1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 hement est peut-être prématuré, tout au plus peut- on dire qu’à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès, no
2 nné le coup de grâce à cet esthétisme énervant qu’ on appelle symbolisme ; et elle a donné naissance à la doctrine de M. de
3 de l’esprit catholique et de l’esprit sportif. «  On se fait son unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semb
4 de l’esprit sportif. « On se fait son unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloi
5 re la formation du caractère, en définitive. Mais on peut oublier la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui est pa
6 lent ce que valent toutes les simplifications, qu’ on les appelle ou non idées générales, et j’avoue bien volontiers qu’il
7 que brutale parfois, un style de sportif, mais qu’ on sent humaniste et poète, un style à la fois bref et chaud, imagé et r
8 tte domination qui est le but véritable du sport. On accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle n’est plus une
9 le but véritable du sport. On accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle n’est plus une entrave à la violence
10 ue de la prairie rase où rebondit un ballon. Si l’ on considère la vie sociale comme un jeu sérieux dont on respecte les rè
11 onsidère la vie sociale comme un jeu sérieux dont on respecte les règles, non plus comme une lutte sauvage et déloyale, la
12 hies que sur celui de la solidarité, comme bien l’ on pense). Enfin, enseignement plus général de la morale sportive : « la
13 x qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’ on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre
14 : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’ on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses
15 moderne que ce lyrisme sobre et prenant : « Si l’ on s’échauffe, s’échauffer sur de la précision. » On évitera ainsi tout
16 on s’échauffe, s’échauffer sur de la précision. » On évitera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien ce qu’on objectera 
17 a ainsi tout niais romantisme. Je sais bien ce qu’ on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’apprentissage de la vi
18 la vie, est l’apprentissage de la guerre, dira-t- on . M. de Montherlant répondra : non, car la faiblesse est le péché capi
19 te « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’ on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux la
20 ra plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’ on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort sur ce
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
21 relief remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’ on a pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
22 tant ici encore transparaît un doute, parfois : «  On craint d’être injuste en décidant si… cette absence de haine ; cette
23 vite, frappe du pied et repart. Vers quels buts ? On verra plus tard. L’urgent c’est d’avancer. Et l’on atteindra peut-êtr
24 n verra plus tard. L’urgent c’est d’avancer. Et l’ on atteindra peut-être ces régions élevées où les éléments contraires s’
25 unèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lorsqu’ on parle de cette œuvre : je ne sais s’il faut en voir la raison dans la
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
26 alisme, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de tout
27 uis Freud — dont ils se réclament imprudemment, —  on sait ce que c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalism
28 laissent pressentir des révolutions plus réelles. On souhaite qu’après faillite faite, les surréalistes trouvent à montrer
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
29 ue nous le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères q
30 eur motif à l’admiration que tout le lyrisme dont on a voulu charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cher
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
31 Einstein, des articles sur Valéry, St John Perse. On le vit naguère en province liquider des stocks américains. Et ses rom
32 ons traitées est rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des roma
33 , mais il s’en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des maladresses
34 laisser des maladresses et des négligences. Mais on ne demande pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’être bien pe
35 belle richesse psychologique. En fermant le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-i
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
36 e pour provoquer cette confrontation seulement qu’ on a imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine d
37 e la culture le péril n’existe que pour autant qu’ on en parle, la vraie « question asiatique » étant une question politiqu
38 uestion asiatique » étant une question politique. On peut prévoir que si le bouddhisme jouit un jour d’un renouveau, c’est
39 servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond Japon et Arabie, Indes et Chine sous une dénomination qui n’a
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
40 d’édition Fischer passait pour « la centrale où l’ on avait concentré la dynamite internationale qu’Ibsen voulait placer so
41 Zola et Ibsen, Tolstoï, Hauptmann et Maeterlinck. On trouve au tableau des auteurs édités depuis lors les grands noms de l
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
42 i a gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’ on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir qu
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
43 ue dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’ on trouvera la mesure de son admiration et le gage de sa légitimité. Nul
44 ore et uniquement par leur obsédante volonté. Car on imagine difficilement un art plus dépouillé de détail extérieur ou d’
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
45 ? Mais ces réserves sont de peu d’importance si l’ on songe au service que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
46 nts et aux morts : Mère, je sais très mal comme l’ on cherche les morts… « … Cette chose haute à la voix grave qu’on appell
47 s morts… « … Cette chose haute à la voix grave qu’ on appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « des
48 aviter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini au fond de soi qu’au fond du ciel. l. Ro
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
49 n’éclate le sinistre, et s’arrête au moment où l’ on est sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait-on rêver pou
50 que ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait- on rêver pour un psychologue de la puissance de Walpole, que l’âme russe
51 is que le récit doit sauter quelques semaines. Qu’ on veuille bien ne voir autre chose dans ces « procédés », d’ailleurs as
52 éthode simplifiée pour l’exploitation des ruines. On sait le reste. Tout cela, Walpole ne le dit pas. Mais ses personnages
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
53 à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend l’appellation de saint à ceux qui par leur élévation morale ou
54 en Âge l’évolution se continue dans le même sens. On spécialise les « compétences » des saints, ou de leurs reliques qui s
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
55 … (mars 1926)o L’époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal déf
56 L’époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on cour
57 heur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’ on court après sans fin. Même ceux qui ont perdu la croyance en un bonhe
58 mes, excessives lassitudes ou faim de violences — on sent l’approche de quelque chose, catastrophe ou révélation, brusque
59 triels. Il y a encore les hommes politiques, mais on a si souvent l’impression qu’ils battent la mesure devant un orchestr
60 parmi les plus conscients de ce temps ; mais si l’ on songe aux bataillons de pâles opportunistes sans culture qui se charg
61 u pain quotidien de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui
62 le que l’époque réclame 1. C’est aussi pourquoi l’ on ne saurait accorder trop d’importance à leurs tentatives morales, si
63 heure, c’est la seule façon efficace de servir. ⁂ On se complaît à répéter que nous vivons dans le chaos des idées et des
64 rs déjà reconnaissent ne pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser un public. Un livre est u
65 ne expérience. Et, le plus souvent, sur soi-même. On écrit pour cultiver son moi, pour l’éprouver et le prémunir, pour y d
66 ût, parce que tout a été essayé. Dégoût, parce qu’ on se connaît trop, et que plus rien ne retient. (Or on ne crée que cont
67 se connaît trop, et que plus rien ne retient. (Or on ne crée que contre quelque chose, contre soi, contre une difficulté.)
68 ût de la vie, dégoût du bonheur, dégoût de soi, —  on l’étend vite à la société entière. Dégoût d’une civilisation qui abou
69 , Aragon, de ne plus rien attendre du monde, mais on voudrait que de moins de gloriole s’accompagnât votre ultimatum à Die
70 que de penser qui les ont amenés aux positions qu’ on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dans les livres des jeunes, di
71 menés aux positions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dans les livres des jeunes, dites-vous, le pire et le mei
72 ant de se laisser glisser que de construire. Et l’ on y prend vite goût. Cela tourne alors en passion de détruire, en hain
73 uger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions-nous faire
74 r à vous, désirs, et d’être vaincu sans bataille. On voit assez à quel genre de sophismes conduit ce mouvement de l’esprit
75 ur sauter plus loin. Ainsi, c’est par humilité qu’ on renoncera à la vertu, sous prétexte qu’elle pousse à l’orgueil ; c’es
76 ’elle pousse à l’orgueil ; c’est par sincérité qu’ on mentira, puisque parfois nous sommes spontanément portés à mentir. On
77 parfois nous sommes spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à considérer un certain immoralisme comme la s
78 ère jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’ on ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par
79 ent de construire et de nous construire. Jamais l’ on ne fut plus loin de l’idéal goethéen : au lieu de tout composer en so
80 idéal goethéen : au lieu de tout composer en soi, on veut tout cultiver, et en fait l’on se contente d’une violence, d’un
81 poser en soi, on veut tout cultiver, et en fait l’ on se contente d’une violence, d’un vice, d’une inquiétude. 8. « Certai
82 ns la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est moins libre à Moscou qu’à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
83 s alternés ou confondus du désir et de la prière. On sort lentement d’une chambre bleue qui est le mystère même, pour suiv
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
84 de grand peintre. Pourtant, malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en va
85 gueurs, on ne lira pas sans plaisir ce livre où l’ on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi des gens qui cr
18 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
86 nce de M. Jean Cadier, un jeune pasteur français, on descendit — ou l’on monta suivant M. A. Léo — du domaine de la pensée
87 r, un jeune pasteur français, on descendit — ou l’ on monta suivant M. A. Léo — du domaine de la pensée pure dans celui de
88 les Romands recouvrent l’usage de la parole, puis on va se dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du village u
89 , puis on va se dégourdir sur un ballon ou bien l’ on poursuit hors du village une discussion toujours trop courte. Et les
90 t tout le monde dans la gaieté la plus charmante. On y vit un ouvrier en maillot rouge assis entre un banquier et un philo
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
91 parce que c’est dimanche, parce qu’il pleut et qu’ on s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire est moins fatigant. «
92 n peu frileuse et se permet de bâiller en public. On connaît le danger… r. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Wilfred
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
93 eu théorique mais intelligent d’un problème que l’ on pressent trop complètement résolu dès les premières pages, mais qu’il
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
94 dans le grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’ on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il
22 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
95 26)f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’ on peut bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de pr
96 printemps. Libre à qui veut d’y voir un symbole. On ne saurait exagérer l’importance des conditions météorologiques du su
97 la liberté dans la recherche. Chose plus rare qu’ on ne pense, à Aubonne on se sent prêt à tout lâcher pour une vérité nou
98 herche. Chose plus rare qu’on ne pense, à Aubonne on se sent prêt à tout lâcher pour une vérité nouvelle, on tient moins à
99 sent prêt à tout lâcher pour une vérité nouvelle, on tient moins à convaincre qu’à se convaincre. Après les exposés de Jan
100 ciales. Mais ce qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les discussions entre de Saussure et Bertran
101 pelle où ont lieu travaux et méditations. Dehors, on honore la liberté d’un culte moins platonique : n’est-ce pas Léo qui
102 ns platonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’ on ne peut juger les Associations qu’à leur façon de jouer le volley-bal
103 r une pièce inexistante. Enfin le dernier soir, l’ on vit apparaître un fakir… Il y eut aussi une assemblée délibérative en
104 chardot, entrant par la fenêtre, vint annoncer qu’ on était libre — comme si on l’avait attendu pour le manifester ! — et q
105 nêtre, vint annoncer qu’on était libre — comme si on l’avait attendu pour le manifester ! — et qu’il suffisait de souscrir
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
106 d’une verve puissante jusque dans la statistique. On en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’avoir trouvé la formu
24 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
107 les plus rusés. Nous choisissons les idées comme on choisit un amour dont on est anxieux de prévoir l’influence, avant de
108 isissons les idées comme on choisit un amour dont on est anxieux de prévoir l’influence, avant de s’y jeter, et dont on cr
109 prévoir l’influence, avant de s’y jeter, et dont on craint de ressortir trop différent. Amour de soi, qui nous tourmente
110 is abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’ on me fit comprendre qu’il n’est que le jeu de sauter follement d’une ha
111 ? Provisoirement j’étais sauvé d’un désordre où l’ on glisse vers la mort. L’important, c’est de ne pas se défaire. Mais ri
112 stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. ( On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je ne veux plus de fai
113 ansformation. Mais il y faut une doctrine, me dit- on . L’avouerai-je, quand je médite sur une doctrine possible, sur une sy
114 e. Je m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuader de la vérité d’un système, hors la religio
25 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
115 , Pater et Stendhal. Certes, il était temps que l’ on dénonce la confusion romantique de l’art avec la vie, qui empoisonne
116 ’œuvre d’art, il ne s’en suit pas forcément que l’ on doit nier toute communication directe entre l’œuvre et le moi, comme
117 ’auteur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’ar
118 e théorie de la « garantie des sentiments », où l’ on est en droit de voir le germe d’un moralisme nouveau qui se fonderait
119 raire, et qu’il serait bien utile d’adopter, si l’ on veut éviter les confusions qui sont en train d’ôter sa valeur littéra
120 genre le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa f
121 érilleuse situation que la sienne, en effet, où l’ on court le double risque de paraître trop littéraire aux philosophes, e
122 rnandez un certain recul par rapport à ses idées, on le sent un peu gauche encore dans les positions conquises. Il n’empêc
26 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
123 se lèvent. Car telle est la vertu de ce livre, qu’ on l’éprouve d’abord trop vivement pour le juger. L’auteur l’appelle un
124 e puissante à la fois et désinvolte de son récit. On a souvent parlé d’excès de lyrisme à propos des premiers ouvrages de
125 premiers ouvrages de Montherlant. Cette fois-ci, on le traite de naturaliste. Mais comment montrer des taureaux sans que
126 l sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorieux sont d’immense
127 peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’ on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais envers les ta
128 ainsi tout bas, sur un ton révérenciel, et comme on déroule une litanie. Sous les grands cils brillants, lustrés par la l
129 Quelques secondes encore elle cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendirent peu à peu, comme un
130 pattes se tendirent peu à peu, comme un corps qu’ on gonflerait à la pompe, tandis que dans cet agrandissement les articul
131 grinçaient, avec le bruit d’un câble de navire qu’ on serre sur un treuil. Elle arriva avec emphase à la cime de son spasme
132 ts superstitieux, de grands symboles païens, et l’ on se perd dans un syncrétisme effarant, où Mithra, Jésus, les taureaux
133 dans une sorte de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fum
134 chemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’ on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrifices san
135 ’il est poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une telle attitude agace des gens qui se soucient avant t
27 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
136 monde intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-eu
137 t se comprendre, et si c’est impossible, pourra-t- on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malgré
138 l, les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’ on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il
139 où naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’ on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
140 écit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans ce portrait de
141 16 ans, c’est surtout le Montherlant actuel que l’ on sent. C’est dire que le livre vaut par son allure plus que par des qu
29 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
142 s charmés d’un repos sans rêves une langueur dont on ne voudrait plus guérir… Mais nous voyons la ville debout dans ses lu
143 aire. Chaque ruelle croisée propose un mystère qu’ on oublie pour celui des regards étrangers. Et voici la place régulière,
30 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
144 vidu. C’est pour traiter ce sujet pirandellien qu’ on s’embarque dans une croisière de vacances, qui finit par un naufrage
145 s petits héros. M. Spitz cherche à faire sourire, on le sent ; pourtant l’on sourit : il faut bien croire qu’il y a là un
146 cherche à faire sourire, on le sent ; pourtant l’ on sourit : il faut bien croire qu’il y a là un talent, charmant, glacé,
31 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
147 insupportable : « Orpha ne comprenait pas comment on pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». Closain se tue pour finir l
32 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
148 nçais riposte sans conviction, et sous sa défense on devine une détresse. C’est encore une vision de l’Occident qui naît d
33 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
149 e revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer av
150 éfice en retour. Certes, nous ne demandons pas qu’ on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons p
151 s moi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’ on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils
152 u’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération du
153 bellettrienne. Que sommes-nous donc ? Le plus qu’ on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez l
34 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
154 lait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’elle est plus nécessaire — provisoirement — que
155 énis de morale à quoi nous obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de grabuge moins avouables, — la
156 ne s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rie
157 u subtil abbé pour n’y plus rien comprendre. ⁂ Qu’ on imagine un personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’il voit au
158 nt aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’ on peut tirer par une sorte de passage à la limite que les faits justifi
159 ature contemporaine. Cette sorte-là de sincérité, on la nomme gratuité. Lafcadio poussant Fleurissoire « pour rien » ne so
160 les critiques d’abord de s’indigner. Aujourd’hui, on les voit assez enchantés de l’affaire : « Gratuit ! », déclarent-ils
161 listes. Le contraire de la liberté. D’autre part, on veut donner à l’acte gratuit une valeur morale en disant qu’il révèle
162 s révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’ on s’étonne de me voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou
163 s sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’ on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se servant de la méthod
164 ncérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’ on prétend que la sincérité est la recherche, puis l’acceptation de tout
165 mpossible de faire rien qui ne soit sincère. Peut- on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses propr
166 nt3 — mais jamais au point d’oublier la vérité qu’ on désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, mais
167 c’est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux ma
168 tretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’ on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force po
169 s.) (Quel effroi, ce jour de l’adolescence où l’ on soupçonne pour la première fois que certains, peut-être, jouent leur
170 ’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt j’annonce 
171 que fidèle à soi-même au plus profond de l’être, on entretient comme une arrière-pensée sagace et obstinée l’assurance d’
172 honnêteté peut-être plus réelle que l’autre. Et l’ on conçoit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige
173 se, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’ on appelle dans la vie publique arrivisme, et séduction dans les salons.
174 rance véritablement insupportable, c’est celle qu’ on tire de soi-même.) Hypocrisie, ce sourire des sphinx ; hypocrisie, ma
35 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
175 Dés ou la clef des champs (1927)l «  On sent l’absurdité d’un semblable système. » Musset. Une rose et un j
176 courant. Pour dix sous et le prétexte d’un apéro, on entre ici dans le jardin des songeries les plus étranges qu’appelle l
177 le journal et se mit à lire les pages d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire, mes pensées plus
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
178 de Paris (janvier 1927)ab « Je n’admets pas qu’ on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes
179 « Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’ on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre m
180 e mélange de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de La Coupe et les Lèvres, à qui ses compagnons criaie
181 ez-vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
182 anges fous. L’horaire dicte un adieu, La mode qu’ on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux nom
183 on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Denis de, « Billets aigres-dou
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
184 outes bénie — par qui ? elle était anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoile, jeune fille, roulait
185 e Bin-Bin. Urbain ouvrit les yeux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles s’étaient décrochées de leur poste dans l’ét
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
186 set, 1924… … y compris la Suède et la Norvège.) On lit dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier 1927, l’informatio
40 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
187 sation progressive et réciproque des conjoints. » On sait que Beyle appelait cristallisation une fièvre d’imagination qui
188 dans leur isolement, inexplicable et mal avoué. L’ on songe à une fatalité intérieure qui les ferait se meurtrir l’un l’aut
189 ste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’ on les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait ce qui la retient :
190 tout qu’on les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jac
191 par un geste, une nuance du paysage, une image qu’ on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dans
192 rs trop polis. Une fois fermé le livre de Barbey, on oublie la justesse de son analyse pour n’évoquer plus que des visions
41 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
193 Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)ad L’ on aime que, pour certains hommes, écrire ne soit que le recensement pas
194 vers de jeunesse auxquels il ne tient guère, et l’ on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souv
195 nois que naturel s’il parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu’il nous peint sont ici tant soit
196 s. Il se connaît avec une sorte de froideur que l’ on dirait désintéressée si elle n’avait pour effet de souligner, plus qu
197 line, un amour se noue, qui commence où souvent l’ on finit. Et peut-être l’amour n’est-il possible qu’entre deux cœurs que
198 tte réminiscence soit assez facile et « artiste » on hésite à en faire reproche à l’auteur. Cette espèce de modestie de l’
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
199 tre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on dit, sans doute parce que c’est là que se nouent les douleurs les plu
200 et banal, votre sourire répondant au mien, comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes postales il
201 incible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste
202 tain quelques bouteilles de champagne vides ; car on pardonne l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je fus obligé
203 d’un liquide me soulevait le cœur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et les couples charlestonnaient plus furi
204 es employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la ru
205 r la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
206 oème du rêve, une fleur du fond de la mort. » Or, on découvre à la fin de la pièce que c’est une anagramme un peu ordurièr
207 comme dictées de l’inconscient, au fond desquels on a si vite fait de distinguer les quelques préoccupations assez simple
208 ussi des sortes de calembours… Art chrétien, a-t- on dit5. Certes, cette pièce n’est pas dépourvue de certaines des qualit
209 it à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers qu’ on peut lire plus haut : Les anges véritables qui connaissent les signe
44 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
210 r 1927)l m Décembre L’époque s’ouvre où l’ on attend un miracle pour la fin de la semaine. « Messieurs, disait Dard
211 Narcisse, un acte à grande figuration. » Enfin l’ on joua aux petits dés le sort de notre parade — et l’on gagna. Enthousi
212 oua aux petits dés le sort de notre parade — et l’ on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Riviera afin de négoci
213 -Gaz, lequel s’éteignit dans les neiges. Un jour, on s’aperçut que cette chose avait recommencé, qu’on appelle, sans doute
214 on s’aperçut que cette chose avait recommencé, qu’ on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. Revue ou prologue.
45 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
215 a fait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au
216 ystème préconçu. (Cette attitude est plus rare qu’ on ne le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clarté
217 la guerre de Trente Ans, l’orateur expose comment on en vint à la révocation. C’est d’abord l’influence du clergé, jaloux
218 n du nombre des protestants. Aussi ne s’effraye-t- on pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui suivent leurs pas
219 des fidèles qui suivent leurs pasteurs proscrits. On espère bien convertir de gré ou de force tous ceux qui resteront « Le
220 ites », écrit Madame de Maintenon. Mais bientôt l’ on voit la France se dépeupler ; des industries sont presque anéanties ;
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
221 n René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois l’ on se demande si l’Auber de Jean Cassou ne va pas s’attabler au café en
222 rra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime une petite maison de province quand on a failli hériter de Cheno
223 comme on aime une petite maison de province quand on a failli hériter de Chenonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovit
224 ppent, des amours impossibles, des histoires dont on ne sait pas la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles ont
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
225 e tout chaud ». Affreux. Aussi : « Elle mourut. » On voit que cette bande est antérieure à l’époque du long baiser de conc
226 t déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : «  On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis-je, si seulement. » Mais to
227 rouve et dit : « C’est bien ça, c’est comme quand on rêve. » Un des défauts d’Entr’acte, c’est la fantaisie recherchée de
228 i qualifié : c’est peut-être le premier film où l’ on a fait du ciné avec des moyens proprement cinégraphiques. Ici le gest
229 rime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse envie de crier : « Trop de gestes ! » C’est une question
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
230 ire taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela
231 l’entrée de l’éternelle anarchiste, la Poésie.   On dit : « Des mots ! » au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : « J
232  Des mots ! » au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréh
233 nds pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’ on pense : « C’est donc incompréhensible ». On dit : « C’est incompréhen
234 et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ». On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’on est enfin rassuré. C’es
235 e ». On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’ on est enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’un sa
236 viens d’entendre la voix d’un mystique. Que si l’ on vient nous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’essaie un
237 es toutes grandeurs au profit de fuites lâches qu’ on veut nommer renoncements ! Jouant tout sur une révélation possible, o
238 e comment aimer un Dieu. Ce n’est pas à genoux qu’ on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’avoir
239 ait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi que l’ on arrive à croire, pour un autre, que c’est arrivé, ajoutant foi, dans
240 spirituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on nous sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme ve
241 t avant tout, un écrivain, un bel écrivain, comme on dit. Et qui sait tirer un admirable parti littéraire de son tempérame
242 ce nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’ on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier co
243 r parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup qu’ on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’il symbolise tout cet état
244 airie montrèrent les ravages bien plus étendus qu’ on n’osait le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soutenu
245 de même je récuse ici certain sens critique dont on voudrait que soient justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarc
246 ser aujourd’hui… Quoi ?… Bon, bon, c’est entendu, on ne peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste sera
247 onade : Qu’il vienne, qu’il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les plus significatives de ce siècle sont éc
248 aine de l’époque12. Le reproche d’obscurité que l’ on fait à la littérature moderne n’est qu’une manifestation de ce divorc
249 matiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pour Horace, Montaigne, De
250 pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquine
251 on a entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une
252 urs… Mais non, il y aurait trop à dire, et puis l’ on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et
253 nt tort, envers et contre toutes les critiques qu’ on pourrait leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, parce
254 de crabe, examens de conscience toujours ratés — on ne m’y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous ge
255 e morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’ on mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais
256 ongues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle révolution — la russe, par exe
257 olution de toutes nos forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes les femmes. C’était un vice, la
258 femmes. C’était un vice, la révolution-vice. Mais on ne vit, on ne meurt que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il
259 tait un vice, la révolution-vice. Mais on ne vit, on ne meurt que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il s’y retrouv
260 tant des histoires de copains qui ont mal tourné, on pensait bien, ah ! cette jeunesse, mais voyons des affaires plus séri
261 et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs de passion. Balayez ces douanes de l
262 âtel-Genève-Fribourg, avril 1927, p. 131-144. p. On a conservé la graphie de l’original, sans doute voulue par l’auteur.
49 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
263 t peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleurs invraisem
264 maîtresse. École savait le mythe du voyage, et qu’ on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il la
265 la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, pour qu’il en joue
266 lais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure. q. Rougemont Denis de, « 
267 uvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure. q. Rougemont Denis de, « Quatre incidents », Revue de
50 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
268 peintre se trouve placé d’emblée en face de ce qu’ on nomme le gros public. L’épreuve est pénible, énervante, souvent fatal
269 d’une consécration étrangère. Un jour en effet l’ on apprend que tel tableau de jeune est « coté » chez un gros marchand.
270 fortune faite, tout le monde s’accorde à dire qu’ on n’attendait pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train du mond
271 ic, et moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On ne m’en voudra pas de ne citer ni dates de naissance, ni traits d’enf
272 arin, près Neuchâtel, dans cette petite maison qu’ on reconnaissait entre trente pareilles, aux cactus qui ornaient les fen
273 ique un peu bizarre qu’il glisse si souvent là où on l’attend le moins. Conrad Meili apporte chez nous une inspiration neu
274 teur russe, à cause de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi le
275 ne ironie mélancolique et qui voient plus loin qu’ on ne croit, mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa second
276 a palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’ on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos artistes. Mais n’a
277 jours une sorte de dissonance, un défaut par où l’ on va peut-être se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’on conse
278 e se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’ on consente en effet à telle déformation, et tout devient satisfaisant.
279 guère que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’il est un des rares peintres de ce pay
280 e. Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières toiles, d’une plus gran
281 point de reparaître… Charles Humbert ou comment on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on put
282 ans de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’ on put craindre que Charles Humbert ne devînt le chef d’une école du gri
283 antaisie, un mélange de Rops et d’Ensor ; pensait- on … Déjà il avait des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais
284 une abondance très sûrement ordonnée. Je crois qu’ on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lui sans
285 même route que nous ? À la bonne heure ! ». Et l’ on repart bras dessus, bras dessous. Et l’on apprend peu à peu des chose
286 ». Et l’on repart bras dessus, bras dessous. Et l’ on apprend peu à peu des choses bien curieuses sur son compte. Il a fait
287 sur son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feu
288 sibles sont des pièges à chimères. C’est ainsi qu’ on fait une découverte. Attention qu’André Evard n’aille trouver une de
289 s’imposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’ on pouvait tirer des principes cubistes dans un art dont la genèse même
290 té non dépourvue de puissance. Une fois de plus l’ on peut admirer la salutaire leçon de style donnée par le cubisme aux ar
291 té d’une jeune peinture originale dans un pays qu’ on s’est trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’une maigre végé
292 et d’une maigre végétation artistique. Pays où l’ on préfère la netteté utile à l’harmonie des lignes ; où la lumière écla
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
293 s son avidité de puissance. C’est par l’argent qu’ on domine notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au
294 e vieux père s’effondre de honte et de douleur. «  On vend de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob a renié ses paren
295 rapidité avec l’ascension de Jacob et ses luttes. On pardonne bon nombre de platitudes et de vulgarités pour les derniers
296 Mais oui, je ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort que cet
52 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
297 asquer l’humain, et par l’acharnement angoissé qu’ on y apporte, l’on en vient à une conception de la sincérité qui me para
298 et par l’acharnement angoissé qu’on y apporte, l’ on en vient à une conception de la sincérité qui me paraît proprement in
299 t du malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’ on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son apaisement, pour
300 tant et mesquin de certain milieu bourgeois, et l’ on voit bien que l’auteur n’est pas encore détaché de la matière pour en
53 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
301 si un certain tragique, mais au filet si acéré qu’ on ne sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne pa
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
302 à mal » (Calvin). Le tableau n’est pas beau, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le fond quelque chose de
303 e qui la rend sympathique. Et puis, tout de même, on est bien heureux de rencontrer chez les jeunes écrivains français un
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
304 … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’ on m’a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut
305 voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’ on eut déposé devant Isidore un malaga et une eau minérale devant son ét
306 a jeunesse, Monsieur…, la jeunesse est l’âge où l’ on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au plus. Après, c’
307 r…, la jeunesse est l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu e
308 s rues riaient. Le ciel descendait dans la ville, on marchait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et n
309 s montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’ on ne voyait d’abord qu’un bouquet transfiguré par la lumière et que ref
310 er des soleils sur les parois claires. Du balcon, on voyait la mer, des bateaux, des nuages, une avenue et ses autos rouge
311 ns quel rapide de l’Europe centrale — région où l’ on est forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit,
312 u vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait- on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout en moi r
313 n que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des
314 e sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’a-t- on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allais oubl
315 ésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’ on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce sai
316 me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’ on considère ce saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien paru
317 is ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’ on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une r
318 nscience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’ on croirait ouïr parfois le récit de quelqu’une de ces farces d’étudiant
56 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
319 Conseils à la jeunesse (mai 1927)u «  On a reproché bien des choses aux romantiques : le goût du suicide, l’ha
57 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
320 n devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’ on n’est pas impunément concitoyen de cet oncle Abraham qui interdit à P
58 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
321 an : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’ on aurait pour Nietzsche : que c’est de la littérature. Alors, quelque p
322 diable et ne se baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’être nu dev
323 ! Quelles voluptés plus subtiles et plus aiguës ? On vaincra jusqu’à sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors je
324 ur. II Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas qu’on lu
325 crivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas qu’ on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui sont de sournoises
326 véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’ on sait que la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps
327 ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’ on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre se
328 ance concrète du monde. Mais c’est à condition qu’ on ne l’écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite est inconcevab
329 e de la publier. Et même, en passant à la limite, on peut imaginer que si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas.
330 ite, on peut imaginer que si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus
331 mots se plient à des exigences sémantiques — dont on connaît la portée sociale, — mariant l’utile à l’agréable selon les r
332 leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’ on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous batt
333 n, est un besoin organique, un peu anormal, que l’ on satisfait dans certains états de crise afin de retrouver son équilibr
334 e crise afin de retrouver son équilibre — et dont on tire parfois quelque plaisir, plus rarement, de quoi se payer un peti
335 blesse secrète. Et c’est une réaction de défense. On cherche un mot, une phrase, pour tuer une réalité dont la connaissanc
336 , de dire de ces choses qu’entre gens du métier l’ on a convenu de passer sous silence. C’est assez drôle de voir le malais
337 se de la dernière mode ou de savantes séductions. On sait bien, d’ailleurs, qu’elle les entretient. Bande de gigolos de la
338 tretient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’ on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je
339 puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau
340 vivre pour écrire16. De tous les prétextes que l’ on a pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisa
341 a réalité, c’est André Breton qui l’a exprimé : «  On publie pour chercher des hommes, et rien de plus. » Chercher des homm
342 s dans le paragraphe, après « Narcisse », sans qu’ on sache s’il s’agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur. 15. Var
59 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
343 ettres — la seule revue de langue française où l’ on dise la vérité librement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en p
344 de place, que ces quelques phrases de Drieu : «  On voit déjà éclater dans les singuliers mouvements de sympathie qu’a pr
60 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
345 e. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’ on ose dire. Elle nous permet donc de considérer la situation sans fièvr
346 tuation sans fièvre, sans lamentations d’adieu.   On nous a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à
347 sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. No
348 ous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : il
349 d’étudiants comme la nôtre. D’un côté, en effet, on s’accorde pour trouver légèrement ridicule un jeune homme qui recherc
350 e (« Ça n’est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités » qui peuvent échapper à un jeune homme
351 es — ou bien de ces affirmations dont en vérité l’ on n’a pas à se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en e
352 e d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques
353 Arthur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. ( On a fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-ils
61 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
354 ets, un ton qui permet le tact dans la hardiesse. On reste ravi de tant d’adresse sous un air de facilité qui serait presq
355 ienne en sa nostalgie, de la jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que
62 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
356 c eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’ on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, trace d
357 plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait qu’ on dirait, en peinture, très « interprété ». Non pas une photographie mo
358 une de ces âmes mystiques et raffinées telles qu’ on en découvre chez certaines femmes et l’on y voit une préciosité senti
359 lles qu’on en découvre chez certaines femmes et l’ on y voit une préciosité sentimentale qui touche à la névrose ou bien si
360 nt une clairvoyance exceptionnelle, suivant que l’ on juge au nom d’une science ou au nom de l’esprit. « Pour moi qui aime
361 des réalités sur lesquelles s’opère l’expérience. On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’ont plus besoin de pre
63 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
362 me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’ on se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vis du phénomène littér
64 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
363 est pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux premiers chapitres de Catherine-Paris cette magie des se
364 faciles mais cela même ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organiqu
65 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
365 Le péril Ford (février 1928)a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contrair
366 isance générale à proclamer le désordre du temps. On a peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout est incom
367 ordre du temps. On a peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout est incompréhensible. L’homme moderne recul
368 senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’ on ne m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour facil
369 se, son « chemin de Damas » (comme il dit sans qu’ on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’expression), c’
370 nt le progrès de sa production, d’année en année. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou
371 surmenage et du paupérisme. C’est un résultat qu’ on n’a pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les soci
372 ession de netteté, de solidité, de propreté. Si l’ on ajoute à cela le plaisir qu’on éprouve toujours au récit de succès mi
373 de propreté. Si l’on ajoute à cela le plaisir qu’ on éprouve toujours au récit de succès mirobolants, et le charme un peu
374 t goûté du grand public, de l’humour américain, l’ on comprendra sans peine la popularité mondiale des « idées » d’Henry Fo
375 » d’Henry Ford et des livres qui les répandent. L’ on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industri
376 si. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’ on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philoso
377 rge. Par le procédé très simple de la répétition, on fait croire aux gens qu’ils ne peuvent plus vivre heureux sans auto.
378 d’utilité publique. À chaque page de ses livres, on pourrait relever les sophismes plus ou moins conscients par lesquels
379 n’a l’air de rien : « Nul ne contestera que, si l’ on abaisse suffisamment les prix, on ne trouve toujours des clients, que
380 stera que, si l’on abaisse suffisamment les prix, on ne trouve toujours des clients, quel que soit l’état du marché. » Il
381 nément trop chère ; mais surtout que le besoin qu’ on a de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’indu
382 a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les prix. Le client fait la comparaison. Il est impressionné
383 . Et le temps approche où elles seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de
384 été ? Sur les hommes et les moyens grâce auxquels on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans
385 s hommes et les moyens grâce auxquels on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres,
386 es moyens grâce auxquels on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix
387 érielle et vers la richesse qui en est le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer des conséquences, al
388 égale aux plus grands esprits de tous les temps. On me dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais
389 est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’ on pourrait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent le
390 les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe, pourtant plus que probable, par
391 rs, la plus difficile et la plus grave : celle qu’ on ne peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « ri
392  rien de nouveau sous le soleil » derrière lequel on se réfugie avec une paresse et une légèreté inouïes, c’est le signe d
393 c l’arrière-pensée sournoise que, si cela ratait, on gardait toutes les autres chances. J’accorderai que le progrès matéri
394 Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les grandes questions humaines est une des manifestations les
395 rte du sens de l’âme se nomme bon sens américain. On en fait quelque chose de jovial et d’alerte, quelque chose de très sy
396 ose de très sympathique et pas dangereux du tout. On n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute, cela en p
397 . On n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’ on s’en doute, cela en prend la place. Les facultés de l’âme, inutilisée
398 de l’âme, inutilisées, s’atrophient. Pourvu, dit- on , que subsiste le peu de morale nécessaire aux affaires, tout ira bien
399 e morale nécessaire aux affaires, tout ira bien. ( On pense que les formes de la morale peuvent exister sans leur substance
400 IV. « En être » ou ne pas en être Une fois qu’ on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit sont incompatibles, le
401 e et considèrent comme un « cas » très spécial, —  on les écarte des engrenages où ils risqueraient de faire grain de sable
402 faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’ on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortunes oisi
403 esprit : fortunes oisives ou misères sans espoir. On en rencontre encore parmi les jeunes gens, jusqu’au jour où, comme on
404 re parmi les jeunes gens, jusqu’au jour où, comme on dit, sans doute par ironie, « la vie les prend ». Irréguliers aux yeu
405 end ». Irréguliers aux yeux du monde ; la proie d’ on ne sait quelles forces occultes sans doute dangereuses, puisqu’elles
66 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
406 ois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’ on ne trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple de fêtards mo
407 essayer de se prendre encore au rêve de valse qu’ on était venu chercher parce que cela vaudrait bien d’autres stupéfiants
408 ette Vienne tout occupée à ressembler à l’idée qu’ on s’en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour d
409 ade où il y avait juste assez de passants pour qu’ on la sentît déserte ne me proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui
410 d’âme crée une situation qui l’exprime — bien qu’ on pense généralement le contraire. Il est très vrai que les notions réa
411 ne sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’ on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui u
412 ouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’ on attend dans ces circonstances, une fois de plus manquait le rendez-vo
413 urations, — l’heure anxieuse et mélancolique où l’ on quitte ce visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inconn
414 . Gérard semblait habitué à ces sortes de scènes. On reparla de l’inconstance viennoise. Gérard l’attribuait à une certain
415  les autres » n’y comprennent jamais rien, dès qu’ on aime… Oh ! cette femme ! elle n’était qu’un regard, un certain regard
416 aculeuse — c’est une façon de parler — à laquelle on se livre dans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit qu
417 ans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meil
418 : car c’est une pauvre illusion que le plaisir qu’ on vient chercher ici avec le premier être venu. — Certes, je comprends
419 s de ces courtiers alourdis de “Knödl”. En Orient on en ferait une chose extrêmement précieuse, qu’on n’approcherait qu’av
420 on en ferait une chose extrêmement précieuse, qu’ on n’approcherait qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je c
421 en croquant une de ces saucisses à la moutarde qu’ on appelle ici « Frankfurter » et ailleurs « Wienerli ». Soudain les aut
422 aux noirs. Mais les rideaux étaient baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des triporteurs passèrent à toute vites
67 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
423 tres, divertissant et spirituel. Pourquoi ne veut- on voir en Jules Verne qu’un précurseur ? Jules Verne est un créateur, d
424 véritablement soumis la science à la poésie. Et l’ on ne veut voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus gran
68 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
425 , à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et l’ on voit bien ici qu’Aragon dépasse ces surréalistes, ces orthodoxes de l
426 ute son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais qu’ on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des
427 s laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’ on accède à des objets qui enfin valent le respect. as. Rougemont Den
69 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
428 ise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques hommes d’action les forces caractérist
429 et la démolition, l’organisation et le sabotage. On y découvre le jeu des tempéraments qui fait opter ces chefs pour l’un
430 met aux prises l’Europe et le monde du Pacifique. On retrouvera ici beaucoup des idées que la Tentation de l’Occident expr
431 ’un art du détail où se révèle le vrai romancier. On serait parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais il est plus ner
70 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
432 toire de Louis II exalte et déçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trom
433 nt trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit- on dans l’Ennemi des Lois — son expression amoureuse du silence et cet e
434 rit Louis II n’est ni aussi pure ni aussi rare qu’ on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu,
71 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
435 ution : il a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français par ces évocati
436 logique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’ on a vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez t
72 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
437 Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)n « Remonte aux vrais
438 éfère s’intéresser aux divers types humains. Mais on lui sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute est-il trop impatien
439 x êtres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’att
440 le monde lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’u
441 tâcher de devenir quelqu’un. En d’autres termes, on lui conseille de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi, n’ayant
442 dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas, on offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l’act
443 et n’y trouve que le désir d’une révélation. Peut- on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incanta
444 ir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’ on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour s
445 -t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’ on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’h
446 it lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stéphane naît à l’amour et à lui-même conjo
447 . n. Rougemont Denis de, « Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même », Cahiers de l’Anglore, Genève, décembre 1
73 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
448 l écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne le voit pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premie
449 comme une revanche de la poésie — mais à Chicago on doit appeler ça du bluff — fait de lui sans doute le plus méridional
450 e reste, nous amusant comme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous
451 ous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’ on ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce monde qui devient
452 que ? Rendre impuissant c’est à coup sûr tuer. Or on parle de l’élever à la présidence de la République. Qu’un tel acte se
74 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
453 sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’
454 elles-Lettres est une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort que pour mourir ou pour entrer en religion : rond de cuir o
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
455 abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’ on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes les haines. J
456 droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’ on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à l
457 je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-même une me
458 and la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’ on n’est pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois
459 excellence du principe de l’instruction publique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous êtes pour un retour à la barb
460 aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc.
461 de le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Ri
462 mé : 1° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses d
463 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’ on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute l
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
464 l y avait toujours des appartements à meubler. Et on multipliait le tapissier par le prix du mètre courant. Encore que je
465 ce est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’ on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’une tente d’Indiens, de
466 le monsieur qui racontait gravement des choses qu’ on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Mich
467 u divine, baignée d’une très vague angoisse que l’ on fuyait avec des bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien ces pr
468 cachette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agré
469 .) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’ on en était. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la ph
470 ous fassent la même chose, ici ! » Dans la suite, on se chargea d’illustrer par d’innombrables exemples cet axiome qui dev
471 res douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune vel
472 it pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’
473 et nécessaire — et qui était le seul pour lequel on nous préparait —, c’était un système d’abstractions primaires, c’étai
474 iner devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant
77 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
475 ades d’école primaire. Comme ils avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenus plus différents. Car c
476 avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’ on était devenus plus différents. Car ces différences sont les premières
477 s sont les premières marques de la vie vécue et l’ on aime à y découvrir la seule fraternité véritable. Mais c’est en caser
478 our les paysans. Qu’il soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être consciencieux, à une façon bl
479 as plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’ on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer
480 nts garçons. Revenons au civil. Au village, quand on vous parle avec respect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous ê
481 tain qu’il s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’ on aime rencontrer dans des farces où ils sont drôles, mais non point da
482 e des vers sur la violette, périodiquement, comme on fait… un rhume de cerveau. Il joue de quelque instrument. Il a des id
483 avec un inimitable sérieux, avec un P majuscule. On sent que c’est là son affaire : Monsieur en un mot est M’sieu l’Insti
484 mmes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êtres qui brou
485 l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’ on la voit. Après les personnes, le décor. La laideur des collèges n’est
486 beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est e
78 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
487 i entrepris de combattre l’instruction publique —  on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument pers
488 : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse les matières les plus hétéroclites, sans égard à leurs qualités
489 oute concentration de l’esprit. b) plan d’études. On a divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à ch
490 ivisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chacune un certain nombre d’heures par semaine, au jugé. O
491 un certain nombre d’heures par semaine, au jugé. On s’arrange à faire tenir dans cette classification le plus possible de
492 des enfants, ni même le contenu des sciences dont on écrit les noms dans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde est
493 et saugrenue, — naïve. Le bon sens voudrait que l’ on tînt compte des possibilités d’adaptation de l’enfant ; de la valeur
494 nt pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meur
495 — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce sont en prin
496 incipe des « contrôles » comparables à ceux que l’ on établit lors des grandes épreuves cyclistes. Les participants du Tour
497 arrivent après la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais e
498 nt complètement l’esprit de l’enseignement », lit- on jusque sous la plume de divers maîtres primaires et secondaires. Ils
499 tion ; la fin qui justifie les moyens et à quoi l’ on subordonne tout, plaisir, goût au travail, qualité du travail, santé,
500 te épaisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’avait songé à leur donner une extension universelle et un caractère
501 teurs à gaz. Mais ils se fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisée, aux yeux de l’étranger impar
502 ts actuels d’une science. Le bon sens voudrait qu’ on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au ré
503 tudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’ on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’on
504 umé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’ on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle s’arrête là. Les ma
505 ’à celui qui entre en commerce intime avec elles. On apprend plus de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ai oub
506 le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’ on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’i
507 urde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’ on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de ca
508 de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de calligraphie. La discipline On conço
509 r les leçons de calligraphie. La discipline On conçoit que la réalisation d’un programme entièrement contre nature e
510 avail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’ on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’éno
511 t de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’ on demande à ces petits. Là encore il y a une exagération absurde, une g
512 e fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’ on oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de 6 ans, favorise le d
513 a petite somme de connaissances indispensables qu’ on lui donne à l’école. (Cet argent de poche, ni plus ni moins.) Ou enco
514 e l’école est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grande
515 t tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y
516 tu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il neige, c’e
517 à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par
518 où se « baptisent » les hommes d’avenir. Un jour on voit s’étaler en première page des illustrés la face épanouie quoique
519 quoique énergique d’un de ces coqs de village qu’ on vient de jucher sur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est ce
520 l’enfant dans sa famille). Ensuite, pourquoi fait- on en réalité, comme si toutes les familles constituaient un milieu délé
79 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
521 ela a été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition.
522 publiée sur le « problème de l’école nouvelle ». On appelle école nouvelle tout établissement où l’on s’efforce d’enseign
523 On appelle école nouvelle tout établissement où l’ on s’efforce d’enseigner selon des principes tirés de l’observation des
524 chées par le pédantisme inhérent à toute science. On a constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignora
525 psychologie infantile. Où il y avait non-science, on a voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sin
526 cience. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon l’ on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’
527 udrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des él
528 a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’ on apprend à des élèves âgés de 3 à 4 ans à lacer leurs souliers ; et ce
529 et cela s’appelle de l’école pratique. Plus tard on fait apprendre à ces mêmes enfants, et réciter par cœur et à rebours,
530 De même, sous le louable prétexte d’école active, on prétend faire apprendre la grammaire par le moyen de gesticulations a
531 es : foin de ces analyses de textes absurdes où l’ on soulignait en rouge tous les mots en « al », tous les verbes déponent
532 ra : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’ on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’autr
533 e faire avaler la pilule amère des connaissances. On songe à M. Ford, qui donne à ses ouvriers un second dimanche, afin qu
534 ois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On n’impose plus des résultats, on les fait trouver. Notez que cela revi
535 t avec la souris. On n’impose plus des résultats, on les fait trouver. Notez que cela revient au même, sauf que par la mét
536 revient au même, sauf que par la méthode nouvelle on atteint l’enfant plus profondément, on se glisse à l’intérieur de son
537 e nouvelle on atteint l’enfant plus profondément, on se glisse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention 
538 ur de son esprit, là où s’élabore son invention ; on capte scientifiquement les sources mêmes de sa liberté. « Instruire e
539 de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’ on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obtenir le rendem
540 t il s’agit d’obtenir le rendement le plus élevé. On cultive les petits d’hommes comme des plantes de serre dans ces jardi
541 des plantes de serre dans ces jardins d’enfants. On y parle de « l’enfant » comme on parle d’un produit chimique : On rem
542 rdins d’enfants. On y parle de « l’enfant » comme on parle d’un produit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce mili
543 l’enfant » comme on parle d’un produit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se dév
544 uquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’ on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits démocrat
80 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
545 fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’ on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pou
546 peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’ on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nou
547 Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’ on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banq
548 l’histoire, et de l’instruction civique, pour qu’ on sache à quoi cela rime. Ensuite, il faut une discipline sévère dès l’
549 de leçons, et le plus longtemps possible, pour qu’ on n’ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pou
550 rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’ on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix
551 un milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’ on n’ait pas le temps de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’a
552 serait guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’ on répande universellement et obligatoirement l’art du saxophone ou de l
553 chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire,
554 e, les gouvernements seraient un peu plus fous qu’ on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable r
555 dont je viens de décrire la marche nécessaire11. On ne manquera pas d’insinuer qu’à l’origine de tout ceci il y a surtout
556 on véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’ on culbutera ces Messieurs de leurs sièges, ils comprendront le sens des
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
557 bon sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui
558 un milieu antinaturel, et les normes sociales qu’ on prétend y substituer à celles de la famille sont falsifiées. Non seul
559 répondre aux besoins de l’époque. Pauvre époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle est anormalement
560 chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation
561 rber sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés
562 erie d’ennui, c’est-à-dire de démoralisation — qu’ on se le dise ! —, puissance de crétinisation lente, standardisation de
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
563 progrès » n’est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup de
564 ’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants de la machine sont sociali
565 t, j’imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de question
566 le présent au nom du passé ne signifie pas que l’ on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes anciens p
567 e tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis
568 ité paraît conforme à la dialectique hégélienne ; on y retrouve facilement les triades : être —négation de l’être — nouvel
569 de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’ on s’attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je récl
570 ion de la congrégation radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne p
571 . Et parce que je ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voulu vous voir demander à un sujet
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
572 nt catastrophiques pour peu que cela continue. Qu’ on ne s’y trompe pas : le sens technique qui tient lieu d’imagination à
573 qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils auraient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n
574 rnalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’ on peut imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j
575 roits fondamentaux. Le peuple veut s’instruire et on lui bourre le crâne pour l’en empêcher. Il s’agit de lui faire compre
576 emploi utopique de l’organisation existante peut- on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne
577 ndou agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tou
578 urire les étriqués. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de ga
579 iqués. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant
580 e plan physique, aux exercices élémentaires que l’ on exige d’un initié. Le fameux arrêt de la pensée dont on sait l’import
581 ge d’un initié. Le fameux arrêt de la pensée dont on sait l’importance primordiale dans le yoga correspond au garde-à-vous
582 s le yoga correspond au garde-à-vous ! par quoi l’ on impose au corps une immobilité absolue. L’un et l’autre de ces exerci
583 uvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralement. Ces gens-là diront que je veux militariser l
584 oute faible où la nature des enfants le supporte, on économiserait plusieurs semestres de travail. Si chaque matin l’enfan
585 tés ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’ on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps d
586 qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’ on nous laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sai
587 esoins individuels. Méditez un peu ces truismes : On apprend plus d’une chose longuement contemplée que de mille aperçues
588 euse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions noire
589 quelque saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’ on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique san
590 nt-ils dans la même mesure conscients des fins qu’ on assigne à leur activité ? Un peu de rigueur dans la pensée empêcherai
591 nte de toute destination religieuse particulière. On peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la
592 s, du fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque. J
84 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
593 on cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’ on meurt. Étoile de jour Il naissait à son destin des rayons gli
85 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
594 Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’ on a répété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeoi
595 meuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’ on peut se permettre quelques malices, quelques jeux d’esprit ou de méch
596 ques jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré que l’ on est désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des libr
597 apital. Le contraire de la poésie, bien sûr. Mais on n’en demande pas tant dans les familles. Et qu’importe si la perspect
598 à ces récits : ce n’est point un paysage d’âme qu’ on y cherche, mais l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout est su
599 ue de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et de malices 
86 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
600 rtant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’ on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La r
601 de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes que portent les femmes), encombrée de piétons qui tr
602 nes et d’inscriptions cascadantes, à l’orientale ( on pense au mot bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Soudain se dress
603 res facilite singulièrement les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voi
87 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
604 ui apaise le vain débat de notre esprit : « Car l’ on pense beaucoup trop haut, et cela fait un vacarme terrible. » ay.
88 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
605 -être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’ on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il r
606 ant loin d’elle (dans la région de Bordeaux croit- on ), est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une s
607 ssant médaillon de marbre) — Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — « Je ne puis pas parler de lui, ici à Francfort,
608 ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’ on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simpl
609 eulement vouloir se marier… » — Et puis plus tard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l’admiration d
610 puis plus tard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l’admiration des écoliers en promenade, et le gui
611 préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Betti
89 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
612 l’année dernière — un livre assez troublant et qu’ on a trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre
613 — puis tous se perdent, comme des souvenirs, et l’ on retrouve un peu plus loin d’autres souvenirs attristés par le temps,
614 ement aux dernières pages du livre, un peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui ne serait fait que de ces intermèdes 
90 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
615 upanishads et la tentative poétique de Rimbaud, l’ on s’étonne qu’il ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle inte
616 plus une question aussi centrale — qui est, si l’ on veut, la question d’Orient-Occident. Et pourquoi cette hostilité de s
91 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
617 essé. C’est un extrême, un pic trop élevé pour qu’ on y puisse vivre, c’est l’impossible. Mais justement, la gloire de M. B
618 a sera d’avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’ on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croirait n’en avoir
619 lles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’ on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la vérité
92 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
620 ousse des ailes, une grande paire d’ailes. Allait- on s’émerveiller ? Mais déjà Freud expliquait le monstre, les chaires le
621 é. Mais au courant d’air s’enrhuma le grand-papa. On craignit de le perdre. — « Eh ! quoi, — vinrent lui dire ses amis, — 
622 comment ne point céder : il fit couper ses ailes. On le félicita de son retour à l’état normal, qui est pédestre. Mais à p
623 rmal, qui est pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui
624 cher les questions qui vous désarme. Craignant qu’ on ne lui fît un mauvais parti, l’ange trouva son salut dans un subterfu
625 entale. Aussitôt la discussion de reprendre, et l’ on parla défense de l’Occident. L’ange s’enfuit par l’un des nombreux tr
626 nspiration, un doute lui vint. Il alla au cinéma. On donnait un film voluptueux. Il aima l’héroïne, mais sans espoir. Il l
627 uscrit et conclut : « L’inspiration est le nom qu’ on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement enchaînés. »
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
628 abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’ on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes les haines. J
629 droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’ on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à l
630 je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-même une me
631 and la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’ on n’est pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois
632 excellence du principe de l’instruction publique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous êtes pour un retour à la barb
633 aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc.
634 de le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° ri
635 mé : 1° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira bien qui rira le dernier. B. Réponses
636 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’ on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute l
94 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
637 l y avait toujours des appartements à meubler. Et on multipliait le tapissier par le prix du mètre courant. Encore que je
638 ce est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’ on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’une tente d’Indiens, de
639 le monsieur qui racontait gravement des choses qu’ on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Mich
640 u divine, baignée d’une très vague angoisse que l’ on fuyait avec des bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien dans c
641 en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agré
642 .) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’ on en était. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la ph
643 tous fassent la même chose ici ! » Dans la suite, on se chargea d’illustrer par d’innombrables exemples cet axiome qui dev
644 res douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune vel
645 it pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’
646 et nécessaire — et qui était le seul pour lequel on nous préparait — c’était un système d’abstractions primaires, c’était
647 iner devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant
95 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
648 ades d’école primaire. Comme ils avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenu plus différents. Car ce
649 avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’ on était devenu plus différents. Car ces différences sont les premières
650 s sont les premières marques de la vie vécue et l’ on aime à y découvrir la seule fraternité véritable. Mais c’est en caser
651 our les paysans. Qu’il soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être consciencieux, à une façon bl
652 as plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’ on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer
653 mmes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êtres qui brou
654 l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’ on la voit. Après les personnes, le décor. La laideur des « collèges » n
655 beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est e
96 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
656 i entrepris de combattre l’instruction publique —  on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument pers
657 : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse les matières les plus hétéroclites, sans égard à leurs qualités
658 oute concentration de l’esprit. b) plan d’études. On a divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à ch
659 ivisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chacune un certain nombre d’heures par semaine, au jugé. O
660 un certain nombre d’heures par semaine, au jugé. On s’arrange pour faire tenir dans cette classification le plus possible
661 des enfants, ni même le contenu des sciences dont on écrit le nom dans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde est p
662 et saugrenue, — naïve. Le bon sens voudrait que l’ on tînt compte des possibilités d’adaptation de l’enfant ; de la valeur
663 nt pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meur
664 — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en
665 incipe des « contrôles » comparables à ceux que l’ on établit lors des grandes épreuves cyclistes. Les participants du Tour
666 arrivent après la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais e
667 nt complètement l’esprit de l’enseignement », lit- on jusque sous la plume de divers maîtres primaires et secondaires. Ils
668 tion ; la fin qui justifie les moyens et à quoi l’ on subordonne tout, plaisir, goût du travail, qualité du travail, santé,
669 te épaisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’avait songé à leur donner une extension universelle et un caractère
670 teurs à gaz. Mais ils se fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisée, aux yeux de l’étranger impar
671 ts actuels d’une science. Le bon sens voudrait qu’ on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au ré
672 tudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’ on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’on
673 umé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’ on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle s’arrête là. Les ma
674 ’à celui qui entre en commerce intime avec elles. On apprend plus de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ai oub
675 le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’ on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’i
676 urde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’ on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de ca
677 de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de calligraphie. 3.e. La discipline On
678 leçons de calligraphie. 3.e. La discipline On conçoit que la réalisation d’un programme entièrement contre nature e
679 avail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’ on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’éno
680 t de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’ on demande à ces petits. Là encore, il y a une exagération absurde, une
681 e fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’ on oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de 5 ans, favorise le d
682 a petite somme de connaissances indispensables qu’ on lui donne à l’école. (Cet argent de poche, ni plus ni moins). Ou enco
683 e l’école est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grande
684 t tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y
685 tu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé : « Quand il neige, c’est
686 à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par
687 où se « baptisent » les hommes d’avenir. Un jour on voit s’étaler en première page des illustrés la face épanouie quoique
688 quoique énergique d’un de ces coqs de village qu’ on vient de jucher sur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est ce
689 n enfant dans sa famille). Ensuite, pourquoi fait- on en réalité, comme si toutes les familles constituaient un milieu délé
97 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
690 ela a été dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition.
691 publiée sur le « problème de l’école nouvelle ». On appelle école nouvelle tout établissement où l’on s’efforce d’enseign
692 On appelle école nouvelle tout établissement où l’ on s’efforce d’enseigner selon des principes tirés de l’observation des
693 chées par le pédantisme inhérent à toute science. On a constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignora
694 psychologie infantile. Où il y avait non-science, on a voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sin
695 cience. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon l’ on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d
696 drait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des él
697 a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’ on apprend à des élèves âgés de 3 à 4 ans à lacer leurs souliers ; et ce
698  ; et cela s’appelle l’école pratique. Plus tard, on fait apprendre à ces mêmes enfants, et réciter par cœur et à rebours,
699 De même, sous le louable prétexte d’école active, on prétend faire apprendre la grammaire par le moyen de gesticulations a
700 es : foin de ces analyses de textes absurdes où l’ on soulignait en rouge tous les mots en « al », tous les verbes déponent
701 ra : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’ on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’autr
702 e faire avaler la pilule amère des connaissances. On songe à M. Ford, qui donne à ses ouvriers un second dimanche afin qu’
703 ois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On n’impose plus de résultats, on les fait trouver. Notez que cela revie
704 at avec la souris. On n’impose plus de résultats, on les fait trouver. Notez que cela revient au même, sauf que par la mét
705 evient au même, sauf que par la méthode nouvelle, on atteint un enfant plus profondément, on se glisse à l’intérieur de so
706 nouvelle, on atteint un enfant plus profondément, on se glisse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention 
707 ur de son esprit, là où s’élabore son invention ; on capte scientifiquement les sources mêmes de sa liberté. « Instruire e
708 de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’ on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obtenir le rendem
709 t il s’agit d’obtenir le rendement le plus élevé. On cultive les petits d’hommes comme des plantes de serre dans ces jardi
710 des plantes de serre dans ces jardins d’enfants. On y parle de « l’enfant » comme on parle d’un produit chimique : On rem
711 rdins d’enfants. On y parle de « l’enfant » comme on parle d’un produit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce mili
712 l’enfant » comme on parle d’un produit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se dév
713 quent de futurs anarchistes 8, bravo ! Mais ce qu’ on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits démocrat
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
714 fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’ on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pou
715 peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’ on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nou
716 Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’ on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banq
717 l’histoire, et de l’instruction civique, pour qu’ on sache à quoi cela rime. Ensuite, il faut une discipline sévère dès l’
718 de leçons, et le plus longtemps possible, pour qu’ on n’ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pou
719 rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’ on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix
720 un milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’ on n’ait pas le temps de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’a
721 serait guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’ on répande universellement et obligatoirement l’art du saxophone ou de l
722 chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire,
723 e, les gouvernements seraient un peu plus fous qu’ on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable r
724 dont je viens de décrire la marche nécessaire 11. On ne manquera pas d’insinuer qu’à l’origine de tout ceci il y a surtout
725 on véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’ on culbutera ces Messieurs de leurs sièges, ils comprendront le sens des
99 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
726 bon sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui
727 un milieu antinaturel, et les normes sociales qu’ on prétend y substituer à celles de la famille sont falsifiées. Non seul
728 répondre aux besoins de l’époque. Pauvre époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle est anormalement
729 chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation
730 rber sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés
731 erie d’ennui, c’est-à-dire de démoralisation — qu’ on se le dise ! —, puissance de crétinisation lente, standardisation de
100 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
732 progrès » n’est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup de
733 ’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants de la machine sont sociali
734 , j’imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de question
735 le présent au nom du passé ne signifie pas que l’ on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes anciens p
736 e tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart des intellectuels se sont conver
737 ité paraît conforme à la dialectique hégélienne ; on y retrouve facilement les triades : être — négation de l’être — nouve
738 de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’ on s’attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je récl
739 ion de la congrégation radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne p
740 . Et parce que je ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voulu vous voir demander à un sujet