1 1939, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Âme romantique et le rêve (15 août 1939)
1 i enfin qu’un grand empire réalise au milieu de l’ Europe la plus inquiétante synthèse de religiosité, de politique, de rêve et
2 1946, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Tableaux américains (décembre 1946)
2 , dans leur ignorance, que c’est une ville « trop européenne  »… Mais, moi, je m’y sens contemporain de la préhistoire de quelque a
3 de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’ Europe  ! » parce qu’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je la vois
4 comme je me le rappellerai, une fois de retour en Europe . J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe amé
5 t New York d’adieux, filant pavois au vent vers l’ Europe … Slums La Soixante-quinzième rue n’a rien de particulier. Elle
6 mmode et plus confortable à leur sens. (Seuls les Européens de mon espèce aiment les maisons trop grandes, en Amérique.) L’un des
7 ts services que vous rendent ici les voisins ! En Europe , le voisin n’est que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arrêter po
8 t d’autres égards.) Le paysage pourrait bien être européen  : collines douces, bois et prairies, une rivière lente et les longs b
9 re la suite du roman. La route américaine L’ Européen parle parfois de sa conception de la vie. Aux États-Unis, on parle to
3 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Mouvement européen (avril 1949)
10 Le Mouvement européen (avril 1949)d Nécessité et urgence de l’union Quand un Améric
11 c’est qu’il est ému : il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’Europe unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreu
12 il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’ Europe unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreuse…, c’est qu’il n’a
13 nces principales, d’une part, l’affaissement de l’ Europe et, d’autre part, le surgissement au plan mondial de la Russie et de
14 cer au compromis, je veux dire à la paix, c’est l’ Europe . Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en
15 s, je veux dire à la paix, c’est l’Europe. Mais l’ Europe n’est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en vingt nations
16 é par les deux grands empires. Et non seulement l’ Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
17 qu’énonçait au congrès de La Haye le Message aux Européens  : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
18 nt comme elles vont : 1° les différents pays de l’ Europe seront annexés ou colonisés l’un après l’autre ; 2° la question allem
19 faire la paix, il nous faut commencer par faire l’ Europe , c’est-à-dire cette troisième puissance capable d’imposer un compromi
20 r les deux autres. Que si l’on me dit alors que l’ Europe même unie serait encore trop faible pour tenir en respect les deux Gr
21 épondrai par un seul chiffre : la population de l’ Europe occidentale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d
22 es staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux une Europe désunie… » En revanche, beaucoup pensent : « Tout cela est bel et bon
23 e pourra-t-on faire en temps utile ? » La paix, l’ Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En attendant, voici le cauchemar.
24 jà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’ Europe . Origines du mouvement fédéraliste Il y eut Sully, qu’aime à ci
25 du xixe siècle, quand la réalité politique de l’ Europe était l’essor des grands nationalismes. Il y eut enfin, après la Prem
26 es assises morales et doctrinales à la fédération européenne . C’est alors qu’apparurent en France les premiers groupes personnalis
27 t la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de l’ Europe . On put croire un moment que tout notre travail allait être effacé po
28 censures. Et l’idée d’un avenir fédéraliste de l’ Europe devenait, pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon de la Lib
29 uoi, dès l’année 1945, on vit surgir dans toute l’ Europe un pullulement de petits groupes fédéralistes. On y retrouvait toutes
30 tionales et religieuses qui font la richesse de l’ Europe , et qui la rendent si difficile à gouverner. La première tâche qui s
31 dispersés. Dès 1946, ce fut chose faite : l’Union européenne des fédéralistes se constituait et pouvait convoquer pour le mois d’a
32 ais qui pouvait paraître surhumaine, de fédérer l’ Europe , c’est-à-dire de mettre sur pied, contre vents et marées, des institu
33 s sommes partis — nous sommes partis pour faire l’ Europe , tout simplement. On s’étonnera de la part que je viens de faire à la
34 ents qui jalonnent les étapes du mouvement vers l’ Europe unie, à partir du congrès de Montreux jusqu’à ceux de La Haye, de Rom
35 emps de l’année suivante, des états généraux de l’ Europe . Sur-le-champ, des accords furent esquissés avec les représentants d’
36 lement l’intention de convoquer un « Congrès de l’ Europe  ». Il ne s’agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise « fédérali
37 de coordination des mouvements pour l’union de l’ Europe dressait les plans de travail pour La Haye. Il groupait les quatre or
38 oupait les quatre organisations suivantes : Union européenne des fédéralistes (présidents H. Brugmans et Ignazio Silone) ; United
39 mique (Paul van Zeeland) ; Comité français pour l’ Europe unie (E. Herriot et R. Dautry). Les Nouvelles équipes internationales
40 tionales (Robert Bichet) et l’Union parlementaire européenne (Coudenhove-Kalergi) adhérèrent quelques mois plus tard, suivies, apr
41 Parlement néerlandais, s’ouvrait le Congrès de l’ Europe . Nous étions cette fois-ci plus de huit-cents délégués, parmi lesquel
42 près de deux-cents députés aux divers parlements européens , des syndicalistes et des grands patrons, des socialistes et des cons
43 e prochaine étape, la convocation d’une Assemblée européenne , dont les membres seraient élus « dans leur sein ou au-dehors » par l
44 lles. Le 18 août notre Mémorandum sur l’Assemblée européenne se voyait accepté sans réserve par le gouvernement français, bientôt
45 tion d’un Parlement et d’un Conseil des ministres européens . Le 28 janvier 1949, la conférence aboutissait à un premier accord, e
46 x économiques. Au début de novembre 1948, l’Union européenne des fédéralistes réunissait à Rome son deuxième congrès annuel. À Mon
47 x faisceaux de licteur les grandes lettres du mot Europe . Le congrès fut inauguré en présence de tous les ministres par un dis
48 nation des groupements militant pour l’union de l’ Europe avait pris le nom de Mouvement européen, ses quatre présidents d’honn
49 ’union de l’Europe avait pris le nom de Mouvement européen , ses quatre présidents d’honneur étant Léon Blum, Winston Churchill,
50  Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour la fédération de l’ Europe  ? » cet historique succinct permet donc de répondre : nous avons lanc
51 ener sur les rouages les principaux gouvernements européens . Ce qui n’était qu’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a qu
52 . Objectifs immédiats L’effort du Mouvement européen , appuyé par la propagande ou les travaux spécialisés des six mouvemen
53 cats, religions, universités, etc.), le Mouvement européen défendit ce point de vue dans son mémorandum du 18 août 1948. C’est c
54 té par les Cinq : à l’Assemblée constituante de l’ Europe , qui pourra seule contraindre les États à s’incliner devant un pouvoi
55 tins. Ils pensent donc, tout naturellement, que l’ Europe sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mai
56 st pourquoi le Conseil international du Mouvement européen , dans sa réunion de Bruxelles, a recommandé que soit créée, par conve
57 par convention entre les États membres de l’union européenne , une Cour des droits de l’homme et une Commission d’enquête indépenda
58 tion chez le voisin. Une conférence d’économistes européens , convoquée pour le mois d’avril à Westminster, essaiera de dépasser l
59 arrières douanières, l’instauration d’une monnaie européenne , la création d’une régie fédérale des houillères (solution du problèm
60 ’on songe qu’elle a pu réunir, sous le signe de l’ Europe , des hommes aussi divers que le dirigiste André Philip, le libéral Gi
61 et politiques que pourrait proposer le Mouvement européen resteraient lettre morte, s’il n’existait, en deçà et au-delà des div
62 s divisions qu’il nous faut surmonter, une entité européenne bien vivante, un sentiment commun auquel il soit possible de faire ap
63 comme après tout, la vocation de notre Mouvement européen . S’il ne mettait la culture à sa place, qui est à la fois primordiale
64 capable de « donner une voix à la conscience de l’ Europe et des peuples qui lui sont associés ». Il ne s’agit nullement de fom
65 ullement de fomenter on ne sait quel nationalisme européen , mais au contraire de restaurer le rayonnement des valeurs que l’Euro
66 ire de restaurer le rayonnement des valeurs que l’ Europe , malgré tout, illustre encore aux yeux du monde entier : une certaine
67 pays, des instituts qui veulent travailler pour l’ Europe . Coordonner toutes ces initiatives dans le cadre d’un grand mouvement
68 édification d’un ordre libre ; former une opinion européenne  ; offrir un lieu de rencontres à nos meilleurs esprits, ce sont là qu
69 épart par une vision libératrice et fascinante. L’ Europe se fera, en dépit des experts (qui savent toujours que c’est Dewey qu
70 croire ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’ Europe , redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui devi
71 rope, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre pro
72 . 11. Voir le recueil de documents intitulés L’ Europe de demain (La Baconnière) qui groupe les déclarations fédéralistes de
73 la Résistance dans neuf pays. d. « Le Mouvement européen  », La Revue de Paris, Paris, n° 4, avril 1949, p. 76-84.
4 1949, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Découverte de l’Europe (octobre 1949)
74 Découverte de l’ Europe (octobre 1949)e Il n’est pas facile d’être actuel. Il y faut parfo
75 ts fédéralistes, et depuis un an par le Mouvement européen . Mais cet aboutissement spectaculaire devait marquer — comme je l’ai
76 former un front uni des gauches, sur le plan de l’ Europe . Dès les premières interventions sur le fond du débat, c’est-à-dire s
77 nt une gauche et une droite nouvelles, proprement européennes , et qui ne recouvrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne
78 et de dirigisme.) Que veulent les unionistes ? L’ Europe unie, bien sûr. Mais pas trop vite, ni trop précisément… Ils parlent
79 rprenants de l’idée fédéraliste parmi les députés européens sont attestés par un fait capital : la Commission des affaires généra
80 structures politiques nécessaires à l’union de l’ Europe . C’est dire que la question centrale posée par les fédéralistes, cell
81 , prodigués (en anglais généralement) aux députés européens . Dès sa prochaine session, l’Assemblée sera saisie d’un plan dont le
82 Churchill peut à la fois lutter pour l’union de l’ Europe et déclarer qu’on ne touchera pas à ces sacro-saintes souverainetés.)
83 inistres pour le germe du futur gouvernement de l’ Europe . Car les ministres, observe-t-on, sont les seuls à détenir un pouvoir
84 sition n’irait-elle point créer, sur le plan de l’ Europe , un danger pire que l’absence de pouvoir, une sorte de frein automati
85 pide évolution. Les dirigeants de notre Mouvement européen n’osaient pas espérer que la question capitale s’imposerait tout natu
86 tion du Comité ministériel la création d’une Cour européenne des droits de l’homme, pouvoir supérieur aux États. Elle a créé plusi
87 d’un Conseil économique et social, d’un passeport européen , d’un Centre européen de la culture (déjà en voie de formation à Genè
88 de quelques petites équipes au sein du Mouvement européen . Bien plus, l’existence même de l’Assemblée et la rapidité de ses pre
89 encore une raison d’être suffisante au Mouvement européen , ou s’il devait passer la main à l’Assemblée. C’est peut-être chanter
90 les voies reste la mission décisive du Mouvement européen . Car l’essentiel n’est plus de changer le nom de l’Assemblée consulta
91 qui ont su voir juste… » Il venait de découvrir l’ Europe , ses limitations, son génie. e. « Découverte de l’Europe », La Revu
92 es limitations, son génie. e. « Découverte de l’ Europe  », La Revue de Paris, Paris, n° 10, octobre 1949, p. 147-151.
5 1950, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’Europe et sa culture (novembre 1950)
93 L’ Europe et sa culture (novembre 1950)f Ce titre appelle deux séries d’obje
94 séries d’objections, les unes portant sur le mot Europe , les autres sur le mot culture ; et ce n’est pas tout : les mots « et
95 rtes, on peut ergoter à l’infini sur les termes d’ Europe et de culture. Où commencent, où finissent ces deux réalités ? À la f
96 e de l’autre. Le premier caractère permanent de l’ Europe est de nature géographique : l’Europe est une presqu’île de l’Asie. S
97 manent de l’Europe est de nature géographique : l’ Europe est une presqu’île de l’Asie. Second caractère permanent : elle est n
98 n’a pas de frontière bien marquée vers le nord, l’ Europe s’ouvre vers l’est par des plaines indéfinies. Ce n’est pas un fait g
99 a réabsorption dans la grande mère, que la petite Europe , au cours des siècles, a pris conscience d’elle-même et de son unité.
100 sations. Au fait géographique de la division de l’ Europe en compartiments relativement isolés, il faut rattacher les diversité
101 les diverses formes qu’a revêtues l’impérialisme européen au cours des âges. La part des déterminations physiques ainsi marquée
102 réflexion vitale. C’est un fait que la péninsule Europe ne représente qu’à peine 5 % des terres de la planète. D’où vient alo
103 , il y a une tension. À l’origine de la puissance européenne , cas tout à fait exceptionnel de dynamisme collectif, quelles tension
104 ’est pas dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’ Europe n’a pas pris naissance dans le conflit entre l’Est et l’Ouest, confli
105 ccident, nous trouvons le grand secret de l’homme européen  : c’est un homme dialectique, dialogique, ne pouvant espérer d’attein
106 rovoquent à la création. Voilà pourquoi cet homme européen s’est révélé, au cours du dernier millénaire, plus créateur qu’aucune
107 s seulement mécanique. Ainsi, dans le laboratoire européen , certains produits nouveaux ne sont apparus qu’après des siècles de m
108 lités psychologiques, me paraissent typiquement d’ Europe , en ce sens qu’elles ne pouvaient naître que du complexe que je viens
109 ture et les causes d’une capacité spécifique de l’ Européen  : celle de transformer son milieu et ses données matérielles ou moral
110 la culture occidentale, c’est ce qui a fait de l’ Europe autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre chose qu’un petit
111 ien de quoi nous parlons, quand nous parlons de l’ Europe ou de la culture. Notre tâche est moins, aujourd’hui, de les définir
112 ssayons de saisir maintenant ces deux réalités, l’ Europe et la culture, dans leur drame immédiat à nos vies. L’Europe d’abord.
113 a culture, dans leur drame immédiat à nos vies. L’ Europe d’abord. Naguère encore reine de la terre, jusque vers 1914, et même
114 ue vers 1914, et même jusqu’au dernier conflit, l’ Europe s’est vue brusquement détrônée, il y a cinq ans, en même temps qu’ell
115 vieille astuce politique en rivalités locales, l’ Europe n’offre plus aux empires américain et russe qu’un de ces vides dont l
116 sses, de la puissance et du prestige mondial de l’ Europe , on pourrait croire qu’elle n’est plus aujourd’hui qu’un appendice au
117 es conditions sont particulièrement graves pour l’ Europe , puisqu’elles brisent dans un cas et, dans l’autre, détendent les res
118 isation occidentale qui se trouve dénaturé. Car l’ Europe existait réellement là où toutes les valeurs que symbolise le mot cul
119 ici, comme hypothèse de base, qu’il faut sauver l’ Europe et sauver la culture. Si je pensais, comme certains, qu’il est trop t
120 ais Américain. Mais il est impossible de sauver l’ Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la cultu
121 és de s’accomplir dans une libre communauté. Si l’ Europe est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Am
122 ait alors notre dernier refuge, qu’on ferait de l’ Europe un musée dans les ruines, pour l’agrément des millionnaires curieux,
123 réé dans une nation privée de son indépendance. L’ Europe est encore le foyer de la civilisation occidentale, la seule qui ait
124 cience s’arrête quand l’audace est un crime. Si l’ Europe disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra remplacer c
125 sans une culture active rendue à l’efficacité, l’ Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même
126 à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’ Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? Et si c
127 elle-même ? Son destin et non plus sa liberté ? L’ Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap d
128 r sur les concepts, mais je parle de réalités : l’ Europe et la culture universelle qu’elle a produite sont deux réalités coext
129 ir. Entre les deux colosses russe et américain, l’ Europe qui vient de perdre la guerre fait actuellement ce qu’on appelle une
130 du rideau de fer, près de trois-cents-millions d’ Européens . Nous disposons de plus d’un quart du charbon, de près d’un tiers de
131 peut nous envier. Qu’avons-nous inventé, nous les Européens , depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je c
132 presque tous leurs grands noms sont des noms de l’ Europe , et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos ma
133 moderne tout entier peut être appelé une création européenne . Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos
134 es. Les Hindous, les Chinois, les Noirs copient l’ Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques
135 ane et le zipper partout, qui sont des inventions européennes  ; et de l’autre côté, Marx et notre industrie, plus l’instruction pub
136 nous ne le sentons pas. Car je parlais en tant qu’ Européen quand je disais nous. Mais la plupart parlent encore comme des França
137 qu’ils aient conscience d’appartenir à la famille européenne . Sinon, chacun d’entre eux va compter dans ma liste les quelques noms
138 dre un jour. Je ne dirai pas que la division de l’ Europe en vingt nations, chacune trop petite, rend compte de tous les maux d
139 ose d’infériorité que j’ai dite. La division de l’ Europe nous prive de la puissance dont tous les éléments sont pourtant parmi
140 tant parmi nous, mais dispersés. La division de l’ Europe paralyse notre culture aussi, puisqu’il n’est pas de culture sans lib
141 on nécessaire, sinon suffisante, du maintien de l’ Europe au rang des grandes puissances, c’est son union. Telle est aussi la c
142 foyer de création et de liberté que représente l’ Europe dans le monde, et que rien ne peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour
143 sisterait dans la mise en commun, au service de l’ Europe entière, de nos ressources scientifiques, éducatrices et créatrices e
144 r les déficiences et les avantages culturels de l’ Europe par rapport aux autres continents, sur les forces disponibles pour ce
145 sorte d’Institut de la conjoncture culturelle en Europe . Deuxièmement, nous avons besoin d’une coordination des efforts dispe
146 u continent, quelque chose comme un Chatham House européen , mais certainement plus militant, étant donné l’urgence des problèmes
147 tionaux ne peut parler, actuellement, au nom de l’ Europe dans son ensemble alors que c’est l’ensemble de l’Europe qui se voit
148 dans son ensemble alors que c’est l’ensemble de l’ Europe qui se voit attaqué par les propagandes que l’on sait. La nécessité s
149 re certaines initiatives et de parler au nom de l’ Europe comme unité, dans le plan de la culture et de la morale publique, de
150 pable de traiter au nom de trois-cents-millions d’ Européens avec les Russes ou les Américains. L’action dont je viens d’esquisser
151 u mois de septembre sur l’initiative du Mouvement européen , et auquel le Conseil de l’Europe vient d’accorder son patronage offi
152 mblée de Strasbourg, la création d’une armée de l’ Europe . Que cette armée soit nécessaire, c’est la déplorable évidence. Mais
153 ui vaut d’être défendu. La défense effective de l’ Europe doit commencer dans les cerveaux et dans les cœurs. Elle suppose une
154 toute volonté de réveil de la conscience commune européenne , dans nos élites et dans nos peuples, suppose la reconnaissance de de
155 ment nos « réalistes ». La première, c’est que l’ Europe est une culture (civilisation si l’on préfère) ou n’est qu’un appendi
156 ela veut dire que la vraie source de la puissance européenne est sa culture, et qu’il serait absurde et vain d’essayer de sauver l
157 personne. Et cela veut dire que les chances de l’ Europe se confondent aujourd’hui avec les chances de l’homme. C’est pourquoi
158 de l’homme. C’est pourquoi nous voulons sauver l’ Europe . Non point pour l’opposer aux grandes nations nouvelles, non point po
159 iberté, qui ont fait la vraie grandeur de l’homme européen , et pour sauver en face de la terre des masses, et de la terre des ma
160 hines, et des terres immenses de la fatalité, une Europe qui demeure la terre des hommes. 12. Ici cependant, point de malent
161 rybde et de Scylla. Entre les Américains et nous, Européens , il y a en commun les principes originels, l’usage présent, et l’idéa
162 s autres libertés. Entre les stalinistes et nous, Européens , il n’y a qu’un mot : démocratie. Pour eux, cela veut dire dictature.
163 chools of European Studies, et enfin le Collège d’ Europe , inauguré à Bruges le 12 octobre, et qui peut devenir l’École des sci
164 ole des sciences politiques du continent. f. « L’ Europe et sa culture », La Revue de Paris, Paris, n° 11, novembre 1950, p. 7
6 1951, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Inde 1951 (décembre 1951)
165 ue le terme d’exotisme : rien de plus typiquement européen . Parmi les peuples de la terre, seuls les Européens recherchent l’étr
166 uropéen. Parmi les peuples de la terre, seuls les Européens recherchent l’étranger, le dépaysement pour lui-même, et sont déçus d
167 problèmes s’énoncent dans les mêmes termes qu’en Europe . Il y a ceux qui pensent que l’URSS c’est la justice, les USA la libe
168 sérable et précieux à la fois. Dans mes vêtements européens , je me sens trop lourd et trop grand. Un peu plus loin, là où la rue
169 e à ce point étranger aux concepts formulés par l’ Europe  ? Et comment suggérer dans son obscurité le sentiment, mal distinct d
170 mands ou français, mais l’Inde ne connaît guère l’ Europe que par les collèges anglais, et d’autre part, elle est tentée de jug
171 ’Occident tout entier à travers l’Amérique ; or l’ Europe est plus près de l’Inde… Il s’est donné une petite tape sur le genou.
172 s castes rapprocherait l’Inde de l’Occident, de l’ Europe en particulier. Mais elle n’affecte encore que l’intelligentsia16. Ce
173 et du blé. La Russie lui propose la révolte. Et l’ Europe , jusqu’ici, n’a rien offert. (Qui, d’ailleurs, l’eût fait en son nom 
7 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
174 tut Gallup pendant l’été de 1963, dans six pays d’ Europe et aux États-Unis, montre qu’ils sont « en tête des gens heureux », c
175 tions des bains de Bade, « jardin de volupté de l’ Europe  », les récits de Casanova, les lettres de Rousseau, et plus tard les
176 et l’école ont changé tout cela. Comme partout en Europe , pendant le xixe siècle, la notion de péché s’est vue assimilée avan
177 stent quelque peu mystérieuses, même aux yeux des Européens dotés d’une bonne culture générale. Le statut du « grand homme » en S
178 rs de grandes affaires publiques à l’échelle de l’ Europe et du monde, théologiens ou pédagogues, savants du premier rang mais
179 mière affirmation, fondamentale, de la Résistance européenne . On lui fait un procès à Bonn. Il n’attaque pas le régime en soi, mai
180 le des Églises protestantes, en Amérique comme en Europe , et que les docteurs de Rome respectent et commentent. Carl Gustav J
181 s un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’ Europe . » Et il est vrai que nos meilleurs esprits, hors de l’étroit compart
182 ale, réformée ou romaine, germanique ou latine, —  européenne . Paracelse quitta très tôt son canton natal de Schwyz, Euler vécut da
183 est revenue, comme importée. « Son canton — ou l’ Europe  », c’est la formule parfaite. Ainsi, pour l’homme de culture en tant
184 , le stade national est sauté. Cas unique, dans l’ Europe moderne. J’ose y voir le plus grand privilège des Suisses : quelle qu
185 taux ; parfois pour les déterminer. Condamnés à l’ Europe en quelque sorte ; non, bien plutôt libres pour elle… 17. Cf. l’en
186 sur la censure en Suisse. 21. « Le canton — ou l’ Europe  », comme disait Lucien Febvre. À la sixième génération des ancêtres d
187 ent de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et 32 Européens surtout Français, mais pas un seul Suisse d’un autre canton. 22. Geo
188 Synthèse des sciences médicales et d’une écologie européenne avant la lettre : Paracelse. Théorie générale des sociétés humaines,
8 1969, La Revue de Paris, articles (1937–1969). L’avenir du fédéralisme (septembre 1969)
189 e : la France, bientôt imitée par presque toute l’ Europe — et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralis
190 namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
191 t sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
192 Mais en même temps, multiplication des jumelages européens entre communes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopér
193 isser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
194 semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
195 ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
196 ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand Européen , écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
197 listes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’ Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
198 ire congénital. Or s’il est vrai que l’union de l’ Europe est l’entreprise capitale de siècle, et s’il est vraisemblable que ce
199 toujours menacé, qui dénote la santé de la pensée européenne , sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
200 sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne , il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où
201 usions de mon discours de Goettingen aux recteurs européens en 1964j. L’université fut une commune libre au Moyen âge. Toute vie
202 que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe , plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à p