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nique et le Suisse romand, entre ce dernier et le
Français
. Personne n’a mieux montré pourquoi la politique se confond, chez ce
2
e semblait voir Rome, Carthage, l’Allemagne et la
France
, représentées par leurs quatre plus hautes figures, contempler la Sui
3
inte ? Ou bien vers l’ouest, au loin, en terre de
France
? Quelques siècles plus tard, un poète français fait dire à son héro
4
de France ? Quelques siècles plus tard, un poète
français
fait dire à son héros quittant l’Europe et qui s’en remémore les sais
5
hefs des vallées alpestres, que Bonaparte ne sera
Français
aux yeux des Corses. Il n’y a pas, en cette fin du xiiie siècle, de
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fédérale. Il est aussitôt traduit en allemand, en
français
, en hollandais, et connaît vingt-neuf rééditions jusqu’au milieu du x
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leurs triomphes répétés sur la Bourgogne, dont la
France
et l’Autriche n’avaient pu venir à bout, puis sur l’empereur lui-même
8
onales des Alpes. En 1513, ils remportent sur les
Français
soutenus par les lansquenets allemands l’éclatante victoire de Novare
9
l donne l’ordre d’avancer contre l’artillerie des
Français
, cependant que mugit lugubrement le cor d’Uri. La retraite lente et s
10
aite du sang. Les troupes suisses au « service de
France
» n’étaient nullement des corps de mercenaires. La Diète avait signé
11
Les premiers souverains alliés furent les rois de
France
. Le régiment Pfyffer, recruté à Lucerne, sauva Charles IX et sa cour
12
dre. Et c’est pourtant à ce glorieux « service de
France
» que remonte le dicton : « Point d’argent, point de Suisses. » Il ap
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jà Biaise de Montluc. Et comme un prince royal de
France
disait un jour au général des Suisses : « Avec l’or que nous vous avo
14
: « Avec le sang que nos hommes ont versé pour la
France
, on pourrait remplir un canal allant de Bâle à Paris. » Mais on trouv
15
Neuchâtelois combattent à Rossbach aux côtés des
Français
contre leur prince Frédéric II. En 1704, sur la place de Zoug, on voi
16
, on voit le général de Zurlauben enrôler pour la
France
en même temps que le général de Reding proclame les offres du duc de
17
. En 1815, les régiments suisses au service de la
France
reçoivent l’ordre de rentrer au pays. Et il est vrai que, dès 1816, l
18
: ainsi de l’armée Bourbaki en 1871, du IVe C.A.
français
et d’une division polonaise en 1940, et de plusieurs milliers de comb
19
ssion d’Espagne, il y avait vingt mille hommes en
France
seulement, treize mille en Hollande, quatre-mille en Savoie, trois-mi
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non sans provoquer des révoltes —, mais il était
Français
, chef d’Église en Europe, et Genève en ce temps n’était pas encore su
21
t été conférés par des princes étrangers, surtout
français
, allemands et autrichiens. Mais, contrairement à la croyance devenue
22
t, plusieurs familles de la noblesse italienne ou
française
devenues protestantes et chassées de leurs pays. Enfin, dans le pays
23
ce rare d’influences italiennes, autrichiennes et
françaises
, dans un petit pays d’une grande violence de mœurs. Et l’admirable es
24
urs locaux, comtes du Saint-Empire et généraux en
France
, en Espagne, en Sardaigne ; à Schwyz, où toutes les grandes maisons à
25
mme au temps de la résistance contre l’occupation
française
; en Appenzell enfin, où les cinq grandes maisons bourgeoises des Zel
26
européens aux prises hors de nos frontières, — le
français
, l’autrichien, le savoyard, l’espagnol ou le prussien, selon les allé
27
Fröhlich, commandant des Suisses au service de la
France
, n’était pas noble, et il répondit que non. Interrogé ensuite si le c
28
ues, n’hésitaient pas à se lier à la Savoie, à la
France
ou à l’Espagne. Les succès alternés des deux partis, jamais définitif
29
iète. La chute de l’ancienne Suisse, l’occupation
française
, puis la libération du territoire par les armées de l’Autriche amenèr
30
œur l’acte de neutralité, qui arrangeait mieux la
France
.) Il faut reconnaître aussi que les guerres nationales inaugurées par
31
était passé où les cantons pouvaient opposer à la
France
, à la Bourgogne ou à l’empereur Maximilien des troupes égales en nomb
32
soumis et pillés, deux d’entre eux annexés par la
France
, et tous unifiés par la force. La volonté de rester soi-même, qui éta
33
publique helvétique, « une et indivisible », à la
française
. Faut-il attribuer ce désastre aux régimes patriciens qui régnaient d
34
fit sa perte. En fait, c’est le choc de l’attaque
française
, venant de l’extérieur, accident de l’Histoire bien plus qu’aboutisse
35
ici pour nous demander si, avant le coup de force
français
créant la République indivisible, il existait vraiment une Suisse, un
36
pas moins une idée exaltante. Rousseau fuyant la
France
absolutiste court vers « la Suisse » pour y trouver refuge : En entr
37
Suisse Voltaire », bien que ses terres soient en
France
. Idée plus que réalité instituée, la Suisse d’alors est assez compara
38
hez ses voisins. (Ses successeurs à la tête de la
France
, au xxe siècle, imposeront dans le même dessein une formule fédérale
39
bles de s’entendre pour pratiquer à l’égard de la
France
une politique douanière commune, se faisaient la guerre économique le
40
genevois, avant de devenir ambassadeur et pair de
France
, et de mourir assassiné, chef du gouvernement pontifical de Pie IX, e
41
rise à l’extérieur, et notamment chez nos voisins
français
, épris de logique et centralisateurs. Un Français cultivé et qui se d
42
français, épris de logique et centralisateurs. Un
Français
cultivé et qui se demande quel est le « vrai » sens du mot fédéralism
43
de rompre l’unité nationale et de transformer la
France
en une fédération de petits États. « Aux jacobins, on agita gravement
44
ers, Histoire de la révolution, chap. I. Pour un
Français
, la cause est entendue : fédéraliste égale sauvage, ou traître. Pour
45
s le nom de Kanton. C’est à partir de la conquête
française
créant une République indivisible qu’elles se virent toutes réduites
46
mesures proposées et non pas, comme on ferait en
France
, sur les incidences partisanes. Je suis frappé aussi de la facilité d
47
de l’Europe, à Strasbourg, je rencontre un député
français
(plusieurs fois ministre depuis) et qui est membre du comité chargé d
48
t pas du tout l’équivalent de la Chambre Haute en
France
et en Italie, ni de la Chambre des Lords. Il ne ressemble qu’au Sénat
49
ibunal fédéral n’ont pas, comme le Conseil d’État
français
ou la Cour suprême des États-Unis, le droit d’examiner la conformité
50
ns de trois jours. En 1948, le critique militaire
français
C. Rougeron écrivait : Le colonel de Montmollin, chef de l’état-majo
51
t proprement national, comparable à celui que les
Français
, les Suédois, les Espagnols ou les Irlandais éprouvent à l’endroit de
52
communale et la Reconstruction de l’Europe, trad.
française
, 1946. 59. Fritz Fleiner, Beamtenstaat und Volkstaat, 1916. 60. Pop
53
« De la centralisation en Suisse », dans la Revue
française
de Science politique, vol. I, 1951. 63. Carl Doka, Schweizer Rundsch
54
enrayer cette immigration délirante. (Imaginez la
France
accueillant la même proportion de main-d’œuvre étrangère : 1/7 de la
55
d’élégance, le Suisse tient beaucoup plus que le
Français
ou l’Italien au confort matériel, aux objets et aux appareils. Il res
56
ultats : rythme de construction plus rapide qu’en
France
, et point de péages : les frais de construction et d’entretien seront
57
u prix de l’essence (d’ailleurs moins chère qu’en
France
ou en Italie). L’industrie atomique en revanche, est en retard dans c
58
dont ils jouissent à peu près seuls au monde, les
Français
, tandis que les déserts, les volcans, les avalanches, les raz de maré
59
tête des gens heureux », comme l’écrit un journal
français
. Alors que 48 % seulement des Français se disent contents de leur niv
60
un journal français. Alors que 48 % seulement des
Français
se disent contents de leur niveau de vie, tandis que 38 % s’en plaign
61
n, distraction ». C’est « Culture et loisirs » en
France
, la nuance est significative. Quant au goût de la simplicité, affiché
62
les « attitudes culturelles » de l’Autrichien, du
Français
ou de l’Anglais, et ce sont de tels hommes qui donnent à un pays son
63
des prétentions politiques émises d’abord par la
France
et l’Allemagne sur la foi de leurs penseurs romantiques. L’idée qu’il
64
t Josquin des Prés. Elle rayonne en Bourgogne, en
France
, et de l’Espagne à la Bohême, et redescend vers l’Italie qu’elle enri
65
les Suisses romands se rattachent à la « culture
française
», on ne pense qu’à la langue française. Or celle-ci n’est nullement
66
« culture française », on ne pense qu’à la langue
française
. Or celle-ci n’est nullement une propriété de la nation française act
67
lle-ci n’est nullement une propriété de la nation
française
actuelle, à l’ensemble de laquelle elle fut imposée par un décret de
68
ançois Ier, daté de 1539. On parle encore dans la
France
d’aujourd’hui sept ou huit langues différentes : l’allemand, le flama
69
ire de l’arabe hier encore. En revanche, on parle
français
dans des provinces de quatre autres nations. De même, l’allemand ne s
70
s, par exemple, se différencient de leurs voisins
français
— ou en tout cas du stéréotype de la culture française — bien que par
71
çais — ou en tout cas du stéréotype de la culture
française
— bien que parlant (à peu près) la même langue, je trouve ceci : 1° L
72
ouvoir central, comme ce fut le cas des provinces
françaises
, sous plusieurs régimes ; 3° Nous sommes de vieilles républiques fond
73
e, qui sont mondiales ; par sa langue, au domaine
français
; par sa culture enfin, aux sources variées de l’Europe antique, médi
74
commune, germaniques et anglo-saxonnes autant que
françaises
et latines. Et si l’on cite C. F. Ramuz contre ma thèse, faut-il rapp
75
pinisme, développe des banques, prête Necker à la
France
et prépare l’idéologie qu’adoptera la Révolution, dans sa première ph
76
une peinture suisse. Quel est le plus grand poète
français
? « Hugo, hélas ! », répondait André Gide. Le plus grand peintre suis
77
ne le diraient plus aujourd’hui. Et les critiques
français
l’ont ignoré longtemps : je ne sais s’ils répareront jamais cette inj
78
plus entendre parler d’eux. Il s’est fait citoyen
français
. Ses rares interviews le révèlent très amer : personne n’a voulu le c
79
isciples, dans le monde entier. Il a construit en
France
la plus belle église du siècle, Ronchamp ; en Inde une capitale, Chan
80
délimitée par les écoles italiennes et flamandes,
françaises
et austro-allemandes, qui ont fait presque toute la grande musique du
81
yzerdütsch, si drôles chez un homme de fin parler
français
, cette connaissance intime des mœurs, des réflexes, de la Stimmung du
82
tu n’auras que deux mois de service militaire, en
France
deux ans. » Après quoi toute sa vie se passe à Paris. Mais ce ne fut
83
écrivains font partie du domaine allemand, ou du
français
, ou de l’italien, voilà qui me paraît réjouissant, et qui compense le
84
phénomène bizarre comme l’eût été dans le domaine
français
une école suisse centrée sur Genève ou Lausanne, dont le Coppet de Mm
85
une langue convenue, la langue de la littérature
française
, qui se distingue depuis des siècles de celle de l’usage quotidien ;
86
ein de rythmes expressifs, il parle plutôt mal un
français
très courant. Il n’y a pas lieu de déplorer ses helvétismes ou celtis
87
étesté la qualification d’écrivain « d’expression
française
» accolée aux auteurs nés en Suisse romande. On dirait qu’il s’agit d
88
langue suisse, mais choisiraient de s’exprimer en
français
quand ils écrivent un texte à publier. Personne en revanche n’aurait
89
der qu’un bon enseignement de la rhétorique, à la
française
, délie les langues et les esprits, loin de se mettre à l’école de Par
90
t l’école d’Avignon de peintres italiens, l’opéra
français
de Lully, et ainsi de suite à l’infini. À Genève, Stravinsky n’eût ri
91
romands, jusqu’à Ramuz, se distinguent des romans
français
, anglais ou russes des mêmes époques par la gravité du propos, le déd
92
s temps », écrivait-il à son excellent traducteur
français
Charles Baudouin. Et de même, au critique hongrois Albert Gyergyai qu
93
roublantes. Ces deux poètes ont fait la guerre en
France
— tradition du service étranger. Cendrars y perdit son bras droit. Ap
94
qui, par la « trouée de Coppet », révéleront à la
France
les génies de Weimar et les grands philosophes de la Souabe. Vers le
95
tels Gonzague de Reynold ou Albert Béguin que la
France
devra de connaître, traduits non seulement dans sa langue mais dans u
96
et les Français de Béat de Muralt 107 jusqu’à La
France
à l’heure de son clocher d’Herbert Lüthy, en passant par De l’Allemag
97
ris. À 34 ans, il refuse une chaire au Collège de
France
, préférant rester Suisse, et rentre à Genève où il enseigne, jusqu’à
98
ark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9.
France
0,40 4. Pays-Bas 1,15 … … 5. Suède 1,13 … … 6. Allemagne 0,71 R
99
ses. Celles de Genève, Lausanne et Neuchâtel sont
françaises
et marquées par l’esprit protestant ; celle de Fribourg, catholique e
100
e allemande, mais on y donne de nombreux cours en
français
et en italien. (Lucerne annonce son intention de créer une huitième u
101
oints de comparaison l’éducation américaine et la
française
, il apparaît que la Suisse, ici comme ailleurs, suit la voie médiane.
102
ans les programmes suisses que ce n’est le cas en
France
, mais les sports y sont moins envahissants qu’en Amérique120. En géné
103
pas du « gavage intellectuel » dont se plaint le
français
. Moins libre et turbulent que le premier, moins brillant et délié d’e
104
alliances étrangères avec Rome, l’empereur, ou la
France
, pour assurer les droits de leur minorité. C’est Zwingli qui a donné
105
ion des treize cantons. Et l’œuvre du réformateur
français
, qu’elle adopte, va rayonner dans toute l’Europe, et plus tard en Amé
106
e l’observateur de ce pays. Quand un homme d’État
français
dit d’une œuvre, d’un produit, d’une doctrine : « Voilà qui est bien
107
un produit, d’une doctrine : « Voilà qui est bien
français
! » on entend : Voilà qui est excellent, typique du premier pays du m
108
mesquine d’envisager les choses. L’intellectuel
français
approuve en principe tout ce qui est français, sauf le régime au pouv
109
uel français approuve en principe tout ce qui est
français
, sauf le régime au pouvoir (quel qu’il soit). L’intellectuel suisse,
110
ient le reproche qu’ils devinaient chez le voisin
français
par des outrances verbales contre l’Allemand, ou vice versa. C’est al
111
en temps de guerre un enfant allemand, un enfant
français
, et de devenir ainsi, par-dessus le marché, un bienfaiteur de l’human
112
je trouve 30 Neuchâtelois et 34 Européens surtout
Français
, mais pas un seul Suisse d’un autre canton. 85. George Mikes, Switze
113
ais pas en Suisse. 93. Ouvrage refusé partout en
France
, publié en allemand en 1899, et dont la première édition française n’
114
en allemand en 1899, et dont la première édition
française
n’a paru qu’en 1963. 94. L’afflux de la main-d’œuvre transalpine exp
115
ode : l’allemand gagne 1,7 %, l’italien 2 % et le
français
perd 1,7 %. 95. Étienne Le Gal (Écrivez ? n’écrivez pas ? Paris, 192
116
par l’auteur comme décisif pour tout ce qui parle
français
. 96. L’école n’est pas seule responsable, bien sûr, mais c’est elle
117
Monseigneur romain que les farouches républicains
français
par une reine d’Angleterre en visite à Paris. 128. Je lis dans une é
118
et égard. b) L’Europe unifiée à l’image de l’État
français
, c’est-à-dire culturellement uniformisée et administrativement centra
119
e de l’Europe des nations unitaires sur le modèle
français
, promises aux guerres nationalistes et coloniales, seule la Suisse ré
120
ionner d’une manière autonome, et l’on propose en
France
le chiffre de six millions : il coïncide, par hasard, et pour l’insta
121
brusquerie, d’accents qui ont fait rire toute la
France
(mais par Grock et Michel Simon), et souvent, chez un homme du peuple
122
ement aimé. L’Europe centrale, les États-Unis, la
France
surtout. J’ai dit un jour de la France : C’est le pays du monde dont
123
s-Unis, la France surtout. J’ai dit un jour de la
France
: C’est le pays du monde dont je préfère me plaindre. La Suisse est l
124
l’occasion d’une journée d’émissions de la radio
française
sur la Suisse romande, une journaliste s’avisa de « présenter » le su
125
à la demande d’un éditeur de Paris pour un public
français
qui connaît peu la Suisse, et dans ce peu, presque tout est cliché. J
126
les. Ce qui me ramenait à la Suisse, telle que la
France
seule me l’avait fait comprendre par la vertu didactique du contraste
127
ie toute logique, et surtout de l’expliquer à des
Français
non seulement cartésiens mais jacobins dans l’âme, que je me vis cont
128
s ici et là selon les vœux de mon premier éditeur
français
. Pour le reste, on se reportera aux ouvrages autorisés2. Quant à mon
129
aleur achevée ou sa vertu très haute. 2. Voir en
français
La Suisse romande au cap du xxe siècle, par Alfred Berchtold ; en it