1 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Avant-propos
1 hronique — illustrée de citations — des prises de conscience successives de notre unité de culture, des temps homériques à nos jou
2 arition de ses problèmes cruciaux au niveau de la conscience et de l’histoire ; soit en tant que précurseurs ou champions des plan
2 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Les Origines d’Hésiode à Charlemagne, (du ixe siècle av. J.-C. au xie siècle de notre ère)
3 732. L’empire carolingien marque un sommet de la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelle
4 ystérieux, ils ont profondément implanté, dans la conscience paysanne, la vénération des morts. De hardis prospecteurs ont porté j
5 n ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la conscience politico-historique d’une entité européenne, c’est-à-dire d’une commu
6 pas l’expression d’une opinion courante ou d’une conscience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur temps, que dans l
7 uples. 8.« Europa vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié
8 ouissement d’une véritable idée européenne, d’une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exclamatives et par d
9 ecapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les menaces mongol
3 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — Sur plusieurs siècles de silence « européen »
10 — ces temps où nos ancêtres n’ont manifesté nulle conscience de former une Europe ? Cette période d’unité exemplaire serait aussi
11 autre menace, propre à réveiller, elle aussi, la conscience de ce qui reste commun, malgré tout, aux gibelins et aux guelfes. L’i
12 . Cette situation ne va pas manquer de poser à la conscience européenne deux problèmes concrets : celui de l’établissement de la p
4 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — Premiers plans d’union
13 isme, mais qui pourtant, ne cessera d’agir sur la conscience des meilleurs jusqu’à nous — voici la description étonnamment précise
5 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — Le problème de la guerre et l’essor des États (xvie siècle)
14 nité. Dans le domaine politique, au contraire, la conscience d’une Europe rassemblée sous la couronne du Saint-Empire paraît plus
15 ons donc trouvé que peu de pages témoignant d’une conscience européenne comme telle. Deux textes cependant méritent d’être cités.
16 ou cynique chez les autres, loin de conduire à la conscience d’une politique positive, visant à juguler l’anarchie des États. Voic
6 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. Prises de conscience européennes. De Pierre Dubois à l’abbé de Saint-Pierre, (xive au xixe siècle) — Les grands desseins du xviie siècle
17 sibilité de prendre l’argent et de voter selon sa conscience sans qu’on le sache. C’est aussi un remède, car celui qui voudrait do
18 n ajoute : « Mais ce rêve ne cessera de hanter la conscience de l’humanité. » 90. Ernest Nys, Émeric Crucé, in Études de Droit
7 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — Perspectives élargies
19 de Bordeaux, de Xérez, tandis que d’autres, avec conscience , étudiaient tous les cabinets d’histoire naturelle, toutes les collec
20 politiques et philosophiques, autant de prises de conscience critiques du rôle de l’Europe dans le monde. Le xviiie siècle marque
21 Europagedanke. 117. Paul Hazard, La Crise de la conscience européenne, 1680-1715, Paris, 1935. Nous citons des extraits des page
8 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’ère des philosophes. De Leibniz à Condorcet — Évolution : vers le progrès ou vers la décadence ?
22 sse et la mort. Ainsi s’insinue lentement dans la conscience européenne un doute anxieux sur le destin de notre civilisation : d’o
9 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — Synthèses historico-philosophiques (I)
23 ncevant la possibilité de sa décadence, prend une conscience nouvelle du rôle qu’elle a joué dans le monde et pour l’humanité enti
24 is assumé le contenu affectif et conceptuel d’une conscience de la décadence spécifiquement européenne, apparentée (mais non ident
25 scours est très typique de cette apparition d’une conscience de l’Europe-dans-le-Monde qui marque la pensée germanique de l’époque
10 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — L’Europe des adversaires de l’empereur
26 Le grand parlement permettra l’entière liberté de conscience , et l’exercice libre de toutes les religions ; mais il réprimera cell
11 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère de la Révolution de Kant à Hegel — Synthèses historico-philosophiques (II)
27 oir incommode et qui semblait illégitime, sur les consciences . Ils revendiquèrent provisoirement pour eux-mêmes le droit d’examiner
28 du point de vue des politiciens de cabinet, de la conscience commune, aucune conciliation n’est possible. Les deux partis ont de g
29 pourquoi. ici, se lève le soleil intérieur de la conscience de soi, qui répand un plus haut éclat.187 Wilhelm Josef von Schelli
30 s isolés, contrainte qu’elle était, sans en avoir conscience et même contre sa volonté, de s’adapter à un plan naturel dont l’abou
12 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — De l’harmonie entre les nations libérées à l’anarchie des États souverains
31 t, menacée à la fois (dirait-on) par son excès de conscience et par son manque de vigilance, tantôt vieillard et tantôt vierge fol
32 Pologne au Portugal, et dites-moi, la main sur la conscience , dites-moi de bonne foi si vous rencontrez une seule société qui puis
13 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — Un idéal de compensation : les États-Unis d’Europe
33 os droits d’hommes et de citoyens, forts de notre conscience et du mandat que Dieu et l’Humanité confient à ceux qui veulent consa
34 rue sans le glaive, la parole sans le bâillon, la conscience sans le joug, la vérité sans le dogme, Dieu sans le prêtre, le ciel s
35 t ; le genre humain regarde avec un autre œil, la conscience . Nous allons étonner les gouvernements européens en leur apprenant un
14 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — Un problème séculaire : la Russie et l’Europe
36 ce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Nous ne sommes pas la France qui est tout entière dans Par
15 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère des nations, (de 1848 à 1914) — De l’historisme au pessimisme
37 e, définissent-elles à bon droit une nation ? La conscience instinctive qui a présidé à la confection de la carte d’Europe n’a te
16 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — « Tout s’est senti périr »
38 e cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acquise par des siècles de malheurs supportables, pa
39 essembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acquise par des siècles de malheurs supportables, par des milliers d’
40 de la culture européenne moderne et, seul avec ma conscience , je me demande : « Suis-je Européen ? suis-je moderne ? » Et ma consc
41  : « Suis-je Européen ? suis-je moderne ? » Et ma conscience me répond : « Non, tu n’es pas Européen, ce qui s’appelle Européen ;
42 ister aux altérations qui menacent du dedans leur conscience . Relevons cette formule qu’on retrouve par ailleurs dans plus d’un e
43 très longue. Le souvenir nous donne évidemment la conscience de notre vieillesse, nous avons l’impression — aujourd’hui comme il y
17 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Europe en question : de Spengler à Ortega — Crépuscule ou nouvelle aurore ?
44 elle trahi sa vocation mondiale ? A-t-elle encore conscience d’elle-même ? Le seul fait qu’Ortega et Benda posent ces questions — 
45 reste vivent de l’atmosphère tonique que crée la conscience du commandement. Si celle-ci manque, l’Européen s’avilira. Les esprit
46 ler qu’il la fustige : L’Europe n’a pas connu la conscience d’une unité politique. Du point de vue politique la volonté de l’Euro
47 s programmes… L’Europe n’a pas connu davantage la conscience d’une unité spirituelle. Ici encore, il faut bien distinguer entre le
48 core, il faut bien distinguer entre le fait et la conscience du fait. Un éminent historien anglais, Christopher Dawson, nous fait
49 uté spirituelle européenne a donc existé, mais la conscience de ce fait, de son opposition aux particularismes nationaux, n’exista
50 i, au contraire, est très vite apparu en tant que conscience , que volonté manifeste, c’est l’affirmation des nations dans leurs gé
51 dans ce passé une époque qui a vraiment connu la conscience d’un esprit européen, c’est la fin du xviiie siècle, avec ces hommes
18 1961, Vingt-huit siècles d’Europe. L’Ère des fédérations. De l’Unité de culture à l’union politique
52 este à tirer les conséquences de cette reprise de conscience … 1.Les sources vives On ne va pas refaire l’inventaire bien conn
53 simplement quelques textes-témoins des prises de conscience renouvelées de nos diverses origines, au stade présent de notre évolu
54 vise et atteint progressivement le profond de la conscience . … Le christianisme propose à l’esprit les problèmes les plus subtils
55 fut le cas dans la conception du monde et dans la conscience de l’être des Grecs — la science en tant que construction logique fai
56 e — celui de l’Occident du moins — travaille avec conscience et volonté pour son avenir, et comme il ne peut rien vouloir dans le
57 rs de 1922. Ce Français d’origine génoise n’avait conscience que de ses héritages méditerranéens. Un peu plus tard, la notion même
58 le et en son droit à dominer le monde. Nous avons conscience des droits des races et des civilisations sujettes, et nous ressenton
59 ions, ce fait ne doit pas obscurcir à nos yeux la conscience des liens intimes — soit positifs, soit négatifs — qui n’ont cessé d’
60 aité de paix qui l’a close, a du moins établi une conscience commune des peuples qui se sont sentis, et qui se reconnaîtront toujo
61 rties de l’Europe à la germination d’une nouvelle conscience , d’une nouvelle nationalité (parce que, comme nous l’avons vu déjà, l
62 ont pas des données naturelles, mais des états de conscience et des formations historiques). Et de la même manière dont, voici soi
63 prophètes proclamant la vérité. Elle vit avec la conscience de la totalité politique, et en même temps, de ce qu’il y a de plus i
64 sés propres à l’Europe, y est devenu symbole : la conscience tragique, telle qu’elle exista en Grèce, connaît la signification de
65 et la croix chrétienne, qui permet de vaincre la conscience tragique ou de l’éviter dès le début, donne sa signification à la vie
66 ance ressuscitée, à travers le nihilisme vers une conscience de soi fondée ; il vit dans l’angoisse qui est l’aiguillon de sa bonn
67 ’enracinent deux autres phénomènes européens : la conscience de l’histoire et la volonté de science. Ce n’est qu’en Occident que m
68 science. Ce n’est qu’en Occident que même dans la conscience individuelle la liberté se trouve liée à la liberté des conditions ex
69 rement ?) Parallèlement l’Européen, en isolant la conscience humaine de ses rapports avec ce qui est en dehors du Moi, a permis à
70 té. Il doit se justifier devant le tribunal de sa conscience et de la raison (qui, partout où elle se réfère à l’évidence, n’est a
71 se réfère à l’évidence, n’est autre chose que la conscience individuelle sécularisée). Or si nous demandons à la société qu’elle
72 a société qu’elle respecte les décisions de notre conscience à nous, nous sommes obligés de respecter la dignité de la conscience
73 nous sommes obligés de respecter la dignité de la conscience de tout autre être humain. Voici l’une des raisons qui nous ont contr
74 par Karl Jaspers : ils s’attachaient à définir la conscience que l’Europe prend d’elle-même et les valeurs de sa culture. Quant à
75 ui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience et de signification : le saint, le mystique, le martyr. Tandis que le
76 rmanent, et son but n’est pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’un sens, d’une signification, fût-ce dans
77 ls visent à l’inconscience heureuse, et nous à la conscience à n’importe quel prix. Ils veulent la vie, nous des raisons de vivre,
78 a première valeur européenne, c’est la volonté de conscience . La seconde, c’est la volonté de découverte… La force occidentale, c’
79 face d’un monde inconnu ; nous l’affrontons avec conscience . Et ceci, nous sommes seuls à le vouloir. Ne nous y méprenons pas : l
80 ouloir. Ne nous y méprenons pas : les volontés de conscience et de découverte, comme valeurs fondamentales, appartiennent à l’Euro
81 anchise brutale. Culpabilité, respect d’autrui et conscience de notre histoire concourent ainsi à nous désarmer. Ce goût de l’auto
82 aliste. L’union politique suppose une prise de «  conscience européenne commune », disait Christopher Dawson dès 1932 : Au cours
83 squ’aux civilisations orientales qui n’aient pris conscience d’elles-mêmes en empruntant au nationalisme occidental ses formes et
84 survivre, il est essentiel qu’elle atteigne à une conscience européenne commune et qu’elle acquière le sens de son unité historiqu
85 purement politique. Au cours du xixe siècle, la conscience populaire en a été imprégnée, et c’est de là qu’est issue la concepti
86 port aux anciens, se mettent à prédominer dans la conscience . Aujourd’hui donc, une « Europe » vivante se forme comme membre de l’
87 port au monde extérieur — commence à agir dans la conscience … Autrefois la différence entre le caractère français et le caractère
88 e d’une importance primaire. Aujourd’hui c’est la conscience de la différence par rapport au caractère russe et surtout au caractè
89 es habitants de l’Europe prennent de plus en plus conscience qu’il y a en Europe, au-dessus des peuples et des cultures, une nouve
90 e un tout préexistant. Il se constitue grâce à la conscience des différences existant entre l’Orient et l’Occident, conscience qui
91 ifférences existant entre l’Orient et l’Occident, conscience qui fait de plus en plus prédominer chez les Européens le sentiment d
92 euples se complètent mutuellement devient pour la conscience une vérité première. Certes, Keyserling ne sous-estime pas les dange
93 civilisations de l’Asie ; le changement mais sans conscience profonde d’une continuité enracinée dans le passé, caractérise les na