1
Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’être un
Européen
. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de
2
, dans leur ignorance, que c’est une ville trop «
européenne
»… Mais moi, je m’y sens contemporain de la préhistoire de quelque av
3
La route américaine (18 février 1941)d L’
Européen
parle parfois de sa conception de la vie. Aux États-Unis, on parle to
4
Monsieur Denis de Rougemont, de passage en
Europe
, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)f Monsieur, quel bon vent vous
5
c Mme Maurice Muret, qui s’intitule Le Cœur de l’
Europe
et qui eut un grand succès. C’est le seul ouvrage que les Américains
6
, il faudrait que le plus grand nombre possible d’
Européens
eussent l’occasion de quitter leur « province » pour s’y rendre. N’on
7
s auteurs américains sont beaucoup plus connus en
Europe
qu’en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’Europe reste le c
8
’en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’
Europe
reste le continent de la création. L’Amérique ne crée pas. Elle est p
9
ne crée pas. Elle est plutôt complémentaire de l’
Europe
. Cela permettrait entre elles une entente fructueuse et solide. Et, à
10
uctueuse et solide. Et, à ce propos, on a tort en
Europe
de craindre l’impérialisme américain. J’ai peur, quant à moi, qu’il n
11
pourrait avoir d’assez graves conséquences pour l’
Europe
…1 1. L’entretien se termine par un commentaire conclusif de l’inte
12
f. « Monsieur Denis de Rougemont, de passage en
Europe
, nous dit… », Gazette de Lausanne, Lausanne, n° 105, 4 mai 1946, p. 3
14
au sursaut de l’humain qui pourrait seul sauver l’
Europe
. Les autres dorment. Ils n’ont pas encore vu qu’on ne leur laissera p
15
temps d’être prudents. Trop tard, dites-vous. « L’
Europe
n’existe plus ». Les Russes et les Américains vont lui régler son com
16
ut. Mon argument sera simple, le voici : Si notre
Europe
n’existait plus, si c’était vrai, vous ne pourriez plus même le dire,
17
« ouverte ». C’est qu’il y a donc encore un peu d’
Europe
vivante. L’Europe existe encore, là où le cri des hommes n’est pas ét
18
qu’il y a donc encore un peu d’Europe vivante. L’
Europe
existe encore, là où le cri des hommes n’est pas étouffé dans leur bo
19
Venez donc à Lausanne, et nous en discuterons. (L’
Europe
existe encore, là où le dialogue existe.) Vous parlez de la « dernièr
20
iste.) Vous parlez de la « dernière illusion de l’
Europe
». J’en vois une autre, et votre lettre la traduit d’une manière émou
21
lusion d’optique consiste à voir une toute petite
Europe
ruinée entre deux colosses agressifs. Secouons-nous, détournons les y
22
gt-dix pour cent qui ne sont pas communistes. Une
Europe
en partie ruinée ? Mais elle relève déjà ses industries ; et l’URSS n
23
traitée mieux qu’elle, qu’on s’en souvienne. Une
Europe
entre deux colosses ? Mais gardons-nous des fausses symétries. La sym
24
Il est vrai que l’Amérique souhaite l’union de l’
Europe
. Ce n’est pas la même union que les Russes nous imposeraient ! L’Amér
25
les Russes nous imposeraient ! L’Amérique veut l’
Europe
unie, parce qu’elle a besoin de nous en tant qu’Européens, autonomes,
26
e unie, parce qu’elle a besoin de nous en tant qu’
Européens
, autonomes, et même concurrents, non pas en tant qu’esclaves coûteux
27
s reste deux ans. Nous perdrons ces deux ans si l’
Europe
dès maintenant se croit perdue, si elle cède au vertige, à l’illusion
28
uit vers un Enfant qui a sauvé le monde. i. « L’
Europe
est encore un espoir », Gazette de Lausanne, Lausanne, n° 291, 8 déce
29
éro, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence
européenne
de la culture, qui se tint à Lausanne du 8 au 12 décembre 1949.
30
esoin de la bombe, et des grèves, et de la famine
européenne
, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et d
31
e l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de l’
Europe
pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bonne volont
32
ant ainsi, une fois de plus, que les nations de l’
Europe
sont solidaires en fait, pour le meilleur quand elles le reconnaissen
33
la journée des dupes du 30 août, les fédéralistes
européens
gardent une ferme orientation. L’échec de la CED n’est pas celui de l
34
s celui d’une diplomatie qui tentait de « faire l’
Europe
» à la sauvette, sans poser la question dans son ampleur, à tous. Il
35
détachées. Il faut enfin se décider à expliquer l’
Europe
aux masses, avec franchise, en termes simples et concrets. La vraie l
36
termes simples et concrets. La vraie lutte pour l’
Europe
commence. Elle ne sera pas gagnée dans ces lieux indécents que sont l
37
cours d’un épuisant congrès, comme fut le Congrès
européen
de la culture, qui se tint à Lausanne en décembre 1949. Mon ami Dunca
38
, il est vrai, en tant que président du Mouvement
européen
. Votre photo me rappelle que je m’y trouvais aussi… Veuillez croire,
40
ec le Marché commun, on croirait que l’union de l’
Europe
se réduit à des problèmes de tarifs douaniers et d’intérêts commercia
41
la base de quelque unité préexistante ; 2. Or, l’
Europe
que l’on tente aujourd’hui d’unir est d’abord une entité culturelle ;
42
te que l’on ne doit et que l’on ne peut « faire l’
Europe
» qu’en conformité avec le génie même de sa culture, qui est celui de
43
st pas difficile de l’établir. Quand je dis que l’
Europe
est d’abord une entité culturelle, ou que son unité la moins contesta
44
majeurs que chacun connaît. Un fait de nature : l’
Europe
est le plus petit de tous les continents (4 % des terres du globe), e
45
remières. Et un fait d’histoire : cette minuscule
Europe
a dominé successivement sur tous les autres continents, et continue à
46
qui ne saurait s’expliquer que par la culture des
Européens
, entendant par culture, au sens le plus large du terme, ce que l’espr
47
ans tous les ordres, vient ajouter à la nature. L’
Europe
, c’est très peu de chose plus une culture. Quand on s’imagine que l’E
48
chose plus une culture. Quand on s’imagine que l’
Europe
, dont discutent aujourd’hui toute la presse et tous les parlements, e
49
in d’union. Les forces de division qui ont miné l’
Europe
depuis un siècle, et qui ont risqué de la faire périr à deux reprises
50
supranationales. Et c’est ainsi que l’union de l’
Europe
a commencé dans le domaine économique, avec la CECA de Jean Monnet et
51
s Américains. Ce début concret de la construction
européenne
étant ainsi replacé et situé dans le contexte de notre évolution, la
52
e savoir s’il faut et s’il suffit, pour « faire l’
Europe
», que toutes les nations du continent s’intègrent dans le Marché com
53
unification économique puisse suffire à « faire l’
Europe
», il faudrait respecter dans cette hypothèse quelques conditions de
54
ication économique ne détruise pas les bases de l’
Europe
, mais y puise au contraire ses meilleures énergies ; qu’elle respecte
55
: elles nous ramènent aux problèmes culturels. L’
Europe
du plan économique a besoin de centaines de milliers de techniciens.
56
poule aux œufs d’or. La technique, inventée par l’
Europe
, puise ses forces inventives dans le fonds commun spirituel et moral,
57
e, scientifique et même esthétique, de la culture
européenne
. Renoncer à transmettre les principes et mesures de cette culture gén
58
le matérialisme plat, américaniser ou russifier l’
Europe
au pire sens de ces expressions, et finalement détendre les ressorts
59
pales. D’autre part, le dynamisme unique dont les
Européens
ont fait preuve depuis des siècles, résulte de nos diversités locales
60
gique, d’autant plus nous pouvons devenir de bons
Européens
. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant
61
ens, et le seul possible, de ce qu’on a nommé « l’
Europe
des patries ». (Par malheur, l’auteur de ce mot d’ordre, M. Debré, ne
62
ur de ce mot d’ordre, M. Debré, ne pensait qu’à l’
Europe
des États, qui est tout à fait autre chose.) Les modes d’emploi
63
it autre chose.) Les modes d’emploi Enfin, l’
Europe
unie ne saurait être conçue comme un but en soi, comme un nationalism
64
et toutes provisoires de l’Ouest du continent. L’
Europe
a découvert la Terre entière, assumant une fonction d’animation des é
65
, se voient en effet menacées par la technique. L’
Europe
ayant cent ans d’avance dans son effort d’adaptation à la révolution
66
par ses œuvres, s’en trouve désormais définie. L’
Europe
se doit et doit au monde de présenter l’exemple convaincant d’un dépa
67
fait notre culture et sa vitalité. ⁂ Le problème
européen
étant ainsi posé ou reposé à partir des réalités de notre culture une
68
tions qui participent à l’unité de culture nommée
Europe
. 2. Cette organisation économique ne saurait fournir les bases d’une
69
et les responsabilités qui en résultent pour les
Européens
. La Suisse est aussi bien placée que n’importe quel autre pays pour f
70
déral, conforme à son essence, comme à celle de l’
Europe
. Ces motifs d’entrer dans le jeu de la construction européenne me sem
71
es motifs d’entrer dans le jeu de la construction
européenne
me semblent avoir plus de poids que les scrupules qui nous retiennent
72
rrait montrer la voie d’un avenir authentiquement
européen
. Si elle s’y refuse, qui va plaider sa cause ? Une union faite sans n
73
ons perdu le droit de nous en plaindre. o. « L’
Europe
est d’abord une culture », Gazette de Lausanne (supplément littéraire
74
plus religieux de l’Occident. Ce sont trois noms
européens
. Les Européens goguenards pour qui l’Amérique signifie Coca-Cola, twi
75
de l’Occident. Ce sont trois noms européens. Les
Européens
goguenards pour qui l’Amérique signifie Coca-Cola, twist et voitures
76
dite et je récupère. Je ne trouverais pas cela en
Europe
, toutes vos maisons se touchent, vous n’êtes plus jamais seuls. » Je
77
i ai dit qu’il exagérait, qu’il y avait encore en
Europe
des refuges à peu près comparables. Mais j’ai dû dire : encore. D’ici
78
mme des pièces d’or. Je ne sais rien qui égale en
Europe
la splendeur de l’indian summer aux villages de Nouvelle-Angleterre.
79
trement si commode et si négligé, que la jeunesse
européenne
semble avoir adopté depuis quinze ans, croyant copier les « existenti
80
satisfaire d’ardentes curiosités sur l’union de l’
Europe
et le Marché commun que l’Amérique découvre subitement, et déjà elle
81
avenir du monde uni, je leur rappelle que c’est l’
Europe
qui a fait le monde, en créant les moyens de relier les continents et
82
ssi que le communisme russe est une création de l’
Europe
. (Marx, juif rhénan dont le père s’était fait, protestant, écrit au B
83
le New York Herald Tribune : on ne fait pas plus
Européen
.) Où sont les successeurs de l’Occident ? Je ne vois que des imitateu
84
rattraper l’Amérique, qui est une invention de l’
Europe
. Croyons à nos valeurs et prouvons-le, c’est ce que le monde attend d
85
ont venus discuter le plan d’une conférence sur l’
Europe
et le monde que je leur ai brièvement exposé. Critiques et suggestion
86
latin moderne. » Je me demande où l’on trouve en
Europe
rien qui ressemble à ce concours des meilleurs esprits d’avant-garde.
87
ui assaille l’écrivain de questions sur Marx et l’
Europe
, dans des universités très différentes des nôtres. Elles ressemblent
89
verselles — confession, langue française, culture
européenne
— les autres cantonales, locales ou familiales, le Suisse romand qui
90
écheresse, d’épuisement. Ne croyez-vous pas que l’
Europe
est épuisée ? Absolument pas. D’ailleurs, si elle l’était, qui repren
91
de nous libérer de quelque chose. Mais la société
européenne
n’a jamais été moins asservie par les impératifs ou par les interdits
92
origines helléniques et bibliques de la culture d’
Europe
. L’interprétation la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir été
93
nité Ceci m’évoque d’abord la description de l’
Europe
que nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société de
94
la société des esprits, publiée vers 1920 : « Les
Européens
se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier l
95
d’existence tout artificielle… » Au-delà de cette
Europe
décrite par Valéry, l’interprétation de Dante me paraît valable pour
96
monde moderne tout entier. Et, à l’intérieur de l’
Europe
, elle fait songer irrésistiblement à cette institution dont le nom mê
97
e vastes ensembles, par continents, et d’abord en
Europe
. Les races qui s’ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur dif
98
vergence ? La réponse me paraît évidente. C’est l’
Europe
, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Euro
99
le, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’
Europe
a découvert la terre entière, et personne d’autre n’est jamais venu l
100
ersonne d’autre n’est jamais venu la découvrir. L’
Europe
gréco-romaine et judéo-chrétienne a conçu la notion de genre humain,
101
ens valable pour toute race est une création de l’
Europe
, durant l’époque colonialiste et tout d’abord en réaction à ses outra
102
ie, d’Arabie et d’Afrique, à part Gandhi. Enfin l’
Europe
, par sa technique, a mis en relations toutes les parties du monde, de
103
té théorique et système de relations pratiques. L’
Europe
et l’Europe seule a fait tout cela, par sa religion, par ses grands p
104
et système de relations pratiques. L’Europe et l’
Europe
seule a fait tout cela, par sa religion, par ses grands philosophes e
105
on se réclame, fût-ce pour les retourner contre l’
Europe
, de ses doctrines politiques et sociales, et de certaines de ses vale
106
seulement des esprits créateurs et de la jeunesse
européenne
, mais aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerina
107
nt. L’esprit humain, et particulièrement l’esprit
européen
, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suf
108
re, il semblerait que la très grande majorité des
Européens
trouve que cela peut fort bien continuer ainsi, sans nul danger série
109
t comme une permanente insécurité. L’intellectuel
européen
d’aujourd’hui se sent tributaire de disciplines forcément partielles,
110
qu’elles affectent tout l’ensemble de la culture
européenne
. Mais c’est par l’Université que les hommes d’outre-mer viennent au c
111
mes d’outre-mer viennent au contact de la culture
européenne
, et c’est là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les
112
ivilisation, me paraît absolument spécifique de l’
Europe
. Seule en effet parmi toutes les grandes cultures qui ont fait l’hist
113
cultures qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’
Europe
a osé l’aventure d’un développement autonome de la science et des art
114
stement qui a vu naître les premières universités
européennes
, en Italie puis à Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparit
115
isme (ou, au moins, le parti qui l’interprète). L’
Europe
seule se voit obligée de rechercher sans cesse, en d’infinis débats,
116
ndes questions naïves et pénétrantes : pourquoi l’
Europe
a-t-elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourqu
117
de le meilleur de son temps de méditation. Si les
Européens
voulaient vraiment répondre aux Asiatiques, aux Africains, ou aux Ara
118
m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’
Europe
de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde qu’elle a révei
119
rogression géométrique Le grand problème que l’
Europe
seule me paraît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’a posé d
120
es n’est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe
européen
par excellence de l’union dans la diversité n’est pas seulement celui
121
sité, mais celui de notre politique d’intégration
européenne
, dans sa forme fédéraliste, non unitaire, que je tiens pour la seule
122
l’on garde à l’esprit la règle d’or de la culture
européenne
, qui n’est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relation
123
tés. L’adjectif petit me paraît intimement lié en
Europe
, non seulement à l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la
124
s, de 1901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’
Europe
qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le
125
ts ou de centres de synthèse, établis à l’échelle
européenne
, je veux dire supranationale. J’en imagine le prototype, qui serait u
126
ialité : c’est une sorte de district fédéral de l’
Europe
intellectuelle. Là vivent ces « hommes de synthèse » dont je vous par
127
les des grandes cultures, notamment de la culture
européenne
, et la logique ou les contradictions de leur développement dans la vi
128
ciplines dans l’histoire ancienne et récente de l’
Europe
. Dans quelle mesure et sous quelles conditions les inventions ou déco
129
indonésiennes, etc. Il n’existe pas, ni hors de l’
Europe
ni en Europe, de chaires d’études européennes, ou plus précisément d’
130
, etc. Il n’existe pas, ni hors de l’Europe ni en
Europe
, de chaires d’études européennes, ou plus précisément d’européologie.
131
ors de l’Europe ni en Europe, de chaires d’études
européennes
, ou plus précisément d’européologie. Certes, l’on étudie un peu parto
132
le Marché commun, le mécanisme des organisations
européennes
, leur histoire récente, leur jurisprudence, l’unification de leurs me
133
noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie
européenne
, comme Tommaso Campanella ou Amos Comenius, traçant le plan de son Co
134
ité de Rome instituant l’Euratom : une Université
européenne
. Vraie université, puisqu’elle traiterait spécifiquement du général,
135
u de former une image cohérente du Tout. Vraiment
européenne
, puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qu
136
et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’
Europe
, c’est très peu de chose plus une culture. Quatre pour cent des terre
137
’il tienne de lui ce don de prévision de l’avenir
européen
dont tous les deux firent preuve dans leur Correspondance (voir les l
138
arythmies annonciatrices d’accidents du cœur de l’
Europe
. La pensée et l’action Peu de carrières ont connu tant d’alterna
139
e, en marchant à grands pas dans son studio : « L’
Européen
le plus moderne, c’est vous pape Pie X ! », criait-il en déclamant Zo
140
plus clair que mille soleils », cet homme était d’
Europe
par les mesures et les affinités de sa pensée, mais il me donnait l’i
141
calme et lucide de Denis de Rougemont parler de l’
Europe
, de la personne, du langage, de notre univers, des avions passant dan
142
e qui débouchait sur l’idée de la fédération de l’
Europe
, liée à la notion d’une fédération des régions, concept actuellement
143
elevé une évolution quant à votre conception de l’
Europe
? Je dirai que dans ces journaux, qui ne sont pas des mémoires et se
144
l intime, s’exprime l’évolution d’une sensibilité
européenne
, beaucoup plus que des positions idéologiques. Cette sensibilité est
145
être d’un pays où j’ai des racines et à me sentir
européen
. La seule chose inadmissible est d’être enfermé dans les frontières d
146
aut présenter ma carte d’identité au douanier ! L’
Europe
des politiciens n’est pas encore celle des intellectuels, mais une œu
147
station est indispensable à toute société de type
européen
, d’une part pour faire progresser le savoir (recherches au-delà de l’
148
ent mon discours prononcé devant les 200 recteurs
européens
réunis à Göttingen, et publié par la Gazette littéraire, en novembre
150
vais compris qu’il était indispensable d’unir les
Européens
. Non seulement nous-mêmes, mais les Américains aussi, avions besoin d
151
e demander de parler à un congrès de fédéralistes
européens
à Montreux où j’ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. P
152
de m’occuper de la partie culturelle du Mouvement
européen
. À partir du congrès de La Haye en 1948 je me suis beaucoup penché su
153
is beaucoup penché sur ce problème de l’union des
Européens
sur la base d’une unité déjà existante. Je fais une distinction entre
154
le concours de l’Unesco pour créer un laboratoire
européen
de recherches nucléaires. Le CERN a été la réalisation de cette premi
155
ns fondé une Association des festivals de musique
européens
que je préside tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les insti
156
sard. Nous avons coordonné les instituts d’études
européennes
qui étaient en train de se constituer dans différentes universités. N
157
teurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne
européenne
d’éducation civique qui cherche à introduire l’angle de vision europé
158
ivique qui cherche à introduire l’angle de vision
européen
dans la leçon d’histoire, de géographie, de langues. Je souhaiterais
159
fédérale, afin de faire repartir toute l’affaire
européenne
sur la base des régions, puisque vingt ans de tentatives de rapproche
160
e espèce d’union. On ne peut bâtir une union de l’
Europe
sur les obstacles à toute union ! Notre espoir réside dans une politi
161
e régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes
européens
est que ces régions, définies surtout par l’économie, se définissent
162
retagne ou de la Catalogne. Le problème n° 1 de l’
Europe
, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons co
163
n° 1 de l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’
Europe
ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par
164
ulturel. Cela entraînerait une chute de potentiel
européen
considérable, dont finalement le monde entier subirait les conséquenc
165
concevable que s’il existe une solide fédération
européenne
. Ce sera le point d’accrochage d’une organisation mondiale. Sans dout
166
ent en grande partie de la solution des problèmes
européens
, c’est que l’unité du genre humain est une invention des Européens. C
167
que l’unité du genre humain est une invention des
Européens
. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain e
168
e humain est une invention des Européens. C’est l’
Europe
chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain en découvrant les
169
us ni Juifs ni Grecs. » Cette responsabilité de l’
Europe
s’oppose aux racismes et aux guerres d’extermination de races. Les pr
170
religieuses que l’on croit justes. ac. « Vers l’
Europe
des régions », Gazette de Lausanne (supplément littéraire), Lausanne,
171
anco-allemands ont montré l’urgence des problèmes
européens
. À cette occasion nous présentons l’activité de Denis de Rougemont da
173
é d’une culture, de laquelle participent tous les
Européens
, qu’ils soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de c
174
répressible dynamisme qui a porté la civilisation
européenne
sur tous les continents découverts tour à tour, conquis par nos avent
175
qu’il faut tenir pour la formule même de l’unité
européenne
: « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la
176
s en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’
Europe
comme patrie de la diversité. L’Européen moyen déclare parfois et pen
177
a dénote l’Europe comme patrie de la diversité. L’
Européen
moyen déclare parfois et pense toujours : « Quelle est ma raison d’êt
178
de différer, si peu que ce soit, est si cher aux
Européens
qu’il les porte à exagérer d’une manière tout à fait extravagante l’i
179
du tapis vert l’essai de définition suivant : L’
Européen
ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da
180
t-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme
Européen
dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contr
181
ier soit avec l’homme d’une seule nation de cette
Europe
dont il révèle ainsi qu’il fait partie, par le seul fait qu’il le con
182
e ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’
Europe
. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous,
183
notre union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’
Europe
. Si l’on me demande maintenant comment on peut traduire en termes de
184
toute évidence : fédéralisme.ah ag. « La cité
européenne
», Gazette de Lausanne (supplément littéraire), Lausanne, n° 89, 18-1
185
de la note suivante : « La semaine prochaine : “L’
Europe
et le sens de la vie”, suite et fin de ce discours. »
187
stérieux : l’obstacle à toute union possible de l’
Europe
(donc à toute union fédérale) n’est autre que l’État-nation, tel que
188
guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’
Europe
, grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe
189
que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’
Europe
! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas av
190
tion de notre union politique. Entre l’union de l’
Europe
et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
191
sens même de la vie… D’une façon plus précise, en
Europe
, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance colle
192
sent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité
européenne
de demain la puissance, c’est-à-dire la puissance industrielle et mil
193
ette tour de Babel du xxe siècle ! Une politique
européenne
de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’éche
194
ntale, serait capable sans nul doute de créer une
Europe
très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un s
195
r une Europe très forte, mais qui serait très peu
européenne
. Sans compter qu’un super-État-nation ne pourrait être imposé à tous
196
ontraire, si nous donnons pour finalité à la Cité
européenne
la liberté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’épanouisseme
197
’hui radicalement incompatible avec les fins de l’
Europe
et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus pr
198
io démagogique. Mais je vois aussi que seuls, des
Européens
, rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et
199
nomes valent mieux que la puissance collective. L’
Europe
unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut-être
200
ires opérées dans l’ensemble vivant de la culture
européenne
. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ce
201
! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’
Europe
en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa division ! Pou
202
ion et aux groupements de régions jusqu’au niveau
européen
; là, des agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, s
203
ous faut bannir du vocabulaire politique dans une
Europe
fédérale, au seuil de l’ère du monde uni. Voilà donc le modèle fédéra
204
uni. Voilà donc le modèle fédéraliste de la Cité
européenne
: la complexité des régions rendra justice à ses fécondes diversités,
205
tionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l’
Europe
sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l
206
finalités politiques. Donner comme but de la Cité
européenne
la liberté non la puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un «
207
rix du lait, du blé ou du vin, il est clair que l’
Europe
des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ad
208
recréation de communautés véritables. Et la Cité
européenne
— Res publica europea — fondée sur les communes et les régions librem
209
i viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’
Europe
, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une
210
pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une
Europe
qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, ma
211
saveur, le plus de sens à la vie. ai. « La Cité
européenne
. Un programme révolutionnaire : donner un sens à la vie », Gazette de
213
Suisses sont sans doute les moins xénophobes des
Européens
, et les étrangers sont venus chez eux depuis des siècles en plus gran
214
s que vous avez bien voulu me poser : — Dans une
Europe
fédérée telle que vous la concevez, chaque État peut-il conserver son
215
Le beurre et l’argent du beurre I. L’argument
européen
contre l’initiative Schwarzenbach risque fort de recouvrir un sophism
216
l’heure où il n’est question que de s’ouvrir à l’
Europe
, pourquoi nous fermer devant les travailleurs étrangers ? » C’est con
217
ien différents de « s’ouvrir à… » Si s’ouvrir à l’
Europe
signifie supprimer les frontières économiques et intégrer nos entrepr
218
, cet argument se détruit lui-même : car dans une
Europe
intégrée, il n’y a plus « d’économie suisse », il y a seulement une é
219
’économie suisse », il y a seulement une économie
européenne
. Mais si « s’ouvrir à l’Europe » signifie seulement importer autant d
220
t une économie européenne. Mais si « s’ouvrir à l’
Europe
» signifie seulement importer autant de travailleurs étrangers qu’il
221
ne peut pas invoquer à la fois l’intégration de l’
Europe
et les lois de la concurrence entre États-nations. (Sans compter que
222
otre double question — intégrité de l’État dans l’
Europe
fédérée et notion d’une “helvéticité” menacée ? — Denis de Rougemont
223
du entre « de Gaulle », comme il disait, et cette
Europe
qui l’eût plébiscité comme un second Charles le Grand. Ce Tristan de
224
ristan de la nation déifiée, cet ennemi juré de l’
Europe
« intégrée », était en réalité un fédéraliste ! (Mais le mot ne peut
225
ait en 1962 à propos de mes Vingt-huit siècles d’
Europe
: En réunissant et replaçant en leur contexte tous ces écrits à tra
226
s, au long des siècles, s’est manifestée l’idée d’
Europe
, ce sont les cheminements de la conscience européenne, elle-même, que
227
Europe, ce sont les cheminements de la conscience
européenne
, elle-même, que vous mettez en lumière. Je vous félicite d’avoir entr
228
ts actuels, en vue de bâtir une union des peuples
européens
, qui respecte le caractère original de chacun et le génie propre à no
229
un. Ce hasard marquera-t-il la fin d’une certaine
Europe
, le début d’une autre ? Nous avons demandé à Denis de Rougemont ce qu
230
mes ou guerre du Vietnam, par exemple, mais pas l’
Europe
, puisque l’Europe est une création continue de la pensée proprement p
231
ietnam, par exemple, mais pas l’Europe, puisque l’
Europe
est une création continue de la pensée proprement poétique, l’horizon
233
dernièrement s’il pensait que l’on devait faire l’
Europe
sur le modèle de la Suisse, et qui répondait : « Le fédéralisme est p
234
iginal que je souhaite voir copier au niveau de l’
Europe
. La réalité proprement suisse Dans la mesure où j’adhère à cette
235
mpêcherait de généraliser cette formule à toute l’
Europe
. Autant il devient clair aux yeux de tous que la formule de l’État-na
236
oléonien s’oppose radicalement à toute union de l’
Europe
, et que sa généralisation ne conduirait qu’à la guerre, autant il app
237
isme, est au contraire la seule possible pour les
Européens
qui éprouvent le besoin de s’associer librement par-dessus les fronti
238
si la fédération s’étend de proche en proche à l’
Europe
tout entière, la Suisse ne va-t-elle pas s’y perdre ? — C’est oublier
239
e ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans une
Europe
unie, loin de se perdre, elle se retrouverait agrandie, prolongée dan
240
Ceux qui ont peur que la Suisse se perde dans une
Europe
fédéraliste montrent par là qu’ils ne savent pas ce qu’est la Suisse.
241
qui seront un jour destinés à assurer la paix en
Europe
… Si cet idéal de l’avenir se réalise, la nationalité suisse de caract
242
l devra s’incorporer à la communauté de la Grande
Europe
. De cette façon, elle n’aura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’éva
243
s puissions souhaiter en tant que Suisse ? Dans l’
Europe
des régions que j’appelle et prépare, dans l’Europe des foyers rayonn
244
rope des régions que j’appelle et prépare, dans l’
Europe
des foyers rayonnants sans frontières, rien ne nous empêchera, Suisse
245
sanne des 3-4 juillet. (Réd.) am. « Au défi de l’
Europe
, la Suisse », Gazette de Lausanne, Lausanne, n° 176, 31 juillet-1er a
246
Collège latin à Neuchâtel. Ensuite, par le biais
européen
, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleur
247
é tangible, cadre de la vie des élèves ; il y a l’
Europe
— l’ancienne christianitas — réalité culturelle et historique ; enfin
248
— dans ces dimensions-là. Passer de la région à l’
Europe
et au monde au moment où les élèves sont capables de saisir les réali
249
dises, quelquefois les idées. On ne fera jamais l’
Europe
avec les ministres d’aujourd’hui, parce que toute leur manière de pen
250
s que le général de Gaulle aimait à répéter que l’
Europe
va de Gibraltar à l’Oural. Cette bourde m’a toujours étonné. Pourquoi
251
hr pour l’Allemagne. Côté « asiatique » ou côté «
européen
», c’est exactement le même paysage, les mêmes hommes. On y circule d
252
e Charles de Gaulle — définissaient précisément l’
Europe
comme allant de Gibraltar à l’Oural. L’école a rendu les hommes qui s
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du les hommes qui sont actuellement au pouvoir en
Europe
, incapables de saisir ce que pourrait être une fédération. Or c’est l
254
e l’évolution en cours dans la plupart des écoles
européennes
donnera-t-elle lieu à la révolution que vous souhaitez. Mais on en di
255
de mettre en relation des éléments — dans le cas
européen
, des régions — qui aient chacun leur autonomie, leurs caractéristique
256
? Par le biais de la Campagne d’éducation civique
européenne
que je préside depuis une dizaine d’années, nous essayons de toucher
257
gré secondaire surtout : ce sont eux qui feront l’
Europe
de l’an 2000, comme le dit le titre de mon dernier article dans Civis
258
dit le titre de mon dernier article dans Civisme
européen
11. Mais il est clair que, seule, la bonne volonté des maîtres ne suf
259
t de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme
européen
, Genève, mars 1972, publié par le Centre européen de la culture, 122,
260
ent sans espoir, si la culture élaborée par notre
Europe
n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment
261
éponse, inventée par notre génie, par nos savants
européens
, au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène, et nos tec