1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 M. de Montherlant, le sport et les jésuites ( 9 février 1924)a M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme
2 Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924 )a M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme l’un des hér
3 nergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que produit la recherche
4 mée et casquée pour la lutte de l’après-guerre. ⁂ Deux philosophies, affirme-t-il, se disputent le monde. L’une vient de l’O
5 e, pour M. de Montherlant comme pour Maurras, est ce qu’il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, r
6 ’a saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit coups de griffes et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’
7 . de Montherlant ne s’est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administrés ensemble. L’opération faite,
8 pération faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admira
9 . Toute une partie du Paradis à l’ombre des épées 1, son dernier livre, est consacrée à « fondre dans une unité supérieure
10 pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que valent toutes les simplifications, qu’on les appelle ou non idées
11 ée que « sur ces corps de l’entre-deux-guerres, … cinq sur dix sont désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-il
12 sur ces corps de l’entre-deux-guerres, … cinq sur dix sont désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-il touché l
13 n mouvement, c’est la domination de la raison sur ce corps qui est exaltante, et c’est cette domination qui est le but vér
14 se font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande
15 pées. Rien de moins artificiellement moderne que ce lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe, s’échauffer sur de l
16 évitera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien ce qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’apprentissage de
17 it cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mi
18 n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort
19 une « morale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi
20 tive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraîn
21 e est bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais
22 ur d’Henry de Montherlant, hip, hip, hurrah ! » 1. Éditions Grasset, Paris. 2. L’attitude de M. de Montherlant légitime
23 p, hip, hurrah ! » 1. Éditions Grasset, Paris. 2. L’attitude de M. de Montherlant légitime une telle « simplification »
24 et les jésuites », La Semaine littéraire, Genève, 9 février 1924, p. 63-65.
25 uites », La Semaine littéraire, Genève, 9 février 1924, p. 63-65.
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
26 Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » ( 30 octobre 1924)b Lundi soir, dans la salle du Lyceum, M. Conrad Meil
27  Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924 )b Lundi soir, dans la salle du Lyceum, M. Conrad Meili parla des é
28 . Très maîtres de leur technique (contrairement à ce que pense souvent le public), ils préparent l’avènement d’un classici
29 Meili », Feuille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 30 octobre 1924, p. 6.
30 euille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 30 octobre 1924, p. 6.
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
31 ant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925 )a Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mè
32 pour de nouvelles conquêtes. Terriblement lucide, ce regard en arrière. Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore q
33 eurs plus encore que pour celles de l’adversaire, ce qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel rel
34 étant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne bea
35 sorte, les soldats déjà légendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il just
36 s grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est- ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’u
37 ain des vertus guerrières. « Il faut que la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-ê
38 ercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourr
39 Une soumission au réel durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient s
40 voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je n
41 èque universelle et Revue de Genève, Genève, mars 1925, p. 380-382.
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
42 André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925 )b Sous une « vague de rêves », la logique, dernier agent de liaiso
43 liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous
44 ux poète s’il ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée
45 d — dont ils se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surr
46 ttres françaises qui risquent d’y perdre au moins deux grands artistes : Aragon, Éluard. Sans oublier Breton, enchanteur des
47 èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin 1925, p. 775-776.
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
48 Paul Colin, Van Gogh (août 1925 )c Le nouveau volume de la collection des « Maîtres de l’art modern
49 ème ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922. Il contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’est contenté d
50 : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est- ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Mil
51 de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuv
52 èque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1925, p. 1033.
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
53 Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925 )d Lucien Fabre, ingénieur, poète, chroniqueur scientifique, « Prix
54 né, contraint de suivre jusqu’au bout un roman de 500 pages comme Rabevel. Car si la liquidation des questions traitées est
55 t rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonn
56 romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître :
57 comme le fait son maître : « La marquise sortit à cinq heures ». Une telle platitude est presque indispensable, mais il s’en
58 res qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des maladresses et des négligences. Mais on ne
59 lever. C’est un descendant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un f
60 endant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un formidable mouvement
61 le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
62 anque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est- ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une
63 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1925, p. 1151-1152.
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
64 Les Appels de l’Orient (septembre 1925 )e Le xxe siècle s’annonce comme le siècle de la découverte du mon
65 urces pour s’y retremper. Les appels de l’Orient, ce sont les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plu
66 de Genève sur « l’Avenir de l’Europe. » (Cf. les deux réponses d’André Gide en particulier). Car la plupart des enquêtés se
67 et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antid
68 out ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond
69 rsité — peut-être trop nombreuses — qui composent ce gros volume. Les points de vue sont si différents, si différentes mêm
70 homisme et ceux qui pensent inévitable le choc de deux mondes, et que seule une intime connaissance mutuelle l’adoucira. Il
71 s in abstracto qui le mènent à des conclusions de ce genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation histori
72 s amener l’Asie à comprendre la religion romaine ( ce christianisme méditerranéen si étroitement particularisé pourtant, à
73 ec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement par Orient : l’Asie est le subcons
74 s de, « [Compte rendu] Les Appels de l’Orient (n°  9-10 des Cahiers du Mois) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
75 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1925, p. 1152-1154.
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
76 Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925 )f « Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contr
77 ait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
78 être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en
79 soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, —  ce fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : R
80 n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante de
81 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1925, p. 1156-1157.
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
82 Almanach 1925 (septembre 1925)g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maiso
83 Almanach 1925 (septembre 1925 )g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maison d’édition Fisc
84 Almanach 1925 (septembre 1925)g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maison d’édition Fischer passait po
85 e définition de M. A. Eloesser dans l’Almanach du 25e anniversaire. Les révolutionnaires y faisaient pourtant bon ménage av
86 sent l’Almanach Fischer donnent une juste idée de ce que fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la m
87 de ce que fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la maison paraît s’être un peu embourgeoisée… Disons
88 ue fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la maison paraît s’être un peu embourgeoisée… Disons plutôt q
89 de, « [Compte rendu] S. Fischer Verlag, Almanach 1925  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 19
90 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1925, p. 1162-1163.
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
91 Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925 )h Dans l’atmosphère trouble où s’agite l’Allemagne nouvelle — et p
92 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1925, p. 1163. i. Orthographié « Flasce » par erreur dans l’original.
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
93 Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)j M. Valéry L
94 s nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925 )j M. Valéry Larbaud est vraiment un étonnant esprit. Pour présente
95 uggestive, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera
96 on et le gage de sa légitimité. Nul doute que les Trois nouvelles exemplaires ne suscitent un intérêt très profond : elles no
97 dello. N’annonce-t-il pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels, très réels, de la réalité la plus intime, de
98 tail extérieur ou d’enjolivure. La lecture de ces trois tragédies, d’une classique sobriété mais d’une brutalité et d’une iro
99 ont Denis de, « [Compte rendu] Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue  », Bibliothèque universelle et
100 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1925, p. 1164.
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
101 Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925 )k Peut-être n’est-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seil
102 rop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapp
103 ont lui-même s’est fait le moderne champion. Pour ce qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de pei
104 elles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, V
105 sée plus vivante, ni de plus tonique que celle de ce « Pascal protestant ». k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Ern
106 e universelle et Revue de Genève, Genève, octobre 1925, p. 1797-1798.
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
107 Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925 )l « Quel est celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie
108 1925)l « Quel est celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où se reflète le passage incessant
109 appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « des complicités étranges pour assembler un sourire ». Co
110 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1925, p. 1560.
14 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
111 Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925 )m L’Irlande contemporaine offre un spectacle bien passionnant : ce
112 on, comme fut celle des Yeats, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent, je crois, de parler d’un grand siècle littéraire
113 e parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’e
114 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1925, p. 1567.
15 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
115 Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925 )n La Révolution russe va-t-elle usurper dans le roman d’aventures
116 du parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette tr
117 l sait qu’un grand mouvement est la résultante de millions de petits. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une fam
118 es conséquences. C’est ainsi qu’interviennent les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tan
119 us les essais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou trois scènes de La Cité secrète. Pour celle-ci par exemple (caché
120 ssais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou trois scènes de La Cité secrète. Pour celle-ci par exemple (caché dans un r
121 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1925, p. 1567-1568.
16 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
122 Conférence de René Guisan « Sur le Saint » ( 2 février 1926)c M. René Guisan, professeur de théologie à Lausanne
123 érence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926 )c M. René Guisan, professeur de théologie à Lausanne et directeur
124 l’Église continue à faire des saints, tandis que ce terme n’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là no
125 lus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est- ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élé
126 Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’était- ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y
127 ifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestan
128 qu’aux limites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints,
129  Conférence Guisan », Suisse libérale, Neuchâtel, 2 février 1926, p. 2.
130 e Guisan », Suisse libérale, Neuchâtel, 2 février 1926, p. 2.
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
131 Adieu, beau désordre… (mars 1926 )o L’époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bon
132 uelques autres, sont parmi les plus conscients de ce temps ; mais si l’on songe aux bataillons de pâles opportunistes sans
133 en de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? N
134 prétendre à l’action sociale que l’époque réclame  1. C’est aussi pourquoi l’on ne saurait accorder trop d’importance à leu
135 s s’opposent avec hostilité. Dans l’intérieur des deux maisons pourtant se débattent les mêmes brouilles de famille entre Ar
136 amille entre Art et Morale, Pensée et Action… Ces deux moralistes adonnés à la culture et à la libération du moi paraissent
137 goïstes avec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de l
138 t vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se vo
139 goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureu
140 te lassitude facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, m
141 facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions-nou
142 ettre aucun acte volontaire et raisonné parce que ce serait fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieur
143 ffrait déjà une singulière préfiguration : Certes ce ne seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la p
144 effroi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si fo
145 . On voit assez à quel genre de sophismes conduit ce mouvement de l’esprit qui n’utilise une borne que pour sauter plus lo
146 mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliquer ce besoin de porter à son excès toute chose, au-delà de toutes limites.
147 ts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer un
148 surde de quelques problèmes moraux et littéraires  8, à quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. (« Nous sommes une généra
149 es révolutions, quelles anarchies, quels Niagaras  9  !) Quelques jeunes hommes l’ont compris. Ils sont modestes — ne s’is
150 hoisir parmi leurs instincts, ni de les améliorer  10. Tout ceci est assez nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur
151 compose d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de D
152 en présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civique
153 l’époque, c’est une manière d’agir contre elle. 2. « La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’était d
154 2. « La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience hu
155 La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humain
156 goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tout est fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de Ren
157  Lorsque tout est fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de René Crevel ; les romans de Philippe Soupault ; l’Incerta
158 Rochelle. Je ne cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond du rom
159 e les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous em
160 nte d’une violence, d’un vice, d’une inquiétude. 8. « Certaines expériences littéraires sont plus dangereuses que des exp
161 s que des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On
162 ue des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est
163 lus éloignée de celle qui permet le surréalisme. 10. Une équipe d’hommes solides suffirait à restaurer une élite, efficace
164 aurer une élite, efficace. (Je vois Jean Prévost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois, et peut-être Drieu la
165 e élite, efficace. (Je vois Jean Prévost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle,
166 èque universelle et Revue de Genève, Genève, mars 1926, p. 311-319.
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
167 Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)p Au creux des couleurs assourdies d’un divan le soir,
168 Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926 )p Au creux des couleurs assourdies d’un divan le soir, tandis que
169 s de, « [Compte rendu] Pierre Jean Jouve, Paulina 1880  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, avril 1926,
170 que universelle et Revue de Genève, Genève, avril 1926, p. 530-531.
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
171 Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926 )q Un artiste de grand talent à qui la guerre a fait perdre le goût
172 s et les vieilles dames à principes. Voilà, n’est- ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu con
173 malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi d
174 que universelle et Revue de Genève, Genève, avril 1926, p. 531.
20 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
175 Conférences d’Aubonne ( 7 avril 1926)d e Pour la première fois cette année, les conférences
176 Conférences d’Aubonne (7 avril 1926 )d e Pour la première fois cette année, les conférences de l’Associ
177 les discussions philosophiques provoquées par ces deux travaux. Avec la conférence de M. Jean Cadier, un jeune pasteur franç
178 is M. A. Brémond, étudiant en théologie, présenta deux ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de pa
179 ats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradant
180 s nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant de cultes en trois jours, cela peut paraître ex
181 nt pis. » Cinq conférences et autant de cultes en trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère p
182 plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands rec
183 ntre un banquier et un philosophe au milieu d’une centaine d’étudiants et de professeurs suisses et français. Miracle qui nous f
184 férences d’Aubonne », Suisse libérale, Neuchâtel, 7 avril 1926, p. 2. e. Signé : Stud. litt.
185 d’Aubonne », Suisse libérale, Neuchâtel, 7 avril 1926, p. 2. e. Signé : Stud. litt.
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
186 Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926 )r Un léger flirt avec la muse, parce que c’est dimanche, parce qu’
187 paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour —
188 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p. 661.
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
189 Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926 )s C’est le récit de la découverte de Dieu par une jeune fille élev
190 semblablement ignorante de toute religion jusqu’à 20 ans, Denise s’abandonne à « la vie », laquelle — un peu aidée par l’a
191 révèlera peu à peu le sens divin de la destinée. Ce livre à thèse est plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants
192 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p. 661.
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
193 Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926 )t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean
194 ean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a ré
195 peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’
196 fessionnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
197 u’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L [e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’est jamais
198 oins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépass
199 la poésie. (« Le poète ne rêve pas, il compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine luisante et tournante. L’espri
200 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p. 661-662.
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
201 René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926 )u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale de la gén
202 il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre
203 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p. 662-663.
25 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
204 L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on
205 L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien
206 L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926 )f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du d
207 ne telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à ce que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de s’établir. Alors le m
208 ndit. Le miracle, c’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout ce qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet —
209 , c’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout ce qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois
210  » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les dis
211 bat que tous menaient en eux-mêmes loyalement. Et ce désir d’arriver à quelque chose de définitif à la fois et d’intellige
212 re la liberté d’un culte moins platonique : n’est- ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur
213 à la brochure de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore :
214 ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom et adresse. f. Rougemont Denis de, «
215 ans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom et adresse. f. Rougemont Denis de, « L’atmosphère d’Aubonne : 2
216 . Rougemont Denis de, « L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 », Lux et Vita : nouvelles de l’Association chrétienne suis
217 t Denis de, « L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926  », Lux et Vita : nouvelles de l’Association chrétienne suisse d’étudi
218 tion chrétienne suisse d’étudiants, Lausanne, mai 1926, p. 44-45.
26 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
219 Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926 )v Nous disons adieu aux charmes troubles et inhumains de la nature
220 métrie… Elle use et conduit lentement l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle n’est plus adaptée aux conditions nouvelles d
221 détail des rues. Congestion : « un cheval arrête 1000 chevaux-vapeurs ». Et pourtant « la ville est une image puissante qui
222 de la matière. Si Le Corbusier réalise son plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui
223 struire les villes de notre temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de verre et de c
224 e et de ciment blanc, flamboyantes au soleil. Les vingt-quatre gratte-ciel de la cité, au centre, s’espacent autour d’un aérodrome-g
225 errasses. Des perspectives régulières recoupées à 200 et 400 mètres par les plans fuyants des rues immenses livrées au 100
226 s. Des perspectives régulières recoupées à 200 et 400 mètres par les plans fuyants des rues immenses livrées au 100 à l’heu
227 ar les plans fuyants des rues immenses livrées au 100 à l’heure des autos. Les maisons habitées ne sont plus que des encein
228 lumineux à la place de nos cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des in
229 génieurs se sont mis à calculer la réalisation de ce phénomène de haute poésie — la « ville contemporaine ». Un labeur pré
230 e de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Roug
231 chitecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rend
232 èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin 1926, p. 797-798.
27 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
233 Confession tendancieuse (mai 1926 )g Écrire, pas plus que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément
234 es. Amour de soi… Mais moi, qui suis-je ? Par ces trois mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais je le se
235 cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore,
236 corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autres forces et tant d’autres faiblesses, t
237 mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses
238 en moi une tare que j’étais seul à ignorer, était- ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement
239 uir de mes victoires, à pleurer sur mes déboires, ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtais. Mais en mê
240 être une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance
241 anisaient brusquement les éléments désaccordés de ce moi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un de
242 gue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de t
243 ée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — t
244 t ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’
245 oi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’éta
246 mais que je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’
247 e m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrêt
248 je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’i
249 oin sans cesse, de battre mes propres records. De ce lent effort naît une modestie que je m’enorgueillis un peu de connaît
250 vite le sentiment d’être dans un débat étranger à ce véritable débat de ma vie : comment surmonter un malaise sans cesse r
251 in la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies d
252 légèreté puissante, quelle confiance vont guider ce corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle,
253 , mais je vous aime moins que je ne vous désire. ( Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son
254 aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut. 4. La sincérité absolue, « scientifique » me paraît aller contre fin. Un
255 oi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me semble une dérision
256 . 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expérien
257 tendancieuse », Les Cahiers du mois, Paris, juin 1926, p. 144-148.
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
258 Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926 )w Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essa
259 Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante d
260 sonne et la morale et l’esthétique modernes. Et à ce propos, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvr
261 os, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre me paraît liée à cett
262 connaissance personnelle. Après quoi il écrit : «  II y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et
263 onnelle. Après quoi il écrit : « II y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’essayer. » Fort
264 es neuves et fortes, mais péniblement comprimées. Ce défaut de forme est peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au
265 e universelle et Revue de Genève, Genève, juillet 1926, p. 124-125.
29 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
266 Les Bestiaires, par Henry de Montherlant ( 10 juillet 1926)h Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « 
267 Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926 )h Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de
268 Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de violence et de volupté », je me sens envahi par un ry
269 s forces qui se lèvent. Car telle est la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abord trop vivement pour le juger. L’auteur
270 , l’éditeur un roman, parce que ça se vend mieux. Ce récit des premiers combats de taureaux du jeune Montherlant est en ré
271 tion la plus réaliste de la vie animale. Et n’est- ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille i
272 éalisme. Une perpétuelle palpitation de vie anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce qu’
273 donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre éne
274 cet amour qu’Alban (le jeune héros du récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’ell
275 a bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce q
276 e, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais envers
277 n aime, et les victorieux sont d’immenses amants » 6. Mais envers les taureaux cet amour tourne en adoration ou en une véri
278 dans la description des taureaux ne se manifeste ce passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de simple grande
279 de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrific
280 oleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrifices sanglants. Pou
281 ment un peu pauvre pour fonder une religion. Mais ce n’est peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plu
282 peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons-nous besoin d’un autre amour
283 qu’une évocation de l’Espagne et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des
284 e et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en
285 ui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de p
286 d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les souc
287 croche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il
288 t entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est- ce point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à force d’y
289 t contractée, par la grâce de l’éternel Désir ? 6. Il est curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la
290 r ici plusieurs autres passages qui préciseraient ce parallélisme du poète et du philosophe. h. Rougemont Denis de, « [C
291 Les Bestiaires  », La Semaine littéraire, Genève, 10 juillet 1926, p. 335.
292 res  », La Semaine littéraire, Genève, 10 juillet 1926, p. 335.
30 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
293 Le Dépaysement oriental ( 16 juillet 1926)a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’
294 Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926 )a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont
295 é. Nul n’est moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent p
296 vre comme celui-ci est plus dans l’opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’accum
297 ste une « préférence irréductible pour le vrai ». Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « rel
298 isir. » Et encore ceci que je trouve si juste : «  Ce qui définit le plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fid
299 que pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance moins actuelle, mais d’une
300 stes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop
301 y trouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris. a. Rougemont Denis d
302 paysement oriental  », Journal de Genève, Genève, 16 juillet 1926, p. 1.
303 riental  », Journal de Genève, Genève, 16 juillet 1926, p. 1.
31 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
304 Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926 )x J’éprouve quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce no
305 quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore
306 e nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup m
307 beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Montherl
308 eur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Montherlant actuel que l’on sent. C’est dire qu
309 agnoles pleines de simple grandeur, j’ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurologiques avec lesqu
310 onné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines du désir certaines
311 universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 1926, p. 397-398.
32 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
312 Soir de Florence ( 13 novembre 1926)i Des cris mouraient vers les berges du fleuve jaune
313 Soir de Florence (13 novembre 1926 )i Des cris mouraient vers les berges du fleuve jaune, entre les de
314 raient vers les berges du fleuve jaune, entre les deux façades longues que la ville présente au couchant, dans ce corridor d
315 s longues que la ville présente au couchant, dans ce corridor de lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle dev
316 ison blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous acc
317 atmosphère de triste volupté emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur.
318 roues peintes du char, l’Italie des poètes… Mais ce pays tout entier pâmé dans une beauté que saluent tant de souvenirs n
319 ure… L’homme chante une plainte inouïe de pureté. Deux phrases rapides ondulent dans l’air lourd. Le chant descend très douc
320 du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vi
321 emps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide,
322 oir de Florence », La Semaine littéraire, Genève, 13 novembre 1926, p. 547-548.
323 nce », La Semaine littéraire, Genève, 13 novembre 1926, p. 547-548.
33 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
324 Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926 )y L’auteur veut amuser en nous quelques idées graves en leur prése
325 contradictoires d’un individu. C’est pour traiter ce sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, q
326 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1926, p. 810.
34 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
327 Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926 )z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une
328 Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphè
329 urait été si délicieusement invraisemblable… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenir
330 ieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf . z. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Alfred Colling, L’Iroquoi
331 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1926, p. 810-811.
35 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
332 dré Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926 )aa Un Chinois écrit d’Europe à un Français qui lui répond de Chine
333 C’est encore une vision de l’Occident qui naît de ce petit livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe « 
334 milions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît d
335 La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse :
336 thiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait parler son Ch
337 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1926, p. 811-812.
36 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
338 Avant-propos (décembre 1926 )a b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de
339 revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons q
340 ns doute, les différences s’accusent : mais n’est- ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment en
341 après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce sont les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboît
342 « Après moi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le
343 us le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et indéfini
344 res, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, décembre 1926, p. 3-5. b. Signé : Le Comité central.
37 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
345 Paradoxe de la sincérité (décembre 1926 )c Nous voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps.
346 voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne
347 fin la notion concrète de sincérité s’évanouit en mille définitions tendancieuses et contradictoires. Êtes-vous sincères en a
348 gine un personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pou
349 ateur. Pour parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait
350 dans une certaine mesure — parce que nécessaire — ce qu’il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de
351 ent : sincérité = spontanéité. Mais la morale est ce qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide éc
352 ait pas qu’il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là m
353 gratuit une valeur morale en disant qu’il révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de
354 ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être
355 au, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hé
356 délivrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon e
357 t à la découverte d’une faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   S
358 tis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   Second exemple. — J’éprouve le besoin de fair
359 classique et irréfutable à toute introspection : ce daltonisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendr
360 tion : ce daltonisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qua
361 est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’est- ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de co
362 éant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
363 nnée comme raison d’une perpétuelle attente »), —  ce que l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vi
364 elle attente »), — ce que l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vital qu’il nomme élan mortel — g
365 t du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous cr
366 t tout un moyen de se connaître. Cependant, n’est- ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus po
367 e plus pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée
368 nce, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites
369 orte de sincérité les retient d’imposer aux héros ce rythme volontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait faus
370 e volontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs
371 un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi est- ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on p
372 ère). Mais on ne peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce p
373 peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas être sincère a
374 e choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est- ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt
375  » est de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup co
376 J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincé
377 oint de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inin
378 e leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouv
379 e d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de fo
380 ec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi, ce jour de l’adolescence où l’on soupçonne pour la première fois que cer
381 Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que
382 ne analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle.
383 s lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les
384 lle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous l
385 d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figura
386 lus réelle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dess
387 être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique
388 ter pour être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce
389 c’est celle qu’on tire de soi-même.) Hypocrisie, ce sourire des sphinx ; hypocrisie, masque ambigu d’une liberté plus pré
390 que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La vé
391 Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description d
392 , mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le premier exemple, c
393 iption de l’élan supposé dans le premier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
394 mettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne souligne la quasi-impossibili
395 namisme directement dans notre langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou d’écriture, l’affirmation pr
396 res, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, décembre 1926, p. 13-25.
38 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
397 Dés ou la clef des champs ( 1927 )l « On sent l’absurdité d’un semblable système. » Musset. Une r
398 une consommation. Comme d’habitude, un peu après six heures. J’étais seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice a
399 familiers d’une vie honnête de type courant. Pour dix sous et le prétexte d’un apéro, on entre ici dans le jardin des songe
400 oudain, portant la main à son gilet, il en retira trois dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indéc
401 d’un hasard qui opère au commandement de la main. Ce soir-là, une confiance me possédait, telle que je savais très clairem
402 igurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furent d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérabl
403 la leur. Ils voudraient que leur vie garantît un 5  % régulier de plaisirs, avec assurance contre faillites morales et do
404 angoisse. Ça les dérange terriblement, sauf un ou deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en
405 deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les quelque billets de mi
406 st en train de me soutirer les quelque billets de mille dont je venais de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’irai t
407 s je songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient- ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suf
408 encore, saurai-je un jour te désirer, te haïr… 9. Calembour sur une idée juste. (Note de l’éd.) l. Rougemont Denis de
409 enis de, « Dés ou la clef des champs », Neuchâtel 1928  : beaux-arts, arts appliqués, architecture, littérature, Neuchâtel, 1
410 appliqués, architecture, littérature, Neuchâtel, 1927, p. 97-104.
39 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
411 Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927 )ab « Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppo
412 qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est
413 temps à recenser les incohérences pittoresques de ce petit livre. Quant à ceux que certaines envolées magnifiques et hagar
414 l ; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se
415 surréaliste. Devant cette ostentation de révolte, ce mélange de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de
416 les modernes, il bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres dél
417 boîte de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce n’est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un d
418 e universelle et Revue de Genève, Genève, janvier 1927, p. 123-124.
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
419 Billets aigres-doux (janvier 1927 )d e Pour Harriet V. A.-W. Poste aux amours perdues Sur le
420 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier 1927, p. 40. e. Signé : Julien Domingue.
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
421 ysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927 )f g Comme le démiurge venait de peser sur le commutateur des étoil
422 s, tout scintillement pudiquement dissimulé. Vers 1 heure, elle éclaira d’une rose caresse lumineuse la chevelure rouge d
423 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier 1927, p. 54-55. g. Signé : Salomon de Crac.
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
424 Dans le Style (janvier 1927 )h Nous recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Mo
425 eillant en français, termine : … Irène. (Grasset, 1924 … … y compris la Suède et la Norvège.) On lit dans les Nouvelles li
426 e.) On lit dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré en
427 it dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré en l’église grec
428 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier 1927, p. 61-62.
43 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
429 Bernard Barbey, La Maladère (février 1927 )ac « Quel admirable sujet de roman, écrit Gide, au bout de quinze
430 admirable sujet de roman, écrit Gide, au bout de quinze ans, de vingt ans de vie conjugale, la décristallisation progressive
431 t de roman, écrit Gide, au bout de quinze ans, de vingt ans de vie conjugale, la décristallisation progressive et réciproque
432 oires l’objet de l’amour. Mais les jeunes gens de ce temps ne cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plu
433 orale ne sait plus leur imposer de feindre encore ce que le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes ép
434 rd qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les at
435 s se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait
436 les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il so
437 ge, une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une c
438 e d’hiver et soudain sous la lueur d’un incendie, deux visages tordus de passion. Cette fin est admirable, dont la brutalité
439 e universelle et Revue de Genève, Genève, février 1927, p. 256.
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
440 Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927 )ad L’on aime que, pour certains hommes, écrire ne soit que le rece
441 auxquels il ne tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette faç
442 nifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par
443 et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne pe
444 . Et peut-être l’amour n’est-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténués. Mais alors quelle av
445 ntement leur amour, à force de petites blessures. Ce n’est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu so
446 malies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie com
447 ité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquièt
448 le. Pourtant, qu’elle ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est mieux que charmant, — douloureu
449 e universelle et Revue de Genève, Genève, février 1927, p. 257. ae. Il manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
450 Lettre du survivant (février 1927 )i j « Triste, mais vrai. » (Les journaux.) Mademoiselle, Il faut
451 allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on dit, sans doute parc
452 de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on dit, sans doute parce que c’
453 plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me prés
454 er… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au sommeil qui meurtrit jusqu’à l’âme.) Convulsions d’oriflamme
455 passer trop souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, j
456 is paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s’engouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’épro
457 tre bel ami laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, so
458 te rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait
459 , les jambes fatiguées, les paupières lourdes, et ce chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces
460 it tout son empire à ma timidité. Peut-être était- ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle s
461 vant de retrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me se
462 vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’étais encore au bal. Cette constatation machinale ne c
463 -être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherc
464 mée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus
465 , ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur
466 st chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image
467 e le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne com
468 pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Di
469 rquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glisseme
470 audrait que je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont
471 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, février 1927, p. 67-72. j. Signé : Arthur.
46 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
472 Orphée sans charme (février 1927 )k « Cet âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’est jamai
473 qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétati
474 i me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir m’empêcher d’y s
475 e : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — «  Ce n’est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve,
476 se-trappes, cette habileté surtout. Je ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’il écriv
477 . Il semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guèr
478 r l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une
479 is parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et même il appelait Orphée
480 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, février 1927, p. 85-87.
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
481 L’autre œil (février 1927 )l m Décembre L’époque s’ouvre où l’on attend un miracle pour
482 s, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des
483 us ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des soir
484 ommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a des soirs où tout
485 nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper quatre heures durant… Ma
486 culons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper quatre heures durant… Mais la vision, rapi
487 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper quatre heures durant… Mais la vision, rapidement entrevue par chacun dans so
488 , à propos d’une apparition La vieille Monture 6 un soir nous apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée
489 nnaître Cinématoma. Naissance de Cinématoma Cinq bellettriens furent commis au soin d’engendrer cet adorable monstre.
490 . Quelquefois, Mossoul amène un scénario né entre deux cafés-nature, et presque sans qu’il s’en soit rendu compte. Clerc ent
491 en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. To
492 ême s’il se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile consistoire, une idée de génie vint s’asseoir c
493 ran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva deux actrices, M. Grosclaude son fils Lucas Loukitch et une mise en scène
494 que par métaphore. À La Chaux-de-Fonds, il y eut trente membres et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds
495 . À La Chaux-de-Fonds, il y eut trente membres et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreillles ?
496 onds, il y eut trente membres et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreillles ? À signaler la fu
497 on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. Revue ou prologue. l. Rougemont Denis de, « L’autre œil », Revue de
498 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, février 1927, p. 94-95. m. Signé : Topinet.
48 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
499 smonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » ( 16 février 1927)j Le sujet que M. Esmonin, professeur à la Faculté de
500 « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927 )j Le sujet que M. Esmonin, professeur à la Faculté des lettres de
501 nin montra avec beaucoup de clarté comment, entre 1578, date de la proclamation de l’édit, et 1685, date de la révocation, la
502 entre 1578, date de la proclamation de l’édit, et 1685, date de la révocation, la France passa de la plus grande liberté à la
503 a France de l’édit, victorieuse dans la guerre de Trente Ans, l’orateur expose comment on en vint à la révocation. C’est d’abo
504 jaloux de ses droits considérables encore ; puis ce sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un
505 jésuites ont déjà réussi à « tourner » l’édit par mille arguties juridiques. Et les statistiques faussées peuvent faire croir
506 un d’eux s’indigne, dans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangil
507 le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du 16 octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France. Dévia
508 t d’Albert Sorel, selon qui la date du 16 octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France. Déviation telle, e
509 Nantes », Feuille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 16 février 1927, p. 8.
510 euille d’avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 16 février 1927, p. 8.
49 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
511 Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927 )af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un homme que son évolut
512 u héros plus confiant et secrètement incertain de ce roman. À la veille de se marier, Jérôme Parseval, journaliste parisie
513 re une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la rever
514 hui un réalisme discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant qu
515 t le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements
516 notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ».
517 ui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réalisme trop amer et c
518 yrique, par l’équilibre qu’il maintient entre ces deux inconscients : l’époque et l’être secret du héros. Il sait mieux que
519 Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or
520 entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le mas
521 èque universelle et Revue de Genève, Genève, mars 1927, p. 387-388.
50 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
522 r’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927 )n Surprendre est peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob.
523 t peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le programme comprenait : un film d’avant-guerre ; un film j
524 naire, de René Clair. La Mort de Phèdre (environ 1905 ) : quelques acteurs d’une troupe de province s’agitent incompréhensib
525 cipe est simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ; et une crise intérieure par un co
526 simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ; et une crise intérieure par un court accès
527 s gens bien habillés. » Soudain éclate Entr’acte ( 1925 ). « Une étude sur le Monde des Rêves ». Rondes de cheminées dans le c
528 ssez tragique. Mitrailleuse de phares d’auto, les 100  000 yeux de la nuit. Des imprécisions rapides. Un chasseur, toujours
529 tragique. Mitrailleuse de phares d’auto, les 100  000 yeux de la nuit. Des imprécisions rapides. Un chasseur, toujours sur
530 qui s’ouvre pour dégager le mouvement obsédant de deux jambes, l’harmonie de leurs arabesques à trois dimensions mêlées avec
531 de deux jambes, l’harmonie de leurs arabesques à trois dimensions mêlées avec une lenteur et une perfection dont une brève v
532 es personnages et lui-même. ⁂ Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domai
533 éclatement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’atte
534 il exprime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse envie de crier : « Trop de gestes ! » C’est une quest
535 moins, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce sont là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les
536 chose qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu
537 l » nous apparaît alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles —
538 e, car alors quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un fil
539 alors quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film c
540 Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mars 1927, p. 124-127.
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
541 Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927 )ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvell
542 nquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvelles et leurs maîtres soit lu par
543 ût de l’absolu à la fois mystique et anarchique : ce sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. R
544 en face de l’inquiétude », M. Rops considère les deux solutions les plus parfaites qui s’offrent aux jeunes gens d’aujourd’
545 tre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix
546 ciente ruse d’un inquiet qui veut le rester ? Ces deux solutions peuvent se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lo
547 rester ? Ces deux solutions peuvent se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vraiment les deux terme
548 quiétude ou foi. Dès lors sont-elles vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant que le chemin qui mène à l’autre ?
549 que universelle et Revue de Genève, Genève, avril 1927, p. 563-564.
52 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
550 Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927 )o Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon êt
551 isie, même si cela doit m’anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sortir d’une conférence sur le
552 ir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sortir d’une conférence sur le Salut de l’humanité.)   Ce soir en
553 r d’une conférence sur le Salut de l’humanité.)   Ce soir en moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau d
554 moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon
555 ’on est enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’un savant. Je ne connais pas de meilleur remède contre Di
556 éprouvées par le repas dont vous sortez, que ces trois mots où se résume la défense de la loi sociale, patriotique, religieu
557 protège votre paresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre
558 porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce côté. Retournez à vos amours. .......................................
559 ’un prophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il fau
560 messages égarés de l’infini… Un tel homme, — est- ce encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut attein
561 atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon. II Novembre 1926. Je viens de retrouver quelques pages écrites il y a
562 ou n’espérer plus aucun pardon. II Novembre 1926. Je viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir d
563 tel soir de colère où le thermomètre eût indiqué 39° selon toute vraisemblance. Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragi
564 arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet ce terme, à des exaltations que leur lyrisme rendait seules contagieuses
565 s une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui, je le verrais plutôt comme un Musset10 plus vérit
566 un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux 1830, une théorie du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’être pa
567 ande race des torrents. » Une belle phrase, n’est- ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Ara
568 urrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une s
569 que je prenais pour le ton prophétique, ne serait- ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les cafés
570 dont il serait le premier à s’amuser ?   Février 1927. Relu Une vague de rêves et la préface de Libertinage. Sous une certai
571 s une certaine rhétorique — mais la plus belle, —  ce qui tressaille et m’atteint au vif, c’est tout de même un désespoir e
572 s assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade pos
573 e par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que sur ce « globe d’attente » comme dit Crevel. Pourtant, le plus irrévocable d
574 est encore qu’un appel à la foi la plus haute.   1er mai 1927. Mieux vaut pécher par ridicule que par scepticisme ; par ex
575 re qu’un appel à la foi la plus haute.   1er mai 1927. Mieux vaut pécher par ridicule que par scepticisme ; par excès que pa
576 e même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de
577 f. certaines remarques — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tr
578 ines remarques — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous trompe
579 emarques — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce q
580 essé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sac
581 y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permett
582 trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le Sens Cri
583 errière un rideau). — J’attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils ont montré à
584 éprenne ! Les œuvres les plus significatives de ce siècle sont écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité q
585 littérature moderne n’est qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quelques centaines (?) d’indivi
586 ce divorce radical entre l’époque et les quelques centaines (?) d’individus pour qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquo
587 ept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize, la Ré
588 nds ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize , la Réforme, Karl Marx, la préface de Cromwell. Mais il ne s’agit pas
589 gne, Descartes, Schiller, Voltaire, etc., et tout ce qui leur correspond dans l’ordre politique par exemple. Parce que c’e
590 as s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est-ce que vraiment v
591 s, une révolution en fonction du capitalisme. Est- ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la
592 e votre mépris, en prenant le contre-pied de tout ce qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plu
593 qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme
594 rançais ; que c’est elle qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authentiquement, si déplorablement français. Et
595 ançais. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais
596 surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non
597 pétuelle une perpétuelle insurrection contre tout ce qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : cult
598 ur la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions.
599 re haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour no
600 le révolution — la russe, par exemple — parce que ce n’est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne dem
601 e : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est- ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous alli
602 vague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux , ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires de copains qui on
603 omment dites-vous, surréalisme ? — Baptisé il y a cinq ou six ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la j
604 ites-vous, surréalisme ? — Baptisé il y a cinq ou six ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la jambe, p
605 vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par contumace. Il y a encore des gens pour qui
606 uoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-ce que vraimen
607  : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est- ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes
608 ent amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement
609 s principes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fl
610 rsuasive : nous sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8. Et malgré certaines théories
611 illir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8. Et malgré certaines théories bien superficielles et hâtives, comme ce
612 ve. Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à
613 s se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Claudel. 10. Musset de La coupe et les lèvres. Mais ou
614 ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Claudel. 10. Musset de La coupe et les lèvres. Mais oui, c’est paradoxal. 11. Les
615 coupe et les lèvres. Mais oui, c’est paradoxal. 11. Les livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de For
616 in derrière viennent des France et des Bordeaux. 12. Proust excepté, et dans un domaine plus étroit, quelques esthètes du
617 ne plus étroit, quelques esthètes du machinisme. 13. Le Paysan de Paris. o. Rougemont Denis de, « Louis Aragon, le beau
618 ettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, avril 1927, p. 131-144. p. On a conservé la graphie de l’original, sans doute vo
53 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
619 Quatre incidents (avril 1927)q r La maîtresse d’École Au printemps p
620 Quatre incidents (avril 1927 )q r La maîtresse d’École Au printemps pur comme une joue, Éco
621 nt près de lui le sourire d’amitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que
622 de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la r
623 plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Ma
624 ur la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil. Il respire
625 Même, on en pleure. q. Rougemont Denis de, «  Quatre incidents », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribo
626 ettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, avril 1927, p. 151-153. r. Signé : Salomon de Crac.
54 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
627 Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927 )k Neuchâtel va-t-elle redevenir le centre artistique qu’elle fut a
628 se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce regroupement existe : il y a de jeunes pein
629 que l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce regroupement existe : il y a de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à
630 part, la dispersion des efforts artistiques. Tout ce monde d’amateurs de découvertes, de snobs, de marchands de tableaux,
631 archands de tableaux, de critiques d’avant-garde, ce monde où tous les extrémismes sont prônés comme vertus cardinales, et
632 i, le peintre se trouve placé d’emblée en face de ce qu’on nomme le gros public. L’épreuve est pénible, énervante, souvent
633 ues autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont n
634 i a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être appelés jeune
635 urichois qui nous arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alors des natures mortes, de petits paysages,
636 qui nous arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alors des natures mortes, de petits paysages, il des
637 ans cette petite maison qu’on reconnaissait entre trente pareilles, aux cactus qui ornaient les fenêtres, dans une chambre pei
638 ompositions de la nature, à ces natures remises à neuf , l’imperfection humaine qui touche. Mais l’atmosphère pure de ces esp
639 implicité précieuse », il sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose
640 mettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre qu’il glisse si souvent là où on l’att
641 p souvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant
642 frileux, mais les autres sont soulagés. Et ne fût- ce qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura
643 n prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actue
644 nant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuell
645 en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais aux exigences
646 rend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la palpe, la
647 u’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garçon aux allures discrètes promène sur le monde des yeux de Japonai
648 ffiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup
649 s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de
650 cet art emprunter de singuliers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’
651 telle déformation, et tout devient satisfaisant. Ce lyrique, ce mystique exige pour être compris une complicité de sentim
652 mation, et tout devient satisfaisant. Ce lyrique, ce mystique exige pour être compris une complicité de sentiments ou d’ét
653 procher, parce qu’il est un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant tout. Mais la nostalgie de Bouv
654 t tout. Mais la nostalgie de Bouvier l’entraîne à mille lieues des jardins de sourires qui s’épanouissent sur les toiles de M
655 de Meuron. Il semble toujours qu’il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlent, et sait rendre
656 paraître… Charles Humbert ou comment on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on put craindre que
657 rdonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lui sans cesse des possibilités impré
658 evant le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu
659 nt aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce qu’en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune d
660 implifie et renforce l’expression. Décidément ces trois frères sont une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réa
661 trois frères sont une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, al
662 au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une autre, ce doit être un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mou
663 de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte 
664 former un mouvement actif déjà, et dont Neuchâtel 1927 sera la première manifestation collective. Est-il possible, au sein
665 estation collective. Est-il possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus organiques ? D’une part il y
666 ion d’un groupe dont l’activité serait féconde en ce pays. D’autre part, des œuvres aussi différentes par leur objet et le
667 les plus durs réservent des douceurs secrètes. 7. Publication dont cette revue entretenait récemment ses lecteurs. 8.
668 cette revue entretenait récemment ses lecteurs. 8. Voir sur cet artiste neuchâtelois, de son vrai nom Ch. E. Jeanneret,
669 artistes neuchâtelois », Das Werk, Zurich, avril 1927, p. 123-129.
55 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
670 Bernard Lecache, Jacob (mai 1927 )ah Voici un livre dur et sans grâces, qui ne manque pas d’une beau
671 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1927, p. 689-690.
56 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
672 René Crevel, La Mort difficile (mai 1927 )ai Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’
673 masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son ap
674 thur, le roman vit et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le dét
675 et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le détail dégoûtant et m
676 incérité audacieuse mais sans bravade qui donne à ce livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n
677 ain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes faites qui tr
678 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1927, p. 690.
57 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
679 Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927 )aj Nocturnes aux caresses coupantes comme certaines herbes. Capita
680 comme certaines herbes. Capitale de la douleurak, ce sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le
681 t gracieux des noctambules. Rêves éveillés, entre deux gorgées d’un élixir dont il voudrait bien nous faire croire que le di
682 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1927, p. 693-694. ak. En romain dans l’édition originale.
58 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
683 e Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927 )al « De quoi s’agit-il ? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ce
684 t-il ? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ces deux tentations, cédant à l’une autant qu’à l’autre, Drieu s’examine. Enco
685 e certains des morceaux très divers qui composent ce livre sont bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais c
686 les jeunes écrivains français un homme qui ait à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique de la
687 signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Souvent maladroit, inc
688 hèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1927, p. 694.
59 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
689 Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927 )s t … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris
690 st l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu et le corps se fige
691 ù l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu et le corps se fige à mesure
692 rit s’établit sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé,
693 En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux.
694 tais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’arti
695 me en bleu dansait en regardant au plafond. Après deux tangos, nous montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne vo
696 fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’entrep
697 ’est-à-dire cynique, toutes les offres du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe
698 sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne c
699 endarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroque
700 cette escroquerie morale dont je fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard
701 velle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. »
702 t-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien parut satisfait d
703 — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de vo
704 je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression —
705 ion — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’
706 nclusions morales qu’elle paraît impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-je…, de juvénile insouciance, pour ne pas
707 té naturelle dont il paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne sa
708 désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque,
709 -Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mai 1927, p. 180-185. t. Une note de bas de page indique : « La rédaction rapp
60 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
710 Conseils à la jeunesse (mai 1927 )u « On a reproché bien des choses aux romantiques : le goût du sui
711 tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est- ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou bi
712 sius Bertrand. Est-ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire —
713 terre, jeune homme ! Quand tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantatio
714 homme ! Quand tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle
715 d tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plu
716 de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plus malade, les temps se
717 de Lavaux. » Seulement, il y a tout de même un ou deux petits phénomènes sociaux de notre temps que cette méthode ne suffira
718 naturellement chez des jeunes « et qui pensent » ce goût de l’évasion caractéristique de tous les « vices romantiques ».
719 ! — Mon Dieu, que dire… Il y aurait, par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet
720 par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet autre fait de la guerre… et puis, te
721 se… cet autre fait de la guerre… et puis, tenez ! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des sacr
722 à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est- ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez
723 ’est-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’e
724 -Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mai 1927, p. 186-187.
61 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
725 ard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927 )am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnan
726 femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentiment
727 t vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a
728 toches une malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient é
729 aurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui parle toujours de Weber
730 rs de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un
731  ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pas impunément concitoyen
732 e pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela est sans importance, car voici « l’heure des petits a
733 e universelle et Revue de Genève, Genève, juillet 1927, p. 114-115.
62 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
734 Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927 )v I Parler littérature Si je prononce le nom de tel de vos co
735 le mépris de la littérature (juillet 1927)v I Parler littérature Si je prononce le nom de tel de vos confrères,
736 votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréabl
737 tes de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour N
738 ue part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est- ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins l’
739  L’autre jour au Grand Écart… », dit quelqu’un. À ce coup, l’évocation de Cocteau fait fleurir sur vos lèvres le mot de Ca
740 res le mot de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal est une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un ve
741 nation, quand il m’échappe une citation. Seraient- ce les guillemets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez-vous… Soit
742 en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude saluta
743 lez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de
744 ition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce qu
745 jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littératur
746 à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît un écrivain, auj
747 ature On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépr
748 our ses réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce
749 d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous
750 nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on
751 le. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me d
752 z en liberté, par haine de cette esthétique ou de ce sens social, — et voilà qu’ils perdent même la problématique utilité
753 était leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nou
754 ttérature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contrai
755 mais rien n’est plus facile que d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature Montherlant me paraît être le moin
756 aise des chers confrères. Ils ne pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume d’ab
757 s ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est- ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nou
758 à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières
759 ement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce s
760 e ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que « ceci, c’est une autre histoire,
761 t, allons ailleurs ; il y a trop de monde ici. 14. Paul Morand, auteur d’Ouvert et de Fermé la nuit, titres également sc
762 nuit très en vogue à Paris. Cambronne (général), 1770-1842. Louis Aragon et Paul Éluard, hommes de lettres et poètes surréalistes
763 ’agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur. 15. Variante : des puissances d’action. 16. J’en vois certains qui arran
764 auteur. 15. Variante : des puissances d’action. 16. J’en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mé
765 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, juillet 1927, p. 231-238.
63 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
766 Les derniers jours (juillet 1927 )w Ces « cahiers politiques et littéraires »17, rédigés par Drieu l
767 927)w Ces « cahiers politiques et littéraires » 17, rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl, sont — avec la Revue
768 ui nous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. w. Rougemont Denis de, « Les derniers
769 ous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. w. Rougemont Denis de, « Les derniers jour
770 t pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e . w. Rougemont Denis de, « Les derniers jours », Revue de Belles-Let
771 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, juillet 1927, p. 249-250.
64 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
772 Adieu au lecteur (juillet 1927 )x Nous passons la main au central de Genève, fidèles à la traditio
773 ition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indign
774 es additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la paradoxale situation intellectuelle d’une revue d’étudian
775 ous souciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attend
776 ous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ?
777 ient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut
778 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, juillet 1927, p. 256-258.
65 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
779 Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927 )an Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre elles que la fo
780 s Vaudoyer, Premières amours (août 1927)an Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de
781 n’ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l
782 « encore jeune » se souvient d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du cor
783 n ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de vacances, quand
784 Un vieil été. Cette nouvelle, très supérieure aux deux autres, est une réussite rare par la justesse de l’observation autant
785 a nostalgie, de la jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur
786 jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle «
787 t on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie
788  ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, inte
789 èque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1927, p. 244-245.
66 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
790 Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927 )ao À ceux qui se contentent du mot fumeux pour caractériser tout l
791 le Message de Rilke — sont du meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne des poètes scandinaves et d
792 omantiques allemands parce qu’il partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, q
793 ge avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, t
794 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1927, p. 787-788.
67 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
795 Léon Bopp, Interférences (décembre 1927 )ap Un jeune auteur raconte dans une lettre à une amie comment il a
796 de voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de ce que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitra
797 plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même est une réussi
798 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1927, p. 791.
68 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
799 Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928 )aq C’est un livre sympathique ; et il vaut la peine de le dire car
800 e dissertations lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de
801 vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la technique du roman sont sauvée
802 illes spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointe
803 e ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémo
804 e universelle et Revue de Genève, Genève, janvier 1928, p. 121-122.
69 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
805 Le péril Ford (février 1928 )a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au
806 buts que sa civilisation poursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental est saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, p
807 egarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I . L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du mon
808 faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’
809 motive routière. « Depuis l’instant où, enfant de 12 ans, j’aperçus cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma gran
810 son rêve, le type unique d’automobile utilitaire » 2. Dès lors, c’est une suite de chiffres indiquant le progrès de sa prod
811 née. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un rés
812 lliards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de s
813 é comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures par jour, et la possibilité d’augmenter encore cette product
814 ave question qu’on puisse poser à notre temps. II . M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas
815 ns. Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automo
816 téresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans cette bais
817 nt. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’eût pas ache
818 ation, d’autorégulation et d’alternances. Tel est ce sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même but,
819 le intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne » 3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne
820 intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de
821 on peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche les ouvriers et leur do
822 ller pendant le temps convenable et à gagner, par ce moyen, de quoi vivre convenablement tout en restant maître de régler
823 de sa vie privée. Cette liberté particulière, et cent autres pareilles, composent, au total, la grande Liberté idéale et me
824 e réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est- ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simplific
825 sation concrète d’une théorie qui tend à faire de ce monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est le bonheur, le salu
826 heur, le salut par l’auto. Philosophie réclame. «  Ce que j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises
827 Réjouissons-nous… Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissen
828 ous… Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissent sans réser
829 amment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons d
830 te un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du mond
831 Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est- ce notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour
832 enue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est- ce notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être jus
833 ivement le divorce de l’esprit et de l’action. III . Le fordisme contre l’Esprit La formidable erreur de la bourgeoisi
834 hoses de l’âme avec une maladresse de barbare. IV . « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel poi
835 sprit sont incompatibles, le monde moderne impose ce dilemme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à
836 er presque fatalement dans un anarchisme stérile. Accepter la technique et ses conditions. Dans cette mécanique bien hu
837 immuable comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’e
838 lui a donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment, il ne lui manque plus rien — que l’envie. Ma
839 donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment, il ne lui manque plus rien — que l’envie. Mauvais
840 ir, les forces mêmes qui nous la firent désirer. Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore dou
841 nt de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortune
842 anage d’une sorte de franc-maçonnerie de quelques centaines d’individus. Et cette franc-maçonnerie sera bientôt traquée avec la d
843 n, une fois de plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l
844 reste, je pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève a révélé que les livres les plus lus du gr
845 eilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payo
846 à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perc
847 y Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce :
848 n œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » e
849 is, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; s
850 ot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; surré
851 de, « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris, février 1928, p. 189-202.
70 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
852 Un soir à Vienne avec Gérard ( 24 mars 1928)m À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne. Je v
853 Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928 )m À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne. Je vins à Vien
854 a Petite-Entente, applaudissait chaque soir entre deux airs anglais Le Beau Danube bleu, en commémoration polie d’un passé i
855 u sifflement des balles perdues d’une révolution. Sept heures du soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée,
856 e que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu enn
857 — l’heure anxieuse et mélancolique où l’on quitte ce visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inconnus. Voilà
858 nu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il
859 modé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première
860 capacité définitive à se passionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’es
861 ais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le
862 ous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux , en y réfléchissant bien, mais peut-être était-ce la même sous deux a
863 ux, en y réfléchissant bien, mais peut-être était- ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont r
864 issant bien, mais peut-être était-ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont retenu un instant,
865 et manteau de fourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa
866 s qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux hommes — et ce fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évi
867 e chacun un bras, une femme pour deux hommes — et ce fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque
868 ptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers » 10. Heureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes
869 ur la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens trè
870 e quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir qui seules
871 e place dans leur vie aux “divertissements” entre 10 heures du soir et 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, da
872 aux “divertissements” entre 10 heures du soir et 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, dans un décor banal et
873 dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’o
874 nes, ou luisants de concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au
875 eillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un mom
876 clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il pr
877 plutôt, par je ne sais quelle erreur d’images, —  ce serait la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Auré
878 oissante. Il mêle tout dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages aimés revivent dans cette coupe de songes
879 résume cette vie entière et fait allusion à tout ce qu’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faud
880 y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendr
881 porche grand ouvert. Les chauffeurs faisaient les cent pas dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’une bouti
882 cavaliers. Tout cela s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ?
883 de titres dépourvus de sens. Je dormais debout. 10. Quelque chose comme « pâtisserie-crème fouettée ». m. Rougemont Den
884 elle Semaine artistique et littéraire, Neuchâtel, 24 mars 1928, p. 105-108.
885 aine artistique et littéraire, Neuchâtel, 24 mars 1928, p. 105-108.
71 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
886 de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928 )ar Livre passionnant pour tous ceux que Jules Verne passionne. Pou
887 nventions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules
888 poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu
889 emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de lecteurs dans un monde purement fantaisiste où les équations tyran
890 l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de ce libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-nous longtemps en
891 littérature enfantine est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsé
892 dant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont Denis de, « [Comp
893 èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin 1928, p. 768-769.
72 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
894 Aragon, Traité du style (août 1928 )as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne
895 Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeu
896 tion. J’admire autant le talent de celui qui mène 60 parties d’échecs simultanément, et c’est naturel : je m’en avoue plus
897 iment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien françai
898 n mot bien français et ses applications faciles à cent célébrités locales. (Quant à Goethe, traité de clown, cela ne va pas
899 est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et
900 . Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect. as
901 èque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1928, p. 1034.
73 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
902 lle, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928 )at Les derniers écrits des surréalistes débattent la question de s
903 s loin et de prendre une connaissance positive de ce qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le cou
904 universelle et Revue de Genève, Genève, novembre 1928, p. 1410.
74 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
905 André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928 )au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud
906 dré Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde
907 928)au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelqu
908 entiellement contradictoires : elles représentent deux manières de sentir l’unité d’une époque obsédée d’action.) Autour de
909 Et il ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, admirablement objectif, est aussi, mais à cou
910 que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre
911 veu de Garine est décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde re
912 aînement passionnant de l’action, il se dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intelligence et cette sen
913 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1928, p. 1547-1548.
75 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
914 alès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928 )av L’histoire de Louis II exalte et déçoit l’imagination. On compr
915 I exalte et déçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son
916 l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’est- ce point trop demander à une existence bien indécise, que son échec même
917 st pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le laisser voir. La qualité de l’illusion dont se nou
918 t de charme : Wagner et Nietzsche lui fournissent deux tons fermes dont le jeu donne aux nuances assez troubles du personnag
919 ge central une résonance plus profonde. Louis II, ce chimérique, disposait par hasard de moyens d’action puissants : s’il
920 « l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient d
921 chiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un li
922 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1928, p. 1549.
76 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
923 Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928 )aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit se lie avec un
924 1928)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit se lie avec un inconnu qui se dit prince russe et entretient au
925 uer sa mort et qui est aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux q
926 ce dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avan
927 universelle et Revue de Genève, Genève, décembre 1928, p. 1553.
77 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
928 Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928 )n « Remonte aux vrais regards ! Tire-toi de tes ombres… » Paul Va
929 ent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est- ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage
930 t pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il
931 re découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de ce genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué,
932 er. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a da
933 nalité est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne
934 n autre visage. Car oublier son visage, ne serait- ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’eau
935 it saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt da
936 ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale.
937 oi-même », Cahiers de l’Anglore, Genève, décembre 1928, p. 37-42.
78 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
938 son, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929 )ax Le critique se sent désarmé et légèrement absurde en face d’un
939 it pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où il décrit des scènes de son enfance et de sa jeune
940 omme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur
941 ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce mo
942 le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sai
943 ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce mond
944 n ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce monde qui devient impuissant. Impossible d’évoquer un personnage préc
945 e universelle et Revue de Genève, Genève, janvier 1929, p. 123-124.
79 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
946 lles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929 )y 1. Belles-Lettres, c’est la clef des champs. 2. L’essence de Bel
947 es, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)y 1. Belles-Lettres, c’est la clef des champs. 2. L’essence de Belles-Lett
948 y 1. Belles-Lettres, c’est la clef des champs. 2. L’essence de Belles-Lettres, c’est de l’alcool à brûler les cervelles
949 lcool à brûler les cervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime que dans la mesure où
950 sure où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement un
951 muler cette ivresse ; autrement que par des cris. 5. Avec toutes les erreurs et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettr
952 pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont encore une « essence ». Celle
953 ent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est-ce point de se livrer, purement et simplem
954 sphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est- ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rougem
955 st-ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). y. Rougemont Denis de, « Belles-Lettres, c’est la clef d
956 tres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, janvier 1929, p. 78-79.
80 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
957 ne bonne fois. Il ne faut pas songer à décrire en quarante petites pages tous les méfaits de l’instruction publique. C’est à pei
958 Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excellents dont je considère les thèses comme acquises
959 ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
960 se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
961 s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur. Ce régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
962 parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
963 éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
964 elle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
965 retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
966 els, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute l’excellenc
967 rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeote de l’adver
968 ants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer par avance en
969 te sorte. Et je tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêche
970 ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
971 si, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils n
972 e peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; qu’ils ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeu
973 dées, m’accuser de faire une critique dangereuse. que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religi
974 as de le dire : l’instruction publique.) Résumé : On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2°
975 ller contre l’époque, et on le peut efficacement. Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rét
976 êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
977 s de langage, je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la qu
978 dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
979 és par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiqu
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
980 1. Mes prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souven
981 ur emplir ou pour vider un bassin (et souvent les deux ), (pour emplir et vider ensemble), (drôle d’occupation), (après combi
982 suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
983 rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
984 ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est- ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
985 ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
986 re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2. Deux ango
987 souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et l’ho
988 séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
989 ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
990 ut cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année
991 formule de mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne mont
992 mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
993 isante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse en garde contre moi-même à cause d
994 te donc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fo
995 nc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois de
996 le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatr
997 ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, e
998 les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus,
999 hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatre , c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus, toutes
1000 s, c’est-à-dire que je me posai la question : est- ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
1001 n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
1002 iques, qui sont une généralisation de la règle de trois , aussi profondément certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites : d
1003 ts humains. Le prix de mes souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
1004 les mettre en doute : mais un jour je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
1005 je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
1006 des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
1007 soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire, ce monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
1008 ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
1009 c les réalités les plus élémentaires de la vie. 2. Dans le cas le plus favorable, c’est un silence, un vide. C’était en
1010 n silence, un vide. C’était en dehors de la vie. 3. du pain rassis.
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
1011 2. Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver
1012 nt qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
1013 sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
1014 tous les sujets, espécialement sur la pédagogie. Ce mot revient souvent dans sa conversation ; il le prononce avec un ini
1015 pe populaire du poète romantique s’est dégradé en deux sous-types posthumes : l’artiste photographe et le régent. J’ai fait
1016 avait coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je
1017 t coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saur
1018 garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi
1019 enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque pendant que nous en sommes aux in
1020 ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est- ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
1021 s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
1022 lais scolaires ». symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
1023 iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
1024 ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand pro
1025 té, et ils sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un style ; c’est
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
1026 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin
1027 est aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
1028 ité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pa
1029 à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’hé
1030 dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans
1031 elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L’écheveau est tellement embrouillé
1032 roclites, sans égard à leurs qualités propres. De 8 à 9 arithmétique ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines se suc
1033 ites, sans égard à leurs qualités propres. De 8 à 9 arithmétique ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines se succède
1034 eurs qualités propres. De 8 à 9 arithmétique ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines se succèdent sans transition,
1035 qualités propres. De 8 à 9 arithmétique ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines se succèdent sans transition, dans
1036 s doivent être identiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe
1037 ntiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe la totalité de la s
1038 simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon e
1039 it pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon et d’une règle (pour diviser la page
1040 nces dont on écrit les noms dans les casiers. Est- ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer
1041 paye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établi
1042 la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais en matière de sp
1043 té des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette psychologie de
1044 es plaisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au
1045 les enfants doivent à tout instant être en mesure d’ingurgiter la même quantité de « matière » ; 2° d’en rendre compte
1046 1° d’ingurgiter la même quantité de « matière » ; d’en rendre compte de la même façon, dans le même temps. Contentons-n
1047 s le même temps. Contentons-nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquill
1048 nature humaine. L’histoire enregistre bien une ou deux autres bêtises de cette épaisseur, mais il faut reconnaître que jamai
1049 nominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compt
1050 térêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce dont ils traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à
1051 en commerce intime avec elles. On apprend plus de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ai oublié le nom. Une autre
1052 intime avec elles. On apprend plus de deux que de mille , dit un sage oriental dont j’ai oublié le nom. Une autre conséquence
1053 ser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce trav
1054 nnent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est
1055 st absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons
1056 iste à faire tenir les enfants immobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail
1057 fants immobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. To
1058 le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer
1059 re. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’ef
1060 tifes de l’instruction publique sont d’accord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insis
1061 niature. » Ceci est une énorme bourde. Juxtaposez trente enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’aurez rien qui ress
1062 cole, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait
1063 en quoi que ce soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
1064 oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de 6 ans, favorise le développement de leurs penchants les plus « communs 
1065 ste à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce soit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met d
1066 otre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une g
1067 s. Dans une composition sur La Neige, Victoria X, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre a revêtu son blanc mantea
1068 la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Qua
1069 re a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il ne
1070 c manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il neige, c’est comme d
1071 eau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il neige, c’est comme des peti
1072 ur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est ce qui s’appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne trou
1073 endrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de tou
1074 attez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bien grave
1075 à, dirait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce q
1076 dirait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que
1077 seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines sc
1078 uel Duvillard, L’École de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5. Il est peut-être avantageux dans certains cas de soustrair
1079 L’École de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5. Il est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant
1080 les familles constituaient un milieu délétère ? 6. Justice démocratique, égalité, légalité, sont les meilleures armes de
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
1081 4. L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a été dit. (Un peu au
1082 .) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’
1083 d’enfants » où l’on apprend à des élèves âgés de 3 à 4 ans à lacer leurs souliers ; et cela s’appelle de l’école pratiqu
1084 nfants » où l’on apprend à des élèves âgés de 3 à 4 ans à lacer leurs souliers ; et cela s’appelle de l’école pratique. P
1085 et dira : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou
1086 re proclamant : je sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, t
1087 parti possible de l’exercice ; car il ne manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça n
1088 laissant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquemen
1089 ux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est- ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a
1090 vriers un second dimanche, afin qu’ils consomment deux fois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On n’impose plus d
1091 roduit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 a
1092 ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais que les buts de l’éc
1093 opper… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêteme
1094 bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’hum
1095 Ils éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits dé
1096 démocrates conscients et organisés. Je crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps
1097 mme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens
1098 nce. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot.
1099 eu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot.
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
1100 5. La machine à fabriquer des électeurs Je crois à l’absurdité de fait
1101 igéner l’une c’est faire pleurer l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront q
1102 r l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une
1103 er la nature qui répète par toutes ses voix, d’un milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps de découv
1104 a démocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde
1105 part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme ils disent avec une satisfaction sord
1106 nstruction publique aient eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement
1107 Je me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvre de Kitchener : une machine qui absorbait des gen
1108 été décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suffit à régler désormais l’automatisme de la vie civique. L
1109 mentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouve
1110 rattrape l’époque… Mais les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter
1111 s doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens
1112 eois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’est- ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de
1113 que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peu
1114 mes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce qu’étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-
1115 d’âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de rév
1116 s sièges, ils comprendront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de g
1117 comprendront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront
1118 J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100  %. Beaucoup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela
1119 coup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il
1120 s avoir jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formel
1121 représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en
1122 de l’idéologie réactionnaire à la mode. Mais que deux critiques de la Démocratie partant de points de vue presque opposés c
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
1123 6. La trahison de l’instruction publique (Ici, le procureur prit un to
1124 ite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre l
1125 ahison —, mais encore elle tend à développer tout ce qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est s
1126 a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les be
1127 ement de travaux forcés. L’école donne à l’enfant ce qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est
1128 bagnard auquel il est promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être les moyens. Va
1129 es, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à co
1130 r ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force ant
1131 constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruction religieuse qui prend les enfants au sortir de l’
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
1132 7. L’Instruction publique contre le progrès Un beau titre. Et qui a me
1133 que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant cre
1134 d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’est- ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas
1135 nstruction publique s’est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de
1136 duits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils n’aient appris par cœu
1137 ce de l’inertie et à perpétuer mécaniquement tout ce qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, no
1138 vivifient. L’École se contente d’être figée. Est- ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisa
1139 ous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La
1140 me tout entier. Je distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui
1141 ns cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être 
1142 rd critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour l
1143 qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveau
1144 ion et de l’anarchie que les génies directeurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent.
1145 al correspond à un recul humain. Par exemple, est- ce un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec to
1146 e vaste arrière-fond de poésie et de grandeur que ce mot comporte — quelles qu’en soient d’ailleurs les réalisations —, pa
1147 tidémocratiques : il est temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un gr
1148 cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y p
1149 En vérité, démocratie et rationalisme ne sont que deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une même mentalité.
1150 nt il y a le rationalisme12 et la sentimentalité. Ce rationalisme-là triomphe non seulement dans les principes démocratiqu
1151 est superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des générations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre
1152 ette formidable expérience négative qui aura duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme à la dial
1153 supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous ap
1154 tégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui
1155 le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de l
1156 n radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien p
1157 voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes
1158 que la république qu’ils appelaient serait livrée cent ans plus tard à peine à la folie démocratique, à cette danse de Saint
1159 connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vou
1160 qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez
1161 sant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’a que de lointains rapports de
1162 tes n’a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé Rationalisme, produit d’une mésalliance avec
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
1163 upide) et les philosophes13 les mieux informés de ce temps s’accordent sur un point : le salut de l’Europe est lié à la na
1164 occidental. Un nouvel état d’esprit : voilà bien ce que l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’ant
1165 ue l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit fr
1166 dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout ce qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce man
1167 it d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce manque d’imagination dont les conséquences seront matériellement cata
1168 stes et des utopistes. J’appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d
1169 à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les
1170 Et l’opinion publique mène le monde, paraît-il. À ce propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier plus
1171 ris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils aura
1172 raient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propo
1173 t rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’inv
1174 ites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisant
1175 parer le terrain. D’autre part, il faut partir de ce qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries
1176 t-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un
1177 ne technique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés
1178 lte d’une concentration, dans quelque domaine que ce soit. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait
1179 du monde16 et non plus en barbare cette fois-ci. Ce qui l’empêche de comprendre, ici encore, c’est la peur scolaire des m
1180 dre, ici encore, c’est la peur scolaire des mots. Ce terme hindou agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit de
1181 intensité avec un minimum de moyens. J’en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire. Le drill corr
1182 Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté dans deux plans différents. Le drill est un yoga corporel, le yoga est un drill
1183 le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désign
1184 s sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
1185 e de milices suisses fait des soldats en moins de trois mois. Si l’école appliquait en les transposant des méthodes de concen
1186 t de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui
1187 e, seule façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent c
1188 nt, mais se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles ne font que traduire la diversité des besoins individuels.
1189 end plus d’une chose longuement contemplée que de mille aperçues au passage. Ab uno disce omnes. Une minute de concentration
1190 -t-il sauvé de sa folie démocratique ?   Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.   NOTE A On est toujours tenté d’attr
1191 de sa folie démocratique ?   Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adver
1192 cratique ?   Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des int
1193 es intentions noires et consciemment criminelles. Ce travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les jour
1194 ons ont ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tie
1195 peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgai
1196 us parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de l
1197 istingué de la bourgeoisie qui se monte le cou. 13. Économistes et philosophes : ces Messieurs n’apparaissent ici que pou
1198 Je n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’ils
1199 pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’ils n’en dist
1200 c la frousse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Arti
1201 usse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pé
1202 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait qu
1203 tuels, du fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque
89 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
1204 Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929 )z Prison Prisonnier de la nuit mais plus libre qu’un ange pri
1205 Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, mars 1929, p. 168-170.
90 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
1206 enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929 )aa Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’on a répété dans
1207 rai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ; la conscience ne pouvait y tuer un lyrisme quasi inexist
1208 e si la perspective manque souvent à ces récits : ce n’est point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien to
1209 comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est- ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’
1210 ut cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et
1211 ettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, avril 1929, p. 199.
91 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
1212 Panorama de Budapest ( 23 mai 1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’exp
1213 Panorama de Budapest (23 mai 1929 )b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’express, cha
1214 1929)b Passer de Vienne à Budapest, c’est, en six heures d’express, changer totalement d’atmosphère, passer de la lassi
1215 capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que con
1216 s’arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au ma
1217 es, qui passent des après-midi entiers devant les deux verres d’eau que le garçon renouvelle de temps à autre, à lire des po
1218 , la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause d
1219 prétentions munichoises. Puis un palais gothique 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement a
1220 uée du Danube, Bude solidement amarrée à Pest par quatre énormes ponts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent se brise
1221 nt superbement cette ville désordonnée. Derrière, ce sont des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à
1222 tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici tran
1223 anorama de Budapest », Journal de Genève, Genève, 23 mai 1929, p. 1-2.
1224 de Budapest », Journal de Genève, Genève, 23 mai 1929, p. 1-2.
92 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
1225 Jules Supervielle, Saisir (juin 1929 )ay Ce petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. I
1226 Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)ay Ce petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’
1227 usés, sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit
1228 e mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Res
1229 et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’est- ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-el
1230 èque universelle et Revue de Genève, Genève, juin 1929, p. 762-763.
93 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
1231 La tour de Hölderlin ( 15 juillet 1929)o « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au b
1232 La tour de Hölderlin (15 juillet 1929 )o « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruis
1233 ’apparaît comme une chose si douce et si grande… » 11 Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a
1234 Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : «  Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ;
1235 préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément po
1236 ecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendr
1237 t du chant prophétique, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être f
1238 dant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié par le monde. L
1239 déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on
1240 feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802  : au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’elle (dans la r
1241 de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubing
1242 i reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un
1243 Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il do
1244 e de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts e
1245 bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est- ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître c
1246 par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour… Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l
1247 passait des heures à cette fenêtre, à marmotter. Vingt-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de
1248 sé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
1249 autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La pe
1250 rfection n’a pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. —
1251 ien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il
1252 l ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4… Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts d
1253 vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4 … Une rue étouffée entre des maisons pointues et les contreforts de l’
1254 e café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’est mis à jouer des ringues charmantes, jazz et
1255 amer et qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui est le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents
1256 ormale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est- ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfoi
1257 doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens ho
1258 t tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le trag
1259 eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est- ce qu’ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, qu
1260 allusif. Tout se remet à signifier l’absence. 11. Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où il était précepte
1261 11. Bettina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où il était précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion e
1262 La Quinzaine artistique et littéraire, Neuchâtel, 15 juillet 1929, p. 354-356.
1263 e artistique et littéraire, Neuchâtel, 15 juillet 1929, p. 354-356.
94 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
1264 Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929 )az Après cet austère Pays qui n’est à personne paru l’année derniè
1265 songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Éloge
1266 e serait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croi
1267 ns l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros romans «
1268 èque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1929, p. 248-249.
95 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
1269 dré Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929 )ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yo
1270 éville, Rimbaud le voyant (août 1929)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yogabb telle que l
1271 de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût- ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle hont
1272 èque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1929, p. 250-251. bb. Le féminin est ici conservé, conformément au texte o
96 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
1273 Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929 )bc Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat o
1274 n Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voi
1275 s un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue
1276 ue connaissent la thèse de la Trahison des Clercs 11, thèse dont la Fin de l’Éternel ne fait que reprendre la défense contr
1277 il tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dir
1278 ent celles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la v
1279 ent à un rendement. Rien, pas même la religion. 11. Cf. l’article de M. Daniel Halévy (décembre 1927) et la réponse de M.
1280 11. Cf. l’article de M. Daniel Halévy (décembre 1927 ) et la réponse de M. Benda (janvier 1928). bc. Rougemont Denis de,
1281 décembre 1927) et la réponse de M. Benda (janvier 1928 ). bc. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Julien Benda, La Fin de
1282 universelle et Revue de Genève, Genève, novembre 1929, p. 638-639.
97 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
1283 e social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929 )ab L’ordre social Il y avait une fois un jeune homme comme le
1284 l’état normal, qui est pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était devenu beaucoup moins intéressant
1285 res, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribourg, novembre 1929, p. 25-27.
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
1286 bonne fois.   Il ne faut pas songer à décrire en 50 petites pages tous les méfaits de l’instruction publique. C’est à pei
1287 Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excellents dont je considère les thèses comme acquises
1288 ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
1289 se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
1290 s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur. Ce régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
1291 , parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
1292 éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
1293 elle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
1294 retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
1295 oute, tapez-lui dans le dos, amenez-lui le Guguss  2, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots
1296 els, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute l’excellenc
1297 rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeotte de l’adve
1298 ants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer par avance en
1299 te sorte. Et je tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêche
1300 ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
1301 si, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils n
1302 e peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; qu’ils ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeu
1303 ées, m’accuser de faire une critique dangereuse ; que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religi
1304 as de le dire : l’instruction publique.) Résumé : On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2°
1305 ller contre l’époque, et on le peut efficacement. rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un ré
1306 êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
1307 s de langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la qu
1308 dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
1309 par le but final de notre institution-tabou.   1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiqu
1310 s. Les meilleurs sortent de l’Institut Rousseau. 2. Guguss, journal comique d’une grande vulgarité qui jouait alors le r
99 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
1311 1. Mes prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souven
1312 ur emplir ou pour vider un bassin (et souvent les deux ), (pour emplir et vider ensemble), (drôle d’occupation), (après combi
1313 suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
1314 rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
1315 ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est- ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
1316 ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
1317 re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux ang
1318 e souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse.  3 Deux angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et
1319 souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et l’ho
1320 séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
1321 ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
1322 ut cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année s
1323 formule de mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne mont
1324 mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
1325 isante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse en garde contre moi-même à cause d
1326 te donc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fo
1327 nc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois de
1328 le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatr
1329 ou : tous les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, e
1330 les hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus,
1331 hommes doivent être égaux en tout. Deux fois deux quatre , c’est stérile, mais ça ne fait de mal à personne, et de plus, toutes
1332 , c’est-à-dire que je me posais la question : est- ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
1333 n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
1334 iques, qui sont une généralisation de la règle de trois , aussi profondément certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites : d
1335 ts humains. Le prix de mes souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
1336 les mettre en doute : mais un jour je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
1337 je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
1338 des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
1339 soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire, ce monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
1340 ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
1341 les réalités les plus élémentaires de la vie.   3. Dans le cas le plus favorable, c’est un silence, un vide. C’était en
100 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
1342 2. Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver
1343 it qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
1344 sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
1345 avait coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je
1346 t coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saur
1347 garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi
1348 enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque, pendant que nous en sommes aux i
1349 ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est- ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
1350 s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
1351 alais scolaires » symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
1352 iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
1353 ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand pro
1354 té, et ils sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est