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C’est ainsi que j’ai cherché dans les œuvres d’un
Goethe
, d’un Kierkegaard, ou d’un Luther, les données « personnelles » dont
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t attestée dans Faust, — c’est cela que j’appelle
Goethe
. L’opposition de la forme du monde et de l’esprit qui la transforme ;
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1.Le silence de
Goethe
« L’homme, dit Goethe, ne reconnaît et n’apprécie que ce qu’il est
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1.Le silence de Goethe « L’homme, dit
Goethe
, ne reconnaît et n’apprécie que ce qu’il est lui-même en état de fair
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oujours l’exemple de cette vie. Ceux qui traitent
Goethe
de bourgeois ne prouvent rien de plus que leur propre rationalisme, s
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hez ceux qui vaticinent, ayant été moins loin que
Goethe
dans la domination des mystères. Ainsi se réclament-ils de Rimbaud. P
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magiques » — puis renonce à la magie, et se tait.
Goethe
, initié dans sa jeunesse, commence à écrire vers ce temps, mais la fi
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is un écrivain, ne se soucia jamais de l’être. Et
Goethe
ne fut qu’entre autres choses un écrivain. Ce n’est donc pas l’aspect
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toutefois qu’un pareil rapprochement eût exaspéré
Goethe
autant peut-être que Rimbaud2, mais je crois, dans leur habitus indiv
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une attitude humaine qui me paraît commune. ⁂ Que
Goethe
ait pratiqué « le devis des choses grandes et secrètes » (Jérôme Card
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vers une plénitude, pour un esprit comme celui de
Goethe
. « On a peur que son feu ne le consume », écrit un de ses amis, vers
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consume », écrit un de ses amis, vers ce temps. «
Goethe
vit sur un perpétuel pied de guerre et de révolte psychique ». Et lui
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ituel découvre sa forme véritable. Si, comme chez
Goethe
, c’est une forme mystique, celle du terrible « Meurs et deviens ! » e
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t de quel « hasard » l’a-t-il donc provoquée chez
Goethe
? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne saurait exagérer l’importa
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storique et symbolique : les premiers contacts de
Goethe
avec le mysticisme précédèrent de très peu une grave maladie, dont il
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e. Retenons ceci : au seuil de l’initiation, chez
Goethe
, il n’y a pas une révolte, il y a un péril conjuré. C’est contre ce q
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urement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune
Goethe
, que déjà la faiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre
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llement que la littérature prendra plus tard chez
Goethe
l’allure d’une discipline de l’âme. Un exercice, une activité organiq
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rètement conditionnée. Dès ce moment, le choix de
Goethe
a trouvé sa forme. Il lui faudra maintenant le renouveler perpétuelle
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nce n’est pas absence de mots. Il est encore chez
Goethe
une activité, et même à double effet. Quoi de plus agissant, dans une
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eur » ? ⁂ Cette complexe dialectique de la magie,
Goethe
lui-même l’a stylisée en symboles concrets dans le Faust. Œuvre longu
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l’œuvre qui s’avoue dans ce cri : chaque fois que
Goethe
invoque la catégorie pour lui sacrée de l’humain, comprenons qu’il y
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, et son destin se joue d’un coup. La grandeur de
Goethe
est d’avoir su vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transp
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ale, l’a condamnée, l’a dépassée, acceptant comme
Goethe
les conditions réelles et données de son effort particulier. Ce renon
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tous deux de loin, d’un long abandon à l’erreur.
Goethe
n’a pas connu de tels déchirements. C’est lui qui a su vivre cette ma
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imilitude de forme dans le cours de la magie chez
Goethe
et chez Rimbaud, et d’autre part le contraste des rythmes, vont se tr
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l’on croirait tirée de quelque journal intime de
Goethe
des années ascétiques, à Weimar avant l’Italie. Et le passage fameux
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i sourd du plus lucide héroïsme : « Et allons ! »
Goethe
seul est allé jusqu’à la délivrance consciente. Il y a dans tout dése
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composantes dans l’aventure de Rimbaud. Mais chez
Goethe
, c’est la longueur du temps qui les dénoncera. Et cette fameuse sérén
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d l’abandon de la poésie, alors qu’elle propose à
Goethe
, comme un exercice de choix, l’écriture, — cela n’a rien que de logiq
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irmer sans trop de paradoxe que la littérature de
Goethe
est un des moyens de silence dont il dispose. Ni plus ni moins que l’
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L’on découvre ici la source de l’étrange refus de
Goethe
, dès qu’il s’agit de faire état des choses premières, des fins derniè
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per d’idées relatives à l’immortalité, poursuivit
Goethe
, cela convient aux gens du monde et surtout aux belles dames qui n’on
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uel critère de jugement qui permettrait de placer
Goethe
« au-dessus » de Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui no
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Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de
Goethe
. Et qui voudrait les opposer ? Que signifierait un choix dont l’opéra
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e longue fidélité peut-être orgueilleuse, puisque
Goethe
tenait ses faiblesses pour des erreurs, non pour le péché, et d’autre
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ésors patinés dans la haute demeure familiale des
Goethe
. Aujourd’hui… Un immense glissement de la réalité hors des cadres d’
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uvement nous porte vers Rimbaud, nous détourne de
Goethe
. Mais prenons garde de tomber dans un conformisme à rebours, victimes
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’une voix volontairement assourdie. Le silence de
Goethe
n’est pas moins dangereux, pour qui sait l’entendre, que l’imprécatio
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être absolument moderne. » 2. Rimbaud a-t-il lu
Goethe
? En mai 1873, il écrivit de Roche à son ami E. Delahaye : « Prochain
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n’existent pas de mesures. Mais où chercher, chez
Goethe
, les éléments de tension et les mesures ? Où, sinon en lui-même, je v
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donné et ce qu’il sut tirer de ces données ? Car
Goethe
est en ceci un homme moderne, que ses mesures sont en lui-même et non
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s l’homme moderne crée son destin dans l’inconnu.
Goethe
est grand par le rapport, pour nous visible, de sa vie et de son œuvr
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e géant. Tout ici est organe, tout est nature. Et
Goethe
l’a su. Mais quand nous contemplons de loin cet arbre vénérable, aux
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ique. ⁂ Constater que les données initiales, chez
Goethe
, sont allemandes, peut paraître une lapalissade. Rappelons cependant
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composantes nordiques de la psychologie du jeune
Goethe
: le romantisme, le goût de la magie, et cet élan qu’il nommera démon
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ui s’exprime magnifiquement dans le Prométhée. Si
Goethe
avait cédé à ces penchants que l’on peut bien appeler nationaux, son
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le qualificatif d’allemande. Or s’il est vrai que
Goethe
ait suivi sa pente, il se trouve que, selon le mot de Gide, c’est en
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e mot de Gide, c’est en la remontant. Du fait que
Goethe
a résisté à l’élément germanique irréductible et irrationnel qui dema
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facile de montrer ce qui, dans l’œuvre écrite de
Goethe
, n’est pas typiquement allemand, et peut être directement assimilable
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llemande, même si, par son triomphe, elle conduit
Goethe
à être plus qu’allemand. En regard du Goethe de la vingt-sixième anné
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duit Goethe à être plus qu’allemand. En regard du
Goethe
de la vingt-sixième année, du Goethe qui se détourne du romantisme, p
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En regard du Goethe de la vingt-sixième année, du
Goethe
qui se détourne du romantisme, plaçons ce Hölderlin, qui vers le même
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ous aurons une antithèse presque parfaite. Devant
Goethe
comme devant Hölderlin, s’ouvre à tel moment de la vie spirituelle un
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nnées où, pour reprendre la comparaison du chêne,
Goethe
se fait un tronc, une écorce. En face du titanisme de Hölderlin — Höl
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de Hölderlin — Hölderlin ou l’Allemand exaspéré —
Goethe
figure l’Allemand surmonté, l’Allemand guéri. Mais guéri par ses moye
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serait très insuffisant de dire que le remède que
Goethe
s’applique est l’action. Nous sommes obligés, si nous voulons éviter
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plus évidente que dans le cours de la Magie chez
Goethe
. Dans l’ordre des vérités occultes, Goethe choisit d’abord celle qui
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e chez Goethe. Dans l’ordre des vérités occultes,
Goethe
choisit d’abord celle qui lui paraît susceptible d’application vivant
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stes. Tel est peut-être l’Erlebnis qui fonde chez
Goethe
une conception qu’on dirait presque pragmatique de l’occultisme. Par
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leurs, le problème de la magie ne se pose point à
Goethe
comme le problème technique d’une science qu’il s’agirait d’approfond
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, en principe, résolu dès cette scène. Mais, pour
Goethe
jamais la solution de principe n’est une solution réelle, existentiel
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anifester en actes, en activité, en effort. Ainsi
Goethe
, homme moderne, détache d’abord la magie des choses, sur lesquelles p
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us une expérience intérieure, morale. La magie de
Goethe
se condense en paroles, en Zaubersprüche, qui deviennent tout naturel
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’allure si bourgeoise sont dirigés d’abord contre
Goethe
lui-même, contre son démonisme ; ils constituent la cure de cette seu
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la cure de cette seule maladie morale à laquelle
Goethe
réduit toutes les autres maladies, de cette seule maladie qui tout en
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dans une magie dominée. La magie est ainsi, pour
Goethe
, un remède dont il doit arriver à se délivrer. Personne moins que lui
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anti-Goethe — ou mieux : c’est la « personne » de
Goethe
triomphant de son « individu ». ⁂ Telle est la sagesse de Faust : nou
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nd dès lors facilement la raison du culte rendu à
Goethe
par les meilleurs Allemands. Goethe figure à leurs yeux la plus harmo
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culte rendu à Goethe par les meilleurs Allemands.
Goethe
figure à leurs yeux la plus harmonieuse résolution des dissonances pr
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us qu’en Allemagne cette grandeur particulière de
Goethe
ne peut être éprouvée avec plus de reconnaissance, nulle part elle ne
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t être aussi tonique. Mais il y a plus. Parce que
Goethe
est un « Allemand surmonté » si j’ose dire — et à la manière allemand
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st l’office de la seule grandeur. C’est parce que
Goethe
est grand — et nous venons de dire de quelle grandeur, nationale en s
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out qu’il faut entendre le grand vers gnomique de
Goethe
: Über allen Gipfeln ist Ruh.17 Les élites, en tant qu’élites, se
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la confusion18. C’est pourquoi notre tâche — que
Goethe
eût approuvée — reste de fédérer des différences authentiques, et non
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s nationales sont des vices de populace », disait
Goethe
. Je n’oublie pas, d’ailleurs, ce mot d’un bon observateur des choses
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s dans la sagesse (on touche ici les limites d’un
Goethe
), mais il y faut au moins cette imprudence sans laquelle on n’essaier
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ache non moins certainement à son admiration pour
Goethe
. Rien n’est plus suggestif que cette rencontre en un seul homme de de
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» Entre la folie de Kierkegaard et la sagesse de
Goethe
Il semble bien que le Château, roman posthume, devait se terminer
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t osciller, en toute conscience, de Kierkegaard à
Goethe
? Ces deux noms ne désignent-ils pas les pôles de la tension spiritue
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né de vivre à un Occidental ? Oui, Kierkegaard et
Goethe
sont, à mes yeux, les plus géniales personnifications d’une éthique f
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re humain qui nous autoriserait à distinguer chez
Goethe
, chez Kierkegaard et chez Kafka le rôle possible de la foi. Et certes
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ns avoir pu donner l’équivalent des Entretiens de
Goethe
, ou de l’opuscule de Kierkegaard sur son activité d’auteur. Si donc n
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reste beaucoup plus proche de Kierkegaard que de
Goethe
. 61. Et je ne parle même pas du philistin, incapable de soupçonner q
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involontaire, je ne puis évoquer que l’exemple de
Goethe
, dont ce n’est pas telle œuvre ou telle action que j’aime, mais bien
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aliste à la manière goethéenne, et musicien comme
Goethe
encore se voulait peintre. On l’y découvre enfin, et cela me paraît n
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énomènes : ils sont eux-mêmes enseignement », dit
Goethe
. Il n’y a rien à voir sous les apparences. Car rien n’existe, hors de
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contact avec l’objet. » Mais on peut dire cela de
Goethe
aussi ? Et de bien d’autres réalistes de la forme ? De Goethe surtout
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? Et de bien d’autres réalistes de la forme ? De
Goethe
surtout. Il y a pourtant cette différence capitale que, chez Goethe,
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y a pourtant cette différence capitale que, chez
Goethe
, le contact n’est jamais « aussi direct que possible ». Goethe sait m
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ntact n’est jamais « aussi direct que possible ».
Goethe
sait mal le grec, et connaît les statues par l’estampe. Il lui faut l
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nce là où tous les intermédiaires sont supprimés.
Goethe
cherche une économie des moyens, qui permette d’aller au-delà de ce q
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ps. Les niveaux respectifs auxquels se placent un
Goethe
et un Ramuz déterminent deux formes d’expérience apparemment incompar
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s n’est plus du tout ce qu’elle était au temps de
Goethe
. Plus encore que sa valeur, c’est sa fin qui est devenue contestable.
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exemple. » Comment, ici encore, ne point songer à
Goethe
? Mais à sa seule leçon, à l’équation fondamentale de sa vie, non poi
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e, tout cela qui échappe à nos prises. Ainsi fait
Goethe
; et telle est sa vertu. Mais notre siècle pose d’autres questions, d
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apacité de la plupart des jeunes contemporains de
Goethe
à donner des œuvres achevées. En effet le mouvement de ces poètes est