1
M. de Montherlant, le sport et les jésuites (
9
février 1924)a M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme
2
Montherlant, le sport et les jésuites (9 février
1924
)a M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme l’un des hér
3
nergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à
ce
jour au moins, cette inquiétude libératrice que produit la recherche
4
mée et casquée pour la lutte de l’après-guerre. ⁂
Deux
philosophies, affirme-t-il, se disputent le monde. L’une vient de l’O
5
e, pour M. de Montherlant comme pour Maurras, est
ce
qu’il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, r
6
’a saisi aux pattes de la guerre encore contus de
huit
coups de griffes et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’
7
. de Montherlant ne s’est même pas demandé si ces
deux
contrepoisons pouvaient être administrés ensemble. L’opération faite,
8
pération faite, il a pourtant fallu la justifier,
ce
qui n’a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admira
9
. Toute une partie du Paradis à l’ombre des épées
1,
son dernier livre, est consacrée à « fondre dans une unité supérieure
10
pas indispensable : « Ces simplifications valent
ce
que valent toutes les simplifications, qu’on les appelle ou non idées
11
ée que « sur ces corps de l’entre-deux-guerres, …
cinq
sur dix sont désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-il
12
sur ces corps de l’entre-deux-guerres, … cinq sur
dix
sont désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-il touché l
13
n mouvement, c’est la domination de la raison sur
ce
corps qui est exaltante, et c’est cette domination qui est le but vér
14
se font pas en vain. Le chef se dresse entre les
dix
qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande
15
pées. Rien de moins artificiellement moderne que
ce
lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe, s’échauffer sur de l
16
évitera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien
ce
qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’apprentissage de
17
it cette « éthique du sport » tempérée de raison.
Ce
qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mi
18
n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est
ce
qu’on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort
19
une « morale constructive » : porter l’effort sur
ce
qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi
20
tive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et
ce
qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraîn
21
e est bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir
ce
qu’il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais
22
ur d’Henry de Montherlant, hip, hip, hurrah ! »
1.
Éditions Grasset, Paris. 2. L’attitude de M. de Montherlant légitime
23
p, hip, hurrah ! » 1. Éditions Grasset, Paris.
2.
L’attitude de M. de Montherlant légitime une telle « simplification »
24
et les jésuites », La Semaine littéraire, Genève,
9
février 1924, p. 63-65.
25
uites », La Semaine littéraire, Genève, 9 février
1924,
p. 63-65.
26
Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (
30
octobre 1924)b Lundi soir, dans la salle du Lyceum, M. Conrad Meil
27
Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre
1924
)b Lundi soir, dans la salle du Lyceum, M. Conrad Meili parla des é
28
. Très maîtres de leur technique (contrairement à
ce
que pense souvent le public), ils préparent l’avènement d’un classici
29
Meili », Feuille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel,
30
octobre 1924, p. 6.
30
euille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 30 octobre
1924,
p. 6.
31
ant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars
1925
)a Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mè
32
pour de nouvelles conquêtes. Terriblement lucide,
ce
regard en arrière. Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore q
33
eurs plus encore que pour celles de l’adversaire,
ce
qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel rel
34
étant de faire, à notre place modeste, si peu que
ce
soit pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne bea
35
sorte, les soldats déjà légendaires de Verdun, et
ce
« haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il just
36
s grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est-
ce
pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’u
37
ain des vertus guerrières. « Il faut que la paix,
ce
soit vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-ê
38
ercher le souvenir de l’aventure antique, et dans
ce
qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourr
39
Une soumission au réel durement consentie, voilà
ce
que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient s
40
voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre.
Ce
mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je n
41
èque universelle et Revue de Genève, Genève, mars
1925,
p. 380-382.
42
André Breton, Manifeste du surréalisme (juin
1925
)b Sous une « vague de rêves », la logique, dernier agent de liaiso
43
liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins
ce
que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous
44
ux poète s’il ne s’efforçait de donner raison aux
75
pages où il voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée
45
d — dont ils se réclament imprudemment, — on sait
ce
que c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surr
46
ttres françaises qui risquent d’y perdre au moins
deux
grands artistes : Aragon, Éluard. Sans oublier Breton, enchanteur des
47
èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin
1925,
p. 775-776.
48
Paul Colin, Van Gogh (août
1925
)c Le nouveau volume de la collection des « Maîtres de l’art modern
49
ème ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis
1922.
Il contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’est contenté d
50
: « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est-
ce
que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Mil
51
de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer
ce
miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuv
52
èque universelle et Revue de Genève, Genève, août
1925,
p. 1033.
53
Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre
1925
)d Lucien Fabre, ingénieur, poète, chroniqueur scientifique, « Prix
54
né, contraint de suivre jusqu’au bout un roman de
500
pages comme Rabevel. Car si la liquidation des questions traitées est
55
t rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de
ce
que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonn
56
romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes,
ce
n’est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître :
57
comme le fait son maître : « La marquise sortit à
cinq
heures ». Une telle platitude est presque indispensable, mais il s’en
58
res qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en
trois
volumes sans y laisser des maladresses et des négligences. Mais on ne
59
lever. C’est un descendant de Roland le Camisard,
ce
« Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un f
60
endant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou »,
ce
« petit homme de la terre », qui va susciter un formidable mouvement
61
le livre on a presque l’impression qu’il a réussi
ce
grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
62
anque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
ce
pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une
63
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1925,
p. 1151-1152.
64
Les Appels de l’Orient (septembre
1925
)e Le xxe siècle s’annonce comme le siècle de la découverte du mon
65
urces pour s’y retremper. Les appels de l’Orient,
ce
sont les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plu
66
de Genève sur « l’Avenir de l’Europe. » (Cf. les
deux
réponses d’André Gide en particulier). Car la plupart des enquêtés se
67
et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout
ce
qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antid
68
out ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout
ce
qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond
69
rsité — peut-être trop nombreuses — qui composent
ce
gros volume. Les points de vue sont si différents, si différentes mêm
70
homisme et ceux qui pensent inévitable le choc de
deux
mondes, et que seule une intime connaissance mutuelle l’adoucira. Il
71
s in abstracto qui le mènent à des conclusions de
ce
genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation histori
72
s amener l’Asie à comprendre la religion romaine (
ce
christianisme méditerranéen si étroitement particularisé pourtant, à
73
ec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit
ce
que les autres entendent vaguement par Orient : l’Asie est le subcons
74
s de, « [Compte rendu] Les Appels de l’Orient (n°
9-10
des Cahiers du Mois) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
75
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1925,
p. 1152-1154.
76
Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre
1925
)f « Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contr
77
ait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il.
Ce
fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
78
être soi purement, qui veut éliminer de soi tout
ce
qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en
79
soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, —
ce
fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : R
80
n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que
ce
petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante de
81
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1925,
p. 1156-1157.
82
Almanach
1925
(septembre 1925)g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maiso
83
Almanach 1925 (septembre
1925
)g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maison d’édition Fisc
84
Almanach 1925 (septembre 1925)g En
1886,
lors de sa fondation, la nouvelle maison d’édition Fischer passait po
85
e définition de M. A. Eloesser dans l’Almanach du
25e
anniversaire. Les révolutionnaires y faisaient pourtant bon ménage av
86
sent l’Almanach Fischer donnent une juste idée de
ce
que fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la m
87
de ce que fut la littérature d’avant-garde entre
1900
et 1910. Depuis, la maison paraît s’être un peu embourgeoisée… Disons
88
ue fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et
1910.
Depuis, la maison paraît s’être un peu embourgeoisée… Disons plutôt q
89
de, « [Compte rendu] S. Fischer Verlag, Almanach
1925
», Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 19
90
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1925,
p. 1162-1163.
91
Otto Flake, Der Gute Weg (septembre
1925
)h Dans l’atmosphère trouble où s’agite l’Allemagne nouvelle — et p
92
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1925,
p. 1163. i. Orthographié « Flasce » par erreur dans l’original.
93
Miguel de Unamuno,
Trois
nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)j M. Valéry L
94
s nouvelles exemplaires et un prologue (septembre
1925
)j M. Valéry Larbaud est vraiment un étonnant esprit. Pour présente
95
uggestive, telles sont les vertus de sa critique.
Ce
n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera
96
on et le gage de sa légitimité. Nul doute que les
Trois
nouvelles exemplaires ne suscitent un intérêt très profond : elles no
97
dello. N’annonce-t-il pas que les personnages des
trois
nouvelles « sont réels, très réels, de la réalité la plus intime, de
98
tail extérieur ou d’enjolivure. La lecture de ces
trois
tragédies, d’une classique sobriété mais d’une brutalité et d’une iro
99
ont Denis de, « [Compte rendu] Miguel de Unamuno,
Trois
nouvelles exemplaires et un prologue », Bibliothèque universelle et
100
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1925,
p. 1164.
101
Vinet, historien de la pensée française (octobre
1925
)k Peut-être n’est-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seil
102
rop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de
ce
nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapp
103
ont lui-même s’est fait le moderne champion. Pour
ce
qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de pei
104
elles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout
ce
qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, V
105
sée plus vivante, ni de plus tonique que celle de
ce
« Pascal protestant ». k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Ern
106
e universelle et Revue de Genève, Genève, octobre
1925,
p. 1797-1798.
107
Jules Supervielle, Gravitations (décembre
1925
)l « Quel est celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie
108
1925)l « Quel est celui-là qui s’avance » avec
ce
visage d’entre la vie et la mort « où se reflète le passage incessant
109
appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry,
ce
poète sait « des complicités étranges pour assembler un sourire ». Co
110
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1925,
p. 1560.
111
Simone Téry, L’Île des bardes (décembre
1925
)m L’Irlande contemporaine offre un spectacle bien passionnant : ce
112
on, comme fut celle des Yeats, Synge, Joyce même…
Trois
noms qui permettent, je crois, de parler d’un grand siècle littéraire
113
e parler d’un grand siècle littéraire irlandais ;
ce
que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’e
114
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1925,
p. 1567.
115
Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre
1925
)n La Révolution russe va-t-elle usurper dans le roman d’aventures
116
du parti que peut tirer le nouveau romantisme de
ce
chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette tr
117
l sait qu’un grand mouvement est la résultante de
millions
de petits. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une fam
118
es conséquences. C’est ainsi qu’interviennent les
trois
Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tan
119
us les essais de M. de Voguë sur l’âme slave pour
deux
ou trois scènes de La Cité secrète. Pour celle-ci par exemple (caché
120
ssais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou
trois
scènes de La Cité secrète. Pour celle-ci par exemple (caché dans un r
121
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1925,
p. 1567-1568.
122
Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (
2
février 1926)c M. René Guisan, professeur de théologie à Lausanne
123
érence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février
1926
)c M. René Guisan, professeur de théologie à Lausanne et directeur
124
l’Église continue à faire des saints, tandis que
ce
terme n’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là no
125
lus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-
ce
là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élé
126
Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’était-
ce
pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y
127
ifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme
ce
missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestan
128
qu’aux limites les plus hautes de la vertu. Dans
ce
sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints,
129
Conférence Guisan », Suisse libérale, Neuchâtel,
2
février 1926, p. 2.
130
e Guisan », Suisse libérale, Neuchâtel, 2 février
1926,
p. 2.
131
Adieu, beau désordre… (mars
1926
)o L’époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bon
132
uelques autres, sont parmi les plus conscients de
ce
temps ; mais si l’on songe aux bataillons de pâles opportunistes sans
133
en de la bêtise de tous les partis, on comprendra
ce
que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? N
134
prétendre à l’action sociale que l’époque réclame
1.
C’est aussi pourquoi l’on ne saurait accorder trop d’importance à leu
135
s s’opposent avec hostilité. Dans l’intérieur des
deux
maisons pourtant se débattent les mêmes brouilles de famille entre Ar
136
amille entre Art et Morale, Pensée et Action… Ces
deux
moralistes adonnés à la culture et à la libération du moi paraissent
137
goïstes avec une profonde conviction ; par vertu.
Ce
qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de l
138
t vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est
ce
besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se vo
139
goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre
ce
que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureu
140
te lassitude facile à juger du dehors n’était pas
ce
qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, m
141
facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a
vingt
ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions-nou
142
ettre aucun acte volontaire et raisonné parce que
ce
serait fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieur
143
ffrait déjà une singulière préfiguration : Certes
ce
ne seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la p
144
effroi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre
ce
que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si fo
145
. On voit assez à quel genre de sophismes conduit
ce
mouvement de l’esprit qui n’utilise une borne que pour sauter plus lo
146
mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliquer
ce
besoin de porter à son excès toute chose, au-delà de toutes limites.
147
ts, la conscience de nos limites naturelles, tout
ce
qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer un
148
surde de quelques problèmes moraux et littéraires
8,
à quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. (« Nous sommes une généra
149
es révolutions, quelles anarchies, quels Niagaras
9
!) Quelques jeunes hommes l’ont compris. Ils sont modestes — ne s’is
150
hoisir parmi leurs instincts, ni de les améliorer
10.
Tout ceci est assez nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur
151
compose d’un seul coup une grande misère, et par
ce
moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de D
152
en présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. »
1.
Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civique
153
l’époque, c’est une manière d’agir contre elle.
2.
« La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’était d
154
2. « La crise du concept de littérature », NRF,
1923.
3. « Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience hu
155
La crise du concept de littérature », NRF, 1923.
3.
« Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humain
156
goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon)
4.
« Lorsque tout est fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de Ren
157
Lorsque tout est fini » dans Libertinage. (NRF)
5.
Détours de René Crevel ; les romans de Philippe Soupault ; l’Incerta
158
Rochelle. Je ne cite que les plus significatifs.
6.
Aragon, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond du rom
159
e les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit.
7.
Le « goût du désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous em
160
nte d’une violence, d’un vice, d’une inquiétude.
8.
« Certaines expériences littéraires sont plus dangereuses que des exp
161
s que des expériences réelles » (Marcel Arland).
9.
Ce serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On
162
ue des expériences réelles » (Marcel Arland). 9.
Ce
serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est
163
lus éloignée de celle qui permet le surréalisme.
10.
Une équipe d’hommes solides suffirait à restaurer une élite, efficace
164
aurer une élite, efficace. (Je vois Jean Prévost,
deux
ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois, et peut-être Drieu la
165
e élite, efficace. (Je vois Jean Prévost, deux ou
trois
de Philosophies, des Cahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle,
166
èque universelle et Revue de Genève, Genève, mars
1926,
p. 311-319.
167
Pierre Jean Jouve, Paulina
1880
(avril 1926)p Au creux des couleurs assourdies d’un divan le soir,
168
Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril
1926
)p Au creux des couleurs assourdies d’un divan le soir, tandis que
169
s de, « [Compte rendu] Pierre Jean Jouve, Paulina
1880
», Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, avril 1926,
170
que universelle et Revue de Genève, Genève, avril
1926,
p. 530-531.
171
Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril
1926
)q Un artiste de grand talent à qui la guerre a fait perdre le goût
172
s et les vieilles dames à principes. Voilà, n’est-
ce
pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu con
173
malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir
ce
livre où l’on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi d
174
que universelle et Revue de Genève, Genève, avril
1926,
p. 531.
175
Conférences d’Aubonne (
7
avril 1926)d e Pour la première fois cette année, les conférences
176
Conférences d’Aubonne (7 avril
1926
)d e Pour la première fois cette année, les conférences de l’Associ
177
les discussions philosophiques provoquées par ces
deux
travaux. Avec la conférence de M. Jean Cadier, un jeune pasteur franç
178
is M. A. Brémond, étudiant en théologie, présenta
deux
ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de pa
179
ats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires.
Ce
que nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradant
180
s nous compromettre, si nous écopons, tant pis. »
Cinq
conférences et autant de cultes en trois jours, cela peut paraître ex
181
nt pis. » Cinq conférences et autant de cultes en
trois
jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère p
182
plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit
ce
qu’il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands rec
183
ntre un banquier et un philosophe au milieu d’une
centaine
d’étudiants et de professeurs suisses et français. Miracle qui nous f
184
férences d’Aubonne », Suisse libérale, Neuchâtel,
7
avril 1926, p. 2. e. Signé : Stud. litt.
185
d’Aubonne », Suisse libérale, Neuchâtel, 7 avril
1926,
p. 2. e. Signé : Stud. litt.
186
Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai
1926
)r Un léger flirt avec la muse, parce que c’est dimanche, parce qu’
187
paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. »
Ce
poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour —
188
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1926,
p. 661.
189
Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai
1926
)s C’est le récit de la découverte de Dieu par une jeune fille élev
190
semblablement ignorante de toute religion jusqu’à
20
ans, Denise s’abandonne à « la vie », laquelle — un peu aidée par l’a
191
révèlera peu à peu le sens divin de la destinée.
Ce
livre à thèse est plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants
192
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1926,
p. 661.
193
Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai
1926
)t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean
194
ean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)t Sous
ce
titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a ré
195
peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni
ce
qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’
196
fessionnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser
ce
qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
197
u’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer.
L
[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’est jamais
198
oins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à
ce
jour est le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépass
199
la poésie. (« Le poète ne rêve pas, il compte. »)
Six
projecteurs convergent sur une machine luisante et tournante. L’espri
200
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1926,
p. 661-662.
201
René Crevel, Mon corps et moi (mai
1926
)u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale de la gén
202
il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout
ce
qui est constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre
203
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1926,
p. 662-663.
204
L’atmosphère d’Aubonne :
22-25
mars 1926 (mai 1926)f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on
205
L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars
1926
(mai 1926)f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien
206
L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai
1926
)f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du d
207
ne telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à
ce
que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de s’établir. Alors le m
208
ndit. Le miracle, c’est l’esprit d’Aubonne. C’est
ce
miracle tout ce qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet —
209
, c’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout
ce
qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois
210
» pas mal de préjugés en matières sociales. Mais
ce
qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les dis
211
bat que tous menaient en eux-mêmes loyalement. Et
ce
désir d’arriver à quelque chose de définitif à la fois et d’intellige
212
re la liberté d’un culte moins platonique : n’est-
ce
pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur
213
à la brochure de la conférence3 pour savoir tout
ce
que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore :
214
ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes.
3.
Il suffit encore : f 2.50, nom et adresse. f. Rougemont Denis de, «
215
ans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f
2.50,
nom et adresse. f. Rougemont Denis de, « L’atmosphère d’Aubonne : 2
216
. Rougemont Denis de, « L’atmosphère d’Aubonne :
22-25
mars 1926 », Lux et Vita : nouvelles de l’Association chrétienne suis
217
t Denis de, « L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars
1926
», Lux et Vita : nouvelles de l’Association chrétienne suisse d’étudi
218
tion chrétienne suisse d’étudiants, Lausanne, mai
1926,
p. 44-45.
219
Le Corbusier, Urbanisme (juin
1926
)v Nous disons adieu aux charmes troubles et inhumains de la nature
220
métrie… Elle use et conduit lentement l’usure des
milliers
d’êtres humains ». Elle n’est plus adaptée aux conditions nouvelles d
221
détail des rues. Congestion : « un cheval arrête
1000
chevaux-vapeurs ». Et pourtant « la ville est une image puissante qui
222
de la matière. Si Le Corbusier réalise son plan,
ce
sera plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui
223
struire les villes de notre temps ». Et je déplie
ce
plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de verre et de c
224
e et de ciment blanc, flamboyantes au soleil. Les
vingt-quatre
gratte-ciel de la cité, au centre, s’espacent autour d’un aérodrome-g
225
errasses. Des perspectives régulières recoupées à
200
et 400 mètres par les plans fuyants des rues immenses livrées au 100
226
s. Des perspectives régulières recoupées à 200 et
400
mètres par les plans fuyants des rues immenses livrées au 100 à l’heu
227
ar les plans fuyants des rues immenses livrées au
100
à l’heure des autos. Les maisons habitées ne sont plus que des encein
228
lumineux à la place de nos cités congestionnées,
ce
serait peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des in
229
génieurs se sont mis à calculer la réalisation de
ce
phénomène de haute poésie — la « ville contemporaine ». Un labeur pré
230
e de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout
ce
qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Roug
231
chitecture : « tout ce qui est au-delà du calcul…
Ce
sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rend
232
èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin
1926,
p. 797-798.
233
Confession tendancieuse (mai
1926
)g Écrire, pas plus que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément
234
es. Amour de soi… Mais moi, qui suis-je ? Par ces
trois
mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais je le se
235
cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs,
ce
corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore,
236
corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis,
ce
tic. Mais encore, tant d’autres forces et tant d’autres faiblesses, t
237
mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent
vingt
visages que je puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses
238
en moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-
ce
ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement
239
uir de mes victoires, à pleurer sur mes déboires,
ce
malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtais. Mais en mê
240
être une force aveugle de violence s’était levée.
Ce
fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance
241
anisaient brusquement les éléments désaccordés de
ce
moi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un de
242
gue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout
ce
qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de t
243
ée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout
ce
qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — t
244
t ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout
ce
qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’
245
oi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! »
Ce
n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’éta
246
mais que je dois feindre d’avoir résolus : c’est
ce
qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’
247
e m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que
ce
but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrêt
248
je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par
ce
que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’i
249
oin sans cesse, de battre mes propres records. De
ce
lent effort naît une modestie que je m’enorgueillis un peu de connaît
250
vite le sentiment d’être dans un débat étranger à
ce
véritable débat de ma vie : comment surmonter un malaise sans cesse r
251
in la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre
ce
corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies d
252
légèreté puissante, quelle confiance vont guider
ce
corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle,
253
, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (
Ce
désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son
254
aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut.
4.
La sincérité absolue, « scientifique » me paraît aller contre fin. Un
255
oi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse.
5.
Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me semble une dérision
256
. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite,
ce
me semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expérien
257
tendancieuse », Les Cahiers du mois, Paris, juin
1926,
p. 144-148.
258
Ramon Fernandez, Messages (juillet
1926
)w Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essa
259
Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant
ce
recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante d
260
sonne et la morale et l’esthétique modernes. Et à
ce
propos, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvr
261
os, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par
ce
biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre me paraît liée à cett
262
connaissance personnelle. Après quoi il écrit : «
II
y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et
263
onnelle. Après quoi il écrit : « II y a, en fait,
deux
manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’essayer. » Fort
264
es neuves et fortes, mais péniblement comprimées.
Ce
défaut de forme est peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au
265
e universelle et Revue de Genève, Genève, juillet
1926,
p. 124-125.
266
Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (
10
juillet 1926)h Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce «
267
Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet
1926
)h Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de
268
Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de
ce
« long songe de violence et de volupté », je me sens envahi par un ry
269
s forces qui se lèvent. Car telle est la vertu de
ce
livre, qu’on l’éprouve d’abord trop vivement pour le juger. L’auteur
270
, l’éditeur un roman, parce que ça se vend mieux.
Ce
récit des premiers combats de taureaux du jeune Montherlant est en ré
271
tion la plus réaliste de la vie animale. Et n’est-
ce
pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille i
272
éalisme. Une perpétuelle palpitation de vie anime
ce
livre et lui donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce qu’
273
donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec
ce
qu’il y a de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre éne
274
cet amour qu’Alban (le jeune héros du récit) sent
ce
que sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’ell
275
a bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait
ce
qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce q
276
e, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que
ce
qu’on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais envers
277
n aime, et les victorieux sont d’immenses amants »
6.
Mais envers les taureaux cet amour tourne en adoration ou en une véri
278
dans la description des taureaux ne se manifeste
ce
passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de simple grande
279
de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser
ce
qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrific
280
oleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de
ce
paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrifices sanglants. Pou
281
ment un peu pauvre pour fonder une religion. Mais
ce
n’est peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plu
282
peut nous mener à des hauteurs où devient naturel
ce
cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons-nous besoin d’un autre amour
283
qu’une évocation de l’Espagne et du génie taurin.
Ce
qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des
284
e et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page,
ce
qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en
285
ui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases,
ce
qui s’élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de p
286
d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à
ce
qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les souc
287
croche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que
ce
soit l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il
288
t entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-
ce
point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à force d’y
289
t contractée, par la grâce de l’éternel Désir ?
6.
Il est curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la
290
r ici plusieurs autres passages qui préciseraient
ce
parallélisme du poète et du philosophe. h. Rougemont Denis de, « [C
291
Les Bestiaires », La Semaine littéraire, Genève,
10
juillet 1926, p. 335.
292
res », La Semaine littéraire, Genève, 10 juillet
1926,
p. 335.
293
Le Dépaysement oriental (
16
juillet 1926)a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’
294
Le Dépaysement oriental (16 juillet
1926
)a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont
295
é. Nul n’est moins oriental que de Traz, et c’est
ce
qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent p
296
vre comme celui-ci est plus dans l’opposition des
deux
mondes que dans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’accum
297
ste une « préférence irréductible pour le vrai ».
Ce
qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « rel
298
isir. » Et encore ceci que je trouve si juste : «
Ce
qui définit le plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fid
299
que pour parler comme j’aurais voulu le faire des
deux
autres parties du volume, d’une importance moins actuelle, mais d’une
300
stes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de
ce
bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop
301
y trouver les seuls motifs réels d’exaltation.
1.
Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris. a. Rougemont Denis d
302
paysement oriental », Journal de Genève, Genève,
16
juillet 1926, p. 1.
303
riental », Journal de Genève, Genève, 16 juillet
1926,
p. 1.
304
Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre
1926
)x J’éprouve quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce no
305
quelque gêne à porter un jugement littéraire sur
ce
nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore
306
e nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans
ce
récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup m
307
beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans
ce
portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Montherl
308
eur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à
16
ans, c’est surtout le Montherlant actuel que l’on sent. C’est dire qu
309
agnoles pleines de simple grandeur, j’ai supporté
mille
fastidieux détails techniques et des délires taurologiques avec lesqu
310
onné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais
ce
jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines du désir certaines
311
universelle et Revue de Genève, Genève, septembre
1926,
p. 397-398.
312
Soir de Florence (
13
novembre 1926)i Des cris mouraient vers les berges du fleuve jaune
313
Soir de Florence (13 novembre
1926
)i Des cris mouraient vers les berges du fleuve jaune, entre les de
314
raient vers les berges du fleuve jaune, entre les
deux
façades longues que la ville présente au couchant, dans ce corridor d
315
s longues que la ville présente au couchant, dans
ce
corridor de lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle dev
316
ison blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais
ce
n’est pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous acc
317
atmosphère de triste volupté emplit notre monde à
ce
chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur.
318
roues peintes du char, l’Italie des poètes… Mais
ce
pays tout entier pâmé dans une beauté que saluent tant de souvenirs n
319
ure… L’homme chante une plainte inouïe de pureté.
Deux
phrases rapides ondulent dans l’air lourd. Le chant descend très douc
320
du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre
ce
lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vi
321
emps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à
ce
que les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide,
322
oir de Florence », La Semaine littéraire, Genève,
13
novembre 1926, p. 547-548.
323
nce », La Semaine littéraire, Genève, 13 novembre
1926,
p. 547-548.
324
Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre
1926
)y L’auteur veut amuser en nous quelques idées graves en leur prése
325
contradictoires d’un individu. C’est pour traiter
ce
sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, q
326
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1926,
p. 810.
327
Alfred Colling, L’Iroquois (décembre
1926
)z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une
328
Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z
Ce
roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphè
329
urait été si délicieusement invraisemblable… Mais
ce
cœur fatigué se reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenir
330
ieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez
neuf
. z. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Alfred Colling, L’Iroquoi
331
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1926,
p. 810-811.
332
dré Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre
1926
)aa Un Chinois écrit d’Europe à un Français qui lui répond de Chine
333
C’est encore une vision de l’Occident qui naît de
ce
petit livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe «
334
milions sans trêve notre sensibilité au profit de
ce
« mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît d
335
La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie,
ce
mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse :
336
thiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là
deux
points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait parler son Ch
337
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1926,
p. 811-812.
338
Avant-propos (décembre
1926
)a b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de
339
revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que
ce
serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons q
340
ns doute, les différences s’accusent : mais n’est-
ce
pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment en
341
après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis,
ce
sont les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboît
342
« Après moi, le déluge ! », et de se détourner de
ce
qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le
343
us le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos
huit
numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et indéfini
344
res, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, décembre
1926,
p. 3-5. b. Signé : Le Comité central.
345
Paradoxe de la sincérité (décembre
1926
)c Nous voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps.
346
voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de
ce
temps. Il fallait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne
347
fin la notion concrète de sincérité s’évanouit en
mille
définitions tendancieuses et contradictoires. Êtes-vous sincères en a
348
gine un personnage de tableau se mettre à décrire
ce
qu’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pou
349
ateur. Pour parler avec un peu de clairvoyance de
ce
dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait
350
dans une certaine mesure — parce que nécessaire —
ce
qu’il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de
351
ent : sincérité = spontanéité. Mais la morale est
ce
qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide éc
352
ait pas qu’il allait faire école. Le fait est que
ce
geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là m
353
gratuit une valeur morale en disant qu’il révèle
ce
qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de
354
ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité.
Ce
serait un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être
355
au, je prends une feuille blanche, je vais écrire
ce
que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hé
356
délivrer en gestes, en conséquences matérielles.
Ce
n’est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon e
357
t à la découverte d’une faiblesse que j’aboutis :
ce
quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. S
358
tis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir
ce
que l’élan appelait. Second exemple. — J’éprouve le besoin de fair
359
classique et irréfutable à toute introspection :
ce
daltonisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendr
360
tion : ce daltonisme du souvenir. Si l’un de ces
deux
procédés peut m’apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qua
361
est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’est-
ce
pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de co
362
éant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé :
ce
qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
363
nnée comme raison d’une perpétuelle attente »), —
ce
que l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vi
364
elle attente »), — ce que l’auteur découvre c’est
ce
« merveilleux contraire » de l’élan vital qu’il nomme élan mortel — g
365
t du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve
ce
qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous cr
366
t tout un moyen de se connaître. Cependant, n’est-
ce
pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus po
367
e plus pouvoir même souhaiter d’être différent »,
ce
qui est la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée
368
nce, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez
ce
qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites
369
orte de sincérité les retient d’imposer aux héros
ce
rythme volontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait faus
370
e volontaire par lequel un Balzac les fait vivre.
Ce
serait fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs
371
un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi est-
ce
encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on p
372
ère). Mais on ne peut se maintenir dans cet état.
Ce
« mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce p
373
peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge »,
ce
choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas être sincère a
374
e choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-
ce
pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt
375
» est de l’homme même J’en étais à peu près à
ce
point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup co
376
J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à
ce
point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincé
377
oint de mes notes — à ce point de mon dégoût pour
ce
que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inin
378
e leur propre témoin, intelligent mais immobile :
ce
sont les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouv
379
e d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.)
Ce
qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de fo
380
ec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi,
ce
jour de l’adolescence où l’on soupçonne pour la première fois que cer
381
Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime,
ce
moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que
382
ne analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors,
ce
n’est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle.
383
s lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers
ce
modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les
384
lle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout
ce
que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous l
385
d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas
ce
but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figura
386
lus réelle de l’individu — en dehors du corps. Et
ce
ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dess
387
être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit que
ce
constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique
388
ter pour être efficace — qui m’interdit de nommer
ce
dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce
389
c’est celle qu’on tire de soi-même.) Hypocrisie,
ce
sourire des sphinx ; hypocrisie, masque ambigu d’une liberté plus pré
390
que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas
ce
que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La vé
391
Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais
ce
que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description d
392
, mais ce que de toute mon âme je veux être !…
1.
La véritable description de l’élan supposé dans le premier exemple, c
393
iption de l’élan supposé dans le premier exemple,
ce
serait le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
394
mettre. Manifester est plus sincère qu’analyser.
2.
D’ailleurs toute la psychologie moderne souligne la quasi-impossibili
395
namisme directement dans notre langage statique.
3.
« Et certes quand il s’agit de parole ou d’écriture, l’affirmation pr
396
res, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, décembre
1926,
p. 13-25.
397
Dés ou la clef des champs (
1927
)l « On sent l’absurdité d’un semblable système. » Musset. Une r
398
une consommation. Comme d’habitude, un peu après
six
heures. J’étais seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice a
399
familiers d’une vie honnête de type courant. Pour
dix
sous et le prétexte d’un apéro, on entre ici dans le jardin des songe
400
oudain, portant la main à son gilet, il en retira
trois
dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indéc
401
d’un hasard qui opère au commandement de la main.
Ce
soir-là, une confiance me possédait, telle que je savais très clairem
402
igurer comme une sorte de « personnage aux dés ».
Ce
furent d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérabl
403
la leur. Ils voudraient que leur vie garantît un
5
% régulier de plaisirs, avec assurance contre faillites morales et do
404
angoisse. Ça les dérange terriblement, sauf un ou
deux
qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en
405
deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin
ce
brave homme qui est en train de me soutirer les quelque billets de mi
406
st en train de me soutirer les quelque billets de
mille
dont je venais de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’irai t
407
s je songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-
ce
que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suf
408
encore, saurai-je un jour te désirer, te haïr…
9.
Calembour sur une idée juste. (Note de l’éd.) l. Rougemont Denis de
409
enis de, « Dés ou la clef des champs », Neuchâtel
1928
: beaux-arts, arts appliqués, architecture, littérature, Neuchâtel, 1
410
appliqués, architecture, littérature, Neuchâtel,
1927,
p. 97-104.
411
Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier
1927
)ab « Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppo
412
qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose.
Ce
ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est
413
temps à recenser les incohérences pittoresques de
ce
petit livre. Quant à ceux que certaines envolées magnifiques et hagar
414
l ; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent
ce
que je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se
415
surréaliste. Devant cette ostentation de révolte,
ce
mélange de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de
416
les modernes, il bat tous les records de l’image,
ce
qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres dél
417
boîte de nuit, d’une devanture, d’un parc public.
Ce
n’est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un d
418
e universelle et Revue de Genève, Genève, janvier
1927,
p. 123-124.
419
Billets aigres-doux (janvier
1927
)d e Pour Harriet V. A.-W. Poste aux amours perdues Sur le
420
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier
1927,
p. 40. e. Signé : Julien Domingue.
421
ysique : L’individu atteint de strabisme (janvier
1927
)f g Comme le démiurge venait de peser sur le commutateur des étoil
422
s, tout scintillement pudiquement dissimulé. Vers
1
heure, elle éclaira d’une rose caresse lumineuse la chevelure rouge d
423
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier
1927,
p. 54-55. g. Signé : Salomon de Crac.
424
Dans le Style (janvier
1927
)h Nous recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Mo
425
eillant en français, termine : … Irène. (Grasset,
1924
… … y compris la Suède et la Norvège.) On lit dans les Nouvelles li
426
e.) On lit dans les Nouvelles littéraires , du
8
janvier 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré en
427
it dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier
1927,
l’information suivante : Mardi dernier a été célébré en l’église grec
428
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier
1927,
p. 61-62.
429
Bernard Barbey, La Maladère (février
1927
)ac « Quel admirable sujet de roman, écrit Gide, au bout de quinze
430
admirable sujet de roman, écrit Gide, au bout de
quinze
ans, de vingt ans de vie conjugale, la décristallisation progressive
431
t de roman, écrit Gide, au bout de quinze ans, de
vingt
ans de vie conjugale, la décristallisation progressive et réciproque
432
oires l’objet de l’amour. Mais les jeunes gens de
ce
temps ne cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plu
433
orale ne sait plus leur imposer de feindre encore
ce
que le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes ép
434
rd qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que
ce
mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les at
435
s se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot,
ce
geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait
436
les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait
ce
qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il so
437
ge, une image qu’on garde comme un pressentiment.
Ce
n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une c
438
e d’hiver et soudain sous la lueur d’un incendie,
deux
visages tordus de passion. Cette fin est admirable, dont la brutalité
439
e universelle et Revue de Genève, Genève, février
1927,
p. 256.
440
Guy de Pourtalès, Montclar (février
1927
)ad L’on aime que, pour certains hommes, écrire ne soit que le rece
441
auxquels il ne tient guère, et l’on comprend que
ce
journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette faç
442
nifeste en toute occasion de sa vie est peut-être
ce
qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par
443
et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir
ce
qui est en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne pe
444
. Et peut-être l’amour n’est-il possible qu’entre
deux
cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténués. Mais alors quelle av
445
ntement leur amour, à force de petites blessures.
Ce
n’est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu so
446
malies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste,
ce
me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie com
447
ité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur
ce
qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquièt
448
le. Pourtant, qu’elle ne laisse point oublier que
ce
livre d’une résonance si humaine, est mieux que charmant, — douloureu
449
e universelle et Revue de Genève, Genève, février
1927,
p. 257. ae. Il manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition
450
Lettre du survivant (février
1927
)i j « Triste, mais vrai. » (Les journaux.) Mademoiselle, Il faut
451
allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée
quatre
ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on dit, sans doute parc
452
de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou
cinq
fois dans des lieux de plaisir, comme on dit, sans doute parce que c’
453
plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à
ce
bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me prés
454
er… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et
ce
refus au sommeil qui meurtrit jusqu’à l’âme.) Convulsions d’oriflamme
455
passer trop souvent devant les ascenseurs. « Vers
4
heures, me disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, j
456
is paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de
dix
personnes s’engouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’épro
457
tre bel ami laqué, souriante… Enfin, un peu après
6
heures, je suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, so
458
te rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant
ce
temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait
459
, les jambes fatiguées, les paupières lourdes, et
ce
chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces
460
it tout son empire à ma timidité. Peut-être était-
ce
vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle s
461
vant de retrouver ma rue. Il doit être maintenant
5
heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me se
462
vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a
vingt-quatre
heures donc, j’étais encore au bal. Cette constatation machinale ne c
463
-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien
ce
goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherc
464
mée, mais bien ce goût profond de ma destruction,
ce
rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus
465
, ce rongement, cette sournoise recherche de tout
ce
qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur
466
st chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre
deux
phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image
467
e le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que
ce
geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne com
468
pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre,
ce
que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Di
469
rquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
ce
que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glisseme
470
audrait que je dorme : il n’y aurait plus rien.
4.
Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont
471
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, février
1927,
p. 67-72. j. Signé : Arthur.
472
Orphée sans charme (février
1927
)k « Cet âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’est jamai
473
qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. »
Ce
qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétati
474
i me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles
deux
interprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir m’empêcher d’y s
475
e : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — «
Ce
n’est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve,
476
se-trappes, cette habileté surtout. Je ne sais si
ce
malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’il écriv
477
. Il semble que Cocteau ait réalisé là exactement
ce
qu’il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guèr
478
r l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme,
ce
qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une
479
is parler de lui autrement que par métaphores.)
5.
M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et même il appelait Orphée
480
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, février
1927,
p. 85-87.
481
L’autre œil (février
1927
)l m Décembre L’époque s’ouvre où l’on attend un miracle pour
482
s, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que
2
et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des
483
us ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et
2
font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des soir
484
ommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font
22,
et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des soirs où tout
485
nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger
5000
personnes en huit soirées, et de les occuper quatre heures durant… Ma
486
culons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en
huit
soirées, et de les occuper quatre heures durant… Mais la vision, rapi
487
5000 personnes en huit soirées, et de les occuper
quatre
heures durant… Mais la vision, rapidement entrevue par chacun dans so
488
, à propos d’une apparition La vieille Monture
6
un soir nous apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée
489
nnaître Cinématoma. Naissance de Cinématoma
Cinq
bellettriens furent commis au soin d’engendrer cet adorable monstre.
490
. Quelquefois, Mossoul amène un scénario né entre
deux
cafés-nature, et presque sans qu’il s’en soit rendu compte. Clerc ent
491
en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet à
deux
faces. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. To
492
ême s’il se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de
ce
paludesque et stérile consistoire, une idée de génie vint s’asseoir c
493
ran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva
deux
actrices, M. Grosclaude son fils Lucas Loukitch et une mise en scène
494
que par métaphore. À La Chaux-de-Fonds, il y eut
trente
membres et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds
495
. À La Chaux-de-Fonds, il y eut trente membres et
cent
doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreillles ?
496
onds, il y eut trente membres et cent doigts dans
deux
lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreillles ? À signaler la fu
497
on appelle, sans doute par antiphrase, la vie.
6.
Revue ou prologue. l. Rougemont Denis de, « L’autre œil », Revue de
498
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, février
1927,
p. 94-95. m. Signé : Topinet.
499
smonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (
16
février 1927)j Le sujet que M. Esmonin, professeur à la Faculté de
500
« La révocation de l’édit de Nantes » (16 février
1927
)j Le sujet que M. Esmonin, professeur à la Faculté des lettres de
501
nin montra avec beaucoup de clarté comment, entre
1578,
date de la proclamation de l’édit, et 1685, date de la révocation, la
502
entre 1578, date de la proclamation de l’édit, et
1685,
date de la révocation, la France passa de la plus grande liberté à la
503
a France de l’édit, victorieuse dans la guerre de
Trente
Ans, l’orateur expose comment on en vint à la révocation. C’est d’abo
504
jaloux de ses droits considérables encore ; puis
ce
sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un
505
jésuites ont déjà réussi à « tourner » l’édit par
mille
arguties juridiques. Et les statistiques faussées peuvent faire croir
506
un d’eux s’indigne, dans une lettre à Louvois, de
ce
que « les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangil
507
le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du
16
octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France. Dévia
508
t d’Albert Sorel, selon qui la date du 16 octobre
1685
marque une déviation dans l’histoire de la France. Déviation telle, e
509
Nantes », Feuille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel,
16
février 1927, p. 8.
510
euille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 16 février
1927,
p. 8.
511
Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars
1927
)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un homme que son évolut
512
u héros plus confiant et secrètement incertain de
ce
roman. À la veille de se marier, Jérôme Parseval, journaliste parisie
513
re une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout
ce
qu’il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la rever
514
hui un réalisme discret mais précis et le sens de
ce
qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant qu
515
t le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de
ce
qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements
516
notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout
ce
qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ».
517
ui est profond en nous, et elle ne manque guère à
ce
devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réalisme trop amer et c
518
yrique, par l’équilibre qu’il maintient entre ces
deux
inconscients : l’époque et l’être secret du héros. Il sait mieux que
519
Personne ne peut juger du drame qui se joue entre
deux
êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or
520
entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans
ce
roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le mas
521
èque universelle et Revue de Genève, Genève, mars
1927,
p. 387-388.
522
r’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars
1927
)n Surprendre est peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob.
523
t peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob.
Ce
soir-là, le programme comprenait : un film d’avant-guerre ; un film j
524
naire, de René Clair. La Mort de Phèdre (environ
1905
) : quelques acteurs d’une troupe de province s’agitent incompréhensib
525
cipe est simple : « Je vous aime » se traduit par
trois
ou quatre claques sur la poitrine ; et une crise intérieure par un co
526
simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou
quatre
claques sur la poitrine ; et une crise intérieure par un court accès
527
s gens bien habillés. » Soudain éclate Entr’acte (
1925
). « Une étude sur le Monde des Rêves ». Rondes de cheminées dans le c
528
ssez tragique. Mitrailleuse de phares d’auto, les
100
000 yeux de la nuit. Des imprécisions rapides. Un chasseur, toujours
529
tragique. Mitrailleuse de phares d’auto, les 100
000
yeux de la nuit. Des imprécisions rapides. Un chasseur, toujours sur
530
qui s’ouvre pour dégager le mouvement obsédant de
deux
jambes, l’harmonie de leurs arabesques à trois dimensions mêlées avec
531
de deux jambes, l’harmonie de leurs arabesques à
trois
dimensions mêlées avec une lenteur et une perfection dont une brève v
532
es personnages et lui-même. ⁂ Le tout ne dure pas
20
minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domai
533
éclatement des têtes de poupées, à la conclusion.
Ce
n’est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’atte
534
il exprime, et se suffit. Mais comme pour le film
1905,
on a sans cesse envie de crier : « Trop de gestes ! » C’est une quest
535
moins, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais
ce
sont là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les
536
chose qui ne serait étonnante que dans le réel ;
ce
n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu
537
l » nous apparaît alors comme l’une seulement des
mille
figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles —
538
e, car alors quoi de plus surréaliste que le film
1905.
Ce n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un fil
539
alors quoi de plus surréaliste que le film 1905.
Ce
n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film c
540
Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mars
1927,
p. 124-127.
541
Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril
1927
)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvell
542
nquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que
ce
témoignage sur les générations nouvelles et leurs maîtres soit lu par
543
ût de l’absolu à la fois mystique et anarchique :
ce
sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. R
544
en face de l’inquiétude », M. Rops considère les
deux
solutions les plus parfaites qui s’offrent aux jeunes gens d’aujourd’
545
tre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant
ce
qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix
546
ciente ruse d’un inquiet qui veut le rester ? Ces
deux
solutions peuvent se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lo
547
rester ? Ces deux solutions peuvent se résumer en
deux
mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vraiment les deux terme
548
quiétude ou foi. Dès lors sont-elles vraiment les
deux
termes d’un dilemme, l’une n’étant que le chemin qui mène à l’autre ?
549
que universelle et Revue de Genève, Genève, avril
1927,
p. 563-564.
550
Louis Aragon, le beau prétexte (avril
1927
)o Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon êt
551
isie, même si cela doit m’anéantir. Hoffmann.
I
(Notes écrites en décembre 1925, au sortir d’une conférence sur le
552
ir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre
1925,
au sortir d’une conférence sur le Salut de l’humanité.) Ce soir en
553
r d’une conférence sur le Salut de l’humanité.)
Ce
soir en moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau d
554
moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter
ce
manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon
555
’on est enfin rassuré. C’est incompréhensible !,
trois
mots dont l’un savant. Je ne connais pas de meilleur remède contre Di
556
éprouvées par le repas dont vous sortez, que ces
trois
mots où se résume la défense de la loi sociale, patriotique, religieu
557
protège votre paresse à concevoir en esprit. Ces
trois
mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre
558
porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de
ce
côté. Retournez à vos amours. .......................................
559
’un prophète qui rapprenne comment aimer un Dieu.
Ce
n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il fau
560
messages égarés de l’infini… Un tel homme, — est-
ce
encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut attein
561
atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon.
II
Novembre 1926. Je viens de retrouver quelques pages écrites il y a
562
ou n’espérer plus aucun pardon. II Novembre
1926.
Je viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir d
563
tel soir de colère où le thermomètre eût indiqué
39°
selon toute vraisemblance. Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragi
564
arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet
ce
terme, à des exaltations que leur lyrisme rendait seules contagieuses
565
s une manière de prophète un brin janséniste chez
ce
poète. Aujourd’hui, je le verrais plutôt comme un Musset10 plus vérit
566
un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux
1830,
une théorie du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’être pa
567
ande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-
ce
pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Ara
568
urrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et
ce
que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une s
569
que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-
ce
pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les cafés
570
dont il serait le premier à s’amuser ? Février
1927.
Relu Une vague de rêves et la préface de Libertinage. Sous une certai
571
s une certaine rhétorique — mais la plus belle, —
ce
qui tressaille et m’atteint au vif, c’est tout de même un désespoir e
572
s assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon,
ce
n’est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade pos
573
e par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que sur
ce
« globe d’attente » comme dit Crevel. Pourtant, le plus irrévocable d
574
est encore qu’un appel à la foi la plus haute.
1er
mai 1927. Mieux vaut pécher par ridicule que par scepticisme ; par ex
575
re qu’un appel à la foi la plus haute. 1er mai
1927.
Mieux vaut pécher par ridicule que par scepticisme ; par excès que pa
576
e même moins misérable que Clément Vautel — et si
ce
nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de
577
f. certaines remarques — pas toutes — de novembre
1926.
2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tr
578
ines remarques — pas toutes — de novembre 1926.
2
mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous trompe
579
emarques — pas toutes — de novembre 1926. 2 mai
1927.
« Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce q
580
essé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur
ce
qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sac
581
y a de profond en nous, et elle ne manque guère à
ce
devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permett
582
trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez
ce
que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le Sens Cri
583
errière un rideau). — J’attends votre plaisir…
III
Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils ont montré à
584
éprenne ! Les œuvres les plus significatives de
ce
siècle sont écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité q
585
littérature moderne n’est qu’une manifestation de
ce
divorce radical entre l’époque et les quelques centaines (?) d’indivi
586
ce divorce radical entre l’époque et les quelques
centaines
(?) d’individus pour qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquo
587
ept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends
ce
mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize, la Ré
588
nds ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu
quatre-vingt-treize
, la Réforme, Karl Marx, la préface de Cromwell. Mais il ne s’agit pas
589
gne, Descartes, Schiller, Voltaire, etc., et tout
ce
qui leur correspond dans l’ordre politique par exemple. Parce que c’e
590
as s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a
10
ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est-ce que vraiment v
591
s, une révolution en fonction du capitalisme. Est-
ce
que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la
592
e votre mépris, en prenant le contre-pied de tout
ce
qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plu
593
qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est
ce
qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme
594
rançais ; que c’est elle qui donne au surréalisme
ce
petit côté jacobin si authentiquement, si déplorablement français. Et
595
ançais. Et puisque nous en sommes au surréalisme,
ce
produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais
596
surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout
ce
qui est parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non
597
pétuelle une perpétuelle insurrection contre tout
ce
qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : cult
598
ur la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes
ce
n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions.
599
re haine de certaine morale ne venait-elle pas de
ce
qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour no
600
le révolution — la russe, par exemple — parce que
ce
n’est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne dem
601
e : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-
ce
pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous alli
602
vague vers des souvenirs, quand nous allions tous
deux
, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires de copains qui on
603
omment dites-vous, surréalisme ? — Baptisé il y a
cinq
ou six ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la j
604
ites-vous, surréalisme ? — Baptisé il y a cinq ou
six
ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la jambe, p
605
vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec
ce
thème à condamnations par contumace. Il y a encore des gens pour qui
606
uoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à
ce
choix : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-ce que vraimen
607
: inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-
ce
que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes
608
ent amusés avec vos chers principes. Révolution,
ce
n’est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement
609
s principes. Révolution, ce n’est plus détruire,
ce
n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fl
610
rsuasive : nous sommes prêts à les accueillir.
7.
Une vague de rêves (dans Commerce). 8. Et malgré certaines théories
611
illir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce).
8.
Et malgré certaines théories bien superficielles et hâtives, comme ce
612
ve. Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et
ce
n’est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à
613
s se libérer que de brasser ces chaînes sonores.
9.
Lettre à Paul Claudel. 10. Musset de La coupe et les lèvres. Mais ou
614
ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Claudel.
10.
Musset de La coupe et les lèvres. Mais oui, c’est paradoxal. 11. Les
615
coupe et les lèvres. Mais oui, c’est paradoxal.
11.
Les livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de For
616
in derrière viennent des France et des Bordeaux.
12.
Proust excepté, et dans un domaine plus étroit, quelques esthètes du
617
ne plus étroit, quelques esthètes du machinisme.
13.
Le Paysan de Paris. o. Rougemont Denis de, « Louis Aragon, le beau
618
ettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, avril
1927,
p. 131-144. p. On a conservé la graphie de l’original, sans doute vo
619
Quatre
incidents (avril 1927)q r La maîtresse d’École Au printemps p
620
Quatre incidents (avril
1927
)q r La maîtresse d’École Au printemps pur comme une joue, Éco
621
nt près de lui le sourire d’amitié mortel de tout
ce
qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que
622
de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé,
ce
n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la r
623
plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
ce
n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Ma
624
ur la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre
ce
cœur de l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil. Il respire
625
Même, on en pleure. q. Rougemont Denis de, «
Quatre
incidents », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribo
626
ettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, avril
1927,
p. 151-153. r. Signé : Salomon de Crac.
627
Jeunes artistes neuchâtelois (avril
1927
)k Neuchâtel va-t-elle redevenir le centre artistique qu’elle fut a
628
se pose me paraît indiquer que l’un au moins des
deux
éléments nécessaires à ce regroupement existe : il y a de jeunes pein
629
que l’un au moins des deux éléments nécessaires à
ce
regroupement existe : il y a de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à
630
part, la dispersion des efforts artistiques. Tout
ce
monde d’amateurs de découvertes, de snobs, de marchands de tableaux,
631
archands de tableaux, de critiques d’avant-garde,
ce
monde où tous les extrémismes sont prônés comme vertus cardinales, et
632
i, le peintre se trouve placé d’emblée en face de
ce
qu’on nomme le gros public. L’épreuve est pénible, énervante, souvent
633
ues autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui a
25
ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont n
634
i a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de
50,
si les peintres dont nous allons parler méritent d’être appelés jeune
635
urichois qui nous arriva de Genève il y a de cela
cinq
ou six ans. Il peignait alors des natures mortes, de petits paysages,
636
qui nous arriva de Genève il y a de cela cinq ou
six
ans. Il peignait alors des natures mortes, de petits paysages, il des
637
ans cette petite maison qu’on reconnaissait entre
trente
pareilles, aux cactus qui ornaient les fenêtres, dans une chambre pei
638
ompositions de la nature, à ces natures remises à
neuf
, l’imperfection humaine qui touche. Mais l’atmosphère pure de ces esp
639
implicité précieuse », il sait la conférer à tout
ce
qu’il touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose
640
mettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi
ce
brin de comique un peu bizarre qu’il glisse si souvent là où on l’att
641
p souvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres,
ce
n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant
642
frileux, mais les autres sont soulagés. Et ne fût-
ce
qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura
643
n prenant une initiative comme celle de Neuchâtel
1927
7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actue
644
nant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927
7
il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuell
645
en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que
ce
paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais aux exigences
646
rend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille
ce
visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la palpe, la
647
u’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier.
Ce
garçon aux allures discrètes promène sur le monde des yeux de Japonai
648
ffiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette,
ce
charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup
649
s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin,
ce
je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de
650
cet art emprunter de singuliers chemins d’accès.
Ce
qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’
651
telle déformation, et tout devient satisfaisant.
Ce
lyrique, ce mystique exige pour être compris une complicité de sentim
652
mation, et tout devient satisfaisant. Ce lyrique,
ce
mystique exige pour être compris une complicité de sentiments ou d’ét
653
procher, parce qu’il est un des rares peintres de
ce
pays pour qui la couleur existe avant tout. Mais la nostalgie de Bouv
654
t tout. Mais la nostalgie de Bouvier l’entraîne à
mille
lieues des jardins de sourires qui s’épanouissent sur les toiles de M
655
de Meuron. Il semble toujours qu’il peigne entre
deux
pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlent, et sait rendre
656
paraître… Charles Humbert ou comment on passe en
cinq
ans de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on put craindre que
657
rdonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de
ce
tempérament qui fait jaillir en lui sans cesse des possibilités impré
658
evant le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et
ce
n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu
659
nt aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre
ce
qu’en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune d
660
implifie et renforce l’expression. Décidément ces
trois
frères sont une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réa
661
trois frères sont une école. Délaissant un moment
ce
trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, al
662
au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une autre,
ce
doit être un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mou
663
de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez
ce
que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte
664
former un mouvement actif déjà, et dont Neuchâtel
1927
sera la première manifestation collective. Est-il possible, au sein
665
estation collective. Est-il possible, au sein de
ce
mouvement, d’en distinguer d’autres plus organiques ? D’une part il y
666
ion d’un groupe dont l’activité serait féconde en
ce
pays. D’autre part, des œuvres aussi différentes par leur objet et le
667
les plus durs réservent des douceurs secrètes.
7.
Publication dont cette revue entretenait récemment ses lecteurs. 8.
668
cette revue entretenait récemment ses lecteurs.
8.
Voir sur cet artiste neuchâtelois, de son vrai nom Ch. E. Jeanneret,
669
artistes neuchâtelois », Das Werk, Zurich, avril
1927,
p. 123-129.
670
Bernard Lecache, Jacob (mai
1927
)ah Voici un livre dur et sans grâces, qui ne manque pas d’une beau
671
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1927,
p. 689-690.
672
René Crevel, La Mort difficile (mai
1927
)ai Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’
673
masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de
ce
roman, où l’on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son ap
674
thur, le roman vit et nous touche par la force de
ce
tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le dét
675
et nous touche par la force de ce tourment ou de
ce
sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le détail dégoûtant et m
676
incérité audacieuse mais sans bravade qui donne à
ce
livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n
677
ain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère
ce
style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes faites qui tr
678
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1927,
p. 690.
679
Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai
1927
)aj Nocturnes aux caresses coupantes comme certaines herbes. Capita
680
comme certaines herbes. Capitale de la douleurak,
ce
sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le
681
t gracieux des noctambules. Rêves éveillés, entre
deux
gorgées d’un élixir dont il voudrait bien nous faire croire que le di
682
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1927,
p. 693-694. ak. En romain dans l’édition originale.
683
e Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai
1927
)al « De quoi s’agit-il ? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ce
684
t-il ? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ces
deux
tentations, cédant à l’une autant qu’à l’autre, Drieu s’examine. Enco
685
e certains des morceaux très divers qui composent
ce
livre sont bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais c
686
les jeunes écrivains français un homme qui ait à
ce
point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique de la
687
signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez
ce
soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Souvent maladroit, inc
688
hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai
1927,
p. 694.
689
Récit du pickpocket (fragment) (mai
1927
)s t … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris
690
st l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient
cinq
ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu et le corps se fige
691
ù l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans,
dix
ans au plus. Après, c’est un long adieu et le corps se fige à mesure
692
rit s’établit sur ses positions. Or donc, j’avais
vingt
ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé,
693
En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
ce
qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux.
694
tais dans une direction quelconque. Il advint que
ce
fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’arti
695
me en bleu dansait en regardant au plafond. Après
deux
tangos, nous montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne vo
696
fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que
100
francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’entrep
697
’est-à-dire cynique, toutes les offres du hasard,
ce
poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe
698
sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien
ce
que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne c
699
endarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les
millions
que je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroque
700
cette escroquerie morale dont je fus la victime,
ce
vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard
701
velle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour
ce
qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. »
702
t-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère
ce
saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien parut satisfait d
703
— dit-il, lâchant tout de suite ses compliments,
ce
qui est de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de vo
704
je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche
ce
qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression —
705
ion — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai,
ce
qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’
706
nclusions morales qu’elle paraît impliquer, c’est
ce
caractère de, comment dirai-je…, de juvénile insouciance, pour ne pas
707
té naturelle dont il paraissait lui-même gêné. En
deux
mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne sa
708
désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous
ce
que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque,
709
-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mai
1927,
p. 180-185. t. Une note de bas de page indique : « La rédaction rapp
710
Conseils à la jeunesse (mai
1927
)u « On a reproché bien des choses aux romantiques : le goût du sui
711
tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est-
ce
vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou bi
712
sius Bertrand. Est-ce vraiment aux romantiques de
1830
que ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire —
713
terre, jeune homme ! Quand tu seras au bout de la
20e
ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantatio
714
homme ! Quand tu seras au bout de la 20e ligne de
200
mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle
715
d tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres,
ce
qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plu
716
de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente
quatre
kilomètres de plantation, le siècle ne sera plus malade, les temps se
717
de Lavaux. » Seulement, il y a tout de même un ou
deux
petits phénomènes sociaux de notre temps que cette méthode ne suffira
718
naturellement chez des jeunes « et qui pensent »
ce
goût de l’évasion caractéristique de tous les « vices romantiques ».
719
! — Mon Dieu, que dire… Il y aurait, par exemple,
ce
fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet
720
par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ;
ce
fait de la révolution russe… cet autre fait de la guerre… et puis, te
721
se… cet autre fait de la guerre… et puis, tenez !
ce
fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des sacr
722
à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-
ce
pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez
723
’est-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de
ce
conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’e
724
-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mai
1927,
p. 186-187.
725
ard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet
1927
)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnan
726
femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé
ce
petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentiment
727
t vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que
ce
globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a
728
toches une malicieuse et fine psychologie. Mais à
ce
mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient é
729
aurait vous ravir autant que ses impertinences. À
ce
moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui parle toujours de Weber
730
rs de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu
ce
livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un
731
? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de
ce
plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pas impunément concitoyen
732
e pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal,
ce
soir, tout cela est sans importance, car voici « l’heure des petits a
733
e universelle et Revue de Genève, Genève, juillet
1927,
p. 114-115.
734
Lettres sur le mépris de la littérature (juillet
1927
)v I Parler littérature Si je prononce le nom de tel de vos co
735
le mépris de la littérature (juillet 1927)v
I
Parler littérature Si je prononce le nom de tel de vos confrères,
736
votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de
ce
conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréabl
737
tes de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de
ce
roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour N
738
ue part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-
ce
pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins l’
739
L’autre jour au Grand Écart… », dit quelqu’un. À
ce
coup, l’évocation de Cocteau fait fleurir sur vos lèvres le mot de Ca
740
res le mot de Cambronne : hommage à Louis Aragon.
Ce
cristal est une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un ve
741
nation, quand il m’échappe une citation. Seraient-
ce
les guillemets qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous… Soit
742
en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais
ce
refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude saluta
743
lez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et
ce
n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de
744
ition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de
ce
café et de ces jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce qu
745
jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie
ce
que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littératur
746
à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour.
II
Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît un écrivain, auj
747
ature On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à
ce
qu’il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépr
748
our ses réalisations actuelles donne la mesure de
ce
que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce
749
d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois
ce
mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous
750
nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de
ce
qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on
751
le. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue
ce
qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me d
752
z en liberté, par haine de cette esthétique ou de
ce
sens social, — et voilà qu’ils perdent même la problématique utilité
753
était leur excuse dernière. Avouons-le : rien de
ce
qu’on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nou
754
ttérature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ?
Ce
n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contrai
755
mais rien n’est plus facile que d’y échapper.
III
Sur l’utilité de la littérature Montherlant me paraît être le moin
756
aise des chers confrères. Ils ne pardonnent pas à
ce
toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume d’ab
757
s ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-
ce
pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nou
758
à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez
ce
qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières
759
ement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors »
ce
que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce s
760
e ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme
ce
sympathique Philippe Soupault, que « ceci, c’est une autre histoire,
761
t, allons ailleurs ; il y a trop de monde ici.
14.
Paul Morand, auteur d’Ouvert et de Fermé la nuit, titres également sc
762
nuit très en vogue à Paris. Cambronne (général),
1770-1842.
Louis Aragon et Paul Éluard, hommes de lettres et poètes surréalistes
763
’agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur.
15.
Variante : des puissances d’action. 16. J’en vois certains qui arran
764
auteur. 15. Variante : des puissances d’action.
16.
J’en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mé
765
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, juillet
1927,
p. 231-238.
766
Les derniers jours (juillet
1927
)w Ces « cahiers politiques et littéraires »17, rédigés par Drieu l
767
927)w Ces « cahiers politiques et littéraires »
17,
rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, sont — avec la Revue
768
ui nous échappèrent n’avaient pas d’autre sens.
17.
20, rue Chalgrin, Paris 16e. w. Rougemont Denis de, « Les derniers
769
ous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17.
20,
rue Chalgrin, Paris 16e. w. Rougemont Denis de, « Les derniers jour
770
t pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris
16e
. w. Rougemont Denis de, « Les derniers jours », Revue de Belles-Let
771
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, juillet
1927,
p. 249-250.
772
Adieu au lecteur (juillet
1927
)x Nous passons la main au central de Genève, fidèles à la traditio
773
ition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et
ce
n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indign
774
es additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire
deux
mots sur la paradoxale situation intellectuelle d’une revue d’étudian
775
ous souciez vraiment trop peu des conséquences de
ce
que vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attend
776
ous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas.
Deux
ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ?
777
ient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou
trois
mots, on s’est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut
778
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, juillet
1927,
p. 256-258.
779
Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août
1927
)an Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre elles que la fo
780
s Vaudoyer, Premières amours (août 1927)an Ces
trois
nouvelles n’ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de
781
n’ont guère de commun entre elles que la forme :
ce
sont de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l
782
« encore jeune » se souvient d’un danseur de ses
20
ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du cor
783
n ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous
deux
(L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de vacances, quand
784
Un vieil été. Cette nouvelle, très supérieure aux
deux
autres, est une réussite rare par la justesse de l’observation autant
785
a nostalgie, de la jeune étrangère dont on rêve à
15
ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur
786
jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici
ce
je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle «
787
t on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi,
ce
délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie
788
; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif,
ce
que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, inte
789
èque universelle et Revue de Genève, Genève, août
1927,
p. 244-245.
790
Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre
1927
)ao À ceux qui se contentent du mot fumeux pour caractériser tout l
791
le Message de Rilke — sont du meilleur Jaloux, de
ce
Jaloux qui sait parler mieux que personne des poètes scandinaves et d
792
omantiques allemands parce qu’il partage avec eux
ce
goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, q
793
ge avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à
ce
qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, t
794
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1927,
p. 787-788.
795
Léon Bopp, Interférences (décembre
1927
)ap Un jeune auteur raconte dans une lettre à une amie comment il a
796
de voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de
ce
que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitra
797
plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces
50
pages. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même est une réussi
798
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1927,
p. 791.
799
Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier
1928
)aq C’est un livre sympathique ; et il vaut la peine de le dire car
800
e dissertations lyriques à leur propos. Mais dans
ce
roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de
801
vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’échelle de
ce
qui la précède. Ces défaillances de la technique du roman sont sauvée
802
illes spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et
ce
n’est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointe
803
e ne manque pas de naturel… On peut regretter que
ce
livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémo
804
e universelle et Revue de Genève, Genève, janvier
1928,
p. 121-122.
805
Le péril Ford (février
1928
)a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au
806
buts que sa civilisation poursuit depuis près de
deux
siècles, l’Occidental est saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, p
807
egarder autour de nous et d’en croire nos yeux.
I
. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du mon
808
faciliter l’accusation : je prends pour la juger
ce
que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’
809
motive routière. « Depuis l’instant où, enfant de
12
ans, j’aperçus cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma gran
810
son rêve, le type unique d’automobile utilitaire »
2.
Dès lors, c’est une suite de chiffres indiquant le progrès de sa prod
811
née. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des
milliards
qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un rés
812
lliards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais
ce
n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de s
813
é comme il est donné à peu d’hommes de le faire :
7000
voitures par jour, et la possibilité d’augmenter encore cette product
814
ave question qu’on puisse poser à notre temps.
II
. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas
815
ns. Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit
ce
mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automo
816
téresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner
5
francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans cette bais
817
nt. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant
5
francs moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’eût pas ache
818
ation, d’autorégulation et d’alternances. Tel est
ce
sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même but,
819
le intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »
3,
ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne
820
intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3,
ce
qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de
821
on peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie :
ce
jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche les ouvriers et leur do
822
ller pendant le temps convenable et à gagner, par
ce
moyen, de quoi vivre convenablement tout en restant maître de régler
823
de sa vie privée. Cette liberté particulière, et
cent
autres pareilles, composent, au total, la grande Liberté idéale et me
824
e réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est-
ce
pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simplific
825
sation concrète d’une théorie qui tend à faire de
ce
monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est le bonheur, le salu
826
heur, le salut par l’auto. Philosophie réclame. «
Ce
que j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises
827
Réjouissons-nous… Mais, comment expliquer que des
centaines
de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissen
828
ous… Mais, comment expliquer que des centaines de
milliers
de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissent sans réser
829
amment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans
ce
que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons d
830
te un peu sur ses « idées », c’est pour souligner
ce
hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du mond
831
Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-
ce
notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour
832
enue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-
ce
notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être jus
833
ivement le divorce de l’esprit et de l’action.
III
. Le fordisme contre l’Esprit La formidable erreur de la bourgeoisi
834
hoses de l’âme avec une maladresse de barbare.
IV
. « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel poi
835
sprit sont incompatibles, le monde moderne impose
ce
dilemme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à
836
er presque fatalement dans un anarchisme stérile.
1°
Accepter la technique et ses conditions. Dans cette mécanique bien hu
837
immuable comme la mort le restitue au monde vers
5
heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’e
838
lui a donné une auto pour admirer la nature entre
17
et 19 heures : vraiment, il ne lui manque plus rien — que l’envie. Ma
839
donné une auto pour admirer la nature entre 17 et
19
heures : vraiment, il ne lui manque plus rien — que l’envie. Mauvais
840
ir, les forces mêmes qui nous la firent désirer.
2°
Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore dou
841
nt de faire grain de sable. Ils se réfugient dans
ce
qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortune
842
anage d’une sorte de franc-maçonnerie de quelques
centaines
d’individus. Et cette franc-maçonnerie sera bientôt traquée avec la d
843
n, une fois de plus. Pas de compromis possible de
ce
côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l
844
reste, je pense que c’est une question de foi.
1.
Une enquête faite à Genève a révélé que les livres les plus lus du gr
845
eilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amérique.
2.
Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payo
846
à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot,
1925.
3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perc
847
y Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925.
3.
L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce :
848
n œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration,
20
novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » e
849
is, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre
1926.
4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; s
850
ot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926.
4.
Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; surré
851
de, « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris, février
1928,
p. 189-202.
852
Un soir à Vienne avec Gérard (
24
mars 1928)m À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne. Je v
853
Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars
1928
)m À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne. Je vins à Vien
854
a Petite-Entente, applaudissait chaque soir entre
deux
airs anglais Le Beau Danube bleu, en commémoration polie d’un passé i
855
u sifflement des balles perdues d’une révolution.
Sept
heures du soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée,
856
e que je n’avais même pas prononcé intérieurement
ce
nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu enn
857
— l’heure anxieuse et mélancolique où l’on quitte
ce
visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inconnus. Voilà
858
nu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de
1830,
qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il
859
modé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que
ce
soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première
860
capacité définitive à se passionner pour quoi que
ce
soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’es
861
ais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À
ce
moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le
862
ous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus
deux
, en y réfléchissant bien, mais peut-être était-ce la même sous deux a
863
ux, en y réfléchissant bien, mais peut-être était-
ce
la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont r
864
issant bien, mais peut-être était-ce la même sous
deux
attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont retenu un instant,
865
et manteau de fourrure brune, inévitablement. Et
ce
qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa
866
s qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour
deux
hommes — et ce fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évi
867
e chacun un bras, une femme pour deux hommes — et
ce
fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque
868
ptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers »
10.
Heureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes
869
ur la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà
ce
que c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens trè
870
e quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre
ce
sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir qui seules
871
e place dans leur vie aux “divertissements” entre
10
heures du soir et 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, da
872
aux “divertissements” entre 10 heures du soir et
4
heures du matin, moyennant tant de schillings, dans un décor banal et
873
dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus
ce
que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’o
874
nes, ou luisants de concupiscences élémentaires :
Ce
sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au
875
eillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est
ce
qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un mom
876
clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune
ce
soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il pr
877
plutôt, par je ne sais quelle erreur d’images, —
ce
serait la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Auré
878
oissante. Il mêle tout dans le temps et l’espace.
Cent
années et tous les visages aimés revivent dans cette coupe de songes
879
résume cette vie entière et fait allusion à tout
ce
qu’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faud
880
y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi,
ce
qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendr
881
porche grand ouvert. Les chauffeurs faisaient les
cent
pas dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’une bouti
882
cavaliers. Tout cela s’empila dans des autos ; en
dix
minutes, il n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ?
883
de titres dépourvus de sens. Je dormais debout.
10.
Quelque chose comme « pâtisserie-crème fouettée ». m. Rougemont Den
884
elle Semaine artistique et littéraire, Neuchâtel,
24
mars 1928, p. 105-108.
885
aine artistique et littéraire, Neuchâtel, 24 mars
1928,
p. 105-108.
886
de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin
1928
)ar Livre passionnant pour tous ceux que Jules Verne passionne. Pou
887
nventions se suffisent et suffisent à notre joie.
Ce
ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules
888
poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et
ce
livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu
889
emprunté le véhicule à la mode pour conduire des
millions
de lecteurs dans un monde purement fantaisiste où les équations tyran
890
l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de
ce
libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-nous longtemps en
891
littérature enfantine est le dernier bateau. Pour
ce
coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsé
892
dant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que
ce
bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont Denis de, « [Comp
893
èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin
1928,
p. 768-769.
894
Aragon, Traité du style (août
1928
)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne
895
Aragon, Traité du style (août 1928)as
Ce
n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeu
896
tion. J’admire autant le talent de celui qui mène
60
parties d’échecs simultanément, et c’est naturel : je m’en avoue plus
897
iment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu
ce
livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien françai
898
n mot bien français et ses applications faciles à
cent
célébrités locales. (Quant à Goethe, traité de clown, cela ne va pas
899
est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ;
ce
livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et
900
. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans
ce
silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect. as
901
èque universelle et Revue de Genève, Genève, août
1928,
p. 1034.
902
lle, La Révolution et les intellectuels (novembre
1928
)at Les derniers écrits des surréalistes débattent la question de s
903
s loin et de prendre une connaissance positive de
ce
qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le cou
904
universelle et Revue de Genève, Genève, novembre
1928,
p. 1410.
905
André Malraux, Les Conquérants (décembre
1928
)au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud
906
dré Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)au
Ce
récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde
907
928)au Ce récit de la révolution cantonaise en
1925
nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelqu
908
entiellement contradictoires : elles représentent
deux
manières de sentir l’unité d’une époque obsédée d’action.) Autour de
909
Et il ne se borne pas à des effets pittoresques :
ce
récit coloré et précis, admirablement objectif, est aussi, mais à cou
910
que je lutte contre l’absurde humain, en faisant
ce
que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre
911
veu de Garine est décisif : « La Révolution… tout
ce
qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde re
912
aînement passionnant de l’action, il se dégage de
ce
roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intelligence et cette sen
913
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1928,
p. 1547-1548.
914
alès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre
1928
)av L’histoire de Louis II exalte et déçoit l’imagination. On compr
915
I exalte et déçoit l’imagination. On comprend que
ce
doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son
916
l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’est-
ce
point trop demander à une existence bien indécise, que son échec même
917
st pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs
ce
livre sait bien le laisser voir. La qualité de l’illusion dont se nou
918
t de charme : Wagner et Nietzsche lui fournissent
deux
tons fermes dont le jeu donne aux nuances assez troubles du personnag
919
ge central une résonance plus profonde. Louis II,
ce
chimérique, disposait par hasard de moyens d’action puissants : s’il
920
« l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de
ce
qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient d
921
chiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais
ce
n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un li
922
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1928,
p. 1549.
923
Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre
1928
)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit se lie avec un
924
1928)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de
ce
récit se lie avec un inconnu qui se dit prince russe et entretient au
925
uer sa mort et qui est aussi fausse que le reste.
Ce
mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux q
926
ce dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans
ce
culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avan
927
universelle et Revue de Genève, Genève, décembre
1928,
p. 1553.
928
Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre
1928
)n « Remonte aux vrais regards ! Tire-toi de tes ombres… » Paul Va
929
ent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-
ce
pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage
930
t pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir
ce
qu’il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il
931
re découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de
ce
genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué,
932
er. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que
ce
qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a da
933
nalité est un acte de foi : Stéphane ne sait plus
ce
qu’il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne
934
n autre visage. Car oublier son visage, ne serait-
ce
pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’eau
935
it saisir dans un regard de cette femme l’écho de
ce
qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt da
936
ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard,
ce
fut un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale.
937
oi-même », Cahiers de l’Anglore, Genève, décembre
1928,
p. 37-42.
938
son, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier
1929
)ax Le critique se sent désarmé et légèrement absurde en face d’un
939
it pas encore apparaître sous cet aspect dans ces
deux
premiers tomes, où il décrit des scènes de son enfance et de sa jeune
940
omme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas,
ce
cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur
941
». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar,
ce
monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce mo
942
le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne,
ce
monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sai
943
ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison,
ce
monde où l’on ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce mond
944
n ne sait plus créer avec joie des formes belles,
ce
monde qui devient impuissant. Impossible d’évoquer un personnage préc
945
e universelle et Revue de Genève, Genève, janvier
1929,
p. 123-124.
946
lles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier
1929
)y 1. Belles-Lettres, c’est la clef des champs. 2. L’essence de Bel
947
es, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)y
1.
Belles-Lettres, c’est la clef des champs. 2. L’essence de Belles-Lett
948
y 1. Belles-Lettres, c’est la clef des champs.
2.
L’essence de Belles-Lettres, c’est de l’alcool à brûler les cervelles
949
lcool à brûler les cervelles et les réputations.
3.
Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime que dans la mesure où
950
sure où la poésie est compréhensible et légitime.
4.
Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement un
951
muler cette ivresse ; autrement que par des cris.
5.
Avec toutes les erreurs et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettr
952
pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.)
6.
Peu de choses dans le monde moderne ont encore une « essence ». Celle
953
ent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais
ce
qui importe d’abord, n’est-ce point de se livrer, purement et simplem
954
sphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est-
ce
point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rougem
955
st-ce point de se livrer, purement et simplement.
7.
(Secret). y. Rougemont Denis de, « Belles-Lettres, c’est la clef d
956
tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier
1929,
p. 78-79.
957
ne bonne fois. Il ne faut pas songer à décrire en
quarante
petites pages tous les méfaits de l’instruction publique. C’est à pei
958
Il a paru sur le sujet de l’instruction publique
deux
petits livres1 excellents dont je considère les thèses comme acquises
959
ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout
ce
que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
960
se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout
ce
qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
961
s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur.
Ce
régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
962
parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs,
ce
petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
963
éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner
ce
droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
964
elle forme politique. Je me contente de vitupérer
ce
que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
965
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur
ce
que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
966
els, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore
deux
mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute l’excellenc
967
rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si
ce
réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeote de l’adver
968
ants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à
cent
« réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer par avance en
969
te sorte. Et je tiens à les classer par avance en
deux
catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêche
970
ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc.
Ce
sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
971
si, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds :
1°
qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils n
972
e peuvent me dénier le droit de juger ces faits ;
2°
qu’ils ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeu
973
dées, m’accuser de faire une critique dangereuse.
3°
que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religi
974
as de le dire : l’instruction publique.) Résumé :
1°
On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2°
975
ller contre l’époque, et on le peut efficacement.
2°
Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rét
976
êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc.
Ce
sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
977
s de langage, je les renvoie en corps au chapitre
5
où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la qu
978
dans ses réalisations actuelles, puis au terme de
ce
recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
979
és par le but final de notre institution-tabou.
1.
Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiqu
980
1.
Mes prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souven
981
ur emplir ou pour vider un bassin (et souvent les
deux
), (pour emplir et vider ensemble), (drôle d’occupation), (après combi
982
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais
ce
qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
983
rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour
ce
petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
984
ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est-
ce
qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
985
ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois
ce
fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
986
re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans
ce
concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2. Deux ango
987
souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2.
Deux
angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et l’ho
988
séances chez le dentiste et l’horaire des leçons.
Ce
malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
989
ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante,
ce
souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
990
ut cela tient trop de place dans notre enfance. À
5
ans, j’avais appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année
991
formule de mes premières douleurs morales. Après
six
ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne mont
992
mes premières douleurs morales. Après six ans de
ce
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
993
isante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de
18
ans, crispé et méfiant, sans cesse en garde contre moi-même à cause d
994
te donc, et le cerveau saturé d’évidences du type
2
et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fo
995
nc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et
2
font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois de
996
le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font
4,
ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatr
997
ou : tous les hommes doivent être égaux en tout.
Deux
fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, e
998
les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois
deux
quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus,
999
hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux
quatre
, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus, toutes
1000
s, c’est-à-dire que je me posai la question : est-
ce
vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
1001
n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que
ce
soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
1002
iques, qui sont une généralisation de la règle de
trois
, aussi profondément certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites : d
1003
ts humains. Le prix de mes souffrances était donc
ce
conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
1004
les mettre en doute : mais un jour je compris que
ce
n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
1005
je compris que ce n’étaient que des principes. Et
ce
fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
1006
des principes. Et ce fut ma seconde découverte :
ce
monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
1007
soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire,
ce
monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
1008
ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait
ce
mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
1009
c les réalités les plus élémentaires de la vie.
2.
Dans le cas le plus favorable, c’est un silence, un vide. C’était en
1010
n silence, un vide. C’était en dehors de la vie.
3.
du pain rassis.
1011
2.
Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver
1012
nt qu’une question d’âge, non d’expérience vécue.
Ce
que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
1013
sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que
ce
ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
1014
tous les sujets, espécialement sur la pédagogie.
Ce
mot revient souvent dans sa conversation ; il le prononce avec un ini
1015
pe populaire du poète romantique s’est dégradé en
deux
sous-types posthumes : l’artiste photographe et le régent. J’ai fait
1016
avait coutume de dire à une classe de garçons de
10
à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je
1017
t coutume de dire à une classe de garçons de 10 à
11
ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saur
1018
garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les
quarante
hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi
1019
enseignement donné par des êtres qui brouillent à
ce
point les méthodes. Simple remarque pendant que nous en sommes aux in
1020
ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est-
ce
que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
1021
s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur
ce
point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
1022
lais scolaires ». symbolise d’une façon frappante
ce
qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
1023
iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans
ce
décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
1024
ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent
huit
années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand pro
1025
té, et ils sont déjà démodés. On dit que le style
1880
n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un style ; c’est
1026
3.
Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin
1027
est aveuglante : cela tient pour une bonne part à
ce
que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
1028
ité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris
ce
que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pa
1029
à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou
deux
générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’hé
1030
dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant
ce
temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans
1031
elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de
cinquante
ans de radicalisme sur les bras. L’écheveau est tellement embrouillé
1032
roclites, sans égard à leurs qualités propres. De
8
à 9 arithmétique ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines se suc
1033
ites, sans égard à leurs qualités propres. De 8 à
9
arithmétique ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines se succède
1034
eurs qualités propres. De 8 à 9 arithmétique ; de
9
à 10 composition, etc. Ces disciplines se succèdent sans transition,
1035
qualités propres. De 8 à 9 arithmétique ; de 9 à
10
composition, etc. Ces disciplines se succèdent sans transition, dans
1036
s doivent être identiques pour tous les écoliers.
Ce
plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe
1037
ntiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les
huit
années réglementaires de la scolarité, et englobe la totalité de la s
1038
simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir
ce
programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon e
1039
it pour établir ce programme de disposer d’une ou
deux
feuilles de papier, d’un crayon et d’une règle (pour diviser la page
1040
nces dont on écrit les noms dans les casiers. Est-
ce
que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer
1041
paye, et ils n’en meurent pas. Les examens
Ce
sont en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établi
1042
la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par
ce
moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais en matière de sp
1043
té des efforts « fournis » au cours du trimestre.
Ce
phénomène déconcertant s’explique justement par cette psychologie de
1044
es plaisanteries de gros calibre, car à la vérité
ce
n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au
1045
les enfants doivent à tout instant être en mesure
1°
d’ingurgiter la même quantité de « matière » ; 2° d’en rendre compte
1046
1° d’ingurgiter la même quantité de « matière » ;
2°
d’en rendre compte de la même façon, dans le même temps. Contentons-n
1047
s le même temps. Contentons-nous de remarquer que
ce
principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquill
1048
nature humaine. L’histoire enregistre bien une ou
deux
autres bêtises de cette épaisseur, mais il faut reconnaître que jamai
1049
nominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à
ce
crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compt
1050
térêt. Ils dispensent de tout contact direct avec
ce
dont ils traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à
1051
en commerce intime avec elles. On apprend plus de
deux
que de mille, dit un sage oriental dont j’ai oublié le nom. Une autre
1052
intime avec elles. On apprend plus de deux que de
mille
, dit un sage oriental dont j’ai oublié le nom. Une autre conséquence
1053
ser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler
ce
qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce trav
1054
nnent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or
ce
travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est
1055
st absurde. Mais où sont à l’école les modèles de
ce
qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons
1056
iste à faire tenir les enfants immobiles et muets
6
heures par jour durant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail
1057
fants immobiles et muets 6 heures par jour durant
8
ans. Il paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. To
1058
le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de
ce
qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer
1059
re. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de
ce
travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’ef
1060
tifes de l’instruction publique sont d’accord sur
ce
point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insis
1061
niature. » Ceci est une énorme bourde. Juxtaposez
trente
enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’aurez rien qui ress
1062
cole, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que
ce
soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait
1063
en quoi que ce soit à aucun état social existant.
Ce
qui est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
1064
oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de
6
ans, favorise le développement de leurs penchants les plus « communs
1065
ste à persécuter ceux qui, en quelque manière que
ce
soit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met d
1066
otre peuple met dans cette expression !) Pour moi
ce
que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une g
1067
s. Dans une composition sur La Neige, Victoria X,
10
ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre a revêtu son blanc mantea
1068
la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura
10
sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Qua
1069
re a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur
10.
Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il ne
1070
c manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera
3
sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il neige, c’est comme d
1071
eau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur
10
à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il neige, c’est comme des peti
1072
ur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est
ce
qui s’appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne trou
1073
endrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
ce
qui serait facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de tou
1074
attez l’instruction publique — mais vous êtes, de
ce
fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bien grave
1075
à, dirait M. Prudhomme, un bien grave dilemme.
4.
Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce q
1076
dirait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4.
Ce
ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que
1077
seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici
ce
que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines sc
1078
uel Duvillard, L’École de demain, Genève, Kündig,
1918,
p. 12. 5. Il est peut-être avantageux dans certains cas de soustrair
1079
L’École de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12.
5.
Il est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant
1080
les familles constituaient un milieu délétère ?
6.
Justice démocratique, égalité, légalité, sont les meilleures armes de
1081
4.
L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a été dit. (Un peu au
1082
.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre
ce
travail de démolition. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’
1083
d’enfants » où l’on apprend à des élèves âgés de
3
à 4 ans à lacer leurs souliers ; et cela s’appelle de l’école pratiqu
1084
nfants » où l’on apprend à des élèves âgés de 3 à
4
ans à lacer leurs souliers ; et cela s’appelle de l’école pratique. P
1085
et dira : je lève la main, — au lieu de demander
ce
qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou
1086
re proclamant : je sors ! ne traduise incontinent
ce
verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, t
1087
parti possible de l’exercice ; car il ne manque à
ce
système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça n
1088
laissant la possibilité de trouver par eux-mêmes
ce
qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquemen
1089
ux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-
ce
qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a
1090
vriers un second dimanche, afin qu’ils consomment
deux
fois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On n’impose plus d
1091
roduit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans
ce
milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 a
1092
ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de
6
ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais que les buts de l’éc
1093
opper… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble
trois
enfants… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêteme
1094
bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout
ce
que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’hum
1095
Ils éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais
ce
qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits dé
1096
démocrates conscients et organisés. Je crains que
ce
malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps
1097
mme subsiste dans son intégrité et son urgence.
7.
Ou des appareils qui en tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens
1098
nce. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu.
8.
Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot.
1099
eu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à
ce
mot.
1100
5.
La machine à fabriquer des électeurs Je crois à l’absurdité de fait
1101
igéner l’une c’est faire pleurer l’autre. Écouter
ce
que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront q
1102
r l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir
ce
que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une
1103
er la nature qui répète par toutes ses voix, d’un
milliard
de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps de découv
1104
a démocratie doit à l’École de vivre encore. Mais
ce
n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde
1105
part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans
ce
monde-là « tout se paye » comme ils disent avec une satisfaction sord
1106
nstruction publique aient eu pleine conscience de
ce
qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement
1107
Je me souviens d’un dessin humoristique publié en
1914,
représentant l’œuvre de Kitchener : une machine qui absorbait des gen
1108
été décervelés et dotés d’une petite mécanique à
quatre
sous qui suffit à régler désormais l’automatisme de la vie civique. L
1109
mentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ?
Ce
serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouve
1110
rattrape l’époque… Mais les gouvernements savent
ce
qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter
1111
s doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que
ce
soit. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens
1112
eois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’est-
ce
pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de
1113
que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout
ce
qu’il y a d’authentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peu
1114
mes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent
ce
qu’étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-
1115
d’âme pour amorcer le dégel de ces principes, et
ce
peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de rév
1116
s sièges, ils comprendront le sens des images.)
9.
J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de g
1117
comprendront le sens des images.) 9. J’emploie
ce
mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront
1118
J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant,
100
%. Beaucoup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela
1119
coup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné
ce
que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il
1120
s avoir jamais soupçonné ce que cela représente.
10.
Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formel
1121
représente. 10. Voir note A à la fin du cahier.
11.
Est-il besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en
1122
de l’idéologie réactionnaire à la mode. Mais que
deux
critiques de la Démocratie partant de points de vue presque opposés c
1123
6.
La trahison de l’instruction publique (Ici, le procureur prit un to
1124
ite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher
ce
crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre l
1125
ahison —, mais encore elle tend à développer tout
ce
qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est s
1126
a surtout besoin d’une purge violente qui chasse
ce
ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les be
1127
ement de travaux forcés. L’école donne à l’enfant
ce
qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est
1128
bagnard auquel il est promis. Mais elle tue tout
ce
qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être les moyens. Va
1129
es, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par
ce
qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à co
1130
r ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par
ce
qu’elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force ant
1131
constitue la plus grande force antireligieuse de
ce
temps. L’instruction religieuse qui prend les enfants au sortir de l’
1132
7.
L’Instruction publique contre le progrès Un beau titre. Et qui a me
1133
que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec
ce
je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant cre
1134
d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’est-
ce
pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas
1135
nstruction publique s’est arrêtée aux environs de
1880
et depuis lors n’a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de
1136
duits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de
6
ans, à ne se point poser de questions dont ils n’aient appris par cœu
1137
ce de l’inertie et à perpétuer mécaniquement tout
ce
qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, no
1138
vivifient. L’École se contente d’être figée. Est-
ce
un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisa
1139
ous ne manquerez cependant point de le dire, avec
ce
sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La
1140
me tout entier. Je distingue dans cette opération
deux
temps : d’abord critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui
1141
ns cette opération deux temps : d’abord critiquer
ce
qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être
1142
rd critiquer ce qui est — par la comparaison avec
ce
qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour l
1143
qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou
ce
qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveau
1144
ion et de l’anarchie que les génies directeurs de
ce
temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent.
1145
al correspond à un recul humain. Par exemple, est-
ce
un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec to
1146
e vaste arrière-fond de poésie et de grandeur que
ce
mot comporte — quelles qu’en soient d’ailleurs les réalisations —, pa
1147
tidémocratiques : il est temps qu’elles débordent
ce
cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un gr
1148
cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à
ce
tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y p
1149
En vérité, démocratie et rationalisme ne sont que
deux
aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une même mentalité.
1150
nt il y a le rationalisme12 et la sentimentalité.
Ce
rationalisme-là triomphe non seulement dans les principes démocratiqu
1151
est superflu d’en formuler une seconde. Laissons
ce
soin, à des générations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre
1152
ette formidable expérience négative qui aura duré
deux
siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme à la dial
1153
supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors
ce
sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous ap
1154
tégrer la raison. Je crois que nous approchons de
ce
temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui
1155
le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout
ce
qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de l
1156
n radicale des instituteurs. On me demande encore
ce
que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien p
1157
voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV
ce
qu’il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes
1158
que la république qu’ils appelaient serait livrée
cent
ans plus tard à peine à la folie démocratique, à cette danse de Saint
1159
connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que
ce
mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vou
1160
qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et
ce
scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez
1161
sant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr.
12.
La Raison de Spinoza ou de Descartes n’a que de lointains rapports de
1162
tes n’a que de lointains rapports de parenté avec
ce
maigre descendant nommé Rationalisme, produit d’une mésalliance avec
1163
upide) et les philosophes13 les mieux informés de
ce
temps s’accordent sur un point : le salut de l’Europe est lié à la na
1164
occidental. Un nouvel état d’esprit : voilà bien
ce
que l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’ant
1165
ue l’École empêche même de concevoir Elle cultive
ce
qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit fr
1166
dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout
ce
qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce man
1167
it d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue
ce
manque d’imagination dont les conséquences seront matériellement cata
1168
stes et des utopistes. J’appelle anarchiste, tout
ce
qui est violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d
1169
à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas
ce
que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les
1170
Et l’opinion publique mène le monde, paraît-il. À
ce
propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier plus
1171
ris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire
ce
qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils aura
1172
raient là l’occasion de racheter bien des choses.
Ce
n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propo
1173
t rien de moins qu’une rédemption du journalisme,
ce
que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’inv
1174
ites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter
ce
malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisant
1175
parer le terrain. D’autre part, il faut partir de
ce
qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries
1176
t-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant
ce
que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un
1177
ne technique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse
ce
qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés
1178
lte d’une concentration, dans quelque domaine que
ce
soit. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait
1179
du monde16 et non plus en barbare cette fois-ci.
Ce
qui l’empêche de comprendre, ici encore, c’est la peur scolaire des m
1180
dre, ici encore, c’est la peur scolaire des mots.
Ce
terme hindou agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit de
1181
intensité avec un minimum de moyens. J’en citerai
deux
exemples : la discipline jésuite et le drill militaire. Le drill corr
1182
Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté dans
deux
plans différents. Le drill est un yoga corporel, le yoga est un drill
1183
le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces
deux
mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désign
1184
s sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme
ce
qu’ils désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
1185
e de milices suisses fait des soldats en moins de
trois
mois. Si l’école appliquait en les transposant des méthodes de concen
1186
t de vivre, seule façon de s’instruire inventée à
ce
jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui
1187
e, seule façon de s’instruire inventée à ce jour.
Ce
calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent c
1188
nt, mais se légitimeraient du même coup ; car sur
ce
plan elles ne font que traduire la diversité des besoins individuels.
1189
end plus d’une chose longuement contemplée que de
mille
aperçues au passage. Ab uno disce omnes. Une minute de concentration
1190
-t-il sauvé de sa folie démocratique ? Areuse,
26
décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE A On est toujours tenté d’attr
1191
de sa folie démocratique ? Areuse, 26 décembre
1928-10
janvier 1929. NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adver
1192
cratique ? Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier
1929.
NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des int
1193
es intentions noires et consciemment criminelles.
Ce
travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les jour
1194
ons ont ait porté atteinte à la dignité morale de
ce
M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tie
1195
peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE
C
Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgai
1196
us parlez de la grande vulgarité de mes attaques.
Ce
qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de l
1197
istingué de la bourgeoisie qui se monte le cou.
13.
Économistes et philosophes : ces Messieurs n’apparaissent ici que pou
1198
Je n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger.
14.
Ces deux mots en effet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’ils
1199
pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces
deux
mots en effet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’ils n’en dist
1200
c la frousse que ça ne leur éclate dans la main.
15.
Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Arti
1201
usse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf.
ce
que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pé
1202
15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur
ce
besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait qu
1203
tuels, du fait que l’école n’a pas bougé depuis.
16.
On promet des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque
1204
Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars
1929
)z Prison Prisonnier de la nuit mais plus libre qu’un ange pri
1205
Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mars
1929,
p. 168-170.
1206
enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril
1929
)aa Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’on a répété dans
1207
rai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à
deux
dimensions ; la conscience ne pouvait y tuer un lyrisme quasi inexist
1208
e si la perspective manque souvent à ces récits :
ce
n’est point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien to
1209
comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-
ce
qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’
1210
ut cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en
ce
temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et
1211
ettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, avril
1929,
p. 199.
1212
Panorama de Budapest (
23
mai 1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’exp
1213
Panorama de Budapest (23 mai
1929
)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’express, cha
1214
1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en
six
heures d’express, changer totalement d’atmosphère, passer de la lassi
1215
capitales suffit à vous en donner la sensation :
ce
que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que con
1216
s’arranger, comme au dernier acte d’une opérette.
Ce
peuple s’est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au ma
1217
es, qui passent des après-midi entiers devant les
deux
verres d’eau que le garçon renouvelle de temps à autre, à lire des po
1218
, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les
deux
tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause d
1219
prétentions munichoises. Puis un palais gothique
1880,
qui est le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement a
1220
uée du Danube, Bude solidement amarrée à Pest par
quatre
énormes ponts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent se brise
1221
nt superbement cette ville désordonnée. Derrière,
ce
sont des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à
1222
tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car
ce
peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici tran
1223
anorama de Budapest », Journal de Genève, Genève,
23
mai 1929, p. 1-2.
1224
de Budapest », Journal de Genève, Genève, 23 mai
1929,
p. 1-2.
1225
Jules Supervielle, Saisir (juin
1929
)ay Ce petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. I
1226
Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)ay
Ce
petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’
1227
usés, sur la nuance mate d’un paravent chinois).
Ce
qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit
1228
e mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit,
ce
sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Res
1229
et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’est-
ce
point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-el
1230
èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin
1929,
p. 762-763.
1231
La tour de Hölderlin (
15
juillet 1929)o « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au b
1232
La tour de Hölderlin (15 juillet
1929
)o « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruis
1233
’apparaît comme une chose si douce et si grande… »
11
Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a
1234
Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : «
Ce
piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ;
1235
préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur
ce
passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément po
1236
ecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans
ce
siècle, où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendr
1237
t du chant prophétique, confondant leurs flammes.
Dix
années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être f
1238
dant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu.
Dix
années où le génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L
1239
déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car
ce
poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on
1240
feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin
1802
: au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la r
1241
de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et durant
trente
années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubing
1242
i reparaît en Allemagne. Et durant trente années,
ce
pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un
1243
Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche.
Ce
qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il do
1244
e de jour férié, les clochers de la ville sonnent
deux
heures. Allons. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts e
1245
bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-
ce
pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître c
1246
par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour…
Trois
petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l
1247
passait des heures à cette fenêtre, à marmotter.
Vingt-sept
ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de
1248
sé après un grand accès de fièvre… L’agrément de
ce
monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
1249
autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc
ce
sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La pe
1250
rfection n’a pas de plainte »… Vivait-il encore ?
Ce
lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. —
1251
ien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans
ce
lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il
1252
l ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de
2
à 4… Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts d
1253
vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à
4
… Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts de l’
1254
e café au bord du Neckar, sous les marronniers. À
quatre
heures, l’orchestre s’est mis à jouer des ringues charmantes, jazz et
1255
amer et qui lisent des magazines au fil de l’eau,
ce
qui est le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents
1256
ormale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-
ce
que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfoi
1257
doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain
ce
genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens ho
1258
t tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des
deux
soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le trag
1259
eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-
ce
qu’ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, qu
1260
allusif. Tout se remet à signifier l’absence.
11.
Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où il était précepte
1261
11. Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode.
12.
Où il était précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion e
1262
La Quinzaine artistique et littéraire, Neuchâtel,
15
juillet 1929, p. 354-356.
1263
e artistique et littéraire, Neuchâtel, 15 juillet
1929,
p. 354-356.
1264
Jean Cassou, La Clef des songes (août
1929
)az Après cet austère Pays qui n’est à personne paru l’année derniè
1265
songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans
ce
monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Éloge
1266
e serait qu’invention, qui inventerait sa vérité.
Ce
serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croi
1267
ns l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans
ce
livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros romans «
1268
èque universelle et Revue de Genève, Genève, août
1929,
p. 248-249.
1269
dré Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août
1929
)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yo
1270
éville, Rimbaud le voyant (août 1929)ba À lire
ce
petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yogabb telle que l
1271
de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-
ce
que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle hont
1272
èque universelle et Revue de Genève, Genève, août
1929,
p. 250-251. bb. Le féminin est ici conservé, conformément au texte o
1273
Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre
1929
)bc Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat o
1274
n Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc
Ce
n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voi
1275
s un débat où les voix les mieux écoutées ont dit
ce
qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue
1276
ue connaissent la thèse de la Trahison des Clercs
11,
thèse dont la Fin de l’Éternel ne fait que reprendre la défense contr
1277
il tire argument contre une thèse de M. Marcel de
ce
qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dir
1278
ent celles qu’il fallait attendre de ces auteurs.
Ce
qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la v
1279
ent à un rendement. Rien, pas même la religion.
11.
Cf. l’article de M. Daniel Halévy (décembre 1927) et la réponse de M.
1280
11. Cf. l’article de M. Daniel Halévy (décembre
1927
) et la réponse de M. Benda (janvier 1928). bc. Rougemont Denis de,
1281
décembre 1927) et la réponse de M. Benda (janvier
1928
). bc. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Julien Benda, La Fin de
1282
universelle et Revue de Genève, Genève, novembre
1929,
p. 638-639.
1283
e social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre
1929
)ab L’ordre social Il y avait une fois un jeune homme comme le
1284
l’état normal, qui est pédestre. Mais à partir de
ce
jour, on lui fit sentir qu’il était devenu beaucoup moins intéressant
1285
res, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, novembre
1929,
p. 25-27.
1286
bonne fois. Il ne faut pas songer à décrire en
50
petites pages tous les méfaits de l’instruction publique. C’est à pei
1287
Il a paru sur le sujet de l’instruction publique
deux
petits livres1 excellents dont je considère les thèses comme acquises
1288
ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout
ce
que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
1289
se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout
ce
qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
1290
s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur.
Ce
régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
1291
, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs,
ce
petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
1292
éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner
ce
droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
1293
elle forme politique. Je me contente de vitupérer
ce
que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
1294
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur
ce
que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
1295
oute, tapez-lui dans le dos, amenez-lui le Guguss
2,
des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots
1296
els, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore
deux
mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute l’excellenc
1297
rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si
ce
réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeotte de l’adve
1298
ants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à
cent
« réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer par avance en
1299
te sorte. Et je tiens à les classer par avance en
deux
catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêche
1300
ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc.
Ce
sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
1301
si, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds :
1°
qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils n
1302
e peuvent me dénier le droit de juger ces faits ;
2°
qu’ils ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeu
1303
ées, m’accuser de faire une critique dangereuse ;
3°
que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religi
1304
as de le dire : l’instruction publique.) Résumé :
1°
On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2°
1305
ller contre l’époque, et on le peut efficacement.
2°
rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un ré
1306
êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc.
Ce
sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
1307
s de langage. Je les renvoie en corps au chapitre
5
où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la qu
1308
dans ses réalisations actuelles, puis au terme de
ce
recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
1309
par le but final de notre institution-tabou.
1.
Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiqu
1310
s. Les meilleurs sortent de l’Institut Rousseau.
2.
Guguss, journal comique d’une grande vulgarité qui jouait alors le r
1311
1.
Mes prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souven
1312
ur emplir ou pour vider un bassin (et souvent les
deux
), (pour emplir et vider ensemble), (drôle d’occupation), (après combi
1313
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais
ce
qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
1314
rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour
ce
petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
1315
ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est-
ce
qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
1316
ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois
ce
fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
1317
re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans
ce
concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux ang
1318
e souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse.
3
Deux angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et
1319
souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3
Deux
angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et l’ho
1320
séances chez le dentiste et l’horaire des leçons.
Ce
malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
1321
ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante,
ce
souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
1322
ut cela tient trop de place dans notre enfance. À
5
ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année s
1323
formule de mes premières douleurs morales. Après
six
ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne mont
1324
mes premières douleurs morales. Après six ans de
ce
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
1325
isante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de
18
ans, crispé et méfiant, sans cesse en garde contre moi-même à cause d
1326
te donc, et le cerveau saturé d’évidences du type
2
et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fo
1327
nc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et
2
font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois de
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le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font
4,
ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatr
1329
ou : tous les hommes doivent être égaux en tout.
Deux
fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, e
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les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois
deux
quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus,
1331
hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux
quatre
, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus, toutes
1332
, c’est-à-dire que je me posais la question : est-
ce
vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
1333
n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que
ce
soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
1334
iques, qui sont une généralisation de la règle de
trois
, aussi profondément certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites : d
1335
ts humains. Le prix de mes souffrances était donc
ce
conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
1336
les mettre en doute : mais un jour je compris que
ce
n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
1337
je compris que ce n’étaient que des principes. Et
ce
fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
1338
des principes. Et ce fut ma seconde découverte :
ce
monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
1339
soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire,
ce
monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
1340
ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait
ce
mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
1341
les réalités les plus élémentaires de la vie.
3.
Dans le cas le plus favorable, c’est un silence, un vide. C’était en
1342
2.
Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver
1343
it qu’une question d’âge, non d’expérience vécue.
Ce
que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
1344
sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que
ce
ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
1345
avait coutume de dire à une classe de garçons de
10
à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je
1346
t coutume de dire à une classe de garçons de 10 à
11
ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saur
1347
garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les
quarante
hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi
1348
enseignement donné par des êtres qui brouillent à
ce
point les méthodes. Simple remarque, pendant que nous en sommes aux i
1349
ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est-
ce
que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
1350
s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur
ce
point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
1351
alais scolaires » symbolise d’une façon frappante
ce
qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
1352
iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans
ce
décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
1353
ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent
huit
années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand pro
1354
té, et ils sont déjà démodés. On dit que le style
1880
n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est