1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès, nous offre plus qu’un agrément purement littéraire : une leçon d’énergie.
2 il abandonna le stade et rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœuré du désordre général, il cherche des remèdes, et n
3 é du désordre général, il cherche des remèdes, et nous tend les premiers qui lui tombent sous la main : le sport et la moral
4 ande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades que parcour
5 at. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que nous conduirait cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en
6 générales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous est néanmoins plus proche que la sensualité vaguement chrétienne de t
7 qui joue franc jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Saluons-le donc du salut des équip
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
8 peinture française, des débuts du xixe siècle à nos jours. Partis du classicisme de David et d’Ingres, les peintres franç
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
9 ans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à not
10 e phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu qu
11 ue « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour l
12 e pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour la paix », c’est une affirmati
13 coup d’antérieures protestations belliqueuses. Il nous montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec un b
14 de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signification ? Pourtan
15 umission au réel durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lo
16 e toute faiblesse, flamme d’une pureté si rare en notre siècle, qu’elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la mo
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
17 rêves », la logique, dernier agent de liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un man
18 . Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous retiendra moins que la significative pauvreté idéologique et morale q
19 e style brillant et elliptique qui tend à devenir notre poncif moderne, — si propre à égarer dans d’ingénieuses métaphores qu
20 orçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée non corrigée du Rêve. J
21 cette attitude n’était qu’une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu
22 s poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont ils se réclam
23 n abandonnés par Dada S.A. Ce n’est pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semblent avant tout morales.
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
24 Van Gogh fut une proie du génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres
25 Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne dut rie
26 cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne dut rien à l’homme, d’
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
27 n somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jours : un roman à thèse aussi intelligent que vivant. d. Rougemon
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
28 ellectuelle. Grand siècle de critique pour lequel nos contemporains accumulent les documents. La littérature de ces dernièr
29 estiment que la question ne se pose pas, puisque nous sommes chrétiens. (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne p
30 le christianisme, religion missionnaire, ne peut nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son principe le
31 qui le mènent à des conclusions de ce genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation historique des peuples
32 euples chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion romaine (ce christian
33 ns de maudire l’Orient ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le
34 ient ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « 
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
35 tative de solitude (septembre 1925)f « Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne
36 (septembre 1925)f « Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue que soutenu p
37 e joue que soutenu par le contrôle que les autres nous imposent », dit un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’a pei
38 e qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis i
39 ar l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous , — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoya
40 i quelques sentences : « C’est de la faiblesse de nos yeux que frissonnent les étoiles. » f. Rougemont Denis de, « [Comp
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
41 le louer d’avoir conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’impartialité. Son art bénéficie de cette
42 C’est à lui que va la sympathie de l’auteur et la nôtre . h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Otto Flake, Der Gute Weg
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
43 ires ne suscitent un intérêt très profond : elles nous transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problème de
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
44 ortance si l’on songe au service que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brûlante les richesse
45 nt profonde, son point d’appui plus central. Pour notre époque déchirée entre un thomisme et un nihilisme exaspérés, pour not
46 entre un thomisme et un nihilisme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante,
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
47 penche sans vertige sur ses abîmes. Simplicité de notre temps ! Au-dessus de la trépidation immense des machines, un Saint-Jo
48 is facile : la description du monde qu’il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et
49  ? Pour peu qu’ils sortent des cafés littéraires, nos poètes respirent le même air du temps. Leur originalité se retrouve d
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
50 era toujours « indéfinissable ». M. Walpole, dont nous commençons aujourd’hui un roman bien différent, a vu la Révolution sa
51 ent de toute la force du trouble qu’ils créent en nous  : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secrètement tourmen
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
52 rès nombreux public, la série des conférences que nous promet le groupe neuchâtelois des « Amis de la pensée protestante ».
53 siècles. Primitivement, le Saint est un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend l’ap
54 dis que ce terme n’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d
55 ’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élément de
56 otestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élément de grandeur morale que les saint
57 stantisme. Mais il n’est pas de fin aux œuvres de Dieu . La sainteté parfaite ne commence qu’aux limites les plus hautes de l
58 qu’a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer comme il conviendrait la clarté d’un exposé solidem
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
59 nouveaux ou chute irrémédiable. Peut-être pouvons- nous choisir encore entre un ressaisissement profond et la ruine. Mais cer
60 et ridiculement opportuniste où mène la pente de notre civilisation. Meneurs et chefs : des économistes, des financiers, des
61 Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappa
62 layer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les gé
63 ent sceptique ou railleur. Au cœur de la crise de notre civilisation, il y a un problème de morale à résoudre, une conscience
64 résoudre, une conscience individuelle à recréer. Nous y employer, pour l’heure, c’est la seule façon efficace de servir. ⁂
65 fficace de servir. ⁂ On se complaît à répéter que nous vivons dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il n’existe pa
66 de tous les vieux bateaux, il y a une seule mer. Nos agitations contradictoires s’affrontent comme des vagues soulevées pa
67 vagues soulevées par une même tempête. L’unité de notre temps est en profondeur : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gid
68 en tirait une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’
69 etrouvera une nouvelle face de la vérité. Bornons- nous à noter le phénomène, puis à en suivre quelques conséquences. Connai
70 combinaisons possibles. Exaltation méthodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en sommes à cultiver certaines douleu
71 tion méthodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en sommes à cultiver certaines douleurs, plaisirs rares ; et les diss
72 Révolution d’abord. Révolution toujours ». « Pour nous , le salut n’est nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et
73 révolte des autres et quelles prières cela fait à Dieu  », disait Drieu la Rochelle. Mais il faudra bien se remettre à manger
74 il faudra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution tou
75 moins de gloriole s’accompagnât votre ultimatum à Dieu . Mais, secouant son dégoût, un Montherlant s’abandonne au salut par l
76 is jusqu’au point d’y percevoir comme un appel du Dieu perdu. Il avoue enfin la cause secrète des inquiétudes modernes : la
77 des modernes : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu , mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je suis
78 parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement iso
79 l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureuses que n
80 èrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’
81 pprîmes à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de tout
82 que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les jouissances humaines. L’espèce de sincé
83 s. L’espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur to
84 espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur tout ar
85 ité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur tout argument d’utilité
86 avec horreur tout argument d’utilité, et bien que nous niions toute vérité, nous étions dominés par le sens d’une réalité mo
87 d’utilité, et bien que nous niions toute vérité, nous étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
88 d’une réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger d
89 ngt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous , mais pouvions-nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel
90 lasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions- nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît inuti
91 ans de jeunes qui se situent entre Gide et Aragon nous montrent le même personnage : un être sans foi, à qui une sorte de « 
92 de l’acte gratuit, qui restera caractéristique de notre époque. Mais Gide est responsable d’une autre méthode de culture de
93 ’est par sincérité qu’on mentira, puisque parfois nous sommes spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à cons
94 e élite. Tel est l’état d’esprit de la plupart de nos jeunes moralistes. Le mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliqu
95 es limites. « Il n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur qui le soulevait contre lui-même,
96 qu’on ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ensembles7 : symptôme de fatigue. Mais tout cela 
97 ut cela ne dérive-t-il pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le rythme des jours et des nuits à mesure que se dé
98 ue devient un des éléments les plus importants de notre psychologie. Images des surréalistes — ils l’indiquent eux-mêmes —, c
99 ’Europe galante, de Morand). La lucidité aiguë de nos psychologues est cet état presque inhumain de celui qui n’a pas dormi
100 s, et qui résiste le mieux à l’analyse. Seulement nous y perdons graduellement l’intelligence de nos instincts, la conscienc
101 nt nous y perdons graduellement l’intelligence de nos instincts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servi
102 l’intelligence de nos instincts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade v
103 ites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer une conscience individuelle ; ret
104 on complète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout. Il ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense
105 8, à quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. («  Nous sommes une génération de cobayes » remarque Paul Morand.) Il faut agi
106 d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1.
107 t d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu . » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes
108 oètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mais que nos moralistes — presque tous les jeunes écrivains — se souviennent de pe
109 ature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tou
110 désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous empêche secrètement de construire et de nous construire. Jamais l’on
111 erne nous empêche secrètement de construire et de nous construire. Jamais l’on ne fut plus loin de l’idéal goethéen : au lie
112 scou qu’à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories nous ramèneraient vite l’âge de la pierre, à la condition d’homme la plus
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
113 d’introduire le jargon de la science moderne.) Si nous reconnaissons à la base de cette œuvre inégale des idées vieilles com
17 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
114 conférences, les Objections des intellectuels au Dieu chrétien, fut introduit par M. Raymond de Saussure, psychanalyste dis
115 occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’un de la Réalité prolétarienne, l’autre de la Mentalité p
116 « réalité prolétarienne ». « Cercles vicieux que nos syndicats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous v
117 rcle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradante conditi
118 mme au-dessus de la plus dégradante condition, et nous n’y arriverons que par un travail d’éducation lent et souvent dangere
119 nt et souvent dangereux. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tan
120 ent dangereux. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » C
121 x. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conféren
122 iants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant
123 ur nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant de cultes en trois jo
124 t de professeurs suisses et français. Miracle qui nous fit croire un instant à la fameuse devise de la Révolution. d. Rou
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
125 (mai 1926)s C’est le récit de la découverte de Dieu par une jeune fille élevée dans l’athéisme. Invraisemblablement ignor
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
126 es limites de cette école, et qu’il eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiques. Mais quelle
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
127 pure sur soi, c’est se refuser à l’élan vital qui nous crée sans cesse : l’analyse de sa solitude le laisse en face de quelq
128 lligence qui se dégoûte, tel est le spectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu de plus effrayants. A
129 st peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez- nous la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégo
130 donnez-nous la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-il
131 la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-il le courage d
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
132 Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)v Nous disons adieu aux charmes troubles et inhumains de la nature. Il s’agi
133 s et inhumains de la nature. Il s’agit de créer à notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la grande ville, phénomène d
134 t « la ville est une image puissante qui actionne notre esprit » après avoir été créée par lui, — comme la poésie. C’est ains
135 sociales d’aujourd’hui. Pour résoudre la crise de notre civilisation sous cet aspect comme sous les autres, il nous faut mieu
136 isation sous cet aspect comme sous les autres, il nous faut mieux que des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et de la
137 ’époque de Lénine, du fascisme, du ciment armé. «  Notre monde comme un ossuaire est couvert des détritus d’époques mortes. Un
138 couvert des détritus d’époques mortes. Une tâche nous incombe, construire le cadre de notre existence… construire les ville
139 s. Une tâche nous incombe, construire le cadre de notre existence… construire les villes de notre temps ». Et je déplie ce pl
140 adre de notre existence… construire les villes de notre temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures gé
141 ordonnances élèvent leur chant. Utopie ! Oui, si notre civilisation s’avoue trop fatiguée pour créer avec ses moyens matérie
142 er un espace architectural lumineux à la place de nos cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes d
22 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
143 ai 1926)g Écrire, pas plus que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur nous-même
144 que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur nous-mêmes, et si craintifs en même tem
145 t si craintifs en même temps, si jaloux de ne pas nous déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles
146 jaloux de ne pas nous déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre
147 s déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui rend
148 e nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi
149 ent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi nous accordons voix dans le débat d’écrire, aux forces les plus secrètes d
150 e débat d’écrire, aux forces les plus secrètes de notre être comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées com
151 s de notre être comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées comme on choisit un amour dont on est anxieux d
152 nt de ressortir trop différent. Amour de soi, qui nous tourmente obscurément et nous obsède de craintes et de réticences don
153 . Amour de soi, qui nous tourmente obscurément et nous obsède de craintes et de réticences dont nous ne comprenons pas toujo
154 et nous obsède de craintes et de réticences dont nous ne comprenons pas toujours l’objet. Peur de perdre le fil de la consc
155 solus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu , à la base. J’aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui
156 etrouver ces limites : la vie moderne, mécanique, nous les fait oublier, d’où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui
157 de, si je m’en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble so
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
158 rnes de la psychologie et de la philosophie. Pour nous prémunir contre le pouvoir d’analyse — une analyse qui retient les él
159 t proustienne a porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newman, les exemples d’un Meredith et d’un
24 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
160 d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous  ; en prise directe sur notre énergie physique. Partout rôdent des pré
161 de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre énergie physique. Partout rôdent des présences animales. Tandis que s
162 à. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orgueilleus
163 turel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons- nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impos
164 ’avons-nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une
165 x inquiétudes profondes de leurs âmes séparées de Dieu . Montherlant est aux antipodes de ceux-là « qui cherchent en gémissan
166 ne vaut-elle pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue des athlètes en action, un tel livre commun
167 nt s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replacent dans l’intelligence de l’instinct universel et nous élèvent
168 nt dans l’intelligence de l’instinct universel et nous élèvent à une vie plus âpre et violemment contractée, par la grâce de
25 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
169 à demi-européanisés ou germains désillusionnés — nous annoncent le « crépuscule du monde occidental », et, au-dessus des ru
170 idental », et, au-dessus des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’un Orient paradisiaque
171 rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient une fois de plus la sagesse et la lumière. De récentes en
172 sques, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil a
173 s d’œil aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certain
174 ui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’est si
175 rait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs or
176 n qu’ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un p
177 le mènent à cette constatation fondamentale que «  notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès
178 à un péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des
179 sant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulmans, c’est que le specta
180 sulmans, c’est que le spectacle de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place me manque pour parler co
181 de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre . » La place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des d
26 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
182 ne. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais s
183 ait sa chaleur, au long des quais sans bancs pour notre lassitude. Florence s’éloignait derrière nous qui suivions maintenant
184 ur notre lassitude. Florence s’éloignait derrière nous qui suivions maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas que la
185 ait dans l’air plus frais, avec l’odeur du limon. Nous marchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fleuve, parmi
186 accoutumance au monde de sensations inconnues où nous étions baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime
187 de de sensations inconnues où nous étions baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime de certaine tristess
188 ’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un moment sur le chemin de l’autre rive. Il y a un
189 pparition. (Tu parlais de chromos, de romantisme… nous voici dans une réalité bien plus étrange.) Une atmosphère de triste v
190 étrange.) Une atmosphère de triste volupté emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge s
191 ais, cherchant le gué. Plus proches, les syllabes nous parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre
192 parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos p
193 ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n
194 , comme une barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu
195 usqu’à ce que les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide, parfums à peine sensibles, bruissement vague
196 nvie de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. F
197 s la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les cham
198 maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les champs so
199 au couchant. San Miniato sur sa colline. Derrière nous , les arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons
200 arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons un mystère à jamais impénétrable pour l’homme, nous fuyons c
201 ns un mystère à jamais impénétrable pour l’homme, nous fuyons ces bords où conspirent des ombres informes et des harmonies t
202 es troubles de parfums et de courbes compliquées. Nous secouons un sortilège pénétrant comme cette brume, une vie étrangère,
203 étrangère, une paix qui n’est pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous la lâche volupté de senti
204 t qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous la lâche volupté de sentir l’esprit se défaire et couler sans fin ver
205 eureuse d’être pliée au vent qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait,
206 s si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les exerce,
207 silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les exerce, des voluptés plus faciles
208 ce, des voluptés plus faciles — pour infuser dans nos corps charmés d’un repos sans rêves une langueur dont on ne voudrait
209 ne langueur dont on ne voudrait plus guérir… Mais nous voyons la ville debout dans ses lumières. Architectures ! langage des
210 . Architectures ! langage des dieux, ô joies pour notre joie mesurées, courbes qu’épousent nos ferveurs, angles purs, repos d
211 ies pour notre joie mesurées, courbes qu’épousent nos ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui s’appuie sur son œuvre !
212 équilibre retrouvé. Un grand pont de fer, près de nous , érigeait l’image de la lutte et des forces humaines, et rendait sous
213 es humaines, et rendait sous des coups un son qui nous évoqua les rumeurs de villes d’usines. Il y avait la vie des hommes p
214 main, et il était beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxueux des rues. Le long de l’Arno, les façades
215 graves. Toutes ces formes devinées dans l’espace nous environnent d’une obscure confiance. Livrons-nous aux jeux des hommes
216 nous environnent d’une obscure confiance. Livrons- nous aux jeux des hommes-qui-font-des-gestes. Les autos répètent sans fin
217 ssantes. Sous cette agitation aimable et monotone nous allons voir courir l’arabesque des sentiments et le mouvement perpétu
27 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
218 écise (décembre 1926)y L’auteur veut amuser en nous quelques idées graves en leur présentant les miroirs de personnages c
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
219 ne émotion plus grave, qui transparaît parfois et nous fait regretter que l’auteur ne se soit pas mieux abandonné à son suje
29 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
220 t d’Europe à un Français qui lui répond de Chine. Nous sommes loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non san
221 t celle de l’ordre sont chaque jour confondues ». Nous cherchons à conquérir non le monde, mais son ordre. Nous humilions sa
222 erchons à conquérir non le monde, mais son ordre. Nous humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohére
223 monde, mais son ordre. Nous humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre e
224 au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroi
225 quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est entièreme
226 notre ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme
227 e morale est entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme en naît logiquement, et toutes nos catégories artifici
228 tre individualisme en naît logiquement, et toutes nos catégories artificielles et nécessaires. Mais le monde échappe toujou
229 et nécessaires. Mais le monde échappe toujours à nos cadres — perpétuel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notr
230 urs à nos cadres — perpétuel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notre ambition la plus haute échoue. La tristess
231 uel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notre ambition la plus haute échoue. La tristesse règne sur nos villes. (Ne
232 tion la plus haute échoue. La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême,
233 villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse : le sacrifice. Sans doute, cet
234 ieux par la comparaison de l’idéal asiatique avec le nôtre . Mais je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire
235 lutôt une unité supérieure de l’esprit humain que nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines dém
236 re de l’esprit humain que nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines démences qui enfièvrent l’E
237 nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines démences qui enfièvrent l’Europe. Tandis que M. Ford
238 thode pour « réussir » — à quoi, grands dieux ? —  nous prenons chaque jour une conscience plus claire de la vanité de nos bu
239 e jour une conscience plus claire de la vanité de nos buts, « capables d’agir jusqu’au sacrifice, mais pleins de dégoût dev
240 t devant la volonté d’action qui tord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’est-il pas de position plus périlleuse, puisq
241 se, puisqu’elle risque de ne laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la destruction et de l’anarchie, exempt de pa
30 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
242 )a b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de débuter par l’inévitable discours sur les difficultés
243 lles en particulier qu’implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvais
244 r qu’implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, co
245 ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent,
246 rait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ail
247 d’ailleurs, plus que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on
248 que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous obli
249 raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté
250 . La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu para
251 sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu imper
252 parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, disons
253 ela uniquement — être nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’est-ce pas
254 sent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous
255 ur nos aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne sa
256 er plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
257 e et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans l
258 nce sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en r
259 s leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profonde
260 Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quel
261 ne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs.
262 er à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avan
263 nnelle révision des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Am
264 t de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-êtr
265 -elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre fac
266 mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quo
267 el à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi fai
268 us empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons-nous dit,
269 quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons- nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revu
270 Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une
271 mes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littér
272 otre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
273 ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous som
274 pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) No
275 e. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminem
276 étention éminemment peu bellettrienne. Que sommes- nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mie
277 e vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et ind
278 quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute chose v
31 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
279 Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)c Nous voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallai
280 que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que nous trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intellectue
281 rs de probité intellectuelle ou de courage moral, nous avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous
282 — et qui légitime tous les dénis de morale à quoi nous obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de gra
283 our parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sa
284 ce de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode
285 ation et de déduction passablement sèche pourrait nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opération
286 chères aventures. Sincérité et spontanéité «  Nos actes les plus sincères sont aussi les moins calculés », écrit Gide.
287 lirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à nous donner de nous-mêmes une connaissance plus intense et plus émouvante 
288 et plus émouvante ; mais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plu
289 ais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la fois
290 e d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines l
291 . Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve
292 comment, mais selon certaines lois où se retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt in
293 nes lois où se retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des re
294 ouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes
295 moyen de connaissance, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue
296 té et montrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute interve
297 e style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait
298 le. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait leur
299 un peu en prendre son parti. La sincérité crée en nous un fait accompli. J’appelle hypocrisie envers soi-même une volonté —
300 ibilité de traduire un dynamisme directement dans notre langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou d’écri
32 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
301 la banlieue printanière ; des soupers d’amis dans notre modeste salle à manger ; des jaquettes de couleur pour ma femme… Mais
302 visible. Bientôt il m’offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des port
303 frit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je
304 t mes pensées. Je vis qu’une femme était assise à notre table, en robe rouge, et très fardée. Elle jouait avec la rose. Les d
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
305 pareillement énormes. Il faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domination de la langue. Et parmi
306 ernes, il bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres délires, des
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
307 ffrance mes baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’a
35 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
308 printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, u
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
309 Dans le Style (janvier 1927)h Nous recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Morand » :
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
310 en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par dedans…
311 orte si les Allemands qui, fréquente sontae, pour notre plaisir, un peu plus viennois que naturel s’il parle de choses d’art
312 comme on fait dans Proust, si les passions qu’il nous peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît
313 même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur que l’on
314 eu sombre qui s’en dégage, sagesse qui veut « que nous appelions les âmes à la vie après seulement toutes les morts du plais
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
315 s postales illustrées. Déjà la foule des danseurs nous séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
316 ée, sinon peut-être cette indispensable « part de Dieu  » — comme dit Gide — qui serait aussi la part de l’humain, l’imperfec
317 e « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment, nous n’en demandions pas tant… k. Rougemont Denis de, « Orphée sans char
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
318 y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes
319 tiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbé
320 s, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croie
321 e. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui conf
322 oirs où une idée de la responsabilité s’empare de nous . Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit so
323 ne idée de la responsabilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et
324 s son for le plus intérieur, d’une fuite en auto, nous rassure provisoirement… Prosopopée, à propos d’une apparition L
325 d’une apparition La vieille Monture 6 un soir nous apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée et tâchant à
326 tion. » Enfin l’on joua aux petits dés le sort de notre parade — et l’on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Rivie
327 de la jeune Synovie », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le pro
328 e », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le programme. Un peu d’h
41 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
329 ette attitude est plus rare qu’on ne le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clarté comment, entre 1578
330 les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’ont commis d’autre
331 oire de la France. Déviation telle, en effet, que nous en sentons les conséquences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. E
332 en effet, que nous en sentons les conséquences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir
333 uences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il
334 encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacrer à Loui
42 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
335 egard se promène sur le même monde où se plaisent nos jeunes poètes cosmopolites, mais il garde une certaine discrétion, ce
336 discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’inte
337 u’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements de nos passions à
338 avant que la raison n’intervienne, mouvements de nos passions à nous-mêmes inavoués, rêves éveillés. Tout un système de va
339 la raison ignore ou tyrannise aveuglément, car «  nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui
340 ou tyrannise aveuglément, car « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nou
341 r « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère
342 son à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous , et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péri
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
343 ontagnes russes. (J’ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les margue
344 Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un pe
345 le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le p
346 que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre . Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement des têtes
347 eulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieus
348 tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précise de
349 fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit nous « transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute bizarreri
350 e bizarrerie détourne du véritable miracle auquel nous assistons. Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une
351 ie… C’est une réalité aussi réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « norm
352 i réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors c
353 s pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêt
354 ille figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encore par des habitudes nées des nécessit
355 par des habitudes nées des nécessités sociales — nous empêchent de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’est pas s
356 u’un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vert
357 me Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, e
358 s, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regard
359 nations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront e
360 encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges que
361 se les prodiges que déclenche René Clair, verrons- nous , pris par surprise dans l’exploration ivre d’un projecteur, des signe
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
362 Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur
363 et anarchique : ce sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t-il trop négligé le rôle extér
364 te que l’une (celle de Gide) ne fait que différer notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse qu’en y subs
365 r notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ».
366 goisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu  : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix presque impossible, notre
367 culée à la rigueur d’un choix presque impossible, notre incertitude paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t-il pa
368 de l’inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu , il te reste à le chercher encore… » ag. Rougemont Denis de, « [Co
369 Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Daniel-Rops, Notre inquiétude  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, a
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
370 Il n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est
371 taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il
372 nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions no
373 u’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vou
374 tortures fascinantes de la sainteté, seules vous nous appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent parmi le
375 voix de l’infini où chancellent parmi les éclairs nos premiers pas. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuie
376 vant. Je ne connais pas de meilleur remède contre Dieu . Monsieur, vous avez dit : « C’est incompréhensible ! » — avec une in
377 atues7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’une des tentatives de libération les plus vi
378 es quelques portes de sortie » ou compromis :   «  Nous étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
379 d’une réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans
380 d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet inf
381 sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions-nous accepté le sort communément heureux de
382 ini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions- nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puis
383 rions-nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de
384 définitivement les problèmes métaphysiques ? »   Nous naissons à quelque chose qui imite la vie dans une époque d’inconceva
385 el se soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salu
386 ion. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le
387 core quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est null
388 -uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». U
389 t. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne pe
390 entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
391 Si j’essaie un instant de m’élever à la notion de Dieu , répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’ar
392 cun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fait oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où sont exclues to
393 ance d’un prophète qui rapprenne comment aimer un Dieu . Ce n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il
394 i ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon. II Novembre 1926. Je viens de r
395 irituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on nous sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux
396 c’est encore un Musset, seulement transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, p
397 pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de
398 sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, o
399 cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous
400 l des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour A
401 ut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nu
402 — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. «  Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y
403 novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nou
404 . « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère
405 son à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous , et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre
406 Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
407 tique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru q
408 , très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup tr
409 sieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Qu
410 ’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfois dé
411 ien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désord
412 ’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absur
413 is, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Ave
414 qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution.
415 ace de Cromwell. Mais il ne s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je
416 e s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous , dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux su
417 tiquement, si déplorablement français. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
418 n et l’incommunicable secret de l’invention.   Il nous faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violence co
419 êtes. Un grand principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces,
420 principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi
421 ce commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très
422 … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Pe
423 rtant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous app
424 vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolution perpétuelle une perpétuelle insurrection con
425 tuelle insurrection contre tout ce qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses re
426 taient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu
427 tres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on
428 n mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour no
429 une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était
430 nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des
431 ifique perdition dans des choses plus grandes que nous . Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec
432 perdition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les as
433 ition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects
434 ue nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement prévus de nous-même
435 -mêmes que faisaient paraître les petits faits de nos longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. N
436 araître les petits faits de nos longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle
437 Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce
438 ndait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grande
439 siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
440 ens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cett
441 perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme
442 euse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes l
443 n. Un disque de gramo comme par hasard nasille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille
444 puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires
445 ix ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par con
446 très modernes. Et des gens pour se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Mo
447 our se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Moscou, ou encore pour demander
448 cou, ou encore pour demander à qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de n
449 qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s
450 alement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’est fait une vérité changeante et toujours
451 c’est une atmosphère toute chargée d’éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigr
452 éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez
453 t d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur l
454 de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigle
455 e monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs
456 des prodiges à cette invite la plus persuasive : nous sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerc
46 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
457 du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un viol
458 aradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, p
47 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
459 e artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons- nous assister à un regroupement de ses forces créatrices ? La question est
460 iscerner parmi eux certaines tendances générales, nous y reviendrons au cours de cette promenade à travers notre domaine art
461 reviendrons au cours de cette promenade à travers notre domaine artistique. Domaine à vrai dire assez singulier. Nos artistes
462 artistique. Domaine à vrai dire assez singulier. Nos artistes, en effet, n’ignorent rien des courants les plus modernes, e
463 tirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir munis du passeport indispensable d’une consécration étrangère
464 ants échos : « C’est avec un légitime orgueil que notre petit pays accueillera cette consécration bien méritée du talent d’un
465 sé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos circonstances confèrent une actualité toujours vive. D’ailleurs, sach
466 Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être appelés jeunes, c’est par leurs œuvres
467 , je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alors de
468 ù on l’attend le moins. Conrad Meili apporte chez nous une inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’a
469 t dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop souve
470 nique décorative ! Voilà qui laisse espérer parmi nos artistes bien d’autres rapprochements moins paradoxaux. Donzé n’est p
471 on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos artistes. Mais n’allez pas croire à des grâces faciles ou sentimental
472 ant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, allons errer un peu dans le royaume d’Ut
473 r un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque. Cel
474 me d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’était égaré en
475 jeunes peintres. — Vous suivez la même route que nous  ? À la bonne heure ! ». Et l’on repart bras dessus, bras dessous. Et
476 sité délicieusement féminine, une élégance aiguë. Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de g
477 ndent à une réalité artistique. Pour aujourd’hui, notre but serait suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’e
478 urd’hui, notre but serait suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune pein
48 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
479 ui ne manque pas d’une beauté assez brutale, pour nous choquer et s’imposer pourtant. M. Lecache présente le problème juif a
480 ité de puissance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu c
481 itions. Surmontant son dégoût, le père ajoute : «  Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les
482 nts, et dont le profond ricanement se prolonge en nous . Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je
49 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
483 ou de Diane, les gestes d’Arthur, le roman vit et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
484 re deux gorgées d’un élixir dont il voudrait bien nous faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent,
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
485 isine » qui seul peut redonner quelque vitalité à notre civilisation, — et je sais bien que c’est là un des signes de sa déca
52 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
486 leu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la s
487 nsait en regardant au plafond. Après deux tangos, nous montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
488 out un couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière d
489 n couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière danse,
490 ore par instants l’air de la dernière danse, mais nous avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop v
491 ément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre geste convenu dans le genre « révol
53 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
492 onsistait véritablement dans ces quelques effets, nous donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du
493 t de même un ou deux petits phénomènes sociaux de notre temps que cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous pa
494 tte méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qui pen
495 ourd’hui pour anéantir la seule chose qui reste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci du conseil,
496 it. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseign
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
497 s à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes de
498 son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes »,
499 peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendr
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
500 otre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votr
501 s poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, un
502 n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or j
503 ture. À force d’avoir mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérate
504 z d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compte
505 èle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la lit
506 r avec cette réalité de la littérature qui est en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement
507 e attente également exagérés. Vous savez bien que nous cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nous est
508 utre chose que la littérature. Que la littérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’
509 oésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que
510 Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à condition
511 perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine
512 mer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des moulins à vent. La littérature, considérée du point
513 n de plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit.
514 e une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous ceux
515 u menaces pour leurs instables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu
516 nstables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu’elles troublent leurs
517 it d’exister : qu’elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être
518 soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’
519 ssantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’échanger les signaux de l’angoisse sur quoi se fondent, en
520 de l’angoisse sur quoi se fondent, en ces temps, nos amitiés miraculeuses.   Voici donc les seules révélations que j’atten
56 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
521 l’on dise la vérité librement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques ph
522 l’Orient et de l’Occident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris
57 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
523 Adieu au lecteur (juillet 1927)x Nous passons la main au central de Genève, fidèles à la tradition — en cec
524 enève, fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos carto
525 , fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches
526 u moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur
527 ons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous les bancs par cer
528 tion provoquée sur tous les bancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si
529 e sur tous les bancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire
530 ancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous perme
531 est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamentations
532 tion sans fièvre, sans lamentations d’adieu.   On nous a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge
533 a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous v
534 us (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » d
535 e de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de t
536 beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a f
537 onné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des repr
538 avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’a
539 el. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la p
540 n intellectuelle d’une revue d’étudiants comme la nôtre . D’un côté, en effet, on s’accorde pour trouver légèrement ridicule u
541 définitive, il semble que certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité
542 t stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun
543 = révolution Tous les malentendus viennent de là. Nous sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en acce
544 onséquences. Et puis, de temps à autre, voici que nous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on
545 eux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions- nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent
546 pérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent de tout le reste.   Et maintenant voici Genève et son mys
547 honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs, notre Revue-phénix s’élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direc
548 n dans une direction absolument imprévisible. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la
549 va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y ten
550 le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adie
551 ls sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lecteur », Revue de B
58 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
552 ège sentimental à la raison raisonnante. Et qu’il nous mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littéraire »,
59 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
553 e péril Ford (février 1928)a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a
554 Il faudrait d’abord prendre conscience du péril. Nous ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans
555 ns rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons- nous , dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du temps. O
556 llement. Il suffit pourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry
557 ourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symb
558 C’est la plus grave question qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en
559 ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « gran
560 é. Mais cet aveuglement fondamental n’empêche pas notre industriel de philosopher sur les sujets les plus divers. Les aphoris
561 on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre l
562 e, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de no
563 otre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se moque d
564 rix que nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que
565 c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront r
566 de démontrer que les idées mises en pratique chez nous ne concernent pas particulièrement les autos et les tracteurs, mais c
567 uelque manière, un code universel ! » Réjouissons- nous … Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, d
568 e de la production a été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez
569 la production a été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux r
570 résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que  nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le fair
571 s faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effo
572 ssez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de création, tout le jeu de
573 le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de création, tout le jeu de nos facultés semblent dirigés uniq
574 ce, tout notre effort de création, tout le jeu de nos facultés semblent dirigés uniquement vers la production matérielle et
575 f du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur notre civilisation, possède la philosophie la plus rudimentaire. Le phénomè
576 cident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous
577 force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effrénée,
578 e trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciab
579 énée, trop folle, pour être justiciable encore de nos vérités essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé dé
580 de nos vérités essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’acti
581 état de choses funeste pour l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure qu
582 r l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite :
583 nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développeme
584 ans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arriè
585 en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esp
586 il travaille contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule posse
587 contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule possession véritab
588 t qui n’en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homme d’affaires à l’américaine tient l
589 t est dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les grandes questions humaines est une des manifest
590 est une des manifestations les plus frappantes de notre régression. Cette perte du sens de l’âme se nomme bon sens américain.
591 e donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est u
592 ourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle
593 mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l
594 re à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de
595 onne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes
596 par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes qui nous la firent désirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis q
597 un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des exigences effectives ; et ces exigences s
598 le grâce ? un peu de cette connaissance active de Dieu que nos savants nomment mysticisme et considèrent comme un « cas » tr
599 ? un peu de cette connaissance active de Dieu que nos savants nomment mysticisme et considèrent comme un « cas » très spéci
600 us. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du nôtre  ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne
601 ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une attitude réact
602 le soit autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simpleme
603 ls — d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de périr. Il se prépare déjà des révoltes terribles4, celles
60 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
604 que par un léger décalage dans la chronologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée
605 alage dans la chronologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un rom
606 us que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibles transfigurations, — l’heure an
607 venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines ch
608 z d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses
609 sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit
610 ortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si lo
611 raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le homard refusa obst
612 omme retiré du monde depuis si longtemps. Livrons- nous plutôt à une petite malice dont l’idée me vient à la vue de cette ven
613 er à la première jolie femme qui passerait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusa
614 la première jolie femme qui passerait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusant à
615 tâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pa
616 e temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et
617 elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire
618 s trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire du type le plus courant : « Vous êtes bien gentils, m
619 ient « biondo et grassotto », et qu’avec mes amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers »10. Heure
620 0. Heureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglai
621 ureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jou
622 de Tannhäuser en tango, un Balkanique très lisse nous délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait :
623 n tango, un Balkanique très lisse nous délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c
624 emmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est dif
625 ard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous
626 ’elles le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement que des barbare
627 es agonisaient, aux dernières mesures d’un tango. Notre encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous. Gérard songeait
628 e encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous . Gérard songeait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne
629 rard embrassa paternellement la belle effarée, et nous sortîmes, après avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y é
630 ocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de
631 Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de Vienne bai
632 s comme des ballons. La rumeur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et l’Illusion étendait sur tou
633 flatteuse aux caprices redoutables. Cette nuit-là nous rencontrâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux nous parlèren
634 trâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux nous parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout était reflet, passages,
635 définiment — c’est un ciel suspendu assez bas sur nos têtes. Lumière orangée, tamisée ; un piano dissimulé joue très doucem
636 tamisée ; un piano dissimulé joue très doucement. Nous sommes assis autour d’une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard
637 illusions, — illusions des formes passagères que nous croyons seules réelles, illusions des reflets qui ne livrent que le c
638 assion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres coïn
639 nce qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres coïncidences. La fatigue calme
640 ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos savants retombés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit
641 toute en une heure, en un lieu, en une vision. » Nous sortîmes. Seules des trompes d’autos s’appelaient dans la nuit froide
642 it d’ailleurs endormi. En passant par la Freyung, nous vîmes un palais aux fenêtres illuminées. Des autos attendaient devant
643 nt à la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éc
644 la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éclaira
61 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
645 , dont les inventions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes.
646 els ils respiraient l’air du monde ». N’en ferons- nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, se
647 e ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne d
648 bertaire, cela constituait un jugement !) Serons- nous longtemps encore dupes d’une conception de la littérature si pédante
649 de la littérature si pédante qu’elle exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styliste ni psychologu
650 qu’il n’est styliste ni psychologue ? Laisserons- nous Jules Verne aux enfants ? J’allais oublier que la littérature enfanti
62 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
651 son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objet
63 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
652 donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire —  nous sommes en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littéra
653 a critique de « cette réalité de premier plan qui nous empêche de bouger », comme dit fort bien M. Breton. Mais à condition
64 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
654 u Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques ho
65 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
655 talès de ce qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la
66 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
656 i, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’est pas encore quelqu
657 nsent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas, on offre à S
658 r défiance envers les dieux. À chaque regard dans notre miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort
659 ers les dieux. À chaque regard dans notre miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort. La mort abs
67 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
660 ans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore parler de sa mère avec cette virile et religieuse tendres
661 C’est un Chinois, c’est un Américain qui viennent nous rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici
662 rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve douce
663 laideur. “C’est une frasque de gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, e
664 eur. “C’est une frasque de gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, et il
665 ait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de
666 nfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout
667 ssous en riant de nous-mêmes et de tout le reste, nous amusant comme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchem
68 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
668 ité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et poi
669 beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste qui a été établi
670 eurs principes par quoi se signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponse
671 n sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
672 de la même grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des institute
673 la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée.
674 dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée. Une journée d’enfance gâtée. Et d’ailleurs,
675 , je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette, avec une sœur a
676 maine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour nous faire comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ont aucune im
677 un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
678 ospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres
679 sement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation j
680 « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous étions marqués par Numa Droz et les manuels des Frères ∴, par l’espri
681 se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une personnalité : l
682 nécessaire — et qui était le seul pour lequel on nous préparait —, c’était un système d’abstractions primaires, c’était le
683 l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’av
684 s plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touche
685 touchent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les mirac
686 s nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il co
687 r devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’
688 e appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lumières, l’incré
689 lumières, l’incrédulité et le bien-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
690 d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plu
691 gal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous sav
692 croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les
693 — et nulle part ailleurs. Maigre nourriture pour nos rêves. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une
694 part ailleurs. Maigre nourriture pour nos rêves. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevabl
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
695 e point les méthodes. Simple remarque pendant que nous en sommes aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe socia
696 le. C’est celle même du régime. l’architecture de nos « palais scolaires ». symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de
697 , moral et matériel ? L’école publique, telle que nous la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque 
698 monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
699 générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L
700 aires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’
701 que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de q
702 Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe
703 de la même façon, dans le même temps. Contentons- nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose do
704 duit avec acharnement à son commun dénominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
705 t contre nature exige une discipline sévère. D’où notre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il est des disciplines
706 dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien
707 oit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus
708 e est cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle est cette éducation socia
709 le pas à la règle. Elle cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écœurant6, un conformisme d’imbéciles ou
710 ue d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grrrands citoyens ayant accompli de « fortes études pri
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
711 nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et s
712 e de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appar
73 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
713 uoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la D
714 cole de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
715 ’origine de l’institution, se manifeste encore de nos jours, et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales.
716 ’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre instrument de progrès par excellence. Car il n’est qu’une explication
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
717 est vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc
718 rahison des clercs » décrite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plu
719 sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en
720 en fait. C’était trop laid ».) À peine capable de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle
721 le de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise
722 apper à cette organisation. Or il semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaiss
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
723 ine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
724 ein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles enco
725 cteurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des sign
726 s hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi notre génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le pr
727 sé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social co
728 iens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exemple,
729 te matière rarement « hygiénique » et qui définit notre âge : la paperasse ? Réponse ? Petits étourdis. Réponse non, c’est un
730 e dans toute la conduite moderne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le gran
731 erne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont
732 c’est le grand empêchement intérieur dont souffre notre imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les em
733 e imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les empêche de devenir autre chose que des utopies. Il s’a
734 et de le pourchasser dans toutes les démarches de notre vie. Mais cette première tâche constitue un programme si riche qu’il
735 énérations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre colère jacobine et de cette formidable expérience négative qui aura d
736 triades : être —négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalism
737 de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’atta
738 dit sujet pour se représenter même très vaguement notre actuelle civilisation. Et même Diderot, même Rousseau, à la veille de
739 cette similitude les possibilités formidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre
740 e scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
741 à ma santé mentale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qu
742 ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi pr
743 naisons de vitesse et d’ennui à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces, — le Poète dira un mot, ou bien fe
744 i à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces, — le Poète dira un mot, ou bien fera un acte, et ces peuples
745 e la respiration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occid
746 Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de liberté en même temps qu’un peu de calme. Ces
747 e temps qu’un peu de calme. Ces années de liberté nous permettraient de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour
748 façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent cachées aux
749  ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la
750 on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’i
751 cultés atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
752 ent la blancheur éclatante de l’amour… Que dirons- nous  ?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de
753 ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel.
754 s prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de not
755 uver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts r
756 rdre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour i
757 de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour instaurer cette nouvelle attitude de l’â
77 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
758 nt, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue es
759 « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de l
760 hez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu , — c’est leur formule de salutation — vous constatez que cette profus
78 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
761 avec une douceur patiente, et le laisser créer en nous son silence particulier avant d’entendre les signes qu’il nous propos
762 nce particulier avant d’entendre les signes qu’il nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à peine
763 ssenti, qui s’impose, qui apaise le vain débat de notre esprit : « Car l’on pense beaucoup trop haut, et cela fait un vacarme
79 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
764 ccupant assez longuement d’un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces ma
765 à l’Esprit et dont certains des plus purs d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’é
766 d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu
767 t, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais que cett
80 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
768 marqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre cher romantisme. La Clef des songes est de nouveau une dérive fantais
769 plus profond que le vrai, où l’Éloge de la folie nous entraînait naguère. Jean Cassou vagabonde à travers ses histoires com
770 e bouffon, impossible et d’une désopilante poésie nous replonge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un
771 ité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespé
81 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
772 ons sur le génie « poétique » français… Mais non, nous préférons voir ici l’un de ces signes qui de toutes parts annoncent u
773 ences qu’il est bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables
82 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
774 désintéressé de Julien Benda, et l’obligation où nous sommes tous désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeur
775 ns l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons- nous , — avec le Benda qui ne trahit pas.) D’autre part, de plus impertinen
776 souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son point de vue radicale
777 esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous apprend que « le petit Benda est un fameux serin ». Mais ces affirmat
83 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
778 complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange p
779 vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu , dans sa pitié, leur envoya un ange porteur d’une solution fort simpl
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
780 ité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et poi
781 beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste, qui a été établ
782 eurs principes par quoi se signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponse
783 n sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou.   1. Je ne puis naturellement pas mentionner tou
784 ’une grande vulgarité qui jouait alors le rôle de nos bandes dessinées.
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
785 de la même grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâche des institut
786 la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée.
787 dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée. Une journée d’enfant gâtée. Et d’ailleurs, m
788 , je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aîn
789 maine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour nous faire comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ont aucune im
790 un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
791 ospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres
792 sement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation j
793 « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous étions marqués par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui est u
794 se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une personnalité : l
795 nécessaire — et qui était le seul pour lequel on nous préparait — c’était un système d’abstractions primaires, c’était le r
796 l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’av
797 s plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touche
798 touchent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les mirac
799 s nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il co
800 r devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’
801 e appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lumières, l’incré
802 lumières, l’incrédulité et le bien-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
803 d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plu
804 gal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous sav
805 croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les
806 ui sont dans les livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevabl
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
807 point les méthodes. Simple remarque, pendant que nous en sommes aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe socia
808 le. C’est celle même du régime. L’architecture de nos « palais scolaires » symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de
809 , moral et matériel ? L’école publique, telle que nous la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque 
810 monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
811 générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L
812 aires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’
813 que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de q
814 Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en prin
815 de la même façon, dans le même temps. Contentons- nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose do
816 uit avec acharnement à son commun dénominateur 4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
817 t contre nature exige une discipline sévère. D’où notre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il est des disciplines q
818 dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien
819 oit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire de plu
820 e est cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle est cette éducation socia
821 le pas à la règle. Elle cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écoeurant 6, un conformisme d’imbéciles
822 ue d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grands citoyens ayant accompli de « fortes études prima
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
823 nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et s
824 e de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appar
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
825 uoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la D
826 cole de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
827 ’origine de l’institution, se manifeste encore de nos jours et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales. J
828 ’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre instrument de progrès par excellence. Car il n’est qu’une explication
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
829 est vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc
830 rahison des clercs » décrite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plu
831 sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en
832 en fait. C’était trop laid ».) À peine capable de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle
833 le de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise
834 apper à cette organisation. Or il semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaiss
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
835 ne, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
836 ein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles enco
837 cteurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des sign
838 s hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi notre génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le pr
839 sé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social co
840 iens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exemple,
841 te matière rarement « hygiénique » et qui définit notre âge : la paperasse ? Réponse ? Petits étourdis. Réponse non, c’est un
842 e dans toute la conduite moderne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le gran
843 erne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont
844 c’est le grand empêchement intérieur dont souffre notre imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les em
845 e imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les empêche de devenir autre chose que des utopies. Il s’a
846 et de le pourchasser dans toutes les démarches de notre vie. Mais cette première tâche constitue un programme si riche qu’il
847 énérations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre colère jacobine et de cette formidable expérience négative qui aura d
848 riades : être — négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalism
849 de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’atta
850 dit sujet pour se représenter même très vaguement notre actuelle civilisation. Et même Diderot, même Rousseau, à la veille de
851 cette similitude les possibilités formidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre
852 e scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
853 à ma santé morale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qu
854 ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi pr
855 naisons de vitesse et d’ennui à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces — le Poète dira un mot, ou bien fer
856 i à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces — le Poète dira un mot, ou bien fera un acte, et ces peuples d
857 e la respiration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occid
858 Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de liberté, en même temps qu’un peu de calme. Ce
859 e temps qu’un peu de calme. Ces années de liberté nous permettraient de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour
860 façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent cachées aux
861  ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la
862 on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’i
863 cultés atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
864 ent la blancheur éclatante de l’amour… Que dirons- nous  ?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de
865 ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel.
866 s prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de not
867 uver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts r
868 rdre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour i
869 de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour instaurer cette nouvelle attitude de l’â
93 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
870 te] (1930)b c Deux menaces mortelles assiègent notre condition humaine : la liberté de l’esprit et les lois de la matière.
871 illustration des puissances de nature inhumaine. Nous pourrons définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civili
872 anisme : l’organe d’équilibre de la civilisation. Nous tenions de l’Antiquité, et singulièrement de la Grèce, le sentiment d
873 èce, le sentiment d’une harmonie nécessaire entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le senti
874 ent d’une harmonie nécessaire entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une har
875 monie nécessaire entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une harmonie à sauve
876 entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une harmonie à sauvegarder au sein de n
877 sentiment d’une harmonie à sauvegarder au sein de nos connaissances même, et dans l’allure de leur progrès. Les humanités n
878 , et dans l’allure de leur progrès. Les humanités nous paraissaient devoir transmettre aux générations cette notion d’un équ
879 rogrès, sous n’importe quelle forme. Brusquement, nous voici « gagnés » par l’un des éléments de notre destin. La composante
880 t, nous voici « gagnés » par l’un des éléments de notre destin. La composante matérielle vient de l’emporter. Elle est en pas
881 vient de l’emporter. Elle est en passe de gauchir notre civilisation à tel point que l’homme, affolé, soudain, doute s’il est
882 omie vis-à-vis de la métaphysique. L’équilibre de notre esprit ne comporte pas l’égalité de droit de ces deux disciplines. Ca
883 dont les philosophes demeurent tout intimidés. Et nous vîmes le matérialisme mener son morne triomphe. Certes, la plupart de
884 e mener son morne triomphe. Certes, la plupart de nos philosophies, officiellement, l’ont renié. Mais pourquoi tant et touj
885 nnage allemand chargé de sa filature6. Ah ! comme nous avons besoin d’être purifiés d’une odeur de laboratoire dont notre pe
886 n d’être purifiés d’une odeur de laboratoire dont notre pensée reste imprégnée. La science se moque des nuages qui animaient
887 t. La tâche urgente d’un nouvel humanisme sera de nous dégager des fatalités dont nous voyons l’empire s’étendre dans tous l
888 humanisme sera de nous dégager des fatalités dont nous voyons l’empire s’étendre dans tous les domaines de notre existence,
889 yons l’empire s’étendre dans tous les domaines de notre existence, inclinant nos utopies mêmes, desséchant les sources de not
890 s tous les domaines de notre existence, inclinant nos utopies mêmes, desséchant les sources de notre foi. Qui parlait donc
891 nant nos utopies mêmes, desséchant les sources de notre foi. Qui parlait donc d’un « humanisme scientifique » ? Nous avons ét
892 ui parlait donc d’un « humanisme scientifique » ? Nous avons été pris de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous
893 ientifique » ? Nous avons été pris de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notr
894 de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notre vie : s’agit-il d’enrayer la scien
895 rielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notre vie : s’agit-il d’enrayer la science ? Non, mais que l’esprit qui l’a
896 on que l’humanité. On n’en saurait dire autant de notre raison. Les faits mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où notr
897 ts mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où notre pensée le plus souvent les a laissés — sont au moins aussi « objectif
898 ues élaborés par la science. Mais, participant de notre volonté et de la grâce, ils échappent à cette fatalité qui est le sig
899 existe d’autres facultés capables d’équilibrer en nous l’esprit de géométrie. J’imagine une méthode, une façon d’appréhender
900 , une façon d’appréhender la vie, de hiérarchiser nos entreprises, qui ne bannirait pas de l’existence la poésie, ce sens d
901 st possible que ce mythe ait animé l’humanisme de nos humanités. Il est certain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son
902 nvente un syncrétisme. Rome eut celui des dieux ; nous aurons celui des races de la Terre. Non plus une foi commune, mais un
903 re. Non plus une foi commune, mais une moyenne de nos manières d’être. Une sorte de commun dénominateur… (Le christianisme
904 dieu. N’attendons pas d’un nouvel humanisme qu’il nous désigne un but, ni même une direction : il y réussirait trop aisément
905 « d’humanité » de ses démarches intellectuelles. Nous avons inventé trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empê
906 . Nous avons inventé trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empêchent de voir encore le surhumain. Être véritabl
907 nté trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empêchent de voir encore le surhumain. Être véritablement homme, c’es
908 sme véritable conduit « au seuil » : et qu’irions- nous lui demander de plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu. Mais où
909 emander de plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu . Mais où trouver les lévites assez purs pour garder vierge parmi nous
910 r les lévites assez purs pour garder vierge parmi nous — voici déjà tant de faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5
94 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
911 areille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en nous à la fois de plus « problématique » et de plus quotidien. bd. Roug
95 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
912 s parant d’une grâce malicieuse et sensuelle dont nos yeux helvètes les croyaient par trop dépourvues… Cette charmante « ja
96 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
913 hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où nous vivons parquent les visages les sons brassent les lueurs des messages
914 e qui vient de dire ton nom même avec l’accent de notre amour et mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends.
915 main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons captive écoute les cloches et le scintillement des étoil
916 es qui échangent leurs douceurs. Tiens moi bien nous allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au
97 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
917 oujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons
918 qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné d
919 presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcad
920 bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. ( Nous ne touchons l’un et l’autre qu’aux traductions ; le reste, les livres
921 eur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme » comme on disait au villa
922 la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, «  nous deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est
923 ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que p
924 ent invisible, dans cette minuscule voiture. Déjà nous traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable
925 e Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent nous immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous v
926 e minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un souffle épique, en
927 ris et leurs établissements Place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge »
928 ine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation, nous avons gagné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme
929 nt éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à
930 de se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non
931 la mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une d
932 chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire
933 éparses dans une brousse où s’engage délibérément notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce
934 notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire :
935 — la portion que l’on s’est administrée accapare nos facultés les plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de n
936 après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle croire qu’il apporte un soin tout particulier à le parfai
937 8 avril. 18. ……………… (N. de la R.) 19. L’auteur nous promet pour le numéro 6 de nouveaux détails apocryphes. (N. de la R.)
98 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
938 ce au mépris et à l’adoration : où que se portent nos regards, ils rencontrent des talents distingués. À cet ordre d’ambiti
939 écrivains — Claudel, Gide, Valéry… — suffisent à nous rassurer sur la valeur littéraire de l’époque, mais non sur le sort d
940 sur le sort de l’esprit. À côté d’eux, s’écrient nos auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur s
941 rit. À côté d’eux, s’écrient nos auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait
942 nul ne s’en déclare gêné, me semble-t-il… 3. Si nous jetons sur les lettres parisiennes un regard distrait mais circulaire
943 èrent à ce petit jeu avant d’écrire —, que voyons- nous en effet ? Une grande nuée de romanciers à peine plus réels que leurs
944 s mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne nous laisse même plus la colère. Ah ! nous ne risquons pas d’être tués par
945 nce ! On ne nous laisse même plus la colère. Ah ! nous ne risquons pas d’être tués par des statues !) Tout d’un coup, trois
946 t Simond et ce grand potache de Maldoror. « Qu’on nous montre un homme… » Un ou deux. Il suffit de très peu de sel pour rend
947 t défonçait, or on lui avait commandé une maison. Nos trois compères se moquaient fort. Le journaliste expliquait qu’on eut
948 t fut terminé, l’on interdit l’entrée du palais à nos trois amis (qui pourtant n’eussent pas demandé mieux que de reconnaît
949 s toute son ampleur et sa force. » Ainsi Beausire nous montre un Barrès tout crispé sur quelques certitudes et quelques dout
950 ts au-delà — au-dessous — de leurs prétextes. 7. Nous souffrons d’une terrible carence d’héroïsme intellectuel. Ces messieu
951 ourquoi il faut faire la révolution morale. Voilà notre aphorisme démontré. 9. Enfin je citerai deux petites phrases qui suf
952 ffisent presque à situer la position d’attaque de nos auteurs : « Tout créateur néglige sa personnalité » et « Kant est un
953 sa volonté, telle inéluctablement qu’elle est en Dieu — et soit qu’il sache ou qu’il ignore que la grâce seule permet de vo
954 , comme dit Kipling, est une autre histoire. 10. Nous voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai s
955 us voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’alti
956 bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il se pose sont le meilleur de l
957 élique. Que ce petit écrit d’un mouvement naturel nous ramène au centre des seuls problèmes qui ne soient pas insignifiants,
99 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
958 elâchement de leur esprit ou de celui des autres. Nous avons vu des amateurs de pittoresque essayer, au hasard, des incantat
959 re du monde spirituel. Ce n’est pas en détraquant nos sens ou notre raison, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que n
960 spirituel. Ce n’est pas en détraquant nos sens ou notre raison, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que nous atteindron
961 raquant nos sens ou notre raison, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que nous atteindrons une réalité supérieure, mai
962 on, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que nous atteindrons une réalité supérieure, mais bien en surpassant nos sens
963 s une réalité supérieure, mais bien en surpassant nos sens par notre intelligence, celle-ci à son tour par une volonté qui
964 supérieure, mais bien en surpassant nos sens par notre intelligence, celle-ci à son tour par une volonté qui l’oriente vers
965 ns états dont il arrive que la gratuité apparente nous fascine. Un fantôme ne manifeste rien d’autre que la qualité du regar
966 éels, ce sont les anges. Mais ceux-là seuls parmi nous les verront, dont l’esprit parviendra par sa puissance d’adoration, à
967 ser une « désorganisation du moral », multiplie à nos yeux les correspondances. Comprenons à ce signe qu’il nous transporte
968 les correspondances. Comprenons à ce signe qu’il nous transporte dans un monde plus hautement organisé, c’est-à-dire plus r
969 réel. (L’absurdité des choses mesurait seulement notre impuissance à les aimer.) Dès lors, il ne s’agira plus de réduire les
970 s, il ne s’agira plus de réduire les fantômes qui nous tenteront, mais de leur égaler notre conscience. C’est un effort de c
971 fantômes qui nous tenteront, mais de leur égaler notre conscience. C’est un effort de création — car toute découverte du mon
972 ar toute découverte du monde spirituel revêt pour nous , normalement, l’aspect d’une création. Il s’agit de maintenir cet eff
973 us amoureuse. L’audace et l’humilité de la prière nous font entendre l’accord fondamental d’une éthique des fantômes, dont l
974 Rougemont, sont précédées d’une introduction dont nous reproduisons l’extrait suivant : « “Y a-t-il une faculté de perceptio
975 exerçant par le moyen d’un organe interne, puisse nous donner des connaissances plus complètes que l’expérience commune ?” D
976 nt toute forme de vie, et explicitement — croyons- nous — certaines expériences particulières, telles que les rêves (à l’état
100 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
977 Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)bg On ne sait presque rien de Lautréamont, sinon q
978 s à la cheville de Rimbaud. (Ce n’est pas avec un Dieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il n’a cure de cette littéra
979 oxie instaurée par les surréalistes, elle appelle notre impertinence. Nous adorons ailleurs. bg. Rougemont Denis de, « [Co
980 es surréalistes, elle appelle notre impertinence. Nous adorons ailleurs. bg. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Léon Pi
981 du] Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, septembre 19