1 1944, Les Personnes du drame. Sagesse et folie de la personne — Goethe médiateur
1 suivi sa pente, il se trouve que, selon le mot de Gide , c’est en la remontant. Du fait que Goethe a résisté à l’élément germ
2 1944, Les Personnes du drame. Sincérité et authenticité — Le Journal d’André Gide
2 6.Le Journal d’ André Gide I Il ne serait guère honnête, et moins encore adroit de ne point av
3 incertitude où pareil livre entraîne le jugement. Gide a tant répété : Ne jugez pas ! qu’il a fini par se rendre lui-même « 
4 ide la cause des plus étranges contradictions que Gide subit ou entretient. (Jusqu’à masquer parfois de vraies fenêtres par
5 pèce d’intérêt que l’on prend à lire le Journal d’ André Gide . Il est probable que, du seul point de vue de l’art, cet intérêt deme
6 ne existence. Malgré les pages plus élaborées que Gide a groupées çà et là sous des titres particuliers (Feuillets, Numquid
7 ici se pose le problème de la vérité du portrait. Gide note lui-même dès 1924 : « Si plus tard on publie mon journal, je cra
8 ne idée fausse », c’est bien ce que devait éviter Gide , plus jalousement qu’aucun autre. Est-ce vraiment pour le diminuer qu
9 pour une pose raffinée. J’imaginerais plutôt que Gide est fasciné par l’obstacle qu’il veut éviter. Son horreur du malenten
10 Et par exemple, les choses tues dans ce recueil —  Gide a marqué qu’une grave lacune mutile l’image qu’il nous y livre de lui
11 aime ? Ainsi l’on se peint plus rosse que nature. Gide lui-même, à ce jeu, ne s’est pas épargné : « Je ne suis qu’un petit g
12 i, crée ce qu’il cherche… » Or, en écrivant cela, Gide n’a-t-il point cédé à la tentation qu’il décrit ? Cercle vicieux de l
13 es, oubliant ce qui va de soi : l’autoportrait de Gide est aussi ressemblant. On l’y retrouve aussi au naturel, avec toutes
14 qué jusqu’à quel point « l’antichristianisme » de Gide est chrétien dans ses déterminations ? Je crois qu’on s’est trop lais
15 nécessairement, à la sollicitude des catholiques. Gide fut élevé dans un milieu calviniste où la religion paraissait se rédu
16 ues : libre examen et moralisme. Du libre examen, Gide a conservé son exigence de vérité et de véracité « advienne que pourr
17 soi, cette réaction gauchit certains jugements de Gide sur la Réforme : il la confond souvent, je crois, avec l’image couran
18 manichéen. L’évangélisme anticonfessionnel, que Gide retient de cette première éducation chrétienne, l’a mis en garde cont
19 savons ! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de débarrasser son christianisme de toutes les adjonctions « 
20 sée, c’est l’Évangile. » Mais n’y a-t-il pas chez Gide à l’origine de ce refus de la visibilité de toute église (tant réform
21 nce d’honnêteté qui rappelle parfois Kierkegaard. Gide répugne à paraître plus qu’il n’est, à affirmer plus qu’il ne croit.
22 imait pas digne, et qu’il confessait par là même. Gide paraît surtout attentif à sa nature complexe et réticente. Or toute n
23 re s’y ordonner. « Orthodoxie protestante — écrit Gide  — ces mots n’ont pour moi aucun sens. Je ne reconnais point d’autorit
24 onfrontons ces trois remarques : 1. Le Journal de Gide se présente comme une illustration de sa sincérité. Mais il nous donn
25 éformée, faute de retouches « artificielles. » 2. Gide nous dit qu’il a supprimé de ses carnets les pages qu’il jugeait trop
26 turelles. Or il est très curieux de remarquer que Gide adopte dans sa vie — telle que la révèle son Journal — la première co
27 est dominée par la seconde. Toute l’esthétique de Gide — son style écrit — s’ordonne au choix le plus classique : concision,
28 and message est qu’il faut se libérer des règles. Gide , à l’interviewer fictif qui lui demandait ce qu’est l’éthique, répond
29 a jusqu’à la casuistique : l’intérêt passionné de Gide pour les détails les plus subtils de l’écriture est attesté par cent
30 . Et si le puritain est un styliste de la morale, Gide reste un puritain du style. Peut-être tenons-nous ici le principe de
31 re. Toutefois, j’ai dit la méfiance d’artiste que Gide nourrit à l’endroit des « idées ». C’est par là que je sens le mieux
32 moins. À cet égard, il m’apparaît que la leçon de Gide , pour ceux de mon âge, est moins urgente dans l’ordre de l’éthique qu
33 obe adversaire des orthodoxies orgueilleuses, que Gide , n’en doutons pas, restera jusqu’au bout. 68. Cf. Journal (Pléiade)