1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
1 du choix : « J’ai voulu cela ! » ou bien : « Que Dieu m’en garde ! » Je ne suis pas sûr que la conscience claire soit utile
2 ine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu  » pour prouver son innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe de
3 la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Dieu  » ? Elle sait bien que cette épreuve doit la perdre. Elle n’en triomp
4 sée in extremis, et qui est donnée comme trompant Dieu lui-même, puisque le miracle s’opère6 ! Enfin, ce jugement étant acqu
5 si parle Tristan. Et Iseut après lui : Sire, por Dieu omnipotent, Il ne m’aime pas, ne je lui, Fors par un herbé dont je b
6 résence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu , etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut d’un lit à l’au
7 qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’amour » éclose aux « déser
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
8 e procède de la divinité et porte notre élan vers Dieu . Tel est l’amour platonicien : « délire divin », transport de l’âme,
9 encement était la Parole, et la Parole était avec Dieu , et la Parole était Dieu… En elle était la vie et la vie était la lum
10 et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu … En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes. La lumiè
11 , mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de J
12 e présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu  — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ, le
13 nait des créatures ignorées par son dieu. Mais le Dieu des chrétiens — et lui seul, parmi tous les dieux que l’on connaît —
14 , mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour de Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanctifica
15 hrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Dieu , c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres
16 ce dans le présent. Car aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aim
17 ’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de Dieu , mais un malheur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le croy
18 triomphé qu’en Occident : celle qui pose qu’entre Dieu et l’homme, il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaar
19 ou conversion, une descente de la Grâce venant de Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de peine
20 pas l’union qui s’opérerait au-delà de la vie. «  Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se joue ici-bas
21 Le péché n’est pas d’être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne trouverons pas Dieu par une élévati
22 en devenant autonome. Or, nous ne trouverons pas Dieu par une élévation indéfinie de notre désir. Nous aurons beau sublimer
23 la Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle, c’est que Dieu nous cherche. Et il nous trouve lorsque nous percevons sa voix, et qu
24 vons sa voix, et que nous répondons en obéissant. Dieu nous cherche et nous a trouvés par l’amour de son Fils abaissé jusqu’
25 plus pour lui seul. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu , et ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans l’amour du procha
26 oint de fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu . L’Amour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur
27 e de deux mondes et de deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’aut
28 : Dieu est Amour, mais le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de ses ténèbres et du péché qui no
29 ourraient faire le mal et le bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que le bien. »33 Pour mieux séduire les âmes, Luci
30 et s’engageaient solennellement à se consacrer à Dieu seul, à ne jamais mentir ni prêter serment, à ne tuer ni manger nul a
31 s » jusqu’à la mort volontaire, mort par amour de Dieu , consommation du détachement suprême de toute loi matérielle.) Le con
32 i « Dame Louve, qui m’a si bien conquis, que, par Dieu et ma foi ! ses doux ris restent dans mon cœur ! ». Or nous savons qu
33 aration, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu  ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin, plus la désire ? Et
34 : Roi glorieux, lumière et clarté vraie Puissant Dieu , Seigneur, s’il vous agrée À mon copain fidèle soit aide et bienvenue
35 ns ses bras jusqu’à ce que le guetteur ait crié : Dieu  ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! — Combien je voudrais, mon
36 amais le guetteur n’annonçât le lever de l’aube ! Dieu  ! c’est l’aube. Quelle vient donc vite ! Mais cette « belle qui tou
37 irc à une Dame sans merci : Je ne désire pas que Dieu m’aide ni me donne joie ou bonheur, sinon par vous ! S’il ne s’agit
38 inité en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart, et p
39 et Maître Eckhart, et plus précisément encore, le Dieu « suressentiel » qui selon Bernard de Chartres (vers 1150 !) « réside
40 e siècle et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que f
41 fait que l’islam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature fin
42 conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu . Or les troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom
43 grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le
44 ypte, soit enfin comme dans le manichéisme, en un Dieu bon qui est pur esprit et un Démiurge qui domine la matière et la cha
45 lors une participation à la puissance légitime du Dieu lumineux, un « endieusement », c’est-à-dire littéralement un enthousi
46 ivinisante — c’est-à-dire dressant l’homme contre Dieu  — sitôt qu’on aura décidé de lui céder. (Ce paradoxe annonce l’amor f
47 e la légende sans auteur.91 a) Le « jugement de Dieu  » est une coutume barbare, mais l’Église l’admettait au xiie siècle
48 ions : l’extase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit de la passion, non point au salut de la personne mais
49 l ou le bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu , mais le diable. 34. Ce chiffre est archétypique. Jésus est demeuré
50 re capital. 42. L’emploi du mot « vraie » devant Dieu , Lumière, Foi, Église, est tenu par certains (dont Péladan et Rahn) p
51 , exactement comme les mystiques soufis désignent Dieu dans leurs poèmes ! 45. Retrouvés en 1930 au Fayoum (Égypte) et publ
52 ssignon (Passion de al-Hallaj, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime des manichéens… (ceux-ci) adorent Di
53 nt est le crime des manichéens… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par l’attraction magnétique du fer pour le fer, e
54 ’Église catholique d’avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour. 64. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en la pe
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
55 ase, l’âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-t-on le droit d’opérer ce rapprochement entre u
56 en sorte qu’ « elle se figure être persécutée par Dieu comme son ennemie ». Cette impression provoque une souffrance si péni
57 ce si pénible, puisque l’âme se croit rejetée par Dieu , qu’elle arracha à Job soumis à une semblable épreuve ce cri : « Pour
58 es. On se souvient de la plainte du troubadour : Dieu  ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus la désire ? Jam
59 cellule. Rencontre de celui qui souffre pour son Dieu , et des amants qui souffrent pour un autre Amour… Ils se repentent (c
60 qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du roi, deux fois trompé. ⁂ Pour extérieures et formelles qu’elles so
61 . L’orthodoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et
62 ables. Moi seul, je ramène toutes les créatures à Dieu . » C’est ce mouvement qui fait défaut, théoriquement, à toute mystiqu
63 vais pas, parce que tu étais en moi. » Il parle à Dieu , à l’amour éternel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la mêm
64 christocentriques » une propension à s’adresser à Dieu dans le langage des affections humaines : attrait sexuel, faim et soi
65 lonté. Exaltation en termes humains de l’amour de Dieu . Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrouverons dans l
66 épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu , et suppose donc qu’une distinction d’essence est maintenue entre la
67 infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu présent dans toutes les créatures, en tant que, par l’âme du croyant,
68 e l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103. L’acte d’amour spirituel est initial, et non final. Po
69 n plus d’union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu  : « Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est source et ori
70 bulle : « Nous nous métamorphosons totalement en Dieu et nous nous convertissons en lui de la même manière que le pain dans
71 e fait être sien. Unité et non similitude. Par le Dieu vivant, il est vrai qu’il n’y a plus là aucune distinction. » Cette t
72 et ses disciples — qui « s’imaginent qu’ils sont Dieu par nature ». « Quant à ces gens qui ne veulent pas seulement être le
73 ns qui ne veulent pas seulement être les égaux de Dieu , mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus maudits que Lucif
74 eulent pas seulement être les égaux de Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus maudits que Lucifer et ses s
75 it nullement que toute distinction entre l’âme et Dieu puisse être abolie : l’âme ne peut se faire divine, mais seulement se
76 peut se faire divine, mais seulement semblable à Dieu . Elle contemple Dieu dans le miroir d’un esprit entièrement purifié.
77 , mais seulement semblable à Dieu. Elle contemple Dieu dans le miroir d’un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce
78 ion. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la dis
79 n lumière. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu , l’amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’
80 nir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera pas porté à s’exp
81 nverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu , comme le soutient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour
82 rétienne, il en résulte que l’amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux. On peut alo
83 son père richement habillé, déclara que désormais Dieu seul serait son Père. « L’évêque lui jeta sur les épaules son propre
84 au. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu  », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de S
85 uveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silences furent plus
86 pports « malheureux » entretenus par l’âme et son Dieu , qu’elle s’est plus complètement humanisée, c’est-à-dire détachée de
87 hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout
88 uel, dit Jean de la Croix, l’âme parvient à aimer Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’indifférence parfaite, cr
89 s, comme Icare est tombé. (Celui qui veut aller à Dieu sans passer par le Christ qui est « le chemin », celui-là va au diabl
90 Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un obscur démiurge
91 qui y insiste en toute occasion. « Pour plaire à Dieu , pour recevoir de lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa vol
92 as d’autre distinction que celle-ci : Lui demeure Dieu et elle demeure âme. » (Trad. Mayrisch Saint-Hubert.) Il faut bien di
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
93 hé. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être une volonté à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et brûl
94 cette faveur. Seule, Pitié prend notre parti, car Dieu dit, et c’est de ma Dame qu’il entend parler : — Mes bien-aimés, ores
95 « Aimer une chose mortelle avec une foi Qui à Dieu seul est due et à lui seul convient… » « Tout le monde, et sur le m
96 me : car voyant la fin chaque jour plus proche, à Dieu mille fois j’ai demandé ces ailes avec lesquelles, hors de la mortell
97 nt : aimer une chose mortelle, avec une foi qui à Dieu seul est due et à lui seul convient est plus interdit à qui plus dési
98 ce au mythe. Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’amour d’« une chose mor
99 ’était insurgé « contre la puissance créatrice de Dieu , contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les d
100 u par ce mystique : si la cause extérieure est un Dieu auquel notre âme pourrait s’identifier146. Mais Spinoza néglige « l’o
101 i l’environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me conserve cette douleur qui m’est indiciblement chère… Notre engage
102 nt un son proprement manichéen : On doit séparer Dieu et la Nature. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de
103 t manichéen : On doit séparer Dieu et la Nature. Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nature, l’élémen
104 r s’harmoniser. Nous sommes des esprits émanés de Dieu , des germes divins. Un jour nous deviendrons ce que notre Père est lu
105 s et ses amis : Elle aussi, l’ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera, la Nouvelle Alliance sera rompue ; Alors nous c
106 lle Alliance sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme l’Esprit, Alors se célébrera l’Alliance éternelle. L’Esprit es
107 se célébrera l’Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu  ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre de joie à travers la nu
108 e celle d’une âme qui, portée à cette hauteur par Dieu lui-même, considère toutes choses sans être enchaînée par aucune. »
109 nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu , existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, Les Romantiques allemands, p. 
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
110 qui avez combattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une fois
111 gne. (Ce n’était plus d’ailleurs un « jugement de Dieu  », mais le triomphe d’une personnalité). On réprouvait l’usage des ar
112 en même temps se « profanise » : aux Jugements de Dieu , à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante, succè
113 e plus grand que tout, aussi seul et puissant que Dieu . Elle veut (sans le savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
114 e saurait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu . Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le saisir.
115 But de l’amour infini ne peut être que le divin : Dieu , notre idée de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que le mythe v
116 i ne peut être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu , ou le Moi déifié. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans
117 s proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit par des entretiens de Jésus ressuscité et de ses discipl
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
118 ssion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décision fondamenta
119 ariage avec sa vertu. Car l’amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cette passion chrétienne est l
120 igneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu … Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lors
121 reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou marié)… usa
122 de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision et mon
123 n fausse la théologie en partant du « problème de Dieu  » — exactement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul vrai
124 aine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu , gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’homme découv
125 on de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu … (Et peut-être, plus tard, après coup, l’homme découvre que la folie
126 ndant du Décalogue : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait
127 ’homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton prochain comme toi-même » crée des structures de relations act
128 pas l’homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est
129 que exige et crée l’égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant que l’homme soit saint c
130 l’homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amour pour une femme en la trai
131 que le christianisme a réveillée et orientée vers Dieu  »206. Il est plutôt le sous-produit de la religion manichéenne. Plus
132 ses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu  », dit Spinoza. Cette attitude, qui définit mon Occident, définit en
133 me fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’Éternel et le Saint — que des relations d’amour mortellem
134 des relations d’amour mortellement malheureux. «  Dieu crée tout ex nihilo » et celui que Dieu élit par son amour, « il comm
135 eureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui que Dieu élit par son amour, « il commence par le réduire à néant ». Du point
136 Du point de vue du monde et de la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à
137 tre chose qu’une « solution », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que l’amour ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaa
138 i est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu . 209. Faut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans le dépass
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
139 imitation des chœurs des anges autour du trône de Dieu . Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’
140 j’ai de l’affection pour elle ? Est-ce que j’aime Dieu ou est-ce que j’ai seulement envie de l’aimer ? Est-ce que j’aime cet
141 Bernard souhaiter d’être débarrassé de l’amour de Dieu . » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amo
142 son dit fort bien, deux pages plus loin, que « si Dieu est immanent sans être transcendant, il n’y a pas de problème mystiqu
143 qu’ils ont à expérimenter… c’est l’immanence d’un Dieu qui est et reste transcendant. » Mais alors, lorsqu’une créature aime
144 ndant. » Mais alors, lorsqu’une créature aime son Dieu , l’obstacle de la transcendance introduit dans l’amour un malheur ess
9 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
145 able identité ou essence de la Dame : « Est-elle Dieu ou créature humaine, femme ou homme, savoir secret ou puissance magiq
146 r comme une femme aimée le Bien insaisissable, le Dieu sans mode et sans nom » (p. 54). D’autant plus le principe divin devi
147 e rappeler son influence sur la secte des Amis de Dieu , nous savons qu’il s’est formé dans l’atmosphère religieuse de Cologn
148 ce service à l’extrême, tendre au salut, aller à Dieu , n’est-ce pas un thème commun aux troubadours, aux mystiques arabes,
149 e dans Massignon à propos de al-Hallaj : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime des manichéens », et que dans le rom
150 Guillem se fait cathare (s’apatarine) et il sert Dieu en intention de sa dame », ce qui semble bien signifier (au moins pou
151 uteur du roman) « que l’hérésie consiste à adorer Dieu à travers la femme ».226 S’il en est bien ainsi, ni les cathares ni
152 i endura maints tourments Pour Iseut la blonde Ah Dieu , que ne suis-je aronde Pour traverser l’air D’un vol par la nuit prof
153 ouvra la vue, l’ouïe et l’odorat ; et il remercia Dieu d’avoir soutenu sa vie jusqu’à ce qu’il l’eût vue. Et ainsi il mourut
154 vivre ». Mais pour al-Hallaj, l’Amour s’adresse à Dieu (comme à un homme), pour Ibn Dawoud, à un jeune homme (comme à un die
155 œur. Deus cordis potiusquam operis inspector est, Dieu regarde au cœur plus qu’aux actes, écrit-elle. Bernard de Clairvaux d
156 avoir Iseut. » Mais il n’en jure pas moins devant Dieu « qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir ». (Sa culpabilité œdipie
157 ie », mais devenue la Reine assise à la droite de Dieu , lequel « s’incline à ses prières » : c’est donc bien le rôle de la S