1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Préambule
1 jacassent dans leur patois rapide et monotone. Je crois que je me suis endormi un moment. Nous approchons du dernier village.
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
2 s’agissait, dans ces articles, de ce que les gens croient être actuel, ou sont censés croire actuel, dans la littérature ou les
3 que les gens croient être actuel, ou sont censés croire actuel, dans la littérature ou les idées. C’est cela qui paye, et qui
4 Voilà l’espèce d’hommes français que je voudrais croire la plus authentique, et la plus digne d’incarner le concept de França
5 meurt pas de faim dans nos pays », dit-on, et je crois bien que je l’ai dit quelquefois. Mais il y a aussi des exceptions, d
6 son fils pourrait venir aussi voir la machine. Je crois bien que sans cette machine, je n’arriverais jamais à leur prouver qu
7 bien tranchées, que ces journaux leur servent. Je crois qu’ils n’y pensent même pas. Peut-être que la discussion annoncée apr
8 mon opinion, ou si elle peut vous être utile… je crois que vous êtes encore trop compliqué pour ce public. Il me semble qu’o
9 r Monsieur. Mais c’est plus difficile que vous ne croyez . Il faut que je vous dise que c’est la première fois que je parle ici
10 te on verra si on peut aller plus loin. — Mais ne croyez -vous pas qu’on pourrait gagner leur confiance en leur parlant plus fa
11 nt six ans la même chose, ils vous remercient, on croit qu’ils ont compris, et puis un beau jour on s’aperçoit que… rien, rie
12 e 1933 Derrière la même pile d’assiettes où je crois avoir déjà dit que j’avais trouvé deux ouvrages traitant de mon île,
13 avait pas l’idée de se poser ; et c’est là qu’ils croient voir leur astuce. Astuces, petites secousses, grandes secousses, indi
14 pinion de mon voisin après la conférence, j’ai pu croire que c’était l’opinion d’un nigaud ; mais non, c’est celle d’un clerc
15 ne peut pas le faire. Et de plus, il est seul à croire qu’il doit le faire. J’imagine qu’il doit apparaître, aux yeux des ha
16 éconnu. Peut-être alors y en a-t-il plus qu’on ne croit … Je viens de regarder pendant un bon moment les consommateurs attablé
17 du chômeur, soit que, bourgeois, ils refusent de croire à la nécessité organique et permanente de sa condition dans l’ordre c
18 out, pour désigner un type un peu gâteux. Mais je crois plutôt que vous vous payez ma tête. » Ce qui renforce cette impressio
19 rpassant finalement mes ennuis matériels. De là à croire que je ne suis qu’un amateur, ou que je pose au prolétaire, il n’y a
20 de grandeurs inatteintes ? Serait-ce donc que je crois réellement à la Providence ? Beaucoup de philosophes contemporains di
21 puissance ! La force est calme. Et il me plaît de croire qu’elle s’ignore. Je distingue clairement ceci : il y a une immense l
22 leurs défis ou leurs succès — prouvent qu’ils n’y croient pas totalement. Ils demandent « confirmation » — au sens étymologique
23 spéciales des gens d’ici, j’ai hésité longtemps à croire que la raison en était réellement aussi simple. Je connais tout de mê
24 rop de journaux, ne lit que cela, et finit par se croire « le Peuple » tel que l’imaginent les bourgeois et leurs journalistes
25 es, soupes, fruits de mer, seiches et poisson, je crois que c’est à peu près tout), mais pourquoi vivraient-ils autrement ? B
26 ancs, que leurs fils iront perdre à la ville : je crois cependant que la proportion des fous est moindre ici que sur le conti
27 et aux politiciens. Il faut vivre à Paris pour y croire . Réveillez ce peuple, il sera peut-être capable de grandes choses — c
28 car il est plus « heureux » que vous. Il faudrait croire fanatiquement à une vérité absolue, qui vaille mieux que la paix et l
29 État faible, dont le centre est lointain, qui ne croit à rien, et qui par suite ne peut rien exiger de sérieux… — Mais il y
30 . Toutes choses que l’on aime surtout parce qu’on croit qu’il faut les aimer, ou parce qu’on n’a pas d’autres goûts que ceux
31 entendre louer à l’église ou dans les livres. On croit que pauvreté est vice, et c’est même justement parce qu’on le croit q
32 est vice, et c’est même justement parce qu’on le croit qu’on répète le proverbe qui dit le contraire. Je pense que la vraie
33 . (Ne disons rien des hypocrites et des naïfs qui croient que louer « l’esprit de pauvreté » dispense de supprimer les facteurs
34 l’esprit de pauvreté n’est-il donné qu’à ceux qui croient à autre chose qu’à leur vie, à autre chose qu’à leur succès, ou à leu
35 Le but concret de la révolution économique que je crois moralement nécessaire, et d’ailleurs techniquement possible, c’est d’
36 s d’observations nouvelles sur la Province, et je crois d’autant plus utile de les consigner qu’elles modifient sensiblement
37 s, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ! » — « Comptez Monsieur, lui dis-je, qu’un écrivain a
38 sive, deux choses qui compliquent fort la vie, je crois  ; ou bien l’on écrit des choses intelligentes, et c’est encore l’aveu
39 des dictateurs, des milliardaires ou des saints. Croyez -moi, ce que nous vous donnons, c’est justement ce qui nous manque, et
40 iment là-bas aussi bien que j’avais pu le laisser croire  ; si ce n’était pas encore un de ces régimes de dictature ; si les pa
41 e langue large, utile et humaine… Auparavant, ils croyaient comme les autres que c’était plutôt ridicule. Mais il paraît que ça v
42 d’avance, que nous avons vécu depuis janvier, je crois que j’avais omis de le noter jusqu’ici.) 2 avril 1934 Voici l’î
43 du seul contact des choses, par les mains ? On le croirait à voir l’amaigrissement de la pensée des clercs aux mains débiles qui
44 J’ai retrouvé dans Montaigne ce passage dont je croyais bien me souvenir qu’il allait à peu près dans le sens de ce que j’ai
45 ais il faut que je vous mange. Dure nécessité, et croyez que cela me fend le cœur ! » Voilà la dernière trace de la conscience
46 s’en doutent pas, ils l’ont naturellement, et ne croiraient même pas qu’ils l’exigent… Mais pour peu qu’on s’en soit aperçu, il n
47 pied ni patte, et n’écrivais plus à personne. Je crois à la valeur d’appel de l’absence, ou plutôt du retrait. (Il ne faut p
48 érant vient me chercher. Notre affaire réglée, il croit devoir s’excuser de m’avoir fait passer à côté tout à l’heure. « Vous
49 s devenu tout doucement amoureux de ma vie, et je crois bien que c’est un penchant qu’elle agrée. Non point qu’elle me paye e
50 du destin, comme qui dirait au coin d’un bois. Je crois que le réel est à portée de la main, et n’est que là. Alors il s’agit
51 ilement. Ce n’est pas que je fuie les risques. Je crois avoir fait bon ménage avec celui qui m’attendait ici. Mais le risque
52 la manière des amateurs de vie intense, trahit je crois d’assez banales complaisances. Et le destin répond à ces défis, fusse
53 disons « le roman » bourgeois pour simplifier, on croirait que les hommes ne peuvent plus arriver à se connaître, tels qu’ils so
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
54 urs a le sentiment de s’en aller librement. Il se croit libre, et concrètement, il l’est. Bien que la statistique permette de
55 qui doit l’être. D’où suit que l’État nouveau se croit tout permis.) 30 octobre 1934 Trop penser nuit. — Trop d’idées
56 ique — il avait l’air furieux, cet air qu’on a je crois très facilement vers 18 ans, — furieux contre le monde, contre soi-mê
57 ais de l’anti-intellectualisme : elle indique, je crois , la part de vérité qu’il peut y avoir dans cette réaction déplorable.
58 écouverts, un foulard noir sur les épaules, et je crois bien sa blouse noire aussi. Elle me dit qu’elle a été assez mal. On d
59 plus toucher à la viande, pensez ! Il ne faut pas croire que la viande soit un si bon remède comme on le dit. Je lui ai fait d
60 de dire en constatant le mal : « Voyez-vous ! je croyais la tenir cette assiette ! » De telle manière qu’on entend bien que c’
61 st ainsi dans tout, et qu’on aurait grand tort de croire que rien au monde dépend de nous. Ceci vaut pour les femmes, qui sont
62 s des maisons est en ruines, — tout le centre. On croirait une ville bombardée. 2300 habitants. Cent personnes au culte. Dans la
63 L’autre jour, dans l’autocar, une femme dont j’ai cru comprendre qu’elle tient un petit hôtel à Saint-Jean-du-Gard, expliqu
64 encore une fois le drame de la culture. Qu’on ne croie pas que j’exagère. Je ne tire de ce fait, à vrai dire minuscule, qu’u
65 qu’ils ont l’air d’être, ou mieux pour ce qu’ils croient devoir se donner l’air d’être ou de n’être pas. Comme si le fin du fi
66 la presse, par les partis et par le cinéma. Mais croyez -vous vraiment que mon bagnolard, mon lecteur enthousiaste de Clocheme
67 ste de Clochemerle, grand roman de la pissotière, croyez -vous que cet homme tout de même ne disait pas lui aussi « aidez-moi !
68 et résume le débat : En somme, dit-il, si nous ne croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous sommes trop orgueilleux 
69 rxisme ? — Ils essaient ; peut-être plus qu’on ne croirait . J’en connais plusieurs qui lisent des brochures de vulgarisation de
70 honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il croit au jugement des incroyants, tout en s’imaginant qu’il n’est pas un de
71 ir le croyant véritable : celui qui sait qu’il ne croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? To
72 r de retrouver les choses qui vous résistent. (Je crois que Ramuz en a parlé, et de son amour pour les feux qui prennent mal,
73 gnent presque rien. (Lui, par exemple, si je l’en crois , n’a guère vendu depuis un mois que pour 50 francs de légumes. Or, la
74 ge du destinataire ». Eh bien, qu’est-ce que vous croyez  ? Réponse dans les quatre jours ! ah, ils sont comme ça ! Mais voilà
75 ec ses enfants pour des questions d’argent, on ne croit plus ni à Dieu ni à diable et à peine à la politique, l’hiver est « p
76 i courante : il a la veine. Mais notre jacobin ne croit à la Raison et à la Science, mère du Progrès, que dans la mesure où c
77 on. — C’est de Casanova que Ligne écrit : « Il ne croit à rien excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieux sur
78 est un hors-classe, un être à part, auquel on ne croit pas. (D’où sans doute l’angoisse qui pousse tant d’écrivains à gagner
79 la signifie qu’elle est plus importante que je ne croyais  ? Qu’il y a quelque chose de sérieux à faire là-bas ? Je vais m’y met
80 je vois que je mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas. Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me
81 l’instant où l’on découvre que tous les autres en croient autant, que ces autres cessent d’être une menace, une masse abstraite
82 se déshumanise rapidement parce qu’il cesse de se croire des droits « irrationnels » et immédiats contre l’État. Le sens de la
83 ui les limitaient normalement. L’homme cessant de croire à sa loi — à ses superstitions incomparables — se met à croire de la
84 oi — à ses superstitions incomparables — se met à croire de la même manière aux lois et aux pouvoirs qu’il aurait dû combattre
85 lui dis que j’invente mon histoire ? — Il ne vous croira pas, vous ne savez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-on pas ce qui
86 tique et excitant que mon titre pourrait le faire croire . L’intéressant, à mon point de vue, c’est de montrer une fois que c’e
87 plus souvent dans un langage conventionnel qu’il croit de mise, s’adressant à un écrivain. Ou bien il se répand en confidenc
88 clame la vieillesse. Notre opinion publique, à en croire les journaux, est actuellement dominée par le souci des élections aca
89 l’expression d’un seul et même événement.) Si je crois à la Résurrection et au don actuel du Christ dans la foi, certifié et
90 ar les signes visibles du pain et du vin, je dois croire identiquement que c’est là le centre vivant de toute réalité réelle s
91 ant de toute réalité réelle sur la terre. Je dois croire qu’à cet événement central doivent se rapporter toutes nos pensées, t
92 nière de s’exprimer qui en dit plus long qu’on ne croirait . « J’ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi », note Pa
93 aine d’une société qu’ils sont encore les seuls à croire « chrétienne » — il faut bien dire que le parti communiste est une si
94 e principe de la guérison que j’attends. Je n’ose croire qu’il me soit bien utile de seulement le savoir… Si j’étais sûr que l
95 sûr que cette permanence de nos maux. Non que je croie à un « Progrès » réel possible. Mais je crois à une décadence certain
96 je croie à un « Progrès » réel possible. Mais je crois à une décadence certaine dès que nous relâchons notre effort vers un
97 ait, pensions-nous, tout leur logis — nous avions cru comprendre que les autres pièces étaient vides ou ne servaient que de
98 concevoir qu’on puisse même s’étonner. Et ne pas croire , surtout, qu’il s’agit là de « préjugés », comme disent les jeunes pe
99 1935 Comme l’année dernière, à la même date je crois , me voici au bout de mon rouleau. Impécuniosité cyclique. Les dieux l
100 ntre le christianisme. « Ils prétendent qu’ils ne croient qu’à un seul Dieu, s’écriait l’orateur, et ils adorent la Trinité ! I
4 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
101 ux. Et s’ils chantent faux, c’est parce qu’ils se croiraient déshonorés de chanter juste, comme aussi de marcher au pas. La dignit
102 capitalisme et de l’ordre bourgeois (quand ils y croyaient encore). Le Progrès, les Valeurs spirituelles, cela couvrait toute l’
103 lace. Je le sais et c’est plus grave qu’ils ne le croient . L’ennui dans le monde actuel, c’est un de ces derniers signes, une d