1 1950, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 s millions de naïfs dans nos pays, 14 millions en Europe , paraît-il, ont succombé à ce raisonnement d’une écrasante simplicité
2 estion très précise et concrète. D’où vient que l’ Europe ait régné sur le monde, incontestablement depuis quatre ou cinq siècl
3 ives de cette puissance paradoxale ? La péninsule Europe ne représente, en effet, que 5 % des terres du globe. Ni son étendue,
4 rvenus. En fait le rayonnement, la puissance de l’ Europe ont résulté tout à la fois de ses conceptions religieuses et morales,
5 oup, que la plupart de nos contemporains, même en Europe , prennent au sérieux, pratiquement, ce secret de leur force. Ce qui e
6 ançais, déplorant, à juste titre, que l’Assemblée européenne fût privée du droit de s’occuper des choses militaires et des choses
7 qui pourraient être appelés un jour à défendre l’ Europe et qui ne le feront pas si le point de vue de l’adversaire les a, par
8 — j’insiste sur le mot « pratiquement » — point d’ Europe sans culture, point de culture sans libre discussion, point de libert
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
9 Comment fabriquer un Européen  ?b C’est absolument impossible. Et je vais essayer de dire pourquo
10 t homme sera tout ce qu’on voudra, mais jamais un Européen . À l’appui de cette thèse absolue, j’invoquerai tout d’abord deux exe
11 re enfance, — n’y touchons plus. Mais prenez deux Européens de nations différentes, si possible. Mariez leur fils avec la fille d
12 le. Mariez leur fils avec la fille de deux autres Européens . Attendez une génération. Répétez le processus quatre ou cinq fois. L
13 sives, et tirez le rideau. Mais pour fabriquer un Européen , que prendrez-vous ? Si vous mélangez toutes nos nationalités, au has
14 ois aucun espoir d’obtenir par de tels procédés l’ Européen synthétique ou moyen : nos vertus, nos croyances, nos partis pris vit
15 le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’ Européen est par essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin
16 urnis. Il n’existe donc pas, il ne peut exister d’ Européen moyen, résumant les vertus et les défauts contradictoires du continen
17 uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’ Europe . Et c’est pourquoi faire un Européen, ce serait tenter de faire quelq
18 qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi faire un Européen , ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait plus à
19 quelque chose qui ne ressemblerait plus à rien d’ européen . Après tout, pourquoi voudrait-on « fabriquer » des Européens ? C’est
20 près tout, pourquoi voudrait-on « fabriquer » des Européens  ? C’est uniquement parce que l’on veut unir les 25 États souverains q
21 union sous forme de mélange. Il nous faut faire l’ Europe , voilà le vrai problème. Pour la faire, il nous faut partir des quelq
22 st un cas absolument unique. Ce qu’il y a de plus européen chez les habitants de notre cap, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appar
23 Certes, il y a d’autres liens entre les hommes d’ Europe . Il y a leur héritage commun de civilisation, de valeurs spirituelles
24 , mis au pas, ou froidement liquidés. L’éducation européenne consistera donc non point à fabriquer de l’Européen moyen, mais bien
25 péenne consistera donc non point à fabriquer de l’ Européen moyen, mais bien à réveiller en chacun de nous, tels que nous sommes,
26 uis à vouloir le moyen de les sauver. L’éducation européenne devra montrer que nos libertés dépendent en fait de notre droit de di
27 éateur. Et que c’est cela qui fait la valeur de l’ Europe . Et que c’est cela précisément qui est menacé. Et qu’il n’est plus d’
28 auver nos diversités. b. « Comment fabriquer un Européen  ? », Notre Europe, Strasbourg, n° 3, mars 1951, p. 41-44.
29 . b. « Comment fabriquer un Européen ? », Notre Europe , Strasbourg, n° 3, mars 1951, p. 41-44.
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
30 Quand on nous dit : « Vous ne pourriez défendre l’ Europe qu’en opposant à ses ennemis une idéologie plus puissante que la leur
31 ait. Rendus conscients des forces véritables de l’ Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’abs
4 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
32 iment de participation choisie (Rilke à travers l’ Europe  ; Gide en Afrique ; D. H. Lawrence en Italie et chez les Indiens du M
33 mands, les Espagnols, les Russes et ceux de l’Est européen ). Certains, enfin, parlent en quête d’une communauté à rejoindre où à
5 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
34 iait naguère dans l’hémicycle de Strasbourg : « L’ Europe vit, depuis des années, de la peur des Russes et de la charité des Am
35 des raisons connues de chacun. Tout d’abord, les Européens refusent de se croire aussi nombreux qu’ils sont, parce qu’ils n’ont
36 ils n’ont pas encore pris l’habitude de se sentir Européens . Au lieu d’un bloc à peu près aussi grand que les deux autres additio
37 durera jusqu’au réveil qu’il s’agit de provoquer. Europe , jadis, fut enlevée à l’Asie par une fougueuse divinité de l’Occident
38 ident : Jupiter changé en Taureau. On nous dit qu’ Europe , aujourd’hui, risque à nouveau d’être séduite, cette fois-ci par un O
39 e certains députés de Strasbourg : l’enlèvement d’ Europe par un escargot ! La prudence a montré ce qu’elle savait faire. Si l’
40 ontré ce qu’elle savait faire. Si l’on veut que l’ Europe survive, l’heure est venue de l’impatience créatrice. Je n’imagine pa
41 ine pas de meilleur mot d’ordre pour une Campagne européenne de la jeunesse. g. « L’Heure de l’impatience », Jeunesse d’Europe :
42 sse. g. « L’Heure de l’impatience », Jeunesse d’ Europe  : bulletin d’information de la Campagne européenne de la jeunesse, Pa
43 d’Europe : bulletin d’information de la Campagne européenne de la jeunesse, Paris, n° 1, mars 1952, p. 1.
6 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
44 Les foyers de culture et l’ Europe (octobre 1952)h Je vais limiter mon exposé à un seul thème, un thè
45 n exposé à un seul thème, un thème-cathédrale : l’ Europe . La thèse que je vais développer rapidement pourrait s’exprimer de ce
46 cette manière, sous sa forme la plus brutale : l’ Europe égale les foyers de culture, ou : les foyers de culture sont l’Europe
47 ers de culture, ou : les foyers de culture sont l’ Europe . Je précise tout de suite que je prends le terme foyer de culture au
48 ai aussi que les foyers de culture qui ont fait l’ Europe jouaient, à d’autres époques, un rôle différent de celui qu’ils aurai
49 ai la leçon de l’histoire ; avant le Moyen Âge, l’ Europe s’est faite à partir des seuls foyers de culture existants : les couv
50 re humaniste, née comme une création commune de l’ Europe , se fragmente en toutes sortes de petits morceaux. On ne peut plus di
51 rtes de petits morceaux. On ne peut plus dire : l’ Europe , c’est une forme de culture, la substance de la culture est ignorée d
52 a masse des populations, comme l’est le sens de l’ Europe . Pourtant, cette culture existe, elle se poursuit. Comment pourra-t-e
53 de dominer tout le xxe siècle : la création de l’ Europe unie, contre les dictatures et contre l’anarchie. L’homme européen do
54 ntre les dictatures et contre l’anarchie. L’homme européen doit pouvoir réaliser sa vocation particulière dans le groupe humain
55 e groupe humain où il se retrouve inséré. Faire l’ Europe , c’est d’abord former des hommes. Tout le reste est affaire d’ingénie
56 fruits d’une grande circulation commune à toute l’ Europe , elle est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y a pas
57 ouverture aux échanges universels. Il n’y a pas d’ Europe vivante sans ces deux courants. Je reviens toujours à ces réalités :
58 Je reviens toujours à ces réalités : pour faire l’ Europe , il faut que les foyers par centaines et par milliers, si possible, a
59 ner un contenu humain à la construction de l’idée européenne  ; vie et chaleur lui viendront de la réalité quotidienne. 3° Il ne fa
60 e la réalité quotidienne. 3° Il ne faut pas que l’ Europe se fabrique comme un immense trust super-étatique, construction sans
61 que les foyers collaborent à la constitution de l’ Europe , mais aussi qu’ils défendent la diversité européenne contre le germe
62 ’Europe, mais aussi qu’ils défendent la diversité européenne contre le germe de tyrannie que peut contenir l’aspiration à l’unité.
63 bles, condition nécessaire à la construction de l’ Europe . Nous devons être en garde constamment d’une part contre une espèce d
64 entre les communautés locales et l’ensemble de l’ Europe . Vous remarquerez que je saute à dessein le stade national, intermédi
65 internationale. Il s’agit de passer de l’ensemble européen aux implantations locales, et du foyer local directement à l’Europe.
66 ations locales, et du foyer local directement à l’ Europe . Pour en venir à des propositions plus pratiques, je proposerai que s
67 ratiques, je proposerai que s’établisse un réseau européen de distribution de livres, de brochures, de revues, de journaux, de
68 enir un centre de diffusion locale de ce matériel européen , si vous permettez cette expression. Chaque foyer serait une sorte de
69 t une sorte de haut-parleur diffusant l’idée de l’ Europe , et, en même temps, un champ d’expérience pour des réalisations concr
70 si cela est nécessaire. De cette manière, l’idée européenne pourrait vraiment s’incarner. Pour préciser encore, je voudrais que c
71 s grand nombre possible d’organisations au niveau européen , comme le Conseil des communes d’Europe, par exemple ; le Centre euro
72 niveau européen, comme le Conseil des communes d’ Europe , par exemple ; le Centre européen de la culture peut mettre à la disp
73 vingtaine de sujets différents concernant la vie européenne et contenant chacun un thème, quelques arguments, quelques chiffres,
74 une demi-heure. En collaboration avec la Campagne européenne de la jeunesse, nous avons pu mettre en circulation 22 ou 23 de ces p
75 stes de conférenciers, choisis dans tous les pays européens , avec le temps dont ils disposent, les horaires qu’ils ont déjà prévu
76 d’information sur l’état actuel de l’organisation européenne , les positions à prendre sur différents sujets et les possibilités d’
77 des associations des guildes du livre, des clubs européens , et des festivals de musique. Ceux-ci groupent, à l’heure actuelle, 1
78 actuelle, 15 des plus grands festivals de musique européenne . En nouant des liens avec eux, il serait possible de monter des repré
79 galement notre Association des instituts d’études européennes , dont les résultats sont remarquables. Enfin, il y aurait lieu d’étud
80 foyers de culture, celle par exemple du Chantier européen , qui établit des sentiers allant du nord de l’Écosse au sud de l’Ital
81 . Voici une belle idée de circulation à travers l’ Europe — et pas seulement pour les jeunes, car il y a aussi des vieillards q
82 ais les maisons de culture sont là pour « bâtir l’ Europe  », non pour organiser les tournois de ping-pong. Elles sont là pour d
83 tieux sur ce terme de culture, car, à mon sens, l’ Europe de demain, l’Europe unie, vaudra exactement ce que vaudront ces centa
84 e culture, car, à mon sens, l’Europe de demain, l’ Europe unie, vaudra exactement ce que vaudront ces centaines et ces milliers
85 de Communauté. h. « Les foyers de culture et l’ Europe  », Les Foyers de culture et l’Europe (Reims, octobre 1952), Paris, Mo
86 culture et l’Europe », Les Foyers de culture et l’ Europe (Reims, octobre 1952), Paris, Mouvement européen / Secrétariat intern
87 l’Europe (Reims, octobre 1952), Paris, Mouvement européen / Secrétariat international pour la jeunesse, 1952, p. 7-14. i. On a
7 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
88 La Suisse et l’ Europe  : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)j Sous ce titre d
89 embre 1952)j Sous ce titre de « La Suisse et l’ Europe  », notre collaborateur M. René-Henri Wüst a relaté ici, le 1er novemb
90 vaste débat sur ce sujet de la constitution de l’ Europe et de la position de notre pays à son égard, et M. Denis de Rougemont
91 se, mais bien au contraire une helvétisation de l’ Europe , c’est-à-dire d’une Europe qui s’inspirerait de l’expérience fédérali
92 une helvétisation de l’Europe, c’est-à-dire d’une Europe qui s’inspirerait de l’expérience fédéraliste suisse. Or, ce qu’a déc
93 nettement le point de vue de ceux qui croient à l’ Europe . Si vous le voulez bien, nous pourrions reprendre les principaux poin
94 ui-même. « Je ne crois pas, dit-il, que la petite Europe puisse se faire et durer »… L’Europe est faite ! Mais elle est f
95 la petite Europe puisse se faire et durer »… L’ Europe est faite ! Mais elle est faite ! Ses adversaires les plus acharné
96 tunité, mais bien de traiter avec elle. La petite Europe est faite depuis que le 13 septembre la Haute Autorité du plan Schuma
97 le Danemark et l’Autriche s’apprêtent à suivre. L’ Europe n’existe pas, n’a jamais moins existé qu’aujourd’hui, affirmait le pr
98 r Rappard, qui ajoutait : L’idée d’une fédération européenne est maintenant une idée américaine, qui aurait trouvé son expression
99 résidait la commission économique du Congrès de l’ Europe tenu à La Haye en 1948, préparé par la conférence de Montreux de 1947
100 discours, donc avant que l’idée d’une fédération européenne soit devenue américaine, M. Rappard avait encore été un des délégués
101 des hautes études, pour démontrer que l’idée de l’ Europe n’a pas attendu les Américains, pas plus que la mise en place de la H
102 es 320 millions avec lesquels vous voulez faire l’ Europe n’ont pas de traditions communes ou d’impérieuses raisons de s’unir,
103 on de cette confédération ? Alors, pourquoi pas l’ Europe  ? Les Européens n’ont-ils pas des traditions communes que les Suisses
104 onfédération ? Alors, pourquoi pas l’Europe ? Les Européens n’ont-ils pas des traditions communes que les Suisses n’avaient pas ?
105 itions communes que les Suisses n’avaient pas ? L’ Europe est tout de même plus ancienne que la Suisse, et si l’on remonte au t
106 e des affirmations du professeur Rappard, « cette Europe ne connaît même pas encore un début de véritable réalisation ». Mais
107 la part de M. Rappard, juger de la viabilité de l’ Europe d’après le volume des échanges de la Suisse ! Mais à notre point de v
108 le prétend M. Rappard l’idée de cette fédération européenne est une idée américaine, notre adhésion à l’Europe unie ne pourrait q
109 éenne est une idée américaine, notre adhésion à l’ Europe unie ne pourrait que combler les vœux américains. Alors comment oser
110 an économique ? Et sa comparaison d’un Sonderbund européen me semble tout aussi erronée. Cette fédération n’est pas une ligue sé
111 elle des vingt-deux cantons. Et pourquoi pas l’ Europe  ? La France, l’Allemagne, l’Italie et les trois pays du Benelux tr
112 problème de notre neutralité dans une fédération européenne  ? Reconnaissons qu’à suivre les suggestions de M. Rappard, elle courr
113 en effet : « Au lieu d’isoler quelques pays de l’ Europe continentale (face au péril bolchévique) de leurs alliés naturels d’o
114 us qu’elle nous empêche de collaborer sur le plan européen . À nous de rechercher une adaptation. Mais ce que je trouve le plus é
115 la Suisse ne peuvent être dissociés de ceux de l’ Europe . Ainsi prend fin cet entretien dont nous avons essayé de rendre compt
116 i fidèlement que possible. j. « La Suisse et l’ Europe  : M. Denis de Rougemont réagit », La Suisse, Genève, n° 319, 14 novem
117 nifestement glissée ici, le projet Briand d’union européenne ayant été présenté à la SDN en 1929.
8 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
118 Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)l Je vais partout disant que l’Europe est faite.
119 5 décembre 1952)l Je vais partout disant que l’ Europe est faite. On me demande : laquelle ? — Eh bien, l’Europe des Six, l’
120 st faite. On me demande : laquelle ? — Eh bien, l’ Europe des Six, l’Europe de Luxembourg, la Haute Autorité, que certains nomm
121 ève les bras au ciel : — Quoi ! me dit-on, mais l’ Europe , cela va de Moscou à Gibraltar, et du Cap Nord aux Dardanelles ! De c
122 raltar, et du Cap Nord aux Dardanelles ! De cette Europe , vous commencez par laisser une moitié derrière le rideau de fer. De
123 putations, vous avez le front de dire que c’est l’ Europe  ? — Oui, j’ai cette conviction et je m’explique. Tout d’abord, vous f
124 reur en répétant que le rideau de fer coupe notre Europe par le milieu. Car vous avez à l’est du rideau, 88 millions d’habitan
125 . Ce n’est donc qu’un peu plus d’un cinquième des Européens que nous perdons, provisoirement, du côté est. Et le meilleur moyen d
126 era sans doute de créer un noyau dense et riche d’ Europe unie, qui exercera sur eux une puissante attraction. Ensuite, avez-vo
127 habitants ? Si vous appelez ce groupe la « Petite Europe  », disait l’autre jour Jean Monnet, parlez aussi des petits États-Uni
128 ion du charbon, de l’acier et de l’électricité, l’ Europe des Six est la deuxième puissance du monde : elle vient tout de suite
129 peinture, dans la musique et dans l’architecture européennes . Et la majeure partie des sciences. Et les plus grandes philosophies.
130 e pensée s’étend sur la planète entière. « Petite Europe  ? » La Sibérie, certes, est plus vaste… Il n’en résulte pas que la Gr
131 de vivre désormais dans un vase clos. La « Petite Europe  » a cherché son salut dans l’union. Elle l’a trouvé malgré l’hostilit
132 rtes leur sont ouvertes à Luxembourg. La « Petite Europe  » se trouve être assez grande pour leur laisser tout le temps de réfl
133 lus. J’y reviendrai. l. « Grandeur de la Petite Europe  », La IVe République des Pyrénées, Pau, 5 décembre 1952, p. 1-2.
9 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
134 Robert de Traz, l’ Européen (1952)d Peu d’hommes ont vu plus juste, entre-deux-guerres. Peu d’
135 ais lui, de ses Dépaysements e, nous rapportait l’ Europe vivante, interrogée sur place, ou vue du Proche-Orient. Il avouait un
136 nomène unique par ses variétés mêmes, qu’on nomme Europe . « Si le désir de comprendre ce qui se passe vous possède, comment n’
137 ugés et les abstractions, questionner sur place l’ Europe d’aujourd’hui, cette Europe révolutionnaire et nationaliste, violente
138 estionner sur place l’Europe d’aujourd’hui, cette Europe révolutionnaire et nationaliste, violente, ignorante, à moitié démoli
139 volcanique, la haine, la douleur et l’espérance. Europe , vaste spectacle en désordre, où l’homme se trahit de toutes parts. E
140 n désordre, où l’homme se trahit de toutes parts. Europe , dont l’essentiel est dans les âmes. » Ses tableaux de l’Allemagne, d
141 nèbres du dehors, mais le ramener à la communauté européenne  ». Il a, l’un des premiers, ravivé l’idéal de cette communauté indisp
142 ue d’une mystique, qu’il attend « la refonte de l’ Europe  ». C’est par la civilisation « grecque et chrétienne — et Rome n’a fa
143 t parfois corrompre ces termes essentiels » que l’ Europe est devenue patrie de la personne. Et c’est enfin en s’opposant non s
144 t au rebours de ses traditions profondes », que l’ Europe se fera, une et diverse. Je ne vois pas une phrase, dans cet essai fi
145 ui de sa naissance — 1929, je le répète. « Petite Europe , toute seule dans un monde en tumulte, il faudra bien qu’elle compren
146 resser, qui voudront la réduire en servitude. « L’ Europe vassale ! Cette perspective ne va-t-elle pas nous mettre debout ? Avo
147 ntaire de leur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’une collaboration séculaire et l’on ne saurait en su
148 ril : « Est-ce rêver encore que de conseiller à l’ Europe , pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se rec
149 ses chroniques2, j’en trouve quelques-unes sur l’ Europe  : sur nos congrès de La Haye et de Bruxelles, sur l’idée de culture e
150 La Haye et de Bruxelles, sur l’idée de culture en Europe . Il suit le Mouvement européen de l’extérieur, d’un œil amical et cri
151 l’idée de culture en Europe. Il suit le Mouvement européen de l’extérieur, d’un œil amical et critique. Pourquoi ce précurseur n
152 -ce rêver, se demandait-il, que de conseiller à l’ Europe … de se reconnaître une mission ? » Non, ce n’était pas rêver, il le s
153 au profil prend sa place parmi les effigies d’une Europe renaissante. 2. Témoin, p. 119-129. d. « Robert de Traz, l’Europé
154 2. Témoin, p. 119-129. d. « Robert de Traz, l’ Européen  », Revue de Suisse, Genève, n° 10, 1952, p. 3-5. e. Allusion au Dépa
10 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
155 oublier que l’inverse est aussi vrai. Ainsi de l’ Europe , qui est une culture, foyer de toute la civilisation occidentale : ni
156 tiques, précolombiennes ou africaines, celle de l’ Europe ne saurait être interprétée ni définie par un ensemble de mesures sac
157 e confond ici avec l’existentiel. La civilisation européenne a pour formule quelques options fondamentales, à la fois initiales et
158 rétiens, bi- et multilatéralement antagonistes. L’ Europe est le produit de ces antagonismes, convergeant au carrefour hasardeu
159 rs de Nicée, le type de réalité que des siècles d’ Europe entreprendraient de « vérifier » ou de reconnaître, même quand ils es
11 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
160 Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)q Je voudrais vous demander quelles ont été les rais
161 ersonnelles qui ont fait de vous un partisan de l’ Europe unie ? Je suis né à Neuchâtel, c’est-à-dire dans le canton qui a été
162 attitude fédéraliste, et la nécessité d’une union européenne . C’est donc bien en tant que fédéraliste que je réagissais violemment
163 lisme de tout un siècle. Napoléon voulait faire l’ Europe , oui, mais comme Hitler : il voulait un État européen et non l’Europe
164 rope, oui, mais comme Hitler : il voulait un État européen et non l’Europe réelle. Il voulait nommer des préfets… L’état d’espri
165 mme Hitler : il voulait un État européen et non l’ Europe réelle. Il voulait nommer des préfets… L’état d’esprit jacobin, centr
166 écessairement totalitaire est le pire ennemi de l’ Europe fédérée, dont la richesse et la créativité naissent de la diversité.
167 et dans lequel j’esquisse une histoire de l’homme européen , ou plutôt de sa manière de dire « je » ou « moi ». C’est là une noti
168 » ou « moi ». C’est là une notion essentiellement européenne , et que nous avons eu tort de tenir pour universelle. L’Asiatique n’a
169 arle d’individu, il faut s’entendre. Le véritable Européen , c’est l’individu à la fois libre et responsable, à la fois autonome
170 New York, j’ai fait une nouvelle découverte de l’ Europe . Aux yeux des Américains il n’y a pas des Français, des Suisses, des
171 s, des Suisses, des Allemands, mais seulement des Européens . Ma position fédéraliste européenne était par essence antihitlérienne
172 seulement des Européens. Ma position fédéraliste européenne était par essence antihitlérienne, la guerre contre Hitler se présent
173 se présentait, pour moi, comme une guerre pour l’ Europe unie. Je ne me doutais pas, alors, qu’Hitler s’était emparé du slogan
174 ’Hitler s’était emparé du slogan de la « Nouvelle Europe  »… À mon premier retour, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Espr
175 r, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Esprit européen  » aux Rencontres internationales de Genève… En juillet 1947, rentrant
176 parmi les militants du nouveau mouvement, l’Union européenne des fédéralistes. J’étais embarqué. Résumons : j’ai été conduit à l’i
177 is embarqué. Résumons : j’ai été conduit à l’idée européenne par ma naissance, ma curiosité et mes voyages au temps de mes études,
178 e avis les maladies infantiles de la construction européenne  ? Il y a d’abord la maladie que j’appellerais française. Je pense non
179 nce, qui a été à l’avant-garde de la construction européenne , en constitue aujourd’hui le point faible. Mais il y a plus grave. Da
180 aible. Mais il y a plus grave. Dans tous nos pays européens , on méconnaît à la fois la faiblesse présente et les forces virtuelle
181 faiblesse présente et les forces virtuelles de l’ Europe . Nehru, énumérant les puissances qui comptent dans notre monde, citai
182 RSS, la Chine et l’Inde. Il oubliait simplement l’ Europe  ! Cette Europe qui voit se retourner contre elle le nationalisme qu’e
183 t l’Inde. Il oubliait simplement l’Europe ! Cette Europe qui voit se retourner contre elle le nationalisme qu’elle a inventé e
184 Vous savez que c’est à ce réveil de la conscience européenne que sont consacrés tous les efforts du Centre européen de la culture.
185 prenne pas une part plus active à la construction européenne  ? Je crains que la Suisse ne soit le dernier pays à entrer dans la fé
186 soit le dernier pays à entrer dans la fédération européenne . Mais alors, cette adhésion sera la preuve que la fédération est ferm
187 ers sont de Victor Hugo ? q. « Pourquoi je suis Européen  », Jeune Europe, Paris, n° 7, 20 juin 1953, p. 7-8. Propos recueillis
188 Hugo ? q. « Pourquoi je suis Européen », Jeune Europe , Paris, n° 7, 20 juin 1953, p. 7-8. Propos recueillis par Charles Mai
189 et écrivain pénétrant devenu ardent militant de l’ Europe qu’est Denis de Rougemont. Le directeur du Centre européen de la cult
190 is de fort bonne grâce à cet examen de conscience européenne que nous sommes heureux de publier dans notre journal. » r. Aucun li
191 e occidentale de l’homme , et Lettre ouverte aux Européens approfondiront cette question.
12 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
192 Unité et diversité de l’ Europe (juin 1953)7 Beaucoup pensent aujourd’hui que l’Europe est trop di
193 juin 1953)7 Beaucoup pensent aujourd’hui que l’ Europe est trop diverse pour qu’on puisse l’unir. Elle eut, disent-ils, son
194 union ne signifie pas que l’unité millénaire de l’ Europe n’existe plus. Ensuite, il faudrait distinguer entre nos divisions pr
195 t sur l’avenir, comme dans le cas de l’union de l’ Europe . Mais il y a plus. Il est parfaitement clair que la nation, au sens d
196 e à bien des égards. Il n’est pas une nation de l’ Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour sa productio
197 our peu que l’on compare l’ensemble des pays de l’ Europe à d’autres continents, comme l’Asie, l’Afrique ou l’URSS, les caractè
198 ’il s’agisse du sonnet, dans toutes les langues d’ Europe , du roman (dérivé de Tristan), du tableau de chevalet ou de l’opéra,
199 a musique ni la peinture, créations typiques de l’ Europe , n’ont jamais été nationales : elles furent des œuvres collectives, p
200 de dire « je » que lorsqu’il s’avoue criminel. L’ Européen seul a placé la personne au-dessus de la collectivité. Comparées à la
201 nnent alors un trait fondamental du mode de vivre européen  : chez nous seulement elles ont été admises (« Il y a plusieurs demeu
202 pour un réalisme. 7. « Unité et diversité de l’ Europe  », Pax Romana, Paris, n° 4, juin 1953.
13 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
203 Si la musique reste une création spécifique de l’ Europe , le théâtre est un langage mondial, mais qui exprime mieux que tout a
204 hme intime d’une civilisation. Le décor a pris en Europe , depuis la Renaissance italienne et française, une importance que le
205 t d’une nation mais de toute une culture, — ici l’ européenne . Quelques grands thèmes ou archétypes expriment l’Europe : Orphée, Ip
206 Quelques grands thèmes ou archétypes expriment l’ Europe  : Orphée, Iphigénie, Faust, Hamlet, Don Juan… À qui appartiennent-ils
207 Allemagne — et vous verrez l’unité vraie de notre Europe  : celle qui se réalise dans la diversité des langages, des écoles, de
14 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
208 élément de pittoresque au débat sur l’union de l’ Europe  : M. Molotov, qui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six, a pr
209  : M. Molotov, qui voit grand, jugeant mesquine l’ Europe des Six, a promis une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte
210 , jugeant mesquine l’Europe des Six, a promis une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile à établir. M
211 eurasiatique, cela saute aux yeux. Après tout, l’ Europe est-elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa
212 ons, de ces divagations, un fait curieux : l’idée européenne a fait de tel progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans f
213 de le faire qu’à la conférence de Berlin l’idée d’ Europe unie a constitué le plus sérieux atout des peuples libres dans leur c
214 alable qui reste, de toute évidence, l’union de l’ Europe , condition de sa force (notre opinion l’oublie. Molotov, non). Longt
215 s très peu « diplomatiques ». Pendant des mois, l’ Europe ne fera plus rien pour son union ; bien plus, elle va laisser pourrir
216 allemand nous intéresse beaucoup… Le colonialisme européen n’existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et l
217 ir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’ Europe aux armées rouges. Sous la double poussée de la révolte asiatique et
218 olte asiatique et du colonialisme soviétique, une Europe persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la f
219 n sait la suite. Seule riposte possible : l’union européenne , capable d’opposer aux Russes une puissance qui les tienne en respect
220 ’indépendance nationale ne sera plus arrêté par l’ Europe , mais peut bien être détourné de ses fins par la Russie. Ils voient e
221 loir autant que nous, et autant que l’Amérique, l’ Europe unie. Mais l’Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts pr
222 , et autant que l’Amérique, l’Europe unie. Mais l’ Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération
223 politique et son élargissement rapide de toute l’ Europe . L’enchaînement de ces faits laisse peu de jeu à l’imagination et aux
224 vote français sur le projet de CED. Le sort de l’ Europe dans le monde dépend d’une poignée de députés dont on ne saura jamais
225 e Genève ? s. « Ce petit cap de l’Asie », Jeune Europe , Paris, n° 27, 1er juin 1954, p. 1 et 8.
15 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
226 ans, sur lequel tous les députés et journalistes européens ont pris position en public ou dans le secret de leur cœur, mais que
227 que le sort du traité, et par suite le sort de l’ Europe , dépend en fait des députés français, appelés par M. Mendès France à
228 de l’URSS, disposant de plus de 200 divisions, l’ Europe était pratiquement désarmée, à l’exception de la Suisse et de la Suèd
229 , ces deux pays étaient neutres. C’est dire que l’ Europe dépendait, pour sa défense éventuelle, de quelques divisions américai
230 uvaient lourde et coûteuse la tâche de protéger l’ Europe . Ils souhaitaient que nous les aidions à nous aider. Et pourquoi, dis
231 is, d’autre part, comment défendre sérieusement l’ Europe sans le concours d’un de ses plus grands pays, et de celui qui se tro
232 e des Allemands, tout en assurant la défense de l’ Europe — et enfin pour hâter l’indispensable union de nos pays, la France im
233 communauté de défense », c’est-à-dire d’une armée européenne , remplaçant les armées nationales. Après des mois de discussions d’ex
234 sprit polémique ? Divisions nationales, armées européennes Les 132 articles du traité prévoient des institutions communes, de
235 sposition d’un état-major général, qui, lui, sera européen par sa composition et sa nomination. Si la CED est acceptée demain, q
236 on dès le temps de paix d’un commandement suprême européen . — Mais quel sera le pouvoir disposant de cette armée ? Le traité pré
237 un Commissariat de 9 membres, sorte de ministère européen de la Défense ; une Cour de justice et une Assemblée parlementaire, q
238 es pouvoirs politiques qui la contrôlent, l’Armée européenne ne pourra donc servir qu’à des tâches strictement et purement défensi
239 de ses territoires associés ou colonies hors de l’ Europe . — Un procédé polémique des plus courants consiste à parler de la CED
240 , certains soutiennent que le traité « impose à l’ Europe la volonté américaine ». La vérité sobre et limpide, c’est que si l’E
241 ine ». La vérité sobre et limpide, c’est que si l’ Europe ne se donne pas elle-même les moyens d’assurer sa défense, c’est-à-di
242 culant à court terme. Les communistes veulent une Europe soviétisée. L’Europe unie serait forte et leur résisterait. Ils veule
243 Les communistes veulent une Europe soviétisée. L’ Europe unie serait forte et leur résisterait. Ils veulent donc une Europe di
244 t forte et leur résisterait. Ils veulent donc une Europe divisée. Or, ce qui nous divise, c’est le nationalisme : il faut donc
245 gouvernée ». Enfin certains se disent : périsse l’ Europe , pourvu que mes bénéfices continuent à rentrer, cela durera bien auta
246 tionale sans limites n’est plus qu’un rêve, que l’ Europe n’est pas menacée par une armée allemande inexistante, mais par une e
247 toutes grandes les perspectives prochaines d’une Europe fédérée, gage de paix pour le monde et de prospérité pour tout un con
16 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
248 stacle principal que rencontre aujourd’hui l’idée européenne , c’est décrire activement notre méthode. L’obstacle dont je parle est
249 de l’Empire, loin de faire triompher dans toute l’ Europe l’idéologie unitaire des jacobins, va susciter des nationalismes riva
250 t parlant. À partir de Napoléon, les nations de l’ Europe vont se conduire comme des « individus » sans foi ni loi, au détrimen
251 e la grande communauté de civilisation qu’était l’ Europe . Chacune se dira « souveraine », à l’imitation des rois absolus qui n
252 e, prêts à tirer, vont essayer de faire la loi en Europe . On parlera beaucoup de « concert des nations », et de « droit intern
253 eur « absolue souveraineté ». Pendant cent ans, l’ Europe qui se croit rationnelle vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1
254 ielles — entre la souveraineté absolue et l’ordre européen , entre l’État-nation et la liberté, entre la religion nationale et la
255 e la nation et la paix — ont éclaté en 1914. Et l’ Europe depuis lors se trouve devant ce choix, dont nous devons la rendre con
256 tuée par les jacobins, et soumettre alors toute l’ Europe à une nation unique, totalitaire, assumant au mépris des personnes se
257 à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État européen qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’exté
258 a CED ou de toute autre forme d’organisation de l’ Europe . Non pas comme une réalité, mais bien comme un prétexte à refuser les
259 ud venu pour mettre en doute la possibilité d’une Europe unie. Dissocier ce conglomérat monstrueux, réfuter cette confusion sé
260 utes premières tâches du fédéralisme appliqué à l’ Europe . Mais le nationalisme, si incroyable que cela paraisse, a poussé plus
261 III. Deux modes de penser Il y a dans notre Europe du xxe siècle, deux types d’esprit et de sensibilité politique : les
262 cobin ; et aussi l’agent principal de l’expansion européenne . Ce sont en effet les États-nations, et non pas l’Europe comme telle,
263 Ce sont en effet les États-nations, et non pas l’ Europe comme telle, qui ont conquis des débouchés à nos produits matériels e
264 il portait à son apogée la puissance mondiale des Européens , le nationalisme développait les germes de notre décadence. D’une par
265 France impérialiste. D’autre part, il épuisait l’ Europe en y provoquant des guerres de plus en plus totales, à mesure qu’il s
266 aisait lui-même de plus en plus totalitaire. Si l’ Europe , entre 1914 et 1954, a connu la décadence rapide, la chute de potenti
267 du xxe siècle, et avec les intérêts majeurs de l’ Europe , tant spirituels que matériels. En s’opposant à l’ouverture indispens
268 sme politique mal compris opposent à l’union de l’ Europe  ; il est devenu au surplus une forme de pensée réactionnaire, un syst
269 e fédéraliste, en effet, se représente la société européenne comme une constellation de foyers créateurs, non comme un puzzle form
270 urs été la condition des libertés personnelles en Europe . Mais c’est aussi le principe vivant du fédéralisme. Être d’une patri
271 ans appel le mythe nationaliste, destructeur de l’ Europe et de sa paix. IV. Stratégie et tactique du fédéralisme Et cepe
272 là, sont même, en fait, plus nombreux que nous en Europe . Il nous faut faire l’Europe en dépit d’eux, mais nous ne pouvons la
273 nombreux que nous en Europe. Il nous faut faire l’ Europe en dépit d’eux, mais nous ne pouvons la faire sans eux. Voilà le prob
274 se qu’ils n’osent pas attaquer : celle de l’union européenne . Il est clair que tous les obstacles à cette union viennent de l’espr
275 l’un de ces hommages que le nationalisme rend à l’ Europe unie. Et M. Molotov lui-même propose un plan… Certes, on ne peut espé
276 opose un plan… Certes, on ne peut espérer faire l’ Europe qu’en appliquant le fédéralisme, c’est-à-dire en tenant compte à chaq
277 réelle, sauvegarder nos diversités. Sans union, l’ Europe disparaît, annexée ou colonisée. Mais si l’on opprime ses diversités,
278 colonisée. Mais si l’on opprime ses diversités, l’ Europe cesse d’être elle-même. Ces deux exigences, bien moins contradictoire
279 ir compte du fait que nous ne sommes pas seuls en Europe , et que les nationalistes ne cesseront pas de sitôt d’opposer leurs «
280  ? Ou bien peut-on la conserver tout en faisant l’ Europe  ? Certains nationalistes, comme M. Herriot, nous disent qu’ils veulen
281 M. Herriot, nous disent qu’ils veulent bien d’une Europe unie, à condition qu’elle respecte les souverainetés nationales. Ce q
282 Tout cela me paraît plein d’enseignements pour l’ Europe d’aujourd’hui. Tout cela nous indique une voie : nous devons désormai
283 la ratification d’une Constitution fédérale de l’ Europe , afin que l’Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraine
284 une Constitution fédérale de l’Europe, afin que l’ Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe de t
285 le Confédération ! Eh bien, si l’on nous fait une Europe aussi réellement fédéraliste que la Suisse, on pourra la nommer comme
286 ctures politiques, le fédéralisme va du local à l’ européen , non point du national à l’international. Je ne puis ici qu’indiquer
287 es en Turquie et en Irlande. Jamais la culture en Europe ne s’est développée par des échanges contrôlés et officiels de nation
288 étralement à l’encontre du but allégué. Seule une Europe fédéraliste peut résoudre, en le supprimant, le problème mal posé des
289 ères douanières imposées à la vie culturelle de l’ Europe et à ses produits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral européen
290 roduits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral européen — n’ont qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la
291 pte des causes nationalistes de la décadence de l’ Europe , dégage les principes d’une méthode et les maximes d’une action seule
292 s à nous persuader que, désormais, le fédéralisme européen doit concentrer tout son effort sur un seul objectif décisif : la Con
293 objectif décisif : la Constitution fédérale de l’ Europe . La méthode proposée par les Anglais et baptisée « fonctionnelle » n’
294 oyons donc qu’il n’est pas plus facile de faire l’ Europe par pièces et morceaux, que de la faire dans un seul élan. Tourner un
17 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
295 événements politiques ont absorbé l’attention des Européens et des militants de l’Europe unie depuis l’été dernier : l’abandon du
296 é l’attention des Européens et des militants de l’ Europe unie depuis l’été dernier : l’abandon du projet de CED et les accords
297 rejet de la CED ne met pas fin à la construction européenne , comme on l’a répété bien à tort : il montre simplement qu’une partie
298 représentent « un premier pas vers l’intégration européenne  », comme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le
299 se passer prouve une fois de plus que l’éducation européenne des peuples, de leurs cadres et de leurs élites, reste à faire. Les p
300 e leurs élites, reste à faire. Les partisans de l’ Europe unie ont péché depuis quelques années — et non seulement dans l’affai
301 ps ; et ils ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons les réalités que cachaient ces deux illusions.
302 sistait à croire qu’il est plus facile de faire l’ Europe par pièces et morceaux que de la faire dans un seul élan fédérateur :
303 ement soutenue. II. — Les mouvements de militants européens ont été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté
304 le public dans l’ignorance de la vraie situation européenne , des vrais buts du traité, du traité lui-même, et des conséquences de
305 des conséquences de son rejet. Or, les militants européens croyaient avoir expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires.
306 cts, petits livres de propagande ou d’information européenne publiés depuis 1947 dans les seize pays du CE et en Suisse, s’élève à
307 s nos peuples et leurs élites, devant le problème européen  ? Avant toute propagande massive, une préparation des esprits en prof
308 presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait. L’ Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades prépara
18 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
309 Reynold et l’ Europe (1955)w Il y a quinze ans j’osais louer Reynold de n’avoir pas cra
310 ont donné tort, si notre Suisse prospère, modèle européen , c’est pour une part minime mais qui est la part de l’homme, parce qu
311 nt à Grandeur de la Suisse, voici Qu’est-ce que l’ Europe  ? et l’annonce d’un grand œuvre consacré à la formation du plus vaste
312 la Suisse. Le sens de la grandeur et le sens de l’ Europe  : voilà qui nous éloigne de la Suisse des manuels, et de la Suisse « 
313 spirituelles et historiques, qui sont celles de l’ Europe entière ? Cités et pays suisses nous disait qui nous sommes, et Consc
314 e de la Suisse, où nous en sommes. Formation de l’ Europe montre d’où nous venons. Ces repères définissent un axe. Cet axe part
315 Ces repères définissent un axe. Cet axe part de l’ Europe des Romains et des Francs, traverse notre histoire et pointe vers un
316 n avenir qui ne peut être distinct de celui d’une Europe soit fédérée par la libre invention, soit unifiée par une force étran
317 ne force étrangère. Je ne vois pas un seul peuple européen qui ait autant besoin que le nôtre d’exercer ce que Reynold appelle «
318 souvent médiocres, c’est prendre conscience de l’ Europe . Car l’Europe est faite dans l’ensemble des mêmes éléments que la Sui
319 cres, c’est prendre conscience de l’Europe. Car l’ Europe est faite dans l’ensemble des mêmes éléments que la Suisse : à la foi
320 des communes. Toutefois ces éléments, séparés en Europe , voisinent dans nos cantons, nos familles, nos esprits. Et leur conci
321 es formules que Reynold a tirées de l’étude d’une Europe romano-germanique, n’est-il pas frappant de constater qu’elles résume
322 ience fédérale et fédéraliste de la Suisse ? De l’ Europe à la Suisse, de la Suisse à l’Europe, ces mouvements de systole et de
323 uisse ? De l’Europe à la Suisse, de la Suisse à l’ Europe , ces mouvements de systole et de diastole animent l’œuvre entière de
324 lus fécondes à méditer par les constructeurs de l’ Europe . w. « Reynold et l’Europe », Gonzague de Reynold et son œuvre, Frib
325 es constructeurs de l’Europe. w. « Reynold et l’ Europe  », Gonzague de Reynold et son œuvre, Fribourg, Éditions universitaire
19 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
326 usqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’ Europe . Dans le même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent le peupl
327 récédents. C’est au xiie siècle que s’atteste en Europe une modification radicale du jeu d’échecs, originaire de l’Inde. Au l
328 badours et fait leur gloire mondaine dans toute l’ Europe . Or nous voyons cette religion de l’amour ennoblissant célébrée par l
329 oc, une Italie du Nord, une Germanie rhénane, une Europe tout entière enfin, où les passions « religieuses » et la théologie n
330 . De là, on peut suivre son progrès rapide vers l’ Europe à travers une série de traductions en syriaque, en arabe, en latin, e
20 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
331 itions locales les plus touchantes et des express européens , petits trajets portés sur les axes du monde. Quel ennui, ces Seconde
21 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
332 Un exemple pour l’ Europe (octobre 1956)ae Parmi les fédérations réussies, l’on peut citer l
333 onde, depuis plus d’un siècle. Les partisans de l’ Europe unie ne manquent pas de le citer en exemple. Mais combien savent comm
334 nière qui me paraît pleine d’enseignements pour l’ Europe d’aujourd’hui. Loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souv
335 és doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’ Europe  ? Est-il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’Union ? Ces souveraineté
336 s figurent comme prétexte à refuser les évidences européennes  ? Voyons le concret. La souveraineté nationale n’est exercée en fait
337 chaque domaine ». Or, on ne voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-
338 nationale. Lors des débats de la table ronde de l’ Europe tenue à Rome en 1953, deux arguments m’ont frappé comme étant propres
339 ’ont frappé comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par M. Ernst Friedl
340 ur patrie « se perdre dans la masse informe d’une Europe unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publiciste grec :
341 ationales, les autorités fédérales prévues pour l’ Europe , rétabliront en fait la souveraineté du peuple car le peuple sera ass
342 perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’ Europe unie ? il nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe reco
343 l nous faut donc répondre maintenant : pour que l’ Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe à se
344  20. 29. Ibid., p. 83. ae. « Un exemple pour l’ Europe  », Fédération, Paris, octobre 1956, p. 596-598.