1 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. I. Pour une nouvelle définition du fédéralisme
1 plus ou moins réussies dans l’empire communiste d’ Europe , dans le monde arabe, en Afrique et en Amérique latine, cependant qu’
2 e : la France, bientôt imitée par presque toute l’ Europe — et au xxe siècle, par une centaine de Nations nouvelles. Centralis
3 namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
4 t sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
5 Mais en même temps, multiplication des jumelages européens entre communes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopér
6 isser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
7 semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
8 ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
9 ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand Européen , écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
10 alistes ! » Si pareils malentendus sont le fait d’ Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
11 ire congénital. Or s’il est vrai que l’Union de l’ Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vraisemblable que
12 toujours menacé, qui dénote la santé de la pensée européenne , sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
13 sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne , il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où
14 lusions de mon discours de Göttingen aux recteurs européens en 1964.3 L’université fut une commune libre au Moyen Âge. Toute vie
15 que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe , plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir — à p
2 1970, L’Un et le Divers ou la Cité européenne. II. La Cité européenne
16 II. La Cité européenne5 L’ Europe , avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit ê
17 doit être une communauté culturelle. L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
18 uniquement ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. Robert Schuman, Po
19 e cheminement des esprits. Robert Schuman, Pour l’ Europe . Je pense, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays
20 é d’une culture, de laquelle participent tous les Européens , qu’ils soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de c
21 répressible dynamisme qui a porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts tour à tour, conquis par nos avent
22 r pour la formule même d’une unité spécifiquement européenne  : Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la p
23 s en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’ Europe comme patrie de la diversité. L’Européen moyen déclare parfois et pen
24 a dénote l’Europe comme patrie de la diversité. L’ Européen moyen déclare parfois et pense toujours : « Quelle est ma raison d’êt
25 de différer, si peu que ce soit, est si cher aux Européens qu’il les porte à exagérer d’une manière tout à fait extravagante l’i
26 du tapis vert l’essai de définition suivant : L’ Européen ne serait‑il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen da
27 t‑il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contr
28 el, soit avec l’homme d’une seule nation de cette Europe dont il révèle ainsi qu’il fait partie, par le seul fait qu’il le con
29 e ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’ Europe . Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous,
30 notre union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’ Europe . ⁂ Si l’on me demande maintenant comment on peut traduire en termes
31 stérieux : l’obstacle à toute union possible de l’ Europe (donc à toute union fédérale) n’est autre que l’État‑nation, tel que
32 guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’ Europe , grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe
33 que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’ Europe  ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas av
34 tion de notre union politique. Entre l’union de l’ Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
35 ens même de la vie… D’une façon plus précise, en Europe , il nous faut décider si notre union aura pour but la Puissance colle
36 sent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la Puissance, c’est‑à‑dire la puissance industrielle et mil
37 ette tour de Babel du xxe siècle ! Une politique européenne de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’éche
38 ntale, serait capable sans nul doute de créer une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un S
39 r une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne . Sans compter qu’un Super État-nation ne pourrait être imposé à tous
40 ontraire, si nous donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire les plus grandes possibilités d’épanouisseme
41 ’hui radicalement incompatible avec les fins de l’ Europe et de la liberté. Il faut adopter sans délai les méthodes les plus pr
42 tio démagogique. Mais je vois aussi que seuls des Européens , rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et
43 nomes valent mieux que la puissance collective. L’ Europe unie sera seule capable de réaliser leur vision. On me dira peut‑être
44 s après coup dans l’ensemble vivant de la culture européenne . Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ce
45  ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’ Europe en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa division ! Pou
46 ion et aux groupements de régions jusqu’au niveau européen  ; là, des Agences fédérales, du type de la Communauté de Bruxelles, s
47 ous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seuil de l’ère du monde uni. Voilà donc le modèle fédéral
48 uni. Voilà donc le modèle fédéraliste de la Cité européenne  : la complexité des régions rendra justice à ses fécondes diversités,
49 tionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l’ Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l
50 finalités politiques. Donner comme but à la Cité européenne la Liberté non la Puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un « 
51 u lait, du blé ou même du vin, il est clair que l’ Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’ad
52 recréation de communautés véritables. Et la Cité européenne — Res publica europaea — fondée sur les communes et les régions libre
53 i viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’ Europe , et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une E
54 pour toute l’humanité, nous lui devons cela. Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, ma