1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 oit. Laissez-moi donc vous dire tout simplement : Européennes , Européens ! Car nous avons beaucoup à faire ensemble, et sans délai.
2 moi donc vous dire tout simplement : Européennes, Européens  ! Car nous avons beaucoup à faire ensemble, et sans délai. (Le généra
3 n’eût jamais pu devenir le premier président de l’ Europe , du seul fait qu’il n’eût pas accepté de commencer ses discours par a
4 vous n’existez pas ! On me dit qu’il n’existe, en Europe , que des Français, des Anglais, des Allemands, des Suisses, des Alban
5 ds, des Suisses, des Albanais, etc., et que les «  Européens  » ne sont qu’une vue de l’esprit. À ce titre, il n’y a pas de Suisses
6 royez devoir à cause de cela refuser l’union de l’ Europe  : mais un jour vous découvrirez — ou vos enfants — que vous n’êtes pl
7 ologique ; – ou bien vous choisissez l’union de l’ Europe , et vous fondez le seul pouvoir capable de sauvegarder votre être nat
8 ’autres termes : si vous n’existez pas en tant qu’ Européens , vous n’existerez plus, ou pas longtemps, en tant que Français, Tchèq
9 Que représente ce rectangle central ? Réponse : L’ Europe « écrasée » entre les deux Grands. Aux derniers recensements, les Éta
10 S un peu plus de 230 millions, et les trente pays européens additionnés 480 millions (dont 360 à l’Ouest, 120 à l’Est). Ces quant
11 lités de l’ouvrier, du philosophe et de l’artiste européen — sens de la tradition et goût de l’innovation en interdépendance étr
12 handicap. Avouez qu’il est au moins curieux que l’ Europe se sente écrasée entre deux colosses plus petits qu’elle, qui n’attei
13 ue vous entretenez jalousement : la division de l’ Europe en une trentaine d’États-nations qui tous prétendent à la souverainet
14 ’échelle du monde nouveau. C’est que l’union de l’ Europe n’est pas faite, et il faut donc absolument la faire pour que notre c
15 de Philippe le Bel, adresse à tous les princes d’ Europe une lettre ouverte les appelant à s’unir contre les Turcs. En réalité
16 alors naissants, qu’il voulait prémunir le peuple européen . Les mêmes motifs, l’un déclaré, l’autre réel, sont repris au siècle
17 x cas, on propose une armée commune, un parlement européen , un tribunal d’arbitrage supranational, le tout assorti de sanctions
18 et au xviiie siècle, six plans majeurs d’union européenne voient le jour : le Nouveau Cynée d’Émeric Crucé, moine parisien, en
19 ’il intitule : De la réorganisation de la société européenne , ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’Europe en un seul
20 ou de la nécessité de rassembler les peuples de l’ Europe en un seul corps politique, en conservant à chacun son indépendance n
21 nces, il propose aux peuples d’élire un Parlement européen « placé au-dessus de tous les gouvernements nationaux ». Il propose a
22 nes cependant ne devait pas résulter l’union de l’ Europe , mais les phalanstères de Fourier et les grandes entreprises capitali
23 neuropéen. Cette première action militante pour l’ Europe n’aboutira qu’au beau texte du mémorandum écrit par Alexis Léger et p
24 politique, économique et culturelle s’organise en Europe et pour l’Europe, bien décidée à transformer en réalités fédéralistes
25 ique et culturelle s’organise en Europe et pour l’ Europe , bien décidée à transformer en réalités fédéralistes immédiates la gu
26 , perdue par tous, et la passion de la résistance européenne . Le temps des plans sans suite est révolu. Désormais, tout s’enchaîne
27 llet, des militants de la Résistance de neuf pays européens . Ils élaborent une déclaration commune, constatant la solidarité qui
28 nt dans une unique organisation fédérale. La paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’un
29 En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’ Europe a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pou
30 a création d’une Union fédérale entre les peuples européens . On aura reconnu, dans ce langage, les principaux motifs des Plans e
31 dans ce langage, les principaux motifs des Plans européens que j’ai cités. Rien de nouveau, sinon ceci, qui est décisif : nous n
32 pour le printemps suivant des états généraux de l’ Europe . Churchill vient de faire à Zurich son célèbre discours appelant à l’
33 lonais Joseph Retinger — résulte le Congrès de l’ Europe , qui se réunit à La Haye au mois de mai 1948. Tout est parti de là, o
34 ai moteur de notre union, la première institution européenne acceptée eût été logiquement la CED : or, c’est en fait la seule qui
35 une Cour des droits de l’homme et d’une Assemblée européenne . Neuf mois plus tard, le Conseil de l’Europe et la Cour sont créés. P
36 ois contre lui — mais ainsi le veut le pluralisme européen , vrai fondement de notre unité — plus d’une centaine d’instituts, ass
37 centaine d’instituts, associations, maisons de l’ Europe et fondations, qui se proposent tous et toutes de réveiller et d’entr
38 ommune appartenance à l’aventure spirituelle de l’ Europe . ⁂ Cependant, l’entreprise fédéraliste n’a cessé de se dégrader à par
39 n vingt-cinq ans de l’Europe de la Résistance à l’ Europe des marchandages, et des aspirations généreuses d’une centaine de mil
40 culturelle, sociale, économique, c’est-à-dire une Europe « rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, de
41 -guerre. Les risques de conflits armés entre pays européens sont aujourd’hui faibles ou nuls, grâce aux mises en commun économiqu
42 pire colonial, ce serait à peine assez de toute l’ Europe unie pour contribuer à résoudre, aujourd’hui, les problèmes de la fai
43 ns les colonies d’hier. La stabilisation de l’Est européen n’a été garantie que par la satellisation politique et commerciale im
44 publiais au début de l’été 1948, sous le titre L’ Europe en jeu , portait ces mots : unie ou colonisée (Colonisée par une ar
45 nous donneraient de bonnes chances de faire de l’ Europe , à nouveau, le moteur de l’histoire du monde. Entre le peu qui est en
46 négatives que positives, nous commandent d’unir l’ Europe , mais le fait est que rien ou presque rien n’est fait, à l’échelle de
47 rien ou presque rien n’est fait, à l’échelle de l’ Europe tout entière. Vingt-cinq ans de discours insistant, dès le premier (c
48 fait qui évoque pour l’humoriste « l’Enlèvement d’ Europe par un escargot »… Je pars de cette constatation, de ce scandale. Il
49 de ce scandale. Il faut tout reprendre à la base. Européennes , Européens ! Je n’écris pas un plaidoyer. Je ne vous dis pas ce qu’il
50 e. Il faut tout reprendre à la base. Européennes, Européens  ! Je n’écris pas un plaidoyer. Je ne vous dis pas ce qu’il faut faire
51 ient pas encore remarqué qu’il est vital pour les Européens de faire l’Europe, ce n’est pas à eux que j’écris : qu’ils ferment ma
52 qué qu’il est vital pour les Européens de faire l’ Europe , ce n’est pas à eux que j’écris : qu’ils ferment ma lettre à cette pa
53 tre à cette page. J’écris à ceux qui savent que l’ Europe doit s’unir, mais qui se posent ces deux questions : peut-on faire l’
54 ui se posent ces deux questions : peut-on faire l’ Europe  ? et comment ? Je dis qu’on peut fonder l’union de l’Europe sur l’uni
55 t comment ? Je dis qu’on peut fonder l’union de l’ Europe sur l’unité de culture qu’elle forme et qui la forme depuis deux ou t
56 at-nation qui a créé les problèmes tragiques de l’ Europe — et c’est lui qui interdit de les résoudre. Faire l’Europe suppose d
57 t c’est lui qui interdit de les résoudre. Faire l’ Europe suppose donc défaire l’État-nation au profit des régions d’une part,
58 de certains droits souverains à un futur pouvoir européen avait été introduite dans les constitutions de l’Italie et de la Fran
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
59 I. L’unité de culture L’ Europe , avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit ê
60 doit être une communauté culturelle. L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
61 uniquement ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman, Po
62 e cheminement des esprits. Robert Schuman, Pour l’ Europe . 1. L’Europe est-elle jamais née ? Quand on me demande à brûle-
63 s esprits. Robert Schuman, Pour l’Europe. 1. L’ Europe est-elle jamais née ? Quand on me demande à brûle-pourpoint : « Qu
64 me demande à brûle-pourpoint : « Qu’est-ce que l’ Europe  ? Pouvez-vous me répondre en une phrase ? », je dis : « L’Europe, c’e
65 -vous me répondre en une phrase ? », je dis : « L’ Europe , c’est quelque chose qu’il faut unir. » Définition active, conforme à
66 conforme à son objet : car ce qu’on nomme l’idée européenne est en fait un programme, une action créatrice. Encore faut-il que ce
67 saire, une même question revient sans cesse : « L’ Europe est-elle vraiment une unité de civilisation et de culture ? Peut-on f
68 après l’autre qu’il est si difficile de définir l’ Europe qu’on peut en profiter pour nier son existence. « L’Europe ne se loca
69 ’on peut en profiter pour nier son existence. « L’ Europe ne se localise guère mieux dans le temps que dans l’espace », écrit l
70 s les autres nous redisent à satiété soit que les Européens sont trop différents entre eux pour s’unir, soit qu’ils ressemblent t
71 que l’Empire romain fût une première ébauche de l’ Europe . Mais il excluait Francfort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient qu
72 fort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient que l’ Europe débute avec le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci excluait
73 lkans, toute l’Europe de l’Est. La naissance de l’ Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites7. » L’Europe ne serait-e
74 e nous est pas mieux connue que ses limites7. » L’ Europe ne serait-elle donc pas née du tout, parce qu’on ne s’accorde pas sur
75 sur sa définition. Depuis quand parle-t-on de l’ Europe  ? S’agirait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes
76 our le congrès de Vienne, s’intitulait pourtant l’ Europe est née ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’Europe au-dess
77 ée ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’ Europe au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage
78 ope au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la b
79 8. Cependant, la prise de conscience d’une entité européenne ne peut être attestée qu’à partir de l’an 1300 : les premiers portula
80 cartes maritimes, « constituaient des cartes de l’ Europe en tant que telle, et (ce qui est encore plus important) ils étaient
81 ivaient les côtes9 ». Mais pour voir les vocables Europe et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre le m
82 s côtes9 ». Mais pour voir les vocables Europe et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre le milieu du xve
83 ar les Turcs, et tend ainsi à se confondre avec l’ Europe géographique, cependant qu’à l’inverse les premiers humanistes commen
84 istinguer les deux concepts de christianitas et d’ Europa . C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand humanis
85 ini, puis grand pape sous le nom de Pie II, que l’ Europe se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, comme l’héritière chré
86 ortune que devait connaître cette définition de l’ Europe par « les trois sources », reprise avec éclat par Valéry. Dès ce temp
87 temps-là, les plans se multiplient pour unir une Europe dont il faut croire, au moins, qu’elle est là comme besoin d’exister
88 uie d’Asie ? Il est clair que les frontières de l’ Europe n’ont cessé de varier au cours des siècles, surtout à l’Est, où elles
89 ’hui. En vérité, une définition géographique de l’ Europe , si elle était possible, ne présenterait guère d’intérêt, puisque ce
90 mmes. Aux amateurs de géographie, répondons que l’ Europe , c’est tout d’abord l’ensemble des Européens, de ceux qui se réclamen
91 s que l’Europe, c’est tout d’abord l’ensemble des Européens , de ceux qui se réclament de « l’Europe notre mère », telle que l’inv
92 le des Européens, de ceux qui se réclament de « l’ Europe notre mère », telle que l’invoquait un poème hongrois écrit peu de te
93 ulaires, invoqué sans fatigue contre l’union de l’ Europe , n’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’observateur
94 la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’ Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français,
95 a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral européen .) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’Europe, et les dangers q
96 péen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’ Europe , et les dangers qu’on redoute de cette union, sont également imaginai
97 e placer à la bonne distance. Vue d’assez loin, l’ Europe est évidente. Vus d’Amérique, quelle que soit notre nation, nous somm
98 uelle que soit notre nation, nous sommes tous des Européens . Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister, on nous prend même parfoi
99 à l’envie. Vue de trop près, en revanche, plus d’ Europe  ! C’est l’histoire du naturaliste qui voulait étudier l’éléphant au m
100 donc « de droite » ? À nous entendre, nous autres Européens de différentes nations, confessions ou climats, Français de différent
101 que l’on peut y voir une première définition de l’ Europe . Rien de plus commun en effet à tous les Européens que leur goût de d
102 l’Europe. Rien de plus commun en effet à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres, de se distinguer des vo
103 ier « à circuler » cette définition irritée : « L’ Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da
104 t-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contr
105 ité qui caractérise notre cap : car de l’ensemble européen ne font pas seuls partie ceux qui le nient au profit des nations qui
106 sent et vivent la forêt. Finalement, l’unité de l’ Europe dont il s’agit, celle qui échappe si facilement à nos définitions, ma
107 tonomes et plus ou moins équilibrés. L’unité de l’ Europe comme culture est une communauté de valeurs antinomiques et d’origine
108 toute la vie matérielle des peuples. L’unité de l’ Europe comme culture se définit en termes de compréhension, tout comme une «
109 oupement humain que nous avons nommé société. » L’ Europe ne peut être comprise globalement qu’en tant qu’unité de culture, et
110 és à la nôtre… 3. Les options de base Que l’ Europe ait été d’abord un fait de culture, voilà qui ne signifie pas un inst
111 u cherchais. Qu’avons-nous donc cherché, nous les Européens  ? L’Orient cherchait l’âme et les pouvoirs d’agir sur l’âme. C’était
112 a. L’Occident, dès le départ de l’aventure nommée Europe , a choisi de chercher ailleurs… Il a donc trouvé autre chose, une tou
113 ertains choix fondamentaux, caractéristiques de l’ Europe . Pour désigner ces choix, je pars des grands conciles, de Nicée en 32
114 ulées les options décisives de notre civilisation européenne . J’en nommerai trois, en les reliant à leurs effets, sans doute impré
115 que occidentale et des institutions typiques de l’ Europe , celles qui sont chargées d’assurer à la fois les libertés individuel
116 t précis, de cet instant daté de l’Incarnation, l’ Europe va compter ses années sur une ligne continue et sans retour. Le seul
117 — dès lors que la foi ne le soutient plus — que l’ Européen d’aujourd’hui en vient à transformer l’Histoire en une sorte de divin
118 n’est-elle pas, elle aussi, caractéristique de l’ Europe  ? Partant des grandes options religieuses et métaphysiques des conci
119 e point de départ ou d’insertion dans le complexe européen de presque tous les résultats typiques de notre culture : sciences ph
120 isation progressive d’une idée platonicienne de l’ Europe , mais au contraire comme un vaste complexe de tensions, de recherches
121  trois sources » Paul Valéry considérait comme Européens tous les peuples qui ont subi au cours de l’histoire ces trois influe
122 r pour la formule même d’une unité spécifiquement européenne  : Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la
123 n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Européens de toute nation et de toute classe, de toute croyance et de toute inc
124 nul doute le thème affectif le plus généralement européen , le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut vo
125 es des « pays neufs », c’est un sens emprunté à l’ Europe , même et surtout s’il justifie un élan de révolte contre elle, prétex
126 en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’ Europe comme patrie de la diversité, bien plus : de la discorde créatrice, p
127 éatrice, pour reprendre les termes d’Héraclite. L’ Européen moyen n’existe pas, et par définition il ne peut exister. Car l’Europ
128 pas, et par définition il ne peut exister. Car l’ Européen type est celui qui parfois déclare, et toujours pense : « Quelle sera
129 nir collectif. Nous voyons au contraire l’homme d’ Europe chercher la singularité, la différence, qu’il lui arrive de confondre
130 s les arts, tout ce qui a compté dans la vie de l’ Europe , tout ce qui s’y est fait un nom et un visage distinct. Soulignons ma
131 te et marque l’Occident, et plus spécifiquement l’ Europe . On peut donc définir l’Europe comme cette partie de la planète où l’
132 s spécifiquement l’Europe. On peut donc définir l’ Europe comme cette partie de la planète où l’homme, sans relâche, se remet e
133 ’Asie et les modernes entreprises totalitaires, l’ Europe nous apparaît comme une espèce de révolution permanente, révolution m
134 ct, de la personne — à la fois mère et fille de l’ Europe  — forme nos vies, permet qu’elles aient un sens et donne leur intérêt
135 la menace d’aliénation qui pèse aujourd’hui sur l’ Europe , que dis-je : sur l’espoir humain. Ma thèse est simple. Elle consist
136 a plupart de nos valeurs et idéaux, à nous autres Européens , et la plupart de nos activités courantes, sérieuses ou non, dérivent
137 ons le phénomène de la révolution, si typiquement européen . Révolution a le même sens que conversion : c’est se retourner complè
138 banalité disqualifie. Tout l’effort de l’artiste européen , depuis un siècle, tend à « faire du neuf » d’une manière personnelle
139 avant-hier. Entre le conformiste et le révolté, l’ Europe connaît d’ailleurs un être intermédiaire : celui qui a le sens de l’h
140 nullement fatal ; qu’il n’est plus même un idéal européen , mais bien russe et américain, et tout cela semble bien vrai. Mais il
141 rogrès toujours possible reste vital pour l’homme européen  ; et que nos vies perdraient leur sens, si vraiment nous cessions de
142 De plus, il serait faux de penser que notre idée européenne du progrès ait vraiment émigré en Russie ou en Amérique. Ce qu’on app
143 liberté qui compte pour moi — dira tout véritable Européen —, c’est celle de me réaliser ; de chercher, de trouver et de vivre m
144 a pluralité des sources de la culture commune des Européens et les relations d’exclusion, de complémentarité ou d’inclusion, que
145 ersités, peut être mortellement dangereuse pour l’ Europe , dans la mesure où elle sert d’alibi à la volonté fanatique d’opposer
146 u’elles sont présentes et agissantes dans toute l’ Europe sans nul respect pour les frontières étatiques ; – et enfin qu’il n’y
147 qu’il n’y a pas de cultures nationales. 12. L’ Europe comme source d’énergie Ce qui a fait que l’Europe, « petit cap asi
148 ope comme source d’énergie Ce qui a fait que l’ Europe , « petit cap asiatique », a découvert la terre entière sans être jama
149 clarée défiant et stimulant les énergies. Et si l’ Europe a été pendant cinq siècles « la perle de la sphère et le cerveau d’un
150 lement : 4 % des terres émergées de la planète. L’ Europe est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au
151 e nous prendrons la liberté de lire comme suit : Europe = cap de l’Asie multiplié par culture intensive. Or, cette culture d
152 ons vu que les tensions génératrices de l’énergie européenne sont nées de la pluralité de nos origines et des antinomies qui devai
153 t unifiées par coups de force. Seule l’union de l’ Europe au-delà des États permettra de restaurer ces vraies nations. La cause
154 rsonnalités nationales » est liée à la cause de l’ Europe fédérée dans le respect des diversités, et non pas au maintien d’appa
155 e culture qui a fait la force et la grandeur de l’ Europe . Au siècle qui les a vus naître et s’imposer, le xixe , tout ce qui c
156 — il l’a prédit — ce n’est pas sa nation, mais l’ Europe — « l’Europe aux anciens parapets ». Ceux qui, au contraire, disent t
157 dit — ce n’est pas sa nation, mais l’Europe — « l’ Europe aux anciens parapets ». Ceux qui, au contraire, disent tout devoir à
158 s-nations modernes n’ont fait que le malheur de l’ Europe  : ils ont produit la ruée colonialiste à partir des années 1880, tren
159 es nationales » Ce qui s’oppose à l’union de l’ Europe et à la formation d’une conscience commune — condition préalable de t
160 nce commune — condition préalable de tout civisme européen  — c’est le nationalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été pr
161 ie, mais histoire de l’art aussi — présentaient l’ Europe comme un puzzle de nations et sa culture comme l’addition d’une vingt
162 avec le chant grégorien — premier langage musical européen  — au vie siècle en Italie, s’enrichit au couvent de Saint-Gall avec
163 xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Ba
164 te de mille échanges, tissant l’œuvre commune des Européens  ; et il n’en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière
165 d’influences mutuelles qui s’appellera toujours l’ Europe dans l’histoire de l’esprit humain. Ô maîtres tout-puissants du degré
166 ationaliste des perspectives, c’est aussi faire l’ Europe dans les jeunes esprits, et c’est montrer son unité fondamentale, bas
167 trouve d’adéquation à son objet que dans le cadre européen . Car la littérature européenne ne résulte pas de l’addition de « litt
168 et que dans le cadre européen. Car la littérature européenne ne résulte pas de l’addition de « littératures nationales » qu’il s’a
169 souvent tardive) du fond commun de la littérature européenne . Les agents formateurs et spécifiants de l’« unité intelligible » qu’
170 de l’« unité intelligible » qu’est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Rappelons d’abord un grand fait de base qu’o
171 ’on ne voit plus parce qu’il est trop évident : l’ Europe seule a conçu et possède, dès l’aube grecque, une littérature, au sen
172 e, et ceci les distingue absolument de nos écrits européens . Les Orientaux disent : comment interpréter la vérité de ce texte ? N
173 ncept même de littérature est donc spécifiquement européen . Quant aux éléments communs, relevons : a) Les civilisations que nous
174 présent et agit dans nos écrits : La littérature européenne est coextensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embra
175 ne est coextensive dans le temps, avec la culture européenne . Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goet
176 le concert, etc., sont des créations typiques des Européens .) Cette similitude des procédés, genres et structures de l’œuvre, que
177 l’unité fondamentale des activités littéraires en Europe . c) Les thèmes. — Ceux hérités de l’Antiquité, tels que le défi au de
178 stes proportions. a) Nos langues littéraires, en Europe , sont étroitement apparentées (à la seule exception du groupe finno-o
179 grammes dessinés sur la paume de la main. D’où en Europe la possibilité du passage d’une langue à une autre par des écrivains
180 son une preuve de plus de l’existence d’une unité européenne de culture. b) La différenciation de nos littératures par leur langu
181 toute sa fécondité la communauté littéraire de l’ Europe  : T. S. Eliot l’a démontré dans ses Notes towards the Definition of C
182 plus grande diversité de sources et d’influences européennes  : la germanique, la danoise, la normande, la française, la celtique :
183 ut de la française) qui prétendent redouter que l’ Europe unie de demain soit un affreux méli-mélo où l’on ne parle plus que l’
184 e répondre simplement ceci : que les fédéralistes européens s’engagent à ne jamais faire aux nations quelles qu’elles soient ce q
185 n’y aura pas d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée. 17. Pour un Petit Livre rouge européen Le problème du
186 Europe fédérée. 17. Pour un Petit Livre rouge européen Le problème du nationalisme comme résultat de l’éducation scolaire
187 amène à poser le problème d’une éducation pour l’ Europe . Comment former des citoyens et un civisme européens tant qu’il n’y a
188 Europe. Comment former des citoyens et un civisme européens tant qu’il n’y a pas de cité européenne ? Cercle vicieux pour ceux-là
189 un civisme européens tant qu’il n’y a pas de cité européenne  ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne demandent qu’à croire qu’i
190 jeunes le désir d’habiter demain une grande cité européenne  : s’ils la veulent, ils la bâtiront. L’union de l’Europe ne se fera p
191 : s’ils la veulent, ils la bâtiront. L’union de l’ Europe ne se fera pas toute seule par un processus mécanique, ou parce qu’el
192 r mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’ Europe sans faire des Européens. Mais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducati
193 st dire qu’on ne fera pas l’Europe sans faire des Européens . Mais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducation ? Or, il faut bien avo
194 nt les caractères et les esprits, ne font pas des Européens . Quand elles font quelque chose au niveau du civisme, elles ne font e
195 lon national, et souvent négative par rapport à l’ Europe . Dans presque tous nos pays, l’enseignement civique se borne à décrir
196 ’ennui civique national une heure d’ennui civique européen , qui aurait le défaut supplémentaire de parler d’une communauté encor
197 ontinentale…) Les problèmes vivants et réels de l’ Europe , telle qu’elle est aujourd’hui désunie et telle qu’elle pourrait être
198 nul besoin d’insister sur la nécessité de faire l’ Europe  — à l’étude des réalités déterminantes de la vie de nos États et de l
199 vie de nos États et de l’existence sociale dans l’ Europe de la seconde moitié du xxe siècle. Quand on a vu de quoi cette vie
200 s pathétiques, sans propagande, qu’il faut unir l’ Europe , pour la sauver d’abord, et pour servir le monde ensuite. La connaiss
201 et facteurs de différenciation qui ont fait de l’ Europe dans l’histoire une unité caractérisée par sa diversité ; – problème
202 qu’ils relèvent de la région, de la nation, de l’ Europe unie ou de communautés électives (non natives), universelle par défin
203 elle par définition ou ambition ; – fonction de l’ Europe dans le monde décolonisé, et conditions nécessaires à son exercice ;
204 exercice ; – idéaux directeurs de la civilisation européenne , antérieurs, postérieurs ou supérieurs à nos divisions nationales et
205 lités, aux problèmes et aux buts de la communauté européenne , et cela à la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de se présente
206 ur lui-même ait été sensibilisé aux réalités de l’ Europe encore désunie et aux possibilités de son union. Dire que tout dépend
207 es éducateurs et de leur formation. L’avenir de l’ Europe unie se joue dans les écoles normales. Aussi longtemps qu’un changeme
208 tiques et des économistes. Car avant de « faire l’ Europe  », il faut « faire de l’Europe ». Et cela se passe d’abord dans les e
209 avant de « faire l’Europe », il faut « faire de l’ Europe  ». Et cela se passe d’abord dans les esprits : sans une « révolution
210 ne prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’ Europe attend son « Petit Livre rouge » à distribuer aux dizaines de million
211 ion ! Il ne dirait jamais : « Right or wrong, our Europe  ! », mais ferait voir que l’Europe risque d’être détruite par ce qui
212 or wrong, our Europe ! », mais ferait voir que l’ Europe risque d’être détruite par ce qui tue l’esprit critique, déprime le g
213 x qu’elle seule leur enseigna. 18. L’éducation européenne Faire de l’Europe avant de faire l’Europe : c’est aussi dire qu’il
214 igna. 18. L’éducation européenne Faire de l’ Europe avant de faire l’Europe : c’est aussi dire qu’il s’agit moins d’ensei
215 européenne Faire de l’Europe avant de faire l’ Europe  : c’est aussi dire qu’il s’agit moins d’enseigner l’union de l’Europe
216 dire qu’il s’agit moins d’enseigner l’union de l’ Europe que d’éduquer dans nos enfants l’Européen, par le style même de l’édu
217 nion de l’Europe que d’éduquer dans nos enfants l’ Européen , par le style même de l’éducation. L’éducation, dans tous les temps e
218 r ou impiété : elle frappe de nullité le rite. En Europe , au contraire, il est courant que le maître inscrive au bas d’une réd
219 inées au cours du second tiers du xxe siècle : l’ Europe , l’URSS et les USA. Elles se définissent aisément selon le dosage d’a
220 nt sans pitié par le livre et le film. On a vu en Europe le film Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dra
221 nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne . Posons-nous cette question très simple : Pourquoi sommes-nous choqué
222 L’idéal directeur d’une éducation spécifiquement européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des h
223 reste le but de toute éducation, non seulement en Europe , mais pour l’Europe. J’ai marqué trois tendances pratiquement dominan
224 e éducation, non seulement en Europe, mais pour l’ Europe . J’ai marqué trois tendances pratiquement dominantes dans ces trois r
225 e nouvelle faim de liberté. J’accorde enfin qu’en Europe même, et quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans l
226 ut a été réglé d’avance par le régime. La colombe européenne , elle, sait qu’elle a besoin pour voler d’une certaine résistance de
227 rée qu’à « voler de ses propres ailes ». 20. L’ Europe a-t-elle tout inventé ? Le dynamisme de notre culture, résultant d
228 esque tout inventé. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la terre entière, alors qu’aucun autre peuple ne so
229 es de plusieurs autres cultures, mais ce sont les Européens qui lui ont donné son contenu concret et qui ont seuls démontré sa co
230 est notre création. Le temps ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l’historiographie, avec tout ce que cel
231 s des masses. À partir de l’histoire, ce sont les Européens qui ont inventé l’archéologie, comme ils ont inventé l’ethnographie à
232 la psychologie analytique, autres inventions de l’ Europe . Dans le champ des inventions de tous les ordres qui ont modifié l’as
233 aspect du monde depuis cinquante ans, la part des Européens est largement prépondérante. Et je dis bien : des Européens, non de t
234 est largement prépondérante. Et je dis bien : des Européens , non de tel de leurs pays. Car chacune de leurs découvertes est née d
235 hacune est prise dans le contexte d’une réflexion européenne (contexte qui tend d’ailleurs de plus en plus à s’étendre aux États-U
236 presque tous leurs grands noms sont des noms de l’ Europe , et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos ma
237 rne en tant que tel peut être appelé une création européenne . Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos
238 es. Les Hindous, les Chinois, les Noirs copient l’ Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques
239 nsi ramenés du fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le musée. Et, à partir de ces condensations prodigieuses
240 ales et de nos institutions ! C’est un fait que l’ Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la colonisation, de contac
241 leurs procédés et un peu de leur logique… Mais l’ Europe n’a pas exporté sa dialectique autorégulatrice, faite d’équilibres sa
242 ivre, mais dédaigne l’amour du prochain. 21. L’ Europe et le monde : position du problème Voici donc ce que l’Europe a cr
243 nde : position du problème Voici donc ce que l’ Europe a créé, voilà ce qu’elle offre au monde entier, et elle ne peut faire
244 de savoir si cette unité fomentée par la culture européenne ne va pas se réaliser aux dépens de l’Europe et à ceux du tiers-monde
245 européenne ne va pas se réaliser aux dépens de l’ Europe et à ceux du tiers-monde. Tel est le drame. Il intéresse l’avenir de
246 ps. L’aire de diffusion de la civilisation née en Europe n’est pas loin de recouvrir l’ensemble des terres habitées, mais la d
247 nos mélodies L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. Les Messes et les
248 te tentative verbale pour exprimer ce que l’homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe
249 us pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’ Europe suprême, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesu
250 ser mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’ Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommet
251 s musicales se raccordent au psychisme de l’homme européen qui a conçu les machines et la personne. Un intellectuel indonésien m
252 lectuel indonésien me dit un jour : « Vous autres Européens , vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous a
253 que réinventer les lieux communs de nos chansons européennes , qu’ils n’avaient jamais entendues 20. Ainsi, chaque machine exportée
254 mmes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens , ayant créé « le monde », se voient menacés d’être dépossédés par ce
255 a vu se multiplier les prophètes de la décadence européenne  : et ils sont tous, ou presque tous, Européens. Loin de s’émerveiller
256 e européenne : et ils sont tous, ou presque tous, Européens . Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le m
257 péens. Loin de s’émerveiller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclip
258 n de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’ Europe , en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres ci
259 condense une assez longue tradition de pessimisme européen . Dès 1791, Volney, méditant sur la mort des civilisations, citait à p
260 tal. Hegel pensait d’ailleurs que la civilisation européenne marquait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais si l’on appliqua
261 sions, notre angoisse quant à l’état présent de l’ Europe dans le monde, et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècl
262 les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’ Europe  : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de Tocqueville à Jacob
263 nes de l’Empire austro-hongrois. Et bientôt cette Europe occupée à se déchirer à belles dents va se laisser arracher l’une apr
264 piter l’écroulement de l’hégémonie politique de l’ Europe , et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouve
265 particulièrement sur l’exemple le mieux connu des Européens , celui de la chute de Rome, qui est censée avoir entraîné la disparit
266 tale de l’Empire. L’exemple est-il valable pour l’ Europe  ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
267 le est-il valable pour l’Europe ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ? Son destin peut-il être
268 homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’ Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À
269 ompatibles qu’elle en a héritées, la civilisation européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation.
270 ts à la relève ? Aux prophètes de la décadence européenne , j’opposerai trois raisons majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir po
271 ns majeures d’espérer, c’est-à-dire d’agir pour l’ Europe . Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit e
272 pour l’Europe. Première raison : La civilisation européenne est la seule qui soit effectivement devenue universelle. Bien d’aut
273 mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous, les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquem
274 te l’histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne , née de la confluence des sources les plus diverses, se distinguait p
275 s les peuples du monde. Nous avons vu aussi que l’ Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que
276 mment imaginer que la civilisation diffusée par l’ Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner l
277 son désastre ? Deuxième raison : La civilisation européenne a créé les conditions techniques de sa conservation et de sa transmis
278 ont été préservées par le musée et le laboratoire européens , pour être diffusées de nos jours sur toute la terre. Il s’en faut de
279 es ethnographes, archéologues et philosophes de l’ Europe , qui poursuivent l’inventaire mondial initié à la Renaissance par nos
280 t-on. Mais ils sont nés de la substance même de l’ Europe , et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l
281 ropéaniser par la culture plus profondément que l’ Europe ne s’américanise par le costume et le décor urbain. L’URSS ? Mais qu’
282 ment une partie du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie
283 du Kapital. Le marxisme est né en Europe et de l’ Europe , au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie et la philosoph
284 elles, morales et matérielles plus spécifiquement européen . Quant à l’électricité, dont parlait Lénine, elle symbolise l’industr
285 l’industrie et vers le socialisme, inventés par l’ Europe et parties intégrantes de sa culture. Quant à l’Afrique, observons si
286 politique, sociale et économique, élaborées par l’ Europe moderne. Résumons cela : je vois l’Asie du Sud, sous-développée, cour
287 rejoindre l’Amérique, qui est une invention de l’ Europe … Où est donc dans tout cela « l’éclipse » de l’Europe comme culture ?
288 pe… Où est donc dans tout cela « l’éclipse » de l’ Europe comme culture ? Dans l’esprit de ses intellectuels, et pas ailleurs.
289 l péril sérieux : le péril blanc. La civilisation européenne , devenue mondiale, n’est menacée en fait que par les maladies qu’elle
290 c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en Europe , que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieu
291 n prémunis. Cette passion qui enfièvre et ruine l’ Europe depuis plus d’un siècle et demi, et que nous refusons de prendre au t
292 poursuit pas moins ses ravages dans l’esprit des Européens comme dans l’esprit des peuples neufs, empêchant au-dedans cette unio
293 nos ennemis. Quant au second virus sécrété par l’ Europe , et que je nommerai le matérialisme plat, il prend chez nous les form
294 ucrates et la police des États. Ces maladies de l’ Europe sont plus dangereuses pour le reste du genre humain que pour l’Europe
295 gereuses pour le reste du genre humain que pour l’ Europe elle-même, où elles sont nées. Car l’Europe, à travers des crises atr
296 our l’Europe elle-même, où elles sont nées. Car l’ Europe , à travers des crises atroces, s’est vaccinée. L’Europe a sécrété Hit
297 , à travers des crises atroces, s’est vaccinée. L’ Europe a sécrété Hitler, mais en douze ans elle l’a éliminé, et elle s’en tr
298 qui date de 1871, décrit la condition des masses européennes au xxe siècle : Le sort des ouvriers sera le plus étrange… l’État m
299 ement se produire. Or ce n’est pas chez nous, en Europe , mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce qu’écrit le
300 térialiste du nationalisme, n’a jamais atteint en Europe de tels excès. Elle est née chez nous, il est vrai, et c’était bien c
301 et l’on peut estimer que, jusqu’ici, l’organisme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer
302 isme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Europe , aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettront au genre hum
303 e Verlag, Berne, 1948. 15. Cf. Arti e Lettere in Europa , Milan, 1966. 16. Notes towards the Definition of Culture, Appendic
304 Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens , Genève, n° 5, mai 1963. 18. Retreat from Learning, par Joan Dunne
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
305 es données multiples constituant spécifiquement l’ Europe , et de l’instauration d’une force suffisante pour garantir leur concu
306 e : la France, bientôt imitée par presque toute l’ Europe — et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralis
307 namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
308 e à nommer sa souveraineté (car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
309 Mais en même temps, multiplication des jumelages européens entre communes de ces mêmes régions, création d’organismes de coopéra
310 ’adhésion du pays à des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
311 cules sur le sens du « fédéralisme » « Faire l’ Europe  », oui bien sûr, mais on ne peut pas la faire dans le style d’un Napo
312 ut — pure utopie. On ne peut pas non plus faire l’ Europe dans le style du congrès de Vienne, concert d’hégémonies frustrées qu
313 impossible indépendance. On ne peut pas unifier l’ Europe , et c’est tant mieux, mais on ne peut pas l’unir non plus par la conc
314 rtation des États « souverains ». Il faut faire l’ Europe sérieusement, mais dans le respect des différences nationales, région
315 fois-ci à l’intégration totale dans un super-État européen . Cette deuxième « idée » du fédéralisme, inverse de la première mais
316 semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
317 ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
318 ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand européen , écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
319 es ! ». Pareils malentendus, s’ils sont le fait d’ Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
320 re congénital. Or, s’il est vrai que l’union de l’ Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que
321 toujours menacé qui dénote la santé de la pensée européenne , sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
322 sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne , il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne, où
323 e mon « discours solennel » ouvrant la Conférence européenne des recteurs, à Göttingen, en 1964. L’université fut une commune libr
324 que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe , plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir les u
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
325 ossible L’obstacle à toute union possible de l’ Europe , donc à toute union fédérale, n’est autre que l’État-nation, tel que
326 guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’ Europe , grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe
327 que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’ Europe  ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas av
328 ection de notre union politique. Qu’on l’appelle Europe des patries, des nations, des États ou des souverainetés, l’union de
329 ons, des États ou des souverainetés, l’union de l’ Europe ne se fera pas sur la grande confusion, si chère aux hommes d’État, d
330 à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État européen qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’exté
331 , Trianon, Sèvres, Neuilly —, qui ont balkanisé l’ Europe et fourni les motifs de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, cett
332 u nom du « réalisme », toute possibilité d’unir l’ Europe . Dissocier ce conglomérat de clichés indurés et de préjugés pédants,
333 ’est l’une des premières tâches du fédéralisme en Europe  : qu’on se le dise dans les écoles normales. Mais le stato-nationalis
334 miter ? — Peut-on les conserver tout en faisant l’ Europe  ? Certains stato-nationalistes de droite, ou de l’Est, disent qu’ils
335 ite, ou de l’Est, disent qu’ils veulent bien de l’ Europe unie, si elle respecte les souverainetés nationales. Ce qui revient à
336 u niveau de la fédération. Tout cela vaut pour l’ Europe d’aujourd’hui, tout cela nous indique une voie : concentrer nos effor
337 la ratification d’une Constitution fédérale de l’ Europe , afin que l’Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraine
338 une Constitution fédérale de l’Europe, afin que l’ Europe recouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe de t
339 eront nulles et vides tant que la « bonne volonté européenne  » mélangera les déclarations louant l’union et les professions de foi
340 fessions de foi nationalistes. Entre l’union de l’ Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
341 sens même de la vie… D’une façon plus précise, en Europe , il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance colle
342 sent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la puissance, c’est-à-dire la puissance industrielle et mil
343 ette tour de Babel du xxe siècle ! Une politique européenne de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’éche
344 ntale, serait capable sans nul doute de créer une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un s
345 r une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne . Sans compter qu’un super-État-nation ne pourrait être imposé à tous
346 ontraire, si nous donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’épanouisseme
347 ’hui radicalement incompatible avec les fins de l’ Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus pr
348 tio démagogique. Mais je vois aussi que seuls des Européens , rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et
349 nomes valent mieux que la puissance collective. L’ Europe unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut-être
350 s après coup dans l’ensemble vivant de la culture européenne . Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ce
351  ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’ Europe en proclamant périodiquement votre attachement aux causes mêmes de sa
352 uivrait si vous osiez marcher… Mais quant à vous, Européennes , Européens, cessez de vous figurer que vos hommes d’État ont vraiment
353 us osiez marcher… Mais quant à vous, Européennes, Européens , cessez de vous figurer que vos hommes d’État ont vraiment l’intentio
354 hommes d’État ont vraiment l’intention de faire l’ Europe  ! Cessez surtout de croire que ça deviendra sérieux le jour où les mi
355 ont de faire élire par leurs peuples un parlement européen doté de pouvoirs délibérants, comme le demandait dans son discours du
356 ’il en sortira un gouvernement et que cela fera l’ Europe , c’est une blague, une pure blague25… » Pas gentil pour le maître, ma
357 s sur les ministres et hommes d’État pour faire l’ Europe qu’ils traitent de blague, et qui l’est en effet dans leurs calculs.
358 hante et qu’ils refoulent, en le bagatellisant. L’ Europe unie à bref délai, de leur vivant, ce serait, pour la plupart d’entre
359 l’abnégation n’est pas une valeur politicienne. L’ Europe ne se fera pas non plus spontanément, par la « force des choses », qu
360 té avant la fin des temps et le Jugement dernier. Européennes , Européens, c’est vous qui ferez l’Europe, et personne d’autre, à la
361 in des temps et le Jugement dernier. Européennes, Européens , c’est vous qui ferez l’Europe, et personne d’autre, à la seule condi
362 r. Européennes, Européens, c’est vous qui ferez l’ Europe , et personne d’autre, à la seule condition que vous le vouliez vraime
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
363 tés libres. À nous Thésée libérateur ! héros de l’ Europe des régions ! 39. Le siècle des nations ? Zurich, le 16 septemb
364 ce soit, il faut commencer maintenant… Debout, l’ Europe  ! » Il y a vingt-quatre ans de cela. L’Europe n’est toujours pas debo
365 , l’Europe ! » Il y a vingt-quatre ans de cela. L’ Europe n’est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment p
366 ppel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes
367 des jeunes gens à la radio, répondait : « Faire l’ Europe est la seule chose véritablement importante de notre temps27. » Mais
368 mportante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’ Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parce que les na
369 ortes à quelques égards, l’impossibilité d’unir l’ Europe le démontre avec une évidence presque écrasante. Que les nations soie
370 affectent l’être même de plusieurs États-nations européens . La Belgique est menacée d’éclatement. La Grande-Bretagne envisage sa
371 n du fédéralisme fonctionnel, formule de l’avenir européen . Tous ces symptômes révèlent une inadaptation morbide de l’État-natio
372 d’une forme d’association qui a dominé et animé l’ Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècl
373 du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’ Europe du xxe siècle, si elle n’est pas surmontée à temps. 41. Origines
374 exandre, puis de Rome et de Byzance, et enfin, en Europe , empire de Charlemagne, puis Saint-Empire romain de nation germanique
375 dèle de l’État-nation, bientôt imité dans toute l’ Europe monarchique autant que républicaine, et au xxe siècle dans le reste
376 leur en a pris. Mais les vingt-cinq États-nations européens , depuis le congrès de La Haye, 1948, n’ont pas fait un seul pas effec
377 es nations étatistes. Le problème de l’union de l’ Europe à partir des États-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’
378 e en place progressive de structures fédérales en Europe , Louis Armand formulait récemment une règle d’or qui trouve ici son a
379 iner et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’ Europe , il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il fau
380 nt les régions — plus d’une centaine dans toute l’ Europe traditionnelle et actuelle, à l’ouest de l’Empire soviétique32. 47
381 j’étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne . Invité à parler au début, j’improvisai sur le thème que voici : Il
382 je les vois complémentaires, concomitants. Dans l’ Europe de demain, libérée de la tyrannie des frontières politiques et admini
383 rie. Et c’est sur ces régions que nous bâtirons l’ Europe , non sur les cadres en bonne partie vidés des vieilles nations. Ce pa
384 nation aux régions sera le phénomène majeur de l’ Europe de la fin du xxe siècle. La politique d’union européenne, désormais,
385 pe de la fin du xxe siècle. La politique d’union européenne , désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre
386 es par centaines sur la régionalisation des États européens . Le concept de région a pris une place considérable, non seulement da
387 tités régionales multinationales à l’échelle de l’ Europe — propositions proprement impensables pour un esprit français, il y a
388 tionale ne peut être menée que dans le cadre de l’ Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe uni
389 uelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie, la représentation du peuple français sera assurée par l’État fé
390 ue les bureaux de la capitale, la fédération de l’ Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution pr
391 ution prenne plus de temps que les pionniers de l’ Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des prem
392 ins, cette fédération de régions « immédiates à l’ Europe  » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Emp
393 réunissant tous les préfets de la République : L’ Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans
394 un beau matin… vers 1985. La région dans le cadre européen est une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le départ
395 er que la révolution régionaliste, condition de l’ Europe unie, est autre chose qu’une mode ou un slogan. Le processus sera lon
396 elliqueuse, créant ainsi la première civilisation européenne , de même la région va s’opposer aux faux comme aux vrais empires cent
397 e la formation des régions, éléments de base de l’ Europe fédérale, nous entrons dans le crépuscule de l’ère des États-nations.
398 es ont commencé, elles finiront. La confédération européenne , probablement, les remplacera38. Mais tout le monde n’a pas lu Renan
399 l et religion universelle, cité régionale et cité européenne , associations professionnelles et culturelles tantôt locales, tantôt
400 e passer à l’élaboration du plan d’une fédération européenne composée d’unités régionales. Cette étape me paraît décisive parce q
401 e. Toute analyse honnête du sous-développement en Europe dégage les deux notions bien connues que voici : a) l’isolement, le
402 41) je préconisais une organisation fédérale de l’ Europe basée sur les régions et non sur les États-nationsb, j’ai été amené à
403 ation des bornes-frontières. La perspective d’une Europe à venir composée de régions fédérées (au lieu d’États-nations aboyant
404 nt faites par les partisans « malgré tout » d’une Europe composée d’États-nations. Distinguons quatre groupes parmi les « diff
405 s’il n’était déjà pas assez difficile de faire l’ Europe avec les Six, et d’ajouter les Sept aux Six ! Vous risquez de tout sa
406 N’est-il pas justement trop difficile de faire l’ Europe politique sur la base des États-nations ? Pour quelle raison ne l’a-t
407 qui ne viendront jamais) des centaines de réseaux européens , un tissu toujours plus serré de relations entre activités de tous or
408 formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe « faite » dans les réalités. Ce jour-là, une dernière « explication »
409 c) Le seul projet de fédération qui ait réussi en Europe , la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, d
410 re nos nations. » « Voulez-vous donc balkaniser l’ Europe  ? » Ces réflexes passionnels, boutades ou étourderies, ne sont guère
411 ectuelle qui caractérise la plupart des projets d’ Europe fédérale, dès qu’on aborde le problème de leur structure politique. C
412 tte seconde moitié du xxe siècle à concevoir une Europe des régions, proviennent du « modèle » que l’école (aux trois degrés)
413 ou moins brève échéance, des grands États-nations européens . C’est un peu ce que l’on voit se dessiner — encore un terme visuel !
414 suis aussi un écrivain français : la francophonie européenne , c’est-à-dire les trois quarts environ de la France actuelle45, la Wa
415 ons restreintes, enfin fédération de fédérations ( Europe ). Il faut aller plus loin.Washington 1° Les pouvoirs politiques peuve
416 vient de bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seuil de l’ère du monde uni.) Le collège groupant les che
417 s serait le Conseil fédéral, ou gouvernement de l’ Europe . Les régions relèveront, selon leur définition — économique, écologiq
418 nterétatiques) du xixe siècle. Les réalités de l’ Europe des cent régions et les nécessités de l’administration polyarchique d
419 la Peau de taureau ibérique. 56. Passage de l’ Europe des mythes nationaux à l’Europe des réalités Dès le milieu du sièc
420 56. Passage de l’Europe des mythes nationaux à l’ Europe des réalités Dès le milieu du siècle dernier, un homme avait prévu
421 Mais comment créer des régions ? Avant de faire l’ Europe , il faut faire de l’Europe, je l’ai dit à propos de l’éducation. Les
422 ons ? Avant de faire l’Europe, il faut faire de l’ Europe , je l’ai dit à propos de l’éducation. Les régions ne seront créées q
423 égionale et sa capitale nationale, quand le tissu européen créé par les relations de fait entre les métropoles régionales sera d
424 opoles du présent, vers l’avenir. Du même coup, l’ Europe fédérale se trouvera posée sur la base des régions, et non plus des É
425 ique visant à structurer conjointement la société européenne et la région, l’une pour l’autre et l’une par l’autre : 1. Réaliser p
426 ationales, mais une concertation à l’échelle de l’ Europe des producteurs et des besoins régionaux. 2. Tisser des relations int
427 moments simultanés d’un processus de création ? L’ Europe des réalités, qui peut en résulter, sera sans nul doute beaucoup moin
428 imple à dessiner — et surtout à mobiliser — que l’ Europe des mythes nationaux, mais tellement plus intéressante à vivre ! 2
429 d il s’agit de nations comme celles de la vieille Europe (…), qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile,
430 petit, comme la Bretagne, ou plus grand, comme l’ Europe , est regardé comme un traître. Pourquoi cela ? C’est tout à fait arbi
431 ratique et libertaire qui a fait la grandeur de l’ Europe  : Vitoria, Comenius, Althusius, Locke, Montesquieu, le vrai Rousseau
432 s 1964 que la Suisse devienne le District fédéral européen (équivalent de Washington, D.C.), et que la plupart des agences fédér
433 n, D.C.), et que la plupart des agences fédérales européennes siègent à Zurich, Bâle et Lausanne, Genève restant ville internationa
434 68-1871.) b. Il s’agit de « Orientation vers une Europe fédérale », paru dans Futuribles de mai 1963.
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
435 Lettre ouverte, suite et fin Européennes , Européens ! Pendant que je composais le dossier de votre unité, les
436 Lettre ouverte, suite et fin Européennes, Européens  ! Pendant que je composais le dossier de votre unité, les meilleurs
437 vos cœurs. Ils vous demandaient si vous vouliez l’ Europe unie. Les deux tiers d’entre vous répondaient oui, mais chez les jeun
438 les abandons de souveraineté qu’implique l’union européenne  ? Je réponds que les peuples ne retrouveront l’usage de leur souverai
439 ndait si vous accepteriez un président de l’union européenne qui ne fût pas de votre nation, et 59 % d’entre vous ont dit oui. Tou
440 scrupules qu’on ne peut pas réussir l’union de l’ Europe à partir des États-nations, car ce serait l’union des ennemis de l’Eu
441 s-nations, car ce serait l’union des ennemis de l’ Europe , voire des ennemis de toute union en général. Nul ne fera l’Europe de
442 ennemis de toute union en général. Nul ne fera l’ Europe des États, vrai nom, selon de Gaulle, de l’Europe des patries préconi
443 Europe des États, vrai nom, selon de Gaulle, de l’ Europe des patries préconisée par des obnubilés de l’Hexagone. Car l’union d
444 par des obnubilés de l’Hexagone. Car l’union de l’ Europe implique un certain sens de la coopération honnête. Or on lit tous le
445 ’ait sollicité son entrée, que « la conquête de l’ Europe sera, n’en doutons pas, son grand dessein ». Conquête économique s’en
446 Car s’ils estiment que la « conquête » du marché européen par la Grande-Bretagne serait un scandale, il faut l’empêcher d’entre
447 ur la plus courante qui exaspère les débats sur l’ Europe est le sophisme anachronique : on dénonce les dangers qu’une certaine
448 composition, construction ou union fédérale de l’ Europe , ne saurait être « politique », au sens belliqueux de ce terme, qui é
449 pays, partis ou producteurs. Le but d’une société européenne fédérale n’est pas le triomphe des Bleus ou des Verts de Byzance, c’e
450 signons à l’union, nous autres vrais fédéralistes européens , est politique au sens écologique du terme, qui évoque l’équilibre vi
451 échanges, l’aménagement fécond des différences. L’ Europe n’est pas pour nous, fédéralistes, un champ de bataille où il s’agit
452 et les jeux des enfants. Qui serait contre cette Europe unie, follement complexe, heureuse, aventureuse ? Tout ce qui est jeu
453 nce : Mai 68, qui a vu surgir un Manifeste pour l’ Europe des régions fédérées, signé par de grands noms de la biologie, des ma
454 et nous demandent tout simplement : « Pourquoi l’ Europe n’est pas encore unie ? » Je crois leur avoir répondu : c’est à cause
455 nos États-nations, il est clair que l’union de l’ Europe ne peut pas se faire et ne se fera jamais, nonobstant les discours mi
456 ion sexuelle et de néo-mao-freudisme marcusien.) Européennes , Européens de moins de trente ans ! C’est à vous finalement de compre
457 et de néo-mao-freudisme marcusien.) Européennes, Européens de moins de trente ans ! C’est à vous finalement de comprendre que la
458 sibilité de faire la révolution, c’est de faire l’ Europe des régions, de refaire une communauté. Vous êtes d’accord, n’est-ce
459 ni. La révolution que j’appelle, qui fera seule l’ Europe , et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, con
460 ule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’ Europe en train de se faire, consiste, en remarquable analogie avec la Renai
461 tème politique, non seulement de la nation vers l’ Europe , mais encore vers l’humanité dans son ensemble et en même temps vers
462 Seule, la révolution régionaliste, fédéraliste, européenne , subordonnant la production à des fins transcendantes et personnelles
463 r la police, ou régions fédérées à l’échelle de l’ Europe — ce n’est pas ma faute si le dilemme est aussi dur. Si vous ne faite
464 le dilemme est aussi dur. Si vous ne faites pas l’ Europe , donc si vous persistez à vouloir l’utopie d’États-nations régnant « 
465 misole de force aux dissidences. On ne fera pas l’ Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Et c’est
466 finalités politiques. Donner comme but à la Cité européenne la liberté, non la puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un «
467 u lait, du blé ou même du vin, il est clair que l’ Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ad
468 recréation de communautés véritables. Et la Cité européenne , fondée sur les communes et les régions librement fédérées du contine
469 i viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’ Europe , et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une
470 pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, ma