1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Avertissement
1 s, ils s’efforcent de situer notre mission dans l’ Europe d’aujourd’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le protest
2 et spirituels qui déterminent l’état présent de l’ Europe , et situent notre action particulière dans l’évolution générale. Le r
3 ’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors de l’ Europe . Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont Spitteler parlait s
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
4 comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’ Europe , et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans dou
5 r les relations politiques. Toute l’histoire de l’ Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les formes et s
6 IV, conçut le « Grand Dessein » d’une fédération européenne  ? Certes, les historiens attribuent à ces faits des causes politiques
7 en plein cœur de l’actuel. Comment situer dans l’ Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Cal
8 longuement. » Il me semble que le spectacle de l’ Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pas être in
9 tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’ Europe , puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer que sa d
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
10 que et de civilisation. Jamais, dans aucun siècle européen , on n’avait constaté pareil écart entre les créations de la culture e
11 es des monstres antédiluviens. La population de l’ Europe a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées, sa pr
12 et dans ses signes extérieurs, l’appel de toute l’ Europe du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante. L’app
13 est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’ Europe peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’
14 s renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’ Europe  ? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les
15 aines de la culture, le seul avenir possible de l’ Europe . Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s
16 ps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de l’ Europe . Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son t
17 l’accomplir. On parle un peu partout de fédérer l’ Europe . Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques semaine
18 sses, de voir grand, de voir aux proportions de l’ Europe moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’
19 En appelant et préparant de toutes nos forces une Europe fédéralisée, nous ne demanderons pas un paradis sur terre. Nous deman
20 , l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une Europe tout obscurcie par la menace des avions. L’heure est plutôt venue de
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
21 caractérise non seulement notre rôle politique en Europe , mais encore notre mentalité par rapport aux pays voisins. Or il faut
22 t au surplus le droit de faire la leçon à toute l’ Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous d
23 e, jouer un rôle de premier plan dans l’équilibre européen . Et quand bien même il serait démontré que la Suisse ne peut plus pré
24 éfense des intérêts économiques, c’est la réalité européenne de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanc
25 enser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’ Europe . Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le fameux é
26 à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’ Europe qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’exterritorialité
27 tions nouvelles des « mystiques » qui régissent l’ Europe d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission essent
28 ouvelle : elle constitue l’apport spécifique de l’ Europe à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’es
29 n de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’ Europe  : la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif 
30 e celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les nations20 étant eux-mêmes dans la mesure où il
31 nsemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’ Europe , et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là je ne s
32 isse peut et doit maintenant revendiquer face à l’ Europe son droit à la neutralité. Elle n’est réellement intangible que parce
33 le est l’expérience témoin, l’annonciatrice d’une Europe fédérée dont elle prouve la réalité en assemblant dans un État ces tr
34 e mission qui justifie en même temps notre statut européen de neutralité et notre statut intérieur de confédération de cantons,
35 r au nom d’une vocation bien définie et de portée européenne . Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum22, ce n’est pas — comme
36 ue nous étions seuls à juger dans une perspective européenne . (Nos trois cultures nous y préparaient, nous y contraignaient même e
37 ns. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de l’ Europe , puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La culture. Je
38 t peut-être future et finale, des diversités de l’ Europe , symbolisées par nos quatre langues, nos deux religions, nos vingt-ci
39 at perpétuel, exaltant, le battement du cœur de l’ Europe . Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notre mission
40 pas de culture suisse, mais seulement une culture européenne  ? On nous a donné par-dessus un Jérémie Gotthelf et un Ramuz. Ceux-là
41 un Jérémie Gotthelf et un Ramuz. Ceux-là ne sont Européens que parce qu’ils sont d’abord, et génialement, pasteur bernois et Vau
42 e , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’ Europe . De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres f
43 ouvons être les moyens de la grandeur future de l’ Europe . (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de rassurer c
44 e, devient la pire des imprudences au milieu de l’ Europe fasciste. Notre instruction publique très développée à tous les degré
45 cherche à se mettre au pas des grandes économies européennes , mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autan
46 conscience de cette mission, et le grand air de l’ Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu,
47 fédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’ Europe  ; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamental entre l
48 uveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’élection d’ Européens comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultures grâce
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. La Suisse que nous devons défendre
49 s pleins de mystères qui circulent au-dessus de l’ Europe et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous captez sa
50 Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’ Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. Depuis une
51 es, et plus précisément depuis 1933, la face de l’ Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et naguèr
52 nt une doctrine politique tout à fait nouvelle en Europe . Ils prétendent que les nations n’ont pas toutes les mêmes droits à l
53 ahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix européennes que rien n’arrête, et qui passeront toujours, quoi que nous fassions 
54 idés à défendre. Voilà le défi que nous adresse l’ Europe moderne. Il s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous
55 stion nouvelle que nous pose la grande révolution européenne , il s’agit maintenant de donner une réponse dont dépendra notre exist
56 tie depuis 1815 par toutes les grandes puissances européennes . Voilà, n’est-ce pas, trois belles et bonnes raisons de nous montrer
57 mander ce que valent ces fameux privilèges dans l’ Europe toute nouvelle où nous vivons en ce début de 1940. Il convient de se
58 ivique et militaire, et qui sont un modèle pour l’ Europe  ». Oui certes, mais ici encore, n’ayons pas peur d’y regarder de près
59 ifier encore, dans cette guerre-ci, aux yeux de l’ Europe et à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ? Il se
60 ayer, nous aussi, notre part dans la défense de l’ Europe . Je ne dis pas que ces arguments ne sont plus valables. Je dis seulem
61 nom de la mission de la Suisse dans la communauté européenne . Non, la neutralité de la Suisse ne saurait être un privilège : c’est
62 et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt de l’ Europe entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens et un p
63 a considère comme une mesure d’intérêt général en Europe . Rester neutres au nom d’un traité signé à Vienne il y a plus de cent
64 sont dans les vrais intérêts de la politique de L’ Europe entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que je vo
65 us sommes responsables vis-à-vis de la communauté européenne . Je voudrais marquer d’une devise ce point central. Au Moyen âge la
66 e, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’ Europe le principe du fédéralisme ; principe, notons-le bien, radicalement c
67 c’est aussi le répandre au-dehors, le prêcher à l’ Europe , le propager, et préparer par nos études, par nos conseils, par nos i
68 de position peut-être, les bases de la fédération européenne . L’illustrer, c’est le réaliser, ici et maintenant, et dans nos vies,
69 ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’ Europe , sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation me pa
70 parle d’une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’ Europe , nombreux sont ceux qui crient à l’utopie. Eh bien, j’estime qu’un ch
71 tent à prendre une attitude active vis-à-vis de l’ Europe . Voilà ce qui distingue extérieurement une vocation d’une utopie. Il
72 aperçoivent nullement l’indication d’une vocation européenne de la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont pas tort. Une vocation
73 s maintenant le plan d’une entreprise fédéraliste européenne , sur l’initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’
74 ée de faire un jour quelque chose de grand pour l’ Europe . Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser l’opinion en faveur
75 étail de nos vies, en sorte que cette réduction d’ Europe fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, dig
76 et en bonne place, comme un modèle valable pour l’ Europe de demain. Voilà un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’at
77 st pour le moment plus précise que notre vocation européenne  ; mais je vous l’ai dit : l’une suppose l’autre et la soutient. Je la
78 Suisses comme une espèce de « filon », dans notre Europe déchirée, si nous le considérons tout au contraire comme une « missio
79 fondement même de la Confédération est sa mission européenne . 33. En Russie, évidemment, chère Anastasie.
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
80 temps, une possibilité se révèle, d’élargissement européen  ; un appel, voire une exigence, qui nous fait un devoir d’attaquer au
81 dée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’ Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse, à part
82 … Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’ Europe fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire, deviendra-t-elle
83 il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de l’ Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est un id
84 ière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’ Europe est un idéal, une civilisation et un esprit, bien plus qu’une entité
85 ient quelque chance de se résoudre : le plan de l’ Europe . Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pour fin la
86 ster des idées « en l’air ». L’idée de fédération européenne par exemple. Essayons donc de la faire redescendre dans les complexit
87 suisse au seul titre d’exemple enseignant pour l’ Europe . En vérité, ce ne sont ni les idées qui ont « inspiré » son statut pr
88  : ou se nier, ou triompher mais sur le plan de l’ Europe entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je l
89 nscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen . Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1
90 er. Brusquement, la question se pose de fédérer l’ Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, elle ri
91 r ses réussites. Elle peut et doit figurer pour l’ Europe une « expérience-témoin » opérée dans le concret. À tout le moins pou
92 aucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, que l’ Europe ne peut être fédérée que par l’action d’une grande puissance. Ce fut
93 ntime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’ Europe  — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’écarte
94 ntreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans l’ Europe de demain, comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le caract
95 … sinon de leur avidité. Construire la fédération européenne , ce sera peut-être simplement développer tout d’abord, et affirmer, u
96 ussi leur légitimité relative.) 13. La fédération européenne , si elle se fait, sera faite par des personnes, et non point par des
97 aucun autre à préparer les bases de la fédération européenne . (Un « personnel » : il faut sauver ce mot de sa déchéance bureaucrat
98 es dont la fonction est avant tout de connaître l’ Europe  : juges et négociateurs d’accords internationaux, cosmopolites ou « S
99 ional » est un homme qui peut et doit connaître l’ Europe , par tradition, par goût et par nécessité. Et la connaître non pour l
100 es peuples et les princes les cols du centre de l’ Europe . Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous appartient
101 moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’ Europe , la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le ro
102 x si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’ Europe , et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule, le gé
103 e puisse prétendre à jouer le rôle de germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix oc
7 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
104 ue possible. Par exemple : tant que notre mission européenne ne sera pas accomplie. (L’Empire fédératif ?) Mais toute politique di
105 et praticien des choses de la SDN et de la chose européenne , qui nous représenteraient à l’étranger — officiellement ou non — ave
106 prudences « fédérales ». Sur le plan diplomatique européen , la Suisse pourrait et devrait jouer dans notre siècle une partie mag
107 vitupère en style de cabaret une grande puissance européenne , comme s’il s’agissait d’une paisible élection municipale ! Si la cen