1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
1 ces deux misères n’auraient-elles pas une origine commune  ? Il m’a semblé que j’entrevoyais cette origine dans les propos de mo
2 oup de paroles. C’est à cela que se réduit la vie commune . Quelques-uns le déplorent parmi les vieux. Mais personne n’a l’idée
3 sairement qu’ils aient perdu le sentiment de leur commune condition. Ils sont peut-être trop pareils pour éprouver le besoin de
4 ituelle. Or c’est cela seul, menace ou entreprise commune , qui rassemble les peuples et les pousse à créer des signes visibles
5 exige même de ces gens-là des vertus au-dessus du commun , la révélation de secrets qui suffiraient à rendre heureux les plus i
6 rrive enfin à se gouverner sur place, dans chaque commune  ? On sent bien ce qu’il faudrait. Mais qu’est-ce qu’on peut, tout seu
7 ndes qui n’ont jamais eu de contact, ni jamais de commune mesure ? Mais je suis homme aussi bien qu’eux. Et ce que j’écris m’in
8 ipe de toute culture véritable n’est-il pas cette commune mesure, sinon de raisons formulables, du moins… d’angoisse, ou de vis
9 ment, d’une mode artificielle, et différente à la commune et naturelle. Mon page faict l’amour, et l’entend : lisez-lui Léon He
10 ccupations professionnelles, et le défaut de buts communs surtout, je pense… Il vaut mieux partir quand on en est là. Quand on
11 nante pauvreté, qui sont peut-être aussi les plus communs à tous les hommes, — comment le savoir, on n’en parle jamais. Le grai
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
12 limité, éduqué, instruit au sein des conventions communes . Un chacun peut en être, et juger comme il veut. Le droit de se tromp
13 rété la Convention. Bref, il n’est plus de mesure commune  : ni l’Église, ni la Culture, ni l’École qui prétend les remplacer, n
14 a fait quitter l’île. Problème des gens : le plus commun et le plus encombrant. Voici comment il me paraît se poser. Nous seri
15 vrai que tous les hommes sont frères de par leur commune origine, cela nous conduit tout au plus à élargir à toute la terre le
16 urable, c’est celle que pourrait rétablir une fin commune . Et c’est cela finalement qu’appellent toutes nos petites récriminati
17 ue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune condition. Car, en effet, la condition commune, c’est de se sentir un
18 re commune condition. Car, en effet, la condition commune , c’est de se sentir une exception, un type spécial, différent de tous
19 vif l’urgence, pour l’écrivain, de retrouver une commune mesure de langage et de sensibilité avec des hommes de toutes les cla
20 énible et monotone (eau courante au lieu de pompe commune , électricité au lieu de pétrole, etc.), toutes ces améliorations et m
21 s ce canton.) Les partis de gauche ont fait liste commune  : cela s’appelle le front antifasciste. Je recopie cette phrase merve
22 s lois régionales pour la viticulture ; mettre en commun les terres d’un petit village ; vendre le vin du pays dans les épicer
23 onsidérable, à trois étages, qui devait servir de communs , de magnanerie, de cellier et de grange. Au sud, une tour à cadran so
24 l’on veut une communauté, il faut d’abord un but commun , et positif, un principe créateur et pas seulement de la révolte. Ens
25 ne s’arrachent pas les cheveux dans les cuisines communes , et soient fidèles… La grande affaire, c’est de se méfier d’un romant
26 et plus féconde de chacun de ses membres. L’idéal commun ne suffit pas : il faut encore que l’entraide des colons crée des con
27 ite. Nous reviendrons pour faire quelque chose en commun avec tous ces hommes, ou leurs fils… — Demain, il faut remettre en pl