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Recherche pour un modèle de société
européenne
(février 1974)f Précisons tout d’abord les termes de mon titre. J’
2
pas du tout moral. Chercher à composer un modèle
européen
ne signifie pas pour moi donner l’Europe en exemple au reste du monde
3
modèle européen ne signifie pas pour moi donner l’
Europe
en exemple au reste du monde, mais simplement chercher des structures
4
olitiques, adaptées aux réalités et aux finalités
européennes
. En second lieu, la recherche d’un modèle, signifie bien évidemment q
5
Et en troisième lieu, si l’on recherche un modèle
européen
, c’est que l’on ne pense pas pouvoir s’accommoder de modèles étranger
6
s. Cela ne signifie pas un instant qu’on tienne l’
Europe
pour supérieure — ou inférieure — à telle autre partie du monde ; mai
7
pliqua que deux avenirs possibles s’ouvraient aux
Européens
: — ou bien l’Europe prend sa retraite et tente de vivre sur son pass
8
possibles s’ouvraient aux Européens : — ou bien l’
Europe
prend sa retraite et tente de vivre sur son passé culturel ; — ou bie
9
nte de vivre sur son passé culturel ; — ou bien l’
Europe
s’efforce de s’assurer une position morale dominante, en se transform
10
qui serait en somme : la réponse particulière des
Européens
au défi de la crise de civilisation désormais déclarée à l’échelle mo
11
ens politiques, économiques ou culturels d’unir l’
Europe
; et non plus seulement des moyens de développer le tiers-monde ; et
12
re Guerre mondiale. Destruction d’une partie de l’
Europe
. Les États-Unis deviennent la première puissance mondiale. Baisse du
13
remière puissance mondiale. Baisse du moral de l’
Europe
(et de la démocratie et de son prestige). Montée du communisme et de
14
nts de notre siècle, les deux fléaux majeurs de l’
Europe
, je veux dire l’auto et Hitler. L’aventure totalement imprévisible de
15
re sans pétrole, et que le pétrole consommé par l’
Europe
est détenu à 80 % par les pays arabes, voilà la politique mondiale et
16
lemagne, et dont il annonce le sinistre avènement
européen
. Sur la trace de ces maîtres, entre les deux guerres mondiales, des g
17
l’État-nation tel que nous l’avons fait, nous les
Européens
— mauvais Européens ! — et répandu sur toute la terre. Et avec cela,
18
e nous l’avons fait, nous les Européens — mauvais
Européens
! — et répandu sur toute la terre. Et avec cela, le principal est sin
19
ant ce qu’il s’agit de changer dans notre société
européenne
: c’est le modèle stato-national. Et nous voyons dans quelle directio
20
gnement de Moscou. La souveraineté de nos nations
européennes
ne reste réelle qu’en tant que prétexte à refuser les mesures d’union
21
e à refuser les mesures d’union proposées au plan
européen
, qu’il s’agisse du rejet de la CED, ou du veto opposé par certains pa
22
région. Ceci se trouve correspondre aux réalités
européennes
les plus traditionnelles, les plus vivantes et les plus créatrices. C
23
Comparée à d’autres civilisations ou cultures, l’
Europe
est caractérisée par une extrême diversité, due aux sources multiples
24
s à l’Est. Impossible donc de concevoir une union
européenne
sur un modèle stato-national, unifié et centralisé, ni en tant que li
25
raticable étant donné les réalités spécifiquement
européennes
, serait une fédération fondée sur des régions, plus petites que nos É
26
vel équilibre : le contenu régional de la société
européenne
de demain. Mais attention : les régions que je conçois et cherche à r
27
clés du modèle recherché, l’un des mots-clés de l’
Europe
aussi. L’anti-Europe, c’est celle des « terribles simplificateurs » d
28
lle des dictatures totalitaires du xxe siècle. L’
Europe
créatrice a toujours cultivé la complexité, qui rend justice aux cara
29
ération, et non seulement la dernière chance de l’
Europe
, mais l’une des plus belles chances de l’homme en général. 13. À l’
30
canton. f. « Recherche pour un modèle de société
européenne
», Documents pour l’enseignement, Genève, Bruxelles, Centre d’éducati
31
seignement, Genève, Bruxelles, Centre d’éducation
européenne
, n° 9-10, février 1974, p. 1-6. Précédé de la note suivante : « Confé
32
L’
Europe
des régions (juin-juillet 1974)e Le mal stato-national Il sem
33
notion de régionalisation et la construction de l’
Europe
. La simultanéité de cette remise en cause est-elle purement fortuite
34
t, les régions « remontent ». On ne fera jamais l’
Europe
avec les États-nations. Donc, on la fera avec les régions. Comment vo
35
ur. Presque toutes les régions intéressantes de l’
Europe
sont transfrontalières ; elles ne sont pas ethniques. Elles le sont d
36
se. Comment êtes-vous parvenu à associer l’idée d’
Europe
à l’idée de région ? C’est à partir de l’idée d’Europe que je suis pa
37
e à l’idée de région ? C’est à partir de l’idée d’
Europe
que je suis parvenu à l’idée de région. J’ai pensé, avec beaucoup de
38
main de la guerre, qu’il était vital de « faire l’
Europe
» comme on disait, d’arriver à une union fédérale, ou d’un autre type
39
ée, qui s’opposerait toujours à la création d’une
Europe
unie. D’autre part, dans la faible mesure où l’on est arrivé à abaiss
40
us faut éviter à tout prix. Je pense que faire en
Europe
300 mini États-nations, au lieu de 25 États-nations serait aggraver l
41
téressantes qui sont en train de prendre forme en
Europe
sont transnationales, donc par-dessus les frontières. Il y a là toute
42
jourd’hui, si l’on parle tellement des régions en
Europe
, c’est à cause du formidable remue-ménage provoqué par la nécessité d
43
e part celle des régions, d’autre part celle de l’
Europe
. C’est absolument lié. Est-il possible de construire l’Europe par une
44
t absolument lié. Est-il possible de construire l’
Europe
par une association des différents États ? L’Europe des États-nations
45
rope par une association des différents États ? L’
Europe
des États-nations, c’est un cercle carré, c’est une impossibilité, c’
46
s de nos États-nations prétendent vouloir faire l’
Europe
. Dans ces conditions nous sommes devant un dilemme parfaitement clair
47
un dilemme parfaitement clair : ou bien on fait l’
Europe
et il faut abandonner la formule des États-nations à souveraineté ill
48
Ou bien il faut avouer qu’on ne veut pas faire l’
Europe
; et il faut savoir aussi ce que ça signifierait : la colonisation de
49
ssi ce que ça signifierait : la colonisation de l’
Europe
, économiquement par l’Ouest, et politiquement par l’Est. C’est déjà e
50
t déjà en bonne partie réalisé pour le quart de l’
Europe
, à l’est, qui est satellisé par les Russes, et c’est réalisé en bonne
51
s les pays colonisés. Donc les raisons de faire l’
Europe
sont plus grandes que jamais. Mais les obstacles à l’union sont plus
52
verser les États-nations, ni qu’on puisse faire l’
Europe
d’une manière violente ou révolutionnaire. Je pense qu’on peut renver
53
lors, que faut-il faire ? Il faut créer une autre
Europe
, parallèle, une Europe des réalités. À mon sens l’Europe des États-na
54
? Il faut créer une autre Europe, parallèle, une
Europe
des réalités. À mon sens l’Europe des États-nations est une Europe de
55
parallèle, une Europe des réalités. À mon sens l’
Europe
des États-nations est une Europe des mythes, puisqu’elle repose sur l
56
és. À mon sens l’Europe des États-nations est une
Europe
des mythes, puisqu’elle repose sur le mythe de la souveraineté nation
57
. Moi je demande simplement que nous fassions une
Europe
sur la base des réalités, et pas des mythes. Que nous ne perdions pas
58
passé révolu et que nous commencions à édifier l’
Europe
sur les régions que nous devons faire, en même temps que nous chercho
59
ance à faire des régions assez vastes de « taille
européenne
» ? De taille européenne ? C’est une expression sans aucune significa
60
assez vastes de « taille européenne » ? De taille
européenne
? C’est une expression sans aucune signification. On dit « tiens, c’e
61
intéressant ; maintenant tout le monde parle de l’
Europe
, on va donc faire des régions de taille européenne ». Qu’est-ce que ç
62
l’Europe, on va donc faire des régions de taille
européenne
». Qu’est-ce que ça veut dire ? Quand je pousse un peu les gens qui d
63
communauté autonome, ni une pierre d’attente de l’
Europe
fédérale. Quand diront-ils ce qu’elle doit être ? Ce qu’il y a de plu
64
s mais aussi beaucoup de sociétés multinationales
européennes
qui jouent ce rôle-là, par exemple : les pétroliers, et ça embarrasse
65
situer l’homme au centre de la société. e. « L’
Europe
des régions », Sud-Est industriel et commercial, n° 350, juin-juillet
66
roduits par le chapeau suivant : « À l’heure où l’
Europe
est en crise comme elle ne l’a jamais été — crise de croissance ou cr
67
Deuxième Guerre mondiale, a contribué “à mettre l’
Europe
sur ses rails” en organisant notamment la conférence de La Haye en 19
68
La Haye en 1948, d’où devait sortir le Parlement
européen
, le Conseil de l’Europe et le Marché commun. Européen d’origine suiss
69
péen, le Conseil de l’Europe et le Marché commun.
Européen
d’origine suisse et plus précisément neuchâteloise, Denis de Rougemon
70
édéralisme, du régionalisme et de la construction
européenne
. Écrivain, Denis de Rougemont est un excellent observateur de l’Europ
71
is de Rougemont est un excellent observateur de l’
Europe
et de l’Occident. L’Europe, il doit à Hitler d’en avoir saisi le géni
72
llent observateur de l’Europe et de l’Occident. L’
Europe
, il doit à Hitler d’en avoir saisi le génie lorsque, contraint de qui
73
autres artistes et écrivains surréalistes venus d’
Europe
par divers chemins : Max Ernst, Matta, André Breton, le peintre suiss
74
, mais les plus étonnants datent de mon retour en
Europe
, lorsque je repris ce jeu dans ma maison de Ferney. Un soir, la perso
75
La personne comme fondement des valeurs
européennes
(19 septembre 1974)h La première table ronde, tenue à Rome, s’étai
76
nde, tenue à Rome, s’était demandé : d’où vient l’
Europe
, et sur quelles bases d’unité culturelle édifier son union politique
77
que nous inaugurons, se demande plutôt : où va l’
Europe
? et plus exactement : où voulons-nous qu’elle aille ? Car il s’agit
78
gements survenus dans notre approche du phénomène
européen
, reconnaissons qu’il y a eu, aussi, la carence totale de réalisations
79
e. La crise mondiale, et la carence politique des
Européens
s’originent l’une et l’autre dans nos attitudes devant la nature et l
80
cace en profondeur, de quelques « lieux communs »
européens
qui ont sans doute orienté l’action d’hommes politiques tels que De G
81
en admettre que cela n’a pas suffi pour « faire l’
Europe
». De cette deuxième rencontre, que devons-nous attendre ? Face à la
82
ace à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous
Européens
inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à
83
cessé de le dénoncer depuis que je m’occupe de l’
Europe
. Nous voici, nous les douze invités à la table — et vous tous qui ent
84
société rénovée voulons-nous, nous autres « bons
Européens
» — comme disait Nietzsche — au nom de quelles valeurs, et en vue de
85
s, dans cette affaire, que de fonder la politique
européenne
, et de la fonder, comme il se doit, beaucoup moins sur les expérience
86
quelles fins faut-il créer l’union des gens de l’
Europe
, tels qu’ils sont, ou tels qu’ils peuvent devenir, dans une société r
87
ajorités silencieuses. Il est normal que le jeune
Européen
d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime, et descende le crier
88
tifico-technique, quantitative. Elle est née de l’
Europe
, de ses valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans les
89
st le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’
Europe
, qu’il le sache ou non, le référentiel absolu, c’est la personne. Or
90
s il a posé le modèle de la pensée spécifiquement
européenne
, la grande idée de l’antagonisme créateur, déjà conçue par Héraclite,
91
n tension qui est vraiment l’idée formatrice de l’
Europe
parce qu’elle engendre l’homme européen, à partir de l’extraordinaire
92
atrice de l’Europe parce qu’elle engendre l’homme
européen
, à partir de l’extraordinaire création qu’a été le concept de personn
93
braïque et chrétienne qui a formé vingt siècles d’
Europe
nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela fonde
94
s aussi la condition de toute union possible de l’
Europe
. J’ai dit souvent mon scepticisme à l’égard de l’Europe des États, qu
95
. J’ai dit souvent mon scepticisme à l’égard de l’
Europe
des États, que j’ai nommée une « amicale des misanthropes » — quelque
96
elque chose qu’on peut dire mais non pas faire. L’
Europe
que tout appelle ne pourra s’édifier que sur ce qui déborde, non seul
97
e je suis venu une fois de plus, ici, parler de l’
Europe
, de son union, et de la création des régions qui rendra seule possibl
98
ue, social, culturel, économique, écologique de l’
Europe
— et de l’Occident tout entier — se ramène en dernière analyse à cela
99
s. h. « La personne comme fondement des valeurs
européennes
», Actes de la deuxième table ronde du Conseil de l’Europe sur « La p
100
sont de direction communiste », à savoir commune,
Europe
, et la NRF …5 Voilà qui eût amusé Paulhan. (Mais après tout, si la
101
es années septante, le programme des fédéralistes
européens
: La révolution [sous-entendu : personnaliste et communautaire, ou e
102
mbre 1932.) ⁂ Tout, dans ces textes, annonce « l’
Europe
», j’entends la lutte pour la fédération de l’Europe, où nous nous re
103
ope », j’entends la lutte pour la fédération de l’
Europe
, où nous nous retrouverons, Marc et moi, côte à côte, dès le congrès
104
cture, c’est aussi le fait que Marc soit venu à l’
Europe
par les voies du personnalisme en premier lieu, et par le fédéralisme
105
res à tout ». On peut concevoir la nécessité de l’
Europe
unie en partant de la situation du monde, du rôle historique central
106
ations : et c’est en route vers l’universel que l’
Europe
apparaît inévitablement, non point comme une fin en soi, mais comme u
107
’il y a un avenir, et qu’il demeure ou redevienne
européen
, la pensée d’Alexandre Marc est promise à beaucoup d’avenir. 1. Cf.
108
et Alexandre Marc, Lausanne, Centre de recherches
européennes
, 1974, p. 51-69.
109
hautes études internationales et celui des études
européennes
. Je décrivais la crise du monde occidental, en progression rapide et
110
Un modèle pour l’
Europe
? (1974)b Les Gaulois n’avaient peur de rien sauf du tonnerre. Les
111
uisse dans le monde, ou du moins à l’échelle de l’
Europe
, je me suis fait répondre en haut lieu comme dans nos journaux : « Re
112
droit de l’attitude fédéraliste, non seulement en
Europe
et dans le monde, mais en Suisse même. C’est ce que je voudrais marqu
113
) excédaient les capacités de chacun de nos États
européens
et demandaient la mise en commun de leurs ressources. Cet exemple mér
114
et non sur des États —, ne pourra devenir modèle
européen
que s’il accepte de ne pas arrêter son processus aux frontières natio
115
e récrie : « Proposer notre fédéralisme à toute l’
Europe
, en attendant le monde, ce serait de l’orgueil, de la jactance, pire
116
oints, nous n’aurions à offrir à nos compatriotes
européens
d’autres leçons que celles de nos erreurs. La seule chance de durée d
117
otre fédéralisme est dans son extension à toute l’
Europe
— de proche en proche. (Et l’on peut espérer que le reste du monde fi
118
offrir et proposer à l’ensemble des peuples de l’
Europe
, non pas comme on le croit généralement le modèle 1848 d’une Confédér
119
uaniers. Comment, dès lors, concevoir un exécutif
européen
qui ne s’appuie pas sur le relai stato-national, mais qui soit capabl
120
ment réalisable paraît préfigurée par ces agences
européennes
d’un type nouveau que sont dans le domaine économique la CEE, et dans
121
la monnaie, de la défense, et des relations de l’
Europe
avec les autres continents. Ces agences s’occuperont des problèmes ré
122
, mais devant un parlement élu par tout le peuple
européen
. Enfin, pour assurer la cohérence d’une politique européenne, l’établ
123
Enfin, pour assurer la cohérence d’une politique
européenne
, l’établissement des priorités qui l’expriment et la juste répartitio
124
ressources communes, les responsables des agences
européennes
se réuniront régulièrement en un conseil exécutif européen. Cette idé
125
se réuniront régulièrement en un conseil exécutif
européen
. Cette idée d’un gouvernement européen n’est pas seulement, je le rép
126
l exécutif européen. Cette idée d’un gouvernement
européen
n’est pas seulement, je le répète, la plus rationnelle que l’on puiss
127
Or, on aura reconnu dans mon esquisse d’exécutif
européen
tous les traits caractéristiques de notre Conseil fédéral : indépenda
128
ncu que l’expérience suisse ne saurait offrir à l’
Europe
rien de plus valable ni de mieux éprouvé que cet exemple unique au mo
129
compris, mais non l’URSS. b. « Un modèle pour l’
Europe
? », Liberté pour détruire ?, Nouvelle Société helvétique, Annuaire 1
130
e chanter la gloire du petit État dans la culture
européenne
, qui est née de lui. Le petit État présente sur le grand à peu près t
131
Bayreuth, Salzbourg… Toute la grande culture de l’
Europe
est née de foyers locaux ou régionaux, et ne doit rien aux dimensions
132
s quelque vingt-huit États-nations qui divisent l’
Europe
ont en moyenne, quant à leur tracé actuel, un peu moins de cent ans d
133
ai vécu l’un des plus hauts moments de la culture
européenne
. Après la création mondiale, dans le chœur de la basilique, du Cantiq
134
t à Berlin : « Votre point de vue est typiquement
européen
, mais que vaut-il pour tous ces pays neufs qui ont adopté le modèle d
135
ration ? » Deux réponses à cette objection : 1) L’
Europe
a inventé l’État-nation que tous imitent. C’est à celle-là de donner
136
faire autant et plus de mal au tiers-monde qu’aux
Européens
. Ce n’est pas peu dire ! Il est grand temps de le dépouiller de son p
137
structure de petites régions fonctionnelles. Si l’
Europe
réussit à mettre au point cette formule, à la rendre opérationnelle e
138
s différends. Par notre modestie, nous payons à l’
Europe
blessée le tribut qu’il convient de payer à la douleur : le respect.
139
unifié dans les Ligues, puis élément d’équilibre
européen
, puis moyen d’empêcher l’éclatement de la Suisse en 1914, enfin doctr
140
e conscience. « Quels problèmes ? », me demande l’
Européen
qui venait admirer notre libre Helvétie et qui est un peu déconcerté…
141
sme, seul régime possible d’un avenir humain de l’
Europe
! Il est menacé, nous dit-on ? Rien de tel pour tirer un homme de ses
142
concret, venant de l’extérieur. Et de même que l’
Europe
a mieux à faire que d’offrir au tiers-monde le masochisme de certains
143
onscience de l’avenir qu’elle représente pour une
Europe
qui n’en sait rien encore ! Je ne conçois pas d’autre remède à ses né
144
qui a caractérisé la société industrielle née en
Europe
au xixe siècle, et qui s’est épanouie au xxe jusqu’à Los Angeles et
145
la Suède des deux grandes guerres du xxe siècle
européen
, la Suisse entre dans l’après-guerre avec des sentiments mêlés de sou
146
mpense cette gêne que l’on éprouve au chevet de l’
Europe
malade. Mais cette « neutralité active », comme on l’appelle aussi, n
147
Chine de Mao — démarche que la plupart des États
européens
n’ont pas osé faire jusqu’alors. Cependant, beaucoup de bons esprits
148
e modèle (au sens technique du terme) de l’avenir
européen
. Lors des premières Rencontres internationales de Genève, au début de
149
ce ce point de vue : « … dans l’avenir, ou bien l’
Europe
deviendra le champ de bataille des grandes forces voisines (la Russie
150
à propos de nos voisins, s’est dissipée. Face à l’
Europe
et face au monde, la situation de la Suisse s’est clarifiée : si elle
151
alité et de la coopération. La Suisse face à l’
Europe
Il paraît évident que le fédéralisme de formule suisse est la solu
152
tion qui s’impose si l’on veut vraiment « faire l’
Europe
», c’est-à-dire non pas l’unifier en la forçant à l’uniformité — chos
153
s’en réclament — que par les autres peuples de l’
Europe
— qui ne voient pas bien ce qu’ils pourraient en faire. Dans la parti
154
mêmes de la tâche appellent normalement. Ainsi l’
Europe
prend ses racines dans le terreau de l’authentique fédéralisme suisse
155
atrices, quant aux relations entre la Suisse et l’
Europe
d’abord, la Suisse et le monde ensuite. L’idée, le principe et presqu
156
té de Vienne comme étant « dans les intérêts de l’
Europe
entière », veut en effet que la Suisse refuse de prendre parti entre
157
les « puissances » dont les rivalités divisent l’
Europe
, mais ne veut pas du tout qu’elle se déclare neutre par rapport à l’u
158
elle se déclare neutre par rapport à l’union de l’
Europe
en train de se faire. Car la Suisse ne saurait tenir balance égale en
159
aurait tenir balance égale entre les ennemis de l’
Europe
et l’Europe même, dont elle fait partie. Ce serait vouloir rester neu
160
balance égale entre les ennemis de l’Europe et l’
Europe
même, dont elle fait partie. Ce serait vouloir rester neutre entre le
161
malade. Toute la politique étrangère — et d’abord
européenne
— de la Suisse, de 1945 à 1975, s’explique par une oscillation perpét
162
en revanche notre adhésion à l’OECE (Organisation
européenne
de coopération économique) dès 1946, puis à la plupart des agences sp
163
crets se tissent chaque jour entre la Suisse et l’
Europe
. Le simple fait de l’agrandissement des tâches économiques, sociales,
164
lle se doit donc de devenir, de proche en proche,
européenne
, puis mondiale. La Suisse face au monde Les tâches nouvelles qu
165
t attentive de plusieurs dizaines d’organisations
européennes
et internationales. Mais cela ne saurait la dispenser de choisir sa p
166
vanche, et pratiquement, l’union des peuples de l’
Europe
; parce que cette union politique serait seule capable de faire face
167
efus du recours à la guerre ? Face aux défis de l’
Europe
et du monde, c’est sur sa propre raison d’être que la Suisse d’aujour
168
l’exemple et le moteur d’une fédéralisation de l’
Europe
, ai-je écrit, il y a plus de dix ans, dans La Suisse ou l’histoire d
169
nseil fédéral le modèle d’un gouvernement fédéral
européen
. La principale qualité du gouvernement suisse, dont les Suisses eux-m
170
us avons partiellement subi le courant régnant en
Europe
, qui était celui de la centralisation et de la création des grands Ét
171
e-courant de ce qui se passait dans le reste de l’
Europe
. Elle est née de l’esprit des communes, au moment où ce grand mouveme
172
duire le fédéralisme dans les relations entre les
Européens
, et la Suisse se trouve être le seul pays qui ait traversé à peu près
173
e autonomie des communes qui devient, à l’échelle
européenne
, l’autonomie des régions, dans les partis de gauche autant que dans l
174
de n’importe quel savant sérieux et indépendant d’
Europe
ou d’Amérique, c’est insoutenable. Le projet n’est soutenu, d’ailleur
175
a dominé tout le développement de la civilisation
européenne
, malgré quelques résistances isolées, et qu’elle constitue l’apport p
176
que de malingres témoignages de son existence en
Europe
, parmi lesquels on peut citer les Carmina de l’évêque Fortunat (fin d
177
ristan et Iseut de Béroul, commence à circuler en
Europe
. Tous les éléments de la révolution psychique composés en système dan
178
e dans le temps et l’espace, au xiie siècle de l’
Europe
christianisée, le mythe révélera-t-il par ses structures mêmes le sec
179
omique dans Don Quichotte, et l’histoire du roman
européen
, qui semble celle d’une longue dégradation du mythe, peut être aussi
180
ires ». Dès le xive siècle, toute la littérature
européenne
s’est convertie au style des troubadours. De ce temps jusqu’au xxe s
181
traduit aussitôt dans la plupart des langues de l’
Europe
. La cortezia y devient simple courtoisie au sens moderne. La mystique
182
entir l’amour » qui paraît désormais naturelle en
Europe
. L’empire du mythe tristanien sur Racine est manifeste : il explique
183
tariale. C’est en 1830 et 1848 qu’apparaissent en
Europe
des expressions telles qu’érotisme, sexualité, problème sexuel, dans
184
d’une période d’érotisation générale de la psyché
européenne
, qui ne caractérise pas seulement la Vienne de Freud, mais le Paris d
185
l’union fédérale en s’y avançant le premier ! L’
Europe
des esprits et des cœurs, c’est elle qui motiva au premier chef Rober
186
lture à Genève, puis, née du Centre, la Fondation
européenne
présidée par S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas. Dans quel espr
187
A ? Relisant le précieux recueil de textes Pour l’
Europe
, réunis par lui à la fin de sa vie, je trouve ces mots qu’on ne saura
188
qui servent de titre à son deuxième chapitre : L’
Europe
, avant d’être une alliance militaire ou une entité politique, doit êt
189
hapitre, je souligne cette phrase : L’unité de l’
Europe
ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions : leu
190
je le crains. Parce qu’il n’y aurait plus même d’
Européens
. t. « Message de M. Denis de Rougemont », L’Europe plus que jamais
191
ens. t. « Message de M. Denis de Rougemont », L’
Europe
plus que jamais est nécessaire à la prospérité et à la sécurité : tém
192
ecueillis par l’Association Robert Schuman pour l’
Europe
à l’occasion de la célébration de l’Europe du 9 mai 1950, Montigny-lè
193
pour l’Europe à l’occasion de la célébration de l’
Europe
du 9 mai 1950, Montigny-lès-Metz, Association Robert Schuman pour l’E
194
tigny-lès-Metz, Association Robert Schuman pour l’
Europe
, 1976, p. 20-21.
195
L’
Europe
, l’été [préface] (1976)u L’Europe, l’été, devient un parc immense
196
L’Europe, l’été [préface] (1976)u L’
Europe
, l’été, devient un parc immense aux bosquets enchantés de musique. Du
197
rgen à Bordeaux et d’Athènes à Stockholm, toute l’
Europe
en été vibre et chante, danse ou déploie les fastes de ses opéras dan
198
ques. Entre ces points extrêmes de nos diversités
européennes
que relient quelques heures d’avion, au cœur du continent profondémen
199
ctrice dans la grande rumeur musicale de nos étés
européens
? Si je n’en ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu’il s’agissait
200
c’est parce qu’il s’agissait des « grands » de l’
Europe
, des mieux enracinés dans une tradition régionale mais aussi des prem
201
ce au grand ensemble culturel qu’est en réalité l’
Europe
, et l’aient prouvé en s’associant sous le signe de l’union continenta
202
t bardées de frontières sourcilleuses, dans notre
Europe
jadis ouverte à tous vents de l’esprit et tous échanges humains. Lors
203
mondiales, au xxe siècle, ont montré ce que « l’
Europe
des nations » savait faire. Au lendemain de la Seconde Guerre mondial
204
ccorder et faire entendre enfin le vrai « concert
européen
» ? En fait, chacun tentait de vivre pour son compte. Quelques-uns ch
205
de coopération aux forces culturelles de toute l’
Europe
à la recherche de l’union. Notre entente fut immédiate, et les plans
206
tomne de 1951. Deux mois plus tard, l’Association
européenne
des festivals de musique était fondée et se mettait à l’œuvre. ⁂ La m
207
ondée et se mettait à l’œuvre. ⁂ La musique est d’
Europe
, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement historiquement,
208
que est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’
Europe
non seulement historiquement, dans sa genèse, mais encore essentielle
209
du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme
européen
et qui le définit le mieux, quand on le compare à l’homme d’autres cu
210
té d’essence et d’existence entre la musique et l’
Europe
, il résulte, d’une part, que s’occuper de l’Europe et spécialement de
211
urope, il résulte, d’une part, que s’occuper de l’
Europe
et spécialement de sa culture, suppose que l’on s’occupe de la musiqu
212
plus profonde et spécifique du génie propre de l’
Europe
. La musique n’aidera pas à résoudre les problèmes de l’union politiqu
213
ement, un geste de l’esprit, caractéristique de l’
Europe
. Voilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence,
214
portance symbolique : l’Association des festivals
européens
a précédé de plusieurs années l’ouverture du Marché commun. Elle a de
215
Communauté, puisqu’elle englobe déjà seize pays d’
Europe
et que ses plus grands axes joignent Athènes à Édimbourg, Grenade à H
216
inki. À partir de 1957, des festivals qui, hors d’
Europe
, assurent le rayonnement de la musique et de la culture européennes o
217
ent le rayonnement de la musique et de la culture
européennes
ont été reçus en qualité de membres associés. Israël et Osaka ont bri
218
a majestueuse pyramide du Mont-Blanc, sommet de l’
Europe
. Dans le salon du rez-de-chaussée, une trentaine de personnes sont as
219
cles qui, durant la saison prochaine, animeront l’
Europe
pour la joie de centaines de milliers d’auditeurs. Nous sommes ici au
220
l’assemblée annuelle des directeurs de festivals
européens
. ⁂ Si l’association n’avait rien fait d’autre que d’offrir aux direct
221
é artistique tout à fait spécifique de la culture
européenne
. Ni dans l’Antiquité, ni dans les civilisations sacrées de l’Égypte,
222
le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’
Europe
, publiée en 1957, l’association proposait la définition suivante :
223
d’hui, bien commun et œuvre commune de la culture
européenne
. « L’art est l’état d’esprit d’un jour de fête », disait Flaubert. Et
224
ce livre tant d’apparitions mémorables. u. « L’
Europe
, l’été [préface] », Festivals de musique européens, Lausanne, 24 Heur
225
L’Europe, l’été [préface] », Festivals de musique
européens
, Lausanne, 24 Heures, 1976, p. 7-12.
226
Histoire et prospective de l’identité
européenne
(1976)s Dans le champ des études européennes, quelle est votre dis
227
té européenne (1976)s Dans le champ des études
européennes
, quelle est votre discipline ? Quand on sent qu’on ne peut pas répond
228
n préalable, et plus sérieuse, de l’identité de l’
Europe
et de ce qui motive son étude aujourd’hui. Tout le reste en dépendra,
229
d’abord mes réponses. Qu’est-ce donc pour vous, l’
Europe
? Ce n‘est pas une réalité faite et achevée, ou bien en train de se d
230
os grandes industries. Mais vous qui traitez de l’
Europe
, à quoi préparez-vous au juste ? Un institut d’études européennes pré
231
uoi préparez-vous au juste ? Un institut d’études
européennes
prépare des étudiants de toute provenance géographique et de toutes d
232
savoir et mieux comprendre en général ce qu’est l’
Europe
comme fonction dans le Monde ; et en particulier, c’est là ma branche
233
à mieux comprendre ce que cela signifie d’être un
Européen
. Ce n’est pas un métier ni même une profession. C’est une manière d’ê
234
la vie. C’est une manière aussi de faire vivre l’
Europe
en vivant sa culture, qui est, à mes yeux, sa profonde identité. Cett
235
otre ère. Cette culture peut périr demain, si les
Européens
ne la vivent plus, perdent le sens de ses valeurs créatrices. Nos gra
236
s Schaden Freude, titrent ces derniers mois : « L’
Europe
agonise », « L’Europe, c’est fini ! » Comme si ceux qui écrivent ces
237
ent ces derniers mois : « L’Europe agonise », « L’
Europe
, c’est fini ! » Comme si ceux qui écrivent ces slogans n’en étaient p
238
i écrivent ces slogans n’en étaient pas, de cette
Europe
qu’ils jugent finie ! L’agonie qu’ils annoncent, complaisants, c’est
239
, un cours sur Les Mythes formateurs de la psyché
européenne
. J’ai parlé des mythes grecs, puis des mythes de la Genèse, et enfin
240
ne les mène à rien », sauf à la connaissance de l’
Europe
en soi et pour eux-mêmes dans le meilleur des cas. lls choisissent vi
241
eviendront plus. S’ils se cherchent et se veulent
européens
, ou non, ils reviennent et parfois en demandent davantage, hors progr
242
lle pas tout simplement une histoire des idées en
Europe
, sur l’Europe et pour l’Europe ? Oui, mais cela ne dit pas tout, il s
243
implement une histoire des idées en Europe, sur l’
Europe
et pour l’Europe ? Oui, mais cela ne dit pas tout, il s’en faut ! Car
244
toire des idées en Europe, sur l’Europe et pour l’
Europe
? Oui, mais cela ne dit pas tout, il s’en faut ! Car notre enseigneme
245
’esprit de l’étudiant le sens de la problématique
européenne
, puis à formuler les problèmes du présent, enfin à leur imaginer des
246
thropologie philosophique, sur les problèmes de l’
Europe
, est-ce que cela ne vous condamne pas à l’européocentrisme ? Vous en
247
ui orientent leurs recherches sur les virtualités
européennes
méritent l’épithète si mal vue 20 que vous citez, c’est-à-dire ramèn
248
20 que vous citez, c’est-à-dire ramènent tout à l’
Europe
et à ses intérêts, dont ils font le centre de leur monde. Or à mon se
249
lieues de soupçonner le caractère spécifiquement
européen
de sa discipline. Or s’il est naïvement européen, il est fatal qu’il
250
européen de sa discipline. Or s’il est naïvement
européen
, il est fatal qu’il se comporte, objectivement, d’une manière tout eu
251
s d’amour, etc. Or ces croyances sont typiquement
européennes
, bien qu’erronées, comme le démontrent nos études sur l’Europe. C’est
252
qu’erronées, comme le démontrent nos études sur l’
Europe
. C’est même l’une des fonctions irremplaçables de ces études que cell
253
Et je parle de mettre en garde non seulement les
Européens
mais les étudiants du tiers-monde qui suivent nos cours : c’est sans
254
les raisons d’être et les moyens de survivre de l’
Europe
est simplement vital pour toute notre culture. Croyez-vous que l’Univ
255
f à la survie de cette culture ? 20. Mal vue en
Europe
surtout et par ces masochistes invétérés que sont trop souvent les in
256
invétérés que sont trop souvent les intellectuels
européens
. s. « Histoire et prospective de l’identité européenne », Institut u
257
éens. s. « Histoire et prospective de l’identité
européenne
», Institut universitaire d’études européennes. But – Activités – Ens
258
ité européenne », Institut universitaire d’études
européennes
. But – Activités – Enseignements – Recherches, Genève, IUEE, 1976, p.
259
nes de milliers de foyers dans chacun de nos pays
européens
, de se rendre indépendants, de se faire « Suisses », de recréer des c
260
cident , La Part du diable , Lettre ouverte aux
Européens
, Les Dirigeants et les finalités de la société occidentale . Il vie
261
st directeur de l’Institut universitaire d’études
européennes
, à Genève. »
262
trine politique qu’illustreront au cœur même de l’
Europe
, successivement, Jean-Jacques Rousseau, Germaine de Staël et Benjamin
263
dauphinois, parisiens, exilés dans maints pays d’
Europe
par la révocation de l’édit de Nantes, mais gardant des relations épi
264
u’elles ne l’ont jamais été dans toute l’histoire
européenne
. Et que devient pendant ce temps « l’esprit romand » ? Sa dominante p
265
de Bade au nord ; 80 % de la production horlogère
européenne
viennent de là ! — Le triangle Belfort-Saint-Étienne-Aoste, aux début
266
densité que je crois inégalée dans le reste de l’
Europe
. Frappé par ce fait, j’avais entrepris il y a quelques années une étu
267
tres qui sont en train de se faire reconnaître en
Europe
et, à mon sens, c’est là la voie d’une union européenne possible. Mai
268
rope et, à mon sens, c’est là la voie d’une union
européenne
possible. Mais comment pourrions-nous aboutir à ces solutions ? Je ne
269
lué par cinq pays. Vous voyez donc comment l’idée
européenne
, le régionalisme et l’écologie sont, pour moi, des thèmes très étroit
270
e façon de prévenir celle-ci consiste à bâtir une
Europe
supranationale au sommet et régionaliste à la base… En effet, depuis
271
jacobins — déclarèrent la guerre « aux rois de l’
Europe
» parce que la guerre était devenue pour eux le seul moyen de tenir l
272
re part, au profit de pouvoirs locaux. Tant que l’
Europe
n’existera pas politiquement, il n’y aura pas de régionalisme possibl
273
lisme possible. Comment expliquez-vous que l’idée
européenne
soit malgré tout cela si peu populaire ? Rien n’est moins sûr. Il y a
274
eag écrit un livre intitulé Vingt-huit siècles d’
Europe
dans lequel je m’étais amusé à collectionner tous les textes où s’ex
275
tous les textes où s’exprimait une nostalgie de l’
Europe
, depuis Hésiode jusqu’à Jean Monnet… À relire tous ces textes, on a l
276
rement à ce que vous semblez croire, l’idée d’une
Europe
unie n’a jamais cessé de hanter l’imagerieah populaire. Et, de nos jo
277
, qu’on le veuille ou non, c’est parce que l’idée
européenne
est tacitement acceptée que plus personne n’imagine qu’une guerre soi
278
’imagine qu’une guerre soit possible entre pays d’
Europe
. À la Libération, l’idée européenne — qui avait été un grand espoir d
279
ible entre pays d’Europe. À la Libération, l’idée
européenne
— qui avait été un grand espoir de la Résistance — aurait dû s’impose
280
vous, vous étiez résolument anticapitaliste. Or l’
Europe
qui se fait aujourd’hui est une Europe taillée à la convenance des mu
281
iste. Or l’Europe qui se fait aujourd’hui est une
Europe
taillée à la convenance des multinationales. Si cette Europe-là se ré
282
lée à la convenance des multinationales. Si cette
Europe
-là se réalise, ce sera pour le plus grand profit d’un mode de product
283
? De ce point de vue, il n’y a rien à craindre. L’
Europe
des marchands ne se fera pas car son principe repose sur une idée emp
284
se, quand de Gaulle a bloqué la construction de l’
Europe
, ce fut pour des raisons strictement politiques ou culturelles. On a
285
es qui nous gouvernent voulaient vraiment faire l’
Europe
, ils invoqueraient, d’abord, des raisons politiques et culturelles. À
286
e ou de la betterave ? L’enthousiasme pour l’idée
européenne
est plutôt rare de nos jours. Même pour les « grands intellectuels »,
287
aise n’avait pas d’avenir en dehors de la culture
européenne
et que celle-ci ne pourrait voir le jour que si l’Europe politique de
288
et que celle-ci ne pourrait voir le jour que si l’
Europe
politique devenait une réalité. J’étais ravi. Or, peu de temps après,
289
cains auraient raison de « tirer à vue » sur tout
Européen
qui se présenterait à eux. C’était pour le moins curieux car, d’une p
290
moins curieux car, d’une part, il affirmait que l’
Européen
, en tant que tel, n’existe pas, mais dès qu’il s’adressait au tiers-m
291
tiers-monde, il accréditait l’idée d’une « nature
européenne
» (comme on dit « nature humaine ») que les colonisés auraient raison
292
tre l’élection au suffrage universel du parlement
européen
qui affirment que l’Europe ne sera jamais qu’une modalité de l’impéri
293
iversel du parlement européen qui affirment que l’
Europe
ne sera jamais qu’une modalité de l’impérialisme germano-américain, c
294
us franchement dans le processus d’une fédération
européenne
. Le dénoncer, comme ça, en se crispant sur son État-nation, ce n’est
295
de le conjurer, au contraire… C’est en refusant l’
Europe
qu’on renforcera l’axe germano-américain. De même, c’est en refusant
296
e germano-américain. De même, c’est en refusant l’
Europe
que notre vieux continent s’achemine vers les totalitarismes locaux e
297
e Esprit , — c’était sur le drame d’une jeunesse
européenne
qui avait été abusée par les grandes doctrines du moment. Cette jeune
298
bbentrop à l’occasion d’un congrès de la jeunesse
européenne
qui s’était tenu à Francfort, et auquel participèrent des gens aussi
299
nt, d’autogestion et de la nécessité de créer une
Europe
de la culture. Depuis quarante ans, il répète que l’État-nation porte
300
s régions organisées dans un ensemble plus vaste.
Européen
d’abord, peut-être mondial plus tard. Le règne de l’État-nation dans
301
rd. Le règne de l’État-nation dans ses dimensions
européennes
actuelles me paraît terminé ; ce n’est pas une idée que j’ai aujourd’
302
ansfrontalière qui est le cas le plus fréquent en
Europe
— me paraît être le cadre le mieux adapté aux problèmes que nous avon
303
nser avec les mains et de la Lettre ouverte aux
Européens
y rajeunit, en les réactualisant, quelques-uns des thèmes personnali
304
humanité, l’ardent défenseur de la personne, de l’
Europe
, d’une société libre et responsable, garde confiance. Du point de vue
305
u’une immense révolution se prépare dans les pays
européens
, chez les jeunes surtout. Des milliers de gens sont mobilisés par les
306
au sein du mouvement personnaliste. On dit que l’
Europe
n’avance pas. Ce n’est pas entièrement vrai, il y a des points positi
307
ne guerre est désormais impensable entre des pays
européens
, ce qui représente un immense progrès par rapport au passé ! Je relèv
308
rai ensuite que trois dictatures ont disparu de l’
Europe
ces dernières années, et cela sans bain de sang. Ce n’est pas rien !
309
tre action aujourd’hui, vos livres engagés pour l’
Europe
des régions, pour l’environnement, contre le nucléaire, quelle est la
310
enser avec les mains (1936), Lettre ouverte aux
Européens
(1970), L’Avenir est entre nos mains [sic] (1977) : il y a un fil
311
de Rougemont, écrivain suisse, pionnier de l’idée
européenne
, s’adresse à nous dans son dernier livre qui vient de paraître. L’Av
312
un homme à renoncer. Son acharnement à défendre l’
Europe
, et à travers elle l’homme, le prouve. Déjà en 1932, lorsqu’il fonde
313
la revue Esprit, avec E. Mounier, il pense à une
Europe
qui naîtrait de la fédération des régions. Après la guerre, il en dev
314
plus actifs, participe à tous les grands congrès
européens
, devient rapporteur général au congrès de La Haye. En 1950, il fonde
315
ore il continue d’enseigner à l’Institut d’études
européennes
. L’Europe fut et reste sa passion parce qu’elle lui apparaît comme l’
316
d’enseigner à l’Institut d’études européennes. L’
Europe
fut et reste sa passion parce qu’elle lui apparaît comme l’aboutissem
317
, dit-il. Terrible constat. Il l’explique. Dans l’
Europe
du xxe siècle, le sens de la communauté est en train de disparaître,
318
n dépend d’un ensemble plus vaste, s’étendant à l’
Europe
puis à l’humanité. Les gouvernements seront bien obligés de s’incl
319
ture à l’intention d’enseignants venus de toute l’
Europe
, pour les rendre conscients des problèmes de l’école, de tous les men
320
que rien n’est encore perdu. Fondateur du Centre
européen
de culture à Genève, il a écrit une trentaine d’ouvrages : Penser av
321
: Penser avec les mains , Vingt-huit siècles d’
Europe
, Journal d’une époque , et le livre qui lui a apporté la célébrité
322
que je suis l’initiateur du mouvement fédéraliste
européen
. Que j’espère être démenti dans mes prédictions les plus désastreuses
323
Tous les mouvements de résistance dans les pays d’
Europe
se sont nourris de nos idées, même en Allemagne nazie, puisque nous a
324
entre les mains de quoi détruire toute l’économie
européenne
et il n’est pas dit que nous ne le ferons pas. » Comment Hitler appar
325
dirige à Genève l’Institut universitaire d’études
européennes
. ⁂ L’analyse de Rougemont part de la crise que traverse aujourd’hui l
326
corollaire, la croissance urbaine ont ralenti en
Europe
, après tout de même que le boom industriel sans vision, ait détruit l
327
e Esprit), de la commune et vont de la région à l’
Europe
. Tout le système de Rougemont est fondé sur l’autogestion politique à
328
orté l’inflation, née de la guerre du Vietnam, en
Europe
: seule une union européenne pourrait tenter de résister, pas un pays
329
la guerre du Vietnam, en Europe : seule une union
européenne
pourrait tenter de résister, pas un pays tout seul. Alice au pays
330
te et fédéraliste, ne l’emporte pas rapidement, l’
Europe
sera sans doute complètement colonisée par les États-Unis et l’URSS e
331
ion, se discutaient les lois. En toutes provinces
européennes
, de Grenade à Riga, d’Édimbourg à Athènes, et de Palerme à Stockholm,
332
es tensions entre ces entités qui font la société
européenne
se concrétisent sur la place. Aujourd’hui les autos et leurs parkings
333
, les cloches de la délivrance : c’est cela que l’
Europe
vient de vivre ! Nuit blanche. Trois actes se composent. Au matin j’a
334
la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie laissa à l’
Europe
une année de répit avant l’invasion de la Pologne en 1939. z. « Souv
335
Les débuts de la construction
européenne
(1977)x Tel qu’il se manifeste pour la première fois devant l’opin
336
nion internationale, à l’occasion du Congrès de l’
Europe
réuni à La Haye en mai 1948, le projet d’union de l’Europe résulte de
337
uni à La Haye en mai 1948, le projet d’union de l’
Europe
résulte de la conjonction d’au moins trois facteurs principaux, fonci
338
nd de 1932 ; Un mouvement multiforme de militants
européens
, issu de la Résistance, et dont l’élément le plus dynamique est l’Uni
339
, et dont l’élément le plus dynamique est l’Union
européenne
des fédéralistes ; Un ensemble de projets politiques plus ou moins pr
340
t à la vraie nature du phénomène, la Construction
européenne
. Il n’est que juste et décent d’ajouter que sans le plan Marshall, pr
341
d’ajouter que sans le plan Marshall, proposé aux
Européens
en 1947, rejeté par l’Est sur l’ordre de Moscou, accepté par l’Ouest,
342
s les dernières années 1940, l’Amérique a sauvé l’
Europe
, généralement ingrate et souvent ricanante. Généalogie des grands d
343
rais débuts datent du premier projet d’union de l’
Europe
: Pour récupérer la Terre sainte, rédigé en 1306. Pierre Dubois, son
344
ente comme un réflexe de défense de la communauté
européenne
qui s’éprouve obscurément menacée, ainsi que Dante va l’écrire dans l
345
tel appellent à la « reconstruction générale de l’
Europe
». Au xviie siècle, le moine Émeric Crucé, le duc de Sully, l’évêque
346
de Saint-Pierre publient leurs « grands desseins
européens
». Suivent dans la foulée Voltaire, Rousseau, Gibbon, Kant, Hegel, Au
347
nt-ils été « utopiques » que sur un seul sujet, l’
Europe
? Mais les États ne font qu’accroître leur prétention à la souveraine
348
tes entre les États-nations qui se multiplient en
Europe
— ces parties qui se veulent chacune plus grande que le tout continen
349
uerre mondiale. L’holocauste de vingt millions d’
Européens
qui s’ensuit pose des questions fondamentales à quelques bons esprits
350
re à Genève, en 1929, qu’« entre les peuples de l’
Europe
doit exister une sorte de lien fédéral ». Briand charge son plus proc
351
m sur l’organisation d’un régime d’union fédérale
européenne
. Le texte est présenté en 1930 à la Société des Nations. On peut y li
352
vant laquelle se trouvent désormais les nations d’
Europe
. Mais tout est compromis — comme le seront la CECA et plus encore la
353
t ce vocabulaire qui sera repris dans les traités
européens
de l’après-guerre. Mais ce qui exige alors d’être expliqué, c’est le
354
Au début de septembre 1947, à Montreux, l’Union
européenne
des fédéralistes convoque son premier grand congrès. Cette associatio
355
er grand congrès. Cette association des militants
européens
groupe un peu plus de cent-mille membres cotisants. Des délégués de m
356
ment aux débats. Tous sont issus de la Résistance
européenne
à l’hitlérisme, qu’ils soient français ou italiens, allemands ou holl
357
En quatre jours de congrès, le cadre de l’action
européenne
est posé, le but ultime bien indiqué : « L’Europe une dans un monde u
358
péenne est posé, le but ultime bien indiqué : « L’
Europe
une dans un monde uni. » L’union sera faite sur le modèle du fédérali
359
chelonnés sur dix ou quinze ans. Un « plan Monnet
européen
est nécessaire »25 non seulement pour l’équilibre des productions fra
360
atomique, le règlement du problème agricole de l’
Europe
[…], sans cesse confronté avec le devenir de l’économie mondiale ». C
361
gers les uns aux autres : origine du Congrès de l’
Europe
à La Haye, sur lequel nous allons revenir. Mais on imagine bien que l
362
marquent une étape décisive dans l’évolution de l’
Europe
, n’ont pas été conçues ex nihilo, ni formulées pour la première fois
363
une action, encore très proche, à l’échelle de l’
Europe
occupée par Hitler : la Résistance. À Genève, dès 1944, dans une Euro
364
ler : la Résistance. À Genève, dès 1944, dans une
Europe
en guerre encore, les délégués de mouvements de résistance actifs dan
365
iègent à Montreux parmi les dirigeants de l’Union
européenne
des fédéralistes. Et derrière la Résistance, il y a toute une prépar
366
ces principales et les animateurs du militantisme
européen
au lendemain de la guerre. Il convient d’ajouter que ces militants ig
367
orent, en général, les anciens plans d’union de l’
Europe
cités plus haut, récusent le projet Briand comme trop respectueux des
368
rée, aux discours en faveur d’une « sorte d’union
européenne
» que multiplient les grands ténors de la diplomatie occidentale ; ra
369
ral de Gaulle à un « vaste référendum de tous les
Européens
libres », pour donner le départ à l’unification du continent. Cependa
370
mères, sans vision, ne pourront rien faire pour l’
Europe
. Si pourtant quelque chose se fait, cela sera dû à la complicité qui
371
tendent parler au nom de la Paix. Le Congrès de l’
Europe
à La Haye restera la meilleure illustration de ces coopérations tempo
372
ons mutuellement paralysantes. Le Congrès de l’
Europe
à La Haye, 1948 Quelques mois après le congrès de Montreux, au ter
373
européen de Coudenhove, un premier « Congrès de l’
Europe
» fut convoqué pour le début de mai à La Haye. Il réunit quelque huit
374
exigeant au contraire la création d’institutions
européennes
« aux pouvoirs limités mais réels », auxquels tous nos États consenti
375
ffrage universel, dans les six mois, un parlement
européen
. On ne retint que l’idée d’une assemblée dont les membres seraient él
376
de faire passer les différentes parties du projet
européen
devant les parlements. Les six mouvements qui avaient organisé et me
377
se fédérèrent tôt après pour former le Mouvement
européen
, dont le président fut Duncan Sandys, jeune ancien ministre et gendre
378
. Sous leur conduite, une délégation du Mouvement
européen
entreprit de convaincre les ministres des Affaires étrangères de Fran
379
s, le 5 mai, un an après La Haye. La construction
européenne
connaissait son premier succès spectaculaire, et le plus vivement enl
380
contacts stimulants entre dirigeants du Mouvement
européen
, ou de ses organisations membres, hommes politiques et intellectuels,
381
uts fonctionnaires et députés de seize parlements
européens
. Lacune fort importante dans ce complexe : l’économie. Le plan Marsha
382
dès 1946, avait donné naissance à l’Organisation
européenne
de coopération économique (OECE). Celle-ci, fortement soutenue par le
383
ue, plus tard écologique. Cependant, le Mouvement
européen
poursuivait une campagne vigoureuse sur tous les plans. Il réunissait
384
ence économique qui relança l’idée d’une autorité
européenne
à laquelle les États remettraient une part de leur souveraineté, et i
385
ès de La Haye, et lançait l’idée d’un Laboratoire
européen
de recherches nucléaires28. Le Centre européen de la culture devait e
386
rammer les étapes de sa réalisation par les États
européens
, via l’Unesco. Le CERN fut inauguré le 1er août 1954 à Meyrin, près G
387
e, que de la presse ce jour-là, puis de l’opinion
européenne
et finalement des parlements, que le « plan Schuman » a si vite réuss
388
et honnêtement pratiqués, l’union politique de l’
Europe
. Le choc produit sur l’opinion par les images de trains et de convois
389
fut tel que, vingt-cinq ans plus tard, la presse
européenne
célébrant l’anniversaire de la Déclaration Schuman n’hésite pas à tit
390
n’hésite pas à titrer : « Neuf mai, le jour où l’
Europe
est née ! » Comme si l’Europe se limitait aux Six, comme si les Six n
391
f mai, le jour où l’Europe est née ! » Comme si l’
Europe
se limitait aux Six, comme si les Six n’étaient rien de plus que des
392
intention de la Société des Nations. Plutôt que l’
Europe
elle-même, ce qui naissait avec la CECA, c’était une méthode pour fai
393
it avec la CECA, c’était une méthode pour faire l’
Europe
. Nous avons vu que les idées directrices d’un pool charbon-acier avai
394
s des peuples. L’idée d’une Communauté de défense
européenne
, écartée de la discussion des congrès, s’était imposée pendant la pré
395
artisans, marquera le point de reflux de la marée
européenne
. Mais bientôt vient la relance. Le 1er juin 1933, les Six de la CECA,
396
ne nouvelle étape dans la voie de la Construction
européenne
». Renouvelant expressément la tactique et la stratégie de la CECA, «
397
onnaissent que la constitution d’un Marché commun
européen
est l’objectif de leur action dans le domaine de la politique économi
398
des fédéralistes : on ne peut fonder l’union des
Européens
sur cet obstacle majeur à toute union sérieuse qu’est l’État-nation,
399
nt. Ils parlent chaque année d’une « relance de l’
Europe
». Et les ministres sont d’accord — depuis un peu plus de vingt-cinq
400
sité inchangée — voire accrue — de construire une
Europe
autonome, l’adhésion de la majorité, surtout des jeunes, à ce projet,
401
ient des plus clairs : irons-nous avec eux vers l’
Europe
satellite, ou sans eux vers l’Europe des régions fédérées ? 24. En
402
c eux vers l’Europe satellite, ou sans eux vers l’
Europe
des régions fédérées ? 24. En poésie, Saint-John Perse, prix Nobel
403
relever l’économie française. 26. Publié dans L’
Europe
de demain, Éditions de la Baconnière, 1946, où l’on peut lire aussi l
404
e, 1946, où l’on peut lire aussi les déclarations
européennes
du journal Combat et le Manifeste de Ventotene, rédigé dans un confin
405
pinelli, dès 1942. 27. Pierre Uri, « L’aube de l’
Europe
», Le Monde, 9 mai 1975. 28. Cf. « Deux Initiatives du CEC : le CER
406
Deux Initiatives du CEC : le CERN et la Fondation
européenne
de la culture » , Bulletin du CEC, n° 4, Genève, 1975. 29. Pierre Ur
407
it. du Monde. x. « Les débuts de la construction
européenne
», Les Hommes d’État célèbres. De 1920 à nos jours, Paris, Mazenod, 1
408
listes et communistes, toujours d’accord contre l’
Europe
. En vérité, Robert Schuman n’est de naissance et de tradition ni fran
409
ie soit choisie librement — c’est un homme de « l’
Europe
médiane », de cette ancienne Lotharingie devenue Bourgogne, et qui fo
410
ui la grande avenue centrale, l’axe vertical de l’
Europe
des régions transfrontalières, remontant de la mer du Nord jusqu’à Bâ
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de la mer du Nord jusqu’à Bâle. Toute sa carrière
européenne
paraît préfigurée dans ces données historiques et géopolitiques. Mais
412
engageant sur lui le sort de sa propre politique
européenne
, Robert Schuman a transformé un texte en acte et une épure en fait d’
413
ntre Sully et Henri IV, à propos du Grand Dessein
européen
; entre Benjamin Constant et Napoléon lors de la rédaction de l’Acte
414
m sur l’organisation d’un régime d’union fédérale
européenne
» présenté à la Société des Nations en 1930. Robert Schuman fut réell
415
ue par sa vision lucide de l’avenir des pays de l’
Europe
. Il avait beaucoup réfléchi à la manière de réconcilier la France et
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de réconcilier la France et l’Allemagne… dans une
Europe
unie. Quand le moyen de commencer se présenta, il sut arrêter sa médi
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la paternité politique de ce qui allait devenir l’
Europe
des Six, puis des Neuf, en attendant la vraie Europe — celle des peup
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ope des Six, puis des Neuf, en attendant la vraie
Europe
— celle des peuples et non des États. L’Europe des peuples, des cœu
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Europe — celle des peuples et non des États. L’
Europe
des peuples, des cœurs et des esprits : c’est elle qui motiva au prem
420
ture, à Genève, puis, née du Centre, la Fondation
européenne
de la culture, aujourd’hui transférée à Amsterdam. Dans quel esprit l
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A ? Relisant le précieux recueil de textes Pour l’
Europe
, réunis par lui à la fin de sa vie, je trouve ces mots qu’on ne saura
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qui servent de titre à son deuxième chapitre : L’
Europe
, avant d’être une alliance militaire ou une entité politique, doit êt
423
hapitre, je souligne cette phrase : L’unité de l’
Europe
ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions : leu