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parce qu’elles décrivent ses désirs réalisés. Cet
amour
à peu près unanime figure la bonne conscience conservatrice du régime
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remières, ceux qui méprisent la vie bourgeoise, l’
amour
et le mariage bourgeois, l’idéalisme romantique, la croyance vulgaire
3
e, la Puissance nationale, l’Honneur, l’Esprit, l’
Amour
, la Civilisation, — les lieux communs de l’ère finissante ne sont plu
4
André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)j L’
amour
d’un homme de cinquante ans et d’une jeune femme forme l’unique sujet
5
ux êtres dont la vocation paraît inséparable de l’
amour
qui les domine. Une analyse racinienne des sentiments s’unit ici à la
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té tendre de son « inquisition » rend un sens à l’
amour
humain, disqualifié dans la littérature d’aujourd’hui par trop d’indi
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eur… Pendant six minutes. Et quand ce hurlement d’
amour
s’apaisa, on entendait encore une rumeur d’océan au-dehors. Le journa
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ant 1933. Il ne s’agit pas de haine : il s’agit d’
amour
. Il ne s’agit pas de politique, mais de religion, mais de cérémonies
9
le Règne de l’esprit malin), entrée du cinéma (l’
Amour
du Monde), approche de la fin du monde (Présence de la Mort, Les Sign
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e avec l’objet ; elle est dans la volonté, dans l’
amour
, dans la création du contact avec l’objet. » Mais on peut dire cela d
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les facultés humaines de création, d’espérance, d’
amour
? Pour nous borner à un exemple : les disciplines imposées par le Pla
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e à opposer l’esprit gaulois aux conventions de l’
amour
courtois, et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en opposi
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rtois, et à y voir la conception naturaliste de l’
amour
, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie, auss
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tes les complications naturelles et sociales de l’
amour
, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle,
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alifier : C’est la générosité française, c’est l’
amour
français de l’indépendance, c’est ce sens français de l’universel, c’
16
des créateurs ! C’est leur fait d’être pauvres en
amour
du prochain » ; et : « Toute création est communication. Celui qui co
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ites d’un ouvrage qui paraîtra sous ce titre : L’
Amour
et l’Occident . Partant d’une analyse approfondie des cinq légendes p
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l spirituel vers le monde incréé de la Lumière. L’
Amour
mystique, dont le symbole était la « Dame des pensées » dans la lyriq
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non-possession des corps. D’Amor mou castitaz : d’
Amour
vient la chasteté, chante Guilhem Montanhagol. Un tel Amour n’admet p
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t la chasteté, chante Guilhem Montanhagol. Un tel
Amour
n’admet point le mariage, car il n’a pas pour fin suprême la vie, mai
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comme l’a magnifiquement montré Wagner. C’est cet
Amour
mystique, bientôt sécularisé et « profané » par la littérature, qui d
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le xiie siècle, à une forme toute nouvelle de l’
amour
humain : la passion. Ignorée des Anciens, ou considérée par eux comme
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ces trois refus était en vérité la doctrine de l’
Amour
, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé av
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incts asservissants. L’apparition de la passion d’
Amour
devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adultère
25
is nous avons montré que le symbole courtois de l’
amour
pour une Dame spirituelle, amour évidemment incompatible avec le mari
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le courtois de l’amour pour une Dame spirituelle,
amour
évidemment incompatible avec le mariage dans la chair, devait amener
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est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal, l’
amour
était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais encor
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armés chevaliers parce qu’ils savaient chanter l’
Amour
. Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler d’une féodalité dém
29
n tel jugement se fonde sur une équivoque : car l’
Amour
dont il s’agissait n’était rien d’autre que la foi cathare, et l’acce
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confusion inévitable de la Dame, pur symbole de l’
Amour
, avec telle femme réelle et désirable ; la rhétorique de l’Amour cath
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le femme réelle et désirable ; la rhétorique de l’
Amour
cathare servit aux amoureux profanes. La conséquence en fut l’extrava
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eul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l’
amour
sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité,
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e. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’
amour
fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : dernier
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couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage d’
amour
» moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anx
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ers le type contraire du Don Juan, de l’homme aux
amours
successives. Les catégories se détruisent. L’aventure n’est plus même
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uisse de nouveau le poursuivre et « ressentir » l’
amour
en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des amants
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comparable et autonome à son côté, une exigence d’
amour
actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la
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Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’
amour
tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple du ma
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ce des contraintes matrimoniales et du mythe de l’
amour
mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’anarchie
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nc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’
amour
courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occident no
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tra en octobre, on tentera de définir une forme d’
amour
exactement opposée à l’amour-passion : l’amour-action. 83. Voir su
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sans l’avouer une conception tout hérétique de l’
amour
. 86. Sauf peut-être aux États-Unis, s’il faut en croire certains éch
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e la satisfaction. On n’aime pas Iseut, on aime l’
amour
. On ne veut pas se satisfaire, on veut brûler. 89. Le Dict de Padma
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L’
amour
action, ou de la fidélité (novembre 1938)ap 1. Nécessité d’un pa
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n que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’
amour
, il faudrait développer une violence spirituelle qui tue mieux que la
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olence spirituelle qui tue mieux que la passion d’
amour
: celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais enc
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pieux qui estimait que la religion devait être un
amour
heureux, un mariage avec sa vertu. Car l’amour du pécheur pour Dieu e
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un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car l’
amour
du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cette pas
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’ignore, naturellement, et qui croit être un vrai
amour
pour l’autre. L’analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tri
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nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais l’
amour
même, et au-delà de cet amour, la mort, appelée comme la délivrance d
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me pas Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet
amour
, la mort, appelée comme la délivrance du moi coupable et asservi. Tri
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r sa femme serait une preuve d’indigence et non d’
amour
. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lo
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pour la mort (c’était la passion de Tristan). ⁂ L’
amour
fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigner en
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aveur de la Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’
amour
fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même
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quand elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’
amour
de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutis
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qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’
amour
du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité,
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on subit ?) 5. Éros sauvé par Agapè Alors l’
amour
de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa ple
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os sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’
amour
chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est
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tion de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’
amour
païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascès
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ne et revendicateur. Elle procède du mystère de l’
amour
, elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur
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démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’
amour
réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aiment. D
62
’égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son
amour
pour l’homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint.
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comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son
amour
pour une femme en la traitant comme une personne humaine totale, — no
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t qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’
amour
. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et diffici
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amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’
amour
est lent et difficile, il engage vraiment toute une vie, et il n’exig
66
e le mariage ne serait plus que le « tombeau de l’
amour
». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire
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qui nous le fait croire, avec son obsession de l’
amour
contrarié. Il serait plus vrai de dire avec Benedetto Croce que « le
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edetto Croce que « le mariage est le tombeau de l’
amour
sauvage »101 (et plus communément du sentimentalisme). L’amour sauvag
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»101 (et plus communément du sentimentalisme). L’
amour
sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous
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age et naturel se manifeste par le viol, preuve d’
amour
chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que
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a qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’
amour
sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’homme qu
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’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet
amour
, il refuse de s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détru
73
ent la passion non plus par la morale, mais par l’
amour
. 6. Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur la p
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core une vie secrète. L’amour-passion n’est pas l’
amour
chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « change
75
ui est l’Éternel et le Saint— que des relations d’
amour
mortellement malheureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui que Di
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e tout ex nihilo » et celui que Dieu élit par son
amour
, « il commence par le réduire à néant ». Du point de vue du monde et
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! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’
amour
infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’il n’
78
ni108… » Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’
amour
, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente, mai
79
n », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que l’
amour
ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir
80
n état de présence parfaite à l’objet aimant de l’
amour
, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte alors
81
tique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son
amour
avec une sorte d’indifférence quasi divine. Elle est au-delà du doute
82
un déchirement ; elle ne désire plus rien que son
amour
ne veuille, elle est une avec lui dans la dualité, qui n’est plus qu’
83
s en l’âme de brûlure, ni même de conscience de l’
amour
, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la
84
106. Ce dernier chapitre est la conclusion de L’
Amour
et l’Occident , plus encore que des deux fragments publiés dans Espri
85
r et R. Marx. ap. « Mariage et personne (II) : l’
amour
action, ou de la fidélité », Esprit, Paris, n° 74, novembre 1938, p.
86
traits d’un ouvrage à paraître sous le titre : L’
Amour
et l’Occident . »
87
Autour de L’
Amour
et l’Occident (septembre 1939)as Mon cher Davenson, Votre article
88
n, Votre article brillant, méditerranéen sur mon
Amour
et l’Occident , par sa forme même d’apostrophe amicale et ironique, p
89
qui ne sont autres que les dogmes. — Ça existe, l’
amour
courtois !… dites-vous. Mais voilà, je le « vide de sa riche, émouvan
90
sé le reproche inverse : celui d’avoir donné de l’
amour
courtois une description si enthousiaste qu’à la fin, la conception c
91
’était pas de décrire les différents aspects de l’
amour
courtois, mais seulement cet aspect, à mon sens décisif, que je rappo
92
tion dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L’
amour
courtois, ça existe tellement que j’en ai fait la cause principale de
93
essayer de formuler ce qu’il y a, au cœur de cet
amour
, d’antichrétien. Or, c’est à cela seulement que je veux renoncer. Sur
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cause une certaine conception « dissonante » de l’
amour
courtois tel qu’il put être vécu au xiie siècle, mais une certaine c
95
nsion des dogmes essentiels du christianisme. « L’
Amour
vient de Dieu, appartient à Dieu et tend vers Dieu. » Le vieux fou de
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Dans ce monde concret, il n’est pas vrai que tout
amour
tende vers Dieu. Il n’est pas vrai non plus que tout l’humain soit hu
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moi », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous deux
amours
, et même trois. C’est là précisément le sujet de mon livre. Le premie
98
là précisément le sujet de mon livre. Le premier
amour
, c’est le désir, c’est l’amour sensuel, sa fièvre et son bonheur, un
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livre. Le premier amour, c’est le désir, c’est l’
amour
sensuel, sa fièvre et son bonheur, un « aspect éternel du cœur humain
100
voulez… (Mais pourquoi ne pas dire du corps ?) Un
amour
dont l’exaltation cependant, était considérée par les anciens comme u
101
ffet de confusions mystiques, l’exaltation de cet
amour
naturel est subitement considérée comme vertueuse, ennoblissante. C’e
102
vient un symbole religieux : et voilà le deuxième
amour
, l’origine de l’amour-passion. Or cette exaltation ne tend pas vers l
103
’exalte. C’est une espèce de narcissisme. Le seul
amour
qui tende vers Dieu et qui l’atteigne à travers la vraie créature, c’
104
i l’atteigne à travers la vraie créature, c’est l’
amour
qui est venu de Dieu, rendu aux hommes par le Christ, cette Agapè qui
105
rases d’une lettre reçue hier, et relative à mon
Amour
: « Quand j’étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé votre manière
106
’avais pas le droit d’ignorer. as. « Autour de L’
Amour
et l’Occident », Esprit, Paris, n° 84, septembre 1939, p. 760-765. Un