1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 Orient, et insinue dans le monde romain les virus du christianisme, de la Réforme, de la Révolution et du romantisme, les
2 christianisme, de la Réforme, de la Révolution et du romantisme, les concepts de liberté et de progrès, l’humanitarisme, l
3 , rien d’original dans cette conception simpliste du monde, qui n’est en rien différente de celle de l’Action française ;
4 ion, que Maurras n’a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le christianisme étant dans le même
5 a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le christianisme étant dans le même camp que la Réform
6 s de huit coups de griffes et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport
7 i, d’une façon obsédante, le rythme de la guerre. Du moins a-t-il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier
8 t-il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bourgeois. Dernièrement, il abandonna le stade et rent
9 é le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bourgeois. Dernièrement, il abandonna le stade et rentra dans le mond
10 rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœuré du désordre général, il cherche des remèdes, et nous tend les premiers q
11 cavalières un peu intimidantes. Toute une partie du Paradis à l’ombre des épées 1, son dernier livre, est consacrée à « f
12 e M. de Montherlant est justement un des premiers Français qui ait compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le
13 des premiers Français qui ait compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le style et la méthode, c’est-à-
14 le style et la méthode, c’est-à-dire la formation du caractère, en définitive. Mais on peut oublier la partie doctrinaire
15 M. de Montherlant son admirable lyrisme de poète du stade. En un style d’une fermeté presque brutale parfois, un style de
16 chante cette « violence ordonnée et calme » des «  grands corps athlétiques ». Sur le stade au soleil se déploient les équipes,
17 Mais sa foulée, bondissante et posée, est pleine du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que je n’entends pas ? » —
18 t c’est cette domination qui est le but véritable du sport. On accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle n’es
19 ave à la violence animale déchaînée dans le corps du joueur à la vue de la prairie rase où rebondit un ballon. Si l’on con
20 pensables au bon équipier deviennent les qualités du parfait citoyen : juste vision de la réalité, abnégation, sentiment d
21 juste vision de la réalité, abnégation, sentiment du devoir de chacun envers l’ensemble (Montherlant insiste plutôt sur le
22 qui gouverna le monde ancien : La moitié est plus grande que le tout ». Le sport comme un apprentissage de la vie : tout servi
23 ut servira plus tard : Ô garçons, il y a un brin du myrte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas c
24 d’olivier. La main connaît la main dans la prise du témoin. L’épaule connaît l’épaule dans le talonnage du ballon. Le reg
25 moin. L’épaule connaît l’épaule dans le talonnage du ballon. Le regard connaît le regard dans la course d’équipe. Le cœur
26 ui fait lever la haine ». « La faiblesse est mère du combat. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que nous conduirait
27 sme renouvelé que nous conduirait cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthod
28 avons qu’il observera les règles. Saluons-le donc du salut des équipes avant le match : « En l’honneur d’Henry de Montherl
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
29 » (30 octobre 1924)b Lundi soir, dans la salle du Lyceum, M. Conrad Meili parla des écoles qui représentent la peinture
30 ili parla des écoles qui représentent la peinture française , des débuts du xixe siècle à nos jours. Partis du classicisme de Dav
31 ui représentent la peinture française, des débuts du xixe siècle à nos jours. Partis du classicisme de David et d’Ingres,
32 e, des débuts du xixe siècle à nos jours. Partis du classicisme de David et d’Ingres, les peintres français ont accompli,
33 du classicisme de David et d’Ingres, les peintres français ont accompli, durant le xixe siècle, une exploration merveilleuse da
34 e, une exploration merveilleuse dans les domaines du romantisme, du naturalisme, de l’impressionnisme, pour aboutir enfin
35 ion merveilleuse dans les domaines du romantisme, du naturalisme, de l’impressionnisme, pour aboutir enfin dans ces impass
36 façon de peindre correspond à la façon de penser du peintre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili. Est-il besoin de soul
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
37 s s’appellent : collège, guerre, sport… la Relève du Matin, le Songe, les Olympiques. Et voici le Chant funèbre, adieu à l
38 is quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout cela s’est purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase te
39 protestations belliqueuses. Il nous montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec un bref soupir s’y résigne
40 e éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’un de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre pa
41 du Songe, d’un de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signif
42 oudain… Mais Montherlant se redresse vite, frappe du pied et repart. Vers quels buts ? On verra plus tard. L’urgent c’est
43 vre libéré de souvenirs héroïques, peut-être trop grands pour la paix, c’est vers de plus sereines exaltations qu’il va porter
44 les romans « intéressants » ou « curieux » ; le «  grand lyrisme » à la Chateaubriand, voire à la Barrès, dont il est capable
45 e faiblesse, flamme d’une pureté si rare en notre siècle , qu’elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la moleste n
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
46 André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)b Sous une « vague de rêves », la logique,
47 agent de liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouvea
48 e sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’il est la seule attitude littéraire aujourd’hui c
49 Rêve est la seule matière poétique. Dans le monde du Rêve autant de cellules isolées que de rêveurs. Toute poésie est inco
50 e fait d’une fortuite coïncidence entre l’univers du poète et le mien ? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui de
51 que tout poème doit être une dictée non corrigée du Rêve. Je reconnais à chaque ligne de Poisson soluble cette « vieiller
52 tique » qui, avoue Rimbaud, entre encore pour une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuse
53 tre encore pour une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation…
54 de vieilles anarchies ». L’ironie qui sauva Dada du ridicule le cède ici à un ton de mage qui ne fera plus longtemps impr
55 mage qui ne fera plus longtemps impression. C’est grand dommage pour les lettres françaises qui risquent d’y perdre au moins
56 impression. C’est grand dommage pour les lettres françaises qui risquent d’y perdre au moins deux grands artistes : Aragon, Éluar
57 françaises qui risquent d’y perdre au moins deux grands artistes : Aragon, Éluard. Sans oublier Breton, enchanteur des images
58 enis de, « [Compte rendu] André Breton, Manifeste du surréalisme  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
59 rne » est au moins le cinquième ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922. Il contient pourtant des vues assez neuves
60 en dégagent avec évidence. Van Gogh fut une proie du génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin, est peu intéressant.
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
61 n peigné. Rabevel, c’était un portrait balzacien du brasseur d’affaires. Le sujet du Tarramagnou, c’est « la nouvelle mis
62 rtrait balzacien du brasseur d’affaires. Le sujet du Tarramagnou, c’est « la nouvelle mise en servitude du peuple rustique
63 arramagnou, c’est « la nouvelle mise en servitude du peuple rustique de France ». En effet — le phénomène n’est pas partic
64 nouvelle mise en servitude du peuple rustique de France  ». En effet — le phénomène n’est pas particulier à la France — les pa
65 n effet — le phénomène n’est pas particulier à la France — les paysans sont en train de redevenir serfs, serfs des syndicats e
66 listes des villes. Mais dans une de ces provinces du Midi où le souvenir des luttes religieuses encore vivace fait que les
67 paysans gardent une méfiance frondeuse vis-à-vis du gouvernement, le libérateur va se lever. C’est un descendant de Rolan
68 ement, le gouvernement cède. Mais la même inertie du peuple qui donnait tant de mal lorsqu’il fallait l’éveiller, l’entraî
69 lorsqu’il fallait l’éveiller, l’entraîne au-delà du but. Le Tarramagnou voit son œuvre sabotée par des meneurs ; il tente
70 mant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand roman : autour d’un sujet de vaste envergure, et brûlant, une intrigu
71 livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-ce pas
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
72 embre 1925)e Le xxe siècle s’annonce comme le siècle de la découverte du monde par l’Europe intellectuelle. Grand siècle d
73 siècle s’annonce comme le siècle de la découverte du monde par l’Europe intellectuelle. Grand siècle de critique pour lequ
74 découverte du monde par l’Europe intellectuelle. Grand siècle de critique pour lequel nos contemporains accumulent les docum
75 verte du monde par l’Europe intellectuelle. Grand siècle de critique pour lequel nos contemporains accumulent les documents. L
76 le et inépuisable curiosité. Mais, de même que la France interrogeant l’Europe du xviiie prenait surtout conscience de son pr
77 Mais, de même que la France interrogeant l’Europe du xviiie prenait surtout conscience de son propre génie, l’Europe d’au
78 nu, il faut reconnaître que l’enquête des Cahiers du Mois donne un fort intéressant tableau des multiples réactions de l’E
79 es. Il y a ceux qui repoussent une Asie ignorante du thomisme et ceux qui pensent inévitable le choc de deux mondes, et qu
80 M. Massis, par exemple, qui cependant produit un grand nombre de citations à l’appui de ses sophismes, ne se livre pas moins
81 vaguement par Orient : l’Asie est le subconscient du monde, formule qui, je pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d
82 la première fois le rôle de l’Europe « conscience du monde », entre une Amérique affolée de vitesse, édifiant ses gratte-c
83 endu] Les Appels de l’Orient (n° 9-10 des Cahiers du Mois) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, septemb
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
84 théorème de Spinoza. Une ironie dure, la densité du style révèlent seules l’écrivain ; et aussi quelques sentences : « C’
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
85 sque définition de M. A. Eloesser dans l’Almanach du 25e anniversaire. Les révolutionnaires y faisaient pourtant bon ménag
86 t pourtant bon ménage avec les derniers champions du naturalisme puisqu’au début Fischer publia Zola et Ibsen, Tolstoï, Ha
87 uve au tableau des auteurs édités depuis lors les grands noms de la littérature européenne d’avant-guerre mêlés à ceux des maî
88 uropéenne d’avant-guerre mêlés à ceux des maîtres du renouveau idéaliste allemand et viennois, Hesse, Hofmannsthal… Les ex
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
89 qu’il vient de parcourir quelque superficialité, du moins faut-il le louer d’avoir conservé une vision générale de notre
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
90 ment un étonnant esprit. Pour présenter au public français cette œuvre « d’importance européenne », croyez-vous qu’il aille s’ab
91 ique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mesure de son admiration et le gage de sa lég
92 veulent être, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu de la personnalité. Tandis que chez Unamuno une volonté d’
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
93 eillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)k Peut-être n’est-il pas trop tard pour parler du Vi
94 k Peut-être n’est-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à
95 de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme et du romantisme. M. Seillièr
96 ient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme et du romantisme. M. Seillière cherchait dans l’époque
97 grande étude sur les rapports du christianisme et du romantisme. M. Seillière cherchait dans l’époque romantique un témoin
98 j’imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la substance originale de la plupart des idées dont l
99 brûlante les richesses intellectuelles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la
100 lante les richesses intellectuelles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la critiq
101 semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’avait trouvé. Mais sa position purement chrétienn
102 et un nihilisme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus ton
103 un nihilisme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle , il n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique qu
104 eillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, octobre 1925
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
105 ais banal, il est parfois facile : la description du monde qu’il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-
106 fés littéraires, nos poètes respirent le même air du temps. Leur originalité se retrouve dans la manière dont ils tentent
107  Le voilà qui s’avance, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avo
108 t plus près de l’infini au fond de soi qu’au fond du ciel. l. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jules Supervielle, G
14 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
109 ois noms qui permettent, je crois, de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne f
110 ms qui permettent, je crois, de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas
15 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
111 Mac Orlan, un Kessel ont donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même
112 ’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction française de l’énorme cri de délivrance du peuple fou. Belles étincelles échapp
113 raduction française de l’énorme cri de délivrance du peuple fou. Belles étincelles échappées d’un brasier. Pour les causes
114 ns le détail de la vie d’une ville. Il sait qu’un grand mouvement est la résultante de millions de petits. Voici naître la ré
115 ns un cœur, puis dans une famille. Et une fois le grand bouleversement accompli dans la « Cité secrète » de la vie privée, qu
116 d’ailleurs assez peu choquants, que le revers de grandes qualités de réalisation d’idées en faits ou en situations dramatiques
117 si fort qu’il avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin pour moi. Puis : — Quelle imprudenc
118 Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient.
119 enêtre, se traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné du réduit, et se blottit là, sur le sol, les yeux grands ouverts dans le
120 du réduit, et se blottit là, sur le sol, les yeux grands ouverts dans le vide, sans rien voir. Ainsi le moujik devant le bolc
121 nverse, pour voir. Pendant qu’il est encore ébahi du fracas, le juif survient avec une méthode simplifiée pour l’exploitat
122 is ses personnages le suggèrent de toute la force du trouble qu’ils créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov,
16 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
123 notion de « Saint » et son évolution au cours des siècles . Primitivement, le Saint est un homme que Dieu a mis à part par grâce
124 rs souffrances semblent s’être le plus rapprochés du Christ ; et dans l’Église persécutée, le martyre devient le signe par
125 teur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur, du croyant. Le centre de gravité religieux est replacé en Christ. — Comm
126 e sait produire que l’illusion. C’est la revanche du fameux scrupule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’es
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
127 sans culture qui se chargent de gaver les masses du pain quotidien de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce que
128 es morales, si singulières soient-elles — dont le grand public reste le témoin souvent sceptique ou railleur. Au cœur de la c
129 et des doctrines, et qu’il n’existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ». Mais sous les épaves de t
130 des doctrines, et qu’il n’existe pas d’esprit du siècle , hors un certain « confusionnisme ». Mais sous les épaves de tous les
131 oralistes adonnés à la culture et à la libération du moi paraissent bien les ancêtres des nouvelles générations de héros d
132 rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardinale pour le créate
133 ttérature moderne. Il n’a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. Ingénieux équilibres entre la rais
134 contre une difficulté.) Dégoût de la vie, dégoût du bonheur, dégoût de soi, — on l’étend vite à la société entière. Dégoû
135 jours » — tant qu’il y a des gens pour vous faire du pain ; et c’est très beau, Aragon, de ne plus rien attendre du monde,
136 c’est très beau, Aragon, de ne plus rien attendre du monde, mais on voudrait que de moins de gloriole s’accompagnât votre
137 nervée lui permet de brutaliser quelque peu les «  grands problèmes », et le voilà reparti dans un égoïsme triomphant, pur du d
138 le voilà reparti dans un égoïsme triomphant, pur du désir d’action qui empêtrait Barrès dans des dilemmes où l’art trouva
139 est l’amour), et, déchiré de contradictions, tire du désordre de ses certitudes fragmentaires la matière de quelques pamph
140 mais jusqu’au point d’y percevoir comme un appel du Dieu perdu. Il avoue enfin la cause secrète des inquiétudes modernes 
141 prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’ét
142 ssé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît inutile et vain ? Je cite
143 Gide. Entre les Nourritures terrestres, les Caves du Vatican et Dada, il y a place pour tous les chaînons d’inquiétude, de
144 bles et des proportions ; rééduquer les instincts du corps et de l’âme ; vouloir une foi… La morale de demain sera en réac
145 mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord que les grands traits de sa nature, ne connaître que les grands mots de la langue mo
146 grands traits de sa nature, ne connaître que les grands mots de la langue morale, suivre à l’égard de soi-même la méthode de
147 es petites misères, en compose d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met tout d’abord en présence, non de nou
148 écrivains — se souviennent de penser en fonction du temps présent, soit qu’ils veuillent en améliorer les conditions, ou
149 st une manière d’agir contre elle. 2. « La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en no
150 gnificatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous empêche secrète
151 cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous empêche secrètement de construire et de nous
152 évost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle, s’il voulait…) o. Rougemont D
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
153 fenêtres s’ouvraient vers le ciel de Florence… «  Du sang, de la volupté et de la mort », un titre s’effaçait dans l’ombre
154 s cesse brisé par les élans alternés ou confondus du désir et de la prière. On sort lentement d’une chambre bleue qui est
155 p « classique » et prévue, l’originalité foncière du roman de Jouve reste indéniable : c’est son mouvement purement lyriqu
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
156 Folie de l’espace (avril 1926)q Un artiste de grand talent à qui la guerre a fait perdre le goût des théories d’écoles et
157 teville paraît mieux à l’aise dans la description du milieu patricien que dans la création d’un caractère de grand peintre
158 patricien que dans la création d’un caractère de grand peintre. Pourtant, malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir
159 vre où l’on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi des gens qui craignent de s’enrhumer. q. Rougemont De
20 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
160 qui se fit avec beaucoup d’intelligence l’avocat du diable, en montrant que tous les faits religieux admettent à côté de
161 la conférence de M. Jean Cadier, un jeune pasteur français , on descendit — ou l’on monta suivant M. A. Léo — du domaine de la pe
162 on descendit — ou l’on monta suivant M. A. Léo — du domaine de la pensée pure dans celui de l’action. M. Cadier montra le
163 égourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du village une discussion toujours trop courte. Et les repas réunissent
164 centaine d’étudiants et de professeurs suisses et français . Miracle qui nous fit croire un instant à la fameuse devise de la Rév
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
165  » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour — sourit avec une grâce un peu frileuse et se pe
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
166 qu’il défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de la pénombre. Ôter la pédale à la poésie. (« Le poè
23 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
167 érence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de printemps. Libre à q
168 gérer l’importance des conditions météorologiques du succès d’une telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à ce que la
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
169 notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la grande ville, phénomène de force en mouvement, est aujourd’hui une catastrop
170 es les plus représentatifs de l’époque de Lénine, du fascisme, du ciment armé. « Notre monde comme un ossuaire est couvert
171 eprésentatifs de l’époque de Lénine, du fascisme, du ciment armé. « Notre monde comme un ossuaire est couvert des détritus
172 stallisation d’un rêve de joie et de raison où de grandes ordonnances élèvent leur chant. Utopie ! Oui, si notre civilisation s
173 concourt obscurément à cette parfaite expression du triomphe de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui est a
174 Nature. Architecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [
175 ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Le Corbusier, Ur
176 qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle  ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Le Corbusier, Urbanisme
25 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
177 en ! je sens très bien cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des ami
178 es, tant d’autres désirs contradictoires ; au gré du temps, d’un sourire, d’un sommeil, tant de bonheurs ou de dégoûts étr
179 ie, comme ils disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’est que le je
180 nant, m’écriai-je — c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est venue de la violence. Jeunes tempêtes, lavez
181 e qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que
182 l’existence que m’imposent mon corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puissance de jouir, en même temps que
183 rète espérance m’emporte de nouveau, premier gage du divin… Reprendre l’offensive — au soir, je m’amuserai à mettre des ét
184 ls l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horiz
185 enis de, « Confession tendancieuse », Les Cahiers du mois, Paris, juin 1926, p. 144-148.
26 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
186 M. Fernandez a donné la première œuvre importante du mouvement de construction et de synthèse qui se dessine chez les jeun
187 es confusions qu’il y décèle. Le meilleur morceau du livre est l’essai sur Proust et sa théorie des « intermittences du cœ
188 sai sur Proust et sa théorie des « intermittences du cœur » dont Fernandez donne une critique décisive. Et c’est justement
189 ient dans la plupart de ces essais : l’esthétique du roman. Fernandez en formule une théorie assez proche du cubisme litté
190 an. Fernandez en formule une théorie assez proche du cubisme littéraire, et qu’il serait bien utile d’adopter, si l’on veu
27 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
191 mieux. Ce récit des premiers combats de taureaux du jeune Montherlant est en réalité un nouveau tome de ses mémoires lyri
192 e orchestration de thèmes qui faisait la richesse du Songe, mais d’une ligne plus ferme, d’une unité plus pure aussi. Le s
193 -dessus de la mer », il y a toujours dans un coin du tableau des ruades, des chevaux qui partent tout droit, la tête dress
194 divination de cet amour qu’Alban (le jeune héros du récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il
195 enciel, et comme on déroule une litanie. Sous les grands cils brillants, lustrés par la lumière descendante, les prunelles lai
196 r la lumière descendante, les prunelles laiteuses du dieu avaient un reflet bleu clair, soudain inquiètes à l’approche de
197 scription des taureaux ne se manifeste ce passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de simple grandeur. Voici l
198 n lyrisme plein de simple grandeur. Voici la mort du taureau dit « le Mauvais Ange » : La bête chancela de l’arrière-trai
199 ons antiques, de rapprochements superstitieux, de grands symboles païens, et l’on se perd dans un syncrétisme effarant, où Mit
200 utôt stoïcien, celui-là. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de
201 s les Bestiaires qu’une évocation de l’Espagne et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dan
202 lui. Certes, il ne soulève directement aucun des grands problèmes de l’heure. La violence même qui sourd dans son être intime
203 sa victime « une sympathie (au sens étymologique du mot) qui la renseigne du dedans, pour ainsi dire, sur la vulnérabilit
204 ie (au sens étymologique du mot) qui la renseigne du dedans, pour ainsi dire, sur la vulnérabilité de la chenille. » (Évol
205 autres passages qui préciseraient ce parallélisme du poète et du philosophe. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Hen
206 ges qui préciseraient ce parallélisme du poète et du philosophe. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Henry de Monthe
28 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
207 s désillusionnés — nous annoncent le « crépuscule du monde occidental », et, au-dessus des ruines prochaines de nos cités
208 ants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du secret dernier des choses, lucide, avec une sorte d’acharnement, comm
209 ofond dans cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attra
210 « prodigieux stupéfiant », tandis que « l’attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mette
211 sme, partout c’est une démission qu’ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont
212 e comprendre, et si c’est impossible, pourra-t-on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré l’«
213 e j’aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance moins actuelle, mais d’une qualité d’art peu
214 hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout romantisme pour édi
215 tir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude
216 un peu stylisées. Il apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d’être séduit que pour « mieux co
29 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
217 ier, il faudrait sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais il sera pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien
218 dans les prairies célestes, pour avoir donné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui écrivit naguère
219 jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines du désir certaines pages magnifiques et sobres, jetées de haut avec la n
30 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
220 mbre 1926)i Des cris mouraient vers les berges du fleuve jaune, entre les deux façades longues que la ville présente au
221 derrière nous qui suivions maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas que la Promenade désertée. Sur les eaux, com
222 e nous qui suivions maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas que la Promenade désertée. Sur les eaux, comme immob
223 laise montait dans l’air plus frais, avec l’odeur du limon. Nous marchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fl
224 rchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fleuve, parmi les dissonances mélancoliques des lumières et des odeur
225 te volupté emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur. Les bœufs blancs,
226 e sa douleur. Les bœufs blancs, les roues peintes du char, l’Italie des poètes… Mais ce pays tout entier pâmé dans une bea
227 lus proches, les syllabes nous parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel es
228 ville. Fleurs de lumières sur les champs sombres du ciel de l’est, et une façade parfaite répond encore au couchant. San
229 le ciel fut le signe d’un équilibre retrouvé. Un grand pont de fer, près de nous, érigeait l’image de la lutte et des forces
230 parmi la foule, lève les yeux, au plus beau ciel du monde. i. Rougemont Denis de, « Soir de Florence », La Semaine lit
31 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
231 écembre 1926)aa Un Chinois écrit d’Europe à un Français qui lui répond de Chine. Nous sommes loin du ton des Lettres persanes
232 rançais qui lui répond de Chine. Nous sommes loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non sans quelque aigre
233 greur, et critique avec un mépris tranquille ; le Français riposte sans conviction, et sous sa défense on devine une détresse. C
234 échappe toujours à nos cadres — perpétuel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notre ambition la plus haute échou
235 nce européenne libre peut souscrire aux critiques du Chinois et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deu
236 Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne l
32 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
237 ter par l’inévitable discours sur les difficultés du temps, en général, et sur celles en particulier qu’implique la public
238 ils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération du « déluge » peut-elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous
33 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
239 s pures et loyales inquiétudes. Sincérité, le mal du siècle. Tout le monde en parle, et chacun s’en autorise pour excuser
240 ures et loyales inquiétudes. Sincérité, le mal du siècle . Tout le monde en parle, et chacun s’en autorise pour excuser sa peti
241 Au reste, on n’a pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rien comprendre. ⁂ Qu’on imagine un personn
242 u’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pour parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous a
243 n’y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi
244 ltat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur du personnage que ses actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit q
245 le, d’un Julien Sorel, est-elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de me voir donner ici la
246 tion physique de bonheur, dans une rue au coucher du soleil, des phares d’automobiles étoilent le brouillard, les visages
247 stesse ou de sérénité qui métamorphose le paysage du passé. Ainsi de certains décors modernes : vous changez l’éclairage,
248 irréfutable à toute introspection : ce daltonisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendre quelque chos
249 e met à se regarder vivre, le personnage à douter du sens de sa vie) et les forces centripètes l’emportent peu à peu, une
250 uement c’est le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan
251 n la plus cynique que je connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il était
252 ine littérature d’aujourd’hui. J’ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il faudrait. Faillite d
253 alyse psychologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprou
254 nt maigres en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans
255 dit Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du moi, moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libéra
256 a recherche, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon bes
257 , il faut tenter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie cons
34 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
258 bre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les gages insupportablement familiers d’une vie honnête de ty
259 s la mienne et s’assit sans paraître me voir. Une grande figure aux joues mates, aux yeux clairs. Il déplia le journal et se m
260 ête commençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cess
261 morales et douleurs d’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout ! Ils ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
262 eur à l’imagination d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rir
263 hardi et le plus original de la jeune littérature française . Il le proclame « J’appartiens à la grande race des torrents ». Génie
264 ure française. Il le proclame « J’appartiens à la grande race des torrents ». Génie inégal s’il en fut, voici parmi trop de ta
265 la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de chaque instant, d’
266 ’Anicet. C’est pourtant un des plus significatifs du romantisme nouveau. J’ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez u
267 al sans pudeur, un Musset ivre non plus de vin de France , mais d’alcools pleins de démons, de drogues peut-être mortelles. a
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
268 it à pérégriner dans les régions de chasse gardée du ci-devant soleil. C’est là qu’Urbain, premier du nom dans sa famille,
269 du ci-devant soleil. C’est là qu’Urbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’avait compté jusqu’alors que d’authen
270 ortune. Urbain, fort d’une hérédité judiciaire et française , dédaigna des avances que la perte de son sens de l’éternel rendait p
271 dait pourtant considérables, au sens étymologique du terme. Il loucha vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu
272 poches, ôta ses gants qu’il jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des systèmes, sortit, c’est-à-di
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
273 comme un fusil automatique, fait balle au cerveau du poète qui meurt de sommeil naturel. Le tunnel sous la Manche escamoté
274 age commercial. Terminus : Morand, s’éveillant en français , termine : … Irène. (Grasset, 1924… … y compris la Suède et la Norvèg
275 vège.) On lit dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré
276 marié : M. Philippe Berthelot, secrétaire général du ministre des Affaires étrangères ; et pour la mariée : Son Excellence
38 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
277 de sa propre jeunesse. » C’est ici un autre sujet du roman, qui se mêle étroitement au premier… Mais combien cette analyse
278  : son art est justement de voiler les intentions du récit et de les exprimer seulement par un geste, une nuance du paysag
279 e les exprimer seulement par un geste, une nuance du paysage, une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à
280 plus que des visions où se condense le sentiment du récit. Dans le Cœur gros, c’était un parc avant l’orage, le rose somb
39 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
281 isfaction, l’aveu d’une fondamentale indifférence du cœur qui contraste avec une vie voluptueuse et assez désordonnée. Pou
282 est-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-
283 es âmes à la vie après seulement toutes les morts du plaisir », car elle sait « qu’entre les êtres, le bonheur est un lien
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
284 Lettre du survivant (février 1927)i j « Triste, mais vrai. » (Les journaux.
285 à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureu
286 ammes sur l’orchestre pensif. Ton regard est plus grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton souvenir, c
287 d’un sommeil triste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parf
288 s, du temps que j’ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au th
289 vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osa
290 du Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasser trop souvent devant les ascenseurs. « 
291 ps passait, à la fois si lent — jusqu’à l’arrivée du prochain métro, du prochain autobus, — si rapide : déjà les lumières
292 is si lent — jusqu’à l’arrivée du prochain métro, du prochain autobus, — si rapide : déjà les lumières des boulevards glis
293 etrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me semble que t
294 ns mon esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette déception insupportable et
295 ai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survivant », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribo
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
296 ne phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur du fond de la mort. » Or, on découvre à la fin de la
297 t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur du fond de la mort. » Or, on découvre à la fin de la pièce que c’est une
298 ertes, les qualités scéniques de cette pièce sont grandes . Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre l
299 elle pèche contre les principes chers à l’auteur du Secret professionnel et de la préface des Mariés — principes dont l’é
300 plus authentiques de Cocteau. Précision et relief du dialogue, ingénieuse utilisation des expressions courantes, maximum d
301 lus, Cocteau a comprimé des pétales de roses dans du cristal taillé, selon toutes les règles de l’art, mais que l’essence
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
302 la scène. Titre : Socrate et Narcisse, un acte à grande figuration. » Enfin l’on joua aux petits dés le sort de notre parade
303 e à temps pour assister à la cérémonie de la pose du point final de « Cinématoma ou les épanchements de la jeune Synovie »
304 épanchements de la jeune Synovie », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poét
43 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
305 é des lettres de Grenoble, traita mardi soir à la Grande salle des Conférences, devant un très bel auditoire, est un des plus
306 ion de l’édit, et 1685, date de la révocation, la France passa de la plus grande liberté à la plus grande tyrannie. En proclam
307 date de la révocation, la France passa de la plus grande liberté à la plus grande tyrannie. En proclamant la liberté religieus
308 France passa de la plus grande liberté à la plus grande tyrannie. En proclamant la liberté religieuse, Henry IV mettait le ro
309 it enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, victorieuse dans la guerre de Trente Ans, l’orateur expose
310 n vint à la révocation. C’est d’abord l’influence du clergé, jaloux de ses droits considérables encore ; puis ce sont les
311 les encore ; puis ce sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un archevêque libertin, Harlay de
312 ouis XIV que la révocation serait une œuvre digne du Roi-Soleil et capable de lui faire pardonner les erreurs de sa jeunes
313 peuvent faire croire à une très forte diminution du nombre des protestants. Aussi ne s’effraye-t-on pas trop, au début, d
314 orce tous ceux qui resteront « Les enfants seront du moins catholiques, si les pères sont hypocrites », écrit Madame de Ma
315 it Madame de Maintenon. Mais bientôt l’on voit la France se dépeupler ; des industries sont presque anéanties ; les conséquenc
316 ant le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du 16 octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France. Dé
317 e 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France . Déviation telle, en effet, que nous en sentons les conséquences de n
318 parti pris, si libre et d’une si élégante science du sympathique professeur de Grenoble. j. Rougemont Denis de, « La ré
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
319 x évite le péril d’un réalisme trop amer et celui du roman lyrique, par l’équilibre qu’il maintient entre ces deux inconsc
320 ces deux inconscients : l’époque et l’être secret du héros. Il sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un
321 intérieurs dont il dit : « Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce
322 peut-être, un quiproquo de destinées… Le tragique du peut-être ; (comme dans l’une des dernières phrases de Sylvie : « Là
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
323 Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)n Surprendre est peu de chose, il faut transpl
324 On voit que cette bande est antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. Le film japonais : une historiette un peu
325 ue nature, très bien photographiée. C’est le film du type « Jeux de soleil dans les jardins, complets variés, ça fait touj
326 amis affligés mangent les couronnes et suivent à grands sauts lents, solennels. Ils revoient la danseuse, font une ronde auto
327 vertigineuse, poursuivant le corbillard. Aspects du paysage urbain vu par les poursuivants, arbres au ciel renversé, mais
328 gretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les marguerites, il en sort un ch
329 eux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâce de trop de
330 e plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Les gens rient à l’enterreme
331 aturel est de rigueur ; toute bizarrerie détourne du véritable miracle auquel nous assistons. Mais de pareils défauts sont
332  : c’est peut-être le premier film où l’on a fait du ciné avec des moyens proprement cinégraphiques. Ici le geste pictural
333 faut admirer dans les films de René Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte
334 du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginaire en montre (bea
335 ambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle du cinéma, c’est, par exemple, l’éclosion d’une rose, un homme qui court
336 Denis de, «  Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribour
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
337 t à la dispersion autant qu’à l’approfondissement du moi, soif de tout et pourtant mépris de tout, procédant d’un goût de
338 la fois mystique et anarchique : ce sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t-il trop négli
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
339 oresque. — Attrape !   Il n’existe pas de théorie du salut. Il n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel
340 èmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos rega
341 cevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes a
342 ........................... Solitude, antichambre du ciel. À travers l’amour ou la poésie — et d’autres, à travers les dés
343 de la sainteté que hantent les fantômes adorables du désir, — quelques hommes y pénètrent, et le goût de s’amuser ne renaî
344 rodigué et des phrases d’un fascinant éclat : « Ô grand Rêve, au matin pâle des édifices, ne quitte plus, attiré par les prem
345 st née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels,
346 ert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux 1830, une théorie du scandale pour le scandale qui a
347 ec). Au lieu du cynisme verbeux 1830, une théorie du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’être pas qu’un jeu lit
348 encore un Musset, seulement transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, plus ace
349 t vif, insolent et ombrageux. « J’appartiens à la grande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ? Je ne sais qu’u
350 iens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapprochement les auteurs de manuels de littérature — : « Un mysticis
351 « Un mysticisme creux et affamé est le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne sont pas de
352 mais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’il symb
353 st trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gréco-latine » pour assigner à Minerve le bassin de la Médi
354 ous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, bru
355 agon lorsqu’il vous crie : « À bas le clair génie français . » Alors la voix de Rimbardp à la cantonade : Qu’il vienne, qu’il vi
356 enne ! Les œuvres les plus significatives de ce siècle sont écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité que l’on
357 ité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son
358 t fait, il y a 10 ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette
359 aiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française , la politique, et ne voyez-vous pas que c’est faire le jeu de vos enn
360 t blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français  » qui s’associe à tant d’objets de votre mépris, en prenant le contre
361 que cette réaction même est ce qu’il y a de plus français  ; que c’est elle qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si au
362 ôté jacobin si authentiquement, si déplorablement français . Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, c
363   Il nous faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans n
364 de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolution perpétuelle un
365 mpêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques é
366 nyme de magnifique perdition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’en
367 on. Balayez ces douanes de l’esprit, proclamez le grand Libre-Échange, voici déjà s’avancer des prodiges à cette invite la pl
368 chez les riches. Très loin derrière viennent des France et des Bordeaux. 12. Proust excepté, et dans un domaine plus étroit,
369 et dans un domaine plus étroit, quelques esthètes du machinisme. 13. Le Paysan de Paris. o. Rougemont Denis de, « Louis
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
370 esse rimait avec maîtresse. École savait le mythe du voyage, et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était d
371 recherche des âmes. Aussitôt il téléphone à ceux du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. »
372 i. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marquis Salomon le danseur triste baisa cette main cruelle… et qui
373 urdes comme un songe de son enfance. Aux fenêtres du palais s’étoilèrent des halos. Le jour tendre paraissait sous l’égide
374 oses, un sourire qui perce le cœur sur les glaces du passé. Cet abandon aux fuyantes chansons, et des violons déchirants d
375 ateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil du haut-lac. Justement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’est ou
376 rd, je songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent.
49 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
377 lle redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses forces créatric
378 itude plus effective, quitte à nous revenir munis du passeport indispensable d’une consécration étrangère. Un jour en effe
379 pays accueillera cette consécration bien méritée du talent d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’il rentre au fo
380 onde s’accorde à dire qu’on n’attendait pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’i
381 pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistan
382 moins de malice que de paresse dans les jugements du public, et moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On ne m’en voud
383 prophétiques, ni opinions de critiques autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a
384 plus Picasso que Matisse ; mais il y avait encore du flou, des courbes complaisantes. Meili est devenu plus net, plus crue
385 seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant d’air. Cela dérange toujours quelques frileux, mais les autre
386 , une sensualité qui sait se faire délicate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole, il peint Florence avec des roses e
387 our par la grâce décorative, il n’en reste qu’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garçon aux allures discrè
388 pression, à voir ses dernières toiles, d’une plus grande certitude intérieure. Les visages sont plus calmes, les couleurs s’av
389 que Charles Humbert ne devînt le chef d’une école du gris-noir neurasthénique. Il peignait des natures mortes qui décidéme
390 u robuste, les mains d’un si beau dessin, qui ont du poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression de puiss
391 ostume est drapé avec un soin minutieux, mais une grande mèche insolente retombe devant le visage. Aurèle tient un livre ouver
392 ême. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère Charles Barraud, qui lui, passe ses journ
393 fins, mais tout aussi habiles dans l’utilisation du clair-obscur qui simplifie et renforce l’expression. Décidément ces t
394 es sont une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, allons errer
395 by. C’était le poids de la pierre, plus que celui du corps de l’athlète ; l’œuvre n’atteignait pas encore pleinement sa vi
396 is, Léon Perrin semble avoir évolué vers une plus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se m
397 nie de lignes. Je pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se manifeste un heureux équilibre entre le réalisme imposé par
398 otre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des circons
399 rche de la simplicité savante et de la perfection du métier, un goût pour la construction rigoureuse qui sont des éléments
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
400 par l’argent qu’on domine notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique reniement de ses
401 vient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique reniement de ses origines. Le vieux père s’effondre de ho
402 récit grassement pittoresque dans la description du milieu juif, prend une âpre rapidité avec l’ascension de Jacob et ses
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
403 ne serait-elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’on voit comment Pierre e
52 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
404 ose, tout de même, de laqué, d’élégant, de « bien français  » ; et le mot sang n’évoque ici qu’une tache de couleur, plus sentime
53 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
405 tte imperfection, s’il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la rend sympathique. Et pui
406 n heureux de rencontrer chez les jeunes écrivains français un homme qui ait à ce point le sens de l’époque, une vision si claire
407 , Ferrero, commencent à être prises au sérieux en France par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’avoir échappé au surr
408 ue c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Sou
54 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
409 Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et je jure par Mercure, die
410 (mai 1927)s t … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »)
411 ement heureux. Le lendemain était le premier jour du printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait dans la ville, on mar
412 us mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un caf
413 tablissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du tambour des bouffées de musique. » La femme en bleu dansait en regard
414 irent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon, on voyait la mer, des bateaux, des nuages, une avenue et ses
415 e avenue et ses autos rouges, tout un couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par i
416 mais nous avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop vaste, comme un avenir de bonheur fiévreux
417 juvénile, c’est-à-dire cynique, toutes les offres du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide
418 une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des ann
419 voir dans la confusion où je parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expression nouvelle, et non dénu
420 ents mêmes de la société. » C’est avec le produit du vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à mes parents un tombeau sur
421 ............. ⁂ s. Rougemont Denis de, « Récit du pickpocket (fragment) », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
422 eproché bien des choses aux romantiques : le goût du suicide, l’habitude de boire et de fumer excessivement, leurs amours,
423 de l’imagination et de la sensibilité, l’atrophie du sens critique sous toutes ses formes : raison, jugement, simple bon s
424 s alliez le dire — aux surréalistes ?   Si le mal du siècle consistait véritablement dans ces quelques effets, nous donner
425 lliez le dire — aux surréalistes ?   Si le mal du siècle consistait véritablement dans ces quelques effets, nous donnerions pe
426 tre raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du Journal de Genève sur « La maladie du siècle », écrit : « Plante de
427 t article du Journal de Genève sur « La maladie du siècle », écrit : « Plante des pommes de terre, jeune homme ! Quand t
428 rticle du Journal de Genève sur « La maladie du siècle  », écrit : « Plante des pommes de terre, jeune homme ! Quand tu seras
429 ui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeu
430 Dieu, que dire… Il y aurait, par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet autre fa
431 ro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’
56 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
432 ge « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a du bonheur ». Vous reconnaissez que Pierre Girard est un peu responsable
433 eure où dans les bibliothèques désertes glisse un grand souffle oblique plein de fraîcheur et de pardon. » am. Rougemont D
57 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
434 La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)v I P
435 ue c’est de la littérature. Alors, quelque paysan du Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vo
436 ensée tendre pour un ami poète. « L’autre jour au Grand Écart… », dit quelqu’un. À ce coup, l’évocation de Cocteau fait fleur
437 ris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous
438 des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté d
439 s. Ainsi, parler littérature, c’est faire la part du feu. Je dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela
440 ue, est notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à condition qu’on ne l’écrive pas, même en pensée.
441 re des moulins à vent. La littérature, considérée du point de vue de la psychologie de l’écrivain, est un besoin organique
442 ris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstraite et ratio
443 aire en particulier, toute connaissance véritable du monde.) Littérature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’est
444 dans le plat, de dire de ces choses qu’entre gens du métier l’on a convenu de passer sous silence. C’est assez drôle de vo
445 ns qu’elle exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’en escompte, il sera temps de songer sérieuse
446 de Fermé la nuit, titres également scandaleux. Le Grand Écart, roman de M. Cocteau, a donné son nom à un établissement de nui
447 t poètes surréalistes. Paul Valéry, de l’Académie française . Narcisse, personnage mythologique. — Là ! [NdE] Le texte publié plac
448 les écrire ». v. Rougemont Denis de, « La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature », Revue de Belles-Lettr
58 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
449 vue de Belles-Lettres — la seule revue de langue française où l’on dise la vérité librement et pour elle-même. Nous regrettons d
450 re les athées de l’antidémocratisme et les athées du Capitalisme quand il est conscient de soi-même, et les athées du Soci
451 quand il est conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme. Tous ceux-là travaillent à l’achèvement
452 cient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme. Tous ceux-là travaillent à l’achèvement d’un certain mond
59 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
453 un miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses
454 miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses preuve
455 eu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être
456 peut-être sauront-ils rallier le dernier disciple du Bienheureux Jean… Et puis, en voilà assez pour ranimer la curiosité d
60 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
457 enture qui aurait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’
458 pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de vacances, quand les premièr
459 été de vacances, quand les premières inquiétudes du désir viennent troubler de ravissantes amours d’adolescents. Et c’est
460 e minutie, avec une sorte d’amoureuse application du souvenir, d’une séduction certaine. C’est un art de détails ; mais si
61 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
461 lke (décembre 1927)ao À ceux qui se contentent du mot fumeux pour caractériser tout lyrisme germanique, il faudra oppos
462 ssais, dont certains — le Message de Rilke — sont du meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne des
463 es allemands parce qu’il partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a ren
62 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
464 intelligent. Et plein de verve, et pas embarrassé du tout pour vous lâcher un beau pavé mathématique au milieu d’une effus
465 se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vis du phénomène littéraire. La « Promenade » du héros de Bopp est une sorte
466 s-à-vis du phénomène littéraire. La « Promenade » du héros de Bopp est une sorte de pensum. Cela rend peut-être moins conv
63 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
467 tions et des rêves de l’enfance et cette féminité du sentiment, du tour de pensée même, qui faisaient déjà du Perroquet Ve
468 êves de l’enfance et cette féminité du sentiment, du tour de pensée même, qui faisaient déjà du Perroquet Vert un petit ch
469 iment, du tour de pensée même, qui faisaient déjà du Perroquet Vert un petit chef-d’œuvre de poésie proprement romanesque,
470 tion résultent à la fois le défaut de composition du livre et sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris est du roman pur
471 t sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris est du roman pur ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’elle subit
472 t de la part d’une femme aussi femme que l’auteur du Perroquet Vert. Mais là-dessus, le roman repart dans une troisième ac
473 ème action (l’amour de Catherine pour un aviateur français ) assez peu intéressante à vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’éche
474 qui la précède. Ces défaillances de la technique du roman sont sauvées par un style brillant, plein de trouvailles spirit
475 livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémoires. Mais si son début permet de croire que le Perr
64 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
476 on générale de la vie mondiale. Toutes les forces du temps y concourent obscurément ; et, pour peu que cela continue, pour
477 que sa civilisation poursuit depuis près de deux siècles , l’Occidental est saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, par éclai
478 ausse route ? Est-il temps encore de le détourner du désastre spirituel vers lequel il entraîne l’Occident ? Cris dans le
479 doctrine… Il faudrait d’abord prendre conscience du péril. Nous ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons
480 tte complaisance générale à proclamer le désordre du temps. On a peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout
481 a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et le meilleur, parce que personne ne s’est approché p
482 parce que personne ne s’est approché plus que lui du type idéal de l’industriel et du capitaliste. Le succès immense de se
483 ché plus que lui du type idéal de l’industriel et du capitaliste. Le succès immense de ses livres1, sa popularité universe
484 cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma grande et constante ambition a été de construire une bonne machine routière.
485 production. Ford est le plus puissant industriel du monde ; le plus riche, au point qu’il peut parler d’égal à égal avec
486 précédent le met à l’abri de toutes les attaques, du point de vue technique. L’organisation de ses usines, des salaires, d
487 en apporter une solution définitive aux problèmes du surmenage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’a pas le droit
488 solution définitive aux problèmes du surmenage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’a pas le droit humainement de s
489 ettre à leurs électeurs une organisation complète du monde, seule méthode capable d’empêcher les abus des capitalistes. Du
490 ode capable d’empêcher les abus des capitalistes. Du même coup, en supprimant l’esclavage financier de l’ouvrier, il suppr
491 lants, et le charme un peu facile mais fort goûté du grand public, de l’humour américain, l’on comprendra sans peine la po
492 ts, et le charme un peu facile mais fort goûté du grand public, de l’humour américain, l’on comprendra sans peine la populari
493 chances encore de régler pacifiquement le conflit du capital et du travail. « Se fordiser ou mourir », écrivait récemment
494 de régler pacifiquement le conflit du capital et du travail. « Se fordiser ou mourir », écrivait récemment un économiste.
495 à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa «  grande et constante ambition ». Il semble que toute sa carrière — pensée, mé
496 ant son ambition, il conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automobiles Ford. Et, comme
497 tend ramener le bénéfice de la production à celui du consommateur. Prenons cette petite phrase qui n’a l’air de rien : « N
498 trouve toujours des clients, quel que soit l’état du marché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage du client. Mais c
499 rché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage du client. Mais cherchons un peu les causes réelles de cet abaissement d
500 entendu qu’une cause accessoire. Dire que l’état du marché est tel que le client n’achète plus, cela signifie parfois que
501 e-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritable du client. Le besoin ayant disparu, la production devant se maintenir, i
502 objet que, sans cette baisse, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’industriel compta
503 amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par perte de son instinct de préservation, d’autorégula
504 t d’alternances. Tel est ce sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même but, mêmes effets. Mais le plu
505 ets. Mais le plus grave est peut-être le sophisme du loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien montré, dans un article inti
506 a fort bien montré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain
507 tré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la con
508 le s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche les ouvriers et leur donne une
509 et cent autres pareilles, composent, au total, la grande Liberté idéale et mettent de l’huile dans les rouages de la vie quoti
510 Il n’a pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’ailleurs, les idées générales de cette sorte sont
511 ec un simplisme qui emporte à coup sûr l’adhésion du gros public : telle est l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa p
512 ui que M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus grands esprits de tous les temps. On me dira que Ford a mieux à faire que de
513 ge : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur notre civilisation, poss
514 les peuples. Ainsi, détournant de l’essentiel une grande part des forces humaines, il travaille contre l’Esprit. Rien n’est gr
515 Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule possession véritable, la connaissance de l’Esprit. C
516 rrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les grandes questions humaines est une des manifestations les plus frappantes de
517 plus frappantes de notre régression. Cette perte du sens de l’âme se nomme bon sens américain. On en fait quelque chose d
518 uelque chose de très sympathique et pas dangereux du tout. On n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute,
519 comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’est-à-dire
520 e compte de sa fatigue. Neurasthénie. La conquête du confort matériel l’a laissé oublier les valeurs de l’esprit au point
521 ronie, « la vie les prend ». Irréguliers aux yeux du monde ; la proie d’on ne sait quelles forces occultes sans doute dang
522 ueur de la nécessité — puisqu’elle est inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. La logique, parlant par la bouche
523 plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂
524 emme. Premiers pas vers la solution : l’existence du dilemme. Second pas : en poser les termes avec netteté et courage. Po
525 ite à Genève a révélé que les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les r
526 à Genève a révélé que les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches,
527 s de langue allemande, son succès est encore plus grand , et de meilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor C
528 « Jugendbewegung » en Allemagne ; surréalisme en France , en Amérique ; poussée mystique en Russie. a. Rougemont Denis de, «
65 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
529 , trop large, ouvert au vent glacial, crée autour du centre de la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au s
530 des balles perdues d’une révolution. Sept heures du soir : le moment était venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette
531 t très vrai que les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont séparées que par un léger décalage dans la chronologie
532 rieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’une place vi
533 haque bras, l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Cert
534 e dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si longtemps. Livrons-nous plutôt à une petite malice do
535 donc par accepter et vint à nous avec un sourire du type le plus courant : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y
536 elles le sont presque toutes dans cette ville, —  du type que Gérard et Théo nommaient « biondo et grassotto », et qu’avec
537 uge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jouant la Marche de Tannhäuser
538 s bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous
539 e sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’elles le ra
540 ns leur vie aux “divertissements” entre 10 heures du soir et 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, dans un déco
541 ertissements” entre 10 heures du soir et 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, dans un décor banal et imposé, a
542 videmment scandalisée par cette atteinte aux lois du genre le plus conventionnel qui soit. Gérard la regarda avec une cert
543 a première fois de la soirée que Gérard « faisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notr
544 e que Gérard « faisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenai
545 rit les images qu’il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clariss
546 aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi, l’Octavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par je ne sais quelle erreur d’im
547 nie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne sont que décors mouvants dans la lueur bariolée des sentimen
548 lluminées. Des autos attendaient devant le porche grand ouvert. Les chauffeurs faisaient les cent pas dans la neige fraîche o
549 tel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éclairait la boutique, et que le vent men
550  ». Soudain les autos se mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invités du b
551 onfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans chapeau cour
552 nd de la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femmes sans chapeau couraient vers les voitures, les hommes
553 eaux étaient baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse, m’éclaboussant de n
66 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
554 es poètes savent se perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’avoir emprunté le véhicule à la mode pour conduire des mil
555 voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivain dont l’influ
556 e jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivain dont l’influence soit c
557 œuvres du plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivain dont l’influence soit comparable à celle du cinéma ! Cl
558 écrivain dont l’influence soit comparable à celle du cinéma ! Claretie raconte que les détenus des maisons de correction s
559 lumes « au travers desquels ils respiraient l’air du monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dan
560 térature si pédante qu’elle exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styliste ni psychologue ? Laissero
67 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
561 Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui l
562 é son premier chapitre, variation sur un mot bien français et ses applications faciles à cent célébrités locales. (Quant à Goeth
563 tes drôles ou quelconques. Mais la seconde partie du livre est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre trai
564 il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et l’on voit bien i
565 efusez d’avancer ! Mais il reste à portée de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais
566 ugemont Denis de, « [Compte rendu] Aragon, Traité du style  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, août 1
68 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
567 ment vers l’action, c’est-à-dire — nous sommes en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littérature voient leurs
69 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
568 révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques hommes d’action les
569 lques hommes d’action les forces caractéristiques du temps — argent, races — et ses rares passions, qui sont la domination
570 la lutte qui met aux prises l’Europe et le monde du Pacifique. On retrouvera ici beaucoup des idées que la Tentation de l
571 il décrive la vie intense et instable des acteurs du drame, l’aspect quotidien et mystérieux d’une révolution de rues, ou
572 es villes chinoises, Malraux fait preuve d’un art du détail où se révèle le vrai romancier. On serait parfois tenté de le
573 sans issues : l’angoisse que fait naître au cœur du monde contemporain l’absurdité de ses ambitions. Écoutons Garine, l’u
70 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
574 dans l’Ennemi des Lois — son expression amoureuse du silence et cet ensemble idéal d’étudiant assidu aux sociétés de musiq
575 e ne relève pas, et qui tire sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourtalès n’hésite pas à baptiser son héros « prince d
576 Mais un prince rêveur n’est pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le laisser voir. La qualité
577 nsi l’image d’un romantisme assez morose ; mais à grande échelle. M. de Pourtalès a su rehausser le tableau avec beaucoup d’ad
578 rmes dont le jeu donne aux nuances assez troubles du personnage central une résonance plus profonde. Louis II, ce chimériq
579 olis mots ; mais ce n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un livre attrayant sur une vie manquée
71 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
580 ince russe et entretient autour de sa vie le plus grand mystère. Cependant il aime à raconter certaines scènes terrifiantes d
581 , on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français par ces évocations et l’espèce de fièvre qu’il y apporte. Mais plusie
582 . Mais plusieurs incidents éveillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’il a choisi comme public, et brusquement le mo
583 ot éclate : menteur. Feintes et esquives adroites du « prince » qui disparaît, néanmoins. Enfin, le Français reçoit une le
584 du « prince » qui disparaît, néanmoins. Enfin, le Français reçoit une lettre trouvée sur le corps de son ami suicidé, pathétique
585 pas une question dont l’importance dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sé
72 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
586 hement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu qu’il en consent l’attache plus secrètem
587 je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale. Les fenêtres battaien
73 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
588 hie tellement au sérieux que j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un homme de lettres. En r
589 de la poésie — mais à Chicago on doit appeler ça du bluff — fait de lui sans doute le plus méridional des conteurs améric
590 e pourrait-il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendre impuissant c’est à coup sûr tuer. Or on
591 ! Tamerlan, dont la spécialité était l’assassinat du corps humain, mais qui raconte dans son autobiographie que son désir
592 le respect de soi était de son temps le souverain du monde. Tamerlan pour les anciens. Ford pour les modernes. Quelle déc
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
593 la prétention. L’autre, avec l’ironie tranquille du bon sens bafoué et qui s’en moque, décrit la stupidité de l’enseignem
594 est assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’apporte un témoignage personnel, une réaction de te
595 te ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde moderne : individu qui soutient des idées qui ne r
596 ne voix s’élève pour mettre en doute l’excellence du principe de l’instruction publique, on crie sur tous les bancs : « Al
597 à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utop
598 nt. 2° Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont
599 corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en eff
600 e propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instru
601 e marquer ici la distinction classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instruction publi
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
602 ù il fallait si soigneusement séparer les calculs du raisonnement, par une barre verticale, et où il y avait toujours des
603 ubler. Et on multipliait le tapissier par le prix du mètre courant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux p
604 nne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui
605 t d’ailleurs, multiplier le tapissier par le prix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve
606 ’est-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin
607 ement des choses qu’on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de
608 s, ou bien ces promenades en tenant la forte main du père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de sou
609 J’aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cel
610 hypocrite donc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout.
611 t certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il
612 ilence, un vide. C’était en dehors de la vie. 3. du pain rassis.
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
613 2. Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver quelques-unes d
614 dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-je envie de le dire ? L’instituteur s
615 ilitaristes qui signent des manifestes en mauvais français — et je ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil.
616 d profond voilé de douceur. Car le type populaire du poète romantique s’est dégradé en deux sous-types posthumes : l’artis
617 rs jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques que n’
618 collèges n’est pas accidentelle. C’est celle même du régime. l’architecture de nos « palais scolaires ». symbolise d’une f
619 ue et de monotone dans la conception démocratique du monde. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants ont un frisson
620 votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu éducatrice d’un
621 uvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et il
77 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
622 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer
623 rit les noms dans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer les élèves à u
624 diquée pour préparer les élèves à une composition française  ? Question oiseuse et saugrenue, — naïve. Le bon sens voudrait que l’
625 es » comparables à ceux que l’on établit lors des grandes épreuves cyclistes. Les participants du Tour de Science doivent s’ins
626 des grandes épreuves cyclistes. Les participants du Tour de Science doivent s’inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux
627 é et la quantité des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette p
628 ubordonne tout, plaisir, goût au travail, qualité du travail, santé, liberté, sens de la justice et autres balivernes, ins
629 s-nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissance de la nat
630 sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils se fâchent tout
631 al dont j’ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut po
632 ant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je
633 l’État, et dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chér
634 image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
635 plus délicats par les plus vulgaires ? L’idéal du bon élève Le bon sens voudrait que le bon élève soit celui qui sai
636 avoir enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’être assez spéciales. Il arr
637 e universitaire, prennent leur essor de chérubins du parti au cours de ces nombreux banquets de cercles locaux où se fonde
638 t pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande . Tous ceux qui ont eu l’occasion de comparer les bons élèves de diver
639 iginalité de leur jugement sont en raison inverse du nombre d’années d’instruction publique qu’ils ont subies. Le dilem
640 lique ne coïncident qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
641 ir que tous ces principes dérivent nécessairement du fait que l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de
78 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
642 ession de chauffeurs de taxi. Si cette conception du pratique prévaut, il est à craindre que l’école nouvelle n’apporte bi
643 qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne traduise incontinen
644 qu’ils consomment deux fois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On n’impose plus des résultats, on les fait trou
645 ntaines qui sont pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je
646 lité pratique d’en sortir, je ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre di
79 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
647 ase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la Démocratie. L’instruction publique et la Démocratie sont
648 répande universellement et obligatoirement l’art du saxophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’il ne manque à cette
649 utomatisme de la vie civique. Le cerveau standard du type fédéral ne laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement
650 uthentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peuple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ont pas d’eux-
651 de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révolution véritable que de la sensi
652 ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’une telle atti
80 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
653 d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les besoins de l’époque
654 s de l’époque exigent une organisation à outrance du monde, je répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfai
655 upériorités naturelles, l’habitude de l’ersatz et du travail bâclé. Elle apprend à lire les journaux, mais en même temps q
656 e prépare de consciencieuses poires, des esclaves du mot. Il est clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruct
657 elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruction religieuse qui prend
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
658 ’est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants d
659 ation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre le progrès, c’est que le
660 z cependant point de le dire, avec ce sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par
661 ie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitudes sordides et
662 rdis. Réponse non, c’est un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux commun
663 ébordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un grand courant d’air à créer qui emportera toute
664 distingué. Il y a de grands balayages à faire, un grand courant d’air à créer qui emportera toutes ces statistiques et ces jo
665 c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont souffre notre imagination créatrice ; c’es
666 formidable expérience négative qui aura duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme à la dialectique
667 les possibilités formidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’e
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
668 itude de l’âme. Ceci revient à dire que seule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler le vieux bateau oc
669 acte, et ces peuples de somnambules s’éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-lux
670 sures et des possibilités nouvelles. Tenir compte du réel ne signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui
671 choses. Ce n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer
672 ellectuelles et mystiques. Toute leur force vient du yoga. Et tout le yoga repose sur la concentration. En vérité, toute f
673 lusions immédiates, non seulement il serait sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde16 et non plus e
674 é du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde16 et non plus en barbare cette fois-ci. Ce qui l’empêche de com
675 ga à lui : toutes les fois qu’il veut obtenir une grande intensité avec un minimum de moyens. J’en citerai deux exemples : la
676 dire que tout homme gagnerait à posséder une plus grande puissance intellectuelle, une meilleure mémoire, une sensibilité plus
677 ifférences s’accuseraient, mais se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles ne font que traduire la diversité d
678 tinières ne vivent que de semblables accusations. Du moment que n’importe qui juge et contrôle n’importe quoi, il faut bie
679 est pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil de la paroisse, etc. » — Il semble qu’en attaquant ses idées
680 einte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour crimi
681 coup de mal, mais ils sont les premières victimes du système qu’il propagent et qui les fait vivre. La question se compliq
682 res et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot,
683 mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourgeoisie qui se monte le cou.
684 ns ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures
83 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
685 énouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand été   qui consent… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de m
686 grâce Dans l’or vert évanouie au cœur éclatant du jour scintillera l’invisible gage d’un amour perdu. z. Rougemon
84 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
687 ne, puis une banque en style hongrois, façade aux grandes lignes verticales, peinturlurée de bleu, d’or et de violet. Puis une
688 ue 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée à Pest par quatre énormes ponts de fe
689 nheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un de
690 sur des divans couverts de coussins Rothermere et Grande Hongrie… Ivresse dans le malheur, passion et pauvreté, espoirs presqu
85 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
691 ux gelés de rêverie », il se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans leur réalité les choses do
86 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
692 e folie m’apparaît comme une chose si douce et si grande … »11 Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont
693 on âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendre par un sot
694 te. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle , où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendre au do
695 pellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et
696 oici dans sa vie cette double venue de l’amour et du chant prophétique, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand
697 que, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humilié par le
698 eau et cette complainte de malade épuisé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies d
699 Il y avait encore plus de paix que maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait de
700 s maisons pointues et les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieill
701 montent au Séminaire protestant : il leur fait de grandes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café
702 ndes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une grande terrasse de café au bord du Neckar, sous les marronniers. À quatre he
703 même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tout semblable
704 de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase la plus malencontreuse d
705 s, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins 
706 ine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout juste
87 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
707 début, puis plus tard encore, dans les songes des grandes personnes, — puis tous se perdent, comme des souvenirs, et l’on retro
708 ommage qu’il s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, soudain, devient plus terne. Mais bien vite un in
709 jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, un peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui ne serait fai
88 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
710 élancoliques réflexions sur le génie « poétique » français … Mais non, nous préférons voir ici l’un de ces signes qui de toutes p
711 de l’âme dans la littérature la plus spirituelle du monde. La thèse que défend l’auteur de cet essai — la voyance de Rimb
712 qui se soit révélé par le truchement de la poésie française . — Livre un peu didactique, trop attentif à sa propre démarche, mais
713 s’ignore, il n’est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le catholicisme à son mépris pour la révélatio
714 . Je ne vois là que l’indice d’une confusion bien française , hélas. ba. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] André Rolland de
89 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
715 les autres. Soudain il lui pousse des ailes, une grande paire d’ailes. Allait-on s’émerveiller ? Mais déjà Freud expliquait l
716 fort simple qui d’ailleurs était la bonne, car le grand Remède, c’est un Simple. Des hurlements de rage ne tardèrent point à
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
717 la prétention. L’autre, avec l’ironie tranquille du bon sens bafoué et qui s’en moque, décrit la stupidité de l’enseignem
718 est assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’apporte un témoignage personnel, une réaction de te
719 te ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde moderne : individu qui soutient des idées qui ne r
720 ne voix s’élève pour mettre en doute l’excellence du principe de l’instruction publique, on crie sur tous les bancs : « Al
721 à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utop
722 t. 2° rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont
723 corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en eff
724 e propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instru
725 e marquer ici la distinction classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instruction publi
726 itut Rousseau. 2. Guguss, journal comique d’une grande vulgarité qui jouait alors le rôle de nos bandes dessinées.
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
727 ù il fallait si soigneusement séparer les calculs du raisonnement, par une barre verticale, et où il y avait toujours des
728 ubler. Et on multipliait le tapissier par le prix du mètre courant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux p
729 nne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui
730 t d’ailleurs, multiplier le tapissier par le prix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve
731 ’est-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin
732 ement des choses qu’on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de
733 bien dans ces promenades en tenant la forte main du père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de sou
734 J’aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cel
735 hypocrite donc, et le cerveau saturé d’évidences du type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent être égaux en tout.
736 t certes qu’un Voltaire le fut par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
737 2. Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver quelques-unes d
738 dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-je envie de le dire ? L’instituteur s
739 ilitaristes qui signent des manifestes en mauvais français — et je ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil.
740 rs jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques que n’
741 llèges » n’est pas accidentelle. C’est celle même du régime. L’architecture de nos « palais scolaires » symbolise d’une fa
742 ue et de monotone dans la conception démocratique du monde. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants ont un frisson
743 votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu éducatrice d’un
744 uvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et il
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
745 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer
746 écrit le nom dans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer les élèves à u
747 diquée pour préparer les élèves à une composition française  ? Question oiseuse et saugrenue, — naïve. Le bon sens voudrait que l’
748 es » comparables à ceux que l’on établit lors des grandes épreuves cyclistes. Les participants du Tour de Science doivent s’ins
749 des grandes épreuves cyclistes. Les participants du Tour de Science doivent s’inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux
750 é et la quantité des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette p
751 ens et à quoi l’on subordonne tout, plaisir, goût du travail, qualité du travail, santé, liberté, sens de la justice et au
752 ubordonne tout, plaisir, goût du travail, qualité du travail, santé, liberté, sens de la justice et autres balivernes, ins
753 s-nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissance de la nat
754 sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils se fâchent tout
755 al dont j’ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut po
756 ant 8 ans. Il paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je
757 l’État, et dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chér
758 image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
759 délicats par les plus vulgaires ? 3.g. L’idéal du bon élève Le bon sens voudrait que le bon élève soit celui qui sai
760 avoir enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’être assez spéciales. Il arr
761 éciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grands citoyens ayant accompli de « fortes études primaires et secondaires »
762 e universitaire, prennent leur essor de chérubins du parti au cours de ces nombreux banquets de cercles locaux où se fonde
763 t pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande . Tous ceux qui ont eu l’occasion de comparer les bons élèves de diver
764 iginalité de leur jugement sont en raison inverse du nombre d’années d’instruction publique qu’ils ont subies. 3.h. Le
765 lique ne coïncident qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer,
766 nes. C’est-à-dire : une méthode d’abâtardissement du peuple. D’autre part, il est aisé de voir que tous ces principes déri
767 ir que tous ces principes dérivent nécessairement du fait que l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de
94 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
768 ession de chauffeurs de taxi. Si cette conception du pratique prévaut, il est à craindre que l’école nouvelle n’apporte bi
769 qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne traduise incontinen
770 qu’ils consomment deux fois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On n’impose plus de résultats, on les fait trouv
771 ntaines qui sont pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je
772 lité pratique d’en sortir, je ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre di
95 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
773 ase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la Démocratie. L’instruction publique et la Démocratie sont
774 répande universellement et obligatoirement l’art du saxophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’il ne manque à cette
775 utomatisme de la vie civique. Le cerveau standard du type fédéral ne laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement
776 uthentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peuple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ont pas d’eux-
777 de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révolution véritable que de la s
778 ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du livre, p. 65. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’une tell
96 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
779 d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les besoins de l’époque
780 s de l’époque exigent une organisation à outrance du monde, je répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfai
781 upériorités naturelles, l’habitude de l’ersatz et du travail bâclé. Elle apprend à lire pour lire les journaux, mais en mê
782 repoison. Au contraire, elle prépare des esclaves du mot. Il est clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruct
783 elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruction religieuse qui prend
97 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
784 ’est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants d
785 ation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre le progrès, c’est que le
786 anquerez cependant point de le dire, avec ce sens du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par
787 ie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitudes sordides et
788 rdis. Réponse non, c’est un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux commun
789 ébordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un grand courant d’air à créer qui emportera toute
790 distingué. Il y a de grands balayages à faire, un grand courant d’air à créer qui emportera toutes ces statistiques et ces jo
791 c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont souffre notre imagination créatrice ; c’es
792 formidable expérience négative qui aura duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme à la dialectique
793 les possibilités formidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’e
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
794 itude de l’âme. Ceci revient à dire que seule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler le vieux bateau oc
795 acte, et ces peuples de somnambules s’éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-lux
796 sures et des possibilités nouvelles. Tenir compte du réel ne signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui
797 choses. Ce n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer
798 ellectuelles et mystiques. Toute leur force vient du yoga. Et tout le yoga repose sur la concentration. En vérité, toute f
799 lusions immédiates, non seulement il serait sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde 16 et non plus
800 é du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde 16 et non plus en barbare cette fois-ci. Ce qui l’empêche de co
801 ga à lui : toutes les fois qu’il veut obtenir une grande intensité avec un minimum de moyens. J’en citerai deux exemples : la
802 dire que tout homme gagnerait à posséder une plus grande puissance intellectuelle, une meilleure mémoire, une sensibilité plus
803 ifférences s’accuseraient, mais se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles ne font que traduire la diversité d
804 tinières ne vivent que de semblables accusations. Du moment que n’importe qui juge et contrôle n’importe quoi, il faut bie
805 est pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil de la paroisse, et… » — Il semble qu’en attaquant ses idées e
806 einte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour crimi
807 res et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot,
808 mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourgeoisie qui se monte le cou.
809 ns ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures
99 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
810 libre proprement humain. Ainsi passèrent quelques siècles  ; ainsi passa le xixe . On le laissa installer ses machines : elles a
811 a installer ses machines : elles avaient l’air de grands joujoux ; et l’on continua d’apprendre rosa : la rose, d’admirer le P
812 evoir que dans ses servitudes5. Aussi la critique du matérialisme entreprise par certains philosophes des sciences fait-el
813 , ils échappent à cette fatalité qui est le signe du monde matériel. Je vois l’humanisme nouveau sous l’aspect d’une cult
814 e bannirait pas de l’existence la poésie, ce sens du Réel. Je vois se composer en cette méthode — peut-être séculairement
815 vois rien d’autre. Quoi qu’il en soit d’ailleurs du contenu d’un nouvel humanisme, il est assez aisé de prévoir et de déc
816 èle gréco-latin, un canon de l’âme aussi bien que du corps. Il est possible que ce mythe ait animé l’humanisme de nos huma
817 il en eut, ne s’étendit guère au-delà des limites du monde roman. Le type de chevalier et ses succédanés militaires et wag
818 e ne le cède aujourd’hui qu’à l’idéal anglo-saxon du gentleman. Le rabais est notable. On solde. Au rayon des idéaux de co
819 u rayon des idéaux de confection voici le Citoyen du Monde, voici le Bon Européen, voici l’Américain à rendement maximum.
820 L’humanisme est de l’homme, le christianisme est du nouvel homme. Tout humanisme véritable conduit « au seuil » : et qu’i
821 nève. Il a collaboré à diverses revues suisses et françaises . Il prépare trois volumes (Essais, Romans, Voyages). »
100 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
822 rs, si vous croyez que c’est par l’extrême pointe du singulier que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez Mes Proprié
823 faciles qu’on aime à ménager dans un jardin à la française . Mais vous ne tarderez pas à remarquer que tout, ici, est original, i
824 us qu’une manière et qu’un ton, il y a une vision du monde véritablement neuve, dans laquelle l’âme, agissant à la façon d