1 1938, Journal d’Allemagne. Journal (1935-1936)
1 ous ne connaissons pas ce genre de littérature en France . — Traduisez-moi le titre ! — « Petit manuel des mères ». Rageur, il
2 ryen. C’est une vieille dame aimable qui parle un français fort passable. Elle n’habite plus qu’une pièce au dernier étage de so
3 ve brusquement pour me saluer. Il lisait un livre français  : La Révolution nécessaire, d’Aron et Dandieu. — Je dois faire, me di
4 nsez-vous de ce livre ? — C’est très bien pour la France , me semble-t-il, mais c’est injuste pour nous. Vous avez vos problème
5 e est beaucoup plus à gauche qu’on ne le croit en France , et un peu moins qu’on ne le croit chez les bourgeois allemands. Mais
6 ’ajoute la grande difficulté d’obtenir des livres français , à cause du régime des devises. Notre culture perd du terrain dans de
7 s Jeunesses hitlériennes diffuse des causeries en français et que cela prouve qu’il est « utile » de connaître cette langue du v
8 gane universitaire du Parti, le Bewegung. Rien en France ne donnerait une idée de la violence démagogique de ces articles. Car
9 doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français , dans l’attente d’une situation. Il craint d’ailleurs de n’en point t
10 s comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français , me dit-il, vous ne rêvez que révolutions et émeutes. Vous ne savez p
11 s stupide de dire des choses pareilles devant des Français  ! » Mais il n’a pas l’air de comprendre. Où est la gaffe ?   Parents
12 ganes diminue, contrairement à ce qui se passe en France . C’est un résultat magnifique. (Il y a longtemps que Kierkegaard a vu
13 s sur l’état du monde que les « libres » journaux français . L’Allemand sait ce qui se passe au Japon, en Amérique du Sud, et mêm
14 se passe au Japon, en Amérique du Sud, et même en France . Le Français l’ignore sereinement, mais par contre, il est au courant
15 Japon, en Amérique du Sud, et même en France. Le Français l’ignore sereinement, mais par contre, il est au courant des faits et
16 d’assurer des relations équilibrées (?) entre la France et l’Allemagne, et cela en instituant un contrôle des marchés. Il me
17 ard. — Mais ils font tous des armements ! — Si la France n’en faisait plus, me répond S., combien aurait-elle de chômeurs ? Le
18 ., combien aurait-elle de chômeurs ? Les journaux français sont pleins d’allusions ironiques au mot de Goering sur le beurre rem
19 hent moins à enivrer les foules d’éloquence (à la française ), qu’à enseigner des faits et une morale civique présentée comme réal
20 réaliste et « scientifique ». On n’imagine pas en France le sérieux et l’application qu’apportent les partisans du national-so
21 mehr Krieg ! ». Nous avons transigé. Morale : Un Français né juriste et malin aurait essayé de me rouler en interprétant adroit
22 disais l’autre jour : Comment voulez-vous que les Français ne vous accusent pas d’ardeur belliqueuse, quand ils voient vos jeune
23 défilés farouches — tout cela signifie guerre en français . Il n’y a rien à faire contre ce jugement. Je vous le disais : quand
24 contre ce jugement. Je vous le disais : quand des Français voient des jeunes gens marcher au pas par rangs bien alignés, et surt
25 quand Briand voulait soulever l’enthousiasme des Français , il « déclarait la Paix » au monde entier. Lui. — Mais il n’y avait
26 e entier. Lui. — Mais il n’y avait aussi que des Français pour le croire. Et cela ne gênait pas beaucoup votre Comité des forge
27 sses d’ailleurs. Je voudrais bien que la jeunesse française se montre un peu plus héroïque, moins exclusivement passionnée pour l
28 s prouesses « sportives » des coureurs du Tour de France , par exemple. Seulement nous avons deux conceptions radicalement oppo
29 rdre nouveau ? Vous n’êtes pas trop réalistes, en France . Moi. — Vous savez que je ne suis pas « pacifiste ». Je reconnais la
30 ces, tous les contrastes, à l’extrême, s’affirmer Français en face des Allemands, par exemple, cela peut conduire à une lutte ou
31 ’avons aucune raison de vouloir la guerre avec la France . Qu’aurions-nous à y gagner, je vous le demande ? Moi. — En effet. M
32 i en auront envie pourront… comment dites-vous en français « sich austoben ? » Moi. — S’en donner à cœur joie ! Ou à mort, plut
33 lutôt… Je veux bien, pourvu que ce ne soit pas en France . Mais je vous répondrai plus sérieusement, d’un seul mot : c’est une
34 me questionnait sur la politique extérieure de la France . Le pacte avec les Soviets l’irrite vivement. « Si la France, comme v
35 pacte avec les Soviets l’irrite vivement. « Si la France , comme vous l’affirmez, préfère en général les principes à ses intérê
36 té. »   Chaque fois que l’on m’envoie un livre de France , je dois aller le retirer au bureau de douane. Ce matin, il s’agissai
37 us mettez quelques soldats à vos frontières ? Les Français ne sont pas si fous ! Il a paru complètement déconcerté. 9 mars 19
38 mplètement déconcerté. 9 mars 1936 Journaux français . « Nous opposerons la force du droit au droit de la force ! » Signifi
39 la fenêtre pour voir s’il n’y avait pas d’avions français dans le ciel ! » Extraordinaire affectivité qui s’attache dans ce pay
40   J’ai envoyé un récit du discours à des amis de France  : copie des notes de ce journal. Je n’ai ajouté que ceci, en conclusi
41 tte clé, mais à présent, comment faire sentir aux Français ce que j’ai senti, ce que j’ai miterlebt ? (Le mot n’est même pas tra
42 ue. Or ceux qui parlent pour ou contre Hitler, en France , parlent en réalité pour ou contre Blum, en toute ignorance d’Hitler.
43 civique. Il s’agit de faire de tout le peuple de France un bloc monolithique réagissant d’une manière uniforme aux impulsions
44 trique de la raison est si prompt d’un bout de la France à l’autre ». Et maintenant, confrontons ces deux déclarations : « C’e
45 ligion nationale-socialiste. Je dis ceci pour les Français qui croient connaître « leur » Révolution, ou qui regrettent qu’elle
46 t. Paix veut dire Anschluss sans opposition de la France . Honneur veut dire mépris des traités. Et ce qu’on souhaite au peuple
47 nie, mais sans rancune, exactement comme un jeune Français vous parle de son temps de caserne. J’espérais provoquer quelques jug
48 e. Des tyroliennes, et des chansons de la vieille France , dont ils étaient les seuls à savoir toutes les strophes… — Quelle im
49 un jeune Allemand, vous sentirez, mes jeunes amis Français , la vanité d’avoir seulement raison. Hélas, on n’a jamais raison cont
2 1938, Journal d’Allemagne. Conclusion 1938
50 Ils ont des canons, mais pas de beurre, dit-on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du be
3 1938, Journal d’Allemagne. Plébiscite et démocratie. (À propos des « élections » au Reichstag, 29 mars 1936)
51 des élections parlementaires Pour la mentalité française actuelle, les récentes « élections » nationales-socialistes doivent l
52 sieurs discours de Hitler imprimés et traduits en français .) Je ne puis me mettre dans la peau d’un électeur allemand qui écoute
53  » hitlérienne et la « démocratie » parlementaire française sont deux trahisons de la véritable démocratie si celle-ci doit être
54 e loi. Là où le référendum n’existe pas, comme en France , on ne saurait parler sans sophisme de démocratie : les pouvoirs délé
55 és, ne « fait » pas l’opinion publique.) 4. La France a passé l’âge des plébiscites Pour un pays qui a fait son unité de
56 mocratisme de gauche qui cherche à l’instituer en France , avec l’appui des Forges ou avec l’appui de Moscou : en regard de la
57 cou : en regard de la mission personnaliste de la France , ces deux tentatives ne seront jamais que des trahisons jumelles. Nou
58 mais aussi contre toute espèce de fascisme « à la française  ». Parce que nous sommes pour le fédéralisme communaliste, pour l’exe
4 1938, Journal d’Allemagne. Les jacobins en chemise brune
59 Appendice iii Les jacobins en chemise brune Au Français qui s’étonne et s’inquiète, ou s’indigne de certaines tournures que p
60 attraper son retard, à tout prix. Vous avez, vous Français , une conscience nationale unitaire qui nous a toujours fait défaut. T
61 procherait de l’Autriche, les états rhénans de la France ) ; c’est d’autre part la pression des Alliés qui soutiennent plus ou
62 a le rôle des proclamations de Brunswick ; et les Français qui occupent la Rhénanie, eh bien ! ce sera « l’armée de Coblence ! »
63 rreurs, dans un pays qui s’y prêtait moins que la France  ? (Ou bien, contre Staline : était-ce la peine de dénoncer la peste d
64 tralisme jacobin, c’est en partie l’exemple de la France qui l’explique. Mais un exemple mal interprété. Hitler n’a vu d’abord
65 a stérilité de la paix. S’il avait mieux connu la France telle qu’elle est, s’il n’avait pas été hypnotisé par les nécessités
66 du centralisme. Mais il faut voir que la carence française , la fossilisation des formes étatistes, constituent pratiquement un f
67 Tant que ce dépassement ne sera pas amorcé par la France , les nations jeunes, faute d’un autre modèle, se laisseront engager d
68 mitations monstrueuses du jacobinisme. C’est à la France d’allumer le signal rouge qui indique une voie impraticable. Signal d
69 nce de la paix ! Car les efforts de la diplomatie française et la volonté même de paix qu’affiche l’ancien combattant Adolf Hitle