1
« L’heure
est
venue. Allons-y » [préface d’Alexandre Marc] Und solang Du es nich
2
s-y » [préface d’Alexandre Marc] Und solang Du
es
nicht hast Dieses : Stirb und Werde… Grand Européen, citoyen du mond
3
il convient de préciser tout de suite que ce qui
est
authentiquement national déborde l’État, à la fois — si dire se peut
4
ut — par le haut et par le bas. C’est pourquoi il
serait
erroné de parler de culture suisse : « par la langue, l’ethnie, la co
5
le compte de l’État […] — selon laquelle l’Europe
serait
une addition de « cultures nationales » coïncidant, comme par miracle
6
n, bonapartiste, laïque et obligatoire, la Suisse
est
-elle devenue un pays abâtardi, débilité, culturellement sous-développ
7
e suite, jusqu’à 19° URSS 0,03 ! Curieusement, ce
sont
les petits pays — et non les Super-Grands — qui se placent en tête du
8
chir nos intellocrates mégalomanes. Quoi qu’il en
soit
, Denis de Rougemont se plaisait à rappeler que depuis la fondation de
9
Bâle, l’apport de la Suisse à la culture, compte
tenu
de ses dimensions géodémographiques, a été supérieur à celui de ses v
10
ompte tenu de ses dimensions géodémographiques, a
été
supérieur à celui de ses voisins. Au xxe siècle encore, n’est-ce pas
11
à celui de ses voisins. Au xxe siècle encore, n’
est
-ce pas en Suisse qu’un dénommé Einstein, devenu citoyen de ce pays, a
12
ajouter à la liste, ainsi esquissée, le sien. Qui
est
appelé du reste à y occuper une place particulière, parce que sa pers
13
u politique, au sens le plus élevé du terme. Il s’
est
efforcé d’apaiser les angoisses et les obsessions de notre temps, san
14
r au pédagogue sourcilleux et chagrin. Lui, qui n’
était
pas historien, il a su explorer, avec une belle maîtrise, Vingt-huit
15
induire en erreur : Denis de Rougemont n’a jamais
été
un modéré ; c’était un dangereux extrémiste, un extrémiste du déséqui
16
miste, un extrémiste du déséquilibre maîtrisé. Il
était
trop pénétré de dialectique (non hégélienne) pour ignorer que le et –
17
re — que l’on relise la revue Hic et nunc —, il
est
resté fidèle jusqu’au bout à sa précoce conversion au maximalisme chr
18
. Écrivain, homme d’action, Denis de Rougemont a
été
aussi un enseignant. Dans les cours professés un peu partout, notamme
19
e formation européenne (dont Denis de Rougemont a
été
, pendant longtemps, l’un des présidents), il n’a cessé de dispenser l
20
de départ d’un examen de conscience radical dont
est
né, au début des années 1930, le groupe de l’Ordre nouveau. Si j’ai p
21
s, Jean Jardin — sans même parler de ceux qui s’y
sont
agrégés ensuite —, c’est que les uns et les autres, à l’instar de Den
22
s, à l’instar de Denis de Rougemont lui-même, ont
été
frappés par une révélation, encore confuse, de la gravité de la crise
23
onfuse, de la gravité de la crise à laquelle nous
serions
inexorablement confrontés. Ignorer ce point de départ, c’est rendre p
24
ent, en attendant de les engloutir. Toute société
étant
conflictuelle, l’histoire de l’humanité est faite de tensions subies
25
été étant conflictuelle, l’histoire de l’humanité
est
faite de tensions subies ou maîtrisées, fécondes ou destructrices. Pr
26
ipel du Goulag. Une cité non tensionnelle ne peut
être
qu’une préfiguration de l’enfer. Si l’homme a une chance d’y échapper
27
enfer. Si l’homme a une chance d’y échapper, ce n’
est
point en méconnaissant les contradictions de l’existence, mais bien e
28
umaine. Mais la Crise qui nous menace aujourd’hui
est
d’une autre nature. Elle met tout en question ; elle atteint simultan
29
ut en question ; elle atteint simultanément notre
être
et nos raisons d’être ; elle vise tous les secteurs et toutes les dim
30
atteint simultanément notre être et nos raisons d’
être
; elle vise tous les secteurs et toutes les dimensions de la vie soci
31
ts qui ont beaucoup servi, le terme de révolution
est
trompeur. Les révoltes, les émeutes, les combats de rue, les barricad
32
ps d’État ou les prises de pouvoir. Ainsi qu’il a
été
déjà observé, Denis de Rougemont a volontiers recours à des référence
33
ecours à des références théologiques. Pour ce qui
est
de la révolution, son essence ne se laisse saisir qu’à la lumière du
34
umière du concept de conversion : « la révolution
est
une traduction collective de la conversion chrétienne », sa projectio
35
Denis de Rougemont l’ait adopté. En revanche, il
était
en quelque sorte prédisposé à saisir d’emblée la thèse selon laquelle
36
e passé. Depuis la fin du xve siècle, l’Occident
est
entré dans une zone de turbulences révolutionnaires : Royaume-Uni, Am
37
, a-t-elle multiplié les espaces de liberté, ou s’
est
-elle contentée de parfaire l’effort de centralisation, homogénéisatio
38
longue date ? Tout bien considéré, n’a-t-elle pas
été
l’un des maillons d’une longue chaîne, dont les étapes se déroulent,
39
nent-ils pas une seule et même réalité ? Ou, pour
être
plus précis, une seule et même absence de réalité ? C’est contre cet
40
tés : la personne. L’œuvre de Denis de Rougemont
est
si riche, si variée que, pour la caractériser, aucun mot ne saurait s
41
illustrer. Dans notre génération, je crois avoir
été
le premier à utiliser ce terme en français, en l’empruntant, si ma mé
42
lliam Stern. Mais ce vocable, un peu pédant, ne s’
est
imposé que grâce aux efforts conjugués d’une petite avant-garde — Emm
43
aisait partie Denis de Rougemont et à laquelle il
est
resté fidèle jusqu’à la fin. Peu de temps avant sa mort, lors de nos
44
enir, à plusieurs reprises, sur un projet qui lui
était
cher : republier toute la collection de la revue de L’Ordre nouveau
45
se démoder, n’ont fait que se bonifier. Tel qu’il
est
aujourd’hui, notre monde sans phare ni boussole leur confère une actu
46
este encore tant à faire… » Denis de Rougemont n’
est
plus, mais tout reste encore à faire, à par-achever. Notamment pour s
47
ncore à faire, à par-achever. Notamment pour s’en
tenir
à la perspective philosophique, il convient d’insister sans cesse sur
48
ù je rédige ces lignes, le soi-disant libéralisme
serait
proprement inconcevable. À quel niveau situer le terme d’individu ? U
49
] concéder à Karol Wojtyla, c’est que plus grande
est
la perfection ontique d’une espèce, plus grandes sont aussi les diffé
50
la perfection ontique d’une espèce, plus grandes
sont
aussi les différences distinguant entre eux ses individus », et que,
51
anit et lavande, mais non les animaux : l’homme n’
est
-il pas lui-même un animal sur lequel un esprit a été greffé ? Denis d
52
-il pas lui-même un animal sur lequel un esprit a
été
greffé ? Denis de Rougemont préfère réserver le terme d’individu à l’
53
ougemont préfère réserver le terme d’individu à l’
être
humain qui s’arrache à la pesanteur de la masse, de la tribu ; à l’ho
54
aissance, dont on peut même se demander si elle n’
est
pas triple : en effet, autant les personnalistes sont convaincus qu’i
55
pas triple : en effet, autant les personnalistes
sont
convaincus qu’il importe de distinguer individu et personne, autant i
56
personne par rapport à celui de l’individu. Ce n’
est
qu’en acceptant pleinement cette réserve méthodologique que l’on a le
57
évolution judéo-chrétienne – personne. Quelle que
soit
la valeur historique de ce schéma, il s’impose, d’une certaine manièr
58
manière, dans la perspective ontique. Tout homme
est
à la fois individu et personne (le citoyen relevant d’une autre inter
59
ou vecteurs — d’une même réalité, ils ne peuvent
être
distingués que pour être unis. Et même lorsqu’on les oppose, c’est au
60
réalité, ils ne peuvent être distingués que pour
être
unis. Et même lorsqu’on les oppose, c’est au modeste adverbe plutôt q
61
lutôt qu’il convient d’avoir recours : l’individu
est
plutôt donné, la personne reste plutôt à conquérir ; celle-ci est plu
62
, la personne reste plutôt à conquérir ; celle-ci
est
plutôt tournée vers l’à-venir, celui-là vers le passé ; l’individu re
63
on, au statisme, à la société, la personne, elle,
étant
aimantée par la transcendance, la construction, le dynamisme, la comm
64
e, la construction, le dynamisme, la communauté ;
être
individu est plutôt un état, être personne un acte. Et ainsi de suite
65
tion, le dynamisme, la communauté ; être individu
est
plutôt un état, être personne un acte. Et ainsi de suite. L’essentiel
66
la communauté ; être individu est plutôt un état,
être
personne un acte. Et ainsi de suite. L’essentiel est de ne jamais per
67
personne un acte. Et ainsi de suite. L’essentiel
est
de ne jamais perdre de vue l’unité concrète, unique et non réitérable
68
unité concrète, unique et non réitérable, de tout
être
humain. C’est du reste le seul concret véritable — l’autre n’étant qu
69
st du reste le seul concret véritable — l’autre n’
étant
qu’un concret de départ —, le seul qui participe de l’être en tant qu
70
n concret de départ —, le seul qui participe de l’
être
en tant qu’être ; le seul dont l’émergence signifie dépassement, mais
71
art —, le seul qui participe de l’être en tant qu’
être
; le seul dont l’émergence signifie dépassement, mais aussi transdesc
72
au moins la prémonition lorsqu’il parle (dans Qui
est
moi aujourd’hui, p. 268) de la « factualité transcendantale, concept
73
(et donc plutôt individualiste) de ce propos, il
est
permis de croire qu’il n’aurait point déplu à Denis de Rougemont. N’a
74
on envol ? Mais le concept de personne, pour lui,
était
indissolublement lié au mystère du Dieu un et trine. En ayant parlé d
75
i — bien que certain que sa pensée risque ainsi d’
être
mutilée ou, tout au moins, appauvrie — sur l’importance de cette liai
76
aison onto-lectique. Non pas que le personnalisme
soit
déductible d’une théologie, quelle qu’elle soit. Les non-conformistes
77
e soit déductible d’une théologie, quelle qu’elle
soit
. Les non-conformistes des années 1930 étaient au contraire convaincus
78
u’elle soit. Les non-conformistes des années 1930
étaient
au contraire convaincus que le personnalisme pouvait réunir chrétiens
79
, évoluer, en hommes libres et responsables, sans
être
gênés, encore moins entravés, par leur engagement dans la mouvance pe
80
ence, toute certitude terminologique risquerait d’
être
trompeuse. On ne peut dé-finir, en rigueur de terme, ce qui échappe p
81
e, ce qui échappe précisément à la finitude. Ce n’
est
qu’à partir de la personne que s’ordonne, s’éclaire, se dévoile l’œuv
82
audra du temps pour en établir l’inventaire. Ce n’
est
que plus tard que l’on pourra prétendre à proposer une syn-thèse (non
83
, qu’il ne pouvait déserter un tel combat qui lui
était
, en un sens, consubstantiel. Pouvait-il oublier que l’individu ne dev
84
qu’il diversifie, enrichit et féconde ? Lui qui a
été
, avec Dandieu et ses amis, le chantre de la diversité libératrice, po
85
! Il convient d’insister in fine sur ce point, ne
fût
-ce que pour dénoncer les terribles simplificateurs, stigmatisés tant
86
passer pour un nationaliste européen. Certes, il
fut
attaché toute sa vie à sa patrie ou, plus exactement, à ses patries,
87
e l’universel —, mais de toutes les fibres de son
être
, il refusait le stato-nationalisme au front bas. L’Europe pour laquel
88
pe pour laquelle il n’a jamais cessé de militer n’
était
pas celle du cosmopolitisme, mais non plus celle des frontières, doua
89
u, ne saurait dépendre, de quelque manière que ce
soit
, ni de l’histoire, ni de la géographie, tout en étant façonnée par el
90
t, ni de l’histoire, ni de la géographie, tout en
étant
façonnée par elles. Mais quelque chose s’est accompli, dans la petite
91
en étant façonnée par elles. Mais quelque chose s’
est
accompli, dans la petite péninsule de l’Asie, secouée par des affront
92
incessantes, quelque chose d’ineffaçable qu’il n’
est
pas interdit de rapprocher d’une prise de conscience de la personne p
93
: en rigueur de termes, toutes les révolutions se
sont
déroulées en Europe ou ont été inspirées par elle —, on pourrait appl
94
es révolutions se sont déroulées en Europe ou ont
été
inspirées par elle —, on pourrait appliquer, mutatis mutandis, ce que
95
odestie, de l’exploration de notre planète : ce n’
est
vraiment pas notre faute si c’est l’Europe qui a découvert le reste d
96
(Robert Aron et Arnaud Dandieu), pages dont je me
suis
laissé dire qu’elles avaient été dictées par Arnaud Dandieu, peu de t
97
ages dont je me suis laissé dire qu’elles avaient
été
dictées par Arnaud Dandieu, peu de temps avant sa mort, et reprises e
98
Rougemont eût apprécié que ce message — car c’en
est
un — qui exprimait les convictions communes de toute l’équipe de l’Or
99
ussi de conclusion à un choix de textes dont nous
sommes
redevables à deux de ses anciens étudiants — grâce leur en soit rendu
100
s à deux de ses anciens étudiants — grâce leur en
soit
rendue : Appuyé sur la technique […] que l’Occident avait su diffus
101
gogie… L’Europe s’engourdit dans une agonie qui n’
est
même pas grandiose. En dépit d’un préjugé romantique, la décadence n’
102
En dépit d’un préjugé romantique, la décadence n’
est
pas belle, ni la mort. Ce qui est beau, c’est la lutte contre la mort
103
la décadence n’est pas belle, ni la mort. Ce qui
est
beau, c’est la lutte contre la mort. Ce qui est grandiose, c’est la v
104
i est beau, c’est la lutte contre la mort. Ce qui
est
grandiose, c’est la victoire de l’homme. Le long des côtes de la Médi
105
érialisme, racisme ou tyrannie ; mais son essence
est
plus profonde… Ce n’est pas notre faute si la France est, aujourd’hui
106
rannie ; mais son essence est plus profonde… Ce n’
est
pas notre faute si la France est, aujourd’hui comme hier, la dernière
107
s profonde… Ce n’est pas notre faute si la France
est
, aujourd’hui comme hier, la dernière écluse… Ce n’est pas notre faute
108
aujourd’hui comme hier, la dernière écluse… Ce n’
est
pas notre faute si, pour sauver l’Occident et l’Europe, nous devons [
109
, d’affirmation, de création, de Révolution. Nous
sommes
sur la terre décisive. L’heure est venue. Allons-y. Arnaud Dandieu n
110
ution. Nous sommes sur la terre décisive. L’heure
est
venue. Allons-y. Arnaud Dandieu nous a quittés, il y a plus d’un dem
111
ttés, il y a plus d’un demi-siècle. Robert Aron n’
est
plus. Après beaucoup d’autres compagnons qui ont continué le combat,
112
rseurs, ces pionniers morts : Stirb und Werde, ne
sont
pas sur le point de devenir. De devenir vraiment ce qu’ils sont. Ils
113
e point de devenir. De devenir vraiment ce qu’ils
sont
. Ils ont labouré et ensemencé la terre décisive. L’heure de la moisso
114
nsemencé la terre décisive. L’heure de la moisson
est
venue. Allons-y. Alexandre Marc 1. Sauf indication contraire, les t
115
indication contraire, les textes entre guillemets
sont
de Denis de Rougemont.
116
t-Ouen et Jean Mantzouranis] Le présent ouvrage
est
le fruit d’un travail effectué sur les cours, professés entre 1963 et
117
lle, et c’est souligner combien elle mériterait d’
être
mieux connue. Certains textes importants ne sont plus aisément access
118
’être mieux connue. Certains textes importants ne
sont
plus aisément accessibles au grand public2. De plus, il manque encore
119
mi-siècle. C’est dans cet esprit que ce travail a
été
effectué, du vivant de Denis de Rougemont et avec son appui. Notre ma
120
philosophico-politiques de sa pensée. Un cours n’
est
pas souvent représentatif de son auteur, car il est nécessairement di
121
t pas souvent représentatif de son auteur, car il
est
nécessairement didactique et descriptif : il y a des connaissances à
122
l’intérêt qu’il leur portait, il ne pouvait s’en
tenir
là. Tout notre problème a été en fait de repérer les instants, parfoi
123
l ne pouvait s’en tenir là. Tout notre problème a
été
en fait de repérer les instants, parfois très brefs, où s’exprimait l
124
de Rougemont enseignait au moins autant ce qu’il
était
que ce qu’il savait. Il y avait non seulement l’érudition d’un homme,
125
connaître tout cela ? En bref, tous ceux qui ont
été
marqués par son enseignement, l’ont été par cette tension particulièr
126
x qui ont été marqués par son enseignement, l’ont
été
par cette tension particulièrement vivante entre l’homme et ce qu’il
127
vivante entre l’homme et ce qu’il exposait, qui n’
était
rien d’autre que l’ensemble de la culture européenne, dans laquelle i
128
ulture qu’il voulait faire connaître. Tel devrait
être
, à notre sens, une des fonctions de cet ouvrage, que d’en garder la t
129
et d’en diffuser l’acquis. Les fragments qui ont
été
sélectionnés font apparaître un certain nombre de thèmes qui ont été
130
nt apparaître un certain nombre de thèmes qui ont
été
distribués en autant de chapitres. Cette classification, édifiée pour
131
et ouvrage, si elle se veut profitable, ne pourra
être
qu’une lecture croisée. Il nous semble, par exemple, impossible de ne
132
on ». Notre travail a débuté en décembre 1983. Il
fut
achevé en août 1985, et Denis de Rougemont en prit connaissance en oc
133
n effet, un travail de mise en forme pour pouvoir
être
publiés sous forme écrite. Cela ne pouvait être fait que par Denis de
134
r être publiés sous forme écrite. Cela ne pouvait
être
fait que par Denis de Rougemont, qui est non seulement un penseur, ma
135
pouvait être fait que par Denis de Rougemont, qui
est
non seulement un penseur, mais un écrivain, la forme et le fond étant
136
un penseur, mais un écrivain, la forme et le fond
étant
chez lui indissociables. Après avoir longuement débattu et envisagé p
137
eût semblé imparfaite), nous décidâmes de nous en
tenir
à des corrections minimales, nous contentant d’éliminer les redites e
138
’homme , Vingt-huit siècles d’Europe , L’Avenir
est
notre affaire , tous épuisés. 3. Cette facette de la pensée de Denis
139
Cette facette de la pensée de Denis de Rougemont
est
illustrée notamment par L’Amour et l’Occident , La Part du diable ,
140
dans l’Antiquité, la polis grecque, dont l’image
était
restée dans les esprits des hommes malgré tous les bouleversements de
141
d’équilibre, ou moment civique, ou personnalisme,
étant
réalisé au moment où les libertés et les devoirs s’appuient l’un l’au
142
t les devoirs s’appuient l’un l’autre, où l’homme
est
libre parce qu’il est responsable, et responsable parce qu’il est lib
143
nt l’un l’autre, où l’homme est libre parce qu’il
est
responsable, et responsable parce qu’il est libre : ce sont des momen
144
qu’il est responsable, et responsable parce qu’il
est
libre : ce sont des moments très brefs, qui sont un idéal, mais qui a
145
nsable, et responsable parce qu’il est libre : ce
sont
des moments très brefs, qui sont un idéal, mais qui apparaissent à ce
146
l est libre : ce sont des moments très brefs, qui
sont
un idéal, mais qui apparaissent à certaines périodes d’équilibre poli
147
sse chrétienne. La troisième catégorie de sources
est
germanique. Elle se manifeste dans la cité du Moyen Âge par la divers
148
unautés de forme spécifiquement européenne qui se
sont
formées au Moyen Âge est la Sippe germanique. Une autre origine est l
149
ement européenne qui se sont formées au Moyen Âge
est
la Sippe germanique. Une autre origine est la cité, la cité antique,
150
en Âge est la Sippe germanique. Une autre origine
est
la cité, la cité antique, civitas romaine, qui est une réalité non pa
151
st la cité, la cité antique, civitas romaine, qui
est
une réalité non pas de sang, de consanguinité ni de race, mais de dro
152
de droit. Une troisième source de communauté, qui
est
introduite, elle, par le christianisme, par l’Église, est la paroisse
153
oduite, elle, par le christianisme, par l’Église,
est
la paroisse, communauté dont le principe est spirituel. Il y a donc t
154
ise, est la paroisse, communauté dont le principe
est
spirituel. Il y a donc trois origines des communautés médiévales : l’
155
s la version germanique de la communauté, l’homme
est
défini par sa force et par son rang. Dans la version latine antique,
156
par son rang. Dans la version latine antique, il
est
défini par sa fonction dans la cité. 14 janvier 1977 L’esprit des com
157
collège de prud’hommes, non par un seul chef qui
serait
tout de suite un tyran, un dictateur, mais par un collège ou un conse
158
contre toute espèce de pouvoir personnel, que ce
soit
donc celui d’un dictateur ou celui d’un seigneur voisin, qui serait t
159
d’un dictateur ou celui d’un seigneur voisin, qui
serait
tenté de faire main basse sur la cité, sur la commune. C’est aussi un
160
e peut pas dire que c’est déjà démocratique, ça l’
est
seulement dans la mesure où, étant une petite communauté, beaucoup de
161
mocratique, ça l’est seulement dans la mesure où,
étant
une petite communauté, beaucoup de citoyens peuvent se manifester com
162
s l’état économique de l’époque : les commerçants
tiennent
le haut du pavé. 27 janvier 1967 « Moyen Âge » ne veut rien dire, c’
163
certaine administration. On sait également ce que
sont
la Renaissance individualiste, l’absolutisme, mais le Moyen Âge ne di
164
us générale. Toute la vie de l’homme du Moyen Âge
est
faite dans et par des communautés, dont la municipalité n’est qu’une
165
ns et par des communautés, dont la municipalité n’
est
qu’une des formes, les autres formes étant : — les ordres religieux q
166
palité n’est qu’une des formes, les autres formes
étant
: — les ordres religieux qui ont existé au départ avec les grands cou
167
ouvents, les grandes abbayes autour desquelles se
sont
recréés toutes les branches de la culture en Europe et même, à en cro
168
rations et, sur un plan déjà plus profane, quoiqu’
étant
coloré de sacré, les ordres de chevalerie ; — la Table ronde, connue
169
a Table ronde, connue par les romans bretons, qui
est
une commune, une communauté autour du roi Arthur ; — puis, naturellem
170
s, les municipalités. 25 octobre 1968 Puisqu’elle
est
sacrée, et qu’elle est le centre du monde, ma patrie est supérieure à
171
5 octobre 1968 Puisqu’elle est sacrée, et qu’elle
est
le centre du monde, ma patrie est supérieure à toutes les autres. Les
172
rée, et qu’elle est le centre du monde, ma patrie
est
supérieure à toutes les autres. Les ethnographes ont partout remarqué
173
ités 20 février 1970 Deux types de communautés
sont
très typiques du Moyen Âge : les universités et les communes urbaines
174
ersités et les communes urbaines. Les universités
sont
des communautés qui sont plus proches par l’esprit et par leurs struc
175
rbaines. Les universités sont des communautés qui
sont
plus proches par l’esprit et par leurs structures des communautés mon
176
és militaires chevaleresques. Car les universités
sont
des communautés dans l’ordre de la liberté plus que dans l’ordre de l
177
ie commune, communauté. Les premières universités
sont
des unités autonomes, constituées comme des communes politiques, qui
178
et dans les pays hors de l’empire, du pape. Elles
sont
donc, dans les deux cas, immédiates à l’instance supérieure. L’univer
179
ie , du xiiie et parfois encore du xive siècle,
est
caractérisée par la souveraineté, l’exterritorialité et le droit de s
180
mmune, en allemand par Gemeinde. Ces trois termes
étaient
complètement synonymes. Ainsi, le pacte qui a créé la Suisse, en 1291
181
, le pacte qui a créé la Suisse, en 1291, n’a pas
été
fait entre trois cantons, mais entre trois communes qui y sont désign
182
re trois cantons, mais entre trois communes qui y
sont
désignées dans ce texte latin comme des universitates, désignant les
183
e des universitates, désignant les communes qui s’
étaient
établies dans les trois vallées autour du Gothard. C’est seulement pl
184
s, pour ce qui concerne l’Europe. Cette naissance
est
absolument contemporaine de la naissance des communes et des corporat
185
communes et des corporations au Moyen Âge ; ce n’
est
pas par hasard, puisque les premières universités ont été des commune
186
par hasard, puisque les premières universités ont
été
des communes et des corporations : les communes, au début, cherchaien
187
es, même locales. 20 janvier 1967 Les universités
sont
un modèle communal de deux manières : d’abord historiquement puisqu’e
188
anières : d’abord historiquement puisqu’elles ont
été
de vraies communes ; ensuite, il se trouve qu’elles pourraient être l
189
munes ; ensuite, il se trouve qu’elles pourraient
être
le lieu où la question des communes serait non seulement étudiée théo
190
urraient être le lieu où la question des communes
serait
non seulement étudiée théoriquement et scientifiquement, mais presque
191
ion, problèmes de multiplication des compétences,
sont
les problèmes qui se posent spécialement aux communes et aux universi
192
spécialement aux communes et aux universités. Ils
sont
des problèmes par nature interdisciplinaires et il semble que, si les
193
sciplinaires et il semble que, si les universités
étaient
ce qu’elles doivent être, ce que leur nom indique, ce serait une de l
194
e, si les universités étaient ce qu’elles doivent
être
, ce que leur nom indique, ce serait une de leurs tâches privilégiées
195
u’elles doivent être, ce que leur nom indique, ce
serait
une de leurs tâches privilégiées que de les étudier et d’essayer d’y
196
petites dimensions universitaires. Cela me paraît
être
une des règles d’or de la culture européenne qui a toujours été — dep
197
gles d’or de la culture européenne qui a toujours
été
— depuis la Grèce — de chercher une certaine mesure, de ne pas dépass
198
ement gigantesque des effectifs universitaires ne
serait
pas de gonfler à l’infini les universités existantes, ce qu’on est en
199
r à l’infini les universités existantes, ce qu’on
est
en train de faire, mais au contraire de multiplier les petites univer
200
de conseil municipal d’une commune d’aujourd’hui,
est
aussi difficile que celui d’un homme cultivé qui voudrait se rendre c
201
re compte de toutes les spécialités à la fois. Il
est
obligé de prendre des décisions, l’un dans le domaine de la culture o
202
es théoriciens de la Révolution française, elle a
été
appliquée à un grand pays de vingt-trois-millions d’habitants. 27 jui
203
s par Rousseau contre le fait que, si sa doctrine
était
transposée dans un grand pays comme la France, elle serait absolument
204
ansposée dans un grand pays comme la France, elle
serait
absolument dénaturée, et cela donnerait lieu à la tyrannie. C’est pou
205
ue j’appelle électives, les anciennes communautés
étant
des communautés natives. 17 février 1967 L’homme est à la fois libre
206
des communautés natives. 17 février 1967 L’homme
est
à la fois libre et responsable ; donc, il n’est pas seulement respons
207
e est à la fois libre et responsable ; donc, il n’
est
pas seulement responsable, il n’est pas seulement un citoyen engagé d
208
; donc, il n’est pas seulement responsable, il n’
est
pas seulement un citoyen engagé dans la vie civique, il doit aussi êt
209
citoyen engagé dans la vie civique, il doit aussi
être
libre, et pouvoir manifester cette liberté. Il le fera dans les group
210
rdent très largement la petite cellule sociale qu’
est
l’unité d’habitation ou la cité-satellite. Ces groupes sociaux électi
211
u la cité-satellite. Ces groupes sociaux électifs
sont
donc définis par des idées, des préoccupations et des besoins moraux,
212
x, culturels, et non plus par la localité où l’on
est
né, par les traditions familiales ou villageoises, par le territoire,
213
es les associations locales, il y a une chose qui
est
très sensible, c’est que chacun a besoin de tous, et que tous ont bes
214
’un troupeau. La définition de cet état de choses
est
devenue la devise des Suisses dès le Moyen Âge, « Un pour tous et tou
215
imension de la cité 3 décembre 1976 Si la cité
est
mesurée, l’homme peut s’y manifester en tant que citoyen ; citoyen, c
216
citoyen, c’est-à-dire libre et responsable, l’un
étant
le complément et la condition de l’autre. Si la cité devient trop gra
217
mme qui correspond aux dimensions « petite cité »
est
le citoyen actif, libre et responsable. 2. Puis vient l’étape de la c
218
s traditionnelles des petites cités grecques, qui
étaient
bâties en damier — selon le plan de Milet — avec de grandes avenues e
219
le quadrillage, et des dimensions telles qu’il n’
était
plus question de réunir toute la population sur l’agora, de sorte que
220
t. Le type d’individu qui correspond à cette cité
est
donc l’individu civiquement passif. Cette décadence civique de la ci
221
yens, qu’on peut dire que la devise de ces villes
est
« un tyran pour tous et chacun pour soi ». 26 novembre 1976 Les homme
222
grandes cités s’habituent, tout naturellement, à
être
gouvernés au lieu de se gouverner. L’homme de la polis se gouvernait.
223
a polis se gouvernait. L’homme de la grande ville
est
gouverné de l’extérieur, d’une manière passive, il assiste aux luttes
224
artis, beaucoup plus qu’il n’y prend sa part ; il
est
là vraiment en spectateur, pour marquer les points, pour applaudir ou
225
blic devant les grands ténors de la politique. Il
est
passionné parfois, mais lui-même ne joue pas, c’est-à-dire qu’il est
226
is, mais lui-même ne joue pas, c’est-à-dire qu’il
est
citoyen comme on dit aujourd’hui qu’est sportif celui qui va voir les
227
ire qu’il est citoyen comme on dit aujourd’hui qu’
est
sportif celui qui va voir les matchs le dimanche ou les regarde à la
228
imanche ou les regarde à la TV. 20 janvier1967 Il
est
évident que personne ne peut participer à la vie d’une commune comme
229
ue et fédéralisme 10 février 1967 Megalopolis
est
une sorte de limite, qu’on est en train d’atteindre, au-delà de laque
230
1967 Megalopolis est une sorte de limite, qu’on
est
en train d’atteindre, au-delà de laquelle on ne pourra plus aller. C’
231
ller. C’est la fin d’une évolution, dont le début
était
la Grèce. C’est la destruction de la possibilité humaine de participe
232
sens du mot, au sens étymologique, puisque polis
était
la ville en grec — s’occuper de politique signifiait s’occuper des af
233
enève, la démocratie pouvait jouer. Quand un pays
est
très petit, il y a pratiquement autant de magistrats que de citoyens.
234
ateur. C’est une conclusion logique. Plus un pays
est
petit, plus il sera libre. 26 novembre 1976 De même qu’on peut défini
235
nclusion logique. Plus un pays est petit, plus il
sera
libre. 26 novembre 1976 De même qu’on peut définir le prolétaire comm
236
ceaux, on peut dire que l’homme des grandes cités
est
un prolétaire politique : il est soumis à des mécanismes qui échappen
237
es grandes cités est un prolétaire politique : il
est
soumis à des mécanismes qui échappent complètement à ses prises de dé
238
participation, ce triomphe de l’impérialisme, ce
fut
en même temps la ruine de la civilisation, de la culture grecque. Et
239
de la culture grecque. Et de même que l’hégémonie
était
à la fois cause et résultat de la faiblesse politique des ligues, de
240
e du citoyen, ce vide social, comme je l’appelle,
sera
à la fois la cause et le résultat des grands empires militaires qui s
241
nt après la mort d’Alexandre. Car là où l’homme n’
est
plus total, ne veut plus être total, l’État peut devenir totalitaire
242
Car là où l’homme n’est plus total, ne veut plus
être
total, l’État peut devenir totalitaire ; et là seulement. 26 novembre
243
viennent matériellement impossibles quand la cité
est
trop grande. 29 octobre 1965 La santé du fédéralisme dépend des dimen
244
petites unités de recherche ou d’enseignement qui
soient
vivables et vivantes. C’est donc le problème, posé par les Grecs, de
245
’économie de l’époque. Ce problème des dimensions
est
absolument fondamental pour toute la définition du fédéralisme. 6.
246
cipation civique 27 janvier 1967 La banlieue n’
est
ni la cité, ni la campagne : c’est l’endroit où la campagne et la cit
247
nt, mais se détruisent l’une l’autre, parce qu’il
est
évident que la banlieue n’a plus aucun des avantages de la campagne —
248
es alignements de maisons toutes pareilles qui ne
sont
rien d’autre que la rationalisation du chaos social, du taudis, et qu
249
onalisation du chaos social, du taudis, et qui ne
sont
pas vraiment de nouvelles communes ajoutées aux anciennes villes, mai
250
de la place et dans la rue de la polis primitive
sont
nées toutes les catégories de la vie politique qui sont encore les nô
251
ées toutes les catégories de la vie politique qui
sont
encore les nôtres. Autour de l’agora se dressent tous les bâtiments i
252
isent les composantes de la vie publique. L’agora
est
généralement un espace rectangulaire, autour duquel se dressent l’hôt
253
gens discutent ; sur la place, le marché. L’agora
sera
transposée par les Romains sans aucun changement : ce sera le forum.
254
sposée par les Romains sans aucun changement : ce
sera
le forum. Quand le forum sera trop petit pour réunir tous les citoyen
255
cun changement : ce sera le forum. Quand le forum
sera
trop petit pour réunir tous les citoyens, ceux-ci nommeront les délég
256
es délégués qui siégeront dans le Sénat. La place
est
donc le centre de la vie politique, c’est là que se forme l’opinion e
257
se font les décisions de l’assemblée. La question
est
de savoir si dans les villes d’aujourd’hui, qui sont devenues trop gr
258
t de savoir si dans les villes d’aujourd’hui, qui
sont
devenues trop grandes, on peut parler de démocratie réelle, de partic
259
me la rue ne peut plus jouer son rôle. La réponse
est
évidemment non. 26 novembre 1965 Toutes les tensions dans la vie soci
260
. Prenez, par exemple, l’église et la mairie, qui
sont
traditionnellement en opposition, dans les pays où il y a de l’anticl
261
ticléricalisme ; entre l’église et la mairie, qui
sont
toutes les deux sur la place du bourg, du village ou de la petite vil
262
les cafés qu’elle se discutait, que les articles
étaient
rédigés, et ensuite que l’on commençait à vendre, à diffuser les jour
263
s donné naissance à nos parlements modernes. Elle
est
vraiment la cellule mère de notre civilisation occidentale, et nous p
264
er 1976 Quand une ville devient trop grande, il n’
est
plus question qu’elle ait pour centre une grande place avec tous les
265
viiie siècle surtout, la place des communes, qui
était
la manifestation même de la démocratie, devient tout à fait autre cho
266
Dans la grande ville moderne, la place (l’agora)
est
devenue un parking très souvent, tandis que les rues sont envahies pa
267
enue un parking très souvent, tandis que les rues
sont
envahies par les autos, c’est-à-dire qu’elle n’est plus livrée aux ci
268
nt envahies par les autos, c’est-à-dire qu’elle n’
est
plus livrée aux citoyens, à leurs rencontres, à leurs manifestations
269
ns au conseil de la ville. 10 février 1967 Ce qui
est
frappant dans la plupart des ouvrages sur l’urbanisme, sur la cité de
270
n état de s’en occuper, aux affaires publiques, n’
est
pas pris en compte par les auteurs. 7. Cités, régions, fédération
271
ntisse les droits de la cité. Les lois de la cité
sont
une sorte de conquête sur ces petits génies têtus et myopes qu’étaien
272
conquête sur ces petits génies têtus et myopes qu’
étaient
les petits dieux du clan sacré, qui étaient toujours des dieux méchan
273
es qu’étaient les petits dieux du clan sacré, qui
étaient
toujours des dieux méchants. Désormais, avec les lois de la cité, les
274
stauration des libertés communales, telle qu’elle
est
, trop souvent à mon gré, revendiquée par de grandes associations comm
275
ouvoirs locaux, qui me semblent vouloir trop s’en
tenir
à ce modèle du village ou de la petite cité que nous avons hérité du
276
une quantité de services, les tâches des communes
sont
déjà régionales, dépassent les limites de la commune. Pensez à l’eau
277
nt les limites de la commune. Pensez à l’eau : il
est
très rare qu’une commune puisse avoir son eau ; en général, elle vien
278
unes anciennes. Le système des hôpitaux également
est
trop cher pour une commune, et il demande la mise en coopérative de p
279
tes les études de prospective, qui ne peuvent pas
être
faites à l’échelle d’un maire de village paysan, fût-il un très bon a
280
faites à l’échelle d’un maire de village paysan,
fût
-il un très bon agronome. Tous ces services débordent la dimension de
281
ne, et on ne peut rien y faire. Le cadre communal
est
dépassé en fait, et d’une manière irréversible. On en vient à la noti
282
e d’assez petit pour l’engagement civique ne peut
être
obtenu qu’en groupant des petites communes. 3 février 1967 Les variat
283
des communautés locales, les cellules de base qui
sont
indispensables si on veut faire une société fédéraliste, par rapport
284
èrement important de l’histoire européenne. Elles
sont
la base de tout essai de construction fédérale pour maintenant et pou
285
pour maintenant et pour l’avenir. Les communes se
sont
nourries des apports grecs avec la polis, romains avec la civitas (fo
286
sur les droits personnels). L’esprit des communes
est
une caractéristique majeure du Moyen Âge : c’est un esprit frondeur b
287
ntérieur de frontières. Ces communautés électives
seront
, elles, définies par leurs buts consistant à fournir un cadre appropr
288
e notamment un problème de dimensions. Si la cité
est
trop grande, à l’instar des mégalopoles hellénistiques, le citoyen pe
289
ntiment de sa responsabilité civique, s’habitue à
être
gouverné. Sa liberté se retranche dans la sphère de sa vie privée, su
290
ossibilité du totalitarisme, car “là où l’homme n’
est
plus total, l’État peut devenir totalitaire ; et là seulement”. Dans
291
ançaise a faite des théories de Rousseau, ne peut
être
effectif que dans une petite dimension. Le point d’équilibre se trouv
292
ées. » b. Il y a ici une confusion, car Aristote
fut
le disciple de Platon et non l’inverse.
293
ême du singulier que l’on a quelques chances, qui
sont
les chances de la création, de déboucher sur le général, sur l’univer
294
urs beaucoup frappé dans ma jeunesse et que je me
suis
toujours rappelé ; un des théorèmes de l’Éthique de Spinoza dit : « d
295
intuitive à cet intellectualisme. En somme, Marx
est
l’un des premiers à dénoncer les camouflages du réel par la raison, l
296
e : il doit crier fort pour se faire entendre. Il
est
l’un des premiers à dénoncer les tours de passe-passe de la raison pu
297
’explication de la société et des motifs humains,
soit
à l’argent, soit au sexe, Marx et Freud ont produit un effet d’illumi
298
a société et des motifs humains, soit à l’argent,
soit
au sexe, Marx et Freud ont produit un effet d’illumination sur les bo
299
ourgeois élevés au xixe siècle dans l’idée qu’il
était
malséant de parler d’argent ou de parler de sexe : ces deux sujets ét
300
r d’argent ou de parler de sexe : ces deux sujets
étaient
tabous. 11 février 1972 Aujourd’hui, la prétention scientifique à la
301
ntion scientifique à la direction de la société n’
est
plus le fait d’usurpateurs et de doctrinaires délirants ; même pas de
302
univers du savoir humain, facultés et spécialités
sont
en train de s’éloigner les unes des autres, et font penser à ces gala
303
aussi que la commune mesure de notre civilisation
est
en train de se perdre. J’entends par commune mesure, par exemple, une
304
onception commune de l’homme, de ce qu’il devrait
être
dans la société, de l’homme universel, idéal capable d’inspirer à la
305
e, aux sources vives de la culture qui maintenant
est
devenue mondiale ; ils viennent apprendre ces secrets en Europe, et n
306
nt oubliés. 9 décembre 1966 Le monopole de l’État
est
devenu de plus en plus grand pendant tout le xixe siècle sur les uni
307
xe siècle sur les universités. Finalement, seule
est
restée l’unité visible des universités : l’unité locale, l’unité par
308
iversités : l’unité locale, l’unité par le cadre,
soit
de la nation, soit de la cité, soit du canton en Suisse. La réalité m
309
locale, l’unité par le cadre, soit de la nation,
soit
de la cité, soit du canton en Suisse. La réalité même de l’enseigneme
310
par le cadre, soit de la nation, soit de la cité,
soit
du canton en Suisse. La réalité même de l’enseignement, tel qu’il éta
311
sse. La réalité même de l’enseignement, tel qu’il
était
conçu au début, a disparu, c’est-à-dire que l’universitas n’existe pl
312
é non seulement des maîtres et des disciples, qui
était
la première définition de l’université, mais aussi de l’ensemble des
313
de bâtiments : les différentes branches du savoir
sont
réunies en une série de bâtiments, qu’on appelle l’université. Ce son
314
érie de bâtiments, qu’on appelle l’université. Ce
sont
une localité, une autorité locale ou nationale au mieux, puis une adm
315
préhensibles pour leurs voisines. Or, quand on en
est
au point où il n’y a plus d’universalité, il n’y a pas non plus d’uni
316
salité, il n’y a pas non plus d’université, et on
est
exactement dans la situation de la tour de Babel. 9 décembre 1966 L’œ
317
e de notre culture et de nos universités, devrait
être
confiée à des groupes de chercheurs, qui représenteraient des discipl
318
tre différentes disciplines. Ces hommes devraient
être
d’abord des spécialistes qui auraient démontré leur excellence dans u
319
c’est une sorte de description de l’histoire qui
est
en train de se faire, c’est très technique et ne touche pas du tout l
320
ération, d’éduquer, de former un type d’homme qui
soit
une personne. C’est le problème de l’éducation d’une manière tout à f
321
ors. C’est aussi le contraire de l’initiation qui
était
conduire dedans, faire entrer dans une certaine structure. On veut co
322
isques. 17 janvier 1969 Initiation et initiative
sont
en fait deux tendances contradictoires, puisque par la première on ve
323
ropéenne, ces deux tendances antinomiques doivent
être
combinées. On ne peut pas exclure l’une au profit de l’autre. Il y a
324
’initiation et l’éducation pour l’initiative, qui
sont
assez radicalement contraires d’intentions ; bien entendu, dans chaqu
325
ons ; bien entendu, dans chaque éducation doivent
être
présentes initiation et initiative à doses différentes. 4. Alignem
326
1966 Si on pense que le but de la vie d’un homme
est
de participer à la puissance et à la grandeur de sa nation (et je ne
327
tous les Européens, pendant des générations), on
est
porté tout naturellement — je dirais même nécessairement — à vouloir
328
on pense, au contraire, que le but de la société
est
d’offrir à chacun de courir sa chance, de s’exprimer, de « se réalise
329
exprimer, de « se réaliser » au maximum, alors on
est
porté à vouloir et à promouvoir un régime pluraliste, qui ménage les
330
idéale — de même que la limite du régime unitaire
était
le totalitarisme —, limite qui n’est jamais atteinte, serait l’an-arc
331
e unitaire était le totalitarisme —, limite qui n’
est
jamais atteinte, serait l’an-archie, l’anarchie au sens étymologique
332
otalitarisme —, limite qui n’est jamais atteinte,
serait
l’an-archie, l’anarchie au sens étymologique : la privation d’autorit
333
d’autorité. 20 mai 1977 L’instruction publique a
été
le principal moyen d’aligner les esprits, et ensuite, il y a eu la pr
334
s curiosités. Ça, c’est le fin du fin ! La presse
est
, en effet, le seul moyen d’entrer jusque dans l’esprit des gens, par
335
esprit des gens, par leur curiosité. Cette presse
est
nourrie par les agences de presse, qui sont toutes des agences d’État
336
presse est nourrie par les agences de presse, qui
sont
toutes des agences d’État ; au xixe siècle, il y avait les grandes a
337
ule et dirige les esprits comme on veut, quand on
est
maître de dire « voilà les faits importants d’hier » et qu’on ne choi
338
presse objective, annonçant les faits tels qu’ils
sont
, car les faits ne sont pas, ils sont fabriqués. Un fait, c’est un fac
339
çant les faits tels qu’ils sont, car les faits ne
sont
pas, ils sont fabriqués. Un fait, c’est un factum, c’est ce qui est f
340
tels qu’ils sont, car les faits ne sont pas, ils
sont
fabriqués. Un fait, c’est un factum, c’est ce qui est fait. On oublie
341
fabriqués. Un fait, c’est un factum, c’est ce qui
est
fait. On oublie toujours ça : qu’il est fabriqué. Il n’y a pas de fai
342
st ce qui est fait. On oublie toujours ça : qu’il
est
fabriqué. Il n’y a pas de fait en soi. 24 janvier 1969 L’irréalité de
343
réalité » à laquelle nous croyons chaque matin n’
est
faite que par la presse et la radio, et n’est souvent faite que pour
344
n n’est faite que par la presse et la radio, et n’
est
souvent faite que pour elles. Les agences seraient donc nos vrais maî
345
t n’est souvent faite que pour elles. Les agences
seraient
donc nos vrais maîtres ? C’est trop dire, car elles sont irresponsabl
346
nc nos vrais maîtres ? C’est trop dire, car elles
sont
irresponsables. Je ne soupçonne pas la presse occidentale de suivre u
347
elle-même, sans nulle enquête sérieuse, de ce qui
sera
vendable ou non. Elle ne se trompe qu’une fois sur deux. À ce taux, e
348
stance critique des esprits exposés à la presse n’
est
pas seulement possible, mais indispensable. Je demande qu’on institue
349
que nationale en France, sous la IIIe République,
sont
devenus le suffrage universel et l’opinion — la presse ; or tous les
350
ur tour formeraient des électeurs. Le but dernier
étant
donc de servir l’État et la nation, et pas du tout de servir les pers
351
sait à peu près de même : il pensait que l’État n’
était
pas là pour le citoyen, mais qu’au contraire, le citoyen était là pou
352
pour le citoyen, mais qu’au contraire, le citoyen
était
là pour l’État. L’école napoléonienne, pourrait-on dire d’après la mê
353
urrait-on dire d’après la même forme de pensée, n’
est
pas là pour les élèves, mais les élèves y sont pour la nation. Ainsi,
354
, n’est pas là pour les élèves, mais les élèves y
sont
pour la nation. Ainsi, le nationalisme devient la religion réelle, ét
355
e en force, et qui a des moyens de répression qui
sont
l’armée et la police — ce que n’ont plus les autres religions. 5.
356
1969 Il faut relever préalablement que la langue
est
très liée à la nation, mais pas du tout à l’État. Je vous rappelle qu
357
arlant une même langue, la langue de l’université
étant
le latin ; on appelait aussi « nations » les châteaux réservés aux ch
358
dit que les vitraux et les peintures des églises
étaient
le catéchisme du Moyen Âge ; avec l’invention de l’imprimerie, le cat
359
ale condition d’agrégation d’un peuple à l’empire
est
celle-ci : ce peuple doit rendre hommage au dieu universel qui régit
360
age au dieu universel qui régit l’histoire et qui
est
le principe vital de l’empire. Il en allait ainsi en Akkad, nous le s
361
dans l’Empire d’Alexandre et à Rome : Alexandre s’
est
déifié de son vivant, César est devenu Auguste. C’est parce que les p
362
ome : Alexandre s’est déifié de son vivant, César
est
devenu Auguste. C’est parce que les premiers chrétiens avaient compri
363
ent d’adorer César en tant qu’Auguste, qu’ils ont
été
persécutés. 25 octobre 1968 Pour les gens d’Akkad, pour les Égyptiens
364
C’est pourquoi l’insigne impérial par excellence
est
le globe. L’empereur participe du pouvoir mystique comme le chef rass
365
mystique comme le chef rassembleur de tribus. Il
est
l’intermédiaire entre le dieu et l’homme qui vit dans l’empire. D’où
366
s empereurs romains. Ce caractère de vénération s’
est
étendu aussi à Charlemagne, et surtout aux empereurs du Saint-Empire
367
u, du fait qu’il y a plusieurs empires connus. Il
est
difficile de maintenir cette mythologie, quand on sait qu’en fait, il
368
se développer contre lui et contre la papauté qui
est
l’autre symbole d’universalisme au Moyen Âge. 1er novembre 1968 Penda
369
1er novembre 1968 Pendant des siècles, l’Église s’
est
vue exercer toutes sortes de fonctions : état civil (baptêmes, mariag
370
iages), taxes et impôts, banque. L’administration
est
donc exercée par l’Église. L’empire n’a pas d’État à sa disposition.
371
ition. Les seules institutions impériales connues
étaient
la Diète d’Empire, qui ne se réunissait guère que pour élire un nouve
372
reur. Il a fallu attendre le xve siècle pour que
soit
proposée la création d’un conseil d’empire, sans que l’on sache quell
373
il d’empire, sans que l’on sache quelles auraient
été
ses attributions. Cette proposition n’a pas été suivie d’effets réels
374
t été ses attributions. Cette proposition n’a pas
été
suivie d’effets réels. L’empire ne disposait pas d’appareil étatique.
375
e. L’empereur n’avait pas de trésor important. Il
était
souvent moins riche que ses vassaux. Il était donc dans une situation
376
Il était souvent moins riche que ses vassaux. Il
était
donc dans une situation très particulière, moins chef d’État qu’arbit
377
ès particulière, moins chef d’État qu’arbitre. Il
était
un symbole vivant. Il garantissait dans sa personne l’idée d’unité, d
378
ue l’on a traduit par cette phrase : l’Angleterre
était
autrefois le pays qu’habitaient les Anglais ; aujourd’hui, les Anglai
379
habitaient les Anglais ; aujourd’hui, les Anglais
sont
le peuple qui habite l’Angleterre. 14 novembre 1968 La civilisation e
380
te l’Angleterre. 14 novembre 1968 La civilisation
est
née dans la cité — civitas — et ce n’est pas par hasard que la philos
381
lisation est née dans la cité — civitas — et ce n’
est
pas par hasard que la philosophie et la science grecques, c’est-à-dir
382
t la science grecques, c’est-à-dire occidentales,
sont
nées dans les premières cités ioniennes, avec Thalès de Milet, Héracl
383
de valeurs de base de la civilisation occidentale
sont
les valeurs celtes, qu’il convient donc d’ajouter aux valeurs grecque
384
ire que toutes les valeurs affectives de l’Europe
sont
déterminées par cette origine celtique, ainsi que les valeurs individ
385
uelle. Le triomphe des Celtes, dans leur échec, a
été
de parvenir à intérioriser le sens de l’aventure, là où les Grecs et
386
ration sauvegarde même. 16 janvier 1969 Quels que
soient
les termes que l’on retient, personne, hypostase, ousia, relation, ce
387
éelle des personnes ? En somme, on essaie (ce qui
est
à peu près impossible logiquement) de penser ensemble des réalités qu
388
logiquement) de penser ensemble des réalités qui
sont
, aux yeux de la raison, antinomiques, contradictoires, exclusives les
389
la communauté nouvelle — amour du prochain qui n’
est
pas un sentiment, mais une action de solidarité envers les autres — q
390
s, cette harmonie des libertés humaines qui avait
été
la nostalgie des plus grands penseurs grecs et aussi des stoïciens et
391
oïciens et de Marc-Aurèle. Le génie de saint Paul
est
d’avoir pu résumer tout cela dans l’antithèse la plus frappante et la
392
gle sacrée, sociale. 24 avril 1970 Je pense qu’il
est
possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale
393
e laquelle participent tous les Européens, qu’ils
soient
d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doiven
394
au zéro précédant la suite des nombres, mais qui
est
l’une des sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’amour
395
nfini, mais dont la plus fréquente, de très loin,
est
le couple d’antinomies inséparables : autorité et liberté, individual
396
nes et les jette dans des villes chaotiques où, n’
étant
plus organisés en véritables communautés, ils n’offrent plus de résis
397
plus de résistance à l’alignement des esprits qui
est
le phénomène dominant du siècle — alignement par l’école, le recrutem
398
seule protestation personnaliste du xixe siècle
est
celle de quelques grands hommes aberrants, comme Kierkegaard, Nietzsc
399
autant plus perçants qu’ils ont l’impression de n’
être
pas entendus. 15 mai 1970 L’homme de la Renaissance, c’est l’individu
400
semble à certains types grecs de l’individu, mais
est
plus franchement prométhéen, démesuré, qui veut toujours aller plus l
401
ites. Pour l’homme de la Renaissance, l’ici-bas n’
est
plus, comme pour l’homme du Moyen Âge, un lieu d’attente. C’est ici e
402
maintenant que tout se passe. Toutes les valeurs
sont
centrées sur l’individu. Ainsi, l’homme renaissant s’oppose à l’humil
403
nsi, l’homme renaissant s’oppose à l’humilité qui
était
la grande vertu médiévale. Il y oppose la virtu, qui signifie énergie
404
nergie, gloire, supériorité, autorité. La virtu a
été
exaltée par Nietzsche ; l’individu porteur de toutes les valeurs, l’i
405
». C’est une sorte d’impérialisme individuel, qui
est
créateur chez un artiste ou chez un homme de science, qui deviendra t
406
de science, qui deviendra très dangereux quand ce
sera
l’impérialisme individuel d’un prince, d’un général ou d’un homme d’É
407
. D’un côté, l’État s’empare de tout ce qui avant
était
activité responsable de la personne : la souveraineté de la personne
408
e de la personne : la souveraineté de la personne
est
déléguée à l’État. Si bien que l’homme ainsi créé devient de plus en
409
12 décembre 1969 Descartes aurait voulu que tout
soit
complètement géométrique — sinon, c’était le hasard, les accidents, e
410
était le hasard, les accidents, et alors la ville
était
livrée au règne de la force et non au règne de la raison. En faisant
411
chizophrénie dans la conception de l’homme, qui a
été
fort utile à la technique. Cette dichotomie a permis de se livrer à l
412
rer à la technique d’une manière qui n’aurait pas
été
possible auparavant. Avant lui, on faisait toujours attention à un to
413
le. 9 novembre 1970 La culture européenne ne peut
être
expliquée et comprise, comme l’histoire, que sur deux bases : celle d
414
ersé tout le continent et dans tous les sens, qui
sont
communs à presque tous les peuples du continent ; et les foyers locau
415
ntion. J’exclus totalement la troisième base, qui
est
celle qu’on a enseignée jusqu’ici : la base nationale. Aucune entité
416
coïncidé avec les frontières d’une nation. Cela a
été
ou bien des grands courants comme l’art gothique ou le surréalisme, o
417
ovembre 1976 Les sources de la culture européenne
sont
très différenciées et nombreuses, la source grecque en formant une pa
418
oli paquet de contradictions et d’éléments qui ne
sont
pas près de s’harmoniser, mais qui font la richesse et les tensions i
419
s traditions judéo-chrétiennes naturellement, qui
sont
communes à tous nos peuples. Donc, à la fois grande diversité et pare
420
. Grâce aux découvertes géographiques, l’Europe a
été
amenée à admettre, peu à peu, le fait d’une très grande diversité des
421
t ainsi se trouvent posés les principes de ce qui
sera
l’ethnographie, l’anthropologie. Cela posera aussi les problèmes de l
422
opéens que parce qu’il y a une unité de base, qui
est
une unité culturelle, sur laquelle on peut bâtir une union, librement
423
ment constituée. L’unité, c’est quelque chose qui
est
donné, ou qui n’est pas donné. L’union, c’est quelque chose que l’on
424
nité, c’est quelque chose qui est donné, ou qui n’
est
pas donné. L’union, c’est quelque chose que l’on fait, qui résulte d’
425
lture non unitaire et si hautement diversifiée qu’
est
la culture européenne, je répondrais que la solution se trouve dans l
426
sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies
seront
perdues une à une, si nous refusons l’union qui ferait leur force ; m
427
ur force ; mais en retour, cette union ne saurait
être
acquise au prix des libertés qu’elle est censée servir. Rien de plus
428
saurait être acquise au prix des libertés qu’elle
est
censée servir. Rien de plus limpide que la déduction qui fait toute m
429
impide que la déduction qui fait toute ma thèse :
étant
donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne pe
430
ma thèse : étant donné que la base de notre unité
est
une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une union fédér
431
introduction suivante des éditeurs : « La culture
est
sans doute l’élément principal sur lequel peut se fonder une union eu
432
bes et des Slaves. C’est dire comme cette culture
est
un assemblage complexe. Un moment important est celui des grands conc
433
e est un assemblage complexe. Un moment important
est
celui des grands conciles dont les débats inaugurent un mode de pensé
434
ouverte de l’Un et du Divers, dont le fédéralisme
est
la transposition politique. L’idée d’empire est un autre produit marq
435
e est la transposition politique. L’idée d’empire
est
un autre produit marquant de la culture et de l’histoire européennes
436
tique, le Saint-Empire (dont l’Empire napoléonien
est
tout le contraire) a fait coexister des communautés extrêmement diver
437
éens dans leur diversité, car cette culture, une,
est
aussi plurale. Alors que l’unité de la culture nous est donnée, l’uni
438
ssi plurale. Alors que l’unité de la culture nous
est
donnée, l’union est de l’ordre du faire, de la tâche à accomplir. Le
439
ue l’unité de la culture nous est donnée, l’union
est
de l’ordre du faire, de la tâche à accomplir. Le fédéralisme correspo
440
la culture européenne une et diverse : l’union y
est
conçue non pour unifier ou uniformiser, mais pour sauvegarder et prot
441
particulièrement important. L’État-nation ne s’y
est
pas trompé, qui a cherché à unifier les langues parlées sur son terri
442
ions 30 octobre 1970 L’État-nation. Ce terme a
été
lancé par les groupes Esprit et l’Ordre nouveau pendant les années 19
443
t et l’Ordre nouveau pendant les années 1930 ; il
est
actuellement tout à fait reconnu par l’historiographie et la sociolog
444
l étatique sur des réalités dites nationales, qui
sont
d’ordre culturel, spirituel, ethnique, moral, des réalités de but com
445
parfois des réalités d’origine commune. La nation
est
beaucoup plus vague, et pas nécessairement délimitée par des frontièr
446
es. La combinaison entre l’État et la nation ne s’
est
produite véritablement qu’à partir de la Révolution française, et not
447
ise, et notamment de sa période jacobine, et ne s’
est
véritablement réalisée pour la première fois que par l’action de Napo
448
is que par l’action de Napoléon. 24 avril 1970 Qu’
est
-ce, en somme, qu’instituer un État-nation ? C’est soumettre toute une
449
1968 La Révolution française, c’est l’État qui s’
est
emparé de la nation unitaire, produite par la dissolution des ancienn
450
litique — l’État —, confiscation dont le résultat
est
l’État-nation moderne. 27 mai 1966 L’État des rois de France, d’une p
451
es de Hollande surtout, ces deux formes d’État ne
sont
pas identiques. L’État imposé par les rois sera de plus en plus un bu
452
e sont pas identiques. L’État imposé par les rois
sera
de plus en plus un but en soi, comme l’État-nation moderne. Tandis qu
453
uement. Il y a donc l’État de type préfédéral qui
est
un État instrumental, simplement, qui s’oppose à l’État royal par sa
454
peut réaliser cette mission ; donc, l’État-nation
sera
impérialiste par définition, et sera belliciste par la force des chos
455
’État-nation sera impérialiste par définition, et
sera
belliciste par la force des choses. 13 novembre 1964 On assiste avec
456
disparaître. 22 novembre 1968 Bonaparte, après s’
être
fait élire consul à vie, prend, en 1804, le titre d’empereur. C’est b
457
du fonder un véritable empire, notamment quand il
était
en Égypte, et qu’il a pensé se tourner vers l’Asie et reprendre les a
458
Grand. Mais ce qu’il a effectivement créé en 1804
est
un État-nation de type nouveau, réalisant les ambitions de la Révolut
459
nt les ambitions de la Révolution française. Ce n’
est
pas un empire, puisqu’on ne trouve dans l’État qu’il domine ni la plu
460
il domine ni la pluralité, ni l’universalité, qui
sont
les caractères distinctifs d’un empire. 22 novembre 1968 L’État-natio
461
évrier 1977 Pour le roi, pour l’État absolu, il n’
est
pas question de dire que le but de la société c’est que les hommes vi
462
de la société c’est que les hommes vivent bien et
soient
heureux, il est question de dire que le but de l’État, c’est l’État,
463
que les hommes vivent bien et soient heureux, il
est
question de dire que le but de l’État, c’est l’État, c’est la puissan
464
e que la Révolution française, c’est l’État qui s’
est
emparé de la nation unitaire produite par la dissolution des ancienne
465
propos de la langue et de la religion, que ce ne
sont
pas des facteurs décisifs, surtout pas suffisants pour déterminer le
466
distinction entre les langues et les confessions
est
plutôt un effet qu’une cause des différenciations nationales. Alors,
467
ause des différenciations nationales. Alors, quel
est
le facteur principal — sinon décisif à lui tout seul — de la formatio
468
ne ? Je pense que c’est un troisième facteur, qui
est
l’organisation territoriale : la formation de territoires, plus ou mo
469
és par une dynastie en général, en attendant de l’
être
, dès la Révolution française, par l’appareil administratif de l’État.
470
ire les reproches les plus virulents, ce que l’on
est
beaucoup tenté de faire dans notre siècle. Bien entendu, les deux cho
471
dans notre siècle. Bien entendu, les deux choses
sont
vraies, elles ne sont pas du tout exclusives l’une de l’autre. Ce qui
472
en entendu, les deux choses sont vraies, elles ne
sont
pas du tout exclusives l’une de l’autre. Ce qui m’intéresse dans cett
473
ribus suffit à suggérer irrésistiblement qu’elles
sont
les origines de nos nations modernes. Voici une liste des traits cara
474
actéristiques des tribus primitives : 1. La tribu
est
une totalité. 2. Son principe d’union est d’abord religieux. 3. Son t
475
a tribu est une totalité. 2. Son principe d’union
est
d’abord religieux. 3. Son territoire est considéré comme le centre du
476
d’union est d’abord religieux. 3. Son territoire
est
considéré comme le centre du monde. 4. Tout ce qui est hors de la tri
477
onsidéré comme le centre du monde. 4. Tout ce qui
est
hors de la tribu est impur. 5. Tout ce qui est dans la tribu est sacr
478
tre du monde. 4. Tout ce qui est hors de la tribu
est
impur. 5. Tout ce qui est dans la tribu est sacré. 6. La tribu dont j
479
ui est hors de la tribu est impur. 5. Tout ce qui
est
dans la tribu est sacré. 6. La tribu dont je fais partie est supérieu
480
tribu est impur. 5. Tout ce qui est dans la tribu
est
sacré. 6. La tribu dont je fais partie est supérieure à toutes les au
481
tribu est sacré. 6. La tribu dont je fais partie
est
supérieure à toutes les autres. 7. Annexer l’étranger impur est un ac
482
à toutes les autres. 7. Annexer l’étranger impur
est
un acte religieux. Ces sept caractéristiques de la tribu méritent d’ê
483
Ces sept caractéristiques de la tribu méritent d’
être
examinées de plus près, car elles correspondent toutes à nos nations
484
nation avant le xiiie siècle. Avant, les nations
étaient
les empires, qui sont nés de la réunion — plus ou moins forcée — de p
485
ècle. Avant, les nations étaient les empires, qui
sont
nés de la réunion — plus ou moins forcée — de plusieurs tribus réunie
486
pparaissent à partir du xive siècle. Ces nations
sont
comme une résurgence des tribus qui avaient été préalablement digérée
487
sont comme une résurgence des tribus qui avaient
été
préalablement digérées par les empires. 1er novembre 1968 Les nations
488
es par les empires. 1er novembre 1968 Les nations
sont
la résurgence des tribus, qui s’étaient fondues dans les empires, mai
489
Les nations sont la résurgence des tribus, qui s’
étaient
fondues dans les empires, mais qui, pendant leur longue vie latente d
490
pendant leur longue vie latente dans l’empire, se
sont
pénétrées de l’idée qu’elles avaient chacune une vocation universelle
491
ours. 25 octobre 1968 Littéralement, chaque tribu
est
religieusement convaincue que le territoire qu’elle a choisi est le n
492
ent convaincue que le territoire qu’elle a choisi
est
le nombril du monde. Ce n’est pas une façon de parler : l’omphalos (n
493
re qu’elle a choisi est le nombril du monde. Ce n’
est
pas une façon de parler : l’omphalos (nombril) désignait la capitale,
494
nationalistes de nos nations modernes : ma nation
est
le centre du monde, c’est par là que l’on touche au ciel, et cela ne
495
t par là que l’on touche au ciel, et cela ne peut
être
que par là. Même le christianisme médiéval avait cette conviction. D
496
et sur la nécessité d’avoir un centre sacré, qui
était
, pour les jacobins, la commune de Paris (chez Anacharsis Cloots, par
497
oots, par exemple). 25 octobre 1968 L’État-nation
est
une combinaison relativement moderne de deux réalités, sociale et pol
498
nnes, d’origines complètement différentes — l’une
étant
la nation, et l’autre l’État. À proprement parler, c’est à partir de
499
Révolution française, et surtout de Napoléon qu’a
été
créé ce composé qui se proclame souverain absolu et immortel — ceci e
500
Renan dans un discours à la Sorbonne intitulé Qu’
est
-ce qu’une nation ? : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éterne
501
tulé Qu’est-ce qu’une nation ? : « Les nations ne
sont
pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé. Elles finiront. La c
502
, les remplacera. » « Les nations ont commencé »,
est
la phrase importante. Il s’agit pour nous de savoir quand et comment
503
t comment elles ont commencé, et comment elles se
sont
développées ensuite. La notion d’État a une genèse que l’on peut retr
504
et qui s’affirme indépendant. Cette conception s’
est
formée au xixe siècle, et il se trouve qu’elle est en crise au xxe
505
t formée au xixe siècle, et il se trouve qu’elle
est
en crise au xxe siècle ; elle a même abouti à des crises convulsives
506
rtout de fédération, je pense que leur opposition
est
motivée par une confusion qu’ils font entre nation et patrie. La patr
507
entre nation et patrie. La patrie, à laquelle ils
sont
très attachés — et ils ont raison — est une réalité physique, sentime
508
elle ils sont très attachés — et ils ont raison —
est
une réalité physique, sentimentale, instinctive, native et locale ; q
509
nctive, native et locale ; qui, par conséquent, n’
est
pas très grande. Ce qui a détruit les patries réelles en Europe, ce s
510
e qui a détruit les patries réelles en Europe, ce
sont
les nations. Vous voyez à quel point il est grave de confondre patrie
511
, ce sont les nations. Vous voyez à quel point il
est
grave de confondre patrie et nation comme on le fait couramment. 29 a
512
nations qui ont détruit l’attachement à la patrie
sont
de formation très récente. Elles ne remontent pas plus haut que la Ré
513
t que la Révolution française. Les nations qui se
sont
créées ainsi, au début du xixe siècle, à la suite de la Révolution e
514
, et aussi contre l’unité vivante de l’Europe. Il
est
vrai que beaucoup des traditions qui ont été ainsi effacées par l’eff
515
. Il est vrai que beaucoup des traditions qui ont
été
ainsi effacées par l’effort, par la violence de la Révolution françai
516
fort, par la violence de la Révolution française,
étaient
devenues sclérosées et auraient mené à des routines dangereuses. Mais
517
vrait défendre un traditionaliste digne de ce nom
sont
beaucoup plus anciennes que les nations, et ont été détruites par les
518
t beaucoup plus anciennes que les nations, et ont
été
détruites par les nations. Il est étrange à ce propos de constater qu
519
nations, et ont été détruites par les nations. Il
est
étrange à ce propos de constater que si tant de traditionalistes se r
520
rce qu’ils manquent de sens de l’histoire, ce qui
est
particulièrement grave pour des traditionalistes. Ils se figurent que
521
traditionalistes. Ils se figurent que leur nation
est
éternelle ou immortelle. 1er novembre 1968 Pour le xixe siècle, lang
522
s colonies américaines, qui parlaient anglais, se
sont
-elles séparées de l’Angleterre ? Pourquoi les États-Unis et le Canada
523
Canada ne font-ils pas un seul pays ? Pourquoi s’
est
-on opposé aux volontés d’Anschluss proclamées par Hitler ? Au nom de
524
tatisation de l’existence humaine au xixe siècle
étaient
l’armée, l’école, la presse et la technique. Vous trouverez ces quatr
525
ites par des Allemands ou des Européens de l’Est)
sont
fondées sur le critère de la langue. Cela correspond d’ailleurs à un
526
fet beaucoup, plusieurs révolutions populaires se
sont
fait au nom de la liberté linguistique (surtout en Europe centrale et
527
à la fois) avec la Première Guerre mondiale, 1914
étant
une charnière. Le xixe siècle, à dater de 1815, s’achève en 1914. 25
528
68 Le passage de la tribu totémique aux empires s’
est
fait par l’impérialisme mystique, c’est-à-dire par l’absorption relig
529
tribu sur les tribus voisines qui joue. Si l’État
est
une machine de guerre, on peut dire que l’empire est le résultat d’un
530
une machine de guerre, on peut dire que l’empire
est
le résultat d’une croisade. C’est une réalité spirituelle et mystique
531
es et les nations au sens moderne. Si les empires
sont
nés de tribus englobées et fixées sur un territoire de plus en plus d
532
ont d’abord voulu s’extraire du tout englobant qu’
était
l’empire ; aussitôt après, elles ont voulu, à leur tour, englober des
533
modèle de l’État moderne, commencé par la France,
sera
reproduit avec différentes variantes, un peu plus tard, par l’Espagne
534
n’a gardé que le droit et l’idée d’institutions —
est
liée au territoire, au domaine d’un roi et d’une dynastie. Plus tard,
535
e. Plus tard, à la Révolution française, cet État
sera
lié au territoire de l’ensemble du pays, de la nation. Ce n’est plus
536
itoire de l’ensemble du pays, de la nation. Ce n’
est
plus l’administration d’un domaine privé du roi, cela devient l’admin
537
ologique. L’idéologie devient très importante, et
est
imposée pratiquement par le parti ou les partis qui se sont substitué
538
ée pratiquement par le parti ou les partis qui se
sont
substitués au roi — qui tiennent le pouvoir dans la capitale, qui occ
539
ou les partis qui se sont substitués au roi — qui
tiennent
le pouvoir dans la capitale, qui occupent les bureaux centralisés, qu
540
t sur un territoire donné. L’État devient comme l’
était
le roi le superior in terris, la suprema potestas, et il exerce le po
541
Napoléon. 1er novembre 1968 Le rôle de l’empereur
est
essentiellement celui de garant moral. Quand l’empereur cessera d’êtr
542
celui de garant moral. Quand l’empereur cessera d’
être
reconnu comme cette garantie suprême, les nations commenceront à se m
543
e le Bel l’ont exprimé ainsi : « Le Roy de France
est
empereur en son royaume. » Je date la naissance des nations de ce mom
544
se considère comme empereur, déclare donc qu’il n’
est
plus le vassal de personne, qu’il se suffit à lui-même comme seul un
545
lle qu’un des traits caractéristiques de l’empire
est
la totalité.) Dans le cas de la France, et plus tard de l’Angleterre
546
re 1968 Les premières nations, telles qu’elles se
sont
dessinées à partir du xive siècle, sont nées et se sont constituées
547
elles se sont dessinées à partir du xive siècle,
sont
nées et se sont constituées en s’affirmant contre l’empire, mais en s
548
ssinées à partir du xive siècle, sont nées et se
sont
constituées en s’affirmant contre l’empire, mais en se définissant da
549
tratif de l’Église. Les provinces ecclésiastiques
sont
une préfiguration des futures nations. L’héritage administratif de l’
550
ns. L’héritage administratif de l’Empire romain a
été
repris par l’Église. 3. De l’individualisme au totalitarisme 27
551
phrases sur lesquelles je reviens le plus souvent
est
celle-ci : c’est avec la poussière des individus que l’État totalitai
552
faut d’abord broyer les individus car, quand ils
sont
vivants, on ne peut pas les organiser d’une manière géométrique. 29 m
553
s total se rejoignent dans cette phrase où l’État
est
assimilé à l’individu, avec tous les droits que l’on pourrait refuser
554
tes, extrêmement solide. Mais, dès lors qu’elle s’
est
mise à déborder du domaine administratif et qu’elle a voulu interveni
555
olitiques de base, cette centralisation a cessé d’
être
efficace ; elle est devenue une sorte de démence, elle a créé toutes
556
tte centralisation a cessé d’être efficace ; elle
est
devenue une sorte de démence, elle a créé toutes les données d’un tot
557
e nation qu’il entend discipliner entièrement. Il
est
en effet normal et presque fatal qu’un pouvoir stato-national ait une
558
enthousiaste de toute la nation. Et pour cela, il
est
fatal et nécessaire qu’il s’en prenne en premier lieu à l’université,
559
en Europe, depuis sa création au xiiie siècle, a
été
dans tous les siècles la force de contestation par excellence. La con
560
de contestation par excellence. La contestation a
été
depuis le début le mode d’enseignement et de discussion, le sic et no
561
bligera les révolutionnaires à se demander qui va
être
le porteur de la volonté générale de vingt-cinq-millions de Français.
562
é générale de vingt-cinq-millions de Français. Ce
sera
évidemment l’État, qui apparaît ainsi comme le complément concret et
563
plément concret et nécessaire de la nation, qui s’
est
presque évanouie dans l’abstrait. 12 juin 1970 L’État-nation a été un
564
uie dans l’abstrait. 12 juin 1970 L’État-nation a
été
une des créations de l’Europe et doit nécessairement, par sa logique
565
es fatales, en 1914-1918 et en 1939-1945. Ainsi a
été
démontrée la nocivité de cette valeur de l’État-nation. Mais cela ne
566
l’Europe, et notamment à la forme fédérale qu’ils
tiennent
pour un déguisement plus ou moins hypocrite de l’ambition unitariste
567
t la réponse à la question que je viens de poser,
est
très bien exprimé par une phrase que j’ai entendu prononcer à la télé
568
d’un journaliste qui lui demandait pourquoi il s’
était
opposé, par exemple, à la création du Marché commun — en son temps, q
569
ation du Marché commun — en son temps, quand il n’
était
pas encore ministre — il répondait qu’il était contre des mesures de
570
n’était pas encore ministre — il répondait qu’il
était
contre des mesures de ce genre parce qu’elles tendaient « à réduire l
571
le a unifiées de force. Car ce type d’esprit, qui
est
en somme jacobin, ne peut rien imaginer d’autre qu’une uniformisation
572
rmisation autoritaire, ou alors il pense que ce n’
est
pas sérieux. 13 juin 1969 Y avait-il vraiment, entre les deux guerres
573
mocrates à l’Ouest, et les États totalitaires à l’
Est
? N’était-ce pas plutôt une différence entre États-nations — qu’ils é
574
à l’Ouest, et les États totalitaires à l’Est ? N’
était
-ce pas plutôt une différence entre États-nations — qu’ils étaient les
575
lutôt une différence entre États-nations — qu’ils
étaient
les uns et les autres — riches et à peu près équilibrés d’un côté, pa
576
plutôt deux types d’États-nations, les uns ayant
été
conduits à la dictature par une crise très profonde, les autres ayant
577
a souveraineté 25 octobre 1968 La souveraineté
est
religieuse, de religio, religare = relier. La religion, c’est ce qui
578
e dans tous les cas de fondation d’empire, que ce
soient
les deux premiers empires d’Akkad et d’Égypte, ou plus tard l’Empire
579
mpire de Byzance. 18 avril 1969 Le dogme clé, qui
est
l’équivalent de celui de la toute-puissance divine, c’est le dogme de
580
neté s’exerçant d’abord sur la nation (les hommes
étant
considérés comme les sujets de l’État) et aussi à l’égard des autres
581
Philippe le Bel, selon lesquels le roi de France
est
souverain en son royaume, et ne reconnaît aucun pouvoir au monde qui
582
yaume, et ne reconnaît aucun pouvoir au monde qui
soit
supérieur au sien, ni le pouvoir de l’empereur, ni celui du pape. Ce
583
république, il y a la justice, dont l’interprète
est
le souverain, au service duquel est le droit, le général de Gaulle di
584
l’interprète est le souverain, au service duquel
est
le droit, le général de Gaulle dit ceci : Trois choses comptent en m
585
ent salus patriae, cela prime tout, et de cela je
suis
le seul juge ; deuxièmement, loin derrière, il y a les circonstances
586
re, c’est même tertiaire. La hiérarchie de Bodin
est
exactement reproduite. Le chef de l’État est le seul juge, le seul in
587
odin est exactement reproduite. Le chef de l’État
est
le seul juge, le seul interprète des intérêts supérieurs de la nation
588
roit romain ; idée que la souveraineté ne saurait
être
limitée en rien. 15 janvier 1965 Ce qui a déclenché donc la guerre de
589
965 Ce qui a déclenché donc la guerre de 1939, ce
sont
au total, dans les très grandes lignes, les mêmes forces qui avaient
590
ration. 29 avril 1967 En réalité, la souveraineté
est
un concept devenu inopérant de nos jours. Il y a un exemple célèbre t
591
nationale — avec le droit de signer des traités —
est
que le gouvernement, l’État d’une nation souveraine peut déclarer la
592
n et opportun de déclencher la guerre de Suez, se
sont
vues stoppées brutalement — comme on stoppe des joueurs de rugby — pa
593
États-Unis, et ont dû arrêter la guerre qu’elles
étaient
en train de gagner militairement, après quelques jours, parce qu’on l
594
plus traditionnelle. La souveraineté nationale n’
est
plus une force réelle, elle est encore une force négative, c’est-à-di
595
ineté nationale n’est plus une force réelle, elle
est
encore une force négative, c’est-à-dire que c’est en l’invoquant que
596
. État-nation et guerre 3 juin 1966 Les États
sont
nés de la guerre : voilà ce qu’ont très bien vu Machiavel et Bodin. I
597
là ce qu’ont très bien vu Machiavel et Bodin. Ils
sont
nés d’abord de la guerre de Cent Ans ; ils sont nés des guerres entre
598
s sont nés d’abord de la guerre de Cent Ans ; ils
sont
nés des guerres entre les deux premiers États bien constitués, la Fra
599
des guerres entre les autres États européens ont
été
causées par le besoin de les raffermir, de raffermir le pouvoir de l’
600
it fait, par exemple, cette entreprise commune qu’
étaient
les croisades. 1er novembre 1968 Il importe de rappeler la manière ré
601
er la manière réelle dont les nations modernes se
sont
constituées. Elles se sont constituées par l’impérialisme d’un petit
602
es nations modernes se sont constituées. Elles se
sont
constituées par l’impérialisme d’un petit État central, qui a, peu à
603
l faut noter que les guerres nationales, qu’elles
soient
civiles ou étrangères, qu’il s’agisse d’une guerre « froide » comme o
604
à l’intérieur du pays. Or, on s’aperçoit qu’il n’
est
presque aucune de ces mesures d’urgence, d’union sacrée, prise par l’
605
rgence, d’union sacrée, prise par l’État, qui ait
été
rapportée une fois que la paix est revenue. Ainsi, le mécanisme de l’
606
’État, qui ait été rapportée une fois que la paix
est
revenue. Ainsi, le mécanisme de l’État-nation conduit non seulement à
607
uvoir. 22 novembre 1968 La nation révolutionnaire
est
conçue dès le début comme une religion missionnaire : il s’agit « d’i
608
enforcer l’État, car pendant une guerre — qu’elle
soit
civile ou étrangère — on suspend toujours un certain nombre de libert
609
ertés, en affirmant que c’est temporaire, mais il
est
extrêmement rare que l’on rétablisse ces libertés, une fois la paix r
610
e Bonaparte, on se rend compte que la nation, qui
était
une mystique qu’elle est restée en partie, deviendra beaucoup plus au
611
pte que la nation, qui était une mystique qu’elle
est
restée en partie, deviendra beaucoup plus autoritaire : que son noyau
612
ur sauver la nation, qui oblige à des mesures qui
sont
données comme des mesures de guerre, et qui ne sont jamais rapportées
613
nt données comme des mesures de guerre, et qui ne
sont
jamais rapportées une fois la guerre finie. 27 juin 1969 Dans les gra
614
7 juin 1969 Dans les grands États qui se trouvent
être
en crise à la suite de la guerre — la Russie, l’Italie et l’Allemagne
615
aisons différentes —, la logique de l’État-nation
est
portée à son comble de démence et cela donne l’État totalitaire. La r
616
donne l’État totalitaire. La religion nationale y
est
poussée à son extrême, contre la confession chrétienne régnante (surt
617
fleurit vers 1880. Au début du xxe siècle, tout
est
prêt pour que les théories de Hegel puissent se manifester, pour que
618
nom de toutes les philosophies politiques qui ont
été
inculquées depuis cent-cinquante ans. Ainsi, la véritable cause de la
619
s. Ainsi, la véritable cause de la guerre de 1914
est
le nationalisme, on pourrait même dire la religion du nationalisme, c
620
a religion du nationalisme, car le nationalisme s’
est
substitué de plus en plus à la religion chrétienne. 16 mai 1969 La gu
621
es règles du prestige stato-national, qui avaient
été
admises et consolidées sans cesse pendant cent ans. La guerre de 1914
622
erne, s’imposant aux hommes d’État, quelle qu’ait
été
leur volonté personnelle. Les hommes d’État et les ministres n’ont pa
623
lle. Les hommes d’État et les ministres n’ont pas
été
les seules victimes de cette fatalité logique du régime nationaliste.
624
qu’il la voulait, mais qu’un mécanisme inexorable
était
en train d’agir : tous les mécanismes stato-nationaux qui s’étaient a
625
’agir : tous les mécanismes stato-nationaux qui s’
étaient
accumulés depuis un siècle semblaient avoir été réglés pour provoquer
626
aient accumulés depuis un siècle semblaient avoir
été
réglés pour provoquer cette explosion, qu’on le veuille ou non. À par
627
e l’Autriche-Hongrie, personne n’a voulu ce qui s’
est
passé. 20 juin 1969 Pour réaliser une autarcie — qui est le problème
628
sé. 20 juin 1969 Pour réaliser une autarcie — qui
est
le problème de base d’un État totalitaire —, il faut un gouvernement
629
a que l’État qui puisse les contrôler, le comble
étant
la bombe atomique, qui est devenue le symbole de la puissance de l’Ét
630
contrôler, le comble étant la bombe atomique, qui
est
devenue le symbole de la puissance de l’État. 6. Dimension de l’ét
631
européens. Aucun de nos États-nations européens n’
est
assez grand pour jouer un rôle à l’échelle internationale. En même te
632
la culture, la vie de ses régions. L’État-nation
est
donc, aujourd’hui, à la fois trop grand et trop petit. Ce qui conduit
633
point par Napoléon — a fait son temps, qu’elle n’
est
plus adaptée aux conditions, ni politiques, ni économiques, encore mo
634
s sociales de la fin du xxe siècle. Mais qu’elle
est
encore assez solide pour résister à d’autres formes d’union imaginabl
635
ote tous les sept ans, ou tous les cinq ans, ce n’
est
pas l’exercice d’une vie civique. De même, on peut dire que l’univers
636
e entoure un territoire à l’intérieur duquel tout
est
soumis à l’État, pas seulement les questions d’état civil, d’armée et
637
peut accepter tout le reste : l’État totalitaire
est
là en puissance. Le comble de la prétention absolutiste se manifeste
638
moderne. Le véritable absolu pour l’homme moderne
sera
désormais l’État, être collectif plus ou moins mystique, qui se matér
639
bsolu pour l’homme moderne sera désormais l’État,
être
collectif plus ou moins mystique, qui se matérialise sous la forme de
640
e la justice. 14 janvier 1977 L’origine de ce qui
sera
la nation imposant les mêmes frontières à toutes les facultés humaine
641
à tous les domaines de l’activité humaine, que ce
soit
économie, état civil, culture, langue, religion ou idéologie, c’est l
642
imposer la même frontière à toutes les choses qui
sont
, par nature, complètement différentes et n’ont aucune raison de coïnc
643
est féodal, c’est l’esprit de la féodalité, qui n’
est
absolument pas l’esprit de la fédération. 27 juin 1969 Après la guerr
644
ations dans les frontières desquels on veut faire
tenir
la langue, l’état civil, l’administration, la fiscalité, l’économie,
645
les restes de la conception impériale, qui avait
été
celle du Saint-Empire romain germanique, et qui était représentée enc
646
é celle du Saint-Empire romain germanique, et qui
était
représentée encore par l’Autriche-Hongrie, qui réunissait onze nation
647
nationalités différentes. Cette désintégration s’
est
opérée en 1919 et 1920, lors de la signature d’une série de traités d
648
raités de banlieue ». Ces traités de banlieue ont
été
inspirés par toutes les théories nationalitaires romantiques du xixe
649
nne, et les principes sur lesquels on les fondait
étaient
complètement dépassés. 24 avril 1970 Les États-nations sont encore ef
650
ètement dépassés. 24 avril 1970 Les États-nations
sont
encore efficaces, il est vrai, pour gêner ce qu’il faudrait aider : l
651
1970 Les États-nations sont encore efficaces, il
est
vrai, pour gêner ce qu’il faudrait aider : les échanges culturels, le
652
t absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’
être
: les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des fleuves
653
. Ce statut des frontières, doublement déficient,
est
caractéristique de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans
654
he à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il
est
encore réel, inexistant quand on voudrait compter sur lui. d. Avec
655
t — la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne —
est
loin d’être une chose qui a toujours existé et qui existera toujours,
656
ce, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne — est loin d’
être
une chose qui a toujours existé et qui existera toujours, mais le fru
657
e l’autorité de l’empereur et du pape, puis qui s’
est
développée sous sa forme actuelle à la suite de la Révolution françai
658
ystème du nom d’État-nation. Ses caractéristiques
sont
une uniformisation, une centralisation, une confiscation du pouvoir a
659
des aspects, le nationalisme ou l’esprit national
est
une religion laïcisée, qui s’apparente au sacré sur lequel la tribu p
660
pseudo-divinité anthropomorphique, l’État fédéral
est
conçu uniquement comme un instrument administratif nécessaire pour ga
661
État-nation (dont procède l’“Empire” napoléonien)
est
la notion d’empire (dont l’exemple est le Saint-Empire) basée sur l’u
662
poléonien) est la notion d’empire (dont l’exemple
est
le Saint-Empire) basée sur l’universalité et le pluralisme symbolisés
663
eur. Les moyens d’action de l’État stato-national
sont
principalement l’armée, l’école, l’information, la technique. Son emp
664
l’école, l’information, la technique. Son emprise
est
proportionnelle à la dégradation du civisme : Denis de Rougemont y in
665
l’individualisme des citoyens, et l’État-nation s’
est
développé en pulvérisant les communautés existantes, dans lesquelles
666
urs repères et leurs motifs d’agir. L’État-nation
est
un produit de l’histoire européenne dont l’Europe a souvent pâti (les
667
uelle). De nos jours, la souveraineté nationale n’
est
plus qu’une fiction, car dans les faits, aucun des États d’Europe n’a
668
s d’agir à sa guise même s’il le voulait, aucun n’
est
réellement indépendant, même s’il se refuse à le dire. L’État-nation
669
ant, même s’il se refuse à le dire. L’État-nation
est
à la fois trop petit et trop grand : trop petit à l’échelle internati
670
ait que se produise, au niveau européen, ce qui s’
est
produit à l’intérieur de ses frontières. À cette supranationalité, sy
671
re européenne 17 février 1964 Si l’Europe ne s’
est
pas unie avant cette deuxième moitié du xxe siècle, ce n’est pas la
672
avant cette deuxième moitié du xxe siècle, ce n’
est
pas la faute des penseurs et des hommes politiques qui en ont proposé
673
es politiques qui en ont proposé les moyens, ce n’
est
pas la faute des systèmes proposés, bons ou mauvais, chimériques ou r
674
ions souveraines, finalement du totalitarisme qui
est
, en quelque sorte, la somme de toutes ces folies. Les Européens ont é
675
la somme de toutes ces folies. Les Européens ont
été
non seulement les créateurs et les inventeurs de tous ces systèmes, m
676
les inventeurs de tous ces systèmes, mais ils ont
été
leurs cobayes — tous ces systèmes qui s’opposaient, ils le voyaient b
677
r aux Européens avant que toutes les folies aient
été
essayées par eux, aient prouvé qu’elles étaient véritablement des fol
678
aient été essayées par eux, aient prouvé qu’elles
étaient
véritablement des folies, aient épuisé tous leurs effets. 11 novembre
679
mais aussi les corporations et les communes, qui
étaient
opposées au régime féodal, mais étaient le même genre de pluralisme d
680
unes, qui étaient opposées au régime féodal, mais
étaient
le même genre de pluralisme de choses extrêmement complexes, plus ou
681
onseils d’ouvriers et de paysans, qu’on dit avoir
été
inspirés à Lénine par l’exemple des communes suisses. Bien que publié
682
nes suisses. Bien que publié plusieurs fois, cela
est
absolument faux ; la vérité est que Lénine se méfiait énormément des
683
sieurs fois, cela est absolument faux ; la vérité
est
que Lénine se méfiait énormément des soviets, où il voyait, à juste t
684
r le fait qu’aucune des deux tendances n’a jamais
été
réalisée ni même isolée à l’état pur. On ne peut pas avoir une libert
685
moins près de l’une, ou près de l’autre, et ainsi
tient
des deux. Mais on remarque tout de même chez les initiateurs de mouve
686
confiance qu’au règlement uniforme, à la loi qui
est
la même pour tous. 30 octobre 1970 Par culture, j’entends une grande
687
i montré que les sources de notre culture commune
sont
nombreuses, souvent contradictoires entre elles, ce qui donne une uni
688
disait qu’il appelait « européen » tout ce qui a
été
formé par Athènes, Rome et Jérusalem. À ces trois sources, s’ajoutent
689
s a duré des siècles, les croisades ont également
été
l’occasion d’échanges culturels entre le monde arabe et le monde chré
690
xe : la base d’unité réelle de tous les Européens
est
leur culture ; cette culture est formée de sources si diverses que be
691
us les Européens est leur culture ; cette culture
est
formée de sources si diverses que beaucoup de ses valeurs se trouvent
692
écembre 1976 Si on veut se rendre compte de ce qu’
est
l’unité européenne dans sa diversité, il faut bien comprendre les dif
693
Jérusalem, de la grande plaine du Nord, car elles
sont
partiellement contradictoires, ce qui fait de l’homme européen un êtr
694
ntradictoires, ce qui fait de l’homme européen un
être
profondément et essentiellement de conflit, de contradiction, de dive
695
ble. 21 avril 1967 Le premier motif de résistance
est
la diversité telle qu’elle est donnée par une longue histoire de nos
696
otif de résistance est la diversité telle qu’elle
est
donnée par une longue histoire de nos pays. Nous avons dit que cette
697
de nos pays. Nous avons dit que cette diversité n’
est
pas seulement un obstacle à l’union, mais qu’elle est absolument vala
698
pas seulement un obstacle à l’union, mais qu’elle
est
absolument valable en soi, et précieuse. Autant on peut dire que l’un
699
euse. Autant on peut dire que l’union de nos pays
est
nécessaire pour le salut de chacun d’eux et le salut de l’ensemble, a
700
l nous faut dire du même souffle que la diversité
est
la caractéristique profonde de l’Europe et qu’elle rend compte des ri
701
s grand nombre d’écoles de pensée, d’art, qui s’y
sont
manifestées, de l’extrême richesse en individualités fortes, prononcé
702
e dans toute l’histoire de l’humanité ; tout cela
tient
à la diversité que les Européens ont entretenue entre eux, qui, de te
703
opéen, mais qui, quand on réussit à les empêcher,
est
la condition même de la richesse culturelle et des libertés des Europ
704
même pour la sauver, mais cette union ne saurait
être
obtenue par le sacrifice des diversités, car si c’était le cas, on ne
705
, qu’on pourrait appeler l’Europe, mais qui ne le
serait
plus. C’est dire que le problème européen est, par définition, un pro
706
serait plus. C’est dire que le problème européen
est
, par définition, un problème fédéraliste, n’admettant qu’une solution
707
t qu’une solution fédéraliste. 29 octobre 1965 Il
est
évident que l’Europe, considérée comme un ensemble, comme une possibl
708
lture ; d’autre part, un besoin vital d’union, ne
fût
-ce que pour sauver ces diversités, qui sont chacune trop petites à l’
709
on, ne fût-ce que pour sauver ces diversités, qui
sont
chacune trop petites à l’échelle du monde actuel pour se défendre tou
710
68 Le plus grand problème européen du xxe siècle
est
sans discussion possible celui de l’union de l’Europe. Mais le princi
711
’Europe. Mais le principal obstacle à cette union
est
dans l’existence des États-nations et dans l’attachement des hommes p
712
possible, par elle-même (c’est ce qu’elle appelle
être
indépendante) en État fermé, plus ou moins autarcique. 24 avril 1970
713
é, plus ou moins autarcique. 24 avril 1970 Rien n’
est
plus hostile à toute espèce d’union, tant soit peu sérieuse ou sincèr
714
n n’est plus hostile à toute espèce d’union, tant
soit
peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation qui, par ailleurs, se ré
715
aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il
est
à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondiale, trop grand pour
716
s artistiques et intellectuelles me paraît devoir
être
refaite de fond en comble, sur cette double donnée : l’Europe n’a jam
717
le, sur cette double donnée : l’Europe n’a jamais
été
le résultat d’une addition de cultures nationales ; la culture europé
718
on de cultures nationales ; la culture européenne
est
le résultat de deux phénomènes : des grands courants et des foyers lo
719
ers locaux de création. Ces foyers locaux peuvent
être
de petites cités ou des régions. Ils sont toujours plus petits que to
720
peuvent être de petites cités ou des régions. Ils
sont
toujours plus petits que tous nos États-nations actuels. Les grands c
721
de faire comme tout le monde. Le goût de différer
est
très typiquement européen. On peut dire, en continuant le parallèle,
722
édération européenne 20 mai 1966 La fédération
est
le dernier régime apparu dans l’histoire des régimes en Europe, elle
723
ne pouvait apparaître qu’après que les nations se
soient
constituées, que l’État se soit constitué. Au point de vue européen,
724
les nations se soient constituées, que l’État se
soit
constitué. Au point de vue européen, il faut reconnaître que l’évolut
725
faut reconnaître que l’évolution vers la nation n’
est
pas seulement cette espèce de maladie que l’on dénonce aujourd’hui tr
726
chez les fédéralistes, c’était une évolution qui
était
indispensable. Je voudrais la décrire comme, au fond, l’évolution pré
727
de l’autre, mais seulement de l’Empire romain. Il
est
curieux de relever que ces distances entre les royaumes et l’empire p
728
plus chauds partisans de la CEE — cinq sur six —
sont
des États dont les ancêtres faisaient partie du Saint-Empire : RFA, I
729
t les trois pays du Benelux. 14 janvier 1977 On s’
est
souvent demandé ce qui serait arrivé en Europe si de Gaulle s’était p
730
. 14 janvier 1977 On s’est souvent demandé ce qui
serait
arrivé en Europe si de Gaulle s’était porté candidat à la première pr
731
ndé ce qui serait arrivé en Europe si de Gaulle s’
était
porté candidat à la première présidence des États-Unis d’Europe. Il a
732
is tout de même, son côté nationaliste français a
été
plus fort que l’attraction de ce mythe. Je dois dire que, personnelle
733
s de faire l’Europe que d’élire un président, qui
serait
un empereur sans couronne), le général de Gaulle aurait été le meille
734
ereur sans couronne), le général de Gaulle aurait
été
le meilleur et il aurait fait gagner beaucoup de temps à cette constr
735
ne si difficile. 27 juin 1969 Mon pronostic — qui
est
aussi celui de beaucoup d’observateurs — est que l’on essaiera plus o
736
qui est aussi celui de beaucoup d’observateurs —
est
que l’on essaiera plus ou moins sincèrement de faire certaines allian
737
ainetés nationales. Et, en même temps, comme on y
est
amené par le développement de l’économie et de la technique, les régi
738
téraux ou multilatéraux) auront créé un tissu qui
sera
plus fort que les liens entre chacune de ces régions et la capitale d
739
se vide de son contenu par un organisme neuf, qui
sera
celui des régions et de leur tissu organisé à l’échelle européenne. 2
740
ar l’intérieur, tendent à la réduire à ce qu’elle
est
en Suisse entre nos cantons : une simple limite administrative, qui n
741
rquoi, si l’Europe veut vraiment se fédérer, ce n’
est
pas sur la base de ses États-nations qu’elle devra établir ses struct
742
ue et électronique, et que les unités de base que
sont
les régions, sont, elles, les produits des réalités socioéconomiques
743
, et que les unités de base que sont les régions,
sont
, elles, les produits des réalités socioéconomiques et culturelles de
744
la civilisation d’aujourd’hui. Et, en retour, il
est
clair qu’une Europe fédérale dans laquelle les frontières nationales
745
fédérale dans laquelle les frontières nationales
seraient
dévalorisées, verrait la renaissance immédiate des régions, et une gr
746
anges. La politique d’union et la régionalisation
sont
liées. 22 avril 1977 Ce qui est le plus probable dans l’évolution de
747
régionalisation sont liées. 22 avril 1977 Ce qui
est
le plus probable dans l’évolution de la Grande-Bretagne actuelle, c’e
748
lement une seconde chambre, une chambre haute qui
sera
la succession de la Chambre des lords, tombée plus ou moins en désuét
749
mbre dans laquelle les États-nations, tant qu’ils
sont
encore en place, seraient représentés d’une manière égale, tandis qu’
750
États-nations, tant qu’ils sont encore en place,
seraient
représentés d’une manière égale, tandis qu’il y aurait le parlement e
751
is qu’il y aurait le parlement européen qui, lui,
serait
élu au suffrage universel d’une manière proportionnelle aux populatio
752
nservant leur souveraineté absolument intacte. Il
est
évident que ni l’un ni l’autre de ces points de vue ne va triompher d
753
ue redoutent les promoteurs du Marché commun, qui
est
la faiblesse du lien que l’on propose, alliance ou coopération des go
754
à l’Europe ? Il faut éviter ces deux extrêmes. Il
est
évident que parmi toutes les méthodes qui existent ou qui ont jamais
755
outes les méthodes qui existent ou qui ont jamais
été
imaginées, il y en a une seule qui répond à ce que l’on attend, c’est
756
t c’est un but qu’on se donne. C’est un passé qui
est
peut-être mythique (il l’est certainement en partie), et c’est un ave
757
. C’est un passé qui est peut-être mythique (il l’
est
certainement en partie), et c’est un avenir qui est peut-être utopiqu
758
t certainement en partie), et c’est un avenir qui
est
peut-être utopique. Tous les deux sont assez lointains, mais agissent
759
avenir qui est peut-être utopique. Tous les deux
sont
assez lointains, mais agissent sur le présent, l’un à titre de nostal
760
l’autre à titre d’espérance ; mais tous les deux
sont
moteurs. L’unité est toujours conçue comme la condition de la force,
761
érance ; mais tous les deux sont moteurs. L’unité
est
toujours conçue comme la condition de la force, et en même temps comm
762
it « faire l’Europe », comme on disait. Cela ne s’
est
pas réalisé, parce que les fédéralistes européens, connaissant mal l’
763
s, Montreux, La Haye et beaucoup d’autres, ils se
sont
distingués par leur radicalisme et leur acharnement à demander aux Ét
764
es souverainetés de nos États, qui, actuellement,
sont
sans défense contre l’extérieur, et n’ont même pas la ressource d’une
765
, mais on vous la garantit ». Jusqu’alors, elle n’
était
garantie par personne. La transposition est tentante sur le niveau eu
766
e n’était garantie par personne. La transposition
est
tentante sur le niveau européen d’aujourd’hui, où on imagine mal un p
767
comme la Suède ou la Norvège, ou le Danemark, il
serait
bien agréable, pour eux, d’avoir leur souveraineté garantie par un or
768
tie de leur souveraineté, mais tout le reste leur
serait
garanti, alors que cela n’est pas du tout le cas aujourd’hui, par per
769
ut le reste leur serait garanti, alors que cela n’
est
pas du tout le cas aujourd’hui, par personne. 26 juin 1970 Si l’on me
770
umanité : nous lui devons cela. Une Europe qui ne
sera
pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais bien ce c
771
és communautaires et personnelles. Si sérieux que
soient
les problèmes du prix du lait, du prix du blé ou même du prix du vin,
772
u lait, du prix du blé ou même du prix du vin, il
est
clair que l’Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut
773
s enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne
seront
pas convaincus par des avantages matériels. La vraie réponse à la con
774
la jeunesse d’aujourd’hui ne peut évidemment pas
être
trouvée au niveau économique, encore moins au niveau de la politique
775
peut seule en offrir le modèle. 21 avril 1967 Il
est
clair que l’absence actuelle d’union rend pratiquement impossible le
776
que de l’ensemble de nos pays, leur indépendance,
soit
individuelle, soit globale ; que l’absence d’union empêche nos pays d
777
e nos pays, leur indépendance, soit individuelle,
soit
globale ; que l’absence d’union empêche nos pays de jouer un rôle au
778
Europe (donc non compris la Russie soviétique qui
est
presque un continent en elle-même), elle pourrait devenir la première
779
de Rougemont, la base de l’union des Européens n’
est
pas l’économie, comme le croyaient les fondateurs du Marché commun, m
780
rait les diversités au profit de l’uniformisation
est
inconcevable : on arriverait alors à une entité qui n’aurait plus d’e
781
e problème européen de l’unité et de la diversité
est
typiquement un problème fédéraliste : il s’agit d’unir sans unifier.
782
e principal obstacle à la réalisation de l’Europe
est
l’État-nation. L’échec de la construction européenne s’explique notam
783
n niant les diversités sans lesquelles l’Europe n’
est
plus elle-même), le nationalisme (qui refuse l’union durable et n’acc
784
sident des États-Unis d’Europe, dont l’importance
serait
symbolique. L’étape de l’État-nation est, pense Denis de Rougemont, e
785
tance serait symbolique. L’étape de l’État-nation
est
, pense Denis de Rougemont, en voie d’être peu à peu dépassée par les
786
t-nation est, pense Denis de Rougemont, en voie d’
être
peu à peu dépassée par les liens nombreux et les solidarités concrète
787
jacente mais néanmoins effective, bien qu’elle ne
soit
pas toujours perçue par les hommes politiques et la plupart des obser
788
plupart des observateurs. L’Europe des régions ne
sera
pas le fruit d’un acte spectaculaire, auquel les États-nations s’oppo
789
pacte, nous avons les trois éléments de base qui
sont
indispensables à tout système fédéraliste pour qu’il puisse prendre n
790
ste pour qu’il puisse prendre naissance, mais qui
sont
aussi indispensables pour que le système apparaisse nécessaire. Les d
791
. Les deux premiers éléments, unité et diversité,
sont
logiquement antinomiques, mais cependant, il n’y a fédération possibl
792
cependant, il n’y a fédération possible que s’ils
sont
là tous les deux, en tension, que si l’un des deux ne parvient pas à
793
ne parvient pas à éliminer complètement l’autre,
est
donc obligé de composer avec lui. Pour que cette tension, cette compo
794
une résultante positive, il faut un pacte, qui n’
est
pas une synthèse (au sens hégélien) de l’unité et de la diversité. 19
795
il protège leur liberté, leur autonomie. Le pacte
est
dit fédéral quand il est un pacte juré (du mot latin fœdus qui veut d
796
leur autonomie. Le pacte est dit fédéral quand il
est
un pacte juré (du mot latin fœdus qui veut dire le serment). Donc, le
797
environ vingt-cinq siècles, avant que le mot ait
été
conçu et prononcé au xviiie siècle seulement, notamment dans les œuv
798
Rousseau et un peu avant dans Montesquieu. Le mot
est
donc moderne, il n’a existé ni dans les Ligues grecques ni dans les L
799
e sorte que la solution du problème ne puisse pas
être
trouvée dans la suppression d’un des deux termes, ni dans la neutrali
800
e telle manière que la résultante de leur tension
soit
positive. L’ensemble des problèmes et des solutions ainsi défini, éta
801
mble des problèmes et des solutions ainsi défini,
étant
donc de ce type bipolaire, constitue ce que j’appellerai maintenant l
802
tique fédéraliste. Dans les deux cas, le problème
est
toujours de définir ce qui distingue et unit à la fois, qu’il s’agiss
803
omie, de la liberté et de la participation, l’une
étant
formellement contradictoire avec l’autre, mais pratiquement la condit
804
Aux yeux de la plupart des auteurs contemporains,
soit
qu’ils le décrivent en purs savants, soit qu’ils s’en déclarent les a
805
orains, soit qu’ils le décrivent en purs savants,
soit
qu’ils s’en déclarent les adeptes et les militants, le fédéralisme es
806
rent les adeptes et les militants, le fédéralisme
est
une attitude de pensée et une méthode de conduite plus qu’une doctrin
807
e définir d’entrée de jeu et une fois pour toutes
serait
donc s’exposer à trahir méthodiquement sa nature même. Voilà sans dou
808
ment sa nature même. Voilà sans doute pourquoi ce
sont
des adversaires qui éprouvent le moins de scrupules à en donner des c
809
ce à se laisser définir que montre le fédéralisme
est
très normale, puisqu’il n’est justement pas un système simple, décrét
810
ntre le fédéralisme est très normale, puisqu’il n’
est
justement pas un système simple, décrété par un dictateur, ou par un
811
imposé comme un carcan aux réalités humaines qui
sont
toujours récalcitrantes, insuffisantes et illogiques (qui ne se laiss
812
définitions). Le fédéralisme, bien au contraire,
est
une manière d’arranger les relations entre les groupes, les cités, le
813
ut donc y avoir une définition du fédéralisme qui
serait
la seule vraie. Il y a d’une part, des expériences déjà réalisées dan
814
s les exemples réussis ou non, besoin qui ne peut
être
assuré que collectivement, parce que chacun est trop faible pour se d
815
être assuré que collectivement, parce que chacun
est
trop faible pour se défendre seul. Deuxième motif : le besoin d’assur
816
i de prise de pouvoir par un dictateur, chose qui
serait
impossible dans l’Europe du xxe siècle, qui a pu arriver quelquefois
817
les deux autres motifs, sécurité et autonomie. Il
est
important de voir qu’aucun de ces motifs ne peut vraiment exister si
818
s ne peut vraiment exister si les deux autres n’y
sont
pas, simultanément. Chacun peut faire cette analyse : s’il y a sécuri
819
ec chacune de ces trois composantes : si elles ne
sont
pas là simultanément, l’ensemble ne fonctionne pas. 17 juin 1966 Il a
820
6 Il a fallu passer tout un cycle d’épreuves où s’
est
manifestée la dialectique individu-collectivité, puis personne-commun
821
es caractères absolus de l’empire, alors qu’elles
étaient
plusieurs et qu’un empire, pour être valable, doit être unique, les n
822
qu’elles étaient plusieurs et qu’un empire, pour
être
valable, doit être unique, les nations voulant aussi avoir les caract
823
lusieurs et qu’un empire, pour être valable, doit
être
unique, les nations voulant aussi avoir les caractères d’une Église,
824
i avoir les caractères d’une Église, c’est-à-dire
être
sacrées et avoir le droit de condamner les hérétiques. Il a fallu tra
825
erser toute cette longue et sanglante histoire qu’
est
l’histoire des Européens jusqu’au xxe siècle pour qu’on arrive à la
826
un pacte juré librement. Mais ces trois éléments
sont
très inégalement représentés dans ces deux expériences, ils sont mal
827
lement représentés dans ces deux expériences, ils
sont
mal équilibrés. À tel point qu’il est difficile de parler vraiment de
828
ences, ils sont mal équilibrés. À tel point qu’il
est
difficile de parler vraiment de fédération dans le cas des Ligues sui
829
, c’était un pouvoir central organisé, qui aurait
été
la traduction institutionnelle du pacte juré. Je proposerais, de ces
830
it axe de diversité ; dans ce cas, les diversités
sont
très solidement reliées à la base unitaire. Cas de la Suisse : une ba
831
haut ; le pacte ou des réseaux de pactes inégaux
tenaient
ensemble les différentes pièces de ce mât, mais le mât lui-même n’éta
832
férentes pièces de ce mât, mais le mât lui-même n’
était
pas arrimé, il n’y avait pas de cordages représentant les liens insti
833
institutionnels de l’État (c’est ainsi que cela a
été
renversé assez facilement par le choc des armées françaises de la Rév
834
même schéma, que la forme idéale d’une fédération
serait
un triangle équilatéral, base d’unité, axe de diversité solidement te
835
atéral, base d’unité, axe de diversité solidement
tenu
par des institutions. 6 février 1969 La fédération est le dernier
836
des institutions. 6 février 1969 La fédération
est
le dernier régime apparu dans l’histoire des régimes en Europe. Elle
837
ne pouvait apparaître qu’après que les nations se
soient
constituées, que l’État se soit constitué et qu’il ait déployé tous s
838
les nations se soient constituées, que l’État se
soit
constitué et qu’il ait déployé tous ses effets, conduisant à la crise
839
s ses effets, conduisant à la crise actuelle, qui
est
, en somme, un appel à la fédération. Mais, cette fédération, comment
840
fédération, comment la réaliser si l’idée même en
est
confuse ? Si la doctrine reste ambiguë au point que pour certains, fé
841
ci, le mot de fédération, de mouvement fédératif,
est
employé pour désigner le grand mouvement unitaire qui se fait sentir
842
rties de la France. D’où les grandes fêtes qui se
sont
appelées « Fêtes de la Fédération ». C’était donc le sens unitaire, q
843
es nationales de toutes les provinces françaises,
est
une fête exactement de l’unité, plus même que de l’union. C’est la fê
844
nitaire français. À ce moment-là, « fédéralisme »
est
pris dans un sens favorable, mais erroné. Et puis, cela change deux a
845
nd le nom de « fédéralisme ». C’est-à-dire que ce
sont
les jacobins qui accusent les girondins, défenseurs des libertés prov
846
irondins, défenseurs des libertés provinciales, d’
être
des fédéralistes dans le sens séparatiste ; donc, il y a eu un change
847
se et créatrice première période de la Révolution
est
dominée par l’éloge de l’union fédérale, les projets d’organisation f
848
e la Fédération. Mais dans la deuxième partie, ce
sont
les jacobins unitaires qui triomphent. Les girondins sont décapités à
849
jacobins unitaires qui triomphent. Les girondins
sont
décapités à cause de leur fédéralisme, et dès lors, le terme sera aff
850
cause de leur fédéralisme, et dès lors, le terme
sera
affecté, en France, d’un arrière-goût de trahison nationale. 20 janvi
851
ratistes, bien loin de créer des fédérations ou d’
être
un élément fédérateur. Non seulement l’État hégémonique échoue dans s
852
’unir. Je distingue bien unifier et unir, unifier
étant
l’acte impérialiste, unir étant l’acte fédéraliste. 22 avril 1966 L’u
853
et unir, unifier étant l’acte impérialiste, unir
étant
l’acte fédéraliste. 22 avril 1966 L’unité, c’est l’objet de la vision
854
de l’amour créateur, irrationnel. Mais l’unité n’
est
pas vraiment réelle, et la diversité n’est pas saine, si on les disso
855
nité n’est pas vraiment réelle, et la diversité n’
est
pas saine, si on les dissocie entièrement, ou bien si une des deux ab
856
lisme et de tolérance. Le principe de tolérance s’
est
trouvé ouvrir la voie aux premiers théoriciens du fédéralisme, c’est-
857
beaucoup plus près. 17 février 1964 La fédération
est
faite de tensions, entre des diversités qui sont supposées maintenues
858
n est faite de tensions, entre des diversités qui
sont
supposées maintenues, protégées. C’est aussi l’ambition, sur le plan
859
. 28 janvier 1977 Le problème de toute fédération
est
le suivant : comment sauvegarder les autonomies locales, les diversit
860
onomies locales, les diversités réelles, qu’elles
soient
de régimes, de langues, d’ethnies, de coutumes ou de conditions écono
861
onomiques et comment, pour sauver ces autonomies,
est
-il nécessaire de s’unir et d’arriver à une unité supérieure qui puiss
862
e intervenir dans le cas où une de ces autonomies
est
menacée ? 4. Les finalités : puissance ou liberté ? 11 février
863
té ? 11 février 1977 Le but de la fédération n’
est
pas la puissance, mais l’autonomie des groupes fédérés, c’est-à-dire
864
pour les protéger tous et chacun. Donc, le but n’
est
pas la puissance, la puissance est simplement le moyen de garantir l’
865
Donc, le but n’est pas la puissance, la puissance
est
simplement le moyen de garantir l’autonomie de chacun des composants
866
on, c’est le serment de confiance réciproque, qui
est
seul capable d’assurer les libertés qu’on appelle aussi les privilège
867
les privilèges et les libertés des composants qui
sont
fédérés. 24 avril 1970 D’une façon plus précise, en Europe, il nous f
868
te de troisième Grand préoccupé principalement de
tenir
tête aux deux autres, alors il faut créer un super-État-nation contin
869
mie des communautés (la production industrielle n’
étant
qu’un des moyens de ces libertés), alors il faut reconnaître que l’Ét
870
s), alors il faut reconnaître que l’État-nation n’
est
pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait, aujourd’hui,
871
n’est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il
est
en fait, aujourd’hui, radicalement incompatible avec les fins de l’Eu
872
n, à l’échelle fédérale continentale, tout ce qui
est
nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régionales, c
873
ais rien de plus. 4 février 1977 Une fédération n’
est
pas née pour une puissance collective, mais pour des libertés locales
874
ollective, mais pour des libertés locales, elle n’
est
pas faite pour la puissance, mais pour la liberté. Est-elle un pouvoi
875
as faite pour la puissance, mais pour la liberté.
Est
-elle un pouvoir ? Oui : mais à la limite, l’État-nation est le pouvoi
876
n pouvoir ? Oui : mais à la limite, l’État-nation
est
le pouvoir sur autrui ; dans le fédéralisme, il s’agit de pouvoir sur
877
e, d’où liberté. Dans la mesure où le fédéralisme
est
authentique, c’est-à-dire liant par pacte des communes diverses, la f
878
nt par pacte des communes diverses, la fédération
est
condamnée à la neutralité, donc à la paix ou à l’éclatement. L’État-n
879
nquillité (stabilité) qui lui manque au-dedans »,
est
condamné à la guerre ou à l’éclatement. 5. Moyens et stratégies d’
880
Le lieu où la personne se forme en s’actualisant
est
le groupe le plus proche réunissant librement les individus : la comm
881
-ci s’identifie au clan, et l’individu occidental
est
apparu au moment où il s’arrachait au clan). Mais beaucoup d’entrepri
882
s sur le monde. Cette construction de bas en haut
est
proudhonienne certes, mais pas en vue de détruire l’État. Seulement d
883
ique à quel niveau de compétence cette tâche doit
être
attribuée : soit à la petite unité de base, soit au groupement d’unit
884
u de compétence cette tâche doit être attribuée :
soit
à la petite unité de base, soit au groupement d’unités, soit encore à
885
être attribuée : soit à la petite unité de base,
soit
au groupement d’unités, soit encore à des groupements de groupes d’un
886
etite unité de base, soit au groupement d’unités,
soit
encore à des groupements de groupes d’unités, à l’échelle de l’État n
887
faires des régions ou des communes autonomes ; il
est
au contraire là pour assurer cette autonomie, pour créer une force d’
888
r, à la fois, ces deux maxima contradictoires que
sont
l’autonomie des parties et l’unité de l’ensemble. Voilà ce qui est fo
889
es parties et l’unité de l’ensemble. Voilà ce qui
est
fondamental pour toute fédération digne du nom ; et son but n’est pas
890
pour toute fédération digne du nom ; et son but n’
est
pas de créer une nouvelle puissance qui, finalement, s’exercerait aux
891
nnant pour ce faire au pouvoir fédéral que ce qui
est
nécessaire et indispensable pour assurer la sécurité de chacun. 17 ju
892
énine avait coutume de dire : « le communisme, ce
sont
les soviets plus l’électricité », moi je dirais volontiers : « le féd
893
, moi je dirais volontiers : « le fédéralisme, ce
sont
les pouvoirs locaux plus les machines électroniques ». Et voilà pourq
894
p moins de passé que d’avenir. 29 octobre 1965 Qu’
est
-ce que nous voyons dans ce monde moderne ? Qu’il est toujours plus co
895
-ce que nous voyons dans ce monde moderne ? Qu’il
est
toujours plus complexe, mais qu’il devient tellement complexe que c’e
896
goût des diversités et des complexités, se trouve
être
beaucoup mieux adapté ou adaptable aux conditions nouvelles de la soc
897
s situations d’une folle complexité, qui auraient
été
simplement impensables il y a seulement trente ou cinquante ans et en
898
le problème : on ne peut pas la garder fermée. Il
est
très difficile de l’arrêter à un certain moment, sinon on devient une
899
ration » qu’évoquait le général de Gaulle, et qui
serait
formée d’États-nations conservant jalousement leurs prétentions à la
900
n suivante des éditeurs : « L’idée du fédéralisme
est
très ancienne et caractéristique de la culture européenne, bien que l
901
la culture européenne, bien que le terme lui-même
soit
relativement récent (fin du xviiie siècle). Le fédéralisme n’est en
902
récent (fin du xviiie siècle). Le fédéralisme n’
est
en aucune manière un système figé, définissable une fois pour toutes,
903
tamment réduit, et l’on tend toujours à le faire,
soit
à l’unitarisme (la Fête dite de la “Fédération” en 1790), soit au sép
904
arisme (la Fête dite de la “Fédération” en 1790),
soit
au séparatisme (l’accusation de “fédéralisme” contre les girondins en
905
un mode d’organisation politique, le fédéralisme
est
une attitude, une manière d’aborder les problèmes. Lorsqu’une questio
906
ardant chacun des termes. Ainsi, le pacte fédéral
est
un acte volontaire, exprimant le souci de garantir, à la fois, la sol
907
e qu’il faudrait copier ; les solutions fédérales
sont
aussi variables que les problèmes, les époques, les sociétés… La cons
908
ase ne délègue à l’instance supérieure que ce qui
est
étroitement nécessaire pour garantir son autonomie. Selon Denis de Ro
909
n, le critère de la répartition des compétences n’
est
pas la souveraineté, mais la dimension des tâches. L’État fédéral se
910
Dans les cosmogonies traditionnelles, l’homme n’
était
pas, ne pouvait pas être le créateur de son histoire, il n’était que
911
ditionnelles, l’homme n’était pas, ne pouvait pas
être
le créateur de son histoire, il n’était que le jouet, l’objet de lois
912
ouvait pas être le créateur de son histoire, il n’
était
que le jouet, l’objet de lois fatales. Le christianisme aura d’ailleu
913
le ; l’idée de changement instantané de tous, qui
était
pour la personne la conversion, qui sera pour la société la révolutio
914
us, qui était pour la personne la conversion, qui
sera
pour la société la révolution, contre le refus fondamental de toute e
915
fameuse dialectique thèse-antithèse-synthèse ; il
est
curieux que Proudhon, qui ne savait pas l’allemand, qui ne pouvait pa
916
l’allemand, qui ne pouvait pas lire Hegel (qui n’
était
pas traduit encore, qui commençait à peine de l’être dans les univers
917
t pas traduit encore, qui commençait à peine de l’
être
dans les universités où Proudhon n’avait jamais été), ait découvert H
918
e dans les universités où Proudhon n’avait jamais
été
), ait découvert Hegel dans ses conversations avec Marx. Marx a essayé
919
’expliquer la doctrine de Hegel à Proudhon, qui a
été
séduit au début, et qui a cru pendant longtemps qu’il était hégélien.
920
it au début, et qui a cru pendant longtemps qu’il
était
hégélien. Il n’avait pas fait attention à quelque chose de radicaleme
921
dans la sienne, qui refusait la synthèse. Il s’en
tenait
à une dialectique en deux points, thèse et antithèse, autorité et lib
922
antithèse, autorité et liberté, et pour lui, il n’
était
pas question par des acrobaties de langage ou de logique, d’arriver à
923
de révolution en révolution. Pour lui, la réalité
était
antithétique, antinomique, il fallait s’en tenir à cela, car, comme i
924
était antithétique, antinomique, il fallait s’en
tenir
à cela, car, comme il le disait, la réalité est ainsi, il faut se déb
925
tenir à cela, car, comme il le disait, la réalité
est
ainsi, il faut se débrouiller avec ce qu’on a. Pour lui, l’histoire n
926
rythme ternaire, thèse-antithèse-synthèse ; elle
est
faite d’une pluralité d’éléments irréductibles l’un à l’autre, antago
927
de ces falsifications repose sur le fait qu’on s’
est
mis à interpréter le passé en termes anachroniques de projection des
928
oniques de projection des nations telles qu’elles
étaient
devenues au xixe siècle. On disait « la France » en parlant du Langu
929
, à une époque où le Languedoc n’avait pas encore
été
conquis par les Français. On oubliait de dire que la nation n’avait p
930
réparation à la création des nations modernes. On
était
, par exemple, obligé de dire que certaines parties de la France actue
931
ties de la France actuelle n’avaient pas toujours
été
françaises ; mais on se rattrapait en disant qu’on pouvait voir, dès
932
n inévitable. 9 novembre 1970 « La France ne peut
être
la France sans la grandeur. » Cette phrase définit tout l’esprit qui
933
ndeur. » Cette phrase définit tout l’esprit qui a
été
celui de la politique étrangère du général de Gaulle de 1958 à 1969,
934
, mère de Dieu pour les catholiques). La France a
été
créée par la Providence, non par les hommes. Quant aux hommes, ils so
935
idence, non par les hommes. Quant aux hommes, ils
sont
responsables des bêtises que le pays a pu faire. L’idée de la patrie
936
tises que le pays a pu faire. L’idée de la patrie
est
intacte, immortelle, inaccessible. C’est le comble de l’enseignement
937
gne a dit la même chose : que l’Allemagne ne peut
être
l’Allemagne qu’en étant au premier rang : Deutschland über alles ! C’
938
: que l’Allemagne ne peut être l’Allemagne qu’en
étant
au premier rang : Deutschland über alles ! C’est exactement la même p
939
que nous connaissons bien aujourd’hui ; les unes
étaient
les communes, les communes et leurs ligues ou confédérations, qui von
940
tions de métiers, et finalement la féodalité, qui
est
sortie de là. La féodalité, c’est-à-dire l’ensemble des liens personn
941
me, d’autre part, ils apportent quelque chose qui
sera
l’ennemi numéro un de tout fédéralisme. 14 janvier 1972 Le moment rév
942
1972 Le moment révolutionnaire du christianisme n’
est
qu’un aspect de l’influence de l’Évangile et des communautés chrétien
943
ation européenne. L’aspect contraire, inévitable,
sera
aspect institutionnel. L’Église naît de la Rome impériale. Elle en re
944
es structures, en revendique l’autorité. L’Église
est
du côté de ce qui dure, non de ce qui change ; organe de tradition, n
945
vation, de stabilité, non de finalité. Celle-ci n’
est
jamais absente, certes, mais tend à devenir mythique, perpétuellement
946
le de Hegel et de Marx. L’histoire, ainsi conçue,
est
la réalisation progressive d’une idée d’essence supérieure, telle que
947
nale projettent sur les réalités passées (qui lui
sont
bien souvent étrangères) une idée du présent, la nation, dont on cher
948
nation” se réaliser peu à peu, telle qu’elle doit
être
, suivant la définition qu’on en a, sans possibilité qu’il en ait été
949
inition qu’on en a, sans possibilité qu’il en ait
été
autrement. C’est ainsi qu’on peut parler de frontières “naturelles” q
950
elle. À l’inverse, il faut considérer que l’homme
est
créateur de son histoire, qu’il n’est pas soumis à des “lois” histori
951
que l’homme est créateur de son histoire, qu’il n’
est
pas soumis à des “lois” historiques ou des fatalités qui le dépassent
952
et révolution, sécurité et liberté. La tradition
est
l’institutionnalisation d’un ordre de valeurs, tandis que la révoluti
953
n d’un ordre de valeurs, tandis que la révolution
est
la remise en cause de toutes les valeurs, une façon radicalement nouv
954
voir les choses. De cette manière, le fédéralisme
est
révolutionnaire par rapport à l’ordre traditionnel que constitue, à l
955
-nation et les visions qui en procèdent, qu’elles
soient
de “gauche” ou de “droite”, capitalistes ou communistes. »
956
sponsabilité 28 janvier 1966 Seul un homme qui
est
autonome, qui est libre, peut vraiment aimer, être responsable d’aime
957
janvier 1966 Seul un homme qui est autonome, qui
est
libre, peut vraiment aimer, être responsable d’aimer son prochain. Ce
958
est autonome, qui est libre, peut vraiment aimer,
être
responsable d’aimer son prochain. Ceci jouera un très grand rôle dans
959
istoire de l’Occident, où on dira que si un homme
est
reconnu irresponsable, il ne peut être condamné pour un de ses actes.
960
si un homme est reconnu irresponsable, il ne peut
être
condamné pour un de ses actes. Il faut qu’il l’ait commis librement p
961
actes. Il faut qu’il l’ait commis librement pour
être
responsable. Responsabilité et liberté sont deux concepts absolument
962
pour être responsable. Responsabilité et liberté
sont
deux concepts absolument liés et non pas qui s’opposent. 21 novembre
963
’il reçoit dans la cité. Libre et responsable, ce
sont
des adjectifs qui sont en interaction, qui se commandent l’un l’autre
964
. Libre et responsable, ce sont des adjectifs qui
sont
en interaction, qui se commandent l’un l’autre. Un homme n’est pas co
965
ction, qui se commandent l’un l’autre. Un homme n’
est
pas concrètement libre s’il ne peut pas le manifester en prenant ses
966
e manifester en prenant ses responsabilités. Il n’
est
pas vraiment responsable de ce qu’il fait s’il ne le fait pas libreme
967
d’hui la fourmilière, la cité des robots, où tout
est
complètement réglé. Il n’y a plus de tension entre l’individu et la c
968
ns l’individualisme : l’homme va n’importe où, il
est
complètement détaché et ne peut plus rien faire de sa liberté, c’est
969
é, c’est le stade de l’anarchie. La cité en santé
est
un bon équilibre en tension entre liberté et responsabilité. 11 novem
970
libre de son propre destin. Vouloir la liberté n’
est
qu’une phrase démagogique, c’est-à-dire rien du tout, ou bien cela si
971
et pas l’État pour eux —, d’une manière qui peut
être
mauvaise pour les intérêts de la cité, de la nation, ou de l’État : c
972
nation, ou de l’État : ce risque, ce danger, doit
être
admis d’avance ; donc des hommes créateurs de conflits virtuels dans
973
eurs de conflits virtuels dans la société, et qui
sont
eux-mêmes le siège de conflits. En effet, pour être libre, l’homme do
974
nt eux-mêmes le siège de conflits. En effet, pour
être
libre, l’homme doit être responsable. S’il ne l’est pas, sa liberté e
975
conflits. En effet, pour être libre, l’homme doit
être
responsable. S’il ne l’est pas, sa liberté est parfaitement illusoire
976
e libre, l’homme doit être responsable. S’il ne l’
est
pas, sa liberté est parfaitement illusoire, il ne peut pas l’exercer,
977
t être responsable. S’il ne l’est pas, sa liberté
est
parfaitement illusoire, il ne peut pas l’exercer, il ne peut pas en d
978
n civique ou fédérale s’il n’y a pas d’autonomie,
soit
personnelle, soit de la cité, de la petite patrie ; pour la même rais
979
ale s’il n’y a pas d’autonomie, soit personnelle,
soit
de la cité, de la petite patrie ; pour la même raison qu’on ne peut p
980
te patrie ; pour la même raison qu’on ne peut pas
être
responsable si l’on n’est pas libre. 26 novembre 1971 Jusqu’à notre â
981
ison qu’on ne peut pas être responsable si l’on n’
est
pas libre. 26 novembre 1971 Jusqu’à notre âge, le xxe siècle, on peu
982
bles pour tous les autres risques de la liberté n’
est
applicable. C’est toujours le même, mais qui se pose dans des termes
983
vivre mieux, c’est antinomique. Ou encore, ce qui
est
presque la même chose : accroître le niveau de vie quantitatif ou amé
984
la paix. Uniformiser au maximum tout ce qui peut
être
uniformisé à l’intérieur des frontières d’un pays ou au contraire uni
985
conditionnée ou la recréation des communautés qui
soient
liées par une foi commune ou des espoirs communs. Cela revient finale
986
la revient finalement à ce très vieux dilemme qui
est
dans l’Évangile : gagner le monde ou sauver son âme, c’est-à-dire gag
987
ous Louis XI et Louis XIV. Là où les rois avaient
été
gênés par la parole qu’ils avaient donnée de respecter les chartes de
988
te à la fois de la liberté et de l’autorité. Nous
sommes
très souvent, en réalité, un mauvais mélange d’éléments autoritaires
989
’éléments autoritaires et libertaires, jusqu’à en
être
anarchiques. Nos démocraties de l’Ouest peuvent être décrites comme u
990
e anarchiques. Nos démocraties de l’Ouest peuvent
être
décrites comme un mélange d’anarchie dans certains domaines et de tyr
991
s. La voie idéale que devrait poursuivre l’Europe
serait
une mise en tension productive de l’autorité et de la liberté. h.
992
uivante des éditeurs : « Vouloir la liberté, ce n’
est
pas désirer une chose abstraite, c’est vouloir que l’homme soit l’age
993
er une chose abstraite, c’est vouloir que l’homme
soit
l’agent de son propre destin. Ce n’est pas un pur désir utopique, mai
994
e l’homme soit l’agent de son propre destin. Ce n’
est
pas un pur désir utopique, mais bien une nécessité à notre époque où
995
s sociétés d’hier dans lesquelles le comportement
était
dicté par les valeurs, les coutumes, l’appartenance à telle couche so
996
en mesure, et donc en position, de choisir ce que
sera
sa vie. Cela pose, au niveau individuel et au niveau collectif, un pr
997
tes les plus quotidiens. Ce que nous faisons doit
être
en accord avec des buts clairement définis et assumés. L’avenir est d
998
des buts clairement définis et assumés. L’avenir
est
désormais “notre affaire”. Voulons-nous la puissance (c’est-à-dire l’
999
dangereuse, sans responsabilité. Les deux termes
sont
liés en tension dialectique : ils ne s’excluent ni ne s’abolissent en
1000
ure. Il faut composer entre ces deux extrêmes que
sont
la fourmilière et l’individualisme débridé : cela signifie, au niveau
1001
la signifie, au niveau politique, que l’autonomie
est
profondément souhaitable, mais qu’elle ne doit pas être absolutisée,
1002
rofondément souhaitable, mais qu’elle ne doit pas
être
absolutisée, qu’elle doit aller de pair avec une participation du cit
1003
les deux pôles contraires mais irréductibles que
sont
l’autorité de l’État et la liberté concrète de chacun. Ainsi, elles s
1004
ie (liberté sans frein). Cette opposition ne peut
être
éliminée. Elle doit être préservée, contre toute tendance d’en élimin
1005
Cette opposition ne peut être éliminée. Elle doit
être
préservée, contre toute tendance d’en éliminer un des deux termes ou
1006
et pour quelle fin ultime les faire marcher ? Ce
sont
d’énormes questions, qui caractérisent le paradoxe fondamental de l’é
1007
pour la première fois dans l’histoire, l’humanité
est
contrainte de choisir librement son avenir. 26 novembre 1971 Autrefo
1008
ent son avenir. 26 novembre 1971 Autrefois, tout
était
tracé d’avance. Hier, un nouveau code de déterminismes commençait à s
1009
nération me paraissent avoir choisi le métier qui
était
à la fois le moins éloigné de leurs goûts (dans la mesure où ils avai
1010
adjectif. Aujourd’hui, quelque chose de nouveau s’
est
produit. Au lieu des traditions remontant au Moyen Âge, au lieu des g
1011
tions. Prenons l’exemple de l’ingénieur. Hier, il
était
ingénieur pour produire, pour bâtir et organiser, pour dominer la nat
1012
e pillage. Et l’idée se fait jour en lui que ce n’
est
plus aux seuls « besoins de l’économie » qu’il s’agit désormais de ré
1013
omie » qu’il s’agit désormais de répondre (ils ne
sont
trop souvent que le profit des firmes et de leurs actionnaires), mais
1014
maintenant on peut prévoir et choisir, et l’on y
est
forcé, dès l’instant où on le peut. 3 février 1972 Les écocatastrophe
1015
etc. Et nous voyons bien que les premiers termes
sont
collectifs et quantitatifs. Et que les seconds se ramènent tous à une
1016
nent tous à une mesure, ou unité, ou réalité, qui
est
personnelle et qualitative. 26 novembre 1971 Hier, parce que tout éta
1017
ualitative. 26 novembre 1971 Hier, parce que tout
était
réglé par la société, la question de ses fins dernières était raremen
1018
par la société, la question de ses fins dernières
était
rarement posée ; on n’en prenait pas nécessairement conscience, on se
1019
ner par les conduites communes. Aujourd’hui, tout
est
libre, mais tout devient problème, occasion de doute, d’anxiété. Tout
1020
dans un conditionnement artificiel, extrême, qui
sera
selon les cas : la mode (vestimentaire, artistique, idéologique), la
1021
eune homme ou à la jeune fille l’impression qu’il
est
« engagé » alors qu’il n’est qu’embrigadé, qu’il s’est déchargé de la
1022
e l’impression qu’il est « engagé » alors qu’il n’
est
qu’embrigadé, qu’il s’est déchargé de la peine de réfléchir et de cho
1023
engagé » alors qu’il n’est qu’embrigadé, qu’il s’
est
déchargé de la peine de réfléchir et de choisir sur le parti ou la mo
1024
e politique donnée, c’est de savoir d’abord quels
étaient
ou quels sont ses buts humains — sont-ils bons ou mauvais en tant que
1025
e, c’est de savoir d’abord quels étaient ou quels
sont
ses buts humains — sont-ils bons ou mauvais en tant que tels ? — et a
1026
rd quels étaient ou quels sont ses buts humains —
sont
-ils bons ou mauvais en tant que tels ? — et après, de se poser la que
1027
plus tard pour quelles excellentes raisons on s’y
est
résolu. Ou dire que « la mobilisation n’est pas la guerre ». Ou procl
1028
n s’y est résolu. Ou dire que « la mobilisation n’
est
pas la guerre ». Ou proclamer, si on déclare la guerre, que c’est par
1029
société ne s’en porte que mieux, etc. Bien rares
sont
les hommes politiques qui déclarent leurs vraies finalités. La plupar
1030
conseils de direction et les parlements dont elle
était
, à l’origine, la principale fonction : l’établissement du budget. Car
1031
nction : l’établissement du budget. Car le budget
est
la traduction financière d’une politique, c’est-à-dire la manière don
1032
de faire croire que la politique que l’on adopte
est
« dictée par le budget », alors qu’il est clair que c’est l’inverse q
1033
adopte est « dictée par le budget », alors qu’il
est
clair que c’est l’inverse qui est vrai. 2. Finalités et monde mode
1034
», alors qu’il est clair que c’est l’inverse qui
est
vrai. 2. Finalités et monde moderne 29 octobre 1971 Il y a quel
1035
derne 29 octobre 1971 Il y a quelque chose qui
est
peut-être plus effrayant que les prévisions apocalyptiques des écolog
1036
apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui
est
déjà parmi nous, bel et bien là, qui est la question du siècle, une q
1037
hose qui est déjà parmi nous, bel et bien là, qui
est
la question du siècle, une question pure, béante, qui ne se posait du
1038
au mois de mai 1968 : Que faisons-nous là ? Quel
est
le sens de cette société, quel est le sens de ma vie dans cette socié
1039
nous là ? Quel est le sens de cette société, quel
est
le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, qui n’est
1040
est le sens de ma vie dans cette société qui n’en
est
pas une, qui n’est pas une communauté ? Que vaut son niveau de vie ca
1041
ie dans cette société qui n’en est pas une, qui n’
est
pas une communauté ? Que vaut son niveau de vie calculé en termes pur
1042
l’essor industriel et l’urbanisation sauvage qui
sont
en train de bouleverser les équilibres écologiques du continent europ
1043
des airs qui l’entourent. Par un juste retour, n’
est
-ce point aux scientifiques, aux techniciens, aux urbanistes qu’il inc
1044
trouver d’urgence les moyens de restaurer ce qui
fut
compromis par le génie civil et militaire, j’entends les moyens de pr
1045
re le reste, au technicien du seul rendement (qui
est
, en fin de compte, la rentabilité), nous pouvons et nous devons oppos
1046
rtel de notre société occidentale, c’est que tout
est
réglé en fonction du profit, que le profit, le recours à la notion de
1047
s en dernier ressort. Admettons cela en tout cas.
Est
-ce que cela veut dire que le profit doit être complètement éliminé ?
1048
cas. Est-ce que cela veut dire que le profit doit
être
complètement éliminé ? qu’il faut y renoncer ? au profit de théories
1049
s, et au détriment des capitalistes ? Eh bien, ce
serait
une vision irréaliste et naïve de la société. Dire que la priorité de
1050
que la priorité de fait donnée au motif du profit
est
la cause des maux les plus graves de nos sociétés n’équivaut pas du t
1051
t-on faire les choix nécessaires ? Si la finalité
est
le profit, alors tant pis pour la pollution, le bruit, les fumées, le
1052
) coûteront très cher, c’est entendu. La question
sera
, de plus en plus, de savoir si la finalité dernière que l’on sert est
1053
, de savoir si la finalité dernière que l’on sert
est
un certain équilibre entre les groupes humains et entre l’homme et la
1054
donc aussi la pollution du globe, par 200, ce qui
est
matériellement impossible. En effet, les ressources naturelles — char
1055
on, pétrole, métaux, bois, eau potable, etc. — ne
sont
pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ont cru naïvement ju
1056
mation, tout le pétrole de la terre semble devoir
être
brûlé d’ici trente ans. On trouvera autre chose, pensez-vous ? Voire
1057
. Tout cela peut sembler délirant. Mais tout cela
est
impitoyablement calculé par les écologistes américains, soviétiques e
1058
23 janvier 1970 Une communauté des personnes n’
est
pas la fin de l’homme, mais un moyen pour les personnes de se réalise
1059
pour les personnes de se réaliser. Le but final n’
est
pas une plus grande puissance de la communauté, mais une plus grande
1060
ne meilleure réalisation de chacun. La communauté
est
donc le lieu de dépassement des égoïsmes individuels, alors que le na
1061
e nationalisme voudrait nous faire croire qu’elle
est
la somme de tous ces égoïsmes additionnés en un super-égoïsme collect
1062
sonne, c’est ce qui, dans l’homme, ne peut jamais
être
utilisé comme instrument. 3 février 1964 Les réalistes transigent tou
1063
n guide des hommes ; ils supposent que les moyens
seront
donnés et souvent oublient finalement d’en parler. À d’autres de les
1064
adoxale : la plupart des utopies ont le tort de n’
être
pas assez nouvelles, pas assez neuves. C’est-à-dire qu’elles sont con
1065
ouvelles, pas assez neuves. C’est-à-dire qu’elles
sont
conçues à partir de ce que nous connaissons et voyons aujourd’hui, qu
1066
nous connaissons et voyons aujourd’hui, qu’elles
sont
trop étroitement liées à nos propres connaissances présentes limitées
1067
i vingt ans ou cent ans, ou d’ici sept-cents ans,
seront
très probablement, on pourrait dire certainement, beaucoup plus impor
1068
imprévisibles par exemple que la bombe atomique l’
était
à la fin du xixe siècle, quand Jules Verne imaginait des armes terri
1069
ore beaucoup plus imprévisibles que la bombe ne l’
était
en 1939, quand tous les états-majors et tous les gouvernements mettai
1070
rd’hui presque un jeu, en comparaison de ce qui a
été
trouvé quatre ans plus tard. En somme, les utopies sont le plus souve
1071
rouvé quatre ans plus tard. En somme, les utopies
sont
le plus souvent trop courtes, trop modestes, on pourrait dire trop pe
1072
ons possibles de l’utopie, des conceptions qui ne
sont
pas négatives, qui ne sont pas polémiques, qui ne sont pas liées aux
1073
des conceptions qui ne sont pas négatives, qui ne
sont
pas polémiques, qui ne sont pas liées aux insuffisances actuelles pou
1074
pas négatives, qui ne sont pas polémiques, qui ne
sont
pas liées aux insuffisances actuelles pour les critiquer, qui ne sont
1075
nsuffisances actuelles pour les critiquer, qui ne
sont
pas non plus une évasion devant les conditions pratiques de l’action,
1076
ions pratiques de l’action, mais au contraire qui
sont
des descriptions d’un nouvel ordre à établir, d’une société plus cohé
1077
aujourd’hui, mais à partir de ce but cohérent. Ce
sont
des descriptions positives, éclairantes, qui désignent le but à attei
1078
diteurs : « Autrefois, le comportement des gens n’
était
pas aussi libre qu’aujourd’hui, il était largement déterminé par le p
1079
s gens n’était pas aussi libre qu’aujourd’hui, il
était
largement déterminé par le poids des traditions sociales, des précept
1080
vit, du sens de la part de chacun aux choix qui y
sont
faits. La notion de communauté doit être réhabilitée comme moyen pour
1081
ix qui y sont faits. La notion de communauté doit
être
réhabilitée comme moyen pour la personne de se réaliser, c’est-à-dire
1082
’idée de profit, il faudrait que celui-ci cesse d’
être
la seule finalité effectivement déterminante : la destruction progres
1083
e : la destruction progressive de l’environnement
est
au cœur de ce problème, tout comme la destruction instantanée qui rés
1084
de la course aux armements. Un régime quel qu’il
soit
se juge d’après ses buts confrontés à son efficacité à les réaliser.
1085
rdres de priorité réels orientant leur action. Ce
sont
les finalités effectivement poursuivies qui déterminent le vrai visag
1086
onner à la vie politicienne, les choix politiques
sont
globalement une affaire d’adéquation de moyens et de fins, aussi bien
1087
une croissance uniquement quantitative, quels que
soient
les effets sur les ressources naturelles et l’environnement, ou reche
1088
sées dans les choix politiques : les “idéalistes”
seront
seulement préoccupés des fins sans se donner les moyens de les réalis
1089
nt des moyens appropriés pour les réaliser, telle
serait
la définition de la meilleure politique. On a souvent qualifié Denis
1090
omprend généralement. Pour la plupart, l’utopiste
est
celui qui imagine une société future à partir de celle dans laquelle
1091
Rougemont, ce genre d’utopie couramment répandu n’
est
“pas assez utopique”. L’utopie qu’il revendique consiste, elle, à s’i
1092
aclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut
tenir
pour la formule même de l’unité européenne : « Ce qui s’oppose coopèr
1093
ut concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien
être
la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée :
1094
, en tout cas en théorie, idéalement, la personne
était
l’absolu, la société n’étant que son instrument, la société étant là
1095
alement, la personne était l’absolu, la société n’
étant
que son instrument, la société étant là pour le service des personnes
1096
la société n’étant que son instrument, la société
étant
là pour le service des personnes, le moyen de la réalisation des pers
1097
oyen de la réalisation des personnes. La personne
est
donc le but de la société, pour cette tradition constante européenne
1098
alisme se définit comme un paradoxe continuel. Il
est
à la fois l’autonomie des communautés et leur union ; il suppose quel
1099
emble que la définition de l’homme comme personne
soit
précisément la définition de l’homme qu’il faut à un système fédérali
1100
tème fédéraliste. 7 novembre 1969 Quand l’homme s’
est
mis à calculer, à prévoir, à avoir sa politique à lui, est née l’idée
1101
calculer, à prévoir, à avoir sa politique à lui,
est
née l’idée de recherche à tout prix et de progrès. Voilà qui distingu
1102
ulture, l’Occident de l’Orient. L’esprit oriental
est
, avant tout, un esprit qui accepte les commandements des dieux, des l
1103
9 On peut dire que « conscience » et « individu »
sont
presque des synonymes, et que leur condition commune est précisément
1104
sque des synonymes, et que leur condition commune
est
précisément ce passage du sacré au profane, qu’on appelle « sécularis
1105
voulait qu’on en pense. C’est dans ce passage qu’
est
né l’individu au sens occidental du terme. 21 novembre 1969 Imaginons
1106
ande s’il n’y a pas de possibilité que les choses
soient
autrement, il ne comprend plus ce qu’on lui a toujours dit. Il réfléc
1107
aux liens du groupe, au principe de tyrannie qui
est
très fort dans la tribu. Mais il a aussitôt besoin d’une nouvelle pro
1108
dra plus tard l’Europe. L’Europe — par la Grèce —
sera
la première à s’en détacher, après que la civilisation minoenne — de
1109
rès que la civilisation minoenne — de Crète — ait
été
transmise à Mycènes, dans le Péloponnèse. Le mythe de l’enlèvement d’
1110
éveloppement de l’alphabet à Sidon et Tyr. Europe
est
enlevée à Tyr. Elle est emmenée en Crète, où se fait la première gran
1111
et à Sidon et Tyr. Europe est enlevée à Tyr. Elle
est
emmenée en Crète, où se fait la première grande civilisation, à mi-ch
1112
ivilisation, à mi-chemin entre l’Orient et ce qui
sera
l’Occident. De Crète, la civilisation se transmet à Mycènes. Sociolo
1113
quement, ce passage du Proche-Orient à l’Occident
est
un passage du sacral primitif au légal, au régime des contrats librem
1114
régime des contrats librement consentis qui vont
être
la cité. Cela se passe souvent sous une forme violente, non seulement
1115
d’un crime ou d’un accident qui font qu’un homme
est
chassé de la tribu et devient une espèce de paria. Il se réunit alors
1116
s. 14 novembre 1969 L’invention majeure des Grecs
est
celle de l’individu, qui va être le support des valeurs et en même te
1117
majeure des Grecs est celle de l’individu, qui va
être
le support des valeurs et en même temps la mesure de ces valeurs, com
1118
comme unité de base des nouvelles communautés. Il
sera
, comme le dit Protagoras, considéré comme la mesure de toute chose, d
1119
novembre 1969 Il semble que le mythe de Prométhée
soit
digne d’être le grand mythe à l’origine de la civilisation occidental
1120
Il semble que le mythe de Prométhée soit digne d’
être
le grand mythe à l’origine de la civilisation occidentale et européen
1121
européenne au sens étroit du terme, car Prométhée
est
le héros de la révolte : c’est l’homme en révolte contre tous les tab
1122
t de curiosité et de l’esprit d’aventure qui vont
être
si caractéristiques des débuts de la Grèce, que l’on retrouve si bien
1123
au repos final et au bonheur dans Ithaque. Ulysse
est
le deuxième mythe de la tradition occidentale. 3. L’apport chrétie
1124
16 janvier 1969 La théologie des conciles qui se
sont
passés pendant les ive , ve et vie siècles, a consisté à fixer les
1125
s grandes catégories, mais par rapport à elles se
sont
définies les principales hérésies, c’est-à-dire des interprétations d
1126
ique de l’Occident. Ainsi, ces grandes catégories
sont
définies théologiquement, mais plus tard, au Moyen Âge, par le détour
1127
peu leurs conséquences politiques ; l’ère moderne
sera
de plus en plus l’ère des idéologies politiques, et ces idéologies so
1128
’ère des idéologies politiques, et ces idéologies
sont
bien souvent des théologies laïcisées ; elles reproduisent les mêmes
1129
r de l’édit de Milan en 313, le facteur spirituel
est
devenu décisif pour la société occidentale. Très concrètement, à part
1130
, la formule de la nouvelle communauté humaine va
être
donnée non plus par les cadres administratifs ou par les fonctions so
1131
iales, mais par une réalité d’ordre religieux qui
est
la personne, la nouvelle définition de l’homme, de l’homme en relatio
1132
vin, ce prodigieux remue-ménage de concepts qui s’
est
produit dans l’Église pendant ses premiers siècles, tout cela va se r
1133
troduction suivante des éditeurs : « L’Occident n’
est
pas un concept artificiel et arbitraire, mais une réalité qui s’est f
1134
artificiel et arbitraire, mais une réalité qui s’
est
forgée dans l’histoire depuis l’Antiquité. L’Occident s’est pourvu de
1135
dans l’histoire depuis l’Antiquité. L’Occident s’
est
pourvu de caractéristiques culturelles qui le distinguent notamment d
1136
les qui le distinguent notamment de l’Orient : il
est
des mythes spécifiquement occidentaux tels que Prométhée (révolte con
1137
ns qui existent entre eux). C’est en Grèce que se
sont
constitués les fondements de l’évolution occidentale. C’est en Grèce,
1138
: ces associations d’individus détachés des clans
seront
à la base des cités ayant leurs propres lois, librement consenties. U
1139
tre moment important dans l’évolution occidentale
est
d’origine théologique : c’est la formulation de la notion de personne
1140
conciles se définit en raison de son objectif qui
est
la personne humaine. Il se réalise à travers des moyens qui sont fort
1141
e humaine. Il se réalise à travers des moyens qui
sont
fort divers : en Occident, il existe une grande variété de communauté
1142
ste une grande variété de communautés qui, loin d’
être
des fins en soi, sont autant d’instruments de réalisation de cet idéa
1143
de communautés qui, loin d’être des fins en soi,
sont
autant d’instruments de réalisation de cet idéal commun que constitue
1144
nne. Ainsi, par-delà toutes les différences qui y
sont
cultivées, la culture occidentale trouve son unité à travers les élém
1145
qui prend conscience. 23 janvier 1970 La personne
est
distincte de l’individu, mais ne peut pas exister sans lui. L’individ
1146
, mais ne peut pas exister sans lui. L’individu n’
est
pas le contraire de la personne, c’est plutôt la condition nécessaire
1147
, la personne n’existe que dans ses actes. Elle n’
est
pas une essence, elle est une existence. 11 novembre 1966 Quand l’ind
1148
dans ses actes. Elle n’est pas une essence, elle
est
une existence. 11 novembre 1966 Quand l’individu apparaît, c’est au m
1149
d’autres, qui ont commis des fautes moins graves,
sont
expulsés ; certains s’en vont comme un jeune homme qui fait des fugue
1150
sortent de la molécule et de leur combinaison. Ce
sont
eux qui vont créer les premières cités, les cités grecques que l’on c
1151
ner volontairement des liens nouveaux. Les autres
étaient
des liens du sang, de la naissance. Ils se donneront des lois, des li
1152
nt, de ce fait, des hommes à la fois libres — ils
sont
libérés des liens du sang, de la tribu — et responsables, puisqu’ils
1153
u sang, de la tribu — et responsables, puisqu’ils
sont
ceux qui, réunis dans les conseils, dirigent la cité. Le deuxième sta
1154
les conseils, dirigent la cité. Le deuxième stade
est
, comme idée de l’homme, comme formule de l’homme, le citoyen. Ensuit
1155
se groupent d’après des professions surtout ; ils
sont
très éloignés du centre et subissent ce que celui-ci décide. Ils devi
1156
i siège près de l’agora doivent se faire élire ou
tiennent
à un semblant d’élection ; ils veulent en tout cas avoir un parti, do
1157
pelle un sentiment de vide social. L’individu qui
est
trop loin du pouvoir est devenu passif, il n’a plus de responsabilité
1158
e social. L’individu qui est trop loin du pouvoir
est
devenu passif, il n’a plus de responsabilités, il se sent devant une
1159
beaucoup trop grands. C’est l’Empire de Rome qui
est
venu remettre de l’ordre dans toutes ces cités qui se défaisaient par
1160
des graves questions d’État, mais le citoyen qui
est
au service du despote, de l’empereur et de sa machine étatique (autre
1161
faire résonner des paroles à travers. Per-sonare
était
donc le masque. Pourquoi applique-t-on alors au citoyen romain cette
1162
e notion de persona ? C’est justement parce qu’il
est
défini uniquement par sa fonction, son rôle, au sens du rôle d’un act
1163
ne pièce. Il devient persona dans la mesure où il
est
un citoyen romain reconnu par l’empereur et par l’empire. S’il ne l’e
1164
reconnu par l’empereur et par l’empire. S’il ne l’
est
pas, il est un servus, un esclave ; et un des adages de base du droit
1165
l’empereur et par l’empire. S’il ne l’est pas, il
est
un servus, un esclave ; et un des adages de base du droit romain est
1166
sclave ; et un des adages de base du droit romain
est
que l’esclave n’est pas une personne (servus non est persona), parce
1167
dages de base du droit romain est que l’esclave n’
est
pas une personne (servus non est persona), parce qu’il n’est pas déte
1168
que l’esclave n’est pas une personne (servus non
est
persona), parce qu’il n’est pas déterminé par l’empereur. 25 février
1169
personne (servus non est persona), parce qu’il n’
est
pas déterminé par l’empereur. 25 février 1966 À la notion grecque d’i
1170
vidu. Dans le monde romain, la notion humaine qui
est
apparue comme nouveauté était la notion de citoyen, d’homme défini pa
1171
la notion humaine qui est apparue comme nouveauté
était
la notion de citoyen, d’homme défini par ses liens sociaux, et la not
1172
liens sociaux, et la notion qui lui a correspondu
était
le règne de la loi réglant les relations entre les hommes au niveau d
1173
omaine de citoyen, puisque la personne chrétienne
est
à la fois l’homme unique, distinct, et l’homme en relation avec son p
1174
avec le corps sacré que formait la tribu, où il n’
était
pas distinct des autres, mais en symbiose, comme dans le rêve, où les
1175
en symbiose, comme dans le rêve, où les choses ne
sont
pas vraiment distinguées, où les animaux et les hommes se métamorphos
1176
s’absorbent, se mélangent. Une deuxième dimension
sera
introduite, quand l’individu se détachera du clan, deuxième dimension
1177
rsonnelle, et en même temps mieux engagé que ne l’
était
le citoyen romain, parce qu’il n’est pas engagé seulement au service
1178
é que ne l’était le citoyen romain, parce qu’il n’
est
pas engagé seulement au service impersonnel de l’empereur ou des lois
1179
ais au service concret du prochain. Cet homme qui
est
à la fois mieux individualisé et mieux relié par la même vocation, c’
1180
de couples d’antinomies logiques, qui se trouvent
être
des complémentaires réels : dans la conception de l’homme européen, l
1181
le, de la culture et des universités, les couples
étaient
culture générale et savoir spécialisé, ou encore sens commun et créat
1182
le qui fasse sens et connaissance spécialisée qui
soit
efficace. Nous allons y ajouter maintenant, au niveau de la cité, une
1183
de la cellule à l’organe et des organes au corps,
est
faite de tensions en équilibre mouvant. 18 février 1966 La personne s
1184
init comme une réalité paradoxale, toujours. Elle
est
à la fois distincte et reliéel ; elle est à la fois libre et responsa
1185
s. Elle est à la fois distincte et reliéel ; elle
est
à la fois libre et responsable ; elle est à la fois autonome et parti
1186
; elle est à la fois libre et responsable ; elle
est
à la fois autonome et participante ; elle est maîtresse d’elle-même,
1187
lle est à la fois autonome et participante ; elle
est
maîtresse d’elle-même, mais elle est en relation avec autrui ; elle e
1188
pante ; elle est maîtresse d’elle-même, mais elle
est
en relation avec autrui ; elle est définie par sa vocation unique, ma
1189
ême, mais elle est en relation avec autrui ; elle
est
définie par sa vocation unique, mais cette vocation lui donne une fon
1190
18 novembre 1966 La personne ou la fédération ne
sont
pas des synthèses de deux termes, ni des solutions qu’on obtiendrait
1191
xemple de la dialectique de Hegel : la thèse, qui
est
niée ensuite par l’antithèse, et les deux sont assumées par la synthè
1192
qui est niée ensuite par l’antithèse, et les deux
sont
assumées par la synthèse. Dans la synthèse, ni la thèse, ni l’antithè
1193
l’antithèse n’existent plus comme telles : elles
sont
, dit-on en allemand, aufgehoben ; elles ont été prises, digérées, et
1194
sont, dit-on en allemand, aufgehoben ; elles ont
été
prises, digérées, et donnent la synthèse, qui peut être une chose uni
1195
rises, digérées, et donnent la synthèse, qui peut
être
une chose unique ; il n’est plus question de tension. Dans le fédéral
1196
a synthèse, qui peut être une chose unique ; il n’
est
plus question de tension. Dans le fédéralisme ou dans la notion de la
1197
intact. Il devient même encore plus lui-même, il
est
chargé d’une énergie du fait de sa mise en tension. L’individu se tro
1198
ue élément social entrant en composition fédérale
est
amené à renforcer ses caractères spécifiques, lesquels sont en même t
1199
à renforcer ses caractères spécifiques, lesquels
sont
en même temps garantis par le fait de la fédération. Chaque canton su
1200
de la fédération. Chaque canton suisse se trouve
être
lui-même, du fait qu’il est entré dans une fédération qui défend son
1201
ton suisse se trouve être lui-même, du fait qu’il
est
entré dans une fédération qui défend son existence ; sinon, il aurait
1202
ation qui défend son existence ; sinon, il aurait
été
absorbé depuis longtemps par un des États voisins, il aurait perdu so
1203
rois traditions — Athènes, Rome et Jérusalem — se
sont
confondues dans un même grand débat qui a produit, comme un précipité
1204
e un précipité, cette doctrine de la personne. Il
est
évident que le fait que l’on croie ou que l’on ne croie pas à la Trin
1205
à la définition de la personne de Jésus-Christ n’
est
pas important. Il est indéniable que cela définit une certaine forme
1206
personne de Jésus-Christ n’est pas important. Il
est
indéniable que cela définit une certaine forme de pensée, qui veut qu
1207
certaine forme de pensée, qui veut que les choses
sont
à la fois en mouvement et obéissant à une loi fixe : dans les grands
1208
les grands conciles, comme autrefois en Ionie, s’
est
illustrée une forme d’esprit — l’esprit occidental — qui sera très im
1209
ée une forme d’esprit — l’esprit occidental — qui
sera
très importante pour toute définition de l’Europe et qui trouve ici u
1210
sion, une vocation, dans le vocabulaire chrétien,
était
un appel qui s’adressait à une personne seule. Dans le christianisme,
1211
ersonne seule. Dans le christianisme, la vocation
est
un appel (vocare : appeler) adressé à un individu et qui le personnal
1212
au nom de quelque chose qui vient d’ailleurs, qui
est
transcendant. Il est donc citoyen de deux mondes différents. Le monde
1213
se qui vient d’ailleurs, qui est transcendant. Il
est
donc citoyen de deux mondes différents. Le monde de l’au-delà, le mon
1214
s qui l’oblige ensuite à agir dans le monde, ce n’
est
pas un au-delà spatial, comme on se l’imaginera bientôt, irrésistible
1215
ment, et surtout pendant tout le Moyen Âge ; ce n’
est
pas un au-delà de la voûte céleste, ce n’est même pas un tout là-haut
1216
ce n’est pas un au-delà de la voûte céleste, ce n’
est
même pas un tout là-haut vers les étoiles, comme le peuple le croit n
1217
C’est un au-delà qualitatif, qui peut aussi bien
être
en nous que très loin. 23 janvier 1970 La doctrine de la personne imp
1218
ons de formation et de fonctionnement. Les termes
étant
équivalents, on peut dire que la morale est une politique de la perso
1219
mes étant équivalents, on peut dire que la morale
est
une politique de la personne, tandis que la politique est une morale
1220
politique de la personne, tandis que la politique
est
une morale de la communauté. 3 février 1972 L’écologie et la personne
1221
le et des disciplines que tout cela implique, qui
sont
à la fois aliénantes, anonymisantes, dépersonnalisantes. Les mêmes cr
1222
30 janvier 1970 Ces deux maladies de la cité que
sont
l’individualisme et la collectivisation, correspondent à deux maladie
1223
es traduisent dans l’histoire. L’individualisme s’
est
traduit une première fois dans l’histoire lors de la cité hellénistiq
1224
de la cité hellénistique, la réaction collective
étant
l’Empire romain. Rome a été la remise au pas du monde hellénistique d
1225
réaction collective étant l’Empire romain. Rome a
été
la remise au pas du monde hellénistique dissocié, la restauration for
1226
1969 Les deux maladies mortelles de toute société
sont
la bureaucratie et l’ennui, c’est-à-dire le manque de sens général po
1227
d’Althusius, c’est que, pour lui, le citoyen ne l’
est
pas en tant qu’individu, mais en tant que « symbiote », c’est-à-dire
1228
même, en termes plus modernes, une personne. Ce n’
est
donc pas un simple homme, individu de l’espèce, mais un compagnon, un
1229
unauté. 23 janvier 1970 Si l’invention de la cité
est
l’invention majeure de la civilisation européenne, la personne est l’
1230
ajeure de la civilisation européenne, la personne
est
l’invention majeure de la culture européenne, la civilisation étant l
1231
majeure de la culture européenne, la civilisation
étant
l’application des valeurs de la culture. La différence est donc du mê
1232
lication des valeurs de la culture. La différence
est
donc du même genre qu’entre technique et science. Cette distinction p
1233
ion peut aussi s’exprimer ainsi : la civilisation
est
l’ensemble des formes, tandis que la culture est l’ensemble des valeu
1234
est l’ensemble des formes, tandis que la culture
est
l’ensemble des valeurs. Si on comprend bien la personne, qui est la v
1235
des valeurs. Si on comprend bien la personne, qui
est
la valeur de base, on comprendra du même coup les formes politiques q
1236
personne se retrouvera dans la cité. La personne
est
donc l’individu totalisé et orienté par ce que les chrétiens appellen
1237
ités. La définition la plus simple de la personne
est
que c’est l’individu libre et responsable. 20 janvier 1967 La partici
1238
à la culture générale, telle que je l’ai définie,
est
pour moi la participation de tout l’homme à un sens général de la vie
1239
és. De même, la participation dans la vie civique
sera
la participation de la personne complète — individu plus vocation, ou
1240
ducation spécifiquement européenne ou fédéraliste
serait
donc de former et de promouvoir des hommes à la fois libres et respon
1241
équilibre dynamique que j’appelle personne et qui
est
le module de tout régime fédéraliste. 4 février 1966 C’est au Moyen Â
1242
vie politique, et que la notion qu’il représente
est
devenue l’un des fondements de la forme de pensée et d’aménagement pu
1243
de la forme de pensée et d’aménagement public qu’
est
le fédéralisme. 18 novembre 1966 Après Boèce, il y eut toutes sortes
1244
pe d’homme nouveau, bipolaire, se manifeste. Ce n’
est
plus tout à fait le citoyen des cités grecques, ce n’est pas non plus
1245
s tout à fait le citoyen des cités grecques, ce n’
est
pas non plus la persona de l’Empire romain, car c’est un homme qui es
1246
ersona de l’Empire romain, car c’est un homme qui
est
à la fois défini par la fonction qu’il a reçue de l’Église ou de l’Es
1247
s matériel, dans la communauté humaine. Cet homme
est
responsable devant la cité ou l’empereur d’une part, et devant l’Égli
1248
de substance en lui-même que l’homme romain, qui
était
défini uniquement par l’extérieur, mais il est aussi mieux relié que
1249
était défini uniquement par l’extérieur, mais il
est
aussi mieux relié que l’individu grec. 11 novembre 1966 Le type d’hom
1250
égime bien articulé que j’appelle le fédéralisme,
est
ce que toute une école de philosophes de la vie politique entre les d
1251
e entre les deux guerres mondiales a défini comme
étant
la personne, l’homme à la fois libre et engagé. Un homme antinomique,
1252
oute solution de type fédéraliste. Cet homme doit
être
en fait continuellement en garde contre une double déviation toujours
1253
ante, celle vers le pôle individualiste, quand il
est
tenté de renier ses responsabilités communautaires, ou l’autre, inver
1254
ce moment-là, il s’offre à la tyrannie, qui peut
être
celle de la mode, celle des routines ou celle imposée par un parti un
1255
la personne ou dans le fédéralisme, parce que ce
sont
deux réalités bipolaires, les mêmes possibilités de double déviation
1256
correspond à l’engagement total chez l’individu,
est
la déviation vers l’unitarisme : on ne veut plus assumer les risques
1257
n suivante des éditeurs : « La notion de personne
est
primordiale chez Denis de Rougemont et conditionne chacune des facett
1258
environnement, la course aux armements, tout cela
est
la traduction, en termes variés, d’une même préoccupation : la person
1259
nce d’un individu, mais ne s’y réduit pas. Elle n’
est
pas une notion arbitraire ni purement abstraite, mais un produit typi
1260
es : l’un individuel, l’autre communautaire. Elle
est
à la fois sans confusion ni fusion, libre et responsable, solitaire e
1261
e elle-même en se réalisant avec les autres, elle
est
un individu qui se découvre une vocation et cherche à la concrétiser
1262
onne. En effet, comme la personne, le fédéralisme
est
le produit d’une tension entre deux pôles antinomiques et irréductibl
1263
érence du tout. Comme la personne, le fédéralisme
est
confronté à deux déviations majeures : le renoncement à la responsabi
1264
1968 La grande nouveauté, c’est que la politique
est
considérée par Rousseau comme l’affaire de tous et de chacun, alors q
1265
t à la vie de la cité et en tant que la politique
est
soumise à une certaine morale civique et n’est pas seulement, comme c
1266
ue est soumise à une certaine morale civique et n’
est
pas seulement, comme chez Machiavel et jusqu’à Montesquieu, l’art de
1267
66 Les deux termes, « politique » et « civique »,
sont
absolument équivalents, l’un étant tiré de la racine grecque du mot q
1268
et « civique », sont absolument équivalents, l’un
étant
tiré de la racine grecque du mot qui désigne « ville », l’autre de la
1269
la personne du Léviathan, et dès ce moment-là, il
est
souverain et tous les hommes deviennent ses sujets. Il ne s’agit donc
1270
nent ses sujets. Il ne s’agit donc pas pour eux d’
être
des citoyens. 21 novembre 1969 Civisme et politique désignent les mêm
1271
olitique désignent les mêmes réalités, les termes
sont
tirés l’un du latin et l’autre du grec. « L’homme est un animal polit
1272
tirés l’un du latin et l’autre du grec. « L’homme
est
un animal politique », cela signifie qu’il est fait essentiellement p
1273
me est un animal politique », cela signifie qu’il
est
fait essentiellement pour vivre dans une cité. Pendant les premiers s
1274
libertés d’un homme. Au début donc, la politique
est
simplement l’art d’aménager les rapports entre les hommes dans la cit
1275
majesté, majestas, des institutions, qui ensuite
est
transférée à n’importe quelle administration d’État, c’est-à-dire l’e
1276
, des fonctionnaires, il n’y a pas de mystère, ce
sont
des fonctionnaires qui sont désignés par les plus forts. 1er novembre
1277
a pas de mystère, ce sont des fonctionnaires qui
sont
désignés par les plus forts. 1er novembre 1968 Au xve siècle, l’État
1278
forts. 1er novembre 1968 Au xve siècle, l’État n’
est
pas très développé, c’est un appareil rudimentaire, et froid. Tandis
1279
reil rudimentaire, et froid. Tandis que la nation
est
un phénomène affectif, presque sentimental et mystique selon les cas,
1280
ue et passionnel. 25 octobre 1968 Les empires ont
été
au nombre d’une quinzaine. On peut mettre au rang des empires, aujour
1281
tion d’un empire, dont les deux traits principaux
sont
: la pluralité des éléments constitutifs et le caractère d’universali
1282
homme que nous connaissons en réalité en Occident
est
ordinairement un mélange impur, non seulement de revendication de lib
1283
té, la vocation et les responsabilités. Cet homme
est
un peu libre, dans la mesure où il est un peu responsable. Cela donne
1284
Cet homme est un peu libre, dans la mesure où il
est
un peu responsable. Cela donne des régimes qui sont un peu anarchique
1285
st un peu responsable. Cela donne des régimes qui
sont
un peu anarchiques dans certains domaines, et un peu tyranniques dans
1286
ines, et un peu tyranniques dans d’autres, ce qui
est
une assez bonne définition de nos démocraties de l’Europe de l’Ouest,
1287
et de tyrannie. 10 juin 1966 La volonté générale
est
interprétée par les jacobins uniquement dans le sens de l’unanimité,
1288
les sociétés partielles ou les sectes politiques
sont
impitoyablement liquidées et accusées de trahison ; les jacobins n’ad
1289
été, que Rousseau acceptait à condition que ce ne
soit
pas une variété fanatique qui veuille s’imposer aux autres. 15 novemb
1290
théorie la pratique qu’en ont tirée les jacobins.
Est
-ce qu’on peut considérer Rousseau à juste titre — comme l’ont fait be
1291
8 novembre 1968 La doctrine de la souveraineté
est
ce qui sépare le plus nettement deux groupes de pays européens : les
1292
es de pays européens : les pays du Centre et de l’
Est
, et les pays de l’Ouest : des cités-États, des principautés, des roya
1293
des royaumes et le Saint-Empire au centre et à l’
est
, qui vivent sans doctrine politique bien définie de la souveraineté.
1294
ype même de l’écrivain politique qui y correspond
est
Machiavel, qui donne des descriptions des vertus et des vices qui con
1295
u pouvoir royal). 16 janvier 1969 L’ère moderne a
été
de plus en plus l’ère des idéologies politiques, et nous verrons que
1296
es politiques, et nous verrons que ces idéologies
sont
bien souvent des théologies laïcisées ; qu’elles reproduisent les mêm
1297
acré se déplace d’un seul coup, visiblement. Il n’
est
plus dans l’Église, il est dans la nation. Il n’est plus dans la reli
1298
oup, visiblement. Il n’est plus dans l’Église, il
est
dans la nation. Il n’est plus dans la religion, il est dans l’idéolog
1299
t plus dans l’Église, il est dans la nation. Il n’
est
plus dans la religion, il est dans l’idéologie. 15 novembre 1968 Cett
1300
ans la nation. Il n’est plus dans la religion, il
est
dans l’idéologie. 15 novembre 1968 Cette sorte de pulvérisation de la
1301
l’esprit des jacobins, que ceux des Français qui
sont
conformes à l’idéologie que l’on veut faire aboutir. Dès le début de
1302
union des états généraux à Paris, le tiers état s’
était
proclamé Assemblée nationale — à l’exclusion de l’ordre de la nobless
1303
olonté générale. C’est dans ce sens qu’il pouvait
être
l’État. C’est à ce moment qu’on voit se préciser la définition de la
1304
facer le plus possible les groupes constitués qui
sont
des opposants possibles, avec qui on ne peut pas transiger, et à tran
1305
tout au nom de cette espèce de religion laïque qu’
est
la nation. Ce parti au pouvoir confond dans une même répression, d’un
1306
acculés à la nécessité d’une politique. Nous nous
sommes
libérés de la nature, mais nous sommes condamnés désormais à assumer,
1307
Nous nous sommes libérés de la nature, mais nous
sommes
condamnés désormais à assumer, en toute conscience, nos responsabilit
1308
che des buts réels que suit une politique, qui ne
sont
pas nécessairement, qui ne sont presque jamais ses buts déclarés faci
1309
politique, qui ne sont pas nécessairement, qui ne
sont
presque jamais ses buts déclarés facilement, alors il faut savoir ce
1310
s déclarés facilement, alors il faut savoir ce qu’
est
une bonne politique ou une politique efficace, et cela se ramène à de
1311
s et réduction de nombreuses autres possibilités,
être
simplement la puissance, ou bien la liberté. Ce sont au fond les deux
1312
e simplement la puissance, ou bien la liberté. Ce
sont
au fond les deux passions fondamentales de l’homme occidental. Il veu
1313
amentales de l’homme occidental. Il veut, ou bien
être
puissant, ou bien être libre ; quelquefois, il veut les deux choses à
1314
cidental. Il veut, ou bien être puissant, ou bien
être
libre ; quelquefois, il veut les deux choses à la fois, mais cela dev
1315
structures mentales et sociales, qui se trouvent
être
à la fois les conditions de réalisation et les résultats de l’applica
1316
es résultats de l’application de cette politique,
soit
de puissance, soit de liberté. Par exemple, chez tous les penseurs de
1317
pplication de cette politique, soit de puissance,
soit
de liberté. Par exemple, chez tous les penseurs de la tradition unita
1318
du prince, le fait que l’administration ou l’État
est
au service des citoyens au lieu que ceux-ci soient au service de l’Ét
1319
t est au service des citoyens au lieu que ceux-ci
soient
au service de l’État. 9 février 1968 La puissance et la liberté sont
1320
l’État. 9 février 1968 La puissance et la liberté
sont
évidemment antinomiques, mais n’en sont pas moins inséparables. Ce so
1321
a liberté sont évidemment antinomiques, mais n’en
sont
pas moins inséparables. Ce sont des maxima contradictoires dont la po
1322
miques, mais n’en sont pas moins inséparables. Ce
sont
des maxima contradictoires dont la politique consiste à rechercher l’
1323
ainsi un certain nombre de familles d’esprit qui
sont
réfractaires congénitalement à une bonne compréhension du fédéralisme
1324
ment à une bonne compréhension du fédéralisme. Ce
sont
les familles d’esprit nationalistes, traditionalistes et communistes.
1325
abord la puissance, celle qui vise la liberté. Ce
sont
les formes de pensée unitaire et dialectique, insistant sur l’unité o
1326
de police, s’il perd l’autorité, ou s’il cesse d’
être
le délégué de l’autorité, si les agents ne lui obéissent pas, lui ne
1327
peut même plus s’exercer. 14 janvier 1977 Ce qui
est
au fond très beau dans la construction assez spontanée qu’est le Sain
1328
très beau dans la construction assez spontanée qu’
est
le Saint-Empire romain de nations germaniques, c’est que cela existe
1329
il n’a pas de pouvoir et que beaucoup de gens qui
sont
ses vassaux tirent de lui l’autorité nécessaire à l’exercice de leur
1330
re les deux choses : l’autorité sans pouvoir ce n’
est
pas grand-chose, mais le pouvoir sans autorité, ce n’est rien du tout
1331
grand-chose, mais le pouvoir sans autorité, ce n’
est
rien du tout. 6. Totalitarisme 11 novembre 1966 L’idéal totalit
1332
11 novembre 1966 L’idéal totalitaire semble avoir
été
plus près de se réaliser à certains moments, parce que c’est aussi be
1333
aucoup plus facile : il joue davantage sur ce qui
est
le plus bas, le plus lourd, le plus organisable mécaniquement, aussi
1334
malgré cela, les expériences totalitaires qui ont
été
faites en Europe ont été extrêmement courtes. Qu’on se rappelle l’hit
1335
ces totalitaires qui ont été faites en Europe ont
été
extrêmement courtes. Qu’on se rappelle l’hitlérisme, le national-soci
1336
lle ans, comme le répétait toujours Hitler ; il s’
est
instauré en 1933 et a été définitivement renversé en 1945. Ce régime
1337
toujours Hitler ; il s’est instauré en 1933 et a
été
définitivement renversé en 1945. Ce régime a donc duré douze ans et e
1338
versé en 1945. Ce régime a donc duré douze ans et
est
un des plus courts de l’histoire. Le régime fasciste italien a duré u
1339
’est-à-dire 23 ans. Quant au communisme russe, il
est
très difficile de dire sa durée, parce qu’il a tellement changé. Il s
1340
re sa durée, parce qu’il a tellement changé. Il s’
est
instauré en 1917 ; jusqu’au règne de Staline y compris, il a eu une p
1341
devenait de plus en plus totalitaire — ce qu’il n’
était
pas au départ ; puis, il y a eu un changement, un reflux, un « dégel
1342
libérales. Ce régime dure depuis 49 ans, ce qui n’
est
pas très vieux ; le cinquantième anniversaire sera célébré l’année pr
1343
est pas très vieux ; le cinquantième anniversaire
sera
célébré l’année prochaine et on ne saura pas si on célèbre l’annivers
1344
a la tradition jacobine qui, à beaucoup d’égards,
est
la suite de l’absolutisme centralisateur ; elle représente la même fo
1345
s Hitler le soldat politique. Le soldat politique
est
en quelque sorte une persona romaine ; c’est un être qui, comme le so
1346
t en quelque sorte une persona romaine ; c’est un
être
qui, comme le soldat, est entièrement défini par sa tâche, dans une h
1347
ona romaine ; c’est un être qui, comme le soldat,
est
entièrement défini par sa tâche, dans une hiérarchie, dans une discip
1348
, dans une hiérarchie, dans une discipline ; il n’
est
que ce que le cadre veut qu’il soit : idéal. L’autre descendance de l
1349
cipline ; il n’est que ce que le cadre veut qu’il
soit
: idéal. L’autre descendance de la Révolution française est la « démo
1350
l. L’autre descendance de la Révolution française
est
la « démocratie », le jacobinisme étant plutôt une forme de despotism
1351
n française est la « démocratie », le jacobinisme
étant
plutôt une forme de despotisme, de tyrannie, même s’il prend souvent
1352
souvent l’étiquette de démocratie. La démocratie
est
définie par le pluralisme des partis et leur lutte, ce qui permet la
1353
ond à la démocratie pluraliste et aux fédérations
est
la personne, au sens approfondi par toute la philosophie des mouvemen
1354
964 Le politicien part de l’idée que la politique
est
l’art du possible. L’utopiste, dans le meilleur sens du terme, part d
1355
politique, c’est l’art de rendre possible ce qui
est
nécessaire ; les plus grands sont ceux qui ont réussi à susciter les
1356
possible ce qui est nécessaire ; les plus grands
sont
ceux qui ont réussi à susciter les moyens pratiques de leur but idéal
1357
t elle qui définit une politique. Cela a toujours
été
le cas, mais je pense que dans la vie publique et politique d’aujourd
1358
c’est plus vrai que jamais. Le rôle de la parole
est
infiniment plus grand au xxe siècle, et notamment dans la seconde pa
1359
a seconde partie du xxe siècle, qu’il l’a jamais
été
dans l’histoire auparavant. Prenons les grands potentats mongols ou a
1360
ls faisaient la politique à coup de discours. Ils
étaient
des hommes de peu de mots, c’est souvent comme cela qu’on les décrit
1361
s prenons un grand potentat comme Louis XIV, ce n’
est
certainement pas à coup de discours qu’il a gouverné la France ; je n
1362
ce que l’on sait de Louis XIV et de son règne, ce
sont
les guerres qu’il a faites, les traités, les constructions, les jardi
1363
upranationalité, coopération, comme si ces termes
étaient
pratiquement équivalents, synonymes, comme s’il n’y avait pas à se me
1364
on a décidé d’employer aux dépens des autres. Il
est
extrêmement rare qu’un homme d’État se préoccupe d’opposer nommément,
1365
archie sémantique qui domine la situation, et qui
est
au fond très grave. Car comment voulez-vous établir, adopter, discute
1366
dopter, discuter une politique d’union, si vous n’
êtes
pas capable de lui donner un nom ; un nom qui la distingue d’autres p
1367
rs, à tout le reste, au nom d’un nationalisme qui
est
aussi fort que son fédéralisme interne. À gauche, on voit se développ
1368
combinaison qui répond point par point, mais qui
est
l’inverse de la précédente : un homme comme Jean Monnet, qui est un s
1369
e la précédente : un homme comme Jean Monnet, qui
est
un socialiste planificateur, qui ne se préoccupe pas du tout de fédér
1370
conomique par l’Ouest et politico-militaire par l’
Est
, qui sera la rançon fatale de nos attachements maniaques aux fictions
1371
par l’Ouest et politico-militaire par l’Est, qui
sera
la rançon fatale de nos attachements maniaques aux fictions de l’indé
1372
t, mais s’épaulent mutuellement : si la politique
est
l’art de choisir entre plusieurs alternatives, l’utopie est l’art de
1373
de choisir entre plusieurs alternatives, l’utopie
est
l’art de rendre possible telle ou telle option souhaitable. Ainsi, l’
1374
umées. Plutôt qu’“art de gouverner”, la politique
est
l’affaire de tous. En l’absence de civisme en effet, les citoyens ne
1375
En l’absence de civisme en effet, les citoyens ne
sont
plus que des sujets passifs d’un pouvoir souverain. La politique étan
1376
jets passifs d’un pouvoir souverain. La politique
étant
fondée sur l’engagement de tous, elle ne peut être exercée réellement
1377
ant fondée sur l’engagement de tous, elle ne peut
être
exercée réellement qu’à l’intérieur de communautés petites où peuvent
1378
entre elles. Comme Proudhon l’avait discerné, ce
sont
des fédérations de communes, puis de régions, qui constitueront la fé
1379
n européenne dans un mouvement de bas en haut qui
est
le meilleur moyen de garantir les libertés et les diversités de chacu
1380
libertés et les diversités de chacun. Mais qu’en
est
-il de l’État, qu’on fait trop souvent l’agent exclusif de toute polit
1381
-à-dire débarrassé de son aura sacrée, celui-ci n’
est
guère plus qu’un instrument concret, un ensemble de fonctionnaires ch
1382
ux au profane, de l’Église à la nation. La nation
est
devenue un nouveau dogme en vertu duquel on réprime les hérétiques et
1383
la communauté de naissance. La pensée occidentale
est
marquée par des antinomies irréductibles. Toute politique se voit not
1384
at politique et citoyen. Le choix de la puissance
est
un choix collectif : c’est celui de l’État-nation. Le choix de la lib
1385
st celui de l’État-nation. Le choix de la liberté
est
un choix individuel et communautaire : c’est celui du fédéralisme qui
1386
t l’existence de différences entre les parties et
sont
conclues pour les garantir. Le plus grand obstacle peut-être, actuell
1387
1. Définitions 24 février 1967 La région n’
est
pas une province (au sens ancien). La région est définie par la densi
1388
’est pas une province (au sens ancien). La région
est
définie par la densité de population, l’accroissement de la productio
1389
ayonnement. C’est un foyer, alors que la province
était
un territoire bien délimité, une unité administrative (disparue) défi
1390
s frontières (comme nos États-nations). La région
est
la vraie unité socioéconomique de l’Europe d’aujourd’hui ; on l’étudi
1391
et on doit aller beaucoup plus loin. La région n’
est
pas seulement une réalité économique et même culturelle, elle peut de
1392
e l’Europe de demain. 24 février 1967 Les régions
sont
, en puissance, les vraies autonomies de la fin du xxe et du xxie si
1393
omie. Au Moyen Âge, la cité, en tant que commune,
est
une auto-nomie. Mais les communes n’ont pu subsister autonomes que là
1394
unes n’ont pu subsister autonomes que là où elles
étaient
liguées (la Suisse). Au xixe siècle, l’État-nation seul est autonome
1395
(la Suisse). Au xixe siècle, l’État-nation seul
est
autonome. (Dans les nations centralisées, les autonomies locales et r
1396
entralisées, les autonomies locales et régionales
sont
inexistantes : simple délégation de pouvoirs du centre.) Au xxe sièc
1397
rmeture des frontières (autarcie). Les autonomies
sont
contraires au droit des gens. La nation est une unité trop dure pour
1398
mies sont contraires au droit des gens. La nation
est
une unité trop dure pour la coopération et les échanges. Elle est tro
1399
op dure pour la coopération et les échanges. Elle
est
trop grande pour permettre la participation civique (elle tue le civi
1400
les provinces de leur vie propre, autonome). Elle
est
trop petite pour les tâches internationales. Alors, où trouver des au
1401
icipation civique d’autre part ? Les régions vont
être
ces nouvelles unités d’autonomie. 6 novembre 1970 La participation ré
1402
ubliques en tant que joueur, et non spectateur, n’
étant
possible et praticable en général que dans le cadre communal et régio
1403
tous les étages décisionnels. 13 novembre 1970 Il
est
évident que si l’on veut que le jeune citoyen s’intéresse aux affaire
1404
e faire qu’à travers sa région, le cadre national
étant
trop vaste. C’est une vérité que les Grecs connaissaient très bien, a
1405
j’ai traités au cours de ces dernières années. Il
est
par exemple indispensable que j’aie traité de la genèse, de l’essor e
1406
tats-nations. De même, la culture européenne, qui
est
faite de sources très différentes et de valeurs souvent très antinomi
1407
’Europe sur la base des États-nations actuels qui
sont
les obstacles à toute union ; on unira l’Europe sur la base des régio
1408
l’Europe sur la base des régions telles qu’elles
sont
en train de se constituer. 24 avril 1970 Il faut défaire et dépasser
1409
té vivante, civique, économique ou culturelle, et
être
contrôlé par l’usager, distribuer et répartir l’État, de la commune e
1410
fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles,
seront
chargées de la concertation des grandes tâches d’intérêt public, tâch
1411
s États-nations miniatures. Les régions nouvelles
seront
distribuées de toutes sortes de manières, en toutes sortes de réseaux
1412
érentes façons dans l’ensemble de l’Europe. Ce ne
seront
pas des mini-États-nations enfermant toutes sortes de réalités hétéro
1413
lontiers que la fédération future de l’Europe, ce
sera
le fédéralisme plus les ordinateurs. 30 mai 1969 Les réalités ethniqu
1414
mai 1969 Les réalités ethniques et linguistiques
sont
fluctuantes : il est absurde de vouloir les fixer par des frontières.
1415
ethniques et linguistiques sont fluctuantes : il
est
absurde de vouloir les fixer par des frontières. De plus, il est rare
1416
vouloir les fixer par des frontières. De plus, il
est
rare que ces frontières correspondent à des réalités économiques, ce
1417
avaient pas du tout compris que la guerre de 1914
était
l’éclatement de l’Europe des États-nations, éclatement logique résult
1418
pas vu que le véritable responsable de la guerre
était
le stato-nationalisme. 30 octobre 1970 Passer aux régions, ce serait
1419
ionalisme. 30 octobre 1970 Passer aux régions, ce
serait
passer des mythes de la souveraineté nationale absolue aux réalités q
1420
lue aux réalités que les régions peuvent épouser,
étant
plus petites, plus complexes et plus variées. L’étude des régions en
1421
n d’avoir la même extension, toutes ces régions n’
étant
pas définies par leurs frontières, mais par leurs fonctions — me para
1422
disciplines avec encore bien d’autres, la région
est
aujourd’hui l’unité opérationnelle de base du fédéralisme européen, e
1423
on, unité opérationnelle du fédéralisme européen,
sera
sans doute le thème politique le plus important des prochaines décenn
1424
les impératifs du stato-nationalisme tel qu’il s’
est
constitué de Napoléon à Hitler : régime anémiant des « cultures natio
1425
ies particulières. 30 octobre 1970 L’université n’
est
qu’une des malades de la société européenne du xxe siècle. Ces malad
1426
nt de mal à nos échanges culturels. Toute culture
est
faite d’échanges, et tout obstacle à ces échanges est un affaiblissem
1427
faite d’échanges, et tout obstacle à ces échanges
est
un affaiblissement pour la culture. Donc, la diminution progressive d
1428
ressive de l’emprise nationale sur l’enseignement
est
le remède à proposer à la plupart de ces maux. 30 avril 1971 Sauf rév
1429
ne se passe pas de cette manière raisonnable — ce
serait
une nouveauté complète dans l’histoire espagnole que quelque chose s’
1430
, avec dans les deux cas cet horizon européen qui
est
très nettement affirmé dans les manifestes régionalistes espagnols. Q
1431
rritoire fixe comme les anciennes provinces. Elle
est
une réalité multifonctionnelle — à la fois économique, sociale, cultu
1432
1. Définitions 12 juin 1970 La révolution
est
essentiellement mouvement. Le concept de révolution évoque tout de su
1433
s, a amené la révolution politique. La révolution
est
explosive, expansive, innovatrice, aventurière, et surtout, elle prov
1434
ur et garant de toutes les valeurs, la révolution
est
au contraire un acte de réévaluation de toutes les valeurs. Tout ce q
1435
vation, relativisation de toutes choses. L’État s’
est
institué en Europe en réaction au vertige, à la décentration, à la dé
1436
ilisation caractéristique de la Renaissance. Il a
été
rassurant, sécurisant, ordonnateur, cadre fixe — et finalement oppres
1437
terre et des planètes autour du Soleil. Mais cela
est
symbolique de toutes les autres transformations : Galilée, qui est le
1438
toutes les autres transformations : Galilée, qui
est
le véritable héros de ce qu’on nomme la « révolution copernicienne »,
1439
e ce qu’on nomme la « révolution copernicienne »,
est
le symbole de l’homme découvrant un nouvel ordre, un centre plus « vr
1440
version des chrétiens. 26 juin 1970 La révolution
est
une traduction collective de la conversion chrétienne, avec les mêmes
1441
chie. Cela peut réussir pour un individu, mais il
est
difficile de faire changer complètement toute la hiérarchie des valeu
1442
anière instantanée, pour une société. Une société
est
beaucoup trop lourde, formée de trop d’inerties, pour être retournée
1443
coup trop lourde, formée de trop d’inerties, pour
être
retournée d’un seul coup — sauf s’il y a une très longue préparation,
1444
uf s’il y a une très longue préparation, ce qui n’
est
généralement pas le cas dans une révolution. À cause de ce poids d’in
1445
onté de changement révolutionnaire, la révolution
est
violente. Elle traduit ainsi son manque de maturation. D’où l’échec d
1446
comme la société, c’est tenter quelque chose qui
est
impossible. Une conversion individuelle peut être brusque parce qu’il
1447
est impossible. Une conversion individuelle peut
être
brusque parce qu’il y a une longue préparation intime dans la psychol
1448
’expliquent aussi par le fait qu’elles ont toutes
été
mal préparées. Dans le groupe l’Ordre nouveau, dès 1932, nous avions
1449
mis au point la théorie suivante : une révolution
est
sanglante dans la mesure où elle est mal préparée (mal organisée, imp
1450
e révolution est sanglante dans la mesure où elle
est
mal préparée (mal organisée, improvisée, ou dans la mesure où elle dé
1451
rdre nouveau à un désordre établi. 1848 a surtout
été
de l’agitation négative ou une reprise d’idées un peu anciennes, cell
1452
ationalisme. 14 janvier 1972 L’idée de révolution
est
née du christianisme, et l’on peut vérifier qu’elle a la même extensi
1453
s théologies, de sa morale sociale. La révolution
est
la transposition au plan social de la conversion individuelle. Elle g
1454
et finalités nouvelles. Ce processus, peu à peu,
sera
transposé au niveau collectif, et c’est là qu’apparaîtra enfin la fin
1455
de vocation personnelle. 19 juin 1970 Le progrès
est
intimement lié à la révolution, en ce sens que c’est une version étal
1456
lution — ce qui se dit : évolution. La différence
étant
donc uniquement le facteur temps, le remplacement de la soudaineté, d
1457
e au concept d’État-nation. L’État-nation voulait
être
le porteur et le garant de toutes les valeurs. Il y a donc dans l’Éta
1458
dée de stabilisation. Au contraire, la révolution
est
un acte de « réévaluation » de toutes les valeurs (formule de Nietzsc
1459
ont provoqué le système de valeurs contraires qu’
est
la révolution. 27 mai 1977 Pendant huit siècles, « nation » n’a pas v
1460
ne armés, qu’on appelait les sans-culottes et qui
étaient
d’ailleurs de bons bourgeois de Paris, vaincre les meilleures troupes
1461
aris, vaincre les meilleures troupes d’Europe qui
étaient
celles de Brunswick, par ce cri et par cette manière absolument non c
1462
conformiste de livrer une bataille ! Goethe, qui
était
témoin, a été si stupéfait qu’il a noté dans son carnet, le même soir
1463
livrer une bataille ! Goethe, qui était témoin, a
été
si stupéfait qu’il a noté dans son carnet, le même soir : « De ce jou
1464
positions, si bien que le cri « Vive la nation »
est
devenu très vite « Vive la France révolutionnaire » et puis ensuite «
1465
euse en la toute-puissance du pouvoir étatique va
être
la révolution. En effet, si l’État peut tout, et si on souffre de son
1466
t tout, et si on souffre de son pouvoir, comme il
est
absolu et qu’il n’y a pas de recours possible contre lui, il faudra d
1467
faudra donc s’en emparer par la force : alors, on
sera
tout-puissant, on pourra réaliser tout ce qu’on désire. S’emparer du
1468
onnaires, en précisant que la révolution dont ils
étaient
les avocats était à la fois anticapitaliste et antitotalitaire, qu’il
1469
nt que la révolution dont ils étaient les avocats
était
à la fois anticapitaliste et antitotalitaire, qu’il s’agisse de total
1470
nstitutions « à hauteur d’homme », dont le module
serait
la personne, le module et le but final. Je m’explique : ces groupes é
1471
dule et le but final. Je m’explique : ces groupes
étaient
à la fois contre l’individualisme, contre l’individu isolé qu’avait s
1472
re part des penseurs de droite comme Maurras, ils
étaient
contre cet individualisme « atomisé », mais ils étaient également con
1473
t contre cet individualisme « atomisé », mais ils
étaient
également contre le collectivisme, contre ce que Hitler appelait le «
1474
t embrigadé, qui n’avait plus aucune liberté, qui
était
purement au service de la collectivité ; tandis que l’individualiste
1475
ue l’individualiste de nos démocraties de l’Ouest
était
, lui, trop libre, engagé dans rien du tout. Ces groupes demandaient q
1476
Ces groupes demandaient que l’homme, le citoyen,
soit
à la fois — c’est une des formules qui revenaient le plus souvent — «
1477
sable et responsable parce que libre (formule qui
sera
reprise après la guerre par Sartre, Sartre sachant d’ailleurs très bi
1478
nt d’ailleurs très bien où il l’avait prise). Ils
étaient
pour une morale civique communautaire. 19 juin 1970 Je pense qu’il n’
1479
e série de changements souhaitables ne pourra pas
être
réalisée. On ne pourra pas établir la paix tant qu’il y aura des État
1480
qui se prétendent souverains, indépendants et qui
sont
armés : c’est du gangstérisme transposé au niveau international. Si o
1481
e la hiérarchie des valeurs consisterait à dire :
est
-il vrai que le but de l’humanité consiste à élever continuellement le
1482
re possible de gens (PNB, taux de croissance, qui
sont
le sacré des hommes politiques d’aujourd’hui) ? L’attitude révolution
1483
iques d’aujourd’hui) ? L’attitude révolutionnaire
serait
de mettre le niveau de vie en question et de lui opposer le mode de v
1484
le mode de vie doit triompher et le niveau de vie
être
un peu sacrifié, il y aurait une révolution. o. Avec l’introductio
1485
roduction suivante des éditeurs : « La révolution
est
“la substitution d’un ordre nouveau à un désordre établi”. Elle se ca
1486
ion s’oppose directement à l’État, et plus l’État
sera
absolu, plus la révolution tendra à être violente. Dans une société o
1487
s l’État sera absolu, plus la révolution tendra à
être
violente. Dans une société où l’État est omnipotent, les révolutionna
1488
endra à être violente. Dans une société où l’État
est
omnipotent, les révolutionnaires viseront en premier lieu à s’emparer
1489
de l’État (armée, police, etc.) : c’est ce qui s’
est
passé, par exemple, pour la Révolution française et pour la Révolutio
1490
ransformation de toutes les valeurs d’une société
est
un objectif difficile à atteindre. Il réclame en tout cas un long pro
1491
au collectif. Au niveau individuel, la révolution
est
l’équivalent de la conversion chrétienne : le converti rejette l’ordr
1492
la liberté et de la responsabilité du citoyen que
sont
les communes et les régions. »