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n Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du
Dieu
vivant ». Jésus, reprenant la parole lui dit : « Tu es heureux, Simon
2
meure cachée — demeure « cachée avec le Christ en
Dieu
» — et ce n’est qu’aux yeux de la foi que certains de nos actes appar
3
l était monté sur un tertre et il avait maudit le
Dieu
tout-puissant qui le laissait mourir de faim. Ce blasphème assombrit
4
son développement religieux. Mais le défi jeté à
Dieu
sembla porter bonheur au jeune berger. Il devint commerçant et fit un
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it pas en assumer l’entière responsabilité devant
Dieu
et devant les hommes. Ce ne fut qu’à la fin de sa vie qu’il s’offrit
6
tion d’une « différence qualitative infinie entre
Dieu
et l’homme ». Le sens réel et profond de toute son œuvre réside dans
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ombrables tentations d’une religion qui n’est pas
Dieu
; et soudain, sur son lit de mort, cette phrase ingénument piétiste :
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sance. Il force les hommes à être attentifs. Ah !
Dieu
sait s’ils deviennent attentifs — ils le tuent. Mais c’est là ce qu’i
9
aux dépens de tout ce qui soutient l’homme contre
Dieu
. Et cependant, dans le pire désespoir, jamais de défi, ni d’hybris. P
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oi, ou mieux : tant que la foi, qui est le don de
Dieu
, ne m’a pas trouvé et vaincu… Avoir connu cela, c’est vouloir « une s
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ie en toute droiture. »24 Un solitaire devant
Dieu
. Alors tout se rapporte à un rapport unique, celui-là même qui fonde
12
erkegaard emploie ce mot. Si l’on ne croit pas en
Dieu
, c’est-à-dire si l’on ne croit pas que Dieu est la forme originelle e
13
as en Dieu, c’est-à-dire si l’on ne croit pas que
Dieu
est la forme originelle et dernière du tu, on pense que Kierkegaard e
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de sa solitude. Car il s’y trouve en présence de
Dieu
, de celui qui l’a fait de rien mais qui l’a fait. Seul en face de lui
15
-même, il douterait de son existence. Seul devant
Dieu
, il se voit condamné, questionné, sommé de répondre, et incapable de
16
rd accepté d’être zéro ! L’homme qui meurt devant
Dieu
, en tant qu’individu, renaît au même instant en tant que vocation. Ce
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l’idée, puisqu’il est cette idée, et cet ordre de
Dieu
? Puisqu’il ne se craint plus ? Puisque sa mort est derrière lui. Un
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vidu, non tel ou tel, mais celui-ci, isolé devant
Dieu
, seul dans l’immensité de son effort et de sa responsabilité : c’est
19
re au paradoxe de l’incarnation, c’est croire que
Dieu
a revêtu la forme de ce monde, c’est croire que cette forme peut être
20
ation prophétique, pareille à celle des hommes de
Dieu
qui se lèvent sous l’Ancienne Alliance, se confond avec la parole qui
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e met en devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de
Dieu
, — n’importe où et n’importe qui, à n’importe quel ordre reçu, et san
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ans assurances et sans préparation, à la grâce de
Dieu
, dans la confiance et l’inquiétude — on pourrait dire dans une sorte
23
seul acte possible à l’homme. Et c’est l’acte que
Dieu
initie. 6 4.« Par rapport à l’absolu, il n’existe qu’un seul temp
24
l peut se produire sans que rien y prépare. « Car
Dieu
peut tout, à tout instant. C’est là la santé de la foi. 34 » Si nous
25
é ni futur, mais le Jour éternel de la présence à
Dieu
et à soi-même régnerait sur le monde et l’unité du genre humain. Si n
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sir36. C’est le retard de l’acte et le retrait de
Dieu
, c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est
27
n pourrait dire : sa patience. Car il se tient où
Dieu
l’a mis, et ce n’est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde,
28
rtige de la « vie chrétienne », cette histoire de
Dieu
dans le temps, cette histoire de l’éternité ! Il suffit d’un courage
29
e de l’instant, c’est l’obéissance à la Parole de
Dieu
, — la prophétie dans l’immédiat. Que s’est-il donc passé ? Me voici s
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la vraisemblance n’entre jamais en relation avec
Dieu
. L’audace religieuse, à plus forte raison l’audace chrétienne, est au
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rde. » L’homme ne peut être déterminé que par son
Dieu
ou par le « monde », il faut choisir. Il faut être un chrétien ou bie
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seul est plus forte, dans son humilité et devant
Dieu
, — car c’est la foi — que les discours des réalistes et l’enthousiasm
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chacun n’est pas à sa place, là où la vocation de
Dieu
l’a mis. Supposez qu’un tel homme existe. Que va-t-on faire de lui, d
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onde qu’on nous prépare ? Il se peut, si pourtant
Dieu
le veut. L’exigence de Kierkegaard se limite à l’instant du choix, où
35
gage « en vertu de l’absurde », sur le chemin que
Dieu
lui montre, — seul. Cette primauté de la foi sur les vérités qui font
36
és qui font vivre, cette solitude première devant
Dieu
, est-ce bien cela que revendiquent les défenseurs du primat de l’espr
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ni à Genève ni à Moscou, mais à nous-mêmes devant
Dieu
. Søren Kierkegaard est sans doute le penseur capital de notre époque,
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x qu’aucun autre le message du « solitaire devant
Dieu
». 3.L’Ironie Lorsque je vois de toutes parts, en Europe, à tra
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ant choisir. Ou bien tu crois à la seule grâce de
Dieu
, dans l’abîme infini où tu te vois, — ou bien tu crois aussi à ce sér
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ec émotion sur ce texte qu’il a choisi lui-même :
Dieu
a élu dans le monde les petits et les méprisés ; — et personne ne rit
41
tent, — et n’agissent jamais seuls. » Mais ce que
Dieu
exige, c’est précisément le contraire : il veut l’originalité. « Voil
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veut l’originalité. « Voilà pourquoi la Parole de
Dieu
est telle qu’on y trouve toujours quelque passage qui dise le contrai
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erkegaard appelle, c’est l’homme isolé devant son
Dieu
. Mais comment cela se pourrait-il, sinon par l’effet de la foi ? Il f
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ait-il, sinon par l’effet de la foi ? Il faut que
Dieu
l’appelle, qu’il le nomme et par là le sépare, autrement l’homme n’es
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exemplaire dans le troupeau. Le solitaire devant
Dieu
, c’est celui qui répond à la foi, cet appel. Quand on parle de romant
46
de est lui-même en révolte contre l’ordre reçu de
Dieu
, qui sera l’Ordre du Royaume. Et nier une négation, c’est s’enfoncer
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rétien est position, obéissance. Et si l’appel de
Dieu
isole du monde un homme, c’est que le monde, dans sa forme déchue s’o
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e, dans sa forme déchue s’oppose au monde tel que
Dieu
l’a créé, s’oppose à la transformation que veut l’Esprit, s’oppose à
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ransformés », dit saint Paul. Le solitaire devant
Dieu
, c’est celui qui se tient à l’origine de sa réalité. Celui-là seul co
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rait-il s’avancer et cracher au visage du Fils de
Dieu
? Mais qu’il soit foule, il aura ce « courage », — il l’a eu. Il faut
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et d’autre pouvoir que mon refus d’exister devant
Dieu
et d’exercer le pouvoir que je suis. Elle n’est que ma dégradation. E
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rait se tenir dans l’instant, « sous le regard de
Dieu
», comme disent les chrétiens ? (Est-ce facile ? ou bien même possibl
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de la masse où nous vivons, le « solitaire devant
Dieu
» est aussi l’homme le plus réel, le plus présent. Parce qu’il sait q
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eut-être aussi tout formel, de l’isolement devant
Dieu
. D’autre part l’acte du « solitaire » n’est pas de ceux dont nous ayo
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conséquences. Ou bien il est, et c’est l’acte de
Dieu
; ou bien je l’imagine et mon discours est vain. À qui pressent dans
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l’époque ne provient pas de ce qu’elle est « sans
Dieu
» — mais bien plutôt de ce qu’elle est sans maîtres, c’est-à-dire san
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paradoxe impensable, l’Incarnation historique de
Dieu
. Pas de réponse rationnelle au « Cur Deus Homo ? » de saint Anselme.
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56. Quel est alors le Juge impitoyable ? C’est le
Dieu
qui donna la Loi, le Dieu des Juifs « qui ne tient pas le coupable po
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impitoyable ? C’est le Dieu qui donna la Loi, le
Dieu
des Juifs « qui ne tient pas le coupable pour innocent. » Pourquoi de
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êtres et mages, derniers appuis de l’homme contre
Dieu
! À vrai dire, ils sont impuissants, prévenus eux-mêmes, et fort peu
61
songer à la « misère de l’homme » non pas « sans
Dieu
» mais livré à un Dieu dont il ne peut connaître que la colère, non l
62
e l’homme » non pas « sans Dieu » mais livré à un
Dieu
dont il ne peut connaître que la colère, non la miséricorde. C’est l’
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miséricorde. C’est l’état de l’homme qui sait que
Dieu
existe, mais qui ne peut plus lui obéir, et qui ne sait pas comment l
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ient au Père que par moi ». C’est par le Fils que
Dieu
devient pour nous le Père et cesse d’être le Juge lointain. Mais alor
65
ienne — précisons : judéo-chrétienne. Il sait que
Dieu
et sa Justice existent, mais il le sait d’une manière négative, ou pl
66
t bien moins la faute morale que le refus d’aimer
Dieu
en Christ. Si la foi survenait, Josef K. renoncerait aux vains effort
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gaard, « une différence qualitative infinie entre
Dieu
et l’homme », de telle sorte que nulle communication ne peut s’établi
68
ulle communication ne peut s’établir de l’homme à
Dieu
, si l’on ne croit pas qu’elle a été établie, en sens inverse, de Dieu
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it pas qu’elle a été établie, en sens inverse, de
Dieu
à l’homme, par la venue du Christ dans l’histoire. Kafka savait qu’il
70
âce » au sens des théologiens, le gouvernement de
Dieu
qui dirige les destinées humaines (le « village »), la vertu des hasa
71
e et Tremblement : la suspension de l’éthique par
Dieu
lui-même, en vue de certaines fins particulières. Les contradictions
72
l : le doute. Non pas un doute sur l’existence de
Dieu
, ici encore, mais bien sur la réalité du pardon gratuit, de la Grâce,
73
dernier espoir de s’en tirer malgré l’absence de
Dieu
, de se faire une vie à force d’application, d’honnêteté dans les peti
74
’un Absurde qu’il fuit, au nom de la crainte d’un
Dieu
inaccessible, et qui se rit de notre lucidité, sans parler de nos eff
75
déchu : comme une manière de renoncer à connaître
Dieu
autrement qu’en obéissant aux exigences actuelles de son amour. Mais
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a tentation prométhéenne d’un monde organisé sans
Dieu
, d’une autarcie de l’immanence. Mais en fin de compte, une telle ambi
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lontiers « inhumain » parce qu’il attribue tout à
Dieu
. Traité du serf arbitre À la proposition qu’on lui faisait en
78
ation par la foi, qui est don gratuit et œuvre de
Dieu
seul ; opposition de cette justice de Dieu à la justice des hommes et
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vre de Dieu seul ; opposition de cette justice de
Dieu
à la justice des hommes et de leurs œuvres ; opposition de la grâce à
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rationnelle entre les règnes en guerre ouverte du
Dieu
de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du t
81
itable « action » de l’homme « entre les mains de
Dieu
. » Tels sont les thèmes qu’illustre cet ouvrage. S’ils n’y sont pas t
82
traduisent : « Paix sur la terre, bénévolence (de
Dieu
) envers les hommes » par « Paix aux hommes de bonne volonté », tous c
83
qui veut honnêtement croire…) Dialogue Car
Dieu
peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard.
84
her, nous n’avons aucune liberté car, en réalité,
Dieu
a tout prévu, et rien n’arrive que selon sa prévision. Luther ne pose
85
mais l’omniscience et la prescience éternelle de
Dieu
, qui ne peut faillir dans sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’op
86
une hypothèse de travail… Pour moi, je crois que
Dieu
connaît la fin, la somme, la valeur absolue de nos actions passées, p
87
sentes et futures ; car elles sont dans le temps,
Dieu
dans l’éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est en
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en lui, et qui est encore après lui. Au regard de
Dieu
donc, « tout est accompli » — depuis la mort du Christ sur la croix.
89
— Si c’était vrai, je préférerais encore nier ce
Dieu
qui prétend voir plus loin que le terme de mes actions, — ce qui, avo
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me dire qu’elles sont prévues ! Et prévues par un
Dieu
éternel, qui dès lors se joue de moi indignement ! Il faudra donc cho
91
oue de moi indignement ! Il faudra donc choisir ;
Dieu
ou Moi. Je dirai : moi. Dussè-je tuer Dieu, comme Nietzsche a proclam
92
isir ; Dieu ou Moi. Je dirai : moi. Dussè-je tuer
Dieu
, comme Nietzsche a proclamé qu’il l’avait fait. L. — Comment le temps
93
ormait… Nietzsche l’a bien vu : ce n’est que le «
Dieu
moral » qui est passible de réfutation. Mais tu affirmes que si Dieu
94
t passible de réfutation. Mais tu affirmes que si
Dieu
prévoit tout, tu es alors dispensé d’agir, et que ce n’est plus la pe
95
le fournir ? Et si tu décidais : « Je suis, donc
Dieu
n’est pas ! »64 qui t’assurerait que cet acte de révolte échappe à l’
96
prononcerais pas sur toi-même l’arrêt éternel de
Dieu
, te rejetant vers le néant, en sorte que Dieu, vraiment n’existe plus
97
de Dieu, te rejetant vers le néant, en sorte que
Dieu
, vraiment n’existe plus pour toi ? Il est une double prédestination :
98
e. « Demandez et l’on vous donnera », dit le même
Dieu
qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prév
99
nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que
Dieu
a tout prévu éternellement, adresse à Dieu, au nom de sa promesse, un
100
it que Dieu a tout prévu éternellement, adresse à
Dieu
, au nom de sa promesse, une prière précise et instante, ne vit-il pas
101
e, sans que rien ne soit changé de ce qu’a décidé
Dieu
, de ce qu’il décide ou de ce qu’il décidera ? Car l’Éternel ne connaî
102
salut avec crainte et tremblement, puisque c’est
Dieu
qui produit en vous le vouloir et le faire. » (Phil. II, 12-13) C’est
103
et le faire. » (Phil. II, 12-13) C’est parce que
Dieu
fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est
104
r, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que
Dieu
prévoit tout que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais
105
ns aucune liberté possible, que dans la grâce que
Dieu
nous fait. Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décis
106
ntolérable à la raison, qu’on puisse affirmer que
Dieu
damne qui il veut, — au mépris de tant de grands hommes de tous les t
107
st le plus haut degré de la foi, de croire que ce
Dieu
est clément, qui sauve si peu d’hommes et en damne un si grand nombre
108
hommes et en damne un si grand nombre ; et que ce
Dieu
est juste, dont la volonté nous rend nécessairement damnables… Mais q
109
ions à comprendre par la raison de quelle manière
Dieu
est miséricordieux et juste, alors qu’il montre une si terrible colèr
110
qu’aurions-nous besoin de la foi ?… Ce serait un
Dieu
stupide qui révélerait aux hommes (en Christ) une justice qu’ils conn
111
chapper au nihilisme qui l’étreint dès lors que «
Dieu
est mort », ou qu’il l’a « tué », il imagine le Retour éternel. Et co
112
er et regagner la dignité suprême de l’homme sans
Dieu
. La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du paradoxe nietzsc
113
e radicale de la vie. Au « tu dois » prononcé par
Dieu
, Nietzsche oppose le « je veux » de l’homme divinisé. Puis à l’existe
114
veux » de l’homme divinisé. Puis à l’existence de
Dieu
, il oppose sa propre existence. Mais la difficulté fondamentale que p
115
et qui est le contenu de la Grâce : « Emmanuel !
Dieu
avec nous ! » 62. Le paradoxe qui faisait le sujet du court traité
116
ophiques de Jules Lequier contre la prescience de
Dieu
. Elles reposent toutes sur cette idée : qu’une décision éternelle de
117
tes sur cette idée : qu’une décision éternelle de
Dieu
est une décision qui a été prise avant nos actes, — il y a très longt
118
samment sur la nécessité de « faire la volonté de
Dieu
», non de la dire. Mais le kantisme a dévié ce mouvement, détournant
119
vraiment « poétiser », collaborer à l’ouvrage de
Dieu
, et recréer la catholicité. Mais c’est aussi dans le monde d’aujourd’
120
la Création, attend la révélation des enfants de
Dieu
, parce que ce n’est pas de son propre gré qu’elle a été assujettie à
121
! Art poétique, art de refaire le monde — tel que
Dieu
l’a connu de toute éternité ! 82. En effet la citation du Cratyle q
122
e, d’une dernière crainte de confondre l’homme et
Dieu
. Troxler esquive non sans adresse la difficulté et le choix : pour lu
123
ui le remet en communion avec son prochain devant
Dieu
. Si la santé de la foi fonde la vraie personne, elle doit fonder auss