1
i enfin qu’un grand empire réalise au milieu de l’
Europe
la plus inquiétante synthèse de religiosité, de politique, de rêve et
2
, dans leur ignorance, que c’est une ville « trop
européenne
»… Mais, moi, je m’y sens contemporain de la préhistoire de quelque a
3
de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’
Europe
! » parce qu’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je la vois
4
comme je me le rappellerai, une fois de retour en
Europe
. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe amé
5
t New York d’adieux, filant pavois au vent vers l’
Europe
… Slums La Soixante-quinzième rue n’a rien de particulier. Elle
6
mmode et plus confortable à leur sens. (Seuls les
Européens
de mon espèce aiment les maisons trop grandes, en Amérique.) L’un des
7
ts services que vous rendent ici les voisins ! En
Europe
, le voisin n’est que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arrêter po
8
t d’autres égards.) Le paysage pourrait bien être
européen
: collines douces, bois et prairies, une rivière lente et les longs b
9
re la suite du roman. La route américaine L’
Européen
parle parfois de sa conception de la vie. Aux États-Unis, on parle to
11
c’est qu’il est ému : il va vous aider. Quand un
Européen
vous dit : l’Europe unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreu
12
il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’
Europe
unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreuse…, c’est qu’il n’a
13
nces principales, d’une part, l’affaissement de l’
Europe
et, d’autre part, le surgissement au plan mondial de la Russie et de
14
cer au compromis, je veux dire à la paix, c’est l’
Europe
. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en
15
s, je veux dire à la paix, c’est l’Europe. Mais l’
Europe
n’est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en vingt nations
16
é par les deux grands empires. Et non seulement l’
Europe
n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
17
qu’énonçait au congrès de La Haye le Message aux
Européens
: Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
18
nt comme elles vont : 1° les différents pays de l’
Europe
seront annexés ou colonisés l’un après l’autre ; 2° la question allem
19
faire la paix, il nous faut commencer par faire l’
Europe
, c’est-à-dire cette troisième puissance capable d’imposer un compromi
20
r les deux autres. Que si l’on me dit alors que l’
Europe
même unie serait encore trop faible pour tenir en respect les deux Gr
21
épondrai par un seul chiffre : la population de l’
Europe
occidentale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d
22
es staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux une
Europe
désunie… » En revanche, beaucoup pensent : « Tout cela est bel et bon
23
e pourra-t-on faire en temps utile ? » La paix, l’
Europe
unie, d’accord, c’est un beau rêve. En attendant, voici le cauchemar.
24
jà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’
Europe
. Origines du mouvement fédéraliste Il y eut Sully, qu’aime à ci
25
du xixe siècle, quand la réalité politique de l’
Europe
était l’essor des grands nationalismes. Il y eut enfin, après la Prem
26
es assises morales et doctrinales à la fédération
européenne
. C’est alors qu’apparurent en France les premiers groupes personnalis
27
t la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de l’
Europe
. On put croire un moment que tout notre travail allait être effacé po
28
censures. Et l’idée d’un avenir fédéraliste de l’
Europe
devenait, pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon de la Lib
29
uoi, dès l’année 1945, on vit surgir dans toute l’
Europe
un pullulement de petits groupes fédéralistes. On y retrouvait toutes
30
tionales et religieuses qui font la richesse de l’
Europe
, et qui la rendent si difficile à gouverner. La première tâche qui s
31
dispersés. Dès 1946, ce fut chose faite : l’Union
européenne
des fédéralistes se constituait et pouvait convoquer pour le mois d’a
32
ais qui pouvait paraître surhumaine, de fédérer l’
Europe
, c’est-à-dire de mettre sur pied, contre vents et marées, des institu
33
s sommes partis — nous sommes partis pour faire l’
Europe
, tout simplement. On s’étonnera de la part que je viens de faire à la
34
ents qui jalonnent les étapes du mouvement vers l’
Europe
unie, à partir du congrès de Montreux jusqu’à ceux de La Haye, de Rom
35
emps de l’année suivante, des états généraux de l’
Europe
. Sur-le-champ, des accords furent esquissés avec les représentants d’
36
lement l’intention de convoquer un « Congrès de l’
Europe
». Il ne s’agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise « fédérali
37
de coordination des mouvements pour l’union de l’
Europe
dressait les plans de travail pour La Haye. Il groupait les quatre or
38
oupait les quatre organisations suivantes : Union
européenne
des fédéralistes (présidents H. Brugmans et Ignazio Silone) ; United
39
mique (Paul van Zeeland) ; Comité français pour l’
Europe
unie (E. Herriot et R. Dautry). Les Nouvelles équipes internationales
40
tionales (Robert Bichet) et l’Union parlementaire
européenne
(Coudenhove-Kalergi) adhérèrent quelques mois plus tard, suivies, apr
41
Parlement néerlandais, s’ouvrait le Congrès de l’
Europe
. Nous étions cette fois-ci plus de huit-cents délégués, parmi lesquel
42
près de deux-cents députés aux divers parlements
européens
, des syndicalistes et des grands patrons, des socialistes et des cons
43
e prochaine étape, la convocation d’une Assemblée
européenne
, dont les membres seraient élus « dans leur sein ou au-dehors » par l
44
lles. Le 18 août notre Mémorandum sur l’Assemblée
européenne
se voyait accepté sans réserve par le gouvernement français, bientôt
45
tion d’un Parlement et d’un Conseil des ministres
européens
. Le 28 janvier 1949, la conférence aboutissait à un premier accord, e
46
x économiques. Au début de novembre 1948, l’Union
européenne
des fédéralistes réunissait à Rome son deuxième congrès annuel. À Mon
47
x faisceaux de licteur les grandes lettres du mot
Europe
. Le congrès fut inauguré en présence de tous les ministres par un dis
48
nation des groupements militant pour l’union de l’
Europe
avait pris le nom de Mouvement européen, ses quatre présidents d’honn
49
’union de l’Europe avait pris le nom de Mouvement
européen
, ses quatre présidents d’honneur étant Léon Blum, Winston Churchill,
50
Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour la fédération de l’
Europe
? » cet historique succinct permet donc de répondre : nous avons lanc
51
ener sur les rouages les principaux gouvernements
européens
. Ce qui n’était qu’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a qu
52
. Objectifs immédiats L’effort du Mouvement
européen
, appuyé par la propagande ou les travaux spécialisés des six mouvemen
53
cats, religions, universités, etc.), le Mouvement
européen
défendit ce point de vue dans son mémorandum du 18 août 1948. C’est c
54
té par les Cinq : à l’Assemblée constituante de l’
Europe
, qui pourra seule contraindre les États à s’incliner devant un pouvoi
55
tins. Ils pensent donc, tout naturellement, que l’
Europe
sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mai
56
st pourquoi le Conseil international du Mouvement
européen
, dans sa réunion de Bruxelles, a recommandé que soit créée, par conve
57
par convention entre les États membres de l’union
européenne
, une Cour des droits de l’homme et une Commission d’enquête indépenda
58
tion chez le voisin. Une conférence d’économistes
européens
, convoquée pour le mois d’avril à Westminster, essaiera de dépasser l
59
arrières douanières, l’instauration d’une monnaie
européenne
, la création d’une régie fédérale des houillères (solution du problèm
60
’on songe qu’elle a pu réunir, sous le signe de l’
Europe
, des hommes aussi divers que le dirigiste André Philip, le libéral Gi
61
et politiques que pourrait proposer le Mouvement
européen
resteraient lettre morte, s’il n’existait, en deçà et au-delà des div
62
s divisions qu’il nous faut surmonter, une entité
européenne
bien vivante, un sentiment commun auquel il soit possible de faire ap
63
comme après tout, la vocation de notre Mouvement
européen
. S’il ne mettait la culture à sa place, qui est à la fois primordiale
64
capable de « donner une voix à la conscience de l’
Europe
et des peuples qui lui sont associés ». Il ne s’agit nullement de fom
65
ullement de fomenter on ne sait quel nationalisme
européen
, mais au contraire de restaurer le rayonnement des valeurs que l’Euro
66
ire de restaurer le rayonnement des valeurs que l’
Europe
, malgré tout, illustre encore aux yeux du monde entier : une certaine
67
pays, des instituts qui veulent travailler pour l’
Europe
. Coordonner toutes ces initiatives dans le cadre d’un grand mouvement
68
édification d’un ordre libre ; former une opinion
européenne
; offrir un lieu de rencontres à nos meilleurs esprits, ce sont là qu
69
épart par une vision libératrice et fascinante. L’
Europe
se fera, en dépit des experts (qui savent toujours que c’est Dewey qu
70
croire ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’
Europe
, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui devi
71
rope, redécouverte à la faveur de son union ? Une
Europe
rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre pro
72
. 11. Voir le recueil de documents intitulés L’
Europe
de demain (La Baconnière) qui groupe les déclarations fédéralistes de
73
la Résistance dans neuf pays. d. « Le Mouvement
européen
», La Revue de Paris, Paris, n° 4, avril 1949, p. 76-84.
75
ts fédéralistes, et depuis un an par le Mouvement
européen
. Mais cet aboutissement spectaculaire devait marquer — comme je l’ai
76
former un front uni des gauches, sur le plan de l’
Europe
. Dès les premières interventions sur le fond du débat, c’est-à-dire s
77
nt une gauche et une droite nouvelles, proprement
européennes
, et qui ne recouvrent pas les anciennes divisions. (Ces dernières ne
78
et de dirigisme.) Que veulent les unionistes ? L’
Europe
unie, bien sûr. Mais pas trop vite, ni trop précisément… Ils parlent
79
rprenants de l’idée fédéraliste parmi les députés
européens
sont attestés par un fait capital : la Commission des affaires généra
80
structures politiques nécessaires à l’union de l’
Europe
. C’est dire que la question centrale posée par les fédéralistes, cell
81
, prodigués (en anglais généralement) aux députés
européens
. Dès sa prochaine session, l’Assemblée sera saisie d’un plan dont le
82
Churchill peut à la fois lutter pour l’union de l’
Europe
et déclarer qu’on ne touchera pas à ces sacro-saintes souverainetés.)
83
inistres pour le germe du futur gouvernement de l’
Europe
. Car les ministres, observe-t-on, sont les seuls à détenir un pouvoir
84
sition n’irait-elle point créer, sur le plan de l’
Europe
, un danger pire que l’absence de pouvoir, une sorte de frein automati
85
pide évolution. Les dirigeants de notre Mouvement
européen
n’osaient pas espérer que la question capitale s’imposerait tout natu
86
tion du Comité ministériel la création d’une Cour
européenne
des droits de l’homme, pouvoir supérieur aux États. Elle a créé plusi
87
d’un Conseil économique et social, d’un passeport
européen
, d’un Centre européen de la culture (déjà en voie de formation à Genè
88
de quelques petites équipes au sein du Mouvement
européen
. Bien plus, l’existence même de l’Assemblée et la rapidité de ses pre
89
encore une raison d’être suffisante au Mouvement
européen
, ou s’il devait passer la main à l’Assemblée. C’est peut-être chanter
90
les voies reste la mission décisive du Mouvement
européen
. Car l’essentiel n’est plus de changer le nom de l’Assemblée consulta
91
qui ont su voir juste… » Il venait de découvrir l’
Europe
, ses limitations, son génie. e. « Découverte de l’Europe », La Revu
92
es limitations, son génie. e. « Découverte de l’
Europe
», La Revue de Paris, Paris, n° 10, octobre 1949, p. 147-151.
94
séries d’objections, les unes portant sur le mot
Europe
, les autres sur le mot culture ; et ce n’est pas tout : les mots « et
95
rtes, on peut ergoter à l’infini sur les termes d’
Europe
et de culture. Où commencent, où finissent ces deux réalités ? À la f
96
e de l’autre. Le premier caractère permanent de l’
Europe
est de nature géographique : l’Europe est une presqu’île de l’Asie. S
97
manent de l’Europe est de nature géographique : l’
Europe
est une presqu’île de l’Asie. Second caractère permanent : elle est n
98
n’a pas de frontière bien marquée vers le nord, l’
Europe
s’ouvre vers l’est par des plaines indéfinies. Ce n’est pas un fait g
99
a réabsorption dans la grande mère, que la petite
Europe
, au cours des siècles, a pris conscience d’elle-même et de son unité.
100
sations. Au fait géographique de la division de l’
Europe
en compartiments relativement isolés, il faut rattacher les diversité
101
les diverses formes qu’a revêtues l’impérialisme
européen
au cours des âges. La part des déterminations physiques ainsi marquée
102
réflexion vitale. C’est un fait que la péninsule
Europe
ne représente qu’à peine 5 % des terres de la planète. D’où vient alo
103
, il y a une tension. À l’origine de la puissance
européenne
, cas tout à fait exceptionnel de dynamisme collectif, quelles tension
104
’est pas dualiste, mais trinitaire. Et de fait, l’
Europe
n’a pas pris naissance dans le conflit entre l’Est et l’Ouest, confli
105
ccident, nous trouvons le grand secret de l’homme
européen
: c’est un homme dialectique, dialogique, ne pouvant espérer d’attein
106
rovoquent à la création. Voilà pourquoi cet homme
européen
s’est révélé, au cours du dernier millénaire, plus créateur qu’aucune
107
s seulement mécanique. Ainsi, dans le laboratoire
européen
, certains produits nouveaux ne sont apparus qu’après des siècles de m
108
lités psychologiques, me paraissent typiquement d’
Europe
, en ce sens qu’elles ne pouvaient naître que du complexe que je viens
109
ture et les causes d’une capacité spécifique de l’
Européen
: celle de transformer son milieu et ses données matérielles ou moral
110
la culture occidentale, c’est ce qui a fait de l’
Europe
autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre chose qu’un petit
111
ien de quoi nous parlons, quand nous parlons de l’
Europe
ou de la culture. Notre tâche est moins, aujourd’hui, de les définir
112
ssayons de saisir maintenant ces deux réalités, l’
Europe
et la culture, dans leur drame immédiat à nos vies. L’Europe d’abord.
113
a culture, dans leur drame immédiat à nos vies. L’
Europe
d’abord. Naguère encore reine de la terre, jusque vers 1914, et même
114
ue vers 1914, et même jusqu’au dernier conflit, l’
Europe
s’est vue brusquement détrônée, il y a cinq ans, en même temps qu’ell
115
vieille astuce politique en rivalités locales, l’
Europe
n’offre plus aux empires américain et russe qu’un de ces vides dont l
116
sses, de la puissance et du prestige mondial de l’
Europe
, on pourrait croire qu’elle n’est plus aujourd’hui qu’un appendice au
117
es conditions sont particulièrement graves pour l’
Europe
, puisqu’elles brisent dans un cas et, dans l’autre, détendent les res
118
isation occidentale qui se trouve dénaturé. Car l’
Europe
existait réellement là où toutes les valeurs que symbolise le mot cul
119
ici, comme hypothèse de base, qu’il faut sauver l’
Europe
et sauver la culture. Si je pensais, comme certains, qu’il est trop t
120
ais Américain. Mais il est impossible de sauver l’
Europe
si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la cultu
121
és de s’accomplir dans une libre communauté. Si l’
Europe
est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Am
122
ait alors notre dernier refuge, qu’on ferait de l’
Europe
un musée dans les ruines, pour l’agrément des millionnaires curieux,
123
réé dans une nation privée de son indépendance. L’
Europe
est encore le foyer de la civilisation occidentale, la seule qui ait
124
cience s’arrête quand l’audace est un crime. Si l’
Europe
disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra remplacer c
125
sans une culture active rendue à l’efficacité, l’
Europe
ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même
126
à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’
Europe
de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? Et si c
127
elle-même ? Son destin et non plus sa liberté ? L’
Europe
sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap d
128
r sur les concepts, mais je parle de réalités : l’
Europe
et la culture universelle qu’elle a produite sont deux réalités coext
129
ir. Entre les deux colosses russe et américain, l’
Europe
qui vient de perdre la guerre fait actuellement ce qu’on appelle une
130
du rideau de fer, près de trois-cents-millions d’
Européens
. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, de près d’un tiers de
131
peut nous envier. Qu’avons-nous inventé, nous les
Européens
, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je c
132
presque tous leurs grands noms sont des noms de l’
Europe
, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos ma
133
moderne tout entier peut être appelé une création
européenne
. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos
134
es. Les Hindous, les Chinois, les Noirs copient l’
Europe
pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques
135
ane et le zipper partout, qui sont des inventions
européennes
; et de l’autre côté, Marx et notre industrie, plus l’instruction pub
136
nous ne le sentons pas. Car je parlais en tant qu’
Européen
quand je disais nous. Mais la plupart parlent encore comme des França
137
qu’ils aient conscience d’appartenir à la famille
européenne
. Sinon, chacun d’entre eux va compter dans ma liste les quelques noms
138
dre un jour. Je ne dirai pas que la division de l’
Europe
en vingt nations, chacune trop petite, rend compte de tous les maux d
139
ose d’infériorité que j’ai dite. La division de l’
Europe
nous prive de la puissance dont tous les éléments sont pourtant parmi
140
tant parmi nous, mais dispersés. La division de l’
Europe
paralyse notre culture aussi, puisqu’il n’est pas de culture sans lib
141
on nécessaire, sinon suffisante, du maintien de l’
Europe
au rang des grandes puissances, c’est son union. Telle est aussi la c
142
foyer de création et de liberté que représente l’
Europe
dans le monde, et que rien ne peut remplacer. Qu’avons-nous fait pour
143
sisterait dans la mise en commun, au service de l’
Europe
entière, de nos ressources scientifiques, éducatrices et créatrices e
144
r les déficiences et les avantages culturels de l’
Europe
par rapport aux autres continents, sur les forces disponibles pour ce
145
sorte d’Institut de la conjoncture culturelle en
Europe
. Deuxièmement, nous avons besoin d’une coordination des efforts dispe
146
u continent, quelque chose comme un Chatham House
européen
, mais certainement plus militant, étant donné l’urgence des problèmes
147
tionaux ne peut parler, actuellement, au nom de l’
Europe
dans son ensemble alors que c’est l’ensemble de l’Europe qui se voit
148
dans son ensemble alors que c’est l’ensemble de l’
Europe
qui se voit attaqué par les propagandes que l’on sait. La nécessité s
149
re certaines initiatives et de parler au nom de l’
Europe
comme unité, dans le plan de la culture et de la morale publique, de
150
pable de traiter au nom de trois-cents-millions d’
Européens
avec les Russes ou les Américains. L’action dont je viens d’esquisser
151
u mois de septembre sur l’initiative du Mouvement
européen
, et auquel le Conseil de l’Europe vient d’accorder son patronage offi
152
mblée de Strasbourg, la création d’une armée de l’
Europe
. Que cette armée soit nécessaire, c’est la déplorable évidence. Mais
153
ui vaut d’être défendu. La défense effective de l’
Europe
doit commencer dans les cerveaux et dans les cœurs. Elle suppose une
154
toute volonté de réveil de la conscience commune
européenne
, dans nos élites et dans nos peuples, suppose la reconnaissance de de
155
ment nos « réalistes ». La première, c’est que l’
Europe
est une culture (civilisation si l’on préfère) ou n’est qu’un appendi
156
ela veut dire que la vraie source de la puissance
européenne
est sa culture, et qu’il serait absurde et vain d’essayer de sauver l
157
personne. Et cela veut dire que les chances de l’
Europe
se confondent aujourd’hui avec les chances de l’homme. C’est pourquoi
158
de l’homme. C’est pourquoi nous voulons sauver l’
Europe
. Non point pour l’opposer aux grandes nations nouvelles, non point po
159
iberté, qui ont fait la vraie grandeur de l’homme
européen
, et pour sauver en face de la terre des masses, et de la terre des ma
160
hines, et des terres immenses de la fatalité, une
Europe
qui demeure la terre des hommes. 12. Ici cependant, point de malent
161
rybde et de Scylla. Entre les Américains et nous,
Européens
, il y a en commun les principes originels, l’usage présent, et l’idéa
162
s autres libertés. Entre les stalinistes et nous,
Européens
, il n’y a qu’un mot : démocratie. Pour eux, cela veut dire dictature.
163
chools of European Studies, et enfin le Collège d’
Europe
, inauguré à Bruges le 12 octobre, et qui peut devenir l’École des sci
164
ole des sciences politiques du continent. f. « L’
Europe
et sa culture », La Revue de Paris, Paris, n° 11, novembre 1950, p. 7
165
ue le terme d’exotisme : rien de plus typiquement
européen
. Parmi les peuples de la terre, seuls les Européens recherchent l’étr
166
uropéen. Parmi les peuples de la terre, seuls les
Européens
recherchent l’étranger, le dépaysement pour lui-même, et sont déçus d
167
problèmes s’énoncent dans les mêmes termes qu’en
Europe
. Il y a ceux qui pensent que l’URSS c’est la justice, les USA la libe
168
sérable et précieux à la fois. Dans mes vêtements
européens
, je me sens trop lourd et trop grand. Un peu plus loin, là où la rue
169
e à ce point étranger aux concepts formulés par l’
Europe
? Et comment suggérer dans son obscurité le sentiment, mal distinct d
170
mands ou français, mais l’Inde ne connaît guère l’
Europe
que par les collèges anglais, et d’autre part, elle est tentée de jug
171
’Occident tout entier à travers l’Amérique ; or l’
Europe
est plus près de l’Inde… Il s’est donné une petite tape sur le genou.
172
s castes rapprocherait l’Inde de l’Occident, de l’
Europe
en particulier. Mais elle n’affecte encore que l’intelligentsia16. Ce
173
et du blé. La Russie lui propose la révolte. Et l’
Europe
, jusqu’ici, n’a rien offert. (Qui, d’ailleurs, l’eût fait en son nom
174
tut Gallup pendant l’été de 1963, dans six pays d’
Europe
et aux États-Unis, montre qu’ils sont « en tête des gens heureux », c
175
tions des bains de Bade, « jardin de volupté de l’
Europe
», les récits de Casanova, les lettres de Rousseau, et plus tard les
176
et l’école ont changé tout cela. Comme partout en
Europe
, pendant le xixe siècle, la notion de péché s’est vue assimilée avan
177
stent quelque peu mystérieuses, même aux yeux des
Européens
dotés d’une bonne culture générale. Le statut du « grand homme » en S
178
rs de grandes affaires publiques à l’échelle de l’
Europe
et du monde, théologiens ou pédagogues, savants du premier rang mais
179
mière affirmation, fondamentale, de la Résistance
européenne
. On lui fait un procès à Bonn. Il n’attaque pas le régime en soi, mai
180
le des Églises protestantes, en Amérique comme en
Europe
, et que les docteurs de Rome respectent et commentent. Carl Gustav J
181
s un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’
Europe
. » Et il est vrai que nos meilleurs esprits, hors de l’étroit compart
182
ale, réformée ou romaine, germanique ou latine, —
européenne
. Paracelse quitta très tôt son canton natal de Schwyz, Euler vécut da
183
est revenue, comme importée. « Son canton — ou l’
Europe
», c’est la formule parfaite. Ainsi, pour l’homme de culture en tant
184
, le stade national est sauté. Cas unique, dans l’
Europe
moderne. J’ose y voir le plus grand privilège des Suisses : quelle qu
185
taux ; parfois pour les déterminer. Condamnés à l’
Europe
en quelque sorte ; non, bien plutôt libres pour elle… 17. Cf. l’en
186
sur la censure en Suisse. 21. « Le canton — ou l’
Europe
», comme disait Lucien Febvre. À la sixième génération des ancêtres d
187
ent de Neuchâtel, je trouve 32 Neuchâtelois et 32
Européens
surtout Français, mais pas un seul Suisse d’un autre canton. 22. Geo
188
Synthèse des sciences médicales et d’une écologie
européenne
avant la lettre : Paracelse. Théorie générale des sociétés humaines,
189
e : la France, bientôt imitée par presque toute l’
Europe
— et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralis
190
namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation
européen
nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
191
t sa souveraineté absolue : car nul pays de notre
Europe
n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
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Mais en même temps, multiplication des jumelages
européens
entre communes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopér
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isser entraîner par des mouvements de convergence
européenne
et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
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semble-t-il, à clarifier un terme que le problème
européen
et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
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ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès
européen
qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
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ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand
Européen
, écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
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listes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’
Européens
professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
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ire congénital. Or s’il est vrai que l’union de l’
Europe
est l’entreprise capitale de siècle, et s’il est vraisemblable que ce
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toujours menacé, qui dénote la santé de la pensée
européenne
, sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
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sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire
européenne
, il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où
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usions de mon discours de Goettingen aux recteurs
européens
en 1964j. L’université fut une commune libre au Moyen âge. Toute vie
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que sont en train de se former sous nos yeux, en
Europe
, plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à p