1 1952, Preuves, articles (1951–1968). Le sens de nos vies, ou l’Europe (juin 1952)
1 ans les rapports individuels. La passion, c’est l’ amour exalté non seulement au-delà de toute raison, mais au-delà de l’insti
2 mme un suprême accomplissement. La passion dans l’ amour nourrit toutes nos littératures depuis des siècles — depuis les troub
3 n scientifique, bourgeoise et individualiste de l’ amour romanesque. Il estime à bon droit que la passion est une force antiso
4 toute la masse des hommes de tous les temps, mon amour personnel. Ces deux exemples sont extrêmes. Nous ne sommes pas tous d
2 1953, Preuves, articles (1951–1968). Deux princes danois : Kierkegaard et Hamlet (février 1953)
5 condition humaine, c’est à leurs yeux la femme, l’ amour et le mariage. Or tous les deux se voient contraints d’y renoncer, à
6 a douleur : ne point se révéler et faire mourir l’ amour  ; se révéler et faire mourir l’aimée ? » S’il choisit d’être la victi
7 qu’est Ophélia. Hamlet a compris lui aussi que l’ amour spontané et naïf d’Ophélia ferait obstacle à ses desseins secrets. C’
3 1954, Preuves, articles (1951–1968). De Gasperi l’Européen (octobre 1954)
8 rès avoir lutté pour elle à l’étranger, c’est par amour non par esprit de ressentiment. Et c’est pourquoi ils ne sont pas ten
4 1955, Preuves, articles (1951–1968). Le Château aventureux : passion, révolution, nation (mai 1955)
9 nt. La passion ou la conversion au néant « L’ amour  ? une invention du xiie siècle », a dit un historien sérieux. À l’ap
10 la morale courtoises, dont le thème unique est l’ amour . Peu après (à Lyon, en 1143), les chanoines instituent le culte de la
11 me à la cortezia des troubadours la mystique de l’ amour divin d’un saint Bernard, et comme à l’histoire exemplaire vécue par
12 omance plus ou moins exciting et de la mystique d’ Amour au love interest des films de Hollywood, on ne verra qu’une longue dé
13 t son paradoxe, bien qu’en un reflet inversé. Cet amour déifié n’est pas le Dieu d’Amour. Il n’élit pas un homme pour le sauv
14 y a l’Église et sa fraternité fondamentale dans l’ amour du prochain et du même Père. Il y a le Parti (mouvement, club, ou fac
15 t plus, à l’absurde. Principe de haine plus que d’ amour , la nation revendique des absolus dont il est manifeste qu’elle est s
16 ’Église, qui avait offert le type d’une société d’ amour et de fraternité, mais n’a pas pu l’actualiser — c’est le Scandale. I
17 t le culte de l’idole nationale. Révolte contre l’ Amour de Dieu et du prochain, qui était le commandement remplaçant toute la
18 faible pour me contraindre à l’obéissance et à l’ amour . La révolte ne se lève jamais contre la force à son zénith. Mais, d’u
19 oltes imitent, même sans le savoir, le dépit de l’ amour qui dresse contre le Père les enfants qu’il n’a pas contraints à la v
20 ouvelles de notre existence profane. 9. Cf. L’ Amour et l’Occident , 1939. Une version révisée de cet ouvrage doit paraîtr
5 1955, Preuves, articles (1951–1968). L’aventure occidentale de l’homme : L’exploration de la matière (août 1955)
21 ée par sa révélation en Jésus-Christ : « Dieu est Amour . » (Dans le contexte ardu que l’on vient d’explorer, le mot prend un
6 1956, Preuves, articles (1951–1968). Les joyeux butors du Kremlin (août 1956)
22 et leur vaudra, de plus, l’estime des libéraux, l’ amour des progressistes, et un prestige accru. Honte aux hommes de ce temps
23 e ce nom. Nous pouvons les convaincre aussi que l’ amour de la liberté n’est pas un cliché de banquet, une philosophie de requ
7 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur Voltaire (février 1957)
24 te de Gex à Genève me parlent chaque matin de son amour des lieux. Il fit venir de Genève cinquante familles d’artisans, d’ho
8 1957, Preuves, articles (1951–1968). Sur un certain cynisme (septembre 1957)
25 e des conquêtes impériales, devenir le poète de l’ amour . Je ne trouve pas ailleurs tant d’éclatants exemples de carrières int
9 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur un patriotisme de la terre (mars 1958)
26 s, perdent le seul relief où pouvait s’attacher l’ amour . Notre émotion devant les paysages de la Terre, qu’est-ce que cela pe
27 nfini ? Tristesse absolue, fin du Sens. Déchirant amour de la Terre ! Dans cent ans « En 2057, l’humanité connaît déjà
28 iction, où la Terre, vue de loin, devient objet d’ amour , de nostalgie ou de rancune, comme une famille, comme une communauté
10 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur la prétendue décadence de l’Occident (avril 1958)
29 sonne en puissance dans tout homme, son idée de l’ amour du prochain, son antiracisme foncier et son refus du système des cast
11 1958, Preuves, articles (1951–1968). Sur le vocabulaire politique des Français (novembre 1958)
30 ’attrait du « Gentil Seigneur » auquel on offre «  amour et foi en échange de son aide et protection ». Et si Sartre est contr
12 1959, Preuves, articles (1951–1968). Nouvelles métamorphoses de Tristan (février 1959)
31 vrier 1959)ax La passion est cette forme de l’ amour qui refuse l’immédiat, fuit le prochain, veut la distance et l’invent
32 ntrevoyais, il y a vingt ans, quand j’écrivais L’ Amour et l’Occident , qu’une culture trop consciente de ses fins et moyens,
33 rop sociologique, ne laisserait plus de place à l’ amour passionné, tel qu’il fut inventé au xiie siècle par les troubadours
34 selon Camus, mais au contraire « un grand livre d’ amour  ». L’essai que Lionel Trilling consacre à Lolita de Vladimir Nabokov,
35 : « Nous aurons été les derniers romantiques de l’ amour … Au fond, c’est la dernière histoire d’amour possible… Sans doute ser
36 de l’amour… Au fond, c’est la dernière histoire d’ amour possible… Sans doute serons-nous une sorte de Derniers Mohicans de l’
37 e serons-nous une sorte de Derniers Mohicans de l’ amour . » Je ne fais pas ici de critique littéraire, n’ayant d’autre propos
38 a personne d’une bourgeoise accomplie, que pour l’ amour fou de sa fille. Mais cet amour est impossible, car Lolita n’a pas 13
39 mplie, que pour l’amour fou de sa fille. Mais cet amour est impossible, car Lolita n’a pas 13 ans. Cependant, mon héros l’enl
40 het, il commet un crime de dément et meurt ivre d’ amour , dans sa prison, après avoir écrit ce livre posthume. Robert Musil.
41 ai aimé mon Autriche « impériale et royale » d’un amour exigeant, lucide et ironique. Mais elle appartenait à un milieu socia
42 m’interdit de lui parler. Je lui dis pourtant mon amour sous le couvert d’un roman plein d’allusions et de symboles qu’elle c
43 oici que l’on fait un triomphe à ma déclaration d’ amour  ! Le Maître prétend aussitôt que j’ai insulté la Russie. C’est au nom
44 sse et qu’il menace de m’exiler. Mais tel est mon amour que je saurai mentir : je demanderai pardon au tyran, le suppliant de
45 romans de l’analyse mythologique proposée par L’ Amour et l’Occident . II. « Lolita » ou le scandale « Entre les limit
46 re du style des mémoires de Humbert Humbert. Si l’ amour des nymphets n’était pas, de nos jours, l’un des derniers tabous sexu
47 e scandale évident, le caractère profanateur de l’ amour de H. H. pour Lolita qui trahit la présence du Mythe. Négligeons pour
48 e trop facilement pour la touchante histoire d’un amour presque chaste et conçu fortuitement hors du mariage, recélait à vrai
49 ères versions de Tristan glorifiaient une forme d’ amour non seulement opposée au mariage, mais ne pouvant exister que hors de
50 lui. Elles « justifiaient »74 au nom de ce nouvel Amour toute une série d’actions tenues pour crimes : astuce blasphématoire
51 vantage que la société n’en pâtit. En revanche, l’ amour passionné pour une fille encore impubère n’aurait guère pu surprendre
52 urprendre au Moyen Âge. On a coutume de vénérer l’ amour de Dante pour Béatrice âgée de 9 ans, la passion de Pétrarque pour La
53 nnage de Mignon, un Novalis dédiant son œuvre à l’ amour de Sophie von Kuhn, morte à 11 ans, un Edgar Poe qui épouse une fille
54 rroll : Alice au pays des merveilles est née de l’ amour des « nymphets », refoulé par la conscience pure du clergyman, mais a
55 Freud a nommé un jour l’élan mortel, secret de l’ amour tristanien. Et l’absence de sacré exténue les passions, que la consci
56 sacré primitif vers une hygiène scientifique : l’ amour des petites nymphes et l’inceste. Ces deux amours seraient-ils contra
57 ’amour des petites nymphes et l’inceste. Ces deux amours seraient-ils contraires à la nature ? On les voit largement pratiqués
58 s. » Humbert raconte, au début de ses mémoires, l’ amour qu’il conçut à 12 ans pour une petite fille de 9 ans qui s’appelait A
59 qu’à la mort des amants séparés, conséquence d’un amour interdit qui les exile de la communauté et les consume sans les unir
60 et Lolita n’ont jamais connu ce que j’appelle « l’ amour réciproque malheureux ». Lolita n’a jamais répondu à la passion tendr
61 s humaines, des rôles sociaux, des problèmes de l’ amour et des buts de la vie confèrent aux deux-mille pages de son dernier g
62 on seulement touche à deux reprises le thème de l’ amour passionné pour une enfant, mais surtout veut y voir une préfiguration
63 , mais surtout veut y voir une préfiguration de l’ amour interdit qui unira ses héros : Ulrich et Agathe, frère et sœur. Admir
64 accordes-tu cela, dit Agathe, avec le fait que l’ amour n’existe plus, que seules demeurent la sexualité et la camaraderie ?
65 fois, parlant encore avec sa sœur des formes de l’ amour « insaisissables » qui lui semblent d’ailleurs traduire « des relatio
66 sa route » : Elle l’avait ravi comme un poème d’ amour écrit en secret, dont les allusions sont chargées d’un bonheur encore
67 cette histoire, c’est qu’elle est une préface à l’ amour fraternel ! Je renonce à souligner les mots révélateurs dans le cont
68 ogue qui mène au cœur du drame de la passion : L’ amour fraternel ? demande Agathe, comme si elle entendait ce terme pour la
69 on, un désir démesuré et démesurément passionné d’ amour  ! L’expérience impossible dans laquelle s’engage Ulrich se présente
70 abord à sa méditation sous la forme d’un besoin d’ amour « délivré des contre-courants et des aversions sociales et sexuelles 
71 e la forme juvénile, insaisissable, d’un besoin d’ amour qui, plus tard, les rêves refroidis, se contentera d’un oiseau, d’un
72 sait assez la fortune littéraire de cette forme d’ amour interdit, dont il serait curieux de chercher pourquoi l’époque où se
73 e de la prise de conscience, puis du choix de cet amour , par deux êtres en tous points normaux, supérieurement intelligents,
74 que la condition même de la « dernière histoire d’ amour possible », et d’une admirable analyse du spectre spirituel de l’Occi
75 s autres. Dieu et l’antisocial. Dès le début, son amour pour Ulrich a mobilisé son hostilité à l’égard du monde. Le moment n
76 e sexuelle, juge puéril de se préoccuper encore d’ amour , mais voue tous ses efforts au mariage, dont il analyse le processus
77 cher de nouveau. L’équivoque essentielle entre l’ amour projeté sur l’autre et le refus de la possession qui mettrait un term
78 recréant sans cesse la distance nécessaire à « l’ amour de loin » des troubadours. Mais quel est ce désir ? Est-il désir de l
79 bles confusions qui donnent au naïf commerce de l’ amour un caractère spectral si fascinant. C’est pourquoi les amants passio
80 sque dans les circonstances les plus banales de l’ amour  : dans l’attrait lié à tout changement, à tout travesti, comme dans l
81 mière version : le frère et la sœur cèdent à leur amour , réfugiés sans passeports dans une île de l’Adriatique. Notes de Musi
82 assion : Entre deux êtres isolés, il n’y a pas d’ amour possible, reconnaît Ulrich. Un amour peut naître par défi, il ne peut
83 n’y a pas d’amour possible, reconnaît Ulrich. Un amour peut naître par défi, il ne peut être fait de défi. Il faut qu’il soi
84 Jour peut reprendre ses droits, l’expérience de l’ amour interdit échoue dans la réalité, et le Roman dans l’analyse psycholog
85 gager dans la voie difficile d’une recherche de l’ amour mystique : c’est ce qu’il nomme le règne millénaire ou l’accession à
86 aire ou l’accession à l’« autre vie », à l’état d’ amour pur, à l’extase d’un amour non plus égocentrique, mais bien allocentr
87 utre vie », à l’état d’amour pur, à l’extase d’un amour non plus égocentrique, mais bien allocentrique : « N’avoir plus de ce
88 ussi manifester la rédemption de la passion par l’ amour vrai, est décrite au somptueux chapitre intitulé Souffles d’un jour d
89 spirituelle. Mais cette présence heureuse dans l’ amour partagé n’évoque-t-elle pas aussi un mystère plus prochain, une autre
90 de l’éros par l’Agapè ? L’interdit fascinant de l’ amour sororal n’aurait-il pas été le travesti — tout à fait inconscient, j’
91 i — tout à fait inconscient, j’en suis sûr — d’un amour trop réel pour oser dire son nom dans un roman ? L’amour heureux n’a
92 rop réel pour oser dire son nom dans un roman ? L’ amour heureux n’a pas d’histoire, chacun sait cela depuis qu’on écrit des r
93 ent choqué de m’en voir parler comme d’un roman d’ amour . À vrai dire, ma thèse va plus loin : c’est « l’affaire Pasternak » d
94 le reniement, à se voir séparé de l’objet de son amour , dût-il vivre auprès de lui dans un silence humilié et sans espoir. M
95 raît. Jivago la retrouve beaucoup plus tard. Leur amour se déclare. Liaison clandestine. Ils sont de nouveau séparés par les
96 cou, où il vit misérable et caché. Il épouse sans amour une jeune fille qui s’occupait de son ménage, puis la quitte et meurt
97 s absolu : l’état de passion. J’ai montré dans L’ Amour et l’Occident comment cet état préexiste à tout objet déterminé, com
98 s excite à une loquacité intarissable — lettres d’ amour , traités mystiques — et procédant généralement par antithèses et para
99 e prête le mieux au récit. La sexualité pure et l’ amour du prochain ne sont vrais qu’en acte, et leur description ennuie vite
100 i que l’Autre en tant que tel reste aux yeux d’un amour exigeant le mystère le mieux défendu, — Éros et Agapè ne pourraient-i
101 « Un partenaire de valeur inégale déséquilibre l’ amour  ; seulement, il faudrait ajouter que, bien souvent, c’est un déséquil
13 1959, Preuves, articles (1951–1968). Rudolf Kassner et la grandeur (juin 1959)
102 es : « Surtout, dit-il, pas de cérémonies. Pour l’ amour du ciel, pas de cérémonies ! » Il aime qu’on arrive et s’en aille à l
14 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (I) (avril 1961)
103 gaard, « In Vino Veritas ». Kierkegaard a vécu l’ amour unique, la passion malheureuse de Tristan, mais ses premiers grands l
104 chesse inépuisable ; ces deux mythes majeurs de l’ amour et leurs épiphanies les plus parfaites dans le lyrisme occidental. À
105 asme. Cette page introduisant les discours sur l’ amour qui composent « In Vino Veritas », donne le ton de la passion de Kier
106 dû de n’avoir pas vécu sans aimer, « quoique d’un amour malheureux ». Reliée par ces derniers mots à la vie trop réelle du So
107 ce qui inspire cette pudeur qui caractérise tout amour grec »98. Il s’oppose plus encore à l’amour courtois, essentiellement
108 tout amour grec »98. Il s’oppose plus encore à l’ amour courtois, essentiellement fidèle. « L’amour psychique est existence d
109 e à l’amour courtois, essentiellement fidèle. « L’ amour psychique est existence dans le temps, l’amour sensuel disparition da
110  L’amour psychique est existence dans le temps, l’ amour sensuel disparition dans le temps »99, d’où vient que la musique est
111 t Hamlet. Mais dans sa vie individuelle, dans son amour unique et longuement malheureux pour Régine, il fut Tristan. Cependan
112 re excluent le mariage, « suprême expression de l’ amour  », à laquelle il a dû renoncer pour une raison qui reste son secret d
113 heureuse ; et par ce malheur même, salvatrice. L’ amour humain repose sur un instinct qui, élevé au rang d’inclination, trouv
114 être bien-aimé, et que cette « seule fois » de l’ amour est l’amour, et que la « seconde fois » n’est rien… Une fois est le t
115 imé, et que cette « seule fois » de l’amour est l’ amour , et que la « seconde fois » n’est rien… Une fois est le tout absolu,
116 riage, et même il la formule d’entrée de jeu : L’ amour et l’inclination amoureuse sont tout à fait spontanés, le mariage est
117 dans tout le reste de son œuvre. Admettons que l’ amour vrai soit la passion unique et partagée. Pour être heureux, dans un m
118 ur être heureux, dans un mariage par exemple, cet amour devrait opérer le miracle de « faire du différent l’égal », créant ai
119 qui fait, des relations entre l’homme et Dieu, un amour essentiellement malheureux. Cet amour serait même impossible hors du
120 et Dieu, un amour essentiellement malheureux. Cet amour serait même impossible hors du paradoxe de la foi, laquelle est un mo
121 on subjective et libre de la vérité. C’est donc l’ amour divin lui-même qui exige la communication indirecte, voilée, rejoigna
122 ante, en quoi consiste à ses yeux le mariage. Par amour pour Régine, il doit donc s’éloigner, bien qu’il ne cesse de s’adress
123 douleur : ne point se révéler, et faire mourir l’ amour  ; se révéler, et faire mourir l’aimée ? »104 Tenter d’établir, en ce
124 en l’altérité totale de Dieu et en l’unicité de l’ amour humain ; — la « mélancolie » qui l’accable et lui rend ce mariage imp
125 ordes de brigands d’une mélancolie innée ?106 L’ amour n’en est pas moins l’agent privilégié du progrès spirituel de « l’hom
126 comprise, la femme entraîne vers la hauteur. Cet amour qui « entraîne » et transfigure dans la mesure où il est par essence
127 Et plus loin : Regardons ce qui se passe dans l’ amour , quoiqu’il ne rende qu’imparfaitement la situation. L’égoïsme est à l
128 sément sa propre perte. C’est ce que veut aussi l’ amour , ainsi ces deux puissances s’entendent dans la passion de l’instant,
129 de l’instant, et cette puissance est justement l’ amour . Cette forme de pensée est tristanienne. Elle est d’abord une forme
130 à des mers, dans une autre île. Que cette forme d’ amour nostalgique et de possession par la perte transparaisse également dan
131 e au cœur même de mon sujet. Dans ses Œuvres de l’ amour , Kierkegaard marque le contraste, apparemment insurmontable, entre l’
132 aremment insurmontable, entre l’amour-passion (ou amour poétique) qui élit un seul être bien-aimé, et l’amour du prochain (am
133 r poétique) qui élit un seul être bien-aimé, et l’ amour du prochain (amour chrétien), dont le commandement est d’aimer tous l
134 t un seul être bien-aimé, et l’amour du prochain ( amour chrétien), dont le commandement est d’aimer tous les hommes, sans dis
135 l’égalité de tous devant Dieu. On s’étonne : cet amour général, impersonnel, et qu’on pourrait confondre avec un sens social
136 Tel est le paradoxe proprement kierkegaardien. L’ amour ne va pas de n’importe qui à tout le monde, mais d’un seul, distingué
137 rnées. Ces deux chastes ont beaucoup médité sur l’ amour , sur la femme et sur le mariage. Nietzsche en a certes moins longueme
138 mariage maintient opiniâtrement la croyance que l’ amour , bien qu’il soit une passion, est cependant susceptible de durer en t
139 susceptible de durer en tant que passion et que l’ amour à vie peut être considéré comme la règle. Par cette ténacité d’une no
140 équent une pia fraus, l’institution a conféré à l’ amour une noblesse supérieure. Toutes les institutions qui ont concédé à un
141 er la prétention d’être pour l’homme l’objet de l’ amour le plus proche et le plus haut, ou même l’objet unique — comme l’ense
142 st ici question n’est encore pour les Grecs que l’ amour désintéressé ; mais dans l’esprit de Nietzsche, elle désigne déjà cet
143 on comprendra sans plus d’explications pourquoi l’ amour en tant que passion — notre spécialité européenne — doit être nécessa
144 nte et d’autres suites néfastes, ou bien encore l’ amour . Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de la violence d’un inst
145 ances rivales en l’homme : l’érotisme sexuel et l’ amour . Or, ni la passion érotique d’un Byron ou d’un Napoléon — cités peu a
146 Byron ou d’un Napoléon — cités peu avant —, ni l’ amour qu’on invoque ici, ne sont à parler proprement, des instincts. L’érot
147 ends l’usage non nécessaire biologiquement). Et l’ amour , que Nietzsche suggère comme un possible instinct rival, est la passi
148 it Aurore ? « Il n’y a encore d’efficace contre l’ amour que ce vieux remède radical : l’amour en retour ! » Et que peut ensei
149 ce contre l’amour que ce vieux remède radical : l’ amour en retour ! » Et que peut enseigner cette Carmen de Bizet, que Nietzs
150  Sursum ! Bouboum ! » de Wagner ? Elle enseigne l’ amour « remis à sa place dans la nature ! Non pas l’amour d’une femme “idéa
151 our « remis à sa place dans la nature ! Non pas l’ amour d’une femme “idéale” !… Au contraire, l’amour dans ce qu’il a de fata
152 s l’amour d’une femme “idéale” !… Au contraire, l’ amour dans ce qu’il a de fatal, de cynique, de candide, de cruel… L’amour d
153 l a de fatal, de cynique, de candide, de cruel… L’ amour dont la guerre est le moyen, dont la haine mortelle des sexes est la
154 la haine mortelle des sexes est la base »119. Cet amour dont Benjamin Constant a bien dit qu’il est de tous les sentiments le
155 l est de tous les sentiments le plus égoïste, — l’ amour « naturel » à la Don Juan. Il y a plus. Le donjuanisme érotique n’est
156 un poète ne l’a encore découvert. Il lui manque l’ amour des choses qu’il découvre, mais il a de l’esprit et de la volupté et
157 si indispensable que ne l’est, pour l’amoureux, l’ amour malheureux : à aucun prix il n’aimerait l’abandonner pour l’état d’in
158 t d’Aurore : c’est le retour du mythe mortel de l’ Amour qui transfixe et transfigure. C’est le Chant de Minuit saluant l’Éter
159 ue que j’aie jamais entendu : — Dans le véritable amour , c’est l’âme qui enveloppe le corps. » (Par-delà le bien et le mal, 1
160 ête faustienne ; Faust est voluptueux, désireux d’ amour , il a des sens et un cœur donjuanesques… Faust est l’intelligence de
161 « Propos sur le mariage ». 103. Les Œuvres de l’ amour , 1847. 104. Riens philosophiques, « Le Dieu comme maître et sauveur
15 1961, Preuves, articles (1951–1968). Dialectique des mythes : Le carrefour fabuleux (II) (mai 1961)
162 t sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’ amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la
163 andonne le terrain, et s’enfuit. Or la règle de l’ amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la félonie
164 Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’ amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie.124 Observons aussi que
165 e que voici : la durée, le bonheur, la liberté, l’ amour .   La durée. — Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou qui va l’o
166 it par dépit devant leur impuissance à intégrer l’ amour dans l’existence normale, ou par goût de l’excès en soi, l’un prétend
167 lendemain, couples heureux dans la durée de leur amour , tourments bienheureux de la passion : l’argument du bonheur sert à t
168 dent en un seul être, dans le règne sans fin de l’ Amour sans réveil. Là, rien n’est plus ni vrai ni faux, ni tien ni mien, ni
169 s laissent les dernières mesures de Tristan.   L’ amour . — Ici la dialectique des deux mythes se resserre. Elle atteint sa fo
170 son origine concrète, et qui lui échappe. Point d’ amour pour Don Juan, le désir seul ; ni de prochain, mais seulement des obj
171 plus d’objet, ni de prochain. Il n’y a plus que l’ amour de l’amour dans un sujet qui, lui aussi, doit s’évanouir. Que reste-t
172 t, ni de prochain. Il n’y a plus que l’amour de l’ amour dans un sujet qui, lui aussi, doit s’évanouir. Que reste-t-il ? Comme
173 e les raisons de vivre, Tristan perd à cause de l’ amour les raisons humaines d’aimer. Dans la pureté de leur expression mythi
174 t s’aimer eux-mêmes, ce qui est la condition de l’ amour d’un autre, et donc de tout amour réel : car sans prochain, l’amour n
175 condition de l’amour d’un autre, et donc de tout amour réel : car sans prochain, l’amour ne sait plus où se prendre. Tout am
176 et donc de tout amour réel : car sans prochain, l’ amour ne sait plus où se prendre. Tout amour véritable est relation récipro
177 rochain, l’amour ne sait plus où se prendre. Tout amour véritable est relation réciproque. Cette relation s’établit tout d’ab
178 ation qu’il reçoit, sujet nouveau, — et tel est l’ amour de soi-même. Elle s’établit ensuite à l’intérieur du couple, entre le
179 a communauté humaine. Telle est la plénitude de l’ amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais nos arts devant elle ont toujours
180 ambigu. Les deux mythes les plus prestigieux de l’ amour que l’on rêve en Occident sont en réalité deux négations de l’amour v
181 e en Occident sont en réalité deux négations de l’ amour vrai dans le mariage, bien qu’ils en soient inséparables : ils sont n
182 e ses tensions. Tous les deux ont raison contre l’ amour , sitôt qu’il se ramène en soi, cessant d’être un échange vivant. Enfi
183 , et la vie même. Mais sans eux, que seraient nos amours  ? 123. L’Amour et l’Occident . 124. L’Amour et l’Occident .
184 s sans eux, que seraient nos amours ? 123. L’ Amour et l’Occident . 124. L’Amour et l’Occident . 125. L’homme politiq
185 urs ? 123. L’Amour et l’Occident . 124. L’ Amour et l’Occident . 125. L’homme politique opportuniste et joueur relève
16 1966, Preuves, articles (1951–1968). André Breton (novembre 1966)
186 ant qu’un de ces paysages que dans Arcane 17 ou L’ Amour fou il composait à grandes phrases solennelles. Ultrasensible mais pa