1 1953, La Confédération helvétique. Introduction (par Lucien Febvre)
1 troduction (par Lucien Febvre) Révélation de la Suisse  : j’intitulerais volontiers ainsi, pour ma part, le beau travail de M
2 d’encordés — à la question : « Vous connaissez la Suisse  ? » — peuvent répondre en conscience : « Bien sûr ! » D’autant que, c
3 çais ». Ce qui rend naturellement inaccessible la Suisse à beaucoup de pèlerins possibles, obligés par « faute d’argent » de c
4 es ignorants involontaires des terres et des lacs suisses , figurent beaucoup d’hommes capables, en se promenant, d’observer, de
5 résidence, ont été de bonne heure attirés vers la Suisse — il y a frontière commune entre les Neuchâtelois, les Vaudois, les G
6 oir avec ces souvenirs et ces paysages. C’est une Suisse grave, lucide et didactique. Une Suisse pour l’intelligence — car l’e
7 C’est une Suisse grave, lucide et didactique. Une Suisse pour l’intelligence — car l’essai qu’on va lire fait merveilleusement
8 ussi, des agents de l’histoire. Il semble que les Suisses aient pudeur d’en parler. Compartiments, oui. Et qui, souvent, assez
9 pays rhétiques. Mais qui ne voit l’histoire de la Suisse que d’en bas, du creux, du fond même du compartiment, la voit mal. Ca
10 agrégat de compartiments clos qui s’est nommé la Suisse  — c’est que les gens d’en bas étaient montés en haut. Pour le pâturag
11 ous. Ceci sera Nous. » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse  : je veux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemag
12 n tout ; et d’abord, en son mode de formation. La Suisse , c’est la boule de neige. Trois petits cantons qui se donnent la main
13 z, d’instinct, la « famille royale » qui « fit la Suisse  ». Vous ne trouverez même pas de familles qui en aient « fait » les c
14 i naissent de la nature ? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons d’être et de sentir du Flamand des plaines, coupé de l
15 les œuvres de l’homme européen : la Confédération suisse . ⁂ Au fond, telle qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin d’êtr
16 suisse. ⁂ Au fond, telle qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin d’être une nécessité. La détruire, la rayer de la cart
17 Des Italiens, mais comment mordraient-ils sur les Suisses alémaniques et romands ? Des Français, hypothèse grotesque et cependa
18 fil à retordre. Et le reste, à qui ? les 200 000 Suisses italiens ? et les 3 millions de Suisses alémaniques ? — on détruirait
19 s 200 000 Suisses italiens ? et les 3 millions de Suisses alémaniques ? — on détruirait la Suisse ? Peut-être, mais sitôt l’opé
20 lions de Suisses alémaniques ? — on détruirait la Suisse  ? Peut-être, mais sitôt l’opération terminée, la Suisse se reformerai
21  ? Peut-être, mais sitôt l’opération terminée, la Suisse se reformerait. Ou plus exactement, la Confédération se reconstituera
22 0 kilomètres en moyenne on passe une frontière en Suisse — et on change d’État. Ne dites pas que c’est jouer sur les mots. On
23 saisissant — n’oublions pas que Le Corbusier est Suisse — et ce que je dis de Fribourg, il faut le redire de toutes les autre
24 et Zurich, Berne, Lausanne, Genève… Et le peuple suisse tient à ce pluralisme universitaire, comme il tient à l’intégrité de
25 e tous les pays de parler toujours de « la petite Suisse  » avec un accent de supériorité comique. Développez et étalez sur un
26 ute de le dire et de le répéter. Il est vrai, les Suisses ne se font pas remarquer. À telle enseigne qu’ils n’ont jamais intére
27 . Avec âcreté parfois et injustice flagrante. Les Suisses  ? Ils ne se sont même pas créé de Beulemans. Et personne n’a songé à
28 grandeur. Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël. Il s’appelle
2 1953, La Confédération helvétique. Le peuple et son histoire
29 e et son histoire L’image conventionnelle de la Suisse semble avoir été fixée par le vers célèbre de Victor Hugo : Le Suiss
30 té fixée par le vers célèbre de Victor Hugo : Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. Mais il se trouve que le même po
31 , dans un accès de prophétisme, a pu écrire : La Suisse , dans l’Histoire, aura le dernier mot. Entre l’idylle de carte posta
32 millénariste, nous allons essayer de découvrir la Suisse réelle. Disons tout de suite qu’une telle réalité ne saurait être rec
33 éographie et d’une histoire. Géographiquement, la Suisse ne forme pas une unité visible au premier coup d’œil sur la carte, co
34 s courte. Quant à l’Inn, elle quitte très vite la Suisse pour l’Autriche. Il est remarquable que le degré d’importance géograp
35 d’importance linguistique et culturelle qu’ont en Suisse la civilisation germanique, la française, l’italienne et l’autrichien
36 u rôle historique qu’il a joué aux origines de la Suisse , et du rôle stratégique qu’il conserve de nos jours. C’est autour du
37 , singulier accident géographique, que l’histoire suisse prend son départ. ⁂ Les manuels scolaires donnent pour date de naissa
38 discours, manuels scolaires et écrits politiques suisses . C’est en effet la clause de la foi jurée. Or une fédération, comme l
39 lisme d’un homme, d’un groupe ou d’une nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité de ses cantons à une alliance indiscu
40 ulaire perpétue jusqu’à nos jours dans les foyers suisses et dans les salles d’école, le souvenir de trois députés des cantons
41 la droite vers le ciel. Avec ce geste est née la Suisse . Ce fameux « serment des trois Suisses » doit être situé dans un con
42 est née la Suisse. Ce fameux « serment des trois Suisses  » doit être situé dans un contexte historique qui n’enlève rien à la
43 ière, dont les châteaux s’élevaient au nord de la Suisse actuelle, ne cessait d’agrandir ses domaines dans la direction du Got
44 jouer un rôle déterminant dans la formation de la Suisse . Soulignons le fait que cette route, construite au seul endroit où l’
45 i des villes d’Empire. Les premières libertés des Suisses sont donc nées d’une mission spéciale, celle de garder le Col libre p
46 e pour tout l’Empire. La vocation constante de la Suisse , son statut d’exception au cœur du continent, la nécessité conjointe
47 est ainsi que le meilleur historien moderne de la Suisse peut écrire : La naissance de la Confédération et sa défense victori
48 de faits aussi surprenants. La science historique suisse aura toujours pour tâche essentielle de rendre cet événement intellig
49 ndre cet événement intelligible. La Confédération suisse est le seul mouvement qui ait survécu au combat pour l’idée démocrati
50 accession d’éléments citadins2. Toute l’histoire suisse , à partir de ce temps, illustrera cet équilibre difficile entre des c
51 mbres souffrent et s’entredéchirent. Les premiers Suisses ne décidèrent donc pas de créer un État ou un régime nouveau. Ils s’a
52 temps de guerre. En réalité, ce sont les cantons suisses qui ont créé et pratiqué les premiers, d’une manière qui n’a plus été
53 ît plus concluant. On peut dire que la fédération suisse s’est formée et consolidée précisément dans la lutte constante contre
54 a marqué et marque encore profondément les mœurs suisses . Il ne s’agissait nullement, à cette époque, d’établir une égalité ju
55 t la Révolution française. La plupart des paysans suisses étaient des « hommes libres », certes, mais le seigneur restait un se
56 ient parfois durement. L’égalitarisme des anciens Suisses se traduisait par une méfiance active à l’égard des personnalités tro
57 r de certains traits déplaisants du caractère des Suisses modernes : car il était fatal qu’au cours des âges, et à mesure que l
58 faits. Du xiiie au xve siècle, l’histoire de la Suisse se confond avec la lutte des cantons contre les Habsbourg. À mesure q
59 n dans son pays d’origine. Une série de victoires suisses , plus étonnantes les unes que les autres, marque cette période. Au co
60 Au combat de Morgarten par exemple, en 1315, 600 Suisses exterminent une « Panzer division » de 11 000 chevaliers lourdement a
61 plique par la rumeur qui courait sur les communes suisses à cette époque : leur organisation républicaine, antiféodale, certain
62 nsolente d’indépendance, avaient fait du nom de «  Suisse  » un synonyme d’esprit subversif, de mauvaise tête. C’est ainsi que l
63 les guerres de Bourgogne, au cours desquelles les Suisses battirent et tuèrent le duc Charles le Téméraire, dont la France et l
64 la première puissance militaire de l’Europe. Les Suisses passèrent les Alpes, envahirent la Lombardie, prirent Milan et battir
65 les trois actes du drame où se joua le sort de la Suisse moderne. Soldat, puis juge, puis retiré sur sa terre qu’il cultive a
66 d’abord comme le type idéal du paysan libre de la Suisse centrale, de bon sens et de bon conseil, les deux pieds sur la terre,
67 car son conseil est devenu si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adresser à lui avant de négocier un traité. Cepe
68 en 1947) représente la plus authentique tradition suisse  : réalisme, sobriété, spiritualité, fidélité à l’Alliance primitive.
69 nation des Confédérés. La puissance militaire des Suisses , à ce moment, paraissait justifier l’entreprise. Mais son succès même
70 abord de grands succès, en conduisant les troupes suisses en Italie au cours de plusieurs expéditions foudroyantes. À la batail
71 complètement battu. Mais à Marignan, en 1515, les Suisses furent contraints de quitter le terrain après deux jours d’une batail
72 ilitaire n’eût pas suffi à lui seul à ramener les Suisses dans leurs limites. Un phénomène d’un tout autre ordre allait les y c
73 re. En vérité, Zwingli et sa Réforme ont sauvé la Suisse en la ramenant au sens de sa mission exceptionnelle. Zwingli avait gr
74 de combourgeoisie entre les cités germaniques et suisses , système auquel devaient s’intégrer peu à peu la France, le Danemark
75 s, vers le Rhin, la Bourgogne et la Lombardie, la Suisse allait entrer dans une longue période de paix. Au congrès de Munster
76 onnait un état de fait déjà ancien. (Bien que les Suisses déclarassent encore la guerre au nom de l’empereur, ils avaient cessé
77 politique de puissance dynastique, tandis que la Suisse conservait l’ancien idéal des libertés impériales. Plutôt qu’une rupt
78 termine la période d’émancipation héroïque de la Suisse , mais elle inaugure une période d’expansion spirituelle. La Confédéra
79 ut du xvie siècle, la vocation spirituelle de la Suisse s’était révélée par la création de foyers et de places d’échanges int
80 es ; Zurich avec Zwingli, le centre de la Réforme suisse  ; Genève, avec Calvin, le centre de la Réforme internationale, dont l
81 vie, les uns campagnards, les autres citadins, la Suisse ne pouvait prétendre à créer une culture de type uniforme (ou « natio
82 its cantons à Landsgemeinde. Goethe, voyageant en Suisse vers la fin du xviiie siècle, pouvait écrire dans son journal : Un
83 , pouvait écrire dans son journal : Un jour, les Suisses se délivrèrent d’un tyran. Ils purent se croire libres un moment : ma
84 monarchies jésuites et des lettres de cachet, la Suisse aristocratique et républicaine conservait à la faveur d’un inextricab
85 raîna la Convention venait de Genève — alliée aux Suisses  — autant que de Londres. Et cela non seulement du fait de Rousseau, «
86 on : le service étranger. On a souvent accusé les Suisses de manquer d’esprit d’aventure. On a raison dans ce sens que l’étroit
87 d’imagination et d’action. Mais on oublie que la Suisse est l’un des pays qui a exporté le plus de têtes chaudes. Dès le xvie
88 La Diète fédérale autorisa bientôt les officiers suisses à recruter pour leur compte des régiments, dont ils allaient ensuite
89 uvent la garde royale. C’est ainsi que les gardes suisses furent les derniers à protéger Louis XVI contre l’émeute populaire, l
90 se rapporte le proverbe : « Pas d’argent, pas de Suisse . » Il est en partie calomnieux3. Comme un prince français disait un j
91 e français disait un jour au Maréchal de camp des Suisses , qui voulait faire payer ses troupes : « Avec l’argent que nous vous
92 ux, et les milliers d’officiers supérieurs que la Suisse donna aux armées européennes, ne revinrent pas tous les mains vides d
93 richesses s’accumulèrent ainsi dans les châteaux suisses . Beaucoup aussi revenaient mariés à des filles de seigneurs étrangers
94 des filles de seigneurs étrangers. L’aristocratie suisse devint ainsi l’une des plus internationales de l’Europe, tant par les
95 la Bérézina en 1813, comme l’épopée de l’ancienne Suisse s’était terminée trois siècles auparavant sur la plaine de Marignan.
96 nan. ⁂ Lorsque éclata la Révolution française, la Suisse se vit brusquement dépassée par les événements, et prit figure d’État
97 pas ». Dans un discours qu’il adressa aux députés suisses convoqués à Paris en 1802, le conquérant ne se contenta pas de faire
98 en effet, ne tentèrent nullement de démembrer la Suisse . Au contraire, tout en sanctionnant le retour au statut de la Ligue d
99 pu écrire qu’elle est « la porte par laquelle la Suisse entre dans le grand siècle de son histoire : le siècle où elle créera
100 i venaient d’agiter toute l’Europe, laissaient la Suisse inquiète, ébranlée, incertaine. Le régime de la souveraineté absolue
101 la circulation des personnes. De 1815 à 1847, la Suisse fut en proie à une longue effervescence politique, souvent accompagné
102 e à voter la première Constitution fédérale de la Suisse  : la Ligue des cantons devenait, après cinq-cents ans, un État doté d
103 somme, ce ne fut guère qu’à partir de 1848 que la Suisse devint une « démocratie » au sens actuel de ce terme. Mais sa longue
104 e. Aussi, durant le siècle de paix que valut à la Suisse sa constitution, le foyer de tous les débats politiques en Suisse fût
105 tution, le foyer de tous les débats politiques en Suisse fût-il le problème des droits respectifs des cantons et de la Confédé
106 e et bourgeoise qui va de 1848 à 1914 permit à la Suisse de se consacrer de plus en plus à sa mission européenne. Tandis qu’un
107 devaient tirer plus d’avantages matériels que la Suisse . En même temps, des institutions internationales telles que l’Union p
108 ion monétaire latine choisissaient d’installer en Suisse leur siège central. La mission originelle de la Suisse trouvait ses f
109 e leur siège central. La mission originelle de la Suisse trouvait ses formes de réalisation moderne. Elle allait se manifester
110 anique au monde latin, devait représenter pour la Suisse une épreuve décisive de son fédéralisme. N’allait-on pas voir les can
111 effet. Pendant quatre ans, il ne fut question en Suisse que du « fossé moral » qui se creusait entre les deux groupes linguis
112 se manifester dans le haut commandement, l’armée suisse veilla fidèlement aux frontières ; et les déplacements fréquents de t
113 les déplacements fréquents de troupes romandes en Suisse alémanique ou de troupes alémaniques en terre romande ne firent qu’au
114 le sentiment de commune appartenance de tous les Suisses à leur idéal « national », ou plus exactement « supranational », supr
115 e monarchique, puis de la Révolution jacobine, la Suisse redevint la terre de refuge des exilés et des persécutés de tous les
116 tes. Grand Hôtel de l’Europe en temps de paix, la Suisse se fit Grand Hôpital du continent déchiré par la guerre. L’entre-deux
117 la guerre. L’entre-deux-guerres parut offrir à la Suisse l’occasion de couronner sa mission séculaire : en décidant de siéger
118 on d’une fédération mondiale ayant sa capitale en Suisse . Mais une fois le premier enthousiasme calmé, les Suisses, experts en
119 Mais une fois le premier enthousiasme calmé, les Suisses , experts en matière de fédéralisme, s’aperçurent très vite des faible
120 lité à la continuité profonde de son histoire, la Suisse demanda et obtint un statut spécial dans la Ligue. La Convention de L
121 prudence — jugée excessive en son temps — que la Suisse doit d’avoir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à
122 r la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944, la Suisse se vit plus isolée qu’elle ne l’avait jamais été au cours de son hist
123 mille mètres de rochers et de glaciers. Ainsi la Suisse menacée se resserrait autour de ses origines, et des lieux mêmes d’où
124 uelques-uns des caractères fondamentaux du peuple suisse , dans la mesure où l’on peut considérer qu’il forme une unité. Nous a
125 rder de très près les circonstances de l’histoire suisse et les motifs des actes principaux qui la jalonnent, on est tenté de
126 orial. De même, au xxe siècle, on a vu le peuple suisse refuser de s’annexer le Vorarlberg, qui avait pourtant plébiscité son
127 la politique de l’Europe tout entière ». C’est un Suisse , Benjamin Constant, qui observait que les gouvernements, lorsqu’ils p
128 s grande régularité géométrique… Il semble que la Suisse soit l’un des rares pays qui ait sacrifié des avantages territoriaux
129 utre trait qui se dégage à l’examen de l’histoire suisse , c’est une curieuse absence d’idéologie directrice, une méfiance pron
130 fédéralisme n’apparaît dans les écrits politiques suisses qu’à une époque toute récente. Les anciens chroniqueurs ignorent le m
131 ions personnelles ou collectives tolérées par les Suisses se révèle bien souvent la rançon de leurs plus sûres vertus civiques.
132 que l’on peut voir l’unité véritable de tous les Suisses . Nous avons indiqué au début que l’unité géographique du pays n’est g
133 , les hégémonies personnelles ou spirituelles, la Suisse présente bien peu des caractères reconnus d’une nation, et ne se défi
134 t ne se définit pas spontanément comme telle6. La Suisse peut être comparée à l’Europe, en ce sens qu’elle ne conçoit et ne re
135 uère plus de ressemblance entre les paysans de la Suisse centrale et les citoyens de Genève qu’entre les Grecs et les Hollanda
136 le garantie d’une pareille liberté. L’unité de la Suisse , en dernière analyse, est donc proprement politique, soit que l’on pr
137 mesure d’apercevoir pourquoi l’on peut parler des Suisses comme d’un seul peuple, malgré toutes leurs diversités. 1. Les Habs
138 cente critique. 2. E. Gagliardi, Histoire de la Suisse , 1925, p. 79. 3. L’expression apparaît pour la première fois dans un
139 m de l’époque de la Fronde rédigé par des soldats suisses , qui se plaignaient de n’être pas payés pour leurs services. « Les Su
140 nt de n’être pas payés pour leurs services. « Les Suisses ne se payent pas de paroles ! », écrivait Montluc. 4. Le fédéralisme
141 e exceptionnel, et n’éveille pas du tout chez les Suisses l’ensemble de sentiments et de passions qu’éveille le mot « nation »
3 1953, La Confédération helvétique. Les institutions politiques
142 s politiques La commune Comment devient-on Suisse  ? En obtenant l’agrégation à une commune dans un canton. Ce fait très
143 lieu de marquer entre le régime fédéraliste de la Suisse et les régimes centralistes de la plupart des États modernes. Pour de
144 ’immense territoire des États-Unis. Pour devenir Suisse , au contraire, l’étranger doit d’abord adresser aux autorités fédéral
145 ton ; c’est alors seulement qu’il sera un citoyen suisse  »7. Dans notre description des institutions suisses, nous ferons bien
146 uisse »7. Dans notre description des institutions suisses , nous ferons bien de suivre le même ordre, celui qui va de bas en hau
147 montré que la caractéristique de l’État populaire suisse « réside dans la dépendance de l’administration vis-à-vis de la justi
148 stice »9. Les premières légendes nationales de la Suisse décrivent en effet la lutte contre les baillis : c’est par exemple l’
149 Gasser « un instrument de la centralisation ». En Suisse , au contraire, les droits de la commune ne sont limités que par la lo
150 périence directe. L’origine ancienne des communes suisses laisse des traces notables dans leur organisation présente. C’est ain
151 e mentionner.) Aujourd’hui un tiers seulement des Suisses se trouvent habiter leur commune d’origine, mais ce phénomène n’a pas
152 ecté jusqu’ici le statut des « bourgeoisies ». La Suisse compte un peu plus de 3000 communes. Chacune possède son conseil comm
153 la preuve que cette autonomie va de soi chez les Suisses . Le contrôle du canton sur les communes se limite à examiner la confo
154 ur lesquels repose l’édifice fédéral. Les cantons suisses sont des États souverains « dans la mesure où leur souveraineté n’est
155 ience heureuse a rendu cette notion familière aux Suisses . Ils n’oublient jamais que leurs cantons sont antérieurs à la Confédé
156 collège dans son ensemble, trait particulier à la Suisse , et que nous retrouverons à l’échelon fédéral. Le Conseil d’État prép
157 ts et des meilleurs observateurs des institutions suisses , M. André Siegfried, ayant assisté à la Landsgemeinde de Glaris en 19
158 it, l’économie, le parti politique au pouvoir. En Suisse au contraire, toutes les combinaisons et permutations de ces diverses
159 ix qui se trouve laissée à chacun, que le citoyen suisse court chaque jour les chances d’une liberté réelle, dont il ne prend
160 sage de la fédération d’États qu’était l’ancienne Suisse à l’État fédératif qu’elle devint en 1848. Mais bien d’autres facteur
161 es, plus rarement idéologiques. Politiquement, la Suisse du xviiie siècle n’était pas un État, mais un enchevêtrement d’allia
162 3), la France révolutionnaire tenta d’imposer aux Suisses un régime totalement unifié, mais la résistance fut si forte, surtout
163 si forte, surtout dans les anciens cantons de la Suisse centrale, que Bonaparte se vit contraint de revenir à l’organisation
164 ifiées, l’Allemagne et l’Italie, aux portes de la Suisse . Économiquement, la situation devenait rapidement intenable. Sous le
165 e de 1815, écrit l’historien William Martin, « la Suisse ressemblait à l’Europe d’aujourd’hui. Les cantons souverains étaient
166 e leur politique économique. On comptait alors en Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’aunes, 87 mesures de grains, 81 pou
167 er, elle était impuissante. Oui, vraiment, cette Suisse « ressemblait à l’Europe d’aujourd’hui ». Son unification n’apparaiss
168 écrite, votée et mise en vigueur. Elle valut à la Suisse un long siècle de paix. Mais non moins que la ressemblance entre l’ét
169 non moins que la ressemblance entre l’état de la Suisse ancienne et celui de l’Europe d’aujourd’hui, ce qui frappe, c’est la
170 ient « embrasser dans leurs plans stratégiques la Suisse , comme si la grande forteresse des Alpes était un désert livré au pre
171 urs. L’essor économique, social et culturel de la Suisse fut immédiat. Aucune des catastrophes prédites et calculées par les t
172 les C’est la Constitution de 1848 qui régit la Suisse d’aujourd’hui, nonobstant un assez grand nombre de révisions partiell
173 sans doute l’institution la plus originale de la Suisse . Ses membres sont élus pour quatre ans par l’Assemblée et sont immédi
174 ment que le commandant d’une grande unité d’armée suisse n’est pas appelé général, mais colonel commandant de corps (ou de div
175 n primus inter pares. À la vérité, le pouvoir, en Suisse , reste d’ordre essentiellement collégial, qu’il s’agisse des cantons
176 stion d’un Département, il ne démissionne pas. La Suisse ne connaît pas les crises ministérielles et le ballet des portefeuill
177 nnent ou décèdent. C’est ainsi qu’en cent ans, la Suisse n’a compté que 63 ministres, dont un seul n’a pas été réélu bien qu’i
178 de l’appareil gouvernemental. Ce danger existe en Suisse , mais il est en grande partie neutralisé par les droits des cantons e
179 itiser l’exécutif, et la très grande majorité des Suisses s’y refuse. Le Conseil fédéral doit rester, à leurs yeux, au-dessus d
180 les catholiques-conservateurs, puissants dans la Suisse centrale et campagnarde, et par les libéraux-conservateurs, dont les
181 qu’il est le plus représentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le parti agrarien s’est form
182 s bourgeois. On le voit, le tableau des partis en Suisse ne présente rien de très typique, rien qui ne se retrouve à quelques
183 traces profondes dans la structure de l’économie suisse . Des plis ont été pris, des milliers d’emplois dans les bureaux fédér
184 usiasme ou l’indignation. En revanche, le citoyen suisse qui lit les comptes rendus des sessions, voit que ce sont ses affaire
185 politique, peut très bien signifier que le peuple suisse est satisfait de ses institutions et ne se pose pas de question de pr
186 ns accroc sont normalement un peu ennuyeuses. Les Suisses savent bien qu’on ne fait pas marcher une montre avec des arguments s
187 éférendum qui le ménagent. Grâce à eux, le peuple suisse n’a jamais l’impression que les pouvoirs qu’il a délégués à ses élus
188 fait pas de doute : dans son ensemble, le peuple suisse est l’un des moins révolutionnaires et l’un des plus évolutionnistes
189 hapitre suivant que la situation économique de la Suisse lui interdit tout gaspillage, bien loin de l’exiger comme il arrive d
190 en matière économique et sociale. ⁂ Les penseurs suisses ont souvent souligné les avantages que présentent les « petits États 
191 ser des institutions et coutumes politiques de la Suisse illustre ces déclarations. Encore faut-il bien préciser que la petite
192 homme ou d’un clan. Dans ses limites étroites, la Suisse eût fort bien pu perdre ses libertés, si elle n’avait pas su préserve
193 s. C’est dans ce sens que l’on a pu écrire : « La Suisse est une victoire de l’homme sur l’homme.20 » 7. G. Sauser-Hall, G
194 homme.20 » 7. G. Sauser-Hall, Guide politique suisse , 1947, p. 101. 8. Adolf Gasser, « Démocratie et fédéralisme. Confédé
195 onfédération, canton, commune », in La Démocratie suisse , 1948, p. 135. Cf. du même auteur : L’Autonomie communale et la recon
196 aat und Volkstaat, 1916. 10. André Siegfried, La Suisse , démocratie-témoin, 1948, p. 145-146 et 148. 11. Président du Consei
197 nseil d’État. 12. William Martin, Histoire de la Suisse , 1940, p. 241. 13. Cf. William Rappard, La Constitution fédérale de
198 . William Rappard, La Constitution fédérale de la Suisse , 1948, p. 43 à 49. On pense irrésistiblement aux accords bilatéraux o
199 enève à la Diète, en 1832. Cet Italien réfugié en Suisse au début de la Restauration, devint professeur à l’Université de Genè
200 1848, l’année qui vit le triomphe de ses idées en Suisse . 15. Cf. William Rappard, op. cit. p. 83 et p. 224 et 225. 16. Ce q
201 sentant. 17. Cf. G. Sauser-Hall, Guide politique suisse , 1947, p. 142 et art. 91 de la Constitution actuelle (art. 79 de la C
202 Bolla, « Le Tribunal fédéral », in La Démocratie suisse 1848-1948, p. 61. 19. André Siegfried, La Suisse, démocratie-témoin,
203 suisse 1848-1948, p. 61. 19. André Siegfried, La Suisse , démocratie-témoin, 1948, p. 154. 20. Gonzague de Reynold,Conscience
204 p. 154. 20. Gonzague de Reynold,Conscience de la Suisse , 1938.
4 1953, La Confédération helvétique. Institutions et aspirations économiques
205 pitre, de donner un tableau complet de l’économie suisse , ni d’analyser ses problèmes actuels : certaines modifications de la
206 es en réponse à ce challenge : la pauvreté du sol suisse . On s’imagine volontiers la Suisse comme un pays de pâtres pittoresqu
207 auvreté du sol suisse. On s’imagine volontiers la Suisse comme un pays de pâtres pittoresques qui chantent des jodels, font de
208 que 57 % vivent de l’industrie et du commerce. La Suisse est un des pays les plus industrialisés du monde. Cependant, près d’u
209 hés sur la mer. Le développement industriel de la Suisse apparaît donc au plus haut point paradoxal. Rappelons-en d’abord les
210 trouvons une première « constante humaine » de la Suisse avec les Markgenossenschaften (corporations forestières ; traduit-on
211 d, dans le Jura. Au xviiie siècle, les filatures suisses entrent en concurrence avec les cotonnades anglaises : déjà, les obse
212 ’étonnent du haut degré d’industrialisation de la Suisse . Mais dans l’ensemble, l’économie du pays reste essentiellement agric
213 ou de compenser les désavantages de la situation suisse . Il fallait tout d’abord se procurer les matières premières. Le choix
214 t de loin, ne coûtaient pas beaucoup plus cher en Suisse que dans les pays immédiatement voisins : le coton, la laine ; d’autr
215 nsèque : la soie, les métaux précieux. L’économie suisse se trouvait ainsi orientée, dès le départ, vers la spécialisation, le
216 ours encore, la principale source de richesse des Suisses . Leurs traditions artisanales les préparaient à cet effort depuis des
217 l’apparition des machines, les populations de la Suisse orientale avaient porté l’industrie textile à son plus haut point de
218 e pouvait assurer la supériorité de la production suisse dans certaines branches de l’industrie et pour un certain temps, ne d
219 t à la précision héréditaire du coup de main, les Suisses se virent contraints d’ajouter une qualité nouvelle, un nouveau moyen
220 s ici l’un des traits permanents du caractère des Suisses (Romands aussi bien qu’Alémaniques) : le besoin d’appliquer les résul
221 ne dira jamais assez que la supériorité technique suisse est à base de culture : le fameux Polytechnicum de Zurich, dont la ré
222 atoire de Neuchâtel, qui donne l’heure à toute la Suisse , collabore étroitement avec les fabricants d’horlogerie, en soumettan
223 ire que « proportionnellement à sa population, la Suisse est le premier pays du monde pour les inventions… Depuis 1925, on y a
224 sont nées dans les laboratoires industriels de la Suisse  : la crémaillère, la poudre DDT, le nescafé, la fermeture-éclair. Et
225 pécialisés, dépasse de très loin, dans les usines suisses , tout ce qu’on observe dans le reste du monde. À cette stratégie effi
226 e départ particulièrement défavorables, la nature suisse devait enfin venir en aide au xxe siècle, de la manière la plus impr
227 ière et de la propreté. Tout le monde sait que la Suisse est un pays propre, et même propret. Elle le doit en partie à son éle
228 nt largement à la distribution : 98 % des maisons suisses sont éclairées à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues de cu
229 tions générales du développement économique de la Suisse , telles que nous venons de les esquisser, présentent une certaine log
230 râce à l’une des rares richesses naturelles de la Suisse , l’eau des montagnes) l’aluminium, dont les usages se multiplient dan
231 ’une des cinq branches principales de l’industrie suisse , qui sont (classées d’après le nombre des personnes qu’elles emploien
232 ines, adaptées à la production de série. L’esprit suisse n’est pas porté à la recherche de la quantité, des effets de masse, m
233 uples ne s’unissent pas. ⁂ L’essor de l’industrie suisse , par un nouveau paradoxe, s’est produit dans la période même qui a vu
234 les barrières douanières s’élevaient autour de la Suisse . Or il est peu de pays qui dépendent aussi étroitement des échanges i
235 es dans les pays les plus fermés aux échanges. La Suisse s’est donc mise à exporter ses techniques et ses techniciens, ses mon
236 ys extraeuropéens. Dans la réalité économique, la Suisse s’est éloignée de ses voisins européens pour se rapprocher des Amériq
237 isme exaspéré, s’exprime par un seul chiffre : la Suisse continue d’exporter près du tiers de sa production globale, alors que
238 des montres sont vendues à l’étranger. Ainsi les Suisses , si jalousement attachés à leurs particularismes locaux et ennemis de
239 guère que dans le domaine de l’agriculture que la Suisse ait tenté une expérience d’autonomie relative, sous la menace d’étran
240 opulation et de ses besoins alimentaires. Pour la Suisse , la menace d’une guerre européenne constituait donc une menace de fam
241 nstitution de réserves alimentaires. Dès 1940, la Suisse se vit entièrement cernée par les puissances de l’Axe. Pour parer aut
242 nq ans, le plan Wahlen, s’il n’avait pas rendu la Suisse totalement autonome quant à son alimentation, n’en avait pas moins ob
243 a largement rétabli l’équilibre alimentaire de la Suisse . Cependant, l’avenir de la classe paysanne reste inquiétant, en dépit
244 ion des campagnes. Il n’en reste pas moins que la Suisse doit importer plus qu’elle n’exporte, et nous avons dit qu’elle expor
245 ire, une fois de plus, que le sort matériel de la Suisse dépend étroitement de l’équilibre européen et mondial. On imagine dif
246 nsemble ce que l’on pourrait appeler la mentalité suisse , ou l’attitude du Suisse devant la vie. Nous avons vu comment un bon
247 ait appeler la mentalité suisse, ou l’attitude du Suisse devant la vie. Nous avons vu comment un bon sens souvent un peu étroi
248 e la science. Nous avons vu aussi que l’industrie suisse n’est pas, comme dans les grands pays voisins, une de ces créations t
249 onditionnés par la psychologie profonde du peuple suisse et par ses traditions les plus solides. C’est pourquoi l’on peut affi
250 sa mesure. L’examen du budget moyen d’une famille suisse moyenne (4 personnes) d’ouvriers ou d’employés va nous permettre des
251 rié en particulier) est notablement plus élevé en Suisse que dans les pays voisins. Dans le budget annuel d’une famille d’ouvr
252 ivement forte du logement et de l’habillement. Le Suisse tient donc beaucoup plus que le Français ou l’Italien au confort maté
253 t un « bon client » pour la technique moderne, le Suisse moyen l’est aussi, on l’aura vu, pour les compagnies d’assurance. Cel
254 es d’assurance. Celles-ci sont au nombre de 48 en Suisse , y compris 7 compagnies de réassurance, qui détiennent le premier ran
255 imes qui leur sont payées — un milliard de francs suisses par an — provient des polices conclues à l’étranger. La Confédération
256 ntionnés en décrivant les origines de l’industrie suisse . Cette combinaison singulière de prudence et de science, de matériali
257 rdiesse dans l’invention pratique, c’est le génie suisse . Il ne donne sa pleine mesure que dans les circonstances où il se sen
258 risques immédiats. ⁂ S’il est vrai que le peuple suisse , dans son ensemble est adapté à son économie, celle-ci s’étant dévelo
259 c’est en effet l’impression générale que donne la Suisse . Les inégalités de niveau de vie y sont moins marquées que dans les g
260 la population entière bénéficie de la « richesse suisse  ». Les bâtiments publics : postes, gares, salles d’attente de tramway
261 ents d’un passé soigneusement conservé. Le peuple suisse n’a pas donné de très grands peintres et n’a pas créé de grands style
262 rait dire : de l’instinct — fédéraliste, chez les Suisses , que la structure des organisations syndicales. En 1946, il y avait e
263 organisations syndicales. En 1946, il y avait en Suisse environ 440 000 syndiqués, sur plus de 860 000 ouvriers27. Il existai
264 . Les fédérations qui composent l’Union syndicale suisse , et surtout celles de la Suisse romande, restent jalouses de leur aut
265 égard du secrétariat central dont le siège est en Suisse alémanique. On se trouve donc en présence d’une double organisation d
266 t revivre de nos jours la plus ancienne tradition suisse , et répondent comme les Markgenossenschaften des premiers cantons, à
267 ⁂ Si par rapport aux peuples qui l’entourent, la Suisse peut paraître « américanisée », ce n’est qu’à certaines apparences ma
268 ermes, le statut social et le statut matériel, en Suisse , nous semblent dépendre moins automatiquement l’un de l’autre que dan
269 essemblance des ouvriers américains, les ouvriers suisses ont une conception de la vie très voisine de celle des patrons : mais
270 s principes » — Ordre ou Révolution — laissent le Suisse relativement indifférent, ne donnent pas lieu à des discours enflammé
271 rréductibles, reste beaucoup plus grand entre les Suisses qu’ils ne semblent le croire eux-mêmes. Il pourrait être caractérisé
272 ions de banques privées avec l’étranger. La Radio suisse est une fédération de studios locaux largement autonomes, mais le Con
273 onc de l’État. Ce régime mixte s’est développé en Suisse sous la pression des nécessités pratiques de l’époque, mais en tenant
274 la lenteur à s’adapter, qu’on peut reprocher aux Suisses , est une nécessité profonde de leur économie, si dangereusement liée,
275 cit., p. 79, 82, 92. 23. Cf. Alfred Chapuis, La Suisse dans le Monde, 1939, p. 131, 148, 154, 159. La moyenne annuelle des b
276 ’environ 5600. 24. L’Annuaire statistique de la Suisse ajoute en note, après le chiffre concernant ces derniers appareils :
277 pour la nourriture des porcs ». 25. Exportations suisses en 1913 : vers l’Europe 75 % ; vers d’autres continents : 25 %. En 19
278 ssurances a augmenté de 4 %. 27. Union syndicale suisse  : 367 119 ; syndicats chrétiens (catholiques) 44 720 ; Union suisse d
279 syndicats chrétiens (catholiques) 44 720 ; Union suisse d’ouvriers et d’employés évangéliques 13 368 ; Union syndicale des ou
5 1953, La Confédération helvétique. La famille et l’éducation
280 on la religion, le niveau de vie et l’habitat. En Suisse , la situation se trouve singulièrement compliquée par l’adjonction de
281 udier séparément au moins vingt types de familles suisses , si l’on s’en tenait aux seuls facteurs énumérés et à leurs combinais
282 aisons. Car il existe des familles catholiques en Suisse alémanique et en Suisse romande ; et dans chacun de ces domaines ling
283 maniement des données générales sur « la famille suisse  ». L’Annuaire statistique de la Suisse indique par exemple pour le no
284 la famille suisse ». L’Annuaire statistique de la Suisse indique par exemple pour le nombre d’enfants vivants en 1941 par femm
285 chiennes, allemandes ou italiennes voisines de la Suisse , et que les mêmes régularités se vérifient ici comme là : les famille
286 d’en avoir le moins. Ce qui est particulier à la Suisse , c’est la juxtaposition de ces extrêmes, entre lesquels s’échelonnent
287 0,9 Ville de Genève 9,4 Pour l’ensemble de la Suisse , en 1940, l’indice des divorces était de 3,59 pour 1000 couples. Seul
288 vec un indice de 4,32 %. Vers 1940, le mariage en Suisse était donc moins stable qu’en France (2,33 %), qu’en Suède (2,63 %),
289 les attaches que la grande majorité des familles suisses , des plus modestes aux plus anciennes, gardent avec une commune et de
290 res que pourraient provoquer tant de divorces. La Suisse , divisée en cantons, est un pays où « tout le monde se connaît », où
291 ypique le fera voir : l’impôt que doit payer tout Suisse qui n’accomplit pas de service militaire est calculé partiellement d’
292 mais elle ne semble pas près d’être modifiée. La Suisse est en effet l’un des derniers États qui persiste à refuser les droit
293 ir, par les sondages de l’opinion, que les femmes suisses elles-mêmes dans leur majorité, ne revendiquent point ce que les homm
294 , ou moins souvent encore, lors des élections. En Suisse , au contraire, les « votations » se multiplient : référendums, initia
295 ent pas suffisant. À l’origine de la méfiance des Suisses , dans ce domaine, on devine certaines traditions germaniques. L’homme
296 ts, la cuisine, l’église). Et de fait, les femmes suisses , en société, laissent parler leurs maris ou parlent entre elles — à l
297 de cette absence de droits politiques, les femmes suisses jouent un rôle actif dans la vie professionnelle. Plus de 800 000 gag
298 sible d’estimer dans quelle mesure la famille, en Suisse , détermine plus ou moins qu’ailleurs la formation morale et civique d
299 t d’abord qu’il n’existe pas un type de « famille suisse  » que l’on puisse étudier avec un minimum d’objectivité scientifique,
300 éducatif est comme diffus dans toute l’atmosphère suisse , famille, sociétés, syndicats, armée, écoles. « Tout Suisse est pédag
301 mille, sociétés, syndicats, armée, écoles. « Tout Suisse est pédagogue », répètent les auteurs suisses. Et cela s’explique ais
302 Tout Suisse est pédagogue », répètent les auteurs suisses . Et cela s’explique aisément, sinon par une cause unique. Dans un pet
303 lutte ouverte de principes et de convictions, les Suisses se bornent à un échange insistant de bons conseils, d’avis moraux, de
304 otestante. Aux petites dimensions des communautés suisses , il convient d’ajouter un second facteur de didactisme : le goût de l
305 à se procurer. Or le génie technique, surtout en Suisse , est affaire de tradition, de transmission personnelle de père en fil
306 nouvelle. Elle se réclame de deux grands ancêtres suisses , Rousseau (avec l’Émile), et Pestalozzi. Dans cette lignée se placent
307 ttribuer la réputation universelle des pédagogues suisses et de leurs établissements privés. Certes, on a pu accuser certains d
308 ignement primaire dans plus d’un pays, et même en Suisse . Si l’on prend pour points de comparaison l’éducation américaine et l
309 on américaine et la française, il apparaît que la Suisse , ici comme ailleurs, a pris la voie médiane. La musique, la rythmique
310 ennent beaucoup plus de place dans les programmes suisses que ce n’est le cas en France, mais les sports y sont moins envahissa
311 envahissants qu’en Amérique. En général, l’élève suisse acquiert plus de connaissance précises que l’américain, et ne souffre
312 érale (à une seule exception près). Dans toute la Suisse , l’instruction primaire est à la fois obligatoire et gratuite. Les éc
313 oles publiques. En fait, presque tous les enfants suisses passent par l’école primaire publique, de l’âge de 6 ou 7 ans jusqu’à
314 ) est un des traits particuliers de la démocratie suisse moderne, née de la Constitution de 1848. La coéducation des sexes est
315 e bénédictins ou de capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La part des humanités y est très variable. Elle définit l
316 s, la Confédération avait pu créer l’« Université suisse  » prévue par la Constitution, l’on eût assisté à la naissance d’un pr
317 igilance leurs caractères locaux, les universités suisses s’efforcent de plus en plus d’attirer les étudiants étrangers. Elles
318 n s’apercevra que la « fédéralisation » répond en Suisse aux exigences de l’efficacité, bien plus qu’à celles d’une doctrine o
319 typique de la France centralisée, est inconnu en Suisse , puisque aucune des sept universités ne saurait être considérée comme
320 alvin. ⁂ Cette esquisse du système d’éducation en Suisse resterait par trop incomplète si l’on n’y ajoutait quelques aperçus s
321 lisme prêcheur tient davantage à la légende d’une Suisse calviniste, qu’à la réalité présente. Ce qui distingue la presse suis
322 à la réalité présente. Ce qui distingue la presse suisse de ses voisines, c’est plutôt sa méfiance à l’égard des jugements hât
323 mmune la plus profonde que reçoivent les citoyens suisses , leur est donnée par le service militaire. L’armée L’armée suis
324 e par le service militaire. L’armée L’armée suisse est une armée de milices. La Constitution fédérale interdit à la Conf
325 on est fournie par ce simple fait : chaque soldat suisse entre les périodes d’instruction ou de mobilisation, conserve chez lu
326 ire. Ni antimilitariste ni militariste, le peuple suisse considère son armée, avant tout, comme une école pour adultes : école
327 s neutres. En 1946, l’indice des divorces pour la Suisse était de 4,8 %, soit un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu
328 ans le présent ouvrage le commun dénominateur des Suisses de tous les cantons, des deux religions et des quatre langues. 30. U
329 0. Un des plus fins moralistes du xixe siècle en Suisse , Félix Bovet, écrivait : « Cet enfant m’inquiète, il est trop avancé,
330 ois du xixe siècle. 32. V. Moine, « Les écoles suisses  », in La Démocratie suisse, 1948, p. 329. 33. En 1882, le peuple sui
331 . Moine, « Les écoles suisses », in La Démocratie suisse , 1948, p. 329. 33. En 1882, le peuple suisse a rejeté le projet de l
332 tie suisse, 1948, p. 329. 33. En 1882, le peuple suisse a rejeté le projet de loi instituant un secrétariat scolaire fédéral,
6 1953, La Confédération helvétique. La vie religieuse
333 religieuse Sur les origines du christianisme en Suisse , l’historien ne dispose que de récits légendaires. Il semble que dès
334 t qui ne tardent pas à coloniser toute l’actuelle Suisse alémanique. Les Alamans adorent Zin, le créateur du monde, et célèbre
335 mains. Nombre de traits typiques de la démocratie suisse actuelle (particularisme, répugnance à subir l’autorité, goût du serv
336 Ouest resté burgonde, la plus grande partie de la Suisse est donc redevenue païenne au vie siècle. Lorsque les missionnaires
337 évangélisation, en sorte que le christianisme, en Suisse , sera le dernier rejeton de la « civilisation de Iona » comme dirait
338 spérité matérielle autant que spirituelle38 de la Suisse orientale, avec son hôtellerie et ses fermes, ses écoles et leurs cen
339 est celui d’Einsiedeln, situé en plein cœur de la Suisse primitive, et d’ailleurs continuellement attaqué par les Schwyzois. O
340 ffichage des thèses de Luther. À cette époque, la Suisse alémanique détenait pour la Curie romaine une importance politique et
341 rasbourg, comptait beaucoup de disciples chez les Suisses  : Nicolas de Flue, qui venait de mourir, avait résumé dans sa personn
342 te alsacienne39. Il avait d’autre part montré aux Suisses la voie de cette politique de neutralité dans laquelle Zwingli allait
343 a donné sa forme et son esprit au protestantisme suisse . Les débuts de sa réforme, à Zurich, datent de 1518, lorsqu’il déclar
344 ent à Genève qu’en 1540. Or Genève n’est liée aux Suisses que par quelques traités de combourgeoisie. Elle ne fait pas partie d
345 n Amérique bien plus qu’elle ne le fera jamais en Suisse . C’est Zwingli qui conduit les protestants lors des premières guerres
346 siècle. Dès l’époque de Zwingli, le partage de la Suisse entre les deux confessions s’est opéré dans ses grandes lignes. Il va
347 u dernier recensement (1941), la population de la Suisse , résidents étrangers compris, offrait la composition confessionnelle
348 d’établissement était refusé par les cantons aux Suisses d’une confession différente de celle de la majorité. La Constitution
349 ’établissement définitif de la paix religieuse en Suisse . Et tout d’abord, la renonciation totale aux alliances particulières
350 er oublier le fait déjà remarquable que le peuple suisse est acquis au respect effectif des consciences, il ne comprend plus l
351 es que religieux, ne paraît nullement frapper les Suisses . Bien qu’ils se coudoient journellement, et qu’il existe dans presque
352 régime fédéraliste et la religion. La Réforme, en Suisse , fut l’œuvre personnelle de Zwingli, et dans l’ensemble, le protestan
353 de Zwingli, et dans l’ensemble, le protestantisme suisse est resté beaucoup plus zwinglien que calviniste. Non point qu’on lis
354 octrines soient enseignées. Mais il a proposé aux Suisses la forme de religion qui convenait le mieux au tempérament du plus gr
355 enève, s’est heurté à des résistances typiquement suisses , et ne les a jamais surmontées. Les formes liturgiques qu’il préconis
356 et inné dont nous avons vu qu’il se manifeste, en Suisse , par une résistance instinctive à l’égard des titres, des formes et d
357 ment des formes culturelles, chez les protestants suisses , ne saurait être attribué à la seule influence de Zwingli. Il traduit
358 e intransigeant, et aussi une pudeur profonde. Le Suisse est plus naturellement porté qu’aucun autre Européen à traiter de « s
359 emière moitié du xixe siècle, a doté les églises suisses de cantiques anglo-saxons aux rythmes tantôt allègres, tantôt traînan
360  conseil d’église ». Il en résulte que « l’Église suisse  » comme telle n’existe guère, n’est qu’une fédération assez lâche d’É
361 ière. On comprendra dès lors qu’il n’y ait pas en Suisse de parti politique protestant. Il existe au contraire un parti cathol
362 ois de plus que l’adjectif évoque généralement en Suisse non pas le lien fédéral, mais l’autonomie des cantons. Chez certains
363 Il existe une doctrine catholique spécifiquement suisse de l’État et du fédéralisme, illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Se
364 domaine politique, si bien qu’il n’existe pas en Suisse d’antagonismes profonds et essentiels quant à la doctrine de l’État,
365 ns toute la civilisation occidentale, s’ajoute en Suisse une cause historique très précise. Les fondateurs de la Confédération
366 rmanente pour la solidité du lien confédéral. Les Suisses ne sont pas anticléricaux, pour la raison que le cléricalisme a depui
367 ncères le matérialisme assez épais qui menace les Suisses dans leur prospérité. Une seule exception mérite d’être signalée à la
368 oncent les meilleurs restaurants. La religion des Suisses ne saurait être mesurée à ses manifestations extérieures. Plus morale
369 ngli, 1947, p. 94. Remarquons que les protestants suisses qui n’accepteraient jamais d’avoir des évêques — comme en ont les All
7 1953, La Confédération helvétique. Le peuple suisse et le monde
370 Chapitre VI.Le peuple suisse et le monde Nous pensons en avoir assez dit, dans les chapitres pré
371 s précédents, pour établir en toute clarté que la Suisse n’est pas une nation, au sens que le terme a pris pendant le xixe si
372 a majorité le leur fait sentir sans scrupules. En Suisse , nous l’avons dit, le problème des minorités ne se pose pas : chaque
373 lturelle ou dynastique, ce qui rassemble tous les Suisses en un seul corps aux membres bien articulés, c’est l’attachement comm
374 s Alpes il y a plus de six siècles et demi. Si la Suisse a donné à l’histoire de l’Europe et du monde quelque chose d’unique,
375 à le nier. Mais il n’est pas moins évident que la Suisse moderne a pris conscience d’elle-même en tant qu’unité fédérale, et q
376 nce vitale de ce lien politique, tous les auteurs suisses sont d’accord. Citons-en trois : un homme d’État, un général, un roma
377 dans un pays centralisé. Le moindre morceau de la Suisse qu’un de nos voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’estomac bien
378 Guisan, loin de déplorer la diversité des troupes suisses , soulignait sa nécessité : Si le fédéralisme est la sauvegarde du pa
379 ule ! Il serait aussi vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler leurs montagnes ! Si les différences sont in
380 t son 14 avril, Neuchâtel son 1er mars ; toute la Suisse a son 1er août ! Et si l’armée est la seule éducation générale qu’un
381 itié » : Qu’il est donc réjouissant que tous les Suisses ne soient pas sortis du même moule, qu’il y ait des Zurichois et des
382 tion de ce que l’on peut appeler le « patriotisme suisse  », mêlant le sentiment de la nature à une espèce particulière d’entho
383 ne importance particulière : L’appartenance de la Suisse à trois grandes civilisations de l’Occident, et la réunion de ces tro
384 re, il est remarquable que l’« appartenance de la Suisse à trois grandes civilisations » soit mentionnée précisément comme une
385 talie et l’Allemagne ? Ce problème spécifiquement suisse a donné lieu à des études aussi nombreuses que peu concluantes dans l
386 emble, les unes cherchant à définir une « culture suisse  » qui apparaîtrait en filigrane dans les œuvres des trois principales
387 duisible. Néanmoins, du point de vue culturel, la Suisse alémanique n’a rien de « provincial » au regard de l’Allemagne, beauc
388 concert des voix germaniques. Bodmer et « l’école suisse  », Jean de Haller, Gessner, Lavater, ont dominé pendant plusieurs déc
389 indéterminé, toujours prêt à suivre un Führer, le Suisse particularisé de la manière la plus précise — de même que son pays es
390 se ; l’Allemand du Nord plus ou moins slavisé, le Suisse formé par une tradition chrétienne beaucoup plus ancienne, et forteme
391 ge ; l’Allemand volontiers « catastrophique », le Suisse calculateur, empirique et posé. L’opposition entre Luther et Zwingli
392 emagne s’unifiait sous la férule de la Prusse, la Suisse alémanique s’en distinguait davantage par son climat moral et ses ins
393 Zurich et de Bâle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut divisée en deux camps, l’un proallemand à l’est de l’Aar,
394 egardent les hommes d’affaires et les industriels suisses . Quant aux milieux intellectuels, coupés de leurs bases depuis 1933,
395 à la Suisse romande d’être à la France ce que la Suisse alémanique fut souvent à l’Allemagne ; du moins l’a-t-il protégée dan
396 re catholique46 ; politiquement, enfin, il est un Suisse . Laissons ici la parole à un auteur français qui a su dire mieux que
397 que tout autre comment on voit, de son pays, les Suisses romands : Membres de la famille spirituelle française, ils se flatte
398 ord. Leur esprit libertaire n’est pas un héritage suisse , mais il remonte directement au mouvement des communes lombardes, don
399 ts de la Péninsule répandus dans tous les cantons suisses . L’helvétisation du Tessin a progressé très rapidement depuis 1848, e
400 ’ancien provençal. ⁂ La vocation européenne de la Suisse est donc clairement inscrite dans son « appartenance à trois grandes
401 saisissant les principes directeurs de l’histoire suisse et la mission internationale qui en découle : Les différentes chaîne
402 Ce n’est pas par hasard que les premières ligues suisses ont pris naissance près du col qui le franchit. Ce fait providentiel
403 oppi, le Tessin remplit d’autant mieux sa mission suisse qu’il maintient plus purs ses liens spirituels avec ce qui fait la gr
404 un raisonnement analogue est vrai aussi pour les Suisses romands et pour les Suisses alémaniques. Précisément parce que nous r
405 t vrai aussi pour les Suisses romands et pour les Suisses alémaniques. Précisément parce que nous refusons d’admettre la théori
406 ultures allemande, française et italienne. L’idée suisse n’est pas un produit de la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œ
407 irituelle. L’origine permanente de la neutralité suisse est clairement désignée dans cette page. Comment un pays dont l’essen
408 nt partisanes : c’est bien pourquoi la neutralité suisse s’est affirmée comme principe politique permanent au cours de la guer
409 es et des religions, diversité qui contraignit la Suisse moderne à une neutralité seconde, pour la sauvegarde, cette fois, du
410 squ’ils reconnaissent que « l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans les vrais
411 l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance de la Suisse à trois grandes civilisations » devient la raison même de son « indép
412 gère ». On voit maintenant comment la neutralité suisse , nécessaire à l’Europe, est vitale pour la Suisse ; et comment elle e
413 suisse, nécessaire à l’Europe, est vitale pour la Suisse  ; et comment elle exprime à la fois la raison d’être du pays et l’équ
414 is que cet équilibre est renouvelé, la neutralité suisse prend de nouveaux aspects. (Traités de Westphalie en 1648, traités de
415 ration de Londres en 1920, lors de l’entrée de la Suisse dans la Société des Nations.) Et l’on comprend enfin pour quelles rai
416 plir les conditions qui définissent la neutralité suisse  : grand-garde montée autour d’un principe universel, et sauvegarde d’
417 ive n’est pas absente de l’esprit des gouvernants suisses , comme en font foi les lignes suivantes, signées par l’actuel ministr
418 ées par l’actuel ministre des Affaires étrangères suisse  : Il n’est pas sans intérêt de relever qu’aujourd’hui se manifestent
419 ⁂ Dans la communauté des nations, le rôle de la Suisse est donc de maintenir conjointement les deux principes de neutralité
420 ns leurs motifs allégués, a souvent fait taxer la Suisse d’égoïsme, d’isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout e
421 oublier que la volonté de neutralité s’accorde en Suisse avec une obligation à la fois constitutionnelle et internationale. Au
422 uelle. De plus, à ces reproches d’ordre moral, la Suisse a répondu en actes, mieux qu’en paroles. Durant la dernière guerre, e
423 ardements ou la famine. En 1945, l’œuvre du « Don suisse  » en faveur des victimes de la guerre ou « Aide à l’Europe » s’est vu
424 ant en 1863, ait adopté pour pavillon celui de la Suisse , en intervertissant simplement ses couleurs. On sait que le Comité in
425 siège à Genève, est constitué uniquement par des Suisses  : son autorité, si peu contestée pendant les deux dernières guerres,
426 témoignage de l’interdépendance de la neutralité suisse et de la solidarité européenne, se révèle dans le choix de la Suisse
427 idarité européenne, se révèle dans le choix de la Suisse comme siège d’un très grand nombre d’institutions internationales. La
428 nique des Églises allait s’installer à Genève, la Suisse devenait la gardienne du premier organisme politique universel, au se
429 . Pendant la guerre de 1939-1945, le gouvernement suisse accepta de défendre les intérêts de 43 États belligérants sur le terr
430 érences internationales ont tenu leurs assises en Suisse , et ce nombre s’accroît rapidement d’année en année. ⁂ Tous ces faits
431 année en année. ⁂ Tous ces faits démontrent qu’en Suisse — prototype d’une fédération d’États autonomes et librement associés 
432 s, en les hébergeant. Mais la participation de la Suisse aux entreprises même qu’elle accueille, pose un problème bien différe
433 t fédératif moderne, la politique étrangère de la Suisse fut non seulement neutre, mais quasi inexistante. La direction du Dép
434 uer de profonds changements dans l’attitude de la Suisse en ce domaine. Le nombre des légations suisses est actuellement de 55
435 la Suisse en ce domaine. Le nombre des légations suisses est actuellement de 55. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a poin
436 s généraux sont appelés colonels : le tempérament suisse est nettement réfractaire à l’inflation des titres.) Le Département p
437 ortants tendent à entraver la participation de la Suisse en tant qu’État aux conseils internationaux. C’est tout d’abord une v
438 populaire, voire paysanne, et surtout sensible en Suisse alémanique, à l’endroit des « aventures étrangères ». Elle se traduit
439 r une coutume bizarre, qui veut que les ministres suisses , c’est-à-dire les conseillers fédéraux, ne quittent pas le pays pour
440 ns jugées prématurées ou peu sincères. Lorsque la Suisse fut invitée à entrer dans la Société des Nations, elle se préoccupa t
441 i) la refusant. Une fois entrée dans la Ligue, la Suisse fut la première à signer la clause d’arbitrage obligatoire, mais elle
442 té ne sont pas certaines, explique le fait que la Suisse n’ait pas encore adhéré à l’Organisation des Nations unies. Elle est
443 é se verrait alors compromise, mais parce que les Suisses connaissent, en vertu d’une longue expérience, les conditions d’une v
444 nce générale, tout tend à confirmer, aux yeux des Suisses , que l’heure n’est pas encore venue de sacrifier la raison d’être de
445 témoins les plus proches, induit la majorité des Suisses à persister dans une position d’attente. « Chat échaudé craint même l
446 brûlant encore, ne manquera pas de se poser à la Suisse au cours des années qui viennent, dans le plan plus restreint de l’Eu
447 peuvent-ils s’y associer ? Ici, la position de la Suisse devient au plus haut point paradoxale. Car, d’une part, on l’offre en
448 es. Le paradoxe, pourtant, n’est qu’apparent. La Suisse fédéraliste, neutre, et armée, représente en effet une conception pos
449 ope, enfin réconciliée avec elle-même. Mais cette Suisse -là, précisément, doit être la dernière, en bonne logique, à s’intégre
450 n invoque la solidarité, laissant entendre que la Suisse y manque en se tenant seule aux principes qui ont assuré sa liberté,
451 s’accomplir qu’à l’échelle de l’Europe : alors la Suisse s’évanouirait pour ainsi dire dans le succès de son idée. Mais elle c
452 comme surent le faire il y a cent ans les cantons suisses . Encore faut-il que cette fédération soit bien réelle et sincèrement
453 tes de puissances ou de blocs. Alors seulement la Suisse pourra, sans renier sa vocation profonde, se fondre en une Europe « h
454 aditionnelle et romaine. 47. André Siegfried, La Suisse , démocratie-témoin, 1948, p. 60. 48. Max Petitpierre, conseiller féd
455 l, « Propos sur la Neutralité », in La Démocratie suisse , 1948, p. 176. 49. En 1941, l’UNRRA ne disposait pas d’un montant su