1 1942, La Part du diable (1982). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 artyrs sont nos meilleurs intercesseurs auprès de Dieu . Les pâtres de la Suisse alpestre sont des gens simples et réalistes.
2 1942, La Part du diable (1982). L’Incognito et la révélation
2 emporaine. Même, quand nous croyons « encore » en Dieu , nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’obs
3 re. Le premier tour du diable est son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis. » Mais le diable toujours jaloux d’im
4 i suis. » Mais le diable toujours jaloux d’imiter Dieu , fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d’en bas, nous dit comme Ulysse
5 à nous dans ses apparences naïves. On nous dit «  Dieu  » et nous voyons un grand vieillard à barbe blanche, Père éternel de
6 éflexes d’optique intérieure ne prouvent rien sur Dieu , ni sur son existence. Mais, chose curieuse, ils nous paraissent prou
7 compris la forme de l’homme. Voltaire disait : «  Dieu créa l’homme à son image, mais l’homme le lui a bien rendu. » Cette b
8 e, pour un rationaliste, que l’homme a inventé un Dieu inexistant. Mais si l’on prend au sérieux le premier terme « Dieu cré
9 Mais si l’on prend au sérieux le premier terme «  Dieu créa l’homme à son image », le second terme devient normal. Si l’homm
10 e devient normal. Si l’homme ne « rendait » pas à Dieu cette forme dont l’idée lui vient de Dieu, cette idée dont il est for
11 » pas à Dieu cette forme dont l’idée lui vient de Dieu , cette idée dont il est formé, c’est par définition qu’il irait à l’e
12 le ! » dit Rilke. Mais tout ange est bon, servant Dieu . Au sommet de leur hiérarchie sont les archanges. Un seul archange a
13 é » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu règne absolue. (Coupez la communication, le courant « tombe ».) Il es
14 aquelle ils sont destinés. Ayant refusé de servir Dieu , de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Ri
15 estinés. Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu , il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien. Et tout ce qui
16 es choses, qui sont notre héritage d’« enfants de Dieu  ». C’est la seule chance du diable. Il ne la manquera pas… 7. Le T
17 rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : — Dieu a-t-il réellement dit : vous
18 l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : —  Dieu a-t-il réellement dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du ja
19 au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur
20 pent dit à la femme : Vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez vos yeux s’ouvriront, et que vou
21 nc sur la réalité elle-même et ses structures. «  Dieu a-t-il réellement dit ?… » Sitôt que cette incertitude s’est insinuée
22 n’ait mis en doute la réalité de l’ordonnance de Dieu . À l’origine de toute tentation, il y a l’occasion entrevue d’aller à
23 n imagine, et même un meilleur bien que celui que Dieu offre, un bien que l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne fut
24 , pour quelque raison littéralement fondamentale, Dieu n’aimait pas cette idée-là et l’excluait de sa réalité. Manger cette
25 anière convoiteuse, il se trouvait qu’aux yeux de Dieu c’était le mal, c’était contrevenir au plan d’ensemble et aux ordonna
26 nt le Bien et le Mal » C’est le privilège d’un Dieu , selon le récit de la Genèse, que de connaître le Bien et le Mal. Les
27 ils ne prétendaient point se mettre à la place de Dieu , et qu’ils étaient par suite capables de bon sens. Le bien et le mal,
28 n soi ne sont réellement distincts qu’aux yeux de Dieu — pas même aux yeux du diable, toujours la dupe d’un acte de charité
29 de charité qu’il tiendra pour sottise. C’est que Dieu seul connaît le plan d’ensemble et l’intention dernière de toute sa C
30 le. Cette perspective biblique, rapportant tout à Dieu et à sa volonté souveraine, nous permet de prendre une vue du Mal moi
31 Lucifer est tombé du Ciel pour avoir voulu singer Dieu . Il est devenu le messager qui n’a plus de message réel, l’agent du N
32 et qui est bon par définition, ayant été créé par Dieu . Par lui-même, Satan ne peut rien faire, mais il lui reste une possib
33 t primitive. Cependant, le diable étant jaloux de Dieu , il entend nous faire croire qu’il peut aussi créer. Et c’est pourquo
34 rice, dès qu’il est détourné des fins prévues par Dieu , nous jette au mal, qui est la torsion du bien et du réel vers le néa
35 sateur de nos frères, celui qui les accuse devant Dieu jour et nuit ». C’est lui qui demandait la tête de Job devant le trib
36 s a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par amour de la justice, mais
37 emption. Il ne sait pas et ne veut pas savoir que Dieu maintient le monde en dépit de nos fautes, par la vertu recréatrice d
38 r kantien et des routines bourgeoises excluant le Dieu personnel, nous accuse et nous prive en même temps de tout recours à
39 trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, comme nous le dit Satan, il n’y
40 re et déformer ce qui existe et fut bien fait par Dieu . Nos vices mêmes ne sont pas de véritables créations du diable, mais
41 obéissance confiante — suivant la voie tracée par Dieu  — ou vers une sorte de défi anxieux — suivant la voie de la divinisat
3 1942, La Part du diable (1982). Hitler ou l’alibi
42 nous n’aurons plus d’autre intercesseur auprès de Dieu que Christ lui-même. Mais l’homme auquel vous pensez n’est encore qu’
43 nce comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des hommes, pas même d
44 r l’idée d’au-delà, de transcendance ; d’intégrer Dieu lui-même dans la Nation. Comprenons bien ce que signifie, dans cette
45 ils ne savent ce qu’ils font. 21. Le Fléau de Dieu S’ils ne savent pas ce qu’ils font, pitié pour eux, sans doute ? (
46 e, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau de Dieu . Mais cette absence de pitié, justement, nous rappelle l’un des noms
47 i importe ? Il sait qu’il a le temps pour lui, si Dieu garde l’éternité. Quel sera le nouveau plan stratégique du Malin ? Co
48 eur, à son orgueil de créature faite à l’image de Dieu et qui veut s’emparer du Ciel. Le diable a tiré bon parti des égareme
49 omme toutes les autres, un écran entre l’homme et Dieu , une fantasmagorie psychologique où l’homme n’adore que son propre re
4 1942, La Part du diable (1982). Le diable démocrate
50 iècles de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur ba
51 t dans une double possibilité : faire le bien que Dieu veut, et qui l’affranchira ; ou faire le bien qu’il veut selon sa con
52 ibres de rejoindre et d’accomplir la vocation que Dieu vous donne, alors vous échapperez au cycle mécanique où vous ont jeté
53  » mais « Paix sur la terre, et bonne volonté (de Dieu ) envers les hommes ». Ce qui est complètement différent. 14. Je ne p
5 1942, La Part du diable (1982). Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
54 gnito divin, et c’est l’Incarnation, c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans l’homme Jésus. Et quelques-uns seulement
55 oi révélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous re
56 ation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu . Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc i
57 ’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un «  Dieu  » qui était le moi conscient ou inconscient de ses croyants. Une imag
58 le Dieu du Succès pour les robustes puritains, le Dieu philanthrope pour les avares et les timides, etc. Tout ceci pour la b
59 Les suivants, nos contemporains, n’ont pas dit «  Dieu  », moins hypocrites. Mais ils ont dit Nation, ou Race, ou Classe. Dan
60 mon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils de Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux, Simon, f
61 dale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu mais celles des hommes. » Qu’est-il donc arrivé ? Comment cette « pie
62 tion. Alors Pierre s’est mis à le reprendre : « À Dieu ne plaise, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas ! » À peine fondée, l’Ég
63 Nom qu’elle renie pourtant du même souffle : « À Dieu ne plaise ! », dit Pierre. Or il plaisait à Dieu… En quelques lignes,
64 Dieu ne plaise ! », dit Pierre. Or il plaisait à Dieu … En quelques lignes, l’auteur de l’Évangile a décrit toute l’histoire
65 er comme un illuminé avec le trésor spirituel que Dieu nous a chargé d’administrer, nous son indigne serviteur… C’est Satan
66 e sans le savoir, et de la pire, quand il « adore Dieu dans la forêt mieux qu’à l’Église », quand il prétend se « confier da
67 r avec la tentation luciférienne : se faire comme Dieu , se faire auteur, s’autoriser dans un monde autonome. Il est fatal qu
68 nt la volupté dans le plus beau de ses Cantiques. Dieu lui-même ne cesse d’envoyer des songes prophétiques à ceux qui l’aime
69 que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc maître de fixer le Bien et le Mal à sa guise. Alors i
70 uise. Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu , qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cac
71 a femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu , au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme e
72 u, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta
73 que je suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre
74 donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le se
75 e romantique qu’il leur suggère : faire mieux que Dieu , « se faire un nom » à eux, monter au ciel par leurs propres moyens p
76 se cacher dans les arbres avec le sot espoir que Dieu nous y oublie, soit que l’on monte dans les nues ou qu’à l’inverse on
77 dividuel. En vous mariant devant la loi ou devant Dieu , vous prenez l’engagement d’être fidèle « dans les bons et les mauvai
6 1942, La Part du diable (1982). Le Bleu du Ciel
78 e sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu . Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le principe et la fin de l’O
79 la sommation, le sens final, sont dans la main de Dieu , qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, comme l
80 qui veut dire : Quis sicut Deus ? « Qui est comme Dieu  ? » Et ce cri terrasse le diable, cette lance transperce le serpent q
81 rnel. Ton cœur s’est élevé et tu as dit : Je suis Dieu , Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homm
82 dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non Dieu. Par ta sagesse et pa
83 e Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non Dieu . Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’es acquis des richesses
84 Parce que tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu , Voici, je ferai venir contre toi des étrangers, Les plus violents d’
85 ers. En face de ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu  ? Tu seras homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera. Fa
86 ans la confusion de nos mœurs. À nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes nos batailles, le dest
87 morale pure et désintéressée, serait un miracle. Dieu , qui ne doit de miracle à personne et qui n’en fait point d’inutiles,
88 utes les choses créées, et de notre dépendance de Dieu . Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre
89 tholicité fondamentale, déterminée et révélée par Dieu comme étant l’ordre de sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’abs
90 u d’un bien et d’un mal déterminés et révélés par Dieu comme étant l’ordre de sa Volonté. Toute ma confiance repose dans la
91 e éternelle d’un accord qui sera le nom secret de Dieu . Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire
92 ociété dont la maxime est le « chacun pour soi et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voy
93 et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas en Dieu . C’est ce que nous voyons se produire dans les États atteints de giga
94 serait insuffisant de démasquer l’hypocrisie, et Dieu sait si les mots démocratie et liberté en sont une, pitoyable ou scan
7 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
95 stallé dans tout cœur humain »44. Ni le diable ni Dieu n’existeraient pour nous si nous n’avions aucun moyen de les faire ex
96 on de l’existence du diable (ou de l’existence de Dieu ) n’est donc pas une question détachée, détachable d’une expérience, f
97 é la question qui se pose ensuite : à savoir si «  Dieu  » ou « le diable », produits en nous et projetés par nous, coïncident
98 its en nous et projetés par nous, coïncident avec Dieu ou le diable tels qu’ils agissent hors de nous. Autocritique Je
99 adicalement impossible de connaître le diable que Dieu . Comme si j’étais donc dans l’idée que nous avons tous une expérience
100 nt pas. Je parlais d’un ordre du monde, voulu par Dieu , auquel le diable nous incite à contrevenir. Mais aujourd’hui je ne s
101 e livre, on parlait déjà beaucoup de la « mort de Dieu  », on en parlait depuis un peu plus d’un demi-siècle. Malraux avait r
102 enri Matisse à qui l’on demandait s’il croyait en Dieu répondit : — Oui, quand je travaille. Je répondrai maintenant d’une m
103 ntissant, le devenir du Rien, pôle d’anti-Esprit. Dieu sujet pur personnalise, le diable dépersonnalise, agent de la dissolu
104 Terre, sinon celui qui pourrait croire encore au Dieu barbu de la Sixtine, flottant dans l’espace intersidéral. Mais j’ai r
105 mystique mise en pratique, par l’humilité devant Dieu et la fierté de la personne devant l’espèce et l’uniforme. Mais le di
106 mense fortune dilapidée, tout en « réservant pour Dieu son âme et sa vie ». Pareille « niaiserie » existe même chez Faust :
107 l qui m’échoit, si je la garde pour moi et « pour Dieu  », que me sont alors cette puissance, et ces amours et ces richesses
108 es grandes religions avaient conçus comme ceux du Dieu suprême, la physique et la mathématique peuvent les transférer au Cos
109 l’évanouissement final de tout attrait. Mais le Dieu que l’on prie en vérité est celui qui s’est fait connaître par cela j
110 égrer ni réfuter. Et c’est la seule définition de Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ : « Dieu est Amour. » 39
111 Dieu donnée par sa révélation en Jésus-Christ : «  Dieu est Amour. » 39. Il s’agit de La Part du diable , qui devait par