1 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Le sentiment de l’Europe centrale
1 seul exemple. L’Allemand, dit-on, est brutal ; le Français malin. Deux traits de caractère dont les manifestations quotidiennes,
2 elle, masque et renie ses mensonges. Mais pour le Français , cela ne saurait présenter que des inconvénients tout pratiques, stri
3 , ne change rien. En d’autres termes, le mensonge français n’est pas mythique. Il ne crée ni ne fausse rien d’essentiel à la réa
4 mme vous, qu’il existe quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la distinction que l’on vient d’établir ne vaut rien :
5 olitiques, l’on peut nommer ici Allemagne, et là, France . Il reste qu’un Empédocle, qu’un Zarathoustra, génies titaniques, son
6 mythes germains par excellence, — et que c’est un Français qui, le premier, conçut, pour s’en vanter, l’idée qu’il était né mali
7 », — qui dans ce sens, vraiment, n’est pas un mot français . En ceci, le monde de l’Europe centrale est plus chrétien que le mond
2 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Châteaux en Prusse
8 cuir, la chasse, j’ai trouvé tous les classiques français , et l’Encyclopédie. Même, un petit Voltaire dépareillé, « ex-libris d
9 poches d’un uniforme au retour de la campagne de France .) Les mémoires, en français, d’un des burgraves zu Dohna qui fut gouv
10 etour de la campagne de France.) Les mémoires, en français , d’un des burgraves zu Dohna qui fut gouverneur d’Orange, et eut pour
3 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Voyage en Hongrie
11 re que de s’abandonner d’une certaine manière. En France , chacun parle pour son compte, paraphe son épigramme, jette son petit
12 lon qu’ils sont techniciens ou intellectuels. Les Français aiment par goût d’en bien parler. Les Suisses aiment avec une bonne o
13 ieurs milliers d’exemplaires, tels que : banlieue française , village suisse, gare allemande grouillante de questions sociales. La
4 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Petit journal de Souabe
14 ouffre par le fait des menées impérialistes de la France , il cherche une revanche sournoise et désintéressée dans l’activité d
15 esprit « caustique » — il aime à me le répéter en français  —, et je le verrai bien, assure-t-il, le jour où il me confiera quelq
16 ous la tonnelle du vestiaire. « N’est-ce pas, les Français sont terribles avec les filles ? » (Je pense : comme elles sont tout
17 rer. 11 juin 1929 Au rebours des classiques français , livrés à l’Enseignement, Goethe est profondément « populaire ». Non
5 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Sur l’automne 1932, ou la naissance du personnalisme
18 en huit semestres, lettres latines, allemandes et françaises , fortement étoffées de philosophie, de psychologie et d’histoire — j’
19 n néophyte de la théologie dialectique, connue en France par de rares initiés. (De l’un d’eux, Pierre Maury, m’était venu l’ap
20 angée de faces-à-main avec les plus beaux noms de France —, j’avais plongé dans mon nouveau métier en m’installant dans ce deu
21 ns qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays 
22 vivante en ce pays ? La violence des communistes français reste le plus souvent verbale, électorale ; elle n’est pas dans leur
23 ligne des forces révolutionnaires profondes de la France . Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89 dans ce qu’elle
24 rumination ira se perdre demain dans le fascisme français  » (Nizan), il est clair que dès ce moment ils sont totalement engagés
25 s auteurs qu’elle avait traduits et introduits en France  : Luther, Kierkegaard, Berdiaev, Karl Barth et ses premiers disciples
6 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Préambule
26 t pourtant il suffit de bien peu pour partir : la France a des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous en che
7 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — N’habitez pas les villes !
27 ie… Pour de tels hommes, certes il n’y a pas deux France  ! Ou plutôt elles se mêlent dans un combat indivisible et nécessaire
28 au cœur de chacun d’eux. Voilà l’espèce d’hommes français que je voudrais croire la plus authentique, et la plus digne d’incarn
29 ntique, et la plus digne d’incarner le concept de Français moyen. « Français moyen » aux yeux des journalistes, c’est un petit-b
30 digne d’incarner le concept de Français moyen. «  Français moyen » aux yeux des journalistes, c’est un petit-bourgeois terne et
31 un petit-bourgeois terne et plat que j’appelle un Français aplati, un parfait lecteur de journaux, un minimum de Français, et no
32 ti, un parfait lecteur de journaux, un minimum de Français , et non pas du tout une moyenne. Que ne réserve-t-on l’expression pou
33 iches. Elles ont trahi l’Évangile. “Un philosophe français , M. Julien Benda, a dit que les clercs ont trahi. Les clercs, n’est-c
34 e pasteur, M. Benda. Il est généralement admis en France qu’un orateur dit un tas de choses qu’on ne comprend pas, et cite des
35 d même ? On ne persécute plus le christianisme en France  : c’est sans doute un signe de surdité spirituelle totale. Seule la p
36 t sensiblement plus laids que ceux du reste de la France . Peut-on aimer les hommes qu’on voit ? — Ou bien, au contraire, cette
37 he d’en tirer de quoi vivre. (Combien y a-t-il en France d’écrivains qui vivent de leurs écrits ? Peut-être deux sur cent — et
38 rique si l’on veut. Il est curieux de noter qu’en français communion contient et évoque union, alors qu’en allemand le même mot,
39 de la communauté. Qui est-ce qui se préoccupe en France de donner au peuple une éducation solidariste ? On cherche à enrôler
40 t-être d’innombrables petits faits de ce genre en France . Il y aurait peut-être d’innombrables réformes aussi simples à opérer
41 quelques traces ici ou là, c’est que le peuple de France lit trop de journaux, ne lit que cela, et finit par se croire « le Pe
42 rapidement et plus profondément la coutume de la France rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire : l’autocar modifie compl
43 out la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part sans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pa
44 reprendre une belle révolution, qui rajeunisse la France  : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et la rapid
45 ses, aux jeunes Allemands, comme un type de jeune Français . Je retiens de cette journée deux impressions (je n’ose pas en dire d
46 er que des traductions. La littérature moderne en France n’a guère à donner à ceux qui ont faim de nourriture solide, élémenta
47 prends très bien qu’un certain nombre d’écrivains français aient passé au communisme : il leur fallait cela sans doute pour oser
48 en plus. Telle est la pauvre chance des écrivains français  : il a fallu un nouveau conformisme pour les libérer de l’ancien ; et
49 t point de vue d’un artisan précieux de la langue française telle qu’on l’écrit à Paris de nos jours (car c’est faux sous tout au
8 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Pauvre province
50 upçon qui m’est venu en mainte autre région de la France  : les provinciaux ignorent obstinément, peut-être même haïssent la co
51 (grâce à l’École et à l’appât des Assurances), la France est perdue. Elle sera colonisée. Mais si l’état d’esprit des seconds
52 e. Mais si l’état d’esprit des seconds domine, la France fera de nouveau des enfants, par suite du nationalisme, par suite la
53 aires. Je vois en elles un type très classique de Françaises  : leur politesse mesurée, leur raison, leur énergie sérieuse, cette f
54 dit. (C’est seulement de la langue des écrivains français qu’il est exact de dire, avec tous les manuels, qu’elle est une langu
55 s la mesure où ils veulent être de bons écrivains français .) — Que de bonne volonté chez les hommes de ce Cercle ! Comme ils s’a
56 ut plein d’objets ». Malchance affreuse du peuple français  : il n’échappe aux jésuites que pour tomber dans le fétichisme : le f
57 t cas il ne peut pas se poser de la même façon en France . Je conclus que la seule manière de prévenir utilement un fascisme, c
58 as de condamner les Italiens et leurs admirateurs français , position négative, paresseuse, et donc faible, mais d’essayer de rés
59 et donc faible, mais d’essayer de résoudre « à la française  » le problème de l’autorité, tel que le posent cinquante années de dé
60 ndre compte » en langage ordinaire, et surtout en français . On admet facilement que les Césars jettent les dés avant leurs grand
61 À la prochaine enquête sur l’état politique de la France , je me promets de répondre ceci : « La France est un pays comblé, qui
62 la France, je me promets de répondre ceci : « La France est un pays comblé, qui a résolu tous les problèmes économiques urgen
63 35 « Communautés. » — On en parle beaucoup en France , depuis quelques années ; mais cela ne paraît guère entraîner à des a
64 aparte, n’est en somme que l’application du style français à la chose militaire. 41. À Montmartre, il y a deux ou trois ans, j’
9 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — L’été parisien
65 rveau délirant en plein midi du grand corps de la France étirée au soleil. Tous les problèmes vont se poser autrement. Tout es
66 e et trop connu — le rire conventionnel des films français , des petites actrices piquantes, de toutes les femmes qui les imitent
10 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Intermède
67 P avec les milieux politiques et intellectuels en France . — Vous avez écrit des choses très dures sur notre régime, commence-t
68 ersité de Francfort. Le professeur de littérature française a sûrement d’autres candidats auxquels il tient, mais je suis en mesu
11 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Journal (1935-1936)
69 ous ne connaissons pas ce genre de littérature en France . — Traduisez-moi le titre ! — « Petit manuel des mères ». Rageur, il
70 ryen. C’est une vieille dame aimable qui parle un français fort passable. Elle n’habite plus qu’une pièce au dernier étage de so
71 ve brusquement pour me saluer. Il lisait un livre français  : La Révolution nécessaire, d’Aron et Dandieu. — Je dois faire, me di
72 nsez-vous de ce livre ? — C’est très bien pour la France , me semble-t-il, mais c’est injuste pour nous. Vous avez vos problème
73 e est beaucoup plus à gauche qu’on ne le croit en France , et un peu moins qu’on ne le croit chez les bourgeois allemands. Mais
74 ’ajoute la grande difficulté d’obtenir des livres français , à cause du régime des devises. Notre culture perd du terrain dans de
75 s Jeunesses hitlériennes diffuse des causeries en français et que cela prouve qu’il est « utile » de connaître cette langue du v
76 gane universitaire du Parti, le Bewegung. Rien en France ne donnerait une idée de la violence démagogique de ces articles. Car
77 doktor phil., et il voudrait se perfectionner en français , dans l’attente d’une situation. Il craint d’ailleurs de n’en point t
78 s comme ça, les ouvriers allemands. « Vous autres Français , me dit-il, vous ne rêvez que révolutions et émeutes. Vous ne savez p
79 s stupide de dire des choses pareilles devant des Français  ! » Mais il n’a pas l’air de comprendre. Où est la gaffe ?   Parents
80 ganes diminue, contrairement à ce qui se passe en France . C’est un résultat magnifique. (Il y a longtemps que Kierkegaard a vu
81 s sur l’état du monde que les « libres » journaux français . L’Allemand sait ce qui se passe au Japon, en Amérique du Sud, et mêm
82 se passe au Japon, en Amérique du Sud, et même en France . Le Français l’ignore sereinement, mais par contre, il est au courant
83 Japon, en Amérique du Sud, et même en France. Le Français l’ignore sereinement, mais par contre, il est au courant des faits et
84 d’assurer des relations équilibrées (?) entre la France et l’Allemagne, et cela en instituant un contrôle des marchés. Il me
85 ard. « Mais ils font tous des armements ! — Si la France n’en faisait plus, me répond S…, combien aurait-elle de chômeurs ? »
86 combien aurait-elle de chômeurs ? » Les journaux français sont pleins d’allusions ironiques au mot de Goering sur le beurre rem
87 hent moins à enivrer les foules d’éloquence (à la française ), qu’à enseigner des faits et une morale civique présentée comme réal
88 réaliste et « scientifique ». On n’imagine pas en France le sérieux et l’application qu’apportent les partisans du national-so
89 mehr Krieg ! ». Nous avons transigé. Morale : Un Français né juriste et malin aurait essayé de me rouler en interprétant adroit
90 disais l’autre jour : Comment voulez-vous que les Français ne vous accusent pas d’ardeur belliqueuse, quand ils voient vos jeune
91 défilés farouches — tout cela signifie guerre en français . Il n’y a rien à faire contre ce jugement. Je vous le disais : quand
92 contre ce jugement. Je vous le disais : quand des Français voient des jeunes gens marcher au pas par rangs bien alignés, et surt
93 quand Briand voulait soulever l’enthousiasme des Français , il « déclarait la Paix » au monde entier. Lui. — Mais il n’y avait
94 e entier. Lui. — Mais il n’y avait aussi que des Français pour le croire. Et cela ne gênait pas beaucoup le Comité des forges.
95 sses d’ailleurs. Je voudrais bien que la jeunesse française ou suisse, ou belge, se montre un peu plus héroïque, moins exclusivem
96 rdre nouveau ? Vous n’êtes pas trop réalistes, en France . Moi. — Vous savez que je ne suis pas « pacifiste ». Je reconnais la
97 ces, tous les contrastes, à l’extrême, s’affirmer Français en face des Allemands, par exemple, cela peut conduire à une lutte ou
98 ’avons aucune raison de vouloir la guerre avec la France . Qu’aurions-nous à y gagner, je vous le demande ? Moi. — En effet. M
99 i en auront envie pourront… comment dites-vous en français sich austoben ? Moi. — S’en donner à cœur joie ! Ou à mort, plutôt…
100 me questionnait sur la politique extérieure de la France . Le pacte avec les Soviets l’irrite vivement. « Si la France, comme v
101 pacte avec les Soviets l’irrite vivement. « Si la France , comme vous l’affirmez, préfère en général les principes à ses intérê
102 té. »   Chaque fois que l’on m’envoie un livre de France , je dois aller le retirer au bureau de douane. Ce matin, il s’agissai
103 us mettez quelques soldats à vos frontières ? Les Français ne sont pas si fous ! » Il a paru complètement déconcerté. 9 mars
104 mplètement déconcerté. 9 mars 1936 Journaux français . « Nous opposerons la force du droit au droit de la force ! » Signifi
105 la fenêtre pour voir s’il n’y avait pas d’avions français dans le ciel ! » Extraordinaire affectivité qui s’attache dans ce pay
106   J’ai envoyé un récit du discours à des amis de France  : copie des notes de ce journal. Je n’ai ajouté que ceci, en conclusi
107 tte clé, mais à présent, comment faire sentir aux Français ce que j’ai senti, ce que j’ai miterlebt ? (Le mot n’est même pas tra
108 ue. Or ceux qui parlent pour ou contre Hitler, en France , parlent en réalité pour ou contre Blum, en toute ignorance d’Hitler.
109 civique. Il s’agit de faire de tout le peuple de France un bloc monolithique réagissant d’une manière uniforme aux impulsions
110 trique de la raison est si prompt d’un bout de la France à l’autre ». Et maintenant, confrontons ces deux déclarations : « C’e
111 ligion nationale-socialiste. Je dis ceci pour les Français qui croient connaître « leur » Révolution, ou qui regrettent qu’elle
112 t. Paix veut dire Anschluss sans opposition de la France . Honneur veut dire mépris des traités. Et ce qu’on souhaite au peuple
113 nie, mais sans rancune, exactement comme un jeune Français vous parle de son temps de caserne. J’espérais provoquer quelques jug
114 e. Des tyroliennes, et des chansons de la vieille France , dont ils étaient les seuls à savoir toutes les strophes… — Quelle im
115 un jeune Allemand, vous sentirez, mes jeunes amis français , la vanité d’avoir seulement raison. Hélas, on n’a jamais raison cont
12 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Conclusions
116 Ils ont des canons, mais pas de beurre, dit-on en France d’un air malin. On oublie que le mot est de Goering lui-même. « Du be
13 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Post-scriptum 1939, ou Conclusions à n’en plus finir
117 s le numéro de novembre 1938 de la Nouvelle revue française . Désireux de me dégager de l’atmosphère trop émotive de ces journées,
118 imposant un régime centraliste inspiré du modèle français . 2. Sur quoi se basaient les revendications hitlériennes ? — Les dict
119 nt l’Empire. Cette « liberté » qu’apportaient les Français à la pointe de leurs baïonnettes ne correspondait pas à des notions b
120 omparaisons abstraites. C’est en quoi les notions française et allemande de justice s’opposeront pendant plusieurs décades encore
121 donner mon correspondant signifie pour un esprit français  : droit du plus fort, donc injustice. Ici encore, il suffit de change
14 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Vers la guerre
122 ait de lui donner un livre « urgent » intitulé La France et son armée. (Le nom, Charles de Gaulle, me rappela quelque chose :
123 Rops que je consentirais ce sacrifice à la nation française , et me mis aussitôt à travailler de dix à quatorze heures par jour su
124 lie ne la suivra pas, mais plutôt se joindra à la France . Je me penche vers lui et lui fais remarquer un officier barbu, assis
125 à non plus. Et quant à la jeunesse intellectuelle française , la parisienne tout au moins, elle s’intéressait davantage aux finali
126 t été vertement dénoncé par des « intellectuels » français . Mais si le monde ne s’en porte pas mieux, l’intelligence n’y gagne g
127 t bien forcé par le spectacle de l’intelligentsia française . Précisons donc encore : la première tâche des intellectuels qui ont
128 dès qu’une menace se précise contre les libertés françaises  ! Le réflexe du libéral devant le péril, c’est de faire un fascisme.
15 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Avertissement
129 ournal d’un intellectuel en chômage décrivait la France de l’entre-deux-guerres. Le Journal d’Allemagne montrait l’hitléris
16 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Journal d’attente
130 uveaux Cahiers sur la politique commerciale de la France . Tandis que des experts échangent leurs vues, je constate un curieux
131 r pour elles ses meilleurs amis. (On entend : les Français qui l’ont accueilli comme émigré.) Mais lui, l’émigré, l’excité, le b
132 re : l’homme dépourvu de tact, que disait-il ? La France aime tant la paix qu’elle n’a pas hésité à sacrifier sur son autel un
133 trer les fameuses photos en couleur71 d’écrivains français et étrangers) et José Ortega y Gasset. Ortega spirituel et sérieux, p
134 debourg, sous Wallenstein, le paysan et l’artisan français jouissaient d’une quiétude parfaite. Ainsi la vie paisible fut toujou
17 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Intermède
135 nfare joua l’hymne national. Le speaker répéta en français  : convocation des Chambres fédérales pour désigner le général en chef
18 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — « Puisque je suis un militaire… »
136 us firent adopter ce prénom. C’est un souvenir de France et de la paix française qui nous émeut comme un adieu à la douceur de
137 prénom. C’est un souvenir de France et de la paix française qui nous émeut comme un adieu à la douceur de vivre, à la confiance.
138 amenait ce matin à Berne, je lui ai dit : « Si la France est battue, le moral de la Suisse va peut-être flancher. Beaucoup ser
139 ir calculé la dépense. 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille. Spoerri insiste, agit, et de
140 e a arrêté des automobilistes munis de passeports français , mais aucun n’était français. La population, sortie pour voir, avait
141 munis de passeports français, mais aucun n’était français . La population, sortie pour voir, avait l’air en fête. Raisons de cro
142 t politique fédéral. À propos du cessez-le-feu en France , il a parlé de notre « soulagement » ! Cela peut s’entendre de divers
143 lus normal. En dépit du choc causé par la défaite française , l’opinion suisse n’a pas encore compris toute l’ampleur du péril, et
19 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — La route de Lisbonne
144 e de votre poche une cigarette. Douanes suisse et française sans histoire : on s’en tire avec trois heures d’attente. Et voici la
145 ’en tire avec trois heures d’attente. Et voici la France dite libre. Si l’on traverse en autocar la partie non encore occupée
146 rouge… Le pain et le vin, symboles de la terre de France , marques sacrées d’une civilisation. Pour un Français, leur absence r
147 ance, marques sacrées d’une civilisation. Pour un Français , leur absence représente bien autre chose qu’une « restriction » : un
148 implement, ne plus réimprimer de livres en langue française  : ceux qu’on faisait à Paris sur du mauvais papier ne se conserveront
149 désabusés et sans avenir que j’ai déjà surpris en France … Nous devions repartir ce soir en train, mais en prenant l’avion de M
150 hanceler, j’ai vu qu’elle peut mourir. J’ai vu la France toute pareille à un homme qui vient de tomber sur la tête. Il se relè
151 hard (celle du premier élan) s’y impose alors. 2. France . — Éliminée comme puissance pour plusieurs années ou décennies. Peut
152 it pas quand il est battu. » J’ai pensé aux chefs français trop cartésiens qui ont admis la défaite sur sa définition, — avant q
20 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Premiers contacts avec le Nouveau Monde
153 ido) qui désigne aux États-Unis le vêtement qu’en français l’on appelle un smoking, et en anglais dinner jacket. Ce parc immense
154 es amis qui étaient venus parlaient du Noël de la France et nous mangions nos chocolats comme si nous les avions volés… Déb
155 ntelligents, à ne pas lire. Quelle chance que les Français n’aient pas encore trouvé son équivalent dans leur langue. 20 janv
156 s romancier ! Car les catégories d’un « moraliste français  » sont les moins traduisibles dans leur langue, à moins qu’on ne les
157 icien Paul Bowies, sa femme qui écrit un roman en français , un jeune compositeur anglais, Benjamin Britten (qui est venu après l
158 ment : « Gagner peu. » Et cela pouvait suffire en France . Ici, la recette ne vaut rien. Le minimum requis est impérieux, et di
159 , New York, 1941. Cet ouvrage est resté inédit en français .
21 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Voyage en Argentine
160 ntrent une nouvelle robe, — à cette même heure en France , et en Russie… Nous le savons tous. Que sert de comparer ? Quel sens 
161 à Paris, par les Allemands, mais par le syndicat français de la librairie ou de l’édition (je ne sais plus) dans la zone dont d
162 u anglais entouré de terrasses et de jardins à la française , statues, pièces d’eau et boulingrins. Le ciel est sombre et bas à l’
163 e pas moins bon nombre de noms italiens, anglais, français ou germaniques. Trente à quarante familles tiennent le haut du pavé e
164 s mœurs de ce pays comme elle le fut longtemps en France , et le reste encore dans l’aristocratie des Allemagnes et de l’Europe
165 J’aurai deux chevaux, deux autos, une cuisinière française envoyée tout exprès, et l’ample solitude de la pampa. Estancia de
166 perdus en Espagne, en Italie, en Allemagne, et en France . 2 novembre 1941, en rade de Buenos Aires J’ai retrouvé l’Argen
167 a jamais cessé au temps de Vichy d’être publié en France et qui a un passeport suisse… », affirmera au cours d’une conférence
22 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Intermède douanier
168 e manuscrits. Tiens, tiens, tiens ! Des textes en français et en anglais, des livres en espagnol et en allemand… Curieux. Suspec
23 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Solitude et amitiés
169 s parties dans des mondes bien tranchés. Chez des Français d’abord, récemment émigrés, et qui avaient encore à découvrir la joie
170 d’un mois, mais cela fait vivre un peu de culture française — encore que les ouvrages qui m’ont le mieux servi ne soient pas trad
171 ui m’ont le mieux servi ne soient pas traduits en français  : Philosophie und Religion de C. G. Jung, Homo Ludens de J. Huizinga
172 of Physical Science d’Eddington. Mais la culture française , dès le xviiie , fut une synthèse européenne. Incertain sur le sort p
173 d l’heure de se lever encore parmi nous : pour la France , pour l’Europe et pour l’humanité. » Grande prose musicale, et qui n’
174 our. Et je doute si personne aujourd’hui parle un français plus sûr de ses nuances, plus naturellement mémorable. Quand il vient
175 es politiques, diffusés par ondes courtes vers la France et retransmis de Londres par la BBC. 28 mai 1942 Bohuslav Marti
176 ar Information. — Voici donc la section de langue française d’un organisme américain qui tient le rang et joue le rôle de ministè
177 adaire. L’ancien secrétaire de la Nouvelle Revue française et l’ancien rédacteur en chef du Matin lui fournissent de la copie.
178 ission. Dans cinq minutes, au fond d’une campagne française — ce sera déjà la nuit là-bas — des oreilles clandestines entendront 
179 es entendront : « La Voix de l’Amérique parle aux Français . » Il est temps que je recueille et dépouille les directives de Washi
180 e d’échecs et l’écouter parler des malheurs de sa France … Juin 1942 La guerre va mal, il faut le dire, et persuader l’Eu
181 esse du général Marshall : « Nous débarquerons en France . » 26 juin 1942 Déjeuné chez des amis belges avec Paul Van Zeel
182 tonne — qu’il possède un climat tempéré. C’est la France . Ses habitants croient que la nature dont ils jouissent est le climat
183 ’atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l’analyse du xxe siècle comme autant de cas d’exc
184 produisent si l’on parcourt les statistiques. La France au climat tempéré, avec son type d’humains normalement adaptés à une
185 , des normes idéales de l’homme, le luxe même. La France , disposant des énergies que libère une nature amie de l’homme, se tro
186 e par les plus coûteux artifices, ce climat qu’un Français moyen reçoit à son berceau, cadeau des fées, comme point de départ d’
187 doute qu’à eux deux ils assuraient la durée de la France physique et de la France idéale. Samedi dernier, partant pour un week
188 ssuraient la durée de la France physique et de la France idéale. Samedi dernier, partant pour un week-end à Long Island, je re
189 ique que le Maréchal sauve la « substance » de la France , en acceptant de composer avec l’occupant, car s’il se révoltait ouve
190 a guerre contre les nazis, mais contre le liftier français ou le chef du Ritz qui a refusé d’être de leur faction, et qu’ils tie
191 s’intensifie, et les échos nous en reviennent de France . Leur dire là-bas, dire à la Résistance, que la situation se redresse
192 quels sont les plans d’Hitler pour dépouiller la France de sa main-d’œuvre qualifiée — opération que Laval diaboliquement bap
193 n d’être le premier à rédiger la nouvelle pour la France , à l’instant même où le GQG américain nous fait savoir qu’on peut y a
24 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Intermède
194 us encore le même langage au jour de ce retour en France , — dans quelle France, et dans quelle Europe ? Nous étions soumis à l
195 age au jour de ce retour en France, — dans quelle France , et dans quelle Europe ? Nous étions soumis à l’érosion de l’exil, mo
196 Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombreux. En France , en Suisse aussi, avant la guerre, nous trouvions qu’il y avait trop
25 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — L’Amérique en guerre
197 cain dans les séances du comité de direction. Les Français ont plus de mordant, mais en fin de compte moins d’efficacité quand i
198 le travail concret, c’est autre chose. La section française produit des idées et des textes à haute pression, son chef y entreten
199 ’est fournie par les dactylos et secrétaires. Nos Françaises , avec naturel, font des prodiges de vitesse précise, et trouvent enco
200 ser. Elle imite les arts de Paris, les vins de la France et du Rhin, le traditionalisme et même le modernisme de l’Europe. Ell
201 plade dispersée ? Or une partie de la littérature française moderne, la meilleure justement, s’était mise dans ce cas. ⁂ On ne sa
202 . ⁂ Défaut commun à presque tous nos bons auteurs français contemporains : n’importe qui dira qu’ils « écrivent bien », parce qu
26 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Virginie
203 e m’inquiète davantage. Expliquer chaque jour aux Français une attitude dont il arrive souvent qu’on désapprouve les motifs ou l
204 s, comme à Londres et même à Berlin. Or la langue française nous apprend que celui qui ne peut rien, fût-il un grand esprit, s’ap
205 lemande, les étrangers qui n’avaient pas connu la France , ou qui n’en avaient vu que les lieux de plaisir, la jugeaient sur la
206 aient sur la foi des vedettes. À leurs yeux, tout Français devait ressembler aux types d’humanité que représentaient dans le mon
207 iers, ou les chefs cuisiniers des palaces. Le mot Français évoquait aussitôt l’image d’une moustache et d’une boutonnière fleuri
208 le maître d’hôtel. Tout cela, c’était le cliché «  France  ». C’était charmant, c’était « piquant », indéfinissablement féminin
209 était dans tout cela, le vrai peuple de la vraie France  ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le plus affreux de so
210 velles de la Résistance nous parlent du peuple de France  ; les récits et les témoignages clandestins qui nous parviennent de p
211 e plus en plus nombreux nous parlent du peuple de France  ; et des films tournés à Hollywood ou à Londres sur l’épopée secrète
212 sistance ne nous montrent encore que le peuple de France , pour la première fois à l’étranger. Le peuple anonyme, sans vedettes
213 en a d’autres. Je les ai vus avec des amis tantôt français , tantôt américains. Les Français critiquaient beaucoup. Le décor étai
214 des amis tantôt français, tantôt américains. Les Français critiquaient beaucoup. Le décor était inexact, les situations pas tou
215 r ma part qu’ils présentent enfin le petit peuple français comme le héros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vér
216 fin le petit peuple français comme le héros de la France . Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’Euro
217 la faute des élites parisiennes : le peuple de la France est grave. Ou plus exactement il est sérieux. Il n’est pas avant tout
218 e citais et dans les témoignages directs venus de France sur la lutte contre les nazis, c’est l’absence de grands gestes théât
219 eur avait jamais parlé du vrai peuple de la vraie France . Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec une rage panique 
220 ident du gouvernement provisoire de la République française vous prie de lui faire l’honneur d’assister à la réception qu’il donn
221 a du peuple ce soir. Ce serait-il pour ce général français  ? — Oui. Je vais le voir. — Alors dites-lui qu’on l’aime bien par ici
27 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le choc de la paix
222 uy). 29 avril 1945 La paix va commencer, en France , dans toute la confusion d’une Fronde qui n’aurait pas son Mazarin.
223 onne pour les vêpres. Ce lac clair, qu’un jésuite français , au début du xviie siècle, baptisa lac du Saint-Sacrement pour la pu
224 olique, la méthodiste. Un curé canadien prêche en français  : nous sommes ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’hôt
225 es s’ornent de monuments souvent couverts de noms français  : morts de Montcalm et morts des guerres d’Indépendance. La liberté e
226 maris se nomme Robert, son père était un Canadien français et sa vieille mère est une Allemande du Sud. La famille de l’autre ma
227 d’origine. L’autre moitié se compose de Canadiens français , d’Allemands, d’Italiens, et d’une minorité d’Anglo-Saxons, laquelle
228 et publiées en 1946 dans des journaux américains, français , hollandais, norvégiens, italiens, argentins. 100. Il s’agit du prés
28 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Journal d’un retour
229 écrit : « Faut-il partir ? » (pensant aux jeunes Français , répondant non). Que Bernanos s’est écrié : « Mais partez donc ! la T
230 s comprendre la réalité européenne en général, et française en particulier. Je pourrais me contenter de répondre : c’est plutôt v
231 alité mondiale. Après tout, il y a 40 millions de Français , sur trois milliards d’habitants de la planète, non moins réels, guèr
232 bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n’y invi
29 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le mauvais temps qui vient
233 n’avoir pas souffert comme les autres, comme les Français , les Hollandais, les Grecs, les Russes. Mais les Allemands aussi, fin