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silence de Goethe (mars 1932)d « L’homme, dit
Goethe
, ne reconnaît et n’apprécie que ce qu’il est lui-même en état de fair
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nouveau l’exemple de cette vie. Ceux qui traitent
Goethe
de bourgeois ne prouvent rien de plus que leur propre rationalisme, s
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hez ceux qui vaticinent, ayant été moins loin que
Goethe
dans la domination des mystères. Ainsi se réclament-ils de Rimbaud. P
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« magiques » puis renonce à la magie, et se tait.
Goethe
, initié dans sa jeunesse, commence d’écrire vers ce temps, mais, la f
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jamais un écrivain, ni ne se soucia de l’être. Et
Goethe
ne fut qu’entre autres choses un écrivain, et se soucia de l’être dan
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utefois qu’une pareille assimilation eût exaspéré
Goethe
autant que Rimbaud, mais, croyons-nous, dans leur habitus individuel
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, une attitude humaine qui me paraît commune. Que
Goethe
ait pratiqué « le devis des choses grandes et secrètes » comme parle
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vers une plénitude, pour un esprit comme celui de
Goethe
. « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers
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consume », écrit un de ses amis, vers ce temps. «
Goethe
vit sur un perpétuel pied de guerre et de révolte psychique ». Et lui
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el découvre sa forme véritable. Et si, comme chez
Goethe
, c’est une forme mystique, celle du terrible « Meurs et deviens ! »,
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eure. Par quel « hasard » l’a-t-il provoquée chez
Goethe
? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne saurait exagérer l’importa
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storique et symbolique : les premiers contacts de
Goethe
avec le mysticisme précédèrent de très peu une grave maladie, dont il
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». Retenons ceci : au seuil de l’initiation, chez
Goethe
, il n’y a pas une révolte, il y a un péril conjuré. C’est contre ce q
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urement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune
Goethe
, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre
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llement que la littérature prendra plus tard chez
Goethe
l’allure d’une discipline de l’âme. Un exercice, une activité organiq
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instrument et un style. Dès ce moment le choix de
Goethe
a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouveler perpétuelle
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ence n’est pas absence de mots. C’est encore chez
Goethe
une activité réelle, et même à double effet. Qu’y a-t-il de plus agis
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fureur ». Cette complexe dialectique de la magie,
Goethe
lui-même l’a stylisée en symboles concrets dans le Faust, œuvre longu
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l’œuvre qui s’avoue dans ce cri : chaque fois que
Goethe
invoque la catégorie sacrée de l’humain, comprenons qu’il y va de tou
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, et son destin se joue d’un coup. La grandeur de
Goethe
est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transpo
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ale, l’a condamnée, l’a dépassée, acceptant comme
Goethe
les conditions réelles et données de son effort particulier. Ce renon
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tous deux de loin, d’un long abandon à l’erreur.
Goethe
n’a pas connu de tels déchirements. Et c’est lui qui méritera la phra
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imilitude de forme dans le cours de la magie chez
Goethe
et chez Rimbaud, et d’autre part le contraste absolu des rythmes, von
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l’on croirait tirée de quelque journal intime du
Goethe
des années ascétiques, à Weimar avant l’Italie. Et le passage fameux
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i sourd du plus lucide héroïsme : « Et allons ! »
Goethe
seul est allé jusqu’à la délivrance consciente. Il y a dans tout dése
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mposantes dans l’aventure rimbaldienne. Mais chez
Goethe
, c’est la longueur du temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérén
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pour Rimbaud le silence, alors qu’elle propose à
Goethe
, comme un exercice de choix, l’écriture, — cela n’a rien que de logiq
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ut considérer sans paradoxe que la littérature de
Goethe
est un des moyens de silence dont il dispose. Ni plus ni moins que l’
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L’on découvre ici la source de l’étrange refus de
Goethe
, dès qu’il s’agit de faire état des causes premières, des fins derniè
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per d’idées relatives à l’immortalité, poursuivit
Goethe
, cela convient aux gens du monde et surtout aux belles dames qui n’on
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critère de « jugement » qui permettrait de placer
Goethe
au-dessus de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous j
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Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de
Goethe
. Et qui voudrait les opposer ? Que signifierait un choix dont l’opéra
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e longue fidélité peut-être orgueilleuse, puisque
Goethe
tenait ses faiblesses pour des erreurs, non pour le péché, et d’autre
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ésors patinés dans la haute demeure familiale des
Goethe
. Aujourd’hui… Un immense glissement de la réalité hors des cadres d’
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t nous porterait vers Rimbaud, nous détournant de
Goethe
. Mais prenons garde de tomber dans un conformisme à rebours, victimes
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’une voix volontairement assourdie. Le silence de
Goethe
n’est pas moins dangereux, pour qui sait l’entendre, que l’imprécatio
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15. Et non plus symbolique. d. « Le silence de
Goethe
», La Nouvelle Revue française, Paris, n° 222, mars 1932, p. 480-494.