1
leurs détenteurs non point des écrivains mais des
Don Juan
, des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
2
ux, par des énigmes ironiques. Au bout du compte,
Don Juan
ne comprend rien aux femmes, Napoléon meurt en se trompant sur le sen
3
eurs détenteurs non point des écrivains, mais des
Don Juan
, des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
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leurs détenteurs non point des écrivains mais des
Don Juan
, des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
5
Tristan moderne glisse vers le type contraire du
Don Juan
, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent. L’a
6
t. L’aventure n’est plus même exemplaire. Seul le
Don Juan
mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
7
Juan mythique échappait à cette consomption. Mais
Don Juan
ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
8
de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
Don Juan
au ralenti.) Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
9
oudre » est sans doute une légende accréditée par
Don Juan
, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
10
p de foudre, il est censé justifier les écarts de
Don Juan
. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
11
la preuve d’une très puissante nature sensuelle.
Don Juan
, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
12
erie des impuissants. Et en effet, la conduite de
Don Juan
est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
13
e ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de
Don Juan
et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’am
14
don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve
Don Juan
, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des Richelieu et des Casanov
15
ire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si
Don Juan
n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
16
prit de certains hommes le personnage mythique de
Don Juan
peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan, c
17
xpliquer par sa nature infiniment contradictoire.
Don Juan
, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’es
18
ux réserver pour plus tard140. Considérons ici le
Don Juan
du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’
19
ure des personnages, dans leur rythme. On imagine
Don Juan
toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
20
besoin du monde, — parce qu’il aime ! Tandis que
Don Juan
, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’où son angoisse et
21
haste la « prouesse » divinisante. La tactique de
Don Juan
, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
22
de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais
Don Juan
aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont
23
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition :
Don Juan
est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
24
joie pure à la mort. On peut noter encore ceci :
Don Juan
plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
25
nt l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI,
Don Juan
a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. U
26
mme en soi… Je distingue dans la contradiction de
Don Juan
et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cett
27
c l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et
Don Juan
bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
28
out ne fut pas réellement aimé. » Tristan aimait,
Don Juan
était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du se
29
oint un hasard si le mythe de Tristan et celui de
Don Juan
n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opér
30
. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
Don Juan
succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la g
31
sique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de
Don Juan
et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse,
32
Tristan moderne glisse vers le type contraire du
Don Juan
, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’a
33
, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le
Don Juan
mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
34
Juan mythique échappait à cette consomption. Mais
Don Juan
ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
35
de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
Don Juan
au ralenti). Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
36
oudre » est sans doute une légende accréditée par
Don Juan
, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
37
p de foudre, il est censé justifier les écarts de
Don Juan
. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
38
la preuve d’une très puissante nature sensuelle.
Don Juan
, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
39
erie des impuissants. Et en effet, la conduite de
Don Juan
est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
40
Don Juan
(juillet 1939)ap Lorsqu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé
41
et non d’avant, mais d’après la morale. Point de
Don Juan
ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous dé
42
es » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit.
Don Juan
suppose une société encombrée de règles précises dont elle rêve moins
43
r à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors
Don Juan
serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoir
44
vrai sensuel commence au-delà de ces moments que
Don Juan
fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux
45
sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi,
Don Juan
serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiét
46
peut-être plus loin, à des critères spirituels ?
Don Juan
serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la
47
l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment.
Don Juan
serait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord ch
48
Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable :
Don Juan
cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souveni
49
image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est
Don Juan
parce qu’on sait qu’il ne peut trouver, soit impuissance à se fixer,
50
sualité, précisément, ne serait pas le domaine où
Don Juan
se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compro
51
ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes
Don Juan
est un tricheur, et même il ne vit que de cela. (La banque de pharaon
52
té ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du
Don Juan
des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur. Or Dieu se tait.
53
t, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme
Don Juan
l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même
54
osséder que par l’amour éternellement lointain. ⁂
Don Juan
, tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité de
55
ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que
Don Juan
disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a pl
56
nelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car
Don Juan
ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut p
57
ien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et
Don Juan
doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le te
58
u cœur de la règle ? ap. Rougemont Denis de, «
Don Juan
», La Nouvelle Revue française, Paris, juillet 1939, p. 62-68.
59
e ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de
Don Juan
et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’am
60
don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve
Don Juan
, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des Richelieu et des Casanov
61
ire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si
Don Juan
n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
62
prit de certains hommes le personnage mythique de
Don Juan
peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan, c
63
xpliquer par sa nature infiniment contradictoire.
Don Juan
, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’es
64
ux réserver pour plus tard158. Considérons ici le
Don Juan
du théâtre159 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’
65
ure des personnages, dans leur rythme. On imagine
Don Juan
toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
66
s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que
Don Juan
, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’où son angoisse et
67
haste la « prouesse » divinisante. La tactique de
Don Juan
, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
68
de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais
Don Juan
aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont
69
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition :
Don Juan
est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
70
joie pure à la mort. On peut noter encore ceci :
Don Juan
plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
71
nt l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI,
Don Juan
a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. U
72
mme en soi… Je distingue dans la contradiction de
Don Juan
et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cett
73
c l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et
Don Juan
bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
74
out ne fut pas réellement aimé. » Tristan aimait,
Don Juan
était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du se
75
oint un hasard si le mythe de Tristan et celui de
Don Juan
n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opér
76
. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
Don Juan
succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la g
77
sique200. La réponse du xviiie fut le cynisme de
Don Juan
et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse,
78
Tristan moderne glisse vers le type contraire du
Don Juan
, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’a
79
, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le
Don Juan
mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
80
Juan mythique échappait à cette consomption. Mais
Don Juan
ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
81
de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
Don Juan
au ralenti.) Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
82
oudre » est sans doute une légende accréditée par
Don Juan
, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
83
p de foudre, il est censé justifier les écarts de
Don Juan
. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
84
la preuve d’une très puissante nature sensuelle.
Don Juan
, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
85
début d’impuissance. Et en effet, la conduite de
Don Juan
est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
86
e ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de
Don Juan
et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’am
87
don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve
Don Juan
, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des Richelieu et des Casanov
88
ire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si
Don Juan
n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
89
prit de certains hommes le personnage mythique de
Don Juan
peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan, c
90
xpliquer par sa nature infiniment contradictoire.
Don Juan
, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’es
91
ux réserver pour plus tard147. Considérons ici le
Don Juan
du théâtre148 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’
92
ure des personnages, dans leur rythme. On imagine
Don Juan
toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
93
s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que
Don Juan
, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’où son angoisse et
94
haste la « prouesse » divinisante. La tactique de
Don Juan
, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
95
de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais
Don Juan
aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont
96
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition :
Don Juan
est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
97
joie pure à la mort. On peut noter encore ceci :
Don Juan
plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
98
nt l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI,
Don Juan
a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. U
99
mme en soi… Je distingue dans la contradiction de
Don Juan
et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cett
100
c l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et
Don Juan
bondit sur la scène ; de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
101
out ne fut pas réellement aimé. » Tristan aimait,
Don Juan
était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du se
102
oint un hasard si le mythe de Tristan et celui de
Don Juan
n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opér
103
Doctrine fabuleuse , 1947, contient un essai sur
Don Juan
repris dans Comme toi-même , 1961. (Édition de poche : Les Mythes de
104
. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
Don Juan
succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la g
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sique186. La réponse du xviiie fut le cynisme de
Don Juan
et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse,
106
Tristan moderne glisse vers le type contraire du
Don Juan
, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’a
107
, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le
Don Juan
mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
108
Juan mythique échappait à cette consomption. Mais
Don Juan
ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
109
de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
Don Juan
au ralenti.) Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
110
oudre » est sans doute une légende accréditée par
Don Juan
, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
111
p de foudre, il est censé justifier les écarts de
Don Juan
. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
112
la preuve d’une très puissante nature sensuelle.
Don Juan
, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
113
début d’impuissance. Et en effet, la conduite de
Don Juan
est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
114
mbigu. Songeons aux grands obsédés de l’Histoire,
Don Juan
, Alexandre et tous les conquérants, Loyola et tous les sectaires, Cal
115
foudre est sans doute une astucieuse invention de
Don Juan
pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous autres a
116
sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et
Don Juan
triche, une fois de plus, quand il feint que cela se produise à l’imp
117
leurs détenteurs non point des écrivains mais des
Don Juan
, des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
118
ux, par des énigmes ironiques. Au bout du compte,
Don Juan
ne comprend rien aux femmes. Napoléon meurt en se trompant sur le sen
119
ntes en apparences. C’est ainsi que l’on découvre
Don Juan
dans le mouvement de la pensée de Nietzsche, le Supplice de Tantale d
120
riosité anxieuse qu’on appelle inconstance. C’est
Don Juan
. Chez la plupart, elle se résout en résignation. Le sujet cède, se mo
121
foudre est sans doute une astucieuse invention de
Don Juan
pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous autres a
122
sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et
Don Juan
triche, une fois de plus, quand il feint que cela se produise à l’imp
123
Don Juan
Lorsqu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots de
124
et non d’avant, mais d’après la morale. Point de
Don Juan
ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous dé
125
es » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit.
Don Juan
suppose une société encombrée de règles précises dont elle rêve moins
126
r à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors
Don Juan
serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoir
127
vrai sensuel commence au-delà de ces moments que
Don Juan
fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux
128
sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi,
Don Juan
serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiét
129
peut-être plus loin, à des critères spirituels ?
Don Juan
serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la
130
l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment.
Don Juan
serait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord ch
131
Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable :
Don Juan
cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souveni
132
image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est
Don Juan
parce qu’on sait qu’il ne peut pas trouver, soit impuissance à se fix
133
sualité, précisément, ne serait pas le domaine où
Don Juan
se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compro
134
ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes
Don Juan
est un tricheur, et même il ne vit que de cela. (La banque de pharaon
135
té ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du
Don Juan
des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait.
136
t, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme
Don Juan
l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même
137
posséder que par l’amour éternellement lointain.
Don Juan
, tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité de
138
ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que
Don Juan
disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a pl
139
nelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car
Don Juan
ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut p
140
ien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et
Don Juan
doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le te
141
ment l’Europe : Orphée, Iphigénie, Faust, Hamlet,
Don Juan
… À qui appartiennent-ils ? À ceux qui les recréent, puisant chacun au
142
ins sûr de leur fidélité, ou de la sienne. (Ainsi
Don Juan
multiplie ses conquêtes.) Les nouvelles fantastiques répandues par la
143
serait mieux, je crois, il leur reste le mythe de
Don Juan
, ce cliché négatif de Tristan : la surprise opposée à la fidélité, l’
144
assion mystique de Tristan et la licence impie de
Don Juan
(l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage) ne devait développer to
145
re des mythes majeurs de l’érotique occidentale :
Don Juan
et Tristan, en suivant leurs métamorphoses dans la vie et l’œuvre de
146
vécu semble avoir épousé la formule dynamique de
Don Juan
et de Tristan ; enfin, l’on reviendra au problème capital, celui de l
147
assion mystique de Tristan et la licence impie de
Don Juan
(l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage), ne devait développer t
148
s aux mythes extrêmes de l’érotique occidentale :
Don Juan
, Tristan. 9. Le mot apparaît chez Kierkegaard dès 1843. On le trouv
149
tagieux et révélateurs. Tristan, Faust, Hamlet et
Don Juan
sont bel et bien les créations imaginaires d’un Béroul, d’un Marlowe,
150
m de fable, Œdipe ou Prométhée, Tristan, Faust ou
Don Juan
, mais aussi dans les innombrables descendants que ces héros ont engen
151
t ou Don Quichotte, mais n’hésite pas à se croire
Don Juan
s’il a le goût de la facilité et du changement ; ou Tristan s’il se s
152
iale ou de l’aventure individuelle. Je vois ainsi
Don Juan
dans l’allure et le rythme de la polémique nietzschéenne ; mais aussi
153
igurante. Nul Européen n’a jamais été Tristan, ni
Don Juan
, — et pas plus dans le passé qu’aujourd’hui ; mais sans ces mythes le
154
différée. Mozart est le plus grand interprète de
Don Juan
, mais ce n’est pas lui qui a « déchaîné » Casanova : il lui a seuleme
155
Don Juan
Lorsqu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots de
156
et non d’avant, mais d’après la morale. Point de
Don Juan
ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous dé
157
es » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit.
Don Juan
suppose une société encombrée de règles précises dont elle rêve moins
158
r à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors
Don Juan
serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoir
159
vrai sensuel commence au-delà de ces moments que
Don Juan
fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux
160
sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi,
Don Juan
serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiét
161
peut-être plus loin, à des critères spirituels ?
Don Juan
serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la
162
l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment.
Don Juan
serait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord ch
163
Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable :
Don Juan
cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souveni
164
image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est
Don Juan
parce qu’on sait qu’il ne peut pas trouver, soit impuissance à se fix
165
sualité, précisément, ne serait pas le domaine où
Don Juan
se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compro
166
ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes
Don Juan
est un tricheur, et même il ne vit que de cela (La banque de pharaon
167
uté ». Que va dire l’Autre ? C’est dans la vie du
Don Juan
des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait.
168
t, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme
Don Juan
l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même
169
posséder que par l’amour éternellement lointain.
Don Juan
tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité des
170
ou la mort ou la vie éternelle. Il faut donc que
Don Juan
disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a pl
171
nelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car
Don Juan
ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut p
172
ien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et
Don Juan
doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le te
173
vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme de
Don Juan
. Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère moins chaste, mais toute
174
mais toute son œuvre mène le train d’enfer d’un «
Don Juan
de la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le
175
t ni d’où il vient ni où il va. IKierkegaard et
Don Juan
C’est au cœur des grands bois du Nord de la Seeland, un soir d’été
176
que l’orchestre attaquait la musique du ballet de
Don Juan
, ils se sentirent transfigurés, et comme frappés de respect pour un e
177
lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de
Don Juan
, comme Elvire : — Toi, meurtrier de mon bonheur ! Car en vérité, cett
178
kegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de
Don Juan
, tentation permanente et toujours refoulée. C’est pourquoi personne d
179
mieux jugé ce mythe. La thèse de Kierkegaard sur
Don Juan
rejoint Mozart dans sa génialité : elle réinvente la structure du dra
180
a parole ; seule la musique peut l’exprimer ». Si
Don Juan
représente le désir pur, dans sa génialité irrésistible et démoniaque
181
e étant ce que l’esprit exclut », l’expression de
Don Juan
ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conform
182
peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul
Don Juan
conforme au mythe24, c’est le Don Giovanni de Mozart. Voici son signa
183
Mozart. Voici son signalement selon Kierkegaard.
Don Juan
est une puissance, et non pas une personne : Quand Don Juan est conç
184
t une puissance, et non pas une personne : Quand
Don Juan
est conçu musicalement, j’entends en lui tout l’infini, mais aussi la
185
et l’obstacle n’est qu’un stimulant. Je trouve en
Don Juan
une vie ainsi animée d’un démoniaque puissant et irrésistible, à la f
186
e personne ou individu, mais comme puissance.25
Don Juan
est un mouvement, une tension pure, ou n’est plus rien. Lancé comme u
187
ochet. Irresponsable comme toute force naturelle,
Don Juan
incarne donc, si l’on ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit p
188
malheureuse pour avoir été une fois heureuse avec
Don Juan
serait une pauvre fille. Don Juan est convaincu que « l’expression vé
189
s heureuse avec Don Juan serait une pauvre fille.
Don Juan
est convaincu que « l’expression véritable de la femme consiste en sa
190
ins s’il l’a vraiment séduite.26 » L’érotisme de
Don Juan
s’oppose à l’Éros antique, qui était psychique et non sensuel, « et c
191
vient que la musique est son parfait médium. Pour
Don Juan
, « la féminité tout à fait abstraite est l’essentiel », l’individuali
192
de moments distincts… une addition d’instants »,
Don Juan
ne saurait avoir de biographie : le doter d’une enfance et d’une jeun
193
de l’instant. Il est donc seul capable de dompter
Don Juan
, nulle puissance du monde n’en ayant eu raison. Cette description du
194
echnique) retenons cette observation centrale : «
Don Juan
donne leur intérêt à tous les autres personnages… Sa passion met la p
195
des autres en mouvement. Elle résonne partout ».
Don Juan
n’étant pas caractère, mais puissance et vie, donc « absolument music
196
onnages, qui ne sont que passions déterminées par
Don Juan
, sont dans cette mesure même musicaux. « On peut arriver pendant la r
197
tre, par ce que ce centre, qui est la vitalité de
Don Juan
, se trouve partout. » Le seul personnage qui semble faire exception e
198
tan Kierkegaard fut pourtant le contraire d’un
Don Juan
. Dans ses rapports avec son œuvre, son action publique, et sa vocatio
199
ntaines de pages enthousiastes et lyriques sur le
Don Juan
de la légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voir
200
onnées essentielles d’une personne. Qu’est-ce que
Don Juan
pour ce célibataire parfaitement libre de mener sa vie comme il lui p
201
son génie d’écrivain et sa vocation religieuse ?
Don Juan
est de toute évidence la figure de lui-même qui le tente le plus : c’
202
’être anachorète, le séducteur devient son mythe.
Don Juan
devient son ombre, plus brillante que lui-même, et qu’il doit exalter
203
e du temps » — ce temps qui toujours « manque » à
Don Juan
. Cependant, le Mari n’entend pas éluder la difficulté fondamentale du
204
kegaard est derrière les pseudonymes, exaltant un
Don Juan
qu’il refuse, mais qui demeure sa possibilité ; il n’est pas derrière
205
de l’Éros animique que symbolisent les mythes de
Don Juan
et de Tristan. Suivons maintenant les phases de leur grande polémique
206
exprime consciemment —, Tristan s’est évanoui et
Don Juan
domine tout. Wagner n’est plus « mon noble compagnon d’armes » mais «
207
ments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à la
Don Juan
. Il y a plus. Le don-juanisme érotique n’est guère pour Nietzsche qu’
208
t qu’amant de la « Sagesse », qui se croit devenu
Don Juan
, et qui se définit comme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameron
209
i sans doute le texte capital : Une fable. — Le
Don Juan
de la connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a encore déco
210
.47 Le rythme allègre ou endiablé, le presto de
Don Juan
, son humeur insolente et gaie, la désinvolture de grand seigneur avec
211
a Morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le
Don Juan
de la connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le droit fil d
212
ne sont-elles pas sœurs ?48 » Au comble du défi,
Don Juan
vient de surprendre la vérité secrète de son pire Adversaire. Qui sai
213
’est le Chant de Minuit saluant l’Éternité, quand
Don Juan
meurt avec le temps et la succession des moments. C’est la vision du
214
ion du Retour éternel qui subitement « cloue » le
Don Juan
de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même qui tend la main au Comm
215
n peut résumer dans cette alternative : — ou bien
Don Juan
, ou bien le Tristan de la Foi. Était-ce vraiment la destinée de Nietz
216
ci rappelée en quelques phrases : Considérons le
Don Juan
du théâtre comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abo
217
ure des personnages, dans leur rythme. On imagine
Don Juan
toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
218
s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que
Don Juan
, toujours aimé, ne peut aimer en retour. D’où son angoisse et sa cour
219
haste la « prouesse » divinisante. La tactique de
Don Juan
, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
220
; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mort.
Don Juan
se rend donc tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin
221
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition :
Don Juan
est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
222
joie pure à la mort. On peut noter encore ceci :
Don Juan
plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
223
mots : Tristan, triste temps, joyeuse éternité. —
Don Juan
, joyeux moments, éternité d’enfer. Un contraste aussi pur, terme à te
224
n complémentaire au sens de la physique actuelle.
Don Juan
n’est pas concevable sans Tristan, et sans lui n’eût pas vu le jour.
225
on d’autant plus radicale de l’autre. (Pire qu’un
Don Juan
, pire qu’un Tristan, seraient un Don Juan marié ou un Tristan coureur
226
e qu’un Don Juan, pire qu’un Tristan, seraient un
Don Juan
marié ou un Tristan coureur.) Enfin, pour la Psychologie, toute appar
227
l’affectivité d’un même individu sont dissociées,
Don Juan
peut régir telle d’entre elles, Tristan telle autre. La filiation des
228
légende de Tristan date du xiie siècle, celle de
Don Juan
ne remonte guère qu’à la Renaissance, et ne s’est vraiment constituée
229
evait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si
Don Juan
n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
230
andeur et la courtoisie.50. » Observons aussi que
Don Juan
succède normalement à Tristan, comme le cosmopolite au féodal. Si Tri
231
e ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de
Don Juan
ne relève que du nomadisme ; elle traduit l’infidélité systématique d
232
ition au niveau politique51. Mais le nomadisme de
Don Juan
n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne. Les succès du héros,
233
r un peu ce qu’il en est. En ce sens, uniquement,
Don Juan
procède d’un état de civilisation bien antérieur au christianisme, et
234
surcompensé cet échec par la passion ; tandis que
Don Juan
serait un Tristan manqué, pour avoir reculé à la fois devant le socia
235
utre en faire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre
Don Juan
. Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouv
236
ire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan.
Don Juan
nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et l
237
nable que de la cueillir aussi. » Il est vrai que
Don Juan
« raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oubli
238
ant contenté de la « goûter ». Dona Anna poursuit
Don Juan
de sa haine, parce que, selon la légende primitive — que nous rappell
239
e, le sens est clair : le refus de la durée, chez
Don Juan
, équivaut au refus de la vraie possession, qui implique échange et do
240
! Il n’est que juste d’observer d’ailleurs que le
Don Juan
mangeur de pommes, qu’on vient de citer, reste un peu court. Il n’acc
241
biologique, le mariage est un devoir civique, et
Don Juan
serait alors la liberté, un reflet inversé de l’esprit que l’on nie.
242
blème dans sa vie est seul en mesure de condamner
Don Juan
et Tristan à la fois ; mais il n’a plus de raisons de le faire… Le B
243
Masques vengeurs s’avancent en pleine lumière, et
Don Juan
les invite, provoquant le destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.)
244
mme on croise l’épée, toutes forces en alerte, et
Don Juan
d’une voix forte s’écrie : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive la lib
245
rois Masques, Zerline et son fiancé se joignent à
Don Juan
et à Leporello. Viva la libertà éclate à douze reprises, clamé par de
246
neur ; pour Zerline, c’est de succomber ; et pour
Don Juan
de conquérir. Ici donc la morale des principes, la morale des esclave
247
crient toutes : Vive la Loi ! Seule la liberté de
Don Juan
, qui d’ailleurs mène le chœur, fait exception : elle veut braver le d
248
concrète, et qui lui échappe. Point d’amour pour
Don Juan
, le désir seul ; ni de prochain, mais seulement des objets. Mais pour
249
té de leur expression mythique, l’extraversion de
Don Juan
et l’introversion de Tristan anéantissent, chacun à sa manière, la ré
250
ent, chacun à sa manière, la réalité du prochain.
Don Juan
et Tristan, symboles de l’âme, ne sont en fait que deux manières d’ai
251
uêtes faciles. (Mais je ne sais où l’on prend que
Don Juan
les dédaigne ? N’aurait-on jamais lu le Catalogue ?) Entendu, accordé
252
?) Entendu, accordé pour l’essentiel. Mais quoi !
Don Juan
n’a jamais existé, il est un mythe ; et la plus grande différence ent
253
it très bien la parenté des mythes de Faust et de
Don Juan
(voir notamment le développement sur Marguerite, dans Ou bien… ou bie
254
i bien informé de Mlle Micheline Sauvage : Le Cas
Don Juan
(une seule lacune, presque incroyable : Kierkegaard n’y est pas même
255
je trouve ces formules adroitement balancées : «
Don Juan
et Faust sont des gémeaux mythiques… moitiés complémentaires d’un êtr
256
hiques… moitiés complémentaires d’un être double…
Don Juan
est intelligent, épris de clair savoir, il a une tête faustienne, Fau
257
n cœur donjuanesques… Faust est l’intelligence de
Don Juan
; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura que Don Ju
258
uanesques… Faust est l’intelligence de Don Juan ;
Don Juan
est l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura que Don Juan et Faust
259
t l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura que
Don Juan
et Faust cherchent tous deux l’absolu, et que le héros unique s’appel
260
e Faust quand il demande cet absolu à la science,
Don Juan
quand il le demande à la volupté. » Etc. 29. Étapes sur le Chemin d
261
de Montherlant : Sur les femmes. 54. Otto Rank :
Don Juan
, une étude sur le double, 1922. — À propos de Dona Anna : les biograp
262
doutaient pas un instant que Dona Anna ait cédé à
Don Juan
, prenant (ou non) « l’homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur de
263
Anna qui appelle son père, au moment où elle sent
Don Juan
prêt à s’enfuir, un peu trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi »
264
ussi que Dona Anna, si elle déclare sa haine pour
Don Juan
, n’est pas pressée d’épouser Don Ottavio… 55. Mon Journal d’Allemag
265
ux de sa victime consentante… Le nomadisme, ou
Don Juan
« Bondir à l’autre extrémité de soi-même » étant l’un des mouvemen
266
es de Gide66, considérons en lui sans transition,
Don Juan
. C’est pendant son voyage de noces, pendant qu’il vit l’échec atroce
267
s terrestres, bréviaire du nomadisme dionysiaque.
Don Juan
surgit comme pour venger la douleur inhumaine de Tristan. Il se dégui
268
t du refus d’assumer l’autre, caractéristiques de
Don Juan
. « Gide ne tient pas en place — note Jean Paulhan. Il préfère la chas
269
et sans lendemain, presto et fuite perpétuelle de
Don Juan
! Ici l’artiste et l’homme se confondent, dans la même impatience des
270
devenant la proie de « Tristan » et l’autre de «
Don Juan
» ? A-t-il été victime des dieux, j’entends des mythes ? Ou d’une ori
271
is Tristan, voyez mon âme, c’est un ange. Je suis
Don Juan
, voyez mon corps, bête innocente… Ce qui se traduit en termes de mora
272
scarabée79 » les figures alternées de Tristan et
Don Juan
. Ces deux « extrêmes » dont il s’était loué d’avoir su protéger la «
273
pour Wagner, « une aversion passionnée ». Quant à
Don Juan
, le personnage était bien fait pour le scandaliser. L’action de nos d
274
ent la volonté d’opposer brutalement l’ici-bas de
Don Juan
à l’au-delà angélique de Tristan. 68. J. Delay, op. cit., II, p. 59
275
ements. C’est la liberté négative revendiquée par
Don Juan
contre les conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « s
276
contre l’amour en tant que force d’individuation.
Don Juan
ne choisit pas, il désire toutes les femmes, et ce désir fait, de cha
277
ymbolise avec une grande simplicité dans l’opéra,
Don Juan
n’est plus qu’un corps, qu’on nous montre mangeant, buvant et célébra
278
’objets, non de concepts.) Déviations typiques :
Don Juan
. Aberrations de l’instinct. Naturisme mystique. (C’est l’utopie magiq
279
ements. C’est la liberté négative revendiquée par
Don Juan
contre les conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « s
280
vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme de
Don Juan
. Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère moins chaste, mais toute
281
mais toute son œuvre mène le train d’enfer d’un «
Don Juan
de la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le
282
it ni d’où il vient ni où il va. Kierkegaard et
Don Juan
C’est au cœur des grands bois du Nord de la Seeland, un soir d’été
283
que l’orchestre attaquait la musique du ballet de
Don Juan
, ils se sentirent transfigurés, et comme frappés de respect pour un e
284
lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de
Don Juan
, comme Elvire : — Toi, meurtrier de mon bonheur ! Car en vérité, cett
285
kegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de
Don Juan
, tentation permanente et toujours refoulée. C’est pourquoi personne d
286
mieux jugé ce mythe. La thèse de Kierkegaard sur
Don Juan
rejoint Mozart dans sa génialité : elle réinvente la structure du dra
287
a parole ; seule la musique peut l’exprimer ». Si
Don Juan
représente le désir pur, dans sa génialité irrésistible et démoniaque
288
e étant ce que l’esprit exclut », l’expression de
Don Juan
ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conform
289
peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul
Don Juan
conforme au mythe95, c’est le Don Giovanni de Mozart. Voici son signa
290
Mozart. Voici son signalement selon Kierkegaard.
Don Juan
est une puissance, et non pas une personne : Quand Don Juan est conç
291
t une puissance, et non pas une personne : Quand
Don Juan
est conçu musicalement, j’entends en lui tout l’infini, mais aussi la
292
et l’obstacle n’est qu’un stimulant. Je trouve en
Don Juan
une vie ainsi animée d’un démoniaque puissant et irrésistible, à la f
293
e personne ou individu, mais comme puissance.96
Don Juan
est un mouvement, une tension pure, ou n’est plus rien. Lancé comme u
294
ochet. Irresponsable comme toute force naturelle,
Don Juan
incarne donc, si l’on ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit p
295
malheureuse pour avoir été une fois heureuse avec
Don Juan
serait une pauvre fille. Don Juan est convaincu que « l’expression v
296
heureuse avec Don Juan serait une pauvre fille.
Don Juan
est convaincu que « l’expression véritable de la femme consiste en sa
297
ins s’il l’a vraiment séduite ».97 L’érotisme de
Don Juan
s’oppose à l’Éros antique, qui était psychique et non sensuel, « et c
298
vient que la musique est son parfait médium. Pour
Don Juan
, « la féminité tout à fait abstraite est l’essentiel », l’individuali
299
de moments distincts…, une addition d’instants »,
Don Juan
ne saurait avoir de biographie : le doter d’une enfance et d’une jeun
300
de l’instant. Il est donc seul capable de dompter
Don Juan
, nulle puissance du monde n’en ayant eu raison. Cette description du
301
nique)101 retenons cette observation centrale : «
Don Juan
donne leur intérêt à tous les autres personnages… Sa passion met la p
302
des autres en mouvement. Elle résonne partout. »
Don Juan
n’étant pas caractère, mais puissance et vie, donc « absolument music
303
onnages, qui ne sont que passions déterminées par
Don Juan
, sont dans cette mesure même musicaux. « On peut arriver pendant la r
304
ntre, parce que ce centre, qui est la vitalité de
Don Juan
, se trouve partout. » Le seul personnage qui semble faire exception e
305
tan Kierkegaard fut pourtant le contraire d’un
Don Juan
. Dans ses rapports avec son œuvre, son action publique, et sa vocatio
306
ntaines de pages enthousiastes et lyriques sur le
Don Juan
de la légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voir
307
onnées essentielles d’une personne. Qu’est-ce que
Don Juan
pour ce célibataire parfaitement libre de mener sa vie comme il lui p
308
son génie d’écrivain et sa vocation religieuse ?
Don Juan
est de toute évidence la figure de lui-même qui le tente le plus : c’
309
’être anachorète, le séducteur devient son mythe.
Don Juan
devient son ombre, plus brillante que lui-même, et qu’il doit exalter
310
e du temps » — ce temps qui toujours « manque » à
Don Juan
. Cependant, le Mari n’entend pas éluder la difficulté fondamentale du
311
rkegaard est derrière les pseudonymes exaltant un
Don Juan
qu’il refuse, mais qui demeure sa possibilité ; il n’est pas derrière
312
de l’Éros animique que symbolisent les mythes de
Don Juan
et de Tristan. Suivons maintenant les phases de leur grande polémique
313
exprime consciemment —, Tristan s’est évanoui et
Don Juan
domine tout. Wagner n’est plus « mon noble compagnon d’armes » mais «
314
ments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à la
Don Juan
. Il y a plus. Le donjuanisme érotique n’est guère pour Nietzsche qu’u
315
nt qu’amant de la « Sagesse » qui se croit devenu
Don Juan
, et qui se définit comme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameron
316
i sans doute le texte capital : Une fable. — Le
Don Juan
de la connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a encore déco
317
121 Le rythme allègre ou endiablé, le presto de
Don Juan
, son humeur insolente et gaie, la désinvolture de grand seigneur avec
318
a morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le
Don Juan
de la connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le droit fil d
319
e sont-elles pas sœurs ? »122 Au comble du défi,
Don Juan
vient de surprendre la vérité secrète de son pire Adversaire. Qui sai
320
’est le Chant de Minuit saluant l’Éternité, quand
Don Juan
meurt avec le temps et la succession des moments. C’est la vision du
321
ion du Retour éternel qui subitement « cloue » le
Don Juan
de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même, qui tend la main au Com
322
n peut résumer dans cette alternative : — ou bien
Don Juan
, ou bien le Tristan de la Foi. Était-ce vraiment la destinée de Nietz
323
uêtes faciles. (Mais je ne sais où l’on prend que
Don Juan
les dédaigne ? N’aurait-on jamais lu le Catalogue ?) Entendu, accordé
324
?) Entendu, accordé pour l’essentiel. Mais quoi !
Don Juan
n’a jamais existé, il est un mythe ; et la plus grande différence ent
325
it très bien la parenté des mythes de Faust et de
Don Juan
. (Cf. notamment le développement sur Marguerite, dans Ou bien… ou bie
326
i bien informé de Mlle Micheline Sauvage : Le Cas
Don Juan
(une seule lacune, presque incroyable : Kierkegaard n’y est pas même
327
je trouve ces formules adroitement balancées : «
Don Juan
et Faust sont des gémeaux mythiques… moitiés complémentaires d’un êtr
328
hiques… moitiés complémentaires d’un être double…
Don Juan
est intelligent, épris de clair savoir, il a une tête faustienne ; Fa
329
n cœur donjuanesques… Faust est l’intelligence de
Don Juan
; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conciliera que Don
330
uanesques… Faust est l’intelligence de Don Juan ;
Don Juan
est l’érotisme de Faust… Le romantisme conciliera que Don Juan et Fau
331
l’érotisme de Faust… Le romantisme conciliera que
Don Juan
et Faust cherchent tous deux l’absolu, et que le héros unique s’appel
332
e Faust quand il demande cet absolu à la science,
Don Juan
quand il le demande à la volupté. » Etc. 101. Dans un ouvrage hautem
333
usicale des personnages dans Les Noces de Figaro,
Don Juan
, La Flûte enchantée) par F. A. Breydert, je ne trouve rien qui ne con
334
ci rappelée en quelques phrases : Considérons le
Don Juan
du théâtre comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abo
335
ure des personnages, dans leur rythme. On imagine
Don Juan
toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
336
s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que
Don Juan
, toujours aimé, ne peut pas aimer en retour. D’où son angoisse et sa
337
haste la « prouesse » divinisante. La tactique de
Don Juan
, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
338
; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mort.
Don Juan
se rend donc tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin
339
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition :
Don Juan
est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
340
joie pure à la mort. On peut noter encore ceci :
Don Juan
plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
341
mots : Tristan, triste temps, joyeuse éternité. —
Don Juan
, joyeux moments, éternité d’enfer. Un contraste aussi pur, terme à te
342
n complémentaire au sens de la physique actuelle.
Don Juan
n’est pas concevable sans Tristan, et sans lui n’eût pas vu le jour.
343
on d’autant plus radicale de l’autre. (Pire qu’un
Don Juan
, pire qu’un Tristan, seraient un Don Juan marié ou un Tristan coureur
344
e qu’un Don Juan, pire qu’un Tristan, seraient un
Don Juan
marié ou un Tristan coureur.) Enfin, pour la Psychologie, toute appar
345
l’affectivité d’un même individu sont dissociées,
Don Juan
peut régir telle d’entre elles, Tristan telle autre. La filiation des
346
légende de Tristan date du xiie siècle, celle de
Don Juan
ne remonte guère qu’à la Renaissance, et ne s’est vraiment constituée
347
evait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si
Don Juan
n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
348
andeur et la courtoisie.124 Observons aussi que
Don Juan
succède normalement à Tristan, comme le cosmopolite au féodal. Si Tri
349
e ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de
Don Juan
ne relève que du nomadisme ; elle traduit l’infidélité systématique d
350
tion au niveau politique125. Mais le nomadisme de
Don Juan
n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne. Les succès du héros,
351
r un peu ce qu’il en est. En ce sens, uniquement,
Don Juan
procède d’un état de civilisation bien antérieur au christianisme, et
352
surcompensé cet échec par la passion ; tandis que
Don Juan
serait un Tristan manqué, pour avoir reculé à la fois devant le socia
353
utre en faire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre
Don Juan
. Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouv
354
ire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan.
Don Juan
nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et l
355
nable que de la cueillir aussi. » Il est vrai que
Don Juan
« raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oubli
356
ant contenté de la « goûter ». Dona Anna poursuit
Don Juan
de sa haine, parce que selon la légende primitive — que nous rappelle
357
e, le sens est clair : le refus de la durée, chez
Don Juan
, équivaut au refus de la vraie possession, qui implique échange et do
358
! Il n’est que juste d’observer d’ailleurs que le
Don Juan
mangeur de pommes qu’on vient de citer reste un peu court. Il n’accéd
359
biologique, le mariage est un devoir civique, et
Don Juan
serait alors la liberté, un reflet inversé de l’esprit que l’on nie.
360
blème dans sa vie est seul en mesure de condamner
Don Juan
et Tristan à la fois ; mais il n’a plus de raison de le faire… Le
361
Masques vengeurs s’avancent en pleine lumière, et
Don Juan
les invite, provoquant le destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.)
362
mme on croise l’épée, toutes forces en alerte, et
Don Juan
s’écrie d’une voix forte : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive la lib
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rois Masques, Zerline et son fiancé se joignent à
Don Juan
et à Leporello. Viva la libertà éclate à douze reprises, clamé par de
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neur ; pour Zerline, c’est de succomber ; et pour
Don Juan
de conquérir. Ici donc la morale des principes, la morale des esclave
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crient toutes : Vive la Loi ! Seule la liberté de
Don Juan
, qui d’ailleurs mène le chœur, fait exception : elle veut braver le d
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concrète, et qui lui échappe. Point d’amour pour
Don Juan
, le désir seul ; ni de prochain, mais seulement des objets. Mais pour
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té de leur expression mythique, l’extraversion de
Don Juan
et l’introversion de Tristan anéantissent, chacune à sa manière, la r
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nt, chacune à sa manière, la réalité du prochain.
Don Juan
et Tristan, symboles de l’âme, ne sont en fait que deux manières d’ai
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de Montherlant, Sur les femmes. 128. Otto Rank,
Don Juan
, une étude sur le Double, 19-2. — À propos de Dona Anna : les biograp
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doutaient pas un instant que Dona Anna ait cédé à
Don Juan
, prenant (ou non) « l’homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur de
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Anna qui appelle son père, au moment où elle sent
Don Juan
prêt à s’enfuir, un peu trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi »
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ussi que Dona Anna, si elle déclare sa haine pour
Don Juan
, n’est pas pressée d’épouser Don Ottavio… 129. Mon Journal d’Allem
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’objets, non de concepts). Déviations typiques :
Don Juan
. Aberrations de l’instinct. Naturisme mystique. (C’est l’utopie magiq
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orps nouveaux : Achille, Œdipe, Sémiramis, Faust,
Don Juan
. La dernière œuvre d’André Gide, et la plus mûre, fut un Thésée 319.
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romans au vrai sens du terme, puis la légende de
Don Juan
, qui en est le négatif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques,
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prestige et de la richesse autant que de l’épée.
Don Juan
a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’Astrée, de Pétrarque
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romans au vrai sens du terme, puis la légende de
Don Juan
, qui en est le négatif. Le mythe de Faust, version renaissante de Pro
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sser par en haut — Tristan — l’autre par en bas —
Don Juan
. Nous versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est
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autre. Tristan est l’homme d’un seul amour fatal.
Don Juan
, héros d’un siècle cynique, le xviiie , incapable de passion, est l’a
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ens sur le plan de l’amour : Tristan, d’un côté ;
Don Juan
, de l’autre. Tous deux adversaires du mariage. Tristan, parce qu’il d
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il meurt, joyeusement. Puis, en deçà du mariage,
Don Juan
qui ne peut se fixer sur aucune femme, qui essaie toujours de trouver
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le moine au comte-duc, c’est-à-dire Raspoutine à
Don Juan
, on ne voit, me dites-vous, ni cathares ni jongleurs. Robert est cath
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serait mieux, je crois, il leur reste le mythe de
Don Juan
, ce cliché négatif de Tristan : la surprise opposée à la fidélité, l’
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Rougemont : Les Mythes européens, de Prométhée à
Don Juan
. André Reszler : Les Mythes nationaux. Jacques Vigne : Régionalisme e
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Marc peut devenir tour à tour le Commandeur dans
Don Juan
, le comte Mosca dans La Chartreuse de Parme, ou le digne et terne mar
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retirer du monde et des passions mondaines. De
Don Juan
à Sade Le xviiie siècle offre l’exemple inverse d’un affaiblissem
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gère éclipse du mythe. De Molière à Mozart, c’est
Don Juan
qui occupe la scène de sa présence insolente, bondissante, mais secrè
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ente, bondissante, mais secrètement anxieuse. Or,
Don Juan
est l’antithèse de Tristan, son négatif parfait : infidèle par défini
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atal mais dans lequel il trouvait toute la Femme.
Don Juan
viole toutes les règles de la cortezia et devient le héros du siècle
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donjuanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve
Don Juan
, c’est le désir féminin qui crée « l’homme sans visage », l’homme d’u
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lement la forme littéraire de la sexualité… 4.
Don Juan
contre Tristan Le xviii e dissocie l’érotique. Tout est sexe et le
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prestige et de la richesse autant que de l’épée.
Don Juan
a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire encore de la cortezia des
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hédoniste jusqu’à la provocation devant la mort.
Don Juan
autant que Faust sera son héros tragique. Reflet inversé de Tristan,
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teur de celui qu’hypnotise un objet merveilleux :
Don Juan
est l’anti-Tristan. Parce qu’il est l’autre pôle du mythe de la passi
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nt les « beaux masques » vengeurs, vêtus de noir.
Don Juan
d’un balcon les accueille et salue, cependant que se font entendre da
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« la Tétralogie de Chéreau » comme on admire « le
Don Juan
… de Losey ». Le metteur en scène devient le « seul et dictatorial ‟c
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n’ose plus vous serrer la main ! J’ai peur d’être
Don Juan
au dernier acte… » Il s’arrête. « June homme ! Moi, je vais vous en d