1 1970, Le Cheminement des esprits. Préface. Cheminements
1 ture, à Genève, puis, née du Centre, la Fondation européenne , aujourd’hui présidée par S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas. D
2 s ? Relisant le précieux recueil de textes Pour l’ Europe , réunis à la fin de sa vie, je trouve ces mots qu’on ne saurait souha
3 et qui servent de titre au deuxième chapitre : L’ Europe , avant d’être une alliance militaire ou une entité politique, doit êt
4 chapitre, je souligne cette phrase : L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
5 uniquement ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. Les liens nécessa
6 « cheminement des esprits » vers des institutions européennes qui favorisent la liberté plutôt que la puissance, et les personnes p
7 ueil mais dans deux ou trois autres traitant de l’ Europe . Ces retours (ou repères) sont utiles, au surplus, pour situer une dé
8 de l’esprit ? ⁂ Il y a vingt ans, quand le mot «  Europe  » apparaissait dans un éditorial, les fédéralistes pavoisaient. Aujou
9 és du CEC, dont la « Campagne d’éducation civique européenne  » fournit sans doute le meilleur exemple. Il s’agit d’investir les ob
10 activités propres du Centre, mais le service de l’ Europe , qui est sa fin générale. D. de R.
2 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Le mouvement européen
11 c’est qu’il est ému : il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’Europe unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreu
12 il va vous aider. Quand un Européen vous dit : l’ Europe unie, oui, c’est une belle idée, une idée généreuse…, c’est qu’il n’a
13 nces principales, d’une part, l’affaissement de l’ Europe et, d’autre part, le surgissement au plan mondial de la Russie et de
14 cer au compromis, je veux dire à la paix, c’est l’ Europe . Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en
15 s, je veux dire à la paix, c’est l’Europe. Mais l’ Europe n’est plus une puissance, parce qu’elle est divisée en vingt nations
16 é par les deux grands empires. Et non seulement l’ Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
17 qu’énonçait au congrès de La Haye le Message aux Européens  : « Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieus
18 nt comme elles vont : 1° les différents pays de l’ Europe seront annexés ou colonisés l’un après l’autre ; 2° la question allem
19 faire la paix, il nous faut commencer par faire l’ Europe , c’est-à-dire cette troisième puissance capable d’imposer un compromi
20 r les deux autres. Que si l’on me dit alors que l’ Europe même unie serait encore trop faible pour tenir en respect les deux Gr
21 épondrai par un seul chiffre : la population de l’ Europe occidentale, à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 320 millions d
22 es staliniens, ou pas comme cela) : « Je veux une Europe désunie… » En revanche, beaucoup pensent : « Tout cela est bel et bon
23 e pourra-t-on faire en temps utile ? » La paix, l’ Europe unie, d’accord, c’est un beau rêve. En attendant, voici le cauchemar.
24 jà, et ce qu’on peut faire à temps pour fédérer l’ Europe . Origines du mouvement fédéraliste Il y eut Sully, qu’aime à ci
25 du xixe siècle, quand la réalité politique de l’ Europe était l’essor des grands nationalismes. Il y eut enfin, après la Prem
26 es assises morales et doctrinales à la fédération européenne . C’est alors qu’apparurent en France les premiers groupes personnalis
27 t la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de l’ Europe . On put croire un moment que tout notre travail allait être effacé po
28 censures. Et l’idée d’un avenir fédéraliste de l’ Europe devenait, pour beaucoup, le symbole de l’espoir à l’horizon de la Lib
29 uoi, dès l’année 1945, on vit surgir dans toute l’ Europe un pullulement de petits groupes fédéralistes. On y retrouvait toutes
30 tionales et religieuses qui font la richesse de l’ Europe , et qui la rendent si difficile à gouverner. La première tâche qui s’
31 dispersés. Dès 1946, ce fut chose faite : l’Union européenne des fédéralistes se constituait et pouvait convoquer pour le mois d’a
32 ais qui pouvait paraître surhumaine, de fédérer l’ Europe , c’est-à-dire de mettre sur pied, contre vents et marées, des institu
33 s sommes partis — nous sommes partis pour faire l’ Europe , tout simplement. On s’étonnera de la part que je viens de faire à la
34 ents qui jalonnent les étapes du mouvement vers l’ Europe unie, à partir du congrès de Montreux jusqu’à ceux de La Haye, de Rom
35 emps de l’année suivante, des états généraux de l’ Europe . Sur-le-champ, des accords furent esquissés avec les représentants d’
36 lement l’intention de convoquer un « Congrès de l’ Europe  ». Il ne s’agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise « fédérali
37 de coordination des mouvements pour l’union de l’ Europe dressait les plans de travail pour La Haye. Il groupait les quatre or
38 oupait les quatre organisations suivantes : Union européenne des fédéralistes (présidents H. Brugmans et Ignazio Silone) ; United
39 mique (Paul van Zeeland) ; Comité français pour l’ Europe unie (E. Herriot et R. Dautry). Les Nouvelles équipes internationales
40 tionales (Robert Bichet) et l’Union parlementaire européenne (Coudenhove-Kalergi) adhérèrent quelques mois plus tard, suivies, apr
41 Parlement néerlandais, s’ouvrait le Congrès de l’ Europe . Nous étions cette fois-ci plus de huit-cents délégués, parmi lesquel
42 près de deux-cents députés aux divers parlements européens , des syndicalistes et des grands patrons, des socialistes et des cons
43 e prochaine étape, la convocation d’une Assemblée européenne , dont les membres seraient élus « dans leur sein ou au-dehors » par l
44 lles. Le 18 août notre Memorandum sur l’Assemblée européenne se voyait accepté sans réserve par le gouvernement français, bientôt
45 tion d’un Parlement et d’un Conseil des ministres européens . Le 28 janvier 1949, la conférence aboutissait à un premier accord, e
46 x économiques. Au début de novembre 1948, l’Union européenne des fédéralistes réunissait à Rome son deuxième congrès annuel. À Mon
47 x faisceaux de licteur les grandes lettres du mot Europe . Le Congrès fut inauguré en présence de tous les ministres par un dis
48 nation des groupements militant pour l’union de l’ Europe avait pris le nom de Mouvement européen, ses quatre présidents d’honn
49 ’union de l’Europe avait pris le nom de Mouvement européen , ses quatre présidents d’honneur étant Léon Blum, Winston Churchill,
50  Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour la fédération de l’ Europe  ? » cet historique succinct permet donc de répondre : nous avons lanc
51 ener sur les rouages des principaux gouvernements européens . Ce qui n’était qu’un rêve il y a un siècle, qu’une théorie il y a qu
52 . Objectifs immédiats L’effort du Mouvement européen , appuyé par la propagande ou les travaux spécialisés des six mouvemen
53 cats, religions, universités, etc.), le Mouvement européen défendit ce point de vue dans son mémorandum du 18 août 1948. C’est c
54 té par les Cinq : à l’Assemblée constituante de l’ Europe , qui pourra seule contraindre les États à s’incliner devant un pouvoi
55 tins. Ils pensent donc, tout naturellement, que l’ Europe sera faite par des ministres. Et cela ne va pas à une fédération, mai
56 st pourquoi le Conseil international du Mouvement européen , dans sa réunion de Bruxelles, a recommandé que soit créée, par conve
57 par convention entre les États membres de l’union européenne , une Cour des droits de l’homme et une Commission d’enquête indépenda
58 tion chez le voisin. Une conférence d’économistes européens , convoquée pour le mois d’avril à Westminster, essaiera de dépasser l
59 arrières douanières, l’instauration d’une monnaie européenne , la création d’une régie fédérale des houillères (solution du problèm
60 ’on songe qu’elle a pu réunir, sous le signe de l’ Europe , des hommes aussi divers que le dirigiste André Philip, le libéral Gi
61 et politiques que pourrait proposer le Mouvement européen resteraient lettre morte, s’il n’existait, en deçà et au-delà des div
62 s divisions qu’il nous faut surmonter, une entité européenne bien vivante, un sentiment commun auquel il soit possible de faire ap
63 comme après tout, la vocation de notre Mouvement européen . S’il ne mettait la culture à sa place, qui est à la fois primordiale
64 capable de « donner une voix à la conscience de l’ Europe et des peuples qui lui sont associés ». Il ne s’agit nullement de fom
65 ullement de fomenter on ne sait quel nationalisme européen , mais au contraire de restaurer le rayonnement des valeurs que l’Euro
66 ire de restaurer le rayonnement des valeurs que l’ Europe , malgré tout, illustre encore aux yeux du monde entier : une certaine
67 pays, des instituts qui veulent travailler pour l’ Europe . Coordonner toutes ces initiatives dans le cadre d’un grand mouvement
68 édification d’un ordre libre ; former une opinion européenne  ; offrir un lieu de rencontres à nos meilleurs esprits, ce sont là qu
69 épart par une vision libératrice et fascinante. L’ Europe se fera, en dépit des experts (qui savent toujours que c’est Dewey qu
70 croire ? Se peut-il que ce soit tout simplement l’ Europe , redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui devi
71 rope, redécouverte à la faveur de son union ? Une Europe rajeunie qui deviendrait soudain, pour nos yeux étonnés, la Terre pro
72 1949. 2. Voir le recueil de documents intitulé L’ Europe de demain (à la Baconnière) qui groupe les déclarations fédéralistes
3 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Rapport général présenté à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, du 8 au 12 décembre 1949
73 Rapport général présenté à la Conférence européenne de la culture, Lausanne, du 8 au 12 décembre 1949 Il est vrai que l
74 nne, du 8 au 12 décembre 1949 Il est vrai que l’ Europe est en train de se défaire : elle n’a jamais été plus menacée, plus d
75 s, dans toute sa longue histoire, consciemment, l’ Europe est en train de se faire. Telle est la situation contradictoire dans
76 squissent à Strasbourg les cadres politiques de l’ Europe unie, il est grand temps de définir la visée humaine qui doit préside
77 r à cette action, la vocation de notre communauté européenne . Tel est le but général de la conférence de Lausanne, le sens profond
78 ces culturelles peuvent contribuer à l’union de l’ Europe , et qu’en retour, l’Europe unie sera seule capable de sauver nos cult
79 tribuer à l’union de l’Europe, et qu’en retour, l’ Europe unie sera seule capable de sauver nos cultures dans leur précieuse di
80 peuvent le résumer : « La Culture au service de l’ Europe  » souligne les responsabilités de l’esprit. « L’Europe unie au servic
81 e » souligne les responsabilités de l’esprit. « L’ Europe unie au service de nos cultures » indique le moyen de protéger la lib
82 reconnaître d’abord l’état réel de la culture en Europe , les misères dont elle souffre, les dangers qui la guettent. C’est po
83 atérielles et morales de la vie et de l’esprit en Europe , et d’autre part l’étude des institutions et réformes souhaitables po
84 et réformes souhaitables pour développer l’esprit européen . Première section Les conditions matérielles et morales de la vie d
85 s matérielles et morales de la vie de l’esprit en Europe Destruction. — Les destructions directes causées par la guerre so
86 la plupart se voient contraints d’émigrer hors d’ Europe , et souvent d’accepter un travail de manœuvre ou d’ouvrier agricole.
87 agricole. Ils sont ainsi perdus à la fois pour l’ Europe et pour la Culture. Ils forment dans les camps de DP le « résidu » qu
88 cinéma. Seul un élargissement du marché à toute l’ Europe débarrassée de ses barrières, doublé d’une coopération organisée à l’
89 s, doublé d’une coopération organisée à l’échelle européenne pourraient sauver d’une ruine imminente plusieurs de nos plus grandes
90 ne étrange méconnaissance des forces réelles de l’ Europe . Ils risquent de tarir les sources vives de sa puissance et de son ra
91 caces pour paralyser la vie culturelle. L’édition européenne souffre gravement du régime des contingents, fixés par les États pour
92 andais désirant publier un magazine de propagande européenne en trois éditions — anglaise, française, allemande — a dû renoncer à
93 blication nécessaires dans certains grands pays d’ Europe , alors que les magazines d’outre-mer publient des éditions spéciales
94 ans difficulté dans tous nos pays. On le voit : l’ Europe est ouverte aux influences extracontinentales (ce qui est tout nature
95 fermée à la diffusion de produits spécifiquement européens . Nationalisation de la Culture. — Le nationalisme qui s’est développ
96 pays… On demande à l’Histoire de démontrer que l’ Europe est morte tandis que la Russie vit toujours. » L’impartialité n’exist
97 ou l’État partisan. Le régime des universités, en Europe occidentale, est très loin d’être uniforme, comme on sait. Dans presq
98 it totalitaire. Relevons que dans presque toute l’ Europe (la Grande-Bretagne fait exception), un professeur d’université doit
99 sses, de la puissance et du prestige mondial de l’ Europe , on pourrait croire qu’elle n’est plus, aujourd’hui, qu’un appendice
100 es et entraves dont souffre la vie de l’esprit en Europe se ramènent en dernière analyse à une seule et même cause : le cloiso
101 troits et vermoulus (dont d’autres partisans de l’ Europe unie, à La Haye, à Westminster et à Strasbourg, ont cherché les moyen
102 tières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’ Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent
103 instruments de travail dans toute l’étendue de l’ Europe . Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progr
104 a mesure où elles vivent. L’unité culturelle de l’ Europe n’a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé
105 d’évoluer selon ses lois et sa liberté propres. L’ Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution, voil
106 . Deuxième section Institutions spécifiquement européennes À la suppression des obstacles matériels et des entraves morales a
107 condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la guerre de 1914, puisqu’elle n’a pas suffi à réduire les nati
108 nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’ Europe unie d’instruments de travail à l’échelle continentale.il faut aussi
109 préfigure ainsi son avenir. Sur les institutions européennes à fonder, ce rapport sera bref : les documents et rapports spéciaux m
110 u’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’ Europe comme unité. Les uns veulent embrasser le monde entier, tandis que le
111 te aucune institution capable de renseigner sur l’ Europe en général, sa situation présente, l’état de ses forces, ses possibil
112 Dès le congrès de La Haye (mai 1948) le Mouvement européen avait reconnu la nécessité d’instituer un Centre européen de la cultu
113 du Congrès. Au mois de février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’études, chargé de préparer l’œuvre du Ce
114 adéquats : — inventaire des forces culturelles en Europe , — coordination des efforts actuellement dispersés, — initiatives ten
115 , — initiatives tendant à développer le sentiment européen , à l’exprimer, à l’illustrer. b) Pour mener à bien ces activités, la
116 , un personnel nombreux et spécialisé (université européenne , centres de recherches scientifiques, etc.), elles seraient exercées
117 s sections ou dépendances dispersées dans toute l’ Europe , on pourrait distinguer deux départements principaux, et peut-être tr
118 iatives dans les domaines suivants : Enseignement européen dans les écoles primaires et secondaires — Formation des instituteurs
119 ituteurs dans un esprit supranational — Instituts européens existants ou à créer — Équivalence des diplômes et des cours d’études
120 Révision des manuels — II. Culture. Bibliothèque européenne — Documentation et archives — Offices européens de l’édition, du ciné
121 européenne — Documentation et archives — Offices européens de l’édition, du cinéma, de la radio, des festivals — Centres de rech
122 iques et par sa participation aux divers conseils européens pourrait contribuer à rendre à la culture sa fonction centrale dans l
123 lée des institutions à créer, telles le Collège d’ Europe à Bruges, et les instituts d’études européennes ; mais aussi une Univ
124 lège d’Europe à Bruges, et les instituts d’études européennes  ; mais aussi une Université européenne, des Lycées européens, un Fond
125 d’études européennes ; mais aussi une Université européenne , des Lycées européens, un Fonds européen de Recherches scientifiques,
126 mais aussi une Université européenne, des Lycées européens , un Fonds européen de Recherches scientifiques, un Centre européen de
127 ersité européenne, des Lycées européens, un Fonds européen de Recherches scientifiques, un Centre européen de recherches nucléai
128 s européen de Recherches scientifiques, un Centre européen de recherches nucléaires — le futur CERN.) Financement des instituti
129 s — le futur CERN.) Financement des institutions européennes . — Toutes ces activités demanderont des fonds, qui aujourd’hui n’exis
130 Ils pourraient être créés par le blocage au titre européen , d’une partie du budget de l’Éducation nationale dans chaque pays. Le
131 stin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur
132 le budget global d’une renaissance de la culture européenne . Construire des engins de mort qui coûtent des milliards, quand on re
133 et cette éducation d’une conscience commune de l’ Europe  ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « e
134 être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement «  européenne  ». Qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nat
135 ux nationalismes locaux une sorte de nationalisme européen . L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. À tort ou à
136 smes locaux une sorte de nationalisme européen. L’ Europe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. À tort ou à raison, pa
137 ne s’agit donc pas pour nous d’opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « cult
138 l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne  » synthétique, valable pour nous seuls et fermée sur elle-même : ce s
139 ée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’ Europe , le couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition e
140 uples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend au sérieu
141 Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde. Une Euro
142 rieux sa vocation particulière dans le monde. Une Europe affaiblie et divisée par vingt nationalismes et autant de barrières d
143 es ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fermement n’aurait bientô
144 e droit de parler. Prendre au sérieux la vocation européenne , c’est une mission de vigilance dont les intellectuels des pays libre
145 uraient être négligés dans la pratique sans que l’ Europe perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Europe doit signifie
146 perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Europe doit signifier d’abord union dans la diversité, et respect des divers
147 fait l’apprentissage de la liberté. Bien plus, l’ Europe est si diverse que chaque majorité locale ou nationale — politique, r
148 e est minoritaire dans l’ensemble du continent. L’ Europe est donc nécessairement une école de la tolérance. Elle ne doit conda
149 cès sont secrets et se tiennent à portes fermées. Europe doit signifier encore cité ouverte, où les hommes, les idées et les b
150 terme logique s’appelle le camp de concentration. Europe doit signifier enfin dialogue. L’union que nous voulons est celle qui
151 linée, où nul ne reconnaît plus sa propre voix. L’ Europe doit être et devenir de plus en plus le lieu du monde où la personne
152 onférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne . Une conscience malheureuse, il est vrai, tourmentée, peut-être coupa
153 onscience, en dernière analyse. C’est notre lot d’ Européens , et c’est notre passion profonde, que de préférer la conscience au bo
154 onheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe n’ait trouvé ses plus hautes expressions que dans quelques tableaux c
155 foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’ Europe tragique, pour que nos descendants puissent encore habiter en esprit,
156 s-d’œuvre futurs, au ciel de la musique, dans une Europe heureuse. Conclusion du discours de présentation du Rapport général,
4 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Naissance du Centre
157 ines exigences d’une situation qui est celle de l’ Europe d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’une Europe mise en question dans son ex
158 lle de l’Europe d’aujourd’hui, c’est-à-dire d’une Europe mise en question dans son existence même, matérielle et morale, d’une
159 s son existence même, matérielle et morale, d’une Europe qui ne peut se sauver qu’en regroupant ses forces et qu’en les refond
160 globale : appelons « culture » ce qui a fait de l’ Europe autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre chose qu’un petit
161 indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’ Europe unie sur une base ferme et réaliste, fondons-la sur sa force principa
162 lités. Il s’en faut cependant de beaucoup que les Européens les prennent pratiquement au sérieux. Ce qui est sérieux, croient-ils
163 elles, mais c’est peut-être aussi de réveiller en Europe l’esprit de résistance et l’esprit d’invention sans lesquels tous les
164 propagande, pour vacciner contre elle les masses européennes et les élites, qui ne sont pas moins contaminées… Si notre première t
165 ière tâche est de réveiller chez nos compatriotes européens la conscience de leurs forces et de leur vraie richesse, notre second
166 j’entends que le principal, c’est qu’il y ait en Europe un lieu de plus où des hommes en équipes consacrent leurs efforts, sa
167 crent leurs efforts, sans relâche, à l’union de l’ Europe , c’est-à-dire au service d’une cause qui se confond aujourd’hui avec
5 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Naissance d’une Fondation
168 grand projet — celui d’une fondation à l’échelle européenne  — des hommes qui s’étaient signalés dans leur sphère d’influence par
169 s sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’ Europe Foyer de la civilisation occidentale, l’Europe a pour mission supr
170 Europe Foyer de la civilisation occidentale, l’ Europe a pour mission suprême et impérieuse de susciter la résistance à cett
171 e dont l’Histoire n’a pas vu le précédent. Mais l’ Europe est elle-même en grand péril. Les peuples qu’elle a civilisés retourn
172 stige. Les progrès de l’hygiène, répandus par les Européens , ont pour effet de bouleverser totalement les rapports démographiques
173 er totalement les rapports démographiques entre l’ Europe et d’autres groupes de nations. Le nationalisme qui nous divise devie
174 res de notre civilisation ont conquis le monde, l’ Europe en perd naturellement le monopole, cependant qu’elle voit ses valeurs
175 itions économiques compromises. Mais surtout, les Européens se sentent impuissants devant cette montée des périls. Nous sentons e
176 s même de nos vies. Le dilemme En vérité, l’ Europe perdra tout cela, si elle persiste dans sa division, cause principale
177 es obstacles à l’union Les obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus que matériel. Voici les pr
178 Voici les principaux : — manque de confiance des Européens en eux-mêmes, et défaitisme devant « le mouvement fatal de l’Histoire
179 des périls menaçant de tous côtés l’ensemble de l’ Europe  ; — enfin et surtout, préjugés nationaux à l’égard des voisins, hérit
180 on, dans tous nos pays, qu’une large majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’empêche pas des fractions importantes de ce
181 . Le temps que l’on perd ainsi pour le salut de l’ Europe , d’autres le gagnent pour sa ruine. Nécessité de réveiller un sent
182 Nécessité de réveiller un sentiment commun des Européens Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude mo
183 e nœud du problème est dans l’attitude morale des Européens eux-mêmes. À défaut d’une prise de conscience assez rapide et général
184 s pays, mais aussi des ressources immenses dont l’ Europe disposerait encore à la seule condition de s’unir — tous les traités
185 timent de leur destin commun se réveille chez les Européens , la plupart des obstacles existant aujourd’hui paraîtront plus facile
186 té fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen . Il a commencé par agir dans les domaines de la vie culturelle où il
187 tenant sur un plan supranational, comme si déjà l’ Europe était unie. Fort de ces premières réalisations, qui lui assurent une
188 ’initiatives pour tous ceux qui ont compris que l’ Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la
189 oit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la condition primordiale et vitale de l’union institutionnelle.
190 es les plus urgentes, la création d’une Fondation européenne de la culture serait de nature à modifier, par sa seule existence, le
191 e existence, le climat intellectuel et moral de l’ Europe , en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation par
192 the future are the empires of the mind. L’Empire européen , notre Union fédérale, se fera dans les esprits d’abord. Mais l’espri
193 os engagements et de nos sacrifices personnels. L’ Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par des discours e
194 réuni par le CEC décida de prendre le nom de Club européen , et se donna pour première tâche concrète la réalisation d’une Fondat
195 ère tâche concrète la réalisation d’une Fondation européenne de la culture. Celle-ci fut créée le 16 décembre 1954 au siège du CEC
6 1970, Le Cheminement des esprits. Historique — Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC
196 es : — qu’entendez-vous par culture ? — de quelle Europe s’agit-il ? — pourquoi faut-il un Centre en pareil domaine ? Répondre
197 crets de la politique, est un concept typiquement européen . Et cela seul peut expliquer ce grand paradoxe de l’Histoire : que l’
198 expliquer ce grand paradoxe de l’Histoire : que l’ Europe , qui représente à peine 4 % des terres du globe, assez pauvre en mati
199 rement physique ; c’est précisément la culture. L’ Europe , c’est très peu de chose plus une culture. Et voilà qui suffit, prati
200 nc des sciences ; or les sciences ne sont nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du complexe philosophiqu
201 ons la culture, et de son dynamisme aventureux. Europe , qui fut d’abord un mythe sémite et grec, puis une définition géogra
202 Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’ Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intég
203 e ses principes et par sa force de rayonnement. L’ Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement.
204 ssement. Nous travaillons ici pour la plus grande Europe , pour elle seule, à son seul service, conscients de servir du même co
205 n saisissant toute occasion de réveiller chez les Européens les plus actifs la conscience de leur unité, de leur communauté de de
206 eur faute et par leur mérite. Voilà définie notre Europe  : c’est un champ de forces culturelles, sans frontières à l’extérieur
207 idée de culture en général, et d’unité de culture européenne en particulier, les chauvinismes et totalitarismes de toute couleur o
208 fictive « souveraineté » par rapport aux voisins européens . Certes, ce sont des Européens surtout qui viennent de fabriquer la p
209 apport aux voisins européens. Certes, ce sont des Européens surtout qui viennent de fabriquer la première Bombe, parce qu’ils éta
210 de poèmes — mais pour qu’il y ait quelque part en Europe un lieu où l’on se préoccupe de poser les problèmes communs et de gro
211 nstituts de recherches nucléaires, d’enseignement européen dans les universités, d’éducation scolaire et populaire ; festivals,
212 de financement ; et les déclarations d’intention européenne et fédéraliste tendent à devenir une rhétorique superficielle. Un tra
213 iothèque d’ouvrages spécialisés sur les problèmes européens . L’action du CEC, en tout cela, a parfois été décisive, encore qu’ell
214 l’enseignement, la notion subversive d’une entité européenne qui ne fût pas simple addition des nations. Le CEC commence donc par
215 lecteurs. Et en même temps, il crée l’Association européenne des festivals de musique, qui groupe aujourd’hui trente-trois des plu
216 les domaines non plus l’État-nation isolé, mais l’ Europe entière comme seule « unité intelligible de recherches historiques »,
217 ) ou se sont détachées de lui (comme la Fondation européenne ) conformément au plan initial. D’autres ont pris fin parce qu’elles a
218 963, le capital d’expériences et de connaissances européennes créé au CEC a été investi dans deux domaines principaux : l’enseignem
219 upérieur et la formation des futurs citoyens de l’ Europe . Certes, l’Institut universitaire d’études européennes ne dépend pas
220 Europe. Certes, l’Institut universitaire d’études européennes ne dépend pas du CEC, mais il n’eût pas vu le jour sans lui, et il ne
221 quis. Et certes, la Campagne d’éducation civique européenne ne dépend pas seulement du CEC, mais toutes les recherches qui se son
222 communauté à la fois d’inspiration et de finalité européenne . C’est cela que chacune perdrait en s’isolant. Un peu de son âme, peu
223 fonder sur du neuf les modèles et structures de l’ Europe fédérale. Ou faudrait-il créer un nouvel Institut par thème nouveau ?
7 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — L’Europe contestée par elle-même
224 L’ Europe contestée par elle-même L’esprit peut-il nous tirer de l’état où i
225 esprit européen10 Comparée à celle de 1900, l’ Europe de 1950, au premier coup d’œil, paraît malade : un tiers de son terri
226 le un changement plus frappant encore. En 1900, l’ Europe régnait sur la planète, comme elle l’avait fait depuis la Renaissance
227 rance — Allemagne, Grande-Bretagne — Continent) l’ Europe n’offre plus à l’expansion naturelle des deux empires américain et ru
228 sont claires. Deux guerres totales déclenchées en Europe et ravageant ses plus grands peuples, suffisent à expliquer l’ampleur
229 , dans l’ensemble de la civilisation moderne de l’ Europe . (Je prends ici le mot dissociation au sens que suggère son étymologi
230 permanente. Depuis cinquante ans, la littérature européenne est essentiellement subversive, soit qu’elle attaque avec acharnement
231 a commune mesure. Presque tout ce qui se fait, en Europe , contredit en quelque manière ce qui est encore pensé comme juste et
232 ncipe d’intégration11. L’insécurité de l’homme européen Pour illustrer ce diagnostic, voyons comment l’Européen moyen peut
233 Pour illustrer ce diagnostic, voyons comment l’ Européen moyen peut réagir, et réagit en fait, à cette situation qu’il subit d
234 méchanceté ou par perversité que tant d’hommes en Europe sont devenus fascistes et deviennent aujourd’hui communistes. C’est p
235 eulement qu’elle pourrait redevenir, pour l’homme européen , une raison de vivre, d’espérer, et par suite, de résister. On n’acce
236 serait naïf de supposer que les hommes politiques européens tiennent en réserve des remèdes à cette situation. À vrai dire, elle
237 cours de phrases sur les glorieuses libertés de l’ Europe et la défense des valeurs spirituelles. Mais leur métier n’est pas de
238 uctible de ce complexe d’antinomies qu’on nomme l’ Europe . Quant aux doctrines économiques classiques ou révolutionnaires, il n
239 ise, dans une telle situation, soit de rendre à l’ Europe des mesures, une sagesse théorique et pratique, une juste conception
240 mes les plus frappants de la crise que traverse l’ Europe — et avec elle tout l’Occident — c’est l’impuissance des intellectuel
241 t laissé se créer. Je diviserai les intellectuels européens en trois classes. Les premiers se désintéressent de toute action sur
242 indre chance de convertir une solide majorité des Européens , et de recréer cette commune mesure, faute de laquelle une civilisati
243 sur les traditions qui ont fait la puissance de l’ Europe , mais permettre en même temps une rénovation de la prospérité et de l
244 té du Vieux Monde. Seul, l’idéal de la fédération européenne semble répondre à ces trois conditions. Depuis quelques années, nous
245 nfin, il cherche à rétablir l’ancienne communauté européenne , détruite par les nationalismes étatisés, mais en même temps il offre
246 urgentes et les plus sages proposées pour unir l’ Europe , bien qu’acceptées par la majorité, s’enrayent mystérieusement au seu
247 mystérieusement au seuil des réalisations (armée européenne , autorité politique supranationale, abaissement des douanes intérieur
248 ationale, abaissement des douanes intérieures à l’ Europe , équivalence des degrés universitaires dans les différents pays, etc.
249 du danger immédiat et commun, c’est que l’esprit européen n’est pas encore assez vivace ou exigeant, c’est que la conscience co
250 ou exigeant, c’est que la conscience commune des Européens n’est pas encore réveillée, malgré tous les éclats de voix d’un Vychi
251 plan Marshall, dont le but déclaré est d’aider l’ Europe comme un tout. Aucun des sacrifices nécessaires ne sera consenti, ri
252 e pourra donc se faire pratiquement, tant que les Européens n’auront pas compris par le cœur et par l’esprit, qu’ils forment en r
253 malade de ses divisions ? Unité de la culture européenne Depuis cent ans, nos divers peuples ont prétendu posséder des cult
254 e romantique. En fait, aux origines de la culture européenne , il y a trois éléments communs, Athènes, Rome, et Jérusalem, qui ont
255 hnique au xxe siècle. L’unité de la civilisation européenne au-delà et en deçà des diversités linguistiques et raciales devient é
256 ts fondamentaux, qu’on peut dire spécifiques de l’ Europe  : la révolte méthodique et critique contre toutes les lois du sacré t
257 opulation dense mais minoritaire dans le monde, l’ Europe soit devenue le foyer le plus virulent du progrès humain pendant sept
258 irulent du progrès humain pendant sept siècles. L’ Europe actuelle, quels que soient ses vices et les éléments de décadence qu’
259 . Un des caractères les plus frappants de l’unité européenne , je le trouve précisément dans le goût et la passion de différer, com
260 aspect du monde depuis cinquante ans, la part des Européens est largement prépondérante. Et je dis bien : des Européens, non de t
261 est largement prépondérante. Et je dis bien : des Européens , non de tel de leurs pays. Car chacune de leurs découvertes est née d
262 hacune est prise dans le contexte d’une réflexion européenne (contexte qui tend d’ailleurs de plus en plus à s’étendre aux États-U
263 presque tous leurs grands noms sont des noms de l’ Europe , et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos ma
264 rne en tant que tel peut être appelé une création européenne . Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos
265 s. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient d’ Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques
266 moderne précisément — des créations de la culture européenne , il n’en reste pas moins que l’avenir paraît bien être à elles et non
267 l’avenir paraît bien être à elles et non plus à l’ Europe , parce qu’elles apportent une fraîcheur plus robuste dans l’exploitat
268 lles produisent des séries. D’où résultent pour l’ Europe deux conséquences également importantes : une tentation d’orgueil qui
269 onquérante ou décadente, ou les deux à la fois, l’ Europe n’en est pas moins demeurée le foyer de la civilisation contemporaine
270 ent pas à maintenir la créativité spécifique de l’ Europe , le sens inné de ses diversités, ses traditions transmises de personn
271 qu’un musée. L’unité supranationale de la culture européenne est quelque chose qu’il s’agit aujourd’hui bien moins de définir que
272 ux masses, que les vraies sources de la puissance européenne sont spirituelles, morales, intellectuelles, et que la culture sur ce
273 esprits. Dans la lutte pour l’union fédérale de l’ Europe , cette défense prend l’aspect positif d’un rassemblement créateur. On
274 ce qui précède vous concerne aussi bien que nous Européens , pour l’essentiel. Car si l’on a pu dire que l’Amérique est un « miro
275 e que l’Amérique est un « miroir grossissant de l’ Europe  » (Léo Ferrero), il est vrai aussi que l’Europe est l’étymologie des
276 l’Europe » (Léo Ferrero), il est vrai aussi que l’ Europe est l’étymologie des maux américains. Nos maladies sont, ou seront un
277 jetés par le jeu des contradictions internes de l’ Europe , religieuses d’abord, puis nationales et sociales, enfin économiques
278 es et parfois politiques. Le mal fondamental de l’ Europe du xxe siècle, c’est la dissolution de la commune mesure. Qui pourra
279 sions nationales, partisanes, individualistes. En Europe , la dissolution profonde du lien spirituel entre la société et la cul
280 culture avec Kafka. Mais plusieurs des symptômes européens du mal commun se retrouvent en Amérique : l’isolement croissant de l’
281 , votre hérédité. Ce que vous devez attendre de l’ Europe , c’est qu’elle découvre rapidement les antitoxines des virus qu’elle
282 masse. Nous vous prions de ne pas désespérer de l’ Europe malade. Ce serait désespérer de votre propre civilisation, de son ess
283 r de votre propre civilisation, de son essence. L’ Europe dispose encore des plus grandes réserves créatrices de l’humanité : l
284 numéro spécial intitulé « America and the Mind of Europe  », paru à New York en janvier 1951. 11. Tels que furent la Loi pour
8 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — Préface à « L’Œuvre du xxe siècle »
285 et débats publics par les plus grands écrivains d’ Europe et des Amériques se succédèrent chaque soir du 30 avril au 2 juin. L’
9 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — Conclusions sur l’avenir et la liberté de la culture
286 ute d’une dictature encore, à notre grand concert européen . C’est une phrase de Miguel de Unamuno dans son Commentaire à Don Qui
10 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — À la table ronde du Conseil de l’Europe
287 pas de meilleur motto pour cette table ronde de l’ Europe , dont je viens d’avoir l’honneur de diriger les débats pendant quatre
288 urnées mémorables. Où en sommes-nous, nous autres Européens de 1953 ? Une phrase prononcée l’an dernier par le président de l’Ass
289 anière dramatique à cette question. « Nous autres Européens , nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peur des Russes et d
290 us ne nous sentons pas en réalité, 330 millions d’ Européens , mais seulement 42 millions de Français, 8 millions de Belges, 3 mill
291 pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’ Europe , dans la réalité vivante et dans les cœurs, ce qu’elle n’est aujourd’
292 ’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’ Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout proche et comme à portée
293 ma, voici quelques mois, l’idée d’une table ronde européenne . La construction de l’Europe avançait mais lentement : économique, po
294 ’une table ronde européenne. La construction de l’ Europe avançait mais lentement : économique, politique, militaire. Mais les
295 lait donc d’une part approfondir l’idée même de l’ Europe unie, par une sérieuse méditation ; d’autre part nourrir l’opinion pa
296 si variés que le sont les vingt-deux peuples de l’ Europe et les familles intellectuelles qui les composent. Cet homme, de plus
297 che des origines communes à tous les peuples de l’ Europe , nous l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des
298 dans la mémoire commune de notre vieille famille européenne , si profondément unie en deçà et au-dessous de nos récentes divisions
299 lairement nos responsabilités immédiates devant l’ Europe et devant le monde, et nous avons formulé les buts communs qui peuven
300 ons formulé les buts communs qui peuvent unir les Européens . Car ce sont beaucoup moins leurs origines que les buts qu’ils regard
301 s à esquisser les principes d’une morale civique, européenne , commune aux deux familles d’esprit. Devant la contradiction apparent
302 uver les diversités qui ont fait la richesse de l’ Europe , nous avons posé la nécessité de structures politiques nouvelles, d’i
303 is nous avons pensé que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier des modèles nouveaux de société — va
304 les premiers pas d’une renaissance générale de l’ Europe . Je voudrais là-dessus, en terminant, vous rappeler un grand et grave
305 and et grave exemple. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siècles ex
306 d’efforts comme le vôtre, il dépend de nous tous Européens , d’écrire une autre histoire pour une Europe nouvelle.
307 s Européens, d’écrire une autre histoire pour une Europe nouvelle.
11 1970, Le Cheminement des esprits. Diagnostics de la culture — Pronostics 1969 (une interview)
308 n’y a pas de culture ouvrière. Il y a une culture européenne . Je suis tout à fait d’accord avec Toynbee qui dit que la plus petite
309 ittérature, par exemple, sont communes à tous les Européens . La division de la culture est apparue avec l’école obligatoire et la
310 mais fausse. Aujourd’hui, la civilisation née en Europe recouvre la terre entière ; elle n’est pas à la merci de forces extér
12 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Éducation, civisme et culture
311 lles convergent et s’appuient dans l’optique de l’ Europe que nous voulons unir ; cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout
312 optique de l’Europe que nous voulons unir ; cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout d’abord dans l’esprit et le sentimen
313 la doctrine de Proudhon, ancêtre des fédéralistes européens  : participation. Le civisme, c’est la participation active de l’indi
314 et de la nation, et enfin de la grande communauté européenne . Celle-ci existe déjà au niveau de la culture ; il faut maintenant la
315 ter au niveau des réalités politiques, afin que l’ Europe puisse tenir sa juste place dans la communauté globale du genre humai
316 la communauté globale du genre humain. Le civisme européen , c’est donc la participation à la communauté européenne traditionnell
317 péen, c’est donc la participation à la communauté européenne traditionnelle, mais c’est aussi la participation à la communauté eur
318 mais c’est aussi la participation à la communauté européenne en formation. Car le verbe participer a deux sens différents et compl
319 nsabilité est le trait caractéristique du civisme européen . Elle représente la santé de la démocratie, dont les deux maladies ty
320 ent des conséquences importantes pour l’éducation européenne . Alors que l’éducation dans les civilisations sacrées et les totalita
321 entissage des règles et des réponses, l’éducation européenne comporte aussi un apprentissage de la mise en question non seulement
322 e l’esprit critique. Ainsi le rôle de l’éducateur européen est double : d’une part inculquer à l’élève les lois et conventions d
323 non-conformisme — dialectique qui définit l’homme européen , dynamique et progressif, par contraste avec l’homme des civilisation
324 s du parti au pouvoir. Éduquer un enfant, au sens européen , ce n’est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n
325 sa définition formelle ressemble étrangement, en Europe , à celle que je viens de donner du civisme. En effet, la culture pour
326 e donner du civisme. En effet, la culture pour un Européen , c’est sa participation au trésor commun des œuvres créées depuis des
327 œuvres créées depuis des siècles par l’esprit des Européens . Mais là encore, le mot participation a un double sens, réceptif, pui
328 l’ensemble des œuvres qui représentent la culture européenne — qu’il s’agisse de livres ou de monuments, de tableaux ou de symphon
329 un peintre officiel sous Staline. L’imitation, en Europe , n’est qu’un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la p
330 ors la manifestation d’une originalité. Seule, l’ Europe a osé cultiver (et même jusqu’à l’excès, dans l’époque moderne) la va
331 s le xiiie siècle, selon certains historiens), l’ Europe a admis un développement profane des arts, hors de l’enceinte des égl
332 ns du sacré. Dès la Renaissance donc, le créateur européen est celui pour qui l’art n’est plus seulement l’illustration des véri
333 iberté-responsabilité, qui définit le bon citoyen européen , correspond très exactement le couple originalité-communication, qui
334 inalité-communication, qui définit le bon artiste européen . L’éducation européenne, qu’il s’agisse de civisme ou de culture trou
335 qui définit le bon artiste européen. L’éducation européenne , qu’il s’agisse de civisme ou de culture trouve ainsi sa formule cara
336 ier thèmeTradition et Innovation dans les arts en Europe Je partirai de deux citations d’écrivains anglais contemporains :
337 ure vivante, et plus spécifiquement d’une culture européenne  », écrit Arthur Koestler. Et Stephen Spender de son côté, pense que «
338 Spender de son côté, pense que « seule la culture européenne a su allier la plus grande force révolutionnaire au sens hautement dé
339 nt par de nombreux exemples le fait que l’artiste européen , formé à l’école des grands prédécesseurs, affirme sa personnalité en
340 t ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé européen et même mondial. Ceci donc est typique de l’Europe : la présence et l
341 opéen et même mondial. Ceci donc est typique de l’ Europe  : la présence et l’action simultanées de la tradition et de la révolu
342 » propres. Deuxième thèmeL’unité de la culture européenne , antérieure et supérieure aux « cultures nationales » Ce qui s’opp
343 es nationales » Ce qui s’oppose à l’union de l’ Europe et à la formation d’une conscience commune — condition préalable de t
344 nce commune — condition préalable de tout civisme européen  — c’est le nationalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été pr
345 ie, mais histoire de l’art aussi — présentaient l’ Europe comme un puzzle de nations et sa culture comme l’addition d’une vingt
346 l exemple : celui de l’évolution de la musique en Europe . Elle naît avec le chant grégorien au vie siècle en Italie, s’enrich
347 xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, pu
348 te de mille échanges, tissant l’œuvre commune des Européens , pas une seule que l’on puisse étudier sérieusement dans le champ lim
349 éations et d’influences mutuelles qui s’appelle l’ Europe dans l’histoire de l’esprit humain. Montrer cela sans relâche et en t
350 ationaliste des perspectives, c’est aussi faire l’ Europe dans les jeunes esprits, et c’est montrer son unité fondamentale, bas
351 t en tant qu’homme responsable — selon la formule européenne . Voilà pourquoi notre Campagne pour l’éducation civique des jeunes Eu
352 otre Campagne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter une campagne pour l’éducation artistique des futurs ci
353 à deux stages de la Campagne d’éducation civique européenne , Bruxelles, 1963, et Vienne, 1964.
13 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Le civisme commence au respect des forêts
354 l’écologie est liée au civisme, est-elle liée à l’ Europe  ? Oui, et pour deux raisons majeures : — l’idée d’équilibre dynamique
355 dynamique, l’idée de mesure, est essentiellement européenne , grecque d’abord. Elle le demeure face à la démesure naturelle aux pe
356 suisses, françaises, allemandes, belges. — Hors d’ Europe , le barrage d’Assouan. On a tout dit sur ses mérites : énergie électr
357 n sur l’Aménagement de l’Environnement naturel en Europe , adoptée par la Conférence d’experts du Conseil de l’Europe, le 12 fé
358 écessité de sauvegarder l’environnement au niveau européen et au niveau régional : Les législations et réglementations adoptées
359 e harmonisées dans la mesure nécessaire au niveau européen . La Conférence affirme le rôle prépondérant des autorités régionales
360 une politique d’aménagement de l’environnement en Europe . Je relève que le niveau national n’est pas mentionné. La Conférence
361 de l’Europe élabore un protocole à la Convention européenne des droits de l’homme garantissant à chacun le droit de jouir d’un en
362 ologie dans son programme d’éducation — civique — européenne , mais que c’est peut-être le meilleur moyen dont disposent aujourd’hu
363 nes et les sensibiliser aux problèmes civiques et européens . En leur montrant la situation réelle de notre société, les menaces q
364 montrant que ces problèmes exigent des solutions européennes (au-delà des frontières de leur nation) et régionales (en deçà de ces
365 de ces frontières), vous les amènerez à choisir l’ Europe qu’ils souhaitent. Ce sera vraiment là « faire l’Europe », c’est-à-di
366 qu’ils souhaitent. Ce sera vraiment là « faire l’ Europe  », c’est-à-dire faire de l’Europe, tâche passionnante, au lieu d’assi
367 nt là « faire l’Europe », c’est-à-dire faire de l’ Europe , tâche passionnante, au lieu d’assister simplement à la conclusion d’
368 ion à un stage de la Campagne d’éducation civique européenne sur « L’environnement », Sion (Valais), le 29 juin 1970. 18. Cf. L’E
14 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Sur la fabrication des nouvelles et des faits
369 les et films — que le mouvement pour l’union de l’ Europe est né le 1er septembre 1946 d’un discours de Churchill, à Zurich. En
370 toute l’action ultérieure pour la fédération de l’ Europe . Rien, ou presque rien dans la presse. Ainsi, Montreux ne devint pas
371 ai 1948 s’ouvre à La Haye le premier Congrès de l’ Europe . Seize Premiers ministres, deux-cents ministres et parlementaires, hu
372 on de l’appareil de Genève résulte d’une action «  européenne  » initiée par des militants fédéralistes, puis financée par douze gou
373 : elle fait peur, elle fait vendre. Montrer que l’ Europe — la France au premier rang — a fait deux fois mieux que la Russie, c
374 ent. 19. Allocution au congrès des journalistes européens , Évian, 1958.
15 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui
375 Université et universalité dans l’ Europe d’aujourd’hui20 Le mythe de la tour de Babel est resté l’un des pl
376 origines helléniques et bibliques de la culture d’ Europe . Sa meilleure interprétation me paraît être celle que Dante en a donn
377 le pour le monde moderne tout entier, mais pour l’ Europe plus particulièrement ; et à l’intérieur de l’Europe, elle fait songe
378 ope plus particulièrement ; et à l’intérieur de l’ Europe , elle fait songer irrésistiblement à cette institution dont le nom mê
379 e vastes ensembles, par continents, et d’abord en Europe . Les races, qui s’ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur di
380 êle, pour le meilleur et pour le pire. Or c’est l’ Europe , elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a d
381 le, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’ Europe a découvert la Terre entière, et personne n’est jamais venu la découv
382 re, et personne n’est jamais venu la découvrir. L’ Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne a conçu la notion de genre humain,
383 ns valable pour toute race, est une création de l’ Europe , durant l’époque colonialiste et tout d’abord en réaction à ses outra
384 ie, d’Arabie et d’Afrique, à part Gandhi. Enfin l’ Europe , par sa technique, a mis en relations toutes les parties du monde, de
385 té théorique et système de relations pratiques. L’ Europe , et l’Europe seule a fait tout cela, par sa religion, par ses grands
386 et système de relations pratiques. L’Europe, et l’ Europe seule a fait tout cela, par sa religion, par ses grands philosophes e
387 eulement des esprits créateurs, et de la jeunesse européenne , mais aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerina
388 re, il semblerait que la très grande majorité des Européens trouve que cela peut fort bien continuer ainsi, sans nul danger série
389 t comme une permanente insécurité. L’intellectuel européen d’aujourd’hui se sent tributaire de disciplines forcément partielles,
390 é, et qu’elles affectent l’ensemble de la culture européenne . Mais c’est par l’Université que les hommes d’outre-mer viennent au c
391 mes d’outre-mer viennent au contact de la culture européenne , et c’est là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les
392 ivilisation, me paraît absolument spécifique de l’ Europe . Seule en effet parmi toutes les grandes cultures qui ont fait l’hist
393 cultures qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’ Europe a osé l’aventure d’un développement autonome de la science et des art
394 stement qui a vu naître les premières universités européennes , en Italie puis à Paris. Or rien de tel ne s’est produit, autant que
395 nisme (ou au moins, le Parti qui l’interprète). L’ Europe seule se voit obligée de rechercher sans cesse, en d’infinis débats,
396 es questions naïves et pénétrantes : — Pourquoi l’ Europe a-t-elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourqu
397 de le meilleur de son temps de méditation. Si les Européens voulaient vraiment répondre aux Asiatiques, aux Africains, ou aux Ara
398 èmes qui se ramènent en fin de compte au paradoxe européen par excellence, celui de l’Un et du Divers également réels et valable
399 l’on garde à l’esprit la règle d’or de la culture européenne , qui n’est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relation
400 tés. L’adjectif petit me paraît intimement lié en Europe , non seulement à l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la
401 s, de 1901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’ Europe qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le
402 ation d’instituts de synthèse établis à l’échelle européenne , précisons : supranationale. J’en imagine le prototype, qui serait un
403 ialité : c’est une sorte de district fédéral de l’ Europe intellectuelle. Là vivent ces « hommes de synthèse » dont je parlais 
404 les des grandes cultures, notamment de la culture européenne , et la logique ou les contradictions de leur développement dans la vi
405 ciplines dans l’histoire ancienne et récente de l’ Europe . Dans quelle mesure et sous quelles conditions les inventions ou déco
406 indo-américaines, etc. Il n’existe pas, ni hors d’ Europe ni en Europe, de chaires d’européologie. Certes, l’on étudie un peu p
407 nes, etc. Il n’existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe , de chaires d’européologie. Certes, l’on étudie un peu partout le Mar
408 le Marché commun, le mécanisme des organisations européennes , leur histoire récente, leur jurisprudence, l’unification de leurs me
409 noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie européenne comme Tommaso Campanella et Comenius, ou d’hommes qui méditaient sur
410 e du traité instituant l’Euratom : une Université européenne  ? Vraie université, puisqu’elle traiterait spécifiquement du général,
411 u de former une image cohérente du Tout. Vraiment européenne , puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qu
412 sé et de notre avenir fédéré, le seul possible. L’ Europe , c’est très peu de chose plus une culture. Quatre pour cent des terre
413 nce permanente des recteurs et vice-chanceliers d’ Europe , le 1er septembre 1964. 21. Je n’ignore pas les tentatives qui se de
16 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Le rôle de la recherche en Europe
414 echerche dans notre monde et plus spécialement eu Europe . N’étant ni technicien, ni savant, je me verrai contraint de vous dir
415 rquoi le besoin de chercher est-il vital pour les Européens  ? À la première question, portant sur la recherche en soi, il paraît
416 erche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époqu
417 massives.) Nous, au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude gé
418 tre civilisation, voilà ce qui définit le mieux l’ Europe . Et c’est par là que l’Europe se distingue des civilisations antiques
419 définit le mieux l’Europe. Et c’est par là que l’ Europe se distingue des civilisations antiques et asiatiques, comme des essa
420 décrétés par le roi-prêtre ou par le dictateur, l’ Europe oppose l’idée et la pratique d’une remise en question permanente de t
421 e-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui a fait l’ Europe . Et cette Europe a dominé le monde, non point malgré tout cela, mais
422 nt, c’est tout cela qui a fait l’Europe. Et cette Europe a dominé le monde, non point malgré tout cela, mais à cause de tout c
423 ur les convertir et les dominer. (Alors que nous. Européens , n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien !) C’est u
424 e le génie de la recherche est le génie même de l’ Europe . J’ajouterai une dernière remarque : le génie de la recherche pure es
425 est la condition nécessaire de la survie de notre Europe . C’est en effet la technique et son progrès constant qui a permis à n
17 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Culture et technique en Europe et dans le monde
426 Culture et technique en Europe et dans le monde De deux conférences, l’une au Séminaire de Copenh
427 culture et l’économie, organisée par la Fondation européenne de la culture en 1962, l’autre à l’École polytechnique universitaire
428 ale, et c’est la civilisation technique. Née de l’ Europe , développée par l’Amérique, adoptée par l’URSS et de là, transplantée
429 dizaines d’années, les plus grands penseurs de l’ Europe et des États-Unis, suivis par les chroniqueurs des journaux et par l’
430 depuis le xviie siècle, ait été la création de l’ Europe seule, et par la suite, de ses filiales américaine et russe — alors q
431 quelles sont ses racines profondes dans la psyché européenne  ? J’ai tenté de répondre à ces questions dans un livre intitulé L’Av
432 omme très simple : la religion prépondérante de l’ Europe se fonde sur le dogme de l’Incarnation. Or qu’est-ce que l’Incarnatio
433 enfin réunies de l’apparition de la technique en Europe  : effort plus ascétique que magique, et plus rigoureux qu’hédoniste,
434 cisément ces théories. À l’origine des inventions européennes du xvie au xixe siècle, qui ont décidé du sort de la technique mode
435 te seconde partie de mon propos : la culture de l’ Europe a produit la technique ; on a pu craindre alors que cette technique n
436 hnique que nous devons le blocage de la guerre en Europe et au sein du plus grand Occident. Elle a créé des réseaux si serrés
437 seraient guère utilisables de nation à nation, en Europe  : nous sommes trop près les uns des autres, et celui qui en lancerait
438 t admettre que la technique a réussi à pacifier l’ Europe , et si l’on constate d’autre part que la menace atomique tient en mut
439 e tableau change à vue. C’est la technique née en Europe qui a mis en relations les divers continents et qui a révélé à leurs
440 rale, réduite aux cours de marxisme-léninisme. En Europe comme en Afrique, on réclame à grands cris l’intensification de la fo
441 s livres de poche aux États-Unis d’abord, puis en Europe . Ce succès a été rendu possible par les perfectionnements techniques
442 favorise le progrès technique. Mais l’expérience européenne dément cette conception simpliste. Je demandais un jour à l’un des tr
443 rand miracle ? 25. La conférence de Bâle sur L’ Europe et le Monde, convoquée par le CEC, a traité ces problèmes en 1964. Cf
444 par le CEC, a traité ces problèmes en 1964. Cf. L’ Europe et le Monde, Bulletin du CEC, n° 1-2, 1965. 26. Les armes atomiques,
18 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Pour une politique de la recherche
445 Le Musée et le laboratoire On ne fera pas l’ Europe sans l’aide de sa culture : ce serait vouloir la faire sans ce qui la
446 décisive de ce qu’il faut bien appeler le miracle européen , et qui n’est pas lisible sur les cartes, mais seulement dans l’histo
447 conçoivent et inventent. Car s’il est vrai que l’ Europe a découvert la Terre, puis toute l’histoire de l’Homme et de ses créa
448 u devenir effectivement mondiale. Le symbole de l’ Europe et de sa culture n’est donc pas seulement le Musée : c’est d’abord le
449 ages en termes tout pratiques : l’avenir de notre Europe étant lié à l’avenir de sa culture, c’est aux activités de recherche
450 oit aller d’abord le soutien financier du mécénat européen . Problème général du mécénat au xxe siècle Mais que signifie,
451 ains) de son appui. Qu’avons-nous de ce genre, en Europe  ? Quantité d’instituts nationaux — ministères, conseils de la recherc
452 ndations spécialisées — mais presque rien au plan européen . Le Marché commun de la culture, qui existe en fait depuis des siècle
453 culture, qui existe en fait depuis des siècles en Europe (et qu’un nationalisme littéralement « borné » n’a jamais pu totaleme
454 sa mesure. Problèmes particuliers d’un mécénat européen L’Europe unie, dont le Marché commun et le Conseil de l’Europe ten
455 Problèmes particuliers d’un mécénat européen L’ Europe unie, dont le Marché commun et le Conseil de l’Europe tentent de cons
456 mé la mission de servir à la fois la culture et l’ Europe en sont encore réduites à des budgets de misère. Signe hélas trop cer
457 tain que les pouvoirs publics ; les organisations européennes et les sources privées de financement n’ont pas encore compris la nou
458 ôt en même temps. La dispersion des entreprises «  européennes  » dans le domaine de la culture est encore plus choquante, si possibl
459 ficace de chaque initiative. Idée d’un Conseil européen de la recherche Comment guérir cette maladie infantile de l’europé
460 tient en trois points : 1. Création d’un Conseil européen de la Recherche et de l’aide à la culture. 2. Mise à la disposition d
461 é (firmes et fondations) et par les organisations européennes interétatiques. 3. Désignation, création, ou renforcement de quelques
462 tions avec d’autres régions du monde.) Le Conseil européen de la Recherche devrait grouper essentiellement des représentants qua
463 is… ou que d’autres vous ont devancés. Le Conseil européen de la Recherche se justifierait avant tout par sa volonté de mainteni
464 maintenir un certain équilibre, conforme au génie européen , entre les diverses branches de la recherche : sciences physiques, ma
465 rsistance à cultiver surtout les valeurs du Musée européen . Un second avantage du Conseil serait d’éliminer l’amateurisme qui me
466 e notre monde occidental. Il faut donc établir en Europe une politique de la culture et des recherches, dominée par des vues d
467 r une première idée — à repenser dans le contexte européen . Mais pour qu’une politique de ce genre porte effet, il faut absolume
468 ol des cerveaux qui fera marcher les autres, et l’ Europe gagnera la maîtrise de la paix si elle se décide enfin à soutenir pui
469 oduction à un questionnaire au sujet d’un Conseil européen de la recherche, suggéré par l’auteur, en décembre 1958.
19 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Il n’y a pas de « musique moderne »
470 ne » Introduction aux travaux de la Conférence européenne de compositeurs et musicologues, organisée à Rome, en avril 1954, par
471 -il, un bel encouragement pour ceux des festivals européens qui tentent de donner du « nouveau », c’est-à-dire de rejoindre le si
20 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — L’Europe, l’été…
472 L’ Europe , l’été…29 L’Europe, l’été, devient un parc immense aux bosquets en
473 L’Europe, l’été…29 L’ Europe , l’été, devient un parc immense aux bosquets enchantés de musique. Du
474 rgen à Bordeaux et d’Athènes à Stockholm, toute l’ Europe en été vibre et chante, danse ou déploie les fastes de ses opéras dan
475 ques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européennes que relient une ou deux heures d’avion, au cœur du continent profondé
476 ctrice dans la grande rumeur musicale de nos étés européens  ? Si je n’en ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu’il s’agissait
477 c’est parce qu’il s’agissait des « grands » de l’ Europe , des mieux enracinés dans une tradition régionale mais aussi des prem
478 ce au grand ensemble culturel qu’est en réalité l’ Europe , et l’aient prouvé en s’associant sous le signe de l’union continenta
479 t bardées de frontières sourcilleuses, dans notre Europe jadis ouverte à tous vents de l’esprit et tous échanges humains. Lors
480 mondiales, au xxe siècle, ont montré ce que « l’ Europe des nations » savait faire. Au lendemain de la Seconde Guerre mondial
481 ccorder et faire entendre enfin le vrai « concert européen  » ? En fait, chacun tentait de vivre pour son compte. Quelques-uns c
482 de coopération aux forces culturelles de toute l’ Europe à la recherche de l’union. Notre entente fut immédiate, et les plans
483 ontact à Genève. Un mois plus tard, l’Association européenne des festivals de musique était fondée et se mettait à l’œuvre. ⁂ La
484 ndée et se mettait à l’œuvre. ⁂ La musique est d’ Europe , en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement historiquement,
485 que est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’ Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mais encore essentielle
486 du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui le définit le mieux, quand on le compare à l’homme d’autres cu
487 té d’essence et d’existence entre la musique et l’ Europe , il résulte, d’une part, que s’occuper de l’Europe et spécialement de
488 urope, il résulte, d’une part, que s’occuper de l’ Europe et spécialement de sa culture, suppose que l’on s’occupe de la musiqu
489 plus profonde et spécifique du génie propre de l’ Europe . La musique n’aidera pas à résoudre les problèmes de l’union politiqu
490 ement, un geste de l’esprit, caractéristique de l’ Europe . Voilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence,
491 portance symbolique : l’Association des festivals européens a précédé de plusieurs années l’ouverture du Marché commun. Elle a de
492 a majestueuse pyramide du Mont-Blanc, sommet de l’ Europe . Dans le salon du rez-de-chaussée, une trentaine de personnes sont as
493 cles qui, durant la saison prochaine, animeront l’ Europe pour la joie de centaines de milliers d’auditeurs. Nous sommes ici au
494 l’assemblée annuelle des directeurs de festivals européens . ⁂ Si l’association n’avait rien fait d’autre que d’offrir aux direct
495 d’offrir aux directeurs des plus grands festivals européens l’occasion de se rencontrer, de se connaître, et d’échanger une ou de
496 é artistique tout à fait spécifique de la culture européenne . Ni dans l’Antiquité, ni dans les civilisations sacrées de l’Égypte,
497 le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’ Europe  », publié en 1957, l’association proposait la définition suivante :
498 d’hui, bien commun et œuvre commune de la culture européenne . « L’art est l’état d’esprit d’un jour de fête », disait Flaubert. Et
499 troduction à un volume illustré sur l’Association européenne des festivals de musique, à paraître pour son XXe anniversaire.
21 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Le Dialogue des cultures
500 pays montagneux au carrefour des grands axes de l’ Europe , et dont la culture propre est un dialogue entretenu depuis des siècl
501 — et mon action — au service du mouvement d’union européenne , qui absorbe en effet le plus clair de mes jours, pour ne rien dire d
502 -être « suisse », en tout cas « dialogique » de l’ Europe à construire — Europe ouverte au monde et non pas refermée sur un nat
503 out cas « dialogique » de l’Europe à construire —  Europe ouverte au monde et non pas refermée sur un nationalisme pour nous pé
504 saliste, conforme non seulement aux intérêts de l’ Europe et à sa vocation telle que je la conçois, mais aux bases mêmes de ma
505 usqu’au jour où les nationalismes, sécrétés par l’ Europe , vinrent poser des barrières aux échanges de l’esprit ; et ces nation
506 mettre un terme à l’existence même de la culture européenne . Jusque-là, le Dialogue existait, il allait de soi, mais il se produi
507 er civilisatrice jusque dans les pays du Sud de l’ Europe  : le catharisme ; et enfin la proximité géographique du Languedoc et
508 pour la jeunesse de l’Amérique du Nord puis de l’ Europe , est né de l’interférence non moins invraisemblable, quoique vraie, d
509 claves noirs importés aux États-Unis ; la musique européenne  ; et le piétisme des mineurs du pays de Galles, dont les cantiques de
510 z et de l’art nègre sur la musique et la peinture européennes , d’Apollinaire à Picasso, en passant par l’école musicale dite groupe
511 t de Magellan qui fit le premier tour du monde. L’ Europe a découvert la Terre entière, et personne n’est jamais venu la découv
512 sens, on a le droit de le dire, littéralement, l’ Europe est fille du Liban ! Or la mise en contact historique des diverses pa
513 ue des diverses parties du monde par l’action des Européens se trouve être d’une part irréversible — les peuples de ces continent
514 africaines, asiatiques ou arabes, et même parfois européennes — car nous avons aussi des traditions que la technique menace, bien q
515 a dit ceci, qui m’a frappé : « Vous autres gens d’ Europe , vous nous envoyez des machines-outils. Nous trouvons ces objets curi
516 mais eu devant eux ces révoltes qui ont marqué en Europe , il y a cent ou cent-cinquante ans, lors de l’apparition du machinism
517 atives, que les besoins spécifiques de la culture européenne . J’en nommerai cinq. 1. L’Europe a besoin du dialogue avec les autres
518 e la culture européenne. J’en nommerai cinq. 1. L’ Europe a besoin du dialogue avec les autres cultures pour une raison fondame
519 e directrice et d’harmonie dans l’évolution. 2. L’ Europe d’aujourd’hui cherche à réunir en un seul corps ses quelque vingt pay
520 on entre les principes fondamentaux de la culture européenne et les principes fondamentaux d’autres cultures régionales (africaine
521 ù j’ai vécu pendant six ans, que j’ai découvert l’ Europe comme entité distincte. 3. L’Europe a été le foyer de la civilisation
522 i découvert l’Europe comme entité distincte. 3. L’ Europe a été le foyer de la civilisation technicienne. La technique n’y est
523 monde entier, mais sans son contexte culturel. L’ Europe éprouve donc le besoin d’expliquer aux autres — et de s’expliquer d’a
524 traditionnelles. Dans le Dialogue des cultures, l’ Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration d
525 rxisme est né d’un moment particulier de ce drame européen . Le marxisme n’est pas une invention russe, une valeur nouvelle que l
526 lus riche et plus compréhensive, les valeurs de l’ Europe , qu’on prétend dépassées. Non, le marxisme fut en réalité la création
527 Non, le marxisme fut en réalité la création d’un Européen typique, engagé au départ de son œuvre dans des controverses théologi
528 overses proprement inimaginables hors du contexte européen — je veux parler de l’auteur du Capital. Karl Marx était un juif rhén
529 x publiées à Moscou par les soins du régime. 4. L’ Europe étudie depuis longtemps les autres cultures, mais n’est guère étudiée
530 nt au moins cent-mille fois plus nombreux que les Européens sachant le chinois.) 5. Au moment d’entreprendre et de développer ce
531 développer ce dialogue qui lui est nécessaire, l’ Europe se heurte à deux difficultés majeures : La première est la difficulté
532 remière est la difficulté de présenter la culture européenne (en tant qu’ensemble plus ou moins cohérent) non seulement aux autres
533 ent aux autres régions, mais aussi et d’abord aux Européens . Les « aides techniques » que l’Europe envoie en nombre croissant dan
534 ord aux Européens. Les « aides techniques » que l’ Europe envoie en nombre croissant dans le monde ne sont pas préparées pour r
535 le monde ne sont pas préparées pour représenter l’ Europe dans son ensemble : ils n’ont qu’une formation purement nationale, et
536 ont grand-peine à se faire une idée de la culture européenne dans son ensemble : ils n’étudient qu’une branche isolée, en vue de l
537 emble. Il n’existe pas de « Relations culturelles européennes  », mais seulement des Relations culturelles nationales, si pas nation
538 t où trouver le livre qui expliquerait la culture européenne aux étudiants venus d’autres régions, on ne sait où trouver le livre
539 région où il va travailler. Voilà pour les motifs européens de dialoguer. ⁂ Il faudrait maintenant que chacune des autres régions
540 st plus homogène, mieux harmonisée que celle de l’ Europe , donc moins « dialogique » par sa nature même. Mais son problème maje
541 nd héritage spirituel, appelle le dialogue avec l’ Europe , et le partage des expériences déjà faites ou en cours avec d’autres
542 t de son unité : le dialogue non seulement avec l’ Europe , que les élites noires connaissent bien, mais avec l’Inde, avec le Br
543 une me frappe : les relations culturelles entre l’ Europe et les autres régions ont déjà fait l’objet d’innombrables études, et
544 a Chine nouvelle et toutes les autres régions non européennes , qui posent des problèmes non moins urgents et importants, quoique be
545 t recouvre en fait quatre ensembles distincts : l’ Europe , l’Amérique du Nord, l’Amérique latine et la Russie. Éléments communs
546 les traditions chrétiennes, l’origine culturelle européenne . Mais il est clair que dans leur dialogue avec l’Afrique noire, ou av
547 matérialistes et plus idéalistes-moralistes que l’ Europe et que l’Amérique latine. Cette dernière ne connaît pas de problèmes
548 ucatif, d’inégalité sociale, et contrairement à l’ Europe , elle regorge de richesses potentielles en matières premières et en e
549 elles en matières premières et en espace. Enfin l’ Europe , ancêtre culturel des trois autres, n’a pas encore pu surmonter ses d
550 Orient, que recouvre-t-il ? L’Asie est un concept européen , ne l’oublions pas : ce sont les Grecs qui lui ont donné son nom, en
551 és partout sur un modèle emprunté au xixe siècle européen . Pratiquement, nous pouvons distinguer une douzaine de régions cultur
552 aise) ; Amérique du Nord (États-Unis et Canada) ; Europe  ; Iran-Pakistan-Afghanistan ; Inde ; Sud-Est de l’Asie (bouddhiste) ;
553 entrer en dialogue avec le concept de la culture européenne , car tout dialogue suppose des interlocuteurs bien concrets et vivant
22 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — L’Europe des régions
554 L’ Europe des régions31 Les États-nations en crise Je suis parvenu à l
555 s les nations ne seront jamais prêtes à s’unir ! Europa  : Il fut un temps où la fédération de l’Europe semblait à portée de l
556 ! Europa : Il fut un temps où la fédération de l’ Europe semblait à portée de la main. Les fédéralistes ont dû cependant décha
557 ffective devant conduire à l’union politique de l’ Europe n’a été prise de la fin de la guerre à nos jours. Le projet de consti
558 que six pays sur les vingt-cinq qui constituent l’ Europe à mon sens. Les propositions des fédéralistes ? En réalité, les États
559 l’incapacité où se sont trouvés les gouvernements européens d’intervenir pour créer des conditions de paix au Vietnam. Cette souv
560 a donc essayé, tout naturellement, d’instituer l’ Europe à partir des États, de même qu’on a fait la Suisse, en 1848, à partir
561 que dépassé et qui ne peut plus jouer à l’échelle européenne . Il a pu convenir à la petite échelle helvétique, mais jusqu’à un cer
562 ormule de l’État, qui bloque la construction de l’ Europe , est elle-même en crise. Les exemples ne manquent pas. La Belgique, f
563 nnaît le plus fort mouvement de sens contraire en Europe . La régionalisation s’inscrit dans les programmes de deux de ses part
564 n mondiale, l’État est trop petit. Aucun des pays européens ne peut assumer sa défense à lui seul, ni intervenir à l’échelle de l
565 pensable. La région Si donc on veut unir l’ Europe , il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il fau
566 à influencer de plus en plus la constitution de l’ Europe  ? R. — Ces facteurs sont au nombre de deux. Le premier, déjà mentionn
567 s expériences sont en cours dans nombre de pays d’ Europe . L’accent est porté sur les régions appelées encore périphériques, de
568 Aix-la-Chapelle, et la Regio Basiliensis. De l’ Europe des régions à l’Europe fédérale Presque tout ce qui coopère, se f
569 Regio Basiliensis. De l’Europe des régions à l’ Europe fédérale Presque tout ce qui coopère, se fédère ou s’unit, en Eur
570 sque tout ce qui coopère, se fédère ou s’unit, en Europe , qu’il s’agisse de savants, de festivals de musique, d’Églises, de fi
571 r on ne pourrait concevoir que la région soit à l’ Europe ce qu’a été en fait le fédéralisme à la Suisse : un maintien des cant
572 a pendant longtemps encore trois niveaux d’action européenne  : régions, nations, Europe. Ce sera une longue étape de transition au
573 s niveaux d’action européenne : régions, nations, Europe . Ce sera une longue étape de transition au cours de laquelle les État
574 e la fédéralisation et de la régionalisation de l’ Europe , il sera bien sûr établi des institutions fédérales garantissant cert
575 ble de la culture, de l’économie et de la défense européennes . C’est le processus normal de toute fédération. Auparavant, si une E
576 s normal de toute fédération. Auparavant, si une Europe fondée sur les réalités vivantes des régions se forme, il sera beauco
577 nts d’échanges, les travaux en commun à travers l’ Europe , en négligeant les frontières et sans devoir recourir à l’autorisatio
578 de l’État-nation à la région, et de celle-ci à l’ Europe  ? Si les régions doivent s’institutionnaliser pour légaliser en quelq
579 nt pas pour préparer la géographie de la nouvelle Europe . L’État-nation disparaîtra donc, de lui-même, au terme du processus d
580 rmation des régions, qui seront les éléments de l’ Europe à venir, mais déjà nous touchons au crépuscule des États-nations. —
581 titution déjà fédérale, qu’on donne en modèle à l’ Europe , n’a pas à se transformer, ou qu’alors il courra un risque d’éclateme
582 pas fondée. La position de notre pays face à une Europe renouvelée dans le sens indiqué jusqu’ici serait même rendue plus ais
583 nts d’échanges avec leurs voisins et avec toute l’ Europe . La cohésion de la Suisse est maintenue à l’heure actuelle de l’extér
584 n du mythe national. Le facteur temps — Les Européens sont pressés de faire l’Europe. Leur impatience est légitime. Une cer
585 temps — Les Européens sont pressés de faire l’ Europe . Leur impatience est légitime. Une certaine unité s’est déjà créée av
586 déjà créée avec l’aide des États. Alors : quelle Europe se fera le plus vite, celle des États ou celle des régions ? R. — Nou
587 is qu’en définitive on ne construira même pas une Europe supranationale — difficilement réalisable — mais une Europe non natio
588 ranationale — difficilement réalisable — mais une Europe non nationale, mieux encore : métanationale, celle des régions précis
589 Propos recueillis par Bernard Gygi pour la revue Europa , n° 5, 1968. Les citations sont extraites d’un article de D. de Rouge
23 1970, Le Cheminement des esprits. Champs d’activité — Fécondité des études régionales
590 La région, unité opérationnelle du fédéralisme européen , sera sans doute le thème politique le plus important des prochaines
591 ètes d’un grand nombre d’activités culturelles en Europe . En effet, les maladies et dysfonctions de la culture européenne au x
592 effet, les maladies et dysfonctions de la culture européenne au xxe siècle ont presque toutes pour origine les impératifs du stat
593 autonomies particulières. L’étude des régions en Europe et de leurs formules variées et non superposables — ethniques, social
594 Blanc, Pyrénées basques, Oural). Histoire. — Une Europe merveilleusement nouvelle naîtra de l’étude honnête du passé des régi
595 a France de Robert Lafont.) Toute l’histoire de l’ Europe étant à refaire de fond en comble, après un siècle et demi de falsifi
596 ue des régions dans l’ensemble socioculturel de l’ Europe tel qu’il s’est composé pendant trois millénaires. Instruction civiq
597 cette double donnée de base : — les grands styles européens , puis mondiaux, du roman et du gothique au Bauhaus et à « l’architect
598 s Abeilles d’Aristée puis dans Arte et lettere in Europa . (Je ne leur connais, par malheur, point d’égaux pour la musique, la