1 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Préface
1 nt clandestinement à Genève, pour rédiger un plan européen . Au lendemain de la catastrophe hitléro-fasciste, le personnalisme a
2 vont déclencher l’aventure de la fédération de l’ Europe , entreprise capitale de ce temps. Ici s’ouvre une « époque » nouvelle
3 à l’insu de ses acteurs les plus voyants. Époque européenne qui dure encore et que je compte raconter, vue et vécue de l’intérieu
2 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Le sentiment de l’Europe centrale
4 ILe sentiment de l’ Europe centrale Un accord sans résolution Il arrive qu’au sortir de P
5 utres fois j’ai vibré au passage des rapides de l’ Europe centrale ; non pas de cette jubilation nostalgique, mais d’une fièvre
6 turm und Drang » à cent kilomètres à l’heure. ⁂ L’ Europe centrale est une de ces réalités qu’on reconnaît d’abord par leur fri
7 aradoxe », tels sont peut-être les mots-clés de l’ Europe sentimentale. Pourquoi faut-il que notre langue les traduise, en vert
8 lée : conflits d’actes, de faits ou de droits ; l’ Europe centrale, de ces choses déchirantes et sans nom qui font dans l’âme u
9 n’est pas un mot français. En ceci, le monde de l’ Europe centrale est plus chrétien que le monde latin — si l’on considère ses
10 t pour tout dire, plus chrétien que le monde de l’ Europe centrale. L’intelligence sentimentale Le sentiment : un retard,
11 telligence véritable est toujours sentimentale. ⁂ Europe du sentiment, patrie de la lenteur, — encore un paradis perdu ! C’éta
12 Contribution à l’archéologie des états d’âme.   L’ Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne vit plus qu’en n
13 états d’âme.   L’Europe du sentiment, c’est notre Europe des adieux. Elle ne vit plus qu’en nous déjà, nous la portons encore
14 1. Hegel serait le philosophe par excellence de l’ Europe centrale. Ce qu’il a tenté d’étaler dans l’Histoire, c’est l’équation
3 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Châteaux en Prusse
15 n constructeur parmi les demeures seigneuriales d’ Europe , aux fins de réunir les éléments les plus comfortable des diverses ar
16 n, non de la considération. Et tout le reste de l’ Europe mondaine fait nouveau riche, en regard de cette seule classe qui ne d
17 smarck, coupées de tous liens politiques avec une Europe bourgeoise, résignées à « laisser ce monde aux Juifs », puisque tout
18 e de colonisateurs, dominant sur ces marches de l’ Europe depuis des siècles, mais séculairement menacés par l’Asie : ils lui r
19 ndement dans cet Ordre du Sacrifice auquel rêve l’ Europe germanique, qu’elle redoute encore, mais qui forge sa loi au secret d
4 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Une « tasse de thé » au palais c…
20 vérité terriblement intéressant ! Le xxe siècle européen offre ici de lui-même l’image la plus flattée : l’un de ses plus gran
5 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Voyage en Hongrie
21 é un grand pont vibrant et nous sommes rentrés en Europe . Mais dès le lendemain, m’échappant du programme, il a bien fallu que
22 articles favorables à la Hongrie, au moment où l’ Europe semblait abandonner à son malheur ce peuple turbulent et déchu, suffi
23 ondément magyars de sensibilité, bien que souvent européens de goûts et de curiosités, et dont Michel Babits est aujourd’hui le c
24 ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsys. Pour
25 y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’ Europe . Le hasard a voulu que j’y entende, un soir, une présentation de musi
6 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Sur l’automne 1932, ou la naissance du personnalisme
26 cfort où nous avons tenu un congrès des jeunesses européennes . J’y suis allé avec des camarades de petits groupes politiques en for
27 sent suffisamment la cause commune de la jeunesse européenne . Le congrès de Francfort, organisé par Plans, a révélé cette unité fo
28 la diatribe exaspérée de Paul Nizan dans la revue Europe . Quand j’avais demandé un texte à l’auteur des Chiens de garde, il ét
29 phlet intitulé : « Sur un certain Front unique » ( Europe du 15 janvier 1933), il nous traite de « sergents recruteurs » et de
30 ’années le compère et le complice, jetant toute l’ Europe au désastre. On lit dans ce Cahier les principes assurés et contraign
31 contraignants d’une prochaine Résistance qui sera européenne . Si la lutte pour l’union de l’Europe n’est pas encore déclarée, elle
32 ui sera européenne. Si la lutte pour l’union de l’ Europe n’est pas encore déclarée, elle est inscrite dans les termes du progr
33 si l’on retrouve dans les mouvements fédéralistes européens à partir de 1946, ceux des auteurs du Cahier qui sont restés politiqu
34 es qui vont dominer l’aile marchante du Mouvement européen . Avec le recul du temps et connaissant la suite, on voit bien aujourd
35 paré la Résistance, qui engendrera le fédéralisme européen . En somme, ceux qui ont le moins « fait » pendant ce temps-là, ce son
36 esque identiques, dans les rapports et manifestes européens de la Résistance (1944), du congrès fédéraliste de Montreux (1947) et
37 fédéraliste de Montreux (1947) et du Congrès de l’ Europe à La Haye (1948). Voici les articles 9 à 13 : « ix. — À l’étatisme to
7 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Préambule
38 ir posé sur l’horizon, un peu au-delà des limites européennes , dans une espèce de terrain vague de la civilisation d’Occident, pays
8 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Pauvre province
39 nnable » qu’on donne en exemple aux barbares de l’ Europe centrale. Le peuple qui sait calculer, faire son budget, bourrer le b
40 n guerre. C’est tout le problème de la révolution européenne . 15 octobre 1934 Pendant tout ce qui précède, on a terminé les
41 ne et qu’elle appelle. Toutes les nostalgies de l’ Europe , tous les faux apaisements qu’elle leur donne et dont elle se plaint
9 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — L’été parisien
42 airs et chaotiques de la Ceinture qu’on rejoint l’ Europe d’aujourd’hui. 10 juillet 1935 Toutes les radios du bloc par le
43 té. Le chrétien est impie en Asie, le musulman en Europe , le papiste à Londres, le calviniste à Paris, le janséniste au haut d
44 ste est l’ennemi public en URSS, le communiste en Europe , le fasciste à Londres, le libéral à Nuremberg, le “national” place d
10 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Intermède
45 cause, j’entends la cause commune de la jeunesse européenne , comme vous l’écriviez il y a quelques années, c’est pour vous un dev
11 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Journal (1935-1936)
46 berté. Mon premier livre dit assez mon amour de l’ Europe centrale ; et mon deuxième, l’idée que je me fais des régimes totalit
47 u au régime de Weimar. Il n’y a sans doute pas en Europe de classe plus indifférente à la vie politique, plus passive vis-à-vi
48 iens de parler se confond à peu près avec le type européen du libéral. Il en est d’autres (on le prétend), qui sont devenus marx
49 les clauses du Diktat, l’état démographique de l’ Europe centrale, le rôle des camps de travail dans la création d’une éthique
50 guerre. Et quand je vous dis que c’est un danger européen , vous le niez, avec une sincérité que je ne puis mettre en doute, mai
51 e temps, celle qui s’impose déjà à la moitié de l’ Europe , et qui demain la dominera ? Si le régime totalitaire est le châtimen
52 régime totalitaire est le châtiment qu’a mérité l’ Europe , si plus rien ne peut s’opposer à son triomphe tôt ou tard, il nous f
12 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Conclusions
53 et socialisme) d’une maladie aussi vieille que, l’ Europe , et qui est sa P. G. politique. Ainsi l’État devient l’expression uni
54 ses avant 1933, les circonstances politiques de l’ Europe , le traité de Versailles, la décomposition des gauches, le double jeu
13 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Post-scriptum 1939, ou Conclusions à n’en plus finir
55 en 1938. « 1. Caractérisez l’état politique de l’ Europe en 1938. — Les démocraties de l’Ouest avaient fondé leur paix sur deu
56 ns hitlériennes ? — Les dictateurs du centre de l’ Europe furent les premiers à s’apercevoir de ce paradoxe politique. Ils eure
57 (guerre limitée). 5. Quelle fut la réaction de l’ Europe  ? — L’opinion démocratique apparut désorientée par cette exigence pur
58 scurément, ruineuse pour l’avenir confédéral de l’ Europe . Hitler comprit que son heure n’était pas encore venue. Il se vit con
59 ces querelles de ménage que se font les nations d’ Europe , il s’agit moins d’humeurs que de lexiques incompatibles. Ainsi du di
60 t pas de connivence avec tels pouvoirs établis en Europe  ? Ou faut-il exiger, espérer davantage, attendre tout d’un nouveau ch
14 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Avertissement
61 l’hitlérisme dressé contre elle et contre toute l’ Europe . Ce troisième récit qui se passe surtout en Suisse et en Amérique pen
15 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le bon vieux temps présent
62 Hradschin. » Après Vienne, avec Prague, c’est une Europe qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous
63 vec Prague, c’est une Europe qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romant
64 mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen . Jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, p
16 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Journal d’attente
65 ments récents (état de siège proclamé par toute l’ Europe ), je suis tenté de prendre le contre-pied de mon Journal d’un intell
66 ue aux yeux des masses. Déjà, dans la moitié de l’ Europe , elle est des Catacombes et non pas du Forum. On m’a loué de « pense
67 ux du moins qui osaient la vivre avec lucidité. L’ Europe a connu des paniques et des nuits plus terribles que les nôtres, au l
68 . Par Gisèle Freund. 72. Suppression : « Ainsi l’ Europe , en d’autres temps, avait haï les sans-culottes avec passion, quand i
17 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — « Puisque je suis un militaire… »
69 s commencent à se situer. Les grandes masses de l’ Europe , les grandes lignes de la guerre, et çà et là, dans nos frontières, d
70 s avons à défendre : le seul avenir possible de l’ Europe . Le seul lieu où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent. Il ne s
71 sommes responsables, depuis des siècles, devant l’ Europe . D’autres se sont chargés d’arrêter les brigands qui voulaient profit
72  ; j’ai connu cela, dans une grande gare de cette Europe qui ne sait plus répondre aux menaces que par l’extinction des lumièr
73 conceptions de « l’ordre » qui se partagent notre Europe  : harmonie intérieure ou uniformité géométrique et militaire. Fédéral
74 plificateurs. Les petits peuples protestants de l’ Europe ont réalisé ce miracle de l’équilibre entre l’Un et le Divers. Ils on
75 ice. Ce haut lieu de la Suisse, ce vrai cœur de l’ Europe , je ne m’en suis jamais approché sans ressentir une émotion que j’ess
76 un poème. Pour la première fois, j’avais senti l’ Europe . Hier, j’étais dans ce train. Il neigeait, on ne voyait guère que que
77 isées, n’est pas seulement une position clef de l’ Europe , mais aussi, et pour cette raison même, l’origine très précise de nos
78 ls rétablissent une armée pour tyranniser toute l’ Europe . (Le congrès de Nuremberg célébrant le réarmement du Reich s’intitula
79 e cela au regard de la menace énorme qui domine l’ Europe d’aujourd’hui ? Eh bien, cette menace, à son tour, n’est qu’un tout p
80 ées, je pense au Saint-Gothard comme au cœur de l’ Europe , à son bastion sacré. C’est pour le garder libre que nos premiers can
81 Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen . La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de
82 Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’ Europe et limite des races, le Gothard est le grand symbole autour duquel to
18 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Intermède
83 al, il se dressait vraiment comme le bastion de l’ Europe dont nous avions rêvé, sans oser croire que quelques mois plus tard i
84 galement intolérable, tant qu’Hitler sévissait en Europe . Enfin, je pressentais que dans la lutte en cours, perdue sur notre c
19 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — La route de Lisbonne
85 les paquebots ne partent plus que d’un seul port européen . Et pour l’atteindre, il n’est plus qu’une seule voie : celle qui sor
86 ’une négligence ironique des dieux policiers de l’ Europe . Comme il serait facile de pincer, n’importe où, cette mince artère p
87 urnaux lit-on ici ? Désir secret des peuples de l’ Europe  : se rassurer à la pensée que la catastrophe est générale, qu’il n’y
88 seul pays par lequel ils peuvent encore quitter l’ Europe se trouve précisément celui dont ils ont le moins de raisons d’attend
89 dans ces villes à demi mortes ? Que penseront les Européens , d’ici quelques années, lorsqu’ils se retrouveront dans la même situa
90 ation, sans plus de raisons de se réconcilier ? L’ Europe de demain, la voici : c’est cette Espagne amère, ce mutisme du peuple
91 u destin le plus cruel qu’ait jamais mérité notre Europe . Vers trois heures du matin, si tout va bien, nous atteindrons Lisbon
92 ville aux sept collines renie la guerre, oublie l’ Europe . Demain nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici je fais le serment
93 idérable dans une reconstruction fédéraliste de l’ Europe , après la guerre, si quelque chose comme une Ligue du Gothard (celle
94 s derniers bateaux de la dernière ligne reliant l’ Europe à l’Amérique ont tous des noms en « Ex » : Exeter, Excalibur, Excambi
95 s, des coupables sans doute. Nous sommes tous des Européens , des gens qui viennent du pays de la guerre… Interrogatoires en angla
20 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Premiers contacts avec le Nouveau Monde
96 , dans leur ignorance, que c’est une ville « trop européenne  »… Mais moi je m’y sens contemporain de la préhistoire de quelque ave
97 tobre 1940 Depuis le temps qu’on nous vante en Europe les autostrades fascistes et hitlériennes, qui semblent justifier (av
98 ère victoire sur Hitler. Pourvu qu’on le sache en Europe  ! 10 novembre 1940 Religion. — Nous sommes en quête d’une mais
99 ler et retour.) 14 novembre 1940 Réaction d’ Européen  : je déteste qu’on m’offre, dans un magasin de tabac, une pipe neuve
100 petits-bourgeois comme on n’en trouve plus qu’en Europe , il fallait remplacer la porte. J’ai insisté pour le petit coup de ra
101 aissent encore moins intégrés que leurs confrères européens à la vie de leur propre nation. Cela tient sans doute à mille raisons
102 e américaine, disciples réticents de nos écoles d’ Europe , cherchant une méthode de pensée plutôt que des fondements spirituels
103 s. Une jeune romancière me disait : « Vous autres Européens , vous écrivez comme si vous étiez déjà morts. Oh ! ce n’est pas un re
104 e n’est pas votre affaire, invention des méchants Européens qui font la guerre. OK ! mais je vous le répéterai : ce n’est pas le
105 , et il gèle ferme. Insomnies aggravées. Tous les Européens passent par là, m’assure-t-on, pendant les premiers mois d’un séjour
106 les plus heureux du monde. ⁂ Cambridge retient l’ Européen , parce qu’à la différence des autres bourgs de ce pays, l’on y trouve
107 s, sont prêts à le payer. 87. Cf. The Heart of Europe by Denis de Rougemont and Charlotte Muret, New York, 1941. Cet ouvrag
21 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Voyage en Argentine
108 s je distingue Ortega, et ce grand écrivain que l’ Europe doit connaître, J.-L. Borgès, et tant d’autres du groupe de Sur, l’ho
109 ts de mimosas en fleurs, hauts comme des chênes d’ Europe , dômes de parfums, et des forêts où quand je claque des mains des vol
110 t elles vivaient à Paris et dans tous les palaces européens . C’est pourquoi l’événement mondain de la saison est l’Exposition agr
111 encore dans l’aristocratie des Allemagnes et de l’ Europe centrale. Rien de plus citadin, de plus cosmopolite, que les femmes d
112 e limite au nord à un brassage des nationalités d’ Europe , devient au sud un véritable croisement entre les Blancs et les Noirs
113 vain d’essayer de le qualifier d’avance en termes européens de droite et de gauche. Il prendra l’argent du Jockey pour armer les
22 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Solitude et amitiés
114 centaines en s’inspirant de ce que l’on sait de l’ Europe occupée par Hitler, mais aucun fait qu’on puisse énumérer ni leur ens
115 ens tellement plus vieux que vous, étant un jeune Européen . Le « premier jour de guerre » pour nous, c’est déjà presque une rout
116 ole libre. Remarque de Claude Lévi-Strauss : « En Europe , on cherchait de l’argent pour réaliser des idées, ici on cherche des
117 Et ça sent de plus en plus le cadavre. » (Ainsi l’ Europe se juge-t-elle. Du moins par des intellectuels d’une certaine sorte,
118 ertaine sorte, dont on ne peut dire qu’ils sont l’ Europe , mais qu’on ne trouve que là.) Mercredi des Cendres, 18 février 19
119 lture française, dès le xviiie , fut une synthèse européenne . Incertain sur le sort prochain de mon diable. Plus encore sur le sen
120 lever encore parmi nous : pour la France, pour l’ Europe et pour l’humanité. » Grande prose musicale, et qui n’est pas indigne
121 on sur une démocratie fédérative à l’échelle de l’ Europe d’après-guerre : suite de mon cours à l’École libre, et notamment de
122 La guerre va mal, il faut le dire, et persuader l’ Europe qu’elle ira bien demain. La campagne sous-marine bat son plein, Tobro
123 land, et parlé du personnalisme, de la fédération européenne , enfin de l’art nouveau de la propagande. On me demande s’il y a des
124 gnifie pratiquement un peu plus de bateaux vers l’ Europe . Leur dire que la production de guerre américaine peut leur sembler u
125 ler, de me retrouver, pour rentrer tout entier en Europe après ces deux années de violente dérive. New York, 8 novembre 194
23 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Intermède
126 r en France, — dans quelle France, et dans quelle Europe  ? Nous étions soumis à l’érosion de l’exil, moins brutale, certes, ma
24 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — L’Amérique en guerre
127 ent les troupes d’Hitler ont mis le feu à toute l’ Europe . Elles vont s’éteindre. Mais la torche brandie par le bras gigantesqu
128 le comparer au nôtre : car il n’y a guère moins d’ Européens que d’Américains dans nos bureaux. La correction soigneuse de l’expos
129 ses résidences de luxe, ses universités, quand l’ Europe , patrie du gothique, construit des églises en verre et ciment armé, d
130 atican (voir ce qui se passe en Algérie), quand l’ Europe en est à Hitler, à Staline, à de Gaulle, à ceux qui se préparent à le
131 in, le traditionalisme et même le modernisme de l’ Europe . Elle imite dans ses livres les succès d’hier. Et grâce à l’influence
132 raindre un nervous break down national… Je vois l’ Européen , au contraire, qui résiste. Vingt-cinq siècles d’histoire l’accoutumè
133 ement que je me vois contraint de transmettre à l’ Europe occupée et torturée les plates déclarations de tel ministre allié, de
134 ble une allure, une atmosphère si différente de l’ Europe  ? Cela tient à des riens ; mais de ces riens multipliés dans la vie q
135 jugé, moins jaugé, pour tout dire moins vu qu’en Europe .   Mobilisable. — Je reçois ma nouvelle fiche de classification mili
136 hances de faire la guerre dans le Pacifique ou en Europe me semblent minces. Je devrais passer un an dans un camp d’entraîneme
137 de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’ Europe  ! » parce qu’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je la vois
138 comme je me le rappellerai, une fois de retour en Europe . J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient dans un luxe amé
139 t New York d’adieux, filant pavois au vent vers l’ Europe et la guerre… Été 1943 Intermède politique. — Situation du mon
140 odieux de leur reprocher leur allergie aux balles européennes  : ils ne sont pas du tout responsables de nos démences nationalistes.
25 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Virginie
141 dynamisme profond. Existe-t-il une seule femme en Europe qui dispose de moyens pareils au service d’une si ferme vision ? Nous
142 et lisant quelques-uns de leurs écrits. Quant à l’ Europe , si elle se tait, ce n’est peut-être pas seulement à cause du contrôl
143 anger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’ Europe , mais constamment méconnue ou niée, et souvent par la faute des élite
26 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Intermède : mémoire de l’Europe
144 Intermède : mémoire de l’ Europe Je ne savais pas que tout était si près, là-bas. J’étais baigné. J’
145 rouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit. L’ Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était profonde,
146 udeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’ Europe . Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garde
147 uand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’ Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de pas
27 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le choc de la paix
148 re, et à plus long terme. Mais les facilités de l’ Europe ont vécu, et celles de l’Amérique n’ont qu’un délai de grâce. L’engag
149 nt qui me concerne et qui se passe loin d’ici, en Europe  ? Possible aussi qu’il s’agisse là d’un de ces sentiments « bizarres 
150 ée hier. Peu d’émoi. Mai 1945 Armistice en Europe . — La nouvelle est venue par petites secousses pendant trois jours. P
151 ose au café des problèmes de roman détective. Les Européens vus d’ici, au travers des questions qu’on m’adresse, apparaissent inq
152 vie, les gens d’ici ne sont pas potiniers au sens européen du mot, mais fort discrets, soit par prudence ou indulgence naturelle
153 mmode et plus confortable à leur sens. (Seuls les Européens de mon espèce aiment les maisons trop grandes, en Amérique.) L’un des
154 ts services que vous rendent ici les voisins ! En Europe , le voisin n’est que l’ennemi virtuel.) J’ai cru poli de m’arrêter un
155 t d’autres égards.) Le paysage pourrait bien être européen  : collines douces, bois et prairies, une rivière lente et les longs b
156 ieur qui n’a pas laissé de nom, c’est sûrement un Européen . Une jeune femme, à plusieurs reprises, jusqu’à trois heures du matin
157 pas très facile à comprendre (c’est un anglais d’ Europe centrale et orientale) mais comme ils sont gentils dans ce quartier s
158 esoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européenne , et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et d
159 e l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de l’ Europe , pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bonne volon
160 es. Les reportages sur l’Amérique que publient en Europe nos journalistes me paraissent arbitraires et contestables, même s’il
161 i-je écrit dans ces pages dont un Américain ou un Européen qui aurait vécu longtemps ici ne puisse me dire avec quelque raison :
162 si bien démontrer le contraire ? Quand des amis d’ Europe débarquent à New York — et il en vient beaucoup depuis quelques mois 
163 ique ? » On leur demande : « Que pensez-vous de l’ Europe  ? » Et ces questions sont déprimantes, parce qu’elles sont sans objet
164 ans objet réel. Tout ce que l’on peut penser de l’ Europe en général et de l’Amérique en général est réfuté par la vision à bou
28 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Journal d’un retour
165 ntrer, sous peine de ne pas comprendre la réalité européenne en général, et française en particulier. Je pourrais me contenter de
166 r quelques semaines encore, du côté où les jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avant
167 la préparation des voyages. Passer d’Amérique en Europe ne demandait plus que quelques heures de vol ? On y ajouta plusieurs
168 trois jours. Déjà, par l’imagination, j’habite l’ Europe . Je circule quand je veux dans les hauts corridors et dans le vestibu
169 t si bien ? Vous préférez y vivre ? Vous reniez l’ Europe  ? » Mais je ne sais pas du tout si l’Amérique est bien ou mal, si ell
170 mérique est bien ou mal, si elle vaut mieux que l’ Europe , si j’y reviendrai jamais ! Et l’homme est né pour circuler, non pour
171 i lumineux, si matinal dans une grande ville de l’ Europe . Je dois me tromper. Je verrai cela demain… Ces deux types vont reste
172 es fourrures et se récrie : « Quel goût ! Voilà l’ Europe enfin ! Et des fleurs vraies ! Ah mon cher, ici, tout est beau !… — M
173 rre… — Taisez-vous, me crie-t-elle, je retrouve l’ Europe  ! Ce n’est pas le moment d’être objectif ! » Elle adore ces rideaux t
174 atement à ressembler à ce que l’on pense d’eux en Europe .) Il y a des chambres, et même des salles de bains. Mais comment dorm
175 dre de mon voyage, voici comment il m’apparaît. L’ Europe ancienne s’est rétrécie à la mesure de nos frontières. En une semaine
29 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le mauvais temps qui vient
176 r encore, peut-être pour longtemps, tyrannise les Européens , la police politique traque les hommes libres sans que personne ose d
177 s millions de femmes ont été violées dans toute l’ Europe centrale et orientale, des millions séparées de leur mari pendant cin