1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où les voies se séparent
1 cien témoignage. Admettons même entre l’Inde et l’ Europe une parenté antérieure aux Aryens. (Elle paraît attestée par les symb
2 de par les conquérants aryens, ait son origine en Europe , où Platon l’idéalisa, tandis que César devait en retrouver des trace
3 Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascension de l’ Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les castes.
4 ux yeux du voyageur le moins prévenu. Atténuée en Europe par toutes les subsistances monumentales et religieuses du Moyen Âge,
5 ut devant l’idole4. Et une misère universelle. En Europe , dans un paysage où les clochers d’églises dominent encore généraleme
6 ns au contraire à ramener le carré au cercle. » L’ Européen commente ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deux voies de réalisatio
7 ozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen , ni de plus véritablement communautaire. Nous avons inventé l’ecclesi
8 nne n’a mieux traduit l’impression qui submerge l’ Européen livré à l’Inde, immergé dans la foule indienne. J’ai parlé de l’Hindo
9 i de la passivité. Les plus grands mystiques de l’ Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclus
10 de ses vassaux une telle docilité. […] Et chaque Européen éprouvera ici le même sentiment que le comte de Champagne : il se ver
11 bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’ Europe qui croit à l’absolue valeur de la personne dans chaque individu, n’e
12 r » et ce « plus violent des refus » qu’éprouve l’ Européen , selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ? Nous ne sommes pas m
13 ogie orthodoxe des catholiques et des protestants européens , qui conçoit Dieu comme le Toi de l’homme ; et l’Asie par ceux des sy
14 je demanderai à l’Inde de représenter l’Orient, l’ Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comme
15 joué en Asie un rôle très comparable à celui de l’ Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour re
16 uite en Amérique du Nord. À la confrontation de l’ Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait répondre
17 es et poètes, et bien sûr, à tous les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans-Hasso von Veltheim-Ostra
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — La spire et l’axe
18 niqués » sur l’état de la question au moment où l’ Europe va se détacher du monde antique. Genèse théologique de la personne
19 encore dans la paysannerie de tous les pays de l’ Europe — îlots à l’Ouest, larges taches continues aux confins de l’Est et du
20 voir s’illustrer par grands pans d’histoire de l’ Europe . Certes, nous n’en sommes plus à dessiner des cartes où l’Europe est
21 nous n’en sommes plus à dessiner des cartes où l’ Europe est le centre du monde — comme cela se fit encore au xve siècle —, m
22 encore au xve siècle —, mais je crois bien que l’ Europe demeure le lieu du monde où l’on observe la plus forte densité d’hist
23 procède sans conflits majeurs notre technique. L’ Europe a derrière elle et porte en elle l’Antiquité gréco-latine, le Moyen Â
24 étiens au-dedans. Ainsi voyons-nous aujourd’hui l’ Europe chassée de l’Asie, investie par les Russes et minée par les communist
25 qu’est la musique, cette plus pure création de l’ Europe . Elle agit sur la Renaissance, qui sans elle eût perdu la grande modé
26 nt leurs églises en style gothique, alors que les Européens adoptent pour leurs temples l’architecture de notre époque, verre et
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Le Château aventureux
27 arracher, tout chargés de prestiges aux yeux de l’ Européen et d’un pathos qui ne saurait tromper, ils représentent dans notre Qu
28 es Trouvères, inventeurs du roman, puis à toute l’ Europe littéraire, la transmission des thèmes, sujets et procédés peut être
29 s des deux sexes en Occident, encore que le jeune Européen moyen ne ressemble pas plus à Tristan que n’importe quel fidèle endim
30 ts de l’État ». Ainsi, le type du révolutionnaire européen se détache sur le fond d’une foi qui tient la liberté et l’action pro
31 ni privé de ses temples. Elle évoque l’idée d’une Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campag
32 tablissement officiel dans l’Empire a créé pour l’ Europe un précédent qui ne cesse de hanter son histoire. Conversion, valeurs
33 ignorance de l’histoire. Les grandes révolutions européennes n’ont jamais renversé aucun tyran. Au contraire, elles en ont établi,
34 , force nous est de constater que les révolutions européennes , sans aucune exception notable, ont abouti à renforcer la tyrannie so
35 premier vers la communauté, les révolutions de l’ Europe ont fomenté le nationalisme, cette troisième et peut-être mortelle fr
36 de l’Empire, loin de faire triompher dans toute l’ Europe l’idéologie unitaire des jacobins, va susciter des nationalismes riva
37 e, prêts à tirer, vont essayer de faire la loi en Europe . On parlera beaucoup de « concert des nations », et de « droit intern
38 eur « absolue souveraineté ». Pendant cent ans, l’ Europe qui se croit rationnelle vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1
39 nt éclaté dès 1914, affaiblissent non seulement l’ Europe démoralisée par les guerres, mais aussi l’Occident tout entier. L’abs
40 s aussi l’Occident tout entier. L’absence d’unité européenne , en effet, déséquilibre le groupement atlantique et menace de livrer
41 vant cette Grèce agrandie que figure assez bien l’ Europe . Une Europe américanisée gagnerait en stabilité, mais perdrait le sen
42 rèce agrandie que figure assez bien l’Europe. Une Europe américanisée gagnerait en stabilité, mais perdrait le sens profond de
43 inte se rattache celle de voir s’évanouir, avec l’ Europe , la meilleure chance d’un vrai dialogue illuminant entre l’Occident e
44 ouvent mortel aux Polynésiens. Le nationalisme en Europe s’est trouvé partiellement neutralisé par la durable résistance des g
45 sont les « signes particuliers » de la fiche de l’ Europe au dossier de l’Histoire. Mais ce ne sont pas seulement des maladies
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience du temps historique
46 ue le Moyen Âge fut la période « orientale » de l’ Europe .) Touchée en premier lieu par le message chrétien, l’humanité occiden
47 uxembourg la Haute Autorité du plan Schuman, et l’ Europe tentait de s’unir. Mais nos deux écrivains, fermement convaincus qu’i
48 laquelle « existait » politiquement l’époque : l’ Europe unie ou le triomphe des Soviets. Fallait-il être avec les communistes
49 dant que les Soviets axaient leur politique sur l’ Europe qu’ils voulaient empêcher de s’unir, et sur l’Asie dont Lénine aurait
50 ne aurait dit : c’est le plus court chemin vers l’ Europe . Le moralisme abstrait mais péremptoire qui anime ce genre de discuss
51 gzeb et de Bâber. » (Emmanuel Berl, Histoire de l’ Europe .) 46. Il faut alors, de toute nécessité, que le succès temporel pren
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience de l’espace
52 Parmi les plus anciennes mappemondes dessinées en Europe et qui subsistent de nos jours, celle d’Ebstorf (fin du xiiie siècle
53 ct Jérusalem. La Méditerranée et ses environs — l’ Europe à gauche, l’Afrique à droite — occupent un peu plus de la moitié infé
54 observations. La première révolution substitue l’ Europe méditerranéenne au symbole de Jérusalem comme centre du monde ; et la
55 ur. Il faudra quelque quatre-cents ans pour que l’ Europe digère ces découvertes. Et personne ne peut dire à quel moment la Chi
56 ers par notre esprit. La terre, une découverte européenne Il est facile de constater que l’exploration systématique de l’esp
57 pace terrestre et cosmique fut entreprise par les Européens , et par eux seuls, et qu’elle devint, dès le xvie siècle, l’un des a
58 te à tel ou tel des traits originaux de la psyché européenne . Essayons de cerner la question. Pourquoi les Chinois, les Indiens, l
59 qu’ils n’en avaient pas les moyens, pourquoi les Européens seuls ont-ils réussi à se les procurer ? Si l’on constate, au contrai
60 state, au contraire, que d’autres peuples que les Européens possédaient ces moyens depuis longtemps, pourquoi n’en ont-ils fait q
61 t vain de chercher à toutes les civilisations non européennes un commun dénominateur expliquant cette carence relative de leur curi
62 peuples de l’Asie à rechercher le contact avec l’ Europe … Les raisons historiques sont donc insuffisantes. Restent les raisons
63 taires et commerciales entreprises par les rois d’ Europe « au nom du Christ »… Tous ces motifs éclairent diversement les arriè
64 les arrière-plans d’un fait irréfutable : c’est l’ Europe seule qui a découvert la Terre entière, et jamais aucun autre peuple,
65 la période historique, n’est venu « découvrir » l’ Europe . Mais comment expliquer ce phénomène unique à partir de ces « causes 
66 , c’était tout ce que Colón offrait aux princes d’ Europe  ; et les rois catholiques de Castille-Aragon furent enfin convaincus
67 sont trop universels pour expliquer la Découverte européenne . L’amiral de la mer Océane était certes obsédé par l’Or. Pourtant l’o
68 êmes de l’Occident. On voit maintenant pourquoi l’ Europe et l’Amérique sont devenues le Musée du monde. Leurs collections, leu
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’exploration de la matière
69 aussi décidé du genre de science que produirait l’ Europe christianisée, voilà qui paraît indéniable, et c’est le contraire qui
70 , totalement exclusives l’une de l’autre. Seule l’ Europe — et de plus en plus à mesure qu’on se rapproche du xxe siècle — a o
71 osition métaphysique, qui devait faire éclater en Europe le conflit de la science et de la religion. Ponctuée d’éclats sporadi
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’aventure technique
72 éral. Mais quelque chose d’unique se produisit en Europe aux débuts de notre ère technique : la rencontre de la science, enfin
73 , ces enfants tordus et bouffis. » La bourgeoisie européenne ignorait cela, au xixe siècle, comme sous Hitler elle ignora les cam
74 ue qui a supprimé l’institution de l’esclavage en Europe , mais l’amélioration des techniques agricoles (celle en particulier d
75 elle est déjà réalisée. Le niveau de vie moyen en Europe a passé de 1 en 1800 à 15 en 1950, nous dit-on. (On précise qu’il est
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Les ambivalences du progrès
76 thme sans précédent. La désunion des nations de l’ Europe atteint son comble dans l’absurde, et leur mouvement d’union se préci
77 avait fallu au moins deux siècles à la conscience européenne pour digérer les découvertes des astronomes de la Renaissance, plus e
78 Pourquoi la recherche ? La civilisation née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époqu
79 massives.) Nous, au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude es
80 la coutume des sudistes, par ailleurs dénoncée en Europe et en Asie — avec une véhémence suspecte — par tous ceux qui admirent
81 assigner d’autres fins au Progrès, et nos élites européennes ne s’en privent pas. Mais elles font preuve des plus étranges inconsé
82 l’URSS. Du point de vue de la personne enfin : l’ Europe , en retrait jusqu’ici sur les deux grands empires issus de son comple
83 n puisse l’éliminer ou l’oublier. Admettons que l’ Europe , en la formant, ait « infecté » le monde entier : le monde ne s’en gu
84 ment disposées à refuser les dons ambigus. Mais l’ Europe , responsable de l’idée du Progrès, est responsable aussi de sa rectif
85 « hérésies du Progrès » sont bel et bien nées en Europe , encore qu’elles n’aient vraiment déployé leurs effets que dans les g
86 limitations posées par des excès contraires. Si l’ Europe d’aujourd’hui s’effraye de constater ce que l’Amérique a fait de cert
87 e faire du nationalisme — j’y vois le signe que l’ Europe détient encore le sens d’un équilibre intime : si ce sens n’était pas
88 ces. Les origines au moins diverses de la culture européenne , et plus encore la doctrine du Dieu-homme, ont fait du paradoxe une f
89 contraire de la liberté. Si le génie profond de l’ Europe n’est pas cette forme paradoxale d’amour actif, l’Europe ne mérite pl
90 n’est pas cette forme paradoxale d’amour actif, l’ Europe ne mérite plus qu’on la défende contre les forces contraires à sa sur
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Le drame occidental
91 bien notre situation. (Et je parle surtout pour l’ Europe , mais les Américains n’ignorent pas que leur santé dépend en partie d
92 leur santé dépend en partie de la nôtre.) Voici l’ Europe en crise et désunie, repoussée par les autres continents où elle avai
93 s cette erreur ne peut être la nôtre. Qu’a fait l’ Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seulement rayonné sur l
94 foyer est le lieu même d’où partit l’Aventure : l’ Europe . Choisissant trois symptômes de cette crise — la désunion de l’Europe
95 trois symptômes de cette crise — la désunion de l’ Europe , la condition prolétarienne, et la crise de la démocratie — je tenter
96 agnostic et surtout le pronostic. Désunion de l’ Europe Elle résulte du nationalisme qui, propagé dans d’autres peuples, y
97 es peuples, y a pour effet de les unir — contre l’ Europe . Devant vingt-cinq petites nations qui s’obstinent à se dire « souver
98 e. Il a fallu qu’elle se sente menacée pour que l’ Europe , qui avait pourtant découvert tous les continents, en vienne enfin à
99 cès, prochain ou retardé, de l’action pour unir l’ Europe — il est beaucoup trop tôt pour en juger, après quelques années d’eff
100 des bien différentes peuvent être prises devant l’ Europe actuelle — désunie et battant en retraite. On peut penser que l’Europ
101 unie et battant en retraite. On peut penser que l’ Europe a fait son temps et donné ce qu’elle avait à donner au genre humain.
102 isation ». Mais on peut penser au contraire que l’ Europe est la mieux placée pour chercher et trouver les remèdes aux maladies
103 cadre national. Voilà pourquoi les partisans de l’ Europe unie sont convaincus qu’ils servent tout l’humain, quand ils luttent,
104 de l’Aventure occidentale. Ils savent bien qu’une Europe fédérée, reprenant sa place dans l’histoire, ne sera pas la suprême s
105 d’une vocation occidentale. Et leur lutte pour l’ Europe qu’ils veulent, contre l’Europe qu’ils ne veulent plus et qui se défa
106 leur lutte pour l’Europe qu’ils veulent, contre l’ Europe qu’ils ne veulent plus et qui se défait, garantit la valeur humaine d
107 x débuts du xixe siècle, il en est résulté que l’ Europe , la première, en a pris une conscience non point certes unanime, mais
108 r son succès dépend de plusieurs conditions que l’ Europe est encore bien loin de réaliser. Il exige en effet que l’Europe, dan
109 re bien loin de réaliser. Il exige en effet que l’ Europe , dans ses couches médiévales populaires, cesse de résister sournoisem
110 lture et de l’éducation : charisme et chance de l’ Europe . Il est clair que les USA ont résolu les deux premiers problèmes — ma
111 ux premiers problèmes — mais à moindre prix que l’ Europe , d’où moins de valeur exemplaire. Le troisième problème a trouvé un d
112 dans les pays marqués par la Réforme — nord de l’ Europe , Suisse, USA — qui se trouvent être en même temps, notons-le, les pay
113 ou ses succédanés fascistes) gardera sa chance en Europe . Chances comparées En parodiant Lénine, nous pouvons dire que s
114 e vieille méthode (exemples : Chine et satellites européens ). Il prend ainsi la succession de l’islam, de l’autoritarisme catholi
115 lus grand, dans leur canton de la planète. Mais l’ Europe la première a rendu l’histoire du monde simultanée. Tout d’abord par
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
116 étentions dans le vide. Avant le christianisme, l’ Europe avait subi l’invasion répétée et à sens unique des religions du Proch
117 Enfin, l’abandon volontaire ou forcé des colonies européennes en Asie vient de supprimer la cause la plus irritante du sentiment d’
118 r un principe transcendant, dont un C. G. Jung en Europe , ou un Aurobindo en Inde, ont tenté d’entrevoir la nature. Un certain
119 laire et lourde de conséquences — du colonialisme européen . Les Indes deviennent colonie anglaise en 1786 pour un siècle et demi
120 94. Ramakrishna est le mieux connu d’entre eux en Europe (voir sa biographie par R. Rolland). D’autre part, le Brahmo Samaj de