1
oit. Laissez-moi donc vous dire tout simplement :
Européennes
, Européens ! Car nous avons beaucoup à faire ensemble, et sans délai.
2
moi donc vous dire tout simplement : Européennes,
Européens
! Car nous avons beaucoup à faire ensemble, et sans délai. (Le généra
3
n’eût jamais pu devenir le premier président de l’
Europe
, du seul fait qu’il n’eût pas accepté de commencer ses discours par a
4
vous n’existez pas ! On me dit qu’il n’existe, en
Europe
, que des Français, des Anglais, des Allemands, des Suisses, des Alban
5
ds, des Suisses, des Albanais, etc., et que les «
Européens
» ne sont qu’une vue de l’esprit. À ce titre, il n’y a pas de Suisses
6
royez devoir à cause de cela refuser l’union de l’
Europe
: mais un jour vous découvrirez — ou vos enfants — que vous n’êtes pl
7
ologique ; – ou bien vous choisissez l’union de l’
Europe
, et vous fondez le seul pouvoir capable de sauvegarder votre être nat
8
’autres termes : si vous n’existez pas en tant qu’
Européens
, vous n’existerez plus, ou pas longtemps, en tant que Français, Tchèq
9
Que représente ce rectangle central ? Réponse : L’
Europe
« écrasée » entre les deux Grands. Aux derniers recensements, les Éta
10
S un peu plus de 230 millions, et les trente pays
européens
additionnés 480 millions (dont 360 à l’Ouest, 120 à l’Est). Ces quant
11
lités de l’ouvrier, du philosophe et de l’artiste
européen
— sens de la tradition et goût de l’innovation en interdépendance étr
12
handicap. Avouez qu’il est au moins curieux que l’
Europe
se sente écrasée entre deux colosses plus petits qu’elle, qui n’attei
13
ue vous entretenez jalousement : la division de l’
Europe
en une trentaine d’États-nations qui tous prétendent à la souverainet
14
’échelle du monde nouveau. C’est que l’union de l’
Europe
n’est pas faite, et il faut donc absolument la faire pour que notre c
15
de Philippe le Bel, adresse à tous les princes d’
Europe
une lettre ouverte les appelant à s’unir contre les Turcs. En réalité
16
alors naissants, qu’il voulait prémunir le peuple
européen
. Les mêmes motifs, l’un déclaré, l’autre réel, sont repris au siècle
17
x cas, on propose une armée commune, un parlement
européen
, un tribunal d’arbitrage supranational, le tout assorti de sanctions
18
et au xviiie siècle, six plans majeurs d’union
européenne
voient le jour : le Nouveau Cynée d’Émeric Crucé, moine parisien, en
19
’il intitule : De la réorganisation de la société
européenne
, ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul
20
ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’
Europe
en un seul corps politique, en conservant à chacun son indépendance n
21
nces, il propose aux peuples d’élire un Parlement
européen
« placé au-dessus de tous les gouvernements nationaux ». Il propose a
22
nes cependant ne devait pas résulter l’union de l’
Europe
, mais les phalanstères de Fourier et les grandes entreprises capitali
23
neuropéen. Cette première action militante pour l’
Europe
n’aboutira qu’au beau texte du mémorandum écrit par Alexis Léger et p
24
politique, économique et culturelle s’organise en
Europe
et pour l’Europe, bien décidée à transformer en réalités fédéralistes
25
ique et culturelle s’organise en Europe et pour l’
Europe
, bien décidée à transformer en réalités fédéralistes immédiates la gu
26
, perdue par tous, et la passion de la résistance
européenne
. Le temps des plans sans suite est révolu. Désormais, tout s’enchaîne
27
llet, des militants de la Résistance de neuf pays
européens
. Ils élaborent une déclaration commune, constatant la solidarité qui
28
nt dans une unique organisation fédérale. La paix
européenne
est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’un
29
En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’
Europe
a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pou
30
a création d’une Union fédérale entre les peuples
européens
. On aura reconnu, dans ce langage, les principaux motifs des Plans e
31
dans ce langage, les principaux motifs des Plans
européens
que j’ai cités. Rien de nouveau, sinon ceci, qui est décisif : nous n
32
pour le printemps suivant des états généraux de l’
Europe
. Churchill vient de faire à Zurich son célèbre discours appelant à l’
33
lonais Joseph Retinger — résulte le Congrès de l’
Europe
, qui se réunit à La Haye au mois de mai 1948. Tout est parti de là, o
34
ai moteur de notre union, la première institution
européenne
acceptée eût été logiquement la CED : or, c’est en fait la seule qui
35
une Cour des droits de l’homme et d’une Assemblée
européenne
. Neuf mois plus tard, le Conseil de l’Europe et la Cour sont créés. P
36
ois contre lui — mais ainsi le veut le pluralisme
européen
, vrai fondement de notre unité — plus d’une centaine d’instituts, ass
37
centaine d’instituts, associations, maisons de l’
Europe
et fondations, qui se proposent tous et toutes de réveiller et d’entr
38
ommune appartenance à l’aventure spirituelle de l’
Europe
. ⁂ Cependant, l’entreprise fédéraliste n’a cessé de se dégrader à par
39
n vingt-cinq ans de l’Europe de la Résistance à l’
Europe
des marchandages, et des aspirations généreuses d’une centaine de mil
40
culturelle, sociale, économique, c’est-à-dire une
Europe
« rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, de
41
-guerre. Les risques de conflits armés entre pays
européens
sont aujourd’hui faibles ou nuls, grâce aux mises en commun économiqu
42
pire colonial, ce serait à peine assez de toute l’
Europe
unie pour contribuer à résoudre, aujourd’hui, les problèmes de la fai
43
ns les colonies d’hier. La stabilisation de l’Est
européen
n’a été garantie que par la satellisation politique et commerciale im
44
publiais au début de l’été 1948, sous le titre L’
Europe
en jeu , portait ces mots : unie ou colonisée (Colonisée par une ar
45
nous donneraient de bonnes chances de faire de l’
Europe
, à nouveau, le moteur de l’histoire du monde. Entre le peu qui est en
46
négatives que positives, nous commandent d’unir l’
Europe
, mais le fait est que rien ou presque rien n’est fait, à l’échelle de
47
rien ou presque rien n’est fait, à l’échelle de l’
Europe
tout entière. Vingt-cinq ans de discours insistant, dès le premier (c
48
fait qui évoque pour l’humoriste « l’Enlèvement d’
Europe
par un escargot »… Je pars de cette constatation, de ce scandale. Il
49
de ce scandale. Il faut tout reprendre à la base.
Européennes
, Européens ! Je n’écris pas un plaidoyer. Je ne vous dis pas ce qu’il
50
e. Il faut tout reprendre à la base. Européennes,
Européens
! Je n’écris pas un plaidoyer. Je ne vous dis pas ce qu’il faut faire
51
ient pas encore remarqué qu’il est vital pour les
Européens
de faire l’Europe, ce n’est pas à eux que j’écris : qu’ils ferment ma
52
qué qu’il est vital pour les Européens de faire l’
Europe
, ce n’est pas à eux que j’écris : qu’ils ferment ma lettre à cette pa
53
tre à cette page. J’écris à ceux qui savent que l’
Europe
doit s’unir, mais qui se posent ces deux questions : peut-on faire l’
54
ui se posent ces deux questions : peut-on faire l’
Europe
? et comment ? Je dis qu’on peut fonder l’union de l’Europe sur l’uni
55
t comment ? Je dis qu’on peut fonder l’union de l’
Europe
sur l’unité de culture qu’elle forme et qui la forme depuis deux ou t
56
at-nation qui a créé les problèmes tragiques de l’
Europe
— et c’est lui qui interdit de les résoudre. Faire l’Europe suppose d
57
t c’est lui qui interdit de les résoudre. Faire l’
Europe
suppose donc défaire l’État-nation au profit des régions d’une part,
58
de certains droits souverains à un futur pouvoir
européen
avait été introduite dans les constitutions de l’Italie et de la Fran
59
I. L’unité de culture L’
Europe
, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit ê
60
doit être une communauté culturelle. L’unité de l’
Europe
ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
61
uniquement ni principalement par des institutions
européennes
; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman, Po
62
e cheminement des esprits. Robert Schuman, Pour l’
Europe
. 1. L’Europe est-elle jamais née ? Quand on me demande à brûle-
63
s esprits. Robert Schuman, Pour l’Europe. 1. L’
Europe
est-elle jamais née ? Quand on me demande à brûle-pourpoint : « Qu
64
me demande à brûle-pourpoint : « Qu’est-ce que l’
Europe
? Pouvez-vous me répondre en une phrase ? », je dis : « L’Europe, c’e
65
-vous me répondre en une phrase ? », je dis : « L’
Europe
, c’est quelque chose qu’il faut unir. » Définition active, conforme à
66
conforme à son objet : car ce qu’on nomme l’idée
européenne
est en fait un programme, une action créatrice. Encore faut-il que ce
67
saire, une même question revient sans cesse : « L’
Europe
est-elle vraiment une unité de civilisation et de culture ? Peut-on f
68
après l’autre qu’il est si difficile de définir l’
Europe
qu’on peut en profiter pour nier son existence. « L’Europe ne se loca
69
’on peut en profiter pour nier son existence. « L’
Europe
ne se localise guère mieux dans le temps que dans l’espace », écrit l
70
s les autres nous redisent à satiété soit que les
Européens
sont trop différents entre eux pour s’unir, soit qu’ils ressemblent t
71
que l’Empire romain fût une première ébauche de l’
Europe
. Mais il excluait Francfort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient qu
72
fort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient que l’
Europe
débute avec le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci excluait
73
lkans, toute l’Europe de l’Est. La naissance de l’
Europe
ne nous est pas mieux connue que ses limites7. » L’Europe ne serait-e
74
e nous est pas mieux connue que ses limites7. » L’
Europe
ne serait-elle donc pas née du tout, parce qu’on ne s’accorde pas sur
75
sur sa définition. Depuis quand parle-t-on de l’
Europe
? S’agirait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes
76
our le congrès de Vienne, s’intitulait pourtant l’
Europe
est née ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’Europe au-dess
77
ée ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’
Europe
au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage
78
ope au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif
européen
est d’un usage bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la b
79
8. Cependant, la prise de conscience d’une entité
européenne
ne peut être attestée qu’à partir de l’an 1300 : les premiers portula
80
cartes maritimes, « constituaient des cartes de l’
Europe
en tant que telle, et (ce qui est encore plus important) ils étaient
81
ivaient les côtes9 ». Mais pour voir les vocables
Europe
et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre le m
82
s côtes9 ». Mais pour voir les vocables Europe et
européen
entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre le milieu du xve
83
ar les Turcs, et tend ainsi à se confondre avec l’
Europe
géographique, cependant qu’à l’inverse les premiers humanistes commen
84
istinguer les deux concepts de christianitas et d’
Europa
. C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand humanis
85
ini, puis grand pape sous le nom de Pie II, que l’
Europe
se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, comme l’héritière chré
86
ortune que devait connaître cette définition de l’
Europe
par « les trois sources », reprise avec éclat par Valéry. Dès ce temp
87
temps-là, les plans se multiplient pour unir une
Europe
dont il faut croire, au moins, qu’elle est là comme besoin d’exister
88
uie d’Asie ? Il est clair que les frontières de l’
Europe
n’ont cessé de varier au cours des siècles, surtout à l’Est, où elles
89
’hui. En vérité, une définition géographique de l’
Europe
, si elle était possible, ne présenterait guère d’intérêt, puisque ce
90
mmes. Aux amateurs de géographie, répondons que l’
Europe
, c’est tout d’abord l’ensemble des Européens, de ceux qui se réclamen
91
s que l’Europe, c’est tout d’abord l’ensemble des
Européens
, de ceux qui se réclament de « l’Europe notre mère », telle que l’inv
92
le des Européens, de ceux qui se réclament de « l’
Europe
notre mère », telle que l’invoquait un poème hongrois écrit peu de te
93
ulaires, invoqué sans fatigue contre l’union de l’
Europe
, n’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’observateur
94
la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’
Europe
entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français,
95
a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral
européen
.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’Europe, et les dangers q
96
péen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’
Europe
, et les dangers qu’on redoute de cette union, sont également imaginai
97
e placer à la bonne distance. Vue d’assez loin, l’
Europe
est évidente. Vus d’Amérique, quelle que soit notre nation, nous somm
98
uelle que soit notre nation, nous sommes tous des
Européens
. Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister, on nous prend même parfoi
99
à l’envie. Vue de trop près, en revanche, plus d’
Europe
! C’est l’histoire du naturaliste qui voulait étudier l’éléphant au m
100
donc « de droite » ? À nous entendre, nous autres
Européens
de différentes nations, confessions ou climats, Français de différent
101
que l’on peut y voir une première définition de l’
Europe
. Rien de plus commun en effet à tous les Européens que leur goût de d
102
l’Europe. Rien de plus commun en effet à tous les
Européens
que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer des vo
103
ier « à circuler » cette définition irritée : « L’
Européen
ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da
104
t-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme
Européen
dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contr
105
ité qui caractérise notre cap : car de l’ensemble
européen
ne font pas seuls partie ceux qui le nient au profit des nations qui
106
sent et vivent la forêt. Finalement, l’unité de l’
Europe
dont il s’agit, celle qui échappe si facilement à nos définitions, ma
107
tonomes et plus ou moins équilibrés. L’unité de l’
Europe
comme culture est une communauté de valeurs antinomiques et d’origine
108
toute la vie matérielle des peuples. L’unité de l’
Europe
comme culture se définit en termes de compréhension, tout comme une «
109
oupement humain que nous avons nommé société. » L’
Europe
ne peut être comprise globalement qu’en tant qu’unité de culture, et
110
és à la nôtre… 3. Les options de base Que l’
Europe
ait été d’abord un fait de culture, voilà qui ne signifie pas un inst
111
u cherchais. Qu’avons-nous donc cherché, nous les
Européens
? L’Orient cherchait l’âme et les pouvoirs d’agir sur l’âme. C’était
112
a. L’Occident, dès le départ de l’aventure nommée
Europe
, a choisi de chercher ailleurs… Il a donc trouvé autre chose, une tou
113
ertains choix fondamentaux, caractéristiques de l’
Europe
. Pour désigner ces choix, je pars des grands conciles, de Nicée en 32
114
ulées les options décisives de notre civilisation
européenne
. J’en nommerai trois, en les reliant à leurs effets, sans doute impré
115
que occidentale et des institutions typiques de l’
Europe
, celles qui sont chargées d’assurer à la fois les libertés individuel
116
t précis, de cet instant daté de l’Incarnation, l’
Europe
va compter ses années sur une ligne continue et sans retour. Le seul
117
— dès lors que la foi ne le soutient plus — que l’
Européen
d’aujourd’hui en vient à transformer l’Histoire en une sorte de divin
118
n’est-elle pas, elle aussi, caractéristique de l’
Europe
? Partant des grandes options religieuses et métaphysiques des conci
119
e point de départ ou d’insertion dans le complexe
européen
de presque tous les résultats typiques de notre culture : sciences ph
120
isation progressive d’une idée platonicienne de l’
Europe
, mais au contraire comme un vaste complexe de tensions, de recherches
121
trois sources » Paul Valéry considérait comme
Européens
tous les peuples qui ont subi au cours de l’histoire ces trois influe
122
r pour la formule même d’une unité spécifiquement
européenne
: Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la
123
n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les
Européens
de toute nation et de toute classe, de toute croyance et de toute inc
124
nul doute le thème affectif le plus généralement
européen
, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut vo
125
es des « pays neufs », c’est un sens emprunté à l’
Europe
, même et surtout s’il justifie un élan de révolte contre elle, prétex
126
en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’
Europe
comme patrie de la diversité, bien plus : de la discorde créatrice, p
127
éatrice, pour reprendre les termes d’Héraclite. L’
Européen
moyen n’existe pas, et par définition il ne peut exister. Car l’Europ
128
pas, et par définition il ne peut exister. Car l’
Européen
type est celui qui parfois déclare, et toujours pense : « Quelle sera
129
nir collectif. Nous voyons au contraire l’homme d’
Europe
chercher la singularité, la différence, qu’il lui arrive de confondre
130
s les arts, tout ce qui a compté dans la vie de l’
Europe
, tout ce qui s’y est fait un nom et un visage distinct. Soulignons ma
131
te et marque l’Occident, et plus spécifiquement l’
Europe
. On peut donc définir l’Europe comme cette partie de la planète où l’
132
s spécifiquement l’Europe. On peut donc définir l’
Europe
comme cette partie de la planète où l’homme, sans relâche, se remet e
133
’Asie et les modernes entreprises totalitaires, l’
Europe
nous apparaît comme une espèce de révolution permanente, révolution m
134
ct, de la personne — à la fois mère et fille de l’
Europe
— forme nos vies, permet qu’elles aient un sens et donne leur intérêt
135
la menace d’aliénation qui pèse aujourd’hui sur l’
Europe
, que dis-je : sur l’espoir humain. Ma thèse est simple. Elle consist
136
a plupart de nos valeurs et idéaux, à nous autres
Européens
, et la plupart de nos activités courantes, sérieuses ou non, dérivent
137
ons le phénomène de la révolution, si typiquement
européen
. Révolution a le même sens que conversion : c’est se retourner complè
138
banalité disqualifie. Tout l’effort de l’artiste
européen
, depuis un siècle, tend à « faire du neuf » d’une manière personnelle
139
avant-hier. Entre le conformiste et le révolté, l’
Europe
connaît d’ailleurs un être intermédiaire : celui qui a le sens de l’h
140
nullement fatal ; qu’il n’est plus même un idéal
européen
, mais bien russe et américain, et tout cela semble bien vrai. Mais il
141
rogrès toujours possible reste vital pour l’homme
européen
; et que nos vies perdraient leur sens, si vraiment nous cessions de
142
De plus, il serait faux de penser que notre idée
européenne
du progrès ait vraiment émigré en Russie ou en Amérique. Ce qu’on app
143
liberté qui compte pour moi — dira tout véritable
Européen
—, c’est celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre m
144
a pluralité des sources de la culture commune des
Européens
et les relations d’exclusion, de complémentarité ou d’inclusion, que
145
ersités, peut être mortellement dangereuse pour l’
Europe
, dans la mesure où elle sert d’alibi à la volonté fanatique d’opposer
146
u’elles sont présentes et agissantes dans toute l’
Europe
sans nul respect pour les frontières étatiques ; – et enfin qu’il n’y
147
qu’il n’y a pas de cultures nationales. 12. L’
Europe
comme source d’énergie Ce qui a fait que l’Europe, « petit cap asi
148
ope comme source d’énergie Ce qui a fait que l’
Europe
, « petit cap asiatique », a découvert la terre entière sans être jama
149
clarée défiant et stimulant les énergies. Et si l’
Europe
a été pendant cinq siècles « la perle de la sphère et le cerveau d’un
150
lement : 4 % des terres émergées de la planète. L’
Europe
est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au
151
e nous prendrons la liberté de lire comme suit :
Europe
= cap de l’Asie multiplié par culture intensive. Or, cette culture d
152
ons vu que les tensions génératrices de l’énergie
européenne
sont nées de la pluralité de nos origines et des antinomies qui devai
153
t unifiées par coups de force. Seule l’union de l’
Europe
au-delà des États permettra de restaurer ces vraies nations. La cause
154
rsonnalités nationales » est liée à la cause de l’
Europe
fédérée dans le respect des diversités, et non pas au maintien d’appa
155
e culture qui a fait la force et la grandeur de l’
Europe
. Au siècle qui les a vus naître et s’imposer, le xixe , tout ce qui c
156
— il l’a prédit — ce n’est pas sa nation, mais l’
Europe
— « l’Europe aux anciens parapets ». Ceux qui, au contraire, disent t
157
dit — ce n’est pas sa nation, mais l’Europe — « l’
Europe
aux anciens parapets ». Ceux qui, au contraire, disent tout devoir à
158
s-nations modernes n’ont fait que le malheur de l’
Europe
: ils ont produit la ruée colonialiste à partir des années 1880, tren
159
es nationales » Ce qui s’oppose à l’union de l’
Europe
et à la formation d’une conscience commune — condition préalable de t
160
nce commune — condition préalable de tout civisme
européen
— c’est le nationalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été pr
161
ie, mais histoire de l’art aussi — présentaient l’
Europe
comme un puzzle de nations et sa culture comme l’addition d’une vingt
162
avec le chant grégorien — premier langage musical
européen
— au vie siècle en Italie, s’enrichit au couvent de Saint-Gall avec
163
xixe siècle, le centre de gravité de la musique
européenne
se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Ba
164
te de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
Européens
; et il n’en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière
165
d’influences mutuelles qui s’appellera toujours l’
Europe
dans l’histoire de l’esprit humain. Ô maîtres tout-puissants du degré
166
ationaliste des perspectives, c’est aussi faire l’
Europe
dans les jeunes esprits, et c’est montrer son unité fondamentale, bas
167
trouve d’adéquation à son objet que dans le cadre
européen
. Car la littérature européenne ne résulte pas de l’addition de « litt
168
et que dans le cadre européen. Car la littérature
européenne
ne résulte pas de l’addition de « littératures nationales » qu’il s’a
169
souvent tardive) du fond commun de la littérature
européenne
. Les agents formateurs et spécifiants de l’« unité intelligible » qu’
170
de l’« unité intelligible » qu’est la littérature
européenne
sont faciles à énumérer. Rappelons d’abord un grand fait de base qu’o
171
’on ne voit plus parce qu’il est trop évident : l’
Europe
seule a conçu et possède, dès l’aube grecque, une littérature, au sen
172
e, et ceci les distingue absolument de nos écrits
européens
. Les Orientaux disent : comment interpréter la vérité de ce texte ? N
173
ncept même de littérature est donc spécifiquement
européen
. Quant aux éléments communs, relevons : a) Les civilisations que nous
174
présent et agit dans nos écrits : La littérature
européenne
est coextensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embra
175
ne est coextensive dans le temps, avec la culture
européenne
. Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goet
176
le concert, etc., sont des créations typiques des
Européens
.) Cette similitude des procédés, genres et structures de l’œuvre, que
177
l’unité fondamentale des activités littéraires en
Europe
. c) Les thèmes. — Ceux hérités de l’Antiquité, tels que le défi au de
178
stes proportions. a) Nos langues littéraires, en
Europe
, sont étroitement apparentées (à la seule exception du groupe finno-o
179
grammes dessinés sur la paume de la main. D’où en
Europe
la possibilité du passage d’une langue à une autre par des écrivains
180
son une preuve de plus de l’existence d’une unité
européenne
de culture. b) La différenciation de nos littératures par leur langu
181
toute sa fécondité la communauté littéraire de l’
Europe
: T. S. Eliot l’a démontré dans ses Notes towards the Definition of C
182
plus grande diversité de sources et d’influences
européennes
: la germanique, la danoise, la normande, la française, la celtique :
183
ut de la française) qui prétendent redouter que l’
Europe
unie de demain soit un affreux méli-mélo où l’on ne parle plus que l’
184
e répondre simplement ceci : que les fédéralistes
européens
s’engagent à ne jamais faire aux nations quelles qu’elles soient ce q
185
n’y aura pas d’édit de Villers-Cotterêts dans une
Europe
fédérée. 17. Pour un Petit Livre rouge européen Le problème du
186
Europe fédérée. 17. Pour un Petit Livre rouge
européen
Le problème du nationalisme comme résultat de l’éducation scolaire
187
amène à poser le problème d’une éducation pour l’
Europe
. Comment former des citoyens et un civisme européens tant qu’il n’y a
188
Europe. Comment former des citoyens et un civisme
européens
tant qu’il n’y a pas de cité européenne ? Cercle vicieux pour ceux-là
189
un civisme européens tant qu’il n’y a pas de cité
européenne
? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne demandent qu’à croire qu’i
190
jeunes le désir d’habiter demain une grande cité
européenne
: s’ils la veulent, ils la bâtiront. L’union de l’Europe ne se fera p
191
: s’ils la veulent, ils la bâtiront. L’union de l’
Europe
ne se fera pas toute seule par un processus mécanique, ou parce qu’el
192
r mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’
Europe
sans faire des Européens. Mais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducati
193
st dire qu’on ne fera pas l’Europe sans faire des
Européens
. Mais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducation ? Or, il faut bien avo
194
nt les caractères et les esprits, ne font pas des
Européens
. Quand elles font quelque chose au niveau du civisme, elles ne font e
195
lon national, et souvent négative par rapport à l’
Europe
. Dans presque tous nos pays, l’enseignement civique se borne à décrir
196
’ennui civique national une heure d’ennui civique
européen
, qui aurait le défaut supplémentaire de parler d’une communauté encor
197
ontinentale…) Les problèmes vivants et réels de l’
Europe
, telle qu’elle est aujourd’hui désunie et telle qu’elle pourrait être
198
nul besoin d’insister sur la nécessité de faire l’
Europe
— à l’étude des réalités déterminantes de la vie de nos États et de l
199
vie de nos États et de l’existence sociale dans l’
Europe
de la seconde moitié du xxe siècle. Quand on a vu de quoi cette vie
200
s pathétiques, sans propagande, qu’il faut unir l’
Europe
, pour la sauver d’abord, et pour servir le monde ensuite. La connaiss
201
et facteurs de différenciation qui ont fait de l’
Europe
dans l’histoire une unité caractérisée par sa diversité ; – problème
202
qu’ils relèvent de la région, de la nation, de l’
Europe
unie ou de communautés électives (non natives), universelle par défin
203
elle par définition ou ambition ; – fonction de l’
Europe
dans le monde décolonisé, et conditions nécessaires à son exercice ;
204
exercice ; – idéaux directeurs de la civilisation
européenne
, antérieurs, postérieurs ou supérieurs à nos divisions nationales et
205
lités, aux problèmes et aux buts de la communauté
européenne
, et cela à la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de se présente
206
ur lui-même ait été sensibilisé aux réalités de l’
Europe
encore désunie et aux possibilités de son union. Dire que tout dépend
207
es éducateurs et de leur formation. L’avenir de l’
Europe
unie se joue dans les écoles normales. Aussi longtemps qu’un changeme
208
tiques et des économistes. Car avant de « faire l’
Europe
», il faut « faire de l’Europe ». Et cela se passe d’abord dans les e
209
avant de « faire l’Europe », il faut « faire de l’
Europe
». Et cela se passe d’abord dans les esprits : sans une « révolution
210
ne prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’
Europe
attend son « Petit Livre rouge » à distribuer aux dizaines de million
211
ion ! Il ne dirait jamais : « Right or wrong, our
Europe
! », mais ferait voir que l’Europe risque d’être détruite par ce qui
212
or wrong, our Europe ! », mais ferait voir que l’
Europe
risque d’être détruite par ce qui tue l’esprit critique, déprime le g
213
x qu’elle seule leur enseigna. 18. L’éducation
européenne
Faire de l’Europe avant de faire l’Europe : c’est aussi dire qu’il
214
igna. 18. L’éducation européenne Faire de l’
Europe
avant de faire l’Europe : c’est aussi dire qu’il s’agit moins d’ensei
215
européenne Faire de l’Europe avant de faire l’
Europe
: c’est aussi dire qu’il s’agit moins d’enseigner l’union de l’Europe
216
dire qu’il s’agit moins d’enseigner l’union de l’
Europe
que d’éduquer dans nos enfants l’Européen, par le style même de l’édu
217
nion de l’Europe que d’éduquer dans nos enfants l’
Européen
, par le style même de l’éducation. L’éducation, dans tous les temps e
218
r ou impiété : elle frappe de nullité le rite. En
Europe
, au contraire, il est courant que le maître inscrive au bas d’une réd
219
inées au cours du second tiers du xxe siècle : l’
Europe
, l’URSS et les USA. Elles se définissent aisément selon le dosage d’a
220
nt sans pitié par le livre et le film. On a vu en
Europe
le film Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dra
221
nous est plus facile de définir ce qu’est la voie
européenne
. Posons-nous cette question très simple : Pourquoi sommes-nous choqué
222
L’idéal directeur d’une éducation spécifiquement
européenne
apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des h
223
reste le but de toute éducation, non seulement en
Europe
, mais pour l’Europe. J’ai marqué trois tendances pratiquement dominan
224
e éducation, non seulement en Europe, mais pour l’
Europe
. J’ai marqué trois tendances pratiquement dominantes dans ces trois r
225
e nouvelle faim de liberté. J’accorde enfin qu’en
Europe
même, et quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans l
226
ut a été réglé d’avance par le régime. La colombe
européenne
, elle, sait qu’elle a besoin pour voler d’une certaine résistance de
227
rée qu’à « voler de ses propres ailes ». 20. L’
Europe
a-t-elle tout inventé ? Le dynamisme de notre culture, résultant d
228
esque tout inventé. L’espace d’abord. Ce sont les
Européens
qui ont découvert la terre entière, alors qu’aucun autre peuple ne so
229
es de plusieurs autres cultures, mais ce sont les
Européens
qui lui ont donné son contenu concret et qui ont seuls démontré sa co
230
est notre création. Le temps ensuite. Ce sont les
Européens
qui ont inventé l’histoire et l’historiographie, avec tout ce que cel
231
s des masses. À partir de l’histoire, ce sont les
Européens
qui ont inventé l’archéologie, comme ils ont inventé l’ethnographie à
232
la psychologie analytique, autres inventions de l’
Europe
. Dans le champ des inventions de tous les ordres qui ont modifié l’as
233
aspect du monde depuis cinquante ans, la part des
Européens
est largement prépondérante. Et je dis bien : des Européens, non de t
234
est largement prépondérante. Et je dis bien : des
Européens
, non de tel de leurs pays. Car chacune de leurs découvertes est née d
235
hacune est prise dans le contexte d’une réflexion
européenne
(contexte qui tend d’ailleurs de plus en plus à s’étendre aux États-U
236
presque tous leurs grands noms sont des noms de l’
Europe
, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos ma
237
rne en tant que tel peut être appelé une création
européenne
. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos
238
es. Les Hindous, les Chinois, les Noirs copient l’
Europe
pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques
239
nsi ramenés du fond des temps et de l’espace, les
Européens
ont inventé le musée. Et, à partir de ces condensations prodigieuses
240
ales et de nos institutions ! C’est un fait que l’
Europe
a répandu sur toute la terre, au hasard de la colonisation, de contac
241
leurs procédés et un peu de leur logique… Mais l’
Europe
n’a pas exporté sa dialectique autorégulatrice, faite d’équilibres sa
242
ivre, mais dédaigne l’amour du prochain. 21. L’
Europe
et le monde : position du problème Voici donc ce que l’Europe a cr
243
nde : position du problème Voici donc ce que l’
Europe
a créé, voilà ce qu’elle offre au monde entier, et elle ne peut faire
244
de savoir si cette unité fomentée par la culture
européenne
ne va pas se réaliser aux dépens de l’Europe et à ceux du tiers-monde
245
européenne ne va pas se réaliser aux dépens de l’
Europe
et à ceux du tiers-monde. Tel est le drame. Il intéresse l’avenir de
246
ps. L’aire de diffusion de la civilisation née en
Europe
n’est pas loin de recouvrir l’ensemble des terres habitées, mais la d
247
nos mélodies L’énoncé des plus hautes valeurs
européennes
tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. Les Messes et les
248
te tentative verbale pour exprimer ce que l’homme
européen
a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe
249
us pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’
Europe
suprême, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesu
250
ser mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’
Europe
réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommet
251
s musicales se raccordent au psychisme de l’homme
européen
qui a conçu les machines et la personne. Un intellectuel indonésien m
252
lectuel indonésien me dit un jour : « Vous autres
Européens
, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous a
253
que réinventer les lieux communs de nos chansons
européennes
, qu’ils n’avaient jamais entendues 20. Ainsi, chaque machine exportée
254
mmes au point de l’évolution de l’humanité où les
Européens
, ayant créé « le monde », se voient menacés d’être dépossédés par ce
255
a vu se multiplier les prophètes de la décadence
européenne
: et ils sont tous, ou presque tous, Européens. Loin de s’émerveiller
256
e européenne : et ils sont tous, ou presque tous,
Européens
. Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le m
257
péens. Loin de s’émerveiller du fait que le génie
européen
rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclip
258
n de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’
Europe
, en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres ci
259
condense une assez longue tradition de pessimisme
européen
. Dès 1791, Volney, méditant sur la mort des civilisations, citait à p
260
tal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation
européenne
marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliqua
261
sions, notre angoisse quant à l’état présent de l’
Europe
dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècl
262
les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’
Europe
: de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob
263
nes de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette
Europe
occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une apr
264
piter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’
Europe
, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouve
265
particulièrement sur l’exemple le mieux connu des
Européens
, celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparit
266
tale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’
Europe
? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
267
le est-il valable pour l’Europe ? La civilisation
européenne
est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être
268
homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’
Europe
nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À
269
ompatibles qu’elle en a héritées, la civilisation
européenne
s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation.
270
ts à la relève ? Aux prophètes de la décadence
européenne
, j’opposerai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir po
271
ns majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’
Europe
. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit e
272
pour l’Europe. Première raison : La civilisation
européenne
est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’aut
273
mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les
Européens
du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquem
274
te l’histoire ? Nous avons vu que la civilisation
européenne
, née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait p
275
s les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’
Europe
envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que
276
mment imaginer que la civilisation diffusée par l’
Europe
à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner l
277
son désastre ? Deuxième raison : La civilisation
européenne
a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmis
278
ont été préservées par le musée et le laboratoire
européens
, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de
279
es ethnographes, archéologues et philosophes de l’
Europe
, qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos
280
t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’
Europe
, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l
281
ropéaniser par la culture plus profondément que l’
Europe
ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’
282
ment une partie du Kapital. Le marxisme est né en
Europe
et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie
283
du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’
Europe
, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la philosoph
284
elles, morales et matérielles plus spécifiquement
européen
. Quant à l’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industr
285
l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’
Europe
et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observons si
286
politique, sociale et économique, élaborées par l’
Europe
moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée, cour
287
rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’
Europe
… Où est donc dans tout cela « l’éclipse » de l’Europe comme culture ?
288
pe… Où est donc dans tout cela « l’éclipse » de l’
Europe
comme culture ? Dans l’esprit de ses intellectuels, et pas ailleurs.
289
l péril sérieux : le péril blanc. La civilisation
européenne
, devenue mondiale, n’est menacée en fait que par les maladies qu’elle
290
c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en
Europe
, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieu
291
n prémunis. Cette passion qui enfièvre et ruine l’
Europe
depuis plus d’un siècle et demi, et que nous refusons de prendre au t
292
poursuit pas moins ses ravages dans l’esprit des
Européens
comme dans l’esprit des peuples neufs, empêchant au-dedans cette unio
293
nos ennemis. Quant au second virus sécrété par l’
Europe
, et que je nommerai le matérialisme plat, il prend chez nous les form
294
ucrates et la police des États. Ces maladies de l’
Europe
sont plus dangereuses pour le reste du genre humain que pour l’Europe
295
gereuses pour le reste du genre humain que pour l’
Europe
elle-même, où elles sont nées. Car l’Europe, à travers des crises atr
296
our l’Europe elle-même, où elles sont nées. Car l’
Europe
, à travers des crises atroces, s’est vaccinée. L’Europe a sécrété Hit
297
, à travers des crises atroces, s’est vaccinée. L’
Europe
a sécrété Hitler, mais en douze ans elle l’a éliminé, et elle s’en tr
298
qui date de 1871, décrit la condition des masses
européennes
au xxe siècle : Le sort des ouvriers sera le plus étrange… l’État m
299
ement se produire. Or ce n’est pas chez nous, en
Europe
, mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce qu’écrit le
300
térialiste du nationalisme, n’a jamais atteint en
Europe
de tels excès. Elle est née chez nous, il est vrai, et c’était bien c
301
et l’on peut estimer que, jusqu’ici, l’organisme
européen
a réagi avec succès. Notre tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer
302
isme européen a réagi avec succès. Notre tâche en
Europe
, aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettront au genre hum
303
e Verlag, Berne, 1948. 15. Cf. Arti e Lettere in
Europa
, Milan, 1966. 16. Notes towards the Definition of Culture, Appendic
304
Enquête sur l’enseignement civique dans les pays
européens
, Genève, n° 5, mai 1963. 18. Retreat from Learning, par Joan Dunne
305
es données multiples constituant spécifiquement l’
Europe
, et de l’instauration d’une force suffisante pour garantir leur concu
306
e : la France, bientôt imitée par presque toute l’
Europe
— et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralis
307
namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation
européen
nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
308
e à nommer sa souveraineté (car nul pays de notre
Europe
n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
309
Mais en même temps, multiplication des jumelages
européens
entre communes de ces mêmes régions, création d’organismes de coopéra
310
’adhésion du pays à des mouvements de convergence
européenne
et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
311
cules sur le sens du « fédéralisme » « Faire l’
Europe
», oui bien sûr, mais on ne peut pas la faire dans le style d’un Napo
312
ut — pure utopie. On ne peut pas non plus faire l’
Europe
dans le style du congrès de Vienne, concert d’hégémonies frustrées qu
313
impossible indépendance. On ne peut pas unifier l’
Europe
, et c’est tant mieux, mais on ne peut pas l’unir non plus par la conc
314
rtation des États « souverains ». Il faut faire l’
Europe
sérieusement, mais dans le respect des différences nationales, région
315
fois-ci à l’intégration totale dans un super-État
européen
. Cette deuxième « idée » du fédéralisme, inverse de la première mais
316
semble-t-il, à clarifier un terme que le problème
européen
et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
317
ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès
européen
qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
318
ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand
européen
, écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
319
es ! ». Pareils malentendus, s’ils sont le fait d’
Européens
professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
320
re congénital. Or, s’il est vrai que l’union de l’
Europe
est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que
321
toujours menacé qui dénote la santé de la pensée
européenne
, sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
322
sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire
européenne
, il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne, où
323
e mon « discours solennel » ouvrant la Conférence
européenne
des recteurs, à Göttingen, en 1964. L’université fut une commune libr
324
que sont en train de se former sous nos yeux, en
Europe
, plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir les u
325
ossible L’obstacle à toute union possible de l’
Europe
, donc à toute union fédérale, n’est autre que l’État-nation, tel que
326
guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’
Europe
, grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe
327
que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’
Europe
! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas av
328
ection de notre union politique. Qu’on l’appelle
Europe
des patries, des nations, des États ou des souverainetés, l’union de
329
ons, des États ou des souverainetés, l’union de l’
Europe
ne se fera pas sur la grande confusion, si chère aux hommes d’État, d
330
à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État
européen
qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’exté
331
, Trianon, Sèvres, Neuilly —, qui ont balkanisé l’
Europe
et fourni les motifs de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, cett
332
u nom du « réalisme », toute possibilité d’unir l’
Europe
. Dissocier ce conglomérat de clichés indurés et de préjugés pédants,
333
’est l’une des premières tâches du fédéralisme en
Europe
: qu’on se le dise dans les écoles normales. Mais le stato-nationalis
334
miter ? — Peut-on les conserver tout en faisant l’
Europe
? Certains stato-nationalistes de droite, ou de l’Est, disent qu’ils
335
ite, ou de l’Est, disent qu’ils veulent bien de l’
Europe
unie, si elle respecte les souverainetés nationales. Ce qui revient à
336
u niveau de la fédération. Tout cela vaut pour l’
Europe
d’aujourd’hui, tout cela nous indique une voie : concentrer nos effor
337
la ratification d’une Constitution fédérale de l’
Europe
, afin que l’Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraine
338
une Constitution fédérale de l’Europe, afin que l’
Europe
recouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe de t
339
eront nulles et vides tant que la « bonne volonté
européenne
» mélangera les déclarations louant l’union et les professions de foi
340
fessions de foi nationalistes. Entre l’union de l’
Europe
et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
341
sens même de la vie… D’une façon plus précise, en
Europe
, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance colle
342
sent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité
européenne
de demain la puissance, c’est-à-dire la puissance industrielle et mil
343
ette tour de Babel du xxe siècle ! Une politique
européenne
de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’éche
344
ntale, serait capable sans nul doute de créer une
Europe
très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un s
345
r une Europe très forte, mais qui serait très peu
européenne
. Sans compter qu’un super-État-nation ne pourrait être imposé à tous
346
ontraire, si nous donnons pour finalité à la Cité
européenne
la liberté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’épanouisseme
347
’hui radicalement incompatible avec les fins de l’
Europe
et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus pr
348
tio démagogique. Mais je vois aussi que seuls des
Européens
, rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et
349
nomes valent mieux que la puissance collective. L’
Europe
unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut-être
350
s après coup dans l’ensemble vivant de la culture
européenne
. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ce
351
! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’
Europe
en proclamant périodiquement votre attachement aux causes mêmes de sa
352
uivrait si vous osiez marcher… Mais quant à vous,
Européennes
, Européens, cessez de vous figurer que vos hommes d’État ont vraiment
353
us osiez marcher… Mais quant à vous, Européennes,
Européens
, cessez de vous figurer que vos hommes d’État ont vraiment l’intentio
354
hommes d’État ont vraiment l’intention de faire l’
Europe
! Cessez surtout de croire que ça deviendra sérieux le jour où les mi
355
ont de faire élire par leurs peuples un parlement
européen
doté de pouvoirs délibérants, comme le demandait dans son discours du
356
’il en sortira un gouvernement et que cela fera l’
Europe
, c’est une blague, une pure blague25… » Pas gentil pour le maître, ma
357
s sur les ministres et hommes d’État pour faire l’
Europe
qu’ils traitent de blague, et qui l’est en effet dans leurs calculs.
358
hante et qu’ils refoulent, en le bagatellisant. L’
Europe
unie à bref délai, de leur vivant, ce serait, pour la plupart d’entre
359
l’abnégation n’est pas une valeur politicienne. L’
Europe
ne se fera pas non plus spontanément, par la « force des choses », qu
360
té avant la fin des temps et le Jugement dernier.
Européennes
, Européens, c’est vous qui ferez l’Europe, et personne d’autre, à la
361
in des temps et le Jugement dernier. Européennes,
Européens
, c’est vous qui ferez l’Europe, et personne d’autre, à la seule condi
362
r. Européennes, Européens, c’est vous qui ferez l’
Europe
, et personne d’autre, à la seule condition que vous le vouliez vraime
363
tés libres. À nous Thésée libérateur ! héros de l’
Europe
des régions ! 39. Le siècle des nations ? Zurich, le 16 septemb
364
ce soit, il faut commencer maintenant… Debout, l’
Europe
! » Il y a vingt-quatre ans de cela. L’Europe n’est toujours pas debo
365
, l’Europe ! » Il y a vingt-quatre ans de cela. L’
Europe
n’est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment p
366
ppel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une
Europe
qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes
367
des jeunes gens à la radio, répondait : « Faire l’
Europe
est la seule chose véritablement importante de notre temps27. » Mais
368
mportante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’
Europe
qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parce que les na
369
ortes à quelques égards, l’impossibilité d’unir l’
Europe
le démontre avec une évidence presque écrasante. Que les nations soie
370
affectent l’être même de plusieurs États-nations
européens
. La Belgique est menacée d’éclatement. La Grande-Bretagne envisage sa
371
n du fédéralisme fonctionnel, formule de l’avenir
européen
. Tous ces symptômes révèlent une inadaptation morbide de l’État-natio
372
d’une forme d’association qui a dominé et animé l’
Europe
du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècl
373
du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’
Europe
du xxe siècle, si elle n’est pas surmontée à temps. 41. Origines
374
exandre, puis de Rome et de Byzance, et enfin, en
Europe
, empire de Charlemagne, puis Saint-Empire romain de nation germanique
375
dèle de l’État-nation, bientôt imité dans toute l’
Europe
monarchique autant que républicaine, et au xxe siècle dans le reste
376
leur en a pris. Mais les vingt-cinq États-nations
européens
, depuis le congrès de La Haye, 1948, n’ont pas fait un seul pas effec
377
es nations étatistes. Le problème de l’union de l’
Europe
à partir des États-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’
378
e en place progressive de structures fédérales en
Europe
, Louis Armand formulait récemment une règle d’or qui trouve ici son a
379
iner et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’
Europe
, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il fau
380
nt les régions — plus d’une centaine dans toute l’
Europe
traditionnelle et actuelle, à l’ouest de l’Empire soviétique32. 47
381
j’étais censé représenter dans le colloque l’idée
européenne
. Invité à parler au début, j’improvisai sur le thème que voici : Il
382
je les vois complémentaires, concomitants. Dans l’
Europe
de demain, libérée de la tyrannie des frontières politiques et admini
383
rie. Et c’est sur ces régions que nous bâtirons l’
Europe
, non sur les cadres en bonne partie vidés des vieilles nations. Ce pa
384
nation aux régions sera le phénomène majeur de l’
Europe
de la fin du xxe siècle. La politique d’union européenne, désormais,
385
pe de la fin du xxe siècle. La politique d’union
européenne
, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre
386
es par centaines sur la régionalisation des États
européens
. Le concept de région a pris une place considérable, non seulement da
387
tités régionales multinationales à l’échelle de l’
Europe
— propositions proprement impensables pour un esprit français, il y a
388
tionale ne peut être menée que dans le cadre de l’
Europe
unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe uni
389
uelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette
Europe
unie, la représentation du peuple français sera assurée par l’État fé
390
ue les bureaux de la capitale, la fédération de l’
Europe
se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution pr
391
ution prenne plus de temps que les pionniers de l’
Europe
unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des prem
392
ins, cette fédération de régions « immédiates à l’
Europe
» — comme les communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Emp
393
réunissant tous les préfets de la République : L’
Europe
peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans
394
un beau matin… vers 1985. La région dans le cadre
européen
est une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le départ
395
er que la révolution régionaliste, condition de l’
Europe
unie, est autre chose qu’une mode ou un slogan. Le processus sera lon
396
elliqueuse, créant ainsi la première civilisation
européenne
, de même la région va s’opposer aux faux comme aux vrais empires cent
397
e la formation des régions, éléments de base de l’
Europe
fédérale, nous entrons dans le crépuscule de l’ère des États-nations.
398
es ont commencé, elles finiront. La confédération
européenne
, probablement, les remplacera38. Mais tout le monde n’a pas lu Renan
399
l et religion universelle, cité régionale et cité
européenne
, associations professionnelles et culturelles tantôt locales, tantôt
400
e passer à l’élaboration du plan d’une fédération
européenne
composée d’unités régionales. Cette étape me paraît décisive parce q
401
e. Toute analyse honnête du sous-développement en
Europe
dégage les deux notions bien connues que voici : a) l’isolement, le
402
41) je préconisais une organisation fédérale de l’
Europe
basée sur les régions et non sur les États-nationsb, j’ai été amené à
403
ation des bornes-frontières. La perspective d’une
Europe
à venir composée de régions fédérées (au lieu d’États-nations aboyant
404
nt faites par les partisans « malgré tout » d’une
Europe
composée d’États-nations. Distinguons quatre groupes parmi les « diff
405
s’il n’était déjà pas assez difficile de faire l’
Europe
avec les Six, et d’ajouter les Sept aux Six ! Vous risquez de tout sa
406
N’est-il pas justement trop difficile de faire l’
Europe
politique sur la base des États-nations ? Pour quelle raison ne l’a-t
407
qui ne viendront jamais) des centaines de réseaux
européens
, un tissu toujours plus serré de relations entre activités de tous or
408
formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une
Europe
« faite » dans les réalités. Ce jour-là, une dernière « explication »
409
c) Le seul projet de fédération qui ait réussi en
Europe
, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, d
410
re nos nations. » « Voulez-vous donc balkaniser l’
Europe
? » Ces réflexes passionnels, boutades ou étourderies, ne sont guère
411
ectuelle qui caractérise la plupart des projets d’
Europe
fédérale, dès qu’on aborde le problème de leur structure politique. C
412
tte seconde moitié du xxe siècle à concevoir une
Europe
des régions, proviennent du « modèle » que l’école (aux trois degrés)
413
ou moins brève échéance, des grands États-nations
européens
. C’est un peu ce que l’on voit se dessiner — encore un terme visuel !
414
suis aussi un écrivain français : la francophonie
européenne
, c’est-à-dire les trois quarts environ de la France actuelle45, la Wa
415
ons restreintes, enfin fédération de fédérations (
Europe
). Il faut aller plus loin.Washington 1° Les pouvoirs politiques peuve
416
vient de bannir du vocabulaire politique dans une
Europe
fédérée, au seuil de l’ère du monde uni.) Le collège groupant les che
417
s serait le Conseil fédéral, ou gouvernement de l’
Europe
. Les régions relèveront, selon leur définition — économique, écologiq
418
nterétatiques) du xixe siècle. Les réalités de l’
Europe
des cent régions et les nécessités de l’administration polyarchique d
419
la Peau de taureau ibérique. 56. Passage de l’
Europe
des mythes nationaux à l’Europe des réalités Dès le milieu du sièc
420
56. Passage de l’Europe des mythes nationaux à l’
Europe
des réalités Dès le milieu du siècle dernier, un homme avait prévu
421
Mais comment créer des régions ? Avant de faire l’
Europe
, il faut faire de l’Europe, je l’ai dit à propos de l’éducation. Les
422
ons ? Avant de faire l’Europe, il faut faire de l’
Europe
, je l’ai dit à propos de l’éducation. Les régions ne seront créées q
423
égionale et sa capitale nationale, quand le tissu
européen
créé par les relations de fait entre les métropoles régionales sera d
424
opoles du présent, vers l’avenir. Du même coup, l’
Europe
fédérale se trouvera posée sur la base des régions, et non plus des É
425
ique visant à structurer conjointement la société
européenne
et la région, l’une pour l’autre et l’une par l’autre : 1. Réaliser p
426
ationales, mais une concertation à l’échelle de l’
Europe
des producteurs et des besoins régionaux. 2. Tisser des relations int
427
moments simultanés d’un processus de création ? L’
Europe
des réalités, qui peut en résulter, sera sans nul doute beaucoup moin
428
imple à dessiner — et surtout à mobiliser — que l’
Europe
des mythes nationaux, mais tellement plus intéressante à vivre ! 2
429
d il s’agit de nations comme celles de la vieille
Europe
(…), qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile,
430
petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’
Europe
, est regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fait arbi
431
ratique et libertaire qui a fait la grandeur de l’
Europe
: Vitoria, Comenius, Althusius, Locke, Montesquieu, le vrai Rousseau
432
s 1964 que la Suisse devienne le District fédéral
européen
(équivalent de Washington, D.C.), et que la plupart des agences fédér
433
n, D.C.), et que la plupart des agences fédérales
européennes
siègent à Zurich, Bâle et Lausanne, Genève restant ville internationa
434
68-1871.) b. Il s’agit de « Orientation vers une
Europe
fédérale », paru dans Futuribles de mai 1963.
435
Lettre ouverte, suite et fin
Européennes
, Européens ! Pendant que je composais le dossier de votre unité, les
436
Lettre ouverte, suite et fin Européennes,
Européens
! Pendant que je composais le dossier de votre unité, les meilleurs
437
vos cœurs. Ils vous demandaient si vous vouliez l’
Europe
unie. Les deux tiers d’entre vous répondaient oui, mais chez les jeun
438
les abandons de souveraineté qu’implique l’union
européenne
? Je réponds que les peuples ne retrouveront l’usage de leur souverai
439
ndait si vous accepteriez un président de l’union
européenne
qui ne fût pas de votre nation, et 59 % d’entre vous ont dit oui. Tou
440
scrupules qu’on ne peut pas réussir l’union de l’
Europe
à partir des États-nations, car ce serait l’union des ennemis de l’Eu
441
s-nations, car ce serait l’union des ennemis de l’
Europe
, voire des ennemis de toute union en général. Nul ne fera l’Europe de
442
ennemis de toute union en général. Nul ne fera l’
Europe
des États, vrai nom, selon de Gaulle, de l’Europe des patries préconi
443
Europe des États, vrai nom, selon de Gaulle, de l’
Europe
des patries préconisée par des obnubilés de l’Hexagone. Car l’union d
444
par des obnubilés de l’Hexagone. Car l’union de l’
Europe
implique un certain sens de la coopération honnête. Or on lit tous le
445
’ait sollicité son entrée, que « la conquête de l’
Europe
sera, n’en doutons pas, son grand dessein ». Conquête économique s’en
446
Car s’ils estiment que la « conquête » du marché
européen
par la Grande-Bretagne serait un scandale, il faut l’empêcher d’entre
447
ur la plus courante qui exaspère les débats sur l’
Europe
est le sophisme anachronique : on dénonce les dangers qu’une certaine
448
composition, construction ou union fédérale de l’
Europe
, ne saurait être « politique », au sens belliqueux de ce terme, qui é
449
pays, partis ou producteurs. Le but d’une société
européenne
fédérale n’est pas le triomphe des Bleus ou des Verts de Byzance, c’e
450
signons à l’union, nous autres vrais fédéralistes
européens
, est politique au sens écologique du terme, qui évoque l’équilibre vi
451
échanges, l’aménagement fécond des différences. L’
Europe
n’est pas pour nous, fédéralistes, un champ de bataille où il s’agit
452
et les jeux des enfants. Qui serait contre cette
Europe
unie, follement complexe, heureuse, aventureuse ? Tout ce qui est jeu
453
nce : Mai 68, qui a vu surgir un Manifeste pour l’
Europe
des régions fédérées, signé par de grands noms de la biologie, des ma
454
et nous demandent tout simplement : « Pourquoi l’
Europe
n’est pas encore unie ? » Je crois leur avoir répondu : c’est à cause
455
nos États-nations, il est clair que l’union de l’
Europe
ne peut pas se faire et ne se fera jamais, nonobstant les discours mi
456
ion sexuelle et de néo-mao-freudisme marcusien.)
Européennes
, Européens de moins de trente ans ! C’est à vous finalement de compre
457
et de néo-mao-freudisme marcusien.) Européennes,
Européens
de moins de trente ans ! C’est à vous finalement de comprendre que la
458
sibilité de faire la révolution, c’est de faire l’
Europe
des régions, de refaire une communauté. Vous êtes d’accord, n’est-ce
459
ni. La révolution que j’appelle, qui fera seule l’
Europe
, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, con
460
ule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’
Europe
en train de se faire, consiste, en remarquable analogie avec la Renai
461
tème politique, non seulement de la nation vers l’
Europe
, mais encore vers l’humanité dans son ensemble et en même temps vers
462
Seule, la révolution régionaliste, fédéraliste,
européenne
, subordonnant la production à des fins transcendantes et personnelles
463
r la police, ou régions fédérées à l’échelle de l’
Europe
— ce n’est pas ma faute si le dilemme est aussi dur. Si vous ne faite
464
le dilemme est aussi dur. Si vous ne faites pas l’
Europe
, donc si vous persistez à vouloir l’utopie d’États-nations régnant «
465
misole de force aux dissidences. On ne fera pas l’
Europe
sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Et c’est
466
finalités politiques. Donner comme but à la Cité
européenne
la liberté, non la puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un «
467
u lait, du blé ou même du vin, il est clair que l’
Europe
des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ad
468
recréation de communautés véritables. Et la Cité
européenne
, fondée sur les communes et les régions librement fédérées du contine
469
i viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’
Europe
, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une
470
pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une
Europe
qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, ma