1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 cien témoignage. Admettons même entre l’Inde et l’ Europe une parenté antérieure aux Aryens. (Elle paraît attestée par les symb
2 de par les conquérants aryens, ait son origine en Europe , où Platon l’idéalisa, tandis que César devait en retrouver des trace
3 Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascension de l’ Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les castes.
4 ux yeux du voyageur le moins prévenu. Atténuée en Europe par toutes les subsistances monumentales et religieuses du Moyen Âge,
5 ut devant l’idole4. Et une misère universelle. En Europe , dans un paysage où les clochers d’églises dominent encore généraleme
6 ns au contraire à ramener le carré au cercle. » L’ Européen commente ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deux voies de réalisatio
7 ozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen , ni de plus véritablement communautaire. Nous avons inventé l’ecclesi
8 nne n’a mieux traduit l’impression qui submerge l’ Européen livré à l’Inde, immergé dans la foule indienne. J’ai parlé de l’Hindo
9 i de la passivité. Les plus grands mystiques de l’ Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclus
10 de ses vassaux une telle docilité […]. Et chaque Européen éprouvera ici le même sentiment que le comte de Champagne : il se ver
11 bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’ Europe qui croit à l’absolue valeur de la personne dans chaque individu, n’e
12 r » et ce « plus violent des refus » qu’éprouve l’ Européen , selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ? Nous ne sommes pas m
13 ogie orthodoxe des catholiques et des protestants européens , qui conçoit Dieu comme le Toi de l’homme ; et l’Asie par ceux des sy
14 je demanderai à l’Inde de représenter l’Orient, l’ Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comme
15 joué en Asie un rôle très comparable à celui de l’ Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour re
16 uite en Amérique du Nord. À la confrontation de l’ Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait répondre
17 s, et poètes, et bien sûr, à tous les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tag
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
18 ue (mai 1957)b 1. Il suffit de s’éloigner de l’ Europe dans n’importe quelle direction pour sentir la réalité de notre unité
19 les Suédois et les Castillans sont vus comme des Européens  : il doit y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en
20 ficilement au regard des Autres. Vue de dehors, l’ Europe est évidente. L’histoire que nous vivons la définit avec une précisio
21 norer Bandung. 2. J’ai cru remarquer que ceux des Européens qui insistent avec le plus d’emphase sur la nature universelle de nos
22 sonnalité économique, sociale ou scientifique à l’ Europe qu’il faudrait unir, sont bien souvent les mêmes qui, faisant demi-to
23 bles (dans le domaine de leur spécialité) entre l’ Europe et le Congo ou le Cachemire, tandis qu’il y en aurait d’insurmontable
24 dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’ Europe . (Je ne parle pas ici de politique, mais seulement de formes d’esprit
25 ulaires, invoqué sans fatigue contre l’union de l’ Europe , n’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’observateur
26 la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’ Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français,
27 a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral européen .) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’Europe, et les dangers q
28 péen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’ Europe , et les dangers qu’on redoute de cette union sont également imaginair
29 couvrent — et cela dure depuis des années — que l’ Europe n’existe pas comme entité géographique et historique, car ses frontiè
30 , qui ne l’est guère. Conclusion : il n’y a pas d’ Europe , et si l’on en veut une, il faudra l’inventer. Ce qui ne facilite guè
31 t de surseoir au débat sur l’avenir immédiat de l’ Europe , fournit à nos intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire co
32 que j’écris14. Bien qu’auteur d’une Histoire de l’ Europe , M. Berl estime aujourd’hui que l’Europe n’est pas une entité, mais u
33 ire de l’Europe, M. Berl estime aujourd’hui que l’ Europe n’est pas une entité, mais une pure et simple expression. En effet, s
34 que l’Empire romain fût une première ébauche de l’ Europe . Mais il excluait Francfort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient qu
35 fort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient que l’ Europe débute avec le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci excluait
36 lkans, toute l’Europe de l’Est. La naissance de l’ Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne serait-ell
37 ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’ Europe ne serait-elle donc pas née du tout, parce qu’on ne s’accorde pas sur
38 ’ergoter sur sa définition. En privant le concept Europe de son passé, on ne tend à rien de moins qu’à miner son avenir, et l’
39 science commune. 5. Au sujet de la naissance de l’ Europe , vingt théories s’affrontent inutilement je le crains, car il en va d
40 peu, l’œuvre est là. Depuis quand parle-t-on de l’ Europe  ? S’agirait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes
41 our le congrès de Vienne, s’intitulait pourtant L’ Europe est née ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’Europe au-dess
42 ée ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’ Europe au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage
43 ope au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la b
44 ». Cependant, la prise de conscience d’une entité européenne ne peut être attestée à l’aide de documents qu’à partir de l’an 1300 
45 rit M. Denys Hay, « constituaient des cartes de l’ Europe en tant que telle, et (ce qui est encore plus important) ils étaient
46 vaient les côtes16 ». Mais pour voir les vocables Europe et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre les
47 côtes16 ». Mais pour voir les vocables Europe et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre les xive et xve
48 ar les Turcs, et tend ainsi à se confondre avec l’ Europe géographique, cependant qu’à l’inverse les premiers humanistes commen
49 istinguer les deux concepts de christianitas et d’ Europa . C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand humanis
50 ini, puis grand pape sous le nom de Pie II, que l’ Europe se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, comme l’héritière chré
51 ortune que devait connaître cette définition de l’ Europe par ses trois sources principales, reprise naguère avec éclat par Val
52 ent tenté de nier l’existence d’une vraie culture européenne , en arguant non seulement de ce qu’une pareille culture est difficile
53 xixe siècle. Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? dit l’ Europe aux nations. Elles seraient bien en peine de répondre. Spécifiquement
54 eraient bien en peine de répondre. Spécifiquement européenne ou non, la culture des Européens est tout de même plus ancienne que n
55 Spécifiquement européenne ou non, la culture des Européens est tout de même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-
56 issances refusaient de sacrifier sur l’autel de l’ Europe . Que l’idée nationale soit forte encore, il serait absurde de le cont
57 ux de beaucoup d’intellectuels, la nation cache l’ Europe comme l’arbre la forêt. Je dirai plus : l’Européen demeuré nationalis
58 ’Europe comme l’arbre la forêt. Je dirai plus : l’ Européen demeuré nationaliste au fond de son cœur, me paraît comparable à un a
59 as temps de faire voir à ces nationalistes qu’une Europe fédérée serait seule en mesure de sauver le concret de nos vies natio
60 que que devrait revêtir une union authentiquement européenne , ne saurait être que fédéraliste. En effet, nos diversités constituen
61 centralisme niveleur, c’est le secret de la santé européenne . Ici, culture et politique se joignent dans la seule et même exigence
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
62 Histoire ; je dis seulement que pour l’Histoire l’ Europe existe, dans la mesure exacte où M. Berl lui-même peut écrire une His
63 où M. Berl lui-même peut écrire une Histoire de l’ Europe . Je suis très loin de qualifier de sophistes ceux qui pensent néanmoi
64 ier de sophistes ceux qui pensent néanmoins que l’ Europe reste à « faire » ; je dis seulement qu’on ne peut la vouloir et la f
65 refus du Droit, la guerre à l’Est, le chauvinisme européen , etc. J’approuve au contraire M. Berl quand il crie Vive l’Europe ! c
66 pprouve au contraire M. Berl quand il crie Vive l’ Europe  ! contre tout cela. Mais pourquoi le crier contre moi, comme si vraim
67 esse de mettre en doute l’existence même de cette Europe qu’il faut sauver. c. « [Lettre en réponse à Emmanuel Berl] », La T
68 mont, concluait en effet son article intitulé « L’ Europe au pied du mur » par ce post-scriptum : « Je sentais l’urgence de rap
69 riptum : « Je sentais l’urgence de rappeler que l’ Europe ne peut et ne doit pas être regardée comme une entité ni comme une fi
70 l regarde comme “sophistes” ceux qui disent que l’ Europe ne sera pas, si on ne la fait pas être : la plupart des “européens” f
71 pas, si on ne la fait pas être : la plupart des “ européens ” furent donc des sophistes. Guéhenno dirigeait la revue : Europe, il
72 donc des sophistes. Guéhenno dirigeait la revue : Europe , il ne pensait pas que l’Europe fut déjà faite. M. de Rougemont me di
73 igeait la revue : Europe, il ne pensait pas que l’ Europe fut déjà faite. M. de Rougemont me dit qu’il y a une Suisse, quoiqu’o
74 a Suisse. En 14, en 39, elle était neutre. Mais l’ Europe  ? était-elle pendant la bataille de Stalingrad avec Staline ou avec H
75 elle vit. Filibusterie à part, je prétends rester européen et même bon européen, sans souhaiter, et même sans accepter une Europ
76 e à part, je prétends rester européen et même bon européen , sans souhaiter, et même sans accepter une Europe qui naîtrait de l’i
77 ropéen, sans souhaiter, et même sans accepter une Europe qui naîtrait de l’imposture et vivrait de la tyrannie. Je crierai : v
78 re et vivrait de la tyrannie. Je crierai : vive l’ Europe  ! si elle rétablit la concorde, non si elle attise la discorde entre
79 s, il y a des hommes si engagés dans les affaires européennes qu’ils oublient les motifs mêmes de leur engagement. Tels les philant
80 nt ceux qu’elle devait secourir. Je ne prônerai l’ Europe ni contre la Vérité, ni contre la Raison, ni contre la Justice, ni co
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
81 à répandre un peu plus les raisons de croire à l’ Europe . On sait que cet historien, ce philosophe s’est, depuis dix ans, cons
82 ix ans, consacré à militer pour l’idée de faire l’ Europe comme a été faite l’Amérique. Il suffit, dit-il, de se trouver en Amé
83 -il, de se trouver en Amérique, pour savoir que l’ Europe existe, ne serait-ce que dans l’esprit des Américains qui ne veulent
84 Et quand on me demande où commence et où finit l’ Europe , j’assure que, plutôt que discuter de frontières mouvantes, il vaut m
85 ut mieux se préoccuper de définir la civilisation européenne à travers son histoire et d’en mesurer les effets. C’est ce que j’ai
86 t optimiste : on parle en effet de décadence de l’ Europe . Mais où voit-on cette décadence ? La planète entière est en train de
87 voyez l’Inde : ne se mettent-elles pas à l’heure européenne  ? L’Europe dévore les nuits et les jours de Denis de Rougemont. Il ne
88 ne se mettent-elles pas à l’heure européenne ? L’ Europe dévore les nuits et les jours de Denis de Rougemont. Il ne peut écrir
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
89 Deux guerres mondiales, ruinant le prestige de l’ Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des tyrannies t
90 grer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’ Europe , à peu près unanimes, entrèrent en dissidence et se mirent à dénoncer
91 es lecteurs qu’il voulait révolter. Le masochisme européen avait trouvé son expression suprême. Et Kafka n’était plus que le Jea
92 sayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe , depuis un demi-siècle, dans les lettres, les arts et la philosophie,
93 i ouvrit, en 1919, le grand courant du pessimisme européen , par cette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que notre civilis
94 social, la Morale athéiste. Tout ce qui compte en Europe est donc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine de l’éthique e
95 e hongroise et ressenti profondément dans toute l’ Europe , mais aussi en Asie, et plus qu’on ne pense en URSS, n’aurait-il pas
96 nt » et considérait comme fatal l’écrasement de l’ Europe entre les blocs. Un certain déterminisme technologique, enfin, annonç
97 grois, s’il n’est pas l’URSS n’est pas non plus l’ Europe … On devine, pour quelles raisons. Mais que valent-elles ? Deuxième i
98 valent-elles ? Deuxième illusion fataliste : « L’ Europe est condamnée. » — L’Europe détrônée par deux guerres et ruinée par s
99 usion fataliste : « L’Europe est condamnée. » — L’ Europe détrônée par deux guerres et ruinée par sa division en vingt-cinq Éta
100 — se verront démenties par le nouvel essor d’une Europe reprenant la tête du progrès. Et c’est une autre prophétie, qui devie
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
101 ctobre 1957)f L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. La Messe en ut mi
102 te tentative verbale pour exprimer ce que l’homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe
103 us pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’ Europe suprême, elle n’ira pas plus haut, peut-être ; mais qui serait en mes
104 ser mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’ Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommet
105 et à l’intérieur même de presque tous les pays. L’ Europe latine, anglo-saxonne et germano-scandinave, conservatoire et laborat
106 nt de vue des valeurs et des tensions. Le Sud-Est européen , de la Puszta hongroise à l’Asie Mineure turque, en passant par les B
107 n planifiée mais grossière, aux dépens de valeurs européennes plus complexes, qui furent éliminées avec les anciennes classes, et d
108 tées par une petite tache d’un rouge sombre sur l’ Europe médiane tandis que les Amériques et l’Australie seraient en rouge vif
109 e seraient en rouge vif, les franges sud-est de l’ Europe en rose, et l’URSS en quadrillé rouge et blanc. Quant à l’Asie et à l
110 e siècle. Le colonialisme a laissé des quartiers européens à Bombay comme à Capetown et à Hong Kong17 et des décors industriels
111 adopter coup sur coup une doctrine d’État venue d’ Europe  : le marxisme ; la technique et les armes de l’Occident ; l’alphabet
112 lectuel indonésien me dit un jour : « Vous autres Européens , vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous a
113 ient que réinventer les lieux communs de chansons européennes qu’ils ne connaissaient pas. Ainsi chaque machine exportée est, en fa
114 à exporter et les plus rapidement acceptés hors d’ Europe  ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqués, mai
115 echnique évidemment. Mais comment expliquer que l’ Europe ait seule développé la technique dès la fin du xviiie siècle ? C’est
116 siècle ? C’est qu’il se produisit à ce moment, en Europe , une conjonction sans précédent : celle de la science, s’établissant
117 s fondamentales élaborées aux origines mêmes de l’ Europe  ; la notion grecque d’individu et la notion chrétienne de personne. L
118 unissent les attitudes fondamentales de la psyché européenne et les principes ou les produits qui manifestent son activité, il app
119 a seule ville orientale qui n’ait pas de quartier européen  ». f. « Le rôle mondial des valeurs occidentales », Occident, Bruxel
7 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
120 ion d’Hitler, puis sa ruine entraînant celle de l’ Europe entière, la renaissance de l’idée d’union, et l’arme absolue dans les
8 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
121 Demain l’ Europe sans frontières ?[préface] (1958)g L’homme ne vit pas de pain seul
122 , mais ne vit pas longtemps sans pain. Ainsi de l’ Europe . Pour unir les 332 millions d’habitants qu’elle compte à l’ouest du r
123 eur future intégration dans le cadre d’une Grande Europe associée aux nations africaines ne supposent pas seulement une politi
124 les frontières économiques étaient supprimées en Europe  ? Telle était la règle du jeu. Nous ne demandions pas comment faire p
125 s croient aux chiffres, et que les militants de l’ Europe fédérée croient aux bienfaits automatiques de l’union, sans avoir tou
126 e proprement scientifique. Pourtant, un optimisme européen bien tempéré se dégage de leurs études, dont le plan fut arrêté en co
127 autorisés, et dans bien des cas, assurés. Étrange Europe , qui a tout pour elle si elle s’unit mais qui a tant de peine à s’acc
128 naires du CEC ; Marché commun et Euratom , et L’ Europe s’inscrit dans les faits , publications du CEC. g. Préface à Demain
129 its , publications du CEC. g. Préface à Demain l’ Europe sans frontières ?, Paris, Plon, 1958, p. I-II.
9 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
130 Europe et culture (1958)h On peut créer une fédération européenne, et il
131 t culture (1958)h On peut créer une fédération européenne , et il le faut. Mais on ne peut pas créer une culture européenne et p
132 il le faut. Mais on ne peut pas créer une culture européenne et personne ne l’a jamais demandé, pour la simple raison qu’une cultu
133 omme une institution, et qu’au surplus la culture européenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui nous permet de parler de
134 le, et elle seule, qui nous permet de parler de l’ Europe comme d’une unité existante, sur laquelle il devient possible de cons
135 scolaire : ils ont retenu de leurs manuels que l’ Europe se divise en autant de cultures qu’elle a de nations, celles-ci corre
136 er est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’ Europe pour les motifs que nous indique clairement la conjoncture mondiale d
137 njoncture mondiale du xxe siècle, la culture des Européens peut-elle contribuer à cette union, ou bien lui fait-elle obstacle ?
138 institution culturelle soucieuse des destins de l’ Europe . D’une part, une telle institution devra montrer que l’Europe est d’a
139 e part, une telle institution devra montrer que l’ Europe est d’abord une culture, qu’elle doit à sa culture d’avoir dominé le
140 cette culture est commune à tous les peuples de l’ Europe , puisque leurs nations mêmes en sont nées, non l’inverse. D’autre pa
141 es de notre culture millénaire. On ne fera pas l’ Europe sans sa culture, car ce serait faire l’Europe sans ce qui la définit.
142 s l’Europe sans sa culture, car ce serait faire l’ Europe sans ce qui la définit. Cette culture fonde et manifeste l’unité qui
143 telles qui s’opposent à l’union. On ne fera pas l’ Europe en répétant qu’il est indispensable de s’unir : tout le monde le sait
144 élites et les masses, leur montrer le drame de l’ Europe , mais aussi le rôle décisif de cette Europe dans les transformations
145 de l’Europe, mais aussi le rôle décisif de cette Europe dans les transformations du monde au xxe siècle, sa vocation, et son
146 ations. 4° Favoriser le dialogue entre la culture européenne d’une part, et les cultures asiatiques, islamiques, russe et américai
147 tre part : car confrontés avec le Monde, tous les Européens se découvriront frères, et verront mieux leur vocation commune. ⁂ S
148 ce sens depuis que la grande question de l’union européenne s’est trouvée posée, au lendemain de la dernière guerre ? Parallèleme
149 ents fédéralistes, une série d’instituts d’études européennes se créent dès 194620. Ils nouent des liens entre eux dès 1950. On en
150 u de rang universitaire. En 1948, le Congrès de l’ Europe , à La Haye, décide la création d’un Centre européen de la culture. Ce
151 en l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à Lausanne, et définit les tâches du Centre e
152 es du Centre européen de la culture, du Collège d’ Europe (Bruges), d’une association des universitaires, et d’un Laboratoire e
153 sociation des universitaires, et d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires (fondé en 1953 sous le nom de CERN, à Genève
154 labore et fait ratifier une Convention culturelle européenne , convoque deux tables rondes sur l’héritage commun des Européens, cré
155 oque deux tables rondes sur l’héritage commun des Européens , crée des bourses, organise des expositions de peinture, patronne la
156 ientifiques. Une Association des universitaires d’ Europe et une Association européenne des enseignants se fondent en 1955 et e
157 on des universitaires d’Europe et une Association européenne des enseignants se fondent en 1955 et en 1956… La Journée européenne
158 ignants se fondent en 1955 et en 1956… La Journée européenne des écoles propose chaque année des sujets de rédaction sur l’Europe
159 ropose chaque année des sujets de rédaction sur l’ Europe aux élèves des écoles de 7 pays, et donne des prix à 80 d’entre eux,
160 , sur plus de 300 000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée à Genève en 1954, et opère depuis cette ann
161 ses, mémoires et numéros spéciaux de revues sur l’ Europe et ses problèmes compte déjà, depuis dix ans, plusieurs centaines de
162 Aurait-il réussi à s’imposer à la conscience des Européens  ? Hélas ! la somme totale des budgets annuels de toutes les organisat
163 es deux vérités primordiales, à savoir : 1° que l’ Europe n’a dû sa puissance qu’aux inventions, procédés et systèmes de tous o
164 es en matières premières) ; 2° que la culture, en Europe , perdra sa vitalité si les États et les mécènes virtuels du continent
165 générale du CEC est de contribuer à l’union de l’ Europe en ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et
166 initiatives. Fondé sous les auspices du Mouvement européen , le CEC est issu des délibérations du congrès de La Haye (mai 1948).
167 itution projetée, et d’organiser une « Conférence européenne de la culture ». Celle-ci se réunit à Lausanne en décembre 1949, et f
168 ce d’un problème culturel qui se pose à l’échelle européenne , et ses possibilités de solution pratiques. Un budget réduit au stric
169 les traits qui distinguent cet organisme privé et européen de la plupart des organisations gouvernementales et internationales e
170 rs et critiques musicaux à Rome, en 1953, le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création du CERN, bornons-nous
171 CEC : éducation, information, recherches. Faire l’ Europe , c’est d’abord faire des Européens, et cela signifie d’une part, éduq
172 cherches. Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens , et cela signifie d’une part, éduquer dans les nouvelles générations
173 elles ; d’autre part, exposer l’état présent de l’ Europe , son drame mais aussi ses possibilités d’avenir au plan mondial, si e
174 de nos pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant appui soit sur le corps enseignant d’une région donnée, soit
175 l les fait bénéficier de ses moyens d’information européenne . Ceux-ci consistent en publications, films et conférences. Le Bullet
176 numéros spéciaux consacrés à des sujets d’intérêt européen , et largement diffusés en plusieurs langues. Des plans de causerie ,
177 s aux organisations intéressées par les problèmes européens . Une série, de films documentaires sur l’Europe est en cours de réa
178 opéens. Une série, de films documentaires sur l’ Europe est en cours de réalisation. Enfin, l’information de la presse est as
179 tion de la presse est assurée par les Actualités européennes , fascicule mensuel distribué à près de 1500 journaux, qui peuvent re
180 ts Séminaires, l’un sur l’avenir économique d’une Europe sans frontières intérieures l’autre sur les conséquences pour la cult
181 réation d’un Institut technologique de formation européenne , pour les ingénieurs ; convocation d’une Conférence « Afrique du Nord
182 rallèlement l’Association des instituts d’études européennes , qui groupe 19 instituts de niveau universitaire, et l’Association
183 tituts de niveau universitaire, et l’Association européenne des festivals de musique , qui groupe 21 grands festivals, poursuiven
184 s assurés par le CEC. Cependant que l’Association européenne des enseignants et celle des universitaires d’Europe proposent au CEC
185 nne des enseignants et celle des universitaires d’ Europe proposent au CEC une forme « fédéraliste » d’affiliation, sauvegardan
186 is superficielle, la multiplicité des initiatives européennes dans le domaine très vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à
187 ù les institutions économiques et politiques de l’ Europe naissante proclament leur volonté de concentrer autant que possible l
188 tuation politique et la situation culturelle de l’ Europe . Minorisée aux Nations unies, menacée dans ses positions mondiales pa
189 te de leur expansion économique ou idéologique, l’ Europe reste sans voix pour définir ses intérêts vitaux et affirmer sa vocat
190 , faute d’une institution unique et compétente. L’ Europe a donc besoin d’un ministère des Affaires étrangères européennes. Mai
191 onc besoin d’un ministère des Affaires étrangères européennes . Mais de même, dans le plan culturel, les difficultés immenses qui na
192 fois) bien avant d’être politiques. Là encore, l’ Europe mise au défi en tant qu’ensemble culturel, reste sans voix. C’est ici
193 . C’est ici la nécessité de relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces cultu
194 cultures ou civilisations : vue de l’extérieur, l’ Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront
195 e culture, que si elles se présentent au nom de l’ Europe entière, sûre de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. 19. On parl
196 aire 1957 de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE) publié en novembre 1957 par le Centre européen de la culture.
197 privées aux USA : 10 % du revenu national. h. «  Europe et culture », Quelle Europe ?, Paris, Fayard, 1958, p. 69-76.
198 evenu national. h. « Europe et culture », Quelle Europe  ?, Paris, Fayard, 1958, p. 69-76.
10 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
199 La nature profonde de l’ Europe (juin 1959)j Si l’Europe disparaissait, le monde perdrait le secr
200 nature profonde de l’Europe (juin 1959)j Si l’ Europe disparaissait, le monde perdrait le secret d’un certain équilibre des
201 cependant veut l’universel. Denis de Rougemont L’ Europe s’est définie dans le monde par son pouvoir d’aller au-delà d’elle-mê
202 posantes, souvent contradictoires, qui ont fait l’ Europe . Sources grecque, juive et phénicienne, romaine, celte et germanique,
203 sité, spirituelle par vocation, puis unifiante. L’ Europe n’a pas seulement découvert le monde : elle l’a fait. Épousons cette
204 monde : elle l’a fait. Épousons cette idée d’une Europe qui n’existe que dans son dépassement et qui ne serait pas elle-même
205 un peut vérifier sans peine, nous font voir que l’ Europe se définit d’abord par sa fonction mondiale et non par ses limites. 1
206 ction mondiale et non par ses limites. 1. C’est l’ Europe qui a conçu l’idée d’humanité, la vision planétaire d’un genre humain
207 de l’Inde et de la Chine ? Ces spécialistes sont Européens sans doute ; et, que l’on sache, ces notions ne sont point parvenues
208 ns de toute la terre en un seul corps. 2. C’est l’ Europe qui a donné naissance à la seule civilisation effectivement mondiale.
209 range, c’est avec la fin de l’ère du colonialisme européen que coïncide cette contagion occidentale accélérée dans tous les peup
210 est encore observé, ni même pressenti. 3. C’est l’ Europe qui peut seule animer le courant des échanges mondiaux. Car c’est ell
211 inentales. Ne parlons pas ici d’une vocation de l’ Europe  ; il ne s’agit que d’une nécessité, qui n’en dicte pas moins une poli
212 la veille de la guerre de 1914, les échanges de l’ Europe avec le monde représentaient 38 % de son commerce. Aujourd’hui, les i
213 correspondent qu’à 4 % de leur revenu national. L’ Europe n’est rien sans le monde : elle doit être mondiale, par une nécessité
214 re mondiale, par une nécessité vitale. 4. C’est l’ Europe qui représente aujourd’hui non seulement le Musée du Monde, mais son
215 mais son premier laboratoire. « Tout est venu à l’ Europe et tout en est venu. Ou presque tout », dit Valéry. Mais je ne vois r
216 u presque rien, à part le jazz, qui soit venu à l’ Europe de soi-même. L’archéologie, l’ethnographie, la paléontologie, la palé
217 est une création de l’histoire. Qui d’autre que l’ Europe a su tendre ce piège à l’espace et au temps de l’humanité totale ? Po
218 de l’humanité totale ? Pour ce qui est venu de l’ Europe , on renonce à l’énumérer ; c’est « tout ou presque tout » de ce qui d
219 rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’ Europe . Europe, patrie de la Mémoire et de l’invention, fomentées l’une par
220 re l’Amérique, qui est une invention de l’Europe. Europe , patrie de la Mémoire et de l’invention, fomentées l’une par l’autre
221 , comme la systole et la diastole du cœur humain. Europe , donc, cœur du monde, et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres
222 ns le revenu national : 4 %, ne l’oublions pas. L’ Europe seule périrait, sans discussion possible, si elle en était réduite à
223 si elle en était réduite à vivre sur elle-même. L’ Europe seule ne peut plus se payer une politique provincialiste. Elle se voi
224 à leur tour, mais n’en montrant pas les moyens. L’ Europe dans son ensemble se voit donc appelée par la conjoncture historique
225 épassement d’elle-même. À cet appel, toutefois, l’ Europe ne peut répondre que dans la mesure où elle est forte et saine : c’es
226 nion de ses forces variées. Vue de l’extérieur, l’ Europe est évidente en tant qu’unité de culture. Seuls les Européens qui se
227 t évidente en tant qu’unité de culture. Seuls les Européens qui se veulent avant tout champions de nations différentes, ayant app
228 ils exceptent aussitôt cet État de la communauté européenne . Je me rappelle ce jeune Oriental qui disait devant un congrès d’étud
229 Portugais, mais en revanche nous aimons d’amour l’ Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne peut donc bénéficier du
230 peut donc bénéficier du crédit qui s’attache à l’ Europe tout entière, s’il se présente en tant que nation distincte. Et cela
231 on distincte. Et cela s’explique. Car les valeurs européennes , aux yeux du monde, ne sont universelles que dans la mesure où elles
232 ut prétendre à représenter valablement l’ensemble Europe devant le reste du monde, aucun non plus ne peut prétendre à subsiste
233 prétendre à subsister par ses propres moyens, en Europe même. Le Message aux Européens , que je lus en clôture du congrès de
234 s propres moyens, en Europe même. Le Message aux Européens , que je lus en clôture du congrès de La Haye, le 12 mai 1948, commen
235 s de La Haye, le 12 mai 1948, commence ainsi : L’ Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de s
236 i 1948, commence ainsi : L’Europe est menacée, l’ Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvri
237 er, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à
238 congrès, qui marqua le départ de l’action pour l’ Europe . Malgré l’humiliant démenti que lui infligea l’affaire de Suez, l’ill
239 ns par tous les océans, mais elle est isolée de l’ Europe par la Manche. La Suisse est neutre parce qu’elle est au centre de l’
240 uisse est neutre parce qu’elle est au centre de l’ Europe , et à cause d’une histoire très ancienne ; l’Autriche est neutre auss
241 fictives. Nous voyons converger vers l’union de l’ Europe les nécessités individuelles de toutes nos nations, sans exception, e
242 ésente : elle est le principe même de l’existence européenne , elle est l’Europe en tant que pouvoir créateur. Une Europe uniformis
243 incipe même de l’existence européenne, elle est l’ Europe en tant que pouvoir créateur. Une Europe uniformisée perdrait sa forc
244 le est l’Europe en tant que pouvoir créateur. Une Europe uniformisée perdrait sa force principale : l’indiscipline foncière de
245 condes qui la tissent depuis deux-mille ans que l’ Europe a tiré son dynamisme incomparable. Qu’un tel régime n’aille pas sans
246 secret du fédéralisme. Mais tout ce qui a fait l’ Europe illustre cette méthode. Prenez le dogme : la Trinité est animée par l
247 chœur ou qu’un orchestre, créations typiques de l’ Europe ). Prenez la peinture : les couleurs chantent si elles sont bien oppos
248 n fédérale, seule conforme à la formule même de l’ Europe , et n’ayant d’autre but que d’entretenir un foyer permanent d’animati
249 ables et des organigrammes de lignes aériennes. L’ Europe unie du xxe siècle, fonction mondiale et foyer de rayonnement planét
250 des historiens amateurs, des limites exactes de l’ Europe , loin d’être un sérieux « préalable », est une simple sottise à l’âge
251 teurs du traité de Rome d’avoir voulu « limiter l’ Europe à six pays » sont-ils sincères, ou simplement vexés que l’Europe ait
252 ys » sont-ils sincères, ou simplement vexés que l’ Europe ait commencé en dépit de leurs calculs réalistes, et sans eux ? Ceux
253 s eux ? Ceux qui opposent aujourd’hui à la Petite Europe , déjà réelle, une Grande Europe qu’ils n’ont cessé depuis dix ans de
254 d’hui à la Petite Europe, déjà réelle, une Grande Europe qu’ils n’ont cessé depuis dix ans de refuser comme utopique — d’où la
255 irmer honnêtement que les promoteurs de la Petite Europe l’ont voulue petite, et que leurs détracteurs actuels la voulaient gr
256 tout. Chacun voit, au contraire, que cette Petite Europe (qui égale sur plus d’un point les grands États-Unis et dépasse bien
257 nécessairement à rater les Six et à agir contre l’ Europe , qui se verrait rapetissée et non pas renforcée. En revanche, vouloir
258 e du Kremlin, très alertée sur le « danger » de l’ Europe unie, et cela depuis le congrès de La Haye dont nos journaux parlèren
259 s prise trois semaines auparavant et qui chassa l’ Europe des grands titres…) Opposer la Petite Europe à la Grande est un doubl
260 sa l’Europe des grands titres…) Opposer la Petite Europe à la Grande est un double non-sens ; c’est d’abord méconnaître sans n
261 e à la définition que je proposais plus haut de l’ Europe comme fonction, c’est-à-dire d’une Europe qui ne serait pas elle-même
262 ut de l’Europe comme fonction, c’est-à-dire d’une Europe qui ne serait pas elle-même si elle ne tendait sans cesse à être plus
263 e plus qu’elle-même. Ce qu’il y a de foncièrement européen dans l’existence encore fragile des Six, c’est qu’ils sont vitalement
264 nombre des fils de ce Japhet auquel fut dévolue l’ Europe — l’Asie allant à Sem, l’Afrique à Chain — selon la tradition des Pèr
265 le, ils sauront bien, c’est dans leur sang, que l’ Europe entière n’est qu’un appel au monde. Quelles sont les chances actuelle
266 notre union, en d’autres termes, les chances de l’ Europe  ? Celles de la civilisation, ni plus ni moins. Car, je le répète, l’E
267 ilisation, ni plus ni moins. Car, je le répète, l’ Europe seule, dans l’histoire, a su rendre effective l’implicite ambition de
268 ées sur l’homme, son destin ou sa vocation, car l’ Europe justement, seule encore dans l’histoire, a su devenir une culture de
269 ées et développées par le Musée et le Laboratoire européens , pour être diffusées de nos jours sur toute la terre ? Il s’en faut d
270 s.) Les civilisations antiques, sans lesquelles l’ Europe ne serait guère, n’ont pas été retirées du jeu mondial, mais seulemen
271 uropéanisent en profondeur, plus rapidement que l’ Europe ne s’américanise par quelques signes extérieurs. L’URSS ? Elle s’esso
272 iverselle de coopération pacifique, initiée par l’ Europe au nom de sa religion et rendue pour la première fois possible par sa
273 e question à des sages des cinq continents ; si l’ Europe devait disparaître, emportée par un cataclysme ou défaite, nation par
274 ant que plus d’un l’approuvera : en perdant notre Europe vivante, le monde perdrait aussi les secrets et recettes d’un certain
275 veut l’universel. j. « La nature profonde de l’ Europe  », Réalités, Paris, n° 161, juin 1959, p. 80, 87-88 et 91.
11 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
276 ème brûlant qui se posait aux Suisses, dans cette Europe où les campagnes de Napoléon venaient de susciter les passions nation
277 furent pas les seuls à poser ce problème, dans l’ Europe du xixe siècle, ils furent les seuls à le résoudre d’une manière eff
278 am Martin — ressemblait sous le Pacte de 1815 à l’ Europe d’aujourd’hui. Les cantons souverains étaient les maîtres incontestés
279 reurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nous verrons égalem
280 les raisons que l’on invoque aujourd’hui au plan européen pour ne pas corriger des erreurs analogues. Les cantons se montraient
281 ui évoquent irrésistiblement des situations que l’ Europe a bien connues depuis, aux temps de la Société des Nations, puis au l
282 t le signal du renversement de l’ordre imposé à l’ Europe par la Sainte-Alliance. La courte guerre civile du Sonderbund (équiva
283 américaine) fut suivie avec passion par l’opinion européenne , et apporta par son issue un encouragement efficace aux libéraux. Mai
284 latait successivement dans les diverses capitales européennes , tout au long de l’année 1848, les Suisses profitèrent du répit que l
285 s les débats actuels, par les opposants à l’union européenne . On ne manquera pas de dire que dans la grande Europe moderne, les pr
286 ne. On ne manquera pas de dire que dans la grande Europe moderne, les problèmes ne sont pas homologues de ceux de la petite Su
287 ndinave pour se rendre à Paris ou à Bruxelles ? L’ Europe actuelle est pratiquement plus petite que la Suisse de 1848. Ses État
288 ue ceux qui s’intitulent « fédéralistes » au plan européen , sont les partisans d’une union institutionnelle de nos pays. Cette c
289 « Une expérience de fédéralisme : la Suisse », L’ Europe du xixe et du xxe siècle, Milan, Carlo Marzorati, 1962, vol. 1, p. 
12 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
290 t et depuis plus d’un millénaire aux destins de l’ Europe et de l’Occident, encore qu’elle n’ait jamais cessé de se proclamer e
291 isputes théologiques qui ont formé la pensée de l’ Europe au cours de siècles, qui me passionnent, et que les fidèles ignorent.
292 simisme” en juin 1957 et “La nature profonde de l’ Europe ” en juin 1959) est l’un des plus grands essayistes chrétiens de notre
13 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
293 Le nationalisme et l’ Europe (mars 1960)m Le nationalisme, dans les peuples du tiers-monde, n’e
294 clamée contre l’Occident colonialiste. Dans notre Europe , qui l’inventa, le phénomène est plus complexe. À la fois attitude ps
295 l’Occident, en retardant ou sabotant l’union de l’ Europe , mais cet effet ne suffit pas à le définir : ses motivations sont ail
296 e des triomphes et des méfaits du nationalisme en Europe , — ce serait refaire l’histoire du plus long de nos siècles, le xixe
297 gnés, témoins irréfutables du style de pensée des Européens de 1789 à 191427. I. Des jacobins à Hegel Au principe du nationa
298 s amis de la liberté répandus sur la surface de l’ Europe , qui n’attendent plus que cette heureuse diversion pour attaquer et r
299 rmule fédéraliste, tant pour la France que pour l’ Europe , le délire d’unité universelle nivelée et centralisée, devait conduir
300 nationales, que Bonaparte va porter dans toute l’ Europe . Les réactions de défense des peuples « libérés » prendront la même f
301 u contraire considérer les peuples de la nouvelle Europe chrétienne comme formant une seule nation. Unis par une même origine,
302 ’un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’ Europe chrétienne formant un tout, le commerce des Européens entre eux devai
303 urope chrétienne formant un tout, le commerce des Européens entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l
304 pplication à l’état actuel des choses. Si toute l’ Europe chrétienne avec les colonies et les places de commerce qui s’y sont a
305 urs États commerciaux complètement fermés. Or, l’ Europe n’en est encore qu’à la période des essais pour former de véritables
306 plus tard29 Fichte revenait sur l’idée que « les Européens chrétiens forment un seul peuple reconnaissant l’Europe pour leur pat
307 chrétiens forment un seul peuple reconnaissant l’ Europe pour leur patrie commune, et d’un bout à l’autre du continent cherche
308 elon Fichte, l’expansion triomphale de la culture européenne , portée par la Science et libérée de tout impérialisme… Nous n’en som
309  processus dialectique » aura coûté plus cher à l’ Europe et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer vers 1800 : ne fut-ce qu
310 essus de formation des grandes et petites nations européennes , qui était censé produire la paix universelle et qui a produit la Pre
311 s tyrans intérieurs ou étrangers, c’est libérer l’ Europe et le genre humain. En fait, la liberté de la nation, une fois acquis
312 lisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune Europe , qui voulait utiliser les passions nationales au service de l’idée fé
313 faits, ni mieux détournés de leurs buts. Jamais l’ Europe , qui crée par la révolution industrielle les moyens d’unifier l’human
314 siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal européen , de Ranke à Renan et de Nietzsche à Sorel aboutiront à une série de p
315 Herder et des romantiques allemands : celle d’une Europe des nationalités, qu’il considère lui aussi comme une étape inévitabl
316 e l’évolution historique : Tous les peuples de l’ Europe et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie surgisse
317 redoute pas moins les « terribles niveleurs de l’ Europe  » que sont d’une part les hommes politiques obsédés par l’uniformité,
318 é » représente la dernière défense des diversités européennes , pour les Hongrois et les Polonais écrasés par la Russie, elle est le
319 concret des libertés élémentaires. Et malheur à l’ Europe si elle abandonne ces peuples ! Voici deux textes brefs comme deux cr
320 olte hongroise, Lajos Kossuth, qui put émigrer en Europe , et au poète-soldat Alexandre Petőfi, aide de camp du général polonai
321 et à la civilisation, que l’immense intérêt que l’ Europe porte à sa vigoureuse existence, tout atteste qu’elle fut, tout exige
322 lui cette qualité, et elle n’est plus rien pour l’ Europe , si peu que rien même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde de
323 i, dans son poème de 1848 intitulé « Silence de l’ Europe  » : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pa
324 ème de 1848 intitulé « Silence de l’Europe » : L’ Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa l
325 de l’Europe » : L’Europe se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t
326 ins polonais répercute ce cri de révolte de l’Est européen abandonné par l’Ouest : Lorsque la Liberté siègera dans la capitale
327 s Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice européen , et voici que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef d
328 se relèvera point. Et du grand édifice politique européen , il ne restera pas pierre sur pierre. « Aujourd’hui, l’Occident meur
329 , prennent une vue beaucoup moins pessimiste de l’ Europe . Ainsi, Vincenzo Gioberti. Philosophe, théologien, homme d’État libér
330 nion de l’Italie et il voulait aussi l’union de l’ Europe  : l’une étant condition de l’autre. À ses yeux, l’Italie (« cet Orien
331 « cet Orient de l’Occident ») devait jouer pour l’ Europe le rôle de nation-guide, sous la haute direction du pape, Rome devena
332 pape, chef civil de l’Italie et ordonnateur de l’ Europe , sera le fondement des diverses chrétientés nationales écrivait-il e
333 « dialectique » de la cité à la nation, puis à l’ Europe et au monde : Christ, en assignant pour but terrestre ultime à la so
334 die, humanité concentrée… Le concept d’union de l’ Europe , en tant qu’amphictyonie des nations chrétiennes et degré supérieur d
335 c l’idée de Liberté, et s’harmonise avec l’idée d’ Europe unie : une nation en devenir n’a pas encore d’intérêts « traditionnel
336 comme une nation qui vient de renaître, dans une Europe rénovée par les principes mêmes de sa Révolution. Lamartine, ministr
337 s Affaires étrangères en 1848, tient à rassurer l’ Europe sur les intentions de la nouvelle République : celle-ci « ne fera poi
338 i doit unir toutes les parties constituantes de l’ Europe  », parmi lesquelles la France incarne évidemment « le plus haut conce
339 us humain et de plus libre dans le monde, c’est l’ Europe , de plus européen, c’est ma patrie, c’est la France. Mais c’est fina
340 plus libre dans le monde, c’est l’Europe, de plus européen , c’est ma patrie, c’est la France. Mais c’est finalement à Victor Hu
341 ixe siècle le prophète le plus exalté de l’union européenne , ses déclarations réitérées sur l’avenir européen de sa patrie illust
342 ropéenne, ses déclarations réitérées sur l’avenir européen de sa patrie illustrent mieux que toute autre la grandiose ambiguïté
343 se perdre dans l’universel, de se transfigurer en Europe et en monde, ne sera-t-elle pas nécessairement interprétée par les au
344 ux, par la transfiguration. La France deviendra l’ Europe . Certains peuples finissent par la sublimation comme Hercule ou par l
345 s’appellera point la France ; elle s’appellera l’ Europe . Elle s’appellera l’Europe au xxe siècle et, aux siècles suivants, p
346 e ; elle s’appellera l’Europe. Elle s’appellera l’ Europe au xxe siècle et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore, el
347 ssiste le xixe siècle, c’est à la formation de l’ Europe .32 En 1875, un professeur de droit international, Johann Gaspar Blu
348 t des principes féconds pour l’ensemble des États européens , principes qui sont destinés à garantir un jour la paix de l’Europe…
349 qui sont destinés à garantir un jour la paix de l’ Europe … Lorsque cet idéal sera réalisé, alors la nationalité internationale
350 ourra se dissoudre dans la plus grande communauté européenne . Elle n’aura pas vécu en vain, ni sans gloire. Ainsi se réaliserait
351 sans gloire. Ainsi se réaliserait ce passage à l’ Europe , cette « transfiguration » d’une vocation nationale dont rêvaient Hug
352 gions centrales du Continent la vocation d’unir l’ Europe sur le modèle fédéraliste : respectueux des diversités, exclusif de t
353 résistiblement sous la forme épurée d’une mission européenne de son peuple. Nous connaissons maintenant le processus, illustré par
354 e le précurseur d’un renouveau de tout le système européen … Faire de l’Allemagne la base du nouveau système (fédéraliste), voilà
355 llemagne voire à la Suisse fédéraliste de faire l’ Europe et de s’y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, au meil
356 c’est la Russie qui a pour mission de régénérer l’ Europe et de l’unir un jour, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra
357 ’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir européenne . En 1837, paraît le premier numéro de la revue des slavophiles, parti
358 es de la Russie paysanne, adversaires donc de « l’ Europe  », et cette revue s’intitule Europa ! Par la plume d’Ivan Kirievsky,
359 s donc de « l’Europe », et cette revue s’intitule Europa  ! Par la plume d’Ivan Kirievsky, son principal rédacteur, elle oppose
360 rievsky, son principal rédacteur, elle oppose à l’ Europe la notion d’enthousiasme, qui serait restée le privilège des Russes e
361 n se trouve empruntée à Schelling… À l’égard de l’ Europe décomposée et désunie, irréligieuse, révolutionnaire, matérialiste et
362 verser l’œuvre de Pierre le Grand : le salut de l’ Europe sera russe. Pour Kirievsky et ses amis, la notion d’hégémonie organis
363 ganisatrice est capitale : Pour que l’unité de l’ Europe se constitue organiquement et harmonieusement, il est nécessaire qu’i
364 lles irréguliers, en 1876 et 1877. L’avenir de l’ Europe appartient à la Russie. La plus haute parmi les hautes missions que n
365 e que nous servons, c’est l’humanité entière… Les Européens ne savent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort b
366 e et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui, en Europe , sont opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civi
367 de la véritable religion, et pour leur bien, les Européens opprimés par une fausse civilisation sont invités à se laisser éclair
368 ondiale. La primauté appartient donc à l’ensemble européen , qu’il définit comme le domaine « romano-germanique » : Italie — Fran
369 ains et des empereurs germains, la communauté des Européens n’a cessé de se développer et de s’affirmer. Ranke ne croit nullement
370 la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’ Europe , car cette bipolarité … est trop profondément fondée dans la nature
371 hoses, et ces oppositions ont fait mûrir l’esprit européen . Le danger que représentent pour l’unité foncière de l’Europe les so
372 anger que représentent pour l’unité foncière de l’ Europe les souverainetés nationales absolues, lui paraît beaucoup plus grave
373 s ont commencé, elles finiront. La confédération, européenne , probablement, les remplacera. On connaît la célèbre prophétie du gr
374 Par-delà le bien et le mal : Nous autres « bons Européens  », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patrio
375 des races épaisses et hésitantes, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels excès
376 ités a mises et met encore entre les peuples de l’ Europe , grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes qui règn
377 ui prouvent de la manière la plus manifeste que l’ Europe veut devenir une. Tous les hommes un peu profonds et d’esprit large q
378 el accord et tentèrent de réaliser en eux-mêmes l’ Européen à venir ; s’ils appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par l
379 istoriens contre les grands poètes du xixe . Plus européen , sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce siècle, Sore
380 iotes au début de ce siècle, Sorel n’a parlé de l’ Europe que sur le ton d’un sombre dépit prophétique. Voici quelques extraits
381 courage de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par excellence la ter
382 de paix en Europe est un état anormal. Pourquoi l’ Europe est-elle par excellence la terre des cataclysmes guerriers ? Parce qu
383 , et dans leurs mœurs, et dans leurs ambitions. L’ Europe n’a pas de chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais vo
384 t de suite la guerre qui surgit. Les peuples de l’ Europe ne peuvent s’unir que dans une seule idée : se faire la guerre. … Et
385 se pincent toute la sainte journée ? Malheureuse Europe  ! Pourquoi lui cacher ce qui l’attend ? Avant dix ans, elle sombrera
386 fois par siècle. … Rien n’améliorera le sort de l’ Europe . Pourquoi voulez-vous qu’il s’améliore ? Que signifie ce vieux fond d
387 le feu s’ils sont amalgamés dans un récipient. L’ Europe est un récipient rempli de cette sorte de composés chimiques. Ça met
388 Prenez-en votre parti ! IV. Liquidation de l’ Europe des nations Sorel, qui parlait en 1908 de « cette Europe qui est l
389 nations Sorel, qui parlait en 1908 de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », et qui réinventait
390 ts près la phrase d’Ivan Karamazov partant pour l’ Europe  : « Je sais bien que je vais dans un cimetière, mais c’est le plus ch
391 de tous », toutefois se bornant à grommeler : « L’ Europe , ce cimetière… » ; Sorel qui marque le passage entre un Marx et un Ni
392 sans doute l’observateur le plus pessimiste de l’ Europe des nationalismes. Et c’est à lui que 1914 donnera raison. Car 1914 s
393 4 donnera raison. Car 1914 sonne le glas non de l’ Europe , certes, mais de l’Europe des nations et de son impérialisme planétai
394 sonne le glas non de l’Europe, certes, mais de l’ Europe des nations et de son impérialisme planétaire. Il faudra cependant en
395 é et commenté plusieurs centaines de textes sur l’ Europe , d’Hésiode à nos jours. 28. Der geschlossene Handelsstaat, trad. fr
396 es Sorel, Paris, 1935. m. « Le nationalisme et l’ Europe  », La Table ronde, Paris, n° 147, mars 1960, p. 9-26.
14 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
397 Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)o C’est en Europe seulemen
398 arée aux autres cultures (juin 1960)o C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé d’entendre dire : « Un
399 u’il m’est arrivé d’entendre dire : « Une culture européenne , ça n’existe pas. » Le fait même qu’une telle phrase ne puisse être é
400 qu’une telle phrase ne puisse être énoncée qu’en Europe , et seulement par la bouche d’Européens, nous fournit, paradoxalement
401 noncée qu’en Europe, et seulement par la bouche d’ Européens , nous fournit, paradoxalement, une première définition de l’originali
402 nalité de notre continent. Un homme qui nie que l’ Europe existe et qu’elle ait une culture commune ne saurait être un Asiatiqu
403 e, un Africain ou un Américain, mais seulement un Européen . Examinons d’un peu plus près ce paradoxe. Les intellectuels sceptiqu
404 s et les adversaires déclarés (ou non) de l’union européenne ont coutume d’affirmer simultanément les deux propositions contradict
405 oires que voici : primo ; il n’y a pas de culture européenne commune, mais seulement des cultures nationales, car les Allemands et
406 : il ne saurait y avoir de culture spécifiquement européenne , car toute vraie culture est universelle par définition, et nos probl
407 universelle par définition, et nos problèmes, en Europe , sont à peu près les mêmes que ceux qui se posent dans le reste du mo
408 ant de corriger notre vision. Éloignons-nous de l’ Europe , physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les o
409 vite à la constatation suivante. Vue du dehors, l’ Europe est évidente. Vue de l’Asie, de l’Afrique, ou même des Amériques, l’u
410 je répondrai d’un seul mot : Voyagez ! Quittez l’ Europe , vous la découvrirez ! Et dès que vous commencerez à pressentir certa
411 ouve qu’à soi-même »35 et que je ne trouve qu’à l’ Europe . Poussons plus loin le paradoxe (jusqu’au point où nous allons le voi
412 lités et principes caractéristiques de la culture européenne . La première vise à maintenir et la seconde à établir une unité dans
413 facilement concevable et vérifiable, tandis que l’ Europe ne trouve son unité paradoxale, à la fois évidente et presque informu
414 fameuses diversités, et comment il se fait que l’ Europe en ait tant, et même les multiplie comme à plaisir, au lieu d’essayer
415 le. Les diversités caractéristiques de la culture européenne s’expliquent historiquement par la pluralité des origines de notre ci
416 e résultante unique, incontestable : le dynamisme européen . Si nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte
417 manents, les caractères spécifiques de la culture européenne  ; j’entends les caractères par lesquels cette culture se distingue tr
418 es deux groupes de cultures unitaires, celle de l’ Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Cu
419 rs souvent incompatibles qu’elle en a héritées, l’ Europe n’a jamais pu s’ordonner à une seule doctrine qui eût régi à la fois
420 ites, et par elles la partie agissante des masses européennes , à développer ce que je voudrais appeler les trois vertus cardinales
421 voudrais appeler les trois vertus cardinales de l’ Europe  : le sens de la vérité objective, le sens de la responsabilité person
422 se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe . En revanche, il est évident qu’elles se voient réprimées, débilitées
423 sens critique devait nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses orig
424 mment. Voilà qui peut vous paraître banal, à vous Européens élevés dans le respect de la vérité dite objective, de la simple véra
425 x de la preuve « matérielle ». Quand un ingénieur européen énonce un chiffre, il le veut exact à la ne virgule près, car autreme
426  grande ou infime —, cela se discute depuis que l’ Europe existe ! — mais décisive quant au sens qu’il donne à sa vie. D’où rés
427 tien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens , sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du t
428 ce. Le troisième caractère original de la culture européenne , c’est le sens de la liberté. Il est clair que ce sens est étroitemen
429 n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Européens de toute nation et de toute classe, de toute croyance et de toute inc
430 nul doute le thème affectif le plus généralement européen , le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut vo
431 listes de ces peuples, c’est un sens emprunté à l’ Europe , même et surtout s’il justifie un élan de révolte contre elle, prétex
432 mettre en valeur ces trois vertus cardinales de l’ Europe , ce n’est pas seulement parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui
433 rficie-population : ce sont la Chine, l’Inde et l’ Europe . Or, il est évident que les mêmes pressions démographiques n’ont pas
434 ui de l’Inde appartient au passé, mais celui de l’ Europe est maximum. Le dynamisme d’une culture proviendrait-il plutôt, si l’
435 pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions intérieures, de ce mouvem
436 tats les plus typiques. Tout d’abord, ce sont les Européens qui ont développé les sciences physiques et naturelles, à un degré li
437 s avaient inventé le zéro bien avant nous. Mais l’ Europe , ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les techniques qui
438 énergies sur cette exploration de la matière, les Européens avaient entrepris, avec non moins d’audace, l’exploration de l’espace
439 espace et du temps. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autre peuple ne so
440 es de plusieurs autres cultures, mais ce sont les Européens qui lui ont donné son contenu concret et qui ont seuls démontré sa co
441 ire : l’idée de genre humain est une création des Européens . Exploration du temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé
442 péens. Exploration du temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l’historiographie, avec tout ce que cel
443 s des masses. À partir de l’histoire, ce sont les Européens qui ont inventé l’archéologie comme ils ont inventé l’ethnographie à
444 la psychologie analytique, autres inventions de l’ Europe . Enfin pour emmagasiner tous les trésors ainsi ramenés du fond des te
445 nsi ramenés du fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le Musée. Et, à partir de ces condensations prodigieuses
446 de l’unité future du genre humain. Voilà ce que l’ Europe a créé, voilà ce qu’elle offre désormais au monde entier. Or, toutes
447 créations sont nées des profondeurs de la culture européenne , et restent liées, dans leur évolution comme dans leur genèse, à tout
448 ive insistance, que ce n’est pas par hasard que l’ Europe a produit non seulement les notions de personne et de liberté, mais a
449 lématique tragique qui définit l’originalité de l’ Europe , se voient soudain universalisées, et dans les apparences tout au moi
450 nde entier. Notre culture est l’essence même de l’ Europe et de son histoire, mais voici que cette culture crée le monde, par o
451 mmes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens , ayant créé « le monde », se voient menacés d’être dépossédés de leur
452 nts menacent d’abuser de ces pouvoirs, — contre l’ Europe d’abord, mais aussi aux dépens de leur propre équilibre humain. Nous
453 y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens , prendre une conscience à la fois plus intime et plus globale de l’or
454 de ses sous-produits. L’originalité de la culture européenne n’est nullement supprimée, et ne doit pas être masquée, par le fait a
455 s réalités mondiales, et n’appartiennent plus à l’ Europe , mais plutôt aux Américains et aux Russes, demain aux Chinois, en att
456 ricains. Oui, bien sûr, mais c’est tout de même l’ Europe qui a créé les sciences et la technique, dans le contexte de sa cultu
457 aux vertus de cette culture. C’est un fait que l’ Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la colonisation, de contac
458 leurs procédés et un peu de leur logique… Mais l’ Europe n’a pas exporté sa sagesse régulatrice, faite d’équilibres mouvants,
459 s qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne  ? Je crois en avoir assez dit pour suggérer l’angle de vision que voi
460 voici : le sort du monde dépend aujourd’hui de l’ Europe , qui a inventé le monde dans la mesure exacte où elle a découvert le
461 elle a découvert le genre humain. Or le sort de l’ Europe dépend de son union. L’union de l’Europe, au lendemain de la dernière
462 ort de l’Europe dépend de son union. L’union de l’ Europe , au lendemain de la dernière guerre, avait un but précis et limité :
463 remier but est parfaitement atteint. L’union de l’ Europe a maintenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut fair
464 otifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut faire l’ Europe , parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe seule peut le faire
465 Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’ Europe seule peut le faire, mais elle doit d’abord exister. Certains me diro
466 , n’est-il pas beaucoup plus important ? Question européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sen
467 a vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’ Europe , dont dépend le sort du monde de demain ? Au xviie siècle déjà, Amos
468 ècle déjà, Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens , nous sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau
469 arce qu’ils doutent de l’avenir prochain de notre Europe , et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’elle-même
470 e l’homme , 1957. o. « Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures », Caractère et culture de l’Europe, Ams
471 aux autres cultures », Caractère et culture de l’ Europe , Amsterdam, n° 2-3, juin 1960, p. 28-34. Texte très proche, mais non
15 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
472 et culturel, dans les conditions différentes de l’ Europe , de l’Afrique, de l’Asie, du Proche-Orient et des deux Amériques ; ma
16 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
473 Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)r C’est en Europe seulemen
474 arée aux autres cultures (août 1960)r C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé bien souvent d’entendr
475 ndre prononcer la phrase suivante : « Une culture européenne , ça n’existe pas. » Le fait même qu’une telle phrase ne puisse être e
476 qu’une telle phrase ne puisse être entendue qu’en Europe et seulement dans la bouche d’Européens, nous fournit, paradoxalement
477 tendue qu’en Europe et seulement dans la bouche d’ Européens , nous fournit, paradoxalement, une première définition de l’originali
478 nalité de notre continent. Un homme qui nie que l’ Europe existe et qu’elle ait une culture commune ne saurait être un Asiatiqu
479 e, un Africain ou un Américain, mais seulement un Européen . Examinons d’un peu plus près ce paradoxe. I. Les intellectuels scept
480 s et les adversaires déclarés (ou non) de l’union européenne ont coutume d’affirmer simultanément les deux propositions contradict
481 Ils affirment primo : qu’il n’y a pas de culture européenne commune, mais seulement des cultures nationales, car, disent-ils, les
482 u’il ne saurait y avoir de culture spécifiquement européenne , car, disent-ils encore, toute vraie culture est universelle par défi
483 universelle par définition, et nos problèmes, en Europe , sont à peu près les mêmes que ceux qui se posent dans le reste du mo
484 ant de corriger notre vision. Éloignons-nous de l’ Europe , physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les o
485 e, qui sera ma première thèse : Vue du dehors, l’ Europe est évidente. Vue de l’Asie, de l’Afrique, ou même des Amériques, l’u
486 je répondrai d’un seul mot : Voyagez ! Quittez l’ Europe , vous la découvrirez ! Et dès que vous commencerez à pressentir certa
487 d’opposer à l’idée même d’une unité de la culture européenne , j’ai noté la phrase suivante, que j’ai plus d’une fois citée et publ
488 j’ai plus d’une fois citée et publiée depuis : L’ Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da
489 t-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit et prétend au contra
490 avec l’homme d’une seule nation du grand complexe européen , dont il révèle ainsi qu’il fait partie par le seul fait qu’il le con
491 lités et principes caractéristiques de la culture européenne . La première vise à maintenir et la seconde à établir une unité dans
492 facilement concevable et vérifiable, tandis que l’ Europe ne trouve son unité paradoxale, à la fois évidente et presque informu
493 fameuses diversités, et comment il se fait que l’ Europe en ait tant et même les multiplie comme à plaisir, au lieu d’essayer
494 le. Les diversités caractéristiques de la culture européenne s’expliquent historiquement par la pluralité des origines de notre ci
495 e résultante unique, incontestable : le dynamisme européen . Si nous avons découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre e
496 manents, les caractères spécifiques de la culture européenne  ; j’entends les caractères par lesquels cette culture se distingue tr
497 es deux groupes de cultures unitaires, celle de l’ Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Cu
498 rs souvent incompatibles qu’elle en a héritées, l’ Europe n’a jamais pu s’ordonner à une seule doctrine qui eût régi à la fois
499 ites, et par elles la partie agissante des masses européennes , à développer ce que je voudrais appeler les trois vertus cardinales
500 voudrais appeler les trois vertus cardinales de l’ Europe  : le sens de la vérité objective, le sens de la responsabilité person
501 se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe . En revanche, il est évident qu’elles se voient réprimées, débilitées
502 sens critique devait nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses orig
503 es, notamment. Voilà qui peut paraître banal à un Européen élevé dans le respect de la vérité dite objective, de la simple vérac
504 x de la preuve « matérielle ». Quand un ingénieur européen énonce un chiffre, il le veut exact à la nième virgule près, car autr
505 , grande ou infime — cela se discute depuis que l’ Europe existe — mais décisive pour le sens qu’il donne à sa vie. D’où résult
506 tien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens , sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du t
507 ce. Le troisième caractère original de la culture européenne , c’est le sens de la liberté. Il est clair que ce sens est étroitemen
508 n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Européens de toute nation, de toute classe, de toute croyance et de toute incro
509 nul doute le thème affectif le plus généralement européen , le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut vo
510 pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions intérieures, de ce mouvem
511 s et les motifs philosophiques de notre dynamisme européen , je vais énumérer tout simplement quelques-uns de ces résultats les p
512 tats les plus typiques. Tout d’abord, ce sont les Européens qui ont développé les sciences physiques et naturelles à un degré lit
513 s avaient inventé le zéro bien avant nous. Mais l’ Europe , ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les techniques qui
514 énergies sur cette exploration de la matière, les Européens avaient entrepris, avec guère moins d’audace, l’exploration de l’espa
515 espace et du temps. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autre peuple ne so
516 es de plusieurs autres cultures, mais ce sont les Européens qui lui ont donné son contenu concret et ont seuls démontré sa consis
517 ire : l’idée de genre humain est une création des Européens . Exploration du temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé
518 péens. Exploration du temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l’historiographie, avec tout ce que cel
519 s des masses. À partir de l’histoire, ce sont les Européens qui ont inventé l’archéologie, comme ils ont inventé l’ethnographie à
520 la psychologie analytique, autres inventions de l’ Europe . Enfin, pour emmagasiner tous les trésors ainsi ramenés du fond des t
521 nsi ramenés du fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le Musée. Et, à partir de ces condensations prodigieuses
522 ociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’ Europe a créé, voilà ce qu’elle offre désormais au monde entier. Or toutes c
523 créations sont nées des profondeurs de la culture européenne , et restent liées, dans leur évolution comme dans leur genèse, à tout
524 de démontrer la cohérence profonde des créations européennes que je viens d’énumérer. Il y faudrait tout un livre, et il se trouve
525 ive insistance, que ce n’est pas par hasard que l’ Europe a produit non seulement les notions de personne et de liberté, mais a
526 ique tragique qui définit l’originalité même de l’ Europe , se voient soudain universalisées, et dans les apparences tout au moi
527 nde entier. Notre culture est l’essence même de l’ Europe et de son histoire, et voici que pourtant elle crée le monde, elle cr
528 mmes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens , ayant créé « le monde » (au sens que je viens d’indiquer) se voient
529 nts menacent d’abuser de ces pouvoirs, — contre l’ Europe d’abord, mais aussi au détriment de leur propre équilibre. Nous somme
530 y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens , prendre une conscience à la fois plus intime et plus globale de l’or
531 its de notre culture. L’originalité de la culture européenne n’est nullement supprimée, et ne doit pas être masquée, par le fait a
532 s réalités mondiales, et n’appartiennent plus à l’ Europe , mais plutôt aux Américains et aux Russes, demain aux Chinois. Oui, b
533 Chinois. Oui, bien sûr, mais c’est tout de même l’ Europe qui a créé les sciences et la technique, dans le contexte de sa cultu
534 aux vertus de cette culture. C’est un fait que l’ Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la colonisation, de contac
535 leurs procédés et un peu de leur logique… Mais l’ Europe n’a pas exporté sa sagesse régulatrice, faite d’équilibres mouvants,
536 a seule ville orientale qui n’ait pas de quartier européen . Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement, notre psychologie
537 s qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne  ? Je crois en avoir assez dit pour suggérer l’angle de vision que voi
538 voici : le sort du monde dépend aujourd’hui de l’ Europe , qui a inventé le monde dans la mesure exacte où elle a découvert le
539 elle a découvert le genre humain. Et le sort de l’ Europe dépend de son union. L’union de l’Europe, en 1946, avait un but préci
540 ort de l’Europe dépend de son union. L’union de l’ Europe , en 1946, avait un but précis et limité : empêcher les Français et le
541 remier but est parfaitement atteint. L’union de l’ Europe a maintenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut fair
542 otifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut faire l’ Europe , parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe seule peut le faire
543 Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’ Europe seule peut le faire. Or, elle doit d’abord exister. Mais on me dira,
544 , n’est-il pas beaucoup plus important ? Question européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sen
545 a vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’ Europe , dont dépend le sort du monde de demain ? Au xviie siècle déjà, Amos
546 ècle déjà, Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens , nous sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau
547 arce qu’ils doutent de l’avenir prochain de notre Europe , et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’elle-même
548 x de Paul Valéry. r. « Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures », Schweizer Monatshefte, Zürich, n° 5,
17 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
549 ndation (octobre 1960)s L’idée d’une Fondation européenne fut exposée pour la première fois par le directeur du Centre européen
550 ons internationales, fondèrent ce jour-là le Club européen . Ce club se donna pour tâche principale l’élaboration d’un projet qui
551 i s’inspirait des considérations suivantes : Si l’ Europe , simple cap de l’Asie, a tenu le premier rang dans le monde pendant d
552 a Terre ont adoptées ou s’efforcent d’imiter. Les Européens ont raison d’être fiers d’une telle culture. Cependant, que font-ils
553 ncées dans les divers domaines de la culture, les Européens ont pris l’habitude de recourir à l’aide des fondations américaines.
554 pidement serait d’établir une puissante fondation européenne dotée de capitaux récoltés en Europe. Une telle institution, par sa s
555 ondation européenne dotée de capitaux récoltés en Europe . Une telle institution, par sa seule existence, contribuerait à resta
556 conditions de la vitalité d’une culture. Le Club européen se réunit encore à trois reprises, au cours de l’année suivante, pour
557 pied une série d’expériences-pilotes d’éducation européenne (dont l’exécution devait être confiée dès 1956 au CEC) et le second c
558 ventions furent accordées, notamment à la Journée européenne des écoles, à l’Association des universitaires d’Europe, et au départ
559 des écoles, à l’Association des universitaires d’ Europe , et au département cartographique du Collège d’Europe. Lors de la réu
560 pe, et au département cartographique du Collège d’ Europe . Lors de la réunion des gouverneurs à Genève, le 16 mars 1957, il fut
561 » et une table ronde des institutions culturelles européennes furent organisés par la Fondation à l’occasion du congrès de Vienne,
562 tive aux efforts culturels tendant à l’union de l’ Europe . C’était bien l’objectif initial. L’accord qui vient d’être conclu en
563 ement avec le vaste regroupement des institutions européennes , économiques et politiques, qui doit se réaliser d’ici la fin de l’an
564 ique de la Fondation », Caractère et Culture de l’ Europe , Amsterdam, n° 4, octobre 1960, p. 5-6.
18 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
565 0)l I Le xxe siècle a vu la civilisation européenne étendre à la Terre entière ses bienfaits, ses méfaits, ses produits e
566 a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne  : et ces prophètes sont tous, ou presque tous Européens. Au lieu d’en
567 nne : et ces prophètes sont tous, ou presque tous Européens . Au lieu d’entonner le chant séculaire de la victoire sans précédent
568 ent remportée par les pouvoirs civilisateurs de l’ Europe , au lieu de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur l
569 pe, au lieu de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclip
570 n de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’ Europe , en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres ci
571 ues mots une assez longue tradition de pessimisme européen . Dès 1791, le philosophe français Volney, méditant sur la mort des ci
572 tal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation européenne marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais en appliquant sa
573 sions, notre angoisse quant à l’état présent de l’ Europe dans le monde, et que d’autre part, les plus grands esprits du siècle
574 les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’ Europe  : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob
575 nes de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une apr
576 piter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’ Europe , et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouve
577 as assez pour justifier les prophètes du désastre européen  ? Que faudrait-il de plus, pour qu’on ait le droit de parler d’une éc
578 particulièrement sur l’exemple le mieux connu des Européens , celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparit
579 xemple est-il valable pour nous ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ? Est-elle donc vraiment c
580 homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’ Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À
581 ompatibles qu’elle en a héritées, la civilisation européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation.
582 ques, et par elles la partie agissante des masses européennes , à développer ce que je voudrais appeler les trois vertus cardinales
583 voudrais appeler les trois vertus cardinales de l’ Europe  : le sens de la vérité objective, le sens de la responsabilité person
584 se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe . En revanche, il est évident qu’elles se voient réprimées, débilitées
585 ens critique devrait nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses orig
586 s, notamment. Voilà qui peut paraître banal à des Européens élevés dans le respect de la vérité dite objective, de la simple véra
587 x de la preuve « matérielle ». Quand un ingénieur européen énonce un chiffre, il le veut exact à la nième virgule près, car autr
588 grande ou infime, — cela se discute depuis que l’ Europe existe ! — mais décisive quant au sens qu’il donne à sa vie. D’où rés
589 tien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens , sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du t
590 as. Le troisième caractère original de la culture européenne , c’est le sens de la liberté. Il est clair que ce sens est étroitemen
591 n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Européens de toute nation et de toute classe, de toute croyance et de toute inc
592 nul doute le thème affectif le plus généralement européen , le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut vo
593 listes de ces peuples, c’est un sens emprunté à l’ Europe , même et surtout s’il justifie un élan de révolte contre elle, prétex
594 mettre en valeur ces trois vertus cardinales de l’ Europe , ce n’est pas seulement parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui
595 tats les plus typiques. Tout d’abord, ce sont les Européens qui ont développé les sciences physiques et naturelles, à un degré li
596 s avaient inventé le zéro bien avant nous. Mais l’ Europe , ce laboratoire du monde, a poussé les sciences et les techniques qui
597 énergies sur cette exploration de la matière, les Européens avaient entrepris, avec non moins d’audace, l’exploration de l’espace
598 espace et du temps. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la Terre entière, alors qu’aucun autre peuple ne so
599 es de plusieurs autres cultures, mais ce sont les Européens qui lui ont donné son contenu concret et ont seuls démontré sa consci
600 ire : l’idée de genre humain est une création des Européens . L’exploration du temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inven
601 ens. L’exploration du temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l’historiographie, avec tout ce que cel
602 s des masses. À partir de l’histoire, ce sont les Européens qui ont inventé l’archéologie, comme ils ont inventé l’ethnographie à
603 la psychologie analytique, autres inventions de l’ Europe . Enfin, pour emmagasiner tous les trésors ainsi ramenés du fond des t
604 nsi ramenés du fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le Musée. Et à partir de ces condensations prodigieuses d
605 de l’unité future du genre humain. Voilà ce que l’ Europe a créé, voilà ce qu’elle offre désormais au monde entier, et elle ne
606 de savoir si cette unité fomentée par la culture européenne ne va pas se réaliser à nos dépens. C’est un fait que l’Europe a répa
607 pas se réaliser à nos dépens. C’est un fait que l’ Europe a répandu sur toute la Terre, au hasard de la colonisation, de contac
608 leurs procédés et un peu de leur logique… Mais l’ Europe n’a pas exporté sa sagesse régulatrice, faite d’équilibres sans cesse
609 mmes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens , ayant créé « le monde » se voient menacés d’être dépossédés de leurs
610 ents menacent d’abuser de ces pouvoirs — contre l’ Europe d’abord, mais aussi aux dépens de leur propre équilibre humain. Nous
611 ns principales. Première raison : la civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Certes, bien
612 mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquem
613 te l’histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne , née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait p
614 mment imaginer que la civilisation diffusée par l’ Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner l
615 son désastre ? Deuxième raison : la civilisation européenne a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmis
616 ées et développées par le Musée et le Laboratoire européens , pour être diffusées de nos jours sur toute la Terre ? II s’en faut d
617 es ethnographes, archéologues et philosophes de l’ Europe , poursuivant l’inventaire mondial qu’initièrent à la Renaissance nos
618 t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’ Europe , et de nos jours ils s’européanisent à nouveau, plus profondément que
619 ’européanisent à nouveau, plus profondément que l’ Europe ne s’américanise par quelques signes extérieurs. Il y a surtout l’URS
620 e New York Herald Tribune ! Le marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie
621 ld Tribune ! Le marxisme est né en Europe et de l’ Europe , au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie chrétienne et l
622 rielles plus typiquement et plus incomparablement européen . Quant à l’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industr
623 l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’ Europe et parts intégrantes de sa civilisation. Quant à l’Afrique noire, obs
624 politique, sociale et économique élaborées par l’ Europe moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée, cour
625 rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’ Europe  ! Où est donc dans tout cela « l’éclipse » de l’Europe ? Je vais le d
626 e ! Où est donc dans tout cela « l’éclipse » de l’ Europe  ? Je vais le dire : dans l’esprit des Européens, et pas ailleurs.
627 de l’Europe ? Je vais le dire : dans l’esprit des Européens , et pas ailleurs. III Devant le recul, ou la métamorphose prévi
628 péril sérieux : le péril blanc ! La civilisation européenne , devenue mondiale, n’est menacée en fait que par les maladies qu’elle
629 c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en Europe , que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieu
630 ouasie. Cette passion qui enfièvre et qui ruine l’ Europe depuis près d’un siècle et demi, et que nous refusons de prendre au t
631 poursuit pas moins ses ravages dans l’esprit des Européens comme dans l’esprit de peuples neufs, empêchant au-dedans cette union
632 nos ennemis. Quant au second virus secrété par l’ Europe , et que je nommerai le matérialisme plat, il prend chez nous les form
633 ucrates et la police des États. Ces maladies de l’ Europe sont plus dangereuses pour le reste du genre humain que pour l’Europe
634 gereuses pour le reste du genre humain que pour l’ Europe elle-même, où elles sont nées. Car l’Europe, à travers des crises atr
635 our l’Europe elle-même, où elles sont nées. Car l’ Europe , à travers des crises atroces, s’est vaccinée contre ces maladies. L’
636 es atroces, s’est vaccinée contre ces maladies. L’ Europe a secrété Hitler, mais en douze ans, elle l’a éliminé, et je crois qu
637 . Burckhardt décrit le sort qui attend les masses européennes au xxe siècle. Voici sa prophétie dans une lettre qui date de 1871 :
638 ement se produire. Or ce n’est pas chez nous, en Europe , mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce qu’écrit le
639 térialiste du nationalisme, n’a jamais atteint en Europe de tels excès. Certes elle est née chez nous, et c’était bien chez no
640 sous sa forme hitlérienne, en un mot, l’organisme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer
641 isme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Europe , aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettront au genre hum
642 e à la manière des drogues. L’union fédérale de l’ Europe , et j’entends bien : de toutes les forces de l’Europe sociales autant
643 pe, et j’entends bien : de toutes les forces de l’ Europe sociales autant que religieuses, et politiques autant que culturelles
644 on dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’ Europe parce qu’il faut faire le monde. Et parce que l’Europe seule, en fais
645 e parce qu’il faut faire le monde. Et parce que l’ Europe seule, en faisant le monde, accomplira sa propre vocation. l. « Éc
19 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
646 de la technique au sein de la civilisation dont l’ Europe constitue le foyer créateur. Quel est l’état présent de ce problème 
647 ale, et c’est la civilisation technique. Née de l’ Europe , développée par l’Amérique, adoptée par l’URSS et de là, transplantée
648 dizaines d’années, les plus grands penseurs de l’ Europe et des États-Unis, suivis par les chroniqueurs des journaux et par l’
649 cisément ces théories. À l’origine des inventions européennes du xvie au xixe siècle, qui ont décidé du sort de la technique mode
650 e première partie de mon propos : la culture de l’ Europe a produit la technique ; on a pu craindre alors que cette technique a
651 s Spoutniks, et tout le monde veut les imiter. En Europe comme en Afrique, on réclame à grands cris l’intensification de la fo
652 des pocket books, aux États-Unis d’abord puis en Europe a été rendu possible par les perfectionnements techniques de l’éditio
653 mum le progrès technique. Mais toute l’expérience européenne dément cette conception simpliste. Je demandais un jour à l’un des tr
654 Culture et technique », Caractère et culture de l’ Europe , Amsterdam, n° 5, juillet 1961, p. 5-9. Présenté par cette note : « A
655 té de l’écrivain et sa connaissance des problèmes européens , M. de Rougemont souligne l’interdépendance de la culture et de la te
656 la culture, engagé dans le mouvement fédéraliste européen , M. de Rougemont est entre autres fondateur, avec E. Mounier, du mouv
657 erté de la culture, et gouverneur de la Fondation européenne de la culture. »
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
658 e phrase du Tristan rendu naguère au grand public européen par les soins de Joseph Bédier : Seigneurs, vous plaît-il d’entendre
659 nts sur l’aventure, sur l’homme occidental, sur l’ Europe . Ses analyses l’ont conduit à retrouver le mythe de Tristan dans ses
21 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
660 inalement animateur et conseiller d’organisations européennes et internationales auxquelles il prêtait le rayonnement d’une culture
22 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
661 de la Suisse reste un mystère, même aux yeux des Européens dotés d’une bonne culture moyenne. Et finalement, il faut avouer que
662 s un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’ Europe . Voilà qui est bien dit et bien vu, mais le Français ne fait-il pas
663 représenter une plus grande densité de conscience européenne et d’efficacité transformatrice qu’on ne saurait en trouver dans null
23 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
664 La culture et l’union de l’ Europe (avril 1962)z S’il est question d’intégration européenne et qu’on
665 (avril 1962)z S’il est question d’intégration européenne et qu’on lui parle de culture, l’homme d’aujourd’hui, qu’il soit d’ai
666 l ou philosophe, a d’abord un réflexe de doute. L’ Europe qui se fait, dans la réalité concrète, n’est-elle pas avant tout l’Eu
667 la réalité concrète, n’est-elle pas avant tout l’ Europe économique, c’est-à-dire le Marché commun ? Le traité de Rome, les Si
668 ceux qui ont travaillé depuis longtemps à faire l’ Europe , chacun dans son domaine professionnel. J’essaierai donc de démontrer
669 ’une manière aussi simple que possible : 1° que l’ Europe unie est beaucoup plus que le Marché commun, moyen nécessaire mais no
670 scrivait pas dans une longue tradition culturelle européenne  ; 3° que cette tradition, éclairant la conjoncture actuelle, exige la
671 la conjoncture actuelle, exige la création d’une Europe fédérale, et non pas d’une Europe unitaire ; 4° que le fédéralisme et
672 création d’une Europe fédérale, et non pas d’une Europe unitaire ; 4° que le fédéralisme et la culture s’appellent et se cond
673 se conditionnent réciproquement ; 5° enfin, que l’ Europe , sans sa culture, ne serait pas l’Europe mais un cap de l’Asie. Dou
674 n, que l’Europe, sans sa culture, ne serait pas l’ Europe mais un cap de l’Asie. Doutes sur l’utilité de la culture Le gra
675 Le grand public pense aujourd’hui que faire l’ Europe , c’est une question de tarifs douaniers, de prix de revient, de nivea
676 les décorateurs à l’édifice du nouveau consortium européen . Elle deviendrait un parasite si elle insistait pour qu’on augmente s
677 se en soi mais particulièrement dangereuse pour l’ Europe . L’équation européenne Si l’Europe a pu dominer le monde par so
678 lièrement dangereuse pour l’Europe. L’équation européenne Si l’Europe a pu dominer le monde par son économie, ses armes et s
679 e pour l’Europe. L’équation européenne Si l’ Europe a pu dominer le monde par son économie, ses armes et ses techniques,
680 et beaucoup plus pauvre en matières premières, l’ Europe avait moins de chances matérielles que l’Inde de sortir de sa pauvret
681 de la péninsule indienne et celui de la péninsule européenne  ? Sinon par la différence des cultures, au sens le plus large du term
682 s sciences, les arts, l’éducation et la morale. L’ Europe est très peu de choses plus une certaine culture, qui a fait d’une pa
683 umière, et cela s’écrit : E = mc2 En désignant l’ Europe par E, la petite masse physique de notre continent par m, et sa cultu
684 ces conditions, l’expression courant : « faire l’ Europe  » ? L’Europe existe depuis des millénaires. Il n’est pas question de
685 ns, l’expression courant : « faire l’Europe » ? L’ Europe existe depuis des millénaires. Il n’est pas question de la créer ; ma
686 enracinés dans un millénaire au moins de culture européenne . L’obstacle principal à notre union réside dans les esprits, non dans
687 de culture, d’éducation nouvelle. Mais « faire l’ Europe  » ne veut pas dire seulement réduire les obstacles à l’union. Et c’es
688 leurs diversités. Aux premiers vous direz : votre Europe technicienne marcherait sans nul doute, elle « rendrait » matériellem
689 lement. Elle serait unifiée mais ne serait plus l’ Europe . Aux seconds, vous direz : votre Europe harmonieuse serait sans nul d
690 it plus l’Europe. Aux seconds, vous direz : votre Europe harmonieuse serait sans nul doute plus conforme au génie de nos peupl
691 seuls. Leur dialogue est vital pour l’avenir de l’ Europe . Ce n’est pas un dialogue politique, et encore moins économique. C’es
692 -mêmes, et deviennent en fait divisions, le corps européen se déchire et s’étiole : c’est ce qui s’est produit par deux fois dan
693 dans la génération à laquelle j’appartiens, et l’ Europe a risqué d’en périr. Insister sur nos seules diversités détruit l’Eur
694 rir. Insister sur nos seules diversités détruit l’ Europe matériellement. Vouloir nous unifier dans un cadre rigide détruit l’E
695 uloir nous unifier dans un cadre rigide détruit l’ Europe spirituellement. Le combat sur deux fronts pour une Europe unie, mais
696 irituellement. Le combat sur deux fronts pour une Europe unie, mais unie dans ses diversités, — voilà la tâche de la culture e
697 et sa vocation prospective. Il n’y aurait pas d’ Europe sans tout ce que la culture a su tirer de nos pauvres conditions phys
698 roposer un modèle efficace d’union spécifiquement européenne , qui s’appelle le fédéralisme. Double mission européenne de la cul
699 , qui s’appelle le fédéralisme. Double mission européenne de la culture Traduisons maintenant ces principes en termes d’acti
700 conforme au génie « un et divers » de la culture européenne . L’Europe n’est pas une addition de cultures nationales. Celles-ci s
701 nie « un et divers » de la culture européenne. L’ Europe n’est pas une addition de cultures nationales. Celles-ci sont des app
702 ionales » ; de montrer que la culture commune des Européens est beaucoup plus ancienne que notre présent découpage en États qui s
703 le prouver ; bref, de montrer que la culture, en Europe , est un phénomène à la fois pré-national et supranational, diversifié
704 l’histoire, par des comparaisons globales entre l’ Europe et les cultures réellement différentes des autres continents, mais au
705 ituts et associations culturelles militant pour l’ Europe unie apportent une contribution essentielle à l’intégration du contin
706 core la construction économique et politique de l’ Europe . La seconde tâche consiste à prendre au sérieux les principes de notr
707 d à les mieux connaître. Que servirait de doter l’ Europe d’institutions communes même techniquement parfaites, si les Européen
708 ons communes même techniquement parfaites, si les Européens de demain ne croyaient plus à leurs valeurs, à leurs idéaux, à tout c
709 urs idéaux, à tout ce qui a fait la grandeur de l’ Europe  ? Et que sert de prêcher l’union européenne à des gens qui répondent
710 deur de l’Europe ? Et que sert de prêcher l’union européenne à des gens qui répondent que l’Europe n’est plus rien, qu’elle n’a pa
711 l’union européenne à des gens qui répondent que l’ Europe n’est plus rien, qu’elle n’a pas d’idéal à opposer aux ambitions mond
712 au tiers-monde récemment libéré ? Vouloir faire l’ Europe par des procédés techniques, sans tenir compte de cette situation mor
713 ’éducation. Contrairement à l’Asie et à l’URSS, l’ Europe a toujours voulu former des hommes à la fois libres et responsables.
714 t de l’éducation. Si les programmes des instituts européens , des chercheurs et des publicistes, des enseignants enfin (aux trois
715 seignants enfin (aux trois degrés orientés vers l’ Europe unie) ne sont pas fortement soutenus dès maintenant, les plus belles
716 ance humaine, mal intégrées à la manière de vivre européenne et à la vocation fédéraliste de l’Europe. Contre la volonté de leurs
717 ivre européenne et à la vocation fédéraliste de l’ Europe . Contre la volonté de leurs initiateurs, elles risqueront, un jour, d
718 rs, elles risqueront, un jour, de dénaturer cette Europe que l’on croyait « faire ». Car, en fin de compte, pourquoi faut-il c
719 de compte, pourquoi faut-il créer un grand marché européen  ? Sinon pour mettre ou remettre l’Europe en mesure d’exercer sa fonct
720 marché européen ? Sinon pour mettre ou remettre l’ Europe en mesure d’exercer sa fonction planétaire, qui est une fonction d’an
721 s grandeurs nationales. Au terme de l’intégration européenne , s’il ne devait y avoir que dividendes, bombes atomiques, autos et fr
722 s, si les forces de culture ne l’animent pas, une Europe techniquement unifiée ne sera jamais qu’une coque vide. L’apport vit
723 er ces mesures, conformément au génie propre de l’ Europe , qui est celui de l’union dans la diversité, c’est-à-dire du fédérali
724 nts », alors il est grand temps que la très riche Europe en tire les conséquences logiques — et pratiques. z. « La culture
725 et pratiques. z. « La culture et l’union de l’ Europe  », Caractère et Culture de l’Europe, Amsterdam, n° 7, avril 1962, p. 
726 l’union de l’Europe », Caractère et Culture de l’ Europe , Amsterdam, n° 7, avril 1962, p. 9-13.
24 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
727 ées, je pense au Saint-Gothard comme au cœur de l’ Europe , à son bastion sacré, et je l’ai dit hier soir encore. Or il se trouv
25 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
728 Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’ Europe et limite des races, le Gothard est le grand symbole autour duquel to
26 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
729 ts suivants : 1) les causes spirituelles du drame européen  ; 2) la mission européenne de la Suisse ; 3) le fédéralisme ; 4) le t
730 es spirituelles du drame européen ; 2) la mission européenne de la Suisse ; 3) le fédéralisme ; 4) le théâtre communautaire en Sui
731 42 il se dressait vraiment comme ce bastion de l’ Europe libre dont nous avions rêvé sans oser croire qu’en quelques mois il d
732 galement intolérable, tant qu’Hitler sévissait en Europe . Enfin, je pressentais que dans la lutte en cours, provisoirement per
27 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
733 -décembre 1962)af Anciens villages et villes d’ Europe , vous n’en trouverez pas deux dont les plans soient superposables. S’
734 de l’unité paradoxale qui permettra de définir l’ Europe , Unité non point faite d’uniformité, mais au contraire, de variété de
735 riété des formes, de complexité des structures. L’ Europe est née de la multiplicité de ses communes, épousant la nature tout e
736 ou s’égrènent le long de la berge d’un fleuve. L’ Europe seule présente un réseau de communautés bien ancrées, bien nettement
737 des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’ Europe , dans la rumeur humaine d’une place de petite ville. Et voici que tou
738 es secrets (pour nous trop évidents) du dynamisme européen , c’est-à-dire de la communauté spirituelle, le règne de la loi, le re
739 des conseils et parlements, caractéristiques de l’ Europe . (La dernière image qui subsiste de cette origine très précise des pa
740 et parler Il n’est pas de démocratie, au sens européen du terme, qui ne repose sur la libre discussion, sur le libre jeu des
741 anifestent par la presse, dans l’ère moderne de l’ Europe  ; et la presse, dès le début, fut étroitement liée à cet autre élémen
742 les fameuses gazettes françaises diffusées dans l’ Europe entière, en dépit des censures de l’absolutisme, et qui préparent le
743 se prononce chaque année plus nettement. Au plan européen , le Conseil des communes d’Europe, l’Union des villes et des pouvoirs
744 ment. Au plan européen, le Conseil des communes d’ Europe , l’Union des villes et des pouvoirs locaux, apparus depuis la dernièr
745 e essentielle de notre civilisation », Communes d’ Europe , Paris, n° 29, novembre-décembre 1962, p. 5 et 20.
28 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
746 Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)ae La prévision est un exercice intellectuel
747 s rythmes ? Deux hypothèses. Ou bien l’union de l’ Europe est stoppée par l’échec des négociations entre les Anglais et le Marc
748 erre. Tout pronostic s’arrête là. Ou bien l’union européenne s’élargit et se consolide. Le pronostic se confond désormais avec les
749 mais de la faire. Dans cette seconde hypothèse, l’ Europe de 1980 est redevenue à tous égards le centre du monde humain. Les gé
750 à tout ce qui se passe dans le reste du monde. L’ Europe anime les échanges intercontinentaux, dont elle fut le moteur unique
751 miers sont entrés en fonction dès 1963.) Enfin, l’ Europe offre au monde le modèle d’une communauté organisée selon la méthode
752 les années 1950 à 1970. Le succès du fédéralisme européen les a fait réfléchir et leurs nouvelles générations, au-delà des ivre
753 même superficie que les 440 millions que compte l’ Europe d’aujourd’hui, Russie exclue — y contraint autant que l’évolution des
754 utant que l’évolution des idées et des morales. L’ Europe , initiatrice et première bénéficiaire ou victime de la civilisation t
755 fomentées par son aventureux génie. Le continent européen est devenu Mégalopolis : une maison tous les cent mètres en moyenne,
756 xemple. Ses passions sont transposées à l’échelle européenne et à l’échelle mondiale. Le mythe des deux grands a disparu, on ne s’
757 Afrique noire, l’Occident se regroupe autour de l’ Europe unie, de San Francisco à Vladivostok (réseau d’accords économiques et
758 (réseau d’accords économiques et culturels). En Europe , deux grandes tendances s’affrontent, en lieu et place de la droite e
759 istes et unitaires, mondialistes et nationalistes européens , néo-socialistes et néo-libéraux s’opposent au sujet des problèmes d’
760 u sujet des problèmes d’aménagement du territoire européen , d’urbanisme, d’éducation, de formation professionnelle, et de répart
761 artition des compétences entre le pouvoir central européen et les gouvernements des nations, qui subsistent. La médecine, l’hygi
762 evons choisir d’aller. ae. « Dans vingt ans une Europe neuve », Problèmes, Paris, n° 83, novembre 1962, p. 9-14. Présenté pa
763 ougemont, qui fit ses études dans diverses villes européennes , participa à Paris, en 1931, à la fondation des revues Esprit et L
764 ns françaises de La Voix de l’Amérique. Revenu en Europe en 1946, il s’engagea dans le mouvement pour une fédération européenn
765 l s’engagea dans le mouvement pour une fédération européenne et il organisa, en 1949, à Lausanne, le Congrès européen de la cultur
766 e et il organisa, en 1949, à Lausanne, le Congrès européen de la culture. L’année suivante, il fondait à Genève le Centre europé
29 1962, Articles divers (1957-1962). Jonas [préface] (1962)
767 inalement animateur et conseiller d’organisations européennes et internationales auxquelles il prêtait le rayonnement d’une culture
30 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
768 ulement par les Genevois mais par toute une élite européenne , assemblée devant lui, au pied de la chaire, et dont il connaît bien
31 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
769 n 1941. Je venais des États-Unis, où la guerre en Europe m’avait projeté hors d’une Suisse neutre et assiégée, qui m’estimait
770 ait rassemblés ces jours-là dans la capitale de l’ Europe , ultime colloque d’une société secrète improvisée, avant les catastro