1
nergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à
ce
jour au moins, cette inquiétude libératrice que produit la recherche
2
Orient, et insinue dans le monde romain les virus
du
christianisme, de la Réforme, de la Révolution et du romantisme, les
3
christianisme, de la Réforme, de la Révolution et
du
romantisme, les concepts de liberté et de progrès, l’humanitarisme, l
4
e, pour M. de Montherlant comme pour Maurras, est
ce
qu’il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, r
5
, rien d’original dans cette conception simpliste
du
monde, qui n’est en rien différente de celle de l’Action française ;
6
ion, que Maurras n’a pas faite aussi franchement,
du
catholicisme et du christianisme, le christianisme étant dans le même
7
a pas faite aussi franchement, du catholicisme et
du
christianisme, le christianisme étant dans le même camp que la Réform
8
s de huit coups de griffes et chaud de l’étreinte
du
fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport
9
i, d’une façon obsédante, le rythme de la guerre.
Du
moins a-t-il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier
10
t-il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres
du
guerrier et du bourgeois. Dernièrement, il abandonna le stade et rent
11
é le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et
du
bourgeois. Dernièrement, il abandonna le stade et rentra dans le mond
12
rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœuré
du
désordre général, il cherche des remèdes, et nous tend les premiers q
13
pération faite, il a pourtant fallu la justifier,
ce
qui n’a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admira
14
cavalières un peu intimidantes. Toute une partie
du
Paradis à l’ombre des épées 1, son dernier livre, est consacrée à « f
15
des premiers Français qui ait compris que le but
du
sport n’est pas la performance, mais le style et la méthode, c’est-à-
16
le style et la méthode, c’est-à-dire la formation
du
caractère, en définitive. Mais on peut oublier la partie doctrinaire
17
pas indispensable : « Ces simplifications valent
ce
que valent toutes les simplifications, qu’on les appelle ou non idées
18
M. de Montherlant son admirable lyrisme de poète
du
stade. En un style d’une fermeté presque brutale parfois, un style de
19
Mais sa foulée, bondissante et posée, est pleine
du
désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que je n’entends pas ? » —
20
n mouvement, c’est la domination de la raison sur
ce
corps qui est exaltante, et c’est cette domination qui est le but vér
21
t c’est cette domination qui est le but véritable
du
sport. On accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle n’es
22
ave à la violence animale déchaînée dans le corps
du
joueur à la vue de la prairie rase où rebondit un ballon. Si l’on con
23
pensables au bon équipier deviennent les qualités
du
parfait citoyen : juste vision de la réalité, abnégation, sentiment d
24
juste vision de la réalité, abnégation, sentiment
du
devoir de chacun envers l’ensemble (Montherlant insiste plutôt sur le
25
ut servira plus tard : Ô garçons, il y a un brin
du
myrte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas c
26
d’olivier. La main connaît la main dans la prise
du
témoin. L’épaule connaît l’épaule dans le talonnage du ballon. Le reg
27
moin. L’épaule connaît l’épaule dans le talonnage
du
ballon. Le regard connaît le regard dans la course d’équipe. Le cœur
28
pées. Rien de moins artificiellement moderne que
ce
lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe, s’échauffer sur de l
29
évitera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien
ce
qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’apprentissage de
30
ui fait lever la haine ». « La faiblesse est mère
du
combat. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que nous conduirait
31
sme renouvelé que nous conduirait cette « éthique
du
sport » tempérée de raison. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthod
32
it cette « éthique du sport » tempérée de raison.
Ce
qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mi
33
n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est
ce
qu’on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort
34
une « morale constructive » : porter l’effort sur
ce
qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi
35
tive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et
ce
qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraîn
36
e est bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir
ce
qu’il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais
37
avons qu’il observera les règles. Saluons-le donc
du
salut des équipes avant le match : « En l’honneur d’Henry de Montherl
38
» (30 octobre 1924)b Lundi soir, dans la salle
du
Lyceum, M. Conrad Meili parla des écoles qui représentent la peinture
39
ui représentent la peinture française, des débuts
du
xixe siècle à nos jours. Partis du classicisme de David et d’Ingres,
40
e, des débuts du xixe siècle à nos jours. Partis
du
classicisme de David et d’Ingres, les peintres français ont accompli,
41
e, une exploration merveilleuse dans les domaines
du
romantisme, du naturalisme, de l’impressionnisme, pour aboutir enfin
42
ion merveilleuse dans les domaines du romantisme,
du
naturalisme, de l’impressionnisme, pour aboutir enfin dans ces impass
43
. Très maîtres de leur technique (contrairement à
ce
que pense souvent le public), ils préparent l’avènement d’un classici
44
façon de peindre correspond à la façon de penser
du
peintre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili. Est-il besoin de soul
45
s s’appellent : collège, guerre, sport… la Relève
du
Matin, le Songe, les Olympiques. Et voici le Chant funèbre, adieu à l
46
pour de nouvelles conquêtes. Terriblement lucide,
ce
regard en arrière. Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore q
47
eurs plus encore que pour celles de l’adversaire,
ce
qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel rel
48
is quel relent de barbarie, un assez malsain goût
du
sang. Tout cela s’est purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase te
49
étant de faire, à notre place modeste, si peu que
ce
soit pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne bea
50
sorte, les soldats déjà légendaires de Verdun, et
ce
« haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il just
51
s grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est-
ce
pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’u
52
e éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur
du
Songe, d’un de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre pa
53
du Songe, d’un de ces hommes qui « descendirent »
du
front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signif
54
oudain… Mais Montherlant se redresse vite, frappe
du
pied et repart. Vers quels buts ? On verra plus tard. L’urgent c’est
55
ain des vertus guerrières. « Il faut que la paix,
ce
soit vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-ê
56
ercher le souvenir de l’aventure antique, et dans
ce
qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourr
57
Une soumission au réel durement consentie, voilà
ce
que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient s
58
voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre.
Ce
mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je n
59
André Breton, Manifeste
du
surréalisme (juin 1925)b Sous une « vague de rêves », la logique,
60
agent de liaison de nos esprits, va périr. C’est
du
moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouvea
61
liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins
ce
que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous
62
e sorte de méthode des textes généralisée ? Point
du
tout ! Il paraît qu’il est la seule attitude littéraire aujourd’hui c
63
Rêve est la seule matière poétique. Dans le monde
du
Rêve autant de cellules isolées que de rêveurs. Toute poésie est inco
64
e fait d’une fortuite coïncidence entre l’univers
du
poète et le mien ? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui de
65
que tout poème doit être une dictée non corrigée
du
Rêve. Je reconnais à chaque ligne de Poisson soluble cette « vieiller
66
tre encore pour une grande part dans l’« alchimie
du
verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation…
67
d — dont ils se réclament imprudemment, — on sait
ce
que c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surr
68
de vieilles anarchies ». L’ironie qui sauva Dada
du
ridicule le cède ici à un ton de mage qui ne fera plus longtemps impr
69
enis de, « [Compte rendu] André Breton, Manifeste
du
surréalisme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
70
en dégagent avec évidence. Van Gogh fut une proie
du
génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin, est peu intéressant.
71
: « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est-
ce
que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Mil
72
de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer
ce
miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuv
73
t rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de
ce
que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonn
74
romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes,
ce
n’est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître :
75
n peigné. Rabevel, c’était un portrait balzacien
du
brasseur d’affaires. Le sujet du Tarramagnou, c’est « la nouvelle mis
76
rtrait balzacien du brasseur d’affaires. Le sujet
du
Tarramagnou, c’est « la nouvelle mise en servitude du peuple rustique
77
arramagnou, c’est « la nouvelle mise en servitude
du
peuple rustique de France ». En effet — le phénomène n’est pas partic
78
listes des villes. Mais dans une de ces provinces
du
Midi où le souvenir des luttes religieuses encore vivace fait que les
79
paysans gardent une méfiance frondeuse vis-à-vis
du
gouvernement, le libérateur va se lever. C’est un descendant de Rolan
80
lever. C’est un descendant de Roland le Camisard,
ce
« Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un f
81
endant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou »,
ce
« petit homme de la terre », qui va susciter un formidable mouvement
82
ement, le gouvernement cède. Mais la même inertie
du
peuple qui donnait tant de mal lorsqu’il fallait l’éveiller, l’entraî
83
lorsqu’il fallait l’éveiller, l’entraîne au-delà
du
but. Le Tarramagnou voit son œuvre sabotée par des meneurs ; il tente
84
le livre on a presque l’impression qu’il a réussi
ce
grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
85
anque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
ce
pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une
86
siècle s’annonce comme le siècle de la découverte
du
monde par l’Europe intellectuelle. Grand siècle de critique pour lequ
87
Mais, de même que la France interrogeant l’Europe
du
xviiie prenait surtout conscience de son propre génie, l’Europe d’au
88
urces pour s’y retremper. Les appels de l’Orient,
ce
sont les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plu
89
nu, il faut reconnaître que l’enquête des Cahiers
du
Mois donne un fort intéressant tableau des multiples réactions de l’E
90
et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout
ce
qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antid
91
out ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout
ce
qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond
92
rsité — peut-être trop nombreuses — qui composent
ce
gros volume. Les points de vue sont si différents, si différentes mêm
93
es. Il y a ceux qui repoussent une Asie ignorante
du
thomisme et ceux qui pensent inévitable le choc de deux mondes, et qu
94
s in abstracto qui le mènent à des conclusions de
ce
genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation histori
95
s amener l’Asie à comprendre la religion romaine (
ce
christianisme méditerranéen si étroitement particularisé pourtant, à
96
ec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit
ce
que les autres entendent vaguement par Orient : l’Asie est le subcons
97
vaguement par Orient : l’Asie est le subconscient
du
monde, formule qui, je pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d
98
la première fois le rôle de l’Europe « conscience
du
monde », entre une Amérique affolée de vitesse, édifiant ses gratte-c
99
endu] Les Appels de l’Orient (n° 9-10 des Cahiers
du
Mois) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, septemb
100
ait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il.
Ce
fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
101
être soi purement, qui veut éliminer de soi tout
ce
qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en
102
soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, —
ce
fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : R
103
n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que
ce
petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante de
104
théorème de Spinoza. Une ironie dure, la densité
du
style révèlent seules l’écrivain ; et aussi quelques sentences : « C’
105
sque définition de M. A. Eloesser dans l’Almanach
du
25e anniversaire. Les révolutionnaires y faisaient pourtant bon ménag
106
t pourtant bon ménage avec les derniers champions
du
naturalisme puisqu’au début Fischer publia Zola et Ibsen, Tolstoï, Ha
107
uropéenne d’avant-guerre mêlés à ceux des maîtres
du
renouveau idéaliste allemand et viennois, Hesse, Hofmannsthal… Les ex
108
sent l’Almanach Fischer donnent une juste idée de
ce
que fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la m
109
qu’il vient de parcourir quelque superficialité,
du
moins faut-il le louer d’avoir conservé une vision générale de notre
110
uggestive, telles sont les vertus de sa critique.
Ce
n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera
111
k Peut-être n’est-il pas trop tard pour parler
du
Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à
112
rop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de
ce
nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapp
113
ient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports
du
christianisme et du romantisme. M. Seillière cherchait dans l’époque
114
grande étude sur les rapports du christianisme et
du
romantisme. M. Seillière cherchait dans l’époque romantique un témoin
115
j’imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre
du
penseur vaudois la substance originale de la plupart des idées dont l
116
ont lui-même s’est fait le moderne champion. Pour
ce
qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de pei
117
brûlante les richesses intellectuelles et morales
du
grand vaudois. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la
118
elles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout
ce
qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, V
119
semble viable et humain dans la critique moderne
du
romantisme, Vinet l’avait trouvé. Mais sa position purement chrétienn
120
et un nihilisme exaspérés, pour notre nouveau mal
du
siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus ton
121
sée plus vivante, ni de plus tonique que celle de
ce
« Pascal protestant ». k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Ern
122
1925)l « Quel est celui-là qui s’avance » avec
ce
visage d’entre la vie et la mort « où se reflète le passage incessant
123
appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry,
ce
poète sait « des complicités étranges pour assembler un sourire ». Co
124
ais banal, il est parfois facile : la description
du
monde qu’il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-
125
fés littéraires, nos poètes respirent le même air
du
temps. Leur originalité se retrouve dans la manière dont ils tentent
126
Le voilà qui s’avance, foulant les hautes herbes
du
ciel. » Le gaucho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avo
127
t plus près de l’infini au fond de soi qu’au fond
du
ciel. l. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jules Supervielle, G
128
e parler d’un grand siècle littéraire irlandais ;
ce
que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’e
129
Mac Orlan, un Kessel ont donné de beaux exemples
du
parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même
130
du parti que peut tirer le nouveau romantisme de
ce
chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette tr
131
raduction française de l’énorme cri de délivrance
du
peuple fou. Belles étincelles échappées d’un brasier. Pour les causes
132
si fort qu’il avait peur de trébucher et de faire
du
bruit. Il songea : — C’est la fin pour moi. Puis : — Quelle imprudenc
133
Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être
du
monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient.
134
enêtre, se traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné
du
réduit, et se blottit là, sur le sol, les yeux grands ouverts dans le
135
nverse, pour voir. Pendant qu’il est encore ébahi
du
fracas, le juif survient avec une méthode simplifiée pour l’exploitat
136
is ses personnages le suggèrent de toute la force
du
trouble qu’ils créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov,
137
rs souffrances semblent s’être le plus rapprochés
du
Christ ; et dans l’Église persécutée, le martyre devient le signe par
138
teur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur,
du
croyant. Le centre de gravité religieux est replacé en Christ. — Comm
139
l’Église continue à faire des saints, tandis que
ce
terme n’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là no
140
lus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-
ce
là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élé
141
Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’était-
ce
pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y
142
ifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme
ce
missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestan
143
qu’aux limites les plus hautes de la vertu. Dans
ce
sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints,
144
e sait produire que l’illusion. C’est la revanche
du
fameux scrupule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’es
145
uelques autres, sont parmi les plus conscients de
ce
temps ; mais si l’on songe aux bataillons de pâles opportunistes sans
146
sans culture qui se chargent de gaver les masses
du
pain quotidien de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce que
147
en de la bêtise de tous les partis, on comprendra
ce
que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? N
148
et des doctrines, et qu’il n’existe pas d’esprit
du
siècle, hors un certain « confusionnisme ». Mais sous les épaves de t
149
oralistes adonnés à la culture et à la libération
du
moi paraissent bien les ancêtres des nouvelles générations de héros d
150
goïstes avec une profonde conviction ; par vertu.
Ce
qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de l
151
rien d’étonnant : ils ne sont que les projections
du
moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardinale pour le créate
152
t vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est
ce
besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se vo
153
contre une difficulté.) Dégoût de la vie, dégoût
du
bonheur, dégoût de soi, — on l’étend vite à la société entière. Dégoû
154
jours » — tant qu’il y a des gens pour vous faire
du
pain ; et c’est très beau, Aragon, de ne plus rien attendre du monde,
155
c’est très beau, Aragon, de ne plus rien attendre
du
monde, mais on voudrait que de moins de gloriole s’accompagnât votre
156
le voilà reparti dans un égoïsme triomphant, pur
du
désir d’action qui empêtrait Barrès dans des dilemmes où l’art trouva
157
est l’amour), et, déchiré de contradictions, tire
du
désordre de ses certitudes fragmentaires la matière de quelques pamph
158
mais jusqu’au point d’y percevoir comme un appel
du
Dieu perdu. Il avoue enfin la cause secrète des inquiétudes modernes
159
goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre
ce
que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureu
160
prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger
du
dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’ét
161
te lassitude facile à juger du dehors n’était pas
ce
qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, m
162
ssé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction
du
plan intellectuel sur lequel tout apparaît inutile et vain ? Je cite
163
Gide. Entre les Nourritures terrestres, les Caves
du
Vatican et Dada, il y a place pour tous les chaînons d’inquiétude, de
164
ettre aucun acte volontaire et raisonné parce que
ce
serait fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieur
165
ffrait déjà une singulière préfiguration : Certes
ce
ne seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la p
166
effroi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre
ce
que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si fo
167
. On voit assez à quel genre de sophismes conduit
ce
mouvement de l’esprit qui n’utilise une borne que pour sauter plus lo
168
mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliquer
ce
besoin de porter à son excès toute chose, au-delà de toutes limites.
169
ts, la conscience de nos limites naturelles, tout
ce
qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer un
170
bles et des proportions ; rééduquer les instincts
du
corps et de l’âme ; vouloir une foi… La morale de demain sera en réac
171
compose d’un seul coup une grande misère, et par
ce
moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de D
172
écrivains — se souviennent de penser en fonction
du
temps présent, soit qu’ils veuillent en améliorer les conditions, ou
173
st une manière d’agir contre elle. 2. « La crise
du
concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en no
174
gnificatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût
du
désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous empêche secrète
175
cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond
du
romantisme moderne nous empêche secrètement de construire et de nous
176
ue des expériences réelles » (Marcel Arland). 9.
Ce
serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est
177
évost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers
du
Mois, et peut-être Drieu la Rochelle, s’il voulait…) o. Rougemont D
178
fenêtres s’ouvraient vers le ciel de Florence… «
Du
sang, de la volupté et de la mort », un titre s’effaçait dans l’ombre
179
s cesse brisé par les élans alternés ou confondus
du
désir et de la prière. On sort lentement d’une chambre bleue qui est
180
p « classique » et prévue, l’originalité foncière
du
roman de Jouve reste indéniable : c’est son mouvement purement lyriqu
181
s et les vieilles dames à principes. Voilà, n’est-
ce
pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu con
182
teville paraît mieux à l’aise dans la description
du
milieu patricien que dans la création d’un caractère de grand peintre
183
malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir
ce
livre où l’on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi d
184
vre où l’on voit un homme appeler en vain le vent
du
large, parmi des gens qui craignent de s’enrhumer. q. Rougemont De
185
qui se fit avec beaucoup d’intelligence l’avocat
du
diable, en montrant que tous les faits religieux admettent à côté de
186
on descendit — ou l’on monta suivant M. A. Léo —
du
domaine de la pensée pure dans celui de l’action. M. Cadier montra le
187
ats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires.
Ce
que nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradant
188
plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit
ce
qu’il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands rec
189
égourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors
du
village une discussion toujours trop courte. Et les repas réunissent
190
paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. »
Ce
poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour —
191
» Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant
du
Pédagogue et l’Amour — sourit avec une grâce un peu frileuse et se pe
192
révèlera peu à peu le sens divin de la destinée.
Ce
livre à thèse est plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants
193
ean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)t Sous
ce
titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a ré
194
peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni
ce
qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’
195
fessionnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser
ce
qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
196
oins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à
ce
jour est le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépass
197
qu’il défend en peinture, en musique. Suppression
du
clair-obscur et de la pénombre. Ôter la pédale à la poésie. (« Le poè
198
il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout
ce
qui est constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre
199
érence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien dire
du
diable et se termina sous le plus beau soleil de printemps. Libre à q
200
gérer l’importance des conditions météorologiques
du
succès d’une telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à ce que la
201
ne telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à
ce
que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de s’établir. Alors le m
202
ndit. Le miracle, c’est l’esprit d’Aubonne. C’est
ce
miracle tout ce qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet —
203
, c’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout
ce
qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois
204
» pas mal de préjugés en matières sociales. Mais
ce
qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les dis
205
bat que tous menaient en eux-mêmes loyalement. Et
ce
désir d’arriver à quelque chose de définitif à la fois et d’intellige
206
re la liberté d’un culte moins platonique : n’est-
ce
pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur
207
à la brochure de la conférence3 pour savoir tout
ce
que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore :
208
de la matière. Si Le Corbusier réalise son plan,
ce
sera plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui
209
es les plus représentatifs de l’époque de Lénine,
du
fascisme, du ciment armé. « Notre monde comme un ossuaire est couvert
210
eprésentatifs de l’époque de Lénine, du fascisme,
du
ciment armé. « Notre monde comme un ossuaire est couvert des détritus
211
struire les villes de notre temps ». Et je déplie
ce
plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de verre et de c
212
lumineux à la place de nos cités congestionnées,
ce
serait peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des in
213
génieurs se sont mis à calculer la réalisation de
ce
phénomène de haute poésie — la « ville contemporaine ». Un labeur pré
214
concourt obscurément à cette parfaite expression
du
triomphe de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui est a
215
e de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout
ce
qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Roug
216
Nature. Architecture : « tout ce qui est au-delà
du
calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [
217
chitecture : « tout ce qui est au-delà du calcul…
Ce
sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rend
218
ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion
du
siècle ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Le Corbusier, Ur
219
en ! je sens très bien cette force — ici, je tape
du
pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des ami
220
cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs,
ce
corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore,
221
corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis,
ce
tic. Mais encore, tant d’autres forces et tant d’autres faiblesses, t
222
es, tant d’autres désirs contradictoires ; au gré
du
temps, d’un sourire, d’un sommeil, tant de bonheurs ou de dégoûts étr
223
ie, comme ils disent. Je me suis abandonné au jeu
du
hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’est que le je
224
en moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-
ce
ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement
225
uir de mes victoires, à pleurer sur mes déboires,
ce
malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtais. Mais en mê
226
être une force aveugle de violence s’était levée.
Ce
fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance
227
anisaient brusquement les éléments désaccordés de
ce
moi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un de
228
nant, m’écriai-je — c’était un des premiers jours
du
printemps —, l’heure est venue de la violence. Jeunes tempêtes, lavez
229
gue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout
ce
qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de t
230
ée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout
ce
qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — t
231
t ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout
ce
qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’
232
oi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! »
Ce
n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’éta
233
mais que je dois feindre d’avoir résolus : c’est
ce
qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’
234
e m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que
ce
but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrêt
235
je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par
ce
que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’i
236
oin sans cesse, de battre mes propres records. De
ce
lent effort naît une modestie que je m’enorgueillis un peu de connaît
237
vite le sentiment d’être dans un débat étranger à
ce
véritable débat de ma vie : comment surmonter un malaise sans cesse r
238
l’existence que m’imposent mon corps et les lois
du
monde, et comment augmenter ma puissance de jouir, en même temps que
239
rète espérance m’emporte de nouveau, premier gage
du
divin… Reprendre l’offensive — au soir, je m’amuserai à mettre des ét
240
in la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre
ce
corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies d
241
ls l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies
du
large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horiz
242
légèreté puissante, quelle confiance vont guider
ce
corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle,
243
, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (
Ce
désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son
244
. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite,
ce
me semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expérien
245
enis de, « Confession tendancieuse », Les Cahiers
du
mois, Paris, juin 1926, p. 144-148.
246
Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant
ce
recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante d
247
M. Fernandez a donné la première œuvre importante
du
mouvement de construction et de synthèse qui se dessine chez les jeun
248
sonne et la morale et l’esthétique modernes. Et à
ce
propos, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvr
249
os, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par
ce
biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre me paraît liée à cett
250
es confusions qu’il y décèle. Le meilleur morceau
du
livre est l’essai sur Proust et sa théorie des « intermittences du cœ
251
sai sur Proust et sa théorie des « intermittences
du
cœur » dont Fernandez donne une critique décisive. Et c’est justement
252
ient dans la plupart de ces essais : l’esthétique
du
roman. Fernandez en formule une théorie assez proche du cubisme litté
253
an. Fernandez en formule une théorie assez proche
du
cubisme littéraire, et qu’il serait bien utile d’adopter, si l’on veu
254
es neuves et fortes, mais péniblement comprimées.
Ce
défaut de forme est peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au
255
Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de
ce
« long songe de violence et de volupté », je me sens envahi par un ry
256
s forces qui se lèvent. Car telle est la vertu de
ce
livre, qu’on l’éprouve d’abord trop vivement pour le juger. L’auteur
257
, l’éditeur un roman, parce que ça se vend mieux.
Ce
récit des premiers combats de taureaux du jeune Montherlant est en ré
258
mieux. Ce récit des premiers combats de taureaux
du
jeune Montherlant est en réalité un nouveau tome de ses mémoires lyri
259
e orchestration de thèmes qui faisait la richesse
du
Songe, mais d’une ligne plus ferme, d’une unité plus pure aussi. Le s
260
tion la plus réaliste de la vie animale. Et n’est-
ce
pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille i
261
éalisme. Une perpétuelle palpitation de vie anime
ce
livre et lui donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce qu’
262
donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec
ce
qu’il y a de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre éne
263
-dessus de la mer », il y a toujours dans un coin
du
tableau des ruades, des chevaux qui partent tout droit, la tête dress
264
divination de cet amour qu’Alban (le jeune héros
du
récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il
265
cet amour qu’Alban (le jeune héros du récit) sent
ce
que sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’ell
266
a bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait
ce
qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce q
267
e, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que
ce
qu’on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais envers
268
r la lumière descendante, les prunelles laiteuses
du
dieu avaient un reflet bleu clair, soudain inquiètes à l’approche de
269
dans la description des taureaux ne se manifeste
ce
passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de simple grande
270
scription des taureaux ne se manifeste ce passage
du
réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de simple grandeur. Voici l
271
n lyrisme plein de simple grandeur. Voici la mort
du
taureau dit « le Mauvais Ange » : La bête chancela de l’arrière-trai
272
de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser
ce
qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrific
273
oleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de
ce
paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrifices sanglants. Pou
274
ment un peu pauvre pour fonder une religion. Mais
ce
n’est peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plu
275
peut nous mener à des hauteurs où devient naturel
ce
cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons-nous besoin d’un autre amour
276
s les Bestiaires qu’une évocation de l’Espagne et
du
génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dan
277
qu’une évocation de l’Espagne et du génie taurin.
Ce
qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des
278
e et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page,
ce
qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en
279
ui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases,
ce
qui s’élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de p
280
d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à
ce
qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les souc
281
croche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que
ce
soit l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il
282
t entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-
ce
point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à force d’y
283
sa victime « une sympathie (au sens étymologique
du
mot) qui la renseigne du dedans, pour ainsi dire, sur la vulnérabilit
284
ie (au sens étymologique du mot) qui la renseigne
du
dedans, pour ainsi dire, sur la vulnérabilité de la chenille. » (Évol
285
r ici plusieurs autres passages qui préciseraient
ce
parallélisme du poète et du philosophe. h. Rougemont Denis de, « [C
286
autres passages qui préciseraient ce parallélisme
du
poète et du philosophe. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Hen
287
ges qui préciseraient ce parallélisme du poète et
du
philosophe. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Henry de Monthe
288
s désillusionnés — nous annoncent le « crépuscule
du
monde occidental », et, au-dessus des ruines prochaines de nos cités
289
ants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide
du
secret dernier des choses, lucide, avec une sorte d’acharnement, comm
290
é. Nul n’est moins oriental que de Traz, et c’est
ce
qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent p
291
ste une « préférence irréductible pour le vrai ».
Ce
qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « rel
292
ofond dans cet islam qu’il qualifie de « religion
du
fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attra
293
« prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attrait
du
christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mette
294
sme, partout c’est une démission qu’ils désirent.
Du
difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont
295
isir. » Et encore ceci que je trouve si juste : «
Ce
qui définit le plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fid
296
e comprendre, et si c’est impossible, pourra-t-on
du
moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré l’«
297
e j’aurais voulu le faire des deux autres parties
du
volume, d’une importance moins actuelle, mais d’une qualité d’art peu
298
stes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de
ce
bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop
299
hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné
du
sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout romantisme pour édi
300
tir partout aux lieux mêmes où naquit la religion
du
« Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude
301
un peu stylisées. Il apparaît, ici, comme le type
du
voyageur intelligent, qui n’accepte d’être séduit que pour « mieux co
302
quelque gêne à porter un jugement littéraire sur
ce
nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore
303
e nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans
ce
récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup m
304
beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans
ce
portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Montherl
305
ier, il faudrait sans doute être né sous le signe
du
Taureau. Mais il sera pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien
306
onné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais
ce
jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines du désir certaines
307
jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines
du
désir certaines pages magnifiques et sobres, jetées de haut avec la n
308
mbre 1926)i Des cris mouraient vers les berges
du
fleuve jaune, entre les deux façades longues que la ville présente au
309
s longues que la ville présente au couchant, dans
ce
corridor de lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle dev
310
derrière nous qui suivions maintenant le sentier
du
bord du fleuve, plus bas que la Promenade désertée. Sur les eaux, com
311
e nous qui suivions maintenant le sentier du bord
du
fleuve, plus bas que la Promenade désertée. Sur les eaux, comme immob
312
laise montait dans l’air plus frais, avec l’odeur
du
limon. Nous marchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fl
313
rchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant
du
fleuve, parmi les dissonances mélancoliques des lumières et des odeur
314
ison blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais
ce
n’est pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous acc
315
atmosphère de triste volupté emplit notre monde à
ce
chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur.
316
te volupté emplit notre monde à ce chant. L’odeur
du
fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur. Les bœufs blancs,
317
e sa douleur. Les bœufs blancs, les roues peintes
du
char, l’Italie des poètes… Mais ce pays tout entier pâmé dans une bea
318
roues peintes du char, l’Italie des poètes… Mais
ce
pays tout entier pâmé dans une beauté que saluent tant de souvenirs n
319
lus proches, les syllabes nous parviennent au ras
du
fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel es
320
du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre
ce
lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vi
321
emps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à
ce
que les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide,
322
ville. Fleurs de lumières sur les champs sombres
du
ciel de l’est, et une façade parfaite répond encore au couchant. San
323
parmi la foule, lève les yeux, au plus beau ciel
du
monde. i. Rougemont Denis de, « Soir de Florence », La Semaine lit
324
contradictoires d’un individu. C’est pour traiter
ce
sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, q
325
Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z
Ce
roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphè
326
urait été si délicieusement invraisemblable… Mais
ce
cœur fatigué se reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenir
327
rançais qui lui répond de Chine. Nous sommes loin
du
ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non sans quelque aigre
328
C’est encore une vision de l’Occident qui naît de
ce
petit livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe «
329
milions sans trêve notre sensibilité au profit de
ce
« mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît d
330
échappe toujours à nos cadres — perpétuel conflit
du
réel avec nos rêves de puissance : notre ambition la plus haute échou
331
La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie,
ce
mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse :
332
nce européenne libre peut souscrire aux critiques
du
Chinois et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deu
333
Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles,
du
moins M. Malraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne l
334
ter par l’inévitable discours sur les difficultés
du
temps, en général, et sur celles en particulier qu’implique la public
335
revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que
ce
serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons q
336
ns doute, les différences s’accusent : mais n’est-
ce
pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment en
337
après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis,
ce
sont les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboît
338
« Après moi, le déluge ! », et de se détourner de
ce
qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le
339
ils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération
du
« déluge » peut-elle faire réfléchir utilement sur ses causes… Nous
340
voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de
ce
temps. Il fallait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne
341
s pures et loyales inquiétudes. Sincérité, le mal
du
siècle. Tout le monde en parle, et chacun s’en autorise pour excuser
342
Au reste, on n’a pas attendu les éclaircissements
du
subtil abbé pour n’y plus rien comprendre. ⁂ Qu’on imagine un personn
343
gine un personnage de tableau se mettre à décrire
ce
qu’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pou
344
u’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné
du
spectateur. Pour parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous a
345
ateur. Pour parler avec un peu de clairvoyance de
ce
dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait
346
dans une certaine mesure — parce que nécessaire —
ce
qu’il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de
347
ent : sincérité = spontanéité. Mais la morale est
ce
qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide éc
348
ait pas qu’il allait faire école. Le fait est que
ce
geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là m
349
n’y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru
du
héros n’est jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi
350
ltat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur
du
personnage que ses actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit q
351
gratuit une valeur morale en disant qu’il révèle
ce
qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de
352
ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité.
Ce
serait un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être
353
le, d’un Julien Sorel, est-elle moins révélatrice
du
fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de me voir donner ici la
354
au, je prends une feuille blanche, je vais écrire
ce
que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hé
355
délivrer en gestes, en conséquences matérielles.
Ce
n’est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon e
356
t à la découverte d’une faiblesse que j’aboutis :
ce
quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. S
357
tis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir
ce
que l’élan appelait. Second exemple. — J’éprouve le besoin de fair
358
tion physique de bonheur, dans une rue au coucher
du
soleil, des phares d’automobiles étoilent le brouillard, les visages
359
stesse ou de sérénité qui métamorphose le paysage
du
passé. Ainsi de certains décors modernes : vous changez l’éclairage,
360
classique et irréfutable à toute introspection :
ce
daltonisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendr
361
irréfutable à toute introspection : ce daltonisme
du
souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendre quelque chos
362
est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’est-
ce
pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de co
363
e met à se regarder vivre, le personnage à douter
du
sens de sa vie) et les forces centripètes l’emportent peu à peu, une
364
uement c’est le vide. Centre de soi, l’aspiration
du
néant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan
365
éant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé :
ce
qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
366
n la plus cynique que je connaisse de ces ravages
du
sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il était
367
nnée comme raison d’une perpétuelle attente »), —
ce
que l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vi
368
elle attente »), — ce que l’auteur découvre c’est
ce
« merveilleux contraire » de l’élan vital qu’il nomme élan mortel — g
369
ine littérature d’aujourd’hui. J’ai dit : ravages
du
sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il faudrait. Faillite d
370
alyse psychologique a perdu pour moi tout intérêt
du
jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprou
371
t du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve
ce
qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous cr
372
t tout un moyen de se connaître. Cependant, n’est-
ce
pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus po
373
e plus pouvoir même souhaiter d’être différent »,
ce
qui est la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée
374
nce, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez
ce
qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites
375
nt maigres en regard des dangers que la sincérité
du
noli me tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans
376
orte de sincérité les retient d’imposer aux héros
ce
rythme volontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait faus
377
e volontaire par lequel un Balzac les fait vivre.
Ce
serait fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs
378
dit Ramon Fernandez, « retient tous les éléments
du
moi, moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libéra
379
un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi est-
ce
encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on p
380
a recherche, puis l’acceptation de toute tendance
du
moi, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon bes
381
ère). Mais on ne peut se maintenir dans cet état.
Ce
« mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce p
382
peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge »,
ce
choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas être sincère a
383
e choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-
ce
pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt
384
» est de l’homme même J’en étais à peu près à
ce
point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup co
385
J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à
ce
point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincé
386
oint de mes notes — à ce point de mon dégoût pour
ce
que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inin
387
e leur propre témoin, intelligent mais immobile :
ce
sont les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouv
388
e d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.)
Ce
qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de fo
389
ec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi,
ce
jour de l’adolescence où l’on soupçonne pour la première fois que cer
390
Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime,
ce
moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que
391
ne analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors,
ce
n’est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle.
392
s lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers
ce
modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les
393
, il faut tenter de vivre. Paul Valéry. Certes,
du
sein de ma triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie cons
394
lle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout
ce
que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous l
395
d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas
ce
but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figura
396
lus réelle de l’individu — en dehors du corps. Et
ce
ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dess
397
être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit que
ce
constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique
398
ter pour être efficace — qui m’interdit de nommer
ce
dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce
399
c’est celle qu’on tire de soi-même.) Hypocrisie,
ce
sourire des sphinx ; hypocrisie, masque ambigu d’une liberté plus pré
400
que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas
ce
que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La vé
401
Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais
ce
que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description d
402
iption de l’élan supposé dans le premier exemple,
ce
serait le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
403
bre où m’attendent tous les soirs quand je rentre
du
bureau, les gages insupportablement familiers d’une vie honnête de ty
404
ête commençait à osciller vaguement. Les couleurs
du
bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cess
405
d’un hasard qui opère au commandement de la main.
Ce
soir-là, une confiance me possédait, telle que je savais très clairem
406
igurer comme une sorte de « personnage aux dés ».
Ce
furent d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérabl
407
morales et douleurs d’amour — ô vertige sans prix
du
lâchez-tout ! Ils ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une
408
deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin
ce
brave homme qui est en train de me soutirer les quelque billets de mi
409
s je songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-
ce
que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suf
410
qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose.
Ce
ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est
411
temps à recenser les incohérences pittoresques de
ce
petit livre. Quant à ceux que certaines envolées magnifiques et hagar
412
eur à l’imagination d’autres fois si prestigieuse
du
poète : « Ils m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rir
413
l ; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent
ce
que je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se
414
surréaliste. Devant cette ostentation de révolte,
ce
mélange de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de
415
les modernes, il bat tous les records de l’image,
ce
qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres dél
416
la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination
du
décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de chaque instant, d’
417
boîte de nuit, d’une devanture, d’un parc public.
Ce
n’est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un d
418
’Anicet. C’est pourtant un des plus significatifs
du
romantisme nouveau. J’ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez u
419
it à pérégriner dans les régions de chasse gardée
du
ci-devant soleil. C’est là qu’Urbain, premier du nom dans sa famille,
420
du ci-devant soleil. C’est là qu’Urbain, premier
du
nom dans sa famille, laquelle n’avait compté jusqu’alors que d’authen
421
dait pourtant considérables, au sens étymologique
du
terme. Il loucha vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu
422
comme un fusil automatique, fait balle au cerveau
du
poète qui meurt de sommeil naturel. Le tunnel sous la Manche escamoté
423
vège.) On lit dans les Nouvelles littéraires ,
du
8 janvier 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré
424
marié : M. Philippe Berthelot, secrétaire général
du
ministre des Affaires étrangères ; et pour la mariée : Son Excellence
425
oires l’objet de l’amour. Mais les jeunes gens de
ce
temps ne cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plu
426
orale ne sait plus leur imposer de feindre encore
ce
que le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes ép
427
rd qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que
ce
mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les at
428
s se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot,
ce
geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait
429
les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait
ce
qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il so
430
de sa propre jeunesse. » C’est ici un autre sujet
du
roman, qui se mêle étroitement au premier… Mais combien cette analyse
431
: son art est justement de voiler les intentions
du
récit et de les exprimer seulement par un geste, une nuance du paysag
432
e les exprimer seulement par un geste, une nuance
du
paysage, une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à
433
ge, une image qu’on garde comme un pressentiment.
Ce
n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une c
434
plus que des visions où se condense le sentiment
du
récit. Dans le Cœur gros, c’était un parc avant l’orage, le rose somb
435
auxquels il ne tient guère, et l’on comprend que
ce
journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette faç
436
nifeste en toute occasion de sa vie est peut-être
ce
qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par
437
et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir
ce
qui est en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne pe
438
isfaction, l’aveu d’une fondamentale indifférence
du
cœur qui contraste avec une vie voluptueuse et assez désordonnée. Pou
439
est-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve
du
plaisir n’a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-
440
ntement leur amour, à force de petites blessures.
Ce
n’est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu so
441
es âmes à la vie après seulement toutes les morts
du
plaisir », car elle sait « qu’entre les êtres, le bonheur est un lien
442
malies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste,
ce
me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie com
443
ité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur
ce
qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquièt
444
le. Pourtant, qu’elle ne laisse point oublier que
ce
livre d’une résonance si humaine, est mieux que charmant, — douloureu
445
Lettre
du
survivant (février 1927)i j « Triste, mais vrai. » (Les journaux.
446
plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à
ce
bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me prés
447
à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon
du
malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureu
448
er… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et
ce
refus au sommeil qui meurtrit jusqu’à l’âme.) Convulsions d’oriflamme
449
d’un sommeil triste, tout enfiévré par la crainte
du
réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parf
450
s, du temps que j’ignorais vous aimer. En sortant
du
bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au th
451
vous avais entendue donner un rendez-vous au thé
du
Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osa
452
te rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant
ce
temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait
453
ps passait, à la fois si lent — jusqu’à l’arrivée
du
prochain métro, du prochain autobus, — si rapide : déjà les lumières
454
is si lent — jusqu’à l’arrivée du prochain métro,
du
prochain autobus, — si rapide : déjà les lumières des boulevards glis
455
, les jambes fatiguées, les paupières lourdes, et
ce
chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces
456
it tout son empire à ma timidité. Peut-être était-
ce
vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle s
457
etrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures
du
matin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me semble que t
458
ns mon esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion
du
temps. Je ne me souviens plus que de cette déception insupportable et
459
-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien
ce
goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherc
460
mée, mais bien ce goût profond de ma destruction,
ce
rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus
461
, ce rongement, cette sournoise recherche de tout
ce
qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur
462
e le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que
ce
geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne com
463
pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre,
ce
que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Di
464
rquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
ce
que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glisseme
465
ai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre
du
survivant », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribo
466
qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. »
Ce
qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétati
467
e : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — «
Ce
n’est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve,
468
ne phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème
du
rêve, une fleur du fond de la mort. » Or, on découvre à la fin de la
469
t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur
du
fond de la mort. » Or, on découvre à la fin de la pièce que c’est une
470
se-trappes, cette habileté surtout. Je ne sais si
ce
malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’il écriv
471
elle pèche contre les principes chers à l’auteur
du
Secret professionnel et de la préface des Mariés — principes dont l’é
472
plus authentiques de Cocteau. Précision et relief
du
dialogue, ingénieuse utilisation des expressions courantes, maximum d
473
. Il semble que Cocteau ait réalisé là exactement
ce
qu’il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guèr
474
r l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme,
ce
qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une
475
lus, Cocteau a comprimé des pétales de roses dans
du
cristal taillé, selon toutes les règles de l’art, mais que l’essence
476
ême s’il se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de
ce
paludesque et stérile consistoire, une idée de génie vint s’asseoir c
477
e à temps pour assister à la cérémonie de la pose
du
point final de « Cinématoma ou les épanchements de la jeune Synovie »
478
épanchements de la jeune Synovie », parade « née
du
mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poét
479
n vint à la révocation. C’est d’abord l’influence
du
clergé, jaloux de ses droits considérables encore ; puis ce sont les
480
jaloux de ses droits considérables encore ; puis
ce
sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un
481
les encore ; puis ce sont les conseillers intimes
du
roi, un jésuite, le père Lachaise, un archevêque libertin, Harlay de
482
ouis XIV que la révocation serait une œuvre digne
du
Roi-Soleil et capable de lui faire pardonner les erreurs de sa jeunes
483
peuvent faire croire à une très forte diminution
du
nombre des protestants. Aussi ne s’effraye-t-on pas trop, au début, d
484
orce tous ceux qui resteront « Les enfants seront
du
moins catholiques, si les pères sont hypocrites », écrit Madame de Ma
485
un d’eux s’indigne, dans une lettre à Louvois, de
ce
que « les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangil
486
ant le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date
du
16 octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France. Dé
487
parti pris, si libre et d’une si élégante science
du
sympathique professeur de Grenoble. j. Rougemont Denis de, « La ré
488
u héros plus confiant et secrètement incertain de
ce
roman. À la veille de se marier, Jérôme Parseval, journaliste parisie
489
re une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout
ce
qu’il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la rever
490
hui un réalisme discret mais précis et le sens de
ce
qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant qu
491
t le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de
ce
qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements
492
notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout
ce
qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ».
493
ui est profond en nous, et elle ne manque guère à
ce
devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réalisme trop amer et c
494
x évite le péril d’un réalisme trop amer et celui
du
roman lyrique, par l’équilibre qu’il maintient entre ces deux inconsc
495
ces deux inconscients : l’époque et l’être secret
du
héros. Il sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un
496
intérieurs dont il dit : « Personne ne peut juger
du
drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce
497
entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans
ce
roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le mas
498
peut-être, un quiproquo de destinées… Le tragique
du
peut-être ; (comme dans l’une des dernières phrases de Sylvie : « Là
499
Entr’acte de René Clair, ou L’éloge
du
Miracle (mars 1927)n Surprendre est peu de chose, il faut transpl
500
t peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob.
Ce
soir-là, le programme comprenait : un film d’avant-guerre ; un film j
501
On voit que cette bande est antérieure à l’époque
du
long baiser de conclusion. Le film japonais : une historiette un peu
502
ue nature, très bien photographiée. C’est le film
du
type « Jeux de soleil dans les jardins, complets variés, ça fait touj
503
vertigineuse, poursuivant le corbillard. Aspects
du
paysage urbain vu par les poursuivants, arbres au ciel renversé, mais
504
gretté que René Clair ne nous donne pas la vision
du
mort.) Enfin le cercueil roule dans les marguerites, il en sort un ch
505
eux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine
du
merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâce de trop de
506
e plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le plaisir
du
public fût de même essence que le nôtre. Les gens rient à l’enterreme
507
éclatement des têtes de poupées, à la conclusion.
Ce
n’est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’atte
508
aturel est de rigueur ; toute bizarrerie détourne
du
véritable miracle auquel nous assistons. Mais de pareils défauts sont
509
: c’est peut-être le premier film où l’on a fait
du
ciné avec des moyens proprement cinégraphiques. Ici le geste pictural
510
moins, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais
ce
sont là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les
511
faut admirer dans les films de René Clair un sens
du
miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte
512
du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas
du
miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginaire en montre (bea
513
chose qui ne serait étonnante que dans le réel ;
ce
n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu
514
ambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle
du
cinéma, c’est, par exemple, l’éclosion d’une rose, un homme qui court
515
alors quoi de plus surréaliste que le film 1905.
Ce
n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film c
516
Denis de, « Entr’acte de René Clair, ou L’éloge
du
Miracle », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribour
517
nquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que
ce
témoignage sur les générations nouvelles et leurs maîtres soit lu par
518
t à la dispersion autant qu’à l’approfondissement
du
moi, soif de tout et pourtant mépris de tout, procédant d’un goût de
519
ût de l’absolu à la fois mystique et anarchique :
ce
sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. R
520
tre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant
ce
qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix
521
r d’une conférence sur le Salut de l’humanité.)
Ce
soir en moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau d
522
moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter
ce
manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon
523
oresque. — Attrape ! Il n’existe pas de théorie
du
salut. Il n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel
524
èmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux
du
Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos rega
525
cevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré
du
plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes a
526
porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de
ce
côté. Retournez à vos amours. .......................................
527
........................... Solitude, antichambre
du
ciel. À travers l’amour ou la poésie — et d’autres, à travers les dés
528
de la sainteté que hantent les fantômes adorables
du
désir, — quelques hommes y pénètrent, et le goût de s’amuser ne renaî
529
st née dans un café de Paris. « Je n’attends rien
du
monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels,
530
’un prophète qui rapprenne comment aimer un Dieu.
Ce
n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il fau
531
messages égarés de l’infini… Un tel homme, — est-
ce
encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut attein
532
arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet
ce
terme, à des exaltations que leur lyrisme rendait seules contagieuses
533
s une manière de prophète un brin janséniste chez
ce
poète. Aujourd’hui, je le verrais plutôt comme un Musset10 plus vérit
534
ert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu
du
cynisme verbeux 1830, une théorie du scandale pour le scandale qui a
535
ec). Au lieu du cynisme verbeux 1830, une théorie
du
scandale pour le scandale qui a le mérite de n’être pas qu’un jeu lit
536
ande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-
ce
pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Ara
537
urrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et
ce
que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une s
538
que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-
ce
pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les cafés
539
s une certaine rhétorique — mais la plus belle, —
ce
qui tressaille et m’atteint au vif, c’est tout de même un désespoir e
540
iens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer
du
rapprochement les auteurs de manuels de littérature — : « Un mysticis
541
« Un mysticisme creux et affamé est le contrecoup
du
christianisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne sont pas de
542
s assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon,
ce
n’est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade pos
543
e par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que sur
ce
« globe d’attente » comme dit Crevel. Pourtant, le plus irrévocable d
544
e même moins misérable que Clément Vautel — et si
ce
nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de
545
mais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité
du
premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’il symb
546
essé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur
ce
qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sac
547
y a de profond en nous, et elle ne manque guère à
ce
devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permett
548
trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez
ce
que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le Sens Cri
549
ous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons
du
Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, bru
550
éprenne ! Les œuvres les plus significatives de
ce
siècle sont écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité q
551
littérature moderne n’est qu’une manifestation de
ce
divorce radical entre l’époque et les quelques centaines (?) d’indivi
552
ité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer
du
concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son
553
ept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends
ce
mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize, la Ré
554
gne, Descartes, Schiller, Voltaire, etc., et tout
ce
qui leur correspond dans l’ordre politique par exemple. Parce que c’e
555
t fait, il y a 10 ans, une révolution en fonction
du
capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette
556
s, une révolution en fonction du capitalisme. Est-
ce
que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la
557
e votre mépris, en prenant le contre-pied de tout
ce
qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plu
558
qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est
ce
qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme
559
rançais ; que c’est elle qui donne au surréalisme
ce
petit côté jacobin si authentiquement, si déplorablement français. Et
560
ançais. Et puisque nous en sommes au surréalisme,
ce
produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais
561
surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout
ce
qui est parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non
562
pétuelle une perpétuelle insurrection contre tout
ce
qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : cult
563
mpêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte
du
moi avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques é
564
ur la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes
ce
n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions.
565
re haine de certaine morale ne venait-elle pas de
ce
qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour no
566
le révolution — la russe, par exemple — parce que
ce
n’est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne dem
567
e : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-
ce
pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous alli
568
vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec
ce
thème à condamnations par contumace. Il y a encore des gens pour qui
569
uoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à
ce
choix : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-ce que vraimen
570
: inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-
ce
que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes
571
ent amusés avec vos chers principes. Révolution,
ce
n’est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement
572
s principes. Révolution, ce n’est plus détruire,
ce
n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fl
573
ve. Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et
ce
n’est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à
574
et dans un domaine plus étroit, quelques esthètes
du
machinisme. 13. Le Paysan de Paris. o. Rougemont Denis de, « Louis
575
esse rimait avec maîtresse. École savait le mythe
du
voyage, et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était d
576
nt près de lui le sourire d’amitié mortel de tout
ce
qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que
577
de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé,
ce
n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la r
578
recherche des âmes. Aussitôt il téléphone à ceux
du
paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. »
579
plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
ce
n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Ma
580
i. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide
du
Marquis Salomon le danseur triste baisa cette main cruelle… et qui
581
urdes comme un songe de son enfance. Aux fenêtres
du
palais s’étoilèrent des halos. Le jour tendre paraissait sous l’égide
582
oses, un sourire qui perce le cœur sur les glaces
du
passé. Cet abandon aux fuyantes chansons, et des violons déchirants d
583
ur la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre
ce
cœur de l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil. Il respire
584
ateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil
du
haut-lac. Justement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’est ou
585
que l’un au moins des deux éléments nécessaires à
ce
regroupement existe : il y a de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à
586
part, la dispersion des efforts artistiques. Tout
ce
monde d’amateurs de découvertes, de snobs, de marchands de tableaux,
587
archands de tableaux, de critiques d’avant-garde,
ce
monde où tous les extrémismes sont prônés comme vertus cardinales, et
588
i, le peintre se trouve placé d’emblée en face de
ce
qu’on nomme le gros public. L’épreuve est pénible, énervante, souvent
589
itude plus effective, quitte à nous revenir munis
du
passeport indispensable d’une consécration étrangère. Un jour en effe
590
pays accueillera cette consécration bien méritée
du
talent d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’il rentre au fo
591
onde s’accorde à dire qu’on n’attendait pas moins
du
fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’i
592
pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train
du
monde… » Je ne pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistan
593
moins de malice que de paresse dans les jugements
du
public, et moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On ne m’en voud
594
prophétiques, ni opinions de critiques autorisés.
Du
benjamin, Eugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a
595
plus Picasso que Matisse ; mais il y avait encore
du
flou, des courbes complaisantes. Meili est devenu plus net, plus crue
596
implicité précieuse », il sait la conférer à tout
ce
qu’il touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose
597
mettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi
ce
brin de comique un peu bizarre qu’il glisse si souvent là où on l’att
598
p souvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres,
ce
n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant
599
seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour
du
courant d’air. Cela dérange toujours quelques frileux, mais les autre
600
frileux, mais les autres sont soulagés. Et ne fût-
ce
qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura
601
en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que
ce
paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais aux exigences
602
rend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille
ce
visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la palpe, la
603
, une sensualité qui sait se faire délicate quand
du
haut de San Miniato ou de Fiesole, il peint Florence avec des roses e
604
our par la grâce décorative, il n’en reste qu’un,
du
moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garçon aux allures discrè
605
u’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier.
Ce
garçon aux allures discrètes promène sur le monde des yeux de Japonai
606
ffiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette,
ce
charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup
607
s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin,
ce
je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de
608
cet art emprunter de singuliers chemins d’accès.
Ce
qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’
609
telle déformation, et tout devient satisfaisant.
Ce
lyrique, ce mystique exige pour être compris une complicité de sentim
610
mation, et tout devient satisfaisant. Ce lyrique,
ce
mystique exige pour être compris une complicité de sentiments ou d’ét
611
procher, parce qu’il est un des rares peintres de
ce
pays pour qui la couleur existe avant tout. Mais la nostalgie de Bouv
612
que Charles Humbert ne devînt le chef d’une école
du
gris-noir neurasthénique. Il peignait des natures mortes qui décidéme
613
rdonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de
ce
tempérament qui fait jaillir en lui sans cesse des possibilités impré
614
u robuste, les mains d’un si beau dessin, qui ont
du
poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression de puiss
615
evant le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et
ce
n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu
616
ême. Car il est artisan, dans le beau sens ancien
du
terme, tout comme son frère Charles Barraud, qui lui, passe ses journ
617
nt aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre
ce
qu’en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune d
618
fins, mais tout aussi habiles dans l’utilisation
du
clair-obscur qui simplifie et renforce l’expression. Décidément ces t
619
trois frères sont une école. Délaissant un moment
ce
trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, al
620
es sont une école. Délaissant un moment ce trésor
du
meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, allons errer
621
au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une autre,
ce
doit être un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mou
622
de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez
ce
que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte
623
by. C’était le poids de la pierre, plus que celui
du
corps de l’athlète ; l’œuvre n’atteignait pas encore pleinement sa vi
624
nie de lignes. Je pense surtout à ses bas-reliefs
du
BIT où se manifeste un heureux équilibre entre le réalisme imposé par
625
otre revue n’est certes pas complète. Mais elle a
du
moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des circons
626
estation collective. Est-il possible, au sein de
ce
mouvement, d’en distinguer d’autres plus organiques ? D’une part il y
627
ion d’un groupe dont l’activité serait féconde en
ce
pays. D’autre part, des œuvres aussi différentes par leur objet et le
628
rche de la simplicité savante et de la perfection
du
métier, un goût pour la construction rigoureuse qui sont des éléments
629
vient grand industriel, assure sa fortune au prix
du
peu cynique reniement de ses origines. Le vieux père s’effondre de ho
630
récit grassement pittoresque dans la description
du
milieu juif, prend une âpre rapidité avec l’ascension de Jacob et ses
631
ne serait-elle à son tour que le masque d’un goût
du
malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’on voit comment Pierre e
632
masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de
ce
roman, où l’on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son ap
633
thur, le roman vit et nous touche par la force de
ce
tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le dét
634
et nous touche par la force de ce tourment ou de
ce
sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le détail dégoûtant et m
635
incérité audacieuse mais sans bravade qui donne à
ce
livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n
636
ain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère
ce
style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes faites qui tr
637
comme certaines herbes. Capitale de la douleurak,
ce
sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le
638
e certains des morceaux très divers qui composent
ce
livre sont bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais c
639
tte imperfection, s’il ne peut encore s’en tirer,
du
moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la rend sympathique. Et pui
640
les jeunes écrivains français un homme qui ait à
ce
point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique de la
641
ue c’est là un des signes de sa décadence. Il y a
du
chirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Sou
642
signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez
ce
soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Souvent maladroit, inc
643
Récit
du
pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et je jure par Mercure, die
644
(mai 1927)s t … et je jure par Mercure, dieu
du
commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »)
645
En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
ce
qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux.
646
ement heureux. Le lendemain était le premier jour
du
printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait dans la ville, on mar
647
tais dans une direction quelconque. Il advint que
ce
fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’arti
648
us mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce
du
décès de mon père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un caf
649
tablissement luxueux d’où sortaient à chaque tour
du
tambour des bouffées de musique. » La femme en bleu dansait en regard
650
irent tourner des soleils sur les parois claires.
Du
balcon, on voyait la mer, des bateaux, des nuages, une avenue et ses
651
mais nous avions aussi envie de pleurer, à cause
du
soir trop limpide et trop vaste, comme un avenir de bonheur fiévreux
652
juvénile, c’est-à-dire cynique, toutes les offres
du
hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide
653
’est-à-dire cynique, toutes les offres du hasard,
ce
poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe
654
une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion
du
vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des ann
655
sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien
ce
que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne c
656
cette escroquerie morale dont je fus la victime,
ce
vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard
657
voir dans la confusion où je parais être engagé,
du
plan moral avec l’économique, qu’une expression nouvelle, et non dénu
658
velle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour
ce
qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. »
659
ents mêmes de la société. » C’est avec le produit
du
vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à mes parents un tombeau sur
660
t-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère
ce
saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien parut satisfait d
661
— dit-il, lâchant tout de suite ses compliments,
ce
qui est de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de vo
662
je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche
ce
qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression —
663
ion — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai,
ce
qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’
664
nclusions morales qu’elle paraît impliquer, c’est
ce
caractère de, comment dirai-je…, de juvénile insouciance, pour ne pas
665
désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous
ce
que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque,
666
............. ⁂ s. Rougemont Denis de, « Récit
du
pickpocket (fragment) », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-
667
eproché bien des choses aux romantiques : le goût
du
suicide, l’habitude de boire et de fumer excessivement, leurs amours,
668
de l’imagination et de la sensibilité, l’atrophie
du
sens critique sous toutes ses formes : raison, jugement, simple bon s
669
tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est-
ce
vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou bi
670
s alliez le dire — aux surréalistes ? Si le mal
du
siècle consistait véritablement dans ces quelques effets, nous donner
671
tre raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article
du
Journal de Genève sur « La maladie du siècle », écrit : « Plante de
672
t article du Journal de Genève sur « La maladie
du
siècle », écrit : « Plante des pommes de terre, jeune homme ! Quand t
673
d tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres,
ce
qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plu
674
naturellement chez des jeunes « et qui pensent »
ce
goût de l’évasion caractéristique de tous les « vices romantiques ».
675
! — Mon Dieu, que dire… Il y aurait, par exemple,
ce
fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet
676
Dieu, que dire… Il y aurait, par exemple, ce fait
du
triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet autre fa
677
par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ;
ce
fait de la révolution russe… cet autre fait de la guerre… et puis, te
678
se… cet autre fait de la guerre… et puis, tenez !
ce
fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des sacr
679
à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-
ce
pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez
680
ro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci
du
conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’
681
’est-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de
ce
conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’e
682
femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé
ce
petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentiment
683
t vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que
ce
globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a
684
ge « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a
du
bonheur ». Vous reconnaissez que Pierre Girard est un peu responsable
685
toches une malicieuse et fine psychologie. Mais à
ce
mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient é
686
aurait vous ravir autant que ses impertinences. À
ce
moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui parle toujours de Weber
687
rs de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu
ce
livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un
688
? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de
ce
plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pas impunément concitoyen
689
e pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal,
ce
soir, tout cela est sans importance, car voici « l’heure des petits a
690
La part
du
feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)v I P
691
votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de
ce
conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréabl
692
tes de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de
ce
roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour N
693
ue c’est de la littérature. Alors, quelque paysan
du
Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vo
694
ue part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-
ce
pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins l’
695
L’autre jour au Grand Écart… », dit quelqu’un. À
ce
coup, l’évocation de Cocteau fait fleurir sur vos lèvres le mot de Ca
696
res le mot de Cambronne : hommage à Louis Aragon.
Ce
cristal est une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un ve
697
nation, quand il m’échappe une citation. Seraient-
ce
les guillemets qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous… Soit
698
ris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût
du
bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous
699
en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais
ce
refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude saluta
700
des autres, je vous ai mis un collier avec le nom
du
propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté d
701
lez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et
ce
n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de
702
s. Ainsi, parler littérature, c’est faire la part
du
feu. Je dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela
703
ition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de
ce
café et de ces jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce qu
704
jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie
ce
que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littératur
705
ature On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à
ce
qu’il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépr
706
our ses réalisations actuelles donne la mesure de
ce
que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce
707
d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois
ce
mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous
708
nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de
ce
qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on
709
le. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue
ce
qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me d
710
ue, est notre seul moyen de connaissance concrète
du
monde. Mais c’est à condition qu’on ne l’écrive pas, même en pensée.
711
z en liberté, par haine de cette esthétique ou de
ce
sens social, — et voilà qu’ils perdent même la problématique utilité
712
était leur excuse dernière. Avouons-le : rien de
ce
qu’on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nou
713
re des moulins à vent. La littérature, considérée
du
point de vue de la psychologie de l’écrivain, est un besoin organique
714
ris avec son sens le plus profond, qui est proche
du
sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstraite et ratio
715
aire en particulier, toute connaissance véritable
du
monde.) Littérature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’est
716
ttérature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ?
Ce
n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contrai
717
dans le plat, de dire de ces choses qu’entre gens
du
métier l’on a convenu de passer sous silence. C’est assez drôle de vo
718
aise des chers confrères. Ils ne pardonnent pas à
ce
toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume d’ab
719
s ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-
ce
pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nou
720
à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez
ce
qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières
721
ement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors »
ce
que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce s
722
e ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme
ce
sympathique Philippe Soupault, que « ceci, c’est une autre histoire,
723
les écrire ». v. Rougemont Denis de, « La part
du
feu. Lettres sur le mépris de la littérature », Revue de Belles-Lettr
724
re les athées de l’antidémocratisme et les athées
du
Capitalisme quand il est conscient de soi-même, et les athées du Soci
725
quand il est conscient de soi-même, et les athées
du
Socialisme et du Communisme. Tous ceux-là travaillent à l’achèvement
726
cient de soi-même, et les athées du Socialisme et
du
Communisme. Tous ceux-là travaillent à l’achèvement d’un certain mond
727
ition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et
ce
n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indign
728
ous souciez vraiment trop peu des conséquences de
ce
que vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attend
729
un miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là,
du
grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses
730
peut-être sauront-ils rallier le dernier disciple
du
Bienheureux Jean… Et puis, en voilà assez pour ranimer la curiosité d
731
n’ont guère de commun entre elles que la forme :
ce
sont de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l
732
enture qui aurait pu être… Un homme médite à côté
du
corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’
733
pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’Amie
du
Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de vacances, quand les premièr
734
été de vacances, quand les premières inquiétudes
du
désir viennent troubler de ravissantes amours d’adolescents. Et c’est
735
e minutie, avec une sorte d’amoureuse application
du
souvenir, d’une séduction certaine. C’est un art de détails ; mais si
736
jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici
ce
je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle «
737
t on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi,
ce
délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie
738
; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif,
ce
que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, inte
739
lke (décembre 1927)ao À ceux qui se contentent
du
mot fumeux pour caractériser tout lyrisme germanique, il faudra oppos
740
ssais, dont certains — le Message de Rilke — sont
du
meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne des
741
le Message de Rilke — sont du meilleur Jaloux, de
ce
Jaloux qui sait parler mieux que personne des poètes scandinaves et d
742
omantiques allemands parce qu’il partage avec eux
ce
goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, q
743
es allemands parce qu’il partage avec eux ce goût
du
rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a ren
744
ge avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à
ce
qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, t
745
intelligent. Et plein de verve, et pas embarrassé
du
tout pour vous lâcher un beau pavé mathématique au milieu d’une effus
746
de voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de
ce
que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitra
747
se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vis
du
phénomène littéraire. La « Promenade » du héros de Bopp est une sorte
748
s-à-vis du phénomène littéraire. La « Promenade »
du
héros de Bopp est une sorte de pensum. Cela rend peut-être moins conv
749
tions et des rêves de l’enfance et cette féminité
du
sentiment, du tour de pensée même, qui faisaient déjà du Perroquet Ve
750
êves de l’enfance et cette féminité du sentiment,
du
tour de pensée même, qui faisaient déjà du Perroquet Vert un petit ch
751
iment, du tour de pensée même, qui faisaient déjà
du
Perroquet Vert un petit chef-d’œuvre de poésie proprement romanesque,
752
e dissertations lyriques à leur propos. Mais dans
ce
roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de
753
tion résultent à la fois le défaut de composition
du
livre et sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris est du roman pur
754
t sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris est
du
roman pur ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’elle subit
755
t de la part d’une femme aussi femme que l’auteur
du
Perroquet Vert. Mais là-dessus, le roman repart dans une troisième ac
756
vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’échelle de
ce
qui la précède. Ces défaillances de la technique du roman sont sauvée
757
qui la précède. Ces défaillances de la technique
du
roman sont sauvées par un style brillant, plein de trouvailles spirit
758
illes spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et
ce
n’est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointe
759
e ne manque pas de naturel… On peut regretter que
ce
livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémo
760
livre ne réalise pas une synthèse plus organique
du
roman et des mémoires. Mais si son début permet de croire que le Perr
761
on générale de la vie mondiale. Toutes les forces
du
temps y concourent obscurément ; et, pour peu que cela continue, pour
762
ausse route ? Est-il temps encore de le détourner
du
désastre spirituel vers lequel il entraîne l’Occident ? Cris dans le
763
doctrine… Il faudrait d’abord prendre conscience
du
péril. Nous ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons
764
tte complaisance générale à proclamer le désordre
du
temps. On a peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout
765
a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole
du
monde moderne, et le meilleur, parce que personne ne s’est approché p
766
parce que personne ne s’est approché plus que lui
du
type idéal de l’industriel et du capitaliste. Le succès immense de se
767
ché plus que lui du type idéal de l’industriel et
du
capitaliste. Le succès immense de ses livres1, sa popularité universe
768
faciliter l’accusation : je prends pour la juger
ce
que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’
769
lliards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais
ce
n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de s
770
production. Ford est le plus puissant industriel
du
monde ; le plus riche, au point qu’il peut parler d’égal à égal avec
771
précédent le met à l’abri de toutes les attaques,
du
point de vue technique. L’organisation de ses usines, des salaires, d
772
en apporter une solution définitive aux problèmes
du
surmenage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’a pas le droit
773
solution définitive aux problèmes du surmenage et
du
paupérisme. C’est un résultat qu’on n’a pas le droit humainement de s
774
ettre à leurs électeurs une organisation complète
du
monde, seule méthode capable d’empêcher les abus des capitalistes. Du
775
ode capable d’empêcher les abus des capitalistes.
Du
même coup, en supprimant l’esclavage financier de l’ouvrier, il suppr
776
lants, et le charme un peu facile mais fort goûté
du
grand public, de l’humour américain, l’on comprendra sans peine la po
777
chances encore de régler pacifiquement le conflit
du
capital et du travail. « Se fordiser ou mourir », écrivait récemment
778
de régler pacifiquement le conflit du capital et
du
travail. « Se fordiser ou mourir », écrivait récemment un économiste.
779
ns. Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit
ce
mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automo
780
ant son ambition, il conçoit ce mythe extravagant
du
bonheur de l’humanité par la possession d’automobiles Ford. Et, comme
781
tend ramener le bénéfice de la production à celui
du
consommateur. Prenons cette petite phrase qui n’a l’air de rien : « N
782
trouve toujours des clients, quel que soit l’état
du
marché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage du client. Mais c
783
rché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage
du
client. Mais cherchons un peu les causes réelles de cet abaissement d
784
entendu qu’une cause accessoire. Dire que l’état
du
marché est tel que le client n’achète plus, cela signifie parfois que
785
e-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritable
du
client. Le besoin ayant disparu, la production devant se maintenir, i
786
objet que, sans cette baisse, il n’eût pas acheté
du
tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’industriel compta
787
amener, en se généralisant, une sorte de suicide
du
genre humain, par perte de son instinct de préservation, d’autorégula
788
ation, d’autorégulation et d’alternances. Tel est
ce
sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même but,
789
t d’alternances. Tel est ce sophisme, le paradoxe
du
bon marché. Celui de la réclame a même but, mêmes effets. Mais le plu
790
ets. Mais le plus grave est peut-être le sophisme
du
loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien montré, dans un article inti
791
tré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe
du
monde moderne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la con
792
intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3,
ce
qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de
793
on peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie :
ce
jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche les ouvriers et leur do
794
le s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu
du
chat et de la souris ; si Ford relâche les ouvriers et leur donne une
795
ller pendant le temps convenable et à gagner, par
ce
moyen, de quoi vivre convenablement tout en restant maître de régler
796
e réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est-
ce
pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simplific
797
sation concrète d’une théorie qui tend à faire de
ce
monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est le bonheur, le salu
798
heur, le salut par l’auto. Philosophie réclame. «
Ce
que j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises
799
amment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans
ce
que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons d
800
Il n’a pas senti qu’il touchait là le nœud vital
du
problème moderne. D’ailleurs, les idées générales de cette sorte sont
801
ec un simplisme qui emporte à coup sûr l’adhésion
du
gros public : telle est l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa p
802
te un peu sur ses « idées », c’est pour souligner
ce
hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du mond
803
ge : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif
du
monde, l’un de ceux qui influent le plus sur notre civilisation, poss
804
Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-
ce
notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour
805
enue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-
ce
notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être jus
806
Nous payons notre passion de posséder la matière
du
prix de la seule possession véritable, la connaissance de l’Esprit. C
807
plus frappantes de notre régression. Cette perte
du
sens de l’âme se nomme bon sens américain. On en fait quelque chose d
808
uelque chose de très sympathique et pas dangereux
du
tout. On n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute,
809
sprit sont incompatibles, le monde moderne impose
ce
dilemme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à
810
comme la mort le restitue au monde vers 5 heures
du
soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’est-à-dire
811
e compte de sa fatigue. Neurasthénie. La conquête
du
confort matériel l’a laissé oublier les valeurs de l’esprit au point
812
nt de faire grain de sable. Ils se réfugient dans
ce
qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortune
813
ronie, « la vie les prend ». Irréguliers aux yeux
du
monde ; la proie d’on ne sait quelles forces occultes sans doute dang
814
n, une fois de plus. Pas de compromis possible de
ce
côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l
815
plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais
du
nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂
816
emme. Premiers pas vers la solution : l’existence
du
dilemme. Second pas : en poser les termes avec netteté et courage. Po
817
ite à Genève a révélé que les livres les plus lus
du
grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les r
818
, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour
du
centre de la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au s
819
des balles perdues d’une révolution. Sept heures
du
soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette
820
t très vrai que les notions réaliste et idéaliste
du
monde ne sont séparées que par un léger décalage dans la chronologie
821
e que je n’avais même pas prononcé intérieurement
ce
nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu enn
822
rieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre
du
théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’une place vi
823
— l’heure anxieuse et mélancolique où l’on quitte
ce
visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inconnus. Voilà
824
modé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que
ce
soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première
825
haque bras, l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci
du
moins n’a guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Cert
826
capacité définitive à se passionner pour quoi que
ce
soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’es
827
ais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À
ce
moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le
828
ux, en y réfléchissant bien, mais peut-être était-
ce
la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont r
829
e dire que c’est trop facile pour un homme retiré
du
monde depuis si longtemps. Livrons-nous plutôt à une petite malice do
830
et manteau de fourrure brune, inévitablement. Et
ce
qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa
831
donc par accepter et vint à nous avec un sourire
du
type le plus courant : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y
832
e chacun un bras, une femme pour deux hommes — et
ce
fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque
833
elles le sont presque toutes dans cette ville, —
du
type que Gérard et Théo nommaient « biondo et grassotto », et qu’avec
834
ur la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà
ce
que c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens trè
835
s bien que nous allons nous ennuyer terriblement.
Du
moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous
836
e quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre
ce
sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir qui seules
837
e sens des correspondances secrètes et spontanées
du
plaisir qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’elles le ra
838
ns leur vie aux “divertissements” entre 10 heures
du
soir et 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, dans un déco
839
ertissements” entre 10 heures du soir et 4 heures
du
matin, moyennant tant de schillings, dans un décor banal et imposé, a
840
dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus
ce
que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’o
841
nes, ou luisants de concupiscences élémentaires :
Ce
sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au
842
videmment scandalisée par cette atteinte aux lois
du
genre le plus conventionnel qui soit. Gérard la regarda avec une cert
843
eillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est
ce
qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un mom
844
clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune
ce
soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il pr
845
a première fois de la soirée que Gérard « faisait
du
Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notr
846
e que Gérard « faisait du Gérard ». Les cocktails
du
Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenai
847
rit les images qu’il y découvre. Il y a les ailes
du
Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clariss
848
aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie
du
golfe de Marseille, ou bien plutôt, par je ne sais quelle erreur d’im
849
plutôt, par je ne sais quelle erreur d’images, —
ce
serait la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Auré
850
nie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames
du
monde ne sont que décors mouvants dans la lueur bariolée des sentimen
851
résume cette vie entière et fait allusion à tout
ce
qu’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faud
852
y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi,
ce
qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendr
853
tel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement
du
bec de gaz sans manchon qui éclairait la boutique, et que le vent men
854
onfler. Par le grand escalier, au fond de la cour
du
palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans chapeau cour
855
nd de la cour du palais, descendaient les invités
du
bal. Des femmes sans chapeau couraient vers les voitures, les hommes
856
eaux étaient baissés. Déjà on criait les journaux
du
matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse, m’éclaboussant de n
857
nventions se suffisent et suffisent à notre joie.
Ce
ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules
858
poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et
ce
livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu
859
voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres
du
plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivain dont l’influ
860
œuvres du plus grand créateur de mythes modernes,
du
seul écrivain dont l’influence soit comparable à celle du cinéma ! Cl
861
écrivain dont l’influence soit comparable à celle
du
cinéma ! Claretie raconte que les détenus des maisons de correction s
862
lumes « au travers desquels ils respiraient l’air
du
monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dan
863
l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de
ce
libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-nous longtemps en
864
littérature enfantine est le dernier bateau. Pour
ce
coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsé
865
dant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que
ce
bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont Denis de, « [Comp
866
Aragon, Traité
du
style (août 1928)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui l
867
Aragon, Traité du style (août 1928)as
Ce
n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeu
868
iment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu
ce
livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien françai
869
tes drôles ou quelconques. Mais la seconde partie
du
livre est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre trai
870
est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ;
ce
livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et
871
il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite
du
style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et l’on voit bien i
872
efusez d’avancer ! Mais il reste à portée de voix
du
troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais
873
. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans
ce
silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect. as
874
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Aragon, Traité
du
style », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1
875
s loin et de prendre une connaissance positive de
ce
qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le cou
876
dré Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)au
Ce
récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde
877
révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud
du
monde moderne : on y voit s’affronter en quelques hommes d’action les
878
lques hommes d’action les forces caractéristiques
du
temps — argent, races — et ses rares passions, qui sont la domination
879
la lutte qui met aux prises l’Europe et le monde
du
Pacifique. On retrouvera ici beaucoup des idées que la Tentation de l
880
il décrive la vie intense et instable des acteurs
du
drame, l’aspect quotidien et mystérieux d’une révolution de rues, ou
881
es villes chinoises, Malraux fait preuve d’un art
du
détail où se révèle le vrai romancier. On serait parfois tenté de le
882
Et il ne se borne pas à des effets pittoresques :
ce
récit coloré et précis, admirablement objectif, est aussi, mais à cou
883
sans issues : l’angoisse que fait naître au cœur
du
monde contemporain l’absurdité de ses ambitions. Écoutons Garine, l’u
884
que je lutte contre l’absurde humain, en faisant
ce
que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre
885
veu de Garine est décisif : « La Révolution… tout
ce
qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde re
886
aînement passionnant de l’action, il se dégage de
ce
roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intelligence et cette sen
887
I exalte et déçoit l’imagination. On comprend que
ce
doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son
888
dans l’Ennemi des Lois — son expression amoureuse
du
silence et cet ensemble idéal d’étudiant assidu aux sociétés de musiq
889
l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’est-
ce
point trop demander à une existence bien indécise, que son échec même
890
e ne relève pas, et qui tire sa grandeur de celle
du
décor ? Guy de Pourtalès n’hésite pas à baptiser son héros « prince d
891
Mais un prince rêveur n’est pas forcément prince
du
rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le laisser voir. La qualité
892
st pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs
ce
livre sait bien le laisser voir. La qualité de l’illusion dont se nou
893
rmes dont le jeu donne aux nuances assez troubles
du
personnage central une résonance plus profonde. Louis II, ce chimériq
894
ge central une résonance plus profonde. Louis II,
ce
chimérique, disposait par hasard de moyens d’action puissants : s’il
895
« l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de
ce
qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient d
896
chiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais
ce
n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un li
897
olis mots ; mais ce n’est pas la moindre habileté
du
biographe. D’ailleurs, réussir un livre attrayant sur une vie manquée
898
1928)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de
ce
récit se lie avec un inconnu qui se dit prince russe et entretient au
899
. Mais plusieurs incidents éveillent les soupçons
du
« petit-bourgeois » qu’il a choisi comme public, et brusquement le mo
900
ot éclate : menteur. Feintes et esquives adroites
du
« prince » qui disparaît, néanmoins. Enfin, le Français reçoit une le
901
uer sa mort et qui est aussi fausse que le reste.
Ce
mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux q
902
pas une question dont l’importance dépasse celle
du
cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sé
903
ce dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans
ce
culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avan
904
ent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-
ce
pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage
905
t pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir
ce
qu’il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il
906
re découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de
ce
genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué,
907
hement il se prend en pitié. Ces séances lui font
du
mal, l’énervent, mais l’aveu qu’il en consent l’attache plus secrètem
908
er. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que
ce
qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a da
909
nalité est un acte de foi : Stéphane ne sait plus
ce
qu’il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne
910
n autre visage. Car oublier son visage, ne serait-
ce
pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’eau
911
it saisir dans un regard de cette femme l’écho de
ce
qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt da
912
ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard,
ce
fut un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale.
913
hie tellement au sérieux que j’ai été bien étonné
du
passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un homme de lettres. En r
914
de la poésie — mais à Chicago on doit appeler ça
du
bluff — fait de lui sans doute le plus méridional des conteurs améric
915
omme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas,
ce
cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur
916
». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar,
ce
monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce mo
917
le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne,
ce
monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sai
918
ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison,
ce
monde où l’on ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce mond
919
n ne sait plus créer avec joie des formes belles,
ce
monde qui devient impuissant. Impossible d’évoquer un personnage préc
920
! Tamerlan, dont la spécialité était l’assassinat
du
corps humain, mais qui raconte dans son autobiographie que son désir
921
le respect de soi était de son temps le souverain
du
monde. Tamerlan pour les anciens. Ford pour les modernes. Quelle déc
922
ent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais
ce
qui importe d’abord, n’est-ce point de se livrer, purement et simplem
923
sphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est-
ce
point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rougem
924
ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout
ce
que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
925
la prétention. L’autre, avec l’ironie tranquille
du
bon sens bafoué et qui s’en moque, décrit la stupidité de l’enseignem
926
est assez différent, moins philosophique et point
du
tout technique. J’apporte un témoignage personnel, une réaction de te
927
se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout
ce
qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
928
s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur.
Ce
régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
929
parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs,
ce
petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
930
te ne pas échapper : celui de naïveté. Définition
du
naïf dans le monde moderne : individu qui soutient des idées qui ne r
931
éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner
ce
droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
932
elle forme politique. Je me contente de vitupérer
ce
que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
933
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur
ce
que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
934
ne voix s’élève pour mettre en doute l’excellence
du
principe de l’instruction publique, on crie sur tous les bancs : « Al
935
rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si
ce
réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeote de l’adver
936
à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses
du
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utop
937
ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc.
Ce
sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
938
nt. 2° Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses
du
type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont
939
êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc.
Ce
sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
940
corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect
du
problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en eff
941
e propose de marquer ici la distinction classique
du
fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instru
942
e marquer ici la distinction classique du fait et
du
droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instruction publi
943
dans ses réalisations actuelles, puis au terme de
ce
recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
944
ù il fallait si soigneusement séparer les calculs
du
raisonnement, par une barre verticale, et où il y avait toujours des
945
ubler. Et on multipliait le tapissier par le prix
du
mètre courant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux p
946
nne les sentiments trop au sérieux pour faire ici
du
sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui
947
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais
ce
qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
948
t d’ailleurs, multiplier le tapissier par le prix
du
mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve
949
rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour
ce
petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
950
ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est-
ce
qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
951
ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois
ce
fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
952
ement des choses qu’on ne comprend pas, la prière
du
soir pour qu’il fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de
953
s, ou bien ces promenades en tenant la forte main
du
père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de sou
954
re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans
ce
concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2. Deux ango
955
séances chez le dentiste et l’horaire des leçons.
Ce
malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
956
ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante,
ce
souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
957
J’aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause
du
nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cel
958
mes premières douleurs morales. Après six ans de
ce
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
959
hypocrite donc, et le cerveau saturé d’évidences
du
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout.
960
s, c’est-à-dire que je me posai la question : est-
ce
vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
961
n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que
ce
soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
962
t certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites :
du
moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il
963
ts humains. Le prix de mes souffrances était donc
ce
conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
964
les mettre en doute : mais un jour je compris que
ce
n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
965
je compris que ce n’étaient que des principes. Et
ce
fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
966
des principes. Et ce fut ma seconde découverte :
ce
monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
967
soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire,
ce
monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
968
ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait
ce
mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
969
ilence, un vide. C’était en dehors de la vie. 3.
du
pain rassis.
970
2. Description
du
monstre Le service militaire me permit de retrouver quelques-unes d
971
nt qu’une question d’âge, non d’expérience vécue.
Ce
que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
972
sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que
ce
ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
973
tous les sujets, espécialement sur la pédagogie.
Ce
mot revient souvent dans sa conversation ; il le prononce avec un ini
974
d profond voilé de douceur. Car le type populaire
du
poète romantique s’est dégradé en deux sous-types posthumes : l’artis
975
enseignement donné par des êtres qui brouillent à
ce
point les méthodes. Simple remarque pendant que nous en sommes aux in
976
ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est-
ce
que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
977
rs jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire
du
mal des petits bourgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques que n’
978
s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur
ce
point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
979
collèges n’est pas accidentelle. C’est celle même
du
régime. l’architecture de nos « palais scolaires ». symbolise d’une f
980
lais scolaires ». symbolise d’une façon frappante
ce
qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
981
ue et de monotone dans la conception démocratique
du
monde. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants ont un frisson
982
iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans
ce
décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
983
uvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport
du
xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et il
984
3. Anatomie
du
monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer
985
est aveuglante : cela tient pour une bonne part à
ce
que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
986
ité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris
ce
que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pa
987
dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant
ce
temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans
988
s doivent être identiques pour tous les écoliers.
Ce
plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe
989
simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir
ce
programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon e
990
nces dont on écrit les noms dans les casiers. Est-
ce
que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer
991
rit les noms dans les casiers. Est-ce que l’étude
du
trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer les élèves à u
992
paye, et ils n’en meurent pas. Les examens
Ce
sont en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établi
993
des grandes épreuves cyclistes. Les participants
du
Tour de Science doivent s’inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux
994
la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par
ce
moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais en matière de sp
995
é et la quantité des efforts « fournis » au cours
du
trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette p
996
té des efforts « fournis » au cours du trimestre.
Ce
phénomène déconcertant s’explique justement par cette psychologie de
997
ubordonne tout, plaisir, goût au travail, qualité
du
travail, santé, liberté, sens de la justice et autres balivernes, ins
998
es plaisanteries de gros calibre, car à la vérité
ce
n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au
999
s le même temps. Contentons-nous de remarquer que
ce
principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquill
1000
s-nous de remarquer que ce principe est à la base
du
système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissance de la nat
1001
nominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à
ce
crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compt
1002
sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
du
régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils se fâchent tout
1003
térêt. Ils dispensent de tout contact direct avec
ce
dont ils traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à
1004
al dont j’ai oublié le nom. Une autre conséquence
du
gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut po
1005
ser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler
ce
qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce trav
1006
nnent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or
ce
travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est
1007
st absurde. Mais où sont à l’école les modèles de
ce
qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons
1008
ant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail
du
maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je
1009
le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de
ce
qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer
1010
re. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de
ce
travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’ef
1011
l’État, et dont la vue permet à ceux qui tombent
du
ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chér
1012
tifes de l’instruction publique sont d’accord sur
ce
point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insis
1013
cole, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que
ce
soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait
1014
en quoi que ce soit à aucun état social existant.
Ce
qui est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
1015
ste à persécuter ceux qui, en quelque manière que
ce
soit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met d
1016
otre peuple met dans cette expression !) Pour moi
ce
que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une g
1017
image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage
du
peuple souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
1018
plus délicats par les plus vulgaires ? L’idéal
du
bon élève Le bon sens voudrait que le bon élève soit celui qui sai
1019
e universitaire, prennent leur essor de chérubins
du
parti au cours de ces nombreux banquets de cercles locaux où se fonde
1020
ur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est
ce
qui s’appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne trou
1021
iginalité de leur jugement sont en raison inverse
du
nombre d’années d’instruction publique qu’ils ont subies. Le dilem
1022
lique ne coïncident qu’accidentellement avec ceux
du
bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
1023
endrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
ce
qui serait facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de tou
1024
ir que tous ces principes dérivent nécessairement
du
fait que l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de
1025
attez l’instruction publique — mais vous êtes, de
ce
fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bien grave
1026
dirait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4.
Ce
ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que
1027
seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici
ce
que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines sc
1028
.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre
ce
travail de démolition. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’
1029
ession de chauffeurs de taxi. Si cette conception
du
pratique prévaut, il est à craindre que l’école nouvelle n’apporte bi
1030
et dira : je lève la main, — au lieu de demander
ce
qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou
1031
qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur
du
tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne traduise incontinen
1032
re proclamant : je sors ! ne traduise incontinent
ce
verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, t
1033
parti possible de l’exercice ; car il ne manque à
ce
système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça n
1034
laissant la possibilité de trouver par eux-mêmes
ce
qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquemen
1035
ux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-
ce
qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a
1036
qu’ils consomment deux fois plus de machines. Jeu
du
chat avec la souris. On n’impose plus des résultats, on les fait trou
1037
roduit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans
ce
milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 a
1038
ntaines qui sont pour me plaire ; un grignotement
du
système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je
1039
bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout
ce
que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’hum
1040
Ils éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais
ce
qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits dé
1041
démocrates conscients et organisés. Je crains que
ce
malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps
1042
lité pratique d’en sortir, je ne le nie pas. Mais
du
point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre di
1043
eu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à
ce
mot.
1044
ase. La réponse est simple, terriblement simple :
du
droit de la Démocratie. L’instruction publique et la Démocratie sont
1045
igéner l’une c’est faire pleurer l’autre. Écouter
ce
que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront q
1046
r l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir
ce
que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une
1047
a démocratie doit à l’École de vivre encore. Mais
ce
n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde
1048
part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans
ce
monde-là « tout se paye » comme ils disent avec une satisfaction sord
1049
nstruction publique aient eu pleine conscience de
ce
qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement
1050
répande universellement et obligatoirement l’art
du
saxophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’il ne manque à cette
1051
utomatisme de la vie civique. Le cerveau standard
du
type fédéral ne laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement
1052
mentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ?
Ce
serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouve
1053
rattrape l’époque… Mais les gouvernements savent
ce
qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter
1054
s doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que
ce
soit. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens
1055
eois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’est-
ce
pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de
1056
que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout
ce
qu’il y a d’authentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peu
1057
uthentiquement noble en chaque homme. Si les fils
du
peuple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ont pas d’eux-
1058
mes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent
ce
qu’étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-
1059
d’âme pour amorcer le dégel de ces principes, et
ce
peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de rév
1060
comprendront le sens des images.) 9. J’emploie
ce
mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront
1061
coup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné
ce
que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il
1062
ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin
du
cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’une telle atti
1063
ite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher
ce
crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre l
1064
ahison —, mais encore elle tend à développer tout
ce
qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est s
1065
a surtout besoin d’une purge violente qui chasse
ce
ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les be
1066
d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire
du
matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les besoins de l’époque
1067
s de l’époque exigent une organisation à outrance
du
monde, je répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfai
1068
upériorités naturelles, l’habitude de l’ersatz et
du
travail bâclé. Elle apprend à lire les journaux, mais en même temps q
1069
e prépare de consciencieuses poires, des esclaves
du
mot. Il est clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruct
1070
ement de travaux forcés. L’école donne à l’enfant
ce
qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est
1071
bagnard auquel il est promis. Mais elle tue tout
ce
qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être les moyens. Va
1072
es, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par
ce
qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à co
1073
r ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par
ce
qu’elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force ant
1074
constitue la plus grande force antireligieuse de
ce
temps. L’instruction religieuse qui prend les enfants au sortir de l’
1075
que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec
ce
je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant cre
1076
d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’est-
ce
pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas
1077
’est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille
du
radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants d
1078
ce de l’inertie et à perpétuer mécaniquement tout
ce
qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, no
1079
vivifient. L’École se contente d’être figée. Est-
ce
un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisa
1080
ous ne manquerez cependant point de le dire, avec
ce
sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La
1081
z cependant point de le dire, avec ce sens exquis
du
cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par
1082
ns cette opération deux temps : d’abord critiquer
ce
qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être
1083
rd critiquer ce qui est — par la comparaison avec
ce
qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour l
1084
qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou
ce
qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveau
1085
ion et de l’anarchie que les génies directeurs de
ce
temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent.
1086
al correspond à un recul humain. Par exemple, est-
ce
un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec to
1087
e vaste arrière-fond de poésie et de grandeur que
ce
mot comporte — quelles qu’en soient d’ailleurs les réalisations —, pa
1088
ie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas
du
décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitudes sordides et
1089
rdis. Réponse non, c’est un recul. Cette critique
du
fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux commun
1090
tidémocratiques : il est temps qu’elles débordent
ce
cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un gr
1091
cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à
ce
tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y p
1092
nt il y a le rationalisme12 et la sentimentalité.
Ce
rationalisme-là triomphe non seulement dans les principes démocratiqu
1093
est superflu d’en formuler une seconde. Laissons
ce
soin, à des générations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre
1094
supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors
ce
sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous ap
1095
tégrer la raison. Je crois que nous approchons de
ce
temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui
1096
le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout
ce
qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de l
1097
n radicale des instituteurs. On me demande encore
ce
que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien p
1098
voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV
ce
qu’il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes
1099
connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que
ce
mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vou
1100
qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et
ce
scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez
1101
tes n’a que de lointains rapports de parenté avec
ce
maigre descendant nommé Rationalisme, produit d’une mésalliance avec
1102
upide) et les philosophes13 les mieux informés de
ce
temps s’accordent sur un point : le salut de l’Europe est lié à la na
1103
occidental. Un nouvel état d’esprit : voilà bien
ce
que l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’ant
1104
ue l’École empêche même de concevoir Elle cultive
ce
qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit fr
1105
dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout
ce
qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce man
1106
it d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue
ce
manque d’imagination dont les conséquences seront matériellement cata
1107
acte, et ces peuples de somnambules s’éveilleront
du
cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-lux
1108
stes et des utopistes. J’appelle anarchiste, tout
ce
qui est violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d
1109
à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas
ce
que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les
1110
sures et des possibilités nouvelles. Tenir compte
du
réel ne signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui
1111
Et l’opinion publique mène le monde, paraît-il. À
ce
propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier plus
1112
ris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire
ce
qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils aura
1113
raient là l’occasion de racheter bien des choses.
Ce
n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propo
1114
choses. Ce n’est rien de moins qu’une rédemption
du
journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer
1115
t rien de moins qu’une rédemption du journalisme,
ce
que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’inv
1116
ites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter
ce
malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisant
1117
parer le terrain. D’autre part, il faut partir de
ce
qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries
1118
t-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant
ce
que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un
1119
ne technique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse
ce
qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés
1120
ellectuelles et mystiques. Toute leur force vient
du
yoga. Et tout le yoga repose sur la concentration. En vérité, toute f
1121
lte d’une concentration, dans quelque domaine que
ce
soit. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait
1122
lusions immédiates, non seulement il serait sauvé
du
désastre, mais il recouvrerait la domination du monde16 et non plus e
1123
é du désastre, mais il recouvrerait la domination
du
monde16 et non plus en barbare cette fois-ci. Ce qui l’empêche de com
1124
du monde16 et non plus en barbare cette fois-ci.
Ce
qui l’empêche de comprendre, ici encore, c’est la peur scolaire des m
1125
dre, ici encore, c’est la peur scolaire des mots.
Ce
terme hindou agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit de
1126
s sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme
ce
qu’ils désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
1127
t de vivre, seule façon de s’instruire inventée à
ce
jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui
1128
e, seule façon de s’instruire inventée à ce jour.
Ce
calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent c
1129
ifférences s’accuseraient, mais se légitimeraient
du
même coup ; car sur ce plan elles ne font que traduire la diversité d
1130
nt, mais se légitimeraient du même coup ; car sur
ce
plan elles ne font que traduire la diversité des besoins individuels.
1131
es intentions noires et consciemment criminelles.
Ce
travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les jour
1132
tinières ne vivent que de semblables accusations.
Du
moment que n’importe qui juge et contrôle n’importe quoi, il faut bie
1133
est pourtant un très brave homme, il fait partie
du
conseil de la paroisse, etc. » — Il semble qu’en attaquant ses idées
1134
ons ont ait porté atteinte à la dignité morale de
ce
M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tie
1135
einte à la dignité morale de ce M. Machin, membre
du
conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour crimi
1136
coup de mal, mais ils sont les premières victimes
du
système qu’il propagent et qui les fait vivre. La question se compliq
1137
us parlez de la grande vulgarité de mes attaques.
Ce
qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de l
1138
mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens
du
mot, c’est le genre distingué de la bourgeoisie qui se monte le cou.
1139
usse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf.
ce
que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pé
1140
15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur
ce
besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait qu
1141
ns ses Articles pédagogiques encore très actuels,
du
fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures
1142
grâce Dans l’or vert évanouie au cœur éclatant
du
jour scintillera l’invisible gage d’un amour perdu. z. Rougemon
1143
e si la perspective manque souvent à ces récits :
ce
n’est point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien to
1144
comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-
ce
qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’
1145
ut cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en
ce
temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et
1146
capitales suffit à vous en donner la sensation :
ce
que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que con
1147
s’arranger, comme au dernier acte d’une opérette.
Ce
peuple s’est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au ma
1148
ue 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée
du
Danube, Bude solidement amarrée à Pest par quatre énormes ponts de fe
1149
nt superbement cette ville désordonnée. Derrière,
ce
sont des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à
1150
tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car
ce
peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici tran
1151
Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)ay
Ce
petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’
1152
usés, sur la nuance mate d’un paravent chinois).
Ce
qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit
1153
e mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit,
ce
sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Res
1154
ux gelés de rêverie », il se confond avec l’ombre
du
monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans leur réalité les choses do
1155
et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’est-
ce
point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-el
1156
Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : «
Ce
piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ;
1157
on âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention
du
médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendre par un sot
1158
préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur
ce
passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément po
1159
ecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans
ce
siècle, où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendr
1160
pellent, combien sont dignes de s’attendre au don
du
langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et
1161
oici dans sa vie cette double venue de l’amour et
du
chant prophétique, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand
1162
déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car
ce
poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on
1163
i reparaît en Allemagne. Et durant trente années,
ce
pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un
1164
Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche.
Ce
qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il do
1165
bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-
ce
pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître c
1166
sé après un grand accès de fièvre… L’agrément de
ce
monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
1167
autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc
ce
sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La pe
1168
rfection n’a pas de plainte »… Vivait-il encore ?
Ce
lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. —
1169
ien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans
ce
lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il
1170
s maisons pointues et les contreforts de l’Église
du
Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieill
1171
amer et qui lisent des magazines au fil de l’eau,
ce
qui est le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents
1172
ormale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-
ce
que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfoi
1173
doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain
ce
genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens ho
1174
de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux
du
bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse d
1175
s, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche
du
médiocre dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins
1176
eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-
ce
qu’ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, qu
1177
songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans
ce
monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Éloge
1178
jamais méchants, et seulement aux dernières pages
du
livre, un peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui ne serait fai
1179
e serait qu’invention, qui inventerait sa vérité.
Ce
serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croi
1180
ns l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans
ce
livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros romans «
1181
éville, Rimbaud le voyant (août 1929)ba À lire
ce
petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yogabb telle que l
1182
de l’âme dans la littérature la plus spirituelle
du
monde. La thèse que défend l’auteur de cet essai — la voyance de Rimb
1183
de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-
ce
que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle hont
1184
s’ignore, il n’est pas plus admissible d’inférer
du
mépris de Rimbaud pour le catholicisme à son mépris pour la révélatio
1185
n Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc
Ce
n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voi
1186
s un débat où les voix les mieux écoutées ont dit
ce
qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue
1187
il tire argument contre une thèse de M. Marcel de
ce
qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dir
1188
ent celles qu’il fallait attendre de ces auteurs.
Ce
qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la v
1189
l’état normal, qui est pédestre. Mais à partir de
ce
jour, on lui fit sentir qu’il était devenu beaucoup moins intéressant
1190
ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout
ce
que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
1191
la prétention. L’autre, avec l’ironie tranquille
du
bon sens bafoué et qui s’en moque, décrit la stupidité de l’enseignem
1192
est assez différent, moins philosophique et point
du
tout technique. J’apporte un témoignage personnel, une réaction de te
1193
se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout
ce
qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
1194
s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur.
Ce
régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
1195
, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs,
ce
petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
1196
te ne pas échapper : celui de naïveté. Définition
du
naïf dans le monde moderne : individu qui soutient des idées qui ne r
1197
éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner
ce
droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
1198
elle forme politique. Je me contente de vitupérer
ce
que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
1199
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur
ce
que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
1200
ne voix s’élève pour mettre en doute l’excellence
du
principe de l’instruction publique, on crie sur tous les bancs : « Al
1201
rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si
ce
réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeotte de l’adve
1202
à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses
du
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utop
1203
ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc.
Ce
sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
1204
t. 2° rira bien qui rira le dernier. B. Réponses
du
type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont
1205
êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc.
Ce
sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
1206
corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect
du
problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en eff
1207
e propose de marquer ici la distinction classique
du
fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instru
1208
e marquer ici la distinction classique du fait et
du
droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instruction publi
1209
dans ses réalisations actuelles, puis au terme de
ce
recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
1210
ù il fallait si soigneusement séparer les calculs
du
raisonnement, par une barre verticale, et où il y avait toujours des
1211
ubler. Et on multipliait le tapissier par le prix
du
mètre courant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux p
1212
nne les sentiments trop au sérieux pour faire ici
du
sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui
1213
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais
ce
qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
1214
t d’ailleurs, multiplier le tapissier par le prix
du
mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve
1215
rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour
ce
petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
1216
ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est-
ce
qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
1217
ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois
ce
fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
1218
ement des choses qu’on ne comprend pas, la prière
du
soir pour qu’il fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de
1219
bien dans ces promenades en tenant la forte main
du
père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de sou
1220
re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans
ce
concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux ang
1221
séances chez le dentiste et l’horaire des leçons.
Ce
malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
1222
ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante,
ce
souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
1223
J’aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause
du
nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cel
1224
mes premières douleurs morales. Après six ans de
ce
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
1225
hypocrite donc, et le cerveau saturé d’évidences
du
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout.
1226
, c’est-à-dire que je me posais la question : est-
ce
vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
1227
n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que
ce
soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
1228
t certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites :
du
moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il
1229
ts humains. Le prix de mes souffrances était donc
ce
conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
1230
les mettre en doute : mais un jour je compris que
ce
n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
1231
je compris que ce n’étaient que des principes. Et
ce
fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
1232
des principes. Et ce fut ma seconde découverte :
ce
monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
1233
soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire,
ce
monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
1234
ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait
ce
mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
1235
2. Description
du
monstre Le service militaire me permit de retrouver quelques-unes d
1236
it qu’une question d’âge, non d’expérience vécue.
Ce
que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
1237
sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que
ce
ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
1238
enseignement donné par des êtres qui brouillent à
ce
point les méthodes. Simple remarque, pendant que nous en sommes aux i
1239
ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est-
ce
que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
1240
rs jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire
du
mal des petits-bourgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques que n’
1241
s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur
ce
point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
1242
llèges » n’est pas accidentelle. C’est celle même
du
régime. L’architecture de nos « palais scolaires » symbolise d’une fa
1243
alais scolaires » symbolise d’une façon frappante
ce
qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
1244
ue et de monotone dans la conception démocratique
du
monde. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants ont un frisson
1245
iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans
ce
décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
1246
uvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport
du
xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et il
1247
3. Anatomie
du
monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer
1248
est aveuglante : cela tient pour une bonne part à
ce
que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
1249
té. Pas plus que vous, qui défendez de parti pris
ce
que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pa
1250
dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant
ce
temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans
1251
s doivent être identiques pour tous les écoliers.
Ce
plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe
1252
simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir
ce
programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon e
1253
iences dont on écrit le nom dans les casiers. Est-
ce
que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer
1254
écrit le nom dans les casiers. Est-ce que l’étude
du
trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer les élèves à u
1255
, et ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens
Ce
sont en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établi
1256
des grandes épreuves cyclistes. Les participants
du
Tour de Science doivent s’inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux
1257
la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par
ce
moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais en matière de sp
1258
é et la quantité des efforts « fournis » au cours
du
trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette p
1259
té des efforts « fournis » au cours du trimestre.
Ce
phénomène déconcertant s’explique justement par cette psychologie de
1260
ens et à quoi l’on subordonne tout, plaisir, goût
du
travail, qualité du travail, santé, liberté, sens de la justice et au
1261
ubordonne tout, plaisir, goût du travail, qualité
du
travail, santé, liberté, sens de la justice et autres balivernes, ins
1262
es plaisanteries de gros calibre, car à la vérité
ce
n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au
1263
s le même temps. Contentons-nous de remarquer que
ce
principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquill
1264
s-nous de remarquer que ce principe est à la base
du
système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissance de la nat
1265
ominateur 4. Nos bourgeois assistent sans honte à
ce
crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compt
1266
sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
du
régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils se fâchent tout
1267
térêt. Ils dispensent de tout contact direct avec
ce
dont ils traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à
1268
al dont j’ai oublié le nom. Une autre conséquence
du
gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut po
1269
ser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler
ce
qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce trav
1270
nnent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or
ce
travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est
1271
st absurde. Mais où sont à l’école les modèles de
ce
qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons
1272
ant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail
du
maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je
1273
le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de
ce
qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer
1274
re. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de
ce
travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’ef
1275
l’État, et dont la vue permet à ceux qui tombent
du
ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chér
1276
tifes de l’instruction publique sont d’accord sur
ce
point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insis
1277
cole, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que
ce
soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait
1278
en quoi que ce soit à aucun état social existant.
Ce
qui est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
1279
ste à persécuter ceux qui, en quelque manière que
ce
soit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que notre peuple met d
1280
tre peuple met dans cette expression !) Pour moi,
ce
que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une g
1281
image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage
du
peuple souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
1282
délicats par les plus vulgaires ? 3.g. L’idéal
du
bon élève Le bon sens voudrait que le bon élève soit celui qui sai
1283
e universitaire, prennent leur essor de chérubins
du
parti au cours de ces nombreux banquets de cercles locaux où se fonde
1284
ur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est
ce
qui s’appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne trou
1285
iginalité de leur jugement sont en raison inverse
du
nombre d’années d’instruction publique qu’ils ont subies. 3.h. Le
1286
lique ne coïncident qu’accidentellement avec ceux
du
bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
1287
endrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
ce
qui serait facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de tou
1288
nes. C’est-à-dire : une méthode d’abâtardissement
du
peuple. D’autre part, il est aisé de voir que tous ces principes déri
1289
ir que tous ces principes dérivent nécessairement
du
fait que l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de
1290
attez l’instruction publique — mais vous êtes, de
ce
fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bien grave
1291
rait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4.
Ce
ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que
1292
seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici
ce
que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines sc