1 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
1 usions et aux appels à la souffrance d’une sainte Thérèse et d’un Jean de la Croix »60. Mais alors pourquoi rejeter sans discus
2 symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse … d) Dans un poème d’Omar Ibn al Faridh — pour prendre un exemple entr
3 provençal. C’est l’oraison jaculatoire de sainte Thérèse  : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me
2 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
4 énovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse , mais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle,
5 les textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean de la Croix au xvie siècle, nous y retrouvons, jusque
6 des génies comme saint Jean de la Croix et sainte Thérèse étaient mieux avertis que quiconque des dangers de la « luxure spirit
7 ience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse  : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… Mais trouverait-
8 t, sa nature ?107 » Tous les mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas pal
9 le plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-
10 thodoxe par-dessus le marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes précis dont saint Jean de la Croix f
11 x fait usage. Nous pouvons cependant, pour sainte Thérèse , retrouver quelques sources certaines. « On a souvent signalé le goût
12 stiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans de chevalerie (voir sa Vie par
13 o de Laredo et Malou de Chaide [maîtres de sainte Thérèse ], aussi bien que dans les Exclamations et le Château intérieur. b) E
14 La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrait être également « aimer pour agir ». [Ici, je ferais quelques
15 d’Assise. En se limitant à l’évolution de sainte Thérèse , on constate que les romans de chevalerie ont eu sur elle une influen
16 Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens
17 vrosé. « Il vous semblera peut-être, écrit sainte Thérèse , que certaines choses qui se rencontrent dans le Cantique des Cantiqu
18 rits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclus
19 ’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettement « christocentriques ». Tout c
20 our désigne pour moi l’attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour —, donc cette mystique est une érotomane qui
21 ane qui s’ignore. » Mais nous avons vu que sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire, les amants « passionnés » sont san
22 , et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse , Jean de la Croix, sont exactement le contraire de ce qu’on nomme des
23 urs répercussions dans la vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui la poussaient à mieux agir,
24 (voir plus bas, chap. iii) mais bien pour sainte Thérèse qui y insiste en toute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir
25 t 3-4 du livre IV. 106. Ce cri célèbre de sainte Thérèse est inspiré de la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du dési
26 n, l’Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse , IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 111. Travaux de Max Nor
3 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
27 res. 121. C.-A. Cingria, Pétrarque. 122. Sainte Thérèse  : « Ces grâces sont accompagnées d’un entier détachement des créature
28 que le vulgaire errant se plaise ! » 124. Sainte Thérèse  : « C’est un martyr à la fois délicieux et cruel ». 125. Sainte Thér
29 rtyr à la fois délicieux et cruel ». 125. Sainte Thérèse  : « L’âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fo
30 dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 127. Sainte Thérèse  : « De ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une doul
31 peut s’arracher à cette solitude. » 128. Sainte Thérèse  : « Quelle souveraineté que celle d’une âme qui portée à cette hauteu
32 elevé l’influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en général. 133. La Tragédie de Roméo et
4 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
33 . Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor :
5 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
34 nsualité déchaînée, que pensera-t-on d’une sainte Thérèse , d’un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter
35 plus tard, d’autres mystiques catholiques, sainte Thérèse et saint Jean de la Croix, reprendront bel et bien les expressions de
36 sensuel, la déduction vaudrait aussi pour sainte Thérèse  ; ce dont M. Gilson ne saurait se réjouir. c) Les troubadours chante
6 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Les origines religieuses du mythe
37 symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse … d) Dans un poème du « sultan des amoureux », Omar Ibn al Faridh — p
38 provençal. C’est l’oraison jaculatoire de sainte Thérèse  : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me
7 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Passion et mystique
39 énovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse , mais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle,
40 les textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean de la Croix au xvie siècle, nous y retrouvons, jusque
41 des génies comme saint Jean de la Croix et sainte Thérèse étaient mieux avertis que quiconque des dangers de la « luxure spirit
42 ience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse  : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… Mais trouverait-
43 t, sa nature125 ? » Tous les mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas pal
44 le plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-
45 thodoxe par-dessus le marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes précis dont Jean de la Croix fait us
46 x fait usage. Nous pouvons cependant, pour sainte Thérèse , retrouver quelques sources certaines. « On a souvent signalé le goût
47 stiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans de chevalerie (voir sa Vie par
48 no de Laredo et Malou de Chaide [maître de sainte Thérèse ], aussi bien que dans les Exclamations et le Château intérieur. b) E
49 La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourraient être également « aimer pour agir ». [Ici, je ferai quelque
50 d’Assise. En se limitant à l’évolution de sainte Thérèse , on constate que les romans de chevalerie ont eu sur elle une influen
51 Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens
52 vrosé. « Il vous semblera peut-être, écrit sainte Thérèse , que certaines choses qui se rencontrent dans le Cantique des Cantiqu
53 its d’un Eckhart, avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclus
54 ’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettement « christocentriques ». Tout c
55 our désigne pour moi l’attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour — donc cette mystique est une érotomane qui
56 ane qui s’ignore. » Mais nous avons vu que sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire, les amants « passionnés » sont san
57 , et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse , Jean de la Croix, sont exactement le contraire de ce qu’on nomme des
58 urs répercussions dans la vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui la poussaient à mieux agir,
59 rt (voir plus bas, chap. 3) mais bien pour sainte Thérèse qui y insiste en toute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir
60 t III-V, livre IV. 124. Ce cri célèbre de sainte Thérèse fait écho à celui de la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs d
61 n, L’Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse , IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 129. Travaux de Max Nor
8 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe dans la littérature
62 res. 139. C. A. Cingria, Pétrarque. 140. Sainte Thérèse  : « Ces grâces sont accompagnées d’un entier détachement des créature
63 que le vulgaire errant se plaise ! » 142. Sainte Thérèse  : « C’est un martyre à la fois délicieux et cruel. » 143. Sainte Thé
64 tyre à la fois délicieux et cruel. » 143. Sainte Thérèse  : « L’âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fo
65 dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 145. Sainte Thérèse  : « De ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une doul
66 ne peut s’arracher à cette solitude. 146. Sainte Thérèse  : « Quelle souveraineté que celle d’une âme qui portée à cette hauteu
67 elevé l’influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en général. 151. La Tragédie de Roméo et
9 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Amour et guerre
68 . Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor :
10 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
69 symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse … d) Dans un poème du « sultan des amoureux », Omar Ibn Al Faridh — p
70 de Tristan. C’est l’oraison jaculatoire de sainte Thérèse  : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me
11 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
71 énovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse , mais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle,
72 les textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean de la Croix au xvie siècle, nous y retrouvons, jusque
73 des génies comme saint Jean de la Croix et sainte Thérèse étaient mieux avertis que quiconque des dangers de la « luxure spirit
74 ience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse  : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… Mais trouverait-
75 t, sa nature ? »115 Tous les mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas pal
76 le plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-
77 thodoxe par-dessus le marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes précis dont Jean de la Croix fait us
78 x fait usage. Nous pouvons cependant, pour sainte Thérèse , retrouver quelques sources certaines. « On a souvent signalé le goût
79 stiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans de chevalerie (voir sa Vie par
80 no de Laredo et Malou de Chaide [maître de sainte Thérèse ], aussi bien que dans les Exclamations et le Château intérieur. b) E
81 i. La devise d’Amadis de Gaule et celle de sainte Thérèse pourraient être également « aimer pour agir ». [Ici, je ferai quelque
82 ’Assise. En se limitant à l’évolution de sainte Thérèse , on constate que les romans de chevalerie ont eu sur elle une influen
83 Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens
84 vrosé. « Il vous semblera peut-être, écrit sainte Thérèse , que certaines choses qui se rencontrent dans le Cantique des Cantiqu
85 rits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclus
86 ’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettement « christocentriques ». Tout c
87 our désigne pour moi l’attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour — donc cette mystique est une érotomane qui
88 ane qui s’ignore. » Mais nous avons vu que sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire les amants « passionnés » sont sans
89 , et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse , Jean de la Croix, sont exactement le contraire de ce qu’on nomme des
90 urs répercussions dans la vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui la poussaient à mieux agir,
91 rt (voir plus bas, chap. 4) mais bien pour sainte Thérèse qui y insiste en toute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir
92 ii-iv du livre IV. 114. Ce cri célèbre de sainte Thérèse fait écho à celui de la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs d
93 n, l’Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse , IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 119. Travaux de Max Nor
12 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
94 es. 128. C. A. Cingria, Pétrarque. 129. Sainte Thérèse  : « Ces grâces sont accompagnées d’un entier détachement des créature
95 que le vulgaire errant se plaise ! » 131. Sainte Thérèse  : « C’est un martyre à la fois délicieux et cruel. » 132. Sainte Thé
96 tyre à la fois délicieux et cruel. » 132. Sainte Thérèse  : « L’âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fo
97 dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 134. Sainte Thérèse  : « De ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une doul
98 peut s’arracher à cette solitude. » 135. Sainte Thérèse  : « Quelle souveraineté que celle d’une âme qui, portée à cette haute
99 elevé l’influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en général. 140. La Tragédie de Roméo et
13 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
100 . Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor :
14 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
101 nsualité déchaînée, que pensera-t-on d’une sainte Thérèse , d’un Ruysbroek ! b) « On n’a jamais entendu saint Bernard souhaiter
102 plus tard, d’autres mystiques catholiques, sainte Thérèse et saint Jean de la Croix, reprendront bel et bien les expressions de
103 sensuel, la déduction vaudrait aussi pour sainte Thérèse  ; ce dont M. Gilson ne saurait se réjouir. c) Les troubadours chante