 de cette famille éteinte ? Du fond des âges et de la forêt normande, il m’en revient un nom de Table ronde : Lucrèce d’Aub
5077 s et de la forêt normande, il m’en revient un nom de Table ronde : Lucrèce d’Aubray, Dame de l’Aigle et du Lac… Cette aïeu
5078 te aïeule qui me sourit dans sa mantille, retenue d’ une main sur la gorge opulente, vint de Béziers au temps des dragonnad
5079 e sourit dans sa mantille, retenue d’une main sur la gorge opulente, vint de Béziers au temps des dragonnades. Parmi ses a
5080 agonnades. Parmi ses ancêtres : Mirman, défenseur de la foi huguenote ; et plus haut des seigneurs dont certains furent ca
5081 nnades. Parmi ses ancêtres : Mirman, défenseur de la foi huguenote ; et plus haut des seigneurs dont certains furent catha
5082 nt cathares, Miramon, Cabrol et Vestric… Portrait d’ un général de la Garde prussienne. Souvenirs des tantes de Dresde et d
5083 éral de la Garde prussienne. Souvenirs des tantes de Dresde et de Bavière… On se trompe en croyant qu’un voyageur, à longu
5084 rde prussienne. Souvenirs des tantes de Dresde et de Bavière… On se trompe en croyant qu’un voyageur, à longueur de chemin
5085 n se trompe en croyant qu’un voyageur, à longueur de chemin, perd ses ancêtres : c’est eux parfois qu’il s’en va visiter,
5086 parfois qu’il s’en va visiter, quand il parcourt le globe et vit chez l’étranger. Pourtant il s’interroge : comment l’eus
5087 a visiter, quand il parcourt le globe et vit chez l’ étranger. Pourtant il s’interroge : comment l’eussent-ils reçu, gens d
5088 hez l’étranger. Pourtant il s’interroge : comment l’ eussent-ils reçu, gens de leur terre, lui le nomade ? Qu’y a-t-il enco
5089 il s’interroge : comment l’eussent-ils reçu, gens de leur terre, lui le nomade ? Qu’y a-t-il encore entre eux et lui ? Peu
5090 mment l’eussent-ils reçu, gens de leur terre, lui le nomade ? Qu’y a-t-il encore entre eux et lui ? Peu de chose, ou rien
5091 ncore entre eux et lui ? Peu de chose, ou rien si l’ on veut. Rien d’autre qu’un pouvoir sans doute fictif, et que peut-êtr
5092 et lui ? Peu de chose, ou rien si l’on veut. Rien d’ autre qu’un pouvoir sans doute fictif, et que peut-être ils négligèren
5093 e fictif, et que peut-être ils négligèrent, celui de se sentir chez soi dans leurs légendes. Les forêts enchantées où chev
5094 celui de se sentir chez soi dans leurs légendes. Les forêts enchantées où chevauchait Lancelot, sous les ciels méditants d
5095 s forêts enchantées où chevauchait Lancelot, sous les ciels méditants de l’Ouest celtique ; le Midi sec et enfiévré des tro
5096 où chevauchait Lancelot, sous les ciels méditants de l’Ouest celtique ; le Midi sec et enfiévré des troubadours ; et de l’
5097 chevauchait Lancelot, sous les ciels méditants de l’ Ouest celtique ; le Midi sec et enfiévré des troubadours ; et de l’aut
5098 t, sous les ciels méditants de l’Ouest celtique ; le Midi sec et enfiévré des troubadours ; et de l’autre côté de l’Europe
5099 ue ; le Midi sec et enfiévré des troubadours ; et de l’autre côté de l’Europe, aux marches slaves, ces burgs secrets de la
5100 et enfiévré des troubadours ; et de l’autre côté de l’Europe, aux marches slaves, ces burgs secrets de la Prusse-Oriental
5101 enfiévré des troubadours ; et de l’autre côté de l’ Europe, aux marches slaves, ces burgs secrets de la Prusse-Orientale,
5102 e l’Europe, aux marches slaves, ces burgs secrets de la Prusse-Orientale, — tant de générations aux fortunes diverses ne m
5103 ’Europe, aux marches slaves, ces burgs secrets de la Prusse-Orientale, — tant de générations aux fortunes diverses ne m’en
5104 qu’elles m’y lient ? Nous ne savons presque rien de l’hérédité. Mais quand on m’aura démontré que le sentiment d’obscure
5105 ’elles m’y lient ? Nous ne savons presque rien de l’ hérédité. Mais quand on m’aura démontré que le sentiment d’obscure rec
5106 de l’hérédité. Mais quand on m’aura démontré que le sentiment d’obscure reconnaissance qui m’a toujours saisi dans ces pr
5107 é. Mais quand on m’aura démontré que le sentiment d’ obscure reconnaissance qui m’a toujours saisi dans ces provinces ne do
5108 mystères du sang, une idée chimérique ne cessera de me plaire : sur ces lieux où jadis des hommes dont je descends exercè
5109 s hommes dont je descends exercèrent leurs droits de seigneurs, je garde encore un droit de rêve, d’imaginaire intimité. V
5110 urs droits de seigneurs, je garde encore un droit de rêve, d’imaginaire intimité. Voilà un privilège qui ne peut gêner per
5111 s de seigneurs, je garde encore un droit de rêve, d’ imaginaire intimité. Voilà un privilège qui ne peut gêner personne ! P
5112 ut gêner personne ! Pourquoi ceux qui vivent pour l’ avenir et dans les voies de l’ambition jalouseraient-ils ceux qui parf
5113  ! Pourquoi ceux qui vivent pour l’avenir et dans les voies de l’ambition jalouseraient-ils ceux qui parfois se plaisent à
5114 i ceux qui vivent pour l’avenir et dans les voies de l’ambition jalouseraient-ils ceux qui parfois se plaisent à remonter
5115 eux qui vivent pour l’avenir et dans les voies de l’ ambition jalouseraient-ils ceux qui parfois se plaisent à remonter dan
5116 rfois se plaisent à remonter dans leur passé pour l’ agrandir ? Leurs imaginations se valent.
14 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VI
5117 VI Ces retours sur l’ histoire d’un pays, où je cherchais à mieux situer les miens, m’ont pr
5118 VI Ces retours sur l’histoire d’ un pays, où je cherchais à mieux situer les miens, m’ont proposé chemi
5119 roposé chemin faisant quelques énigmes, et permis d’ entrevoir quelques réponses. Voici pourtant un fait que je m’explique
5120 nt de culture, pour tant de livres lus, relus, et de bon choix, accumulés depuis des siècles dans les maisons publiques et
5121 t de bon choix, accumulés depuis des siècles dans les maisons publiques et privées ; pour tant de livres publiés, aussi, n’
5122 publiés, aussi, n’a rien produit qui marque dans la langue, à part la Bible d’Ostervald. Les ouvrages distingués ne manqu
5123 ’a rien produit qui marque dans la langue, à part la Bible d’Ostervald. Les ouvrages distingués ne manquent pas. Mais les
5124 roduit qui marque dans la langue, à part la Bible d’ Ostervald. Les ouvrages distingués ne manquent pas. Mais les seuls qui
5125 rque dans la langue, à part la Bible d’Ostervald. Les ouvrages distingués ne manquent pas. Mais les seuls qui aient franchi
5126 ld. Les ouvrages distingués ne manquent pas. Mais les seuls qui aient franchi nos limites sont ceux de nos théologiens, Ost
5127 les seuls qui aient franchi nos limites sont ceux de nos théologiens, Ostervald encore, puis Godet ; et le Droit des gens
5128 os théologiens, Ostervald encore, puis Godet ; et le Droit des gens de Vattel. Nous avons eu d’excellents historiens : l’a
5129 tervald encore, puis Godet ; et le Droit des gens de Vattel. Nous avons eu d’excellents historiens : l’auteur de la Chroni
5130 t ; et le Droit des gens de Vattel. Nous avons eu d’ excellents historiens : l’auteur de la Chronique des Chanoines (apocry
5131 e Vattel. Nous avons eu d’excellents historiens : l’ auteur de la Chronique des Chanoines (apocryphe), Chambrier pour l’anc
5132 Nous avons eu d’excellents historiens : l’auteur de la Chronique des Chanoines (apocryphe), Chambrier pour l’ancien régim
5133 us avons eu d’excellents historiens : l’auteur de la Chronique des Chanoines (apocryphe), Chambrier pour l’ancien régime,
5134 ronique des Chanoines (apocryphe), Chambrier pour l’ ancien régime, Arthur Piaget pour la Révolution, Philippe Godet pour M
5135 hambrier pour l’ancien régime, Arthur Piaget pour la Révolution, Philippe Godet pour Madame de Charrière. Un moraliste au
5136 ste au style subtil et naturel, Félix Bovet. Mais la littérature au sens étroit du terme — le roman, le poème, l’essai, le
5137 et. Mais la littérature au sens étroit du terme —  le roman, le poème, l’essai, le jeu d’idées — est restée chez nous pauvr
5138 a littérature au sens étroit du terme — le roman, le poème, l’essai, le jeu d’idées — est restée chez nous pauvre ou nulle
5139 ure au sens étroit du terme — le roman, le poème, l’ essai, le jeu d’idées — est restée chez nous pauvre ou nulle. Nous n’a
5140 ns étroit du terme — le roman, le poème, l’essai, le jeu d’idées — est restée chez nous pauvre ou nulle. Nous n’avons rien
5141 it du terme — le roman, le poème, l’essai, le jeu d’ idées — est restée chez nous pauvre ou nulle. Nous n’avons rien tiré d
5142 chez nous pauvre ou nulle. Nous n’avons rien tiré de grand ou d’émouvant d’une culture solide et variée, d’une nature cont
5143 uvre ou nulle. Nous n’avons rien tiré de grand ou d’ émouvant d’une culture solide et variée, d’une nature contrastée de ch
5144 le. Nous n’avons rien tiré de grand ou d’émouvant d’ une culture solide et variée, d’une nature contrastée de charme et de
5145 and ou d’émouvant d’une culture solide et variée, d’ une nature contrastée de charme et de tristesse, ni même de la tension
5146 culture solide et variée, d’une nature contrastée de charme et de tristesse, ni même de la tension des contraintes morales
5147 e et variée, d’une nature contrastée de charme et de tristesse, ni même de la tension des contraintes morales, dont vécut
5148 ure contrastée de charme et de tristesse, ni même de la tension des contraintes morales, dont vécut le roman victorien. Fa
5149 contrastée de charme et de tristesse, ni même de la tension des contraintes morales, dont vécut le roman victorien. Faut-
5150 de la tension des contraintes morales, dont vécut le roman victorien. Faut-il penser que cette culture fut trop mêlée, cet
5151 isément tournées ? Je ne sais. Et tout cela, sauf la nature, est en train de changer rapidement. L’accent se gâte, la rhét
5152 uf la nature, est en train de changer rapidement. L’ accent se gâte, la rhétorique n’est plus enseignée ni connue. L’histoi
5153 en train de changer rapidement. L’accent se gâte, la rhétorique n’est plus enseignée ni connue. L’histoire et la théologie
5154 te, la rhétorique n’est plus enseignée ni connue. L’ histoire et la théologie fuient le discours, ignorent le style. Entend
5155 que n’est plus enseignée ni connue. L’histoire et la théologie fuient le discours, ignorent le style. Entendrons-nous un j
5156 gnée ni connue. L’histoire et la théologie fuient le discours, ignorent le style. Entendrons-nous un jour quelqu’un qui ch
5157 oire et la théologie fuient le discours, ignorent le style. Entendrons-nous un jour quelqu’un qui chante, ou crie, après d
5158 s ? J’ai vu percer quelques poètes à nos vitrines de libraires… Les Vaudois ont produit ou toléré Constant, Alexandre Vine
5159 rcer quelques poètes à nos vitrines de libraires… Les Vaudois ont produit ou toléré Constant, Alexandre Vinet, Ramuz ; les
5160 duit ou toléré Constant, Alexandre Vinet, Ramuz ; les Genevois Calvin, de Bèze, Rousseau, Madame de Staël, Töpffer, Amiel…
5161 nt, Alexandre Vinet, Ramuz ; les Genevois Calvin, de Bèze, Rousseau, Madame de Staël, Töpffer, Amiel… Je ne parle pas des
5162 e cite que ceux dont un homme cultivé, dans toute l’ Europe, connaît au moins le nom. Nous n’avons rien de ce rang-là. Les
5163 me cultivé, dans toute l’Europe, connaît au moins le nom. Nous n’avons rien de ce rang-là. Les visiteurs de Lausanne, de C
5164 urope, connaît au moins le nom. Nous n’avons rien de ce rang-là. Les visiteurs de Lausanne, de Coppet, des coteaux de Colo
5165 au moins le nom. Nous n’avons rien de ce rang-là. Les visiteurs de Lausanne, de Coppet, des coteaux de Cologny ou de Montre
5166 m. Nous n’avons rien de ce rang-là. Les visiteurs de Lausanne, de Coppet, des coteaux de Cologny ou de Montreux, furent éc
5167 ns rien de ce rang-là. Les visiteurs de Lausanne, de Coppet, des coteaux de Cologny ou de Montreux, furent éclatants et pa
5168 Les visiteurs de Lausanne, de Coppet, des coteaux de Cologny ou de Montreux, furent éclatants et parfois scandaleux. Mais
5169 de Lausanne, de Coppet, des coteaux de Cologny ou de Montreux, furent éclatants et parfois scandaleux. Mais la « petite hi
5170 eux, furent éclatants et parfois scandaleux. Mais la « petite histoire » littéraire se borne à mentionner chez nous des re
5171 e se borne à mentionner chez nous des rendez-vous de voyageurs discrets, inaperçus et bientôt disparus. Un seul s’est fait
5172 est fait remarquer, ce fut le premier en date, et les gamins de Môtiers lui jetèrent des cailloux. Avertis par ce précédent
5173 marquer, ce fut le premier en date, et les gamins de Môtiers lui jetèrent des cailloux. Avertis par ce précédent, dont le
5174 rent des cailloux. Avertis par ce précédent, dont le bruit s’élargit à l’Europe, les successeurs de l’Arménien ne sont ven
5175 ertis par ce précédent, dont le bruit s’élargit à l’ Europe, les successeurs de l’Arménien ne sont venus chez nous qu’à pas
5176 ce précédent, dont le bruit s’élargit à l’Europe, les successeurs de l’Arménien ne sont venus chez nous qu’à pas feutrés. C
5177 nt le bruit s’élargit à l’Europe, les successeurs de l’Arménien ne sont venus chez nous qu’à pas feutrés. Certains d’aille
5178 le bruit s’élargit à l’Europe, les successeurs de l’ Arménien ne sont venus chez nous qu’à pas feutrés. Certains d’ailleurs
5179 ous qu’à pas feutrés. Certains d’ailleurs avaient de bonnes raisons de ne point publier leur séjour. Benjamin Constant s’e
5180 és. Certains d’ailleurs avaient de bonnes raisons de ne point publier leur séjour. Benjamin Constant s’enfermait dans le m
5181 r leur séjour. Benjamin Constant s’enfermait dans le manoir de Madame de Charrière, pour échapper aux cousines de Lausanne
5182 our. Benjamin Constant s’enfermait dans le manoir de Madame de Charrière, pour échapper aux cousines de Lausanne et à son
5183 e Madame de Charrière, pour échapper aux cousines de Lausanne et à son mariage en Allemagne. Chateaubriand, qui se souvena
5184 magne. Chateaubriand, qui se souvenait sans doute d’ avoir été jadis, pour la police française, un dénommé « Lassagne, Neuc
5185 i se souvenait sans doute d’avoir été jadis, pour la police française, un dénommé « Lassagne, Neuchâtelois », vint s’enfer
5186 gne, Neuchâtelois », vint s’enfermer au lendemain de sa chute « dans une cabane au bord du lac ». Brève retraite, dont une
5187 c ». Brève retraite, dont une phrase des Mémoires d’ outre-tombe lui suffit pour décrire l’ennui : « Un maigre chat noir, d
5188 es Mémoires d’outre-tombe lui suffit pour décrire l’ ennui : « Un maigre chat noir, demi-sauvage, qui pêchait de petits poi
5189 « Un maigre chat noir, demi-sauvage, qui pêchait de petits poissons en plongeant sa patte dans un grand seau rempli de l’
5190 s en plongeant sa patte dans un grand seau rempli de l’eau du lac, était toute ma distraction. » Au même endroit de la vil
5191 n plongeant sa patte dans un grand seau rempli de l’ eau du lac, était toute ma distraction. » Au même endroit de la ville,
5192 ac, était toute ma distraction. » Au même endroit de la ville, neuf ans plus tard, Balzac rencontrera cette inconnue qui v
5193 était toute ma distraction. » Au même endroit de la ville, neuf ans plus tard, Balzac rencontrera cette inconnue qui vien
5194 qui vient du fond des steppes vers son génie. Et l’ on dit qu’Andersen écrivit quelques-uns de ses plus beaux contes penda
5195 nie. Et l’on dit qu’Andersen écrivit quelques-uns de ses plus beaux contes pendant le séjour qu’il fit au Locle, dans la n
5196 vit quelques-uns de ses plus beaux contes pendant le séjour qu’il fit au Locle, dans la neige… Neuchâtel semble se prêter
5197 contes pendant le séjour qu’il fit au Locle, dans la neige… Neuchâtel semble se prêter à ces parenthèses du sort, à ces co
5198 hèses du sort, à ces conjonctions clandestines, à l’ incognito de la gloire. Je voudrais qu’on y élève un monument dédié à
5199 t, à ces conjonctions clandestines, à l’incognito de la gloire. Je voudrais qu’on y élève un monument dédié à l’Illustre I
5200 à ces conjonctions clandestines, à l’incognito de la gloire. Je voudrais qu’on y élève un monument dédié à l’Illustre Inco
5201 re. Je voudrais qu’on y élève un monument dédié à l’ Illustre Inconnu. Il serait en forme de banc. Qui sait quel Balzac de
5202 Il serait en forme de banc. Qui sait quel Balzac de l’avenir, quelle Étrangère venue du bout du monde, ne seraient point
5203 serait en forme de banc. Qui sait quel Balzac de l’ avenir, quelle Étrangère venue du bout du monde, ne seraient point ten
5204 venue du bout du monde, ne seraient point tentés de s’y asseoir un jour, pour quelques heures, en face du lac ? Et certes
5205 s, en face du lac ? Et certes, j’ai pensé à Gide, le plus fidèle de tous nos hôtes, en écrivant ces phrases sur le banc. J
5206 ac ? Et certes, j’ai pensé à Gide, le plus fidèle de tous nos hôtes, en écrivant ces phrases sur le banc. Je viens de repr
5207 le de tous nos hôtes, en écrivant ces phrases sur le banc. Je viens de reprendre son Journal, pour vérifier s’il y parlait
5208 prendre son Journal, pour vérifier s’il y parlait de Neuchâtel. Et je tombe sur ce court passage, à la date de 1913 : « Co
5209 de Neuchâtel. Et je tombe sur ce court passage, à la date de 1913 : « Combien j’aime ce lac tranquille aux rives basses, p
5210 âtel. Et je tombe sur ce court passage, à la date de 1913 : « Combien j’aime ce lac tranquille aux rives basses, peuplé de
5211 j’aime ce lac tranquille aux rives basses, peuplé de mouettes, où mon regard ni ma pensée ne se heurte à rien d’accidentel
5212 s, où mon regard ni ma pensée ne se heurte à rien d’ accidentel ou d’étranger. Comment, moi si frileux, n’éprouvai-je ce ma
5213 ni ma pensée ne se heurte à rien d’accidentel ou d’ étranger. Comment, moi si frileux, n’éprouvai-je ce matin que bien-êtr
5214 à peine au-dessus du gel, n’ayant devant moi que de l’eau et de la brume ? J’habiterais ici volontiers. » Il a fallu le p
5215 peine au-dessus du gel, n’ayant devant moi que de l’ eau et de la brume ? J’habiterais ici volontiers. » Il a fallu le prix
5216 dessus du gel, n’ayant devant moi que de l’eau et de la brume ? J’habiterais ici volontiers. » Il a fallu le prix Nobel po
5217 sus du gel, n’ayant devant moi que de l’eau et de la brume ? J’habiterais ici volontiers. » Il a fallu le prix Nobel pour
5218 brume ? J’habiterais ici volontiers. » Il a fallu le prix Nobel pour qu’on s’aperçût un beau jour qu’il était parmi nous,
5219 aché dans sa pèlerine. Une semaine plus tôt, chez les Heyd, nous avions joué au jeu des questions et réponses. L’un écrit t
5220 me temps trois réponses. Puis on lit à haute voix les deux papiers. Jeu de hasard, ou de télépathie. J’avais écrit, dernièr
5221 s. Puis on lit à haute voix les deux papiers. Jeu de hasard, ou de télépathie. J’avais écrit, dernière question : — Qu’est
5222 à haute voix les deux papiers. Jeu de hasard, ou de télépathie. J’avais écrit, dernière question : — Qu’est-ce que le sty
5223 ’avais écrit, dernière question : — Qu’est-ce que le style ? Catherine, la fille de Gide, lut sa dernière réponse : — L’or
5224 question : — Qu’est-ce que le style ? Catherine, la fille de Gide, lut sa dernière réponse : — L’originalité de mon père.
5225  : — Qu’est-ce que le style ? Catherine, la fille de Gide, lut sa dernière réponse : — L’originalité de mon père. Gide s’é
5226 ne, la fille de Gide, lut sa dernière réponse : —  L’ originalité de mon père. Gide s’éclaircit la voix pour observer que le
5227 e Gide, lut sa dernière réponse : — L’originalité de mon père. Gide s’éclaircit la voix pour observer que le jeu devenait
5228 e : — L’originalité de mon père. Gide s’éclaircit la voix pour observer que le jeu devenait bien personnel, et proposa des
5229 père. Gide s’éclaircit la voix pour observer que le jeu devenait bien personnel, et proposa des bouts-rimés.
15 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VII
5230 ien j’aimai ce lac aux rives glauques ! sans rien d’ alpestre, et dont les eaux, comme celles d’un marécage, longtemps se m
5231 ux rives glauques ! sans rien d’alpestre, et dont les eaux, comme celles d’un marécage, longtemps se mêlent à la terre et f
5232 s rien d’alpestre, et dont les eaux, comme celles d’ un marécage, longtemps se mêlent à la terre et filtrent entre les rose
5233 comme celles d’un marécage, longtemps se mêlent à la terre et filtrent entre les roseaux. » (L’Immoraliste.) Près de ces e
5234 longtemps se mêlent à la terre et filtrent entre les roseaux. » (L’Immoraliste.) Près de ces eaux, ma vie sentimentale est
5235 lent à la terre et filtrent entre les roseaux. » ( L’ Immoraliste.) Près de ces eaux, ma vie sentimentale est née. Et depuis
5236 Et depuis lors elle est restée lacustre. « Odeur de l’eau — pour toute la vie », écrivait un Paysan du Danube, et vingt a
5237 depuis lors elle est restée lacustre. « Odeur de l’ eau — pour toute la vie », écrivait un Paysan du Danube, et vingt ans
5238 st restée lacustre. « Odeur de l’eau — pour toute la vie », écrivait un Paysan du Danube, et vingt ans ne l’ont pas dément
5239  », écrivait un Paysan du Danube, et vingt ans ne l’ ont pas démenti. Je dénombre mes lacs et ne puis retrouver que du bonh
5240 nheur à ces souvenirs. Non qu’ils me parlent tous de jours heureux, mais la mémoire des plus amers ou des plus seuls a gar
5241 Non qu’ils me parlent tous de jours heureux, mais la mémoire des plus amers ou des plus seuls a gardé le charme des eaux.
5242 mémoire des plus amers ou des plus seuls a gardé le charme des eaux. Faut-il penser que la souffrance au bord d’un lac n’
5243 ls a gardé le charme des eaux. Faut-il penser que la souffrance au bord d’un lac n’est jamais sans quelque douceur ? Cherc
5244 lac n’est jamais sans quelque douceur ? Cherchant d’ où vient cet agrément, et pourquoi dans le monde lacustre on ressent l
5245 erchant d’où vient cet agrément, et pourquoi dans le monde lacustre on ressent la vie mieux qu’ailleurs, plus savoureuse e
5246 nt, et pourquoi dans le monde lacustre on ressent la vie mieux qu’ailleurs, plus savoureuse et plus présente, je me dis :
5247 un vrai lac est un univers clos, si grands soient les miroirs qu’il offre aux ciels changeants, et si profonds ses lointain
5248 ux ciels changeants, et si profonds ses lointains de lumière. La pente derrière moi, l’horizon des collines, sont le cadre
5249 ngeants, et si profonds ses lointains de lumière. La pente derrière moi, l’horizon des collines, sont le cadre qui donne a
5250 ses lointains de lumière. La pente derrière moi, l’ horizon des collines, sont le cadre qui donne au tableau sa significat
5251 pente derrière moi, l’horizon des collines, sont le cadre qui donne au tableau sa signification privilégiée. Ici le cœur
5252 onne au tableau sa signification privilégiée. Ici le cœur et l’âme ont leur théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue
5253 leau sa signification privilégiée. Ici le cœur et l’ âme ont leur théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue à l’infini.
5254 r théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue à l’ infini. Ici la joie trouve un espace où se déployer sans se perdre, la
5255 où tout est sens, écho, dialogue à l’infini. Ici la joie trouve un espace où se déployer sans se perdre, la méditation de
5256 e trouve un espace où se déployer sans se perdre, la méditation des ciels bas, la passion des orages complets, et la peine
5257 oyer sans se perdre, la méditation des ciels bas, la passion des orages complets, et la peine une baie secrète, où les cri
5258 des ciels bas, la passion des orages complets, et la peine une baie secrète, où les cris des oiseaux dans la brume s’occup
5259 orages complets, et la peine une baie secrète, où les cris des oiseaux dans la brume s’occupent d’une vie bien différente…
5260 ne une baie secrète, où les cris des oiseaux dans la brume s’occupent d’une vie bien différente… Enfin la variété des obje
5261 où les cris des oiseaux dans la brume s’occupent d’ une vie bien différente… Enfin la variété des objets, des lumières, de
5262 brume s’occupent d’une vie bien différente… Enfin la variété des objets, des lumières, des premiers plans et des éloigneme
5263 satisfait comme nul autre paysage ce goût profond de composer, de contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’
5264 me nul autre paysage ce goût profond de composer, de contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, d
5265 ysage ce goût profond de composer, de contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de
5266 rofond de composer, de contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de bo
5267 oser, de contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux,
5268 raster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’ abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer,
5269 ler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler
5270 couvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l
5271 plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l’on a reconn
5272 née, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l’on a reconnu l’amour, comme il
5273 rter, de revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l’on a reconnu l’amour, comme il aime à s’y r
5274 des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l’ on a reconnu l’amour, comme il aime à s’y retrouver. Je nage à Baveno
5275 mparer, de contempler sans fin, où l’on a reconnu l’ amour, comme il aime à s’y retrouver. Je nage à Baveno dans l’eau tièd
5276 me il aime à s’y retrouver. Je nage à Baveno dans l’ eau tiède et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l
5277 Je nage à Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rê
5278 à Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux
5279 Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la fin de l’ après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nom
5280 de et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés d
5281 ée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés de dieux,
5282 c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l’ Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés de dieux, pas
5283 -midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés de dieux, passagers immobiles, un bra
5284 ella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés de dieux, passagers immobiles, un bras levé… J’habite au lac de Garde un
5285 assagers immobiles, un bras levé… J’habite au lac de Garde un palais délabré, au-dessus de jardins en terrasses pleins de
5286 bite au lac de Garde un palais délabré, au-dessus de jardins en terrasses pleins de lucioles à la nuit, quand les violoneu
5287 délabré, au-dessus de jardins en terrasses pleins de lucioles à la nuit, quand les violoneux du village viennent donner la
5288 ssus de jardins en terrasses pleins de lucioles à la nuit, quand les violoneux du village viennent donner la sérénade. Et
5289 en terrasses pleins de lucioles à la nuit, quand les violoneux du village viennent donner la sérénade. Et nous montons à c
5290 t, quand les violoneux du village viennent donner la sérénade. Et nous montons à ce balcon sur l’eau, accroché aux très ha
5291 nner la sérénade. Et nous montons à ce balcon sur l’ eau, accroché aux très hautes murailles qui sans raison, grandiloquent
5292 railles qui sans raison, grandiloquentes, bordent la rive. (Elles furent élevées, dit-on, par un ministre fou.) Cyprès au
5293 brusque sauvagerie des hautes pentes, échevelées de châtaigniers. Contre les flancs du noir Monte Baldo coiffé de neige,
5294 hautes pentes, échevelées de châtaigniers. Contre les flancs du noir Monte Baldo coiffé de neige, sur l’autre rive, un orag
5295 ers. Contre les flancs du noir Monte Baldo coiffé de neige, sur l’autre rive, un orage s’illumine par moments, et dans l’é
5296 re rive, un orage s’illumine par moments, et dans l’ échappée vers la plaine, où l’eau rejoint presque le ciel, le petit ph
5297 e s’illumine par moments, et dans l’échappée vers la plaine, où l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie d
5298 ar moments, et dans l’échappée vers la plaine, où l’ eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Su
5299 échappée vers la plaine, où l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de
5300 vers la plaine, où l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse
5301 où l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nou
5302 l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous a
5303 ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minuit,
5304 hare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minuit, heure où le crép
5305 e de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minuit, heure où le crépusc
5306 ientale, nous allions ramer vers minuit, heure où le crépuscule enfin se meurt dans l’aube, à l’horizon des landes et de l
5307 inuit, heure où le crépuscule enfin se meurt dans l’ aube, à l’horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au
5308 re où le crépuscule enfin se meurt dans l’aube, à l’ horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la
5309 n se meurt dans l’aube, à l’horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la vallée, où tournoyaient
5310 e meurt dans l’aube, à l’horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la vallée, où tournoyaient de
5311 des et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la vallée, où tournoyaient des voiles inclinées… Balaton, lac de plai
5312 et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la vallée, où tournoyaient des voiles inclinées… Balaton, lac de plaine
5313 ù tournoyaient des voiles inclinées… Balaton, lac de plaine aux eaux fades, environné de collines pointues et de valses au
5314 Balaton, lac de plaine aux eaux fades, environné de collines pointues et de valses aux jardins publics — là j’étais seul…
5315 aux eaux fades, environné de collines pointues et de valses aux jardins publics — là j’étais seul… Rade de Genève par un b
5316 alses aux jardins publics — là j’étais seul… Rade de Genève par un beau temps cruel, qui faisait fête à des adieux… Petits
5317 es adieux… Petits déjeuners suisses sur un balcon d’ hôtel à Vevey, à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’air
5318 l à Vevey, à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintil
5319 y, à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintillement d
5320 à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’ air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintillement des
5321 ries du roman russe. Et le bleu de l’air matinal, l’ argent transparent des montagnes, le scintillement des eaux sous la br
5322 ’air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintillement des eaux sous la brume légère, tout était si pur et si
5323 ent des montagnes, le scintillement des eaux sous la brume légère, tout était si pur et si frais qu’il semblait que le mon
5324 tout était si pur et si frais qu’il semblait que le monde venait de s’éveiller, luisant et neuf, de la première nuit… Et
5325 e le monde venait de s’éveiller, luisant et neuf, de la première nuit… Et ces deux grands étés américains, dans les demeur
5326 re nuit… Et ces deux grands étés américains, dans les demeures trop vastes de Lake George, nommé jadis lac du Saint-Sacreme
5327 ds étés américains, dans les demeures trop vastes de Lake George, nommé jadis lac du Saint-Sacrement « pour la pureté lust
5328 George, nommé jadis lac du Saint-Sacrement « pour la pureté lustrale de ses eaux »… Il me rappelait un peu de tous mes aut
5329 lac du Saint-Sacrement « pour la pureté lustrale de ses eaux »… Il me rappelait un peu de tous mes autres lacs, mais il é
5330 tous mes autres lacs, mais il était surtout celui d’ Œil de faucon et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je le trouvai
5331 es autres lacs, mais il était surtout celui d’Œil de faucon et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je le trouvais bien
5332 celui d’Œil de faucon et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je le trouvais bien beau. Pourquoi l’ai-je quitté ? …Et
5333 con et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je le trouvais bien beau. Pourquoi l’ai-je quitté ? …Et nous n’irons jamais
5334 e mon enfance. Je le trouvais bien beau. Pourquoi l’ ai-je quitté ? …Et nous n’irons jamais au lac d’Amatitlán, au pied du
5335 i l’ai-je quitté ? …Et nous n’irons jamais au lac d’ Amatitlán, au pied du fabuleux volcan de Sant’Anna, mais je l’emporte
5336 is au lac d’Amatitlán, au pied du fabuleux volcan de Sant’Anna, mais je l’emporte avec les autres sans remords, s’il est v
5337 au pied du fabuleux volcan de Sant’Anna, mais je l’ emporte avec les autres sans remords, s’il est vrai que d’aucun je n’a
5338 uleux volcan de Sant’Anna, mais je l’emporte avec les autres sans remords, s’il est vrai que d’aucun je n’ai su tant d’hist
5339 e avec les autres sans remords, s’il est vrai que d’ aucun je n’ai su tant d’histoires et qu’il détient certains de mes sec
5340 emords, s’il est vrai que d’aucun je n’ai su tant d’ histoires et qu’il détient certains de mes secrets. Je dénombre mes la
5341 ’ai su tant d’histoires et qu’il détient certains de mes secrets. Je dénombre mes lacs, et la mémoire encore investit du c
5342 certains de mes secrets. Je dénombre mes lacs, et la mémoire encore investit du charme des eaux l’adolescence même, aux ch
5343 et la mémoire encore investit du charme des eaux l’ adolescence même, aux chagrins taciturnes. Souffrir auprès d’un lac n’
5344 ce même, aux chagrins taciturnes. Souffrir auprès d’ un lac n’est jamais sans douceur. Je suis sur la jetée, près du hangar
5345 s d’un lac n’est jamais sans douceur. Je suis sur la jetée, près du hangar des trams, et l’eau n’est pas plus noire que mo
5346 e suis sur la jetée, près du hangar des trams, et l’ eau n’est pas plus noire que mon cœur humilié. Dans ce « local » empua
5347 que mon cœur humilié. Dans ce « local » empuanti de tabac de pipes et de bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’i
5348 cœur humilié. Dans ce « local » empuanti de tabac de pipes et de bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’initiation
5349 . Dans ce « local » empuanti de tabac de pipes et de bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’initiation d’une socié
5350 de pipes et de bière renversée, je viens de subir l’ épreuve d’initiation d’une société de collégiens. J’ai refusé de racon
5351 t de bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’ initiation d’une société de collégiens. J’ai refusé de raconter devant
5352 nversée, je viens de subir l’épreuve d’initiation d’ une société de collégiens. J’ai refusé de raconter devant tous, debout
5353 ens de subir l’épreuve d’initiation d’une société de collégiens. J’ai refusé de raconter devant tous, debout sur un tonnea
5354 itiation d’une société de collégiens. J’ai refusé de raconter devant tous, debout sur un tonneau comme le veut la coutume,
5355 raconter devant tous, debout sur un tonneau comme le veut la coutume, l’histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué.
5356 devant tous, debout sur un tonneau comme le veut la coutume, l’histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué. J’ai 16
5357 , debout sur un tonneau comme le veut la coutume, l’ histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué. J’ai 16 ans. C’est h
5358 r un tonneau comme le veut la coutume, l’histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué. J’ai 16 ans. C’est horrible. Mo
5359 rrible. Mon seul amour doit rester mon secret. Je la guette à midi, quand elle descend dans le cortège des jeunes filles s
5360 ret. Je la guette à midi, quand elle descend dans le cortège des jeunes filles sortant de l’école des Terreaux. Nous, les
5361 descend dans le cortège des jeunes filles sortant de l’école des Terreaux. Nous, les garçons, tenons notre « colloque » su
5362 cend dans le cortège des jeunes filles sortant de l’ école des Terreaux. Nous, les garçons, tenons notre « colloque » sur l
5363 nes filles sortant de l’école des Terreaux. Nous, les garçons, tenons notre « colloque » sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
5364 Nous, les garçons, tenons notre « colloque » sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’
5365 s garçons, tenons notre « colloque » sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’un air de
5366 arçons, tenons notre « colloque » sur la place de l’ Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’un air de ne
5367 lace de l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’ un air grave, d’un air de ne pas regarder les filles qui passent, mais
5368 de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’ un air de ne pas regarder les filles qui passent, mais je la vois veni
5369 Nous parlons entre nous d’un air grave, d’un air de ne pas regarder les filles qui passent, mais je la vois venir de loin
5370 nous d’un air grave, d’un air de ne pas regarder les filles qui passent, mais je la vois venir de loin. Elle porte un gran
5371 e ne pas regarder les filles qui passent, mais je la vois venir de loin. Elle porte un grand chapeau flottant d’un rose so
5372 nir de loin. Elle porte un grand chapeau flottant d’ un rose sombre. Tout la distingue infiniment du troupeau bavardant de
5373 un grand chapeau flottant d’un rose sombre. Tout la distingue infiniment du troupeau bavardant de ses compagnes. Si je re
5374 out la distingue infiniment du troupeau bavardant de ses compagnes. Si je rencontrais ses yeux, que deviendrais-je, et si
5375 -je, et si elle devinait mon sentiment ? Pourtant la semaine prochaine, l’épreuve recommencera. Odeur de l’eau qui dort, p
5376 it mon sentiment ? Pourtant la semaine prochaine, l’ épreuve recommencera. Odeur de l’eau qui dort, pénétrante, amicale. Un
5377 semaine prochaine, l’épreuve recommencera. Odeur de l’eau qui dort, pénétrante, amicale. Un poisson saute et ride un mome
5378 maine prochaine, l’épreuve recommencera. Odeur de l’ eau qui dort, pénétrante, amicale. Un poisson saute et ride un moment
5379 ante, amicale. Un poisson saute et ride un moment le miroir… Non, je ne vais pas me suicider. Je mentirai ! Je suis assis
5380 entirai ! Je suis assis sur un banc près du port, la promenade est déserte et mon cœur assoiffé. Personne ne passe jamais,
5381 on cœur assoiffé. Personne ne passe jamais, voilà la vie ! Mais si ce soir une femme venait à moi comme le miracle que j’a
5382 ie ! Mais si ce soir une femme venait à moi comme le miracle que j’attends, je lui dirais : c’est un malentendu. Je suis d
5383 passez Madame… J’ai 19 ans. Je n’aime encore que la nature, et ma solitude avec elle. Et vraiment, à cet âge, elle me l’a
5384 litude avec elle. Et vraiment, à cet âge, elle me l’ a bien rendu. (Quand on revient la voir à deux, plus tard, aux mêmes l
5385 et âge, elle me l’a bien rendu. (Quand on revient la voir à deux, plus tard, aux mêmes lieux, elle se réserve… Elle ne ser
5386 out à fait comme avant.) Ce soir, elle est encore d’ une présence envoûtante. Le soleil s’est caché derrière le Trou de Bou
5387 soir, elle est encore d’une présence envoûtante. Le soleil s’est caché derrière le Trou de Bourgogne. La grande rougeur d
5388 ésence envoûtante. Le soleil s’est caché derrière le Trou de Bourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée, de vague e
5389 nvoûtante. Le soleil s’est caché derrière le Trou de Bourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée, de vague en vague
5390 soleil s’est caché derrière le Trou de Bourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée, de vague en vague vers l’autre r
5391 ourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée, de vague en vague vers l’autre rive. Elle caresse en passant l’épaule de
5392 vague vers l’autre rive. Elle caresse en passant l’ épaule des collines, elle monte, elle embrase longtemps d’une sereine
5393 des collines, elle monte, elle embrase longtemps d’ une sereine incandescence les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets
5394 lle embrase longtemps d’une sereine incandescence les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets d’où l’on voit l’Italie… Et
5395 ence les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets d’ où l’on voit l’Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de
5396 les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets d’où l’ on voit l’Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de temp
5397 déployées au fond du ciel. Sommets d’où l’on voit l’ Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de temps diaphane
5398 fond du ciel. Sommets d’où l’on voit l’Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de temps diaphane à l’horizon.
5399 eint, guirlande morte, un peu de temps diaphane à l’ horizon. Paysage emphatique et sombre, tout cerné de prodiges sévères,
5400 horizon. Paysage emphatique et sombre, tout cerné de prodiges sévères, et l’œil ne s’en évade au bas du ciel — vers l’oues
5401 que et sombre, tout cerné de prodiges sévères, et l’ œil ne s’en évade au bas du ciel — vers l’ouest — que par cet or loint
5402 res, et l’œil ne s’en évade au bas du ciel — vers l’ ouest — que par cet or lointain que l’eau n’a point doublé, déjà prise
5403 ciel — vers l’ouest — que par cet or lointain que l’ eau n’a point doublé, déjà prise de nuit, rêvant jusqu’à mes pieds. Pa
5404 r lointain que l’eau n’a point doublé, déjà prise de nuit, rêvant jusqu’à mes pieds. Par une chaude soirée du mois d’août
5405 jusqu’à mes pieds. Par une chaude soirée du mois d’ août 192., un jeune homme, simplement vêtu d’un pantalon de flanelle g
5406 mois d’août 192., un jeune homme, simplement vêtu d’ un pantalon de flanelle grise et d’un chandail au col roulé, pédale à
5407 2., un jeune homme, simplement vêtu d’un pantalon de flanelle grise et d’un chandail au col roulé, pédale à longues pesées
5408 implement vêtu d’un pantalon de flanelle grise et d’ un chandail au col roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de la
5409 handail au col roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est im
5410 col roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est imminent. No
5411 l roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est imminent. Notre
5412 n de la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’ orage est imminent. Notre héros, qui paraît âgé d’une vingtaine d’anné
5413 L’orage est imminent. Notre héros, qui paraît âgé d’ une vingtaine d’années, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre les
5414 nent. Notre héros, qui paraît âgé d’une vingtaine d’ années, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et d
5415 raît âgé d’une vingtaine d’années, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et dont les longues vagues li
5416 nnées, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et dont les longues vagues limoneuses accablent sans relâc
5417 e lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et dont les longues vagues limoneuses accablent sans relâche les roseaux de la ba
5418 longues vagues limoneuses accablent sans relâche les roseaux de la baie. Des nuées menaçantes courent très bas, tirant des
5419 ues limoneuses accablent sans relâche les roseaux de la baie. Des nuées menaçantes courent très bas, tirant des pluies au
5420 limoneuses accablent sans relâche les roseaux de la baie. Des nuées menaçantes courent très bas, tirant des pluies au lar
5421 courent très bas, tirant des pluies au large, et le cœur du jeune homme bondit dans sa poitrine, exalté par l’effort et l
5422 u jeune homme bondit dans sa poitrine, exalté par l’ effort et la vitesse. Mais soudain la tempête a fait silence autour de
5423 e bondit dans sa poitrine, exalté par l’effort et la vitesse. Mais soudain la tempête a fait silence autour de lui, et seu
5424 , exalté par l’effort et la vitesse. Mais soudain la tempête a fait silence autour de lui, et seul reste distinct le bruit
5425 ait silence autour de lui, et seul reste distinct le bruit profond des vagues. Il roule maintenant dans l’ombre tiède et a
5426 ruit profond des vagues. Il roule maintenant dans l’ ombre tiède et abritée d’un bois de pins. Que vient-il donc chercher s
5427 Il roule maintenant dans l’ombre tiède et abritée d’ un bois de pins. Que vient-il donc chercher sur ces rivages désertés p
5428 aintenant dans l’ombre tiède et abritée d’un bois de pins. Que vient-il donc chercher sur ces rivages désertés par le crép
5429 ent-il donc chercher sur ces rivages désertés par le crépuscule ? Quelle est cette hâte inconnue, qu’il se flattait de n’é
5430 Quelle est cette hâte inconnue, qu’il se flattait de n’éprouver jamais, bien au contraire, avant un rendez-vous ? Cette en
5431 au contraire, avant un rendez-vous ? Cette envie de crier : « J’accours ! Attends !… » Ah ! mais qu’est-ce qu’il m’arrive
5432 t-ce qu’il m’arrive ? se dit-il. Il faut en avoir le cœur net. (Tout son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal de sp
5433 en avoir le cœur net. (Tout son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal de sportif plus que de puritain.) Il ralentit,
5434 cœur net. (Tout son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal de sportif plus que de puritain.) Il ralentit, pose un pie
5435 t son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal de sportif plus que de puritain.) Il ralentit, pose un pied sur le sol,
5436 en la maîtrise de soi, idéal de sportif plus que de puritain.) Il ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de la ma
5437 s que de puritain.) Il ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de la main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive est
5438 Il ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de la main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’at
5439 ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de la main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’atten
5440 pied sur le sol, et s’appuie de la main au tronc d’ un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’attente du pays sous l
5441 c d’un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’ attente du pays sous le ciel orageux. Oui, c’est bien cela qu’il sent,
5442 arrive est solennel, comme l’attente du pays sous le ciel orageux. Oui, c’est bien cela qu’il sent, il ne peut s’y tromper
5443 st bien cela qu’il sent, il ne peut s’y tromper : la brûlure douce au cœur, le sang plus vite, le soulèvement plus ample d
5444 l ne peut s’y tromper : la brûlure douce au cœur, le sang plus vite, le soulèvement plus ample de la respiration. Tout ce
5445 er : la brûlure douce au cœur, le sang plus vite, le soulèvement plus ample de la respiration. Tout ce que disent les poèt
5446 œur, le sang plus vite, le soulèvement plus ample de la respiration. Tout ce que disent les poètes qu’il dédaigne, tous le
5447 , le sang plus vite, le soulèvement plus ample de la respiration. Tout ce que disent les poètes qu’il dédaigne, tous leurs
5448 plus ample de la respiration. Tout ce que disent les poètes qu’il dédaigne, tous leurs clichés, c’était donc vrai ? Il ne
5449 hés, c’était donc vrai ? Il ne sait quelle ardeur le pénètre… Mais il sent qu’il va dire les grands mots impossibles, dans
5450 lle ardeur le pénètre… Mais il sent qu’il va dire les grands mots impossibles, dans un fol abandon, et ce sera vrai. Comme
5451 sera vrai. Comme tout est facile et violent quand les portes du cœur ont cédé ! Le lac était d’un bleu très sombre, le ciel
5452 le et violent quand les portes du cœur ont cédé ! Le lac était d’un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs de chaleur
5453 quand les portes du cœur ont cédé ! Le lac était d’ un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient d
5454 ur ont cédé ! Le lac était d’un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient dans la nue, et le jeune
5455 t d’un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient dans la nue, et le jeune homme savait en repartan
5456 ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient dans la nue, et le jeune homme savait en repartant sur les sentiers obscurs,
5457 es éclairs de chaleur palpitaient dans la nue, et le jeune homme savait en repartant sur les sentiers obscurs, vers les ro
5458 la nue, et le jeune homme savait en repartant sur les sentiers obscurs, vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l’
5459 avait en repartant sur les sentiers obscurs, vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l’avait rejoint, c’était cett
5460 les sentiers obscurs, vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l’avait rejoint, c’était cette chose absurde et ma
5461 vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l’ avait rejoint, c’était cette chose absurde et magnifique, entre haut m
5462 ut mal et bien suprême, qu’on nomme si légèrement l’ amour.
16 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VIII
5463 VIII On peut écrire aussi contre les lacs, ces endormeurs, et porter sa louange à des lieux plus sévères.
5464 à des lieux plus sévères. Mais plutôt il convient d’ alterner ces agréments et ces vertus. Qui nous parlera des forêts ? Po
5465 es forêts ? Pour ma part, j’ai trop peu vécu sous les sapins, dans les vallées du Jura. J’y suis né, certes, mais les vraie
5466 ma part, j’ai trop peu vécu sous les sapins, dans les vallées du Jura. J’y suis né, certes, mais les vraies patries sont ce
5467 ns les vallées du Jura. J’y suis né, certes, mais les vraies patries sont celles où l’on naît à l’amour. Un portrait de not
5468 é, certes, mais les vraies patries sont celles où l’ on naît à l’amour. Un portrait de notre pays, peint de là-haut, ne res
5469 ais les vraies patries sont celles où l’on naît à l’ amour. Un portrait de notre pays, peint de là-haut, ne ressemblerait g
5470 s sont celles où l’on naît à l’amour. Un portrait de notre pays, peint de là-haut, ne ressemblerait guère à mes esquisses.
5471 naît à l’amour. Un portrait de notre pays, peint de là-haut, ne ressemblerait guère à mes esquisses. Au lieu de la lumièr
5472 e ressemblerait guère à mes esquisses. Au lieu de la lumière souvent voilée du lac, on y verrait un éclairage cru, des omb
5473 cru, des ombres longues et givrées, des couchants d’ incendie sur les menées moroses des hauts plateaux boisés de noir. Ils
5474 longues et givrées, des couchants d’incendie sur les menées moroses des hauts plateaux boisés de noir. Ils vont jusqu’au T
5475 sur les menées moroses des hauts plateaux boisés de noir. Ils vont jusqu’au Tibet, me disait un jour Ramuz (dont la géogr
5476 ont jusqu’au Tibet, me disait un jour Ramuz (dont la géographie se passait bien d’atlas). C’est la même civilisation, les
5477 un jour Ramuz (dont la géographie se passait bien d’ atlas). C’est la même civilisation, les mêmes fumées sur les tourbière
5478 ont la géographie se passait bien d’atlas). C’est la même civilisation, les mêmes fumées sur les tourbières, les mêmes cha
5479 assait bien d’atlas). C’est la même civilisation, les mêmes fumées sur les tourbières, les mêmes chants tristes, la même vi
5480 C’est la même civilisation, les mêmes fumées sur les tourbières, les mêmes chants tristes, la même vie intérieure… Il me d
5481 ivilisation, les mêmes fumées sur les tourbières, les mêmes chants tristes, la même vie intérieure… Il me disait aussi que
5482 ées sur les tourbières, les mêmes chants tristes, la même vie intérieure… Il me disait aussi que les paysans huguenots des
5483 s, la même vie intérieure… Il me disait aussi que les paysans huguenots des Cévennes et du Languedoc sont en réalité des mu
5484 uedoc sont en réalité des musulmans, qu’il suffit de les voir, tout noirs dans leurs cuisines, fatalistes et irréductibles
5485 oc sont en réalité des musulmans, qu’il suffit de les voir, tout noirs dans leurs cuisines, fatalistes et irréductibles… J’
5486 qui ouvrent des voies. Je garde ma méfiance pour l’ espèce de mensonge qui rend la vie plus petite que nature, sous prétex
5487 ent des voies. Je garde ma méfiance pour l’espèce de mensonge qui rend la vie plus petite que nature, sous prétexte d’exac
5488 de ma méfiance pour l’espèce de mensonge qui rend la vie plus petite que nature, sous prétexte d’exactitude. Pays des horl
5489 rend la vie plus petite que nature, sous prétexte d’ exactitude. Pays des horlogers à domicile, des longues veillées, des i
5490 es longues veillées, des inventions pratiques, et de beaucoup de dignité cordiale dans le commerce quotidien, c’est le Nor
5491 ratiques, et de beaucoup de dignité cordiale dans le commerce quotidien, c’est le Nord du canton qui a gagné et nous a fai
5492 ignité cordiale dans le commerce quotidien, c’est le Nord du canton qui a gagné et nous a faits républicains, voilà cent a
5493 fugia Jean-Jacques, Bakounine présida, me dit-on, les réunions secrètes d’où devait sortir la Première Internationale, auss
5494 kounine présida, me dit-on, les réunions secrètes d’ où devait sortir la Première Internationale, aussitôt confisquée par M
5495 ère Internationale, aussitôt confisquée par Marx. De cette enfance il me reste un cauchemar, l’école primaire, dont j’ai p
5496 Marx. De cette enfance il me reste un cauchemar, l’ école primaire, dont j’ai parlé ailleurse ; l’idée que mon village ne
5497 ar, l’école primaire, dont j’ai parlé ailleurse ; l’ idée que mon village ne ressemble à aucun autre ; une connaissance int
5498 ressemble à aucun autre ; une connaissance intime de la neige ; le désir des pays chauds ; et un petit lièvre. Je me souvi
5499 semble à aucun autre ; une connaissance intime de la neige ; le désir des pays chauds ; et un petit lièvre. Je me souviens
5500 cun autre ; une connaissance intime de la neige ; le désir des pays chauds ; et un petit lièvre. Je me souviens de ce reto
5501 pays chauds ; et un petit lièvre. Je me souviens de ce retour du Creux-du-Van, à travers les grands pâturages parsemés de
5502 souviens de ce retour du Creux-du-Van, à travers les grands pâturages parsemés de sapins majestueux et coupés çà et là de
5503 x-du-Van, à travers les grands pâturages parsemés de sapins majestueux et coupés çà et là de murs bas faits de grosses pie
5504 parsemés de sapins majestueux et coupés çà et là de murs bas faits de grosses pierres entassées avec art. Nous passions l
5505 s majestueux et coupés çà et là de murs bas faits de grosses pierres entassées avec art. Nous passions les clédars (beau m
5506 grosses pierres entassées avec art. Nous passions les clédars (beau mot celtique, l’un des rares qui subsistent chez nous)
5507 ique, l’un des rares qui subsistent chez nous) et les refermions avec soin, pour que les vaches n’aillent point changer de
5508 chez nous) et les refermions avec soin, pour que les vaches n’aillent point changer de propriétaire. Nous marchions à gran
5509 soin, pour que les vaches n’aillent point changer de propriétaire. Nous marchions à grandes enjambées, joyeux de sentir no
5510 taire. Nous marchions à grandes enjambées, joyeux de sentir nos gros talons cloutés mordre dans le sol élastique. Soudain
5511 eux de sentir nos gros talons cloutés mordre dans le sol élastique. Soudain je suspendis mon pas : au bout de mon pied, da
5512 ndis mon pas : au bout de mon pied, dans un creux d’ herbe, un petit lièvre frémissait, immobile et terrorisé. Nous nous so
5513 t terrorisé. Nous nous sommes regardés un moment, de tout près. Un seul geste rapide eût suffi pour l’attraper par les ore
5514 de tout près. Un seul geste rapide eût suffi pour l’ attraper par les oreilles. J’imaginai en une seconde la gloire que me
5515 n seul geste rapide eût suffi pour l’attraper par les oreilles. J’imaginai en une seconde la gloire que me vaudrait cette a
5516 raper par les oreilles. J’imaginai en une seconde la gloire que me vaudrait cette aventure, ma rentrée triomphale à la mai
5517 vaudrait cette aventure, ma rentrée triomphale à la maison. (Faut-il avouer que je la regrette encore ?) Mais je restais
5518 ée triomphale à la maison. (Faut-il avouer que je la regrette encore ?) Mais je restais là sans mouvement, fasciné par l’a
5519 ?) Mais je restais là sans mouvement, fasciné par l’ aubaine et plus encore ému par ce petit être tremblant. C’était trop b
5520 u par ce petit être tremblant. C’était trop beau… Le lièvre détala. Combien d’occasions merveilleuses ai-je laissées détal
5521 ant. C’était trop beau… Le lièvre détala. Combien d’ occasions merveilleuses ai-je laissées détaler depuis ! Ce sont peut-ê
5522 taler depuis ! Ce sont peut-être celles qui m’ont le plus appris. Ma gloire ou mon plaisir en ont pâti, mais j’en tire une
5523 is j’en tire une satisfaction plus secrète et qui les vaut bien. Chaque fois qu’une chance offerte un instant fuit d’un bon
5524 Chaque fois qu’une chance offerte un instant fuit d’ un bond, parce qu’un scrupule ou un respect, ou quelque obscure sagess
5525 ièvre ! et poursuis mon chemin plus léger. Si je l’ avais attrapé, m’en souviendrais-je encore ? Je n’en parlerais pas ici
5526 ici. Des Montagnes au lac, cependant, malgré tous les contrastes qu’on a vus, c’est bien le même peuple et c’est le même ac
5527 algré tous les contrastes qu’on a vus, c’est bien le même peuple et c’est le même accent. J’entends les mêmes allures, le
5528 s qu’on a vus, c’est bien le même peuple et c’est le même accent. J’entends les mêmes allures, le même accent de l’âme, du
5529 le même peuple et c’est le même accent. J’entends les mêmes allures, le même accent de l’âme, du cœur et de la poignée de m
5530 ’est le même accent. J’entends les mêmes allures, le même accent de l’âme, du cœur et de la poignée de main ; mais hélas !
5531 cent. J’entends les mêmes allures, le même accent de l’âme, du cœur et de la poignée de main ; mais hélas ! aussi du langa
5532 t. J’entends les mêmes allures, le même accent de l’ âme, du cœur et de la poignée de main ; mais hélas ! aussi du langage.
5533 êmes allures, le même accent de l’âme, du cœur et de la poignée de main ; mais hélas ! aussi du langage. Et à ce propos… L
5534 s allures, le même accent de l’âme, du cœur et de la poignée de main ; mais hélas ! aussi du langage. Et à ce propos… L’op
5535  ; mais hélas ! aussi du langage. Et à ce propos… L’ opinion publique, de nos jours, veut que si l’on parle de son pays et
5536 i du langage. Et à ce propos… L’opinion publique, de nos jours, veut que si l’on parle de son pays et de son peuple on les
5537 os… L’opinion publique, de nos jours, veut que si l’ on parle de son pays et de son peuple on les loue sans aucune retenue,
5538 on publique, de nos jours, veut que si l’on parle de son pays et de son peuple on les loue sans aucune retenue, et cette v
5539 nos jours, veut que si l’on parle de son pays et de son peuple on les loue sans aucune retenue, et cette vanité collectiv
5540 que si l’on parle de son pays et de son peuple on les loue sans aucune retenue, et cette vanité collective s’appelle, on ne
5541 e, on ne sait pourquoi, patriotisme ; mais que si l’ on parle de soi, on confesse uniquement ses faiblesses, et cela s’appe
5542 it pourquoi, patriotisme ; mais que si l’on parle de soi, on confesse uniquement ses faiblesses, et cela s’appelle sincéri
5543 es, et cela s’appelle sincérité. (Quand il s’agit de la famille, ce moyen terme entre l’individu et la patrie, on ne sait
5544 et cela s’appelle sincérité. (Quand il s’agit de la famille, ce moyen terme entre l’individu et la patrie, on ne sait plu
5545 and il s’agit de la famille, ce moyen terme entre l’ individu et la patrie, on ne sait plus sur quel pied danser.) Pour moi
5546 de la famille, ce moyen terme entre l’individu et la patrie, on ne sait plus sur quel pied danser.) Pour moi, j’ai pris le
5547 t plus sur quel pied danser.) Pour moi, j’ai pris le parti de laisser les étrangers vanter nos vertus bien connues et déco
5548 r quel pied danser.) Pour moi, j’ai pris le parti de laisser les étrangers vanter nos vertus bien connues et découvrir cel
5549 danser.) Pour moi, j’ai pris le parti de laisser les étrangers vanter nos vertus bien connues et découvrir celles que nous
5550 découvrir celles que nous ignorons. Je me borne à l’ autocritique. Et par exemple, il est de mon devoir de citoyen conscien
5551 me borne à l’autocritique. Et par exemple, il est de mon devoir de citoyen conscient et responsable d’élever une solennell
5552 utocritique. Et par exemple, il est de mon devoir de citoyen conscient et responsable d’élever une solennelle protestation
5553 de mon devoir de citoyen conscient et responsable d’ élever une solennelle protestation contre l’accent de mes compatriotes
5554 sable d’élever une solennelle protestation contre l’ accent de mes compatriotes, celui qu’ils ont pris de nos jours et que
5555 lever une solennelle protestation contre l’accent de mes compatriotes, celui qu’ils ont pris de nos jours et que leurs pèr
5556 accent de mes compatriotes, celui qu’ils ont pris de nos jours et que leurs pères n’ont pas connu, l’accent le plus navran
5557 de nos jours et que leurs pères n’ont pas connu, l’ accent le plus navrant de tout le domaine français, de Québec à Menton
5558 ours et que leurs pères n’ont pas connu, l’accent le plus navrant de tout le domaine français, de Québec à Menton, de Brux
5559 s pères n’ont pas connu, l’accent le plus navrant de tout le domaine français, de Québec à Menton, de Bruxelles à Port-Bou
5560 n’ont pas connu, l’accent le plus navrant de tout le domaine français, de Québec à Menton, de Bruxelles à Port-Bou. Je ne
5561 cent le plus navrant de tout le domaine français, de Québec à Menton, de Bruxelles à Port-Bou. Je ne vais pas m’occuper de
5562 de tout le domaine français, de Québec à Menton, de Bruxelles à Port-Bou. Je ne vais pas m’occuper de nos fautes de franç
5563 de Bruxelles à Port-Bou. Je ne vais pas m’occuper de nos fautes de français, elles sont moins graves, et je ne crois pas q
5564 Port-Bou. Je ne vais pas m’occuper de nos fautes de français, elles sont moins graves, et je ne crois pas que nous en com
5565 ois pas que nous en commettions beaucoup plus que les Parisiens : simplement à d’autres endroits. (Exercice pour enfants de
5566 cice pour enfants des écoles du canton : corrigez le verbe suivant : J’ai l’ennui, tu t’encoubles, il aurait meilleur temp
5567 oles du canton : corrigez le verbe suivant : J’ai l’ ennui, tu t’encoubles, il aurait meilleur temps, on veut d’jà bien ça
5568 tu t’encoubles, il aurait meilleur temps, on veut d’ jà bien ça faire, vous voyez pas jour, ils n’en peuvent rien ; dans le
5569 l s’encoubler est plaisant, meilleur temps utile, le reste mauvais ou atroce.) Mais l’accent, c’est bien autre chose. C’es
5570 ur temps utile, le reste mauvais ou atroce.) Mais l’ accent, c’est bien autre chose. C’est à quoi l’étranger juge un peuple
5571 is l’accent, c’est bien autre chose. C’est à quoi l’ étranger juge un peuple au passage, et l’estime sympathique ou non. To
5572 t à quoi l’étranger juge un peuple au passage, et l’ estime sympathique ou non. Tout le monde aime les Vaudois, les Marseil
5573 t l’estime sympathique ou non. Tout le monde aime les Vaudois, les Marseillais, s’amuse des Canadiens, tolère les Belges, e
5574 mpathique ou non. Tout le monde aime les Vaudois, les Marseillais, s’amuse des Canadiens, tolère les Belges, et se moque à
5575 s, les Marseillais, s’amuse des Canadiens, tolère les Belges, et se moque à l’occasion des Auvergnats, mais grimace de doul
5576 e des Canadiens, tolère les Belges, et se moque à l’ occasion des Auvergnats, mais grimace de douleur à nous entendre. Écou
5577 e moque à l’occasion des Auvergnats, mais grimace de douleur à nous entendre. Écoutez les jeunes gens dans la rue (« sur l
5578 mais grimace de douleur à nous entendre. Écoutez les jeunes gens dans la rue (« sur la rue » ou « en rue », diraient-ils).
5579 eur à nous entendre. Écoutez les jeunes gens dans la rue (« sur la rue » ou « en rue », diraient-ils). Ce n’est plus dire,
5580 endre. Écoutez les jeunes gens dans la rue (« sur la rue » ou « en rue », diraient-ils). Ce n’est plus dire, ce n’est plus
5581 er, mais patauger dans une bouillasse verbale, où l’ on se traîne avec de lourdes brusqueries, pour s’enliser régulièrement
5582 ns une bouillasse verbale, où l’on se traîne avec de lourdes brusqueries, pour s’enliser régulièrement avant d’avoir attei
5583 s brusqueries, pour s’enliser régulièrement avant d’ avoir atteint la fin d’une phrase. Je sais bien que l’influence du sui
5584 our s’enliser régulièrement avant d’avoir atteint la fin d’une phrase. Je sais bien que l’influence du suisse allemand y e
5585 nliser régulièrement avant d’avoir atteint la fin d’ une phrase. Je sais bien que l’influence du suisse allemand y est pour
5586 oir atteint la fin d’une phrase. Je sais bien que l’ influence du suisse allemand y est pour beaucoup, et qu’on ne peut pas
5587 est pour beaucoup, et qu’on ne peut pas déplacer le canton de Berne. Mais je me souviens aussi de l’état d’esprit qui ent
5588 beaucoup, et qu’on ne peut pas déplacer le canton de Berne. Mais je me souviens aussi de l’état d’esprit qui entretient ce
5589 cer le canton de Berne. Mais je me souviens aussi de l’état d’esprit qui entretient cet état de choses et qui ne cesse de
5590 le canton de Berne. Mais je me souviens aussi de l’ état d’esprit qui entretient cet état de choses et qui ne cesse de l’a
5591 qui entretient cet état de choses et qui ne cesse de l’aggraver : c’est celui de l’école primaire et de la caserne, où l’o
5592 entretient cet état de choses et qui ne cesse de l’ aggraver : c’est celui de l’école primaire et de la caserne, où l’on s
5593 hoses et qui ne cesse de l’aggraver : c’est celui de l’école primaire et de la caserne, où l’on se moque sans pitié des ga
5594 es et qui ne cesse de l’aggraver : c’est celui de l’ école primaire et de la caserne, où l’on se moque sans pitié des garço
5595 e l’aggraver : c’est celui de l’école primaire et de la caserne, où l’on se moque sans pitié des garçons qui « raffinent »
5596 ’aggraver : c’est celui de l’école primaire et de la caserne, où l’on se moque sans pitié des garçons qui « raffinent », c
5597 st celui de l’école primaire et de la caserne, où l’ on se moque sans pitié des garçons qui « raffinent », c’est-à-dire par
5598 i « raffinent », c’est-à-dire parlent avec un peu d’ aisance. Cette émulation par le bas pourrait être arrêtée par les inst
5599 arlent avec un peu d’aisance. Cette émulation par le bas pourrait être arrêtée par les instituteurs. Il suffirait de renve
5600 te émulation par le bas pourrait être arrêtée par les instituteurs. Il suffirait de renverser la mode, et de statuer qu’à p
5601 t être arrêtée par les instituteurs. Il suffirait de renverser la mode, et de statuer qu’à partir d’aujourd’hui l’on va se
5602 e par les instituteurs. Il suffirait de renverser la mode, et de statuer qu’à partir d’aujourd’hui l’on va se moquer douce
5603 stituteurs. Il suffirait de renverser la mode, et de statuer qu’à partir d’aujourd’hui l’on va se moquer doucement de ceux
5604 t de renverser la mode, et de statuer qu’à partir d’ aujourd’hui l’on va se moquer doucement de ceux qui parlent mal, au li
5605 la mode, et de statuer qu’à partir d’aujourd’hui l’ on va se moquer doucement de ceux qui parlent mal, au lieu de tourner
5606 partir d’aujourd’hui l’on va se moquer doucement de ceux qui parlent mal, au lieu de tourner en ridicule ceux qui essaien
5607 au lieu de tourner en ridicule ceux qui essaient de bien dire, d’articuler nettement, de maîtriser leurs moyens d’express
5608 urner en ridicule ceux qui essaient de bien dire, d’ articuler nettement, de maîtriser leurs moyens d’expression. Le vers f
5609 qui essaient de bien dire, d’articuler nettement, de maîtriser leurs moyens d’expression. Le vers fameux de Valéry : « Hon
5610 d’articuler nettement, de maîtriser leurs moyens d’ expression. Le vers fameux de Valéry : « Honneur des Hommes, Saint Lan
5611 ettement, de maîtriser leurs moyens d’expression. Le vers fameux de Valéry : « Honneur des Hommes, Saint Langage ! » serai
5612 îtriser leurs moyens d’expression. Le vers fameux de Valéry : « Honneur des Hommes, Saint Langage ! » serait la devise de
5613  : « Honneur des Hommes, Saint Langage ! » serait la devise de cette croisade, dont le succès embellirait notre existence
5614 ur des Hommes, Saint Langage ! » serait la devise de cette croisade, dont le succès embellirait notre existence mieux qu’u
5615 gage ! » serait la devise de cette croisade, dont le succès embellirait notre existence mieux qu’une « plage » ou qu’un mo
5616 erai ces remarques un peu vives si elles attirent l’ attention de nos éducateurs sur une disgrâce que l’habitude risque de
5617 arques un peu vives si elles attirent l’attention de nos éducateurs sur une disgrâce que l’habitude risque de rendre insen
5618 ’attention de nos éducateurs sur une disgrâce que l’ habitude risque de rendre insensible à certains. Dans ce domaine, fair
5619 éducateurs sur une disgrâce que l’habitude risque de rendre insensible à certains. Dans ce domaine, faire attention suffir
5620 à prévenir et à guérir. Il convenait qu’au terme de ces pages j’apporte aussi ma petite contribution au centenaire que l’
5621 te aussi ma petite contribution au centenaire que l’ on va célébrer. Voilà qui est fait selon mes moyens, qui sont ceux d’u
5622 oilà qui est fait selon mes moyens, qui sont ceux d’ un monteur et ajusteur de mots, par métier soucieux de langage. Cadeau
5623 es moyens, qui sont ceux d’un monteur et ajusteur de mots, par métier soucieux de langage. Cadeau modeste mais peut-être u
5624 monteur et ajusteur de mots, par métier soucieux de langage. Cadeau modeste mais peut-être utile, si l’on songe que ce ce
5625 langage. Cadeau modeste mais peut-être utile, si l’ on songe que ce centenaire est celui d’une libération, et qu’un peuple
5626 utile, si l’on songe que ce centenaire est celui d’ une libération, et qu’un peuple n’est vraiment libre que s’il possède
5627 libre que s’il possède et maîtrise d’abord, dans la force et la grâce du terme, la liberté de l’expression. e. Voir Le
5628 ’il possède et maîtrise d’abord, dans la force et la grâce du terme, la liberté de l’expression. e. Voir Les Méfaits de
5629 rise d’abord, dans la force et la grâce du terme, la liberté de l’expression. e. Voir Les Méfaits de l’instruction publ
5630 d, dans la force et la grâce du terme, la liberté de l’expression. e. Voir Les Méfaits de l’instruction publique .
5631 dans la force et la grâce du terme, la liberté de l’ expression. e. Voir Les Méfaits de l’instruction publique .
5632 du terme, la liberté de l’expression. e. Voir Les Méfaits de l’instruction publique .
5633 a liberté de l’expression. e. Voir Les Méfaits de l’instruction publique .
5634 iberté de l’expression. e. Voir Les Méfaits de l’ instruction publique .