1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Première partie. N’habitez pas les villes !
1 leurs détenteurs non point des écrivains mais des Don Juan , des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
2 ux, par des énigmes ironiques. Au bout du compte, Don Juan ne comprend rien aux femmes, Napoléon meurt en se trompant sur le sen
2 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
3 eurs détenteurs non point des écrivains, mais des Don Juan , des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
3 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
4 leurs détenteurs non point des écrivains mais des Don Juan , des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
4 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
5 Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan , de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent. L’a
6 t. L’aventure n’est plus même exemplaire. Seul le Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
7 Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
5 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
8 de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti.) Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
9 oudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan , comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
10 p de foudre, il est censé justifier les écarts de Don Juan . Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
11 la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan , l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
12 erie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
6 1939, L’Amour et l’Occident. Livre premier. Le mythe de Tristan
13 e ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’am
7 1939, L’Amour et l’Occident. Livre IV. Le mythe dans la littérature
14 don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan , et s’il se trouve pour incarner ce rêve des Richelieu et des Casanov
15 ire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
16 prit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan, c
17 xpliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan , c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’es
18 ux réserver pour plus tard140. Considérons ici le Don Juan du théâtre141 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’
19 ure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Juan toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
20 besoin du monde, — parce qu’il aime ! Tandis que Don Juan , toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’où son angoisse et
21 haste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan , c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
22 de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont
23 la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
24 joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
25 nt l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. U
26 mme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cett
27 c l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
28 out ne fut pas réellement aimé. » Tristan aimait, Don Juan était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du se
29 oint un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opér
8 1939, L’Amour et l’Occident. Livre V. Amour et guerre
30 . Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la g
31 sique182. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse,
9 1939, L’Amour et l’Occident. Livre VI. Le mythe contre le mariage
32 Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan , de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’a
33 , l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
34 Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
10 1939, L’Amour et l’Occident. Livre VII. L’Amour action, ou de la fidélité
35 de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti). Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
36 oudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan , comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
37 p de foudre, il est censé justifier les écarts de Don Juan . Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
38 la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan , l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
39 erie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
11 1939, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Don Juan (juillet 1939)
40 Don Juan (juillet 1939)ap Lorsqu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé
41 et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous dé
42 es » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombrée de règles précises dont elle rêve moins
43 r à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoir
44 vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux
45 sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiét
46 peut-être plus loin, à des critères spirituels ? Don Juan serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la
47 l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord ch
48 Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souveni
49 image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu’il ne peut trouver, soit impuissance à se fixer,
50 sualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compro
51 ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don Juan est un tricheur, et même il ne vit que de cela. (La banque de pharaon
52 té ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur. Or Dieu se tait.
53 t, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même
54 osséder que par l’amour éternellement lointain. ⁂ Don Juan , tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité de
55 ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a pl
56 nelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut p
57 ien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le te
58 u cœur de la règle ? ap. Rougemont Denis de, «  Don Juan  », La Nouvelle Revue française, Paris, juillet 1939, p. 62-68.
12 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre premier. Le mythe de Tristan
59 e ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’am
13 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre IV. Le mythe dans la littérature
60 don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan , et s’il se trouve pour incarner ce rêve des Richelieu et des Casanov
61 ire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
62 prit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan, c
63 xpliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan , c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’es
64 ux réserver pour plus tard158. Considérons ici le Don Juan du théâtre159 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’
65 ure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Juan toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
66 s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que Don Juan , toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’où son angoisse et
67 haste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan , c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
68 de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont
69 la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
70 joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
71 nt l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. U
72 mme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cett
73 c l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
74 out ne fut pas réellement aimé. » Tristan aimait, Don Juan était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du se
75 oint un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opér
14 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre V. Amour et guerre
76 . Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la g
77 sique200. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse,
15 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre VI. Le mythe contre le mariage
78 Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan , de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’a
79 , l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
80 Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
16 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre VII. L’amour action, ou de la fidélité
81 de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti.) Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
82 oudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan , comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
83 p de foudre, il est censé justifier les écarts de Don Juan . Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
84 la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan , l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
85 début d’impuissance. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
17 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre premier. Le mythe de Tristan
86 e ne peut être qu’un instant de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte postale. L’am
18 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre IV. Le mythe dans la littérature
87 don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan , et s’il se trouve pour incarner ce rêve des Richelieu et des Casanov
88 ire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
89 prit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan, c
90 xpliquer par sa nature infiniment contradictoire. Don Juan , c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’es
91 ux réserver pour plus tard147. Considérons ici le Don Juan du théâtre148 comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’
92 ure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Juan toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
93 s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que Don Juan , toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour. D’où son angoisse et
94 haste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan , c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
95 de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont
96 la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
97 joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
98 nt l’épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. U
99 mme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cett
100 c l’ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène ; de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
101 out ne fut pas réellement aimé. » Tristan aimait, Don Juan était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du se
102 oint un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme de l’opér
103 Doctrine fabuleuse , 1947, contient un essai sur Don Juan repris dans Comme toi-même , 1961. (Édition de poche : Les Mythes de
19 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre V. Amour et guerre
104 . Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion mortelle. Et la g
105 sique186. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse,
20 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VI. Le mythe contre le mariage
106 Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan , de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’a
107 , l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
108 Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’
21 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Livre VII. L’amour action, ou de la fidélité
109 de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti.) Où est alors la différence ? Et le mari fidèle, ne serai
110 oudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan , comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excu
111 p de foudre, il est censé justifier les écarts de Don Juan . Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puiss
112 la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan , l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une so
113 début d’impuissance. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’éta
22 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 3. Kierkegaard
114 mbigu. Songeons aux grands obsédés de l’Histoire, Don Juan , Alexandre et tous les conquérants, Loyola et tous les sectaires, Cal
23 1946, Articles divers (1941-1946). Contribution à l’étude du coup de foudre (1946)
115 foudre est sans doute une astucieuse invention de Don Juan pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous autres a
116 sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan triche, une fois de plus, quand il feint que cela se produise à l’imp
24 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Première partie. N’habitez pas les villes !
117 leurs détenteurs non point des écrivains mais des Don Juan , des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que
118 ux, par des énigmes ironiques. Au bout du compte, Don Juan ne comprend rien aux femmes. Napoléon meurt en se trompant sur le sen
25 1947, Doctrine fabuleuse. Orientation
119 ntes en apparences. C’est ainsi que l’on découvre Don Juan dans le mouvement de la pensée de Nietzsche, le Supplice de Tantale d
26 1947, Doctrine fabuleuse. Deuxième dialogue sur la carte postale. La beauté physique
120 riosité anxieuse qu’on appelle inconstance. C’est Don Juan . Chez la plupart, elle se résout en résignation. Le sujet cède, se mo
27 1947, Doctrine fabuleuse. Contribution à l’étude du coup de foudre
121 foudre est sans doute une astucieuse invention de Don Juan pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous autres a
122 sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan triche, une fois de plus, quand il feint que cela se produise à l’imp
28 1947, Doctrine fabuleuse. Don Juan
123 Don Juan Lorsqu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots de
124 et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous dé
125 es » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombrée de règles précises dont elle rêve moins
126 r à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoir
127 vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux
128 sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiét
129 peut-être plus loin, à des critères spirituels ? Don Juan serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la
130 l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord ch
131 Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souveni
132 image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu’il ne peut pas trouver, soit impuissance à se fix
133 sualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compro
134 ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don Juan est un tricheur, et même il ne vit que de cela. (La banque de pharaon
135 té ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait.
136 t, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même
137 posséder que par l’amour éternellement lointain. Don Juan , tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité de
138 ou la mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a pl
139 nelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut p
140 ien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le te
29 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
141 ment l’Europe : Orphée, Iphigénie, Faust, Hamlet, Don Juan … À qui appartiennent-ils ? À ceux qui les recréent, puisant chacun au
30 1956, Preuves, articles (1951–1968). Sur le rêve des sciences (décembre 1956)
142 ins sûr de leur fidélité, ou de la sienne. (Ainsi Don Juan multiplie ses conquêtes.) Les nouvelles fantastiques répandues par la
31 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
143 serait mieux, je crois, il leur reste le mythe de Don Juan , ce cliché négatif de Tristan : la surprise opposée à la fidélité, l’
32 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
144 assion mystique de Tristan et la licence impie de Don Juan (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage) ne devait développer to
145 re des mythes majeurs de l’érotique occidentale : Don Juan et Tristan, en suivant leurs métamorphoses dans la vie et l’œuvre de
33 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Note liminaire
146 vécu semble avoir épousé la formule dynamique de Don Juan et de Tristan ; enfin, l’on reviendra au problème capital, celui de l
34 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — I. L’amour et la personne dans le monde christianisé
147 assion mystique de Tristan et la licence impie de Don Juan (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage), ne devait développer t
35 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — II. Naissance de l’érotisme occidental
148 s aux mythes extrêmes de l’érotique occidentale : Don Juan , Tristan. 9. Le mot apparaît chez Kierkegaard dès 1843. On le trouv
36 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — III. Présence des mythes et leurs pouvoirs dans divers ordres
149 tagieux et révélateurs. Tristan, Faust, Hamlet et Don Juan sont bel et bien les créations imaginaires d’un Béroul, d’un Marlowe,
150 m de fable, Œdipe ou Prométhée, Tristan, Faust ou Don Juan , mais aussi dans les innombrables descendants que ces héros ont engen
151 t ou Don Quichotte, mais n’hésite pas à se croire Don Juan s’il a le goût de la facilité et du changement ; ou Tristan s’il se s
152 iale ou de l’aventure individuelle. Je vois ainsi Don Juan dans l’allure et le rythme de la polémique nietzschéenne ; mais aussi
153 igurante. Nul Européen n’a jamais été Tristan, ni Don Juan , — et pas plus dans le passé qu’aujourd’hui ; mais sans ces mythes le
37 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — V. Invasion de l’érotisme au xxe siècle
154 différée. Mozart est le plus grand interprète de Don Juan , mais ce n’est pas lui qui a « déchaîné » Casanova : il lui a seuleme
38 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Don Juan
155 Don Juan Lorsqu’il paraît brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots de
156 et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous dé
157 es » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombrée de règles précises dont elle rêve moins
158 r à elle seule cette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’homme de la première rencontre, de la plus excitante victoir
159 vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre le cas aux
160 sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiét
161 peut-être plus loin, à des critères spirituels ? Don Juan serait par exemple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la
162 l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord ch
163 Mais le contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout son idéal, son « type » de beauté féminine (souveni
164 image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu’il ne peut pas trouver, soit impuissance à se fix
165 sualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compro
166 ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don Juan est un tricheur, et même il ne vit que de cela (La banque de pharaon
167 uté ». Que va dire l’Autre ? C’est dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait.
168 t, c’est pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même
169 posséder que par l’amour éternellement lointain. Don Juan tricheur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant la vérité des
170 ou la mort ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a pl
171 nelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus de règles, on ne peut p
172 ien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le te
39 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes I. Méditation au carrefour fabuleux
173 vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme de Don Juan . Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère moins chaste, mais toute
174 mais toute son œuvre mène le train d’enfer d’un «  Don Juan de la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le
175 t ni d’où il vient ni où il va. IKierkegaard et Don Juan C’est au cœur des grands bois du Nord de la Seeland, un soir d’été
176 que l’orchestre attaquait la musique du ballet de Don Juan , ils se sentirent transfigurés, et comme frappés de respect pour un e
177 lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de Don Juan , comme Elvire : — Toi, meurtrier de mon bonheur ! Car en vérité, cett
178 kegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de Don Juan , tentation permanente et toujours refoulée. C’est pourquoi personne d
179 mieux jugé ce mythe. La thèse de Kierkegaard sur Don Juan rejoint Mozart dans sa génialité : elle réinvente la structure du dra
180 a parole ; seule la musique peut l’exprimer ». Si Don Juan représente le désir pur, dans sa génialité irrésistible et démoniaque
181 e étant ce que l’esprit exclut », l’expression de Don Juan ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conform
182 peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conforme au mythe24, c’est le Don Giovanni de Mozart. Voici son signa
183 Mozart. Voici son signalement selon Kierkegaard. Don Juan est une puissance, et non pas une personne : Quand Don Juan est conç
184 t une puissance, et non pas une personne : Quand Don Juan est conçu musicalement, j’entends en lui tout l’infini, mais aussi la
185 et l’obstacle n’est qu’un stimulant. Je trouve en Don Juan une vie ainsi animée d’un démoniaque puissant et irrésistible, à la f
186 e personne ou individu, mais comme puissance.25 Don Juan est un mouvement, une tension pure, ou n’est plus rien. Lancé comme u
187 ochet. Irresponsable comme toute force naturelle, Don Juan incarne donc, si l’on ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit p
188 malheureuse pour avoir été une fois heureuse avec Don Juan serait une pauvre fille. Don Juan est convaincu que « l’expression vé
189 s heureuse avec Don Juan serait une pauvre fille. Don Juan est convaincu que « l’expression véritable de la femme consiste en sa
190 ins s’il l’a vraiment séduite.26 » L’érotisme de Don Juan s’oppose à l’Éros antique, qui était psychique et non sensuel, « et c
191 vient que la musique est son parfait médium. Pour Don Juan , « la féminité tout à fait abstraite est l’essentiel », l’individuali
192 de moments distincts… une addition d’instants », Don Juan ne saurait avoir de biographie : le doter d’une enfance et d’une jeun
193 de l’instant. Il est donc seul capable de dompter Don Juan , nulle puissance du monde n’en ayant eu raison. Cette description du
194 echnique) retenons cette observation centrale : «  Don Juan donne leur intérêt à tous les autres personnages… Sa passion met la p
195 des autres en mouvement. Elle résonne partout ». Don Juan n’étant pas caractère, mais puissance et vie, donc « absolument music
196 onnages, qui ne sont que passions déterminées par Don Juan , sont dans cette mesure même musicaux. « On peut arriver pendant la r
197 tre, par ce que ce centre, qui est la vitalité de Don Juan , se trouve partout. » Le seul personnage qui semble faire exception e
198 tan Kierkegaard fut pourtant le contraire d’un Don Juan . Dans ses rapports avec son œuvre, son action publique, et sa vocatio
199 ntaines de pages enthousiastes et lyriques sur le Don Juan de la légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voir
200 onnées essentielles d’une personne. Qu’est-ce que Don Juan pour ce célibataire parfaitement libre de mener sa vie comme il lui p
201 son génie d’écrivain et sa vocation religieuse ? Don Juan est de toute évidence la figure de lui-même qui le tente le plus : c’
202 ’être anachorète, le séducteur devient son mythe. Don Juan devient son ombre, plus brillante que lui-même, et qu’il doit exalter
203 e du temps » — ce temps qui toujours « manque » à Don Juan . Cependant, le Mari n’entend pas éluder la difficulté fondamentale du
204 kegaard est derrière les pseudonymes, exaltant un Don Juan qu’il refuse, mais qui demeure sa possibilité ; il n’est pas derrière
205 de l’Éros animique que symbolisent les mythes de Don Juan et de Tristan. Suivons maintenant les phases de leur grande polémique
206 exprime consciemment —, Tristan s’est évanoui et Don Juan domine tout. Wagner n’est plus « mon noble compagnon d’armes » mais «
207 ments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à la Don Juan . Il y a plus. Le don-juanisme érotique n’est guère pour Nietzsche qu’
208 t qu’amant de la « Sagesse », qui se croit devenu Don Juan , et qui se définit comme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameron
209 i sans doute le texte capital : Une fable. — Le Don Juan de la connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a encore déco
210 .47 Le rythme allègre ou endiablé, le presto de Don Juan , son humeur insolente et gaie, la désinvolture de grand seigneur avec
211 a Morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le Don Juan de la connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le droit fil d
212 ne sont-elles pas sœurs ?48 » Au comble du défi, Don Juan vient de surprendre la vérité secrète de son pire Adversaire. Qui sai
213 ’est le Chant de Minuit saluant l’Éternité, quand Don Juan meurt avec le temps et la succession des moments. C’est la vision du
214 ion du Retour éternel qui subitement « cloue » le Don Juan de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même qui tend la main au Comm
215 n peut résumer dans cette alternative : — ou bien Don Juan , ou bien le Tristan de la Foi. Était-ce vraiment la destinée de Nietz
216 ci rappelée en quelques phrases : Considérons le Don Juan du théâtre comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abo
217 ure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Juan toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
218 s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que Don Juan , toujours aimé, ne peut aimer en retour. D’où son angoisse et sa cour
219 haste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan , c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
220  ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Don Juan se rend donc tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin
221 la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
222 joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
223 mots : Tristan, triste temps, joyeuse éternité. —  Don Juan , joyeux moments, éternité d’enfer. Un contraste aussi pur, terme à te
224 n complémentaire au sens de la physique actuelle. Don Juan n’est pas concevable sans Tristan, et sans lui n’eût pas vu le jour.
225 on d’autant plus radicale de l’autre. (Pire qu’un Don Juan , pire qu’un Tristan, seraient un Don Juan marié ou un Tristan coureur
226 e qu’un Don Juan, pire qu’un Tristan, seraient un Don Juan marié ou un Tristan coureur.) Enfin, pour la Psychologie, toute appar
227 l’affectivité d’un même individu sont dissociées, Don Juan peut régir telle d’entre elles, Tristan telle autre. La filiation des
228 légende de Tristan date du xiie siècle, celle de Don Juan ne remonte guère qu’à la Renaissance, et ne s’est vraiment constituée
229 evait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
230 andeur et la courtoisie.50. » Observons aussi que Don Juan succède normalement à Tristan, comme le cosmopolite au féodal. Si Tri
231 e ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de Don Juan ne relève que du nomadisme ; elle traduit l’infidélité systématique d
232 ition au niveau politique51. Mais le nomadisme de Don Juan n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne. Les succès du héros,
233 r un peu ce qu’il en est. En ce sens, uniquement, Don Juan procède d’un état de civilisation bien antérieur au christianisme, et
234 surcompensé cet échec par la passion ; tandis que Don Juan serait un Tristan manqué, pour avoir reculé à la fois devant le socia
235 utre en faire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan . Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouv
236 ire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan. Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et l
237 nable que de la cueillir aussi. » Il est vrai que Don Juan « raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oubli
238 ant contenté de la « goûter ». Dona Anna poursuit Don Juan de sa haine, parce que, selon la légende primitive — que nous rappell
239 e, le sens est clair : le refus de la durée, chez Don Juan , équivaut au refus de la vraie possession, qui implique échange et do
240 ! Il n’est que juste d’observer d’ailleurs que le Don Juan mangeur de pommes, qu’on vient de citer, reste un peu court. Il n’acc
241 biologique, le mariage est un devoir civique, et Don Juan serait alors la liberté, un reflet inversé de l’esprit que l’on nie.
242 blème dans sa vie est seul en mesure de condamner Don Juan et Tristan à la fois ; mais il n’a plus de raisons de le faire… Le B
243 Masques vengeurs s’avancent en pleine lumière, et Don Juan les invite, provoquant le destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.)
244 mme on croise l’épée, toutes forces en alerte, et Don Juan d’une voix forte s’écrie : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive la lib
245 rois Masques, Zerline et son fiancé se joignent à Don Juan et à Leporello. Viva la libertà éclate à douze reprises, clamé par de
246 neur ; pour Zerline, c’est de succomber ; et pour Don Juan de conquérir. Ici donc la morale des principes, la morale des esclave
247 crient toutes : Vive la Loi ! Seule la liberté de Don Juan , qui d’ailleurs mène le chœur, fait exception : elle veut braver le d
248 concrète, et qui lui échappe. Point d’amour pour Don Juan , le désir seul ; ni de prochain, mais seulement des objets. Mais pour
249 té de leur expression mythique, l’extraversion de Don Juan et l’introversion de Tristan anéantissent, chacun à sa manière, la ré
250 ent, chacun à sa manière, la réalité du prochain. Don Juan et Tristan, symboles de l’âme, ne sont en fait que deux manières d’ai
251 uêtes faciles. (Mais je ne sais où l’on prend que Don Juan les dédaigne ? N’aurait-on jamais lu le Catalogue ?) Entendu, accordé
252 ?) Entendu, accordé pour l’essentiel. Mais quoi ! Don Juan n’a jamais existé, il est un mythe ; et la plus grande différence ent
253 it très bien la parenté des mythes de Faust et de Don Juan (voir notamment le développement sur Marguerite, dans Ou bien… ou bie
254 i bien informé de Mlle Micheline Sauvage : Le Cas Don Juan (une seule lacune, presque incroyable : Kierkegaard n’y est pas même
255 je trouve ces formules adroitement balancées : «  Don Juan et Faust sont des gémeaux mythiques… moitiés complémentaires d’un êtr
256 hiques… moitiés complémentaires d’un être double… Don Juan est intelligent, épris de clair savoir, il a une tête faustienne, Fau
257 n cœur donjuanesques… Faust est l’intelligence de Don Juan  ; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura que Don Ju
258 uanesques… Faust est l’intelligence de Don Juan ; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura que Don Juan et Faust
259 t l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura que Don Juan et Faust cherchent tous deux l’absolu, et que le héros unique s’appel
260 e Faust quand il demande cet absolu à la science, Don Juan quand il le demande à la volupté. » Etc. 29. Étapes sur le Chemin d
261 de Montherlant : Sur les femmes. 54. Otto Rank : Don Juan , une étude sur le double, 1922. — À propos de Dona Anna : les biograp
262 doutaient pas un instant que Dona Anna ait cédé à Don Juan , prenant (ou non) « l’homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur de
263 Anna qui appelle son père, au moment où elle sent Don Juan prêt à s’enfuir, un peu trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi »
264 ussi que Dona Anna, si elle déclare sa haine pour Don Juan , n’est pas pressée d’épouser Don Ottavio… 55. Mon Journal d’Allemag
40 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes II. Les deux âmes d’André Gide
265 ux de sa victime consentante… Le nomadisme, ou Don Juan « Bondir à l’autre extrémité de soi-même » étant l’un des mouvemen
266 es de Gide66, considérons en lui sans transition, Don Juan . C’est pendant son voyage de noces, pendant qu’il vit l’échec atroce
267 s terrestres, bréviaire du nomadisme dionysiaque. Don Juan surgit comme pour venger la douleur inhumaine de Tristan. Il se dégui
268 t du refus d’assumer l’autre, caractéristiques de Don Juan . « Gide ne tient pas en place — note Jean Paulhan. Il préfère la chas
269 et sans lendemain, presto et fuite perpétuelle de Don Juan  ! Ici l’artiste et l’homme se confondent, dans la même impatience des
270 devenant la proie de « Tristan » et l’autre de «  Don Juan  » ? A-t-il été victime des dieux, j’entends des mythes ? Ou d’une ori
271 is Tristan, voyez mon âme, c’est un ange. Je suis Don Juan , voyez mon corps, bête innocente… Ce qui se traduit en termes de mora
272 scarabée79 » les figures alternées de Tristan et Don Juan . Ces deux « extrêmes » dont il s’était loué d’avoir su protéger la « 
273 pour Wagner, « une aversion passionnée ». Quant à Don Juan , le personnage était bien fait pour le scandaliser. L’action de nos d
274 ent la volonté d’opposer brutalement l’ici-bas de Don Juan à l’au-delà angélique de Tristan. 68. J. Delay, op. cit., II, p. 59
41 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — La personne, l’ange et l’absolu ou Le dialogue Occident-Orient
275 ements. C’est la liberté négative revendiquée par Don Juan contre les conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « s
42 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — L’amour même
276 contre l’amour en tant que force d’individuation. Don Juan ne choisit pas, il désire toutes les femmes, et ce désir fait, de cha
277 ymbolise avec une grande simplicité dans l’opéra, Don Juan n’est plus qu’un corps, qu’on nous montre mangeant, buvant et célébra
278 ’objets, non de concepts.) Déviations typiques : Don Juan . Aberrations de l’instinct. Naturisme mystique. (C’est l’utopie magiq
43 1961, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). La personne, l’ange et l’absolu, ou le dialogue Occident-Orient (avril 1961)
279 ements. C’est la liberté négative revendiquée par Don Juan contre les conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « s
44 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
280 vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme de Don Juan . Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère moins chaste, mais toute
281 mais toute son œuvre mène le train d’enfer d’un «  Don Juan de la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le
282 it ni d’où il vient ni où il va. Kierkegaard et Don Juan C’est au cœur des grands bois du Nord de la Seeland, un soir d’été
283 que l’orchestre attaquait la musique du ballet de Don Juan , ils se sentirent transfigurés, et comme frappés de respect pour un e
284 lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de Don Juan , comme Elvire : — Toi, meurtrier de mon bonheur ! Car en vérité, cett
285 kegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de Don Juan , tentation permanente et toujours refoulée. C’est pourquoi personne d
286 mieux jugé ce mythe. La thèse de Kierkegaard sur Don Juan rejoint Mozart dans sa génialité : elle réinvente la structure du dra
287 a parole ; seule la musique peut l’exprimer ». Si Don Juan représente le désir pur, dans sa génialité irrésistible et démoniaque
288 e étant ce que l’esprit exclut », l’expression de Don Juan ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conform
289 peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Juan conforme au mythe95, c’est le Don Giovanni de Mozart. Voici son signa
290 Mozart. Voici son signalement selon Kierkegaard. Don Juan est une puissance, et non pas une personne : Quand Don Juan est conç
291 t une puissance, et non pas une personne : Quand Don Juan est conçu musicalement, j’entends en lui tout l’infini, mais aussi la
292 et l’obstacle n’est qu’un stimulant. Je trouve en Don Juan une vie ainsi animée d’un démoniaque puissant et irrésistible, à la f
293 e personne ou individu, mais comme puissance.96 Don Juan est un mouvement, une tension pure, ou n’est plus rien. Lancé comme u
294 ochet. Irresponsable comme toute force naturelle, Don Juan incarne donc, si l’on ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit p
295 malheureuse pour avoir été une fois heureuse avec Don Juan serait une pauvre fille. Don Juan est convaincu que « l’expression v
296 heureuse avec Don Juan serait une pauvre fille. Don Juan est convaincu que « l’expression véritable de la femme consiste en sa
297 ins s’il l’a vraiment séduite ».97 L’érotisme de Don Juan s’oppose à l’Éros antique, qui était psychique et non sensuel, « et c
298 vient que la musique est son parfait médium. Pour Don Juan , « la féminité tout à fait abstraite est l’essentiel », l’individuali
299 de moments distincts…, une addition d’instants », Don Juan ne saurait avoir de biographie : le doter d’une enfance et d’une jeun
300 de l’instant. Il est donc seul capable de dompter Don Juan , nulle puissance du monde n’en ayant eu raison. Cette description du
301 nique)101 retenons cette observation centrale : «  Don Juan donne leur intérêt à tous les autres personnages… Sa passion met la p
302 des autres en mouvement. Elle résonne partout. » Don Juan n’étant pas caractère, mais puissance et vie, donc « absolument music
303 onnages, qui ne sont que passions déterminées par Don Juan , sont dans cette mesure même musicaux. « On peut arriver pendant la r
304 ntre, parce que ce centre, qui est la vitalité de Don Juan , se trouve partout. » Le seul personnage qui semble faire exception e
305 tan Kierkegaard fut pourtant le contraire d’un Don Juan . Dans ses rapports avec son œuvre, son action publique, et sa vocatio
306 ntaines de pages enthousiastes et lyriques sur le Don Juan de la légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voir
307 onnées essentielles d’une personne. Qu’est-ce que Don Juan pour ce célibataire parfaitement libre de mener sa vie comme il lui p
308 son génie d’écrivain et sa vocation religieuse ? Don Juan est de toute évidence la figure de lui-même qui le tente le plus : c’
309 ’être anachorète, le séducteur devient son mythe. Don Juan devient son ombre, plus brillante que lui-même, et qu’il doit exalter
310 e du temps » — ce temps qui toujours « manque » à Don Juan . Cependant, le Mari n’entend pas éluder la difficulté fondamentale du
311 rkegaard est derrière les pseudonymes exaltant un Don Juan qu’il refuse, mais qui demeure sa possibilité ; il n’est pas derrière
312 de l’Éros animique que symbolisent les mythes de Don Juan et de Tristan. Suivons maintenant les phases de leur grande polémique
313 exprime consciemment —, Tristan s’est évanoui et Don Juan domine tout. Wagner n’est plus « mon noble compagnon d’armes » mais «
314 ments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à la Don Juan . Il y a plus. Le donjuanisme érotique n’est guère pour Nietzsche qu’u
315 nt qu’amant de la « Sagesse » qui se croit devenu Don Juan , et qui se définit comme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameron
316 i sans doute le texte capital : Une fable. — Le Don Juan de la connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a encore déco
317 121 Le rythme allègre ou endiablé, le presto de Don Juan , son humeur insolente et gaie, la désinvolture de grand seigneur avec
318 a morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le Don Juan de la connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le droit fil d
319 e sont-elles pas sœurs ? »122 Au comble du défi, Don Juan vient de surprendre la vérité secrète de son pire Adversaire. Qui sai
320 ’est le Chant de Minuit saluant l’Éternité, quand Don Juan meurt avec le temps et la succession des moments. C’est la vision du
321 ion du Retour éternel qui subitement « cloue » le Don Juan de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même, qui tend la main au Com
322 n peut résumer dans cette alternative : — ou bien Don Juan , ou bien le Tristan de la Foi. Était-ce vraiment la destinée de Nietz
323 uêtes faciles. (Mais je ne sais où l’on prend que Don Juan les dédaigne ? N’aurait-on jamais lu le Catalogue ?) Entendu, accordé
324 ?) Entendu, accordé pour l’essentiel. Mais quoi ! Don Juan n’a jamais existé, il est un mythe ; et la plus grande différence ent
325 it très bien la parenté des mythes de Faust et de Don Juan . (Cf. notamment le développement sur Marguerite, dans Ou bien… ou bie
326 i bien informé de Mlle Micheline Sauvage : Le Cas Don Juan (une seule lacune, presque incroyable : Kierkegaard n’y est pas même
327 je trouve ces formules adroitement balancées : «  Don Juan et Faust sont des gémeaux mythiques… moitiés complémentaires d’un êtr
328 hiques… moitiés complémentaires d’un être double… Don Juan est intelligent, épris de clair savoir, il a une tête faustienne ; Fa
329 n cœur donjuanesques… Faust est l’intelligence de Don Juan  ; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conciliera que Don
330 uanesques… Faust est l’intelligence de Don Juan ; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conciliera que Don Juan et Fau
331 l’érotisme de Faust… Le romantisme conciliera que Don Juan et Faust cherchent tous deux l’absolu, et que le héros unique s’appel
332 e Faust quand il demande cet absolu à la science, Don Juan quand il le demande à la volupté. » Etc. 101. Dans un ouvrage hautem
333 usicale des personnages dans Les Noces de Figaro, Don Juan , La Flûte enchantée) par F. A. Breydert, je ne trouve rien qui ne con
45 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
334 ci rappelée en quelques phrases : Considérons le Don Juan du théâtre comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abo
335 ure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Juan toujours dressé sur ses ergots, prêt à bondir quand par hasard il vie
336 s besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que Don Juan , toujours aimé, ne peut pas aimer en retour. D’où son angoisse et sa
337 haste la « prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan , c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le te
338  ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Don Juan se rend donc tributaire de la morale dont il abuse. Il a grand besoin
339 la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du mon
340 joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la mort lorsque le Commandeur lui
341 mots : Tristan, triste temps, joyeuse éternité. —  Don Juan , joyeux moments, éternité d’enfer. Un contraste aussi pur, terme à te
342 n complémentaire au sens de la physique actuelle. Don Juan n’est pas concevable sans Tristan, et sans lui n’eût pas vu le jour.
343 on d’autant plus radicale de l’autre. (Pire qu’un Don Juan , pire qu’un Tristan, seraient un Don Juan marié ou un Tristan coureur
344 e qu’un Don Juan, pire qu’un Tristan, seraient un Don Juan marié ou un Tristan coureur.) Enfin, pour la Psychologie, toute appar
345 l’affectivité d’un même individu sont dissociées, Don Juan peut régir telle d’entre elles, Tristan telle autre. La filiation des
346 légende de Tristan date du xiie siècle, celle de Don Juan ne remonte guère qu’à la Renaissance, et ne s’est vraiment constituée
347 evait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xviiie , du moins ce sièc
348 andeur et la courtoisie.124 Observons aussi que Don Juan succède normalement à Tristan, comme le cosmopolite au féodal. Si Tri
349 e ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de Don Juan ne relève que du nomadisme ; elle traduit l’infidélité systématique d
350 tion au niveau politique125. Mais le nomadisme de Don Juan n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne. Les succès du héros,
351 r un peu ce qu’il en est. En ce sens, uniquement, Don Juan procède d’un état de civilisation bien antérieur au christianisme, et
352 surcompensé cet échec par la passion ; tandis que Don Juan serait un Tristan manqué, pour avoir reculé à la fois devant le socia
353 utre en faire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan . Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouv
354 ire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan. Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et l
355 nable que de la cueillir aussi. » Il est vrai que Don Juan « raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oubli
356 ant contenté de la « goûter ». Dona Anna poursuit Don Juan de sa haine, parce que selon la légende primitive — que nous rappelle
357 e, le sens est clair : le refus de la durée, chez Don Juan , équivaut au refus de la vraie possession, qui implique échange et do
358 ! Il n’est que juste d’observer d’ailleurs que le Don Juan mangeur de pommes qu’on vient de citer reste un peu court. Il n’accéd
359 biologique, le mariage est un devoir civique, et Don Juan serait alors la liberté, un reflet inversé de l’esprit que l’on nie.
360 blème dans sa vie est seul en mesure de condamner Don Juan et Tristan à la fois ; mais il n’a plus de raison de le faire…   Le
361 Masques vengeurs s’avancent en pleine lumière, et Don Juan les invite, provoquant le destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.)
362 mme on croise l’épée, toutes forces en alerte, et Don Juan s’écrie d’une voix forte : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive la lib
363 rois Masques, Zerline et son fiancé se joignent à Don Juan et à Leporello. Viva la libertà éclate à douze reprises, clamé par de
364 neur ; pour Zerline, c’est de succomber ; et pour Don Juan de conquérir. Ici donc la morale des principes, la morale des esclave
365 crient toutes : Vive la Loi ! Seule la liberté de Don Juan , qui d’ailleurs mène le chœur, fait exception : elle veut braver le d
366 concrète, et qui lui échappe. Point d’amour pour Don Juan , le désir seul ; ni de prochain, mais seulement des objets. Mais pour
367 té de leur expression mythique, l’extraversion de Don Juan et l’introversion de Tristan anéantissent, chacune à sa manière, la r
368 nt, chacune à sa manière, la réalité du prochain. Don Juan et Tristan, symboles de l’âme, ne sont en fait que deux manières d’ai
369 de Montherlant, Sur les femmes. 128. Otto Rank, Don Juan , une étude sur le Double, 19-2. — À propos de Dona Anna : les biograp
370 doutaient pas un instant que Dona Anna ait cédé à Don Juan , prenant (ou non) « l’homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur de
371 Anna qui appelle son père, au moment où elle sent Don Juan prêt à s’enfuir, un peu trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi »
372 ussi que Dona Anna, si elle déclare sa haine pour Don Juan , n’est pas pressée d’épouser Don Ottavio… 129. Mon Journal d’Allem
46 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
373 ’objets, non de concepts). Déviations typiques : Don Juan . Aberrations de l’instinct. Naturisme mystique. (C’est l’utopie magiq
47 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Septième Partie. L’Ère des fédérations. De l’Unité de culture à l’union politique
374 orps nouveaux : Achille, Œdipe, Sémiramis, Faust, Don Juan . La dernière œuvre d’André Gide, et la plus mûre, fut un Thésée 319.
48 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
375 romans au vrai sens du terme, puis la légende de Don Juan , qui en est le négatif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques,
49 1969, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). Une longue et vieille histoire (7 juin 1969)
376 prestige et de la richesse autant que de l’épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire de l’Astrée, de Pétrarque
50 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
377 romans au vrai sens du terme, puis la légende de Don Juan , qui en est le négatif. Le mythe de Faust, version renaissante de Pro
51 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
378 sser par en haut — Tristan — l’autre par en bas — Don Juan . Nous versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est
379 autre. Tristan est l’homme d’un seul amour fatal. Don Juan , héros d’un siècle cynique, le xviiie , incapable de passion, est l’a
52 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
380 ens sur le plan de l’amour : Tristan, d’un côté ; Don Juan , de l’autre. Tous deux adversaires du mariage. Tristan, parce qu’il d
381 il meurt, joyeusement. Puis, en deçà du mariage, Don Juan qui ne peut se fixer sur aucune femme, qui essaie toujours de trouver
53 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
382 le moine au comte-duc, c’est-à-dire Raspoutine à Don Juan , on ne voit, me dites-vous, ni cathares ni jongleurs. Robert est cath
54 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
383 serait mieux, je crois, il leur reste le mythe de Don Juan , ce cliché négatif de Tristan : la surprise opposée à la fidélité, l’
55 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
384 Rougemont : Les Mythes européens, de Prométhée à Don Juan . André Reszler : Les Mythes nationaux. Jacques Vigne : Régionalisme e
56 1975, Articles divers (1974-1977). L’amour (1975)
385 Marc peut devenir tour à tour le Commandeur dans Don Juan , le comte Mosca dans La Chartreuse de Parme, ou le digne et terne mar
386 retirer du monde et des passions mondaines. De Don Juan à Sade Le xviiie siècle offre l’exemple inverse d’un affaiblissem
387 gère éclipse du mythe. De Molière à Mozart, c’est Don Juan qui occupe la scène de sa présence insolente, bondissante, mais secrè
388 ente, bondissante, mais secrètement anxieuse. Or, Don Juan est l’antithèse de Tristan, son négatif parfait : infidèle par défini
389 atal mais dans lequel il trouvait toute la Femme. Don Juan viole toutes les règles de la cortezia et devient le héros du siècle
390 donjuanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan , c’est le désir féminin qui crée « l’homme sans visage », l’homme d’u
57 1975, Tapuscrits divers (1980-1985). L’érotisme (août 1975)
391 lement la forme littéraire de la sexualité… 4. Don Juan contre Tristan Le xviii e dissocie l’érotique. Tout est sexe et le
392 prestige et de la richesse autant que de l’épée. Don Juan a remplacé Tristan. Seul Rousseau s’inspire encore de la cortezia des
58 1979, Articles divers (1978-1981). Le mythe et l’opéra (1979)
393 hédoniste jusqu’à la provocation devant la mort. Don Juan autant que Faust sera son héros tragique. Reflet inversé de Tristan,
394 teur de celui qu’hypnotise un objet merveilleux : Don Juan est l’anti-Tristan. Parce qu’il est l’autre pôle du mythe de la passi
395 nt les « beaux masques » vengeurs, vêtus de noir. Don Juan d’un balcon les accueille et salue, cependant que se font entendre da
59 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
396 « la Tétralogie de Chéreau » comme on admire « le Don Juan … de Losey ». Le metteur en scène devient le « seul et dictatorial ‟c
60 1985, Articles divers (1982-1985). Quelques-uns de mes écrivains : anecdotes (1985)
397 n’ose plus vous serrer la main ! J’ai peur d’être Don Juan au dernier acte… » Il s’arrête. « June homme ! Moi, je vais vous en d