1
s millions de naïfs dans nos pays, 14 millions en
Europe
, paraît-il, ont succombé à ce raisonnement d’une écrasante simplicité
2
estion très précise et concrète. D’où vient que l’
Europe
ait régné sur le monde, incontestablement depuis quatre ou cinq siècl
3
ives de cette puissance paradoxale ? La péninsule
Europe
ne représente, en effet, que 5 % des terres du globe. Ni son étendue,
4
rvenus. En fait le rayonnement, la puissance de l’
Europe
ont résulté tout à la fois de ses conceptions religieuses et morales,
5
oup, que la plupart de nos contemporains, même en
Europe
, prennent au sérieux, pratiquement, ce secret de leur force. Ce qui e
6
ançais, déplorant, à juste titre, que l’Assemblée
européenne
fût privée du droit de s’occuper des choses militaires et des choses
7
qui pourraient être appelés un jour à défendre l’
Europe
et qui ne le feront pas si le point de vue de l’adversaire les a, par
8
— j’insiste sur le mot « pratiquement » — point d’
Europe
sans culture, point de culture sans libre discussion, point de libert
9
Comment fabriquer un
Européen
?b C’est absolument impossible. Et je vais essayer de dire pourquo
10
t homme sera tout ce qu’on voudra, mais jamais un
Européen
. À l’appui de cette thèse absolue, j’invoquerai tout d’abord deux exe
11
re enfance, — n’y touchons plus. Mais prenez deux
Européens
de nations différentes, si possible. Mariez leur fils avec la fille d
12
le. Mariez leur fils avec la fille de deux autres
Européens
. Attendez une génération. Répétez le processus quatre ou cinq fois. L
13
sives, et tirez le rideau. Mais pour fabriquer un
Européen
, que prendrez-vous ? Si vous mélangez toutes nos nationalités, au has
14
ois aucun espoir d’obtenir par de tels procédés l’
Européen
synthétique ou moyen : nos vertus, nos croyances, nos partis pris vit
15
le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l’
Européen
est par essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin
16
urnis. Il n’existe donc pas, il ne peut exister d’
Européen
moyen, résumant les vertus et les défauts contradictoires du continen
17
uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’
Europe
. Et c’est pourquoi faire un Européen, ce serait tenter de faire quelq
18
qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi faire un
Européen
, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait plus à
19
quelque chose qui ne ressemblerait plus à rien d’
européen
. Après tout, pourquoi voudrait-on « fabriquer » des Européens ? C’est
20
près tout, pourquoi voudrait-on « fabriquer » des
Européens
? C’est uniquement parce que l’on veut unir les 25 États souverains q
21
union sous forme de mélange. Il nous faut faire l’
Europe
, voilà le vrai problème. Pour la faire, il nous faut partir des quelq
22
st un cas absolument unique. Ce qu’il y a de plus
européen
chez les habitants de notre cap, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appar
23
Certes, il y a d’autres liens entre les hommes d’
Europe
. Il y a leur héritage commun de civilisation, de valeurs spirituelles
24
, mis au pas, ou froidement liquidés. L’éducation
européenne
consistera donc non point à fabriquer de l’Européen moyen, mais bien
25
péenne consistera donc non point à fabriquer de l’
Européen
moyen, mais bien à réveiller en chacun de nous, tels que nous sommes,
26
uis à vouloir le moyen de les sauver. L’éducation
européenne
devra montrer que nos libertés dépendent en fait de notre droit de di
27
éateur. Et que c’est cela qui fait la valeur de l’
Europe
. Et que c’est cela précisément qui est menacé. Et qu’il n’est plus d’
28
auver nos diversités. b. « Comment fabriquer un
Européen
? », Notre Europe, Strasbourg, n° 3, mars 1951, p. 41-44.
29
. b. « Comment fabriquer un Européen ? », Notre
Europe
, Strasbourg, n° 3, mars 1951, p. 41-44.
30
Quand on nous dit : « Vous ne pourriez défendre l’
Europe
qu’en opposant à ses ennemis une idéologie plus puissante que la leur
31
ait. Rendus conscients des forces véritables de l’
Europe
et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’abs
32
iment de participation choisie (Rilke à travers l’
Europe
; Gide en Afrique ; D. H. Lawrence en Italie et chez les Indiens du M
33
mands, les Espagnols, les Russes et ceux de l’Est
européen
). Certains, enfin, parlent en quête d’une communauté à rejoindre où à
34
iait naguère dans l’hémicycle de Strasbourg : « L’
Europe
vit, depuis des années, de la peur des Russes et de la charité des Am
35
des raisons connues de chacun. Tout d’abord, les
Européens
refusent de se croire aussi nombreux qu’ils sont, parce qu’ils n’ont
36
ils n’ont pas encore pris l’habitude de se sentir
Européens
. Au lieu d’un bloc à peu près aussi grand que les deux autres additio
37
durera jusqu’au réveil qu’il s’agit de provoquer.
Europe
, jadis, fut enlevée à l’Asie par une fougueuse divinité de l’Occident
38
ident : Jupiter changé en Taureau. On nous dit qu’
Europe
, aujourd’hui, risque à nouveau d’être séduite, cette fois-ci par un O
39
e certains députés de Strasbourg : l’enlèvement d’
Europe
par un escargot ! La prudence a montré ce qu’elle savait faire. Si l’
40
ontré ce qu’elle savait faire. Si l’on veut que l’
Europe
survive, l’heure est venue de l’impatience créatrice. Je n’imagine pa
41
ine pas de meilleur mot d’ordre pour une Campagne
européenne
de la jeunesse. g. « L’Heure de l’impatience », Jeunesse d’Europe :
42
sse. g. « L’Heure de l’impatience », Jeunesse d’
Europe
: bulletin d’information de la Campagne européenne de la jeunesse, Pa
43
d’Europe : bulletin d’information de la Campagne
européenne
de la jeunesse, Paris, n° 1, mars 1952, p. 1.
44
Les foyers de culture et l’
Europe
(octobre 1952)h Je vais limiter mon exposé à un seul thème, un thè
45
n exposé à un seul thème, un thème-cathédrale : l’
Europe
. La thèse que je vais développer rapidement pourrait s’exprimer de ce
46
cette manière, sous sa forme la plus brutale : l’
Europe
égale les foyers de culture, ou : les foyers de culture sont l’Europe
47
ers de culture, ou : les foyers de culture sont l’
Europe
. Je précise tout de suite que je prends le terme foyer de culture au
48
ai aussi que les foyers de culture qui ont fait l’
Europe
jouaient, à d’autres époques, un rôle différent de celui qu’ils aurai
49
ai la leçon de l’histoire ; avant le Moyen Âge, l’
Europe
s’est faite à partir des seuls foyers de culture existants : les couv
50
re humaniste, née comme une création commune de l’
Europe
, se fragmente en toutes sortes de petits morceaux. On ne peut plus di
51
rtes de petits morceaux. On ne peut plus dire : l’
Europe
, c’est une forme de culture, la substance de la culture est ignorée d
52
a masse des populations, comme l’est le sens de l’
Europe
. Pourtant, cette culture existe, elle se poursuit. Comment pourra-t-e
53
de dominer tout le xxe siècle : la création de l’
Europe
unie, contre les dictatures et contre l’anarchie. L’homme européen do
54
ntre les dictatures et contre l’anarchie. L’homme
européen
doit pouvoir réaliser sa vocation particulière dans le groupe humain
55
e groupe humain où il se retrouve inséré. Faire l’
Europe
, c’est d’abord former des hommes. Tout le reste est affaire d’ingénie
56
fruits d’une grande circulation commune à toute l’
Europe
, elle est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y a pas
57
ouverture aux échanges universels. Il n’y a pas d’
Europe
vivante sans ces deux courants. Je reviens toujours à ces réalités :
58
Je reviens toujours à ces réalités : pour faire l’
Europe
, il faut que les foyers par centaines et par milliers, si possible, a
59
ner un contenu humain à la construction de l’idée
européenne
; vie et chaleur lui viendront de la réalité quotidienne. 3° Il ne fa
60
e la réalité quotidienne. 3° Il ne faut pas que l’
Europe
se fabrique comme un immense trust super-étatique, construction sans
61
que les foyers collaborent à la constitution de l’
Europe
, mais aussi qu’ils défendent la diversité européenne contre le germe
62
’Europe, mais aussi qu’ils défendent la diversité
européenne
contre le germe de tyrannie que peut contenir l’aspiration à l’unité.
63
bles, condition nécessaire à la construction de l’
Europe
. Nous devons être en garde constamment d’une part contre une espèce d
64
entre les communautés locales et l’ensemble de l’
Europe
. Vous remarquerez que je saute à dessein le stade national, intermédi
65
internationale. Il s’agit de passer de l’ensemble
européen
aux implantations locales, et du foyer local directement à l’Europe.
66
ations locales, et du foyer local directement à l’
Europe
. Pour en venir à des propositions plus pratiques, je proposerai que s
67
ratiques, je proposerai que s’établisse un réseau
européen
de distribution de livres, de brochures, de revues, de journaux, de
68
enir un centre de diffusion locale de ce matériel
européen
, si vous permettez cette expression. Chaque foyer serait une sorte de
69
t une sorte de haut-parleur diffusant l’idée de l’
Europe
, et, en même temps, un champ d’expérience pour des réalisations concr
70
si cela est nécessaire. De cette manière, l’idée
européenne
pourrait vraiment s’incarner. Pour préciser encore, je voudrais que c
71
s grand nombre possible d’organisations au niveau
européen
, comme le Conseil des communes d’Europe, par exemple ; le Centre euro
72
niveau européen, comme le Conseil des communes d’
Europe
, par exemple ; le Centre européen de la culture peut mettre à la disp
73
vingtaine de sujets différents concernant la vie
européenne
et contenant chacun un thème, quelques arguments, quelques chiffres,
74
une demi-heure. En collaboration avec la Campagne
européenne
de la jeunesse, nous avons pu mettre en circulation 22 ou 23 de ces p
75
stes de conférenciers, choisis dans tous les pays
européens
, avec le temps dont ils disposent, les horaires qu’ils ont déjà prévu
76
d’information sur l’état actuel de l’organisation
européenne
, les positions à prendre sur différents sujets et les possibilités d’
77
des associations des guildes du livre, des clubs
européens
, et des festivals de musique. Ceux-ci groupent, à l’heure actuelle, 1
78
actuelle, 15 des plus grands festivals de musique
européenne
. En nouant des liens avec eux, il serait possible de monter des repré
79
galement notre Association des instituts d’études
européennes
, dont les résultats sont remarquables. Enfin, il y aurait lieu d’étud
80
foyers de culture, celle par exemple du Chantier
européen
, qui établit des sentiers allant du nord de l’Écosse au sud de l’Ital
81
. Voici une belle idée de circulation à travers l’
Europe
— et pas seulement pour les jeunes, car il y a aussi des vieillards q
82
ais les maisons de culture sont là pour « bâtir l’
Europe
», non pour organiser les tournois de ping-pong. Elles sont là pour d
83
tieux sur ce terme de culture, car, à mon sens, l’
Europe
de demain, l’Europe unie, vaudra exactement ce que vaudront ces centa
84
e culture, car, à mon sens, l’Europe de demain, l’
Europe
unie, vaudra exactement ce que vaudront ces centaines et ces milliers
85
de Communauté. h. « Les foyers de culture et l’
Europe
», Les Foyers de culture et l’Europe (Reims, octobre 1952), Paris, Mo
86
culture et l’Europe », Les Foyers de culture et l’
Europe
(Reims, octobre 1952), Paris, Mouvement européen / Secrétariat intern
87
l’Europe (Reims, octobre 1952), Paris, Mouvement
européen
/ Secrétariat international pour la jeunesse, 1952, p. 7-14. i. On a
88
La Suisse et l’
Europe
: M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)j Sous ce titre d
89
embre 1952)j Sous ce titre de « La Suisse et l’
Europe
», notre collaborateur M. René-Henri Wüst a relaté ici, le 1er novemb
90
vaste débat sur ce sujet de la constitution de l’
Europe
et de la position de notre pays à son égard, et M. Denis de Rougemont
91
se, mais bien au contraire une helvétisation de l’
Europe
, c’est-à-dire d’une Europe qui s’inspirerait de l’expérience fédérali
92
une helvétisation de l’Europe, c’est-à-dire d’une
Europe
qui s’inspirerait de l’expérience fédéraliste suisse. Or, ce qu’a déc
93
nettement le point de vue de ceux qui croient à l’
Europe
. Si vous le voulez bien, nous pourrions reprendre les principaux poin
94
ui-même. « Je ne crois pas, dit-il, que la petite
Europe
puisse se faire et durer »… L’Europe est faite ! Mais elle est f
95
la petite Europe puisse se faire et durer »… L’
Europe
est faite ! Mais elle est faite ! Ses adversaires les plus acharné
96
tunité, mais bien de traiter avec elle. La petite
Europe
est faite depuis que le 13 septembre la Haute Autorité du plan Schuma
97
le Danemark et l’Autriche s’apprêtent à suivre. L’
Europe
n’existe pas, n’a jamais moins existé qu’aujourd’hui, affirmait le pr
98
r Rappard, qui ajoutait : L’idée d’une fédération
européenne
est maintenant une idée américaine, qui aurait trouvé son expression
99
résidait la commission économique du Congrès de l’
Europe
tenu à La Haye en 1948, préparé par la conférence de Montreux de 1947
100
discours, donc avant que l’idée d’une fédération
européenne
soit devenue américaine, M. Rappard avait encore été un des délégués
101
des hautes études, pour démontrer que l’idée de l’
Europe
n’a pas attendu les Américains, pas plus que la mise en place de la H
102
es 320 millions avec lesquels vous voulez faire l’
Europe
n’ont pas de traditions communes ou d’impérieuses raisons de s’unir,
103
on de cette confédération ? Alors, pourquoi pas l’
Europe
? Les Européens n’ont-ils pas des traditions communes que les Suisses
104
onfédération ? Alors, pourquoi pas l’Europe ? Les
Européens
n’ont-ils pas des traditions communes que les Suisses n’avaient pas ?
105
itions communes que les Suisses n’avaient pas ? L’
Europe
est tout de même plus ancienne que la Suisse, et si l’on remonte au t
106
e des affirmations du professeur Rappard, « cette
Europe
ne connaît même pas encore un début de véritable réalisation ». Mais
107
la part de M. Rappard, juger de la viabilité de l’
Europe
d’après le volume des échanges de la Suisse ! Mais à notre point de v
108
le prétend M. Rappard l’idée de cette fédération
européenne
est une idée américaine, notre adhésion à l’Europe unie ne pourrait q
109
éenne est une idée américaine, notre adhésion à l’
Europe
unie ne pourrait que combler les vœux américains. Alors comment oser
110
an économique ? Et sa comparaison d’un Sonderbund
européen
me semble tout aussi erronée. Cette fédération n’est pas une ligue sé
111
elle des vingt-deux cantons. Et pourquoi pas l’
Europe
? La France, l’Allemagne, l’Italie et les trois pays du Benelux tr
112
problème de notre neutralité dans une fédération
européenne
? Reconnaissons qu’à suivre les suggestions de M. Rappard, elle courr
113
en effet : « Au lieu d’isoler quelques pays de l’
Europe
continentale (face au péril bolchévique) de leurs alliés naturels d’o
114
us qu’elle nous empêche de collaborer sur le plan
européen
. À nous de rechercher une adaptation. Mais ce que je trouve le plus é
115
la Suisse ne peuvent être dissociés de ceux de l’
Europe
. Ainsi prend fin cet entretien dont nous avons essayé de rendre compt
116
i fidèlement que possible. j. « La Suisse et l’
Europe
: M. Denis de Rougemont réagit », La Suisse, Genève, n° 319, 14 novem
117
nifestement glissée ici, le projet Briand d’union
européenne
ayant été présenté à la SDN en 1929.
118
Grandeur de la Petite
Europe
(5 décembre 1952)l Je vais partout disant que l’Europe est faite.
119
5 décembre 1952)l Je vais partout disant que l’
Europe
est faite. On me demande : laquelle ? — Eh bien, l’Europe des Six, l’
120
st faite. On me demande : laquelle ? — Eh bien, l’
Europe
des Six, l’Europe de Luxembourg, la Haute Autorité, que certains nomm
121
ève les bras au ciel : — Quoi ! me dit-on, mais l’
Europe
, cela va de Moscou à Gibraltar, et du Cap Nord aux Dardanelles ! De c
122
raltar, et du Cap Nord aux Dardanelles ! De cette
Europe
, vous commencez par laisser une moitié derrière le rideau de fer. De
123
putations, vous avez le front de dire que c’est l’
Europe
? — Oui, j’ai cette conviction et je m’explique. Tout d’abord, vous f
124
reur en répétant que le rideau de fer coupe notre
Europe
par le milieu. Car vous avez à l’est du rideau, 88 millions d’habitan
125
. Ce n’est donc qu’un peu plus d’un cinquième des
Européens
que nous perdons, provisoirement, du côté est. Et le meilleur moyen d
126
era sans doute de créer un noyau dense et riche d’
Europe
unie, qui exercera sur eux une puissante attraction. Ensuite, avez-vo
127
habitants ? Si vous appelez ce groupe la « Petite
Europe
», disait l’autre jour Jean Monnet, parlez aussi des petits États-Uni
128
ion du charbon, de l’acier et de l’électricité, l’
Europe
des Six est la deuxième puissance du monde : elle vient tout de suite
129
peinture, dans la musique et dans l’architecture
européennes
. Et la majeure partie des sciences. Et les plus grandes philosophies.
130
e pensée s’étend sur la planète entière. « Petite
Europe
? » La Sibérie, certes, est plus vaste… Il n’en résulte pas que la Gr
131
de vivre désormais dans un vase clos. La « Petite
Europe
» a cherché son salut dans l’union. Elle l’a trouvé malgré l’hostilit
132
rtes leur sont ouvertes à Luxembourg. La « Petite
Europe
» se trouve être assez grande pour leur laisser tout le temps de réfl
133
lus. J’y reviendrai. l. « Grandeur de la Petite
Europe
», La IVe République des Pyrénées, Pau, 5 décembre 1952, p. 1-2.
134
Robert de Traz, l’
Européen
(1952)d Peu d’hommes ont vu plus juste, entre-deux-guerres. Peu d’
135
ais lui, de ses Dépaysements e, nous rapportait l’
Europe
vivante, interrogée sur place, ou vue du Proche-Orient. Il avouait un
136
nomène unique par ses variétés mêmes, qu’on nomme
Europe
. « Si le désir de comprendre ce qui se passe vous possède, comment n’
137
ugés et les abstractions, questionner sur place l’
Europe
d’aujourd’hui, cette Europe révolutionnaire et nationaliste, violente
138
estionner sur place l’Europe d’aujourd’hui, cette
Europe
révolutionnaire et nationaliste, violente, ignorante, à moitié démoli
139
volcanique, la haine, la douleur et l’espérance.
Europe
, vaste spectacle en désordre, où l’homme se trahit de toutes parts. E
140
n désordre, où l’homme se trahit de toutes parts.
Europe
, dont l’essentiel est dans les âmes. » Ses tableaux de l’Allemagne, d
141
nèbres du dehors, mais le ramener à la communauté
européenne
». Il a, l’un des premiers, ravivé l’idéal de cette communauté indisp
142
ue d’une mystique, qu’il attend « la refonte de l’
Europe
». C’est par la civilisation « grecque et chrétienne — et Rome n’a fa
143
t parfois corrompre ces termes essentiels » que l’
Europe
est devenue patrie de la personne. Et c’est enfin en s’opposant non s
144
t au rebours de ses traditions profondes », que l’
Europe
se fera, une et diverse. Je ne vois pas une phrase, dans cet essai fi
145
ui de sa naissance — 1929, je le répète. « Petite
Europe
, toute seule dans un monde en tumulte, il faudra bien qu’elle compren
146
resser, qui voudront la réduire en servitude. « L’
Europe
vassale ! Cette perspective ne va-t-elle pas nous mettre debout ? Avo
147
ntaire de leur patrimoine commun. La civilisation
européenne
est le produit d’une collaboration séculaire et l’on ne saurait en su
148
ril : « Est-ce rêver encore que de conseiller à l’
Europe
, pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se rec
149
ses chroniques2, j’en trouve quelques-unes sur l’
Europe
: sur nos congrès de La Haye et de Bruxelles, sur l’idée de culture e
150
La Haye et de Bruxelles, sur l’idée de culture en
Europe
. Il suit le Mouvement européen de l’extérieur, d’un œil amical et cri
151
l’idée de culture en Europe. Il suit le Mouvement
européen
de l’extérieur, d’un œil amical et critique. Pourquoi ce précurseur n
152
-ce rêver, se demandait-il, que de conseiller à l’
Europe
… de se reconnaître une mission ? » Non, ce n’était pas rêver, il le s
153
au profil prend sa place parmi les effigies d’une
Europe
renaissante. 2. Témoin, p. 119-129. d. « Robert de Traz, l’Europé
154
2. Témoin, p. 119-129. d. « Robert de Traz, l’
Européen
», Revue de Suisse, Genève, n° 10, 1952, p. 3-5. e. Allusion au Dépa
155
oublier que l’inverse est aussi vrai. Ainsi de l’
Europe
, qui est une culture, foyer de toute la civilisation occidentale : ni
156
tiques, précolombiennes ou africaines, celle de l’
Europe
ne saurait être interprétée ni définie par un ensemble de mesures sac
157
e confond ici avec l’existentiel. La civilisation
européenne
a pour formule quelques options fondamentales, à la fois initiales et
158
rétiens, bi- et multilatéralement antagonistes. L’
Europe
est le produit de ces antagonismes, convergeant au carrefour hasardeu
159
rs de Nicée, le type de réalité que des siècles d’
Europe
entreprendraient de « vérifier » ou de reconnaître, même quand ils es
160
Pourquoi je suis
Européen
(20 juin 1953)q Je voudrais vous demander quelles ont été les rais
161
ersonnelles qui ont fait de vous un partisan de l’
Europe
unie ? Je suis né à Neuchâtel, c’est-à-dire dans le canton qui a été
162
attitude fédéraliste, et la nécessité d’une union
européenne
. C’est donc bien en tant que fédéraliste que je réagissais violemment
163
lisme de tout un siècle. Napoléon voulait faire l’
Europe
, oui, mais comme Hitler : il voulait un État européen et non l’Europe
164
rope, oui, mais comme Hitler : il voulait un État
européen
et non l’Europe réelle. Il voulait nommer des préfets… L’état d’espri
165
mme Hitler : il voulait un État européen et non l’
Europe
réelle. Il voulait nommer des préfets… L’état d’esprit jacobin, centr
166
écessairement totalitaire est le pire ennemi de l’
Europe
fédérée, dont la richesse et la créativité naissent de la diversité.
167
et dans lequel j’esquisse une histoire de l’homme
européen
, ou plutôt de sa manière de dire « je » ou « moi ». C’est là une noti
168
» ou « moi ». C’est là une notion essentiellement
européenne
, et que nous avons eu tort de tenir pour universelle. L’Asiatique n’a
169
arle d’individu, il faut s’entendre. Le véritable
Européen
, c’est l’individu à la fois libre et responsable, à la fois autonome
170
New York, j’ai fait une nouvelle découverte de l’
Europe
. Aux yeux des Américains il n’y a pas des Français, des Suisses, des
171
s, des Suisses, des Allemands, mais seulement des
Européens
. Ma position fédéraliste européenne était par essence antihitlérienne
172
seulement des Européens. Ma position fédéraliste
européenne
était par essence antihitlérienne, la guerre contre Hitler se présent
173
se présentait, pour moi, comme une guerre pour l’
Europe
unie. Je ne me doutais pas, alors, qu’Hitler s’était emparé du slogan
174
’Hitler s’était emparé du slogan de la « Nouvelle
Europe
»… À mon premier retour, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Espr
175
r, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Esprit
européen
» aux Rencontres internationales de Genève… En juillet 1947, rentrant
176
parmi les militants du nouveau mouvement, l’Union
européenne
des fédéralistes. J’étais embarqué. Résumons : j’ai été conduit à l’i
177
is embarqué. Résumons : j’ai été conduit à l’idée
européenne
par ma naissance, ma curiosité et mes voyages au temps de mes études,
178
e avis les maladies infantiles de la construction
européenne
? Il y a d’abord la maladie que j’appellerais française. Je pense non
179
nce, qui a été à l’avant-garde de la construction
européenne
, en constitue aujourd’hui le point faible. Mais il y a plus grave. Da
180
aible. Mais il y a plus grave. Dans tous nos pays
européens
, on méconnaît à la fois la faiblesse présente et les forces virtuelle
181
faiblesse présente et les forces virtuelles de l’
Europe
. Nehru, énumérant les puissances qui comptent dans notre monde, citai
182
RSS, la Chine et l’Inde. Il oubliait simplement l’
Europe
! Cette Europe qui voit se retourner contre elle le nationalisme qu’e
183
t l’Inde. Il oubliait simplement l’Europe ! Cette
Europe
qui voit se retourner contre elle le nationalisme qu’elle a inventé e
184
Vous savez que c’est à ce réveil de la conscience
européenne
que sont consacrés tous les efforts du Centre européen de la culture.
185
prenne pas une part plus active à la construction
européenne
? Je crains que la Suisse ne soit le dernier pays à entrer dans la fé
186
soit le dernier pays à entrer dans la fédération
européenne
. Mais alors, cette adhésion sera la preuve que la fédération est ferm
187
ers sont de Victor Hugo ? q. « Pourquoi je suis
Européen
», Jeune Europe, Paris, n° 7, 20 juin 1953, p. 7-8. Propos recueillis
188
Hugo ? q. « Pourquoi je suis Européen », Jeune
Europe
, Paris, n° 7, 20 juin 1953, p. 7-8. Propos recueillis par Charles Mai
189
et écrivain pénétrant devenu ardent militant de l’
Europe
qu’est Denis de Rougemont. Le directeur du Centre européen de la cult
190
is de fort bonne grâce à cet examen de conscience
européenne
que nous sommes heureux de publier dans notre journal. » r. Aucun li
191
e occidentale de l’homme , et Lettre ouverte aux
Européens
approfondiront cette question.
192
Unité et diversité de l’
Europe
(juin 1953)7 Beaucoup pensent aujourd’hui que l’Europe est trop di
193
juin 1953)7 Beaucoup pensent aujourd’hui que l’
Europe
est trop diverse pour qu’on puisse l’unir. Elle eut, disent-ils, son
194
union ne signifie pas que l’unité millénaire de l’
Europe
n’existe plus. Ensuite, il faudrait distinguer entre nos divisions pr
195
t sur l’avenir, comme dans le cas de l’union de l’
Europe
. Mais il y a plus. Il est parfaitement clair que la nation, au sens d
196
e à bien des égards. Il n’est pas une nation de l’
Europe
d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour sa productio
197
our peu que l’on compare l’ensemble des pays de l’
Europe
à d’autres continents, comme l’Asie, l’Afrique ou l’URSS, les caractè
198
’il s’agisse du sonnet, dans toutes les langues d’
Europe
, du roman (dérivé de Tristan), du tableau de chevalet ou de l’opéra,
199
a musique ni la peinture, créations typiques de l’
Europe
, n’ont jamais été nationales : elles furent des œuvres collectives, p
200
de dire « je » que lorsqu’il s’avoue criminel. L’
Européen
seul a placé la personne au-dessus de la collectivité. Comparées à la
201
nnent alors un trait fondamental du mode de vivre
européen
: chez nous seulement elles ont été admises (« Il y a plusieurs demeu
202
pour un réalisme. 7. « Unité et diversité de l’
Europe
», Pax Romana, Paris, n° 4, juin 1953.
203
Si la musique reste une création spécifique de l’
Europe
, le théâtre est un langage mondial, mais qui exprime mieux que tout a
204
hme intime d’une civilisation. Le décor a pris en
Europe
, depuis la Renaissance italienne et française, une importance que le
205
t d’une nation mais de toute une culture, — ici l’
européenne
. Quelques grands thèmes ou archétypes expriment l’Europe : Orphée, Ip
206
Quelques grands thèmes ou archétypes expriment l’
Europe
: Orphée, Iphigénie, Faust, Hamlet, Don Juan… À qui appartiennent-ils
207
Allemagne — et vous verrez l’unité vraie de notre
Europe
: celle qui se réalise dans la diversité des langages, des écoles, de
208
élément de pittoresque au débat sur l’union de l’
Europe
: M. Molotov, qui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six, a pr
209
: M. Molotov, qui voit grand, jugeant mesquine l’
Europe
des Six, a promis une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte
210
, jugeant mesquine l’Europe des Six, a promis une
Europe
des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile à établir. M
211
eurasiatique, cela saute aux yeux. Après tout, l’
Europe
est-elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa
212
ons, de ces divagations, un fait curieux : l’idée
européenne
a fait de tel progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans f
213
de le faire qu’à la conférence de Berlin l’idée d’
Europe
unie a constitué le plus sérieux atout des peuples libres dans leur c
214
alable qui reste, de toute évidence, l’union de l’
Europe
, condition de sa force (notre opinion l’oublie. Molotov, non). Longt
215
s très peu « diplomatiques ». Pendant des mois, l’
Europe
ne fera plus rien pour son union ; bien plus, elle va laisser pourrir
216
allemand nous intéresse beaucoup… Le colonialisme
européen
n’existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et l
217
ir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’
Europe
aux armées rouges. Sous la double poussée de la révolte asiatique et
218
olte asiatique et du colonialisme soviétique, une
Europe
persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la f
219
n sait la suite. Seule riposte possible : l’union
européenne
, capable d’opposer aux Russes une puissance qui les tienne en respect
220
’indépendance nationale ne sera plus arrêté par l’
Europe
, mais peut bien être détourné de ses fins par la Russie. Ils voient e
221
loir autant que nous, et autant que l’Amérique, l’
Europe
unie. Mais l’Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts pr
222
, et autant que l’Amérique, l’Europe unie. Mais l’
Europe
ne sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération
223
politique et son élargissement rapide de toute l’
Europe
. L’enchaînement de ces faits laisse peu de jeu à l’imagination et aux
224
vote français sur le projet de CED. Le sort de l’
Europe
dans le monde dépend d’une poignée de députés dont on ne saura jamais
225
e Genève ? s. « Ce petit cap de l’Asie », Jeune
Europe
, Paris, n° 27, 1er juin 1954, p. 1 et 8.
226
ans, sur lequel tous les députés et journalistes
européens
ont pris position en public ou dans le secret de leur cœur, mais que
227
que le sort du traité, et par suite le sort de l’
Europe
, dépend en fait des députés français, appelés par M. Mendès France à
228
de l’URSS, disposant de plus de 200 divisions, l’
Europe
était pratiquement désarmée, à l’exception de la Suisse et de la Suèd
229
, ces deux pays étaient neutres. C’est dire que l’
Europe
dépendait, pour sa défense éventuelle, de quelques divisions américai
230
uvaient lourde et coûteuse la tâche de protéger l’
Europe
. Ils souhaitaient que nous les aidions à nous aider. Et pourquoi, dis
231
is, d’autre part, comment défendre sérieusement l’
Europe
sans le concours d’un de ses plus grands pays, et de celui qui se tro
232
e des Allemands, tout en assurant la défense de l’
Europe
— et enfin pour hâter l’indispensable union de nos pays, la France im
233
communauté de défense », c’est-à-dire d’une armée
européenne
, remplaçant les armées nationales. Après des mois de discussions d’ex
234
sprit polémique ? Divisions nationales, armées
européennes
Les 132 articles du traité prévoient des institutions communes, de
235
sposition d’un état-major général, qui, lui, sera
européen
par sa composition et sa nomination. Si la CED est acceptée demain, q
236
on dès le temps de paix d’un commandement suprême
européen
. — Mais quel sera le pouvoir disposant de cette armée ? Le traité pré
237
un Commissariat de 9 membres, sorte de ministère
européen
de la Défense ; une Cour de justice et une Assemblée parlementaire, q
238
es pouvoirs politiques qui la contrôlent, l’Armée
européenne
ne pourra donc servir qu’à des tâches strictement et purement défensi
239
de ses territoires associés ou colonies hors de l’
Europe
. — Un procédé polémique des plus courants consiste à parler de la CED
240
, certains soutiennent que le traité « impose à l’
Europe
la volonté américaine ». La vérité sobre et limpide, c’est que si l’E
241
ine ». La vérité sobre et limpide, c’est que si l’
Europe
ne se donne pas elle-même les moyens d’assurer sa défense, c’est-à-di
242
culant à court terme. Les communistes veulent une
Europe
soviétisée. L’Europe unie serait forte et leur résisterait. Ils veule
243
Les communistes veulent une Europe soviétisée. L’
Europe
unie serait forte et leur résisterait. Ils veulent donc une Europe di
244
t forte et leur résisterait. Ils veulent donc une
Europe
divisée. Or, ce qui nous divise, c’est le nationalisme : il faut donc
245
gouvernée ». Enfin certains se disent : périsse l’
Europe
, pourvu que mes bénéfices continuent à rentrer, cela durera bien auta
246
tionale sans limites n’est plus qu’un rêve, que l’
Europe
n’est pas menacée par une armée allemande inexistante, mais par une e
247
toutes grandes les perspectives prochaines d’une
Europe
fédérée, gage de paix pour le monde et de prospérité pour tout un con
248
stacle principal que rencontre aujourd’hui l’idée
européenne
, c’est décrire activement notre méthode. L’obstacle dont je parle est
249
de l’Empire, loin de faire triompher dans toute l’
Europe
l’idéologie unitaire des jacobins, va susciter des nationalismes riva
250
t parlant. À partir de Napoléon, les nations de l’
Europe
vont se conduire comme des « individus » sans foi ni loi, au détrimen
251
e la grande communauté de civilisation qu’était l’
Europe
. Chacune se dira « souveraine », à l’imitation des rois absolus qui n
252
e, prêts à tirer, vont essayer de faire la loi en
Europe
. On parlera beaucoup de « concert des nations », et de « droit intern
253
eur « absolue souveraineté ». Pendant cent ans, l’
Europe
qui se croit rationnelle vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1
254
ielles — entre la souveraineté absolue et l’ordre
européen
, entre l’État-nation et la liberté, entre la religion nationale et la
255
e la nation et la paix — ont éclaté en 1914. Et l’
Europe
depuis lors se trouve devant ce choix, dont nous devons la rendre con
256
tuée par les jacobins, et soumettre alors toute l’
Europe
à une nation unique, totalitaire, assumant au mépris des personnes se
257
à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État
européen
qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’exté
258
a CED ou de toute autre forme d’organisation de l’
Europe
. Non pas comme une réalité, mais bien comme un prétexte à refuser les
259
ud venu pour mettre en doute la possibilité d’une
Europe
unie. Dissocier ce conglomérat monstrueux, réfuter cette confusion sé
260
utes premières tâches du fédéralisme appliqué à l’
Europe
. Mais le nationalisme, si incroyable que cela paraisse, a poussé plus
261
III. Deux modes de penser Il y a dans notre
Europe
du xxe siècle, deux types d’esprit et de sensibilité politique : les
262
cobin ; et aussi l’agent principal de l’expansion
européenne
. Ce sont en effet les États-nations, et non pas l’Europe comme telle,
263
Ce sont en effet les États-nations, et non pas l’
Europe
comme telle, qui ont conquis des débouchés à nos produits matériels e
264
il portait à son apogée la puissance mondiale des
Européens
, le nationalisme développait les germes de notre décadence. D’une par
265
France impérialiste. D’autre part, il épuisait l’
Europe
en y provoquant des guerres de plus en plus totales, à mesure qu’il s
266
aisait lui-même de plus en plus totalitaire. Si l’
Europe
, entre 1914 et 1954, a connu la décadence rapide, la chute de potenti
267
du xxe siècle, et avec les intérêts majeurs de l’
Europe
, tant spirituels que matériels. En s’opposant à l’ouverture indispens
268
sme politique mal compris opposent à l’union de l’
Europe
; il est devenu au surplus une forme de pensée réactionnaire, un syst
269
e fédéraliste, en effet, se représente la société
européenne
comme une constellation de foyers créateurs, non comme un puzzle form
270
urs été la condition des libertés personnelles en
Europe
. Mais c’est aussi le principe vivant du fédéralisme. Être d’une patri
271
ans appel le mythe nationaliste, destructeur de l’
Europe
et de sa paix. IV. Stratégie et tactique du fédéralisme Et cepe
272
là, sont même, en fait, plus nombreux que nous en
Europe
. Il nous faut faire l’Europe en dépit d’eux, mais nous ne pouvons la
273
nombreux que nous en Europe. Il nous faut faire l’
Europe
en dépit d’eux, mais nous ne pouvons la faire sans eux. Voilà le prob
274
se qu’ils n’osent pas attaquer : celle de l’union
européenne
. Il est clair que tous les obstacles à cette union viennent de l’espr
275
l’un de ces hommages que le nationalisme rend à l’
Europe
unie. Et M. Molotov lui-même propose un plan… Certes, on ne peut espé
276
opose un plan… Certes, on ne peut espérer faire l’
Europe
qu’en appliquant le fédéralisme, c’est-à-dire en tenant compte à chaq
277
réelle, sauvegarder nos diversités. Sans union, l’
Europe
disparaît, annexée ou colonisée. Mais si l’on opprime ses diversités,
278
colonisée. Mais si l’on opprime ses diversités, l’
Europe
cesse d’être elle-même. Ces deux exigences, bien moins contradictoire
279
ir compte du fait que nous ne sommes pas seuls en
Europe
, et que les nationalistes ne cesseront pas de sitôt d’opposer leurs «
280
? Ou bien peut-on la conserver tout en faisant l’
Europe
? Certains nationalistes, comme M. Herriot, nous disent qu’ils veulen
281
M. Herriot, nous disent qu’ils veulent bien d’une
Europe
unie, à condition qu’elle respecte les souverainetés nationales. Ce q
282
Tout cela me paraît plein d’enseignements pour l’
Europe
d’aujourd’hui. Tout cela nous indique une voie : nous devons désormai
283
la ratification d’une Constitution fédérale de l’
Europe
, afin que l’Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraine
284
une Constitution fédérale de l’Europe, afin que l’
Europe
recouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe de t
285
le Confédération ! Eh bien, si l’on nous fait une
Europe
aussi réellement fédéraliste que la Suisse, on pourra la nommer comme
286
ctures politiques, le fédéralisme va du local à l’
européen
, non point du national à l’international. Je ne puis ici qu’indiquer
287
es en Turquie et en Irlande. Jamais la culture en
Europe
ne s’est développée par des échanges contrôlés et officiels de nation
288
étralement à l’encontre du but allégué. Seule une
Europe
fédéraliste peut résoudre, en le supprimant, le problème mal posé des
289
ères douanières imposées à la vie culturelle de l’
Europe
et à ses produits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral européen
290
roduits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral
européen
— n’ont qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la
291
pte des causes nationalistes de la décadence de l’
Europe
, dégage les principes d’une méthode et les maximes d’une action seule
292
s à nous persuader que, désormais, le fédéralisme
européen
doit concentrer tout son effort sur un seul objectif décisif : la Con
293
objectif décisif : la Constitution fédérale de l’
Europe
. La méthode proposée par les Anglais et baptisée « fonctionnelle » n’
294
oyons donc qu’il n’est pas plus facile de faire l’
Europe
par pièces et morceaux, que de la faire dans un seul élan. Tourner un
295
événements politiques ont absorbé l’attention des
Européens
et des militants de l’Europe unie depuis l’été dernier : l’abandon du
296
é l’attention des Européens et des militants de l’
Europe
unie depuis l’été dernier : l’abandon du projet de CED et les accords
297
rejet de la CED ne met pas fin à la construction
européenne
, comme on l’a répété bien à tort : il montre simplement qu’une partie
298
représentent « un premier pas vers l’intégration
européenne
», comme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le
299
se passer prouve une fois de plus que l’éducation
européenne
des peuples, de leurs cadres et de leurs élites, reste à faire. Les p
300
e leurs élites, reste à faire. Les partisans de l’
Europe
unie ont péché depuis quelques années — et non seulement dans l’affai
301
ps ; et ils ont cru que la propagande pour l’idée
européenne
était faite. Examinons les réalités que cachaient ces deux illusions.
302
sistait à croire qu’il est plus facile de faire l’
Europe
par pièces et morceaux que de la faire dans un seul élan fédérateur :
303
ement soutenue. II. — Les mouvements de militants
européens
ont été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté
304
le public dans l’ignorance de la vraie situation
européenne
, des vrais buts du traité, du traité lui-même, et des conséquences de
305
des conséquences de son rejet. Or, les militants
européens
croyaient avoir expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires.
306
cts, petits livres de propagande ou d’information
européenne
publiés depuis 1947 dans les seize pays du CE et en Suisse, s’élève à
307
s nos peuples et leurs élites, devant le problème
européen
? Avant toute propagande massive, une préparation des esprits en prof
308
presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait. L’
Europe
unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades prépara
309
Reynold et l’
Europe
(1955)w Il y a quinze ans j’osais louer Reynold de n’avoir pas cra
310
ont donné tort, si notre Suisse prospère, modèle
européen
, c’est pour une part minime mais qui est la part de l’homme, parce qu
311
nt à Grandeur de la Suisse, voici Qu’est-ce que l’
Europe
? et l’annonce d’un grand œuvre consacré à la formation du plus vaste
312
la Suisse. Le sens de la grandeur et le sens de l’
Europe
: voilà qui nous éloigne de la Suisse des manuels, et de la Suisse «
313
spirituelles et historiques, qui sont celles de l’
Europe
entière ? Cités et pays suisses nous disait qui nous sommes, et Consc
314
e de la Suisse, où nous en sommes. Formation de l’
Europe
montre d’où nous venons. Ces repères définissent un axe. Cet axe part
315
Ces repères définissent un axe. Cet axe part de l’
Europe
des Romains et des Francs, traverse notre histoire et pointe vers un
316
n avenir qui ne peut être distinct de celui d’une
Europe
soit fédérée par la libre invention, soit unifiée par une force étran
317
ne force étrangère. Je ne vois pas un seul peuple
européen
qui ait autant besoin que le nôtre d’exercer ce que Reynold appelle «
318
souvent médiocres, c’est prendre conscience de l’
Europe
. Car l’Europe est faite dans l’ensemble des mêmes éléments que la Sui
319
cres, c’est prendre conscience de l’Europe. Car l’
Europe
est faite dans l’ensemble des mêmes éléments que la Suisse : à la foi
320
des communes. Toutefois ces éléments, séparés en
Europe
, voisinent dans nos cantons, nos familles, nos esprits. Et leur conci
321
es formules que Reynold a tirées de l’étude d’une
Europe
romano-germanique, n’est-il pas frappant de constater qu’elles résume
322
ience fédérale et fédéraliste de la Suisse ? De l’
Europe
à la Suisse, de la Suisse à l’Europe, ces mouvements de systole et de
323
uisse ? De l’Europe à la Suisse, de la Suisse à l’
Europe
, ces mouvements de systole et de diastole animent l’œuvre entière de
324
lus fécondes à méditer par les constructeurs de l’
Europe
. w. « Reynold et l’Europe », Gonzague de Reynold et son œuvre, Frib
325
es constructeurs de l’Europe. w. « Reynold et l’
Europe
», Gonzague de Reynold et son œuvre, Fribourg, Éditions universitaire
326
usqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’
Europe
. Dans le même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent le peupl
327
récédents. C’est au xiie siècle que s’atteste en
Europe
une modification radicale du jeu d’échecs, originaire de l’Inde. Au l
328
badours et fait leur gloire mondaine dans toute l’
Europe
. Or nous voyons cette religion de l’amour ennoblissant célébrée par l
329
oc, une Italie du Nord, une Germanie rhénane, une
Europe
tout entière enfin, où les passions « religieuses » et la théologie n
330
. De là, on peut suivre son progrès rapide vers l’
Europe
à travers une série de traductions en syriaque, en arabe, en latin, e
331
itions locales les plus touchantes et des express
européens
, petits trajets portés sur les axes du monde. Quel ennui, ces Seconde
332
Un exemple pour l’
Europe
(octobre 1956)ae Parmi les fédérations réussies, l’on peut citer l
333
onde, depuis plus d’un siècle. Les partisans de l’
Europe
unie ne manquent pas de le citer en exemple. Mais combien savent comm
334
nière qui me paraît pleine d’enseignements pour l’
Europe
d’aujourd’hui. Loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souv
335
és doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’
Europe
? Est-il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’Union ? Ces souveraineté
336
s figurent comme prétexte à refuser les évidences
européennes
? Voyons le concret. La souveraineté nationale n’est exercée en fait
337
chaque domaine ». Or, on ne voit plus aucun État
européen
qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-
338
nationale. Lors des débats de la table ronde de l’
Europe
tenue à Rome en 1953, deux arguments m’ont frappé comme étant propres
339
’ont frappé comme étant propres à éduquer le sens
européen
de notre opinion publique. Le premier fut apporté par M. Ernst Friedl
340
ur patrie « se perdre dans la masse informe d’une
Europe
unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publiciste grec :
341
ationales, les autorités fédérales prévues pour l’
Europe
, rétabliront en fait la souveraineté du peuple car le peuple sera ass
342
perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’
Europe
unie ? il nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe reco
343
l nous faut donc répondre maintenant : pour que l’
Europe
recouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe à se
344
20. 29. Ibid., p. 83. ae. « Un exemple pour l’
Europe
», Fédération, Paris, octobre 1956, p. 596-598.