1 1988, Inédits (extraits de cours). « L’heure est venue. Allons-y » [préface d’Alexandre Marc]
1 « L’heure est venue. Allons-y » [préface d’ Alexandre Marc] Und solang Du es nicht hast Dieses : Stirb und Werd
2 yen du monde, Denis de Rougemont n’a jamais cessé de manifester son attachement à la Suisse. Plusieurs ouvrages et de nomb
3 on attachement à la Suisse. Plusieurs ouvrages et de nombreux articles témoignent de cette fidélité exemplaire, ainsi que
4 ieurs ouvrages et de nombreux articles témoignent de cette fidélité exemplaire, ainsi que de l’importance qu’il accordait
5 émoignent de cette fidélité exemplaire, ainsi que de l’importance qu’il accordait au rôle historique de son pays. Contrair
6 e l’importance qu’il accordait au rôle historique de son pays. Contrairement à un préjugé soigneusement entretenu par les
7 helvétique, qui ne saurait prétendre à la dignité d’ État national, n’en a pas moins contribué à l’enrichissement de la cul
8 al, n’en a pas moins contribué à l’enrichissement de la culture européenne ; car, n’en déplaise aux stato-nationalistes, c
9 dinaire essor du génie européen. Mais il convient de préciser tout de suite que ce qui est authentiquement national débord
10 ut et par le bas. C’est pourquoi il serait erroné de parler de culture suisse : « par la langue, l’ethnie, la confession [
11 le bas. C’est pourquoi il serait erroné de parler de culture suisse : « par la langue, l’ethnie, la confession […], les ca
12 confession […], les cantons fédérés […] relèvent d’ ensembles très divers et très variablement combinés »1. Comme l’observ
13 l’illusion — propagée par l’école pour le compte de l’État […] — selon laquelle l’Europe serait une addition de « culture
14 […] — selon laquelle l’Europe serait une addition de « cultures nationales » coïncidant, comme par miracle, avec les front
15 ice Nobel — c’est-à-dire le nombre des prix Nobel de sciences par million d’habitants — s’établissait, vers 1960, comme su
16 le nombre des prix Nobel de sciences par million d’ habitants — s’établissait, vers 1960, comme suit : 1° Suisse 2,62 ; 2°
17 ni 0,67 ; 8° USA 0,41 ; 9° France 0,40 ; et ainsi de suite, jusqu’à 19° URSS 0,03 ! Curieusement, ce sont les petits pays
18 nt se plaisait à rappeler que depuis la fondation de l’abbaye de Saint-Gall et celle de l’Université de Bâle, l’apport de
19 it à rappeler que depuis la fondation de l’abbaye de Saint-Gall et celle de l’Université de Bâle, l’apport de la Suisse à
20 s la fondation de l’abbaye de Saint-Gall et celle de l’Université de Bâle, l’apport de la Suisse à la culture, compte tenu
21 e l’abbaye de Saint-Gall et celle de l’Université de Bâle, l’apport de la Suisse à la culture, compte tenu de ses dimensio
22 t-Gall et celle de l’Université de Bâle, l’apport de la Suisse à la culture, compte tenu de ses dimensions géodémographiqu
23 , l’apport de la Suisse à la culture, compte tenu de ses dimensions géodémographiques, a été supérieur à celui de ses vois
24 nsions géodémographiques, a été supérieur à celui de ses voisins. Au xxe siècle encore, n’est-ce pas en Suisse qu’un déno
25 en Suisse qu’un dénommé Einstein, devenu citoyen de ce pays, avait posé les bases de la relativité ? — que Karl Barth, re
26 , devenu citoyen de ce pays, avait posé les bases de la relativité ? — que Karl Barth, rejeté d’Allemagne par la vague hit
27 bases de la relativité ? — que Karl Barth, rejeté d’ Allemagne par la vague hitlérienne, renouvelait la théologie (et pas s
28 ? — que Jean Piaget révolutionnait la psychologie de l’enfant et, plus tard, élaborait l’épistémologie génétique ? Ces nom
29 cours, et dans ses entretiens. Il nous appartient d’ ajouter à la liste, ainsi esquissée, le sien. Qui est appelé du reste
30 . Denis de Rougemont ne se posait point en homme de lettres, et pourtant, Albert Béguin l’avait noté dès la fin des année
31 é dès la fin des années 1930, c’était un écrivain de race. Totalement étranger au microcosme politique, il n’en a pas moin
32 au sens le plus élevé du terme. Il s’est efforcé d’ apaiser les angoisses et les obsessions de notre temps, sans en méconn
33 efforcé d’apaiser les angoisses et les obsessions de notre temps, sans en méconnaître les grandes potentialités, ni jouer
34 rer, avec une belle maîtrise, Vingt-huit siècles d’ Europe et découvrir les lignes de force de L’Aventure occidentale de
35 gt-huit siècles d’Europe et découvrir les lignes de force de L’Aventure occidentale de l’homme . Écologiste avant la let
36 iècles d’Europe et découvrir les lignes de force de L’Aventure occidentale de l’homme . Écologiste avant la lettre — ne
37 ir les lignes de force de L’Aventure occidentale de l’homme . Écologiste avant la lettre — ne devions-nous pas rédiger en
38 les villes ? —, il n’a pas hésité, même à la fin de sa vie, à inspirer, guider et illustrer, l’action des verts, sans en
39 e du déséquilibre maîtrisé. Il était trop pénétré de dialectique (non hégélienne) pour ignorer que le et – et (sowohl als
40 u – ou (entweder oder) et que la vieille maxime : de deux choses l’une, doit abdiquer parfois au bénéfice d’une plus sage
41 x choses l’une, doit abdiquer parfois au bénéfice d’ une plus sage folie : de deux choses l’autre. Ce disant, l’on touche s
42 iquer parfois au bénéfice d’une plus sage folie : de deux choses l’autre. Ce disant, l’on touche sans doute aux ressorts l
43 n touche sans doute aux ressorts les plus secrets de la pensée et de l’action de Denis de Rougemont. À ma connaissance, il
44 ute aux ressorts les plus secrets de la pensée et de l’action de Denis de Rougemont. À ma connaissance, il n’a jamais prét
45 orts les plus secrets de la pensée et de l’action de Denis de Rougemont. À ma connaissance, il n’a jamais prétendu au titr
46 ma connaissance, il n’a jamais prétendu au titre de théologien. Et pourtant, si l’on ne se laisse pas arrêter par les app
47 apparences, que découvre-t-on, au plus profond et de son action, et de sa pensée, sinon des émergences théologiques ! Bart
48 couvre-t-on, au plus profond et de son action, et de sa pensée, sinon des émergences théologiques ! Barthien de la premièr
49 sée, sinon des émergences théologiques ! Barthien de la première heure — que l’on relise la revue Hic et nunc —, il est
50 delà des exclusives et des interdits, à l’échelle d’ un œcuménisme exigeant, aussi éloigné des compromis que des anathèmes.
51 des compromis que des anathèmes. Écrivain, homme d’ action, Denis de Rougemont a été aussi un enseignant. Dans les cours p
52 peu partout, notamment à l’Institut universitaire d’ études européennes (Genève), fondé et dirigé par lui, et au Collège un
53 dé et dirigé par lui, et au Collège universitaire d’ études fédéralistes (Aoste), fondé par le Centre international de form
54 listes (Aoste), fondé par le Centre international de formation européenne (dont Denis de Rougemont a été, pendant longtemp
55 ant longtemps, l’un des présidents), il n’a cessé de dispenser les trésors de sa vaste érudition ; de cette vivante unité
56 résidents), il n’a cessé de dispenser les trésors de sa vaste érudition ; de cette vivante unité d’une culture antiunitair
57 de dispenser les trésors de sa vaste érudition ; de cette vivante unité d’une culture antiunitaire qui, à ses yeux, const
58 rs de sa vaste érudition ; de cette vivante unité d’ une culture antiunitaire qui, à ses yeux, constituait la principale ri
59 i, à ses yeux, constituait la principale richesse de l’Europe. Dans les années à venir, les notes prises par ses étudiants
60 it moderne. Réflexions qui ont constitué le point de départ d’un examen de conscience radical dont est né, au début des an
61 . Réflexions qui ont constitué le point de départ d’ un examen de conscience radical dont est né, au début des années 1930,
62 qui ont constitué le point de départ d’un examen de conscience radical dont est né, au début des années 1930, le groupe d
63 dont est né, au début des années 1930, le groupe de l’Ordre nouveau. Si j’ai pu y attirer et y attacher des hommes aussi
64 Henri Daniel-Rops, Jean Jardin — sans même parler de ceux qui s’y sont agrégés ensuite —, c’est que les uns et les autres,
65 t été frappés par une révélation, encore confuse, de la gravité de la crise à laquelle nous serions inexorablement confron
66 par une révélation, encore confuse, de la gravité de la crise à laquelle nous serions inexorablement confrontés. Ignorer c
67 rions inexorablement confrontés. Ignorer ce point de départ, c’est rendre par avance impossible la compréhension de ce féd
68 est rendre par avance impossible la compréhension de ce fédéralisme global auquel, pendant plus d’un demi-siècle, Denis de
69 ion de ce fédéralisme global auquel, pendant plus d’ un demi-siècle, Denis de Rougemont a consacré le plus clair de son tem
70 ècle, Denis de Rougemont a consacré le plus clair de son temps et de ses forces. De même que les arbres cachent parfois la
71 ougemont a consacré le plus clair de son temps et de ses forces. De même que les arbres cachent parfois la forêt, de même
72 entre des difficultés que l’on pourrait qualifier de ponctuelles, pour ne pas voir la Crise, dont la vague les recouvre pr
73 vague les recouvre progressivement, en attendant de les engloutir. Toute société étant conflictuelle, l’histoire de l’hum
74 ir. Toute société étant conflictuelle, l’histoire de l’humanité est faite de tensions subies ou maîtrisées, fécondes ou de
75 conflictuelle, l’histoire de l’humanité est faite de tensions subies ou maîtrisées, fécondes ou destructrices. Prétendre q
76 st sacrifier à l’utopie. Le grand saut du royaume de la nécessité dans celui de la liberté — annoncé triomphalement par En
77 grand saut du royaume de la nécessité dans celui de la liberté — annoncé triomphalement par Engels — ne permet d’atterrir
78 é — annoncé triomphalement par Engels — ne permet d’ atterrir que dans l’Archipel du Goulag. Une cité non tensionnelle ne p
79 on tensionnelle ne peut être qu’une préfiguration de l’enfer. Si l’homme a une chance d’y échapper, ce n’est point en méco
80 préfiguration de l’enfer. Si l’homme a une chance d’ y échapper, ce n’est point en méconnaissant les contradictions de l’ex
81 e n’est point en méconnaissant les contradictions de l’existence, mais bien en les affrontant, en les assumant, en se fais
82 en dégage, alimentent, pour ainsi dire, le moteur de l’histoire humaine. Mais la Crise qui nous menace aujourd’hui est d’u
83 ne. Mais la Crise qui nous menace aujourd’hui est d’ une autre nature. Elle met tout en question ; elle atteint simultanéme
84 e atteint simultanément notre être et nos raisons d’ être ; elle vise tous les secteurs et toutes les dimensions de la vie
85 e vise tous les secteurs et toutes les dimensions de la vie sociétale : elle contraint ainsi à l’Umwertung aller Werte, à
86 à l’Umwertung aller Werte, à la révision générale de toutes les valeurs. Or, Denis de Rougemont le découvre avec Arnaud Da
87 c Arnaud Dandieu, avec l’Ordre nouveau — « l’acte de réévaluation de toutes les valeurs » s’appelle Révolution. Comme tous
88 , avec l’Ordre nouveau — « l’acte de réévaluation de toutes les valeurs » s’appelle Révolution. Comme tous les mots qui on
89 me tous les mots qui ont beaucoup servi, le terme de révolution est trompeur. Les révoltes, les émeutes, les combats de ru
90 trompeur. Les révoltes, les émeutes, les combats de rue, les barricades, la guillotine, la terreur n’ont rien de spécifiq
91 barricades, la guillotine, la terreur n’ont rien de spécifiquement révolutionnaire, pas plus que les complots de palais,
92 uement révolutionnaire, pas plus que les complots de palais, les coups d’État ou les prises de pouvoir. Ainsi qu’il a été
93 e, pas plus que les complots de palais, les coups d’ État ou les prises de pouvoir. Ainsi qu’il a été déjà observé, Denis d
94 omplots de palais, les coups d’État ou les prises de pouvoir. Ainsi qu’il a été déjà observé, Denis de Rougemont a volonti
95 rs à des références théologiques. Pour ce qui est de la révolution, son essence ne se laisse saisir qu’à la lumière du con
96 ce ne se laisse saisir qu’à la lumière du concept de conversion : « la révolution est une traduction collective de la conv
97 n : « la révolution est une traduction collective de la conversion chrétienne », sa projection sur le plan temporel. Pour
98 es, esthétiques ou morales —, et le re-tournement de l’homme vers son Créateur, d’autre part, un rapport d’analogie. Conna
99 homme vers son Créateur, d’autre part, un rapport d’ analogie. Connaissant de longue date la méfiance de Karl Barth à l’éga
100 d’autre part, un rapport d’analogie. Connaissant de longue date la méfiance de Karl Barth à l’égard de ce terme, j’avais
101 ’analogie. Connaissant de longue date la méfiance de Karl Barth à l’égard de ce terme, j’avais suggéré timidement de lui s
102 à l’égard de ce terme, j’avais suggéré timidement de lui substituer celui d’analectique, mais jusqu’à preuve du contraire,
103 ’avais suggéré timidement de lui substituer celui d’ analectique, mais jusqu’à preuve du contraire, je ne crois pas que Den
104 saisir d’emblée la thèse selon laquelle il n’y a d’ authentique révolution que créatrice d’ordre : c’est en rejetant « l’o
105 e il n’y a d’authentique révolution que créatrice d’ ordre : c’est en rejetant « l’ordre traditionnel, périmé, trop étroit,
106 eligieuses, politiques et civiques se réordonnent d’ une manière plus significative… Mais changer de centre, c’est aussi ch
107 nt d’une manière plus significative… Mais changer de centre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C
108 tive… Mais changer de centre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C’est tout changer. » Toutefois
109 hanger de centre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C’est tout changer. » Toutefois, que l’on n
110 tre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C’est tout changer. » Toutefois, que l’on ne s’y trompe
111 lus encore que par son ampleur, par son caractère de globalité, de totalisation, l’authenticité d’une révolution se mesure
112 par son ampleur, par son caractère de globalité, de totalisation, l’authenticité d’une révolution se mesure par sa capaci
113 ère de globalité, de totalisation, l’authenticité d’ une révolution se mesure par sa capacité d’arracher l’homme à la pesan
114 ticité d’une révolution se mesure par sa capacité d’ arracher l’homme à la pesanteur des déterminismes, d’ouvrir devant lui
115 rracher l’homme à la pesanteur des déterminismes, d’ ouvrir devant lui des espaces nouveaux de liberté. Qui ne comprend que
116 inismes, d’ouvrir devant lui des espaces nouveaux de liberté. Qui ne comprend que cette manière de voir les choses oblige
117 aux de liberté. Qui ne comprend que cette manière de voir les choses oblige à une révision critique de l’histoire, notamme
118 de voir les choses oblige à une révision critique de l’histoire, notamment de notre passé. Depuis la fin du xve siècle, l
119 à une révision critique de l’histoire, notamment de notre passé. Depuis la fin du xve siècle, l’Occident est entré dans
120 u xve siècle, l’Occident est entré dans une zone de turbulences révolutionnaires : Royaume-Uni, Amérique, France, et ains
121 nnaires : Royaume-Uni, Amérique, France, et ainsi de suite, jusqu’à la grande explosion d’octobre 1917 et toutes celles qu
122 e, et ainsi de suite, jusqu’à la grande explosion d’ octobre 1917 et toutes celles qui lui ont succédé. Or, si l’on soumet
123 n sévère, si on les mesure à l’aune des exigences de l’homme libre et responsable, autrement dit de la personne, leur véri
124 es de l’homme libre et responsable, autrement dit de la personne, leur véritable valeur révolutionnaire paraît le plus sou
125 vraiment nouveau, a-t-elle multiplié les espaces de liberté, ou s’est-elle contentée de parfaire l’effort de centralisati
126 é les espaces de liberté, ou s’est-elle contentée de parfaire l’effort de centralisation, homogénéisation, nivellement, am
127 rté, ou s’est-elle contentée de parfaire l’effort de centralisation, homogénéisation, nivellement, amorcé de longue date ?
128 tralisation, homogénéisation, nivellement, amorcé de longue date ? Tout bien considéré, n’a-t-elle pas été l’un des maillo
129 n considéré, n’a-t-elle pas été l’un des maillons d’ une longue chaîne, dont les étapes se déroulent, sans véritable ruptur
130 t les étapes se déroulent, sans véritable rupture de continuité, depuis la naissance, au xvie siècle, de petits États mon
131 continuité, depuis la naissance, au xvie siècle, de petits États mono-archiques et jusqu’à l’avènement, au xxe siècle, d
132 archiques et jusqu’à l’avènement, au xxe siècle, de l’État totalitaire ? Ordre régalien, monarchie absolue, colbertisme,
133 pour être plus précis, une seule et même absence de réalité ? C’est contre cet irréalisme, destructeur de l’humain, que
134 alité ? C’est contre cet irréalisme, destructeur de l’humain, que Denis de Rougemont engagea, dès sa jeunesse, un combat
135 potentiels, du désordre établi, il eut vite fait de comprendre que, dans un combat d’une telle envergure et d’une telle v
136 l eut vite fait de comprendre que, dans un combat d’ une telle envergure et d’une telle violence, l’on n’avait une petite c
137 ndre que, dans un combat d’une telle envergure et d’ une telle violence, l’on n’avait une petite chance d’échapper à la déf
138 ne telle violence, l’on n’avait une petite chance d’ échapper à la défaite finale qu’en s’appuyant sur la plus réelle des r
139 plus réelle des réalités : la personne. L’œuvre de Denis de Rougemont est si riche, si variée que, pour la caractériser,
140 mot ne saurait suffire. À l’exception, peut-être, de celui de personnalisme qu’il a grandement contribué à illustrer. Dans
141 urait suffire. À l’exception, peut-être, de celui de personnalisme qu’il a grandement contribué à illustrer. Dans notre gé
142 si ma mémoire ne m’abuse, à un modeste philosophe d’ outre-Rhin, William Stern. Mais ce vocable, un peu pédant, ne s’est im
143 , ne s’est imposé que grâce aux efforts conjugués d’ une petite avant-garde — Emmanuel Mounier, Arnaud Dandieu, Henri Danie
144 ui lui était cher : republier toute la collection de la revue de L’Ordre nouveau (mai 1933-septembre 1938). « Comme le b
145 cher : republier toute la collection de la revue de L’Ordre nouveau (mai 1933-septembre 1938). « Comme le bon vin », di
146 -septembre 1938). « Comme le bon vin », disait-il d’ une voix déjà légèrement voilée, « nos idées, anticipations et proposi
147 tenir à la perspective philosophique, il convient d’ insister sans cesse sur les dangers que recèle la confusion entre indi
148 reconnaître qu’elle a résisté à tous les assauts de ceux que l’on a surnommés les non-conformistes des années 1930 : sans
149 ement inconcevable. À quel niveau situer le terme d’ individu ? Un texte des plus significatifs qui tend à dévaluer les idé
150 tifs qui tend à dévaluer les idées personnalistes de Karol Wojtyla, publié par les Archives de philosophie, nous apprend q
151 alistes de Karol Wojtyla, publié par les Archives de philosophie, nous apprend que « … tout ce qu’on peut […] concéder à K
152 , c’est que plus grande est la perfection ontique d’ une espèce, plus grandes sont aussi les différences distinguant entre
153 t, la lavande et l’espèce canine alignent, à tour de rôle, ses individus, « uniques et non réitérables ». Pourquoi pas ? D
154 fé ? Denis de Rougemont préfère réserver le terme d’ individu à l’être humain qui s’arrache à la pesanteur de la masse, de
155 vidu à l’être humain qui s’arrache à la pesanteur de la masse, de la tribu ; à l’homme capable, par rapport au collectif,
156 humain qui s’arrache à la pesanteur de la masse, de la tribu ; à l’homme capable, par rapport au collectif, de différenci
157 bu ; à l’homme capable, par rapport au collectif, de différenciation et de distanciation. En simplifiant les données de l’
158 , par rapport au collectif, de différenciation et de distanciation. En simplifiant les données de l’histoire humaine, en l
159 n et de distanciation. En simplifiant les données de l’histoire humaine, en les schématisant d’une manière que les histori
160 onnées de l’histoire humaine, en les schématisant d’ une manière que les historiens universitaires qualifieront sans doute
161 historiens universitaires qualifieront sans doute d’ abusive, ne pourrait-on pas lier symboliquement la naissance de l’indi
162 pourrait-on pas lier symboliquement la naissance de l’individu à celle des cités grecques, au cours du dernier millénaire
163 les personnalistes sont convaincus qu’il importe de distinguer individu et personne, autant ils ne mettent nullement en d
164 utôt synchronique que diachronique du déploiement de la personne par rapport à celui de l’individu. Ce n’est qu’en accepta
165 du déploiement de la personne par rapport à celui de l’individu. Ce n’est qu’en acceptant pleinement cette réserve méthodo
166 méthodologique que l’on a le droit, semble-t-il, de construire l’éclairant et significatif schéma historique : cités grec
167 – personne. Quelle que soit la valeur historique de ce schéma, il s’impose, d’une certaine manière, dans la perspective o
168 t la valeur historique de ce schéma, il s’impose, d’ une certaine manière, dans la perspective ontique. Tout homme est à la
169 la fois individu et personne (le citoyen relevant d’ une autre intersériation). Deux dimensions — ou vecteurs — d’une même
170 intersériation). Deux dimensions — ou vecteurs — d’ une même réalité, ils ne peuvent être distingués que pour être unis. E
171 e, c’est au modeste adverbe plutôt qu’il convient d’ avoir recours : l’individu est plutôt donné, la personne reste plutôt
172 t plutôt un état, être personne un acte. Et ainsi de suite. L’essentiel est de ne jamais perdre de vue l’unité concrète, u
173 sonne un acte. Et ainsi de suite. L’essentiel est de ne jamais perdre de vue l’unité concrète, unique et non réitérable, d
174 nsi de suite. L’essentiel est de ne jamais perdre de vue l’unité concrète, unique et non réitérable, de tout être humain.
175 e vue l’unité concrète, unique et non réitérable, de tout être humain. C’est du reste le seul concret véritable — l’autre
176 concret véritable — l’autre n’étant qu’un concret de départ —, le seul qui participe de l’être en tant qu’être ; le seul d
177 qu’un concret de départ —, le seul qui participe de l’être en tant qu’être ; le seul dont l’émergence signifie dépassemen
178 trice ; le seul qui puisse prétendre à la dignité d’ un fait incontestable, projeté toutefois au-delà de toute facticité. S
179 ’un fait incontestable, projeté toutefois au-delà de toute facticité. Sans déboucher sur cette perspective, primordiale au
180 u’il parle (dans Qui est moi aujourd’hui, p. 268) de la « factualité transcendantale, concept clé peu remarqué de Husserl 
181 tualité transcendantale, concept clé peu remarqué de Husserl », et qu’il interprète cette archifactualité en précisant que
182 ait du sujet que dans du JE, du JE que pour moi, de sens que pour moi… » Malgré la dangereuse pente monadique (et donc pl
183 e pente monadique (et donc plutôt individualiste) de ce propos, il est permis de croire qu’il n’aurait point déplu à Denis
184 lutôt individualiste) de ce propos, il est permis de croire qu’il n’aurait point déplu à Denis de Rougemont. N’a-t-il pas
185 , à plusieurs reprises, que c’est par sa capacité de dire JE que, de la chrysalide originelle que représente l’individu, s
186 prises, que c’est par sa capacité de dire JE que, de la chrysalide originelle que représente l’individu, se dégage la pers
187 , afin d’entreprendre son envol ? Mais le concept de personne, pour lui, était indissolublement lié au mystère du Dieu un
188 n article publié récemment dans le numéro spécial de Cadmos , consacré à Denis de Rougemont, je n’insisterai pas ici — bi
189 ici — bien que certain que sa pensée risque ainsi d’ être mutilée ou, tout au moins, appauvrie — sur l’importance de cette
190 e ou, tout au moins, appauvrie — sur l’importance de cette liaison onto-lectique. Non pas que le personnalisme soit déduct
191 que. Non pas que le personnalisme soit déductible d’ une théologie, quelle qu’elle soit. Les non-conformistes des années 19
192 rgée, semble-t-il, par Emmanuel Mounter, au cours d’ un entretien avec Denis de Rougemont, ils s’enrichissaient de leurs di
193 ien avec Denis de Rougemont, ils s’enrichissaient de leurs différences. Et plus que quiconque, Denis de Rougemont paraissa
194 r Proudhon et Barth, pensée et politique, rigueur de la foi et philosophie de l’acte. Si j’ai utilisé un vocable — articul
195 ée et politique, rigueur de la foi et philosophie de l’acte. Si j’ai utilisé un vocable — articuler — philosophiquement in
196 rrence, toute certitude terminologique risquerait d’ être trompeuse. On ne peut dé-finir, en rigueur de terme, ce qui échap
197 d’être trompeuse. On ne peut dé-finir, en rigueur de terme, ce qui échappe précisément à la finitude. Ce n’est qu’à partir
198 voile l’œuvre — à la fois le penser et le faire — de l’auteur de Politique de la personne et de Penser avec les mains .
199 e — à la fois le penser et le faire — de l’auteur de Politique de la personne et de Penser avec les mains . Œuvre si di
200 le penser et le faire — de l’auteur de Politique de la personne et de Penser avec les mains . Œuvre si diverse et si ab
201 re — de l’auteur de Politique de la personne et de Penser avec les mains . Œuvre si diverse et si abondante qu’il faudr
202 n hégélienne, s’entend), inévitablement précaire, d’ un cheminement difficile, aventureux et créateur ; d’une vie bien remp
203 n cheminement difficile, aventureux et créateur ; d’ une vie bien remplie ; d’un destin. Sans avoir aucunement une telle pr
204 aventureux et créateur ; d’une vie bien remplie ; d’ un destin. Sans avoir aucunement une telle prétention, il me paraît so
205 nt une telle prétention, il me paraît souhaitable de rappeler, pour conclure, que ses préoccupations philosophiques, voire
206 upations philosophiques, voire théologiques, loin d’ écarter Denis de Rougemont du réel quotidien, l’ont incité sans cesse,
207 ulement la connaissance, mais l’action. Conscient de son grand talent proprement littéraire — Jean-Paul Sartre, quelque pe
208 e — Jean-Paul Sartre, quelque peu jaloux, parlait de « l’habileté précise du style » —, il répugnait parfois à sacrifier u
209 il répugnait parfois à sacrifier une large partie de son temps à l’interminable combat européen. Mais il savait, même lors
210 i qui a été, avec Dandieu et ses amis, le chantre de la diversité libératrice, pouvait-il faire semblant d’ignorer que l’E
211 diversité libératrice, pouvait-il faire semblant d’ ignorer que l’Europe, sans qu’elle le mérite, reste aujourd’hui, pour
212 reste aujourd’hui, pour l’homme, l’ultime chance de la plurappartenance libératrice, un autre des mots-clés de sa pensée 
213 rappartenance libératrice, un autre des mots-clés de sa pensée ! Il convient d’insister in fine sur ce point, ne fût-ce qu
214 un autre des mots-clés de sa pensée ! Il convient d’ insister in fine sur ce point, ne fût-ce que pour dénoncer les terribl
215 nsi qu’aux valeurs nationales — approche concrète de l’universel —, mais de toutes les fibres de son être, il refusait le
216 onales — approche concrète de l’universel —, mais de toutes les fibres de son être, il refusait le stato-nationalisme au f
217 crète de l’universel —, mais de toutes les fibres de son être, il refusait le stato-nationalisme au front bas. L’Europe po
218 t bas. L’Europe pour laquelle il n’a jamais cessé de militer n’était pas celle du cosmopolitisme, mais non plus celle des
219 t que telle, on l’a déjà vu, ne saurait dépendre, de quelque manière que ce soit, ni de l’histoire, ni de la géographie, t
220 rait dépendre, de quelque manière que ce soit, ni de l’histoire, ni de la géographie, tout en étant façonnée par elles. Ma
221 quelque manière que ce soit, ni de l’histoire, ni de la géographie, tout en étant façonnée par elles. Mais quelque chose s
222 ue chose s’est accompli, dans la petite péninsule de l’Asie, secouée par des affrontements inexpiables, ravagée par des gu
223 avagée par des guerres incessantes, quelque chose d’ ineffaçable qu’il n’est pas interdit de rapprocher d’une prise de cons
224 lque chose d’ineffaçable qu’il n’est pas interdit de rapprocher d’une prise de conscience de la personne par elle-même. À
225 neffaçable qu’il n’est pas interdit de rapprocher d’ une prise de conscience de la personne par elle-même. À cette prise de
226 interdit de rapprocher d’une prise de conscience de la personne par elle-même. À cette prise de conscience — dont on peut
227 le a rendu les révolutions possibles : en rigueur de termes, toutes les révolutions se sont déroulées en Europe ou ont été
228 de Rougemont disait, avec une ironique modestie, de l’exploration de notre planète : ce n’est vraiment pas notre faute si
229 ait, avec une ironique modestie, de l’exploration de notre planète : ce n’est vraiment pas notre faute si c’est l’Europe q
230 nvinciblement une phrase des deux dernières pages de La Révolution nécessaire (Robert Aron et Arnaud Dandieu), pages dont
231 n est un — qui exprimait les convictions communes de toute l’équipe de l’Ordre nouveau servît aussi de conclusion à un cho
232 rimait les convictions communes de toute l’équipe de l’Ordre nouveau servît aussi de conclusion à un choix de textes dont
233 de toute l’équipe de l’Ordre nouveau servît aussi de conclusion à un choix de textes dont nous sommes redevables à deux de
234 dre nouveau servît aussi de conclusion à un choix de textes dont nous sommes redevables à deux de ses anciens étudiants —
235 hoix de textes dont nous sommes redevables à deux de ses anciens étudiants — grâce leur en soit rendue : Appuyé sur la t
236 diffuser, mais non dominer, […] le vieil étatisme de la décadence et de l’Asie, toutes les sottises racistes, matérialiste
237 dominer, […] le vieil étatisme de la décadence et de l’Asie, toutes les sottises racistes, matérialistes et théocratiques,
238 montent sous l’armure du rationalisme, à l’assaut de la vieille Europe étouffée sous ses forteresses pourries… Lentement,
239 , la destruction tyrannique s’avance, […] cortège de massacres et de démagogie… L’Europe s’engourdit dans une agonie qui n
240 tyrannique s’avance, […] cortège de massacres et de démagogie… L’Europe s’engourdit dans une agonie qui n’est même pas gr
241 la mort. Ce qui est grandiose, c’est la victoire de l’homme. Le long des côtes de la Méditerranée et de la mer du Nord, [
242 , c’est la victoire de l’homme. Le long des côtes de la Méditerranée et de la mer du Nord, […] s’avance l’antique ennemi d
243 l’homme. Le long des côtes de la Méditerranée et de la mer du Nord, […] s’avance l’antique ennemi de l’homme. On l’appell
244 de la mer du Nord, […] s’avance l’antique ennemi de l’homme. On l’appellera État, matérialisme, racisme ou tyrannie ; mai
245 […] nous appuyer sur la France. Il ne s’agit pas de défendre une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’affi
246 s’agit pas de défendre une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’affirmation, de création, de Révolution. No
247 endre une cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la
248 cité. Il ne s’agit pas de défense. Mais de choix, d’ affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la terre déci
249 git pas de défense. Mais de choix, d’affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la terre décisive. L’heure e
250 fense. Mais de choix, d’affirmation, de création, de Révolution. Nous sommes sur la terre décisive. L’heure est venue. All
251 ns-y. Arnaud Dandieu nous a quittés, il y a plus d’ un demi-siècle. Robert Aron n’est plus. Après beaucoup d’autres compag
252 gement, que l’on relise donc les dernières lignes de La Révolution nécessaire, où chaque mot porte, où chaque phrase éveil
253 ues… On se demandera alors — s’inspirant des vers de Goethe qui ont servi d’exergue à cette préface — si tous ces pères fo
254 rs — s’inspirant des vers de Goethe qui ont servi d’ exergue à cette préface — si tous ces pères fondateurs, ces précurseur
255 b und Werde, ne sont pas sur le point de devenir. De devenir vraiment ce qu’ils sont. Ils ont labouré et ensemencé la terr
256 t labouré et ensemencé la terre décisive. L’heure de la moisson est venue. Allons-y. Alexandre Marc 1. Sauf indication c
257 ation contraire, les textes entre guillemets sont de Denis de Rougemont.
2 1988, Inédits (extraits de cours). Introduction [par François Saint-Ouen et Jean Mantzouranis]
258 n Mantzouranis] Le présent ouvrage est le fruit d’ un travail effectué sur les cours, professés entre 1963 et 1978 à l’In
259 sés entre 1963 et 1978 à l’Institut universitaire d’ études européennes de Genève, par son fondateur et directeur d’alors,
260 8 à l’Institut universitaire d’études européennes de Genève, par son fondateur et directeur d’alors, Denis de Rougemont. C
261 péennes de Genève, par son fondateur et directeur d’ alors, Denis de Rougemont. Celui-ci disparu, il reste une œuvre, à la
262 disparu, il reste une œuvre, à la fois empreinte d’ une réflexion fondamentale et profondément engagée dans son époque, qu
263 Denis de Rougemont avait, au suprême degré, l’art de remonter aux sources de la culture européenne pour nourrir l’intellig
264 , au suprême degré, l’art de remonter aux sources de la culture européenne pour nourrir l’intelligence du présent et éclai
265 our nourrir l’intelligence du présent et éclairer de manière décisive les enjeux les plus cruciaux qui se poseront encore
266 elle, et c’est souligner combien elle mériterait d’ être mieux connue. Certains textes importants ne sont plus aisément ac
267 and public2. De plus, il manque encore une vision d’ ensemble des éléments essentiels de cette œuvre gigantesque, étalée su
268 ore une vision d’ensemble des éléments essentiels de cette œuvre gigantesque, étalée sur plus d’un demi-siècle. C’est dans
269 tiels de cette œuvre gigantesque, étalée sur plus d’ un demi-siècle. C’est dans cet esprit que ce travail a été effectué, d
270 s spécialement les traits philosophico-politiques de sa pensée. Un cours n’est pas souvent représentatif de son auteur, c
271 pensée. Un cours n’est pas souvent représentatif de son auteur, car il est nécessairement didactique et descriptif : il y
272 s’en tenir là. Tout notre problème a été en fait de repérer les instants, parfois très brefs, où s’exprimait la pensée or
273 is très brefs, où s’exprimait la pensée originale de l’auteur par-delà la quantité de références dont elle se nourrit. Ceu
274 pensée originale de l’auteur par-delà la quantité de références dont elle se nourrit. Ceux qui ont assisté à ses cours pou
275 u’il savait. Il y avait non seulement l’érudition d’ un homme, mais aussi sa position par rapport à cette érudition-là. Den
276 ion que tous les étudiants ne peuvent pas manquer de se poser un jour ou l’autre : à quoi sert-il de connaître tout cela ?
277 r de se poser un jour ou l’autre : à quoi sert-il de connaître tout cela ? En bref, tous ceux qui ont été marqués par son
278 re l’homme et ce qu’il exposait, qui n’était rien d’ autre que l’ensemble de la culture européenne, dans laquelle il se sit
279 exposait, qui n’était rien d’autre que l’ensemble de la culture européenne, dans laquelle il se situait et sur laquelle il
280 mais des personnes conscientes des contradictions de notre culture et de notre vie, sachant les assumer sans jamais les dé
281 onscientes des contradictions de notre culture et de notre vie, sachant les assumer sans jamais les détruire. On connaît D
282 e penseur, philosophe, essayiste, écrivain, homme d’ action, mais on le connaît encore mal en tant qu’enseignant dispensant
283 Tel devrait être, à notre sens, une des fonctions de cet ouvrage, que d’en garder la trace et d’en diffuser l’acquis. Les
284 notre sens, une des fonctions de cet ouvrage, que d’ en garder la trace et d’en diffuser l’acquis. Les fragments qui ont ét
285 tions de cet ouvrage, que d’en garder la trace et d’ en diffuser l’acquis. Les fragments qui ont été sélectionnés font appa
286 té sélectionnés font apparaître un certain nombre de thèmes qui ont été distribués en autant de chapitres. Cette classific
287 nombre de thèmes qui ont été distribués en autant de chapitres. Cette classification, édifiée pour des besoins de clarté,
288 s. Cette classification, édifiée pour des besoins de clarté, recèle une part d’arbitraire que nous assumons, dans la mesur
289 ifiée pour des besoins de clarté, recèle une part d’ arbitraire que nous assumons, dans la mesure où la pensée de Denis de
290 re que nous assumons, dans la mesure où la pensée de Denis de Rougemont forme un tout. Aussi, chacun des chapitres renvoie
291 chapitres renvoie à tous les autres et la lecture de cet ouvrage, si elle se veut profitable, ne pourra être qu’une lectur
292 croisée. Il nous semble, par exemple, impossible de ne pas lier le fédéralisme à l’Europe, aux communautés, aux régions,
293 dernière instance, à la personne. Dans la pensée de Denis de Rougemont en effet, le pôle « personnel » (plutôt qu’« indiv
294 , deux mois avant sa mort. Il put nous faire part de sa satisfaction, mais il n’eut pas le temps de revoir le style des fr
295 rt de sa satisfaction, mais il n’eut pas le temps de revoir le style des fragments que nous avions sélectionnés. Établis à
296 lectionnés. Établis à partir de notes abrégées ou de bandes magnétiques, ceux-ci nécessitaient, en effet, un travail de mi
297 ques, ceux-ci nécessitaient, en effet, un travail de mise en forme pour pouvoir être publiés sous forme écrite. Cela ne po
298 et envisagé plusieurs hypothèses (y compris celle de ne pas publier des fragments dont la forme — mais non le fond — lui e
299 fond — lui eût semblé imparfaite), nous décidâmes de nous en tenir à des corrections minimales, nous contentant d’éliminer
300 enir à des corrections minimales, nous contentant d’ éliminer les redites et les tournures les plus marquées par le discour
301 ours oral. Le « texte » ainsi issu garde la trace de la voix même de Denis de Rougemont, parlant à ses étudiants. Nous sav
302 texte » ainsi issu garde la trace de la voix même de Denis de Rougemont, parlant à ses étudiants. Nous savons très bien qu
303 st pourquoi nous assumons toute la responsabilité d’ une transcription que Denis de Rougemont eût effectuée bien mieux que
304 ue le style ici consigné aura su saisir l’instant d’ une pensée vivante, et à travers elle, l’homme qui l’exprimait. Jean M
305 Saint-Ouen 2. Citons, par exemple : Politique de la personne , L’Aventure occidentale de l’homme , Vingt-huit siècle
306 olitique de la personne , L’Aventure occidentale de l’homme , Vingt-huit siècles d’Europe , L’Avenir est notre affaire
307 ture occidentale de l’homme , Vingt-huit siècles d’ Europe , L’Avenir est notre affaire , tous épuisés. 3. Cette facette
308 t notre affaire , tous épuisés. 3. Cette facette de la pensée de Denis de Rougemont est illustrée notamment par L’Amour
309 re , tous épuisés. 3. Cette facette de la pensée de Denis de Rougemont est illustrée notamment par L’Amour et l’Occident
3 1988, Inédits (extraits de cours). Communautés, communes
310 Communautés, communesa 1. Les sources de l’idée de commune 20 février 1970 La commune urbaine ou cité-État
311 munautés, communesa 1. Les sources de l’idée de commune 20 février 1970 La commune urbaine ou cité-État qui se man
312 sprits des hommes malgré tous les bouleversements de la fin de l’Empire d’Alexandre, de la fin de l’Empire romain et des i
313 hommes malgré tous les bouleversements de la fin de l’Empire d’Alexandre, de la fin de l’Empire romain et des invasions b
314 ré tous les bouleversements de la fin de l’Empire d’ Alexandre, de la fin de l’Empire romain et des invasions barbares ; le
315 ouleversements de la fin de l’Empire d’Alexandre, de la fin de l’Empire romain et des invasions barbares ; les mouvements
316 ents de la fin de l’Empire d’Alexandre, de la fin de l’Empire romain et des invasions barbares ; les mouvements de balanci
317 romain et des invasions barbares ; les mouvements de balancier qui font passer du sacralisme de la tribu à l’individualism
318 ements de balancier qui font passer du sacralisme de la tribu à l’individualisme, les individus se retrouvant ensuite dans
319 ns une cité, où ils subissent bientôt la tyrannie d’ une collectivité, ce qui amène un nouvel éclatement de l’individualism
320 e collectivité, ce qui amène un nouvel éclatement de l’individualisme, et ainsi de suite ; le point d’équilibre, ou moment
321 n nouvel éclatement de l’individualisme, et ainsi de suite ; le point d’équilibre, ou moment civique, ou personnalisme, ét
322 de l’individualisme, et ainsi de suite ; le point d’ équilibre, ou moment civique, ou personnalisme, étant réalisé au momen
323 idéal, mais qui apparaissent à certaines périodes d’ équilibre politique. À ces sources antiques, il faut ajouter la source
324 a source chrétienne. La cité du Moyen Âge résulte d’ une combinaison de la civitas antique et de la paroisse chrétienne. La
325 e. La cité du Moyen Âge résulte d’une combinaison de la civitas antique et de la paroisse chrétienne. La troisième catégor
326 ésulte d’une combinaison de la civitas antique et de la paroisse chrétienne. La troisième catégorie de sources est germani
327 de la paroisse chrétienne. La troisième catégorie de sources est germanique. Elle se manifeste dans la cité du Moyen Âge p
328 nel), les particularismes locaux, le grand nombre d’ autorités différentes qui se recouvrent et se complètent, et le besoin
329 qui se recouvrent et se complètent, et le besoin de souveraineté. 14 janvier 1977 Une des racines des communautés de form
330 . 14 janvier 1977 Une des racines des communautés de forme spécifiquement européenne qui se sont formées au Moyen Âge est
331 que, civitas romaine, qui est une réalité non pas de sang, de consanguinité ni de race, mais de droit. Une troisième sourc
332 tas romaine, qui est une réalité non pas de sang, de consanguinité ni de race, mais de droit. Une troisième source de comm
333 une réalité non pas de sang, de consanguinité ni de race, mais de droit. Une troisième source de communauté, qui est intr
334 on pas de sang, de consanguinité ni de race, mais de droit. Une troisième source de communauté, qui est introduite, elle,
335 é ni de race, mais de droit. Une troisième source de communauté, qui est introduite, elle, par le christianisme, par l’Égl
336 l’origine spirituelle, la communauté spirituelle de la paroisse, de l’Église. Donc on peut dire que convergent pour forme
337 tuelle, la communauté spirituelle de la paroisse, de l’Église. Donc on peut dire que convergent pour former ces communauté
338 a société et l’esprit. Dans la version germanique de la communauté, l’homme est défini par sa force et par son rang. Dans
339 communes germaniques, c’est d’une part la volonté de se gouverner soi-même, ce qu’on appelle aujourd’hui l’autogestion, le
340 on, le gouvernement local indépendant, la volonté de se gouverner par un collège de prud’hommes, non par un seul chef qui
341 endant, la volonté de se gouverner par un collège de prud’hommes, non par un seul chef qui serait tout de suite un tyran,
342 rt un certain esprit frondeur contre toute espèce de pouvoir personnel, que ce soit donc celui d’un dictateur ou celui d’u
343 pèce de pouvoir personnel, que ce soit donc celui d’ un dictateur ou celui d’un seigneur voisin, qui serait tenté de faire
344 l, que ce soit donc celui d’un dictateur ou celui d’ un seigneur voisin, qui serait tenté de faire main basse sur la cité,
345 r ou celui d’un seigneur voisin, qui serait tenté de faire main basse sur la cité, sur la commune. C’est aussi un esprit h
346 l’esprit des communes, c’est d’abord une volonté de se gouverner soi-même. C’est donc un esprit frondeur contre toute esp
347 C’est donc un esprit frondeur contre toute espèce de pouvoir personnel, mais néanmoins pas un esprit démocratique : des hi
348 maniques, et d’autre part, dans l’état économique de l’époque : les commerçants tiennent le haut du pavé. 27 janvier 1967
349 l’appeler l’époque des communes, des communautés de manière plus générale. Toute la vie de l’homme du Moyen Âge est faite
350 ommunautés de manière plus générale. Toute la vie de l’homme du Moyen Âge est faite dans et par des communautés, dont la m
351 ur desquelles se sont recréés toutes les branches de la culture en Europe et même, à en croire certains historiens et soci
352 les linéaments du parlementarisme, des conseils, de la manière de débattre des affaires publiques en collèges ; — les cor
353 s du parlementarisme, des conseils, de la manière de débattre des affaires publiques en collèges ; — les corporations et,
354 ur un plan déjà plus profane, quoiqu’étant coloré de sacré, les ordres de chevalerie ; — la Table ronde, connue par les ro
355 profane, quoiqu’étant coloré de sacré, les ordres de chevalerie ; — la Table ronde, connue par les romans bretons, qui est
356 s ont partout remarqué que chaque tribu se targue de supériorité sur toutes les autres, quand elle ne va pas jusqu’à dénie
357 ne va pas jusqu’à dénier aux étrangers la qualité d’ hommes véritables. 2. communes, communautés, universités 20 févr
358 nautés, universités 20 février 1970 Deux types de communautés sont très typiques du Moyen Âge : les universités et les
359 les universités sont des communautés dans l’ordre de la liberté plus que dans l’ordre de la discipline ou de l’efficacité.
360 dans l’ordre de la liberté plus que dans l’ordre de la discipline ou de l’efficacité. Les universités apparaissent en Eur
361 liberté plus que dans l’ordre de la discipline ou de l’efficacité. Les universités apparaissent en Europe au xiie siècle.
362 ropre police, et qui ne relèvent pas du prince ou de l’évêque voisin, mais uniquement, dans les pays d’empire, de l’empere
363 e l’évêque voisin, mais uniquement, dans les pays d’ empire, de l’empereur, et dans les pays hors de l’empire, du pape. Ell
364 voisin, mais uniquement, dans les pays d’empire, de l’empereur, et dans les pays hors de l’empire, du pape. Elles sont do
365 r la souveraineté, l’exterritorialité et le droit de s’administrer. La forme de ces unités autonomes correspond aux abbaye
366 itorialité et le droit de s’administrer. La forme de ces unités autonomes correspond aux abbayes d’une part, et aux commun
367 ersitas ne désignera plus n’importe quelle espèce de communauté, mais surtout, et finalement exclusivement, les communauté
368 out, et finalement exclusivement, les communautés d’ études supérieures. 2 décembre 1966 La naissance des universités se pl
369 ope. Cette naissance est absolument contemporaine de la naissance des communes et des corporations au Moyen Âge ; ce n’est
370 leur autonomie en se faisant donner des « lettres d’ immédiateté impériale ». C’est exactement le même mouvement qui a amen
371 vier 1967 Les universités sont un modèle communal de deux manières : d’abord historiquement puisqu’elles ont été de vraies
372 res : d’abord historiquement puisqu’elles ont été de vraies communes ; ensuite, il se trouve qu’elles pourraient être le l
373 qui se posent aux communes aujourd’hui, problèmes de dimensions, problèmes de participation, problèmes de multiplication d
374 s aujourd’hui, problèmes de dimensions, problèmes de participation, problèmes de multiplication des compétences, sont les
375 dimensions, problèmes de participation, problèmes de multiplication des compétences, sont les problèmes qui se posent spéc
376 vent être, ce que leur nom indique, ce serait une de leurs tâches privilégiées que de les étudier et d’essayer d’y trouver
377 e, ce serait une de leurs tâches privilégiées que de les étudier et d’essayer d’y trouver des solutions à leur étage. 9 dé
378 e leurs tâches privilégiées que de les étudier et d’ essayer d’y trouver des solutions à leur étage. 9 décembre 1966 On par
379 ches privilégiées que de les étudier et d’essayer d’ y trouver des solutions à leur étage. 9 décembre 1966 On parle beaucou
380 mes à peu près semblables : on cherche un optimum de dimension, du nombre des étudiants et des professeurs dans les univer
381 universités. Dans ce cas-là, je n’ai qu’un remède de bonne femme, mais j’y crois dur comme fer ; je crois à la vertu des c
382 niversitaires. Cela me paraît être une des règles d’ or de la culture européenne qui a toujours été — depuis la Grèce — de
383 sitaires. Cela me paraît être une des règles d’or de la culture européenne qui a toujours été — depuis la Grèce — de cherc
384 européenne qui a toujours été — depuis la Grèce — de chercher une certaine mesure, de ne pas dépasser certaines dimensions
385 epuis la Grèce — de chercher une certaine mesure, de ne pas dépasser certaines dimensions, au-delà desquelles les problème
386 nsions, au-delà desquelles les problèmes changent de nature, même qualitative. Donc, la solution pour répondre à cet accro
387 tesque des effectifs universitaires ne serait pas de gonfler à l’infini les universités existantes, ce qu’on est en train
388 lème casse-tête du maire, du syndic, du président de conseil municipal d’une commune d’aujourd’hui, est aussi difficile qu
389 ire, du syndic, du président de conseil municipal d’ une commune d’aujourd’hui, est aussi difficile que celui d’un homme cu
390 , du président de conseil municipal d’une commune d’ aujourd’hui, est aussi difficile que celui d’un homme cultivé qui voud
391 mune d’aujourd’hui, est aussi difficile que celui d’ un homme cultivé qui voudrait se rendre compte de toutes les spécialit
392 d’un homme cultivé qui voudrait se rendre compte de toutes les spécialités à la fois. Il est obligé de prendre des décisi
393 e toutes les spécialités à la fois. Il est obligé de prendre des décisions, l’un dans le domaine de la culture ou de la cr
394 gé de prendre des décisions, l’un dans le domaine de la culture ou de la création, l’autre dans le domaine de l’administra
395 décisions, l’un dans le domaine de la culture ou de la création, l’autre dans le domaine de l’administration, qu’il ne pe
396 ulture ou de la création, l’autre dans le domaine de l’administration, qu’il ne peut pas prendre à cause de cette explosio
397 lisations. Aux difficultés pour l’homme qui pense de comprendre le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui — le cosmos,
398 s — correspondent les difficultés pour le citoyen de participer aux décisions civiques qui vont influencer, à travers la v
399 ns civiques qui vont influencer, à travers la vie de la cité et de la nation, sa vie personnelle. On peut voir donc des co
400 i vont influencer, à travers la vie de la cité et de la nation, sa vie personnelle. On peut voir donc des correspondances
401 s entre le problème des dimensions et le problème de la participation. 3. Démocratie et petites communautés 17 juin
402 omment l’a-t-elle créée ? Par les théories tirées de Rousseau, moyennant le malentendu fondamental que je vais indiquer. L
403 nérale, chez Rousseau, ne devait s’appliquer qu’à de petites communautés, de petites cités — petites communautés rurales,
404 e devait s’appliquer qu’à de petites communautés, de petites cités — petites communautés rurales, comme au centre de la Su
405 és — petites communautés rurales, comme au centre de la Suisse, ou petites cités, comme Genève — puis ensuite, tout d’un c
406 petites cités, comme Genève — puis ensuite, tout d’ un coup, par les jacobins et les théoriciens de la Révolution français
407 ut d’un coup, par les jacobins et les théoriciens de la Révolution française, elle a été appliquée à un grand pays de ving
408 n française, elle a été appliquée à un grand pays de vingt-trois-millions d’habitants. 27 juin 1969 Rousseau vient ajouter
409 appliquée à un grand pays de vingt-trois-millions d’ habitants. 27 juin 1969 Rousseau vient ajouter quelque chose de très i
410 27 juin 1969 Rousseau vient ajouter quelque chose de très important, en introduisant le concept de volonté générale. Il pr
411 ose de très important, en introduisant le concept de volonté générale. Il prépare la Révolution française, qui s’empare de
412 a Révolution française, qui s’empare des concepts de Rousseau sans se douter qu’elle les dénature complètement. En effet,
413 En effet, pour Rousseau, il ne pouvait s’agir que d’ une cité très petite, telle celle de Genève. Les inspirateurs de la Co
414 it s’agir que d’une cité très petite, telle celle de Genève. Les inspirateurs de la Convention n’ont pas fait attention à
415 s petite, telle celle de Genève. Les inspirateurs de la Convention n’ont pas fait attention à toutes les mises en garde pr
416 C’est pourquoi on a pu parfois, par erreur, faire de Rousseau l’ancêtre des totalitaires du xxe siècle. 15 novembre 1968
417 s du xxe siècle. 15 novembre 1968 Rousseau parle de la volonté générale du peuple en ayant toujours à l’esprit quelque ch
418 peuple en ayant toujours à l’esprit quelque chose de très concret et qu’il connaît bien, c’est la Landsgemeinde de la Suis
419 és sur la place du village — ou tous les citoyens de Genève — assemblés dans la cathédrale. C’est cela, le « souverain » d
420 te sur la place. Dès qu’on dépasse ces dimensions de la réunion de tous les citoyens dans une enceinte, on ne peut plus vo
421 e. Dès qu’on dépasse ces dimensions de la réunion de tous les citoyens dans une enceinte, on ne peut plus voir le peuple,
422 plus voir le peuple, on ne peut donc plus parler de l’expression d’une volonté générale et on tombe dans tous les sophism
423 uple, on ne peut donc plus parler de l’expression d’ une volonté générale et on tombe dans tous les sophismes qui conduisen
424 ictature se prétend l’expression seule admissible de la volonté générale. 17 février 1967 Il s’agit de recréer des possibi
425 de la volonté générale. 17 février 1967 Il s’agit de recréer des possibilités de communauté humaine définie maintenant, no
426 évrier 1967 Il s’agit de recréer des possibilités de communauté humaine définie maintenant, non plus comme la nation ancie
427 s sociaux électifs, c’est-à-dire dans les groupes de communautés auxquels il pourra librement adhérer, communautés qui, da
428 argement la petite cellule sociale qu’est l’unité d’ habitation ou la cité-satellite. Ces groupes sociaux électifs sont don
429 qui est très sensible, c’est que chacun a besoin de tous, et que tous ont besoin de chacun, tous ont besoin de responsabl
430 e chacun a besoin de tous, et que tous ont besoin de chacun, tous ont besoin de responsables individuels, il s’agit vraime
431 et que tous ont besoin de chacun, tous ont besoin de responsables individuels, il s’agit vraiment d’une équipe et non d’un
432 n de responsables individuels, il s’agit vraiment d’ une équipe et non d’un troupeau. La définition de cet état de choses e
433 dividuels, il s’agit vraiment d’une équipe et non d’ un troupeau. La définition de cet état de choses est devenue la devise
434 d’une équipe et non d’un troupeau. La définition de cet état de choses est devenue la devise des Suisses dès le Moyen Âge
435 aduit exactement cela. 4. Civisme et dimension de la cité 3 décembre 1976 Si la cité est mesurée, l’homme peut s’y m
436 onsable, l’un étant le complément et la condition de l’autre. Si la cité devient trop grande, il n’y a plus que des indivi
437 vier 1967 1. Dans la petite cité grecque, le type d’ homme qui correspond aux dimensions « petite cité » est le citoyen act
438 ctif, libre et responsable. 2. Puis vient l’étape de la cité hellénistique, la cité de l’époque d’Alexandre, puis de ses s
439 s vient l’étape de la cité hellénistique, la cité de l’époque d’Alexandre, puis de ses successeurs, la multiplication des
440 ape de la cité hellénistique, la cité de l’époque d’ Alexandre, puis de ses successeurs, la multiplication des grandes vill
441 lénistique, la cité de l’époque d’Alexandre, puis de ses successeurs, la multiplication des grandes villes, là où il n’y a
442 les, là où il n’y avait rien. C’était une période de création artificielle de cités qui n’avaient pas les mesures traditio
443 ien. C’était une période de création artificielle de cités qui n’avaient pas les mesures traditionnelles des petites cités
444 ues, qui étaient bâties en damier — selon le plan de Milet — avec de grandes avenues en croix, puis de plus petites avenue
445 bâties en damier — selon le plan de Milet — avec de grandes avenues en croix, puis de plus petites avenues qui achevaient
446 des dimensions telles qu’il n’était plus question de réunir toute la population sur l’agora, de sorte que la population se
447 er des commerçants, etc. Spécialisation et manque d’ intérêt pour les choses civiques, par éloignement. Le type d’individu
448 our les choses civiques, par éloignement. Le type d’ individu qui correspond à cette cité est donc l’individu civiquement p
449 vidu civiquement passif. Cette décadence civique de la cité, suivant immédiatement l’agrandissement de ses dimensions, se
450 e la cité, suivant immédiatement l’agrandissement de ses dimensions, se produit très vite : entre le ive et le iiie sièc
451 ive et le iiie siècle. On arrive à un tel degré de passivité des citoyens, qu’on peut dire que la devise de ces villes e
452 ivité des citoyens, qu’on peut dire que la devise de ces villes est « un tyran pour tous et chacun pour soi ». 26 novembre
453 à être gouvernés au lieu de se gouverner. L’homme de la polis se gouvernait. L’homme de la grande ville est gouverné de l’
454 erner. L’homme de la polis se gouvernait. L’homme de la grande ville est gouverné de l’extérieur, d’une manière passive, i
455 uvernait. L’homme de la grande ville est gouverné de l’extérieur, d’une manière passive, il assiste aux luttes entre les c
456 e de la grande ville est gouverné de l’extérieur, d’ une manière passive, il assiste aux luttes entre les chefs de partis,
457 re passive, il assiste aux luttes entre les chefs de partis, beaucoup plus qu’il n’y prend sa part ; il est là vraiment en
458 jouer le rôle de public devant les grands ténors de la politique. Il est passionné parfois, mais lui-même ne joue pas, c’
459 évident que personne ne peut participer à la vie d’ une commune comme celle de New York, qui groupe huit à neuf millions d
460 eut participer à la vie d’une commune comme celle de New York, qui groupe huit à neuf millions d’habitants, c’est de la fo
461 elle de New York, qui groupe huit à neuf millions d’ habitants, c’est de la folie pure. On a dépassé complètement toute pos
462 ui groupe huit à neuf millions d’habitants, c’est de la folie pure. On a dépassé complètement toute possibilité de concevo
463 pure. On a dépassé complètement toute possibilité de concevoir l’ensemble civique dans lequel on pourrait agir. À partir d
464 lequel on pourrait agir. À partir de cet extrême de la mégalopole — on ne peut pas aller beaucoup plus loin —, il faudra
465 loin —, il faudra voir comment retrouver l’unité de base, la cellule, l’unité d’usage et de participation civique. 5.
466 nt retrouver l’unité de base, la cellule, l’unité d’ usage et de participation civique. 5. Dimension politique et fédéra
467 r l’unité de base, la cellule, l’unité d’usage et de participation civique. 5. Dimension politique et fédéralisme 10
468 sme 10 février 1967 Megalopolis est une sorte de limite, qu’on est en train d’atteindre, au-delà de laquelle on ne pou
469 e limite, qu’on est en train d’atteindre, au-delà de laquelle on ne pourra plus aller. C’est la fin d’une évolution, dont
470 de laquelle on ne pourra plus aller. C’est la fin d’ une évolution, dont le début était la Grèce. C’est la destruction de l
471 ont le début était la Grèce. C’est la destruction de la possibilité humaine de participer à l’administration des choses pu
472 e. C’est la destruction de la possibilité humaine de participer à l’administration des choses publiques, c’est la destruct
473 puisque polis était la ville en grec — s’occuper de politique signifiait s’occuper des affaires de la commune. Étymologiq
474 er de politique signifiait s’occuper des affaires de la commune. Étymologiquement, dépolitisation veut dire : désintérêt d
475 épolitisation veut dire : désintérêt des affaires de la cité et de la commune. 15 novembre 1968 Dans la première cité grec
476 veut dire : désintérêt des affaires de la cité et de la commune. 15 novembre 1968 Dans la première cité grecque, dans les
477 n pays est très petit, il y a pratiquement autant de magistrats que de citoyens. Quand le pays s’agrandit, la proportion d
478 tit, il y a pratiquement autant de magistrats que de citoyens. Quand le pays s’agrandit, la proportion des magistrats par
479 ire comme quelqu’un qui ne jouit pas des produits de son travail, n’en voit que les morceaux, on peut dire que l’homme des
480 écanismes qui échappent complètement à ses prises de décision. Cette ruine des bases de tout fédéralisme, de l’autonomie e
481 t à ses prises de décision. Cette ruine des bases de tout fédéralisme, de l’autonomie et de la participation, ce triomphe
482 ision. Cette ruine des bases de tout fédéralisme, de l’autonomie et de la participation, ce triomphe de l’impérialisme, ce
483 des bases de tout fédéralisme, de l’autonomie et de la participation, ce triomphe de l’impérialisme, ce fut en même temps
484 e l’autonomie et de la participation, ce triomphe de l’impérialisme, ce fut en même temps la ruine de la civilisation, de
485 de l’impérialisme, ce fut en même temps la ruine de la civilisation, de la culture grecque. Et de même que l’hégémonie ét
486 ce fut en même temps la ruine de la civilisation, de la culture grecque. Et de même que l’hégémonie était à la fois cause
487 que l’hégémonie était à la fois cause et résultat de la faiblesse politique des ligues, de même cet état de prolétarisatio
488 faiblesse politique des ligues, de même cet état de prolétarisation politique, d’individualisme atomisé, cette faiblesse
489 s, de même cet état de prolétarisation politique, d’ individualisme atomisé, cette faiblesse intime du citoyen, ce vide soc
490 res militaires qui se multiplieront après la mort d’ Alexandre. Car là où l’homme n’est plus total, ne veut plus être total
491 n’importe quel chiffre, pourvu qu’on trouve assez d’ argent, assez de matières premières, et l’on ne se rend pas compte, ce
492 hiffre, pourvu qu’on trouve assez d’argent, assez de matières premières, et l’on ne se rend pas compte, ce faisant, qu’on
493 ce faisant, qu’on déforme complètement l’utilité de la chose, sa nature même. Voilà donc le problème principal, posé par
494 le problème principal, posé par les Grecs, celui de la dimension optimale entre deux maxima contradictoires : celui de la
495 ptimale entre deux maxima contradictoires : celui de la force qu’on voudrait obtenir par la fédération ou par l’accumulati
496 l’accumulation quantitative d’une part, et celui de la vitalité qu’on ne peut obtenir qu’en favorisant la participation e
497 965 La santé du fédéralisme dépend des dimensions de la cité, par quoi je ne veux pas dire nécessairement la petitesse en
498 aphiques et physiques d’une part, et des systèmes de distribution des pouvoirs de décision, d’autre part. 27 janvier 1967
499 art, et des systèmes de distribution des pouvoirs de décision, d’autre part. 27 janvier 1967 On ne peut pas empêcher l’ext
500 recréer dans chaque université des petites unités de recherche ou d’enseignement qui soient vivables et vivantes. C’est do
501 que université des petites unités de recherche ou d’ enseignement qui soient vivables et vivantes. C’est donc le problème,
502 ntes. C’est donc le problème, posé par les Grecs, de la dimension optimale entre les deux maxima contradictoires de la pui
503 on optimale entre les deux maxima contradictoires de la puissance qu’on obtient par l’accumulation quantitative, et du bie
504 l’accumulation quantitative, et du bien-être ; ou de la grandeur, et de la participation et des libertés civiques. Sur la
505 titative, et du bien-être ; ou de la grandeur, et de la participation et des libertés civiques. Sur la participation, j’ai
506 grecques primitives permettaient à chaque citoyen d’ exercer pleinement ses droits et ses devoirs civiques. 26 novembre 197
507 evoirs civiques. 26 novembre 1976 Dans le passage de la cité-État à l’empire trop vaste, à travers la fédération manquée d
508 nquée des cités-États grecques, il y a le passage de la cité à mesure d’homme, tel que Platon et Aristote (son maîtreb) l’
509 s grecques, il y a le passage de la cité à mesure d’ homme, tel que Platon et Aristote (son maîtreb) l’avaient définie, à u
510 s hellénistiques qui se multiplient dans l’Empire d’ Alexandre et dans les royaumes successeurs. Des cités qui, loin de s’a
511 à une croissance exponentielle, comme l’économie de l’époque. Ce problème des dimensions est absolument fondamental pour
512 dent que la banlieue n’a plus aucun des avantages de la campagne — on y détruit les arbres, le sol, les champs, et la fumé
513 ou la pierre — et n’a pas non plus les avantages de la ville, c’est-à-dire de la rencontre, de la vie commune. Dans les b
514 non plus les avantages de la ville, c’est-à-dire de la rencontre, de la vie commune. Dans les banlieues, chacun vit pour
515 ntages de la ville, c’est-à-dire de la rencontre, de la vie commune. Dans les banlieues, chacun vit pour soi, dans son coi
516 nlieues, chacun vit pour soi, dans son coin, dans de grandes habitations, il n’y a pas de centre des quartiers de banlieue
517 n coin, dans de grandes habitations, il n’y a pas de centre des quartiers de banlieue, bien entendu. C’est donc une espèce
518 habitations, il n’y a pas de centre des quartiers de banlieue, bien entendu. C’est donc une espèce de lèpre de pierre et d
519 de banlieue, bien entendu. C’est donc une espèce de lèpre de pierre et de fer, qui se répand autour des grandes villes, e
520 eue, bien entendu. C’est donc une espèce de lèpre de pierre et de fer, qui se répand autour des grandes villes, et à laque
521 endu. C’est donc une espèce de lèpre de pierre et de fer, qui se répand autour des grandes villes, et à laquelle on n’a su
522 ands parallélépipèdes, ou ces énormes alignements de maisons toutes pareilles qui ne sont rien d’autre que la rationalisat
523 ents de maisons toutes pareilles qui ne sont rien d’ autre que la rationalisation du chaos social, du taudis, et qui ne son
524 os social, du taudis, et qui ne sont pas vraiment de nouvelles communes ajoutées aux anciennes villes, mais de simples ent
525 lles communes ajoutées aux anciennes villes, mais de simples entassements de solitudes, où vous ne trouvez ni la vie commu
526 ux anciennes villes, mais de simples entassements de solitudes, où vous ne trouvez ni la vie communautaire des petites cit
527 23 janvier 1970 Autour de la place et dans la rue de la polis primitive sont nées toutes les catégories de la vie politiqu
528 a polis primitive sont nées toutes les catégories de la vie politique qui sont encore les nôtres. Autour de l’agora se dre
529 iments importants qui symbolisent les composantes de la vie publique. L’agora est généralement un espace rectangulaire, au
530 geront dans le Sénat. La place est donc le centre de la vie politique, c’est là que se forme l’opinion et que se font les
531 e se forme l’opinion et que se font les décisions de l’assemblée. La question est de savoir si dans les villes d’aujourd’h
532 ont les décisions de l’assemblée. La question est de savoir si dans les villes d’aujourd’hui, qui sont devenues trop grand
533 lée. La question est de savoir si dans les villes d’ aujourd’hui, qui sont devenues trop grandes, on peut parler de démocra
534 i, qui sont devenues trop grandes, on peut parler de démocratie réelle, de participation du citoyen à la vie des instituti
535 rop grandes, on peut parler de démocratie réelle, de participation du citoyen à la vie des institutions, alors que la plac
536 x, on pouvait trouver les tensions qui permettent de reconstruire au fond toute notre civilisation. Prenez, par exemple, l
537 nnellement en opposition, dans les pays où il y a de l’anticléricalisme ; entre l’église et la mairie, qui sont toutes les
538 tes les deux sur la place du bourg, du village ou de la petite ville, vous avez cette tension qui reproduit à l’échelle co
539 s ; en tout cas, dans toute la partie méridionale de l’Europe, c’est dans les cafés que toutes les oppositions se forment 
540 x. C’est encore devant les cafés et les terrasses de cafés que vous avez, aujourd’hui, les kiosques à journaux. C’est auss
541 nom depuis deux et demi à trois millénaires. Lieu de rencontre donc, lieu de discussion, lieu de vente et d’achat, lieu de
542 à trois millénaires. Lieu de rencontre donc, lieu de discussion, lieu de vente et d’achat, lieu de flirt (indiquent tous l
543 Lieu de rencontre donc, lieu de discussion, lieu de vente et d’achat, lieu de flirt (indiquent tous les auteurs anciens),
544 contre donc, lieu de discussion, lieu de vente et d’ achat, lieu de flirt (indiquent tous les auteurs anciens), rôle import
545 ieu de discussion, lieu de vente et d’achat, lieu de flirt (indiquent tous les auteurs anciens), rôle important dans la vi
546 dans la vie des cités grecques et romaines, lieu de conversations politiques, de création de partis, lieu de procès et au
547 es et romaines, lieu de conversations politiques, de création de partis, lieu de procès et aussi de théâtre, aux origines,
548 es, lieu de conversations politiques, de création de partis, lieu de procès et aussi de théâtre, aux origines, surtout en
549 ersations politiques, de création de partis, lieu de procès et aussi de théâtre, aux origines, surtout en Grèce, l’agora a
550 s, de création de partis, lieu de procès et aussi de théâtre, aux origines, surtout en Grèce, l’agora a en plus donné nais
551 ments modernes. Elle est vraiment la cellule mère de notre civilisation occidentale, et nous pouvons y repérer tous les él
552 tale, et nous pouvons y repérer tous les éléments de la chaîne chromosomique qui déterminera les formes de notre existence
553 a chaîne chromosomique qui déterminera les formes de notre existence politique. 19 février 1976 Quand une ville devient tr
554 ace des communes, qui était la manifestation même de la démocratie, devient tout à fait autre chose : un espace géométriqu
555 ts publics représentant les différentes fonctions de la société et les tensions qui l’animent. Dans la grande ville modern
556 ations éventuelles ou à leurs réunions au conseil de la ville. 10 février 1967 Ce qui est frappant dans la plupart des ouv
557 plupart des ouvrages sur l’urbanisme, sur la cité de demain, voire sur l’aménagement du territoire en général, c’est à que
558 int le problème civique, c’est-à-dire le problème de la participation de l’homme et de la femme, en état de s’en occuper,
559 que, c’est-à-dire le problème de la participation de l’homme et de la femme, en état de s’en occuper, aux affaires publiqu
560 ire le problème de la participation de l’homme et de la femme, en état de s’en occuper, aux affaires publiques, n’est pas
561 participation de l’homme et de la femme, en état de s’en occuper, aux affaires publiques, n’est pas pris en compte par le
562 ec invoque Zeus, pour qu’il garantisse les droits de la cité. Les lois de la cité sont une sorte de conquête sur ces petit
563 qu’il garantisse les droits de la cité. Les lois de la cité sont une sorte de conquête sur ces petits génies têtus et myo
564 ts de la cité. Les lois de la cité sont une sorte de conquête sur ces petits génies têtus et myopes qu’étaient les petits
565 ours des dieux méchants. Désormais, avec les lois de la cité, les hommes pourront casser les décrets arbitraires de ces di
566 es hommes pourront casser les décrets arbitraires de ces dieux qui représentaient le destin implacable. Ainsi, l’invocatio
567 ble. Ainsi, l’invocation à Zeus devient une sorte d’ appel au transcendant, c’est-à-dire à tout ce qui dépasse tous les pet
568 elle est, trop souvent à mon gré, revendiquée par de grandes associations comme le Conseil des communes d’Europe, ou l’Uni
569 randes associations comme le Conseil des communes d’ Europe, ou l’Union des villes et des pouvoirs locaux, qui me semblent
570 vouloir trop s’en tenir à ce modèle du village ou de la petite cité que nous avons hérité du Moyen Âge, où cela remplissai
571 ssait parfaitement sa fonction. Pour une quantité de services, les tâches des communes sont déjà régionales, dépassent les
572 munes sont déjà régionales, dépassent les limites de la commune. Pensez à l’eau : il est très rare qu’une commune puisse a
573 général, elle vient d’ailleurs, car des questions de canalisation, de distribution d’eau, d’épuration d’eau obligent les c
574 nt d’ailleurs, car des questions de canalisation, de distribution d’eau, d’épuration d’eau obligent les communes à coopére
575 ar des questions de canalisation, de distribution d’ eau, d’épuration d’eau obligent les communes à coopérer. Les questions
576 questions de canalisation, de distribution d’eau, d’ épuration d’eau obligent les communes à coopérer. Les questions d’élec
577 canalisation, de distribution d’eau, d’épuration d’ eau obligent les communes à coopérer. Les questions d’électricité, la
578 u obligent les communes à coopérer. Les questions d’ électricité, la vie culturelle, la vie des écoles supérieures, la form
579 une commune, et il demande la mise en coopérative de plusieurs communes. Une des choses principales qui manquent aujourd’h
580 nt aujourd’hui à la commune, c’est la possibilité de prévision : toutes les études de prospective, qui ne peuvent pas être
581 t la possibilité de prévision : toutes les études de prospective, qui ne peuvent pas être faites à l’échelle d’un maire de
582 ctive, qui ne peuvent pas être faites à l’échelle d’ un maire de village paysan, fût-il un très bon agronome. Tous ces serv
583 ne peuvent pas être faites à l’échelle d’un maire de village paysan, fût-il un très bon agronome. Tous ces services débord
584 gronome. Tous ces services débordent la dimension de la commune, et on ne peut rien y faire. Le cadre communal est dépassé
585 faire. Le cadre communal est dépassé en fait, et d’ une manière irréversible. On en vient à la notion de groupement de com
586 une manière irréversible. On en vient à la notion de groupement de communes : quelque chose d’assez grand pour la liberté
587 réversible. On en vient à la notion de groupement de communes : quelque chose d’assez grand pour la liberté culturelle et
588 notion de groupement de communes : quelque chose d’ assez grand pour la liberté culturelle et quelque chose d’assez petit
589 grand pour la liberté culturelle et quelque chose d’ assez petit pour l’engagement civique ne peut être obtenu qu’en groupa
590 s petites communes. 3 février 1967 Les variations de dimensions et de formes des cités correspondent exactement à des vari
591 s. 3 février 1967 Les variations de dimensions et de formes des cités correspondent exactement à des variations dans la pa
592 articipation civique des personnes, dans le degré de liberté des communautés locales, les cellules de base qui sont indisp
593 de liberté des communautés locales, les cellules de base qui sont indispensables si on veut faire une société fédéraliste
594 ée des villes, correspond exactement la décadence de la vie communale et l’extension d’un étatisme toujours plus rigide, t
595 t la décadence de la vie communale et l’extension d’ un étatisme toujours plus rigide, toujours plus onéreux et de moins en
596 me toujours plus rigide, toujours plus onéreux et de moins en moins efficace. 24 avril 1970 La réponse à la contestation d
597 icace. 24 avril 1970 La réponse à la contestation de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et en
598 la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étroit et partisa
599 ier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étroit et partisan du terme. Elle exige la recré
600 it et partisan du terme. Elle exige la recréation de communautés véritables. Et la Cité européenne — Res publica europea —
601 i l’on me dit maintenant que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’État-nation, je réponds que c’est au contraire la
602 que c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. a. Avec l’introduction suivante des éditeurs : « Les
603 t constitué un élément particulièrement important de l’histoire européenne. Elles sont la base de tout essai de constructi
604 tant de l’histoire européenne. Elles sont la base de tout essai de construction fédérale pour maintenant et pour l’avenir.
605 oire européenne. Elles sont la base de tout essai de construction fédérale pour maintenant et pour l’avenir. Les communes
606 s avec la civitas (fondée sur la notion juridique de civis ou citoyen), chrétiens (la paroisse), germaniques (fondés sur l
607 e : c’est un esprit frondeur basé sur une volonté de se gouverner soi-même en s’affranchissant de la domination des seigne
608 onté de se gouverner soi-même en s’affranchissant de la domination des seigneurs territoriaux. La création des universités
609 à cette époque procède du même esprit, un esprit de communauté autonome traduit par le terme universitas qui s’applique a
610 nelles basées sur la naissance (sens étymologique de “nation”) et définies par un territoire situé à l’intérieur de fronti
611 prié à l’épanouissement et à l’engagement concret de la liberté et de la responsabilité des citoyens. Cela pose notamment
612 sement et à l’engagement concret de la liberté et de la responsabilité des citoyens. Cela pose notamment un problème de di
613 ité des citoyens. Cela pose notamment un problème de dimensions. Si la cité est trop grande, à l’instar des mégalopoles he
614 oles hellénistiques, le citoyen perd le sentiment de sa responsabilité civique, s’habitue à être gouverné. Sa liberté se r
615 gouverné. Sa liberté se retranche dans la sphère de sa vie privée, suivant une tendance individualiste qui laisse la plac
616 e citoyen n’embrasse plus l’ensemble des affaires de la cité et devient ainsi, selon le mot de Denis de Rougemont, un “pro
617 ffaires de la cité et devient ainsi, selon le mot de Denis de Rougemont, un “prolétaire politique”. C’est sur une telle dé
618 talitaire ; et là seulement”. Dans une communauté de dimension restreinte, au contraire, le citoyen peut participer active
619 aient pour décider sur l’agora. Ainsi, l’exercice de la volonté générale, contrairement à l’application que la Révolution
620 que la Révolution française a faite des théories de Rousseau, ne peut être effectif que dans une petite dimension. Le poi
621 effectif que dans une petite dimension. Le point d’ équilibre se trouve autour de l’idée d’un optimum de participation ent
622 . Le point d’équilibre se trouve autour de l’idée d’ un optimum de participation entre deux maxima contradictoires : la pui
623 équilibre se trouve autour de l’idée d’un optimum de participation entre deux maxima contradictoires : la puissance (apana
624 ux maxima contradictoires : la puissance (apanage de la grande dimension), la liberté (apanage de la petite dimension). C’
625 nage de la grande dimension), la liberté (apanage de la petite dimension). C’est précisément tout le problème du fédéralis
626 C’est précisément tout le problème du fédéralisme de chercher une formule alliant la liberté et la puissance, à travers de
627 iberté et la puissance, à travers des groupements de communes qui se fédèrent volontairement pour réaliser en commun des t
628 ffectuer seule. De même, c’est la force résultant de l’union fédérale qui permet de garantir les libertés des entités fédé
629 la force résultant de l’union fédérale qui permet de garantir les libertés des entités fédérées. » b. Il y a ici une conf
630 a ici une confusion, car Aristote fut le disciple de Platon et non l’inverse.
4 1988, Inédits (extraits de cours). Culture
631 que l’on a quelques chances, qui sont les chances de la création, de déboucher sur le général, sur l’universel. Ceci me ra
632 ues chances, qui sont les chances de la création, de déboucher sur le général, sur l’universel. Ceci me rappelle une phras
633 ral, sur l’universel. Ceci me rappelle une phrase de Spinoza, dans son Éthique, qui m’avait toujours beaucoup frappé dans
634 ue je me suis toujours rappelé ; un des théorèmes de l’Éthique de Spinoza dit : « d’autant plus nous connaissons les chose
635 toujours rappelé ; un des théorèmes de l’Éthique de Spinoza dit : « d’autant plus nous connaissons les choses particulièr
636 un des théorèmes de l’Éthique de Spinoza dit : «  d’ autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n
637 t plus nous connaissons les choses particulières, d’ autant plus nous connaissons Dieu », ce qui voulait dire pour Spinoza 
638 issons Dieu », ce qui voulait dire pour Spinoza : d’ autant plus nous connaissons le tout, la généralité de l’univers. 4 fé
639 tant plus nous connaissons le tout, la généralité de l’univers. 4 février 1972 Aux xvie , xviie et xviiie siècles vont s
640 ité romaine impériale, qui aboutira, avec l’appui de la raison révolutionnaire, au culte de l’État-nation absolutisé à par
641 ec l’appui de la raison révolutionnaire, au culte de l’État-nation absolutisé à partir de la Révolution française. La fina
642 à partir de la Révolution française. La finalité de la raison autonome et suffisante s’institue avec Descartes et Spinoza
643 Descartes et Spinoza, se nourrit de plus en plus de la finalité scientifique, et va se développer sous une forme subversi
644 ez Marx non seulement une reprise du rationalisme de Hegel, mais une réaction profonde et comme intuitive à cet intellectu
645 u réel par la raison, l’intellect, la dialectique de l’esprit pur. Il leur oppose les conditions économiques concrètes de
646 leur oppose les conditions économiques concrètes de l’homme, qui déterminent les rapports sociaux. Et certes, il exagère
647 s rapports sociaux. Et certes, il exagère au-delà de toute raison l’importance des aspects matériels négligés par Hegel et
648 re. Il est l’un des premiers à dénoncer les tours de passe-passe de la raison pure. Avant lui, Søren Kierkegaard (1813-185
649 des premiers à dénoncer les tours de passe-passe de la raison pure. Avant lui, Søren Kierkegaard (1813-1855) avait attaqu
650 ué la dialectique hégélienne, non pas au seul nom de l’économie, mais au nom de l’existence concrète, physique, morale, sp
651 existence concrète, physique, morale, spirituelle de l’homme. C’est chez Kierkegaard qu’on voit naître l’existentialisme,
652 lité concrète ». Alors commence l’ère du soupçon, de la méfiance à l’égard des idéaux officiels et de l’establishment phil
653 de la méfiance à l’égard des idéaux officiels et de l’establishment philosophique. Un troisième larron va surgir en fin d
654 ilosophique. Un troisième larron va surgir en fin de siècle : Freud. L’immense succès de Marx et de Freud au xxe siècle s
655 surgir en fin de siècle : Freud. L’immense succès de Marx et de Freud au xxe siècle s’explique par un phénomène psycholog
656 in de siècle : Freud. L’immense succès de Marx et de Freud au xxe siècle s’explique par un phénomène psychologique très s
657 que très simple : en ramenant toute l’explication de la société et des motifs humains, soit à l’argent, soit au sexe, Marx
658 soit au sexe, Marx et Freud ont produit un effet d’ illumination sur les bourgeois élevés au xixe siècle dans l’idée qu’i
659 au xixe siècle dans l’idée qu’il était malséant de parler d’argent ou de parler de sexe : ces deux sujets étaient tabous
660 siècle dans l’idée qu’il était malséant de parler d’ argent ou de parler de sexe : ces deux sujets étaient tabous. 11 févri
661 l’idée qu’il était malséant de parler d’argent ou de parler de sexe : ces deux sujets étaient tabous. 11 février 1972 Aujo
662 il était malséant de parler d’argent ou de parler de sexe : ces deux sujets étaient tabous. 11 février 1972 Aujourd’hui, l
663 rd’hui, la prétention scientifique à la direction de la société n’est plus le fait d’usurpateurs et de doctrinaires délira
664 e à la direction de la société n’est plus le fait d’ usurpateurs et de doctrinaires délirants ; même pas des savants eux-mê
665 de la société n’est plus le fait d’usurpateurs et de doctrinaires délirants ; même pas des savants eux-mêmes. Mais d’une c
666 délirants ; même pas des savants eux-mêmes. Mais d’ une croyance généralisée dans tout l’Occident, dans toutes les couches
667 sée dans tout l’Occident, dans toutes les couches de la population, et qui donne à « la Science » le rôle et l’autorité qu
668 té que le Moyen Âge donnait à la théologie. 2. De la spécialisation à la synthèse créatrice 9 décembre 1966 Dans l’u
669 s fait s’éloigner augmente. C’est donc une espèce d’ univers en expansion que nous avons dans le savoir et dans l’universit
670 e nous avons dans le savoir et dans l’université. D’ où résultent deux conséquences qui définissent exactement le phénomène
671 séquences qui définissent exactement le phénomène de la tour de Babel, tel que Dante l’écrit : c’est la disparition rapide
672 ui définissent exactement le phénomène de la tour de Babel, tel que Dante l’écrit : c’est la disparition rapide de tout la
673 l que Dante l’écrit : c’est la disparition rapide de tout langage commun, remplacé par une quantité de langages spéciaux,
674 de tout langage commun, remplacé par une quantité de langages spéciaux, de moins en moins traduisibles l’un dans l’autre ;
675 , remplacé par une quantité de langages spéciaux, de moins en moins traduisibles l’un dans l’autre ; et d’autre part, l’év
676 dans l’autre ; et d’autre part, l’évanouissement de la conscience du but commun, des fins dernières de l’entreprise humai
677 e la conscience du but commun, des fins dernières de l’entreprise humaine, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable
678 entreprise humaine, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable. Cependant, si on dit que le langage commun se perd en
679 avoir, cela veut dire aussi que la commune mesure de notre civilisation est en train de se perdre. J’entends par commune m
680 mmune mesure, par exemple, une conception commune de l’homme, de ce qu’il devrait être dans la société, de l’homme univers
681 , par exemple, une conception commune de l’homme, de ce qu’il devrait être dans la société, de l’homme universel, idéal ca
682 ’homme, de ce qu’il devrait être dans la société, de l’homme universel, idéal capable d’inspirer à la fois la pensée et l’
683 s la société, de l’homme universel, idéal capable d’ inspirer à la fois la pensée et l’action, le sentiment et l’action, et
684 asses, pour la jeunesse, et aussi pour les hommes d’ outre-mer qui viennent souvent en Europe, aux sources vives de la cult
685 qui viennent souvent en Europe, aux sources vives de la culture qui maintenant est devenue mondiale ; ils viennent apprend
686 êmes les ont oubliés. 9 décembre 1966 Le monopole de l’État est devenu de plus en plus grand pendant tout le xixe siècle
687 ités : l’unité locale, l’unité par le cadre, soit de la nation, soit de la cité, soit du canton en Suisse. La réalité même
688 le, l’unité par le cadre, soit de la nation, soit de la cité, soit du canton en Suisse. La réalité même de l’enseignement,
689 a cité, soit du canton en Suisse. La réalité même de l’enseignement, tel qu’il était conçu au début, a disparu, c’est-à-di
690 t des disciples, qui était la première définition de l’université, mais aussi de l’ensemble des disciplines. Si on veut ré
691 a première définition de l’université, mais aussi de l’ensemble des disciplines. Si on veut résumer cette évolution, on po
692 ie : le pape, le Saint-Siège ; tandis qu’au terme de cette évolution, de cette dégradation, on a une division complète du
693 nt-Siège ; tandis qu’au terme de cette évolution, de cette dégradation, on a une division complète du savoir, une désintég
694 par une unité purement locale, presque une unité de locaux, de bâtiments : les différentes branches du savoir sont réunie
695 ité purement locale, presque une unité de locaux, de bâtiments : les différentes branches du savoir sont réunies en une sé
696 ntes branches du savoir sont réunies en une série de bâtiments, qu’on appelle l’université. Ce sont une localité, une auto
697 tration. Donc, au lieu d’unité interne, une sorte d’ uniformité extérieure. À partir de ce moment, il n’y a plus d’universi
698 extérieure. À partir de ce moment, il n’y a plus d’ université à proprement parler, il n’y a plus que des écoles professio
699 es. Or, quand on en est au point où il n’y a plus d’ universalité, il n’y a pas non plus d’université, et on est exactement
700 n’y a plus d’universalité, il n’y a pas non plus d’ université, et on est exactement dans la situation de la tour de Babel
701 niversité, et on est exactement dans la situation de la tour de Babel. 9 décembre 1966 L’œuvre de synthèse qu’exige l’état
702 et on est exactement dans la situation de la tour de Babel. 9 décembre 1966 L’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent, l
703 tion de la tour de Babel. 9 décembre 1966 L’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent, l’état babélique de notre culture e
704 ynthèse qu’exige l’état présent, l’état babélique de notre culture et de nos universités, devrait être confiée à des group
705 tat présent, l’état babélique de notre culture et de nos universités, devrait être confiée à des groupes de chercheurs, qu
706 s universités, devrait être confiée à des groupes de chercheurs, qui représenteraient des disciplines diverses, et qui cré
707 diverses, et qui créeraient ainsi ces carrefours de vérités hétérogènes, desquels on a quelques chances de voir surgir l’
708 rités hétérogènes, desquels on a quelques chances de voir surgir l’éclair de synthèse créatrice. Il faudrait donc des homm
709 els on a quelques chances de voir surgir l’éclair de synthèse créatrice. Il faudrait donc des hommes de synthèse, un type
710 e synthèse créatrice. Il faudrait donc des hommes de synthèse, un type nouveau d’homme, de pensée, qui ait une sorte de co
711 rait donc des hommes de synthèse, un type nouveau d’ homme, de pensée, qui ait une sorte de conscience de la conjoncture in
712 des hommes de synthèse, un type nouveau d’homme, de pensée, qui ait une sorte de conscience de la conjoncture intellectue
713 ype nouveau d’homme, de pensée, qui ait une sorte de conscience de la conjoncture intellectuelle, du savoir — comme on par
714 homme, de pensée, qui ait une sorte de conscience de la conjoncture intellectuelle, du savoir — comme on parle de conjonct
715 ncture intellectuelle, du savoir — comme on parle de conjoncture en économie —, qui ait au moins le souci de se faire un t
716 joncture en économie —, qui ait au moins le souci de se faire un tableau conjoncturel de l’état du savoir et des corrélati
717 oins le souci de se faire un tableau conjoncturel de l’état du savoir et des corrélations virtuelles qui pourraient s’étab
718 uraient poussé assez loin pour prendre conscience de l’insuffisance d’une spécialisation et de la nécessité d’aller au-del
719 ez loin pour prendre conscience de l’insuffisance d’ une spécialisation et de la nécessité d’aller au-delà. 9 décembre 1966
720 science de l’insuffisance d’une spécialisation et de la nécessité d’aller au-delà. 9 décembre 1966 Il existe des chaires d
721 uffisance d’une spécialisation et de la nécessité d’ aller au-delà. 9 décembre 1966 Il existe des chaires d’indianisme, d’a
722 er au-delà. 9 décembre 1966 Il existe des chaires d’ indianisme, d’arabisme, de civilisations précolombiennes dans toutes l
723 décembre 1966 Il existe des chaires d’indianisme, d’ arabisme, de civilisations précolombiennes dans toutes les grandes uni
724 6 Il existe des chaires d’indianisme, d’arabisme, de civilisations précolombiennes dans toutes les grandes universités d’O
725 écolombiennes dans toutes les grandes universités d’ Occident, mais vous ne trouvez pas de chaire d’européologie dans les u
726 universités d’Occident, mais vous ne trouvez pas de chaire d’européologie dans les universités de l’Asie, par exemple, et
727 és d’Occident, mais vous ne trouvez pas de chaire d’ européologie dans les universités de l’Asie, par exemple, et même pas
728 pas de chaire d’européologie dans les universités de l’Asie, par exemple, et même pas dans les universités d’Europe. Vous
729 ie, par exemple, et même pas dans les universités d’ Europe. Vous avez des chaires dites européennes dans beaucoup d’univer
730 avez des chaires dites européennes dans beaucoup d’ universités, depuis une dizaine d’années surtout, mais elles consisten
731 s dans beaucoup d’universités, depuis une dizaine d’ années surtout, mais elles consistent à étudier les mécanismes du Marc
732 tent à étudier les mécanismes du Marché commun ou de l’AELE, les mécanismes du droit communautaire ; c’est une sorte de de
733 canismes du droit communautaire ; c’est une sorte de description de l’histoire qui est en train de se faire, c’est très te
734 it communautaire ; c’est une sorte de description de l’histoire qui est en train de se faire, c’est très technique et ne t
735 technique et ne touche pas du tout les fondements de la latitude européenne et de la culture européenne. Ce qui nous manqu
736 tout les fondements de la latitude européenne et de la culture européenne. Ce qui nous manque, c’est une étude ethnograph
737 e qui nous manque, c’est une étude ethnographique de l’homme européen. 3. Initiation et esprit d’initiative 18 novem
738 e de l’homme européen. 3. Initiation et esprit d’ initiative 18 novembre 1966 On voit se préciser un parallélisme com
739 le fédéralisme. Il s’agira, dans une fédération, d’ éduquer, de former un type d’homme qui soit une personne. C’est le pro
740 isme. Il s’agira, dans une fédération, d’éduquer, de former un type d’homme qui soit une personne. C’est le problème de l’
741 dans une fédération, d’éduquer, de former un type d’ homme qui soit une personne. C’est le problème de l’éducation d’une ma
742 d’homme qui soit une personne. C’est le problème de l’éducation d’une manière tout à fait générale ; dans tous les régime
743 it une personne. C’est le problème de l’éducation d’ une manière tout à fait générale ; dans tous les régimes, il s’agit de
744 fait générale ; dans tous les régimes, il s’agit de former un certain type d’homme, qui corresponde au régime en question
745 les régimes, il s’agit de former un certain type d’ homme, qui corresponde au régime en question ; cela vaut aussi pour le
746 nt durer, doivent former des petits totalitaires, de petits soldats politiques. 18 novembre 1966 Au lieu d’initiation, on
747 deux termes marquent le début et la fin, le but, d’ une évolution millénaire, qui va du sacré au profane, du collectif rel
748 collectif religieux et social à l’individualisme, de l’autorité indiscutée à la liberté toujours aventureuse. Le vrai sens
749 e à la liberté toujours aventureuse. Le vrai sens de l’action d’éduquer, dans notre ère moderne, devient conforme au sens
750 té toujours aventureuse. Le vrai sens de l’action d’ éduquer, dans notre ère moderne, devient conforme au sens étymologique
751 r le conduire au-dehors. C’est aussi le contraire de l’initiation qui était conduire dedans, faire entrer dans une certain
752 e certaine structure. On veut conduire l’individu de l’ignorance au savoir, de l’instinct à la raison critique, du royaume
753 eut conduire l’individu de l’ignorance au savoir, de l’instinct à la raison critique, du royaume du sacré indiscutable et
754 al en vigueur, et par la seconde, on veut essayer de l’en libérer. Dans l’idéal de l’éducation européenne, ces deux tendan
755 de, on veut essayer de l’en libérer. Dans l’idéal de l’éducation européenne, ces deux tendances antinomiques doivent être
756 combinées. On ne peut pas exclure l’une au profit de l’autre. Il y a un optimum à trouver entre ces deux maxima contradict
757 contradictoires. C’est ce que j’appelle la règle d’ or de l’éducation européenne : conduire l’élève à l’autonomie personne
758 radictoires. C’est ce que j’appelle la règle d’or de l’éducation européenne : conduire l’élève à l’autonomie personnelle a
759 ait acquérir tout ce que l’on peut par les moyens de l’initiation, le conduire à trouver sa vocation personnelle originale
760 ntraire faire sortir le jeune homme des fatalités de son ascendance ou des rites, lui apprendre à se débrouiller tout seul
761 nitiative, qui sont assez radicalement contraires d’ intentions ; bien entendu, dans chaque éducation doivent être présente
762 ntes. 4. Alignement des esprits ou réalisation de la personne ? 11 novembre 1966 Si on pense que le but de la vie d’
763 onne ? 11 novembre 1966 Si on pense que le but de la vie d’un homme est de participer à la puissance et à la grandeur d
764 11 novembre 1966 Si on pense que le but de la vie d’ un homme est de participer à la puissance et à la grandeur de sa natio
765 6 Si on pense que le but de la vie d’un homme est de participer à la puissance et à la grandeur de sa nation (et je ne fai
766 est de participer à la puissance et à la grandeur de sa nation (et je ne fais pas une supposition dans le vide, car c’est
767 mécaniques, qui règlent de plus en plus le détail de l’existence. À la limite, nous avons l’idéal du régime totalitaire qu
768 et action. Si on pense, au contraire, que le but de la société est d’offrir à chacun de courir sa chance, de s’exprimer,
769 pense, au contraire, que le but de la société est d’ offrir à chacun de courir sa chance, de s’exprimer, de « se réaliser »
770 e, que le but de la société est d’offrir à chacun de courir sa chance, de s’exprimer, de « se réaliser » au maximum, alors
771 ociété est d’offrir à chacun de courir sa chance, de s’exprimer, de « se réaliser » au maximum, alors on est porté à voulo
772 frir à chacun de courir sa chance, de s’exprimer, de « se réaliser » au maximum, alors on est porté à vouloir et à promouv
773 e, qui ménage les complexités du réel, qui ménage de l’imprévu dans l’existence ; un régime dont la limite idéale — de mêm
774 e, l’anarchie au sens étymologique : la privation d’ autorité. 20 mai 1977 L’instruction publique a été le principal moyen
775 7 L’instruction publique a été le principal moyen d’ aligner les esprits, et ensuite, il y a eu la presse pour aligner les
776 n du fin ! La presse est, en effet, le seul moyen d’ entrer jusque dans l’esprit des gens, par leur curiosité. Cette presse
777 riosité. Cette presse est nourrie par les agences de presse, qui sont toutes des agences d’État ; au xixe siècle, il y av
778 es agences de presse, qui sont toutes des agences d’ État ; au xixe siècle, il y avait les grandes agences que tout le mon
779 nce, Reuter pour l’Angleterre, toutes des agences d’ État, c’étaient elles qui choisissaient les faits, qui décidaient parm
780 ent les faits, qui décidaient parmi les milliards de choses qui se passent dans le monde, des faits dont elles allaient no
781 ge les esprits comme on veut, quand on est maître de dire « voilà les faits importants d’hier » et qu’on ne choisit que ce
782 n est maître de dire « voilà les faits importants d’ hier » et qu’on ne choisit que ceux qui intéressent le gouvernement, q
783 ie toujours ça : qu’il est fabriqué. Il n’y a pas de fait en soi. 24 janvier 1969 L’irréalité de ce siècle provient de cec
784 a pas de fait en soi. 24 janvier 1969 L’irréalité de ce siècle provient de ceci que la « réalité » à laquelle nous croyons
785 24 janvier 1969 L’irréalité de ce siècle provient de ceci que la « réalité » à laquelle nous croyons chaque matin n’est fa
786 sables. Je ne soupçonne pas la presse occidentale de suivre une politique quelconque, loin de là ! Elle n’a d’autre souci
787 e une politique quelconque, loin de là ! Elle n’a d’ autre souci que celui de son tirage. Mais elle décide elle-même, sans
788 ue, loin de là ! Elle n’a d’autre souci que celui de son tirage. Mais elle décide elle-même, sans nulle enquête sérieuse,
789 le décide elle-même, sans nulle enquête sérieuse, de ce qui sera vendable ou non. Elle ne se trompe qu’une fois sur deux.
790 olitique, sans rien y perdre. Réformer la presse d’ information me paraît impossible ou dangereux. En revanche, développer
791 u’on institue dans les écoles publiques des cours de lecture des journaux. Proposition toute naturelle d’ailleurs, si l’on
792 . 17 janvier 1969 Les deux instruments principaux de la vie politique nationale en France, sous la IIIe République, sont d
793 point que l’on a pu soutenir que le véritable but de l’école, sous la IIIe République, c’était de former des lecteurs pour
794 but de l’école, sous la IIIe République, c’était de former des lecteurs pour les journaux, qui à leur tour formeraient de
795 meraient des électeurs. Le but dernier étant donc de servir l’État et la nation, et pas du tout de servir les personnes. 1
796 onc de servir l’État et la nation, et pas du tout de servir les personnes. 17 janvier 1969 Pour Napoléon, l’école ne devai
797 léonienne, pourrait-on dire d’après la même forme de pensée, n’est pas là pour les élèves, mais les élèves y sont pour la
798 ion réelle, établie en force, et qui a des moyens de répression qui sont l’armée et la police — ce que n’ont plus les autr
799 ot « nation » signifiait au Moyen Âge : un groupe de gens parlant la même langue, par exemple les groupes d’étudiants parl
800 s parlant la même langue, par exemple les groupes d’ étudiants parlant une même langue, la langue de l’université étant le
801 es d’étudiants parlant une même langue, la langue de l’université étant le latin ; on appelait aussi « nations » les châte
802 les châteaux réservés aux chevaliers dans l’ordre de Rhodes qui parlaient la même langue. Cependant, à la Renaissance, il
803 un changement dans la conscience que les gens ont de la langue. La langue devient subitement le phénomène culturel le plus
804 urel le plus important, à la suite de l’invention de l’imprimerie et du recul du latin. On peut dire qu’avec l’invention d
805 recul du latin. On peut dire qu’avec l’invention de l’imprimerie, la civilisation européenne subit une véritable mutation
806 it une véritable mutation ; elle passe du domaine de l’auditif-imaginatif (la culture née de l’Église : liturgie, sermons,
807 u domaine de l’auditif-imaginatif (la culture née de l’Église : liturgie, sermons, vitraux — on a souvent dit que les vitr
808 ent le catéchisme du Moyen Âge ; avec l’invention de l’imprimerie, le catéchisme devient un petit livre) au visuel-abstrai
809 etit livre) au visuel-abstrait (les petits signes de l’imprimerie mis en lignes). La langue devient alors un phénomène en
810 États commencent alors à comprendre l’importance de la langue comme moyen d’unifier leurs sujets et comme moyen de les go
811 comprendre l’importance de la langue comme moyen d’ unifier leurs sujets et comme moyen de les gouverner. « Parler à un ho
812 comme moyen d’unifier leurs sujets et comme moyen de les gouverner. « Parler à un homme, dit Paul Valéry, c’est prendre po
813 re pouvoir sur lui. » 7 novembre 1969 L’invention de la lettre — qui peut se combiner avec d’autres pour former un mot — a
814 ot — a joué un rôle décisif dans le développement de la diffusion des secrets. Cela a amené une sorte de prise de pouvoir
815 la diffusion des secrets. Cela a amené une sorte de prise de pouvoir de l’homme sur la nature. 6. L’idée d’empire, sym
816 sion des secrets. Cela a amené une sorte de prise de pouvoir de l’homme sur la nature. 6. L’idée d’empire, symbole d’un
817 crets. Cela a amené une sorte de prise de pouvoir de l’homme sur la nature. 6. L’idée d’empire, symbole d’universalité
818 de pouvoir de l’homme sur la nature. 6. L’idée d’ empire, symbole d’universalité 25 octobre 1968 La principale condit
819 mme sur la nature. 6. L’idée d’empire, symbole d’ universalité 25 octobre 1968 La principale condition d’agrégation d
820 salité 25 octobre 1968 La principale condition d’ agrégation d’un peuple à l’empire est celle-ci : ce peuple doit rendre
821 octobre 1968 La principale condition d’agrégation d’ un peuple à l’empire est celle-ci : ce peuple doit rendre hommage au d
822 qui régit l’histoire et qui est le principe vital de l’empire. Il en allait ainsi en Akkad, nous le savons par beaucoup d’
823 llait ainsi en Akkad, nous le savons par beaucoup d’ inscriptions, en Égypte, chez les Incas ; mais aussi, mutatis mutandis
824 cas ; mais aussi, mutatis mutandis, dans l’Empire d’ Alexandre et à Rome : Alexandre s’est déifié de son vivant, César est
825 re d’Alexandre et à Rome : Alexandre s’est déifié de son vivant, César est devenu Auguste. C’est parce que les premiers ch
826 chrétiens avaient compris ce caractère religieux d’ Auguste, qu’ils refusaient d’adorer César en tant qu’Auguste, qu’ils o
827 caractère religieux d’Auguste, qu’ils refusaient d’ adorer César en tant qu’Auguste, qu’ils ont été persécutés. 25 octobre
828 ont été persécutés. 25 octobre 1968 Pour les gens d’ Akkad, pour les Égyptiens, pour Alexandre le Grand, l’empire, c’est la
829 ipe du pouvoir mystique comme le chef rassembleur de tribus. Il est l’intermédiaire entre le dieu et l’homme qui vit dans
830 e entre le dieu et l’homme qui vit dans l’empire. D’ où l’adoration dont les empereurs ont toujours fait l’objet. On n’ador
831 en tant qu’individu, mais son symbole, une sorte de prêtrise qu’il représentait, la figure visible, et terrestre, du dieu
832 s, Alexandre, les empereurs romains. Ce caractère de vénération s’est étendu aussi à Charlemagne, et surtout aux empereurs
833 e 1968 Le caractère mystique, mondial et cosmique de l’empereur recule un peu, du fait qu’il y a plusieurs empires connus.
834 il y a plusieurs empires connus. Il est difficile de maintenir cette mythologie, quand on sait qu’en fait, il existe d’aut
835 ait, il existe d’autres empires. La justification de la globalité de l’empire devient alors de plus en plus symbolique. C’
836 ’autres empires. La justification de la globalité de l’empire devient alors de plus en plus symbolique. C’est à ce moment
837 mbolique. C’est à ce moment que se situe le début de la crise de l’empire, les nations vont en profiter pour se développer
838 est à ce moment que se situe le début de la crise de l’empire, les nations vont en profiter pour se développer contre lui
839 lui et contre la papauté qui est l’autre symbole d’ universalisme au Moyen Âge. 1er novembre 1968 Pendant des siècles, l’É
840 siècles, l’Église s’est vue exercer toutes sortes de fonctions : état civil (baptêmes, mariages), taxes et impôts, banque.
841 n est donc exercée par l’Église. L’empire n’a pas d’ État à sa disposition. Les seules institutions impériales connues étai
842 institutions impériales connues étaient la Diète d’ Empire, qui ne se réunissait guère que pour élire un nouvel empereur.
843 le xve siècle pour que soit proposée la création d’ un conseil d’empire, sans que l’on sache quelles auraient été ses attr
844 e pour que soit proposée la création d’un conseil d’ empire, sans que l’on sache quelles auraient été ses attributions. Cet
845 ttributions. Cette proposition n’a pas été suivie d’ effets réels. L’empire ne disposait pas d’appareil étatique. L’empereu
846 suivie d’effets réels. L’empire ne disposait pas d’ appareil étatique. L’empereur n’avait pas de trésor important. Il étai
847 t pas d’appareil étatique. L’empereur n’avait pas de trésor important. Il était souvent moins riche que ses vassaux. Il ét
848 e vivant. Il garantissait dans sa personne l’idée d’ unité, d’harmonie, de paix religieuse et universelle. Il maintenait l’
849 Il garantissait dans sa personne l’idée d’unité, d’ harmonie, de paix religieuse et universelle. Il maintenait l’idée de d
850 sait dans sa personne l’idée d’unité, d’harmonie, de paix religieuse et universelle. Il maintenait l’idée de droit, de lég
851 x religieuse et universelle. Il maintenait l’idée de droit, de légitimité du pouvoir. 7. Les sources principales de la
852 se et universelle. Il maintenait l’idée de droit, de légitimité du pouvoir. 7. Les sources principales de la culture eu
853 itimité du pouvoir. 7. Les sources principales de la culture européenne 25 octobre 1968 Le principe religieux sacral
854 ibu se fixe. C’est donc la tribu qui donne le nom de son totem à son territoire, et non l’inverse. La souveraineté territo
855 souveraineté territoriale se substitue, au début de l’époque néolithique, à la souveraineté religieuse du totem. C’est ce
856 , etc. 13 décembre 1968 Ce qui m’intéresse, c’est d’ évaluer ce que la Rome impériale a légué à l’existence et aux concepts
857 ts politiques des Européens : retenons les termes d’ État, de loi, d’institutions, et le mythe de l’empire ordonnateur et p
858 iques des Européens : retenons les termes d’État, de loi, d’institutions, et le mythe de l’empire ordonnateur et pacificat
859 s Européens : retenons les termes d’État, de loi, d’ institutions, et le mythe de l’empire ordonnateur et pacificateur, qui
860 ermes d’État, de loi, d’institutions, et le mythe de l’empire ordonnateur et pacificateur, qui va jouer un rôle considérab
861 qu’à nos jours. 27 février 1970 Le dernier groupe de valeurs de base de la civilisation occidentale sont les valeurs celte
862 urs. 27 février 1970 Le dernier groupe de valeurs de base de la civilisation occidentale sont les valeurs celtes, qu’il co
863 février 1970 Le dernier groupe de valeurs de base de la civilisation occidentale sont les valeurs celtes, qu’il convient d
864 tale sont les valeurs celtes, qu’il convient donc d’ ajouter aux valeurs grecques, romaines, chrétiennes et germaniques. (I
865 a Grèce a donné la polis, le citoyen et la notion d’ individu ; Rome, les institutions, l’État ; le monde germanique, les c
866 e, les communautés ; le monde chrétien, la notion de personne et d’un autre type de communauté interpersonnelle ; enfin, l
867 tés ; le monde chrétien, la notion de personne et d’ un autre type de communauté interpersonnelle ; enfin, le monde celtiqu
868 hrétien, la notion de personne et d’un autre type de communauté interpersonnelle ; enfin, le monde celtique, le mythe. Le
869 . On peut dire que toutes les valeurs affectives de l’Europe sont déterminées par cette origine celtique, ainsi que les v
870 ine celtique, ainsi que les valeurs individuelles de la quête spirituelle. Le triomphe des Celtes, dans leur échec, a été
871 e. Le triomphe des Celtes, dans leur échec, a été de parvenir à intérioriser le sens de l’aventure, là où les Grecs et les
872 r échec, a été de parvenir à intérioriser le sens de l’aventure, là où les Grecs et les Romains n’avaient jamais vu que de
873 les Romains n’avaient jamais vu que des paraboles de succès politique et social. 8. Les antinomies constitutives de la
874 que et social. 8. Les antinomies constitutives de la culture européenne 16 janvier 1969 « L’union n’a pas supprimé l
875 ées »… « Sans confusion ni séparation »… La forme de pensée qui s’exprime durant les conciles aura des conséquences incroy
876 ine politique. Les mêmes termes, les mêmes formes de pensée se retrouveront quand il s’agira de formuler les relations ent
877 formes de pensée se retrouveront quand il s’agira de formuler les relations entre États ou groupes autonomes réunis en féd
878 ie (ce qui est à peu près impossible logiquement) de penser ensemble des réalités qui sont, aux yeux de la raison, antinom
879 69 C’est dans l’amour du prochain, vrai fondement de la communauté nouvelle — amour du prochain qui n’est pas un sentiment
880 chain qui n’est pas un sentiment, mais une action de solidarité envers les autres — que saint Paul découvre la règle nouve
881 utres — que saint Paul découvre la règle nouvelle de l’harmonie entre les hommes, cette harmonie des libertés humaines qui
882 s grands penseurs grecs et aussi des stoïciens et de Marc-Aurèle. Le génie de saint Paul est d’avoir pu résumer tout cela
883 t aussi des stoïciens et de Marc-Aurèle. Le génie de saint Paul est d’avoir pu résumer tout cela dans l’antithèse la plus
884 ens et de Marc-Aurèle. Le génie de saint Paul est d’ avoir pu résumer tout cela dans l’antithèse la plus frappante et la pl
885 rappante et la plus simple, l’opposition du règne de la foi au règne de la loi, c’est-à-dire croyance intime à règle sacré
886 simple, l’opposition du règne de la foi au règne de la loi, c’est-à-dire croyance intime à règle sacrée, sociale. 24 avri
887 ociale. 24 avril 1970 Je pense qu’il est possible d’ unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unit
888 te raison littéralement fondamentale qu’une unité de base existe, sur laquelle fonder cette union. Il s’agit de l’unité d’
889 xiste, sur laquelle fonder cette union. Il s’agit de l’unité d’une culture, de laquelle participent tous les Européens, qu
890 laquelle fonder cette union. Il s’agit de l’unité d’ une culture, de laquelle participent tous les Européens, qu’ils soient
891 cette union. Il s’agit de l’unité d’une culture, de laquelle participent tous les Européens, qu’ils soient d’ailleurs « c
892 d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène et q
893 ure. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’ un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de
894 mogène et qui ne résulte pas d’un processus forcé d’ uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais
895 ésulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui, au contraire,
896 ocessus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’ exclusion de ce qui diffère, mais qui, au contraire, englobe, et compo
897 é d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui, au contraire, englobe, et compose largement
898 des valeurs bien souvent antinomiques, provenant d’ origines multiples, dont les contrastes et les combinaisons entretienn
899 . 24 avril 1970 Avec les trois sources classiques de la culture européenne, Athènes, Rome et Jérusalem, viennent confluer
900 droit communautaire et personnel, et les valeurs d’ honneur et de fidélité, la seconde apportant le sens du rêve et le gra
901 autaire et personnel, et les valeurs d’honneur et de fidélité, la seconde apportant le sens du rêve et le grand thème de l
902 conde apportant le sens du rêve et le grand thème de la quête aventureuse d’un Lancelot et d’un Perceval, symbole mystique
903 du rêve et le grand thème de la quête aventureuse d’ un Lancelot et d’un Perceval, symbole mystique. Faut-il enfin rappeler
904 nd thème de la quête aventureuse d’un Lancelot et d’ un Perceval, symbole mystique. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe,
905 mbres, mais qui est l’une des sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’on croi
906 sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ; l’a
907 xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures vari
908 variées à l’infini, mais dont la plus fréquente, de très loin, est le couple d’antinomies inséparables : autorité et libe
909 nt la plus fréquente, de très loin, est le couple d’ antinomies inséparables : autorité et liberté, individualisme et colle
910 ence, hérésie créatrice et saine doctrine, besoin de sécurité et goût du risque, conformité qui maintient les valeurs, ori
911 ns. Enfin, tout cela dénote l’Europe comme patrie de la diversité. 12 décembre 1969 L’individualisme et le collectivisme s
912 tout le xixe siècle. Tout y pousse : les effets de l’industrialisation, qui déracine les hommes des campagnes et les jet
913 sés en véritables communautés, ils n’offrent plus de résistance à l’alignement des esprits qui est le phénomène dominant d
914 ècle triompheront au xxe siècle, grâce à l’appui de la technique nouvellement développée. La seule protestation personnal
915 testation personnaliste du xixe siècle est celle de quelques grands hommes aberrants, comme Kierkegaard, Nietzsche, Proud
916 n, Baudelaire, Rimbaud, qui sentent monter autour d’ eux cet énorme mouvement de mise en ordre géométrique de l’homme et qu
917 sentent monter autour d’eux cet énorme mouvement de mise en ordre géométrique de l’homme et qui essaient de protester, ch
918 cet énorme mouvement de mise en ordre géométrique de l’homme et qui essaient de protester, chacun à sa manière, par des cr
919 e en ordre géométrique de l’homme et qui essaient de protester, chacun à sa manière, par des cris d’autant plus perçants q
920 t de protester, chacun à sa manière, par des cris d’ autant plus perçants qu’ils ont l’impression de n’être pas entendus. 1
921 is d’autant plus perçants qu’ils ont l’impression de n’être pas entendus. 15 mai 1970 L’homme de la Renaissance, c’est l’i
922 ssion de n’être pas entendus. 15 mai 1970 L’homme de la Renaissance, c’est l’individu au sens nouveau. Il ressemble à cert
923 sens nouveau. Il ressemble à certains types grecs de l’individu, mais est plus franchement prométhéen, démesuré, qui veut
924 urs aller plus loin. C’est la nouvelle conception de la liberté : le dépassement de toutes les limites. Pour l’homme de la
925 ouvelle conception de la liberté : le dépassement de toutes les limites. Pour l’homme de la Renaissance, l’ici-bas n’est p
926 e dépassement de toutes les limites. Pour l’homme de la Renaissance, l’ici-bas n’est plus, comme pour l’homme du Moyen Âge
927 st plus, comme pour l’homme du Moyen Âge, un lieu d’ attente. C’est ici et maintenant que tout se passe. Toutes les valeurs
928 a été exaltée par Nietzsche ; l’individu porteur de toutes les valeurs, l’individu « évaluateur ». C’est une sorte d’impé
929 leurs, l’individu « évaluateur ». C’est une sorte d’ impérialisme individuel, qui est créateur chez un artiste ou chez un h
930 qui est créateur chez un artiste ou chez un homme de science, qui deviendra très dangereux quand ce sera l’impérialisme in
931 dangereux quand ce sera l’impérialisme individuel d’ un prince, d’un général ou d’un homme d’État. 12 décembre 1969 La Révo
932 nd ce sera l’impérialisme individuel d’un prince, d’ un général ou d’un homme d’État. 12 décembre 1969 La Révolution frança
933 érialisme individuel d’un prince, d’un général ou d’ un homme d’État. 12 décembre 1969 La Révolution française, dans un sen
934 ir de la Révolution française que le rationalisme de Descartes va pouvoir développer tous ses effets sociaux, politiques e
935 toujours plus grande des valeurs individualistes d’ un côté, collectivistes de l’autre, avec un écart toujours plus grand
936 valeurs individualistes d’un côté, collectivistes de l’autre, avec un écart toujours plus grand entre les deux branches de
937 écart toujours plus grand entre les deux branches de cette dialectique. D’un côté, l’État s’empare de tout ce qui avant ét
938 and entre les deux branches de cette dialectique. D’ un côté, l’État s’empare de tout ce qui avant était activité responsab
939 de cette dialectique. D’un côté, l’État s’empare de tout ce qui avant était activité responsable de la personne : la souv
940 e de tout ce qui avant était activité responsable de la personne : la souveraineté de la personne est déléguée à l’État. S
941 vité responsable de la personne : la souveraineté de la personne est déléguée à l’État. Si bien que l’homme ainsi créé dev
942 nt de plus en plus un individu détaché, qui offre de moins en moins de résistance aux mesures géométriques et générales dé
943 un individu détaché, qui offre de moins en moins de résistance aux mesures géométriques et générales décrétées par l’État
944 ccidents, et alors la ville était livrée au règne de la force et non au règne de la raison. En faisant cette coupure, cett
945 était livrée au règne de la force et non au règne de la raison. En faisant cette coupure, cette dichotomie de l’homme, on
946 aison. En faisant cette coupure, cette dichotomie de l’homme, on peut dire que Descartes a introduit une espèce de schizop
947 on peut dire que Descartes a introduit une espèce de schizophrénie dans la conception de l’homme, qui a été fort utile à l
948 it une espèce de schizophrénie dans la conception de l’homme, qui a été fort utile à la technique. Cette dichotomie a perm
949 t utile à la technique. Cette dichotomie a permis de se livrer à la technique d’une manière qui n’aurait pas été possible
950 e dichotomie a permis de se livrer à la technique d’ une manière qui n’aurait pas été possible auparavant. Avant lui, on fa
951 ant lui, on faisait toujours attention à un total de l’homme, et aux réactions d’une chose sur l’autre. Descartes a donné
952 attention à un total de l’homme, et aux réactions d’ une chose sur l’autre. Descartes a donné champ libre à des expérimenta
953 s les peuples du continent ; et les foyers locaux de création, d’enseignement, d’invention. J’exclus totalement la troisiè
954 du continent ; et les foyers locaux de création, d’ enseignement, d’invention. J’exclus totalement la troisième base, qui
955 et les foyers locaux de création, d’enseignement, d’ invention. J’exclus totalement la troisième base, qui est celle qu’on
956 térature, n’a jamais coïncidé avec les frontières d’ une nation. Cela a été ou bien des grands courants comme l’art gothiqu
957 ique ou le surréalisme, ou bien des petits foyers de création, comme Padoue, Mantoue, Bruges, Gand, etc. 9. Unité, dive
958 sité, fédéralisme 26 novembre 1976 Les sources de la culture européenne sont très différenciées et nombreuses, la sourc
959 bes et plus tard slaves… Cela fait un joli paquet de contradictions et d’éléments qui ne sont pas près de s’harmoniser, ma
960 es… Cela fait un joli paquet de contradictions et d’ éléments qui ne sont pas près de s’harmoniser, mais qui font la riches
961 qui font la richesse et les tensions intérieures de l’Europe. Mais derrière tout cela, beaucoup d’éléments d’unité ; les
962 es de l’Europe. Mais derrière tout cela, beaucoup d’ éléments d’unité ; les mêmes mythologies, par exemple. Quand on parle
963 ope. Mais derrière tout cela, beaucoup d’éléments d’ unité ; les mêmes mythologies, par exemple. Quand on parle de la mytho
964 es mêmes mythologies, par exemple. Quand on parle de la mythologie grecque, tout le monde, à peu près, sait de quoi il s’a
965 thologie grecque, tout le monde, à peu près, sait de quoi il s’agit en Europe, et cela peut même définir l’esprit européen
966 ale. 8 mai 1970 Les grandes découvertes ont posé, de manière concrète, le problème fondamental de toutes les sciences : la
967 osé, de manière concrète, le problème fondamental de toutes les sciences : la comparaison. Grâce aux découvertes géographi
968 urope a été amenée à admettre, peu à peu, le fait d’ une très grande diversité des hommes, selon les continents, et à remet
969 e qui, auparavant, allait de soi. C’est l’origine de la contestation, c’est l’acte originel qui crée les sciences : étonne
970 nement et comparaison. Grâce aux voyages, l’homme de la Renaissance découvre la pluralité des peuples, des ethnies et des
971 s races, et ainsi se trouvent posés les principes de ce qui sera l’ethnographie, l’anthropologie. Cela posera aussi les pr
972 l’anthropologie. Cela posera aussi les problèmes de la philologie, de la sociologie comparée. 19 novembre 1976 Le fondeme
973 Cela posera aussi les problèmes de la philologie, de la sociologie comparée. 19 novembre 1976 Le fondement culturel, diron
974 sentiel pour définir, par exemple, la possibilité d’ une fédération européenne. On ne peut penser à une fédération, à une u
975 union des Européens que parce qu’il y a une unité de base, qui est une unité culturelle, sur laquelle on peut bâtir une un
976 n, c’est quelque chose que l’on fait, qui résulte d’ une action délibérée. 24 avril 1970 Si l’on me demande comment on peut
977 , en termes de structures politiques, cette unité de culture non unitaire et si hautement diversifiée qu’est la culture eu
978 ent par l’union dans la diversité, et cette forme d’ union porte un nom bien connu dans l’histoire des régimes politiques,
979 nu dans l’histoire des régimes politiques, c’est, de toute évidence : fédéralisme. Je ne vois pas d’autre forme d’union qu
980 , de toute évidence : fédéralisme. Je ne vois pas d’ autre forme d’union qui réponde à la double exigence du respect des di
981 dence : fédéralisme. Je ne vois pas d’autre forme d’ union qui réponde à la double exigence du respect des diversités et de
982 à la double exigence du respect des diversités et de l’instauration d’une force suffisante pour garantir leur concurrence
983 ce du respect des diversités et de l’instauration d’ une force suffisante pour garantir leur concurrence féconde, dans la p
984 concurrence féconde, dans la paix. Je ne vois pas d’ autre réponse imaginable au défi que l’histoire nous pose dans les ter
985 échappatoire possible désormais : s’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — cré
986 tés — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous
987 qui fait toute ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu
988 peut se fonder une union européenne. Aux apports d’ Athènes, de Rome, de Jérusalem soulignés par Paul Valéry, Denis de Rou
989 nder une union européenne. Aux apports d’Athènes, de Rome, de Jérusalem soulignés par Paul Valéry, Denis de Rougemont ajou
990 union européenne. Aux apports d’Athènes, de Rome, de Jérusalem soulignés par Paul Valéry, Denis de Rougemont ajoute ceux d
991 rands conciles dont les débats inaugurent un mode de pensée caractéristique de la culture européenne : l’idée d’union sans
992 bats inaugurent un mode de pensée caractéristique de la culture européenne : l’idée d’union sans fusion ni séparation, la
993 caractéristique de la culture européenne : l’idée d’ union sans fusion ni séparation, la dialectique toujours ouverte de l’
994 on ni séparation, la dialectique toujours ouverte de l’Un et du Divers, dont le fédéralisme est la transposition politique
995 édéralisme est la transposition politique. L’idée d’ empire est un autre produit marquant de la culture et de l’histoire eu
996 ue. L’idée d’empire est un autre produit marquant de la culture et de l’histoire européennes : pendant des siècles, dépour
997 re est un autre produit marquant de la culture et de l’histoire européennes : pendant des siècles, dépourvu de bureaucrati
998 toire européennes : pendant des siècles, dépourvu de bureaucratie et d’appareil étatique, le Saint-Empire (dont l’Empire n
999 pendant des siècles, dépourvu de bureaucratie et d’ appareil étatique, le Saint-Empire (dont l’Empire napoléonien est tout
1000 mement diverses sous la seule autorité symbolique de l’empereur. La culture constitue l’unité de base sur laquelle peut se
1001 lique de l’empereur. La culture constitue l’unité de base sur laquelle peut se fonder l’union des Européens dans leur dive
1002 ulture, une, est aussi plurale. Alors que l’unité de la culture nous est donnée, l’union est de l’ordre du faire, de la tâ
1003 ’unité de la culture nous est donnée, l’union est de l’ordre du faire, de la tâche à accomplir. Le fédéralisme correspond
1004 nous est donnée, l’union est de l’ordre du faire, de la tâche à accomplir. Le fédéralisme correspond à cet objectif, puisq
1005 bjectif, puisqu’il transcrit en actes le paradoxe de la culture européenne une et diverse : l’union y est conçue non pour
1006 qui tendent à disjoindre les antinomies typiques de la culture européenne ont un caractère réducteur et néfaste. Ainsi, l
1007 s, en fait et malgré ce que les États prétendent, de cultures nationales en Europe, seulement des diversités locales, régi
1008 des diversités locales, régionales, sur une trame d’ unité d’ensemble. Aujourd’hui, l’autorité de la “Science” équivaut à c
1009 rsités locales, régionales, sur une trame d’unité d’ ensemble. Aujourd’hui, l’autorité de la “Science” équivaut à celle qu’
1010 trame d’unité d’ensemble. Aujourd’hui, l’autorité de la “Science” équivaut à celle qu’avait la théologie au Moyen Âge. Mai
1011 ne perte du langage commun et, au-delà, une perte de conscience des finalités par rapport à une conception de l’homme dans
1012 cience des finalités par rapport à une conception de l’homme dans la société. Dans cette perspective, l’éducation a un rôl
1013 imentés grâce aux dépêches des agences nationales de presse. L’éducation doit plutôt, selon Denis de Rougemont, tendre ver
1014 nitiation et l’initiative, entre la socialisation de l’individu et la promotion de l’autonomie personnelle, entre l’appren
1015 re la socialisation de l’individu et la promotion de l’autonomie personnelle, entre l’apprentissage de la responsabilité e
1016 de l’autonomie personnelle, entre l’apprentissage de la responsabilité et l’exercice de la liberté. »
1017 ’apprentissage de la responsabilité et l’exercice de la liberté. »
5 1988, Inédits (extraits de cours). État-nation
1018 it reconnu par l’historiographie et la sociologie de langue française. L’État-nation, c’est la mainmise d’un appareil état
1019 angue française. L’État-nation, c’est la mainmise d’ un appareil étatique sur des réalités dites nationales, qui sont d’ord
1020 tique sur des réalités dites nationales, qui sont d’ ordre culturel, spirituel, ethnique, moral, des réalités de but commun
1021 ulturel, spirituel, ethnique, moral, des réalités de but commun, ou parfois des réalités d’origine commune. La nation est
1022 s réalités de but commun, ou parfois des réalités d’ origine commune. La nation est beaucoup plus vague, et pas nécessairem
1023 à partir de la Révolution française, et notamment de sa période jacobine, et ne s’est véritablement réalisée pour la premi
1024 t réalisée pour la première fois que par l’action de Napoléon. 24 avril 1970 Qu’est-ce, en somme, qu’instituer un État-nat
1025 t soumettre toute une nation aux pouvoirs absolus de l’État. C’est vouloir faire coïncider sur un même territoire, défini
1026 sort des guerres et aussitôt baptisé « sol sacré de la patrie », des réalités absolument hétérogènes qui n’ont aucune rai
1027 és absolument hétérogènes qui n’ont aucune raison d’ avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’économie, l’état civi
1028 encore, les idéologies et les religions, sommées de s’arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer, sans r
1029 les religions, sommées de s’arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer, sans recours, toute l’existence h
1030 s, toute l’existence humaine aux seules décisions de bureaux installés dans une seule capitale, et interdire toute allégea
1031 volution française, c’est l’État qui s’est emparé de la nation unitaire, produite par la dissolution des anciennes provinc
1032 ion des anciennes provinces. C’est donc une sorte de nationalisation de l’État, ou d’étatisation de la nation, ou encore l
1033 rovinces. C’est donc une sorte de nationalisation de l’État, ou d’étatisation de la nation, ou encore la confiscation d’un
1034 t donc une sorte de nationalisation de l’État, ou d’ étatisation de la nation, ou encore la confiscation d’une mystique — l
1035 te de nationalisation de l’État, ou d’étatisation de la nation, ou encore la confiscation d’une mystique — la mystique nat
1036 atisation de la nation, ou encore la confiscation d’ une mystique — la mystique nationale, libertaire — par un appareil adm
1037 ’État-nation moderne. 27 mai 1966 L’État des rois de France, d’une part, et d’autre part, l’État auquel amènent les progrè
1038 vinces-Unies de Hollande surtout, ces deux formes d’ État ne sont pas identiques. L’État imposé par les rois sera de plus e
1039 dis que l’État composé librement par des cités ou de petites communautés en fédérations restera toujours un moyen, au serv
1040 des citoyens, des libertés individuelles. L’État de type royal, français, repose sur le droit de la force, et l’autre rep
1041 État de type royal, français, repose sur le droit de la force, et l’autre repose sur la force des pactes uniquement. Il y
1042 a force des pactes uniquement. Il y a donc l’État de type préfédéral qui est un État instrumental, simplement, qui s’oppos
1043 9 novembre 1968 On peut réduire toute la doctrine de Hegel à un syllogisme : chaque nation incarne, à un moment de l’histo
1044 n syllogisme : chaque nation incarne, à un moment de l’histoire, une mission dominante, or, c’est l’État qui seul peut réa
1045 avec Hegel, qui, au fond, théorise la nation née de la Révolution française, contre Napoléon, mais exactement dans les mê
1046 exactement dans les mêmes catégories, à une sorte de transfert de l’idée de vocation personnelle au niveau collectif de la
1047 ns les mêmes catégories, à une sorte de transfert de l’idée de vocation personnelle au niveau collectif de la nation, de l
1048 es catégories, à une sorte de transfert de l’idée de vocation personnelle au niveau collectif de la nation, de l’État ; l’
1049 ’idée de vocation personnelle au niveau collectif de la nation, de l’État ; l’État considéré comme un individu, comme une
1050 ion personnelle au niveau collectif de la nation, de l’État ; l’État considéré comme un individu, comme une personne, qui
1051 fait élire consul à vie, prend, en 1804, le titre d’ empereur. C’est beaucoup plus un titre d’imperator qu’un titre d’emper
1052 le titre d’empereur. C’est beaucoup plus un titre d’ imperator qu’un titre d’empereur au sens du Saint-Empire ou de Charlem
1053 st beaucoup plus un titre d’imperator qu’un titre d’ empereur au sens du Saint-Empire ou de Charlemagne ou d’Alexandre. C’e
1054 qu’un titre d’empereur au sens du Saint-Empire ou de Charlemagne ou d’Alexandre. C’est un titre militaire. Napoléon a prét
1055 reur au sens du Saint-Empire ou de Charlemagne ou d’ Alexandre. C’est un titre militaire. Napoléon a prétendu fonder un vér
1056 se tourner vers l’Asie et reprendre les ambitions d’ Alexandre le Grand. Mais ce qu’il a effectivement créé en 1804 est un
1057 l a effectivement créé en 1804 est un État-nation de type nouveau, réalisant les ambitions de la Révolution française. Ce
1058 t-nation de type nouveau, réalisant les ambitions de la Révolution française. Ce n’est pas un empire, puisqu’on ne trouve
1059 universalité, qui sont les caractères distinctifs d’ un empire. 22 novembre 1968 L’État-nation de Napoléon se compose d’un
1060 ovembre 1968 L’État-nation de Napoléon se compose d’ un État copié sur l’Empire romain et d’une nation telle que venait de
1061 se compose d’un État copié sur l’Empire romain et d’ une nation telle que venait de la créer la Révolution française. Ou en
1062 réer la Révolution française. Ou encore, l’Empire de Napoléon, c’est une nation révolutionnaire et un imperium romain. 11
1063 le roi, pour l’État absolu, il n’est pas question de dire que le but de la société c’est que les hommes vivent bien et soi
1064 absolu, il n’est pas question de dire que le but de la société c’est que les hommes vivent bien et soient heureux, il est
1065 es vivent bien et soient heureux, il est question de dire que le but de l’État, c’est l’État, c’est la puissance, du roi o
1066 oient heureux, il est question de dire que le but de l’État, c’est l’État, c’est la puissance, du roi ou de l’État qui pre
1067 État, c’est l’État, c’est la puissance, du roi ou de l’État qui prendra sa place plus tard, de l’État-nation qui prendra e
1068 roi ou de l’État qui prendra sa place plus tard, de l’État-nation qui prendra exactement la place du roi absolu d’autrefo
1069 ion qui prendra exactement la place du roi absolu d’ autrefois. 20 mai 1977 Au total, on peut dire que la Révolution frança
1070 volution française, c’est l’État qui s’est emparé de la nation unitaire produite par la dissolution des anciennes communau
1071 lution des anciennes communautés, donc, une sorte de nationalisation de l’État, ou bien d’étatisation de la nation. Aujour
1072 s communautés, donc, une sorte de nationalisation de l’État, ou bien d’étatisation de la nation. Aujourd’hui, les partis s
1073 , une sorte de nationalisation de l’État, ou bien d’ étatisation de la nation. Aujourd’hui, les partis socialistes, et surt
1074 nationalisation de l’État, ou bien d’étatisation de la nation. Aujourd’hui, les partis socialistes, et surtout communiste
1075 socialistes, et surtout communistes, se défendent de vouloir étatiser en nationalisant les industries, or, pour moi, il n’
1076 vrier 1968 Nous avons vu à propos de la langue et de la religion, que ce ne sont pas des facteurs décisifs, surtout pas su
1077 cteur principal — sinon décisif à lui tout seul — de la formation des différentes nations au sens moderne ? Je pense que c
1078 ui est l’organisation territoriale : la formation de territoires, plus ou moins unifiés par une dynastie en général, en at
1079 unifiés par une dynastie en général, en attendant de l’être, dès la Révolution française, par l’appareil administratif de
1080 évolution française, par l’appareil administratif de l’État. 21 janvier 1966 On peut à la fois faire un très grand éloge d
1081 1966 On peut à la fois faire un très grand éloge de l’Empire romain, et on l’a fait. Les jacobins, par exemple, ont estim
1082 bins, par exemple, ont estimé que c’est le sommet de l’histoire humaine. Ou on peut aussi lui faire les reproches les plus
1083 es plus virulents, ce que l’on est beaucoup tenté de faire dans notre siècle. Bien entendu, les deux choses sont vraies, e
1084 raies, elles ne sont pas du tout exclusives l’une de l’autre. Ce qui m’intéresse dans cette recherche, c’est de voir ce qu
1085 e. Ce qui m’intéresse dans cette recherche, c’est de voir ce que Rome a légué à l’existence politique, à l’existence civiq
1086 ue, à l’existence civique des Européens : ce sens de l’État et de la loi, des institutions, de la légalité, qui, laissé se
1087 ence civique des Européens : ce sens de l’État et de la loi, des institutions, de la légalité, qui, laissé seul, ne donne
1088 ce sens de l’État et de la loi, des institutions, de la légalité, qui, laissé seul, ne donne qu’un État, l’État moderne ou
1089 mais sans lequel il ne saurait y avoir plus tard de fédération. C’est un élément, si vous voulez, nécessaire, mais non su
1090 gérer irrésistiblement qu’elles sont les origines de nos nations modernes. Voici une liste des traits caractéristiques des
1091 s : 1. La tribu est une totalité. 2. Son principe d’ union est d’abord religieux. 3. Son territoire est considéré comme le
1092 est un acte religieux. Ces sept caractéristiques de la tribu méritent d’être examinées de plus près, car elles correspond
1093 x. Ces sept caractéristiques de la tribu méritent d’ être examinées de plus près, car elles correspondent toutes à nos nati
1094 aut dans le passé, mais on ne trouve pas le terme de nation avant le xiiie siècle. Avant, les nations étaient les empires
1095 nt, les nations étaient les empires, qui sont nés de la réunion — plus ou moins forcée — de plusieurs tribus réunies par l
1096 i sont nés de la réunion — plus ou moins forcée — de plusieurs tribus réunies par le chef de l’une de ces tribus, ou domin
1097 forcée — de plusieurs tribus réunies par le chef de l’une de ces tribus, ou dominées par les dieux d’une de ces tribus, a
1098 de plusieurs tribus réunies par le chef de l’une de ces tribus, ou dominées par les dieux d’une de ces tribus, auxquels l
1099 de l’une de ces tribus, ou dominées par les dieux d’ une de ces tribus, auxquels les autres tribus adhèrent peu à peu. Troi
1100 ne de ces tribus, ou dominées par les dieux d’une de ces tribus, auxquels les autres tribus adhèrent peu à peu. Trois gran
1101 ngue vie latente dans l’empire, se sont pénétrées de l’idée qu’elles avaient chacune une vocation universelle. Ces prétent
1102 rétentions impériales usurpées vont se multiplier de la Renaissance jusqu’à nos jours. 25 octobre 1968 Littéralement, chaq
1103 i est le nombril du monde. Ce n’est pas une façon de parler : l’omphalos (nombril) désignait la capitale, le centre. On tr
1104 yloniens, les Égyptiens, les Hindous, les Pygmées d’ Afrique, les mages de la Perse zoroastrique, ou les mystiques de l’isl
1105 ns, les Hindous, les Pygmées d’Afrique, les mages de la Perse zoroastrique, ou les mystiques de l’islam. On trouve cette m
1106 mages de la Perse zoroastrique, ou les mystiques de l’islam. On trouve cette même conviction chez tous les chauvinistes e
1107 ction chez tous les chauvinistes et nationalistes de nos nations modernes : ma nation est le centre du monde, c’est par là
1108 mence avec la Révolution française, l’avant-garde de la Révolution a beaucoup insisté sur les aspects religieux de la Révo
1109 tion a beaucoup insisté sur les aspects religieux de la Révolution — qu’elle voulait substituer au christianisme — et sur
1110 substituer au christianisme — et sur la nécessité d’ avoir un centre sacré, qui était, pour les jacobins, la commune de Par
1111 e sacré, qui était, pour les jacobins, la commune de Paris (chez Anacharsis Cloots, par exemple). 25 octobre 1968 L’État-n
1112 t-nation est une combinaison relativement moderne de deux réalités, sociale et politique, beaucoup plus anciennes, d’origi
1113 s, sociale et politique, beaucoup plus anciennes, d’ origines complètement différentes — l’une étant la nation, et l’autre
1114 t à partir de la Révolution française, et surtout de Napoléon qu’a été créé ce composé qui se proclame souverain absolu et
1115 eci en dépit de toute connaissance un peu précise de l’histoire : car, ainsi que l’écrivait vers 1880 Ernest Renan dans un
1116 ation ? : « Les nations ne sont pas quelque chose d’ éternel. Elles ont commencé. Elles finiront. La confédération européen
1117  », est la phrase importante. Il s’agit pour nous de savoir quand et comment elles ont commencé, et comment elles se sont
1118 ment elles se sont développées ensuite. La notion d’ État a une genèse que l’on peut retracer. Connaître la genèse de l’Éta
1119 enèse que l’on peut retracer. Connaître la genèse de l’État et de la nation, les lois de leur évolution, peut nous permett
1120 n peut retracer. Connaître la genèse de l’État et de la nation, les lois de leur évolution, peut nous permettre de mieux é
1121 tre la genèse de l’État et de la nation, les lois de leur évolution, peut nous permettre de mieux évaluer la réalité prése
1122 , les lois de leur évolution, peut nous permettre de mieux évaluer la réalité présente, et de prévoir parfois leurs transf
1123 ermettre de mieux évaluer la réalité présente, et de prévoir parfois leurs transformations futures. 25 octobre 1968 Que je
1124 fondamentale : je définis la nation comme un type de communauté humaine, un idéal ; tandis que je définis l’État comme un
1125 1967 Quant aux traditionalistes, l’autre famille d’ esprit (avec les nationalistes) qui s’oppose ou croit devoir s’opposer
1126 ’oppose ou croit devoir s’opposer à toute formule d’ union, et surtout de fédération, je pense que leur opposition est moti
1127 oir s’opposer à toute formule d’union, et surtout de fédération, je pense que leur opposition est motivée par une confusio
1128 les nations. Vous voyez à quel point il est grave de confondre patrie et nation comme on le fait couramment. 29 avril 1967
1129 ns qui ont détruit l’attachement à la patrie sont de formation très récente. Elles ne remontent pas plus haut que la Révol
1130 iècle, à la suite de la Révolution et des guerres de l’Empire, l’ont fait contre les traditions des provinces, contre les
1131 omain germanique, et aussi contre l’unité vivante de l’Europe. Il est vrai que beaucoup des traditions qui ont été ainsi e
1132 été ainsi effacées par l’effort, par la violence de la Révolution française, étaient devenues sclérosées et auraient mené
1133 vue des traditionalistes, c’est une erreur totale de confondre nation et tradition. Les traditions que devrait défendre u
1134 ons que devrait défendre un traditionaliste digne de ce nom sont beaucoup plus anciennes que les nations, et ont été détru
1135 uites par les nations. Il est étrange à ce propos de constater que si tant de traditionalistes se rendent responsables de
1136 tant de traditionalistes se rendent responsables de cette confusion entre nation et patrie, c’est parce qu’ils manquent d
1137 tre nation et patrie, c’est parce qu’ils manquent de sens de l’histoire, ce qui est particulièrement grave pour des tradit
1138 on et patrie, c’est parce qu’ils manquent de sens de l’histoire, ce qui est particulièrement grave pour des traditionalist
1139 es, qui parlaient anglais, se sont-elles séparées de l’Angleterre ? Pourquoi les États-Unis et le Canada ne font-ils pas u
1140 seul pays ? Pourquoi s’est-on opposé aux volontés d’ Anschluss proclamées par Hitler ? Au nom de la francophonie, la France
1141 ncophonie, la France pourrait réclamer l’annexion de la Belgique wallonne, de la Suisse romande, du Val d’Aoste. Mais au n
1142 rait réclamer l’annexion de la Belgique wallonne, de la Suisse romande, du Val d’Aoste. Mais au nom de la même théorie, il
1143 a Belgique wallonne, de la Suisse romande, du Val d’ Aoste. Mais au nom de la même théorie, il faudrait que la France accep
1144 a même théorie, il faudrait que la France accepte de se diminuer des régions où on parle une autre langue que le français,
1145 e une autre langue que le français, en dépit de l’ édit de Villers-Cotterêts : l’Alsace, les Flandres, la Bretagne, les régio
1146 autre langue que le français, en dépit de l’édit de Villers-Cotterêts : l’Alsace, les Flandres, la Bretagne, les régions
1147 a Corse. Il faudrait changer entièrement la carte de l’Europe, et notamment de la France que l’on croit à tort entièrement
1148 er entièrement la carte de l’Europe, et notamment de la France que l’on croit à tort entièrement uniformisée, si l’on voul
1149 ique des nationalités qui a présidé aux « traités de banlieue » qui ont partagé les États successeurs de l’Autriche-Hongri
1150 banlieue » qui ont partagé les États successeurs de l’Autriche-Hongrie, après la Première Guerre mondiale. 31 janvier 196
1151 rre mondiale. 31 janvier 1969 Les quatre éléments d’ étatisation de l’existence humaine au xixe siècle étaient l’armée, l’
1152 31 janvier 1969 Les quatre éléments d’étatisation de l’existence humaine au xixe siècle étaient l’armée, l’école, la pres
1153 és dans les ouvrages historiques sur la formation de l’État et de la nation. Presque toutes les histoires (en tout cas cel
1154 uvrages historiques sur la formation de l’État et de la nation. Presque toutes les histoires (en tout cas celles écrites p
1155 s Européens de l’Est) sont fondées sur le critère de la langue. Cela correspond d’ailleurs à un sentiment très général, in
1156 esponde à une langue et inversement. Aux environs de 1840-1848, on en parlait en effet beaucoup, plusieurs révolutions pop
1157 Née avec la Révolution et l’Empire, la confusion de l’État et de la nation — le premier s’emparant des forces vives de la
1158 Révolution et l’Empire, la confusion de l’État et de la nation — le premier s’emparant des forces vives de la seconde pour
1159 a nation — le premier s’emparant des forces vives de la seconde pour les tourner vers la guerre — va s’achever (prendre fi
1160 914 étant une charnière. Le xixe siècle, à dater de 1815, s’achève en 1914. 25 octobre 1968 Le passage de la tribu totémi
1161 815, s’achève en 1914. 25 octobre 1968 Le passage de la tribu totémique aux empires s’est fait par l’impérialisme mystique
1162 rre, elle, favorise la concentration des pouvoirs de décision entre les mains d’un chef, elle oblige à mettre en commun to
1163 ntration des pouvoirs de décision entre les mains d’ un chef, elle oblige à mettre en commun toutes les forces physiques, é
1164 a formation des empires, c’est l’élément mystique de l’extension de l’autorité des dieux d’une tribu sur les tribus voisin
1165 empires, c’est l’élément mystique de l’extension de l’autorité des dieux d’une tribu sur les tribus voisines qui joue. Si
1166 t mystique de l’extension de l’autorité des dieux d’ une tribu sur les tribus voisines qui joue. Si l’État est une machine
1167 ibus voisines qui joue. Si l’État est une machine de guerre, on peut dire que l’empire est le résultat d’une croisade. C’e
1168 guerre, on peut dire que l’empire est le résultat d’ une croisade. C’est une réalité spirituelle et mystique. 25 octobre 19
1169 s qui composent un empire qu’on trouve la formule de passage entre les tribus primitives et les nations au sens moderne. S
1170 nations au sens moderne. Si les empires sont nés de tribus englobées et fixées sur un territoire de plus en plus détermin
1171 e de plus en plus déterminé, les nations naîtront de la dissociation des empires, par relâchement du lien sacral impérial,
1172 lâchement du lien sacral impérial, et par le fait de mouvements d’opposition de la partie au tout. Ainsi, on trouve, dans
1173 ien sacral impérial, et par le fait de mouvements d’ opposition de la partie au tout. Ainsi, on trouve, dans le second cara
1174 périal, et par le fait de mouvements d’opposition de la partie au tout. Ainsi, on trouve, dans le second caractère des emp
1175 ouve, dans le second caractère des empires, celui de vouloir former une totalité, la naissance d’un nouvel impérialisme :
1176 elui de vouloir former une totalité, la naissance d’ un nouvel impérialisme : les nations modernes ont d’abord voulu s’extr
1177 27 juin 1969 L’étape importante pour la formation de l’État moderne, c’est le début du xive siècle, où nous voyons se for
1178 e siècle, où nous voyons se former quelque chose de tout à fait nouveau dans la France de Philippe le Bel : l’État nation
1179 ar ses légistes qu’il ne reconnaît rien au-dessus de lui. En disant cela, il s’adresse à l’empereur et au pape. D’autre pa
1180 nstaller à Avignon, sous sa protection. Ce modèle de l’État moderne, commencé par la France, sera reproduit avec différent
1181 d, par l’Espagne et par l’Angleterre. Cette forme d’ État complètement neuve — qui ne ressemble en rien à l’État romain don
1182 romain dont elle n’a gardé que le droit et l’idée d’ institutions — est liée au territoire, au domaine d’un roi et d’une dy
1183 institutions — est liée au territoire, au domaine d’ un roi et d’une dynastie. Plus tard, à la Révolution française, cet Ét
1184 — est liée au territoire, au domaine d’un roi et d’ une dynastie. Plus tard, à la Révolution française, cet État sera lié
1185 lution française, cet État sera lié au territoire de l’ensemble du pays, de la nation. Ce n’est plus l’administration d’u
1186 tat sera lié au territoire de l’ensemble du pays, de la nation. Ce n’est plus l’administration d’un domaine privé du roi,
1187 ys, de la nation. Ce n’est plus l’administration d’ un domaine privé du roi, cela devient l’administration du domaine publ
1188 tration du domaine public du peuple, c’est-à-dire de la nation idéologique. L’idéologie devient très importante, et est im
1189 rès bien sous Napoléon. 1er novembre 1968 Le rôle de l’empereur est essentiellement celui de garant moral. Quand l’empereu
1190 8 Le rôle de l’empereur est essentiellement celui de garant moral. Quand l’empereur cessera d’être reconnu comme cette gar
1191 t celui de garant moral. Quand l’empereur cessera d’ être reconnu comme cette garantie suprême, les nations commenceront à
1192 ceront à se manifester comme telles. Les légistes de Philippe le Bel l’ont exprimé ainsi : « Le Roy de France est empereur
1193 de Philippe le Bel l’ont exprimé ainsi : « Le Roy de France est empereur en son royaume. » Je date la naissance des nation
1194 n son royaume. » Je date la naissance des nations de ce moment précis, au début du xive siècle. Le roi de France se consi
1195 empereur, déclare donc qu’il n’est plus le vassal de personne, qu’il se suffit à lui-même comme seul un « tout » peut le f
1196 e. (Je rappelle qu’un des traits caractéristiques de l’empire est la totalité.) Dans le cas de la France, et plus tard de
1197 stiques de l’empire est la totalité.) Dans le cas de la France, et plus tard de l’Angleterre et de l’Espagne, la partie ve
1198 totalité.) Dans le cas de la France, et plus tard de l’Angleterre et de l’Espagne, la partie veut se faire aussi grande qu
1199 cas de la France, et plus tard de l’Angleterre et de l’Espagne, la partie veut se faire aussi grande que le tout. 1er nove
1200 ais en se définissant dans le cadre administratif de l’Église. Les provinces ecclésiastiques sont une préfiguration des fu
1201 ion des futures nations. L’héritage administratif de l’Empire romain a été repris par l’Église. 3. De l’individualisme
1202 l’Empire romain a été repris par l’Église. 3. De l’individualisme au totalitarisme 27 janvier 1967 Une des phrases
1203 nd ils sont vivants, on ne peut pas les organiser d’ une manière géométrique. 29 mai 1970 Le Prince date de 1513, et tout
1204 manière géométrique. 29 mai 1970 Le Prince date de 1513, et tout le xvie siècle va illustrer cette dialectique de l’ana
1205 ut le xvie siècle va illustrer cette dialectique de l’anarchie individualiste et de l’absolutisme étatique, l’un appelant
1206 cette dialectique de l’anarchie individualiste et de l’absolutisme étatique, l’un appelant l’autre — dialectique qui culmi
1207 la majesté de l’État. 22 novembre 1968 La volonté d’ unification de Napoléon a fait un État-nation, certes, extrêmement sol
1208 l’État. 22 novembre 1968 La volonté d’unification de Napoléon a fait un État-nation, certes, extrêmement solide. Mais, dès
1209 religion, ou certaines grandes options politiques de base, cette centralisation a cessé d’être efficace ; elle est devenue
1210 politiques de base, cette centralisation a cessé d’ être efficace ; elle est devenue une sorte de démence, elle a créé tou
1211 essé d’être efficace ; elle est devenue une sorte de démence, elle a créé toutes les données d’un totalitarisme oppressif
1212 sorte de démence, elle a créé toutes les données d’ un totalitarisme oppressif à l’intérieur et impérialiste à l’extérieur
1213 e conduisant au-dedans, pour reprendre les termes de Benjamin Constant, à la « léthargie civique », et conduisant au-dehor
1214 rs à la guerre. 22 novembre 1968 Avec la création de l’Université de France, on touche à quelque chose de véritablement no
1215 22 novembre 1968 Avec la création de l’Université de France, on touche à quelque chose de véritablement nouveau : on veut
1216 l’Université de France, on touche à quelque chose de véritablement nouveau : on veut imposer l’uniformité des esprits. C’e
1217 ’il exige l’adhésion sentimentale et enthousiaste de toute la nation. Et pour cela, il est fatal et nécessaire qu’il s’en
1218 iie siècle, a été dans tous les siècles la force de contestation par excellence. La contestation a été depuis le début le
1219 ce. La contestation a été depuis le début le mode d’ enseignement et de discussion, le sic et non. 15 novembre 1968 L’idéol
1220 n a été depuis le début le mode d’enseignement et de discussion, le sic et non. 15 novembre 1968 L’idéologie jacobine — qu
1221 Cloots — va justifier les deux phénomènes majeurs de la Révolution française : la suppression de toutes les diversités rég
1222 jeurs de la Révolution française : la suppression de toutes les diversités régionales et la création d’un État centralisé 
1223 e toutes les diversités régionales et la création d’ un État centralisé ; l’impérialisme de fait de la Révolution française
1224 la création d’un État centralisé ; l’impérialisme de fait de la Révolution française, la chute de l’esprit missionnaire et
1225 ion d’un État centralisé ; l’impérialisme de fait de la Révolution française, la chute de l’esprit missionnaire et univers
1226 isme de fait de la Révolution française, la chute de l’esprit missionnaire et universel dans la défense de la patrie de la
1227 onnaire et universel dans la défense de la patrie de la Révolution, la France, ce qui conduira à un nouveau nationalisme,
1228 suppression des corps régionaux, la pulvérisation de la société, obligera les révolutionnaires à se demander qui va être l
1229 lutionnaires à se demander qui va être le porteur de la volonté générale de vingt-cinq-millions de Français. Ce sera évide
1230 der qui va être le porteur de la volonté générale de vingt-cinq-millions de Français. Ce sera évidemment l’État, qui appar
1231 eur de la volonté générale de vingt-cinq-millions de Français. Ce sera évidemment l’État, qui apparaît ainsi comme le comp
1232 t ainsi comme le complément concret et nécessaire de la nation, qui s’est presque évanouie dans l’abstrait. 12 juin 1970 L
1233 2 juin 1970 L’État-nation a été une des créations de l’Europe et doit nécessairement, par sa logique interne, devenir tota
1234 iques. L’Europe a failli, à deux reprises, mourir de l’application du système des États-nations et de leurs guerres fatale
1235 de l’application du système des États-nations et de leurs guerres fatales, en 1914-1918 et en 1939-1945. Ainsi a été démo
1236 t en 1939-1945. Ainsi a été démontrée la nocivité de cette valeur de l’État-nation. Mais cela ne l’empêche absolument pas
1237 Ainsi a été démontrée la nocivité de cette valeur de l’État-nation. Mais cela ne l’empêche absolument pas de continuer à r
1238 tat-nation. Mais cela ne l’empêche absolument pas de continuer à régner sur les esprits non seulement des Européens, mais
1239 sur les esprits non seulement des Européens, mais de tous les Occidentaux, et, de plus en plus, des gens du tiers-monde. 2
1240 oi les nationalistes s’opposent-ils à toute union de l’Europe, et notamment à la forme fédérale qu’ils tiennent pour un dé
1241 nnent pour un déguisement plus ou moins hypocrite de l’ambition unitariste ? Leur point de vue, et la réponse à la questio
1242 décembre 1966 par M. Michel Debré. À une question d’ un journaliste qui lui demandait pourquoi il s’était opposé, par exemp
1243 tre — il répondait qu’il était contre des mesures de ce genre parce qu’elles tendaient « à réduire la France à l’état de s
1244 qu’elles tendaient « à réduire la France à l’état de simple province ». Si nous commentons la phrase de Debré, ceci revien
1245 e simple province ». Si nous commentons la phrase de Debré, ceci revient à dire que des nationalistes de son type d’esprit
1246 Debré, ceci revient à dire que des nationalistes de son type d’esprit redoutent que l’Europe fasse à la France ce que la
1247 revient à dire que des nationalistes de son type d’ esprit redoutent que l’Europe fasse à la France ce que la France elle-
1248 moule, qu’elle a uniformisées, qu’elle a unifiées de force. Car ce type d’esprit, qui est en somme jacobin, ne peut rien i
1249 rmisées, qu’elle a unifiées de force. Car ce type d’ esprit, qui est en somme jacobin, ne peut rien imaginer d’autre qu’une
1250 , qui est en somme jacobin, ne peut rien imaginer d’ autre qu’une uniformisation autoritaire, ou alors il pense que ce n’es
1251 s et les autres — riches et à peu près équilibrés d’ un côté, pauvres et en crise sociale de l’autre côté ? Ne convient-il
1252 équilibrés d’un côté, pauvres et en crise sociale de l’autre côté ? Ne convient-il donc pas d’opposer plutôt deux types d’
1253 sociale de l’autre côté ? Ne convient-il donc pas d’ opposer plutôt deux types d’États-nations, les uns ayant été conduits
1254 convient-il donc pas d’opposer plutôt deux types d’ États-nations, les uns ayant été conduits à la dictature par une crise
1255 pu éviter ce terme ultime du développement normal de l’État-nation grâce à leur position économique et sociale favorable ?
1256 25 octobre 1968 La souveraineté est religieuse, de religio, religare = relier. La religion, c’est ce qui relie. Cela se
1257 t ce qui relie. Cela se vérifie dans tous les cas de fondation d’empire, que ce soient les deux premiers empires d’Akkad e
1258 e. Cela se vérifie dans tous les cas de fondation d’ empire, que ce soient les deux premiers empires d’Akkad et d’Égypte, o
1259 d’empire, que ce soient les deux premiers empires d’ Akkad et d’Égypte, ou plus tard l’Empire de la Chine, plus tard encore
1260 ue ce soient les deux premiers empires d’Akkad et d’ Égypte, ou plus tard l’Empire de la Chine, plus tard encore l’Empire d
1261 mpires d’Akkad et d’Égypte, ou plus tard l’Empire de la Chine, plus tard encore l’Empire des Incas, l’Empire persan, l’Emp
1262 ore l’Empire des Incas, l’Empire persan, l’Empire d’ Alexandre le Grand, l’Empire romain, l’Empire de Byzance. 18 avril 196
1263 e d’Alexandre le Grand, l’Empire romain, l’Empire de Byzance. 18 avril 1969 Le dogme clé, qui est l’équivalent de celui de
1264 18 avril 1969 Le dogme clé, qui est l’équivalent de celui de la toute-puissance divine, c’est le dogme de la souveraineté
1265 1969 Le dogme clé, qui est l’équivalent de celui de la toute-puissance divine, c’est le dogme de la souveraineté absolue
1266 elui de la toute-puissance divine, c’est le dogme de la souveraineté absolue et illimitée de l’État, souveraineté s’exerça
1267 le dogme de la souveraineté absolue et illimitée de l’État, souveraineté s’exerçant d’abord sur la nation (les hommes éta
1268 ion (les hommes étant considérés comme les sujets de l’État) et aussi à l’égard des autres États. Cela correspond à la fam
1269 Cela correspond à la fameuse phrase des légistes de Philippe le Bel, selon lesquels le roi de France est souverain en son
1270 u monde qui soit supérieur au sien, ni le pouvoir de l’empereur, ni celui du pape. Ce dogme ruine dans le principe toute e
1271 ape. Ce dogme ruine dans le principe toute espèce de droit international, et, en fait, ôte toute efficacité à des contrats
1272 novembre 1968 De même que pour Bodin, au sommet de l’existence politique de la république, il y a la justice, dont l’int
1273 ue pour Bodin, au sommet de l’existence politique de la république, il y a la justice, dont l’interprète est le souverain,
1274 ins appelaient salus patriae, cela prime tout, et de cela je suis le seul juge ; deuxièmement, loin derrière, il y a les c
1275 secondaire, c’est même tertiaire. La hiérarchie de Bodin est exactement reproduite. Le chef de l’État est le seul juge,
1276 juge, le seul interprète des intérêts supérieurs de la nation ; mépris pour le juridisme, pour les règles du droit et la
1277 règles du droit et la constitution, cette manière de renvoyer le droit romain ; idée que la souveraineté ne saurait être l
1278 15 janvier 1965 Ce qui a déclenché donc la guerre de 1939, ce sont au total, dans les très grandes lignes, les mêmes force
1279 les mêmes forces qui avaient déclenché la guerre de 1914 : c’est-à-dire le dogme de la souveraineté nationale, qui ne tra
1280 clenché la guerre de 1914 : c’est-à-dire le dogme de la souveraineté nationale, qui ne transige jamais, parce que c’est un
1281 rincipe des nationalités aboutissant à un système d’ enclaves, genre Dantzig et beaucoup d’autres — il y en avait des dizai
1282 amp des totalitaires poussé aux dernières limites de sa logique interne, c’est-à-dire à l’autarcie, c’est-à-dire à la reve
1283 c’est-à-dire à la revendication, pour une nation, de se suffire complètement à elle-même, et de se fermer à l’extérieur, s
1284 ation, de se suffire complètement à elle-même, et de se fermer à l’extérieur, selon la vieille utopie de Fichte. 19 novemb
1285 se fermer à l’extérieur, selon la vieille utopie de Fichte. 19 novembre 1976 La souveraineté jalouse et ombrageuse des Ét
1286 grand, l’obstacle constant, à travers les siècles de l’histoire de la Grèce ancienne, à la fédération. 29 avril 1967 En ré
1287 cle constant, à travers les siècles de l’histoire de la Grèce ancienne, à la fédération. 29 avril 1967 En réalité, la souv
1288 , la souveraineté est un concept devenu inopérant de nos jours. Il y a un exemple célèbre tout près de nous : la guerre de
1289 un exemple célèbre tout près de nous : la guerre de Suez. La première définition de la souveraineté nationale — avec le d
1290 nous : la guerre de Suez. La première définition de la souveraineté nationale — avec le droit de signer des traités — est
1291 tion de la souveraineté nationale — avec le droit de signer des traités — est que le gouvernement, l’État d’une nation sou
1292 ner des traités — est que le gouvernement, l’État d’ une nation souveraine peut déclarer la guerre et conclure la paix quan
1293 et l’Angleterre, qui avaient jugé bon et opportun de déclencher la guerre de Suez, se sont vues stoppées brutalement — com
1294 ient jugé bon et opportun de déclencher la guerre de Suez, se sont vues stoppées brutalement — comme on stoppe des joueurs
1295 toppées brutalement — comme on stoppe des joueurs de rugby — par les deux grandes puissances, la Russie et les États-Unis,
1296 n l’invoquant que nos pays peuvent encore refuser de s’unir. 5. État-nation et guerre 3 juin 1966 Les États sont né
1297 tion et guerre 3 juin 1966 Les États sont nés de la guerre : voilà ce qu’ont très bien vu Machiavel et Bodin. Ils sont
1298 bien vu Machiavel et Bodin. Ils sont nés d’abord de la guerre de Cent Ans ; ils sont nés des guerres entre les deux premi
1299 iavel et Bodin. Ils sont nés d’abord de la guerre de Cent Ans ; ils sont nés des guerres entre les deux premiers États bie
1300 res États européens ont été causées par le besoin de les raffermir, de raffermir le pouvoir de l’État sur une nation, puis
1301 s ont été causées par le besoin de les raffermir, de raffermir le pouvoir de l’État sur une nation, puis, par leur expansi
1302 besoin de les raffermir, de raffermir le pouvoir de l’État sur une nation, puis, par leur expansion coloniale, impérialis
1303 expansion coloniale, impérialiste — cette espèce de piraterie légalisée —, tendant à renforcer chaque État, mais aussi di
1304 aient les croisades. 1er novembre 1968 Il importe de rappeler la manière réelle dont les nations modernes se sont constitu
1305 ées. Elles se sont constituées par l’impérialisme d’ un petit État central, qui a, peu à peu, conquis les nations qui l’ent
1306 lles soient civiles ou étrangères, qu’il s’agisse d’ une guerre « froide » comme on dira dans notre siècle ou d’une guerre
1307 rre « froide » comme on dira dans notre siècle ou d’ une guerre déclarée, justifient le sacrifice, qu’on dit temporaire, de
1308 e, justifient le sacrifice, qu’on dit temporaire, de certaines libertés politiques à l’intérieur du pays. Or, on s’aperçoi
1309 ays. Or, on s’aperçoit qu’il n’est presque aucune de ces mesures d’urgence, d’union sacrée, prise par l’État, qui ait été
1310 perçoit qu’il n’est presque aucune de ces mesures d’ urgence, d’union sacrée, prise par l’État, qui ait été rapportée une f
1311 il n’est presque aucune de ces mesures d’urgence, d’ union sacrée, prise par l’État, qui ait été rapportée une fois que la
1312 fois que la paix est revenue. Ainsi, le mécanisme de l’État-nation conduit non seulement à la guerre, mais trouve dans la
1313 re, mais trouve dans la guerre, dans la poursuite de la guerre, les conditions du renforcement continuel de son pouvoir. 2
1314 guerre, les conditions du renforcement continuel de son pouvoir. 22 novembre 1968 La nation révolutionnaire est conçue dè
1315 but comme une religion missionnaire : il s’agit «  d’ imposer la liberté au genre humain tout entier », comme le disait Anac
1316 at va devenir impérialiste, en tant qu’instrument de la nation missionnaire. Et en retour, la guerre va renforcer l’État,
1317 étrangère — on suspend toujours un certain nombre de libertés, en affirmant que c’est temporaire, mais il est extrêmement
1318 moment où Napoléon prend le pouvoir, sous son nom de Bonaparte, on se rend compte que la nation, qui était une mystique qu
1319 État, va prendre le pouvoir sur tout, à la faveur de la guerre. J’ai souvent souligné ce mécanisme inévitable, cet engrena
1320 t souligné ce mécanisme inévitable, cet engrenage de la guerre qui renforce l’État pour sauver la nation, qui oblige à des
1321 à des mesures qui sont données comme des mesures de guerre, et qui ne sont jamais rapportées une fois la guerre finie. 27
1322 magne, pour des raisons différentes —, la logique de l’État-nation est portée à son comble de démence et cela donne l’État
1323 logique de l’État-nation est portée à son comble de démence et cela donne l’État totalitaire. La religion nationale y est
1324 e). L’État-nation aboutit logiquement à la guerre de 1914. L’État totalitaire aboutira non moins logiquement à la guerre t
1325 aboutira non moins logiquement à la guerre totale de 1939-1945. 27 juin 1969 Chacun va développer un nationalisme anti-que
1326 xixe siècle. Ceci mènera fatalement à la guerre de 1914. Il a cependant fallu tout un travail d’incubation pour imposer
1327 rre de 1914. Il a cependant fallu tout un travail d’ incubation pour imposer l’État-nation à l’ensemble des peuples europée
1328 cours du xixe siècle. Pendant ce siècle, qui va de 1815 à 1914, quatre facteurs d’étatisation agiront : la conscription
1329 ce siècle, qui va de 1815 à 1914, quatre facteurs d’ étatisation agiront : la conscription militaire universelle et obligat
1330 les curiosités) et la technique (horaires, voies de communication). On arrive ainsi à créer cette espèce d’unanimité qu’o
1331 munication). On arrive ainsi à créer cette espèce d’ unanimité qu’on appellera l’âme nationale. Tout cela fleurit vers 1880
1332 xxe siècle, tout est prêt pour que les théories de Hegel puissent se manifester, pour que l’Allemagne puisse partir en g
1333 agne puisse partir en guerre au nom de sa mission de Kultur, tandis que la France part en guerre au nom de sa mission de c
1334 que la France part en guerre au nom de sa mission de civilisation. Chaque pays a ainsi sa mission et se donne une bonne co
1335 uis cent-cinquante ans. Ainsi, la véritable cause de la guerre de 1914 est le nationalisme, on pourrait même dire la relig
1336 uante ans. Ainsi, la véritable cause de la guerre de 1914 est le nationalisme, on pourrait même dire la religion du nation
1337 s à la religion chrétienne. 16 mai 1969 La guerre de 1914 a éclaté d’une façon légitime, c’est-à-dire en parfaite logique
1338 hrétienne. 16 mai 1969 La guerre de 1914 a éclaté d’ une façon légitime, c’est-à-dire en parfaite logique avec les règles d
1339 onsolidées sans cesse pendant cent ans. La guerre de 1914 a éclaté au point de convergence géométrique de toutes les force
1340 ant cent ans. La guerre de 1914 a éclaté au point de convergence géométrique de toutes les forces constitutives de l’État-
1341 1914 a éclaté au point de convergence géométrique de toutes les forces constitutives de l’État-nation né de la Révolution
1342 ce géométrique de toutes les forces constitutives de l’État-nation né de la Révolution et de l’Empire napoléonien, et comm
1343 utes les forces constitutives de l’État-nation né de la Révolution et de l’Empire napoléonien, et comme la conclusion logi
1344 titutives de l’État-nation né de la Révolution et de l’Empire napoléonien, et comme la conclusion logique de leur dialecti
1345 mpire napoléonien, et comme la conclusion logique de leur dialectique interne, s’imposant aux hommes d’État, quelle qu’ait
1346 t les ministres n’ont pas été les seules victimes de cette fatalité logique du régime nationaliste. Les peuples aussi, et
1347 ’on le veuille ou non. À part certains dirigeants de l’Autriche-Hongrie, personne n’a voulu ce qui s’est passé. 20 juin 19
1348 Pour réaliser une autarcie — qui est le problème de base d’un État totalitaire —, il faut un gouvernement centralisé très
1349 aliser une autarcie — qui est le problème de base d’ un État totalitaire —, il faut un gouvernement centralisé très fort, u
1350 ice, une idéologie uniforme. Rien ne permet mieux de réaliser tout cela que la menace de guerre et la préparation à la gue
1351 permet mieux de réaliser tout cela que la menace de guerre et la préparation à la guerre. J’avais ainsi écrit en 1934 : «
1352 crit en 1934 : « L’État totalitaire, c’est l’état de guerre. » 24 janvier 1969 Ce qui fait la grande force de l’État, c’es
1353 re. » 24 janvier 1969 Ce qui fait la grande force de l’État, c’est aussi la machine, parce que, à mesure que les machines
1354 ant la bombe atomique, qui est devenue le symbole de la puissance de l’État. 6. Dimension de l’état et problèmes des fr
1355 mique, qui est devenue le symbole de la puissance de l’État. 6. Dimension de l’état et problèmes des frontières 27 j
1356 ymbole de la puissance de l’État. 6. Dimension de l’état et problèmes des frontières 27 juin 1969 Bien que cette for
1357 Bien que cette formule ait donné lieu au massacre de 38 millions d’hommes, l’État-nation garde encore assez de force pour
1358 formule ait donné lieu au massacre de 38 millions d’ hommes, l’État-nation garde encore assez de force pour pouvoir s’oppos
1359 llions d’hommes, l’État-nation garde encore assez de force pour pouvoir s’opposer à l’union des pays européens. Aucun de n
1360 oir s’opposer à l’union des pays européens. Aucun de nos États-nations européens n’est assez grand pour jouer un rôle à l’
1361 à l’échelle internationale. En même temps, chacun de nos États-nations se révèle trop grand pour animer vraiment l’économi
1362 ur animer vraiment l’économie, la culture, la vie de ses régions. L’État-nation est donc, aujourd’hui, à la fois trop gran
1363 la France à étudier des formules nouvelles, celle de la régionalisation, par exemple. Ce mouvement se développe dans tous
1364 ple. Ce mouvement se développe dans tous les pays d’ Europe. On en arrive donc, aujourd’hui, à concevoir que la formule de
1365 ive donc, aujourd’hui, à concevoir que la formule de l’État-nation — mise au point par Napoléon — a fait son temps, qu’ell
1366 politiques, ni économiques, encore moins sociales de la fin du xxe siècle. Mais qu’elle est encore assez solide pour rési
1367 core assez solide pour résister à d’autres formes d’ union imaginables, notamment à la forme fédérale. 22 novembre 1968 Le
1368 forme fédérale. 22 novembre 1968 Le premier vice de cet État-nation centralisé napoléonien, nous l’avons déjà décelé en p
1369 us l’avons déjà décelé en parlant des jacobins et de leur fausse interprétation de la pensée de Rousseau : ils ont appliqu
1370 ant des jacobins et de leur fausse interprétation de la pensée de Rousseau : ils ont appliqué à des dimensions trop grande
1371 ins et de leur fausse interprétation de la pensée de Rousseau : ils ont appliqué à des dimensions trop grandes certaines r
1372 randes certaines réalités qui se trouvent changer de valeur quand on change d’échelle. Par exemple, comment exercer réelle
1373 qui se trouvent changer de valeur quand on change d’ échelle. Par exemple, comment exercer réellement ses droits civiques d
1374 er réellement ses droits civiques dans une nation de 25 millions d’habitants complètement unifiée, c’est-à-dire où il n’y
1375 es droits civiques dans une nation de 25 millions d’ habitants complètement unifiée, c’est-à-dire où il n’y a plus aucun co
1376 par la Révolution et l’État central ? Un bulletin de vote tous les sept ans, ou tous les cinq ans, ce n’est pas l’exercice
1377 ns, ou tous les cinq ans, ce n’est pas l’exercice d’ une vie civique. De même, on peut dire que l’université n’existe plus
1378 plus quand on en arrive à des chiffres comme ceux de Paris ce printemps, 160 000 étudiants. 29 mai 1970 Un excès d’individ
1379 rintemps, 160 000 étudiants. 29 mai 1970 Un excès d’ individualisme conduit les hommes à une espèce de vertige ; cela les c
1380 d’individualisme conduit les hommes à une espèce de vertige ; cela les conduit à rechercher un cadre fixe et stable, donc
1381 est soumis à l’État, pas seulement les questions d’ état civil, d’armée et d’impôts, mais aussi les questions religieuses 
1382 l’État, pas seulement les questions d’état civil, d’ armée et d’impôts, mais aussi les questions religieuses : c’est à ce m
1383 seulement les questions d’état civil, d’armée et d’ impôts, mais aussi les questions religieuses : c’est à ce moment qu’on
1384 gio, ejus religio. Quand on a accepté cet extrême de l’absolutisation de l’État, qui commande même aux croyances les plus
1385 uand on a accepté cet extrême de l’absolutisation de l’État, qui commande même aux croyances les plus intimes et les plus
1386 l’État totalitaire est là en puissance. Le comble de la prétention absolutiste se manifeste donc dès le début de l’apparit
1387 ention absolutiste se manifeste donc dès le début de l’apparition de l’État moderne. Le véritable absolu pour l’homme mode
1388 te se manifeste donc dès le début de l’apparition de l’État moderne. Le véritable absolu pour l’homme moderne sera désorma
1389 moins mystique, qui se matérialise sous la forme de l’armée, de la police et de la justice. 14 janvier 1977 L’origine de
1390 que, qui se matérialise sous la forme de l’armée, de la police et de la justice. 14 janvier 1977 L’origine de ce qui sera
1391 rialise sous la forme de l’armée, de la police et de la justice. 14 janvier 1977 L’origine de ce qui sera la nation imposa
1392 olice et de la justice. 14 janvier 1977 L’origine de ce qui sera la nation imposant les mêmes frontières à toutes les facu
1393 utes les facultés humaines et à tous les domaines de l’activité humaine, que ce soit économie, état civil, culture, langue
1394 ue, religion ou idéologie, c’est la particularité de l’État moderne, de l’État-nation moderne, d’imposer la même frontière
1395 ologie, c’est la particularité de l’État moderne, de l’État-nation moderne, d’imposer la même frontière à toutes les chose
1396 rité de l’État moderne, de l’État-nation moderne, d’ imposer la même frontière à toutes les choses qui sont, par nature, co
1397 , complètement différentes et n’ont aucune raison de coïncider sur un même territoire. Mais cette idée que tout ce que fai
1398 ans le même domaine, c’est féodal, c’est l’esprit de la féodalité, qui n’est absolument pas l’esprit de la fédération. 27
1399 e la féodalité, qui n’est absolument pas l’esprit de la fédération. 27 juin 1969 Après la guerre de 1914, on n’arrive pas
1400 it de la fédération. 27 juin 1969 Après la guerre de 1914, on n’arrive pas à surmonter le nationalisme et la formule stato
1401 aire, on décide, avec l’aide du président Wilson, de pousser encore plus loin le découpage nationalitaire de l’Europe, d’a
1402 sser encore plus loin le découpage nationalitaire de l’Europe, d’après des critères du xviiie ou du xixe siècle romantiq
1403 sintégration des empires et le triomphe définitif de la formule stato-nationale sur les restes de la conception impériale,
1404 itif de la formule stato-nationale sur les restes de la conception impériale, qui avait été celle du Saint-Empire romain g
1405 ’est opérée en 1919 et 1920, lors de la signature d’ une série de traités de paix, appelés les « traités de banlieue ». Ces
1406 en 1919 et 1920, lors de la signature d’une série de traités de paix, appelés les « traités de banlieue ». Ces traités de
1407 1920, lors de la signature d’une série de traités de paix, appelés les « traités de banlieue ». Ces traités de banlieue on
1408 e série de traités de paix, appelés les « traités de banlieue ». Ces traités de banlieue ont été inspirés par toutes les t
1409 appelés les « traités de banlieue ». Ces traités de banlieue ont été inspirés par toutes les théories nationalitaires rom
1410 it aider : les échanges culturels, les mouvements de personnes, la concertation rationnelle des productions industrielles
1411 tre : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des fleuves, les attaques aériennes, les ondes de la propaga
1412 et des fleuves, les attaques aériennes, les ondes de la propagande et les grandes contagions dites idéologiques. Ils empêc
1413 ions dites idéologiques. Ils empêchent simplement de bien traiter ces problèmes. Ce statut des frontières, doublement défi
1414 tières, doublement déficient, est caractéristique de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est
1415 ance, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne — est loin d’ être une chose qui a toujours existé et qui existera toujours, mais le
1416 rs existé et qui existera toujours, mais le fruit d’ une évolution historique qui remonte à la rébellion de Philippe le Bel
1417 e évolution historique qui remonte à la rébellion de Philippe le Bel contre l’autorité de l’empereur et du pape, puis qui
1418 la rébellion de Philippe le Bel contre l’autorité de l’empereur et du pape, puis qui s’est développée sous sa forme actuel
1419 ançaise et des guerres napoléoniennes. Cette idée de “nation” correspond en fait à la mainmise d’un appareil étatique sur
1420 idée de “nation” correspond en fait à la mainmise d’ un appareil étatique sur des réalités dites “nationales”. C’est pourqu
1421 tes des années 1930 ont baptisé ce système du nom d’ État-nation. Ses caractéristiques sont une uniformisation, une central
1422 ’intérieur des frontières “naturelles” ; le culte de l’indépendance, de la souveraineté sans atteintes, préparant la guerr
1423 tières “naturelles” ; le culte de l’indépendance, de la souveraineté sans atteintes, préparant la guerre et refusant l’uni
1424 rant la guerre et refusant l’union dans un esprit de clocher en somme très féodal. Par bien des aspects, le nationalisme o
1425 bu primitive assoit son identité. À la différence de l’État stato-national promu à la majesté d’une pseudo-divinité anthro
1426 rence de l’État stato-national promu à la majesté d’ une pseudo-divinité anthropomorphique, l’État fédéral est conçu unique
1427 écisions, sans aller au-delà. Également distincte de l’idée d’État-nation (dont procède l’“Empire” napoléonien) est la not
1428 sans aller au-delà. Également distincte de l’idée d’ État-nation (dont procède l’“Empire” napoléonien) est la notion d’empi
1429 ont procède l’“Empire” napoléonien) est la notion d’ empire (dont l’exemple est le Saint-Empire) basée sur l’universalité e
1430 pluralisme symbolisés et garantis par la personne de l’empereur. Les moyens d’action de l’État stato-national sont princip
1431 arantis par la personne de l’empereur. Les moyens d’ action de l’État stato-national sont principalement l’armée, l’école,
1432 ar la personne de l’empereur. Les moyens d’action de l’État stato-national sont principalement l’armée, l’école, l’informa
1433 at totalitaire fait son ciment. L’État se nourrit de l’individualisme des citoyens, et l’État-nation s’est développé en pu
1434 s hommes trouvaient leurs repères et leurs motifs d’ agir. L’État-nation est un produit de l’histoire européenne dont l’Eur
1435 leurs motifs d’agir. L’État-nation est un produit de l’histoire européenne dont l’Europe a souvent pâti (les deux guerres
1436 vent pâti (les deux guerres mondiales, les échecs de la construction européenne à l’heure actuelle). De nos jours, la souv
1437 e la construction européenne à l’heure actuelle). De nos jours, la souveraineté nationale n’est plus qu’une fiction, car d
1438 es faits, aucun des États d’Europe n’a les moyens d’ agir à sa guise même s’il le voulait, aucun n’est réellement indépenda
1439 nationale, trop grand pour promouvoir des espaces de participation civique, animer l’économie, la culture, la vie des régi
1440 cace que négativement, pour entraver les échanges de tous ordres, pour alimenter la pollution aux frontières, la course au
1441 nt rendue plus nécessaire encore par la situation de dépendance et d’impuissance dans laquelle se débat chacun de nos État
1442 cessaire encore par la situation de dépendance et d’ impuissance dans laquelle se débat chacun de nos États. Il faut dire q
1443 ce et d’impuissance dans laquelle se débat chacun de nos États. Il faut dire que la vision stato-nationale empêche de pens
1444 l faut dire que la vision stato-nationale empêche de penser l’Europe unie autrement qu’en termes de pouvoir supranational,
1445 t qu’en termes de pouvoir supranational, qui sert de repoussoir, à juste titre, car il se trouve qu’aucun État-nation ne v
1446 es frontières. À cette supranationalité, synonyme d’ uniformisation, s’oppose le fédéralisme basé sur l’union volontaire de
6 1988, Inédits (extraits de cours). Europe
1447 Europee 1. Traits caractéristiques de la culture européenne 17 février 1964 Si l’Europe ne s’est pas uni
1448 peut dire à leurs dépens, toutes les possibilités de l’absolutisme, du nationalisme, de l’État unitaire royal ou jacobin,
1449 s possibilités de l’absolutisme, du nationalisme, de l’État unitaire royal ou jacobin, de l’anarchie des nations souverain
1450 ationalisme, de l’État unitaire royal ou jacobin, de l’anarchie des nations souveraines, finalement du totalitarisme qui e
1451 totalitarisme qui est, en quelque sorte, la somme de toutes ces folies. Les Européens ont été non seulement les créateurs
1452 été non seulement les créateurs et les inventeurs de tous ces systèmes, mais ils ont été leurs cobayes — tous ces systèmes
1453 propre paix et à leurs propres idéaux, chrétiens, d’ humanité, de genre humain. On dirait qu’il y a une sorte de loi qui vo
1454 et à leurs propres idéaux, chrétiens, d’humanité, de genre humain. On dirait qu’il y a une sorte de loi qui voudrait que l
1455 é, de genre humain. On dirait qu’il y a une sorte de loi qui voudrait que la raison ne puisse pas s’imposer aux Européens
1456 s effets. 11 novembre 1966 En chemin vers l’idéal de puissance, vous trouvez, par exemple, le règne de Louis XIV, le stali
1457 de puissance, vous trouvez, par exemple, le règne de Louis XIV, le stalinisme, le marxisme-léninisme, les jacobins et leur
1458 nisme, les jacobins et leur idéal, et les devises de ces régimes. En chemin vers l’autre utopie, l’autre idéal, celui de l
1459 chemin vers l’autre utopie, l’autre idéal, celui de liberté, de pluralisme, vous trouvez, par exemple, le régime féodal d
1460 l’autre utopie, l’autre idéal, celui de liberté, de pluralisme, vous trouvez, par exemple, le régime féodal du haut Moyen
1461 sées au régime féodal, mais étaient le même genre de pluralisme de choses extrêmement complexes, plus ou moins mal articul
1462 féodal, mais étaient le même genre de pluralisme de choses extrêmement complexes, plus ou moins mal articulées ; vous tro
1463 premières expériences pas complètement réalisées de fédéralisme ; vous trouvez aussi l’idée primitive des soviets, avant
1464 si à les mettre au pas, c’est-à-dire les conseils d’ usines, les conseils d’ouvriers et de paysans, qu’on dit avoir été ins
1465 c’est-à-dire les conseils d’usines, les conseils d’ ouvriers et de paysans, qu’on dit avoir été inspirés à Lénine par l’ex
1466 les conseils d’usines, les conseils d’ouvriers et de paysans, qu’on dit avoir été inspirés à Lénine par l’exemple des comm
1467 soviets, où il voyait, à juste titre, un ferment d’ anarchie, ou de liberté en tout cas. Il a tout fait pour réduire leur
1468 voyait, à juste titre, un ferment d’anarchie, ou de liberté en tout cas. Il a tout fait pour réduire leur pouvoir et les
1469 t fait pour réduire leur pouvoir et les organiser d’ une manière quasi militaire. Vous trouvez aussi, dans cette même tradi
1470 re. Vous trouvez aussi, dans cette même tradition de régimes qui tendent à la liberté plutôt qu’à la puissance, les flambé
1471 la liberté plutôt qu’à la puissance, les flambées de communisme spirituel dans certaines villes allemandes, qu’on a appelé
1472 Réforme ; en partie aussi, l’anarcho-syndicalisme d’ école espagnole ; enfin, le fédéralisme, ou les réalisations qu’on a e
1473 uissance ni une puissance pure sans aucun élément de liberté. L’Européen normal vit quelque part entre ces deux extrémités
1474 ais on remarque tout de même chez les initiateurs de mouvements de pensée et d’action politique certaines dispositions dom
1475 e tout de même chez les initiateurs de mouvements de pensée et d’action politique certaines dispositions dominantes qui dé
1476 e chez les initiateurs de mouvements de pensée et d’ action politique certaines dispositions dominantes qui déterminent net
1477 traits, comme le fait qu’il choisit ses arguments de préférence dans le domaine mécanique ou dans la géométrie, tandis que
1478 Celui qui veut la puissance se préoccupe surtout d’ imposer des cadres rigides et géométriques ; l’autre se préoccupe plut
1479 des et géométriques ; l’autre se préoccupe plutôt d’ animer des forces vives, de les faire jouer, de les articuler plus ou
1480 re se préoccupe plutôt d’animer des forces vives, de les faire jouer, de les articuler plus ou moins entre elles. Celui qu
1481 ôt d’animer des forces vives, de les faire jouer, de les articuler plus ou moins entre elles. Celui qui veut la puissance
1482 es. Celui qui veut la puissance se soucie surtout de stabilité, d’ordre ; l’autre se soucie plutôt de souplesse, il fait c
1483 veut la puissance se soucie surtout de stabilité, d’ ordre ; l’autre se soucie plutôt de souplesse, il fait confiance à des
1484 de stabilité, d’ordre ; l’autre se soucie plutôt de souplesse, il fait confiance à des règles d’action commune souples, t
1485 utôt de souplesse, il fait confiance à des règles d’ action commune souples, tandis que l’un ne fait confiance qu’au règlem
1486 tout le continent et va bien au-delà, communauté de jugement, de valeurs morales, de conception de la vie, de sentiment d
1487 inent et va bien au-delà, communauté de jugement, de valeurs morales, de conception de la vie, de sentiment des choses, d’
1488 delà, communauté de jugement, de valeurs morales, de conception de la vie, de sentiment des choses, d’approche des situati
1489 té de jugement, de valeurs morales, de conception de la vie, de sentiment des choses, d’approche des situations. J’ai mont
1490 ent, de valeurs morales, de conception de la vie, de sentiment des choses, d’approche des situations. J’ai montré que les
1491 de conception de la vie, de sentiment des choses, d’ approche des situations. J’ai montré que les sources de notre culture
1492 roche des situations. J’ai montré que les sources de notre culture commune sont nombreuses, souvent contradictoires entre
1493 ntradictoires entre elles, ce qui donne une unité de culture non unitaire. Paul Valéry disait qu’il appelait « européen »
1494 À ces trois sources, s’ajoutent la source celte ( d’ où viennent les romans, une grande partie de la littérature européenne
1495 elte (d’où viennent les romans, une grande partie de la littérature européenne, les idées de chevalerie, les doctrines de
1496 de partie de la littérature européenne, les idées de chevalerie, les doctrines de la passion), les valeurs germaniques, ex
1497 uropéenne, les idées de chevalerie, les doctrines de la passion), les valeurs germaniques, extrêmement importantes, puisqu
1498 ue les Germains ont recouvert la presque totalité de l’Empire romain, y compris l’Espagne, et enfin les valeurs arabes (la
1499 Espagne, et enfin les valeurs arabes (la conquête de l’Espagne par les Arabes a duré des siècles, les croisades ont égalem
1500 ècles, les croisades ont également été l’occasion d’ échanges culturels entre le monde arabe et le monde chrétien) et l’app
1501 e, danse, peinture abstraite). Paradoxe : la base d’ unité réelle de tous les Européens est leur culture ; cette culture es
1502 ure abstraite). Paradoxe : la base d’unité réelle de tous les Européens est leur culture ; cette culture est formée de sou
1503 péens est leur culture ; cette culture est formée de sources si diverses que beaucoup de ses valeurs se trouvent en contra
1504 ion. 17 décembre 1976 Si on veut se rendre compte de ce qu’est l’unité européenne dans sa diversité, il faut bien comprend
1505 re les différences entre les valeurs qui viennent d’ Athènes, de Jérusalem, de la grande plaine du Nord, car elles sont par
1506 érences entre les valeurs qui viennent d’Athènes, de Jérusalem, de la grande plaine du Nord, car elles sont partiellement
1507 les valeurs qui viennent d’Athènes, de Jérusalem, de la grande plaine du Nord, car elles sont partiellement contradictoire
1508 s sont partiellement contradictoires, ce qui fait de l’homme européen un être profondément et essentiellement de conflit,
1509 européen un être profondément et essentiellement de conflit, de contradiction, de diversification considérable. 21 avril
1510 être profondément et essentiellement de conflit, de contradiction, de diversification considérable. 21 avril 1967 Le prem
1511 et essentiellement de conflit, de contradiction, de diversification considérable. 21 avril 1967 Le premier motif de résis
1512 tion considérable. 21 avril 1967 Le premier motif de résistance est la diversité telle qu’elle est donnée par une longue h
1513 telle qu’elle est donnée par une longue histoire de nos pays. Nous avons dit que cette diversité n’est pas seulement un o
1514 oi, et précieuse. Autant on peut dire que l’union de nos pays est nécessaire pour le salut de chacun d’eux et le salut de
1515 l’union de nos pays est nécessaire pour le salut de chacun d’eux et le salut de l’ensemble, autant il nous faut dire du m
1516 e nos pays est nécessaire pour le salut de chacun d’ eux et le salut de l’ensemble, autant il nous faut dire du même souffl
1517 essaire pour le salut de chacun d’eux et le salut de l’ensemble, autant il nous faut dire du même souffle que la diversité
1518 que la diversité est la caractéristique profonde de l’Europe et qu’elle rend compte des richesses culturelles des Europée
1519 s culturelles des Européens, du très grand nombre d’ écoles de pensée, d’art, qui s’y sont manifestées, de l’extrême riches
1520 lles des Européens, du très grand nombre d’écoles de pensée, d’art, qui s’y sont manifestées, de l’extrême richesse en ind
1521 ropéens, du très grand nombre d’écoles de pensée, d’ art, qui s’y sont manifestées, de l’extrême richesse en individualités
1522 coles de pensée, d’art, qui s’y sont manifestées, de l’extrême richesse en individualités fortes, prononcées, originales,
1523 t la richesse culturelle et l’extrême rayonnement de la culture européenne, seule devenue à peu près mondiale dans toute l
1524 devenue à peu près mondiale dans toute l’histoire de l’humanité ; tout cela tient à la diversité que les Européens ont ent
1525 s, aboutit à des guerres effroyables qui risquent de ruiner l’ensemble européen, mais qui, quand on réussit à les empêcher
1526 on réussit à les empêcher, est la condition même de la richesse culturelle et des libertés des Européens. Il faut donc un
1527 on ne sauverait plus l’Europe, mais quelque chose de synthétique, qu’on pourrait appeler l’Europe, mais qui ne le serait p
1528 ble union politique, présente les deux conditions de base nécessaires à toute formation fédérale : des diversités irréduct
1529  : des diversités irréductibles après des siècles d’ histoire, nationales et régionales, de langues et de formes de culture
1530 des siècles d’histoire, nationales et régionales, de langues et de formes de culture ; d’autre part, un besoin vital d’uni
1531 histoire, nationales et régionales, de langues et de formes de culture ; d’autre part, un besoin vital d’union, ne fût-ce
1532 nationales et régionales, de langues et de formes de culture ; d’autre part, un besoin vital d’union, ne fût-ce que pour s
1533 formes de culture ; d’autre part, un besoin vital d’ union, ne fût-ce que pour sauver ces diversités, qui sont chacune trop
1534 du xxe siècle est sans discussion possible celui de l’union de l’Europe. Mais le principal obstacle à cette union est dan
1535 cle est sans discussion possible celui de l’union de l’Europe. Mais le principal obstacle à cette union est dans l’existen
1536 t des hommes politiques, des partis politiques et de l’opinion publique, à ce concept de nation souveraine, séparée de tou
1537 politiques et de l’opinion publique, à ce concept de nation souveraine, séparée de toutes les autres et qui a pour but plu
1538 lique, à ce concept de nation souveraine, séparée de toutes les autres et qui a pour but plus ou moins avoué de vivre, aut
1539 les autres et qui a pour but plus ou moins avoué de vivre, autant que possible, par elle-même (c’est ce qu’elle appelle ê
1540 avril 1970 Rien n’est plus hostile à toute espèce d’ union, tant soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation qui, par
1541 tat-nation qui, par ailleurs, se révèle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la f
1542 èle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle
1543 un projet rationnel. Or, voici l’ironie tragique de notre histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute un
1544 ie tragique de notre histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union que l’on s’efforce, depuis vingt-c
1545 union que l’on s’efforce, depuis vingt-cinq ans, d’ unir l’Europe ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’
1546 fisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas avancé d’ un centimètre en direction de notre union politique. Entre l’union de
1547 l’on n’a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations
1548 direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine
1549 é humaine des plus concrètes et le culte prolongé d’ un mythe, il faut choisir. 13 novembre 1970 Toute l’histoire de nos cr
1550 l faut choisir. 13 novembre 1970 Toute l’histoire de nos créations artistiques et intellectuelles me paraît devoir être re
1551 et intellectuelles me paraît devoir être refaite de fond en comble, sur cette double donnée : l’Europe n’a jamais été le
1552 uble donnée : l’Europe n’a jamais été le résultat d’ une addition de cultures nationales ; la culture européenne est le rés
1553 ’Europe n’a jamais été le résultat d’une addition de cultures nationales ; la culture européenne est le résultat de deux p
1554 ationales ; la culture européenne est le résultat de deux phénomènes : des grands courants et des foyers locaux de créatio
1555 omènes : des grands courants et des foyers locaux de création. Ces foyers locaux peuvent être de petites cités ou des régi
1556 ocaux de création. Ces foyers locaux peuvent être de petites cités ou des régions. Ils sont toujours plus petits que tous
1557 grands courants traversent toutes les frontières de nos États-nations. 10 juin 1966 Le refus de la formule fédéraliste, q
1558 ières de nos États-nations. 10 juin 1966 Le refus de la formule fédéraliste, qui veut des paliers, des communautés success
1559 ement articulées, ce refus jacobin qui veut, tout d’ un coup, qu’on unifie tout, qu’on centralise tout, aboutit fatalement
1560 ux souverainetés nationales. Il y a là une espèce de dialectique fatale. Si on veut aller trop loin dans le sens du centra
1561 avons de plus commun en Europe, c’est notre goût de différer du voisin, et ceci nous différencie complètement des Russes
1562 ou des Américains, qui ont, au contraire, le goût de faire comme tout le monde. Le goût de différer est très typiquement e
1563 re, le goût de faire comme tout le monde. Le goût de différer est très typiquement européen. On peut dire, en continuant l
1564 ant le parallèle, que ce qui manque aux Européens d’ aujourd’hui pour se fédérer, c’est exactement ce qui a manqué aux Grec
1565 ui a manqué aux Grecs, c’est-à-dire cette faculté de dépasser la prétention à la souveraineté locale, nationale, opposée a
1566 tres, comme un bloc. Ou peut-être aussi l’absence de perception de finalités communes, qui permettraient d’aller au-delà d
1567 bloc. Ou peut-être aussi l’absence de perception de finalités communes, qui permettraient d’aller au-delà de ces souverai
1568 rception de finalités communes, qui permettraient d’ aller au-delà de ces souverainetés, de ces nationalismes locaux. 3.
1569 lités communes, qui permettraient d’aller au-delà de ces souverainetés, de ces nationalismes locaux. 3. Les étapes vers
1570 rmettraient d’aller au-delà de ces souverainetés, de ces nationalismes locaux. 3. Les étapes vers la fédération europée
1571 n vers la nation n’est pas seulement cette espèce de maladie que l’on dénonce aujourd’hui trop fréquemment chez les fédéra
1572 , au fond, l’évolution préparatoire vers la forme de fédération que nous souhaitons pour l’Europe. 1er novembre 1968 En Eu
1573 novembre 1968 En Europe, il y avait trois espèces de nations, définies par rapport au Saint-Empire : les nations qui faisa
1574 u Saint-Empire : les nations qui faisaient partie de l’empire ; les nations qui n’en faisaient pas partie, mais avaient fa
1575 en faisaient pas partie, mais avaient fait partie de l’Empire carolingien (France) ; les nations qui n’avaient jamais fait
1576 ; les nations qui n’avaient jamais fait partie ni de l’un, ni de l’autre, mais seulement de l’Empire romain. Il est curieu
1577 s qui n’avaient jamais fait partie ni de l’un, ni de l’autre, mais seulement de l’Empire romain. Il est curieux de relever
1578 partie ni de l’un, ni de l’autre, mais seulement de l’Empire romain. Il est curieux de relever que ces distances entre le
1579 mais seulement de l’Empire romain. Il est curieux de relever que ces distances entre les royaumes et l’empire préfigurent
1580 tions et l’Europe unie. Les plus chauds partisans de la CEE — cinq sur six — sont des États dont les ancêtres faisaient pa
1581 -Unis d’Europe. Il avait les plus grandes chances de réussir. Il ne l’a jamais fait à cause de ce vieux réflexe anti-Saint
1582 ause de ce vieux réflexe anti-Saint-Empire romain de nations germaniques. À certains moments, il y avait pensé, il a fait
1583 naliste français a été plus fort que l’attraction de ce mythe. Je dois dire que, personnellement, je le regrette. Je n’ai
1584 regrette. Je n’ai pas beaucoup aimé la politique de de Gaulle en France, mais je crois qu’il aurait fait un très bon prés
1585 je crois qu’il aurait fait un très bon président de la première République européenne. Il avait la stature qu’il fallait
1586 il fallait pour ça, une compréhension assez large de l’histoire. S’il avait fallu vraiment nommer un président (on peut im
1587 et j’imagine pour ma part bien d’autres manières de faire l’Europe que d’élire un président, qui serait un empereur sans
1588 part bien d’autres manières de faire l’Europe que d’ élire un président, qui serait un empereur sans couronne), le général
1589 27 juin 1969 Mon pronostic — qui est aussi celui de beaucoup d’observateurs — est que l’on essaiera plus ou moins sincère
1590 9 Mon pronostic — qui est aussi celui de beaucoup d’ observateurs — est que l’on essaiera plus ou moins sincèrement de fair
1591 — est que l’on essaiera plus ou moins sincèrement de faire certaines alliances, que l’on nommera même peut-être confédérat
1592 temps, comme on y est amené par le développement de l’économie et de la technique, les régions vont se préciser, s’affirm
1593 y est amené par le développement de l’économie et de la technique, les régions vont se préciser, s’affirmer. Toutes sortes
1594 gions vont se préciser, s’affirmer. Toutes sortes de régions différentes vont s’organiser (régions économiques, régions te
1595 su qui sera plus fort que les liens entre chacune de ces régions et la capitale de l’ancien État-nation. Il y aura donc un
1596 liens entre chacune de ces régions et la capitale de l’ancien État-nation. Il y aura donc un dépérissement de l’État-natio
1597 cien État-nation. Il y aura donc un dépérissement de l’État-nation progressif, et le remplacement de cette carcasse vide d
1598 t de l’État-nation progressif, et le remplacement de cette carcasse vide de son contenu par un organisme neuf, qui sera ce
1599 ressif, et le remplacement de cette carcasse vide de son contenu par un organisme neuf, qui sera celui des régions et de l
1600 un organisme neuf, qui sera celui des régions et de leur tissu organisé à l’échelle européenne. 24 février 1967 Déjà part
1601 gionales minent et grignotent la notion classique de frontières, la vident par l’intérieur, tendent à la réduire à ce qu’e
1602 eut vraiment se fédérer, ce n’est pas sur la base de ses États-nations qu’elle devra établir ses structures nouvelles, mai
1603 tablir ses structures nouvelles, mais sur la base de ses régions ; parce que les frontières des États-nations, établies au
1604 ècle technique et électronique, et que les unités de base que sont les régions, sont, elles, les produits des réalités soc
1605 uits des réalités socioéconomiques et culturelles de la civilisation d’aujourd’hui. Et, en retour, il est clair qu’une Eur
1606 ocioéconomiques et culturelles de la civilisation d’ aujourd’hui. Et, en retour, il est clair qu’une Europe fédérale dans l
1607 ce immédiate des régions, et une grande animation de leurs échanges. La politique d’union et la régionalisation sont liées
1608 grande animation de leurs échanges. La politique d’ union et la régionalisation sont liées. 22 avril 1977 Ce qui est le pl
1609 1977 Ce qui est le plus probable dans l’évolution de la Grande-Bretagne actuelle, c’est que, avec les progrès de la devolu
1610 de-Bretagne actuelle, c’est que, avec les progrès de la devolution, c’est-à-dire de la décentralisation et de la remise de
1611 , avec les progrès de la devolution, c’est-à-dire de la décentralisation et de la remise des pouvoirs aux régions comme l’
1612 evolution, c’est-à-dire de la décentralisation et de la remise des pouvoirs aux régions comme l’Écosse, le pays de Galles,
1613 lles, ces dernières vont réclamer de plus en plus de droits et fourniront finalement une seconde chambre, une chambre haut
1614 chambre, une chambre haute qui sera la succession de la Chambre des lords, tombée plus ou moins en désuétude ; alors, nous
1615 ion du Sénat américain, avec représentation égale de toutes les communautés. C’est ce que l’on pourrait souhaiter aussi au
1616 qu’ils sont encore en place, seraient représentés d’ une manière égale, tandis qu’il y aurait le parlement européen qui, lu
1617 ropéen qui, lui, serait élu au suffrage universel d’ une manière proportionnelle aux populations. 29 octobre 1965 Il y a ce
1618 re 1965 Il y a ceux qui défendent le point de vue de la supranationalité, comme Jean Monnet, comme le professeur Hallstein
1619 Monnet, comme le professeur Hallstein, président de la Commission exécutive du Marché commun, qui entendent par supranati
1620 onalité ou pouvoir supranational, l’établissement de règles communes, mises au point par un groupe de spécialistes, d’expe
1621 de règles communes, mises au point par un groupe de spécialistes, d’experts. En face de cela, la conception gaullienne co
1622 es, mises au point par un groupe de spécialistes, d’ experts. En face de cela, la conception gaullienne consiste à proposer
1623 lienne consiste à proposer simplement des mesures de coopération, un certain rapprochement des points de vue, voire des al
1624 nt intacte. Il est évident que ni l’un ni l’autre de ces points de vue ne va triompher dans un proche avenir, et probablem
1625 à l’état pur. Comment éviter d’une part le danger de tout mêler, de tout uniformiser, et comment éviter d’autre part le pé
1626 omment éviter d’une part le danger de tout mêler, de tout uniformiser, et comment éviter d’autre part le péril majeur que
1627 es identités diverses et par la solidité du pacte d’ union qu’il propose. 4. Les finalités de la fédération européenne
1628 pacte d’union qu’il propose. 4. Les finalités de la fédération européenne 22 avril 1966 L’unité, c’est à la fois le
1629 L’unité, c’est à la fois le fond commun, la base de départ, et le but dernier, l’idéal à rejoindre. Pour les Européens, l
1630 ésent, l’un à titre de nostalgie, l’autre à titre d’ espérance ; mais tous les deux sont moteurs. L’unité est toujours conç
1631 s. L’unité est toujours conçue comme la condition de la force, et en même temps comme la condition de la paix. On le retro
1632 de la force, et en même temps comme la condition de la paix. On le retrouve dans le langage proverbial de la politique co
1633 a paix. On le retrouve dans le langage proverbial de la politique courante en Europe, des proverbes comme « United we stan
1634 emps « vivez en paix ». 10 juin 1977 Au lendemain de la guerre, on espérait que le Parlement de Strasbourg, par exemple, q
1635 demain de la guerre, on espérait que le Parlement de Strasbourg, par exemple, qui a commencé en 1949, se donnerait des com
1636 e insisté sur la nécessité pour les États-nations de renoncer à leur souveraineté. C’était d’une extrême maladresse. Dans
1637 -nations de renoncer à leur souveraineté. C’était d’ une extrême maladresse. Dans tous les congrès des fédéralistes, Montre
1638 leur acharnement à demander aux États souverains de renoncer à leur souveraineté ; c’était d’un irréalisme total. Nous au
1639 verains de renoncer à leur souveraineté ; c’était d’ un irréalisme total. Nous aurions dû demander la création d’un pouvoir
1640 lisme total. Nous aurions dû demander la création d’ un pouvoir européen, capable de garantir les souverainetés de nos État
1641 mander la création d’un pouvoir européen, capable de garantir les souverainetés de nos États, qui, actuellement, sont sans
1642 r européen, capable de garantir les souverainetés de nos États, qui, actuellement, sont sans défense contre l’extérieur, e
1643 ontre l’extérieur, et n’ont même pas la ressource d’ une alliance automatique en cas d’attaque par l’étranger. 20 mai 1966
1644 as la ressource d’une alliance automatique en cas d’ attaque par l’étranger. 20 mai 1966 On n’a jamais demandé aux cantons
1645 ai 1966 On n’a jamais demandé aux cantons suisses de renoncer à leur souveraineté, ils ne l’auraient pas fait. On leur a d
1646 transposition est tentante sur le niveau européen d’ aujourd’hui, où on imagine mal un pays comme la France acceptant de re
1647 on imagine mal un pays comme la France acceptant de renoncer à sa souveraineté. Mais on l’imagine très bien acceptant d’e
1648 uveraineté. Mais on l’imagine très bien acceptant d’ en déléguer une partie, à condition que l’organe auquel il la déléguer
1649 erait lui garantisse sa souveraineté. Dans le cas de petits pays comme la Suède ou la Norvège, ou le Danemark, il serait b
1650 u le Danemark, il serait bien agréable, pour eux, d’ avoir leur souveraineté garantie par un organisme fédéral européen. Il
1651 l européen. Ils y perdraient, en fait, une partie de leur souveraineté, mais tout le reste leur serait garanti, alors que
1652 juin 1970 Si l’on me dit que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’État-nation, je réponds que c’est au contraire la
1653 que c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps, car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la
1654 lus puissante ou la plus riche, mais bien ce coin de planète indispensable au monde de demain, où les hommes de toutes rac
1655 is bien ce coin de planète indispensable au monde de demain, où les hommes de toutes races pourront trouver non pas le plu
1656 e indispensable au monde de demain, où les hommes de toutes races pourront trouver non pas le plus de bonheur peut-être, m
1657 de toutes races pourront trouver non pas le plus de bonheur peut-être, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie.
1658 on pas le plus de bonheur peut-être, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie. 26 juin 1970 Donner comme but à la
1659 onheur peut-être, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie. 26 juin 1970 Donner comme but à la Cité européenne la
1660 un niveau de vie déterminé en termes quantitatifs de profit et de PNB, c’est passer du matérialisme capitaliste et communi
1661 vie déterminé en termes quantitatifs de profit et de PNB, c’est passer du matérialisme capitaliste et communiste à la mise
1662 et communiste à la mise en question du sens même de nos vies et des vrais buts de nos activités communautaires et personn
1663 estion du sens même de nos vies et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient l
1664 s entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne seront pas c
1665 raîner d’adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’ aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels. La v
1666 ges matériels. La vraie réponse à la contestation de la jeunesse d’aujourd’hui ne peut évidemment pas être trouvée au nive
1667 La vraie réponse à la contestation de la jeunesse d’ aujourd’hui ne peut évidemment pas être trouvée au niveau économique,
1668 États-nations). Cette réponse exige la recréation de communautés véritables. Et la Cité européenne, fondée sur les commune
1669 21 avril 1967 Il est clair que l’absence actuelle d’ union rend pratiquement impossible le plein développement économique d
1670 ment impossible le plein développement économique de l’ensemble de nos pays, leur indépendance, soit individuelle, soit gl
1671 e le plein développement économique de l’ensemble de nos pays, leur indépendance, soit individuelle, soit globale ; que l’
1672 , soit individuelle, soit globale ; que l’absence d’ union empêche nos pays de jouer un rôle au plan mondial ; et qu’enfin
1673 globale ; que l’absence d’union empêche nos pays de jouer un rôle au plan mondial ; et qu’enfin elle condamne le continen
1674 on prolongée en deux zones qu’on pourrait appeler de satellisation par les deux Grands, dont nous risquons de devenir asse
1675 llisation par les deux Grands, dont nous risquons de devenir assez rapidement les sous-développés blancs, car la situation
1676 rapidement depuis deux ans, notamment sur le plan de la technique. Alors que, par une union des vingt-cinq pays à peu près
1677 aussi la plus démocratique par la pluralité même de ses coutumes, de ses différents droits, alliant le meilleur des tradi
1678 mocratique par la pluralité même de ses coutumes, de ses différents droits, alliant le meilleur des traditions au plus eff
1679 liant le meilleur des traditions au plus efficace de l’innovation technique. e. Avec l’introduction suivante des éditeu
1680 es éditeurs : « Selon Denis de Rougemont, la base de l’union des Européens n’est pas l’économie, comme le croyaient les fo
1681 L’Europe, en effet, se caractérise par une unité de culture non unitaire, c’est-à-dire recelant des valeurs et des modes
1682 e, c’est-à-dire recelant des valeurs et des modes de pensée hétérogènes, partiellement contradictoires, antinomiques, mais
1683 mais complémentaires. C’est pourquoi tout projet d’ union qui sacrifierait les diversités au profit de l’uniformisation es
1684 d’union qui sacrifierait les diversités au profit de l’uniformisation est inconcevable : on arriverait alors à une entité
1685 n arriverait alors à une entité qui n’aurait plus d’ européen que le nom. Ainsi, le problème européen de l’unité et de la d
1686 ’européen que le nom. Ainsi, le problème européen de l’unité et de la diversité est typiquement un problème fédéraliste :
1687 le nom. Ainsi, le problème européen de l’unité et de la diversité est typiquement un problème fédéraliste : il s’agit d’un
1688 t typiquement un problème fédéraliste : il s’agit d’ unir sans unifier. Actuellement, le principal obstacle à la réalisatio
1689 uellement, le principal obstacle à la réalisation de l’Europe est l’État-nation. L’échec de la construction européenne s’e
1690 éalisation de l’Europe est l’État-nation. L’échec de la construction européenne s’explique notamment par le fait qu’on a t
1691 ne s’explique notamment par le fait qu’on a tenté d’ unir l’Europe sur la base des États-nations. Dans un tel schéma, il y
1692 , il y a deux alternatives, dont aucune ne permet de faire l’Europe : la supranationalité (création d’un super-État-nation
1693 de faire l’Europe : la supranationalité (création d’ un super-État-nation européen niant les diversités sans lesquelles l’E
1694 onalisme (qui refuse l’union durable et n’accepte de coopérer que pour des raisons tactiques répondant à des vues strictem
1695 ntraire, dans un schéma fédéral, il ne s’agit pas de garder toute la souveraineté ou de l’abandonner complètement, il s’ag
1696 ne s’agit pas de garder toute la souveraineté ou de l’abandonner complètement, il s’agit d’en déléguer une part à l’autor
1697 aineté ou de l’abandonner complètement, il s’agit d’ en déléguer une part à l’autorité fédérale, afin qu’elle puisse garant
1698 ouverainetés des pouvoirs fédérés, mieux qu’aucun d’ eux isolément ne pourrait le faire. Comme dans tout système fédéral (e
1699 les États-Unis, la Suisse, la République fédérale d’ Allemagne), on pourrait instituer un bicaméralisme au niveau européen,
1700 les peuples, et une autre les États (avec égalité de voix). On pourrait également élire un président des États-Unis d’Euro
1701 ope, dont l’importance serait symbolique. L’étape de l’État-nation est, pense Denis de Rougemont, en voie d’être peu à peu
1702 tat-nation est, pense Denis de Rougemont, en voie d’ être peu à peu dépassée par les liens nombreux et les solidarités conc
1703 s frontières. Cette évolution se fait sans bruit, de manière sous-jacente mais néanmoins effective, bien qu’elle ne soit p
1704 ateurs. L’Europe des régions ne sera pas le fruit d’ un acte spectaculaire, auquel les États-nations s’opposeraient de tout
1705 aculaire, auquel les États-nations s’opposeraient de toute façon, mais elle se fait lentement et apparaîtra peu à peu comm
1706 lentement et apparaîtra peu à peu comme le moyen d’ exprimer tant les diversités que les solidarités entre Européens. »
7 1988, Inédits (extraits de cours). Fédéralisme
1707 ons 22 avril 1966 Pour mériter le qualificatif de fédéraliste, un régime politique doit respecter, prévoir, et articule
1708 t articuler ces trois éléments au moins : l’unité de fond, les diversités des communautés, le pacte. Avec les trois termes
1709 des communautés, le pacte. Avec les trois termes d’ unité, diversité et pacte, nous avons les trois éléments de base qui s
1710 diversité et pacte, nous avons les trois éléments de base qui sont indispensables à tout système fédéraliste pour qu’il pu
1711 à éliminer complètement l’autre, est donc obligé de composer avec lui. Pour que cette tension, cette composition, n’about
1712 te, qui n’est pas une synthèse (au sens hégélien) de l’unité et de la diversité. 19 novembre 1976 Pour résoudre l’antinomi
1713 pas une synthèse (au sens hégélien) de l’unité et de la diversité. 19 novembre 1976 Pour résoudre l’antinomie logique entr
1714 s large et très précis, a précédé comme pratique, de beaucoup, sa définition et sa prise de conscience, sa théorie en tout
1715 iiie siècle seulement, notamment dans les œuvres de Rousseau et un peu avant dans Montesquieu. Le mot est donc moderne, i
1716 antinomiques, mais également valables et vitales, de telle sorte que la solution du problème ne puisse pas être trouvée da
1717 me ne puisse pas être trouvée dans la suppression d’ un des deux termes, ni dans la neutralisation d’un des deux pôles, mai
1718 n d’un des deux termes, ni dans la neutralisation d’ un des deux pôles, mais seulement dans une création qui englobe, à un
1719 qui englobe, à un niveau supérieur, les exigences de l’un et de l’autre, en leur rendant justice au maximum. J’appelle ens
1720 , à un niveau supérieur, les exigences de l’un et de l’autre, en leur rendant justice au maximum. J’appelle ensuite soluti
1721 grité si possible, tout en assurant leur rapport, de telle manière que la résultante de leur tension soit positive. L’ense
1722 leur rapport, de telle manière que la résultante de leur tension soit positive. L’ensemble des problèmes et des solutions
1723 oblèmes et des solutions ainsi défini, étant donc de ce type bipolaire, constitue ce que j’appellerai maintenant la politi
1724 iste. Dans les deux cas, le problème est toujours de définir ce qui distingue et unit à la fois, qu’il s’agisse, comme au
1725 unit à la fois, qu’il s’agisse, comme au concile de Nicée, des deux natures du Christ, dans l’anthropologie, de l’âme et
1726 des deux natures du Christ, dans l’anthropologie, de l’âme et du corps de l’homme, ou bien, en politique, de l’autonomie d
1727 hrist, dans l’anthropologie, de l’âme et du corps de l’homme, ou bien, en politique, de l’autonomie d’un groupe et de l’un
1728 me et du corps de l’homme, ou bien, en politique, de l’autonomie d’un groupe et de l’union nécessaire pour sauver cette au
1729 de l’homme, ou bien, en politique, de l’autonomie d’ un groupe et de l’union nécessaire pour sauver cette autonomie, de la
1730 bien, en politique, de l’autonomie d’un groupe et de l’union nécessaire pour sauver cette autonomie, de la liberté et de l
1731 e l’union nécessaire pour sauver cette autonomie, de la liberté et de la participation, l’une étant formellement contradic
1732 ire pour sauver cette autonomie, de la liberté et de la participation, l’une étant formellement contradictoire avec l’autr
1733 oire avec l’autre, mais pratiquement la condition de l’autre. 28 octobre 1966 Aux yeux de la plupart des auteurs contempor
1734 et les militants, le fédéralisme est une attitude de pensée et une méthode de conduite plus qu’une doctrine politique ou n
1735 ralisme est une attitude de pensée et une méthode de conduite plus qu’une doctrine politique ou notion juridique, une expé
1736 es simples et aux structures géométriques. Tenter de le définir d’entrée de jeu et une fois pour toutes serait donc s’expo
1737 aux structures géométriques. Tenter de le définir d’ entrée de jeu et une fois pour toutes serait donc s’exposer à trahir m
1738 tures géométriques. Tenter de le définir d’entrée de jeu et une fois pour toutes serait donc s’exposer à trahir méthodique
1739 oi ce sont des adversaires qui éprouvent le moins de scrupules à en donner des caractéristiques brèves et simples. Et pour
1740 t système politique. 28 octobre 1966 Cette espèce de répugnance à se laisser définir que montre le fédéralisme est très no
1741 illogiques (qui ne se laissent pas faire à coups de définitions). Le fédéralisme, bien au contraire, est une manière d’ar
1742 e fédéralisme, bien au contraire, est une manière d’ arranger les relations entre les groupes, les cités, les régions et le
1743 n une formule fédérative. C’est d’abord le besoin de sécurité, que l’on retrouvera toujours dans tous les exemples réussis
1744 pour se défendre seul. Deuxième motif : le besoin d’ assurer l’autonomie ; le seul moyen d’éviter l’annexion par son voisin
1745 : le besoin d’assurer l’autonomie ; le seul moyen d’ éviter l’annexion par son voisin et de continuer à vivre à sa manière,
1746 seul moyen d’éviter l’annexion par son voisin et de continuer à vivre à sa manière, c’est de mettre en commun certaines f
1747 oisin et de continuer à vivre à sa manière, c’est de mettre en commun certaines fonctions vitales, non seulement la défens
1748 un tyran. La fédération a cette utilité première d’ assurer la sécurité de ses membres, et cette utilité seconde d’assurer
1749 on a cette utilité première d’assurer la sécurité de ses membres, et cette utilité seconde d’assurer la forme de gouvernem
1750 sécurité de ses membres, et cette utilité seconde d’ assurer la forme de gouvernement libre, l’autonomie de chaque cité, co
1751 bres, et cette utilité seconde d’assurer la forme de gouvernement libre, l’autonomie de chaque cité, contre tout essai de
1752 surer la forme de gouvernement libre, l’autonomie de chaque cité, contre tout essai de prise de pouvoir par un dictateur,
1753 re, l’autonomie de chaque cité, contre tout essai de prise de pouvoir par un dictateur, chose qui serait impossible dans l
1754 onomie de chaque cité, contre tout essai de prise de pouvoir par un dictateur, chose qui serait impossible dans l’Europe d
1755 Grèce, mais surtout reste un besoin très profond de la vie politique et civique des Occidentaux. Le troisième motif, qu’o
1756 spérité matérielle. Car le Marché commun a laissé de côté les deux autres motifs, sécurité et autonomie. Il est important
1757 s motifs, sécurité et autonomie. Il est important de voir qu’aucun de ces motifs ne peut vraiment exister si les deux autr
1758 é et autonomie. Il est important de voir qu’aucun de ces motifs ne peut vraiment exister si les deux autres n’y sont pas,
1759 prospérité matérielle, ça ne marche pas… et ainsi de suite avec chacune de ces trois composantes : si elles ne sont pas là
1760 ça ne marche pas… et ainsi de suite avec chacune de ces trois composantes : si elles ne sont pas là simultanément, l’ense
1761 pas. 17 juin 1966 Il a fallu passer tout un cycle d’ épreuves où s’est manifestée la dialectique individu-collectivité, pui
1762 t chacune prendre sur elle les caractères absolus de l’empire, alors qu’elles étaient plusieurs et qu’un empire, pour être
1763 e, les nations voulant aussi avoir les caractères d’ une Église, c’est-à-dire être sacrées et avoir le droit de condamner l
1764 lise, c’est-à-dire être sacrées et avoir le droit de condamner les hérétiques. Il a fallu traverser toute cette longue et
1765 rd’hui, des moyens techniques qui nous permettent d’ envisager des solutions fédéralistes dans toutes sortes de domaines, p
1766 ger des solutions fédéralistes dans toutes sortes de domaines, pas seulement celui des relations entre États, mais celui d
1767 us considérons, dans leur ensemble, deux exemples d’ évolution de type fédératif, celui des Ligues suisses des environs de
1768 ns, dans leur ensemble, deux exemples d’évolution de type fédératif, celui des Ligues suisses des environs de 1300 jusqu’à
1769 fédératif, celui des Ligues suisses des environs de 1300 jusqu’à 1798, et celui des Provinces-Unies de la fin du xvie si
1770 e 1300 jusqu’à 1798, et celui des Provinces-Unies de la fin du xvie siècle jusqu’à 1795, nous voyons dans les deux cas ré
1771 principales conditions nécessaires à la formation d’ un régime de type fédéral : la volonté d’union, des diversités réelles
1772 conditions nécessaires à la formation d’un régime de type fédéral : la volonté d’union, des diversités réelles à sauvegard
1773 ormation d’un régime de type fédéral : la volonté d’ union, des diversités réelles à sauvegarder, et un pacte juré libremen
1774 t mal équilibrés. À tel point qu’il est difficile de parler vraiment de fédération dans le cas des Ligues suisses, comme d
1775 tel point qu’il est difficile de parler vraiment de fédération dans le cas des Ligues suisses, comme dans le cas des Prov
1776 dans le cas des Provinces-Unies. Il s’agit plutôt d’ efforts vers une fédération, d’une évolution tendant à une forme fédér
1777 . Il s’agit plutôt d’efforts vers une fédération, d’ une évolution tendant à une forme fédérative. Ce qui a le plus manqué
1778 n institutionnelle du pacte juré. Je proposerais, de ces trois éléments et de leur dialectique, une sorte de représentatio
1779 te juré. Je proposerais, de ces trois éléments et de leur dialectique, une sorte de représentation graphique, en prenant c
1780 trois éléments et de leur dialectique, une sorte de représentation graphique, en prenant comme ligne horizontale la base
1781 hique, en prenant comme ligne horizontale la base d’ unité et comme verticale, les diversités, et nous aurions à peu près c
1782 le cas des Provinces-Unies de Hollande, une base d’ unité extrêmement large et un très petit axe de diversité ; dans ce ca
1783 se d’unité extrêmement large et un très petit axe de diversité ; dans ce cas, les diversités sont très solidement reliées
1784 t très solidement reliées à la base unitaire. Cas de la Suisse : une base d’unité assez faible et un axe de diversité très
1785 s à la base unitaire. Cas de la Suisse : une base d’ unité assez faible et un axe de diversité très haut ; le pacte ou des
1786 Suisse : une base d’unité assez faible et un axe de diversité très haut ; le pacte ou des réseaux de pactes inégaux tenai
1787 de diversité très haut ; le pacte ou des réseaux de pactes inégaux tenaient ensemble les différentes pièces de ce mât, ma
1788 inégaux tenaient ensemble les différentes pièces de ce mât, mais le mât lui-même n’était pas arrimé, il n’y avait pas de
1789 mât lui-même n’était pas arrimé, il n’y avait pas de cordages représentant les liens institutionnels de l’État (c’est ains
1790 e cordages représentant les liens institutionnels de l’État (c’est ainsi que cela a été renversé assez facilement par le c
1791 ssez facilement par le choc des armées françaises de la Révolution). On pourrait dire, pour continuer ce même schéma, que
1792 our continuer ce même schéma, que la forme idéale d’ une fédération serait un triangle équilatéral, base d’unité, axe de di
1793 e fédération serait un triangle équilatéral, base d’ unité, axe de diversité solidement tenu par des institutions. 6 fév
1794 serait un triangle équilatéral, base d’unité, axe de diversité solidement tenu par des institutions. 6 février 1969 La
1795 s différents du fédéralisme. La première étape va de 1789 à 1792. Durant celle-ci, le mot de fédération, de mouvement fédé
1796 étape va de 1789 à 1792. Durant celle-ci, le mot de fédération, de mouvement fédératif, est employé pour désigner le gran
1797 89 à 1792. Durant celle-ci, le mot de fédération, de mouvement fédératif, est employé pour désigner le grand mouvement uni
1798 e détruire les vieilles institutions provinciales de l’Ancien Régime, mais ne les a pas encore remplacées par de nouvelles
1799 n Régime, mais ne les a pas encore remplacées par de nouvelles. Donc, à ce moment-là, les provinces auraient peut-être pu
1800 « fédération », c’était le rassemblement nouveau de toutes les parties de la France. D’où les grandes fêtes qui se sont a
1801 it le rassemblement nouveau de toutes les parties de la France. D’où les grandes fêtes qui se sont appelées « Fêtes de la
1802 ement nouveau de toutes les parties de la France. D’ où les grandes fêtes qui se sont appelées « Fêtes de la Fédération ».
1803 où les grandes fêtes qui se sont appelées « Fêtes de la Fédération ». C’était donc le sens unitaire, qu’il y a toujours da
1804 le sens unitaire, qu’il y a toujours dans le mot de fédéralisme. La célèbre Fête de la Fédération au Champ-de-Mars, près
1805 jours dans le mot de fédéralisme. La célèbre Fête de la Fédération au Champ-de-Mars, près de l’actuelle tour Eiffel, le 14
1806 90, qui réunit les délégués des gardes nationales de toutes les provinces françaises, est une fête exactement de l’unité,
1807 les provinces françaises, est une fête exactement de l’unité, plus même que de l’union. C’est la fête du mouvement unitair
1808 est une fête exactement de l’unité, plus même que de l’union. C’est la fête du mouvement unitaire français. À ce moment-là
1809 t où des conflits se multiplient entre la commune de Paris (où règne le Club des jacobins) et les provinces. La résistance
1810 ovinces. La résistance des provinces à la commune de Paris, aux extrémistes jacobins, prend le nom de « fédéralisme ». C’e
1811 de Paris, aux extrémistes jacobins, prend le nom de « fédéralisme ». C’est-à-dire que ce sont les jacobins qui accusent l
1812 girondins, défenseurs des libertés provinciales, d’ être des fédéralistes dans le sens séparatiste ; donc, il y a eu un ch
1813 sens séparatiste ; donc, il y a eu un changement de signe. Et cela devient une accusation insultante. Voilà donc les deux
1814 66 Toute l’heureuse et créatrice première période de la Révolution est dominée par l’éloge de l’union fédérale, les projet
1815 période de la Révolution est dominée par l’éloge de l’union fédérale, les projets d’organisation fédérative de la France
1816 inée par l’éloge de l’union fédérale, les projets d’ organisation fédérative de la France et même du genre humain, et les F
1817 n fédérale, les projets d’organisation fédérative de la France et même du genre humain, et les Fêtes de la Fédération. Mai
1818 e la France et même du genre humain, et les Fêtes de la Fédération. Mais dans la deuxième partie, ce sont les jacobins uni
1819 e, et dès lors, le terme sera affecté, en France, d’ un arrière-goût de trahison nationale. 20 janvier 1967 En Suisse, le m
1820 terme sera affecté, en France, d’un arrière-goût de trahison nationale. 20 janvier 1967 En Suisse, le mot « fédéralisme »
1821 t « fédéralisme » a pris le sens presque exclusif d’ autonomie locale, alors qu’en France — ou plus généralement en Europe
1822 ce — ou plus généralement en Europe — si on parle de fédération, on voit tout de suite un mouvement de convergence, bien e
1823 de fédération, on voit tout de suite un mouvement de convergence, bien entendu sur le plan européen, mais pas à l’intérieu
1824 r de la France, où on verrait plutôt un mouvement de dissociation, de décentralisation. 3. Fédéralisme et diversités
1825 ù on verrait plutôt un mouvement de dissociation, de décentralisation. 3. Fédéralisme et diversités 20 octobre 1965
1826 sister sur cette observation que c’est la volonté d’ unifier par la force qui crée les divisions et les passions séparatist
1827 paratistes, bien loin de créer des fédérations ou d’ être un élément fédérateur. Non seulement l’État hégémonique échoue da
1828 ulement l’État hégémonique échoue dans sa volonté d’ unifier, mais encore il s’oppose toujours et nécessairement à toute vo
1829 oppose toujours et nécessairement à toute volonté d’ unir. Je distingue bien unifier et unir, unifier étant l’acte impérial
1830 fédéraliste. 22 avril 1966 L’unité, c’est l’objet de la vision, de l’idéal, et c’est le fondement du sens commun ; la dive
1831 2 avril 1966 L’unité, c’est l’objet de la vision, de l’idéal, et c’est le fondement du sens commun ; la diversité, c’est l
1832 ment du sens commun ; la diversité, c’est l’objet de la prise directe, du réalisme, et c’est le fondement de la passion, d
1833 prise directe, du réalisme, et c’est le fondement de la passion, de l’amour créateur, irrationnel. Mais l’unité n’est pas
1834 du réalisme, et c’est le fondement de la passion, de l’amour créateur, irrationnel. Mais l’unité n’est pas vraiment réelle
1835 1977 Il y a complémentarité parfaite des notions de fédéralisme et de tolérance. Le principe de tolérance s’est trouvé ou
1836 émentarité parfaite des notions de fédéralisme et de tolérance. Le principe de tolérance s’est trouvé ouvrir la voie aux p
1837 tions de fédéralisme et de tolérance. Le principe de tolérance s’est trouvé ouvrir la voie aux premiers théoriciens du féd
1838 oriciens du fédéralisme, c’est-à-dire précisément de l’union dans la diversité, je dirais presque de l’union pour la diver
1839 t de l’union dans la diversité, je dirais presque de l’union pour la diversité. On dit trop facilement l’union dans la div
1840 formule qu’on emploie sans bien se rendre compte de ce qu’elle entraîne, et il me semble que si on dit l’union pour la di
1841 t l’union pour la diversité, on cerne la question de beaucoup plus près. 17 février 1964 La fédération est faite de tensio
1842 lus près. 17 février 1964 La fédération est faite de tensions, entre des diversités qui sont supposées maintenues, protégé
1843 s. C’est aussi l’ambition, sur le plan religieux, de l’œcuménisme moderne : non pas fusionner toutes les diversités, mais
1844 versités originelles. 28 janvier 1977 Le problème de toute fédération est le suivant : comment sauvegarder les autonomies
1845 locales, les diversités réelles, qu’elles soient de régimes, de langues, d’ethnies, de coutumes ou de conditions économiq
1846 s diversités réelles, qu’elles soient de régimes, de langues, d’ethnies, de coutumes ou de conditions économiques et comme
1847 réelles, qu’elles soient de régimes, de langues, d’ ethnies, de coutumes ou de conditions économiques et comment, pour sau
1848 u’elles soient de régimes, de langues, d’ethnies, de coutumes ou de conditions économiques et comment, pour sauver ces aut
1849 de régimes, de langues, d’ethnies, de coutumes ou de conditions économiques et comment, pour sauver ces autonomies, est-il
1850 nt, pour sauver ces autonomies, est-il nécessaire de s’unir et d’arriver à une unité supérieure qui puisse intervenir dans
1851 er ces autonomies, est-il nécessaire de s’unir et d’ arriver à une unité supérieure qui puisse intervenir dans le cas où un
1852 périeure qui puisse intervenir dans le cas où une de ces autonomies est menacée ? 4. Les finalités : puissance ou liber
1853 puissance ou liberté ? 11 février 1977 Le but de la fédération n’est pas la puissance, mais l’autonomie des groupes fé
1854 pes fédérés, c’est-à-dire la possibilité pour eux de s’autogouverner, de s’autogérer, et pour y parvenir (et c’est bien le
1855 -dire la possibilité pour eux de s’autogouverner, de s’autogérer, et pour y parvenir (et c’est bien le moyen d’un but, sim
1856 gérer, et pour y parvenir (et c’est bien le moyen d’ un but, simplement), ils forment tous ensemble une ligue, une fédérati
1857 a puissance, la puissance est simplement le moyen de garantir l’autonomie de chacun des composants de la fédération. Le pr
1858 e est simplement le moyen de garantir l’autonomie de chacun des composants de la fédération. Le principe qui forme cette f
1859 de garantir l’autonomie de chacun des composants de la fédération. Le principe qui forme cette fédération, c’est le serme
1860 cipe qui forme cette fédération, c’est le serment de confiance réciproque, qui est seul capable d’assurer les libertés qu’
1861 ent de confiance réciproque, qui est seul capable d’ assurer les libertés qu’on appelle aussi les privilèges qu’il faut mai
1862 és des composants qui sont fédérés. 24 avril 1970 D’ une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union
1863 ous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la puissance, c’est-à-dire la puissance industrielle et milita
1864 re la puissance industrielle et militaire massive d’ une sorte de troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête au
1865 nce industrielle et militaire massive d’une sorte de troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête aux deux autre
1866 sorte de troisième Grand préoccupé principalement de tenir tête aux deux autres, alors il faut créer un super-État-nation
1867 t agressif, comme la France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois i
1868 France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois inflexibles, sans éga
1869 ttre la production industrielle au seul impératif de l’élévation perpétuelle du PNB — cette tour de Babel du xxe siècle !
1870 if de l’élévation perpétuelle du PNB — cette tour de Babel du xxe siècle ! Au contraire, si nous donnons pour finalité à
1871 berté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’ épanouissement des personnes, de participation des citoyens et d’auton
1872 ndes possibilités d’épanouissement des personnes, de participation des citoyens et d’autonomie des communautés (la product
1873 t des personnes, de participation des citoyens et d’ autonomie des communautés (la production industrielle n’étant qu’un de
1874 production industrielle n’étant qu’un des moyens de ces libertés), alors il faut reconnaître que l’État-nation n’est pas
1875 ourd’hui, radicalement incompatible avec les fins de l’Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes le
1876 alement incompatible avec les fins de l’Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus propres
1877 nalismes, et se consacrer sérieusement à la tâche de construire des modèles neufs, pour une cité rendue à l’usage de l’hom
1878 des modèles neufs, pour une cité rendue à l’usage de l’homme. Il faut mettre en commun, à l’échelle fédérale continentale,
1879 e qui est nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régionales, communales et personnelles, mais rien de plu
1880 uvoir sur autrui ; dans le fédéralisme, il s’agit de pouvoir sur soi-même, d’où liberté. Dans la mesure où le fédéralisme
1881 e fédéralisme, il s’agit de pouvoir sur soi-même, d’ où liberté. Dans la mesure où le fédéralisme est authentique, c’est-à-
1882 ’éclatement. L’État-nation, au contraire, du fait de la loi formulée par Hegel « L’État-nation cherche au-dehors par la gu
1883 rre ou à l’éclatement. 5. Moyens et stratégies d’ une fédération 3 février 1972 Le lieu où la personne se forme en s’
1884 moment où il s’arrachait au clan). Mais beaucoup d’ entreprises, de projets, de tâches, dépassent par leurs dimensions la
1885 ’arrachait au clan). Mais beaucoup d’entreprises, de projets, de tâches, dépassent par leurs dimensions la commune et la p
1886 u clan). Mais beaucoup d’entreprises, de projets, de tâches, dépassent par leurs dimensions la commune et la petite entrep
1887 finies par leurs fonctions) puis aux associations de régions vers des fédérations continentales ouvertes sur le monde. Cet
1888 entales ouvertes sur le monde. Cette construction de bas en haut est proudhonienne certes, mais pas en vue de détruire l’É
1889 es, mais pas en vue de détruire l’État. Seulement de le répartir. 20 janvier 1967 La dimension d’une tâche indique à quel
1890 ment de le répartir. 20 janvier 1967 La dimension d’ une tâche indique à quel niveau de compétence cette tâche doit être at
1891 67 La dimension d’une tâche indique à quel niveau de compétence cette tâche doit être attribuée : soit à la petite unité d
1892 âche doit être attribuée : soit à la petite unité de base, soit au groupement d’unités, soit encore à des groupements de g
1893 oit à la petite unité de base, soit au groupement d’ unités, soit encore à des groupements de groupes d’unités, à l’échelle
1894 roupement d’unités, soit encore à des groupements de groupes d’unités, à l’échelle de l’État national d’aujourd’hui, puis,
1895 ’unités, soit encore à des groupements de groupes d’ unités, à l’échelle de l’État national d’aujourd’hui, puis, en continu
1896 des groupements de groupes d’unités, à l’échelle de l’État national d’aujourd’hui, puis, en continuant à monter, à des or
1897 groupes d’unités, à l’échelle de l’État national d’ aujourd’hui, puis, en continuant à monter, à des organismes fédéraux,
1898 ent entre elles librement un pouvoir commun, doté de certaines compétences parfaitement délimitées, qui correspondent à la
1899 our assurer cette autonomie, pour créer une force d’ ensemble, juste suffisante à assurer ces autonomies. 10 juin 1977 Une
1900 oires que sont l’autonomie des parties et l’unité de l’ensemble. Voilà ce qui est fondamental pour toute fédération digne
1901 te fédération digne du nom ; et son but n’est pas de créer une nouvelle puissance qui, finalement, s’exercerait aux dépens
1902 stituants en les uniformisant, c’est au contraire d’ assurer l’autonomie de chacune des parties qui entrent en fédération,
1903 rmisant, c’est au contraire d’assurer l’autonomie de chacune des parties qui entrent en fédération, en ne donnant pour ce
1904 essaire et indispensable pour assurer la sécurité de chacun. 17 juin 1966 Nous disposons aujourd’hui de moyens assez subti
1905 e chacun. 17 juin 1966 Nous disposons aujourd’hui de moyens assez subtils, assez complexes, pour résoudre des problèmes à
1906 ni même au début du siècle. Lénine avait coutume de dire : « le communisme, ce sont les soviets plus l’électricité », moi
1907 er, sous nos yeux, et a finalement beaucoup moins de passé que d’avenir. 29 octobre 1965 Qu’est-ce que nous voyons dans ce
1908 yeux, et a finalement beaucoup moins de passé que d’ avenir. 29 octobre 1965 Qu’est-ce que nous voyons dans ce monde modern
1909 plificateur qui perd ses prises sur la complexité de la vie moderne ! Tandis que le fédéralisme, avec son respect des dive
1910 ieux adapté ou adaptable aux conditions nouvelles de la société ; tandis que, d’autre part, les techniques modernes, techn
1911 d’autre part, les techniques modernes, techniques d’ information, de transport accéléré, ou de calcul électronique, qui per
1912 es techniques modernes, techniques d’information, de transport accéléré, ou de calcul électronique, qui permettent de teni
1913 chniques d’information, de transport accéléré, ou de calcul électronique, qui permettent de tenir compte d’une foule de va
1914 céléré, ou de calcul électronique, qui permettent de tenir compte d’une foule de variables en même temps, c’est-à-dire de
1915 lcul électronique, qui permettent de tenir compte d’ une foule de variables en même temps, c’est-à-dire de maîtriser des si
1916 nique, qui permettent de tenir compte d’une foule de variables en même temps, c’est-à-dire de maîtriser des situations d’u
1917 ne foule de variables en même temps, c’est-à-dire de maîtriser des situations d’une folle complexité, qui auraient été sim
1918 e temps, c’est-à-dire de maîtriser des situations d’ une folle complexité, qui auraient été simplement impensables il y a s
1919 toutes ces conquêtes techniques vont dans le sens d’ un fédéralisme moderne, c’est-à-dire d’un régime politique qui, loin d
1920 ns le sens d’un fédéralisme moderne, c’est-à-dire d’ un régime politique qui, loin de vouloir effacer toutes ces complexité
1921 vec elles, informer les ordinateurs électroniques de toutes ces conditions locales, infiniment enchevêtrées, dont il faut
1922 9 novembre 1976 Si on ne réussit pas dans la voie de la fédération, on retombe facilement dans le système de l’hégémonie,
1923 fédération, on retombe facilement dans le système de l’hégémonie, de l’impérialisme. C’est à mon sens l’opposition de base
1924 etombe facilement dans le système de l’hégémonie, de l’impérialisme. C’est à mon sens l’opposition de base fondamentale, q
1925 de l’impérialisme. C’est à mon sens l’opposition de base fondamentale, qui permet d’expliquer l’histoire de l’Occident. M
1926 ens l’opposition de base fondamentale, qui permet d’ expliquer l’histoire de l’Occident. Mais si l’on réussit la fédération
1927 e fondamentale, qui permet d’expliquer l’histoire de l’Occident. Mais si l’on réussit la fédération, alors se pose le prob
1928 peut pas la garder fermée. Il est très difficile de l’arrêter à un certain moment, sinon on devient une espèce d’hégémoni
1929 à un certain moment, sinon on devient une espèce d’ hégémonie (aujourd’hui, on dirait État-nation) par rapport aux autres.
1930 e au dilemme puissance ou liberté comme finalités de l’union. Mais je ne crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je
1931 oquait le général de Gaulle, et qui serait formée d’ États-nations conservant jalousement leurs prétentions à la souveraine
1932 amicale des misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire nos États-nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier
1933 écessité de défaire nos États-nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières c
1934 re nos États-nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières comme des écumoire
1935 utôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré, de percer leurs frontières comme des écumoires. f. Avec l’introductio
1936 fédéralisme est très ancienne et caractéristique de la culture européenne, bien que le terme lui-même soit relativement r
1937 urs à le faire, soit à l’unitarisme (la Fête dite de la “Fédération” en 1790), soit au séparatisme (l’accusation de “fédér
1938 tion” en 1790), soit au séparatisme (l’accusation de “fédéralisme” contre les girondins en 1792). Plus qu’une notion jurid
1939 en 1792). Plus qu’une notion juridique ou un mode d’ organisation politique, le fédéralisme est une attitude, une manière d
1940 que, le fédéralisme est une attitude, une manière d’ aborder les problèmes. Lorsqu’une question soulève des options contrad
1941 ponsabilité, liberté/puissance), il ne s’agit pas d’ en éliminer un des termes ou de tenter de les fondre en une synthèse n
1942 , il ne s’agit pas d’en éliminer un des termes ou de tenter de les fondre en une synthèse nécessairement abstraite, il s’a
1943 agit pas d’en éliminer un des termes ou de tenter de les fondre en une synthèse nécessairement abstraite, il s’agit, au co
1944 écessairement abstraite, il s’agit, au contraire, de rechercher la meilleure formule d’union sauvegardant chacun des terme
1945 au contraire, de rechercher la meilleure formule d’ union sauvegardant chacun des termes. Ainsi, le pacte fédéral est un a
1946 édéral est un acte volontaire, exprimant le souci de garantir, à la fois, la solidarité de l’ensemble et les libertés de c
1947 nt le souci de garantir, à la fois, la solidarité de l’ensemble et les libertés de chacun, leur autonomie. Il n’y a pas de
1948 fois, la solidarité de l’ensemble et les libertés de chacun, leur autonomie. Il n’y a pas de recette toute faite, ni de fé
1949 libertés de chacun, leur autonomie. Il n’y a pas de recette toute faite, ni de fédération idéale qu’il faudrait copier ;
1950 utonomie. Il n’y a pas de recette toute faite, ni de fédération idéale qu’il faudrait copier ; les solutions fédérales son
1951 … La construction européenne se résout à un choix de finalités. Si l’on choisit la puissance, on bâtira un super-État-nati
1952 rs une fédération dans laquelle chaque communauté de base ne délègue à l’instance supérieure que ce qui est étroitement né
1953 autonomie. Selon Denis de Rougemont, il n’y a pas de troisième voie possible du type “solution confédérale” prônée par nom
1954 du type “solution confédérale” prônée par nombre d’ hommes politiques ; il n’y aura pas d’Europe fédérale basée sur les Ét
1955 par nombre d’hommes politiques ; il n’y aura pas d’ Europe fédérale basée sur les États-nations, mais sur les communes et
1956 s et les régions. Dans une fédération, le critère de la répartition des compétences n’est pas la souveraineté, mais la dim
1957 elles technologies, la diversification des moyens de communication, par exemple, permettent aujourd’hui plus qu’hier la mi
1958 mettent aujourd’hui plus qu’hier la mise en œuvre de solutions fédéralistes. »
8 1988, Inédits (extraits de cours). Histoire
1959 omme n’était pas, ne pouvait pas être le créateur de son histoire, il n’était que le jouet, l’objet de lois fatales. Le ch
1960 de son histoire, il n’était que le jouet, l’objet de lois fatales. Le christianisme aura d’ailleurs besoin de près de quin
1961 fatales. Le christianisme aura d’ailleurs besoin de près de quinze siècles pour faire passer dans la réalité de la sociét
1962 quinze siècles pour faire passer dans la réalité de la société occidentale l’idée d’histoire linéaire contre la conceptio
1963 dans la réalité de la société occidentale l’idée d’ histoire linéaire contre la conception cyclique ; l’idée de progrès po
1964 e linéaire contre la conception cyclique ; l’idée de progrès possible contre celle de décadence inévitable ; l’idée de cha
1965 yclique ; l’idée de progrès possible contre celle de décadence inévitable ; l’idée de changement instantané de tous, qui é
1966 ble contre celle de décadence inévitable ; l’idée de changement instantané de tous, qui était pour la personne la conversi
1967 ence inévitable ; l’idée de changement instantané de tous, qui était pour la personne la conversion, qui sera pour la soci
1968 ociété la révolution, contre le refus fondamental de toute espèce de nouveauté, refus qui caractérise toutes les religions
1969 tion, contre le refus fondamental de toute espèce de nouveauté, refus qui caractérise toutes les religions et civilisation
1970 1977 Marx et tous les penseurs marxistes dérivent de Hegel, ont repris à Hegel sa fameuse dialectique thèse-antithèse-synt
1971 l dans ses conversations avec Marx. Marx a essayé d’ expliquer la doctrine de Hegel à Proudhon, qui a été séduit au début,
1972 avec Marx. Marx a essayé d’expliquer la doctrine de Hegel à Proudhon, qui a été séduit au début, et qui a cru pendant lon
1973 en. Il n’avait pas fait attention à quelque chose de radicalement différent dans la pensée de Hegel et dans la sienne, qui
1974 ue chose de radicalement différent dans la pensée de Hegel et dans la sienne, qui refusait la synthèse. Il s’en tenait à u
1975 r lui, il n’était pas question par des acrobaties de langage ou de logique, d’arriver à synthétiser tout, de manière que l
1976 ait pas question par des acrobaties de langage ou de logique, d’arriver à synthétiser tout, de manière que la machine cont
1977 tion par des acrobaties de langage ou de logique, d’ arriver à synthétiser tout, de manière que la machine continue à roule
1978 gage ou de logique, d’arriver à synthétiser tout, de manière que la machine continue à rouler indéfiniment de révolution e
1979 ère que la machine continue à rouler indéfiniment de révolution en révolution. Pour lui, la réalité était antithétique, an
1980 rnaire, thèse-antithèse-synthèse ; elle est faite d’ une pluralité d’éléments irréductibles l’un à l’autre, antagonistes, e
1981 tithèse-synthèse ; elle est faite d’une pluralité d’ éléments irréductibles l’un à l’autre, antagonistes, et c’est de la co
1982 éductibles l’un à l’autre, antagonistes, et c’est de la contradiction de ces éléments que résultent la vie et le mouvement
1983 autre, antagonistes, et c’est de la contradiction de ces éléments que résultent la vie et le mouvement de l’univers. 9 nov
1984 ces éléments que résultent la vie et le mouvement de l’univers. 9 novembre 1970 Les falsifications coïncident avec les déb
1985 970 Les falsifications coïncident avec les débuts de l’histoire comme science, au xixe siècle, en même temps que l’enseig
1986 seignement étatique dans les écoles : les manuels d’ histoire fournissent quantité d’exemples. Le principe de ces falsifica
1987 les : les manuels d’histoire fournissent quantité d’ exemples. Le principe de ces falsifications repose sur le fait qu’on s
1988 oire fournissent quantité d’exemples. Le principe de ces falsifications repose sur le fait qu’on s’est mis à interpréter l
1989 is à interpréter le passé en termes anachroniques de projection des nations telles qu’elles étaient devenues au xixe sièc
1990 encore été conquis par les Français. On oubliait de dire que la nation n’avait pas toujours existé sous la forme qu’elle
1991 s nations modernes. On était, par exemple, obligé de dire que certaines parties de la France actuelle n’avaient pas toujou
1992 par exemple, obligé de dire que certaines parties de la France actuelle n’avaient pas toujours été françaises ; mais on se
1993 C’est la méthode appelée l’essentialisme : sorte d’ idée platonicienne des nations, telles qu’elles devaient devenir pour
1994 que l’Italie s’unisse, etc. On y voyait une sorte d’ intention providentielle, qui aurait animé les hommes d’action de l’ép
1995 ntion providentielle, qui aurait animé les hommes d’ action de l’époque et orienté leurs actions dans le sens de l’unificat
1996 videntielle, qui aurait animé les hommes d’action de l’époque et orienté leurs actions dans le sens de l’unification inévi
1997 de l’époque et orienté leurs actions dans le sens de l’unification inévitable. 9 novembre 1970 « La France ne peut être la
1998 ette phrase définit tout l’esprit qui a été celui de la politique étrangère du général de Gaulle de 1958 à 1969, avec les
1999 ui de la politique étrangère du général de Gaulle de 1958 à 1969, avec les conséquences considérables que l’on sait pour l
2000 our l’Europe, notamment le ralentissement complet de la construction européenne. Personnification de la France, puis divin
2001 t de la construction européenne. Personnification de la France, puis divinisation (comparaison avec la Madone, mère de Die
2002 sables des bêtises que le pays a pu faire. L’idée de la patrie est intacte, immortelle, inaccessible. C’est le comble de l
2003 ntacte, immortelle, inaccessible. C’est le comble de l’enseignement de l’histoire par la méthode essentialiste. L’Allemagn
2004 , inaccessible. C’est le comble de l’enseignement de l’histoire par la méthode essentialiste. L’Allemagne a dit la même ch
2005 nt supérieurs à tous les autres. 17 décembre 1976 De la notion d’association libre, de la notion de souveraineté territori
2006 à tous les autres. 17 décembre 1976 De la notion d’ association libre, de la notion de souveraineté territoriale correspon
2007 7 décembre 1976 De la notion d’association libre, de la notion de souveraineté territoriale correspondant à une associatio
2008 76 De la notion d’association libre, de la notion de souveraineté territoriale correspondant à une association, et de la n
2009 territoriale correspondant à une association, et de la notion de liberté, ont résulté au cours des siècles — mettons le i
2010 correspondant à une association, et de la notion de liberté, ont résulté au cours des siècles — mettons le ive , ve sièc
2011 iècle et le milieu du Moyen Âge — toute une série de réalités sociales que nous connaissons bien aujourd’hui ; les unes ét
2012 r pendant le début du Moyen Âge, les corporations de métiers, et finalement la féodalité, qui est sortie de là. La féodali
2013 tiers, et finalement la féodalité, qui est sortie de là. La féodalité, c’est-à-dire l’ensemble des liens personnels. Mais
2014 urd’hui au fédéralisme, c’est-à-dire la formation de l’État national, au sens moderne, et la combinaison stricte d’une eth
2015 ional, au sens moderne, et la combinaison stricte d’ une ethnie et d’un territoire, d’une tribu primitive et d’institutions
2016 oderne, et la combinaison stricte d’une ethnie et d’ un territoire, d’une tribu primitive et d’institutions objectives. D’u
2017 binaison stricte d’une ethnie et d’un territoire, d’ une tribu primitive et d’institutions objectives. D’une part donc, on
2018 hnie et d’un territoire, d’une tribu primitive et d’ institutions objectives. D’une part donc, on peut dire que les Germain
2019 peut dire que les Germains apportent les valeurs de base du fédéralisme, d’autre part, ils apportent quelque chose qui se
2020 portent quelque chose qui sera l’ennemi numéro un de tout fédéralisme. 14 janvier 1972 Le moment révolutionnaire du christ
2021 volutionnaire du christianisme n’est qu’un aspect de l’influence de l’Évangile et des communautés chrétiennes primitives s
2022 u christianisme n’est qu’un aspect de l’influence de l’Évangile et des communautés chrétiennes primitives sur la civilisat
2023 itable, sera aspect institutionnel. L’Église naît de la Rome impériale. Elle en revêt les structures, en revendique l’auto
2024 utorité. L’Église est du côté de ce qui dure, non de ce qui change ; organe de tradition, non d’innovation, de stabilité,
2025 ôté de ce qui dure, non de ce qui change ; organe de tradition, non d’innovation, de stabilité, non de finalité. Celle-ci
2026 , non de ce qui change ; organe de tradition, non d’ innovation, de stabilité, non de finalité. Celle-ci n’est jamais absen
2027 i change ; organe de tradition, non d’innovation, de stabilité, non de finalité. Celle-ci n’est jamais absente, certes, ma
2028 de tradition, non d’innovation, de stabilité, non de finalité. Celle-ci n’est jamais absente, certes, mais tend à devenir
2029 perpétuellement reportée, sortie du temps concret de l’histoire, projetée dans le temps mythique du retour éternel, de l’o
2030 rojetée dans le temps mythique du retour éternel, de l’ordo mundi, ordre du monde. 20 mai 1966 On dit souvent qu’il a fall
2031 pas faire une fédération et arriver à cette chute de leur première Ligue en 1798, puis à ces anarchies dites de la Restaur
2032 remière Ligue en 1798, puis à ces anarchies dites de la Restauration ; ensuite il leur a fallu neuf mois pour se fédérer.
2033 s éditeurs : « Il existe deux approches linéaires de l’histoire. L’une, abstraite, élimine le rôle de l’homme et les contr
2034 de l’histoire. L’une, abstraite, élimine le rôle de l’homme et les contradictions du réel au profit d’une synthèse logiqu
2035 e l’homme et les contradictions du réel au profit d’ une synthèse logique et mécanique : c’est celle de Hegel et de Marx. L
2036 d’une synthèse logique et mécanique : c’est celle de Hegel et de Marx. L’histoire, ainsi conçue, est la réalisation progre
2037 se logique et mécanique : c’est celle de Hegel et de Marx. L’histoire, ainsi conçue, est la réalisation progressive d’une
2038 ire, ainsi conçue, est la réalisation progressive d’ une idée d’essence supérieure, telle que la nation. L’autre approche,
2039 conçue, est la réalisation progressive d’une idée d’ essence supérieure, telle que la nation. L’autre approche, celle de Pr
2040 ure, telle que la nation. L’autre approche, celle de Proudhon par exemple, refuse la synthèse et voit dans la contradictio
2041 dans la contradiction toujours ouverte, le moteur de la vie et du mouvement. Les livres d’histoire nationale projettent su
2042 , le moteur de la vie et du mouvement. Les livres d’ histoire nationale projettent sur les réalités passées (qui lui sont b
2043 ait été autrement. C’est ainsi qu’on peut parler de frontières “naturelles” qui n’ont de naturel que la valeur mythique q
2044 peut parler de frontières “naturelles” qui n’ont de naturel que la valeur mythique qu’on leur accorde au service de l’idé
2045 la valeur mythique qu’on leur accorde au service de l’idée d’une “nation” éternelle. À l’inverse, il faut considérer que
2046 mythique qu’on leur accorde au service de l’idée d’ une “nation” éternelle. À l’inverse, il faut considérer que l’homme es
2047 erse, il faut considérer que l’homme est créateur de son histoire, qu’il n’est pas soumis à des “lois” historiques ou des
2048 liberté. La tradition est l’institutionnalisation d’ un ordre de valeurs, tandis que la révolution est la remise en cause d
2049 tradition est l’institutionnalisation d’un ordre de valeurs, tandis que la révolution est la remise en cause de toutes le
2050 , tandis que la révolution est la remise en cause de toutes les valeurs, une façon radicalement nouvelle de voir les chose
2051 utes les valeurs, une façon radicalement nouvelle de voir les choses. De cette manière, le fédéralisme est révolutionnaire
2052 e façon radicalement nouvelle de voir les choses. De cette manière, le fédéralisme est révolutionnaire par rapport à l’ord
2053 et les visions qui en procèdent, qu’elles soient de “gauche” ou de “droite”, capitalistes ou communistes. »
2054 qui en procèdent, qu’elles soient de “gauche” ou de “droite”, capitalistes ou communistes. »
9 1988, Inédits (extraits de cours). Liberté
2055 est libre, peut vraiment aimer, être responsable d’ aimer son prochain. Ceci jouera un très grand rôle dans toutes les loi
2056 ns toutes les lois ensuite, dans toute l’histoire de l’Occident, où on dira que si un homme est reconnu irresponsable, il
2057 u irresponsable, il ne peut être condamné pour un de ses actes. Il faut qu’il l’ait commis librement pour être responsable
2058 non pas qui s’opposent. 21 novembre 1969 La santé de l’individu, c’est qu’à la liberté qu’il prend en sortant de la tribu
2059 idu, c’est qu’à la liberté qu’il prend en sortant de la tribu correspondent des responsabilités qu’il reçoit dans la cité.
2060 esponsabilités. Il n’est pas vraiment responsable de ce qu’il fait s’il ne le fait pas librement. Il faut voir liberté et
2061 eux pôles qui représentent la tension du citoyen, de l’individu sain. À partir de là, on peut imaginer toute une dialectiq
2062 p fort, la liberté disparaît, et on a cette sorte de cité que l’on appelle aujourd’hui la fourmilière, la cité des robots,
2063 ts, où tout est complètement réglé. Il n’y a plus de tension entre l’individu et la communauté. À l’autre extrême, si le p
2064 t complètement détaché et ne peut plus rien faire de sa liberté, c’est le stade de l’anarchie. La cité en santé est un bon
2065 eut plus rien faire de sa liberté, c’est le stade de l’anarchie. La cité en santé est un bon équilibre en tension entre li
2066 coure son risque, devienne non plus l’instrument d’ une action collective, mais le vrai sujet de son action (au sens philo
2067 ument d’une action collective, mais le vrai sujet de son action (au sens philosophique), l’agent libre de son propre desti
2068 son action (au sens philosophique), l’agent libre de son propre destin. Vouloir la liberté n’est qu’une phrase démagogique
2069 uloir des hommes libres, donc des hommes capables de choisir d’une manière nécessairement imprévisible — c’est eux qui cho
2070 ommes libres, donc des hommes capables de choisir d’ une manière nécessairement imprévisible — c’est eux qui choisiront, et
2071 est eux qui choisiront, et pas l’État pour eux —, d’ une manière qui peut être mauvaise pour les intérêts de la cité, de la
2072 manière qui peut être mauvaise pour les intérêts de la cité, de la nation, ou de l’État : ce risque, ce danger, doit être
2073 peut être mauvaise pour les intérêts de la cité, de la nation, ou de l’État : ce risque, ce danger, doit être admis d’ava
2074 se pour les intérêts de la cité, de la nation, ou de l’État : ce risque, ce danger, doit être admis d’avance ; donc des ho
2075 de l’État : ce risque, ce danger, doit être admis d’ avance ; donc des hommes créateurs de conflits virtuels dans la sociét
2076 t être admis d’avance ; donc des hommes créateurs de conflits virtuels dans la société, et qui sont eux-mêmes le siège de
2077 s dans la société, et qui sont eux-mêmes le siège de conflits. En effet, pour être libre, l’homme doit être responsable. S
2078 la preuve. 29 octobre 1965 Il ne peut pas y avoir de participation civique ou fédérale s’il n’y a pas d’autonomie, soit pe
2079 participation civique ou fédérale s’il n’y a pas d’ autonomie, soit personnelle, soit de la cité, de la petite patrie ; po
2080 ’il n’y a pas d’autonomie, soit personnelle, soit de la cité, de la petite patrie ; pour la même raison qu’on ne peut pas
2081 s d’autonomie, soit personnelle, soit de la cité, de la petite patrie ; pour la même raison qu’on ne peut pas être respons
2082 choses les plus communes et les plus importantes de la vie allaient de soi, c’est-à-dire ne posaient pas de problèmes fon
2083 vie allaient de soi, c’est-à-dire ne posaient pas de problèmes fondamentaux, angoissants. Mais avec l’avènement de la civi
2084 fondamentaux, angoissants. Mais avec l’avènement de la civilisation industrielle, la consommation, l’abondance, la dissoc
2085 la dissociation des liens familiaux, des coutumes de classe, des traditions religieuses dans la vie sociale, la démocratis
2086 oix libre dans la plupart des domaines importants de la vie. 9 février 1968 C’est à nous, c’est-à-dire que c’est à tous et
2087 à nous, c’est-à-dire que c’est à tous et à chacun d’ assumer notre rôle libre et responsable et de choisir concrètement ent
2088 acun d’assumer notre rôle libre et responsable et de choisir concrètement entre les finalités antinomiques que nous poursu
2089 théorie. C’est ce que j’appelle le grand dilemme d’ aujourd’hui, le grand dilemme auquel aucune des recettes valables pour
2090 es recettes valables pour tous les autres risques de la liberté n’est applicable. C’est toujours le même, mais qui se pose
2091 des termes un peu différents, toujours par paires d’ antinomies. Par exemple : exploiter à mort la nature ou conclure un no
2092 te, un nouveau concordat avec elle. Voilà le type de ce grand dilemme. Ou bien produire toujours plus ou vivre mieux, c’es
2093 améliorer le mode de vie qualitatif. Autre forme de dilemme : augmenter les richesses ou bien chercher plus de sens à la
2094 e : augmenter les richesses ou bien chercher plus de sens à la vie. Ou encore : vouloir la puissance de l’État-nation ou l
2095 e sens à la vie. Ou encore : vouloir la puissance de l’État-nation ou la fécondité des échanges. Réunir toutes les conditi
2096 ondité des échanges. Réunir toutes les conditions d’ hégémonie pour un État-nation ou essayer de se rendre utile, voire ind
2097 itions d’hégémonie pour un État-nation ou essayer de se rendre utile, voire indispensable aux voisins. Se préparer à gagne
2098 peut être uniformisé à l’intérieur des frontières d’ un pays ou au contraire unir les diversités, donc, broyer toutes les d
2099 a puissance ou choisir la liberté. 2. Autorité de l’État et liberté 13 décembre 1968 La réaction romaine de plus en
2100 plus typique à mesure qu’on va vers la décadence de l’Empire, c’est d’invoquer « la majesté de l’État » contre la réalité
2101 ure qu’on va vers la décadence de l’Empire, c’est d’ invoquer « la majesté de l’État » contre la réalité des problèmes, c’e
2102 e l’État » contre la réalité des problèmes, c’est de recourir à l’autorité contre la libre discussion des pour et des cont
2103 seul coup le grand effort entrepris par les rois de France à partir de Philippe le Bel, et surtout sous Louis XI et Louis
2104 ent été gênés par la parole qu’ils avaient donnée de respecter les chartes de franchises, « la Révolution va tout balayer
2105 le qu’ils avaient donnée de respecter les chartes de franchises, « la Révolution va tout balayer d’un seul coup » comme l’
2106 6 En Europe, nous devrions tenir compte à la fois de la liberté et de l’autorité. Nous sommes très souvent, en réalité, un
2107 devrions tenir compte à la fois de la liberté et de l’autorité. Nous sommes très souvent, en réalité, un mauvais mélange
2108 mmes très souvent, en réalité, un mauvais mélange d’ éléments autoritaires et libertaires, jusqu’à en être anarchiques. Nos
2109 res, jusqu’à en être anarchiques. Nos démocraties de l’Ouest peuvent être décrites comme un mélange d’anarchie dans certai
2110 de l’Ouest peuvent être décrites comme un mélange d’ anarchie dans certains domaines et de tyrannie dans d’autres. La voie
2111 e un mélange d’anarchie dans certains domaines et de tyrannie dans d’autres. La voie idéale que devrait poursuivre l’Europ
2112 re l’Europe serait une mise en tension productive de l’autorité et de la liberté. h. Avec l’introduction suivante des é
2113 t une mise en tension productive de l’autorité et de la liberté. h. Avec l’introduction suivante des éditeurs : « Voulo
2114 abstraite, c’est vouloir que l’homme soit l’agent de son propre destin. Ce n’est pas un pur désir utopique, mais bien une
2115 sité à notre époque où — à l’inverse des sociétés d’ hier dans lesquelles le comportement était dicté par les valeurs, les
2116 trouve désormais en mesure, et donc en position, de choisir ce que sera sa vie. Cela pose, au niveau individuel et au niv
2117 au individuel et au niveau collectif, un problème de finalités à travers nos actes les plus quotidiens. Ce que nous faison
2118 puissance (c’est-à-dire l’organisation militaire de l’État-nation, la compétition pour la croissance économique à la rech
2119 B le plus élevé) ou la liberté (modèle alternatif de la fédération au niveau politique, et de l’écologie au niveau économi
2120 ternatif de la fédération au niveau politique, et de l’écologie au niveau économique) ? Le problème, c’est qu’il n’y a pas
2121 économique) ? Le problème, c’est qu’il n’y a pas de liberté, autre qu’illusoire et par là même dangereuse, sans responsab
2122 xcluent ni ne s’abolissent en concept synthétique d’ essence supérieure. Il faut composer entre ces deux extrêmes que sont
2123 ne doit pas être absolutisée, qu’elle doit aller de pair avec une participation du citoyen dans la cité, et des cités dan
2124 onc le fédéralisme, à la fois garant des libertés de chacun et fondé sur l’engagement de tous. L’État-nation promet la Lib
2125 des libertés de chacun et fondé sur l’engagement de tous. L’État-nation promet la Liberté, mais une Liberté abstraite qui
2126 iberté, mais une Liberté abstraite qui lui permet d’ éliminer les libertés réelles au nom de ce principe (comme la Révoluti
2127 ui compte, en dernière instance, c’est l’autorité de l’État plutôt que les libertés des citoyens. Les démocraties occident
2128 bertés des citoyens. Les démocraties occidentales d’ aujourd’hui oscillent entre les deux pôles contraires mais irréductibl
2129 contraires mais irréductibles que sont l’autorité de l’État et la liberté concrète de chacun. Ainsi, elles se situent entr
2130 sont l’autorité de l’État et la liberté concrète de chacun. Ainsi, elles se situent entre la tyrannie (autorité sans répl
2131 . Elle doit être préservée, contre toute tendance d’ en éliminer un des deux termes ou de les confondre dans la recherche d
2132 oute tendance d’en éliminer un des deux termes ou de les confondre dans la recherche d’une illusoire synthèse, par un syst
2133 deux termes ou de les confondre dans la recherche d’ une illusoire synthèse, par un système fédéraliste où l’autorité de l’
2134 ynthèse, par un système fédéraliste où l’autorité de l’État a précisément pour but de garantir les libertés des personnes
2135 te où l’autorité de l’État a précisément pour but de garantir les libertés des personnes et des communautés. »
10 1988, Inédits (extraits de cours). Moyens et fins
2136 Moyens et finsi 1. Problèmes de la liberté de choisir son destin 7 novembre 1969 La crise actuelle
2137 Moyens et finsi 1. Problèmes de la liberté de choisir son destin 7 novembre 1969 La crise actuelle nous amène à
2138 ène à poser pour la première fois dans l’histoire de l’humanité les questions fondamentales de la destinée du genre humain
2139 istoire de l’humanité les questions fondamentales de la destinée du genre humain. Quel genre de communautés faut-il créer 
2140 ntales de la destinée du genre humain. Quel genre de communautés faut-il créer ? sur quel type d’homme les fonder ? selon
2141 enre de communautés faut-il créer ? sur quel type d’ homme les fonder ? selon quelles valeurs régler ces communautés, leur
2142 our quelle fin ultime les faire marcher ? Ce sont d’ énormes questions, qui caractérisent le paradoxe fondamental de l’évol
2143 stions, qui caractérisent le paradoxe fondamental de l’évolution de notre temps : pour la première fois dans toute l’histo
2144 actérisent le paradoxe fondamental de l’évolution de notre temps : pour la première fois dans toute l’histoire — depuis qu
2145 depuis que l’humanité a pris une vague conscience d’ elle-même —, les hommes se voient contraints de choisir leur avenir, d
2146 ce d’elle-même —, les hommes se voient contraints de choisir leur avenir, de choisir l’avenir de l’espèce humaine, et voil
2147 mmes se voient contraints de choisir leur avenir, de choisir l’avenir de l’espèce humaine, et voilà le paradoxe : pour la
2148 aints de choisir leur avenir, de choisir l’avenir de l’espèce humaine, et voilà le paradoxe : pour la première fois dans l
2149 e fois dans l’histoire, l’humanité est contrainte de choisir librement son avenir. 26 novembre 1971 Autrefois, tout était
2150 ir. 26 novembre 1971 Autrefois, tout était tracé d’ avance. Hier, un nouveau code de déterminismes commençait à se dessine
2151 tout était tracé d’avance. Hier, un nouveau code de déterminismes commençait à se dessiner, prenant le relais des contrai
2152 raintes coutumières : la majorité des jeunes gens de ma génération me paraissent avoir choisi le métier qui était à la foi
2153 si le métier qui était à la fois le moins éloigné de leurs goûts (dans la mesure où ils avaient la chance de les connaître
2154 rs goûts (dans la mesure où ils avaient la chance de les connaître) et le plus près de leur idée d’une carrière intéressan
2155 ce de les connaître) et le plus près de leur idée d’ une carrière intéressante, au sens financier de l’adjectif. Aujourd’hu
2156 ée d’une carrière intéressante, au sens financier de l’adjectif. Aujourd’hui, quelque chose de nouveau s’est produit. Au l
2157 nt au Moyen Âge, au lieu des goûts individuels et de la soif de profit matériel libérés par la Renaissance, qui dominaient
2158 Âge, au lieu des goûts individuels et de la soif de profit matériel libérés par la Renaissance, qui dominaient hier encor
2159 sance, qui dominaient hier encore le comportement de la plupart des Occidentaux, je vois paraître une motivation aussi dif
2160 je vois paraître une motivation aussi différente de la coutume que du profit : celle du sens de ma vie, du sens de la soc
2161 rente de la coutume que du profit : celle du sens de ma vie, du sens de la société, et du sens de ma participation — ou no
2162 que du profit : celle du sens de ma vie, du sens de la société, et du sens de ma participation — ou non — à cette société
2163 sens de ma vie, du sens de la société, et du sens de ma participation — ou non — à cette société. Mais cela pose de grande
2164 pation — ou non — à cette société. Mais cela pose de grandes et graves questions. Prenons l’exemple de l’ingénieur. Hier,
2165 de grandes et graves questions. Prenons l’exemple de l’ingénieur. Hier, il était ingénieur pour produire, pour bâtir et or
2166 ominer la nature et l’exploiter au maximum en vue d’ une prospérité matérielle toujours croissante. Aujourd’hui, il constat
2167 te. Aujourd’hui, il constate que la nature risque de succomber à l’industrie qui la pille sans le moindre scrupule, puis l
2168 ’empoisonne par le moyen des produits transformés de ce pillage. Et l’idée se fait jour en lui que ce n’est plus aux seuls
2169 jour en lui que ce n’est plus aux seuls « besoins de l’économie » qu’il s’agit désormais de répondre (ils ne sont trop sou
2170 « besoins de l’économie » qu’il s’agit désormais de répondre (ils ne sont trop souvent que le profit des firmes et de leu
2171 ne sont trop souvent que le profit des firmes et de leurs actionnaires), mais plutôt aux besoins de la société humaine, d
2172 t de leurs actionnaires), mais plutôt aux besoins de la société humaine, de la communauté humaine sous toutes ses formes :
2173 ), mais plutôt aux besoins de la société humaine, de la communauté humaine sous toutes ses formes : municipale, régionale,
2174 erspectives combien plus vastes et significatives de la cité, de la nature, et de la nécessité vitale désormais de nouer e
2175 combien plus vastes et significatives de la cité, de la nature, et de la nécessité vitale désormais de nouer entre elles u
2176 es et significatives de la cité, de la nature, et de la nécessité vitale désormais de nouer entre elles un nouveau pacte.
2177 de la nature, et de la nécessité vitale désormais de nouer entre elles un nouveau pacte. 26 juin 1970 C’est le succès cont
2178 ent aux hommes le nécessaire vital, et permettent d’ attendre un développement continu, à l’infini, l’homme se voit libéré
2179 ement continu, à l’infini, l’homme se voit libéré de la nécessité pure, il se voit capable de choisir l’avenir de sa civil
2180 t libéré de la nécessité pure, il se voit capable de choisir l’avenir de sa civilisation, les buts de cette civilisation.
2181 sité pure, il se voit capable de choisir l’avenir de sa civilisation, les buts de cette civilisation. Jusqu’ici, l’effort
2182 de choisir l’avenir de sa civilisation, les buts de cette civilisation. Jusqu’ici, l’effort absorbait le plus clair des é
2183 acun fonçait droit devant soi en pensant : il y a de la place et des ressources pour tous… On se laissait entraîner sans r
2184 , à la nature qui arrangerait tout… Or, une série de choix s’impose aujourd’hui de la manière la plus concrète et urgente 
2185 tout… Or, une série de choix s’impose aujourd’hui de la manière la plus concrète et urgente : puissance ou liberté ? progr
2186 itatif ? croissance ou équilibre ? PNB ou qualité de vie ? etc. Et nous voyons bien que les premiers termes sont collectif
2187 que tout était réglé par la société, la question de ses fins dernières était rarement posée ; on n’en prenait pas nécessa
2188 t est libre, mais tout devient problème, occasion de doute, d’anxiété. Tout oblige à avoir conscience de ce qu’on veut en
2189 e, mais tout devient problème, occasion de doute, d’ anxiété. Tout oblige à avoir conscience de ce qu’on veut en fin de com
2190 doute, d’anxiété. Tout oblige à avoir conscience de ce qu’on veut en fin de compte, c’est-à-dire de ce qu’on veut avoir c
2191 e de ce qu’on veut en fin de compte, c’est-à-dire de ce qu’on veut avoir comme politique ! C’est cela, la liberté. Et cela
2192 a liberté. Et cela pèse ! Et on comprend que tant d’ hommes aujourd’hui la fuient, devant les risques et les obligations qu
2193 ation, les doutes devant un étalage trop abondant d’ objets ou de produits), ou les divers conformismes moraux ou politique
2194 outes devant un étalage trop abondant d’objets ou de produits), ou les divers conformismes moraux ou politiques qu’on bapt
2195 s moraux ou politiques qu’on baptise « discipline de parti » ou « sens de l’histoire », et qui donnent au jeune homme ou à
2196 s qu’on baptise « discipline de parti » ou « sens de l’histoire », et qui donnent au jeune homme ou à la jeune fille l’imp
2197 rs qu’il n’est qu’embrigadé, qu’il s’est déchargé de la peine de réfléchir et de choisir sur le parti ou la mode, ou même,
2198 st qu’embrigadé, qu’il s’est déchargé de la peine de réfléchir et de choisir sur le parti ou la mode, ou même, dans le mei
2199 qu’il s’est déchargé de la peine de réfléchir et de choisir sur le parti ou la mode, ou même, dans le meilleur des cas, s
2200 même, dans le meilleur des cas, sur un directeur de conscience laïque, chef de cellule ou chef de gang, chef de parti ou
2201 cas, sur un directeur de conscience laïque, chef de cellule ou chef de gang, chef de parti ou dictateur. Modes, publicité
2202 eur de conscience laïque, chef de cellule ou chef de gang, chef de parti ou dictateur. Modes, publicités, conformismes, di
2203 nce laïque, chef de cellule ou chef de gang, chef de parti ou dictateur. Modes, publicités, conformismes, disciplines de p
2204 eur. Modes, publicités, conformismes, disciplines de parti, chauvinismes, fanatismes de jeunesses fascistes ou nazies, ou
2205 s, disciplines de parti, chauvinismes, fanatismes de jeunesses fascistes ou nazies, ou communistes, ou phalangistes, ou ga
2206 istes, ou phalangistes, ou gardes rouges : autant de remèdes contre la liberté, autant de fuites devant la liberté et le v
2207 ges : autant de remèdes contre la liberté, autant de fuites devant la liberté et le vertige, et devant les questions derni
2208 es finalités assumées. 5 novembre 1971 La formule de toute hypocrisie sociale, c’est la négation, le refoulement des final
2209 se pas réellement. 11 novembre 1966 Le seul moyen d’ évaluer, d’apprécier, de critiquer en connaissance de cause un régime
2210 lement. 11 novembre 1966 Le seul moyen d’évaluer, d’ apprécier, de critiquer en connaissance de cause un régime et, plus gé
2211 vembre 1966 Le seul moyen d’évaluer, d’apprécier, de critiquer en connaissance de cause un régime et, plus généralement, u
2212 t, plus généralement, une politique donnée, c’est de savoir d’abord quels étaient ou quels sont ses buts humains — sont-il
2213 ls bons ou mauvais en tant que tels ? — et après, de se poser la question de l’efficacité de la politique proposée, c’est-
2214 nt que tels ? — et après, de se poser la question de l’efficacité de la politique proposée, c’est-à-dire de comparer les r
2215 et après, de se poser la question de l’efficacité de la politique proposée, c’est-à-dire de comparer les réalisations effe
2216 efficacité de la politique proposée, c’est-à-dire de comparer les réalisations effectuées aux buts déclarés ou réels de ce
2217 éalisations effectuées aux buts déclarés ou réels de cette politique. 3 décembre 1971 Il y a les finalités réelles et les
2218 olitiques ce qu’on pourrait appeler les mensonges de routine : expliquer pourquoi il n’y aura pas de dévaluation deux jour
2219 s de routine : expliquer pourquoi il n’y aura pas de dévaluation deux jours avant qu’on la fasse, et expliquer une semaine
2220 mer, si on déclare la guerre, que c’est par amour de la paix, hélas unilatéral. Ou quand on refuse une augmentation de sal
2221 s unilatéral. Ou quand on refuse une augmentation de salaire dans une branche de l’industrie, que c’est par impossibilité
2222 fuse une augmentation de salaire dans une branche de l’industrie, que c’est par impossibilité matérielle — pourtant on fin
2223 ités. La plupart ne déclarent que ce qu’on attend d’ eux, dans les masses du pays, au parlement, ou dans les chancelleries
2224 du pays, au parlement, ou dans les chancelleries de l’étranger. Les finalités réelles ne se manifestent d’une manière cer
2225 étranger. Les finalités réelles ne se manifestent d’ une manière certaine et vérifiable qu’à l’occasion de la cérémonie ann
2226 ne manière certaine et vérifiable qu’à l’occasion de la cérémonie annuelle qui justifie les conseils de direction et les p
2227 e la cérémonie annuelle qui justifie les conseils de direction et les parlements dont elle était, à l’origine, la principa
2228 udget. Car le budget est la traduction financière d’ une politique, c’est-à-dire la manière dont on entend ordonner les moy
2229 si on apprend à les lire. Pour cela, le principe de base, c’est de croire les chiffres plutôt que les justifications de c
2230 à les lire. Pour cela, le principe de base, c’est de croire les chiffres plutôt que les justifications de ces chiffres. Pa
2231 croire les chiffres plutôt que les justifications de ces chiffres. Par exemple, quand on dit : la commune de x n’a pas aut
2232 chiffres. Par exemple, quand on dit : la commune de x n’a pas autant de moyens financiers que la petite commune de y pour
2233 le, quand on dit : la commune de x n’a pas autant de moyens financiers que la petite commune de y pour l’hygiène mentale d
2234 autant de moyens financiers que la petite commune de y pour l’hygiène mentale des enfants des écoles, on dit en réalité :
2235 nfants des écoles, on dit en réalité : la commune de x, quoique plus riche que celle de y, n’a pas les mêmes objectifs ou
2236 é : la commune de x, quoique plus riche que celle de y, n’a pas les mêmes objectifs ou doit tenir compte d’autres problème
2237 autres problèmes jugés plus importants. On essaie de faire croire que la politique que l’on adopte est « dictée par le bud
2238 question pure, béante, qui ne se posait du temps de ma jeunesse qu’à quelques-uns, et qui a subitement éclaté dans les un
2239 , et qui a subitement éclaté dans les universités de tout l’Occident et dans les rues de toutes nos grandes villes au mois
2240 s universités de tout l’Occident et dans les rues de toutes nos grandes villes au mois de mai 1968 : Que faisons-nous là ?
2241 ans les rues de toutes nos grandes villes au mois de mai 1968 : Que faisons-nous là ? Quel est le sens de cette société, q
2242 mai 1968 : Que faisons-nous là ? Quel est le sens de cette société, quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en
2243 el est le sens de cette société, quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, qui n’est pas une com
2244 es, aux techniciens, aux urbanistes qu’il incombe de chercher et de trouver d’urgence les moyens de restaurer ce qui fut c
2245 iens, aux urbanistes qu’il incombe de chercher et de trouver d’urgence les moyens de restaurer ce qui fut compromis par le
2246 rbanistes qu’il incombe de chercher et de trouver d’ urgence les moyens de restaurer ce qui fut compromis par le génie civi
2247 be de chercher et de trouver d’urgence les moyens de restaurer ce qui fut compromis par le génie civil et militaire, j’ent
2248 le génie civil et militaire, j’entends les moyens de prévenir les désastres sociaux, biologiques et physiques qu’annonce l
2249 exaltante pour l’ingénieur ? Une nouvelle manière d’ assumer ses droits et ses devoirs civiques et culturels, et de passer
2250 s droits et ses devoirs civiques et culturels, et de passer du rôle d’expert non concerné, voire de simple servant d’un sy
2251 voirs civiques et culturels, et de passer du rôle d’ expert non concerné, voire de simple servant d’un système de profit, a
2252 et de passer du rôle d’expert non concerné, voire de simple servant d’un système de profit, au rôle de créateur voisin de
2253 le d’expert non concerné, voire de simple servant d’ un système de profit, au rôle de créateur voisin de celui de l’artiste
2254 on concerné, voire de simple servant d’un système de profit, au rôle de créateur voisin de celui de l’artiste, responsable
2255 de simple servant d’un système de profit, au rôle de créateur voisin de celui de l’artiste, responsable d’une cité neuve e
2256 ’un système de profit, au rôle de créateur voisin de celui de l’artiste, responsable d’une cité neuve et d’un nouveau cont
2257 me de profit, au rôle de créateur voisin de celui de l’artiste, responsable d’une cité neuve et d’un nouveau contrat socia
2258 réateur voisin de celui de l’artiste, responsable d’ une cité neuve et d’un nouveau contrat social ? Au spécialiste « isolé
2259 lui de l’artiste, responsable d’une cité neuve et d’ un nouveau contrat social ? Au spécialiste « isolé » (comme un fil éle
2260 ouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’ homme de technique et de science réintégré dans la communauté, relié à
2261 t nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de technique et de science réintégré dans la communauté, relié à l’ensem
2262 poser aujourd’hui un type d’homme de technique et de science réintégré dans la communauté, relié à l’ensemble social par l
2263 l’ensemble social par le souci des fins dernières de la cité et de la personne dans la communauté. 9 février 1968 Il faut
2264 ial par le souci des fins dernières de la cité et de la personne dans la communauté. 9 février 1968 Il faut s’habituer à p
2265 l y a des antinomies, et ne pas essayer follement d’ éliminer un des deux termes. On n’y arriverait pas. Prenons par exempl
2266 ait pas. Prenons par exemple le profit, la notion de profit. Je pense que le vice fondamental et mortel de notre société o
2267 rofit. Je pense que le vice fondamental et mortel de notre société occidentale, c’est que tout est réglé en fonction du pr
2268 du profit, que le profit, le recours à la notion de profit tranche toujours en dernier ressort. Admettons cela en tout ca
2269 ement éliminé ? qu’il faut y renoncer ? au profit de théories des partis de gauche, mettons, et au détriment des capitalis
2270 aut y renoncer ? au profit de théories des partis de gauche, mettons, et au détriment des capitalistes ? Eh bien, ce serai
2271 Eh bien, ce serait une vision irréaliste et naïve de la société. Dire que la priorité de fait donnée au motif du profit es
2272 iste et naïve de la société. Dire que la priorité de fait donnée au motif du profit est la cause des maux les plus graves
2273 f du profit est la cause des maux les plus graves de nos sociétés n’équivaut pas du tout à dire qu’il faut supprimer le pr
2274 jusqu’à ces dernières années, au nom du profit ou de la rentabilité, et pas de la vie. 12 novembre 1971 Aux problèmes vita
2275 es, au nom du profit ou de la rentabilité, et pas de la vie. 12 novembre 1971 Aux problèmes vitaux que posent l’épuisement
2276 1971 Aux problèmes vitaux que posent l’épuisement de l’oxygène, la pollution des océans, les barrages fluviaux, s’ajoute c
2277 barrages fluviaux, s’ajoute celui des villes nées de l’industrie au xixe siècle et de la technique au xxe siècle. Je cro
2278 des villes nées de l’industrie au xixe siècle et de la technique au xxe siècle. Je crois qu’elles nous offrent l’exemple
2279 t l’exemple le plus visible, tangible, plastique, de l’absence de finalités communautaires, si caractéristique de notre so
2280 e plus visible, tangible, plastique, de l’absence de finalités communautaires, si caractéristique de notre société. Leur c
2281 e de finalités communautaires, si caractéristique de notre société. Leur chaos architectural de géométries bêtes ou folles
2282 stique de notre société. Leur chaos architectural de géométries bêtes ou folles, leur taille démesurée, leur envahissement
2283 tes, c’est la représentation exacte non seulement de l’absence de finalités communes et créatrices de communautés structur
2284 représentation exacte non seulement de l’absence de finalités communes et créatrices de communautés structurées, mais de
2285 de l’absence de finalités communes et créatrices de communautés structurées, mais de la mise en œuvre, hautement efficace
2286 es et créatrices de communautés structurées, mais de la mise en œuvre, hautement efficace cette fois-ci, d’une seule final
2287 mise en œuvre, hautement efficace cette fois-ci, d’ une seule finalité : le profit à court terme. 3 décembre 1971 C’est le
2288 suit. Voilà le lieu bien délimité, le champ clos de la bataille proprement politique. Or, des choix de cet ordre, de plus
2289 e la bataille proprement politique. Or, des choix de cet ordre, de plus en plus, nous devrons les faire dans l’industrie.
2290 c’est entendu. La question sera, de plus en plus, de savoir si la finalité dernière que l’on sert est un certain équilibre
2291 ou calculé aussi en bonheur, en santé, en qualité de vie et en justice sociale ou communautaire. 29 octobre 1971 L’écart e
2292 ser le dire ! — n’a aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vie. Pour y arriver, en effet, on a
2293 usqu’à nous : le charbon et le pétrole s’épuisent d’ une manière calculable. Selon certains experts, même si l’on découvre
2294 n découvre dans les déserts et les mers le double de pétrole qu’on exploite aujourd’hui, avec l’augmentation de la populat
2295 e qu’on exploite aujourd’hui, avec l’augmentation de la population et de la consommation, tout le pétrole de la terre semb
2296 ourd’hui, avec l’augmentation de la population et de la consommation, tout le pétrole de la terre semble devoir être brûlé
2297 population et de la consommation, tout le pétrole de la terre semble devoir être brûlé d’ici trente ans. On trouvera autre
2298 L’épuisement des forêts, bien pire : l’épuisement de l’eau potable, pire encore : de l’air respirable, de l’oxygène même,
2299 re : l’épuisement de l’eau potable, pire encore : de l’air respirable, de l’oxygène même, suite à la mort des forêts et de
2300 l’eau potable, pire encore : de l’air respirable, de l’oxygène même, suite à la mort des forêts et des océans, c’est ce qu
2301 êts et des océans, c’est ce qui menace l’ensemble de l’humanité. Tout cela peut sembler délirant. Mais tout cela est impit
2302 ues et européens. 3. Fins et moyens au service de la personne 23 janvier 1970 Une communauté des personnes n’est pas
2303 970 Une communauté des personnes n’est pas la fin de l’homme, mais un moyen pour les personnes de se réaliser. Le but fina
2304 fin de l’homme, mais un moyen pour les personnes de se réaliser. Le but final n’est pas une plus grande puissance de la c
2305 Le but final n’est pas une plus grande puissance de la communauté, mais une plus grande liberté, une meilleure réalisatio
2306 ne plus grande liberté, une meilleure réalisation de chacun. La communauté est donc le lieu de dépassement des égoïsmes in
2307 isation de chacun. La communauté est donc le lieu de dépassement des égoïsmes individuels, alors que le nationalisme voudr
2308 e voudrait nous faire croire qu’elle est la somme de tous ces égoïsmes additionnés en un super-égoïsme collectif. Finaleme
2309 er-égoïsme collectif. Finalement, il faut répéter de la personne ce qu’en disait Kant : la personne, c’est ce qui, dans l’
2310 . Les idéalistes, au contraire, ne s’occupent que de la pureté absolue des fins, seuls objets dignes de la réflexion d’un
2311 e la pureté absolue des fins, seuls objets dignes de la réflexion d’un guide des hommes ; ils supposent que les moyens ser
2312 lue des fins, seuls objets dignes de la réflexion d’ un guide des hommes ; ils supposent que les moyens seront donnés et so
2313 yens seront donnés et souvent oublient finalement d’ en parler. À d’autres de les rechercher. Les points de réalisation dan
2314 uvent oublient finalement d’en parler. À d’autres de les rechercher. Les points de réalisation dans l’histoire, il me semb
2315 parler. À d’autres de les rechercher. Les points de réalisation dans l’histoire, il me semble, les points où il y a réali
2316 e, il me semble, les points où il y a réalisation de quelque chose, se situent toujours à l’intersection de ces deux tenda
2317 elque chose, se situent toujours à l’intersection de ces deux tendances, lorsque les fins, les buts, clairement conçus et
2318 s loin dans la critique des utopies et dire ceci, d’ une manière peut-être paradoxale : la plupart des utopies ont le tort
2319 e paradoxale : la plupart des utopies ont le tort de n’être pas assez nouvelles, pas assez neuves. C’est-à-dire qu’elles s
2320 s, qu’elles prolongent simplement quelques traits de notre vie actuelle. Or, les changements qui se produiront d’ici vingt
2321 istes. L’histoire réelle fera certainement preuve de beaucoup plus d’imagination que le plus grand utopiste d’aujourd’hui.
2322 réelle fera certainement preuve de beaucoup plus d’ imagination que le plus grand utopiste d’aujourd’hui. L’histoire réell
2323 oup plus d’imagination que le plus grand utopiste d’ aujourd’hui. L’histoire réelle aura une imagination beaucoup plus fert
2324 urprises, en innovations totalement imprévisibles de nos jours, aussi imprévisibles par exemple que la bombe atomique l’ét
2325 es terrifiantes pour détruire presque un quartier de ville, ou même encore beaucoup plus imprévisibles que la bombe ne l’é
2326 iques. Mais il y a d’autres conceptions possibles de l’utopie, des conceptions qui ne sont pas négatives, qui ne sont pas
2327 plus une évasion devant les conditions pratiques de l’action, mais au contraire qui sont des descriptions d’un nouvel ord
2328 tion, mais au contraire qui sont des descriptions d’ un nouvel ordre à établir, d’une société plus cohérente, mieux ordonné
2329 ont des descriptions d’un nouvel ordre à établir, d’ une société plus cohérente, mieux ordonnée au bien, c’est-à-dire au ty
2330 nte, mieux ordonnée au bien, c’est-à-dire au type d’ homme que l’on considère comme idéal, des utopies conçues non pas à pa
2331 comme idéal, des utopies conçues non pas à partir d’ aujourd’hui, mais à partir de ce but cohérent. Ce sont des description
2332 , c’est-à-dire sur le lieu où tous les événements de l’histoire prennent leur source. Il n’y aurait pas d’histoire, s’il n
2333 ’histoire prennent leur source. Il n’y aurait pas d’ histoire, s’il n’y avait pas, à l’origine de ce qu’on appelle l’événem
2334 t pas d’histoire, s’il n’y avait pas, à l’origine de ce qu’on appelle l’événement, quelque chose qui se passe dans l’espri
2335 énement, quelque chose qui se passe dans l’esprit d’ un homme — c’est toujours là que l’histoire commence, tous ces événeme
2336 nements, à l’exception peut-être des tremblements de terre. i. Avec l’introduction suivante des éditeurs : « Autrefois,
2337 une corporation, à une classe, par les impératifs d’ ordre matériel. Actuellement, c’est beaucoup moins le cas dans les soc
2338 p moins le cas dans les sociétés occidentales où, de surcroît, l’homme se voit libéré de la nécessité pure, grâce aux prog
2339 identales où, de surcroît, l’homme se voit libéré de la nécessité pure, grâce aux progrès de la technologie. Mais cette li
2340 it libéré de la nécessité pure, grâce aux progrès de la technologie. Mais cette libération contraint paradoxalement l’huma
2341 tion contraint paradoxalement l’humanité au choix de son avenir, au travers de finalités qu’elle doit se découvrir. Cela p
2342 e nouvelle et lancinante question : celle du sens de la vie, du sens de la société dans laquelle on vit, du sens de la par
2343 nante question : celle du sens de la vie, du sens de la société dans laquelle on vit, du sens de la part de chacun aux cho
2344 t de chacun aux choix qui y sont faits. La notion de communauté doit être réhabilitée comme moyen pour la personne de se r
2345 oit être réhabilitée comme moyen pour la personne de se réaliser, c’est-à-dire d’atteindre ses buts vis-à-vis d’elle-même
2346 yen pour la personne de se réaliser, c’est-à-dire d’ atteindre ses buts vis-à-vis d’elle-même et vis-à-vis d’autrui. On voi
2347 iser, c’est-à-dire d’atteindre ses buts vis-à-vis d’ elle-même et vis-à-vis d’autrui. On voit, ainsi, la nécessité de promo
2348 indre ses buts vis-à-vis d’elle-même et vis-à-vis d’ autrui. On voit, ainsi, la nécessité de promouvoir l’idée d’un nouveau
2349 vis-à-vis d’autrui. On voit, ainsi, la nécessité de promouvoir l’idée d’un nouveau pacte entre l’homme, la cité, la natur
2350 On voit, ainsi, la nécessité de promouvoir l’idée d’ un nouveau pacte entre l’homme, la cité, la nature. Il conviendrait, p
2351 la cité, la nature. Il conviendrait, par exemple, de réinsérer le savant dans la communauté, afin de contrebalancer l’hype
2352 ion actuelle qui ne lui donne plus la possibilité de s’interroger sur les finalités que son travail met en jeu. Sans élimi
2353 jeu. Sans éliminer purement et simplement l’idée de profit, il faudrait que celui-ci cesse d’être la seule finalité effec
2354 l’idée de profit, il faudrait que celui-ci cesse d’ être la seule finalité effectivement déterminante : la destruction pro
2355 ivement déterminante : la destruction progressive de l’environnement est au cœur de ce problème, tout comme la destruction
2356 uction progressive de l’environnement est au cœur de ce problème, tout comme la destruction instantanée qui résulterait de
2357 comme la destruction instantanée qui résulterait de la course aux armements. Un régime quel qu’il soit se juge d’après se
2358 dget des États que l’on peut découvrir les ordres de priorité réels orientant leur action. Ce sont les finalités effective
2359 vement poursuivies qui déterminent le vrai visage d’ une politique : loin de se cantonner à la vie politicienne, les choix
2360 les choix politiques sont globalement une affaire d’ adéquation de moyens et de fins, aussi bien aux niveaux économique, in
2361 itiques sont globalement une affaire d’adéquation de moyens et de fins, aussi bien aux niveaux économique, industriel, éne
2362 globalement une affaire d’adéquation de moyens et de fins, aussi bien aux niveaux économique, industriel, énergétique, mil
2363 ment, ou recherche-t-on un modèle plus qualitatif de croissance ? En fait, on peut discerner deux tendances opposées dans
2364 ent préoccupés des fins sans se donner les moyens de les réaliser, tandis que les “réalistes” agiront sans trop se poser l
2365 itable se situe entre les deux : la détermination de buts clairs suscitant des moyens appropriés pour les réaliser, telle
2366 iés pour les réaliser, telle serait la définition de la meilleure politique. On a souvent qualifié Denis de Rougemont d’ut
2367 litique. On a souvent qualifié Denis de Rougemont d’ utopiste, et il revendique cette qualité, mais en lui donnant un sens
2368 extrapolation. Pour Denis de Rougemont, ce genre d’ utopie couramment répandu n’est “pas assez utopique”. L’utopie qu’il r
11 1988, Inédits (extraits de cours). Occident
2369 s du génie occidental 24 avril 1970 Dès l’aube de la philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’Ionie où prit n
2370 l’aube de la philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire,
2371 philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’ Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite éc
2372 es cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut
2373 e décisive, qu’il faut tenir pour la formule même de l’unité européenne : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des co
2374 ’unité européenne : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie. » De ce temps
2375 des contraires procède la plus belle harmonie. » De ce temps jusqu’au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui para
2376 paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et
2377 loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la dive
2378 toire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence fécon
2379 vrier 1966 L’Occident, dans les meilleurs moments de sa tradition intellectuelle, ne cesse d’en appeler à ce qu’on a appel
2380 moments de sa tradition intellectuelle, ne cesse d’ en appeler à ce qu’on a appelé les « droits imprescriptibles de la per
2381 à ce qu’on a appelé les « droits imprescriptibles de la personne humaine » ; c’est une phrase qui revient dans tous les gr
2382 tes les déclarations philosophiques ou politiques de base. Comme si, en tout cas en théorie, idéalement, la personne était
2383 étant là pour le service des personnes, le moyen de la réalisation des personnes. La personne est donc le but de la socié
2384 sation des personnes. La personne est donc le but de la société, pour cette tradition constante européenne qui vient de la
2385 s civiques et politiques. Or, tous ces caractères de la personne, ce caractère paradoxal, vous le retrouvez terme à terme
2386 llective. Donc nous avons exactement le même type de paradoxe, d’union de deux choses que la logique juge incompatibles. I
2387 c nous avons exactement le même type de paradoxe, d’ union de deux choses que la logique juge incompatibles. Il y a donc un
2388 vons exactement le même type de paradoxe, d’union de deux choses que la logique juge incompatibles. Il y a donc une espèce
2389 ogique juge incompatibles. Il y a donc une espèce de rencontre, de convenance essentielle, entre personne et fédéralisme ;
2390 compatibles. Il y a donc une espèce de rencontre, de convenance essentielle, entre personne et fédéralisme ; il semble que
2391 onne et fédéralisme ; il semble que la définition de l’homme comme personne soit précisément la définition de l’homme qu’i
2392 mme comme personne soit précisément la définition de l’homme qu’il faut à un système fédéraliste. 7 novembre 1969 Quand l’
2393 évoir, à avoir sa politique à lui, est née l’idée de recherche à tout prix et de progrès. Voilà qui distingue complètement
2394 à lui, est née l’idée de recherche à tout prix et de progrès. Voilà qui distingue complètement, dès les origines de notre
2395 oilà qui distingue complètement, dès les origines de notre culture, l’Occident de l’Orient. L’esprit oriental est, avant t
2396 nt, dès les origines de notre culture, l’Occident de l’Orient. L’esprit oriental est, avant tout, un esprit qui accepte le
2397 qui cherche simplement à s’inscrire dans l’ordre de ces lois, et qui n’imagine pas qu’on puisse s’opposer à un ordre pres
2398 ne pas qu’on puisse s’opposer à un ordre prescrit de toute éternité : il faut s’incliner sans discussion devant les comman
2399 vec la Grèce, on voit se manifester quelque chose de tout à fait nouveau. La révolution grecque consiste, au début, à mett
2400 début, à mettre à la place des mages, des prêtres de Sumer, de l’Égypte et de toutes les civilisations asiatiques, une esp
2401 ettre à la place des mages, des prêtres de Sumer, de l’Égypte et de toutes les civilisations asiatiques, une espèce d’homm
2402 e des mages, des prêtres de Sumer, de l’Égypte et de toutes les civilisations asiatiques, une espèce d’homme nouvelle qu’o
2403 e toutes les civilisations asiatiques, une espèce d’ homme nouvelle qu’on appellera plus tard le savant, qu’on appelait en
2404 pelait en Grèce le philosophe. 2. La naissance de l’individu 14 novembre 1969 On peut dire que « conscience » et « i
2405 du terme. 21 novembre 1969 Imaginons qu’un membre d’ une tribu se mette à raisonner : il se met à douter, il se demande s’i
2406 il se met à douter, il se demande s’il n’y a pas de possibilité que les choses soient autrement, il ne comprend plus ce q
2407 et à vouloir vivre pour lui-même, c’est une façon d’ échapper à la terreur primitive et sacrée. Il voudrait échapper aux li
2408 oudrait échapper aux liens du groupe, au principe de tyrannie qui est très fort dans la tribu. Mais il a aussitôt besoin d
2409 rès fort dans la tribu. Mais il a aussitôt besoin d’ une nouvelle protection. Et voilà par quoi on rejoint la nécessité de
2410 ection. Et voilà par quoi on rejoint la nécessité de la cité. L’homme qui a fui sa tribu doit se regrouper avec d’autres,
2411 egrouper avec d’autres, pour qu’il ait le courage de continuer à courir son aventure. La Grèce naît donc de cet arrachemen
2412 ntinuer à courir son aventure. La Grèce naît donc de cet arrachement au sacré sombre, elle se détache sur ce fond indistin
2413 ré sombre, elle se détache sur ce fond indistinct de tribus qui recouvraient toute l’Asie, le Proche-Orient et une bonne p
2414 oute l’Asie, le Proche-Orient et une bonne partie de ce qui deviendra plus tard l’Europe. L’Europe — par la Grèce — sera l
2415 en détacher, après que la civilisation minoenne — de Crète — ait été transmise à Mycènes, dans le Péloponnèse. Le mythe de
2416 ransmise à Mycènes, dans le Péloponnèse. Le mythe de l’enlèvement d’Europe représente très exactement cette transmission d
2417 es, dans le Péloponnèse. Le mythe de l’enlèvement d’ Europe représente très exactement cette transmission des valeurs de la
2418 te très exactement cette transmission des valeurs de la culture syrienne et égyptienne, qui se concrétise par le développe
2419 gyptienne, qui se concrétise par le développement de l’alphabet à Sidon et Tyr. Europe est enlevée à Tyr. Elle est emmenée
2420 -chemin entre l’Orient et ce qui sera l’Occident. De Crète, la civilisation se transmet à Mycènes. Sociologiquement, ce p
2421 n seulement sous la forme psychologique du doute, de la réflexion, mais souvent sous la forme d’un crime ou d’un accident
2422 oute, de la réflexion, mais souvent sous la forme d’ un crime ou d’un accident qui font qu’un homme est chassé de la tribu
2423 flexion, mais souvent sous la forme d’un crime ou d’ un accident qui font qu’un homme est chassé de la tribu et devient une
2424 ou d’un accident qui font qu’un homme est chassé de la tribu et devient une espèce de paria. Il se réunit alors avec d’au
2425 omme est chassé de la tribu et devient une espèce de paria. Il se réunit alors avec d’autres pour former des sociétés qui,
2426 mbre 1969 L’invention majeure des Grecs est celle de l’individu, qui va être le support des valeurs et en même temps la me
2427 le support des valeurs et en même temps la mesure de ces valeurs, comme si on le prenait comme unité de base des nouvelles
2428 e ces valeurs, comme si on le prenait comme unité de base des nouvelles communautés. Il sera, comme le dit Protagoras, con
2429 omme le dit Protagoras, considéré comme la mesure de toute chose, donc la base même de toutes les valeurs occidentales. 7
2430 comme la mesure de toute chose, donc la base même de toutes les valeurs occidentales. 7 novembre 1969 Il semble que le myt
2431 identales. 7 novembre 1969 Il semble que le mythe de Prométhée soit digne d’être le grand mythe à l’origine de la civilisa
2432 69 Il semble que le mythe de Prométhée soit digne d’ être le grand mythe à l’origine de la civilisation occidentale et euro
2433 thée soit digne d’être le grand mythe à l’origine de la civilisation occidentale et européenne au sens étroit du terme, ca
2434 sens étroit du terme, car Prométhée est le héros de la révolte : c’est l’homme en révolte contre tous les tabous et tous
2435 s les interdits qu’on attribuait aux dieux jaloux de leurs pouvoirs, qui symbolisaient les craintes de l’humanité primitiv
2436 de leurs pouvoirs, qui symbolisaient les craintes de l’humanité primitive devant les forces aveugles de la nature, qu’elle
2437 e l’humanité primitive devant les forces aveugles de la nature, qu’elle n’avait pas pu interpréter ni calculer. Prométhée,
2438 nterpréter ni calculer. Prométhée, c’est le héros de l’esprit de curiosité et de l’esprit d’aventure qui vont être si cara
2439 i calculer. Prométhée, c’est le héros de l’esprit de curiosité et de l’esprit d’aventure qui vont être si caractéristiques
2440 éthée, c’est le héros de l’esprit de curiosité et de l’esprit d’aventure qui vont être si caractéristiques des débuts de l
2441 le héros de l’esprit de curiosité et de l’esprit d’ aventure qui vont être si caractéristiques des débuts de la Grèce, que
2442 ture qui vont être si caractéristiques des débuts de la Grèce, que l’on retrouve si bien décrits dans les œuvres d’Homère,
2443 que l’on retrouve si bien décrits dans les œuvres d’ Homère, par exemple, avec surtout les aventures d’Ulysse, héros de la
2444 d’Homère, par exemple, avec surtout les aventures d’ Ulysse, héros de la curiosité : il préfère l’enquête, les aventures de
2445 emple, avec surtout les aventures d’Ulysse, héros de la curiosité : il préfère l’enquête, les aventures de son voyage, au
2446 a curiosité : il préfère l’enquête, les aventures de son voyage, au repos final et au bonheur dans Ithaque. Ulysse est le
2447 onheur dans Ithaque. Ulysse est le deuxième mythe de la tradition occidentale. 3. L’apport chrétien 16 janvier 1969
2448 iècles, a consisté à fixer les grandes catégories de la personne, de la communauté des personnes, de l’universalité et de
2449 té à fixer les grandes catégories de la personne, de la communauté des personnes, de l’universalité et de la diversité des
2450 s de la personne, de la communauté des personnes, de l’universalité et de la diversité des fonctions. Et non seulement ell
2451 la communauté des personnes, de l’universalité et de la diversité des fonctions. Et non seulement elle a défini ces grande
2452 -dire des interprétations différentes, des formes de pensée différentes, caractéristiques, et que nous allons retrouver dé
2453 que nous allons retrouver désormais tout au long de l’histoire sociale et politique de l’Occident. Ainsi, ces grandes cat
2454 s tout au long de l’histoire sociale et politique de l’Occident. Ainsi, ces grandes catégories sont définies théologiqueme
2455 ment, mais plus tard, au Moyen Âge, par le détour de la philosophie scolastique, elles vont pénétrer les formes sociales,
2456 au xixe ou xxe siècle, les diverses conceptions de l’homme chrétien vont développer peu à peu leurs conséquences politiq
2457 ns d’autres termes. 11 février 1966 À partir de l’ édit de Milan en 313, le facteur spirituel est devenu décisif pour la soci
2458 autres termes. 11 février 1966 À partir de l’édit de Milan en 313, le facteur spirituel est devenu décisif pour la société
2459 oncrètement, à partir de ce moment-là, la formule de la nouvelle communauté humaine va être donnée non plus par les cadres
2460 par les fonctions sociales, mais par une réalité d’ ordre religieux qui est la personne, la nouvelle définition de l’homme
2461 gieux qui est la personne, la nouvelle définition de l’homme, de l’homme en relation. C’est donc ici ce que j’appellerai
2462 t la personne, la nouvelle définition de l’homme, de l’homme en relation. C’est donc ici ce que j’appellerai le moment th
2463 éologique dans l’évolution occidentale, le moment de l’histoire où réellement tout a dépendu de quelques définitions théol
2464 moment de l’histoire où réellement tout a dépendu de quelques définitions théologiques énoncées sous la forme de dogmes. 1
2465 s définitions théologiques énoncées sous la forme de dogmes. 16 janvier 1969 Ces mises au point tout à fait cruciales, ces
2466 rrait dire symphoniques — du divin par l’homme et de l’homme par le divin, ce prodigieux remue-ménage de concepts qui s’es
2467 l’homme par le divin, ce prodigieux remue-ménage de concepts qui s’est produit dans l’Église pendant ses premiers siècles
2468 our la conduite quotidienne, politique et civique de tous les Occidentaux, croyants ou non, pendant les deux millénaires q
2469 toire depuis l’Antiquité. L’Occident s’est pourvu de caractéristiques culturelles qui le distinguent notamment de l’Orient
2470 istiques culturelles qui le distinguent notamment de l’Orient : il est des mythes spécifiquement occidentaux tels que Prom
2471 révolte contre les tabous sacrés), Ulysse (esprit de curiosité et d’aventure), l’enlèvement d’Europe (symbole du passage d
2472 es tabous sacrés), Ulysse (esprit de curiosité et d’ aventure), l’enlèvement d’Europe (symbole du passage de l’Orient à l’O
2473 (esprit de curiosité et d’aventure), l’enlèvement d’ Europe (symbole du passage de l’Orient à l’Occident et des liens qui e
2474 nture), l’enlèvement d’Europe (symbole du passage de l’Orient à l’Occident et des liens qui existent entre eux). C’est en
2475 st en Grèce que se sont constitués les fondements de l’évolution occidentale. C’est en Grèce, en effet, qu’apparaît l’indi
2476 dividu, homme seul, en rupture avec l’ordre sacré de la tribu et du clan, qui, pour continuer de vivre, doit s’unir à d’au
2477 sacré de la tribu et du clan, qui, pour continuer de vivre, doit s’unir à d’autres hommes dans la même situation par des l
2478 utres hommes dans la même situation par des liens d’ engagement réciproque : ces associations d’individus détachés des clan
2479 liens d’engagement réciproque : ces associations d’ individus détachés des clans seront à la base des cités ayant leurs pr
2480 moment important dans l’évolution occidentale est d’ origine théologique : c’est la formulation de la notion de personne, f
2481 est d’origine théologique : c’est la formulation de la notion de personne, fruit des débats des grands conciles (ive , ve
2482 e théologique : c’est la formulation de la notion de personne, fruit des débats des grands conciles (ive , ve , vie siècl
2483 ive , ve , vie siècles). Ces débats vont trouver de multiples prolongements dans l’ordre social : ils auront des conséque
2484 ues apparaissent souvent comme des transpositions de ces débats théologiques fondamentaux pour la culture occidentale. L’u
2485 fondamentaux pour la culture occidentale. L’unité de l’évolution occidentale depuis les grands conciles se définit en rais
2486 ivers : en Occident, il existe une grande variété de communautés qui, loin d’être des fins en soi, sont autant d’instrumen
2487 xiste une grande variété de communautés qui, loin d’ être des fins en soi, sont autant d’instruments de réalisation de cet
2488 tés qui, loin d’être des fins en soi, sont autant d’ instruments de réalisation de cet idéal commun que constitue la person
2489 d’être des fins en soi, sont autant d’instruments de réalisation de cet idéal commun que constitue la personne. Ainsi, par
2490 en soi, sont autant d’instruments de réalisation de cet idéal commun que constitue la personne. Ainsi, par-delà toutes le
2491 rs les éléments qui ont contribué à la définition de la personne. »
12 1988, Inédits (extraits de cours). La personne
2492 personne, dans l’individu humain, c’est la partie de nous-mêmes qui peut dire « je », qui prend conscience. 23 janvier 197
2493 cience. 23 janvier 1970 La personne est distincte de l’individu, mais ne peut pas exister sans lui. L’individu n’est pas l
2494 ister sans lui. L’individu n’est pas le contraire de la personne, c’est plutôt la condition nécessaire. Enfin, la personne
2495 me qui fait des fugues, un adolescent qui a envie d’ aller ailleurs. Tous ces gens qui quittent le sein maternel de la trib
2496 eurs. Tous ces gens qui quittent le sein maternel de la tribu primitive et l’abri des tombeaux deviendront les premiers in
2497 emiers atomes qui partent en liberté, qui sortent de la molécule et de leur combinaison. Ce sont eux qui vont créer les pr
2498 partent en liberté, qui sortent de la molécule et de leur combinaison. Ce sont eux qui vont créer les premières cités, les
2499 s nouveaux. Les autres étaient des liens du sang, de la naissance. Ils se donneront des lois, des liens délibérés, qu’ils
2500 à ensuite les imposer à d’autres. Ils deviennent, de ce fait, des hommes à la fois libres — ils sont libérés des liens du
2501 fois libres — ils sont libérés des liens du sang, de la tribu — et responsables, puisqu’ils sont ceux qui, réunis dans les
2502 rigent la cité. Le deuxième stade est, comme idée de l’homme, comme formule de l’homme, le citoyen. Ensuite, les cités s’
2503 e stade est, comme idée de l’homme, comme formule de l’homme, le citoyen. Ensuite, les cités s’agrandissent. C’est la pér
2504 est la période hellénistique, après les conquêtes d’ Alexandre, quand les cités deviennent beaucoup trop grandes pour que l
2505 deviennent beaucoup trop grandes pour que la voix d’ un citoyen sur l’agora puisse porter jusqu’aux limites de la ville — c
2506 toyen sur l’agora puisse porter jusqu’aux limites de la ville — comme le voulait Aristote — et beaucoup trop grandes pour
2507 issent garder une notion concrète du gouvernement de la ville. Alors, ils le délèguent à un certain nombre de gens, dans t
2508 ille. Alors, ils le délèguent à un certain nombre de gens, dans tous les quartiers, où ils se groupent d’après des profess
2509 deviennent des individus passifs. C’est le règne de l’individualisme, presque au sens moderne du mot ; c’est aussi le règ
2510 que au sens moderne du mot ; c’est aussi le règne de la démagogie, parce que les membres du conseil responsable qui siège
2511 doivent se faire élire ou tiennent à un semblant d’ élection ; ils veulent en tout cas avoir un parti, donc ils se mettent
2512 t cas avoir un parti, donc ils se mettent à faire de la démagogie et mènent très vite à la tyrannie. Cela devient surtout
2513 ela devient surtout ce que j’appelle un sentiment de vide social. L’individu qui est trop loin du pouvoir est devenu passi
2514 op loin du pouvoir est devenu passif, il n’a plus de responsabilités, il se sent devant une sorte de vide. C’est un sentim
2515 s de responsabilités, il se sent devant une sorte de vide. C’est un sentiment que beaucoup connaissent aujourd’hui dans no
2516 et nos États beaucoup trop grands. C’est l’Empire de Rome qui est venu remettre de l’ordre dans toutes ces cités qui se dé
2517 nds. C’est l’Empire de Rome qui est venu remettre de l’ordre dans toutes ces cités qui se défaisaient par leur individuali
2518 cités qui se défaisaient par leur individualisme de l’Empire d’Alexandre. Rome vient avec sa règle extrêmement fruste, mi
2519 e défaisaient par leur individualisme de l’Empire d’ Alexandre. Rome vient avec sa règle extrêmement fruste, militaire, ali
2520 tout son monde, et créera une nouvelle conception de l’homme citoyen ; non pas le citoyen qui décide librement en conseil
2521 décide librement en conseil des graves questions d’ État, mais le citoyen qui est au service du despote, de l’empereur et
2522 t, mais le citoyen qui est au service du despote, de l’empereur et de sa machine étatique (autrement dit le fonctionnaire)
2523 n qui est au service du despote, de l’empereur et de sa machine étatique (autrement dit le fonctionnaire), l’homme défini
2524 e défini par sa fonction dans la cité. Il n’a pas de valeur en lui-même, c’est uniquement celle que lui délègue l’État qui
2525 pplique-t-on alors au citoyen romain cette notion de persona ? C’est justement parce qu’il est défini uniquement par sa fo
2526 uement par sa fonction, son rôle, au sens du rôle d’ un acteur dans une pièce. Il devient persona dans la mesure où il est
2527 , il est un servus, un esclave ; et un des adages de base du droit romain est que l’esclave n’est pas une personne (servus
2528 r l’empereur. 25 février 1966 À la notion grecque d’ individu a correspondu chez eux la notion sociale de polis, de cité, a
2529 individu a correspondu chez eux la notion sociale de polis, de cité, a correspondu aussi une notion du civisme, de la vie
2530 correspondu chez eux la notion sociale de polis, de cité, a correspondu aussi une notion du civisme, de la vie politique,
2531 cité, a correspondu aussi une notion du civisme, de la vie politique, de la vie commune, qui traduisait bien cette notion
2532 aussi une notion du civisme, de la vie politique, de la vie commune, qui traduisait bien cette notion de l’individu. Dans
2533 la vie commune, qui traduisait bien cette notion de l’individu. Dans le monde romain, la notion humaine qui est apparue c
2534 e qui est apparue comme nouveauté était la notion de citoyen, d’homme défini par ses liens sociaux, et la notion qui lui a
2535 parue comme nouveauté était la notion de citoyen, d’ homme défini par ses liens sociaux, et la notion qui lui a correspondu
2536 et la notion qui lui a correspondu était le règne de la loi réglant les relations entre les hommes au niveau de la cité, p
2537 tions entre les hommes au niveau de la cité, puis de l’empire. Nous voyons maintenant la révolution que l’on pourrait appe
2538 rait appeler judéo-chrétienne, qui crée la notion de « personne », d’homme défini par sa vocation transcendante, notion qu
2539 o-chrétienne, qui crée la notion de « personne », d’ homme défini par sa vocation transcendante, notion qui synthétise en q
2540 qui synthétise en quelque sorte la notion grecque d’ individu et la notion romaine de citoyen, puisque la personne chrétien
2541 la notion grecque d’individu et la notion romaine de citoyen, puisque la personne chrétienne est à la fois l’homme unique,
2542 lidaire. 28 janvier 1966 On peut dire que l’homme de la tribu, du clan primitif, avait une seule dimension existentielle,
2543 de en lui-même, et qui ensuite détermine son mode de relations avec autrui dans la cité, selon les lois. Avec le christian
2544 qui relie l’individu non plus seulement aux lois de la cité impersonnelle, ou à la morale sacrée, mais au transcendant et
2545 rale sacrée, mais au transcendant et, par l’ordre d’ aimer son prochain, à une nouvelle communauté. Donc, cet homme — imagi
2546 ons un chrétien idéalement conforme à la doctrine de saint Paul — se trouve mieux distingué du magma originel que l’indivi
2547 n’est pas engagé seulement au service impersonnel de l’empereur ou des lois de la cité, mais au service concret du prochai
2548 au service impersonnel de l’empereur ou des lois de la cité, mais au service concret du prochain. Cet homme qui est à la
2549 J’ai défini et situé jusqu’ici un certain nombre de couples d’antinomies logiques, qui se trouvent être des complémentair
2550 i et situé jusqu’ici un certain nombre de couples d’ antinomies logiques, qui se trouvent être des complémentaires réels :
2551 re des complémentaires réels : dans la conception de l’homme européen, le couple vocation personnelle et engagement commun
2552 e, ou liberté et responsabilité ; dans le domaine de l’éducation, le couple initiation et initiative, ou encore dressage e
2553 e et éducation pour l’autonomie ; dans le domaine de la vie intellectuelle, de la culture et des universités, les couples
2554 nomie ; dans le domaine de la vie intellectuelle, de la culture et des universités, les couples étaient culture générale e
2555 riginale — par sens commun, j’entends lieu commun d’ une civilisation —, ou encore vue d’ensemble qui fasse sens et connais
2556 s lieu commun d’une civilisation —, ou encore vue d’ ensemble qui fasse sens et connaissance spécialisée qui soit efficace.
2557 outer maintenant, au niveau de la cité, une série de couples nouveaux, celui que forment la vie personnelle, ou familiale,
2558 ncore, l’agrandissement inévitable des dimensions de la cité et la participation à la vie civique des habitants de cette c
2559 t la participation à la vie civique des habitants de cette cité. 3 février 1972 Dans la plupart des définitions de la pers
2560 t un même caractère dialectique, une même formule de coexistence ou coaction de réalités antinomiques, correspondant au pr
2561 ique, une même formule de coexistence ou coaction de réalités antinomiques, correspondant au principe même du mouvement et
2562 s, correspondant au principe même du mouvement et de la plus belle harmonie selon Héraclite, principe même de la vie biolo
2563 lus belle harmonie selon Héraclite, principe même de la vie biologique qui, de la cellule à l’organe et des organes au cor
2564 éraclite, principe même de la vie biologique qui, de la cellule à l’organe et des organes au corps, est faite de tensions
2565 ule à l’organe et des organes au corps, est faite de tensions en équilibre mouvant. 18 février 1966 La personne se définit
2566 ois autonome et participante ; elle est maîtresse d’ elle-même, mais elle est en relation avec autrui ; elle est définie pa
2567 entre l’autonomie et la responsabilité vis-à-vis d’ autrui, c’est-à-dire la solidarité. La vocation que reçoit un individu
2568 un individu le distingue plus que n’importe quoi de tous les autres, et en même temps l’exercice de cette vocation le met
2569 i de tous les autres, et en même temps l’exercice de cette vocation le met en communication avec autrui. 18 novembre 1966
2570 rsonne ou la fédération ne sont pas des synthèses de deux termes, ni des solutions qu’on obtiendrait par un sacrifice de c
2571 des solutions qu’on obtiendrait par un sacrifice de chaque côté, où on se rencontrerait finalement à mi-chemin. J’insiste
2572 à mi-chemin. Elles supposent l’existence complète de ces deux pôles et leur mise en tension. Il y a l’exemple de la dialec
2573 x pôles et leur mise en tension. Il y a l’exemple de la dialectique de Hegel : la thèse, qui est niée ensuite par l’antith
2574 se en tension. Il y a l’exemple de la dialectique de Hegel : la thèse, qui est niée ensuite par l’antithèse, et les deux s
2575 ut être une chose unique ; il n’est plus question de tension. Dans le fédéralisme ou dans la notion de la personne, c’est
2576 de tension. Dans le fédéralisme ou dans la notion de la personne, c’est tout à fait différent, puisque chacun des deux élé
2577 devient même encore plus lui-même, il est chargé d’ une énergie du fait de sa mise en tension. L’individu se trouve précis
2578 lus lui-même, il est chargé d’une énergie du fait de sa mise en tension. L’individu se trouve précisé, dessiné, et on pour
2579 sion avec le milieu social ; et c’est sur le fond de ce milieu social que son originalité va se manifester. Prenons le cas
2580 s’agit pas, pour faire une fédération européenne, de mélanger toutes les langues, d’arriver à une espèce d’esperanto ; il
2581 ation européenne, de mélanger toutes les langues, d’ arriver à une espèce d’esperanto ; il s’agit de s’arranger avec des la
2582 langer toutes les langues, d’arriver à une espèce d’ esperanto ; il s’agit de s’arranger avec des langues différentes, chac
2583 s, d’arriver à une espèce d’esperanto ; il s’agit de s’arranger avec des langues différentes, chacun tâchant de parler de
2584 nger avec des langues différentes, chacun tâchant de parler de son mieux sa propre langue. Il ne s’agit pas non plus de cr
2585 des langues différentes, chacun tâchant de parler de son mieux sa propre langue. Il ne s’agit pas non plus de créer un con
2586 mieux sa propre langue. Il ne s’agit pas non plus de créer un conformisme général ou de fonctionnalisation ; il s’agit au
2587 t pas non plus de créer un conformisme général ou de fonctionnalisation ; il s’agit au contraire que chacun assume ses res
2588 assume ses responsabilités, ses risques, et tâche de les faire valoir, sans faire la guerre ou vouloir la mort de l’autre,
2589 e valoir, sans faire la guerre ou vouloir la mort de l’autre, mais en arrivant à des accords où chacun reste autant que po
2590 lesquels sont en même temps garantis par le fait de la fédération. Chaque canton suisse se trouve être lui-même, du fait
2591 du son individualité. Donc, on ne lui demande pas de céder à moitié sur son caractère pour rencontrer l’autre à mi-chemin.
2592 contrer l’autre à mi-chemin. 3. Manifestations de la personne 5 décembre 1969 L’histoire de la personne humaine pren
2593 ions de la personne 5 décembre 1969 L’histoire de la personne humaine prend son départ seulement au vie siècle, au mom
2594 qui a produit, comme un précipité, cette doctrine de la personne. Il est évident que le fait que l’on croie ou que l’on ne
2595 l’on ne croie pas à la Trinité et à la définition de la personne de Jésus-Christ n’est pas important. Il est indéniable qu
2596 as à la Trinité et à la définition de la personne de Jésus-Christ n’est pas important. Il est indéniable que cela définit
2597 st indéniable que cela définit une certaine forme de pensée, qui veut que les choses sont à la fois en mouvement et obéiss
2598 mme autrefois en Ionie, s’est illustrée une forme d’ esprit — l’esprit occidental — qui sera très importante pour toute déf
2599 — qui sera très importante pour toute définition de l’Europe et qui trouve ici une de ses étymologies. 12 décembre 1969 P
2600 oute définition de l’Europe et qui trouve ici une de ses étymologies. 12 décembre 1969 Pour les réformateurs, le nouvel ho
2601 éfinissait la scolastique, transformé par l’appel de l’esprit. La personne, c’est donc la vocation qui transforme tel ou t
2602 transforme tel ou tel individu en son instrument de réalisation. 29 novembre 1968 On assiste chez Hegel au transfert du c
2603 968 On assiste chez Hegel au transfert du concept de vocation ou de mission à une communauté — peuple, État ou nation. Jus
2604 chez Hegel au transfert du concept de vocation ou de mission à une communauté — peuple, État ou nation. Jusqu’alors, une m
2605 le à jouer dans la communauté, l’oblige à changer de direction (la conversion) et à changer le principe même de ses action
2606 ion (la conversion) et à changer le principe même de ses actions, c’est-à-dire à passer de l’égoïsme de l’individu naturel
2607 incipe même de ses actions, c’est-à-dire à passer de l’égoïsme de l’individu naturel à une existence pour Dieu et pour le
2608 e ses actions, c’est-à-dire à passer de l’égoïsme de l’individu naturel à une existence pour Dieu et pour le prochain, c’e
2609 En passant au niveau de la communauté, ce concept de vocation change radicalement de valeur. La mission collective que se
2610 nauté, ce concept de vocation change radicalement de valeur. La mission collective que se découvre une communauté n’oblige
2611 mmunauté n’oblige la communauté qu’à s’affirmer — de préférence de manière agressive — contre les autres. 28 janvier 1966
2612 ige la communauté qu’à s’affirmer — de préférence de manière agressive — contre les autres. 28 janvier 1966 Le chrétien do
2613 lleurs, qui est transcendant. Il est donc citoyen de deux mondes différents. Le monde de l’au-delà, le monde divin, dont i
2614 donc citoyen de deux mondes différents. Le monde de l’au-delà, le monde divin, dont il relève en premier lieu, mais qui l
2615 ndant tout le Moyen Âge ; ce n’est pas un au-delà de la voûte céleste, ce n’est même pas un tout là-haut vers les étoiles,
2616 n nous que très loin. 23 janvier 1970 La doctrine de la personne implique une morale et une politique. On peut dire que la
2617 rale et une politique. On peut dire que la morale de la personne, c’est ce qui découlera de sa vocation et de l’exercice d
2618 la morale de la personne, c’est ce qui découlera de sa vocation et de l’exercice de cette vocation dans la communauté. De
2619 ersonne, c’est ce qui découlera de sa vocation et de l’exercice de cette vocation dans la communauté. De même, on peut dir
2620 ce qui découlera de sa vocation et de l’exercice de cette vocation dans la communauté. De même, on peut dire que la polit
2621 ommunauté. De même, on peut dire que la politique de la personne découlera des buts de toute communauté et de ses conditio
2622 ue la politique de la personne découlera des buts de toute communauté et de ses conditions de formation et de fonctionneme
2623 ersonne découlera des buts de toute communauté et de ses conditions de formation et de fonctionnement. Les termes étant éq
2624 des buts de toute communauté et de ses conditions de formation et de fonctionnement. Les termes étant équivalents, on peut
2625 e communauté et de ses conditions de formation et de fonctionnement. Les termes étant équivalents, on peut dire que la mor
2626 nts, on peut dire que la morale est une politique de la personne, tandis que la politique est une morale de la communauté.
2627 personne, tandis que la politique est une morale de la communauté. 3 février 1972 L’écologie et la personne ont les mêmes
2628 mes ennemis : le culte du profit sans scrupule et de l’uniformisation ; la religion de la croissance et du PNB, de la puis
2629 ans scrupule et de l’uniformisation ; la religion de la croissance et du PNB, de la puissance nationale et des disciplines
2630 isation ; la religion de la croissance et du PNB, de la puissance nationale et des disciplines que tout cela implique, qui
2631 exigences : l’équilibre en tension (formule même de la vie), par opposition à des cadres contraignants et des géométries
2632 actualisantes. 30 janvier 1970 Ces deux maladies de la cité que sont l’individualisme et la collectivisation, corresponde
2633 a collectivisation, correspondent à deux maladies de la personne et les traduisent dans l’histoire. L’individualisme s’est
2634 de hellénistique dissocié, la restauration forcée de la notion de citoyen réduite à celle de rôle social que l’on valorise
2635 que dissocié, la restauration forcée de la notion de citoyen réduite à celle de rôle social que l’on valorise à l’extrême,
2636 on forcée de la notion de citoyen réduite à celle de rôle social que l’on valorise à l’extrême, aux dépens de la liberté i
2637 aux dépens de la liberté individuelle et du sens de l’identité personnelle. 12 décembre 1969 Les deux maladies mortelles
2638 lle. 12 décembre 1969 Les deux maladies mortelles de toute société sont la bureaucratie et l’ennui, c’est-à-dire le manque
2639 a bureaucratie et l’ennui, c’est-à-dire le manque de sens général pour la vie des hommes. 4. De la personne à la fédéra
2640 que de sens général pour la vie des hommes. 4. De la personne à la fédération 4 mars 1977 Le trait le plus frappant
2641 dération 4 mars 1977 Le trait le plus frappant de la théorie d’Althusius, c’est que, pour lui, le citoyen ne l’est pas
2642 mars 1977 Le trait le plus frappant de la théorie d’ Althusius, c’est que, pour lui, le citoyen ne l’est pas en tant qu’ind
2643 dans une cellule sociale, qu’il dépasse le niveau de l’individu isolé, qu’il devient réellement un citoyen ; on dirait mêm
2644 onne. Ce n’est donc pas un simple homme, individu de l’espèce, mais un compagnon, un associé. Le citoyen althusien se rapp
2645 itoyen althusien se rapproche beaucoup du citoyen de la polis grecque ou de la civitas romaine, mais aussi de ce que l’Éco
2646 proche beaucoup du citoyen de la polis grecque ou de la civitas romaine, mais aussi de ce que l’École française du xxe si
2647 olis grecque ou de la civitas romaine, mais aussi de ce que l’École française du xxe siècle appellera « la personne » ; c
2648 ans la communauté. 23 janvier 1970 Si l’invention de la cité est l’invention majeure de la civilisation européenne, la per
2649 Si l’invention de la cité est l’invention majeure de la civilisation européenne, la personne est l’invention majeure de la
2650 n européenne, la personne est l’invention majeure de la culture européenne, la civilisation étant l’application des valeur
2651 , la civilisation étant l’application des valeurs de la culture. La différence est donc du même genre qu’entre technique e
2652 i on comprend bien la personne, qui est la valeur de base, on comprendra du même coup les formes politiques qui traduisent
2653 iques qui traduisent cette valeur. La dialectique de la personne se retrouvera dans la cité. La personne est donc l’indivi
2654 ellent une vocation et les non-chrétiens un appel de l’inconscient : quelque chose qui transcende la raison, oriente l’ind
2655 cende la raison, oriente l’individu, le distingue de la tribu, de sa famille et de sa tradition et en même temps le met en
2656 on, oriente l’individu, le distingue de la tribu, de sa famille et de sa tradition et en même temps le met en contact avec
2657 ividu, le distingue de la tribu, de sa famille et de sa tradition et en même temps le met en contact avec la communauté et
2658 le met en contact avec la communauté et le charge de responsabilités. La définition la plus simple de la personne est que
2659 de responsabilités. La définition la plus simple de la personne est que c’est l’individu libre et responsable. 20 janvier
2660 ue je l’ai définie, est pour moi la participation de tout l’homme à un sens général de la vie, l’acquisition de structures
2661 a participation de tout l’homme à un sens général de la vie, l’acquisition de structures mentales résultant de connexions
2662 ’homme à un sens général de la vie, l’acquisition de structures mentales résultant de connexions établies entre les savoir
2663 e, l’acquisition de structures mentales résultant de connexions établies entre les savoirs spécialisés. De même, la partic
2664 ipation dans la vie civique sera la participation de la personne complète — individu plus vocation, ou individu fois vocat
2665 ation, ou individu fois vocation — à la puissance de la cité, considérée comme la somme et le produit de toutes les activi
2666 la cité, considérée comme la somme et le produit de toutes les activités économiques, intellectuelles, politiques et mora
2667 des citoyens. 25 novembre 1966 L’idéal directeur d’ une éducation spécifiquement européenne ou fédéraliste serait donc de
2668 cifiquement européenne ou fédéraliste serait donc de former et de promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
2669 uropéenne ou fédéraliste serait donc de former et de promouvoir des hommes à la fois libres et responsables, c’est-à-dire
2670 t responsables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur voca
2671 ls se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle
2672 qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engag
2673 uelle ils se trouvent engagés. C’est donc ce type d’ homme en équilibre dynamique que j’appelle personne et qui est le modu
2674 mique que j’appelle personne et qui est le module de tout régime fédéraliste. 4 février 1966 C’est au Moyen Âge, vers les
2675 iècles et beaucoup plus tard encore, que le terme de personne a joué un rôle dans la vie civique et dans la vie politique,
2676 qu’il représente est devenue l’un des fondements de la forme de pensée et d’aménagement public qu’est le fédéralisme. 18
2677 sente est devenue l’un des fondements de la forme de pensée et d’aménagement public qu’est le fédéralisme. 18 novembre 196
2678 enue l’un des fondements de la forme de pensée et d’ aménagement public qu’est le fédéralisme. 18 novembre 1966 Après Boèce
2679 novembre 1966 Après Boèce, il y eut toutes sortes d’ écoles de penseurs, de moines, de grands intellectuels du Moyen Âge ju
2680 1966 Après Boèce, il y eut toutes sortes d’écoles de penseurs, de moines, de grands intellectuels du Moyen Âge jusqu’à sai
2681 èce, il y eut toutes sortes d’écoles de penseurs, de moines, de grands intellectuels du Moyen Âge jusqu’à saint Thomas, qu
2682 ut toutes sortes d’écoles de penseurs, de moines, de grands intellectuels du Moyen Âge jusqu’à saint Thomas, qui ont fait
2683 Âge jusqu’à saint Thomas, qui ont fait la théorie de la personne humaine — c’est de là qu’on répète encore souvent aujourd
2684 nt fait la théorie de la personne humaine — c’est de là qu’on répète encore souvent aujourd’hui « la personne humaine », c
2685 jourd’hui « la personne humaine », ce qui a l’air d’ un pléonasme, parce qu’il n’existe pas de personne animale, mais on do
2686 a l’air d’un pléonasme, parce qu’il n’existe pas de personne animale, mais on donne cette précision, puisque, au début, l
2687 ue les Personnes divines. Baignant dans le milieu de l’Église qui reprend toutes les structures sociales et administrative
2688 toutes les structures sociales et administratives de l’Empire romain, se reforment, au Moyen Âge, les cités, communes et c
2689 e, les cités, communes et communautés, où ce type d’ homme nouveau, bipolaire, se manifeste. Ce n’est plus tout à fait le c
2690 cités grecques, ce n’est pas non plus la persona de l’Empire romain, car c’est un homme qui est à la fois défini par la f
2691 st à la fois défini par la fonction qu’il a reçue de l’Église ou de l’Esprit — sa vocation — et par son rôle plus physique
2692 fini par la fonction qu’il a reçue de l’Église ou de l’Esprit — sa vocation — et par son rôle plus physique, plus matériel
2693 l’Église, Dieu ou le pape d’autre part. Il a plus de substance en lui-même que l’homme romain, qui était défini uniquement
2694 lié que l’individu grec. 11 novembre 1966 Le type d’ homme idéal, qui correspondrait au type de régime bien articulé que j’
2695 Le type d’homme idéal, qui correspondrait au type de régime bien articulé que j’appelle le fédéralisme, est ce que toute u
2696 ppelle le fédéralisme, est ce que toute une école de philosophes de la vie politique entre les deux guerres mondiales a dé
2697 alisme, est ce que toute une école de philosophes de la vie politique entre les deux guerres mondiales a défini comme étan
2698 ntinomique, qui vit dans la tension entre le pôle de la liberté individuelle et le pôle de la responsabilité communautaire
2699 tre le pôle de la liberté individuelle et le pôle de la responsabilité communautaire, reflétant ainsi en lui-même la natur
2700 , reflétant ainsi en lui-même la nature bipolaire de tout régime, de tout problème, de toute solution de type fédéraliste.
2701 i en lui-même la nature bipolaire de tout régime, de tout problème, de toute solution de type fédéraliste. Cet homme doit
2702 ature bipolaire de tout régime, de tout problème, de toute solution de type fédéraliste. Cet homme doit être en fait conti
2703 tout régime, de tout problème, de toute solution de type fédéraliste. Cet homme doit être en fait continuellement en gard
2704 e vers le pôle individualiste, quand il est tenté de renier ses responsabilités communautaires, ou l’autre, inverse, vers
2705 collectivisme, quand il recule devant les risques de sa vocation individuelle. À ce moment-là, il s’offre à la tyrannie, q
2706 là, il s’offre à la tyrannie, qui peut être celle de la mode, celle des routines ou celle imposée par un parti unique ou u
2707 deux réalités bipolaires, les mêmes possibilités de double déviation permanente dont on a passablement d’exemples. Dans l
2708 ouble déviation permanente dont on a passablement d’ exemples. Dans la personne, elles s’exercent d’une part vers l’individ
2709 sa vocation, on ne veut plus assumer les risques de sa liberté). Ceci correspond exactement au double danger de déviation
2710 rté). Ceci correspond exactement au double danger de déviation qui menace en permanence tout régime fédéral. Correspondant
2711 tout régime fédéral. Correspondant à la déviation de la personne vers l’individualisme, on a la déviation d’un régime fédé
2712 personne vers l’individualisme, on a la déviation d’ un régime fédéral vers le séparatisme, quand un des éléments ne veut p
2713 n ne veut plus assumer les risques et les charges de son autonomie locale, et on s’en remet complètement au pouvoir centra
2714 ’introduction suivante des éditeurs : « La notion de personne est primordiale chez Denis de Rougemont et conditionne chacu
2715 de Rougemont et conditionne chacune des facettes de sa pensée et de son action. Ses prises de position, son engagement in
2716 conditionne chacune des facettes de sa pensée et de son action. Ses prises de position, son engagement intellectuel en fa
2717 acettes de sa pensée et de son action. Ses prises de position, son engagement intellectuel en faveur du fédéralisme, des r
2718 tellectuel en faveur du fédéralisme, des régions, de l’écologie, contre l’État-nation, la destruction de l’environnement,
2719 l’écologie, contre l’État-nation, la destruction de l’environnement, la course aux armements, tout cela est la traduction
2720 s, tout cela est la traduction, en termes variés, d’ une même préoccupation : la personne. La personne suppose l’existence
2721 on : la personne. La personne suppose l’existence d’ un individu, mais ne s’y réduit pas. Elle n’est pas une notion arbitra
2722 abstraite, mais un produit typique du cheminement de la culture occidentale. Son essor a connu plusieurs étapes cruciales 
2723 urs étapes cruciales : la Grèce voit l’apparition de l’individu et la formation des cités, Rome introduit la notion de cit
2724 la formation des cités, Rome introduit la notion de citoyen défini par son statut social, le christianisme (à travers not
2725 amment les débats des grands conciles et l’apport de la Réforme) clarifie l’aspect individuel et l’aspect communautaire, e
2726 ne ne peut s’épanouir dans n’importe quelle forme de communauté. Selon Denis de Rougemont, c’est le fédéralisme qui se tro
2727 éralisme qui se trouve favoriser le mieux l’essor de la personne. En effet, comme la personne, le fédéralisme est le produ
2728 comme la personne, le fédéralisme est le produit d’ une tension entre deux pôles antinomiques et irréductibles : les pouvo
13 1988, Inédits (extraits de cours). Politique
2729 tique est considérée par Rousseau comme l’affaire de tous et de chacun, alors que chez les auteurs précédents, il s’agissa
2730 onsidérée par Rousseau comme l’affaire de tous et de chacun, alors que chez les auteurs précédents, il s’agissait toujours
2731 ez les auteurs précédents, il s’agissait toujours de prendre les choses publiques par en haut, du point de vue du gouverne
2732 ns en tant qu’ils participent réellement à la vie de la cité et en tant que la politique est soumise à une certaine morale
2733 omme chez Machiavel et jusqu’à Montesquieu, l’art de gouverner. 19 juin 1969 La personne, c’est l’individu à la fois libre
2734 nouissement des personnes, non pas à la puissance de l’État-nation. Voilà le principe fondamental de toute théorie du fédé
2735 e de l’État-nation. Voilà le principe fondamental de toute théorie du fédéralisme. Il s’ensuit que le problème politique r
2736 ions correspondant aux exigences du développement de la personne. 29 octobre 1971 La politique, c’est la prévision des moy
2737 des fins souhaitées, c’est traduire les finalités d’ une société en mesures politiques bien calculées. Si l’on ignore les f
2738 les enseigner dans les écoles, on se trouve hors d’ état d’établir une politique, des plans d’avenir, un système de prévis
2739 seigner dans les écoles, on se trouve hors d’état d’ établir une politique, des plans d’avenir, un système de prévision, un
2740 ve hors d’état d’établir une politique, des plans d’ avenir, un système de prévision, une prospective. On se met hors d’éta
2741 lir une politique, des plans d’avenir, un système de prévision, une prospective. On se met hors d’état de gouverner, puisq
2742 ème de prévision, une prospective. On se met hors d’ état de gouverner, puisque « gouverner c’est prévoir ». 12 novembre 19
2743 prévision, une prospective. On se met hors d’état de gouverner, puisque « gouverner c’est prévoir ». 12 novembre 1971 Les
2744 entale — et posés par son action — nous ramènent, de tous côtés, à des choix politiques au sens propre et originel du term
2745 sens propre et originel du terme : à la nécessité de décider librement notre avenir commun dans la cité, de le prévoir en
2746 cider librement notre avenir commun dans la cité, de le prévoir en fonction de finalités déclarées, dont il s’agit mainten
2747 de finalités déclarées, dont il s’agit maintenant d’ assumer les moyens. 21 janvier 1966 Les deux termes, « politique » et
2748 e », sont absolument équivalents, l’un étant tiré de la racine grecque du mot qui désigne « ville », l’autre de la racine
2749 ine grecque du mot qui désigne « ville », l’autre de la racine latine. 8 novembre 1968 La définition la plus simple de la
2750 ine. 8 novembre 1968 La définition la plus simple de la souveraineté chez Hobbes, c’est l’usage par un seul homme de la fo
2751 neté chez Hobbes, c’est l’usage par un seul homme de la force du Léviathan. Le roi, dit Hobbes, revêt la personne du Lévia
2752 ennent ses sujets. Il ne s’agit donc pas pour eux d’ être des citoyens. 21 novembre 1969 Civisme et politique désignent les
2753 une cité. Pendant les premiers siècles classiques de la Grèce, c’est en effet la polis, la cité, qui détermine — qui délim
2754 qui détermine — qui délimite aussi — les libertés d’ un homme. Au début donc, la politique est simplement l’art d’aménager
2755 Au début donc, la politique est simplement l’art d’ aménager les rapports entre les hommes dans la cité. 2. Formes 3
2756 cembre 1976 La majesté des institutions, c’est un de ces termes qui reviendra très souvent, tout au long de l’histoire pol
2757 s termes qui reviendra très souvent, tout au long de l’histoire politique de l’Europe, le règne de la loi, rule of law, et
2758 rès souvent, tout au long de l’histoire politique de l’Europe, le règne de la loi, rule of law, et la majesté, majestas, d
2759 ong de l’histoire politique de l’Europe, le règne de la loi, rule of law, et la majesté, majestas, des institutions, qui e
2760 est transférée à n’importe quelle administration d’ État, c’est-à-dire l’ensemble des structures et des mécanismes, qui co
2761 constituent l’État, ou plus exactement l’appareil de l’État, donc le concret de l’État. Quand on dit « l’État », c’est enc
2762 exactement l’appareil de l’État, donc le concret de l’État. Quand on dit « l’État », c’est encore un terme assez mytholog
2763 , c’est encore un terme assez mythologique pourvu d’ une sorte d’aura qu’il a prise avec le temps. Alors qu’en réalité, l’É
2764 re un terme assez mythologique pourvu d’une sorte d’ aura qu’il a prise avec le temps. Alors qu’en réalité, l’État, c’est d
2765 c’est des gens, des fonctionnaires, il n’y a pas de mystère, ce sont des fonctionnaires qui sont désignés par les plus fo
2766 ntimental et mystique selon les cas, en attendant de devenir, avec la Révolution française, un phénomène idéologique et pa
2767 el. 25 octobre 1968 Les empires ont été au nombre d’ une quinzaine. On peut mettre au rang des empires, aujourd’hui, l’URSS
2768 ui, l’URSS, qui répond exactement à la définition d’ un empire, dont les deux traits principaux sont : la pluralité des élé
2769 uralité des éléments constitutifs et le caractère d’ universalité. 11 novembre 1966 L’homme que nous connaissons en réalité
2770 est ordinairement un mélange impur, non seulement de revendication de libertés, de responsabilités individuelles, mais aus
2771 un mélange impur, non seulement de revendication de libertés, de responsabilités individuelles, mais aussi de fuite devan
2772 mpur, non seulement de revendication de libertés, de responsabilités individuelles, mais aussi de fuite devant la liberté,
2773 tés, de responsabilités individuelles, mais aussi de fuite devant la liberté, la vocation et les responsabilités. Cet homm
2774 s d’autres, ce qui est une assez bonne définition de nos démocraties de l’Europe de l’Ouest, un mélange tolérable et varia
2775 est une assez bonne définition de nos démocraties de l’Europe de l’Ouest, un mélange tolérable et variable d’anarchie et d
2776 rope de l’Ouest, un mélange tolérable et variable d’ anarchie et de tyrannie. 10 juin 1966 La volonté générale est interpré
2777 t, un mélange tolérable et variable d’anarchie et de tyrannie. 10 juin 1966 La volonté générale est interprétée par les ja
2778 erprétée par les jacobins uniquement dans le sens de l’unanimité, de l’unanimité exigée de tous les patriotes ; les sociét
2779 jacobins uniquement dans le sens de l’unanimité, de l’unanimité exigée de tous les patriotes ; les sociétés partielles ou
2780 ans le sens de l’unanimité, de l’unanimité exigée de tous les patriotes ; les sociétés partielles ou les sectes politiques
2781 tiques sont impitoyablement liquidées et accusées de trahison ; les jacobins n’admettent absolument pas le droit à la vari
2782 l faut se demander si Rousseau a voulu qu’on tire de sa théorie la pratique qu’en ont tirée les jacobins. Est-ce qu’on peu
2783 ousseau à juste titre — comme l’ont fait beaucoup d’ auteurs modernes — comme le véritable ancêtre de l’État totalitaire ?
2784 p d’auteurs modernes — comme le véritable ancêtre de l’État totalitaire ? Je réponds absolument non. Car Rousseau n’a pas
2785 ar Rousseau n’a pas cessé, dans tous ses ouvrages de doctrine politique, de mettre en garde précisément contre cette inter
2786 sé, dans tous ses ouvrages de doctrine politique, de mettre en garde précisément contre cette interprétation, et de rappel
2787 garde précisément contre cette interprétation, et de rappeler que la première condition d’application de ses théories, c’e
2788 étation, et de rappeler que la première condition d’ application de ses théories, c’est la petitesse d’un pays. 3. Idéol
2789 rappeler que la première condition d’application de ses théories, c’est la petitesse d’un pays. 3. Idéologie et religi
2790 d’application de ses théories, c’est la petitesse d’ un pays. 3. Idéologie et religion 8 novembre 1968 La doctrine de
2791 ologie et religion 8 novembre 1968 La doctrine de la souveraineté est ce qui sépare le plus nettement deux groupes de p
2792 est ce qui sépare le plus nettement deux groupes de pays européens : les pays du Centre et de l’Est, et les pays de l’Oue
2793 groupes de pays européens : les pays du Centre et de l’Est, et les pays de l’Ouest : des cités-États, des principautés, de
2794 ens : les pays du Centre et de l’Est, et les pays de l’Ouest : des cités-États, des principautés, des royaumes et le Saint
2795 , qui vivent sans doctrine politique bien définie de la souveraineté. Le type même de l’écrivain politique qui y correspon
2796 que bien définie de la souveraineté. Le type même de l’écrivain politique qui y correspond est Machiavel, qui donne des de
2797 des vertus et des vices qui contribuent au succès d’ un prince. Dans cette partie de l’Europe, une sorte d’empirisme domine
2798 tribuent au succès d’un prince. Dans cette partie de l’Europe, une sorte d’empirisme dominera avec insistance. Tandis que
2799 prince. Dans cette partie de l’Europe, une sorte d’ empirisme dominera avec insistance. Tandis que dans l’Europe de l’Oues
2800 théorie, puisqu’on voulait imposer l’unification de réalités diverses par nature. Dans ces trois nations, on observera le
2801 s ces trois nations, on observera le même passage de « l’anarchie féodale » à l’absolutisme monarchique qui s’établit dès
2802 e, nous retrouverons des transpositions imprévues de ces catégories théologiques dans les catégories de base du fédéralism
2803 e ces catégories théologiques dans les catégories de base du fédéralisme. 2 février 1968 La Révolution française marque un
2804 lution française marque un seuil dans l’évolution de la nation, elle marque ce moment de crise où le sacré se déplace d’un
2805 s l’évolution de la nation, elle marque ce moment de crise où le sacré se déplace d’un seul coup, visiblement. Il n’est pl
2806 st dans l’idéologie. 15 novembre 1968 Cette sorte de pulvérisation de la population française nommée nation ne comprend pa
2807 ie. 15 novembre 1968 Cette sorte de pulvérisation de la population française nommée nation ne comprend pas l’unanimité des
2808 ologie que l’on veut faire aboutir. Dès le début de la réunion des états généraux à Paris, le tiers état s’était proclamé
2809 tait proclamé Assemblée nationale — à l’exclusion de l’ordre de la noblesse et de l’ordre du clergé. Le tiers état seul, d
2810 mé Assemblée nationale — à l’exclusion de l’ordre de la noblesse et de l’ordre du clergé. Le tiers état seul, dès ce momen
2811 nale — à l’exclusion de l’ordre de la noblesse et de l’ordre du clergé. Le tiers état seul, dès ce moment-là, représentait
2812 à ce moment qu’on voit se préciser la définition de la nation non pas comme communauté naturelle, mais comme communauté i
2813 ière tâche du parti qui incarne la nation, l’idée de nation, consiste à centraliser tous les éléments du pouvoir, à efface
2814 à transformer la justice elle-même en instrument de l’idéologie. Le tout au nom de cette espèce de religion laïque qu’est
2815 nt de l’idéologie. Le tout au nom de cette espèce de religion laïque qu’est la nation. Ce parti au pouvoir confond dans un
2816 ir. 4. Liberté et puissance 5 novembre 1971 D’ un coup, dans le monde occidental industrialisé (l’Europe, les États-U
2817 non seulement nous nous voyons assurés des moyens de résister aux menaces nationales, de dominer les pénuries et de nous l
2818 és des moyens de résister aux menaces nationales, de dominer les pénuries et de nous libérer des contraintes extérieures,
2819 ux menaces nationales, de dominer les pénuries et de nous libérer des contraintes extérieures, mais nous nous voyons dotés
2820 traintes extérieures, mais nous nous voyons dotés de moyens de produire cent et mille fois plus que nos pères, et en même
2821 xtérieures, mais nous nous voyons dotés de moyens de produire cent et mille fois plus que nos pères, et en même temps de d
2822 t mille fois plus que nos pères, et en même temps de détruire les équilibres entre les processus physiques et chimiques du
2823 e végétal et animal, entre l’homme et son milieu, de polluer, d’irradier, de brûler, d’épuiser sans retour… Alors, devant
2824 animal, entre l’homme et son milieu, de polluer, d’ irradier, de brûler, d’épuiser sans retour… Alors, devant l’évidence d
2825 re l’homme et son milieu, de polluer, d’irradier, de brûler, d’épuiser sans retour… Alors, devant l’évidence de ce double
2826 et son milieu, de polluer, d’irradier, de brûler, d’ épuiser sans retour… Alors, devant l’évidence de ce double pouvoir, po
2827 , d’épuiser sans retour… Alors, devant l’évidence de ce double pouvoir, pour le meilleur et pour le pire, nous nous découv
2828 our le pire, nous nous découvrons soudain obligés de choisir, c’est-à-dire nous nous voyons acculés à la nécessité d’une p
2829 st-à-dire nous nous voyons acculés à la nécessité d’ une politique. Nous nous sommes libérés de la nature, mais nous sommes
2830 cessité d’une politique. Nous nous sommes libérés de la nature, mais nous sommes condamnés désormais à assumer, en toute c
2831 lités. 11 novembre 1966 Si on apporte un peu plus d’ exigence dans la recherche des buts réels que suit une politique, qui
2832 x grands critères qui me paraissent, après examen de tous les autres possibles et réduction de nombreuses autres possibili
2833 examen de tous les autres possibles et réduction de nombreuses autres possibilités, être simplement la puissance, ou bien
2834 . Ce sont au fond les deux passions fondamentales de l’homme occidental. Il veut, ou bien être puissant, ou bien être libr
2835 dividuelles, exercées par un citoyen ou un groupe de citoyens, une cité ; on peut aller jusqu’à parler de libertés exercée
2836 citoyens, une cité ; on peut aller jusqu’à parler de libertés exercées par une région ou par un groupe de régions ou de ci
2837 libertés exercées par une région ou par un groupe de régions ou de cités, dans le cas d’une fédération. 4 mars 1977 Il fau
2838 ées par une région ou par un groupe de régions ou de cités, dans le cas d’une fédération. 4 mars 1977 Il faut bien s’enten
2839 par un groupe de régions ou de cités, dans le cas d’ une fédération. 4 mars 1977 Il faut bien s’entendre sur le sens de « p
2840 . 4 mars 1977 Il faut bien s’entendre sur le sens de « politique » : si on désigne par politique, par activité politique o
2841 olitique ou pensée politique, l’art ou la science de l’aménagement des relations humaines dans la cité, conformément à une
2842 es dans la cité, conformément à une certaine idée de la vie humaine et de la destination de l’homme, on voit qu’il y a eu,
2843 ormément à une certaine idée de la vie humaine et de la destination de l’homme, on voit qu’il y a eu, qu’il y a encore et
2844 taine idée de la vie humaine et de la destination de l’homme, on voit qu’il y a eu, qu’il y a encore et probablement qu’il
2845 utre que j’appelle fédéralisme, la vraie finalité de la société, c’est l’homme, c’est la liberté des personnes, obtenue pa
2846 ut constater que toutes les expériences réalisées de fédération ont correspondu à une politique de liberté par l’union, ta
2847 ées de fédération ont correspondu à une politique de liberté par l’union, tandis que toutes les réalisations étatiques, na
2848 et États totalitaires, obéissent à une politique de puissance, par unification forcée, ce qu’on appelle depuis Hitler par
2849 ppelle depuis Hitler par « mise au pas ». Chacune de ces deux politiques ou de ces passions (on pourrait dire passions fon
2850  mise au pas ». Chacune de ces deux politiques ou de ces passions (on pourrait dire passions fondamentales) correspond à u
2851 ons fondamentales) correspond à un certain nombre de traits de caractère, de formes de pensée, de structures mentales et s
2852 entales) correspond à un certain nombre de traits de caractère, de formes de pensée, de structures mentales et sociales, q
2853 spond à un certain nombre de traits de caractère, de formes de pensée, de structures mentales et sociales, qui se trouvent
2854 certain nombre de traits de caractère, de formes de pensée, de structures mentales et sociales, qui se trouvent être à la
2855 mbre de traits de caractère, de formes de pensée, de structures mentales et sociales, qui se trouvent être à la fois les c
2856 es, qui se trouvent être à la fois les conditions de réalisation et les résultats de l’application de cette politique, soi
2857 is les conditions de réalisation et les résultats de l’application de cette politique, soit de puissance, soit de liberté.
2858 de réalisation et les résultats de l’application de cette politique, soit de puissance, soit de liberté. Par exemple, che
2859 sultats de l’application de cette politique, soit de puissance, soit de liberté. Par exemple, chez tous les penseurs de la
2860 ation de cette politique, soit de puissance, soit de liberté. Par exemple, chez tous les penseurs de la tradition unitaire
2861 t de liberté. Par exemple, chez tous les penseurs de la tradition unitaire, on retrouvera exactement les mêmes principes :
2862 era exactement les mêmes principes : l’exaltation de l’unité obtenue par un pouvoir fort et uniformisant, donc centralisé,
2863 ersités considérées comme des gênes, l’exaltation de la grandeur, le dogme de la souveraineté absolue de l’État à l’intéri
2864 des gênes, l’exaltation de la grandeur, le dogme de la souveraineté absolue de l’État à l’intérieur de ses frontières, et
2865 la grandeur, le dogme de la souveraineté absolue de l’État à l’intérieur de ses frontières, et enfin le culte (car c’est
2866 ige national. En revanche, chez tous les penseurs de la tradition fédéraliste, on retrouvera les principes exactement inve
2867 es citoyens au lieu que ceux-ci soient au service de l’État. 9 février 1968 La puissance et la liberté sont évidemment ant
2868 dont la politique consiste à rechercher l’optimum de combinaisons en tension. La recherche des conditions optimales entre
2869 nce. 29 avril 1967 Il y a ainsi un certain nombre de familles d’esprit qui sont réfractaires congénitalement à une bonne c
2870 l 1967 Il y a ainsi un certain nombre de familles d’ esprit qui sont réfractaires congénitalement à une bonne compréhension
2871 ompréhension du fédéralisme. Ce sont les familles d’ esprit nationalistes, traditionalistes et communistes. 22 mai 1969 On
2872 nt deux tendances antinomiques et contradictoires de la mentalité occidentale : celle qui privilégie la cité, l’État, cell
2873 ce, celle qui vise la liberté. Ce sont les formes de pensée unitaire et dialectique, insistant sur l’unité ou sur la diver
2874 ité des parties égalisées Contemporains : — de la fondation de la polis Héraclite Parménide — de la polis organis
2875 égalisées Contemporains : — de la fondation de la polis Héraclite Parménide — de la polis organisée Aristote Plat
2876 la fondation de la polis Héraclite Parménide — de la polis organisée Aristote Platon — du conflit empereur-pape Dante
2877 ante Gilles de Rome, Pierre Dubois — des débuts de l’absolutisme du prince Anabaptistes Calvin Machiavel, Hobbes — de
2878 prince Anabaptistes Calvin Machiavel, Hobbes — de l’absolutisme Althusius Bodin — de la centralisation monarchique pu
2879 , Hobbes — de l’absolutisme Althusius Bodin — de la centralisation monarchique puis révolutionnaire Rousseau jacobins,
2880 s-nations Tocqueville Proudhon Bakounine Marx — de l’opposition fédéralisme / totalitarisme Fédéralistes personnalistes,
2881 onnalistes, intégraux et européens Totalitarismes de toutes couleurs 5. Autorité et pouvoir 4 février 1966 Il faut
2882 re l’autorité (force morale) et le pouvoir (force de police) sans oublier que, à certains moments, même le préfet de polic
2883 s oublier que, à certains moments, même le préfet de police, s’il perd l’autorité, ou s’il cesse d’être le délégué de l’au
2884 et de police, s’il perd l’autorité, ou s’il cesse d’ être le délégué de l’autorité, si les agents ne lui obéissent pas, lui
2885 perd l’autorité, ou s’il cesse d’être le délégué de l’autorité, si les agents ne lui obéissent pas, lui ne peut rien fair
2886 ; c’est-à-dire que le pouvoir, finalement, dépend de l’autorité ; un pouvoir sans autorité ne peut même plus s’exercer. 14
2887 ion assez spontanée qu’est le Saint-Empire romain de nations germaniques, c’est que cela existe par la force du raisonneme
2888 isonnement, par la force du désir qu’ont les gens d’ un empire, par la force du mythe, mais pas autrement. On pourrait dire
2889 i que l’empereur a l’autorité, mais qu’il n’a pas de pouvoir et que beaucoup de gens qui sont ses vassaux tirent de lui l’
2890 que beaucoup de gens qui sont ses vassaux tirent de lui l’autorité nécessaire à l’exercice de leur pouvoir. Car il faut b
2891 tirent de lui l’autorité nécessaire à l’exercice de leur pouvoir. Car il faut bien se dire les deux choses : l’autorité s
2892 ational-socialisme, qui était parti pour un règne de mille ans, comme le répétait toujours Hitler ; il s’est instauré en 1
2893 e a donc duré douze ans et est un des plus courts de l’histoire. Le régime fasciste italien a duré un peu plus longtemps :
2894 e fasciste italien a duré un peu plus longtemps : de 1922 à 1945, c’est-à-dire 23 ans. Quant au communisme russe, il est t
2895 Quant au communisme russe, il est très difficile de dire sa durée, parce qu’il a tellement changé. Il s’est instauré en 1
2896 hangé. Il s’est instauré en 1917 ; jusqu’au règne de Staline y compris, il a eu une première période où il devenait de plu
2897 e et on ne saura pas si on célèbre l’anniversaire d’ un même régime, ou s’il n’a pas changé subrepticement. 18 novembre 196
2898 1966 Nous dirons qu’il y a une double descendance de la Révolution française : d’un côté, on a la tradition jacobine qui,
2899 e double descendance de la Révolution française : d’ un côté, on a la tradition jacobine qui, à beaucoup d’égards, est la s
2900 côté, on a la tradition jacobine qui, à beaucoup d’ égards, est la suite de l’absolutisme centralisateur ; elle représente
2901 n jacobine qui, à beaucoup d’égards, est la suite de l’absolutisme centralisateur ; elle représente la même forme d’esprit
2902 me centralisateur ; elle représente la même forme d’ esprit. Dans le courant du xixe siècle, le jacobinisme donnera le nat
2903 donnera le nationalisme — je parle naturellement de familles d’esprit, de types de pensée — lequel nationalisme aboutira,
2904 nationalisme — je parle naturellement de familles d’ esprit, de types de pensée — lequel nationalisme aboutira, au xxe siè
2905 me — je parle naturellement de familles d’esprit, de types de pensée — lequel nationalisme aboutira, au xxe siècle, au to
2906 arle naturellement de familles d’esprit, de types de pensée — lequel nationalisme aboutira, au xxe siècle, au totalitaris
2907 adre veut qu’il soit : idéal. L’autre descendance de la Révolution française est la « démocratie », le jacobinisme étant p
2908 mocratie », le jacobinisme étant plutôt une forme de despotisme, de tyrannie, même s’il prend souvent l’étiquette de démoc
2909 jacobinisme étant plutôt une forme de despotisme, de tyrannie, même s’il prend souvent l’étiquette de démocratie. La démoc
2910 de tyrannie, même s’il prend souvent l’étiquette de démocratie. La démocratie est définie par le pluralisme des partis et
2911 partis et leur lutte, ce qui permet la naissance de fédérations, ou de régimes tendant vers le fédéralisme — car pluralis
2912 te, ce qui permet la naissance de fédérations, ou de régimes tendant vers le fédéralisme — car pluralisme va, bien entendu
2913 sme va avec militarisme et totalitarisme. Le type d’ homme qui correspond à la démocratie pluraliste et aux fédérations est
2914 e la philosophie des mouvements personnalistes et de penseurs très différents, aussi différents que Maritain, du côté cath
2915 agnostiques, mais qui reprennent ces mêmes cadres de pensée pour les appliquer à la personne. 7. Utopie, langage, polit
2916 , politique 10 février 1964 Le politicien part de l’idée que la politique est l’art du possible. L’utopiste, dans le me
2917 L’utopiste, dans le meilleur sens du terme, part de l’idée que la politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est né
2918 rme, part de l’idée que la politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ; les plus grands sont ceux qui
2919 ux qui ont réussi à susciter les moyens pratiques de leur but idéal, de leur projection lointaine d’un idéal cohérent. 29
2920 susciter les moyens pratiques de leur but idéal, de leur projection lointaine d’un idéal cohérent. 29 octobre 1965 Toute
2921 s de leur but idéal, de leur projection lointaine d’ un idéal cohérent. 29 octobre 1965 Toute parole met en marche quelque
2922 is je pense que dans la vie publique et politique d’ aujourd’hui, c’est plus vrai que jamais. Le rôle de la parole est infi
2923 ’aujourd’hui, c’est plus vrai que jamais. Le rôle de la parole est infiniment plus grand au xxe siècle, et notamment dans
2924 itique à coup de discours. Ils étaient des hommes de peu de mots, c’est souvent comme cela qu’on les décrit dans les épopé
2925 , qui prenaient une décision, mais pas des hommes de discours, pas des hommes de doctrines et d’idéologies qui n’existaien
2926 , mais pas des hommes de discours, pas des hommes de doctrines et d’idéologies qui n’existaient pas. Plus près de nous, si
2927 ommes de discours, pas des hommes de doctrines et d’ idéologies qui n’existaient pas. Plus près de nous, si nous prenons un
2928 a France ; je ne me rappelle pas un seul discours de Louis XIV, que l’on cite, que l’on fasse apprendre aux enfants des éc
2929 x enfants des écoles en France ; ce que l’on sait de Louis XIV et de son règne, ce sont les guerres qu’il a faites, les tr
2930 oles en France ; ce que l’on sait de Louis XIV et de son règne, ce sont les guerres qu’il a faites, les traités, les const
2931 65 Si on examine le vocabulaire du débat européen d’ aujourd’hui, on s’aperçoit qu’on utilise à peu près au petit bonheur d
2932 tre martel en tête pour savoir lequel on a décidé d’ employer aux dépens des autres. Il est extrêmement rare qu’un homme d’
2933 extrêmement rare qu’un homme d’État se préoccupe d’ opposer nommément, expressément, deux étiquettes de l’union, comme sup
2934 ’opposer nommément, expressément, deux étiquettes de l’union, comme supranationalité et fédération ou simplement coopérati
2935 ération ou simplement coopération. Qu’il le fasse d’ une manière exacte, c’est une autre question, mais en tout cas, il le
2936 lez-vous établir, adopter, discuter une politique d’ union, si vous n’êtes pas capable de lui donner un nom ; un nom qui la
2937 une politique d’union, si vous n’êtes pas capable de lui donner un nom ; un nom qui la distingue d’autres politiques, qui
2938 avec le nationalisme à l’extérieur ; illustration de cette combinaison : Charles Maurras et toutes ses théories politiques
2939 e interne. À gauche, on voit se développer l’idée d’ un fédéralisme externe contre la souveraineté absolue des États, et on
2940 que cela se combine très bien avec une conception de l’État unitaire, planifié, de la nation même jacobine. Exemple de cet
2941 avec une conception de l’État unitaire, planifié, de la nation même jacobine. Exemple de cette combinaison qui répond poin
2942 re, planifié, de la nation même jacobine. Exemple de cette combinaison qui répond point par point, mais qui est l’inverse
2943 ui répond point par point, mais qui est l’inverse de la précédente : un homme comme Jean Monnet, qui est un socialiste pla
2944 te planificateur, qui ne se préoccupe pas du tout de fédéralisme interne en France, mais qui se préoccupe fortement de lut
2945 nterne en France, mais qui se préoccupe fortement de lutter contre le nationalisme à l’extérieur ; il veut donc une nation
2946 r fédération à cause de la résistance acharnée et de l’idolâtrie des États-nations, on ne peut plus imaginer qu’une espèce
2947 s-nations, on ne peut plus imaginer qu’une espèce de lente et inexorable colonisation économique par l’Ouest et politico-m
2948 co-militaire par l’Est, qui sera la rançon fatale de nos attachements maniaques aux fictions de l’indépendance nationale a
2949 fatale de nos attachements maniaques aux fictions de l’indépendance nationale absolue, de la souveraineté nationale sans l
2950 aux fictions de l’indépendance nationale absolue, de la souveraineté nationale sans limites, fictions sacrées, qui peuvent
2951 épaulent mutuellement : si la politique est l’art de choisir entre plusieurs alternatives, l’utopie est l’art de rendre po
2952 entre plusieurs alternatives, l’utopie est l’art de rendre possible telle ou telle option souhaitable. Ainsi, l’utopie au
2953 e finalités déclarées et assumées. Plutôt qu’“art de gouverner”, la politique est l’affaire de tous. En l’absence de civis
2954 qu’“art de gouverner”, la politique est l’affaire de tous. En l’absence de civisme en effet, les citoyens ne sont plus que
2955 la politique est l’affaire de tous. En l’absence de civisme en effet, les citoyens ne sont plus que des sujets passifs d’
2956 les citoyens ne sont plus que des sujets passifs d’ un pouvoir souverain. La politique étant fondée sur l’engagement de to
2957 erain. La politique étant fondée sur l’engagement de tous, elle ne peut être exercée réellement qu’à l’intérieur de commun
2958 blir des institutions favorisant le développement de la personne. Ainsi, une telle “politique de la personne” libre et res
2959 ement de la personne. Ainsi, une telle “politique de la personne” libre et responsable débouche sur le fédéralisme par ass
2960 che sur le fédéralisme par association volontaire de ces communautés de base entre elles. Comme Proudhon l’avait discerné,
2961 sme par association volontaire de ces communautés de base entre elles. Comme Proudhon l’avait discerné, ce sont des fédéra
2962 roudhon l’avait discerné, ce sont des fédérations de communes, puis de régions, qui constitueront la fédération européenne
2963 scerné, ce sont des fédérations de communes, puis de régions, qui constitueront la fédération européenne dans un mouvement
2964 ueront la fédération européenne dans un mouvement de bas en haut qui est le meilleur moyen de garantir les libertés et les
2965 ouvement de bas en haut qui est le meilleur moyen de garantir les libertés et les diversités de chacun. Mais qu’en est-il
2966 moyen de garantir les libertés et les diversités de chacun. Mais qu’en est-il de l’État, qu’on fait trop souvent l’agent
2967 és et les diversités de chacun. Mais qu’en est-il de l’État, qu’on fait trop souvent l’agent exclusif de toute politique ?
2968 l’État, qu’on fait trop souvent l’agent exclusif de toute politique ? Considéré objectivement, c’est-à-dire débarrassé de
2969 Considéré objectivement, c’est-à-dire débarrassé de son aura sacrée, celui-ci n’est guère plus qu’un instrument concret,
2970 guère plus qu’un instrument concret, un ensemble de fonctionnaires chargés d’exécuter les choix politiques définis par la
2971 nt concret, un ensemble de fonctionnaires chargés d’ exécuter les choix politiques définis par la communauté. L’État n’a qu
2972 , c’est la communauté qui a l’autorité, condition d’ exercice du pouvoir. Les idéologies politiques modernes ont déplacé le
2973 nes ont déplacé le sacré du religieux au profane, de l’Église à la nation. La nation est devenue un nouveau dogme en vertu
2974 La nation idéologique moderne se distingue ainsi de l’idée originelle : la communauté de naissance. La pensée occidentale
2975 tingue ainsi de l’idée originelle : la communauté de naissance. La pensée occidentale est marquée par des antinomies irréd
2976 les. Toute politique se voit notamment contrainte de rechercher le meilleur équilibre possible entre puissance et liberté,
2977 édéralisme, soldat politique et citoyen. Le choix de la puissance est un choix collectif : c’est celui de l’État-nation. L
2978 la puissance est un choix collectif : c’est celui de l’État-nation. Le choix de la liberté est un choix individuel et comm
2979 ollectif : c’est celui de l’État-nation. Le choix de la liberté est un choix individuel et communautaire : c’est celui du
2980 car les unions volontaires supposent l’existence de différences entre les parties et sont conclues pour les garantir. Le
2981 amment toute discussion sérieuse sur les formules d’ union européenne et montre l’utilité d’établir un lexique des termes p
2982 s formules d’union européenne et montre l’utilité d’ établir un lexique des termes politiques clarifiant, en particulier, c
14 1988, Inédits (extraits de cours). Région
2983 ens ancien). La région est définie par la densité de population, l’accroissement de la production, la vie intellectuelle,
2984 nie par la densité de population, l’accroissement de la production, la vie intellectuelle, l’intensité du rayonnement. C’e
2985 ns). La région est la vraie unité socioéconomique de l’Europe d’aujourd’hui ; on l’étudie surtout sous l’angle économique,
2986 on est la vraie unité socioéconomique de l’Europe d’ aujourd’hui ; on l’étudie surtout sous l’angle économique, mais on peu
2987 lturelle, elle peut devenir une réalité politique de base de l’Europe de demain. 24 février 1967 Les régions sont, en puis
2988 , elle peut devenir une réalité politique de base de l’Europe de demain. 24 février 1967 Les régions sont, en puissance, l
2989 devenir une réalité politique de base de l’Europe de demain. 24 février 1967 Les régions sont, en puissance, les vraies au
2990 régions sont, en puissance, les vraies autonomies de la fin du xxe et du xxie siècle. La notion d’auto-nomie a subi des
2991 s de la fin du xxe et du xxie siècle. La notion d’ auto-nomie a subi des modifications profondes au cours de l’histoire e
2992 régionales sont inexistantes : simple délégation de pouvoirs du centre.) Au xxe siècle, on s’aperçoit que les États-nati
2993 e civisme en vidant les communes et les provinces de leur vie propre, autonome). Elle est trop petite pour les tâches inte
2994 internationales. Alors, où trouver des autonomies d’ un type nouveau, aptes à coopérer entre elles d’une part, aptes à perm
2995 part ? Les régions vont être ces nouvelles unités d’ autonomie. 6 novembre 1970 La participation réelle aux affaires publiq
2996 que dans le cadre communal et régional, l’avenir de la démocratie se confond avec celui des régions. Toute instruction ci
2997 mencera donc par définir les conditions concrètes d’ exercice du civisme, les dimensions variées des tâches publiques et de
2998 espondent : commune et entreprise, région, groupe de régions (national ou sectoriel), fédération. Et, loin de se borner à
2999 Et, loin de se borner à décrire les institutions de la capitale, elle fera voir les problèmes concrets de la vie publique
3000 a capitale, elle fera voir les problèmes concrets de la vie publique et les moyens d’y participer à tous les étages décisi
3001 oblèmes concrets de la vie publique et les moyens d’ y participer à tous les étages décisionnels. 13 novembre 1970 Il est é
3002 eu du xixe siècle, Tocqueville écrit que l’école de la liberté, c’est la commune. On a oublié tout cela jusque très récem
3003 Il est par exemple indispensable que j’aie traité de la genèse, de l’essor et de la crise de l’État-nation avant de traite
3004 mple indispensable que j’aie traité de la genèse, de l’essor et de la crise de l’État-nation avant de traiter des régions,
3005 able que j’aie traité de la genèse, de l’essor et de la crise de l’État-nation avant de traiter des régions, car les régio
3006 ie traité de la genèse, de l’essor et de la crise de l’État-nation avant de traiter des régions, car les régions se défini
3007 ns. De même, la culture européenne, qui est faite de sources très différentes et de valeurs souvent très antinomiques — où
3008 nne, qui est faite de sources très différentes et de valeurs souvent très antinomiques — où, donc, la diversité joue un rô
3009 des membres qui s’unissent. Le thème des projets d’ union de l’Europe vient également converger avec tous les autres dans
3010 bres qui s’unissent. Le thème des projets d’union de l’Europe vient également converger avec tous les autres dans le trait
3011 tribuer et répartir l’État aux différents niveaux de décision où il peut servir une entité vivante, civique, économique ou
3012 rôlé par l’usager, distribuer et répartir l’État, de la commune et de l’entreprise à la région et aux groupements de régio
3013 , distribuer et répartir l’État, de la commune et de l’entreprise à la région et aux groupements de régions jusqu’au nivea
3014 et de l’entreprise à la région et aux groupements de régions jusqu’au niveau européen ; là, des agences fédérales, du type
3015 eau européen ; là, des agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des gr
3016 , des agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des grandes tâches d’in
3017 pe de la Communauté de Bruxelles, seront chargées de la concertation des grandes tâches d’intérêt public, tâches politique
3018 nt chargées de la concertation des grandes tâches d’ intérêt public, tâches politiques au sens originel du mot : l’économie
3019 continentales. Voilà donc le modèle fédéraliste de la Cité européenne : la complexité des régions rendra justice à ses f
3020 a justice à ses fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. 27 juin 196
3021 eur de la fédération exprimera l’unité millénaire de sa culture. 27 juin 1969 Pour prévenir des malentendus fréquents, je
3022 iatures. Les régions nouvelles seront distribuées de toutes sortes de manières, en toutes sortes de réseaux qui se recouvr
3023 ons nouvelles seront distribuées de toutes sortes de manières, en toutes sortes de réseaux qui se recouvriront de différen
3024 es de toutes sortes de manières, en toutes sortes de réseaux qui se recouvriront de différentes façons dans l’ensemble de
3025 , en toutes sortes de réseaux qui se recouvriront de différentes façons dans l’ensemble de l’Europe. Ce ne seront pas des
3026 ecouvriront de différentes façons dans l’ensemble de l’Europe. Ce ne seront pas des mini-États-nations enfermant toutes so
3027 as des mini-États-nations enfermant toutes sortes de réalités hétéroclites dans les mêmes frontières. Ce schéma paraît com
3028 qui m’amène, pour définir la fédération possible de l’Europe sur la base des régions, à reprendre la formule de Lénine, q
3029 e sur la base des régions, à reprendre la formule de Lénine, qui disait que la Russie soviétique, c’était le marxisme plus
3030 é ; je dirais volontiers que la fédération future de l’Europe, ce sera le fédéralisme plus les ordinateurs. 30 mai 1969 Le
3031 t linguistiques sont fluctuantes : il est absurde de vouloir les fixer par des frontières. De plus, il est rare que ces fr
3032 économiques, ce qui conduit à des conflits autour d’ une ville ou d’une région pour des raisons économiques. C’est ainsi qu
3033 qui conduit à des conflits autour d’une ville ou d’ une région pour des raisons économiques. C’est ainsi que, comme le dir
3034 dira plus tard Coudenhove-Kalergi, les « traités de banlieue » ont créé une bonne douzaine d’Alsace-Lorraine en Europe. O
3035 traités de banlieue » ont créé une bonne douzaine d’ Alsace-Lorraine en Europe. On peut donc dire que les gens qui ont fait
3036 donc dire que les gens qui ont fait les « traités de banlieue » n’avaient pas su tirer les leçons de la guerre de 1914. Il
3037 s de banlieue » n’avaient pas su tirer les leçons de la guerre de 1914. Ils n’avaient pas du tout compris que la guerre de
3038  » n’avaient pas su tirer les leçons de la guerre de 1914. Ils n’avaient pas du tout compris que la guerre de 1914 était l
3039 . Ils n’avaient pas du tout compris que la guerre de 1914 était l’éclatement de l’Europe des États-nations, éclatement log
3040 compris que la guerre de 1914 était l’éclatement de l’Europe des États-nations, éclatement logique résultant d’une longue
3041 e des États-nations, éclatement logique résultant d’ une longue préparation. Ils n’ont pas vu que le véritable responsable
3042 on. Ils n’ont pas vu que le véritable responsable de la guerre était le stato-nationalisme. 30 octobre 1970 Passer aux rég
3043 0 Passer aux régions, ce serait passer des mythes de la souveraineté nationale absolue aux réalités que les régions peuven
3044 et plus variées. L’étude des régions en Europe et de toutes leurs formules variées — régions économiques, régions ethnique
3045 les, régions écologiques, qui n’ont aucune raison d’ avoir la même extension, toutes ces régions n’étant pas définies par l
3046 iplines traditionnelles, et cela aux trois degrés de l’enseignement. 3. Fédération des régions 30 octobre 1970 Pour
3047 s 30 octobre 1970 Pour une quantité croissante d’ historiens, de sociologues, d’économistes, et surtout de gens qui comb
3048 e 1970 Pour une quantité croissante d’historiens, de sociologues, d’économistes, et surtout de gens qui combinent ces diff
3049 quantité croissante d’historiens, de sociologues, d’ économistes, et surtout de gens qui combinent ces différentes discipli
3050 oriens, de sociologues, d’économistes, et surtout de gens qui combinent ces différentes disciplines avec encore bien d’aut
3051 la région est aujourd’hui l’unité opérationnelle de base du fédéralisme européen, et à ce titre, elle va devenir le thème
3052 ulement la méthode, mais les conditions concrètes d’ un grand nombre d’activités culturelles en Europe. En effet, les mala
3053 , mais les conditions concrètes d’un grand nombre d’ activités culturelles en Europe. En effet, les maladies et dysfonctio
3054 n Europe. En effet, les maladies et dysfonctions de la culture européenne au xxe siècle ont presque toutes pour origine
3055 s du stato-nationalisme tel qu’il s’est constitué de Napoléon à Hitler : régime anémiant des « cultures nationales », obst
3056 s « cultures nationales », obstacles aux échanges de tous ordres, persécution des minorités et conformisme idéologique imp
3057 ive, terme à terme, au stato-nationalisme fauteur de cloisonnements moraux ou douaniers qui ne protègent que la médiocrité
3058 t. Au-delà des systèmes hypocrites et inefficaces d’ alliances entre États-nations souverains qui n’admettent aucun droit s
3059 eur intérêt, la fédération représente le principe de la vraie communauté, libre association conclue au nom d’un idéal comm
3060 ctobre 1970 L’université n’est qu’une des malades de la société européenne du xxe siècle. Ces maladies se rapportent tout
3061 tent toutes au découpage arbitraire et artificiel de l’ensemble européen en États-nations : obstacles aux échanges de tous
3062 uropéen en États-nations : obstacles aux échanges de tous ordres causés par les frontières, par les visas, par les quotas,
3063 les ; conformisme idéologique imposé par le moyen de l’école primaire, de l’école secondaire, mais très souvent aussi des
3064 ologique imposé par le moyen de l’école primaire, de l’école secondaire, mais très souvent aussi des universités ; budgets
3065 tionnaires sur l’université dans beaucoup de pays d’ Europe. Un fédéralisme basé sur les régions paraît de nature à fournir
3066 urope. Un fédéralisme basé sur les régions paraît de nature à fournir l’alternative à la plupart de ces maux nés du centra
3067 t de ces maux nés du centralisme, du nationalisme de la culture. Une redistribution des richesses de l’Europe autour de fo
3068 e de la culture. Une redistribution des richesses de l’Europe autour de foyers, de métropoles rayonnantes, non plus séparé
3069 ution des richesses de l’Europe autour de foyers, de métropoles rayonnantes, non plus séparées par des frontières, mais dé
3070 par des frontières, mais définies par leur force de rayonnement, paraît seule propre à surmonter tous les maux nés du clo
3071 à nos échanges culturels. Toute culture est faite d’ échanges, et tout obstacle à ces échanges est un affaiblissement pour
3072 pour la culture. Donc, la diminution progressive de l’emprise nationale sur l’enseignement est le remède à proposer à la
3073 des régions. Tout dépendra alors du gouvernement de Madrid : s’il favorise l’autonomie des régions, on arrivera peut-être
3074 rché depuis des siècles ; si cela ne se passe pas de cette manière raisonnable — ce serait une nouveauté complète dans l’h
3075 l’histoire espagnole que quelque chose s’y passe de manière raisonnable ! — il y aura des mouvements séparatistes de plus
3076 qu’il arrive, en Espagne comme dans d’autres pays d’ Europe, le problème régional va prendre de plus en plus d’importance.
3077 , le problème régional va prendre de plus en plus d’ importance. n. Avec l’introduction suivante des éditeurs : « La rég
3078 phiques : c’est pourquoi Denis de Rougemont parle de “région à géométrie variable”. Ainsi définie, elle constitue, au-delà
3079 variable”. Ainsi définie, elle constitue, au-delà de la commune, le cadre de participation civique le plus adapté à l’exer
3080 , elle constitue, au-delà de la commune, le cadre de participation civique le plus adapté à l’exercice de la démocratie. L
3081 participation civique le plus adapté à l’exercice de la démocratie. Les régions ne sauraient rester elles-mêmes si elles s
3082 Au contraire, elles contribueront au dépassement de l’État-nation par le bas et favoriseront son dépassement par le haut
3083 dérant. L’Europe n’a jamais pu s’unir sur la base d’ États-nations égoïstes et jaloux de leurs prérogatives souveraines ; a
3084 ir sur la base d’États-nations égoïstes et jaloux de leurs prérogatives souveraines ; aujourd’hui, elle a la chance de le
3085 tives souveraines ; aujourd’hui, elle a la chance de le faire sur la base des régions, car le passage des mythes nationaux
3086 ge des mythes nationaux aux réalités concrètes va de pair avec le passage de l’État-nation aux régions. Refusant en effet
3087 aux réalités concrètes va de pair avec le passage de l’État-nation aux régions. Refusant en effet l’alignement artificiel
3088 égions. Refusant en effet l’alignement artificiel de réalités hétérogènes à l’intérieur de frontières sacralisées et rigid
3089 diversités, stimuleront entre elles des processus d’ unions volontaires, consenties précisément pour garantir les autonomie
3090 as démenti, si l’on considère les étapes récentes de la “régionalisation” en Espagne et en Italie, de la “décentralisation
3091 de la “régionalisation” en Espagne et en Italie, de la “décentralisation” en France, de la “devolution” dans le Royaume-U
3092 et en Italie, de la “décentralisation” en France, de la “devolution” dans le Royaume-Uni, qui apparaissent comme autant de
3093 ans le Royaume-Uni, qui apparaissent comme autant de confirmations. À tel point que de plus en plus, on parle, au niveau e
3094 ue de plus en plus, on parle, au niveau européen, de l’établissement d’un “Sénat” des régions (idée lancée par Denis de Ro
3095 on parle, au niveau européen, de l’établissement d’ un “Sénat” des régions (idée lancée par Denis de Rougemont en 1970). C
3096 la prémisse la plus favorable à l’avènement futur d’ une Europe fédérale. »
15 1988, Inédits (extraits de cours). Révolution
3097 olution est essentiellement mouvement. Le concept de révolution évoque tout de suite deux choses : explosion et mouvement.
3098 : explosion et mouvement. C’est la relativisation de toutes choses. L’État, par ses excès, a amené la révolution politique
3099 nturière, et surtout, elle provoque un changement de centre et un changement de hiérarchie des valeurs conséquemment. 12 j
3100 provoque un changement de centre et un changement de hiérarchie des valeurs conséquemment. 12 juin 1970 Si l’État-nation s
3101 n 1970 Si l’État-nation se veut porteur et garant de toutes les valeurs, la révolution est au contraire un acte de réévalu
3102 s valeurs, la révolution est au contraire un acte de réévaluation de toutes les valeurs. Tout ce qui dépend de l’État tend
3103 volution est au contraire un acte de réévaluation de toutes les valeurs. Tout ce qui dépend de l’État tend à la stabilité,
3104 luation de toutes les valeurs. Tout ce qui dépend de l’État tend à la stabilité, et c’est le besoin de stabilité, de sécur
3105 de l’État tend à la stabilité, et c’est le besoin de stabilité, de sécurité, qui explique son triomphe (État : status, sta
3106 à la stabilité, et c’est le besoin de stabilité, de sécurité, qui explique son triomphe (État : status, stare, stabilité,
3107 , poids et mesures, police). La révolution relève de l’ensemble de concepts contraires : mouvement, changement, innovation
3108 ures, police). La révolution relève de l’ensemble de concepts contraires : mouvement, changement, innovation, relativisati
3109 mouvement, changement, innovation, relativisation de toutes choses. L’État s’est institué en Europe en réaction au vertige
3110 écentration, à la déstabilisation caractéristique de la Renaissance. Il a été rassurant, sécurisant, ordonnateur, cadre fi
3111 vement explosif, expansif, innovateur, aventurier de la Renaissance, mais surtout traduit une décentration du monde — un c
3112 traduit une décentration du monde — un changement de centre, un regroupement des planètes autour du Soleil, du cosmos auto
3113 tion » n’a eu qu’un sens astronomique : mouvement de la terre et des planètes autour du Soleil. Mais cela est symbolique d
3114 anètes autour du Soleil. Mais cela est symbolique de toutes les autres transformations : Galilée, qui est le véritable hér
3115 sformations : Galilée, qui est le véritable héros de ce qu’on nomme la « révolution copernicienne », est le symbole de l’h
3116 e la « révolution copernicienne », est le symbole de l’homme découvrant un nouvel ordre, un centre plus « vrai » autour du
3117 eligieuses, politiques et civiques se réordonnent d’ une manière plus significative, laissant tomber l’ordre traditionnel,
3118 mé, trop étroit, mal ajusté au réel. Mais changer de centre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C
3119 réel. Mais changer de centre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C’est tout changer. Cela renvoie
3120 hanger de centre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C’est tout changer. Cela renvoie à un concep
3121 tre, c’est aussi changer de valeurs, de critères, de hiérarchie. C’est tout changer. Cela renvoie à un concept bien plus a
3122 ien plus ancien que Copernic : c’est l’équivalent de la conversion des chrétiens. 26 juin 1970 La révolution est une tradu
3123 1970 La révolution est une traduction collective de la conversion chrétienne, avec les mêmes caractéristiques : soudainet
3124 ieure, et explosion, ainsi que changement complet de hiérarchie. Cela peut réussir pour un individu, mais il est difficile
3125 t réussir pour un individu, mais il est difficile de faire changer complètement toute la hiérarchie des valeurs, d’une man
3126 ger complètement toute la hiérarchie des valeurs, d’ une manière instantanée, pour une société. Une société est beaucoup tr
3127 été. Une société est beaucoup trop lourde, formée de trop d’inerties, pour être retournée d’un seul coup — sauf s’il y a u
3128 société est beaucoup trop lourde, formée de trop d’ inerties, pour être retournée d’un seul coup — sauf s’il y a une très
3129 s le cas dans une révolution. À cause de ce poids d’ inertie que la société oppose à une volonté de changement révolutionna
3130 ids d’inertie que la société oppose à une volonté de changement révolutionnaire, la révolution est violente. Elle traduit
3131 ution est violente. Elle traduit ainsi son manque de maturation. D’où l’échec de toutes les révolutions connues. 19 juin 1
3132 nte. Elle traduit ainsi son manque de maturation. D’ où l’échec de toutes les révolutions connues. 19 juin 1970 L’élément d
3133 duit ainsi son manque de maturation. D’où l’échec de toutes les révolutions connues. 19 juin 1970 L’élément de soudaineté
3134 s les révolutions connues. 19 juin 1970 L’élément de soudaineté et de violence dans la conversion individuelle transposé a
3135 connues. 19 juin 1970 L’élément de soudaineté et de violence dans la conversion individuelle transposé au niveau collecti
3136 une longue préparation intime dans la psychologie de l’individu. Mais une société, c’est une quantité énorme d’inerties, d
3137 vidu. Mais une société, c’est une quantité énorme d’ inerties, de choses lourdes à mouvoir ; poids et lourdeur auxquels se
3138 ne société, c’est une quantité énorme d’inerties, de choses lourdes à mouvoir ; poids et lourdeur auxquels se heurte l’idé
3139 que l’on n’a pas suffisamment préparé le milieu. De là viennent les échecs constants de toutes les révolutions politiques
3140 ré le milieu. De là viennent les échecs constants de toutes les révolutions politiques en Europe. Il n’y a pas d’exemple d
3141 es révolutions politiques en Europe. Il n’y a pas d’ exemple d’une révolution qui ait réussi ce qu’elle voulait faire. Aucu
3142 ions politiques en Europe. Il n’y a pas d’exemple d’ une révolution qui ait réussi ce qu’elle voulait faire. Aucune n’a abo
3143 e qu’elle voulait faire. Aucune n’a abouti à plus de liberté à court ou à moyen terme. Ces échecs réguliers des révolution
3144 violences qui ne pouvaient aboutir qu’au triomphe de l’armée et de la police. 28 février 1969 Les libertaires (ceux de l’E
3145 ne pouvaient aboutir qu’au triomphe de l’armée et de la police. 28 février 1969 Les libertaires (ceux de l’Europe de l’Est
3146 la police. 28 février 1969 Les libertaires (ceux de l’Europe de l’Est, comme Kossuth ou Mickiewicz) ou les nationalistes
3147 on — car j’appelle « révolution » la substitution d’ un ordre nouveau à un désordre établi. 1848 a surtout été de l’agitati
3148 nouveau à un désordre établi. 1848 a surtout été de l’agitation négative ou une reprise d’idées un peu anciennes, celles
3149 urtout été de l’agitation négative ou une reprise d’ idées un peu anciennes, celles des romantiques, ce qui explique l’éche
3150 taculaire du nationalisme. 14 janvier 1972 L’idée de révolution est née du christianisme, et l’on peut vérifier qu’elle a
3151 ue la foi chrétienne — je veux dire : que la zone d’ influence du christianisme, de ses Églises, de ses théologies, de sa m
3152 dire : que la zone d’influence du christianisme, de ses Églises, de ses théologies, de sa morale sociale. La révolution e
3153 one d’influence du christianisme, de ses Églises, de ses théologies, de sa morale sociale. La révolution est la transposit
3154 christianisme, de ses Églises, de ses théologies, de sa morale sociale. La révolution est la transposition au plan social
3155 La révolution est la transposition au plan social de la conversion individuelle. Elle gardera de cette origine le caractèr
3156 ocial de la conversion individuelle. Elle gardera de cette origine le caractère de soudaineté, donc d’effroi (ou terreur)
3157 uelle. Elle gardera de cette origine le caractère de soudaineté, donc d’effroi (ou terreur) — violence signifiant d’abord,
3158 de cette origine le caractère de soudaineté, donc d’ effroi (ou terreur) — violence signifiant d’abord, sur le plan spiritu
3159 ctif, et c’est là qu’apparaîtra enfin la finalité d’ une civilisation, d’une société, liée aux idées d’histoire, de progrès
3160 ’apparaîtra enfin la finalité d’une civilisation, d’ une société, liée aux idées d’histoire, de progrès, de révolution. Il
3161 d’une civilisation, d’une société, liée aux idées d’ histoire, de progrès, de révolution. Il y a finalité déclarée dès que
3162 sation, d’une société, liée aux idées d’histoire, de progrès, de révolution. Il y a finalité déclarée dès que l’homme cher
3163 e société, liée aux idées d’histoire, de progrès, de révolution. Il y a finalité déclarée dès que l’homme cherche le progr
3164 ’obéissance méticuleuse aux rites, ou aux décrets de la puissance du roi (prêtre), ou aux lois constituant l’ordre du mond
3165 s individuels, valeurs chrétiennes liées à l’idée de vocation personnelle. 19 juin 1970 Le progrès est intimement lié à la
3166 e sens que c’est une version étalée dans le temps de la révolution — ce qui se dit : évolution. La différence étant donc u
3167 donc uniquement le facteur temps, le remplacement de la soudaineté, de l’instantanéité de la conversion par la durée — d’o
3168 facteur temps, le remplacement de la soudaineté, de l’instantanéité de la conversion par la durée — d’où la substitution
3169 remplacement de la soudaineté, de l’instantanéité de la conversion par la durée — d’où la substitution d’un effort prolong
3170 e l’instantanéité de la conversion par la durée — d’ où la substitution d’un effort prolongé à la violence — qui rend l’évo
3171 la conversion par la durée — d’où la substitution d’ un effort prolongé à la violence — qui rend l’évolution moins populair
3172 olution et État-nation 12 juin 1970 Le concept de révolution, profondément important, typique de l’ensemble culturel eu
3173 pt de révolution, profondément important, typique de l’ensemble culturel européen, s’oppose au concept d’État-nation. L’Ét
3174 l’ensemble culturel européen, s’oppose au concept d’ État-nation. L’État-nation voulait être le porteur et le garant de tou
3175 ’État-nation voulait être le porteur et le garant de toutes les valeurs. Il y a donc dans l’État une idée de stabilisation
3176 tes les valeurs. Il y a donc dans l’État une idée de stabilisation. Au contraire, la révolution est un acte de « réévaluat
3177 lisation. Au contraire, la révolution est un acte de « réévaluation » de toutes les valeurs (formule de Nietzsche). Tout c
3178 re, la révolution est un acte de « réévaluation » de toutes les valeurs (formule de Nietzsche). Tout ce qui dépend de l’Ét
3179 e « réévaluation » de toutes les valeurs (formule de Nietzsche). Tout ce qui dépend de l’État tend à la stabilité, mais le
3180 aleurs (formule de Nietzsche). Tout ce qui dépend de l’État tend à la stabilité, mais les excès, l’absolutisation de l’Éta
3181 à la stabilité, mais les excès, l’absolutisation de l’État, ont provoqué le système de valeurs contraires qu’est la révol
3182 absolutisation de l’État, ont provoqué le système de valeurs contraires qu’est la révolution. 27 mai 1977 Pendant huit siè
3183 Avec la Révolution française, avec le fameux cri de Valmy « Vive la nation » qui a au fond donné la victoire aux troupes
3184 elait les sans-culottes et qui étaient d’ailleurs de bons bourgeois de Paris, vaincre les meilleures troupes d’Europe qui
3185 ottes et qui étaient d’ailleurs de bons bourgeois de Paris, vaincre les meilleures troupes d’Europe qui étaient celles de
3186 ourgeois de Paris, vaincre les meilleures troupes d’ Europe qui étaient celles de Brunswick, par ce cri et par cette manièr
3187 es meilleures troupes d’Europe qui étaient celles de Brunswick, par ce cri et par cette manière absolument non conformiste
3188 i et par cette manière absolument non conformiste de livrer une bataille ! Goethe, qui était témoin, a été si stupéfait qu
3189 it qu’il a noté dans son carnet, le même soir : «  De ce jour, de ce lieu une ère nouvelle va naître. » « Vive la nation »,
3190 oté dans son carnet, le même soir : « De ce jour, de ce lieu une ère nouvelle va naître. » « Vive la nation », ça ne voula
3191 France » ; ça voulait dire : Vive ce nouveau type de communauté qui instaure la révolution. C’était exactement l’équivalen
3192 évolution. C’était exactement l’équivalent du cri de « soviets partout » en 1917 et 1918, lequel ne voulait pas du tout di
3193 out ». Avant cela, il y avait eu un autre exemple de ce genre de slogans, c’était le cri de « Ligua, Ligua » qu’on poussai
3194 cela, il y avait eu un autre exemple de ce genre de slogans, c’était le cri de « Ligua, Ligua » qu’on poussait dans les c
3195 re exemple de ce genre de slogans, c’était le cri de « Ligua, Ligua » qu’on poussait dans les cités italiennes qui devenai
3196 il désignait, comme le mot « nation », une espèce de symbole de la nouvelle communauté que l’on recherchait. Avec la Révol
3197 t, comme le mot « nation », une espèce de symbole de la nouvelle communauté que l’on recherchait. Avec la Révolution franç
3198 se à tous les esprits la notion du pouvoir absolu de l’État, de la « majesté de l’État », de sa toute-puissance sur la vie
3199 es esprits la notion du pouvoir absolu de l’État, de la « majesté de l’État », de sa toute-puissance sur la vie quotidienn
3200 ir absolu de l’État, de la « majesté de l’État », de sa toute-puissance sur la vie quotidienne de chaque sujet du royaume,
3201 t », de sa toute-puissance sur la vie quotidienne de chaque sujet du royaume, non seulement la vie sociale, mais la vie pr
3202 la conscience (comme le démontrent la révocation de l’édit de Nantes et les persécutions religieuses dans toute l’Europe)
3203 religieuses dans toute l’Europe). La conséquence de cette croyance générale et superstitieuse en la toute-puissance du po
3204 . En effet, si l’État peut tout, et si on souffre de son pouvoir, comme il est absolu et qu’il n’y a pas de recours possib
3205 n pouvoir, comme il est absolu et qu’il n’y a pas de recours possible contre lui, il faudra donc s’en emparer par la force
3206 tout ce qu’on désire. S’emparer du pouvoir royal, de l’État, voilà qui a dominé en fait l’action des députés aux états gén
3207 osition, la réaction, les « factions » ; on parle de trahison, on exclut, on épure, on décapite, on veut toujours plus de
3208 lut, on épure, on décapite, on veut toujours plus de rigueur, de pureté. 3. De la révolution personnaliste à la révolut
3209 e, on décapite, on veut toujours plus de rigueur, de pureté. 3. De la révolution personnaliste à la révolution aujourd’
3210 n veut toujours plus de rigueur, de pureté. 3. De la révolution personnaliste à la révolution aujourd’hui 15 janvier
3211 ion aujourd’hui 15 janvier 1965 Les mouvements d’ Esprit et de l’Ordre nouveau se proclamaient révolutionnaires, en préc
3212 hui 15 janvier 1965 Les mouvements d’Esprit et de l’Ordre nouveau se proclamaient révolutionnaires, en précisant que la
3213 nticapitaliste et antitotalitaire, qu’il s’agisse de totalitarisme communiste, fasciste ou nazi. Ce qu’ils voulaient, en r
3214 nazi. Ce qu’ils voulaient, en revanche, selon un de leurs slogans, c’était une société « à hauteur d’homme », des institu
3215 de leurs slogans, c’était une société « à hauteur d’ homme », des institutions « à hauteur d’homme », dont le module serait
3216 à hauteur d’homme », des institutions « à hauteur d’ homme », dont le module serait la personne, le module et le but final.
3217 le, et que critiquaient d’autre part des penseurs de droite comme Maurras, ils étaient contre cet individualisme « atomisé
3218 lus aucune liberté, qui était purement au service de la collectivité ; tandis que l’individualiste de nos démocraties de l
3219 de la collectivité ; tandis que l’individualiste de nos démocraties de l’Ouest était, lui, trop libre, engagé dans rien d
3220  ; tandis que l’individualiste de nos démocraties de l’Ouest était, lui, trop libre, engagé dans rien du tout. Ces groupes
3221 re. 19 juin 1970 Je pense qu’il n’y a qu’un point d’ application à une véritable révolution aujourd’hui, c’est le dépasseme
3222 able révolution aujourd’hui, c’est le dépassement de l’État-nation. Tant que l’État-nation persistera, toute une série de
3223 ant que l’État-nation persistera, toute une série de changements souhaitables ne pourra pas être réalisée. On ne pourra pa
3224 e les États-nations, créer des régions en dessous de l’État-nation et des fédérations continentales au-dessus. Sur un plan
3225 au-dessus. Sur un plan plus moral, un changement de la hiérarchie des valeurs consisterait à dire : est-il vrai que le bu
3226 eurs consisterait à dire : est-il vrai que le but de l’humanité consiste à élever continuellement le niveau de vie du plus
3227 nt le niveau de vie du plus grand nombre possible de gens (PNB, taux de croissance, qui sont le sacré des hommes politique
3228 du plus grand nombre possible de gens (PNB, taux de croissance, qui sont le sacré des hommes politiques d’aujourd’hui) ?
3229 oissance, qui sont le sacré des hommes politiques d’ aujourd’hui) ? L’attitude révolutionnaire serait de mettre le niveau d
3230 ’aujourd’hui) ? L’attitude révolutionnaire serait de mettre le niveau de vie en question et de lui opposer le mode de vie.
3231 serait de mettre le niveau de vie en question et de lui opposer le mode de vie. S’il se trouvait soudain une majorité de
3232 ode de vie. S’il se trouvait soudain une majorité de gens pour penser que, dans les cas où il y a conflit entre le niveau
3233 s éditeurs : « La révolution est “la substitution d’ un ordre nouveau à un désordre établi”. Elle se caractérise par un déc
3234 n et souvent violent. Elle vise à la réévaluation de toutes les valeurs dont l’État cherche à garantir la stabilité. Ainsi
3235 lutionnaires viseront en premier lieu à s’emparer de lui, et s’ils réussissent, une révolution ainsi faite, au lieu d’amen
3236 une révolution ainsi faite, au lieu d’amener plus de libertés, aura pour conséquences plus probables un renforcement de l’
3237 pour conséquences plus probables un renforcement de l’appareil répressif de l’État (armée, police, etc.) : c’est ce qui s
3238 probables un renforcement de l’appareil répressif de l’État (armée, police, etc.) : c’est ce qui s’est passé, par exemple,
3239 r la Révolution russe. En fait, la transformation de toutes les valeurs d’une société est un objectif difficile à atteindr
3240 En fait, la transformation de toutes les valeurs d’ une société est un objectif difficile à atteindre. Il réclame en tout
3241 teindre. Il réclame en tout cas un long processus de maturation au niveau individuel, puis au niveau collectif. Au niveau
3242 niveau individuel, la révolution est l’équivalent de la conversion chrétienne : le converti rejette l’ordre ancien, la Loi
3243 velle, et cette foi l’engage dans la construction d’ un nouvel ordre qui assure sa pérennité à travers de nouvelles institu
3244 un nouvel ordre qui assure sa pérennité à travers de nouvelles institutions. Tout projet révolutionnaire part donc d’une r
3245 stitutions. Tout projet révolutionnaire part donc d’ une réflexion au niveau individuel qui se poursuit naturellement par u
3246 une remise en question des finalités sociales et de l’ordre social. Pour Denis de Rougemont et les personnalistes des ann
3247 personnalistes des années 1930, c’est l’avènement de la personne libre et responsable qui mettra fin au “désordre établi”
3248 , moral, politique…), et permettra l’instauration d’ un nouvel ordre, fédéraliste, basé sur ces communautés favorisant l’en
3249 sur ces communautés favorisant l’engagement réel de la liberté et de la responsabilité du citoyen que sont les communes e
3250 tés favorisant l’engagement réel de la liberté et de la responsabilité du citoyen que sont les communes et les régions. »