1
Ce que la
Suisse
peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)c On assiste depuis quelque
2
bien ! beaucoup de gens se figurent — surtout en
Suisse
— que c’est la seule voie sérieuse. Que ce qu’il y a de sérieux quand
3
llusion à mon sens, mais qui explique pourquoi la
Suisse
n’est entrée que dans l’AELE et a refusé jusqu’ici d’entrer dans la C
4
le début qu’elle avait des visées politiques. La
Suisse
, pensant que les visées politiques, c’était de l’utopie ou que c’étai
5
c, sur cette unité de culture qui est commune aux
Suisses
et à tous les voisins de ce pays, on peut édifier une union. Je dis b
6
possible pour l’Europe, et la seule à laquelle la
Suisse
puisse adhérer de tout cœur, c’est une union dans la diversité. C’est
7
une union qui, comme celle des vingt-deux cantons
suisses
, respecte les diversités qui tout de même subsistent sur ce fond d’un
8
nt, à votre point de vue, un écrivain allemand ou
suisse
alémanique est très proche d’un écrivain français ou espagnol ? Beauc
9
qu’elles soient, quelle part pourrait prendre la
Suisse
? Beaucoup à apporter Alors, je pense que la réponse est simple
10
Alors, je pense que la réponse est simple. La
Suisse
a beaucoup à apporter dans l’union de l’Europe. Elle a à apporter ce
11
rmule fédérale. C’est sur cette formule-là que la
Suisse
s’est faite peu à peu, qu’elle s’est créée sous la forme d’une conféd
12
’Europe. On rejoint la pensée de votre livre : La
Suisse
ou l’histoire d’un peuple heureux, où vous écrivez : « L’Europe fédér
13
a seule solution praticable. » Pensez-vous que la
Suisse
comprenne exactement ce qu’est le fédéralisme ? Le fédéralisme est l’
14
. J’entendais l’autre jour encore à la télévision
suisse
romande : « La Suisse doit être modeste, elle doit proportionner ses
15
jour encore à la télévision suisse romande : « La
Suisse
doit être modeste, elle doit proportionner ses interventions sur le p
16
Voilà pourquoi je pense qu’un petit pays comme la
Suisse
aurait les plus grandes chances d’agir sur le plan international s’il
17
toire, elle sortirait de ce que nous sommes, nous
Suisses
, dont nous avons à prendre toujours mieux conscience naturellement, e
18
e grande autorité. On la suivrait. On suivrait la
Suisse
, si petite qu’elle soit, parce qu’elle aurait une grande idée. La Sui
19
le soit, parce qu’elle aurait une grande idée. La
Suisse
, si petite qu’elle soit, n’aurait pas seulement un rôle de parti mino
20
de l’avenir européen. Naturellement, avant que la
Suisse
soit capable de le faire, de le proposer sur un plan international, i
21
plan international, il faut que nous autres, les
Suisses
, prenions conscience plus claire de ce qu’est notre fédéralisme, des
22
nnes, et que la raison, le bon sens et la formule
suisse
même veulent que l’on étende le fédéralisme à la dimension des tâches
23
. À vous entendre, Denis de Rougemont, le citoyen
suisse
, qui appartient à ce peuple heureux que vous décrivez, ne semble pas
24
Qu’en sait-on ? Est-ce qu’on a jamais demandé aux
Suisses
ce qu’ils pensaient de l’Europe et d’une intégration de l’Europe, d’u
25
la seule qui puisse être acceptable aux yeux des
Suisses
? On n’a jamais fait cette enquête, que je sache. Alors que voulez-vo
26
lez-vous qu’il se passe ? Dans ces conditions, le
Suisse
moyen, l’homme de la rue, quand on lui demande ce qu’il pense de l’Eu
27
ent de nos affaires étrangères. c. « Ce que la
Suisse
peut apporter à l’Europe », Construire, 19 mars 1970, p. 3. Propos re
28
969 a-t-elle marqué un tournant dans la politique
suisse
à l’égard de l’Europe ? Cette question, nous sommes en droit de la po
29
Mais nous devons poser une seconde question : la
Suisse
peut-elle jouer un rôle dans la formation de l’Europe ? Pour y répond
30
nçaise traduit dans le monde entier, à un citoyen
suisse
, à un pionnier de l’Europe unie. Ces qualités sont réunies dans la mê
31
de Rougemont : ‟Un acte de reconnaissance” », La
Suisse
, Genève, 24 mars 1970. Propos recueillis par Michel Noverraz et intro
32
es Chances de l’Europe , L’Europe en jeu et La
Suisse
ou l’histoire d’un peuple heureux . Doté d’une somme de 25 000 marks,
33
’Université de Bonn. À cette occasion, l’écrivain
suisse
prononcera une allocution : “Res publica Europaea” (“La cité européen
34
bution du Prix Schuman à M. D. de Rougemont », La
Suisse
, Genève, 30 mars 1970, p. 12.
35
elle-même que la Wallonie trouvera son salut ? En
Suisse
même, le fédéralisme prend des sens à peu près opposés selon qu’il s’
36
ue dans un quotidien qui s’appelle précisément La
Suisse
. Un système bon pour les sauvages Dans l’espoir de sortir de ta
37
étisation de l’Europe : pensez-vous que le modèle
suisse
soit le meilleur et qu’il soit viable à l’échelle européenne ? Le sys
38
l soit viable à l’échelle européenne ? Le système
suisse
, à mon avis, est excellent, hormis peut-être les cantons qui ne sont
39
un problème parfaitement homologue à celui que la
Suisse
a résolu avec ses 25 petits cantons souverains. La différence des sup
40
e d’aujourd’hui est plus petite que ne l’était la
Suisse
à l’époque où elle s’est fédérée ; et les disparités de coutumes ou d
41
l’Europe qu’elles ne l’étaient entre les cantons
suisses
avant 1848. Il ne faut pas non plus oublier les moyens techniques don
42
isait lui-même au siècle passé que la nationalité
suisse
possède au plus haut degré un caractère très international et que c’e
43
ne ait trouvé son climat autant que son modèle en
Suisse
. L’anthologie de l’idée européenne réserve d’ailleurs une place de ch
44
x. Mais que pensez-vous de la réserve mise par la
Suisse
à l’idée de l’intégration européenne, qui tient surtout à l’obstacle
45
l’Europe a généralement passé pour chimérique en
Suisse
. Et jusqu’à présent, à chaque étape de cette lente unification, notre
46
toire en train de se faire ! On craint souvent en
Suisse
que la politique d’unification européenne vise à mêler les peuples po
47
le serait tout simplement une catastrophe pour la
Suisse
. Mais personne ne la préconise, je crois. Il est clair, en revanche,
48
accorderait avec la vocation traditionnelle de la
Suisse
. Savoir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est à nous de faire
49
n’est plus de savoir si on veut rester Français,
Suisse
ou Italien, mais si on sera Européen ou une sorte de colonisé américa
50
aire américaine qui, chassée des États-Unis et de
Suisse
, s’est installée ici ; maintenant, on bâtit 321 appartements (1300 ha
51
x, nous avons, par exemple, dans un pays comme la
Suisse
, l’industrie mécanique de précision ; nous avons tous les savants qui
52
e à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée
suisse
(22 novembre 1970)k Dans cette optique d’une Europe fédérale, comm
53
s bien d’autres agences fédérales européennes, en
Suisse
par exemple. Dans mon livre La Suisse ou l’histoire d’un peuple heur
54
éennes, en Suisse par exemple. Dans mon livre La
Suisse
ou l’histoire d’un peuple heureux , j’avais lancé l’idée de transform
55
heureux , j’avais lancé l’idée de transformer la
Suisse
en district fédéral de l’Europe. Ce qui résoudrait beaucoup de questi
56
e de la neutralité. Parce que vous pensez que la
Suisse
ne pourrait pas rester l’écart d’un tel mouvement ? Non, c’est absolu
57
nt ? Non, c’est absolument impensable. Comment la
Suisse
resterait-elle l’écart d’un Fonds européen d’écologie, par exemple ?
58
frontières aux vents ou la pollution du Rhin. La
Suisse
est destinée à être au cœur de l’Europe et elle doit l’être dans ses
59
e l’Europe. L’Europe fédérale serait une sorte de
Suisse
grande échelle ? Pour cela il faut que les Suisses poussent encore pl
60
Suisse grande échelle ? Pour cela il faut que les
Suisses
poussent encore plus loin qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici leur sens du
61
est très ancien. Il ne faut jamais oublier que la
Suisse
s’est fondée sur les communes, et non sur les cantons qui sont venus
62
r les cantons qui sont venus plus tard. Il y a en
Suisse
un esprit communal auquel on doit revenir parce que c’est la vraie so
63
e. Et de là il faut dépasser les frontières de la
Suisse
avec le fédéralisme. S’il y avait les États-Unis d’Europe, on ne voit
64
es États-Unis d’Europe, on ne voit pas comment la
Suisse
serait neutre entre ces États-Unis et, par exemple, la Russie soviéti
65
ent : « On parle toujours des difficultés qu’a la
Suisse
pour adhérer à l’Europe. Pourquoi ne parlerait-on pas de l’autre diff
66
éressante : celle qu’a l’Europe pour adhérer à la
Suisse
? » De ce point de vue, la Suisse ne perdrait rien en entrant dans un
67
ur adhérer à la Suisse ? » De ce point de vue, la
Suisse
ne perdrait rien en entrant dans une construction européenne. Ce sera
68
que vous appelez l’adhésion de l’Europe à l’Idée
suisse
? Quand je parle de l’adhésion de l’Europe à l’Idée suisse, j’entends
69
Quand je parle de l’adhésion de l’Europe à l’Idée
suisse
, j’entends par « Idée suisse » le véritable fédéralisme, qui n’est d’
70
de l’Europe à l’Idée suisse, j’entends par « Idée
suisse
» le véritable fédéralisme, qui n’est d’ailleurs pas toujours appliqu
71
me, qui n’est d’ailleurs pas toujours appliqué en
Suisse
. Ce fédéralisme va de la commune aux entreprises jusqu’à l’Europe pui
72
amais été appliquée systématiquement, pas même en
Suisse
. C’est une expérience qui n’est possible qu’aujourd’hui, grâce au dév
73
es guerres. Mais si vous reprenez l’exemple de la
Suisse
, vous voyez qu’on n’y a jamais eu cette idée folle de faire coïncider
74
ernement de l’Europe reproduit le Conseil fédéral
suisse
. Qu’est-ce que le Conseil fédéral ? Ce sont sept agences différentes
75
e à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée
suisse
», Tribune de Lausanne-Le Matin, n° 326, 22 novembre 1970, p. 33 et 3
76
aujourd’hui, Denis de Rougemont montre comment la
Suisse
peut et doit s’insérer dans ce processus d’édification d’une Europe f
77
ropéennes sur le modèle des départements fédéraux
suisses
. Chaque type de région, car il y aura des régions économiques, des ré
78
de ces différentes agences pourrait s’établir en
Suisse
, notre pays devenant un district fédéral. Quels seront les critères d
79
est extraite d’un tract publié par l’Association
suisse
pour le suffrage féminin. Cette affirmation n’est pas immédiatement é
80
Votre analyse est-elle valable également pour la
Suisse
? En Suisse, nous sommes un peu tributaires de la civilisation german
81
se est-elle valable également pour la Suisse ? En
Suisse
, nous sommes un peu tributaires de la civilisation germanique, où les
82
arce qu’il pleut toujours ! Il y a donc, chez les
Suisses
allemands notamment, et nous sommes très mélangés en Suisse romande,
83
the germanique serait donc à la base du refus des
Suisses
d’accorder l’égalité politique aux femmes ? Je crois que cela forme l
84
emmes ? Je crois que cela forme l’inconscient des
Suisses
, très fortement. Et vous savez que, dans l’inconscient, agissent touj
85
Y a-t-il des raisons historiques propres à la
Suisse
qui expliquent cette inégalité des sexes ? Oui, parce qu’en Suisse —
86
uent cette inégalité des sexes ? Oui, parce qu’en
Suisse
— prenez cet exemple des Landsgemeinde — vous avez des survivances qu
87
mme les nobles au Moyen Âge, les hommes libres en
Suisse
, c’était la même chose, ils étaient exactement sur le même plan. La n
88
ni par l’arme. Vous avez une quantité de gens, en
Suisse
, qui vous disent : c’est très bien les femmes, qu’elles aient le droi
89
ours. D’ailleurs, je reproche beaucoup aux femmes
suisses
d’avoir transporté ces valeurs militaires, d’avoir une certaine vénér
90
culture profonde des enfants. Psychanalyser le
Suisse
Est-ce propre à la culture européenne ? D’autres civilisations n’o
91
ait une bonne petite psychanalyse de la santé des
Suisses
… r. « Supprimer un anachronisme et une injustice », L’Illustré, La
92
t français imposait le droit de vote aux citoyens
suisses
. À cette époque, la Confédération était tombée sous la coupe militair
93
donc une révolution extérieure qui a accordé aux
Suisses
un droit fondamental. Aujourd’hui, après cent-soixante-treize ans de
94
treize ans de “dictature” masculine, les citoyens
suisses
donneront-ils aux femmes ce qu’ils considèrent eux-mêmes comme un dro
95
ait sans autre le droit de vote. Le mode de faire
suisse
explique, partiellement, la lenteur mise par les hommes à supprimer c
96
es gens fous, etc. Ce docteur, qui était, hélas !
suisse
, a connu un succès mondial. Il a sans doute créé le maximum de névros
97
du chef des services de renseignements de l’armée
suisse
m’apprit qu’une démarche avait été faite le matin même de la parution
98
emagne. « Vous mettez en danger la sécurité de la
Suisse
, me dit ce colonel, mais j’ai aimé votre article. » Plus tard, le Con
99
’est que nous nous sentons seulement Français, ou
Suisses
, ou Danois, ou Belges, donc trop petits. Il nous manque la conscience
100
rait mieux, et avec moins de bavardage. Vous êtes
suisse
, fils d’un pasteur protestant. Merci pour la précision. César Borgia,
101
’un pasteur catholique : le pape Alexandre VI. La
Suisse
est-elle pour vous un modèle politique idéal ? Vous savez, la vie pol
102
politique idéal ? Vous savez, la vie politique en
Suisse
est très loin de la vie politique en France : elle est parfaitement e
103
fédéralisme, démocratie directe. Le souverain, en
Suisse
, c’est le peuple. Vous lisez dans nos journaux : « Le souverain s’est
104
re de parler, c’est la réalité. On ne dit pas, en
Suisse
: « Un tel a été un grand serviteur de l’État. » Pourquoi servir l’Ét
105
le chapeau suivant : « Denis de Rougemont, né en
Suisse
il y a soixante-cinq ans, jouit d’une notoriété internationale. Parce
106
s » et il donne comme exemples « la Confédération
suisse
, la Confédération des États-Unis ». Il définit ensuite l’adjectif féd
107
confédération d’États », ainsi, par exemple, « la
Suisse
et les États-Unis sont des gouvernements fédéraux ». D’où l’on conclu
108
l’ont sauvé de la sauvagerie (qui règne encore en
Suisse
, sans doute) et que les fédéralistes, en France, sont des traîtres. L
109
érer tout court. On aime à répéter que l’exemple
suisse
conseillerait la prudence et la lenteur aux « Européens trop pressés
110
us dit-on, six-cents ans pour mûrir la fédération
suisse
, et vous, vous prétendez faire la grande Europe en dix ans ? La vérit
111
fédérer les communes, cités, principautés et pays
suisses
; mais, au terme de cette expérience confédérale, après une dernière
112
édération. Enfin, l’on peut tirer de l’expérience
suisse
de 1848 une formule qui me paraîtrait susceptible de faciliter l’unio
113
endu possible la fédération si rapide des cantons
suisses
. La voici dans son astucieuse simplicité. Loin d’exiger que les canto
114
tes européens ne sauraient se contenter du modèle
suisse
transposé à l’échelle européenne, c’est-à-dire du passage probable de
115
s à un État fédéral européen. Car, d’une part, la
Suisse
demeure juridiquement une association d’États, alors qu’il s’agit auj
116
régions organiques ; d’autre part, l’État fédéral
suisse
limite à ses frontières politiques le processus de fédéralisation, si
117
térature : la Pléiade, les élisabéthains, l’École
suisse
de Zurich, Weimar, les lakistes ; — de philosophie : des éléates jusq
118
appelé au téléphone par un ami qui est à la radio
suisse
. Est-ce la guerre, qu’on attend d’une heure à l’autre ? C’est Munich,
119
année. Les menaces de guerre me firent rentrer en
Suisse
plus tôt que prévu. C’est à ce moment que l’on m’offrit d’écrire une
120
sujet et je défiais quiconque d’en trouver un, en
Suisse
, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans
121
a prévenu in extremis la guerre entre les cantons
suisses
, c’est par l’autorité que sa vie d’ascète donne au message secret qu’
122
ation (combien tardive) de Nicolas, premier saint
suisse
, célébrée par deux protestants ! La part de Dieu Il serait vain
123
aient inaugurer n’a duré que dix à douze ans. (La
Suisse
, en regard, approche du viie siècle de sa continuité historique, con
124
ormule européenne pratiquement acceptable pour la
Suisse
. Tout serait parfait, n’était l’obstacle majeur que l’on dresse sans
125
dérale outre l’Allemagne de l’Est, l’Autriche, la
Suisse
alémanique et les Sudètes, les minorités germanophones de la Belgique
126
puis l’allemand de nouveau des deux côtés. Et la
Suisse
est née du Gothard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos Éta
127
Et voilà qui nous rappelle quelque chose, à nous
Suisses
. Car la Suisse n’a jamais connu l’illusion d’une « culture nationale
128
us rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la
Suisse
n’a jamais connu l’illusion d’une « culture nationale » — ne fût-ce q
129
s les pays voisins. La situation de la culture en
Suisse
reflète exactement en microcosme la situation de la culture à l’échel
130
re à l’échelle du continent. Ce qui s’est fait en
Suisse
au point de vue de la culture — et qui est supérieur, proportionnelle
131
acelse, puis la Genève de Calvin. Ensuite l’École
suisse
de Zurich, qui règne au xviie siècle sur les lettres allemandes, pui
132
l’Europe de la culture, voilà, identiquement, la
Suisse
. Si maintenant je transpose en termes politiques mon équation culture
133
ent — par leur jeunesse surtout. Pour nous autres
Suisses
, il devrait s’agir d’évidences et presque de banalités. Toutefois, no
134
gne de conduite et d’action. Je sais bien que les
Suisses
sont timides et qu’ils en font même une vertu, sous le nom de modesti
135
pas tout seul. C’est maintenant ou jamais que la
Suisse
doit prendre l’initiative de proposer sa propre solution fédéraliste,
136
r nom au Douro espagnol, à la Drance et à la Thur
suisses
, à la Dordogne, à la Durance, à la Drôme et aux Dore françaises, aux
137
j’ai poussé plus loin. Quand j’ai été rappelé en
Suisse
par la mobilisation — j’étais officier, chargé des relations entre l’
138
sur la politique, sur la formule politique de la
Suisse
: le fédéralisme. Et à transposer une fois de plus notre doctrine per
139
e qui donnait le fédéralisme. Alors que vous êtes
Suisse
, le fédéralisme de votre pays semble être une découverte ? J’y pensai
140
s longtemps mais je ne savais pas à quel point la
Suisse
avait réalisé le fédéralisme. Bien qu’élevé en Suisse, effectivement,
141
se avait réalisé le fédéralisme. Bien qu’élevé en
Suisse
, effectivement, je ne m’étais jamais intéressé à la vie politique du
142
Paris depuis l’âge de 25 ans. J’ai été ramené en
Suisse
par la mobilisation, en 1939 ; j’avais 33 ans. Puis, j’ai été envoyé
143
aire des conférences sur le fédéralisme et sur la
Suisse
. Mais aussi pour y faire jouer une pièce que j’avais écrite pour l’Ex
144
nouveau . Dix ans plus tôt. Vous rentrez donc en
Suisse
. Que se passe-t-il ? Pendant la guerre, je m’étais aperçu que ma doct
145
ne du fédéralisme était illustrée par la pratique
suisse
. Que j’avais apprise à l’école mais que je n’avais jamais très bien c
146
ration. En fait, vous vouliez exporter le système
suisse
? Et l’étendre à toutes les régions de l’Europe ? Les communes, bien
147
iie et xixe siècles — constituent la base de la
Suisse
. Et je trouve que le système marche très bien. Il autorise toutes les
148
Il autorise toutes les diversités qui tissent la
Suisse
, diversités de langues, diversités de confession, diversités sociales
149
de réaliser le fédéralisme dans un seul pays. La
Suisse
ne peut pas rester un régime réellement fédéraliste si elle est seule
150
Voilà ce que j’ai découvert dans l’histoire de la
Suisse
. Pourquoi ce pays s’est-il fait ? La Suisse ne s’est pas faite pour c
151
de la Suisse. Pourquoi ce pays s’est-il fait ? La
Suisse
ne s’est pas faite pour créer une union plus forte que les voisins. E
152
En fin de compte, la force créée par l’union des
Suisses
devait être juste suffisante pour sauvegarder les différences et les
153
de cette ancienne principauté est automatiquement
Suisse
. La Suisse est sa nation qui n’a pas les mêmes frontières ni les même
154
cienne principauté est automatiquement Suisse. La
Suisse
est sa nation qui n’a pas les mêmes frontières ni les mêmes langues q
155
imites tout à fait différentes du canton et de la
Suisse
puisqu’il englobe un tiers de la Suisse, deux tiers de la France, une
156
et de la Suisse puisqu’il englobe un tiers de la
Suisse
, deux tiers de la France, une partie de la Belgique, un petit bout de
157
eux petites parties de la France, la moitié de la
Suisse
, etc. Je fais également partie d’un certain nombre de sociétés. Je pa
158
d-sud et est-ouest, je reconnais immédiatement la
Suisse
. Or, il y a vingt-cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon no
159
is immédiatement la Suisse. Or, il y a vingt-cinq
Suisses
, vingt-cinq États souverains (selon notre Constitution) et quoi de co
160
tte vision champêtre correspond aux clichés (« Le
Suisse
trait sa vache et vit paisiblement », disait Hugo), mais pas du tout
161
sait Hugo), mais pas du tout aux statistiques. La
Suisse
est l’une des régions de la Terre les plus intensément industrialisée
162
graphie : si j’en crois mes yeux, vu de l’air une
Suisse
verte et paysanne survit à l’ère industrielle. Or, il y a plus de deu
163
isation dévergondée. Rousseau déjà jugeait que la
Suisse
de son temps ne constituait plus qu’une seule ville. Il ne parlait qu
164
ateau, ce « Pays des Collines », comme disent les
Suisses
alémaniques, qui va du Léman au Bodan, et qui représente à peine la m
165
t dix fois plus de constructions. Traversez cette
Suisse
-là en chemin de fer, et vous ne verrez plus guère que maisons et fabr
166
es gros villages et les petites villes du Plateau
suisse
ou des larges vallées alpestres des Grisons, du Tessin et du Valais,
167
sme humain menace dans ses fondements plus que la
Suisse
. Car la Suisse tire sa raison d’être et les conditions mêmes de ses l
168
ce dans ses fondements plus que la Suisse. Car la
Suisse
tire sa raison d’être et les conditions mêmes de ses libertés des pet
169
ertus des groupements restreints, à l’heure où la
Suisse
est tentée de les oublier et de trahir ainsi ses origines. La vocatio
170
t de trahir ainsi ses origines. La vocation de la
Suisse
est de revaloriser ce qui est petit contre le gigantisme, sauvant ain
171
prudent, hostile à toute espèce de grandeur. Les
Suisses
qui s’en offusquent vont ailleurs, et ils y font de grandes choses. C
172
natif de La Chaux-de-Fonds, qui n’a guère fait en
Suisse
que la maison de sa mère, ira bâtir des capitales en Inde et sera l’i
173
deux observations. Prenons l’exemple des cantons
suisses
: leurs ressortissants se mêlent de plus en plus et les apports de tr
174
nt davantage la France voisine que le reste de la
Suisse
, dont les ressortissants ou « Confédérés » forment pourtant le groupe
175
res invariants voisins. D’où la nécessité pour la
Suisse
d’un régime fédéraliste, c’est-à-dire d’une union respectant les diff
176
ion qu’illustrent les exemples des petits cantons
suisses
à Landsgemeinde, ou de Genève, et avant eux des cités grecques où l’o
177
e et impensable (sauf dans de très petits cantons
suisses
) avec l’avènement des grandes villes de la société absolutiste, puis
178
e peut recréer les conditions de la Landsgemeinde
suisse
ou de l’assemblée des citoyens dans la cathédrale de Genève (Rousseau
179
Forteresse au centre de l’Europe : la
Suisse
(1972)z Je rentrais de l’espace. Des heures durant, je l’avais vue
180
d-sud et est-ouest, je reconnais immédiatement la
Suisse
. Or, il y a vingt-cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon no
181
is immédiatement la Suisse. Or, il y a vingt-cinq
Suisses
, vingt-cinq États souverains (selon notre Constitution) et quoi de co
182
tte vision champêtre correspond aux clichés (« Le
Suisse
trait sa vache et vit paisiblement », disait Hugo), mais pas du tout
183
sait Hugo), mais pas du tout aux statistiques. La
Suisse
est l’une des régions de la Terre le plus intensément industrialisées
184
achronisme de la photographie : vue de l’air, une
Suisse
verte et paysanne survit à l’ère industrielle. Or, traversez cette Su
185
survit à l’ère industrielle. Or, traversez cette
Suisse
-là en chemin de fer, et vous ne verrez plus guère que maisons et fabr
186
es gros villages et les petites villes du Plateau
suisse
ou des larges vallées alpestres des Grisons, du Tessin et du Valais,
187
sme humain menace dans ses fondements plus que la
Suisse
. Car la Suisse tire sa raison d’être et les conditions mêmes de ses l
188
ce dans ses fondements plus que la Suisse. Car la
Suisse
tire sa raison d’être et les conditions mêmes de ses libertés des pet
189
ertus des groupements restreints, à l’heure où la
Suisse
est tentée de les oublier et de trahir ainsi ses origines. La Suisse
190
e les oublier et de trahir ainsi ses origines. La
Suisse
est née de la fédération de trois « communes forestières » ou Waldstä
191
, dont les Habsbourg étaient les plus gênants. La
Suisse
est née du Gothard, cœur des Alpes et château d’eau de l’Europe média
192
dos de mulet, qui vinrent apprendre aux premiers
Suisses
confédérés à rédiger leurs pactes en beau latin. La vocation de la Su
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ger leurs pactes en beau latin. La vocation de la
Suisse
est de revaloriser ce qui est petit contre le gigantisme, sauvant ain
194
ues. z. « Forteresse au centre de l’Europe : la
Suisse
», La France, la Belgique, la Suisse par-dessus les toits, Zurich, Sé
195
’Europe : la Suisse », La France, la Belgique, la
Suisse
par-dessus les toits, Zurich, Sélection du Reader’s Digest, 1972, p.
196
à l’Europe par les régions », Bulletin du Crédit
suisse
, mars 1973, p. 33-36. Texte introduit par cette note : « M. Denis de
197
mpte au nombre des grands écrivains et essayistes
suisses
de notre temps. Ses écrits portent principalement sur les problèmes e
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t inaugurer n’a duré qu’une douzaine d’années. La
Suisse
fédérale, en regard, approche du viie siècle de sa continuité histor
199
épublique fédérale outre l’Allemagne de l’Est, la
Suisse
alémanique, l’Autriche et les Sudètes, les minorités germanophones de
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puis l’allemand de nouveau des deux côtés. Et la
Suisse
est née du Gothard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos Éta
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épendante (jusqu’en 1848, date de l’adhésion à la
Suisse
) sont ma patrie. En tant que citoyen du canton de Neuchâtel, je suis
202
tant que citoyen du canton de Neuchâtel, je suis
Suisse
de nationalité. En tant qu’écrivain, je relève de la francophonie, qu
203
ui couvre deux tiers de la France, un tiers de la
Suisse
, la moitié de la Belgique, etc. Ces trois ensembles — patrie, nation,
204
Cela distingue ma famille de beaucoup d’autres en
Suisse
. C’est une lignée de conseillers d’État, le dernier, Frédéric, fut pr
205
ds et quinze Français. Vous sentez-vous seulement
Suisse
? Au point de vue de ma communauté politique, je me sens complètement
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ma communauté politique, je me sens complètement
Suisse
. Vous habitez en France. J’ai besoin d’être à cheval sur une frontièr
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comme si j’étais Français et je suis complètement
Suisse
. Est-ce que l’idée de l’unité de l’Europe vous vient de vos ancêtres
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ous vient de vos ancêtres ? Ce n’est pas une idée
suisse
. Le Suisse est cosmopolite. L’idée est au contraire très suisse. Les
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e vos ancêtres ? Ce n’est pas une idée suisse. Le
Suisse
est cosmopolite. L’idée est au contraire très suisse. Les Suisses éta
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sse est cosmopolite. L’idée est au contraire très
suisse
. Les Suisses étaient destinés à être des Européens. Votre vie intelle
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opolite. L’idée est au contraire très suisse. Les
Suisses
étaient destinés à être des Européens. Votre vie intellectuelle comme
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’y ai publié mes premiers livres. La France ou la
Suisse
? Je me sentirais très mal si j’étais limité à l’une ou à l’autre. «
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Rougemont : la famille est devenue un choix », La
Suisse
, Genève, 23 septembre 1973, p. 4. Propos recueillis par Jacqueline Ba
214
de Rougemont parlait récemment devant la section
suisse
de l’Association européenne des enseignants de la grande passion de s