1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Avertissement
1 et non point d’échapper à la vie. Ceci dit, je ne crois pas un instant que pareille prise de position m’interdise de « causer
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
2 oire peut-être intempestive ? Le problème est, je crois , d’autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Ég
3 ’individu. Contrairement à ce que peut nous faire croire une certaine polémique réactionnaire, l’individu n’est pas une invent
4 ntemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pas être infidèle à sa pensée en y ajoutant cette précision : ce n’es
5 plus ni Juifs ni Grecs. Elle ne demande pas : que crois -tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels sont tes morts ? Relig
6 l’empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement été formé par une éducation e
7 liste10. Un dernier exemple vous fera sentir, je crois , toute l’importance pratique de cette distinction entre personne et p
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
8 ange, si lentement engagée, comme si personne n’y croyait tout à fait, comme si personne n’avait très bien compris pourquoi les
9 hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire . Ils ont reconnu, depuis quelques années, que la notion de lois tout
10 , autant de systèmes de faits. Et l’historien qui croit pouvoir être impartial est simplement un homme qui refuse de s’avouer
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
11 n redoutable questionneur que C. F. Ramuz17. Vous croyez tout d’abord qu’il interroge simplement par curiosité, ou par une sor
12 se : exister en fonction des voisins, on pourrait croire que c’est à peu près l’idéal que Keyserling juge à notre mesure, celu
13 raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez nous, qu’un petit pays a, comme tel, l’obligati
14 ne peut plus prétendre à jouer un rôle analogue, croit -on que son droit à rester neutre soit suffisamment garanti du seul fa
15 lle n’est nullement, comme certains voudraient le croire , une espèce de juste milieu entre les excès déplorables de l’individu
16 réellement, c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit -on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le
17 n que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois , n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons le goût
18 nt plus qu’ailleurs pour un luxe. (Nulle part, je crois , les écrivains n’ont moins d’action sur la vie politique.) Il est cl
19 dération ne conserve sa raison d’être que si l’on croit à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins
20 e dont nous témoignons par ailleurs. N’allons pas croire que pour être un bon Suisse, il faut et il suffit que l’on soit un bo
21 a fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient pour nous une défense
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. La Suisse que nous devons défendre
22 s les mêmes droits à l’existence. Autrefois, l’on croyait volontiers que chaque État était voulu de Dieu, et qu’il jouissait pa
23 historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire croire , soit aux masses, soit plutôt à certains dirigeants, la victoire lui
24 manuels — et en même temps, pas mal d’argent, je crois . Tant pis pour les manuels, et tant mieux pour l’argent. Mais le fait
25 Suisses se délivrèrent d’un tyran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de l’o
26 e se saluent même plus ! On dirait presque qu’ils croient que l’autre, celui qui pense différemment, doit être un type dangereu
27 artialité, qui put jouer un rôle en 1914-1918. Je crois que les Suisses, aujourd’hui, sont unanimes à reconnaître lesquels, p
28 e la prêcher. Il m’arrive même de penser qu’on ne croit vraiment que lorsque, devant d’autres, l’on témoigne. Mais le meilleu
29 possibilités concrètes. Si par exemple un Suisse croyait avoir la vocation d’un dictateur ou d’un conquérant, d’un Hitler ou d
30 pas de leurs yeux, et par suite, ne veulent pas y croire . Ils prétendent tenir compte uniquement de ce qui est inscrit dans no
31 ur ajouter un sens par un acte de l’esprit ; et y croire , par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dans la vie du chrétien
32 attendrons, où nous les appellerons, où nous les croirons justes et nécessaires. Mais il est temps que j’apporte une correction
33 s, il semble parfois que c’est moins parce qu’ils croient le christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au bon moral
34 roient le christianisme vrai, que parce qu’ils le croient utile au bon moral de la nation, voire à la discipline des troupes. C
35 ui qu’ils portent à l’État suisse. Or nous devons croire exactement le contraire, je le répète : nous devons être de bons Suis
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
36 crets que l’idéalisme, en son orgueil naïf, avait cru pouvoir négliger. Mais l’abus ne doit pas nous interdire l’usage. La
7 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
37 rogramme fasciste ; nos marxistes continuent à se croire libertaires, etc. Seuls nos staliniens ont cessé de dénoncer les hitl
38 des et la vertu des audacieux. 40. Peut-être me croira-t -on si je déclare, après la page qu’on vient de lire, que je n’ai pas