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s, ils s’efforcent de situer notre mission dans l’
Europe
d’aujourd’hui. On trouvera tout d’abord une conférence sur le protest
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et spirituels qui déterminent l’état présent de l’
Europe
, et situent notre action particulière dans l’évolution générale. Le r
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’est entendu. Nous ne sommes pas les mentors de l’
Europe
. Mais n’allons pas confondre cette modestie, dont Spitteler parlait s
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comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’
Europe
, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans dou
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r les relations politiques. Toute l’histoire de l’
Europe
serait à refaire à partir de cette constatation : que les formes et s
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IV, conçut le « Grand Dessein » d’une fédération
européenne
? Certes, les historiens attribuent à ces faits des causes politiques
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en plein cœur de l’actuel. Comment situer dans l’
Europe
d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale ? Cal
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longuement. » Il me semble que le spectacle de l’
Europe
contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pas être in
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tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’
Europe
, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer que sa d
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que et de civilisation. Jamais, dans aucun siècle
européen
, on n’avait constaté pareil écart entre les créations de la culture e
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es des monstres antédiluviens. La population de l’
Europe
a plus que doublé en cent ans, ses richesses ont été décuplées, sa pr
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et dans ses signes extérieurs, l’appel de toute l’
Europe
du xxe siècle vers une commune mesure restaurée et vivante. L’app
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est le pôle collectiviste. Toute l’histoire de l’
Europe
peut être ramenée à ces grands balancements d’un pôle à l’autre. À l’
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s renversements menacent aujourd’hui d’anéantir l’
Europe
? Il s’agit de résoudre enfin l’éternel problème que nous posent les
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aines de la culture, le seul avenir possible de l’
Europe
. Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s
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ps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de l’
Europe
. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son t
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l’accomplir. On parle un peu partout de fédérer l’
Europe
. Cela ne se fera pas en un jour, ni même pendant les quelques semaine
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sses, de voir grand, de voir aux proportions de l’
Europe
moderne, tout en gardant la mesure de notre histoire, la mesure de l’
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En appelant et préparant de toutes nos forces une
Europe
fédéralisée, nous ne demanderons pas un paradis sur terre. Nous deman
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, l’heure n’est pas au facile optimisme, dans une
Europe
tout obscurcie par la menace des avions. L’heure est plutôt venue de
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caractérise non seulement notre rôle politique en
Europe
, mais encore notre mentalité par rapport aux pays voisins. Or il faut
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t au surplus le droit de faire la leçon à toute l’
Europe
dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous d
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e, jouer un rôle de premier plan dans l’équilibre
européen
. Et quand bien même il serait démontré que la Suisse ne peut plus pré
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éfense des intérêts économiques, c’est la réalité
européenne
de la Suisse que l’on perd de vue. On l’a senti à l’occasion des sanc
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enser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’
Europe
. Il est fatal que ces dilemmes se multiplient à l’avenir. Le fameux é
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à l’avenir. Le fameux équilibre stratégique de l’
Europe
qu’on a coutume d’invoquer pour justifier l’espèce d’exterritorialité
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tions nouvelles des « mystiques » qui régissent l’
Europe
d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là. La mission essent
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ouvelle : elle constitue l’apport spécifique de l’
Europe
à l’humanité. C’est autour d’elle et grâce à elle que l’Occident s’es
29
n de la Suisse peut être définie à l’échelle de l’
Europe
: la Suisse doit être la gardienne de ce principe central, fédératif
30
e celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est
européen
et commun à toutes les nations20 étant eux-mêmes dans la mesure où il
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nsemble — voilà les Suisses, grands Portiers de l’
Europe
, et mainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là je ne s
32
isse peut et doit maintenant revendiquer face à l’
Europe
son droit à la neutralité. Elle n’est réellement intangible que parce
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le est l’expérience témoin, l’annonciatrice d’une
Europe
fédérée dont elle prouve la réalité en assemblant dans un État ces tr
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e mission qui justifie en même temps notre statut
européen
de neutralité et notre statut intérieur de confédération de cantons,
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r au nom d’une vocation bien définie et de portée
européenne
. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum22, ce n’est pas — comme
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ue nous étions seuls à juger dans une perspective
européenne
. (Nos trois cultures nous y préparaient, nous y contraignaient même e
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ns. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de l’
Europe
, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. La culture. Je
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t peut-être future et finale, des diversités de l’
Europe
, symbolisées par nos quatre langues, nos deux religions, nos vingt-ci
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at perpétuel, exaltant, le battement du cœur de l’
Europe
. Vouloir créer une « culture suisse », ce serait trahir notre mission
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pas de culture suisse, mais seulement une culture
européenne
? On nous a donné par-dessus un Jérémie Gotthelf et un Ramuz. Ceux-là
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un Jérémie Gotthelf et un Ramuz. Ceux-là ne sont
Européens
que parce qu’ils sont d’abord, et génialement, pasteur bernois et Vau
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e , la Suisse réapparaît sur la grande scène de l’
Europe
. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres f
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ouvons être les moyens de la grandeur future de l’
Europe
. (Il y a là plus qu’un calembour, soit dit pour essayer de rassurer c
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e, devient la pire des imprudences au milieu de l’
Europe
fasciste. Notre instruction publique très développée à tous les degré
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cherche à se mettre au pas des grandes économies
européennes
, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autan
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conscience de cette mission, et le grand air de l’
Europe
et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu,
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fédération ; les droits de la Suisse et ceux de l’
Europe
; images et conséquences à la fois de l’équilibre fondamental entre l
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uveler ce rayonnement. Asile ou lieu d’élection d’
Européens
comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultures grâce
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s pleins de mystères qui circulent au-dessus de l’
Europe
et que parfois, quand vous cherchez un poste de radio, vous captez sa
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Le son s’amplifie, se précise. C’est la voix de l’
Europe
moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. Depuis une
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es, et plus précisément depuis 1933, la face de l’
Europe
a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et naguèr
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nt une doctrine politique tout à fait nouvelle en
Europe
. Ils prétendent que les nations n’ont pas toutes les mêmes droits à l
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ahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix
européennes
que rien n’arrête, et qui passeront toujours, quoi que nous fassions
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idés à défendre. Voilà le défi que nous adresse l’
Europe
moderne. Il s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous
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stion nouvelle que nous pose la grande révolution
européenne
, il s’agit maintenant de donner une réponse dont dépendra notre exist
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tie depuis 1815 par toutes les grandes puissances
européennes
. Voilà, n’est-ce pas, trois belles et bonnes raisons de nous montrer
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mander ce que valent ces fameux privilèges dans l’
Europe
toute nouvelle où nous vivons en ce début de 1940. Il convient de se
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ivique et militaire, et qui sont un modèle pour l’
Europe
». Oui certes, mais ici encore, n’ayons pas peur d’y regarder de près
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ifier encore, dans cette guerre-ci, aux yeux de l’
Europe
et à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ? Il se
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ayer, nous aussi, notre part dans la défense de l’
Europe
. Je ne dis pas que ces arguments ne sont plus valables. Je dis seulem
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nom de la mission de la Suisse dans la communauté
européenne
. Non, la neutralité de la Suisse ne saurait être un privilège : c’est
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et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt de l’
Europe
entière. Seule, la mission positive de la Suisse rend un sens et un p
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a considère comme une mesure d’intérêt général en
Europe
. Rester neutres au nom d’un traité signé à Vienne il y a plus de cent
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sont dans les vrais intérêts de la politique de L’
Europe
entière.32 » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que je vo
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us sommes responsables vis-à-vis de la communauté
européenne
. Je voudrais marquer d’une devise ce point central. Au Moyen âge la
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e, c’est de défendre et d’illustrer aux yeux de l’
Europe
le principe du fédéralisme ; principe, notons-le bien, radicalement c
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c’est aussi le répandre au-dehors, le prêcher à l’
Europe
, le propager, et préparer par nos études, par nos conseils, par nos i
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de position peut-être, les bases de la fédération
européenne
. L’illustrer, c’est le réaliser, ici et maintenant, et dans nos vies,
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ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’
Europe
, sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation me pa
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parle d’une vocation de la Suisse vis-à-vis de l’
Europe
, nombreux sont ceux qui crient à l’utopie. Eh bien, j’estime qu’un ch
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tent à prendre une attitude active vis-à-vis de l’
Europe
. Voilà ce qui distingue extérieurement une vocation d’une utopie. Il
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aperçoivent nullement l’indication d’une vocation
européenne
de la Suisse. Dans un certain sens, ils n’ont pas tort. Une vocation
73
s maintenant le plan d’une entreprise fédéraliste
européenne
, sur l’initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire remarquer qu’
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ée de faire un jour quelque chose de grand pour l’
Europe
. Peut-être est-il encore trop tôt pour mobiliser l’opinion en faveur
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étail de nos vies, en sorte que cette réduction d’
Europe
fédérée, qu’est la Suisse, soit au moins de l’ouvrage bien faite, dig
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et en bonne place, comme un modèle valable pour l’
Europe
de demain. Voilà un travail immédiat. Nul besoin, cette fois-ci, d’at
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st pour le moment plus précise que notre vocation
européenne
; mais je vous l’ai dit : l’une suppose l’autre et la soutient. Je la
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Suisses comme une espèce de « filon », dans notre
Europe
déchirée, si nous le considérons tout au contraire comme une « missio
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fondement même de la Confédération est sa mission
européenne
. 33. En Russie, évidemment, chère Anastasie.
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temps, une possibilité se révèle, d’élargissement
européen
; un appel, voire une exigence, qui nous fait un devoir d’attaquer au
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dée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’
Europe
unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse, à part
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… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’
Europe
fera-t-elle un coup d’État, et, trahissant l’Empire, deviendra-t-elle
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il nous soit permis d’embrasser, c’est celui de l’
Europe
entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est un id
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ière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’
Europe
est un idéal, une civilisation et un esprit, bien plus qu’une entité
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ient quelque chance de se résoudre : le plan de l’
Europe
. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pour fin la
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ster des idées « en l’air ». L’idée de fédération
européenne
par exemple. Essayons donc de la faire redescendre dans les complexit
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suisse au seul titre d’exemple enseignant pour l’
Europe
. En vérité, ce ne sont ni les idées qui ont « inspiré » son statut pr
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: ou se nier, ou triompher mais sur le plan de l’
Europe
entière. 6. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je l
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nscience de ses fins. De même pour le fédéralisme
européen
. Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1
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er. Brusquement, la question se pose de fédérer l’
Europe
dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, elle ri
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r ses réussites. Elle peut et doit figurer pour l’
Europe
une « expérience-témoin » opérée dans le concret. À tout le moins pou
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aucoup de gens s’imaginent, hors de Suisse, que l’
Europe
ne peut être fédérée que par l’action d’une grande puissance. Ce fut
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ntime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’
Europe
— en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’écarte
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ntreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans l’
Europe
de demain, comme en Suisse, il est essentiel d’insister sur le caract
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… sinon de leur avidité. Construire la fédération
européenne
, ce sera peut-être simplement développer tout d’abord, et affirmer, u
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ussi leur légitimité relative.) 13. La fédération
européenne
, si elle se fait, sera faite par des personnes, et non point par des
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aucun autre à préparer les bases de la fédération
européenne
. (Un « personnel » : il faut sauver ce mot de sa déchéance bureaucrat
98
es dont la fonction est avant tout de connaître l’
Europe
: juges et négociateurs d’accords internationaux, cosmopolites ou « S
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ional » est un homme qui peut et doit connaître l’
Europe
, par tradition, par goût et par nécessité. Et la connaître non pour l
100
es peuples et les princes les cols du centre de l’
Europe
. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous appartient
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moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’
Europe
, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le ro
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x si Dieu le veut, la Suisse tient les clefs de l’
Europe
, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule, le gé
103
e puisse prétendre à jouer le rôle de germe d’une
Europe
nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix oc
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ue possible. Par exemple : tant que notre mission
européenne
ne sera pas accomplie. (L’Empire fédératif ?) Mais toute politique di
105
et praticien des choses de la SDN et de la chose
européenne
, qui nous représenteraient à l’étranger — officiellement ou non — ave
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prudences « fédérales ». Sur le plan diplomatique
européen
, la Suisse pourrait et devrait jouer dans notre siècle une partie mag
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vitupère en style de cabaret une grande puissance
européenne
, comme s’il s’agissait d’une paisible élection municipale ! Si la cen