1 1946, Journal des deux mondes. Avertissement
1 ournal d’un intellectuel en chômage décrivait la France de l’entre-deux-guerres. Le Journal d’Allemagne montrait l’hitléris
2 1946, Journal des deux mondes. Journal d’attente
2 uveaux Cahiers sur la politique commerciale de la France . Tandis que des experts échangent leurs vues, je constate un curieux
3 r pour elles ses meilleurs amis. (On entend : les Français qui l’ont accueilli comme émigré.) Mais lui, l’émigré, l’excité, le b
4 re : l’homme dépourvu de tact, que disait-il ? La France aime tant la paix qu’elle n’a pas hésité à sacrifier sur son autel un
5 ontrer les fameuses photos en couleur d’écrivains français et étrangers) et José Ortega y Gasset. Ortega spirituel et sérieux,
6 debourg, sous Wallenstein, le paysan et l’artisan français jouissaient d’une quiétude parfaite. Ainsi la vie paisible fut toujou
3 1946, Journal des deux mondes. Intermède
7 nfare joua l’hymne national. Le speaker répéta en français  : convocation des Chambres fédérales pour désigner le général en chef
4 1946, Journal des deux mondes. Puisque je suis un militaire…
8 us firent adopter ce prénom. C’est un souvenir de France et de la paix française, qui nous émeut comme un adieu à la douceur d
9 prénom. C’est un souvenir de France et de la paix française , qui nous émeut comme un adieu à la douceur de vivre, à la confiance.
5 1946, Journal des deux mondes. Anecdotes et aphorismes
10 amenait ce matin à Berne, je lui ai dit : « Si la France est battue, le moral de la Suisse va flancher. Beaucoup seront tentés
11 ir calculé la dépense… 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille. Spoerri insiste, agit, et de
12 e a arrêté des automobilistes munis de passeports français , mais aucun n’était français. La population, sortie pour voir, avait
13 munis de passeports français, mais aucun n’était français . La population, sortie pour voir, avait l’air en fête. Raisons de cro
6 1946, Journal des deux mondes. La route de Lisbonne
14 oie où sont les Italiens, passe par le midi de la France , s’infiltre à grand-peine en Espagne, manque vingt fois de s’y perdre
15 e de votre poche une cigarette. Douanes suisse et française sans histoire : on s’en tire avec trois heures d’attente. Et voici la
16 ’en tire avec trois heures d’attente. Et voici la France dite libre. Si l’on traverse en autocar la partie non encore occupée
17 rouge… Le pain et le vin, symboles de la terre de France , marques sacrées d’une civilisation. Pour un Français, leur absence r
18 ance, marques sacrées d’une civilisation. Pour un Français , leur absence représente bien autre chose qu’une « restriction » : un
19 implement, ne plus réimprimer de livres en langue française  : ceux qu’on faisait à Paris sur du mauvais papier ne se conserveront
20 désabusés et sans avenir que j’ai déjà surpris en France … Nous devions repartir ce soir en train, mais en prenant l’avion de M
21 hanceler, j’ai vu qu’elle peut mourir. J’ai vu la France toute pareille à un homme qui vient de tomber sur la tête. Il se relè
22 it pas quand il est battu. » J’ai pensé aux chefs français trop cartésiens qui ont admis la défaite sur sa définition, — avant q
7 1946, Journal des deux mondes. Premiers contacts avec le Nouveau Monde
23 ido) qui désigne aux États-Unis le vêtement qu’en français l’on appelle un smoking, et en anglais dinner jacket. Ce parc immense
24 es amis qui étaient venus parlaient du Noël de la France et nous mangions nos chocolats comme si nous les avions volés… Déb
25 ntelligents, à ne pas lire. Quelle chance que les Français n’aient pas encore trouvé son équivalent dans leur langue. 20 janv
26 s romancier ! Car les catégories d’un « moraliste français  » sont les moins traduisibles dans leur langue, à moins qu’on ne les
27 ment : « Gagner peu ». Et cela pouvait suffire en France . Ici, la recette ne vaut rien. Le minimum requis est impérieux, et di
28 , New York, 1941. Cet ouvrage est resté inédit en français .
8 1946, Journal des deux mondes. Voyage en Argentine
29 ntrent une nouvelle robe, — à cette même heure en France , et en Russie… Nous le savons tous. Que sert de comparer ? Quel sens 
30 e pas moins bon nombre de noms italiens, anglais, français ou germaniques. Trente à quarante familles tiennent le haut du pavé e
31 s mœurs de ce pays comme elle le fut longtemps en France , et le reste encore dans l’aristocratie des Allemagnes et de l’Europe
32 J’aurai deux chevaux, deux autos, une cuisinière française envoyée tout exprès, et l’ample solitude de la pampa. Estancia de
33 perdus en Espagne, en Italie, en Allemagne, et en France . 2 novembre 1941, en rade de Buenos Aires J’ai retrouvé l’Argen
34 de manuscrits. Tiens tiens tiens ! Des textes en français et en anglais, des livres en espagnol et en allemand… Curieux. Suspec
9 1946, Journal des deux mondes. Solitudes et amitiés
35 d’un mois, mais cela fait vivre un peu de culture française . 21 avril 1942 Comme on regarde les vitrines différemment selon
36 es politiques, diffusés par ondes courtes vers la France et retransmis de Londres par la BBC. Fin mai 1942 Échantillons
37 Échantillons. — Voici donc la section de langue française d’un organisme américain qui tient le rang et joue le rôle de ministè
38 dirige. L’ancien secrétaire de la Nouvelle Revue française et l’ancien rédacteur en chef du Matin lui fournissent de la copie.
39 ission. Dans cinq minutes, au fond d’une campagne française — ce sera déjà la nuit là-bas — des oreilles clandestines entendront 
40 es entendront : « la Voix de l’Amérique parle aux Français . » Il est temps que je recueille et dépouille les directives de Wash
41 e d’échecs et l’écouter parler des malheurs de sa France … Juin 1942 La guerre va mal, il faut le dire, et persuader l’Eu
42 esse du général Marshall : « Nous débarquerons en France . » Juillet 1942 Saint-John Perse 12. — Lorsqu’il est arrivé en
43 ice… Et je doute si personne aujourd’hui parle un français plus sûr de ses nuances, plus naturellement mémorable. Quand il vient
44 tonne — qu’il possède un climat tempéré. C’est la France . Ses habitants croient que la nature dont ils jouissent est le climat
45 ’atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l’analyse du xxe siècle comme autant de cas d’exc
46 produisent si l’on parcourt les statistiques. La France au climat tempéré, avec son type d’humains normalement adaptés à une
47 , des normes idéales de l’homme, le luxe même. La France , disposant des énergies que libère une nature amie de l’homme, se tro
48 , par les plus coûteux artifices, ce climat qu’un Français moyen reçoit à son berceau, cadeau des fées, comme point de départ d’
49 s’intensifie, et les échos nous en reviennent de France . Leur dire là-bas, dire à la Résistance, que la situation se redresse
50 quels sont les plans d’Hitler pour dépouiller la France de sa main-d’œuvre qualifiée — opération que Laval diaboliquement bap
51 n d’être le premier à rédiger la nouvelle pour la France , à l’instant même où le GQG américain nous fait savoir qu’on peut y a
52 e version, élargie, date de 1944. 11. Université française fondée en 1941 à New York par des professeurs exilés de France et de
53 en 1941 à New York par des professeurs exilés de France et de Belgique. Son premier président fut Henri Focillon, auquel succ
10 1946, Journal des deux mondes. Intermède
54 us encore le même langage au jour de ce retour en France ,— dans quelle France, et dans quelle Europe ? Nous étions soumis à l’
55 gage au jour de ce retour en France,— dans quelle France , et dans quelle Europe ? Nous étions soumis à l’érosion de l’exil, mo
56 Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombreux. En France , en Suisse aussi, avant la guerre, nous trouvions qu’il y avait trop
11 1946, Journal des deux mondes. L’Amérique en guerre
57 cain dans les séances du comité de direction. Les Français ont plus de mordant, mais en fin de compte moins d’efficacité quand i
58 le travail concret, c’est autre chose. La section française produit des idées et des textes à haute pression, son chef y entreten
59 ’est fournie par les dactylos et secrétaires. Nos Françaises , avec naturel, font des prodiges de vitesse précise, et trouvent enco
60 ser. Elle imite les arts de Paris, les vins de la France et du Rhin, le traditionalisme et même le modernisme de l’Europe. Ell
61 plade dispersée ? Or une partie de la littérature française moderne, la meilleure justement, s’était mise dans ce cas. ⁂ On ne sa
62 . ⁂ Défaut commun à presque tous nos bons auteurs français contemporains : n’importe qui dira qu’ils « écrivent bien », parce qu
12 1946, Journal des deux mondes. Virginie
63 e m’inquiète davantage. Expliquer chaque jour aux Français une attitude dont on n’approuve soi-même ni les motifs ni les fins, c
64 s, comme à Londres et même à Berlin. Or la langue française nous apprend que celui qui ne peut rien, fût-il un grand esprit, s’ap
65 lemande, les étrangers qui n’avaient pas connu la France , ou qui n’en avaient vu que les lieux de plaisir, la jugeaient sur la
66 nt sur la foi de ses vedettes. À leurs yeux, tout Français devait ressembler aux types d’humanité que représentaient dans le mon
67 iers, ou les chefs cuisiniers des palaces. Le mot Français évoquait aussitôt l’image d’une moustache et d’une boutonnière fleuri
68 le maître d’hôtel. Tout cela, c’était le cliché «  France  ». C’était charmant, c’était « piquant », indéfinissablement féminin
69 était dans tout cela, le vrai peuple de la vraie France  ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le plus affreux de so
70 velles de la Résistance nous parlent du peuple de France  ; les récits et les témoignages clandestins qui nous parviennent de p
71 e plus en plus nombreux nous parlent du peuple de France  ; et des films tournés à Hollywood ou à Londres sur l’épopée secrète
72 sistance ne nous montrent encore que le peuple de France , pour la première fois à l’étranger. Le peuple anonyme, sans vedettes
73 en a d’autres. Je les ai vus avec des amis tantôt français , tantôt américains. Les Français critiquaient beaucoup. Le décor étai
74 des amis tantôt français, tantôt américains. Les Français critiquaient beaucoup. Le décor était inexact, les situations pas tou
75 r ma part qu’ils présentent enfin le petit peuple français comme le héros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vér
76 fin le petit peuple français comme le héros de la France . Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’Euro
77 la faute des élites parisiennes : le peuple de la France est grave. Ou plus exactement, il est sérieux. Il n’est pas avant tou
78 e citais et dans les témoignages directs venus de France sur la lutte contre les nazis, c’est l’absence de grands gestes théât
79 eur avait jamais parlé du vrai peuple de la vraie France . Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec une rage panique 
13 1946, Journal des deux mondes. Le choc de la paix
80 onne pour les vêpres. Ce lac clair, qu’un jésuite français , au début du xviie siècle, baptisa lac du Saint-Sacrement pour la pu
81 olique, la méthodiste. Un curé canadien prêche en français  : nous sommes ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’hôt
82 es s’ornent de monuments souvent couverts de noms français  : morts de Montcalm et morts des guerres d’indépendance. La liberté e
83 maris se nomme Robert, son père était un Canadien français et sa vieille mère est une Allemande du Sud. La famille de l’autre ma
84 d’origine. L’autre moitié se compose de Canadiens français , d’Allemands, d’Italiens, et d’une minorité d’Anglo-Saxons, laquelle
85 liées simultanément dans les journaux américains, français , hollandais, norvégiens, argentins, puis en volume en 1946.
14 1946, Journal des deux mondes. Journal d’un retour
86 ac a écrit : Faut-il partir ? (pensant aux jeunes Français , répondant non). Que Bernanos s’est écrié : Mais partez donc ! la Ter
87 s comprendre la réalité européenne en général, et française en particulier. Je pourrais me contenter de répondre : c’est plutôt v
88 alité mondiale. Après tout, il y a 40 millions de Français , sur 2000 millions d’habitants de la planète, non moins réels, guère
89 bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n’y invi
90 ns les termes où l’on me dit qu’elle est posée en France  : faut-il partir ? (Peut-on partir est une tout autre affaire.) Il se
15 1946, Journal des deux mondes. Le mauvais temps qui vient
91 n’avoir pas souffert comme les autres, comme les Français , les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands aussi, fin