1 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
1 parce qu’elles décrivent ses désirs réalisés. Cet amour à peu près unanime figure la bonne conscience conservatrice du régime
2 remières, ceux qui méprisent la vie bourgeoise, l’ amour et le mariage bourgeois, l’idéalisme romantique, la croyance vulgaire
3 e, la Puissance nationale, l’Honneur, l’Esprit, l’ Amour , la Civilisation, — les lieux communs de l’ère finissante ne sont plu
2 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
4 André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)j L’ amour d’un homme de cinquante ans et d’une jeune femme forme l’unique sujet
5 ux êtres dont la vocation paraît inséparable de l’ amour qui les domine. Une analyse racinienne des sentiments s’unit ici à la
6 té tendre de son « inquisition » rend un sens à l’ amour humain, disqualifié dans la littérature d’aujourd’hui par trop d’indi
3 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
7 eur… Pendant six minutes. Et quand ce hurlement d’ amour s’apaisa, on entendait encore une rumeur d’océan au-dehors. Le journa
8 ant 1933. Il ne s’agit pas de haine : il s’agit d’ amour . Il ne s’agit pas de politique, mais de religion, mais de cérémonies
4 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
9 le Règne de l’esprit malin), entrée du cinéma (l’ Amour du Monde), approche de la fin du monde (Présence de la Mort, Les Sign
10 e avec l’objet ; elle est dans la volonté, dans l’ amour , dans la création du contact avec l’objet. » Mais on peut dire cela d
5 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
11 les facultés humaines de création, d’espérance, d’ amour  ? Pour nous borner à un exemple : les disciplines imposées par le Pla
6 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
12 e à opposer l’esprit gaulois aux conventions de l’ amour courtois, et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en opposi
13 rtois, et à y voir la conception naturaliste de l’ amour , en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie, auss
14 tes les complications naturelles et sociales de l’ amour , l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle,
7 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
15 alifier : C’est la générosité française, c’est l’ amour français de l’indépendance, c’est ce sens français de l’universel, c’
8 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
16 des créateurs ! C’est leur fait d’être pauvres en amour du prochain » ; et : « Toute création est communication. Celui qui co
9 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
17 ites d’un ouvrage qui paraîtra sous ce titre : L’ Amour et l’Occident . Partant d’une analyse approfondie des cinq légendes p
18 l spirituel vers le monde incréé de la Lumière. L’ Amour mystique, dont le symbole était la « Dame des pensées » dans la lyriq
19 non-possession des corps. D’Amor mou castitaz : d’ Amour vient la chasteté, chante Guilhem Montanhagol. Un tel Amour n’admet p
20 t la chasteté, chante Guilhem Montanhagol. Un tel Amour n’admet point le mariage, car il n’a pas pour fin suprême la vie, mai
21 comme l’a magnifiquement montré Wagner. C’est cet Amour mystique, bientôt sécularisé et « profané » par la littérature, qui d
22 le xiie siècle, à une forme toute nouvelle de l’ amour humain : la passion. Ignorée des Anciens, ou considérée par eux comme
23 ces trois refus était en vérité la doctrine de l’ Amour , c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé av
24 incts asservissants. L’apparition de la passion d’ Amour devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adultère
25 is nous avons montré que le symbole courtois de l’ amour pour une Dame spirituelle, amour évidemment incompatible avec le mari
26 le courtois de l’amour pour une Dame spirituelle, amour évidemment incompatible avec le mariage dans la chair, devait amener
27 est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal, l’ amour était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais encor
28 armés chevaliers parce qu’ils savaient chanter l’ Amour . Et c’est pourquoi certains auteurs ont pu parler d’une féodalité dém
29 n tel jugement se fonde sur une équivoque : car l’ Amour dont il s’agissait n’était rien d’autre que la foi cathare, et l’acce
30 confusion inévitable de la Dame, pur symbole de l’ Amour , avec telle femme réelle et désirable ; la rhétorique de l’Amour cath
31 le femme réelle et désirable ; la rhétorique de l’ Amour cathare servit aux amoureux profanes. La conséquence en fut l’extrava
32 eul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l’ amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité,
33 e. Le moderne, l’homme de la passion, attend de l’ amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : dernier
34 couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage d’ amour  » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anx
35 ers le type contraire du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent. L’aventure n’est plus même
36 uisse de nouveau le poursuivre et « ressentir » l’ amour en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des amants
37 comparable et autonome à son côté, une exigence d’ amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la
38 Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’ amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple du ma
39 ce des contraintes matrimoniales et du mythe de l’ amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et d’anarchie
40 nc artificiel, de la passion. Alors le cycle de l’ amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occident no
41 tra en octobre, on tentera de définir une forme d’ amour exactement opposée à l’amour-passion : l’amour-action. 83. Voir su
42 sans l’avouer une conception tout hérétique de l’ amour . 86. Sauf peut-être aux États-Unis, s’il faut en croire certains éch
43 e la satisfaction. On n’aime pas Iseut, on aime l’ amour . On ne veut pas se satisfaire, on veut brûler. 89. Le Dict de Padma
10 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
44 L’ amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)ap 1. Nécessité d’un pa
45 n que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’ amour , il faudrait développer une violence spirituelle qui tue mieux que la
46 olence spirituelle qui tue mieux que la passion d’ amour  : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais enc
47 pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car l’amour du pécheur pour Dieu e
48 un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car l’ amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cette pas
49 ’ignore, naturellement, et qui croit être un vrai amour pour l’autre. L’analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tri
50 nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais l’ amour même, et au-delà de cet amour, la mort, appelée comme la délivrance d
51 me pas Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour , la mort, appelée comme la délivrance du moi coupable et asservi. Tri
52 r sa femme serait une preuve d’indigence et non d’ amour . La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lo
53 pour la mort (c’était la passion de Tristan). ⁂ L’ amour fidèle de Tristan détruisait son bonheur et sa vie pour témoigner en
54 aveur de la Nuit, c’est-à-dire du moi glorifié. L’ amour fidèle dans le mariage chrétien témoigne que la volonté de Dieu, même
55 quand elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’ amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutis
56 qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais l’ amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité,
57 on subit ?) 5. Éros sauvé par Agapè Alors l’ amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa ple
58 os sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’ amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est
59 tion de l’être. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’ amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascès
60 ne et revendicateur. Elle procède du mystère de l’ amour , elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur
61 démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’ amour réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aiment. D
62 ’égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint.
63 comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une personne humaine totale, — no
64 t qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’ amour . Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et diffici
65 amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’ amour est lent et difficile, il engage vraiment toute une vie, et il n’exig
66 e le mariage ne serait plus que le « tombeau de l’ amour  ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire
67 qui nous le fait croire, avec son obsession de l’ amour contrarié. Il serait plus vrai de dire avec Benedetto Croce que « le
68 edetto Croce que « le mariage est le tombeau de l’ amour sauvage »101 (et plus communément du sentimentalisme). L’amour sauvag
69  »101 (et plus communément du sentimentalisme). L’ amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous
70 age et naturel se manifeste par le viol, preuve d’ amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que
71 a qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’ amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’homme qu
72 ’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet amour , il refuse de s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détru
73 ent la passion non plus par la morale, mais par l’ amour . 6. Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur la p
74 core une vie secrète. L’amour-passion n’est pas l’ amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « change
75 ui est l’Éternel et le Saint— que des relations d’ amour mortellement malheureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui que Di
76 e tout ex nihilo » et celui que Dieu élit par son amour , « il commence par le réduire à néant ». Du point de vue du monde et
77  ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’ amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’il n’
78 ni108… » Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’ amour , initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente, mai
79 n », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que l’ amour ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir
80 n état de présence parfaite à l’objet aimant de l’ amour , et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte alors
81 tique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’indifférence quasi divine. Elle est au-delà du doute
82 un déchirement ; elle ne désire plus rien que son amour ne veuille, elle est une avec lui dans la dualité, qui n’est plus qu’
83 s en l’âme de brûlure, ni même de conscience de l’ amour , mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la
84 106. Ce dernier chapitre est la conclusion de L’ Amour et l’Occident , plus encore que des deux fragments publiés dans Espri
85 r et R. Marx. ap. « Mariage et personne (II) : l’ amour action, ou de la fidélité », Esprit, Paris, n° 74, novembre 1938, p. 
86 traits d’un ouvrage à paraître sous le titre : L’ Amour et l’Occident . »
11 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
87 Autour de L’ Amour et l’Occident (septembre 1939)as Mon cher Davenson, Votre article
88 n, Votre article brillant, méditerranéen sur mon Amour et l’Occident , par sa forme même d’apostrophe amicale et ironique, p
89 qui ne sont autres que les dogmes. — Ça existe, l’ amour courtois !… dites-vous. Mais voilà, je le « vide de sa riche, émouvan
90 sé le reproche inverse : celui d’avoir donné de l’ amour courtois une description si enthousiaste qu’à la fin, la conception c
91 ’était pas de décrire les différents aspects de l’ amour courtois, mais seulement cet aspect, à mon sens décisif, que je rappo
92 tion dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L’ amour courtois, ça existe tellement que j’en ai fait la cause principale de
93 essayer de formuler ce qu’il y a, au cœur de cet amour , d’antichrétien. Or, c’est à cela seulement que je veux renoncer. Sur
94 cause une certaine conception « dissonante » de l’ amour courtois tel qu’il put être vécu au xiie siècle, mais une certaine c
95 nsion des dogmes essentiels du christianisme. « L’ Amour vient de Dieu, appartient à Dieu et tend vers Dieu. » Le vieux fou de
96 Dans ce monde concret, il n’est pas vrai que tout amour tende vers Dieu. Il n’est pas vrai non plus que tout l’humain soit hu
97 moi », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous deux amours , et même trois. C’est là précisément le sujet de mon livre. Le premie
98 là précisément le sujet de mon livre. Le premier amour , c’est le désir, c’est l’amour sensuel, sa fièvre et son bonheur, un
99 livre. Le premier amour, c’est le désir, c’est l’ amour sensuel, sa fièvre et son bonheur, un « aspect éternel du cœur humain
100 voulez… (Mais pourquoi ne pas dire du corps ?) Un amour dont l’exaltation cependant, était considérée par les anciens comme u
101 ffet de confusions mystiques, l’exaltation de cet amour naturel est subitement considérée comme vertueuse, ennoblissante. C’e
102 vient un symbole religieux : et voilà le deuxième amour , l’origine de l’amour-passion. Or cette exaltation ne tend pas vers l
103 ’exalte. C’est une espèce de narcissisme. Le seul amour qui tende vers Dieu et qui l’atteigne à travers la vraie créature, c’
104 i l’atteigne à travers la vraie créature, c’est l’ amour qui est venu de Dieu, rendu aux hommes par le Christ, cette Agapè qui
105 rases d’une lettre reçue hier, et relative à mon Amour  : « Quand j’étais jeune, j’aurais parfaitement méprisé votre manière
106 ’avais pas le droit d’ignorer. as. « Autour de L’ Amour et l’Occident », Esprit, Paris, n° 84, septembre 1939, p. 760-765. Un